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Le Secret derrière la porte, un female gothic ?

Sources du genre
Genre américain de réception: à la croisée entre film noir, mélodrame, film en
costumes. Genre circonscrit dans le temps (années 40-50) et concerne peu
de films (une douzaine).

● Le roman gothique : 1er, 1784, The Castle of Otranto de


Horace Walpole : aventure avec rebondissements mélo et
fantastiques. Puis version nouvelle du gothique, féminisation
du récit, avec Ann Radcliffe par ex : lutte de l'héroïne
dans une demeure lugubre emplie de tentations diverses
à l'encontre des idéaux familiaux trad., d'hommes
dangereux et manipulateurs, de créatures surnaturelles...

● Jane Eyre de Charlotte Brontë (1847) : une gouvernante s'éprend d'un


châtelain mystérieux, ombrageux, Rochester, habitant une demeure de famille
vaste et inhospitalière. Elle découvre que la précédente épouse, devenue
folle, est enfermée ds une tour du château. A la fin, union finale entre Jane et
Rochester devenu aveugle à cause de l'incendie du château provoqué par sa
femme.
→ succès monstre et pérenne du livre + plusieurs adapté au ciné, matrice de
bcp de scénar.
Sources du genre

● Alfred Hitchcock : Rebecca (1940) et Suspicion (1941) : deux


1ers films gothiques féminin à budget important.

1) Rebecca : adapté du roman de Daphné du Maurier : héroïne sans


prénom, sans expérience avec les hommes, fascinée par ancienne
épouse de son mari, morte ds conditions mystérieuses dont esprit
semble hanter la maison. Gouvernante miss Danvers, amoureuse de
sa maîtresse, obstacle à l'amour des héros.
Ce film introduit plusieurs traits thématiques et de style :
- voix off féminine
- statut de 2nde femme dévolu à l'héroïne
- déséquilibre psy du mari
- demeure familiale de l'homme ancestrale, peuplée de souvenirs et
portraits, vouée à être détruite par le feu

2) Suspicion : même actrice, Joan Fontaine, joue un perso


de femme maladroite, coincée, mais riche qui suspecte son
mari de vouloir la tuer pour son argent. Pas dans une
ambiance gothique mais contemporaine.

3) Les Enchaînés (1946) : pas un female gothic au sens


strict mais histoire d'une femme sous l'emprise d'un mari
ancien nazi qui la tue à petit feu avec la complicité de sa mère..
Caractéristiques en général et dans Le Secret...
Caractéristiques un peu flottantes en fonction des films : appropriation de chacun
des auteurs. Svt même esthétique que les films noirs...
1) Personnages
● Mari → toxique, pervers (Hantise de Cukor, 1944), drogué (Le Château du dragon,
Mankiewicz, 1946), parano (Lames de fond, Minnelli, 1946), empoisonneur (L'Homme
aux lunettes d'écailles, Sirk, 1948). Ds certains films, il a juste l'apparence du meurtrier
comme ds Le Secret... ou Rebecca.
→ volonté d'emprise qui vient svt de sa supériorité de classe

● Héroïne → enquêtrice, troublée ou fascinée par un « homme fatal » avant de tenter de


résoudre le mystère qu'il représente. Presque INVERSE du FILM NOIR.
→ timide, bien élevé, ingénue, elle passe du rôle de spectatrice à celui de
perso central d'une intrigue dt les ressorts la dépassent (demeure inquiétante, manies
étranges et caprices d'un mari de + en + dangereux).
→ Mais Célia ≠ : pas vierge, femme moderne, ne dépend pas financièrement
de Mark, surmonte seule sa peur pour comprendre son mari et la nature de son propre
désir. A la fin (comme dans Jane Eyre et Rebecca), a acquis un pouvoir sur mari en le
sauvant par une cure psy.
● Svt, présence d'interprétation psycho. pour décrypter la personnalité du mari.
Caractéristiques
1) Personnages
● Gouvernante inquiétante : Miss Robey (cf femme de Rochester ds Jane Eyre
enfermée à cause de sa folie dangereuse) = présence mi-fantomatique,
emmurée ds le lieu, ds son amour, ds son foulard. Cf Miss Danvers dans
Rebecca, même désir de vengeance, même incendie pour prendre possession
des lieux.

2) Décor, esthétique et narration


● Architecture domestique détentrice d'un secret enfoui (héritière du château
colossal et terrifiant, ou souterrain du roman gothique) : demeure, lieu qui dissimule
un secret, souvent lié au passé du mari ; en est la métaphore de sa psychologie...
● Du coup, ds l'intrigue, persistance et possible répétition d'un passé menaçant
qu'il faut dénouer pour changer le cours des choses.
● Esthétique fortement marquée et proche du film noir (clair-obscur...)
● Narration à la 1ère personne en voix off
Influence du Rebecca d'Hitchcock

« Vous vous souvenez de la scène magnifique de Rebecca où


Judith Aderson parle de Rebecca et montre à Joan Fontaine
ses robes et ses fourrures ? Quand j'ai vu ce film (…), Rebecca
était présente, je la voyais. C'était un mélange de grande mise
en scène, d'excellent scénario et de performance d'acteur. Et –
c'est du vol, j'en conviens – j'ai eu le sentiment que j'arriverais
peut-être à quelque chose de semblable dans mon film, quand
Redgrave parle des différentes pièces. » Lang, Entretiens avec
Peter Bogdanovich (années 60)

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