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Inserm Expertisecollective Alcool2021 Synthese
Inserm Expertisecollective Alcool2021 Synthese
Synthèse et recommandations
Remerciements
Remerciements pour leur contribution à la rédaction de certains
chapitres à :
Arnaud GATINET , École des Hautes Études en Santé Publique
(doctorant)
Jacques GAUME, CHUV Centre hospitalier universitaire vaudois,
Lausanne
Remerciements pour relecture et conseils à :
Christine DOSQUET et Pierre LOMBRAIL, au titre de rapporteurs pour le
Comité d’éthique de l’Inserm
VIII
Sommaire
Introduction .......................................................... XI
Synthèse ................................................................ 1
Recommandations................................................. 73
Annexes................................................................. 109
IX
Introduction
Le rapport de la Cour des comptes sur les politiques de lutte
contre les consommations nocives d’alcool 2 souligne la nécessité
d’une prise de conscience collective et propose en particulier de
développer la recherche et de s’appuyer sur ses résultats. En effet,
en France on compte actuellement 42,8 millions de consomma-
teurs présentant des profils de consommation différents. Les
niveaux de consommation d’alcool en population générale et
notamment chez les jeunes demeurent élevés, leurs consé-
quences sanitaires et sociales restent ainsi une préoccupation de
premier plan pour les pouvoirs publics : on dénombre ainsi
49 000 morts par an pour un coût social estimé à 118 milliards
d’euros.
Dans le cadre de la stratégie gouvernementale de lutte contre
les drogues et les conduites addictives 2013-2017, la Mildeca et
le ministère en charge de la Santé ont sollicité l’Inserm pour la
réalisation d’une expertise collective afin d’actualiser les
connaissances scientifiques sur l’alcool, ses effets sur la santé,
les niveaux et modalités d’usages associés à sa consommation en
France ainsi que les stratégies de prévention efficaces. Cette
expertise collective a permis à ces auteurs d’émettre des recom-
mandations d’actions et de recherches qui pourront contribuer
à l’amélioration des connaissances des effets sociaux et sanitaires
de la consommation d’alcool dans l’objectif de renforcer la pré-
vention auprès de la population à différents niveaux.
Compte-tenu qu’une expertise collective de l’Inserm sur l’alcool
et ses effets sur la santé a été menée et publiée en 2001 3, cette
nouvelle expertise se focalise sur les événements nouveaux et
récemment publiés.
2. Cour des comptes. Les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool.
Cour des comptes, juin 2016.
3. Inserm. Alcool. Effets sur la santé. Collection Expertise collective. Paris : Éditions
Inserm, 2001. XI
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
XIII
Synthèse
Le rapport de la Cour des comptes de 2016 sur les politiques de
lutte contre les consommations nocives d’alcool 5 souligne la
nécessité d’une prise de conscience collective et propose en par-
ticulier de développer la recherche et de s’appuyer sur ses résul-
tats. En effet, en France sont comptés actuellement 42,8 mil-
lions de consommateurs présentant des profils de consommation
différents. Les niveaux de consommation d’alcool en population
générale et notamment chez les jeunes demeurent élevés, leurs
conséquences sanitaires et sociales restent ainsi une préoccupa-
tion de premier plan pour les pouvoirs publics : il est ainsi
dénombré 49 000 morts par an pour un coût social estimé à
118 milliards d’euros.
Dans le cadre de la stratégie gouvernementale de lutte contre
les drogues et les conduites addictives 2013-2017, la Mildeca et
le ministère en charge de la Santé ont sollicité l’Inserm pour la
réalisation d’une expertise collective qui permette d’actualiser
les connaissances scientifiques sur l’alcool (Inserm, 2001 et
2003) 6, ses effets sur la santé, les niveaux et modalités d’usages
associés à sa consommation en France ainsi que les stratégies de
prévention efficaces.
Les études récentes montrent que toute consommation d’alcool
est nuisible pour la santé et qu’il n’y a pas d’effet protecteur
contrairement à ce qui a été mis en avant pendant longtemps.
C’est pourquoi cette expertise porte sur tous les niveaux de la
consommation d’alcool.
Les neuf sections de cette synthèse de l’expertise résument l’ana-
lyse de la littérature effectuée par les experts du groupe constitué
5. Cour des comptes. Les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool.
Cour des comptes, juin 2016.
6. Expertises collectives Inserm ayant porté sur l’alcool : Inserm. Alcool. Effets sur la santé.
Collection Expertise collective. Paris : Édition Inserm, 2001 ; Inserm. Alcool. Dommages
sociaux : abus et dépendance. Paris : Édition Inserm, 2003. 1
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
25,0
Litres équivalents d’alcool pur
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
61
63
65
67
69
71
73
75
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85
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93
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01
03
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17
20
19
19
19
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19
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20
20
20
20
20
20
20
20
Années
Hommes
Colorectum
Foie
Œsophage
Larynx
Femmes
Sein
Colorectum
Foie
Œsophage
Larynx
23
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
7. Une pige est un dispositif de recueil des informations ici des investissements
publicitaires. 27
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
Prévention primaire
36
Synthèse
45
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
• Interventions communautaires
Autres interventions
0 20 40 60 80 100
% de participants
Dépistage
Intervention brève
60
Synthèse
Autres interventions
experts). Changer cet état de fait est une priorité pour améliorer
les soins dans les addictions.
Les techniques d’électrostimulation (tDCS) et de stimulation
magnétique répétitive (rTMS) transcrâniennes du cerveau,
l’acupuncture, le neurofeedback apparaissant dans les publica-
tions analysées pour mettre en évidence un bénéfice significatif
des perspectives thérapeutiques, que ce soit pour les consomma-
teurs à risque ou les patients dépendants, sont pour la plupart
décevantes. Les effectifs, la standardisation et donc la réplica-
tion des méthodes, la durée de suivi, sont le plus souvent très
insuffisants pour permettre de conclure à une efficacité
constante et durable.
L’activité physique au regard de la RDRD a un rôle positif sur
les facteurs de risque et donc indirectement sur les consomma-
tions. Un discours fréquent en pratique clinique est de promou-
voir une activité physique en prévention et en traitement des
addictions. Dans une méta-analyse de 2017, l’exercice physique
semble avoir un impact positif sur la consommation d’alcool et
le taux d’abstinence. Cependant, l’activité elle-même est mal
définie et hétérogène dans les études, les éléments argumentant
son efficacité sur la réduction des consommations à moyen et
long terme sont faibles : l’amélioration des comorbidités asso-
ciées et du type de relations sociales semble essentielle. De fait,
un travail de l’Inserm 8 explore de façon précise les liens entre
dépression et activité physique. Une consommation à risque
d’alcool est souvent associée à un repli social, et des études obser-
vationnelles établissent une solide relation entre inactivité phy-
sique et troubles dépressifs. Ces éléments confirment l’intérêt
de l’aide à l’engagement dans une activité physique, jouant alors
un rôle positif sur l’humeur et l’état somatique, et indirectement
sur les consommations.
Parallèlement à ces méthodes ou techniques, deux modalités
d’interventions se distinguent et présentent un intérêt majeur :
9. Thérapie dont le principe repose sur l’utilisation de renforçateurs, la plupart positifs (des
cadeaux), pour conditionner le choix d’un sujet, afin de lui faire prendre une option plus
attractive pour lui que l’abstinence seule. 67
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
71
Recommandations
La synthèse des données de la littérature réalisée par le groupe
d’experts couvre un champ large incluant les différents niveaux
de consommation d’alcool, les dommages sanitaires et socio-
économiques inhérents, les différents leviers qui existent autour
de cette consommation (les facteurs de risque, le marketing, le
lobbying, des programmes d’actions publiques) pouvant inter-
venir de la prévention primaire jusqu’à la prise en charge des
personnes présentant une dépendance à l’alcool.
Comme il s’agit de répondre spécifiquement à la question de la
réduction des dommages associés à la consommation d’alcool au
regard d’un objectif de santé publique, les données de la consom-
mation d’alcool ont été ici mises à jour. Dans un contexte où
les autorités de santé ont revu à la baisse les repères de consom-
mation et où de nouvelles études scientifiques internationales
démontrent des risques et des dommages en termes de santé liés
à la consommation d’alcool même à des niveaux de consomma-
tion faibles, il s’agit de prendre en compte ces nouvelles données
afin d’améliorer la prévention et la prise en charge de ces
dommages.
Afin de faciliter la lecture des recommandations émises dans cet
ouvrage, il convient de rappeler la terminologie simple adoptée
dans cette expertise concernant trois groupes distincts de
consommation d’alcool associés aux niveaux de risques pour la
santé :
• la consommation à faible risque ;
• la consommation à risque sans dépendance ;
• la consommation à risque avec une dépendance à l’alcool (le
stade le plus sévère parmi les consommations à risque).
11. Il s’agit des expertises collectives Inserm suivantes : Éducation pour la santé des
jeunes (2000) ; Alcool. Effets sur la santé (2001) ; Alcool. Dommages sociaux : Abus et
dépendance (2003) ; Conduites addictives chez les adolescents. Usages, prévention et
accompagnement (2014) ; Agir sur les comportements nutritionnels (2017).
12. Organisation mondiale de la santé. Global status report on alcohol and health. Rap-
74 port, 2018.
Recommandations
RECOMMANDATIONS D’ACTION
77
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
13. Notamment chez les adolescents : voir l’expertise collective Inserm « Conduites addic-
78 tives chez les adolescents : Usages, prévention et accompagnement » (2014).
Recommandations
En réduisant la disponibilité
La littérature établit un lien entre le nombre de débits de bois-
sons alcoolisées, la disponibilité horaire de ces produits et l’inci-
dence des dommages de court terme et de long terme de la
consommation d’alcool. En France aujourd’hui, le marché des
licences IV et les plages horaires de vente des boissons alcooli-
sées sont des prérogatives des seuls préfets et des maires. À 79
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
14. Une pige marketing est un dispositif de recueil des campagnes marketing effectuées
sur un ou plusieurs canaux de marketing direct (e-mail, publipostage, etc.) ou sur les
médias. 83
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
91
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
RECOMMANDATIONS DE RECHERCHE
Outils de prévention
Pour mieux prévenir la consommation d’alcool, il ne suffit pas
100 de mener des recherches prenant la pratique elle-même pour
Recommandations
Offre/demande
Les politiques de lutte contre l’offre et la demande d’alcool sont
efficaces : il est ainsi possible de rendre le fardeau sanitaire et
social incombant à la consommation d’alcool moins lourd pour
la collectivité. Afin d’aller plus loin dans ce sens, le groupe
d’experts recommande de :
• évaluer les impacts sur la santé de l’interdiction de vente aux
mineurs, de la taxation des pré-mix ou encore de l’interdiction
de vente d’alcool ;
• effectuer des mesures d’élasticité-prix de la demande d’alcool
en France pour différentes populations en fonction de différents
types de boissons mais aussi des mesures d’élasticités-prix croi-
sées pour différents produits (tabac, médicaments, cannabis et
autres substances psychoactives) ;
• étudier les stratégies d’évitement de l’augmentation des taxes
et les éventuels effets de report mis en œuvre par le commerce
d’alcool ;
• étudier le rapport bénéfice/risque des transferts régionaux de
licence IV (autorisés en 2015) vers les zones considérées comme
touristiques à court terme (via la mesure de l’utilisation des ser-
vices d’urgence, la criminalité violente, la mobilisation des
secours, etc.) comme à long terme (en termes de consommations
d’alcool).
Information
Les recherches montrent que les campagnes de sensibilisation
et d’information si elles sont nécessaires, ne sont pas suffisantes
101
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
Recherche interventionnelle
Pour accompagner la mise en œuvre de programmes efficaces
pour la prévention des consommations d’alcool, la recherche
interventionnelle (dont les objectifs sont la conception, la mise
en œuvre concrète et l’évaluation scientifique d’interventions
en santé publique, parmi des populations données) doit être
développée en France. De façon générale, trop peu d’études sont
publiées qui renseignent l’efficacité des dispositifs de prévention
déployés sur le territoire national.
Lorsque des évaluations sont mises en œuvre, les protocoles ne
présentent pas toujours les conditions nécessaires pour conclure
à l’efficacité des interventions évaluées ou renseigner les condi-
tions d’efficacité de ces interventions.
C’est pourquoi, au-delà des aspects méthodologiques nécessaires
à l’apport de la preuve (taille d’échantillon suffisante, disponi-
bilité d’un groupe contrôle comparable au groupe intervention,
mesures avant-après, application de plan d’analyses statistiques
adapté au jeu de données), le groupe d’experts recommande
d’introduire systématiquement dans les protocoles d’évaluation
des interventions :
• des indicateurs d’impact (comportements de consommation
ou dommages liés à ces comportements) pour renseigner le béné-
fice de ces programmes en termes de santé publique ;
• des indicateurs intermédiaires, ceux sur lesquels les interven-
tions cherchent à agir (par exemple : attitudes, motivations,
etc.) afin de valider le modèle d’intervention (c’est bien en agis-
sant sur les déterminants ciblés par l’intervention que l’on
obtient in fine un impact sur les consommations) ;
• des indicateurs de mise en œuvre (fidélité, intensité, assi-
duité) afin de renseigner les conditions d’efficacité des pro-
grammes implantés.
Dépistage et diagnostic
15. Projet de revue des essais cliniques de traitements des troubles liés à la consomma-
106 tion d’alcool.
Recommandations
108
Annexe 1 : Expertise
collective Inserm :
principes et méthode
L’Expertise collective Inserm 16 a pour mission d’établir un bilan
des connaissances scientifiques sur un sujet donné dans le
domaine de la santé à partir de l’analyse critique de la littérature
scientifique internationale. Elle est réalisée à la demande d’ins-
titutions (ministères, organismes d’assurance maladie, agences
sanitaires, etc.) souhaitant disposer des données récentes issues
de la recherche utiles à leurs processus décisionnels en matière
de politique publique.
L’expertise collective est une mission de l’Inserm depuis 1994.
Près de quatre-vingts expertises collectives ont été réalisées dans
de nombreux domaines de la santé. L’Inserm est garant des
conditions dans lesquelles l’expertise est réalisée (pertinence des
sources documentaires, qualification et indépendance des
experts, transparence du processus) en accord avec sa Charte de
l’expertise qui en définit la déontologie 17.
Le Pôle expertise collective Inserm rattaché à l’Institut théma-
tique Santé publique de l’Inserm assure la coordination scien-
tifique et technique des expertises selon une procédure établie
comprenant six étapes principales.
Synthèse et recommandations
18. https://www.inserm.fr/information-en-sante/expertises-collectives
112 19. http://www.ipubli.inserm.fr
Annexe 2 : Recherche
bibliographique
Compte tenu de l’ampleur du sujet et de l’abondance de la lit-
térature, la recherche bibliographique s’est focalisée sur les don-
nées les plus récentes (2016-2020). Seules les méta-analyses et
les revues systématiques ont été recherchées sur une période plus
large (2014-2020).
Bases interrogées
113
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
Alcool
Exposition périnatale
Épidémiologie
114
Annexe 2 : Recherche bibliographique
Consommation
Facteurs protecteurs
115
Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
Fonctions cognitives
Épigénétique
Psychologie
Psychology, Motivation, Willingness, Pleasure, Feedback, “Sen-
sation seeking”, Perception, “Perceived norms”, Sensitivity, Per-
sonality, Coping, Impulsiv*, Vulnerabilit* ; “Adolescent
behavior”
Dépistage et diagnostic
Prévention
Politique
Coût
118
POUR COMMANDER L’OUVRAGE D’EXPERTISE COLLECTIVE
ISBN 978-2-7598-2606-3
ISSN 1264-1782
inserm.fr