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UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA DE BOUAKE

UFR : Communication, Milieu et Société

Département de Lettres Modernes

ROMAN AFRICAIN ET THÉORIES


POSTCOLONIALES

SUJET : En quoi le roman africain est-il imprégné de l’expressivité des théories


postcoloniales ? Illustrez par des œuvres actuelles.

PR KANGA Koffi Etran Hans Saviola


CI0320000201
Niveau : Master 1

ANNÉE ACADÉMIQUE 2022-2023


Le roman africain n’a cessé d’évoluer et de se raffermir au fil des générations, suivant son lot
d’écrivains engagés qui se démarquent relativement par leurs écrits, faisant état de faits sociaux
qui se présentent. Une nouvelle génération, qu’il est d’associer aux théories postcoloniales,
émerge et annonce déjà la couleur du renouvellement du code romanesque. Le changement de
paradigme se fait ainsi sentir de la part de cette sphère littéraire. C’est dans cette perspective
que s’inscrit, à juste titre le sujet suivant : « En quoi le roman africain est-il imprégné de
l’expressivité des théories postcoloniales ? ». Dès lors, Nous sommes amenés à nous
interroger : Quelle est la caractéristique scripturale adoptée par ce nouveau roman ? Quelle est
son centre d’attention ? C’est à ces différentes questions que nous tenterons de répondre dans
notre développement.

La notion des théories postcoloniales, alliée au domaine littéraire et précisément au roman


africain, suggère un changement de paradigme au niveau de l’appréhension du genre. Cet état
est perceptible au niveau scripturaire qui est lui-même suivit d’une thématique nouvelle. Par
conséquent, nous porterons une attention première sur l’aspect narratologique. L’on dénote
chez ces nouveaux écrivains, le principe de l’interculturalité et de la transculturalité ; une
particularité qui tient à servir l’expérimentation linguistique. Celle-ci, comme son nom
l’indique tente ou du moins apporte du renouveau dans la sphère littéraire et dans sa manière
d’écrire. Dans le sillage d’un nouvel horizon, il est de noter un besoin de subversion des
conventions. Des conventions, différentes de celles des autres générations. Ainsi, nous pouvons
déceler l’intergenerecité qui est un entremêlement subtil de différents genres littéraires. L’idée
étant de donner libre cours à l’imaginaire créatif des auteurs et par la même occasion d’aller à
la rencontre d’autres arts, d’autres cultures. Nous pouvons en exemple citer Abdourahman
Waberi, un écrivain majeur qui porte une attention particulière aux détails, à la beauté des mots.
Il a le talent d’entrelacer des éléments réalistes et fantastiques, créant une atmosphère unique et
captivante. Dans son roman Pourquoi tu danses quand tu marches ? l’auteur nous livre de fort
belle manière une peinture de Djibouti, son pays, avec une certaine sensibilité littéraire. En
effet, la tonalité et l’écriture sont multiples, axé sur les identités et la politique. L’écrivain traduit
la volonté de transmettre un message fort sur des sujets liés à l’exil ou encore au déracinement,
avec une implication représentative par l’énonciation du « je » . Aussi, pouvons nous aborder
Kossi Efoui, qui se démarque par une esthétique et une idéologie nouvelle. Il met à mal la
linéarité du récit, utilise des stratégies mimétiques, ou encore des structures poétiques comme
moteur générique. Son œuvre Cantique de l’accacia, s’appuie sur une écriture intergénérique
mettant en scène les destins individuels et collectifs de personnages pour comprendre les
sociétés africaines contemporaines.

Au regard de ce qui précède, il tient de retenir la manifestation contemporaine de l’activité


scripturaire qui joue subtilement à la subversion du roman canonique. Adossé à ce
renouvellement, se tient une thématique autre.

Le renouvellement du roman dans la perspective postcoloniale passe notamment par


l’autofiction. L’autofiction se définit comme un genre littéraire qui mélange éléments
autobiographiques et fictionnels. Dans le contexte du roman africain, l’autofiction se réfère à
une narration qui s’inspire de la vie de l’auteur, de ses expériences personnelles et de la réalité
africaine, tout en intégrant des éléments de fiction pour créer une œuvre littéraire. Cela permet
à l’écrivain de s’exprimer et de partager ses réflexions sur la société, ses traditions, ses
problèmes sociaux, politiques, mais aussi sur sa propre identité et expérience de vie. Alain
Mabanckou l’illustre sans l’ombre d’un doute avec Petit Piment, où l’auteur se raconte à travers
le personnage principal, un jeune garçon orphelin vivant dans un orphelinat au Congo-
Brazzaville. Il intègre des éléments de sa propre vie pour explorer les thèmes de la politique, de
la pauvreté et de l’enfance en Afrique. Tout comme lui, Fatou Diome dans Le ventre de
L’Atlantique nous fait l’histoire d’une jeune Sénégalaise du nom de Sophie, immigrée en France
et explore les dilemmes identitaires auxquels elle est confrontée. L’auteure s’inspire de son
propre parcours d’immigration pour aborder les thèmes de la culture, de l’identité et du choc
des cultures. Ces deux œuvres participent à la mention de problèmes, préoccupations plus larges
de l’Afrique contemporaine, faisant également l’analogie entre l’ici et l’ailleurs.

En somme, nous retenons que le roman africain est sans nul doute imprégné de l’expressivité
des théories postcoloniales. En ce qu’il allie un nouvel style d’écriture brisant subtilement le
code romanesque, à des sujets centrés sur les écrivains eux-mêmes, leur monde et l’interaction
avec l’ailleurs. Nombreux sont les auteurs qui ont participés au renouvellement du genre et de
la perception que l’on lui accorde. En substance, nous constatons et considérons son évolution
qui conforte la richesse artistique de la sphère littéraire africaine.

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