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Le rock : historique

jeudi 14 décembre 2006, par Corinne Campenon

*Source : https://educamus.ac-versailles.fr/spip.php?article174

Sommaire
• Fin des années 1950 1- La (...)
• Les années 1960 2 – La renaissan
• 3- Le rock devient contestatai
• 4- Le psychédélisme
• 5- Rock et folk
• Les années 1970 6- Rock et (...)
• 7- La révolution punk et (...)
• Les années 1980 8- New wave et
• 9- L’ avènement du hard
• 10- Le Rock indépendant et (...)
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Cet article proposé par C.Campenon tente de faire la synthèse de
diverses analyses parues dans l’Analyse musicale et l’Education
musicale en 2005/2006 et 2006/2007 (voir l’article Purple Haze - Analyse).

Fin des années 1950


1- La naissance (américaine) du rock

Elvis Presley
Le rock’n’roll est un enfant du blues, le rythme ternaire (division du temps) de celui-ci
étant remplacé par un rythme binaire et le tempo devenant plus soutenu. Il convient ici
de distinguer rythm and blues et rock’n’roll, même si la tâche apparaît délicate de la fin
des années 1940 à 1954. L’étiquette rock n’ roll a , dans un premier temps, été utilisée
pour distinguer le rythm and blues des noirs de celui des blancs et ce pour des raisons
liées à la politique raciale de l’époque. Il était inadmissible que des artistes blancs se
retrouvent dans les mêmes bacs chez les disquaires que les noirs. Le style particulier du
rythm and blues blanc a donc servi de prétexte pour une nouvelle étiquette « rock n
roll ».
Il est difficile de dire quand est né exactement le rock’n’roll. Si il y avait une date à retenir
ça serait certainement 1953. C’est Bill Haley and His Comets qui signent officiellement
l’acte de naissance du rock’n’roll pour de nombreux historiens avec le titre Rock Around
the Clock (une reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952). La chanson Crazy Man
Crazy représentent également les premiers pas du rock. C’est donc dans les années 50
que le Rock naît et ses racines sont nombreuses et toutes populaires : le rythm and
blues, le country and western, le folk, le blues... Le rock naît dans un contexte où le
prolétariat américain a besoin d’une musique plus chaleureuse. Il n’emprunte rien à la
culture de la bourgeoisie et devient la manifestation de l’anti-culture.
Le terme rockabilly désigne la première forme historiquement identifiable de rock’n’roll, il
s’agit essentiellement d’un croisement de rythm and blues et de musique country. Elvis
Presley et Bill Haley sont deux précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley et
enregistre ce qui est probablement l’un des tout premiers morceaux de rockabilly
avec That’s Alright Mama et collectionnera très rapidement les succès. Ce premier tube
de l’histoire du « rock » qui figure au générique du film Graine de violence est N°1 des
hit-parades aux USA (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Le rock
« gentil » et raisonnable du début des années 50 dévie fortement avec celui qu’on
appelle encore aujourd’hui le King : Elvis Presley fait du rock’n’roll l’image du mal. Le
rock devient synonyme d’Elvis qui rentre dans la légende tout comme Buddy Holly
(Peggy Sue), Jerry Lee Lewis (Whole lotta shacking going on), Eddie Cochran
(Summertime), et autres Gene Vincent (Be bop a lula) qui s’engouffrent dans la brèche.
Les musiciens noirs restent très actifs avec Chuck Berry tout particulièrement. N’oublions
pas Little Richard, qui sur son premier 45 tours, signe quatre des plus grands standards
de rock, à savoir : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy.
Le rock’n’roll provoque un mouvement de rejet de la bonne société américaine qui croit
avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock (départ
d’Elvis au service national et la mort de Buddy Holly en 1959 et d’Eddy Cochran
en1960). Il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s’essouffler. Les chanteurs
sont désormais très consensuels et Elvis est institutionnalisé, cantonné aux ballades.
Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de
titres de rock’n’roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop :
The Everly Brothers, All I Have To Do Is Dream (1958), Johnny
Burnette, Dreamin’ et You’re Sixteen (1960). Le rock stagne aux Etats-Unis et son
renouveau viendra d’Europe et plus particulièrement d’Angleterre. D’ailleurs en Europe,
le terme pop music n’a pas du tout la même signification qu’aux Etats-Unis car il renvoi
et remplace celui de rock music.

Les années 1960


2 – La renaissance (britannique) du rock
The Beatles
La réplique ne vient pas d’Amérique mais du Royaume-Uni. Les premiers émules d’Elvis
apparaissent comme Cliff Richard. Au passage cependant, le rock’n’roll s’acclimate et
les Shadows qui accompagnent Cliff Richards initient l’archétype de la formation rock
telle qu’elle sera reprise aussi bien en Europe que de l’autre côté de l’Atlantique : la
contrebasse disparaît au profit de la basse électrique, deux guitaristes se répartissent les
tâches de la rythmique pour le premier et des chorus pour le second. Les groupes
britanniques s’éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une
musique originale que les francophones appellent le « rock anglais ».
Le renouveau du rock arrive de Liverpool avec les Beatles : en 1965, leurs chansons
occupent 8 des 10 premières places des classements américains. L’apport des Beatles à
la musique est considérable avec des chansons comme Nowhere man (1965), Eleanor
Rigby (1966), Strawberry Fields Forever (1967), I am the
Walrus (1967), Revolution (1968), Let it be ( 1970). Les Beatles accentuent le travail sur
la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop.
Les Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Sur la lancé
des Beatles, les Stones se présentent comme leurs rivaux avec des titres
comme Carol (1964), Little Red Rooster (1965), Satisfaction (1965), Paint it
Black (1966), Let’s spend the night together (1967), Street fighting (1969), Gimme
Shelter (1970) ou encore Broun Sugar (1971). Ils reprennent le thème du mal en le
poussant à son extrême : dans Sympathy for the devil Mick Jagger chante : je suis le
diable.
Des branches parallèles se multiplient alors que des groupes tels que les Who vont
même jusqu’à tourner en dérision sa propre musique : ils inventent la guitare pop ; sur
scène les guitares sont brisées, les amplis démantelés. Les Kinks développent le
mouvement mod, tandis que les Animals ou les Yardbirds créent un blues rock
britannique. La richesse de la création britannique est fleurissante et impose
définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la
seconde moitié du XXe siècle. Le rock se ramifie alors presque à l’infini en explorant des
niches apparemment improbables. Le jazz-rock, pour ne citer que lui, naît de cette
recherche entamée dès les années 1960.
Si les années 1950 proposaient une scène commune pour artistes noirs et blancs, les
années 1960 mettent fin à cette mixité. La scène rock britannique est logiquement
blanche, tandis que les noirs américains adaptent à leur sauce la redécouverte
britannique de l’importance de la mélodie. S’appuyant sur les anciennes structures
ségrégationnistes, ils mettent au monde une branche importante de l’arbre généalogique
du rock englobant ce qu’il convient de qualifier de « dance music », du funk au rap en
passant par la pop des années 1960.
Conséquence de ce cloisonnement, les rockers noirs sont rares dans l’autre grande
famille du rock post-Beatles. Citons Jimi Hendrix, guitariste de génie, qui électrifie son
blues et ouvre au rock (blanc) d’autres univers. Du côté américain, le public noir réclame
sa propre musique ; la Soul Music. A mi-chemin entre le rythm and blues et le rock,
certains groupes et chanteurs vont émerger : Aretha Franklin, Otis Redding, les
Temptations, les Supremes, les Miracles ou encore Marvin Gaye jouent une musique
basé sur des arrangements sophistiqués et une batterie prédominante. En chantant I’m
black and I’m proud, James Brown devient l’idole de cette musique noire.

3- Le rock devient contestataire

Bob Dylan et Joan Baez en 1963


Si le rock’n’roll a toujours été le fait d’une jeunesse en rupture avec le carcan moral de
ses aînés, les textes jusqu’aux années 1960 étaient souvent confinés aux thèmes festifs
éventuellement chargés de connotation sexuelles. C’est avec Bob Dylan que les paroles
prennent une tournure à la fois plus poétique et plus engagée. Sous l’influence de la
poésie classique (en particulier Dylan Thomas auquel il emprunte son prénom) et du
mouvement folk (Woodie Guthrie puis Joan Baez), celui-ci devient le chroniqueur de sa
génération, abordant sans complaisance des thèmes politiques ou sociaux. Son impact
sera décisif des deux côtés de l’Atlantique. En 1968, il est le chef de file de la musique
contestataire. Les Beatles disent de lui : « il montre le chemin ». Ce qui fut vrai pendant
cinq ans puis Dylan symbolisera seulement la chanson américaine traditionnelle.
Aux États-Unis, les protest songs expriment le désaveu de la guerre froide ou de
l’engagement au Vietnam (Jimi Hendrix) tandis qu’au Royaume-Uni, John Lennon livre
des textes plus personnels et recherchés. Le rock devient à la fois un mouvement
artistique qui gagne une caution intellectuelle et un courant de contre-culture. Cette
tendance connaît son apogée avec les grands festivals de la fin des années 1960 : à
Monterrey (1968), à Woodstock(1969), à Altamont ou sur l’Île de Wight (1969-1970) des
centaines de milliers de jeunes se rassemblent pour partager à la fois une passion pour
la musique mais également une vision du monde. La pop music réclame de nouvelles
légendes, des martyrs. Ces nouvelles légendes vont naître (paradoxalement) avec la
mort de Janis Joplin puis de Jimi Hendrix.

4- Le psychédélisme
À partir du milieu des années 1960, la consommation de psychotropes qui devient
courante dans les milieux intellectuels (en particulier le LSD) marque la création
artistique de son empreinte. Alors que l’acid rock naît sur la côte ouest des États-Unis
d’Amérique avec le Grateful Dead, le psychédélisme fait également son apparition au
Royaume-Uni à travers les premiers concerts des Pink Floyd, la formation de Cream ou
encore l’album Revolver des Beatles. Mais c’est avec l’album Sergeant Pepper’s Lonely
Heart Club Band de ces derniers que cette influence devient manifeste pour le grand
public. Cette tendance initie le retour en force des groupes américains tels que les
Byrds, les Doors ou Jefferson Airplane. L’oeil du cyclone se situe néanmoins toujours au
Royaume-Uni. De nouveaux courants voient le jour avec notamment le rock progressif
de King Crimson, Genesis ou Yes qui introduit des éléments issus du jazz et de la
musique classique ou le heavy metal dont les prémices se font sentir dès 1967 à travers
les riffs de guitare saturés de Cream ou Jimi Hendrix et qui naîtra véritablement avec
Led Zeppelin, Deep Purple et Black Sabbath.
Le rock de la fin des années 1960 se politise et le Flower Power est l’expression
pacifique du rock planant qui caractérise le passage entre l’album Sgt. Pepper’s Lonely
Hearts Club Band des Beatles (1967) et les premiers riffs punk de 1975. Le passage aux
années 1970 se caractérise par la mort prématurée de nombreuses stars du rock, Jimi
Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin, Jim Morisson, etc. la plupart tout juste agés de 27
ans.

5- Rock et folk

Alan Stivell
Dans la deuxième moitié des années 60, apparaît la fusion du rock et du folk avec Dylan,
les Byrds, Horslips, Fairport Convention, Steeleye Span et Alan Stivell. Ce dernier peut
être cité également dans la fusion Rock symphonique (Symphonie celtique) et fusion
Rock world.

Les années 1970


6- Rock et glamour

Freddy Mercury, chanteur du groupe Queen


Les années 1970 voient la disparition progressive du psychédélisme et la fin du rêve
hippie. Cette désillusion, associée à une commercialisation croissante de la musique
donne naissance à un courant embrassant les contradictions de son époque en
proposant une image glamour et décadente : le glam rock. Sous le strass et les paillettes
de leurs costumes androgynes, David Bowie, T.Rex ou Queen proposent une musique
théâtrale et baroque.

7- La révolution punk et ses conséquences

The Clash
Dans les années 70, un cycle se termine et le rock est à la recherche d’un second
souffle : la pop musique devient plus élaborée et la culture bourgeoise récupère la
musique populaire en la privant de son caractère fondamentale ; son accessibilité. Le
rock va se diviser en écoles contradictoires, en tendances souvent antinomiques, la
grande illusion de la fraternité pop disparaît. C’est ainsi qu’émerge le mouvement punk,
hard rock, le rock progressiste et le jazz rock (Miles Davis). C’est dans de telles
circonstances que les acteurs remplacent les créateurs : Alice Cooper, Elton John, David
Bowie, New York Dolls ou encore Roxy Music vont privilégier la forme plutôt que le fond.
Il faut attendre les années 76-77, pour que le rock connaisse de nouveau une mini
révolution. C’est au Royaume-Uni et en France que le mouvement punk prend vraiment
son envol. Côté Anglais, le message le plus virulent vient des Sex Pistols (God Save The
Queen) et autres The Clasch. Le mouvement punk se pose clairement en réaction face
au rock des années 1970 qui n’autorise les enregistrements qu’aux virtuoses. Le premier
message des punks est là : la musique appartient à tout le monde, même si la technique
n’est pas absolument maîtrisée. Les punks ouvrent ainsi les portes des studios
d’enregistrement à d’innombrables groupes, de The Police à U2. Le second message
des punks est plus politique. Les Britanniques enterrent leur statut de Grande Puissance
(No future for the UK).
De son côté, les États-Unis qui avaient résisté plus de dix-huit mois à la beatlemania
tiendront bon pendant plus de vingt ans face à la vague punk. Si l’ouverture des studios
a bien lieu aux États-Unis, elle est moins flagrante qu’en Europe. Musicalement, les
tenants d’un rock dit modern se revendiquent toutefois ouvertement comme des enfants
du punk. Des groupes qu’on assimilera au mouvement Punk vont remplacer la rock
music programmée et entrer dans la légende : les Ramones, les Talking Heads, Blondie
Television, Patti Smith, Mink Devill ou encore Velvet Underground. Il faut attendre 1988
et le mouvement grunge de la côte ouest américaine pour percevoir un écho punk dans
la musique américaine grand public, cicatrisant efficacement les plaies d’un rock divisé
depuis plus de dix ans en deux camps : Classic et Modern. Ce débat est essentiellement
américain, car en Europe les modernistes ont gagné la partie dès le début des années
1980.
A la fin des années 70 naît le disco et ses stars : les Bee Gees, Dona Summer, Grace
Jones, Gloria Ganor et le groupe Chic. Certains grands noms de la musique noire vont
même s’essayer au disco : Stevie Wonder, Marvin Gaye, Earth Wind and Fire, the
Jackson, Aretha Franklin. On voit émerger le reggae qui tient en Bob Marley un véritable
prophète.

Les années 1980


8- New wave et electro
À l’approche des années 1980, une partie du mouvement punk évolue vers une
production en studio plus aboutie, une attention plus affirmée à la qualité des textes et
une volonté générale plus orientée vers l’expérimentation. Servie par de nouvelles
technologies, le rock devient un phénomène universel et quotidien. Le terme New wave
apparaît alors pour désigner cette musique plus sombre et sophistiquée qui met à profit
les progrès des synthétiseurs en contrepoint de guitares éthérées et de basses
pesantes.
Cette révolution commence très précisément en 1982. The Human League se classe
n° 1 aux Etats-Unis avec Don’t you want me. C’est le début de la techno-pop made in
England qui envahit les Etats-Unis avec Boy George (Culture Club), Annie Lennox
(Eurythmics), Duran Duran ou encore Wham (avec George Michaël). Le mouvement
s’amplifie avec un nouveau medium : le vidéo-clip. Ainsi plusieurs artistes vont
monopoliser les hit-parades des 45 tours comme Michael Jackson avec Thriller,
Madonna avec Like a Virgin, Prince avec Music From Purple Rain et Bruce Springsteen
avec Born in the USA. C’est aussi l’époque du sampling, des remix...
La rupture Punk/New-wave s’accentue donc au cours des années 80. Le terme New
wave reste cependant générique et englobe aussi bien la pop électro-gothique de The
Cure que le rock matiné de reggae de The Police. Dans la lignée de Kraftwerk, un
courant électro apparaît avec Depeche Mode, les synthétiseurs remplacent
progressivement les guitares. Cette démarche représentera plus tard l’un des
fondements de la musique techno. Les nouvelles personnalités américaines (Blondie,
Talking Heads) et britanniques (The Stranglers, Elvis Costello, Joe Jackson, Dire Straits)
vont connaître la consécration internationale. Tandis que Michael Jackson, Prince, Lionel
Richie, Kool and the gang, Cameo, Commodores poursuivent la tradition des groupes, la
black music revit sous l’impulsion de Kurtis Blow, de Sugar Hill Gang, de Grandmaster
Flash, ou encore Run DMC, Eric B & Rakim, Public Ennemy, LL Cool J qui annoncent
l’avénement du rap. Les Beastie Boys lui ouvriront les portes du marché blanc en 1986-
87.
Le groupe marquant de la fin de la décennie est originaire de Dublin : U2 joue un rock
simple exprimant des thèmes humanistes voire chrétiens (album The Joshua Tree). Les
groupes et les chanteurs s’engagent sur ce même thème dénonciateur : Sting, l’irlandais
Bob Geldof (qui réussit à mobiliser les plus grandes stars afin de collecter des fonds
pour sauver les populations affamées de l’Afrique). Les musiciens africains vont
également mêler traditions rythmiques et électroniques : King Sunny Adé, Fela, Youssou
N’Dour, Mory Kante, Touré Kunda. L’américain Paul Simon enregistre lui en Afrique du
Sud avec des musiciens noirs. Les années 80 sont également marqués par les
australiens d’INXS et écossais de Simple Mind. Il faut attendre 1988 et le mouvement
grunge de la côte ouest américaine pour percevoir un écho punk dans la musique
américaine grand public, cicatrisant efficacement les plaies d’un rock divisé depuis plus
de dix ans en deux camps : Classic et Modern. Ce débat est essentiellement américain,
car en Europe les modernistes ont gagné la partie dès le début des années 1980.
Le courant majeur s’assagit peu à peu et se rapproche de plus en plus de la pop. Dire
Straits incarne ce rock serein, aux guitares d’orfèvres et aux textes ciselés mais dont la
fièvre est retombée. Si quelques uns dont U2 ou REM tentent de raviver une démarche
engagée, c’est plutôt aux frontières du rock, comme dans le métissage avec le funk de
Michael Jackson ou de Prince que l’exploration musicale se poursuit. A la fin des années
80, les artistes retrouvent plus de simplicité avec Suzanne Vega, Tracy Chapman, the
Pogues, the Jesus and Mary Chain, the House of Love, Terence Trent d’Arby, tandis
qu’aux Etats-Unis on assiste à un retour des vieilles gloires comme Georges Harrison,
Keith Richards, Eric Clapton, Brian Wilson, Roy Orbison.

9- L’ avènement du hard

Iron Maiden
La composante hard rock profite, elle aussi, très largement de l’ouverture des studios.
Conséquence logique de cette multiplication des enregistrements : l’apparition de
nombreux sous-genres. Jadis, Hard rock et Heavy metal étaient deux synonymes
(Heavy Metal venant d’un journaliste de New York Times à propos du Purple Haze de
Jimi Hendrix), mais depuis le début des années 1980 une scission s’est produite. Le
vocable « Heavy Metal » est en effet redéfini par le journaliste Lester Bangs du
magazine Creem. Le genre se radicalise avec un accent croissant placé sur la virtuosité
et la vitesse d’exécution en particulier du guitariste solo et du batteur, des ambiances
pesantes (Wishbone Ash, Def Leppard, Kiss) et des thèmes qui s’inspirent souvent du
satanisme (dans la lignée de Black Sabbath). C’est l’apparition de la nouvelle vague de
heavy metal britannique (Iron Maiden) qui s’oriente vers des aspects plus lyriques alors
que les américains Metallica inventent le speed metal. On voit ensuite apparaître le
Thrash metal, le Gothic metal, le Death metal... Le hard rock renaît donc de ses cendres
dans les années 80 (Iron Maiden, Def Leppard, Métallica, Motley Crue, Van Halen, Bon
Jovi, Guns n’ Roses) alors que les lobbies puritains réclament la censure du rock. La
branche hard se métallise, radicalisant son discours sous une avalanche de décibels,
une accélération effrénée du tempo et une saturation qui repousse les limites de
l’audible.

10- Le Rock indépendant et un foisonnement des


genres
En France le milieu des années 80 voit la naissance des structures du rock alternatif
avec des groupes comme Mano Negra, Les VRP , Bérurier Noir,Lucrate Milk. Le
tournant des années 90 est, dans un premier temps, marqué par le retour au premier
plan des groupes comme Pink Floyd, les Rolling Stones ou encore par la reformation du
Velvet Underground tandis que la carrière de Queen s’interrompt en 1991 avec la mort
de Freddy Mercury. Même les groupes disparus sont réhabilités ; c’est le cas des Doors
avec la sortie du film d’Oliver Stone (1991). Les artistes d’envergure mondiale continue
leur carrière en signant avec les majors Prince chez WEA, M.Jackson chez Sony.
Puis, le rock redevient dans les années 1990 un phénomène social sous l’impulsion de
la scène bruitiste : Sonic Youth puis les Pixies mêlent un sens aigu de la mélodie issue
de la musique pop avec une véritable rage rock’n’roll, la secousse devient sensible
quand elle prend la forme du mouvement grunge à Seattle avec Mudhoney,
Soundgarden et Nirvana suivis par la suite par Pearl Jam, Sound Garden, Smashing
Pumpkins. Kurt Kobain qui déclarait en 1989 qu’il voulait révolutionner le rock entre dans
la légende du rock en se suicidant le 05 avril 1994.
En parallèle au mouvement grunge, le rap connaît également un véritable essor avec les
gangsta rap de Nigger with Attitude, Ice Cube ou de Snoop Doggy Dog. C’est aussi en
1989, le succès mondial du hip-hop de de la soul. Les apports du hip-hop et les fusions
se font enfin entendre, Fishbone (le précurseur), les Living Color, les Beastie Boys, Body
Count, Red Hot Chili Peppers et Rage Against the Machine intègrent le phrasé rap et la
syncope funk à un rock très musclé. En Angleterre, la house music trouve une première
reconnaissance avec le premier tube uniquement composé de samples Pump up the
volume. L’acide house croise le mouvement pop avec les Stones Roses de Manchester
ou les Happy Mondays. La reconnaissance internationale viendra d’Islande avec le
groupe The Sugarcubes et sa chanteuse Björk. L’acid jazz fait également ses premiers
pas au Royaume-Uni avec les succès modérés des Brand New Heavies, Corduray ou
Galliano. Quand à la reconnaissance mondiale, elle viendra en 1994 avec Jamiroquai.
Les années 90 voient également l’émergence de la World Music (Peter Gabriel) et du
phénomène des enregistrements acoustiques unplugged (du nom d’une des émissions
vedettes de MTV). Au Royaume-Uni si Blur et Oasis semblent se partager le paysage
grand public entre pop pour les premiers et rock pour les seconds c’est Radiohead qui
constitue véritablement le fer de lance du son britpop.
Les années 90 sont marquées par le mélange des genres qui se traduit par une
interprétation des styles, avant que n’éclate aujourd’hui d’autres formes d’expressions
musicales. En effet, difficile de définir le rock aujourd’hui, puisqu’on assiste à un
éclatement et/ou à des mélanges des genres que se soit en France ou outre-Atlantique :
rock français, techno-rock, hard-core, punk rock... puisqu’à chaque naissance d’un
groupe on peut lui assimiler un genre bien particulier.

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