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INTRODUCTION
Lorsqu’on parle généralement de littérature Africaine, on est
toujours tenté à ne se limiter rien que sur la littérature négro-
africaine d’expression française, qui est fort dominée par les auteurs
d’Afrique de l’ouest, centrale et quelques auteurs des territoires
d’outre-mer[1], qui ont marqué la littérature transnationale par une
sorte de syncrétisme lié à une oralité profonde et culturelle. Mais
sous cet angle, on risquerait de falsifier ou encore de modifier le
visage et la diachronie de celle-ci, en excluant tous ceux qui ont
d’une manière ou d’une autre contribué à l’expression de l’Afrique en
d’autres langues.[2]
Le but de cet article n’est pas d’étudier toutes les ouvres littéraires
africaines d’expression française, ou encore tous les personnages
féminins de la littérature africaine, mais présenter à travers certains
ouvrages essentiels qui pourrons nous ressortir la femme africaine,
puisqu’il s’agit d’elle, dans diverses sociétés africaines –modernes
et patriarcales-, les héroïnes et leurs rapports avec les évènements
du récit. Nous espérons démontrer cela à partir d’une analyse
constructiviste, qui nous montrera comment une œuvre est d’abord
une construction sociale avant d’être une peinture de la société
dans laquelle l’auteur(e) vit et veut nous faire vivre. Une dernière
partie va tenter de démontrer la reconstitution de cette image qui
réapparait autre, dans une société africaine influencée désormais
par la mondialisation et l’émancipation des idées à l’ère
postcoloniale. Ceci pour montrer l’éloignement de cette fixité qui a
longtemps renfermé les auteurs dans ce carcan qui n’est rien
d’autres que le colonialisme. A la fin il sera question d’éluder un
certain nombre de pratiques obscures qui jusque-là restaient
méconnues dans la sphère littéraire.
L’histoire d’une jeune fille au nom de Saïda, seule fille d’une famille
musulmane et vivant dans un bidonville de la ville de Douala,
présente une sorte d’exclusion de la femme dans la société. Surtout
dans une culture très patriarcale ou elle grandit, les hommes
dirigent les familles et les affaires publiques. Ici, le fait de naître
fille est comme une malédiction, car la femme étant réservée
seulement aux tâches ménagères et destinée au mariage. Mais
l’arrivée de Saïda dans une société moderne (Paris) transforme le
mode de vie de celle-ci et elle devient une « prostituée », puisqu’elle
cherche entre temps un toit en vain et perd sa virginité qu’elle avait
gardée pendant près de 50ans, au profit d’une vie désordonnée,
malsaine pour quelques sous ou un moyen de survie. Saïda présente
l’image d’une femme qui n’a pas de valeur, dont le destin est scellé
dès la naissance parce qu’elle vit dans une société musulmane et
patriarcale où la préférence des fils est dominante et
désavantageuse pour les filles ; les filles ne sont pas importantes
parce qu’elles appartiennent au sexe féminin[10]. On a d’autres
stéréotypes dans le roman comme : la mère de Saïda- une femme
ratée parce qu’elle n’accouche pas de fils d’une part, d’autre part les
femmes serveuses dans les grands restaurants de la ville,
prostituées, mais qui affichent une image dualiste : méprisables
mais admirées. Une fille intellectuelle (par la maîtrise de l’anglais en
tant que des intellectuels à cette époque-là), mais prostituée par
son identité de laisser faire, et résistant toutefois au patriarcat. [11]
Appelez-moi Madame Oumarou est ce livre qui met les pleins phares
sur les problèmes tant obstrués par certains auteurs, mais qui
méritent d’être invités aux débats actuels. Le mariage n’étant pas
forcément une fin en soi mais lorsque sa quête est assimilée à un
chemin de croix, c’est là où se pose le problème. Ainsi, quels
peuvent être les causes de ce célibat dans la société
Africaine/Camerounaise ? Quels sont les facteurs favorisant les
conditions d’une telle situation ? Ces questions permettront de
parcourir cet aspect du roman de l’auteure camerounaise L.L. FOPA
dans une perspective socio-culturelle.