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Direction de la publication : Isabelle Jeuge-Maynart et Ghislaine Stora

Direction éditoriale : Élodie Bourdon


Édition : Mélissa Lagrange
Conception de la couverture : Valentine Antenni
Conception de la maquette intérieure et mise en pages : Nord Compo
Préparation de copie : Isabelle Chave
Relecture : Laurence Joan-Grangé
Fabrication : Nicolas Jover

© Larousse 2022

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce


soit, de la nomenclature et/ou du texte et des illustrations contenus dans le présent
ouvrage, et qui sont la propriété de l’Éditeur, est strictement interdite.

ISBN : 978-2-03-600027-8

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.


« Nous sommes en permanence nécessaires
à la création quotidienne du monde.
Nous ne sommes jamais les gardiens d’un accompli
mais toujours les cocréateurs d’un devenir. »

Christiane Singer
Table des matières

Couverture

Titre

Copyright

Introduction

I. Accompagner la vie en soi


en prenant conscience de son pouvoir créateur

1. Profitez de votre grossesse !

L’importance de bien s’informer

Un temps pour vous

Soyez créative pour garder une trace de votre parcours

2. Soyez résiliente devant les difficultés


de la grossesse

Nausées, fatigue… les « petits maux » de la grossesse

Quand tout vous échappe…

La bienveillance commence par vous !

3. On ne devient pas mère en un jour !


Les différentes préparations à la naissance

Derniers préparatifs avant l’accouchement

Préparez aussi votre postnatal

4. Célébrez la femme en vous

Affirmez votre posture de femme-mère

Organisez un quotidien doux et ritualisé

Des rituels pour vous sentir mère

II. Accueillir l’enfant


et respecter la femme que vous êtes

5. Au commencement vient la naissance

Des besoins humains et environnementaux


bien connus mais pas toujours reconnus

L’accouchement, un rite initiatique

Au-delà des faits, l’importance de votre vécu

6. Choisissez l’accouchement qui vous convient

Et si vous arrêtiez de vous comparer ?

Le projet de naissance

Osez faire les meilleurs choix pour vous-même

7. Après la naissance, le moment de vous découvrir mère

Femme et mère

Soyez consciente de vos besoins

« Instinct maternel », où es-tu ?

8. Baby blues et autres histoires de chimie…

Hormones et émotions dans le corps


Vitamines et minéraux dans l’assiette

9. La naissance de votre bébé : un bouleversement en vous


et autour de vous

Dans la puissance des cycles féminins

Votre enfant : un peu de vous hors de vous

Un impact sur la famille élargie

10. Posez des mots sur votre histoire

Pour vous-même

Pour transmettre votre expérience

Comme un acte militant

III. Trouver de nouveaux repères

11. Reconnectez-vous à votre corps post-accouchement

Qui êtes-vous devenue ?

Toujours la même dans un corps qui change !

12. Posez des balises pour vous autoriser à lâcher prise

Apprenez à vous reposer

Laissez-vous materner

Ritualisez votre quotidien en prenant soin de vous


et de votre bébé

13. Construisez une vie en accord avec vos valeurs

Qu’ai-je envie d’incarner en tant que femme ?

Vers une meilleure qualité de vie

Maternage : à l’écoute de vos besoins et de ceux de votre bébé

14. Trouvez votre nouvel équilibre


Bonjour charge mentale

La mère idéale n’existe pas !

Vers la reprise du travail… ou pas !

IV. Cultiver la sororité

15. Libérez-vous des injonctions

Autant de mères que de femmes

La mère parfaite, cette inconnue

Le couple parfait, cet autre mythe

16. Ressources et soutiens

Allaitement : appuyez-vous sur le groupe

Allez chercher les bonnes ressources face aux difficultés

Reprenez votre histoire en main :


les recours juridiques possibles

17. Autorisez-vous à regarder l’avenir sereinement !

Le rebozo, un rituel pour clore cette aventure de la vie

Votre temporalité n’est pas celle des autres

Restez au centre de votre vie

18. Nourrissez le lien de sororité autour de vous

Les Tentes Rouges et autres cercles de femmes

L’usage des réseaux sociaux

Engagez-vous en tant que femme !

Conclusion

Remerciements
Webographie

Index

Table des encadrés


Introduction

Les doulas,
femmes auprès des femmes

Un livre sur la puissance du féminin dans le passage vers la maternité ? Quel


projet ! Accompagner les femmes dans cette étape de vie fait partie de notre
quotidien depuis respectivement 11 et 15 ans… Alors, pendant que les
informations et les expériences que nous souhaitions transmettre se
bousculaient dans nos têtes, ce dont nous étions déjà certaines, c’était de notre
envie d’écrire cet ouvrage par le prisme de notre métier de doula, dans l’accueil
de toutes les femmes et de tous leurs ressentis.
Mais en quoi consiste ce métier ? Les doulas sont des accompagnantes (à la
naissance, à la périnatalité, à la vie… et au deuil, parfois) : présentes aux côtés
des femmes, des couples et des familles, elles les écoutent, les informent et les
soutiennent dans le respect de leur chemin.
Par leur soutien inconditionnel, les doulas offrent aux femmes de retrouver
confiance en leur corps et en leurs élans spontanés : nous sommes intimement
convaincues que, si l’espace leur est laissé pour s’écouter, elles ont tout en
elles… Cette capacité à vivre en accord avec leurs choix, à accoucher par elles-
mêmes, à materner leur bébé et à trouver leur chemin dans la parentalité, une
présence bienveillante suffit souvent à la faire émerger à nouveau.
En France, les doulas sont présentes dans le paysage périnatal depuis le début
des années 2000 : elles ont créé l’association Doulas de France afin « de
développer et de promouvoir l’accompagnement non médical à la naissance, et
de favoriser l’humanisation dans les domaines de la naissance et de la petite
enfance en général1 ».
En ce qui nous concerne, venant de domaines complètement différents (la
biochimie et l’informatique !), c’est la maternité, et plus particulièrement la
naissance de nos premiers bébés, qui nous a menées sur le chemin de
l’accompagnement des femmes et des familles pendant la période périnatale.
En effet, si la grossesse, l’enfantement, le devenir mère, bénéficient en France
d’un suivi médical poussé et entièrement pris en charge par l’Assurance
Maladie, nous avons pris conscience que ceci ne laissait que peu de place aux
questions existentielles et aux émotions débordantes… Ces moments de vie
sont pourtant souvent ponctués de révélations, de challenges, d’imprévus, de
magie ! Dans ces espaces, nous avons trouvé notre place pour que la grossesse
ne se résume pas à une succession d’examens médicaux, mais puisse se vivre
avec davantage de conscience. Nos compétences se situent dans la relation
d’aide, sont basées sur un savoir-être plutôt que sur des savoir-faire, dans l’« art
de la présence », et nous ne nous substituons en aucun cas au suivi médical de
la grossesse, qui n’est pas de notre ressort.
L’importance de l’accompagnement des 1 000 premiers jours du bébé, de sa
conception à ses 2 ans environ, est aujourd’hui reconnue comme une priorité
pour la suite de sa vie (y compris, depuis peu, par le ministère des Solidarités et
de la Santé). Nous sommes convaincues que l’écoute, l’information, la
valorisation des compétences parentales, et le soutien apporté à chaque mère et
père, qu’ils soient en couple hétérosexuel ou homosexuel, ou parent solo par
choix ou non, sont indispensables pour offrir à tout petit humain un début de
vie serein et harmonieux.
Après de nombreux projets portés ensemble, le plus récent étant la création
(avec plusieurs autres doulas) du Centre Galanthis, organisme de formation
aux métiers de l’accompagnement et du lien, nous souhaitons aussi transmettre
autrement aux femmes sur le point de devenir mère. Ce livre est né de cette
envie de permettre à chacune d’avoir accès à des pistes de réflexion et à des
informations claires afin de cheminer à son rythme, de la façon la plus positive
et juste pour elle.
Nous avons choisi d’y aborder le devenir mère de façon aussi globale que
possible, en situant le début de ce processus dès la grossesse plutôt qu’à la
naissance du bébé (nous aurions même pu commencer par le désir d’enfant !).
Si le déroulement de cette réflexion ne suit pas toujours de façon
chronologique les différentes étapes que vous pourriez traverser, nous avons
néanmoins choisi de structurer l’ensemble en quatre parties, dédiées
respectivement à la grossesse, à la naissance, à la période postnatale, et aux
transformations que toutes ces étapes auront peut-être induites chez vous.
Nous avons également souhaité laisser une large place à la parole des femmes,
en illustrant notre propos par des témoignages : nous espérons que ces
histoires, par leur diversité, vous permettront de construire la vôtre de la façon
la plus libre et consciente possible. L’idée est bien là de redonner sa place à la
transmission de mère à mère, avec tout ce qu’elle peut avoir d’éclairant et
d’inspirant. Que les choix des femmes citées fassent écho aux vôtres ou pas du
tout, nous vous invitons à y prendre ce dont vous pourriez avoir besoin sur
votre chemin, et à laisser le reste !
Enfin, nous avons choisi de vous livrer des clés qui nous semblaient essentielles
à travers des encadrés reprenant des informations pratiques, des éléments de
compréhension théoriques, et des idées concrètes pour vivre votre matrescence
de la façon la plus positive et juste pour vous.
Dans l’écriture de ce livre, nous avons souhaité privilégier l’emploi du féminin
dès que cela était possible : ne soyez donc pas étonnée de trouver des références
aux « professionnelles » plutôt qu’aux « professionnels ». Bien sûr, parfois, ce
sont des hommes… De même, dans un souci d’inclusivité, les dénominations
coparent ou partenaire ont été fréquemment utilisées pour désigner le
compagnon ou la compagne de la mère : nous espérons que chacun et chacune,
quels que soient son genre et les particularités de son couple, puisse s’y
retrouver. Les hommes et les pères sont parfois cependant cités de façon genrée
pour aborder certains aspects sociétaux qui nous semblaient indissociables de
leur identité masculine.
Et les femmes non-mères ? Quel message risque-t-on de véhiculer en associant
le devenir mère à la puissance du féminin ? De notre point de vue, cette
puissance est partout : dans l’écoute de soi, dans les choix de vie, dans la
connexion aux autres, dans l’engagement féministe, dans les fragilités, dans la
résilience… et dans la maternité, facette que nous avons essentiellement choisi
d’explorer. La vision développée ici tente également d’élargir la puissance à
celle des féminins. Les femmes ne sont pas la femme : tout au long de leur vie,
elles expriment leur pouvoir personnel de manières plurielles et changeantes.
Nous croyons que cette puissance sera tour à tour la capacité à être en accord
avec ses besoins propres, des plus universels aux plus personnels ; la possible
prise de pouvoir sur ses choix ; la faculté à affirmer ce qui est bon pour soi, et à
le générer par ses intentions et ses actes ; l’élan à se relier aux autres dans la
sororité et l’horizontalité ; la pleine reconnaissance de la puissance des autres
femmes. Elle implique parfois d’aller vers plus d’intériorité et d’introspection,
d’avoir confiance en soi et en ses intuitions, d’oser accueillir sa vulnérabilité et
de s’accepter inconditionnellement dans ses moments de faiblesse.
C’est dans cette optique d’ouverture à toutes et tous, et avec une vision aussi
vaste que possible de la puissance des femmes que nous avons souhaité aborder
ce thème du devenir mère. Nous espérons que vous aimerez découvrir nos
mots autant que nous avons aimé les dérouler.

Amandine et Yanick
I. Accompagner
la vie en soi en prenant
conscience de son pouvoir
créateur
« Profite de ta grossesse ! Tu vas voir, ça passe si vite… » À force
de l’entendre, cela en devient presque une injonction. Une de
plus ?
Pourquoi ne pas la transformer pour en faire une opportunité,
une liberté, une nouvelle page à écrire ? Il existe mille et une
façons de vivre sa grossesse : à vous de trouver la vôtre, celle qui
vous permettra de vous épanouir en tant que femme tout en
découvrant le pouvoir de la mère en vous.
1. Profitez de votre grossesse !

Parfois le bien-être psychique passe par quelques indispensables dans la


matière : pour vivre votre grossesse en conscience et dans la connexion à vous-
même, le premier pas sera de mettre en place des conditions extérieures
favorables, en vous informant et en reprenant le pouvoir sur vos choix. Alors
vous pourrez pleinement profiter de ce temps hors du temps, et en garder
précieusement la trace dans votre chemin de vie !

L’importance de bien s’informer


« Si j’avais su », voici une phrase que nous entendons tellement souvent ! Et si
vous aviez les moyens de savoir tout de suite ce qui est bon pour vous ? Être
bien entourée, médicalement et humainement, pendant votre grossesse vous
permettra de vivre ce passage plus sereinement : vous avez la liberté de
choisir… Mais comment faire ?
À travers la grossesse, la mère est amenée à prendre de (très) nombreux rendez-
vous, avec différents interlocuteurs (médecin, sage-femme, anesthésiste, service
administratif de la maternité…), dont les rôles respectifs sont parfois flous, et à
faire des choix déterminants dans le stress des semaines d’aménorrhée qui
défilent. Car il y a les délais d’attente, la déclaration indispensable à la CPAM,
et cette maternité où il faut s’inscrire très vite pour espérer obtenir une place,
sans pour autant être certaine que ce soit le meilleur choix… Stop. On respire
et on pose tout à plat.
En France, quand on pense « suivi de grossesse », la gynécologue-obstétricienne
est souvent la première personne qui vient à l’esprit. Spécialiste de la grossesse
et de l’accouchement, connaissant toutes les pathologies et capable de les
prendre en charge : voilà qui sera rassurant pour certaines… mais anxiogène
pour d’autres. À cause du regard centré sur la pathologie potentielle, le rendez-
vous trop court, les questions bêtes que l’on n’ose pas poser. De façon moins
consciente, le médecin spécialiste, qu’il soit homme ou femme, incarne encore
souvent le poids du patriarcat, le sachant à qui l’on n’ose pas formuler d’avis
contradictoire, contre qui on n’ose pas se lever. Il prescrit, il commande et on
s’exécute. Dans ces moments-là, il est plus que jamais important de rester
vigilante sur ce qui est juste pour soi : toutes les grossesses ne sont pas
pathologiques, loin de là, et d’autres professionnels peuvent assurer le suivi
d’une grossesse physiologique. Le médecin de famille, qui vous connaît bien et
a une vision globale de votre parcours, pourra, si vous le souhaitez, assurer les
premiers rendez-vous. La sage-femme, quant à elle, est la spécialiste de la
grossesse non pathologique et du suivi des femmes hors grossesse. Elle est
formée pour réaliser ou prescrire tous les examens de routine et pour vous
orienter vers une autre professionnelle si nécessaire. De plus en plus de femmes
choisissent de s’adresser à l’une d’elles : la durée d’un rendez-vous est
généralement plus importante, et les délais d’attente moins longs que chez une
obstétricienne ; l’approche est souvent perçue comme plus humaine, moins
standardisée ; enfin la perspective de revenir pour les rendez-vous postnataux et
la rééducation du périnée permet la création d’une relation de confiance sur la
durée.

Le suivi de grossesse

Pour mieux comprendre le calendrier de votre suivi, vous devrez vous familiariser avec la
notion de « semaines d’aménorrhée » (SA) : il s’agit du nombre de semaines écoulées
depuis la date théorique de vos dernières règles. Il sera plus rarement question du nombre
de « semaines de grossesse » (SG), correspondant à un décompte commençant au début
effectif de votre grossesse.
Votre grossesse sera jalonnée de diverses étapes administratives et médicales.
Les premiers examens : lors de votre première consultation après le test de grossesse
positif, un examen physique permet de confirmer votre grossesse (l’échographie dite « de
datation » n’est pas systématique, une palpation douce de votre ventre est parfois préférée)
et une analyse de sang souvent assez complète vous est prescrite.
Les consultations de suivi : généralement mensuelles, elles vous permettent de faire le
point sur le bon déroulement de votre grossesse, de poser vos questions et d’obtenir des
prescriptions pour les analyses et examens complémentaires nécessaires selon votre
situation. Le toucher vaginal (pour vérifier la fermeture du col de l’utérus) n’est pas
proposé de façon systématique par tous les praticiens, et vous restez libre de refuser cet
examen s’il vous semble intrusif ou inutile dans votre cas.
La déclaration de grossesse : elle doit être transmise à l’assurance maladie avant quatorze
semaines d’aménorrhée. La professionnelle qui vous suit peut faire cette démarche
directement en ligne, ou vous transmettre un formulaire à envoyer par courrier.
L’entretien prénatal précoce, ou consultation dite « du quatrième mois » : elle est
l’occasion de faire le point sur votre situation personnelle et de vous orienter vers la prise
en charge la plus adaptée si vous rencontrez des problématiques particulières.
Les échographies : trois sont recommandées pendant la grossesse. La première (entre 11
et 13,5 SA) vise à contrôler le bon développement du fœtus et permet de mesurer la clarté
nucale, un élément important dans le diagnostic de la trisomie. La deuxième (entre 22 et
24 SA), est souvent appelée « échographie morphologique » : au cours de celle-ci,
plusieurs mesures sont effectuées afin de vérifier l’absence d’anomalies. Enfin, la troisième
échographie (entre 32 et 34 SA) permet d’observer la position du placenta, la quantité de
liquide amniotique, la croissance et la vitalité du bébé…
Les analyses de sang et d’urine : selon votre statut sérologique (si vous êtes déjà
immunisée contre cette maladie ou pas), un dépistage mensuel de la toxoplasmose vous
sera proposé, associé à d’autres analyses en fonction de votre situation. Des analyses
d’urines pour y rechercher la présence de sucres (signe d’un potentiel diabète gestationnel)
ou de protéines (pouvant être un signe de pré-éclampsie, une pathologie grave de la
grossesse) pourront également vous être prescrites.
La consultation anesthésie : au cours du huitième mois de grossesse, cet entretien avec un
médecin anesthésiste de la maternité où vous êtes inscrite a pour objectif de préparer votre
accouchement en identifiant les potentielles contre-indications à une anesthésie
péridurale.
L’entretien prénatal précoce, à visée plus psychosociale que médicale, ainsi que sept
consultations de suivi, sont obligatoires pendant la grossesse. Cependant, au cours de ces
rendez-vous, aucun examen ne peut vous être imposé. Chaque geste nécessitant votre
consentement, vous restez libre de jauger quels sont ceux qui vous rassurent et ceux qui
vous semblent superflus.

Anna est un exemple typique du « si j’avais su » : lors de sa première grossesse,


elle s’est laissée happer par les « il faut » et les « on doit ». Puis, comme c’est le
cas pour de nombreuses autres femmes, les graines de prise de conscience ont
mis un peu plus de neuf mois à germer et ont fleuri quelques années plus tard à
l’annonce d’un autre bébé :
« Enceinte de mon premier bébé, sans me poser trop de questions, j’ai été suivie par
un gynécologue qui travaillait dans la maternité où j’allais accoucher. Tout s’est
bien passé mais j’ai eu après-coup le sentiment diffus qu’il avait manqué quelque
chose. Pour ma deuxième grossesse, j’ai choisi une sage-femme libérale. Je suis
arrivée à notre premier rendez-vous avec une pointe d’appréhension. Mais dès
qu’elle m’a ouvert la porte de son cabinet, l’ambiance chaleureuse a fait retomber
mon stress. Le rendez-vous, comme tous les suivants, a duré au moins 45 minutes.
Elle ne regardait pas l’heure et nous nous quittions quand tout était dit. En
complément, j’avais choisi d’être accompagnée par une doula. La présence de ces
deux femmes bienveillantes et complémentaires autour de moi a été mon meilleur
choix pour cette grossesse » – Anna.
Attention cependant aux généralités : sage-femme ou gynécologue, il est
question de relations humaines et de ressentis. Alors comment choisir ? Si vous
vous trompiez ? Si, finalement, après quelques consultations ou même dès la
première, la professionnelle de santé à laquelle vous vous êtes adressée ne vous
convenait pas tout à fait ? Question difficile – ou pas. En cas de doute, faites le
bilan !
Vous est-il déjà arrivé de ressortir d’un rendez-vous médical avec un arrière-
goût de loupé ? De nombreuses femmes l’ont expérimenté – nous aussi
d’ailleurs. Dans ces cas-là, il est légitime, plutôt que de se résigner, de
s’interroger sur les raisons de cette sensation désagréable… Avez-vous pu poser
toutes les questions nécessaires, et si vous ne l’avez pas fait, pourquoi ? Avez-
vous été intimidée, la professionnelle semblait-elle réellement disposée à
écouter, le temps vous a-t-il manqué ? Si vous avez pu poser vos questions,
comment ont-elles été accueillies ? Vous êtes-vous sentie entendue dans vos
inquiétudes ? C’est peut-être le moment de reprendre le pouvoir…
Car le pouvoir des femmes est là, bien enfoui parfois, dans leur capacité à
s’affirmer face à l’autre quel qu’il soit, homme, femme, blouse blanche,
diplômes spectaculaires, bouche pincée prenant des notes. Le pouvoir est là,
mais un peu d’aide sera parfois nécessaire pour le contacter. Quelques pistes ?
Préparez le rendez-vous, en notant précieusement tous les points au sujet
desquels vous avez besoin d’informations ou de réassurance. Puis, installée en
face de la professionnelle qui vous impressionne tant, posez votre papier bien
en évidence devant vous : il n’y a aucune honte à avoir ! Cela vous permettra de
cocher les questions qui trouvent leur réponse naturellement au fil du rendez-
vous. Et pour les autres ? Il va falloir oser les poser… Si à ce stade cela vous
semble toujours impossible, vous n’avez probablement pas encore trouvé la
personne qui pourra recevoir votre pleine confiance pour ce suivi de
grossesse…

Poser les bonnes questions

Partez de ce que vous observez, et de vos ressentis : vous sentez-vous inquiète, oppressée,
stressée ? Manquez-vous d’éléments pour faire vos choix ? Avez-vous des difficultés à
comprendre les informations données ?
Connectez-vous à vos besoins : souhaitez-vous être rassurée ? Comprendre les enjeux du
moment ? Mieux vous préparer pour un examen ou une étape à venir ?
Identifiez votre demande : voulez-vous de l’information ? Des explications ? Une liste des
alternatives possibles ? Du temps pour réfléchir ?
Formulez votre question de façon à être certaine d’obtenir une vraie réponse. Plutôt que
« Pourquoi me prescrivez-vous une supplémentation en fer ? » (qui amènera
probablement une réponse du type : « Vous êtes anémiée, il faut vous complémenter ! »),
prenez le temps de développer : « Je vois que vous me prescrivez du fer, mais je me sens en
forme. J’ai besoin de connaître les alternatives possibles : quels sont les aliments qui
pourraient me permettre de faire remonter mon taux de fer de façon plus naturelle ? Nous
pourrons refaire le point à ma prochaine analyse. » Et recommencez ce processus à chaque
doute, examen, résultat.
Bravo, vous venez d’utiliser les bases de la communication non violente (CNV), en
passant par une formulation du type « Observation – Sentiment – Besoin – Demande »
(OSBD) ! Ceci peut paraître difficile et artificiel au premier abord : c’est l’apprentissage
d’une nouvelle langue, qui permet d’affirmer clairement vos besoins et d’être entendue.
Au début, vous aurez peut-être besoin de vous préparer avant votre rendez-vous, de
formuler les questions dans votre tête, ou même de les noter précisément sur le papier…
Puis ce langage deviendra complètement spontané (il n’est pas interdit de vous entraîner
sur des sujets du quotidien, à la maison, au travail…) et vous pourrez improviser !

Vous avez besoin de comprendre pourquoi vos analyses sont « mauvaises » :


c’est légitime ! Vous ne savez pas ce qu’est une cholestase gravidique : il n’y a
pas de honte à avoir, personne – ou presque – ne sait ça ! Vous avez besoin
d’explications avant de prendre une décision ou d’accepter une prescription :
c’est votre droit le plus strict ! Si malgré vos questions bien préparées, vous
ressortez à nouveau sans réponse, si on vous prend de haut, si cela ne vous
satisfait pas, si vous ne savez plus quoi faire… Eh bien, que feriez-vous si le
pain d’une boulangerie n’était pas à votre goût, ou la vendeuse peu aimable ?
Pour votre baguette comme pour votre suivi de grossesse, vous avez le droit de
changer à tout moment, et le pouvoir de générer ce qui est bon pour vous !
Parfois ce sera rock’n’roll, comme pour cette femme qui a brusquement décidé
de changer de maternité à deux semaines du terme de sa grossesse, excédée par
l’attitude infantilisante de son gynécologue. Le résultat ? Une naissance dans
l’eau, au-delà de ses espérances, dans une maternité réellement ouverte à son
projet de naissance : il n’est jamais trop tard pour s’affirmer.
Il peut vous sembler difficile de trouver des informations objectives sur les
alternatives qui s’offrent à vous. Selon votre projet de naissance, renseignez-
vous sur les pratiques des maternités de votre secteur (établissements labellisés
IHAB ou Maternys1, taux de péridurale et de césarienne, durée moyenne du
séjour…) : ces informations sont disponibles sur Internet ou peuvent être
demandées directement auprès de l’établissement. Pensez à vous appuyer aussi
sur les expériences des autres femmes ! Le site Gyn&Co est une plateforme
collaborative qui recense les soignantes signalées comme particulièrement
bienveillantes et à l’écoute par leurs patientes. Pour des recommandations plus
directes, pensez à vous rapprocher des associations locales de soutien à la
parentalité (oui, enceinte de votre premier bébé, vous êtes déjà légitime à
intégrer ces cercles) pour profiter des retours d’expériences des femmes qui ont
vécu ces étapes avant vous.
Baliser votre parcours en étant bien informée et rassurée vous permettra de
consacrer davantage de votre énergie à l’essentiel : « être » enceinte !

Un temps pour vous


La grossesse, c’est cette bulle un peu à part dans la vie des femmes : pendant
neuf mois – un peu plus, un peu moins – le corps et la pensée sont bouleversés.
Dès les premiers signes ou le test positif, quelque chose se passe : que la
grossesse se poursuive ou non, il y aura un avant et un après. Si vous faisiez le
choix de l’investir pleinement et d’y mettre qui vous êtes vraiment ?
D’abord, ralentir. Et ça ne veut pas forcément dire « faire moins » – de travail,
de loisirs, d’activités. Ralentir, ça peut signifier « faire différemment », en
conscience, poser des actes simples mais riches en symboles, qui vous
permettront de passer du temps à « être ». De nombreux outils peuvent vous y
aider !
Une sieste quotidienne est recommandée pendant toute la durée de la
grossesse : même quand le ventre passe inaperçu, le besoin de repos est bien
présent pour le corps et l’esprit – inutile d’avoir pris 18 kg pour avoir le droit
d’être fatiguée ! Mais une sieste ? Il faut trouver le temps, il faut avoir sommeil,
il faut – paraît-il – n’avoir rien d’autre à faire. Si cela vous semble difficile,
essayez, juste une fois, « la sieste éveillée ».

La sieste éveillée

Dix minutes suffisent (sauf si vous vous endormez, signe que vous en aviez besoin…).
Choisissez une musique qui vous apaise ou tirez les rideaux, allongez-vous
confortablement, fermez les yeux, regardez venir vos pensées… Puis laissez-les partir… Et
souriez ! Ce simple mouvement amène des émotions positives et une sensation de plaisir :
ce serait dommage de ne pas en profiter. Peut-être vous endormirez-vous, peut-être
profiterez-vous du calme ambiant, peut-être irez-vous jusqu’au silence intérieur. Peu
importe. Pendant ce temps précieux, hors du « faire », vous « êtes ».

Ces moments vous donneront peut-être envie de débuter ou d’approfondir une


pratique de la méditation : pourquoi pas ? Là encore, quelques minutes
quotidiennes suffisent, inutile de viser la performance. De nombreux choix
s’offrent à vous : la méditation guidée (la plus accessible pour débuter, grâce à
des applications comme Petit BamBou ou des chaînes YouTube dédiées), la
visualisation créative (pour se projeter de façon positive dans sa vie), la pleine
conscience (plutôt un savoir-être à intégrer aux gestes du quotidien), vipassana,
zazen…
Ce ralentissement du rythme est souvent synonyme d’introspection, car ces
temps d’intériorité seront peut-être agités, inconfortables, venant pointer des
doutes ou des incertitudes. De nombreuses femmes enceintes témoignent
d’une sensibilité émotionnelle accrue : souvenirs oubliés qui remontent à la
surface, questions existentielles autour de leurs valeurs, de leur projet de vie, de
leur place dans le monde… Elles sont appelées à se tourner vers leur intériorité,
de façon impérieuse ou au contraire très subtile. Bien sûr, chacune demeure
libre de se laisser aller à cette exploration ou de rester en lisière. Mais que se
passe-t-il exactement dans les profondeurs, pour qu’un processus biologique ait
un tel impact sur l’être tout entier ?
Certains psychanalystes parlent de « transparence psychique », expliquant que
pendant la grossesse, l’inconscient est tout proche de la conscience. Ce
processus va vous offrir la possibilité de mettre de l’ordre dans votre vie en vous
replongeant dans des difficultés ou conflits qui avaient été éludés : cette fois,
votre esprit compte bien les résoudre afin de se rendre entièrement disponible
pour votre bébé. De nombreuses femmes ont pu l’expérimenter, à travers des
« révélations », des intuitions fortes ou des envies soudaines d’aller à la
rencontre de leur histoire personnelle. La grossesse, en ralentissant le temps,
peut devenir un accélérateur de conscience !
Si vous osiez laisser toute sa place à votre monde intime, abritant votre enfant
en croissance, mais aussi votre petite fille intérieure, vos aspirations profondes ?
Cette parenthèse émotionnelle prendra une forme différente pour chaque
femme, pour chaque grossesse. Dans la psychologie humaniste, votre petite
fille intérieure, c’est cette part de vous, souvent blessée, qui a gardé la sensibilité
et la créativité de l’enfance : si vous l’accueillez et la laissez s’exprimer, elle sera
porteuse de transformations profondes. Ainsi, certaines femmes remettent en
question leurs choix de carrière et leur quotidien, avec en toile de fond l’envie
de se rapprocher – doucement, mais sûrement – de leurs valeurs ou de leur
idéal. La prise de conscience de ce qu’elles sont en train d’accomplir – mettre
en route l’humanité de demain ! – fera parfois un travail souterrain tout au
long de ces neuf mois, les amenant à reconsidérer leurs priorités, l’air de rien,
l’une après l’autre… Travailler moins ? Pourquoi pas ! Mon corps m’appelle au
repos… Déménager dans un environnement moins pollué ? Oui, ce serait bien
pour le bébé… Et si ces élans soudains étaient tout simplement le reflet de vos
besoins profonds, dont vous autorisez enfin l’émergence ?
Peut-être ressentirez-vous le besoin de vous rapprocher de votre propre mère,
que ce soit pour en savoir plus sur la façon dont celle-ci a elle-même vécu sa ou
ses grossesses, ou pour renforcer les liens existants à travers cette expérience
commune. Dans ce grand saut vers l’inconnu de la maternité, il reste une
certitude : votre mère est passée par là. Cet élan peut être une belle source de
réassurance ; il peut aussi amener des déceptions ou mettre au jour des
dysfonctionnements de la relation.
Quand j’ai rencontré Annabelle, elle était déjà mère de trois enfants. Elle m’a
semblé forte et très sûre d’elle, inébranlable dans ses convictions, assumant
pleinement ses choix de maternage, des couches lavables à l’allaitement long.
J’ai découvert bien plus tard comment chacune de ses grossesses lui avait
permis de faire un pas de plus vers la femme qu’elle devait devenir :
« Lors de ma première grossesse, je pensais que ma relation avec ma mère
s’améliorerait. Je ne partageais pas sa vision des choses et je n’étais pas bien…
Quelque chose me pesait, mais je ne savais pas quoi. Pendant ma seconde grossesse,
à chacun de ses appels, je me sentais stressée, elle essayait de me culpabiliser, mon
ventre se contractait et il me fallait souvent plusieurs jours pour m’en remettre. La
sage-femme ne comprenait pas, elle m’a questionnée et j’ai commencé à trouver des
réponses. J’ai accouché post-terme d’un gros bébé…
Enfin, pour mon troisième bébé je me suis mise dans une bulle : j’ai beaucoup
travaillé sur moi, sur cette relation finalement toxique avec ma mère, sur cette
culpabilité qu’elle voulait me faire porter ! Notre relation a été quasi inexistante
durant cette grossesse. Difficile parfois de faire le deuil de ce lien mère-fille que l’on
imagine idéal et parfait, mais j’ai été accompagnée et soutenue durant ce travail sur
moi » – Annabelle.
Ce cheminement n’a été possible que parce qu’Annabelle l’a permis : dans son
corps, dans son cœur, elle a su être à l’écoute de ses ressentis, faisant de ses
grossesses des moments fondateurs pour la personne qu’elle est aujourd’hui.
Nous avons toujours le choix de saisir ou non les opportunités d’avancer, le
premier pas étant de croire que le chemin existe, ou que nous sommes en train
de le créer… Car la grossesse est définitivement une période propice à la
création sous toutes ses formes !

Soyez créative pour garder une trace de votre


parcours
En plein confinement, Julia, enceinte de son premier bébé et voyant chaque
jour la naissance se rapprocher, a commencé à ressentir un manque. Que
resterait-il de ces mois enfermée avec son gros ventre, de cette heure de balade
quotidienne, de ces journées monotones entre réseaux sociaux et télétravail ?
Alors, l’évidence : elle devait prendre les choses en main pour garder une trace !
Sans cet élan personnel, il pourrait ne rester de cet itinéraire si particulier que
la trace des étapes terre à terre bien balisées par le parcours de santé :
échographies, résultats des prises de sang, comptes rendus des différents
examens. Pourquoi pas…
Et si vous gardiez autre chose de cette bulle temporaire ? Votre corps, lui, est en
train d’exprimer haut et fort son pouvoir créateur. Vous asseoir avec l’intention
de poser quelque chose dans la matière, c’est déjà transformer l’expérience, et
vous l’approprier. Tout pourrait commencer par un joli cahier… qui
deviendrait au fil des pages journal de bord de votre grossesse, avec peut-être
votre météo du jour, vos envies fugaces, vos sensations et vos émotions. Selon
l’inspiration, pourquoi ne pas y inclure dessins, coloriages, collages et photos
(de votre ventre en croissance spectaculaire, des paysages qui vous inspirent, de
votre espace de méditation…) ?
D’après Virginie Loth, infirmière-puéricultrice et doula-naturopathe, « tout le
monde est créatif », mais parfois la créativité a besoin d’un petit coup de pouce
pour se réveiller. Lui permettre de s’exprimer est une manière d’être au monde
et de manifester de façon évidente qui vous êtes et ce qui brille en vous. En
prenant le temps de vous déposer dans votre journal, vous rayonnez et
apprenez à vous accepter avec vos zones d’ombre et de lumière. L’engagement
dans ce processus vous offrira un espace dédié à vos émotions, à vos joies mais
aussi à vos difficultés : il s’agit d’une invitation à autoriser toutes les parts de
vous à exister dans la matière. Prendre du temps pour vous est parfois difficile
dans un quotidien déjà bien chargé. Pourtant ce temps-là n’est pas perdu, bien
au contraire ! Pour que la démarche devienne naturelle, vous devrez peut-être
au début vous l’imposer et avoir l’exigence de vous y tenir… Mais vous offrir
cette pause est nécessaire. Si vous vous installiez sur un coin de table, dans un
fauteuil confortable, dans votre jardin, avec un sac en toile ou une boîte en
carton contenant votre matériel, comme un atelier nomade ?
Le Journal Créatif ©, créé par Anne-Marie Jobin, est un journal intime non
conventionnel qui s’appuie sur trois langages : l’écriture automatique et
créative, le dessin spontané et le collage intuitif. Issue de l’art-thérapie, cette
approche privilégie le processus de créativité plutôt que le résultat, et permet de
quitter le « faire » pour plonger en profondeur dans l’« être ». Il s’agit d’une
approche ludique qui invite à déposer ses émotions et à se reconnecter à soi-
même.

Pour un rituel créatif quotidien

Offrez-vous un beau carnet de pages blanches non lignées, une boîte de crayons de
couleurs aquarellables (le must), des feutres, de la colle, un magazine inspirant et un stylo
avec lequel vous aimez écrire.
Pour marquer la page au quotidien :
• Connectez-vous à vos émotions et à vos sensations.
• Choisissez une image de manière intuitive en lien avec votre ressenti, ne cherchez pas
trop.
• Collez l’image, laissez venir un mot et ajoutez une couleur avec vos crayons
aquarellables ou vos feutres.
• Donnez un titre à votre collage.
• Vous pouvez aussi écrire librement, assembler des images, les déchirer, dessiner… Pour
exprimer ce que vous vivez en mots, formes et couleurs.
• Chaque jour ou plusieurs fois par semaine, marquez la page et laissez l’empreinte de
ces neuf mois si particuliers.

Vous serez parfois surprise de ce qui émerge de vos créations ! Plus votre
pratique sera régulière, plus vous en ressentirez les effets bénéfiques. Ces
rendez-vous avec vous-même et avec votre bébé vous offriront de créer un lien,
et de plonger avec délice dans la couleur de vos émotions !
C’est pour cette raison que les accompagnantes comme Virginie Loth,
l’utilisent si fréquemment en pré ou postnatal. Le Journal Créatif © est le fil
rouge qui permet d’approfondir les thèmes abordés et de poursuivre le travail
entre les séances en « marquant la page » quotidiennement. C’est une
invitation à réveiller l’enfant intérieur et à mettre du jeu dans le quotidien. Il
devient vite un compagnon dans lequel il est possible d’exprimer ses émotions,
ses préoccupations, ses difficultés mais aussi les petits bonheurs du jour. Dans
le Journal, tout se transforme et se métamorphose : cette alchimie est
précieuse !
Julia, elle, a choisi de libérer pleinement sa créativité, en sortant du support
papier, pour faire vivre sa grossesse autrement : elle a pu ainsi échapper au
confinement (qui devait durer jusqu’à la naissance de son bébé) et mettre à
profit ce temps particulier pour se connecter à elle-même et tisser du lien avec
lui.
« J’ai d’abord choisi de tenir un journal de bord pour y noter mes ressentis, mes
inspirations. Très vite, je suis devenue addict de ces rendez-vous avec moi-même.
Puis, quand l’envie de rencontrer mon bébé s’est faite plus pressante, j’ai décidé de
créer un attrape-rêve (merci Pinterest et les tutos du Net !) pour décorer sa chambre.
Une fois la structure terminée, j’y ajoutais chaque jour un ruban ou une bande de
tissu : ce rituel quotidien m’apportait beaucoup de joie, choisir la couleur, la
texture, faire un joli nœud… À mesure que mon attrape-rêve s’étoffait, j’imaginais
mon bébé se faire tout beau pour le jour de sa naissance… C’est ce qui m’a permis
de lutter contre l’impatience de le rencontrer ! Car j’ai pris conscience que ce temps
bonus dans mon ventre (j’ai accouché après la date du terme) était un vrai cadeau
pour lui et pour moi » – Julia.
Sans attendre de résultat, mais dans le plaisir de la création, Julia a su tromper
l’attente et savourer autrement les dernières semaines de sa grossesse. À travers
une activité ludique et manuelle, elle a pu sentir à quel point tout était à sa
juste place… À votre tour d’essayer ! Et peut-être aurez-vous envie de
continuer à cultiver votre créativité bien après la fin de votre grossesse…
Créer un souvenir à l’intention de votre bébé pourrait également être un projet
plein de sens : les enfants aiment les belles histoires et sont particulièrement
friands de celles dont ils sont le héros. Dans quelques années, revenir avec lui
sur ces moments de grossesse à travers des anecdotes de votre quotidien sera
une belle source de joies et de complicité. Mais voudriez-vous tout lui dire ?
Qu’avez-vous envie de partager avec lui, et que voulez-vous garder pour vous ?
Dans cette transition vers la maternité, la tentation peut être grande de vous
oublier déjà derrière votre rôle de mère et l’image que vous souhaitez véhiculer
auprès de votre enfant. Alors quel que soit le plaisir ressenti à collecter des
souvenirs pour votre bébé, osez aussi rester vous-même, en préservant des
espaces de liberté totale où personne d’autre ne viendra mettre le bout de son
nez !
Journal écrit, dessins, albums, Journal Créatif ©, tranches de vie à partager
avec votre enfant à naître… Quel que soit le support choisi, cette trace déposée
est un cadeau à vous-même, pour aujourd’hui et pour la suite !
2. Soyez résiliente devant
les difficultés de la grossesse

La période de la grossesse, souvent décrite comme un temps béni


d’épanouissement et de plénitude, est parfois ponctuée d’obstacles qui peuvent,
au départ, paraître difficiles à surmonter. Pourtant, en étant bien informée et
outillée, vous en êtes pleinement capable !

Nausées, fatigue… les « petits maux »


de la grossesse
Même quand tout se déroule au mieux, la plupart des femmes voient leur
quotidien chamboulé par ce que la société nomme pudiquement les « petits
maux » de la grossesse. Des nausées matinales aux insomnies, en passant par
l’extrême fatigue du premier trimestre, ces soucis ne semblent pas si « petits » et
sont parfois bien difficiles à relativiser.
Parmi les désagréments de la grossesse, les nausées sont les plus célèbres.
Malheureusement, elles sont encore trop souvent associées à des « causes
psychologiques », comme un hypothétique rejet de la grossesse ou du bébé à
naître. Si vous vivez cette situation, inutile de culpabiliser ! Les nausées et
vomissements trouvent en réalité leur explication dans la biologie du début de
grossesse : le taux d’hormone chorionique gonadotrope (plus connue sous le
nom de β-hCG) augmente très fortement jusqu’à la douzième semaine de
grossesse, pour ensuite diminuer tout aussi rapidement en deux à trois
semaines. Environ 85 % des femmes sont sujettes à des nausées en réaction à ce
phénomène : de quoi discréditer définitivement les discours culpabilisants !
Nath, aujourd’hui mère de trois enfants, « ne s’attendait pas à ça » au début de
sa première grossesse :
« Le premier trimestre a vraiment été difficile : entre les nausées et la fatigue, j’ai
presque regretté d’être enceinte. J’étais loin de m’imaginer que j’allais être aussi mal
dans mon corps. J’ai ressenti de l’impuissance et un profond mal-être : j’étais
condamnée à subir les choses. Au sujet des nausées, j’ai juste reçu comme conseil de
la part de mon gynécologue de fractionner les repas, ce qui ne voulait absolument
rien dire pour moi ! J’ai été aussi surprise par l’extrême fatigue : mon besoin de
dormir a doublé. Quand je rentrais du travail le midi je me dépêchais de manger
pour pouvoir m’allonger et dormir un peu. Le soir, je rentrais à 19 h 30, je
mangeais, et j’allais me coucher immédiatement. J’avais 23 ans, et une confiance
aveugle en mon gynécologue. Quand je lui parlais de mes maux de grossesse, il
balayait ça en me disant que c’était que le début, et que j’avais fait le choix d’être
maman ! Heureusement, pour moi ça s’est calmé au quatrième mois » – Nath.
Si la situation vécue par Nath est particulièrement fréquente, les réponses
reçues le sont malheureusement aussi ! « Vous l’avez voulu, maintenant il faut
assumer » est un des leviers les plus puissants de culpabilisation des (futures)
mères. Attention, danger ! Cette pente-là vous amènera à assumer également
sans rechigner les symptômes plus graves pouvant être signes de pathologie, les
violences obstétricales, les nuits sans sommeil sans relais de la part du
coparent… Oui, vous avez choisi d’être enceinte ; non, vous n’avez pas à payer
ce projet au prix fort. Oui, parfois c’est difficile, questionnant, épuisant ; non,
ce n’est pas « que le début », car la suite peut vous réserver des moments plus
doux !

Les nausées

Si elles sont bénignes, quelques habitudes peuvent vous aider à diminuer leur impact :
• Mangez souvent, et en petites quantités : ceci facilitera votre digestion et vous aidera à
réguler votre glycémie. Pour vos « petits repas », réduisez (jusqu’à les diviser par deux
si besoin) vos portions habituelles de féculents, légumes crus ou cuits, protéines
animales ou végétales… Pour vos en-cas, pensez aux fruits frais ou secs, aux
oléagineux, au fromage… Et pour vous faire plaisir, tenez compte de vos envies et de
la saison : pourquoi pas un mug de soupe ou des tomates cerises pour votre sixième
repas du jour ?
• Préparez avant de vous coucher votre premier petit-déjeuner : dès votre réveil vous
pourrez ainsi manger quelques biscuits ou fruits secs, sans avoir à vous lever, pour
éviter l’hypoglycémie. Savourez en conscience et profitez de votre lit dix minutes de
plus… Que cette astuce de grand-mère soit avant tout un plaisir !
• Buvez régulièrement de petites quantités d’eau tout au long de la journée : la
déshydratation, même légère, a tendance à aggraver les nausées. C’est le moment
d’adopter une jolie gourde à emporter partout ! Pour encore plus d’efficacité,
remplissez-la d’eau additionnée d’un jus de citron pressé ou d’une infusion de
gingembre, chaude ou froide : ils sont tous deux connus pour calmer les nausées.
• Enfin, ne vous forcez pas à consommer des aliments que vous n’aimez pas ou dont
l’odeur vous dérange (même si ceux-ci sont réputés efficaces contre les nausées…).

Et si cela ne fonctionne pas ? Si vous en avez assez d’entendre qu’il faut manger
comme ci ou comme ça, moins gras, moins sucré, plus de gingembre ? Vous
avez le droit d’extérioriser, de vous plaindre, de craquer ! Bien sûr, ce n’est pas
« grave », vous et votre bébé êtes en bonne santé… Mais être en bonne santé
n’est pas une raison pour se censurer : osez casser les clichés, la grossesse n’est
pas toujours cette image de magazine entre bonheur parfait et béatitude…
Osez dévoiler la vérité sur ces « petits maux » envahissants votre quotidien, car,
si vous avez besoin de la dire, beaucoup de femmes aimeraient sûrement
l’entendre.
Une fois ce trop-plein déversé, vous pourrez lâcher prise et vous recentrer sur
tout ce qui va bien ! Vous disposez déjà de plusieurs outils pour cela :
méditation, pleine conscience, Journal Créatif ©… Ils vous permettront de
rester connectée aux moments positifs, à votre ventre qui se laisse deviner et à
la perspective de bientôt passer à une autre étape, peut-être plus sereine
physiquement et émotionnellement, car dans la grossesse aussi, tout est
cyclique !
Alors que vous avez peut-être appris à gérer les hauts et les bas de votre cycle
féminin hors grossesse, aujourd’hui, tout est chamboulé. Chaque détail prend
une ampleur démesurée. Comme de nombreuses femmes enceintes, vos
hormones vous jouent des tours et vous êtes sujette à une hypersensibilité,
jusqu’à en perdre le contrôle de vos émotions. C’est donc normal, mais que
faire avec ce constat ? Lorsqu’une émotion (agréable, difficile, déroutante,
inattendue…) vient frapper à votre porte, vous n’avez que deux choix : lui
ouvrir en souriant ou faire semblant d’ignorer sa présence. Si vous la laissez
entrer, vous vous exposez à être traversée par joie, larmes, doutes, montagnes
russes. Si vous ignorez sa présence, non, elle n’ira pas frapper chez la voisine,
elle continuera à tambouriner, de plus en plus fort, jusqu’à faire céder la porte
et à vous submerger d’un raz-de-marée de tout ce que vous essayez de garder à
distance.
Une émotion accueillie en conscience est une émotion qui fera bien moins de
dégâts. Alors ouvrez grand votre cœur, et soyez authentique : acceptez de
pleurer pour la boucle d’oreille perdue, pour le dentifrice oublié, pour les
cookies trop cuits. Suspendez votre jugement : qui sait si cette boucle d’oreille
ne vous offre pas de pleurer aussi votre fatigue physique, votre stress, vos
questionnements sur l’avenir ? Remerciez ces débordements : comme autant de
soupapes de sécurité, ils vous permettent de remettre régulièrement de l’ordre
dans le chantier émotionnel qu’est la transition vers la maternité. D’ailleurs,
pourquoi ne pas les noter dans votre carnet de bord ? Un jour, promis, vous
regarderez tout cela avec beaucoup de bienveillance, et peut-être une pointe de
nostalgie…
Les montées de stress, qu’elles soient liées à des inquiétudes quant à la santé de
votre bébé, à un examen médical, où à l’approche de l’accouchement, peuvent
également être difficiles à gérer. Quelques exercices peuvent vous aider à les
surmonter au quotidien. La cohérence cardiaque en fait partie : voici une
activité simple et ludique à intégrer dans votre routine. Les yeux fermés,
visualisez une bille blanche ou colorée. Elle descend lentement ; suivez-la des
yeux en expirant. Elle remonte ; suivez-la des yeux en inspirant. L’objectif est
d’apaiser votre respiration (et ainsi votre rythme cardiaque et votre niveau de
stress !). Si vous ne parvenez pas à visualiser sans aide, vous trouverez
facilement sur le Net des vidéos pour débuter. Vous pouvez également respirer
des couleurs ! Votre stress est un nuage gris logé au fin fond de votre ventre, au
niveau du cœur, ou peut-être de la gorge. Commencez par le localiser. Puis
inspirez la couleur de votre choix, une couleur qui vous fait du bien : cela peut
être du jaune pour la joie de vivre, du bleu pour l’apaisement… Envoyez-la
dans chaque recoin, partout où le stress a pu se blottir. Expirez cette même
couleur teintée de gris… Le nettoyage est en cours ! Prêtez-vous au jeu, en
conscience : quand l’air que vous expirerez sera aussi lumineux que celui que
vous aurez inspiré, votre niveau de stress aura sensiblement diminué.
Ces exercices seront parfois magiques, d’autres jours un peu moins. Zut, ne
dit-on pas que le stress est mauvais pour le bébé ? Pourtant, il fait partie de la
vie : c’est une des émotions que vous traverserez inévitablement pendant votre
grossesse, et votre bébé ressent également à quel point vous avez envie de le
préserver. Alors inutile de culpabiliser ! Car la culpabilité, en revanche, vous
pouvez vous en passer, et votre bébé aussi !
Accepter ces petits aléas dans sa vie et trouver des ressources en soi pour
continuer à s’épanouir est déjà un apprentissage de la parentalité, car tout cela
sera très utile après l’arrivée du bébé, ou en cas de difficulté plus grave !

Quand tout vous échappe…


Pour certaines femmes, impossible de parler de « petits aléas » : loin des clichés
de joie et d’épanouissement, la grossesse est parfois synonyme de pathologie,
ou même de souffrance. Marlène a été dans ce cas, et c’est une maladie encore
peu connue, l’hyperémèse gravidique (HG), qui lui a « volé sa grossesse ».
« Quand je suis tombée enceinte, j’ai très vite dépéri. En six semaines, j’ai perdu
11 kg. J’étais assaillie de nausées incontrôlables, du matin au soir, et je vomissais
plus de 50 fois par jour. Rien ne me soulageait et au contraire, tout m’était
insupportable : bruits, odeurs, mouvements. J’ai vite arrêté de me lever, de me
laver, de parler. J’en étais incapable. J’avais constamment mal au ventre. Je
n’avalais rien de la journée, même pas de l’eau, et vomissais absolument tout, même
le Gaviscon. Je suis restée des semaines entières dans le noir, recroquevillée sur moi-
même, à dormir et prier pour que cela passe. Du fond de mon lit, je roulais sur le
côté pour vomir dans une bassine, de la bile et du sang. J’ai souffert ainsi pendant
5 mois. L’HG m’a vraiment traumatisée, mais j’ai continué à me battre et j’ai
rencontré ma merveilleuse petite fille quelques semaines plus tard » – Marlène.
L’hyperémèse gravidique, touchant environ 1 % des femmes enceintes en
France, peine encore à être reconnue et correctement prise en charge. Si la
culpabilisation des mères est présente concernant les nausées du premier
trimestre, que dire de ces situations… À la détresse physique s’ajoute souvent,
comme cela a été le cas pour Marlène, le drame de ne pas être considérée. Vous
êtes légitime à revendiquer une prise en charge de qualité : l’association HG
répertorie les médecins sensibilisés et regroupe des ambassadrices prêtes à vous
écouter et à vous conseiller au mieux. Comme pour toute pathologie « rare »,
être suivie par des professionnels compétents et bienveillants, qui compatissent
et expliquent avec clarté sans minimiser vos souffrances ni vous inquiéter
inutilement est un indispensable. Des solutions médicamenteuses existent, et
même si elles sont parfois insuffisantes pour gommer entièrement les effets de
la maladie, elles peuvent apporter un peu de confort au quotidien : dans ces
situations, toute amélioration est bonne à prendre !
Pourtant, une prise en charge médicale de qualité ne suffit pas toujours lorsque
chaque journée est un enfer. S’entourer de toutes les ressources possibles sera
alors nécessaire, même si cela doit passer par la multiplication des intervenants
autour de vous : pensez aux approches alternatives comme l’hypnose ou la
sophrologie, en oubliant pour une fois l’objectif de l’accouchement (même s’il
prend parfois des allures de libération ultime) pour rester centrée sur vous et ce
que vous vivez, car c’est bien l’essentiel. Et puisque l’expérience négative que
vous traversez laissera peut-être des traces, pourquoi ne pas faire appel dès
maintenant au psychothérapeute de votre choix ? Il n’est jamais trop tôt pour
faire ce qui est bon pour soi ! De plus en plus de professionnels proposent leurs
services en visio, vous permettant ainsi de bénéficier de leur écoute même si la
peur de vomir vous paralyse et vous empêche de sortir de chez vous.
Quelle que soit la pathologie dont vous souffrez, vous n’êtes pas seule dans
votre souffrance : vous pourrez en prendre pleinement conscience en
échangeant avec des femmes qui traversent ou ont traversé les mêmes
difficultés que vous. Lâchez les groupes généralistes dédiés à la grossesse (ces
grossesses merveilleuses à laquelle malheureusement la vôtre ne ressemble pas)
et faites votre bulle en vous entourant de personnes qui comprennent
réellement ce que vous traversez. C’est parfois en plongeant sans retenue dans
votre maladie et ses conséquences au quotidien, en lisant des témoignages de
femmes « comme vous », que vous réussirez à avancer un jour après l’autre.

Les pathologies de la grossesse les plus courantes

Le diabète gestationnel peut toucher des femmes sans aucun antécédent de ce type. Il est
recherché quand les analyses d’urines montrent la présence de sucres (ou en cas d’autres
facteurs de risque) par une « hyperglycémie provoquée par voie orale » (HGPO) ou par
une mesure de glycémie pré- et post-prandiale (avant et après un repas), souvent préférée
par les femmes car moins contraignante. Un régime alimentaire strict suffit la plupart du
temps à réguler les taux de glycémie, mais la prise d’insuline est parfois nécessaire.
La menace d’accouchement prématuré (ou MAP) signifie que des contractions ayant un
effet sur le col de l’utérus sont présentes bien trop tôt dans la grossesse. C’est le moment
de lever le pied ! Selon l’intensité des contractions et leur impact sur le col (qui peut être
« ramolli », « raccourci », ou déjà partiellement « ouvert »), les solutions envisagées
peuvent aller du simple repos, allongée quelques heures par jour à une hospitalisation.
L’hyperémèse gravidique, qui donne lieu à des nausées constantes et à des vomissements
incoercibles pendant une partie de la grossesse (ou la totalité de celle-ci) nécessite une
prise en charge médicale. Des médicaments peuvent être prescrits et une hospitalisation
doit être envisagée dans les cas les plus graves, les risques étant la déshydratation, la
dénutrition, des perturbations hépatiques et cardiaques... L’épuisement physique et
mental est tel que 15 % des femmes souffrant d’hyperémèse gravidique ont recours à une
IVG dans le cadre d’une grossesse désirée.
La toxémie gravidique (ou pré-éclampsie) est une complication grave de la grossesse. Elle
se manifeste principalement par de l’hypertension, une protéinurie, et l’apparition
d’œdèmes au niveau du visage et des mains. Une surveillance accrue est alors nécessaire,
un déclenchement de l’accouchement devant parfois être programmé (afin d’éviter
absolument l’éclampsie, qui implique des risques vitaux pour la mère et l’enfant).
D’autres signes doivent vous alerter, notamment la survenue de saignements (qui peuvent
être liés à la présence de polypes sur le col, mais aussi à un décollement placentaire), une
perte de liquide amniotique même en faible quantité, une absence ou une diminution
flagrante des mouvements du fœtus (en cas de doute, allongez-vous et comptez : vous
devez pouvoir sentir votre bébé 10 fois en 2 heures au minimum), une apparition de
migraines violentes, des douleurs abdominales intenses en coups de poignard (pouvant
être le signe d’un décollement placentaire). Il est également recommandé de consulter
rapidement en cas de chute. Connaître les signes d’alerte peut vous aider à donner toutes
les informations importantes à la professionnelle qui vous suit, ou à vous orienter vers les
urgences au bon moment.

Si vous souffrez d’hyperémèse gravidique, si vous avez l’obligation de rester


alitée suite à une menace d’accouchement prématuré, si vous êtes atteinte de
diabète gestationnel, si vos analyses sont terriblement « mauvaises », si votre
bébé montre des signes de pathologie et que vous traversez chaque jour dans
l’angoisse… peut-être entendrez-vous que vous avez « du courage ». Bien sûr,
vous en avez. Mais ces jolis mots risquent de vite sonner creux, car, avant tout,
au cœur de la tourmente, vous n’avez pas le choix ! Pas d’autres choix que de
vivre les choses comme elles se présentent, dans les nausées, les privations
alimentaires, les examens stressants, la peur des résultats. En revanche, vous
gardez le choix de qui vous laissez, ou non, entrer dans votre bulle.
Vos proches se désespèrent de ne rien pouvoir faire pour vous ? Ils peuvent
pourtant être là, en bienveillance, à votre écoute, à faire leur maximum. Et
même si ce maximum est dérisoire à leurs yeux, il fera peut-être toute la
différence : encore une façon de vous aider à prendre conscience que vous
n’êtes pas seule. Vos proches, mais pas tous… Ceux qui posent sur vous, en
toute maladresse, un regard mi-compatissant mi-alarmiste… Et qui demandent
si vous « tenez le coup » en espérant un « oui » qui réduirait leur propre malaise
devant votre situation… Ceux-là, malheureusement pour eux, devront rester à
distance. Leur stress quant à votre grossesse ne vous appartient pas, et vous
pouvez vous en débarrasser dès maintenant.
La situation est loin de ce que vous espériez ? Libérez-vous des peurs de votre
entourage (vraiment, vous n’avez pas besoin de ça), tentez de voir le positif
dans l’apprentissage que cette expérience vous offre (à surmonter ainsi ces
difficultés, vous êtes déjà une mère extraordinaire, même dans les jours les plus
sombres), et portez un regard bienveillant sur vous-même (vous avez pleuré
toute la journée aujourd’hui, c’est OK ; vous avez fui vos angoisses en vous
réfugiant dans vos séries préférées où personne n’est enceinte, c’est OK aussi).
Après une grossesse bousculée par l’hyperémèse gravidique, Lise a appris que sa
fille Zoé, en plus d’être « un gros bébé », était placée en siège. Plusieurs options
étaient envisageables pour l’inviter à changer de position : version manuelle,
séance d’ostéopathie ou d’acupuncture, méthode spinning babies… C’est à la
suite de beaucoup de questionnements qu’elle a finalement choisi d’accepter ce
qui devait être :
« Ma gynécologue pose une date pour une éventuelle césarienne. Mais je veux
accoucher “normalement”, je veux que mon bébé décide de venir “naturellement” et
surtout, je suis terrifiée par l’opération. Seulement Zoé ne montre aucun signe de
vouloir sortir. Alors, je m’informe, je veux connaître les étapes. Il me faut trouver
des points positifs afin de lâcher prise. Pas d’épisio, pas de déchirure, mon vagin
restera intact. Un bébé tout beau. Cinq jours à l’hôpital pour me reposer et
reprendre des forces avant le retour à la maison. Une date programmée me
permettant de m’organiser : finalement, une très bonne chose vis-à-vis de mon
travail. J’ai lâché prise car à un moment donné peu importe la façon dont notre
bébé allait venir, ce qui était important c’était qu’elle vienne et que nous soyons
toutes les deux en bonne santé. Il y a parfois des instants dans la vie où la
destination est plus importante que le voyage » – Lise.
Lise a su lâcher prise et accepter la situation telle qu’elle était. Bien sûr, elle
aurait pu prendre un chemin différent en testant d’autres méthodes qui
auraient abouti à un changement de position de son bébé, ou pas. Les
événements de la grossesse vous poussent à affirmer votre souveraineté (pouvoir
suprême que vous exercez sur vous, sans l’imposer à qui que ce soit d’autres !)
en tant que femme-mère. Ainsi vous saurez choisir ce qui vous semble juste
pour votre bébé et vous-même, dans le respect de vos valeurs, de votre corps et
de vos limites. Cette traversée est la meilleure préparation à la parentalité : être
présente à votre enfant et à vous-même, que la vie vous bouscule ou vous soit
paisible.
Dans les cas les plus sévères, c’est souvent longtemps après la grossesse que les
femmes trouveront pleinement leur résilience : en s’investissant à leur tour dans
l’association qui les a aidées, en libérant la parole sur ce qu’elles ont vécu, en
militant pour la reconnaissance de la pathologie qui les a touchées. Certaines
sont alors capables de déplacer des montagnes pour éviter à d’autres de
rencontrer les mêmes difficultés.
Mais le temps de la grossesse, quand il est vécu dans la souffrance, ne peut être
consacré à autre chose qu’à simplement faire de votre mieux au jour le jour,
pour vous-même.

La bienveillance commence par vous !


La grossesse est l’occasion de nous ramener au corps. Pendant cette période,
c’est lui qui dicte les règles. Alors, si pour tout un tas d’autres raisons, vous
aviez déjà une dent contre lui, cela pourrait malheureusement être l’occasion
de vous fâcher pour de bon. Et si vous en profitiez plutôt pour vous réconcilier,
en toute bienveillance envers lui et vous ?
La problématique du rapport au corps est présente chez de nombreuses
femmes. Les injonctions contradictoires reçues depuis l’adolescence, et parfois
même l’enfance, y seraient-elles pour quelque chose ? Ce corps, il faut en
prendre soin, mais sans se laisser aller. À travers lui, nous sommes évaluées en
permanence, mais il ne faut pas trop s’en préoccuper parce que c’est futile et
superficiel, un truc de filles. Il faut être à son écoute, mais pas trop quand même. Il
faut… La société (patriarcale) a toujours quelque chose à dire sur le corps (des
femmes). Et vous avez peut-être malgré vous intégré plusieurs de ces schémas.
Peu de femmes peuvent dire qu’elles portent à leur corps un amour
inconditionnel, en toutes circonstances, dans l’acceptation de ses défauts et de
ses imperfections : si c’est votre cas, bravo ! Sinon, le moment est peut-être
venu d’avancer dans ce sens… Salma fait partie de celles qui ont appris à aimer
et à respecter leur corps assez tardivement : c’est pendant sa grossesse qu’elle a
pris conscience de toute la magie qu’il portait et lui apportait !
« Avant ma grossesse, une tendance au surpoids réduisait mon lien à mon corps à :
“Je ne t’aime que quand tu n’es pas en surpoids”. Autant dire que la plupart du
temps, je ne l’aimais pas. Et puis je suis tombée enceinte. Et j’ai découvert que mon
corps était bien plus qu’un intervalle de taille de vêtements. J’ai senti, au plus
profond de moi, qu’il est un fabuleux vaisseau capable du miracle de fabriquer et
de porter la vie, cet orchestre (presque) parfaitement au point, qui travaille sans
relâche, apporte des réponses (le plus souvent) adaptées, et utilise toutes les stratégies
nécessaires à son bon fonctionnement. J’ai passé 9 mois d’admiration totale. Il m’a
fallu ça pour l’aimer et le respecter. Il est devenu un temple que seuls les
bienveillants pouvaient approcher, et qu’il était hors de question de continuer à
maltraiter » – Salma.
Aimer son corps, c’est lui offrir de la bienveillance et exiger que le reste du
monde fasse de même : Salma l’a compris. Bien sûr, cultiver l’amour
inconditionnel envers votre vaisseau n’est pas toujours facile. Vous pourriez lui
en vouloir pour la fatigue, les vergetures, les « petits » ou grands maux
quotidiens, la rétention d’eau, la vessie devenue miniature, les insomnies, la
difficulté à trouver une position confortable… Car, pendant la grossesse,
impossible de l’oublier, ce corps qui prend toute la place, à la fois dans le
physique et dans le psychique ! D’autant plus s’il « n’assure pas »… Et
pourtant, c’est justement quand il est en difficulté qu’il a le plus besoin
d’amour…
Élise a vécu deux grossesses à quatre années d’intervalle. Deux grossesses
teintées de pathologies, avec beaucoup de points communs et pourtant
ressenties de façons extrêmement différentes.
« Pour mon aînée, mon corps m’a échappé, avant mon esprit. Alitée dès le deuxième
mois de grossesse et ce jusqu’à la fin, pour un décollement placentaire puis des
menaces d’accouchement prématuré, j’ai pris 4 kg en tout et pour tout. Seules la
douleur et l’angoisse ont imprégné cette période. On inspectait ce qui se passait, tout
particulièrement dans mon utérus, sans plus de sollicitude.
Pour mon deuxième enfant, au contraire de la première grossesse et malgré une
situation similaire, tout a été différent. Je n’étais pas dans le même état psychique :
j’ai réussi à m’imposer face au corps médical, concernant le diabète par exemple. J’ai
été suivie par une sage-femme libérale avec qui j’ai fait quelques séances de sophro,
et je me suis autorisée à caresser mon ventre malgré un utérus hypercontractile.
Ainsi, j’ai pu prendre 13 kg et apprécier les changements corporels au fil des mois,
sans angoisses » – Élise.
Salma et Élise, à travers des parcours différents, ont su (ré-)apprivoiser leur
corps et le considérer avec plus de douceur. Sortant de l’ambivalence du corps
tour à tour ami ou ennemi, elles ont osé lui reconnaître sa magie créatrice
malgré les difficultés. Si vous posiez vous aussi comme postulat de base que
votre corps fait de son mieux, tout comme vous ? Et si vous lui exprimiez
régulièrement votre gratitude ?

Intentions positives pour mieux accepter votre corps

Pour vous appuyer dans cette démarche, entourez-vous d’intentions positives ! Elles
peuvent prendre la forme de petits mantras à afficher dans votre salle de bains ou à noter
dans votre agenda :
« Je m’aime quoi que je vive et quoi que je fasse. »
« Je fais de mon mieux, mon corps fait de son mieux, mon bébé fait de son mieux. »
« Je suis remplie d’amour et de gratitude. »
« Mon corps est en train d’accomplir un miracle, je suis en train d’accomplir un miracle. »
« La magie créatrice est en marche. »
« J’ai confiance en toi. »
« Stop aux jugements, je crée un être humain ! »

Honorer ce corps capricieux qui accomplit des miracles : voilà un bel exercice
d’acceptation inconditionnelle de vous-même ! Rester dans la gratitude vis-à-
vis de votre corps peut être un véritable défi ; c’est aussi une thérapie, et une
manière de construire en vous une mère sereine et apaisée.
3. On ne devient pas mère
en un jour !

La grossesse n’est pas une étape de vie « comme une autre » : c’est avant tout un
temps de transition, entre deux mondes, vers l’accueil de son bébé et sa propre
transformation. Comme toute transition, elle se construit pas à pas, dans
l’esprit, dans le corps, mais aussi dans le concret du quotidien ! Des
apprentissages en perspective, pour vous, et peut-être même pour votre
entourage…

Les différentes préparations à la naissance


En complément du suivi de grossesse, vous aurez la possibilité de choisir entre
plusieurs types de préparations à la naissance. De la plus conventionnelle à la
moins connue, chacune vous offrira des ressources différentes : à vous de
trouver celle qui vous ressemble !
Les maternités, et certaines sages-femmes libérales, proposent des séances de
préparation à la naissance qualifiées de « classiques ». Il s’agit d’avoir accès, en
groupe ou en couple, à des informations sur divers sujets en lien avec la
naissance et la période postnatale : quand partir à la maternité, comment se
passe un accouchement pour vous et pour votre bébé, quel est le rôle du
coparent… Ces rencontres offrent des informations pratiques particulièrement
utiles pour une première grossesse, et, quand elles sont collectives, offrent une
belle occasion de rencontrer d’autres femmes qui accueilleront leur bébé dans
la même période que vous.
Comme souvent, partir de vos envies et de vos besoins vous permettra d’y voir
plus clair. Souhaitez-vous recevoir des informations sur le déroulement d’un
accouchement, vous préparer à traverser l’intensité des contractions, apaiser les
douleurs et tensions de la grossesse ? Ou un peu de tout cela ? Comment
imaginez-vous la naissance de votre enfant, et quelles sont les ressources qui
pourraient vous être utiles pour mener ce projet à bien ?
Selon vos réponses, une ou plusieurs de ces préparations à la naissance vous
feront sûrement envie !

Avec Et après la
Préparation Pourquoi ? Comment ?
qui ? naissance ?

Préparation Première Seule Préparation –


psychoprophylactique grossesse En « classique » incluant
à la naissance ou Besoin couple des éléments
préparation globale à d’informations En théoriques
la naissance pratiques groupe (déroulement de la
naissance, séjour en
maternité, retour à la
maison,
allaitement…) et
pratiques (gestion de
la douleur, techniques
de respirations…).

Chant prénatal Bien-être Seule Conscience corporelle, Chants et


physique et En détente musculaire, berceuses
psychique couple techniques de pour bébé
Accouchement En respiration, gestion de
Lien parents- groupe la douleur, connexion
bébé au bébé, confiance en
soi, sons et chansons.

Eutonie Bien-être Seule Conscience de ses Rééducation


physique et En appuis, approche postnatale
psychique groupe posturale, respiration,
confiance en soi,
soulage les inconforts
de la grossesse.

Fasciathérapie Bien-être Seule Thérapie manuelle et Séances


physique gestuelle douce, postnatales
relaxation, soulage les
inconforts de la
grossesse, perception
corporelle

Haptonomie ou Lien entre le En Entrer en relation avec Haptonomie


préparation affective couple et le couple le bébé, se projeter postnatale
à la naissance bébé dans sa place de
Accouchement parent, touchers,
bercements, gestion
de la douleur.

Hypnonatal ® Bien-être Seule Relaxation, –


physique et En stimulation de
psychique couple l’énergie, aide au
Accouchement sommeil,
communication avec
son bébé, pensées
positives, gestion de la
douleur.

Méthode Bien-être Seule Outils concrets pour –


Bonapace © physique En agir sur la douleur :
Accouchement couple digitopression,
massages, positions,
pensées positives.

Méthode du Dr de Bien-être Seule Respiration, approche Rééducation


Gasquet physique En posturale, positions postnatale
Accouchement groupe antalgiques,
préservation du
périnée, soulage les
inconforts de la
grossesse
Piscine Bien-être En Activité physique Séances de
physique groupe douce, travail bébé nageur
Conscience postural, prise de
corporelle conscience corporelle,
respiration, relaxation,
soulage les inconforts
de la grossesse.

Sophrologie Bien-être Seule Relaxation en Sophrologie


psychique En profondeur, postnatale
Accouchement couple connexion au bébé,
En détente musculaire,
groupe visualisation positive,
gestion de la douleur

Watsu Bien-être Seule Bercement, relaxation, –


physique En étirement,
Accouchement couple acupression,
respiration, soulage les
tensions musculaires,
les angoisses.

Yoga prénatal Bien-être Seule Activité physique Yoga


physique En douce, travail postnatal avec
Accouchement groupe postural, prise de bébé
conscience corporelle,
respiration, relaxation,
soulage les inconforts
de la grossesse, gestion
de la douleur.

Le chant prénatal par exemple peut vous permettre de tisser un lien avec
d’autres mères.
Virginie Bouffart est professeure de chant, cheffe de chœur et formatrice en
chant prénatal. La gestion des émotions et la mise en place d’un
environnement doux et positif autour de la mère qui accouche sont au centre
de sa transmission.
« Le chant prénatal est l’occasion de se détendre, de s’amuser… Et surtout, de
découvrir comment, à l’accouchement, chanter de longues voyelles peut avoir un
effet anesthésiant. Nul besoin d’une belle voix ou de matériel particulier : c’est
faisable par tous, partout, même à la maternité, et même sous péridurale, pour
gérer ses émotions ! Respirer profondément et se bercer de sons diffusent du calme
dont tout l’environnement bénéficie, personnel médical et autres futures mères
inclus. Quant au père, il peut vocaliser avec sa femme, ajoutant naturellement des
vibrations plus graves, tranquillisantes pour la mère et l’enfant » – Virginie
Bouffart.
Mais plusieurs autres formats offrent également bien-être pendant la grossesse,
outils pour l’accouchement, et plaisir d’échanger avec d’autres futures mamans.
Alors, comment choisir ?
Sept séances de préparation à la naissance sont prises en charge par la Sécurité
sociale (à condition que celles-ci soient proposées par des sages-femmes).
Aucune obligation cependant à choisir une seule activité à pratiquer sept fois :
libre à vous de constituer votre programme « à la carte » si vous souhaitez, par
exemple, bénéficier de séances d’informations sur les sujets qui vous
interpellent mais aussi de quelque temps de sophrologie ou de piscine !
Certains types de préparation à la naissance demandent au contraire un
investissement tout au long de la grossesse pour en sentir les bienfaits : c’est le
cas de l’haptonomie par exemple.

L’haptonomie

Cette préparation à la naissance a la particularité d’être celle qui débute le plus tôt dans la
grossesse : idéalement avant la fin du premier trimestre. Au cours des séances, espacées de
deux à quatre semaines, vous et le coparent allez apprendre à tisser un premier lien avec
votre bébé, à travers le toucher affectif. Pour les mamans solos, la plupart des praticiennes
acceptent la présence d’une autre personne proche, qui devra être la même à chaque
séance, et certaines peuvent même proposer des séances individuelles. Les outils
découverts pourront également être utiles lors de l’accouchement pour inviter le bébé à
bien se positionner et l’encourager dans sa descente. Une dernière séance est
recommandée après la naissance, pour continuer à cultiver et à renforcer le lien tissé.

Néanmoins, il n’est jamais garanti de pouvoir utiliser les techniques apprises en


préparation à la naissance le jour de l’accouchement. Cette possibilité dépendra
du contexte et, surtout, de vos besoins le jour J, besoins par essence
imprévisibles… Cependant, avoir des outils qui vous correspondent dans votre
bagage de future mère ne pourra que vous aider à aller vers l’accouchement que
vous souhaitez vivre ! Et les objectifs de bien-être seront eux probablement
atteints…
Choisir une préparation à la naissance qui vous correspond vraiment peut vous
permettre d’accéder à une relation plus poussée et plus intime avec votre corps,
et de vous connecter à vos besoins intérieurs et à vos aspirations profondes. En
faisant des choix en conscience pour la préparation de votre accouchement et
en vous positionnant sur la façon dont votre bébé sera accueilli (est déjà
accueilli en vous !), vous affirmez aussi votre pouvoir créateur et décisionnaire !
C’est ce que vous faites aussi en posant, un acte après l’autre, les balises qui
vous offriront de vous sentir bien avant et après la naissance.

Derniers préparatifs avant l’accouchement


Quelques semaines avant la naissance, arrive pour les femmes l’envie de
changer de rythme : dernière étape d’un processus de plusieurs mois vers la
maternité, c’est le moment de prendre soin de soi plus que jamais, dans la
conscience de ses propres besoins physiques et psychiques…
Certaines voudront étirer le temps pour savourer les derniers moments de
« l’avant » ; d’autres se retireront dans leur « grotte » en exigeant silence et
calme absolu ; beaucoup ressentiront le besoin que tout soit en ordre,
matériellement et émotionnellement, avant de faire le grand saut. Ce n’est sans
doute pas le moment d’inviter la belle-famille…
Au plaisir à se recentrer sur soi-même s’ajoute souvent l’envie de faire son nid
en prévision de « l’après ». Un nid douillet aux dimensions aussi bien
émotionnelles que matérielles : pour vous accueillir en tant que mère après la
naissance de votre enfant, votre cocon devra être doux, rassurant, contenant,
pratique, et bien sûr, à votre image ! Mais comment savoir quels seront vos
besoins ?
Si la naissance est prévue en maternité, osez mettre des objets vraiment pour
vous dans votre valise : n’oubliez pas que vous n’y partirez pas seulement pour
rencontrer votre bébé en salle d’accouchement, mais aussi pour vivre vos
premiers jours auprès de lui ! La maternité ne manquera pas de vous fournir
une liste des indispensables à emporter (trois bonnets, six pyjamas, six
bodies, etc.). Ce sont leurs indispensables, mais quels sont les vôtres ?

Vos essentiels à emporter à la maternité

Quelques effets personnels pourraient faire toute la différence :


• une lampe de sel ou une lampe de chevet pour une lumière douce dans votre
chambre ;
• l’oreiller sur lequel vous dormez le mieux (ainsi que votre taie d’oreiller préférée bien
sûr) ;
• un plaid tout doux pour vous y envelopper avec votre bébé ;
• vos biscuits favoris ;
• un magazine qui vous détend ;
• votre journal de grossesse pour y noter à chaud vos premières impressions après
l’accouchement ;
• et pourquoi pas un ou plusieurs objets symboliques qui vous ont accompagnée
pendant la grossesse !
Pour chacune, cette liste sera différente. Afin de finaliser la vôtre, demandez-vous quelles
sont les choses familières qui vous permettent de vous sentir bien. Pour l’une, ce sera son
shampoing, et peut-être même un peu de maquillage ; pour l’autre, ce sera un très bon
thé dans un joli mug. Tout cela n’est pas dans la liste officielle, mais c’est souhaitable !

Le retour à la maison peut également être un moment dans lequel vous aurez
du mal à vous projeter si c’est votre premier bébé : comment mettre en place
votre nid pour le postnatal ?
L’environnement idéal de la nouvelle mère ressemble aux conditions que
connaît le bébé in utero : chaud, confortable, cocoonant, lumière tamisée,
nourriture et boissons à volonté… Vous serez peut-être prise, avant la
naissance, d’un regain d’énergie vous incitant à briquer la maison de fond en
comble ou même à déplacer les meubles : cet élan est parfaitement normal, et il
s’agit même souvent d’un des signes annonçant l’imminence de
l’accouchement. Si vous profitiez de cette énergie pour vous préparer un cocon
vraiment douillet pour les premiers temps avec votre bébé ? Une douce façon
de prendre soin, par avance, de la mère en vous.
Pensez « ergonomie » ! Dans les jours et les semaines qui suivront votre
accouchement, vous devrez rester autant que possible allongée ou
confortablement installée, pour offrir à votre périnée et à tout votre corps le
repos nécessaire. Qu’aimeriez-vous trouver autour de vous ? Peut-être un plaid
tout doux (quelle que soit la saison, la fatigue incite à se blottir bien au chaud,
et tant mieux car c’est exactement ce dont le corps du post-partum a besoin),
une bouteille d’eau, ou, encore mieux (toujours pour répondre au besoin de
chaleur), un thermos à remplir de votre infusion préférée, de quoi grignoter
sans avoir à vous lever… Vous pourriez aussi avoir envie de garder près de vous
votre téléphone et son chargeur, de quoi écouter de la musique, une source de
lumière douce si l’envie vous vient de garder les rideaux tirés… Ou encore un
petit stock de coussinets d’allaitement, ou le lait en poudre et les biberons pour
préparer les repas de votre bébé…
Vous aurez peut-être à la fois besoin de calme et d’interactions avec le reste de
votre famille. Si l’enfant à naître n’est pas le premier de la fratrie, il est bon
d’envisager dès la fin de grossesse des manières de concilier ces élans opposés :
dans quel lieu de votre maison pourriez-vous profiter de moments cocooning
avec votre bébé, sans pour autant vous sentir isolée ? Si cela semble difficile,
une réorganisation de l’espace est parfois possible : pendant quelques semaines,
le salon pourrait devenir le lieu calme dédié à maman, ou, au contraire, la
chambre parentale une pièce de vie où les aînés sont invités à venir s’installer
avec leurs jeux quelques heures par jour !
Votre point de ralliement devra donc être installé dans une pièce suffisamment
calme et agréable, et organisé autour de votre lit, d’un fauteuil ou d’un canapé
où vous vous installerez confortablement pour vous reposer et câliner votre
bébé. À proximité, il y aura idéalement une petite table, table de nuit ou
plateau sur lequel vous pourrez disposer une petite lampe, les accessoires dont
vous pourriez avoir besoin dans la journée, vos boissons et autres
ravitaillements. À vous d’imaginer et de construire votre propre coin cosy !
Une fois cet environnement idéal en place, un dernier détail pourrait
radicalement changer votre expérience du post-partum : le soutien humain de
votre entourage…

Préparez aussi votre postnatal


Lucie savait exactement ce qu’elle souhaitait pour la naissance de son premier
bébé : pendant des mois, elle s’est préparée à vivre son accouchement en
conscience. Enfanter dans la douceur et le respect de la physiologie, c’était son
objectif, et elle l’a réussi ! Puis le postnatal lui est tombé dessus comme un
tsunami : tout occupée par le passage, elle avait oublié qu’un bébé et une
transformation l’attendaient de l’autre côté ! Vous souriez ? Pourtant, elles sont
nombreuses, les femmes comme Lucie…
Si beaucoup de ressources existent pour « préparer » les femmes à la naissance,
peu de pistes concrètes sont données pour la période postnatale : une
« préparation au post-partum » serait pourtant utile pour transmettre aux
femmes des informations aussi bien logistiques (comment alléger sa charge
mentale, réduire les tâches ménagères, organiser son quotidien ?) que
physiologiques (comment traverser le baby blues, prévenir la fatigue,
s’aménager des temps off ?). En l’absence de ces transmissions, les femmes se
retrouvent trop souvent démunies devant le choc du changement de vie en
train de s’opérer en elles et dans leur quotidien.
La matrescence définit le passage de femme à mère comme un bouleversement
psychique comparable à l’adolescence, une transformation profonde pendant
laquelle des fragilités peuvent émerger, une étape à soutenir dans la
bienveillance et dans l’empathie. Mais si les femmes maternent les bébés, qui
materne les femmes pendant cette période de transition ? Qui leur apporte le
soutien logistique et pratique nécessaire, le relais émotionnel, l’amour
inconditionnel ?
« Il faut tout un village pour élever un enfant » – proverbe africain.
Cette vision semble bien loin de la norme occidentale de la famille nucléaire.
Pourtant, chacune de nous est responsable à sa hauteur de la façon dont les
sociétés se réorganiseront demain. Alors, construisez votre village, un pas après
l’autre…
Ce fut le cheminement de Stéphanie, qui avait vécu un premier post-partum
très difficile : lien mère-enfant difficile à mettre en place, allaitement stoppé à
cause des problèmes de reflux de son bébé, fatigue accumulée… Pour sa
deuxième grossesse, elle a donc préparé avec autant de soin son postnatal que
son accouchement.
« J’ai osé solliciter l’aide de ma maman, qui est la personne dont je me sens la plus
proche. Je lui en ai parlé vers le septième mois de grossesse Elle a tout de suite
accepté ! Je lui ai donc demandé de venir chez nous (elle habite à 250 km donc pas
possible de faire des allers-retours) juste après la naissance. Ma fille est née à la
maison, et ma maman est venue deux jours après la naissance. C’était parfait, elle
est restée chez nous dix jours, elle a géré la maison, les courses, elle nous a fait de
bons petits plats, et s’est occupé de mon aînée. Ça m’a permis de me reposer et de
passer les premiers temps en phase avec mon bébé sans avoir à me préoccuper de
l’intendance, j’ai pu me concentrer sur mon allaitement qui me tenait tant à cœur.
Ce post-partum était tellement plus doux que le premier… » – Stéphanie.
Si Stéphanie a pu vivre ces moments dans la douceur, c’est parce qu’elle a su
apprendre de ses expériences, analyser ses besoins et trouver le moyen d’y
répondre. Quelle force ! Si, comme elle, vous informiez vos proches de vos
besoins et de vos attentes pour la période postnatale ?

Organiser les repas

Vous ou votre partenaire pouvez également préparer et congeler des plats pendant la
grossesse : tartes salées, gratins, lasagnes, plats mijotés, soupes… Cuisiner des portions
plus importantes ne vous prendra guère plus de temps, et quel bonheur ensuite de n’avoir
plus qu’à réchauffer des repas déjà prêts ! Pour réduire votre charge mentale, pensez aussi à
afficher une liste sur le congélateur avec tous les plats disponibles ! Quinze repas d’avance
vous permettront de passer une semaine sans cuisiner si vous n’avez pas d’aide extérieure,
ou plusieurs semaines si des proches participent en vous livrant de bons petits plats après
la naissance. Car votre entourage sera sûrement heureux de pouvoir vous être vraiment
utile et de vous faire profiter de ses talents culinaires !

Celles et ceux qui n’aiment pas cuisiner trouveront mille et une autres manières
de mettre leurs ressources à votre service. Une copine sans enfant avec de
l’énergie à revendre ? Elle pourra faire vos courses indispensables ou non en
même temps que les siennes, ou s’occuper de taper votre commande au drive
pendant que vous papotez. Une experte en bien-être dans votre entourage ?
Elle sera heureuse de vous offrir un petit massage des mains ou de la nuque lors
de ses visites ! Des amies déjà mères ? Elles pourront mettre à votre disposition
les coordonnées du super pédiatre qu’elles ont déniché ou de la naturopathe
qui les a aidées à reprendre pied après l’accouchement. Un frère déjà père d’un
enfant plus grand ? Il pourra vous prêter des vêtements de seconde main pour
le bébé (pas un plein carton d’habits en vrac de 0 à 3 ans, mais une sélection de
ce qui correspondra à vos goûts et à l’âge de votre bébé). Un copain musicien ?
S’il venait vous rendre visite avec sa guitare pour endormir bébé et vous faire
profiter d’un chouette moment de convivialité ?
Votre liste de naissance pourrait être une première étape vers la construction de
ce village chaleureux. Bien sûr, vous pourriez avoir envie de matériel de
puériculture ou de vêtements neufs pour le bébé (sachez cependant qu’on a
TOUJOURS assez de vêtements neufs pour le bébé). Alors, si vous demandiez
aussi ce dont vous aurez peut-être le plus besoin : présence, aide concrète et
soutien ? Ces listes de naissance dites « alternatives » sont pensées pour libérer
les jeunes parents de la logistique quotidienne pour leur permettre de consacrer
leur énergie au bien-être de leur bébé et d’eux-mêmes en tant qu’individus.

La liste de naissance idéale

Quelques idées que vos proches pourraient trouver dans votre liste de naissance :
• Vous apporter des plats préparés.
• Faire livrer des courses chez vous.
• Passer quelques heures à vos côtés pour vous permettre une sieste sereine.
• Faire un peu de rangement ou de ménage.
• Venir chercher votre panier à linge et vous ramener le lendemain des vêtements
propres, secs et pliés.
• Emmener votre ou vos aînés au parc pendant que vous vous détendez avec votre bébé.
• Prendre soin de votre bébé pendant que vous profitez de votre ou vos aînés.
• Vous offrir un rendez-vous avec une doula, un soin en institut, un massage bien-être
ou un rituel postnatal.

La certitude d’être bien entourée et soutenue après la naissance de votre enfant


fait partie des balises, qui, une fois posées, vous autoriseront à vivre
sereinement chaque moment de votre grossesse, sans appréhension pour la
suite.
4. Célébrez la femme en vous

Par des actes du quotidien simples mais puissants, autorisez-vous à investir


pleinement votre grossesse ! Affirmez-vous, ritualisez ce qui peut l’être pour
rendre le temps précieux, célébrez-vous en tant que femme portant la vie, et
laissez-vous célébrer…

Affirmez votre posture de femme-mère


Femme, vous l’êtes déjà ; mère, vous êtes sur le point de le (re)devenir. Il est
temps, si ce n’est déjà fait, de réaffirmer qui vous êtes, dans votre puissance et
vos convictions.
Il arrive que la grossesse mette à rude épreuve votre confiance en vous. Elle
vous confronte chaque jour à un corps en constante transformation, qui pourra
vous sembler tour à tour magnifique de rondeur ou inacceptable
d’encombrement. Pour mieux vivre les changements physiques et psychiques
en vous, il sera parfois nécessaire de vous débarrasser de l’image mentale de la
femme enceinte rayonnante et docile qui n’a grossi que du ventre… C’est OK
de prendre 25 kg et de ne pas toujours voguer sur un petit nuage…
Le regard porté par la société sur la femme enceinte est positif mais également
très fantasmé : il faudrait sourire tout le temps, s’extasier devant les petits coups
qui déforment le ventre, et accepter de se soumettre passivement au parcours
qui a été prévu.
La femme enceinte est considérée par la loi comme une « personne
vulnérable » : elle serait en état de faiblesse psychique, et particulièrement
susceptible de se laisser influencer. Même si beaucoup ignorent ce détail
législatif, il semblerait que ce soit bien gravé dans l’inconscient collectif.
L’infantilisation des futures mères est très présente, que ce soit chez les proches
(ou les moins proches) qui se permettent des conseils alimentaires ou des
remarques sur la prise de poids, ou chez les professionnels de santé dont
certains n’expliquent rien mais s’attendent à ce que vous acceptiez tout. Alors,
vulnérable, la femme enceinte, ou mise en situation de vulnérabilité par une
société qui s’est octroyé la mission de penser à sa place ? Si la grossesse est
« prise en charge » (les mots sont pleins de sens…) par le système de santé,
vous avez le droit de fixer vos règles et d’affirmer dès maintenant vos limites en
tant que femme.
C’est ce qu’a fini par faire Delphine, après plusieurs mois à s’oublier dans la
culpabilité de ne pas ressentir ce qu’il fallait…
« Je n’ai pas aimé être enceinte. J’étais nauséeuse, fatiguée… Et puis j’étais
impatiente ! Mais ces sentiments étaient très culpabilisants, alors que tout le monde
me complimentait sur mon gros ventre : pour donner le change, j’étais docile comme
jamais. Moi qui n’ai pas l’habitude de me laisser marcher sur les pieds, je me
laissais faire aussi bien par mes collègues de travail qui caressaient mon ventre à la
pause-café que par les protocoles de la maternité que j’acceptais sans broncher, de
peur d’être considérée comme une mauvaise mère. Et puis, lors de l’écho de dernier
trimestre, le praticien m’a fait vraiment mal avec son appareil, il a râlé contre mon
bébé et a levé les yeux au ciel quand j’ai osé me plaindre timidement. Ce jour-là, ça
a été terminé. J’ai pris rendez-vous chez une sage-femme libérale et j’ai enfin envoyé
balader mes collègues ! Mon seul regret est de ne pas l’avoir fait avant… » –
Delphine.
Le ventre, dès qu’il se remplit, semble entrer dans le domaine public ! Comme
plus tard le bébé et les choix de parentalité… Et si vous ne voulez pas qu’on
touche votre ventre ? Positionnez-vous dès maintenant : ce sera de l’expérience
gagnée pour la suite… Le respect de votre corps, de votre intégrité et de vos
besoins ne devrait jamais être sujet à négociation : il est inscrit dans la loi !

Le consentement libre et éclairé

D’après la loi Kouchner de 20021, tous les actes médicaux et traitements dont vous
pourriez avoir besoin doivent être librement consentis. Ce consentement « libre et
éclairé » signifie que les professionnels de santé présents doivent vous informer de la
nature de l’acte médical envisagé et s’assurer de votre bonne compréhension, vous
indiquer en toute objectivité son utilité ou son urgence éventuelle, vous expliquer ses
conséquences directes et les risques en cas de refus, et vous proposer plusieurs alternatives.
Comme dans les domaines affectifs ou sexuels, ne rien dire n’est pas consentir !
Difficile de brandir un texte de loi lors d’une consultation médicale ? Vous n’aurez
probablement pas besoin d’aller jusque-là, mais vous souvenir de vos droits peut vous
aider à poser toutes vos questions et à exprimer vos réticences ou votre désaccord sans
culpabiliser. Et ceci s’applique également pendant l’accouchement !

Prendre sa puissance et affirmer sa posture en tant que future mère, c’est déjà
un entraînement à la parentalité. Mais dans ce parcours qui peut être fort
émotionnellement et aller puiser de nombreuses ressources en vous, n’oubliez
pas d’aller chercher de la douceur au quotidien…

Organisez un quotidien doux et ritualisé


Anniversaires, fêtes de famille, café du matin : nos vies sont ponctuées de
rituels. La grossesse l’est également, à travers les félicitations d’usage, les
rendez-vous médicaux, le choix du premier pyjama. Malheureusement, nous
passons parfois à côté du sens de ces temps ritualisés, faute d’avoir pu nous les
approprier. Et si vous inventiez tout simplement les vôtres ?
Tout peut être rituel et prendre une saveur particulière en fonction de
l’intention posée.
Les passages de vie les plus importants (premières règles, passage de femme à
mère) sont parfois ritualisés médicalement, mais plus socialement.
Tout comme 10 % des couples en France, Magalie et son compagnon ont dû
passer par l’assistance médicale à la procréation (AMP) pour concevoir leurs
deux premières filles. C’est la technique de la FIV ICSI (fécondation in vitro
par injection intra-cytoplasmique : un spermatozoïde unique est injecté
directement à l’intérieur de l’ovule) qui a permis à leur projet de se concrétiser.
« Suite à la prise de sang post-transfert d’embryons, j’ai ressenti le besoin de mettre
en place rapidement des petits rituels pour rendre concrète cette grossesse tant
attendue. Pendant la période des traitements, j’avais déjà commencé à prendre des
notes quotidiennement : enfin enceinte, j’ai continué tous les jours à noter chaque
petit changement. Des moments ritualisés m’ont apporté un support sur lequel me
poser. Ils m’ont permis de ne pas trop cogiter sur l’éventualité que ce rêve s’écroule :
après un transfert d’embryons, rien n’est jamais sûr… J’ai naturellement fait de
même pour ma deuxième grossesse ! Puis, quand un bébé surprise s’est installé alors
que ma deuxième fille n’avait que 5 mois, ces rituels m’ont aidée à entrer dans cette
grossesse » – Magalie.
Dans des circonstances toujours différentes, Magalie a su créer des espaces
ritualisés pour accompagner ses grossesses. Ces temps privilégiés, seule face à
son carnet de notes ou aux côtés de son compagnon, lui ont offert de s’investir
dans ses ressentis et de prendre conscience du processus en cours. D’autres
choisissent de pratiquer le yoga quotidiennement, de chanter des berceuses
tous les soirs à leur bébé ou de s’accorder un massage prénatal par mois.
Si vous avez des difficultés à vous offrir ces moments ritualisés, pensez à les
matérialiser dans l’espace et dans le temps. Installez un petit « autel » dans une
pièce où vous vous sentez particulièrement bien : cela peut être votre chambre,
votre salon ou même votre salle de bains. Inutile de disposer de beaucoup de
place, la magie du lieu résidera dans les intentions que vous y déposerez. Un
joli tissu sur une console ou une petite table, une bougie, un bol contenant du
gros sel ou de l’eau si ces éléments ont du sens pour vous, un carnet… Et le
tour est joué ! Cet espace symbolique pourra également évoluer tout au long de
votre grossesse, selon vos envies, vos intentions et ce que vous traversez : photos
de votre couple ou images qui vous inspirent, mantras préparés pour le jour de
l’accouchement, fleurs, pommes de pin ou tout ce qui vous permettra de vous
connecter à la nature et aux saisons… Vous pourrez ensuite aller visiter votre
autel quand il vous appelle ou même fixer par avance l’heure de ces rendez-
vous. Pourquoi ajouter une contrainte horaire dans un quotidien déjà bien
chargé ? Vous souvenez-vous de la rencontre entre le Petit Prince et le renard ?
« Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je
commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux.
[…] Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure
m’habiller le cœur… » Une rencontre avec vous-même, pour qu’elle prenne
toute sa puissance et son intensité, mérite elle aussi que vous vous habilliez le
cœur : se projeter dans le rituel fait partie du rituel. La perspective de cette
douce parenthèse éclairera les journées tristes et donnera du sens aux étapes
vécues. « Il faut des rites », ajoute le renard. Oui, il faut des rites pour marquer
les passages, et pendant la grossesse, s’écoulant parfois vite, parfois bien
lentement, chaque jour est un passage vers la suite.
Ces rendez-vous avec vous-même sont une invitation à plonger pleinement
dans l’instant. Cela peut aussi se faire à tout moment de la journée, en
attrapant au vol les occasions qui se présentent. Dans la Grèce antique, le
temps se définit de plusieurs manières. Celle à laquelle nous pensons le plus
souvent est Chronos, qui avance de façon linéaire : le temps passe. Kaïros est
une autre dimension du temps, créant de la profondeur dans l’instant. C’est
une ouverture sur le temps immatériel, celui du ressenti, qui permet de graver
le vécu dans l’éternité. Kaïros peut aussi être considéré comme « le moment
propice », celui où tout se joue, dans la connexion à soi et à plus grand que soi.
Chez les Grecs, Kaïros est représenté par un petit dieu ailé. Quand il passe à
notre portée, trois possibilités s’offrent à nous. On ne le voit pas : c’est ce qui
arrive quand on reste absorbé par le temps linéaire de Chronos. On le voit et
on ne fait rien : c’est le cas quand on se refuse à soi-même la possibilité de
savourer pleinement ce qui se vit en nous. On le voit et on tend la main pour
saisir l’opportunité : c’est ce que vous faites déjà quand vous inspirez à pleins
poumons une odeur qui vous plonge dans des sensations agréables, ou quand
vous photographiez mentalement un moment joyeux pour « l’immortaliser ».
À vous donc de cultiver la douceur de votre quotidien en plongeant
profondément dans chaque moment précieux : un mouvement de votre bébé,
une pensée agréable, un bain…
Chacun de ces rituels remplit votre réservoir émotionnel et vous permet
d’emmagasiner du positif : un joli moyen de vous rapprocher sereinement de la
naissance de votre bébé.

Des rituels pour vous sentir mère


Un rituel peut être organisé pour célébrer la fin de la grossesse et la femme sur
le point de devenir mère : une façon de suspendre le temps et de s’investir
positivement dans cette dernière ligne droite, qui peut s’avérer difficile
physiquement ou émotionnellement.
C’est l’objectif de la cérémonie de fin de grossesse, souvent nommée
blessingway en référence à la culture des Indiens navajos (cette expression est
aujourd’hui moins utilisée, afin d’éviter l’appropriation culturelle), ou mother’s
blessing (célébration de la mère) pour souligner le fait que l’attention est portée
sur la future mère et non sur l’enfant à naître (comme c’est souvent le cas pour
la baby shower, une véritable douche de cadeaux pour le bébé…). Elle a
généralement lieu au cours du septième mois de grossesse, entre femmes
(même si des hommes peuvent évidemment y être présents), dans la sororité et
l’intimité.
Souvent organisée par votre doula ou par une amie proche, cette fête se doit
d’être à votre image : un soin particulier sera donc apporté à sa préparation.
Après avoir fait le point avec vous sur vos envies, l’organisatrice pourra
contacter vos invitées pour mettre au point avec elles le déroulement de la fête,
afin que vous n’ayez à vous occuper de rien : une belle occasion de lâcher prise
et d’être chouchoutée.
Mais que faire pour cette occasion si spéciale ? Comme souvent, partez de vos
besoins !
Si vous souhaitez avant tout profiter de l’instant et vous sentir entourée par vos
proches, elles pourront vous confectionner une couronne de lierre et de fleurs,
vous offrir un massage des mains, des pieds, ou de tout le corps (selon le temps
que vous souhaitez consacrer à cette activité), confectionner avec vous un
mandala éphémère avec des feuilles et fleurs collectées lors d’une balade
ensemble…
Votre intention sera peut-être plutôt de célébrer votre ventre rond. Dans ce cas,
le belly cast (moulage du ventre) ou le belly paint (peinture du ventre) sont pour
vous ! Le belly cast est un moulage réalisé à partir de bandelettes de plâtre : un
beau moment de connexion entre femmes, puisque vos invitées vont pouvoir
venir tour à tour poser une bandelette sur votre buste, en y plaçant tout
l’amour qu’elles ont pour vous. Une fois le moulage terminé, quel beau
souvenir de votre corps de grossesse ! Pour un belly paint, la maîtresse de
cérémonie, ou toutes les participantes si elles le souhaitent, vont venir décorer
votre ventre de peinture corporelle ou de henné. Arbre de vie, mandala, laissez
libre cours à vos envies, et n’oubliez pas de prendre des photos du résultat ! Si
vous avez opté pour le henné, il laissera sur votre peau une douce empreinte
pendant quelques jours.
Cette cérémonie est aussi le moment idéal pour faire le plein de bonnes ondes
dans la perspective de l’accouchement : elle rend concret le passage vers la
naissance. Proposez à chacune de vos invitées de choisir pour vous une perle
(bois, verre, céramique, pierre semi-précieuse…) ou une breloque, et d’y
mettre une intention particulière. Lors de la fête, laissez vos amies s’installer en
cercle autour de vous et venir vous offrir une à une ces perles choisies en
conscience pour vous apporter puissance, confiance, sérénité… selon leur
inspiration. Assemblez-les ensuite de manière à former un collier ou bracelet
d’accouchement, qui pourra vous accompagner jusqu’à la rencontre de votre
bébé, et où vous pourrez puiser toute l’énergie dont vous aurez besoin pour le
mettre au monde. Si vous ne souhaitez pas de perles, un cercle d’intentions ou
un arbre à souhaits peuvent être réalisés dans le même esprit.
Enfin, pour préparer au mieux la période postnatale, pensez à tous les cadeaux
immatériels qui pourraient vous être offerts à cette occasion : des « bons pour »
un repas préparé, une heure de ménage, garder l’aîné pendant la sieste…
peuvent être choisis ou tirés au sort par vos invitées dans une ambiance
ludique.
Maryline, doula et organisatrice de mother’s blessing, explique qu’elle propose
cette cérémonie comme un outil pour réenchanter et sacraliser la maternité.
Elle souhaite proposer un rituel de passage, tout en offrant un temps de pause
pour la femme et ses amies (et amis). La date est posée au cours du 9e mois de
grossesse, pour ne pas « ouvrir la porte de la naissance » trop tôt, et la
cérémonie, en offrant amour, douceur, et ocytocine, amène la femme à
reconnecter ses compétences : elle est faite pour enfanter. Comment cela se
met-il en place en pratique ?
Marilyne envisage cette fête en cocréation avec les invitées : elle organise une
rencontre en visio pour faire connaissance puis les échanges se poursuivent par
mail. Le déroulé se construit donc à partir des compétences et des envies des
invitées (et de la femme à l’honneur bien sûr). Elle propose simplement
comme base une méditation d’entrée, et la confection d’un collier de perles et
d’une couronne de fleurs.
La cérémonie étant une synergie des femmes présentes, l’ambiance pourra être
très ritualisée ou au contraire plus décontractée. Inclure le père, si c’est son
souhait et celui de la mère, est une évidence pour elle. Elle est également très
attentive à la question de l’appropriation culturelle : toutes les cultures peuvent
être source d’inspiration mais c’est à la femme de choisir ce qu’elle souhaite
faire de ce moment en fonction de son histoire et de qui elle est.

Le petit guide du blessingway

Gardez en tête que cette fête doit surtout vous ressembler ! Ces quelques indications
peuvent cependant vous aider à y voir plus clair.
• Temps de préparation : la maîtresse de cérémonie, aidée de quelques invitées si elles le
souhaitent, installe une ambiance intimiste et chaleureuse (coussins, bougies, fleurs de
saison… ou même une haie d’honneur pour vous accueillir !)
• Accueil des autres invitées et de la future mère (environ 30 minutes) : l’énergie de ce
moment donne la couleur de la cérémonie ! Musique entraînante ou sons de la
nature, joie bruyante ou recueillement, de quoi avez-vous envie ? L’accueil peut être
suivi d’une explication du déroulement prévu, et d’une méditation guidée pour
permettre à chacune d’être pleinement dans l’ici et maintenant.
• Cœur de la cérémonie (2 heures au minimum) : il est particulièrement centré sur la
future mère, qui reçoit des marques d’affection, des messages positifs, des perles pour
en faire un collier ou un bracelet à porter pendant son accouchement… C’est à ce
moment-là qu’un belly cast (attention au temps de séchage !) ou belly paint peut être
réalisé. Pensez aussi au massage, au bain de pieds, à la couronne de fleurs…
• Clôture (30 minutes) : le temps de se quitter mérite d’être lui aussi ritualisé, par une
chanson ou une dernière émotion déposée par chacune. Un joli ruban est souvent
passé aux poignets des participantes, symbole du lien qui les unit les unes aux autres.
Elles peuvent aussi repartir avec une bougie à allumer dès le début de l’accouchement
de leur amie !
Nathanaëlle Bouhier-Charles a consacré un livre entier au blessingway2 : vous y trouverez
d’autres idées et pistes de réflexion pour construire votre cérémonie !

Chaque femme repartira ensuite avec son lien et sa bougie qu’elle pourra
rallumer quand elle sera avertie de la naissance. À la fin de la cérémonie, les
enfants et les hommes peuvent rejoindre le groupe pour un pique-nique et un
temps de convivialité. « J’aime particulièrement la couronne de fleurs qui
amène poésie, féerie, lien avec la nature », nous confie Maryline. Et peut-être
vous aussi aimerez-vous les fleurs ici comme jamais auparavant !
Pour sa fête de fin de grossesse, Amélie, déjà mère d’un petit garçon de 18
mois, a eu envie de sortir de son quotidien pour être chouchoutée par ses
amies. Elle a donc choisi de s’offrir une journée entière en pleine nature, faite
d’instants ritualisés, mais aussi de temps de convivialité et d’échanges entre
femmes.
« Après une grossesse difficile émotionnellement, j’ai eu besoin de prendre un vrai
temps off pour célébrer mon dernier trimestre et l’arrivée proche de ma fille. J’ai
voulu organiser avec ma doula une fête qui me correspondrait à 100 %. Entourée
de mes amies, sans contraintes, dans une ambiance douce et chaleureuse. Une
journée en forêt ! Après une (très !) courte marche, nous avons choisi un bel espace
au milieu des arbres, qui sont une puissante source de reconnexion pour moi. Nous
avons d’abord confectionné ensemble un grand mandala végétal au centre de notre
cercle et nous nous sommes installées au sol (sur des coussins douillets transportés par
mes invitées !). Méditation, bol chantant, perles, repas partagé, intentions positives
pour mon accouchement… et aussi des larmes et des fous rires ! À la fin de cette
journée, je débordais de confiance et de gratitude ! C’est ce dont j’avais besoin » –
Amélie.
Partir en terre d’accouchement emplie d’émotions positives et de confiance en
vous-même, n’est-ce pas la meilleure manière d’accueillir la mère en vous ?
II. Accueillir l’enfant
et respecter la femme
que vous êtes
Si le chemin vers la maternité commence dès la grossesse, et
parfois bien avant, votre accouchement et le début de la vie
aérienne de votre bébé marquent un tournant : la
transformation prend d’autres dimensions physique,
psychique, logistique…
« Vivre la naissance d’un enfant est notre chance la plus
accessible de saisir le sens du mot miracle » – Paul Carvel.
Prendre soin de vous-même et de votre bébé, en conscience, est
une belle manière d’honorer ce passage, et votre histoire de
mère en devenir !
5. Au commencement vient
la naissance

Dans l’enfantement plus que dans toute autre situation de vie, l’expérience
peut dépasser largement les faits : elle devient rite initiatique, acte fondateur, et
déborde dans le temps bien au-delà de la « période périnatale ». C’est en
intégrant ses besoins à la fois singuliers et universels que chaque femme pourra
s’approprier au mieux ce passage.

Des besoins humains et environnementaux


bien connus mais pas toujours reconnus
Si les femmes ont chacune des besoins particuliers liés à leur vécu et à leur
personnalité, certains d’entre eux sont cependant universels.
Ainsi, les femmes qui accouchent ont besoin, comme tout mammifère, d’un
environnement dans lequel elles se sentent pleinement en sécurité. Pour
certaines, cela passe par une structure capable de gérer médicalement toutes les
situations (maternité de niveau II ou III pouvant accueillir leur bébé en service
néonat’ si besoin) et par une surveillance médicale importante (monitoring en
continu pour suivre le rythme cardiaque du bébé et mesurer les contractions,
présence d’un médecin et d’un anesthésiste, proximité d’un bloc opératoire…).
Pour d’autres, le sentiment de sécurité est induit par la présence de personnes
connues (leur sage-femme dans le cadre d’un suivi global, leur partenaire de
vie, leur doula), et par un cadre intimiste (leur domicile, une maison de
naissance), avec le moins d’interventions médicales possibles (par exemple,
avec l’approche hands off, les professionnels de santé présents restent en retrait,
« mains derrière le dos », et laissent l’opportunité au bébé de naître par lui-
même, sans aide manuelle : quand tout se passe bien, nul besoin de
manipulations inutiles !). Un même besoin, mais des manifestations
différentes !
Quel que soit l’environnement choisi pour la naissance, d’autres points
communs subsistent. Lors de la mise au monde de leur enfant, les femmes
vivent une situation nouvelle (oui, à chaque naissance !), intense,
potentiellement stressante. Et pour abaisser ce stress, la prise en charge
médicale ne suffit pas toujours : l’accompagnement humain reste primordial.

Les hormones de l’accouchement

Le sentiment de sécurité, rendu possible par des conditions en adéquation avec les besoins
de la mère, permet aux hormones de l’accouchement de faire pleinement leur travail. À
chacune son rôle !
• La plus connue est l’ocytocine, hormone de l’amour et de l’attachement. Elle joue un
rôle essentiel dans le déroulé de l’accouchement : par son action sur l’utérus, elle
contrôle la fréquence et l’intensité des contractions. C’est une hormone « timide »,
facilement inhibée par l’adrénaline, et dont les taux chuteront donc en cas de stress.
• Les endorphines, dont la sécrétion est favorisée par l’ocytocine, augmentent la
sensation de bien-être et modifient l’état de conscience. Elles jouent un véritable rôle
d’antidouleur.
• La mélatonine agit en synergie avec l’ocytocine. Sa production est favorisée par la
pénombre et par une ambiance feutrée et calme, mais peut être inhibée si la mère se
sent observée.
• La relaxine permet l’assouplissement des ligaments, de la symphyse pubienne et du
col, afin de faciliter le passage du bébé.
• La prolactine, quant à elle, est impliquée dans la création du lien d’attachement et
dans l’allaitement.
• Enfin, l’adrénaline est l’hormone du stress, liée à la peur et au danger. Néfaste pendant
tout le travail car elle bloque la production d’ocytocine et des endorphines, elle est
essentielle lors de l’expulsion du bébé. À cette étape, les femmes libres de leurs
mouvements et dont le processus hormonal n’a pas été perturbé ressentent souvent un
regain d’énergie (nécessaire pour le passage à la vie extra-utérine du nourrisson), ainsi
que le besoin de se verticaliser.
Pourquoi un système aussi complexe pouvant s’enrayer au moindre stress ? Quand une
biche donne naissance à son bébé au fond des bois, il est indispensable que le processus se
mette en pause en cas de danger, ou même simplement si elle se rend compte qu’elle est
observée, afin de lui permettre de prendre la fuite… Par ses mécanismes hormonaux,
l’accouchement humain n’est pas différent de celui des autres mammifères !

Dans un environnement où intimité et sécurité sont au rendez-vous, les


hormones peuvent jouer pleinement leur rôle, facilitant l’ensemble de
l’accouchement.
Les femmes qui accouchent, au-delà du médical, ont besoin de rester à l’écoute
de leurs ressentis pour laisser toute la place à leur puissance intérieure. En effet,
lors de l’enfantement, le pouvoir n’est plus au cortex frontal, zone cérébrale
impliquée dans les fonctions cognitives dites « supérieures » (notamment le
raisonnement et le langage), mais au cerveau reptilien, responsable de la
satisfaction des besoins primaires (comme l’alimentation et le sommeil) et des
comportements réflexes. Pour prendre pleinement le pouvoir, cette partie du
cerveau a besoin que le néocortex se mette « en veille » : quel que soit le lieu
d’accouchement, tous les accompagnants devraient veiller à baisser les lumières,
à parler à voix basse et à éviter de briser la bulle dans laquelle la femme qui
accouche a besoin de se retrouver avec elle-même.
Quand Dörte a découvert sa grossesse, elle ne vivait en France que depuis 4
ans, et ne savait absolument pas comment s’y prendre. Elle a d’abord contacté
une gynécologue, mais a été déçue dès le premier rendez-vous.
« Elle m’a prescrit un médicament dont je n’avais pas besoin et que je ne voulais pas
prendre... J’ai compris qu’elle ne savait pas qui j’étais, et qu’elle n’avait pas cherché
à le savoir... J’étais complètement perdue. Alors, j’ai beaucoup lu, et, en tant que
scientifique, je me suis intéressée aux besoins des femmes qui accouchent : il était
clair que je voulais être accompagnée de façon vraiment humaine !
Quand j’ai rencontré mes sages-femmes pour un accouchement à domicile, j’ai été
soulagée. Elles avaient envie de savoir qui j’étais et qui était cet enfant qui
grandissait en moi ; elles me demandaient comment j’allais, comment je sentais
mon bébé et quels étaient mes besoins.
Elles m’ont aussi rassurée : elles m’accompagneraient dans mes choix quels qu’ils
soient, y compris si je devais aller à la maternité ! » – Dörte
Dörte a finalement donné naissance dans l’intimité de son foyer, connectée à
son corps et à ses besoins. Parfaitement en sécurité selon ses critères personnels,
et donc pleinement reliée à sa puissance.
L’expérience de l’accouchement représente parfois également une véritable
(re)naissance à soi-même, une étape de vie sacrée qui pourra booster la
confiance en soi ou au contraire l’ébranler : le respect des besoins des femmes
est essentiel dans ce moment qui sera fondateur pour la suite.
Pourtant, ce respect n’est pas toujours au premier plan : les ressentis des
femmes, et plus particulièrement des mères, sont très fréquemment niés. Cela
commence à l’adolescence quand les règles « ne doivent pas être si
douloureuses que ça », cela continue pendant la grossesse lorsqu’on intime aux
futures mères de « moins s’écouter », et cela peut se poursuivre longtemps si
rien n’est posé pour y mettre un terme. Chacune, en restant consciente de la
place centrale de ses propres besoins dans le processus d’enfantement, peut
participer à faire évoluer la vision collective de la naissance. Alors, ce serait
encore aux femmes de faire tout le boulot ? Pas seulement. La société évolue,
les langues se délient aujourd’hui plus que jamais, et de nombreuses
associations féministes œuvrent dans ce sens.
Ce que vous ressentez est juste. Toujours. Ceux qui le nient ont tort. Toujours.
Personne n’a le droit de vous dire que vos réactions, vos sensations, vos peurs
ne sont pas justes. Soyez-en convaincue, ce sera le premier pas pour changer les
choses.

L’accouchement, un rite initiatique


La naissance, temps d’expression des besoins primaires, est aussi un puissant
rite initiatique dans le passage de femme à mère.
L’empowerment est le processus qui permet à un individu ou à un groupe de
renforcer son pouvoir d’agir sur ses conditions de vie. Dès le début du
e
XX siècle, il est utilisé par les femmes luttant pour la reconnaissance de leurs
droits ; dans les années 1970, il est largement repris par les mouvements
féministes ; aujourd’hui, il désigne souvent la capacité des femmes à reprendre
conscience de leur pouvoir personnel et à l’exprimer pleinement…
Quand l’environnement de la naissance est propice au lâcher-prise (avec un
contexte de sécurité, de bienveillance et d’intimité), les femmes peuvent vivre
pleinement dans leur corps cette puissante expérience de dépassement de soi. Il
est donc bien question ici d’empowerment !
C’est ce qu’a vécu Gaïa lors de la naissance de son bébé. Cinq jours post-terme,
elle doit se rendre à la maternité pour un déclenchement. Après une dizaine
d’heures de contractions violentes sans effet sur le col, les choses s’accélèrent
enfin !
« Il est 18 heures. Arrivée en salle de naissance, la sage-femme, Nadège, me sangle
d’un monitoring : je m’inquiète de ne plus pouvoir bouger, mais elle me rassure
immédiatement : “Vous faites ce que vous voulez – le monito c’est mon problème
pas le vôtre.”
Je m’accroche à la suspension, accroupie, soutenue par Nadège et Tom. J’accueille
enfin une contraction, qui doucement vient s’installer, atteint son paroxysme et tout
doucement reflue. Je signale à Nadège que je dois être à dilatation complète. Pas
tout à fait – deux contractions de plus et j’y suis. Je monte sur l’estrade à quatre
pattes, un ballon sous le haut du corps. Les contractions sont magiques – intenses et
puissantes. Je signale à Nadège que le menton de mon bébé s’est fixé – non pas
encore, ah si ça y est ! Ce ne sont plus des contractions – c’est autre chose, des
sensations très intenses mais pas douloureuses. Tom me dit qu’il n’avait aucune idée
de ma force et que je le battrais au bras de fer sans problème ! » – Gaïa.
Si l’empowerment est un processus interne, l’environnement et les
accompagnants jouent un rôle essentiel. Là encore, bienveillance et respect
absolu sont de mise pour permettre aux femmes de rester en lien avec leur
puissance et leur capacité à enfanter.
« Si une femme ne ressemble pas à une déesse lors du travail de l’accouchement, c’est
que quelqu’un dans la pièce ne la traite pas correctement » – Ina May Gaskin, la
plus célèbre sage-femme du monde.
Les doulas, quand elles sont présentes au moment de la naissance aux côtés des
parents et des professionnels de santé, ont un rôle clé dans ce processus : en
« tenant l’espace » (c’est-à-dire en impulsant, par leur présence et leur ancrage,
suffisamment de confiance à la femme en train de mettre au monde son
enfant), elles peuvent suffire à transformer l’ambiance et, surtout, la perception
qu’en aura la mère.
Si, au contraire, les conditions de naissance sont fortement perturbées, avec un
manque de bienveillance, de la peur, des violences, et un sentiment de
vulnérabilité, ce qui aurait pu laisser une belle empreinte positive laissera une
trace négative tout aussi profonde. Car la particularité de l’expérience en fait
un moment fondateur, qu’on le veuille ou non.
Pour la naissance de sa première fille, Virginie s’est rendue à la maternité dès la
rupture de la poche des eaux, comme cela lui avait été recommandé.
Mais elle a subi durant son accouchement une accumulation de violences
obstétricales : manque d’écoute et d’intimité dès son arrivée à la maternité,
ocytocine de synthèse censée accélérer le travail mais rendant les contractions
très difficiles à supporter pour elle comme pour son bébé dont le cœur
montrait des signes de faiblesse, refus de prendre en compte ses ressentis,
expression abdominale (pratique interdite depuis 2007 par la Haute Autorité
de santé en raison des risques aussi bien physiques que psychiques), absence
d’informations sur sa situation, discours contradictoires et irrespectueux de la
part du personnel soignant…
La gestion inhumaine de l’accouchement de Virginie par l’équipe présente aura
eu pour conséquences une déchirure complète de son périnée et une mise en
danger de son bébé. Et les conséquences de ce trauma ? Il faudra plusieurs
semaines à Virginie pour réussir à investir sa nouvelle vie de mère. La façon
dont elle a été traitée et déconsidérée a eu des répercussions lourdes sur sa
confiance en elle et en ses capacités à faire les bons choix pour son bébé.
Combien de femmes dans son cas ? Beaucoup trop.
L’épisiotomie

L’épisiotomie est une incision du périnée réalisée juste avant l’expulsion, censée faciliter le
passage du bébé et réduire les risques de déchirure.
Son usage est aujourd’hui largement remis en question : il a été démontré, d’une part,
qu’une déchirure spontanée, si elle doit se produire, cicatrise plus facilement et
occasionne moins de douleurs qu’une épisiotomie, et d’autre part, que la position de la
mère au moment de l’expulsion a une influence capitale sur la probabilité de déchirure (la
position dite « gynécologique », allongée sur le dos pieds dans les étriers, étant la plus
violente pour le périnée, alors que les positions laissant plus de mobilité au bassin –
allongée sur le côté, accroupie, à quatre pattes... – favorisent le passage du bébé sans
déchirure).
Le taux d’épisiotomie moyen en France est actuellement de 26 %, conformément aux
recommandations de la Haute Autorité de santé. Il reste cependant plus de deux fois
supérieur aux recommandations de l’OMS. Il existe une grande disparité d’une maternité
à l’autre : le CHU de Besançon (maternité de niveau III) se démarque depuis une dizaine
d’années avec des taux inférieurs à 2 %, alors que d’autres structures affichent des taux
supérieurs à 50 % pour le premier bébé.
Souvenez-vous que tout acte médical nécessite votre consentement : n’hésitez pas à poser
toutes vos questions concernant ce geste en amont1, et à vous faire expliquer les
motivations de l’équipe à pratiquer une incision si c’est envisagé lors de votre
accouchement.

L’accouchement n’est pas toujours un moment idyllique, il peut être très


éprouvant physiquement et mentalement. Mais un accompagnement humain
dans l’écoute et la bienveillance peut éviter aux femmes une expérience
traumatique qui les impactera à long terme.

Au-delà des faits, l’importance de votre vécu


Il serait simpliste d’envisager le vécu de la naissance de façon binaire : d’un
côté, un accouchement dans la puissance du féminin porteur d’empowerment
et, de l’autre, une épreuve subie venant abîmer l’estime de soi et bloquer tout
épanouissement futur.
En réalité, la palette de couleurs est riche de toutes les nuances entre ces
extrêmes. Les femmes sont fortes de leur résilience. Un accouchement « de
rêve » (c’est-à-dire « correspondant au rêve de cette femme-là ») pourra
finalement être mal vécu sur le moment et nécessiter tout un travail
d’intégration ; une naissance difficile au premier abord pourra être transformée
en expérience porteuse de sens.
Vous vous souvenez de Lise ? Malgré son souhait initial de naissance
physiologique, elle avait choisi de lâcher prise et de se projeter sereinement
dans la césarienne programmée : celle-ci s’est déroulée à la date prévue.
« C’est évidemment Rémi qui a accueilli Zoé et qui a fait un peau-à-peau de
2 heures avec elle, ce que je trouve si important dans le début de la construction du
lien entre le papa et son bébé. Après l’opération, la gynéco m’a dit de n’avoir aucun
regret car vu le positionnement de Zoé, nous aurions fini en césarienne de toute
façon, mais dans de moins bonnes conditions peut-être.
Dans les premières semaines qui ont suivi mon accouchement, quand je disais aux
personnes que je rencontrais que j’avais eu une césarienne, leur réaction était
souvent de la peine, voire de la pitié pour moi. Les mentalités doivent changer car
oui accoucher par césarienne est un véritable accouchement ! »
Lise, qui avait parfaitement accepté que la naissance de son bébé ne se déroule
pas comme elle l’avait imaginée au départ, a réussi à vivre ce moment de la
meilleure façon possible. Elle a ensuite pu allaiter sa fille au sein sans difficulté
particulière : malgré les idées reçues qui circulent encore, la césarienne
n’interdit pas l’allaitement maternel (même si ces conditions de naissance
peuvent rendre les tétées des premiers jours plus difficiles). Après une
césarienne, les femmes qui le souhaitent pourront optimiser le démarrage de
l’allaitement en prenant leur bébé en peau-à-peau dès que possible (en salle de
réveil ou juste après) et en sollicitant de l’aide pour s’installer confortablement
sans tirer sur la cicatrice. Intimité, soutien et amour permettront alors à la
magie des hormones d’opérer !
Mais les femmes ne sont jamais seules à devoir intégrer leur expérience. Suite à
sa césarienne, Lise s’est aussi heurtée à la vision de son entourage : quel que soit
le chemin fait sur soi-même pour accepter la justesse d’une situation à un
moment précis, un décalage peut émerger par rapport aux proches : ils
s’identifient et projettent leurs propres représentations. Parfois leurs peurs
viendront minimiser les souffrances endurées : si, dans la conversation, est
énoncé le classique « l’essentiel, c’est que toi et le bébé alliez bien », c’est le
moment de changer de sujet et de trouver une autre oreille attentive ! Parfois
au contraire, ce que vous avez su traverser positivement avec vos ressources
personnelles leur paraîtra trop difficile à admettre : ceci leur appartient.

Accoucher par césarienne

En France, un accouchement sur cinq (presque un sur quatre pour le premier bébé) est
une césarienne.
Les taux de césariennes sont impactés par trois facteurs :
• les caractéristiques des bébés (prématurité, macrosomie) et des mères (antécédent de
césarienne, augmentation de l’âge maternel, grossesse multiple, indice de masse
corporelle de la mère) ;
• le type de maternité (niveau I, II ou III ; structure publique ou privée) ;
• les habitudes de pratique des professionnels et/ou des établissements (certains ayant
recours plus promptement à la césarienne, alors que d’autres sont plus avertis sur les
moyens de l’éviter).
Si le déroulement de certaines grossesses laisse présager une forte probabilité de
césarienne, cette possibilité ne peut jamais être complètement écartée. Le site Césarine2,
entièrement dédié à ce sujet, apporte de nombreuses informations pour vous permettre de
vous projeter dans cette éventualité le plus sereinement possible, en vous posant les
bonnes questions (présence du coparent au bloc opératoire, césarienne « active » avec une
poussée de votre part, champ opératoire baissé lors de la naissance, découverte du sexe de
votre bébé…).
Quels que soient votre situation et vos souhaits, n’hésitez pas à vous renseigner sur le taux
de césarienne3 et les protocoles de la maternité où vous êtes inscrite !

Bien sûr, une césarienne est un « véritable accouchement », et bien sûr parfois,
elle est mal vécue. L’un n’empêche pas l’autre. Bien d’autres situations
d’accouchements peuvent être « mal vécues », et jamais vous ne devriez avoir à
vous censurer à ces sujets.
Léa n’a pas été privée de l’accouchement par voix basse qu’elle souhaitait, mais
il s’est déroulé de façon violente pour elle et pour son bébé.
« La naissance de mon bébé s’est mal passée. Les conditions n’étaient pas réunies
pour autoriser un accouchement physiologique, je le savais, mais je n’ai rien fait.
Alors le stress a pris le dessus, puis la panique de l’équipe face à un bébé dont le
cœur ralentissait dangereusement.
Bilan : une extraction instrumentale très violente, un bébé blessé par les spatules, un
périnée découpé généreusement.
Très vite, j’ai su que cela aurait pu se passer autrement si j’avais eu le droit de
changer de position comme mon corps me l’ordonnait, si j’avais osé m’écouter et
m’imposer.
Ce jour-là j’ai décidé que plus jamais je ne me laisserais imposer quoi que ce soit.
Les choix en conscience m’appartenaient, car le bien-être de mon bébé et le mien en
dépendaient. Oui, cette expérience a été traumatique, mais de ce trauma a émergé
une force insoupçonnée » – Léa.
Léa aurait pu sombrer dans la culpabilité et le sentiment d’échec. En faisant un
pas de côté, elle a pu observer la situation avec objectivité, et comprendre
qu’elle ne portait pas la responsabilité de ce qu’elle avait vécu. Elle a souhaité se
saisir, en revanche, de la responsabilité de transcender l’expérience pour en faire
un moteur de transformation intérieure : la lionne réveillée en elle, elle ne se
laisserait plus faire.
Au cours de la première année de son bébé, Léa a demandé son dossier médical
à la maternité pour mieux comprendre l’enchaînement des événements, et
sollicité un rendez-vous avec le chef de service. Elle a changé trois fois de
pédiatre pour son bébé, jusqu’à trouver celui qui saurait être suffisamment
bienveillant et lui accorder le temps qu’elle jugeait nécessaire à des
consultations de qualité. Elle a pris contact avec une sage-femme libérale pour
sa rééducation du périnée, avec le projet de construire une vraie relation avec
elle pour son suivi gynécologique de routine. Elle a fait le point avec elle-même
sur ce qu’elle avait accepté, et pourquoi, et sur ce qu’elle n’accepterait plus
désormais.
Le temps de la naissance, même quand il ne se passe pas de la façon idéale, est
l’occasion de grandir face à soi-même et au reste du monde.
6. Choisissez l’accouchement
qui vous convient

En dépassant ses croyances, et en considérant toutes ses expériences de vie


comme des sources d’apprentissage, il devient possible de se rapprocher de qui
l’on est : une réflexion de soi à soi, affranchie des modèles ou des idéaux
arbitraires.

Et si vous arrêtiez de vous comparer ?


Quel que soit le sujet, la tendance à la comparaison fait rage, avec parfois la
mise en opposition de différents « courants » : la maternité n’est pas épargnée.
Ainsi, il y aurait les adeptes de l’accouchement « naturel » dans le respect de la
physiologie (et qui devrait donc être qualifié d’accouchement
« physiologique »), et les inconditionnelles de la médicalisation et de la
technique, avec, dans les deux camps, des « extrémistes » et des « modérées ».
N’est-ce pas encore une façon de diviser ? N’y a-t-il pas que des femmes à la
recherche du meilleur pour elles-mêmes et leur bébé ?

Les différents lieux pour accoucher


Choisir le lieu de naissance de votre enfant peut se faire selon différents critères, en tenant
compte de vos besoins, de vos inquiétudes, et de la façon dont vous vous projetez dans
votre accouchement.
• Que la structure soit publique (hôpital) ou privée (clinique), la maternité est le lieu
d’accouchement choisi par une majorité de Françaises. Les maternités sont classées
selon trois niveaux, en fonction des services proposés. Les maternités de niveau I sont
adaptées aux grossesses, aux accouchements et aux nouveau-nés ne nécessitant pas une
technicité spécifique (il est possible d’y accoucher à partir de 37 SA). Les maternités
de niveau II peuvent accueillir certains types de complications maternelles, et sont
équipées d’unités de soins (parfois soins intensifs) pour les nouveau-nés. Les
maternités de niveau III peuvent gérer des complications maternelles et néonatales
plus graves ; elles sont toujours associées à un service de réanimation adulte et à une
unité de soins aux nouveau-nés comportant une réanimation néonatale. En l’absence
de pathologie détectée, si vous souhaitez bénéficier d’une anesthésie péridurale, ou
avez à cœur que vous ou votre bébé puissiez rapidement être pris en charge par une
équipe pluridisciplinaire en cas de besoin, la maternité est faite pour vous. De
nombreuses structures disposent aujourd’hui également de « salles nature », équipées
d’une baignoire (idéale pour faire une partie du travail dans l’eau), de tissus pour vous
suspendre (et ainsi faire travailler la gravité), de lumières tamisées... Les femmes dont
la grossesse est considérée comme pathologique sont toujours dirigées vers un
accouchement en maternité, avec parfois la nécessité de s’orienter vers un niveau II ou
III.
• Le plateau technique est un dispositif proposé aujourd’hui par de nombreuses
maternités : il s’agit tout simplement de la mise à disposition d’une salle de naissance.
Les sages-femmes libérales ayant signé une convention avec la structure peuvent venir
y accompagner les couples qu’elles ont suivis durant la grossesse. Cette option
pourrait vous séduire si vous souhaitez donner naissance en présence de « votre » sage-
femme (on parle dans ces cas-là de suivi global), tout en bénéficiant de la possibilité
d’être rapidement prise en charge de façon plus médicalisée si besoin.
• La maison de naissance est également un lieu où les femmes viennent accoucher en
présence de « leur » sage-femme, dans un environnement douillet et intimiste. En
France, elle a la particularité d’être toujours rattachée à une structure hospitalière (ce
n’est pas le cas chez nos voisins suisses ou allemands par exemple, dont les maisons de
naissance sont entièrement indépendantes et gérées par les sages-femmes qui y
exercent). Si vous avez envie d’accoucher « comme à la maison », tout en bénéficiant
d’un transfert rapide en maternité si besoin, cette solution est faite pour vous !
• Enfin, l’accouchement accompagné à domicile (AAD) est peu représenté en France.
Les sages-femmes qui le pratiquent sont familières de la physiologie de la naissance, et
équipées du matériel médical d’urgence. Bien sûr, pas de péridurale, mais la possibilité
de se déplacer librement, de prendre des bains (certaines louent pour l’occasion une
piscine d’accouchement gonflable), et de vivre la naissance comme un événement
intime plutôt que médical. Pour pouvoir envisager d’accoucher chez vous, il faudra
que tous les voyants soient au vert : grossesse physiologique (sans complication), bébé
à terme, proximité d’une maternité...
• De rares femmes optent pour l’accouchement non assisté (ANA), et donnent naissance
à leur bébé chez elles, sans solliciter la présence d’une sage-femme. Si la liberté de
choisir le lieu et les conditions de naissance de son enfant est fondamentale, il est à
noter que pour certaines d’entre elles, il s’agit malheureusement d’un choix par
défaut, aucune sage-femme ne pratiquant l’AAD dans leur secteur...

Les besoins de base, et plus particulièrement le besoin de sécurité, s’expriment


différemment chez chacune, et seront comblés, comme nous l’avons déjà
abordé, par une surveillance médicale continue, une structure capable de gérer
toutes les complications, une professionnelle connue avec qui un lien de
confiance se sera déjà tissé au cours de la grossesse… Quelle diversité !
Pourtant, si l’attention était portée sur l’intention plutôt que sur les choix qui
en découlent, les similitudes sauteraient aux yeux…
Caroline et son mari ont choisi de vivre ce moment dans l’environnement qui
leur semblait le plus à même de correspondre à leurs besoins.
« Pour notre troisième enfant, nous avons fait le choix d’un accompagnement global
avec une sage-femme, avec une naissance en plateau technique. J’avais très envie
d’enfanter à la maison, mais mon mari n’était pas tout à fait d’accord. Le plateau
technique en maternité était donc une solution qui nous convenait à tous les deux,
dans le sens où nous avions la sécurité d’être accompagnés par une personne de
confiance, qui nous connaissait bien et qui connaissait parfaitement notre projet de
naissance, nos limites, etc.
Le jour J, nous avons fait une grosse partie du travail à la maison et sommes partis
très tard à la maternité. La naissance a été rapide, fantastique, puissante et sans
difficulté » – Caroline.
Bilan : un choix éclairé en parfaite adéquation avec les besoins de cette famille-
là...
Céline, quant à elle, a choisi une maternité de niveau II pour accoucher dans
un cadre sécurisé : possibilité d’analgésie péridurale, bloc opératoire à
proximité en cas de nécessité de césarienne, unité de néonatologie pour ne pas
être séparée de son bébé si jamais celui-ci nécessitait des soins…
Quelques années avant de devenir mère, elle avait eu recours à l’IVG. Un
parcours compliqué, avec un échec de l’interruption de grossesse
médicamenteuse, suivi quelques jours plus tard de contractions
particulièrement douloureuses et d’une hémorragie sévère donnant lieu à une
intervention chirurgicale en urgence sous anesthésie générale. Une expérience
d’une violence inouïe, qui devait influencer sa façon de se projeter dans
l’accouchement.
« Enceinte de ma première fille, je savais que j’accoucherais à l’hôpital, sous
péridurale, avec la possibilité d’une prise en charge rapide pour moi ou mon bébé, si
jamais...
Les contractions étaient restées en moi comme le souvenir le plus douloureux de
l’expérience gynéco la plus douloureuse de ma vie : mon IVG plantée. Et je savais
aussi que ce jour-là, si les choses avaient duré plus longtemps, j’y serais restée...
Depuis que ma fille est née, je vois les contractions comme les plus belles douleurs du
monde. Mais elles restent aussi associées à cette IVG où je me vidais de mon sang
dans la voiture de ma mère...
J’aimerais pouvoir envisager les choses autrement, mais aujourd’hui encore, des
années plus tard, je reste marquée par tout cela... Finalement, c’est la peur qui me
tient » – Céline.
Aujourd’hui, Céline en parle avec une pointe de regret : elle identifie de la
jalousie envers les « nanas zen, qui accouchent à domicile, sans complications,
sans stress, en se faisant confiance », et surtout, elle se demande si elle n’aurait
pas « loupé des choses » de cette naissance… Alors qu’elle a bien senti la
descente et la sortie de son bébé malgré l’anesthésie !

Le choix de la péridurale

L’analgésie péridurale réduit voire supprime les douleurs liées aux contractions, tout en
permettant à la mère de rester consciente tout au long de son accouchement, même en cas
de césarienne : en France, 70 % à 80 % des femmes choisissent d’y avoir recours.
Elle est généralement posée à partir de 3 à 4 centimètres de dilatation du col de l’utérus
(une pose plus précoce risquant d’avoir un impact sur la bonne mise en place du travail).
Un anesthésique local est alors injecté au contact des membranes entourant la moelle
épinière, dans la partie la plus basse de la colonne vertébrale, par l’intermédiaire d’un
cathéter implanté entre deux vertèbres. L’analgésie se révèle pleinement efficace 15 à 30
minutes après l’injection, du produit anesthésiant pouvant ensuite être réinjecté selon les
besoins de la mère (certaines maternités proposent un dispositif permettant à la mère de
gérer elle-même les doses reçues).
Il existe de rares contre-indications à la péridurale (notamment les allergies aux
anesthésiques locaux, les troubles de la coagulation et les déviations de la colonne
vertébrale de type scoliose) : la consultation avec l’anesthésiste de la structure au cours du
8e mois permet de confirmer la possibilité pour la mère de bénéficier de cette analgésie.
Grâce à la péridurale, la mère peut ressentir les contractions sans que celles-ci soient
douloureuses, ce qui réduit généralement son stress et lui offre un vrai repos afin qu’elle
puisse se centrer sereinement sur l’arrivée de son bébé. Un dosage optimal de
l’anesthésique permet à la mère de participer activement à la poussée au moment de la
naissance de son bébé.
Cependant, la péridurale peut également réduire l’efficacité des contractions, prolongeant
ainsi la durée du travail. Ceci est souvent compensé par l’injection d’ocytocine de
synthèse. Malheureusement, pour certaines femmes, ces contractions moins efficaces
alliées au manque de mobilité induit par la péridurale et la perfusion peuvent amener à
une stagnation du travail ou à des difficultés pour le bébé, jusqu’à la césarienne (il est
alors question de « cascade d’interventions », la première en amenant une autre, puis une
autre… avec pour résultat des complications qui auraient pu être évitées).
Beaucoup de femmes craignent que la péridurale ne les prive de la possibilité d’allaiter. En
effet, selon le type d’anesthésique utilisé, son dosage et sa durée d’administration, le
nouveau-né peut être moins actif juste après la naissance et rencontrer des difficultés pour
bien prendre le sein. Il reste complètement possible de débuter un allaitement maternel
exclusif après un accouchement sous péridurale, avec de la patience (ce bébé-là ayant
peut-être besoin de plus de temps pour mobiliser son réflexe de succion), de la confiance
(en soi et en son bébé), et un accompagnement adapté !

Chaque femme part en terre d’enfantement avec des bases personnelles


différentes, mais la tendance à la comparaison est là, même dans les histoires les
plus intimes. Si Céline rencontrait Caroline, peut-être ressentirait-elle à tort
que son choix était moins libre, moins naturel, « moins bien »…
La médicalisation de leur accouchement ne doit pas pousser les femmes vers la
minimisation de ce qu’elles ont accompli. C’est pourtant souvent le cas, et cela
se lit dans les mots choisis : à chaque fois, par exemple, que les femmes font
référence à leur professionnel de santé en disant qu’il les a accouchées ! Cette
erreur de vocabulaire est entretenue aussi bien par certains professionnels de
santé que par les médias, qui, lorsqu’une naissance inopinée a lieu sur la bande
d’arrêt d’urgence de l’autoroute ou avant l’arrivée des pompiers, ont l’habitude
de féliciter le courageux mari qui a accouché sa femme. Mais personne
n’accouche personne. C’est bien dans le corps des femmes que le processus
prend forme, du petit amas de cellules en croissance à la première bouffée d’air
du nouveau-né. C’est bien par ce corps-là que le petit humain passe de sa vie
aquatique à la suite terrestre. Ce sont bien les femmes qui accouchent,
toujours.
Les femmes qui, comme Caroline, ont vécu un enfantement libre et avec peu
ou pas d’interventions médicales, formulent assez facilement qu’elles ont
accouché : par ces mots, elles reconnaissent pleinement leur puissance. Celles
qui ont eu besoin de l’aide d’une péridurale ou d’une césarienne ont souvent
plus de difficultés à reconnaître leur mérite. Et pourtant, elles ont, aussi,
accouché. Quels que soient votre intérêt pour les approches alternatives et le
« naturel », le respect de la physiologie ne devrait jamais peser sur vous comme
une injonction supplémentaire. Peut-on se soigner à base d’huiles essentielles,
manger bio, cultiver une forme de connexion avec soi-même, et choisir de
donner naissance par césarienne programmée ? Oui ! Peut-on projeter une
naissance la plus physiologique possible, et puis être fière finalement d’avoir
fait de son mieux jusqu’à 6 centimètres de dilatation avant d’accepter avec
soulagement d’avoir recours à la péridurale ? Oui ! Peut-on, comme Céline,
faire dès le départ le choix de cette péri, et se reconnaître à soi-même le mérite
de l’accouchement ? Oui.
Il y a de nombreuses façons de gravir une montagne. Certaines choisiront
l’option randonnée, et grimperont pas à pas, main dans la main avec les
personnes qui les accompagneront, ou en tête-à-tête avec elles-mêmes. D’autres
choisiront d’emprunter une télécabine, pour prendre le temps d’observer le
paysage d’en haut, et voir peu à peu leur objectif se rapprocher. Enfin, d’autres
se verront déposer au sommet en hélicoptère, par choix ou par contrainte
médicale. Une fois en haut, chacune profitera de la même vue, de la même
rencontre avec l’immensité… Peu importe de quelle manière elle sera arrivée
jusque-là ! Aucun de ces trois modes de déplacement ne convient à toutes, et
c’est pour cela que les trois existent…
Sortir de la comparaison, c’est aussi une manière de s’éloigner de l’esprit de
compétition et de la recherche de performance : des notions qui ne devraient
pas venir polluer la sphère intime de la naissance.

Le projet de naissance
Aujourd’hui plus que jamais, il est facile de cultiver la croyance selon laquelle
en étant suffisamment préparée, ancrée, alignée, « on réussit ». Pour vivre
l’enfantement de nos rêves, il suffirait donc de choisir avec soin son lieu
d’accouchement, d’être accompagnée par les bonnes personnes, et de bien
travailler son projet de naissance. Mais l’accouchement n’est pas un projet
comme les autres : aucun plan prévisionnel ne permet de garantir le bon
alignement des émotions, de l’ouverture du col et du vécu des contractions.
Pourquoi alors se poser mille questions, se préparer physiquement et
mentalement, et investir de l’énergie dans un projet de naissance ? Pour le
processus en œuvre bien sûr ! Parce qu’effectivement, quelle que soit l’issue,
vous serez heureuse de vous être projetée positivement dans votre
accouchement et d’avoir mis toutes les chances de votre côté pour vivre ce
moment au plus proche de vos souhaits.
Le projet de naissance a plusieurs objectifs. En premier lieu, il permet de faire
le point sur l’accouchement espéré : une belle occasion d’introspection et de
communication dans le couple. Dans un deuxième temps, il est le support sur
lequel pourront s’appuyer les échanges avec la structure ou la sage-femme
choisie pour la naissance. Enfin, il est le document écrit qui permettra à
l’équipe qui vous accueillera de connaître vos intentions et votre vision de
l’accouchement. Mais il ne garantit rien. D’une part parce que les
professionnelles de santé le jour J n’auront peut-être pas la possibilité de vous
accompagner selon vos souhaits ; d’autre part parce que vous-même ou les
circonstances ne correspondront peut-être plus à vos projections. Alors,
finalement, comment « réussir » son accouchement ?
La notion de réussite en elle-même nous semble particulièrement néfaste, car
elle implique la possibilité d’échec. Ce serait quoi rater son accouchement ?
Être en retard ? Ne pas se pointer au rendez-vous ? On ne loupe jamais son
accouchement, on le traverse, et c’est déjà beaucoup.
Voyons plutôt ce moment comme une étape à s’approprier et comme un
moment fort à vivre, tout simplement. Gardez en tête que l’accouchement est
une forme d’incarnation de l’imprévu : c’est le moment d’accepter vos limites,
vos faiblesses et votre vulnérabilité. C’est le moment de donner le meilleur,
sans aucune garantie de « résultat ».

Comment rédiger votre projet de naissance

Voici quelques questions qui peuvent vous permettre d’amorcer votre réflexion :
• Souhaitez-vous partir à la maternité dès les premières contractions pour pouvoir être
immédiatement prise en charge en cas de besoin ? Ou préférez-vous faire le début du
travail dans un environnement familier et ne vous diriger vers l’hôpital que plus
tardivement ?
• Souhaitez-vous avoir recours à la péridurale ? Si oui, auriez-vous besoin que votre
partenaire reste auprès de vous au moment de la pose ?
• Si vous ne souhaitez pas de péridurale, saviez-vous que garder votre mobilité pendant
le travail peut vous aider à traverser l’intensité des contractions ? La structure que vous
avez choisie dispose-t-elle d’un monitoring « ambulatoire », ou accepte-t-elle de
réduire les temps de monitoring ? Si le protocole de la maternité inclut la pose d’une
perfusion, peut-elle être remplacée par un cathéter, n’impactant pas votre liberté de
mouvements, qui ne sera relié que si cela devient nécessaire ?
• Souhaitez-vous accoucher en salle nature, si la structure choisie en est pourvue ?
• Souhaitez-vous des touchers vaginaux réguliers pour évaluer l’avancement du travail ?
Ou préférez-vous réduire au maximum la fréquence de ces examens ?
• L’injection d’ocytocine de synthèse peut accélérer le travail ; elle a aussi pour
conséquence de rendre les contractions plus intenses et rapprochées. Souhaitez-vous
accepter ce geste s’il vous est proposé ?
• De la même manière, la rupture artificielle de la poche des eaux peut rendre les
contractions plus efficaces, mais aussi plus douloureuses : souhaitez-vous avoir recours
à cette alternative ?
• Souhaitez-vous pouvoir adopter la position de votre choix pour l’expulsion de votre
bébé ?
• En l’absence de risque vital pour votre bébé, acceptez-vous qu’une épisiotomie soit
pratiquée, ou préférez-vous une éventuelle déchirure ?
• Comment vous projetez-vous dans l’éventualité d’une césarienne ? Savez-vous si votre
partenaire pourra être accepté au bloc opératoire, si vous souhaitez sa présence ?
• Après la naissance de votre bébé, le peau-à-peau est maintenant systématiquement
encouragé si l’état de santé de votre bébé et le vôtre le permettent. Comment
envisagez-vous le clampage du cordon (qui peut être plus ou moins tardif pour
permettre à votre bébé de bénéficier d’un maximum de sang contenu dans le
placenta), les premiers soins, l’habillage ?
La version finale de votre projet de naissance (celle que vous confierez à l’équipe
médicale) gagnera à être aussi lisible que possible (texte aéré, mots-clés en gras…) et à ne
pas dépasser une page A4. S’il vous est impossible de vous en tenir à ce format, et que
vous devez opter pour un recto-verso, une alternative est de rassembler tous les éléments
liés au déroulement de l’accouchement en lui-même sur le recto.

Pour son premier accouchement, Hannah s’était posé peu de questions : bien
sûr elle allait prendre la péridurale, puisqu’elle existait ! La naissance s’est bien
passée, mais elle a rencontré de grosses difficultés d’allaitement. Elle a très vite
donné des biberons en complément, et a sevré son fils au bout de trois
semaines, à regret et avec un fort sentiment d’échec. Par la suite, elle s’est
renseignée et a découvert que la péridurale pouvait avoir un impact négatif sur
la bonne mise en place de l’allaitement (le bébé étant moins tonique et
l’alchimie des hormones ayant été perturbée). Elle a beaucoup culpabilisé… Et
a souhaité faire des choix différents pour son deuxième accouchement.
« Cette fois, j’étais décidé à accoucher de la façon la plus physiologique possible.
Sans péridurale, donc. Je voulais sentir les contractions, rester connectée à mon
bébé, et bien sûr tout mettre de mon côté pour l’allaitement. Mais, comme la
première fois, mon accouchement a été très long. J’ai tenu 7 heures sans péridurale.
Et puis, j’ai craqué. La péridurale m’a sauvée. Et heureusement, car l’accouchement
a duré 7 heures de plus.
J’ai eu très peur de rencontrer les mêmes difficultés d’allaitement que la première
fois. Car, comme son grand frère, ma fille peinait à bien ouvrir la bouche et je me
sentais responsable. Mais je me suis accrochée, et elle aussi. J’ai eu une belle montée
de lait et j’ai pu la nourrir exclusivement. Aujourd’hui, à 14 mois, elle tète encore.
Cet allaitement m’a aidée à surmonter la déception de ne pas avoir su accoucher
sans péridurale… » – Hannah.
Pourquoi d’autres y parviennent et pas Hannah ? Chaque femme arrive au seuil
de la maternité avec son histoire propre. L’accouchement n’est pas seulement
une intensité à traverser. Il peut amener des sentiments d’intrusion, de peur, et,
tout simplement, une douleur bien différente d’une femme à l’autre. Hannah
aurait probablement « réussi » si sa fille était née en moins de 7 heures (ce qui
est la « durée normale » d’accouchement pour d’autres femmes), si la douleur
n’était pas venue irradier ses reins (la localisation de la douleur est variable
d’une personne à l’autre : certaines femmes, souvent en lien avec la position du
bébé in utero, ressentent très fortement les contractions dans les reins, d’autres
jusque dans les cuisses…), ou si ? Peu importe car elle a mis son bébé au
monde et a pu trouver dans l’allaitement une façon de surmonter son
sentiment d’échec.
Derrière la réussite se cache également la notion de mérite. Car pour réussir, il
faut le mériter n’est-ce pas ? C’est ce que nous renvoient de façon plus ou
moins subliminale les sociétés dans lesquelles nous vivons.
Professionnellement, une promotion se mérite : il faut bosser, faire ses preuves,
faire du chiffre, faire des heures sup’ parfois. Faire, faire, faire. Dans nos vies
personnelles aussi, le bonheur se mérite : il faut rester connectée à soi-même,
faire les bons choix, faire la lumière sur le positif, faire une thérapie parfois. Le
« faire » se cache même dans les tentatives d’« être »…
C’est quoi « être » forte ? « Gérer » à la perfection ? Faire de son mieux en
conscience ? Ou faire ce qu’on peut dans l’instant ? Cocher toutes les cases
« sans péri », « debout », « en moins de 8 heures », « seule au fond des bois »,
« en y prenant du plaisir », « par voie basse uniquement », « en tombant en
amour de son bébé du premier regard » ?
Si, plutôt que de tenter d’être forte en toutes circonstances, vous acceptiez vos
vulnérabilités et cultiviez votre capacité à rebondir ? Si votre plus grande
puissance, c’était juste vous-même ?

Petits chemins pour sortir de l’injonction à la réussite

• Faites de votre mieux.


• Évitez de penser au futur (au sens large : les jours et les semaines à venir, la suite de la
journée, ou la prochaine contraction !).
• Oubliez le passé (au sens large : le choix que vous n’auriez « pas bien fait » il y a
plusieurs semaines, ou la fichue contraction qui vient de vous broyer le ventre la
minute d’avant !).
• Informez-vous afin de connaître les choix possibles et de prendre les décisions qui vous
correspondront.
• Revenez toujours à vous, à ce qui vous fait dire oui.

Si vous viviez ce temps de la grossesse, de la naissance, du postnatal, comme un


voyage, avec ses tempêtes, ses ciels bleus, ses trajets en avion, en voiture ou à
pied, ses autoroutes monotones et lisses, et ses petits chemins… Un voyage qui
sera différent pour chaque personne !

Osez faire les meilleurs choix pour vous-


même
La prise de conscience de votre pouvoir personnel et de votre volonté à affirmer
vos choix, hors de toute notion de norme ou de réussite pourront en froisser
quelques-uns. Parfois ces choix seront validés à l’unanimité, mais la plupart du
temps, ce ne sera pas le cas. Du moins, pas à l’unanimité.
Si vous vous dirigez vers un accouchement à domicile, il est probable que
certaines des professionnelles de santé que vous croiserez cherchent à vous
effrayer ; si vous ressentez le besoin d’une prise en charge très médicalisée, vous
entendrez à un moment ou à un autre que la péridurale va vous déconnecter de
votre corps et de votre bébé. Quels que soient vos choix, péri ou pas,
allaitement ou biberon, lit cododo ou berceau, des voix culpabilisantes
s’élèveront contre vous. Faites un pas de côté : ces jugements ne vous
appartiennent pas, ils ne parlent que de ceux qui les formulent… Ils parlent de
leurs peurs, de leurs attentes, de leurs projections !
Certains choix sembleront à votre entourage (amical, familial ou médical) plus
difficiles à accepter que d’autres, car trop éloignés de leurs propres valeurs ou
croyances. Si c’est le cas, il va falloir oser nager à contre-courant, car c’est de
votre souveraineté dont il s’agit !
« J’accepte la grande aventure d’être moi » – Simone de Beauvoir.
Parfois, accepter cette grande aventure de l’affirmation de soi prend du temps,
et pour certaines femmes, une première expérience vécue négativement sera le
déclencheur de leur élan à se positionner clairement en faveur d’elles-mêmes.
Après une grossesse médicalement traumatisante, le terme approche pour
Cécile. Son bébé ne semble pas décidé à sortir du giron maternel et, avec un
poids estimé à plus de 5 kg, le protocole de cette maternité prévoit une
césarienne. Elle accepte : elle veut son bébé dans ses bras. L’intervention se
passe bien, en présence de son mari, mais les suites sont très difficiles
psychologiquement. Elle ressent donc le besoin de s’informer sur
l’accouchement vaginal après césarienne (AVAC) pour se projeter positivement
dans la naissance de ses prochains enfants.
« Mon utérus cicatriciel figure en rouge sur mon dossier médical et trouver un
professionnel pour me suivre dans mon projet est très difficile. Enfin, une sage-
femme libérale accepte de nous accompagner pour un accouchement à domicile.
Le travail débute naturellement, les contractions s’enchaînent. Mais la dilatation
stagne ; d’après la sage-femme, je “bloque”… Je suis transférée vers une maternité
ouverte à la physiologie et je garde l’espoir de faire naître ma fille par voie basse. En
effet, l’équipe me soutient, mais je suis épuisée et ma fille semble coincée... La
gynécologue propose les forceps pour m’aider ; une péridurale est posée. 1 heure
après, ma fille est dans mes bras !
Cette naissance me laisse un goût particulier, mais mon AVAC est réussi ! Trois ans
plus tard, la naissance de mon troisième enfant me fera enfin goûter à la puissance
d’un enfantement libre et naturel » – Cécile.
L’AVAC (accouchement vaginal après césarienne) est le projet réparateur de
nombreuses femmes césarisées : il existe notamment le groupe de soutien et
d’information AVAChance, pour permettre aux femmes comme Cécile de se
préparer au mieux à défendre et mener à bien leur projet d’accouchement par
voie basse. Cécile n’a pas pu donner naissance à sa fille à domicile comme elle
le souhaitait, mais elle a su reprendre le pouvoir sur son accouchement et
mettre toutes les chances de son côté pour échapper à une nouvelle césarienne.
Pour une situation presque similaire, des solutions différentes peuvent être
trouvées. Le premier accouchement de Merry, c’est 15 heures de travail, trois
poses de péridurale, de la fièvre, une position non favorable, une tentative de
version très douloureuse, le cœur du bébé qui ralentit, et finalement une
décision de césarienne en urgence. Mais celle-ci se passe mal (l’intervention
continue malgré l’anesthésie inefficace, Merry, n’entendant pas sa fille pleurer,
la croit morte…) et sera suivie de beaucoup de douleurs aussi bien physiques
que psychiques. Pour son deuxième enfant, hors de question pour elle de
revivre ça.
« Je souhaite programmer une césarienne et je suis sûre de mon choix : j’ai l’absolue
conviction qu’une tentative de voix basse finirait de toute façon au bloc. Mais ma
gynécologue refuse, convaincue que “toutes les femmes rêvent d’accoucher par voie
basse”.
Eh bien non ! moi je rêve d’un accouchement abdominal doux, bienveillant, prévu,
dans le calme, et je ne veux pas risquer la rupture utérine. Ma famille accueille
bien ma décision. Pendant tout le suivi de grossesse, je n’ose plus parler à ma
gynécologue de mon projet, par peur de son jugement, et je trouve un chirurgien qui
me soutient dans mon choix. Grâce à son aide, mon deuxième accouchement est un
merveilleux moment !
Je ne comprendrai jamais pourquoi la césarienne est si diabolisée, considérée comme
un acte de confort ou un caprice... » – Merry.
Merry a revu sa gynécologue, a pu lui annoncer que son projet de césarienne
programmé avait été respecté et qu’elle en était pleinement satisfaite. Elle a
bien, cette fois-ci, assumé pleinement sa position : une position complètement
légitime !
Si certaines mènent de véritables combats pour défendre leur projet d’AVAC,
d’autres souhaitent faire le choix d’une césarienne programmée sans stress de
l’urgence. Il est dangereux de généraliser à toutes les femmes le souhait
d’accoucher par voie basse (ou de façon la plus physiologique possible, ou sous
péridurale, ou…). Ce à quoi toutes les femmes ont droit, par contre, c’est au
respect total de leur souveraineté sur leur corps : avant, pendant et après la
naissance de leur bébé, et dans toutes les autres étapes de leur vie.
7. Après la naissance,
le moment de vous découvrir
mère

Après l’expérience intense de la naissance, vient l’étape souvent oubliée, mais


non moins primordiale, du postnatal immédiat. Pendant ce temps de silence
après la tempête se jouent vos premiers moments avec votre bébé hors du
ventre : comment les vivre dans la douceur dont vous et votre bébé avez
besoin ?

Femme et mère
Votre bébé est né ! Vous voilà mère officiellement aux yeux de la société ! Oui,
vous venez de passer le cap de cette étape transformatrice, transcendante
parfois ; oui il y aura un avant et un après. Mais il y aura surtout une
continuité.
Les meilleures conditions pour découvrir votre bébé sont proches de celles qui
sont favorables à sa mise au monde : lumière douce, calme, sérénité, stress à
bannir. De grandes quantités d’ocytocine (l’hormone de l’amour !) ont été
délivrées par votre corps pendant l’accouchement : votre bébé et votre
partenaire s’il est présent en bénéficient également. Faites durer le plaisir en
rallongeant le temps et en savourant pleinement les premières heures après la
naissance ! Elles sont particulièrement précieuses pour votre bébé (il est
question des « heures d’or » – golden hours en anglais) et pour vous-même.
Dörte a vécu ces premières heures dans la chaleur de son foyer, comme un long
temps d’intégration faisant suite à son expérience d’accouchement.
« Pour la naissance de mon deuxième enfant, l’accouchement a été très intense et
extatique, chez moi. Mes sages-femmes m’ont ensuite aidée à sortir de la piscine
avec mon bébé dans les bras pour m’allonger dans le canapé et délivrer le placenta
toujours avec ma fille dans mes bras, en peau-à-peau. On a regardé le placenta
ensemble et on a prélevé un échantillon pour la fabrication d’un remède
homéopathique. Pendant tout ce temps, et toute la journée, je suis restée avec mon
bébé et mon chéri dans notre bulle. C’était comme si mon corps et mon cerveau
avaient besoin de comprendre et de sentir que ce bébé avait bien quitté mon corps.
Je n’avais envie de rien faire, juste être là et regarder cette merveille qui s’était créée
à partir de notre amour. Je me sentais accompagnée et aimée par mes sages-femmes.
Ce cadeau que je me suis fait restera avec moi toute ma vie de femme et de mère » –
Dörte.
Prolonger cette bulle d’ocytocine a offert à Dörte le temps d’atterrissage dont
elle avait besoin pour réellement rencontrer son bébé. Elle décrit très bien cette
nécessité de calme, de « non-faire », de préserver corps et mental de toute autre
sollicitation, pour leur permettre d’être pleinement centrés sur l’ici et
maintenant.
Cependant, le post-partum immédiat n’est pas toujours l’image d’Épinal
idyllique que l’on l’imagine (douleur envolée, bébé posé sur le ventre
découvrant avec curiosité sa nouvelle vie aérienne…). Des difficultés médicales
peuvent s’en mêler, pour les bébés ou leur mère, et nécessiter des interventions
venant empêcher la bulle de se créer comme on la rêvait. Psychiquement, on
n’est pas toujours non plus celle à laquelle on s’attendait : parfois, la douleur
du corps broyé dicte à la mère de juste se reposer sans bébé sur le ventre. Alors,
les premières heures de bébé, toutes roses ou toutes noires ? De toutes les
couleurs, comme le reste de la vie !
Le postnatal n’est que la suite de la naissance, elle-même faisant suite à la
grossesse et à votre vie de femme sans enfant (ou avec un enfant de moins).
Comme les étapes précédentes, il pourra vous être doux et serein, ou vous
pousser dans vos derniers retranchements. Il pourra aussi être toute la palette
entre les deux.
Quoi qu’il en soit, ces instants seront uniques : vivez-les en pleine conscience !
Votre bébé posé sur votre ventre, oubliez ! Rien ne dure : la fatigue s’envolera,
les premières heures de bébé aussi. Prenez de la distance par rapport à ce que
l’on attend de vous (et à ce que vous attendez de vous) pour accepter l’instant
tel qu’il est, en aménageant ce qui peut l’être : votre partenaire peut offrir le
premier peau-à-peau si vous n’y êtes pas tout à fait prête, vous avez le droit de
demander de l’aide pour vous installer plus confortablement, vous avez même
le droit de trouver ce moment de découverte trop long (ou trop court !).
Suspendez vos jugements face à vos ressentis les plus contradictoires et laissez-
les vous traverser. Aujourd’hui, à la lumière des dernières découvertes en
neurosciences, et dans un souci d’éducation plus respectueuse, on admet
volontiers que toutes les émotions des enfants sont légitimes. Et pour les
adultes ? C’est pareil ! L’étape du face-à-face avec cette émotion indésirable sera
souvent indispensable avant de pouvoir passer à la suite. Autorisez-vous à
verbaliser que c’est plus dur que prévu, que votre bébé n’est pas tel que vous
l’imaginiez, que la vague d’amour inconditionnel n’est pas au rendez-vous (ou
pas encore !), etc. C’est en restant connectée avec vous-même et en vous
concentrant sur ce que vous souhaitez graver de ces moments que vous en
tirerez le meilleur pour la suite. Et tant pis si ce « meilleur » de l’instant n’est
pas ce à quoi vous vous étiez préparée…
Pendant le temps de l’attente, que vous le vouliez ou non, vous vous êtes
probablement projetée : vous avez imaginé votre bébé rêvé, souvent à partir de
« modèles » présents autour de vous (votre enfant précédent, les nourrissons de
votre entourage, une photo de vous bébé…). Aujourd’hui, le bébé réel est là,
et, parfois, ce n’est pas le même !
Rêver votre bébé n’était pas inutile. Vous avez ainsi construit la figure
d’attachement vous permettant de cheminer vers la suite, vers l’accueil de votre
« vrai » bébé. Remerciez ce rêve d’avoir existé, et puis invitez-le à laisser sa place
à la réalité… Sans culpabilité !
Bébé rêvé, où es-tu ?

Pour mieux faire connaissance avec votre bébé réel, restez connectée à vos émotions.
• Osez poser en face de vous ce à quoi vous vous attendiez, en toute honnêteté (« petit »
bébé ou nourrisson déjà bien joufflu, cheveux noirs ou crâne duveteux, yeux grands
ouverts ou sommeil profond…).
• Et… comparez (ouh, le gros mot…) !
• Formulez clairement, en vous ou à voix haute : « OK, tu es beaucoup plus
costaud/maigre/brun/chauve/poilu/agité/endormi… que ce à quoi je m’attendais. »
• « Mais tu es mon bébé et je t’aime comme ça. »
La puissance n’est pas d’être au top en toutes circonstances (ou conforme à votre idéal),
mais de rester consciente de pourquoi c’est difficile (ou différent) et de ce que cette
expérience est en train de vous apprendre.

Soyez consciente de vos besoins


Les émotions riches et contrastées du postnatal immédiat ne s’évaporent pas
sitôt le retour en chambre… Mais passées les premières heures, idéalement
préservées avec votre bébé, le rythme du quotidien pourra revenir vers vous de
façon parfois assez brutale.
Avant d’être enceinte, Nihel avait imaginé sa grossesse idéale et, une fois
enceinte, elle s’est projetée en tant que mère, mais elle n’avait rien « rêvé » de
spécial concernant l’entre-deux : l’accouchement et le séjour à la maternité.
Elle connaissait seulement la théorie, et savait qu’elle souhaitait rester les trois
jours habituels. Les circonstances ont fait le reste…
« J’atterris finalement aux urgences de ma maternité pour une césarienne en code
rouge, puis mon état de santé et celui de ma fille nécessitent un séjour long. Je
prends le temps de me reposer en sécurité, d’apprendre à me faire confiance dans les
gestes du quotidien, de découvrir mon bébé et de pouvoir profiter des premières
journées avec elle sans avoir à gérer ce qu’on appelle la charge mentale.
Ce séjour “rallongé” à la maternité a été pour moi une bénédiction, un petit plus
dans le mois d’or. Nous avons eu la chance d’être chouchoutées, d’avoir le papa à
nos côtés de jour comme de nuit, et de profiter d’une transmission des nouveaux
gestes de soins en douceur » – Nihel.
Le cadre de la maternité a parfaitement correspondu aux besoins et aux
attentes de Nihel : elle s’y est sentie enveloppée, rassurée, chouchoutée.
D’autres femmes ressentent cet environnement de façon bien différente, et
peuvent rencontrer des difficultés à dormir hors de chez elles, qui plus est dans
un hôpital, ou mal vivre les horaires imposés pour les repas, les intrusions dans
leur chambre et la surveillance médicale, même bienveillante, d’elles-mêmes et
de leur bébé. Alors, concrètement, comment vivre ce temps particulier le
mieux possible ?
Tout d’abord, pour vous sentir bien, n’oubliez pas d’amener et d’installer dans
votre chambre de la maternité ce que vous aurez prévu pendant la grossesse
pour créer votre cocon : un environnement familier et chaleureux avec une
source de lumière douce, vos plaids, vos coussins, vos objets doudous… Cette
appropriation du lieu aura un effet bénéfique aussi bien sur vous que sur
l’équipe soignante : en entrant dans une chambre « douillette », les
professionnels prennent conscience de l’intimité dont vous avez le droit de
disposer. Ils arrivent « chez vous », et cela influe positivement sur leurs
comportements qui peuvent finir par être automatisés en raison du rythme à
tenir.
Gardez également à l’esprit que vous avez le droit de rester en pyjama, ou au
contraire de porter de jolis vêtements (pourvu qu’ils soient confortables) et de
prendre le temps de vous maquiller ou de vous coiffer avec soin, même si c’est
pour rester couchée toute la journée !

Dormir, dormir, dormir

La première règle, vous l’avez probablement déjà entendue : dormez en même temps que
votre bébé ! Oui, mais comment faire ?
Malgré le manque de sommeil et la fatigue physique souvent présente, l’adrénaline
délivrée par votre corps en fin d’accouchement peut induire un état d’excitation qui
durera 24 heures ou plus. Pour accéder au repos, ne vous focalisez pas sur le sommeil,
mais sur la détente. Quand votre bébé s’endort, c’est le moment de prendre soin de vous
en commençant par un automassage de votre nuque : par de petits mouvements
circulaires de chaque côté de vos vertèbres cervicales, en montant et descendant, vous allez
pouvoir venir stimuler les points qui permettent le lâcher-prise. Si vous ressentez l’envie
de bâiller, c’est que vous les avez trouvés ! Le sommeil suivra, ou pas, mais la détente se
fait déjà sentir dans tout votre corps.
Vos mains sont occupées par votre bébé endormi dans vos bras ? Lancez votre appli de
méditation sur votre téléphone, ou le fichier audio d’une relaxation que vous aurez
préenregistrée, désactivez les notifications de vos réseaux sociaux… Et n’oubliez pas que
20 minutes de méditation « valent » 2 heures de sommeil.

Certaines familles font le choix de vivre ces premiers jours à leur domicile.
C’est le cas de Caroline, qui a eu la possibilité de rentrer rapidement chez elle
avec son bébé.
« Après un bel accouchement en plateau technique, notre sage-femme nous a
proposé de sortir dès le lendemain matin : tout allait bien pour bébé et moi, et elle
pouvait passer à la maison pour les visites nécessaires. Nous avons donc, le
lendemain matin, soit 24 heures après notre arrivée, pris le chemin du retour. Le
pédiatre de la maternité n’était pas ravi de nous laisser sortir si tôt, mais n’avait
aucune raison de nous en empêcher.
La sage-femme est passée pour les visites dans les jours qui ont suivi et nous avons
savouré le confort d’un retour rapide à la maison, en étant tout de suite de nouveau
en famille et dans notre environnement. Les premiers jours nous ont semblé
beaucoup plus fluides : chez nous, sans intervention de qui que ce soit, nous étions
libres de prendre notre rythme tranquillement » – Caroline.
La liberté que certaines éprouvent dans le cocon d’une chambre de maternité,
débarrassées des tâches quotidiennes et loin des aînés bruyants, d’autres la
trouvent chez elles, au milieu de leur rythme familier et sans intrusion dans
leur intimité.
Mais en structure comme à la maison, les visites des proches peuvent être une
autre forme d’intrusion qui impacte fortement les possibilités de repos les
premiers jours après l’accouchement. Il est cependant difficile, pour soi-même
et pour la famille et les amis, d’imaginer leur refuser la possibilité de venir
rencontrer votre enfant. La question essentielle à vous poser pour réussir à vous
positionner plus facilement face à chacune de ces visites : ai-je vraiment envie
de voir cette personne en postnatal immédiat ? Et pour vous aider à répondre à
cette question : suis-je assez à l’aise avec cette personne pour pleurer, donner le
sein, demander de l’aide pour me lever, me montrer fragile et pleine de doutes,
annuler au dernier moment parce que la nuit a été trop difficile ? Si vous
répondez par la négative à une de ces questions, cette personne n’est peut-être
pas celle que vous auriez besoin de voir !
Mais si votre souhait est de refuser une visite, comment faire passer le message
en douceur ? Il s’agit d’un point à préparer en amont, avec l’appui précieux de
votre partenaire. Le choix des mots sera primordial : en évitant les formulations
négatives pour privilégier les positives, vous mettez en avant ce que vous
proposez plutôt que ce que vous refusez. « Nous préférons reporter votre visite
de quelques jours pour prendre d’abord le temps de découvrir notre bébé en
famille » sera bien mieux accepté que : « Ne venez pas à la maternité ! » Et pour
les personnes que vous souhaitez voir durant les premiers jours, abandonnez
l’idée des visites « groupées » : tenter de rentabiliser ainsi le temps n’est pas
forcément une bonne idée. Même si la chambre est spacieuse, recevoir trop de
personnes en même temps risque d’être épuisant pour vous comme pour votre
bébé. Mieux vaut faire le choix d’une seule visite par jour, et fixer dès le départ
des horaires précis et une durée maximale (1 h 30, 2 heures si les personnes
viennent de loin, pourquoi pas… 4 h 30 de présence dans votre intimité de
nouvelle mère, non !).
Ainsi, au printemps 2020, pendant le premier confinement lié à la crise Covid,
une étude menée en Angleterre a montré une meilleure prise de poids des
bébés allaités, ceci semblant lié à l’absence de visites et à la préservation de
l’intimité…

Plan d’attaque du coparent pour un postnatal préservé

• Établir un rythme des visites.


• Être gardien du temps.
• Prendre en charge les appels et les diverses questions d’organisation.
• Prévenir à l’avance que c’est plutôt non (vous pourrez toujours changer d’avis
ensuite !).
• Penser à remercier pour les SMS, petites attentions, messages vocaux laissés sur le
portable de votre compagne parce qu’elle n’a pas répondu…

Poser vos propres règles dans le respect de vos besoins, ce n’est pas rejeter
l’amour de vos proches : c’est simplement vous accorder la place centrale dans
cette nouvelle histoire. Car occuper cette place nécessitera parfois un temps
d’apprentissage !

« Instinct maternel », où es-tu ?


Le cerveau humain est fait pour répondre positivement et avec amour aux
demandes d’un nourrisson, et c’est bien ce que l’on pourrait nommer « instinct
maternel ». Alors pourquoi ces guillemets ? Dans sa définition, l’instinct est
décrit comme un comportement héréditaire et inné : c’est une disposition
naturelle à faire ou à sentir quelque chose. Les femelles mammifères seraient
donc spontanément enclines à materner leur bébé. Que met-on, aujourd’hui,
en tant qu’espèce humaine, derrière ce terme ? L’instinct maternel se résume-t-
il à voir un intérêt à la survie de son bébé (impliquant la mise en place de
stratégies pour ne pas le laisser mourir), ou sous-entend-il mille autres choses ?
La société (qui a transformé l’humain en être de culture plutôt que de nature,
et a ainsi contribué à le couper de ses « instincts », s’ils existaient) y voit un
dévouement plein et entier à la fonction maternelle, doublé d’une intuition
sans limite offrant aux mères des dons aussi fantastiques qu’irréalistes, comme
(liste non exhaustive) : décoder les pleurs des nouveau-nés, réaliser de façon
parfaitement calibrée des gestes jamais observés, et bien sûr, renoncer à elles-
mêmes en tant qu’individus. « Irréaliste », voilà le mot-clé. L’instinct maternel
est ce mythe qui conduit la plupart des femmes à se sentir (au moins
partiellement) inaptes pour le job.
Remise en contexte : une nouvelle mère est par définition une femme qui vient
de vivre neuf mois de grossesse et d’accoucher. Souvent, avant ces étapes, le
monde de la maternité était pour elle un vaste territoire inconnu qu’elle ne
percevait que par bribes à travers les discours politiquement corrects de son
entourage et des réseaux sociaux.
Et donc, à cet instant-là, entre la naissance d’un nouvel être humain entre ses
cuisses et la montée de lait, la société s’attend à ce que la mère déploie ses
superpouvoirs. Son « instinct ». Alors que la plupart des membres de l’espèce
ne savent pas allumer de feu et ne survivraient que quelques heures dans un
environnement paléolithique.
Bien sûr, parfois, par miracle, « ça marche » : certaines mères, shootées
d’ocytocine et immergées dans un environnement propice (car l’instinct
mammifère est peu enclin à se révéler sous les néons d’une salle blindée de
monde en blouses blanches) sauront se laisser guider par les hormones et
retrouver les gestes ancestraux dont les bébés, eux se souviennent. Parfois, ça
fonctionne moins bien.
Carine est une de ces très nombreuses femmes pour qui le flot d’amour
inconditionnel ne fut pas immédiat.
« J’ai accouché deux fois, de deux petites filles en bonne santé. Je n’ai ressenti ce
fameux “coup de foudre” pour aucune d’entre elles. Tant qu’elles étaient dans mon
ventre, je leur parlais, je me sentais connectée à elles, et c’est comme si une fois nées,
mon esprit n’avait pas réussi à faire le lien avec ces petites choses que je tenais
maintenant dans mes bras. Comme si le bébé qui était dans mon ventre et celui-ci
étaient deux bébés différents. Je ne sais pas exactement ce que je ressentais : pas la
bouffée d’amour que je pensais que j’allais ressentir en tout cas. Et la fatigue et le
manque de sommeil aidant, il m’est arrivé de regretter momentanément leur venue.
Ce lien qui n’est pas arrivé soudainement et spontanément, il s’est tissé. Plutôt vite
avec mon aînée, plutôt lentement avec ma cadette, mais il a grandi quoi qu’il en
soit, et il s’est solidifié avec le temps. Le temps de nous connaître et de nous
apprivoiser » – Carine.
Carine décrit très bien la dissociation entre le bébé rêvé qui habitait son ventre
et le bébé réel rencontré lors de la naissance, ainsi que la façon dont, petit à
petit, le lien d’attachement s’est construit et consolidé… Ce cheminement
aurait probablement été plus facile à vivre pour elle sans les attentes
émotionnelles immenses projetées par la société (et intériorisées par la plupart
d’entre nous) sur l’accueil d’un bébé (cette fameuse vague d’amour) !
Les hormones de la naissance ont un impact très positif sur la création du lien,
mais personne ne peut prédire si, oui ou non, le coup de foudre sera au rendez-
vous. Certaines histoires d’amour ont besoin de temps pour se tisser : ceci ne
les rend pas moins belles ou moins magiques que celles qui sont scellées au
premier regard ! Créer une relation de qualité avec votre bébé est un
apprentissage de chaque instant, et il peut être difficile de vous centrer
uniquement sur cet objectif alors que vous vivez vous-même un grand
bouleversement physique et psychique. Alors, si vous preniez les choses comme
elles se présentent à vous ? D’abord vous positionner, affirmer vos choix,
investir votre puissance en tant que femme et mère… C’est dans cette
reconstruction de vous-même que votre bébé trouvera naturellement sa place.
La puissance des femmes et des mères ne réside pas dans un savoir inné mais
dans une capacité d’apprentissage permanent. Les premiers moments de la
relation pourront sembler bien hésitants : cette suite d’essais et d’erreurs est un
processus normal. En le comprenant et en l’acceptant, vous pourrez vous
ajuster et avancer sans sombrer dans une remise en question totale et non
constructive.
Parfois, les conditions de la mise au monde de l’enfant viennent impacter
encore davantage les capacités de la nouvelle mère à faire « ce que la nature a
prévu ». C’est le cas de la prématurité par exemple.
Nous vous parlions un peu plus tôt de contexte… La prématurité, c’est parfois
des semaines ou des mois d’angoisses à ne pas savoir combien de temps son
bébé « tiendra » in utero (en cas de menace d’accouchement précoce, les
femmes sont particulièrement surveillées médicalement, souvent privées de
mobilité, parfois hospitalisées…) ; c’est parfois l’inattendu d’une naissance trop
tôt sans signes avant-coureurs, parfois un sentiment d’échec (face au constat de
ne pas avoir « su mener sa grossesse à terme »…)… C’est aussi un bébé passant
du ventre maternel à une unité de néonat’, des machines assurant sa survie, la
peur de le perdre.
Instinct maternel ? Bien sûr il pourra y avoir un élan d’amour inconditionnel
pour ce si petit bébé trop pressé de découvrir le monde. Mais il est parfois bien
difficile d’investir toutes ses tripes auprès d’un nourrisson branché de partout :
s’attacher, c’est prendre le risque de souffrir… Ne pas s’attacher, c’est prendre le
risque de ne pas profiter… Et si cela tournait mal, et si ce bébé ne s’en sortait
pas, et si ? Et si, justement, c’était maintenant, dans ces circonstances difficiles
pour lui et pour vous, que le lien était important ? Les études prouvent que la
présence des parents est un facteur essentiel pour la survie des bébés
prématurés : faites-vous confiance, faites-lui confiance. Parfois, l’amour et
l’aide médicale ne suffisent pas… Mais vous aurez savouré ce temps-là avec lui,
sans regret.

Et si votre bébé est né prématuré ?

• Apportez à votre bébé un t-shirt avec votre odeur.


• Chantez-lui des chansons.
• Parlez-lui comme vous lui parliez dans votre ventre, comme vous lui parleriez dans
d’autres circonstances.
• Racontez-lui son histoire (votre rencontre avec son papa ou son autre maman, sa
conception, ses frères et sœurs, sa famille, ses proches, ses futurs parrain et marraine,
toutes les personnes qui pensent à lui et ont hâte de le rencontrer…).
• Prenez des photos pour les partager avec votre entourage.
• Essayez de décoller vos yeux des chiffres des machines.
• Soyez certaine que chacune des secondes passées auprès de lui fait la différence.
• Tentez de vous préserver et de reprendre des forces, en trouvant des temps pour vous.

Vous n’êtes pas seule dans cette épreuve. Saviez-vous que les bébés prématurés
reçoivent tous du lait maternel ? Si, par choix ou impossibilité, vous ne tirez
pas votre lait, votre bébé pourra boire celui d’autres mères. Les lactariums,
grâce à la solidarité de femmes qui donnent un peu (ou beaucoup !) de leur
lait, permettent aux petits prématurés de bénéficier de la meilleure
alimentation possible pour eux. Vous pouvez aussi faire appel à l’association
SOS Préma : travaillant en étroite collaboration avec les équipes médicales, elle
vous soutient directement à l’hôpital, propose des temps d’écoute téléphonique
et met à votre disposition des ressources thématiques sur les différents aspects
de la prématurité.
Quelles que soient les circonstances particulières de l’apprentissage de la
parentalité, soyez confiante en vos capacités à trouver soutien et ressources.
Naissance prématurée ou à terme, « coup de foudre » ou tissage de l’amour
dans la durée, en considérant le lien mère-enfant comme un processus à vivre
plutôt que comme un « instinct » présent ou pas, vous faites un premier pas de
bienveillance vers vous-même.
8. Baby blues et autres
histoires de chimie…

Au-delà du psychique, la période postnatale reste fortement habitée par le


corps et ses besoins : la danse hormonale de la grossesse et de l’accouchement
se termine en apothéose, et il va falloir le nourrir, ce corps, pour lui permettre
d’atterrir en douceur.

Hormones et émotions dans le corps


Dans les jours suivant la naissance, alors que tout pourrait laisser penser que les
bouleversements hormonaux et émotionnels sont de l’histoire ancienne, de
nombreuses mères se retrouvent confrontées au phénomène du « baby blues ».
Il peut prendre la forme de manifestations diverses, de la tristesse inexplicable
aux émotions contradictoires et démesurées. Mais que se passe-t-il ?
Lors de l’accouchement, la chimie du corps se trouve complètement
bouleversée : les hormones de la grossesse, œstrogènes et progestérone, chutent
brutalement alors que la prolactine augmente. La prolactine qui permet la
production de lait, est présente en quantité importante dès la naissance, même
pour les femmes qui ne souhaitent pas mettre en place d’allaitement maternel.
Mais cette hormone est aussi un antagoniste de la dopamine, ce qui signifie
qu’elle s’oppose aux effets de cette molécule connue pour mettre « de bonne
humeur »…
À ces perturbations hormonales vient s’ajouter la fatigue liée à l’accouchement
ou aux premières nuits sans sommeil… Et, cerise sur le gâteau, la nouvelle
mère découvre la sensation du « ventre vide » (et moelleux, distendu, parfois
douloureux…).
Tous les ingrédients sont réunis pour un coup de mou parfois spectaculaire, et
qui peut arriver de façon très soudaine. Les femmes confrontées à ce
phénomène peuvent ressentir tristesse, doute, anxiété, ou même une profonde
détresse. Le baby blues fait généralement son apparition au troisième jour après
l’accouchement (ce qui lui vaut le surnom de « blues du troisième jour ») et ne
dure pas plus de quelques jours. Mais ce n’est pas un passage obligé ! Certaines
femmes ne le ressentent jamais, ou seulement pendant 10 minutes, ou de façon
différente après chacun de leurs accouchements…
Trois jours après la naissance de son premier bébé, alors qu’elle était encore à la
maternité, Samantha a vécu cette étape de façon brutale et très déroutante.
« Je me souviendrai toujours de ce moment où je me suis rendu compte que j’avais
oublié de glisser dans ma valise de maternité LE pyjama choisi par ma mère pour
notre fils. Je me suis mise à pleurer, c’était incontrôlable. Mon mari ne comprenait
pas ma réaction. C’était comme si ce pyjama avait déclenché quelque chose
d’immense.
Le lendemain, j’ai pleuré parce que je me suis trouvée affreuse avec la lumière un
peu jaune de la salle de bains d’hôpital, parce que j’ai légèrement accroché le cordon
de mon bébé en changeant sa couche, parce que je ne savais pas si je savais
m’occuper de lui. Pendant trois jours, j’ai pleuré parce que je n’étais plus enceinte,
parce que j’étais mère, parce que ma mère était grand-mère, parce que ma grand-
mère était morte.
J’ai cru que je sombrais en dépression. Et puis plus rien… » – Samantha.
Après cet épisode difficile, Samantha a retrouvé le sourire. Pas que son
quotidien soit devenu miraculeusement lisse et sans aucune source de stress,
mais elle pouvait à nouveau reconnaître son fonctionnement émotionnel
habituel, et n’était plus victime d’angoisses irrationnelles la poussant à remettre
en question toute sa vie. Car c’est bien là une des caractéristiques du baby
blues : à partir d’une « broutille » (un body oublié, une photo floue, un appel
manqué…), les émotions négatives se déchaînent de façon incontrôlable.
Il est amplifié quand la production d’ocytocine (l’hormone de l’amour qui
accompagne physiologiquement la naissance) n’a pas été suffisante : ceci peut
être le cas quand les conditions de naissance ont été difficiles, si
l’environnement n’est pas perçu de façon favorable par la mère, si elle manque
de soutien…
Lors de cette étape, alors que le devenir mère est en cours, prenez soin de votre
vulnérabilité. Comme pendant la grossesse et l’accouchement, puissance
intérieure et lâcher-prise vont de pair : ce temps est à traverser comme une
opportunité de vous accorder toute l’attention que vous méritez, et de vous
centrer sur vous-même. Quand ce passage se présente, c’est qu’il est nécessaire
pour accéder à la « suite » : ce moment où les vagues émotionnelles seront
moins hautes, où vous aurez retrouvé votre boussole et serez à nouveau capable
de naviguer sans peur – ou presque !
Attention cependant si la « suite » n’arrive pas au bout de quelques jours ! Un
« baby blues » qui se prolonge au-delà d’une semaine, ou vous plonge dans un
état profondément dépressif, n’en est pas un : 15 % des femmes environ
connaîtront une situation de difficulté maternelle, dès la naissance de leur
enfant ou plus tard dans la relation1.

Est-ce vraiment un baby blues ?

Vous vivez probablement un baby blues si :


• votre bébé a moins de dix jours ;
• vous vous sentez mal (ascenseurs émotionnels, pleurs incontrôlables, remises en
question, sentiment d’extrême vulnérabilité…) depuis moins d’une semaine ;
• vous arrivez à retrouver votre sérénité et à voir les choses positivement plusieurs fois
par jour (même brièvement).
N’oubliez pas que cette étape est transitoire : ceci vous aidera à la traverser le plus
sereinement possible.
Au contraire, si vous ne vous retrouvez pas dans un de ces trois critères, ce que vous vivez
est « un peu plus » qu’un baby blues : une difficulté plus importante semble s’installer.
N’attendez pas pour en parler à votre entourage et à une professionnelle en qui vous avez
confiance ! Rester à l’écoute de vos émotions, en toute authenticité et sans chercher à
camoufler la réalité à vous-même et aux autres ne pourra vous être que bénéfique.

Florent, le compagnon de Samantha, a trouvé au fil des naissances quelques


pistes pour mieux la soutenir.
« À la naissance de notre troisième enfant, je savais à quoi m’attendre : deux fois
déjà j’avais vu Samantha dans des états incroyables pour des histoires de pyjamas et
de regret de la grossesse. Cette fois, j’avais compris que cela ne durerait pas, et que je
ne pouvais pas y faire grand-chose, à part lui offrir mes bras et des mots aussi
réconfortants que possible (qui, généralement, ne servaient à rien).
Est donc arrivé le moment où elle est sortie de la salle de bains de la maternité en
pleurant et en se lamentant : “C’est le baby blues”… Mais immédiatement, en me
voyant “résigné” et prêt à lui faire un câlin, elle a éclaté de rire à travers ses
larmes… On a pleuré et ri tous les deux un moment, je crois que ça a permis
d’évacuer des choses. » – Florent.
Le rire, c’est vrai, a des pouvoirs presque magiques sur l’humeur, en boostant,
justement… la dopamine (sans entraver la montée de lait, ouf ) ! Florent
connaît bien Samantha, pourtant il a tâtonné avant de trouver la bonne
attitude à adopter, et cette fois-là c’est l’humour qui a autorisé le lâcher-prise.
Pour vous, ce sera peut-être autre chose !
Vos proches sont probablement capables de déployer des trésors d’inventivité
pour vous soutenir, à la seule condition que vous osiez partager avec eux ce que
vous vivez : pas de honte à avoir, le baby blues touche la quasi-totalité des
nouvelles mères ! Et pour que vos besoins soient comblés, rien de tel que de
commencer par les exprimer clairement et de poser fermement l’interdiction de
minimiser vos ressentis…
Et si, une prochaine fois, vous faites partie de l’entourage d’une jeune mère :
n’oubliez pas de la gâter ! Le bébé aura probablement déjà de très nombreuses
tenues taille naissance : c’est donc bien sur la mère que vos petites attentions
devront se concentrer. Offrez-lui un cadeau symbolique, exprimez-lui votre
admiration face à ce qu’elle vient d’accomplir, écoutez-la de tout votre cœur,
apportez-lui des aliments réconfortants, des fruits secs, de la tisane
d’allaitement bien chaude déjà préparée dans un thermos… Car le bien-être
psychique passe aussi par le corps !

Vitamines et minéraux dans l’assiette


Si le psychique est bien chamboulé dans l’après naissance, le physique l’est
aussi ! Et accorder une importance particulière à votre alimentation fait partie
des pistes qui peuvent vous aider à prendre soin de vous pendant cette
transition.
En premier lieu, même si certains aliments sont à privilégier, le mot d’ordre
sera de vous faire plaisir. Pour passer le cap du baby blues et ensuite de la
fatigue peut-être accumulée, misez sur vos aliments doudous, ceux qui vous
étaient interdits pendant la grossesse, ceux qui ne vous faisaient plus envie mais
qui aujourd’hui vous appellent à grands cris. Tant pis si c’est fast-food, tant pis
si c’est trop transformé ou trop gras, salé, sucré : faites-vous plaisir !
Sur le plan purement physique, votre alimentation sera aussi (avec le repos sans
modération) un des moyens de retrouver de l’énergie et de prendre soin de
votre corps : il a besoin d’être hydraté, réchauffé, et d’accuser le coup de
l’accouchement (même si celui-ci s’est déroulé de façon idéale).
Pour la chaleur et l’hydratation, les soupes et les tisanes sont vos alliées. C’est
l’été ? Boire et manger chaud reste la meilleure option en toutes saisons… De
façon générale, et encore plus en postnatal immédiat, aucun aliment ne devrait
être consommé sortant du réfrigérateur : votre corps est à 37 °C et devra
utiliser plus d’énergie pour réchauffer boissons et nourriture arrivant très
froids. L’idéal se situe donc entre le chaud et la température ambiante. Si cela
vous est difficile, pensez au gaspacho et aux jus de légumes frais : éviter
simplement de les boire glacés. Les jus de fruits, quant à eux, ne sont plus
recommandés, car aux niveaux physiologique et métabolique, leur effet sur
l’organisme est le même que celui d’un soda, avec une vidange gastrique
rapide, et beaucoup de fructose, un sucre à digestion rapide – y compris pour
les jus de fruits faits maison à partir de fruits bio…

Le repère hydratation

Difficile parfois de boire suffisamment, et surtout de savoir si on a bu suffisamment.


Vos urines sont jaune clair ? Votre hydratation est bonne.
Vos urines sont jaune soleil à orange ? Il va falloir boire davantage ! Pensez à remplir une
bouteille d’eau et à la garder près de vous : le besoin d’hydratation ne fait pas partie de
ceux qui devraient être différés. Et si « boire à votre soif » ne suffit pas à vous hydrater
correctement (à toujours différer votre besoin de boire, votre corps ne reconnaît peut-être
plus le signal « soif » !), buvez par exemple à chaque change et à chaque tétée de votre
bébé !

Votre système digestif a également besoin d’être préservé : suite aux


bouleversements hormonaux, il mettra quelques jours (jusqu’à deux semaines)
à retrouver son activité habituelle. La constipation est normale les jours suivant
l’accouchement ; elle peut être amplifiée par la peur d’aller à la selle en cas de
déchirure ou d’épisiotomie. Pour aider votre transit à reprendre tout en
douceur, privilégiez une alimentation riche en fibres et non irritante. Les
légumes cuits (que vous allez pouvoir consommer dans vos soupes) sont
idéaux.
Votre corps a bien sûr plusieurs autres besoins en lien avec l’étape de
l’accouchement qui vient d’être vécue. Pour une bonne cicatrisation des tissus
(suite à une césarienne, à une épisiotomie, ou même à une déchirure bénigne),
le collagène est votre meilleur allié, mais inutile d’avoir recours à des
compléments alimentaires : la vitamine C est un précurseur du collagène, c’est-
à-dire qu’elle permet à votre organisme de le synthétiser (grâce aux acides
aminés apportés par les protéines). Vous la trouverez en quantité importante
dans2 le cassis, le persil, les poivrons, le citron, les brocolis, les fruits rouges, les
kiwis, les choux et les agrumes. Cette vitamine étant particulièrement sensible
à la chaleur, consommez ces aliments crus, ou choisissez une cuisson à la
vapeur douce (inférieure à 100 °C) qui saura la préserver. Une anémie modérée
est physiologique pendant la grossesse (le volume sanguin étant augmenté, le
fer s’en trouve « dilué ») : après la naissance, il va vous falloir refaire le plein de
fer, d’autant plus si vous avez perdu beaucoup de sang. L’objectif est de
retrouver un taux suffisant et de compenser le sang évacué lors des lochies (les
pertes post-accouchement qui peuvent durer de deux à six semaines). Pour
cela, la viande rouge n’est pas la seule option qui s’offre à vous. Vous avez
même l’embarras du choix : pignons de pin, graines de sésame, graines de
tournesol et autres à parsemer sur vos plats, lentilles et haricots rouges au
menu, et, pour vos collations, chocolat noir et oléagineux, sous forme de purée
à tartiner, ou à croquer…
La vitamine C permet d’augmenter l’absorption du fer : il sera donc
particulièrement pertinent de consommer aliments riches en vitamine C et
aliments riches en fer au cours d’un même repas. Au contraire, le thé (noir,
vert, blanc) est un chélateur de fer (il entrave son assimilation par l’organisme)
et sera donc à éviter. Le rooibos, ne contenant pas de théine, peut, lui, être
consommé.
Enfin, cette période est celle que vos cheveux, probablement beaucoup plus
beaux et fournis grâce aux hormones de la grossesse, vont choisir pour
tomber… Rien de grave, puisqu’il s’agit simplement de tous ceux qui auraient
dû finir leur vie au cours des neuf mois précédents… Mais si vous souhaitez
limiter ce phénomène, pensez au zinc ! Cet oligo-élément contribue à la bonne
santé des cheveux, et ce n’est pas le moment d’en être carencée… Vous le
trouverez dans les huîtres (que vous êtes maintenant de nouveau autorisée à
manger !), les céréales complètes, les oléagineux, les germes de blé, et les graines
de sésame.
En tenant compte de tout cela, en voilà des repas à préparer ! Un peu
contradictoire avec la nécessité de prendre soin de vous et de votre bébé, non ?
N’oubliez pas vos ressources familiales et amicales : le « village » que vous avez
commencé à rassembler autour de vous en fin de grossesse va pouvoir cuisiner
pour vous et vous apporter les meilleures préparations, en accord avec vos
envies et vos besoins…

Quels aliments et pourquoi


Une bonne alimentation pendant la période postnatale peut permettre de récupérer plus
facilement et plus rapidement.

Pourquoi ? Quoi ? Dans quel aliment ?

Pour le moral Vos aliments doudou Tout ce que vous aimez, et dont
vous avez peut-être été privée
pendant la grossesse !

Pour garder l’énergie Des aliments chauds Infusions, soupes...

Pour favoriser la reprise Des aliments faciles à Légumes cuits, soupes...


du transit digérer

Pour l’hydratation Des aliments riches en Eau, infusions, soupes...


eau

Pour lutter contre Des aliments anti- Fruits rouges, choux, légumineuses,
l’inflammation des tissus inflammatoires ail, citron...

Pour la cicatrisation des Des aliments précurseurs Fruits rouges, kiwi, avocat...
tissus du collagène

Pour compenser la perte Des aliments riches en fer Viandes rouges, légumineuses, soja,
de sang sésame, chocolat noir...

Et pour les mères allaitantes, quels sont les aliments à consommer et ceux à éviter ?
L’allaitement est un processus naturel, sous contrôle hormonal (tout comme
l’accouchement) et local (ce qui signifie que le meilleur stimulant de la lactation est la
bonne prise de sein par votre bébé). Quand tout se passe bien, il est donc inutile de faire
des efforts alimentaires particuliers ! Si vous avez besoin de stimuler votre lactation (parce
que votre bébé peine à bien prendre le sein, ou à la perspective de la reprise du travail par
exemple), l’avoine, le fenouil, le fenugrec, les amandes, ou le malt peuvent vous y aider.
Au contraire, la menthe, le persil, la sauge et le chou vert induisent une baisse de lactation
variable selon les femmes.

Et ailleurs, ça se passe comment ? Touba, originaire du Maroc et mère de


quatre enfants nés en France, raconte que le jour de la naissance, la future
grand-mère prépare le « repas de naissance » à base de semoule, de farine de
blé, de graines de sésame, de cacahuètes et d’amandes : un plat nourrissant et
favorisant le démarrage de l’allaitement. La nouvelle mère doit ensuite manger
chaud et épicé, et prendre une petite cuillère d’huile d’olive par jour pour
favoriser la tonicité de l’utérus. Kim Oanh, quant à elle, est mère de deux filles,
la première étant née au Vietnam. Dans le respect de la tradition, pendant six
mois elle a évité les aliments acides pour limiter les problèmes d’incontinence ;
elle a mangé salé et épicé ; elle n’a pas bu trop d’eau et surtout pas froide.
Finalement, après la naissance de sa deuxième fille, en France, elle s’est rendu
compte qu’elle avait besoin de boire beaucoup et de manger sucré.
Conclusion ? Les traditions postnatales issues des autres cultures sont souvent
pleines de bon sens et parfois en réelle connexion avec les besoins du corps des
femmes après l’accouchement. Mais, avant tout, écoutez-vous !
9. La naissance de votre bébé :
un bouleversement en vous
et autour de vous

Vous êtes-vous déjà demandé de quelle manière la période que vous vivez (ce
moment « hors des cycles » et hors du monde…) pouvait impacter votre
fonctionnement de femme mais aussi l’équilibre autour de vous ? Son influence
sera peut-être bien supérieure à ce que vous imaginiez !

Dans la puissance des cycles féminins


Si la maternité n’est pas une fin en soi, elle représente, pour celles qui font ce
choix, une nouvelle étape de vie, qui va venir en résonance avec leur
fonctionnement féminin.
Hors grossesse et temps postnatal, la femme, cyclique, peut être vue comme
rythmée par quatre phases, représentées par quatre archétypes, mais surtout
révélatrices de quatre énergies différentes et complémentaires.
La période des règles peut être identifiée comme la phase « sorcière » ou
« femme sage », et associée à l’énergie de l’hiver. C’est un temps de repos,
pendant lequel il est souvent difficile d’être dans l’action. Mais, comme en
hiver, les graines plantées pendant le cycle précédent prennent des forces et se
préparent à germer. C’est le moment idéal pour se recentrer sur son monde
intérieur, méditer, laisser venir des idées et lâcher prise provisoirement sur leur
mise en œuvre… Ensuite arrive la phase « jeune fille », qui débute juste après
les règles et correspond à la période pré-ovulatoire. C’est le printemps !
L’énergie revient progressivement et peut maintenant être investie dans le
monde réel. C’est une période propice pour les apprentissages, la recherche
d’informations, les tâches concrètes du quotidien et la mise en place de
nouveaux projets, personnels ou professionnels. Au moment de l’ovulation, la
phase « mère » est une période idéale pour discuter, échanger, partager ses
idées… Le contact à l’autre et la création de liens sont facilités. L’énergie,
comme en été, atteint son maximum. Enfin, c’est la période prémenstruelle,
dite aussi phase « enchanteresse ». Cet automne prépare l’arrivée prochaine de
l’hiver : l’énergie diminue et le besoin de calme se fait sentir. Voilà le moment
de se libérer du superflu et d’aller vers l’essentiel.
Il est intéressant de constater que, même si la période des règles est souvent
assimilée à un temps de clôture et à un grand nettoyage (ce qui est aussi une
réalité biologique puisque l’utérus va évacuer le sang dont il s’est gorgé dans
l’éventualité d’une fécondation), elle est considérée médicalement comme le
début du cycle menstruel (le premier jour des règles étant le début du cycle).
De même l’année civile et symbolique commence en hiver… Et l’expir précède
l’inspir ! Car la première étape est toujours de faire de l’espace avant de pouvoir
accueillir ce qui vient.
Pour Camille Geninet, Moon Mother, le temps de l’accouchement, relié aux
intuitions, à la sensibilité exacerbée et au cerveau primitif, se situe
symboliquement à mi-chemin entre les énergies enchanteresses et sorcières.
Puis, après la naissance d’un enfant, le sang qui coule rappelle l’énergie de
l’hiver présente pendant les règles : le postnatal immédiat invite au repos et à
l’introspection. Autorisez-vous à rester centrée sur vous-même (et sur votre
bébé) et à fuir parfois le reste du monde si le besoin s’en fait sentir : votre
famille et amis très proches qui vous apportent du positif et vous cocoonent,
oui ; ceux qui ne vous manquent pas, non ! Comme pendant vos règles, laissez-
vous le temps de vivre cette phase sans brûler les étapes. Le printemps de
l’ouverture au monde se fera graduellement, à un rythme propre à chaque
femme.
Les étapes de la maternité sont riches de symboles, et beaucoup de pistes
restent à explorer pour celles qui s’intéressent aux archétypes féminins ! Ils
peuvent en effet offrir de belles ressources pour une meilleure connaissance de
soi, et vous permettre d’instaurer une écoute intérieure plus fluide. Connectée
à vos besoins profonds, vous pouvez vous autoriser à prendre le temps… Un
temps de transition qui reste « la norme » dans de nombreuses régions du
monde, et l’était en France jusqu’aux années 1950, à travers les relevailles.
Connaissez-vous cette tradition ? Historiquement, dans la religion catholique,
il s’agit de la cérémonie permettant à la nouvelle mère d’être réintégrée à sa
paroisse, après une « quarantaine » pendant laquelle elle aura observé le repos le
plus strict. Cette période de 40 jours pendant laquelle les mères doivent rester
allongées et ne rien faire d’autre que s’occuper de leur bébé est présente dans de
nombreuses autres cultures. C’est elle qui est souvent nommée à l’heure
actuelle « temps des relevailles » : au cours de ces quelques semaines, tout
devrait être fait pour favoriser le bien-être physique et psychique de la mère, et
ainsi la création du lien d’attachement avec son bébé.
La façon dont les nouvelles mères se trouvent fréquemment confrontées à leurs
limites physiques et émotionnelles est riche de sens : dans ces apparentes
« incapacités » (à faire du sport, à être performante, à gérer mille projets…) se
cache la puissance d’une mécanique parfaitement calée sur les besoins de la
situation !

Votre enfant : un peu de vous hors de vous


Alors que pendant votre grossesse, la vie précieuse à protéger était nichée au
creux de vous, voilà maintenant votre bébé, cordon coupé, libre de vivre, de
respirer, et qui sait, un jour, de s’éloigner ! Même sans regarder si loin,
impossible de ne pas remarquer à quel point vos préoccupations personnelles
ont changé. Avant de devenir parent, vous aviez le luxe de vivre « pour vous-
même », avec en option une place plus ou moins grande pour votre partenaire
de vie, vos proches, vos amis… chacune de ces personnes étant responsable
d’elle-même. Puis, enceinte, votre centre de gravité a amorcé un déplacement,
physiquement avec ce ventre qui a pris de la place et vous a incitée à le prendre
en compte dans le moindre de vos mouvements et, surtout, psychiquement,
par vos pensées déjà centrées sur votre bébé. Enfin, après votre accouchement,
c’est comme si le centre de gravité personnel était aussi déplacé vers l’extérieur,
en direction de ce petit être humain dont vous avez la responsabilité, dont vous
devez prendre soin.
Quand Aurélie a donné naissance à son premier bébé, elle a ressenti de façon
très forte cette tension physique, cette séparation d’avec une partie d’elle-
même…
« Le bonheur d’enfanter ne m’a pas préparée à ce tsunami émotionnel : la sensation
de perte est réelle, et pourtant surréaliste. C’est un deuil, les corps se séparent… un
peu. Pleurer l’état de grossesse, l’absence de toi en moi. Intégrer le vide. Dire au
revoir… déjà ?
Dans la vie de tous les jours, si tu traverses un tel événement, on te soigne, on te
chérit, on t’offre le temps de panser tes blessures. Ton corps devient ta priorité. Là,
l’urgence est au nourrissage, aux soins divers, au bien-être de ce tout petit, à son
sommeil » – Aurélie.
Pour assumer cette immense responsabilité d’une autre vie que la sienne,
Aurélie s’est nourrie du lien animal qui la reliait à son bébé. Elle a ressenti le
besoin de pratiquer un maternage très proximal, faisant perdurer la fusion.
Quels que soient les choix faits par la mère, ils serviront, avec un maximum de
justesse, le besoin d’apprivoiser cette situation nouvelle : un bébé hors de soi et
pourtant ressenti encore comme une partie de soi… Il est normal d’osciller
entre bonheur confiant et inquiétudes irrationnelles ; le challenge sera de rester
lucide et connectée à la réalité. Oui, votre bébé est entièrement dépendant de
vous, mais cela ne signifie pas qu’il va cesser de respirer dès que vos pensées
s’éloignent de lui.
« Décider d’avoir un enfant, c’est accepter que votre cœur se sépare de votre corps et
marche à vos côtés pour toujours » – Katharine Hadley, journaliste.
En entrant dans la démarche de donner la vie, on autorise la mort : la sienne,
celle de ses parents, et même celle de son enfant. Car malheureusement,
parfois, le retour à la maison se fait sans bébé dans les bras… Pour ces paranges
(ce néologisme est très utilisé aujourd’hui pour enfin offrir un statut et une
reconnaissance à ces parents dont l’enfant n’a pas survécu), leur cœur s’est
séparé de leur corps, mais il a également cessé de battre… Le deuil périnatal
(incluant l’interruption médicale de grossesse, le décès du bébé in utero avant
ou pendant la naissance et la mort inattendue du nourrisson – souvent
nommée également mort subite du nourrisson – avant un an) touche environ
2 % des parents. Comment se reconstruire dans ces circonstances ? Les besoins
des parents dans ces moments-là : espaces de parole sans jugement, entendre
des proches utiliser le nom de leur bébé, recevoir des appels, des marques
d’amitié, ne pas « être fuis ».
Les mots sont puissants, et l’impact des maladresses peut être immense. Non,
les parents endeuillés n’ont pas envie d’entendre qu’ils sont « jeunes », ou qu’ils
« en feront un autre ». L’heure n’est pas non plus à la positivité toxique (cette
tendance à exiger de soi-même et des autres le bonheur à tout prix, quitte à
nier la réalité d’une situation) ou à la philosophie de comptoir (non, tout n’est
pas « juste » ; peut-être chaque expérience de vie peut-elle trouver un sens, mais
c’est à ceux qui la vivent, et uniquement à eux, de décider de cela).

La mort inattendue du nourrisson

Souvent nommée aussi « mort subite du nourrisson », ce phénomène est la première cause
de mortalité des bébés de moins d’un an. Imprévisible, elle survient la plupart du temps
pendant le sommeil, et dans 90 % des cas avant 6 mois. Ses mécanismes sont encore mal
compris, mais plusieurs habitudes permettent de réduire les risques :
• Faites dormir votre bébé sur le dos et sur un matelas suffisamment ferme.
• Bannissez les tours de lit, couettes, oreiller et peluches pour éviter tout risque
d’étouffement.
• Veillez à maintenir une température de 18 °C à 19 °C dans la chambre de votre bébé
(en été, si les températures sont plus chaudes, habillez votre bébé très légèrement).
• Les études concernant le sommeil partagé (cododo) sont contradictoires, il en ressort
cependant que votre bébé ne devrait pas dormir auprès d’un fumeur.

Si vous êtes concernée par le deuil périnatal, nous vous invitons à vous tourner
vers des associations1, des livres2 ou le documentaire Et je choisis de vivre3. Que
vous soyez parange ou proche d’une famille ayant perdu son tout-petit, prenez
le temps de vous écouter, de parler, de partager vos émotions… La naissance et
la mort sont le début et la fin de la vie, inévitables l’une comme l’autre, mais
parfois beaucoup trop proches. Des actes symboliques peuvent vous aider à
transformer le lien, et à vous sentir connectée aux personnes qui vous sont
chères et à l’enfant disparu. Car ce temps de la naissance, qui officialise dans la
matière le passage de femme à mère, résonne largement autour de vous,
entraînant toute votre famille…

Un impact sur la famille élargie


La fille aînée de Brigitte vient de se marier. Quelques semaines plus tard, elle
lui tend un catalogue de voyagiste à l’intérieur duquel elle a caché sa première
échographie… « Maman, regarde où on va pour notre voyage de noces ! »…
« Je fonds en larmes et je pense à ma mère : elle avait eu la même émotion quand je
lui avais annoncé que j’étais enceinte, elle aurait certainement pleuré aussi, j’aurais
tellement aimé qu’elle soit là.
Beaucoup de pensées se bousculent, je vais être grand-mère, j’espère que ma fille
aura une belle grossesse, à l’image de celles que j’ai vécues. Je suis heureuse d’être la
maman d’une future maman, et de vivre cette transmission de mère à fille, de
femme à femme...
Enfin, elle me présente sa fille. Je suis bouleversée, admirative, émue, heureuse…
Mon bébé a un bébé ! » – Brigitte.
Quand « le bébé a un bébé », c’est un véritable bouleversement pour toutes les
femmes de la lignée. Cette petite fille qu’elles ont vu faire ses premiers pas,
grandir, se marier… vient de traverser maintenant les expériences initiatiques
de la grossesse et de l’enfantement : pas de retour en arrière possible. Ce cap-là
vient annoncer la fin d’un équilibre et la nécessité pour toutes (et tous)
d’accepter ce changement imposé.
Lorsque vous donnez naissance à votre enfant (d’autant plus si c’est votre
premier bébé ; d’autant plus si c’est le premier bébé de sa génération), la
structure familiale au sens large s’en trouve entièrement remaniée. En
introduisant un nouvel individu dans votre famille, vous déplacez son centre de
gravité collectif, comme le vôtre s’est déplacé lors de la grossesse et de
l’accouchement. Vous venez dire à vos parents, à vos grands-parents, de faire
un pas en arrière (ou en avant, vers une autre étape de leur vie !) : selon leurs
perceptions et leur rapport à l’âge et à la mort, cela pourra retentir en eux de
façons bien différentes…
Beaucoup de choses inconscientes se jouent dans ce remaniement familial, et la
psychogénéalogie peut vous aider à mieux comprendre les vécus de chacun : il
s’agit de poser un autre éclairage sur les émotions et réactions des uns et des
autres, mais aussi sur les situations, à la lumière des événements (décès,
disputes, guerres, maladies…) vécus par les générations passées. Ainsi, dans
certaines familles, la naissance de tel enfant (un garçon, par exemple) de telle
personne (la plus jeune fille de la fratrie, par exemple) résonnera de façon
joyeuse ou effrayante selon les circonstances dans lesquelles cet événement s’est
déjà produit plusieurs générations auparavant.
Pour Brigitte, accéder au statut de grand-mère fut une joie (comme pour sa
mère avant elle…) ; pour d’autres, ce changement fera écho de façon très
négative (parce qu’elles se sentent trop jeunes pour cela, qu’elles n’ont pas
choisi de vivre cette étape de cette manière, qu’elles ne sont pas prêtes à se
rapprocher ainsi symboliquement de la mort… ou qu’elles ont hérité des
bagages pesants d’une de leurs ancêtres). Si des difficultés surviennent chez
certains membres de la famille lors de l’arrivée d’un bébé, il peut être pertinent
d’aller questionner l’arbre généalogique, d’examiner les relations mères-filles
dans la lignée… Des lectures4 ou un accompagnement par une personne
formée à la psychogénéalogie peuvent vous aider dans cette démarche de
compréhension de votre histoire familiale !
« Maintenant, je suis Grand-Mère, oui Grand-Mère, ça prend une majuscule et
même deux ! J’ai ressenti une sorte de changement de niveau, on est Mère puis
Grand-Mère, comme une montée en grade. Mon petit bouchon est devenu une
Mère, là aussi, majuscule et changement de niveau (de grade)... C’est à la fois
logique et bouleversant. Certaines n’ont pas cette chance.
Comment être présente sans être envahissante ? J’ai vite compris mon « rôle » : j’ai
trouvé cette confiance, cette foi en elle et en moi. Je lui ai donné les bases et je serai
toujours là…. » - Brigitte
Pour Brigitte, le changement de niveau a été fluide et spontané, peut-être parce
que sa propre mère lui avait renvoyé une image positive et épanouie de cette
« montée en grade ». Ce n’est pas le cas pour toutes les grands-mères en
devenir : certaines peuvent se sentir mise à l’écart, en arrière-plan, alors que
leur fille (ou leur fils !) tourne toutes ses pensées vers son bébé. Comment,
alors, en tant que mère, occuper sa juste place sans culpabiliser ? Une des
réponses réside dans l’empathie dont vous et votre partenaire saurez faire
preuve. L’empathie, ce n’est pas céder le terrain ou accepter des attitudes ou des
comportements envahissants ou inacceptables pour vous. C’est simplement
changer de point de vue : OK, ma mère a besoin d’être rassurée au sujet de son
nouveau rôle (ou de tenter de contrôler nos choix, ou de se tenir aussi loin que
possible de mes questionnements de mère qui la renvoient à son statut de
grand-mère, ou…). Mais comprendre les besoins d’une autre personne ne
signifie pas avoir l’obligation de les combler. Après ce bilan, vous êtes libre
d’affirmer votre positionnement quel qu’il soit : accepter ce qui peut l’être sans
entraver votre propre équilibre, et refuser ce qui ne convient pas. Cette étape
vous conduira peut-être à des prises de conscience quant à vos relations avec
vos parents… De façon apaisante, guérisseuse, ou au contraire confrontante.

Comment faciliter cette transformation familiale ?

Chaque lignée accueille différemment l’arrivée d’un nouvel enfant, selon des paramètres
culturels, mais aussi des « normes » familiales installées au fil des générations. De votre
côté, vous avez grandi, quitté le nid, rencontré un partenaire portant peut-être d’autres
représentations… Et il est essentiel que vos familles respectives puissent prendre
conscience de qui vous êtes (ou souhaitez être) en tant que parents afin de pouvoir
s’ajuster au mieux.
Le sujet de la nouvelle répartition des rôles à venir peut être abordé dès la grossesse : en
partageant avec votre famille, et notamment les futurs grands-parents, la façon dont vous
imaginez leur place pour la suite, vous leur permettez de se projeter dans la même
direction que vous. Si la confiance mutuelle est suffisante à ce moment-là, ils oseront
peut-être également vous faire part de leurs espoirs, de leurs envies ou de leurs craintes.
Profitez de l’occasion pour demander aux membres de votre famille comment ils
souhaitent être nommés (mamie, tonton ou plutôt par leur prénom…) : cela évitera peut-
être des contrariétés ou des déceptions...
Enfin, même si des points de désaccord apparaissent, ces discussions avec vos proches
peuvent être également l’occasion de resserrer les liens familiaux en ressortant de vieilles
photos, en se remémorant des souvenirs… Votre famille se transforme, mais elle reste elle-
même, avec ses points forts et ses défauts !

La maternité, comme tous les événements charnières de votre vie, pourra vous
permettre de vous sentir appartenir pleinement à votre lignée, ou au contraire
vous pousser à repenser certains aspects de vos relations intrafamiliales.
Accueillez avec sérénité ces perspectives de cheminement personnel !
10. Posez des mots sur votre
histoire

À la traditionnelle question : « Tout s’est bien passé ? », difficile d’apporter une


réponse nuancée des mille émotions et sensations expérimentées pendant la
mise au monde d’un bébé. L’étape de l’accouchement, parfois considérée
comme centrale pendant toute la grossesse, semble rapidement balayée dès que
le bébé est là. Et pourtant ! Pour de nombreuses femmes, le besoin de se
raconter dans cet événement de vie est très présent.

Pour vous-même
Donner naissance à un enfant, à un autre être humain : voilà l’expérience que
vous venez de vivre, voilà l’immense expérience que votre corps et votre esprit
doivent maintenant intégrer.
La raconter et vous entendre la raconter encore et encore sera peut-être une
étape indispensable pour en mesurer pleinement toutes les dimensions :
physique, psychique, sacrée. Par les mots posés et entendus, vous pourrez vous
approprier cet événement comme un moment charnière dans votre histoire de
femme. Pourtant, les espaces dédiés au recueil de cette parole sont rares :
parfois le corps médical, les proches, ou même votre partenaire mesurent mal
l’importance et la nécessité de mettre en mots l’intensité du vécu, qu’il soit
positif ou douloureux. Alors que chacun s’intéresse plus que de raison aux
mensurations du bébé et à la durée du travail (des chiffres, toujours des
chiffres !), peu de personnes osent ouvrir un dialogue vous autorisant à
partager l’essence de la naissance. Beaucoup de pudeur entoure encore la peur,
la douleur, les fluides, les émotions brutes. Alors, à qui livrer ces ressentis
précieux ?
Depuis les années 2000, des espaces virtuels se sont ouverts, venant combler un
manque et permettre aux femmes de partager, dans l’anonymat des écrans
interposés, la réalité de l’expérience. Les récits de naissance ont fleuri, d’abord
sur les forums, puis sur les réseaux sociaux, via des groupes publics ou privés.
Ceci pourrait étonner, mais c’est un fait : de nombreuses femmes ressentent le
besoin impérieux d’écrire dans la matière le déroulé exact de leur
accouchement, autant pour elles-mêmes que pour les inconnues qui les liront.
Raconter son accouchement de façon aussi honnête que possible, un nouveau
rituel entre femmes et mères ? Choisir ses mots, les modifier, ajouter un
détail… sont des outils puissants pour passer des ressentis corporels et
émotionnels parfois abstraits à la sphère cérébrale qui va pouvoir reprendre
possession de la situation. Cela peut être difficile à faire tout de suite après la
naissance, par manque de temps (ça alors !), dans l’illusion que jamais vous
n’oublierez ces détails précieux, ou au contraire parce que l’ensemble est bien
trop flou pour être raconté de façon linéaire.
Alors comment faire ? Dès le moment de l’accouchement, vous pouvez
demander à votre compagnon, compagne ou doula de noter les heures clés
(arrivée à la maternité, passage en salle de naissance, éventuellement pose de la
péri, toucher vaginal douloureux ou bonne nouvelle de la dilatation complète).
En effet, la masse d’informations temporelles et sensorielles arrivant lors d’un
accouchement est telle qu’il pourra être difficile de se remémorer ensuite la
chronologie des étapes. Puis, après la naissance de votre bébé, pendant que c’est
frais, notez rapidement dans votre carnet les éléments qui vous semblent
importants, ceux qui tournent en boucle dans votre tête et que vous auriez
envie (ou pas) de raconter à la terre entière. Si prendre le temps d’écrire ne fait
pas partie de vos possibles à ce moment-là, pensez aux enregistrements vocaux
sur votre téléphone ! Avec le temps, peut-être aurez-vous envie d’organiser tout
cela sous la forme d’un récit de naissance, ou d’en faire une représentation
créative : dessin, peinture, collage d’images ou de mots…
Après son deuxième accouchement, Déborah tenait à garder une trace de son
vécu. Pour elle, ce processus a nécessité plusieurs étapes :
« Mon second enfantement a été naturel et très intense, j’ai été complètement
emportée par un flot d’hormones et j’ai eu l’impression de partir très loin et de ne
pas être réellement témoin de la naissance de mon bébé. J’avais vécu une expérience
hors du commun, et déjà quelques heures après la découverte de mon bébé je ne me
rappelais plus très bien de certains aspects.
J’ai ressenti très vite le besoin d’écrire, de faire raconter mon conjoint, de vite graver
ces moments avant qu’ils ne soient totalement perdus. Je n’arrivais pas à écrire ce
récit seule, aussi j’ai fait appel à ma doula, Élise, pour m’accompagner dans cette
sorte d’enfantement. Cet exercice m’a permis d’être plus sereine et d’avoir la
certitude que ce souvenir pourra perdurer pour mon fils et pour moi » – Déborah.

Écrire, mais comment ?

Les premiers mots sont souvent les plus difficiles à poser. Pour passer le cap de la feuille
blanche, commencez par lâcher vos exigences !
Connectez-vous à vos sensations, à vos émotions, peu importe si vous ne parvenez pas à
prendre le récit par « son début ». Osez vous laisser guider par les images qui vous
reviennent et décrivez-les de la manière la plus juste pour vous, sans vous préoccuper de la
clarté de votre récit.
Rendre l’ensemble cohérent et compréhensible par une tierce personne pourra venir dans
un deuxième temps, si votre souhait est de partager votre texte. Écrire, ce n’est pas graver
dans le marbre la version ultime de l’histoire : c’est un travail sur soi qui peut inclure de
gommer, de modifier, d’ajuster...
Enfin, si écrire votre histoire d’accouchement vous tient à cœur, mais que le cap reste
décidément difficile à passer, vous trouverez peut-être un atelier d’écriture près de chez
vous : certains sont consacrés aux récits de naissance…
Pour transmettre votre expérience
Depuis le début de votre vie de femme, vos représentations de la naissance ont
été nourries par ce que vos proches et moins proches ont partagé avec vous :
que les histoires soient racontées avec précision, réduites à quelques mots, ou
entourées de non-dits, elles ont pu avoir un impact sur vous, consciemment ou
non.
De la même manière, votre toute récente histoire d’accouchement, déjà ancrée
en vous et dans la façon dont vous répondez au sempiternel « ça va ? », va venir
laisser une empreinte sur celles ou ceux qui accueilleront vos mots. Presque
malgré vous, votre vécu nourrira à son tour les personnes de votre entourage. Si
vous en faisiez un choix et une force ? Après avoir posé des mots pour vous-
même, demandez-vous ce que vous souhaiteriez transmettre aux femmes qui
vous sont proches : cela peut être de la confiance en leur corps, des
informations sur leurs droits, la validation de leurs ressentis… Par ce que vous
choisirez de mettre au premier plan dans votre récit, vous pourrez impacter
positivement la façon dont elles se projettent dans l’accouchement, élargir leur
vision, ou leur apporter la confiance que vous-même avez reçue (ou pas !)
d’autres femmes. Quel cadeau pour celles qui auront pu profiter de votre
partage d’expérience avant de devenir mères elles-mêmes !
Mathilde n’a pas encore de projet d’enfant, mais elle a eu la chance d’échanger
longuement avec sa cousine après l’accouchement de celle-ci. Grâce à leurs
partages, elle a pu passer d’une représentation « factuelle », mais floue, à une
réalité l’autorisant à se projeter. Peu importe que votre accouchement se soit
déroulé de façon idéale ou non : oser en parler à d’autres femmes, c’est leur
offrir une base de réflexion, un exemple supplémentaire de scénario possible et
l’occasion d’affiner leur vision et leurs choix futurs. Et si votre expérience a été
positive, quelle belle manière de contrebalancer les discours alarmistes mettant
au premier plan la douleur, la peur et la passivité !
À vous de décider ce que vous avez à transmettre, et comment vous avez envie
de le transmettre ! Quelle pression que cette mission d’écrire quelque chose
destiné à « rester »… Quels mots choisir, comment raconter les choses si elles
se sont mal passées ? Comment oser assumer ce récit peut-être plein de vos
doutes et de vos difficultés devant vos proches ou même votre enfant, si votre
projet est de lui faire lire plus tard ? Avant de savoir si vos mots pourront être
partagés, et avec qui, autorisez-vous déjà à essayer de les poser !
C’est ce qu’a choisi de faire Clémence. Après la naissance difficile de son
premier bébé, elle s’est d’abord inquiétée de toutes les émotions négatives
ressenties et elle s’est questionnée sur sa capacité à transmettre à son fils une
image positive de sa venue au monde. Puis, elle a décidé « d’écrire d’abord, et
de réfléchir ensuite ».
Partant d’un ressenti très négatif, c’est finalement la volonté de partager son
histoire avec son fils qui a offert à Clémence la possibilité de changer de point
de vue et de regarder son accouchement dans sa globalité. Sans nier les
difficultés rencontrées, elle a pu prendre conscience de ce qui faisait de cette
expérience un moment puissant de sa vie. Il n’est pas question de se voiler la
face ou de livrer un récit édulcoré à son enfant ; il est possible cependant de
porter un regard bienveillant sur son vécu, pour y voir ce qui a été accompli
plutôt que ce qui a été subi.
Le moment venu, votre récit entrera dans la mythologie familiale : de façon
floue si aucun mot n’a été clairement posé, ou riche de ce que vous souhaitez
apporter à votre entourage si vous choisissez de prendre une part active dans
cette transmission. Les dits et les non-dits passent les générations : à votre
niveau, vous pouvez commencer à semer des graines destinées à vos filles,
petites-filles, arrière-petites-filles… Et peut-être même au-delà !

Comme un acte militant


Et si le partage de vos ressentis authentiques pouvait avoir un impact bien plus
large que ce que vous croyez ? Hors de votre cercle familial et amical ? Que la
naissance de votre enfant se soit passée selon vos souhaits ou non, votre
expérience ne peut qu’être profitable aux autres femmes car elle a l’avantage
d’être brute, sans filtre, non aseptisée : elle offre une image enfin authentique.
Aujourd’hui encore, certaines des réalités de l’accouchement sont passées sous
silence : les expériences sont lissées, uniformisées, de façon à en faire ressortir
une voix unique se résumant à « c’est long, ça fait mal, heureusement il y a la
péridurale, et quand le bébé arrive, on oublie tout ». Votre accouchement se
résumait-il à cela ? Existe-t-il un seul accouchement qui se résume à cela ?
Les expériences semblent si diverses que les femmes peinent parfois à voir à
quel point les raconter pourrait être riche pour les autres. Celles qui ont
accouché facilement culpabilisent un peu de renvoyer aux autres une image
idéale. Celles qui en ont bavé préfèrent protéger les futures mères des
projections négatives. Alors, personne ne devrait parler ?
Marjorie Roux est mère, doula, et militante au sein du Planning familial. Elle
est particulièrement impliquée dans la lutte contre les violences obstétricales, et
porte la conviction que la libération de la parole permettra aux femmes de
reprendre le pouvoir quant à la façon dont elles mettent au monde leurs
enfants :
« Raconter son accouchement, témoigner de son vécu, c’est une façon de participer à
la diffusion des vérités, des réalités : c’est un acte politique. Le partage d’expériences
et de savoirs au sein de la population est primordial, et il doit passer par les femmes
elles-mêmes.
En parlant des difficultés rencontrées, des violences subies, des maltraitances, l’idée
n’est pas de faire peur aux futures mères, mais de mettre les expériences de chacune à
disposition de celles et ceux qui souhaitent y avoir accès.
Cette démarche pourra encourager, provoquer ou faciliter les questionnements et les
réflexions, dans le but de favoriser la remise en question des pratiques et des
protocoles. Sans inquiéter inutilement ou même véhiculer des vérités ou des guides à
suivre, cette démarche peut permettre que les choses soient plus respectueuses pour les
prochaines » – Marjorie.
Si cette parole a une dimension politique, en permettant une évolution positive
de la façon dont la naissance est médicalement accompagnée aujourd’hui, elle
est aussi un acte solidaire envers les autres femmes, qui sont ou seront peut-être
amenées à traverser des expériences similaires.
Marjorie rappelle que comprendre qu’elles ont vécu des violences (et que celles-
ci auraient pu être évitées) pourra s’avérer inconfortable ou même susciter une
réaction de déni chez certaines femmes : la naissance d’un enfant est un
moment précieux de la vie et il peut être douloureux d’en faire une relecture à
la lumière de nouvelles prises de conscience. De même, il peut être confrontant
pour les proches d’une jeune mère de l’entendre remettre en question les choix
qui ont été faits (dans la théorie des protocoles) pour sa survie et celle de son
bébé. Cependant, collectivement et malgré les freins psychiques divers, il
semble indispensable de favoriser la circulation de la parole pour permettre à
chacune de bénéficier de savoirs actualisés : au sujet des violences obstétricales,
la loi (notamment la loi Kouchner de 2002 sur le consentement éclairé) est très
claire. La Haute Autorité de santé elle-même prend ouvertement position
contre certains actes médicaux (l’expression abdominale et l’épisiotomie
prophylactique par exemple) et la diffusion d’informations et de récits ne peut
qu’aider les femmes à se positionner pour le respect de leur corps.
Le tabou, étrangement, ne se situe pas seulement du côté des violences et des
accouchements extrêmement difficiles. En 2008, Debra Pascali-Bonaro, une
doula américaine, ose mettre sous nos yeux d’autres vécus de l’enfantement, en
réalisant un documentaire sur le thème de la naissance orgasmique : elle suit le
parcours de sept femmes qui accouchent dans des conditions optimales de
sécurité affective, entourées d’ocytocine, et vivent cette expérience de façon
positive et extatique. L’accouchement est enfin mis en lumière comme une
expérience éminemment intime et sexuelle ! Son livre, coécrit avec Elizabeth
Davis, est aujourd’hui traduit en français1. Diffuser cette parole ne signifie pas
que toutes les femmes vivront une naissance orgasmique, mais cela contribue à
pousser les frontières des possibles. Que se passerait-il si chaque femme avait
profondément conscience des capacités de son corps à vivre l’accouchement de
cette manière ? Que se passerait-il si « accoucher dans la douleur » était relégué
au rang d’une possibilité parmi d’autres ? Et si, « accoucher dans la douceur »
s’ouvrait comme une autre perspective ?
Oser poser des mots, c’est aider d’autres femmes à se projeter de façon
consciente dans la future naissance de leur enfant, ou à se réapproprier a
posteriori la puissance de ce moment. Ainsi, la diffusion de témoignages
d’accouchements nous semble être la meilleure façon de donner de
l’information par l’exemple : une information qui n’a pas vocation à être
absolue ou universelle, mais qui a le mérite d’être incarnée, réelle et
authentique, et de briser les tabous autour du sang, des fluides, et des
dimensions sexuelle et sacrée de la naissance.
III. Trouver de nouveaux
repères
Passé les tumultes de la naissance et du postnatal immédiat,
vous aspirez peut-être à retrouver quelques repères… Une
forme de stabilité qui pourrait venir accorder intérieur et
extérieur, vous-même, votre bébé et le reste du monde… Si
vous commenciez par le commencement ? Vous !
11. Reconnectez-vous à votre
corps post-accouchement

La (ou les) normalité(s) du corps post-accouchement sont parfois loin des


attentes et des projections : comment se reconnaître, physiquement et
psychiquement, dans cette transformation ?

Qui êtes-vous devenue ?


Maria dans le miroir au retour de la maternité… Yeux cernés du manque de
sommeil, cheveux sales et en bataille, et surtout, un corps qui ne lui ressemble
plus.
« Enceinte, j’étais enflée à cause de la rétention d’eau : OK, j’ai fait avec. J’avais
beaucoup grossi : OK, j’ai lâché prise. À côté de cela, j’avais une peau parfaite, de
beaux cheveux, mon bébé dans mon ventre…
Mais après l’accouchement ! Je n’ai plus vu que mes vergetures, ma peau distendue,
mon ventre flasque… Je saignais des litres, j’avais mal partout, ce n’était plus moi.
Et cette fatigue… » – Maria
Ce que Maria raconte reflète le vécu de beaucoup de femmes. Si, pendant la
grossesse, la perspective de tenir un jour son bébé dans ses bras et le regard
bienveillant de l’entourage aident à faire passer la pilule des transformations du
corps, c’est une autre histoire une fois que le bébé est né. L’image de la femme
pimpante et pomponnée dès la sortie de la maternité a la vie dure, et malgré les
nombreux mouvements qui ont tenté ces dernières années de mettre en
lumière les réalités du post-partum, il peut être difficile de constater que, vous
aussi, vous êtes épuisée, douloureuse, perdant du sang, du lait, des larmes.
Pourtant, ceci est normal. Et votre cousine, alors, qui reprenait sa vie dès son
retour de la maternité et faisait les boutiques son bébé de quelques jours en
écharpe ? Elle n’avait pas de cernes, elle, ni cette démarche ridicule… Comme
pendant la grossesse, les femmes ne sont pas impactées de façon égale par les
« désagréments » de la période postnatale. Peut-être votre cousine a-t-elle vécu
les choses différemment, peut-être a-t-elle eu un accouchement rapide et facile
et un bébé gros dormeur, peut-être a-t-elle « pris sur elle » par peur de
s’effondrer. Elle seule le sait vraiment, car de nombreuses femmes s’astreignent
à ne pas briser le tabou du postnatal, et continuent à clamer que tout va bien
même quand c’est loin d’être le cas.
Entre nous, soyons honnêtes, votre apparence, vos sensations, vos ressentis
physiques ne sont plus les mêmes. Comment vous reconnecter à ce corps qui a
tout du champ de bataille ? Faites le premier pas vers lui ! Tout ce que vous
expérimentez, absolument tout, a un sens. La fatigue (parfois extrême), vous
invite à vous reposer autant que possible : cela tombe bien, car il est
recommandé de rester un maximum allongée ou semi-assise, de ne pas
solliciter vos abdos (quels abdos ?), et surtout de ne pas porter de charges plus
lourdes que votre bébé. Les courses devront donc être faites et livrées par
quelqu’un d’autre ! Si vous avez envie de continuer à choisir vous-même ce que
vous mangerez cette semaine, pensez au drive ; si vous êtes maman solo et
peinez à trouver une personne pour aller chercher vos courses, de nombreux
magasins proposent des solutions de livraison. S’il y a bien un moment dans
votre vie où vous devriez vous féliciter d’être restée une journée entière (ou
presque) sur votre canapé, c’est maintenant ! Votre périnée vous remerciera.
Tiens, justement, le périnée : voici la guest-star du post-partum. Depuis votre
accouchement, tout le monde a ce mot à la bouche, n’est-ce pas ? Il s’agit d’un
groupe de muscles, qui soutient l’ensemble des organes du bassin, « comme un
hamac » : son importance est primordiale tout au long de la vie, et nous
devrions, femmes et hommes, nous attacher à le préserver au maximum en
veillant à nos postures. Si vous n’en aviez jamais entendu parler avant votre
grossesse, pas de panique, il n’est pas trop tard pour bien faire. Après la
naissance de votre enfant, il vous a probablement été prescrit des séances de
rééducation du périnée. Bien sûr, elles ne sont pas obligatoires (rien ne l’est,
souvenez-vous…) mais fortement recommandées pour vous permettre de
tonifier à nouveau ce muscle parfois lourdement impacté par la grossesse et
l’accouchement. Ces séances pourront être faites chez la professionnelle de
votre choix, kinésithérapeute ou sage-femme. Plusieurs approches très
différentes peuvent être proposées. Certaines sont basées sur une stimulation
mécanique (à l’aide ou non d’une sonde), d’autres font davantage appel au
mental (les visualisations utilisées lors de l’approche « Connaissance et maîtrise
du périnée » – CMP – par exemple), d’autres enfin replacent le périnée dans la
structure corporelle globale, comme l’eutonie (qui permet de prendre
conscience de la façon dont le périnée est impliqué et mobilisé dans la vie
quotidienne). Certaines femmes choisissent de gérer elles-mêmes leur
rééducation à leur rythme, en utilisant des boules de geisha : introduites dans
le vagin, elles vont peser légèrement sur le périnée qui devra se contracter pour
les maintenir à l’intérieur. Au-delà de la rééducation, gardez en mémoire que,
pendant cette période particulière, vos gestes peuvent et doivent être adaptés en
fonction des limites de votre corps. Comme dit précédemment, privilégiez la
position allongée ou semi-assise ; évitez les charges lourdes. Et contrairement
aux idées reçues, la poussette n’est pas votre meilleure amie durant cette
période : la position corporelle adoptée pour faire rouler même le plus
ergonomique des modèles est particulièrement néfaste pour votre périnée et
pour votre dos.
Et tout ce sang qui coule, ces interminables « lochies », aviez-vous besoin de
ça ? Eh bien, oui… Si, à chaque cycle, vos règles viennent depuis l’adolescence
évacuer l’endomètre qui s’était formé dans l’attente d’une hypothétique
grossesse, après chaque accouchement votre utérus doit également se
débarrasser de l’épaisse couche de tissus qui a enveloppé votre bébé pendant le
début de sa vie. Ce sang peut couler parfois plus longtemps et de façon plus
abondante que ce à quoi vous vous attendiez : les lochies peuvent en effet
impressionner par l’importance du flux évacué, et durer jusqu’à six semaines. À
grand chamboulement, grand nettoyage…
Cette invitation au repos marque le début du 4e trimestre de grossesse : une
période d’atterrissage en douceur, au cours de laquelle votre transformation de
femme à mère bat son plein. Pour certaines, quatre trimestres (une année !) à
ne plus vraiment se reconnaître, à vivre selon un rythme inconnu, et à partager
son corps avec un bébé, cela commence à faire beaucoup. Oui, cela fait
beaucoup… Et cette impression d’être « seulement une mère » peut rendre
difficile ces premières semaines avec son bébé. Ce fut le cas pour Amélie, qui
s’est séparée du père de son enfant pendant sa grossesse, et a vécu cette période
seule.
« Ce qui était difficile, finalement, c’était de me retrouver seule dans mon corps…
Sans pour autant pouvoir en jouir pleinement ! Mon bébé ne dormait bien que sur
moi. Bien sûr, moi aussi j’étais heureuse de ces contacts privilégiés, mais je ressentais
une forme de lourdeur permanente, à ne jamais pouvoir être totalement libre de
mes mouvements, de mes sorties. Je faisais beaucoup de sport avant ma grossesse : là,
je mourrais d’envie d’aller courir, et pourtant je sentais bien que j’en aurais été
incapable. Quelle frustration !
J’ai commencé à me sentir mieux dans mon corps quand j’ai accepté qu’il soit
transitoirement squatté, en me raccrochant au fait que cela ne durerait pas » –
Amélie.
C’est en acceptant la situation et en envisageant son impermanence qu’Amélie
a pu vivre plus sereinement ces moments : oui, elle était provisoirement « une
mère avant tout », mais cela n’allait pas l’empêcher de redevenir elle-même…

Toujours la même dans un corps


qui change !
Vous vous souvenez de votre corps de petite fille ? De votre corps d’ado ?
Ressemblait-il à votre corps d’avant grossesse ? Probablement pas. Votre corps
du post-partum n’y ressemble pas non plus.
Le corps de jeune femme n’est pas celui de jeune fille, le corps de grossesse n’est
pas celui de femme, le corps du postnatal n’est pas celui des magazines. À
chaque étape de votre vie, il a changé, et vous avez parfois eu du mal à le
reconnaître… Pourtant, fidèle au poste, il était là. Ses transformations
successives racontent votre histoire : la maternité laisse des traces comme le
temps.
Le corps post-accouchement porte l’empreinte de la grossesse : il a passé neuf
mois à accueillir et à faire grandir la vie. Cela lui a coûté un peu d’élasticité, et
il y a peut-être gagné quelques vergetures alors que vous avez passé des heures à
nourrir votre peau des meilleures huiles ! Autant de « traces » qui peuvent être
honteusement camouflées ou, au contraire, affichées comme les souvenirs d’un
passage de vie à honorer…
Les proches, le coparent, ou la doula ont parfois un rôle primordial dans le
cheminement des mères vers leur nouveau corps. Aurélie, doula en Charente,
porte une attention particulière à la vision que les femmes ont d’elles-mêmes
dans ce passage de leur vie.
« Quand je viens en postnatal, mon attention et mes intentions sont autour des
parents. Tout ce que je vois de positif, je le nomme pour faire miroir à cette femme
devenue mère.
Quand elle allaite, je lui dis comme c’est merveilleux ce que son corps sait faire,
comme son bébé est en vitalité grâce à elle. Quand elle donne le biberon, je lui
exprime toute la grâce que je perçois dans ses gestes et ses regards.
Parfois les femmes partagent avec moi le regret de leurs vergetures, le malaise de leur
corps transformé. Alors c’est l’occasion d’une promenade, et d’analogies sur la
nature.
Je propose également des massages. Mes gestes sont empreints d’une sincère
considération pour tout le chemin qu’elles ont parcouru, pour toute la puissance de
leur corps, et toute cette beauté de vie. » – Aurélie.
Ainsi, par sa bienveillance et son regard positif inconditionnel (un des piliers
de la relation d’aide et de la posture de la doula), Aurélie amène avec douceur
les femmes à s’accorder de l’amour à elles-mêmes…
Et si c’était le moment de vous aimer inconditionnellement ?

La prochaine fois que vous croiserez un miroir, souriez et regardez-vous avec toute la
bienveillance que vous pourriez accorder à une autre femme.
Choisissez quelques mantras à afficher dans la salle de bains :
• « Mon corps a porté la vie », pour vous souvenir que la puissance du corps est dans ce
qu’il accomplit…
• « Mon ventre a contenu tant d’amour que la peau en a craqué », pour garder en
mémoire que vos vergetures sont la preuve des efforts fournis pour offrir la plus belle
piscine à votre bébé…
• « Je suis belle de mes expériences de vie », parce que votre nouvelle peau de mère est là
aussi pour vous rappeler qui vous êtes et où vous en êtes à ce moment précis.

Ce processus peut prendre du temps… Alors, si vous vous accordiez des pauses
pour apprendre à vous redécouvrir ? Oui, oui, avec un bébé de quelques
semaines dans les parages… Et justement parce que vous prenez soin de ce
bébé de quelques semaines ! Vous souvenez-vous du Kaïros ? Amusez-vous à
plonger dans l’instant, plusieurs fois par jour, comme si cet aller-retour à la
boîte à lettres (le bruit de vos pas, le parfum de l’herbe, la satisfaction de
disposer de vos deux bras libres…) pouvait s’étirer pendant des heures. Et puis,
de vraies longues pauses dans le Chronos aussi, en instaurant de nouveaux
rituels dans votre quotidien. Pourquoi ne pas prendre un bain, avec ou sans
votre bébé ? Si vous ressentez le besoin d’en faire un temps « mains libres »,
sans bébé près de vous, profitez-en pour l’investir comme un véritable rituel de
retour à vous-même (pétales de roses, bougies, musique douce…)… En
veillant à ce que le coparent ou une autre personne de confiance soit disponible
pour veiller sur votre bébé et vous l’emmener pour une tétée en cas de besoin
impérieux !
Quels que soient vos choix de maternage (allaitement au sein, cododo, grande
proximité physique… ou non), vous pourrez ressentir à un moment la
nécessité de préserver votre « espace vital ». Pour certaines femmes, ce besoin
survient assez rapidement, « tôt » par rapport aux standards de la société, et
elles sont qualifiées d’égoïstes. Pour d’autres, il arrivera beaucoup plus
tardivement, et elles seront peut-être taxées de mères sacrificielles, trop
fusionnelles, incapables de couper le cordon. Le seuil de tolérance à la mise à
disposition de son corps (de son temps, de son énergie…) est différent chez
chaque femme : osez manifester auprès de votre entourage, sans culpabilité, ce
besoin de souffler. Votre moment sera le bon !
Le retour à certaines de vos activités habituelles peut d’ailleurs se faire de façon
progressive sans attendre les 3 mois de votre bébé. Les sports doux et sans
impact comme la marche, la natation ou le vélo peuvent être pratiqués de
façon modérée dès la fin du mois d’or et des lochies (4 à 6 semaines après
l’accouchement, donc). Si vous pratiquiez régulièrement un sport avant votre
grossesse et que vous ressentez le besoin de bouger davantage, pensez à la danse
portage avec votre bébé, au yoga postnatal… Pour toutes les activités sportives
impliquant de la course ou des sauts (tennis, gymnastique, step, sports
collectifs…), vous devrez attendre vos premières séances de rééducation du
périnée. La professionnelle consultée pourra vous indiquer, selon votre
situation, au bout de combien de séances ces sports vous seront à nouveau
possibles.
En douceur, la transition se fait de femme à mère… Mais n’êtes-vous pas
plutôt en train de « rajouter » la couche « mère » sur la femme que vous êtes ?
12. Posez des balises pour
vous autoriser à lâcher prise

Lâcher prise, profiter, prendre soin de soi… Oui, mais comment ? Quelques
clés (mais pas de baguette magique…) vous aideront à vivre pleinement ces
premiers moments avec votre bébé, et avec vous-même…

Apprenez à vous reposer


Il peut être difficile de prendre soin de soi alors qu’un petit humain
fraîchement né sollicite votre attention de jour comme de nuit…
Les nuits, quel sujet ! D’après les statistiques, un nourrisson dort un minimum
de 16 heures par 24 heures ; un bébé de 1 à 3 mois, 14 heures. Étrangement,
peu de mères gardent de cette période le souvenir de longues plages de
sommeil serein… Pourquoi ? En réalité, même si votre enfant est « dans la
norme », il ne dormira pas 16 heures d’affilée (et heureusement, car il a besoin
de se nourrir fréquemment tout au long des 24 heures). Votre rythme
quotidien devra être repensé à base de temps de sommeil courts… Gardez en
mémoire que même une « petite » sieste de 20 minutes est bonne à prendre :
votre état hormonal permet d’accéder plus rapidement à des phases de sommeil
profond, d’autant plus en cas d’allaitement maternel. S’il vous semble que cela
ne compensera jamais une bonne nuit de 8 heures, souvenez-vous également
que l’organisme sait davantage tirer parti d’un sommeil fractionné (qui a été la
norme de l’humanité pendant des milliers d’années) que d’une longue nuit
ininterrompue (certes bien appréciable). Bref, essayez de lâcher prise sur vos
schémas habituels. Saviez-vous que, pour un temps de sommeil équivalent par
24 heures, les parents qui surveillent l’heure et comptabilisent précisément leur
temps de sommeil se sentent en moyenne plus fatigués que ceux qui oublient la
montre ?
Dormir, dormir, d’accord, mais comment gérer le quotidien ? Votre village, que
vous avez peut-être déjà commencé à construire pendant la grossesse, va vous
être d’une aide précieuse. Osez rappeler aux personnes qui avaient proposé leur
aide avant la naissance que le besoin est maintenant, et n’hésitez pas à solliciter
vos proches pour de l’aide concrète, en leur faisant des demandes précises.
Aujourd’hui la famille nucléaire est le modèle de référence, et vos proches
peuvent se sentir maladroits ou intrusifs à l’idée d’intervenir dans votre gestion
du quotidien. Il leur sera donc bien plus facile de se rendre utiles s’ils savent
exactement de quoi vous avez besoin, et s’ils sont certains de ne pas vous
déranger.
Aurore, doula dans les Yvelines, a accompagné Carole pour sa deuxième
grossesse, puis pour sa troisième. À ce moment-là, une belle connexion les
reliait déjà. Cette fois, deux bébés étaient attendus : rentrer à la maison avec
des jumeaux, même pour une mère expérimentée, nécessite un soutien accru
de l’entourage. Aurore a pu l’aider à aménager son quotidien, aux côtés des
autres femmes de « son village »…
« Le retour à la maison de Carole avec ses jumelles a été balisé petit à petit et
marqué par un formidable élan de solidarité des femmes et amies de son entourage,
sensibilisées à cette période particulière du post-partum et notamment à l’arrivée de
deux bébés au sein d’une fratrie. Une généreuse cagnotte a permis de subventionner
des aides à domicile au quotidien, des moments de soin pour la maman , un temps
de complicité avec la maman autour d’un massage pour les jumelles… un cadeau
de la part de toutes ces femmes réunies pour témoigner toute leur gratitude à Carole
qui, depuis quelques années, les accompagnait bénévolement en tant qu’animatrice
Leche League sur leur chemin d’allaitement… » – Aurore.
Aujourd’hui, malgré le quotidien et son lot de difficultés à gérer, Carole peut
être fière du chemin parcouru… Depuis, elle ne cesse de témoigner à Aurore sa
confiance et sa gratitude en partageant avec d’autres femmes son
expérience d’avoir la précieuse présence d’une doula à ses côtés.
C’est peut-être le moment de solliciter, vous aussi, une doula (pour de l’écoute,
un temps de relaxation, un massage, des bercements…) ou une autre
professionnelle (praticienne en médecine chinoise, shiatsu, hypnothérapie,
massage, acupressure…) qui saura vous apporter la dose de bien-être dont vous
avez besoin !
Prendre soin de vous et de votre bébé devrait être votre essentiel. Et le reste ?
Car le monde autour ne s’est pas arrêté de tourner, et les sollicitations diverses
peuvent vite devenir oppressantes : si vous sentez qu’elles le sont déjà, c’est le
moment de revenir à votre bulle. Les demandes de la société moderne sont à
peu près toutes incompatibles avec les besoins d’un nourrisson et d’une
nouvelle mère. En avoir conscience peut vous aider à faire un pas de côté, et à
vous autoriser à prendre le temps de vous construire mère, et de vous retrouver
femme.
Qu’ils soient physiques ou émotionnels, vos besoins sont justes : la puissance
du féminin se tourne à ce moment vers la construction de la mère. Cela peut se
manifester par une tendance « lionne » : certaines mères se tournent à 100 %
vers leur bébé, leur besoin mammifère prend le dessus. Cela peut aussi prendre
la forme d’un grand besoin d’introspection : l’esprit se met en état de repos
apparent et fuit les sollicitations extérieures pour se remodeler. Ces deux
aspects peuvent être présents en alternance ou de façon simultanée, à des
degrés divers chez chaque femme. Quel que soit le chemin, de cette période
émanent à la fois puissance et vulnérabilité, car comme pour toute
transformation, il est nécessaire de quitter une enveloppe pour en créer une
autre.

Laissez-vous materner
Bulle OK, quelle énergie de la créer ! Mais qui veillera à ce qu’elle n’éclate pas
au premier coup de vent ? De la même manière que vous veillez (jour et
nuit…) à la sécurité physique et psychique de votre bébé en le maternant,
quelqu’un doit veiller sur vous, se faire rempart pour protéger votre bulle. C’est
le rôle, primordial, de votre compagnon ou de votre compagne.
Parfois, le coparent (« parent 2 » aujourd’hui encore pour l’administration,
dont les codes en disent long sur les schémas intériorisés par chacun de nous)
questionne son rôle, son « utilité ». Les hommes reçoivent depuis l’enfance
beaucoup d’injonctions à l’action, à la prise de risques, à la virilité. Et voilà
votre compagnon, bras ballants, ne sachant que faire devant cette situation
nouvelle…
Son rôle possible au quotidien ? Préserver l’équilibre femme-mère-bébé,
prendre sa place en douceur, sortir du mythe du père qui doit couper le cordon
et le lien à tout prix, être père de l’enfant tout en restant avant tout le
compagnon de sa femme. Mais comment, concrètement ? Si la mère est celle
qui s’affaire dans la bulle qu’elle a créée pour contenir son bébé, alors le
coparent sera le garant d’un cocon plus grand encore, contenant la bulle
maternelle. Dans cette posture plus extérieure, mais non moins primordiale, il
pourra « amortir » les relations entre la dyade mère-enfant et le reste du
monde. Il offre également à sa compagne un appui fiable et stable : il est là en
parent, mais aussi en partenaire, disponible si besoin pour tout ce qui peut être
délégué hors de la bulle. Il est question de logistique, de charge mentale, de
sécurité affective, d’écoute inconditionnelle des états émotionnels de la mère…
Dans un schéma classique de famille nucléaire, avec peu de soutien extérieur
ou peu de disponibilité des proches en semaine, le coparent sera le seul adulte
avec qui la mère aura l’occasion d’échanger au cours de ses journées. Il ne devra
pas s’étonner de se trouver face à un grand déferlement d’anecdotes, et un
immense besoin d’échange à son retour du travail… Sauf si c’est de solitude
absolue dont sa compagne a besoin, alors il pourra tout simplement prendre le
relais auprès de leur bébé ! Alors, pense-t-il toujours qu’il est inutile ?
Si Paul était ravi de devenir père, il envisageait son rôle de façon très
périphérique, persuadé qu’un bébé a surtout besoin de sa mère, et que sa
femme Sandrine saurait bien mieux que lui s’en occuper...
« Il était prévu que je reprenne le travail rapidement après la naissance. Mais je
n’imaginais pas ce que cela impliquait réellement pour ma femme !
Quand je l’ai compris, j’ai demandé un aménagement de mes horaires pour réduire
ma pause repas et ainsi rentrer plus tôt le soir. J’ai aussi essayé de réfléchir à des
façons d’alléger la charge de Sandrine au maximum (courses en ligne, repas,
lessives…) et surtout de lui offrir un maximum de ma disponibilité, par de petites
attentions… Le matin je lui préparais son petit-déjeuner avant de partir ; le soir je
la prenais dans mes bras, et bien sûr je m’occupais à mon tour de notre bébé » –
Paul
Cependant, certains pères ont besoin de davantage de temps pour atterrir dans
leur parentalité et trouver le rôle à jouer auprès de la mère de leur enfant. Le
compagnon de Sarah a rencontré des difficultés pour se positionner après la
naissance de leur bébé : elle n’a pas pu réellement compter sur son aide, et un
autre soutien a été nécessaire pour elle.
« En postnatal, seule ma doula Maryline a su me rassurer et m’aider dans mon
nouveau rôle de mère. Elle savait faire ressortir le meilleur en moi-même (que je ne
voyais pas et dont je n’avais pas conscience). Elle était toujours très attentionnée
envers moi, douce, à l’écoute... La maman dont j’avais besoin dans cette nouvelle
période de ma vie. J’aurais pu lui demander de garder mon fils le temps de prendre
une douche, de laver mes cheveux ou tout simplement d’aller dormir un peu...
Mais j’avais juste besoin d’être écoutée. Elle a été l’oreille attentive et la personne
bienveillante que je ne pensais pas pouvoir rencontrer : quand je croyais mal faire
avec Mattéo, elle avait toujours les mots pour me rassurer sur mes compétences de
mère » – Sarah.
La doula de Sarah a pu lui offrir ce cocon de douceur, d’écoute et de
bienveillance pour lui permettre de préserver sa bulle. Même quand le père
réussit à s’investir pleinement et rapidement, la présence d’une professionnelle
peut aider la mère et le couple à traverser ces moments cruciaux : celle-ci saura
rester hors du tourbillon émotionnel et proposer, grâce à son expérience, les
ressources les plus adaptées à la situation.
Ritualisez votre quotidien en prenant soin
de vous et de votre bébé
Votre bébé vous pousse au lâcher-prise mieux et plus rapidement que le
meilleur professeur de méditation. Quel bond dans votre démarche de
développement personnel ! Mais cela peut être également très anxiogène :
journées à la fois imprévisibles et égales à elles-mêmes, bercées par l’absence de
rythme de votre bébé qui se réveille, mange et recherche votre contact de façon
aléatoire tout au long des 24 heures. Si ce lâcher-prise a du bon, il est parfois
salvateur de retrouver un rythme personnel pour garder le contact avec la
réalité.
Des rituels simples peuvent être mis en place, avec l’aide du coparent ou non.
Si vous commenciez par vous reconnecter à vos sens ? Ils sont une belle porte
d’entrée vers vous-même…
Tout d’abord, pensez à l’espace sonore. Comment est votre environnement
actuel ? Si vous passez une partie de la journée seule avec votre bébé, restez-
vous dans le silence ? Si vous avez d’autres enfants plus grands, depuis combien
de temps n’avez-vous pas écouté autre chose que des comptines ? Choisir en
conscience ce qui viendra à vos oreilles, c’est aussi une manière de vous
réapproprier l’espace, et votre sensorialité. Alors avant de vous installer pour
une tétée, lancez une playlist qui vous fait du bien, pourquoi pas celle que vous
aviez préparée pour votre accouchement, ou au contraire celles reprenant les
chansons que vous écoutiez avant votre grossesse, sur lesquelles vous avez
dansé… Chaque jour peut être différent, chaque ambiance musicale aussi. Le
matin, ou à un autre moment de la journée, demandez-vous : OK, de quoi mes
oreilles ont-elles besoin d’être nourries aujourd’hui ? Cette simple question,
c’est vous prendre en compte en tant qu’individu. Parfois, votre envie sera
d’écouter un podcast plutôt que de la musique : très bien !
Veillez également à préserver une atmosphère saine : quelle que soit la saison, il
est essentiel de renouveler l’air en ouvrant les fenêtres, même brièvement,
plusieurs fois par jour. Votre vie avec un nourrisson est probablement plus
sédentaire que jamais ; peut-être, en cas de mauvais temps, passez-vous la
journée entière enfermée… Alors, votre bébé bien emmitouflé si les
températures sont fraîches, ouvrez en grand, et respirez ! Au moins matin et
soir, comme un rituel de remise à zéro de vos émotions, et à chaque fois que
l’envie d’air neuf se fera sentir… Vous pouvez également vaporiser dans votre
intérieur un hydrolat doux et apaisant : les huiles essentielles sont déconseillées
pour les bébés avant 3 mois, mais les hydrolats, récupérés à la fin du processus
de distillation des plantes aromatiques et moins riches en principes actifs, sont
utilisables à partir de la première semaine de vie. Choisissez-les en fonction de
vos envies et de vos besoins : fleur d’oranger (favorise la détente, calme les
angoisses, aide à surmonter la frustration), lavande vraie (favorise la détente,
aide à lutter contre le stress) ou la camomille (calme, relaxe, régule les
émotions)… Vous pouvez également utiliser une de ces eaux florales comme
une lotion toute douce à appliquer sur votre visage après l’avoir nettoyé (et à
défaut d’avoir eu le temps de vous offrir une douche…) : un joli rituel bien-
être avant de vous coucher !
Et votre peau, d’ailleurs, comment va-t-elle ? Pendant la grossesse, vous
enduisiez peut-être votre ventre d’huiles toutes douces pour éviter les
vergetures. Avez-vous à nouveau pris le temps de toucher votre corps en
conscience depuis la naissance de votre bébé ? Ou le privilège d’être massé est-il
maintenant réservé à votre enfant ? Si le peau-à-peau est primordial pour le
nourrisson après le retour à la maison, même et surtout quand ce contact n’a
pas pu avoir lieu à la naissance, il est essentiel pour la mère aussi ! Le toucher,
premier sens développé par le bébé, est un moyen de communication à investir
sans modération, entre vous et lui, mais aussi entre vous et vous ! Il stimule la
production d’ocytocine, la meilleure drogue de l’amour : effet antidépresseur
garanti…
Le bain n’est pas indispensable tous les jours : certains parents choisissent
d’ailleurs d’attendre huit à dix jours avant de baigner leur bébé pour la
première fois, afin de le laisser « profiter » de l’odeur de liquide amniotique sur
lui, et de permettre à sa peau d’absorber entièrement la couche de vernix qui la
recouvre. Le massage, lui, peut devenir le rituel bien-être quotidien, comme un
rappel de la vie in utero, pour permettre à chacun de vous de « se sevrer » en
douceur des sensations de contact et nourrir le lien d’attachement.
Le massage : quand, comment ?

• Peu importe le moment de la journée : choisissez un temps calme pendant lequel vous
disposez d’un relais pour occuper les aînés s’il y en a.
• Assurez-vous d’avoir l’esprit libre pour investir pleinement ce rituel de connexion.
• Soignez l’ambiance : lumière douce, chaleur…
• Mettez une tenue légère et confortable : votre bébé sera nu ou en couche, vous devrez
avoir chaud pour qu’il n’ait pas froid…
• Choisissez une huile végétale bio : l’AFMB (Association française de massage bébé)
recommande un mélange tournesol/colza (riche en oméga 3, en oméga 6, et en
vitamine E), en Inde, l’huile de sésame (aux vertus réchauffantes) est utilisée l’hiver, et
l’huile de coco (rafraîchissante) l’été… Votre bébé sera imprégné de l’odeur des huiles
choisies, et pourra y goûter en portant sa main à sa bouche : assurez-vous que cette
sensation soit agréable… Et, comme pour vous-même, testez toujours l’huile sur un
petit bout de peau pour vérifier qu’aucune réaction ne se produit.
• Informez votre bébé que vous allez le masser et assurez-vous qu’il est dans de bonnes
dispositions pour cela (c’est-à-dire qu’il ne montre pas de signes de faim ou
d’inconfort).
• Commencez par poser vos mains bien à plat et délicatement sur son ventre ou son
dos : c’est la « prise de contact », essentielle pour que votre bébé aussi puisse ritualiser
ce moment. Très rapidement, il décodera ce signal (et ceux qui l’ont précédé : l’odeur
de l’huile, vos mots…) comme une invitation à lâcher prise et à profiter pleinement
du massage.
• Privilégiez des mouvements amples et enveloppants et un contact franc (pas de
chatouilles !) avec la paume de la main ou la pulpe des doigts. Le massage du ventre
(dans le sens des aiguilles d’une montre) peut aider votre bébé à évacuer des gaz ; de
façon générale, les mouvements de haut en bas amènent de l’apaisement, et ceux de
bas en haut redynamisent (selon l’âge de votre bébé et son humeur du jour, il peut
être intéressant de « monter », puis de « descendre ») ; n’oubliez pas les bras, jambes,
pieds pour aider votre bébé à prendre conscience de ses limites corporelles !
• Restez à l’écoute de vos sensations et des réactions de votre bébé !
• Si votre bébé s’est endormi, enchaînez par un automassage juste pour vous…
• Et bien sûr, si vous ne vous sentez pas à l’aise avec cela, faites-vous offrir un atelier
pour être accompagnée dans vos gestes !
Si l’importance de nourrir affectivement son bébé n’a nul besoin d’être
argumentée, il est bien moins évident de se nourrir soi-même par la peau… Et
pourtant ! L’automassage apporte tous les bienfaits du massage (détente
musculaire et psychique, conscience des limites corporelles, ocytocine…) et
bien plus encore (s’offrir un « temps-cadeau » de soi à soi est inestimable…).
« J’ai tellement de choses à faire aujourd’hui que je dois méditer deux heures plutôt
qu’une » – Gandhi.
Méditer 2 heures par jour avec un nourrisson à la maison ? Bravo si vous y
arrivez ! Mais ce qui est à retenir de cette citation, c’est que vous accordez de
l’attention et des temps de qualité seront votre meilleur allié pour être
pleinement disponible au maternage de votre enfant, sans vous oublier.
13. Construisez
une vie en accord avec
vos valeurs

Dans nos parcours de vie bien balisés, bifurquer n’est pas toujours facile.
Pourtant, plusieurs directions sont toujours possibles : autorisez-vous à choisir
votre chemin sans culpabiliser.

Qu’ai-je envie d’incarner en tant


que femme ?
Pour beaucoup de femmes (et d’hommes !), la naissance de leur bébé vient
appuyer sur un premier « bouton », entraînant une prise de conscience qui elle-
même en amènera parfois bien d’autres. Ce fut le cas pour Carine !
« La maternité a été pour moi un grand défi, source de joies mais aussi de
difficultés, en ce qu’elle m’a forcée à m’intéresser et à apprendre à apprivoiser mes
propres émotions, chose que l’on ne m’avait jamais apprise. Mais un enfant, c’est très
fort pour titiller ces boutons émotionnels et j’ai été très vite essorée, rincée et fatiguée
de ces montagnes russes perpétuelles. Ça a été le début d’un long travail, les
émotions ont mené aux besoins, qui ont mené aux valeurs (ou est-ce l’inverse ?), à la
transmission. Au sens de la vie. Et in fine aux changements professionnels, pour
montrer l’exemple et aussi pour moi, ayant enfin trouvé ce qui m’anime
profondément. Avant j’étais une feuille qui vole au vent. Aujourd’hui je mène la
barque pour moi et mes filles, au sol certes, mais plus consciente des choix et des
voies qui s’offrent à moi » – Carine.
Ainsi, Carine est actuellement en reconversion professionnelle, s’intéresse de
près au féminisme et se dirige vers un mode de vie plus écologique pour elle et
sa famille.
Écologie et féminismes (oui, au pluriel, nous verrons pourquoi) font partie des
domaines qui s’ouvrent fréquemment après que les premiers boutons ont été
actionnés. Nombreuses sont celles qui vivent le passage de la maternité comme
un déclic vers ce qu’elles souhaitent incarner en tant que femme : pour leurs
enfants, pour le monde, et pour les autres femmes.
Ce déclic n’est pas toujours un bouleversement total et soudain des habitudes
de vie. Parfois, il est une graine qui vient s’enfouir là, et qui mettra du temps à
germer en douceur. La démarche écologique commence par de petits pas, de
petits gestes : passer aux légumes bio et locaux au moment de la diversification
alimentaire du bébé, acheter en vrac, faire attention à ses emballages… Et
parfois par de grandes questions : « Quel modèle serai-je pour mon enfant ? »,
« Quelle planète va-t-on lui laisser ? »… Face à certaines familles mettant en
place des changements radicaux dans leur mode de consommation, vous vous
sentirez peut-être « à la traîne »… Mais nul besoin d’aller très loin dans
l’écologie pour mettre de la conscience dans vos choix : une fois la graine
plantée, il n’y a pas de « petits » pas, seulement des avancées, toutes aussi
valables les unes que les autres.
De même, certaines auront du mal à se dire féministes, car elles ne se sentent
pas assez « calées » sur le sujet, pas encore au clair sur certains aspects, pas
complètement « déconstruites » (ce terme de déconstruction est souvent utilisé
pour qualifier le processus qui va permettre de se détacher des injonctions
sociétales visant à la fois les femmes et les hommes, de prendre ses distances par
rapport au système patriarcal qui régit nos cultures). Il peut être en effet
difficile de s’y retrouver, car il existe de nombreux courants féministes, qui
partagent pourtant tous un même objectif : définir, promouvoir et atteindre
l’égalité entre les femmes et les hommes, sur les plans politique, économique,
culturel et social. Il s’agit d’un mouvement polymorphe, qu’il est difficile de
réduire à un seul mode de pensée, il est donc plus juste de parler des
féminismes.

Le féminisme au pluriel

Actuellement, plusieurs grands courants féministes peuvent être observés :


• Le féminisme radical ou matérialiste rend visibles les inégalités sexistes comme les
conséquences directes de l’organisation patriarcale de la société et non comme une
suite logique des caractéristiques biologiques des femmes et des hommes.
• Le féminisme différentialiste ou essentialiste place quant à lui les différences
physiologiques entre femmes et hommes au cœur de ses préoccupations. Ainsi, le
matérialisme dénonce l’idée de différence comme étant à la source des inégalités,
tandis que l’essentialisme prône l’égalité dans la différence.
• Le féminisme intersectionnel ou inclusif souhaite prendre en compte la multitude
d’oppressions et de discriminations dont sont victimes les femmes racisées,
socialement défavorisées, ou LGBTQI+.
• Le féminisme pro-sexe, assez minoritaire, est pourtant pleinement ancré dans les
questions de maternité, car en lien direct avec l’accouchement, la santé sexuelle, les
pratiques gynécologiques et obstétricales… et l’empowerment des femmes.

Enfin, là où l’écologie et le féminisme se rencontrent est né l’écoféminisme :


celui-ci souligne le lien entre l’oppression des femmes, d’une part, et
l’exploitation des ressources naturelles, d’autre part. Selon cette pensée, le
système patriarcal, basé sur les rapports de force et de domination, est à
l’origine non seulement des inégalités entre femmes et hommes, mais aussi de
la situation écologique actuelle.
Ces apports théoriques peuvent donner le tournis, et l’étroite imbrication de
ces problématiques (écologie, féminisme, maternité…) semblent en faire un
nœud difficile à démêler au premier abord. Pourtant, aujourd’hui femme et
mère, vous êtes au cœur de l’ensemble de ces questions : personne ne pourrait
s’en approcher mieux que vous. L’écoféminisme nous montre à quel point
remettre le féminin au centre, c’est déjà envisager le monde d’une autre
manière.
Et si les changements les plus radicaux étaient à la portée de toutes celles qui le
souhaitent ? Ralentissez, écoutez-vous, écoutez les femmes, prenez soin (de
vous, des autres, du monde) par des actes ou des intentions, et voyez où cela
vous mène, dans le respect des choix de chacune !

Vers une meilleure qualité de vie


Si la transition vers un monde plus écolo est aujourd’hui indispensable pour le
bien-être de la planète, elle apportera également à vous et à votre famille des
bienfaits directs et immédiats.
Eleni Gravière, après un début de parcours professionnel dans la chimie et la
cosmétique, a choisi de se réorienter après la naissance de son fils en 2017 : elle
fait aujourd’hui du conseil, de la prévention, et forme des professionnels de
santé et de la petite enfance à la santé environnementale. La santé
environnementale met en lumière l’impact de notre environnement proche ou
global sur notre santé, celle de nos enfants, et celle des générations à venir. Ceci
inclut notre cadre de vie (qualité de l’air intérieur, exposition aux ondes et au
bruit…), notre mode de vie (stress, alimentation…), la pollution extérieure
(eau, air, terre…) et le dérèglement climatique.
Sandrine, mère de deux enfants et enceinte du troisième, est devenue amie avec
Eleni alors que son deuxième enfant avait 6 mois. Cette rencontre et la
découverte de la notion de « santé environnementale » l’ont conduite à
envisager différemment son mode de vie, et, pas à pas, à cheminer vers des
choix plus conscients.
« Pour ma première grossesse, mon sage-femme m’a demandé si je mangeais bio
(sans injonction aucune), et cela m’a questionnée. Ma rencontre avec Eleni m’a
permis d’aller plus loin dans mes réflexions : depuis, je privilégie le bio ou le
raisonné et je cuisine maison (enfin sans pression non plus, les compotes en mini-
doses à emporter cela m’arrive aussi !). Je fais attention à ce que je mets sur la peau
de ma famille, je bannis autant que possible le plastique, je privilégie les vêtements
d’occasion. Pour la pollution intérieure, en plus de faire attention à la peinture,
aux solvants, aux ondes, il y a un rituel vraiment très simple et efficace que je tiens
d’Eleni1 : aérer mon logement 10 à 15 minutes deux fois par jour. Un “flop” par
contre pour moi ce sont les couches lavables : vraiment logistiquement je n’y suis pas
arrivée, alors tant pis, c’est du jetable bio ! » – Sandrine.
Bien informée, Sandrine a pu avancer vers un environnement de vie plus sain
pour elle et sa famille, tout en respectant ses limites et sans se mettre en
danger… En effet, l’heure n’est pas aux défis existentiels : mais sans viser la
perfection, vous pouvez mettre à profit la transformation que vous êtes en train
de vivre pour aller en douceur vers un autre mode de vie.

Santé et prévention, un pas après l’autre

• Pour votre alimentation et celle de votre enfant, commencez par choisir certains
produits dans leur version bio : légumes et produits « de base » par exemple (farine,
huiles…).
• Examinez les produits transformés que vous consommez habituellement : quel est leur
impact sur l’environnement et sur votre santé ? Pourraient-ils être remplacés par des
versions « minimalistes » faites maison ? Un achat (robot culinaire, mixeur…)
pourrait-il vous aider à les cuisiner vous-même sans y consacrer trop de temps ?
• Faites de même pour vos produits d’hygiène : quelle est leur composition ?
Contiennent-ils des perturbateurs endocriniens ou d’autres substances à éviter2 ?
Quelle alternative pourrait être adaptée à votre famille, en fonction de vos habitudes
et de votre budget (produit bio, savon et shampoing solides…) ? Sont-ils tous utiles ?
Choisissez les produits les plus simples dans leur composition. Pour les objets de déco,
les meubles, les vêtements, demandez-vous si un achat d’occasion est possible : les
particules indésirables sont davantage libérées par ces produits quand ils sont neufs.
• Si vous achetez des vêtements ou des jouets neufs, lavez-les toujours avant la première
utilisation.

Quelques autres pistes ? Pour amorcer votre propre cheminement, de la façon


qui sera la plus juste pour vous, posez-vous la question de la prévention au sens
large, en considérant la bonne santé comme un équilibre à préserver. De
nombreuses actions peuvent être mises en place dans cet objectif : agir sur votre
environnement, bien sûr, mais aussi anticiper les difficultés (en emmenant
votre enfant chez l’ostéopathe après sa naissance ou en cas de chute, par
exemple, sans attendre d’éventuels signes douloureux) ou choisir avec soin des
professionnels de santé en accord avec vos valeurs.
Si la santé environnementale, c’était tout simplement investir pleinement son
rôle de parent, pas seulement dans la gestion d’urgence du quotidien, mais
aussi dans la prise de responsabilité par rapport à ses choix à moyen et long
terme ?

Maternage : à l’écoute de vos besoins


et de ceux de votre bébé
Une naissance après l’autre, de prise de conscience en prise de conscience, votre
transformation pourrait être beaucoup plus radicale que ce que vous
l’imaginiez au départ…
Car un monde inconnu, entraperçu au fil de la grossesse, s’ouvrira à vous dans
le maternage de votre bébé. Un monde inconnu peuplé de pratiques diverses,
et au milieu desquelles il est parfois difficile de se repérer… Quelques
exemples ?
Pour garder au sec les fesses de votre bébé, il existe les couches jetables
« classiques », les couches jetables écologiques (conçues à partir de matériaux
certifiés pour préserver la peau et l’environnement, parfois même
compostables), les couches lavables (avec de nombreux modèles et coupes
adaptés à vos besoins et à la morphologie de votre bébé), et même l’hygiène
naturelle infantile (l’HNI est une pratique de maternage consistant à laisser
votre bébé sans couche, et à apprendre à repérer les signaux subtils manifestant
un besoin d’uriner ou d’émettre une selle) !
Pour nourrir votre bébé, bien sûr il y a l’allaitement au sein ou le biberon (qui
peut aussi être donné de façon plus physiologique : à la demande, biberon
maintenu à l’horizontale, temps de pause et de respiration du bébé
respectés…). Il est aussi possible d’utiliser un tire-lait (à la reprise du travail ou
pour vous permettre de vous absenter en toute tranquillité), de donner du lait à
l’aide d’un dispositif d’aide à la lactation (le DAL est un système très simple
qui permet au bébé de recevoir un supplément de lait pendant qu’il prend le
sein), d’un biberon-cuillère (visant à éviter la « confusion sein-tétine » parfois
induite chez les bébés nourris au biberon chez la nounou ou à la crèche, et
retrouvant le sein le soir), ou même simplement d’une tasse (dans le but
également d’éviter la confusion sein-tétine… et aussi pour l’aspect pratique et
minimaliste si vous ne souhaitez pas investir dans un objet spécifique pour une
utilisation occasionnelle). Les options sont multiples !
Elles le sont aussi concernant l’étape de la diversification, souvent perçue
comme un passage périlleux à ne surtout pas louper. Les recommandations de
l’OMS, basées sur les besoins physiologiques du bébé, sont claires : il est inutile
d’introduire l’alimentation solide avant les 6 mois du bébé. Et en cas
d’allaitement maternel, le lait pourra combler l’ensemble de ses besoins
nutritionnels jusqu’à un an (l’allaitement étant ensuite recommandé au moins
jusqu’au deuxième anniversaire du bambin). Pour les bébés nourris au sein,
ceci laisse donc une large marge de manœuvre entre le début de la
diversification possible et le moment où le bébé aura un réel besoin d’aliments
complémentaires. En réalité, il en est de même pour les bébés recevant du lait
artificiel : possibilité de débuter la diversification à 6 mois ne signifie pas
obligation de résultat. Ainsi, si votre bébé ne s’intéresse pas encore aux aliments
solides, n’hésitez pas à différer les premières purées, et, comme toujours, faites-
vous confiance ! Certains bébés allaités, malgré leur intérêt visible pour ce que
vous mangez, refusent énergiquement toute tentative de diversification
« classique » (purée de légumes bien lisse donnée à la cuillère). Depuis leur
naissance, ces bébés gèrent seuls leur alimentation (et oui, ils « prennent » le
sein par eux-mêmes, puis gèrent à leur guise le débit et la composition du lait
reçu), et si c’est votre souhait, ils peuvent continuer grâce à la diversification
menée par l’enfant (en DME, les aliments sont présentés à l’enfant directement
en morceaux : il peut les saisir, découvrir leur texture, les goûter, les
dévorer…). Cette pratique est réservée aux bébés capables de s’asseoir par eux-
mêmes et de « tenir » la position assise, et doit être mise en place sous la
surveillance d’un adulte. Elle est souvent choisie par les parents sans même que
la solution « purées » ne soit envisagée, pour favoriser la découverte de
l’alimentation, et offrir au bébé d’apprendre à manger à son rythme et avec
joie. De nombreux ouvrages et sites internet vous permettront d’en savoir plus
sur cette approche3.
Nous pourrions continuer à explorer la diversité des pratiques possibles en
passant par le sommeil (partagé ou non ?), la motricité (libre ou non ?), les
balades (poussette ou écharpe ?) les jouets et le « matériel » (approche
Montessori ?)… Mais comment sentir ce qui conviendra le mieux à votre
famille et à votre enfant ? Souvent, la réponse vient de l’expérimentation plutôt
que de la théorie.

Le portage

Le portage évoque souvent le porte-bébé (pas toujours respectueux de la physiologie) ou


l’écharpe (dont les nouages peuvent faire peur au premier abord). En réalité, il commence
par vos bras !
En effet, l’essentiel n’est pas l’outil, mais la manière. Pour bien porter votre bébé, veillez à
toujours soutenir sa base (une main sous ses fesses) de façon qu’il puisse rester
« regroupé », les jambes pliées « en grenouille » et le dos arrondi. Votre deuxième main,
placée en haut de son dos sans bloquer les mouvements de sa nuque, permettra à votre
bébé de se sentir sécurisé et de maintenir sa tête dans le prolongement de sa colonne
vertébrale.
Si vous souhaitez investir dans un outil de portage, garder en tête ces éléments de
physiologie vous permettra de faire le meilleur choix. Votre bébé devra toujours :
• être soutenu au niveau de la base, les jambes repliées et les genoux plus haut que les
fesses, l’ensemble formant un « M » d’un pied à l’autre ;
• avoir le dos enroulé (arrondi), bien soutenu par le tissu qui devra pouvoir être
parfaitement ajusté ;
• pouvoir porter ses mains à son visage s’il en ressent le besoin ;
• être à « hauteur de bisous », ni trop bas, ni trop haut !
Ceci sera possible dans une écharpe de portage ou dans un sling (une écharpe courte
équipée de deux anneaux permettant d’éviter d’avoir recours à un nouage, ce qui en fait
l’outil le plus facile à utiliser et rapide à installer) en sergé croisé (un tissage particulier
conférant au tissu résistance et souplesse) ou en jersey (une matière très extensible qui ne
devra cependant pas manquer de tenue). Les porte-bébés « préformés », même
physiologiques (pourvu d’une assise large), sont à réserver aux bébés de plus de 6-8 mois
(dont le dos et les hanches sont suffisamment matures) ; les autres (soutenant uniquement
l’entrejambe) sont à éviter quel que soit l’âge de l’enfant.
Le portage « face au monde » est également à proscrire : si votre bébé manifeste l’envie
d’être davantage en interaction avec son environnement, un portage sur la hanche ou au
dos pourra répondre à ce besoin.
Cela vous semble encore compliqué ? Un atelier avec une monitrice de portage pourra
vous rassurer et vous permettre d’apprendre les bons gestes !

Frédérique, aujourd’hui mère de trois enfants, a vu sa vision des choses, et de


fait, sa façon de materner ses enfants, évoluer au fil des naissances. Elle
raconte :
« Mère pour la première fois, je suis le modèle conventionnel : retour au travail
rapide et une vie pro très active, avec malgré tout un allaitement de 9 mois et la
pratique du portage. Mais cela ne me satisfait pas, je ferais différemment la
prochaine fois !
La famille s’agrandit et je reste à plein temps avec mes deux enfants, j’ai le temps de
vivre et le soutien logistique du papa. Je pratique le cododo. Le monde de la
grossesse et de l’éducation me fascine, je m’en nourris en parallèle de ma découverte
de l’agroécologie et de la permaculture, des domaines très liés.
Troisième grossesse, j’ai l’envie d’expérimenter les pouvoirs de mon corps : naissance
à la maison et zéro déchet. Je me nourris des liens, de vivre aux rythmes de mes
enfants, je découvre, j’expérimente et je grandis » – Frédérique.
Comme beaucoup d’autres femmes, c’est en se rencontrant mère que
Frédérique a su quels choix seraient les meilleurs pour elle-même et sa famille.
À chaque naissance, le chemin a été différent, et pourtant il était toujours en
accord avec ce qui se vivait à ce moment-là au niveau familial : voilà bien
l’essentiel.
Se connecter aux besoins de son bébé sans perdre de vue les siens en tant que
femme semble au premier abord une tâche ardue. Cette écologie de la relation
parent-enfant, qui vise l’épanouissement harmonieux de chacun porte un
nom : il s’agit de l’« écoparentalité ». Elle propose une vision dans laquelle les
besoins de la mère et ceux du bébé sont en parfaite adéquation (alors que les
exigences de la société dans laquelle nous évoluons à tendance à opposer ces
besoins).
Ainsi, le sommeil partagé (ou cododo), a prouvé ses bienfaits aussi bien pour le
bébé (proximité avec ses parents, meilleure régulation de sa température
corporelle, réassurance…) que pour la mère (moins de stress concernant la
qualité de sommeil du bébé, allaitement facilité et possible sans sortir du lit…).
Pourtant, il rencontre en France encore beaucoup de réticences culturelles, et il
peut être stigmatisé par certains professionnels de santé (certains parents font
donc tout simplement le choix de mentir au pédiatre concernant la façon dont
dort leur bébé…). Quel dommage de faire porter aux parents cette culpabilité
de « mal faire » alors qu’ils ont choisi l’option la plus à même de répondre au
mieux aux besoins de chacun ! De la même manière, diversifier l’alimentation
de son bébé selon les principes de la DME, le porter en écharpe, le laisser libre
de ses mouvements sur un tapis au sol (motricité libre)… sont des choix
parfaitement adaptés aux besoins du bébé, et bien moins coûteux en énergie
pour les parents que la préparation de purées, le transport d’une poussette ou
l’utilisation de matériel de puériculture coûteux et élaboré.
De plus en plus de familles font le choix d’aller ainsi vers plus de simplicité et
de se détacher des normes encore en vigueur en Occident, et c’est de cette
manière-là que les normes finissent par évoluer…
14. Trouvez votre nouvel
équilibre

Vivre les changements qui s’enchaînent, et s’y ajuster tout en restant en


harmonie avec soi-même, quel exercice de style !

Bonjour charge mentale


D’après les statistiques récentes, la répartition des tâches domestiques et
parentales au sein des couples hétérosexuels n’a pas progressé depuis quarante
ans. Dans de rares foyers, cette répartition est relativement équitable. Et la
charge mentale ?
Ce travail invisible de gestion, organisation et planification des tâches
quotidiennes ne peut que très difficilement être diminué ; il devrait donc être
réparti de la façon la plus équitable possible entre les personnes vivant sous le
même toit. Mais la plupart du temps et sans surprise, chez les couples
hétérosexuels sans enfant, il pèse déjà majoritairement sur la femme. Et à la
naissance du premier enfant, l’équilibre, s’il existait, vole en éclats : la charge
mentale portée par les femmes explose, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, il y a le « congé » maternité. Rarement une période d’interruption de
travail a été aussi mal nommée. Puisque les nouvelles mères sont en congé, elles
peuvent et doivent alléger au maximum la charge du coparent, qui travaille,
lui ! Un déséquilibre durable s’installe alors pour de nombreux couples. Ce fut
le cas pour Florence et son compagnon, qui partaient pourtant sur des bases
solides de partage des tâches…
« Avant la naissance de notre enfant, nous partagions naturellement cette idée
d’équité au sein de notre famille. Puis nous nous sommes fait engloutir, tout
bonnement. Moi, inlassablement les mêmes journées auprès de notre fille. Je
m’occupais de tout, sauf de moi. Il était normal, après tout, que je fasse plus que
mon mari, il travaillait et percevait l’ensemble des revenus de notre foyer. Jusqu’au
jour où, après une série de journées difficiles, de mois entiers à porter tout le monde,
je me suis effondrée, une seule chose m’animait : PARTIR » – Florence.
Malgré toutes les bonnes intentions de départ, l’inégalité dans la répartition de
la charge mentale se creuse insidieusement. Les femmes, victimes de cette
mécanique qu’elles ont parfois contribué à créer, réagiront différemment selon
leur personnalité. Leur estime personnelle peut être diminuée face à leur
incapacité à prendre en charge ce que toutes les mères assument avec facilité
(en apparence). Une rancœur peut s’installer vis-à-vis du coparent dont la vie a
si peu été chamboulée par l’arrivée du bébé. Elles peuvent s’éteindre, se faire
violence, sombrer dans le burn-out… ou envisager purement et simplement de
tout plaquer.
Facteur aggravant, la société, les proches, et une entité que nous pourrions
appeler « inconscient collectif » nourrissent des attentes surréalistes vis-à-vis des
femmes-mères, doublées d’une douce complaisance vis-à-vis de la mignonne
maladresse des hommes-pères, dont on ne cesse de féliciter l’implication accrue
ces dernières dizaines d’années. Car les papas d’aujourd’hui, n’est-ce pas,
accompagnent volontiers leurs enfants au parc après que les mamans ont
préparé les couches, l’eau, les lingettes, le goûter, la casquette, les mouchoirs…
ils font gentiment les courses pourvu que leur compagne leur ait donné une
liste précise, et ils emmènent parfois leur bébé à la crèche, crèche dont ils ne
connaissent pourtant pas le numéro de téléphone car c’est toujours leur femme
qui appelle en tous les cas (c’est aussi toujours elle qui est appelée en premier…
coïncidence ?). Les mamans, elles, sont censées pouvoir gérer sans distinction
stock de couches, horaires de siestes, préparation du sac à langer pour les sorties
familiales, planification des repas, liste des courses, rendez-vous médicaux,
recherche d’informations sur les dernières recommandations relatives au bon
développement psychomoteur de leur bébé… Le tout sans qu’aucune médaille
ne leur soit décernée : ce sont des femmes, et cette part de travail invisibilisé
leur incombe « naturellement ».
Car les mères elles-mêmes pensent souvent ce déséquilibre comme « naturel ».
Elles ont vu leur propre mère endosser la majeure partie de la charge mentale :
cette accumulation de tâches invisibles est donc vécue comme une norme.
Florence, à deux doigts de craquer, a pu prendre conscience de l’injustice de la
situation, et ouvrir le dialogue avec son conjoint pour trouver un autre
fonctionnement :
« Mon mari a réalisé à quel point nous étions loin de nos idéaux. Maintenir
l’échange et la communication a été l’une des clés pour nous. Le reste, c’est de la
confiance en soi et en l’autre. Pères, vous savez aussi bien que nous ce qui est bon
pour votre enfant (et sinon, il y a Google !). Passer du temps avec lui est la meilleure
façon d’apprendre à le connaître et prendre confiance en vous. Prenez cette place
auprès de lui, vous ferez un enfant heureux. Mères, faites-leur confiance, ils savent
si on leur laisse suffisamment de place. Ça ne sera certainement pas fait à votre
manière, mais est-ce vraiment le plus important ? » – Florence.
Bien sûr, une communication sereine dans le couple est une aide précieuse
pour sortir de ce type d’impasses. Mais vous seule avez le pouvoir de redéfinir
votre espace personnel à votre convenance. En tant que mère, des injonctions
diverses (dont certaines sont intériorisées depuis l’enfance) vous poussent à
vous conformer à un fonctionnement très stéréotypé : « Pour être une bonne
mère, je dois… », « Toutes les autres y arrivent, pourquoi pas moi ? », « Je dois
renoncer à mes cours de poterie car… » En tant que femme, sentez-vous libre
de revendiquer autre chose ! Si votre bébé est une fille, aimeriez-vous qu’un
jour (dans vingt ans, dans trente ans, demain…) elle renonce à une activité qui
lui tient à cœur pour consacrer plus de temps à sa charge mentale de mère ? Si
une autre femme de votre entourage assumait de « ne plus y arriver » et de
demander du soutien à son compagnon, ne vous sentiriez-vous pas en
empathie avec elle, ne l’encourageriez-vous pas à prendre soin d’elle et à
affirmer ses besoins ? Si une amie doutait de ses capacités à être une bonne
mère parce qu’elle n’arrive pas à préparer des petits pots maison, lui jetteriez-
vous des pierres ou essayeriez-vous de la rassurer ?
Le chemin est long vers l’égalité dans le couple parental. Il passe par la nécessité
de se dissocier de sa propre mère (référence féminine de l’enfance, pourtant
rarement perçue comme une « vraie femme »). Il passe également par la
déconstruction des schémas : la gestion de la maison qui incombe
« naturellement » aux mères est en réalité une tâche « de couple », à partager
entre les adultes (et plus tard les enfants assez grands pour faire leur part)
vivant sous le même toit.
En tant que femme, sentez-vous libre de vous apporter autant de bienveillance
que vous en offrez à votre bébé, à vos amies, aux autres femmes : ce n’est pas
parce qu’une situation est la norme actuelle qu’elle doit être considérée comme
acceptable.

La mère idéale n’existe pas !


Avez-vous remarqué le léger glissement dans la façon dont vous êtes perçue par
vos proches (et dont vous vous percevez parfois vous-même) depuis votre
grossesse et la naissance de votre bébé ? Comme si vous n’étiez plus
uniquement « vous », mais aussi et avant tout, « une mère ». Comme la
question de la charge mentale le montre, les attentes de la société vis-à-vis des
compétences maternelles des femmes sont immenses, et elles incluent des
éléments psychiques, des traits de caractère, des attitudes très codifiées. Ainsi,
« la mère » serait spontanément plus bienveillante et patiente que l’autre
parent, plus à même d’endormir son enfant ou de soigner ses petits bobos (avec
un bisou, bien sûr), plus à cheval sur l’heure des repas et sur la propreté des
mains, et elle dirait des phrases du type : « Mets ton bonnet, tu vas prendre
froid »… « Le père », lui, serait le garant de l’autorité, il serait appelé à la
rescousse quand rien ne va plus, il ne faudrait pas le déranger quand il lit son
journal ou regarde une émission sérieuse (ou pas), et il dirait plutôt des choses
comme : « Si on commandait des pizzas ? »
Tout ceci est volontairement caricatural (quoique…), mais si vous n’y prenez
pas garde, vous pourriez incarner plus vite que prévu ces projections sociétales :
une mère « sage », posée, patiente, gardienne de l’ordre et des rythmes… à ses
côtés, un père qui gronde (rarement mais fort), joue, rit, s’autorise à retomber
en enfance. Quelle est la part de réalité dans ces clichés ? À combien de femmes
(et d’hommes) cela ne correspond-il pas ?
Lili est devenue mère à 21 ans. Son « jeune âge » (d’après les standards) lui a
valu, pendant une bonne partie de sa grossesse et son accouchement, de lutter
pour ne pas être infantilisée par le corps médical. Heureusement, de retour
chez elle avec son bébé, les projections sociétales se sont suspendues… pour un
temps seulement.
« Tant que ma fille était petite, moins d’un an je dirais, je me sentais assez préservée
de tout ce qu’il fallait faire ou pas en tant que mère.
Puis, elle est entrée à la crèche, j’ai commencé à croiser d’autres mamans, et je les ai
trouvées un peu “mieux mères” que moi. Toujours un paquet de mouchoirs dans le
sac, et cette façon si douce de consoler leur bébé… Alors au fil des mois, j’ai essayé
de m’améliorer. Et, vraiment, je me suis améliorée sur beaucoup de choses (les
mouchoirs !).
Mais, j’étais devenue la maman typique de la pub : j’absorbais les cris de ma fille
dans une bienveillance absolue (alors que parfois j’avais envie de hurler moi aussi),
mais je lui faisais les gros yeux pour des broutilles, je lui disais non pour un biscuit
avant de manger, alors qu’en fait, je m’en fichais complètement (elle avait toujours
eu un super appétit) » – Lili.
Il semble normal, comme Lili, de faire de son mieux et de tenter de s’améliorer
en tant que mère. Mais dans quelle direction, et à quel prix ? OK, les
mouchoirs dans le sac sont une excellente idée. Tenter de rester à l’écoute des
émotions d’un bambin sans se laisser déborder par les siennes aussi (dans la
mesure où cela reste aussi dans la bienveillance envers soi-même). Et les gros
yeux, les interdits alimentaires à telle ou telle heure, le canapé sur lequel il ne
faut pas mettre les pieds… Bien sûr, ce sont toutes de bonnes idées… si ce sont
les vôtres ! Ce sont de bonnes idées si elles sont en accord avec votre
perception, vos besoins, et votre façon d’envisager vos rapports avec votre
enfant.
Un jour, alors que sa fille avait 2 ans et demi, Lili a surpris son conjoint en
train de lui donner en cachette un biscuit avant de manger. Tous les deux
semblaient ravis : « On ne dit rien à maman » ; Lili s’est sentie trahie, et s’en est
suivie une grosse dispute au cours de laquelle elle s’est vue reprocher ses
attitudes de « mère parfaite », ses « nouvelles obsessions » pour le rangement, et
ses règles « sorties de nulle part ». Une énorme douche froide pour elle qui se
donnait tant de mal pour s’améliorer. Et la prise de conscience qu’elle non plus,
n’aimait pas cette nouvelle version d’elle-même, patiente à s’en oublier, stressée,
accro aux horaires, chasseuse de miettes sous la table, etc.
Il a fallu du temps pour permettre à Lili et à son compagnon de retrouver un
équilibre qui convienne à chacun, de retrouver qui ils étaient en tant
qu’individus, au-delà de la parentalité. Elle a commencé par se demander, à
chaque fois qu’une phrase ou une action lui venait : « Qui parle ? » Parfois
c’était la maman de la pub, parfois celle de la rue (qui semblait tellement plus
posée, mature, opérationnelle qu’elle… mais qui n’était pas elle), parfois sa
propre mère (que, pourtant, elle n’avait jamais voulu prendre comme
modèle…). Parfois, miracle, c’était sa propre voix, ses propres élans, à accepter
une sortie au parc à l’heure du bain, à dire non quand ça fait non à l’intérieur,
à déléguer au papa aussi souvent que nécessaire. Il a donc dû, de son côté,
lâcher les attitudes typiques qu’il avait inconsciemment projetées sur eux à
l’instant où ils sont devenus parents : arrêter d’attendre qu’on lui dise de venir
se mettre à table, car parfois il devait lui aussi être le gardien du timing,
prendre le relais pour sa fille pas seulement quand Lili était à bout, être celui
qui joue au crocodile dans le couloir mais aussi être capable de ramener son
enfant au calme sans appeler « la mère » au secours.
Au-delà des clichés autour de la femme et de la mère, vous avez le droit d’être
vous-même avec toutes vos caractéristiques propres. Alors, si vous continuiez à
aimer ce que vous aimiez (que ce soit la littérature classique, les films d’horreur,
les concerts de rock…) et à faire ce que vous faisiez (du point de croix, des
plats très élaborés que vos enfants n’aiment pas, des sports extrêmes – pas les
premiers mois après votre accouchement, tout de même), plutôt que d’essayer
de vous couler dans l’image de la mère rêvée ou fantasmée ?
Rester soi-même, c’est aussi un projet de couple (couple qui est parfois le
premier lieu d’injonctions inconscientes). En posant les choses à deux, dans un
dialogue constructif, vous pourrez identifier quelles sont vos projections sur la
mère, et le père… Et tenter de vous en défaire ! Car la mère ou le père idéal
n’existent pas : il n’y a que des parents et des individus.
En vous accordant à chacun la place que vous souhaitez prendre à la maison,
vous aurez beaucoup plus de facilités à occuper également cette place dans le
monde !

Vers la reprise du travail… ou pas !


Que vous souhaitiez reprendre rapidement le travail ou non, la question de
votre nouvelle place de femme-mère dans la société se posera tôt ou tard.
Le retour à une vie professionnelle après le congé maternité est souvent perçu
comme un mal nécessaire : « C’est difficile mais cela fera du bien à ton bébé
comme à toi. » Tout est parfois faux dans cette phrase. Pour certaines, ce ne
sera pas difficile, ce sera le bol d’air qu’elles attendent depuis des semaines, la
reprise de contact avec un métier-passion ou tout simplement le bonheur de
retrouver une vie active, des collègues sympas ou une stimulation intellectuelle.
Pour d’autres, au contraire, cela ne fera aucun bien, ni à elles, ni à leur bébé, ce
sera juste trop tôt. Ces mères ne sont ni indifférentes ni fusionnelles, et aucune
d’entre elles ne devrait avoir à culpabiliser de ses ressentis…

Que ce soit un vrai choix ou une contrainte, comment bien reprendre


le travail ?

• Ne minimisez pas ce passage et considérez la reprise à la hauteur de ce qu’elle est : un


grand chamboulement pour votre bébé et vous (parfois pour l’ensemble de la famille,
en particulier si des enfants plus grands ont eux aussi pu profiter de votre présence à la
maison).
• Rendez le reste de votre quotidien aussi flexible que possible pour « amortir » les
nouvelles contraintes (horaires, trajets…) : peut-être votre aînée ratera-t-il ses cours de
judo pendant une semaine ou deux, faudra-t-il renoncer à acheter les légumes au
marché cette fois-là, le dimanche se passera-t-il en pyjama…
• N’oubliez pas votre doudou (le cap est parfois plus difficile à passer pour la mère que
pour le bébé) : vous aussi, vous avez bien le droit à un objet transitionnel… Si vous
avez décidé de tirer votre lait au travail, des photos de votre bébé (ou une vidéo ou
enregistrement audio de ses gazouillis) vous aidera à vous mettre dans le bain
d’ocytocine nécessaire à une éjection optimale du lait.
• Connaissez vos droits : votre nouveau statut de mère, l’aménagement éventuel de vos
horaires si vous reprenez à temps partiel ou votre besoin de tirer votre lait dans un
local décent ne doivent pas faire de l’ombre à la place que vous occupez.

Certaines femmes ont la chance de pouvoir travailler et materner en même


temps. Laura, qui tient avec son conjoint Thomas, une épicerie bio, vrac et
engagée, a pu vivre cette expérience :
« Au bout de 3 mois, j’ai repris le travail avec notre bébé en portage. D’un côté, j’ai
vraiment apprécié d’avoir l’opportunité de mêler ma vie privée et ma vie
professionnelle : cela a permis à notre enfant d’avoir la présence et
l’accompagnement de ses deux parents pendant ses 6 premiers mois. J’ai senti une
plénitude de pouvoir rester avec notre bébé qui avait vraiment besoin de nous les
premiers mois et j’ai beaucoup apprécié l’aspect militant de l’allaitement devant les
clients !
D’un autre côté, je me suis parfois sentie déstabilisée : les clients me posaient
beaucoup de questions, alors que j’avais besoin de garder une intériorité.
En résumé, une magnifique expérience que de retrouver sa place dans sa vie
professionnelle tout en pouvant y intégrer un nouvel être qui découvre le monde en
même temps que vous travaillez » – Laura.
Et pour celles qui choisissent de ne pas reprendre d’activité professionnelle ?
Votre place dans le monde ne se résume pas à un « travail » (tel que la société
l’entend…), et être mère au foyer n’empêche pas de cultiver son féminin à
travers des activités hors sphère maternelle, avec ou sans bébé sur le dos. Sur le
dos… Car le portage (idéalement en écharpe ou porte-bébé physiologique)
pourrait être le meilleur allié de votre indépendance. Bébé au plus près de vous,
vos mains et votre esprit sont libres d’aller partout (tandis que ses besoins de
proximité sont comblés). Car il est temps que les mères se réapproprient
l’espace public à la hauteur de leurs envies : restaurant entre amies, balades en
forêt, sorties diverses avec les autres femmes de la tribu constituée au fil des
rencontres. Des réactions très fortes sont suscitées aujourd’hui encore par
l’allaitement « en public » (qui pourrait être nommé tout simplement
allaitement « hors du foyer », puisque les femmes qui donnent le sein à leur
bébé à la terrasse d’un café ou dans un magasin ne recherchent aucun
« public » : elles ne font que répondre à la faim de leur enfant, qui peut se
manifester partout…). Peut-être que si davantage de femmes osaient occuper
pleinement leur place, y compris en tant que mères (et y compris en allaitant
leur bébé partout, si tel est leur souhait), et en incluant donc leurs enfants,
petits, grands, bruyants, vivants… aux activités du monde, les perceptions
s’ouvriraient sans doute sur ce qu’est réellement la parentalité ?
Alors, vivez selon vos envies ! Sortez avec votre bébé, ne visez pas trop haut la
première fois, préparez d’avance un sac à langer minimaliste pour pouvoir
renouer avec un peu d’impro… Votre place de femme-mère est partout où
vous déciderez de la faire.
IV. Cultiver la sororité
La sororité, lien de femme à femme, de sœur à sœur, va un peu
plus loin que la fraternité dont elle est le féminin. Car les
femmes ne sont pas des hommes au féminin, mais des
individus qui partagent, au-delà d’un genre, des injonctions et
des oppressions invisibles à force d’avoir été intégrées comme
normales.
15. Libérez-vous
des injonctions

Elles sont partout, les injonctions ! Et elles vous attendent de pied ferme du
côté de la maternité : comment vous en détacher et suivre votre chemin sans
vous attacher à des idéaux irréalistes ?

Autant de mères que de femmes


Chacune étant différente, la femme n’existe pas plus que l’homme. Elle est
présente pourtant dans les clichés et les archétypes, sous des formes
caricaturales ou subtiles, dans lesquelles vous pourrez tour à tour vous
reconnaître ou non.
Un peu plus de fluidité pourrait permettre à chaque mère de construire qui elle
est, sans se placer en opposition ou en réaction par rapport à ce qu’elle devrait
être ou pas (aux yeux de qui ?), mais en piochant le meilleur pour elle à
l’instant t dans la grande marmite des possibles.
Dans une recherche de cohérence et d’alignement, il est parfois tentant de vous
fondre dans le moule que vous avez vous-même fabriqué sur-mesure. Mais
aucun de vos choix ne devrait être conditionné par vos choix précédents : écolo
dans l’âme, vous restez libre de choisir le biberon ; après avoir été rassurée par
un accouchement médicalisé, vous pratiquerez peut-être ensuite un maternage
très proximal et vous tiendrez loin du matériel « technique » de puériculture.
Florence avait une idée très arrêtée de qui elle serait en tant que mère : non,
elle ne ferait pas partie de celles qui ne pensent qu’à leur enfant et oublient
d’être femme ! Et puis, son bébé est arrivé…
« J’ai mis longtemps à accepter cette nouvelle condition qu’est être mère, une
mutation violente, une dépossession totale, qui passe par le physique, le
psychologique et l’hormonal. J’ai repris le travail quinze jours après mon
accouchement tout en m’occupant d’un nourrisson, je voulais être belle et désirable,
me sentir femme de nouveau et retrouver ma libido alors que j’allaitais notre fille.
Je faisais tout et son contraire, en n’arrivant pas à trouver ma place. Pour me
rassurer, je m’accrochais à tout ce que j’avais été avant la naissance de notre fille,
mais j’avais changé. “Neuf mois pour faire, neuf mois pour défaire”, qu’est-ce que je
déteste cette phrase ! Je dois bien l’avouer, elle est assez proche de la réalité. C’est
peut-être ça devenir mère au fond, accepter cette métamorphose et se sentir en paix
avec elle » – Florence.
Que se passe-t-il psychiquement quand on ne se reconnaît plus telle que l’on
s’était préparée à être ? Cela peut-être violent : Florence, par réflexe et pour
préserver l’image mentale qu’elle avait forgée d’elle-même, s’est accrochée très
fort à celle qu’elle n’était plus… Encore une fois, la sérénité est fille du lâcher-
prise.
Pour d’autres, le parcours sera encore plus difficile à accepter sans culpabiliser.
Beaucoup de décisions, impliquant directement le quotidien de la nouvelle
mère que vous êtes, sont à prendre avant l’arrivée du bébé, alors que votre
transformation profonde n’en est qu’à ses balbutiements… Réserver une place
à la crèche pour reprendre le travail à la fin du congé maternité, ou faire en
couple le choix d’un congé parental (à temps plein ou partiel, pour la mère ou
le coparent ?) : des décisions prises sur des suppositions et de la théorie. Ensuite
arrive l’obligation réelle ou supposée de suivre la ligne directrice fixée…
Car « quand on décide quelque chose, on s’y tient », et « dans la vie, on ne fait
pas ce qu’on veut », n’est-ce pas ? Dans le cas contraire, « on » n’est pas fiable,
pas cohérente, capricieuse. Mais qui est ce « on » ? Sûrement pas vous ! Si la
pensée populaire porte parfois beaucoup de sagesse, il faut reconnaître ici un
joli conditionnement à ne pas s’éloigner du droit chemin et à ne pas bousculer
l’ordre établi. Que se passerait-il si chaque femme (chaque homme), prenait à
tout moment la bonne direction pour elle-même ? Le système dans lequel nous
vivons, mais aussi nos mondes intérieurs, seraient peut-être moins stables,
moins prévisibles, moins rassurants, mais aussi plus spontanés, plus alignés et
plus justes.
Ainsi, si confier votre bébé à l’âge prévu ne vous convient plus, examinez ce qui
vous dérange dans la situation qui s’annonce : remettez-vous en doute le mode
de garde choisi il y a quelques mois, ou ressentez-vous le besoin viscéral de
prolonger la bulle auprès de lui ? Selon vos réponses, les pistes de réflexion
seront multiples : partir en quête d’une assistante maternelle (même si vous
aviez réussi à décrocher une place dans la crèche juste en bas de chez vous),
réexaminer l’éventualité de confier votre enfant à une structure d’accueil plus
loin de chez vous mais plus en accord avec vos valeurs, choisir de ne reprendre
le travail qu’à temps partiel (ou pas du tout), envisager l’idée que ce soit le
coparent qui prenne un congé parental s’il tient moins à sa vie professionnelle
que vous ?
Inversement, si la vie en vase clos avec votre ou vos enfants vous pèse alors que
vous vous projetiez dans plusieurs mois supplémentaires au foyer, osez assumer
cet état de fait sans culpabilité ! Sentez-vous autorisée à mettre votre bébé à la
crèche quelques journées ou demi-journées par semaine, offrez-vous une
activité hebdomadaire sans enfant (les courses ne comptent pas !), ou cultivez
le lien avec d’autres parents pour organiser des sorties communes au parc ou
des balades ensemble. Il est parfois compliqué de sentir exactement où se
situent ses besoins personnels, et comment les conjuguer avec ses idéaux : dans
cette ambivalence qui peut être très forte, autorisez-vous à prendre le temps de
la réflexion, à tester des choses et à revenir en arrière !
Il n’est pas question là de manque de cohérence : vous n’avez à être cohérente
qu’avec qui vous êtes à cet instant de votre vie. Les femmes qui osent ne plus
suivre les idées qu’elles avaient en d’autres temps et dans d’autres circonstances,
ne sont pas capricieuses, mais libres d’incarner qui elles sont profondément, à
chaque instant de leur vie.
C’est en changeant de direction aussi souvent que nécessaire que vous
parviendrez à rester en accord avec vous-même ! Que ceci corresponde à vos
objectifs initiaux de perfection ou non…

La mère parfaite, cette inconnue


La mère parfaite, l’avez-vous rencontrée ? Elle est à portée de clic. Allumez
votre smartphone et connectez-vous à Instagram : la voilà ! Elle fait du yoga et
des cookies, son intérieur ambiance zen irradie le bonheur à travers l’écran, et
son bébé dort paisiblement dans un pyjama assorti à son tour de lit ou dans
une écharpe de portage à 180 euros parfaitement nouée.
Clara, jeune femme très connectée, est rapidement tombée sur elle après la
naissance de son bébé.
« Je me revois, en pyjama, cheveux sales, ma fille endormie en vrac sur moi après
une tétée de 45 minutes, scroller mon feed insta en faisant défiler les images
idylliques postées par d’autres mères. J’enviais leurs petits pots maison, leurs sourires
radieux, leurs bébés impeccables.
Alors que je consacrais mes jours et mes nuits à survivre avec un bébé à nourrir, à
changer et à faire dormir, je me suis juré que j’arriverais bientôt, moi aussi, à gérer
comme une chef, et que, ce jour-là, la terre entière (enfin, au moins mes contacts) le
saurait.
Mon bébé a grandi et ce jour est arrivé. Je partageais avec soin mon quotidien
devenu tellement plus zen… Je me sentais fière d’avoir réussi, mais toujours aussi
honteuse devant le désordre que je veillais à ne pas faire apparaître sur mes photos...
Avec un arrière-goût de mensonge » – Clara.
Mère parfaite, Clara l’a été à son tour… Pour elle-même ou pour les autres ?
Difficile de trancher, quand les jolis clichés ont pour objet d’être partagés…
Elle y a gagné, quoi qu’il en soit, la satisfaction d’être cette mère
« suffisamment bonne » et capable de renvoyer une image d’elle heureuse,
épanouie, gérant comme une chef (avec cependant la conscience de ne pas
montrer les choses exactement comme elles sont…). Mais les autres, les jeunes
mères immobilisées sur leur canapé et entourées de désordre, comme Clara
quelques mois plus tôt, ne devinent pas toujours l’envers du décor : elles ne
voient qu’une femme de plus qui fait mieux qu’elles.
La mère parfaite, c’est chacune de nous, à tour de rôle, pour les autres ! Mais
cela ne reflète jamais la vérité tout entière. Car de celles qui incarnent à vos
yeux la perfection, vous ne percevez qu’une mince tranche de vie, quelques
minutes dans un supermarché, quelques heures dans un parc, ou quelques
clichés de leur salon (le désordre toujours hors-champ…).
L’autre jour, la mère parfaite, c’était vous, quand vous poussiez votre bambin à
la balançoire du parc pendant que votre bébé s’était enfin endormi dans sa
poussette à l’ombre. C’était vous pour la mère épuisée qui n’avait plus l’énergie
d’aller dire pour la millième fois à sa fille de ne pas remplir sa casquette de
sable. C’était vous pour cette autre mère affalée sur le banc, yeux vissés sur son
portable, attendant désespérément une réponse au SMS de détresse envoyé à
son conjoint. C’était vous pour cette femme enceinte pour la première fois
fantasmant : « Moi aussi, dans quelques années, je ferai comme ça »…
Mais quand c’est vous, vous ne le remarquez pas. Et vous ne remarquez pas
non plus ces autres mères qui vivent leur pire moment, car la comparaison est
tentante seulement quand elle est en votre défaveur, n’est-ce pas… Alors,
devriez-vous vous cacher de vos réussites pour épargner aux autres un peu de
culpabilité ? Non ! Mais si chacune cesse enfin de se comparer de la façon la
moins équitable possible (car vous savez tout de vous-même, vos failles, vos
loupés… alors que vous n’observez souvent que quelques minutes de la vie des
autres), peut-être les femmes sortiront-elles enfin de ce cercle vicieux…
En effet, cette mécanique de compétition ne devrait pas être la nôtre : elle est
régie par des codes de hiérarchie symboliquement rattachés à l’énergie
masculine (pourquoi se compare-t-on si ce n’est avec l’espoir parfois inavoué de
se placer en position de supériorité ?) et aux valeurs du patriarcat, système
induisant automatiquement des rapports inégalitaires entre les individus
(historiquement, le patriarche était à la tête de sa famille ; aujourd’hui, les
hommes ont davantage accès à des positions de pouvoir dans la société). Ceci
ne signifie pas que les femmes sont incapables d’être compétitives ou
n’entretiennent jamais entre elles des rapports de domination (hiérarchiques ou
non). Aucun individu, quel que soit son genre, n’est 100 % homme ou
femme : en chacun de nous se vit un équilibre entre des élans dits « féminins »
comme l’écoute, l’empathie, les relations d’égale à égale (appartenant au
domaine de l’horizontalité) et d’autres dits masculins comme l’action, la
compétition, les rapports de pouvoir (se rattachant à la verticalité). Si tout cela
est culturellement construit (c’est la pensée féministe radicale), autorisez-vous
cependant, quand cela est juste, à aller vers des valeurs de soutien mutuel, de
partage et de valorisation de vous-mêmes en même temps que des autres : pour
vivre heureuses, arrêtez de vous comparer !
L’injonction culturelle à la perfection, quant à elle, pèse davantage sur les
femmes que sur les hommes. Souvent intégrée dès l’enfance, alors qu’il est
demandé aux petites filles d’être belles, sages, et de bien travailler à l’école, elle
se ramifie durant l’adolescence pour prendre de plus en plus de place… en
souterrain ! Quand elle se conjugue avec la maternité, il devient encore plus
difficile de la mettre à distance : qui ne souhaite pas le meilleur pour ses
enfants ? Et cet objectif n’implique-t-il pas d’être la meilleure mère du monde ?
Vu de cette manière, ceci ne semble pas bien réaliste… Il est peut-être temps de
déculpabiliser, y compris sur la santé de votre bébé (vous n’êtes pas toute-
puissante et ne pourrez jamais tout maîtriser), votre impact sur
l’environnement, vos capacités d’organisation ou de lâcher-prise… Au milieu
de cette charge mentale énorme, gardez en mémoire votre humanité, et « faites
toujours de votre mieux ». Comme le détaille Miguel Ruiz dans Les Quatre
Accords toltèques, ce mieux ne sera pas toujours le même, il fluctuera selon vos
émotions, votre état de fatigue et vos limites du moment. Et quoi qu’il arrive, il
sera assez : vous êtes assez !
Alors si vous n’arrivez pas, le soir, à aller vous coucher en ayant atteint tous les
objectifs que vous vous étiez fixés, commencez par remettre en question votre
liste trop ambitieuse plutôt que vous-même ! Cette habitude pourra vous
rendre service bien au-delà de votre rôle de mère…
Connaissez-vous le syndrome de l’imposteur ? Si, quand quelque chose
(professionnellement ou personnellement) fonctionne bien pour vous, il vous
arrive de penser que vous le devez à la chance, au hasard, à une situation
« facile » (alors que quand ça déraille, c’est entièrement votre faute…), alors
c’est que ce syndrome se cache dans votre inconscient. Beaucoup de femmes
sont concernées par ce trouble qui trouve son origine dans une estime de soi
insuffisante.
Si vous en souffrez, pas de panique ! Rien n’est irréversible. Une fois de plus,
faire un pas de côté peut vous aider à changer votre perception des choses : que
diriez-vous à une autre femme dans votre situation ? Penseriez-vous qu’elle fait
un super boulot au quotidien pour prendre soin de son enfant, ou pointeriez-
vous du doigt ce qu’elle ne réussit pas ?
Toutes victimes de ces images de perfection, les femmes ont toutes le pouvoir
de les transformer, en assumant leurs difficultés comme leurs forces et en
sortant de la course au paraître. Il est temps d’assumer d’être soi-même, de ne
pas faire comme sa propre mère, de ne pas ressembler aux mères parfaites
d’Instagram (ou à ce qu’elles montrent de leur vie).

Le couple parfait, cet autre mythe


À mère parfaite, couple parfait… Car « prendre soin de la relation » fait aussi
partie des injonctions faites aux femmes (ne sommes-nous pas naturellement
pleines d’empathie, douées pour l’écoute et spontanément encline à
désamorcer les conflits pour préserver la qualité du lien avec nos proches ?).
Pour tout ce qui va suivre, posons donc que le couple est une affaire… de
couple ! Et que votre compagnon peut, autant que vous-même, être moteur
dans les ajustements à proposer ou à tenter de tenir sur la durée.
Pourquoi parler d’ajustements ? Si c’est votre premier bébé, votre couple
conjugal vient de se transformer en couple parental… et cette facette-là prend
beaucoup de place ! Si vous venez d’accueillir votre deuxième, troisième,
quatrième enfant… la transformation reste de taille dans votre quotidien et
donc dans votre couple.
Il peut être difficile de trouver le temps et l’envie de nourrir la relation quand
on est déjà submergé par le quotidien… Le risque est alors que chaque
partenaire s’isole dans ses propres problématiques et qu’aucun des deux ne
parvienne à aller à nouveau vers l’autre, avec parfois pour seule issue la
rupture : le baby-clash (séparation dans les premiers mois de l’enfant) concerne
aujourd’hui 20 % à 25 % des couples.
Ces situations trouvent parfois leur origine bien avant la naissance du bébé,
mais il est fréquent que le postnatal cristallise les tensions et mène le couple à
un point de non-retour.
Si votre réservoir affectif est vide, votre relation amoureuse aussi en souffrira :
vous donner la priorité sera donc à nouveau le premier pas pour espérer
pouvoir semer et récolter du positif autour de vous. Et puis, ensuite, dès que
votre énergie le permet, questionnez-vous sur ce qui fait la force de votre
couple ! Peut-être est-ce votre communication fluide, votre capacité à rire de
votre quotidien, votre tendresse l’un envers l’autre… Vos atouts sont toujours
là, quelque part, peut-être bien cachés pour le moment… Mais d’abord vous
en souvenir, les contacter… Puis les remettre en marche, tout doucement, sans
stress, et sans dramatiser devant les possibles couacs (votre partenaire aussi est
en train de se réajuster et de remettre son fonctionnement amoureux en
route…).
Au-delà des besoins de retrouver une complicité et une connexion dans le
couple, la question de la sexualité peut être une source d’inquiétude
supplémentaire après la naissance d’un enfant. Elle est souvent abordée
rapidement et maladroitement dès la sortie de la maternité, avec la prescription
quasi-systématique d’une contraception par le professionnel de santé qui vous
suit. Mais est-ce le bon moment pour vous ? Est-ce de cette façon-là que vous
souhaiteriez voir ce sujet abordé ?
Avoir une ordonnance pour une pilule compatible avec l’allaitement, c’est bien,
mais la reprise de la sexualité implique en réalité bien d’autres choses !
En effet, des contraintes très terre à terre viennent perturber vos rituels de
couples : la fatigue, le manque de temps, le manque d’intimité partagée…
L’aspect purement physique n’est pas beaucoup plus encourageant : vos
hormones qui ne retrouvent pas tout de suite leur danse habituelle, la
sécheresse vaginale fréquemment présente durant cette période (encore plus en
cas d’allaitement au sein), les douleurs au niveau de la vulve (notamment suite
à une épisiotomie)… Enfin, votre état psychique risque de ne pas jouer non
plus en faveur d’un retour à la sexualité : votre réservoir d’ocytocine (et celui de
votre partenaire si son implication est à la hauteur de la vôtre) rempli par le
bébé, les peurs éventuelles, notamment si la naissance a été vécue comme
violente…
Le désir du partenaire aussi peut être revu à la baisse après l’arrivée d’un bébé
dans le couple, et ce n’est pas toujours en lien, comme les clichés le laissent
entendre, avec les changements du corps de leur compagne. Il y a quelques
mois face à une femme, le voilà à partager sa vie avec une… mère ! Comment
oser interagir sexuellement avec cette représentation maternelle ? Le côté
« temple sacré » en impressionne plus d’un, et parfois dès la grossesse, quand le
ventre s’arrondit…
Difficile parfois de lâcher prise et d’accepter ce contexte. Marion a grandi avec
l’idée, que pour qu’une relation « fonctionne », il fallait que la femme soit au
service de sa famille et de son mari. Et que la sexualité, « ciment du couple »,
devait rester régulière, coûte que coûte. Imprégnée par ce modèle, le sentir
s’éloigner a déclenché chez elle toutes les alertes…
« Ma grossesse pas facile enfin terminée, mon joli bébé dans les bras, j’avais hâte de
retrouver notre rythme “normal”, un peu par conditionnement (j’en suis consciente
aujourd’hui), et pour faire taire mes inquiétudes. Nous avons attendu quelques
semaines, mais l’envie pour moi n’était plus au rendez-vous : pas facile de découvrir
ce corps qui a changé, de “reprendre ses marques”, de surmonter la fatigue des nuits
courtes… Rien n’était plus comme avant, et cela m’a beaucoup inquiétée… Et si
“cela” ne revenait pas, et si je ne le satisfaisais plus, et s’il me quittait, et si…
Nous nous éloignions chaque jour un peu plus du “modèle” fonctionnel d’autrefois,
et j’avais peur, malgré moi, pour notre couple ! » – Marion.
Pourtant, malgré les difficultés, Marion et son conjoint sont restés amoureux et
soudés… Et la plus grosse source d’inquiétudes rencontrée par cette mère dans
sa sexualité postnatale aura sûrement été la confrontation avec ses propres
représentations. Quand ce n’est « plus comme avant », la première étape est
peut-être d’intégrer sans jugement les nouveaux paramètres… Au sein du
couple, chacun a changé et les désirs tels qu’ils existaient se sont parfois
remodelés. Une belle occasion de réapprendre ensemble, comme si une toute
nouvelle histoire d’amour commençait… Ainsi, les obstacles rencontrés dans la
reprise de la sexualité, qu’ils soient logistiques, physiques ou psychiques,
peuvent être l’occasion d’élargir votre vision.

Quelle sexualité pendant la grossesse et le postnatal ?

Si un sujet échappe à toute norme, c’est bien celui de la sexualité… C’est encore plus vrai
pendant et après une grossesse, et ce pour les deux partenaires !
Au lieu de tenter de vous référer à vos représentations personnelles ou à vos « habitudes »,
faites table rase de tout ceci, et posez-vous plutôt des questions comme :
• « Quel est mon besoin d’intimité ? Et celui de mon partenaire ? Comment ces besoins
peuvent-ils être comblés pour chacun de nous ? »
• « Quel est mon besoin de contacts physiques, de tendresse, de connexion à l’autre ? Et
pour mon partenaire ? »
• « Ma sexualité actuelle correspond-elle à mes attentes ? Si oui, est-ce le cas aussi pour
mon partenaire ? » Si la réponse est non pour un de vous deux (ou pour les deux), ces
attentes sont-elles réalistes ? Si elles semblent l’être, que mettre en place pour vous
rapprocher de votre idéal ?
Ces éléments de réflexion posés, observez simplement ce qui se vit : peut-être votre libido
dépasse-t-elle largement vos possibilités physiques ou votre disponibilité (dans ce cas votre
inventivité vous offrira sûrement des pistes pour limiter la frustration), peut-être au
contraire a-t-elle disparu dès les premiers signes de grossesse ou la naissance du bébé (mais
contrairement à ce que prônent les partisans de la « méthode dure », vous forcer n’est pas
la meilleure manière de l’inviter à revenir de manière saine), peut-être vivez-vous une
période sexuellement inconfortable (et oser poser ces mots en couple vous aidera
sûrement à prendre du recul et à en rire dans quelques mois), ou peut-être êtes-vous en
train de poser les bases d’une nouvelle intimité encore plus connectée (à vos envies réelles
et à celles de votre partenaire) !

Qu’est-ce que la sexualité ? Si, pour vous, il s’agit d’un « rapport sexuel »,
comment le définiriez-vous ? Si vous êtes en couple hétérosexuel, la pénétration
occupe-t-elle une place centrale dans vos rapports ? Seriez-vous prêts à
envisager en couple de redéfinir les modalités de cette sexualité ? En effet, les
freins logistiques, physiques et psychiques présents durant la période postnatale
peuvent rendre plus difficiles les « traditionnels » rapports sexuels, nus, le soir,
dans votre lit. C’est le moment de réinventer une sensualité en accord avec vos
envies, vos élans et vos contraintes actuelles…
Autorisez-vous à explorer une nouvelle sexualité sans objectif, la journée,
habillés, en regards et en sensualité, en caresses… Amenez de la lenteur, des
promesses, de la patience, de la confiance en l’autre… Et, si vous avez
suffisamment d’assurance, brisez le tabou auprès des autres femmes et couples !
16. Ressources et soutiens

La période postnatale vous amènera peut-être à faire face à de petites ou


grandes difficultés. Ayez confiance en vous et entourez-vous des meilleures
personnes pour les traverser le plus sereinement possible !

Allaitement :
appuyez-vous sur le groupe
La transformation profonde de la matrescence peut amener le besoin de « faire
groupe ». Comme durant l’adolescence, de nouveaux sentiments émergent,
parfois ambivalents, et les femmes sont confrontées à une de ces choses
vertigineuses de l’existence : le non-retour. Le cap passé, aucune marche arrière
n’est possible ; si le bébé va grandir, si les rythmes vont changer, si l’enfant va
devenir adulte, être mère est définitif. Et comme durant l’adolescence, c’est
donc en tribu, entourée de ses pairs que l’on se sent parfois le plus à l’aise pour
explorer sa nouvelle identité : cette fois ce sera avec d’autres femmes sur le
chemin de devenir mères…
Le groupe détient alors une puissance bien supérieure à la puissance cumulée
des individus qui le composent… Il est force de synergie dans la façon dont les
expériences, les doutes et les trouvailles de chacune peuvent s’imbriquer et faire
sens, et ce quels que soient les « critères » de constitution de ce groupe. Car ces
tribus peuvent prendre des formes très différentes : parfois les mères ayant fait
leur préparation à la naissance ensemble gardent le lien et continuent à se
donner des nouvelles (puis de l’empathie, du soutien et des astuces…), parfois
ce sont des rencontres à la crèche qui permettent à un petit groupe soudé de se
constituer, parfois les femmes-mères se rassemblent autour d’une vision
commune (maternage proximal, écoparentalité, approche Montessori à la
maison…) ou d’une association de soutien à la parentalité (qui souvent porte
des valeurs rassembleuses pour ses adhérentes)…
Parmi ces groupes de femmes spontanément constitués, La Leche League est
un exemple de tribu dépassant les frontières… En 1956, sept mères allaitantes
de la banlieue de Chicago se rassemblent autour du souhait d’apporter des
informations et du soutien à toutes les femmes désireuses d’allaiter leur bébé :
LLL est née. Elle devient une organisation internationale privilégiant la
transmission de mère à mère, à travers des rencontres gratuites (aujourd’hui
proposées par plus de sept mille animatrices accréditées dans quatre-vingts
pays) et une banque de ressources scientifiques et humaines (nourrie
d’informations fiables et de partages d’expériences).
LLL France est présente sur toutes les régions, avec à ce jour cent quarante
antennes locales. Ces cercles offrent aux mères de renouer avec leur sagesse
intérieure : l’allaitement, parfois considéré comme secondaire dans un
environnement médical géré par des hommes, redevient le territoire des
femmes.
Claude Didierjean-Jouveau, présidente de LLL France de 1989 à 1997, en
charge de la revue de l’association, Allaiter aujourd’hui, depuis 1991, et autrice
de plusieurs ouvrages autour des sujets du maternage et de l’allaitement, pointe
dans l’allaitement le grand écart entre nature et culture.
D’un côté, des humains, « mammifères comme les autres », riches de leurs
capacités physiologiques à téter (pour les bébés) et à allaiter (pour les mères) ;
d’un autre, une société qui a oublié cette norme biologique de l’allaitement et
tente de répondre aux problématiques rencontrées par des solutions inadaptées
(la principale étant d’orienter les mères en difficulté vers du lait artificiel à
donner au biberon). Si les femmes qui souhaitent nourrir leur bébé au biberon
doivent être pleinement validées dans leur choix (ce qui n’est pas toujours le
cas), celles qui ont le projet d’allaiter au sein doivent également être
correctement soutenues et informées !
« C’est là que l’aide de mère à mère telle que la pratiquent les animatrices de La
Leche League depuis des décennies prend tout son sens. Elles ne sont pas là pour
enseigner des techniques, pour dire de faire comme ci ou comme ça. Elles sont là
pour donner à la mère sa place d’“experte” de son bébé, pour lui permettre de révéler
sa capacité à allaiter au contact d’autres mères allaitantes. Et pour créer autour
d’elle un réseau, une “contre-culture”, un monde où l’allaitement est normal,
possible, où les problèmes, s’ils surviennent, ont des solutions, où l’on n’est pas mal
vue parce qu’on allaite (encore) son bambin… Cette façon de mettre une (bonne)
culture au service de la nature, c’est bien la marque de fabrique de LLL, et ça le
restera tant que ce sera nécessaire » – Claude Didierjeau-Jouveau.
En remettant le soutien de mère à mère au centre, LLL offre la possibilité à
chacune de retrouver sa pleine autonomie : au sein des réunions, pas de
verticalité entre l’animatrice (bénévole), pourtant formée de façon très
rigoureuse à l’allaitement, et les participantes. Seulement des informations
claires et scientifiquement étayées, des partages d’expérience des unes et des
autres, et de l’aide si besoin. Comme l’accouchement, l’allaitement est pour
certaines femmes une façon de prendre conscience des capacités de leur corps,
et donc un autre vecteur puissant d’empowerment !
Pour celles qui font le choix de tenter l’aventure de l’allaitement, que celle-ci
s’avère facile ou semée d’embûches (car, comme le souligne Claude Didierjean-
Jouveau, l’allaitement aujourd’hui n’est plus « seulement » naturel), elle offre
toujours beaucoup plus qu’un moyen de nourrir son bébé. Elle est également
l’occasion de goûter un autre lien en conscience (que celui-ci dure des années,
ou juste quelques minutes le temps d’une tétée d’accueil), de désexualiser son
corps et ses seins, de célébrer la magie en œuvre, et de prendre conscience à
nouveau de la puissance des femmes dans la maternité. Et si, par manque de
soutien ou face à des difficultés trop nombreuses, vous deviez allaiter moins
longtemps que prévu, tout cela resterait « acquis » !
Comme LLL offre depuis soixante-cinq ans des espaces d’échanges aux mères
ayant fait le choix de l’allaitement maternel, d’autres tribus donneront d’autres
clés, sur d’autres sujets…
Allez chercher les bonnes ressources face
aux difficultés
Si certains groupes se forment sur la base d’affinités, de proximités
géographiques ou de choix communs, d’autres émergent suite à des difficultés
rencontrées. C’est le cas de l’association Maman Blues, issue de la rencontre de
deux femmes (Nadège Beauvois Temple et Cécile Desombre) ayant chacune
traversé une difficulté maternelle. Elles confrontent leurs expériences, et
prennent conscience de la nécessité de témoigner de leur vécu, afin de pallier le
manque d’informations et de ressources disponibles sur le sujet. Après la
création d’un site et d’un forum de discussion en 2004, l’association est fondée
en 2006. Il existe aujourd’hui en France quatre relais Maman Blues et trente-
cinq correspondantes locales1. Mais qu’est-ce qu’une difficulté maternelle ? Si
le baby blues est un phénomène circonscrit dans le temps et explicable en
partie par des éléments purement physiologiques, la difficulté maternelle est
une situation psychique bien plus complexe, dans laquelle il est question d’une
impossibilité à effectuer sereinement le processus de devenir mère. Ces
mécanismes sont étudiés en profondeur par la science de la maternologie2 (c’est
d’ailleurs un reportage diffusé en 2003 sur l’unité de maternologie de Saint-
Cyr-l’École3 qui a donné son nom à l’association Maman Blues).
La difficulté maternelle est à différencier du burn-out et du baby blues :
contrairement à ce dernier, les difficultés peuvent durer dans le temps et avoir
des conséquences lourdes sur la relation mère-enfant. Environ 15 % des
femmes (taux probablement sous-estimé, puisque, aujourd’hui encore,
certaines n’osent pas s’exprimer sur ce sujet) connaissent cette difficulté.
Élise, aujourd’hui présidente de Maman Blues, a vécu une difficulté maternelle
à la naissance de son premier bébé.
« Alitée dès le deuxième mois, traversée par vingt à trente contractions par jour, j’ai
été médicamentée. D’un décollement placentaire, j’ai glissé vers des menaces
d’accouchement prématuré. Souffrant de diabète gestationnel, j’ai été obligée de
contrôler mon alimentation. Je me suis sentie prisonnière de mon corps.
J’avais imaginé que l’accouchement serait libérateur : j’ai repris possession de mon
corps mais pas de mon esprit. Seule la peur m’habitait. Je ne pouvais tout
bonnement pas m’occuper de ce bébé, n’étant même pas en capacité de m’occuper de
moi.
Nous avons été hospitalisées, moi en clinique psychiatrique et ma fille en unité de
psychopathologie périnatale par la suite. …
Un an et demi plus tard, je découvrais Maman Blues, une association de femmes
pour les femmes. J’ai brisé le tabou en témoignant » – Élise.
Comme en témoigne le parcours d’Élise, une prise en charge rapide est
indispensable pour les femmes vivant ce type de situations. Maman Blues se
veut un appui bienveillant pour les mères, et se situe en relais entre elles et les
professionnels de santé formés à ces problématiques. Aujourd’hui, une
cinquantaine de référentes locales (en France, en Suisse et en Belgique)
apportent leur soutien aux mères, les orientent et font connaître la difficulté
maternelle.
Au-delà de la difficulté maternelle, qui est aujourd’hui de mieux en mieux
connue et accompagnée grâce au travail de terrain de Maman Blues, les
femmes peuvent se retrouver face à d’autres problématiques physiques ou
psychiques directement liées à leur nouvelle maternité, et parfois plus
particulièrement à l’accouchement.
Les violences obstétricales ont déjà été plusieurs fois abordées ici : elles laissent
des traces, et « se payent » aussi malheureusement durant la période postnatale.
Ainsi, certaines femmes développeront, suite aux violences subies, un état de
stress post-traumatique (ESPT). Ce phénomène, décrit au départ chez les
soldats après leur retour du front, se manifeste notamment par un état
d’hypervigilance, des insomnies, et des images du moment traumatique
tournant en boucle de façon incontrôlable. Il est aujourd’hui avéré que les
situations de violences obstétricales peuvent induire ce type de troubles,
puisqu’elles réunissent tous les critères déclencheurs : perte de contrôle,
souffrance physique et psychique, peur pour sa vie et/ou celle de son bébé…
À la difficulté d’être confrontée à un ou plusieurs de ces symptômes s’ajoute
pour la mère la culpabilité de ne pas réussir à garder un souvenir positif de son
accouchement. Il arrive aussi bien sûr que l’entourage et même le coparent, ne
prenant pas conscience de l’ampleur du trauma, restent dans le déni et
aggravent la situation par des maladresses (« secoue-toi un peu ! », « l’important
c’est que le bébé et toi alliez bien »…). Difficile pour ceux qui n’ont jamais
vécu cette situation de percevoir que les dommages vont au-delà de la douleur
physique, et que les mécanismes en place sont incontrôlables et échappent
totalement à la « volonté ».
De bons résultats peuvent être obtenus par des thérapies courtes telles que
l’hypnose ou l’EMDR. Celle-ci est basée sur une stimulation sensorielle droite-
gauche à travers des mouvements oculaires, et des stimuli auditifs et tactiles.
Elle est particulièrement adaptée pour la prise en charge des perturbations
émotionnelles liées à des traumatismes psychologiques.
Aucune méthode n’est magique, mais la résilience des femmes est immense.
Dans les moments les plus difficiles, restez connectée à ce qui a déjà été
accompli, entourez-vous de personnes ayant traversé des parcours similaires
(votre tribu !) ou de professionnelles formées à l’accueil des émotions. La
parole, encore et encore, et l’écoute des « histoires miroirs » d’autres femmes
vous aideront pas à pas à aller de l’avant.
Et vous aussi pourrez faire votre part : partager son vécu et son parcours à
d’autres, dans les sphères privée ou publique, contribue à faire évoluer les
regards sur la maternité rose et lisse…

Reprenez votre histoire en main :


les recours juridiques possibles
Dans leur évolution constante, les femmes, cycliques, finissent par s’en sortir
plus puissantes que jamais. Elles ont alors accès à des ressources insoupçonnées,
à une autre facette d’elles-mêmes, révélée par l’adversité. Bien sûr, elles auraient
peut-être aimé ne jamais la découvrir. Mais puisque cela a été mis à jour, que
faire ?
Anne Evrard est représentante des usagères, cofondatrice de l’association Bien
Naître de Lyon, coprésidente du Ciane (Collectif interassociatif autour de la
naissance), et intervenante dans le diplôme interuniversitaire de Grenoble et
Paris-Descartes « Prise en charge des violences faites aux femmes, vers la
bientraitance ». Elle accueille les demandes de femmes, de couples, ayant vécu
une expérience difficile lors du suivi de grossesse, de l’accouchement ou du
post-partum. Ceux-ci peuvent avoir besoin de faire le point sur cet événement
mal vécu, voire d’entreprendre un recours envers un soignant ou un
établissement de santé.
« Depuis 2010, j’accompagne bénévolement les familles dans leurs démarches de
médiation ou de conciliation (les deux recours officiels). Ces démarches permettent
aux femmes de recevoir leur dossier médical, dans lequel souvent elles imaginent
retrouver une explication de leur vécu, le pourquoi des violences subies… Mais son
contenu en est en général bien éloigné, car il s’agit d’un dossier médical (factuel,
froid, et technique), pas du récit de leur histoire personnelle.
Avant le processus de recours, j’encourage également les personnes à écrire LEUR
récit, de manière chronologique, factuelle. Ceci est une étape bien souvent difficile :
“Quand je l’écris, c’est que ça a vraiment existé.” Le récit du ou de la partenaire est
également aidant car apportant un autre point de vue sur le déroulement des
événements » – Anne Evrard.

Les recours possibles

Si vous faites le choix d’entamer un recours officiel, plusieurs parcours s’offrent à vous
selon vos besoins et ce que vous souhaitez obtenir. Dans tous les cas, la première étape
sera la demande de votre dossier médical : vous pouvez en obtenir une copie (la demande
devra être faite par courrier recommandé avec accusé de réception, et des frais de
traitement et d’envoi vous seront facturés). Pour répondre à votre demande,
l’établissement de santé dispose d’un délai de huit jours (si les faits datent de moins de
deux ans), ou de deux mois (s’ils sont plus anciens).
Prendre connaissance de votre dossier médical pourra vous aider à déterminer quel type
de démarches vous souhaitez mettre en œuvre :
• Si vous souhaitez induire des changements dans le protocole de l’établissement, la
médiation est la procédure la plus adaptée. Le recours en médiation se fait auprès d’un
établissement de santé, en présence d’un médiateur. S’ensuit une rencontre où le
personnel soignant du jour J n’est pas forcément présent.
• Si vous voulez un contact direct avec l’auteur des faits pour exprimer vos ressentis à
cette personne (et parfois recevoir ses excuses), c’est une conciliation qu’il vous faut.
Le recours en conciliation se fait auprès du conseil de l’ordre (des gynécologues, des
sages-femmes…), en présence de la personne soignante concernée.
• Si les violences subies ont engendré des séquelles physiques, vous pouvez aller jusqu’à
un dépôt de plainte au civil.
Le CIANE peut également vous accompagner en soutien pratique et moral dans chacune
de ces démarches.

Pour Anne Evrard, accompagner l’écriture du récit est essentiel. Comme nous
l’avons déjà développé, il pourra être le point de départ d’une prise de recul sur
la réalité, avec parfois des prises de conscience encore plus complexes : il
permet de dépasser ce que le traumatisme impose comme vision figée des faits.
Dans ces étapes, l’écoute des ressentis est encore une fois primordiale. Si vous
vous sentez concernée par l’éventualité d’entamer de telles démarches, n’hésitez
pas à vous entourer d’oreilles attentives, même au-delà du cercle familial et
amical (il n’est jamais trop tard pour contacter une doula : une personne
familière de ces situations est toujours un appui supplémentaire précieux). Un
suivi chez un psychologue ou un autre thérapeute pourrait également vous être
utile.
Généralement, les femmes se décident à poser un recours dans le but que cela
« serve d’exemple », que ce qui leur est arrivé ne se reproduise plus, et que
l’équipe change ses habitudes. Dans le cas des conciliations, s’ajoute à cela le
besoin de « dire les choses en face »…
Dans tous les cas, ces démarches permettent de reprendre le pouvoir sur le
cours de l’histoire : chaque femme peut changer les choses en assumant son
vécu et en libérant la parole. Depuis plusieurs dizaines d’années, le paysage de
la naissance évolue, et de nombreuses usagères se positionnent pour faire
évoluer les pratiques et ouvrir le dialogue sur une prise en charge plus juste
et… sans violence !
Si chacune est seule face à son vécu, les femmes sont fortes ensemble de leurs
besoins communs et de leur élan à les voir respectés : si vous avez subi des
violences, bravo à vous d’avoir osé le reconnaître, bravo pour les démarches
entamées (si petites semblent-elles), et bravo pour l’avenir auquel vous aurez
contribué !
17. Autorisez-vous à regarder
l’avenir sereinement !

La maternité a le puissant pouvoir de transformer les femmes sans qu’elles se


perdent elles-mêmes : gardez en tête ce vers quoi vous souhaitez aller et,
surtout, n’oubliez pas votre liberté, chaque jour renouvelée, d’ajuster votre
direction…

Le rebozo, un rituel pour clore cette aventure


de la vie
Les semaines ou les mois passant, arrivera peut-être le moment où vous
rencontrerez l’envie d’un retour sur le chemin parcouru : il sera alors temps de
ressortir vos notes et vos photos de grossesse, de dresser un bilan (provisoire ?)
de la façon dont la maternité vous a secouée, réalignée, ancrée. Votre bébé a
beaucoup changé ; vous aussi ! Pourquoi ne pas en profiter pour poser un acte
symbolique ?
Pendant la grossesse puis la naissance, votre espace personnel s’est ouvert pour
accueillir puis mettre au monde votre bébé ; en miroir, votre corps, votre esprit
pourront ressentir un besoin de fermeture. Sans tourner le dos à ce qui a été,
une façon de refermer la bulle, de clôturer en douceur cet espace autour de la
naissance de votre bébé et de lui reconnaître toute sa particularité. Laissez libre
cours à votre imagination : pour construire une cérémonie qui vous ressemble,
tout est possible !
Le soin rebozo est un rituel de clôture issu des femmes du Chiapas. Rebozo
signifie « châle » en espagnol (c’est ce tissu qui a donné son nom au soin) : il
s’agit d’une écharpe tissée de manière particulière, qui fait partie du
matrimoine1 mexicain. Au Mexique, il est utilisé quotidiennement (pour
transporter des charges lourdes, soutenir le ventre pendant la grossesse, porter
les enfants…). Les sages-femmes traditionnelles l’utilisent de différentes
manières pour accompagner les grossesses, les accouchements et les suites de
couches, notamment lors d’un soin postnatal que les femmes reçoivent au
moment des relevailles. Ce rituel a pour objectif de refermer tout ce que la
grossesse a ouvert en elles, sur les plans physique et psychique, et pour les aider
à quitter le temps de la grossesse pour entrer dans celui du maternage.
Célébrant le passage d’un état à un autre, le soin rebozo offre aux nouvelles
mères de reprendre force et confiance en elles et de recontacter leur vitalité. Au
Mexique, il est proposé dans les jours qui suivent l’accouchement et peut être
reconduit deux fois durant les relevailles. En France, les premières femmes à
qui ce rituel a été transmis ont bien compris sa dimension initiatique, et elles
ont souhaité le proposer à toute femme désireuse de célébrer un temps fort de
sa vie : accouchement, mariage, défi professionnel, déménagement,
ménopause, séparation… Le soin rituel rebozo s’adresse donc à toutes les
femmes, de la puberté à la vieillesse, avec ou sans enfant, avec ou sans utérus,
pour marquer un cap important ou pour « le plaisir ».
Il s’agit d’un soin « à quatre mains » (proposé par deux praticiennes) et en trois
étapes fortes. Après un temps d’accueil durant lequel la femme peut confier ses
émotions et poser une intention si elle le souhaite, vient le moment du
massage. Bercée par des mouvements amples et enveloppants, plus d’autre
choix que de lâcher prise, le cerveau ne parvenant pas à suivre les mouvements
simultanés et en apparence aléatoires de ces quatre mains. La mère bénéficie
ensuite d’un temps de sudation, qui se déroule dans la tradition amérindienne
sous une hutte en terre (temazcal), et en Occident le plus souvent dans un bain
très chaud ou sous une hutte dédiée. L’objectif ? Évacuer les toxines et les
tensions, libérer les émotions, faire peau neuve. Ce temps se poursuivra sous de
chaudes couvertures pour favoriser la détente et le lâcher-prise.
Enfin, après avoir évacué tout ce qui devait l’être, la dernière étape du soin
peut être mise en place : il s’agit d’un serrage de différents points du corps à
l’aide du rebozo. Le tissu enveloppant permet ainsi à la mère de retrouver les
limites de son corps, symboliquement en se recentrant sur elle-même, mais
aussi physiquement, en particulier au niveau du bassin qui a dû se mobiliser
fortement et s’ouvrir au moment de la naissance. La parenthèse de la grossesse,
de l’accouchement, et du post-partum immédiat peut alors se refermer en
douceur...
En France, il est le plus souvent proposé quarante jours après la naissance mais
sans limite de temps, quand la femme est prête et que l’envie est là.
Après la naissance de son deuxième enfant, Maïté a souhaité recevoir ce soin :
c’était un réel cadeau qu’elle s’offrait, temps suspendu pendant lequel elle se
permettait de laisser son bébé quelques heures. Oh ! pas bien loin, avec son
papa et dans la pièce à côté ! Au-delà de la clôture, un de ses besoins était de
voyager, de s’extraire de son quotidien. L’ambiance créée par les praticiennes, la
douceur, la chaleur, l’odeur de la tisane lui ont permis d’être à la fois « chez elle
et ailleurs ».
« Après m’être installée, l’envie est de poser une intention. Bref, je suis encore bien
“intellectuelle”, dans la théorie et le futur, mais absolument pas dans mon corps,
mes ressentis ou l’instant présent. Puis le massage à quatre mains me fait
rapidement perdre toute notion de contrôle possible. Je lâche et “fonds”. Je retrouve
un contour, des limites là où je m’étais sans doute perdue à donner sans compter. Un
relâchement musculaire et tissulaire. Une opportunité de ne penser à rien, de faire
une pause. Me laisser faire. Me laisser être, me laisser respirer, me laisser vivre. Une
énorme sensation de bien-être. Me déposer » – Maïté.
Durant ces 3 heures de soin, Maïté a pu se reconnecter à son corps, mais aussi
à ses sensations (textures, température, sons, odeurs…). Un véritable retour à
soi après un voyage décoiffant en terre d’enfantement…
Elle a choisi d’attendre les 6 mois de son bébé pour recevoir ce soin, sa
temporalité était celle-ci. Six mois avant de refermer la béance du corps
pleinement disponible à l’enfant, cela peut paraître long… ou court !
Votre temporalité n’est pas celle des autres
Combien de temps dure le postnatal ? Quelques jours, jusqu’à la sortie de la
maternité ? Quelques semaines à en croire les injonctions à reprendre une vie
« normale » et la durée du congé maternité en France ? Quelques mois peut-
être en intégrant les six mois d’allaitement exclusif recommandés par l’OMS2 ?
Tout dépend de la façon dont cette période est définie : s’agit-il de poser les
bases de la relation avec son bébé, ou de sentir que « tout roule » parfaitement,
ou d’être revenue à sa vie « normale »…
Ce qui est certain, c’est que nous sommes là face à une notion toute relative :
pour certaines familles, il sera clair au bout d’un temps relativement bref que
cette période est « déjà » terminée ; pour d’autres, elle s’éternisera bien au-delà
du délai considéré comme socialement acceptable. Aucun événement ne venant
officiellement clôturer la période postnatale (comme la naissance avait mis fin
au troisième trimestre de la grossesse), seuls les parents seront juges pour eux-
mêmes, mais parfois, la société bien-pensante viendra coller ses attentes sur la
nouvelle famille…
En effet, souvent, une toute jeune mère recevra de la bienveillance concernant
sa fatigue, ses doutes… Mais passés les six mois de son bébé, cette courte
parenthèse devra se refermer au plus vite.
Comme de nombreuses femmes, Sophie a repris le travail alors que son bébé
avait tout juste trois mois. Un travail à temps complet, et plutôt éloigné de son
domicile : 45 minutes de trajet matin et soir. La fatigue de ce nouveau rythme
est rapidement venue amplifier celle accumulée au cours des mois
précédents…
Les relations au travail se sont tendues. Les collègues de Sophie ont peu à peu
été moins compréhensifs et moins soutenants. Ils ne souhaitaient
probablement ni lui faire de mal ni insinuer que son enfant devait être relégué
au second plan. C’est pourtant ce qu’elle a ressenti face au déni de sa
temporalité.
Quelle que soit la vôtre (de temporalité), l’apprentissage sera permanent :
parfois fluide, parfois intense, allant puiser dans vos ressources ou vous
poussant dans vos retranchements… Il n’est pas question de période postnatale
ou de retour à la normale. Votre processus de transformation, amorcé avec la
maternité, se poursuivra pendant des années, et les leçons apprises,
consciemment ou non, pendant les premiers mois de votre voyage, pourront
vous guider encore longtemps. Parfois il sera facile d’être femme puissante,
parfois vous vous perdrez à nouveau…
Là encore, la vie montre son fonctionnement cyclique : au-delà de votre cycle
féminin, vous pourrez traverser à nouveau de façon plus ample vos énergies de
jeune fille, de mère, d’enchanteresse, de vieille femme… Vous sentant tour à
tour pleine d’énergie neuve, créative, pensive, centrée sur vous-même… Mais
toujours capable de vous retrouver !

Restez au centre de votre vie


Parmi les défis qui viendront à vous en tant que femme-mère, certains seront
peut-être éducatifs. Car ce petit humain que vous avez mis au monde, il faut
maintenant l’élever !
En conscience, dans la bienveillance, en lui offrant le meilleur… Pour réussir
ces prouesses, vous trouverez de nombreuses ressources : livres, podcasts,
ateliers collectifs… Vous souhaiterez peut-être aussi échanger avec d’autres
parents qui se posent les mêmes questions que vous. Et probablement, à un
moment ou à un autre, vous arriverez au constat que pour bien vous occuper
de votre enfant, vous devez commencer par prendre soin de vous. Impossible
d’aider un petit bout à remplir son réservoir affectif si le vôtre est vide.
Impossible de rester patiente quand on est à bout nerveusement. Impossible
d’espérer que votre enfant soit capable de prendre soin de lui un jour si vous ne
montrez pas l’exemple.
Stop ! Prendre soin de vous dans le but de rester patiente, à l’écoute, un bon
modèle de mère, c’est déjà vous oublier en tant que femme. Ne méritez-vous
pas de prendre soin de vous juste pour vous ?
Vivre à travers leur maternité peut être une tentation pour certaines femmes :
voir ses enfants heureux et épanouis est une énorme « récompense »
émotionnelle. Se voir elles-mêmes heureuses aura parfois moins de sens à leurs
yeux, comme si leur propre bonheur était un peu moins valable… Veillez à
toujours revenir à vous, le personnage principal de votre vie, à rester sujet et
non objet de la maternité !
Le manque d’estime, présent à des degrés divers chez de nombreuses femmes,
peut les conduire à une forme d’abnégation d’elles-mêmes au profit de leur
fonction maternelle ou féminine : « ce que je dois être » prend alors le pas sur
« qui je suis » ! Ceci se met en place de façon insidieuse : à chercher le bonheur
dans celui de ses enfants, le risque est de se mettre en quête d’une revalorisation
de soi-même à travers eux. Peine perdue, car l’estime de soi ne pourra pas être
restaurée dans ces conditions, « par l’extérieur » ; elle ne peut émerger que de
l’intérieur…
Si être épanouie vous permet d’être une meilleure mère, tant mieux, mais ceci
ne devrait être qu’une conséquence bonus (le deuxième effet Kiss Cool !) et pas
l’unique but.
De la même manière, si votre parcours inspire d’autres femmes, tant mieux,
mais là encore, cela ne devrait pas être votre but premier : la place au centre de
votre vie vous revient de droit !
De nombreuses mères font le vœu que leurs enfants, et en particulier leurs
filles, vivent pour elles-mêmes, mais ça ne peut pas passer par « renoncer en
partie à sa propre vie pour elles ».
Soline Bourdeverre, enseignante et autrice, a à cœur de sensibiliser les mères et
les parents à l’importance de s’accorder de l’amour et du temps de qualité à soi-
même, sans autre objectif que de prendre soin de soi !
« Réfléchissez... À quand remonte la dernière fois où vous avez pris un temps pour
vous ? Pour vous. Rien que pour vous. Être mère, c’est s’occuper d’un enfant, souvent
à plein temps. Mais, dans l’équation, personne ne doit être oublié.
Si les enfants ont des besoins immédiats, l’adulte a les capacités pour différer les
siens, et les combler malgré tout.
Prendre soin de soi c’est se donner de l’amour. S’envelopper de chaleur. Et ça, ça
n’attend pas. Vous pouvez toujours choisir de prendre le temps de vous aimer et vous
envoyer de la douceur. Il ne faut parfois que cinq minutes pour recharger quelques
batteries. Dans un temps que l’on se donne à soi. Tant que cela est fait EN
CONSCIENCE3 » – Soline.
Et vous, si cinq minutes vous étaient offertes pour remplir votre réservoir, sans
aucune intention d’aller ensuite redistribuer votre amour à vos enfants, que
feriez-vous ? Quelles sont ces choses que vous reportez sans cesse, qui ne sont
jamais en haut de la liste, qui peuvent attendre un moment plus propice ?
Prenez le temps d’y réfléchir et de les mettre sur papier !

Comment vous recentrer

Votre liste pourrait ressembler à :


• Lire quelques pages d’un livre ne traitant pas de parentalité.
• Aller marcher toute seule.
• Me plonger dans une activité créative.
• Boire un thé.
• M’acheter une pâtisserie à manger avec mon thé.
• Allez me faire masser.
• Faire un bain de nature (même seulement au jardin public !).
• Aller faire les boutiques (et me tenir loin des rayons enfants !).
• Prendre soin d’une plante d’intérieur.
• Prendre un bain moussant.

Bravo ! Faire cette liste vous a permis de passer déjà quelques minutes centrée
sur vos envies. À quand l’étape suivante ?
Même si cela peut sembler maigre, un vrai temps de qualité pour vous-même
par semaine sera déjà une excellente manière de vous offrir à nouveau une
place centrale dans votre vie. Et qui sait, peut-être y prendrez-vous goût et
ferez-vous la folie de prendre soin de vous chaque jour ? Certaines mères ont
déjà sauté le pas…
18. Nourrissez le lien
de sororité autour de vous

Si prendre soin de soi passe par des temps de repos, solitaires, en conscience, il
est aussi possible de se nourrir au contact d’autres femmes, dans la puissance
du partage et du lien créé. La maternité, comme tous les autres moments de
vie, est aussi une expérience sociale…

Les Tentes Rouges et autres cercles


de femmes
Les cercles de femmes, dont les Tentes Rouges sont une variante, offrent aux
femmes de partager leurs expériences avec d’autres femmes, dans un cadre
ritualisé, bienveillant et non mixte.
L’expérience des Tentes Rouges peut être rapprochée de ce qui a pu se vivre
dans les traditions amérindiennes, orientales, maghrébines… Dans ces
communautés, les femmes se retrouvaient au moment de leurs règles et lors des
grands événements de leur vie (puberté, mariage, grossesse, accouchement,
ménopause, décès) pour échanger, partager et transmettre leurs expériences.
Les Tentes Rouges, telles qu’elles existent aujourd’hui, sont donc librement
inspirées de ces cercles non mixtes, mais surtout d’un livre : La Tente Rouge1.
C’est Daliborka Milovanovic2 qui, bouleversée par ce roman, et plus
particulièrement par l’évocation d’une vraie solidarité entre femmes, décide
d’organiser la première tente rouge en France, en 2008. Elle pense alors
proposer simplement une expérience agréable à ses amies… Mais les femmes
présentes sont touchées à leur tour par la magie de cet espace-temps, et les
Tentes Rouges commencent à se développer3, répondant à de réels besoins :
sortir de l’isolement, tisser du lien et s’entraider.
Elles offrent une autre manière de se relier aux autres et à soi, dans un cadre
intimiste, chaleureux, et soumis à la plus stricte confidentialité : ce qui se vit
sous la tente rouge reste sous la tente rouge. D’autres valeurs fortes garantissent
le bien-être émotionnel de chaque participante, notamment le non-jugement
et l’accueil inconditionnel de la parole de l’autre qui tiennent une place
centrale : des règles sécurisantes, rappelées en début de tente par la gardienne
du lieu (nommée aussi « facilitatrice », qui facilite la circulation de la parole),
permettent à chacune d’expérimenter l’écoute empathique, loin de tout débat
ou classique « discussion ».
Jeanne a découvert les Tentes Rouges alors qu’elle était enceinte de son
deuxième bébé : après avoir surmonté ses appréhensions face à l’inconnu, elle
s’est inscrite à un événement proche de chez elle.
« J’ai été étonnée par ma facilité à trouver ma place dans cet environnement si
différent de tout ce que j’avais connu jusqu’alors. Sous les voilages rouges, la
bienveillance était palpable : c’est ce qui m’a permis de prendre la parole,
spontanément, et, à mon grand étonnement encore, sans peur du jugement.
J’ai ressenti le besoin de raconter mon premier accouchement. Des dizaines de fois,
déjà, j’avais fait ce récit. Mais entourée de ces femmes silencieuses, dans ce cocon de
couleurs chaudes, il a pris une autre dimension. En réalité, je n’ai pas seulement
raconté : j’ai enfin déposé tout ce qui devait l’être sur ce passage de vie » – Jeanne
Comme l’a ressenti Jeanne, la puissance de ces espaces-temps se révèle aussi
grâce à leur esthétique particulière, qui extrait du quotidien, réveille les âmes
d’enfants par son effet « cabane » et enveloppe chacune dans un cocon
matriciel : lieu clos, sécurisant, confortable, garni de coussins et de voilages… à
dominante rouge, bien sûr ! Mais le décorum ne suffit pas. Les Tentes Rouges
vibrent avant tout de ce que les femmes ont en elles : une fois le cadre posé et
la sécurité affective assurée, arrive cet élan à partager et à transmettre, de
femme à femme, de mère à mère, les expériences de vie et les doutes, en toute
sororité.

Une Tente Rouge, ça se passe comment ?

En savoir plus sur le déroulement concret d’une Tente Rouge vous donnera peut-être
envie de sauter le pas…
Pour commencer, vous êtes accueillie par la gardienne des lieux, qui veille à ce que
chacune des participantes puisse trouver sa place et s’installer confortablement sous la
tente. Boissons chaudes, douceurs, l’atmosphère est propice au lâcher-prise.
Un temps est ensuite réservé à la présentation des règles, afin que toutes les femmes
présentes puissent s’approprier ces codes inhabituels et pourtant si riches de sens :
bienveillance, respect, non-jugement, pas de conseils... Pas de conseils ? Mais alors,
comment interagir, réagir à l’histoire de l’autre, l’aider ? Ne vous inquiétez pas, cela
s’apprend vite !
La lecture d’un texte ou un temps de relaxation peut être proposé en guise de transition
vers la suite.
Et puis, bien sûr, place à la parole… et à l’écoute. Car c’est bien ce qui fait l’essence de ces
événements : écoute de l’autre, quel que soit son chemin ; écoute de soi, à travers les
petites voix intérieures qui se réveillent ; écoute des silences, liant l’ensemble et offrant
l’espace nécessaire à chacune pour se livrer comme elle le souhaite (la prise de parole
n’étant jamais une obligation).
Enfin, vient le moment de clôturer symboliquement cet espace-temps, par un rituel, une
chanson, quelques derniers mots… et de retourner à la réalité !
L’association Tentes Rouges fait le souhait que ces espaces de sororité puissent être
accessibles à toutes : si chaque facilitatrice est libre de fixer ses tarifs, ceux-ci devraient
rester abordables (une participation libre et consciente est souvent privilégiée).

Au sein de ces espaces, tous les sujets au cœur de la vie des femmes peuvent
être abordés sans tabou : féminité, maternité, sexualité, place dans la société…
La non-mixité permet à chacune, à travers cette seule base commune (être une
femme ou se sentir femme) de venir partager qui elle est, à travers les
expériences de vie qu’elle souhaite déposer. Si toutes les femmes sont
différentes, sous la tente rouge elles se trouvent également toutes unies par un
lien subtil tissé au fil des histoires : il n’est pas rare que des échos très forts se
fassent à travers les mots des unes et des autres… Et la magie opère !

L’usage des réseaux sociaux


Si la chaleur des échanges en présence ne peut que difficilement être retrouvée
sur les réseaux sociaux, les initiatives sont nombreuses pour tenter de créer du
lien entre femmes et mères partageant un même besoin de soutien et d’unité.
Cependant, l’espace virtuel ressemble parfois à un monde à part, au sein
duquel il peut être difficile de trouver sa place quand on manque de temps
pour interagir ou qu’on ne se reconnaît pas totalement dans les discours
dominants : chaque « communauté », articulée autour de centres d’intérêt
communs, porte ses valeurs, de façon claire ou implicite. À cela s’ajoute la
complexité de transcrire sa pensée par écrit, et de bien comprendre les
émotions ou les demandes de l’autre sans indicateurs non verbaux. Outre le
risque toujours présent de quiproquos ou d’erreurs de lecture, la nécessité de
rédiger et de choisir ses mots peut aussi couper de la spontanéité d’un échange
réel… Certaines femmes peinent alors à se sentir « appartenir » à ces groupes
peuplés d’inconnues qui semblent livrer sans hésiter leurs expériences les plus
intimes.
Florence a eu besoin de temps pour apprivoiser ce monde virtuel et ses codes…
« Pendant ma grossesse, je ne me sentais pas très à l’aise pour poser mes questions sur
les groupes de “parentalité”, dont j’étais membre. Pourtant, je partageais leurs idées
(allaitement, portage, éducation bienveillante…) mais je ne me reconnaissais pas
dans cette nouvelle communauté, aux règles et aux dogmes qui ne se disent pas. Je
trouvais finalement ces groupes très fermés, difficiles d’accès et parfois jugeants. Et
puis un jour, une épreuve de taille s’est mise entre moi et mon enfant à venir. J’ai
créé mon premier post sur un groupe de mamans locales, et presque instantanément
nous avons reçu un flot de messages de soutien, des femmes et des couples qui
vivaient ou qui avaient vécu la même chose que nous. Des personnes, que nous ne
connaissions pas, étaient présentes pour nous, et pas que de façon virtuelle ! » –
Florence.
De cette expérience, Florence a gardé une amitié sincère avec Ludivine.
Aujourd’hui encore, leur plus grand bonheur est de voir leurs filles jouer
ensemble… Alors, finalement, l’espace virtuel ne pourrait-il pas être considéré
comme une continuité de la vie réelle ? Multipliant les opportunités de
contacts, de rencontres et d’informations, il offre à chacune la possibilité de se
reconnaître dans d’autres femmes et de tisser des liens pas si factices que cela : à
travers l’écran, au-delà des images lisses de la maternité parfaite, on s’autorise
aussi à se montrer vraie !
Une option à considérer pour toutes celles qui se sentent parfois, par leurs
choix éducatifs ou leur mode de vie, isolées de leur famille et de leurs amis les
plus proches.
Les réseaux sociaux regorgent aussi de pages inspirantes !

Quelques sites pour vous aider4

• Si vous souhaitez continuer à creuser les sujets de périnatalité, les comptes de « La


Matrescence » et de « Bliss Stories » (qui sont également des podcasts) pourraient vous
intéresser. « Doula lire » est également un podcast dédié à des analyses de livres sur ces
thèmes : une bonne manière de choisir lesquels vous souhaitez acheter après celui-ci !
La page « Si j’avais su » et le livre éponyme vous permettront de vous sentir
accompagnée et de bénéficier d’un maximum d’informations en amont. Pour recevoir
du soutien ou vous investir de façon pratique et concrète auprès d’autres femmes,
l’association Supermamans de France est un réseau de bénévoles prêtes à offrir aux
nouvelles mères un repas fait-maison et un temps de discussion. « Le 4e trimestre »
vous permettra de vous attarder sur la période postnatale.
• Quant aux pages dédiées à la parentalité, elles sont nombreuses ! Nous avons
sélectionné pour vous : « S’éveiller et s’épanouir de manière raisonnée » (dont
l’autrice, Soline Bourdeverre, a témoigné ici), « Apprendre à éduquer », « Ensemble
naturellement », « Maman zen », « Les Lunettes de Maja », « Papa Plume »,
« Ergomum ». Cette liste étant évidemment non exhaustive ! « Maman très
spirituelle » aborde aussi la parentalité… à sa manière ! Et le « Palais savant » pourrait
vous amener à (encore plus) de réflexions sur vous-même, en tant que femme et mère.
• Si la communication non violente vous interpelle, l’« Apprentie Girafe » vous
apportera probablement de belles pistes, de façon toujours ludique et
déculpabilisante. Enfin, Petit BamBou, rattaché à l’appli du même nom que vous avez
peut-être découverte pendant votre grossesse, vous permettra de continuer à cultiver
la pleine conscience…
• Envie de vous mobiliser pour des causes qui vous tiennent à cœur, de creuser les
questions de féminisme, de corps des femmes dans la société, d’écologie ? Allez voir de
ce côté : « Nous Toutes », « Martin Winckler », « Collectif famille.s », « Papatriarcat »,
« Terre de parents » sur le sujet de la santé environnementale, et le compte Twitter de
Mona Chollet !

Les réseaux sociaux, ni tout blancs ni tout noirs, représentent parfois une belle
alternative pour partager ses expériences, s’ouvrir à de nouvelles thématiques, et
créer du lien avec d’autres femmes ! Tendre une main, défendre une cause, c’est
peut-être finalement plus facile derrière son écran… En attendant de passer à
l’action dans la vraie vie !

Engagez-vous en tant que femme !


Pousser un peu plus loin votre engagement, ce sera peut-être la prochaine étape
pour vous… Sans pression ou injonction, si et seulement si votre énergie vous
le permet.
Peut-être prendrez-vous cet engagement avec vous-même ? De ce temps de la
maternité, du postnatal et de la matrescence, gardez en vous la puissance de
votre corps à fabriquer un petit être, à le mettre au monde, à le materner… Si
le moment était venu de faire un pas de plus vers votre corps de femme ? En
allant creuser les découvertes que la période postnatale vous aura peut-être
apportées en termes de sexualité, ou en vous connectant davantage à vos
cycles… Si vous avez aimé redécouvrir votre corps sans contraception
hormonale lors de la période de conception de votre bébé ou après sa
naissance, la symptothermie est peut-être faite pour vous ! Il s’agit d’une
méthode naturelle et écologique de gestion de la fertilité, basée sur
l’observation du cycle. Elle s’appuie sur deux indicateurs principaux, la
température corporelle au réveil et la consistance de l’élixir (qui est en fait la
glaire cervicale, souvent nommée plus prosaïquement « pertes blanches »),
associés à des indicateurs secondaires. En toute autonomie, les femmes formées
à cette méthode (qui ne s’improvise pas !) vont pouvoir corréler ces
observations pour identifier leurs jours fertiles (qui ne couvrent pas plus d’une
semaine à dix jours par cycle), avec une fiabilité comparable à celle de la
contraception conventionnelle. La symptothermie est utilisable à tout moment
de la vie, que vos cycles soient réguliers ou non, que vous souhaitiez mieux
connaître vos rythmes, éviter une nouvelle grossesse, ou au contraire mettre
toutes les chances de votre côté pour concevoir rapidement un bébé ! De
nombreuses formations sont accessibles : en ligne ou en présentiel, privilégiez
un format incluant l’accompagnement d’une conseillère pendant plusieurs
cycles, afin de prendre le temps d’apprivoiser cette méthode.
Peut-être ferez-vous le choix de vous engager (aussi) auprès des femmes et des
mères ? Si une autre puissante découverte de votre devenir mère a été celle de
vous vivre femme au sein d’une large communauté, nourrie d’échanges, de
partages, de lien, de soutien… cultivez cette sororité ! Pourquoi, par exemple,
ne pas continuer à fréquenter les groupes de soutien à la parentalité, ou les
rencontres dédiées à l’allaitement, même si vous n’en avez plus « besoin » ?
Pourquoi ne pas être, cette fois, cette femme riche du chemin parcouru, qui
simplement par sa présence, en toute humilité et sans se prétendre meilleure
que ce qu’elle a été, saura montrer à d’autres que tout est possible ? Les erreurs,
les vulnérabilités, les joies, les forces… Voilà la puissance des féminins, voilà ce
que chacune de vous peut incarner !
De façon encore plus concrète, si votre allaitement est encore en cours, les
équipes du lactarium le plus proche de chez vous seraient probablement
reconnaissantes de pouvoir venir récupérer, directement à votre domicile, un
peu de votre or blanc… La procédure à suivre est très simple : en tant que
donneuse, vous devrez simplement prendre contact avec le lactarium, qui vous
demandera de répondre à une série de questions sur vos habitudes de vie
(tabac, transfusion, médicaments…), et vous prescrira une sérologie. Une fois
votre dossier validé, vous recevrez tout le matériel nécessaire (tire-lait,
biberons…), ainsi que des recommandations pour vous permettre de tirer et de
conserver votre lait dans les meilleures conditions d’hygiène. Que vous ayez ou
non été confrontée à la prématurité, ce sera une belle manière de permettre à
des bébés nés trop tôt de bénéficier du meilleur !
Et si vous vous impliquiez bénévolement ou professionnellement dans la
périnatalité ?
Ce choix de transcender son expérience et d’en faire profiter d’autres mères, des
milliers d’autres femmes l’ont fait. Elles sont devenues doulas,
accompagnantes, monitrices de portages, praticiennes en massage bébé… Elles
se sont investies dans le soutien à la parentalité, dans l’allaitement, dans les
droits des mères… Elles ont décidé elles aussi de lever le voile sur l’hyperémèse
gravidique, la difficulté maternelle, les violences obstétricales…
Au départ, « seulement » des femmes, au tout début de leur chemin de
maternité… Un peu plus tard, toujours les mêmes, riches de leurs
apprentissages et prêtes à en faire profiter celles qui suivront !
Conclusion

Si notre puissance émanait de la force du groupe ? Et quel groupe ! Avec


3,8 milliards de femmes dans le monde en 2021, soit à peu de choses près la
moitié de l’humanité, que se passerait-il si toutes mettaient en commun leurs
expériences et leurs savoirs ? Quel serait le visage de la maternité si toutes les
mères prenaient conscience de l’universalité de leurs vécus pour transcender
leurs différences ? Pour la plupart, en Occident, nous n’avons pas été élevées
ainsi. Nous avons entendu, dès l’enfance : « Les filles, ça fait toujours des
histoires », puis : « Ah, les nanas entre elles ne se font pas de cadeaux », puis
beaucoup d’autres mots venant alourdir nos relations avec les autres femmes et
avec le féminin en nous.
Il est temps de remettre les féminins, tous les féminins, à l’honneur. Il est
temps de transmettre et de recevoir les unes des autres. Il est temps de cesser de
minimiser qui nous sommes et ce que nous accomplissons.
En quelques mois (grossesse, postnatal immédiat et non immédiat inclus…
vingt à trente mois tout au plus !), vous allez vivre un des plus grands
bouleversements de votre vie. Que vous le traversiez dans la sérénité, sans
même trembler, ou malmenées par vos tempêtes intérieures, en solitaire ou
portée par votre village, félicitez-vous pour toutes les ressources que vous saurez
développer : votre cerveau vivra des remaniements importants, votre corps
traversera des tempêtes hormonales et émotionnelles, il se transformera, et
redeviendra « vous », pas à pas, dans l’acceptation de ce qui est.
Mille jours essentiels pour votre bébé, mais aussi pour vous en tant que mère,
pour votre partenaire, pour votre famille au sens large et votre entourage tout
entier.
Mille jours pour ouvrir la voie aux suivants, car le chemin n’est pas fini, et il ne
le sera jamais : la parentalité, dans la continuité du postnatal, vous attend…
Devenir mère, une étape de plus dans votre vie de femme, une étape, qui,
comme les autres, doit se transcender pour laisser place à l’avenir, mais ne se
refermera jamais tout à fait. Vous questionner, vous ajuster, apprendre… et
vous transformer encore et encore en tant que femme et mère, dans la fluidité :
voilà le programme des prochaines décennies !
Ne vous attendez pas à un parcours linéaire : peut-être y aura-t-il des remises
en question, des accidents de parcours, des hésitations sur la direction à suivre.
N’oubliez pas de garder un œil sur votre boussole intérieure, de rester
connectée avec qui vous êtes à chaque instant et de vous souvenir du chemin
parcouru : chaque ressource développée à un moment sera un appui pour la
suite de votre voyage de femme !
Remerciements

Quelle aventure ! Elle aurait été impossible sans l’aide, le soutien et les partages
de nombreuses femmes (et de quelques hommes) autour de nous.
Merci à Stéphanie Chabert et à toute l’équipe qui nous a accompagnées, de la
conception à la mise au monde de ce bébé.
Merci à Margot et à Manon, les filles d’Amandine, et à Stéphane, son mari,
pour leur joyeuse présence et leur soutien inconditionnel. Merci à Mathias et à
Calista, les enfants de Yanick, et à Cyril, son conjoint, pour leurs innombrables
attentions et leur support au quotidien.
Merci à Aurélie, notre amie et relectrice de la première heure, pour son
enthousiasme et son regard bienveillant.
Nous ressentons également beaucoup de reconnaissance pour les femmes et
familles que nous avons accompagnées, et qui ont contribué à nourrir les
doulas que nous sommes.
Ce livre serait resté incomplet sans la parole des personnes qui ont accepté de
partager leurs ressentis et leur expérience.
Merci à Amélie, Ángela, Anna, Annabelle, Aurélie, Brigitte, Céline, Clara,
Clémence, Delphine, Dörte, Émilie, Florence, Frédérique, Gaïa, Hannah,
Jeanne, Julia, Kim Oanh, Laura, Léa, Lili, Lise, Maria, Marion, Marlène,
Mathilde, Melinda, Merry, Nihel, Salma, Samantha, Sandrine, Sarah, Sophie,
Touba et Virginie qui nous ont livré en toute confiance un peu de leur
parcours de mères, et à Florent et Paul pour leurs mots de père.
Merci également à Aurélie, Aurore, Maryline, doulas membres de l’association
Doulas de France, pour leur enthousiasme à contribuer à ce projet. Et un merci
particulier aux doulas qui ont partagé leur expérience en tant que mère :
Carine, Caroline, Cécile, Deborah, Magalie, Maïté, Nath, Nathalie, Stéphanie
et Virginie.
Merci à Anne Evrard, Camille Geninet, Cendrine Pasquier, Claude Didierjean-
Jouveau, Daliborka Milovanovic, Eleni Gravière, Élise Groud, Laetitia Négrié,
Marie Cilia, Marjorie Roux, Soline Bourdeverre, Virginie Bouffart et Virginie
Loth pour le partage des précieuses expériences issues de leurs parcours
professionnel ou associatif.
Merci à toutes nos amies doulas qui se reconnaîtront… sources d’inspiration,
de soutien dans nos quotidiens de femmes, de mères, et de professionnelles de
l’accompagnement.
Enfin, un grand merci à l’association Doulas de France, sans qui nous ne
serions peut-être pas devenues les femmes et les doulas que nous sommes.
Webographie

Prénatal
IHAB Initiative Hôpital Ami des Bébés : https://www.i-hab.fr/
Information sur l’épisiotomie (AFAR) : https://episio.info/
Maternys : Maternité Labellisée par le CNGOF (Collège national des gynécologues et
obstétriciens français) : https://www.maternys.com/
Spinning Babies : https://www.spinningbabies.com/

Postnatal
AFMB (Association française de massage bébé) : http://www.massage-bebe.asso.fr/
Association Supermamans de France : https://www.facebook.com/supermamansfrance/
Le 4e trimestre : https://www.facebook.com/lequatriemetrimestre/
LLL (La Leche League) : https://www.lllfrance.org/
Podcast La Matrescence : https://www.instagram.com/lamatrescence/

Périnatal
Les 1000 premiers jours : https://1000jours.fabrique.social.gouv.fr/
Petit BamBou : https://www.facebook.com/petitbambouzen/
Podcast Bliss Stories : https://www.instagram.com/bliss.stories/
Vipassana : https://www.dhamma.org/fr/
Zazen : https://meditation-zen.org/fr/zazen-meditation-assise/

Du côté des doulas


Doulas de France : https://doulas.info/
Podcast Doula Lire : https://www.instagram.com/doulalire/
Si j’avais su : https://www.facebook.com/SiJavaisSuLivre/

Moments difficiles
AGAPA : https://association-agapa.fr/
Association de lutte contre l’hyperémèse gravidique : https://www.associationhg.fr/
AVAChance : https://www.facebook.com/groups/92679401859/
Césarine : http://cesarine.org/
Dans ces moments-là : https://www.danscesmomentsla.com/
ESNPE, L’Enfant sans nom – Parents endeuillés : https://lenfantsansnom.fr/
Maman Blues : https://www.maman-blues.fr/
SOS Préma : https://www.sosprema.com/

Éducation, parentalité
Apprendre à éduquer : https://www.facebook.com/apprendreaeduquer/
Apprentie Girafe : https://www.facebook.com/apprentiegirafe/
Ensemble Naturellement : https://www.facebook.com/EnsembleNaturellement
Ergomum : https://www.instagram.com/ergomums/
Les lunettes de Maja : https://www.facebook.com/leslunettesdemaja/
Maman très spirituelle : https://www.facebook.com/MamanTresSpirituelle/
Maman Zen : http://www.mamanzen.com
Palais Savant : https://www.facebook.com/cecilelepalaissavant/
Papa Plume : https://www.instagram.com/papa.plume/
S’éveiller et s’épanouir de manière raisonnée :
http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/

Féminisme, écologie
Association Tentes Rouges : https://tentesrouges.fr
Collectif famille.s : https://www.facebook.com/familles.collectif/
Liste de soignantE*s féministes : https://gynandco.wordpress.com/
Martin Winckler : https://www.facebook.com/WincklerThePhysicianWriter/
Mona Chollet : https://twitter.com/monachollet
Nous Toutes : https://www.instagram.com/noustoutesorg/
Papatriarcat : https://www.instagram.com/papatriarcat/
Planning familial : https://www.planning-familial.org/
Santé environnementale : https://www.instagram.com/terredeparents/

Professionnelles ayant témoigné pour le livre


Anne Evrard, coprésidente du Ciane (Collectif interassociatif autour de la naissance) :
https://ciane.net/
Aurélie, doula en Charente : https://chemins-de-parents.fr/
Aurore, doula dans les Yvelines : https://www.doulasenyvelines.fr/aurore-peuvion/
Claude Didierjean-Jouveau, autrice, membre de nombreuses associations de soutien à
l’allaitement et en périnatalité : https://www.claude-didierjean-jouveau.fr/
Maryline Wybo, doula dans les Alpes-Maritimes : http://maryline.notredoula.fr/maryline/
Soline Bourdeverre, enseignante et autrice : https://www.facebook.com/seveiller –
https://www.instagram.com/solineseveiller/
Virginie Bouffart, professeure de chant, cheffe de chœur et formatrice en chant prénatal :
https://formationchantprenatal.fr – contact@sicamechante.com
Virginie Loth, autrice, accompagnement des femmes, de la maternité et des bébés :
https://www.louveetlune.com/
Index

accouchement accompagné à domicile (ADD). Voir accouchement à domicile 99


accouchement à domicile 86, 99, 111-112
accouchement non assisté (ANA) 99
accouchement prématuré 46
accouchement vaginal après césarienne (AVAC) 112-113
alimentation 85, 128, 134-135, 137, 189-190
alimentation solide 192
allaitement 54, 64-65, 85, 92, 103, 108-110, 129, 133, 137, 139, 172-173, 192, 196, 206,
220, 226-227, 238, 253
anémie 136

baby blues 63, 129-131, 133-134, 229


baby shower 75
bain 170, 181, 203, 237
belly cast 76, 79
belly paint 76, 79
biberon 192, 211
blessingway 75, 78-79
burn-out 198, 229

cercles de femmes 245


césarienne 26, 47, 92-94, 100-101, 104, 108, 112-113, 135
chant prénatal 57
cododo 146, 172, 193, 195-196
cohérence cardiaque 41
communication non violente (CNV) 25, 251
congé maternité 197, 204, 212, 238
consentement 71, 160
contraception 252
coparent 53, 59, 94, 123, 170, 172, 176-177, 179, 197-198, 212-213, 231
couches lavables 189, 191
couple parental 200, 219

déchirure. Voir épisiotomie 135


décollement placentaire 45, 50, 229
deuil périnatal 147
diabète gestationnel 22, 44, 46
dispositif d’aide à la lactation (DAL) 192
diversification alimentaire 192
diversification menée par l’enfant (DME) 193
dossier médical 232

échographie 21-22
écoféminisme 188
écoparentalité 196, 226
émotion 40-41, 118, 129
empowerment 87-88, 91, 187, 227
épisiotomie 90, 108, 135, 160, 220
estime de soi 241

famille 147-148, 150


féminisme 187, 251

grand-mère 149
grands-parents 150
grossesse 21, 40, 46, 50, 222
gynécologue 23
gynécologue-obstétricienne 20

haptonomie 58
hormones 84
hormones de la naissance 126
hydratation 134-135
hygiène naturelle infantile (HNI) 192
hyperémèse gravidique (HG) 42-43, 45-47
hypersensibilité 40

injonction 104, 110, 199, 211, 217


instinct maternel 124, 127
IVG 45, 101

Journal Créatif© 32, 40

La Leche League (LLL) 226


liste de naissance 66
lochies 136, 168, 172
loi Kouchner. Voir Consentement 71

maison de naissance 83, 99


massage 66, 73, 76, 181, 237
maternage 30, 191, 226
maternité 83, 93
maternité (lieu d’accouchement) 98
matrescence 64, 225, 252
méditation 27, 40, 78, 121
menace d’accouchement prématuré (MAP) 45
mort inattendue du nourrisson 146
mort subite du nourrisson. Voir mort inattendue du nourrisson 146
mother’s blessing 75

nausées 37-38, 42-43, 45-46

ocytocine 77, 84, 89, 101, 106, 115-116, 131, 181


oligo-élément 137

parange 145, 147


parentalité 251
peau-à-peau 92, 108, 116-117
péridurale 22, 26, 58, 98-101, 104, 106, 108-109, 111, 113, 159
périnatalité 250
périnée 20, 56, 62, 95, 167, 172
plateau technique 98
pleine conscience 27, 40, 117, 251
portage 172, 193, 204, 206
postnatal 117, 119, 141, 170, 239, 251-252
post-partum 62-65, 116, 166-167, 169, 174, 232
pré-éclampsie 22, 45
prématurité 126-128, 253
préparation à la naissance 53-54, 58-59, 225
projet de naissance 106
prolactine 129
psychogénéalogie 148

relevailles 143, 236


réseaux sociaux 248
sage-femme 19-20, 23, 50, 70, 83, 106, 121, 167
saignements 45
semaines d’aménorrhée (SA) 21
sensation du « ventre vide » 130
sexualité 220-222
sieste 27
signes d’alerte 46
sommeil 85, 120, 130, 173-174, 193
sommeil partagé. Voir Cododo 196
spinning babies (méthode) 47
sport 172
stress 41-42, 85
symptothermie 252

tire-lait 192
toucher vaginal 21, 106, 154
toxémie gravidique. Voir pré-éclampsie 45
toxoplasmose 22
travail 204, 239

vergetures 169-170, 180


violences obstétricales 38, 89, 159-160, 230
visites des proches 122
visualisation 27, 167
vitamine C 136
Table des encadrés

Le suivi de grossesse
Poser les bonnes questions
La sieste éveillée
Pour un rituel créatif quotidien
Les nausées
Les pathologies de la grossesse les plus courantes
Intentions positives pour mieux accepter votre corps
L’haptonomie
Vos essentiels à emporter à la maternité
Organiser les repas
La liste de naissance idéale
Le consentement libre et éclairé
Le petit guide du blessingway
Les hormones de l’accouchement
L’épisiotomie
Accoucher par césarienne
Les différents lieux pour accoucher
Le choix de la péridurale
Comment rédiger votre projet de naissance
Petits chemins pour sortir de l’injonction à la réussite
Bébé rêvé, où es-tu ?
Dormir, dormir, dormir
Plan d’attaque du coparent pour un postnatal préservé
Et si votre bébé est né prématuré ?
Est-ce vraiment un baby blues ?
Le repère hydratation
Quels aliments et pourquoi
La mort inattendue du nourrisson
Comment faciliter cette transformation familiale ?
Écrire, mais comment ?
Et si c’était le moment de vous aimer inconditionnellement ?
Le massage : quand, comment ?
Le féminisme au pluriel
Santé et prévention, un pas après l’autre
Le portage
Que ce soit un vrai choix ou une contrainte, comment bien reprendre le travail ?
Quelle sexualité pendant la grossesse et le postnatal ?
Les recours possibles
Comment vous recentrer
Une Tente Rouge, ça se passe comment ?
Quelques sites pour vous aider
Les autrices

Yanick Revel
Ingénieure informatique puis consultante web, Yanick découvre le métier de
doula en 2004, après la naissance de ses deux enfants. Aussitôt conquise, elle
commence à se former et s’implique très vite dans l’association Doulas de
France : membre du CA, secrétaire, coprésidente, parfois en pause, mais jamais
bien loin pour gérer le site internet ou participer à la vie de l’association. En
2008, elle découvre les Tentes Rouges et devient facilitatrice. Elle est également
une des cofondatrices de l’Institut de formation Doulas de France, dont elle
effectue le cursus complet en 2010.

Amandine Lagarde
Après des études scientifiques, Amandine travaille en laboratoire de recherche
privé puis public, mais le manque de relations humaines l’amène rapidement à
se questionner sur cette vie professionnelle. La naissance de sa première fille en
2008 vient chambouler ses priorités et sa perception du monde. Puis, plusieurs
de ses amies étant devenues mères après elle, elle retrouve dans leurs différents
parcours ce manque d’un accompagnement humain et bienveillant…
En creusant cette question, elle découvre l’existence de l’association Doulas de
France puis, en 2010, décide de participer pour la première fois aux Journées
des Doulas.
C’est lors de ces journées dédiées à la naissance et à l’accompagnement des
femmes qu’Amandine et Yanick se rencontrent !
Yanick continue à s’impliquer dans les associations locales de Lyon et sa
région ; elle élargit également son activité à toutes les étapes de la vie, et
accompagne des femmes dans leur projet de devenir doula.
Amandine se forme au métier de doula auprès de l’Institut de formation
Doulas de France, s’investit activement dans le soutien à la parentalité, organise
des ateliers, des conférences, et facilite, elle aussi des Tentes Rouges. En 2015,
elle quitte son poste d’ingénieure et la ville de Marseille pour s’installer sur le
plateau ardéchois, où elle continue à accompagner les femmes et les familles.
En 2017, Yanick et Amandine coorganisent les Journées des Doulas à Lyon :
c’est un coup de cœur professionnel et humain. Travailler ensemble s’avère si
facile que ce serait de la folie de ne pas recommencer !
Les projets communs se multiplient alors rapidement : en 2018, elles
participent ensemble à l’organisation du premier festival des Tentes Rouges ; en
2019 elles coaniment des journées d’information pour l’association Doulas de
France ; en 2020 elles s’investissent dans la création du Centre Galanthis,
organisme de formation aux métiers de l’accompagnement et du lien.
La coécriture de cet ouvrage est la suite logique de ce parcours partagé !

Retrouvez toutes leurs activités ici :

Amandine :
https://amandinelagarde.fr
www.facebook.com/AutourDuneNaissance
www.instagram.com/autourdunenaissance

Yanick :
https://naissance.nayane.fr
https://douladuweb.fr

Ainsi que les espaces dédiés à ce livre :

www.instagram.com/devenir.mere_le.livre
www.facebook.com/devenir.mere.le.livre
1. https://doulas.info/association/
1. Toutes les adresses web des sites présentés dans le livre sont disponibles en fin d’ouvrage,
rubrique Webographie.
1. Loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé dite « loi Kouchner »,
2002 ; article R. 4127-36 du Code de la santé publique (consentement éclairé), 2016.
2. Blessingway, Éditions La Plage, 2013, http://www.blessingway.fr/
1. La question du projet de naissance est abordée dans le chapitre 6 de ce livre.
2. www.cesarine.org
3. Les taux de césarienne de toutes les maternités françaises sont disponibles sur le site de
Scope Santé, https://www.scopesante.fr/.
1. Le sujet de la difficulté maternelle sera abordé dans la troisième partie de ce livre.
2. Par ordre décroissant pour 100 grammes.
1. AGAPA, L’Enfant sans nom – Parents endeuillés.
2. Élisabeth Martineau, Surmonter la mort de l’enfant attendu, Chronique sociale et Hélène
Gérin, Dans ces moments-là, Bookelis.
3. Documentaire de Damien Boyer et Nans Thomassey, Et je choisis de vivre, 2019.
4. Anne Ancelin Schützenberger, Aïe, mes aïeux !, Desclée De Brouwer (1998) ;
Psychogénéalogie, Payot (2015) ; Exercices pratiques de psychogénéalogie, Payot (2017).
1. Debra Pascali-Bonaro, Elizabeth Davis, La Naissance orgasmique : Guide pour vivre une
naissance sûre, satisfaisante et agréable, Le Hêtre Myriadis, https://www.orgasmicbirth.com/.
1. https://elenigraviere.fr/1000-jours-pour-proteger-sante-enfant/.
2. https://www.quechoisir.org/decryptage-produits-cosmetiques-telechargez-notre-carte-repere-des-
molecules-toxiques-n11449/.
3. Émilie Pinard, Bébé mange seul, livre auto-édité. https://bebemangeseul.com/livre/.
1. https://www.maman-blues.fr/association/les-relais-maman-blues.html.
2. Jean-Marie Delassus, La Difficulté d’être mère, Dunod.
3. Émission « Envoyé spécial », 23 octobre 2003, reportage réalisé par la journaliste Elsa
Margout, sur l’unité de maternologie de Saint-Cyr-l’École.
1. Le matrimoine est, en miroir au patrimoine, l’héritage culturel issu des femmes,
https://www.lematrimoine.fr/quest-ce-que-le-matrimoine/.
2. https://www.who.int/topics/breastfeeding/fr/.
3. Soline a développé l’outil « ANCRER » dans un court essai : Être mère sans s’oublier,
Jouvence, 2020.
1. Anita Diamant, Éditions Charleston.
2. http://www.daliborka-milovanovic.fr/.
3. Pour trouver une tente rouge près de chez vous : https://tentesrouges.fr/participantes/agenda/.
4. Toutes les adresses web des sites sont indiquées en fin d’ouvrage, rubrique Webographie.

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