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Brain Wash par Little Brown Spark, une marque de Little, Brown
and Compagny, un département de Hachette Book Group, Inc.
ISBN : 978-2-5011-5918-0
À celles et ceux qui veulent se reconnecter.
SOMMAIRE
Couverture
Page de titre
Page de Copyright
Introduction - Unenouvelleréalité
Remerciements
Créditsdesillustrations
Àpr oposdesauteurs
Notes
Léon Tolstoï
Quand vous êtes-vous pour la dernière fois senti vraiment heureux, comblé,
lucide, bien reposé et profondément connecté non seulement avec vous-
même mais également avec votre entourage et votre environnement ? Il y a
déjà un bon bout de temps ? Alors, pas l’ombre d’un doute, ce livre est pour
vous ! Et croyez-moi, vous n’êtes pas la seule personne dans ce cas.
Aujourd’hui, des millions d’hommes et de femmes sont en souffrance. Soit
ils n’en ont pas conscience, soit ils ne savent pas comment remédier à cette
situation, soit ils baissent les bras et font de leur mieux pour s’en sortir au
quotidien. Or ce n’est pas ainsi que les choses devraient être.
Vous pouvez sortir de cette vie terne et peu satisfaisante et vous mettre en
quête d’un bonheur durable et d’une existence avec un sens profond, et ce,
même si, pour y arriver, vous devrez vous battre, surmonter des déceptions
et relever des défis. Car si les embûches sont inévitables, ne pas se sentir
ancré, ne jamais avoir les idées claires, être en permanence inquiet quant à
un avenir plein d’incertitudes et avoir continuellement la sensation d’être
frustré, voire anéanti par la vie elle-même n’est pas une fatalité. Sachez-le,
il y a des solutions bien concrètes qui permettent de supprimer un grand
nombre de ces sensations et, plus important encore, de faire entrer le
bonheur dans votre existence. Comment ? En ayant recours aux stratégies
que nous allons vous présenter au fil de ces pages. Certaines vous
demanderont plus d’efforts que d’autres, mais toutes sont à la portée de tout
un chacun.
Pour être tout à fait francs, nous devons vous dire que nous ne sommes pas
en mesure de vous offrir une solution clé en main. Ce que nous vous
proposons, c’est de vous accompagner, car nous avons le sentiment d’avoir
trouvé comment restructurer et raviver ce potentiel que nous avons tous en
nous de recouvrer une santé mentale et physique exceptionnelle, et nous
avons hâte de vous aider afin que votre vie change.
Aujourd’hui, nous sommes face à un paradoxe. Le monde moderne nous
offre une multitude de possibilités. Nous pouvons manger ce que nous
voulons quand nous voulons. Nous pouvons baigner dans le monde ô
combien vaste et attrayant du numérique. Il suffit d’appuyer sur un bouton
ou de faire glisser son doigt sur l’écran de notre tablette ou de notre
smartphone pour acheter une marchandise ou un service, voire rencontrer
celui ou celle qui pourrait bien être notre âme sœur. Nous pouvons évoluer
dans un monde virtuel 24 heures/24, notre vie privée – pensées, projets,
achats, photos, déplacements, ce que nous aimons et ce que nous détestons,
lieu où nous nous trouvons – étant rendue publique. Nous pensons que cette
nouvelle réalité dont nous dépendons 24 heures/24, 7 jours/7 est le gage
d’une bonne santé et du bonheur. Mais il n’en est rien. Tous ces logiciels
supposés répondre, voire anticiper, à bien des égards, nos besoins
fondamentaux ne créent pas un monde idéal. Bien au contraire. Pour
preuve, nous n’avons jamais eu à faire face à une telle recrudescence de
maladies qui pourraient être évitées et il n’y a jamais eu autant de personnes
seules, déprimées et angoissées. Rares sont ceux qui sont véritablement
heureux.
Le plus cocasse dans l’histoire, c’est que, malgré ce qu’essaient de nous
faire croire les informations qu’on nous passe en boucle, le monde moderne
dans lequel nous vivons est relativement paisible. Certes, il y a les sondages
qui montrent que certains groupes d’individus et la majorité d’entre nous
pensent que nous vivons une époque difficile. Craintifs, anxieux et nerveux,
ils se sentent piégés. Pour eux, la vie est, en général, tout sauf agréable. Qui
plus est, on ne s’est jamais autant méfiés les uns des autres. Selon une étude
récente menée sur 10 000 Américains, il n’y a jamais eu depuis plusieurs
décennies autant de divergences en termes d’idéologies politiques et, depuis
2004, le pourcentage de démocrates ayant une opinion négative des
républicains et vice versa a plus que doublé1. Ce qui n’est certainement pas
le fruit du hasard.
Ce que nous sommes en mesure de vous promettre, c’est de vous offrir un
nouveau cadre afin que vous puissiez vivre pleinement votre vie. Ensemble,
nous allons trouver comment mettre en place, de manière durable, une
existence épanouissante qui ne se limitera pas à une santé de fer et à un
bien-être psychologique. Cela vous dit ? Alors lisez ce qui suit.
LA PROMESSE… ET LE PROBLÈME
Ce n’est pas tous les jours que vous lirez un ouvrage écrit à quatre mains
par un père et son fils. Nous avons conjugué les forces de deux générations
qui, bien que très différentes, se posent la même question, à savoir : qu’est-
ce qui empêche les gens d’être heureux ? Ci-dessous, chacun de nous vous
dit, avec ses propres mots, comment cette question lui est venue à l’esprit.
LE SYNDROME DE DÉCONNEXION
UNE SITUATION AFFLIGEANTE
« Dans le mode de vie matérialiste, le concept de l’amitié n’existe pas, le concept de l’amour n’existe
pas. Il n’y en a que pour le travail vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Travailler comme
une machine. Et c’est ainsi que, dans la société moderne, nous finissons par devenir un rouage
de cette grande machine en mouvement. »
En vous réveillant ce matin, quelle est la première chose que vous avez
faite ? Comment décririez-vous ce qui, pour vous, est un matin ordinaire ?
Nous sommes prêts à parier que ce que vous faites aujourd’hui n’a plus rien
à voir avec ce que vous faisiez il y a encore dix ou quinze ans. Combien de
minutes se sont écoulées avant que vous vérifiiez si vous avez eu des appels
sur votre téléphone portable, que vous lisiez des informations sur le Net ou
que vous surfiez sur les réseaux sociaux ou sites divers ? Combien de
clics ? Combien de pages avez-vous fait défiler ? Que mangez-vous
habituellement au petit déjeuner ? Des céréales dans du lait froid, un bagel,
un muffin, une viennoiserie ou encore un beignet avalés sur le pouce ?
Quels échanges intimes avez-vous avec les êtres que vous aimez avant de
partir vaquer à vos occupations ?
Lorsque vous êtes au volant de votre voiture et que vous parcourez la route
que vous empruntez jour après jour pour vous rendre au travail, êtes-vous à
l’écoute de vous-même et réfléchissez-vous calmement à la journée qui
vous attend ou êtes-vous inquiet, avez-vous l’esprit qui vagabonde et avez-
vous l’impression d’être dépassé par les événements ? Envoyez-vous des
textos, lisez-vous vos mails ou téléphonez-vous au lieu de faire attention
aux panneaux signalétiques ? Arrivé à destination, avez-vous du mal à vous
concentrer, à fixer votre attention sur votre travail pendant un certain laps
de temps sans vous laisser distraire par les messages et autres perturbateurs
numériques ? Déjeunez-vous à votre bureau ? Faites-vous mille choses à la
fois en ayant toujours votre téléphone portable à portée de main ? Comment
communiquez-vous avec les personnes de votre entourage ? Par mail, SMS,
appel téléphonique ou en allant les voir ?
Après le travail, prenez-vous le temps de vous promener ou de pratiquer
une autre activité physique pour vous ressourcer ou rentrez-vous
directement chez vous pour vous servir un verre et dîner – le plus souvent
en avalant des aliments transformés ou un plat tout préparé ? Allez-vous
vous coucher épuisé, lessivé sans pour autant trouver le sommeil ? Vous
réveillez-vous plusieurs fois durant la nuit ? Le matin, vous levez-vous
déprimé et sans la moindre énergie pour retomber dans cette routine
quotidienne ?
Au cours des vingt dernières années, notre société a connu un changement
radical dû, en grande partie, à l’explosion d’une technologie à la portée de
tous qui nous mobilise entièrement. Si l’on en croit les statistiques, en 2020,
70 % des individus sur la planète posséderont un smartphone1. Selon
plusieurs études, les personnes qui utilisent Internet passent en moyenne
plus de deux heures par jour sur les réseaux sociaux2. Une enquête a révélé
que lorsqu’ils ne dorment pas, les Américains passent 42 % de leur temps
les yeux fixés sur un écran de télévision ou d’ordinateur, un smartphone,
une tablette ou tout autre appareil de ce type3. Si l’on considère que les
Américains dorment en moyenne huit heures, cela signifie qu’ils passent
environ six heures et quarante-trois minutes par jour les yeux rivés sur un
écran, soit, si l’on ramène ce calcul à une durée de vie moyenne, 7 956
jours, ou, autrement dit, pratiquement 22 ans.
Ce glissement tectonique s’est traduit par une déconnexion totale – nous
déambulons tête baissée, les yeux fixés sur notre téléphone ou autre
appareil, sans tenir compte des idées qui diffèrent des nôtres et en étant en
permanence confrontés à des messages qui nous dictent ce que nous devons
faire (manger plus, acheter plus, publier plus, avoir le plus de « J’aime »
possible).
Et si nous regardons vraiment ce qui se passe, nous ressentons un grand
vide au fond de nous. Et un besoin. Or le fait de prendre part à cette
existence qui repose sur la consommation modifie physiquement notre
cerveau. Comment ? D’une part, en supprimant l’accès à la partie la plus
évoluée de notre cerveau qui nous permet d’avoir une vue d’ensemble et de
prendre des décisions en toute connaissance de cause et, d’autre part, en
renforçant les voies cérébrales qui font que nous sommes impulsifs,
anxieux, craintifs et en quête permanente d’un plaisir immédiat. Cette
reprogrammation de notre cerveau fait que nous consacrons plus de temps
et dépensons plus d’argent pour des choses qui ne procurent aucun bonheur
durable. Résultat, nous sommes constamment insatisfaits. Et c’est
exactement ce que veulent les entreprises, cette perpétuelle insatisfaction
étant, pour elles, la garantie d’engranger toujours plus de bénéfices. La
réalité fait peur : dans notre cerveau, tourne de plus en plus un programme
contrôlé par les autres – comprenez tous ceux qui ont des intérêts
commerciaux – avec l’espoir de maîtriser notre cerveau primitif qui
recherche une gratification immédiate.
Votre attention et vos décisions sont vendues aux plus offrants, à ces
sociétés qui savent pertinemment comment vous manipuler – sur les plans
psychologique et biologique – pour que cela leur rapporte. Ces sociétés
savent exactement comment exploiter certaines voies neurologiques en
nous rendant quasi dépendants de plaisirs éphémères et en nous faisant
croire que le bonheur ressenti est durable. C’est le fait de ne pouvoir
accéder à un bonheur durable que nous appelons syndrome de déconnexion,
et il est temps que nous luttions contre ce syndrome. Ci-après, vous
découvrirez les huit particularités de ce syndrome avec, pour chacune
d’elles, les répercussions sur la santé et sur le fonctionnement de notre
cerveau.
UN PARADOXE DES TEMPS MODERNES
À
mon temps (et ma vie). Je crois vraiment que c’est cette décision-là qui m’a sauvé. À cette
époque, c’est le cumul de plusieurs facteurs qui m’a littéralement terrassé, mais ce que j’ai
découvert au fil des ans, c’est qu’une mauvaise alimentation ou encore des troubles du sommeil,
un stress chronique, voire tout autre facteur pris individuellement, peut avoir un effet
dévastateur.
Même les jours où nous devons relever un défi important ou faire face à un
échec, une déception ou une perte, il faut toujours garder un peu
d’optimisme et de satisfaction. Le bonheur et la frustration ne sont pas
antinomiques. Certes, il est difficile de se sentir vraiment heureux si l’on est
toujours sur le point d’exploser, si on se sent seul, si on est narcissique,
indifférent et insensible, soit autant d’états qui ne peuvent coexister, car ils
nous déconnectent et nous rendent malades.
En termes de santé, les enjeux dans notre monde moderne ne se résument
pas à une liste de maladies figurant dans un livre. Être en bonne santé est un
état de bien-être mental et physique intense, qui va au-delà de tout
diagnostic. Et ce bien-être n’est possible que si nous sommes profondément
connectés à nous-même, aux autres et à l’espace de vie que nous partageons
avec d’autres individus. Mais pour accéder à ce bien-être, nous devons
avant tout nous intéresser à cet acteur incontournable qu’est le cerveau.
CHAPITRE 2
ÉPOUSTOUFLANT
L’INCROYABLE HISTOIRE
DE VOTRE CERVEAU
« Il faut bien peu de choses pour vivre heureux. Tout est là, en vous, dans votre mode de pensée. »
Marc Aurèle
LE CERVEAU ANCESTRAL
La structure la plus primitive et la plus archaïque du cerveau remonte à
l’époque des reptiles préhistoriques (vous savez, les dinosaures).
Aujourd’hui encore, cette structure est présente chez les reptiles et les
oiseaux. Chez les humains, cette partie du cerveau à l’arrière de la boîte
crânienne correspond au tronc cérébral. Rien d’étonnant donc à ce que le
cerveau reptilien gouverne les fonctions primaires mais vitales et reçoive
directement des informations du reste du corps. Par exemple, le tronc
cérébral est impliqué dans la régulation du rythme cardiaque, la respiration,
la tension artérielle, la circulation sanguine, la digestion et la fameuse
réponse combattre ou fuir. Ce qui ressort de cette structure du cerveau, c’est
qu’elle est purement instinctive et automatique. Si elle est capitale pour
notre survie, cette partie du cerveau ne nécessite pas que nous réfléchissions
ou que nous ressentions une émotion pour agir.
LE CERVEAU LIMBIQUE
La deuxième structure de notre cerveau est véritablement apparue avec les
premiers mammifères. Le cerveau limbique, situé au-dessus du tronc
cérébral, reçoit des informations du cerveau reptilien, situé en dessous de
lui.
Le cerveau limbique génère des émotions qui reposent sur des informations
sensorielles. Comme pour le tronc cérébral, les réponses du cerveau
limbique sont automatiques et souvent dictées par des réflexes ; elles ne
découlent pas d’une analyse consciente, d’une réflexion ou d’une
interprétation. Ces réponses sont dictées par un besoin de conservation et de
survie. Le cerveau limbique est le siège physique et émotionnel des
expériences primaires telles que la faim, la douleur, la colère, la peur et le
plaisir.
Si le cerveau limbique est aussi important, c’est parce qu’il est associé à la
libération de la dopamine, un neurotransmetteur, et d’opiacés naturels
(appelés endorphines). Dans le chapitre 3, nous reviendrons plus en détail
sur ces messagers chimiques au rôle majeur, mais sachez d’ores et déjà que
si la dopamine a de multiples fonctions, elle a un fort impact sur le circuit
de la récompense et nos comportements, y compris nos habitudes et, il faut
bien le dire, nos addictions. Comme nous le verrons, la dopamine joue un
rôle majeur dans le besoin perpétuel que nous avons à ressentir un plaisir
immédiat et dans la mise en place d’une addiction. Les endorphines, ces
substances chimiques qui font que l’on se sent bien et qui agissent sur les
récepteurs opiacés du corps, sont également impliquées dans ces circuits.
Lorsque nous vivons une expérience qui active le circuit de la récompense,
les endorphines poussent le cerveau et le corps à rechercher les stimuli,
quels qu’ils soient, qui génèrent cette sensation de plaisir.
Le système limbique n’est pas une seule et unique structure mais est
constitué de plusieurs parties qui jouent un rôle majeur : l’amygdale,
l’hippocampe, le thalamus, l’hypothalamus, les ganglions de la base et le
gyrus cingulaire. Toutes travaillent de concert et contrôlent certains des
processus cérébraux les plus importants. Rassurez-vous, vous n’êtes pas
tenu de comprendre cette anatomie complexe ni même de savoir dans les
moindres détails comment ces différentes zones collaborent. C’est pourquoi
nous avons sélectionné et vulgarisé les informations que vous devez
connaître, et nous nous concentrerons plus spécifiquement sur une zone du
cerveau limbique qui a retenu toute l’attention des chercheurs, à savoir
l’amygdale.
En effet, au cours de ces dernières décennies, l’amygdale a fait l’objet d’un
grand nombre d’études scientifiques. Des expériences menées en
laboratoire ont montré qu’après une ablation de l’amygdale, non seulement
les animaux n’avaient plus un comportement agressif mais qu’en plus, ils
réagissaient anormalement dans une situation générant normalement de la
peur. Autrement dit, ils n’avaient peur de rien. Ces travaux menés sur des
singes remontent déjà à plusieurs décennies. Or des études plus récentes,
réalisées cette fois sur des êtres humains, ont abouti à la même conclusion.
En 2010, le cas atypique d’une patiente a permis à des chercheurs de
confirmer que le fait de ne pas avoir d’amygdale avait des conséquences sur
le comportement4. La femme en question, âgée de 44 ans, connue sous le
code SM afin de protéger son anonymat, souffrait d’une maladie rare et
présentait une destruction des tissus cérébraux à l’endroit même où est
normalement localisée l’amygdale. Non seulement la patiente ne ressentait
aucune peur à la vue de certaines créatures – serpents et araignées – mais il
lui arrivait aussi de se mettre dans des situations susceptibles de mettre sa
vie en danger. Par exemple, une nuit, elle traversa seule un jardin public et
fut attaquée à l’arme blanche par un homme, ce qui ne l’empêcha pas de
retourner sur les lieux le lendemain soir. Autre illustration, le cas d’Alex
Honnold. Ce grimpeur professionnel américain est mondialement connu
pour ses prouesses en solo intégral, notamment l’ascension sans cordes ni
autre système d’assurage du Half Dome (demi-dôme) dans le parc national
du Yosemite. Sa performance donna lieu à un film, Free Solo, récompensé
par l’Oscar du meilleur film documentaire. Si Alex Honnold ne sait pas ce
qu’est la peur, c’est parce que son amygdale ne s’active pas normalement5.
Lorsque, avide de sensations fortes, il se lance dans une ascension qui
pourrait lui être fatale, il reste relativement calme. Si son amygdale
fonctionnait normalement, il ne défierait certainement pas ainsi la mort.
L’amygdale est le centre de contrôle de la réponse à une menace et du
système d’interprétation. Elle module les souvenirs d’événements ayant
généré de la peur, qu’elle ait été réelle ou imaginaire. Soyons clairs :
l’hippocampe, autre structure du système limbique, est le principal centre
de la mémoire. Or l’hippocampe se situe à proximité de l’amygdale, ce qui
explique que les deux soient intimement liés. L’hippocampe et l’amygdale
sont activés suite à un événement ou à une discussion qui font naître des
émotions, dans le mécanisme de consolidation de la mémoire.
Le cortex préfrontal est lié aux souvenirs en général, et ce, qu’ils suscitent
ou non des émotions fortes. Les interactions entre l’hippocampe et le cortex
préfrontal jouent un rôle dans l’assimilation de souvenirs récents dans des
réseaux préexistants de la connaissance, qui précède la consolidation de la
mémoire et, plus tard, la récupération des souvenirs.
Mais l’amygdale permet également d’enregistrer des menaces réelles ou
fictives ainsi que d’autres expériences donnant lieu à de vives émotions.
Ces souvenirs étant stockés, il est possible d’identifier d’autres menaces au
moment où elles se présentent. C’est ce qui se passe lorsque vous êtes au
volant de votre véhicule et que vous appuyez sur la pédale du frein dès que
vos yeux détectent un obstacle sur la route. Dans ce cas précis, la réponse
est instantanée, automatique, et ne requiert aucune prise de décision
consciente de votre part. C’est une réponse qui est dictée par votre
instinct de survie.
Il y a plusieurs années de cela, la vie m’a donné une bonne leçon. Ma femme et moi venions
juste de finir de faire nos courses à Costco et nous faisions la queue à la caisse. S’étant aperçue
qu’elle avait oublié d’acheter un article, mon épouse est repartie dans les rayons pendant que
j’attendais mon tour pour payer. Lorsque ma femme est revenue, le fait qu’elle reprenne sa
place dans la queue après l’avoir quittée a, semble-t-il, quelque peu perturbé l’homme qui se
trouvait derrière nous, et ce, alors que la caissière n’en avait pas encore terminé avec le client
qui nous précédait. Le monsieur derrière nous jeta un regard noir tout en faisant des
commentaires fort désagréables. Je pris le parti de l’ignorer.
C’est alors qu’il changea de cible et s’en prit à ma femme. La manière dont il s’adressa à mon
épouse eut pour effet immédiat de déconnecter mon cerveau de toute rationalité et de toute
réaction sensée. Lorsque je me suis approché de lui, j’étais passé dans le mode « attaque » et,
grâce à Dieu, l’homme l’a senti. Il a immédiatement levé les mains et reculé. Heureusement, j’ai
réussi à me contrôler, et tout est rentré dans l’ordre. Autant vous dire que, sur le trajet du retour,
cette histoire m’a fait réfléchir.
L’émotion et la peur sont tellement liées que l’on peut imaginer que tout
fonctionnement anormal de l’amygdale – dû à des troubles du
développement, à un déséquilibre au niveau des neurotransmetteurs ou à
une lésion structurelle – soit impliqué dans certaines pathologies,
notamment la dépression, le trouble de stress post-traumatique (TSPT), la
phobie, l’anxiété et l’impulsivité. Et c’est le cas. Mais ce qu’il faut savoir,
c’est que ce circuit peut être piraté ou altéré, même si l’amygdale
fonctionne comme il se doit. Il suffit d’un grain de sable dans le rouage
pour que les problèmes surviennent. L’anxiété, par exemple, est une
réaction générée par l’amygdale lorsque nous sommes face à quelque chose
qui est perçu comme dangereux seulement du fait de notre vécu. Les
signaux d’alerte envoyés par l’amygdale, bien qu’il n’y ait en réalité aucun
danger, peuvent déclencher des crises de panique. Mais ce n’est pas tout. En
effet, l’amygdale ne joue pas uniquement un rôle dans les troubles
psychiques. C’est pourquoi nous allons vous expliquer comment une trop
forte activation de cette structure du cerveau peut interférer avec votre
capacité à prendre de bonnes décisions et à contrôler vos émotions. Plus
important encore, nous allons vous montrer comment gérer votre amygdale
pour reprendre le contrôle de votre vie.
L’amygdale, qui a une très forte influence sur les émotions, l’impulsivité et
la récompense, est une composante essentielle de l’histoire qui nous a
conduits à la fâcheuse situation sociétale qui est la nôtre aujourd’hui. Mais
le cerveau n’est pas un ensemble de structures et de fonctions isolées. Si
l’amygdale fait que nous réagissons d’une certaine manière face à des
événements qui font peur et que nous avons la capacité de nous souvenir de
ces événements, elle travaille également de concert avec d’autres zones du
cerveau, dont le cortex préfrontal.
NOTRE TROISIÈME CERVEAU
Au cours du troisième stade évolutionniste, les mammifères ont développé
une nouvelle structure du cerveau au-dessus du cerveau limbique, le cortex
cérébral. L’image que vous vous faites probablement du cerveau est un
organe avec une multitude de replis et de sillons (circonvolutions), ce qui
correspond, en fait, au cortex cérébral. Or plus il y a de replis, plus la
surface du cerveau est grande et plus vos capacités sont développées. En
effet, c’est grâce à cette partie du cerveau que nous avons la capacité de
raisonner – penser de manière analytique et logique, résoudre des
problèmes, planifier l’avenir et avoir une pensée abstraite. Cette aire du
cerveau très évoluée régule et essaie de contrôler la structure la plus
ancienne et la plus archaïque de notre cerveau, ce que l’on appelle le
contrôle top-down (littéralement : contrôle du haut vers le bas).
L’émergence de ce « nouveau » troisième cerveau nous a fourni un outil
indispensable pour contrebalancer le système limbique en nous dotant de
nouvelles capacités de survie. Le cortex cérébral est la partie « cérébrale » –
réfléchie, contemplative et méthodique – des êtres vivants que nous
sommes. Le cortex préfrontal est l’une des principales aires du cortex
cérébral. Son incroyable complexité est un attribut unique de la race
humaine. Il représente environ 10 % du volume total du cerveau et, comme
nous l’avons vu dans le chapitre 1, il occupe environ un tiers du néocortex.
À la manière d’un directeur général qui dirige tous les employés et toutes
les opérations de son entreprise, le cortex préfrontal essaie de trouver la
meilleure réponse possible face aux informations entrantes, ce qui nous
permet d’élaborer des stratégies en pesant pour chacune d’elles le pour et le
contre au lieu de réagir de manière immédiate. Le cortex préfrontal est le
siège des fonctions exécutives, qui sont exactement à l’opposé des fonctions
primaires contrôlées par l’amygdale.
L’amygdale et le cortex préfrontal communiquent en permanence l’une avec
l’autre. Or la connexion entre ces deux zones cérébrales a un impact sur
notre comportement mais aussi sur notre capacité à réguler notre
impulsivité et notre émotion. Lorsque les réponses primaires, donc
incontrôlées, déclenchées par l’amygdale l’emportent, c’est la porte ouverte
aux problèmes. Sans cortex préfrontal, pas d’adulte dans la maison, et
l’enfant émotionnellement immature devient ingérable. Plus de règles, plus
de discipline et plus de limites.
Des travaux ont montré que le stress chronique et le manque de sommeil,
typiques du mode de vie d’aujourd’hui, peuvent littéralement saboter la
connexion amygdale/cortex préfrontal6. Une surexposition aux appareils
numériques, délétère pour la santé, le manque, de contact avec la nature et
une mauvaise alimentation ne font qu’aggraver le problème. Un phénomène
qui représente une véritable menace pour nous tous en tant qu’individus,
mais qui est aussi un véritable fléau pour la santé de la planète dans son
ensemble. Comme vous allez le découvrir, les personnes dont le cortex
préfrontal est peu actif par rapport à l’amygdale sont, souvent, moins
concernées par la santé de la planète. Pour faire simple : elles sont égoïstes,
et ce, dans tous les sens du terme, à savoir dans la façon dont elles se
comportent avec autrui et dans la manière dont elles traitent
l’environnement. Lorsque nous sommes en capacité d’utiliser notre cortex
préfrontal pour prendre une décision, nous ressentons plus de compassion et
d’empathie à l’égard d’autrui, un point de la plus grande importance qui
nous ouvre la voie vers un changement radical.
L’ascendance de l’amygdale sur le cortex préfrontal représente la plus
grande menace existentielle pour la survie des humains.
« Un homme recouvre la santé après avoir eu la tête transpercée par une barre de fer. »
Cette histoire est souvent utilisée pour illustrer les exceptionnelles
propriétés fonctionnelles de l’amygdale et du cortex préfrontal. Les lésions
au niveau du cortex préfrontal dues à l’accident ont transformé cet homme
toujours d’humeur égale en un individu irrespectueux et fougueux, son
amygdale étant excitée de manière incontrôlée sans bénéficier des
informations apaisantes et rationnelles délivrées par le cortex préfrontal.
Mais il y a également un chapitre de cette histoire qui est moins connu, bien
qu’il soit extrêmement révélateur et encore plus instructif que le reste.
Après l’accident, M. Gage a travaillé durant plusieurs années comme
conducteur de diligence au Chili. Les témoignages de l’époque laissent
entendre qu’il avait retrouvé certaines bonnes manières, ce qui montre
clairement que, dans un environnement approprié, le cerveau peut récupérer
et changer – preuve concrète du pouvoir de la neuroplasticité. A priori,
M. Gage a pu, en dépit de sa blessure à la tête, rétablir des connexions entre
l’amygdale et le cortex préfrontal. Il n’est pas mort suite à un accès de
colère ou après avoir, sous le coup d’une impulsion, sauté d’un pont, mais il
est décédé après avoir fait plusieurs crises d’épilepsie, effets secondaires de
l’accident sur le long terme. Aujourd’hui, la barre de fer qui lui a transpercé
le crâne est exposée au musée d’anatomie Warren de la faculté de médecine
de l’université de Harvard.
Si l’histoire de Phineas Gage est dramatique, elle est néanmoins
merveilleuse, car elle nous permet de faire de nombreuses comparaisons
entre ce qui est arrivé à cet homme et la vie moderne. En effet, suite à une
blessure physique, Phineas a été déconnecté de son cortex préfrontal, tout
comme nous sommes en train de nous déconnecter de notre propre cortex
préfrontal, et ce, de différentes manières sur lesquelles nous reviendrons
plus en détail. La bonne nouvelle est que, comme M. Gage, il est possible
de recâbler, de récupérer, de reformer et de renforcer cette connexion, et ce,
grâce à la neuroplasticité. Nous pouvons « nettoyer » les plaies et guérir.
Les observations faites par les médecins qui se sont penchés sur le cas de
Phineas Gage n’ont pas bénéficié de la technologie moderne, mais elles
nous ont permis de poser un regard totalement neuf sur le cerveau.
Aujourd’hui, pour étudier le cerveau, nous disposons de nombreux outils
performants, et un tout nouveau champ de recherche porte sur l’étude –
avec peut-être des ouvertures dans d’autres domaines – du pouvoir du
cortex préfrontal. Des travaux récents menés sur des humains ont montré
qu’une stimulation électrique de faible intensité et non invasive ciblant une
zone précise du cerveau entraînait un changement des fonctionnalités
cérébrales quasi immédiat ainsi qu’une meilleure autorégulation
(remarque : cette forme de thérapie qui utilise un courant électrique de
faible intensité est complètement différente de l’électroconvulsivothérapie
ou ECT, plus connue sous le nom de traitement par électrochocs). En 2019,
une étude menée conjointement par des chercheurs des universités
d’Oxford, de Harvard et de Berkeley a porté sur un groupe de femmes
souffrant d’anxiété et traitées par une seule séance de stimulation électrique
du cortex préfrontal8. Les résultats publiés dans le Journal of the American
Medical Association ont montré une diminution du signal de la peur émis
par l’amygdale et une augmentation du contrôle de l’attention, terme savant
pour définir leur capacité à se concentrer et à choisir entre faire attention ou
ignorer quelque chose. L’étude a révélé que la stimulation de l’activité du
cortex préfrontal permet de gérer les réponses face à des menaces perçues.
Pour faire simple : le monde fait moins peur et la réaction est moins vive –
notamment lorsqu’une réaction vive n’est pas justifiée.
Dans une autre étude datant elle aussi de 2019 (compilation de différentes
études portant sur la stimulation cérébrale), les chercheurs déclarent :
« L’autorégulation permet aux individus de guider leurs pensées, leurs
émotions et leurs comportements de manière déterminée. L’autorégulation
joue, par conséquent, un rôle fondamental dans les comportements orientés
vers un but à atteindre avec, par-delà, nombre de conséquences sur la vie au
quotidien, notamment la santé physique, le bien-être psychologique, la prise
de décisions éthiques et les relations interpersonnelles fortes. Stimuler
le cortex préfrontal favorise l’autorégulation en modifiant l’équilibre en
termes d’activité entre le cortex préfrontal et les régions subcorticales
impliquées dans les émotions et le processus de la récompense (autrement
dit, l’amygdale et les systèmes de récompense)9. »
Ce type de recherche pourrait avoir d’incroyables applications cliniques.
Les personnes souffrant de troubles de l’anxiété, par exemple, pourraient
avoir recours à cette approche non invasive, non médicamenteuse, non
seulement pour gérer leurs troubles, mais aussi pour développer les parties
de leur cerveau qui font qu’elles seront plus à même de se concentrer, de
prendre les bonnes décisions et, plus globalement, de considérer le monde
dans lequel elles vivent comme un environnement plus clément. À ce jour,
des travaux sont encore menés afin d’évaluer l’efficacité et les risques liés à
la stimulation électrique. Néanmoins, le message qu’il faut d’ores et déjà
retenir, c’est que l’activation du cortex préfrontal est une force puissante qui
améliore la vie. Et provoquer cette activation est probablement quelque
chose que chacun d’entre vous peut contrôler.
Thomas Jefferson
Si vous pouviez revenir douze mille ans en arrière, soit avant l’avènement
de l’agriculture, et que vous demandiez aux hommes quand ils ont pour la
dernière fois ressenti un plaisir intense, il y a fort à parier que les réponses
qui vous seraient données auraient trait au sexe ou à un trophée de chasse
célébré avec des amis autour d’un feu de camp.
Ce faisant, vos ancêtres feraient, sans le savoir, référence à l’activation d’un
mécanisme biologique appelé « système » ou « circuit de la récompense ».
En effet, la récompense est une source de plaisir. Elle est une réponse à des
stimuli qui suscite un sentiment de satisfaction et une excitation. Ce
processus biologique est essentiel dans notre développement évolutionniste.
Sa fonction – favoriser les activités indispensables pour que la vie ne
s’arrête pas, comme par exemple, trouver de la nourriture et de l’eau, avoir
des relations sexuelles pour se reproduire, prendre soin des nouveau-nés –
a, en effet, été cruciale dans la survie de l’espèce humaine Homo sapiens
durant plusieurs millénaires. Et grâce à une recherche scientifique de
pointe, nous sommes aujourd’hui en mesure de comprendre les connexions
impliquées dans ce système cérébral mis en place il y a bien longtemps.
Malheureusement, cela signifie également que les humains sont devenus
extrêmement compétents dès lors qu’il s’agit d’exploiter ce système.
Après ce point sur l’évolution biologique du cerveau humain, intéressons-
nous maintenant aux différentes réactions chimiques à l’intérieur du
cerveau afin de comprendre comment nous devenons accros à des choses
qui nous empêchent d’aller bien.
LE POUVOIR DU PLAISIR
Le sucre est une composante qui en dit long sur un aliment. Un aliment
sucré est un aliment que l’on peut sans risque consommer. Sauf quelques
rares exceptions, aucun fruit toxique n’est sucré. Pour nos ancêtres, le sucre
était donc un gage de qualité.
Grâce aux progrès technologiques, notamment l’imagerie cérébrale, on sait
que le sucre active considérablement le circuit dopaminergique. Or, comme
nous l’avons vu, plus le circuit de la récompense est activé, plus il en
redemande. Pourquoi, à votre avis, avez-vous envie de manger un dessert
riche en sucre alors que vous êtes repu ? Comment expliquer qu’alors que
vous n’avez pas pu terminer votre assiette, vous avaliez sans aucun
problème une grosse part de gâteau au chocolat ? Pour corser le tout, les
récepteurs de la dopamine finissent par devenir moins sensibles et ont
besoin d’être de plus en plus stimulés pour produire les opiacés dans le
cerveau qui nous donnent cette sensation de plaisir que nous recherchons.
Ce qui pourrait expliquer, par exemple, pourquoi, lorsque nous ouvrons un
paquet de cookies, nous n’arrivons plus à nous arrêter et dévorons jusqu’au
dernier biscuit8. Pour résumer, le sucre (et les glucides simples que
l’organisme convertit rapidement en sucre) pirate votre circuit de la
récompense en modifiant la biochimie de votre cerveau afin que non
seulement vous consommiez ces produits délétères pour la santé, mais
surtout que vous en demandiez toujours plus. Et c’est précisément le but
recherché par les entreprises de l’agroalimentaire qui produisent des
aliments ultratransformés.
Passons maintenant à un facteur de notre vie quotidienne qui ne fait
qu’amplifier le syndrome de déconnexion.
LES GROS TITRES FONT DES RAVAGES DANS NOTRE
CERVEAU
La première chose que font un grand nombre d’individus en se levant le
matin, c’est s’informer sur ce qui se passe dans le monde. 95 % des
Américains disent suivre les informations, 85 % le font au moins une fois
par jour9. Selon une étude de 2013 (Médiamétrie-Actu 24/7), 90 % des
Français s’intéressent à l’actualité au moins une fois par jour, contre 63 %
plusieurs fois par jour. Or les informations sont génératrices de stress et
favorisent la réponse « combattre ou fuir ». Comment ? En activant
l’amygdale au détriment du cortex préfrontal. Que ce soit via une vue de la
« Situation Room », la salle de crise montrée en boucle lors de l’opération
ayant conduit à la mort d’Oussama ben Laden, ou une annonce d’ALERTE
qui défile en bas de l’écran de télévision, la nature des informations qui
nous sont livrées aujourd’hui génère un sentiment de peur, de l’anxiété, et
favorise un stress chronique. Ce qui est étonnant dans la mesure où,
parallèlement, nous avons tendance à nous méfier des informations
diffusées, avec seulement 22 % et 18 % des Américains qui,
respectivement, disent croire les médias locaux10 ou les médias nationaux11.
Et en ce qui concerne les Américains qui s’informent via les réseaux
sociaux, seuls 4 % croient les informations qui leur parviennent. Les
Américains se méfient également des informations diffusées par des
organisations non partisanes, 74 % d’entre eux étant persuadés que les
médias se font l’écho d’un parti politique12 et 72 % étant convaincus que les
médias grossissent les faits13. Conclusion : tout tend à prouver que les
actualités ne sont pas objectives et ne doivent pas être prises pour argent
comptant.
Alors que nous vivons à une époque relativement pacifique et stable sur le
plan économique, avec dans le monde un taux d’extrême pauvreté qui n’a
jamais été aussi bas et un taux de pays où règne la démocratie qui, lui, n’a
jamais été aussi élevé, en 2017 les Américains étaient plus nombreux à
penser que l’existence qu’ils menaient était pire que la vie il y a cinquante
ans (soit en plein cœur de la guerre du Viêt Nam)14. Entre les années 1900 et
les années 2000, le taux de criminalité sur le territoire nord-américain a
baissé15, or nombre de citoyens américains sont convaincus du contraire. Et
lorsqu’on creuse un peu, on s’aperçoit que les informations véhiculées par
la télévision et les journaux comptent parmi les principales raisons
responsables de cette erreur de jugement16. Un sondage portant sur les
stimuli générateurs de stress a montré que parmi les Américains avouant se
sentir très stressés, 40 % mettent les informations en avant17. Autre constat :
une aggravation des symptômes liés à l’anxiété chez les étudiants qui
écoutent, lisent ou regardent les nouvelles pendant seulement 15 minutes
chaque jour18. Un état de fait directement lié à la neuroplasticité : plus nous
nous focalisons sur des points négatifs, plus notre cerveau est enclin au
pessimisme et plus notre vision du monde qui nous entoure est négative.
Autrement dit, plus nous avons le sentiment de mener une existence
négative, plus nous sommes négatifs.
Le Dr Kalev Leetaru a analysé une multitude de données. Celui que l’on
surnomme affectueusement « le magicien des données à grande échelle » à
l’université de Georgetown est un membre éminent du Centre pour la cyber-
sécurité et la sécurité intérieure au sein de l’université George-Washington.
En 2011, cet expert a publié un article intitulé « Culturomics 2.0 », consacré
à l’étude de tous les articles parus dans le New York Times entre 1945
et 2005 (soit 5,9 millions d’articles), ainsi que des informations en langue
anglaise publiées sur le Web entre 2006 et 201119. Et le chercheur de
conclure, suite à cette fascinante étude, que les journalistes du New York
Times « ont fait preuve d’une grande négativité durant une décennie, soit
entre le début des années 1960 et le début des années 1970, négativité qui
s’est quelque peu affaiblie avant de se renforcer pour atteindre son
paroxysme avec les attentats du 11 septembre, aggravation palpable durant
les quatre années qui ont suivi ».
Cette analyse portant uniquement sur la situation aux États-Unis, le
chercheur s’est ensuite intéressé au reste du monde et a passé au crible des
données du Summary of World Broadcast. Les conclusions montrent, entre
1979 et 2010, « une tendance stable, voire linéaire, à être plus négatif ».
Pourquoi ce constat est-il important ? Parce que ce sont les points de vue
négatifs véhiculés par les médias qui, en partie, font que les individus sont
divisés sur les plans politique et idéologique, cette séparation étant due à la
peur et à la colère, deux émotions qui favorisent l’activation de l’amygdale.
Être en permanence exposés à des faits négatifs ne fait qu’empirer le
problème. De plus, si nous nous accordons tous à dire qu’être toujours
négatifs est loin d’être idéal, il est important de préciser que cet état d’esprit
est intimement lié à une multitude de problèmes de santé. Pour finir, être
négatif fait grimper la sécrétion et la libération de cette hormone du stress
qu’est le cortisol et, comme nous l’avons vu, le stress est un super carburant
qui permet à l’amygdale d’enclencher le turbo.
Mais ce n’est pas tout. Nous devons aujourd’hui nous inquiéter de l’impact
qu’ont sur nous les fausses informations ou les informations diffusées pour
nous induire en erreur. Une étude menée en 2017 par le MIT
(Massachusetts Institute of Technology) a montré que les fausses
informations « sont diffusées géographiquement plus largement, plus
rapidement, et touchent plus d’individus que les informations qui véhiculent
des faits avérés, et ce, dans quelque domaine que ce soit20 ». Sur les réseaux
sociaux, les fausses informations ont 70 % plus de chances de faire l’objet
de tweets que les informations qui ne trompent pas. Les robots-rédacteurs
véhiculent autant d’informations vraies que d’informations erronées, ce qui
laisse sous-entendre que ce sont les individus – et non les robots – qui
partagent les fausses informations –, ce qui n’a rien d’étonnant lorsqu’on
sait que 86 % des Américains qui s’informent via les réseaux sociaux ne
prennent pas la peine de vérifier les faits qui leur sont communiqués. Plus
important, nous sommes incapables de faire le distinguo entre une
information vraie et une information fausse. Une étude récente a révélé que
59 % des jeunes adultes affirment avoir l’esprit critique. Or la majorité
d’entre eux sont incapables de faire la part du vrai et du faux21. Un constat
qui n’est pas nécessairement lié à un manque d’esprit critique. En effet,
aujourd’hui, arriver à déterminer ce qui est vrai n’est pas chose facile, et
lorsque nous ne savons plus ce qui est vrai, nous devenons victimes du
sensationnel et d’histoires controversées, ce qui, il faut le reconnaître, est de
plus en plus fréquent. Or plus nous sommes envahis par la peur et la colère,
plus il nous est difficile de mobiliser notre cortex préfrontal. Cette aire
cérébrale étant moins activée, nous nous posons moins de questions quant à
la validité d’une information, et la situation devient alors plus critique.
Nous devons également être conscients que le Web et les autres outils
technologiques véhiculant des informations piratent notre circuit de la
récompense afin de capter notre attention et de voler notre temps.
Des plates-formes numériques (notamment sur les réseaux sociaux) utilisent
des algorithmes afin d’identifier précisément ce qu’ils doivent nous
montrer. Par le biais de filtres – le fruit de programmes informatiques –,
sont précisément sélectionnées toutes les informations qui nous sont
présentées lorsque nous nous connectons sur le Web. Ces algorithmes sont
utilisés non pas pour nous instruire mais pour capter notre attention. Ce qui
apparaît sur l’écran de notre ordinateur a pour objectif de nous diriger vers
un site spécifique, d’attirer notre attention, d’extraire des données sur qui
nous sommes et la manière dont nous vivons et de prendre notre argent.
Nous sommes en permanence exposés à des contenus web salaces et
grandiloquents communément appelés pièges à clics, attrape-clics ou encore
appâts à clics, persuasifs et extrêmes. Le seul et unique but de ces véritables
déclencheurs de dopamine est de nous pousser à toujours en vouloir plus, et
ce, afin que nous nous reconnections. À chaque fois que nous cliquons,
nous appuyons sur les boutons qui, dans notre cerveau, déclenchent une
réponse de notre amygdale au détriment de notre cortex préfrontal.
DÉBOIRES AU TRAVAIL
Lorsque cela se produit, nous sommes malheureux, nous avons du mal à
nous concentrer et nous sommes stressés. Nous avons la sensation d’être
déconnectés de notre travail. En fait, près d’un Américain sur deux avoue
ne pas être pleinement satisfait par son travail22. Les employés disent que
leur travail les ennuie environ 10 heures par semaine23 alors qu’une étude
réalisée par l’institut Gallup a révélé que 87 % des employés dans le monde
ne sont pas impliqués dans leur travail24. Rien d’étonnant alors à ce que
79 % des employés américains disent être toujours, souvent ou parfois
distraits ou avoir du mal à se concentrer au travail25. Or le simple fait qu’ils
aient du mal à se concentrer est la preuve même qu’ils souffrent du
syndrome de déconnexion – les connexions au niveau de leur cortex
préfrontal sont mises à mal, ce qui a un impact négatif sur leur
concentration. Distraits et sous l’emprise d’un stress important, les
employés passent environ 5 heures par semaine sur leur téléphone au travail
pour des activités autres que professionnelles. Ils essaient de trouver du
répit mais en vain. Et au lieu d’opter pour une activité bénéfique pour leur
santé – pratiquer une activité physique, méditer ou être en contact avec la
nature –, ils prennent des habitudes auxquelles, très vite, ils deviennent
accros et qui, pour la plupart, favorisent l’isolement et la sédentarité.
Comme nous le verrons ultérieurement, être isolé et passer trop de temps
assis ou rester inactif est on ne peut plus délétère.
LA FIN DE LA JOURNÉE
Après une journée passée au travail, notre cerveau, qui a été largement
sollicité, est trop fatigué pour qu’on lui en demande plus. En règle générale,
les Américains passent près de 6 heures par jour devant l’écran de leur
télévision (en moyenne 4 heures 45), de leur ordinateur ou sur leur
téléphone, à regarder des informations, ce qui signifie qu’ils appuient sur le
bouton « marche » ou qu’ils se connectent dès qu’ils arrivent à la maison26.
Nous cherchons tous une manière simple et rapide de nous soustraire au
stress de la journée, et un repas riche en glucides est souvent la solution.
Bien sûr, nous continuons à utiliser notre smartphone pendant que nous
mangeons et faisons défiler les pages, cliquons, envoyons des textos, bref,
nous appuyons sur tous les boutons qui déclenchent la sécrétion et la
libération de dopamine. Nous avons alors la sensation d’être de nouveau
connectés alors qu’en fait nous sommes profondément déconnectés. Nous
terminons notre journée en espérant qu’une bonne nuit de sommeil mettra
un terme à toutes nos obligations et éliminera tous les facteurs de stress de
la journée mais, une fois encore, nous nous trompons sur toute la ligne.
Vous l’aurez compris, une journée typique est remplie d’éléments qui
stimulent notre amygdale et inhibent notre cortex préfrontal. Qui plus est, la
vie d’aujourd’hui fait que lorsque nous sommes stressés, nous sommes
tentés par une multitude de choses qui nous font croire que le bonheur est
accessible et que nos besoins peuvent aisément et rapidement être comblés.
Malheureusement, dans les faits, il n’en est rien, et la situation ne fait
qu’empirer. On nous a fait subir un véritable lavage de cerveau en nous
faisant croire que pour accéder à un bonheur durable, il suffisait de
demander et de redemander, ce qui, en fait, nous rend malheureux.
La bonne nouvelle est que vous avez la possibilité de changer tout cela.
Comment ? En restaurant un équilibre entre les diverses fonctions
cérébrales, notamment en réveillant votre cortex préfrontal, mis en veille, et
en rétablissant ses connexions. C’est la seule manière de vous sauver et de
sauver la planète.
CHAPITRE 4
PIRATAGE HIGH-TECH
COMMENT LE NUMÉRIQUE
NOUS DÉCONNECTE
« Dans un monde où il suffit de sauter sur une application pour commander à dîner, sortir avec
un(e) inconnu(e), voire payer nos factures, tout porte à croire que nous avons de moins en moins
besoin d’interactions humaines. La technologie est un outil qui nous a permis de réaliser des progrès
considérables, notamment dans les domaines de la médecine, de la psychologie et de l’industrie,
mais qui a également fait de nous des robots déconnectés des autres humains et n’ayant plus aucune
intimité avec eux. Soit des individus qui, sur le plan émotionnel, sont détachés de tout ce qui ne s’est
jamais vu dans toute l’histoire de l’humanité. »
Témoignage d’Austin
Lorsque j’étais enfant, je voyais des téléphones portables au cinéma et à la
télévision dans les films de science-fiction. Si je voulais contacter un ami,
j’utilisais le téléphone fixe de la maison. Internet en était à ses
balbutiements et nous ne savions pas vraiment quoi faire des informations
mises à notre disposition. À cette époque, c’était dans les encyclopédies et
les livres que nous puisions nos connaissances.
Au fil des ans, la technologie destinée au grand public allait révolutionner le
monde de la communication. J’utilisais la messagerie instantanée d’AOL et
un espace web personnalisé chez Myspace, et je possédais un téléphone à
clapet. À l’époque, les avantages de toute cette technologie étaient
conséquents : si j’étais perdu, je pouvais téléphoner pour demander de
l’aide ; si j’étais en retard, je pouvais envoyer un texto pour prévenir qui de
droit ; si je voulais communiquer avec quelqu’un habitant à l’autre bout de
la planète, je n’avais qu’à me connecter.
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux réseaux sociaux, j’ai découvert
une multitude de possibilités. J’allais pouvoir voir ce que des personnes
faisaient n’importe où dans le monde, et ce, sans bouger de mon canapé ;
rester en contact avec mes amis sans aucune difficulté ; lancer une idée et
avoir l’avis d’un nombre impressionnant d’individus dans le monde. Mais,
dans les faits, je me suis contenté de regarder des photos défiler sous mes
yeux et de mettre des posts en ligne, histoire de tuer le temps. J’étais
submergé de publicités, de commentaires désobligeants et de pensées
stériles. Je me suis mis à passer de plus en plus de temps sur les réseaux
sociaux, devenant de moins en moins productif, sans avoir en retour un
quelconque enrichissement personnel. Je ne suis pas en train de dire que les
réseaux sociaux n’apportent rien de positif. Ce que je veux vous faire
comprendre, c’est qu’à cette époque, je ne me suis jamais demandé quel
impact les réseaux sociaux avaient sur moi.
Les téléphones, les ordinateurs et les tablettes sont passés du statut d’objets
clairement destinés à faciliter la vie à celui de machines qui accaparent
notre attention. En regardant autour de moi, j’ai vu mes collègues cesser
d’utiliser ces appareils dans le seul but d’améliorer leur vie et commencer à
les laisser prendre la place de la vraie vie. Pour preuve, il est rare de dîner
ou de passer du temps avec des amis sans que des appareils numériques
viennent perturber ces moments privilégiés. Je suis souvent interrompu en
pleine conversation par un texto ou un message d’alerte qui arrive sur mon
téléphone. Avant de mettre en place dans ma vie personnelle les
changements que nous avons indiqués dans le programme que vous
découvrirez au fil des pages, j’avais du mal à rester concentré, trop occupé
que j’étais à lire un mail, à consulter Facebook ou Instagram, bref, à faire
précisément tout ce qu’il ne faut pas faire.
DISTRACTIONS NUMÉRIQUES
Dans le monde, rien n’est aussi révolutionnaire et n’évolue aussi vite que la
technologie. Très utile, celle-ci nous facilite la vie et est supposée
l’améliorer. Dans quelque domaine que ce soit – en passant par la médecine
et l’industrie –, les progrès technologiques ont révolutionné la société et
permis aux hommes de s’épanouir comme jamais on n’aurait pu, jusqu’à
encore très récemment, l’imaginer. La technologie d’aujourd’hui nous
simplifie la vie : achats, vie professionnelle, voyages, éducation,
divertissements, services bancaires et communications. La propagation
d’Internet et des technologies de communication associées a démocratisé la
connaissance, toute personne possédant un ordinateur, une tablette ou un
smartphone pouvant s’instruire via des podcasts, des blogs et des vidéos
diffusées sur YouTube. Mais nous savons tous que la technologie a
également des points négatifs. Nul ne peut nier qu’elle détourne notre
attention. La technologie active le circuit de la récompense en nous faisant
devenir accros et en nous poussant à croire en une gratification immédiate.
De plus, s’en remettre aux nouvelles technologies favorise un
comportement irrationnel. Surfer sur des sites de vente en ligne ou faire
défiler des marchandises vendues par le biais des réseaux sociaux prend une
grande partie de notre temps et de notre énergie, sans même que nous en
soyons conscients. Et c’est exactement ce que visent les créateurs de ces
sites : que notre esprit vagabonde des heures durant.
La science essaie toujours de définir précisément dans quelle mesure ces
comportements irrationnels impactent notre santé mentale. Nous avons déjà
quelques réponses et nous savons notamment que plus nous passons de
temps à nous connecter sur les réseaux sociaux et autres outils numériques,
moins nous consacrons de temps à l’introspection et aux relations avec
autrui. Un constat qui touche pratiquement tout le monde, comme on peut le
voir dans tous les lieux publics. Lorsque nous sommes éveillés, notre
attention n’est plus focalisée sur ce qui la monopolisait jadis.
La majorité d’entre nous sont à la merci d’Internet et de ses tentations,
parce que nous sommes dépendants de cet outil informatique pour le travail
mais aussi pour un grand nombre d’activités quotidiennes propres à la vie
d’aujourd’hui. Nous sommes pris dans cet imbroglio et tentons de trouver
un équilibre entre les côtés positifs et les côtés négatifs de cette technologie
qui envahit notre existence. Si elle est essentielle pour vivre dans le monde
moderne, la technologie expose notre esprit à ce que sont, sans le moindre
doute, les techniques de persuasion les plus développées qui aient été mises
au point. Et si nous n’arrivons pas à nous séparer de nos appareils
numériques, c’est purement et simplement parce qu’ils sont conçus pour
que nous devenions accros et que nous ne puissions plus nous passer d’eux.
Tristan Harris est un éthicien (expert en éthique) qui, autrefois, travaillait
chez Google. Magicien à ses heures perdues, il aime faire des
rapprochements entre la manière dont les magiciens et les concepteurs de
produits s’y prennent pour tirer parti de la faiblesse d’esprit des gens. « Les
magiciens, nous explique-t-il, commencent par chercher les angles morts,
les bords, les vulnérabilités et les limites en termes de perception des
individus afin de pouvoir influencer ce que font les personnes qu’ils ont
face à eux, et ce, sans qu’elles s’en aperçoivent. Lorsque vous savez sur
quelles touches appuyer, vous pouvez jouer avec les gens comme vous
jouez sur un piano1. »
Mais qu’en est-il lorsque la technologie moderne utilise ce savoir contre
nous ? Nous devenons accros à la dopamine qui envahit notre cerveau à
chaque fois que nous vérifions le nombre de personnes qui ont liké l’un de
nos posts, que nous regardons si nous avons de nouveaux messages dans
notre boîte mail ou que nous ajoutons des articles dont nous n’avons
absolument pas besoin dans notre panier sur des sites de vente en ligne. Ce
nouveau type d’addiction a eu du mal à trouver sa place dans les manuels
de médecine. En effet, la plupart de ces technologies sont entrées il y a peu
de temps dans notre vie ou n’ont pas fait l’objet d’un nombre suffisant de
tests élaborés selon des méthodes scientifiques validées permettant, sur le
long terme, d’aboutir à des conclusions sérieuses. Pourquoi ? Parce que ce
type de dépendance n’est pas un domaine simple à étudier, même si nous
commençons à avoir suffisamment d’informations nous permettant de voir
les effets des nouvelles technologies sur la santé – le meilleur exemple étant
l’addiction à Internet.
MOINS D’AMIS
Si les moyens de communication numériques présentent des avantages
certains, nous savons toutefois que rien ne vaut les relations directes entre
plusieurs personnes. Or de plus en plus nous voyons que nos appareils
numériques prennent le dessus sur les vraies relations. Ils nous perturbent et
ont un impact négatif sur nos rapports avec les autres.
Dans une étude datant de 2018, plusieurs centaines de personnes ont été
recrutées dans le but de partager un repas dans un restaurant avec des amis
ou des membres de leur famille8. Certaines personnes ont posé leur
téléphone sur la table alors que d’autres l’ont mis de côté. Comme on
pouvait s’y attendre, les personnes ayant gardé leur téléphone à portée de
main ont reconnu s’être laissé distraire et avoir moins apprécié le repas. Le
fait d’avoir un téléphone à proximité lorsque deux inconnus discutent
ensemble (que le téléphone appartienne à l’une des deux personnes ou à un
tiers) diminue le degré d’empathie. A contrario, il suffit que l’on fasse
disparaître le téléphone en question pour que les personnes reconnaissent
avoir eu des rapports de plus grande qualité. De quoi nous souvenir de
laisser notre téléphone hors d’atteinte lorsque nous nous mettons à table ou
que nous nous lançons dans une conversation.
Une étude menée par des chercheurs des universités de Chicago et de
Harvard a montré que serrer la main d’une autre personne favorise la
collaboration et donne de meilleurs résultats lors d’une négociation9.
Lorsque nous sommes face à un individu, nous avons accès à une myriade
d’informations et de nuances. Sa gestuelle, les expressions de son visage et
même son odeur sont autant de facteurs qui contribuent à l’interaction
complexe d’une communication en face-à-face et qui sont, en grande partie,
perdus lorsque nous communiquons via le numérique.
L’espace partagé du numérique est un espace désincarné, comme le dit à
juste titre Stephen Asma. Philosophe et coauteur d’un ouvrage intitulé The
Emotional Mind (littéralement, l’esprit émotionnel), Stephen Asma souligne
les principales lacunes du monde numérique : « Nous ne pouvons pas nous
toucher les uns les autres, déceler les expressions du visage ou les
humeurs, etc. Un lien véritable est plus biologique que psychologique et
requiert un contact physique. L’enchevêtrement émotionnel d’une vraie
amitié favorise la sécrétion et la libération d’ocytocine et d’endorphines
dans le cerveau et le reste du corps des personnes amies, les unissant l’une à
l’autre d’une manière plus intense que toute autre relation10. »
Le Dr Lisa Strohman travaille depuis de nombreuses années sur les effets
d’une utilisation excessive de la technologie par les enfants et les adultes.
Lorsque nous l’avons interrogée, elle n’a fait que corroborer les dires de
Stephen Asma : « Les indices comportementaux les plus simples que nous
captons chez une personne lorsque nous sommes en face d’elle et discutons,
par exemple, le fait qu’elle rougisse ou qu’elle s’agite sur son siège, nous
échappent totalement lorsque nous nous contentons d’échanges via des
outils technologiques. Nous codons nos souvenirs en ayant recours à nos
sens : l’odeur de l’herbe lorsque nous avons échangé notre premier baiser,
la chaleur dégagée par une tasse de chocolat, le chant familier des oiseaux
dans le jardin de la maison de notre enfance sont autant de données
sensorielles qui nous conduisent devant et au centre d’un espace émotionnel
que nous codons afin qu’il devienne un souvenir indélébile. Lorsque nous
tombons dans le monde du numérique et que nous apprenons à vivre sans
ces connexions émotionnelles, nous perdons une partie de ce qui fait de
nous des êtres sociables qui sont interconnectés par l’humanité, la douceur
et l’amour11. »
DÉCONNEXION SOCIALE
Nous sommes des créatures qui vivent en société. Nous avons besoin les
uns des autres pour survivre. C’est en partie pour cela que nous sommes
autant attirés par les réseaux sociaux comme Facebook et Instagram, qui
nous permettent de nous rapprocher d’autres personnes, de partager des
idées et l’amour, où que nous soyons. Mais tout ça a un coût.
Dans le monde, les internautes ont en moyenne 5,54 comptes sur les
réseaux sociaux17. Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les 16-24 ans qui
arrivent en tête de liste avec 6,55 comptes par personne contre 2,85 comptes
pour les 55-64 ans. Replaçons ces chiffres dans leur contexte avec une
population mondiale de 7,7 milliards d’individus, voire quasiment
8 milliards lorsque vous lirez ce livre. Comme nous l’avons vu, le nombre
d’internautes avoisine 4,4 milliards, dont 3,03 milliards d’utilisateurs actifs
sur les réseaux sociaux. Le temps passé en moyenne chaque jour sur les
réseaux sociaux est de 116 minutes par internaute. 91 % des distributeurs de
grandes marques utilisent deux, voire plus, réseaux sociaux pour
promouvoir leurs produits, et 81 % des petites et moyennes entreprises ont
recours à différentes plates-formes.
La folie des réseaux sociaux aux États-Unis18
Nous ne sommes pas en train de dire que les réseaux sociaux ne présentent
aucun bienfait. Ce sont des outils essentiels dans le monde des affaires, les
questions planétaires et les échanges entre les individus. Mais nous devons
comprendre qu’utiliser les réseaux sociaux de manière passive et
irrationnelle a un tout autre impact que le fait d’utiliser ces mêmes réseaux
de manière active et raisonnée. Les réseaux sociaux nous sont d’autant plus
utiles et bénéfiques dès lors que nous y recourons à bon escient, un constat
qui repose sur des données scientifiques24. Lorsque nous utilisons de
manière active les réseaux sociaux – en postant ou commentant une
information donnée par une autre personne plutôt qu’en nous contentant de
faire défiler des pages et de lire des posts –, nous en tirons des bénéfices et
évitons de tomber dans les pièges que nous avons décrits précédemment. Et
c’est là toute la difficulté : comment trouver un équilibre entre une
utilisation salutaire et une utilisation délétère.
Nous vous donnerons quelques clés afin de parvenir à cet équilibre, mais,
avant cela, essayons de savoir comment et pourquoi vous avez recours aux
réseaux sociaux, si cela vous aide ou si cela vous permet tout simplement
de combler un vide.
La prochaine fois que vous vous connecterez à une plate-forme, mettez un
chronomètre et faites sonner l’alarme au bout de 5 minutes. Une fois le
temps écoulé, demandez-vous ce que le fait de vous connecter plus
longtemps pourrait vous apporter. Est-ce que cela vous serait bénéfique ?
Non ? Alors déconnectez-vous. Un exercice simple qui en dit long.
Nous avons vu comment une addiction à Internet pouvait modifier la
structure de notre cerveau. Dans la mesure où surfer sur les réseaux sociaux
est une forme d’addiction à Internet, il n’est pas surprenant que des
chercheurs aient observé des modifications structurales au niveau du
cerveau découlant de l’utilisation des réseaux sociaux. L’imagerie cérébrale,
ou neuro-imagerie, montre que les personnes qui utilisent d’une manière
excessive les réseaux sociaux (au point de développer des tendances
addictives) ont moins de matière blanche dans le corps calleux – la partie du
cerveau qui relie les hémisphères droit et gauche25. Autrement dit, la
connexion entre ces deux hémisphères est de moins bonne qualité. Les
personnes pour lesquelles une mauvaise connexion est due à une
malformation génétique ont souvent des difficultés de communication et
d’apprentissage. Une utilisation excessive des réseaux sociaux pourrait
donc amoindrir notre capacité à communiquer de manière authentique avec
d’autres personnes. Quelle ironie du sort, n’est-ce pas ?
Ce constat est directement lié à l’estime de soi. Nous sommes tous sensibles
à l’approbation sociale – appartenir à un groupe, être accepté et apprécié par
ses pairs est l’une des principales motivations de l’être humain. Une fois
encore, cela remonte à notre besoin primal de faire partie et d’être accepté
par une tribu dans le seul et unique but de survivre. Or, aujourd’hui,
l’approbation sociale est entre les mains d’entreprises spécialisées dans la
technologie. En 2016, le Dr Lauren Sherman et ses collègues ont eu recours
à l’IMRf (imagerie à résonance magnétique fonctionnelle) pour étudier la
manière dont le cerveau est impacté par les réseaux sociaux26. Les
chercheurs ont montré à des adolescents des images supposées provenir de
comptes Instagram et ont changé le nombre de likes pour chacune des
photos. Comme on pouvait s’y attendre, les images avec le plus de likes ont
généré une suractivation des zones cérébrales impliquées dans le circuit de
la récompense. Une autre étude a, quant à elle, révélé que le fait de mettre
un like sur une image stimule ces mêmes zones du cerveau. Faut-il
s’étonner que nous soyons aussi accros ?
Le problème, c’est que nous pensons que nous agissons comme il se doit –
à savoir comme tout le monde – en nous inscrivant sur les réseaux sociaux.
Nous autres, les êtres humains, sommes rassurés dès lors que nous faisons
ce que les autres font, c’est pourquoi le fait de se connecter aux réseaux
sociaux nous semble inoffensif. Mais, dans les faits, le circuit
dopaminergique est activé à chaque fois qu’une personne réagit par rapport
à l’un de vos posts. Votre circuit de la récompense est ni plus ni moins
piraté en direct, et c’est de vous que l’on se joue.
Des applications destinées à comptabiliser le temps que vous passez sur vos
écrans pour vous éviter de devenir accros à votre smartphone commencent à
voir le jour. Mais sachez que, si elles existent, ces applications ne sont pas
indispensables et que vous pouvez vous détourner de la haute technologie et
recourir au test T.A.P.E. pour arriver à vos fins. Lorsque vous êtes sur le
point de faire appel à la technologie, notamment pour vous connecter à des
réseaux sociaux et communiquer, vérifiez que ce que vous vous apprêtez à
faire passe avec succès le test T.A.P.E.
Temps limité : déterminez un créneau horaire pour faire ce que
vous avez à faire et n’y dérogez pas. Si vous voulez regarder
une vidéo sur YouTube ou consulter des pages sur une plate-
forme – mais qu’habituellement vous y passez plus de temps
que prévu –, déclenchez un chronomètre afin de vous arrêter au
bout de 20 minutes. Si après vous être connecté pour discuter
avec des amis ou acheter des articles en ligne, vous continuez à
surfer et consultez des pages sans but précis, mettez une alarme
afin que vous stoppiez au bout de 5 à 10 minutes. Fiez-vous à
votre chronomètre tant que vous n’avez pas trouvé le temps dont
vous avez réellement besoin et, après, veillez à ne pas le
dépasser !
Action délibérée : comme nous vous l’avons expliqué,
l’utilisation que nous faisons de la technologie est, en grande
partie, destinée à profiter aux autres. Utiliser de manière plus
rationnelle le numérique nous permet de reprendre les choses en
main. Avant d’ouvrir votre messagerie électronique, de regarder
une vidéo sur votre ordinateur ou un film à la télévision, voire
vous adonner à toute autre activité problématique, demandez-
vous ce que vous espérez en retour et voyez si vous pouvez
réellement en tirer des bienfaits. Si les réponses ne vous
satisfont pas pleinement, cherchez comment changer les choses.
Toute utilisation d’un support numérique doit être délibérée.
Pleine conscience : pour ce qui est de l’utilisation des supports
numériques, on entend par approche de pleine conscience être
conscient, d’une part, de la manière dont vous vous servez de
ces technologies au moment même où vous les utilisez et,
d’autre part, de l’impact que ces technologies ont sur vous.
Cette utilisation consciente du numérique contrebalance le piège
dans lequel vous tombez lorsque vous donnez libre cours à des
activités irrationnelles. Mais qu’est-ce que cela signifie
concrètement ? Lorsque vous recourez à un support numérique,
marquez une pause et demandez-vous comment vous utilisez
cette technologie et l’impact qu’elle a sur vous. Est-ce que tel
site vous met en colère ? Est-ce que la vue d’une photographie
vous fait prendre conscience de qui vous êtes, vous rend
envieux(se), vous donne l’impression d’être incompétent(e) ou
inférieur(e) ? La pleine conscience ouvre une fenêtre dans votre
cerveau et vous donne la possibilité de vous retirer si vous
n’aimez pas ce que vous voyez.
Enrichissement : la sphère numérique est remplie de pièges à
clics et autres contenus destinés à capter votre attention, la
plupart étant une perte de temps. Mais elle nous permet
également d’accéder à un nombre phénoménal de connaissances
qui nous aident à mieux comprendre qui nous sommes mais
aussi le monde qui est le nôtre. Pour bien séparer les deux,
demandez-vous si ce que vous puisez dans cette sphère
numérique est enrichissant pour vous. Est-ce que cela accroît
votre connaissance ? Est-ce que cela fait de vous une meilleure
personne ? Est-ce que cela vous rend plus heureux(se) et
optimiste ? Ou est-ce juste une distraction pour vous ?
Avant de faire quelque chose – quelle que soit cette chose –, prenez en
considération les quatre points du test T.A.P.E.
CHAPITRE 5
LA MALÉDICTION DU NARCISSISME
ET LA BÉNÉDICTION DE L’EMPATHIE
BRISER L’EMPRISE DU SYNDROME
DE DÉCONNEXION
« Cependant, au fil du temps, mon cœur a appris à rayonner face au bonheur des autres et à fondre
face à leur malheur. »
Homère
« Nul n’est une île qui se suffit à elle-même ; tous les hommes sont un morceau du continent. »
John Donne
Témoignage de David
Il y a plusieurs années de cela, alors que je faisais ma tournée quotidienne
des chambres à l’hôpital, je suis entré dans celle d’un homme qui se
remettait d’un accident vasculaire cérébral. Franck – appelons-le par son
prénom – se portait plutôt bien lorsque, sans raison apparente, son état avait
commencé à se dégrader, ce qui m’avait obligé à prolonger son
hospitalisation. Alors que nous bavardions, je me suis aperçu que, par
rapport à ma précédente visite, son humeur avait considérablement changé.
Peut-être commençait-il à comprendre que, suite à son AVC, sa vie ne serait
plus jamais comme avant ou peut-être était-il resté trop longtemps
hospitalisé. Bref, quelle qu’en fût la raison, il était évident qu’il n’avait pas
le moral.
Au fil de la conversation, j’ai fait allusion à son changement d’humeur. Je
me souviens qu’il a alors baissé les yeux et secoué la tête en me disant : « Je
ne suis plus heureux. » Je lui ai demandé si je pouvais l’aider et je lui ai
proposé de lui octroyer une sortie. Il m’a alors donné une réponse que je
n’oublierai jamais : « Tout ce que je veux, c’est un sandwich à l’oignon. »
Sa réponse m’a stoppé net. Premièrement, parce que j’étais totalement
estomaqué qu’un simple sandwich à l’oignon puisse avoir un tel effet sur
l’humeur de cet homme et, deuxièmement, parce que je ne savais pas ce
qu’était un sandwich à l’oignon ! « C’est simple, m’a expliqué Franck, c’est
une épaisse rondelle d’oignon entre deux tranches de pain blanc recouvertes
de mayonnaise. »
Bon, a priori, rien de bien compliqué. J’ai donc demandé à Franck pourquoi
manger un sandwich à l’oignon le rendrait aussi heureux. C’est alors qu’il
m’a expliqué que lorsqu’il était enfant, à chaque fois qu’il était contrarié, sa
mère lui faisait un sandwich à l’oignon. Comme on peut aisément le
comprendre, ce souvenir était profondément ancré dans sa mémoire et,
grâce à Franck, j’ai pris conscience que je pouvais d’une manière moins
conventionnelle venir en aide à mes patients.
Je suis resté encore quelques minutes auprès de lui, puis je me suis rendu au
poste de soins infirmiers et j’ai demandé s’il était possible de donner un
sandwich à l’oignon à Franck pour le déjeuner. Après avoir contacté les
cuisiniers, l’infirmière m’a fait savoir que ça n’était pas au menu standard et
que, donc, ce n’était pas possible.
Ayant compris à quel point manger un sandwich à l’oignon était important
pour Franck, il n’était pas question que je laisse tomber. J’ai donc pris son
dossier et, dans la partie réservée aux prescriptions médicales,
analyses, etc., j’ai écrit noir sur blanc « sandwich à l’oignon »,
en énumérant précisément les ingrédients.
J’ai poursuivi ma visite et je suis retourné dans mon bureau.
Le lendemain fut une journée chargée, avec plusieurs admissions. J’ai
ensuite enchaîné les visites à mes patients et, lorsque je suis arrivé dans la
chambre de Franck, je dois avouer que je ne pensais plus du tout à ce qui
s’était passé la veille. Franck était assis. Il m’a accueilli avec un large
sourire. Je ne puis dire avec certitude si c’était le sandwich à l’oignon qui
avait opéré, mais ce que j’ai constaté, c’était que son état de santé s’était
considérablement amélioré. Le jour suivant, j’ai signé son bon de sortie.
***
Un peu de compassion peut mener loin. Le problème, c’est qu’aujourd’hui,
notre culture nous pousse à adopter un comportement dans le seul but de
servir notre seule personne. Si la situation se reproduisait aujourd’hui,
Franck aurait-il son sandwich à l’oignon ?
Comme nous l’avons vu, les humains sont, par nature, une espèce sociable,
et nombre de nos plus grandes réussites – tant au niveau de la société qu’à
titre individuel – sont dues à un travail d’équipe collaboratif. Pour diriger le
monde comme il se doit, nous devons être capables de comprendre et de
prendre en compte les actes et même les pensées et les croyances des autres.
Nous devons renforcer le sentiment d’empathie envers autrui qui nous
habite si nous voulons parvenir à nous libérer de l’emprise du syndrome de
déconnexion et accéder au bonheur véritable. Il est temps pour nous de
comprendre que ce qui est bon pour moi est bon pour nous.
Ce sont les connexions, les relations pas seulement entre les individus mais
également entre tous les êtres vivants, qui nous font vivre et nous donnent
cette résilience qui nous permet de lutter contre l’adversité.
Malheureusement, notre cerveau nous pousse peu à peu à croire que nous
sommes le centre de l’univers et que, pour avancer, nous devons affaiblir et
faire tomber les autres.
Dans cet ouvrage, nous nous focaliserons sur deux types d’empathie. Le
premier, l’empathie affective, est la capacité à comprendre les émotions
d’autrui. C’est ce qui nous fait grimacer lorsqu’une personne se cogne
l’orteil ou courir vers un enfant qui s’est fait mal. Nous ressentons leur
douleur. Nombre de chercheurs et de psychologues spécialisés en
neurosciences cognitives pensent que des neurones miroirs nous permettent
d’acquérir de nouvelles aptitudes par imitation, même si cette théorie est
décriée depuis quelques années. Ce que, en revanche, nous savons avec
certitude, c’est que notre cerveau est programmé de manière à nous
permettre de partager l’expérience d’autrui. La question qui reste encore à
élucider, c’est comment cela se passe.
Le second type d’empathie est l’empathie cognitive, ou « théorie de
l’esprit », ou encore adoption du point de vue d’autrui. L’empathie
cognitive est la capacité à considérer les choses du point de vue d’une autre
personne – comprendre ses motivations et prendre conscience de ses
pensées, de ses intentions et de ses désirs. Autrement dit, c’est la capacité à
se mettre dans la peau d’une autre personne ou, plus précisément, à pénétrer
dans son cerveau et ses pensées. Comprendre un point de vue différent du
sien est certes merveilleux, mais peut aussi être difficile. Malheureusement,
dans le monde polarisé et terriblement partisan qui est le nôtre, les exemples
d’empathie cognitive sont de plus en plus difficiles à trouver. Or sachez que
ce type d’empathie se cultive et peut évoluer.
Comprendre ce qu’est l’empathie donne une meilleure idée de cet autre
concept qu’est le narcissisme. En effet, le narcissisme est un manque
d’empathie – ne pas faire attention et ne pas se préoccuper des autres, être
arrogant et hypercentré sur soi-même. Il est important de bien comprendre
que les caractéristiques fondamentales du narcissisme sont une faible
empathie et un fort égoïsme, le mépris d’autrui et l’égocentrisme. On
différencie généralement deux types de narcissisme. Le premier dont on
peut tirer parti puisqu’il repose sur des traits de la personnalité impliquant
une forte estime de soi, facteur favorable notamment à la réussite
professionnelle. Mais dans la mesure où ce trait de la personnalité implique
une faible empathie, les relations entre les individus peuvent en souffrir. Le
second, dit type clinique, est caractérisé par une illusion d’arrogance
fermement ancrée et inflexible, un sentiment d’être unique et supérieur aux
autres, un besoin excessif d’être admiré et un manque total d’empathie. On
parle alors de « trouble de la personnalité narcissique ». Précisons
cependant que d’autres troubles de la personnalité peuvent présenter, entre
autres symptômes, des comportements narcissiques. Nous sommes prêts à
parier qu’il y a au moins une personne dans votre vie – sphère privée,
milieu professionnel, voire dans les médias – que vous pourriez cataloguer
de narcissique léger ou sévère.
Le Dr Sara Konrath, chercheuse à l’université du Michigan, a découvert que
les étudiants ayant fréquenté une université ou une grande école après
l’année 2000 éprouvaient moins d’empathie que leurs pairs ayant, quant à
eux, poursuivi leurs études supérieures avant le changement de siècle.
« Selon les tests de la personnalité classiques, les étudiants d’aujourd’hui
affichent un degré d’empathie d’environ 40 % inférieur à celui des étudiants
d’il y a vingt ou trente ans3. »
Mais pourquoi devrions-nous être plus empathiques et moins narcissiques ?
Dans quelle mesure l’empathie peut-elle nous être bénéfique ? Réponse
sans ambiguïté étayée par la science : plus nous sommes empathiques, plus
nous apprécions la vie, plus notre réseau social est étendu, plus nous avons
de relations saines avec les autres, plus notre vie professionnelle est
satisfaisante, et mieux nous nous sentons mentalement et physiquement4.
Nous sommes moins agressifs et plus amicaux et généreux. Éprouver de
l’empathie se traduit par un plus grand respect pour tout et pour tout le
monde – nos voisins, la communauté à laquelle nous appartenons, notre
pays, la société dans laquelle nous vivons, mais aussi notre planète. Lorsque
nous nous préoccupons des autres à un point tel que nous pouvons
comprendre, voire partager leurs points de vue, nous avons tout à y gagner.
EMPATHIE ET CERVEAU
L’EMPATHIE, ÇA S’APPREND
Tout porte à croire que nous essayons tous d’inculquer les valeurs de
l’empathie à nos enfants. Nous leur apprenons à partager, à prendre en
compte ce que les autres ressentent en leur posant des questions du style :
« Comment réagirais-tu si on te faisait ça à toi ? » Lorsque des enfants se
querellent, nous leur disons de penser aux conséquences de leurs actes sur
les autres et de faire attention aux mots qu’ils utilisent. Mais alors, pourquoi
oublions-nous d’appliquer ces concepts aux adultes que nous sommes ?
L’empathie, est-ce quelque chose qui s’apprend et se réapprend ?
Si des personnes doivent se poser cette question, ce sont sans aucun doute
les professionnels de la santé. En tant que médecins, nous sommes formés
dans un environnement soumis à un stress chronique, voire intense par
moments, à l’intérieur d’un système qui nous récompense lorsque nous
réussissons à faire mieux que nos collègues. Pas étonnant que, tout au long
de nos études, notre taux d’empathie diminue. Or, en plus des bienfaits liés
à l’empathie que nous venons de voir, nous autres, médecins, avons une
raison supplémentaire de nous préoccuper de ce trait de la personnalité. En
effet, on sait que les médecins généralistes qui éprouvent de l’empathie
arrivent mieux à faire accepter un traitement à leurs patients et obtiennent
de meilleurs résultats. Ce qui n’est pas anodin. En effet, les patients veulent
que leur médecin voie en eux non pas un simple cas médical mais un être en
chair et en os. Lorsque ça se passe bien avec votre médecin, vous êtes plus
enclin à suivre ses recommandations et à mettre en pratique ses conseils.
Des chercheurs ont voulu savoir si l’on pouvait apprendre à des
professionnels de la santé à éprouver de l’empathie. Et la bonne nouvelle,
c’est que, a priori, c’est possible. Par exemple, dans le cadre d’une étude
datant de 2002, des étudiants en deuxième année de médecine en parfaite
santé ont été hospitalisés pendant plus d’une journée afin d’avoir l’occasion
de se mettre à la place des malades24. À l’issue de cette expérience, tous
semblaient avoir mieux compris quel était l’envers du décor. Exposer des
soignants à une technique de pleine conscience appelée « réduction du
stress basée sur la pleine conscience » favoriserait également le sentiment
d’empathie. Idem pour des interventions plus spécifiques telles que des
ateliers portant sur la communication. Des chercheurs ont passé au crible 17
études portant sur la manière d’apprendre à des étudiants en médecine à
éprouver de l’empathie. Leur conclusion : « Ces enseignements sont
efficaces, car ils permettent de maintenir, voire renforcer l’empathie
éprouvée par les étudiants en médecine25. »
Il semblerait donc que les interventions visant à augmenter le sentiment
d’empathie soient possibles et même productives, même si nous n’avions
pas besoin de la recherche pour le savoir. Il suffit d’être ouvert d’esprit et
d’écouter le point de vue d’une autre personne, par exemple, pour
s’approprier sa vision du monde et ainsi être plus à même de comprendre
d’où nous venons.
L’empathie est ce qui nous lie et fait de nous une famille, une communauté
et une société. L’empathie se cultive. Nous verrons comment dans les
chapitres qui vont suivre.
DEUXIÈME PARTIE
SE LIBÉRER DE L’EMPRISE
CHAPITRE 6
Anne Franck
« Chaque fois que l’on marche dans la nature, on reçoit plus que ce que l’on était venu chercher. »
John Muir
Témoignage d’Austin
Mon internat a, incontestablement, été l’expérience la plus stressante de
toute ma vie. Chaque jour, après m’être occupé de mes patients, je quittais
l’hôpital assommé sur le plan mental et vidé sur le plan émotionnel. Je me
revois chez moi, assis sur le canapé, les yeux fixés sur le mur pendant un –
trop – long moment, mon esprit ayant atteint ses limites et n’étant plus
capable de fonctionner comme il se devait. En hiver, le matin, alors que le
soleil n’était pas encore levé, je prenais mon vélo pour aller au travail, et le
soir, je faisais le chemin inverse alors que la nuit était déjà tombée. Il m’est
arrivé de ne pas voir la lumière naturelle plusieurs jours d’affilée, d’autant
qu’à l’époque, je travaillais jusqu’à 80 heures par semaine.
Ce rythme était exténuant, car je n’avais qu’un jour de repos par semaine.
Et, croyez-moi, ce jour-là était sacré. En une seule journée, j’essayais de
faire tout ce que je n’avais pas fait les jours précédents.
Malheureusement, ce qui aurait dû être ma priorité – à savoir me refaire une
santé mentale – passait souvent après d’autres tâches plus prosaïques
comme faire la lessive ou remplir le réfrigérateur. Garder la tête hors de
l’eau était un combat de chaque instant. Le soir, lorsque j’avais achevé la
plupart des corvées figurant sur ma liste, je n’avais pas le courage de faire
autre chose que de m’asseoir et d’attendre qu’une nouvelle journée de
travail commence.
Et puis j’ai craqué, et c’est à ce moment-là que j’ai décidé que je devais
revoir ma manière d’agir. Au lieu de passer mon jour de repos chez moi, je
me suis mis à prendre ma voiture et à rouler plusieurs heures pour sortir de
la ville et arriver dans les forêts orientales des États de l’Oregon et de
Washington. Ces forêts sont lugubres, sombres et humides. Ce sont des
forêts incroyables. À cette époque de ma vie, je n’avais certes aucune idée
de ce qu’était la science de la nature, mais ce que je peux affirmer, c’est que
cette expérience m’a totalement changé.
Être dans la forêt me permettait d’échapper physiquement et mentalement
aux services hospitaliers stériles et climatisés. Marcher dans la boue et jouer
des coudes dans la végétation marécageuse me faisait prendre conscience
de la beauté de la nature et me permettait de me reconnecter avec le vivant.
Peu à peu, j’ai réalisé ce que m’offrait la vie ainsi que l’importance d’être
en bonne santé et de pouvoir crapahuter dans les bois. Parallèlement, j’ai de
mieux en mieux compris tout ce que m’apportait mon travail en me
permettant de prendre soin des autres.
Rien de mieux que la nature pour nous reconnecter au monde réel. C’est la
nature qui nous donne la vie. C’est la nature qui, la première, nous abrite.
Pendant des millions d’années, nos gènes ont évolué sous l’influence de la
nature, il n’y a donc rien d’étonnant dans le fait que nous retrouver en
pleine nature nous fasse un bien fou. Nous éloigner de la nature amplifie le
syndrome de déconnexion, nous prive de notre bien-être et nous entraîne
loin de nos racines. Renouer avec la nature est la chose la plus facile que
vous puissiez faire pour rester en bonne santé et heureux ; il suffit de
pousser la porte et de sortir de chez vous. Il faut d’autant plus le croire que
nombre d’études nous apportent la preuve que notre corps et notre esprit se
portent étonnamment bien lorsqu’on nous prescrit une bonne bouffée d’air
pur.
Les études médicales menées sur les bienfaits de la nature n’en sont peut-
être encore qu’à leurs balbutiements lorsqu’il s’agit de comprendre
précisément par quels mécanismes être en contact avec la nature améliore
notre santé, mais il est important que nous réfléchissions aux données que
nous avons aujourd’hui.
Entre autres bienfaits, la nature nous détresse, diminue l’inflammation et
favorise le sentiment d’empathie envers autrui2. Par essence, la nature
intervient dans la reconnexion des circuits cérébraux pour que notre cerveau
fonctionne mieux. Elle nous aide à focaliser notre attention et à être
satisfaits sur le long terme. La nature est un merveilleux antidote contre la
vie moderne trépidante et stressante, car elle nous permet de reprendre
contact avec les merveilles tangibles d’un monde qui n’a rien à voir avec
celui que nous voyons sur les écrans. C’est le combat que mène la nature
contre le syndrome de déconnexion. Pour preuve, si vous êtes au milieu
d’un bois ou d’un vaste désert, à des kilomètres de la ville la plus proche, il
y a de fortes chances que votre téléphone portable ne capte pas (et c’est une
bonne chose !). Par ailleurs, vous n’êtes plus dérangé par la frénésie et le
vacarme de la ville. Prendre le large, ne serait-ce que pour une courte
période, permet à votre cerveau de respirer. Qui plus est, la nature favorise
la pleine conscience, qui est l’un des meilleurs outils pour lutter contre le
syndrome de déconnexion. Nous reviendrons plus en détail sur ce point
dans le chapitre 10, mais sachez, d’ores et déjà, que la méditation de pleine
conscience contribue à réinitialiser notre cerveau afin de porter un regard
plus objectif sur le monde. Comment ? En activant le cortex préfrontal. La
relation nature/pleine conscience est réciproque : la nature nourrit la pleine
conscience et la pleine conscience nous permet de nous sentir mieux
connectés à la nature.
La nature n’est pas seulement autour de nous. Nous sommes la nature. Nos
corps sont des microcosmes de ce vaste écosystème dans lequel nous
habitons. En effet, si notre structure cellulaire jusqu’à notre ADN est le
reflet de la perfection de Dame Nature, plusieurs milliers de milliards
d’organismes bienfaiteurs vivent en nous et élisent domicile parmi nos
propres cellules.
Ces microbes infiniment petits accompagnent les êtres humains que nous
sommes depuis plusieurs millions d’années. C’est pourquoi nous devons
reconnaître la beauté, la sublimité du monde naturel dans lequel nous
vivons et son pouvoir intrinsèque de faire que nous soyons en bonne santé.
Mais voyons dans quelle mesure les choses ont changé.
Les premiers hommes ont quitté les savanes africaines d’où ils étaient
originaires et migré vers d’autres régions du globe. Dans chaque nouvel
environnement, nos ancêtres ont dû relever des défis inédits, s’adapter à de
nouvelles températures, de nouveaux reliefs et de nouvelles sources de
nourriture. De tout temps, les êtres humains n’ont eu d’autre choix que de
comprendre la nature pour survivre. Apprendre à connaître les plantes,
identifier celles qui pouvaient être mangées, celles qui étaient toxiques ou
qui avaient des vertus médicinales. Le moindre changement climatique qui,
aujourd’hui, passerait inaperçu a probablement fourni à nos ancêtres des
informations capitales. Pour se nourrir, ils étaient dépendants du flux et du
reflux des marées et de la migration des troupeaux. Mais, au fil du temps,
les hommes se sont éloignés de la nature, littéralement. En 1900, environ
sept personnes vivaient en zone rurale contre une en zone urbaine.
Aujourd’hui, plus d’une personne sur deux – soit à peu près la moitié de la
population mondiale – vit dans un centre urbain, une proportion qui devrait
encore augmenter au cours des prochaines années3. En 2050, près de 70 %
d’entre nous devraient vivre en ville4. Nous avons trouvé un nouvel
environnement pour l’homme moderne, mais quelles en sont les
conséquences ?
À vrai dire, nous n’avons aucune certitude, car jamais personne ne s’est
vraiment penché sur la question. C’est pourquoi la Mayo Clinic a lancé un
projet de grande ampleur appelé Well Living Lab (littéralement Laboratoire
du bien-être)5. Cette étude menée durant plusieurs années devrait permettre
aux chercheurs de comprendre l’impact du milieu bâti sur la santé de ses
occupants. (On entend par milieu ou environnement bâti l’espace artificiel,
créé de toutes pièces par l’homme, dans lequel nous vivons, travaillons,
jouons, incluant les maisons et les immeubles, les routes et les jardins
publics.) L’objectif du projet Well Living Lab est de mettre en place « le
premier laboratoire qui aura pour seule mission d’étudier les véritables
répercussions des espaces intérieurs sur la santé des hommes ».
Ce que nous savons d’ores et déjà, c’est que les enfants nés dans un monde
moderne relativement stérile ont, a priori, un risque plus élevé de
développer certaines maladies, notamment de l’asthme, des troubles auto-
immuns et des allergies alimentaires. Si l’on se réfère à l’hypothèse
hygiéniste, la recrudescence de ces maladies dans les pays occidentaux
serait en partie due au fait que les enfants ne sont pas suffisamment en
contact avec la nature et exposés aux microbes6. Autrement dit, les hommes
auraient évolué de telle sorte que la saleté, dans une certaine limite, leur
serait bénéfique, ce qui expliquerait pourquoi un environnement aseptisé
perturbe le système immunitaire. Certains spécialistes ont proposé de
renverser la tendance en prescrivant des parasites aux enfants afin de
stimuler leur système immunitaire, l’objectif final étant de les prémunir
contre nombre de maladies ! Si, pour notre part, nous n’allons pas jusque-là,
nous sommes d’avis qu’être plus en contact avec la nature – et, par-delà,
avec un peu plus de saleté – ne peut que nous être bénéfique.
Partir vivre en ville a également changé l’environnement dans lequel les
hommes étaient habitués à travailler, et rares sont ceux qui, aujourd’hui,
passent leurs journées dans les champs. Cela pourrait-il nous coûter cher ?
En 2016, des chercheurs ont voulu savoir si réintroduire la nature, dans une
moindre mesure, dans les espaces intérieurs pouvait avoir un impact
bénéfique sur la santé mentale7. Eh bien, tout laisse à penser que oui. Les
éléments naturels sur le lieu de travail se traduiraient par une meilleure
santé (moins de dépression et moins d’anxiété) ainsi que par une plus
grande satisfaction dans le domaine professionnel. Et ce sans qu’il faille
tout révolutionner. Mettre quelques plantes en pots ou accrocher aux murs
des posters avec pour thème la nature suffirait. C’est bien de savoir
qu’accrocher la photo d’un paysage ou avoir une plante sur le coin de son
bureau peut faire toute la différence. Attention toutefois à ne pas nous
leurrer : rien de mieux que sortir de chez soi pour prendre un grand bol
d’air, sentir les rayons du soleil et être en contact avec la végétation qui
pousse à l’état sauvage.
Or, malgré tout ce que nous apprend la science, les Américains, et les
Occidentaux en général, passent jusqu’à 87 % de leur journée à l’intérieur
d’un bâtiment et 6 % en plus dans leur véhicule8. Pratiquement toute notre
vie dans le monde moderne se passe entre quatre murs, sous la lumière
artificielle et dans un environnement aseptisé. Le principal contact que nous
ayons avec le monde extérieur se fait à travers une fenêtre, des expériences
en ligne virtuelles et nos souvenirs. Dans une étude réalisée en 2018 sur
2 000 Canadiens, 87 % des participants ont confié être plus heureux, en
meilleure santé et plus productifs lorsqu’ils étaient dans la nature9, même si
près de 75 % d’entre eux reconnaissaient également qu’il était plus simple
de rester confiné chez soi ou au travail. Comme les animaux que nous
avons domestiqués pour en faire des animaux de compagnie, nous sommes
devenus une espèce qui vit à l’intérieur et non plus à l’extérieur.
En vivant de cette manière, nous nous privons de la chaleur du soleil sur
notre peau et d’une bonne bouffée d’air pur, mais ce n’est pas tout. En effet,
comme le dit le journaliste et auteur à grand succès Richard Louv, cet état
de fait favorise un trouble déficitaire relié à une carence de nature ou
syndrome du manque de nature10. Fervent défenseur de la vitamine N – N
pour Nature –, Richard Louv est le cofondateur d’une association dont
l’objectif est d’aider les enfants, les familles et les communautés à se
reconnecter à la nature. Richard Louv sait combien un retour à la nature est
bénéfique et essentiel pour les humains, et c’est ce dont nous voulons que
vous preniez conscience. Pour ce faire, nous vous proposons de passer en
revue certains bienfaits de la nature sur notre santé, puis de voir
précisément pourquoi reprendre contact avec la nature est un outil
indispensable pour lutter contre le syndrome de déconnexion.
LA NATURE SOIGNE
Dans les années 1800, la tuberculose fait des ravages dans toute l’Europe et
les chercheurs ont beau tout faire pour trouver un traitement efficace, rien
ne semble marcher. C’est alors que le traitement par la lumière du soleil et
l’air pur voit le jour. Ce protocole, décrit dans la revue médicale britannique
Journal of the Royal Society of Medicine, repose sur une exposition
adéquate aux éléments extérieurs avec « de l’air frais de jour (en sortant de
chez soi le plus possible) comme de nuit (en dormant avec les fenêtres
ouvertes) ». Si ces recommandations semblent plus efficaces que tout ce qui
a été tenté auparavant, nul ne sait précisément dire pourquoi. Aujourd’hui,
nous pensons que certains de ces bienfaits pourraient être dus à une
exposition à la lumière du soleil et à son rôle dans la sécrétion de la
vitamine D, cette hormone qui stimule une réponse immunitaire innée
contre la tuberculose. Au début du xxe siècle, nombre de sanatoriums ont
ouvert leurs portes aux États-Unis. C’était bien longtemps avant l’arrivée
des antibiotiques, et il n’existait rien d’autre pour traiter la tuberculose. Le
soleil et l’air sec du désert de l’Arizona attiraient quantité de patients (ou de
poitrinaires, comme on les appelait à l’époque) souffrant de tuberculose, de
rhumatismes, d’asthme et d’autres pathologies. Les premiers camps pour
tuberculeux étaient constitués de tentes à même le sol et de cabanes. À
l’époque, les médecins savaient combien vivre à l’extérieur était bénéfique
pour la santé, même si, scientifiquement, il leur était difficile d’expliquer
pourquoi. Ce n’est qu’aujourd’hui que nous commençons à comprendre
précisément pourquoi et comment la nature opère, comme par magie.
En 1984, le biologiste de renom Edward O. Wilson décrivit les bienfaits
possibles de la nature dans un article intitulé « Hypothèse de la biophilie ».
La théorie avancée est la suivante : « La dépendance des êtres humains vis-
à-vis de la nature ne se limite pas aux simples besoins matériels et
physiques. Ce sont aussi des besoins esthétiques, intellectuels, cognitifs,
voire spirituels, que la nature arrive à combler11. » L’hypothèse de la
biophilie avancée par Edward O. Wilson laisse entendre que nous sommes
intrinsèquement affiliés à l’environnement naturel et que ce lien va bien au-
delà de ce que nous croyons être notre relation à la nature. Aujourd’hui, tout
semble corroborer cette hypothèse.
La même année (1984), le Dr Roger Ulrich publia dans la revue médicale
Science un article intitulé « Regarder par une fenêtre peut influencer le
rétablissement suite à une intervention chirurgicale », article qui allait
devenir une référence12. Comme vous vous en doutez, dans le monde
médical, nombreuses sont les discussions quant à la manière d’aider au
mieux les patients à recouvrer la santé. Nous avons compris que traiter un
problème sévère n’est qu’une étape et que, après une intervention
chirurgicale, un accident vasculaire cérébral, une crise cardiaque ou tout au
long d’un combat mené contre un cancer, le processus de guérison sur le
long terme est toujours critique. Pour cette raison, nous ne pouvons pas
passer outre aux études qui nous montrent qu’être en contact avec la nature
aide les patients souffrant des pathologies ci-dessus énumérées à se rétablir
plus rapidement.
Le Dr Ulrich a passé en revue et comparé toutes les données post-
chirurgicales des patients d’un hôpital de Pennsylvanie. Ceux-ci étaient tous
hospitalisés dans des chambres strictement identiques à une exception près :
les fenêtres de la moitié des chambres donnaient sur un mur de briques alors
que les fenêtres de l’autre moitié donnaient sur une rangée d’arbres. Et le
Dr Ulrich de noter que les patients dont la fenêtre donnait sur les arbres
sortaient plus rapidement, prenaient moins d’antalgiques et que dans le
rapport des infirmières il y avait trois fois moins de commentaires du style :
« énervé(e) et sujet(te) aux crises de larmes » ou « a besoin d’être beaucoup
encouragé(e) ». Nombre d’établissements médicaux ont été conçus en
tenant compte des observations du Dr Ulrich. Loin de nous le temps où les
hôpitaux étaient dessinés et construits de manière à ressembler à des
bureaux stériles. Aujourd’hui, les architectes veillent à créer un
environnement apaisant, tant à l’intérieur des bâtiments que dans les
jardins, avec des œuvres d’art, des murs végétalisés, des parois vitrées
donnant sur l’extérieur, laissant passer la lumière et permettant de voir de la
verdure, sans oublier l’utilisation de matériaux naturels comme le bois et la
pierre.
Depuis les révélations du Dr Ulrich, une multitude d’études ont confirmé
les bienfaits de la nature sur le processus de guérison. C’est notamment le
cas d’une étude parue en 2011, menée sur 278 patients hospitalisés dans un
centre de réadaptation cardiaque et pulmonaire situé dans un village de
montagne en Norvège. Les chercheurs ont comparé l’évolution des patients
dont la chambre donnait sur un espace naturel et celle des patients dont la
vue était arrêtée par un bloc d’immeubles13. L’étude a confirmé ce qu’avait
observé le Dr Ulrich quelques décennies plus tôt, à savoir que les hommes
et les femmes dont la fenêtre donnait sur les immeubles se remettaient
moins bien physiquement et mentalement que ceux qui avaient la nature
sous leurs yeux.
Le Dr Seong-Hyun Park s’est tout particulièrement intéressée à la relation
de cause à effet entre la nature et le rétablissement des patients après un acte
chirurgical. Dans l’une de ses études, elle a au hasard installé 90 patients
ayant subi l’ablation de l’appendice dans des chambres identiques, mis à
part la présence d’une plante ou de fleurs dans certaines d’entre elles14. Le
Dr Park a observé que les patients séjournant dans les chambres avec des
végétaux avaient un rythme cardiaque plus lent et une tension artérielle
systolique plus basse que les patients des autres chambres. De plus, les
personnes du premier groupe avaient également moins recours aux
antalgiques. Enfin, lorsqu’on les interrogeait, ces mêmes patients
affirmaient qu’avoir une plante ou des fleurs dans leur chambre était ce
qu’ils avaient le plus apprécié, les qualificatifs utilisés pour décrire
l’expérience qu’ils venaient de vivre étant « satisfaisante, reposante,
confortable, pleine de couleurs, odorante, apaisante et agréable… ». Depuis
cette étude, le Dr Park en a réalisé d’autres qui, toutes, ont confirmé ces
observations.
Même si, a priori, il n’y a rien d’exceptionnel à mettre une plante en pot
dans une chambre, les conséquences sur le rétablissement du malade sont
significatives, ce qui, une fois de plus, prouve l’attraction gravitationnelle
sur le corps de la nature, ainsi que ses propriétés thérapeutiques. Et même si
une tension artérielle plus basse, un rythme cardiaque plus lent et la
sensation d’être plus détendu ne sont pas, à première vue, liés au cerveau, il
existe néanmoins une forte connexion avec l’amygdale et la manière dont
nous réagissons au stress.
Des travaux complémentaires quant aux bienfaits de la nature sur les
patients hospitalisés montrent qu’il n’est pas nécessaire que les plantes
soient physiquement présentes pour que les patients en tirent des bénéfices.
En 2012, à Amsterdam, des chercheurs ont aménagé des salles d’attente
dans un hôpital avec soit des plantes, soit des posters de plantes, soit sans
plante ni poster15. Les chercheurs ont alors observé que les patients qui
attendaient leur tour dans la salle d’attente avec des posters ou de vraies
plantes étaient moins stressés. Une autre étude menée cette fois par des
chercheurs de la Mayo Clinic a mis en évidence une diminution de l’anxiété
et de la douleur chez les patients qui entendaient un mélange de sons
provenant de la nature et de notes de musique16.
Dans le monde entier, les médecins commencent à considérer ces études
avec sérieux et, en 2018, des médecins écossais ont, pour la première fois,
prescrit à leurs patients de passer du temps en plein air. Le National Health
Services, service de santé britannique, encourage les professionnels de la
santé à diffuser des brochures rédigées par la Royal Society for the
Protection of Birds (RSPB), la ligue de la protection des oiseaux, indiquant
le nombre de randonnées à faire, avec, à chaque fois, des informations sur
la flore et la faune à découvrir. Il existe même un site web à partir duquel
les médecins américains peuvent imprimer une ordonnance pour que leurs
patients aillent se promener dans leur parc préféré !
Les Japonais ont compris bien plus tôt que les Américains et autres
Occidentaux que la nature offrait de réels bienfaits thérapeutiques. Ils ont
même donné le nom de « shinrin-yoku » – littéralement s’imprégner de
l’atmosphère de la forêt ou « bain de forêt » – à une pratique qui consiste à
être au plus près de la nature17. Cette pratique apparue au Japon dans les
années 1980 est devenue un élément majeur de la médecine préventive et
curative japonaise. À l’origine, des chercheurs au Japon et en Corée du Sud
ont réuni de nombreuses données scientifiques montrant que passer du
temps sous la canopée d’une forêt avait nombre de bienfaits sur la santé.
Aujourd’hui, le shinrin-yoku est de plus en plus répandu dans le monde. Or
ces mêmes données nous permettent d’affirmer que cette pratique a
également des effets bénéfiques sur le syndrome de déconnexion.
L’idée est simple : si une personne se promène sans aucun stress dans un
environnement naturel, elle se sent plus apaisée, plus alerte, et a un regain
d’énergie, soit autant de bienfaits sur le corps et l’esprit que nous avons
toujours intuitivement supposés (probablement parce que le contact avec la
nature repose sur les cinq sens) et qui, au cours de ces dernières décennies,
ont été confirmés par plusieurs études scientifiques.
C’est notamment via notre odorat que la nature semble avoir le plus d’effets
sur notre santé, ce qui pourrait expliquer pourquoi nous sommes attirés par
les odeurs dégagées par les arbres et les plantes, voire par les parfums et les
désodorisants à l’odeur fleurie. Des chercheurs ont même établi une
corrélation entre les odeurs et la fonction immunitaire, voire l’humeur, les
fonctions cognitives et la manière de se comporter avec autrui18. Certains
parfums de plantes ont, en effet, de réelles propriétés thérapeutiques. En
1937, le biochimiste russe Boris P. Tolkin a inventé le terme « phytoncide »,
néologisme utilisé pour parler de toutes les substances que les végétaux
émettent afin de ne pas être décomposés ou mangés par les insectes. Les
phytoncides, qui englobent toutes les odeurs de la forêt, sont les substances
chimiques qui donnent aux huiles essentielles leurs odeurs caractéristiques,
qui, comme on le sait, sont très utilisées pour soigner.
Mais quelle est la corrélation entre la nature et les fonctions immunitaires ?
Des études ont montré qu’être en contact avec la nature favorise la
prolifération des cellules du système immunitaire. Des chercheurs ont
analysé le sang et les urines d’infirmières pendant leur journée de travail,
puis après qu’elles eurent passé trois jours et deux nuits dans une forêt19. Ils
ont observé dans le sang une nette augmentation du taux de cellules
naturelles tueuses et dans les urines une diminution significative des taux
d’adrénaline et de noradrénaline, deux des principales substances chimiques
du système nerveux sympathique impliquées dans les réponses à un stress.
Les cellules naturelles tueuses, ou NKC pour Natural Killer Cells, sont
indispensables, car elles permettent à l’organisme de lutter contre les virus
et les tumeurs. L’étude a montré, chez les infirmières qui avaient passé trois
jours en forêt, une stimulation de leur système immunitaire et une activation
moins forte du système nerveux sympathique. Les chercheurs ont mené une
étude similaire mais, cette fois, sur des volontaires masculins. Les résultats
après une journée passée en pleine nature ont révélé une forte augmentation
du taux de NKC dans le sang et une diminution conséquente du taux
d’adrénaline dans les urines20. Les chercheurs ont alors émis l’hypothèse
que ces effets pourraient être dus aux phytoncides présents dans la forêt. Ils
ont, par ailleurs, établi une relation de cause à effet entre les phytoncides et
une diminution du stress, ce qui favoriserait une stimulation du système
immunitaire. Si cette stimulation est capitale, la baisse du niveau de stress
notée chez les participants l’est tout autant. En effet, souvenez-vous que le
stress chronique a un impact négatif sur les connexions au niveau du cortex
préfrontal. Par conséquent, en diminuant le taux des hormones du stress, la
nature nous offre un outil merveilleux pour lutter contre ce processus.
L’un des attraits des huiles essentielles (phytoncides) est la sensation de
calme que l’on ressent dès qu’on les respire (raison probable pour laquelle
on les utilise autant dans les spas). Par conséquent, rien de surprenant dans
les résultats d’une étude portant sur les effets de l’odeur de l’huile
essentielle de bois de cèdre (cédrol) qui ont montré une stimulation de
l’activité parasympathique, qui, généralement, aide à se sentir plus
détendu21. Une activation du système nerveux parasympathique a également
été montrée dans une étude portant sur les effets chez les personnes qui
sentaient de l’huile de cyprès. Il est important de noter que la corrélation
relaxation/système parasympathique contrecarre les effets du système
sympathique lié au stress (fuir ou combattre). Un équilibre parfait entre ces
deux systèmes est primordial. Mais quelle partie de notre cerveau nous
enferme dans le mode sympathique ? Vous l’aurez deviné : l’amygdale, bien
sûr.
Au cours de la dernière décennie, des études sur les effets de certaines
odeurs sur les fonctions cérébrales des êtres humains ont donné des résultats
on ne peut plus étonnants. Elles ont, en effet, montré que le simple fait de
sentir certaines odeurs peut modifier les ondes cérébrales, avec une
diminution de l’activité des ondes associées à la maladie et au déclin
cognitif au profit des ondes associées à la santé et au bien-être. Comment
cela est-il possible ?
Il s’avère que les substances odorantes sont capables de franchir la barrière
sang/cerveau et d’interagir avec les récepteurs du système nerveux central.
Un article datant de 2016 stipule que « […] la stimulation olfactive des
parfums entraîne des changements immédiats de certains paramètres
physiologiques comme la tension artérielle, la tension musculaire, la
dilatation des pupilles, la température de la peau, le rythme cardiaque et
l’activité cérébrale22 ». L’article décrit ce processus avec moult détails
expliquant comment des odeurs différentes, en passant par la lavande, la
camomille, les encens et les huiles essentielles, ont un impact sur les
diverses parties du cerveau. Les chercheurs ont conclu que « […] les
parfums modulent de manière significative les activités des ondes
cérébrales et sont responsables de différents états du cerveau ». Cela devrait
nous donner à réfléchir la prochaine fois que nous respirerons l’odeur d’une
fleur ou d’un parfum subtile.
Mais ce n’est pas tout. En effet, on sait avec certitude qu’être en contact
avec la nature présente des bienfaits autres que le ravissement de nos
narines. Les études sur le bain de forêt fleurissent, au sens propre comme au
figuré et, tous les ans, on en apprend un peu plus sur les bienfaits de cette
pratique. Parmi les effets bénéfiques scientifiquement prouvés :
• une stimulation du système immunitaire avec une prolifération et
une hyperactivité des cellules naturelles tueuses présentes dans
l’organisme ;
• une diminution de la tension artérielle ;
• une plus grande capacité à gérer le stress et une diminution du
stress en général ;
• une amélioration de l’humeur ;
• une pleine conscience accrue ;
• une meilleure aptitude à se concentrer, y compris chez les enfants
souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité
(TDAH) ;
• un rétablissement plus rapide après une intervention chirurgicale
ou une maladie ;
• un regain d’énergie ;
• un sommeil de meilleure qualité.
« Des milliers de personnes fatiguées, ébranlées nerveusement et
surcivilisées commencent à comprendre qu’aller dans la montagne, c’est
rentrer à la maison. La nature sauvage est une nécessité. »
John Muir
Même si cela semble logique, il est important de s’interroger sur les raisons
qui font que la nature a un impact positif sur notre humeur. Comme nous
l’avons vu dans le chapitre 1, les traitements actuellement proposés aux
personnes dépressives laissent vraiment à désirer. Les seules options qui
reposent sur des preuves scientifiques et qui sont prescrites par les médecins
sont les médicaments et la thérapie cognitive et comportementale (TCC) –
psychothérapie destinée à changer les pensées et les comportements
négatifs. Or être en contact avec la nature peut augmenter les bienfaits de la
TCC. Dans une étude particulièrement intéressante, les chercheurs ont
voulu savoir si des séances de TCC pratiquées en plein air donnaient de
meilleurs résultats sur les patients dépressifs23. Les participants à cette étude
ont été répartis dans deux groupes distincts. Pour le premier groupe, les
séances de TCC avaient lieu en milieu hospitalier alors que pour le second
groupe, elles avaient lieu dans une forêt. Les résultats ont montré une
diminution de 61 % des symptômes dépressifs – conformément aux
échelles d’évaluation de la dépression – chez les sujets du second groupe,
contre seulement 21 % chez les sujets du premier groupe.
Une autre étude s’est intéressée à la relation entre le temps passé dans un
espace vert et le risque de développer une dépression24. Comme on pouvait
s’y attendre, les chercheurs ont observé que les personnes qui passaient
5 heures, voire plus, dans la nature avaient beaucoup moins de risques de
devenir dépressives. Les chercheurs ont conclu : « Être au plus près de la
nature est un outil de prévention contre la maladie très efficace, accessible
au plus grand nombre et gratuit. »
Voyons maintenant ce que dit la science sur la capacité de la nature à nous
rendre plus heureux (par opposition à sa capacité à diminuer le risque de
devenir dépressif) ? En 2014, une méta-analyse a voulu savoir s’il existait
une corrélation entre la nature et le bonheur. Les chercheurs, après avoir
analysé plusieurs études portant au total sur quelque 8 500 individus, ont
observé que « les personnes qui sont le plus connectées à la nature ont
tendance à avoir un affect plus positif, une plus grande vitalité et à être plus
satisfaites de leur vie25 ». Une technique plutôt moderne pour étudier le rôle
de la nature dans le bonheur est d’utiliser un GPS. Dans une étude
innovante, des chercheurs ont demandé à 20 000 participants de décrire leur
humeur alors qu’ils se déplaçaient de manière aléatoire. Pour chaque
participant, ils ont ensuite comparé l’humeur en fonction de l’endroit où il
se trouvait26. Dans un parc ? Dans un immeuble ? Ce faisant, les chercheurs
ont collecté environ un million de réponses qui, toutes, ont montré que les
participants étaient plus heureux lorsque leur GPS indiquait qu’ils étaient à
proximité d’un espace vert ou d’un milieu naturel que lorsqu’ils étaient
dans un environnement urbain.
« Une once de nature et tous les hommes sont frères. »
William Shakespeare
L’un des pouvoirs que l’on attribue à la nature est de nous aider à lutter
contre le stress, ce qui, vous le reconnaîtrez, paraît logique. Ce n’est pas
pour rien que les mots « relaxation » et « nature » vont souvent de pair. En
effet, comme nous venons de le voir, la nature active le système nerveux
parasympathique, qui favorise la relaxation et freine le système nerveux
sympathique, qui, lui, favorise le stress. On sait également que la nature fait
baisser le taux de cortisol. Par conséquent, si elle nous aide à gérer un stress
chronique – et nous savons que le stress chronique a des effets délétères sur
le cortex préfrontal et active l’amygdale –, la nature peut très bien nous
freiner afin que nous arrivions à mieux nous contrôler, à prendre des
décisions plus judicieuses, et à mieux gérer nos émotions et notre
impulsivité. Pour faire simple : la nature nous permet de reprendre le
contrôle sur notre cerveau et d’échapper au syndrome de déconnexion.
« La nature à chaque instant s’occupe de votre bien-être. Elle n’a pas
d’autre fin. Ne lui résistez pas. »
Henry David Thoreau
DÉBARRASSER LA TABLE
ALIMENTER SA RÉFLEXION
« Les aliments que vous mangez peuvent être la plus sûre et la plus puissante des médecines,
ou le poison le plus lent. »
Ann Wigmore
Nous savons depuis longtemps que les aliments que nous consommons sont
des vecteurs d’informations. Ils envoient des signaux de l’environnement
dans lequel nous vivons jusqu’à notre ADN ou code du vivant. Chaque
bouchée avalée modifie l’expression de nos gènes ou la manière dont ces
séquences d’ADN sont mises en activité ou sous silence pour la production
des composantes essentielles (les protéines) de notre corps. Concrètement,
cela signifie que vous avez la capacité de modifier, pour le mieux ou pour le
pire, l’activité de votre ADN ! Ces modifications chimiques de l’ADN, dues
à des facteurs extérieurs, sont dites épigénétiques. Plus de 90 % de ces
modifications génétiques dans notre ADN associées à la longévité sont
influencées de manière très significative par les choix que nous faisons, y
compris les aliments que nous consommons. Par exemple, une alimentation
riche en glucides raffinés diminue l’activité du gène qui code la protéine
BDNF (pour Brain-Derived Neurotrophic Factor, ou facteur neurotrophique
dérivé du cerveau), impliquée dans la protection du cerveau et plus
précisément des neurones13. A contrario, avec une alimentation riche en
graisses et en protéines (soit le type d’aliments que consommaient nos
ancêtres avant la révolution agricole), le gène codant du facteur
neurotrophique dérivé du cerveau est activé et la production de BDNF est
accrue.
On peut aisément comprendre les bienfaits de ce type d’alimentation qui
remonte aux temps les plus reculés. En effet, pendant plus de 99 % de
l’histoire de l’humanité, les hommes ont eu une alimentation moins riche en
glucides raffinés, plus riche en graisses et en fibres, et, plus important
encore, plus variée que l’alimentation occidentale actuelle, qui diminue la
capacité de notre patrimoine génétique à protéger notre santé et à augmenter
notre espérance de vie. Or nous payons les conséquences de cet état de fait
au quotidien.
Ce qui prime dans les aliments que nous consommons n’est pas leur teneur
en nutriments. En effet, à chaque instant, nos choix en termes
d’alimentation permettent à chacun d’entre nous de contrôler l’expression
de ses gènes.
Les aliments que nous consommons peuvent favoriser ou, au contraire,
diminuer l’inflammation. Ils peuvent augmenter ou amoindrir la capacité de
notre corps à se débarrasser des déchets et à créer des antioxydants. Et, dans
la mesure où les aliments ont une influence sur la structure et le
fonctionnement de notre cerveau, ils peuvent soit nous aider à garder les
pieds sur terre, soit favoriser la peur, l’inquiétude ou l’impulsivité. Et là où
la science devient véritablement fascinante, c’est lorsqu’elle nous apprend
que la nourriture est peut-être l’outil le plus puissant que nous ayons à notre
disposition pour changer la manière dont nous nous comportons et dont
nous pensons.
Si l’agriculture d’aujourd’hui met à notre disposition des aliments bons
pour nous, elle produit aussi beaucoup d’aliments transformés, ce qui
explique que l’alimentation aux États-Unis et dans les pays occidentaux en
général soit riche en glucides raffinés qui favorisent l’inflammation et
l’apparition de certaines maladies. D’où une mise en péril de notre capacité
à avoir accès à nos fonctions cognitives supérieures et à nous en servir.
On vous a certainement déjà dit qu’une alimentation riche en glucides
raffinés favorise une augmentation du taux de glucose dans le sang (si vous
êtes diabétique, vous savez pertinemment de quoi nous parlons). Or si on a
établi, sans l’ombre d’un doute, une corrélation entre une glycémie élevée
et toutes les maladies dégénératives chroniques, nombre d’études ont
également prouvé qu’une glycémie légèrement supérieure à la normale
augmente les risques d’atrophie du cerveau, voire de démence. Un rapport
publié récemment dans le Journal of Alzheimer’s Disease montre une
relation de cause à effet entre un taux de glucose dans le sang supérieur à la
normale et cinq fois plus de risques de développer une démence14. Mais
comment une glycémie élevée peut-elle menacer le cerveau ? La réponse
tient en un mot : inflammation.
Agriculture moderne + aliments transformés = problème majeur. Les
glucides raffinés, notamment le sucre, augmentent l’apport calorique. Si
l’on considère le budget que nous consacrons à notre alimentation, on
s’aperçoit qu’en trente ans, nous avons presque doublé la part attribuée
aux aliments transformés et aux sucreries (11,6 % contre 22,9 %)15. Comme
aiment le dire des chercheurs de l’université Tufts, prescrire des fruits et
des légumes aurait permis d’économiser 100 milliards de dollars sur les
dépenses de santé aux États-Unis16.
Nos enfants sont influencés afin qu’ils choisissent des aliments qui créent
une dépendance et sont mauvais pour la santé, avec un impact sur leur
cerveau et sur leur corps, et ce, pour le restant de leur vie. Autrement dit,
tout ce qu’il faut pour qu’un jour ou l’autre ils souffrent du syndrome de
déconnexion.
En grandissant, il est de plus en plus difficile pour cette population, ciblée
dès la petite enfance, de se prémunir des conséquences désastreuses de ces
mauvais choix alimentaires. Difficile notamment d’échapper à l’obésité. Or,
souvenez-vous, l’obésité est intimement liée à une impulsivité accrue et à
une inflammation chronique. On devient accro petit et on est malade toute
sa vie.
Les entreprises font en sorte qu’un aliment fasse naître une émotion – par
exemple, une sensation de bonheur – et soit connecté à un concept – le
plaisir ou le sexe – dans le seul et unique but d’influencer nos habitudes
d’achat. Pour preuve, selon une étude récente menée conjointement par des
chercheurs de l’université de New York, de Harvard, de l’université de
Pennsylvanie, de l’université privée Duke et de l’université de Cincinnati,
76 % des aliments faisant l’objet de spots publicitaires durant un événement
sportif sont mauvais pour la santé24. Le Dr Marie Bragg, principale auteure
de l’article, a également passé en revue les produits dont les sportifs de haut
niveau font la publicité. Avec son équipe, elle a découvert qu’en grande
majorité, ces célébrités ont tendance à promouvoir des aliments de
mauvaise qualité nutritionnelle, 79 % de ces produits étant des aliments
riches en calories et pauvres en nutriments. Pire encore, presque toutes les
calories présentes dans les boissons qu’elles préconisent sont purement et
simplement du sucre ajouté. Or ces célébrités sont de véritables modèles
pour la jeunesse. Pour le Dr Bragg, il n’y a aucune différence entre les
industries agroalimentaires qui, aujourd’hui, sponsorisent les athlètes et les
stratégies mises en place dans le passé par l’industrie du tabac.
Quel est le lien entre la nourriture et la dépression ? Une fois encore, c’est
l’inflammation qui est pointée du doigt.
La première chose qui vous vient à l’esprit lorsqu’on vous parle de
dépression, c’est probablement un déséquilibre entre différentes substances
chimiques présentes dans l’organisme. C’est en tout cas ce que l’on
enseigne encore dans les facultés de médecine. Or cette explication quelque
peu simpliste n’est absolument pas confirmée par la documentation
scientifique. La dépression est une maladie mentale complexe, avec une
multitude de facteurs qui entrent en jeu. Par exemple, si l’on se fie à une
étude récente, la dépression est un trouble inflammatoire, les marqueurs
biologiques de l’inflammation, habituellement élevés chez les sujets
souffrant de troubles cardiaques, ayant été identifiés chez les personnes
dépressives. Or nous commençons tout juste à comprendre pourquoi, grâce
aux progrès technologiques et à plusieurs études longitudinales. Des taux
élevés des marqueurs biologiques de l’inflammation vont de pair avec un
risque accru de développer une dépression. En outre, plus élevés sont ces
taux, notamment le taux de la protéine C-réactive (CRP), plus grave est la
dépression. En 2013, une méta-analyse ayant pour objectif de valider ce qui
n’était qu’une hypothèse a confirmé la corrélation entre l’inflammation et la
dépression36. C’est pourquoi plusieurs études sont actuellement menées afin
de déterminer si la dépression peut être traitée par des médicaments anti-
inflammatoires – ce qui montre bien que la dépression entre dans la même
catégorie que les autres troubles inflammatoires, notamment le diabète, la
sclérose en plaques, la maladie d’Alzheimer et l’obésité. En effet, si
chacune de ces pathologies est bien spécifique, toutes ont un dénominateur
commun : une inflammation galopante.
Tout ce qui favorise une inflammation chronique, systémique, augmente le
risque de voir apparaître une dépression, qui ne fera qu’empirer au fil du
temps. Et vous savez quelle substance est mise sur le banc des accusés ? Le
sucre. En effet, la littérature scientifique met clairement en avant un lien de
cause à effet entre la consommation de sucre et la dépression. Une étude
datant de 2002 a révélé « une corrélation claire et nette entre la
consommation de sucre et la dépression37 ». En 2018, une étude portant sur
15 000 adultes a, quant à elle, montré que consommer du sucre en grande
quantité augmentait de 35 % le risque de devenir dépressif38. Mais le sucre
n’est pas le seul coupable : les glucides raffinés ont également leur part de
responsabilité. Pour preuve, une étude de 2015 a mis en évidence un risque
accru de dépression chez les femmes ménopausées dont l’alimentation était
riche en glucides raffinés qui se digèrent rapidement39.
Le régime méditerranéen donne des résultats diamétralement opposés.
Faible en glucides et riche en huile d’olive, en fruits à coque et en graines,
cette alimentation diminue de 32 % les risques de dépression.
Les bactéries qui peuplent vos intestins jouent également un rôle dans la
stabilité de l’humeur et des émotions. Si ce lien suscite encore l’intérêt de
nombreux chercheurs, une multitude de travaux ont d’ores et déjà mis en
évidence une importante voie de communication à double sens entre le
cerveau et le système digestif. Concrètement, le cerveau reçoit des
informations sur ce qui se passe dans les intestins, auxquels il envoie
ensuite des informations afin qu’ils fonctionnent de manière optimale. C’est
ce va-et-vient d’informations qui vous permet, en partie, de contrôler la
manière dont vous mangez mais aussi la digestion des aliments consommés.
Les intestins envoient également des messages hormonaux qui déclenchent
dans le cerveau les sensations de satiété, de faim et même de douleur en cas
d’inflammation intestinale.
Nous autres, médecins, observons très nettement le lien entre les intestins,
l’humeur et les émotions dans les maladies qui ont pour cible les intestins.
Certaines pathologies telles que la maladie cœliaque, le syndrome de
l’intestin irritable ou les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
(MICI) ont un fort impact sur le bien-être des malades : changements
observés sur les émotions, le sommeil, l’énergie avec des hauts et des bas,
voire le mode de pensée. Et même si vous ne souffrez pas de l’une ou
l’autre de ces maladies, sachez que vos intestins influent sur votre santé
mentale.
Les intestins sont une barrière naturelle qui protège de l’inflammation.
Apporter des bactéries dites bienfaitrices à vos intestins supprime
l’inflammation et protège la paroi intestinale. Or lorsque l’inflammation est
importante et favorise une dépression ainsi qu’une perte de contrôle du
cortex préfrontal, cet apport est souvent négligé. Au risque de nous répéter :
ce que nous mangeons et ce que nous ressentons – en tenant compte de
notre vécu et du monde dans lequel nous vivons – est grandement
influencé par la santé de nos intestins, qui dépend, nous le savons, des
aliments que nous consommons.
LA SÉROTONINE, NEUROTRANSMETTEUR
DE LA JOIE
Lorsqu’on parle de l’humeur et de la dépression, l’hormone qui est toujours
au cœur de la discussion est la sérotonine. Nous savons que la sérotonine
est impliquée dans la régulation de l’humeur, et nombre d’antidépresseurs
sont supposés, en partie, faire augmenter le taux de sérotonine dans le
cerveau. La sérotonine, qui participe à différentes fonctions dans
l’organisme, semble également jouer un rôle dans d’autres troubles
cérébraux et mentaux, y compris les troubles de l’anxiété, les troubles
obsessionnels compulsifs (TOC), le syndrome de stress post-traumatique
(PTSD, pour post-traumatic stress disorder), les phobies, voire l’épilepsie.
La sérotonine est aussi impliquée dans l’appétit, la digestion, le capital
osseux, l’activité sexuelle, le sommeil et même les expériences
psychédéliques. Comme nous l’avons vu, les bactéries intestinales jouent un
rôle dans la sécrétion de la sérotonine. La majorité de la sérotonine fournie
par l’organisme – environ 90 % – est produite dans la paroi de l’estomac et
des intestins, alors que 9 % de la sérotonine contenue dans les plaquettes
jouent un rôle dans la coagulation sanguine. Ce qui signifie que seulement
1 % de la sérotonine présente dans le corps humain se trouve dans le
cerveau ! Mais ne vous méprenez pas sur cette répartition et sachez que la
sérotonine est extrêmement importante pour le fonctionnement cognitif.
Dans le cerveau, on compte a minima 14 récepteurs différents activés par la
sérotonine, chacun d’eux ayant une activité spécifique. Le récepteur
sérotoninergique 1A est, à ce jour, celui qui a été le plus étudié par les
chercheurs. On sait notamment qu’il est étroitement lié à certains troubles
psychiatriques, et tout particulièrement à l’anxiété et à la dépression. C’est
pourquoi le traitement de ces pathologies repose, entre autres, sur la
buspirone (anxiolytique) et la vilazodone (antidépresseur), qui activent ce
récepteur.
Typiquement, les récepteurs chimiques sont moins sensibles aux
stimulations répétées et, de ce fait, requièrent des taux de plus en plus
élevés de stimulants afin d’être efficaces – un processus que nous
connaissons bien avec le récepteur de l’insuline. Des taux d’insuline
constamment élevés diminuent la fonctionnalité du récepteur de l’insuline
et favorisent, de ce fait, l’apparition d’un diabète de type 2.
Un phénomène que l’on observe également avec le récepteur de la
dopamine, ce qui explique pourquoi, pour avoir suffisamment de dopamine,
les doses de stimulants administrées sont, au fil du temps, de plus en plus
élevées. Pour ce qui est du récepteur sérotoninergique 1A, des études
complémentaires restent à faire afin que nous comprenions mieux son
action.
La sérotonine est synthétisée par le tryptophane, un acide aminé dit
essentiel, c’est-à-dire un acide aminé qui n’est pas naturellement fabriqué
par l’organisme. Tout le tryptophane présent dans notre corps est donc
fourni par notre alimentation, ce qui laisse supposer qu’il existe une
corrélation entre l’alimentation et l’humeur. Par conséquent, même si cela
reste à confirmer par des études de grande ampleur, tout nous pousse à
croire qu’une alimentation riche en tryptophane a un effet bénéfique sur
l’humeur et diminue le taux de cortisol libéré suite à un stress aigu.
Graines de sésame
Graines de tournesol
Graines de lin
Pistaches
Noix de cajou
Mozzarella
Agneau
Bœuf
Dinde
Épinards
Poulet
Thon
Crabe
Flocons d’avoine
Lentilles
Œufs
Lorsque des substances inflammatoires circulent en quantité importante
dans l’organisme, le processus par lequel le tryptophane synthétise la
sérotonine est stoppé, car l’inflammation interfère avec la production de
sérotonine, tout comme le stress et un taux de cortisol supérieur à la
normale. Le tryptophane n’assumant plus son rôle de précurseur de la
sérotonine, l’organisme produit une substance appelée kynurénine. Or on
sait depuis peu que la production de kynurénine joue un rôle majeur dans la
relation entre l’inflammation et la dépression40, ce qui pourrait expliquer la
forte corrélation entre certains troubles inflammatoires – syndrome
métabolique ou syndrome X, diabète et obésité – et un risque accru de
développer une dépression, un stress chronique et certains troubles
mentaux.
Les informations qui vous ont été détaillées dans ce chapitre montrent que
minimiser l’inflammation grâce à l’alimentation est un outil important dans
la reconnexion avec le cortex préfrontal. Alors faites le vide sur votre table
et n’y mettez que des aliments naturels aux effets les plus bénéfiques pour
vos fonctions cognitives et la bonne santé de votre cerveau !
Le protocole alimentaire que nous vous proposons sous la forme d’un
programme s’étalant sur 10 jours (voir ici) repose sur des recettes (voir ici)
qui rendent hommage à nos racines ancestrales, notre génome, notre
microbiome et aux aliments complets riches en nutriments d’origines
diverses dont notre organisme a besoin. L’objectif de ce programme est de
vous aider à consommer moins de glucides raffinés et de sucres ajoutés –
afin d’obliger votre organisme à brûler les graisses – tout en augmentant
votre consommation de bonnes graisses et en ayant recours à des
compléments alimentaires spécifiques. Parallèlement, nous vous
encouragerons à « manger à certaines heures de la journée » (nous
reviendrons plus en détail sur ce point) et à faire au moins un repas par jour
à base uniquement d’aliments d’origine végétale, ce qui aura pour
conséquences, d’une part, de diminuer l’apport en aliments pro-
inflammatoires et, d’autre part, de contribuer à la préservation de la planète.
DOUX RÊVES
S’IL EST UNE HABITUDE À LAQUELLE
ON DOIT DEVENIR ACCRO,
C’EST BIEN CELLE-CI
« Le sommeil est la chaîne en or qui lie la santé et notre corps ensemble. »
Thomas Dekker,
dramaturge sous le règne d’Élisabeth Ire d’Angleterre
Thomas Dekker avait raison : le sommeil contribue à ce que notre corps soit
durablement en bonne santé. Une idée que partageait William Shakespeare,
qui, un jour, vanta les bienfaits du sommeil qui rassemble ce qui nous
échappe et guérit notre cerveau. Ces deux auteurs avaient vu juste plusieurs
siècles avant que nous sachions précisément ce qui se passe durant la nuit et
que nous comprenions pourquoi dormir est aussi important.
Avez-vous bien ou mal dormi la nuit dernière ? Avez-vous dormi d’une
traite ? Avez-vous rêvé ? Vous souvenez-vous de la dernière fois que vous
avez ouvert les yeux le matin avant même que le réveil sonne et que vous
vous êtes senti parfaitement reposé ? Si vous pensez ne pas être un bon
dormeur, pas de panique, vous n’êtes pas le seul dans ce cas. Pas moins
d’un tiers des adultes américains dorment moins que les 7 heures par nuit
recommandées pour une bonne récupération. Même constat pour la
population française (source : Bulletin épidémiologiste hebdomadaire ou
BEH). Ce qui, vous le reconnaîtrez, fait pas mal de monde. Plusieurs
dizaines de millions d’entre nous sont concernés. Un déficit international
qui mérite toute notre considération.
Notre attention consciente étant sans cesse mise à rude épreuve, rien
d’étonnant à ce que nous ayons à mener un véritable combat pour avoir un
sommeil de qualité, et ce, de manière régulière. Les écrans d’une multitude
d’appareils numériques illuminent nos foyers bien longtemps après que la
nuit est tombée, et au lieu d’ouvrir les yeux sous la lumière naturelle du
soleil, nous sommes réveillés par les écrans LED de nos réveils ou de nos
smartphones. Notre rythme circadien est soumis à toutes sortes d’agressions
qui se traduisent par une fatigue et des effets délétères sur notre santé. Nous
autres, médecins, savons parfaitement ce que veut dire manquer de
sommeil. Les internes et les praticiens se vantent tous d’être capables de
travailler plus de 24 heures d’affilée et de tenir grâce à la caféine et à des
siestes réparatrices. Nous affichons avec fierté ce manque de sommeil, qui,
il faut le savoir, favorise l’apparition d’une multitude de troubles : troubles
de la mémoire, troubles de l’humeur, pathologies diverses – diabète,
surpoids, démence –, voire un décès prématuré. Mais ce n’est pas tout.
Comme nous allons le voir dans ce chapitre, manquer de sommeil
réparateur a des conséquences désastreuses sur les connexions au niveau du
cortex préfrontal.
Du point de vue scientifique, nous comprenons aujourd’hui combien le
sommeil est important. Des expérimentations faites en laboratoire mais
aussi des études cliniques ont montré que pratiquement tous les systèmes
physiologiques et tous les organes – et tout particulièrement le cerveau1 –
sont directement affectés par la qualité et la quantité de sommeil propres à
chacun d’entre nous. Le sommeil a un impact sur la quantité de nourriture
que nous mangeons au quotidien, sur les aliments que nous consommons et
sur la vitesse à laquelle notre métabolisme fonctionne. Le sommeil est
impliqué dans nombre de processus : le fait que nous grossissions ou
maigrissions ; la manière dont notre organisme lutte contre les infections ;
le fait que nous soyons plus ou moins créatifs et perspicaces ; la façon dont
nous gérons un stress ; la rapidité avec laquelle nous traitons des
informations et apprenons des choses nouvelles ; la manière dont nous
organisons et stockons nos souvenirs. La plupart des individus ne réalisent
pas à quel point leur rythme biologique est ancré dans leurs habitudes de
sommeil et contrôlé par leur esprit. Le cycle naturel jour/nuit du corps – ce
que l’on appelle le rythme circadien – est primordial dans le sens où c’est
lui qui commande toutes nos fonctions biologiques, y compris les sécrétions
hormonales et notre microbiome. En effet, les bactéries qui peuplent nos
intestins savent si nous sommes le jour ou la nuit et ont un impact sur la
qualité de notre sommeil.
Comme les choix que nous faisons lorsqu’il s’agit de nous nourrir, dormir
suffisamment – ce qui, pour la majorité d’entre nous, signifie dormir au
minimum 7 heures d’affilée – a un impact direct sur l’expression de notre
ADN. Début 2013, en Angleterre, des chercheurs ont découvert qu’un
déficit en sommeil d’une semaine modifiait la fonction de 711 gènes, y
compris des gènes impliqués dans la gestion du stress, l’inflammation,
l’immunité et le métabolisme2. Or tout ce qui a un effet négatif sur ces
fonctions biologiques de la plus haute importance a des répercussions sur le
cerveau. Précisons que, dans la mesure où nous sommes totalement
dépendants de ces gènes dès lors qu’il s’agit de produire la quantité de
protéines nécessaires pour remplacer ou réparer les tissus endommagés, il
est capital que ces gènes fonctionnent comme il se doit. Si nous pouvons ne
pas nous apercevoir des effets secondaires d’un sommeil de mauvaise
qualité au niveau génétique, a contrario nous ne pouvons ignorer d’autres
conséquences délétères : confusion mentale, perte de mémoire, idées peu
claires, faible immunité, obésité, maladies cardiovasculaires, diabète et
dépression, soit autant de troubles intimement liés au cerveau.
Les troubles du sommeil jouent un rôle capital dans les comportements
addictifs, les émotions négatives, les troubles de la mémoire et la prise de
mauvaises décisions. Ils ont un impact négatif sur notre santé et nous
empêchent d’utiliser nos fonctions cognitives supérieures. A contrario, un
sommeil de bonne qualité est l’un des outils les plus précieux, même si,
souvent, nous n’en avons pas conscience, permettant d’échapper au
syndrome de déconnexion. Un sommeil de bonne qualité est l’un des
moyens les plus simples et les plus naturels de stimuler le cortex préfrontal,
et ce, sans débourser le moindre centime !
Le sommeil et surtout la raison pour laquelle nous devons dormir étaient, il
y a encore peu de temps, un mystère. Or lorsque nous ignorions à quel point
le sommeil était important, nous pouvions aisément considérer que c’était
un luxe dont nous pouvions nous passer. Aujourd’hui encore, nombre de
personnes persistent à dire qu’elles n’ont besoin de dormir que quelques
heures alors qu’il est de plus en plus clair qu’elles se fourvoient totalement.
Et malgré ce que nous apprend la science, nous croyons dur comme fer que
dormir peu nous permet de faire plus de choses et donc d’optimiser notre
productivité. Nous sommes formatés pour courir dans tous les sens, pour
nous lever tôt et être actifs jusque tard dans la nuit. Ce faisant, nous avons
tout simplement relégué le sommeil au second plan.
Une fois que vous aurez compris la façon dont votre sommeil vous affecte,
vous et vos fonctions biologiques, nous espérons que vous ferez du
sommeil l’une de vos priorités. (Sachez toutefois que nous n’allons pas
nous plonger dans la science du sommeil et étudier en détail ses différents
cycles et son « architecture » tout au long de la nuit, car ce n’est pas là
l’objectif de ce livre. Si le sujet vous intéresse et que vous voulez en savoir
plus, nous vous encourageons vivement à lire l’ouvrage du Dr Matthew
Walker intitulé Pourquoi nous dormons. Le pouvoir du sommeil et des
rêves3 (La Découverte, 2018).
SOMMEIL ET ADDICTION
Vu ce que nous venons de découvrir quant aux effets du sommeil sur le
cerveau, vous comprendrez aisément que le manque de sommeil peut
augmenter les risques d’addiction, une hypothèse confirmée par nombre de
données scientifiques. Dans un article datant de 2010, des chercheurs ont
présenté leurs conclusions quant à la relation entre les troubles du sommeil
et une récidive chez les personnes toxicomanes et/ou alcooliques : « Les
troubles du sommeil sont un facteur de risque de rechute avéré22. » Ce qui
tombe sous le sens lorsqu’on sait que l’impulsivité augmente dès lors que le
sommeil est perturbé. Si vous n’êtes accro ni à une drogue, ni à des
médicaments, ni à l’alcool, mais que vous vous battez pour ne plus
consommer tous ces aliments et ces boissons néfastes pour la santé, ou
même pour ne plus être accro aux réseaux sociaux, sachez que le manque
de sommeil peut vous rendre les choses plus difficiles encore.
Cela dit, avaler une pilule pour dormir est un leurre. Et si vous avez
l’impression que grâce à un somnifère vous dormez plus ou êtes mieux
reposé, sachez qu’aucun de ces produits en vente libre ou sur ordonnance ne
favorise un sommeil naturel. Qui plus est, sédation et sommeil sont deux
choses totalement différentes.
Bien entendu, avoir recours sur une courte période à un somnifère – à
condition, évidemment, qu’il soit prescrit par un médecin – peut être
bénéfique, tout comme la prise de compléments alimentaires favorisant le
sommeil (mélatonine ou racine de valériane, la valériane étant une plante
aux propriétés relaxantes). En revanche, sur le long terme, rien de mieux
que la mise en place d’une stratégie naturelle sans pilules.
La luminothérapie :
oui, mais au moment opportun
Si vous décidez de moins vous exposer à la lumière bleue le soir avant d’aller au lit – soit en
passant moins de temps devant un écran, soit en mettant tous les appareils électroniques ailleurs
que dans votre chambre (ou en portant des lunettes anti-lumière bleue, si vous êtes obligé d’être
devant un écran) –, sachez que la lumière naturelle du soleil (qui contient de la lumière bleue)
du matin est bénéfique. En effet, la lumière du soleil, en traversant vos yeux pour aller jusqu’au
noyau suprachiasmatique (NSC), minuscule partie du cerveau responsable du contrôle des
rythmes circadiens, contribue à la réinitialisation de votre horloge biologique.
Le point positif, c’est que plusieurs sociétés sont en train de développer des
technologies afin de minimiser les dommages sur la santé dus à l’exposition
à la lumière durant la nuit. Par exemple, nombre d’appareils électroniques
ont un mode nuit qui diminue l’émission de lumière bleue. Par ailleurs, une
étude menée en 2018 a montré que le port de lunettes aux verres orangés
qui filtrent la lumière bleue au lieu de verres placebo classiques semble
améliorer la qualité du sommeil33. D’autres données laissent à penser que
l’effet négatif de la lumière avant d’aller au lit peut être minimisé par une
exposition à la lumière naturelle du matin34.
Dans le programme de 10 jours que nous avons mis en place pour vous,
vous trouverez tous les outils nécessaires pour gérer au mieux l’exposition à
la lumière durant la nuit. Nous vous donnerons également une multitude de
petits trucs, ainsi que des outils essentiels, pour vous aider à améliorer,
voire résoudre certains troubles liés au sommeil tels que l’apnée du
sommeil. Cette maladie fréquente, qui se manifeste par des arrêts
involontaires de la respiration qui perturbent le cycle du sommeil, peut être
traitée. Un taux élevé de glucose dans le sang peut également expliquer
certains troubles du sommeil. Grâce à notre protocole, vous apprendrez à
contrôler votre glycémie, un point déterminant pour votre santé.
Pour conclure, gardez à l’esprit qu’un sommeil de bonne qualité est
essentiel pour que votre cerveau soit en bonne santé et que vous soyez
heureux. Alors n’attendez plus et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour
avoir un sommeil réparateur.
CHAPITRE 9
Hippocrate
Ce n’est un secret pour personne. Nous savons toutes et tous que nous
devrions faire plus d’exercice physique. Nous savons que se dépenser
physiquement permet de mieux contrôler son poids, tonifie les muscles et
les os, diminue les risques de développer une maladie, améliore la
confiance en soi et le regard que l’on porte sur la vie. Autant de bienfaits
qui pendant longtemps ont fait les gros titres.
En revanche, ce que les médias ne disent pas assez souvent, c’est que les
exercices physiques favorisent les connexions cérébrales et
restructurent le cerveau avec des effets positifs sur les fonctions
exécutives et cognitives supérieures. Rares sont les personnes qui sont
conscientes du rôle joué par l’activité physique dans notre manière de
penser, de nous comporter, de prendre des décisions et de communiquer
avec les autres, et il est grand temps que ça change !
Nous pensions avoir compris la raison pour laquelle notre corps et, plus
précisément, notre esprit avaient besoin que nous pratiquions une activité
physique pour aller le mieux possible. Or des études récentes ont mis en
évidence certaines de nos lacunes. Dans ce chapitre, nous vous
expliquerons comment le fait de bouger participe à la remise en état des
circuits cognitifs afin que vous soyez heureux et en bonne santé le plus
longtemps possible. L’exercice physique, et le fait de bouger en général, est
l’un des préceptes sur lesquels repose le programme que nous avons
élaboré, car, tout comme le sommeil et l’alimentation, l’activité physique a
un impact direct sur l’expression de notre ADN et rétablit les connexions
avec le cortex préfrontal.
Pendant des millénaires, les exercices physiques et le mouvement ont fait
partie intégrante de la vie quotidienne. Pour se nourrir, les chasseurs-
cueilleurs n’avaient d’autre choix que de cueillir des fruits et des baies et de
chasser et, pour ce faire, ils étaient obligés de marcher. Plus nous bougeons,
plus notre cerveau est en bonne santé – et plus il est gros – et mieux nous
vivons en communauté, partageons les ressources et dépendons les uns des
autres dans des structures sociales complexes.
Autrefois, les chercheurs évolutionnistes aimaient faire le parallèle entre les
aptitudes de cueilleurs et de chasseurs de nos ancêtres et notre capacité à
tisser des liens sociaux complexes, ces deux compétences reposant sur des
modes de pensée élaborés. Or, aujourd’hui, les scientifiques vont plus loin
en laissant entendre que l’activité physique en elle-même peut façonner
notre cerveau pour qu’il devienne une machine pensante élaborée. Les
anthropologues ont étudié chez les animaux la relation entre la taille de leur
cerveau et leurs capacités d’endurance1. Ces études, qui ont porté sur des
espèces aussi différentes que les cochons d’Inde, les souris, les loups et les
moutons, ont toutes montré que les animaux qui, naturellement, avaient la
plus grande capacité d’endurance avaient un cerveau particulièrement
volumineux par rapport à la taille de leur corps. Les chercheurs se sont
ensuite intéressés à des souris et à des rats qui avaient été élevés dans le
seul but de courir et de grimper, les rongeurs parcourant plusieurs
kilomètres chaque jour. Ils ont alors découvert que les taux de BDNF et
autres substances qui favorisent la croissance des tissus et une bonne santé
étaient plus élevés chez ces animaux. Ils en ont conclu que c’était l’activité
physique qui, probablement, faisait que ces rongeurs avaient une
intelligence plus développée que la normale, qu’ils étaient plus vifs d’esprit
et dotés d’un cerveau plus gros, aux nombreuses circonvolutions, avec des
connexions plus élaborées.
Le cortex préfrontal, qui, chez les humains, est exceptionnellement
complexe et étonnamment gros – et, par-delà, notre capacité à éprouver
de l’empathie et de l’amour, à avoir des intentions conscientes et
réfléchies, à ressentir de la compassion et à exister en tant qu’êtres
vivants très performants – pourrait en grande partie être la
conséquence de nos prouesses physiques.
Une hypothèse qui nous pousse à nous poser la question suivante : que se
passe-t-il lorsque nous devenons sédentaires ? Des études ont montré que le
cortex préfrontal est tout particulièrement activé lors d’un exercice
physique2. Renoncer à pratiquer une activité physique revient à renoncer
aux bienfaits d’un cortex préfrontal développé, avec le risque de devenir
égocentriques, instables sur le plan émotionnel, solitaires, anxieux et
déprimés. Autrement dit, être moins bien physiquement et mentalement,
avec un risque accru de développer un syndrome de déconnexion.
Même si nous avons délaissé les plaines d’Afrique pour vivre dans de
grandes villes industrielles, notre corps a aujourd’hui les mêmes besoins
que jadis. Pour que notre cerveau fonctionne comme il se doit, nous devons
pratiquer régulièrement une activité physique, et ce, à tout âge. Le simple
fait de bouger votre corps a plus de conséquences bénéfiques sur votre
cerveau que faire des mots croisés, résoudre une équation mathématique ou
lire un roman policier. Toutes les études – les plus récentes comme celles
qui remontent à plusieurs décennies – montrent que les exercices physiques
améliorent les fonctions cérébrales, les fonctions cognitives et la
neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à créer de nouvelles
connexions et à se réorganiser. Pratiquer une activité physique serait en
quelque sorte un kit de premier secours pour les cellules cérébrales lésées,
ce qu’aucun médicament n’est capable de faire à l’heure actuelle. Qui plus
est, l’activité physique diminue l’inflammation3, la résistance à l’insuline4,
et lorsqu’elle est pratiquée à une intensité modérée et bien équilibrée, elle
permet de contrôler le taux de cortisol5 (ce qui ne sera pas votre cas si vous
comptez participer au prochain triathlon Ironman… mais c’est une autre
histoire). En d’autres termes, pratiquer une activité physique a des effets
positifs qui permettent au cortex préfrontal de moduler la réponse de
l’amygdale lorsqu’elle reçoit des données sensorielles. En résumé, pratiquer
une activité physique permet de restaurer des connexions importantes dans
le cerveau.
Nous n’avons plus besoin, aujourd’hui, de chercher dans les forêts de quoi
nous nourrir ou de migrer vers des pâtures plus verdoyantes. Désormais,
notre corps est bien calé sur un siège devant notre ordinateur, dans une
chaise longue ou sur un sofa douillet ; les stresseurs qui activent le
métabolisme et les efforts physiques qui aidaient nos ancêtres à rester en
bonne santé ont disparu. La technologie moderne nous a accordé le
privilège de mener une existence sédentaire dans une relative solitude.
Pratiquement tout ce dont nous avons besoin aujourd’hui est à notre portée,
sans que nous ayons beaucoup d’efforts à faire et parfois même sans que
nous ayons besoin de sortir de notre lit. Nous avons du mal à pratiquer
autant d’activité physique qu’il le faudrait pour être en bonne santé, et, à
tout bien réfléchir, rien d’étonnant à ce que nous éprouvions une réelle
aversion pour les exercices physiques. En effet, comme le stipule le
biologiste évolutionniste Daniel Lieberman de l’université de Harvard :
« […] les hommes ont évolué afin de s’adapter à des quantités régulières et
modérées d’une activité physique d’endurance jusqu’à un âge avancé. »
Mais « les hommes ont aussi été sélectionnés pour éviter tout effort
inutile6 ». Le corps humain est naturellement conçu pour répondre à une
activité physique régulière, mais le système qui permet de conserver
l’énergie est, quant à lui, conçu de manière à stocker les calories. Un
phénomène connu sous le nom de paradoxe de l’exercice. Nous sommes
simultanément programmés pour bouger et pour éviter de dépenser
inutilement notre énergie.
Or c’est ce paradoxe qui est à l’origine de l’énorme problème de santé que
nous connaissons aujourd’hui dans le monde entier. Rien de mieux que de
pratiquer une activité physique pour régénérer le cerveau, le développer,
voire éventuellement endiguer la vague de maladies neurodégénératives et
de troubles de l’humeur qui déferle sur nombre d’individus.
Nous pourrions écrire plusieurs centaines de pages sur les bienfaits d’une
activité physique, mais nous avons préféré nous concentrer sur les effets les
moins connus des exercices physiques sur le corps.
TROUVER LA MOTIVATION
Que faire si vous détestez faire du sport ? Comment faire pour que vous
commenciez à bouger ? Il n’y a pas de solution miracle et c’est à chacun
d’entre vous de trouver la motivation qui lui fera quitter son canapé. Ci-
après des petites astuces susceptibles de vous venir en aide :
• Demandez à un(e) ami(e) de vous aider et programmez des séances
ensemble (ex. : aller marcher, s’inscrire à un cours). Cette solution
est, en quelque sorte, un double traitement – vous pratiquerez une
activité physique et vous avez la possibilité de communiquer avec
quelqu’un –, voire triple, car si, par chance, vous pratiquez une
activité en plein air, vous vous reconnectez à la nature.
• Inscrivez-vous à un programme en ligne ou utilisez une application
qui vous permettra d’enregistrer toute activité physique pratiquée.
• Le soir, mettez votre tenue de sport au pied de votre lit avec pour
objectif de pratiquer une activité physique dès que vous vous lèverez.
• Définissez plusieurs créneaux dans la semaine et notez-les noir sur
blanc dans votre agenda. Et, surtout, n’y dérogez pas. Vous ne
trouverez jamais le temps de pratiquer une activité physique si vous
n’en vous libérez pas pour cela.
• Ayez recours à une supplémentation en vitamine D (voir dans le
programme que nous vous proposons). Il est scientifiquement prouvé
qu’un apport en vitamine D peut augmenter les performances
physiques et éviter que vous baissiez les bras et laissiez tout tomber28.
Dans le programme que nous vous proposons, nous vous donnerons
d’autres astuces pour vous venir en aide. D’ores et déjà, sachez qu’il ne faut
jamais mettre la barre trop haut. Mieux vaut commencer doucement et
progresser. Toutes les études montrent qu’il n’est pas indispensable d’être
un champion de CrossFit ou un ultramarathonien pour profiter des bienfaits
d’une activité physique. Comme nous vous l’avons dit précédemment,
quitter votre chaise pendant deux minutes toutes les heures est déjà une
bonne chose !
Si seul un nombre restreint d’études montre que lever des haltères a des
bienfaits sur les fonctions cognitives des personnes âgées, des études plus
nombreuses et toutes les expérimentations menées sur des animaux
prouvent les effets bénéfiques de la course à pied et autres activités
aérobies, telles que la natation, la bicyclette, la marche et la marche rapide,
à raison de 20 minutes minimum par séance, cinq fois par semaine.
Nous avons bien conscience que faire des exercices physiques n’est pas,
pour la majorité d’entre vous, une priorité, mais nous espérons que les
preuves scientifiques que nous venons de vous livrer vous encourageront à
réfléchir à la question et à revoir votre emploi du temps en fonction. Pour
un maximum de bienfaits, optez pour une activité physique qui inclut du
cardio, du renforcement musculaire et des étirements. Le renforcement
musculaire et les étirements sont indispensables pour éviter les blessures et
tenir sur la longueur.
Si vous ne pratiquez aucune activité physique de manière régulière, il est
temps de vous y mettre. Si vous le faites déjà, essayez d’allonger et
d’intensifier les séances ou optez pour une autre activité.
Ayez toujours à l’esprit qu’un corps qui bouge bougera toujours. Or lorsque
vous bougez, d’autres effets biologiques apparaissent : moins
d’inflammation, moins de stress et moins de cortisol ; une glycémie mieux
contrôlée, une insuline plus équilibrée et un poids mieux contrôlé ; un
sommeil de meilleure qualité ; une amélioration de l’humeur et une
meilleure mémoire ; une plus forte sécrétion de sérotonine ; une plus grande
activation du cortex préfrontal ; plus d’empathie à l’égard des autres ; un
risque moindre de développer le syndrome de déconnexion. Bref, pratiquez
une activité physique, vous avez tout à y gagner !
CHAPITRE 10
CALME ET QUIÉTUDE
MÉDITATION DE PLEINE CONSCIENCE
« Le silence est un grand guérisseur. De temps à autre, fermez la porte au bruit qui vient
de l’extérieur et écoutez votre voix intérieure ; elle vous dira ce dont vous avez besoin. »
Auteur anonyme
LA SCIENCE DE LA TRANQUILLITÉ
Témoignage d’Austin
Lorsque j’ai commencé à méditer, tout était confus dans ma tête. M’asseoir,
fermer les yeux et considérer toute cette folle désorganisation me demandait
des efforts considérables. C’était comme si mon cerveau voulait à tout prix
détourner mon attention. C’est alors que j’ai compris que ce tumulte
intérieur n’était ni plus ni moins que le reflet de la manière dont mon esprit
voyait le monde. C’était le programme qui tournait en boucle en arrière-
plan de ma vie de tous les jours. Au fil des séances, je me suis de moins en
moins laissé distraire par des pensées intrusives et j’ai eu de plus en plus de
facilité à focaliser mon attention.
La méditation que je pratique au quotidien, dès que je me lève le matin, est
devenue un outil dont je ne pourrais plus me passer. Plus que toute autre
chose, la méditation m’aide à voir comment fonctionne mon esprit au
quotidien, à voir s’il est équilibré et concentré ou, au contraire, distrait et
maussade. Cette introspection m’aide à mieux réfléchir, à prendre les
bonnes décisions et, globalement, à avoir une meilleure qualité de vie.
Si vous ne vous sentez pas prêt à vous tourner vers la méditation, vous
pouvez dans un premier temps vous accorder un moment de répit dans un
lieu où règne le silence. Un article des plus intéressants paru en 2013 a mis
en évidence une prolifération de nouvelles cellules cérébrales dans le centre
de la mémoire – l’hippocampe – dans un environnement silencieux27. Des
souris de laboratoire ont été exposées à des bruits normaux ou à des bruits
blancs (synthèse de toutes les fréquences audio) alors que d’autres souris
étaient plongées dans le silence 2 heures par jour. Les chercheurs ont
constaté chez les souris du second groupe une augmentation des cellules
cérébrales dans l’hippocampe. Pour ce qui est de la recherche sur les
humains, une étude a montré qu’une pause durant une chanson se traduisait
par un ralentissement significatif du rythme cardiaque et une baisse
conséquente de la tension artérielle28. Si vous ne vous souvenez pas quand
vous vous êtes assis pour la dernière fois dans un lieu calme sans aucun
stimulus extérieur pour vous distraire, il est grand temps de passer à l’action
et de vous accorder une pause dans la journée. Au fil du temps, vous
réussirez sans aucun doute à pratiquer la méditation de pleine conscience ou
tout autre type de méditation.
Nous ne pouvions terminer ce chapitre sur les bienfaits de la méditation
sans insister sur le fait que les techniques de méditation, quelles qu’elles
soient, nous aident à poser un regard attentif sur nos pensées intimes et sur
la manière dont nous nous comportons. Cette introspection nous aide à
reconnaître nos pensées et nos comportements non maîtrisés et dictés
uniquement par nos émotions, et à savoir quand et pourquoi celles-ci
prennent le dessus et dictent nos actions. Cette prise de conscience, qui est
l’un des principaux objectifs que nous vous proposons d’atteindre grâce au
programme que nous avons élaboré pour vous, repose sur l’activation du
cortex préfrontal.
Comme pratiquement l’ensemble des recommandations données dans ce
livre, la méditation peut se pratiquer sans que vous ayez le moindre euro à
débourser et sans aucun matériel ni accessoire spécifiques. Si vous
imaginez devoir prendre la posture du lotus et chanter ou encore fixer votre
regard sur un support jusqu’à ce que vos yeux brûlent, vous faites erreur.
Pratiquement toutes les traditions religieuses ont leur forme de méditation,
ne serait-ce que la prière. Il existe une multitude de manières – à la portée
de tous – de pratiquer la pleine conscience ou tout autre type de méditation,
avec à la clé des résultats des plus étonnants, et ce, sans que vous soyez
contraints de passer le restant de votre vie dans une grotte. Certains
préféreront s’inscrire à des séances de méditation guidées tandis que
d’autres se contenteront de télécharger une application – Petit bambou,
Headspace ou Insight timer pour ne citer qu’elles – sur leur smartphone
pour méditer seuls chez eux. Dans un premier temps, écoutez une
méditation guidée pendant quelques minutes chaque jour, puis allongez
progressivement les séances pour arriver à 12 minutes par jour. Une
multitude de méthodes nous permettent aujourd’hui d’inclure la méditation
dans notre vie. Alors ne vous cherchez plus d’excuses ! Et si vous doutez
encore, lisez ce qui suit.
La respiration profonde
À pratiquer n’importe où, n’importe quand. Si vous n’avez jamais médité, commencez par
l’exercice ci-dessous, deux fois par jour.
Asseyez-vous confortablement sur une chaise ou à même le sol. Fermez les yeux et éliminez
toutes les tensions : dans le cou, les bras, les jambes et le dos. Inspirez par le nez le plus
longtemps possible. Vous sentez votre diaphragme et votre abdomen qui se lèvent et votre
ventre qui ressort. Avalez encore un peu d’air lorsque vous pensez que vos poumons sont
remplis. Expirez lentement en comptant jusqu’à 20 en prenant conscience de l’air qui sort de
vos poumons. Faites cet exercice au minimum cinq fois consécutives.
N’oubliez jamais que la méditation n’a rien à voir avec le fait d’accéder à
l’état d’éveil. Ce processus (et tous les défis qui vont avec) favorise
l’introspection et la connaissance. Tout au long de la journée et même
lorsque nous méditons, nous avons tous des pensées intuitives. Cela fait
partie de notre vie d’humains. Si la méditation vous semble être une
technique difficile, ne vous découragez pas. Les débuts sont toujours
difficiles, pour tout le monde !
CHAPITRE 11
Mark Twain
Vous êtes sur le point de vous lancer dans une aventure qui va transformer
votre vie et nous voulons nous assurer que vous êtes fin prêt pour faire le
premier pas. Ci-dessous quelques conseils pour que vous atteigniez vos
objectifs.
1. Soyez honnête. Pour tirer tous les bienfaits de notre programme,
vous devez faire preuve de sincérité et prendre en compte trois
éléments majeurs : votre état de santé, la place de la technologie dans
votre vie et votre alimentation. Ne vous voilez pas la face et soyez
conscient de qui vous êtes réellement, avec vos envies intempestives,
vos tendances impulsives, vos mauvaises habitudes, la gestion de vos
émotions, vos rapports avec les autres et la qualité de votre vie en
général. Même si la vie est compliquée, imprévisible, et vous lance
en permanence des défis, sachez que vous êtes tout à fait capable de
mettre en place les changements nécessaires pour avoir le corps, le
cerveau et la vie que vous souhaitez.
2. Ne baissez pas les bras. Nous n’allons pas vous mentir : c’est un
véritable défi qui vous attend, car bouleverser sa vie pour accéder au
bien-être n’est pas chose facile ! Certains aspects de notre programme
vous sembleront plus contraignants que d’autres. Même si votre vie
est déjà bien remplie, nous savons que vous trouverez l’énergie
nécessaire pour relever ce nouveau challenge. Ayez toujours à l’esprit
que les changements que vous allez mettre en place feront que vous
vous sentirez de mieux en mieux, et ce, de manière durable. Le
programme que nous vous proposons représente la liberté. Grâce à
lui, vous allez vous libérer de vos kilos superflus, de cette
inflammation et de ces douleurs chroniques qui vous pourrissent la
vie, de votre manque d’énergie, de cette solitude si difficile à
supporter, de ce sentiment d’impuissance et de cette cruelle perte de
contrôle sur votre vie. Libéré du syndrome de déconnexion qui vous
habite. Les 8 premiers jours sont un peu spécifiques, puisque chaque
jour portera sur un domaine de votre vie en particulier :
Les 9e et 10e jours, quant à eux, vous permettront d’évaluer les progrès
réalisés et de faire le point pour aller plus loin encore, jusqu’à ce que les
éléments ci-après fassent partie intégrante de votre vie quotidienne :
• Avant d’entreprendre toute activité reposant sur des accessoires
numériques, faire le test T.A.P.E. (voir chapitre 4).
• Faire une pause quotidienne de 3 à 5 minutes pour exprimer de la
bienveillance envers autrui.
• 1 fois par semaine, passer 30 minutes en pleine nature.
• Respecter les consignes alimentaires de notre programme (voir
chapitre 7).
• Suivre nos conseils pour avoir un sommeil de qualité (voir
chapitre 8).
• Faire 30 minutes d’exercice physique par jour.
• Méditer 12 minutes par jour.
• Consacrer 10 minutes aux relations avec l’entourage.
Si vous n’arrivez pas à respecter ces différents points, ce programme n’est
pas pour vous. Laissez tomber et faites une nouvelle tentative quand vous
vous sentirez prêt. Sachez également qu’il vous est possible de modifier un
tant soit peu notre programme afin qu’il corresponde au mieux à vos
besoins. Si vous avez l’impression que les choses vont trop vite, libre à
vous de ralentir le rythme. Par exemple, si pour modifier vos habitudes
alimentaires, vous avez le sentiment qu’une journée (jour 4) n’y suffit pas,
consacrez-y plus de temps. La seule chose que nous vous demandons est
d’aller au bout des choses. En cas de problème majeur, vous pouvez
également inverser certains jours (jours 1 à 8), même si, toutefois, nous
vous le déconseillons.
3. Trouvez ce qui marche pour vous. Nous avons conçu ce
programme de sorte qu’il convienne au plus grand nombre, mais il va
de soi que c’est à chacun d’entre vous d’identifier ses propres besoins
avant, pendant et après les 10 jours. Par exemple, vous n’aurez peut-
être aucun problème à diminuer le nombre d’heures consacrées à
surfer sur les réseaux sociaux pour passer plus de temps en pleine
nature, alors que consommer moins de glucides, d’aliments
ultratransformés et boire moins de boissons gazeuses sera pour vous
un véritable calvaire. C’est à vous d’identifier les points pour lesquels
vous aurez besoin d’une aide supplémentaire. Pour ce faire, nous
vous encourageons vivement à tenir un journal de bord sur lequel
vous inscrirez ce qui vous semble facile ou, au contraire, ce qui vous
pose problème. Notez tous les progrès réalisés avec le plus de détails
possible. En effet, chacune de ces informations vous permettra
ultérieurement de personnaliser le programme afin qu’il corresponde
au mieux à votre profil et réponde à vos attentes sur le long terme. Si
vous rencontrez un problème majeur, consultez notre site Internet (en
anglais) : www. BrainWashBook.com
Avant toute chose, vous devez absolument mettre des barrières entre votre
cerveau et l’influence incessante de tous les appareils numériques auxquels
vous êtes connecté. Ne vous méprenez pas ! Pas question de renoncer à tout
jamais à la technologie ; il s’agit simplement de revoir la manière dont vous
utilisez tous les accessoires numériques dont vous disposez et de trouver un
équilibre. Nul ne peut se passer de technologie, mais c’est à vous de poser
les limites afin d’avoir du temps pour autre chose et de libérer votre
cerveau. Et c’est là qu’entre en jeu le test T.A.P.E., que nous vous avons
présenté dans le chapitre 4.
Les objectifs de cette première journée :
1. Passez en revue les notifications, e-mails, etc., sur votre smartphone
et votre ordinateur, puis éliminez ceux qui ne vous sont pas
indispensables. Une bonne manière de libérer votre esprit afin de
vous consacrer à des tâches plus essentielles.
2. Passez en revue et éliminez toutes les applications sur votre
téléphone qui, à votre sens, ne sont pas nécessaires.
3. Activez l’option « Ne pas déranger » sur votre téléphone et sur votre
ordinateur.
4. À l’heure des repas, pendant une conversation importante ou lorsque
vous allez vous coucher, activez le mode « Avion ».
5. Programmez vos appareils numériques de manière qu’ils ne
perturbent pas votre sommeil. Le soir, activez le mode « Nuit » afin
de ne pas être incommodé par la lumière bleue. Si vos appareils n’ont
pas cette fonctionnalité, téléchargez une application mode « Nuit ».
6. Faites le tri dans tous les réseaux sociaux afin de ne retenir que ceux
qui sont essentiels pour vous sur les plans professionnel et privé. Si
en éliminer certains vous semble compliqué, voire impossible,
essayez de ne plus vous connecter ou de vous connecter moins
longtemps. Si, pour une raison ou une autre, vous devez rester
connecté, définissez une plage horaire pour une activité précise et n’y
dérogez pas.
7. Définissez un créneau dans la journée pour répondre à vos
messages, envoyer des SMS, lire et répondre à vos mails, et passer
vos coups de téléphone. Respectez cette plage horaire (voir ci-
dessous le test T.A.P.E.).
8. Diminuez le temps passé devant votre écran de télévision afin de
pouvoir vous adonner à d’autres occupations, comme lire – y compris
sur une liseuse –, converser avec des proches ou regarder une
émission en podcast.
9. Si vous êtes un adepte des achats en ligne, faites le tri et ne gardez
que les sites qui sont essentiels pour vous.
Réfléchir aux aspects positifs de votre vie et aux relations avec les
personnes qui vous sont chères est un exercice de pleine conscience qui
favorise la bienveillance. Or, comme l’attestent de nombreuses études, plus
on éprouve de gratitude, plus on est bienveillant. Profitez de cette deuxième
journée pour écrire cinq choses que vous appréciez et qui vous font du
bien : un repas, un échange avec un ami ou, tout simplement, le fait de vous
sentir bien. Ayez toujours un cahier, un bloc-notes ou une simple feuille de
papier, un stylo ou un crayon près de votre lit et, tous les matins ou tous les
soirs, prenez cinq minutes de votre temps pour noter cinq preuves de
bienveillance vécues durant la journée. De plus, chaque jour, ayez pour
objectif de remercier en personne quelqu’un pour ce qu’il/elle a fait, une
attitude qui vous sera bénéfique et qui fera aussi du bien à la personne
concernée. Dans la journée, prenez le temps de réfléchir à la raison qui
pousse une personne de votre entourage à ne pas partager votre point de vue
afin de la comprendre et d’éprouver de l’empathie à son égard.
Nous sommes conscients que tout le monde n’a pas la chance d’habiter à
proximité d’une forêt. Cela dit, à chacun de faire en fonction de ses
possibilités. Les chercheurs s’interrogent encore quant au temps que l’on
doit passer en pleine nature pour en tirer tous les bienfaits. En attendant une
réponse précise, nous vous recommandons de passer aujourd’hui au
minimum 30 minutes dans un jardin public ou tout autre espace à proximité
de votre domicile. Inutile de chercher trop loin, il suffit de franchir le seuil
de votre maison pour prendre un bol d’air, même si vous vivez en ville.
Profitez de toutes les occasions qui s’offrent à vous, ne serait-ce qu’en vous
rendant à pied sur le lieu de votre travail ou en rentrant le soir. Regardez le
paysage autour de vous. Surfez sur le Web ou consultez l’office du tourisme
de votre région afin de trouver les sites susceptibles de répondre au mieux à
vos attentes (promenades à pied, à bicyclette, pêche en étang, rivière, etc.)
Une fois votre choix fait, reste à savoir comment profiter au mieux des
bienfaits de la nature. Il n’y a pas de recette miracle, et c’est à chacun de
trouver ce qui lui fera le plus de bien. Ne vous fixez pas un but précis, mais
essayez d’être au plus près de la nature. Écoutez les bruits, regardez ce
qu’elle vous offre, respirez les odeurs des plantes et des fleurs autour de
vous. Faites appel à chacun de vos sens. Prenez le temps. Marchez
lentement et appréciez la diversité et la complexité de la nature, que vous
soyez sur la plage, dans un jardin public ou dans votre jardin. Observez
chaque lieu et accordez-vous une pause là où vous vous sentez le mieux.
Les bienfaits thérapeutiques de la nature sont parfaitement compatibles avec
nombre d’autres règles sur lesquelles repose notre programme. En effet, être
dans la nature permet de s’adonner à diverses activités, comme méditer,
pique-niquer avec un ami et renforcer les liens qui vous unissent, lire,
dessiner ou tenir un journal intime. Dans certains jardins publics, vous
pouvez même pratiquer le taï-chi et/ou le yoga. Quelle que soit votre
motivation, le plus important est de profiter du moment présent et d’être
réceptif à tout ce qu’offre la nature. Alors n’oubliez pas de mettre votre
téléphone portable sur silencieux ou d’activer le mode « Avion » (ou, mieux
encore, de le laisser dans votre voiture) afin de ne pas être perturbé et de
focaliser toute votre attention sur ce qui est autour de vous.
Autre conseil : achetez des plantes d’intérieur et faites entrer la nature chez
vous ou dans votre bureau. Mettez-les à un endroit où vous pourrez en
profiter tout au long de la journée. Optez de préférence pour des espèces
végétales comme les cactus, qui demandent peu d’entretien.
C’est dans la cuisine et dans votre cellier que tout commence. Passez en
revue tous les aliments que vous consommez au quotidien et débarrassez-
vous de tout ce qui est mauvais pour votre santé. Si certaines concessions
sont permises (toujours avoir quelques gâteaux secs à offrir à des amis ou
une boîte de céréales pour le petit déjeuner au cas où), c’est le moment
d’apprendre à dire « non ». Les aliments transformés, comme les glucides
raffinés, inhibent le cortex préfrontal. N’oubliez jamais que les aliments
sont des informations utilisées par votre organisme – réseaux neuronaux,
connexions cellulaires et expression génétique – et que, pour avoir les idées
claires et bien réfléchir, votre alimentation doit être de très bonne qualité.
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
Il est temps de mettre en pratique les conseils donnés dans le chapitre 7.
Essayez, tant que faire se peut, de consommer plus de produits d’origine
végétale ne contenant qu’un ingrédient. Si vous êtes sur le point d’acheter
des plats préparés, lisez attentivement la liste des ingrédients. Un plat qui
contient plus de cinq ingrédients est à bannir. Attention, cela ne signifie pas
que vous ne devez pas mettre plus de cinq ingrédients dans une préparation
maison. La règle des cinq ingrédients à bannir ne vaut que pour les plats de
fabrication industrielle. Évitez d’utiliser ou de consommer des ingrédients
que vous n’avez pas l’habitude de cuisiner ou que, d’ordinaire, vous ne
mettriez pas dans vos plats.
Vous pouvez manger de la viande mais avec parcimonie. En d’autres
termes, la viande ne doit pas être la denrée principale mais plutôt un
accompagnement. Une fois par jour, par exemple au déjeuner, faites un
repas végétarien (sans viande et sans aucun produit d’origine animale).
Veillez à avoir, chaque jour, un apport important en aliments riches en
probiotiques et en prébiotiques.
À LA POUBELLE !
À GARDER
Remplacez tous ces produits, véritables poisons, par des produits naturels,
bons pour la santé (pour la plupart, vous ne trouverez pas d’étiquettes
précisant leur valeur nutritionnelle). Privilégiez autant que faire se peut les
aliments bio, sans OGM et produits localement.
Autre option : les produits surgelés. Avant d’aller faire vos courses, listez
tous les produits à acheter, en incluant des légumes de couleurs différentes,
des bonnes graisses comme l’avocat, l’huile d’olive extra-vierge, les fruits à
coque et les graines.
Et si vous choisissez de consommer des produits d’origine animale, optez
pour des sardines, des maquereaux, des anchois, du saumon ou des harengs,
qui vous garantissent un apport en acides gras oméga 3. (N’hésitez pas à
télécharger un exemple de liste de courses typique sur notre site
www.BrainWashBook.com (en anglais). Penchez-vous sur les recettes (ici),
notez celles qui vous inspirent le plus et ajoutez tous les ingrédients
nécessaires à votre liste. Ci-dessous, un aperçu de ce à quoi doit ressembler
votre liste de provisions :
• Des graisses bonnes pour la santé : huile d’olive extra-vierge, huiles de
sésame, de noix de coco ou de noix coco à triglycérides à chaînes
moyennes (TCM), huile d’avocat, suif de bœuf, beurre bio ou beurre fait
avec du lait de vaches élevées en plein air, ghee (beurre clarifié), noix de
coco, olives, fruits à coque et beurre de fruits à coque, graines (de lin, de
tournesol, de citrouille, de sésame et de chia).
• Des fruits à faible teneur en sucre : avocat, poivron, concombre,
tomate, courgette, courge d’été, aubergine, citron et citron vert.
• Des protéines : des protéines d’origine végétale, y compris des
légumineuses cuites (ex. : haricots noirs, haricots rouges, haricots pinto,
fèves, haricots navy, lentilles, pois et pois chiches), des produits à base de
soja fermenté, sans OGM, comme du tempeh et du miso. Remarque : pour
diminuer la teneur en acide phytique et en lectines, mieux vaut cuire les
aliments que les faire tremper. Des protéines d’origine animale, y compris
des œufs de poules élevées en plein air, du poisson sauvage (saumon,
anchois, harengs, maquereaux, sardines), des crustacés et des mollusques
(crevette, crabe, homard, moules, palourdes, huîtres), de la viande
d’animaux nourris à l’herbe, des volailles élevées en plein air et du gibier.
Remarque : la viande ne doit pas être l’ingrédient principal de votre repas
mais un accompagnement.
• Des légumes : verts à feuilles, y compris de la salade verte, du chou
cavalier, des épinards, du chou frisé, des blettes ; du brocoli, du chou, des
oignons, des champignons, du chou-fleur, des choux de Bruxelles, de la
choucroute, des artichauts, des pousses de luzerne, des haricots verts, du
céleri, du pak choï, des radis, du cresson, des navets, des asperges, de l’ail,
des poireaux, du fenouil, des échalotes, de la cébette, du gingembre, du
jicama, du persil, des châtaignes d’eau, du céleri-rave et du radis blanc.
• Des aliments fermentés riches en probiotiques : (ex. : du kimchi), du
kéfir, du chutney et des yaourts enrichis en bactéries bienfaitrices pour le
microbiome.
• Des aliments riches en prébiotiques : des pissenlits, de l’ail, des
oignons, des asperges, des poireaux, du jicama et des artichauts de
Jérusalem (topinambours).
Qui aurait cru que les heures qui, la nuit, échappent à notre conscience
apportent autant de bienfaits ? Or c’est ce que montrent toutes les études :
les effets du sommeil sur la santé sont des plus étonnants (pour plus
d’informations sur le sujet, reportez-vous au chapitre 8). Un sommeil
réparateur permet de reprogrammer votre cerveau et de rétablir les
connexions au niveau du cortex préfrontal. Ci-après, trois recommandations
essentielles pour avoir un sommeil réparateur que vous devez prendre en
compte dès à présent :
• Créer un environnement propice au sommeil : veillez à ce que votre
chambre soit calme, paisible et propice au sommeil. Pour ce faire,
éliminez tous les appareils électroniques (télévision, ordinateur, téléphone,
tablette, etc.) susceptibles de perturber votre nuit. Éteignez ou, mieux,
sortez de la pièce tous les appareils, sources de lumière, qui stimulent vos
yeux et votre cerveau.
• Mettre en place une routine favorisant l’endormissement : ne
consommez aucun aliment et aucune boisson contenant de la caféine après
14 heures. Menez une vie la plus régulière possible afin que votre corps
sache quand arrive le moment de dormir. Même si vous êtes dans une
autre pièce que votre chambre, veillez à ne pas être exposé à la lumière
vive dans l’heure qui précède le coucher. Si vous devez regarder un écran
le soir, mettez des lunettes avec des verres anti-lumière bleue. Privilégiez
les lumières tamisées dans toute la maison et surtout dans votre chambre,
et veillez à ce que la température ambiante soit comprise entre 18 et 21 °C.
• Se relaxer : juste avant de vous coucher, prenez une douche ou un bain
chauds, écoutez une musique apaisante ou lisez un livre. Autres options :
écrivez dans votre journal intime les moments qui vous ont fait du bien
dans la journée ou méditez.
Alors, à ce stade, quel est votre ressenti ? Même si vous avez l’impression
de n’en être qu’au début d’une longue aventure, il est temps de faire le point
sur les 8 jours qui viennent de s’écouler et de poser des jalons pour le futur.
Relisez les notes que vous avez prises. Qu’est-ce qui vous a semblé le plus
difficile ? Qu’est-ce qui vous a demandé le moins d’efforts ? Avez-vous
profité de la nature ? Est-ce que vous libérer de votre addiction aux
appareils numériques a été pour vous un dur combat ? Il y a fort à parier
que certains points sont encore à améliorer, mais rassurez-vous, c’est
normal.
Sur le tableau ci-dessous, entourez la réponse qui, dans votre cas, vous
semble la plus juste et voyez sur quoi vous devez concentrer tous vos
efforts.
Jour 2 : empathie
Facile
Moyen
Difficile
Jour 5 : sommeil
Facile
Moyen
Difficile
Jour 7 : méditation
Facile
Moyen
Difficile
Bravo ! Vous avez tout mis en route pour que votre vie soit meilleure. Des
changements significatifs se sont mis en place avec une incidence
immédiate, notamment sur votre humeur, votre métabolisme et le
fonctionnement de votre cerveau. Plus important, vous commencez à
reprendre le contrôle de vos pensées et de vos actes pour, au final, vous
débarrasser du syndrome de déconnexion.
Notez-vous d’ores et déjà certaines améliorations ? Un sommeil de
meilleure qualité, moins de troubles digestifs, moins d’envies intempestives
de manger des aliments sucrés ou très riches en calories mais pauvres en
nutriments, un regain d’énergie, une rémission dans une maladie chronique
ou un bien-être général ? Tout changement positif – aussi petit soit-il – doit
être pris en considération et vous donner l’énergie pour continuer ce que
vous avez entrepris.
La dernière étape de ce programme est de définir un cadre afin que vous
profitiez au mieux des enseignements proposés dans cet ouvrage dans les
années à venir. Les 10 jours qui viennent de s’écouler vous ont permis de
modifier certains éléments de votre vie, mais pour recâbler votre cerveau et
vivre longtemps en bonne santé et heureux, vous devez vous engager à ne
pas revenir en arrière. Même si cela vous semble impossible, n’oubliez
jamais que n’inclure dans votre quotidien qu’un seul de ces changements
est déjà un grand pas en avant.
Pour vous aider au mieux, essayez de suivre ces trois recommandations :
1. Le neuvième jour, passez en revue le tableau et focalisez votre
attention sur les points qui vous ont demandé le plus d’efforts (les
jours où vous avez entouré le mot « Difficile »). Relisez les
fondamentaux de notre programme afin de voir comment vous
pourriez procéder pour surmonter ces difficultés. N’hésitez pas à
consulter notre site www.BrainWashBook.com (en anglais).
2. Repassez en revue les parties de notre programme qui ont eu le plus de
sens pour vous. Identifiez ce qui vous a donné le plus d’énergie, de
force, de motivation ; l’élément qui arrive en tête doit être votre
objectif no 1 pour le programme que vous allez mettre en place pour le
futur. Si vous sentez un manque d’intérêt ou de la lassitude pour une
chose en particulier, essayez de trouver l’alternative (par exemple,
opter pour une autre activité physique, cuisiner des repas différents,
aller vous promener dans un autre jardin public, tenter un autre type de
méditation).
3. Nous vous avons demandé de changer beaucoup de choses dans votre
vie. Certaines vous apporteront des bienfaits ; d’autres, aucun. Si vous
décidez de ne pas suivre toutes nos recommandations, libre à vous.
Toutefois, nous vous encourageons vivement à définir une priorité et à
garder le plus d’éléments possible parmi les 8 grands thèmes suivants :
• Avoir recours au test T.A.P.E.
• Ressentir de la bienveillance et de la gratitude au quotidien.
• Être en contact 30 minutes par semaine avec la nature.
• Respecter nos recommandations alimentaires.
• Faire 30 minutes d’exercices physiques, 5 jours par semaine.
• Dormir au minimum 7 heures par nuit.
• Méditer au minimum 12 minutes par jour.
• Consacrer au minimum 10 minutes par jour à votre entourage.
Pour vérifier que vous êtes sur la bonne voie, n’hésitez pas à vous référer
aux check-lists sur notre site www.BrainWashBook.com (en anglais). Nous
espérons que les fondamentaux de notre programme font désormais partie
intégrante de votre vie. N’hésitez pas à partager votre expérience avec nous
sur notre site. À très bientôt !
CHAPITRE 12
Ce que vous choisissez de manger et de boire est l’une des décisions les
plus importantes que vous prenez au quotidien, car c’est là que commence
le processus qui permet de remodeler votre cerveau et votre corps. Avoir
une alimentation saine est le prix à payer pour être en bonne santé
physiquement et mentalement. C’est pourquoi nous vous avons concocté
des recettes originales et rassasiantes – petit déjeuner, amuse-gueule,
soupes, salades composées, plats de résistance, desserts et boissons – qui
respectent les principes de base de notre programme. Si toutes ces recettes
sauront ravir vos papilles gustatives, elles ont aussi la particularité d’avoir
des propriétés anti-inflammatoires et de fournir à votre corps tout ce dont il
a besoin pour fonctionner comme il se doit – en nourrissant toutes les
bactéries bienfaitrices qui peuplent vos intestins aussi bien que les
neurones, ces cellules qui, dans le cerveau, reçoivent, traitent et
transmettent les informations. Le repas étant un moment de partage,
n’hésitez pas à doubler ou tripler les proportions selon le nombre de
convives.
Le pain, les pâtes et les pâtisseries étant exclus de notre programme, nous
vous proposons de délicieux desserts qui sauront satisfaire vos envies
intempestives de manger du sucre ou votre besoin d’avaler ces glucides
auxquels vous êtes accro. Dans la mesure du possible, privilégiez les fruits
et les légumes frais et bio, la viande d’animaux nourris à l’herbe, la volaille
et les œufs de poules élevées en plein air. Parmi les ingrédients qui ont notre
préférence : l’huile d’olive extra-vierge, les huiles de noix de coco et
d’avocat, les boissons de fruits à coque non sucrées, les herbes aromatiques
et les épices bio dont les propriétés n’ont pas été altérées au cours du
processus de transformation. S’il n’y a pas de marché près de chez vous,
approvisionnez-vous dans les supermarchés, les grandes chaînes
agroalimentaires, les boutiques spécialisées ou sur le Web.
Faites-vous plaisir et donnez libre cours à votre imagination, à condition de
bien respecter nos recommandations et de ne pas bafouer les principes de
base de notre programme. N’hésitez pas à vous inspirer des recettes
présentées sur notre site www.BrainWashBook.com (en anglais).
LES INCONTOURNABLES
Bouillon de légumes
Variantes :
— Pour faire un bouillon de champignons, ajoutez aux ingrédients ci-
dessus 200 g de champignons déshydratés et laissez mijoter
45 minutes pour un bouillon au délicieux goût de champignons. Passez
le bouillon, consommez-le immédiatement ou conservez-le au frais.
— Pour un bouillon de viande ou de volaille, faites cuire au four
(180 °C) les dos et les ailes d’un poulet ou d’une dinde élevés en plein
air pendant 30 minutes ou faites cuire au four (180 °C) la carcasse avec
un peu de viande pour ragoût (bœuf ou autre animal élevé en plein air)
pendant 40 minutes, jusqu’à ce que tous les morceaux soient bien
dorés. Versez le tout dans la casserole avec les légumes (voir recette ci-
dessus) et suivez les instructions.
La vinaigrette de leize
Pour 480 ml
(Préparation : environ 15 minutes)
Leize, épouse de David et mère d’Austin, tient cette recette d’une adorable
dame française avec laquelle elle a vécu lorsqu’elle étudiait en France, il y a
plusieurs années de cela. Leize a répété si souvent les mêmes gestes qu’ils
sont devenus automatiques : elle ne dose même plus les ingrédients et
prépare directement cette vinaigrette dans un saladier en bois. Nous vous
conseillons de toujours en avoir à portée de la main pour assaisonner une
salade composée ou en verser juste un filet sur un poisson, des crustacés, du
porc ou une volaille grillés. Vous pouvez remplacer l’huile d’olive par de
l’huile d’avocat, de noix de coco ou de tout autre fruit à coque.
• 1 petite gousse d’ail bio, pelée et émincée
• 2 c. à soupe de vinaigre de vin rouge ou blanc
• Environ ¼ de c. à café de sel de mer fin
• 1 ½ c. à café de moutarde de Dijon bio
• 120 ml d’huile d’olive extra-vierge bio
• Poivre noir fraîchement moulu
• Environ 1 c. à soupe d’herbes aromatiques ciselées finement
(basilic, estragon, persil ou ciboulette) (facultatif)
Aïoli
1. Mettez les fils de safran dans le vinaigre (ou le jus de citron) et laissez
infuser au minimum 30 minutes.
2. Au moment de préparer la mayonnaise, remplissez le pot du blender
d’eau bouillante et attendez 2 minutes qu’il soit bien chaud (un petit
truc pour que les jaunes d’œufs épaississent).
3. Jetez l’eau et essuyez le pot avant qu’il ne refroidisse.
4. Positionnez le pot sur le bloc moteur, versez-y les jaunes d’œufs et
mélangez à vitesse moyenne jusqu’à l’obtention d’un mélange
homogène très épais. Incorporez l’ail, le sel et la moutarde à vitesse
rapide, puis ajoutez le vinaigre. Mélangez. (Vous pouvez soit retirer les
fils de safran, soit les laisser. Si vous choisissez la seconde option,
l’aïoli sera légèrement plus foncé.)
5. Sans arrêter le moteur, ajoutez l’huile goutte à goutte. Plus lentement
est incorporée l’huile, plus belle est l’émulsion.
6. Lorsque vous avez ajouté la moitié de l’huile, vous obtenez une
préparation ayant la consistance d’une crème épaisse. Vous pouvez
alors incorporer plus rapidement le restant d’huile. Si le mélange vous
semble trop épais, notamment si vous voulez que votre mayonnaise
soit bien lisse et crémeuse, ajoutez un filet de vinaigre. Mélangez
jusqu’à ce que toute l’huile ait été intégrée. Pour un mélange plus
onctueux, ajoutez au besoin un peu d’eau chaude, au maximum
l’équivalent d’une cuillerée à soupe.
7. Transvasez l’aïoli dans un récipient propre muni d’un couvercle. Au
réfrigérateur, l’aïoli se conserve jusqu’à 5 jours.
Une recette idéale pour apporter la saveur des épices à votre cuisine. Très
riche en goût, il en faut très peu pour rehausser celui d’une viande (animaux
nourris à l’herbe), d’une volaille élevée en plein air ou d’un poisson
sauvage gras – par exemple, du saumon, grillé ou cuit au four.
• 8 gousses de cardamome bio
• 3 étoiles de badiane (anis étoilé) bio
• 3 bâtonnets de 5 cm de cannelle bio
• 1 morceau de 5 cm de racine de gingembre déshydratée*1
• 25 g de graines de coriandre bio
• 12 g de graines de cumin bio
• 30 g de grains de poivre noir ou blanc bio
• 1 c. à soupe de piment de la Jamaïque bio
• 1 c. à café de clous de girofle entiers bio
• 1 c. à café de flocons de piment bio (facultatif)
Ricotta
Nous avons inclus cette recette dans notre programme parce que la ricotta
faite maison peut être utilisée de multiples façons. On peut la manger en
dessert, au petit déjeuner, ou l’utiliser dans de nombreux plats pour obtenir
une texture crémeuse et légère. Elle peut aussi être tartinée ou incorporée
dans une salade composée. Si vous choisissez de la manger en dessert,
ajoutez 1 cuillerée à café de stévia quand vous chauffez le lait.
• 480 ml de lait entier provenant de vaches nourries à l’herbe
• 240 g de crème épaisse faite avec du lait de vaches nourries à
l’herbe
• ½ c. à café de sel de mer fin (facultatif)
• 1 ½ c. à soupe de jus de citron bio sans la pulpe
Pour 1 pain
(Préparation : environ 90 minutes)
PETIT DÉJEUNER
Pour 2 verres
(Préparation : environ 7 minutes)
Une recette facile et rapide pour un petit déjeuner bon pour la santé. Les
légumes verts, l’avocat, le gingembre et le curcuma vous apportent tous les
nutriments dont vous avez besoin pour bien commencer la journée. Pour
vous simplifier la vie, préparez tous les ingrédients la veille au soir et
mettez-les dans le blender à votre lever.
• 4 brins de persil plat bio
• 1 gros avocat bio, épluché et dénoyauté
• 1 chou frisé à grandes feuilles bio (nettoyez et coupez les
feuilles)
• 15 g de jeunes pousses d’épinards bio
• 2 c. à soupe de feuilles de menthe bio
• ¼ c. à café de gingembre frais bio, râpé
• ¼ c. à café de curcuma bio en poudre
• 480 ml d’eau de noix de coco bio
Pour 2 parts
(Préparation : environ 5 minutes)
Plus consistant que le muesli traditionnel, le muesli aux amandes est le petit
déjeuner idéal des matins d’hiver, la meilleure recette qui soit pour bien
commencer la journée.
• 50 g d’amandes bio concassées
• 75 g de graines de chanvre bio
• 30 g de flocons de noix de coco non sucrés bio
• 25 g de flocons d’avoine sans gluten bio*2
• 2 c. à soupe de graines de chia bio
• 1 c. à soupe de graines de lin bio
• ¼ c. à café de cannelle bio en poudre
• 1 pointe de couteau de gingembre bio en poudre
• 360 ml de lait de noix de coco bio
• 1 c. à café d’huile de coco à triglycérides à chaînes moyennes
(TCM) (voir ici)
• 60 g de myrtilles bio
Pour 1 part
(Préparation : environ 25 minutes)
1. Versez environ 7,5 cm d’eau froide dans deux petites casseroles. Portez
à ébullition sur feu vif, puis laissez frémir – des petites bulles doivent
apparaître sur le bord des casseroles. Ajoutez le vinaigre.
2. Cassez l’œuf dans une petite passoire à petits trous placée au-dessus
d’une casserole. Le blanc de l’œuf doit s’égoutter dans l’eau.
Transvasez ensuite l’œuf dans une tasse que vous placerez dans l’autre
casserole. Ce procédé permet que les filaments blancs s’agglomèrent
autour du jaune et que vous obteniez un œuf poché bien rond.
3. Avec une cuillère en bois, brassez l’eau pour obtenir un léger
tourbillon, puis faites délicatement glisser l’œuf au milieu de la
casserole. Laissez cuire environ 2 ½ minutes, jusqu’à ce que le blanc
soit ferme et que le jaune ne coule plus sans toutefois être dur.
4. Avec une cuillère à trous ou une spatule, transvasez l’œuf dans la tasse
gardée au chaud dans la casserole.
5. Réservez et préparez le toast.
6. Coupez l’avocat en deux dans le sens de la longueur et, à l’aide d’une
cuillère à soupe, retirez la pulpe et enlevez le noyau. Mettez la pulpe
dans un bol avec la coriandre et le jus de citron vert. Salez et écrasez
grossièrement le tout avec une fourchette.
7. Étalez la purée d’avocat sur la tranche de pain. Aplatissez le dessus
avec le dos d’une cuillère. Transférez le toast sur une petite assiette.
8. Sortez délicatement l’œuf de l’eau avec une cuillère à trous. Si
nécessaire, coupez les filaments blancs avec des ciseaux de cuisine.
9. Faites glisser l’œuf sur l’avocat. Saupoudrez de piment rouge et, si
vous le désirez, décorez d’un brin de coriandre, d’une feuille de
menthe ou d’un morceau de citron vert.
Crêpes à la farine d’amande
Pour 4 parts
(Préparation : 35 minutes)
Utilisez les légumes que vous aimez. Pour varier et obtenir une préparation
plus forte en goût, optez pour des pissenlits et/ou des feuilles de moutarde,
auxquels vous pourrez, si vous le souhaitez, ajouter des feuilles de blettes et
du chou frisé. Dans la mesure où cette recette demande un peu de temps,
réservez-la au petit déjeuner ou au brunch du week-end. Elle peut
également être consommée au déjeuner.
• 60 ml d’huile d’olive extra-vierge bio
• 2 gros poireaux bio, uniquement le blanc, coupés en fines
rondelles
• 2 échalotes bio, épluchées et émincées finement
• 1 grosse botte de blettes bio, lavées et déchiquetées
• 1 chou palmier bio, lavé et déchiqueté
• 1 c. à café d’ail bio, émincé
• 1 c. à soupe de jus de citron bio
• 4 gros œufs pondus par des poules élevées en plein air, à
température ambiante
• 1 c. à café d’estragon frais bio, haché finement
• ½ c. à café de flocons de piment rouge bio
• ½ c. à café de sumac en poudre bio
Pancakes au chou-fleur
Pour 4 personnes
(Préparation : 25 minutes)
Houmous au chou-fleur
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : 12 minutes)
1. Dans le bol d’un blender doté d’une lame en métal, mélangez le chou-
fleur, l’ail, le tahini et le cumin. Sans arrêter le moteur, ajoutez petit à
petit le jus de citron (la quantité varie selon le degré d’acidité
recherché). Ajoutez de l’huile d’olive jusqu’à l’obtention d’un
mélange homogène et onctueux. (L’huile d’olive apporte une note
fruitée.) Salez.
2. Transvasez le mélange dans un récipient non réactif muni d’un
couvercle. L’houmous de chou-fleur se conserve jusqu’à 1 semaine au
réfrigérateur.
3. Il se déguste à température ambiante avec des bâtonnets de légumes
crus.
Variante : pour l’esthétique, juste avant de le servir, parsemez l’houmous de
graines de grenade fraîches ou de graines de sésame noir grillées.
Soupe de Madras
Pour 6 parts
(Préparation : 40 minutes)
Le piment et les épices tout droit venues de la côte est de l’Inde rehaussent
subtilement le goût peu prononcé des pois cassés et du yaourt, et se marient
merveilleusement avec les herbes aromatiques. Utilisez de préférence des
petits pois surgelés, plus colorés que les petits pois frais. Cette soupe se
consomme chaude ou froide, sans modération, seule au déjeuner ou comme
entrée au dîner.
• 1 c. à soupe d’huile de noix de coco bio
• 75 g d’oignon blanc bio, émincé
• 1 c. à soupe de gingembre bio, émincé
• 1 c. à café d’ail frais bio, écrasé
• 2 c. à café de graines de cumin bio en poudre, grillées
• ½ c. à café de coriandre bio en poudre
• ½ c. à café de cannelle bio en poudre
• 450 g de pois cassés séchés bio
• 1 petite carotte bio, épluchée et coupée en morceaux
• 1 piment serrano ou jalapeño, épépiné et coupé en morceaux
(plus ou moins selon votre goût)
• 720 ml de bouillon de légumes (voir recette) ou de bouillon bio
en conserve
• Sel de mer
• Le jus de 1 citron bio
• ½ c. à café de garam masala bio
• 125 g de yaourt au lait entier et un peu plus pour la garniture
• Poivre noir fraîchement moulu
• 150 g de petits pois bio surgelés, décongelés et séchés*3
• 1 c. à soupe de coriandre fraîche bio, émincée
• 1 c. à soupe de menthe fraîche bio, émincée
• 6 à 8 feuilles de coriandre ou de menthe fraîches bio (facultatif)
1. Dans une grande casserole à fond épais, faites chauffer l’huile sur feu
modéré. Ajoutez l’oignon, le gingembre et l’ail, puis, en remuant
fréquemment, laissez revenir environ 5 minutes, jusqu’à ce que
l’oignon commence à dorer. Incorporez le cumin, la coriandre et la
cannelle, et laissez revenir 1 minute. Ajoutez ensuite les pois cassés, la
carotte, le piment, le bouillon et 720 ml d’eau. Portez à ébullition.
Salez.
2. Réduisez le feu et laissez frémir environ 30 minutes, jusqu’à ce que les
pois cassés soient tendres. Si le mélange est trop épais, ajoutez du
bouillon ou de l’eau (pas plus de 120 ml à la fois).
3. Retirez la casserole du feu et incorporez le jus de citron, le garam
masala et le yaourt. En fonction de la contenance, versez une partie du
mélange dans le bol du blender et réduisez en purée. Procédez de
même pour le restant de la préparation.
4. Transvasez la purée dans une casserole propre. Faites chauffer sur feu
modéré, puis réduisez le feu et laissez mijoter en remuant
fréquemment. La soupe ne doit pas bouillir sous peine que le yaourt
caille. Goûtez et, si besoin est, ajoutez du sel ou du poivre fraîchement
moulu.
5. Incorporez les petits pois, la coriandre et la menthe. Servez dans des
bols individuels et, si vous le souhaitez, ajoutez sur le dessus
1 cuillerée de yaourt et 1 feuille de coriandre ou de menthe.
Soupe à l’ail
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : 40 minutes)
1. Dans une grande casserole, portez 2 litres d’eau à ébullition sur feu vif.
2. Pendant ce temps, avec les doigts, retirez les parties de l’enveloppe des
têtes d’ail qui s’effritent. Coupez grossièrement les têtes d’ail avec la
pelure.
3. Lorsque l’eau bout, jetez dans la casserole l’ail, l’oignon, les feuilles
de laurier, les clous de girofle, les feuilles de sauge et les brins de
thym. Salez et laissez frémir pendant environ 25 minutes, jusqu’à ce
que l’ail soit bien tendre.
4. Pendant ce temps, mettez les jaunes d’œufs dans un bol et mélangez-
les à l’aide d’un fouet jusqu’à l’obtention d’un mélange très léger mais
assez épais. Sans cesser de battre les œufs, ajoutez petit à petit l’huile
comme pour faire une mayonnaise. Couvrez et réservez.
5. Lorsque l’ail est tendre, retirez le bouillon du feu et égouttez-le dans
une passoire à petits trous au-dessus d’un grand récipient pour
récupérer le liquide. Goûtez et, si nécessaire, salez et poivrez.
6. Transvasez le liquide filtré dans la casserole et réservez.
7. Au moment de servir, portez le bouillon à ébullition sur feu modéré.
8. Pendant ce temps, versez le mélange à base de jaunes d’œufs dans une
soupière ou un grand saladier. Lorsque le bouillon commence à
bouillir, retirez la casserole du feu et versez environ 240 ml de liquide
sur les jaunes d’œufs sans cesser de remuer avec un fouet. Lorsque le
mélange est parfaitement homogène, versez le reste du bouillon.
Répartissez le persil et la ciboulette ciselés sur le dessus. Servez dans
des bols individuels avec du parmesan.
Salade César
Pour 4 parts
(Préparation : environ 35 minutes)
Pour 4 parts
(Préparation : 15 minutes)
Une salade atypique. L’amertume des endives se marie merveilleusement
avec la douceur des noix et l’onctuosité de l’assaisonnement. Pour le plaisir
des yeux, mélangez plusieurs variétés d’endives – pourpres, jaunes ou
tachetées.
• 300 g d’endives bio de variétés différentes (frisée, chicorée de
Bruxelles, chicon, radicchio, etc.) ou autre légume vert amer
• 50 g de noix bio, concassées et passées au four
• Sauce tahini (voir recette ci-après)
• Environ 40 g de graines de grenade bio (facultatif)
Sauce tahini
Pour 28 brochettes
(Préparation : environ 15 minutes + 1 heure de trempage pour
les brochettes)
Des amuse-gueule qui raviront vos convives lors d’un barbecue estival.
Mettez tous les ingrédients à disposition et laissez chacun composer sa
brochette. Kebabs à consommer tels quels ou avec le dip à l’avocat.
• 2 contre-filets ou faux-filets de bœuf de 450 g dégraissés
(provenant de bœufs nourris à l’herbe)
• Sel de mer et poivre noir fraîchement concassé
• 140 g de graines de sésame bio
• 240 ml d’huile d’avocat bio
• Dip à l’avocat (voir recette ci-après) (facultatif)
Dip à l’avocat
Palourdes grillées avec une sauce aux herbes aromatiques et aux agrumes
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : environ 15 minutes)
À déguster en amuse-gueule en été, à l’apéritif ou lors d’un cocktail,
ou pour calmer une petite faim. La préparation est rapide et à la portée de
tous, et permet de cuisiner tout en discutant avec les convives. Pour plus de
goût et de bienfaits nutritionnels, servez les palourdes avec la sauce aux
herbes aromatiques et aux agrumes, qui apporte de la légèreté et une note de
fraîcheur. Cette sauce se marie merveilleusement aussi avec un poisson, une
volaille ou une viande grillés.
• 3 douzaines de palourdes sauvages, soigneusement nettoyées
avec une brosse
• Sauce aux herbes aromatiques et aux agrumes (voir recette ci-
dessous)
PLATS DE RÉSISTANCE
Pour 4 parts
(Préparation : environ 30 minutes)
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : environ 25 minutes)
Pour cette recette, comme son nom l’indique, notre préférence va au poulet
de Cornouailles, que vous pouvez toutefois remplacer par une autre espèce
de coquelets, de la dinde, du porc, voire des crustacés. Ce plat se marie à
ravir avec des steaks de chou-fleur ou des légumes grillés.
• 1 c. à soupe de pâte de tamarin bio, dissoute dans 2 c. à soupe
d’eau chaude
• 2 piments rouges ou verts bio, frais, équeutés et épépinés (plus
ou moins selon votre goût)
• 240 ml de lait de noix de coco bio, non sucré
• 25 g d’oignon jaune bio, émincé
• 1 c. à soupe d’ail bio, émincé
• Sel de mer
• 3 poulets de Cornouailles élevés en plein air, parés et coupés en
deux dans le sens de la longueur
• Le jus de 1 un citron bio
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : environ 1 heure + 24 heures pour la marinade)
Pour 6 parts
(Préparation : environ 40 minutes)
Cette recette peut être réalisée avec tout autre poisson entier de votre choix,
mais aussi avec des filets de poissons sauvages à chair ferme comme du
saumon ou du flétan. La cuisson du poisson entier à forte température
permet d’avoir une chair tendre et juteuse.
• 2 bars rayés sauvages de 1,3 kg, vidés
• 2 gros citrons bio, bien lavés et coupés en fines rondelles
• 10 brins d’estragon bio et un peu plus pour la garniture
(facultatif)
• 10 brins de persil plat bio et un peu plus pour la garniture
(facultatif)
• 3 c. à soupe d’huile d’olive extra-vierge bio
• 2 c. à soupe de jus de citron bio frais
• Sel de mer et poivre noir fraîchement moulu
• 2 gros bulbes de fenouil bio, découpés en fines lamelles dans le
sens de la diagonale
• Environ 900 g d’échalotes bio, épluchées, émincées et
blanchies
• 120 ml de vin blanc sec
Pour 4 parts
(Préparation : 15 minutes)
Une recette aussi facile que rapide. Quoi de mieux lorsque vous êtes pressé
par le temps en semaine ou que vous avez des convives qui débarquent à
l’improviste ?
• 2 bottes de roquette bio (épinards ou toute autre variété de
couleur verte avec une légère amertume), bien lavées
• 70 g de beurre doux fait avec du lait de vaches nourries à
l’herbe
• Sel de mer et poivre
• 1 c. à soupe d’huile de noix de coco
• 4 filets de saumon sauvage de 180 g sans la peau
• Cumin en poudre bio
Pour 6 parts
(Préparation : environ 30 minutes)
Si vous ne trouvez pas un saumon entier de 2,7 kg, prenez un poisson plus
petit ou simplement le dos d’un gros saumon. Par ailleurs, à la place du
saumon, vous pouvez cuisiner un bar rayé ou tout autre poisson légèrement
gras. Le poisson peut être servi chaud ou à température ambiante. Il fera le
plaisir de vos convives, qui pourront également profiter des bienfaits des
prébiotiques fournis par les artichauts de Jérusalem et les poireaux.
• 680 g de petits artichauts de Jérusalem (topinambours) bio,
nettoyés avec une brosse à légumes
• 3 branches de 12,5 cm de romarin frais bio ou toute autre herbe
aromatique de votre choix
• 1 citron bio, coupé en rondelles
• 2,7 kg de saumon sauvage, vidé, sans la tête et sans la queue,
lavé et essuyé
• Sel de mer et poivre noir fraîchement moulu
• 1 c. à soupe d’huile de noix de coco bio
• 6 poireaux bio (la partie blanche avec un peu de vert), ouverts
dans le sens de la longueur et bien lavés
• 1 c. à café d’aiguilles de romarin frais bio
• Quelques feuilles de cresson (facultatif)
1. Faites chauffer un grand récipient d’eau sur feu vif. Lorsque l’eau bout,
plongez-y les artichauts de Jérusalem. Attendez que l’eau bouille de
nouveau, puis réduisez le feu et laissez frémir environ 5 minutes, soit
jusqu’à ce que les légumes soient juste cuits. Égouttez-les et essuyez-
les. Réservez.
2. Préchauffez le four à 190 °C.
3. Glissez les branches de romarin et les rondelles de citron à l’intérieur
du saumon. Salez et poivrez, puis, avec un pinceau, badigeonnez
légèrement le dessus du poisson d’huile de noix de coco.
4. Mettez les artichauts de Jérusalem et les poireaux dans un plat allant au
four suffisamment grand pour contenir le poisson. Répartissez les
aiguilles de romarin sur les légumes, salez et poivrez. Disposez le
saumon sur les légumes.
5. Enfournez et laissez cuire environ 15 minutes pour 2,5 cm d’épaisseur.
Autre option : insérez un thermomètre dans la partie la plus épaisse du
saumon : lorsque la température atteint 57 °C, le poisson est cuit.
6. Sortez le plat du four et réservez-le pendant 10 minutes.
7. Servez le saumon et les légumes avec des quartiers de citron et du
cresson (facultatif).
Lasagnes végétariennes
Pour 4 à 8 parts
(Préparation : 90 minutes)
Nous adorons ces lasagnes qui sont réalisées avec des courgettes à la place
des pâtes. Autre option : utilisez des aubergines à la place des courgettes.
Aussi nourrissantes mais plus légères et meilleures pour la santé que les
lasagnes traditionnelles, celles-ci seront appréciées de tous les convives lors
d’un dîner, une crémaillère ou toute autre occasion.
• 1 kg de courgettes
• Sel de mer
• 2 c. à soupe d’huile d’olive extra-vierge bio
• 100 g d’oignons jaunes bio, coupés en petits dés
• 1 c. à soupe d’ail bio, écrasé
• 800 g + 150 g de tomates bio concassées en conserve
• 1 c. à soupe de basilic bio déshydraté
• 2 c. à café d’origan bio déshydraté
• ¼ c. à café de flocons de piment rouge bio
• 500 g de ricotta au lait entier (voir recette)
• 550 g de mozzarella râpée faite avec du lait de bufflonnes
nourries à l’herbe
• 220 g de parmesan râpé bio
• 1 gros œuf pondu par une poule élevée en plein air, à
température ambiante
Pour 4 parts
(Préparation : environ 45 minutes)
Les steaks de légumes ont belle allure sur un plat de service et permettent
de se familiariser avec une alimentation plus saine. Si vous manquez de
temps, faites simplement griller les steaks, puis arrosez-les d’un filet de
vinaigrette ou d’un peu d’huile d’olive extra-vierge et de vinaigre
balsamique.
• 1 aubergine bio de 900 g, équeutée
• Piment de Cayenne
• 1 grosse tête de chou-fleur bio, équeutée et coupée dans le sens
de la longueur en tranches de 2,5 cm d’épaisseur
• 1 grosse tête de brocoli, équeutée et coupée en 4 morceaux de
même grosseur
• 25 g ou 10 c. à soupe de feuilles d’origan bio
• 1 c. à soupe d’ail rôti, réduit en purée*4
• 1 c. à soupe de graines de fenouil bio
• Sel de mer et poivre noir concassé
• Sauce tahini (voir recette ici)
• Poudre de sumac (facultatif)
ACCOMPAGNEMENTS
Salade de jicama
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : environ 20 minutes)
Asperges sautées
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : environ 10 minutes)
Sautées, les asperges sont un peu plus fortes en goût que lorsqu’elles sont
cuites à la vapeur et servies avec du citron. Idéales pour accompagner
pratiquement toutes les viandes, volailles ou les gibiers, ou à déguster au
déjeuner avec, sur le dessus, des œufs pochés ou brouillés.
• 2 c. à soupe de ghee (beurre clarifié)
• 2 petites échalotes, épluchées et émincées finement
• 2 bottes d’asperges vertes bio, épluchées et coupées en deux
• 2 brins de thym bio
• 1 piment mariné, épépiné et émincé
• Sel de mer et poivre blanc fraîchement moulu
• ½ c. à soupe de vinaigre de cerise bio
1. Faites fondre le ghee dans une grande sauteuse sur feu modéré. Faites
revenir les échalotes pendant 3 minutes, en mélangeant régulièrement.
Lorsqu’elles sont translucides, ajoutez les asperges, le thym et le
piment. Salez, poivrez et poursuivez la cuisson, en remuant
fréquemment, pendant environ 7 minutes, jusqu’à ce que les asperges
soient tendres mais encore croquantes.
2. Environ 1 minute avant la fin de la cuisson, déglacez la sauteuse avec
le vinaigre de cerise. Remuez et retirez la sauteuse du feu.
3. Servez immédiatement afin que les asperges gardent de leur croquant.
Pour 4 parts
(Préparation : environ 20 minutes)
Pour 4 parts
(Préparation : environ 35 minutes)
1. Dans une grande poêle allant au four, faites chauffer l’huile et le beurre
sur feu modéré, puis faites revenir l’oignon, en remuant fréquemment,
pendant environ 10 minutes, jusqu’à ce qu’il soit tendre et commence
à dorer.
2. Ajoutez les artichauts de Jérusalem et le thym. Salez et poivrez
généreusement. Ajoutez 120 ml d’eau et portez à ébullition. Réduisez
le feu, couvrez et laissez cuire environ 20 minutes, jusqu’à ce que les
artichauts de Jérusalem soient bien tendres. Ôtez le couvercle et laissez
réduire le jus sur feu doux. Si nécessaire, ajoutez un peu d’eau pour
déglacer la poêle.
3. Préchauffez le gril.
4. Recouvrez les artichauts de Jérusalem d’une bonne cuillerée de crème
fraîche, étalée avec le dos d’une cuillère. Répartissez le fromage
dessus et mettez la poêle sous le gril.
5. Laissez dorer environ 4 minutes. Des petites bulles doivent apparaître
sur les bords.
6. Retirez le plat de sous le gril et servez.
Pour 4 personnes
(Préparation : environ 20 minutes)
Pour 4 parts
(Préparation : environ 15 minutes)
Pour 4 parts
(Préparation : environ 30 minutes)
1. Portez un grand récipient d’eau salée à ébullition sur feu vif. Ajoutez
les pissenlits et laissez cuire environ 3 minutes, jusqu’à ce que les
feuilles soient tendres.
2. Retirez le récipient du feu et égouttez les pissenlits dans une passoire à
petits trous avant de les essorer dans un torchon propre pour éliminer
le maximum d’eau. Réservez.
3. Faites chauffer 60 ml d’huile dans une grande poêle sur feu moyen-vif.
Lorsque l’huile est bien chaude, ajoutez l’oignon. Remuez pour briser
les rondelles et bien graisser chaque morceau. Laissez légèrement
dorer (comptez environ 5 minutes et remuez de temps à autre).
Réduisez le feu à moyen-doux et poursuivez la cuisson environ
15 minutes, jusqu’à ce que les rondelles d’oignon soient dorées et
croustillantes. Remuez de temps à autre.
4. Avec une cuillère à trous, transférez les rondelles d’oignon sur deux
feuilles de papier absorbant superposées pour enlever l’excédent
d’huile. Salez.
5. Versez le reste de l’huile dans une grande casserole. Ajoutez les
échalotes et l’ail, et laissez revenir environ 5 minutes, en remuant
fréquemment. Retirez du feu lorsqu’ils commencent à se colorer.
6. Ajoutez les pissenlits et les herbes dans la casserole. Faites chauffer
sans cesser de remuer. Goûtez et, si nécessaire, ajoutez du sel.
7. Retirez la casserole du feu et transférez la préparation dans un plat.
Ajoutez le jus de citron (plus ou moins selon votre goût) et répartissez
l’oignon dessus.
8. Servez immédiatement.
DESSERTS
Ce que nous aimons par-dessus tout dans ces cookies, c’est le mélange
amandes/chocolat. Utilisez des pépites de chocolat ayant la teneur en cacao
la plus élevée (idéalement 80 %). Faites griller les amandes afin qu’elles
libèrent tout leur arôme. Un dessert idéal pour vous familiariser avec notre
programme alimentaire.
• 160 g de farine d’amande bio
• 55 g de stévia cristallisée
• ¼ c. à café de levure chimique bio
• 60 ml d’huile de noix de coco bio
• 2 c. à café d’extrait de vanille pure
• 85 g de pépites de chocolat noir amer (80 % de cacao)
• 70 g d’amandes ou de noix bio concassées
Pour 8 à 10 biscotti
(Préparation : 1 heure – Repos : 12 heures)
Bien secs, les biscotti sont un régal à l’heure du thé. Vous pouvez, si vous le
souhaitez, ne pas mettre de stévia dans la pâte ; les biscotti seront alors non
sucrés mais tout aussi rassasiants.
• 280 g d’amandes bio
• 30 g de noix de coco non sucrée, bio
• 3 c. à soupe de poudre de cacao bio
• 2 c. à soupe de graines de chia bio
• 1 gros œuf de poule élevée en plein air, à température ambiante
• 60 ml d’huile de noix de coco bio
• 1 c. à soupe de stévia
• 1 c. à café de levure chimique bio
1. Dans le bol du robot mixeur, doté d’une lame en métal, mélangez les
amandes, la noix de coco, la poudre de cacao et les graines de chia.
Malaxez à la vitesse rapide jusqu’à l’obtention d’un mélange fin.
2. Transvasez le mélange dans un saladier de taille moyenne. Ajoutez
l’œuf, l’huile de noix de coco, la stévia et la levure. Mélangez
soigneusement.
3. Préchauffez le four à 190 °C.
4. Posez la pâte sur un tapis de pâtisserie et, avec les mains, formez un
pain d’environ 2,5 cm d’épaisseur. Enveloppez-le dans du film
alimentaire et laissez-le environ 30 minutes au réfrigérateur afin qu’il
durcisse légèrement.
5. Sortez la pâte du réfrigérateur, retirez le film et coupez dans le sens de
la largeur 8 à 10 bandes de même taille.
6. Disposez les bandes sur un tapis de cuisson non graissé en les espaçant
d’environ 2,5 cm. Enfournez et laissez cuire environ 10 minutes,
jusqu’à ce que la pâte soit ferme et que les bords commencent à dorer.
7. Vous pouvez soit consommer ces biscuits dès leur sortie du four, soit
les laisser refroidir afin qu’ils s’assèchent et soient plus croustillants.
Pour des biscotti très croquants, à leur sortie du four, transférez-les sur
une grille et laissez-les 12 heures à température ambiante avant de les
déguster.
Mousse à la ricotta
Pour 4 parts
(Préparation : environ 15 minutes)
Un dessert léger et rafraîchissant qui peut être réalisé avec ou sans fruits
rouges, ou avec des pépites de chocolat noir amer (avec 80 % de cacao).
Pauvre en glucides, cette mousse est à consommer sans modération lors, par
exemple, d’une crémaillère ou d’un barbecue.
• 480 g de ricotta (voir recette)
• 60 g de crème fraîche entière faite avec du lait de vaches
nourries à l’herbe
• 2 c. à soupe de stévia (plus ou moins selon votre goût)
• 90 g de myrtilles ou de framboises
• 1 c. à café de zeste d’orange râpé finement
• Poudre de cacao (à saupoudrer)
Pour 4 à 6 parts
(Préparation : environ 30 minutes – Réfrigération : 4 heures)
Un dessert léger qui impressionne toujours ! Pour le plaisir des yeux et des
papilles gustatives, réduisez en purée 120 g de myrtilles à répartir
équitablement dans les assiettes à dessert. Sur le dessus de la panna cotta,
ajoutez quelques myrtilles entières et une feuille de menthe.
• 240 ml de lait d’amande bio non sucré
• 240 g de crème fraîche épaisse faite avec du lait de vaches
nourries à l’herbe
• 1 ½ c. à café de gélatine non aromatisée
• 1 c. à soupe de stévia
• 1 c. à café d’extrait d’amande pure bio
• 60 g de myrtilles bio (pour la garniture)
• 4 à 6 feuilles de menthe bio (pour la garniture)
1. Dans une petite casserole à fond épais, faites chauffer à feu doux le lait
d’amande et 120 g de crème fraîche pendant environ 6 minutes,
jusqu’à ce que de petites bulles apparaissent sur le bord de la casserole.
2. Pendant ce temps, versez le restant de crème fraîche dans un bol
résistant à la chaleur. Ajoutez la gélatine et laissez-la ramollir.
3. Incorporez la crème et la gélatine au mélange lait d’amande/crème
fraîche chaud. Ajoutez la stévia et mélangez jusqu’à ce que la gélatine
se soit totalement dissoute.
4. Laissez refroidir à température ambiante, puis incorporez l’extrait
d’amande. Répartissez le mélange dans quatre ramequins de 120 g ou
six ramequins plus petits.
5. Couvrez chaque ramequin de film alimentaire et placez-les au
réfrigérateur. Laissez refroidir au minimum 4 heures – la préparation
doit être bien prise.
6. Pour servir, retournez chaque ramequin sur une assiette à dessert.
Décorez avec des myrtilles entières et une feuille de menthe. Si vous
avez du mal à démouler la panna cotta, enveloppez le ramequin
quelques secondes dans un torchon très chaud.
7. Dégustez sans attendre.
BOISSONS
Pour 2 verres
(Préparation : 5 minutes)
Infusion d’hibiscus
Boisson au gingembre
Pour 2 litres
(Préparation : environ 40 minutes)
Une très très vieille recette, appréciée des hommes et des femmes qui, en
été, travaillaient dans les champs. Non sucrée, elle doit son côté
rafraîchissant et revitalisant au gingembre. Idéale pour se réhydrater, en
compagnie d’amis un dimanche après-midi ou lors d’un pique-nique sur la
plage.
• L’écorce de 3 citrons bio, coupée en fines bandes
• L’écorce de 1 orange bio, coupée en fines bandes
• 180 g de gingembre bio, épluché et coupé en petits morceaux
• Stévia (plus ou moins selon votre goût)
• Brins de menthe (pour la garniture, facultatif)
Pour 2 tasses
(Préparation : environ 5 minutes)
Milkshake au curcuma
D’une manière plus générale, ces liens qui nous unissent à nos amis, aux
membres de notre famille et à la société dans son ensemble jouent un rôle
essentiel et sont au cœur de tous les sujets que nous avons traités dans ce
livre. Nous ne pouvons tout simplement pas échapper au syndrome de
déconnexion en ne comptant que sur nous-mêmes.
Oui, bien sûr, il se peut que nous ne connaissions pas nos voisins de palier,
que les membres de notre famille habitent loin de chez nous et que les
relations qui nous lient à nos soi-disant amis soient superficielles. Mais
cette réalité est un mal nécessaire. Les êtres humains sont faits pour être
connectés : notre cerveau ne demande que ça, notre cœur le réclame à cor et
à cri. Nous nous épanouissons lorsque nous sommes liés à d’autres. Dans
un livre intitulé La Vie cachée des arbres, Peter Wohlleben écrit : « Si vous
aidez chaque arbre en le débarrassant de ses concurrents supposés, les
spécimens qui en réchappent sont démunis. » Pour les hommes, c’est
exactement la même chose. Coopérer est essentiel pour la survie de l’espèce
humaine. Nous sommes plus heureux et vivons plus longtemps lorsque nous
sommes connectés. Les liens qui nous unissent aux autres sont nos racines.
Ce sont eux qui nous donnent toute la stabilité dont nous avons besoin pour
nous épanouir. Nous ne pouvons tirer parti de tous les bienfaits de cette
incroyable source de vie si nous considérons les autres humains comme des
rivaux.
Il est facile de comprendre le besoin que tout être humain a d’être connecté
à ses congénères lorsque nous abordons le sujet du point de vue
évolutionniste. Les chasseurs-cueilleurs comptaient les uns sur les autres
pour étayer leurs connaissances et se protéger. Mais la technologie
d’aujourd’hui a réduit à son minimum ce besoin partagé. Le monde dans
lequel nous vivons est fait de manière à promouvoir et permettre la vie en
autarcie. Toutefois, être connectés aux autres s’avère être beaucoup plus
important qu’on ne le pense et va bien au-delà du simple fait de nous
permettre d’être informés et en sécurité.
Pendant plus de 80 ans, des chercheurs ont voulu, dans le cadre de l’étude
de Harvard sur le développement des adultes, mettre au jour les secrets
d’une vie longue et heureuse. Et l’un des facteurs qui arrivent en tête de
liste est le fait d’appartenir à une communauté1. Les premières données
obtenues grâce au suivi de 268 étudiants masculins de Harvard ont été
collectées en 1938, en pleine crise économique américaine, ou, comme on
l’appela, la Grande Dépression. L’actuel et quatrième directeur de l’étude
est le Dr Robert Waldinger, psychiatre à l’hôpital général du Massachusetts
et professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de l’université de
Harvard. La conférence qu’il a donnée dans le cadre d’une rencontre TED
sur le thème « Le secret pour mener une vie comblée » a été visionnée plus
de 26 millions de fois. Depuis de nombreuses années, le Dr Waldinger et
son équipe sont les auteurs d’une multitude d’articles des plus édifiants
quant à l’intérêt d’avoir, pour chacun d’entre nous, d’autres personnes dans
sa vie.
L’une de leurs études a porté sur une éventuelle corrélation entre les
relations sociales et les problèmes de santé2. Les chercheurs ont posé un
certain nombre de questions à 81 couples afin d’évaluer leur bien-être et de
tester leur mémoire. Ils ont, par ailleurs, quantifié leur attachement, terme
qui en psychologie décrit « un lien profond et émotionnel tenace qui
connecte une personne à une autre, dans le temps et dans l’espace3 ». Deux
ans et demi plus tard, les chercheurs ont fait repasser les mêmes tests aux
différents couples afin de réévaluer leur bien-être et leur mémoire. Les
couples chez lesquels l’attachement était le plus fort étaient moins
dépressifs, de meilleure humeur et plus satisfaits de leur vie en général. Qui
plus est, les femmes de ce groupe avaient une meilleure mémoire.
Si être unis par des liens puissants à d’autres personnes améliore la santé
mentale, des relations de mauvaise qualité peuvent-elles, à l’inverse, avoir
un effet délétère sur la santé mentale ?
Pour le savoir, les chercheurs de l’étude de Harvard se sont demandé s’il y
avait une corrélation entre la qualité des relations dans une fratrie au cours
de l’enfance et l’apparition d’une dépression à l’âge adulte4. Ce qu’ils ont
découvert est édifiant. En effet, l’étude a montré que de mauvaises relations
entre frères et sœurs avant l’âge de 20 ans étaient liées à un risque accru de
développer une dépression grave et d’avoir recours à des thymorégulateurs
– médicaments régulateurs de l’humeur – à un moment ou à un autre de leur
vie d’adulte.
Témoignage d’Austin : ce que m’a appris mon travail dans une unité
de soins palliatifs
Pendant mon internat, j’ai travaillé dans une unité de soins palliatifs. Tous
les patients dont j’avais la charge étaient dans un état critique. Même si
c’était difficile et que, souvent, j’avais le moral en berne, mon passage dans
ce service reste l’un de mes meilleurs souvenirs d’étudiant. Dans ce service,
j’avais le privilège de m’occuper de patients qui vivaient leurs dernières
heures. Et même s’ils avaient mené une vie différente avant d’être
hospitalisés, tous avaient le même désir face à la maladie et à la mort : ils
voulaient être entourés de leurs amis les plus proches et de leur famille,
c’était ce qui comptait le plus pour eux. Je n’ai jamais été confronté à des
moments aussi forts en émotions que durant cette période de ma vie. Et
c’est aussi à ce moment-là que j’ai arrêté de me demander ce que j’allais
manger au déjeuner ou au dîner, quel jour j’allais prendre un congé, voire ce
que je voulais faire du reste de ma vie. En revanche, j’ai appelé mes parents
et ma sœur, j’ai pris le temps de voir un vieux copain avec lequel je n’avais
plus guère de contacts et de penser à toutes les personnes qui comptaient
pour moi. Il y a mille et une raisons qui expliquent pourquoi on s’isole,
mais ce dont j’étais sûr, c’était que je ne voulais pas vivre de cette manière.
Mes parents m’ont donné énormément de choses, et s’il en est une que j’ai
eu la chance de recevoir d’eux, c’est la faculté de comprendre le sens que je
voulais donner à ma vie.
Nous vivons tous sur la même sphère bleue. Et si nous n’avons pas tous les
mêmes opportunités, si nous ne devons pas tous relever les mêmes défis et
si nous vivons tous des choses différentes, nous avons définitivement une
chose en commun : nous naissons, nous vivons et nous mourons. Le livre de
notre vie entre dans la catégorie des tragédies, des comédies, voire des
thrillers. Or la majorité des chapitres ont moins à voir avec ce que nous
vivons qu’avec la manière dont nous interprétons ce que nous vivons.
Ce livre a été beaucoup plus qu’une preuve d’amour. Écrire à quatre mains
pour transmettre un message crucial a permis au fils et au père qu’Austin et
moi sommes dans la vie de voir grandir et s’épanouir notre relation. Jamais,
avant de nous lancer dans ce projet, nous n’aurions pu imaginer
l’expérience que nous allions vivre. Et aujourd’hui, nous sommes plus
connectés que nous ne l’avons jamais été dans le passé. Nous avons réussi à
écrire un ouvrage ensemble bien que nous appartenions à deux générations
différentes et que nous ayons des points de vue différents, car notre objectif
était le même. Nous pouvons nous sentir fiers d’y être arrivés, car ce que
cela nous a apporté a dépassé toutes nos attentes.
Nous ne nous sommes pas lancés seuls dans cette aventure et, comme le
savent tous les auteurs, accoucher d’un livre ne se fait pas sans le concours
de nombreuses personnes créatives, brillantes et infatigables. Nous devrions
remercier très chaleureusement plus de personnes que celles que nous
citerons ci-après, car une multitude d’hommes et de femmes ont apporté
leur pierre à l’édifice. Nous sommes redevables envers tous les chercheurs,
les mentors et confrères qui ont partagé avec nous leur savoir et qui nous
ont aidés à percer les mystères du cerveau et du corps humains. Nous
souhaitons aussi exprimer toute notre gratitude à nos patients, dont
l’histoire personnelle nous enrichit sans cesse et qui, chaque jour, nous
montrent comment devenir de meilleurs médecins. Les enseignements que
nous tirons de votre vie sont irremplaçables. Cet ouvrage est autant le vôtre
que le mien. Et maintenant, remercions les personnes qui, directement, ont
contribué à l’écriture de ce livre.
Kristin Loberg a accepté de mettre ses qualités d’auteure à notre profit et de
relever le défi d’uniformiser et de rendre cohérent un livre écrit par deux
auteurs. Merci à toi d’avoir su diriger notre équipe et réussi à faire un
fabuleux travail.
Notre agent littéraire Bonnie Solow a également joué un rôle majeur dans
cette aventure. Merci, Bonnie, d’être notre agent, mais aussi pour avoir été
notre guide et nous avoir soutenus, et ce, dans nombre de domaines. Tu ne
recules jamais devant rien et ton aide est plus que précieuse.
Un grand merci à Proton Enterprises, dirigé par James Murphy, pour avoir,
d’une main de maître, supervisé les nombreux messages qui ont contribué à
la rédaction de ce livre. Merci tout particulièrement à Andrew Luer, qui non
seulement a été une force de proposition mais qui a également supervisé
notre plate-forme.
Merci à nos amis de Digital Natives pour leur expertise et leur implication
dans notre projet, notamment sur tout ce qui a trait au numérique.
Merci à Leize Perlmutter, mon épouse et la mère d’Austin. Merci pour ton
amour indéfectible et tes suggestions toujours pertinentes qui nous ont aidés
à peaufiner ce livre.
Merci à l’infatigable équipe de Little Brown Spark qui a soutenu notre
projet. Un merci tout particulier à Tracy Behar, notre chère éditrice, dont le
professionnalisme nous a permis de transmettre le message que nous
souhaitions, et ce, en clarifiant certains passages ou en effectuant de
judicieuses coupes afin que ce livre soit accessible à tous et réussisse à
convaincre le plus grand nombre. Grâce à votre travail et à vos
connaissances éditoriales, nous en livrons à nos lecteurs la meilleure
version. Merci aussi à Michael Pietsch, Reagan Arthur, Ian Straus, Jessica
Chun, Juliana Horbachevsky, Craig Young, Pamela Brown, Sabrina
Callahan et Juliana Lee. Ce fut un plaisir de travailler avec une équipe aussi
professionnelle et dévouée.
Merci à Judith Choate, qui a élaboré chacune des recettes dans sa cuisine,
en respectant nos consignes et en gardant à l’esprit que cuisiner doit être un
plaisir.
Et, pour finir, Austin souhaiterait faire cette déclaration : J’ai apprécié de
travailler avec James Murphy, John D’Orazio et Mitch Leonardi. Merci à
vous pour la curiosité, le soutien, la perspicacité et les encouragements dont
vous avez fait preuve alors que nous essayions de traiter quelques-unes des
questions les plus complexes ayant trait à la vie. Merci à Rachel Costantino
pour m’avoir rappelé de profiter des merveilles qu’offre le monde qui
m’entoure. Merci pour m’avoir encouragé et pour avoir apporté l’équilibre
qui manquait dans ma vie.
CRÉDITS DES ILLUSTRATIONS
Ici [ART 4] : John M. Harlow, “Recovery from the Passage of an Iron Bar
through the Head,” publications of the Massachusetts Medical Society 2,
no. 3 (1868) : 327–47. Reprinted : David Clapp & Son (1869).
Ici [ART 5] : Kalev H. Leetaru, “Culturomics 2.0 : Forecasting Large-scale
Human Behavior Using Global News Media Tone in Time and Space,” First
Monday 16, no. 9 (2011). Available at :
https://firstmonday.org/ojs/index.php/fm/article/view/3663/3040>. Date
accessed : 23 May 2019. Reprinted with permission.
Ici [ART 7] : Adapted from C. Pearson and Zaheer Hussain, “Smartphone
Use, Addiction, Narcissism, and Personality : A Mixed Methods
Investigation,” International Journal of Cyber Behavior, Psychology and
Learning 5, no. 1 (2015) : 17-32.
Ici [ART 11] : Adapted from Seung-Schik, et al., “The Human Emotional
Brain without Sleep – a Prefrontal Amygdala Disconnect,” Current Biology
17, no. 20 (2007) : R877-8.
Ici [ART 14] : © Randy Glasbergen. Glasbergen.com Reprinted with
permission.
À PROPOS DES AUTEURS
Introduction
1. Pew Research Center, “Political Polarization in the American
Public : How Increasing Ideological Uniformity and Partisan
Antipathy Affect Politics, Compromise and Everyday Life,” 12 juin
2014, www.pewresearch.org.
2. Pour vous renseigner sur les maladies chroniques en Amérique,
consultez le site web du Center for Chronic Disease Prevention and
Health Promotion : www.cdc.gov, et spécifiquement
https://www.cdc.gov/chronicdisease/resources/infographic/chronic-
diseases.htm (consulté le 16 mai 2019).
3. Centers for Disease Control and Prevention,
https://www.cdc.gov/healthcommunication/toolstemplates/entertainme
nted/tips/PreventiveHealth.html (consulté le 16 mai 2019).
4. The World Health Organization, https://www.who.int/ncds/en/
(consulté le 16 mai 2019).
Première partie
Chapitre 1
1. “Ericsson Mobility Report : 70 percent of world’s population using
smartphones by 2020,” press release, June 3, 2015,
https://www.ericsson.com/en/press-releases/2015/6/ericsson-mobility-
report-70-percent-of-worlds-population-using-smartphones-by-2020
(consulté le 18 mai 2019).
2. Pour les données sur l’utilisation des médias numériques, voir
www.Nielsen.com.
3. “Americans spend nearly half of their waking hours (42 percent)
looking at a screen, it’s been revealed by new research,” communiqué
de presse du 13 août 2018, enquête réalisée par OnePoll pour
CooperVision, https://coopervision.com/our-company/news-
center/press-release/americans-spend-nearly-half-their-waking-hours-
42-percent (consulté le 16 mai 2019).
4. S. C. Curtin, et al., “Recent Increases in Injury Mortality Among
Children and Adolescents Aged 10-19 Years in the United States :
1999-2016,” Natl Vital Stat Rep 67, no. 4 (Juin 2018) : 1-16.
5. National Center for Health Statistics. Health, United States, 2010 :
With special feature on death and dying. Table 95. Hyattsville, MD.
2011.
6. M. Markota, et al., “Benzodiazepine Use in Older Adults : Dangers,
Management, and Alternative Therapies,” Mayo Clin Proc 91, no. 11
(Nov 2016) : 1632-1639.
7. Voir National Sleep Foundation sur www.sleepfoundation.org
8. The World Health Organization, “Global Status Report on Alcohol
and Health,” 2018.
9. Ibid.
10. “New Cigna Study Reveals Loneliness at Epidemic Levels in
America,” communiqué de presse du 1er mai 2018,
https://cigna.newshq.businesswire.com/press-release/new-cigna-study-
reveals-loneliness-epidemic-levels-america?
WT.z_nav=newsroom%2Fnews-releases%2F2018%2Fnew-cigna-
study-reveals-loneliness-at-epidemic-levels-in-
america%3BBody%3Bhttp%3A%2F%2Fcigna.newshq.businesswire.c
om%2Fpress-release%2Fnew-cigna-study-reveals-loneliness-
epidemic-levels-america (consulté le 16 mai 2019).
11. Ibid.
12. R. Micha, et al., “Association Between Dietary Factors and
Mortality from Heart Disease, Stroke, and Type 2 Diabetes in the
United States,” JAMA 317, no. 9 (2017) : 912–924.
13. Rapport de Milken Institute, “America’s Obesity Crisis : The
Health and Economic Costs of Excess Weight,” 26 octobre 2018,
https://www.milkeninstitute.org/publications/view/944 (consulté le
16 mai 2019).
Chapitre 2
1. G. Weinstein, et al., “Serum Brain-derived Neurotrophic Factor and
the Risk for Dementia : the Framingham Heart Study,” JAMA Neurol
71, no. 1 (Jan 2014) : 55-61.
2. Voir l’interview avec le Dr Bredesen sur www. DrPelrmutter.com.
3. La célèbre « théorie du cerveau triunique » a été développée par le
neuroscientifique Dr Paul MacLean dans les années 1960. Voir la
revue de J. D. Newman et J. C. Harris : “The Scientific Contributions
of Paul D. MacLean (1913-2007), J Nerv Ment Dis 197, no. 1 (Jan
2009) : 3-5.
4. Justin S. Feinstein, et al., “The Human Amygdala and the Induction
and Experience of Fear,” Curr Biol 21, no. 1 (Janvier 2011) : 34–38.
5. J. B. Mackinnon, “The Strange Brain of the World’s Greatest Solo
Climber,” Nautilus Issue 039, 11 août 2016.
6. J. Amiel Rosenkranz, Emily R. Venheim, et Mallika Padival,
“Chronic Stress Causes Amygdala Hyperexcitability in Rodents,” Biol
Psychiatry 67, no. 12 (Juin 2010) : 1128–1136.
7. Voir l’article du Smithsonian Magazine de Steve Twomey pour
découvrir les conseils de Phineas Gage, “Phineas Gage :
Neuroscience’s Most Famous Patient,” Janvier 2010,
https://www.smithsonianmag.com/history/phineas-gage-
neurosciences-most-famous-patient-11390067/ (consulté le 16 mai
2019).
8. M. Ironside, et al., “Effect of Prefrontal Cortex Stimulation on
Regulation of Amygdala Response to Threat in Individuals with Trait
Anxiety : A Randomized Clinical Trial,” JAMA Psychiatry (Oct 2018).
9. N. J. Kelley, et al., “Stimulating Self-Regulation : A Review of
Non-invasive Brain Stimulation Studies of Goal-Directed Behavior,”
Front Behav Neurosci no. 12 (Jan 2019) : 337.
10. Anne T. Park, et al., Amygdala – medial Prefrontal Cortex
Connectivity Relates to Stress and Mental Health in Early Childhood,”
Soc Cogn Affect Neurosci 13, no. 4 (Avril 2018) : 430–439.
11. Ibid.
Chapitre 3
1. Pour un aperçu général de nos récompenses, voir : Eliot L. Gardner,
“Introduction : Addiction and Brain Reward and Anti-Reward
Pathways,” Adv Psychosom Med 30 (2011) : 22-60.
2. Amy F. Arnsten, “Stress Weakens Prefrontal Networks : Molecular
Insults to Higher Cognition,” Nat Neurosci 18, no. 10 (2015) : 1376–
1385.
3. “Always Connected : How Smartphones And Social Keep Us
Engaged,” an IDC Research Report, https://www.nu.nl/files/IDC-
Facebook%20Always%20Connected%20%281%29.pdf (consulté le
19 mai 2019).
4. Ibid.
5. “Kellogg Reveals Results of Monumental Breakfast Survey,” June
22, 2011, http://newsroom.kelloggcompany.com/news-releases?
item=76379 (consulté le 19 mai 2019).
6. James E. Gangwisch, et al., “High Glycemic Index Diet as a Risk
Factor for Depression : Analyses from the Women’s Health Initiative,”
Am J Clin Nutr 102 (2015) : 454–63.
7. N. D. Mehta, et al., “Inflammation Negatively Correlates with
Amygdala-ventromedial Prefrontal Functional Connectivity in
Association with Anxiety in Patients with Depression : Preliminary
Results,” Brain Behav Immun 73 (Oct 2018) : 725-730.
8. Miguel Alonso-Alonso, et al., “Food Reward System : Current
Perspectives and Future Research Needs,” Nutr Rev 74, no. 5 (Mai
2015) : 296–307.
9. American Psychological Association (2017). “Stress in America :
The State of Our Nation. Stress in America Survey,”
stressinamerica.org.
10. Pew Research Center, July, 2016, “The Modern News Consumer.”
11. Ibid.
12. Ibid.
13. American Psychological Association (2017). “Stress in America :
The State of Our Nation. Stress in America Survey,”
stressinamerica.org.
14. Pew Research Center, December, 2017, “Worldwide, People
Divided on Whether Life Today Is Better Than in the Past.”
15. John Gramlich, “5 Facts about Crime in the U.S.,” Pew Research
Center, 3 janvier, 2019.
16. Max Roser et Mohamed Nagdy, “Optimism and Pessimism,”
publié en ligne sur OurWorldInData.org,
https://ourworldindata.org/optimism-pessimism (consulté le 19 mai
2019).
17. “The Burden of Stress in America,” enquête réalisée par le NPR
/ Robert Fondation Wood Johnson / École de santé publique de
Harvard, 2014.
18. Attila Szabo, “Negative Psychological Effects of Watching the
News in the Television : Relaxation or Another Intervention May Be
Needed to Buffer Them !” International Journal of Behavioral
Medicine 14, no. 2 (2007) : 57-62.
19. K. Leetaru, “Culturomics 2.0 : Forecasting Large-scale Human
Behavior Using Global News Media Tone in Time and Space,” First
Monday16, no. 9 (2011).
20. Soroush Vosoughi, Deb Roy, and Sinan Aral, “The Spread of True
and False News Online,” MIT Initiative on the Digital Economy
Research Brief, 2017.
21. “Dig Deeper : Critical Thinking in the Digital Age,” MindEdge,
2018.
22. “Labor Day Survey : 51 % of U.S. Employees Overall Satisfied
with Their Job,” communiqué de presse du Conference Board,
www.conference-board.org
23. Cynthia Kong, “Bored at Work,” The Robert Half Blog, 19
octobre, 2017.
24. “State of Global Worklplace,” Gallup, 2017.
25. “Mind the Workplace,” report by Mental Health America, 2017.
26. The Nielsen Total Audience Report : Q1 2018, Nielsen.com.
Chapitre 4
1. Tristin Harris, “How Technology is Hijacking Your Mind – from a
Magician and Google Design Ethicist,” Thrive Global, 18 mai 2018.
2. Cecilia Cheng and Angel Yee-lam Li, “Internet Addiction
Prevalence and Quality of (Real) Life : A Meta-Analysis of 31 Nations
Across Seven World Regions,” Cyberpsychology, Behavior, and Social
Networking 17, no. 12, 2014.
3. www.statista.com
4. J. T. F. Lau, et al., “Incidence and Predictive Factors of Internet
Addiction among Chinese Secondary School Students in Hong Kong :
A Longitudinal Study,” Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol 52, no. 6
(Juin 2017) : 657-667.
5. M. A. Moreno, et al., “Problematic Internet Use Among US Youth :
A Systematic Review,” Arch Pediatr Adolesc Med 165, no. 9 (2011) :
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6. Yan Zhou, et al., “Gray Matter Abnormalities in Internet
Addiction : A Voxel-based Morphometry Study,” European Journal of
Radiology 79 (2011) : 92-95. See also : Rita Z. Goldstein and Nora
D. Volkow, “Dysfunction of the Prefrontal Cortex in Addiction :
Neuroimaging Findings and Clinical Implications,” Nat Rev Neurosci
12, no. 11 (2011) : 652-669.
7. Yan Zhou, et al., “Altered Default Network Resting-State
Functional Connectivity in Adolescents with Internet Gaming
Addiction,” PLoS One 8, no. 3 (2013) : e59902.
8. Ryan J. Dwyer, Kostadin Kushlev, and Elizabeth W. Dunn,
“Smartphone Use Undermines Enjoyment of Face-to-face Social
Interactions,” Journal of Experimental Social Psychology 78
(Septembre 2018) : 233-239.
9. Juliana Schroeder, et al., “Handshaking Promotes Cooperative
Dealmaking,” Harvard Business School NOM Unit Working Paper
No. 14-117 ; Harvard Business School Marketing Unit Working Paper
No. 14-117. mai 2014. Disponible sur SSRN :
https://ssrn.com/abstract=2443674 ou
http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2443674.
10. Stephen T. Asma, “This Friendship Has Been Digitized,” Op-Ed
for The New York Times, 23 mars 2019, Page SR10.
11. Pour plus d’information sur le Dr Lisa Strohman, voir son site sur
https://drlisastrohman.com
12. J. D., Elhai, et al., “Problematic Smartphone Use : A Conceptual
Overview and Systematic Review of Relations with Anxiety and
Depression Psychopathology,” J Affect Disord 207 (Janvier 2017) :
251-259.
13. Y. S. Cheng, et al., “Internet Addiction and Its Relationship With
Suicidal Behaviors : A Meta-Analysis of Multinational Observational
Studies,” J Clin Psychiatry 79, no. 4 (Juin 2018).
14. Danielle L. Clark, Jean L. Raphael, and Amy L. McGuire,
“HEADS : Social Media Screening in Adolescent Primary Care,”
Pediatrics 141, no. 6 (Juin 2018).
15. ABC News Australia, “Internet-addicted South Korean Children
Sent to Digital Detox Boot Camp,” disponible sur
https://youtu.be/YuT_RAugJu0.
16. Compte Twitter de Matt Cutts : @MattCutts
17. Pour toutes les statistiques sur les tendances et les utilisations des
réseaux sociaux, téléchargez le rapport du Global Web Index : “The
Latest Social Media Trends to Know in 2019” sur
www.glocalwebindex.com.
18. Ibid
19. L’interview de Chamath Palihapitiya a été postée par Tim Hain le
11 décembre 2017 sur realclearpolitics.com sous le titre “Former
Facebook Exec : Social Media Is Ripping Our Social Fabric Apart.”
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Conclusion
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7. Voir : https://www.bluezones.com.
Du même auteur, aux éditions Marabout
Ces glucides qui menacent notre cerveau (en collaboration avec Kristin
Loberg), 2015
Pourquoi et comment limiter gluten, céréales, sucres et glucides raffinés,
2015
L’Intestin au secours du cerveau
Protégez votre cerveau (en collaboration avec Kristin Loberg), 2018
Choisissez les aliments qui soignent et protègent votre cerveau, 2016