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LIENS
Miche| TOURNADE
La nltute
dans l'æuvre de Françoisde Sales
k, J uolumes
)
1,loInv.
3 TTÛîïL
Cote
Llflz f ilLl
'i
Loc. Uagastil
Directeur de la recherche ,
Monsieur le Professeur Jacques HENNEQUIN
1 " ' V o l u m e : p a g e7 à 2 9 4
A m es p a r e n t s ,
A ma soeur chantal qui sut m'encoura9er à I'occasion de sa
propre soutenance,
Au révérend Père André Brix, osfs, er à 1a Congrêgation des
Oblats de Saint François de Sales.
HISTORIqUE DE LA RECHERCHE
I P R E S E N T A T I O NR A P I D E D E S E D I T I O N S U T I L I S E E S P O U R C E T T E E T U D E
(1) Sa1es Ctrarles Ar.gr:ste de, Histoire de fa vie et des faicb dr: bientrer-rer-o<
Frznçois de Sates,
evesque et prince de Geneve, L3rcn, 1634
(2) Rarrier Arff, Lhrsage et un saint : Frarçois de Sales, Pæis, l&eryelle Cité, 1S5
(3) LajeLrde E. J., Saint François de Sales, lrhcmne, Ia persée, I'actiqr, Paris, G.ryVictor,
1966, 2 rrol.
(4) Les oeurrres de lilessire Flançois de Sales, Evesqr:eet hirne de Gsre\re, drtra-Feuse et saincte
l,lârpire, Fcndats.n de lrhe de l{osbe Dare de la Visitatiqr : cy devant séparenrentpr.rlcliées, et
ilrpnlÉes en divens tenps et en divers enùoits, tant ù virrant, ccnrneæres le décès de I'A.r
tha-r ; et a pnesent recueillies dans ur corps de Volune po-r ta plrs gnande ccnnndité des pensan-
ræs qui aspirant a la pen'fectiqr drestisrre. Editicn rurtrelle, rreve{.leet p}.rs e<actemerrtcq"ri-
gée que les précfurte, et diçæée selcn I'ordne dfi.rit dans lrAô/ertissement ; avec Ia Tab1e
partictnière des Chæibes et qgurnens, â 1â fin de ctraqueTïaité. A Tolose, par Pieme Bæc et
Arnard Colcmiez, ItDO00flÆ,I vol. in folio.
7-
g!_lgg_Éefllgry_gl i g : g g f e s , _ e n r i s h r g _ g s _ n o m br e u s e s _ p r È s g s _ i n é d i t e s ,
Annecy, J. Niérat. Cette édition est lroeuvre des religieuses du
premier monastère de 1a Visltation d'Annecy qui travaillèrent sous
fa direction de dom Mackey, osb, et du R. P. NavateI, sj. ElIe
srachève par Ia publication d'un volume de tables dressé par le
P. A. Denis, moine de 1'abbaye de Tamié, et se présente en vingt-
sept volumes grand in 8o auxquels s'ajoute parfois, en un vingt-
huitième volume, la thèse de Henri Lemaire (1).
Seul 1e choix du texte des Entretiens ne satisfait pas,
dans cette édition, aux exigences critiques (2). Une nouvelle édi-
tion, parue en L933 améIiora 1a qualité de la première présenta-
tion sans donner toutefois pleinement satisfaction. Nous avons
donc recouru, pour notre étude à I'Edition de 1a Bibliothèque de
f a P1 é î a d e : Saint_Frangoi s_9g_!glgs, _Oeuvres, _Intrggge!rgn_è_lg
I l g _ 9 É y g t e , _ T r a i ! É , _ 9 S _ I _ A m o u r _ d e _ Di e u , _ r g g g g i f _ g e s_En tr e t i e n s_s p i -
rituels,_pfÉIgg,g,_et_chronologrs_pgr_AndrÉ_Egyigf ,_!extes_plÉgg!!ÉE
e t_ a n n o tÉg_ggf_Al9f É_Egyi e r_ a - s s_f g r I g! elg ! :. e n_gg_!gg e r_D e v o s,
"_ "
Paris, Gallimard, l-969, (3)
( 1 ) Lsraire llenri, les inqges ctrez Saint Frarçois de Sales, Paris, Nizet, L9fP-.,492 p.
( 2 ) Cf. Anæ Ra:rien, r€fénence ci-4nès
( 3 ) Nobe éhde désigrua dcnc les référrences de tcutes les citatisrs de la narièrre suirrante :
l-) Pq.n tdltes les Oanvres occepté Les Entretiers :
Chiffr€s rcnains : ruÉro d.l Tcne dans lrEditicn d'Ameqrr ) -
sarorr :
chifTr€s arabes : rurÉro de la page dans I'Editicn d'Annecy ) "
I Ccntrorerses
II ffif'étsroara oe u sainte ctoix
ilI Introdrctim à la Vie dévote
rV ffi
v Tbaité de I'anrcur de Dizu
)fi L€tbes
)flr I€ttres
)fiII I€ttres
)flv I€tbes
)v l€tkes
)MI l€tbes
)$-lr l€ttr,es
XV-Iil letkes
)(D( letbes
)0( l€tù,es
)0t I€tbes
)ottr Qpr-rscdes
)OflII Opuscules
)otrv Opnscules
)off Opr.rsctrles
)0ft,|t euscufes à tibe d'o<erp1e : )OffÏ 3l-2
-8
Ie sens.
II L E C O N C E P TD E N A T U R E
Délimitation du suj et
(1) Litæ
(2) P. Robentp. 1139
(3) Saht Flançois de Sales, Oeurn€s, )OilÆ299. Ce sens d: rnot rrnattrrerra été éùîLié par
Dr.rrreJdrr, la ccrpepticn de la naù.ureluraire selcn tt{cntaigne et Saint Fnançois de Sales. I?rèse
in&ite de lr(lnirresité, Ianral, qÉbec, 19@, 267 p.
- 10
( 3 ) id. v 9r.
(4) ibid. v 204
(s)ibid. v 188
-16
( 1 ) Oeui,rres fV 196
( 2 ) id. xw æ/
-L7
(1) OeuvresN æ. Cf. Ps 148. En ce qri cunerne les citaticns bibliqr"es, I'ctru:age de réfénence
de nobe éùrde est rrla Bible" T. O. B. ïbad.æticn oecunéniqre de la Bible, cûprenant I'Arcien
et le lrto.rrreau
testar6llt:"aa-.its sr-urles te<tes æiginar( hébreu et grec, Alliance biblirye Lud-
verselle, I€ Cerf, 1-S2
(2) Oeures fV 293
(3) ia. v 2' K&^Àoç, rà xrMv, dénivé de x.Àdo set-qr saint Dg.ris,,
-L9
( 1 ) Oeunes V 77
( 2 ) id. )ofir 34
( 3 ) id. v 82
(4) Enbetiens l-272
(s)Oeuvres fV 1O5
-20
Thème qui rejoint d'autres citations éparses dans les oeuvres com-
me celle-ci:
un seul mot de Dieu remplit I'air d'oyseaux et 1a mer
de poissons (2) .
mais que son langage nrest pas posé comme étant universel-lement
perceptible.
Pour asseoir cette idée, I'auteur poursuit ensuite
( 1 ) Oeuures I @
( 2 ) id. v 204
( 3 ) id. )cr æ7
-21
(l-) "L€s perfecticns invisibles de Dienr smt rendr:es ccrænérrensiblespar les clræes qri cnt été
faitÆ" Rn L, 19
(2) "Les cietx raccntsrt la gloire de Die.r" Ps L8, l-
(3) 'va à ]a fcntaine" h 6, 6
(4) "Ccrrre la po:Ie rasssrble ses po:ssins" Mt æ, 27
(5) "Ccrrnele csf sctpi-r€r' Ps 41 , 1
(6) "Ccrne l?a.rbrrje al dêetrtrr Ln 4, 3
(7) '',lWæ le lis des cherps" Mt 6, 28
(8) Tort ce t€xte in Oeuvres)OI 307
(9) Lc l-5, 4
(10) Oetlrres )trI 313
-22
f. Conclusi on
( 1 ) Mt 13, 3
( 2 ) Ps 52, 5
( 3 ) Oeuvres)CII 314
(4) id.IV 91. Cette déco:rrentese fait irstirctivercnt par pncpniété rah-relle, tort an rcæec-
tant po.rtant Ia liberté tnuaine
-23
III L A P R E S E N T A T I O ND E L A N A T U R E P A R L I A U l E U R :
L E S ] M A G E S D E N A T U R E D A N S L ' O E U V R ED E F R A N C O I S D E S A L E S
( 1 ) Oeuwes fV 357
( 2 ) id. v 267
27
9gg_9glliggee qui s'enfuit en riant chaque fois que lron veut lui
attribuer sagement un réseau de sens circonscrit.
Ainsi, Dj-eu, nommé par toute Ia tradition vétérotesta-
nentaire sous forme de métaphore, parle-t-iI lui-même par méta-
phore dans 1a Création qu'i1 dépIoie sous les yeux du croyant.
FidèIe au goût de son époque, François de Sales aime à
filer ses métaphores. La thématique cohérente d'une telle entre-
prise permet souvent d'exposer ainsi une réalité spirituelle com-
pIexe. Lrimage empruntée à l-a nature est alors au service de cette
réalité à décrire, et non le contraire. Cette manière de voir in-
duira non seulement Ie choix des images mais autorisera occasion-
nellement fa transformation motivée de fa réalité de départ qui
ne présentait pas 1a cohérence requise (1).
Les métaphores fiIées formeront ainsi souvent une allégorie, de
manière parfois très élaborée, surtout dans le Traité de I'amour
de Dieu.
(1) ce procédé a été farg€rlEnt éhîtié par Antanas Liuilra, Au< scr.rces ôr î:aité de I'anu.n de
Dieu de Saint Fbançois de Sales, Rcrre, wriversité grégæierrre, l-960, 2 volumes.
-29
IV PRESENTATION DU TRAVAIL
encore que toutes Ies autres, permettra d'observer une très gran-
de diversité de sources d'inspiration et un éclectisme étonnant.
Le lapidaire, euê nous évoquerons dans une partie sui-
vante présentera un aspect sans doute plus modeste. Participant
à un aspect inanimé de 1a création, ir nraura certes pas I'im-
portance de Ia faune ou de la flore.
La partie suivante de notre étude évoquera la flore et
toute lresthétique qu'elre enseigne. Nous pourrons y découvrir
une reçon spirituelle plus affinée avec la grande variété des
images offertes.
Enfin' une dernière partie verra rrhomme habiter la
création, La façonner, poursuivre cet éLan créateur eu€, d'après
1a conception sémitique, re créateur en se "reposant" mit dans
f'esprit de sa créature afin qu'il parachève son oeuvre.
1ère PARTIE :
L E J E U D E S Q U A T R E E L E M E N T SF O N D A M E N T A U X
- 33
1 L E J E U D E S Q U A T R EE L E M E N T SF O N D A M E N T A U X
I1 LE FEU
(l) La rectprctp psychologique, quant à elle, insiste égalerpnt sur le caractère prinordial de cet
élénpnt : 'Iihus ne scrIIEs pas très éloignés de croire que le feu est très précisfunt le proier
objet, le prenier ptréncnèrezur lequel ltesprit hrmain ait réfléchi; entre tcus les phéncmènes,le
feu seul rÉrite, po.r I'hcnæ préhistorique, le désir de ccnnaîrre par cela mâ'e qu'il acccnpagnele
désir d'ainer". Bachelard C,asÈon, La psychanalysedu feu, Gallirmrd, 1949, 22L p.
e) crL22
- 35
lui fait voir dans 1e feu qu'un sinple signe, Èoujours à dépasser,
pour renconËrer Dieu.
Ce Dieu se manifesÈe effectivement sous 1a forme du feu
dans plusieurs théophanies. I1 joue un rô1e essentiel dans lrexpé-
rience fondatrice du peuple hébreu. C'est. ce signe qui sera décrit
lors t
de l envoi en nission de l'1oÎse au mont Horeb ( 1), de même
sera-t-i1 redoutablement présent lorsque 1a montagne fuEera lors de
1a Eransmission solennelle du décalogue sur 1e SinaÎ. (2)
seulement feu mais aussi brise 1égère (3), ce synbole sera pourtant
(l) Fr(. 3
(2) id. le
(3)1R19
(4) 2 R z,tL
(s) rs. 6
G) Ez.r
(7) Cr. 8,6
(8) Dt. 3,1O
-36
1) t-r. 12,49
e) w. 9,43
(3)2P3, 1co3,t5
(4) W 9,2t
(5)2R1, lG14
(6) &r 1,4
(7) Ib Io,27 er Ap æ,10
(8) I't 9,4
(9) Le }byne P., cité par Sellier Ph. danssa thèse sur "Pascalet saint Augustin".
-37
E€, nous conserverons notre plan par source d I inspirat ion en cons i-
chauffage (1).
coin du feu : les vieillards sans doute, mais aussi certains en-
Quand les parents onË des enfanÈs qui ont ces defauts
que nous venons de dire, (boiËeux, borgnes. . . ), ou
quelqu t autre, les laissent au coin du feu disant que
ils ne sont pas bons pour 1e monde, et qutil 1es faut
metEre en rel igion, guê ce sera autant de décharge pour
leur maison. (2)
posées fanil ièremenË à leur fondateur par les premières Vis itandi-
sorÈe de cheminée.
Genève saiÈ que le feu n'esE malheureusement pas une réalité pour
Èous ses diocésains. La vie est dure pour les pauvres dans ces ru-
(1) EnÈretiens13O2
(2) id. 1308. La ^ idée érait expriÉe dans lrlntroduct.ion à la vie dévote III,90 so.r forËe
opression directenent méta$roriçe : "rallunes rffi mtin en vostre
coeur, par une dcuzaine de vives aspirations, hrmiliaÈions et eslæcæns aEirreLDCque vors feres
sur ce divin sauvzur de vostre æett.
(3) OennresffiI, 12, inspiré de I,r. 12,49. A une zutre occasion, dans ce fu te:<te, dit du "rè-
glænt de Padore" ccnposélors de sa vie estudiantine, Frærçois de Sales revierdra sur cetËe
rÊme irnaæ des pauwes transis qui doivenc faire de l'e:<ercice polr se rédlauffer.
cf. Oeurres )OCI 44
39
(1) A la nÊme époqræ des dizaines de sorcières étaient envoyées au bûclpr ccrrrrE en tfuigne
Nicolas Rémy, procureur du ôrc de lorraine.
RémyNicolas, Ibænolatreiae libritres llgdtnni, in officina Vincentii, I{DAI/ (1595), Èrois
volrqps ln 4o
(2) Oeuwes XI.3
de Itamour purifié.
union avec son Dieu et qui sait que ce1le-ci passera par une puri-
Cette idée sera très souvenf reprise dans les propos de 1'auteur
(1) oer:vres V 42
(2) L€ problà.rp de la ccnùustion était étudié au )MIIàrc siècle avec atÈention, reprenanË parfois
les théories de lrantiquiré et des thèses zur la quinÈessenc€, p. ê. "les Egptiens le disaient
être rm aninal rarrissant eÈ insatiable, qui dÉvorait tq.rt ce qui prerd naissance eË accroissænt'
eÈ enfin soi&..." VigerÈseBlaise, Traité du feu et du sel, Paris, L622, p. û
(3) Oeuwes_)(D( 314
(4) id. )off 426
(s) id. xx 211
-42
contemplat ive.
Cette dernière citation nous faisaic entrevoir quel
est, pour 1'auteur, 1e je,, subtil qui unit 1es différentes compo-
santes du feu : à savoir les cendres, les flamrnes et la fumée.
( 1 ) Entretiens 105
tison que nul ne soupçonne mais qui Peut un jour tout embraser.
La même idée sera reprise trois pages plus Ioin avec un petit de-
Dans 1e Traité, cette même iurage sera reprise une dernière fois
doute
test sous 1a multitude des peches veniels
et c thors,
comme sous des cendres, 1e feu du Saint Amour demeure
couvert et sa lueur estouffee, quoy que non Pas amort ie
ni esteint (2).
pas aimé que sa doctrine ne soit saisie que comme étanÈ purement
Q) id. rv 219
( 3 ) id. rrr 16
44
N'al lons pas flairer ici quelque suspecte remarque obscurant iste.
Nous savons combien 1 t é v ê q ue de Genève ainait et prônait 1 tétude
de 1a Èhéologie et se montrait en tous domaines intellectuellement
curieux. Sa remarque porËe sinplement ici sur les limites souvent
dénoncées t
à son époque d une recherche où I t ourrance "ab abstrac-
to", comme se plaisait tant à 1e faire 1a scolastique décadente,
n'arrivait qu'à des subtilités aussi inutiles et affligeantes...
que 1a furnée. E1 1e vise aussi 1a vanité de I'orgueil intellectu-
el (3).
La fumée prendra toujours sous 1a plume salésienne une
acception péjorative. E11e servira à syurboliser successivement
dans certaines de ses lettres'1 tinquiétude, 1es dereglemens, les
mouvemens d'un coeur irrégu1 ier" t
(4 ) , 1e monde qui n apparaît au
mourant que sous cetEe forme illusoire de fumée au moment cru-
cial (5), 1a présence en Chablais des hérétiques - et non bien
Èout entier.
I
Helas, c esË toy qui me jettes dans 1e feu, et Ëu ne
veux pas que je brusle; tu me jettes 1a fumee aux yeux'
t ? (2)
et fu ne veux pas qu'i1z s enflanment
esË ainsi cohérente avec 1es cendres que deviendront les corps (3).
1e remarquable d t une rare inÈens ité poét ique en même temps que
de 1a manière suivante :
( 1 ) OeuwesV 312
et dans une lett.re en ital ien, 1a foi cathol ique est conparée à
teur.
lors dtune maladie jugée irrémédiable par son en!ourage, avaiÈ dé-
cidé de remeÈtre son corps à 1a science. Mais si 1'auteur resta
( 1 ) Oeuvres )0n]|[ 97
Q) id. )oilIl 13
(3) id. xx 23
49
anciens.
(1) Oer,nrres
W 157
(2) ibid. s6
(3) id. vrr 99 sq.
(4) tbnri Tarnai;g, crp. cit.
.50
(f ) Oeuvres)OMI 151
(2) Iæs Serrcns reprennent. la plupart du tenps 1ss ir'âges présenÈéesdans les autres oeLvres.
l,bntionnons cependant un intéressant et original ccmentaire du festin drAbratran çi reçoit à
midi, so.rs le soleil, trois voyageurs. Cen 18,I sq. Iæ soleil est ici perçu ccrrrF la divire
présence qui ilhmirre tcute cetËe révélation trinitaire. cf. Oeuwes D( 1O5
(3) OeuwesIII 186 cf. Ex 3,2
' 51
(1) Oeuwes)O([II æ
(2) 2 È1€lc
r, ty22
(3) OeuwesV 284
(+) Cette bqre inflærable tirée du prits fait sans dcute penser à du péÈrole, ce qui rendrait
scientifique"pnt crédible ce "sigre" bibliqr:e. Cette interpréÈation nrest en tqls cas pas dans
les préoccupations de lrauËeur, bien qu'on lise dans le Traité cette particulariré qu'en Dau$riné
l'on connaît : "Ltrrfetr qui par ueweille se rnrrrit en uË fontaire proclre de Grenoble" cf. fV 63
-54-
latin
sicut definit fumus, deficiant (1)
larope qui n'est pas allumée pour être mise sous 1e boisseau re-
et
ne laisses pas plus longtems sous 1e boisseau
cette lampe a l l u m e e par 1e feu divin, nais places 1a
sur 1e chandelier, a f i n q u ' e 1 1 e e c l a i r e tous ceux qui
sont dans 1a m a i s o n ( 4 ).
Q ) id. II r22
( 3 ) id. )0( æB
(4) id. )v t77
-55-
Dans 1e texte de Luc, ce feu doit être pour Jésus à 1a fois celui
qui acconpagnera 1e jugeurenË de Dieu dans les tableaux eschaËo1o-
giques qu'i1 décrit et 1e feu de 1a Pentecôte, présenté comme un
nouveau Baptême. François de Sales ne retient aucun de ces deux
sens. Pour 1ui, 1e feu esÈ Èoujours lramour et 1a charité, aussi
inséparables, comme nous 1'avons vur que 1a flamme I'est du feu:
Nostre Seigneur avoit. mis 1e feu de sa charité au monde,
les apostres avec 1e souffle de leurs predications
I'avoyent estendu et faict courir par I'univers : on diÈ
qu t il estoit esteinË par 1 t eau de 1 I ignorance et super-
stit.ion; qui 1e pourra rallumer 1. Le souf f 1e n'y sert de
r ien; i1 faudroit doncques peut esEre rebattre de nou-
veau avec les clous eË 1a lance sur Jesus Christ., pierre
vivante, pour en faLre sortir un nouveau feu ? (2)
Nous retrouvons ici 1e style un peu rugueux des Controverses qui
ne possèdent pas 1a limpidité et 1'unité d'inspiration qui suivra
dans les autres oeuvres. La complaisance est presque baroque, qui
invite avec quelques détails précis à recrucifier 1e Christ pour
en faire rejaillir 1e feu: argumenÈ polémique qui comporte quel-
ques incohérences, à force de vouloir touË dire entre 1es images,
celles du feu, ce1le du Christ en croix et celle de 1a pierre
vivanÈe.
Q ) OetrwesI 128
( 3 ) cf. dans l'ordre t It L2,49 -Lc.2,3I - II P 3,9 dans OeuyresW 288
-56-
Nous surprendra beaucoup moins, sans doute, cette évocaË ion du feu
de I'enfer :
( 1 ) I Co 5,6
Q ) Oerlwes I 371
( 3 ) id. v 298
(4) Ap 13,13,cité sirylerpnt dans Oeuwes I 103
(s)Oeurres)0IIII 3m
-59-
classique :
tion de lrastre qui est feu par excellence : 1e so1ei1. C'est elle
que nous allons étudier tnaintenant.
(1) OeuvresV 52
(2) id. N z7lévoquant : St Augrrstin, De civitate Dei 1, XKI, CVII
(3) id. I 65 évoquærtSt Bernard, Semnn79 in Cant
(4) id. rr 20s
(5) ibid. rr 85
-60-
tL2 Le solei1
les mythes 1es plus anciens, déjà, cette irnage esÈ au centre des
mière du soleil.
- TTegùflrOc yo?Etuv liveu lotég vâ t'â)'ec ( 1)
Les ombres, réalités visibles dans ceLte figuration, ne son! Pas
lunineuse.
CeLte métaphys ique de 1a lumière qui naquit en une con-
(l) platon, traduit ainsi : "des choses pythagpricieilres, ne parle pas sans ltmière".
-6r-
les anciens 1ieux de culÈe et bapt iser les dates des sol st ices
celle de Noë1 par exemple - pour promouvoir son propre message.
Le thène de 1a lumière et du solei1 retrouva 1à une diurension
nouvelle en s thartnonisanÈ avec un conEenu biblique duquel i1
était bien loin d'être absent.
En effet, dès 1e Livre de 1a Genèse, 1e Dieu créateur
bienfaisante de lrastre :
(1) cn 1,3
(2) Scupoli lorenzo, I.e irituel, Paris, IæforË, 1893, 314 p. I1 est dr.rreste fort
inÈéressant de consÈater Scupoli, et plus encore que lui, I'anteur insiste sur
le fait qtre le drrétien esr déjà ' de ce ccôat, ce qui ne le dispense pourÈant en aucun
cas de le rener.
Iorenzo Scupoli : 1æccnbat spirituel, le livre de podre de saint François de Sales' par
E.J. Lajeunie, Forcalquier, Robert lbrel, 1966.
(3) Jn 12,36
(4) ttt 5,45
-62-
(1) lt 17,2
(ù Ac 26,L3
(3) Deut4,I9; I7,3, Jr 8,1
(+) rs L4, L2-t5
-63-
appelés à tomber ?
Le soleil se changera en ténèbres, et 1a lune en sang'
avant q u e vienne 1e j o u r d u S e i g n e u r ( 1) .
(1) Ac 2,æ
Q) k L,7
(3) Ap 23
(4) Rqrsset Jean, La littérature de 1râæ baroque en France - Circé et le paon. Paris, Corti,
t9v.
-64-
1e destin malheureux ?
(1) cf. Toscanne Bernard, Lridée de nature en France dans Ia seconde nritié du )(VIIàE siècle
Paris, Klincksieck, 1978
(2) Oeuwes)$tII %
-65-
E€, désire montrer au fil des pages de ses oeuvres que 1a lumière
(1) r6t7
Q ) OetnrresXVIII, !14"I1 a de très grandes qualités"
-66-
( 1 ) Oeurres V 23
Q) id. rrr 50
-67-
d'appar it ion.
lemenE repris...
Pourtanf François de Sales, par son insistance sur cer-
muable à nos yeux d'hommes tant i1 esC vrai q,rtà 1réche11e d'une
cette observation z
Sic sol unico et continuato acËu lumen suum inferiori
orbi seItrper offert eÈ Praestat, nec ulla noctium et
dierum vicissitudine in seipso a f . f . i c i t u r ' 1icet, res-
pectu nostri, repetitor Quamvis e o d e m c u r s u r n o c È i um et
dierum divers itaËe dist inguatur ( I ) .
I'astre n'est jamais affecté et que son cycle est immuable. I11u-
sion pour nous que ce jour et que cette nuit qui permet' toujours
(f ) Oeg,rres)0ç1II lO5, traduit ainsi : "Ainsi le soleil, par un acÈe wriqtæ et ccÊirnr, offre et
crffi-ique sa h,unièreauncrde inférieur, et nrest aucwrsænt affecté en lui..fu par lralter
nancedes ngits et des jcurs, bien que, par raport à no:s, la diversité des rnrits et desjcurs
nous fasse distingr.rer en lui un co;rs sÉrnscesse recæncé dans scn unité."
(2) ibid. 11g;,]r2O2, Èraduit ainsi : "parce qræ le soleil ne luit pas au profic du hibor' ne
luirrt-il pas à notre profit ?"
-68-
letcre.
L t auteur, dans 1e Traité que nous allons citer assez
t ion de
largemenE, nous invite à a1 ler plus avant dans l observat
I'asÈre du jour.
une comparaison qui ntest pas parfaiËe, comme Èoutes les comparai-
meint qui dissipe une vue infirne. CeEte initiative de Dieu qui se
( 1 ) Oeuwes IV 209
Q) Ps 35,10
-69-
1618 i
On ne rernercie pas 1e soleil dequoy i1 fait 1e jour, ni
1a lune dequoy e11e esclaire 1a nuit ' Parce q ue c'est
leur nature. Ni ne vous remercieray pas du bon accueil
que vous aves fait a monsieur 1e president Crespin (1)
Q ) id. \r 297
( 3 ) ibid. rv 112
-7r-
( l ) Oeuwes V 89
Q ) ibid. v 24
( 3 ) id. rv 136
-72-
( I ) Oarvres fV 87
- 75 -
( 1 ) !t 16,3
Q ) Oetrwes IV 88
-76-
( 1 ) OeuwesXII 183
Q ) id. )fi\Ir 179
( 3 ) id. rrr 317
( 4 ) id. )CTII99
(s)id. )otr 105
-78-
une seule fois, pour en revenir à des passages de naËure plus doc-
r é v ê q u e
trinale, 1 nous expose une image négaÈive d tun soleil qui
peut aPParaître comme contradictoire face à tout ce qui nous avait
éEé montré. E11e sert à iflust.rer, en fin du chapitre II du IXème
livre du Traité I ' idée d rune invariable fidélité du croyanr au-
delà des épreuves extérieures mais surtout intérieures qu'il peut
rencontrer.
Le Propos en arrive à 1a descript.ion d'un paroxisme d'épreuves sous
les ËraiÈs d'un so1ei1, iurage de la figure du sauveur donÈ 1es
yeux alangouris et couv ertz des tenebres de la mort ne
jettoyent plus que des regards de douleur, comme aussi
1e soleil, des rayons d'horreur eË d'affreuses tene-
bres (1).
(1) OeuvresIII lm
(2) id. r to3
(3) id. rr 2n
(4) ibid. rr 16
(5) id. xrr 366
(6) cet ordre de la naËure
Peut être sa.rligné dans la prédication ccsne étant la nanifestation
éclatante drune Proviènce divine. Oeurres VII 89
_80_
saint Louys, ltun des grans roys que le soleil ait vu (3)
Mais peut-être pouvons-nous voir ici une fine al lus ion polémique
au I ivre de LfEcclj:jelle qui affirme ttqutil
rty a rien de nouveau
sous le solei1..." (4)
rl, sert surrou! à nombre de formules de politesse plus ou
moins stéréotypées rorsque Itauteur stadresse à des grands de ce
monde ' La Prose latine ecclésiastique requiert des mét.aphores dont
re goûc nous paraîtra sans doute aujourd'hui quelque peu ampoulé.
L I évêque ne déroge pourt.ant nullement aux usages en vigueur pour
s t adresser au pape :
Sgl qggque_e_o abudantius.ac pressius radios suos
effundiÈ in hqec qosÈra inferioiffi, izont i
rnsideÈ ac doq!r,"4.. Tu auÈem, Beatissine pater cor es
et soI ÈoÈius ministerii ecclesiastici (5
(1) Oeuwes fV 74
(2) id. w 268
(3) id. rrr t9o
(a) qo r,re
(5) OenuresnI 72, traduit ainsi : 'De rÊ*
encore, c'est à rrEsurequ'il s'élève et plane à I ' h r
riznn, que le soleil darde ses rayoff; prus intenses et plus
ardents sur Ia terre. Or, très Saint
Père, vans êtes le coeur et le soleil àe ltétat ecclésiascique
tqrt entier.tt
-81 -
(1) Oeuwes)trV 23
(2) lettre au Baron Addée de Villecte dans Oarwes )ff 265
(3) Oeuwes XXIV435
(4) ibid. )ocv 278
-82-
directes du so1ei1. Une première nta jamais servi (1) eE une secorr
de raPPorte les propos de Pline relatifs à 1a vi1le de Séleucie :
"mihi esse videor in i11o monte Cassio, Seleuciae
v ie ino, de guo Pl inius ait videri utrumgue hemispherium,
unde duabus horis posÈ mediam nocÈem videÈur ex una
parte nox obscuriss ima, ex al ia dies lucidiss imus" (Z) .
Cette dernière image sera reprise par l t auteur dans sa prédica-
Èion (3).
;ii":'":i:;i"::1::.T::: "?lr
i::::::""i:"i::";J;:;":::.
rci, lfauteur, parlant de Marie, en vient à définir cette excer.
lence d'inspiration qui est à ltorigine de 1'rncarnation. Nous
retrouvons 1e même terme pour traduire cette fois une inspiration
plus générale que Dieu adresse à tous:
et Dieu, soleil de justice, darde sur tous, tres suffi-
samment ains abondanment, les rayons de ses inspirations,
i1 eschauffe nos coeurs de ses benedictions, touchant
( 1 ) Oeuvres IV 230
Q) ibid. w 135
( 3 ) Iættre an< habitarrts de Cenève Oeurres )CII 391
-84-
( 1 ) Oeurres XV 20
Q) id. w 130
(3) id. rrr 91
(4) ibid. rrr 150
- 8s
(1) Oeuvres III 333, I1 serait possible de replacer égalaænt dtrrs ceÈre catéærie d'e:pressions
drorigire hébraÎque, des ænticns ccme t'le soleil des s<ercices spirituels" qui qualifie
lrBrcharistie - ce qui nans avait seùlé davantagerelever drtre notion de préâninencedu soleil
en tant que créature obsenrée -
(2) id. rv 91 ciranr à la fin Ps 148,5
- 86
( 1 ) Oeuwes I 307
toute nouvelle.
C'est lrEglise que 1e Psalmiste chante:
Dieu lta fondée en éternité.
(1) Oer:vresI 63. Cet argwent scripturaire sera repris à diverses reprises. Oer.nrres
I44,69, I27,
132, 139, soiÈ seul, soit en associaËion €tvecune série dti'n"æs évoquant la fu réalité : la
lr.ne, lrarrerrciel, la rcntagne.
(2) id. xrv 46
(3) id. )Mr 176
- 89
nous visiter, lunière sur ceux qui gisaient dans les ténèbres et
compÈe en tous cas d'un mode de vie forË éloigné du nôtre et plus
( 1 ) l-c.I, 78-.79
Q ) Oeuwes III 20
( 3 ) ainsi qu'il lroqplique dans le Traité de lrAquJr de Dieu, Oeuyres V 277
( 4 ) Brix André : Franqois de Sales cænte le Cantique des Cantiqr.ps, Crapcrne, 1984.
- 90
ainsi décriËe :
Le thème est ic i asse z di fférent, i1 res itue 1es réa1 ités les
plus éclatanËes de 1a création comme étant des chemins, un passa-
ge, une sorte d'escalier ou dtéche11e comme 1e suggère
Bellarmin (5), pour monter à Dieu, dans une relation amoureuse
(1) Oeuvres)OilII 17
(2) id. w e
(3) ct 1,6
(4) Oetrvres)O(VI18
(s) nettarminn. Eq
Lenm cre.t.n-)
- 91
Se igneur lui-même .
La reprise t
et I insistance sur ce détai1 du teint de 1a Sulamite
nous introduit à un Èhème cher au sa1ésianisme: lramour de Dieu
transfigure radicalemenË Èout comme 1e soleil transforme 1e teint
de celui qui stexpose à son ardeur. Cette transformation rend
beau et attiranË.
e) id. rv 357
( 3 ) id. )otr 68
92
ou encore
Cheminés donq tous jours ainsy aupres de Dieu' car son
ombre est plus salutaire que 1e soleil (4)
et enfin
Or sus, ma chere Fi11e, tenés vous bien a Dieu;
consacrés luy tous vos travaux, attendés avec Par ience
1e retour de vostre beau soleil (5).
( 1 ) Ct 2,9
Q ) Oeuwes )W 151
(3) ibid. )$ 22t
(4) ibid. xv 319
(s)ibid. xv 161
( 6 ) id. )Mrrr 136
-93
( 1 ) Oeuvres )trV 19
Q ) id. )OflI 106. I€ prédicatior reprend des te:ces secblables. cf. OeurrresUII 278
94
(1) Jn 12,35
(2) Oeuwes )O{tI 168 "... et quittant les ténèbres de lrhérésie calviniste, sont venues à la waie
h-urière du Christ Jésus, noËre wai Soleil."
(3) id. )trrr 82
(4) id. III 164 se référanr à EÉr 4,26
95
Cette lettre de 1613 rejoint curieusement une intuit ion très forte
que François de Sales porta toujours en 1ui et qu'i1 sut develop-
per et communiquer dans tous ses écrits: cel1e de 1a présence
( 1 ) Oeuwes W 1%
Q ) id. )w 368
(3) id. )otrr 32
96
Q ) ibid. rr 118
-97
sionnante, parlant même aux gens peu instruits par f imaginat ion
t qu'e11es proposenË, elles sont présentées
et 1a débauche d images
par François de Sales comme illustration à un passage de son
Traité.
Le rayon opère ici une sorte de dissolut ion alchinique des démons,
peints sous 1es traits les plus sombres, associant avec la symbo-
lique de 1a lumière, vainqueur des ténèbres, f idée de plaisir
exprimée ici sous 1e mode de 1a disparition de 1a douleur.
Cette mention du plaisir procuré par 1e rayon divin est encore
plus précise dans une autre allusion à 1a biographie dtun Père de
1'Eglise, Saint Pacôme
Ce fut autre chose que son resveilr auquel Dieu 1e tou-
cha, comme 1e soleil touche 1a terre avec un rayon de sa
clarté, qui 1e renplit d'un grand playsir spirituel (3).
( 1 ) Oeurres )VIII I
Q) id. rv 179
( 3 ) ibid. rv 132
-99
(t) neatite que nq,ts déveloperons dans notre partie sur l'arbre.
(2) Psyctranalyse,syùole et sigrifiant chez François de Sales.
ccmurication aur(Jcurnées salésierrres par Théophile Sctlreller {.S.F.S.- en 1978
LO2
Christ étant pour saint Jean tellement 1iée à 1a lurnière que ceÈ
Dans ce même contexte, êDtraîné par une fougue polémique que nous
ne retrouverons pas dans ses ouvrages de maturité, 1e missionnai-
re du Chablais dénonce 1a perversion des valeurs qu'i1 impuÈe à
ses cont.radicteurs :
voir dans ltobscurité lorsque les yeux sont accoutumés à une vive
lueur
et comme ceux qui ont esté longuement parmi 1a splen-
deur ne voyent goutfe en 1'ombre ou en quelque lumiere
un peu obscure' ainsy ceux qui se sont adonnés grande-
menË a ltestime de Dieu ne sIestimenË rien eux-mêmes (3)
I sur
quant au bien, sâ vraye image, c esË 1a lumiere,
tout e n ce q u e 1 a l u m i e r e r e c u e i l l e , r e d u i t , e t c o nvertit
a soy tout ce q u i e s t ( d o n E 1 e s o l e i l e n t r e I e s g r e cs est
nommé dtune p a r o l e ( 1 ) l a q u e l l e m o n s t r e q u ' i 1 f a i t q u e t o u-
tes choses s o y e n t r a m a s s e e s e Ë s e r r e e s , r a s s e m b l a n t l e s
dispersees, comme 1a bonté convert it a soy toutes
choses). ( 2 )
La gradation de 1a lumière
La pénétration de 1a présence de Dieu dans 1a vie du
(t) c' HÀGog , raproctré-de l'adjecttt ioÀÀ,iS par Saint Denis. D'après les philologrres
mdernes, la racine serait ÉÀi1riÀ1 , ctlaleur du soleil. cf. note (1) Oew'res V 23
Q ) Oeuwes V 23
(3) ibid. v 22
107
Q) Ac2,1sq
(3) OetnrresM30
( 4 ) id. )OflI 48 et )OMI 23O
- 108
(f) Sn r-nreparôole originale qui seuble bien être inspirée lointainspnt du ryEhe de la carrerne de
Platon, François de Sales irnagine, dans ur Sersrcn,la situation drtrre fenrrp en prison faisant dans
I'obscurité de sa cellule lréducation de ssr fils. Sa.rle r-urepetite drardelle le préparerait à la
décqrrrerte du soleil, le jctrr de sa libération. La leçon nrest pas platoriciernre po.rrtæt. Pcur
François de Sales, la réalité paradisiaqtæ dépassetoLrt ce que le croyanÈ peuË irngirer.
Oetnres X 2Y.
(2) Oetrwes W 136
(3) id. v 137
- 110
fessait avoir reçu des lumières toutes particul ières, nous est
( 1 ) Oeuvres X/ 380
1I 32 La beauté du j our
( 1 ) Oeuvres )Qtr 52
Q ) id. T r47
( 3 ) id. XTII 84
r15
( 1 ) Oeuvres III 62
Q ) id. )(Irr 318
( 3 ) id: III 316
- 1t6 -
Q) r,t-r2,n
(5) Is 42,3
_LL7-
trop s iurpl iste pourrait inaginer. De fait, dans 1e choix des termes
mêmes, nous pourrons observer que 1a nuit est connotée de manière
alternativement positive eE négative, Èêndis que les ténèbres sont
habituellement présentéesde manière négative. Cette distinction est
Q) id. v 2r2
( 3 ) id. )otr 67
118
(t) oeurresr gæ
- ll9 -
(1) Oeuwes)fD( 13
(2) id. rrr so
(3) ibid. rrr 249
r20
inEerninables.
Nous avons veu des gentilhommes e! des dames passer 1a
nuiE entiere, ains plusieurs nuit z de suiÈe a jouer aux
echecs et aux cartes... (l)
Ctest que même sans bals, la nuit ntest pas sans dangers en une
armée esr souvenE nécessaire pour raccompagner chez eux les invi-
tés d'un souper. La nuit est propice également aux conspirat ions
tévêque amis n'étaient
et accusations injustes, dont même 1 et ses
pas toujours exempËs, compte tenu du caractère sourcilleux de
leur Duc.
( 1 ) Oetrwes III 2n
Q ) ibid. rrr 290
(3) Entretiens 1189
( 4 ) Oeurres )(VI 317
I2l
( l ) Oeuvres )0CIV435
(1) Oer:vresIJI 3Y
(2) id. w 134
(3) Enrretiens 1278
(4) Oeuvresn 9o
(5) id. )$III 151. l,Ioins grave mais dans la nÊre logique de représentaticr, no.rs trq.Jr/ons la
rention de "craintes eË sùres" qui altèrenÉ la qualité de Ia prière. OetrwesXIII 56; obscurité
ccnfuserparfois détaillée, id. II 1%.
(6) Oetrwes ÆII 2Y
(7) id. )(\rlr 41
(8) id. )vrrr 213
L23
La : privilégié rEcriËure
1135 nuit un temps synbolique dans I
car Dieu est bien ce flambeau qui bril1e dans 1a nuit, écarte 1e
livre aux embûches de 1a nuit, cett.e "heure des ténèbres" (3) qui
renenÈ 'évêque
1 de Genève.
Q) r,t 28,3
(3) Oeuwes)trII ll4 cf.. I.c.24,29
(4) ibid. xrrr 114
L25
che.
L'obscurité, 1'ombre, 1es ténèbres sont laides et
enlaidissent toute chose parce quten icelles rien n'est
connoissable, ni ltordre, ni 1a distinction, ni 1'union,
ni 1a convenance; qui a fait dire a Saint Denis que Dieu
"comme souveraine beauté est autheur de 1a belle conve-
nance, du beau lustre et de 1a bonne grace qui est en
toutes choses, faisant esclatter, en forme de lumiere,
les d ist inct ions et departemens de son rayon" p"t
rharmonie jour
1137 Le maËin, temps de I enËre 1a nuit et 1e
(1) Oeuwes W 24
(Z) Oes traiÈs sitples de certains Serrcns se plaisenË à évoquer le réveil de rcute la créatiqr :
"L'a,'be faic chanter les polletrl fâEffe esÈoille resjorit les malades, faict chanter les
oyseauc."Oeurres VII 205
(3) Oeuwes X\,ttII 55
r27
( 1 ) Oeurres WI 292
Q) id. )(I 177
( 3 ) id. r\t 42
(4) ibid. rv 130
r28
(2) id. rv s4
(3) id. rrr 26
(4) id. r lss
(5) id. W 22 traduit ainsi : "I1 æ sable que les præriers rayons du jorr spirituel cctruencent
à s'éterdre sur les habitants de Cenève."
r29
114 Astrologie
(t) Oeuvres)(VI 17
(2) id. Iv 106cianr cr 4,1o er Pr 4,18
(3) id. )v 2s8
(a) ia. )o(\rr33
130
connaissance de Itautre.
EE comme au grand monde, 1e ciel n'est pas tous-jours
tair par
serein et descouvert, mais souvent l se couvre
des nuages et brouillardz, ainsy au petit monde, qui
est lthomme, ltespriË nrest pas tous-jours gay et clair,
mais couver! quelque fois d'assoupissement qui trouble
sa clairté et empesche sa gayeté (2).
François de Sales expose cette réa1 iré bien observée pour évoquer
astres.
( 1 ) Oeuvres IV 346
e) Ca zrn
(3) OeuwesV 149
(4) )MIII 234
-L32-
11431 La lune
( l ) Oewres I 142
Q) id. rrr 291
( 3 ) ibid. rrr 125
135
( 1 ) Oeuwes V 225
Q) id. rr 235
(3) id. )(Irr 331
( 4 ) ibid. xrrr 16
-L36-
aussi sûrement que 1e ciel couvre toute La terre des hommes (2).
Dieu lui avait promis que sa générat ion serait mult ipl iée
conme 1es étoiles du ciel et les sablons de 1a ner (3)
1es Entretiens :
( 1 ) Oeurres )(V-I112. Cette cc4araison a été poprlarisée par l'hyrre liÈurgiqr:e Ave l4aris Stella.
Q) Gn 1515
( 3 ) Entretiens 1222, ntu citation dans Oeuwes )$III 282
(4) Oeuwes )0W 161
(s)cn 29, 10-15
( 6 ) Entretiens 1324
( 7 ) ibid. 13æ
r37
Les Lettres apostol iques nous parlent encore du ciel (8), notam-
ment 1e passage de 1a première Epitre aux Corinthiens qui insiste
une nouvelle fois sur La diversité de 1a création qui en produit
1a beauté :
(1) Oer-nnes
XIII 167
(2) Entretiens 1143
(3) Oenwes I{J,IT 222
(4) tîE 2, 1 sq.
(5) Oewres I\l 279
(6) id. )OfiII 401; de )OMI n2 à417 passim, traduit ainsi :'Iæs cieu<, a'rec leurs conÈinuelsnDuve-
rents, les étoiles avec leurs brillantes hmières et surÈout ces der-ucplus grards lturinaires, le
soleil eÈ la 1une, par la splerdeur de leur clarté, mro<cicent à adorer et bénir voEre Saint l,Icm."
(7) Entretiens 1123
(8) OetrwesI 109, citant EÉr 4, &11.
138
115 Conclusion
(1) Oeuwes fV 110 évoqr:ant1 Co 15,41, qui est repris dans OetwresW 191 à propos de la
diversité des angeset des sainÈs.
(2) Oeqwes)O(tI 18. cf. Is !4,L2 et Ct 6,10
(3) id. M92 citant Ct 6,10
(4) id. )Otr 153. Ce titre génériqr:e est fréqusuenÈ repris dans les Serrqqq, dans les prédicaticnrs
mariales de lrauteur. cf. Oer.nrres D( 5; 16 et passin.
(5) OeuvresXII 388 et XV 258
(6) id. xv 260
(7) id. )MII 240et )0(V321 citant Grégoirede l{aziance.M tbllenir-ur. (Carnin. 1, vers. 26I-262.)
(8) id. rr 279
139
L2 L'EAU
Le Livre des Maccabées (1) nous permettra sans doute d'opérer une
transition entre Les deux premiers é1éments fondamentaux qui ré-
gissent f'univers d'après les philosophes pré-socratiques dans
une tradition également partagée par l-a Bible.
La naturer gu€ je sache, ne convertit jamais 1e feu en
eau, quoy que plusieurs eaux se convertissent en feu(...)
Théotime, parmi les tribulations et regrets d'une vive
repentance, Dieu met bien souvent dans nostre coeur 1e
feu sacré de son amour; puis cet amour se convertit en
eau de plusieurs larmes, lesquelles se convertissent en
un autre plus grand feu d'amour (2).
Ce paragraphe du Traité a pour 1e moins le mérite de nous rappeler
1a hiérarchie des éIéments qu'indique François de Sal-es. Cette
combinaison des puissances témoigne d'une chimie naturelfe et réu-
nit deux é1éments en un mariage que I'aIcooI présentera ultérieu-
rement. Le feu, é1ément premier pour François de Sales, ne saurait
pourtant être assimilé par lreau tandis que 1e contraire est pré-
senté comme possible (3). Mais f'excellence du thème du feu ne
saurait être exclusive et nous aLlons pouvoir observer que 1e thè-
me de lreau est bien loin d'être absent de la symbolique sa1ésien-
ne. Dans un premier temps, nous évoquerons cet é1ément sous tous
les aspects qui nous sont proposés, puis nous ferons un petit dé-
tour par l-a navigation pour terminer avec 1e thème de 1a perle qui
apporte une synthèse intéressante drunion des él-éments dans I'eau.
( 1 ) Ez 47, L-72
( 2 ) Oeurres II 156, )fi l-55 et )0flI 31-7
( 3 ) Cf. Ro.sset Jean, ta littérah-ure de l'âge baoqr:e en France - Ci:rcé et le_pg, Corti, 1954,
p . 150 sq
r43
(1) l€ caracêre féninin de I'ea,r est po-n Gastcn Bactretard narqlé par Irideitificatisr ircsrscien-
'lait
te de l'élânent fiquide atrec Ie rnaternet, prsrièr€ oçénience d'uur bqhq-r positif ssa:a]isé,
par la fqrctiqr ru-uricière de I'eau vis-ilvis de t'éIânent terre, et enfin par le caractène serr
suel. dr bain. Cf Gastcn Bachelarrl, cp. cit., Liear.ret ]es nêves, p. L$l@
(2) Paul Cleu:de1,!'L'oiqq.: rpir dans le so1eil le\ræt,, p. %)
-I44-
(1) Oeuw.'es)Ofi 83
(2) id. )f,r/ 81
(S) h:ançois è Sales n'ryrécie guère, pqrtant, certains rfoarctrorerts de Ia selsibilité fânini-
ne cqlnle il le csrfie das ulre letbe : rtftaches qtre j'ry r-rrefille laqr:eIle mrescrit... qr.resi
elle re tenoit ses yeLD(ilz verserqrent aLrbrt de larnBs qr:e Ie ciel jette de gcuttes drea.r po.r.
pra.ren rur dqart, et senblables berles paroles".oeurrrr=s xv-rrr 1g7
( ) Oeuvres )OfiII 3]-7
- r45
(1) GîL
( 2 ) Oruvres )GII s75
( 3 ) id. IV 346
(4) @ , 2 , æ r E t si je rris, ce n'est p},rs noi qui vis, rais Ie Ctrrist qui vit en rci'l
146
(1) Oeuwes V 19
(2) ibid. v 262
(3) id. r 240
(4) ibid. r l_æ
G' Bactrelard (cp. cit. ) nu:s r4pe11e à ce prçæ ra gra\rité des sanctims qui
touch€nt dans Ia
nytlolqgie et les regodes pcprnaires ce-u<qri cnt pollué les scr-rces
et les fo,rtairres. Dans I'irF
cstscient collectif la fcntaine est de I'orùe ôr religietx et sry attaqr.rer
est un sacrir@e.
(5) Oeurres I l-45
(6) id. )urr 1l_4
(7) ibid. )Mrr 338
I47
t_?!9?_LZ_soulc e
De fait, Ie thème de Ia source est plus fréquent que
celui de 1a fontaine mais iI renvoie à 1a même symbolique.
Dans une logique tout à fait biblique, exprimée par exemple dans
f'épisode de 1a rencontre de Jésus avec 1a Samaritaine (1), La
source d'eau vive indique en une comparaison simple les trois ver-
tus théologaIes:
Comme une heureuse source dreau vive, e11es stespan-
chent par divers surgeons ruysseaux sur 1es parties
et facultés inférieures (2 it
La première fonction de 1a source est bien de proposer
son eau vivifiante. Lrinitiative est laissée au croyant de venir
s'y abreuver et désaltérer pour une transformation radicale de
son être en se laissant séduire par 1a force printanière de sa
fraîcheur oui éveilLe.
Reprenant I'image thomiste, François de Sales rappelle que Ia
grâce se répand par diverses sources qui sont les sacrements de
I'EgIise. I1 présente de manière privilégiée celui qur il avait
déj à nommé Ie "soIeiI des exercices spirituels", c'est-à-dire
1'Eucharistie, dans un passage qui se montrera à Iropposé des fu-
tures conceptions jansénistes.
Dites leur que deux sortes de gens doivent souvent com-
munier les parfaitz parce qu'estans bien disposés ilz
auroyent grand tort de ne point s'approcher de la sour-
ce et fontaine de perfection et Les imparfaitz affin de
pouvoir justement prétendre a 1a perfection (3).
(1) Jn4
Q ) Oeurres fV 69
( 3 ) id. IrI 1n
148
vent sous Ia plume de François de SaIes, que cette image soit dé-
catachrèse.
Dans sa correspondance, avec un tour quelque peu mon-
son contentenent de voir Antoine Favre ' son grand ami, promu dans
Ia magistrature de Savoie.
certes, Monseigneur, rien ne donne tant de douceur a
La vie humaine que 1a droitte administration de 1a ius-
tice, et 1a justice, quoy que tous-jours une en e11e
mesme, ayant sa source, commtune belle eaur €D 1a poi-
trine des Princes souverains en terre, coulant par les
espritz des magistratz rudes, malpolis et raboteux,
eIle se rend autant nuysible qu'eI1e devoit estre uti-
Ie (...) Mais passant entre les peuples par les mains
des gens doctes, bien affectionnés et equitables, elle
remplit les provinces de bonheur et de suavité (. " )
commrune douce riviere qui rend amenes Ies rivages
qutelle detrempe (3).
L'image première présente une source qui trouve son point de dé-
Sermons salésiens.
Les autres al_l_usions à 1a source comme origine d'un
des péchés ( rz ) .
Suivant 1a valeur de son signifié' la source pourra
(1) )ç(V23
Oer.rwes
(2) id. rr 3s
(3) ibid. rr ljri
(4) id. r/ 2s
(s) id. nr æt-
(6) ibid. )trr 2oe
(7) Entretiers 1340
(8) Oetrrn:es
III 263
(e) id. rv æ6
(10) id. )ff 32s
(11) id. r 176
(n) ibid. r 11
(13) id. )o( 362
- 150
L21,33 Le torrent
(1) Oeuw=sXV-læ4
(2) id. ffi. u2
(3) id. rrr 314
(4) id. rv 199
Cette scr-rcepe:t cepernat avoir r.urcaractère bisr rpdeste. Si rnrs arrisrs r.n seul filet d'af-
fectian en rmte coer.r (... ) Oeuvres)flII 2æ
- I51 -
Marie :
qu'encor que par apres 1e torrent de I'iniquité ori-
ginelle vinst roul"er ses ondes infortunees sur 1a con-
ception de cette sacree Dame avec autant d'impetuosité
comme il eust fait aux autres filles d'Adam, si est-
ce qu'etant arrivé la, il ne passa point outre, ains
srarresta court, comme fit anciennement le Jourdain au
temps de Josué (3).
La conséquence de ce péché originel, crest-à-dire de cette fas-
cination pour 1e mal qui habite le coeur de L'homme sera les
épreuves qui déferlent comme une eau tumultueuse sur la vie du
croyant:
ne vous Iaisses pas emporter au torrent des adversi-
tés (4).
Epreuves d'origine spirituelle et intérieure ou encore d'origine
purement pratique comme les soucis et tracas d'une administration
diocésaine qui était loin d'être une sinécure ; cette expression
amère que François de Sales laisse échapper dans une de ses let-
tres nous I'indique clairement :
(1) Oernres )il 63. Tbad.rit ainsi : "Avant hien, re rsrdært ici dans I'intenticn d'aller à tnrs
te tsrOgrain (... ) ernrircn bois milles de nerctre sous ure pluie torentielle, je fr:s arrêté par
r.rr obstacle qr:e je nranrais pæ pnérru, je vo.rs assure : Ie tment était si erflé qu'il re gê
sentait arnrr enùoit guéable, et je fr.rs fæcé de r€bnqsser chgnjn".
(2) Oeuvres )0(I LO4
(3) id. rv 1æ
(4) id. )il-rIl æ]-
r52
LZL34 Le ruisseau
( 1 ) Enbetiens 1075
( 2 ) Oeuvres III S
(3) id. v 3zr
- L54
( 1 ) Oeumes V 3â
( 2 ) id. )ff 181
( 3 ) id. )oflÆ 96
(4) id. )ff-r 172
( 5 ) id. )gv 185
- 155 -
1?!1_!19 ag_semm
s_d"rge._S!_g!e!eg]e
L'évocation des torrents et des fleuves nous avait pré-
parés à voir dans rreau un é1ément dangereux que l'évêque de
Genève, en bon terrien, regarde toujours avec une certaine méfian-
ce. Même 1e 1ac, si famirier, eui borde tout un côté de sa viLle
n'est pas sans danger, comme i1 le confie avec préoccupation à
Monsieur Des Hayes qui 1'avait chargé de veilrer sur son jeune
( 1 ) Oeurres V 5a
( 2 ) id. rv l_25
( 3 ) id. III 99
(4) id. )firr 350 ; 1 1 6 3
L57
sur les Iacs alPins nront rien à envier aux fureurs océanes et
cette force de mort tout juste domptée par L'homme pour en faire
CieI :
resouvenes vous que les graces et biens de lrorayson
ne sont pas les eaux de la terre, mais du Ciel...
I1 faut tenir le coeur ouvert au ciel et attendre 1a
sainte rosee ( ).
Nous reviendrons sur cette attente avec 1e symbole de Ia perle
qui offre une image importante de cette synthèse des é1éments. II
se ce passase de l-Ll!fe9g9!19n-è-le-y!e-9Éye!e :
oïi,"::Ï;"i:".o"';l:: -
ià'oï1"':;:::, ;:i:i:: :;:",:"
terre ne la penetrent point e t n e ":3"
servent qu'a l-a pro-
duction de champignons, ainsy ces larmes et tendretés
tombans sur un coeur vicieux et ne 1e penetrans pointt
luy sont tout a fait inutiles ( 5 ) .
( 1 ) Sainte Ïhérèse d'Avila in rrCastel arimanrn", Tbad.P. G.de St Jceph, Faris, Ed. Vie S.,p.113 sq.
( 2 ) Oeurnes III 69
( 3 ) id. IV 1a
(4) id. v l_19
(s)id. rv ls
-162-
(1) OeuvresÆI L4
(2) I'a' connaissarne rÉdiârale de I'epoqlre dcrrrait me gnandeirporEance à I'ean et à la ctrale-r
po-r le cqps ll-rain. Lessius, rncrt en l-623, affifirx3 : rrces deu< pnircipes de la vie se ccrsLrrpnt
par à peu. A næs.neque diJniJruecet humide radical, la cttala.n dùnirue anssi, et dès qre ltwr
est ccnsuÉ, I'zuùrc sréteint ccrmreune laçptt. Cité par G. Bactelard, rrlrea! et les r€ves, qp.
cit. p. 1-74
(3) OetrvresIII 186
(4) id. )oflIl eB
(5) id. III W. ; égalanent npnticmrée ær Tl L74, paraUofe dl roi et de ssr ço:se .
- 163 -
(l-) Oeurres III 3æ. Ceci est égalenent rnentiqnré dans Le récit qre fait Fbançois de Sales de
Ia malarrie et de la nprt de sa nÈre : ...rrla fait r"efevenet prun=ner et ryder pan des esserpes,
ea-o<itpériales et aubes ctæes qLl'qr juge pr€pr€s en ces accideræ".
(2) Oetrr.resfV 175
Centairs parfurs pnésentent uurzube inténêt d'il}.rsbaticll cctrrrec€tte rreamde senta-u.'r q'i
rlerfectiane lteau nab-u€lle" in Oer:vres V 263
(3) OetrrnesÆ. M
se tradlit ainsi : ... rrdl r"este les calcrn:riatars re lapensrt janais les ear-u<
de lq.rs débac-
tists avec talt & p:ofr:sicn qr'elles puissent éteirdne Ie zèIe furt brûle les coeur"s de ]e.rs
Altesses'r.
( ) OeurrresfV 154
la cmtradicticn phéncnrénologiquede cette eal de vie qui brûte est I'ccrrn-rriqr de la vie et dr.r
feur'. ELle pnesente rne rynboliqr:e bès ricùre étîiiê par G. Bacherard, cp. cit. p. 195
- 164
(1) Oetrrres IIf l-57. Ar-rùe ca:se de sorci pon les édiles, I'jrcendie de ces fanre-u<pcrts alors
dtargés de ccnnprees et d'habitatius. Fbançois de Sales partage ce so:ci dans rre letbe de
L@1-aùessee à Jearrre de Chantaf 4rès avoir 4pnis l-'ircendie de deLx pcnts parisiens. IL s'err
qriert de ce qu'a pu deverrir urre sfuple comerçarte qu'il curraissait. Oanrres )0( l-81
- 165 -
toujours su cultiver.
Irhomme, nous ne trouvons que très peu d'images de 1'eau qui ti-
çon est reçue sans contestation possible, les deux sources n'é-
tant pour des raisons différentes aucunement contestables dans
emprunt z
et que vers les isles Chelidoines i1 y a des fon-
taines dreau bien douce au mifieu de 1 a mer... ainsy
peut une ame vigoureuse et constante v i v r e a u m onde
sans recevoir aucune humeur mondaine ( 1) .
L'eau de la mer est ici négativement connotée, ce qui n'est guère
( 1 ) Oeurres III 6
( 2 ) ibid. rrr l-82
( 3 ) id. )ovr 161
(4) id. rv 2l_0
- L67 -
I2LA1 La Genèse
(1) Oeures )0$Il 414. fbaôrit ainsi : "vcus a,res rnis, Seigre-ur, des bornes à la mer rnais rrq.s
'laigsé
svsz sars borræ vobe misénicotrde"
(2) Oer:vresII 27
168
tuer (1).
Dieu vous rend les coopérateurs d'une si digne besoi-
gne par 1a production des cors dans lesquelz it res-
pand' comme gouttes celestes, les ames en l e s creant,
conme il les cree en les infusant dedans l e s c o rs (2).
(1) È1I,2
( 2 ) Oeurres III 38
( 3 ) id. v 262
(4) cité égalarrent en )0(rI 44
(s)Qr 2, l-0
169
( 1 ) ærrlres )CII æ6
( 2 ) Èi 24
( 3 ) Oeurres V l-97
(4) id. rv 137
(s)id. f 46, se réfénant à Gr 49, 1-3
( 6 ) Oeurres )0(\[ æ 6rogtrnt Gl 6,3
- I70
( 1 ) Oarrres ÆI 424
( 2 ) ibid. )trr æ5
( 3 ) id. )ofl 36
172
!?1.99_!ivr e s_H i s t o r i q u e s
le (2).
tS_L:yfg_des_Juges nous présente une expression glanée dans Ia
correspondance:
Voila des eaux, monsieur ; si elles sortent d'une mas-
choire d'asne, Sanson ne Iaissera pas d'en boire (3).
(2) Par aille.rs, ruls trcuvons trace de ce passage furs r-ureoçnessian tir€e d'une letke : "Je
rre sçai si crest L'am.n que vcx.rsrrteportes qrf tire cette eau de lapienre..." )([I æ9
(3) Oeurrres)trI 3æ
(4) Enbetiens L152. Cf. 2 S 23, l-Sl-6
- t73 -
r3!q1_!ivr e s _ Pr o p ! É t f q g g e
infidè1e.
I1 srescoufa tout en nous, êt, par maniere de dire'
fondit sa grandeur pour la reduire a 1a forme et figu-
re de nostre petitesse, dont i1 est appelé source
d'eau vive (4) .
Ce que 1a théologie appelle 1a kénose, lrécoulement de Ia divini-
té dans I'humanité par Itintermédiaire de lrincarnation est tra-
duit ici avec 1a reprise de I'image biblique. La personnification
de cette image permettra une expression directe et vivante :
Ils m'ont layssé, moy qui suis source d'eau vive, et
se sont foul des cisternes, cisternes dissipees et cre-
vassees, qui ne peuvent retenir les eaux (5).
Un autre passage du Traité met en oeuvre de manière quelque peu
nul doute dans les Psaumes que François de Sales va puiser I ' i1-
de Henri IV:
Qui eust dit, je vous supplie, monsieur mon cher âfry,
qurun fleuve d'une vie royale, grossi de Iraffluence
de tant de rivieres d'honneurs, de victoJ.res, de tri-
omphes, et sur les eaux duquel tant de gens estoyent
embarqués, eust deu perir et s'esvanouir de Ia sorte,
laissant sur 1a greve et a sec tant de navigans ?
N'eust-on pas plutost jugé qu'i1 devoit aller fondre
dans la mort, comme dans une mer et un ocean, pât plus
de triomphe que le Nil nra d'emboucheures ? Et nean-
moins, les enfans des hommes ont esté trompés et de-
ceuz en leurs balances et leurs presages ont esté
vains (2).
Le passage présente une suite de métaphores filées en grappe, ca-
ractéristique de 1a prédication de l'époque, Ia cohérence de 1a
thématique étant assurée par I'image psalmique du fleuve qui
trouve son origine dans la mer puis y retourne et par une cita-
tion du Psaume 61 qui insiste sur 1a vanité et 1a fragilité des
proj ets de frhomme L'océan comme lieu de fusion avec 1a divinité
rejoint un thème que nous avions évoqué dans 1a partie précédente
et qui sera encore repris dans 1'évocation de Ia navigation. La
période des phrases, soutenue par l-rinterrogation oratoire pro-
cède par restriction de sens pour insister, après Ies vagues de
Ia gloire royale, sur cette fin qui demeure un mystère et appelle
à 1a méditation.
Terminons par ce passage du Psaume 55 présenté sous forme droc-
tosyllabes à la fin drun chapitre du Traité :
En Dieu gist Ia fontoine mesme
de vie et de playsir supreme
Sa clarté nous apparoistra
aux rais de sa vive lumiere,
Et nostre liesse pleiniere
De son jour seulement naistra (3)
La traduction assez libre du texte conjugue deux métaphores de
la vie, la fontaine et 1a Iumière : Ia fontaine d'eau vive
( 1 ) Oeurres )0gII æ2
( 2 ) id. )ûV 320, Cf. Ps 61, l_0
(3) id. rv 21-0
- L76 -
!e_r :.-re_9e_Qe!Éfe!!
l,g-!f-fg-99_Qg!Él.g!! reprend d,une manière quelque peu
désabusée I'image des fl-euves qui se dirigent vers ra mer en af-
f irmant que décidément i1 n'y a rrrien de nouveau sous Ie soleil (7).
en un jeu de mots simple cette eau de vie bien connue des monta-
gnards qui réconforte 1e voyageur épuisé, puis I'eau de Ia vie
( 1 ) Oetnres V 329
( 2 ) id. rv t_70
id )0(\[ 182
Enbetiers l-l-57
( 3 ) Mt 25, 35
(4) Oeuvres II 76
( 5 ) ibid. II 38, Cf. Jn 5, 2
180
(1) Jn9,6
( 2 ) OeuvresXVIII 21-0, Cf Jn 9, 6
(3) Enbetiss l-l-48
(4) Oeuvres )OffI æ3
181
( 1 ) Oeua"esII 369
( 2 ) id. )Ofl/ 4â, Cf. Ph 3, 8, rÊre citaticn en V 183
( 3 ) id. )CIII 120, Cf. ]ft L4, 24. Voir aucsi XIV 228 : "c'est Dier: qui rtrLie ùcute la barque"
(4) id. )ft/I 64
(s)id. )trII z_]_
L82
Dans ces passages, Ireau est bien présentée selon l-a thématique
( 1 ) Oetnnres)0( 98
( 2 ) id. )oflrl æ7
( 3 ) ibid. )Oflrr 4æ
(4) id. )ofir 36
(s)id. I'v-r æ7
( 6 ) id. rv 199
185
(l-) Oetvres I 31
(2) id. v 17
(3) id. xv-rr 123
(4) Ehbetiens 1063. Por-nI'util-isatim lih.u'giqæ de I'eanr : rrtiLisaticn de I'eau bérÉte à des
firts dcntestig.res, Cf. X\[I 10 ; le @têræ des enfants en dagen de rprt, Cf. )0[II 3i13
(5) oeuwres )OflÆ4
(6) id. )trrr 28, cf. Ib 14, 35 ; Is D., U
(7) id. rr 246
187
l-2191-1 Le merveilleux :
!?1.913-!e-!!Ése!f ss s- s e-I-seg
Ceci excepté, I'eau présente un certain intérêt d'ins-
piration dans 1es oeuvres patrologiques. Si lron passe rapide-
ment sur des mentions purement anecdotiques comme celle de sainte
Monique suivant son fils par mer et par terre (1) ou le fait
tragique rapporté par saint Ambroise de trois jeunes fil-1es pré-
( 1 ) Enbetiens L262
( 2 ) ibid 1264 et Oeurr"es)0flII l_89
( 3 ) Oeulrres III 295
(4) id. )Off 314
( 5 ) id. III 249, citant Joirnrille, Hist. de S. tqrs, partie II
-L92-
( 1 ) Enbetiens LO97, citant 1ïÉrèse d'Avila, Livre des fqrdatiss c. XV'I, cp. cit.
(2) Oeuvres )0( 3It
- r94
L??!._Le_ngyisetf e!
122L1 La mer
François de Sales.
La mer agitée ne doit point désespérer complètement celui qui est
embarqué. Le pire est peut-être passé et demeure toujours I'es-
poir d'une traversée plus sereine ensuite.
Seulement je vous prie de reprendre patience, oublier
les orages et les fIotz, et mesnager Ie reste de vostre
navigation tranquillement. Vous n'eustes jamais tant
de peine ni de mal de coeur que parmi ceste bourras-
que ; benissez Dieu, demeures humble et courageuse, et
ne vous lasses point de souffrir beaucoup (3).
( 1 ) Oeurres )III n
( 2 ) id. )cI 183
( 3 ) id. )o( 309
I98
(3) id. )trI l-83. Centains &enorrents ù:anatiques viennent parfois r€ndre p}:s t'erilleusie encor\g
Ia siù.ratisr de l'évêqr.e qtri livre ceci dans me letbe à Jeryrre de Chantal sr 1@4 ' ruratte!'E
de pied coy une gratde tanpeste, ccnne je vors ry écrit ar ccmæcæernent, et po.r rur particulier,
mais joyeusenrent" XII 388 (antre alh:sicn sirnilaire : )flII L1)
(4) id. )trr l-88
- 200
(1) Oarres V 24
(2) id. rrr 317
(3) ibid€rn
(4) id. )ctv 112
202
(1)
(2) id. rv 189
(3) ibid. w 18r-
(4) id. )cr 331, )flrr 9
(s) id. )fir 1æ
(6) ibid. )rr æ.
(7) id. )Mr L61
(8) id. )0c 1æ
(9) id. )o( 203
(1O) id. )0(ff l-57. lbaÀdt ainsi ;r6uur cetbe haute nsr, en effet, je suis bathr par des vqgues si
violentes, qu'il ne serble irpæsible de csdirire enrpont na vieilLe barque en raint endroiE
vemrulue et qu'il est a cl:airÈe qæ la tspête ne nr-.sutuerge tt
- 204
qui montre bien que tout évêque qu'il était, François de Sales
n'en était pas moins sujet à des moments de découragement qui
sont bien 1e propre de Ia nature humaine. I1 écrit ici à un tout
nouvel évêque, son ancien condisciple monseigneur Fenouillet (1)
en 1e félicitant de
finir ses jours en nostre vocation ecclesiastique com-
me dans un havre de grace pour passer au havre de gloi-
re apres ceste si rude tempeste et lressay des plus
cruel-z orages du monde (2).
La vie religieuse des Visitandines sera également évoquée sous
1a même dénomination.
( . . . ) has Congregationes, quampLurimis virginibus vi-
duisque quas procellosis seculi fluctibus Spiritus
Sanctus eripere dignabitur, portum salutarem exhibitu-
ras, in eodem Spiritum confidentes (3) .
Crest du reste avec ce même terme que dans sa correspondance,
François de Sales rappelait à Jeanne de Chantal leur projet com-
mun.
nous voyci a Ia veille de nostre embarquement pour
aller au havre de grace et de consolation (4).
De manière sans doute plus traditionnelle, Ie navire figure dans
Ies Controverses 1a vraie Eglise qui surgira au port de 1a sainte
doctrine (5) : I'image demeure ici bien imparfaite et 1'évêque
se rendra vite compte que Ia doctrine catholique nrest pas, en
soi, le port et qurelle ne dispense pas des orages de 1a traver-
sée de la vie.
Toujours argumentant dans 1e même ouvrage, François de Sales en
parlant des diverses interprétations de ses contradicteurs,
(1) Pierre Fsrcuillet l-572-1653natif drArneqr fut Ie ccndisciple de Frarçois de Sales avant de
det/enir erès de rultiples péripeties ùæoine de la cattrâùrale de Genèveen o<il à Annecyen
1604. Ncnrnéal siège de lvlcnbeltien en L6C|./iI enbetint r-urecorrepandarae fcr-nrie avec l'ér€que
de Genèveqri sollicita enbre zubes chæes ssr avis s-r le Tïaité de l'arntn de Dieu :XV-l 26Èæ6
in H€rmequinJacq.rcs, Iæs cnaisss fr-rÈbnes drttenri r\/ ( ité de
Paris fV le l-4 nars 1975), Lille, senrice de rçnod:ctim des thèes, 1978, Torc II, p. 27 .
Calvet (lt'lgr J), Ia litténaù-ure religiæse de FYançois de Sales à Fénelcn, Paris, de Gigond, 1938,
p. 53$54o
(2) Oetnres X.IÆIIzu
(3) id. )0$/ 5Ol-.lbad.rit airsi : (...)"e.ssr-rés dans Ie Saint Eænit que ces Cc4gÉgatiurs fcr-u:-
niront un porb de salut a de rrcnùransesveu\fes et vierges que Ie rÊmeEspnit Oaignera arracher
a-ucflots terpêUæu( ùr siècle "
(a) OeuvresXil æ9
(s) id. r 31-4
205
cette fois saint Jérôme comme étant un'rport très sûr de 1a com-
munion catholique" (2): Nous trouvons encore 1e port présenté de
manière la plus généraIe qui soit dans une lettre de François de
Sa1es à son Duc où le port ne recouvre plus que les états de
Savoie eux-mêmes.
en fin s'est retiré comme au port, dans l-es estatz de
Vostre Altesse (3).
Ce port ne devait pourtant pas être un lieu de sérénité absolue
si I'on en croit certaines confidences quelque peu désabusées de
I'Evêque qui eut plus drune fois à se plaindre, comme nous I'a-
vons VUr de I'agitation extrême de ses affaires temporelles et
spirituelLes.
Lrexpression générale "conduire une affaire à bon port" (4) se
trouve également sous 1a plume salésienne mais sans doute peut-
on déjà parler à son sujet de métaphore l-exicalisée.
( 1 ) Oeures )gI 233. lbad.rit ainsi : ... rrrarrcnê a.r pont de Ia ænrr-rricn catfoliqte[
( 2 ) id. )0Grï 148
( 3 ) id. )ofi 128
(4) id. XV-III 386
-206-
I22L5 Q u e1 _ n a v l r g _ p o u r _ 1 a t r a v e r s é e de La vie ?
( 1 ) Lc, L7, 2
( 2 ) Oe.vres Æl 24
-208-
(1) Ccmneil le cqrfie dans r-ureletbe qr:'iI adresse àM. des llryes o) il irdiq:e que scn Énrcur
po-r la Savoie "ne sça-uroit (f ')enpeschende (s')ortarquen a @rt ar.rbe senrice ou (iI) panseroit
esbe plr.rs utile a Ia gloire divjne et an bien de I'Eglise, puisqr.rede (scn) @tsrc et par vo-
catisr (if est) cssacre a cela". Oeuvr^esEV L0.
(2) Oewres )ff-II 370
(3) id. )clrr 324
(4) ibid. )CIII 1æ. lbad:it ainsi : "Je rnevis dcnc tort d'r.n cop &êque de @ve, avec le de
rroir de csrduire cette barque rnisérable, tcute ffacassee et enb'ql,terte'r.
(s) id. )(\rrr 363
(6) Enù.etiers l-326
209
( 1 ) Enbetiers 101-0
( 2 ) Oeurres )CIII 21-1-,Cf. Irft 8, 24
( 3 ) id. )f, 179
(4) id. )il-rrr 249
(s)id. )cr 315
2ro
tout 1e passage des oiseaux apodes qui sont saisis aux ailes par
1e vent; lremploi du vocabulaire en est ici assez semblable et
sans doute est-ce davantage 1a dynamique du mouvement qui est
recherchée que 1e thème lui-même de Ia navigation.
La navigation d'un grand vaisseau permettra encore 1a mention du
sentiment de confiance que le croyant peut avoir lorsqu'i1 se
fie à son Dieu, image probablement moins risquée que celle de
la fragile petite barque toujours menacée.
Nrayes point s o i n d e v o u s m e s m e ,n o n p l u s q u r u n v o y a -
geur qui srest embarqué de bonne foy sur un navire,
qui ne prend garde qu'a se tenir et vivre dans ice-
1uy, Iaissant le soin de prendre 1e vent, tendre les
voiles et faire voguer, au pilote sous la conduite du-
quel iI srest mis (1)
hors de tout contexte, une telle citation paraîtra sans doute
grandement drinspiration "quiétiste" (2) et il serait dommagea-
ble de ne pas la resituer au milieu de très nombreuses autres
images qui nous parlent de tempêtes et de luttes dans certaines
traversées. La mort de 1a vofonté exprimée de 1a même manière
dans le
sommet du lfg:lg (3) comme dans fgg_Eglfetiens (4) se
(1) Oetrrrres)|XJ.{L24L
(2) Le r€procle de quiétisre fait à certains ccr.rants de la Visitaticn tels les écrits Wiri-
ùæls de Ia }Ièlre llarie de sales, vise une attih.de passirre qui attenùait tolb de Dieu et rreftr
serait de cocpénenar ùnarÉsre de la grâce. Cette attib:de re tânoigre g:e d'r-rre lecb,re font
irccnpfète des écrits salésiers, 1' j:rqge ser.rle des oisean< 4odes dâ/el@ée plr.s loin offlant
ur dÉrrerrti absolu à cette ccnceptian.
(3) oeuvres V LS sg
(a) nnuetiens fozs
(5) Oeuvres)41I272
ibid. xn n4
2TL
du ciel" (3).
0u encore un passage du lfg1!É qui nous rapporte lraventure arri-
vée à un navire chargé de fer attiré par "Ia montagne de I'ay-
manttr, image que nous ne retiendrons pas pour 1e moment car nous
retrouvons ce thème dans notre étude sur les phénomènes physi-
ques (4).
Le transbordement dtun navire à un autre, renvoie, dans les
Controverses, aux changements d'opinion perpétuels (5), ce dont
François de Sales profite pour égratigner un peu au passage Ie
poète Marot qu'iI n'apprécie guère (6) .
Le grand navire prêt à appareiller donnera encore une intéressan-
te image du monde qui attend un jeune gentilhomme et qui n'est
autre que CeIse-Benigne de Chantal sur 1e point de se rendre pour
Ia première fois en Ia cour de France.
En fin donq vous alles faire voyle et prendre 1a haute
mer du monde en ]a cour (7)
taire (3) dans une application maritime qui allie p lus i eurs des
(l-) Oarra:esW 2Æ
(2) Enbetiens l-@9
(3) OetrwesV æ9. Cette ccrmaisstrrce ccncerne éga1errentles canditicrs rnéùéor"ologiquesde Ia næ
vigatio:, qrd pernettent à des rerins oçériJrentés de re pas se fier à cerbairs petits vents ræ
tina-D< et c4nician< qui re pernettent pas d'epparreiller, Cf. htetiens L08
(4) Entr€tiens 118O
2t4
L22L7 La flotte
( 1 ) Enbetiens Ll-65
( 2 ) Oeuvres )UI 256
(3) id. )rII 260
- 2L5 -
( 1 ) og.r/res ÆII æ7
(2) ibidsn æ8. I€ débarquermrt des "saintes fsfiflss" a-u< Saintes Marie de la ttbn po.n âra4géIiser
la Ganrle,selsr une baditim.
( 3 ) Oavres )(tII æ8
(4) id. )ff'rrr æ0
( 5 ) id. )ff-r l_88
(6) Enbetierc 1Ol-2
2L6
!e-p ê c h e
Une des fins de 1a navigation est sans doute la pêche
qui comporte de plus I'intérêt de nombreux rapprochements avec
1e Nouveau Testament. Ne voulant pas anticiper sur 1'étude du
bestiaire qui fera état des diverses espèces de poissons évoquées
à cette occasion, nous ne rel-èverons que deux expressions men-
tionnant cet art tout en remarquant sa rareté dans la thématique
sal-ésienne. Une première aLlusion comprend un caractère littérai-
re et traite de 1a lecture de certains romans contemporains
et ilz aval-eroyent insensiblement I'aggreable hameçon
qui 1es tireroit de 1a mer du peché dans la nacelle
de la vertu (1).
François de SaIes veut parler ici des romans pastoraux et sur-
tout moraux comme ceux de son ami et voisin Monseigneur Camus
avec lequeI i1 entretenait des contacts fréquents.
Par ailIeurs, Ie verbe pescher présente une homophonie intéres-
sante avec 1'état peccamineux. Jouant sur fe sens, François de
SaIes présente ainsi une réflexion sur le défaut d'inquiétude
IequeI fait alhors toutes sortes d'effortz pour pes-
cher, comme I'on dit, en eau trouble (2).
Cette expression se retrouvera en une autre occurrence (3).
( 1 ) Oeurres)0( A9
(2) id. rrr 3l_l_
( 3 ) id. )0flII 226
2L8
L23 La psrle
cre, examinons les sources qui ont inspiré une tel-Ie image. Elles
les évangéliques.
P 1i n e , t o u t drabord, dans son Histoire NaturelIe (1)
rapporte ceci:
L'origine et la production du nacre ne différent guère
de lrhuitre. Quand I ' i n f l u e n c e d e I a s a i s o n g é n é r a -
trice les stimule, on d i t eue, s r o u v r a n t p a r u n e e spèce
de baillement, elIes conçoivent p a r I ' a c t i o n d ' u n e ro-
sée fécondante, q u ' e 1 1 e s m e t t e n t a u j o u r l - e p r o d u i t
qu'e11es ont porté, et que ces produits sont les per-
1es, q u i différent selon I a q u a l i t é d e c e tte rosée.
Si la rosée est p u r e , I e p r o d u i t e s t b l a n c , s i elle
est trouble, 1 e p r o d u i t e s t t e r n e ; i l e s t p â l e sril a
été conçu à I ' a p p r o c h e d r u n o r a g e ; c e q u i p r o u v e q u e
les états des perles dépendent plus du calme des airs
que du cafme des mers. C'est du ciel qu'e11es tirent
une couleur n u a g e u s e o u I i m p i d e , s u i v a nt 1a sérénité
des m a t i n é e s ( 2 ) .
Un simple rappel de 1'engouement considérable de 1a Renaissance
pour I'Antiquité greceu€, latine et hébraïque restituera à ce
passage toute f importance qu'i1 pouvait avoir pour les contem-
porains de François de Sales et sans nul doute pour lrauteur
lui-même. I1 n'était pas question de remettre en cause lraspect
( 1 ) Mt 13, ÆF46
(2) Mt7,6
( 3 ) Ct 5, 2 in Oarwes )0(\[ 29
(4) Oetnrres IV 16
(5) OeuvresV m Cf. Is. 14, 8
id. II L57 Cf. Is.45, I
id. IV zu CT. JdI 6, T
id. )fiIr 33 Cf. Dt 2., 2 Ps 82, 3
id. X\rII Z7l et )O( æ6
(6) id. )ff'rr 12s
222
(1) Oeurn'es
I l-
(2) id. )sr 281
(3) id. x\r 29
(4) id. )fir 133
(5) id. rrr 6
(6) ibid. rrr 17s
223
( 1 ) Oeumes fV l-l-0
( 2 ) ibid. rv 171
( 3 ) ibid. w 226
-225-
I 3 L'AIR
Ceci dit, anEicipant quelque peu sur 1es siècles, nous voyons
François de Sales vanËer 1es charmes clinatiques de sa Savoie au-
près du supérieur provincial des Capucins à qui i1 demande une
133 Le vent
Q) nfi tt+z
(3) )cv 2s3
. 234
Une dernière évocat ion du vent, rej oindra une certaine représenta-
tion baroque en tanÈ qu'elle dramatise 1e crucifié:
de tous cosEés 1e sang pleut; lrair et le vent froid
saysissent tout ce cors eslevê (7).
Dans I t E c r i t u r e ,
1e vent, symbole égatement ambivalent, est avec
1e feu Itun des signes essentiels de 1tévénemenÈ fondaÈeur de 1a
Primit ive Egl ise que const iÈue 1a PenËecôte.
ttp"t :
turbinemtt 1e propos restrictif meÈ en valeur ce Bouvement,
que pourtant dtauÈres occasions nous monEreron! comme étant peu
posicif :
jamais, non jamais, nous ne devons laisser eruporËer
nostre espric a ce tourbillon de vent foller, ni penser
de treuver une neilleur rayson de 1a volonté de Dieu que
sa volonté mesme ( 1 ).
Mais laissons naintenanÈ éc1aÈer I'orage. . .
I342 Lt orage
( 1 ) Oeurres frl 2%
( 1 ) Oeuvres V 301
'Voix ôr Seigneurqui fracasse les cèdres du Liban et affole les bidres en
Q) ibid. V301cf. Ps 28
travail"
( 3 ) Oeuwes XV'II 47
(4) id. )ocv 360
(s)id. )ilflr 67
- 240
(r) I s 2 8 , L 4 à n
Q) Oeurres)OtrII 271
( 3 ) id. )oilIl r33
(4) id. nrr 2%
-24L
Q ) Oetrvres)0CV 188
(8) id. r 126
-242-
davantage sans douËe des remarques que nous avions pu faire dans
tant i1 est vrai que 1e Ëonnerre ntest pas autre chose que le ttfeu
du cie1".
D'autres passages ins isteront sur 1a foudre qui frappe,
"q.re 1e feu du ciel tua sur 1a colonne" (5), trépas présenté comme
la remarque suivant,e:
c ie 1 :
Q) id. T.v
(3) Ex 19,16
(4) Oeuvres)trII 6 cf. Dr 3, t2-5
(s) id. nK 1r3
(6) id. xr 135
- 243
(1) Oeurres
xv 52
(2) id. )ofirrro5
(3) ibid. )oMr133
(4) id. r 23Lcf..r{r.3,r7
(s) id. v 33
(6) id. rr 10s
(7) id. )ff 319
(8) id. Ær 227
- 244
que Porteur dtune pluie bienfaisante pour les cultures. I1 esË vrai
que 1a Haute-Savoie ntest guère une région sujetre aux sécheresses
et que les jours de plein soleil sont bien plus appréciés que les
nombreux jours de pluie et de précipitaËions diverses.
Dès lors, ne nous ét.onnons guère de trouver 1'écrit
polémique protestant conËre 1a dévotion de 1a croix qualifié de
nuage, viÈe dissout par 1a "blanche clarté de 1a croix" (5). plus
profondément, dans 1e Traité de Itamour de Dieu, 1a foi sera
dépeint,e ainsi :
une connoissance obscure, environnee de beaucoup
de nuages (6).
( 1 ) Oeurres )QtrII 20
Q ) id. )(Vr 133
( 3 ) id. I 176et I 169
(4) id. v 315
246
( 1 ) O e u v r eM
s +6
-247-
14 LA TERRE
(l) Ro 8,19
248
1a terre en hauÈe est ime. E11e sera 1e cadre d'un parcours ini-
et son esÈhéËique.
que 1'homme en est issu dtaprès 1e Livre de la Genèqe (2) qui voit
ttAdamtt, c 'est-à-dire de terre",
1e premier êÈre se nommer " fait
ce que François de Sales résume par cett,e belle formule :
c t est pourquoy nous sommes appellés terre parce que
nous sommes exEraitz de 1a Èerre eE que nous
retournerons en t.erre (3).
Dans 1e Traité, il cite deux fois 1e réciÈ de 1a CrêaEion de
t
1 homme en se rapportant. au deuxième récit de 1a Genèse (4) qui
mont r e la "mise en forme" de I'homme à partir de 1a rerre (5).
( 1 ) Ançlus Silesius
Q ) CîL1,2
( 3 ) Oetrvres V 132
Q ) Gn 2, 1 sq.
(s)Oeuwes V 89, ibiden V 268
-249-
(t) rc a,g
(2) Oeuwes V 59
(3) Entretiens 1324
(4) Oeuwes III 65
(s) id. )v 28
(6) id. w e7
250
L4I2 Le désert
(1) Oeuwes)Ott 25
(2) id. )trr 366
(3) id. Ærr 227
(4) id. )fir 73
(s) id. xt 74
(6) id. )v 75
(7) id. )ill/ 3æ
(8) Ps 77,19
252
( 1 ) Oeuwes )OtrII æ
( 1 ) Entretiens 1034
143 La nontagne
(r) ft za,to
(2)I..s
(t) lt ts,zg
(4) lt 17, 1 sq.
(5) ... c'nr. en Ëémôigrpnt.diverses d€rnandes d'érection de paroisses nq.nrelles. cf. Oetrwes
)frtv passin. voir égalsrpnt 'tstat du diocèse", oeurres xicll tll à 335.
259
Ces aspects négat ifs, ce risque affr onËé lors des tournées pasto-
rales et lors des divers voyages que François de Sales dut effec-
Èuer en Iralie ne recouvrent pas Ëout ce que pense 1'évêque du
nilieu dans lequel i1 doit exercer ses activités. En effeÈ 1a
montagne va être pour 1ui une source d'émerveillement. Le carac-
t.ère courageux de ces femmes et de ces hommes aux prises avec une
réalité naturelle qui n'esË qutun long combat va 1ui permeÈrre de
relever des traits qutil transposera dans 1e contexte de La vie
spirituelle eÈ dans celui de sa mission pastorale.
j ' " y veu ces jours passés des mons espouvanË.ables ÈouË
couvertz dtune glace espaisse de dix ou douze piques'
et les habitans des vallees voysines me direnr qu'un
berger, al lant pour recourir une sienne vache, tomba
dans une fente de douze Piques de hauËr êû laquel1e i1
mourut gelé.0 Dieu, ce dis-je, et.1'ardeur de ce ber-
ger estoit e11e si chaude a La queste de sa vache, 9uê
cette glace ne I t a point refroidy ? Et pourquoy donques
suis-je si lasche a 1a queste de mes brebis ? Certes'
cela mrattendrit 1e coeur t eË mon coeur Èout glacé se
fondiË aucunement. Je vis des merveilles en ces lieux-
1a : 1es vallees esÈoient t.outes pleynes de maysons '
et 1es mons Ëous pleins de glace jusques au fond. Les
petite vefves, les petites villageoises, comme basses
vallees sont si fertiles, eË les evesques si hautemenË
eslevés en 1'Eglise de Dieu, sont Èant glacés ! Ah !
ne se creuvera-t-i1 pas un soleil asses fort Pour
(1) Oeuvres)0CM85
(2) ibid. )0CV 197 Èraduit ainsi : 'Ï,a pieuse l,Iaison gui, au cæur du lfuiÈ-Janc, fut fcndée par
Saint Bernard de l€nthon, archidiacre dtAoste, enËreËient eÈ forrniÈ, en vtre de Dieu notre Saurzur,
plusieurs ctranoires régrliers, et drautres personnesso,rs leur direcÈion, porr aco.reillir 1es
pélerins eË Ëq.rs autres vo)rageurs qui renconËrent drordinaire dr danger çâ et 1à, en passant des
régicrs de deça, en celles de delà les Alpes et réciproque'rFnt, à cause des furieuses t€qêÈes de
neiç et de la violence incroyable ùr froid qui rëgrent sur ces sæÈs."
263
Q ) It 18,12
(3) Oeuwes)fiII 190
(4) ibidæ XIII 190
(s)ibiden ÆTI22I
264
(1) OetnrresfrI-L 223 cf. Saint Augustin EEet. i" Pss IJfiIIII, CXLI et Conf. I, fV, c.)CI
26s
peu prisonnier de ces "replis de nos monËagnes" (2) qui 1ui sern-
madame de Villeneuve
ses Théorèmes:
( l ) Oeuvres XM25
0 ) id. xx 118
266
ttaux et (l).
chams es monËagnestt
Et puis 1a montagne parlera de Dieu, en cer.te terre chrétienne où
est plantée la croix, rappel consËant de La Passion du Sauveur
CeËte même inage pourra aussi f.Lgurer dans un ordre d'idées diffé-
rent le temps qui passe de manière inélucÈable:
Voicy, ma Ëres chere fi11e, cette annee qui se va
abismer dans 1e gouffre ou toutes les autres se sont
jusques a present aneanties (4 ).
1433 La grotre
faites moy bien parr des desirs que vous aures de vivre
commtun heureux hermiEe, dans 1a caverne sainte de 1a
dilection infinie que vous descouvrires-1a (6).
( 1 ) Oetrwes XXI 52
Q ) id. )0( 61
( 3 ) id. )ocr 19
(4) id. )trrr 114
(s)Ct 2,L4
(6) Oeurres )(D( 193
( 7 ) Qroex, P T, 25, cité par E.J. rajeunie, op. cit. II, 370
(8) Oeurres IT 285
269
Chant a I :
( 1 ) Gn 12,1
Q ) Oeurres )(VII 6
( 3 ) id. )ovr 214
( 4 ) id. I 51 cf. E:<3, 1 sq.
(s)id. )(Irr 211cf. E:<19, 1G18. trait évoquéen Entretiens 1179
27r
(l) OeuwesxXI 47
(2) Ct 2,8 relevé par Saint François de Sales en &MI 111
(3) Oeuwes)O(VI21
(4) ibid. )oMr 26
(5) id. ffir 269
56) id. )Off 179 cf. Ps 125
272
raires qut ils veulent synÈhétiser; ils témoignent une fois de plus
aux montagnes dans 1e Nouveau TesÈament . Nous avions déj à ment ion-
dans 1es textes sa1ésiens, soit pris en 1ui-même (6), soiÈ paral-
Cet.Ëe évocat ion des deux monËagnes reviendra plus ieurs fois dans
les propos salésiens, toujours avec ceÈte même idée qu'i1 est
mais que ceËte aEt.itude esE beaucoup plus difficile dans les
o) id. v 2M
(8) id. )ocr 15cf; Ps 45, 2-3
- 274 -
Non pasr peuË esÈre pour ceux qui sonÈ des-ja fort
advancés en 1a montaigne de 1a perfect ion; mais pour
nous autres qui sommes encore es va11ees, quoy que
des ireux de monter ( 3) .
son point culminanE est décriÈ comme une cîrne (5) ou un sommet (6).
IlnousresteàparachevernoEreétudeduthèmedela
des voies de communication qui 1e con-
Eerre par une présentation
que 1e voyage ' dans 1a thémat ique sa1és ienne,
cernent. Rappelons
: occasion de relation' i1 figu-
prend une importance considérab1e
reencoresynboliquementceEEeprogressionquiestuneconsranËe
eE une découverre iniriatique de naEure
de la vie spirituelle
mystique. De plus, i1 permet drentrer pleinemenÈ au coeur de ceËÈe
e11e qui inÈroduira peu à peu 1e
nature donnée à contempler,
d'étape en étape' avec son
croyant au sommeÈ d'un amour purifié,
Ëoujours en montant' I1 ne prétend
Dieu. Car le chemin steffectue
parfaite d'un manuel raÈionnel mais épouse les
pas à 1a régularité
son
courbes capricieuses de 1a vie nême. I1 sent 1e sauvage mais
les mulfiples obsta-
aventure mène quelque parE. I1 a à affronter
oPPoser au même titre que 1a naviga-
cles que la nature peut lui
tion opposaiE à 1'avancée du navire 1a fougue de ses tempêtes'
forces du voyageur' Expé-
mais i1 n'est Pas dépendant des seules
rience existenËie11e Pour François de Sales souvenE "ou en voyage
(f) Oeu,rres)(II 3%
(2) id. )otrr 66
(3) 'be plus, en ceste mnraigre, çi est si eslerréeq,rton nty enterd poinc le bruict des créæ
)0OI 127
Èures, on gq,rste' ccnæ dic 1e Prophète' qre Dieu est dcnn<et sua\re." cf.
(4) Oeuwes I 49
(s) id. )Ml sl
276
Èant que ce Èhème nous permettra une étude comparaÈive des diffé-
(1) Pr 10,9
(2) OeuwesnK 52
(3) id. r 41
(4) ibid. r 1r8
(5) ibid. r 27, r LL4, r 3r9
(6) ibid. r 114
277
Q ) ibid. rrr 16
( 3 ) ibid. III æ4
- 278 -
évangélique (l).
Nous const atons ains i que 1e chemin est connoté de ma-
dévotion sans que pour auÈanÈ les aspecËs négat ifs des risques
nient 1e paradoxe avec une tranquill ité tel1e qui les fait aPpa-
qui I
permeE d affronter Ëoutes les épreuves intérieures
Un pas
une voie sans douËe moins rapide mais touÈ du moins plus sûre.
C'esr 1e grand ehemin, ma chere fille, duquel i1 nous
faut pas encore départir jusques a ce que 1e jour soit
un peu plus grand eË que nous puiss ions bien discerner
les sentiers (4).
CeËÈe inage comporte êgaLement lrévocaÈion d'un voyage dans 1a
nuiË. Des formules I
d encouragemenË rendent compte de la longueur
du chemin:
Allons tous-jours; pour lentenent que nous avancions,
nous ferons beaucoup de chemin (5).
L'inage du chemin sera ËouÈ particulièrement précieuse pour Èrai-
t
Ëer d un problème sur lequel reviendra souvent François de Sales :
celui du discernement de la vocation particulière de sa dirigée.
Du reste, ce problène ntesr pas unique et i1 apparaîtra occasion-
nellement en d'aut res correspondances ( 6) . I1 cons iste pour une
parÈ en 1a tentation de considérer souvent 1a vocaËion des autres
plus désirable que 1a sienne propre (i). François de Sales tranche
1a quesrion avec un grand bon sens qui fait appel là encore à
1'expér ience du voyageur :
A11ons, allonsr râ fi11e, nous sommes en bon chemin, ne
regardés ni a droitte ni a gauche; non, ceËtuy-ci est
( 1 ) Oetrwes )CII 99
( 1 ) Oer:vresXIII 295
Q ) ... "prisqr:e cfesÈ a un seul objet et pqJr r.Inseul object que nous allons" cf. )(VI 296
( 3 ) Oeuvres )(VI 20
(4) id. )cD(73
(s)id. )0( 3æ
(6) id. )(tII 295
284
I44I52l Catachrèses
(1) Oenvresffi,29
(2) ibid. xD( 301
(3) id. frII 228; wt 2%
(4) id. xrrr 286
(s) id. )cv 285
(6) id. )$-rrr 69
(7) id. xvrr 86, xvtrr lyr
(8) id. )(VIr 387
-285-
par 1a nature, plus part icul ièremenË , les condit ions cl iruat iques :
(1) OeuvresXIII 196, 27O, %3; )MII 135; )ffIII 254, 392; )(D( 46, 69; )0(t 114, 116.
(2) id. Ærr 232
(3) id. xrv 1s4
(4) id. )w 359,)(IIIrr186
(5) ibid. xv 111,x\rrrr 71
(6) id. Nt 262
(7) id. fr;l 223, craduit ainsi : "c'était rcn cheminle plus direct'
(8) id. )0( 11
(e) id. )(D( 197
(10) id. xJrr 24
-286-
(1) OenvresW,274
(2) id. )vrrr 239
(3) id. Kr 297
(4) id. xK3s6
(s) id. )$Ærr399
(6) id. )o(1
(7) id. nc 53
(8) ibid. nc 41
(9) id. )vrr 268
(ro) id. nrr 112
(tr) id. )$rrr 412
(12) id. xrv 12
287
"c'est vostre chemin" (5), "a11er sagement en son chemin" (6) '
( 1 ) Oeuwes nI 2CY+
Q ) id. XTII 1%
(3) ibid. )crr 225
(4) id. )oMr 33
( 5 ) ibid. )ovr 313
(6) ibid. )ofi,it 299
( 7 ) ibid. )0(VIy+7
(8) ibid. )0$rr 322
(e)ibid. )QilII 306
289
de Èrès étonnant à cela lorsque 1'on songe que Itancien sénite esË
un rô1e de premier plan dans son exisËence. C'esË donc bien natu-
offranÈ une grande richesse sémant ique pour dés igner ces réal ités.
CetÈe citation biblique qui rejoint sans doute les conseils que
existentielle de 1a route.
Pourveu que vous marchies dans le chemin de 1a verÈu'
quoy que lenËement, vous ne laisseres pas dtarriver a
vosÈre but (5).
Parfois, dans une superposiÈion dtimages emPrunËées à 1a fois à 1a
tradit ion sapienË iale e Ë a u C a n Ëi q u e des Cant iques ' nous décou-
vrons un lurnineux traiÈ poétique:
t
Faites que vostre sent ier s t avance comme l aurore
resplendissanËe er qut il croisse jusques a la perfecÈion
du jour (6)
ou encore
Le sent ier des justes s I avance et croist comme une
lumiere resplendissante jusques au jour parfair (7).
( 1 ) Pr 2,19
Q) Pr 21,8
( 3 ) Oeuvres)CV 117, )0$ 90 cf, Pr 30,18
(4) id. )0$[I 362 cf.. Pr 10,9
(s)id. )oMr 361
( 6 ) id. )Off 194 cf. Cr 6 , 9 ; P r 4 , 1 8
( 7 ) id. rv 167
(8) id. )O(tI 89 cf. Ps 68,33 'Donnemi parr loi le chenin de tes justifications au milieu de mn
coeur.ll
293
(1) lt 7,13
(2) Oeuvres)MIII BO
(3) id. )(trr 15
(4) id. w 279cf. rc lo,4
(s) id . Ærr 292
(6) id. )0$rr238
(7) id. Krr 3r7
(8) ibid. xrr 398cf. Ro11,33
- 294
(1) Oer,nrres
I 380 cf. W 5, 2y26; It. L2, 5Ù59