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Une figure centrale du jazz

Miles Davis commence à jouer de la trompette à l'âge de 12 ans. Il fut à la pointe de beaucoup
d'évolutions dans le jazz et s'est particulièrement distingué par sa capacité à découvrir et à s'entourer
de nouveaux talents. Son jeu se caractérise par une grande sensibilité musicale et par la fragilité qu'il
arrive à donner au son. Il marque l'histoire du jazz et de la musique du XXe siècle. Beaucoup de
grands noms du jazz des années 1940 à 1980 travaillent avec lui.

Les différentes formations de Miles Davis sont comme des laboratoires au sein desquels se sont
révélés les talents de nouvelles générations et les nouveaux horizons de la musique moderne ;
notamment Sonny Rollins, Julian « Cannonball » Adderley, Bill Evans et John Coltrane durant les
années 1950. De 1960 aux années 1980 ses sidemen se nomment Herbie Hancock, Wayne Shorter,
Chick Corea, John McLaughlin, Keith Jarrett, Tony Williams, Joe Zawinul, Dave Liebman et Kenny
Garrett ; c'est avec eux qu'il s'oriente vers la « fusion » du rock et du jazz, dont il reste l'un des
pionniers. La découverte de la musique de Jimi Hendrix est déterminante dans cette évolution mais
surtout le choc du festival de Newport, en 1969, où l'on assiste à l'origine exclusivement à des
concerts de jazz, mais qui, cette année-là, programme du rock. Nombre de musiciens qui passent par
ses formations de 1963 à 1969 forment ensuite les groupes emblématiques du jazz-rock fusion,
notamment Weather Report, animé par Wayne Shorter et Joe Zawinul, Mahavishnu Orchestra de
John McLaughlin, Return to Forever de Chick Corea, ainsi que les différents groupes de Herbie
Hancock.

Miles Davis est un des rares jazzmen et l'un des premiers musiciens noirs à s'être fait connaître et
accepter par l'Amérique moyenne, remportant même le trophée de l'homme le mieux habillé de
l'année du mensuel GQ pendant les années 1960. Comme Louis Armstrong, Miles Davis est ce
phénomène curieux, une superstar du jazz. À la différence de son glorieux aîné qui avait recherché
l'intégration à la culture grand public dominée par la population blanche, le parcours musical de
Miles Davis s'accompagne d'une prise de position politique en faveur de la cause noire et de sa lutte
contre le racisme, menée avec la colère permanente d'un homme au caractère réputé ombrageux.
En 1985, il participe à l'album Sun City contre l'Apartheid à l'initiative de Steven van Zandt.

En France, c'est l'enregistrement de la musique du film Ascenseur pour l'échafaud (1957) de Louis
Malle qui le rend célèbre. Son dernier album, Doo-bop, paru en 1992 après sa mort, laisse éclater des
influences rap.

*1926-1944 : l'apprentissage

**26 mai 1926 :

Cleota Henry donne naissance à Miles Dewey Davis III, à Alton (Illinois), sur les bords du Mississippi.
L'enfant grandit dans un milieu familial relativement aisé (son père Miles Dewey Davis II est
chirurgien-dentiste) et mélomane : sa mère joue du piano et du violon, et sa grand-mère maternelle
était professeur d'orgue dans l'Arkansas3; sa sœur ainée, Dorothy, et son frère cadet, Vernon,
étudient également la musique4.

L'année suivante, la famille déménage et s'installe à East Saint Louis, Illinois, où son père a ouvert un
cabinet dentaire. Lorsque le jeune Miles fréquente l’école primaire, sa famille habite un quartier à
prédominance blanche, où il fait pour la première fois la douloureuse expérience du racisme5. Le
garçon se passionne pour le sport — baseball, football américain, basket-ball, natation et surtout
boxe — mais aussi pour la musique : il suit avec passion l'émission radiophonique de jazz Harlem
Rhythms3. À l'âge de neuf ou dix ans, un ami de son père, le docteur John Eubanks, lui offre une
trompette, dont il commence rapidement à jouer3.

**En 1939 :

Collégien à la Crispus Attucks Junior High, il prend des cours de trompette avec Elwood Buchanan, un
autre ami de son père, professeur à la Lincoln High où Miles étudie bientôt. C’est ce maître qui fait
découvrir les particularités de la trompette jazz au jeune Miles, et qui l’aide à développer les
fondements de son style, en l’encourageant, d’une part, à jouer sans vibrato, et en l’initiant, d’autre
part, au jeu de trompettistes comme Bobby Hackett et Harold Baker, caractérisé par la sobriété, la
douceur et le lyrisme6. Il suit également des leçons avec Joseph Gustat, la première trompette et le
chef de pupitre de l'orchestre symphonique de Saint-Louis3, et il joue dans l'orchestre de son école,
dont il est le plus jeune élément.

Après sa rencontre avec le trompettiste Clark Terry, figure du jazz local, qui exerce sur lui une
profonde influence, Miles devient professionnel vers 1942, en s'inscrivant à la Fédération américaine
des musiciens7. Fréquentant assidûment les clubs de la ville, malgré son jeune âge qui lui en interdit
en principe l'accès, il commence à jouer en public dès que possible, acquérant une petite réputation
régionale, tout en continuant à fréquenter le lycée.

**En 1942 :

A l'âge de 16 ans, il fait la connaissance d'Irene Birth, sa première véritable petite amie, dont il aura
trois enfants. Irene le défie d'appeler Eddie Randle pour se faire engager dans son orchestre de
rhythm'n'blues, les Blue Devils. À la suite d'une audition, il est engagé comme trompettiste, mais se
voit également confier de nombreuses corvées, comme l'organisation des répétitions, acquérant
ainsi une solide connaissance du métier3. Comme Miles le confirmera plus tard dans des entrevues,
c’est également au cours de cette période qu’il développe un goût prononcé pour la théorie
musicale8, goût qui allait concourir à rendre possible les nombreuses évolutions stylistiques qui
caractérisent sa carrière. En plus de morceaux essentiellement blues9, les Blue Devils jouent, entre
East Saint Louis et Saint-Louis (Missouri), du Duke Ellington, Lionel Hampton ou Benny Goodman,
donnant à Miles l'occasion de hanter les jam-sessions aux côtés de son nouvel ami Clark Terry, «
faisant le bœuf » avec des musiciens célèbres comme Roy Eldridge, Kenny Dorham, Benny Carter et
surtout Lester Young3, idole des saxophonistes et l'un des modèles de Miles.

**En 1944 :

Alors que, jeune diplômé de Lincoln High et très demandé par les orchestres de la région, Miles
hésite sur la carrière à suivre, naît sa première fille, Cheryl. À la même époque, ses parents divorcent
et ses relations avec sa mère, depuis longtemps conflictuelles, se dégradent encore10.

*1944-1948 : les années Bebop

**En juin 1944 :


A 18 ans, après être revenu déçu de son bref engagement au sein d'un groupe de la Nouvelle-
Orléans, les Six Brown Cats d'Adam Lambert, pour lesquels il a quitté les Blue Devils (les autres
orchestres de la région ne pouvant pas s'offrir les quatre-vingts dollars par semaine qu'il exigeait3),
Miles Davis hésite entre rejoindre la Faculté de chirurgie dentaire, ou suivre Clark Terry dans
l'orchestre de l'U.S. Navy3.

C'est à cette époque que le Big Band de Billy Eckstine vient jouer dans un club de St Louis. Ce groupe
pas comme les autres cherche à adapter au format big band la révolution Bebop qui secoue le milieu
du Jazz depuis le début des années 1940. Il réunit les deux créateurs et plus célèbres musiciens du
genre, le trompettiste Dizzy Gillespie et le saxophoniste Charlie Parker. Au début du concert, coup de
chance : Gillespie vient trouver Davis dans la salle pour lui demander de les rejoindre sur scène pour
remplacer un trompettiste défaillant11. Émerveillé par cette rencontre musicale, Miles prend une
décision essentielle : il rejoindra le groupe à New York.

Grâce à l'aide financière de son père (qui l’a toujours énormément encouragé et soutenu, à la fois
moralement et matériellement), il s'inscrit à la rentrée 1944 à la célèbre école de musique Juilliard de
New York, dont l'enseignement l'ennuie assez rapidement. Mais son véritable but est ailleurs : il
commence à fréquenter assidûment le Minton's dans la 118e rue, berceau légendaire du Bebop, à la
recherche de Parker et Gillespie. C'est à cette époque qu'il rencontre les trompettistes Freddie
Webster et Fats Navarro, qui deviennent ses amis et complices musicaux. Ayant finalement mis la
main sur Gillespie et Parker (qui, fauché comme toujours, s'installera quelque temps chez Miles11), il
s'initie aux subtilités du Bebop, style musical particulièrement complexe et ardu. De plus, Parker,
alias Bird, le présente aux autres légendes du style, dont le pianiste Thelonious Monk.

Parallèlement à ses études à la Julliard School, où il apprend le piano et s'initie aux compositeurs
contemporains comme Prokofiev, Miles devient un habitué des jam-sessions de la nuit new-yorkaise.
Il accompagne notamment la grande chanteuse Billie Holiday au sein de l'orchestre du saxophoniste
Coleman Hawkins11. À propos de cette époque, il confiera plus tard : « Je pouvais en apprendre plus
en une nuit au Minton's qu'en deux ans d'études à la Julliard School. »11

Les choses commencent à bouger pour le jeune trompettiste : il obtient son premier engagement
officiel début 1945, aux côtés du saxophoniste ténor Eddie « Lockjaw » Davis. Le 24 avril, il réalise son
premier enregistrement en studio, gravant quatre premiers morceaux avec un quintet accompagnant
le chanteur Rubberlegs (« jambes de caoutchouc ») Williams sous la direction du saxophoniste Herbie
Fields. Ces morceaux de blues fantaisistes, centrés sur le chant, ne lui donnent guère l'occasion de
montrer son talent, mais c'est un début11.

En octobre, il intègre enfin le quintet de Charlie Parker, en tant que remplaçant de Dizzy Gillespie, qui
a quitté le groupe. Le 26 novembre, le groupe enregistre, Gillespie étant de retour... au piano. Le 28
mars 1946, Miles enregistre à nouveau, avec un Parker au sommet de son succès, les classiques
Moose The Mooche, Yardbird Suite, Ornithology et A Night In Tunisia. La sonorité douce et le calme
de son jeu, s'opposant à la véhémence de Charlie Parker, s'éloignent également beaucoup du style
Gillespie, qu'il a d'abord tenté d'imiter avant de renoncer11. Cette différence lui attire quelques
critiques négatives, mais Davis impose rapidement son style propre. Le magazine Esquire le proclame
« Nouvelle Star de la Trompette Jazz ». Le 8 mai, Miles compose et enregistre sa première
composition personnelle, Donna Lee, qui attire l'attention du célèbre arrangeur Gil Evans. Il restera
trois ans dans le groupe de Parker, apprenant beaucoup et gravant plusieurs morceaux légendaires,
mais faisant également connaissance avec les mauvaises habitudes du saxophoniste et de son
entourage, au premier rang desquels la drogue, principalement l'héroïne, qui fait des ravages chez
les « boppers ». Miles parvient dans un premier temps à ne pas tomber dans la toxicomanie, mais
supporte de plus en plus mal le comportement erratique qu'elle induit chez ses collègues11.

**A l'automne 1946 :

Charlie Parker, à bout de forces, est hospitalisé pour sept mois à Camarillo. Sans groupe, Miles Davis
joue notamment avec Charles Mingus, avant de rejoindre à nouveau l'orchestre de Billy Eckstine pour
une tournée. Au printemps 1947, le groupe est dissout, et Miles est sans travail ; après des années de
résistance il plonge dans la cocaïne et l'héroïne12. Pendant quelques semaines, il joue au sein du big
band de Dizzy Gillespie, puis rejoint un Charlie Parker remis sur pied.

Célébré par les lecteurs de magazines Jazz prestigieux dans leurs référendums annuels, participant à
des enregistrements légendaires avec les musiciens les plus réputés du Bebop, Davis est pourtant en
1948 un homme frustré, impatient de créer une musique qui lui soit propre.

*Index

*Table des images

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Miles_Davis

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