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Paris, le 3 novembre 2023. Christopher Mellon, ancien secrétaire adjoint américain à la Défense chargé du renseignement, a participé aux révélations sur les ovnis
ces dernières années. LP/Philippe de Poulpiquet
Jamais la question des ovnis, appelés plus pudiquement phénomènes aérospatiaux non
identifiés (PAN), n’a été prise aussi au sérieux qu’aujourd’hui… aux États-Unis. Ce week-end,
c’est pourtant bien à Paris, à la Sorbonne, que des experts internationaux du sujet (scientifiques,
pilotes, ingénieurs…) se rencontrent pour partager les résultats de leurs recherches. Parmi les
intervenants les plus attendus du congrès Écho-Event, Christopher Mellon, secrétaire adjoint à
la Défense pour le renseignement, du temps des présidents américains Bill Clinton et George W.
Bush, qui a participé activement aux révélations de ces dernières années.
Le sujet des ovnis est devenu récemment beaucoup plus visible aux États-Unis.
Même la Nasa s’attaque au problème. Pourquoi ?
CHRISTOPHER MELLON. Principalement parce que Congrès (le Parlement
américain) s’en est emparé. Des pilotes de la Marine ont persuadé les sénateurs des
commissions sénatoriales des forces armées et du renseignement, notamment au moyen de
vidéos, que ces phénomènes étaient réels et qu’il y avait des intrusions dans notre espace aérien.
C’est donc devenu une question de sécurité nationale. Et l’un de ces sénateurs (Bill Nelson) est
devenu par la suite directeur de la Nasa. Quand il y est entré, il était déjà convaincu qu’il
s’agissait d’un problème sérieux.
Absolument, c’est une percée. Cette question était auparavant traitée avec mépris et c’était
presque une hérésie d’en parler au sein du gouvernement ou dans le monde universitaire.
Maintenant, le Dr Avi Loeb de Harvard commence à lui donner une certaine crédibilité. Le
gouvernement aussi a vraiment changé la façon de l’aborder. La question est maintenant : d’où
viennent ces choses ? De quoi s’agit-il ?
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Pourquoi les États-Unis sont-ils le seul pays où les politiciens semblent préoccupés
par les PAN ?
Nous avons peut-être davantage d’intrusions dans notre espace aérien ou nous en sommes peut-
être plus conscients. De plus en plus d’observations sont signalées aux États-Unis, mais quand
on regarde les données ici en France, par exemple, il y avait autant d’observations par habitant
dans les années 1950 que chez nous. Et votre gouvernement s’implique avec le Geipan (le
bureau de l’agence spatiale française, le Cnes, chargé d’analyser les PAN). Il y a une prise de
conscience croissante au niveau international : le gouvernement japonais collecte actuellement
des informations, certains pays d’Amérique du Sud prennent également la question au sérieux…
En 2016, vous avez dit douter que le gouvernement cachait des informations sur
les ovnis. Un an plus tard, le New York Times révélait l’existence d’un programme
secret du Pentagone visant à étudier les PAN, avec à l’appui trois vidéos fournies…
par vous-même. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
J’ai quitté le gouvernement avant la mise en place de ce programme. Quand j’ai commencé à
écrire sur cette question en 2015-2016, j’essayais d’aider une organisation scientifique à
collecter des fonds pour déployer des instruments permettant de collecter des données. J’ai
alors eu connaissance de ce programme et obtenu beaucoup de nouvelles informations. C’est là
que mon point de vue a considérablement évolué.
J’en ai deux. Le premier, c’est la sécurité nationale. Je suis préoccupé par ce qui se passe en tant
que professionnel du renseignement. Lorsque j’ai été confronté à ce problème pour la première
fois, notre gouvernement ne faisait rien. On ignorait complètement le problème. Cela rappelait
Pearl Harbor et le 11-Septembre, lorsque les agences ne partageaient pas les informations qui
auraient pu empêcher ces catastrophes. Le système était cassé. Mais j’ai aussi eu un intérêt
presque toute ma vie pour ce sujet, d’un point de vue scientifique. J’essaie donc d’informer le
public, de l’aider à mieux comprendre le problème, de le sensibiliser.
Cela reste assez risqué d’évoquer ce sujet souvent moqué. Est-ce que ça vous a
isolé ?
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Diriez-vous que la plupart des membres du Congrès sont intéressés par cette
question ou s’agit-il d’une minorité ?
Je dirais que la plupart des membres du Congrès sont intéressés ou curieux à ce sujet. Mais ils
sont également très, très occupés et ont d’autres problèmes plus urgents, comme le déficit
budgétaire. Les membres des comités parlementaires sur les forces armées ou sur le
renseignement sont beaucoup plus informés, beaucoup plus impliqués et ont tendance à être
plus préoccupés.
Je crois que oui. Nous avons des cas si extraordinaires et si bien documentés pour lesquels nous
n’avons tout simplement pas de bonne hypothèse alternative… Nous avons des données, des
pilotes, des techniciens radar, qui rapportent des choses que nous ne comprenons pas, que nous
ne pouvons pas expliquer et qui dépassent de loin les capacités de tout ce qui est fabriqué par
l’homme. Alors naturellement, cela pousse à considérer toutes les options.
Un ancien agent du renseignement, David Grusch, a affirmé sous serment que les
États-Unis détenaient du matériel d’origine non humaine. Que pensez-vous de ses
affirmations ?
Je connais David depuis 2018. Je sais qu’il est crédible. Il a occupé des postes où il côtoyait des
personnes qui auraient accès à ce genre d’informations si elles existaient. Je sais qu’il est
absolument sincère dans ce qu’il croit. Je ne sais pas s’il a eu un accès direct à des éléments, de
ce que j’en comprends, ces informations étaient de seconde main. J’ai, moi-même, plusieurs
sources qui disent la même chose. Sans que je puisse présenter une quelconque preuve. Ma
position est donc la suivante : il existe des informations crédibles provenant de personnes
crédibles et le Congrès devrait enquêter.
Absolument. Il a déjà été adopté par les sénateurs et maintenant les deux chambres doivent
parvenir à un accord sur le texte. Le projet de loi doit ensuite être voté avant d’être soumis au
président pour signature. Il se peut qu’il soit légèrement modifié mais je pense que
l’amendement a de très bonnes chances d’être adopté.
L’une des dispositions clés est la création d’une commission présidentielle qui examinerait les
dossiers des agences liés aux PAN. Et dont les membres recommanderaient au président de
déclassifier les documents dont ils pensent que le public a le droit de savoir.