Les Orchidees

rouges de Shanghai
Par Juliette Morillot
 Présentation de
l’œuvre et de l’auteure
Les Orchidées rouges de Shanghai , paru
en 2001 aux éditions Presses de la Cité,
est une œuvre de Juliette Morillot.

Juliette Morillot est une écrivaine française , née en 1959 en

Lorraine et reconnue pour son expertise sur l'Asie, en
particulier sur la Corée. Elle a une formation en muséologie et
un parcours riche en journalisme et en écriture. Parmi ses œuvres
notables, se distingue également Le Monde selon Kim Jong-un,
paru en 2018, coécrit avec Dorian Malovic. Ce livre offre un
aperçu clair et détaillé de la Corée du Nord actuelle, tout comme
elle le fait dans Les Orchidées rouges de Shanghai .
 Résumé de l’œuvre
Dans Les Orchidées rouges de
Shanghai , Juliette Morillot raconte le
destin de Mun Halmeoni , qui signifie
“ma grand-mère”, tel est le surnom
coréen affectueux donné par l’auteure
lors de leur rencontre à Séoul en 1995.
Son histoire remonte à une période
noire et troublée de l’histoire de la
Corée : son annexion en 1910 par le
Japon de l’empereur Hirohito qui met un
terme à son indépendance jusqu’à la fin
de la Seconde Guerre mondiale.
Kim Sangmi , de son vrai nom, est une
jeune Coréenne dont la vie va
radicalement changer en 1937, à l’âge
de 14 ans. Après quelques péripéties
dans la ville de Séoul ( Keijo en japonais)
où Sangmi habitait avec ses parents,
elle est envoyée dans une famille
d’accueil à Mokpo. Un jour, sur le
chemin du temple, elle est capturée
par des soldats japonais et emmenée
en Mandchourie pour être forcée à
rejoindre une unité de “femmes de
réconfort” , servant les soldats
japonais pendant l'expansion
territoriale du Japon en Asie : elle
devient ainsi une Chosen bbi (nom
japonais utilisé pour désigner les
prostituées coréennes des maisons de
réconfort).
Sa vie est alors rythmée par une série
d'événements poignants et tragiques ,
qui vont la mener dans un voyage à
travers toute l’Asie de l’Est , de Séoul
à Shanghai, en passant par Hankou, l’île
de Hainan, la Malaisie, Singapour ou
encore Hiroshima.
 En quoi l'étude de cette œuvre
est-elle pertinente dans l'étude de
la Seconde Guerre mondiale ?
L'étude de cette œuvre est particulièrement pertinente pour une compréhension
approfondie de la Seconde Guerre mondiale pour diverses raisons :

Tout d’abord, le roman se concentre sur le témoignage personnel et

bouleversant de Sangmi, une victime des atrocités japonaises en Corée et en
Chine. Le côté “humanisant” de ce récit offre ainsi une vision plus intime de la
guerre , en contraste avec les récits habituels centrés sur les stratégies
militaires et les figures politiques.

De plus, en détaillant les abus sexuels, les expériences médicales inhumaines et

la violence subie par ces femmes, le livre met l’accent sur des aspects souvent
minimisés ou ignorés de la guerre. Il offre une perspective plus profonde et
plus complète sur les femmes de réconfort et leur combat pour la justice que
les manuels d’histoire en France et ailleurs, qui évoquent rarement ou trop peu
ce sujet, et se focalisent davantage sur l’Allemagne nazie de Hitler.

D’autre part, en contextualisant les événements dans le cadre culturel et

politique de l'époque, le roman enrichit notre compréhension des dynamiques
impériales japonaises et de leur impact sur la vie quotidienne en Corée et en
Chine , de l’annexion de la Corée en 1910 à la fin de la Seconde guerre mondiale,
en passant par la conquête de la Mandchourie par le Japon en 1931, la prise de
Shanghai par les troupes japonaises en 1937, la chute de Singapour en 1942 etc.

Par ailleurs, en rendant ces histoires poignantes accessibles à un large public,

Les Orchidées rouges de Shanghai joue un rôle important dans l' éducation et la
sensibilisation aux conséquences dévastatrices de la guerre sur les civils .

Enfin, le roman sert de mémoire , préservant les récits des survivants pour
s'assurer que les injustices qu'ils ont subies ne soient pas oubliées, mais
également d’ hommage à Sangmi et à toutes les femmes qui ont partagé son sort
tragique.
 Mon avis
sur l’œuvre
Personnellement, j'ai trouvé Les Orchidées rouges de Shanghai profondément
émouvant et instructif . Même si, au début, j’ai eu du mal à m’accrocher à ce livre
et à l’histoire qu’il raconte (n’ayant pas vraiment connaissance de cette partie de
l’histoire de l’Asie), je trouve que Juliette Morillot a réussi à me captiver par sa
narration, par sa manière de raconter l’histoire poignante de Sangmi, tout en
soulevant des questions importantes sur des sujets historiques (annexion de
la Corée, domination japonaise en Corée et en Chine, femmes de réconfort,
expériences médicales) et ainsi me permettre d’enrichir ma connaissance
historique.

De plus, je me suis particulièrement attachée à l’héroïne Sangmi que j’admire

par sa force intérieure et sa résilience. Une citation du livre qui m’a marquée est :
“Ce jour-là, pour la première fois de ma vie, je me montrai plus putain que la
pire prostituée de Shanghai.” (page 177) car je trouve qu’elle illustre
parfaitement les deux aspects que j’ai mentionnés. En effet, en prenant en
compte le contexte de cette citation, c’est-à-dire la mort de son amie chinoise
Fuhsien (qui était également prostituée), ces mots de Sangmi traduisent la
manière dont même confrontée à la brutalité et l’injustice, même dans les
circonstances les plus sombres, elle trouve en elle la force de continuer et de
s’adapter dans une situation qui aurait brisé bien d’autres .

Un autre aspect du livre que j’ai également apprécié est la diversité des décors ,
du cœur de la Corée à la Mandchourie, en passant par Shanghai et Singapour.
Ayant personnellement voyagé dans plusieurs pays d’Asie de l’Est (Chine, Japon,
Corée du Sud), j’ai eu le sentiment de réaliser ces voyages une nouvelle fois,
sous un autre angle (évidemment plus tragique) mais à travers lequel j’ai pu en
apprendre davantage sur l’histoire de ces pays durant la Seconde Guerre
mondiale et ainsi comprendre l’origine de certaines tensions qui existent entre
eux encore aujourd’hui. J’ai aussi trouvé que ces changements de décor ont
contribué à la dynamique narrative du livre , ce qui rendait ma lecture d’autant
plus captivante.
 Mon avis
sur l’œuvre
(suite)
Toutefois, s’il y avait un unique reproche que je puisse faire à ce livre, c’est la
réalité parfois trop crue avec laquelle l’auteure décrit certaines parties du
livre qui sont dérangeantes à lire , en raison de leur contenu graphique lié à la
violence et à l'exploitation sexuelle. Néanmoins, en étant objectif, je pense que
l’auteure a bien fait puisque c'est cette même franchise qui rend le roman si
important et nécessaire, en éclairant des aspects souvent négligés de l’histoire.

Ainsi, comme vous l’aurez compris, dans l’ensemble, j’ai été grandement
satisfait par la lecture de ce livre que je considère comme l’une des œuvres si
ce n’est l’œuvre qui m’a le plus marquée durant mon cursus scolaire , tant par
son apport émotionnel que par son apport culturel. C’est à la fois un témoignage
poignant sur la force de l'esprit humain, un rappel nécessaire des horreurs de la
guerre, et un hommage à celles et ceux dont les histoires méritent d'être
racontées et entendues. Je recommande donc Les Orchidées rouges de Shanghai
non seulement pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire, mais aussi pour
ceux qui cherchent à comprendre la complexité de l'expérience humaine
dans des circonstances extrêmes.

Fin.