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5. La société algérienne
a. Les lieux
b. Les personnages
6. Le conflit identitaire de Younes/ Jonas
Conclusion
Introduction :
Cette relation éternelle entre littérature et réalité sociale a poussé les critiques à
chercher des méthodes pour comprendre ce lien littérature et société d’où l’émergence
de certaines approches critiques telle que la sociocritique qui fera l’objet de notre
travail.
Köhler la définit comme est une « partie intégrante de la sociologie [qui] tenterait
d’appliquer les méthodes de la sociologie à la diffusion, aux succès et au public, à l’institution
littéraire, aux groupes professionnels tels que écrivains, professeurs ou critiques3». C’est-à-
dire que La sociologie de la littérature s’intéresse à toute production littéraire et non
seulement au texte.
2. La sociocritique et la socialité du texte
La sociocritique est une approche d'analyse du texte littéraire et, à ce titre, elle fait de la
socialité des textes son centre d'intérêt : « la façon dont le roman s'y prend pour lire le social,
pour inscrire du social tout en produisant par sa pratique, du texte littéraire, une production
esthétique».
Achour écrivait : « La sociocritique a pour objet d’étude une lecture immanente du texte et
la restitution de sa teneur sociale : interroger la socialité de l’œuvre dans sa textualité. » La
socialité du texte ou du roman est la société qui se dégage du texte littéraire, l’organisation
sociale que la sociocritique met la lumière dans les productions littéraires. Cette reproduction
du social a fait, au XIXème siècle, la popularité du roman réaliste, prise refléter et reproduire
une représentation de la réalité car, à la différence des autres courants littéraires, le réalisme
romanesque s’était fixé comme idéal de reproduire aussi fidèlement que possible, la société
sous ses différents aspects. Gustave Flaubert propose des observations objectives afin de se
voir le social dans ses détails les plus minutieux. « Le socialité est ce qui dans le texte ouvre à
un dehors du texte, sur un ailleurs du texte, sur un domaine de référence avec lequel le texte
travaille, avec lequel tout texte travaille.»
Pour Claude Duchet la socialité est «tout ce qui manifeste dans le roman la présence
hors du roman d'une société de référence et d'une pratique sociale, ce par quoi le roman
s'affirme dépendant d'une réalité socio-historique antérieure et extérieure à lui ». C’est-àdire
que la socialité met en concordance ou interpelle cette relation entre le dedans du texte et le
dehors du texte. Il ajoute aussi que : « dimension de la socialité, née de la division de travail,
liée aux structures de pouvoir, qu’elle est condition, mais produit de tout discours » Claude
Duchet l’a définie comme des croyances réelles d’un individu ou de toute une société à
travers la production de discours social.
Yasmina Khadra est né le 10 janvier 1955 d’un père infirmier et d’une mère nomade.
Son père qui travaille comme officier, envoie son fils Mohamed à l’âge de neuf ans à l’école
des cadets militaires afin de faire de lui un officier. Il y effectue toutes ses études militaires,
avant de rejoindre les rangs de l’armée algérienne comme officier pendant 36 ans puis prend
sa retraite en septembre 2000 pour se consacrer à la littérature . Suite à la lecture des auteurs
français, notamment Camus, il décidait de s’exprimer en français, il a inauguré sa carrière en
1984 avec Amen, publié par La Pensée Universelle, une maison d’édition parisienne qui
marquait le début de sa carrière qui s’annonçait très difficiles, on n’en a vendu que cinq
exemplaires, dont trois achetés par les amis de l’écrivain. À l’époque, l’écriture n’était pas son
occupation principale.
Ayant toujours écrit sous son pseudonyme féminin qu’il a porté en guise
d’engagement pour l’émancipation de la femme algérienne musulmane, le mystère de son
vrai nom MOHAMED MOULESSEHOUL ne fut dissipé qu’en 2001, avec la parution de son
livre autobiographique L’Ecrivain.
De 1984 à 2014, il a publié plusieurs ouvrages qui ont touché un vaste lectorat dans le
monde, Traduits dans trente-six pays et dans trente-trois langues dont la majorité ont été
récompensés par des prix prestigieux, parmi lesquelles on peut citer :
« Ce que le jour doit à la nuit » est un roman qui relate l’histoire d’un jeune algérien au
temps de la colonisation française en Algérie.. Ce roman inscrit de nouveau l’Histoire d’une
Algérie colonisée puis indépendante à travers un récit bouleversant sur la guerre et l’amour, la
haine et la tolérance entre les indigènes et les pieds-noirs. La question identitaire est posée, et
se révèle d’abord dans le titre Ce que le jour doit à la nuit, puis dans la typologie des
personnages présentant des autochtones et des colons, et aussi dans les thèmes amour et
violence, enracinement et déracinement, l’orient et l’occident, l’Algérie et la France.
Cette fiction autobiographique structurée en quatre chapitres relate l’histoire d’un amour
impossible de Younes un jeune algérien enfant de la terre, et une jeune française Emilie. Une
histoire qui se déroule durant la période coloniale où le jeune est partagé entre son amour et sa
vie secouée par les événements qui agitent le pays. Ainsi le narrateur nous livre son histoire
vécue pendant toute sa vie, de l’enfance jusqu’à la vieillesse, en passant par l’adolescence en
quatre grand chapitres :
Les événements se déroulent pendant les années 1930, Younes et sa famille débarquent
dans un bidonville appelé Jenane Jato aux périphéries de la ville d’Oran. Ruinée par les dettes
envers l’administration française, sa famille s’est trouvée obliger à hypothéquer son lopin de
terre à fin de regagner la ville ; en y arrivant le père incapable à subvenir aux besoins de sa
famille, décide de confier son fils à son frère Mahi financièrement aisé et marié à une
française appelée Germaine qui le rebaptise Jonas.
Ainsi Jonas intègre une nouvelle vie, celle des pieds-noirs, il fréquente l’école et apprend une
culture qui lui est étrangère, celle des pieds-noirs.
3. La symbolique du titre :
Chaque lecteur qui tient entre Ses mains le roman ne demeure pas indifférent envers
son titre, la signification qui figure dans son énoncé « Ce que le jour doit à la nuit, » suscite
immédiatement sa curiosité. Qu’est-ce que le jour pourrait bien devoir à la nuit ? Le
romancier attribut au jour et à la nuit des caractéristiques humaines, il use du style imagé des
écrivains classiques pour inscrire son roman dans la durée afin qu’il soit gravé dans la
mémoire collective et individuelle des lecteurs. On peut mettre à la place de la dichotomie «
jour/nuit » « Jonas/Emilie » comme ça le titre peut paraitre moins ambigu « ce que Jonas doit
à Emile ces deux protagonistes incarne les liens passionnels entre l’Algérie et la France. Le
titre « ce que l’Algérie doit à la France »peut être plus explicite et plus significatif. En effet,
entre les deux pays il y’ a une relation cyclique ; comme les amoureux le jour et la nuit ne se
croisent que pour se séparer et ne se séparent que pour se retrouver. C’est ce conflit qui surgit
depuis des siècles entre deux peuples réclamants chacun d’eux son amour, sa propriété à un
seul pays qui est l’Algérie. Yasmina Khadra nous offre ici un grand roman de l’Algérie
coloniale (entre1930 et 1962), il nous livre son univers fictif dans lequel se mêlent amour et
Histoire
Ce que le jour doit à la nuit est une fiction qui relate l’impensé de la guerre. En effet
la fusion entre histoire et Histoire propose une réécriture fictionnelle du passé colonial de
l’Algérie. Ce roman parle de la période coloniale en Algérie sans pour autant être un roman
engagé. La guerre est souvent présentée dans le roman sous forme un témoignage individuel.
L’Histoire est transmis par le biais de l’oralité, l’auteur se sert de son narrateur- personnage
comme témoin oculaire qui atteste et certifie certains évènements historiques. L’Histoire dans
ce roman s’assimile et s’allie à un témoignage. La narration dans ce roman s’apparente à un
témoignage historique. La dichotomie histoire /Histoire se fusionne pour relater un héritage
mémorial de la composante identitaire algérienne
Ce que le jour doit à la nuit relate les séquelles de la période coloniale en Algérie pour
ainsi faire de ce roman une histoire romancée. En effet ce roman ne prend position entre la
France et l’Algérie il se contente de raconter la condition de l’homme face à la calomnie de la
guerre. Le roman est surtout une écriture de réconciliation avec le passé coloniale pour apaiser
les tensions de la déchirure des deux côtés français et algérien. Donc ce récit est non
seulement un héritage de la mémoire mais aussi un récit qui exprime le besoin du pardon.
L’auteur nous fait part de la situation de son pays sous le règne coloniale à travers le
destin de Younes. Avant d’être adopté par son oncle Younes a vécu à Jenane Jato où
sévissent la misère, l’analphabétisme, et la discrimination sociale sa vie est le témoin d’une
situation misérable de tout un pays meurtri par une politique coloniale atroce, depuis les
années 1930 jusqu’à l’indépendance.
2. Les personnages :
Le mépris des colons, les communautés pliées, les campagnes miséreuses. Chacun des
personnages symbolise une part dans cette histoire. Le héros Younes, pris entre deux mondes,
l'oncle Mahi l’humaniste, le père issa à la vie saccagée par la misère, Jelloul qui n'est autre
que l'ancien serviteur humilié et maltraité relève enfin la tête en devenant moudjahid , et les
amis qui tombent amoureux tous d’une belle jeune fille Emilie franchement fidèle à un amour
d’un seul, Jonas, et qui lui échappe. C’est tout une souffrance des deux communautés qui
avaient un amour fou pour un même pays et qui ne pouvaient pas imaginer la vie ailleurs que
dans ce pays. Younes a perdu soi-même entre ces deux rives (payes de ses origines et la
communauté dans laquelle il a évolué), mais au fil des années, il va découvrir la misère des
siens, la guerre et l’injustice, et va apprendre à aimer son pays.
Connecté entre deux mondes culturels différents, Younes est tiraillé entre les deux, en
effet il se sent attaché à ces deux cultures qui sont inhérente à sa composition identitaire. il est
mi- arabe, mi- français, ou l’inverse ni l’un ni l’autre, de ce fait l’environnement socioculturel
de Younes engendre en lui un être hybride et néant. Et cela n’est qu’une image allégorique du
fait interculturel de l’Algérie colonisé par la France.
Conclusion :
Fuyer dans la vie de l’auteur, n’est jamais suffisant pour dégager le non-dit d’une
œuvre d’art donné, le vrai sens d’un texte littéraire se trouve en lui et non pas hors de lui c’est
ce que l’approche sociocritique adopte comme démarche pour analyser un texte donné. À
travers cette lecture sociocritique du roman ce que le jour doit à la nuit nous avons pu
constater que la vie de yassmina khadra explique peu son roman. Ce dernier loin d’être
engagé se contente de prendre la position d’un témoin neutre des conflits des deux sociétés
algérienne et française. Mais un témoin qui n’est pas comme les autres puisqu’il nous fait part
du déchirement identitaire et des liens passionnels qui en résulte de ce contacte complexe
entre ces deux pays qui comme des amoureux, et comme le jour et la nuit s’unissent et se
séparent.
Bibliographie :
Bouhadjar, Souad. “Approche Sociolinguistique des Noms des Lieux en Algérie Cas de la
toponymie de Boussemghoun”. Thèse de doct.