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EN DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE


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Convention de 2008
sur les armes à sous-munitions
La Convention sur les armes à sous-munitions vise à mettre fin aux souffrances provoquées par ces armes, qui ont tué ou bles-
sé des dizaines de milliers de civils dans les pays où elles ont été utilisées. En mai 2008, 107 États ont conclu un traité interna-
tional interdisant ce type d’armes. Les négociations ayant abouti à ce traité s'inscrivaient dans le cadre du « Processus
d’Oslo », une initiative norvégienne dont l’objectif était qu’un traité sur les armes à sous-munitions soit conclu d’ici la fin de
er
l’année 2008. La Convention a été ouverte à la signature le 3 décembre 2008 et elle est entrée en vigueur le 1 août 2010.

Cette Convention est une adjonction importante au droit international humanitaire (DIH). Elle vient renforcer les règles fonda-
mentales du DIH coutumier applicables à l’ensemble des États, lesquelles imposent aux parties à un conflit de faire la distinc-
tion en tout temps entre les civils et les combattants, de ne diriger les opérations que contre des objectifs militaires et de
s’efforcer en permanence d’épargner les civils ainsi que les biens à caractère civil. Avec l’adoption de cette Convention, les
armes à sous-munitions sont venues compléter la liste des armes interdites par le DIH : les balles explosives, les balles expan-
sives, les armes chimiques, les armes biologiques, les mines antipersonnel et les armes à fragments indétectables ou à laser
aveuglant.

Que sont les armes à sous- leur utilisation est réglementée par
munitions ? les dispositions générales du DIH. Après la fin des hostilités – Un pour-
centage élevé des sous-munitions
Les armes à sous-munitions sont dispersées ou libérées n’explosent
des armes qui dispersent ou libèrent pas comme prévu ; de vastes zones
Pourquoi interdire les armes à
des sous-munitions, à savoir de sont donc contaminées par des
sous-munitions ? engins non explosés potentiellement
petites charges explosives ou pe-
tites bombes (« bombelettes ») non meurtriers. Ces dispositifs ont tué ou
Les armes à sous-munitions consti- blessé des dizaines de milliers de
guidées (pesant moins de tuent une préoccupation humanitaire
20 kilogrammes chacune) conçues civils. Leur présence rend dange-
depuis des décennies. Elles ont fait reuses des activités essentielles
pour exploser avant l’impact, à des ravages parmi les civils non
l’impact ou après l'impact. Selon le telles que l’agriculture. Elle entrave
seulement pendant des conflits aussi la reconstruction et le déve-
type d’arme utilisé, le nombre de armés, mais encore bien après la fin
sous-munitions dispersées ou libé- loppement des infrastructures –
des hostilités. routes, chemins de fer et centrales
rées peut aller de quelques dizaines
à plus de 600. électriques notamment. Les enfants,
Pendant les conflits armés – Les intrigués par la forme et la couleur
armes à sous-munitions sont con- des sous-munitions, sont souvent
En vertu de la Convention, les çues pour avoir des effets dévasta-
armes contenant moins de 10 sous- tentés de les ramasser, ce qui a des
teurs dans les situations de combat ; conséquences terribles : mort, bles-
munitions explosives ne sont pas elles dispersent un grand nombre de
considérées comme des armes à sures graves ou handicap.
sous-munitions explosives sur une
sous-munitions, pour autant que vaste superficie, afin de détruire des
chaque sous-munition pèse plus de Obligations fondamentales
cibles militaires mobiles ou mul-
quatre kilogrammes, qu’elle soit tiples. Les victimes civiles sont sou- énoncées dans la Convention
conçue pour détecter et attaquer vent nombreuses quand on utilise
une cible constituée d’un objet ce type d’armes contre des objectifs Les États parties s’engagent à ne
unique, et qu’elle soit équipée de militaires situés dans des zones jamais, en aucune circonstance,
mécanismes électroniques habitées. Les sous-munitions n’étant utiliser, mettre au point, produire,
d’autodestruction et d’auto- généralement pas guidées, le vent acquérir, stocker, conserver ou
désactivation. Rien dans la Conven- ou d’autres facteurs peuvent les transférer d'armes à sous-
tion n’interdit ni ne restreint le re- amener à frapper bien au-delà de la munitions. Ils ont également
cours à de telles armes ; toutefois, zone où se trouve la cible. l’interdiction d’aider, encourager ou
inciter quiconque à s’engager dans teurs concernés par l’élimination de par tout autre moyen pacifique de
une activité interdite par la Conven- munitions non explosées. leur choix, y compris la saisine de la
tion. Cour internationale de justice con-
Mesures et mécanismes de formément à son Statut.
En outre, les États qui possèdent
promotion de la mise en
des armes à sous-munitions ou en Enfin, chaque État partie a
subissent les effets doivent prendre œuvre et de contrôle du res- l’obligation de prendre toutes les
des mesures pour la destruction des pect de la Convention mesures législatives, réglemen-
stocks, l'enlèvement des restes de taires et autres qui sont appro-
ces armes et l'assistance aux vic- La Convention prévoit divers méca- priées pour mettre en œuvre la
times. nismes visant à promouvoir sa mise Convention, y compris l’imposition
en œuvre et à garantir le respect de de sanctions pénales pour prévenir
Calendrier pour la destruction ses dispositions. Certains d'entre et réprimer toute violation par des
des stocks – Chaque État s’engage eux peuvent nécessiter l’adoption de personnes ou sur un territoire sous
à détruire les stocks d'armes à sous- lois ou de règlements administratifs sa juridiction ou son contrôle. À
munitions sous sa juridiction et son au niveau national. cette fin, il peut s'avérer nécessaire
contrôle dans un délai de huit ans d'adopter des lois nationales et
après être devenu partie à la Con- Afin de favoriser la transparence, les d'amender les règlements appli-
vention. Ce délai peut être prolongé États parties doivent présenter au cables aux forces armées.
de quatre ans ; dans des circons- Secrétaire général des Nations
tances exceptionnelles, des prolon- Unies un rapport annuel sur divers Une Unité de soutien à la mise en
gations additionnelles d'une durée éléments, notamment les types et œuvre de la Convention a été éta-
de quatre ans peuvent être accor- quantités d’armes à sous-munitions blie et elle sera opérationnelle en
dées. Les États peuvent conserver détruites, la superficie et la localisa- 2015. Cette Unité devra notamment
un nombre limité de ces armes et de tion des zones contaminées, l’état soutenir les États dans leurs efforts
leurs sous-munitions explosives des programmes de dépollution, les de mise en œuvre de la Convention
pour la formation à l'enlèvement de mesures prises pour dispenser aux et préparer les réunions formelles et
ces engins et le développement des civils une éducation à la réduction informelles.
techniques de destruction. des risques et les alerter, l’état des
programmes d'assistance aux vic-
times et les mesures nationales Relations avec les États non
Délais pour la dépollution –
prises afin de prévenir et de répri- parties à la Convention
Chaque État s’engage en outre à
enlever de son territoire les sous- mer toute violation de la Convention.
Ces rapports doivent aussi faire le La Convention n’interdit pas « une
munitions non explosées dans un
point sur l’état de la mise en œuvre. coopération et des opérations mili-
délai de 10 ans après être devenu
taires » avec des États non parties
partie à la Convention. Si un État ne
En outre, les États parties se réu- qui pourraient utiliser des armes à
peut pas respecter ce délai, il peut
nissent régulièrement pour exami- sous-munitions dans le cadre d'opé-
demander des prolongations d’une
ner le fonctionnement de la Conven- rations conjointes. Les États parties
durée de cinq ans.
tion et l’évolution de sa mise en peuvent continuer à participer à des
Des dispositions fortes en ma- œuvre. En 2011, l’Assemblée des activités de planification, de forma-
tière d’assistance aux victimes – États parties a décidé que des réu- tion et de logistique, ainsi qu’à des
nions intersessionnelles d’experts opérations de combat avec des
Tout État partie qui compte des
se tiendraient tous les ans afin de États non parties ayant recours à ce
victimes de sous-munitions sur son
discuter plus avant des progrès type d’armes. De telles activités ne
territoire ou dans des zones sous
réalisés et des difficultés rencon- constituent pas nécessairement une
son contrôle a l’obligation de leur
trées dans la mise en œuvre de la violation de la Convention, pour
fournir des soins médicaux, une
Convention. Le CICR et d’autres autant que l’État partie n’utilise pas
réadaptation physique, un soutien
organisations participent à ces réu- lui-même d'armes à sous-munitions
psychologique et une insertion so-
nions. ou ne participe pas directement à
ciale et économique. Il doit en outre
des activités interdites par la Con-
évaluer les besoins des victimes
Une Conférence d’examen de la vention, notamment le stockage, le
dans les zones touchées, et élabo-
Convention doit également se tenir transfert ou la production de telles
rer des plans et mobiliser des res-
tous les cinq ans. armes. Quoi qu’il en soit, les États
sources pour y répondre. C’est la
parties sont tenus de décourager les
première fois que des dispositions
En cas de préoccupation quant au États non parties d’utiliser des
aussi précises sur l'assistance aux
respect de la Convention par un armes à sous-munitions.
victimes figurent dans un traité de
DIH. État partie, des éclaircissements
peuvent être demandés par Concrètement, quel impact
Il convient de souligner que l’ex- l’intermédiaire du Secrétaire général aura la Convention ?
pression « victimes d’armes à sous- des Nations Unies. Au besoin, la
munitions » ne désigne pas seule- question peut être soumise à une La Convention a des effets béné-
ment les personnes tuées ou bles- assemblée des États parties, qui fiques directs pour les communau-
sées par ces armes, mais aussi les peut adopter des procédures et tés touchées. En effet, les efforts
familles et les communautés qui ont mécanismes spécifiques afin de accrus qui sont déployés pour dé-
subi des conséquences socioéco- clarifier la situation, et peut aussi polluer les zones contaminées per-
nomiques et autres. Cette définition élaborer une résolution. En cas de mettent de sauver des vies et de
large reflète le consensus qui s'af- différend entre deux ou plusieurs réaffecter les terres à l’agriculture et
firme de plus en plus parmi les ac- États parties, ceux-ci s’efforceront à d’autres activités productives. La
de le régler par la négociation ou Convention bénéficie également aux
victimes des armes à sous-
munitions car elle oblige les États à
faire davantage dans divers do-
maines, notamment les soins médi-
caux et la réadaptation physique.
Surtout, la Convention permet
d’éviter énormément de souffrance
humaine en garantissant la destruc-
tion des armes à sous-munitions.
Plus de 170 millions de sous-
munitions ont déjà été détruites par
les États parties.

Que doit faire un État pour


signer et ratifier la Conven-
tion ?

La Convention a été ouverte à la


signature le 3 décembre 2008 et elle
er
est entrée en vigueur le 1 août
2010, soit six mois après que le
trentième instrument de ratification a
été déposé.

Un État qui souhaite être lié par la


Convention doit exprimer cette vo-
lonté en déposant un instrument de
ratification ou d’adhésion auprès du
Secrétaire général des Nations
Unies, dépositaire de la Convention.
La Convention a force obligatoire
pour lui six mois plus tard.

03/2014

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