Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS
COURS
DE PHONÉTIQUE
Troisième année
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
OBJECTIFS......................................................................................................................................... 5
INTRODUCTION................................................................................................................................. 5
NIVEAU 1 : LE COURS......................................................................................................................6
COURS 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
LES TECHNIQUES DE CORRECTION PHONÉTIQUE ........................................................................................... 6
LE PROFESSEUR FACE AUX PROBLÈMES DES FAUTES DE PRONONCIATION............................................................ 6
COURS 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
L’ENSEIGNEMENT DE L’INTONATION ET DU RYTHME .................................................................................... 8
L’INTONATION DE LA PHRASE!: LA REPRODUCTION DE LA PROSODIE SANS LES PHONÈMES ................................... 8
L’INTONATION DE LA PHRASE!: LE DÉCOUPAGE RÉGRESSIF ........................................................................... 8
COURS 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0
LE DÉBIT DE LA PHRASE .........................................................................................................................10
LA SYLLABE ........................................................................................................................................10
L’ACCENTUATION ................................................................................................................................10
COURS 4!: LES DIFFÉRENTS PRINCIPES DE CORRECTION DES SONS VOCALIQUES ET
CONSONANTIQUES DE LA MÉTHODE VERBO-TONALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1
CORRECTION PAR MODIFICATION OU SUBSTITUTION MOMENTANÉE DU SON!: LA PRONONCIATION NUANCÉE OU
DÉFORMÉE ..........................................................................................................................................11
CORRECTION D’UN MÊME PHONÈME PAR UNE AUTRE POSITION DANS!: LA SYLLABE, L’ÉLÉMENT RYTHMIQUE ET LE
GROUPE RYTHMIQUE. ............................................................................................................................11
CORRECTION GRÂCE À UN ENVIRONNEMENT ADÉQUAT................................................................................12
COURS 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 4
CORRECTION PAR LA MÉTHODE ARTICULATOIRE.........................................................................................14
CORRECTION À PARTIR DE PROCÉDÉS SENSITIFS!: ........................................................................................14
CORRECTION BASÉE SUR L’AUDITION DE MODÈLES À PARTIR D’UN MAGNÉTOPHONE OU DANS UN LABORATOIRE DE
LANGUE .............................................................................................................................................14
COURS 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5
CORRECTION FONDÉE SUR LA TRANSCRIPTION PHONÉTIQUE ..........................................................................15
CORRECTION À PARTIR DE LA MÉTHODE DES OPPOSITIONS PHONOLOGIQUES.....................................................15
LES TROIS TRAITS QUI SONT À LA BASE DE LA MÉTHODOLOGIE VERBO-TONALE.................................................15
COURS 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 7
RELATIONS DES SONS AU NIVEAU DE LA LABIALITÉ ....................................................................................17
RELATIONS DES SONS AU NIVEAU DE LA TENSION .......................................................................................17
LA TENSION D’UNE VOYELLE EST FONCTION!:...............................................................................18
COURS 8!: PRINCIPES GÉNÉRAUX DE CORRECTION DES VOYELLES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1
COMMENT CORRIGER LES FAUTES DE TENSION!?.........................................................................................21
COMMENT CORRIGER LES FAUTES D’ACUITÉ!?............................................................................................21
COMMENT CORRIGER LES FAUTES DE TIMBRE!? ..........................................................................................21
COMMENT CORRIGER LES CORRIGER DE LABIALITÉ!?...................................................................................21
COURS 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2
PRINCIPES GÉNÉRAUX DE CORRECTION DES CONSONNES. ..............................................................................22
COMMENT CORRIGER LES FAUTES DE TENSION!?.........................................................................................22
COMMENT CORRIGER LES FAUTES D’ACUITÉ!?............................................................................................22
COMMENT CORRIGER LES FAUTES DE LABIALITÉ!?......................................................................................22
COURS 10!: QUELQUES EXEMPLES DE FAUTES CONSONANTIQUES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 3
COURS 11!: EXEMPLE D’ANALYSE DE FAUTE VOCALIQUE!: [Y] > [I] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 5
Avant-propos
OBJECTIFS
ß Présenter les différentes techniques de correction phonétique
ß Analyser certaines fautes
ß Proposer quelques exemples d’exercices de phonétique
INTRODUCTION
On n’a pas besoin d’être expert pour savoir que la langue est avant tout, la musique, la mélodie, la
combinaison de sons. D’ailleurs, les usagers de la langue sont tout à fait conscient de cette musicalité.
Nous pouvons citer des remarques du type, «!dans le sud de la France, on chante avant de parler!», des
représentations du type, «!le bitonga semble avoir été conçu pour la musique, d’où son grand impact!»
(propos de Félix MOYA, vainqueur du Ngoma Moçambique 1997, in Demos du 7 janvier 1998, p. 17),
ou encore ces témoignages recueillis par nous mêmes sur le terrain en 1997 comme par exemple, «!la
langue française est douce, ça chante, ça m’a toujours plu!» (femme de ménage italienne, 77 ans vivant
en France), «!la langue française, vous chantez quand vous la parlez!»(ingénieure Espagnole, 24 ans),
«!la langue française est fine, agréable à écouter!» (étudiante grecque, 21 ans), «!Le français a une
musicalité tellement marquante que les locuteurs natifs ne peuvent jamais échapper à cela, quand ils
parlent une autre langue!» (étudiante sud-africaine, 23 ans), «!le français a une phonétique très
agréable, un vrai intérêt à la maîtriser!» (chercheur espagnol, 52 ans)….
Tous ces propos montrent que la musique des mots et des phrases est essentielle. Et pourtant, les
professeurs de langue, probablement par commodité pédagogique, donnent souvent priorité à
l’enseignement du lexique, de la morphosyntaxe, de la grammaire et laissent de côté la phonétique. Pour
être précis, le programme de français du MINED ne fait pas référence à l’enseignement de la
phonétique. C’est sûrement pourquoi les professeurs ne s’y intéressent pas du tout. Paradoxalement, à la
fin du cursus, en dernière année du lycée (terminale ou 12ème classe), pour obtenir le baccalauréat il faut
passer les examens écrits et oraux. Qu’est-ce qu’on évalue à l’oral!? Ce qui ne figure pas dans le
programme, ce qu’on n’ a pas enseigné de manière explicite en cours, à savoir la phonétique, en
particulier, la prononciation correcte, la prosodie, les faits de jointure tels que les liaisons et les
enchaînements, l’intonation, le rythme, le débit, etc. Pensons à ces critiques et démentis qu’on voit
paraître de temps en temps dans la presse mozambicaine autour de l’enseignement du français, ce qui
nous permet d’affirmer qu’il faudrait sensibiliser les élèves à la phonétique, aux intonations, au rythme,
au débit, enfin, au plaisir des sons.
Pour mieux vous situer, rappelons que le langage (supra système), comprend trois sous-systèmes qui se
répartissent en!:
ß Sous-système verbal, c’est-à-dire, le lexique et la morphosyntaxe.
ß Sous-système vocal, c’est-à-dire, la prosodie dans toutes ses variantes, notamment, le rythme,
l’intonation, le débit, les pauses.
ß Sous-système gestuel, à l’intérieur duquel il faut distinguer, la vocalisation involontaire comme
la toux, les rires, les soupirs!; le kinésique, à savoir, la posture et les gestes!; le proxémique, qui
renvoie à l’espace de réalisation de la parole
Pour que l’apprentissage d’une langue soit attrayant et motivant, le professeur ne peut pas se contenter
d’enseigner le sous-système verbal. Il doit essayer de créer une synergie entre les trois sous-systèmes.
Pour corriger une erreur de prononciation, d’accentuation ou d’intonation, le professeur doit recourir à
des techniques phonétiques précises, il doit surtout, repérer, évaluer, comprendre et corriger les erreurs
et faire appel à des activités variées et motivantes. Les fiches pratiques de phonétique corrective qui
seront proposées doivent être considérées comme des conseils et non comme des recettes. Il faut aussi
rappeler qu’aucune technique n’est sérieusement applicable sans certaines connaissances concernant en
particulier!:
ß La norme phonétique du français contemporain!: les règles d’orthoépie, les modèles de
prononciation, les niveaux de langue.
ß La phonétique segmentale!: les habitudes articulatoires acoustiques et perceptives.
ß La phonétique supra-segmentale!: les habitudes accentuelles, rythmiques et intonatives.
- 5 -
Cours de Phonétique – 3ème année
NIVEAU 1 : LE COURS
Cours 1
- 6 -
Cours de Phonétique – 3ème année
permettront d’évaluer si l’élève entend la différence entre certaines intonations, s’il confond deux
phonèmes, s’il reconnaît un phonème ou une intonation.
On peut ensuite travailler la production des sons en contexte distributionnel et rythmique et pas
uniquement dans des unités syllabiques isolées. Les syllabes isolées sont des unités sonores faciles à
saisir. On les présentera généralement une fois comme modèle que l’apprenant répètera souvent sans
trop de difficultés car sa mémoire auditive facilite la reproduction d’unités courtes. Mais toute syllabe
articulée isolément a un relief acoustique qui peut se trouver modifié si cette même syllabe est placée à
l’intérieur du mouvement rythmique de la phrase. On ne peut pas se contenter de faire pratiquer des
syllabes isolées, mais le recours à ces syllabes amorce le processus de correction qui va de la
présentation du son dans des conditions favorables (optimales) à l’insertion de ce son dans différents
contextes distributionnels phonétiques.
L’élimination des interférences suppose aussi l’application de principes pédagogiques. L’enseignant,
en fonction de son public et aussi en fonction de la faute, va opérer un choix parmi les différentes
techniques de correction.
Ces différentes remarques confirment le fait que l’enseignement de la phonétique d’une langue
étrangère n’est pas forcément chose facile. Le professeur doit donc avant tout savoir utiliser à bon
escient les diverses techniques de correction et faire preuve de beaucoup de patience. Il faut qu’il soit
également conscient du fait que «!la progression phonétique ne peut se ramener à la discrimination et
à la reproduction ordonnée et systématique de chacun des phonèmes de la langue nouvelle, dissociée
des éléments prosodiques qui conditionnent la bonne perception des phonèmes et leur reproduction
correcte et , par delà l’expressivité et la créativité verbales!» (LANDERCY, RENARD 1977, p. 212).
L’intégration phonétique est toujours un processus étalé dans le temps et se réalisant de manière très
irrégulière.
- 7 -
Cours de Phonétique – 3ème année
COURS 2
- 8 -
Cours de Phonétique – 3ème année
ß [me Ri kE)]
ß [ta me Ri kE)]
ß [lE ta me Ri kE)]
ß [il lE ta me Ri kE)]
A partir de cet exemple, retenez surtout qu’il faut toujours surveiller plus particulièrement la chute!:
c’est souvent la mélodie des trois dernières syllabes qui trahit une intonation étrangère.
Par ailleurs sachez que le découpage régressif a comme fonction de!:
ß fixer le découpage syllabique
ß favoriser la régularité rythmique
ß favoriser l’accent de groupe
ß permettre de mieux respecter le mouvement mélodique de la phrase.
- 9 -
Cours de Phonétique – 3ème année
COURS 3
Le débit de la phrase
Le débit est la quantité de syllabes prononcées par seconde. Il dépend donc beaucoup plus que les
autres paramètres, de facteurs individuels. Celui-ci doit être (ni trop lent, ni trop rapide) et pour le faire
ressentir, le professeur doit jouer avec le changement de débit en faisant travailler l’accélération et le
ralentissement.
La syllabe
Les syllabes ne doivent pas être escamotées (pas de demi [∂] par exemple). Elles restent normalement
sur la même note, sans modulation ni inflexion. Les enchaînements tout comme les liaisons doivent
être réalisés. C’est le découpage syllabique (la scansion) de la phrase qui fera prendre conscience à
l’apprenant de la nature de la syllabe.
Exemple!:
ß Pierre et Jacques sont à Montpellier [*pjE Re Zak sç) ta *mç) p∂ ‘lje]
ß J’adore les oiseaux [Za dç{ le zwa zo]
L’accentuation
L’accent n’étant pas lexical, il faut veiller à ce que les groupes phoniques soient correctement
délimités. Le niveau d’attaque de la phrase doit se situer ni trop haut ni trop bas. Le sommet d’attaque
de la phrase doit être bien placé et il ne faut pas l’accompagner d’un accent d’insistance. La syllabe
accentuée sera réalisée sans modulations, avec uniquement un décalage tonal plus ou moins grand
entre la syllabe sommet et celle qui précède.
Exemple!:
Prête-moi ta voiture pour une demi-journée
C’est la régularité qui marque le rythme du français. Nous observons le retour à intervalles réguliers
de la syllabe accentuée (c’est-à-dire de la syllabe longue) qui délimite une unité syntaxique et qui
marque la fin d’un mouvement intonatif montant ou descendant. Cette régularité est due également à
l’égalité en durée et en intensité des syllabes inaccentuées.
Dans l’optique de la correction par la méthode verbo-tonaliste, ces remarques concernant
l’accentuation et l’intonation nous amènent à faire les remarques suivantes!:
Le timbre d’une voyelle est mieux déterminé en syllabe accentuée (la position atone tend à la
neutralisation)
ß Un son s’éclaircit (ou devient plus aigu) à un sommet intonatif.
ß Un son s’assombrit ( ou devient plus grave) dans un creux intonatif
- 10 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 11 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Exemple 1!:
L’élève assimile [p] (consonne tendue, labiale et grave) en [b].(consonne relâchée, labiale et grave) On
notera ici qu’il s’agit d’une baisse de tension. La correction consistera à faire augmenter la tension en
mettant [p] en position!initiale, dans le cas où, [p] n’est pas à l’initiale. Schématiquement!:
Si [p] > [b] : mettre [p] à l’initiale.
T+ T-
Exemple 2!:
En revanche, si l’élève assimile [b] en [p], cette faute provient d’une tension trop importante.
Schématiquement!:
Si [b] > [p] : mettre [b] en finale.
T- T+
Pour ce qui est de la correction d’un même phonème par une autre position dans l’élément rythmique
et le groupe rythmique, sachez que pour les voyelles comme pour les consonnes, cela implique!:
- 12 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Exemple 2!:
Pour mettre en évidence le caractère grave de [ç] par rapport à [œ], on associe à [ç] des consonnes
graves. Pour ne citer que deux exemples pensons à des mots comme «!mort!» [ç], «!l’or!» [lç{].
Par ailleurs, en ce qui concerne les consonnes il faut au contraire envisager le changement de
l’entourage vocalique. Pour être précis, voyons des cas concrets, à savoir!:
ß Pour faciliter le recul du lieu d’articulation du [R] on l’associe à des voyelles d’arrière comme
[u], [o], [ç], [ç)].
ß Les consonnes labiales comme [∫] et [Z] se réaliseront plus aisément avec des voyelles labiales.
Pensons à des mots comme «!chou!» [∫u], «!joue!» [Zu].
Dans ces deux dernières procédures, la méthodologie de la correction s’appuie sur la notion de
contexte facilitant.
«!Le système verbo-tonal préconise un reconditionnement de l’audition par une action (appropriée sur
la faute) portant non pas seulement sur la phonation (articulation), mais sur l’émission (le modèle) afin
d’aboutir à une conduite inconsciente, non analytique, de l’élève!» Landercy / Renard, 1977, p.213.
- 13 -
Cours de Phonétique – 3ème année
COURS 5
- 14 -
Cours de Phonétique – 3ème année
COURS 6
- 15 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Ces trois traits fonctionnent pour tous les phonèmes et l’apprenant peut les ressentir dans son corps.
Effectivement, si on examine chaque trait on peut faire les remarques suivantes!:
ß La labialité est une caractéristique articulatoire. Elle se voit. On classe donc les sons en deux
catégories!:
o Articulations non labiales (L-) (traditionnellement appelées aussi écartées)
o Articulations labiales (L+) (traditionnellement appelées aussi arrondies)
ß La tension se vit ou se sent. Elle est physiologique et résulte d’un effort musculaire plus ou
moins intense des organes phonateurs. Les sons vont donc entretenir entre eux des relations de
tension caractéristiques qui seront mises à profit dans la correction phonétique. Les
articulations sont donc réparties en!:
o Tendues (T+) (traditionnellement nommées sourdes, terminologie valable pour les
consonnes uniquement)
o Relâchées (T-) (traditionnellement nommées sonores, même remarque ci-dessus)
ß L’acuité s’entend et le classement acoustique des articulations nous permet de distinguer entre
les!:
o Graves (A-)
o Aiguës (A+)
Il faut noter que tension et acuité vont de pair. En effet, plus un son est aigu, plus il est tendu.
Quelques remarques supplémentaires s’imposent à propos de ces trois traits qui sont à la base de la
méthodologie verbo-tonale. Et c’est ce que nous verrons dans le cours suivant.
- 16 -
Cours de Phonétique – 3ème année
COURS 7
- 17 -
Cours de Phonétique – 3ème année
OCCLUSIVES CONSTRICTIVES
Sourdes p t k f s S
+
Sonores b d g v z Z
tension
Nasales m n N
décroissante
Semi-consonnes w j Á
-
Voyelles u i y
Ce tableau met en évidence les relations entre les consonnes. Ce sont les articulations sourdes qui sont
les plus tendues. Les sourdes sont donc en même temps les fortes et les sonores, les douces.
L’opposition de voisement qui existe dans la majorité des langues se confond avec l’opposition de
force articulatoire.
Ainsi une consonne non voisée comme [p] est plus forte articulatoirement qu’une consonne voisée
comme [b] dont l’énergie a été en partie absorbée par les vibrations glottales.
[R] et [l] sont exclues à cause de leur mode articulatoire (consonnes à battements).
d) De l’entourage vocalique
Une consonne est tendue lorsqu’elle accompagne une voyelle tendue, elle est relâchée avec une voyelle
relâchée.
Plus le contexte acoustique dans lequel se trouve le son est constitué de sons tendus, plus le son est lui
même tendu.
[biS] [buS]
T+ T-
- 18 -
Cours de Phonétique – 3ème année
[pat] [ma¯]
T+ T-
c) De son aperture
A lieu d’articulation égal, une voyelle est d’autant plus tendue qu’elle est fermée
[le] [lE]
T+ T-
p t k
Occlusives
b d g
f s S
Constrictives
v z Z
Semi-consonnes
w j
Voyelles
u i
p t k
Occlusives
b d g
f s S
Constrictives
v z Z
Semi-consonnes
w j
Voyelles
u i
La flèche part de la consonne à reproduire et indique la faute commise.
- 19 -
Cours de Phonétique – 3ème année
+---------------------------------------------------------------------------------------------‡
aigu ( clair ) grave ( sombre )
s t S k f p
z d Z g v b {
n ¯ m
ß sont aiguës : les constrictives alvéolaires ( les sifflantes [ s ] et [ z] ainsi que l'occlusive
alvéo-dentale [ t ].
ß sont graves : les occlusives bilabiales sonores [ b ] et [ m ] ainsi que la vélaire à battements
[{].
ß les sonores sont toujours plus graves que les sourdes correspondantes.
Remarques!: Les sonores sont toujours plus graves que les sourdes correspondantes.
nasalisation
____________________________
labialisation une voyelle devient plus grave recul du lieu
___________________________ d'articulation
augmentation de
l'aperture
La labialisation, l’augmentation d’aperture, le recul du lieu d’articulation ainsi que la nasalisation
déterminent le caractère grave d’une voyelle par rapport à une autre.
L’acuité d’une syllabe sera celle des sons qui la composent! comme nous pouvons le constater dans
les exemples qui suit!:
ß [my] A- [ty] A+
ß [sis] A+ [Rim] A-
ß [mA)b{] syllabe grave / [sis] syllabe aiguë
- 20 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 21 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Cours 9
- 22 -
Cours de Phonétique – 3ème année
L’aspiration!:
Ce trait phonétique évoque l’explosion des occlusives sourdes qui est accompagnée d’un souffle.
Comment s’y prendre face à une erreur due à l’aspiration!? Il faut!:
ß éviter le souffle qui suit en faisant précéder l’occlusive d’une constrictive.
ß Remplacer par la sonore prononcée fortement
ß
Exemple!:
ß «!à Paris!»[ a*paRi ] > [ a‚*phaRi ] ------------ [ as*paRi ] ou [ a*baRi ]
ß «!à qui!» [ aki ] > [ akhi ] ------------ [ aski ] ou [ agi ]
- 23 -
Cours de Phonétique – 3ème année
La vélarisation!:
Pensons à ces situations où [l] est confondue avec [R]. Vous souriez peut-être si vous vous souvenez
de cet homme politique très connu dans la terre du METICAL, qui assimile «!problemas!» à
«!probremas!». Comment corriger ce type de fautes!? Il faut!:
ß Utiliser un contexte antérieur pour [l], c’est-à-dire, [s] [t] [d] [i] ou [e] ainsi que la position
initiale.
ß Placer [R] dans un contexte postérieur [u], [o] ou [ç)], à la fin d’un mot ou d’un creux intonatif
(fin de phrase).
ß Remplacer par la consonne la plus proche!: [l] par [d] et [R] par [g]
ß Utiliser le découpage syllabique.
Exemple!: Il est là [i-lE-la]
Le relâchement de tension!:
Comment s’y prendre face à une telle situation!? Il faut!:
ß Utiliser un contexte aigu et tendu. Exemple!:
[s] > [∫] [z] > [Z]
[si]!! [illiz]!? [gRiz]!?
Observez qu’ici les sifflantes deviennent des chuintantes.
ß Remplacer par la consonne correspondante plus tendue. Exemple!:
[v] > [w] ---------------- [vit]!: [vu]!? [vjE)]!!
---------------- [fit]!! [fwala]
[Z] > [j] ------------------ [*ZA)]!!
------------------- [*SA)]
Notez que [v] et [z] se détendent en semi-voyelles.
- 24 -
Cours de Phonétique – 3ème année
[i] [y]
T+ T-
A+ A-
L- L++
- 25 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 26 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Cours 13
Confusion d’une nasale avec une autre nasale!: [E)] et [A)] –[A)]et [ç)]
Les trois voyelles nasales se différencient par!:
ß Le lieu d’articulation!: antérieur pour [E)]!; postérieur pour [ç)] et central pour [A)]
ß L’aperture!: moyenne pour [E)] et [ç)]!; grande pour [A)].
ß La labialité!: [E)] est étirée!; [A)] et [ç)] sont arrondies
Aigu Grave
[E) ] [ A) ] [ç) ]
- 27 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Cours 14
- 28 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Cours 15
Deux langues peuvent posséder des sons à peu près équivalents, mais différer néanmoins
profondément pour deux raisons essentielles :
ß la réalisation phonétique : habitudes physiologiques et psychophysiologiques au niveau
articulatoire, rythmique et intonatif.
ß la répartition des phonèmes et de leur fréquence d'emploi : problème de distribution des
sons. Ce sont les phonèmes français n'existant pas dans la langue maternelle ( ou qui existent
avec une autre distribution ) qui vont poser des problèmes.
Si on en a la possibilité, il importe donc avant de commencer la correction phonétique, d'établir un
inventaire comparé des possibilités distributionnelles des sons des deux langues en présence. On peut
ainsi prévoir les difficultés.
Mais dans le recensement des oppositions phonétiques il ne faut retenir que les différences
importantes et non les subtilités orthoépiques.
par bar teu deu colo golo fila vila cinco zinco chá já
Dans tous ces exemples, le professeur informé et formé en phonétique, au lieu de faire répéter
péniblement les sons confondus, comprendra immédiatement que l’apprenant ne perçoit pas la
différence entre les deux sons et que le problème réside dans la tension ([p], [t], [k], [f],[s] et [∫] sont
des sons tendus) et relâchement ([b], [d], [g], [v], [z] et [Z] sont des sons relâchés). Dans ce cas, il
sensibilisera les apprenants Macuas aux variations de l’effort musculaire afin de bien marquer la
distinction tendu / relâché ou sourd / sonore pour qu’ils arrivent à bien percevoir les deux sons
- 29 -
Cours de Phonétique – 3ème année
confondus, nous y reviendrons plus en détail plus loin, à propos de différents principes de correction
d’erreurs d’articulation..
- 30 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Il en va de même pour les autres langues. On pourrait s’amuser à comparer le français dans la bouche
des Antillais, des Africains, des Québécois, des Belges, des Français et ainsi de suite. C’est dans ce
sens d’ailleurs que certains auteurs comme le sociolinguiste français Pierre Dumont vont jusqu’à
parler de «!français langue africaine!», «!le français d’Afrique!». En fait, la variation sur le plan
phonétique, ne se manifeste pas seulement en termes «!d’accent!» ou «!sotaque!», on assiste même à la
transformation des phonèmes. Effectivement, dans les habitudes articulatoires de certains Africains
francophones le [y] est souvent prononcé [i].
Ainsi, «!tu vas bien!?!»[tyvabjE)!]!?, se prononcera «!ti vas biens!»!? [tivabjE)!]!? «!J’ai une
voiture!»[ZeynvwatyR], se prononcera «!J’ai une voitire!»[ZeynvwatiR]. Nous précisons que pour des
raisons d’ordre pédagogique nous ne tiendrons pas compte des spécificités linguistico-phonétiques
locales.
- 31 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Le point d’articulation !:
ß Antérieures ou palatales!: [E] [e] et [i]
ß Centrales ou médianes!: [a] [a]
ß Postérieures ou vélaires!: [ç] [o] [u]
Degré d’aperture!:
ß Ouvertes!: [a]
ß Semi-ouvertes!: [E] [ç]
ß Semi-fermées!: [e] [a] [o]
ß Fermées!: [i] [u]
Rôle des cavités buccales et nasales:
ß Orales!: [i] [E] [e] [a] [ç] [o] [u]
ß Nasales!: [i)] [E)] [A)] [õ] [u)]
Intervention des lèvres!:
ß Arrondies ou labiales!: [ç][o] [u]
ß Voyelles étirées!: [e] [E] [i]
Classement en fonction de l’énergie articulatoire
Voyelles toniques ou accentuées
Phonétiquement, elles sont plus fortes et plus longues que les autres et prononcées généralement sur
un ton plus haut (continuité ou question) ou plus bas (finalité). On trouve les voyelles orales et les
voyelles nasales. Voici les voyelles orales toniques!:
Antérieure Médiane Postérieure
Fermée [i] [u]
Demi-fermée [e] [a] [o]
Demi-ouverte [E] [ç]
Ouverte
[a]
Remarques!:
Puisque [a] en position tonique apparaît généralement devant une consonne nasale, l’opposition entre
[a] et [a] est quasiment nulle. C’est ce qui se passe en français quand on prononce «!pâtes!» et
«!pattes!». En réalité, les deux mots sont souvent prononcés de la même manière.
- 32 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Remarques!:
Comme on peut le voir dans le tableau, les voyelles nasales en portugais sont fermées ou semi-
fermées, contrairement au français (et quelques variétés régionales du portugais), qui a des voyelles
nasales ouvertes ou semi-ouvertes. Dans l’ensemble, les voyelles nasales du portugais ont une voyelle
orale correspondante.
Voyelles atones
Il s’agit de toutes les voyelles non accentuées phonétiquement. A l’intérieur de ces voyelles il faut
distinguer!:
Les voyelles atones non finales que voici!:
Antérieures Médianes Postérieures
Fermées [i] [u]
Semi- [e] [o]
fermées
Ouvertes [a]
Remarques!:
Dans cette position la distinction entre [E] et [e] est quasiment nulle, en particulier, dans le portugais
standard du Brésil. Il en va de même pour [ç] et [o]. En revanche, on fait bien la distinction entre [e] et
[i]. Quant à [u], les graphies correspondantes peuvent être «!o!» ou «!u!».
Toujours en position atone non finale, on trouve un autre cas de figure dans le portugais standard du
Portugal (PSP) qu’on peut résumer ainsi!:
Antérieure Médiane Postérieure
Fermées [i] [∂] [u]
Semi- [a]
fermées
Remarques!:
Notons que comme dans le cas du portugais standard du Brésil, la distinction entre [E] et [e] ne se fait
pratiquement pas. La voyelle [∂] n’apparaît quasiment jamais en position tonique.
Les voyelles atones en position finale absolue!:
Antérieure Médiane Postérieur
Fermées [i] [u]
Ouvertes [a]
- 33 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Remarques!:
Comme on peut l’observer dans le tableau, en position finale absolue on a qu’une voyelle antérieure [i]
et la graphie correspondante, est la lettre «!e!»!; une seule voyelle postérieure [u] et la graphie
correspondante, est «!o!». Le tableau présenté ci-dessus, renvoie au PSB. Toujours en position finale
absolue, la spécificité du portugais du Portugal peut être résumée en ces termes!:
Médiane Postérieure
Fermées [∂] [u]
Semi- [a]
fermées
Remarques!:
Comme on peut le constater, la série antérieure ou palatale disparaît. On a que deux positions!:
médiane et postérieure. La graphie de [∂] est «!e!» et la graphie de [u] est «!o!».
- 34 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Cours 17
Les consonnes
Les 19 consonnes du portugais se trouvent le plus souvent en position intervocalique.
Les graphies «!m!» et «!n!» en fin de syllabe ou de mot représentent normalement la nasalité de la
voyelle qui précède.
Dans les mots d’origine étrangère, on assiste à une tendance d’adjonction d’une voyelle d’appui.
Exemples!: ritmo devient [Ritimu], pneu devient [pineu], club devient [klubi], chic [∫iki]. Il est
également possible de retrouver la prononciation apico-alvéolaire dans des mots savants comme
«!abdómen!», «!amen!», «!regimen!»
Comme en français, les 19 consonnes de la langue portugaise sont traditionnellement classées en
fonction des quatre critères phonétiques que nous rappellerons!:
Le mode articulatoire:
ß Occlusives [ p, b, t, d, k, g]
ß Constrictives fricatives [f, v, s, z, ∫, Z]!, constrictives latérales [l, l] et constrictives vibrantes [R]
et [r].
Le point d’articulation!:
ß Bilabiales [p,b,m]
ß Labiodentales [f,v]
ß Dorsodentales [s, z, t, d]
ß Apico-alvéolaires [n, l, r]
ß Palatales [∫, Z, l, ˜]
ß Vélaires [k,g,R]
La sonorité!:
ß Sourdes [p, t, k, f, s, ∫]
ß Sonores [b, g, g, v, z, Z, l, r, l, R, m, n, ¯]
La nasalité :
ß Orales
ß Nasales [m, n, ¯]
Une mise en garde s’impose aussi bien pour le portugais que pour le français, en ce qui concerne la
confusion entre l’alphabet (système d’écriture) et les phonèmes correspondants.
- 35 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Les enchaînements...
...vocaliques
Quand un mot terminé par une voyelle est suivi dans le même groupe rythmique par un mot
commençant par une autre voyelle, on peut avoir!:
ß soit élision de la voyelle finale du premier mot
Exemples!: «!Faça da tua alma…!»[fasadatuwalma], ici, le [a] de «!tua!»[tuwa] est supprimé et
on dira plutôt «!Faça da tu’alma!»[fasadatuwalma]. La même remarque est valable pour
«!minha amiga…!»[mi˜amiga], où le [a] de «!minha!» est élidé et on prononce
«!minh’amiga!»![mi˜amiga]; pour «!cansado eu só durmo!»[kA)sadewusçdu{mu] où le [o] de
«!cansado!» est supprimé et on dira «!casad’eu só durmo!»[kA)sadusçdu{mu], etc.
ß soit synalèphe, c’est à dire maintien de cette voyelle qui forme alors une syllabe unique avec la
voyelle initiale du mot suivant.
...consonantiques!:
Ils résultent de la combinaison entre la consonne du mot qui précède et la voyelle du mot qui suit.
Exemples!: «!Mal educado…!»[maledukadu], «!Por exemplo…!»[pureze)plu], «!Ensaiar a peça…!»
[e)sajarapesa], etc.!
L’allongement vocalique
La durée de l’émission des voyelles est variable. Certaines peuvent être longues (allongements ou demi
allongements), alors que d’autres peuvent être brèves. En portugais la durée vocalique est liée à
l’accentuation!: les voyelles toniques sont plus longues que les voyelles atones. Ce fait phonétique qui
consiste à faire durer certaines syllabes en position tonique par rapport à d’autres, n’a pas une valeur
distinctive en portugais, il a plutôt une valeur emphatique ou de mise en relief.
L’accentuation
En portugais, l’accent tonique est libre.
Alors qu’en français l’accent tonique tombe toujours sur la dernière syllabe prononcée, en portugais
l’accent tonique peut se trouver sur!:
ß La dernière syllabe (café, esplendor, parabens….)
ß Sur l’avant dernière syllabe (história, estratégia, escova, estranho…)
ß Sur l’antépénultième dans des mots plurisyllabiques (estómago, lâmina, público,
exercército..!.)
Soulignons enfin que l’accent en portugais est lexical et il a une importance fondamentale. Une erreur
sur la place de l’accent tonique rend le mot inintelligible. des mots changent de sens quand l’accent
tonique change de place.
Selon la place de l’accent, la réalisation des sons varie. Comme nous pouvons l’attester dans les
exemples cités, les syllabes atones, dans l’ensemble sont très peu articulés, alors que les syllabes
toniques sont articulées plus fortement.
- 36 -
Cours de Phonétique – 3ème année
française. De plus, les voyelles sont diphtonguées ( «!sai!» «!reino!») et même triphtonguées («!saia!»,
«!joia!»).
La labialité
Le portugais est moins labial. Effectivement, en portugais il n’y a pas les voyelles antérieures labiales
qui existent en français.
- 37 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Le lieu d’articulation
Comme en portugais, suivant que la langue est plus ou moins avancée pendant l’articulation des
voyelles, on retrouve!:
ß Les voyelles antérieures!: [i] [e] [E] [a] [y] [Ø] [œ] [∂] [E)] [ø)]
ß Les voyelles postérieures sont!: [u] [o] [ç] [ç)] [A)]
Le degré d’aperture
Suivant que l’espace entre la langue et le palais est étroit, mi-étroit et mi-large, ou plus large, on aura!:
ß Les voyelles fermées!: [i] [y] [u]
ß Les voyelles moyennes fermées!: [e] [Ø] [∂] [o]
ß Les voyelles moyennes ouvertes!: [E] [E)] [œ] [ø)] [ç] [ç)]
ß Les voyelles ouvertes [a] [A)]
Le rôle des cavités buccales et nasales
L’air expiré peut sortir par la bouche (voyelles orales) ou à la fois par la bouche et le nez(voyelles
nasales)
ß Les voyelles orales!: [i] [y] [u] [e] [E] [Ø] [œ] [ç] [o] [∂] [a]
ß Les voyelles nasales!: [A)] [E)] [ø)] [ç)]
Notez qu’en termes de distribution, à l’exception du [∂] (jamais en position initiale et rarement en
finale), les voyelles du français peuvent se trouver dans les trois positions!: initiale, intervocalique et
finale.
Pour les voyelles, tension et acuité vont de pair. Lorsqu’on compare deux voyelles, la voyelle aiguë
sera aussi tendue, et la voyelle grave sera également relâchée.
- 38 -
Cours de Phonétique – 3ème année
p f t s ∫ S k
b v d z l Z j g Á R w
m n
- 39 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Cours 21
Les consonnes
Par rapport aux voyelles, la réalisation des consonnes demande une tension musculaire encore plus
importante (cela est plus flagrant pour les consonnes sourdes), d’où leur netteté et précision quelle
que soit la place dans la syllabe ou dans le mot.
On réalise en français, dans des mots d’emprunt (et quelques fois des mots de l’argot), quelques des
consonnes qui présentent deux phases articulatoires, occlusive puis constrictive. «!Tchin-
Tchin!»[t∫int∫in], «!tchatcher!»[t∫at∫e], «!jazz!»[dZaz], «!Cambodge!»[kãbçdZ], «!Djakarta!»[dZaka{ta],
«!tsé-tsé!»[tsetse], «!tsunami!»[tsynami], «!tsigane!»[tsigan]. Ces consonnes [tS, ts et dZ] s’appellent
des mi-occlusives (ou affriquées).
Dans la chaîne parlée, la consonne se réalise avec la caractéristique phonétique de la voyelle qu’elle
accompagne. On l’habitude d’appeler ce phénomène d’influence de l’entourage, effet de
contamination. Par exemple, le lieu d’articulation de [k] est palatal dans la syllabe [ki] et vélaire dans la
syllabe [ku] . De la même manière [k] est plus aigu dans la syllabe [ki] que dans la syllabe [ku] car la
voyelle [i] est une voyelle aiguë et [u] grave.
L’accentuation
L’accentuation, définie comme la mise en relief, au moyen de l’intensité, de la hauteur ou de la durée,
d’une syllabe parmi d’autres, porte en français sur la dernière syllabe d’un mot (s’il est seul) ou d’un
groupe de mots!: c’est un accent rythmique.
Exemple!: «!Maman!!!»,!«!!J’aime beaucoup la samba!».
Nous vous rappelons qu’il existe une autre marque d’accentuation!:
L’accent emphatique (ou d’insistance), qui porte sur le début d’un mot que l’on souhaite mettre en
relief. Exemple!: «!Certains garçons se maquillent, je trouve que c’est intolérable!!!», «!Elle est
horrible cette gonzesse!!». L’accent emphatique peut encore se manifester par le détachement de
syllabes d’un mot (séparation des syllabes par des tirets à l’écrit). Exemple!: «!Je suis a-mou-
reux!!!». Ne soyez pas surpris si vous trouvez d’autres appellations pour nommer l’accent
- 40 -
Cours de Phonétique – 3ème année
d’insistance. Sachez qu’il est également appelé «accent!émotionnel!», s’il frappe la première syllabe!;
«accent!logique ou intellectuel!», s’il porte sur la syllabe différentielle.
C’est un accent d’intensité, il consiste à mettre en relief une syllabe par rapport aux autres, au moyen
d’une dépense accrue d’énergie et d’une augmentation de la durée d’émission.
Les liaisons
La liaison, comme vous l’avez vu en première année, consiste à prononcer une consonne finale de mot
normalement muette, avec la voyelle initiale du mot suivant!: «!Ils ont deux enfants!»[ilzç)dOZA)fA)].
Certaines consonnes subissent des modifications. Comme l’atteste l’exemple ci-dessus, [s]! et [!x] se
prononcent [!z!]!; [!d!] devient [!t!]!: grand homme [g{A)tçm]!; [!g!] se prononce [k], mais cette liaison
est moins fréquente!: «!un long entretien» [ø)lç)kA)t{´tjE))]!; [f] se prononce [v]!: «!veuf heures!»
[nøvø{], «!neuf ans!»[nœvA)]!.
L’emploi de la liaison est délicat en français. Il existe des liaisons obligatoires!: «!Les affaires!» doit se
prononcer [lezaf_R]!; des liaisons facultatives!: «!Vous aussi!»peut se prononcer [vuzosi] ou [vuosi]!;
des liaisons interdites!:!«!Je vais aux eaux!» ne peut pas se prononcer [Z∂vEzozo]. En fait, le nombre de
liaisons en français varie suivant les niveaux de prononciation!: on réalise d’avantage de liaisons dans
une conférence que dans la conversation familière.
Nous rappèlerons avec Jean-Claude Chevalier et al. (Grammaire du français contemporain,1993!:24)
!que dans la langue contemporaine, la liaison est en régression!: on lie seulement à l’intérieur d’un
groupe!; on distingue «!avoir un pied-à-terre!»[avwaRø) p jetatER] de «!avoir un pied à
terre!»[avwaRø)pjeatER]!; on ne lie pas une syllabe accentuée à une syllabe inaccentuée, on ne lie pas
un adjectif au nom qui précède!; on distinguera donc entre «!savant aveugle!»[savA)tavøgl], où
«!savant!» est adjectif, et «!savant aveugle!» [savA)avøgl], où «!savant!» est substantif. La liaison
permet aussi de distinguer le singulier du pluriel!; ainsi!: «!Vous êtes Italien!»[vuzEtitaljE)], sans liaison,
indique qu’il s’agit d’un seul Italien, mais «!Vous êtes Italiens!»[vuzEtzitaljE)] qu’il s’agit de plusieurs
Italiens. On opposera de même «!quel cas intéressant!»[kElkaE) t eResA) ] à «!quels cas
intéressants!»[kElkazE)teResA)]. Remarquons enfin qu’en principe les noms propres n’admettent pas la
liaison.
Les enchaînements
Lorsqu’un mot se termine par une consonne prononcée, celle-ci s’enchaîne avec la voyelle du mot
suivant à l’intérieur d’un même groupe rythmique et ne change pas de nature: «!Une amie!»[y-na-mi]!;
«!Une grande amie!»[yn-grA)-da-mi]!; «!Un fils ingrat!»[ø-fi-sE)-gRa].
L’assimilation vocalique
Il s’agit du transfert de traits d’un phonème vocalique sur un autre non contigu à l’intérieur d’un
groupe rythmique. Nous retiendrons en particulier le cas de l’harmonisation vocalique ou dilatation.
Ainsi, l’adverbe «!aujourd’hui!»[oZu{dÁi] est très fréquemment prononcé [oZç{dÁi], dans la mesure
où le [u] est attiré par le [o] initial et s’ouvre par la loi de position, selon laquelle, en syllabe fermée, la
voyelle a tendance à s’ouvrir, et en syllabe ouverte, la voyelle a tendance à se fermer. De même, maman
est prononcé [mãmã], la voyelle nasale modifiant la première voyelle. Il en va de même pour «!Moyen
âge!»[mwajEnaZ], «!Bon ami!» [bçnami], où on assiste à une dénasalisation des voyelles nasales [E)] et
[ç)].
L’assimilation consonantique
Sans entrer dans le détail, nous nous contenterons de signaler que la nature de l’assimilation
consonantique varie en fonction du trait articulatoire modifié. On parlera de!:
Voisement lorsque le trait d’une consonne sonore est transféré à une consonne sourde. Par exemple,
«!Anecdote!» se prononcera [anEgdçt], puisque [d] modifie la consonne précédente, c’est-à-dire, [k] en
[g].
Dévoisement lorsque la consonne sourde dévoise une consonne normalement sonore. Pensons à ces
situations où [Z] se prononce [∫]!: «!Je sais pas!» [∫Epa]!; où [d] se prononce [t]!: «!médecin!» [metsE)]
où [b] se prononce [p]!: «!Absent!» [apsA)] .
- 41 -
Cours de Phonétique – 3ème année
L’allongement phonétique.
En français, dans la chaîne parlée les voyelles accentuées sont ordinairement plus longues que les
voyelles inaccentuées. Cependant, dans certains cas, les voyelles accentuées peuvent être encore plus
longues qu’à l’ordinaire. C’est justement cette longueur inhabituelle, qu’on appelle allongement
phonétique d’allongement, en transcription phonétique noté [!:]
A titre d’exemple, comparez la différence de la longueur de [a], dans le mot [paR], en position!:
Accentuée!: «!Je pars!» [Z∂’pa!:R] (la voyelle [a] est allongée]
Inaccentuée!: «!Je m’en vais par le train!»[Z∂mA)vEpa{l∂’tRE)]
Rappel des conditions de l’allongement phonétique!:
L’allongement se produit quand une voyelle quelconque, accentuée ou demi-accentuée, se trouve suivie
d’une des consonnes!: [R] [z] [v] ou du groupe [vR].
L’allongement se produit lorsque l’une des voyelles [o] [Ø] [a] [E)] [ø)] [ç)], [A)], accentuée, se trouve
suivie de n’importe quelle consonne prononcée.
L’allongement phonétique dépend donc de la nature des voyelles et des consonnes en cause. Il ne sert
pas à distinguer des mots de sens différents.
Il existe un autre type d’allongement qui, lui, a une valeur fonctionnelle, il est phonémique.
L’allongement phonémique!:
Dans certains mots, de plus en plus rares d’ailleurs, on trouve un allongement à valeur distinctive,
qu’on appelle allongement phonémique. Il permet de distinguer certains mots de même structure
comme par exemple!: «!bête!» [bE :t] et «!bette!»[bEt]!; «!âne!»[a:n] et «!Anne!»[*an]!, etc.
En réalité, les oppositions de longueur ne servent à distinguer qu’un très petit nombre de mots en
français. C’est ce qui explique qu’elles tendent à disparaître. Phonéticiens et linguistes s’accordent à
reconnaître que le rendement de cette opposition n’est pas important.
- 42 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Remarques
Points communs
Le français et le portugais ont en commun!:
ß la série des voyelles antérieures [a] [i] [e] [E]
ß la série des voyelles postérieures [u] [o] [ç]
Différences
français Portugais
Nombre de voyelles 16 14
- 43 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Nombre d’antérieures 10 5
Nombre de labiales 11 5
Nombre de nasales 4 5
Le français compte deux fois plus de voyelles antérieures que le portugais. Effectivement, le français a
10 voyelles antérieures, alors que le portugais n’en a que 5.
Le français est plus labial que le portugais. Celui-ci n’a pas les voyelles antérieures arrondies qui
existent en français [y] [Ø] [œ] [∂].
En ce qui concerne les nasales, comme l’atteste le tableau ci-dessous, le portugais en compte une de
plus que le français. Les voyelles nasales des deux langues sont complètement différentes.
On peut être tenté de croire que [õ] et [ç)] s’articulent quasiment de la manière dans les deux langues.
Néanmoins, c’est loin d’être le cas. Le premier est beaucoup plus fermé que le deuxième, sans oublier
que la nasalité est plus prononcée pour [õ].
Les voyelles du portugais qui n’existent pas en français sont les centrales!:[∂] (non labialisé, son
intermédiaire entre le [e] et le [œ] du français), [a] et [A)].
- 44 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Remarques
Ressemblances
On retrouve en français et en portugais les deux consonnes labiales [Z] et [S]
A croire par l’inventaire des phonéticiens, *[N] n’existe pas dans le système phonétique du portugais.
Cependant, il suffit de feuilleter un dictionnaire de portugais pour prendre conscience de l’existence de
ce phonème dans des mots comme «!ganga!» (tecido de algodão muito resistent)!; «!gangana!»
(mulher idosa, PCB), «!gangão!» (espiga de milho com poucos grãos)!; «!gangoso!» (fanhoso), etc.
Bien sûr, on pourrait aussi faire allusion à l’existence de ce phonème dans le portugais courant du
Mozambique, surtout dans des mots comme «!gangster!», «!guengue!», «!Transportes Panga-Panga!»,
«!Ngoma Moçambique!», «!ping-pong!», etc. Dans ce cas, on est donc en plein droit de considérer que
[N] est un phonème commun dans les deux langues.
A l’exception de [r&] et [l] le système consonantique des deux langues est quasiment le même.
Différences
Le français ne compte qu’une seule latérale!: [l]!; alors que le portugais en a deux!: [l] et [l].
La fricative médiane [R], comme on peut le vérifier dans le tableau ci-dessous, en portugais est
articulée de différentes manières. L’émission du [r] alvéolaire se fait avec la pointe de la langue contre
les alvéoles!avec un seul battement; l’articulation de [r&] s’effectue comme le précédent, mais cette fois-
ci, avec plusieurs battements de la langue (brèves occlusions) au niveau des alvéoles, et enfin la
production de[R] uvulaire (dit «!grasseyé!»), fait que la luette effectue des contacts répétés avec le dos
de la langue.
Le français utilise quatre mi-occlusives dans des mots d’emprunts!: [ts] «!Hertz!», [t∫] «!Tchèque!»,
[dZ] «!Cambodge!» et [!dz] «!mezzanine!». Le portugais (du Brésil en particulier), lui, n’en a que
deux!: [dZ] «!dia!» et [t∫] «!tia!».
Remarque!: le français comprend trois semi-consonnes ou semi-voyelles, alors que portugais n’en a
que deux.
- 45 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 46 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 47 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Mais il faut avant tout entraîner l’élève à la discrimination auditive (voir les tests de discrimination
auditive dans les leçons de phonétique de première année)
Exemple 1!:
Indiquez dans quelle syllabe (1ère , 2ème, 3ème …) se trouve le son [y] dans les mots suivants!:
ß Voiture [vwa-tyR] (deuxième syllabe)
ß Coiffure [kwa-fyR] (deuxième syllabe)
ß Monuments [mç-ny-mA)] [deuxième syllabe)
ß Bavure [ba-vyR] (deuxième syllabe)
ß Institutionnellement [E)s-ti-ty-sjç-nEl- mA)] (troisième syllabe)
Exemple 2!:
Dites si vous entendez [y] ou [u]
ß Rue [y]
ß Sous [u]
ß Toux [u]
ß Tutoyer [y]
ß Revue [y]
[∂] est assimilé à [e]
«!Le chien!» [l∂∫jE)] ‡[le∫jE)]
Le [∂] par rapport au [e] est une voyelle grave, relâchée et labiale!; [e] est une voyelle aiguë, tendue et
étirée. L’erreur ici porte sur la labialité, l’acuité et la tension. Il faudra donc faire acquérir à l’élève le
phénomène de la bialité. Pour ce faire, on peut avoir recours à!:
L’environnement consonantique favorable. Il s’agit d’entourer [∂] avec des consonnes labiales!: f v p
bm∫Z
Pour arrondir les lèvres!:
«!Vous voulez un petit cheval? un petit jeton? Un petit faisan? Une vedette chouette!? Une petite
benoîte!?
On peut jouer sur les oppositions!: opposer [∂] ( le menton pointé en avant en bout de souffle) et [e]
(un peu comme si on souriait avec le menton un peu levé).
ß Le / Les
ß Me / Mes
ß Te/ Thé
ß Dessus/ Déçu
On peut jouer sur l’intonation descendante pour accentuer le caractère grave de la voyelle labiale.
ß Donne-le.Õ
ß Prends-le.Õ
ß Jette-le.Õ
- 48 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Positions optimales!:
[O] et [ø] seront placés à la fin d’un mouvement intonatif montant.
ß Elle a de beaux yeux!?
ß Quelle est sa sœur!?
Opposer [œ] et [ç]
ß Sœur/ Sors
ß Cœur/ Corps
ß Peur/ Port
ß Leur/ Lors
ß Opposer [Ø] et [o]
ß Bœufs/ Beau
ß Œufs/ Eaux
ß Vœux/ Vaut
ß Peu/ Pot
[Ø] et [œ] sont prononcés comme [e]
Dans ce cas, les voyelles réalisées ne sont pas assez relâchées et graves. Elles ne sont pas labiales.
Pour corriger cette erreur on peut souligner la labialité de [Ø] et [œ] par rapport à la voyelle étirée [e].
Pour ce faire, on peut jouer sur l’environnement consonantique favorable (les labiales)!:
ß bœuf/ bœufs
ß Veux/ veuf
ß Peur/ peux
La position optimale de ces voyelles sera aussi dans ce cas, la fin du mouvement intonatif descendant!;
ß J’en veux un peu.
ß C’est bleu.
Vous trouverez dans les leçons de première année des exercices spécifiques aux fautes qui viennent
d’être analysées ( voir plus particulièrement les leçons 2, 8 et 9)
- 49 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Le matériel pédagogique
Les exercices de phonétiques doivent être variés. On ne peut pas perdre de vue que l'aspect ludique et
attrayant renforce la motivation à apprendre.
On pourra proposer des exercices :
ß de discrimination auditive pour sensibiliser aux écarts entre les sons et les intonations.
ß d'intégration corporelle qui ne se feront pas systématiquement . La sollicitation du corps et du
geste n'est pas possible avec tous les publics.
ß de reproduction dans lesquels on opérera un choix de positions privilégiées dans le contexte
distributionnel et rythmique. En modifiant le schéma intonatif, en changeant l'entourage
vocalique ou consonantique on établira une progression allant de la facilitation maximale (
position optimale ) à la non facilitation.
- 50 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 51 -
Cours de Phonétique – 3ème année
NIVEAU 2 : BIBLIOGRAPHIE
PHONETIQUE DU FRANCAIS :
MALMBERG B La phonétique , P.U.F., Paris, 1994 ( coll. Que sais-je ? n° 637).
CARTON F. Introduction à la phonétique du français , Bordas, 1974.
LANDERCY A. , RENARD R. Eléments de phonétique, Didier, 2ème ed. , Bruxelles, 1977.
DERIVERY Nicole La phonétique du français, Seuil, Paris, 1997.
Dictionnaire de didactique des langues, dirigé par R. GALISSON et D. COSTE, Hachette, 1976.
- 52 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Cours 1
Cours 15
Zézaiement
Peut être défini comme un défaut de Langue maternelle
prononciation d’une personne qui zézaie, c’est- Sans entrer dans le détail, on considère langue
à-dire, qui assimile [s] à [z]. maternelle la première langue apprise et acquise,
celle qui a bercée notre enfance. (Nous tenons à
Discrimination ou reconnaissance préciser ce point car dans l’esprit de certaines
auditive!: personnes, piégées par des conceptions
Peut être définie comme la capacité d’estimer si idéologiques, la langue maternelle c’est le
des sons successifs sont semblables ou portugais, les autres langues ne sont que des
différents. dialectes).
Dictionnaire de Didactique des Langues (p 307)
Par exemple!: déjà / des chats [Z] et [∫]!;!pas /
bas[p] et [b]!; jeûne /jeune[Ø] et [œ], etc.
cf. Documents
Cours 2
Prosodie
Peut être définie comme l’étude de l’intonation
au sens large. Elle concerne tout ce qui dépasse
l’unité c’est à dire l’accentuation, le rythme, la
hauteur vocale etc…
cf. Documents
Diphtongaison
une diphtongue est une voyelle émise en une
seule émission syllabique, mais avec un
changement d’articulation, produisant une
variation de timbre.
Par exemple!en portugais, «!pais!» et «!país!».
cf. Documents
Aspiration
Peut être définie comme l’action de souffler, qui
résulte du bruit de frottement de la colonne d’air
qui sort des parois de la glotte.
Distribution
cf. Documents
Un nombre important de problèmes perceptifs
sont dus aux distributions particulières des
Cours 14 unités phonético-phonologiques dans les 2
langues.
On appelle distribution d’une unité l’ensemble
Nasalisation des contextes dans lesquels cette unité peut
Peut être définie comme le passage d’un apparaître(initiale / intervocalique/ finale).
phonème oral au phonème nasal correspondant On parle de distribution incomplète ( et c’est un
par la résonance des cavités nasales. phénomène courant) quand une unité n’apparaît
Voir aussi dans LEON (1992) les pages 71-72. pas dans l’une des positions.
- 53 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 54 -
Cours de Phonétique – 3ème année
Dictionnaire de didactique des langues, dirigé par R. GALISSON et D. COSTE, Hachette, 1976,
p.!159
- 55 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 56 -
Cours de Phonétique – 3ème année
SIOUFFI G., VAN RAEMDONK D., 100 fiches pour comprendre la linguistique, Bréal, 1999, pp.
186-187.
- 57 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 58 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 59 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 60 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 61 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 62 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 63 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 64 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 65 -
Cours de Phonétique – 3ème année
4. On peut également utiliser des phrases son – sans!; gond – gant!; rond – rand,
exclamatives!: ton – temps!; don – dent!; etc.
ß Je suis élève, j’ai huit ans!! ß Renforcer le caractère grave de [ç)] avec
ß Je suis chimiste, j’ai vingt- huit ans!! un environnement consonantique grave et
ß Je suis dentiste, j’ai trente- huit ans!! [A)] avec un environnement
ß C’est lui qui écrit, il a cinquante- huit consonantique aigu pour mieux marquer
ans!! le contraste entre les deux. Par exemple!:
ß C’est lui qui décide, il a soixante- huit fond, vont, pont, bon!; sang, tant, dans.
ans!! ß Faire appel à la prononciation déformée
ou nuancée!: [ç)] <---- élève ----- [A)] ----
COURS 13 professeur -‡ [E)]
4. L’erreur porte sur la labialité et l’acuité
1 . Les traits phonétiques qui permettent la Correction possible, on peut!:
distinction entre les voyelles nasales sont!: ß Renforcer le caractère labial de [ø)] avec
ß Le lieu d’articulation!: antérieur, des consonnes labiales!: ∫Z f v p b m
postérieur et central. ß Renforcer le caractère aigu de [E)] avec
ß L’aperture!: petite, moyenne et grande. des consonnes aiguës en intonation
ß La labialité!: étirée et arrondie. montante.
2. L’erreur porte sur l’acuité. On tâchera de ß Faire appel à l’intonation montante pour
accentuer le caractère aigu et
renforcer le caractère aigu de [E)] par rapport descendante pour accentuer le caractère
à [A) ] . D’autre part, [ A) ] est faiblement grave. Par exemple!:
labialisé. o Est-ce que tu mets du parfum!?
On peut jouer sur!: Honnêtement parlant, de temps
ß Les oppositions de mots ayant la même en temps.
structure lexicale!: teint – tant!; éteint – o Je trouve que tu es très
étend!; main – ment!; lin – lent!; etc. humble!!!!!! On me le dit
ß On peut jouer sur l’intonation montante souvent.
pour accentuer le caractère aigu de [E)] et
descendante pour accentuer le caractère COURS 14
grave de [A)]. Exemple!:
o Leur objectif est atteint!? Non, 1 . L’erreur porte sur la nasalisation d’une
mais on ne sait jamais, attend!! voyelle orale devant une consonne nasale.
o Le feu s’est éteint!? Oui, je suis L’allongement semble être la méthode la
vraiment content. plus adaptée. En effet, pour que l’apprenant
o Tu veux être marin!? Tu l’as bien puisse mieux apercevoir la différence entre
deviné!! Tu me surprends. les deux phonèmes confondus, nous allons
o Tu aimes les raisins!? Non, je allonger la voyelle o r a l e [a]
préfère les oranges. [aaaaaaaaaaaaaaaaaa].
o Tu aimes les câlins!? Non, je On peut éviter la nasalisation en remplaçant
préfère le talent. [n] par une consonne non- nasale, ayant le
o C’est vrai!? Tu as mal à la main!? même lieu d’articulation et également sonore
Non, je mens. (d, l). Par exemple!: aller allaiter, dada,
ß On peut jouer sur l’entourage fada…
consonantique. Il s’agit d’entourer [E)] 2. L’erreur porte sur la dénasalisation
avec des consonnes aiguës (s z t d) et On peut faire appel à!:
[A)] avec des consonnes graves (f v p b)!, ß L’environnement consonantique
par exemple!: sein, zinc, thym, dint!; fiant, favorable, dans ce cas les consonnes
ventre, pan, banc. nasales!: [m], [n] en particulier, exemple!:
ß On peut jouer sur la prononciation [ç) ]!: nombre [nç) bR] > [nçb{] ------
nuancée!: [A)] <------- élève ---- [E)] ---‡ [nç)mbR] ---- [nç)bR]!
professeur --- [ç)] ß L’environnement consonantique avec des
3. L’erreur porte sur la labialité et l’acuité consonnes graves pour accentuer le
On travaillera l’opposition de labialité. [ç)] est caractère grave de ç)!: «!font!», «!vont!»,
«!pont!», «!bon!», «!mon!»!; et
fortement labialisé et grave!; [ A ) ] est l’environnement consonantique de [ç]
faiblement labialisé. Pour ce faire, on peut avec des consonnes aiguës pour mieux
soit!: accentuer son oralité, et surtout pour
ß Jouer sur les oppositions de mots ayant
la même structure lexicale, par exemple!:
- 66 -
Cours de Phonétique – 3ème année
mieux l’opposer. Par exemple!: «!sol!», ces gens-là interviewés en portugais pour
«!tolérer!», «!dote!». «!deviner!» leur origine ethno-linguistique,!
3 . Petit – grand. [A) ]!: moyennement labial, grâce à la langue maternelle.
grave et moyennement tendu.
2. Dans les trois exemples l’erreur porte sur
Mauvais – bon. [ç)]!: fortement labial, grave et l’assourdissement de sonores dû à l’excès
moyennement tendu. de tension.Ce phénomène s’explique du fait
Mal – bien. [E)]!: écarté, aigu et moyennement que dans le crible phonologique de la langue
tendu. maternelle du locuteur en question les
sonores occlusives semblent être absentes.
Clair – foncé . [ç)] Au Mozambique, la langue maternelle des
Vaniteux .[O]!: labial, aigu et moyennement locuteurs qui commettent ce type d’erreur,
tendu est le «!macua!».
3. L’articulation
COURS 15 La répartition des phonèmes et de leur
fréquence d’emploi.
1. L’intérêt pédagogique de connaître la langue 4. C’est l’articulation.
maternelle de l’apprenant est de permettre au L’articulation détermine les particularités
professeur de se familiariser avec les erreurs phonétiques, rythmiques et intonatives des
potentielles qu’il est susceptible de locuteurs d’une ville, d’un pays ou d’une
commettre dans l’espoir de les surmonter région donnée. Si nous prenons le cas du
avec des techniques de correction phonétique portugais, nous savons que dans les
bien ciblées et appropriées. habitudes articualtoires des brésiliens les
En effet, les pédagogues et didacticiens des occlusives [t] et [d], se prononcent souvent
langues étrangères, conscients de l’intérêt [ts], [t∫] et [dZ]!: «!gente!» [gEt∫i], «!dia!»
pédagogique de la langue maternelle dans [dZia].
l’apprentissage d’une langue étrangère,
sollicitent de plus en plus la collaboration de COURS 16
phonéticiens dans ce sens. Pour ne citer que
deux exemples!:
ß Massia Kaneman-Pougatch et Elisabeth 1 . C’est le classement selon les traits
Pedoya-Guimbretière, dans leur ouvrage articulatoires et le classement en fonction de
intiulé «!Plaisir des sons!» (Hatier/ l’énergie articulatoire.
Didier, 1989), donnent des exemples
concrets des erreurs potentielles dans 2. C’est le point d’articulation
l’apprentissage du français en fonction C’est l’aperture
de la langue maternelle des apprenants. C’est la nasalité
Ainsi, le [y] est assimilé à!: C’est la labialité
o [u] par les hispanophones, les 3. Elles sont toujours fermées, à l’exception de
italophones, les lusophones, entre quelques variations régionales ou elles
autres. peuvent être ouvertes ou semi-ouvertes.
o [jy] par les Japonais, surtout. 4. Elles gardent leur timbre indépendamment de
o [ju] par les Anglophones leur position dans le mot.
ß Dario Fred Pagel à son tour, phonéticien
et professeur de français au Brésil, dans COURS 17
son ouvrage intiulé «!Prononciation du
français par des étudiants brésiliens!» 1. Il y a 19 consonnes.
(Imprensa Universitária, Universidade 2. Le mode articulatoire, le point d’articulation,
de Santa Catarina, 1996), donne des la vibration des cordes vocales (ou la
exemples précis qui montrent sonorité) et la nasalité.
l’influence du portugais brésilien dans la 3 . On assiste à une tendance d’adjonction
prononciation du français. d’une voyelle d’appui. Dans les exemples
D’ailleurs, nous-même dans ce cours, nous cités, c’est le [i]!: «!ritimo!», «!pineu!».
avons donné!des exemples de l’influence du
«!macua!» dans la prononciation du COURS 18
portugais et du français, respectivement.
Vous pouvez l’attester dans le quotidien à 1. Les liaisons, les enchaînements vocaliques et
travers les interviews à la radio, à la télévision consonantiques.
ou dans une conversation. Il suffit d’écouter
- 67 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 68 -
Cours de Phonétique – 3ème année
[Ø] > [o]!: erreur due à la non perception du La première faute est importante, elle est
caractère aigu de [Ø]. Ces deux voyelles sont phonémique, on la corrigera donc en priorité.
toutes les deux labiales, mais [Ø] est T+ et A+ -[O] > [”] ligne 1
alors que [o]!est T- et A-. C’est également une
faute phonémique. - [ w] > [ u ] ligne 1
1. b. [E] > [e]!: on obtient plus facilement un 22. les fautes consonantiques :
[E] au terme d’une intonation descendante et - [z] > [s] : 2 fois, lignes 1 et 3.
avec un environnement consonantique grave!;
Cette faute est également une faute phonémique .
[∂] > [e] on renforcer la labialisation de [∂] avec
des consonnes labiales et on accentue son - tous les [R] du texte sont roulés.
caractère grave en le plaçant à la fin d’un - ligne 2 : chute de [ R ] en fin de mot.
mouvement intonatif descendant et dans un
entourage consonantique grave!; 23. les fautes concernant le rythme :
[Ø] > [o] – renforcer le caractère aigu de [Ø] - il faut vérifier la place et la nature de l'accent
avec un entourage consonantique aigu (les rythmique et de l'accent d'insistance.
consonnes [s,t,z] et l’intonation montante. - analyser le découpage rythmique : place et
1. c. Toutes ces erreurs s’expliquent du fait fréquence des pauses .
que [Ø] [œ] [∂] ne figurent pas dans le crible - vérifier si les liaisons et enchaînements
phonologique des étudiants brésiliens, par consonantiques ont bien été réalisés .
conséquent, ils les assimilent à des sons proches
qui leurs sont familiers. 24. les fautes intonatives :
2. a. La différence entre [y] et [u] est une - elles ne peuvent pas être analysées puisque
différence d’acuité et de tension. La palatale [y] nous travaillons sur une transcription et non pas
est plus tendue et aiguë. Ce n’est pas une faute sur l'enregistrement sonore .
de labialité. C’est une faute phonémique. 3. Analyse et correction des voyelles :
2. b. D’une part, on peut renforcer le caractère * [´] > [e] :
aigu de [y] grâce un environnement
consonantique aigu et une intonation montante!; [´] est une voyelle antérieure labialisée
d’autre part on peut renforcer le caractère grave [e] est aussi une voyelle antérieure, mais elle est
de [u] par un entourage consonantique grave et non labiale;
une intonation descendante. On peut aussi
utiliser la prononciation déformée et remplacer elle est plus tendue ( T + ) et plus aiguë (A+)
momentanément [y] par [i]. que [´ ].
Il faut analyser [´] par rapport à [e]
COURS 24 [´] [e]
La transcription proposée est celle d'un T- T+
enregistrement d'un apprenant ( non débutant) à A- A+
qui l'on a demandé de lire ce passage. C'est donc
une situation particulière pouvant être source L+ L-
d'interférences entre la graphie et la phonie. [´] est moins tendue et moins aiguë que [e].
3 étapes avant de pouvoir corriger les fautes de - pour relâcher [ ´ ] : la placer en fin de
ce locuteur : mouvement intonatif descendant .
ß relever les fautes - pour accentuer son caractère grave : la placer
ß classer les fautes dans un entourage consonantique grave [b], [m],
ß analyser les fautes [v], [Z] ou [R] .
1. Mise en relief des fautes sur la transcription.
- pour arrondir : utiliser les consonnes labiales
2. Classement des différentes fautes : [S], [Z],[p],[b] ou [m].
21. les fautes vocaliques : - [e] par contre sera placée à un sommet de
- [´] > [e] : 3 fois , lignes 2 et 3 . hauteur (fin de mouvement intonatif montant) et
dans un entourage de consonnes aiguës [s], [z]
- [ç À n ] et [ ø À n ] > [ç) ] et [ ”) ] et [t].
(nasalisation ) lignes 1,3 et 4 . exemples de positions optimales:
- 69 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 70 -
Cours de Phonétique – 3ème année
NIVEAU 6 : AUTO-QUIZ
Consignes
Prenez-vous en main.
Si vous avez!:
ß Moins de deux réponses correctes, faites attention!! Il faut absolument revoir tout le cours.
ß Deux réponses correctes seulement, c’est limite. Vous n’avez pas très bien compris la leçon.
ß Trois réponses correctes, c’est satisfaisant. Mais vous pourriez aller plus loin.
ß Quatre réponses correctes, c’est bien!! Vous êtes sur le bon chemin.
ß Cinq réponses correctes, bravo!!!!!! Vous pouvez maintenant expliquer cette leçon à votre
propre professeur.
Régalez-vous.
N’oubliez pas qu’apprendre c’est un plaisir, c’est loin d’être une souffrance. Bon courage!!!!!
- 71 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 72 -
Cours de Phonétique – 3ème année
- 73 -
Cours de Phonétique – 3ème année
5. Quel que soit le cas de figure auquel on à 2 . La voyelle [∂] existe en portugais et en
faire, dans l’enseignement phonétique français. De plus, elle présente les mêmes
(prononciation, prosodie…) il est vivement traits phonétiques.
conseillé de partir d’un diagnostic précis, 3. La voyelle [∂] du portugais est labiale, alors
puisque les apprenants d’une même que la voyelle [∂] du français n’est pas
communauté linguistique, n’auront labiale.
nécessairement ni les mêmes difficultés ni 4. Plus la voyelle est grave, plus elle est claire!;
les mêmes habiletés phonétiques. plus la voyelle est aiguë plus elle est sombre.
5. Plus la voyelle est aiguë, plus elle est claire!;
COURS 16 plus la voyelle est grave, plus elle est sombre.
- 74 -
Cours de Phonétique – 3ème année
5. les consonnes labiales du français, sont les 5. Les apprenants lusophones, commettent plus
mêmes que celles du portugais!; de fautes dans la réalisation de voyelles que
dans la réalisation de consonnes.
COURS 23
COURS 24
1 . Les erreurs potentielles des apprenants
lusophones sont plus marquées pour les 1 . Les différents exercices doivent mener
phonèmes qui n’existent pas en portugais. progressivement l'apprenant de
2. Pour corriger une erreur de prononciation l’entraînement auditif à la production.
nous ne pouvons utiliser que la méthode 2 . En correction phonétique, les exercices
verbo-tonale. d’écoute ne sont pas importants.
3. L’une des erreurs les plus fréquentes chez 3. On doit commencer par des exercices de
les lusophones, c’est l’assimilation de [y] à lecture.
[u]. Il s’agit d’une erreur d’acuité. 4. Les exercices doivent être variés.
4. L’assimilation de [∂] à [e] est une erreur de 5. Les phonèmes doivent être travaillés de
tension. manière isolée.
- 75 -
Cours de Phonétique – 3ème année
CORRECTION QUIZZ
- 76 -