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École doctorale Littératures, Cultures et Sciences Sociales (ED 68)

Les textes astronomiques


syriaques (VI et VII siècles) :
e e

établissement d’un corpus et de critères de datation,


édition, traduction et lexique.

Thèse de l’Université de Caen Basse-Normandie


en Langues et Littératures Anciennes
soutenue par Emilie Claude-Villey
sous la direction de Philippe Fleury, Professeur de latin
Année universitaire Équipe de Recherche sur les Littératures, les Imaginaires et les Sociétés EA 4254
2011-2012 Axe “Sources anciennes, Multimédias et Valorisation du patrimoine” (ERSAM)
École doctorale Littératures, Cultures et Sciences Sociales (ED 68)
Thèse de l’Université de Caen Basse-Normandie
en Langues et Littératures Anciennes dirigée par Philippe Fleury, Professeur
de latin à l’Université de Caen Basse-Normandie / Équipe de Recherche sur
les Littératures, les Imaginaires et les Sociétés / EA 4254 - Axe “Sources
anciennes, Multimédias et Valorisation du patrimoine” (ERSAM)
et soutenue par

Emilie Claude-Villey

Les textes astronomiques syriaques (VIe et VIIe s.) :


établissement d’un corpus et de critères de datation.
Édition, traduction et lexique.

Jury
BRIQUEL-CHATONNET F., directrice de recherche au CNRS, UMR 8167
Orient et Méditerranée, Ivry-sur-Seine.
DESREUMAUX Alain, directeur de recherche au CNRS, UMR 8167 Orient et
Méditerranée et président de la Société d'études syriaques, Paris.
FLEURY Philippe, professeur de latin à l’Université de Caen Basse-
Normandie.
HUGONNARD-ROCHE Henri, directeur de recherche émérite au CNRS,
Institut des traditions textuelles, Villejuif et directeur d'études émérite à
l'École pratique des Hautes Études, Paris.
JACQUEMARD Catherine, professeur de latin à l’Université de Caen Basse-
Normandie.
TIHON Anne, professeur émérite de l’Université Catholique de Louvain-la-
neuve (Belgique).

Année universitaire
2011-2012
Remerciements

Ma gratitude va à mon directeur de thèse, Monsieur Philippe Fleury,


professeur de latin à l’Université de Caen, qui m’a fait confiance pour
mener à bien ce projet en dehors des sentiers battus. Qu’il soit remercié pour
son constant soutien, pour ses encouragements, ses lectures et ses conseils.

Je tiens à remercier tout spécialement Monsieur Henri Hugonnard-


Roche, directeur de recherche au CNRS, qui a suivi la progression de ce
projet. Il a pris le temps de lire ce travail, pas à pas, et ses conseils se sont
toujours révélés éclairants et constructeurs. Je le remercie pour ses lectures,
pour son précieux soutien et pour les beaux moments d’échanges dont il m’a
honorée sur Paris.

Un grand merci va à Madame Anne Tihon, professeur émérite à


l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, spécialiste d’astronomie
grecque. De notre rencontre est née un échange épistolaire qui m’a permis
d’enrichir la qualité de certaines de mes traductions et des notes apportées à
la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht. Merci
pour son enthousiasme, pour ses encouragements et son précieux soutien.

Je remercie également Madame Françoise Briquel-Chatonnet,


directrice de recherche au CNRS, qui s’est souciée de me transmettre des
informations bibliographiques en matière d’astronomie syriaque et qui m’a
mise en contact avec les spécialistes de la codicologie orientale. Je la
remercie également de m’avoir récemment confié, dans le cadre de la
Société des études syriaques, certaines missions qui visent à mettre en
valeur la littérature scientifique syriaque. J’en suis heureuse et honorée.

Un grand merci va à Monsieur Alain Desreumaux, directeur de


recherche au CNRS et président de la Société d’études syriaques, puits de
savoir, qui m’a patiemment initiée aux joies de l’édition critique d’un texte

2
Remerciements

syriaque, et qui a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à des questions


ponctuelles.

Je remercie Madame Catherine Jacquemard, professeur de latin à


l’Université de Caen Basse-Normandie, de m’avoir prodigué quelques
conseils de lecture au début de ce travail et d’avoir accepté de faire partie
des membres du jury.

Cette thèse n’aurait pas vu le jour sans le soutien de Monsieur Thomas


Villey, doctorant en histoire romaine à l’Université de Caen. Je le remercie
d’avoir pris le temps de relire plusieurs fois ce travail. Je le remercie
également de m’avoir aidée à financer un séjour d’études à Rome durant
près de deux ans. Sa compagnie et nos échanges ont rempli les années
consacrées à cette thèse de beaucoup de joies et d’un grand amour de la
recherche.

Je remercie également vivement Monsieur Raymond Mercier,


spécialiste d’astronomie et de mathématique médiévale, chercheur associé à
l’Université de Cambridge, qui a pris le temps de voir si ma lecture des
chiffres astronomiques dans le ms. Paris BnF syr. 346 était exacte. Je tiens
aussi à le remercier de m’avoir généreusement expédié un exemplaire du
premier volume des Tables facile de Théon d’Alexandrie que lui-même et
Madame Anne Tihon ont publié tout récemment.

Merci à Monsieur Denis Savoie, astronome, directeur du planetarium


au Palais de la découverte, qui a bien voulu apporter son avis d’expert sur
les points techniques de cette thèse. Je le remercie pour ses explications et
pour les améliorations que ses lectures ont permis d’apporter à ce travail.

Merci à Monsieur Sebastien Brock, Professeur à l’University


d’Oxford, pour les références bibliographiques communiquées au tout début
de mon travail de recherche.

Je remercie également Madame Natalia Viola, codicologue,


chercheuse associée au CNRS (UPR76) qui m’a très aimablement aidée à
décrire matériellement le manuscrit Paris BnF syr. 346.

3
Remerciements

Un grand merci va à Monsieur Gregory Kessel, chercheur à la Faculté


de Théologie de l’Université de Marburg, qui m’a fait savoir qu’il avait tout
récemment découvert une troisième copie du Traité sur l’astrolabe de
Sévère Sebokht dans le manuscrit syr. 553/13 (XVe s.) de l’église syriaque
orthodoxe des Quarante martyrs à Mardin et qui a fait en sorte de me fournir
cette copie.

Je remercie Monsieur Émiliano Fiori, chercheur à l’Université Vrije


d’Amsterdam, de m’avoir très aimablement communiqué une photocopie de
l’édition du texte syriaque du De Mundo au tout début de la préparation de
ce travail. J’ai plaisir à me rappeler l’expression de joie qui s’est affichée
sur son visage quand il m’a remis, victorieux, ce texte, difficile d’accès en
France, qu’il avait trouvé à Rome !

Merci à Madame Flavia Ruani, doctorante en histoire religieuse et en


littérature syriaque à l’École Pratique des Hautes Études, d’avoir bien voulu
relire et corriger la traduction d’un passage du Livre d’Alexandre le grand
ou traité d’astronomie (extrait du ms. Vat. sir. 555).

Je remercie aussi Madame Agnès Debeuré, graphiste à la Caisse des


Dépôts et Consignations, ma Tante, qui a eu la grande gentillesse de réaliser
la première de couverture.

Mes remerciements les plus profonds vont naturellement aux


personnes qui ont cru que l’astronomie syriaque valait la peine qu’on y
consacre du temps et de l’argent : je pense à Monsieur Thomas Villey, à
Madame Sylvie Debeuré, à Monsieur Laurent Claude et à Madame Maryse
Claude-Libert. Que ces bienfaiteurs soient tous chaleureusement remerciés !

Cette thèse serait bien différente si je n’avais pas bénéficié du soutien


de l’École française de Rome. Je suis très reconnaissante à cette institution
de m’avoir accordé par deux fois une bourse et des conditions de travail
exceptionnelles pour effectuer mes recherches.

4
Remerciements

Je remercie le personnel de la bibliothèque Vaticane, qui m’a autorisé


l’accès à deux des manuscrits du fonds syriaque, ce qui m’a permis, durant
trois semaines, de les lire et d’en faire des notices précises.

Enfin je tiens à remercier chaleureusement le personnel de la


Bibliothèque du Pontificio Istituto Orientale de Rome, qui m’a autorisée à
procéder à des recherches dans ses locaux durant toute l’année 2009-2010.
Je remercie en particulier le Père François Gick, directeur de cette
incroyable bibliothèque, qui, durant mon séjour dans la Ville éternelle, m’a
tenue régulièrement au courant des nouvelles sorties éditoriales dans le
domaine de la littérature syriaque.

5
Système de translittération, symboles, sigles et abréviations

Système de translittération

Nous avons parfois recours à la translittération pour rendre


accessible au lecteur non syriacisant le lexique astronomique syriaque. Le
système adopté est simple : nous ne tenons pas compte de la longueur des
voyelles ni de l’adoucissement des consonnes (b/v ; k/kh ; t/th ; p/ph), sauf
pour des cas évidents de translittération d’un mot grec (comme philosophos
au lieu de pilosopos, scholion au lieu de skolion et enfin Synṭaxis au lieu de
Sunṭaksis) ; le redoublement des consonnes en revanche est noté. En dehors
des cas de translittérations du grec, nous transcrirons chaque graphème de la
façon suivante :
Syriaque Translittération Syriaque Translittération
phonétique phonétique
‫ܐ‬ a/o/e ‫ܠ‬ l
‫ܒ‬ b ‫ܡ‬ m
‫ܓ‬ g ‫ܢ‬ n
‫ܕ‬ d ‫ܣ‬ s
‫ܗ‬ h ‫ܥ‬ ʽ
‫ܘ‬ u/o ou w1 ‫ܦ‬ p
‫ܙ‬ z ‫ܨ‬ ṣ
‫ܚ‬ ḥ ‫ܩ‬ q
‫ܛ‬ ṭ ‫ܪ‬ r
‫ܝ‬ i/e ou y2 ‫ܫ‬ š
‫ܟ‬ k ‫ܬ‬ t

Les voyelles brèves, qui se prononcent mais ne se notent pas


nécessairement en syriaque, produisent des sons que l’on retrouvera
facilement grâce à la notation phonétique suivante : a, i et o. Le son [u] est
noté u, le son [e] est noté e.

1
Lorsque cette lettre est utilisée comme semi-consonne, nous la notons « w ».
2
Lorsque cette lettre est utilisée comme semi-consonne, nous la notons « y ». Quand le yud
sert simplement de support à la voyelle (c’est-à-dire qu’il marque l’allongement de cette
dernière), nous le notons « e » ou « i » et très rarement « a » quand cette vocalisation est
notée sans équivoque dans la copie manuscrite.
Translittérations et abréviations

On note d- le dolat qui introduit un complément du nom ou une


proposition subordonnée.
L’orthographe des noms propres s’établit selon des critères peu
objectifs. Nous avons essayé, autant que faire se peut, de reprendre l’usage
le plus courant. Ainsi les noms de personnalités et de lieux que l’on connaît
par l’intermédiaire de la littérature syriaque seront orthographiés de la
manière suivante :

Basile de Chypre (pour ‫) ܒܣܝܠ ܕܓܙܪܬܐ ܕܩܘܦܪܐ‬


Djazira (pour ‫ ܓܙܝܪܬܐ‬/ Gezirta), région septentrionale de Mésopotamie , à
différencier de ‫( ܓܙܪܬܐ‬avec un yud bref), l’île.
Herat (pour ‫ ܗܪܗ‬/ Herah), ville du Khorassan. Actuellement capitale d’une
province occidentale de l’Afghanistan.
Khorassan (pour ‫ ܟܘܪܣܢ‬/ Kurasan ), région orientale de l’empire sassanide.
Situé au nord-est de l’Iran actuel.
Qennešrin (pour ‫ ܩܢܫܪܝܢ‬/ Qennešrin), ville de Syrie occidentale (ancienne
Chalcis).
Sergius de Rešʽayna (pour ‫ ܣܪܓܝܣ ܕܪܝܫ ܥܝܢܐ‬soit Sergis d-Reš ʽayna)
Sévère Sebokht (pour ‫ܘܟܬ‬ ܽ
ܼ ‫ ܣܐܘܪܐ ܣܒ‬/ Seuero Sebukt)
Stéphane (pour ‫ ܣܛܦܢܘܣ‬/ Stephanus)
Théodore de Kark Juddan (pour ‫)ܬܐܕܘܪܐ ܕܟܪܟ ܓܘܕܢ‬

Symboles, sigles et abréviations3

† : mort en.
< vient de (transcription ou emprunt)
< > ajout de l’éditeur

adj. : adjectif
adv. : adverbe
alt. : alterum

3
Pour les abréviations bibliographiques on se reportera directement à la bibliographie.

7
Translittérations et abréviations

anc. : ancien
apr. J.-C. : après J.-C.
ar. : arabe
av. J.-C. : avant J.-C.
BAV : Biblioteca Apostolica Vaticana
BL : British Library
BnF : Bibliothèque nationale de France
BYU : Brigham Young University
c. : circa
f. : folio
fém.: féminin
George Ar. : Georges des Arabes
gr. : grec
inf. : inferiore
IRHT : Institut de Recherche en Histoire des Textes (CNRS, Paris)
L : manuscrit London BL Add. 14 658, VIIe s.
L1 : copiste du ms. London BL Add. 14 658, VIIe s.
L2 : seconde main du ms. London BL Add. 14 658
litt. : littéralement
marg. : margine
n. : nom
P : manuscrit Paris BnF syr. 346, 1309 apr. J.-C.
P1 : copiste du ms. Paris BnF syr. 346, 1309 apr. J.-C.
P2 : seconde main du ms. Paris BnF syr. 346 (après 1309 apr. J.-C.)
pl. : pluriel
Ptol. : Ptolémée
r : recto
s. : siècle
Serg. Reš. : Sergius de Rešʽayna
Sév. Seb. : Sévère Sebokht
sg. : singulier
subs. : substantivé
sup. : superiore
syr. : syriaque
v : verso

8
INTRODUCTION GÉNÉRALE

Les manuels scolaires d’aujourd’hui aiment à rattacher le contenu des


savoirs scientifiques qu’ils transmettent, aux grandes figures de l’antiquité
grecque qui se sont illustrées en philosophie et en mathématiques : on
apprend par exemple en Terminale à structurer sa pensée de manière
dialectique en attribuant la conceptualisation de cette méthode à Platon ou à
utiliser certains outils de la logique aristotélicienne comme les syllogismes ;
les théorèmes géométriques attribués à Thalès et à Pythagore ainsi que le
principe d’Archimède font partie des programmes de fin de collège ; enfin
la loi dite « d’Euclide » relative aux propriétés des droites fait encore partie
intégrante des exercices de démonstrations géométriques imposées à nos
lycéens. Il est surprenant de voir comme certains savoirs perdurent,
continuant de conditionner, plus de deux mille ans après qu’ils aient été
fixés par écrit, certains fondements de notre pensée. Mais au fait, les textes
fondateurs de notre culture, ont-ils jamais été « fixes » ? Quelles
modifications chacun d’eux a-t-il subi au gré de sa transmission ? Quand
nous lisons ces textes en français aujourd’hui, sont-ils traduits du grec ? du
latin ? de l’arabe ? Sont-ils parvenus en latin après avoir été traduits de
l’arabe ? A-t-on conscience des transformations apportées à ce qui, depuis
deux mille ans, a pu être copié une dizaine de fois et traduit dans trois
langues différentes avant de nous parvenir ? Au final, de quels textes
parlons-nous ?
Il n’est donc pas seulement question de réfléchir ici à la transmission des
concepts scientifiques et des savoir-faire techniques. Notre enquête s’inscrit
avant tout dans une démarche qui consiste à s’interroger sur la part de ceux
qui ont agi sur le texte : l’auteur, l’éditeur, les copistes, les traducteurs. On
connaît de mieux en mieux la chaîne de transmission qui a vu évoluer les
œuvres scientifiques grecques en arabe1 puis en latin2 à l’est et au sud du

1
Sur la transmission des textes et des concepts du grec en arabe, voir notamment
GUTAS D., Greek Thought, Arabic Culture. The Graeco-Arabic Translation Movement in
Baghdad and Early ‘Abbāsid Society (2nd-4th/8th-10th centuries), London-New York,
Introduction

bassin méditerranéen, ainsi que la chaîne qui a consisté à transmettre les


œuvres en grec ou du grec au latin du côté septentrional de la Méditerranée3.
Il existe une autre chaîne de transmission que l’on connaît moins et qui a
consisté à traduire des œuvres grecques d’abord en syriaque, puis
éventuellement en arabe et en latin. Certaines œuvres, perdues en grec, ne
sont d’ailleurs plus lisibles qu’en syriaque comme les Météorologiques de
Théophraste4 ou le Traité des poids et mesure d’Épiphane5 ; et des textes,
comme le fameux De Mundo, se sont révélés mieux conservés en syriaque
— c’est-à-dire plus fidèles à l’archétype — que dans la plupart des copies
préservées en grec ou dans des versions latines, prouvant par là qu’on aurait
tort de négliger des témoins syriaques dans l’édition critique d’un texte
ancien. D’ailleurs, certaines œuvres fondamentales pour l’histoire du

Routledge, 1998 ; HASNAWI A., ELAMRANI-JAMAL A. et AOUAD M. (éd.), Perspectives


arabes et médiévales sur la tradition scientifique et philosophique grecque. Actes du
colloque de la Société internationale d’histoire des sciences et de la philosophie arabes et
islamiques (Paris, mars-avril 1993), Louvain-Paris, Peeters, 1997 ; ENDRESS G. and
KRUK R. (éd.), The Ancient Tradition in Christian and Islamic Hellenism : Studies on the
transmission of Greek Philosophy and Sciences Dedicated to H. J. Drossaart Lulofs on his
90th Birthday, Leiden, Research School CNWS, 1997 et KUNITZSCH P., Von Alexandria
über Bagdad nach Toledo. Ein Kapitel aus der Geschichte der Astronomie, München,
Verlag der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, 1991.
2
Voir en particulier GOYENS M., DE LEEMANS P. et SMETS A. (éd.), Science translated.
Latin and vernacular translations of scientific treatrises in medieval Europe, Leuven,
University Press, 2008 ; BURKE P., Lost (and Found) in Translation : a Cultural History of
Translators and Translating in Early Modern Europe, Wassenaar, NIAS, 2005-2006
[Koninklijke Bibliotheek Lecture 1] ; WALZER R., « Arabic transmission and greek thought
to medieval Europe », Bulletin of the John Rylands Library 29, 1945-46, p. 162-185 ;
HUGONNARD-ROCHE H., « Influence de l’astronomie arabe en Occident médiéval », in
Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie théorique et appliquée, Paris,
Seuil, 1997, p. 309-328 ;
3
Pour la transmission latine des textes astronomiques, voir BAKHOUCHE B., Les textes
latins d’astronomie. Un maillon de la chaîne du savoir, Louvain-Paris, Peeters, 1996 ; pour
la transmission grecque voir TIHON A., « L'astronomie à Byzance à l'époque iconoclaste »,
in BUTZER P. L. and LOHRMANN D. (éd.), Science in Western and Eastern Civilization in
Carolingian Times, Basel-Boston-Berlin, Birkhäuser, 1993, p. 181-203 ; voir aussi
PEDERSEN O., « The corpus Astronomicum and the Traditions of Mediaeval Latin
Astronomy », in GINGERICH O. and DOBRZYCK J. (éd.), Astronomy of Copernicus and its
background : proceedings of the joint Symposium of the IAU [International astronomical
Union] and the UIHPS [Union international d’histoire et de philosophie des sciences],
Torun, 1973, Wroclaw, Ossolineum, 1975 [coll. « Studia Copernicana » XIII], p. 57-96.
4
D’après DROSSART L. J, The Syriac translation of Theophrastus’s Meteorology, Louvain,
Publications universitaires de Louvain, 1955 ; WAGNER E. und STEINMETZ P., Der Syrische
Auszug der Meteorologie des Theophraste, Mainz, Akademie der Wissenschaften und der
Literatur, 1964 ; en revanche, d’après DAIBER H., « Theophrasts Meteorologica in syrisch-
arabischer Überlieferung », in ENDRESS G. (éd.), Symposium Graeco-Arabicum II : Akten
des Zweiten Symposium Graeco-Arabicum, Ruhr-Universität Bochum (3-5 März 1987),
Amsterdam, B. R. Grüner, 1989, p. 10-18, le texte aurait également été transmis en arabe.
5
Epiphanius’ Treatise on weights and measures. The syriac version edited by J. Elmer
Dean with a foreword by M. Sprengling, Chicago, University of Chicago Press, 1935.

10
Introduction

christianisme, perdues en grec, sont lisibles en syriaque comme les


Theophania d’Eusèbe de Césarée, les Discours sur Luc de Cyrille
d’Alexandrie, les Lettres festales d’Athanase ou les œuvres d’Évagre le
Pontique ou de Théodore de Mopsueste. L’étude de ces traductions
e e
syriaques effectuées entre le IV et le VII siècle apr. J.-C. nous permet de
nous assurer de la fiabilité de la transmission latine ou, le cas échéant –
c’est-à-dire si l’on constate des divergences – de considérer avec beaucoup
de précautions la tradition latine.
Ce que l’on sait moins encore, c’est que certains érudits de langue
syriaque de la fin de l’antiquité, formés à la philosophie grecque (certains
e
comme Sergius de Reš‘ayna ont étudié à Alexandrie, d’autres dès le VII

siècle disposaient de tout l’Organon d’Aristote traduit en syriaque) ont


produit des œuvres tout-à-fait originales dans d’autres domaines du savoir
comme en géographie, en sciences naturelles, peut-être en médecine, et en
astronomie. Ces textes, qui peuvent éclairer notre compréhension des
chaînes de savoir, sont restés jusqu’à présent largement inexploités. Nous
avons choisi d’étudier de plus près l’astronomie, pensant qu’au-delà de cette
simple enquête sur les textes et leurs manuscrits, notre travail contribuerait à
mieux comprendre le rapport que les chrétiens des premiers siècles purent
établir avec cette science des astres, poussée à un haut degré de
développement et de scientificité par les philosophes païens d’Alexandrie,
mais qui contredisait fortement la théorie archaïque du cosmos véhiculée
par l’Ancien Testament6.
L’astronomie a intéressé des érudits de langue syriaque avant
l’arabisation des administrations proches et moyennes orientales (réforme
imposée par ‘Abd al-Malik en 694/95 apr. J.-C.), qui marque le début de la
domination culturelle arabe. Les textes les plus anciens conservés qui
témoignent de cet intérêt datent du VIe et du VIIe siècles. Ce sont ces témoins
que nous avons voulu étudier de plus près dans le cadre de cette thèse de
doctorat. Notre étude prend appui sur une dizaine de manuscrits.

6
Pour un point de vue d’ensemble à ce sujet, voir I NGLEBERG H., Interpretatio christiana :
les mutations des savoirs (cosmographie, géographie, ethnographie, histoire) dans
l’Antiquité chrétienne, 30-630 après J.-C., Paris, Institut des études augustiniennes, 2001.

11
Introduction

Jusqu’à aujourd’hui, seule une petite partie de ce corpus était aisément


accessible : il s’agit de deux ouvrages de Sévère Sebokht, évêque de
e
Qennešrin au VII siècle, le Traité sur l’astrolabe, qui est un manuel
d’astronomie pratique, et le Traité sur les constellations, qui peut se définir
comme un manuel de cosmographie7. Ces deux traités ont été traduits en
français par F. Nau en 1899 et 19318, mais seul le Traité sur l’astrolabe a
bénéficié d’une édition scientifique, ce qui limitait l’approche philologique
du corpus. Depuis F. Nau, les textes astronomiques syriaques sont restés
soit à l’état de manuscrits, soit non traduits9.
Malgré le manque évident de travaux d’édition et de traduction en
langues modernes des textes de ce corpus astronomique, on trouve de
nombreuses études prenant position sur le rôle des syriaques dans la
transmission des sciences en général et sur la transmission des savoirs
astronomiques en particulier. Certains évoquent l’ « influence
déterminante » des chrétiens orientaux et de leurs traductions dans la
transmission des œuvres astronomiques grecques aux arabes 10 . D’autres
considèrent que les syriaques ont vraisemblablement joué un rôle mineur à

7
On définit actuellement la cosmographie comme la partie descriptive de l’astronomie,
sans les démonstrations mathématiques. Voir SAVOIE D., Cosmographie. Comprendre les
mouvements du Soleil, de la Lune et des planètes, Paris, Belin, 2006, p. 3 et MORELON R.,
« L’astronomie arabe orientale entre le VIIIe et le XIe siècle », in RASHED R. (dir.), Histoire
des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 39.
8
NAU F., Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des
sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française [extrait du JA],
Paris, E. Leroux, 1899 et NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère
Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/30, p. 333-410 et ROC 28, 1931/32, p. 85-
100 (Introduction, traduction intégrale de 18 chapitres, édition partielle des chapitres IV, V,
et VI).
9
Nous savons, depuis la publication d’un récent article d’H. TAKAHASHI (« The
Mathematical Sciences in Syriac : from Sergius of Resh‘aina and Severus Sebokht to
Barhebraeus and Patriarch Ni’matallah », Annals of Science 68, 2011, fasc. 4, p. 480,
note 8), qu’Edgar Reich a préparé un commentaire et une édition complète de ces deux
traités de Sévère Sebokht, ainsi que de deux lettres astronomiques de Georges des Arabes,
mais cet ouvrage n’est pas paru au moment où nous écrivons ces lignes.
10
Voir notamment : LE COZ R., Les Médecins nestoriens. Les maîtres des Arabes, Paris,
L’Harmattan, 2003, p. 90 : « Il faut bien se rendre compte que tous les savants de l’Islam
n’ont jamais eu accès aux textes anciens originaux <c’est-à-dire grecs>, tous leurs travaux
ayant été effectués à partir de traductions <syriaques> ») ; on verra aussi à ce propos
YOUSIF E. I., Les philosophes et traducteurs syriaques d’Athènes à Baghdad, Paris,
L’Harmattan, 1997 et WALZER R., « Arabic transmission and greek thought to medieval
Europe », Bulletin of the John Rylands Library 29, 1945-46, p. 168-171 : « The
preservation and transmission of greek philosophy and science […] to posterity, is almost
exclusively due to the Christians of the later centuries of the Roman Empire ».

12
Introduction

ce niveau11, même si, parmi ces derniers, on a pu reconnaître que l’approche


de ce sujet était tributaire des témoignages arabes postérieurs12.
En réalité, il est impossible de juger du rôle des Syriaques dans
l’histoire de l’astronomie sans passer par l’établissement d’un corpus de
textes qui fasse de leur activité scientifique, avant l’arabisation des
administrations, non plus un mythe mais une réalité sondable. Le texte le
plus récent que nous présenterons est approximativement contemporain de
l’instauration du califat omeyyade en Syrie (661 apr. J.-C.) 13 . Nos
investigations se bornent donc à cette date, qui coïncide, à peu de chose
près, avec la date de mort de Sévère Sebokht (environ 666 apr. J.-C.). En
posant cette limite, nous exposerons sans ambiguïté le travail des savants de
langue syriaque dans le cadre de la transmission des savoirs astronomiques
avant la naissance d’une érudition en langue arabe dans ce domaine. Nous
ne nous sommes pas imposé de limite chronologique antérieure, étant bien
entendu qu’il n’existe, du moins à notre connaissance, pas de témoignage
e
d’une production littéraire en langue syriaque avant le II siècle apr. J.-C. et
que les premiers témoins manuscrits datés ne remontent pas au-delà du Ve s.
apr. J.-C.

11
Voir GIGNOUX Ph., « L’apport scientifique des chrétiens syriaques à l’Iran sassanide »,
JA 289, 2001, fasc. 2, p. 220-221 : « La littérature pehlevi <est l’> héritière des
mathématiques grecques, […] mais les Syriaques n’auraient joué aucun rôle dans cette
transmission »; TROUPEAU G., « Le rôle des Syriaques dans la transmission et l’exploitation
du patrimoine philosophique et scientifique grec », Arabica 38, 1991, p. 3 : « Quant aux
autres sciences, comme les mathématiques et l’astronomie, il ne semble pas que les
syriaques leur aient porté un grand intérêt, car peu d’œuvres importantes, dans ces
disciplines ont été traduites en syriaque durant cette période ( V-VIIe siècles) » ; SALIBA G.,
« Revisiting the Syriac Role in the Transmission of Greek Sciences into Arabic », Journal
of the Canadian Society for Syriac Studies 4, 2004, p. 27-31; ID., Islamic Science and the
Making of the European Renaissance, Cambridge, MA, 2007, p. 58-64 qui n’attribue pas de
rôle particulier à ces chrétiens de langue syriaque avant l’époque abbasside ; voir aussi
GUTAS, Greek Thought, 1998, p. 20-22 qui considère que les érudits de langue syriaque
n’ont pas joué le rôle qu’on a pu leur attribuer dans la promotion du mouvement de
traduction des œuvres scientifiques grecques aux arabes ; PINGREE D., « The teaching of the
Almagest in Late Antiquity », Apeiron 27, 1994, fasc. 4, p. 88 : « It is only in our
imaginations, then, that we can reconstruct a continuous school of Ptolemaic astronomy
flourishing in Syria between the sixth and the ninth century […] ».
12
Voir PINGREE D., « The recovery of early Greek Astronomy from India », Journal of the
history of astronomy 7, 1976, p. 109: « It is certain that Greek astronomical texts were
translated into Syriac and into Pahlavī, as well as into Sanskrit, but of the former we still
have but little, and of the latter almost nothing; and in both cases we must rely for much of
our knowledge on late accounts in Arabic ».
13
Il s’agit de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht. D’après
les informations contenues dans cette lettre, Sévère la rédigea avant septembre de l’an 662
apr. J-.C., peut-être l’année d’avant.

13
Introduction

Le lecteur trouvera en première partie des informations sur les


manuscrits et sur la bibliographie produite à ce sujet. L’ « astronomie » y est
prise dans un sens large, car nous avons dû prendre en compte des textes
qui, bien que relevant de la pure cosmologie, ont été indûment qualifiés
d’astronomiques14.
Notre lecteur accèdera ensuite à des sources qui étaient restées jusque-
là inédites ou dont la traduction était inédite. Ce matériau permettra à
l’historien des sciences et au linguiste de disposer de sérieux points d’appui
pour comprendre de quelle manière la science astronomique s’est transmise
en Orient. On trouvera ainsi édités et traduits en français :
- un Traité sur la cause des éclipses de lune (anonyme),
- le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna,
- l’Exemple au sujet du mouvement du soleil (anonyme)15,
- la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère
Sebokht.
En outre, l’application de critères de datation permettra d’intégrer
d’autres textes à ce corpus astronomique syriaque : comme le long extrait
du Traité sur les révolutions planétaires et les conjonctions astrales (ms.
Paris BnF syr. 346), une Lettre sur la sphère céleste attribuée à un certain
Basile (ms. Vat. sir. 516) et une Lettre sur la conjonction des planètes (Paris
BnF syr. 346). Pour des raisons évidentes de temps, nous avons renoncé à
éditer et à présenter une traduction intégrale de ces trois derniers textes. On
en trouvera cependant de bons passages édités et traduits dans la première et
troisième partie.
Le lecteur sera frappé par le fait que la plupart des textes que nous
venons de mentionner sont anonymes. Quelle garantie avons-nous que cette
littérature a bien été produite avant le VIIIe siècle ? Nous pensons que l’étude
philologique de ces textes peut apporter ce genre de garantie et c’est ce que
nous avons cherché à démontrer dans la troisième partie de cette thèse. Le
14
C’est le cas du Pseudo-Denys l’Aréopagite, Traité astronomique et météorologique, texte
introduit, édité et traduit dans KUGENER A., « Un traité astronomique et météorologique
syriaque attribué à Denys l’Aréopagite », in Actes du XIVe Congrès international des
Orientalistes (Alger 1905), Nendeln, Kraus, 19682 (Paris, E. Leroux, 19071), Partie II,
p. 137-163.
15
Nous avons appris, après avoir effectué le travail d’édition et de traduction que nous
présentons, que Georges Saliba avait déjà traduit ce texte en anglais dès 1995 dans la revue
Byzantion. Nous avons en revanche tenu compte, avec grand intérêt, de ses commentaires.

14
Introduction

langage astronomique syriaque, ayant évolué au fil des générations, parfois


de manière très surprenante, fournit en effet aux lecteurs d’aujourd’hui des
indices précieux sur l’époque de production des ouvrages. Il ne nous restait
plus finalement qu’à vérifier que les critères de datations, mis au point par
S. Brock pour les corpus biblique, liturgique et patristique 16 , étaient
également valables pour le corpus astronomique (à partir des textes datés) et
à les appliquer aux textes anonymes, ce que nous nous sommes employée à
faire dans la section II de la troisième partie.
Le présent travail vise à offrir des outils linguistiques qui permettront
de progresser non seulement dans la datation des textes astronomiques
syriaques, mais aussi dans l’édition et la traduction des textes, restés à l’état
de manuscrit, grâce à un lexique syriaque-français des termes astronomiques
et philosophiques présents dans sept textes17.

Notre étude s’applique essentiellement aux fonds manuscrits syriaques


de dix grandes bibliothèques européennes dont nous avons effectué un
dépouillement complet à partir des catalogues de manuscrits syriaques qui
étaient à notre disposition. Parmi ces collections, nous avons retenu quatre
manuscrits à partir desquels nous avons choisi d’éditer de nouveaux textes
ou d’appliquer nos critères de datations. Il s’agit des manuscrits Paris BnF
syr. 346, Vat. sir. 516 et Vat. sir. 555 que nous avons pu étudier à la
Bibliothèque nationale de France et à la Biblioteca Apostolica Vaticana. Les
notices détaillées que nous avons pu réaliser nous ont permis d’enrichir
considérablement notre travail. Le quatrième manuscrit dont nous avons
e
édité et traduit un texte est un manuscrit du VII siècle : il s’agit du BL Add.
16
Ces critères de datations, obtenus notamment à la suite d’une longue observation des
textes syriaques traduits du grec, ont été présentés dans BROCK S. P., « Diachronic aspects
of Syriac word formation : an aid for dating anonymous texts », OCA 236, 1990
[= 5e Symposium Syriacum 1988, Louvain], p. 321- 331 ; BROCK S. P., Syriac Perspectives
on late antiquity, London, Variorum Reprints, 1984 [compilation d’articles sur le sujet] et
BROCK S. P., « Towards a history of Syriac translation technique », OCA 221, 1983
[= 3e Symposium syriacum 1980, Roma], p. 1-14.
17
Il s’agit du Traité sur la cause des éclipses de lune (Paris BnF syr. 346, XIVe s., f. 51v-
60r), de l’Exemple au sujet du mouvement du soleil (BL Add. 14 658, f. 149v), du Traité
sur l’action de la lune de Sergius de Rešʽayna (BL Add. 14 658, f. 141v-149v), de la
traduction du De Mundo du même Sergius (chapitre 4, d’après l’édition de LAGARDE P.,
Analecta Syriaca, Osnabrück, Leipzig, Teubner, 1858, p. 134-158), et enfin de trois textes
de Sévère Sebokht, le Traité sur l’astrolabe, le Traité sur les constellations et la Lettre sur
les nœuds ascendant et descendant (se trouvant respectivement aux f. 36v-51v ; f. 78r-121v
et f. 124v-127v du ms. Paris BnF syr. 346).

15
Introduction

14 658 consulté sous forme microfilmée à l’Institut de Recherche en


Histoire des Textes (IRHT) de Paris.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il nous a semblé opportun


d’aborder d’autres points essentiels comme la définition de la science
astronomique chez les Syriaques, le contenu scientifique des textes et leurs
caractéristiques littéraires. Nous nous focaliserons uniquement sur les textes
syriaques relevant de la pure astronomie scientifique. Le corpus est en
réalité plus large et comprend également, comme nous l’avons dit, des
textes à caractère cosmologique 18 , qui seront présentés dans la première
partie. Mais étant donné qu’un bon nombre de ces derniers ont été édités,
traduits et ont déjà fait l’objet d’études, il nous a semblé plus impérieux
d’introduire l’astronomie scientifique syriaque dont le lecteur découvrira
dans cette thèse des témoins inédits. Nous définirons ainsi précisément ce
que les anciens entendaient par le terme d’« asṭronomia » ( ‫; ) ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ‬
nous exposerons ensuite la portée scientifiques des ouvrages qu’ils nous ont
transmis avant d’en venir aux particularités manuscrites et littéraires du
corpus en question.

I. Place et définition de la science astronomique dans les milieux


scholastiques syriaques

1. L’astronomie dans le cadre des études philosophiques

Comme dans le reste du bassin méditerranéen, et plus tard chez les


Arabes, les plus anciens écrits de philosophes syriaques qui nous sont

18
« La cosmologie se propose de traiter de l’univers pris dans sa totalité, et non des objets
singuliers qu’il contient. Elle s’interroge sur la nature de la matière, de l’espace et du
temps, sur leurs liens éventuels, sur la notion même d’univers en tant que réalité
comprenant tout ce qui existe, sur son passé et son avenir. Cette démarche ancienne vécut
longtemps de spéculations cantonnées à la métaphysique, ou d’intuitions énoncées sans
démonstration possible, faute de preuves données par l’observation ou l’expérimentation »
(cf. « Cosmologie », in SERRES M. et FAROUKI N. (dir.), Dictionnaire des sciences, Paris,
Flammarion, 1997, p. 220 ).

16
Introduction

parvenus, et parmi eux le Traité de logique de Paul le Perse19 (début du VI


e

siècle), distinguent deux branches de la philosophie, dont l’une (la


philosophie théorique) comprend l’étude de ce que nous appelons
généralement les mathématiques ou quadrivium, c’est-à-dire la géométrie,
l’arithmétique, la musique et l’astronomie. Sergius de Reš‘ayna († 536)
opère lui aussi cette classification20.
Nos textes astronomiques n’apportent pas un témoignage très clair sur
e e
la façon dont on concevait la répartition des savoirs aux VI et VII siècles :
dans le prologue à son Traité sur l’action de la lune, Sergius de Reš‘ayna
distingue l’« enseignement de la médecine » (‫ )ܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܝܘܬܐ‬de la
« philosophie de la nature » (‫ )ܦܝܠܣܦܘܬܐ ܟܝܢܝܬܐ‬ainsi que, du point de vue
de « ceux qui ont porté de l’intérêt à la sphère <céleste>, aux astres qui sont
en elle et à ce qui, comme ils disent, peut se produire dans cette région-ci du
fait des nombreuses variations de la lune et des mouvements variables de
tout ce qui se déplace en cercle », c’est-à-dire l’« astronomie »
(‫)ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ‬. Au début du Traité sur l’astrolabe, Sévère Sebokht
distingue l’astronomie « des autres arts, je veux dire de la géométrie, de la
musique, de la médecine et de tous les arts manuels ». Notons que le terme
consacré pour désigner la « science » astronomique chez Sergius, chez
Sévère Sebokht ainsi que dans le Traité anonyme sur la cause des éclipses
de lune est ‫( ܐܘܡܢܘܬܐ‬aumenuto) c’est-à-dire « l’art » 21.
e
Deux des textes astronomiques syriaques du VI siècle témoignent du
fait que la science des astres s’établissait au moyen d’instruments de
raisonnement et de classification définis par la logique aristotélicienne 22 :

19
Voir HUGONNARD-ROCHE H., La logique d’Aristote du grec au syriaque, Paris, Vrin,
2004, p. 233-254.
20
Voir Sergius de Rešʽayna, Commentaires aux Catégories I, 6 : « Les êtres intermédiaires
qui sont appelés mathématiques sont en vérité disciplines des choses ; je parle de la
géométrie, de l’arithmétique, de l’astronomie et de la musique » (trad. HUGONNARD-
ROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 192-193).
21
Voir Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 et Sév. Seb., Traité sur les
constellations XVII. 2 où le terme aumenuto (= art) est appliqué à la géométrie ; le terme
n’apparaît pas chez Sergius de Reš‘ayna qui parle toujours d’ « astronomie » ou du « point
de vue des astronomes ». Ce terme est utilisé par Sergius de Reš‘ayna pour désigner les
sciences du quadrivium dans son Commentaire aux catégories I. 6 (voir HUGONNARD-
ROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 192).
22
Les propos de Paul le Perse (sur la nécessité de faire reposer toute connaissance
philosophique sur des principes logiques) ont été résumés et commentés dans TEIXIDOR J.,
« Introduzione », in Storia della scienza, 2001, vol. 4, p. 15.

17
Introduction

Sergius de Reš‘ayna rappelle dans le prologue au Traité sur l’action de la


lune qu’il convient d’enseigner l’astronomie « conformément à la vénérable
philosophie aristotélicienne »23 et enchaîne avec une démonstration logique
sur la notion du général et du particulier ; et c’est bien au moyen de
syllogismes, que l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune veut
prouver que la théorie de l’Atalya 24 est sans fondement et que l’ombre de la
terre est la seule cause d’éclipses de lune ou de soleil 25 . Au VII
e
siècle,
Sévère Sebokht invoque également l’autorité d’Aristote : c’est
vraisemblablement lui qui est désigné sous l’expression de « philosophe
éloquent »26.
Nous disposons en revanche de peu d’éléments sur la façon dont était
enseignée l’astronomie chez les érudits de langue syriaque. Si les Grecs, au
moins depuis Platon, dispensaient des rudiments de mathématiques en guise
de propédeutique aux études philosophiques 27 , il semble que dans les
milieux syriaques on renforçait les bases grammaticales des étudiants
désireux d’accéder à un enseignement supérieur 28 . Dans ces conditions,
comment se transmettait le savoir astronomique accumulé en langue
syriaque ? En vérité, il est difficile d’expliquer comment Sévère Sebokht et
Sergius de Reš‘ayna ont pu se former en astronomie, tout comme il serait du
reste délicat d’expliquer comment Claude Ptolémée, Théon d’Alexandrie,
Proclus ou Ammonius ont pu accéder à la maîtrise de savoirs astronomiques

23
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2. On trouvera d’autres témoignages de
Sergius considérant Aristote comme « le principe et le commencement de tout savoir » et
son œuvre logique comme l’instrument indispensable à toute connaissance dans
HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004.
24
Théorie selon laquelle les éclipses de lune et de soleil seraient dues à la présence d’un
corps dont la tête et la queue s’intercaleraient entre la terre et l’un des astres, dissimulant
ces astres à l’observateur terrestre. Cette théorie est notamment exposée dans le Traité sur
la cause des éclipses de lune 4. 5. On trouvera d’autres témoignages dans NAU, « La
cosmographie », 1910, p. 253-254 et FURLANI G., « Tre trattati astrologici siriaci sulle
eclissi solare e lunare », RANL [Scienze morali], ser. 8, vol. 2, fasc. 11-12, 1947, p. 576-
606.
25
Voir Traité sur la cause des éclipses de lune 4. 5.
26
Sévère Sebokht se réfère, au cours du chapitre I de son Traité sur les constellations, au
philosophe éloquent pour différencier « les événements, les pensées, les paroles et les
écrits » (Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 2).
27
On se souvient de la célèbre inscription qui figurait au fronton de l’Académie : « Que nul
n’entre ici s’il n’est géomètre » (d’après Plat., Rép., VII, 526e, 6-7). Voir aussi
CLEARY J. J., Aristotle and mathematics. Aporetic method in cosmology and metaphysics,
Leiden-New York- Köln, Brill, 1995 (et en particulier le chapitre intitulé « Geometry and
astronomy as propaideutic », p. 12-17).
28
Voir TEIXIDOR, « Introduzione », 2001, p. 15.

18
Introduction

aussi techniques et mathématisés que ceux qu’ils exposent dans leurs


29
ouvrages . À l’époque impériale, à Alexandrie notamment, les
mathématiques s’apprenaient dans le cadre d’une formation supérieure en
philosophie (et d’ailleurs plutôt à la fin de cette formation) et tous les
mathématiciens de renom recevaient le titre de philosophe30 . Le fait que
Sévère Sebokht désigne régulièrement sous l’expression de
« philosophe » 31 , ou « philosophe-astronome » 32 , Claude Ptolémée ou
Théon d’Alexandrie, associé à la remarque de Sergius de Reš‘ayna sur le
fait que « la vénérable philosophie aristotélicienne » recommande « de
connaître le propos général concernant l’opinion globale conçue par les
astronomes », nous donne à penser que ce genre de savoir devait se
transmettre, tout comme à Alexandrie, dans un contexte d’études poussées
en philosophie. D’ailleurs, tous les disciples de Sévère Sebokht n’ont-ils pas
laissé les témoignages d’activités philosophique et astronomique
conjuguées ? En effet Jacques d’Édesse (633-708) qui entreprit une nouvelle
traduction des Catégories d’Aristote, inséra des éléments d’astronomie dans
son Hexaemeron ; Athanase de Balad († 687), dont on a conservé une
introduction en syriaque à la logique d’Aristote, une traduction de
l’Isagogue de Porphyre et qui vraisemblablement procéda également à la
traduction des Analytiques seconds, des Topiques et des Réfutations
sophistiques33, est vraisemblablement ce même disciple envoyé par Sévère
Sebokht auprès du « noble » Stéphane pour lui expliquer les mouvements du

29
Voir HADOT I., « Scienza e istituzioni », in Storia della Scienza, 2001, vol. 1, p. 999 :
« l’insegnamento <delle matematiche> presso un filosofo era ricercato solamente da una
ristretta minoranza di giovani dopo la fine, o verso la fine, degli studi di grammatica e
retorica, cosicché, durante tutta l’Antichità, le conoscenze matematiche, anche superficiali,
erano piuttosto rare ».
30
Voir PINGREE, « The teaching of the Almagest », 1994, p. 78 et HADOT, « Scienza e
istituzioni », 2001, p. 999 : « Chi cercava un insegnamento in queste materie doveva
seguire […] un insegnamento di filosofia, nel quale spesso s’impartivano le scienze
matematiche. D’altra parte, nell’Antichità molti scienziati erano noti come filosofi e, per
quanto riguarda l’epoca imperiale, fra i matematici il cui nome è giunto fino a noi Diofante
è il solo di cui non possediamo indizi che lo classifichino fra i filosofi ».
31
Cf. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe I, p. 73 (« le philosophe qui construisit
l’astrolabe ») ; Sévère emploie en réalité indistinctement les termes de « philosophe » et
d’« astronome » pour désigner Claude Ptolémée : « Il y a encore une autre division faite par
l’astronome Ptolémée. […] il est évident qu’ici encore ce philosophe nous apprend à
mesurer la latitude depuis le pôle nord jusqu’au pôle sud » (Traité sur l’astrolabe II. 24,
p. 114)
32
Voir par exemple Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 4, p. 346 (« Lorsque le
philosophe astronome a voulu nous instruire au sujet de ces étoiles […] »).
33
Voir à ce propos HUGONNARD-ROCHE, « La tradizione della logica », 2001, p. 22.

19
Introduction

soleil comme en témoigne la Lettre sur les nœuds ascendant et


descendant 34 . Enfin, Georges des Arabes, dont les commentaires et les
traductions relatives au corpus des textes de logique restent encore à
analyser, nous a transmis deux lettres à caractère astronomique35.
Les lettres astronomiques syriaques des VIe et VIIe siècles nous apportent
quelques compléments d’information sur la manière dont les savoirs
astronomiques étaient transmis. La forme épistolaire de ces savoirs et certains
propos contenus dans ces lettres nous laissent penser que l’astronomie était
l’affaire de quelques spécialistes, relativement isolés36 ; d’autre part la Lettre
sur les nœuds ascendant et descendant indique que ce savoir n’était pas
réservé au seul milieu ecclésiastique 37 (ou monacal) mais qu’il s’ouvrait aussi
à une élite bureaucratique impériale38 ; enfin cette même lettre, associée aux
informations recueillies dans les différents traités, montre que la formation en
astronomie était dépendante des tables et des manuels astronomiques grecs39.

34
« Quant à savoir comment le soleil s’incline, c’est le vénérable Athanase, avec lequel je
me suis entretenu, qui se chargera de le lui expliquer » (Sev. Seb., Lettre sur les nœuds
ascendant et descendant III).
35
Voir Georgs des Araberbischofs Gedichte und Briefe : aus dem Syrischen, übersetzt und
erläutert von V. Ryssel, Leipzig, S. Hirzel, 1891 et RYSSEL H. V. (éd.), « Die
astronomischen Briefe Georgs des Araberbischofs », ZA 8, 1893, p. 1-55.
36
A propos de son activité d’astronome, Sévère Sebokht déclare : « Quant à savoir dans
quelles conditions le soleil se couvre d’un voile pudique […] la raison pour laquelle je suis
incapable <de le faire> aujourd’hui tient en ce que non seulement je suis seul à me fatiguer
sur ces sujets, mais aussi parce qu’il n’y a personne d’autre qui puisse m’aider à ce propos.
Et ce sujet requiert beaucoup de travail et le plus d’études possible » (Sév. Seb., Lettre sur
les nœuds III).
37
Contrairement donc à l’astronomie babylonienne, qui semble avoir été réservée, d’après
les colophons des tablettes retrouvées à Uruk, à un cercle de prêtres (voir NEUGEBAUER O.,
The exact sciences in antiquity, Providence RI, Brown University Press, 19572
(Copenhagen-Princeton NJ, E. Munksgaard-Princeton University Press, 19511), p. 137).
38
Dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, Sévère Sebokht charge un frère de
transmettre les méthodes de calcul astronomique exposées à l’illustre ou noble « Stéphane
(ou Étienne) chartulaire de toute la Djazira ». Au sujet de la fonction de chartulaire, voir
KAPLAN M., Les hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle : propriété et exploitation
du sol, Paris, Publications de la Sorbonne, 1992, p. 286-289.
39
On lit à la fin du Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 : « Les calculs grâce
auxquels on pourra trouver les nœuds avec des résultats exacts se trouvent dans le livre
appelé Tables des calculs de Ptolémée l’astronome sur le cours et le mouvement de tous les
astres. […] Aussi est-ce en suivant sa démonstration que nous avons pu établir les causes
exactes et justes des éclipses » ; Sévère Sebokht, quant à lui, demande au destinataire de sa
lettre d’apprendre à se servir des Tables faciles : « Nous voulons, frère, que tu connaisses
ces <Tables> et <que> grâce à elles le noble <Stéphane> puisse établir <ses propres
pronostics> », et il recommande, pour le calcul des éclipses solaires et lunaires, la lecture
de « Théon, que nous avons cité par l’intermédiaire du Commentaire qu’il a écrit aux
Tables faciles » (Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 6). Enfin Sergius de Reš‘ayna affirme
au sujet des nœuds ascendant et descendant que « les calculs grâce auxquels on pourrait
constamment les retrouver sont exposés dans le Livre du Calcul de Ptolémée. » (Serg. Reš.,
Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1).

20
Introduction

Il existait donc de forts points de contacts entre Grecs et Syriaques dans


la manière d’envisager l’étude de cette science mathématique. Ceci n’a rien
d’étonnant quand on sait que Sergius de Reš‘ayna, l’un de nos « philosophes-
astronomes » avait effectué un long séjour d’études à Alexandrie. L’histoire ne
dit pas si Sergius avait suivi autre chose que des cours de logique
aristotélicienne. Mais au vu des sources qu’il cite dans son Traité sur l’action
de la lune (notamment Claude Ptolémée), il est probable qu’il ait été
également initié à l’astronomie. D’autant plus qu’au moment où il fréquentait
la grande école d’Alexandrie, l’institution était dirigée par Ammonius († 517),
auprès de qui Damascius serait venu trouver un guide dans la lecture de
l’Almageste40.

2. De la nécessité de distinguer astronomie et astrologie

La frontière entre astrologie et astronomie semble s’être


e e
progressivement dessinée au cours des VI et VII siècles chez les auteurs
syriaques intéressés par l’étude des astres. Deux textes astronomiques 41 ,
conservés dans le BL Add. 14 658 (VIIe siècle), témoignent du fait que
l’astronomie était utilisée à des fins astrologiques et dans l’un d’eux il
apparaît clairement que les termes ‫( ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ‬asṭronomos) et
‫( ܐܣܛܪܘܠܘܓܘܣ‬asṭrologos) étaient perçus comme synonymes. En effet, le
titre du Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna annonce que
l’ouvrage portera « sur la manière dont on peut connaître l’action de la lune
du point de vue des astronomes (‫» )ܐܣܛ̈ܪܢܡܘ‬, alors qu’au cours du desinit,
le contenu du traité est résumé comme suit : « Voilà ce qu’on peut savoir de

40
Voir Damascius, Vitae Isidorii, p. 199 : « τοῦτον (sc. Ἀμμώνιον) … ἐξηγητὴν αὑτῷ
γεγενῆσθαι Δαμάσκιος ἀναγράφει καὶ τῆς συντάξεως τῶν ἀστρονομικῶν Πτολεμαίου
βιβλίων. » (extrait de la Bibliothèque de Photios). Dans son cours sur l’Histoire des
sciences, Anne Tihon relève « des rumeurs persistantes » attribuant à Ammonius des tables
astronomiques ou des éphémérides : « Au XIe siècle, l'astronome de Cordoue Al-Zarqalî
(Azarquiel) compose un almanach dérivé de celui d'un certain Aumatius (Aumanius,
Humeniz ou autres formes du nom), philosophe égyptien. Et un texte byzantin du VIIIe
siècle (?), d'un certain Stéphane astrologue, parle des « tables d'Ammonius ». On
remarquera que les observations d'Héliodore-Ammonius parlent aussi d' « éphémérides ».
(cf. TIHON A. [cours d’Histoire des sciences], « La transmission des sciences du IVe au XIIe
siècle et quelques autres considérations », d’après une version corrigée d’avril 2005, p. 1-
50, très aimablement communiquée par Madame Tihon).
41
Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna et Exemple sur le mouvement du
soleil, que l’on trouvera édités et traduits dans la seconde partie de cette thèse.

21
Introduction

la pensée des astrologues (‫ )ܐܣܛܪܠܓܘ‬fondée sur le mouvement des


étoiles ». Alors astronomie ou astrologie ? Cette distinction ne semble pas
claire aux yeux de Sergius († 536) ; la dimension astrologique de son propos
semble d’ailleurs le déranger puisqu’il met clairement à distance les savoirs
qu’il vient tout juste d’exposer pour affirmer sa foi !42.
Vraisemblablement à la même époque, ou peut-être un peu plus tard,
dans le Traité sur la cause des éclipses de lune, l’auteur s’efforce de réfuter
des théories astrologiques43 en leur opposant des arguments astronomiques
exposés de manière logique. Il s’agit en l’occurrence de réfuter la théorie de
l’Atalya. Mais la démarche est cette fois-ci bien différente car si les théories
astrologiques (ici celle de l’Atalya) sont condamnées, elles le sont, non pas
au bénéfice de la foi chrétienne, mais dans un souci d’appliquer la logique
aristotélicienne et pour démontrer que le système astronomique ptoléméen
est digne d’intérêt. En effet on y prouve, à l’aide de syllogismes, que les
nœuds lunaires ascendant et descendant (appelés par les astrologues « tête »
et « queue » d’Atalya) n’ont pas d’existence propre.
Un siècle plus tard, la distinction entre astrologie et astronomie se
précise, grâce à Sévère Sebokht († vers 666). Cet évêque consacra les cinq
premiers chapitres de son Traité sur les constellations à réfuter les
fondements de l’astrologie. L’astrologie est, selon lui, le produit des
« poètes » et des « astrologues », sans aucun rapport avec ce qu’il nomme
la « science des astronomes »44. Les poètes et les astrologues n’ont pas la
part belle dans son traité puisque Sévère les qualifie à plusieurs reprises de
charlatans, d’ignorants et de faiseurs de fables, à qui il prête des paroles
« pleines d’inepties et de bavardage sans fin, entremêlant et imaginant des
figures […] selon l’astrologie qu’ils ont créée »45. C’est une condamnation

42
Ces propos apparaissent à la fin du texte : « Ces <théories> relèvent de l’astronomie ou
de l’astrologie ou comme on voudra les appeler. Voici ce qu’ils ont pensé au sujet de ces
choses, eux qui n’ont pas eu la sagesse de dire avec nous que le Seigneur <a fait> la terre
dans sa totalité : le monde et ses habitants. » (Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 5).
Mais ces lignes, qui viennent conclure le propos, juste avant l’explicit, peuvent avoir été
insérées par un copiste.
43
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 3. 2 : « Le destin n’existe pas, pas plus qu’il
n’y a d’horoscope défini ».
44
Sa démonstration consiste à prouver que les zones, les cercles et les constellations n’ont
pas de nature propre mais qu’il s’agit de pures conventions, utiles au quadrillage du ciel et
par là-même à l’étude des mouvements des astres errants.
45
Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2, p. 372.

22
Introduction

sans appel46, nettement plus sévère que celle qu’on avait pu trouver jusque-
là. Il faut noter que, s’il condamne aussi durement l’astrologie, il le fait
toujours dans le souci de différencier l’astronome ou plutôt le « philosophe-
astronome » de l’astrologue, confondu avec la figure du poète. Il met ainsi
d’un côté les « amis de la science » qui s’intéressent à l’étude de
l’astronomie et de l’autre les astrologues qui imaginent que les figures qui
sont dans le ciel peuvent influencer la destinée des hommes. L’acharnement
avec lequel l’évêque de Qennešrin réfute les thèses astrologiques s’inscrit
certes dans la démarche commune des Pères de l’Église, soucieux de
prouver le bien-fondé d’un pan capital de la doctrine chrétienne, à savoir le
libre-arbitre. Mais, contrairement aux docteurs de l’Église 47 , Sévère
Sebokht distingue la science astronomique de l’astrologie et ses
démonstrations visent, à notre avis, moins à condamner l’erreur des païens
qu’à sauver l’astronomie du naufrage auquel la condamnation de certains
Pères de l’Église la vouait48.

46
« Dès maintenant déjà, d’après ce qui vient d’être dit, on peut conclure qu’il est démontré
que ces constellations n’existent que par convention et en parole et non par nature et en
vérité, comme l’ont imaginé à tort les astrologues et certains d’entre les païens » (Sév. Seb.,
Traité sur les constellations I. 7, p. 347). Cette dernière assertion signifie-t-elle qu’on
comptait aussi des auteurs chrétiens parmi les astrologues ? Il est possible que Sévère
Sebokht, qui ne mentionne jamais les travaux de son prédécesseur Sergius de Reš‘ayna, le
classe dans la catégorie des auteurs « astrologues » (en effet l’argument principal du Traité
sur l’action de la lune de Sergius relève davantage de l’astrologie que de l’astronomie,
même si ce texte comporte par ailleurs des passages purement astronomiques).
47
On trouvera une liste de ces docteurs dans Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA],
Livre X. L’astronomie, confondue avec l’astrologie, fut l’objet du rejet brutal des grandes
figures du christianisme syriaque comme Éphrem et Rabbula — qui avaient classés comme
hérétiques les personnalités qui s’étaient attachées à ces sciences (notamment
Bardesane) — ou comme Cosmas Indicopleustès qui condamna toute forme de science
astronomique ne découlant pas directement de l’exégèse biblique, ce qui eut pour effet
d’amener un bon nombre d’auteurs chrétiens syriaques à considérer que la terre était
cubique (Voir à ce propos la synthèse de INGLEBERG, Interpretatio, 2001).
48
Certains auteurs des premiers siècles de l’Église chrétienne ont en effet cherché à
discréditer l’astronomie en confrontant les résultats de cette science aux Écritures. Sévérien
de Gabala (IVe siècle) dans le troisième livre de son Hexaemeron propose un bel exemple
de ce rejet : « Dieu a donc fait le ciel, non pas une sphère, comme le prétendent les arguties
des diseurs de sottises ; en effet, Dieu n’a pas fait de sphère tournante, mais comme le dit le
prophète Il dressa le ciel comme une voûte et le déploya comme un tabernacle (Is. 40, 22) »
(Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], livre X, 31, p. 268). On lira à propos du combat de
Sévère Sebokht, tout un développement sur ses « adversaires » dans la troisième partie de
cette thèse (Partie 3, section I. 1. b) ainsi que sur ce que nous avons interprété comme des
tentatives de justification de l’étude de l’astronomie grecque face au « nationalisme »
syriaque et au fondamentalisme religieux de l’époque.

23
Introduction

3. Polémique entre chrétiens

Plusieurs témoins littéraires, au sein de la littérature grecque et


syriaque, attestent un mouvement de polémique fort entre « philosophes-
e e
astronomes » et fondamentalistes chrétiens aux VI et VII siècles. Le point
de vue des astronomes syriaques s’exprime notamment à travers la Lettre
sur l’origine de la science syrienne partiellement traduite du syriaque et
éditée par F. Nau49 et un passage du Traité sur la cause des éclipses de lune
traduit du syriaque dans la deuxième partie de cette thèse. Dans le contexte
qui nous intéresse, ceux que nous qualifions de « fondamentalistes »
chrétiens avaient rejeté toute forme de savoir astronomique qui aurait pu
contredire le modèle cubique, modèle qu’ils pensaient pouvoir déduire des
livres de l’Ancien et du Nouveau Testament 50 . Ces « fondamentalistes »
semblent avoir été notamment bien représentés par certains dyophysites ou
nestoriens de Nisibe et d’Alexandrie. Nous renvoyons au prologue de la
e
Topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès, rédigée en grec au VI

siècle, où l’on peut lire :

Il existe des chrétiens d’apparence qui, sans tenir


compte de la divine Écriture qu’ils dédaignent et
méprisent à la manière des philosophes du dehors,
supposent que la forme du ciel est sphérique, induits en
erreur par les éclipses du soleil et de la lune.51

Wanda Wolska-Conus, qui a consacré une partie de l’introduction de


son édition-traduction de la Topographie de Cosmas à la polémique entre
nestoriens et monophysites, a montré que le principal objectif de la

49
NAU F., « La cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 248-252.
50
Selon A.-L. Caudano : « La méfiance envers le modèle sphérique à la fin du IVe siècle
peut s’expliquer comme un rejet général du paganisme, si l’on considère que le modèle
sphérique faisait partie intégrante de la religiosité païenne. Critiquer le modèle sphérique du
cosmos était aussi une manière facile de réfuter l’astrologie » (cf. CAUDANO A.-L., « Un
univers sphérique ou voûté ? Survivance de la cosmologie antiochienne à Byzance ( XIe et
e
XII s.) », Byzantion 78, 2008, p. 68). On trouvera une analyse plus nuancée dans
INGLEBERG, Interpretatio christiana, 2001 (voir en particulier les pages 54 et 216 où il
oppose le système cubique antiochien — illustré par Jean Chrysostome, Sévérien de
Gabala, Théodoret de Cyr, le Pseudo-Césaire et surtout Cosmas Indicopleustès — au
modèle sphérique adopté par les Pères cappadociens dès le IVe siècle — Basile de Césarée,
Grégoire de Naziance et Grégoire de Nysse —, mais aussi au VIe siècle, à Alexandrie, avec
le chrétien Jean Philopon.
51
Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], Prologue, 4, p. 264.

24
Introduction

Topographie avait été de s’opposer au De Opificio Mundi du monophysite


alexandrin Jean Philopon52 (Jean Philopon s’était lui-même évertué à réfuter
le Commentaire de la Genèse du dyophysite Théodore de Mopsueste53).
Il se trouve que nous pensons avoir trouvé un nouvel écho à cette
polémique dans l’un des textes que nous avons traduits et dont nous avons
estimé que la date de rédaction pouvait remonter à la première moitié du VIe
siècle, c’est-à-dire à une période contemporaine de celle de Cosmas
Indicopleustès et de Jean Philopon. On lit en effet dans le Traité sur la
cause de l’éclipse de lune :

<Nous incitons> les Amis du travail (philoponoi) à


travailler avec assiduité et à ne pas se détourner de
l’amour de la science, quand bien même les détracteurs
ont la bouche béante et la langue bien pendue. 54

Dans de telles conditions, on imagine que l’étude de l’astronomie dans un


contexte syro-occidental (celui des auteurs des textes astronomiques étudiés
jusqu’à présent) devait être difficile et laissait peu de répit aux rares savants
qui s’y adonnaient 55 . Il semble en outre que la qualité du contenu
scientifique des textes préservés nous donne un indice supplémentaire sur le
fait qu’il devait être laborieux pour un chrétien syriaque de s’investir dans le
domaine des mathématiques en général et particulièrement en astronomie.

52
« La comparaison du De Opificio Mundi avec la Topographie montre, non seulement que
les deux auteurs connaissent leurs doctrines respectives, mais encore qu’ils se provoquaient
et se répondaient tour à tour. Les problèmes sur lesquels ils discutent nous font entrevoir
deux univers opposés, l’un sphérique, l’autre cubique, deux systèmes du monde se
réclamant tous deux de la Genèse, mais s’adjoignant en outre, l’un l’aristotélisme, l’autre
les traditions populaires de l’Orient » (WOLSKA, Cosmas Ind., 1968, Introduction, p. 41).
On trouvera un autre écho à cette polémique dans WATTS E. J., City and school in late
antique Athens and Alexandria, Berkeley, University of California press, 2006, p. 253-255.
53
Voir WOLSKA, Cosmas Ind., 1968, Introduction, p. 40-41.
54
Voir à ce propos les longues notes que nous avons apposées à ce passage du Traité sur la
cause des éclipses de lune 6. 5.
55
Voir la remarque précédente (note 23) à propos du témoignage de Sévère Sebokht
manifestant clairement sa solitude dans ses activités astronomiques (Sév. Seb., Lettre sur
les nœuds III ).

25
Introduction

II. Contenu scientifique des textes

Nous touchons ici à une problématique centrale de notre travail de


recherche : quel est le contenu scientifique des textes astronomiques
e
syriaques ? Peut-on penser que les érudits chrétiens syriaques des VI et VIIe
siècles étaient en mesure d’appréhender l’œuvre astronomique de Claude
Ptolémée et de transmettre le niveau astronomique atteint aux Arabes ?
e
Quand un auteur anonyme (que nous supposons du début du VI siècle)
présente son travail comme « quelque petite goutte » comparé à « la grande
mer de science précieuse »56 qui est dans les livres de Ptolémée, s’agit-il de
modestie rhétorique ou d’un aveu ? La littérature astronomique syriaque
antérieure au VIIIe siècle a-t-elle dépassé le stade de la cosmographie ?

1. Sources astronomiques utilisées par les astronomes syriaques

Parmi les sources astronomiques utilisées par les auteurs syriaques de


la période qui nous intéresse, on trouve les deux astronomes alexandrins
Claude Ptolémée et Théon d’Alexandrie. Ces auteurs sont nommés57 et le
titre de leurs œuvres est précisé. Il s’agit de la Syntaxe mathématique58 —
ou Almageste —, des Tables faciles 59 et de la Géographie 60 de Claude

56
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5.
57
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 (‫ ܦܛܠܡܐܘܣ‬/Pṭolomaos) ; Exemple au sujet
du mouvement du soleil 3 (‫ ܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ‬/ Qlaudios Pṭolomaos) ; Traité sur la cause
des éclipses de lune 6. 5 (‫ ܦܛܠܡܐܘܣ ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ‬/ Pṭolomaos asṭronomos) ; Sév. Seb.,
Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU] II, 69 (‫ ; )ܦܛܐܠܡܘܣ ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ‬Sév. Seb., Traité sur
les constellations III. 2 ; XIV. 10 ; XV. 8 ; XVI. 1. Pour Théon d’Alexandrie, voir Sév.
Seb., Lettre sur les nœuds II. 1 (‫ ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ‬/ Theon hau alexandroyo).
58
Cité dans le ms. Paris BnF syr. 346, f. 168v-169r (passage édité et traduit par F. Nau dans
l’Introduction du Traité sur les constellations, p. 332-333, que Nau attribue à Sévère
Sebokht) : « ‫ » ܐܦ ܗܘ ܦܛܐܠܘܡܘܣ ܒܣܘܢܛܟܣܝܣ‬/ « Ptolémée <en rend témoignage> dans la
Synṭaxis ».
59
Voir Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 ( ‫ ܟܬܒܐ ܕܩܢܘܢܐ‬/ « le livre des tables ») ;
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 (‫ ܩܢܘܢܐ ܕܚܘܫܒܢܐ‬/« Table des calculs ») ; Sév.
Seb., Lettre sur les nœuds, titre et II. 1 (‫ — ܦܪܘܟܝܪܘܣ‬translittéré du grec Προχείρος — /
Table facile) ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 7, p. 96 (Le Canon de Ptolémée). Sévère
Sebokht se rapporte enfin fréquemment aux Tables faciles dans son Traité sur les
constellations (voir par exemple XIV. 10 ; XV. 8 ; le titre du XVI et XVI. 1-6). On trouve
également des précisions concernant les tables utilisées : la table des latitudes de la lune
(voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5) ; la table sur la sphère droite (cf. Sév. Seb.,
Traité sur l’astrolabe II. 10 : « Ce nombre des ascensions se trouve aussi dans la table pour
la sphère droite ») ; la table des villes (voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV.
10). Pour une édition des tables faciles on se reportera, pour la première table, aux travaux

26
Introduction

61
Ptolémée, du Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon
d’Alexandrie. On trouve même une citation littérale du Petit Commentaire
de Théon62. Notons que les textes astronomiques syriaques du VI
e
siècle ont
eu tendance à confondre les ouvrages de Ptolémée avec ceux de son éditeur,
ce qui leur a fait attribuer un « Livre du calcul » ou « Livre des tables » à
Ptolémée, quand le contexte en l’occurrence nous permet de comprendre
que l’auteur renvoie non pas directement aux Tables faciles mais au Petit
Commentaire de Théon63.
Les « philosophes-astronomes » syriaques manifestent une grande
admiration pour les travaux de leurs prédécesseurs grecs et leur confèrent
une autorité scientifique sans égale, comme en témoignent les deux passages
suivants, extraits (1) du Traité sur la cause des éclipses de lune (anonyme
e
du VI siècle) et (2) de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
(Sévère Sebokht, VIIe siècle) :

(1) Mais les calculs grâce auxquels on pourra


trouver les nœuds avec des résultats exacts se trouvent

d’A. Tihon et de R. Mercier (TIHON A., Πτολεμαίου Πρόχειροι Κανόνες. Les « Tables
Faciles » de Ptolémée, vol. 1a : Tables A1-A2, Introduction, Édition critique, Louvain-
Paris, Peeters, 2011 et MERCIER R., Πτολεμαίου Πρόχειροι Κανόνες. Ptolemy’s Handy
Tables, vol. 1b : Tables A1-A2, Transcription and Commentary, Louvain-Paris, Peeters,
2011. En attendant la suite de ces éditions, on devra se reporter à l’édition de HALMA N. B.,
Θέωνος ἀλεξανδρέως ὑπόμνημα, Commentaire de Théon d’Alexandrie sur le livre III de
l’Almageste. Tables manuelles des mouvements des astres. Traduites pour la première fois
du grec en français sur les manuscrits de la bibliothèque du Roi, Paris, 1822-1825, 3 vol.
60
Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 10.
61
Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1 (‫ ܣܟܠܝܘܢ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ‬/ Scholion d-procheiros,
Commentaire aux Tables faciles) ; II. 5 (où ce commentaire est présenté comme un
« abrégé », indiquant qu’il s’agit du Petit et non du Grand Commentaire de Théon aux
Tables faciles) et II. 6.
62
Voir Sev. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1 (traduction littérale du chap. 15 du Petit
Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie ; pour une édition du texte de
Théon, voir TIHON A. (éd.), Le « Petit Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables
faciles de Ptolémée (Histoire du texte, édition critique, traduction), Città del Vaticano,
BAV, 1978 [Studi e testi 282]). Cette citation est d’autant plus précieuse qu’aucune
traduction arabe du Petit Commentaire de Théon n’a été conservée (en dehors de quelques
fragments récemment découverts dans le ms. palimpseste Vat. sir. 623 identifiés dans
PROVERBIO D. V., « Theonis Alexandrini fragmentum pervetus Arabice. Su più antico
manoscritto del Commentarium parvum di Teone Alessandrino », in RANL [Classe di
Scienze Morali, storiche e filologiche], ser. 9, vol. 13, 2002, p. 373-386) et que le premier
témoin arabe de la transmission de son œuvre date du IXe siècle : il s’agit d’une citation du
Commentaire à l’Almageste retrouvée dans un ouvrage de Ya’qūb b. Isḥāq al-Kindī d’après
MORELON, « L’astronomie arabe orientale », 1997, p. 38.
63
Voir à ce propos nos notes et le texte de l’Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 et
celui de Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 ; on comparera également avec le
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5.

27
Introduction

dans le livre appelé Tables des calculs de Ptolémée


l’astronome, sur le cours et le mouvement de tous les
astres. Alors que nombreux sont ceux qui l’ont précédé et
ses successeurs, lui seul est devenu plus célèbre que tous
ceux qui l’ont précédé et qui lui ont succédé dans l’art de
l’astronomie. Aussi est-ce en suivant sa démonstration que
nous avons pu établir les causes exactes et justes des
éclipses. 64

(2) Quant au fait de pouvoir calculer rapidement et


sans effort les nœuds ascendant et descendant, je ne l’ai
trouvé nulle part et je pense que personne d’autre <n’a
réussi> à faire en sorte que le calcul des nœuds ascendant
et descendant soit plus rapide, plus facile et nécessitant
moins de travail que le calcul <effectué> d’après les
Tables faciles, comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie
dans son Commentaire aux Tables faciles.65

Cette admiration n’a toutefois pas empêché Sévère Sebokht de


maintenir un certain esprit critique vis-à-vis des Tables faciles de Ptolémée
qu’il tient pour perfectibles :

Quand nous cherchons les levers d’un signe


quelconque et les levers de la sphère droite, il est évident
que si nous faisons tourner l’araignée jusqu’au point
diamétralement opposé à celui que nous cherchons, et si
nous regardons en même temps de combien l’index de
l’araignée s’éloigne du milieu du ciel, puis que nous
comparons le Canon 66 à l’astrolabe et que nous ne
trouvons pas le même nombre, nous devrons en conclure
que le Canon ou bien l’astrolabe est mal fait, et nous
contrôlerons les deux, car le Canon de Ptolémée est fait
d’après l’astrolabe. 67

Cependant il faut rester prudent au sujet de cet « esprit critique » car le


Traité sur l’astrolabe pourrait être une traduction d’un traité astronomique
grec68, auquel cas on ne devrait parler que de « sensibilisation » à un certain
esprit critique véhiculé par le traité grec en question.

64
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5.
65
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1.
66
C’est-à-dire les Tables faciles.
67
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II.7, p. 96.
68
Nous ne savons pas avec assurance qui est l’auteur du Traité sur l’astrolabe qui a
également inspiré Jean Philopon un siècle avant Sévère Sebokht. Selon al-Yaqubi (IXe s.), il
s’agirait d’un ouvrage de Théon d’Alexandrie. Mais Théon ne fait jamais référence à cet

28
Introduction

Aucun autre astronome grec n’est clairement mentionné. Pourtant les


textes astronomiques syriaques puisent à bien d’autres sources : Georges
Saliba a, par exemple, identifié en 1995 le texte anonyme intitulé Exemple
au sujet du mouvement du soleil en longitude comme la traduction d’un
passage des Elementa apotelesmatica (Eisagogika) de Paul d’Alexandrie69.
Il est vraisemblable qu’en poursuivant le travail sur les sources, on soit
amené à découvrir bien d’autres correspondances avec la littérature
astronomique grecque. Mais ce sont actuellement les seules informations
fiables que nous sommes en mesure de communiquer.

Parmi les ouvrages que les érudits syriaques avaient manifestement à


disposition pour se former en astronomie et pour procéder à certains calculs
nécessitant l’usage de tables, on trouve, à côté des ouvrages des astronomes
grecs, des sources plus orientales. Les plus anciens textes astronomiques
syriaques préservés évoquent en effet la science astrale des « Chaldéens » 70,
appelés aussi « Anciens »71. Il faut remarquer que ces Chaldéens ne sont
e
jamais mentionnés dans des textes du VII siècle. Les deux textes qui font
référence aux calculs des Chaldéens sont le Traité sur la cause des éclipses
de lune et le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna. Si
Sergius évoque vaguement les « Anciens » à propos de la définition de la

ouvrage dans aucun de ses écrits. Sévère Sebokht attribue vaguement l’invention de
l’astrolabe à un « philosophe » (Traité sur l’astrolabe I, p. 73 ; p. 79 et p. 82 ; II. 24), mais
le seul philosophe nommé dans ce traité est Claude Ptolémée (Traité sur l’astrolabe II. 24).
Il est par ailleurs étrange que Sévère Sebokht, qui se plaît dans ses autres ouvrages
astronomiques à citer Théon d’Alexandrie, ne prenne pas le temps de le faire ici – à moins
bien entendu qu’il ne s’agisse d’une traduction et que l’auteur grec, traduit ici, se réfère à
Ptolémée comme à l’inventeur de l’astrolabe.
69
Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], 28, p. 79. Voir SALIBA G., « Paulus
Alexandrinus in Syriac and Arabic », Byzantion 65, 1995, p. 440-454 et repris dans ID.,
Islamic Science and the Making of the European Renaissance, Cambridge, MA, 2007, p. 8.
Paul d’Alexandrie était un astrologue important et un contemporain de Théon d’Alexandrie.
70
À la même époque on sait que Marinus (à Athènes) réputé pour ses savoirs
astronomiques, en plus du cursus philosophique habituel (comprenant l’étude des textes
d’Aristote et de Platon) avait été formé à la lecture des livres des Chaldéens, comme cela
est rappelé dans WATTS, City and school, 2006, p. 234 : « The life of Proclus suggests that
Marinus read through the entire Aristotelian and Platonic curriculum and took classes in the
Chaldean writings ».
71
Selon Bar Hébraeus, « les Anciens » est le terme consacré pour les désigner (cf. Bar
Héb., Cours d’astronomie I, 8, 1 : « Nous disons que les Chaldéens sont les anciens et les
Grecs les modernes »). De fait, on trouve cette même expression en usage dans le Traité sur
la cause des éclipses de lune 6. 3, associée clairement aux Chaldéens, ainsi que dans Serg.
Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5.

29
Introduction

conjonction astrale72, le Traité sur la cause des éclipses de lune parle plus
précisément des « Livres de la Chaldée » 73 . Les livres des Chaldéens ne
bénéficiaient, semble-t-il, pas du même prestige que les traités
astronomiques grecs : ils sont cités afin d’être réfutés. On démontre en effet
que leurs théories astrologiques sont inacceptables et que leur tentative
d’explication des éclipses de lune et de soleil par la théorie de l’Atalya ne
résiste pas à quelques arguments logiques74. Cependant, bien qu’ils soient
décriés sur ces points, l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune
leur reconnaît une certaine capacité à procéder aux calculs des éclipses de
soleil et de lune avec une grande précision :

Le fait est que, bien qu’ils aient déclaré ceci à


propos d’Atalya, une partie de leur propos est exacte dans
le sens où il s’est produit ce qu’ils avaient dit. En effet on
établira une distinction entre ce qu’ils disent à propos
d’Atalya – qui serait la cause de l’éclipse – et leur
estimation du jour et de l’heure de l’éclipse, qui se produit
<toujours> conformément à ce qu’ils avaient estimé !
(Bien qu’il n’y ait pas d’Atalya, comme cela a été
démontré plus haut). Le fait est qu’ils ont dit vrai, dans
leur calcul sur l’éclipse, et qu’ils ont, à ce propos, prévu ce
qui arriverait : ils ont dit vrai, non pas parce qu’ils
croyaient qu’Atalya existe, mais du fait de la justesse et de
la précision de leurs calculs dont ils ignoraient le
fondement, au moment où ils les exécutaient.75

Ce témoignage recoupe les recherches qui ont été menées sur les tablettes
babyloniennes retrouvées notamment à Uruk et qui ont permis de se rendre
compte du bon niveau de calcul astronomique atteint par les Mésopotamiens
durant la période séleucide76.

72
Voir Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5.
73
Voir Traité sur la cause des éclipses de lune 3. 6. 2.
74
Voir notamment Traité sur la cause des éclipses de lune <4. 5. Réfutation de la théorie
d’Atalya par syllogismes>.
75
Traité sur la cause des éclipses de lune 6.4.
76
Ces tablettes, découvertes par des Allemands en 1914, sont actuellement conservées à
Berlin, Paris et Chicago. Leur étude a permis, à partir de 1929, de prendre conscience du
fait que les témoignages grecs nous avaient jusqu’alors fourni une image peu fiable des
compétences astronomiques de ces Chaldéens ou Babyloniens (cf. NEUGEBAUER, The exact
sciences, 1957, chap. 5, p. 97 : « it very soon became evident that mathematical theory
played the major role in Babylonian astronomy as compared with the very modest role of
observations ». Neugebauer précise au sujet de la datation de ces tablettes : « Only the last
three centuries B.C. furnished us with texts based on a consistent mathematical theory of
lunar and planetory motion. The latest astronomical text has been recently identified by

30
Introduction

Nous ne nous attarderons pas sur les sources astrologiques grecques


citées par nos textes, qui ne font pas l’objet de notre étude. Notons
simplement que le ms. Paris BnF syr. 346 contient une traduction de la
Tétrabible de Claude Ptolémée et que Sévère Sebokht, en cherchant à
réfuter les théories astrologiques, cite les Phénomènes d’Aratos à de
nombreuses reprises aux chapitres IV et V de son Traité sur les
constellations.

2. Les concepts astronomiques abordés

Les textes astronomiques syriaques produits avant l’instauration du


califat omeyyade en Syrie traitent essentiellement du mouvement de la lune
et du soleil et des conditions de leurs conjonctions. Ces sujets sont abordés
du point de vue de l’astronomie mathématique, c’est-à-dire appuyée par une
corrélation d’observations et de calculs arithmétiques. Comme on l’a vu
plus haut, les calculs pour prévoir une éclipse de lune ou de soleil ou tout
simplement pour situer le nœud ascendant ou descendant de la lune se font
sur le modèle des calculs proposés par Théon d’Alexandrie dans le Petit
Commentaire aux Tables faciles de Claude Ptolémée. Le recours à ces
méthodes de calcul présuppose la connaissance de modèles géométriques de
référence appliqués à la sphère céleste, à savoir la répartition de cette même
sphère en cercles, zones, hémisphères, le tout inséré dans une grille
quadrillée par des parallèles et des méridiens permettant de fournir des
résultats en latitude (c’est-à-dire en hauteur, à partir de l’équateur jusqu’au
pôle nord) et en longitude (lignes perpendiculaires à l’équateur). On trouve
également quelques remarques assez sommaires sur la période de révolution
des planètes ainsi que sur leurs conjonctions.

Sachs and Schaumberger, with the date of 75 A. D. These late theories, on the other hand,
proved to be of the highest level, fully comparable to the corresponding Greek systems and
truly mathematical character ».

31
Introduction

a. Référents spatiaux et temporels

- La mesure de l’espace

e
Les textes astronomiques syriaques du VI siècle manifestent peu
d’intérêt pour les référents spatio-temporels indispensables à l’astronome
pour se repérer dans l’espace et dans le temps et pour effectuer ses calculs :
le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna nous apprend
sommairement que le mouvement du soleil s’étudie « sur le zodiaque » qui
est un « cercle » de 360° divisé en douze parties égales de 30° chacune77 ; le
petit texte traduit du grec, intitulé Exemple au sujet du mouvement en
longitude du soleil, précise qu’un degré se compose de 60 minutes, qu’une
minute comprend 60 secondes, puis l’auteur associe à ces intervalles des
durées (correspondant au mouvement du soleil), c’est-à-dire que le soleil
traverse 30° en 30 jours et que, le jour se composant de 24 heures, on verra
le soleil avancer approximativement d’1° toutes les 24 heures78.
e
Il faut en réalité attendre les productions de Sévère Sebokht au VII

siècle pour voir un système de référents spatio-temporels plus complexe se


mettre en place : il s’agit principalement d’une répartition de la sphère
céleste en zones et en cercles sans lesquels, dit Sévère dans son Traité sur
les constellations, « on ne pourrait pas faire de calcul pour le soleil, la lune
et les cinq planètes, ni mesurer le ciel et la terre et l’espace qui est entre eux
ou les climats et les villes qu’ils contiennent » 79 . Les cercles nommés
arctique, antarctique, tropique d’été, tropique d’hiver et équateur
permettent une première répartition en latitude de la sphère dont il est
précisé qu’elle « est égale de tous côtés » 80 , c’est-à-dire qu’elle est
parfaitement sphérique81. La latitude est « constamment, dans tous climats

77
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 1 et 2. 3.
78
Exemple au sujet du mouvement du soleil 1 et 2.
79
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 2, p. 395 (trad. Nau).
80
Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 4. Au sujet de la parfaite sphéricité de la
terre, voir Traité sur les constellations XVIII.
81
On sait depuis le XVIIIe s. qu’elle est en réalité légèrement écrasée aux pôles.

32
Introduction

et toute ville, comptée du cercle de l’équateur vers le nord »82. Cette latitude
peut-être approchée de manière plus fine grâce aux parallèles83.
Viennent ensuite les cercles méridiens qui « mesurent l’angle-
horaire » 84 , c’est-à-dire la longitude. La longitude « est comptée de
l’Occident à l’Orient, c’est-à-dire depuis les îles qui sont dans l’Océan et
que les poètes ont nommés îles des Bienheureux »85. Le méridien d’une ville
est défini comme le cercle passant à son zénith à la limite entre la 6e et la 7e
heure du jour86. Sévère Sebokht admet que le cercle méridien ainsi que celui
de l’horizon ne sont pas « fixes » mais qu’ils varient d’une ville à l’autre en
fonction de la longitude et de la latitude. Ceci n’a rien d’une évidence pour
l’époque puisqu’on peut par exemple lire chez Isidore de Séville que le
soleil se lève au même moment pour tous les habitants de la terre87.
Enfin, le cercle de l’écliptique, qui passe par le milieu du zodiaque, est
celui sur lequel marche le soleil « sans le quitter ni au nord ni au sud ». Ce
cercle est incliné de 23°51’ par rapport à l’équateur88. Le zodiaque est la
bande (ou « couronne ») qui élargit ce cercle au nord et au sud. Le zodiaque
se divise en douze parties appelées dodécatoméries de 30 degrés chacune.
Chacune de ces dodécatoméries reçoit le nom d’un signe zodiacal. La
première dodécatomérie est celle du Bélier, la seconde celle du Taureau,
etc… 89 . Le cercle du zodiaque partage la sphère des fixes en deux
hémisphères : les constellations situées au nord du zodiaque sont réparties
en longitude selon 19 sections ; les constellations de la zone sud, moins
nombreuses, se répartissent sur 15 sections90. C’est au sein de chacune de
ces sections qu’il convient de situer les étoiles les plus brillantes.
Les cercles mentionnés plus haut (arctique, antarctique, tropiques
d’été et d’hiver, équateur) délimitent des « zones » dont trois seulement sont

82
Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 7.
83
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe I, p. 79-80.
84
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe I, p. 79-80.
85
Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 7.
86
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII (voir « cercle 9 »).
87
Voir Isidore de Séville, Traité de la nature, XVI, p. 230 : « Le rayonnement du soleil se
trouve exactement à la même distance pour tous les hommes. Le soleil est semblable pour
les Indiens et les Bretons : les uns et les autres le voient au même moment lorsqu’il se
lève. » (trad. J. Fontaine).
88
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 22 et 24 ; Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI.
89
Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 2.
90
Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 2-4.

33
Introduction

habitables : la zone équatoriale et les deux zones tropicales. La zone


équatoriale est peu habitée à cause de la chaleur excessive. Sévère suppose
que la zone tropicale d’hiver est habitée, mais personne, à sa connaissance,
ne le sait véritablement 91 . Ainsi c’est seulement la zone tempérée du
tropique d’été qu’on subdivise de nouveau, en latitude, en sept climats : le
climat de Méroé (16°27’), celui de Syène (23°51’), celui du Delta du Nil
(30°22), celui de Rhodes (36°), celui de l’Hellespont (40°56’), celui du
« milieu du Pont » (45°30’) et celui du Borysthène (48°32’)92, ce qui permet
de connaître approximativement la longueur du jour dans chaque ville.
À la fin du Traité sur les constellations on trouve une liste
d’instruments mathématiques et d’unités de mesure exposées 93 . On y
apprend que le diamètre d’un cercle représente le tiers de sa circonférence
(soit π = 3) et que : 1 stade = 200 pas ; 1 pas = 2 coudées ; 1 coudée = 2
empans ; 1 empan = 12 doigts ; 1 mille = 7 ½ stades et 1 degré = 700 stades.
Ce qui permet à Sévère Sebokht de déduire que la terre a une circonférence
de 360° x 700 stades = 252 000 stades, soit 33 600 milles et un diamètre de
84000 stades94.

- La mesure du temps

La mesure du temps chez Sévère Sebokht se prend en nychthémères 95


(jour divisé en 24 heures) comptés, comme chez la plupart des astronomes,
à partir de midi. Mais il prend aussi souvent la peine de convertir l’heure de
midi en heures du matin (qui commencent au lever du soleil)96, qui est la
façon habituelle de compter les heures de la journée depuis l’introduction du

91
Sév. Seb., Traité sur les constellations XVIII. 5.
92
Toutes ces indications chiffrées que l’on trouve dans Sév. Seb., Traité sur les
constellations XVI (conformément aux données de la Géographie VII de Ptolémée) sont
fournies de manière plus approximative au chapitre XIV. 1.
93
Comparer avec Épiphane, Traité sur les poids et mesures.
94
Ces estimations de la circonférence et du diamètre de la terre correspondent à celles qui
avaient été formulées par Ératosthène puis acceptées par Hipparque. Tous les détails à
propos du calcul réalisé par Ératosthène se trouvent dans NEUGEBAUER O., A History of
Ancient Mathematical Astronomy, Berlin-Heidelberg-New York, Springer, 1975, vol. 2,
partie IV, p. 733-736.
95
Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 10.
96
Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 2.

34
Introduction

calendrier julien97. Le calendrier de référence des astronomes syriaques est


le calendrier julien (calendrier solaire qui prévoit 365 jours par an, répartis
en 12 mois, et une journée bissextile tous les 4 ans) 98 , mais les mois
reçoivent des noms sémitiques et voient leur rang modifié, ce qui
correspond en réalité au calendrier à caractère julien dit d’Antioche99. Voici
les noms syriaques correspondant aux mois du calendrier julien :

1. Octobre = Tišri I 7. Avril = Nisan


2. Novembre = Tišri II 8. Mai = Iyyar
3. Décembre = Kanun I 9. Juin = Haziran
4. Janvier = Kanun II 10. Juillet = Tammuz
5. Février = Šebat 11. Août = Ab
6. Mars = Adar 12. Septembre = Elul

Notons que le traducteur syriaque de l’Exemple au sujet du mouvement du


soleil ainsi que l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune ne
s’expriment qu’en mois syriaques. Sévère quant à lui se réfère, le plus
souvent, non pas aux mois sémitiques, mais aux mois égyptiens, utilisés
dans le calendrier alexandrin. Ce calendrier, depuis la réforme d’Auguste,
fait coïncider le début de l’année égyptienne, le Ier de Thoth, avec le 29 août
du calendrier julien. Il comprend 360 jours répartis en 12 mois auxquels
s’ajoutent 5 jours dits « épagomènes ». Voici la liste des mois égyptiens,
associés aux dates juliennes :

29 août = Ier Thoth 26 février = Ier Phamenoth


28 septembre = Ier Phaophi 27 mars = Ier Pharmouthi
28 octobre = Ier Athyr 26 avril = Ier Pachon
27 novembre = Ier Choiak 26 mai = Ier Payni
27 décembre = Ier Tybi 25 juin = Ier Epiphi
26 janvier = Ier Mechir 25 juillet = Ier Mesorè
24-28 août = Epagomenai

Sévère Sebokht utilise ensuite plusieurs moyens de datation100. Pour


ses calculs astronomiques, il doit tout d’abord se référer à l’ère de Philippe

97
Voir GRUMEL V., Traité d’études byzantines I La Chronologie, Paris, PUF, 1958, p. 163.
98
Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 4.
99
Voir GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 172.
100
Pour les identifier et pour nous permettre de convertir les dates qu’il utilise, d’un
système dans un autre, nous nous sommes référés à l’ouvrage de GRUMEL, La Chronologie,
1958 .

35
Introduction

Arrhidée 101 (qui est le prolongement de l’ère de Nabonassar utilisée par


Claude Ptolémée dans ses Tables faciles). Mais avant de parvenir à une date
en années de Philippe Arrhidée (que Sévère appelle « années des
Grecs » 102 ), comptée à partir du 12 novembre 324 av. J.-C. 103 , il doit
convertir les dates en usage dans son milieu, qui prennent pour référence
l’ère de Dioclétien (date de départ : Ier Thoth 284 apr. J.-C.). Ce calendrier
est rythmé par un cycle lunaire de 19 ans, dit « cycle pascal », dont le début
est placé le Ier Thoth 303, ce qui correspond à la façon de compter des
e
Alexandrins depuis le début du IV siècle apr. J.-C. 104 . D’ailleurs Sévère
attribue lui-même cette façon de compter aux Alexandrins105.
Sévère accompagne parfois ses dates du numéro de l’année de
l’Indiction 106 (période de 15 ans), ce qui nous permet de connaître avec
assurance les dates auxquelles il se réfère.
La question que Sévère pose dans le proemium de sa Lettre sur les
nœuds ascendant et descendant (à savoir : « le 14 lunaire de Nisan qui aura
lieu la 19e année du cycle lunaire dans la 8e année de l’indiction, c’est-à-dire
la prochaine, faut-il le placer le 5 ou le 6 de nisan ? ») montre que la
réforme du comput pascal 107 sous Justinien était encore une question
épineuse dans les années 660 du côté syro-occidental mais que Sévère et son

101
L’ère de Philippe Arrhidée commence le Ier Thoth 425 de Nabonassar, soit le 12
novembre julien 324 av. J.-C. C’est grâce aux conversions de dates effectuées dans Sév.
Seb., Lettre sur les nœuds II.1 qu’il a été possible d’identifier cette ère de comput.
102
Cette dénomination pousse à confusion, car l’expression « années des Grecs » est
couramment utilisée pour inscrire une date dans l’ère séleucide qui commence en 311 av. J-
C. Il conviendra donc de vérifier, au moyen de l’indiction si l’auteur s’exprime dans l’une
ou l’autre de ces ères (celle des Grecs ou celle de Philippe Arrhidée).
103
C’est la correspondance faite (dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2) pour une même
date entre sa forme exprimée en années de Dioclétien (378) et en ère des Grecs (976) qui
nous a permis de déduire que cette ère des Grecs était bien celle de Philippe Arrhidée et non
celle des Grecs (qui commence en 311 av. J.-C.).
104
Cf. GRUMEL, La Chronologie, 1958 , p. 36-37.
105
Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 3 : « On saisira ce résultat, puis les mois de
l’année dans laquelle on se trouve en partant de Thoth, d’après le <calendrier>
alexandrin ».
106
L’indiction (ou ἐπινέμησις) est une période de 15 ans, utilisée pour dater les actes et les
événements. Avec ce moyen de datation, les années seules de chaque période sont
exprimées, et non le nombre des périodes écoulées depuis le commencement. Pour en
savoir plus sur ces indictions dont on attribue l’institution à Dioclétien (liée à l’impôt
foncier), voir GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 192. On verra un exemple du recours à
l’indiction dans le proemium de Sév. Seb., Lettre sur les nœuds.
107
Cette réforme prévoyait notamment de fixer le XIV lunaire (qui devait correspondre à la
date de résurrection du Christ) au 5 et non plus au 6 de nisan. Pour en savoir plus sur cette
réforme qui s’est opérée en plusieurs étapes et qui a été acceptée différemment d’une
province de l’empire à l’autre, voir GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 98-110.

36
Introduction

interlocuteur suivaient la réforme dans sa forme initiale, c’est-à-dire


conformément aux résultats obtenus lors de la conférence d’Aeas 108 .
Évidemment il faudrait traduire la Lettre sur le XIV lunaire de Nisan qui se
trouve dans le ms. Paris BnF syr. 346 (fol. 136r-141r) pour en savoir
davantage sur la position préconisée par Sévère dans le cadre de cette
polémique qui opposa les Alexandrins aux Constantinopolitains.
Comme Ptolémée avait enregistré toutes ses données astronomiques
dans un système qui se réfère au calendrier égyptien, en ère de Nabonassar,
Sévère devait donc utiliser une méthode, présentée dans le Petit
Commentaire de Théon d’Alexandrie, pour convertir les dates alexandrines
dans le calendrier égyptien 109. En effet le calendrier alexandrin prévoyait
une année de 365 jours ¼ alors que le calendrier égyptien prévoyait une
année dite « vague » de 365 jours. Ainsi, tous les quatre ans, l’année
égyptienne prenait un jour d’avance sur le calendrier alexandrin, comme
l’explique très clairement Théon d’Alexandrie dans le premier chapitre de
son Petit commentaire aux Tables faciles de Ptolémée110.

108
On lira à ce propos tous les détails fournis dans GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 98-
110. Nous donnons ici en substance les informations principales à retenir de cette étude :
Justinien organisa une réunion de computistes à Alexandrie qui « avait pour but l’unité et la
régularité dans la célébration de la fête de Pâques ». « Le problème était de résoudre les
divergences des dates du XIV lunaire pascal : 6 avril et 26 mars selon le comput de
Constantinople, suivi par les Arméniens ; le 5 avril et 25 mars selon le comput
d’Alexandrie suivi dans l’Empire. Ces divergences résultaient du saltus lunae placé au
début du cycle respectif. La discussion dut donc porter sur la valeur comparative des cycles
alexandrins et constantinopolitains. Comme il n’y avait que deux années de distance entre
les deux cycles, il suffisait que chacune des deux parties fit un pas vers l’autre en déplaçant
son cycle d’une année pour réaliser l’accord. Cela se fit, pour l’une, en abaissant le saltus
lunae commun donnant la date pascale du 25 mars, une des dates propres au cycle
alexandrin. Cela entraîna, comme contrepartie, par développement régulier des épactes, le
déplacement du XIV lunaire du 5 avril au 6 avril, date propre au cycle de Constantinople.
Ainsi chaque partie sacrifiait une date propre pour adopter celle de l’autre. Tel est le
résultat fondamental, absolument certain, de la réunion . Là-dessus fut construit un nouveau
cycle officiel, un an au-dessus du cycle constantinopolitain, un an au-dessous du cycle
alexandrin, en sorte que ce cycle s’ouvrait par la date pascale du 25 mars et se terminait par
la date du 6 avril ». Notons que c’est effectivement le cycle suivi par Sévère Sebokht dans
sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, puisqu’au lieu d’avoir une première année
du cycle lunaire proposée pour le 5/6 avril, il situe cette date pour le XIV lunaire la 19e
année de ce cycle. Ensuite Grumel ajoute que « ce cycle nouveau subsista dans son état pur,
c’est-à-dire et quant à l’ordre des années, et quant aux dates du XIV lunaire pascal, chez les
nestoriens de Perse. Il nous a été conservé par Élie de Nisibe et par Siméon šanqlawaja.
Tous deux en effet, mettent à la première année du cycle le XIV lunaire du 25 mars et, à la
dernière, celle du 6 avril ». Ces remarques de Grumel à propos d’Élie Bar-Šinaya et de
Siméon šanqlawaja sont également valables pour Sévère Sebokht.
109
Cette méthode est exposée dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II.2.
110
Voir Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 1, p. 303 (trad.).

37
Introduction

b. Mouvement du soleil

Il est clair, pour tous les auteurs de textes astronomiques syriaques,


que le mouvement réel du soleil s’effectue constamment sur l’écliptique111
d’ouest en est112.
Les anomalies de son mouvement, qui lui font parcourir plus ou moins
1° vers l’est le temps d’un nychthémère, sont rapidement exposées dans le
petit extrait traduit des Elementa de Paul d’Alexandrie : on apprend que le
soleil a une vitesse variable qui lui permet de parcourir 30 degrés dans un
laps de temps qui va de 29 à 30 jours, c’est-à-dire environ 1° en un
nychthémère (entre 57’ et 1°2’ exactement)113. La cause des anomalies est
exposée avec plus de détails dans le chapitre XIV du Traité sur les
constellations de Sévère Sebokht : on y explique que la vitesse du soleil
dépend de sa proximité avec la terre. Lorsqu’il est en apogée (c’est-à-dire
quand le soleil s’éloigne du centre de la terre entre mars et septembre), sa
vitesse diminue ; lorsqu’il est au périgée (c’est-à-dire lorsqu’il est plus
proche du centre de la terre, entre les mois d’octobre et de février), sa
vitesse augmente 114 . Quoiqu’il en soit le soleil parcourt les 360° de son
cercle en 365 jours et 6 heures115.
Les calculs proposés pour déterminer la position du soleil à une date
précise se font selon la méthode prescrite par les astronomes alexandrins116.

111
L’écliptique est la trajectoire apparente du soleil dans le ciel au cours de l’année. D’un
point de vue héliocentrique, c’est aussi le plan de révolution de la terre autour du soleil.
112
Le mouvement d’ouest en est correspond effectivement à son mouvement réel, à la
différence du mouvement diurne, lié à la rotation de la terre sur elle-même en vingt-quatre
heures, qui donne l’impression que le soleil circule en direction de l’ouest.
113
Voir Exemple au sujet du mouvement du soleil 2.
114
Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 12, p. 409. Dans un système
héliocentrique on ne parlerait pas d’apogée ni de périgée, mais d’aphélie ou de périhélie.
115
Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 4. L’auteur du Traité sur la cause des éclipses
de lune quant à lui semble recourir au chiffre plus approximatif de 365 jours (voir le calcul
effectué dans Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 2 (note 51).
116
Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 : « Quant au lieu de passage précis du soleil,
on le trouvera grâce au deuxième livre des Tables <faciles> qui montre le calcul de Claude
Ptolémée […] ». Une seconde méthode de calcul est proposée dans ce texte. On verra à ce
propos le commentaire scientifique d’O. Neugebauer dans Paul Alex., Elementa
apotelesmatica [ed. BOER], p. 138-139.

38
Introduction

c. Mouvement de la lune et de ses nœuds

Sergius de Reš‘ayna écrit que la lune parcourt 12° vers l’est en plus ou
moins 24 heures, ce qui fait d’elle l’astre le plus rapide de tous 117 . Son
cercle est légèrement incliné par rapport à celui du soleil « du fait de son
mouvement en latitude »118. Dans le Traité sur la cause des éclipses de lune,
on démontre que c’est la variation en latitude de son mouvement, par
rapport à l’écliptique, qui explique le fait qu’elle ne soit pas éclipsée chaque
mois 119 . Sévère explique de plus que la lune accomplit sa révolution et
redevient visible en 30 jours120 (contre les 29 jours, 12 heures et 44 minutes
attendus).
La lune variant en latitude coupe chaque mois l’écliptique en deux
endroits qu’on appelle les nœuds 121 . Ces nœuds sont dits ascendant ou
descendant en fonction de la direction du mouvement lunaire vers le nord ou
vers le sud de l’écliptique. Ils se meuvent sur l’écliptique selon un
mouvement de précession qui les fait reculer chaque mois d’un certain
nombre de degrés vers l’ouest. Notons que la valeur accordée à ce
mouvement n’est pas toujours la même : les nœuds progressent chaque mois
de 1°26’ vers l’ouest selon le Traité sur la cause des éclipses de lune (dans
lequel il est précisé que ces nœuds opèrent une révolution complète en 20
ans, 4 mois et 6 jours) 122, tandis que pour Sévère Sebokht les nœuds ont une
vitesse de 1°35’ par mois (révolution complète en approximativement 18
ans et 5 mois) 123. Ces deux auteurs, ainsi que Sergius de Reš‘ayna, qui, lui,
n’entre pas dans les détails, renvoient aux Tables faciles de Ptolémée pour
calculer la position exacte de ces nœuds124. Sévère Sebokht propose dans sa
Lettre sur les nœuds ascendant et descendant plusieurs méthodes pour
effectuer ce calcul, dont deux résultent de propositions de calculs de Théon

117
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 et 2. 6. 1.
118
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3.
119
Traité sur la cause des éclipses de lune 4. 2 et 4. 4.
120
Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 5.
121
On trouve une définition de ces nœuds lunaires dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la
lune 2. 3. 1 ; dans le Traité sur la cause des éclipses de lune 2. 2 et 6. 1 et dans Sév. Seb.,
Lettre sur les nœuds II. 1.
122
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 1.
123
Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 3.
124
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 ; Traité sur la cause des éclipses de
lune 6. 1.

39
Introduction

d’Alexandrie. S’il s’inspire de la méthode de Théon, Sévère Sebokht est


capable d’effectuer lui-même ses propres calculs puisque l’exemple qu’il
donne, pour l’année 986 des Grecs, n’est jamais fourni dans le Petit
Commentaire de Théon et prend en compte une situation astronomique
contemporaine de l’évêque (année 662 apr. J.-C.) 125.

d. Calcul des éclipses

Les érudits de langue syriaque sont-ils parvenus à une méthode de


calcul suffisante pour prédire avec assurance une éclipse totale de soleil ? Il
faut savoir que pour pouvoir prédire ce type de phénomène, l’astronome
doit être en mesure de prendre en compte les parallaxes126 de la lune, ce qui
nécessite un calcul compliqué127. Or on ne retrouve pas ce type de calcul
dans nos textes. Pourtant la méthode était exposée dans l’Almageste de
Claude Ptolémée et surtout dans le Petit Commentaire aux Tables faciles de
Théon d’Alexandrie, dont on sait à présent avec assurance qu’il circulait
précocement chez les érudits syriaques qui s’intéressaient à l’astronomie.
Si des calculs de ce genre ne sont jamais exposés, on note en revanche
que Sévère Sebokht y fait clairement allusion et qu’il s’engage, auprès du
destinataire de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, à produire,
dans un courrier ultérieur, des « paradigmes sur les éclipses » à l’attention
de l’illustre Stéphane chartulaire de toute la Djazira. Le contexte en
l’occurrence montre que ces paradigmes comprenaient des prévisions
d’éclipses solaires. Sévère témoigne à cette occasion de la difficulté des
calculs à réaliser pour établir ce genre de pronostic :

Quant à savoir dans quelles conditions le soleil se


couvre d’un voile pudique, c’est le vénérable Athanase,
avec lequel je me suis entretenu, qui se chargera de le lui
expliquer. La raison pour laquelle je suis incapable <de le
125
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. Pour l’exemple avec l’année 986 des Grecs, voir
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2.
126
La parallaxe est l’« angle sous lequel est vue, depuis un corps céleste, une longueur
conventionnelle » (SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 127). La parallaxe permet aux
astronomes de mesurer, de façon géométrique, la distance de la terre à un objet céleste, ici
en l’occurrence la lune.
127
A la fin de Sév. Seb., Lettre sur les nœuds, Sévère fait allusion à ce problème de
parallaxe sans proposer de solution.

40
Introduction

faire> aujourd’hui tient en ce que non seulement je suis


seul à me fatiguer sur ces sujets, mais aussi parce qu’il n’y
a personne d’autre qui puisse m’aider à ce propos. Et ce
sujet requiert beaucoup de travail et le plus d’études
possible, même si peut-être cela peut vous paraître aussi
simple que <n’importe quoi> d’autre .128

Ce témoignage est certes le seul à nous suggérer l’idée que peut-être, à


Qennešrin, au milieu du VIIe siècle, au moins un érudit syriaque était capable
d’effectuer des calculs compliqués pour prévoir une éclipse de soleil et il est
à espérer qu’on découvre un jour, en syriaque, ces paradigmes conçus par
Sévère.
Si Sévère ne nous expose pas les calculs sur les parallaxes, en
revanche il formule très clairement les conditions d’éclipse. Pour qu’il soit
possible qu’une éclipse de soleil ait lieu, il faut que la lune soit située à
moins de 8° de son nœud en longitude (quand le soleil est exactement situé
dans le même nœud) et qu’elle se trouve, au moment de sa conjonction avec
le soleil, à une distance angulaire minimale de l’écliptique. Soit x la distance
angulaire longitudinale de la lune par rapport à son nœud, et β sa distance
angulaire en latitude, c’est-à-dire par rapport à l’écliptique. Si au moment de
la nouvelle lune, on trouve :

x < 8°
et
β < 1°37’ au nord de l’écliptique
ou β < 0°47 au sud de l’écliptique129,

alors il est possible que l’éclipse solaire ait lieu. On retrouve toutes les
données astronomiques présentées ci-dessus dans le Petit Commentaire de
Théon d’Alexandrie130.

128
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds III.
129
On retrouvera toutes ces données dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5.
Actuellement on estime que les chiffres pour exprimer les conditions d’éclipses sont, en
latitude, de 1°34’ et de 0°52’ (voir SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 89). Ces valeurs sont
donc très proches de celles exprimées par Sévère.
130
Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 23, p. 342 (trad.).

41
Introduction

Avant Sévère Sebokht, pour prévoir les éclipses de lune, les auteurs
syriaques dont nous conservons le témoignage recourent à la notion de
« limites écliptiques ». Les « limites écliptiques » sont des intervalles
spatiaux, situés au niveau des nœuds lunaires en latitude et en longitude, au
delà desquels la lune et le soleil ne sauraient entrer en éclipse. Chez Sergius
de Reš‘ayna, ces limites sont de 15° en longitude de chaque côté des
nœuds131, tandis que dans le Traité sur la cause des éclipses de lune, les
mêmes limites se resserrent à un intervalle de 12°24’ par rapport aux
nœuds132. Dans les deux cas, on explique que c’est la latitude de la lune par
rapport au nœud qui est déterminante pour prévoir une éclipse, mais aucune
limite écliptique en latitude n’est proposée ! On trouve plus de précisions
dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère
Sebokht, puisque des limites écliptiques sont proposées en latitude comme
en longitude. Ainsi il est possible qu’une éclipse de lune ait lieu si la lune
est à moins de 12°24’ en longitude de l’un des nœuds (quand le soleil est
exactement dans le nœud opposé) et à moins de 1°4’ en latitude133 ;
Sévère propose ensuite une seconde méthode pour déterminer les
conditions dans lesquelles l’éclipse est envisageable. Soit x la somme des
chiffres de la limite boréale additionnés à la position longitudinale de la lune
en temps de pleine lune134 :
Si 78° < x < 102°
ou si 258°< x < 282°,
alors il est possible que l’éclipse lunaire ait lieu.
Cette méthode ne considère que les limites écliptiques en longitude et leur
attribue la valeur approximative de 12° de chaque côté du nœud.

e. Répartition et conjonction des planètes

Les planètes sont peu étudiées dans nos textes. Elles ne sont guère
mentionnées que pour permettre à l’auteur de présenter son système

131
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 4. 3.
132
Traité sur la cause des éclipses de lune 3. 2. 2.
133
Aujourd’hui, on estime ce chiffre à 1° 26’ (cf. SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 84).
134
Ce calcul n’est réalisable qu’en disposant des Tables faciles.

42
Introduction

physique (forme de l’univers) 135 , ou de parler de conjonction. On ne


trouvera aucune tentative d’explication du mouvement rétrograde des
planètes, ni même aucune mention de ce mouvement.
Le terme syriaque utilisé pour désigner les planètes de façon
générique est construit sur une racine sémitique (‫ )ܛܥܐ‬qui signifie « errer »,
tout comme πλάνης en grec136. Sergius expose très clairement qu’il y a cinq
planètes : Mercure (‫ܗܪܡܝܣ‬/Hermes), Vénus (‫ܒܝܠܬܝ‬/Belti), Mars (‫ܐܪܝܣ‬/Ares),
Jupiter (‫ܒܝܠ‬/Bel) et Saturne (‫ܟܐܘܢ‬/Kewon) 137 , tandis que chez Sévère
Sebokht, les planètes sont tantôt au nombre de 7 (comprenant la lune et le
soleil)138, tantôt au nombre de cinq139.
Notons, à propos de la représentation physique de l’univers, que
Sergius a corrigé le passage du De Mundo, qu’il a traduit en syriaque et dont
il nous reste une copie, où il était question de l’ordre des planètes. Le De
Mundo conservé en grec prévoyait en effet un ordre des planètes comme
suit :
lune-soleil-Vénus-Mercure-Mars-Jupiter-Saturne

Sergius apporte une modification au texte de sorte que l’ordre des planètes
apparaît comme suit :

lune-Mercure-Vénus-soleil-Mars-Jupiter-Saturne
Ainsi Sergius rétablit un ordre des planètes conforme au système
ptoléméen140.

135
Comme dans la traduction de Sergius au De Mundo, cf. Arist. (Ps.), Mu. syr.
[éd. LAGARDE] (voir chap. 4 édité et traduit dans cette thèse : Partie III, Section I. 1. a).
136
On trouvera de plus amples explications au sujet de cette terminologie dans la troisième
partie de cette thèse.
137
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2 et 2. 2. 5. Ce qui signifie que Sergius ne
s’est pas laissé influencer par sa lecture et traduction du De Mundo où la lune et le soleil
sont comptabilisés parmi les astres errants ou « planètes » : « τὸ δὲ τῶν πλανήτων, εἰς ἑπτὰ
μέρη κεφαλαιούμενον […] », cf. Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], IV, 6 ; pour accéder au
texte grec et à sa traduction syriaque, se reporter à Partie III, Section I. 1.
138
Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I ; Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 7. On
trouve aussi dans le Traité sur la cause des éclipses de lune une mention des « sept
planètes » (cf. Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 3. 2).
139
Voir par exemple Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 2.
140
Cf. Ptol., Alm. [trad. TOOMER], IX, 1, p. 419 : « almost all the foremost astronomers
agree that all the spheres are closer to the earth […], neither obscured by them either ».
Cette seconde opinion, corrigée par Sergius, a été partagée par Platon, Ératosthène et

43
Introduction

Au cours du Traité sur les constellations, on apprend que les cinq


planètes ont un mouvement limité en latitude par ce que Sévère appelle la
« couronne » du zodiaque ; mais les planètes peuvent couper l’écliptique
« rapidement en passant soit du nord au sud soit du sud au nord »141. La
hauteur de cette bande zodiacale n’est pas précisée dans les textes, mais elle
est actuellement estimée à 8°30’ de part et d’autre de l’écliptique142.
La seule raison pour laquelle les astronomes syriaques manifestent de
l’intérêt pour les planètes semble résider dans les phénomènes de
conjonction. La notion de conjonction ne recevait cependant pas toujours la
même acception, raison pour laquelle Sergius de Reš‘ayna s’évertue à
définir la notion dans son Traité sur l’action de la lune. Il rappelle que selon
les Chaldéens, il est question de conjonction lorsque deux planètes se
retrouvent dans le même signe zodiacal, c’est-à-dire à une distance
longitudinale de moins de 29 degrés ; les Grecs quant à eux exigent un écart
maximum de 12 degrés en longitude pour pouvoir parler de conjonction143.
Notons qu’au moment d’appliquer ces théories à des cas concrets de
conjonction, Sergius adopte la définition grecque.
Par ailleurs, on trouvera un calcul pour la conjonction des « sept
planètes » dans un extrait qui a été attribué à Bardesane et qui est cité par
Sévère Sebokht 144 et Georges des Arabes. Dans cet extrait, chaque
« planète » se voit affecter une durée de révolution propre (30 ans pour
Saturne, 12 ans pour Jupiter, un an et demi pour Mars, un an pour le soleil,
10 mois pour Vénus et 6 mois pour Mercure)145.

Archimède. Pour plus de détails à ce sujet, cf. NEUGEBAUER, A History of Ancient


Mathematical Astronomy, 1975, vol. 2, partie IV, p. 690-693.
141
Sév. Seb., Traité sur les constellations X. 7.
142
Cette valeur correspond sensiblement à la latitude écliptique maximale de Vénus
(cf. SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 35), les autres planètes et la lune se déplaçant à
l’intérieur de ces limites.
143
Au sujet de cette différence de définition entre Grecs et Chaldéens, voir l’exposé de
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5.
144
On pourra lire la citation faite par Sévère dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910,
p. 212 (texte) et p. 214 (trad.) et celle faite par Georges des Arabes dans NAU F.,
« Bardesanes Edessenus, Liber legum regionum, cujus textum syriacum instruxit, latine
vertit F. Nau, annotationibus locupletavit Thedore Nöldeke », Patrologia syriaca I. 2, 1907.
145
On retrouvera toutes ces informations dans la Lettre sur la conjonction des planètes de
Sévère Sebokht (f. 122v, l. 21 à 27 du ms. Paris BnF syr. 346) dont le contenu a été
présenté dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 211 (texte) ; p. 214 (trad.).

44
Introduction

En revanche, il n’est jamais question de la théorie des épicycles 146


exposée chez Ptolémée, ni d’aucune anomalie apparente dans le mouvement
de ces astres.147

f. Répartition des astres fixes

Comme cela a déjà été mentionné ci-dessus dans la section consacrée


aux référents spatiaux-temporels, les astres fixes avaient fait l’objet, du
moins chez Sévère Sebokht, d’une répartition quadrillée sur la sphère
céleste. Cette répartition prévoyait 12 constellations sur le zodiaque, 19
constellations au nord du zodiaque et 15 au sud du zodiaque. Ce sont en tout
46 constellations que Sévère énumère et nomme dans le sixième chapitre de
son Traité sur les constellations 148 . À l’intérieur de chacune de ces
constellations, Sévère mentionne également le nom des étoiles les plus
brillantes.

3. Les applications pratiques de l’astronomie syriaque

Il apparaît clairement, à la lecture du Traité de l’astrolabe et du Traité


sur les constellations, que Sévère Sebokht cultivait la science astronomique
pour son aptitude à renseigner la science pratique des géographes. Être en
mesure de calculer l’heure et les coordonnées des villes en fonction des
astres et de leurs conjonctions permettait de cartographier le monde chrétien
avec précision et d’établir des calendriers religieux prenant en compte la
situation géographique des différentes communautés chrétiennes de par le

146
Dans une perspective géocentrique, les épicycles sont de petits cercles décrits par les
planètes autour d’un centre circulant lui-même autour de la terre sur un cercle plus grand
(appelé déférent).
147
Selon Claude Ptolémée les planètes présentent deux anomalies affectant à la fois leur
mouvement en latitude et en longitude (cf. Ptol., Alm. [trad. TOOMER], IX, 2, p. 209).
148
Claude Ptolémée répertoriait quant à lui 48 constellations selon une répartition en
hémisphère nord (27 constellations) et hémisphère sud (21 constellations) ; cf. Ptol., Alm.
[trad. TOOMER], VII, p. 341-370. Au sujet de la transmission syriaque et arabe de la liste des
constellations du livre VIII de l’Almageste, voir KUNITZSCH P., « Über einige Spüren
syrischen Almagestübersetzung », in Prismata : Festschrift für W. Hartner, Wiesbaden,
E. Steiner, 1977, p. 203-210 et ID. , Claudius Ptolemaus, Der Sternkatalog des Almagest.
Die arabisch-mittelalterliche Tradition, I. Die arabischen Ûbersetzungen, herausgegeben,
ins Deutsche übertragen und bearbeitet, O. Harrassowitz, Wiesbaden, 1986.

45
Introduction

monde149. Les chapitres II, XII et XIV du Traité sur les constellations ont
ainsi pour principale visée de faire des données astronomiques un outil
applicable à la science géographique 150. Il en va de même pour les chapitres
XIII à XVII de la seconde partie du Traité sur l’astrolabe151.
Certains ouvrages astronomiques syriaques proposent aussi des
applications pratiques à visées astrologiques. Le fait que le court Exemple
au sujet des mouvements du soleil utilise le terme de « ‫» ܒܝܬܐ‬, c’est-à-dire
maison, pour désigner les signes du zodiaque, va dans ce sens 152. Sergius de
Reš‘ayna consacre les deux tiers de son Traité sur l’action de la lune à
identifier les conditions d’aspects lunaires avec les autres planètes et
rappelle de quelle manière chacun de ces aspects peut influencer la vie des
hommes. Même Sévère, qui condamne si durement l’astrologie dans les six
premiers chapitres de son Traité sur les constellations, n’est pas étranger à
ce type d’intérêt : en effet, ne consacre-t-il pas la « règle 1 » de la seconde
partie de son Traité sur l’astrolabe à déterminer la position des « quatre
centres » (degré de vie, degré des noces, degré du milieu du ciel, degré des
« Pères ») qui n’ont d’autre utilité, semble-t-il, que de fixer l’horoscope ?153

149
Nous conservons une lettre de Sévère encore inédite sur la longitude des villes (ms. Paris
BnF syr. 346, f. 127v-134r).
150
Au chapitre II du Traité sur les constellations, Sévère présente une répartition de la terre
en zones géographiques qui correspond à celle que l’on trouve dans la Géographie de
Claude Ptolémée, à savoir que la terre habitable se divise en trois parties — Europe, Libye,
Grande Asie —, que chacune de ces parties est redistribuée en pays, villes et éparchies. Au
cours de ce chapitre, Sévère montre d’ailleurs qu’il lit les « philosophes géographes ». Au
chapitre XII, il explique que les cercles astronomiques servent à « faire le calcul pour le
soleil et pour la lune et pour les cinq planètes, pour mesurer le ciel et la terre et l’espace qui
est entre eux ou les climats et les villes qu’ils contiennent […] » ; au chapitre XIV, il se sert
de ses calculs astronomiques pour établir la latitude des climats ; enfin au chapitre XVI. 8,
il explique que « c’est par l’observation, par exemple des éclipses de soleil et de lune »
qu’on est capable de déterminer la distance en longitude entre Alexandrie et Ctésiphon.
151
Le chapitre XIII du Traité sur l’astrolabe se fixe pour objectif de déterminer la latitude
d’une ville ; au chapitre XIV, il faut déterminer la longitude des villes ; au chapitre XV, il
convient de déterminer le décalage horaire entre deux villes, etc…
152
Le texte grec utilisait pourtant le terme de μοῖρα (degrés) ; cf. Paul Alex., Elementa
apotelesmatica [ed. BOER], p. 79, l. 1-3.
153
F. Nau note, à propos de ce chapitre, que Sévère résout le problème proposé de la même
manière que Macarius Hiéromonachus (voir Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd.
NAU], note p. 87). Ces quatre centres sont plus clairement associées à quelque théorie
astrologique dans Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2.

46
Introduction

III. Particularités du corpus astronomique syriaque

1. Deux manuscrits, deux auteurs ?

Il y a encore de nombreuses inconnues concernant les auteurs du


corpus astronomique syriaque et leurs interlocuteurs. Certains textes
astronomiques ont été indûment attribués à Sergius de Reš‘ayna ou à Sévère
Sebokht, pour la seule raison qu’ils se trouvaient dans un manuscrit qui
semblait être une édition de l’œuvre de l’un ou de l’autre de ces auteurs : il
s’agit des manuscrits Paris BnF syr. 346 et BL Add. 14 658.
Le ms. Paris BnF syr. 346 contient essentiellement des œuvres de
Sévère Sebokht, ce qui a fait supposer que tel ou tel texte astronomique de
ce manuscrit était de lui154. Cependant, la présente thèse tend à montrer,
notamment sur un plan linguistique, que certaines de ces attributions sont à
reconsidérer155.
H. Hugonnard-Roche soulevait également ce problème en demandant
qu’un examen plus attentif soit entrepris avant de pouvoir attribuer la
traduction du court Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil à
Sergius de Reš‘ayna. Cette traduction, qui se trouve dans le BL
Add. 14 658, a été attribuée à cet auteur parce qu’elle se trouvait juste après
le Traité sur l’action de la lune (attribué par le scribe à Sergius) et pour la
raison que le ms. BL Add. 14 658 présente essentiellement des œuvres de
cet auteur.
Il faut donc être très vigilant. En éditant et en traduisant le Traité sur
la cause des éclipses de lune (extrait du ms. Paris BnF syr. 346), qui avait
jusqu’alors été attribué à Sévère Sebokht, nous avons été notamment
frappée par la différence de vocabulaire entre ce texte et les deux autres

154
La Lettre sur l’origine de la science astronomique qui se trouve dans le ms. Paris BnF
syr. 346, f. 168v-171v, a par exemple été attribuée à Sévère Sebokht. F. Nau, E. Reich et
H. Takahashi ont même considéré qu’il s’agissait d’une lettre de Sévère adressée au
périodeute Basile de Chypre, alors que la copie manuscrite n’indique aucun nom d’auteur
ni de destinataire (cf. NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 25-27 ; NAU, « La
cosmographie », 1910, p. 248-252 ; NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/30,
Introduction, p. 332-333 ; REICH, « Ein Brief des Severus Sebokt », 2000, p. 478 ;
TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480-481). Mais cette attribution
réclame, selon nous, une justification.
155
C’est le cas du Traité sur la cause des éclipses de lune (Paris BnF syr. 346, f. 51v-59v)
dont nous rediscutons plus loin.

47
Introduction

traités attribués à Sévère Sebokht (Traité sur les constellations et Traité sur
l’astrolabe). Or le Traité sur la cause des éclipses de lune circule dans le
même manuscrit que les deux autres, et comme ces derniers, a été
clairement attribué par le scribe à Sévère Sebokht. Si l’analyse linguistique
menée sur ce texte est jugée satisfaisante156, nous aurions donc affaire à un
autre auteur, dont le nom ne nous est malheureusement pas parvenu.

2 . Auteurs, dates et lieux de rédaction

Seuls deux noms illustrent la pratique de l’astronomie dans les milieux


érudits syriaques des VIe et VIIe siècles. Il s’agit de Sergius de Reš‘ayna et de
Sévère Sebokht. Il convient de réunir à ce moment de l’introduction des
éléments biographiques sur ces auteurs.
Gravitent autour des deux astronomes mentionnés des personnalités
qui semblent avoir manifesté de l’intérêt pour cette science sans qu’on sache
exactement de quelle manière : il s’agit de Théodore, évêque de Kark
Juddan (VIe s.), d’Athanase de Balad (VIIe s.), de Stéphane de Djazira
(VIIe s.) et de Basile de Chypre (VIIe s.).

a. Sergius de Reš‘ayna

Peu d’informations nous sont parvenues sur la vie de Sergius de


Reš‘ayna. L’essentiel des éléments biographiques recueillis à propos de cet
auteur ont été présentés par H. Hugonnard-Roche157, puis plus récemment
par H. Takahashi 158 . On sait que Sergius, mort en 536, de confession
jacobite (c’est-à-dire monophysite), avait effectué ses études
(vraisemblablement de médecine et de philosophie) à Alexandrie et qu’il
avait reçu le titre de grand médecin (ἀρχίατρος). Il est surtout connu pour
son œuvre de traducteur de textes grecs en syriaque : il aurait traduit une
trentaine d’œuvres médicales de Galien en syriaque (mais une partie très

156
On pourra se reporter, à ce sujet, à notre Partie 3, Section II. 2. b.
157
HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 123-142 et ID., « Notes sur
Sergius », 1997, p. 121-143 (on trouvera dans ce dernier article la liste de ses œuvres. On se
reportera aussi à ID., « La tradizione della logica », 2001, p. 16-19.
158
TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 479. Voir aussi BROCK S. P.,
« Sergius of Rešˁayna », in Gorgias Encyclopedic Dictionary of Syriac Heritage, 2011.

48
Introduction

fragmentaire de cette production a été conservée), ainsi que des œuvres


théologiques liées au corpus du Pseudo-Denys. Il a également composé
deux Commentaires aux Catégories d’Aristote. Deux des préfaces de
Sergius sont adressées à Théodore, évêque de Kark Juddan, dans lesquelles
Aristote est présenté comme le fondateur de la méthode scientifique. Sergius
entendait mettre à disposition de ses lecteurs de langue syriaque, non
seulement la logique, mais aussi chacun des écrits d’Aristote. Selon
H. Hugonnard-Roche, le traité adressé à Théodore (Commentaire aux
Catégories) ne serait que la première partie d’un programme plus vaste qui
aurait dû comprendre une présentation complète de la science physique, de
la métaphysique et de l’éthique. Mais il semble que seule la première partie
de ce programme ait été exécutée159.
En matière d’astronomie, Sergius nous a laissé quelques
développements intéressant la notion de conjonction et les nœuds ascendant
et descendant dans le Traité sur l’action de la lune dont une traduction
inédite est présentée dans cette thèse. H. Takahashi mentionne enfin une
traduction à caractère astronomique réalisée à partir du Commentaire au
livre 6 des Épidémies de Gésius (Ve s.), mais l’attribution à Sergius n’est pas
encore certaine160. Quoi qu’il en soit, l’intérêt de Sergius de Reš‘ayna pour
l’astronomie se manifeste toujours de manière périphérique, étant donné que
ses considérations se trouvent toujours liées soit à une visée astrologico-
médicale (comme cela est le cas pour le Traité sur l’action de la lune), soit à
des développements d’ordre métaphysique (comme dans sa traduction du
De Mundo ou sa traduction du Traité sur les causes du tout d’Alexandre
d’Aphrodise161).

159
HUGONNARD-ROCHE, « La tradizione della logica aristotelica », 2001, p. 18.
160
A ce propos voir TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 479 qui renvoie
à une communication orale de G. Kessel : G. Kessel, « The Syriac Epidemics (MS
Damascus Syr. Orth. Patr. 12/25) and its Relation to the Commentary of Galen », paper
presented at the conference Epidemics in Context: Hippocrates, Galen and Hunayn
between East and West, The Warburg Institute, 12-13 November, 2010.
161
Voir FIORI E., « L’épitomé syriaque du traité Sur les causes du tout d’Alexandre
d’Aphrodise attribué à Serge de Resh‘ayna : édition, traduction et index», Le Muséon 123,
2010, p. 127-158.

49
Introduction

b. Sévère Sebokht162

Sévère Sebokht († c. 666) étudia et enseigna au monastère jacobite de


Qennešrin en Syrie occidentale. Il a rédigé plusieurs ouvrages
astronomiques comme le Traité sur l’astrolabe, le Traité sur les
constellations, une Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, une Lettre
sur la conjonction des planètes et une Lettre sur le calcul de la date de
Pâques pour l’année 665. Toutes ces productions sont lisibles dans le ms.
Paris BnF syr. 346 et une partie d’entre elles le sont également dans le ms.
Berlin syr. 186 ainsi que dans le ms. Mardin, église des 40 martyrs, syr.
553/13.
D’autres ouvrages lui ont été attribués, mais en l’absence d’une
édition et d’une analyse linguistique de ces textes, il faut, comme nous
l’avons suggéré précédemment, rester prudent.
La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant nous informe sur le
fait que Sévère se sentait très isolé à la fin de sa vie, que les conditions
requises pour étudier l’astronomie n’étaient pas réunies pour lui permettre
de produire les ouvrages que le chartulaire de la Djazira, l’illustre Stéphane,
lui réclamait. Il se plaint d’être seul à s’adonner à cette science qu’il qualifie
lui-même de très difficile. Pourtant il confie clairement à son disciple
Athanase la tâche de renseigner le chartulaire sur les mouvements du soleil.
Sévère formait donc certains de ses disciples à l’astronomie. On sait de plus
que l’évêque était consulté par des gens d’Église (notamment par le prêtre
Basile de Chypre) pour savoir à quelle date il fallait fixer la cérémonie de
Pâques. Les questions des prêtres qu’il avait sous sa responsabilité ont
naturellement pu l’inciter à se former en astronomie, mais si Basile est de
l’île de Chypre, et qu’il correspond avec lui de là-bas, cela indiquerait que
Sévère était devenu une référence en son temps en matière d’astronomie.

162
On retrouvera plus ou moins les informations bibliographiques que nous présentons dans
HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 36-41; ID., La logique
d’Aristote, 2004, p. 414-18 ; MCMAHON, « Severus Sebokht », in Biographical
Encyclopedia of Astronomers, 2007, p. 1044-45; TAKAHASHI, « The Mathematical
Sciences », 2011, p. 480, qui signale qu’un article entièrement consacré à la biographie de
Sévère Sebokht est à paraître dans REININK G. J., « Severos Sebokht », in Gorgias
Encyclopedic Dictionary of Syriac Heritage, 2011.

50
Introduction

c. Stéphane, chartulaire de Djazira

Stéphane est le destinataire de deux lettres astronomiques de Sévère


Sebokht : la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant et la Lettre sur le
XIV lunaire de Nisan 163 . Dans la première lettre, où il reçoit le titre
d’« illustrius », Stéphane est présenté comme remplissant la fonction de
chartulaire pour la Djazira. On sait que Justinien avait fixé à cent le nombre
total de chartulaires pour l’Église d’Orient, que ces fonctionnaires, laïcs
(aucun grade ecclésiastique), souvent issus des bureaux financiers, étaient
dépêchés par l’empereur pour assurer la bonne gestion des biens
ecclésiastiques, et qu’ils faisaient généralement partie du personnel affecté à
l’économe164. Cependant la Djazira faisait partie, d’après la définition qui
nous est parvenue des géographes arabes, de l’empire sassanide 165 . En
réalité le titre latin (illustrius) qui est conféré à ce chartulaire, ainsi que le
nom de sa fonction, lui aussi translittéré du grec, ne nous permettent pas de
douter du fait que ce fonctionnaire dépendait bien de l’empire byzantin et
non du pouvoir sassanide. La Djazira, à l’époque de Sévère Sebokht,
recouvrait-elle une autre acception que celle qu’elle allait prendre plus tard
sous la domination arabe ? Quoiqu’il en soit il s’agit peut-être d’un cas de
maintien, sous la domination arabe, d’un fonctionnaire mis en place par le
pouvoir byzantin. Ce qui sous-entend que cette région se trouvait, au moins
sous Justinien et jusqu’à la conquête arabe (631) en territoire byzantin. Or à
la mort de Justinien (565), Nisibe ne faisait déjà plus partie de l’empire
byzantin. Faut-il croire que la Djazira, à l’époque de Sévère, était la région
d’Édesse ?

163
Sév. Seb., Lettre sur le XIV lunaire de Nisan de la 19e année en l’an 976 des Grecs, faut-
il le compter le 5 ou le 6 de Nisan ? texte inédit conservé dans les mss Paris BnF syr. 346
(f. 136r-140r) et Berlin syr. 186 (f. 98v-102v).
164
Toutes ces informations sur la fonction du chartulaire proviennent de KAPLAN, Les
hommes et la terre à Byzance, 1992, p. 286-289.
165
Chez les géographes arabes, la Djazira (Gezirta en syriaque) était la partie
septentrionale du territoire situé entre l’Euphrate et le Tigre. La Djazira est un plateau
d’altitude assez faible comprenant le Karadja Dagh (Entre Amid et l’Euphrate), le Tur
Abdin (entre Mardin et Djazira Ibn ‘Umar), le Djabel Sindjar (entre Khabur et le Tigre) et
le Djabel Makhul (sud d’al-Mawsil). L’une des régions de la Djazira (région de Nisibe)
était appelée par les Perses “Arvastan” et par les Araméens “Beth Arabaya”. Au moment de
la conquête arabe (639-640) la Djazira était partagée entre la Perse (De Nisibe au Tur
Abdin) et Byzance (de Reš‘ayna à l’Euphrate), la frontière se situant entre Nisibe et Dara
(D’après l’Encyclopédie de l’Islam, vol. II, p. 536).

51
Introduction

3. Le genre épistolaire et didactique au service de l’astronomie

e e
Tous les textes astronomiques syriaques des VI et VII siècles
166
auxquels nous avons pu avoir accès relèvent du genre didactique : ils
peuvent prendre la forme soit de traités (mimre), soit de lettres.

a. Liste des mimre


- Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna.
- Traité sur la cause des éclipses de lune.
- Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht.
- Traité sur les constellations de Sévère Sebokht.

b. Liste des lettres


- Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht.
- Lettre sur la conjonction des sept planètes de Sévère Sebokht.
- Lettre sur la date de Pâque (665) de Sévère Sebokht.

c. Caractéristiques littéraires

En réalité, les éléments qui nous permettent de distinguer ces deux


formes littéraires sont très minces. Les lettres se caractérisent par le fait
qu’elles répondent de façon évidente à une sollicitation ponctuelle et que le
cadre de l’énonciation se limite à deux personnes bien identifiées, celui qui
écrit (en l’occurrence il s’agit toujours de Sévère Sebokht) et celui à qui est
adressé le message (à savoir Basile de Chypre ou Stéphane le Chartulaire de

166
La fonction première de chacun de ces textes est en effet d’enseigner, ce que trahissent
les propos suivants : « Tu pourras construire […] tout autre aspect […] et réaliser les
combinaisons comme j’ai dit, sans énumérer celles qui ne sont en rien utiles à
l’enseignement » (Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3) ; « Il faut que tout cela soit
parfaitement retenu en mémoire » (idem, 4. 4) ; « j’expliquerai et commenterai le traité du
mieux que je pourrais […] de cette manière, la compréhension de cette science sera facile et
légère » (NAU, Le Traité sur l’astrolabe, 1899, Introduction, p. 73 et alii) ; « afin que celui
qui lira ces règles, les retienne facilement » (idem, p. 75) ; « à l’auditeur docile […] nous
voulons enseigner » (Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1) ; « le procédé n’était pas
commode pour l’enseignement » (idem II. 5).

52
Introduction

Djazira). Le tout s’ancre dans un temps assez bien déterminé (entre 661 et
665). Les conditions d’énonciation sont donc bien précisées167, comme le
requiert le genre épistolaire.
Au contraire, l’identité de celui (ou de ceux) à qui s’adresse le mimro
reste souvent floue. Mais ce n’est pas toujours le cas puisque, au début du
Traité sur l’action de la lune, Sergius rédige un prologue dans lequel il
s’adresse à Théodore. Mettons le prologue à part : il n’en reste pas moins
que les traités didactiques sont rédigés, comme les lettres, à la première
personne du singulier 168 ou du pluriel 169 et qu’ils s’adressent à un
interlocuteur (auditeur ? 170) directement interpellé à la deuxième personne
du singulier171.
Qu’il s’agisse de lettres ou de traités, les écrits astronomiques
présentent tous la caractéristique d’être introduits par un texte plus ou moins
long qui inscrit le discours dans un cadre de communication plus large :
dans le cas de Sergius de Reš‘ayna, il s’agit d’un prologue qui explique à la
suite de quel texte (en l’occurrence après sa traduction d’un des livres de
Galien), pour quelle raison et de quelle manière il compte aborder le sujet

167
Au début de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, on peut lire : « Puis <je
parlerai> de ce qu’a écrit, ou plutôt rappelé, l’ami du Christ, Stéphane l’Illustre, chartulaire
de toute la Djazira, à qui seront humblement présentés de ma part, ô mon frère, les sujets
<suivants, à savoir> : le 14 lunaire de Nisan qui aura lieu la 19e année du cycle lunaire dans
la 8e <année> à venir de l’indiction (ἐπινέμεσις), c’est-à-dire l’an prochain, faut-il le placer
le 5 ou le 6 de Nisan ? etc.. ».
168
C’est le cas de Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3; Traité sur la cause des
éclipses de lune 4.2 et 6.2 ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 73 (« je
commencerai par traiter en peu de mots de la composition […] et auparavant je donnerai sa
définition, puis j’expliquerai et commenterai le traité du mieux que je pourrai ») ; Sév. Seb.,
Traité sur les constellations IV. 17 (« J’ai placé ici en peu de mots et pour mémoire
[…] ») ; V. 4 (« Je pense avoir suffisamment démontré par tout cela que […] »).
169
Comme dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2 ; 2. 3 ; 2. 4. 3 et alii ; Traité
sur la cause des éclipses de lune 2. 1 ; 4. 2 ; 6. 1 etc… ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe
plan [éd. NAU], I, p. 73-74 (« nous allons l’exposer […] nous pourrons […] nous
partagerons en règles distinctes » ; Sév. Seb., Traité sur les constellations I (« nous voulons
enseigner ») ; III. 8 (« Nous blâmerons donc leurs inepties ») ; VI. 1 (Il nous faut séparer et
indiquer les constellations […] ») ;
170
Sévère Sebokht s’adresse en effet, peut-être de façon indirecte, à un « auditeur » et non à
un lecteur : voir par exemple Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1 (« à l’auditeur
docile ») ; IV. 17 (« Qu’y a-t-il de plus inintelligent que cela, c’est à l’auditeur de bon sens
qu’il appartient de le décider »).
171
Voir par exemple Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3 ; Sév. Seb., Traité sur
l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 84 (« Il est temps dès lors pour toi, ô ami de l’étude, ô notre
fils spirituel et chéri dans le Seigneur, d’aborder le traité ») ; Sév. Seb., Traité sur les
constellations I (« ô ami de la science […] ô ami de la vérité […] ») ; XIII. 9 (« Si tu veux
mener par la pensée l’axe polaire […] tu trouveras […] » ; XV. 1 (« ô ami de la science ») ;
XVIII. 7 (« ô cher Ami »).

53
Introduction

des « jours critiques ». Dans le cas du Traité sur la cause des éclipses de
lune, de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, du Traité sur
l’astrolabe et du Traité sur les constellations, nous avons affaire à de
véritables proemia qui ont pour fonction ou de présenter sommairement le
contenu du traité172 ou de fournir la liste des écrits qu’il convient de lire en
parallèle de ce traité 173 . Les proemia se composent invariablement de
phrases interrogatives.
La manifestation d’un souci de brièveté est un topos littéraire que
l’on retrouve dans plusieurs de nos écrits174.
Enfin, le souci d’enseigner est omniprésent dans tous ces textes.
Certaines recommandations pédagogiques, au sein de ces ouvrages, nous
laissent penser qu’elles étaient en tout premier lieu destinées à un
intermédiaire, chargé d’enseigner l’astronomie. C’est dans ce sens que nous
interprétons le conseil suivant que Sergius de Reš‘ayna adresse à son
interlocuteur :
Tu pourras construire […] tout autre aspect […] et réaliser
les combinaisons, comme j’ai dit, sans énumérer celles qui
ne sont en rien utiles à l’enseignement.175

Ou encore :
Il faut que tout cela soit parfaitement retenu en mémoire.176

Dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, Sévère s’adresse à un


« frère » à qui il confie la tâche de « présenter » de sa part les sujets
astronomiques qu’il compte aborder dans la présente lettre et dans les
172
C’est le cas du proemium du Traité sur la cause des éclipse de lune qui annonce que le
propos portera d’abord sur la cause des éclipses de lune, puis sur la cause de la partialité ou
de la totalité des éclipses et enfin sur l’orientation des éclipses. Ces sujets sont
effectivement abordés (excepté le développement sur la cause de la partialité ou de la
totalité des éclipse) dans cet ordre dans le traité. On notera que le proemium du Traité sur
l’astrolabe ne donne le sommaire que de la première partie du traité. Le Traité sur les
constellations est aussi flanqué d’un proemium qui présente l’ordre et les sujets qui seront
abordés.
173
Dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, le proemium annonce qu’après
l’explication sur les nœuds et sur la cause des éclipses (qui fait l’objet de la lettre), le
propos portera sur le calendrier lunaire et la conjonction des sept planètes (qui font l’objet
de deux autres lettres).
174
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune, Prologue 1. 2 ; 4. 2. 4 et 4. 3 ; Sév. Seb.,
Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 73 ; Sév. Seb., Traité sur les constellations I ;
III. 8 ; IV. 17.
175
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3.
176
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 4.

54
Introduction

suivantes 177 . À la fin de cette même lettre, Sévère déclare qu’il confie à
Athanase le soin d’« expliquer » au destinataire final de la lettre (ici le
chartulaire Stéphane) les mouvements du soleil.
Dans le premier chapitre du Traité sur les constellations Sévère
Sebokht prodigue à son interlocuteur direct, qu’il qualifie d’« ami de la
science » ou d’« ami de la vérité », quelques conseils pédagogiques qui lui
permettront d’enseigner la science astronomique de façon appropriée. Il lui
explique notamment qu’il convient de recourir à une certaine forme de
langage et de discours dans le cadre de l’enseignement :
Je vais te dire à ce sujet, ô ami de la vérité, en peu de
mots, ce qui me paraît bon et vrai. Avant tout, il nous faut
faire connaître à l’auditeur docile que tout ce que nous
voulons enseigner – c’est-à-dire faire connaître à d’autres
par la parole – nous ne pouvons pas l’enseigner sans
employer des noms et des paroles, qu’il s’agisse
d’enseigner des choses qui existent par nature ou de celles
qui existent par convention178.

Plus loin il insiste sur la nécessité de toujours recourir à une démonstration


prouvant le bien-fondé du propos à enseigner :

Si cela est connu clairement par une démonstration


véritable, l’esprit de celui qui écoute ce que nous avons dit
plus haut n’hésitera nulle part, tandis que s’il n’en est pas
ainsi, (tout cela) tombera sous le soupçon du doute et ne
sera pas acceptable ; car, dans de telles choses, ce qui est
privé de la démonstration qui est enseignée par les choses
n’est pas acceptable.179

Quand Sévère parle d’un « auditeur», de « celui qui écoute », désigne-


t-il de façon générique le ou les élèves du destinataire de la lettre ? Ou est-ce
une manière rhétorique de parler de celui qui le lit ? Il semble que le
témoignage de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant où
l’ « auditeur » est clairement identifié et distinct du destinataire de la lettre,
nous permet de trancher à ce sujet. Les propos de Sergius de Reš‘ayna (que
nous avons cités) montrent également que l’ouvrage est transmis par un

177
Lire à ce propos le proemium de Sév. Seb., Lettre sur les nœuds.
178
Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1-2
179
Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 1.

55
Introduction

expert en astronomie à une personnalité un peu moins experte dans le


domaine, mais chargée d’enseigner. Dans ce sens va la remarque de Sergius
indiquant à son interlocuteur des passages à retenir par cœur.
Ces ouvrages sont-ils des « livres de l’enseignant » ? C’est-à-dire le
manuel dont l’enseignant devra s’inspirer pour savoir quel contenu
astronomique il pourra transmettre et de quelle manière il pourra le
transmettre ? Ajoutons que le public, auquel ce type de connaissance était
finalement destiné, était, selon Sévère, capable d’appréhender ce savoir
« avec raison et esprit droit »180. L’auditeur est qualifié de « docile »181. Ces
informations se recoupent précisément avec les résultats de l’étude
présentée plus haut sur « I. 1. L’astronomie dans le cadre des études
philosophiques », où il apparait que l’étude de l’astronomie était réservée à
une élite resserrée d’étudiants achevant ou ayant achevé leur cursus
supérieur philosophique. Cela signifie-t-il que Stéphane de Djazira avait
suivi des études supérieures philosophiques complètes ? Que Théodore de
Kark Juddan faisait partie d’une institution où était proposé ce genre de
cursus ? En est-il de même pour Basile de Chypre ? Toutes ces questions
restent ouvertes et il faudra d’autres témoignages pour pouvoir confirmer
ces interprétations.

180
Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 8.
181
Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1.

56
Première partie

État des sources


État des sources

Introduction

Cette première partie vise à rassembler toute la bibliographie


(éditions et traductions) relative au corpus des textes astronomiques
e
syriaques produits avant le VIII siècle, ainsi qu’aux études attenantes. Nous
avons bien entendu, pour ce faire, pris en considération les travaux de
F. Nau1, ainsi que les articles récents d’H. Hugonnard-Roche2 et
d’H. Takahashi3. Mais il nous est apparu nécessaire de considérer
l’ « astronomie » dans un sens plus large que ces auteurs, en prenant
également en compte les traités syriaques à dominante cosmographique et
cosmologique. Ce choix se justifie d’autant plus que les ouvrages
astronomiques de Sergius de Reš‘ayna se situent dans cette veine et que le
fameux Traité sur les constellations de Sévère Sebokht n’est autre qu’un
manuel de cosmographie. Nous avons retenu trois critères de sélections pour
répertorier un texte dans le corpus des textes astronomiques syriaques de
l’époque qui nous intéresse : ce texte doit être essentiellement dédié aux
astres ; il doit présenter au moins un passage de pure astronomie ; enfin il
doit avoir été clairement identifié comme une production antérieure à la date
de décès de Sévère Sebokht (vers 666). Cela nous permet ainsi d’intégrer le
Traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys l’Aréopagite et le
Traité sur la composition de la terre du Ps.-Bérose, qui présentent les traits
d’une astronomie archaïque.
Nous avons enfin accordé une place prioritaire, tout au long de nos
recherches, à l’aspect matériel des textes dans l’espoir que la codicologie, la
paléographie et le contenu textuel des manuscrits nous apportent des
informations supplémentaires sur la transmission de ce corpus. Ainsi, aucun
de ces textes astronomiques ne sera présenté indépendamment de sa forme
manuscrite.

1
NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de
Qennesrin », ROC 27, 1929/30, INTRODUCTION, p. 327-342 ; ID., « La cosmographie du
e
VII s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 225-254 et ID., « Notes d’astronomie syrienne »,
JA 16, 1910, p. 209-228.
2
HUGONNARD-ROCHE H., « Matematica e astronomia », in Storia della scienza, 2001,
vol. 4, p. 36-41.
3
TAKAHASHI H., « The Mathematical Sciences in Syriac : from Sergius of Resh‘aina and
Severus Sebokht to Barhebraeus and Patriarch Ni’matallah », Annals of Science 68, 2011,
fasc. 4, p. 477-491.

58
État des sources

Il faut considérer le fait que les témoins d’une littérature


e
astronomique syriaque produite avant le VIII siècle sont rares. Malgré le
caractère précieux que lui confère cette rareté, le corpus a fait l’objet de peu
d’études. Les textes que nous présentons sont visibles dans onze manuscrits
syriaques répartis dans cinq bibliothèques, toutes localisées en Europe
occidentale, à Londres (British Library), Birmingham (Selly Oak Colleges),
Paris (Bibliothèque nationale de France), Berlin (Königliche Bibliothek) et
au Vatican (Biblioteca Apostolica Vaticana). Beaucoup de fonds syriaques
d’autres bibliothèques n’ont pas encore été exploités. Même parmi les
manuscrits des bibliothèques d’Europe occidentale, il reste des textes
astronomiques vierges de toute étude. Il suffit pour s’en faire une idée de
jeter un coup d’œil au chapitre que nous consacrons aux « Manuscrits
inexploités » à la fin de cette partie.
Notre étude tend à présenter le matériel disponible dans les
bibliothèques mentionnées et à élargir cette liste en offrant un aperçu de
quelques manuscrits intéressants conservés au Patriarcat d’Alep et au
monastère Sainte-Catherine du Mont Sinaï. Nous donnerons ainsi à voir le
seul matériel que nous étions en mesure d’exploiter en matière d’astronomie
syriaque.
Comparé aux manuscrits grecs4, ce matériel est pauvre et largement
inexploité : en dehors du manuscrit Paris BnF syr. 346 et, dans une certaine
mesure, du ms. Vat. sir. 516, nous n’avons trouvé aucun manuscrit
entièrement consacré à l’astronomie, ce qui différencie considérablement ce
corpus des corpus grec et arabe.
Les textes que nous présenterons sont souvent soit inédits, soit restés
sans traduction. Dans tous les cas, ils n’ont jamais fait l’objet d’une étude
philologique.

4
On pourra se faire une idée du matériel astronomique antique conservé dans les
manuscrits grecs en parcourant la première partie du volume qu’A. Tihon a consacré au
Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie et où elle présente le contenu d’une quarantaine
de manuscrits comportant des textes astronomiques grecs (cf. « Première partie : Histoire
du texte » dans TIHON A., Le « Petit Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables
faciles de Ptolémée (Histoire du texte, édition critique, traduction), Città del Vaticano,
BAV, 1978 [Studi e testi 282], p. 13-192.

59
État des sources

Il est intéressant de constater que certains des manuscrits qui


contiennent ces textes astronomiques sont très anciens. Nous conservons
notamment un manuscrit produit durant la période qui nous occupe : il s’agit
du BL Add. 14 6585 daté du VIIe siècle. Les autres s’échelonnent du VIII
e
au
e
XVII siècle. Il faut également noter que tous ces manuscrits ont été produits
dans des milieux chrétiens syro-occidentaux : huit d’entre eux sont
clairement monophysites, un autre est maronite, et le manuscrit Paris BnF
syr. 378 présente quelques caractéristiques christo-palestiniennes6. Les trois
manuscrits les plus anciens (VIIe–VIIIe siècles)7 présentent une écriture
esṭrangelo, trois autres (Xe-XIVe siècles) sont en semi-cursive ou cursive
jacobite8 et les quatre plus récents (XVIe et XVII
e
siècles) sont en serṭo9, ce
qui, semble-t-il, suit le processus normal d’évolution de l’écriture syriaque
en milieu syro-occidental. Seul le ms. Vat. sir. 516 fait figure d’exception
puisqu’il présente une écriture syro-orientale. Cependant il faut noter qu’il
présente une particularité codicologique qui le rattache aux manuscrits
christo-palestiniens, puisque ses premiers cahiers portent des signatures
dites « en miroir »10.
Vu le petit nombre de manuscrits dont nous disposons pour cette
étude, il serait aventureux de déduire que seul le milieu chrétien syro-
e
occidental s’est intéressé à l’astronomie avant le VIII siècle. Il faut bien
tenir compte du fait que l’essentiel des collections de manuscrits syriaques
des bibliothèques européennes occidentales résulte d’un héritage
essentiellement proche-oriental. Le manuscrit le plus oriental que nous

5
WRIGHT W., Catalogue of the Syriac Manuscripts of the British Museum acquired since
the year 1838, t. 3, London, British Museum, 1872, p. 1154-1160.
6
Le ms. Paris BnF syr. 378 résulte d’une compilation de fragments dont certains ont été
copiés en Palestine (le fragment n° 9 a notamment été copié au monastère Saint-Saba de
Jérusalem au VIIIe siècle ; le fragment n° 8 est en écriture arabe chrétienne palestinienne et
le fragment n° 4 porte des notes en grec dans la marge). Voir à ce propos BRIQUEL-
CHATONNET F., Manuscrits syriaques de la bibliothèque nationale de France (n°356-435,
entrés depuis 1911), de la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, de la bibliothèque
municipale de Lyon et de la bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg
(Catalogue), Paris, Bibliothèque nationale de France, 1997, p. 69-77.
7
BL Add. 14 658 (VIIe s.) ; BL Add. 7 192 (VII-VIIIe s.); BL Add. 12 154 (VIIIe ou IXe s.).
8
BL Add. 14 538 (Xe s.) ; Paris BnF syr. 378 (fr. 3 /couche supérieure du XIIIe s.) ; Paris
BnF syr. 346 (1309 apr. J.-C.).
9
Mingana syr. 71 (XVIIIe s.) ; Sachau 26 (1556 apr. J.-C.) ; Vat. sir. 217 (XVIe s.) ;
Vat. sir. 555 (1501 apr. J.-C.).
10
Nous avons pu faire ce recoupement grâce à une présentation d’André Binggeli à propos
des manuscrits christo-palestiniens (conférence tenue à Nice, oct. 2011, lors du Workshop
intitulé « The Making of Oriental Manuscripts »).

60
État des sources

possédons, et dont nous conservons la mention du lieu de copie, a été


produit au monastère de Mar Hananya près de Mardin (à la frontière entre la
Turquie et la Syrie, à proximité de l’Irak) au début du XIVe siècle.

LISTE DES MANUSCRITS

Voici une liste, rubriquée par manuscrit, des textes astronomiques


anciens recensés à ce jour : cette liste présente non seulement les textes qui
ont déjà fait l’objet d’une étude ou d’un signalement particulier, mais aussi
les textes que nous avons pu identifier dans les manuscrits Paris BnF
syr. 346, Vat. sir. 516 ou Vat. sir. 555 et qui, après que nous leur avons
appliqué nos critères de datation, se sont révélés être des textes anciens. Les
astérisques (*) indiquent les textes qui font l’objet d’une étude approfondie
dans la seconde ou dans la troisième partie de notre thèse. Nous excluons de
cette liste les textes astronomiques dont les études, ou dont les attributions,
montrent clairement qu’il s’agit de productions postérieures, comme c’est le
cas pour l’œuvre de Bar Hebraeus. À la fin de cette présentation nous
donnons une liste de textes syriaques au sujet desquels nous sommes encore
e
incapable de dire s’ils sont antérieurs ou non au VIII siècle et même si leur
sujet est véritablement astronomique ou non. En recoupant le contenu des
manuscrits, on verra qu’il existe parfois plusieurs copies d’un même texte,
ce qui laisse augurer d’un bel avenir pour les éditions critiques :

Berlin, Staatsbibliothek, syr. 186 [anc. Petermann 26](1556 apr. J.-C.)


- Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sebokht (f. 82v et 98r)
- Lettre sur le XIV lunaire de Nisan de la 19e année en l’an 976 des
Grecs, faut-il le compter le 5 ou le 6 de Nisan ? de Sévère Sebokht
(f. 98v-102v)
- Lettre sur le cycle de 95 ans de Sévère Sebokht (f. 103v-105v)
- Lettre sur la date de naissance du Christ (f. 105v-108r)
Birmingham, Selly Oak Colleges, Mingana syr. 71 (XVIIe s.)
- Traité astronomique et météorologique attribué à Denys (f. 108v-
112v)
London, BL Add. 14 658 [Wright 987] (VIIe s.)
- (*) Περὶ κόσμου du Pseudo-Aristote traduit par Sergius de
Reš‘ayna (f. 107v-122r)11.

11
Édition et traduction du chapitre IV (plus particulièrement orienté sur des questions
d’astronomie) dans notre Partie 3, section I. 2. a.

61
État des sources

- (*) Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna (f. 141r-


149v12).
- (*) Exemple sur les mouvements du soleil, anonyme (f. 149v)13.
- (*) Une liste des signes du zodiaque d’après l’école bardesanite
(f. 149v)14.
London, BL Add. 7 192 [Rosen-Forshall 51] (VIIe-VIIIe s.)
- Traité astronomique et météorologique attribué au Ps.-Denys
l’Aréopagite (f. 56v-65v).
London, BL Add. 14 538 [Wright 863] (Xe s.)
- Traité sur les constellations de Sévère Sebokht (f. 153r-155r).
London, BL Add. 12 154 [Wright 860] (VIIIe ou IXe s.).
- (*) Extrait portant sur la conjonction des planètes attribué à
Bardesane (f. 248v)15.
Mardin, église syro-orthodoxe des quarante martyrs, syr. 553 /13 (XVe s.)
- Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sebokht (f. 3r-53r).
Paris BnF syr. 378 (XIIIe s.?)
- Traité astronomique et météorologique attribué au Ps.-Denys
l’Aréopagite (f. 69v-70 et 27r).
Paris BnF syr. 346 (1309 apr. J.-C.)
- (*) Tétrabible de Claude Ptolémée, traduction syriaque anonyme
(f. 1v-36v)16
- Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sebokht (f. 36v-51v).
- (*) Traité sur la cause des éclipses de lune (f. 51v-54r et 55v-
59v)17.
- Extrait d’un Traité sur la cause des éclipses de soleil (f. 54v-55r)
- Traité sur les constellations de Sévère Sebokht (f. 78r-121v)
- (*) Lettre sur la conjonction des planètes de Sévère Sebokht
(comprenant l’extrait sur la conjonction des planètes attribué à
Bardesane, f. 122v) (f. 121v-124v)18
- (*) Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère
Sebokht (f. 124v-127v)19
- Traité sur les climats de Sévère Sebokht (f. 127v-136r)
- Lettre sur le XIV lunaire de Nisan de la 19e année en l’an 976 des
Grecs, faut-il le compter le 5 ou le 6 de Nisan ? de Sévère Sebokht
(f. 136r-140r)
- Lettre sur l’origine de la science astronomique (f. 168v-171v)
- (*) Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes
conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil,
présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya (f. 172r-177v)20
Vatican, BAV, Vat. sir. 217 (XVIe s.)
- Pseudo-Bérose, De la composition de la terre (f. 84v-91r)
Vatican, BAV, Vat. Sir. 516 (XIXe s.)
12
Édition et traduction intégrales dans notre Partie 2, texte 2.
13
Édition et traduction dans notre Partie 2, texte 3.
14
Voir Partie 1. 1. a.
15
Édition, traduction et analyse dans : Partie 3, section II. 1. B.
16
Pour une étude lexicale, voir notre Partie 3, section II. 2. a.
17
Édition et traduction inédites dans notre Partie 2, texte 1.
18
Voir Partie 3, section II. 2. d.
19
Édition et traduction inédites dans notre Partie 2, texte 4.
20
Voir Partie 3, section II. 2. c.

62
État des sources

- Basile, Exposé sur la course de la sphère céleste (f. 26r-31r)


Vatican, BAV, Vat. sir. 555 (1501 apr. J.-C.)
- Pseudo-Rufin, De la composition de la terre (f. 46r-62v)

Nous présenterons ces textes dans un ordre que nous croyons être
respectueux de leur date de rédaction (ou traduction). Nous justifierons ce
choix au cours de la troisième partie de notre travail qui consiste à fixer puis
à appliquer des critères de datation aux textes astronomiques syriaques
produits avant la fin du VIIe siècle.

63
État des sources

I. Passages astronomiques attribués à l’école bardesanite

Bardesane d’Édesse est réputé avoir fait œuvre de philosophe et


d’astronome à la cour du roi Abgar au IIe s. apr. J.-C. Malheureusement nous
ne conservons plus rien de ses écrits d’astronome, si ce n’est quelques
témoignages indirects : un vestige de traité comprenant une liste de signes
zodiacaux, qui ne lui est pas attribuée en titre, mais porte l’étiquette
e
« bardesanite » dans un manuscrit du VII siècle, et une citation reprise par
Sévère Sebokht (VIIe s.) et Georges des Arabes (VIIIe s.) concernant la
conjonction des planètes.
Si nous ne conservons aucune de ses œuvres astronomiques, en
revanche, des éléments de sa cosmologie ont été transmis à travers le Livre
des Lois des pays21 ainsi que par Théodore Bar Koni22. Mais ces textes ne
sont pas à mettre dans le corpus des textes astronomiques syriaques,
relevant davantage du domaine de la philosophie, de l’ethnographie et de la
cosmologie 23.

A. Une liste des signes du zodiaque d’après l’école bardesanite

Le manuscrit BL Add. 14 658, que nous présenterons plus loin,


contient au f. 149v un début de traité intitulé :

21
Pour le texte syriaque, voir NAU F., « Bardesanes Edessenus, Liber legum regionum,
cujus textum syriacum instruxit, latine vertit F. Nau, annotationibus locupletavit Thedore
Nöldeke », Patrologia syriaca I. 2, 1907 ; pour une traduction anglaise voir
DRIJVERS H. J. W., The book of the laws of the countries. Dialogue on fate of Bardaisan of
Edessa, Assen, Van Gorcum, 1965. On trouvera également une traduction française dans
NAU F., Bardesane, Le Livre des Lois des pays. Texte syriaque et traduction française avec
une introduction et de nombreuses notes, Paris, Ernest Leroux, 1899 et une traduction
italienne dans LEVI DELLA VIDA G., Pitagora, Bardesane e altri studi siriaci, a cura di
R. Contini, Roma, Bardi, 1989, p. 63-111.
22
Pour le texte voir POGNON H., Inscriptions mandaïtes des coupes de Khouabir. Texte,
traduction et commentaire philologique avec quatre appendices et un glossaire, Paris,
Imprimerie Nationale, 1898, vol. 1, p. 123. Pour un bref commentaire à propos de ce
fragment voir TEIXIDOR, « Introduzione », 2001, p. 5 et 6 qui montre que la théorie des
éléments de Bardesane résulte d’une tradition orientale et non aristotélicienne de cette
doctrine stoïcienne.
23
On trouvera toutes les références bibliographiques nécessaires à ce sujet dans
CAMPLANI A., « Bardesane et les bardesanites », Annuaire de l’École pratique des Hautes
Études 112, 2003-2004, p. 29-50.

64
État des sources

Tit. : « Les noms des signes du zodiaque selon l’école bardesanite »


̈
‫ܕܡܠܘܫܐ ܐܝܟ ܕܒܝܬ ܒܪ ܕܝܨܢ ܀‬ ̈
‫ܫܡܗܐ‬
Inc. : « Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion,
Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons »
. ‫ ܩܢܫܠܡܐ‬. ‫ ܫܒܠܬܐ‬. ‫ ܐܪܝܐ‬. ‫ ܣܪܛܢܐ‬. ‫ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ‬. ‫ ܬܘܪܐ‬. ‫ܐܡܪܐ‬
̈ . ‫ ܕܘܐܠ‬. ‫ ܓܕܝܐ‬. ‫ ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬. ‫ܥܩܪܒܐ‬
. ‫ܢܘܢܐ‬
(Le reste du texte a été gratté)

On trouve donc la liste complète des douze signes zodiacaux puis…


plus rien. Le reste du traité a été visiblement gratté et W. Wright, qui a
établi la notice du manuscrit, a constaté que plusieurs feuillets avaient été
arrachés à cet endroit24. De quoi aiguiser notre curiosité et ce d’autant plus
que le manuscrit en question date du VIIe siècle25!
Cette liste, qui figure dans le catalogue de W. Wright, avait déjà été
traduite en anglais par B. H. Cowper en 186126, puis reproduite et traduite
en latin par J. P. N. Land en 186227. On retrouve également cette liste
reproduite sans traduction par E. Sachau en 187028, puis F. Nau la
réimprima (texte et traduction latine) en 190729.
Les noms des signes du zodiaque reproduits dans cette liste forment
peut-être le précieux témoignage d’une certaine terminologie astronomique
e
usitée à Édesse avant le V siècle (époque à partir de laquelle on n’entend
plus parler de sectateurs de Bardesane). Or, dans la troisième partie de cette
thèse, nous verrons qu’elle ne coïncide pas avec les listes anciennes

24
WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158: « The original writing has been erased, with the
exception of the two first words, but this was apparently done by the scribe himself ».
25
On verra la présentation de ce manuscrit un peu plus loin (C. Traités attribués à Sergius
de Reš‘ayna).
26
COWPER B. H., Syriac Miscellanies or Extracts relating to the first and second General
Councils, and Various Other Quotations, Theological, Historical and Classical, trans. into
English from mss. in the British Museum and the Imperial Library of Paris with notes by
B. H. Cowper, London, Williams and Norgate, 1861, p. 55 + voir note 49, p. 107.
27
LAND J. P. N., Anecdota Syriaca, Lugduni Batavorum, E. J. Brill, 1862, t. 1, p. 32.
28
SACHAU E. (éd.), Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer Übersetzungen von Schriften
griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen
Museum, Wien, Halle, 1870, p. 126.
29
NAU, « Bardesanes », 1907, col. 513 (reproduit en fait la traduction latine de LAND,
Anecdota Syriaca, 1862, t. 1, p. 32).

65
État des sources

retrouvées sur des amulettes iraniennes en langue syriaque30. Cela pose la


question d’une différenciation précoce du lexique astronomique entre les
sphères culturelles syro-orientales et syro-occidentales.

B. Extrait portant sur la conjonction des planètes

Nous conservons également un court extrait de traité astronomique


attribué à Bardesane sur la durée de révolution des planètes rapportée à
l’année solaire pour expliquer les conjonctions : il s’agit d’une citation faite
par Sévère Sebokht (d’après le ms. Paris BnF syr. 346, f. 122v) et reprise
par Georges des Arabes (d’après le BL Add. 12 154, f. 248v). Dans les deux
cas, l’extrait est explicitement attribué à Bardesane.
Pour accéder au texte de cette citation, on pourra consulter deux
articles de F. Nau : « Conjunctiones astrorum iuxta Bardesanem » publié
en 190731, dans lequel il reproduit et traduit en latin la citation selon
Georges des Arabes, et « Notes d’astronomie syrienne » publié en 191032 où
il édite et traduit en français la citation faite par Sévère Sebokht. La citation
de Georges des Arabes est lisible, en syriaque, également dans les Analecta
syriaca édités en 1858 par P. de Lagarde33 et on peut lire une traduction de
ce passage dans le livre que F. Nau consacra en 1899 au Livre des Lois des
pays34. La confrontation des deux citations incita F. Nau à penser que
Georges des Arabes aurait repris la citation, non d’un traité véhiculant sous
le nom de Bardesane, mais de Sévère Sebokht lui-même.
On trouvera une analyse philologique de cette citation que nous avons
de nouveau éditée et traduite dans la troisième partie de cette thèse (Partie 3,
section II, 1. b).

30
Pour accéder au texte de ces amulettes, voir GIGNOUX Ph., Incantations magiques
syriaques, Louvain, E. Peeters, 1987 [Collection de la Revue d’Études Juives 24], p. 45-59.
31
NAU F., « Bardesanes », 1907, col. 612-615.
32
NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 16, 1910, p. 212 (texte) ; p. 214 (trad.).
33
LAGARDE P., Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581),
p. 114-115.
34
NAU, Le Livre des Lois des pays, 1899, INTRODUCTION, p. 31.

66
État des sources

II. Un Traité astronomique et météorologique attribué au Pseudo-Denys


l’Aréopagite

Il s’agit d’un traité cosmologique en sept chapitres portant sur la durée


de révolution de la lune et du soleil, sur les phénomènes d’éclipses, de
saisons, sur les phénomènes météorologiques et visant en dernier ressort
(chapitre VII) à réfuter la théorie astrologique des Chaldéens. La démarche
de son auteur n’est en rien scientifique puisqu’il présente tous ces
phénomènes comme résultant d’une cause que nous qualifierons de
« mythologique ». Il trouve dans la Genèse de l’Ancien Testament les
explications au décalage du calendrier solaire et lunaire, explique le
mouvement du soleil par l’action combinée des quatre vents, et voici
comment il explique le phénomène d’éclipse solaire : « De temps en temps
s’ouvre l’un des magasins qui servent le vent d’en haut, et le vent qui sort de
l’un de ces magasins l’emporte sur celui qui est attelé au char du soleil, et il
précipite la sphère au-dessous du degré où il passe, et la lumière (du soleil)
s’obscurcit jusqu’à ce que sa sphère remonte et se replace sur le chemin de
son parcours. Ceci a lieu parce que, aussitôt que l’un des grands cétacés
s’élève pour monter de la mer où ils naissent […] ». Bien que ce texte n’ait
pas sa place dans notre corpus de textes astronomiques, nous avons jugé bon
de le présenter, non seulement parce qu’il utilise du vocabulaire
astronomique, mais aussi et surtout parce que sa date de production a été
estimée entre la fin du Ve et le début du VIe siècle, faisant de lui un précieux
témoin linguistique.

1. Les manuscrits

Il existe à notre connaissance trois manuscrits contenant tout ou partie


de ce Traité astronomique et météorologique. Les deux manuscrits déjà
recensés se trouvent actuellement à Londres (BL Add. 7192, f. 56v-65v)35 et
à Paris (Paris BnF syr. 378, f. 69v-70 et 27r)36. Il existe également à
Birmingham une autre copie, dans une version brève (collection Mingana

35
Voir ROSEN and FORSHALL, Catalogus, 1838, p. 83-84.
36
Voir BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 72-73.

67
État des sources

syr. 71, f. 108v-112r )37, que nous avons réussi à identifier grâce aux
microfiches de l’IRHT (Section grecque) de Paris.
Si les copies de Londres et de Paris sont bien connues et ont été
confrontées entre elles par F. Nau dès 1927, celle de la collection Mingana
n’a jamais fait l’objet d’une discussion. La raison pour laquelle la copie de
Birmingham est restée dans l’obscurité tient en vérité à peu de chose :
A. Mingana, pensant qu’il s’agissait d’un texte de Denys Bar Salibi, l’a
rangé sous ce nom dans l’index de son catalogue.
M. A. Kugener a signalé qu’on pouvait également trouver des
passages de ce traité dans deux autres textes syriaques : la Catena Patrum
du moine Sévère (IXe s.) et le Livre des Trésors de Jacques ou Sévère bar
Schakako, évêque de Tagrit au XIIIe siècle38.

a. BL Add. 7 192 [Rosen et Forshall 51] (f. 57r-65v, VII-VIIIe s.)

Ce manuscrit est actuellement conservé à la British Library sous la


e
cote Add. 7 192. Il a été daté du X siècle dans le catalogue conçu en 1838
par Rosen et Forshall39. Mais cette datation aurait été trop basse et la
présentation du manuscrit erronée. Une trentaine d’années plus tard,
W. Wright décrit ce manuscrit (dans l’appendice consacré aux corrections à
apporter au catalogue de Rosen et Forshall) comme un assemblage de deux
autres : les cinquante premiers feuillets auraient appartenu à un manuscrit du
e
VII siècle, les suivants (f. 51-76), qui contiennent le texte du Pseudo-Denys,
e
viendraient d’un autre manuscrit datant des VII-VIII siècles40. G. Furlani,
quant à lui, faisait remonter la copie du texte au VIIIe siècle41.

37
Voir MINGANA A., Catalogue of the Mingana collection of Manuscripts now in the
possession of the trustees of the woodbrooke settlement, Selly Oak, Birmingham, vol. 1:
syriac and garshuni manuscripts, W. Heffer and Sons, Cambridge, 1933, p. 185-186.
38
Cf. KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 165-166 (trad.) ; p. 193-194 (texte) ;
on verra également le §. IX de l’introduction. F. Nau avait déjà commencé à publier les
extraits repris par Sévère Bar Schakako d’après le ms. Paris BnF syr. 316 dans le Journal
Asiatique de 1896, p. 286-331.
39
ROSEN and FORSHALL, Catalogus, 1838, p. 83-84.
40
Cf. WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1206 (Appendice). Cette datation a été semble-t-il
confirmée par S. P. Brock, d’après ce qu’en dit A. SU MIN RI dans son Commentaire de la
Caverne aux trésors , CSCO 581, 2000, p. 538.
41
FURLANI G., « A cosmological tract by Pseudo-Dionysius in the Syriac language
(PHD) », [ed. from BL Add. 7192, and provided with an English translation], The Journal

68
État des sources

Il s’agit d’un recueil de traités divers, en parchemin et de format 210 x


280 mm, mutilé au début et à la fin et ne comportant plus que 76 feuillets.
Son écriture en esṭrangelo, soignée et élégante, se répartit sur deux
colonnes. Le nom du commanditaire ne figure pas sur les feuillets, pas plus
que le nom du scribe, ni son lieu de confection. Cependant, au vu du
contenu, le commanditaire devait appartenir à l’église monophysite syro-
occidentale. Les textes qu’il renferme portent tantôt sur l’histoire de
l’Antiochène, tantôt sur des controverses théologiques (la plus grande partie
du manuscrit est un fragment du Traité contre Damien de Pierre Callinique
ou Junior, Patriarche d’Antioche), ou bien sur un récit de martyr. Le Traité
d’astronomie et de météorologie attribué à Denys l’Aréopagite semble être
le seul texte de ce manuscrit à présenter des considérations (archaïques) sur
le mouvement des astres, les vents, les saisons et les éléments. Le texte est
en réalité à dominante cosmologique. Compris entre les feuillets 57r et 65v,
il est précédé de l’ Histoire de Julien l’Apostat et se trouve suivi de
Questions adressées à Maximianos.

Tit. (f. 57r) : « Calcul et nombre sans erreur, fait par le saint Mar Denys
évêque d’Athènes »
‫ܚܘܫܒܢܐ ܘܡܢܝܢܐ ܕܠܝܬ ܒܗ ܛܘܥܝܝ ܇ ܕܥܒܝܕ ܠܩܕܝܫܐ ܡܪܝ ܕܝܘܢܣܝܘܣ‬
. ‫ܐܦܣܩܦܐ ܕܐܬܝܢܘܣ‬
Inc. (f. 57r) : « Au sujet du calcul et du nombre relatif au soleil et à la lune »
‫ܡܛܘܠ ܕܚܘܫܒܢܐ ܘܡܢܝܢܐ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ ܇‬

Des. (f. 65v): « […] les Pléiades, les Hyades, Orion, le Chien d’Orion, le
Joug, la petite Ourse, la Couronne, le Poids, la Balance, la Voie lactée,
l’Étable, le Temple, toutes ces <étoiles> montrent sans erreur, à ceux qui
ont de la science, qui possèdent de l’intelligence, et qui sont versés dans
la sagesse, tout le service des temps. »42
. ‫ ܘܥܓܠܬܐ‬. ‫ ܘܢܝܪܐ‬. ‫ ܘܟܠܒܗ ܕܓܢܒܪܐ‬. ‫ ܘܓܢܒܪܐ‬. ‫ ܘܥܝܘܬܐ‬. ‫ܘܟܝܡܐ‬
‫ ܗܠܝܢ‬. ‫ ܘܗܝܟܐܠ‬. ‫ ܘܛܝܪܐ‬. ‫ ܘܫܒܝܠ ܬܒܢܐ‬. ‫ ܘܡܣܐܬܐ‬. ‫ ܘܡܬܩܐܠ‬. ‫ܘܟܠܝܐܠ‬

of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland 49 (New Series), Apr. 1917,
p. 245.
42
Trad. de KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 193.

69
État des sources

‫ܟܠܗܘܢ ܆ ܐܠܝܠܝܢ ܕܐܝܬ ܠܗܘܢ ܝܕܥܬܐ ܘܩܢܝܢ ܣܘܟܐܠ ܆ ܘܪܕܝܢ ܒܚܟܡܬܐ ܆‬


. ‫ܕܙܒܢܐ ܿܡܚܘܝܢ ܠܗܘܢ ܕܐܠ ܛܘܥܝܝ‬ ܿ
̈ ‫ܟܘܠܗ ܬܫܡܫܬܐ‬

Exp. (f. 65v): « Fin du traité sur les oracles, les incantations, les fortunes et
les rencontres (conjonctions) »
̈
̈ ‫ܘܓܕܐ‬
‫ܘܦܓܥܐ ܀‬ ̈ ‫ܫܠܡ ܫܪܒܐ ܕܥܠ ̈ܩܨܡܐ‬
‫ܘܢܚܫܐ‬

Les dix feuillets cosmologiques de ce manuscrit furent sortis de


l’ombre pour la première fois grâce à une édition et une traduction française
qu’en fit M. A. Kugener, présentées au XIVe Congrès des Orientalistes en
190543. M. A. Kugener n’avait à cette époque pas encore eu connaissance de
deux autres manuscrits qui contenaient le texte du Ps.-Denys.

b. Paris BnF syr. 378 (f. 69v-70v et 27r, XIIIe s.)

C’est sous la plume de François Nau, grâce à un article publié en 1930


dans la Revue de l’Orient Chrétien, que le manuscrit Paris BnF syr. 378 des
fonds parisiens arriva à la connaissance du monde scientifique 44. Mais les
remarques restèrent succinctes (F. Nau ne se risqua pas, par exemple, à dater
la partie du manuscrit qui nous intéresse et ne parvint pas à identifier le
texte inférieur du palimpseste). Il fallut attendre 1997 et le très complet
travail de catalogage de Françoise Briquel-Chatonnet pour pouvoir
bénéficier d’une notice claire à propos de ce manuscrit45.
Selon F. Briquel-Chatonnet, la pièce 378 de la collection syriaque de
Paris est un ensemble composite formé de fragments de neuf manuscrits
différents. Les feuillets qui nous intéressent forment le troisième fragment :
e
il s’agit d’un palimpseste de onze feuillets. La couche inférieure, du VII ou
e
du VIII siècle, contient un fragment du Roman de Julien l’Apostat. Le texte
e
supérieur, peut-être du XIII siècle, est une copie anonyme et non datée,
rédigée à l’encre noire dans une écriture esṭrangelo semi-cursive et de

43
KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 137-198.
44
NAU F., « Analyse du manuscrit syriaque de Paris n°378 de la Bibliothèque Nationale »,
ROC 27, 1929-1930, p. 411-421.
45
BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 72-73.

70
État des sources

format 19 x 14,5 cm, comprenant 24 à 26 lignes par page. Cette couche


présente, entre autre, deux textes attribués à Denys l’Aréopagite : son
Autobiographie et récit de vision à Baalbeck (f. 23-26 et 69r-v)46 ainsi que
des fragments de son Traité astronomique et météorologique (f. 69v-70v et
27r). La couche supérieure contient également un discours d’Isaac
d’Antioche (Mimro sur la pénitence et l’enseignement des frères).

Fragment 1 (f. 69v-70v)


Tit. : « Du même saint Denys, sur le mouvement du firmament et le
changement qui a lieu à l’intérieur de la terre. »
‫ܕܝܠܗ ܕܩܕܝܫܐ ܕܝܘܢܣܝܘܣ ܥܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܗ ܕܗܢܐ ܪܩܝܥܐ ܘܥܠ ܗܘܦܟܐ‬
. ‫ܕܒܓܘ ܐܪܥܐ‬
Inc. : « À vous, ô amis de la sagesse et de l’intelligence, je dirai et
j’expliquerai le mouvement du firmament et les changements qui ont
lieu à l’intérieur de la terre. »
‫ ܡܛܠ‬. ‫ܠܟܘܢ ܐܡܪ ܐܢܐ ܘܡܦܫܩ ܐܢܐ ܐܘ ̈ܪܚܡܝ ܚܟܡܬܐ ܘܣܘܟܐܠ‬
̈ ‫ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ ܕܗܢܐ ܪܩܝܥܐ ܘܡܛܠ‬
. ‫ܗܘܦܟܐ ܕܒܓܘ ܐܪܥܐ‬

Fragment 2 (f. 70v et 27r)

Tit. : « J’expliquerai le changement affectant la mer inférieure à ceux qui


ont de l’intelligence. »
̈ . ‫ܥܠ ܫܘܚܠܦܐ ܕܥܠ ܗܘ ܝܡܐ ܬܚܬܐ ܡܚܘܐ ܐܢܐ‬
‫ܐܠܝܠܝܢ ܕܩܢܝܢ ܣܘܟܐܠ‬

Inc. : « Sous la terre il y a une mer d’eaux vives et sous l’eau, le feu, et sous
le feu, le vent. »
̈ ‫ܕܚܝܐܐ ܘܠܬܚܬ ܡܢ‬
. ‫ܡܝܐ ܢܘܪܐ‬ ̈ ‫ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܝܡܐ ܐܝܬ ܿܗܘ‬
. ‫ܘܠܬܚܬ ܡܢ ܢܘܪܐ ܪܘܚܐ‬

46
On retrouve également cette histoire dans le ms. Par. syr. 235, fol. 260v à 264v. Voir
l’édition et la traduction de ce texte dans KUGENER M. A., « Une autobiographie syriaque
de Denys l’Aréopagite », Oriens Christianus 7, 1907, p. 312 à 338.

71
État des sources

La découverte de ce fragment permit à F. Nau dès 1930 d’apporter


quelques précisions au texte (chapitres 2 et 3) qui avait été précédemment
édité et traduit en français par M. A. Kugener à partir du simple manuscrit
de Londres. Ces remarques ont été consignées dans un article47 publié par la
Revue de l’Orient Chrétien en 1929.

c. Le Mingana syr. 71 (f. 108v-112r) (XVIIe s.)

À la suite de voyages en Orient entrepris dans les années 1920-1930,


A. Mingana rapporta avec lui une grande quantité de manuscrits syriaques
issus de tout le Proche Orient. Cette collection équivalait alors, en ampleur,
à celle de Paris et de Berlin réunies. La démarche de ce collectionneur était
intéressante : quand il n’obtenait pas un manuscrit, il en faisait faire une
copie manuscrite par les moines, auxquels la copie appartenait, et qu’il
rémunérait pour cela. Mais en l’occurrence le manuscrit qui contient le
Traité astronomique et météorologique porte la cote 71 et son écriture a été
datée du XVIIe siècle par A. Mingana 48. Il s’agit d’un recueil de textes variés
(Vie de saints, grammaire, histoire, astronomie, doctrine monophysite,
éthique). Le manuscrit est de taille moyenne (21,8 x 15,5 cm), composé
dans une écriture claire syro-occidentale à deux mains et comporte 154
feuillets dont les pages présentent 18 à 20 lignes chacune. La date et le lieu
de copie ne sont malheureusement pas mentionnés. Les textes se
ressemblent en ce qu’ils sont souvent brefs, simples et orientés
idéologiquement dans la lutte contre le nestorianisme oriental. Il pourrait
s’agir d’un manuel scolaire utilisé au sein d’une communauté monophysite
orientale. En effet le contenu de ce manuscrit pourrait avoir une certaine
cohérence si l’ensemble était destiné à un public peu cultivé, ayant besoin
de se forger une certaine culture générale en lisant des textes simples et
édifiants destinés à renforcer la foi monophysite dans un climat qu’on sent
tendu par rapport aux nestoriens (on trouve par exemple un passage
apocalyptique dans l’Histoire du moine Sergius Bahira aux f. 27-37).
A. Mingana signale dans ce manuscrit des Notes astronomiques et

47
NAU, « Analyse du ms. Par. syr. 378 », 1929/30, p. 412-413.
48
MINGANA, Catalogue, 1933, p. 185-186.

72
État des sources

médicales attribuées à un certain Denys, qui se trouvent en fait être le Traité


astronomique et météorologique présenté par M. A. Kugener. Situé entre les
feuillets 108v et 112r, il suit une petite histoire portant Sur les aventures
d’un chien et précède un petit texte explicatif sur Comment tenir une
controverse avec un nestorien.

Tit. (f. 108v) : « Denys explique clairement dans le présent discours quelle
est la cause de l’éclipse solaire » ( = Chapitre II)
‫ܡܘܕܥ ܢܗܝܪܐܝܬ ܒܡܠܬܗ ܗܪܟܐ ܕܝܘܢܢܣܝܘܣ ܡܛܠ ܩܠܝܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ‬
ܿ
.‫ܕܡܢܐ ܗܝ ܕܥܠܬܗ‬
Inc. (f. 108v) : « Au temps de nos pères, par un commandement divin,
s’ouvrit l’un des magasins supérieurs qui envoya un vent supérieur »
‫ ܡܬܦܬܚ ܿܚܕ ܡܢ ܿܗܠܝܢ ܐܘܨ̈ܪܐ ̈ܥܠܝܐ‬.‫ܿܒܙܒܢ ܐܒܢ ܒܦܘܩܕܢܐ ܐܠܗܝܐ‬
. ‫ܕܡܫܡܫ ܠܪܘܚܐ ܿܗܝ ܥܠܝܬܐ‬
ܿ

2. Édition / Traduction Kugener (1907) et Furlani (1917)

Le Traité astronomique et météorologique attribué à Denys


l’Aréopagite a été édité pour la première fois et traduit en français en 1907
par M. A. Kugener49. Ce dernier y avoue ne pas réussir à traduire certains
termes syriaques relatifs aux astres. Il faut dire qu’en dehors de l’opuscule
sur l’astrolabe édité et traduit huit ans plus tôt par F. Nau, aucun travail
scientifique moderne n’avait encore porté sur les textes astronomiques
syriaques de cette époque et les éditions ou traductions des textes
astronomiques grecs postérieurs à Ptolémée n’abondaient pas. Les
références dont disposait M. A. Kugener en matière de terminologie
astronomique antique étaient donc limitées. On ne peut que souhaiter une
reprise du travail de ce savant et la parution d’une édition critique, rendue
désormais possible par la découverte de deux nouveaux manuscrits.
Dix ans après la parution du travail de M. A. Kugener, G. Furlani
faisait paraître une autre édition du Traité astronomique et météorologique
du Ps.-Denys accompagnée d’une traduction anglaise pour le Journal of the

49
KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 137-198.

73
État des sources

Royal Asiatic society50. L’édition se fonde toujours sur le manuscrit


BL Add. 7 192. Sans mentionner le travail de M. A. Kugener, G. Furlani
considéra que les feuillets attribués à Denys l’Aréopagite dans ce manuscrit
se répartissaient en deux textes. Il a ainsi exclu de sa publication ce qui
équivaut au chapitre 7 chez M. A. Kugener. L’édition de G. Furlani présente
une vocalisation normée et les corrections opérées ne sont pratiquement
jamais mentionnées ; au contraire, M. A. Kugener reprend la vocalisation
du manuscrit, respecte la ponctuation du manuscrit et indique
systématiquement la version de la copie quand le texte doit être corrigé. En
somme, l’édition de M. A. Kugener est plus scientifique : elle rend mieux
compte de sa source et justifie systématiquement les corrections opérées.
Dix années seulement séparent les deux publications et nous nous
expliquons mal le fait que G. Furlani n’ait pas eu connaissance de ce travail.
Les deux savants avaient puisé à la même source (BL Add. 7 192). La
British Library n’a-t-elle pas ici joué son rôle de relais d’information ?
M. A. Kugener n’a-t-il pas signalé qu’il travaillait sur l’un de leurs
manuscrits ? Cela aurait permis à G. Furlani de justifier par exemple sa
datation du manuscrit, ou d’éviter d’argumenter à propos d’une correction
du texte syriaque qui avait déjà été suggérée par M. A. Kugener.

3. Études

En dehors des deux introductions préparées par M. A. Kugener et


G. Furlani, nous recensons deux études discutant du texte du Pseudo-Denys.
Elles sont dues à G. Levi Della Vida en 1910 et à A. Götze en 1922.
Dès 1910, une publication avait mis en valeur le travail de
M. A. Kugener : Giorgio Levi Della Vida publiait cette année-là un article
pour la Rivista Degli Studi Orientali 51. Il s’agissait d’éditer un fragment
d’ouvrage épistolaire (portant notamment sur des questions de météorologie
et d’astronomie) attribué au Pseudo-Bérose syriaque accompagné d’une
traduction italienne. G. Levi Della Vida y présentait les points de contact
entre le texte qu’il éditait et celui du Pseudo-Denys. En effet, il s’avérait que

50
FURLANI, « A cosmological tract », 1917, p. 245-272.
51
LEVI DELLA VIDA G., « Pseudo-Beroso Siriaco », RSO 3, 1910, p. 7-43.

74
État des sources

les concepts présentés et la terminologie employée par les deux textes


présentaient de nombreux parallèles. Le travail de G. Levi Della Vida nous
intéresse particulièrement en ce qu’il nous renseigne à propos de la tradition
sur laquelle s’appuient les deux textes. De plus, il opère, à la lumière de ce
nouveau texte syriaque, quelques corrections à la traduction de
M. A. Kugener.
A. Götze, quant à lui, mit en rapport les textes du Pseudo-Denys avec
celui de la Caverne des Trésors et avec la tradition iranienne dans son
ouvrage Die Schatzhöhle. Ueberlieferung und Quellen52 publié en 1922.
G. Furlani n’est pas le seul à avoir méconnu l’existence du travail de
M. A. Kugener : aucune discussion n’apparaît chez M. de Gaudillac53
(1954), ni chez R. Roques dans son étude sur l’Univers dionysien54 ; plus
récemment, en 2003, dans son article intitulé « Météorologiques. Tradition
syriaque, arabe et latine »55, Pieter L. Schoonheim ne parle pas non plus du
Traité astronomique et météorologique attribué au Pseudo-Denys, alors que
ce texte remet notamment en cause la théorie sur la formation des nuages
formulée par Aristote. Il faut donc croire que cette littérature est quelque
peu tombée dans l’oubli…
Enfin, mentionnons l’édition et la traduction d’une Autobiographie
syriaque de Denys l’Aréopagite réalisées par M. A. Kugener. Ce texte,
e
composé, selon M. A. Kugener, à la fin du VI siècle, mentionne les
questions scientifiques qui sont exposées dans le Traité astronomique et
météorologique56, ce qui pourrait pousser à croire que le rédacteur de
l’autobiographie s’est inspiré du traité dont nous venons de parler.

52
GÖTZE A., « Die Schatzhöhle. Ueberlieferung und Quellen » dans Sitzungsberichte der
Heidelberger Akademie der Wissenschaften 13 [Philosophisch-Historische Klasse], 1922,
fasc. 4, p. 46-47.
53
M. de Gaudillac publia une traduction française des Œuvres complètes du Pseudo-Denys
l’Aréopagite. Le traité astronomique et météorologique syriaque n’apparaît pas même en
bibliographie.
54
ROCQUES R., L’Univers dionysien : structure hiérarchique du monde selon le Pseudo-
Denys, Paris, Le Cerf, 1983.
55
SCHOONHEIM P. L., « Météorologiques. Tradition syriaque, arabe et latine » dans
R. Goulet (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, Supplément, Paris, CNRS, 2003,
p. 324-328.
56
Voir KUGENER, « Une autobiographie », 1907, p. 292-348.

75
État des sources

III. Pseudo-Bérose, De la composition de la terre

Le Vatican conserve deux copies d’un même texte syriaque ancien


e
intitulé De la composition de la terre dans des manuscrits du XVI siècle,
traitant de sujets cosmologiques, météorologiques et philosophiques.
G. Levi Della Vida s’est appliqué à éditer, traduire et commenter une
version de ce texte dès 1910, mettant en valeur le fait que ce texte
comportait de nombreux points de contacts avec le Traité astronomique et
météorologique attribué à Denys l’Aréopagite.

1. Les manuscrits

L’existence d’un traité attribué à Bérose et intitulé De la composition


de la terre est connu depuis longtemps puisqu’il apparaît déjà en 1759 dans
la notice que J. S. Assemani57 consacra au manuscrit 217 de la collection
syro-chaldéenne du Vatican. La seconde copie, en revanche, ne fut connue
qu’à l’arrivée d’un autre manuscrit (aujourd’hui portant le numéro 555 de
la collection vaticane syriaque) en 1938, à l’occasion du don qui fut fait à la
Bibliothèque Apostolique Vaticane par le patriarche des Syriens d’Antioche,
le cardinal Gabriele Tappouni. Nous aurions en fait affaire à une version
courte (Vat. sir. 217) et à une version longue du texte (Vat. sir. 555), à
chaque fois sous forme fragmentaire. Seuls deux chapitres du texte relèvent
de l’astronomie et retiendront donc notre attention58.

57
ASSEMANUS J. S., Bibliothecae apostolicae Vaticanae codicum manuscriptorum
Catalogus in tres partes distributus in quarum prima orientalies in altera graeci in tertia
latini italici aliorumque europaenorum idiomatum codices, Romae, Komarek, pars prima,
tomius tertius complectens reliquos codices chaldaicos sive syriacos, 1759, p. 503-505.
58
Il s’agit des chapitres XI et XII du texte publié dans LEVI DELLA VIDA, « Pseudo-
Beroso », 1910, p. 27-33.

76
État des sources

a. Vat. sir. 217 (f. 84v-91r) (XVIe s.)

Une copie du traité intitulé De la composition de la terre, relatif à des


sujets d’astronomie, de météorologie et de philosophie se trouve dans le
manuscrit syriaque n° 217 de la collection vaticane, aux feuillets 84v à 91r.
Ce manuscrit a été décrit par J. S. Assemanus dans le tome 3 de la première
partie de son catalogue publié en 175959 ; puis G. Levi Della Vida en 191060
et enfin G. Furlani en 194661 et 194862 ont publié des articles qui permettent
d’affiner l’approche du manuscrit. Il s’agit d’un recueil de textes divers
e
composés en syriaque et en carshouni au XVI siècle, vraisemblablement
dans un milieu ecclésiastique maronite, soit par la communauté libanaise
d’un collège maronite de Rome, soit au Liban. J. S. Assemanus le décrit
comme un codex de format A4 en parchemin, de 334 feuillets. Les feuillets
relatifs aux astres se trouvent dans le manuscrit aux f. 1 à 94 (Gabriel
Barclai, De la sphère [f. 1-16] ; textes attribués à Daniel sur le zodiaque, les
éclipses, etc… [f. 16-84v]63; Ps.-Bérose, De la composition de la terre
[f. 84v-91r] ; astrologie et lunaires [f. 92-94]), puis aux f. 195 à 212 se
trouvent des calendriers ainsi que des lunaires ; et enfin aux f. 331 à 335 se
trouve un Traité sur les sept climats). On notera que la plupart de ces textes
sont écrits en vers (mètre heptasyllabique). Le reste du manuscrit est
composé de textes religieux, de lettres officielles (du patriarche maronite au
roi de France en 1575) et de textes relatifs à la médecine, à la botanique et à
la zoologie. Le passage consacré à l’astronomie, dans le texte attribué à
Bérose, se trouve aux f. 86r-88v64.

Ps.- Bérose, De la composition de la terre [f. 84v-91r] (en 12 chapitres)


Tit. : « Savoir excellent au sujet de la composition de la terre, d’après le
livre de Bérose le sage.»
59
ASSEMANUS, Bibliothecae, 1759, p. 503-505.
60
LEVI DELLA VIDA, « Pseudo-Beroso », 1910, p. 7-43.
61
FURLANI G., «Un trattato palmomantico in garsciunico», RSO 21, 1946, p. 183-187.
62
FURLANI G., « Tre trattati astrologici siriaci sulle eclissi solare e lunare », RANL [Scienze
morali, ser. VIII], vol. 2, fasc. 11-12, 1947, p. 569-606.
63
Une partie de ces textes a été traduite et commentée par FURLANI, « Tre trattati
astrologici », 1947.
64
Correspondant à LEVI DELLA VIDA, « Pseudo-Beroso », 1910, p. 27-33.

77
État des sources

ܿ
‫ܡܘܙܓܗ ܕܐܪܥܐ ܚܟܡܬܐ ܡܝܬܪܬܐ ܡܢ ܟܬܒܗ ܕܒܪܘܙܝ ܡܠܦܢܐ‬ ‫ܡܛܠ‬
. ‫ܚܟܝܡܐ‬
Inc. : « Regarde, mon Fils Théon, ce que je te dis au sujet de la composition
de la terre. »
ܿ
. ‫ܡܘܙܓܗ ܕܐܪܥܐ‬ ‫ܚܙܝ ܒܪܝ ܬܐܝܘܢ ܡܕܡ ܕܐܡܪ ܐܢܐ ܠܟ ܡܛܠ‬

Des. (f. 91r) : « De même, comment la terre se trouve-t-elle suspendue et à


quel point s’enfonce-t-elle dans les eaux où elle se trouve ? À quelle
profondeur descendent les eaux et quelles sont leurs limites ? Et sous
elles, qu’y-a-t’il à connaître ? En cherchant ces choses admirables qui
se déplacent constamment devant tes yeux, en les cherchant et en te
concentrant <sur elles> avec sagesse, tu ne chercheras pas ce qui est
invisible et insaisissable ».
̈ ‫ ܘܟܡܐ ܢܚܬܐ‬. ‫ܘܐܪܥܐ ܬܘܒ ܐܝܟܢ ܣܝܡܐ ܘܒܗܘܢ ܬܠܝܐ‬
̈ ‫ܒܗܢܘܢ‬
‫ܡܝܐ‬
ܿ ‫ ܘܟܡܐ ܿܢܚܬܝܢ ܗܢܘܢ‬. ‫ܕܣܝܡܐ ܒܗܘܢ‬
‫ ܘܡܢܘ ܓܘܢܗܘܢ ܕܗܢܘܢ‬. ‫ܒܗ‬
ܿ ‫ܡܬܝܗܬܐ‬
‫ܥܩܒ‬ ̈ ‫ ܥܠ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ‬. ‫ܡܝܐ ܘܠܬܚܬ ܡܢܗܘܢ ܡܢܐ ܡܬܝܕܥ‬ ̈
‫ ܘܥܠ ܗܠܝܢ ܕܐܠ‬. ‫ܥܝܢܟ ܐܡܝܢܐܝܬ ܥܩܒ ܘܐܕܪܟ ܒܚܟܡܬܟ‬ ܿ
̈ ‫ܕܪܗܛܢ ܩܕܡ‬
̈
‫ܡܬܚܙܝܢ ܘܐܠ ܡܬܕ̈ܪܟܢ ܐܠ ܬܥܩܒ ܀ ܀‬

Expl. (f. 91r) : « Fin. Nous avons recopié ce que nous avons pu car le livre
était vieux et en grande partie effacé »
̄
‫ܐܝܬܘ ܗܘܐ ܘܐܒܕ‬ ‫ܫܠܡ ܘܗܠܝܢ ܕܐܫܟܚܢܢ ܟܬܒܢ ܡܛܠ ܕܟܬܒܐ ܥܬܝܩܐ‬
‫ܡܢܗ ܣܓܝ ܀‬

b. Vat. sir. 555 (f. 46r-62v) (1501 apr. J.-C.)

Depuis 1938, la Bibliothèque Apostolique Vaticane possède un


manuscrit, offert par le patriarche d’Antioche des Syriens, contenant un
texte qui, bien que fragmentaire, correspond en grande partie au texte
attribué à Bérose dans le manuscrit Vat. sir. 217. Mais dans le manuscrit

78
État des sources

Vat. sir. 555, le texte est attribué à Rufin, il est plus long et, selon G. Levi
Della Vida65, mieux ordonné.
Le manuscrit Vat. sir. 555, composé en 1501, a été très brièvement
décrit par A. Van Lantschoot en 1965 dans son Inventaire des manuscrits
syriaques des fonds Vatican66. Avec l’aimable autorisation du directeur de la
Bibliothèque apostolique vaticane, nous avons pu consulter ce manuscrit et
produire une notice plus détaillée : c’est un petit recueil de textes consacrés
aux sciences naturelles (astronomie, médecine, zoologie) écrit en serṭo. La
fin est mutilée. Le manuscrit, en papier brun, est de format 210 x 75 mm et
comporte 64 feuillets. La reliure a disparu (les feuillets, sommairement
reliés, sont désormais contenus dans une pochette cartonnée avec fermeture
à rubans). L’écriture en serto se répartit sur 60 x 180 mm à raison de 24
lignes par page. L’encre brune y alterne avec une encre rouge réservée aux
titres. Le copiste dit avoir réalisé cette copie l’an 1812 des Grecs (fol. 64r).
Les numéros de feuillets ont été tamponnés récemment en chiffres arabes67.
La numérotation dans la marge supérieure, en syriaque, atteste d’un état plus
ancien du manuscrit : il manque par exemple 13 feuillets entre le f. 15 et le
f. 16. Du coup, la numérotation imprimée se poursuit de 15 à 16 alors que la
numérotation syriaque passe de 15 à 29. Acéphale68 et tronqué à la fin, le
manuscrit Vat. Sir 555 contient actuellement sept cahiers, dont les trois
premiers présentent une organisation étrange69. Les cahiers 4, 5 et 6, en
revanche, sont des quinions complets. Le cahier final, ou cahier 7 est
incomplet et est suivi de feuillets rajoutés (3 ou 4). Deux feuillets sont
mutilés (f. 2 et 52 ) et le bas extérieur des premiers feuillets n’est pas lisible.
La plupart des textes de ce manuscrit sont encore inédits. Le traité qui
correspond à celui du Ps.-Bérose du Vat. sir. 217, f. 84v-91r, se trouve, dans

65
Voir LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951, p. 481.
66
VAN LANTSCHOOT A., Inventaire des manuscrits syriaques des fonds Vatican (490-631),
Barberini oriental et Neofiti, Città del Vaticano, BAV, 1965, [Studi e Testi 243], p. 74-75.
Une première description sommaire de ce manuscrit apparaissait déjà dans VAN
LANTSCHOOT A., « Fragments syriaques du Physiologus », Le Muséon 72, 1959, p. 37.
67
La numérotation récente imprimée passe du f. 33 au f. 35 (elle oublie le f. 34) alors que la
numérotation syriaque se suit (en passant de 46 à 47).
68
La première signature de cahier apparaît au f. 10v pour indiquer la fin du second cahier et
est suivi par le gomal annonciateur au f. 11r du 3e cahier. Le début du manuscrit manque
donc.
69
Ces trois premiers cahiers se présentent actuellement de cette manière : cahier 1 (signé ‫)ܒ‬
(4/6) : f. 2-10 ; cahier 2 (signé ‫( )ܓ‬3/2) : f. 11-15 ; cahier 3 (signé ‫( )ܕ‬2/5) : f. 16-22. Les
autres cahiers sont des quinions réguliers.

79
État des sources

le Vat. sir. 555, aux feuillets 59r à 62v. Comme dans le Vat. sir. 217, il est
adressé au disciple Théon :

Tit. : « Au sujet de la composition de la terre et de la sagesse supérieure »


(f. 59r)
‫ܬܘܒ ܡܛܠ ܡܘܙܓܐ ܕܐܪܥܐ ܘܚܟܡܬܐ ܡܝܬܪܬܐ‬

Inc. : « Regarde, mon Fils Théon, ce que je te dis au sujet de la composition


de la terre » (f. 59r)
ܿ
. ‫ ܡܛܠ ܡܘܙܓܐ ܕܐܪܥܐ‬. ‫ܕܐܡܪ ܐܢܐ ܠܟ‬ ‫ ܡܕܡ‬. ‫ܚܙܝ ܒܪܝ ܬܐܝܘܢ‬

Des. (f. 62v) : « […] durant cette nuit-là, la lune s’obscurcit en vérité
complètement tant qu’elle est hors de portée du soleil. Et ensuite elle
pousse son disque. Mais si le sommet oriental est pointu et que celui
de droite est obscur, même si c’est l’hiver, l’air sera chaud, et jusqu’à
la nouvelle lune, la terre ne recevra pas de pluie. »
ܿ ‫ ܟܠܗ ܿܗܘ ܥܕܢܐ‬. ‫ܒܗܘ ܠܠܝܐ ܿܚܫܟ ܣܗܪܐ ܒܫܪܪܐ‬
‫ ܡܢ ܕܚܙܝܗܝ‬. ‫ܕܗܘܐ‬ ܿ

‫ܐܢܕܝܢ ܿܗܘ ܪܝܫܐ ܡܕܢܚܝܐ ܢܗܘܐ ܿܚܪܝܦ‬. ‫ܛܒܥܐ ܓܝܓܠܗ‬ ܿ . ‫ܠܫܡܫܐ‬


ܿ ‫ܘܗܝܕܝܢ‬

. ‫ܘܗܘ ܬܝܡܢܝܐ ܢܗܘܐ ܥܡܘܛ ܆ ܐܢܗܘ ܕܣܬܘܐ ܗܘ ܐܐܪ ܫܚܝܢܐ ܿܗܘܐ‬ ܿ

. ‫ ܐܠ ܿܣܒܐܠ ܐܪܥܐ ܡܛܪܐ‬. ‫ܘܥܕܡܐ ܕܡܬܝܠܕ ܣܗܪܐ‬

Expl. (f. 62v): « Fin du chapitre. Rufin le sage. »


‫ܫܠܡ ܬܪܥܐ ܪܘܦܝܢܘܣ ܚܟܝܡܐ‬

Le texte conservé dans le Vat. sir. 217 aux f. 84v à 91r se retrouve
intégralement dans la copie du Vat. sir. 555, à l’exception d’un passage (que
l’on ne retrouve donc que dans le Vat. sir. 217 au f. 62r)70.

70
‫ܘܢܬܟܐܠ ܐܦ ܫܡܫܐ ܕܐܠ ܢܥܒܪ ܐܠܘ ܓܝܪ ܦܫܝܛ‬
Voici ces lignes inédites : «
‫ܩܘܡܬܐ ܗܘܐ ܗܕܐ ܿܗܘܝܐ ܗܘܬ ܀ ܒܗܠܝܢ ܓܝܪ ܡܝܐ ܕܐܝܬ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ‬
̈
̈ . ‫ܚܡܝܡܐ‬
‫ܡܝܐ ܓܝܪ‬ ̈ ‫ܠܝܬ ܒܗܘܢ ̈ܪܚܫܐ ܡܛܠ ܕܒܙܒܢ ܩܪܝ̈ܪܐ ܐܝܬܝܗܘܢ ܘܒܙܒܢ‬
‫ܘܥܐܠܝܢ ܠܝܡܐ ܡܠܝܚܘܬܗ ܕܝܡܐ‬ ̈
ܿ ‫ܕܡܒܘܥܐ ܚܠܝܢ ܘܒܣܝܡܝܢ‬ ‫ܕܢܗܪܘܬܐ ܐܦ‬
ܿ ̈ ̈ ̈
‫ܐܟܐܠ ܠܗܘܢ ܠܗܠܝܢ ܡܝܐ ܒܣܝܡܐ ܟܠܗܘܢ ܓܝܪ ܝܡܡܐ ܒܐܘܩܝܢܘܣ ܪܒܐ ܗܘ‬ ܿ
‫ܒܗܘ ܝܡܐ‬ܿ ‫ܠܟܠܗ ܐܪܥܐ ܿܫ ̈ܕܝܢ ܘܗܘ ܐܘܩܝܐܢܘܣ ܿܫܕܐ ܠܗܘܢ ܠܒܪ‬
ܿ ܿ ‫ܕܚܕܪ‬
‫ܠܗ‬ ܿ
80
État des sources

Le ms. Vat. sir. 555 insère ce que nous appelons le Traité sur la
composition de la terre dans un traité plus long comprenant notamment plus
de dix feuillets de texte avant le passage sur la composition de la terre. Le
traité long, qui commence au f. 46r, attribue d’ailleurs la totalité du texte
non plus à Bérose, mais à un certain Rufin :

Tit. (f. 46r): « Discours d’un philosophe appelé Rufin à son disciple Théon »
̈ ‫ܬܘܒ ܡܡܠܐܠ ܕܐܢܫ ܡܢ‬
‫ܦܝܠܘܣܘܦܐ ܕܫܡܗ ܪܘܦܝܢܘܣ ܕܠܘܬ ܬܠܡܝܕܗ‬
‫ܬܐܝܘܢ ܀‬
Inc. (f. 46r) : « Il convient à l’homme qui est sage d’être formé dans toutes
les choses de son temps, avec et contre son temps (?) et de ne pas
s’opposer aux choses de son temps, mais d’être patient, à la manière
d’un homme sage. »
‫ ܕܥܡ ܟܠ ܡܕܡ ܒܙܒܢܗ ܘܥܡ ܙܒܢܗ ܘܠܘܩܒܠ‬.‫ ܠܒܪܢܫܐ ܕ ܿܚܟܝܡ‬.‫ܿܙܕܩ ܠܗ ܗܟܝܠ‬
‫ ܘܠܘܩܒܠ ܡܕܡ ܒܙܒܢܗ ܐܠ ܢܗܘܐ ܿܩܐܡ ܐܐܠ ܢܓܪ ܪܘܚܗ‬. ‫ܙܒܢܗ ܡܬܕܒܪ‬
.‫ܐܝܟ ܓܒܪܐ ܚܟܝܡܐ‬

Enfin, il faut relever que dans le supplément de texte qui se trouve


entre les feuillets 46r et 59r se trouve un développement particulièrement
intéressant (f. 54v-56r) concernant l’astronomie, que nous éditons par
ailleurs et dont nous rediscuterons dans la troisième partie de notre thèse
(III. Section 2. 4. d. « Traité sur les éclipses de lune »).

2. Édition Levi Della Vida (1951) / Traduction (1910/13)

‫ܫܗܝܐ ܘܦܗܝܐ ܕܠܒܪ ܡܢ ܟܠܗ ܥܠܡܐ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܒܐܘܩܝܢܘܣ ܝܡܐ ܪܒܐ ܿܥܡܕ‬
‫ܕܢܚܬ ܫܡܫܐ ܠܝܡܐ‬ ܿ ‫ܦܝܗ ܕܐܪܥܐ ܐܝܬܘܗܝ ܘܡܚܕܐ‬ ̈
ܿ ‫ܕܒܣܘ‬ ܿ
‫ܘܢܚܬ ܡܛܠ‬
‫ܘܢܚܬ ܘܥܐܠ‬ ܿ ‫ܘܕܚܝܐܠ ܘܗܟܢ ܿܥܡܕ‬
̈ ̈
‫ܘܫܝܐ‬ ‫ܕܐܘܩܝܐܢܘܣ ܪܒܐ ܿܝܗܒ ̈ܩܐܠ‬
‫ܕܗܝ ܐܘܪܚܐ ܕܐܚܝܕ ܗܘܐ‬ܿ ‫ܬܪܝܨܐܝܬ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܐܝܟ ܿܗܝ ܡܪܕܝܬܐ‬
̈
‫ܡܛܥܝܢܐ‬ ‫» ܠܬܚܬ ܓܝܪ ܡܢ ܐܪܥܐ ܐܝܬ ܠܗ ܬ̈ܪܥܐ ܕܢܥܒܪ ܒܗܘܢ‬
81
État des sources

G. Levi della Vida a tout d’abord édité et traduit en italien le traité De


la composition de la terre, à partir du seul manuscrit Vat. sir. 217, en 1910.
Son travail fut publié par la Rivista degli studi orientali71.
Quarante ans plus tard, G. Levi della Vida publiait pour les Atti della
Accademia dei Lincei une « édition critique » de ce même traité en tenant
compte des deux manuscrits Vat. sir. 217 et Vat. sir. 555 et en prenant le
texte du Vat. sir. 555 pour base72. Il faut signaler que la traduction
italienne73 proposée, quant à elle, part, non pas du texte syriaque, mais de la
version arabe qu’il édite également dans le même article74. Cette version
arabe faisait de son auteur un certain Stomathalassa s’adressant toujours au
disciple Théon.
Il faut se méfier de la dernière édition proposée par G. Levi Della
Vida : elle ne reflète absolument pas le contenu du manuscrit Vat. sir. 555,
qu’elle est censée prendre pour base, puisque tout un passage astronomique,
présent dans la copie du ms. Vat. sir. 555, disparaît dans son édition :
G. Levi Della Vida a sans vergogne taillé ce passage qui couvrait les f. 54v-
56v, pour faire correspondre son édition syriaque à la version arabe ! Ceci
est d’autant plus regrettable que le passage oublié (f. 54v-56v) traitait
véritablement d’astronomie75.

3. Études

Pour l’étude de ce texte et la comparaison des deux versions syriaques


entre elles et avec la version arabe, et pour une discussion sur les titres et
attributions de ces textes, on se reportera à deux articles de G. Levi della
71
LEVI DELLA VIDA, « Pseudo-Beroso », 1910, p. 7-43 [Ajouts et corrections aux p. 611-
612 et dans RSO 6, 1913, p. 772-773]. Pour l’édition, voir p. 10 à 24 ; pour la traduction,
voir p. 25 à 39.
72
Pour l’édition critique du texte syriaque, voir LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951,
p. 514-524.
73
LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951, p. 524-540; pour la traduction des suppléments
contenus dans Vat. sir. 217 et Vat. sir. 555, voir p. 540 à 542.
74
G. Levi Della Vida propose en réalité également une traduction du texte syriaque pour les
parties qui ne se retrouvent pas dans les manuscrits arabes : cela correspond aux f. 46r-48r
(qui n’ont rien à voir avec l’astronomie) ainsi qu’aux f. 62r-62v (mélange d’astronomie
archaïque et de météorologie) du Vat. sir. 555. Il faut consulter pour cela LEVI DELLA
VIDA, « La Dottrina », 1951, p. 541-542 (= LEVI DELLA VIDA, Pitagora, Bardesane, 1989,
p. 189-191).
75
Nous discutons de ce texte dans notre Partie 3, section II. 4. d. (« Traité sur les éclipses
de lune »).

82
État des sources

Vida, publiés en 1947 et 1950, qu’on lira commodément dans une


compilation d’articles de G. Levi Della Vida que R. Contini publia en 1989
sous le titre : G. Levi Della Vida, Pitagora, Bardesane e altri studi siriaci76.
Il s’agit des articles suivants :
- « Sopra un trattato di ermetismo popolare in siriaco e in arabo »,
Ricerche religiose 18, 1947, p. 350-362 (les pages 358-362 sont
consacrées au contenu astronomique, météorologique et
cosmographique de ce texte, ainsi qu’aux sources utilisées).
- « La Dottrina e i Dodici Legati di Stomathalassa. Uno scritto di
ermetismo popolare in siriaco e in arabo », Atti della Accademia
dei Lincei [Memorie, Classe scienze morale], sér. 8, vol. 3, 1950,
p. 477-542 (Les chapitres 11 et 12 traitent plus particulièrement
d’astronomie).

76
LEVI DELLA VIDA, Pitagora, Bardesane, 1989.

83
État des sources

IV. Basile, Exposé sur la course de la sphère céleste

Cette lettre, attestée dans le seul ms. Vat. sir. 516 (f. 26r-31r), met en
scène un certain Basile exposant à un « ami de l’enseignement »77 la théorie
sur la sphéricité de la terre ainsi que la durée de révolution des sept astres
errants. Le contenu de cette lettre est en accord avec celui de la citation de
Bardesane (vu plus haut) faite par Sévère Sebokht, mais le lexique employé
diffère quelque peu.

1. Manuscrit Vat. sir. 516 (f. 26r-31r)

La Bibliothèque Apostolique Vaticane conserve, dans son fonds


syriaque, sous la cote Vat. sir. 516, un manuscrit très intéressant qui n’a
pourtant fait l’objet que d’une brève notice dans le catalogue qu’A. Van
Lantschoot consacra aux dernières acquisitions de cette bibliothèque en
196578. Ce manuscrit nous intéresse particulièrement, non seulement parce
qu’il est exclusivement consacré à l’astronomie, à la météorologie et à
l’astrologie, mais aussi parce que nous pensons qu’il contient aux f. 26r à
31r un texte astronomique ancien. A. Van Lantschoot a décrit ce manuscrit
e
comme étant une production du XIX siècle, portant une écriture syro-
orientale, sur 171 feuillets, répartie sur 13 à 17 lignes par page, de format
200 x 145 mm. Après avoir observé ce manuscrit de plus près, nous
pouvons préciser que ses 171 feuillets se répartissent sur 19 cahiers (9
quaternions et 9 quinions). Seul le dernier quinion est incomplet. Bien que
le manuscrit se présente sous la forme de deux unités codicologiques
distinctes79, la main semble se poursuivre d’une unité à l’autre80. Nous
notons que l’écriture, très négligée, est répartie sur pratiquement toute la
page, dépassant souvent le cadre préalablement tracé à la mine. L’encre
marron-noire alterne régulièrement avec des encres violette et rouge. Les

77
Expression que l’on retrouve couramment dans les autres textes astronomiques syriaques
et notamment chez Sévère Sebokht.
78
VAN LANTSCHOOT, Inventaire des manuscrits, 1965, p. 45-46.
79
Les neufs premiers quaternions constituent la première unité codicologique qui comprend
donc les feuillets 1 à 72.
80
Selon Van Lantschoot, il s’agit de deux mains différentes. Voir VAN LANTSCHOOT,
Inventaire des manuscrits, 1965, p. 45.

84
État des sources

numéros de pages sont inscrits en chiffres modernes au milieu de la marge


supérieure et en lettres arabes dans le coin extérieur de la marge inférieure.
La reliure occidentale, récente, présente des plats en carton beige clair et un
cuir rouge sur le dos. Le texte qui nous intéresse se trouve dans la première
unité codicologique : les neuf premiers cahiers de cette unité sont constitués
d’un papier clair très épais, à 18 vergeures par 20 mm. La marge extérieure
est gravement rongée, sur 30mm, par les vers81. Les cinq premiers cahiers se
différencient des autres en ce qu’ils présentent un cas très particulier de
« signatures en miroir ». Ces signatures ont été présentées par André
Binggeli comme une caractéristique des manuscrits christo-palestiniens82.
Dans la première unité codicologique, on trouve les textes suivants :
f. 1v-24v, un Traité de météorologie dans lequel nous avons trouvé une liste
des signes du zodiaque présentant une terminologie ancienne, semblable à
celle du ms. BL Add. 14 658, f. 149v ; au f. 24v commence un Traité sur
« le calcul de la lune » (ou combien de jours la lune se lève-t-elle dans un
mois solaire ?), rédigé en l’an 1769 des Grecs (= 1548 apr. J.-C.) ; f. 26r-
31r, Exposé sur la révolution de la sphère céleste de Basile ; f. 31r,
Démonstration relative aux nœuds ascendant et descendant ; f. 32v, Traité
sur les éclipses de lune et de soleil ; f. 33v, un autre Traité sur l’éclipse de
lune (avec au f. 34v un exemple pour l’an 1935 des Grecs) ; au f. 36r
commence un autre texte sur les cinq planètes ; f. 37v, liste des signes du
zodiaque (la terminologie employée est différente et plus moderne que celle
recensée dans le traité météorologique), suivie d’une liste des sept « zones
du ciel » ; f. 38v, autre démonstration à propos des signes du zodiaque
(commence un chapitre consacré à l’influence des planètes sur la terre en
fonction de leur position sur le zodiaque) ; f. 39r, Traité sur l’apparence des
planètes ; f. 39v, début d’un chapitre sur la circonvolution ( ‫ ) ܟܪܘܟܝܐ‬des 12
signes et leur déplacement durant l’année. Le f. 45r est laissé en blanc et le
scribe reprend à partir du f. 45v et jusqu’au f. 144v sur des sujets qui mêlent
l’astrologie à la médecine.
81
La seconde unité codicologique est constituée d’un papier nettement plus fin, transparent,
lisse et sombre dont les vergeures sont invisibles.
82
Présentation des caractéristiques codicologiques des manuscrits christo-palestiniens, faite
à Nice (oct. 2011) lors du Worshop intitulé « The making of the oriental book » organisé
par le programme Comparative Oriental Manuscript Studies financé par l’ESF (European
Science Foundation).

85
État des sources

L’Exposé sur la course de la sphère céleste attribué à un certain


Basile se trouve donc au f. 26r-31r.
Tit. (f. 26r) : « D’après l’exposé de Basile au sujet de la course de la sphère
céleste »
݃
‫ܡܢ ܿܡܡܠܐܠ ܕܒܣܝܠܝܣ ܛܡܛܠ ܡܪܕܝܬܐ ܕܓܝܓܐܠ ܕܫܡܝܐ‬
Inc. (f. 26r) : « Puisque tu m’as demandé, ô ami de l’enseignement, de
quelle manière s’effectue la course du ciel, je te répondrai, autant qu’il
est en mon pouvoir […] »
ܿ ‫ܡܛܠ ܿܕܬ ܿܒ‬
‫ܝܟ ݃ܢܐ ܐܝܬܝܗ ܿܡܪܕܝ ݃ܬܐ ݃ܗ ܛܕܐ‬ ݃ ‫ܐܘ ܪܚܡ ܝܘ‬
ܿ ‫ܠܦ ݃ܢܐ‬
ܿ ‫ܕܐ‬
‫ܛ‬
ܿ ‫ܥܬ ܡܢܝ‬
‫ܛ‬
‫ܪܢܐ‬ ݃ ‫ܐܝܟ ܿܚ ݃ܝܐܠ ܕܝܠܝ ݃ܠܟ‬
݃ ‫ܐ ܿܡ‬ ܿ . ‫ܫܡ ݃ܝܐ‬
ܿ ‫ܿܕ‬
݃ ‫ܠܓ‬ ܿ ݃݃
ܿ ‫ܕܓܢܒܪܐ ܨܠܝ ݃ܒܐ ܕܝܘܠܦܢܐ ܘܐܝܬܝܗܘܢ‬
ܿ ‫ܘܟܠ ܛܒܗ‬݃
Des. (f. 31r) : ‫ܪܒܝܐ ܡܢ‬
̈ ‫ܒܗܠܝܢ ܿܢ‬
‫ܗܝܪܐ‬ ݃ ‫ܕܫ‬
݃ ‫ܒܬܐ ܒܗܘܢ‬ ܿ ‫ܘܡ ݃ܬܐ‬
݃ ‫ܒܥܐ ܿܝ‬ ܿ . . ‫ܠܘ ̈ܫܐ‬
݃ ‫ܘܫ‬ ܿ ‫ܟܠܝ ݃ܐܠ‬
݃ ‫ܕܡ‬

‫ܛܡܬܒܥ ܛܝܢ ܀܀܀‬

2. Étude

Pour une première approche de ce texte, on pourra se reporter à la


troisième partie de cette thèse (Partie III, section II, 3.).

86
État des sources

V. Traité sur la cause des éclipses de lune (texte anonyme)

Inédit et jusqu’alors mal identifié quant à son contenu, à sa longueur


et à son auteur, le Traité sur la cause des éclipses de lune nous apporte un
témoignage exceptionnel sur l’état du savoir astronomique syriaque à
e
l’époque qui nous intéresse. Nous avons estimé sa date de rédaction au VI

siècle, considérant, au vu du langage astronomique, que son auteur devait


être plus ou moins contemporain de Sergius de Reš‘ayna83.
L’objectif principal de l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de
lune est de prouver que la cause de l’éclipse de lune réside dans la
projection de l’ombre de la terre sur la lune et de réfuter la théorie de
l’Atalya84. Cette dernière théorie consistait à penser qu’il y avait dans le ciel
un dragon dont la tête et la queue viendraient s’intercaler entre la terre et la
lune ou le soleil, provoquant les éclipses. Pour appuyer son propos et réfuter
cette théorie qu’il attribue aux Chaldéens, l’auteur fait appel à l’autorité
d’Aristote et de Claude Ptolémée.

1. Manuscrit Paris BnF syr. 346 (f. 51v-54r et 55v-60r) 85

Le Traité sur la cause des éclipses de lune se trouve dans le Paris BnF
syr. 346 aux feuillets 51v à 54r et se poursuit normalement aux feuillets 55v
à 60r. Il se situe après le Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht et précède
un chapitre anonyme (f. 60r-61v)86 intitulé Sur la cause pour laquelle les
cornes de la lune sont droites ou obliques.

Tit. (f. 51v) : « Chapitre suivant87 : quelle est la cause de l’éclipse de lune ?
Pour quelle raison s’obscurcit-elle parfois complètement et parfois de

83
Voir à ce propos notre Partie 3, section II, 2. b.
84
Ce mot serait à rapprocher de l’assyrien atalû qui signifie « éclipse ». Il est rendu par le
terme « dragon » par F. Nau. Sur l’origine et le développement de la théorie astrologique du
« dragon » à travers la littérature syriaque, voir l’article de FURLANI, « Tre trattati
astrologici », 1947, p. 569-606.
85
Voir une description dans NAU, « La cosmographie », 1910, p. 229-230.
86
Cet anonyme cite Jacques d’Édesse et Sévère Sebokht.
87
Le scribe a écrit au dessus du texte, dans une écriture plus petite : « Nous écrivons ces
chapitres sur le soleil et la lune à partir d’un autre manuscrit ». Dans la marge de gauche, la
même main a écrit de façon verticale : « à partir de là, il manque le chapitre suivant » ; dans
la marge de droite, la même main a écrit de façon verticale : « tout comme nous avons écrit

87
État des sources

façon incomplète ? Pour quelle raison s’obscurcit-elle parfois au nord-


est et parfois au sud-est ? »

‫ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ‬ ܿ ‫ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܢܐ ܥܠ ܿܗܝ‬


ܿ ‫ܟܠܗ ܚܫܟܐ ܘܒܙܒܢ ܠܘ‬
‫ ܘܡܛܠܡܢܐ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ‬. ‫ܟܠܗ‬ ܿ ‫ܘܡܛܠܡܢܐ ܒܙܒܢ‬

. ‫ ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ‬. ‫ܿܡܕܢܚ ܓܪܒܝ ܿܚܫܟܐ‬

Inc. (f. 51v) : « Pour ce faire, nous traiterons, dans cette section, de l’éclipse
lunaire. »

ܿ ‫ܠܗܘ ܿܡܐ ܕܐܡܪ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬


‫ܪܫܡܝܢܢ‬ ܿ ‫ܘܒܗܐ ܣܕܪܐ‬

Des. (f. 59v) : « Nous achevons ici notre propos en citant le prophète de
Dieu, sage entre tous devant le créateur de toute chose admirable :
« Comme tes œuvres sont grandes, Seigneur, et tes desseins profonds !
Fou l’homme qui ne le sait pas et sot celui qui ne l’a pas compris ».
‫ܘܚܟܝܡ ܒܟܠ ܠܘܬ‬ ܿ
ܿ ‫ ܟܕ ܥܡ ܢܒܝܐ ܐܠܗܝܐ‬. ‫ܢܢܝܚܝܗ ܠܡܠܬܢ‬ ‫ܚܢܢ ܕܝܢ ܗܪܟܐ‬
݃ . ‫ܕܡܐ ܪܘ̈ܪܒܝܢ ̈ܥ ܿܒܕܝܟ ܡܪܝܐ‬
‫ܘܛܒ‬ ܿ ‫ܐܡܪܝܢܢ ܆‬
ܿ ‫ܿܥܒܘܕܐ ܕܟܠ ܒܕܘܡܪܐ‬
ܿ ܿ . ‫ ܓܒܪܐ ݃ܫܛܝܐ ܐܠ ܿܝܕܥ‬. ‫ܡܚܫܒܬܟ‬ ̈
̈ ‫ܥܡܝܩܢ‬
‫ܡܣܬܟܠ‬ ‫ܘܣܟܐܠ ܐܠ‬
. ‫ܒܗܕܐ‬

Exp. (f. 59v-60r) : « Fin du Traité sur la cause de l’éclipse des astres et
qu’il n’y a pas d’Atalya et d’où vient l’éclairement de la lune ; fait par
le saint évêque Sévère dit Sebokht le nisibéen » (sic)
‫ ܘܕܠܝܬܘܗܝ‬.‫ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ‬
‫ ܕܥܒܝܕ ܠܚܣܝܐ ܐܦܝܣܩܘܦܐ‬.‫ ܘܕܡܢ ܐܝܟܐ ܡܬܢܗܪܐ ܣܗܪܐ‬.‫ܐܬܠܝܐ‬
.‫ܣܐܘܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܣܒܘܟܬ ܢܨܝܒܢܐ‬

ces propos qu’a tenus Sévère Sebokht dans les sections mentionnées »). En l’occurrence,
les sections mentionnées dans le texte sont les sections 20 et 300. Ces assertions du copiste
nous apparaissent confuses, car si effectivement le manuscrit comprend un chapitre 20
attribué à Sévère Sebokht, il s’agit bien d’un chapitre (‫ ) ܩܦܐܠܘܢ‬et non d’une section
(‫) ܣܕܪܐ‬. De plus, la lettre de Sévère, à laquelle le copiste renvoie, ne traite absolument pas
« en long et en large des étoiles » comme le dit l’auteur du Traité sur la cause des éclipses
de lune (en parlant de la fameuse section 20), mais du calcul de la position des nœuds
ascendant et descendant.

88
État des sources

L’attribution à Sévère Sebokht est, à notre avis, l’œuvre du


copiste qui, cherchant à combler une lacune dans sa collection des œuvres
de l’évêque de Qennešrin (comme il l’indique en marge), a substitué à un
Traité sur la cause des éclipses des luminaires de Sévère Sebokht, le Traité
sur la cause des éclipses de lune d’un autre auteur anonyme qui faisait
vraisemblablement partie de la bibliothèque de Sévère Sebokht88. Quoi qu’il
e
en soit, le copiste du XIV siècle, ou peut-être l’un de ses prédécesseurs,
avait dû considérer que ce texte appartenait à un fonds ancien.
Il faut signaler qu’un autre texte a été inséré aux feuillets 54v-55r,
portant sur la cause des éclipses de soleil. Cet ajout provoque une rupture
nette du Traité sur la cause des éclipses de lune à la fin du feuillet 54r, qui
reprend normalement, exactement là où il s’était arrêté, au feuillet 55v. Ceci
est confirmé par la présence d’une phrase de réclame (à l’encre rouge) à la
fin du f. 54r, annonçant les premiers mots du feuillet 55v.

2. Édition et traduction

Pour l’édition et la traduction du Traité sur la cause des éclipses de


lune, on se reportera à la deuxième partie de cette thèse (Texte 1). Notre
édition reprend le texte du Paris BnF syr. 346, f. 51v-60r. Nous n’avons pas
tenu compte des feuillets 54v-55r que le copiste a manifestement rempli a
posteriori, après les avoir laissés en blanc (par erreur ?). En effet, le texte
qu’on peut lire sur les feuillets 54v et 55r porte sur la cause, non plus des
éclipses de lune, mais sur celle des éclipses de soleil. Ce texte est
vraisemblablement, au vu de la langue et de la façon de présenter le sujet,
du même auteur que celui du Traité sur la cause des éclipses de lune.

3. Études

Le Traité sur la cause des éclipses de lune que nous avons édité et
traduit d’après le ms. Paris BnF syr. 346 n’est vraisemblablement pas de
Sévère Sebokht. Des doutes quant à cette attribution avaient déjà été émis

88
Voir à ce propos notre Partie 3, section II, 2. b.

89
État des sources

par F. Nau89, puis plus récemment par H. Takahashi90. L’étude linguistique


que nous avons menée dans la troisième partie de cette thèse finit, nous
l’espérons, de trancher la question en envisageant plutôt une date de
production contemporaine de Sergius de Reš‘ayna. La langue de ce texte
présente en effet des points communs beaucoup plus nets avec le langage
astronomique de cet auteur du début du VIe siècle qu’avec la prose de Sévère
Sebokht, nettement plus influencée par la terminologie grecque.
F. Nau avait donné un résumé de ce traité et, en guise d’illustration,
avait édité et traduit de petits extraits tirés des feuillets 58r, 58v et 59v qu’il
a commentés91. Il rapproche notamment les passages où l’on démontre qu’il
n’existe pas d’Atalya – ces chapitres sont dirigés contre les astrologues qui
attribuaient des propriétés particulières aux lieux d’éclipse – avec le texte de
Sergius de Reš‘ayna (dans lequel les jours employés par la lune pour
parcourir les lieux d’éclipses étaient censés être des jours néfastes)92.

89
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 229 (note 2 : « Une note marginale porte : ‫ܗܠܝܢ‬
. ‫ܩܦܐܠ ܡܢ ܢܘܣܟܐ ܐܚܪܢܐ ܟܬܒܢܢ ܕܥܠ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ‬ ̈ . Nous avons tiré ces chapitres d’un
autre traité sur le soleil et la lune. Le manuscrit est l’œuvre d’un compilateur qui emprunte
à des sources diverses, comme nous le verrons »).
90
TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480 (note 11: « The attribution of
this piece to Severus requires further study, since, although it is attributed at its end to
Severus, a marginal note ascribes the second chapter (on the lunar eclipse) to George of the
Arabs ».). En réalité, la note marginale indique seulement « Georges », et cette indication
n’apparaît qu’aux feuillets 54v-55r qui, comme on l’a vu, ont été vraisemblablement
remplis après coup par le copiste.
91
Voir NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 219- 224.
92
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 227.

90
État des sources

VI. Extrait d’un Chapitre sur la cause des éclipses solaires, anonyme
(Paris BnF syr. 346, f. 54v-55r)

Dans le manuscrit Paris BnF syr. 346, au beau milieu de la copie du


Traité sur la cause des éclipses de lune, se trouve, comme nous l’avons dit
précédemment, un autre texte qui vient interrompre sur deux pages le Traité
sur la cause des éclipses de lune. Il s’agit d’un chapitre sur la cause des
éclipses de soleil. Étant donné le sujet abordé, le type de vocabulaire et la
syntaxe en usage dans cet extrait, il est possible que son auteur soit le même
que celui du Traité sur la cause des éclipses de lune. Une note marginale,
d’une autre main, apparaissant dans la marge supérieure du f. 54v indique :
« ‫ » ܩܦܐܠܘܢ ܗܢܐ ܓܐܘܪܓܝ‬/ « Ce chapitre est de Georges ».

Tit. (f. 54v) : « Chapitre sur la cause de l’éclipse du soleil ; pour quelle
raison se voile-t-il parfois complètement et parfois de façon partielle ?
Pour quelle raison se voile-t-il parfois par l’ouest exactement, parfois
par le sud-ouest, et parfois par le nord-ouest ? »
ܿ
‫ܥܠܗܝ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܝܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܡܛܠܡܢܐ ܒܙܒܢ‬ ‫ܩܦܐܠܘܢ‬
‫ ܘܡܛܠܡܢܐ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܥܪܒܐ‬. ‫ ܘܒܙܒܢ ܡܢܬܐ ܡܢܗ‬. ‫ܟܠܗ ܡܬܚܦܐ‬
‫ ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ‬. ‫ܬܪܝܨܐܝܬ ܡܬܚܦܐܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܥܪܒ ܬܝܡܢ‬
. ‫ܡܥܪܒ ܓܪܒܝ‬

Inc. (f. 54v) : « Et ils ont dit : « dans la section 20, nous avons illustré et
démontré largement quelle était la cause véritable des éclipses de
soleil et de lune et qu’il est faux <de dire> qu’Atalya en est la cause,
comme l’ont dit certains. Ainsi nous voulons à présent faire le point et
ajouter des éléments d’illustration spécifique au sujet de l’éclipse
solaire, comme nous l’avons fait au sujet des éclipses de lune. »
ܿ
‫ܐܬܝܗ ܥܠܬܐ‬ ‫ ܕܐܝܕܐ‬. ‫ܘܐܡܪܝܢ ܕܒܣܕܪܐ ܕܟܦ ܪܫܡܢܢ ܘܚܘܝܢܢ ܦܬܝܐܝܬ‬
ܿ ‫ ܘܕܠܘ ܡܢ‬. ‫ܡܪܐܢܝܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ‬
‫ܥܠܬ ܐܬܠܝܐ ܿܗܘܝܐ‬
̈
‫ ܬܘܒ ܿܫܘܕܥܢܢ ܬܢܢ ܕܝܢ ܡܢܬܐܝܬ ܘܕܝܠܢܐܝܬ‬. ‫ܐܢܫܝܢ‬ ‫ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ‬

91
État des sources

‫ܡܘܣܦܝܢܢ ܠܡܪܫܡ ܥܠ ܐܩܠܝܦܣܝܣ ܫܡܫܢܝܬܐ ܐܟܡܐ ܕܪܫܡܢܢ ܥܠ‬


. ‫ܩܠܝܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ‬

Des. (f. 55r) : « Aussi au sujet de ces nœuds qu’on appelle ascendant et
descendant, avons-nous offert une illustration dans la section 20 au
sujet de leur déplacement de signe en signe ou disons de <leur>
révolution sur toute la couronne des signes du zodiaque. Fin. »
̈ ‫ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܥܠ ܗܠܝܢ‬
‫ܢܘܩܕܬܐ ܕܡܬܩ̈ܪܝܢ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܒܗ‬
‫ܕܩ ̄ܦ ܪܫܡܢܢ ܐܝܟܢܐ ܡܬܐܡܪ ܥܠܝܗܝܢ ܫܘܢܝܐ ܆ ܡܢ ܡܠܘܫܐ‬
̄ ‫ܒܣܕܪܐ‬
̈ ‫ܠܡܠܘܫܐ ܐܘܟܝܬ ܟܪܘܟܝܐ ܕܒܟܠܗ ܟܠܝܐܠ‬
‫ܕܡܠܘܫܐ ܫܠܡ‬

Nous ne recensons aucune étude particulière sur ce texte. La note


marginale a fait émettre l’hypothèse, de la part de F. Nau, puis
d’H. Takahashi, que l’ensemble des f. 51v-60r (qui comprennent donc en
réalité non pas un, mais deux traités) pouvait être de Georges des Arabes.
Mais cette attribution à Georges des Arabes ne se fonde que sur la seule
présence de cette note marginale.
Dans la troisième partie du présent travail de thèse, une analyse
codicologique conjuguée à une étude linguistique du texte (application des
critères de datation) nous a indiqué que le Traité sur la cause des éclipses de
e
lune avait peu de chance de pouvoir être d’un auteur postérieur au VI siècle
apr. J.-C. L’état du lexique astronomique en usage dans ce texte (influence
quasi nulle du grec, faible présence de néologismes), nous a même fait
penser qu’il pouvait s’agir de la production d’un contemporain de Sergius
e
de Reš‘ayna ou d’un auteur légèrement antérieur (tout début du VI s.). Si le
petit extrait sur la cause des éclipses de soleil est, comme nous le pensons,
du même auteur que celui du Traité sur la cause des éclipses de lune, il faut
e
donc le classer parmi les productions du début du VI siècle. Une édition et
une traduction de ce texte seraient bien entendu les bienvenues pour
envisager de creuser la question de cette attribution et du rapport des deux
textes entre eux.

92
État des sources

VII. Traités attribués à Sergius de Reš‘ayna

93
Sergius de Reš‘ayna , connu pour avoir traduit et commenté des
e
traités de Galien et d’Aristote au VI siècle, a également manifesté un
sérieux intérêt pour les sciences mathématiques94. Deux traités de cet auteur,
relatif aux astres, nous sont parvenus : une traduction du traité pseudo-
aristotélicien Περὶ κόσμου ainsi qu’un Traité sur l’influence de la lune
directement rédigé en syriaque et inspiré du Περὶ κρισίμων ἡμερῶν de
e
Galien. Ces textes se trouvent dans un manuscrit du VII siècle : le BL Add.
14 658. Il faut ajouter à cette liste une traduction du Commentaire aux
Épidémies VI d’Hippocrate de Gésius (Ve siècle) tout récemment identifié
par Gregory Kessel95 et qui contient des passages relatifs à l’astronomie.

A. Le Περὶ κόσμου du Pseudo-Aristote

1. Les manuscrits

a. BL Add. 14 658 [ancien cod. syr. 987] (f. 107v-122r) (VIIe s.)

La British Library possède sous la cote BL Add. 14 658 une pièce fort
e
rare et très précieuse qui nous viendrait tout droit du VII siècle. E. Renan a

93
Pour une étude d’ensemble sur l’activité de Sergius de Reš‘ayna voir BAUMSTARK,
« Lucubrationes », 1894, p. 358-384 et BAUMSTARK, Geschichte, 1922, p.167-169. On
tiendra également compte des remarques faites par H. Hugonnard-Roche à propos du
corpus de Sergius de Reš‘ayna dans HUGONNARD-ROCHE, « Aux origines de l’exégèse
orientale », 1989, p. 1-17 et dans ID., « Notes sur Sergius », 1997, p. 121-144.
94
Voir son propre témoignage dans l’épitomé qui précède sa traduction du Traité sur les
causes du tout d’Alexandre d’Aphrodise d’après FIORI E., « L’épitomé syriaque du Traité
sur les causes du tout d’Alexandre d’Aphrodise attribué à Serge de Reš‘ayna », Le Muséon
123, 2010, p. 145 et KING D., « Alexander of Aphrodisias’ On the Principles of the
Universe in a Syriac Adaptation », Le Muséon 123, 2010, p. 166.
95
KESSEL G., « The Syriac Epidemics (MS Damascus Syr. Orth. Patr. 12/25) and its
Relation to the Commentary of Galen », conférence présentée à l’occasion du colloque
intitulé ‘Epidemics in Context: Hippocrates, Galen and Hunayn between East and West’ au
Warburg Institute qui s’est tenu le 12 et le 13 Novembre 2010. Cette identification remet en
cause celle proposée précédemment par Rainer Degen dans DEGEN R., « Galen im
Syrischen: eine Übersicht über die syrische Überlieferung der Werke Galens » in NUTTON
V. (ed.), Galen : Problems and Prospects, London, Wellcome Intitute for the history of
Medecine, 1981, p. 151.

93
État des sources

fait connaître ce manuscrit, au moyen d’une longue notice, dès 1852 96.
W. Wright en donne également une notice détaillée dans le troisième
volume de son catalogue97. C’est un recueil de textes philosophiques
profanes (à l’exception d’une apologie du christianisme due à un certain
« Ambros, prince des Grecs »98, aux feuillets 161r à 163r, et d’ un
« Discours du philosophe Méliton adressé à Antonin César pour lui faire
connaître Dieu et la voie de la vérité » 99 aux feuillets 176r-181v ). Le
manuscrit est en parchemin de format 286 x 184 mm et se compose de 188
e
feuillets. L’écriture en esṭrangelo claire et régulière (estimée du VII siècle)
se répartit sur deux colonnes par page à raison de 37 lignes environ par
colonne. La présence de signatures nous permet de voir que le premier
cahier est manquant. Les trois derniers sont dans un très mauvais état. Le
manuscrit devait présenter 22 cahiers à l’origine. La date exacte et le lieu de
copie nous échappent. Il est difficile de savoir qui a pu commanditer un tel
manuscrit : assurément une personne ou une communauté de langue
syriaque versée dans les sciences profanes. W. Wright pensait que la plupart
des textes contenus dans ce manuscrit étaient dus à Sergius de Reš‘ayna.
Mais son nom n’est en fait mentionné que dans les textes de sa propre
composition, les traductions ne lui sont pas explicitement attribuées100. Les
cent premiers feuillets qui restent sont consacrés à la logique ; les trente
derniers composent une sorte de recueil de sentences philosophiques ; entre
ces deux ensembles on trouve, sur cinquante feuillets :

96
RENAN E., « Lettre à M. Reinaud sur quelques manuscrits syriaques du Musée
britannique, contenant des traductions d’auteurs grecs profanes et des traités
philosophiques », JA 19 (sér. 4), 1852, p. 293-324 ; voir aussi une brève notice du même
auteur dans De philosophia peripatetica apud Syros. Commentationem historicam, Paris,
A. Durand, 1852, p. 25-26.
97
WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1154-1160.
98
RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 302 décrit ce texte comme une « apologie
chrétienne, remplie de controverses contre les dieux du paganisme, à la manière de Tatien
et d’Hermias ».
99
D’après RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 305-306 : « Un fragment de 22
colonnes, contenant tout le début de l’apologie de Méliton, évêque de Sardes, adressée à
Marc-Aurèle, après la mort de Lucius Vérus, vers l’an 175. On ne possédait de cet
important ouvrage que de très courts fragments, conservés par Eusèbe ».
100
H. Hugonnard-Roche a démontré notamment que la traduction des Catégories d’Aristote
contenue dans ce manuscrit n’était pas de Sergius (cf. HUGONNARD-ROCHE H., « Sur les
versions syriaques des Catégories d’Aristote », JA 275, 1987, p. 205-222) ; pour les
problèmes d’attributions abusives faites à Sergius de Reš‘ayna, voir aussi HUGONNARD-
ROCHE, « Aux origines de l’exégèse orientale », 1989, p. 1-5.

94
État des sources

- La traduction du Traité sur la cause du tout d’Alexandre


d’Aphrodise par Sergius de Reš‘ayna.
- La traduction du Περὶ κόσμου par Sergius de Reš‘ayna.
- Un extrait du De natura hominis de Némésius d’Émèse.
- Un traité de Sergius de Reš‘ayna Sur le genre, les espèces et
l’individualité.
- Le Livre des Lois des Pays attribué à Bardesane.
- Le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna.
- L’Exemple sur les mouvements du soleil.
- La liste des signes du zodiaque attribuée à l’école bardesanite.

La traduction syriaque du Περὶ κόσμου se trouve aux feuillets 107v-


122r de ce manuscrit BL Add. 14 658. Le copiste attribue clairement cette
traduction à Sergius de Reš‘ayna.

Tit. (f. 107v) : « Lettre du philosophe Aristote, traduite du grec en syriaque


par l’excellent Mar Sergius prêtre de la ville de Reš‘ayna ».
. ‫ܐܓܪܬܐ ܕܐܪܝܣܛܘܛܠܝܣ ܦܝܠܣܘܦܐ ܇ ܕܡܦܫܩܐ ܡܢ ܝܘܢܝܐ ܠܣܘܪܝܝܐ‬
‫ܠܡܝܬܪܐ ܡܪܝ ܣܪܓܝܣ ܩܫܝܫܐ ܕܪܝܫܥܝܢܐ ܡܕܝܢܬܐ ܀‬

Inc. (f. 107v) : « La lettre que je t’ai envoyée, mon Cher, est celle qu’a
écrite le philosophe Aristote au roi Alexandre au sujet de la
connaissance des étants »
‫ܐܓܪܬܐ ܕܫܕܪܬ ܠܝ ܓܒܝܘܬܟ ܐܝܕܐ ܕܥܒܝܕܐ ܐܠܪܝܣܛܘܛܠܝܣ‬
̈ ‫ܦܝܠܣܘܦܐ ܇ ܠܘܬ ܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܿܡܠܟܐ ܥܠ ܐܝܕܥܬܐ‬
‫ܕܗܘܝܐ ܆‬

Des. (f. 122r) : « Platon a dit : Dieu, suivant l’antique opinion, étant le
commencement, le milieu et la fin des êtres, <les> conduit en ligne
droite et les fait avancer de façon conforme à la nature ; toujours le
suit la justice qui se venge des manquements à la loi divine ; et
quiconque veut être meilleur et bienheureux doit suivre étroitement la

95
État des sources

Loi dès le commencement, sans s’en écarter, mais au contraire en la


recevant »101
‫ܦܠܛܘܢ ܐܡܪ ܕܐܠܗܐ ܠܡ ܆ ܐܝܟܐ ܕܐܦ ܡܠܬܐ ܥܬܝܩܐ ܡܟܪܙܐ ܇ ܟܕ‬
̈
. ‫ܕܗܘܝܐ ܩܢܐ ܇ ܬܪܝܨܐܝܬ ܡܕܒܪ‬ ‫ܫܘܪܝܐ ܘܡܨܥܬܐ ܘܫܘܠܡܐ ܕܝܠܗܘܢ‬
‫ ܘܠܗ ܒܟܠܙܒܢ ܢܩܝܦ ܕܝܢܐ ܕܐܝܬܘܗܝ ܬܒܥܬܐ ܕܐܝܠܝܢ‬. ‫ܟܕ ܟܝܢܐܝܬ ܪܕܐ‬
‫ ܘܗܢܐ ܒܠܚܘܕܘܗܝ ܥܬܝܕ ܠܡܗܘܐ ܡܝܬܪܐ‬. ‫ܕܫܒܩܝܢ ܢܡܘܣܐ ܐܠܗܝܐ‬
. ‫ ܿܗܘ ܕܗܘ ܠܢܡܘܣܐ ܕܒܪ ܫܥܬܗ ܡܢ ܫܘܪܝܐ ܐܠ ܿܫܒܩ ܠܗ‬. ‫ܘܛܘܒܬܢܐ‬
ܿ ‫ܐܐܠ‬
. ‫ܢܣܒ ܠܗ‬

Exp. (f. 122r) : « Fin de la lettre qu’envoya Aristote au roi Alexandre au


sujet des étants »
‫ܫܠܡܬ ܐܓܪܬܐ ܕܫܕܪ ܐܪܝܣܛܘܛܠܝܣ ܐܠܠܟܣܢܕܘܣ ܿܡܠܟܐ ܥܠ ܝܕܥܬܐ‬
̈
. ‫ܕܗܘܝܐ‬

Le texte y est complet et comporte des suppléments par rapport au


grec : on trouve en effet une préface du traducteur Sergius de Reš‘ayna, le
sixième chapitre est un ajout et il faut voir d’autres ajouts aux chapitres 5
et 7.

b. Ms. syr. 14 du Couvent Ste-Catherine (Mont Sinaï) ( ? )

W. L. Lorimer102 a suggéré que le manuscrit 14 du Couvent Sainte-


Catherine au Mont Sinaï pouvait peut-être contenir une autre copie de ce
texte aux feuillets 131r à 140v. En effet, le catalogue des manuscrits
syriaques de Sainte-Catherine paru en 1894 mentionne pour ce manuscrit 14
la présence d’un « Aristote » et la composition du manuscrit du Sinaï est

101
Le texte s’achève donc avec une citation de Platon (Lois IV, 715e à 716a et V, 730b),
comme dans la version grecque éditée et traduite par Lorimer (cf. LORIMER W. L. (éd.),
Aristotelis qui fertur libellus De Mundo. Accedit Capitum V, VI, VII interpretatio syriaca
ab Eduardo König Bonnensi Germanice versa, Paris, Les Belles Lettres, 1933, p. 101-103).
Nous avons fait en sorte, autant que faire se peut, de faire correspondre notre traduction du
syriaque avec la traduction de Tricot réalisée à partir du grec (cf. TRICOT J. (trad.) , Traité
du Ciel suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde / traduction et notes [pour les deux
textes] par J. Tricot, Paris, Vrin, 1949, p. 204).
102
LORIMER W. L., The text tradition of Pseudo-Aristotle « De Mundo » together with an
appendix containing the text of the medieval Latin versions, Oxford, Milford H., 1924,
p. 24, note 2.

96
État des sources

tellement proche de celle du manuscrit parisien que W. L. Lorimer est


légitimement en droit de se poser la question. Mais nous ne pouvons pas
apporter de précision à ce sujet, si ce n’est de présenter ce manuscrit,
d’après le catalogue d’A. Smith Lewis 103 : il s’agit d’un assemblage de
fragments divers pris à des Pères de l’Église ou à des philosophes antiques.
Cette collection porte le titre de : « Collection d’écrits saints pour le
bénéfice des âmes ». Le manuscrit est du Xe siècle, mais certains fragments
sont postérieurs. En parchemin, de format 210 x 150 mm, il présente 181
feuillets. L’écriture est en esṭrangelo sur une seule colonne, à raison de 25
lignes par page. Le commanditaire n’est pas connu. De la même manière
que le BL Add. 14 658, ce manuscrit présente, dans les quarante derniers
feuillets, une compilation de sentences philosophiques : parmi les auteurs
recensés, on trouve Thémistius, Platon, Didyme, Sérapion, Théodore,
Éphrem, Cyrille, Jean Chrysostome, Athanase, Jules de Rome, Justin, etc…
Le texte attribué à Aristote précède ce recueil de sentences des feuillets 131r
à 140v.

2. Édition Lagarde (1858)

La traduction syriaque que Sergius de Reš‘ayna a faite du Περὶ


κόσμου a été éditée par P. de Lagarde en 1858 dans ses Analecta syriaca104.
Cette édition se fonde sur le seul manuscrit BL Add. 14658. L’ouvrage de
P. de Lagarde a connu une réimpression en 1967 grâce à O. Zeller.

3. Traductions

Les chapitres 1 à 4 de la version syriaque du Περὶ κόσμου ont été


traduits pour la première fois en allemand par V. Ryssel en 1881 105 ; puis les

103
SMITH LEWIS A., Catalogue of the syriac manuscripts in the convent of S. Catherine on
Mount Sinai, London, C.J. Clay and Son, 1894, p. 17. Voir également l’appendice p. 127.
104
LAGARDE P., Analecta syriaca, Leipzig, Teubner, 1858 (voir plus commodément la
réimpression d’Osnabrück, O. Zeller, 19672 ), p. 134-158.
105
RYSSEL H. V., Über den textkritischen Werth der syrischen Übersetzungen griechischer
Klassiker, Leipzig, Fernau, 1881, vol. 2.

97
État des sources

chapitres 5 à 7 ont été traduits, toujours en allemand, par E. König106 en


1933 et introduits à la suite de l’édition du texte grec faite par
W. L. Lorimer. Malheureusement, la traduction de V. Ryssel est désormais
introuvable et la traduction de E. König a déjà été jugée « pleine de fautes »
par W. Raven107. Il semble donc qu’une nouvelle traduction de ce texte soit
attendue.

4. Études

Le texte pseudo-aristotélicien transmis sous le titre de Περὶ κόσμου fut


er e
vraisemblablement composé au I ou au II siècle apr. J.-C. en grec.
Nombreuses sont les copies grecques que nous conservons de ce texte. Il fut
e
fréquemment édité depuis le XV siècle108. Nous avons également hérité de
traductions latines, arméniennes, arabes ainsi que de la fameuse traduction
syriaque de Sergius de Reš‘ayna.
W. L. Lorimer (1933) est le premier éditeur du texte grec à avoir pris
en considération la version syriaque dont il tint compte dans son apparat
critique109. Même si son travail d’édition (au regard de la version syriaque)
est à reprendre, il faut saluer ses recherches sur les traditions indirectes du
texte pseudo-aristotélicien110 : il a notamment montré la proximité des
extraits que l’on trouve chez Stobée avec la version syriaque de Sergius, ce
qui, d’après le stemma proposé, ferait de Sergius de Reš‘ayna le témoin
d’une des copies grecques les plus proches de l’archétype 111.

106
KÖNIG E., « Capitum V, VI, VII interpretatio syriaca germanice », in LORIMER,
Aristotelis, 1933, p. 105-118.
107
RAVEN W., « De Mundo : Tradition syriaque et arabe », in GOULET R. (dir.),
Dictionnaire des philosophes antiques, Supplément, Paris, 2003, p. 481-483.
108
On trouvera toutes les références nécessaires à ce sujet dans LORIMER, The text tradition
of Ps.-Aristotle, 1924 repris dans l’introduction de l’édition du même auteur : LORIMER,
Aristotelis, 1933. Signalons également la traduction française de TRICOT J., Traité du Ciel
suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde / traduction et notes [pour les deux textes]
par J. Tricot, Paris, Vrin, 1949.
109
LORIMER, Aristotelis, 1933. Mais ce travail a été critiqué par RAVEN, « De Mundo »,
2003, p. 481 pour qui « Lorimer n’a pas toujours compris le texte de Ryssel et la traduction
de König est pleine de fautes, ce qui dévalorise l’apparat critique en ce qui concerne les
variantes syriaques ».
110
Voir aussi LORIMER, The text tradition of Ps.-Aristotle, 1924, p. 15-28.
111
LORIMER, The text tradition of Ps.-Aristotle, 1924, p. 18.

98
État des sources

La version syriaque du Περὶ κόσμου a été mentionnée à plusieurs


reprises par H. Hugonnard-Roche qui classe cette traduction parmi les
œuvres philosophiques de Sergius de Reš‘ayna112.
Mentionnons enfin le récent article de W. Raven, paru dans le
Dictionnaire des philosophes antiques en 2003, portant sur la tradition
syriaque et arabe du Περὶ κόσμου113. Il énumère et donne les références de
quatre manuscrits arabes présentant trois versions de ce texte114. Les études
portant sur ces versions ont montré que deux d’entre elles avaient été
réalisées à partir du syriaque tout en consultant des manuscrits grecs. Mais
ces études n’ont pas tenu compte de la version syriaque de Sergius de
Reš‘ayna qui leur est restée manifestement inconnue. Une étude
comparative des textes arabes avec la version syriaque est donc encore à
entreprendre : elle nous renseignerait sur la tradition orientale du Περὶ
κόσμου et ferait progresser les études philologiques sur ce texte.

B. Traité sur l’action de la lune

Le traité Sur l’action de la lune est le second texte, relatif aux astres,
conservé de Sergius de Reš‘ayna. Il est, à notre connaissance, contenu dans
un seul manuscrit. Édité pour la première fois en 1870, il est resté jusqu’à
présent sans traduction. Notre lecteur sera donc bien content de savoir qu’il
pourra enfin accéder à ce texte dont nous présentons une traduction
française dans la deuxième partie de cette thèse (texte 2). Le traité se
présente comme une explication de la théorie « difficile » présente dans un
des traités de Galien relatif aux « jours critiques » (le Περὶ κρισίμων
̈
ἡμερῶν) du point de vue des astronomes ( ‫ܕܐܣܛܪܘܢܡܘ‬ ‫) ܐܝܟ ܬܪܥܝܬܐ‬.

112
Voir notamment HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 126.
113
RAVEN, « De Mundo », 2003, p. 481-483.
114
Il s’agit des manuscrits suivants : le ms. Istanbul, Fātiḥ 5323, f. 86r-108r ; le
ms. Istanbul, Aya Sofia 4260, f. 97v-120r ; le ms. Princeton 2989, Yahuda 308, f. 293v-
303v et le ms. Istanbul, Köprülü 1608, f. 182v-189v. Tous ces manuscrits ont été
découverts et décrits entre 1935 et 1965. Les trois versions arabes ont été éditées et l’une
d’entre elle a fait l’objet d’une traduction en anglais grâce aux soins de D. A. Brafman
( BRAFMAN D. A., The Arabic “De Mundo”: An edition with translation and commentary,
PhD Duke University, Durham NC, 1985).

99
État des sources

1. Le manuscrit BL Add. 14 658 (f. 141r-149v)

e
Ce texte est conservé dans le BL Add. 14 658 du VII siècle aux
115
feuillets 141r à 149v . Il s’agit du douzième texte de ce manuscrit, inséré
entre deux autres attribués à l’école bardesanite : Le Livre des lois des pays
et le Nom des signes du zodiaque. Le texte est introduit de la manière
suivante : « Traité du médecin chef Sergius dédié à Théodore sur l’action de
la lune ». Il est donc attribué sans équivoque à Sergius de Reš‘ayna.
L’existence du Traité sur l’action de la lune a été révélée pour la
première fois par E. Renan116, qui le présente comme un résumé du
troisième livre de Galien Περὶ κρισίμων ἡμερῶν et en traduit les premières
lignes de la préface en latin. Dans la notice qu’il consacre au ms.
BL Add. 14 658, W. Wright le présente, quant à lui, comme une
« illustration »117 du traité de Galien, ce qui n’est pas le cas, comme
l’explique lui-même Sergius dans sa préface118.

Tit. : « Autre traité de Sergius, grand médecin, adressé à Théodore, sur la


manière dont on peut connaître l’action de la lune du point de vue des
astronomes. »
‫ ܥܠ ܿܗܝ‬. ‫ ܠܘܬ ܬܐܕܘܪܐ‬. ‫ܬܘܒ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܐܪܟܐܛܪܘܣ‬
‫ܕܐܝܟܢܐ ܐܢܫ ܢܕܥ ܥܒܕܗ ܕܣܗܪܐ ܐܝܟ ܬܪܥܝܬܐ ܕܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ܀‬

Inc. : « Après avoir lu notre traduction de ce troisième traité qui est le


dernier de l’ouvrage portant Sur les jours critiques119, ô notre frère
Théodore, et constatant la complexité de la pensée que l’auteur avait
placée dans ce livre, tu nous as persuadé de t’exposer aussi brièvement
que possible la théorie à laquelle Galien recourait, afin qu’en la lisant,

115
Voir notice de WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158.
116
RENAN, De philosophia peripatetica apud Syros, 1852, p. 26 : « E primis lineis apparet
hoc opus epitomen esse libri tertii Galeni Περὶ κρισίμων ἡμερῶν ». Voir aussi la traduction
française de ces lignes dans RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 321-322.
117
WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158 : « This tract is explanatory and illustrative of the
treatise of Galen Περὶ κρισίμων ἡμερῶν…».
118
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1.
119
Gal., De diebus decretoriis, lib. III in KÜHN C.G. (éd.) 1825. Voir aussi Georges des
Arabes in RYSSEL (éd.) 1893 : ‫ܒܚܘܪܐ‬ ̈ ̈
‫ܕܐܢܫܝܢ ܩܪܝܢ ܠܗܘܢ‬ ‫ܝܘܡܬܐ ܐܝܬܝܗܘܢ ܿܗܢܘܢ‬
̈ ̄ ‫ܗܠܝܢ‬.
‫ܚ‬

100
État des sources

on puisse la trouver agréable et en recevoir quelque vertu par laquelle


on pourrait s’ouvrir à la connaissance des sujets qu’il aborde. »
‫ ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܚܪܝܐ ܕܡܟܬܒܢܘܬܐ‬: ‫ܡܢ ܒܬܪ ܕܦܫܩܢܢ ܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܬܠܬܐ‬
̈ ‫ܿܗܝ ܕܥܠ‬
‫ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ ܐܘ ܐܚܘܢ ܬܐܘܕܪܐ ܆ ܡܛܠ ܕܚܙܝܬ ܥܣܩܘܬܐ‬
‫ ܐܦܝܣܬ ܠܢ ܠܡܪܫܡ ܠܟ‬. ‫ܕܪܥܝܢܐ ܕܣܡ ܒܗ ܒܡܐܡܪܐ ܗܘ ܡܟܬܒܢܐ‬
ܿ ‫ܥܠܝܗ ܆ ܬܐܘܪܝܐ ܿܗܝ ܕܐܬܚܫܚ‬
. ‫ܒܗ ܓܠܝܢܘܣ ܐܝܟ ܕܡܨܝܢܢ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ‬ ܿ

‫ ܘܢܣܒ ܡܢܗ ܚܝܐܠ ܡܕܡ‬. ‫ܿܗܘ ܡܐ ܕܟܕ ܿܩܪܐ ܠܗ ܐܢܫ ܡܫܟܚ ܕܢܬܗܢܐ‬
.‫ ܕܗܠܝܢ ܕܡܢ ܿܗܘ ܐܬܐܡ̈ܪܝ‬. ‫ܕܡܫܒܠ ܠܗ ܠܘܬ ܝܕܥܬܐ‬

Des. (f. 149r) : « Ces <théories> relèvent de l’astronomie ou de l’astrologie


ou comme on voudra les appeler. Voilà ce qu’ils ont pensé au sujet de
ces choses, eux qui n’ont pas eu la sagesse de dire avec nous que le
Seigneur <a fait> la terre dans sa totalité : le monde et ses habitants. »
‫ܿܗܢܘܢ ܓܝܪ ܕܡܢ ܐܣܛܪܘܢܡܝܐ ܐܘ ܐܣܛܪܘܠܓܝܐ ܐܘ ܐܝܟܢ ܕܗܘ‬
‫ ܐܠ ܓܝܪ ܚܟܡܘ‬. ‫ ܗܟܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܥܠ ܗܠܝܢ‬. ‫ܕܢܨܒܐ ܐܢܫ ܕܢܫܡܗ ܐܢܘܢ‬
ܿ
‫ܥܡܘ̈ܪܝܗ ܇‬ ܿ
‫ ܬܒܝܠ ܘܟܠܗܘܢ‬. ‫ܒܡܐܠܗ‬ ‫ܠܡܐܡܪ ܥܡܢ ܇ ܕܡܪܝܐ ܗܝ ܐܪܥܐ‬

Exp. (f. 149r) : « Fin du traité rédigé par le prêtre et grand médecin Sergius.
Voilà ce qu’on peut savoir de la pensée des astrologues fondée sur le
mouvement des étoiles. »
‫ ܥܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ‬. ‫ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܩܫܝܫܐ ܘܐܪܟܐܛܪܘܣ‬
̈ ‫ܙܘܥܐ‬
‫ ܀‬. ‫ܕܟܘܟܒܐ‬ ̈ ‫ܢܕܥ ܐܢܫ ܡܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܐܣܛ̈ܪܘܠܘܓܐ ܒܝܕ‬

2. Édition Sachau (1870)

E. Sachau120 a édité ce texte en 1870 à partir du seul manuscrit


BL Add. 14 658.
On trouvera, dans la seconde partie de cette thèse, une édition
critique de ce texte, qui propose des corrections à l’édition de Sachau. Cette
édition s’accompagne, comme annoncé précédemment, d’une traduction
française inédite.

120
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 101-124.

101
État des sources

3. Études

À la suite d’E. Renan, E. Sachau121 présenta le Traité sur l’action de


la lune comme un exposé sur le contenu du troisième livre du Περὶ κρισίμων
ἡμερῶν de Galien, que Sergius aurait préalablement traduit. En réalité, le
traité de Sergius tend à expliquer non pas tout le traité de Galien, mais une
théorie astronomique sur laquelle il repose et qui le rend difficile d’accès.
Cette théorie, Sergius la qualifie tantôt d’« astronomique », tantôt
d’« astrologique ». Galien recourrait à cette théorie dans son Traité sur les
jours critiques, sans prendre le temps de l’exposer véritablement, ce qui
devait avoir pour effet de perdre le lecteur. Sergius se proposait donc de
remédier à la situation :
‫ ܐܠ ܡܢ‬. ‫ܟܠܗ ܕܡܐܡܪܐ ܿܗܘ‬ ܿ ‫ܐܢܐ ܕܝܢ‬
ܿ ‫ܐܡܪܬ ܆ ܕܡܠܬܗ‬
ܿ
‫ܐܝܬܝܗ܆ ܘܐܠ ܬܘܒ ܡܢ ܬܐܘܪܝܐ‬ ‫ܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܝܘܬܐ‬
‫ ܐܐܠ ܢܣܝܒܐ ܠܗ ܡܢ ܐܘܪܚܐ ܿܗܝ ܕܪܕܘ‬. ‫ܕܦܝܠܣܦܘܬܐ ܟܝܢܝܬܐ‬
‫ܢ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܬ ܠܗܘܢ ܒܛܝܠܘܬܐ ܥܠ ܡܘܙܠܬܐ‬ ܿ ‫ ܟܠܗܘ‬. ‫ܒܗ‬
ܿ ‫ܘܥܠ ܢܗܝ̈ܪܐ‬
...‫ܕܒܗ‬
« […] j’ai abordé tout le propos de ce traité, non pas
selon l’enseignement qui relève de l’art médical, ni non plus
selon la théorie de la philosophie de la nature, mais selon les
règles que conçoivent tous ceux qui ont porté de l’intérêt à la
sphère ( ‫) ܡܘܙܠܬܐ‬, aux astres qui sont en elle, etc… »

Dans ces conditions, nous pensons qu’il serait juste de classer cette
production originale de Sergius de Reš‘ayna dans le corpus des textes
astronomiques syriaques, même s’il faut admettre que la matière
astronomique s’y trouve éparpillée dans un amas de considérations
astrologiques.
En ce qui concerne la dédicace de ce texte, faite à un certain
Théodore, E. Renan puis E. Sachau avaient supposé qu’il s’agissait de

121
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, Introduction, p. VIII.

102
État des sources

Théodore de Marw122. Ceci fut démenti par H. Hugonnard-Roche dans un


article publié en 1997123 : le vrai dédicataire des ouvrages de Sergius serait
un évêque de Kark Juddan, située sur le Tigre.
En 1910, F. Nau offrait un résumé alléchant de ce traité dans
e
l’introduction de sa synthèse sur « La cosmographie au VII s. chez les
124
Syriens » . À l’occasion d’un article publié en 1997 sur Sergius de
Reš‘ayna, H. Hugonnard-Roche réactualisa la mémoire de ce texte syriaque,
demeuré jusqu’alors sans traduction125. S. P. Brock mentionne également ce
texte la même année126.
Signalons qu’il existe, dans un manuscrit de la bibliothèque Escuriale
de Madrid (cod. 793), une traduction arabe du Περὶ κρισίμων ἡμερῶν
recensée par J. G. Wenrich127 en 1842. En 1891, M. Steinschneider précisait
que la version arabe avait été traduite en latin par Gérard de Crémone. Nous
disposerions également d’une version en hébreu de ce texte128. Pour une vue
d’ensemble sur la transmission syriaque du corpus de textes attribués à
Galien, on se reportera à l’article de R. Degen : « Galen im syrischen : Eine
Übersicht über die syrische Überlieferung der Werke Galen’s » 129.

122
RENAN, De philosophia peripatetica apud Syros, 1852, p. 29 et SACHAU, Inedita syriaca,
1870, p. VIII.
123
HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, voir note 13, p. 124.
124
NAU F., « La cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 225.
125
HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 123-124. A l’occasion de cet
article, l’auteur indique que le Traité sur l’action de la lune figure dans une liste attribuée à
Ḥunayn b. Isḥāq (voir Ḥunayn b. Isḥāq, Über die syrischen und arabischen Galen-
Übersetzungen, hrsg. Bergsträsser G., [Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes 17,
2], Leipzig, 1925. Voir aussi HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001,
p. 36 et ID., « Textes philosophiques et scientifiques », 2005, p. 413.
126
Voir BROCK, A Brief Outline of Syriac, 1997, p. 201-202. S. P. Brock a publié une
traduction du prologue dans ce livre (D’après Tannous p. 116).
127
WENRICH J. G., De Auctorum graecorum versionibus et commentariis syriacis, arabicis,
armeniacis, persicisque. Commentatio quam proposita per regiam scientarum societatem
quae Gottingae floret questione, Lipsiae, Vogelii G., 1842, p. 244. Etant donné que cet
ouvrage de Wenrich est difficile à consulter, nous retranscrivons ici son propos : “ De
diebus criticis, sive decretoriis Περὶ κρισίμων ἡμερῶν, libros III ‫الجحر ان ثالث كتاب أيام‬
‫ ٯقاالت‬Arabicos fecit Honainus. Exempla hujus versionis habentur in bibliotheca Escuriale
cod. 793 (Casirii biblioth. Arab. I. c.) ; nec non in bibliothec. Medic. Cod. 235 (Biblioth.
Medic. Cod. mss, orr. Catalog., p.361).”
128
Cf. STEINSCHNEIDER M., « XIV. Die griechischen Aerzte in arabischen Uebersetzungen.
Kritische Bibliographie » (§. 15, 14), Archiv für pathologische Anatomie und Physiologie
und für klinische Medizin 124, Folge 12, Bd. 4, p. 282. Les références apportées par
M. Steinschneider ne sont malheureusement pas plus précises que cela, ni en ce qui
concerne la traduction arabe, ni en ce qui concerne les versions latines et en hébreu : il
renvoie à un autre ouvrage, plus ancien, que nous n’avons pas réussi à nous procurer
(Wüstenfeld F., Geschichte der arabischen ärzte ; über latinische Übersetzungen ).
129
Dans NUTTON V. (éd.), Galen : Problems and Prospects, London, Wellcome Institute
for the History of Medicine, 1981, p. 131-166.

103
État des sources

VIII. Exemple au sujet du mouvement du soleil (traduction anonyme)

Il s’agit d’une traduction d’un passage des Apotelesmatica de Paul


d’Alexandrie portant sur le mouvement réel du soleil et comportant une
méthode de calcul pour prévoir une position de cet astre sur l’écliptique
réparti en signes, degrés et minutes.

1. Le manuscrit BL Add. 14 658 (f. 149v)

Ce petit texte se trouve au feuillet 149v du manuscrit BL Add. 14 658,


déjà décrit par ailleurs. Il a été signalé pour la première fois et a fait l’objet
d’une brève description par E. Renan en 1852 dans sa « Lettre à
M. Reinaud »130. Il se situe juste après le Traité sur l’action de la lune
attribué à Sergius de Rešʽayna. W. Wright le décrit de nouveau brièvement
en 1871 dans son Catalogue131. Le copiste ne précise pas le nom du
traducteur de texte.

Tit. : « Exemple au sujet du mouvement du soleil »


. ‫ܬܚܘܝܬܐ ܡܛܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܗ ܕܫܡܫܐ‬

Inc. : « Comment on pourra savoir, à chaque fois qu’on le souhaite, dans


quelle maison et dans quel degré il circule plus ou moins. »
‫ܘܕܐܝܟܢܐ ܡܫܟܚ ܐܢܫ ܠܡܕܥ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܡܬܒܥܐ ܕܒܐܝܢܐ ܒܝܬܐ‬
̈ ‫ܘܒܐܝܕܐ ܡܢ‬
. ‫ܡܢܘܬܗ ܪܕܐ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ‬

Des. : « Là où tombera le nombre (appliqué en sens direct), sous ce degré,


se trouvera plus ou moins le soleil. »
ܿ ‫ܕܫܠܡ ܡܢܝܢܐ ܕܒܐܝܕܟ܆‬
. ‫ܚܣܝܪ‬. ‫ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܐܝܬܘܗܝ ܫܡܫܐ ܝܬܝܪ‬ ܿ ‫ܘܐܝܟܐ‬

130
RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 293-333.
131
WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158.

104
État des sources

Exp. : « Fin du propos tenu sur le passage du soleil. »


‫ܫܠܡܬ ܥܠܬܐ ܕܐܡܝܪܐ ܥܠ ܡܪܕܝܬܐ ܕܫܡܫܐ ܀‬

2. Édition / Traduction

Le fragment Sur le mouvement du soleil a été édité pour la première


fois, à partir de la copie du BL Add. 14 658, par E. Sachau en 1870 dans ses
Inedita Syriaca132.
Il a été traduit pour la première fois en anglais par G. Saliba en
1995133.
Dans la seconde partie de notre thèse, le lecteur trouvera une édition et
une traduction française de ce petit texte.

3. Études

Longtemps considéré comme un appendice au Traité sur l’influence


de la lune, ce court texte sur le mouvement du soleil a été couramment
attribué à Sergius de Rešʽayna134. Mais H. Hugonnard-Roche135 a montré de
façon tout-à-fait convaincante qu’il fallait remettre en cause cette attribution
et attendre d’obtenir des éléments plus probants pour faire de Sergius son
auteur.
Georges Saliba a identifié ce texte comme la traduction syriaque du
chapitre 28 des Elementa apotelesmatica (Eisagogika) de Paul
136
d’Alexandrie . Notons cependant qu’une partie du texte syriaque ne se
retrouve pas dans le texte grec qu’A. Boer a édité en 1962137. De plus nous
avons relevé que la dernière partie du texte présentait également de fortes

132
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 125-126.
133
Voir SALIBA G., « Paulus Alexandrinus in Syriac and Arabic », Byzantion 65, 1995,
p. 440-54 et repris dans ID., Islamic Science and the Making of the European Renaissance,
Cambridge, MA, 2007, p. 8.
134
RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 293-333 ; WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158;
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 127-134 ; BAUMSTARK, « Lucubrationes », 1894, p. 358-
384 et BAUMSTARK, Geschichte, 1922, p. 167-169.
135
HUGONNARD-ROCHE, « Aux origines de l’exégèse orientale », 1989, p. 1-17 (voir en
particulier p. 1 à 4) ; HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 129.
136
Voir SALIBA, « Paulus Alexandrinus in Syriac », 1995, p. 440-54 et repris dans SALIBA,
Islamic Science, 2007, p. 8.
137
Cf. Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], chap. 28.

105
État des sources

similitudes avec un passage du chapitre II du Petit Commentaire de Théon


138
d’Alexandrie au point que nous avions considéré de prime abord qu’il
pouvait s’agir d’une traduction libre de ce texte.

138
Cf. Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 2.

106
État des sources

IX. Traités attribués à Sévère Sebokht

L’évêque jacobite Sévère Sebokht († c. 666) impulsa l’étude des


sciences profanes et religieuses au monastère de Qennešrin (ancienne
Chalcis, située sur la rive gauche de l’Euphrate, à proximité de l’actuelle
Alep). Il tenta dans le même temps de constituer un corpus de connaissances
scientifiques en langue syriaque et de promouvoir l’étude du grec 139.
L’œuvre scientifique de Sévère Sebokht nous est pour l’instant connue par
l’intermédiaire de quatre manuscrits (le BL Add. 14 538 du Xe siècle ; le ms.
e e
Paris BnF syr. 346 du XIV siècle, le Berlin syr. 186 du XVI siècle et le
Mardin, Église des 40 martyrs, syr. 553/13 du XVe siècle ). Le ms. Paris BnF
syr. 346 est particulièrement intéressant parce qu’il se présente comme une
édition des œuvres astronomiques de ce savant. Ont été ainsi préservés, par
l’intermédiaire de ce manuscrit, quatre traités astronomiques 140 (dont deux
sont attestés par d’autres manuscrits) ainsi que quatre de ses lettres141
(traitant de la conjonction des planètes, des nœuds ascendants et
descendants, de la fixation de la Pâque le XIV lunaire de Nisan, et de la date
de naissance du Christ). Sur les quatre traités, trois n’ont jamais fait l’objet
d’une véritable édition et deux de ces derniers n’ont jamais été traduits142 ;
aucune des quatre lettres n’a, à notre connaissance, fait l’objet d’une édition

139
Voir à ce propos HUGONNARD-ROCHE, « La tradizione della logica », 2001, p. 21, puis
ID., « Matematica e astronomia », 2001, p. 36-38 et plus récemment ID., « Textes
philosophiques et scientifiques », 2005, p. 414-418. Pour une biographie de Sévère, voir
REININK G. J., « Severos Sebokht », in Gorgias Encyclopedic Dictionary of Syriac
Heritage, 2011 et MCMAHON J., « Severus Sebokht », in Biographical Encyclopedia of
Astronomers, 2007, p. 1044-45. Fuat Sezgin donna un bref aperçu de ses œuvres
astronomiques dans Geschichte des arabischen Schrifttums, Leiden, Brill, vol. 6, 1978,
p. 111-112 et vol. 5, 1974, p. 211-13.
140
Il s’agit du Traité sur l’astrolabe, du Traité sur les constellations, du Traité sur les
climats et du Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions totales
ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya.
141
Nous excluons ici les lettres astronomiques, contenues dans le Paris BnF syr. 346, dont
l’attribution à Sévère Sebokht n’est pas assurée.
142
Seul le Traité sur l’astrolabe a été édité et traduit. Sur les dix-huit chapitres que contient
le Traité sur les constellations, seuls cinq d’entre eux ont fait l’objet d’une édition. Quant
aux Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou
partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya et les
chapitres sur les climats, ils n’ont été, à notre connaissance, ni édités ni traduits. Hidemi
Takahashi annonce la publication à venir d’Edgar Reich qui se présenterait sous la forme
d’une édition et d’un commentaire des œuvres astronomiques de Sévère Sebokht, suivi des
deux lettres astronomiques de Georges des Arabes (Cf. TAKAHASHI, « The Mathematical
Sciences », 2011, p. 480 (note 8).

107
État des sources

ni d’une traduction intégrale. Un seul savant s’est jusqu’à présent préoccupé


de rendre accessible l’œuvre scientifique de Sévère Sebokht : François
Nau143 en publiant notamment ses traductions du Traité sur l’astrolabe et du
Traité sur les constellations.

A. Traité sur l’astrolabe plan

Le Traité sur l’astrolabe, écrit avant 660, décrit l’instrument et toutes


ses composantes avec une grande précision dans une première partie, puis,
dans une seconde partie, propose de résoudre vingt-cinq problèmes
d’astronomie pratique en ordre de difficulté croissante. Ce texte est une
pièce unique dans la littérature syriaque et se trouve être, après le traité de
Jean Philopon144, le texte le plus ancien témoignant clairement de
l’utilisation de l’astrolabe plan à la fin de l’antiquité.

1. Les manuscrits (3)

La Staatsbibliothek de Berlin ainsi que la Bibliothèque nationale de


France conservent chacune une copie du Traité sur l’astrolabe de Sévère
Sebokht. Celle de Berlin est connue depuis la publication du catalogue de
E. Sachau145 en 1899. La même année, F. Nau éditait et traduisait le texte en
français. Ce n’est que quelques onze ans plus tard, en complétant le
catalogue de H. Zotenberg, que F. Nau s’aperçut qu’il existait une seconde
copie dans un autre manuscrit à Paris. Il lui attribua la cote 346 et en publia
aussitôt une notice dans la Revue de l’Orient Chrétien146 en 1910. Le
manuscrit parisien serait en fait le modèle de la copie de Berlin, les lacunes
du manuscrit parisien se répercutant sur la copie de Berlin147. Il existe une

143
Voir note précédente.
144
Voir SEGONDS P. (éd.), JEAN PHILOPON, Traité de l’Astrolabe, Paris, Astrolabica 2,
1981.
145
SACHAU, Handschriften, 1899, p. 604-608.
146
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 229 et 248, et NAU F., « Notices des manuscrits
syriaques, éthiopiens, mandéens, entrés à la bibliothèque de Paris depuis l’édition des
Catalogues », ROC 16, 1911, p. 301.
147
Nous rapportons ici les propos de F. Nau : « Nous pouvons même affirmer que le
manuscrit de Berlin (Sachau 26), daté de 1556, provient directement ou indirectement de

108
État des sources

troisième copie du texte, très récemment identifiée par Gregory Kessel qui
nous a fait part, en décembre 2011, de sa découverte : cette copie, plus
complète que les deux autres, se trouve au couvent des 40 Martyrs à Mardin.

a. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 82v-98r) (XVIe s.)

Le manuscrit 186 de la collection syriaque de la Staatsbibliothek de


Berlin comporte 112 feuillets de dimension 205 x 150 mm. Il a été décrit par
E. Sachau, en 1899 dans son catalogue des manuscrits de la bibliothèque
impériale de Berlin148, puis de façon plus succinte par F. Nau dans le
Journal asiatique de 1899149. Il faut y voir deux parties bien distinctes, tant
par le contenu que par la forme. Le Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht
se trouve dans la deuxième partie de ce manuscrit : les 25 feuillets qui la
composent sont copiés dans une écriture jacobite peu soignée. Selon
E. Sachau, cette partie est datée de 1’année 1867 des Grecs (= 1556) 150, au
feuillet 108v, et est consacrée à l’astronomie pratique, le souci principal
étant de déterminer certaines dates (Pâques, dates en années du monde,
naissance du Christ…).
Le Traité sur l’astrolabe est le premier texte de cette partie du
manuscrit, situé entre les feuillets 82v et 98r. Il porte le titre de « Scholion
sur l’astrolabe » et est attribué à Sévère Sebokht de Nisibe, évêque de
Qennešrin. Il est suivi par des lettres de Sévère adressées au prêtre Basile de
Chypre, puis on trouve un calendrier lunaire et des tableaux de cycle des
années.

celui-ci (Parisinus 346) daté de 1309, car ils ont les mêmes lacunes, et c’est dans le
manuscrit 346 que le feuillet manquant est tombé » (extrait de NAU, « La cosmographie »,
1910, p. 226) et un peu plus loin : « Le Traité de Sévère Sebokht sur l’astrolabe plan
<présente> les mêmes lacunes que le manuscrit de Berlin […]. En particulier, à l’endroit où
le manuscrit de Berlin porte : « Ici il manque un feuillet », il manque bien ici un feuillet
f. 48v-49, sans aucune apparence de lacune. Il s’ensuit que le manuscrit de Berlin provient,
avec ou sans intermédiaires, de celui-ci. » (p. 229).
148
SACHAU, Handschriften, 1899, p. 604-608.
149
NAU F., Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des
sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française (extrait du JA),
Paris, Leroux, 1899, p. 57-58.
150
Il ne faut pas tenir compte, à ce propos, de la datation proposée par F. Nau dans NAU, Le
Traité sur l’astrolabe, 1899, INTRODUCTION, p. 7, qui se corrige d’ailleurs dans un autre
article (voir NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 221, note 1).

109
État des sources

Titre (f. 82v) : « Grâce à Dieu, Seigneur de toutes choses, nous écrivons le
traité (σχόλιον) sur l’astrolabe : qu’est-ce que l’astrolabe d’airain ? de
quoi se compose-t-il ? et de quoi se composent chacune de ses
parties ? comment appelle-t-on les pièces et les dessins qu’il
comporte ? »
‫ܬܘܒ ܒܝܕ ܐܠܗܐ ܡܪܐ ܟܠ ܟܬܒܝܢܢ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܥܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܥܠ ܿܗܝ‬
‫ ܘܡܢ ܐܝܠܝܢ‬. ‫ ܘܐܝܟܢܐ ܡܪܟܒ‬. ‫ܕܡܢܐ ܐܝܬܘܗܝ ܗܘ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܢܚܫܐ‬
‫ܕܘܟܝܬܐ‬ ̈
̈ ‫ ܘܐܝܟܢܐ ܡܬܩܪܝܢ‬. ‫ܡܢܘܬܗ‬ ̈
‫ܐܝܬܝܗܝܢ ܟܠܚܕ ܡܢ‬ ‫ܘܕܐܝܟ ܐܝܟܢ‬
. ‫ܘ̈ܪܘܫܡܐ ܕܒܗ‬

Inc. (f. 82v) : « Avant d’aborder le traité de l’astrolabe et d’apprendre ainsi


comment il faut s’en servir pour trouver l’heure […] »
‫ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܩܕܡ ܕܢܦܓܥ ܐܢܫ ܒܣܟܘܠܝܘܢ ܕܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢܗ‬
. ‫ܿܢܐܠܦ ܕܐܝܟܢܐ ܙܕܩ ܠܡܬܚܫܚܘ ܒܗ ܠܘܬ ܢܣܝܒܘܬܐ ܕܫܥܬܐ‬

Des. (f. 98r) : « […] puis on tourne l’araignée jusqu’à ce que le degré de vie
soit sur le méridien et on regarde de combien de degrés a avancé
l’indicateur des degrés de l’araignée, on retranche les degrés de vie
des degrés du milieu du ciel, et dans le reste on trouve les degrés
d’une heure pour le point de vie. »
̈
‫ܕܚܝܐ ܬܗܘܐ ܒܣܝܡܝܘܢ‬ ‫ܘܬܘܒ ܡܗܠܟܝܢܢ ܐܪܟܐܢܐ ܥܕܡܐ ܕܡܘܪܐ‬
‫ ܘܚܙܝܢܢ ܕܟܡܐ ܡܘ̈ܪܣ ܗܠܟ ܡܚܘܝܢܐ ܕܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ܕܡܗܣܝܡܒܪܝܢܘܢ‬
̈
‫ܘܒܗܢܝܢ‬ ̈ ‫ ܘܡܒܨܪܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ܕܐܪܟܐܢܐ‬
‫ܕܚܝܐ ܡܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐ‬
̈ ‫ܫܥܢܝܐ ܕܡܘܪܐ‬
. ‫ܕܚܝܐ‬ ̈ ‫ܙܒܢܐ‬ ̈
̈ ‫ ܘܡܫܟܚܝܢܢ‬. ‫ܕܦܝܫܢ ܒܥܝܢܢ‬

Exp. (f. 98r) : « Fin du traité (σχόλιον) au sujet de l’astrolabe fait par l’abbé
Mar Sévère le nisibéen ou Sebokht. Priez pour celui qui a écrit. »
‫ܫܠܡ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܡܛܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܥܒܝܕ ܐܠܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ‬
. ‫ܢܨܝܒܢܝܐ ܐܘܟܝܬ ܣܒܘܟܬ ܀ ܨܠܘ ܥܠ ܕܣܪܛ‬

b. Paris BnF syr. 346 (f. 36v-51v) (1309 apr. J.-C.)

110
État des sources

Conservé à la Bibliothèque nationale de France, le manuscrit syriaque


portant la cote syr. 346 a été copié en 1309 au monastère de Mar Hananya
près de Mardin. Il a été décrit pour la première fois en 1910 par F. Nau dans
la Revue de l’Orient Chrétien151 : la notice y est longue et bien fournie. Une
autre notice de ce manuscrit, très succincte, a ensuite été intégrée au
supplément du catalogue de H. Zotenberg que F. Nau publia l’année
suivante dans la même revue152. L’évêque Jacques de Hesn, qui acheta ce
manuscrit en 1506, le décrit comme un « Livre d’astronomie, sur les astres,
sur les sept planètes, sur la sphère et le firmament […] ». C’est un codex
présentant une reliure moderne en basane : il est composé de 177 feuillets en
papier épais non filigrané de format 180 x 130 mm regroupés en 19 cahiers
signés153. L’écriture qu’il porte est jacobite et se répartit sur 24 à 28 lignes
par page. Le manuscrit est acéphale : il manque les cahiers 1 à 3, c’est-à-
dire une trentaine de feuillets. Il en manque d’autres tout au long du
manuscrit (entre les f. 40-41, 48-49 et 70-71 et peut-être un autre feuillet
entre les f. 141 et 142). La fin est tronquée. L’ensemble du recueil compile
des textes qui portent sur l’astronomie théorique et pratique. La plupart
d’entre eux sont attribués à Sévère Sebokht, dont le Traité sur l’astrolabe
qui se trouve aux feuillets 36v à 51v. Parmi les autres traités attribués par le
copiste à Sévère Sebokht se trouvent : le Traité sur les constellations (en 18
chapitres) ; le Traité sur la cause des éclipses de lune (comprenant un
passage d’un Traité sur la cause des éclipses de soleil) et un Traité sur les
climats (en 4 chapitres). On trouve également, parmi sa correspondance
scientifique : une Lettre sur la conjonction des planètes, une Lettre sur les
nœuds ascendants et descendants; une Lettre sur le XIV lunaire ; une Lettre

151
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 225-254. L’analyse du manuscrit syriaque 346
commence à la page 228.
152
NAU, « Notices des manuscrits syriaques », 1911, p. 301.
153
Chaque cahier est signé au début et à la fin (quand ils sont entiers). Les feuillets qui les
composent se répartissent de la manière suivante : cahier 1 (signatures manquantes) (1/7) : f.
1-8 ; cahier 2 (‫( )ܗ‬5/5) : f. 9-18 ; cahier 3 (‫( )ܘ‬5/5) : f. 19-28 ; cahier 4 (‫( )ܙ‬6/6) ; cahier 5
(signatures manquantes) (4/4) : f. 41-48 ; cahier 6 (‫( )ܛ‬6/6) : f. 49-60 ; cahier 7 (‫( )ܝ‬5/5) : f. 61-
70 ; cahier 8 (‫( )ܝܐ‬3/4) : f. 71-76 ; cahier 9 (‫( )ܝܒ‬5/5) : f. 78-87 ; cahier 10 (‫( )ܝܓ‬5/5) : f. 88-97 ;
cahier 11 (‫( )ܝܕ‬5/5) : f. 98-107 ; cahier 12 (‫( )ܝܗ‬5/5) : f. 108-117 ; cahier 13 (‫( )ܝܘ‬5/5) : f. 118-
127 ; cahier 14 (‫( )ܝܙ‬5/5) : f. 128-137 ; cahier 15 (‫( )ܝܚ‬4/4) : f. 138-145 ; cahier 16 (‫( )ܝܛ‬5/5) : f.
146-155 ; cahier 17 (‫( )ܟ‬4/4) : f. 156-163 ; cahier 18 (signatures manquantes) (4/4) : f. 164-
171 ; cahier 19 (signatures manquantes) (5) : f. 172-177.

111
État des sources

sur le cycle des années ; une Lettre sur la date de naissance du Christ ; une
Lettre sur l’origine de la science astronomique.
L’attribution du Traité sur l’astrolabe à Sévère Sebokht ne semble pas
devoir être remise en question étant donné que ce traité est par ailleurs cité
dans deux autres textes de Sévère (Traité sur les Constellations154 et Traité
sur les climats155) et qu’il s’en attribue lui-même la paternité.

Tit. : « Grâce à Dieu, Seigneur de toutes choses, nous écrivons le traité


Astrolabe : qu’est-ce que l’astrolabe d’airain ? De quoi se compose-t-
il ? De quoi se compose chacune de ses parties ? Comment appelle-t-
on les pièces et les dessins qu’il comporte ? »
‫ ܥܠ ܿܗܝ ܕܡܢܐ‬156‫ܒܝܕ ܐܠܗܐ ܡܪܐ ܟܠ ܟܬܒܝܢܢ ܣܟܘܠܝܘܢ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ‬
̄
‫ܐܝܬܘ ܗܘ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܢܚܫܐ ܇ ܘܐܝܟܢܐ ܡܪܟܒܐ ܘܡܢ ܐܝܠܝܢ ܘܕܐܝܟ‬
̈ ‫ܡܬܩ̈ܪܝܢ‬
‫ܕܘܟܝܬܐ‬ ܿ ̈ ‫ܐܝܬܝܗܝܢ ܟܠܚܕܐ ܡܢ‬
‫ܡܢܘܬܗ ܆ ܘܐܝܟܢܐ‬ ̈ ‫ܐܝܟܢ‬
. ‫ܘ̈ܪܘܫܡܐ ܕܒܗ‬
Inc. : « Avant d’aborder le traité d’astrolabe et d’apprendre ainsi comment il
faut s’en servir pour trouver l’heure […] »
‫ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܩܕܡ ܕܢܦܓܥ ܐܢܫ ܒܣܟܘܠܝܘܢ ܕܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢܗ‬
. ‫ܢܐܠܦ ܕܐܝܟܢܐ ܙܕܩ ܠܡܬܚܫܚܘ ܒܗ ܠܘܬ ܢܣܝܒܘܬܐ ܕܫܥܬܐ‬
Des. (f.) : « […] puis on tourne l’araignée jusqu’à ce que le degré de vie soit
sur le méridien et on regarde de combien de degrés a avancé
l’indicateur des degrés de l’araignée, on retranche les degrés de vie
des degrés du milieu du ciel, et dans le reste on trouve les degrés
d’une heure pour le point de vie. »
̈
‫ܕܚܝܐ ܬܗܘܐ ܒܣܝܡܝܘܢ‬ ‫ܘܬܘܒ ܡܗܠܟܝܢܢ ܐܪܟܐܢܐ ܥܕܡܐ ܕܡܘܪܐ‬
‫ ܘܚܙܝܢܢ ܕܟܡܐ ܡܘ̈ܪܣ ܗܠܟ ܡܚܘܝܢܐ ܕܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ܕܡܗܣܝܡܒܪܝܢܘܢ‬
̈
‫ܘܒܗܢܝܢ‬ ̈ ‫ ܘܡܒܨܪܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ܕܐܪܟܐܢܐ‬
‫ܕܚܝܐ ܡܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐ‬
̈ ‫ܫܥܢܝܐ ܕܡܘܪܐ‬
. ‫ܕܚܝܐ‬ ̈ ‫ܙܒܢܐ‬ ̈
̈ ‫ ܘܡܫܟܚܝܢܢ‬. ‫ܕܦܝܫܢ ܒܥܝܢܢ‬

154
Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 1 et XVI. 1.
155
Signalé par F. Nau au quatrième chapitre du Traité sur les climats (cf. NAU, « La
cosmographie », 1910, p. 241).
156
Dans le manuscrit, le mot astrolabe est surmonté d’un signe de renvoi. Dans la marge de
gouttière, on lit en rouge : ‫ ܦܪܘܝܡܝܘܢ‬.

112
État des sources

Exp. : « Fin du traité au sujet de l’astrolabe, fait par l’abbé Monseigneur


Sévère le nisibéen ou Sebokht [ suivi d’un colophon ] »
‫ܫܠܡ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܡܛܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܥܒܝܕ ܐܠܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ‬
‫ܢܨܝܒܝܢܝܐ ܐܘܟܝܬ ܣܒܘܟܬ ܀‬

c. Ms. Mardin, église syriaque orthodoxe des Quarante martyrs,


syr. 553/13 (XVe s.)

Une troisième copie du Traité sur l’astrolabe a été récemment


identifiée par G. Kessel : elle est conservée à la bibliothèque de l’église
syriaque orthodoxe des Quarante martyrs à Mardin (sud-est de la Turquie)
e
dans un manuscrit syriaque en papier du XV siècle, portant la cote 553/13.
De dimension 185 x 130 x 150 mm, ce manuscrit de 56 feuillets, composé
de six cahiers signés157, ne contient pas d’autre texte que le Traité sur
l’astrolabe. Il est rédigé en serṭo à l’encre noire et rouge. Le texte se répartit
sur 18 à 21 lignes par page sur une seule colonne. L’unique colonne de texte
ne s’étend que sur la moitié interne de la page, c’est-à-dire du côté de la
reliure. Si la copie du traité est entière, en revanche, force est de constater
que le manuscrit est inachevé : une deuxième colonne de texte, laissée vide
côté marge de gouttière, devait manifestement présenter soit des
commentaires soit une traduction en arabe. Mais seul le texte syriaque est
présent sur une colonne d’à peine quatre centimètres de large, du côté de la
marge intérieure.
La copie présente des lacunes qui diffèrent de celle des copies de
Paris et Berlin, ce qui permet d’obtenir le texte complet.
Le Traité sur l’astrolabe se trouve entre les feuillets 3r et 53r.

157
En observant la reliure et les signatures présentes au début et à la fin de chaque cahier de
ce manuscrit, on voit que les cahiers se présentent de la manière suivante : cahier 1 (‫)ܐ‬
(5/5)
: f. 2r-11v ; cahier 2 (‫( )ܒ‬3/4) : f. 12r-18v ; cahier 3 (‫( )ܓ‬6/4) : f. 19r-28v ; cahier 4 (‫( )ܕ‬5/5) :
f. 29r-38v ; cahier 5 (‫( )ܗ‬5/5) : f. 39r-48v ; cahier 6 (‫( )ܘ‬3/ ?) : f. 49r- ?. Il manque donc au
moins un feuillet dans la première partie du cahier 2 (quadernion) et deux feuillets dans la
seconde partie du cahier 3 (sénion). Les cahiers 1, 4 et 5, qui sont des quinions, semblent
entiers.

113
État des sources

Tit. (f. 3r) : « Livre du Traité d’astrolabe. En syriaque. Par la force de notre
Seigneur Jésus-Christ, nous commençons à écrire le recueil digne de
louanges sur le livre dont la folle épée d’Alqoš s’est emparé (?) . »
‫ ܥܠ ܚܝܠܗ ܕܡܪܢ ܝܫܘܥ‬. ‫ ܣܘܪܝܝܐ‬. ‫ܟܬܒܐ ܕܘܣܟܘܠܝܘܢ ܕܐܣܛܪܘܠܒܘܢ‬
‫ܡܫܝܚܐ ܡܫܪܝܢܢ ܠܡܟܬܒ ܡܟܢܫܐ ܕܐܬܬܨܚ ܥܠ ܨܚܚܐ ܕܫܒܐ ܣܝܦܐ‬
‫ܕܘܕܐ ܐܠܩܘܫܝܐ‬

Exp. (f. 53r) : « Fin du traité au sujet de l’astrolabe fait par l’abbé
Monseigneur Sévère le nisibéen ou Sebokht ».
‫ܫܠܡ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܡܛܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܥܒܝܕ ܐܠܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ‬
‫ܢܨܝܒܝܢܝܐ ܐܘܟܝܬ ܣܟܘܟܬ‬

2. Édition / Traduction Nau (1899)

Le Traité sur l’astrolabe a été édité intégralement et traduit en


français pour la première fois par F. Nau en 1899 dans un numéro spécial du
Journal Asiatique158. L’édition se fonde sur le seul manuscrit de Berlin
(noter que la cote du manuscrit telle qu’elle est donnée par F. Nau 159 est
erronée : il ne s’agit pas du Petermann 37, mais de l’ancien Petermann 26,
catalogué aujourd’hui sous la cote syr. 186.

Ce grand savant profitait d’un précédent travail de traduction qu’il


avait réalisé à partir du cours d’astronomie de Bar Hebraeus (XIIIe s.)160.
Mais à la différence du texte de Bar Hebraeus, celui de Sévère Sebokht est
truffé de translittérations du grec. Or quelques-unes de ces translittérations
n’ont pas été bien rendues dans la traduction de F. Nau. L’exemple le plus
frappant est certainement celui du ὁ διὰ μέσων (qu’il faut entendre comme ὁ
διὰ μέσων τῶν ζῳδίων κύκλος) : cette expression, qui désigne

158
NAU, Le Traité sur l’astrolabe, 1899.
159
NAU, Le Traité sur l’astrolabe, 1899, p. 58.
160
NAU F., Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre. Cours
d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar Hebraeus publié d’après les
manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, 1899
[Bibliothèque de l’École pratique des Hautes Études 121], vol. 1 (Texte syriaque) ; 1900,
vol. 2 (Traduction française).

114
État des sources

l’« écliptique », est bien attestée dans le Petit Commentaire de Théon161. On


la retrouve, telle quelle, translittérée en syriaque dans le Traité sur
l’astrolabe de Sévère Sebokht. F. Nau le traduit non pas par « écliptique »,
mais par « milieu du ciel », ce qui ne rend pas bien compte du concept
abordé. À la lumière des récentes éditions-traductions de textes
astronomiques grecs tardifs, comme le Petit commentaire de Théon
d’Alexandrie, que l’on doit à A. Tihon, nous sommes aujourd’hui mieux
armés que ne l’était F. Nau pour relever ce genre de difficulté. Enfin la
présence de deux autres copies rend désormais possible la réalisation d’une
édition critique de ce précieux texte.
Signalons enfin que Robert Theodore Gunther162 publia, en 1932, une
traduction anglaise (réalisée par Jessie Payne Smith) de ce traité, non pas à
partir de la traduction de F. Nau, mais directement, semble-t-il, à partir du
syriaque163.

3. Études

F. Nau a consacré une introduction d’une dizaine de pages à ce traité :


il en résume le propos, en précise les articulations puis s’évertue à
reconstituer une histoire de l’astrolabe. Ce travail permit au monde
scientifique de prendre conscience du fait que l’astrolabe plan n’était pas
une invention des Arabes, mais qu’elle pouvait remonter à Eudoxe de Cnide
ou Apollonios de Perge d’après un témoignage de Vitruve164. Dans un autre
article, il discute de la date du Traité sur l’astrolabe qu’il situe en 660 de
notre ère165.
Si F. Nau a bien su mettre en valeur ce traité syriaque dans le cadre de
l’histoire des sciences, en revanche, l’aspect philologique n’a pas été
exploité. F. Nau ne présente pas même de lexique sur les termes techniques
à la fin de son édition-traduction. Pourtant, H. Hugonnard-Roche a signalé

161
Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 21.
162
Dans GUNTHER R. Th., The Astrolabes of the World, Oxford, University Press, 1932,
vol. 1, p. 82-102.
163
D’après MCMAHON, « Severus Sebokht », 2007, p. 1044-45.
164
Vitr., De Arch., IX, 9.
165
NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 209-228. Voir en particulier p. 227.

115
État des sources

une particularité étonnante de ce texte, à savoir que de nombreux termes


grecs comme ἐποχή (« position » ou « lieu vrai ») ou τροπή ἰσημερινή
(« tropique équatorial », soit « équateur ») ne sont pas traduits, mais
simplement translittérés en syriaque 166. Ce texte, bien qu’il soit une pièce
unique dans la littérature syriaque, et bien qu’il soit, après celui de Jean
Philopon, le texte le plus ancien témoignant clairement de l’existence de
l’astrolabe plan, a cependant très peu attiré l’attention des philologues.
En 1949, le célèbre historien des sciences Otto Neugebauer publia une
étude sur ce traité, qu’il compara à celui de Jean Philopon167. Neugebauer
considère que le traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht et celui de Jean
Philopon puisent à une source commune qu’il attribue à Théon
d’Alexandrie. En outre, vu la qualité scientifique des deux œuvres,
Neugebauer a estimé que Sévère présentait une bien meilleure édition du
texte de Théon que Jean Philopon.
En 1981, Philippe Segonds168 éditait et traduisait justement le Traité
sur l’astrolabe de Jean Philopon. Au cours de son introduction, qui est
longue et très riche, il a confronté, au sein d’un tableau, les titres des
chapitres des traités de Jean Philopon (grec), de Sévère Sebokht (syriaque)
et ceux transmis par la notice d’al-Yaqubi (arabe). D’après les
rapprochements et le témoignage d’al-Yaqubi, Ph. Segonds en vint lui aussi
à penser que les textes de Jean Philopon et de Sévère Sebokht avaient pour
source commune Théon d’Alexandrie169.
Pour envisager une étude philologique comparée du texte de Sévère
Sebokht, il nous semble important de mentionner dès maintenant les autres

166
HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 37.
167
NEUGEBAUER O., « The Early History of the Astrolabe », Isis 40, 1949, p. 240-256
[ = repr. in NEUGEBAUER O., Astronomy and History. Selected Essays, New
York/Berlin/Heidelberg, Springer-Verlag, 1983, p. 278-294].
168
SEGONDS, Jean Philopon, 1981. Avant lui, B. Hase avait déjà édité le texte de Jean
Philopon et en avait proposé une traduction allemande dans Rheinisches Museum für
Philologie 6, 1839, p. 219-256, mais ce travail fut violemment critiqué par P. Tannery (cf.
TANNERY P., « Notes critiques sur le traité de l’Astrolabe de Philopon », in Mémoires
scientifiques 4, Sciences exactes chez les byzantins, Toulouse-Paris, J.-L. Heiberg, 1920,
p. 241-260) : B. Hase ne se fondait que sur un seul manuscrit, le suppl. gr. 55, le plus
mauvais de la tradition, quand Ph. Segonds, en 1981, recensait 18 témoins du texte de
Philopon.
169
Conclusion reprise par H. Hugonnard-Roche (HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e
astronomia », 2001, p. 37) ; mais A. Tihon émet quelques doutes à ce propos, considérant le
fait que Théon, qui a laissé par ailleurs de longs traités d’astronomie, ne fait jamais
référence à un ouvrage sur l’astrolabe.

116
État des sources

textes, portant sur l’astrolabe plan, ayant bénéficié d’une édition et d’une
traduction moderne. Deux traités, en langue grecque, sont désormais
disponibles grâce aux travaux de Ph. Segonds (1981) 170, de R. Leurquin
(1990)171 et d’A. Tihon (2001)172 ; en 1929 R. T. Gunther173 publiait un
traité latin attribué à Messahalla ; nous disposons également, en dehors de la
notice arabe d’al-Yaqubi, d’une édition-traduction d’un traité arabe sur
l’astrolabe174, ainsi que d’un traité latin (non traduit de l’arabe)175.
Nous signalons également qu’un autre manuscrit parisien pourrait bien
contenir une traduction arabe du Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht :
il s’agit du ms. Paris BnF syr. 242 (XVIe s.). Il contient en effet aux feuillets
f. 168-192v un Traité sur l’astrolabe, en carshouni (arabe en écriture
syriaque). Il existe des centaines de traités sur l’astrolabe en arabe qui
diffèrent du texte de Sévère, mais, ce qui retient particulièrement notre
attention, dans ce manuscrit 242, est le fait que le Traité sur l’astrolabe soit
précédé d’un Traité sur les constellations et suivi d’un calendrier lunaire
calculé sur 19 années, qui sont justement des textes que l’on retrouve dans
le ms. Paris BnF syr. 346.
Il serait désormais souhaitable qu’une édition critique du texte
syriaque de ce Traité sur l’astrolabe voie le jour. Elle permettrait de
reprendre la traduction de F. Nau, qui, bien qu’elle ait le grand mérite
d’exister, ne rend pas toujours bien compte du lexique astronomique
employé.

170
SEGONDS, Jean Philopon, 1981.
171
LEURQUIN R. (éd.), Théodore Méliténiote, Tribiblos astronomique Livre 1, Louvain-La-
Neuve, Academia eds, 1990 [Corpus des Astronomes byzantins 4] (voir chapitres 11 à 25 :
Traité sur l’astrolabe, p. 154-288, ainsi que le commentaire p. 335-413).
172
TIHON A., LEURQUIN R. et SCHEUREN C., Une version byzantine du Traité sur
l’astrolabe du Pseudo-Messahalla, Louvain-La-Neuve, Academia eds, 2001[Corpus des
astronomes byzantins 10] : on verra en particulier le très pratique lexique fourni en fin
d’ouvrage.
173
GUNTHER R. T. (éd.), Chaucer and Messahalla on the Astrolabe, Oxford, Oxford
University Press, 1929.
174
Al-Farghānī, On the astrolabe, arabic text edited with translation and commentary by
Richard Lorch, Stuttgart, F. Steiner, 2005.
175
Raymond de Marseille, Opera Omnia. Traité de l’astrolabe, Liber cursuum
planetarium, éd. E. Poulle, C. Burnett et M.-T. d’Alverny, Paris, CNRS (collection Sources
d’histoire médiévale), 2009.

117
État des sources

B. Traité sur les constellations

Rédigé en 661, le Traité sur les constellations expose un propos relatif


à l’astronomie générale, qu’on peut qualifier de cosmographique. Il est
divisé en dix-huit chapitres. Les premiers chapitres sont dirigés contre les
poètes et les astrologues qui attribuent aux constellations une influence sur
la destinée des hommes. Sont cités à cette occasion plusieurs passages des
Phénomènes d’Aratos. Les autres chapitres traitent de la sphéricité de la
terre, des signes du zodiaque et des étoiles, de la voie lactée, des cercles de
la sphère céleste, des climats, de la durée des jours et des nuits selon la
latitude, de la mesure du ciel et de la terre ainsi que des zones habitables de
la terre. L’auteur fait, à cette occasion, référence à la Géographie et aux
Tables faciles de Claude Ptolémée ainsi qu’au précédent Traité sur
l’astrolabe de Sévère. Il faut noter que le traité n’aborde jamais les
questions d’astronomie planétaire qui sont, comme l’a relevé H. Hugonnard-
Roche, la partie la plus importante de l’astronomie ptoléméenne176. Ce traité
se présente en réalité comme le correspondant théorique du précédent
manuel rédigé par Sévère sur l’usage de l’astrolabe.

1. Les manuscrits

Deux manuscrits contiennent, à notre connaissance, le Traité des


constellations de Sévère Sebokht, mais un seul présente le texte complet : le
Paris BnF syr. 346, celui-là même qui contient le texte du Traité sur
l’astrolabe du même Sévère Sebokht, connu donc depuis 1910 (voir la
présentation de ce manuscrit ci-dessus). Le Traité sur les constellations y
est présenté intégralement et ses chapitres sont numérotés de 1 à 18. Le
second manuscrit, celui de Londres, le BL Add. 14 538, comporte une copie
en mauvais état des deux derniers chapitres de ce traité, soit des chapitres 17
et 18 : ces chapitres avaient attiré l’attention d’E. Sachau, bien avant que
W. Wright ne fît son catalogue, puisqu’il en publiait le texte syriaque dès
1870.

176
Voir HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38.

118
État des sources

a. BL Add. 14 538 [Wright 863]177

Ce manuscrit sur vélin fait partie de la collection achetée par Claudius


Rich à Mossoul et vendue en 1825 au British Museum. De format 260 x
181 mm, il comprend 155 feuillets de textes syriaques. L’écriture, cursive
jacobite, petite et claire, a été estimée par Wright comme datant
approximativement du Xe siècle. Le nombre de lignes par page varie de 36 à
50. 152 feuillets sont consacrés à l’expression de la doctrine chrétienne sur
divers sujets théologiques selon les Pères de l’Église. Certaines de ces
démonstrations doctrinales sont orientées contre les dyophysites. Seuls trois
feuillets, sans grand rapport avec le reste et situés à la toute fin du
manuscrit, traitent d’astronomie et de géographie. Il s’agit
vraisemblablement d’une commande de l’Église jacobite, mais nous n’en
savons pas plus. Les feuillets 153r à 155r présentent des textes à sujet
astronomique et géographique. On y trouve quatre chapitres extraits du
Traité sur les constellations de Sévère Sebokht (f. 153r-154v) et un extrait
sur les mouvements du soleil et de la lune (f. 155r).
Seule une partie des quatre derniers chapitres du Traité sur les
constellations a été copiée dans ce ms. BL Add. 14 538. On y trouve en
effet la fin du chapitre XV portant sur la durée du jour et de la nuit en
différents endroits de la terre (peu lisible) (f. 153r-153v), puis, dans le
désordre, les chapitres 16 à 18 :

Le chapitre 16 sur la forme du ciel et de la terre (f. 153v-154r)

Inc. : « Sur le fait de savoir si le ciel passe sous la terre et sur la terre sous la
forme d’une sphère ».
ܿ ‫ܥܠ ܿܗܝ ܕܐܢܗܘ‬
‫ܕܥܒܪ ܫܡܝܐ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܘܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ‬
. ‫ܒܓܘܫܡܗ ܕܡܘܙܠܬܐ‬
Le chapitre 18 sur les parties habitables et inhabitables de la terre
(f. 154r-154v) :

177
WRIGHT, Catalogue, 1871, p. 1003-1008.

119
État des sources

Tit. : « Chapitre sur la terre habitable et sur celle qui n’est pas habitable ; sur
la disposition de ceux qui habitent sur tout le cercle du dessus ou du
dessous de Sévère Sebokht évêque de Qennešrin d’après son Traité
sur les constellations. » [=Paris BnF syr. 346, f. 119r].
‫ ܘܡܛܠ‬. ‫ܘܗܝ ܕܐܠ ܡܬܥܡܪܐ‬ ܿ ‫ܩܦܐܠܘܢ ܥܠ ܐܪܥܐ ܡܬܥܡܪܢܝܬܐ ܟܝܬ‬
ܿ
‫ ܕܝܠܗ‬. ‫ ܕܠܥܠ ܟܝܬ ܐܦ ܕܠܬܚܬ‬. ‫ܚܘܕܪܗ‬ ܿ ‫ܛܟܣܐ‬
‫ܕܗܢܘܢ ܕܥܡܪܝܢ ܥܠ ܟܠܗ‬
̈
‫ܕܡܘܬܐ‬ ̄
‫ܐܦܝܣ ܕܩܢܫܪܝܢ ܡܢ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ‬ . ‫ܕܣܐܘܪܐ ܣܐܒܘܟܬ‬
. ‫ܕܒܡܘܙܠܬܐ‬
Inc. : « Au sujet de la terre habitable et de celle qui n’est pas habitable, voici
ce que disent les Anciens : puisque toute la surface de la terre a été
divisée en cinq zones, comme la surface du ciel, […] ».
ܿ ‫ܘܡܛܠ ܕܝܢ ܐܪܥܐ ܿܗܝ ܡܬܥܡܪܢܝܬܐ ܟܝܬ‬
‫ܘܗܝ ܕܐܠ ܡܬܥܡܪܐ ܆ ܬܘܒ‬
ܿ ‫ܐܬܦܠܓܬ‬
‫ܟܠܗ‬ ܿ ̈ ‫ ܡܛܠ ܗܟܝܠ ܕܠܚܡܫ‬. ‫ܩܕܡܝܐ‬
‫ܙܘܢܣ‬ ̈ ‫ܗܟܢܐ ܐܡܪܘ ܿܗܢܘܢ‬

. ‫ܫܛܝܚܘܬܐ ܕܐܪܥܐ ܐܝܟ ܗܠܝܢ ̈ܫܡܝܢܝܬܐ‬

Le chapitre 17 sur la mesure du ciel et de la terre (il manque le début


et la fin du chapitre) [=Paris BnF syr. 346, f. 117v, l.9- f. 118r, l. 10].

Tit. (f. 154v) : « Du même Sévère Sebokht, au sujet de la mesure du ciel et


de la terre et de l’espace qui est entre eux ».
‫ ܘܕܛܘܪܐ‬. ‫ܕܝܠܗ ܕܣܐܘܪܐ ܣܐܒܘܟܬ ܡܛܠ ܡܫܘܚܬܐ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ‬
. ‫ܿܗܘ ܕܒܡܨܥܬܗܝܢ‬

Inc. mut. (f. 154v) : « Ceux qui, avec un grand amour du travail, ont
cherché avec soin la mesure du ciel et de la terre, l’ont atteinte autant
que possible et l’ont transmise par écrit. »
‫ܿܗܢܘܢ ܗܟܝܠ ܕܒܪܚܡܬ ܥܡܐܠ ܣܓܝܐܬܐ ܇ ܝܨܝܦܐܝܬ ܥܩܒܘ ܥܠ‬
‫ܡܫܘܚܬܐ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ ܇ ܘܠܗܕܐ ܐܝܟ ܕܡܨܝܐ ܐܕܪܟܘ ܘܒܟܬܒܐ‬
‫ܐܫܠܡܘ ܇‬

120
État des sources

Contrairement à la copie du ms. Paris BnF syr. 346, celle du BL Add.


14 538 écrit les chiffres en toutes lettres (alors que le ms. de Paris présente
les nombres symbolisés par des lettres surmontées de traits horizontaux,
comme dans le système numéral grec).
On note que la copie du BL Add. 14 538 comprend à la fois des ajouts et
des omissions par rapport à la copie de Paris, excluant la possibilité que
l’une soit la copie de l’autre.

b. Paris BnF syr. 346 (f. 78r-121v)

Nous renvoyons à la description que nous avons faite de ce manuscrit


dont F. Nau avait déjà publié une notice en 1910178 (cf. Traité sur
l’astrolabe). Le Traité sur les constellations en 18 chapitres se situe aux
feuillets 78r à 121v, entre un Traité sur les vents et une Lettre sur la
conjonctions des planètes. Il est explicitement attribué au saint Sévère,
évêque de Qennešrin, dit « Sebokht » de Nisibe :

Tit. (f. 78r) : « Traité du même saint Sévère évêque de Qennešrin dit
Sebokht le Nisibéen, sur les constellations qu’on dit voir dans le ciel :
y sont-elles par nature ou par convention ? Sur leur lever et leur
coucher ; sur les cercles (ou zones) de la sphère ; sur la hauteur des
pôles ; sur la latitude des climats ; sur la mesure du ciel et de la terre ;
sur les régions habitables et inhabitables. En 18 chapitres. »
‫ܬܘܒ ܡܐܡܪܐ ܐܚܪܢܐ ܕܝܠܗ ܟܕ ܕܝܠܗ ܕܩܕܝܫܐ ܣܐܘܝܪܐ ܐܦܝܣܩܘܦܐ‬
̈
‫ܕܡܘܬܐ ܗܠܝܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ‬ ‫ ܥܠ‬. ‫ܕܩܢܫܪܝܢ ܕܡܬܩܪܐ ܣܒܘܟܬ ܢܨܝܒܢܝܐ‬
̈
‫ ܐܘ ܒܣܝܡܐ ܘܥܠ ܟܝܬ‬. ‫ ܕܐܢ ܒܟܝܢܐ ܟܝܬ ܐܝܬܝܗܝܢ‬. ‫ܕܡܬܚܙܝܢ ܒܫܡܝܐ‬
̈ ‫ ܘܥܠ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ‬. ‫ܕܢܚܐ ܘܥܪܒܐ ܕܝܠܗܝܢ‬
. ‫ܙܘܢܣ ܕܝܠܗ ܕܐܣܦܝܪܐ‬
‫ ܘܥܠ ܡܫܘܚܬܐ ܕܫܡܝܐ‬. ‫ܕܩܠܝܡܛܐ‬̈ ̈
‫ ܘܦܬܝܐ‬. ‫ܕܦܘܠܘ‬ ‫ܘܐܟܣܐ̈ܪܡܐ‬
̈
‫ ܕܐܝܬ‬. ‫ܘܕܕܘܟܝܬܐ ܡܬܥܡ̈ܪܢܝܬܐ ܟܝܬ ܘܐܠ ܡܬܥܡ̈ܪܢܝܬܐ‬ . ‫ܘܕܐܪܥܐ‬
̈ ‫ܒܗ‬
. ‫ܩܦܐܠܐ ܝܚ‬

178
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 225-254. L’analyse du manuscrit syriaque 346
commence à la page 228.

121
État des sources

Inc. (f. 78r) : « Premier chapitre : sur le fait que ce n’est pas par nature que
les constellations sont dites être dans le ciel mais par convention
seulement. »
̈
‫ܕܡܬܚܙܝܢ‬ ̈
‫ܕܡܘܬܐ ܗܠܝܢ‬ ‫ܩܦܐܠܘܢ ܩܕܡܝܐ ܥܠ ܿܗܝ ܕܠܘ ܒܟܝܢܐ ܐܝܬܝܗܝܢ‬
. ‫ܒܫܡܝܐ ܐܐܠ ܒܣܝܡܐ ܒܠܚܘܕ‬
Des. (f. 121v) : « […] nous nous étonnerons encore avec le psalmiste
sacerdotal David, de la beauté de la sagesse de Dieu qui apparaît ainsi
dans les créatures, nous dirons : Que tes œuvres sont grandes,
Seigneur, tu les as toutes faites avec sagesse (Ps. CIII, 24). Nous
arrêtons ici le discours ».
‫ܬܘܒ ܟܕ ܥܡܗ ܕܡܙܡܪܝܐ ܟܗܢܝܐ ܕܘܝܕ ܡܬܕܡܪܝܢܢ ܒܦܝܘܬ ܚܟܡܬܐ‬
ܿ ‫ܕܐܠܗܐ ܗܕܐ ܕܗܟܢܐ ܡܬܚܙܝܐ ܒܒ̈ܪܝܬܗ‬
‫ ܡܐ ܪܘ̈ܪܒܝܢ ܿܥ ̈ܒܕܝܟ‬. ‫ܐܡܪܝܢܢ‬
ܿ
‫ܢܚܝܚܗ ܠܡܠܬܐ ܀‬ ‫ܡܪܝܐ ܇ ܘܟܠܗܘܢ ܒܚܟܡܬܐ ܥܒܕܬ ܐܢܘܢ ܇ ܗܪܟܐ‬

Exp. (f. 121v) : « Fin du Traité sur les constellations et sur les cercles qu’on
dit être sur la sphère céleste ; et au sujet de la latitude des climats et de
la mesure du ciel et de la terre et de l’espace qu’il y a entre eux. Fait
par le vénérable abbé Mar Sévère Sebokht. Nous l’avons écrit l’an 971
des Grecs, troisième année de l’indiction. »179
̈
‫ܕܡܘܬܐ ܘܚܘܕ̈ܪܐ ܕܡܬܐܡ̈ܪܝܢ ܕܐܝܬ ܒܐܣܦܝܪܐ‬ ‫ܫ ܛܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ‬
̈
‫ܘܕܡܘܫܚܬܐ ܟܝܬ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ‬ ̈ ‫ܕܫܡܝܐ ܇ ܘܕܡܛܠ ܦܬܝܐ‬
‫ܕܩܠܝܡܛܐ‬
‫ܘܕܛܘܪܐ ܿܗܘ ܕܒܡܨܥܬܐ ܇ ܕܥܒܝܕ ܠܚܣܝܐ ܐܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ ܣܒܘܟܬ‬
̈ ‫ ܐܬܟܬܒ ܕܠܢ ܒܫܢܬ ̄ܨܥܐ‬.
‫ ܐܢܕܩܛܝܘܢܐ ܕܛܪܝܛܐ ܀܀‬. ‫ܕܝܘܢܝܐ‬

2. Éditions partielles et traduction

Le texte syriaque du Traité sur les constellations n’a jamais été édité
intégralement. Seuls les chapitres IV, V, VI, XVII et XVIII ont fait l’objet

179
Le scribe a ajouté une remarque en marge, mais il est difficile de savoir si cette
information se rapporte au Traité sur les constellations ou au traité suivant sur la
conjonction des planètes, qui démarre juste après, à la fin du f. 121v. On lit en effet en
marge : « Écrit comme solution aux questions et à certaines demandes provenant d’hommes
qui aiment l’enseignement, comme à l’ami de Dieu le prêtre et visiteur Basile ».

122
État des sources

d’une édition partielle. En 1870, E. Sachau publiait le texte des deux


derniers chapitres de ce traité dans ses Inedita Syriaca180 à partir du seul
manuscrit de Londres. En 1930, F. Nau éditait, pour sa part, une partie des
chapitres 4 à 6 en se fondant sur le manuscrit parisien.
En revanche, les dix-huit chapitres de ce Traité sur les constellations
ont tous été traduits en français par F. Nau à partir de la copie parisienne.
Cette traduction a été publiée dans deux numéros de la Revue de l’Orient
Chrétien181, en 1930 et 1932.

3. Études

En dehors de l’introduction182 que F. Nau propose à sa traduction,


nous ne recensons aucune étude concernant ce Traité sur les constellations.
F. Nau n’y consacre d’ailleurs pas plus de quatre pages dans son
introduction, le reste étant dévolu à la présentation biographique de Sévère
Sebokht d’après le témoignage du manuscrit Paris BnF syr. 346. On
retiendra de cette étude que le Traité sur les Constellations fut composé
après le Traité sur l’astrolabe puisque Sévère Sebokht y cite cet ouvrage à
deux reprises.

C. La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant fait partie des


nouveaux textes que nous mettons à la disposition du lecteur. C’est une
lettre clairement attribuée à Sévère Sebokht († c. 666). On y trouve
plusieurs méthodes de calcul pour déterminer la position des nœuds
ascendant et descendant (point de l’écliptique coupé par la trajectoire de la
lune), ce qui, comme l’explique le texte, est un préalable au calcul qui
permettra de prévoir ou non une éclipse de lune ou de soleil.

180
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 127-134.
181
NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de
Qennesrin », ROC 27, 1929/30, p. 343-410 et ROC 28, 1931/32, p. 85-100.
182
NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/1930, p. 327-342.

123
État des sources

Cette lettre, destinée à un certain Stéphane chartulaire de toute la


Djazira, n’est pas clairement attribuée à Sévère Sebokht par le scribe.
Cependant, plusieurs éléments, sur lesquels nous reviendrons, rendent cette
attribution assez évidente : un proemium nous indique notamment qu’il était
prévu que le destinataire de cette lettre en reçoive deux autres, dont l’une
devait porter sur le XIV lunaire de Nisan (Paris BnF syr. 346, f. 136r-140r) et
l’autre sur la conjonction des planètes (Paris BnF syr. 346, f. 121v-124v).
Or ces deux lettres, présentes dans le même manuscrit, sont clairement
attribuées à Sévère Sebokht. On verra qu’à cet argument s’ajoute une
proximité linguistique flagrante avec la prose astronomique de Sévère
attestée dans le Traité sur l’astrolabe ou le Traité sur les constellations.

1. Manuscrit Paris BnF syr. 346 (f. 124v-127v)

La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant n’est pour l’instant


attestée que dans le seul ms. Paris BnF syr. 346, aux feuillets 124v à 127v.
Elle est située, dans le manuscrit, juste après la Lettre sur la conjonction des
planètes de Sévère Sebokht (f. 121v-124v) et précède les quatre chapitres
sur les climats (f. 127v-136r) ainsi que la Lettre sur le XIV lunaire de Nisan
qui sont également attribués à Sévère Sebokht. Le scribe l’a rubriquée sous
le numéro de chapitre XX.

2. Édition / Traduction

Nous avons édité le texte à partir de la seule copie connue, à savoir le


ms. Paris BnF syr. 346 (f. 124v-127v), dans la seconde partie du présent
travail (texte 4). Cette édition est accompagnée d’une traduction et de notes.
On trouvera également des informations concernant le destinataire de la
lettre et le contexte de rédaction dans la notice que nous avons placée avant
le texte.

Tit. (f. 124v) : « Chapitre 20 : comment calculer les nœuds ascendant et


descendant d’après les Tables faciles ou sans les Tables faciles ?
Comment prévoir s’il y aura une éclipse de soleil ou de lune ? Puis <je

124
État des sources

parlerai> de ce qu’a écrit, ou plutôt rappelé, l’ami du Christ, l’illustre


Stéphane, chartulaire de toute la Djazira, à qui seront humblement
présentés de ma part, ô mon frère, les sujets <suivants, à savoir> : Au
sujet du XIV lunaire de Nisan qui aura lieu la 19e année du cycle
lunaire dans la 8e <année> à venir de l’indiction, c’est-à-dire l’an
prochain, faut-il le placer le 5 ou le 6 de Nisan ? On veillera aussi à
savoir si les sept planètes peuvent ensemble former ou non une
conjonction en s’associant les unes aux autres, et à quelle fréquence
elles le font. J’ai déjà parlé de ce qui se rapporte à ce sujet
précédemment. »
‫ܐ ܿܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
ܿ ‫ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܆ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܿܚܫܒ ܐܢܫ ܡܛܠ‬

‫ ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܘ ܣܛܪ ܡܢ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܘܕܐܝܟܢܐ ܬܘܒ‬. ‫ܘܩ ܿܛܐܒܝܒܙܘܢ‬


ܿ
ܿ ‫ܢܩܕܡ ܐܢܫ ܢܕܥ ܕܐܢ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ‬
‫ܐܘ ܐܠ ܿܗܘܝܐ‬ ܿ
ܿ ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܗܠܝܢ ܕܟܬܒ ܐܘܟܝܬ ܥܗܕ‬
‫ܪܚܡ ܠܡܫܝܚܐ ܡܪܝ ܣܛܦܢܘܣ‬
̈
‫ܕܢܬܝܕܥܢ ܠܗ ܡܢ ܒܨܝܪܘܬܢ‬ ܿ
‫ܕܟܠܗ ܓܙܝܪܬܐ ܇‬ ‫ܐܝܠܘܣܛܪܝܘܣ ܘܟܪܛܘܠܪܐ‬
‫ܕܝ ̄ܛ‬ ܿ ‫ ܡܛܠ ܿܡܢ ̄ܝ ̄ܕ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܿܗܝ‬. ‫ܒܐܝܕܝ ܐܚܘܬܟ‬
ܿ ‫ܕܗܘܝܐ‬
̄ ‫ܒܫܢܬܐ‬ ̈
̄ ‫ܕܚܘܕܪܐ ܕܠܗ ܕܣܗܪܐ ܒܐܦܝܢܡܝܣܝܣ‬
‫ܕܚ ܗܕܐ ܕܥܬܝܕܐ ܐܘܟܝܬ ܕܝܬܝܪ‬
ܿ ‫ܠܡܚܫܒܗ‬
̈ ‫ܐܘ‬
‫ܒܫܬܐ ܇ ܬܘܒ ܕܝܢ‬ ܿ ‫ܒܚܡܫܐ ܠܡ ܒܢܝܣܢ ܿܙܕܩ ܠܢ‬
̈ ‫ܩܪܝܒܐ ܇ ܕܐܢ‬

‫ܛܥܝܐ ܣܘܢܕܘܣ ܠܘܬ‬̈ ‫ܘܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܢ ܿܥܒܕܝܢ ܠܡ ܐܟܚܕܐ ܗܠܝܢ ̈ܫܒܥܐ‬

‫ ܗܐ ܡܢ ܟܕܘ ܆ ܒܗܠܝܢ ܕܡܢ ܠܥܠ‬. ‫ ܘܕܠܟܡܐ ̈ܫܢܝܐ ܿ ̈ܥܒܕܝܢ‬. ‫ܐܘ ܐܠ‬


ܿ ‫̈ܚܕܕܐ‬

. ‫ܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ‬
Inc. (f. 125r) : « Nous parlerons donc autant que possible du calcul des
nœuds ascendant et descendant. »
‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܚܘܫܒܢܐ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܫܐ ܐܝܟ ܕܡܨܝܐ‬
‫ܐܡܪܝܢܢ ܀‬
Des. (f. 127v) : « Mais pour l’heure, je pense que ces propos suffisent et que
c’est déjà beaucoup eu égard à la grande faiblesse qui m’affecte et à la
cécité elle-même qui m’est survenue depuis peu, comme je l’ai déjà
dit, à plusieurs reprises. »
‫ܕܣܒܪ ܐܢܐ ܘܣܓܝ ̈ܣܦܩܢ܇ ܠܦܘܬ‬ ܿ ‫ܕܫܥܬܐ ܕܝܢ ̈ܣܦܩܢ ܗܠܝܢ ܐܝܟ‬
ܿ
‫ܕܓܕܝܫܬ ܠܝ ܡܢ ܗܪܟܐ‬ ‫ܡܚܝܠܘܬܐ ܕܠܝ ܣܓܝܐܬܐ ܘܥܘܪܘܬ ܢܦܫܐ ܿܗܝ‬

125
État des sources

̈ ‫ܕܙܒܢܬܐ‬
‫ܐܣܓܝܐܬܐ ܗܐ ܡܢ ܟܕܘ ܿܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ‬ ̈ ‫ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ܆ ܿܗܝ‬

‫܀܀܀‬

3. Études

F. Nau avait déjà, en 1910183, signalé l’existence de cette Lettre sur les
nœuds ascendant et descendant dont il a ensuite, en 1929, édité et traduit un
court extrait184. Mais le passage présente une date astronomique que F. Nau
n’a pas su rendre correctement, faisant de cette lettre une production
antérieure à l’année 359 de Dioclétien (soit 643 apr. J.-C.), alors qu’il
s’agissait en réalité de l’année 379 de Dioclétien (soit 662 apr. J.-C.)185.
Si la lettre a été rédigée à une date proche de celle utilisée pour le
calcul, on peut donc situer chronologiquement les œuvres de Sévère de la
manière suivante : le Traité sur l’astrolabe (avant 660), le Traité sur les
constellations (660) et la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
(661?).
H. Hugonnard-Roche a récemment rappelé l’existence et le contenu de
cette lettre186.

D. La Lettre sur la conjonction des planètes

Cette lettre de Sévère Sebokht fut adressée au prêtre périodeute


chypriote Basile en 662 apr. J.-C., en réponse à sa question sur la
conjonction des sept planètes. Après avoir rappelé l’exemple de la
conjonction des sept planètes qui eut lieu l’année 245 de Dioclétien, Sévère
explique comment calculer, au moyen des Tables faciles de Ptolémée, les

183
Voir NAU, « La cosmographie », 1910, p. 240. Selon F. Nau, Basile, le prêtre et
périodeute, serait l’intermédiaire par lequel Stéphane et Sévère échangeaient à propos de
ces questions astronomiques. Mais le nom de Basile ne figure pas dans cette lettre.
184
Voir NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de
Qennešrin », ROC 27, 1929/30, Introduction, p. 333-337.
185
Cette correction était de toute façon indispensable pour faire correspondre la date
formulée en ère de Dioclétien, avec la date formulée en ère de Philippe Arrhidée dans le
même passage, cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2.
186
Voir HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38.

126
État des sources

positions des planètes pour une date déterminée et affirme qu’après la


conjonction de 245, il y en aurait bien d’autres.

1. Les manuscrits

La Lettre sur la conjonction des planètes est attestée dans deux


manuscrits : le BL Add. 12 154 (f. 248v) et le Paris BnF syr. 346 (f. 121v-
124v). V. Ryssel puis F. Nau en 1899 en ont d’abord pris connaissance par
l’intermédiaire d’une citation qu’en a fait Georges des Arabes, citation
préservée dans le manuscrit londonien. Dix ans plus tard, en analysant le
manuscrit 346 de la collection parisienne, F. Nau identifiait la lettre
complète de Sévère Sebokht.

a. Paris BnF syr. 346 (f. 121v-124v)

La Lettre sur la conjonction des planètes de Sévère adressée au prêtre


Basile de Chypre, située entre les folios 121v et 124v, suit immédiatement
le Traité sur les constellations et précède la Lettre sur les nœuds ascendants
et descendants. Elle a été rubriquée sous le numéro de chapitre XIX par le
scribe.

Tit. : « 19e chapitre sur la conjonction des sept planètes qui a parfois eu lieu
et qui aura lieu prochainement ; pour quelle raison ne peut-on
observer la plupart du temps que la conjonction de 5 planètes
seulement ? Au sujet de <la durée de> révolution de chacune d’entre
elles. »
‫ܕܫܒܥܐ ̈ܛܥܝܐ ܇‬
̈ ‫ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܗܘܬ ܒܙܒܢ ܣܘܗܢܕܘܣ‬. ‫ܕܝܛ‬ 187
‫ܩܦܐܠܘܢ‬
‫ܘܐܦ ܥܬܝܕܐ ܕܬܗܘܐ ܘܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܠܘ ܐܝܟ ܕܒܣܘܓܐܐ‬
̄ ‫ܡܬܚܙܝܐ ܘܐܦ ܐܠ ܣܘܢܕܘܣ‬
̈ ‫ܕܗ‬
‫ ܒܠܚܘܕ ܘܡܛܠ ܟܪܘܟܝܐ ܕܟܠܚܕ ܚܕ‬. ‫ܛܥܝܐ‬
. ‫ܡܢܗܘܢ‬

187
Le copiste ajoute en marge : « ‫ܐܚܡܝ‬ ̈ ‫ܘܕܫܘܐܐܠ ܡܕܡ ܕܗܘܘ ܡܢ‬
̈ ‫ܐܢܫܝܢ‬ ̈ ̈
‫ܕܦܘܫܟܐ‬ ‫ܐܬܟܬܒ ܫܪܝܐ‬
. ‫» ܝܘܠܦܢܐ ܐܝܟ ܕܠܘܬ ܪܚܡ ܐܠܗܐ ܩܫܝܫܐ ܘܣܥܘܪܐ ܒܣܝܠ‬.

127
État des sources

Inc. : « Au sujet de ce que tu as écrit, mon Frère, à savoir que ce ne sont pas
<toujours> les mêmes qui vous sont peu visibles, aussi à ce propos
[…] »
̈
‫ܡܬܚܙܝܢ‬ ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܕܐܦ ܐܚܪܬܐ ܟܬܒܬ ܐܚܘܬܟ ܇ ܕܠܘ ܠܡ ܙܥܘܪܝܐܝܬ‬
. ‫ܗܢܘܢ ܟܕ ܗܢܘܢ ܿܗܢܘܢ ܕܠܘܬܟܘܢ ܐܦ ܥܠ ܗܕܐ‬

Des. (f. 127v) : « Et ces choses que je viens d’écrire, je les ai écrites dans
une grande nécessité, parce que j’y ai été fortement poussé par amour
pour toi, mon Frère spirituel. »
̈
‫ܐܢܝܢ ܟܕ‬ ‫ ܒܐܘܠܨܢܐ ܣܓܝܐܐ ܿܟܬܒܬ‬. ‫ܕܟܬܒܬ ܗܫܐ‬
ܿ ‫ܘܐܦ ܗܠܝܢ‬

‫ܡܬܥܨܐ ܐܢܐ ܣܓܝ ܇ ܡܢ ܚܘܒܐ ܕܐܚܘܬܟ ܪܘܚܢܝܬܐ ܀‬

b. BL Add. 12 154 [ancien cod. syr. 860] (VIIIe ou IXe s.)

Conservé à la British Library, le manuscrit portant la cote Add. 12 154


e e
a été daté par W. Wright de la fin du VIII ou du IX siècle. On peut en
trouver une longue notice dans le deuxième volume de son Catalogue188.
C’est un recueil hétéroclite de textes monophysites. Le manuscrit est en
parchemin de format 237 x 159 mm de 294 feuillets, dont certains sont
mutilés à la fin. Le manuscrit présente 27 à 41 lignes par pages. Il semble
avoir été copié par trois mains différentes, en esṭrangelo. Vu son contenu,
cette compilation résulte d’une commande interne à l’Église monophysite.
Trois parties se dessinent dans l’organisation de ce manuscrit : les 31
premiers feuillets sont consacrés à une défense de la doctrine monophysite,
la seconde partie est une sorte d’anthologie littéraire sans problématique
thématique, essentiellement puisée aux Pères de l’Église. La troisième partie
(f. 222r-293v), enfin, contient l’œuvre de Georges des Arabes (Traité de
logique, correspondance scientifique et autres…). La citation portant sur les
conjonctions astrales apparaît au feuillet 248v dans l’une des trois lettres
adressées au prêtre Ješua du village d’Anab durant l’année des Grecs 1025
(714 apr. J.-C.). On notera que ce manuscrit comporte également d’autres

188
WRIGHT, Catalogue, 1871, p. 976-989.

128
État des sources

lettres, notamment celles adressées à Jean le Stylite, entièrement consacrées


à des problèmes d’ordre chronologique et astronomique (f. 265v-284r).

Inc. (f. 248v) : « Sur le discours (cours ?) qui a été tenu par lui au sujet de la
conjonction des astres célestes les uns avec les autres. »
. ‫ܚܕܕܐ ܕܢܗܝ̈ܪܐ ܕܫܡܝܐ‬ ̈
̈ ‫ܣܘܢܘܕܘ ܕܠܘܬ‬ ‫ܒܫܪܒܐ ܚܕ ܕܥܒܝܕ ܠܗ ܡܛܠ‬

2. Édition / Traduction

La première partie de cette lettre (fol. 121v-123r ) a été éditée, à partir


du ms. Paris BnF syr. 346, et fut traduite en français par F. Nau dans ses
« Notes d’astronomie syrienne » publiées dans le Journal asiatique en
1910189.
La citation de Bardesane, contenue dans cette lettre et qu’on retrouve
sous la plume de Georges des Arabes, a été reproduite par P. de Lagarde en
1858190 puis par V. Ryssel en 1891191, traduite par F. Nau à la suite du Livre
des Lois des pays192 en 1899 puis éditée et traduite en latin de nouveau par
F. Nau, dans le deuxième volume de la Patrologia Syriaca193 en 1907.

3. Études

H. Hugonnard-Roche a rapproché le contenu de cette lettre avec la


polémique qui opposa Jean Philopon à Proclus au sujet de l’éternité du
monde. Jean Philipon tout comme Sévère mentionnent une conjonction des
sept planètes qui aurait eu lieu dans le Taureau durant l’année 245 de
Dioclétien (c’est-à-dire l’année 529 de notre ère)194.

189
NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 210-213 (texte) et p. 213-214 (trad.).
190
P. de Lagarde avait édité sans traduction tout le contenu de la lettre de Georges des
Arabes dans LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, 1858, p. 108 à 134. La citation attribuée à
Bardesane sur la durée de révolution des planètes se trouve dans la deuxième partie de cette
lettre qui comprend neuf chapitres (cf. p. 114-115).
191
RYSSEL V., Georgs des Araberbischofs Gedichte und Briefe : aus dem Syrischen,
übersetzt und erläutert von V. Ryssel, Leipzig, S. Hirzel, 1891, p. 122-129.
192
NAU, Bardesane, Le Livre des Lois des pays, 1899.
193
NAU, « Bardesanes », 1907, col. 612-615.
194
Voir HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38.

129
État des sources

Remarquons que Sévère cite une fois de plus Ptolémée à la fin de cette
lettre (f. 124r) : « […] on sait que chacune des 7 planètes circule le long du
cercle du zodiaque et qu’on la trouvera dans tel ou tel signe, en fonction de
ce qu’en dit Ptolémée dans son Isagogue ( ‫» ) ܐܝܣܓܘܓܝ‬.
On trouvera quelques compléments d’information sur cette lettre dans
la troisième partie de cette thèse (voir Partie 3, section II, 2, d.)

E. Quatre chapitres sur les climats

1. Paris BnF syr. 346 (f. 127v-136r)

Le manuscrit parisien contient également quatre chapitres (chapitre 21


à 24) qui ont pour thème commun les climats et leur localisation sur la
sphère céleste. Nous proposons de les regrouper sous le titre de « Traité sur
les climats ». Ces chapitres sont de Sévère Sebokht car dans le titre du
quatrième de ces chapitres, l’auteur renvoie au Traité sur les constellations,
dont il prétend être l’auteur. Ces chapitres sont donc postérieurs à 660 apr.
J.-C. De plus, comme cet ensemble a été recopié entre la Lettre sur les
nœuds ascendant et descendant (rédigée peu avant 662 apr. J.-C.) et la
Lettre sur le XIV lunaire de Nisan (rédigée en 664 apr. J.-C.), et si, comme
nous le pensons, les textes attribués à Sévère Sebokht apparaissent de
manière chronologique dans le manuscrit, alors nous pouvons penser que
ces quatre chapitres ont pu être rédigés par Sévère Sebokht entre ces deux
dernières dates.
Voici l’intitulé de chacun de ces chapitres :

Chapitre 21
Tit. (f. 127v) : Chapitre 21. Au sujet des noms des sept climats l’un après
l’autre ; latitude de chacun d’eux ; jour le plus grand ; au sujet de leur
longitude.
̈ ‫ܕܫܒܥܐ‬
. ‫ܩܠܝܡܛܐ ܕܚܕ ܒܬܪ ܚܕ‬ ̈ ̈ ‫ ܡܛܠ‬. ‫ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܚܕ‬
‫ܫܡܗܐ‬
. ‫ ܘܡܛܠ ܐܘܪܟܗܘܢ‬. ‫ ܘܐܝܡܡܗܘܢ ܿܗܘ ܪܒܐ‬. ‫ܘܦܬܝܐ ܕܟܠܚܕ ܡܢܗܘܢ‬

130
État des sources

Chapitre 22
Tit. (f. 128v) : Chapitre 22. Au sujet de la répartition de la sphère du ciel en
cinq zones ; comment compte-t-on, en chaque climat, la distance à
l’horizon sud et aussi à l’horizon nord ; comment pouvons-nous
connaître la latitude de chaque climat.
̈
‫ܠܚܡܫ‬ ‫ ܡܛܠ ܦܘܠܓܐ ܕܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ‬. ‫ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬ̈ܪܬܝܢ‬
̈
‫ ܘܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܚܫܒ ܐܢܫ ܠܗܠܝܢ ܕܒܟܠ ܩܠܝܡܐ ܇ ܕܟܡܐ ̈ܪܚܝܩܢ‬. ‫ܙܘܢܣ‬
‫ ܘܡܛܠ ܿܗܝ‬. ‫ܡܢ ܐܘܪܝܙܘܢ ܬܝܡܢܝܐ ܐܟܚܕܐ ܕܝܢ ܐܦ ܡܢ ܿܗܘ ܓܪܒܝܝܐ‬
̈ ‫ܕܐܝܟܢ ܢܕܥ ܠܦܬܝܐ ܕܟܠܚܕ ܡܢ‬
. ‫ܩܠܝܡܛܐ‬

Chapitre 23
Tit. (f. 131r) : Chapitre 23. Comment, de manière plus démonstrative,
d’après la latitude de chaque climat, on peut calculer ce que nous
avons dit précédemment, pour chacun des climats ; comment le
soleil se situe en chacun d’eux quand il se trouve au commencement
du Cancer ou du Capricorne ; <on fera> de la même manière pour
chaque ville.
‫ ܕܐܝܟܢܐ ܝܬܝܪ ܡܚܘܝܢܐܝܬ ܡܢ ܦܬܝܐ ܕܟܠܚܕ‬. ‫ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬܠܬܐ‬
̈ ‫ ܕܟܠܚܕ ܚܕ ܡܢ‬. ‫ܕܩܕܝܡܢ ܐܡܝ̈ܪܢ‬
. ‫ܩܠܝܡܐ‬ ̈ ̈ ‫ܚܕ ܡܢ‬
‫ ܚܫܒ ܐܢܫ ܗܠܝܢ‬. ‫ܩܠܝܡܛܐ‬
ܿ ‫ ܐܡܬܝ‬. ‫ܘܐܝܟܢܐ ܩܐܡ ܫܡܫܐ ܒܟܠ ܚܕ ܚܕ ܡܢܗܘܢ‬
‫ܕܗܘܐ ܒܪܝܫܗ‬
ܿ . ‫ܕܣܪܛܢܐ ܐܘ ܕܓܕܝܐ‬
. ‫ ܘܒܟܠ ܡܕܝܢܬܐ‬. ‫ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܕܝܢ‬

Chapitre 24
Tit. (f. 134r) : Chapitre 24. Au sujet des climats qui sont sur l’astrolabe ; au
sujet du signe de la Balance ; explication, la plus brève possible, au
sujet de ces constellations qui sont sur la sphère céleste, dont nous
avons parlé dans le traité que nous leur avons consacré.
̈ ‫ ܡܛܠ‬. ‫ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܐ̈ܪܒܥܐ‬
‫ ܘܡܛܠ‬. ‫ܩܠܝܡܛܐ ܕܒܐܣܛܪܘܐܠܒܘܣ‬
‫ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܘܢ ܕܡܣܐܬܐ ܘܡܥܗܕܢܘܬܐ ܐܝܟ ܕܒܙܥܘ̈ܪܝܬܐ ܡܛܠ‬
̈
‫ܕܡܘܬܐ ܿܗܢܘܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ‬ ‫ܿܗܢܘܢ ܕܐܡܪܢܢ ܒܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܥܒܕܢܢ ܥܠ‬
. ‫ܕܐܝܬ ܒܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ‬

131
État des sources

2. Texte inédit

Ces quatre chapitres sur les climats sont, à notre connaissance, restés
inédits et sans traduction. Nous ne recensons aucune étude à leur propos.

F. Lettre sur le XIV lunaire de nisan de la 19e année en l’an 976 des Grecs,
faut-il le compter le 5 ou le 6 de nisan ?

Cette lettre, qui résulte d’un échange entre Sévère Sebokht et le prêtre
Basile de Chypre, vise à déterminer la date de Pâque de l’année 976 des
Grecs (année présentée comme « à venir »). Après la conférence d’Aeas
(organisée sous le règne de Justinien), une certaine confusion règne au sujet
de la fixation des calendriers et des dates de cérémonies chrétiennes. Le
choix d’une célébration de la Pâque le 5 plutôt que le 6 de nisan n’était en
rien anodin195.
Nous recensons pour l’instant deux témoins de cette lettre, préservés
dans le ms. Paris BnF syr. 346 et dans le ms. Berlin syr. 186.

1. Les manuscrits

a. Paris BnF syr. 346 (f. 136r-140r)

Située aux feuillets 136r à 140r du ms. Paris BnF syr. 346, cette lettre
a été rubriquée par le scribe sous le numéro de chapitre XXV (noté en
marge). Elle fait ainsi suite aux quatre chapitres (XXI-XXIV) traitant des
sept climats et précède une autre lettre (= Chapitre XXVI) de Sévère
Sebokht adressée à Basile de Chypre sur les cycles de 95 ans et de 532 ans.

195
Voir à ce sujet l’Introduction générale, II. 2. a. « la mesure du temps » sur la réforme
d’Aeas (en note).

132
État des sources

Tit. (f. 136r) : « Du même vénérable et saint Sévère Sebokht. Réponse à


quelques doutes et demandes formulés par des amis de
l’enseignement. Cette réponse a été écrite conformément <à la
volonté ?> du prêtre et périodeute Basile, ami de dieu. Premièrement :
au sujet du XIV lunaire de nisan de la 19e année, qui est l’an 976 des
Grecs. Faut-il le compter le 5 ou le 6 de nisan ? »
‫ ܫܪܝܐ ܕܦܘܫܟܐ‬. ‫ܕܝܠܗ ܟܕ ܕܝܠܗ ܕܚܣܝܐ ܘܩܕܝܫܐ ܣܐܘܪܐ ܣܒܘܟܬ‬
̈
‫ ܐܬܟܬܒ ܕܝܢ‬. ‫ܐܢܫܝܢ ̈ܪܚܡܝ ܝܘܠܦܢܐ‬ ̈
‫ܘܕܫܘܐܐܠ ܡܕܡ ܡܕܡ ܀ ܕܗܘܘ ܡܢ‬
‫ ܩܕܡܝܐ‬. ‫ܗܘ ܫܪܝܐ ܐܝܟ ܕܠܦܘܬ ܪܚܡ ܐܠܗܐ ܩܫܝܫܐ ܘܣܥܘܪܐ ܒܣܝܠ‬
‫ܕܗܘܝܐ ܒܫܢܬ‬ܿ ‫ܡܛܠ ܐܪܒܥܣܪܐ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܕܫܢܬܐ ܕܝܛ ܿܗܝ‬
̈ ‫ܒܚܡܫܐ ܒܢܝܣܢ ܐܘ‬
‫ܒܫܬܐ ܙܕܩ‬ ̈ ̈ ‫ܘܫܝܬ‬
‫ܕܝܘܢܝܐ ܕܐܢ‬ ̈
̈ ‫ܘܫܒܥܝܢ‬ ̈
‫ܬܫܥܡܐܐ‬
ܿ
. ‫ܠܡܚܫܒܗ‬

Inc. (f. 136r) : « Au sujet de ce que tu nous a écrit, mon Cher, voici
maintenant quelque explication, destinée aux amis de l’enseignement
qui sont chez vous sur l’île de Chypre : je parlerai du XIV lunaire de
la 19e année, la prochaine, qui tombera l’an 976 des Grecs, dans la 8 e
année de l’Indiction) »
‫ܡܛܠ ܕܟܬܒܬ ܠܢ ܐܚܘܬܟ ܇ ܕܦܘܫܩܐ ܡܕܡ ܗܘܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ ܇ ܐܠܢ ̈ܫܝܢ‬
‫ܪܗܚܡܝ ܝܘܠܦܢܐ ܠܘܬܟܘܢ ܒܩܘܦܪܘܣ ܓܙܪܬܐ ܇ ܐܡܪ ܐܢܐ ܕܝܢ ܡܛܠ ̄ܝ ̄ܕ‬
̈
‫ܕܝܘܢܝܐ‬ ‫ܥ ̄ܘ‬
̄ ‫ܕܝ ̄ܛ ܗܕܐ ܕܥܬܝܕܐ ܕܬܗܘܐ ܒܫܢܬ ̄ܨ‬
̄ ‫ܕܣܗܪܐ ܕܫܢܬܐ‬
̄ ‫ܒܗܦܝܢܝܡܝܣܝܣ‬
‫ܕܚ ܇‬

b. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 98v-102v)

Le manuscrit syr. 186 conservé à la Staatsbibliothek de Berlin


présente un second témoin de cette lettre, vraisemblablement copié du ms.
Paris Bnf syr. 346. La lettre porte même, dans la marge près du titre, le
numéro de chapitre 25 (comme dans le manuscrit parisien), alors que le
reste du manuscrit n’est pas réparti en chapitres. Située aux feuillets 98v à
102v, cette lettre fait suite au Traité sur l’astrolabe (f. 82v-98r) et précède,

133
État des sources

tout comme dans le ms. Paris BnF syr. 346, une autre lettre de Sévère
Sebokht sur les cycles de 95 et 532 ans (f. 103r-105v).

Tit. (f. 98v) : « Du même vénérable et saint Sévère Sebokht. Réponse à


quelques doutes et demandes formulés par des amis de
l’enseignement. Cette réponse a été écrite conformément <à la
volonté ?> du prêtre et périodeute Basile, ami de Dieu. Premièrement :
au sujet du XIV lunaire de nisan de la 19e année, qui est l’an 976 des
Grecs. Faut-il le compter le 5 ou le 6 de nisan ?
̈
‫ܕܦܘܫܟܐ‬ ‫ܕܝܠܗ ܟܕ ܕܝܠܗ ܕܚܣܝܐ ܘܩܕܝܫܐ ܣܐܘܪܐ ܣܒܘܟܬܐ ܫܪܝܐ‬
̈ ‫ܘܕܫܘܐܐܠ ܡܕܡ ܕܗܘܘ ܡܢ‬
‫ ܐܬܟܬܒ ܕܝܢ ܗܘ ܫܪܝܐ‬. ‫ܐܢܫܝܢ ̈ܪܚܡܝ ܝܘܠܦܢܐ‬ ̈

‫ܐܝܟ ܕܠܘܬ ܪܚܡ ܐܠܗܐ ܩܫܝܫܐ ܘܣܥܘܪܐ ܒܣܝܠ ܩܕܡܝܐ ܡܛܠ‬


‫ܐܪܒܥܣܪܐ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܕܫܢܬܐ ܕܝܛ ܿܗܝ ܕܗܘܝܐ ܒܫܢܬ ܬܫܥܡܐܐ‬
̈ ‫ܘܫܒܥܝܢ ܘܫܝܬ‬
. ‫ܕܝܘܢܝܐ ܕܐܢ ܒܚܡܫܐ ܒܢܝܣܢ ܐܘ ܒܫܬܐ ܙܕܩ ܠܡܚܫܒܗ‬

Le texte s’achève, tout comme dans le Paris BnF syr. 346, avec deux
tableaux permettant de connaître à l’avance le jour exact du XIV lunaire pour
un cycle de 19 ans.

2. Texte inédit / Études

Cette lettre n’a jamais fait l’objet d’édition ni de traduction. F. Nau en


a seulement édité et traduit le titre et a résumé le contenu de cette lettre dans
un article de 1910196. H. Hugonnard-Roche a également présenté un autre
résumé de ce texte en 2001197.

196
Voir NAU, « La cosmographie », 1910, p. 242.
197
HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38 : « In un’ altra lettera,
indirizzata anch’essa a Basilio, Sebokht interviene per stabilire la data della
quattordicesima Luna piena del mese di Nisan (marzo/aprile) dell’anno 665; si trattava di
sapere se il giorno di Luna piena successivo all’equinoxio di primavera, che determinava la
data della Pasqua, cadesse il 5 o il 6 aprile, e se si dovesse celebrare la Risurrezione la
domenica 6 o la domenica 13 aprile dell’anno 665 ».

134
État des sources

G. La Lettre sur le cycle de 95 ans

Cette lettre a été signalée pour la première fois par E. Sachau dans le
second volume de son catalogue des manuscrits syriaques de la Königliche
Bibliothek de Berlin en 1899. C’est encore une lettre de Sévère Sebokht
adressée à Basile de Chypre. Métrodore y est désigné comme l’inventeur du
cycle solaire de 532 ans. D’autres auteurs sont cités parmi lesquels on
trouve Théon d’Alexandrie (f. 105r).

1. Manuscrit : Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 103r-105v)198

Située entre la Lettre sur le XIV lunaire de Nisan et une autre lettre de
Sévère Sebokht Sur la date de naissance du Christ, la Lettre sur le cycle de
95 ans se trouve aux feuillets 103r à 105v du ms. Berlin syr. 186.

Tit. (f. 103r) : « <Réponse> spécifique aux questions posées par le prêtre
Basile de l’île de Chypre, à propos desquelles il a éprouvé un doute »
̈
‫ܐܢܝܢ ܐܘܟܝܬ‬ ‫ܕܕܝܠܢܐܝܬ ܿܗܘ ܩܫܝܫܐ ܒܣܝܠ ܕܡܢ ܩܘܦܪܘܣ ܓܙܪܬܐ ܫܐܠ‬
. ‫ܐܬܦܫܟ ܒܗܝܢ‬

Inc. (f. 103r) : « Au sujet du cycle de 95 ans. J’ai écrit à ce sujet, mon frère,
que je n’avais qu’une seule chose à dire, à savoir que ce cycle de 95
ans (c’est-à-dire 5 et quatre-vingt dix) ne prend pas en compte les
jours de la semaine, […]
‫ܫܢܝܢ ܕܐܦ ܡܛܠܬܗ ܟܬܒܬ‬ ̈ ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܩܘܩܠܘܣ ܗܘ ܕܬܫܥܝܢ ܘܚܡܫ‬
̈ ‫ܕܨ ̄ܗ‬
‫ܫܢܝܢ‬ ̄ ‫ ܕܩܘܩܠܘܣ ܗܢܐ‬. ‫ܐܚܘܬܟ ܚܕܐ ܒܠܚܘܕ ܐܝܬ ܠܝ ܕܐܡܪ‬
̈
‫ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܠ‬. ‫ܒܝܘܡܬܐ ܕܫܒܬܐ‬ ‫ܕܗ ܬܫܥܣ̈ܪܝܘܬܐ ܡܕܓܠ‬̄ ‫ܐܘܟܝܬ‬
̄
‫ܡܣܬܩܡ ̄ܘ ̄ܫܪ‬
2. Texte inédit

Ce texte est resté, à notre connaissance, parfaitement inédit et sans


traduction.
198
SACHAU, Handschriften, 1899, p. 607.

135
État des sources

H. La Lettre sur la date de naissance du Christ

La Lettre sur la date de naissance du Christ est conservée, à notre


connaissance dans deux manuscrits : le Paris BnF syr. 346 et le Berlin,
syr. 186. Cette lettre ne présente pas, à proprement parler, de contenu
astronomique. Nous la mentionnons cependant, car elle fournit des
e
indications précieuses sur le calendrier en usage chez les Syriaques des VII
e
et VIII siècles, et notamment sur la façon de formuler les dates. On y
apprend par exemple que Sévère recommande de placer la naissance du
Christ l’an 312 des Grecs, ce qui est conforme aux propositions d’Eusèbe de
Césarée.

1. Les manuscrits

a. Paris BnF syr. 346 (f. 142v-145r)

On trouve une copie de la Lettre sur la date de naissance du Christ


dans le ms. Paris BnF syr. 346 aux feuillets 142v à 145r. Cette lettre fait
suite à la Lettre sur le cycle de 95 ans de Sévère Sebokht (entre ces deux
lettres s’intercale ce que F. Nau considère comme un appendice au chapitre
XIII de la Tétrabible de Claude Ptolémée, dont une traduction syriaque
figure au début de ce même manuscrit) et précède une lettre de Georges des
Arabes.

Tit. (f. 142v) : Chapitre 27 sur la date de naissance de notre Seigneur Jésus
Christ et sa passion salvatrice dans la chair ; en quelles années du
Christ elles eurent lieu.
̈
‫ ܡܛܠ ܙܒܢܐ ܕܝܠܝܕܘܬܗ ܕܡܪܢ ܝܫܘܥ ܡܫܝܚܐ‬. ‫ܘܫܒܥܐ‬ ‫ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ‬
̈ ‫ܫܢܝܐ‬
. ‫ܕܝܘܢܝܐ ܗܘܘ‬ ̈ ‫ܘܚܫܗ ܦܪܘܩܝܐ ܕܒܒܣܪ ܕܒܐܝܠܝܢ‬

136
État des sources

b. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26]199

La Lettre sur la date de naissance du Christ se trouve juste après la


Lettre de Sévère Sebokht à Basile sur le cycle de 95 ans.

Tit. :
‫ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣܪܝܢ ܘܫܒܥܐ ܡܛܠ ܙܒܢܐ ܕܝܠܝܕܘܬܗ ܕܡܪܢ ܝܫܘܥ ܡܫܝܚܐ‬
̈ ‫ܫܢܝܐ‬
. ‫ܕܝܘܢܝܐ ܗܘܘ‬ ̈ ‫ܕܚܫܗ ܦܪܘܩܝܐ ܕܒܒܣܪ ܕܒܐܝܠܝܢ‬

En marge :
̈
. ‫ܦܬܚܐ ܘܡܫܟܚ ܐܢܬ ܘܩܪܝ‬ ‫ܫܘܡܠܝܗ ܕܩܦܐܠܘܢ ܗܢܐ ܐܥܒܪ ܬ̈ܪܝܢ‬

2. Texte inédit, traduction et études

Ce texte, inédit, a été mentionné dans la notice du ms. Paris BnF


syr. 346 que F. Nau publia en 1910200. Il montre, à cette occasion, qu’une
partie de ce texte a été repris dans une lettre de Georges des Arabes dont le
texte a été entièrement publié par V. Ryssel en 1891201.
Il n’existe, à notre connaissance, aucune traduction intégrale de cette
lettre.

I. La Lettre sur l’origine de la science astronomique ( ? )

Il s’agit d’une lettre dans laquelle l’auteur insiste sur le lien quasi
« originel » établi, selon lui, entre la culture syriaque et le savoir
astronomique antique et sur le fait que ce type de savoir n’est pas réservé
aux seuls « Grecs ». Cette lettre a un intérêt scientifique et historique
considérable car elle présente peut-être le premier témoignage d’une
transmission des chiffres indiens vers l’Occident.

199
SACHAU, Handschriften, 1899, p. 607.
200
Comparer avec la traduction de NAU, « La cosmographie », 1910, p. 243-244.
201
Voir RYSSEL, Georgs des Araberbischofs, 1891, p. 49.

137
État des sources

1. Manuscrit : Paris BnF syr. 346 (f. 168v-171v)

Cette lettre se trouve, à notre connaissance, dans le seul ms. Paris BnF
syr. 346 aux f. 168v-171v. Elle fait suite à un chapitre, traitant d’astronomie
générale, extrait des Cours d’astronomie de Bar Hebraeus (f. 161v-168v) et
précède une explication au grand Périhermeneias (f. 171v-172r) due à
Sévère Sebokht.

Tit. (f. 168v) : Chapitre au sujet de la précédence du savoir des Syriens dans
le cadre de l’enseignement de l’astronomie ; sur le fait que la science
de ces sujets est commune aux Grecs et aux Barbares, pourvu qu’ils
s’y appliquent202 ;
. ‫ܩܦܐܠܘܢ ܡܛܠ ܩܕܝܡܘܬ ܝܕܥܬܐ ܕܣܘ̈ܪܝܝܐ ܕܒܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ‬
̈ ‫ܘܕܕܓܘܐ ܐܝܬܝܗ ܝܕܥܬܐ ܕܗܠܝܢ ܇ ܕܐܝܬܝܗܝܢ‬
‫ܕܝܘܢܝܐ ܟܝܬ ܘܕܒ̈ܪܒܪܝܐ‬
̈ ‫ܐܢ ܢܗܘܘܢ‬
. ‫ܚܦܝܛܐ‬

Inc. (f. 168v) : Au sujet de ce que certains d’entre les Grecs disent à votre
propos, comme tu l’as écrit, mon cher, à savoir qu’il ne serait
absolument pas possible que des Syriens sachent quoique ce soit en ce
domaine. Je parle du calcul des astres et des éclipses solaires et
lunaires dont ils estiment que seuls les Grecs auraient la science.
̈ ‫ܐܢܫܝܢ ܡܢ‬
‫ܝܘܢܝܐ ܠܘܬܟܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܐܚܘܬܟ‬ ̈ ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܿܗܝ ܕܐܡܪܝܢ‬
‫ܟܬܒܬ ܕܐܠ ܠܡ ܡܨܝܐ ܣܟ ܕܣܘ̈ܪܝܝܐ ܢܕܥܘܢ ܡܕܡ ܕܐܝܟ ܗܟܢ ܇ ܐܡܪ‬
̈
‫ܕܟܘܟܒܐ ܘܕܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ ܇ ܟܕ ܿܡܣܒܪܝܢ‬ ‫ܐܢܐ ܚܘܫܒܢܐ‬
ܿ ‫ܐܝܬܝܗ‬
‫ܟܠܗ ܝܕܥܬܐ‬ ܿ ‫ܕ̈ܪܝܘܢܝܐ ܒܠܚܘܕ‬

Des. (f. 171v) : De même que c’est par toi, mon frère, grâce à toi et par ton
entremise que de tels sujets seront appris, c’est par Sévère Sebokht
qu’ils ont été enseignés.

202
E. Reich a traduit différemment : « Kapitel über die Priorität des Wissens der Syrer auf
dem Gebiet der Astronomie ; und darüber, dass die Erkenntnis des Seienden Allgemeingut
sowohl der Griechen als auch der « Barbaren » ist, sofern sie sich nur darum bemühen ;
sowie einige Fragestellungen, bzw. Probleme, die sich auf gewisse Dinge aus dieser
Wissenschaft beziehen » (cf. REICH, « Ein Brief des Severus Sebokt », 2000, p. 484).

138
État des sources

ܿ
‫ܒܡܨܥܝܘܬܗ ܇‬ ܿ ‫ܕܒܐܝ‬
‫ܕܝܗ ܐܘܟܝܬ‬ ̈ ‫ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܐܦ ܕܐܚܘܬܟ ܕܠܟ ܿܗܝ‬
‫ܗܠܝܢ ܟܝܬ ܘܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܿܝܠܦܬ ܿܚܣܝܐ ܠܣܐܘܝܪܐ ܣܒܘܟܬ ܇‬

2. Édition / Traduction

Cette lettre a été partiellement éditée et traduite par F. Nau en 1910


dans sa notice du ms. Paris BnF syr. 346 203. Il l’attribue à Sévère Sebokht
pour la raison que le texte donne la position d’une étoile pour l’année 973
des Grecs, soit l’an 662 apr. J.-C. Une édition du texte accompagnée d’une
traduction allemande a été publiée en 2000 par Edgar Reich204 qui ne
semble pas remettre cette attribution en cause.
Une traduction anglaise partielle du texte a été publiée en 2010 par
Hidemi Takahashi205.

3. Études

Cette lettre a particulièrement retenu l’attention des chercheurs étant


donné la mention qu’y fait l’auteur des neuf chiffres indiens. Sur
l’importance de ce témoignage, on verra les commentaires que F. Nau a
glissés dans trois de ses articles entre 1910 et 1930206. E. Reich a
accompagné sa traduction de nombreuses notes qui renseignent notamment
sur la proximité de ce texte avec la littérature grecque ; enfin on pourra se
reporter au récent article de H. Takahashi publié en octobre 2011207.
Il serait à présent nécessaire de mener une analyse philologique sur ce
texte afin de justifier son attribution à Sévère Sebokht, étant donné que le
203
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 248-252.
204
REICH E., « Ein Brief des Severus Sebokt » in Sic itur ad astra. Studien zur Geschichte
der Mathematik und Naturwissenschaften. Festschrift für den Arabisten Paul Kunitzsch
zum 70. Geburtstag, edited by M. Folkerts and R. Lorch, Wiesbaden, 2000, p. 479-483
(texte); p. 484-489 (trad.).
205
TAKAHASHI H., « Between Greek and Arabic : The Sciences in Syriac from Severus
Sebokht to Barhebraeus », in KOBAYASHI H. and KATO M. (éd.), Transmission of Sciences:
Greek, Syriac, Arabic and Latin, Tokyo, Waseda University (WIAS), 2010, p. 21-23.
206
NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 25-27 ; NAU, « La cosmographie », 1910, p. 248-
252 ; NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/30, INTRODUCTION, p. 332-333.
207
TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480-481.

139
État des sources

nom de cet auteur n’est jamais mentionné par le scribe, phénomène que ne
signalent ni H. Takahashi ni E. Reich. Comme cela a été expliqué en
introduction, il faut se méfier car certains textes du ms. Paris BnF syr. 346,
pourtant attribués par le scribe à Sévère Sebokht, ne résistent pas à une
étude comparative du lexique (comme cela est le cas pour le Traité sur la
cause des éclipses de lune) et s’avèrent être d’un auteur dont le nom a été
perdu.

J. Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions


totales ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et
réfutation de la théorie de l’Atalya ( ? )

Nous présentons ici un ouvrage que F. Nau a attribué à Sévère


Sebokht sans que cette attribution soit clairement fondée. Ce texte n’a
jamais fait l’objet d’une édition ou d’une traduction intégrale, et pour son
contenu, il faut encore se référer à la notice du ms. Paris BnF syr. 346 de
F. Nau publiée en 1910208. Ce texte, qui présente un contenu astronomique,
et cherche à réfuter la théorie de l’Atalya, n’est, à notre connaissance, attesté
que dans le ms. Paris BnF syr. 346, sur les six derniers feuillets. F. Nau,
constatant que le début et la fin du texte manquait, émit l’hypothèse que ces
feuillets avaient été transposés. Nous avons donc voulu, pour ce texte,
mener une étude codicologique plus approfondie, conjuguée à notre lecture
cursive.

1. Manuscrit : Paris BnF syr. 346 (f. 172r à 177v)

Le manuscrit Paris BnF syr. 346, qui comprend 177 feuillets,


comprend actuellement 18 cahiers (f. 1-171) auxquels s’ajoutent six feuillets
indépendants de la reliure ancienne, mais qui ont été intégrés à la fin du
volume lors d’une restauration. Ces feuillets indépendants sont numérotés
de 172 à 177. Le traité que F. Nau a intitulé Traité sur les révolutions

208
NAU, « La cosmographie », 1910.

140
État des sources

planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou partielles de la lune


avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya recouvre
intégralement ces feuillets indépendants. Mais il manque le début et la fin
du texte, de sorte qu’il nous a fallu, dans un premier temps, analyser un à un
le contenu de ces feuillets pour nous assurer qu’ils avaient bien été placés
dans le bon ordre209. C’est le cas.
Un autre élément codicologique nous fait penser que si ces feuillets
sont disposés dans le bon ordre, ils ne sont pas pour autant à leur place dans
le manuscrit : il s’agit à la fois de l’épaisseur de l’écriture et de l’encre. Il se
trouve que l’écriture portée par ces derniers feuillets est en rupture avec
celle du cahier précédent. L’encre des feuillets 172 à 177 est noire et rouge
et surtout plus fine que celle des feuillets précédents, qui présentent une
écriture moins soignée dans une encre marron et rouge nettement plus
épaisse. En réalité, l’écriture des derniers feuillets se rapproche de celle des
cinquante premiers feuillets du manuscrit, qui étaient eux aussi écrits à
209
Une lecture cursive suffit effectivement à opérer cette vérification : le texte commence
brusquement, sans début, au f. 172r. Aux f. 172r-172v Aristote est cité comme une
référence vénérable avant que soit exposé un système sphérique géocentrique classique : la
terre est présentée au centre de l’univers, le soleil met 365 jours et 6 heures à en faire le
tour, les planètes forment cinq cercles. Ces dernières sont nommées, on compare leur
vitesse de révolution et le f. 172v s’achève avec une définition des hémisphères nord et sud.
Aux f. 173r et173v : les premiers mots complètent le propos entamé fin 172v sur la parfaite
sphéricité du ciel. Ce feuillet porte sur la conjonction de la lune et du soleil. Dans la
seconde partie du f. 173v commence un autre paragraphe sur les phases de la lune. F. 174r
et v : ce feuillet semble devoir logiquement être placé après le f. 173, étant donné que
l’exposition des phases lunaires se poursuit. À la fin du f. 174r commence un nouveau
chapitre sur les éclipses astrales et sur la cause attribuée par les Anciens à ces éclipses :
c’est-à-dire Atalya. On y explique ce qu’est Atalya (un corps de 24° de hauteur et de 180°
de largeur, dont la forme ressemble à celle d’un serpent), combien de degrés il parcourt en
un nychthémère, en un mois, en un an et combien de temps il lui faut pour faire un tour
complet. Aux f. 175r-175v, le contenu indique qu’il doit s’agir de la suite logique. L’auteur
cite, sans les nommer, des auteurs anciens, afin d’expliquer en quoi consistait la théorie de
l’Atalya, censé expliquer les phénomènes d’éclipse. L’auteur met ces citations à distance en
usant largement de la particule lam (‫ )ܠܡ‬et finit par qualifier au f. 175v leurs idées de
« folles » et de « pures inventions ». La dernière information apportée sur le f. 175v est que
les Anciens avaient conçu une Table de calculs des mouvements d’Atalya pour situer les
points. F. 176r-176v : ces points sont explicités comme étant les nœuds ascendant et
descendant. Il est encore question des tables de calcul d’Atalya, grâce auxquelles les
anciens pouvaient prévoir des éclipses. Si les astres se situaient à plus de 12 degrés de ces
nœuds (appelés aussi tête et queue d’Atalya), alors aucune éclipse n’était prévisible. F. 177r
et v : ce feuillet est peu lisible, étant dans un mauvais état de conservation. Il y est question
des planètes, puis de nouveau des 8 années (?), 7 mois et 16 jours qu’il faut à l’Atalya pour
effectuer une révolution complète. L’auteur commence à donner des arguments pour
expliquer que cette théorie de l’Atalya ne tient pas : le premier argument consiste à rappeler
que si le mouvement des planètes est régulier, en revanche celui de la lune ne l’est pas.
L’auteur donne ensuite une définition de l’écliptique, définit plus sérieusement ce que sont
les nœuds ascendant et descendant et précise qu’aucune éclipse n’est à prévoir tant que le
soleil et la lune seront distants de plus de 12°24’ de ces nœuds.

141
État des sources

l’encre noire dans une écriture fine. Étant donné que la forme des lettres ne
varie pas, il nous paraît peu probable qu’il s’agisse de deux mains
différentes. Il est plus vraisemblable que le scribe ait utilisé des calames et
une encre différente à partir du feuillet 51 de son manuscrit. Il aurait donc
écrit dans un premier temps à l’encre noire avec un calame fin, et, au cours
de l’actuel sixième cahier (signé ‫) ܛ‬, fut vraisemblablement amené à
changer d’encre (f. 51v exactement) ; à partir de là le travail apparaît moins
régulier et soigné210.
Or le changement de calame au feuillet 51v s’effectue au cours du
cahier 6 (signé ‫ )ܛ‬qui commence au f. 49r et semble complet211 ! Ces
feuillets s’inséraient-ils juste avant ce cahier ? Cela est impossible car le
Traité sur l’astrolabe couvre justement les feuillets 36v à 51v.
Nous nous interrogeons donc encore sur la place originelle de ces six
feuillets dans le manuscrit…

2. Édition et traduction partielles

F. Nau a édité une partie du f. 174r, tout le f. 174v et les a traduits212.


Nous ne recensons aucune étude sur ce texte. Au sujet de la théorie de
l’Atalya, on se reportera à toute la bibliographie fournie dans la section
consacrée au Traité sur la cause des éclipses de lune.

3. Étude

Pour une étude sur ce texte, on se référera pour l’instant aux analyses
que nous avons consignées dans la troisième partie de cette thèse (Partie 3,
section II, 2, c).

210
Toutefois, il faut noter qu’au feuillet 55v, si l’encre marron est de rigueur, en revanche,
l’écriture épaisse alterne avec une écriture un peu plus fine, indiquant peut-être un nouveau
changement de calame.
211
Il s’agit d’un sénion comprenant les feuillets 49 à 61, avec la cordelette de reliure
normalement située entre les f. 54 et 55 et les deux signatures en début et fin de cahier.
212
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 253-254.

142
État des sources

AU SUJET DE CERTAINS MANUSCRITS INEXPLOITÉS

Il existe d’autres textes syriaques, conservés, portant sur


l’astronomie : ils ont été recensés par les auteurs de catalogues de
manuscrits et sont en attente d’être redécouverts. Certains se trouvent dans
des manuscrits très anciens, laissant augurer qu’ils aient pu être rédigés
avant le VIIIe siècle, mais en l’absence de toute étude, nous ne pouvons rien
assurer. Nous donnons ici une simple liste de manuscrits qui ont retenu
notre attention durant nos recherches, en précisant, bien entendu, l’objet de
notre curiosité. Ces relevés ont été opérés à partir des catalogues de
manuscrits de six fonds différents :

- La Bibliothèque nationale de France213


- La British Library214
- Le Biblioteca Apostolica Vaticana215
- La collection Mingana du Selly Oak Colleges, Birmingham216.
- Le catalogue de S. P. Brock sur les fragments du monastère Sainte-
Catherine au mont Sinaï217
- La bibliothèque du patriarcat d’Alep218

ALEP, Bibliothèque du Patriarcat

Parmi les manuscrits du patriarcat d’Alep, il faut signaler le ms. n° 80


(XVIIe s.) qui contient un traité syriaque sur les signes du zodiaque qui

213
ZOTENBERG H., Catalogues des manuscrits syriaques et sabéens (mandaïtes) de la
Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1874 [mss 1 à 288] ; et BRIQUEL-
CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997 [mss 356 à 435].
214
A partir des recensions faites par ROSEN and FORSHALL, Catalogus, 1838 et WRIGHT,
Catalogue, 1871 (t.1) / 1872 (t.2).
215
A partir des catalogues ASSEMANUS, Bibliothecae, 1759 et VAN LANTSCHOOT,
Inventaire des manuscrits, 1965.
216
MINGANA, Catalogue, 1933.
217
BROCK S. P., Catalogue of syriac fragments (new finds) in the Library of the Monastery
of Saint Catherine, Mount Sinai, Athens, Mount Sinai Foundation, 1995.
218
NAU F., « Catalogue sommaire des manuscrits du père Paul Asbath », ROC 17, 1912,
p. 280-285 et 449 ; ROC 18, 1913, p. 241-248.

143
État des sources

s’élèvent en Orient. Ce traité est précédé d’un traité arabe sur l’astrolabe de
Jamal ed-Dine Abou el-Kassem ben Mahpouz219.

BIRMINGHAM, Selly Oak Colleges220

À Birmingham, il reste encore beaucoup de manuscrits à découvrir,


parmi lesquels :
- le Mingana 71 (XVIIIe-XXes.) qui contient au fol. 72 de brèves notes
sur le soleil et la lune. Il y est dit que la circonférence de la lune est la
même que celle de la terre et que celle du soleil est dix-huit fois plus
grande que celle de la terre ;
- le Mingana 161 (XIXe s.) en écriture syro-occidentale ; en dehors des
ouvrages attribués à Bar Hebraeus, on trouve aux feuillets 5v à 12r un
texte sur les signes du zodiaque et les constellations ; une
énumération des constellations dans lesquelles la lune fait ses
quartiers ; deux dessins représentent les cercles du ciel et de la terre
selon Ptolémée ; on trouve une carte de la terre avec les sept climats
selon Ptolémée ; et enfin des notes chronologiques ;
e
- le Mingana 266 (43 feuillets du XIX s.) ; contient un traité anonyme
d’astronomie et d’astrologie en syriaque et carshouni ;
- le Mingana 311 (XVIIIe s.) en écriture syro-occidentale, ce manuscrit
est entièrement constitué de traités d’astrologie et d’astronomie en
syriaque et en carshouni ;
- le Mingana 480 (écriture syro-occidentale, non daté) comporte de
splendides cartes accompagnant des commentaires bibliques, avec
des représentations de la terre selon Mar Éphrem, les sept climats
selon Ptolémée, et deux cartes représentant les signes du zodiaque sur
une sphère ainsi que les principales constellations ;
- le Mingana 519 (XVIIIe s.) contient aux fol. 2r à 10v des traités
d’astrologie, d’astronomie, de magie, accompagnés de nombreuses
tables ;

219
Voir la notice de ce manuscrit dans NAU, « Catalogue », 1913, p. 246.
220
Pour consulter les notices de tous les manuscrits cités, voir MINGANA, Catalogue, 1933.

144
État des sources

- le Mingana 556 (XVIIe s.) comprend huit feuillets consacrés à des


notes chronologiques, astronomiques et astrologiques ;
- le Mingana 559 (XIIIe s.) en écriture syro-occidentale, contient entre
autres, aux f. 40r à 125v un traité d’histoire naturelle, un autre de
médecine, d’astronomie, de philosophie et de théologie, attribués à
Jacques d’Édesse sous le titre : Livre des Trésors ;
- le Mingana 597 (XVIIe s.), qui contient un diagramme astronomico-
astrologique relatif aux parties éclairées et obscures de la terre.

MONT SINAÏ, Bibliothèque du Monastère Sainte-Catherine

Parmi les fragments de manuscrits répertoriés par S. P. Brock au


monastère Sainte-Catherine du mont Sinaï, on conserve sous la cote
e
« Sparagmata 46 » un calendrier syriaque, peut-être du VI siècle, en
e
esṭrangelo (sous-couche d’un palimpseste du VIII siècle) qui présenterait
une forme apocopée d’un cycle lunaire de 19 ans. Cette pièce pourrait être
le plus ancien calendrier syriaque conservé221.

PARIS, Bibliothèque nationale de France

La Bibliothèque nationale de France possède trois autres manuscrits


intéressants :
- le ms. Par. syr. 11 présente des marges (au niveau de la première
partie du volume) couvertes d’un certain nombre de corrections et de gloses
ainsi qu’un traité d’astronomie et d’astrologie en syriaque, en carshouni et
en arabe ;
- le ms. Par. syr. 389 contiendrait un texte astronomique (le fragment
e e
O serait du IX -X s., en serṭo, et correspondrait au fragment d’un comput
222
astronomique ) ;
- le ms. Par. syr. 392 nous renseigne sur l’histoire du ms. Paris BnF
syr. 346 : son copiste indique que certains feuillets du manuscrit, bien

221
Cf. BROCK, Catalogue of Syriac fragments, 1995, p. 119-121. Voir en particulier
p. 120 : « it seems more likely that we have here a unique Syriac fragment of a sixth-
century calendar, refering to 582/3 and 585/6 ».
222
BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 101.

145
État des sources

identifié, d’après sa description, comme étant le ms. Paris BnF syr. 346 du
Tur Abdin, ont été arrachés et placés dans ce ms. Paris BnF syr. 392 au
e
XIV s. Les feuillets récupérés correspondent notamment au premier livre de
la traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée qui manquait dans le ms.
Paris BnF syr. 346223.
- La bibliothèque possède également un étrange manuscrit, le ms.
Paris BnF syr. 383, de la main de F. Nau avec en appendice un texte intitulé
« Héraclius astronome et astrologue » (fol. 180-186)224. Nous ne savons pas
au juste pourquoi ce manuscrit, composé entièrement en grec et en latin, se
trouve dans les fonds syriaques.
- F. Briquel-Chatonnet a également signalé que la Bibliothèque
nationale et universitaire de Strasbourg conservait un manuscrit nestorien du
e
XIX s., le ms. syr. 4121 (copié à Urmia, il porte au feuillet 235 un encadré
sur la création et au feuillet 236 un schéma représentant les étages du ciel à
la terre sur cinq niveaux, dans l’angle gauche, sous un portique arrondi)225.

VATICAN

Le fonds syriaque de la Bibliothèque Vaticane possède des pièces


également très intéressantes. On consultera pour s’en persuader les notices
des manuscrits suivants :
- le codex 68 qui contient (fol. 265v) des Tables pour déterminer les
mouvements de la lune de Georges évêque des Arabes ainsi qu’un
traité sur les éclipses de lune et de soleil en carshouni (f.274v-
275r)226 ;
- le Vat. sir. 489 (XVIIIe s.) contient deux feuillets présentant des
planisphères et une table de calcul pour le comput ;

223
Tous les détails sont fournis dans BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997,
p. 109.
224
BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 84.
225
BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 209.
226
Une notice détaillée de ce manuscrit se trouve en ligne sur le site internet de la BYU
(Brigham Young University).

146
État des sources

- le Vat. sir. 492 (XVe s.) contient une présentation des jours fastes et
néfastes qu’on pourra rapprocher du Traité sur l’action de la lune de
Sergius de Reš‘ayna (f. 146-152) ;
- le Vat. sir. 579 (XIXe s.) en écriture nestorienne, comprend
notamment une table pour calculer le moment du lever du soleil aux
différents jours du mois ainsi qu’une chronologie attribuée à Eusèbe
de Césarée, sur sept feuillets ;
- le Vat. sir. 618 (XIXe s.), de Mossul, présente une écriture nestorienne,
avec aux feuillets 104v à 112v un texte sur la stabilité du ciel et de la
terre, peut-être de Bar Hebraeus.

BILAN

Cette présentation de la bibliographie relative aux sources montre que


le corpus des textes astronomiques syriaques reste encore largement difficile
d’accès. Le domaine souffre d’un manque évident d’études en tout genre :
aucune étude philologique n’est recensée, pratiquement aucune édition
critique n’a vu le jour, en dehors du Traité sur la composition de la terre par
G. Levi Della Vida, dont le travail, au regard du texte syriaque, est, comme
nous l’avons vu, à reprendre. Enfin, l’histoire de ces manuscrits n’a jamais
fait l’objet d’aucune publication. Ainsi, la littérature scientifique syriaque et
l’histoire attenante demeurent dans une sorte de flou artistique. En effet, au
moment de prendre les manuscrits à bras le corps, une difficulté s’est
imposée à nous, comme une évidence : comment réussir à dater, même de
façon approximative, les textes astronomiques anonymes que nous
rencontrions ? Nous pensons qu’en faisant se recouper une étude sur
l’histoire des manuscrits avec une étude lexicale, nous serons à même de
fixer des critères de datation de ces textes astronomiques syriaques.
À la suite de cette première étude sur les sources, nous observons
deux phénomènes : les plus anciens manuscrits comportant des textes
astronomiques en langue syriaque (VIIe-XVIIe s.) ont été copiés au Proche-
Orient, dans un milieu chrétien jacobite ; le manuscrit le plus récent (XIXe s.)
porte une écriture syro-orientale. Si nous élargissons notre point de vue aux
« manuscrits inexploités », cette première constatation se confirme et nous

147
État des sources

observons un autre phénomène : celui d’un intérêt croissant syro-oriental


e e
pour les traités astrologico-astronomiques entre le XVII et le XIX s. en
langue arabe (carshouni).

Par comparaison avec le corpus astronomique grec, latin ou arabe, on


notera que l’ensemble syriaque est nettement moins orienté vers les sciences
techniques et vers l’astronomie mathématique. En dehors du Traité sur
l’astrolabe plan de Sévère Sebokht, on ne recense, pour l’instant, aucun
traité technique. De plus, les manuscrits sont pauvres en schémas
géométriques. Ce phénomène peut-il être considéré comme le symptôme
caractéristique d’un faible développement de cette science à l’intérieur des
communautés érudites de langue syriaque ?

148
Deuxième Partie

Textes et traductions
Partie 2 : textes et traductions

Nous avons choisi de mettre en valeur quatre textes de la liste


précédemment présentée. Nous avons tout d’abord tenu à rendre accessible
le Traité sur la cause des éclipses de lune, d’une part parce qu’il est
foncièrement dévolu à l’astronomie, d’autre part parce que nous pensons
qu’il fait partie des plus anciennes productions de notre corpus (voir notre
étude en troisième partie). Nous avons été frappée par ses caractéristiques
lexicales qui nous ont convaincu que ce texte ne pouvait pas être de l’auteur
du Traité sur l’astrolabe, ni même d’un quelconque auteur du VIIe siècle. En
éditant et en traduisant ce texte, nous permettrons ainsi au lecteur d’en
juger. Enfin ce texte est le seul qui soit accompagné de schémas
géométriques dans sa copie manuscrite.
Le second texte qu’on lira ici est à dominante astrologique et présente
quelques développements astronomiques relatifs à la notion de conjonction,
d’écliptique, de nœuds lunaires. Bien que ce texte n’ait pas sa place dans le
corpus des textes astronomiques, nous l’y avons intégré pour la raison que,
e
se trouvant dans un manuscrit du VII siècle, il présente un vocabulaire
relatif aux astres employé incontestablement à l’époque qui nous intéresse.
De plus ce texte est l’un des rares à bénéficier d’une attribution claire
(Sergius de Rešʽayna) qui ne semble pas devoir être remise en question, ce
qui a facilité notre recherche de critères de datation présentée dans la
troisième partie.
Nous avons présenté le troisième texte (Exemple sur les mouvements
du soleil) pour la même raison, c’est-à-dire parce qu’il se trouvait dans un
manuscrit du VIIe siècle.
Le quatrième texte, la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
devait être rendue accessible parce qu’elle apporte des informations
capitales sur l’état du savoir astronomique dans le milieu érudit syro-
occidental au VIIe siècle et sur la manière dont ces savoirs étaient transmis.

150
TEXTE 1

Traité sur la cause des éclipses de lune

[ = Paris BnF syr. 346, f. 51r-60v]

I. Avertissement

Nous éditons et traduisons ici le Traité sur la cause des éclipses de


lune qui se trouve aux f. 51r-60v du manuscrit Paris BnF syr. 346. Le texte
syriaque est inédit. F. Nau en a présenté un résumé en 19101, puis édité et
traduit deux passages2. Nous avons supprimé le texte qui a été ajouté après-
coup aux f. 54v-55r par le même copiste et qui aborde non plus la question
de l’éclipse lunaire, mais de l’éclipse solaire. Notre intervention est
légitimée par l’auteur du texte lui-même : ce dernier prétend en effet
qu’après avoir déjà formulé des généralités sur la cause des éclipses de lune
et de soleil à la section 20 (à laquelle il renvoie), il souhaite désormais
traiter « en particulier de l’éclipse de lune, de la même manière que nous
avions traité, en particulier, de l’éclipse du soleil en réalisant la section
300 ». Le présent traité doit donc être entièrement dévolu à la cause des
éclipses de lune et l’extrait qui s’est trouvé inséré aux f. 54v-55r (le copiste
avait-il sauté ces pages, qu’il cherche à combler par la suite ?) doit
vraisemblablement être rattaché à la section 300 dont parle l’auteur.

Si chacune des sections comprenait, comme la section consacrée à la


cause des éclipses de lune, environ 10 feuillets, on imagine facilement que
l’ouvrage astronomique de notre auteur devait représenter, dans sa forme
complète, une somme colossale !3

1
Voir NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 16, 1910, p. 221-224.
2
Il a édité et traduit les f. 58r/v dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 222 (texte),
p. 223 (trad.) ; le f. 59v est lisible dans NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en
660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennešrin », ROC 27, 1929/30, INTRODUCTION, p. 330
(texte), p. 330/1 (trad.).
3
L’auteur ayant consacré une section entière à la cause des éclipses de soleil, nous devrions
logiquement avoir affaire à une nouvelle section consacrée à la cause des éclipses de lune.
Or il se trouve que le texte est rubriqué sous le terme « chapitre ». Étant donné que
l’ensemble des textes contenus dans le manuscrit parisien syriaque 346 sont ordonnés par
chapitres, il est fort possible qu’on doive cette nouvelle façon de rubriquer notre traité (en
Traité sur la cause des éclipses de lune

Le texte est attribué à Sévère Sebokht par le copiste. Cependant,


comme nous l’avons déjà évoqué, le lexique astronomique employé est très
différent de celui qu’emploie habituellement l’évêque de Qennešrin. De
plus, les chiffres fournis par ce texte pour mesurer la précession des nœuds
lunaires ne correspondent pas à ceux employés par Sévère Sebokht dans la
Lettre sur les nœuds ascendant et descendant : pour l’auteur du Traité sur la
cause des éclipses de lune, les nœuds rétrogradent chaque mois de 1° 26’
(pour une révolution complète en 20 ans et 6 mois), alors que pour Sévère,
qui utilise les mêmes données que Théon d’Alexandrie, ces nœuds
rétrogradent de 1° 35’ par mois environ (pour une révolution complète en 18
ans et 5 mois). Ensuite, il faut noter que l’auteur du Traité sur la cause des
éclipses de lune n’emploie que des noms de mois syriaques, alors que
Sévère, lui, recourt aux mois alexandrins. D’autres indices, fournis par les
gloses et par une adresse aux philoponoi 4 , nous poussent à envisager la
possibilité que ce texte ait été produit à une époque antérieure à celle de
Sévère, plus vraisemblablement au début du VIe siècle5. Nous exposons tous
ces indices dans la troisième partie de la thèse6.

Le Traité sur la cause des éclipses de lune apparaît dans le manuscrit


accompagné de deux schémas et de gloses. Nous avons tenté de reconstituer
les schémas et d’éditer les gloses, bien que leur texte soit devenu, parfois,
illisible. L’auteur des gloses se trouve en Djazira (Haute-Mésopotamie)7 et
n’a pas pu assister à l’éclipse totale de soleil qui eut lieu au mois de iyyar
(mai) dans la ville de Herat au Khorassan8 durant deux heures.

Afin de faciliter la lecture du Traité sur la cause des éclipses de


lune, nous avons ajouté quatre schémas qui illustrent les différentes
manières dont la lune peut entrer en immersion au cours d’une éclipse.

chapitres donc) non pas à l’auteur du VIe siècle, mais à un choix éditorial du copiste du XIVe
siècle.
4
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5.
5
Les philoponoi formaient une confrérie laïque d’étudiants chrétiens très actifs dans les
institutions scholastiques à Alexandrie à partir des années 480. Ce groupe se caractérise, sur
le plan doctrinal, par un rattachement au mouvement anti-chalcédonien.
6
Voir Partie 3, Section II. 2. b. Traité sur les éclipses lunaires et solaire.
7
À propos de la Djazira, voir notre Introduction générale, p. 51 (note 165).
8
Le Khorassan se trouvait, au VIe siècle, dans la région nord-est de l’empire perse
sassanide.

152
Traité sur la cause des éclipses de lune

Dans le but de faciliter les recherches sur le lexique, l’orthographe


des termes astronomiques a été homogénéisée : cette homogénéisation s’est
opérée sur la base du Syriac lexicon de M. Sokoloff 9 , mais nous nous
sommes écartée de ce dictionnaire lorsqu’un mot apparaissait
majoritairement, dans tous nos textes, sous une orthographe qui n’avait pas
été retenue par M. Sokoloff. Ces divergences concernent essentiellement le
vocabulaire translittéré du grec ( ‫ ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬, ‫ ܛܛܪܓܘܢܘܢ‬, ‫ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬,
‫)ܣܘܢܕܘܣ‬, mais aussi ‫ ܪܫܐ‬qui sera orthographié sans le yud intermédiaire,
‫ܡܫܘܚܬܐ‬, etc... Quelle que soit la variante retenue, la leçon manuscrite
demeure toujours visible dans l’apparat critique.

II. Plan du traité

<Titre>
<1. Renvoi à des chapitres précédents>
<2. Théorie sur l’éclipse lunaire>
<2. 1 L’ombre de la terre>
<2. 2 Les nœuds ascendant et descendant>
<2. 3 La pleine lune est nécessaire>
<2. 4 La lune doit se situer dans les limites écliptiques>
<3. De quel côté la lune s’obscurcit>
<3. 1 Exemple 1 : au niveau du nœud ascendant>
<3. 1. 1 Cas 1 : immersion par le nord-est>
<3. 1. 2 Cas 2 : immersion par le sud-est>
<3. 2. Exemple 2 : au niveau du nœud descendant>
<3. 2. 1 Cas 3 : immersion par le sud-est>
<3. 2. 2 Cas 4 : immersion par le nord-est>
(fin du paragraphe 2. 3 sur les ‘limites écliptiques’)
<4. Débat sur la cause des éclipses lunaires>
<4. 1 Première objection à la théorie exposée>
<4. 2 Réponse>

9
SOKOLOFF M., A syriac lexicon. A translation from the Latin, Correction, Expansion, and
Update of C. Brockelmann’s Lexicon Syriacum, Winona Lake/Piscataway, Eisenbrauns
/Gorgias Press, 2009.

153
Traité sur la cause des éclipses de lune

<4. 3 Seconde objection ou théorie de l’Atalya>


<4. 4 Réponse>
<4. 5 Réfutation de la théorie de l’Atalya par syllogismes>
<Syllogisme 1>
<Syllogisme 2>
<Conclusion : il n’y a pas d’Atalya>
<5. Illustrations par la géométrie>
<Dessin n°1 > : Représentation, par la géométrie, des conditions
dans lesquelles il peut y avoir d’éclipse astrale.
<Dessin n°2> : Représentation, par la géométrie, des conditions
dans lesquelles il ne peut pas y avoir d’éclipse astrale.
<6. Calculer la position des nœuds>
<6. 1 Théorie>
<6. 2 Exemple de calcul>
<6. 3 L’erreur des Anciens ou la théorie de l’Atalya>
<6. 3. 1 Il n’y a pas de corps de l’Atalya>
<6. 3. 2 Ce corps n’influence pas le destin des hommes>
<6. 4 De la justesse du calcul des Anciens>
<6. 5 Les calculs de Ptolémée>
<7. Louange à Dieu>
<Desinit>

154
Traité sur la cause des éclipses de lune

III. Édition et traduction du Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ
‫ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܘܡܛܠܡܢܐ‬ ‫ ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܢܐ ܥܠ ܿܗܝ‬10
ܿ ‫ܟܠܗ ܚܫܟܐ ܘܒܙܒܢ ܠܘ‬
‫ ܘܡܛܠܡܢܐ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܿܡܕܢܚ ܓܪܒܝ‬. ‫ܟܠܗ‬ ܿ ‫ܒܙܒܢ‬
‫ ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ‬. ‫ܿܚܫܟܐ‬

‫ ܒܗܠܝܢ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܥܠ ̈ܟܘܟܒܐ‬. ‫ ܘܐܡܪܝܢܢ ܕܦܬܝܐܝܬ ܘܐܪܝܟܐܝܬ ܒܣܕܪܐ ܕܟ̄ ̄ܦ‬.1
ܿ
‫ܐܝܬܗ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ‬ ‫ܕܐܝܕܐ‬ܿ ‫ܐܘܟܝܬ ܢܗܝ̈ܪܐ ܪܫܡܢܢ ܘܫܘܕܥܢܢ ܓܘܢܐܝܬ‬
‫ ܬܢܢ ܕܝܢ ܬܘܒ ܪ ܿܫܡܝܢܢ ܕܝܠܢܐܝܬ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ‬. ‫ܕܗܘܝܐ ܠܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ‬ ܿ
ܿ ‫ܕܣܗܪܐ ܐܝܟܢܐ ܕܒܣܕܪܐ ܕܫܝܢ ܥܒܕܢܢ ܘܪܫܡܢܢ ܕܝܠܢܐܝܬ ܥܠ‬
. ‫ܚܫܟܐ ܕܫܡܫܐ‬

<Titre>

Chapitre suivant11 : quelle est la cause de l’éclipse de lune ? Pour quelle


raison s’obscurcit-elle parfois complètement et parfois de façon
incomplète ? Pour quelle raison s’obscurcit-elle parfois au nord-est et
parfois au sud-est ?

<1. Renvoi à des chapitres précédents>

Nous renvoyons à la section 2012, aux chapitres dans lesquels nous avons
traité, en long et en large, des étoiles (c’est-à-dire les astres) et où nous
avons annoncé des généralités sur la cause des éclipses affectant le soleil et
la lune. Mais ici, nous traiterons en particulier de l’éclipse de lune, de la
même manière que nous avions traité, en particulier, de l’éclipse du soleil en
réalisant la section 300.

10
Titulum ‫ ܗܠܝܢ ̈ܩܦܐܠܐ ܡܢ ܢܘܣܟܐ ܐܚܪܢܐ ܟܬܒܢܢ ܕܥܠ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ‬add. P ante textum cum
scritura minima || ‫ ܀ ܡܢ ܗܪܟܐ ܘܠܥܠ ܚܣܝܪ ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܝܐ‬add. in marg. sinistr. verticalice P1 ||
‫ ܘܐܝܟܢܐ ܕܠܗܠܝܢ ܕܐܡܪ ܣܐܘܝܪܐ ܸܣܒܘܟܬ ܪܫܡܝܢ ܒܗܠܝܢ ܣܕ̈ܪܐ ܕܐܡܝ̈ܪܝܢ‬add. in marg. dext. verticalice
P1 || 1. post ‫ ܕܫܡܫܐ‬alt. add. ‫ ܗܟܢܐ‬inter lineas verticalice P1 ||
---------------------------------------------------------------------------------------------------
11
Le scribe a écrit au dessus du texte, dans une écriture plus petite : « Nous écrivons ces
chapitres sur le soleil et la lune à partir d’un autre manuscrit ». Dans la marge de gauche, la
même main a écrit de façon verticale : « à partir de là, il manque le chapitre suivant » ; dans
la marge de droite, la même main a écrit de façon verticale : « tout comme nous avons écrit
ces propos qu’a tenu Sévère Sebokht dans les sections mentionnées ». En l’occurrence, les
sections mentionnées dans le texte sont les sections 20 et 300. Ces assertions du copiste
nous apparaissent confuses, car si effectivement le manuscrit comprend un chapitre 20
attribué à Sévère Sebokht, il s’agit bien d’un chapitre (‫ )ܩܦܐܠܘܢ‬et non d’une section (‫)ܣܕܪܐ‬.
De plus la Lettre de Sévère à laquelle le copiste renvoie ne traite absolument pas « en long
et en large des étoiles » comme le dit l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune
(en parlant de la fameuse section 20), mais du calcul de la position des nœuds ascendant et
descendant.
12
Nau a pensé que ce chapitre sur les éclipses de lune pouvait peut-être avoir été écrit après
le chapitre 20 de ce même manuscrit (f. 124v-127v). Cf. NAU, « La cosmographie », 1910,
p. 240 (note 1). Il semble peu probable que le présent traité renvoie à la Lettre sur les
nœuds ascendant et descendant pour les raisons développées à la note précédente.
D’ailleurs, étant donnée l’indication fournie à la phrase suivante, si cette section fait suite à
la section 300, consacrée aux éclipses de soleil, il faut alors peut-être lui attribuer le numéro
301.

155
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ ܛܒ‬. ‫ܪܫܡܝܢܢ‬ ܿ ‫ܠܗܘ ܿܡܐ ܕܐܡܪ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬ܿ ‫ ܘܒܗܐ ܣܕܪܐ‬1 .2


‫ܓܝܪ ܢܗܝܪܐܝܬ ܡܚܘܐ ܠܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܗܟܢܐ ܡܛܠ ܗܟܝܠ‬
ܿ
‫ܘܩܘܡܗ ܕܐܪܥܐ‬ ܿ
‫ܣܟܪܗ‬ ‫ܕܕܘܟܬܐ ܿܗܝ ܕܓܠܝܙܐ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܇ ܒܥܠܬ‬
. ‫ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ̄ܒܣܕܪܐ ̄ܕܩܦ‬. ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬
ܿ ‫ܒܗ ܓܝܪ‬ܿ ‫ܕܒܡܨܥܬܐ ܇ ܿܢܦܝܠ‬
‫ ܟܕ ܐܠ ܿܫܢܙܐ ܡܢ‬. ‫ ܿܥܒܕܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܐܡܝܢܐܝܬ‬13‫ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬
‫] ̈ܡܠܘܫܐ ܇ ܿܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ ܆ ܐܠ ܠܓܪܒܝܐ ܘܐܠ‬22 r[ ‫ܕܒܡܨܥܬ‬
ܿ ‫ܣܘܪܛܐ‬
ܿ
. ‫ ܐܦ ܗܝ ܡܬܬܙܥܐ‬. ‫ ܒܟܠ ܙܒܢ ܓܝܪ ܠܘܩܒܠ ܙܘܥܗ ܕܫܡܫܐ‬. ‫ܠܬܝܡܢܐ‬

<2. Théorie sur l’éclipse lunaire>


<2. 1 L’ombre de la terre>

Pour ce faire, nous traiterons dans cette section de l’éclipse lunaire. On


expliquera très clairement la cause de l’éclipse de lune par le fait qu’il y a
un endroit privé de la lumière du soleil à cause de la position de la terre et
de l’obstacle qu’elle forme au milieu. En effet, tant qu’elle est plongée dans
l’ombre de la terre, comme nous l’avons montré à la section 20, elle forme
un aspect en opposition avec le soleil, sans s’écarter [fol. 52r] ni vers le
nord, ni vers le sud de l’écliptique 14 où marche le soleil. Aussi son
mouvement relatif au soleil varie-t-il constamment.

13
|| ‫ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܠܩܘܒܐܠ‬add. P1 in marg. inf. ||
-----------------------------------------------------------------------------
14
Nous traduisons par écliptique l’expression syriaque «‫ܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫( »ܣܘܪܛܐ ܕܒܡܨܥܬ‬la ligne
du milieu des signes) qui nous semble correspondre à l’expression grecque κύκλον τὸν
Διάμεσων ζῳδιακοῦ (le cercle du milieu du zodiaque) (cf. Théon Al., Petit Comm.
[éd. TIHON], chap. 7). Si le grec abrège couramment l’expression en « Διάμεσων
ζῳδιακοῦ » (milieu du zodiaque) pour désigner l’écliptique, notre auteur syriaque, quant à
lui, abrège différemment l’expression en ne retenant, dans le reste du texte, que le début de
l’expression « ‫( » ܣܘܪܛܐ‬la ligne). Pour que les explications soient bien claires, et étant
donné que cette « ligne » a été clairement précisée au début du texte comme étant celle de
l’écliptique, nous proposons de rendre systématiquement le terme « ‫( » ܣܘܪܛܐ‬la ligne) par
« écliptique ».

156
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ
. ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ ܿ ‫ ܕܢܦܝܠ‬. ‫ ܙܕܩ ܠܡܕܥ ܕܐܡܬܝ ܕܡܣܬܩܒܠ ܗܕܐ ܕܘܟܬܐ‬2 .2
‫ܒܗ‬
‫ܐܘ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ̄ܗ ܡܣܩܬܐ‬ ܿ ‫ܐܡܪܝܐ‬ ܿ ‫ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬. ‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ‬ ̈ ‫ܠܚܕܐ ܡܢ‬
‫ ܘܣܗܪܐ ܬܘܒ ܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܙܒܢܐ ܟܕ ܐܦ ܗܝ ܐܣܟܝܡܐ‬. ‫ܐܘ ܡܚܬܬܐ‬ ܿ
‫ܕܬܬܡܛܐ ܠܚܕ ܿܡܢ ̈ܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ ̄ܗ ܠܕܘܟܬܐ‬
ܿ ‫ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܥܒܕܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ‬
‫ ܘܗܟܢܐ ܬܦܣܩܝܘܗܝ ܠܣܘܪܛܐ ܇ ܡܛܠ‬. ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ ܿ ‫ܕܒܗ ܿܢܦܝܠ‬ ܿ ‫ܐܝܕܐ‬ܿ
̄ 15 ܿ ܿ
‫ܕܒܕܘܟܬܐ ܗܝ ܕܐܠ ܡܨܝܐ ܕܢܕܢܚ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܇ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ‬
‫ ܡܬܟܐܠ‬. ‫ ܣܗܪܐ ܕܝܢ ܡܢ ܫܡܫܐ ܡܩܒܐܠ ܢܘܗܪܐ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܡܢ ܠܥܠ‬.
ܿ
‫ ܡܛܠ ܕܒܕܘܟܬܐ ܕܓܠܝܙܐ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ‬. ‫ܥܠܝܗ‬ ‫ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܡܢ ܕܢܕܢܚ‬
ܿ‫ ܠܗ‬16‫ܠܗ ܣܗܪܐ ܘܡܬܚܦܝܐ ܡܢ ܚܙܬܢ ܥܕܡܐ ܕܥܒܪܐ‬ ܿ ‫ܘܚܫܟܐ‬ ܿ . ‫ܡܗܠܟܐ‬
ܿ ‫ܟܘܠܢܐܝܬ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܘܡܢ ܛܠܐܠ ܕܒܣܘܪܛܐ ܠܓܪܒܝܐ‬
‫ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ‬

<2. 2 Les nœuds ascendant et descendant>

Il faut savoir que lorsque l’endroit où se projette l’ombre de la terre


arrive au niveau de l’un des nœuds dits nœud ascendant 17 et nœud
descendant 18(c’est-à-dire le montant et le descendant) 19, et que la lune, au
même instant, forme elle-aussi un aspect en opposition avec le soleil de
sorte à parvenir au niveau de l’un de ces endroits, c’est-à-dire à l’endroit où
se projette l’ombre de la terre, alors elle coupera l’écliptique, se retrouvant à
l’endroit où il sera impossible à la lumière du soleil de briller, comme nous
l’avons démontré dans la section 20. Or la lune, qui reçoit <habituellement>
la lumière du soleil, comme nous l’avons montré plus haut, sera privée de la
lumière du soleil qui brillait sur elle, parce que la lune cheminera dans un
lieu privé de la lumière du soleil, où elle s’obscurcira et se dérobera à notre
vue jusqu’à ce qu’elle ait complètement quitté l’écliptique et l’ombre qui est
sur l’écliptique, <en allant> soit vers le nord, soit vers le sud.

15
|| ‫ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܒܣܕܪܐ ܕܟ̄ ̄ܦ‬: ‫ ܐܝܟ ܕܝܠܦܢܢ ܡܢ ܠܥܠ‬add. P1 inter lineas ||
16
|| ‫ ܕܥܒܪܐ‬: ‫ ܕܥܪܒܐ‬add. P1 in marg. ||
------------------------------------------
17
anabibazon (< gr. ἀναβιβáζων).
18
qaṭabibazon (< gr. καταβιβáζων).
19
Ces noms sont directement translittérés du grec. Étant donné que, dans le reste du texte,
l’auteur n’emploie plus que la terminologie grecque pour désigner les nœuds ascendant et
descendant, il nous a semblé juste de les rendre systématiquement par l’expression
consacrée en français.

157
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ܒܗܘ ܓܝܪ ܙܒܢܐ ܥܒܕܐ ܣܗܪܐ‬ ܿ . 20‫ ܗܕܐ ܓܝܪ ܓܕܫܐ ܒܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬3 .2
‫ ܐܠ ܗܘܐ ܕܝܢ ܡܛܠ ܗܕܐ ܟܠ ܐܡܬܝ‬. ‫ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܠܘܬ ܫܡܫܐ‬
‫ܕܗܘܝܐ‬ܿ ‫ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܝܢ‬. ‫ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬. ‫ܕܗܘܝܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬ ܿ
‫ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ ܒܟܡܐ‬ ܿ ‫ ܡܛܠ ܕܦܪܝܩܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܠܓܪܒܝܐ‬. ‫ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬
‫ ܐܡܝܢܐܝܬ ܓܝܪ ܣܗܪܐ ܠܒܪ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܗܝ ܐܠ ܗܘܐ ܒܣܘܪܛܐ‬. ‫ܕܗܘ ̈ܣܣܐ‬
‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ܿ ܿ ‫ ܕܘܟܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ‬.21‫ܐܝܟ ܕܐܡܝܪܐ ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ‬
ܿ ‫ܕܢܦܝܠ‬
‫ܒܗ‬
ܿ
. 22‫] ܐܝܟ ܕܐܦ ܗܕܐ ܐܡܝܪܐ ܒܣܕܪܐ ܕܟ̄ܦ‬22v[ ‫ܐܝܬܝܗ ܆‬ ‫ܒܟܠܙܒܢ ܒܣܘܪܛܐ‬
‫ ܐܐܠ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܗܕܐ ܣܗܪܢܝܬܐ‬. ‫ܐܠ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬
ܿ 23

ܿ
‫ܛܠܠܗ‬ ‫ܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܿܗܘܝܐ ̄ܗ ܟܕ ܩܪܝܒܐ ܣܗܪܐ ܠܣܘܪܛܐ ܇ ܿܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ‬
. ‫ܕܐܪܥܐ‬

<2. 3 La pleine lune est nécessaire>

Ceci peut se produire au moment de la pleine lune24 car, à ce moment-là,


la lune forme un aspect en opposition avec le soleil. Mais ce n’est pas pour
autant qu’à chaque fois qu’il y aura pleine lune, l’éclipse lunaire aura lieu :
parfois il y a pleine lune alors que la lune est éloignée de l’écliptique en
direction du nord ou en direction du sud, d’un certain nombre de degrés. En
effet, si la lune, qui n’est pas constamment sur l’écliptique, est en dehors de
l’écliptique, [f. 52v] (comme cela a été dit à la section 20), quand l’endroit
où se projette l’ombre de la terre est, lui, tout le temps sur l’écliptique
(comme cela a été également dit à la section 20), il ne peut pas y avoir
d’éclipse. Mais à chaque fois qu’il y aura éclipse lunaire, la lune sera pleine
au moment même où elle s’approchera de l’écliptique sur lequel court
l’ombre de la terre.

20
|| ‫ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ‫ ܕܡܠܝܘܬܗ‬add. P1 in marg. ||
21
|| ‫ ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ‬: ‫ ܡܢ ܠܥܠ‬add. P1 inter lineas ||
22
||‫ ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ‬: ‫ ܡܢ ܠܥܠ‬add. P1 inter lineas ||
23
|| ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ‬: ‫ ܐܩܠܝܦܣܝܣ‬P ||
-------------------------------------------
24
L’auteur utilise ici un terme translittéré du grec (panselenus). On note qu’en marge du
texte, le copiste donne un équivalent culturel syriaque, voir note 14).

158
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ܠܕܘܟܝܬܐ‬ ̈ ‫ ܐܡܬܝ ܕܡܬܡܛܝܐ‬. ‫ܘܐܠܦܝ ܣܘܪܛܐ‬̈ . ‫ ܡܬܩܪܒܐ ܕܝܢ ܠܣܘܪܛܐ‬4 .2


‫ ܟܕ‬. ‫ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܕܝܢ ܘܕܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬. ‫ܬܚܘܡܐ ̈ܚܫܟܢܝܐ‬ ̈ ‫ܕܡܫܬܡܗܢ‬̈ ‫ܗܠܝܢ‬
̈ ܿ ܿ
‫ܬܘܒ ܐܠ ܗܘܐ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܡܬܡܛܝܐ ܣܗܪܐ ܐܘ ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܠܬܚܘܡܐ‬
ܿ
‫ܘܛܠܠܗ‬ ‫ܣܓܝܐܢ ܡܬܡܛܝܐ ܣܗܪܐ‬ ̈ ‫ܙܒܢܝܢ ܓܝܪ‬
̈ . ‫ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬. ‫̈ܚܫܟܢܝܐ‬
‫ ܐܠ ܿܗܘܝܐ‬. ‫ܡܬܡܛܝܢ‬ ̈ ‫ܚܫܟܢܝܐ ܇ ܘܡܛܠ ܕܒܠܥܕ ܡܢ ̈ܚܕܕܐ‬̈ ‫ܠܬܚܘܡܐ‬
̈ ‫ܕܐܪܥܐ‬
̈ ܿ
‫ ܒܬܚܘܡܐ‬. ‫ ܐܐܠ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܗܕܐ ܣܗܪܢܝܬܐ‬. ‫ܐܩܠܦܣܝܣ‬
‫ܒܢܘܩܕܬܐ ܇ ܗܠܝܢ‬ ̈ ‫ ܐܐܠ ܐܢ ܗܘ ܿܡܢ ܕܒܗܝܢ‬. ‫̈ܚܫܟܢܝܐ ܿܗܘܝܐ ̄ܗ ܒܦܢܣܠܝܢܘܣ‬
ܿ
‫ܛܠܠܗ‬ ܿ . ‫ܕܒܗܝܢ ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܇ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬
‫ܒܗܝ ܕܒܕܘܟܬܐ ܟܠܗ‬
. ‫ ܣܗܪܐ ܚܫܟܐ ܡܢ ܡܕܢܚܐ ܬܪܝܨܐܝܬ‬. ‫ܟܠܗ‬ ܿ ‫ܕܐܪܥܐ ܿܥܒܪܐ ܣܗܪܐ‬

<2. 4 La lune doit se situer dans les limites écliptiques>

Elle sera proche de l’écliptique et dans ses environs lorsqu’elle


parviendra aux endroits appelés « limites écliptiques25 », même s’il n’est pas
vrai qu’à chaque fois que la lune ou l’ombre de la terre parviendront aux
limites écliptiques, il y aura éclipse, car de nombreuses fois la lune et
l’ombre de la terre peuvent parvenir au niveau des limites écliptiques,
<mais> tant qu’elles ne coïncideront pas, il n’y aura pas d’éclipse. En
revanche, à chaque fois qu’il y aura éclipse lunaire, la lune sera et pleine et
dans les limites écliptiques. Mais si la lune est pleine au niveau des nœuds
où se coupent les cercles, à l’endroit même où passe toute l’ombre de la
terre, la lune s’obscurcira elle-même à l’est exactement.

25
Litt. « limites obscures ». Au sujet des « limites écliptiques », voir Théon Al., Petit
Comm. [éd. TIHON], chap. 21, p. 279 (« τοὺς ἐκλειπτικοὺς ὅρους ») ; p. 338 (trad.).

159
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ ‫ ܐܢܕܝܢ ܠܡܕܢܚ‬.3
̈ ‫ܐܘ ܠܡܥܪܒܐ ܡܢ ܗܠܝܢ‬
‫ ܒܡܫܘܚܬܐ ܿܗܝ ܕܐܬܐܡܪܬ ܇‬. ‫ܢܘܩܕܬܐ‬
ܿ
‫ܛܠܠܗ‬ ‫ܒܗܝ ܕܐܠ ܒܟܠܗ‬ ̄ ‫ܘܒܣܕܪܐ‬
ܿ ‫ܬܘܒ ̄ܕܟܦ ܆ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬ ̄ ‫ܡܢ ܠܥܠ ܆‬
ܿ ܿ ܿ
. ‫ ܐܐܠ ܡܢܬܐ ܡܢܗ‬. ‫ ܐܠ ܡܟܝܠ ܟܠܗ ܣܗܪܐ ܚܫܟܐ‬. ‫ܕܐܪܥܐ ܥܒܪܐ ܣܗܪܐ‬
ܿ . ‫ܐܘ ܿܡܕܢܚ ܓܪܒܝ‬
‫ܐܘ ܡܢ ܡܕܢܚ‬ ܿ ‫ ܐܐܠ‬. ‫ܘܐܠ ܬܘܒ ܡܢ ܡܕܢܚܐ ܬܪܝܨܐܝܬ‬
. ‫ܬܝܡܢ‬

<3. De quel côté la lune s’obscurcit>

Si la pleine lune a lieu à l’est ou à l’ouest de ces nœuds, d’après


l’indication fournie plus haut, ainsi qu’à la section 20, étant donné que la
lune ne passera pas dans toute l’ombre de la terre, ce n’est pas toute la lune
qui s’obscurcira, mais une partie d’elle, et non pas à l’est exactement, mais
au nord-est ou au sud-est.

160
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ ܐܢܗܘ ܕܒܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ̄ܗ ܡܣܩܬܐ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܆‬. ‫ ܕܐܝܟ ܐܝܟܢ‬1 1 .3


‫ܒܗܘ ܓܝܪ ܙܒܢܐ‬ܿ . ‫ܐܢܗܘ ܿܡܢ ܕܠܡܥܪܒܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ ܡܢ ܡܕܢܚ ܓܪܒܝ ܚܫܟܐ‬
ܿ ܿ
‫ ܐܠ ܓܝܪ ܥܕܟܝܠ ܡܛܬ ܠܢܘܩܕܬܐ‬. ‫ܐܝܬܝܗ‬ ‫ܣܗܪܐ ܠܬܝܡܢܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ‬
‫ ܘܒܕܓܘܢ ܓܪܒܝܐ‬. ‫] ܠܓܪܒܝܐ‬53r[ ‫ܕܬܦܣܩܝܘܗܝ ܠܣܘܪܛܐ ܘܬܥܒܪ ܡܢܗ‬
. ‫ܬܚܦܝܬܐ‬

<3. 1 Exemple 1 : au niveau du nœud ascendant>


<3. 1. 1 Cas 1 : immersion par le nord-est>

Par exemple : admettons qu’il y ait pleine lune au niveau du nœud


ascendant (c’est-à-dire le montant). Si elle est à l’ouest du nœud, elle
s’obscurcira par le nord-est, car à ce moment-là, la lune sera au sud de
l’écliptique. En effet, elle ne sera pas encore parvenue au nœud26 qui coupe
l’écliptique et à partir duquel elle passera au nord27. [53r] Et c’est pourquoi
l’immersion sera septentrionale.

<Schéma Cas 128 : Nœud ascendant, immersion nord-est>

NORD

Trajectoire de la Nœud ascendant


lune

EST OUEST

écliptique

Ombre de la terre

Lune

SUD

26
En effet, la lune, qui progresse chaque jour d’environ 13° vers l’est, sera de fait plus
proche du nœud le jour suivant.
27
Le nœud ascendant est par définition celui que la lune traverse en allant vers le nord.
28
Ces schémas (cas 1 à 4), qui n’existent pas dans le manuscrit, rendent compte du
mouvement réel de la lune et du cône d’ombre de la terre projeté sur l’écliptique : ce
mouvement entraîne la lune et le soleil (et donc l’ombre de la terre) dans le sens ouest-est,
contrairement au mouvement diurne (dû à la rotation de la terre) qui donne l’impression
que ces astres circulent vers l’ouest. L’angle d’inclination de la trajectoire de la lune par
rapport à l’écliptique, qui est normalement d’environ 5°, est ici exagéré pour rendre le
phénomène d’immersion plus visible.

161
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ . ‫ ܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ ܡܫܬܟܚܐ‬. ‫) ܐܢܕܝܢ ܠܡܕܢܚܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ‬3( 2 1 .3


‫ܒܗܘ ܓܝܪ‬
ܿ ‫ܠܗ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ‬ ܿ ‫ܒܗܝ ܕܥܒ‬
ܿ ‫ܪܬ‬ ܿ . ‫ܐܝܬܝܗ‬
ܿ
‫ܕܒܗ‬ ‫ܙܒܢܐ ܣܗܪܐ ܠܓܪܒܝܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ‬
̈
. ‫ ܘܡܛܠܗܕܐ ܬܝܡܢܐ ܬܚܦܝܬܐ‬. ‫ܐܠܦܝ ܓܪܒܝܐ‬ ‫ܡܬܦܣܩ ܣܘܪܛܐ‬

<3. 1. 2 Cas 2 : immersion par le sud-est>

Si elle est à l’est du nœud, c’est par le sud-est qu’elle sera obscurcie, car
à ce moment-là, la lune sera au nord de l’écliptique, précédant, côté nord, le
nœud où l’écliptique peut être coupé. C’est pour cette raison que
l’immersion sera méridionale.

<Schéma Cas 2 : Nœud ascendant, immersion sud-est>

NORD

Trajectoire de la Nœud ascendant


lune

Lune
EST OUEST

écliptique

Ombre de la terre

SUD

162
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫) ܐܢܕܝܢ ܒܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܆ ܐܢܗܘ ܿܡܢ ܕܠܡܥܪܒܐ ܡܢ‬4( 1 2 .3


‫ܒܗܘ ܓܝܪ ܙܒܢܐ ܣܗܪܐ ܠܓܪܒܝܐ ܡܢ‬ ܿ . ‫ ܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ ܿܚܫܟܐ‬. 29‫ܢܘܩܕܬܐ‬
‫ ܐܠ ܓܝܪ ܥܕܟܝܠ ܡܛܬ ܠܢܘܩܕܬܐ ܕܬܦܣܩܝܘܗܝ ܠܣܘܪܛܐ‬. ‫ܐܝܬܝܗ‬ ܿ ‫ܣܘܪܛܐ‬
. ‫ ܘܡܛܠܗܕܐ ܬܝܡܢܐ ܬܚܦܝܬܐ‬. ‫ܘܬܥܒܪ ܡܢܗ ܠܬܝܡܢܐ‬

<3. 2. Exemple 2 : au niveau du nœud descendant>


<3. 2. 1 Cas 3 : immersion sud-est>

Mais admettons que la pleine lune ait lieu au niveau du nœud


descendant : si elle est à l’ouest du nœud, elle s’obscurcira par le sud-est,
car à ce moment-là, la lune sera au nord de l’écliptique. En effet elle ne sera
pas encore parvenue au nœud 30 qui coupe l’écliptique et qui passe
respectivement au sud. C’est la raison pour laquelle l’immersion sera
méridionale.

<Schéma Cas 3 : Nœud descendant, immersion sud-est>

NORD

Nœud descendant

Lune

EST OUEST

écliptique

Ombre de la terre

Trajectoire de la
lune

SUD
29
|| ‫ ܕܠܡܥܪܒܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ‬correxi : ‫ ܕܡܢ ܡܥܪܒܐ ܠܢܘܩܕܬܐ‬P ||
-------------------------------------------
30
Même remarque que pour le cas 1 : la lune n’est pas encore dans son nœud qu’elle
atteindra le jour suivant, étant donné qu’elle ralentit d’environ 13° vers l’est chaque jour.

163
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ . ‫ ܡܢ ܡܕܢܚ ܓܪܒܝ ܡܫܬܟܚ‬. ‫ ܐܢܕܝܢ ܠܡܕܢܚܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ‬2 2 .3


‫ܒܗܘ ܓܝܪ‬
ܿ ‫ܠܗ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ‬ ܿ
ܿ ‫ܕܥܒܪܬ‬ ܿ . ‫ܐܝܬܝܗ‬
ܿ
‫ܕܒܗܝ‬ ‫ܒܗܝ‬ ‫ܙܒܢܐ ܣܗܪܐ ܠܬܝܡܢܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ‬
̈
. ‫ ܘܡܛܠܗܕܐ ܓܪܒܝܐ ܬܚܦܝܬܐ‬. ‫ܐܠܦܝ ܬܝܡܢܐ‬ ‫ܕܡܬܦܣܩ ܣܘܪܛܐ‬

<3. 2. 2 Cas 4 : immersion par le nord-est>

Mais si la lune est à l’est du nœud, elle s’obscurcira par le nord-est, car à
ce moment-là, la lune sera au sud de l’écliptique, précédant, côté sud, le
nœud où l’écliptique peut être coupé. C’est la raison pour laquelle
l’immersion sera septentrionale.

<Schéma Cas 4 : Nœud descendant, immersion nord-est>

NORD

Nœud descendant
Ombre de la terre

EST OUEST

écliptique

Lune

SUD

164
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܕܒܗܝܢ‬ ܿ ‫ܿܗܝ ܓܝܪ ܕܟܕ ܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ܐܦ‬
̄ ̄ ̈ ̈ ‫ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ‬
‫ܠܚܕܕܐ ܒܪܡ ܠܓܘ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ ܣܣܐ ܟܕ ̈ܩܛܝܢܢ ܕܐܬܐܡ̈ܪܝ ܒܣܕܪܐ‬
. ‫ ܣܗܪܢܝܬܐ‬31‫ܡܫܬܟܚܢ ܓܕܫܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬̈ ‫ܕܟ̄ܦ‬

‫ܘܐܡܪ ܕܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬ ܿ ‫) ܐܐܠ ܕܝܢ ܟܒܪ ܿܡܗܦܟ ܐܢܫ ܠܩܘܒܠܢ‬1( 1 .4


. ‫ܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ̄ܗ ̄ܩ ̄ܦ ̈ܣܣܐ‬ ܿ
̄ ‫ܦܠܓܗ ܕܐܣܦܝܪܐ‬ ‫ܕܗܠܝܢ ܕܠܩܘܒܐܠ ܬܪܝܨܐܝܬ ܇ ܡܘܫܚܬ‬
ܿ
‫) ܠܗܢܐ ܕܝܢ ܐܣܟܝܡܐ ܒܟܠ ܝܪܚܐ ܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܐܡܝܢܐܝܬ‬2(
‫] ܡܒܨܪܐ ܡܢ ܡܫܘܚܬܐ ܗܕܐ‬25v[ ‫ܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܟܕ ܐܠ ܿܡܘܣܦ ܐܦܐܠ‬
‫ܐܘ ܿܒܨܪܐ ܐܦܢ ܒܚܕܐ ܩܛܝܢܬܐ ܐܠ ܡܟܝܠ‬ ܿ ‫ ܐܢܕܝܢ ܿܡܘܣܦܐ‬: ‫ܕܐܬܐܡܪܬ‬
‫ ܐܦܐܠ ܕܝܢ ܟܘܠܢܐܝܬ ܡܬܡܠܝܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܿܥܒܕܐ‬
. ‫ܒܗܝ ܕܓܢܝܐ ܒܟܡܐ ܕܗܘ ܡܢ ܫܡܫܐ‬ܿ . ‫ܢܘܗܪܐ‬

En effet, comme la lune et l’ombre de la terre s’éloignent <chaque jour> des


nœuds, où se coupent les cercles, tant qu’elles se trouveront à une distance
de moins de 12°24’32, ce qui a été indiqué dans la section 20, il se peut qu’il
y ait éclipse lunaire.

<4. Débat sur la cause des éclipses lunaires>


<4. 1 Première objection à la théorie exposée>

Mais quelqu’un voudra peut-être nous contredire en disant que l’aspect


en opposition, qui les oppose exactement, équivaut à un rapport <angulaire>
de 180° (soit une demi-sphère). Or la lune forme cet aspect avec le soleil
chaque mois <et> de façon constante au moment de la pleine lune, sans faire
augmenter ni diminuer [f. 53v] le rapport indiqué. Si elle le faisait
augmenter ou diminuer, ne serait-ce que d’une minute, la lune ne formerait
alors plus d’aspect en opposition et ne se remplirait plus totalement de
lumière, parce qu’elle se cacherait du soleil d’un certain nombre <de
degrés>33.
31
|| ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ‬: ‫ ܩܠܝܦܣܝܣ‬P ||
-------------------------------------------
32
Ces 12°24’ correspondent au nombre de degrés dont la lune est ralentie chaque jour (le
calcul prévoit de diviser les degrés du cercle, soit 360°, par le nombre de jours du mois
synodique, soit 29 jours. Ainsi 360°/29 j.= 744’ soit 12°24’). L’auteur ne fournit donc que
des limites écliptiques en longitude pour prévoir une éclipse de lune. Dans la suite du texte
il démontre que la position de la lune en latitude par rapport à l’écliptique est déterminante
pour prévoir de telles éclipses, sans jamais indiquer cependant les limites écliptiques en
latitudes. Ces limites sont en revanche précisées chez Sévère Sebokht (Lettre sur les nœuds
II. 2). Comparer avec Bar Hebraeus : « La distance maximum aux nœuds ascendant et
descendant pour la production des éclipses a été trouvée de douze degrés, parce qu’à ce
moment la latitude de la lune est la somme des rayons de la lune et de l’ombre, à savoir un
degré et trois minutes dont dix-sept minutes pour le rayon de la lune et quarante-six pour
celui du cône d’ombre » (trad. Nau de Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], I, 7, 7, p. 77).
Pour Théon d’Alexandrie, « lorsqu’on a trouvé la lune distante de plus de 1°4’, nous ne
ferons pas le présent calcul, parce qu’elle ne tombe pas dans les limites écliptiques »,
cf. Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 21, p. 338 (trad.) ; p. 279 (texte).
33
La même expression se retrouve au début du feuillet suivant (f. 54r) : elle précise qu’il
s’agit bien de degrés.

165
Traité sur la cause des éclipses de lune

̈
‫ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܒܣܕܪܐ‬. ‫ܓܒܝܢ‬ ‫ ܘܡܛܠ ܕܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ ܫܘܝܐ ܗܝ ܡܢ ܟܠ‬2 .4
: ‫ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ‬. ‫ ܐܠܨܐ ܗܝ ܕܗܝ ܡܫܘܚܬܐ ܕܐܝܬ ܒܝܬ ܣܗܪܐ ܠܫܡܫܐ‬. ‫ܕܟܦ‬
‫ ܗܝ ܟܕ ܗܝ ܬܗܘܐ ܐܝܬ‬. ‫ܐܡܪ ܐܢܐ ܘܠܡܕܢܚܐ ܒܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬ ܿ ‫ܠܡܥܪܒܐ‬
‫ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ ܠܓܪܒܝܐ ܘܠܬܝܡܢܐ ܘܡܛܠ ܕܗܟܢܐ‬ ܿ . ‫ܒܝܢܬܗܘܢ ܐܦ ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ‬
‫ܓܒܝܢ ܘܐܠ ܡܨܝܐ ܕܬܫܢܙ ܣܗܪܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ‬ ̈ ‫ܡܬܡܫܚ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܡܢ ܟܠ‬
‫ ܒܗ ܓܝܪ ܒܣܘܪܛܐ ܐܦ ܗܝ ܡܫܬܟܚܐ ܠܘܩܒܠ ܫܡܫܐ‬. ‫ܦܢܝܬܐ‬ ̈ ‫ܠܚܕܐ ܡܢ‬
‫ ܠܘܩܒܠ‬. ‫ܛܠܠܗ ܕܝܢ ܬܘܒ ܕܐܪܥܐ ܐܝܟ ܕܐܬܐܡܪܬ ܒܣܘܪܛܐ ܗܘ ܐܡܝܢܐܝܬ‬ ܿ
. ‫ ܟܕ ܐܠ ܿܫܢܝ ܠܚܕܐ ܡܢ ̈ܦܢܝܬܐ‬. ‫ܫܡܫܐ ܐܡܝܢܐܝܬ ܕܝܐܡܛܪܐܝܬ‬

<4. 2 Réponse >

Étant donné que la sphère céleste est égale de tous côtés 34, comme nous
l’avons démontré dans la section 20, le rapport <angulaire> qu’il y a entre le
soleil et la lune est nécessairement le même en longitude (je veux dire vers
l’est ou vers l’ouest), en temps de pleine lune, que celui qu’ils entretiennent
en latitude (je veux dire vers le nord et vers le sud)35. Et une fois qu’on aura
ainsi établi le rapport en opposition de tous côtés et qu’il sera impossible à
la lune de s’écarter de l’écliptique dans aucune des directions, elle pourra,
sur ce même écliptique, s’opposer au soleil. L’ombre de la terre est, pour sa
part, comme cela a été dit, constamment sur l’écliptique, étant constamment
diamétralement opposée au soleil sans aller dans aucune direction.

34
C’est-à-dire qu’elle est parfaitement sphérique.
35
Il faut comprendre ici que pour qu’il y ait éclipse lunaire, la lune et le soleil doivent avoir
un rapport angulaire de 180° aussi bien en latitude qu’en longitude, et pas seulement en
longitude, comme le proposent les contradicteurs que l’auteur vient de citer.

166
Traité sur la cause des éclipses de lune

. ‫ܕܒܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܐܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ ܐܡܝܢܐܝܬ‬ ܿ ‫ ܐܢܢܩܝ ܓܝܪ‬3 .4


. ‫ܣܟܪܗ ܕܐܪܥܐ ܕܒܡܨܥܬܐ‬ ܿ ‫ ܿܗܢܘܕܝܢ‬: ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ ܿ ܿ
‫ܘܐܢܗܘ ܕܒܥܠܬ‬
‫ ܘܗܟܢܐ ܚܫܟܐ‬. ‫ܡܬܓܠܙܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܐܝܟ ܕܐܬܐܡܪܬ‬
. ‫ ܣܗܪܢܝܬܐ ܬܗܘܐ‬36‫ ܿܙܕܩ ܗܘܐ ܕܒܟܠ ܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܐܩܠܦܣܝܣ‬. ‫ܘܡܘܦܝܐ‬
ܿ ܿ
‫ ܿܚܫܟܐ‬. ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ ‫ܒܥܠܬ‬ ‫ ܕܐܠ ܗܘܐ‬. ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܕܐܠ ܿܗܘܝܐ ܝܕܥܐ ܗܝ‬
‫ ܕܡܛܠܗܕܐ ܐܐܠ ܿܗܘܝܐ‬. ‫ ܐܢܕܝܢ ܠܡ ܬܬܐܡܪ‬. ‫ܣܗܪܐ ܐܐܠ ܒܥܠܬ ܐܬܠܝܐ‬
‫ ܡܛܠ ܕܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܦܪܝܩܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ ܣܗܪܢܝܬܐ ܒܟܠ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬37‫ܐܩܠܦܣܝܣ‬
‫ ܠܚܕܐ ܡܢ ̈ܦܢܝܬܐ ܒܟܡܐ ܕܗܘ ̈ܣܣܐ ܿܙܕܩ ܗܘܐ ܡܕܝܢ‬38‫] ܡܢ ܣܘܪܛܘܢܐ‬24 r[
‫ ܡܛܠ ܕܡܓܢܝܐ‬. ‫ܠܝܘܬܗ ܟܘܠܢܝܬܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ‬ ܿ ‫ܕܬܗܘܐ ܚܣܝܪܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܿܡ‬
‫ ܐܝܟܢܐ ܓܝܪ‬. ‫ܕܫܢܙܐ ܠܚܕܐ ܡܢ ̈ܦܢܝܬܐ‬ ܿ ‫ ܒܟܡܐ ܕܗܘ ̈ܣܣܐ‬. ‫ܗܝ ܡܢ ܫܡܫܐ‬
ܿ
‫ܡܠܝܘܬܗ‬ ‫ ܿܚܣܝܪܐ ܗܝ‬. ‫ܐܘ ܿܒܨܪܐ ܡܢ ̄ܩ ̄ܦ ̈ܣܣܐ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ‬
ܿ ‫ܕܐܦ ܡܘܣܦܐ‬
̄ ܿ
. ‫ ܐܦ ܟܕ ܡܘܣܦܐ ܐܘ ܿܒܨܪܐ ܡܢ ̄ܩܦ ܣܣܐ ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ‬. ‫ܗܟܢܐ ܚܣܝܪܐ‬
. ‫ ܝܕܥܐ ܗܝ ܕܒܣܘܪܛܐ ܗܝ‬. ‫) ܡܛܠ ܕܝܢ ܕܚܙܝܢܢ ܕܐܠ ܡܬܘܡ ܚܣܝܪܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬4(
. ‫ ܓܠܝܐ ܗܝ ܕܠܝܬܘܗܝ ܛܠܐܠ‬. ‫ܘܡܛܠ ܕܝܢ ܕܟܕ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܐܠ ܿܚܫܟܐ ܘܡܘܦܝܐ‬
̄ ‫ܐܢܕܝܢ ܐܝ‬
. ‫ ܐܢܢܩܝ ܡܕܝܢ ܕܬܚܫܟ‬. ‫ܬܘ ܛܠܐܠ‬

<4. 3 Seconde objection ou théorie de l’Atalya>

Encore faudrait-il que la lune se trouve à ce moment-là constamment


dans l’ombre de la terre. Si c’était à cause de l’ombre de la terre (c’est-à-
dire à cause de l’obstacle de la terre au milieu) que la lune est privée de la
lumière du soleil, comme cela a été indiqué, et qu’ainsi elle devient obscure
et disparaît, il aurait fallu, à chaque période de pleine lune, qu’il y ait éclipse
lunaire ; mais étant donné que ce n’est pas le cas, on sait que ce n’est pas à
cause de l’ombre de la terre que la lune s’obscurcit, mais à cause d’Atalya.
Car pour prétendre <la chose suivante, à savoir> que la seule raison pour
laquelle il peut y avoir éclipse lunaire à chaque pleine lune est que parfois la
lune s’éloigne [f. 54r] de la ligne dans l’une des directions d’un certain
nombre de degrés, il aurait fallu que la lune soit diminuée de sa totale
plénitude à ce moment, étant donné qu’elle est éloignée du soleil d’autant de
degrés qu’elle dévie dans l’une des directions. En effet, de même que la
pleine lune serait amoindrie en faisant augmenter ou diminuer <le rapport
angulaire> de 180° en longitude, de même s’amoindrirait-elle en faisant
augmenter ou diminuer <le rapport angulaire> de 180° en latitude. Mais
étant donné que nous constatons que la pleine lune n’est jamais amoindrie,
on sait qu’elle est sur l’écliptique. Or étant donné que lorsqu’elle est sur
l’écliptique, elle ne s’obscurcit ni ne disparaît, il est évident qu’il ne saurait
y avoir d’ombre. S’il y avait eu une ombre, elle l’aurait nécessairement
obscurcie.

36
|| ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ‬: ‫ ܐܩܠܝܦܣܝܣ‬P ||
37
|| ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ‬: ‫ ܐܩܠܝܦܣܝܣ‬P ||
38
|| ‫ ܣܘܪܛܘܢܐ‬: ‫ ܣܪܛܢܐ‬P ||

167
Traité sur la cause des éclipses de lune

. ‫ ܘܗܟܢܐܐ ܚܐܕܐ ܥܐܐܠ ܚܐܕܐ ܡܬܩܛ̈ܪܓܝܐܢ ܚܐܐܘܕܪܢܐܝܬ ܐܝܐܟ ܕܐܦ ܩܘܩܠܐܐܘܣ‬4 .4


‫ ܗܕܐ‬: ‫ ܚܢܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܿܗܘ ܿܡܐܢ ܕܗܕܐ ܐܗܦܐܟ‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܗܦܟܬܐ‬
ܿ ܿ ‫ܘܗܕܐ ܡܢ‬
‫ܟܠܗ ܆‬
‫ܠܐܐܗ‬ ̄
ܿ ‫ ܿܗܘ ܕܦܠܐܐܠ‬. ‫ܐܝܐܐܬܘ‬ ‫ ܕܫܪܝܪܐܝܐܐܬ ܐܣܟܝܡܐܐܐ ܕܕܝܐܡܛܐܐܪܘܢ ܿܗܘ‬. ‫ܐܡܪܝܢܐܐܢ‬ ܿ
ܿ ‫ ܠܦܐܘܬ ܐܘܪܟܐܐ‬. ‫ܐܦ ̈ܣܣܐܐ‬
‫ܐܡܐܢ ܐܠ ܕܝܐܢ‬ ̄ ‫ ̄ܩ‬39‫ ܒܡܫܘܚܬ‬. ‫ܐܠܣܦܝܪܐ ܬܪܝܨܐܝܬ‬
40
‫ ܛܪܝܓܘܢܐܘܢ‬. ‫ܐܣܟܝܡܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܫܪܟܐ‬ ̈ ‫ ܗܟܢܐ ܕܝܢ ܐܦ ܿܗܢܘܢ‬. ‫ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ‬
‫ ܘܐܠ‬. ‫ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ ܡܬܡܫܚܝܐܢ‬42‫ ܘܣܘܢܕܘܣ‬41‫ ܘܐܟܣܓܘܢܘܢ‬. ‫ܘܛܛܪܓܘܢܘܢ‬
ܿ ‫ ܘܡܛܠܗܢܐܐܐܐ ܟܐܐܐܠ ܐܡܐܐܐܬܝ‬. ‫ܗܘܐ ܠܦܐܐܐܘܬ ܦܬܝܐܐܐܐ‬
‫ܕܥܒܐܐܐܕܐ ܐܠܣܟܝܡܐܐܐܐ ܗܢܐܐܐܐ‬
. ‫ܕܙܒܢܝܐܢ ̈ܣܓܝܐܐܢ ܐܡܪܝܐܢ‬
̈ ‫ ܐܟܡܐܐ‬. ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐܐ‬ ܿ ‫ ܕܒܗ ܫܟܝܚ‬. ‫ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬
ܿ
‫ ܗܢܘܕܝܢ ܕܒܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܇ ܟܕ ܦܪܝܩܐܐ ܡܐܢ‬. ‫ܐܠ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬
ܿ
. ‫] ܕܬܚܣܪ ܿܡܠܝܘܬܗ‬22v[ 43‫ܣܗܪܐ ܐܠ ܡܨܝܐ‬

<4. 4 Réponse >

C’est de cette manière qu’ils nous accusent régulièrement, de manière


cyclique, et ceci est la principale objection. Mais nous, <qui sommes>
favorables à ce que celle-ci <(l’objection)> a réfuté, nous disons la chose
suivante : en vérité, l’aspect en opposition est celui qui partage la sphère, de
façon exacte, dans un rapport <angulaire> de 180 degrés en longitude,
certes, mais pas en latitude44 ! Il en va de même pour le reste des aspects : le
trigone, le carré, le sextile et la conjonction qui doivent être mesurés en
longitude et non en latitude. C’est la raison pour laquelle à chaque fois
qu’elle forme un aspect en opposition, là où l’ombre de la terre est censée se
trouver, aussi souvent qu’ils le disent, il n’y a pas d’éclipse lunaire. Le fait
est qu’au moment de la pleine lune, lorsque <l’ombre> s’éloigne de la lune,
il lui est impossible d’amoindrir sa face pleine.

39
|| ‫ ܒܡܫܘܚܬ‬: ‫ ܒܡܘܫܚܬ‬P ||
40
|| ‫ ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܛܪܝܓܢܘܢ‬P ||
41
|| ‫ ܐܟܣܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܐܟܣܘܓܘܢܘܢ‬P ||
42
|| ‫ ܘܣܘܢܕܘܣ‬: ‫ ܘܣܘܢܢܕܘܣ‬P ||
43
|| infra ‫ ܡܨܝܐ‬add. ‫ ܐܥܒܪܝܘ ܦܬܚܐ ܒܡܨܥܬ ܟܘܪܣܐ‬P1 in marg. inf. verticalice || post textum
add. ‫ ܥܒܪ ܠܦܬܚܐ ܐܚܪܝܢܐ ܘܩܪܝ ܐܝܟܐ ܕܐܡܪ ܕܬܚܣܪ ܡܠܝܘܬܗ‬P1 in marg. inf. (reclama folii 55v) ||
------------------------------------------
44
L’auteur insiste sur la distinction à opérer entre les notions d’opposition et d’éclipse.
L’opposition se définit en longitude, tandis que l’éclipse se définit à la fois en longitude et
en latitude.

168
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ ܡܛܠ ܕܐܠ ܠܦܘܬ‬. ‫ܬܝܗ ܗܕܐ‬ ܿ ‫ ܥܠܬܐ ܐܝ‬. ‫ܐܐܠ ܟܠܢܐܝܬ ܡܬܡܠܝܐ ܢܘܗܪܐ‬
‫ܒܓܒܗ ܓܝܪ ܡܥܪܒܝܐ‬ ܿ ܿ
‫ܐܘܪܟܗ‬ ‫ܘܚܣܪܐ ܇ ܐܐܠ ܠܦܘܬ‬ ܿ ‫ܦܬܝܗ ܡܬܡܠܝܐ ܣܗܪܐ‬ܿ
̄ ܿ
‫ܡܬܡܠܝܐ ܇ ܟܕ ܒܓܒܗ ܡܕܢܚܝܐ ܿܚܣܪܐ ܇ ܗܢܐ ܕܝܢ ܐܝܬܘ ܐܘܪܟܐ ܇ ܟܕ ܒܓܒܐ‬
‫ ܬܪܒܝܬܐ‬. ‫ ܐܠ ܡܬܘܡ ܿܩܒܠܬ‬. ‫ܐܝܬܘ ܦܬܝܐ‬ ̄ ‫ܓܪܒܝܝܐ ܘܬܝܡܢܝܐ ܇ ܗܢܐ ܓܝܪ‬
ܿ 45
‫ ܓܠܝܐ ܗܝ ܕܐܦ ܒܙܒܢ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܟܕ ܐܝܬܝܗ ܒܦܬܝܐ ܆ ܐܠ‬. ‫ܘܚܘܣܪܢܐ‬
. ‫ܡܢܗ ܘܬܚܫܟ‬ܿ ‫ܡܓܢܝܐ ܡܢ ܫܡܫܐ ܐܝܟ ܕܬܬܓܠܙ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܡܢܬܐ‬
ܿ
‫ܥܠܝܗ ܫܡܫܐ ܆ ܘܐܠ‬ ܿ ‫ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ ܕܝܢ‬. ‫ܘܒܕܓܘܢ ܟܘܠܢܐܝܬ ܡܬܡܠܝܐ‬
‫ܕܢܚ‬
ܿ
‫ܐܘ‬ ‫ܡܢܗ ܐܝܬܘܗܝ‬ ܿ ‫ܐܘ ܠܡܕܢܚܐ‬ ܿ ‫ ܐܡܝܢܐܝܬ ܓܝܪ‬. ‫ܗܘܐ ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ‬
ܿ ܿ ‫ܡܬܓܪܒܐ‬ ܿ ‫ ܐܦܢ ܓܝܪ‬. ‫ܠܡܥܪܒܐ‬
‫ܡܢܗ ܐܘ ܡܬܬܝܡܢ ܇ ܠܦܘܬ ܙܠܝܡܘܬܐ ܕܟܠܝܐܠ‬
‫ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܡܢ ܠܥܠ ܆‬ ܿ ‫ܩ̈ܪܢܬܗ ܒܠܚܘܕ ܿܙܠܡܐ ܠܓܪܒܝܐ‬
ܿ ̈
‫ܕܡܠܘܫܐ ܆‬

Au contraire, sa lumière sera à son maximum, pour la raison que ce n’est


pas en latitude que la lune augmente ou diminue, mais en longitude. En effet
<si> son côté occidental peut se remplir quand son côté oriental diminue,
cela est dû à la longitude, alors que les côtés septentrionaux et méridionaux,
qui sont liés à la latitude, n’accusent jamais ni de croissance ni de
décroissance. Cela est également manifeste au moment de la pleine lune,
lorsque prenant de l’altitude, elle ne se dissimule plus au soleil de sorte
qu’aucune partie d’elle n’est privée de la lumière du soleil. C’est pourquoi
elle peut être totalement pleine. Mais c’est en longitude que le soleil la
rattrape et non en latitude. En effet, il est constamment soit à sa droite soit à
sa gauche, même s’il peut être plus au nord ou plus au sud du fait de
l’obliquité de la couronne du zodiaque. Seules ses cornes peuvent pencher
vers le nord ou vers le sud en fonction de ce que nous avons dit plus haut.

45
|| ‫ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ||

169
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ
‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܊ ܘܬ̈ܪܬܝܢ‬ ܿ ‫ܘܐܠ ܗܘܐ ܕܢܚ ܿܗ ܡܬܟܐܠ‬
‫ ܕܐܡܝܢܐܝܬ ܒܦܬܝܐ‬. ‫ܡܢܗ‬
ܿ ‫ܙܒܢܝܢ ܒܠܚܘܕ ܒܟܠ ܝܪܚܐ ܡܬܩܪܒܐ ܠܣܘܪܛܐ ܆ ܐܠ ܗܘܐ ܒܠܚܘܕ ܚܢܢ‬
. ‫ܐܡܪܝܢܢ‬ ̈
‫ܒܚܘܫܒܢܝܗܘܢ‬̈ ܿ ‫ܕܐܡܪܝܢ‬
‫ ܟܬܝܒ ܓܝܪ‬. ‫ܘܡܘܕܝܢ ܕܐܝܬ ܐܬܠܝܐ‬ ܿ ‫ܐܐܠ ܐܦ ܿܗܢܘܢ‬
‫ܐܘ ܡܢ ܕܘܢܒܗ ܕܐܬܠܝܐ ܆‬ܿ ‫ ܕܟܠ ܐܡܬܝ ܠܡ ܕܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܪܫܗ‬. ‫ܗܟܢܐ‬
‫ܝܗ‬ ܿ ‫ ܐܡܬܝ ܕܝܢ ܕܒܐܬܠܝܐ ܒܪܫܗ‬. ‫ܐܬܝܗ‬
ܿ ‫ܐܘ ܒܕܘܢܒܗ ܒܣܘܪܛܐ ܐܝܬ‬ ܿ ‫ܒܦܬܝܐ‬

Et son lever ne saurait être entravé, même partiellement, tant que la lune
s’élève en latitude. Deux fois par mois seulement, elle s’approche de
l’écliptique. Nous ne sommes pas les seuls à le dire : ceux qui disent et
croient qu’Atalya existe le disent aussi. En effet, il est écrit dans leurs
calculs : « A chaque fois que la lune s’éloigne de la tête ou de la queue
d’Atalya, elle s’élève en latitude ; mais lorsqu’elle est dans l’Atalya, au
niveau de sa tête ou de sa queue, elle est sur l’écliptique ».

170
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫] ܐܬܠܝܐ ܆ ܐܢܗܘ‬25r[ ‫ܐܝܬܝܗ ܕܐܠ ܐܝܬܘܗܝ‬ ܿ ‫ (ܟܕ) ܐܦ ܗܕܐ ܡܟܣܢܘܬܐ‬5 .4


‫ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܝܢ‬. ‫ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܒܐܬܠܝܐ ܗܝ ܣܗܪܐ‬ ܿ ‫ܓܝܪ ܕܟܠ ܐܡܬܝ‬
‫ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ‬ ܿ ‫ܕܒܐܬܠܝܐ ܗܝ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܊ ܟܠ ܐܡܬܝ ܐܪܐ‬
‫ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܣܗܪܐ ܊ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܝܢ‬ ܿ ‫܊ ܐܢܕܝܢ ܟܠ ܐܡܬܝ‬
‫ܕܠܘ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܿܒܦܬܝܐ ܗܝ ܊ ܟܠ ܐܡܬܝ ܐܪܐ ܕܐܠ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܿܒܦܬܝܐ‬
46
‫ ܐܡܬܝ ܕܝܢ ܕܒܦܬܝܐ ܗܝ ܣܗܪܐ ܆ ܡܨܝܐ ܗܝ ܕܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬. ‫ܗܝ ܣܗܪܐ‬
‫ ܟܕ‬. ‫ ܿܡܨܝܐ ܕܐܠ ܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬. ‫ ܗܝ ܣܗܪܐ‬47‫ ܐܡܬܝ ܐܪܐ ܕܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬.
ܿ
‫ ܕܠܘ ܒܥܠܬ ܐܬܠܝܐ‬. ‫ܕܡܣܬܟܠ‬ ‫ܐܬܟܢܫ ܆ ܝܕܥܬܐ ܿܗܝ ܠܟܠ ܡܢ‬
ܿ ‫ܕܝܢ ܗܠܝܢ ܗܟܢܐ‬
‫ ܐܐܠ ܒܥܠܬ ܣܘܪܛܐ ܆ ܓܠܝܐ ܗܝ ܕܐܦܐܠ ܗܘ ܐܬܠܝܐ‬. ‫ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬
. ‫ ܘܗܘܝܘ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ‬. ‫ ܫܟܝܚ ܗܘ ܕܝܢ ܒܠܚܘܕ ܣܘܪܛܐ‬. ‫ܩܢܘܡܗ ܐܝܬܘܗܝ‬
‫ܘܗܠܝܢ ܡܢ ܠܘܬ ܗܦܟܬܐ ܿܗܝ ܕܐܬܬܣܝܡ ܿܬ ܇ ܚܢܢ ܕܝܢ ܟܕ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ̈ܥܠܬܐ ܿܢܩܦܝܢܢ‬
‫܆‬

<4. 5. Réfutation de la théorie d’Atalya par syllogismes>

Il existe cet autre type de réfutation 48 visant à dire [56r] qu’Atalya


n’existe pas :
<Syllogisme 1>
Si à chaque fois qu’il y a éclipse, la lune est dans l’Atalya ;
et qu’à chaque fois qu’elle est dans l’Atalya, elle est sur l’écliptique ;
Alors à chaque fois qu’il y a éclipse, elle est sur l’écliptique.
<Syllogisme 2>
Ensuite, si à chaque fois qu’il y a éclipse, la lune est sur l’écliptique ;
et qu’à chaque fois qu’elle n’est pas sur l’écliptique, elle s’élève en latitude ;
Alors à chaque fois que l’éclipse n’a pas lieu, la lune s’élève en latitude.
<Conclusion : il n’y a pas d’Atalya>
Or lorsque la lune s’élève en latitude, il est possible qu’elle devienne
pleine ; donc lorsque la lune est pleine, il se peut qu’il n’y ait pas d’éclipse.
Après être parvenu à des telles conclusions, quiconque est doué
d’intelligence saura que ce n’est pas à cause d’Atalya qu’a lieu une éclipse,
mais à cause de l’écliptique. Il est évident que cet Atalya n’a pas d’existence
propre, mais que seul l’écliptique est présent et que c’est lui la cause de
l’éclipse. Il y a d’un côté ceux qui sont favorables à l’objection qui vient
d’être présentée et de l’autre nous, qui adhérons aux arguments
<contraires>.

46
|| ‫ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ||
47
|| ‫ ܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܕܒܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ||
-------------------------------------------
48
Le terme « réfutation » (‫ )ܡܟܣܢܘܬܐ‬est également utilisé, en syriaque, pour renvoyer au
traité d’Aristote intitulé Περὶ σοφιστικῶν ἐλέγχῶν ( ‫ܡܫ ܿܡܗ ܠܗ‬ ̈
ܿ ‫ܣܘܦܝܣܛܐ‬ ̈
ܿ ‫ܡܟܣܢܘܬܐ‬
‫ܕܗܠܝܢ‬ ‫ܥܠ‬
‫ ) ܗܘ ܐܪܝܣܛܘܛܐܠܝܣ ܣܘܦܝܣܛܝܩܢܘܐܠܝܢܘ‬d’après le lexique de Jesu Bar Bahlul (cf. Ibn al-
Buhlūl, al-Ḥasan al-Ṭayrahānī al-Nasṭūrī, Proben aus Jesus Bar-Bahlul's syrisch-
arabischem Lexicon, Breslau, hrsg. Bernstein, Georg Heinrich, 1842). Mais nous n’avons
pas connaissance d’une traduction syriaque de ce traité de logique d’Aristote avant
Athanase de Balad (mort en 687), d’après les gloses du manuscrit arabe 2346 de la
Bibliothèque nationale de France, auxquelles H. Hugonnard-Roche fait référence dans
HUGONNARD-ROCHE H., « La tradizione della logica aristotelica », in Storia della scienza,
2001, vol. 4, p. 22.

171
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ ܠܚܘܕ̈ܪܐ ܗܠܝܢ ܕܫܡܫܐ‬. ‫ܢܬܢܗܪ ܿܗܘ ܿܡܐ ܕܐܡܪܢܢ‬ ܿ ‫ ܐܝܟܢܐ ܕܝܬܝܪܐܝܬ‬.2


̈ ̈ ܿ
‫ ܕܦܣܩܝܢ ܠܚܕܕܐ ܒܬ̈ܪܬܝܢ ܢܘܩܕܬܐ ܆ ܒܝܕ ܚܙܬܐ‬. ‫ܘܕܣܗܪܐ ܕܡܢ ܠܥܠ ܐܬܐܡܪܘ‬
‫ܠܗܘ ܡܐ ܕܡܢ ܠܥܠ ܥܠ‬ ܿ ‫ ܟܕ‬. ‫ܪܫܡܝܢܢ‬
ܿ ‫ܡܕܡ ܘܬܐܘܪܝܡܐ ܓܐܘܡܛܪܝܩܝܐ‬
‫ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ ܐܪܝܟܐܝܬ ܐܡܪܢܢ ܆ ܗܫܐ ܟܪܝܐܝܬ ܘܒܣܘܓܐܐ‬
‫ ܟܕ ܒܚܕ ܪܘܫܡܐ‬. ‫ܡܚܘܝܢܢ‬ ܿ ‫ܕܦܣܝܩܬܐ ܒܝܕ ̈ܪܘܫܡܐ ܬ̈ܪܝܢ ܗܠܝܢ ܕܡܢ ܠܬܚܬ‬ ̈
. ‫ ܒܐܚܪܢܐ ܕܝܢ ܕܐܝܟܢ ܐܠ ܗܘܝܐ‬. ‫] ܐܩܠܦܣܝܣ‬25v[ ‫ܡܚܘܝܢܢ ܆ ܕܐܝܟܢ ܿܗܘܝܐ‬ ܿ
‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܕܒܗܝܢ ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ‬
̈ ‫ܕܚܣܝܪ ܠܡܡܠܠܘ ܥܠ‬
ܿ ‫ܘܗܝܕܝܢ ܠܘܬ ܿܗܘ ܡܐ‬ ܿ
̈
‫ܠܚܕܕܐ ܡܬܦܢܝܢܢ ܀‬

<5. Illustrations géométriques>

Afin de mettre davantage en lumière ce que nous avons dit, nous


illustrerons le fait que les cercles du soleil et de la lune, dont il a été
question plus haut, se coupent l’un l’autre au niveau de deux nœuds, au
moyen de quelque schéma et représentation géométrique. Après avoir parlé
longuement, ci-dessus, de ce qui concerne l’éclipse des astres, désormais,
c’est de façon brève et avec une grande économie, à l’aide des deux figures
ci-dessous, que nous poursuivrons notre exposé : à l’aide du premier, nous
montrons dans quelles conditions l’éclipse peut avoir lieu, à l’aide du
suivant dans quelles conditions [fol. 56v] elle ne peut pas avoir lieu.
Ensuite, nous reviendrons sur ce qu’il restera à dire des nœuds au niveau
desquels les cercles se coupent l’un l’autre ‫܀‬

172
‫‪Traité sur la cause des éclipses de lune‬‬

‫‪49‬‬
‫ܬܐܘܪܝܡܐ ܕܒܝܕ ܓܐܘܡܛܪܝܐ ܕܐܝܟܢ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ‬

‫‪ .‬ܓܪܒܝܐ ‪.‬‬
‫‪Nord‬‬

‫ܣܘܢܕܘܣ‬
‫ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬ ‫‪conjonction‬‬
‫‪pleine lune‬‬

‫ܣܘܢܕܘܣ‬ ‫ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬
‫ܚܫܟܢܝܐ‬ ‫̈‬
‫ܬܚܘܡܐ ̈‬ ‫‪conjonction‬‬ ‫‪Pleine lune‬‬ ‫̈‬
‫ܬܚܘܡܐ ̈‬
‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܐܪܥܐ‬ ‫ܚܫܟܢܝܐ‬
‫‪limites écliptiques‬‬ ‫‪terre‬‬
‫‪n. ascendant‬‬ ‫‪n. descendant‬‬ ‫‪limites écliptiques‬‬

‫ܣܘܢܕܘܣ‬
‫ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬ ‫‪conjonction‬‬
‫‪pleine lune‬‬

‫‪sud‬‬
‫‪ .‬ܬܝܡܢܐ ‪.‬‬

‫> ‪<Figure n°1‬‬


‫‪Représentation, par le biais de la géométrie, des conditions dans lesquelles il‬‬
‫‪peut y avoir éclipse astrale.‬‬

‫‪49‬‬
‫‪Nous avons reproduit, aussi fidèlement que possible, les deux schémas qui se trouvent‬‬
‫‪dans le manuscrit. Titre du schéma : « Représentation, par le biais de la géométrie, des‬‬
‫‪conditions dans lesquelles il peut y avoir éclipse astrale ». Nous reproduisons ici les gloses‬‬
‫‪qui encadrent la figure en indiquant par des points les lettres que nous n’avons pas réussi à‬‬
‫ܒܟܠܗ ܐܪܥܐ ܿܗܘܝܐ ‪ .‬ܐܐܠ ܕܝܢ ܒܐܬ̈ܪܘܬܐ ̈ܝܕܥܐ ‪identifier : « .‬‬ ‫ܿ‬ ‫ܐܩܠܦܣܝܣ ܓܝܪ ܿܗܝ ܿ‬
‫ܕܗܘܝܐ ܠܫܡܫܐ ܕܠܘ‬
‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܡܛܠ ܓܝܪ ܕܐܝܟܢܐ ܕܥܢܢܐ ܩܝܡܐ ܩܕܡ ܫܡܫܐ ܘܥܒܕܐ ܛܠܐܠ ‪ .‬ܘܡܚܦܝܐ ܠܗ ܡܢܢ ܒܒܐܬ̈ܪܘܬܐ ܐܠ ܗܘܝܐ ‪.‬‬
‫ܘܡܚܦܐ ܠܗ ܡܢܢ ܘܠܘ ܓܝܪ ܒܟܠܗܘܢ‬ ‫ܿ‬ ‫ܗܟܢܐ ܟܕ ܿܥܐܠ ܣܗܪܐ ܬܚܬ ܫܡܫܐ ܒܙܒܢ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ‪ܿ .‬ܥܒܕ ܠܗ ܛܠܐܠ‬
‫̈‬
‫ܡܟܬܒܢܐ ܕܒܗܪܗ‬ ‫ܐܬ̈ܪܘܬܐ ܿܗܘܝܐ ܗܕܐ ‪ .‬ܒܐܬ̈ܪܘܬܐ ܓܝܪ ܬܝܡܢܝܐ ܓܕܫܐ ܕܐܠ ܿܗܘܝܐ ‪ .‬ܐܡܪ ܓܝܪ ܐܢܫ‬
‫ܐܡܪ‬‫ܡܕܝܢܬܐ ܕܒܟܘܪܣܢ ܗܘܬ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܟܘܠܢܝܬܐ ܒܬܪܬܝܢ ̈ܫܥܝܢ ܒܐܝܪ ܝܪܚܐ ‪ .‬ܕܠܘܬܢ ܕܝܢ ܒܓܙܝܪܬܐ ܿ‬
‫ܕܣܠܩ ܗܪܟܐ‬ ‫ܕܐܠ ܗܘܬ ‪ .‬ܘܬܘܒ ܐܡܪ ܕܫܪܝܪܐ ܗܝ ܿܗܝ ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ̈ܫܥܝܢ ܿܩܕܡ ܿܣܠܩ ܫܡܫܐ ܒܗܪܗ ܩܕܡ ܿ‬
‫ܢܬܐܡܐ ܐܘ ܡܫܚܐ ‪.‬‬ ‫̈‬ ‫ܕܥܐܠ ܬܚܬ ܫܡܫܐ ‪ .‬ܒܙܒܢܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ‬ ‫ܠܘܬܢ ‪ .‬ܐܝܢܕܝܢ ܿܨܒܐ ܐܢܫ ܕܢܚܙܐ ܠܣܗܪܐ ܿ‬
‫ܕܢܚ ܫܡܫܐ ܥܠܝܗܘܢ ‪ .‬ܘܡܬܚܙܐ ܠܗ ܣܗܪܐ ܟܕ ܿܥܐܠ ܬܚܬ ܫܡܫܐ‬ ‫ܘܢܪܡܐ ܐܢܘܢ ܒܠܩܢܐ ‪ .‬ܘܢܚܘܪ ܒܗܘܢ ܟܪ ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܿ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܘܥܒܕ ܠܗ ܬܚܦܝܬܐ ‪ .‬ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܝܢ ܕܣܗܪܐ ܒܟܠܗ ܐܪܥܐ ܗܘܝܐ ‪ .‬ܐܘ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܗܘܝܐ ܘܡܬܚܙܝܐ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܒܟܠܗ ܐܪܥܐ ‪ .‬ܡܛܠ ܕܐܝܬ‬ ‫ܿ‬ ‫ܐܘ ܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ ܘܡܬܚܙܝܐ ܠܢ ܕܠܢ ‪ .‬ܒܪܡ ܕܝܢ ܿܗܝ ܕܫܡܫܐ ‪ .‬ܠܘ ܕܝܢ‬ ‫ܐܠܚ̈ܪܢܐ ‪ܿ .‬‬
‫̈‬ ‫̈‬ ‫̈‬ ‫ܿ‬ ‫̈‬
‫ܕܗܘܝܐ ܠܘܬܢ ܘܒܐܬ̈ܪܘܬܐ ܬܝܡܢܝܐ ܕܟܘܫܝܐ ܐܠ ܗܘܝܐ ‪ .‬ܕܣܗܪܐ ܕܝܢ ܟܠ ܡܐܐ ܘܫܒܥܝܢ ܘܫܒܥܐ‬ ‫̈‬ ‫ܐܡܬܝ ܿ‬
‫ܿ‬ ‫̈‬ ‫̄‬ ‫̄‬ ‫ܿ‬
‫ܝܘܡܬܐ ܗܘܝܐ ‪ .‬ܘܐܢ ܐܝܬ ܒܗ ܒܣܗܪܐ ܒܗܘ ܙܒܢܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܝܗ ܝܘܡܬܐ ܗܘܝܐ ‪ .‬ܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ ‪ .‬ܐܢܕܝܢ‬ ‫ܿ‬ ‫̈‬
‫ܡܬܚܙܝܐ ܠܢ ‪ .‬ܒܝܬ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܠܚܪܬܐ‬ ‫ܿ‬ ‫ܝܘܡܬܐ ܘܦܠܓܗ ܿܗܘܝܐ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܘܐܠ‬ ‫ܐܝܬ ܒܗ ̄ܝ ̄ܕ ̈‬
‫ܕܗܝ ܐܩܠܦܣܝܣ‬ ‫ܢܒܥܐ ܐܢܫ ܕܢܐܐܠ ܒܡܢܝܢܐ ܿܥܒܪ ܡܢ ܡܢܝܢܐ ܿ‬ ‫̈‬ ‫ܘܫܒܥܝܢ ̈‬ ‫̈‬ ‫̈ܡܐܐ‬
‫ܘܫܒܥܐ ܝܘܡܬܐ ܐܝܬ ‪ .‬ܘܐܢܗܘ ܕܐܠ ܸ‬
‫ܿ‬ ‫̈‬ ‫̄‬
‫)‪ ». (Cf. traduction à la note suivante‬ܩܕܡܝܬܐ ̄ܝܐ ܝܘܡܬܐ ܘܗܟܢܐ ܗܘܝܐ ܠܙܒܢܐ ܐܚܪܢܐ ܆‬

‫‪173‬‬
Traité sur la cause des éclipses de lune

50
. ‫] ܬܐܘܪܝܡܐ ܒܝܕ ܓܐܘܡܛܪܝܐ ܕܐܝܟܢ ܐܠ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ‬25r[

‫ܓܪܒܝܐ‬
nord

‫ܣܘܢܕܘܣ‬
conjonction
‫ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬ ‫ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬
̈
‫ܬܚܘܡܐ ̈ܚܫܟܝܐ‬
pleine lune pleine lune ̈
‫ܬܚܘܡܐ ̈ܚܫܟܝܐ‬
limites écliptiques
‫ܐܪܥܐ‬ limites écliptiques

conjonction
conjonction
‫ܣܘܢܕܘܣ‬ pleine lune ‫ܣܘܢܕܘܣ‬
‫ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬

‫ܬܝܡܢܐ‬
sud

<Figure n°2>
Représentation, par le biais de la géométrie, des conditions dans lesquelles il
ne peut pas y avoir éclipse astrale.
50
Traduction des gloses encadrant le premier schéma du f. 56v : « En effet, l’éclipse
relative au soleil n’est pas <visible> sur toute la terre, mais dans des régions précises, car de
même que le nuage qui se place devant le soleil lui fait de l’ombre et le dissimule à nos
yeux sans que cela soit le cas dans <d’autres> régions, de même la lune va sous le soleil au
moment de l’éclipse, lui faisant de l’ombre et le dissimulant à nos yeux sans que ce soit le
cas dans toutes les régions. En effet, dans les régions méridionales, il se peut qu’elle
(l’éclipse) n’ait pas lieu. Un écrivain (?) a dit en effet que dans la ville de Herat du
Khorassan avait eu lieu une éclipse de soleil totale durant deux heures au mois de mai (syr.
Iyyar), alors que chez nous, en Djazira, on dit qu’elle n’a pas eu lieu. En outre, on dit qu’il
est vrai que le soleil se lève à Herat deux heures avant qu’il ne se lève chez nous. Si
quelqu’un veut voir la lune aller sous le soleil au moment d’une éclipse (cinq mots non
compris ?), qu’il regarde grâce à eux là où le soleil se lève (un mot) et qu’il considère où la
lune va sous le soleil et occasionne pour lui une immersion. En revanche, l’éclipse de lune
est <visible> sur toute la terre : soit elle aura lieu sous la terre et sera visible pour d’autres,
soit elle aura lieu au dessus de la terre et elle nous sera bien visible, contrairement à celle du
soleil qui n’est pas visible sur toute la terre, étant donné que parfois elle aura lieu chez nous
sans avoir lieu dans les régions méridionales de l’Éthiopie. <L’éclipse de> lune a lieu tous
les 177 jours et s’il y a par la lune (?), au moment de l’éclipse, 28 jours, <l’éclipse ?> aura
lieu au dessus de la terre. Mais si par elle il y a …jours et demi, <elle aura lieu> sous la
terre et ne nous sera pas visible. Entre une éclipse de lune et une autre, il y a 177 jours. Et
même, si quelqu’un cherche, qu’il ajoute ce nombre à celui de l’éclipse précédente …jours
et de cette manière on obtiendra la date suivante. »

174
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ ܒܝܕ ̈ܪܘܫܡܐ ܗܠܝܢ ܕܗܫܐ‬. ‫ܕܠܗܘ ܕܒܝܕ ܡܠܬܐ ܡܢ ܠܥܠ ܐܡܪܢܢ‬ܿ ‫ ܗܫܐ ܕܝܢ‬1 .5
‫ ܘܐܬܝܕܥ ܢܗܝܪܐܝܬ ܠܟܠܢܫ ܇ ܕܐܠ ܗܘܐ‬. ‫ܐܬܬܣܝܡܘ ܐܝܟ ܕܒܡܚܙܝܬܐ ܿܚܘܝܢܢ‬
‫ܒܥܠܬ ܡܕܡ ܐܚܪܝܢ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܆ ܐܐܠ ܒܥܠܬ ܡܬܩܪܒܢܘܬܐ ܕܣܗܪܐ‬
̈ ‫ ܆ ܿܙܕܩ ܠܢ ܠܡܥܩܒܘ ܥܠ‬51‫ܠܣܘܪܛܐ ܒܣܘܢܕܘܣ ܘܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬
‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ‬
̈ ‫ܕܒܗܝܢ ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ‬
‫ ܿܚܙܝܢܢ ܗܟܝܠ ܆ ܕܐܠ ܗܘܐ ܩܒܝܐܠܝܬ ܒܚܕ ܿܡܠܘܫܐ‬. ‫ܠܚܕܕܐ‬
ܿ
‫ ܐܝܟ ܡܐ‬. ‫ ܐܐܠ ̈ܡܫܢܝܢ ܡܢ ܡܠܘܫܐ ܠܡܠܘܫܐ‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܟܠܚܕ ܡܢܗܝܢ ܕܐܠ ܫܘܢܝ‬
‫] ܒܠܚܘܕ ܿܗܘܝܐ‬25v[ ‫ܒܒ ܇‬
̄ ‫ܐܘ‬ ܿ ‫ ܕܐܠ ܗܘܐ ܒܚܕ ܡܠܘܫܐ‬. ‫ܕܐܦ ܿܚܙܝܢܢ ܬܘܒ‬
. ‫ܐܩܠܦܣܝܣ ܆ ܐܐܠ ܒܟܠܗܘܢ ̈ܡܠܘܫܐ‬

<6. Calculer la position des nœuds >

<6. 1 Théorie>

Maintenant que nous avons illustré, au moyen de figures placées comme


en miroir, ce que nous avons dit plus haut par la parole, et qu’il est apparu
clair à tous qu’il n’y avait pas d’autre cause d’éclipse que celle du
rapprochement de la lune de l’écliptique en temps de conjonction ou de
pleine lune, il nous faut nous informer au sujet des nœuds au niveau
desquels les cercles se coupent. Nous verrons ainsi qu’il est faux de dire que
chacun d’eux reste fixement dans un signe sans se déplacer. Au contraire, ils
vont de signe en signe, ce qui concorde avec nos observations, à savoir que
ce n’est pas seulement dans un signe ou deux [f. 57v[ que l’éclipse peut
avoir lieu, mais dans tous les signes.

51
|| ‫ ܘܒܦܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܘܒܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ||

175
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ܢܘܩܕܬܐ ܇ ܒܟܠܗܘܢ ̈ܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ ܐܐܠ ܐܠ ܕܐܦ ̈ܗܢܝܢ‬. ‫ܗܕܐ ܕܝܢ ܠܘ ܗܟܢܐ ܗܘܬ‬
̈ ‫ܡܫܢܝܢ‬
‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܡܢ‬ ̈ ‫ܐܡܪܝܢܢ ܗܟܝܠ ܆ ܕܫܪܝܪܐܝܬ‬ ܿ . ‫ܡܫܬܟܚܢ ܒܕܡܘܬ ܣܗܪܐ‬ ̈
ܿ ‫ ܗܕܐ ܕܝܢ‬. ‫ܕܡܠܘܫܐ‬
‫ ܐܠ‬. ‫ܐܡܪܝܢܢ‬ ̈ ‫ܡܠܘܫܐ ܠܡܠܘܫܐ ܆ ܘܡܬܟ̈ܪܟܢ ܒܟܠܗ ܟܠܝܐܠ‬
̈ ‫ܢܘܩܕܬܐ ܇ ܙܘܥܐ ܡܕܡ ܕܝܠܢܝܐ ̈ܩܢܝܢ ܇ ܘܡܛܠ ܗܕܐ‬
‫ܡܫܢܝܢ‬ ̈ ‫ܕܗܢܝܢ‬
̈ ‫ܗܘܐ ܐܝܟ ܿܡܢ‬
‫ܕܢܬܬܙܝܥܢ ܇ ܿܗ ̈ܢܝܢ ܕܐܦ ܐܠ ܩܢܘܡܐ‬
̈ ‫ ܐܝܟܢ ܓܝܪ ܡܨܝܐ‬. ‫ܡܢ ܿܡܠܘܫܐ ܠܡܠܘܫܐ‬
‫ ܐܐܠ ܥܠܬܐ‬. ‫ܡܬܗܘܢܢܢ ܕܝܢ ܒܠܚܘܕ ܒܬܪܥܝܬܐ‬ ̈ ‫ܡܕܡ ܿܝܬܢܝܐ ܐܝܬ ܠܗܝܢ ܇ ܘ‬
‫ ܐܡܝܪ ܗܘ ܠܢ ܠܢ ܓܝܪ ܡܢ ܠܥܠ ܆‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܆ ܙܘܥܗ ܕܣܗܪܐ ܕܠܦܬܝܐ‬ ܿ ‫ܕܫܘܢܝܗܝܢ‬
̈ ̈
‫ ܕܘܟܝܬܐ ܐܠܝܢ ܕܒܗܝܢ ܡܣܬܩܒܠ‬. ‫ܕܟܕ ܪܕܝܐ ܣܗܪܐ ܒܦܬܝܐ ܐܠܦܝ ܣܘܪܛܐ‬
ܿ ‫ܠܗܝܢ‬
‫ܐܡܪܝܢܢ ܕܐܝܬܝܗܝܢ‬ ̈ ‫ܘܦܣܩܐ ܠܗ ܠܣܘܪܛܐ ܐܢ ܠܓܪܒܝܐ ܘܐܢ ܠܬܝܡܢܐ ܆‬ ܿ
‫ܢܘܩܕܬܐ ܇‬ ̈

Or ceci n’est pas moins valable pour les nœuds, qu’on pourra également
trouver dans tous les signes, comme la lune. Nous disons donc que ces
nœuds vont véritablement d’un signe à l’autre, effectuant le tour de tout le
cercle du zodiaque. Mais précisons que ce n’est pas pour autant que ces
nœuds ont un mouvement propre et que c’est pour cette raison qu’ils vont de
signe en signe. Car comment serait-il possible qu’ils se meuvent alors qu’ils
n’ont pas même une substance propre ? Nous ferons sagement en pensant
que c’est seulement le mouvement en latitude de la lune qui est la cause de
leur déplacement. En effet, il nous a bien été dit plus haut que nous
pouvions désigner par « nœuds » les endroits où la lune, s’approchant de
l’écliptique en latitude, arrive et coupe l’écliptique <en allant> soit vers le
nord, soit vers le sud.

176
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ
‫ܙܘܥܗ ܕܐܠܘܪܟܐ ܆ ܡܢ ܩܕܡ‬ ‫ܙܘܥܗ ܕܠܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ ܆ ܩܠܝܠ ܗܘ ܡܢ‬ܿ ‫ܡܛܠ ܕܗܘ‬
ܿ ܿ ܿ
‫ ܟܕ‬. ‫ܕܬܬܡܛܐ ܒܐܘܪܟܐ ܇ ܠܕܘܟܬܐ ܐܝܕܐ ܕܒܗ ܦܣܩܬ ܠܣܘܪܛܐ ܡܢ ܩܕܝܡ‬
‫ܡܢܗ ܕܕܘܟܬܐ ܚܕܐ ܣܣܐ ܟ̄ ̄ܘ ̈ܩܛܝܢܢ ܠܡܥܪܒܐ ܆ ܦܣܩܐ ܠܗ ܡܢ ܕܪܫ‬ ܿ ‫ܪܚܝܩܐ‬
ܿ ܿ
‫ ܗܝ‬. ‫ ܘܡܛܠ ܕܕܘܟܬܐ ܗܝ ܕܒܗ ܦܣܩܐ ܠܗ ܠܣܘܪܛܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ܠܣܘܪܛܐ‬
ܿ
‫ܕܘܟܬܗ ܬܪܝܢܝܬܐ ܡܢ ܩܕܡܝܬܐ ܇‬ ܿ
‫ܕܐܝܬܗ ܢܘܩܕܬܐ ܇ ܪܚܝܩܐ ܕܝܢ‬ ‫ܡܬܐܡܪܐ‬
ܿ
‫ ܐܝܟ ܗܘ ܕܗܝ ܢܘܩܕܬܐ ܡܬܬܙܝܥܐ ܡܢ ܡܕܢܚܐ‬. ‫ܩܛܝܢܢ ܠܡܥܪܒܐ‬ ̄ ̄
̈ ‫ܚܕܐ ܣܣܐ ܟܘ‬
. ‫ܠܡܥܪܒܐ ܡܣܬܒܪܐ‬
ܿ
‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܣܣܐ ܩܕܡܝܐ ܕܪܫܗ‬ ‫ ܢܗܘܐ ܓܝܪ ܕܟܕ‬. ‫ ܕܐܝܟ ܐܝܟܢ‬2 .5
̈
‫ ܐܡܪܢܢ ܓܝܪ‬. ‫ ܐܠܦܝ ܓܪܒܝܐ‬. ‫ܕܐܡܪܐ ܇ ܦܣܩܬ ܠܣܘܪܛܐ ܡܢ ܬܝܡܢܐ‬
. ‫ܕܒܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܡܬܩܪܝܐ ܢܘܩܕܬܐ ܿܗܝ ܕܡܢ ܬܝܡܢܐ ܠܓܪܒܝܐ ܡܬܦܣܩܐ‬

Comme le mouvement en latitude de la lune ralentit son mouvement en


longitude 52 , avant d’atteindre, en longitude, l’endroit où elle avait coupé
précédemment l’écliptique, elle coupera de nouveau l’écliptique en
s’éloignant de cet endroit de 1°26’ vers l’ouest53. Et parce que cet endroit
est celui où la lune coupe l’écliptique, on dira qu’il s’agit du nœud. Le
second espace se distancie du premier de 1°26’ vers l’ouest de sorte qu’on
doit considérer que le nœud se déplace d’est en ouest.

<6. 2. Exemple >

Par exemple, admettons que, alors qu’elle est dans le premier degré du
commencement du Bélier, la lune coupe l’écliptique <en allant> du sud vers
le nord (nous disons en effet que ce nœud, qui est coupé du sud au nord,
s’appelle le nœud ascendant).

52
Littéralement : « Étant donné que le mouvement en latitude de la lune est plus petit que
son mouvement en longitude ».
53
C’est-à-dire que chaque mois, la lune coupe l’écliptique avant d’avoir eu le temps d’en
faire le tour, ce qui entraîne un léger décalage du nœud lunaire vers l’ouest. Mais les nœuds
ont un mouvement rétrograde de 19°20’ environ vers l’ouest par an (cf. SAVOIE,
Cosmographie, 2006, p. 72), ce qui fait que la valeur donnée ici est erronée : les nœuds se
déplacent en réalité non pas de 1°26’ par mois, mais d’environ 1°35’. Sévère Sebokht
donne la valeur exacte, qu’il dit avoir trouvé chez Théon d’Alexandrie (cf. Sév. Seb., Lettre
sur les nœuds II. 3). Pourtant, l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune renvoie
aux calculs de Claude Ptolémée (Tables faciles) un peu plus loin (chapitre 6. 5). Se
pourrait-il qu’il ait confondu le mouvement de rétrogradation des nœuds lunaires (1°35’ par
mois) avec le mouvement de précession des équinoxes, que Ptolémée avait justement
estimé à environ 1°26’ par siècle (cf. Ptol. Alm., VII, 3) ?

177
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫] ܡܢ‬25r[ ‫ܙܘܥܗ ܕܐܠܘܪܟܐ ܆‬ ܿ ‫ܕܙܘܥܗ ܕܠܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ ܇ ܩܠܝܠ ܗܘ ܡܢ‬ ܿ ‫ܘܡܛܠ‬


‫ܩܕܡ ܕܬܬܡܛܐ ܣܗܪܐ ܠܪܫܗ ܕܐܡܪܐ ܐܝܟ ܕܒܐܘܪܟܐ ܘܬܓܡܪܝܘܗܝ ܠܚܘܕܪܐ‬ ܿ
‫ ܟܕ ܪܚܝܩܐ ܡܢ ܪܫܗ ܕܐܡܪܐ‬. ‫ܒܙܘܥܗ ܕܠܦܬܝܐ ܆ ܘܦܣܩܐ ܠܗ ܠܣܘܪܛܐ‬ ܿ ‫܇ ܩܕܡܝܐ‬
̈ ̈ ̄ ̄ ̈ ̄ ̄ ̈ ̄ ̄
‫ ܘܗܟܢܐ‬. ‫ܚܕܐ ܣܣܐ ܟܘ ܩܛܝܢܢ ܠܡܥܪܒܐ ܇ ܗܢܘܕܝܢ ܟܚ ܣܣܐ ܘܠܕ ܩܛܝܢܢ ܕܢܘܢܐ‬
‫ ܬܗܘܐ ܡܬܪܚܩܐ‬. ‫ܕܒܝ ̄ܒ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬ ̄ ‫ ܐܝܟܢܐ‬. ‫ܚܘܕ̈ܪܝܗ‬ ܿ ‫ܐܝܕܐ ܒܐܝܕܐ ܒܟܠܗܘܢ‬
ܿ ̈ ̄ ̄ ̈ ̄ ̄ ̈
‫ ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ‬. ‫ܢܘܩܕܬܐ ܡܢ ܪܫܗ ܕܐܡܪܐ ܐܠܦܝ ܡܥܪܒܐ ܆ ܝܙ ܣܣܐ ܘܝܒ ܩܛܝܢܢ‬
̈ ‫ܘܫܬܐ‬
‫ܝܘܡܝܢ‬ ̈ ‫ܫܢܝܢ ܘܐ̈ܪܒܥܐ ܝ̈ܪܚܝܢ‬ ̈ ‫ܟ‬ ̈ ‫ܩܛܝܢܢ‬
̄ ‫ܕܢܘܢܐ ܆ ܘܗܟܢܐ ܠ‬ ̈ ‫ܘܡ ̄ܚ‬ ̄ ‫ܒܝ ̄ܒ ̈ܣܣܐ‬
̄
. ‫ ܒܪܫܗ ܕܐܡܪܐ ܆ ܐܝܟܢܐ ܓܝܪ ܕܐܡܪܢܢ ܥܠ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬. ‫ܡܫܬܟܚܐ ܡܢܕܪܫ‬
‫ ܓܝܪ ܕܝܐܡܛܪܘܢ‬54‫ ܐܣܟܝܡܐ‬. ‫ܗܟܢܐ ܿܙܕܩ ܠܡܣܬܟܠܘ ܘܐܦ ܥܠ ܿܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ܐܝܬ ܠܗܝܢ ܐܡܝܢܐܝܬ ܠܘܬ ̈ܚܕܕܐ ܆‬

Et comme le mouvement en latitude de la lune ralentit son mouvement en


longitude 55 , avant que la lune ait pu atteindre le début du Bélier, au
maximum de sa longitude, et qu’elle ait pu achever le premier cercle, à
cause de son mouvement en latitude, elle coupera l’écliptique en distançant
le début du Bélier de 1°26’ vers l’ouest, c’est-à-dire au 28°34’ des Poissons,
et ainsi de suite pour chaque cercle, de sorte qu’au bout de 12 cercles, le
nœud se trouvera éloigné du début du Bélier vers l’ouest de 17°12’ 56, je
veux dire <qu’il sera> au 12°48’ des Poissons. Ainsi dans 20 ans, 4 mois et
6 jours57, il se trouvera de nouveau au début du Bélier.
De même que nous avons traité du nœud ascendant, de même convient-il de
traiter du nœud descendant, car ils sont constamment associés l’un à l’autre
par un aspect en opposition.

54
|| ‫ ܐܣܟܝܡܐ‬correxi : ‫ ܐܣܝܟܡܐ‬P ||
------------------------------------------
55
Même remarque que plus haut.
56
Pour la raison qu’on a expliqué dans une note précédente, ce chiffre est erroné puisque
les nœuds lunaires se déplacent en réalité d’environ 19°20’ par an. La bonne valeur se
trouve dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 3.
57
Même en acceptant le chiffre proposé par l’auteur de ce texte, à savoir 1°26’ par mois
pour la précession des nœuds, le calcul est étrange, car la lune devrait revenir à sa place
initiale lorsque les nœuds auront parcouru 360°, soit au bout de 360° / 1°26’ multiplié par le
nombre de jours du mois lunaire, soit : 360° /1°26’*27,32 = 18 ans et 261 jours et non 20
ans et 4 mois. La différence de résultats pourrait s’expliquer par le fait que l’auteur syriaque
n’utilisait pas le mois sidéral de 27,32 jours, mais le mois synodique de 29,6 jours et qu’il
partait du principe qu’une année solaire durait 365 jours et non 365,25 jours.

178
Traité sur la cause des éclipses de lune

̈ ‫ܕܫܘܢܝܗܝܢ‬
‫ܕܢܘܩܕܬܐ‬ ̈ ‫ܐܝܬܝܗ ܥܠܬܐ‬
ܿ ‫ ܗܕܐ‬. ‫ ܡܢ ܠܥܠ‬. ‫ ܐܝܟ ܕܐܦ ܐܡܪܢܢ‬1 3 .5
‫ܩܕܡܝܐ ܆‬̈ ‫ܐܢܫܝܢ ܡܢ‬
̈ ܿ
‫ܐܣܬܟܠܘܗ‬ ‫ ܿܗܝ ܕܡܛܠ ܕܐܠ‬. ‫ܗܠܝܢ ܡܢ ܡܠܘܫܐ ܠܡܠܘܫܐ‬
‫ ܐܣܒܪܘ‬. ‫ܫܘܢܝܗܝܢ ܡܢ ܕܘܟ ܠܕܘܟ‬ ̈ ‫ ܟܕ ܓܝܪ ܚܙܘ‬. ‫ܒܕܝܐ ܿܗܘ ܕܐܬܠܝܐ ܪܟܒܘ‬
ܸ
‫ ܟܕ ܬܘܒ ܚܪܘ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬. ‫ܡܛܠܬܗܝܢ ܆ ܕܓܘܫܡܐ ܡܕܡ ܐܬܝܗܝܢ‬
ܽ ܰ
‫ܠܓܘܫܡܐ ܆‬ ‫ ܕܪܫܐ ܘܕܘܢܒܐ ܐܝܬ ܠܗ ܐܬܪܢܝܘ‬. ‫ܕܐܝܬ ܠܗܝܢ ܠܘܬ ̈ܚܕܕܐ‬
58
‫ ܟܕ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܡܢ ܪܫܐ‬. ‫ܘܕܡܘܫܚܬ ܦܠܓܗ ܕܐܣܦܝܪܐ ܐܝܬܘܗܝ ܐܘܪܟܗ‬
‫ܐܬܟܝܢܘ ܕܒܗܝܢ ܘܒܩܪܝܒܘܬܐ ܕܠܗܝܢ‬ܿ ‫ ܟܕ ܬܘܒ‬. ‫ ܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܕܝܢ ܕܘܢܒܐ‬. ‫ܿܟܢܝܘ‬
̄ ܿ ‫ܿܗܝ ܕܐܬܐܡ‬
‫ܪܬ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ ܆ ܐܡܪܘ ܆ ܕܡܫܘܚܬ ܟ̄ܕ ܣܣܐ‬
̈ 59

. ‫ܐܝܬܘܗܝ ܦܬܝܗ ܕܓܘܫܡܐ ܗܢܐ‬

<6. 3. L’erreur des Anciens ou la théorie de l’Atalya>


<6. 3. 1 Il n’y a pas de corps d’Atalya>

Comme nous l’avons déjà dit plus haut, ceci est la cause de la précession
des nœuds <allant> de signe en signe. Comme aucun des Anciens n’avait
réussi à l’expliquer, ils inventèrent la fable de l’Atalya. En effet, lorsqu’ils
constatèrent la précession des nœuds d’un endroit à un autre, ils en
imputèrent la faute à quelque corps ; en outre, après avoir observé l’aspect
en opposition qu’ils entretenaient, ils pensèrent que ce corps avait une tête et
une queue et que sa dimension longitudinale était de la moitié de la sphère,
nommant ‘tête’ le nœud ascendant et ‘queue’ le nœud descendant. De
même, après avoir établi que c’était à leur niveau et dans la proximité de
ceux-ci qu’on disait qu’une éclipse astrale pouvait avoir lieu, ils dirent que
ce corps mesurait 24° de latitude.

58
|| ‫ ܪܫܐ‬: ‫ ܪܝܫܐ‬P ||
59
|| ‫ ܕܡܫܘܚܬܐ‬: ‫ ܕܡܘܫܚܬ‬P ||

179
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ܐܬܝܗ ܕܟܠܚܕ‬ܿ ‫ ܐܢܢܩܝܐ‬. ‫] ܣܗܪܢܝܬܐ‬25v[ ‫ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬ ܿ ‫ܘܡܛܠ ܕܐܡܬܝ‬


‫ܢܘܩܕܬܐ ܢܫܬܟܚ ܇ ܐܣܟܝܡܐ ܓܝܪ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬ ̈ ‫ܡܢ ܢܗܝ̈ܪܐ ܒܚܕܐ ܡܢ ܗܠܝܢ‬
‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܆‬ܿ 60
‫ܒܗܘ ܙܒܢܐ ܡܛܠ ܕܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬ ܿ . . ‫ܐܝܬ ܠܗܝܢ ܠܘܬ ̈ܚܕܕܐ‬
‫ܐܦ ܗܝ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܿܥܒܕܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܆ ܐܬܪܥܝܘ ܕܡܛܠ ܗܕܐ ܿܗܘܝܐ‬
. ‫ܢܗܝܪܐ ܿܩܐܡ ܐܬܠܝܐ‬ ̈ ̈
‫ܕܒܐܦܝ ܬ̈ܪܝܗܘܢ‬ ‫ ܡܛܠ ܠܡ‬. ‫ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬
ܿ
‫ ܘܚܘܝܢܢ‬. ‫ ܐܟܣܢܢ ܡܢ ܠܥܠ‬. ‫ ܐܐܠ ܠܗܠܝܢ ܟܠܗܝܢ‬. ‫ܘܡܚܦܐ ܠܗܘܢ ܡܢ ̈ܚܕܕܐ‬ ܿ
61
‫ܐܬܬܣܝܡܝ ܢ ܕܝܢ ܡܢܢ ܗܫܐ ܆ ܒܗܢܐ ܙܢܐ ܆ ܠܘ‬ ̈ ‫ܕܕܓܠܬܐ ܐܝܬܝܗܝܢ ܆‬ ̈
ܿ
‫ܕܢܚܘܐ ܐܝܢܝܘܬ ܙܢܐ ܕܛܥܝܘܬܐ ܐܦ ܕܡܫܬܪܓܠܢܘܬܐ ܗܝ‬ ܿ ‫ ܐܐܠ‬. ‫ܫܚܝܡܐܝܬ‬
ܿ ܿ
‫ ܐܠ ܓܝܪ ܐܬܟܝܢܘ ܕܒܥܠܬ ܩܪܝܒܘܬܗ ܕܣܗܪܐ‬. ‫ܕܓܕܫܬ ܠܗܘܢ ܡܢ ܫܪܪܐ‬
ܿ
‫ܠܦܬܝܗ ܐܝܟ‬ ‫ܢܚܬܐ‬ܿ ‫ ܆ ܟܕ ܿܣܠܩܐ ܘܟܕ‬62‫ܕܠܣܘܪܛܐ ܒܣܘܢܕܘܣ ܘܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬
‫ ܿܗܘ ܕܟܕ‬. ‫ ܐܐܠ ܒܕܝܐ ܒܕܘ ܘܪܟܒܘ ܪܘܟܒܐ‬. ‫ܓܕܫܢ ܗܠܝܢ ܕܐܩܠܦܣܝܣ‬ ̈ ‫ܕܐܡܪܢܢ ܇‬
. ‫ܐܬܥܩܒܘ ܥܡܗܘܢ ܆ ܐܠ ܐܫܟܚܘ ܠܡܩܡܘܬܗ‬ ܿ

Étant donné que, lorsqu’il y a éclipse ]f. 58v] lunaire, il est nécessaire que
chacun des astres se trouve dans l’un des nœuds (ils sont en effet associés
l’un à l’autre selon un aspect en opposition) et, étant donné qu’à ce moment
la lune est pleine (formant elle aussi un aspect en opposition avec le soleil),
ils ont pensé que la cause de l’éclipse tenait dans le fait qu’« entre les deux
astres se dresse Atalya, les dissimulant l’un à l’autre ». Mais nous avons
condamné plus haut tous ces propos en montrant qu’ils étaient mensongers.
Ils ont été présentés ici par nous de cette manière pour montrer non
seulement leur degré d’ignorance, mais aussi à quel point il a pu leur arriver
de s’écarter de la vérité : en effet, ils ne se sont pas représentés le fait que
c’est à cause du rapprochement de la lune vers l’écliptique en temps de
conjonction et de pleine lune, lorsque cette dernière monte ou baisse en
latitude, comme nous l’avons dit, que pouvait avoir lieu l’éclipse. Au
contraire, ils ont inventé une fable et construit une chose imaginaire qu’ils
ont suivi sans réussir à la justifier.

60
|| ‫ ܕܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܕܒܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ||
61 ̈
|| ‫ܐܬܬܣܝܡܝܢ‬ ̈
correxi : ‫ܐܬܬܣܝܡܢ‬ P ||
62
|| ‫ ܘܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܘܒܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ||

180
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ܒܟܬܒܐ ܕܟܠܕܝܘܬܐ ܝܕܥ ܗܘ‬ ̈ ‫ܢܐܡܪ ܇ ܕܗܐ ܠܡ ܐܦ‬ ܿ ‫ ܐܢܕܝܢ ܒܬܪ ܗܠܝܢ ܐܢܫ‬2 3 .5
ܿ ̈
‫ ܢܗܘܐ ܝܕܥ‬. ‫ܐܬܠܝܐ ܇ ܿܕܝܗܒ ̈ܡܘܗܒܬܐ ܘܡܚܠܩ ܒܝܬ ܝܠܕܐ ܒܕܡܘܬ ܫܒܝܥܝܐ‬
̈ ܿ
‫ܕܐܡܪܝܢ‬ ܿ ̈ ‫ܐܘ ܿܡܗܦܟ ܆ ܕܐܦ ܚܢܢ ܠܘܩܒܠ‬
‫ܟܠܕܝܐ ܿܗܢܘܢ‬ ܿ ‫ܐܡܪ‬ܿ ‫ܿܗܘ ܿܡܢ ܕܗܕܐ‬
‫ܘܚܘܝܢܢ ܢܗܝܪܐܝܬ ܕܠܝܬܘܗܝ ܐܬܠܝܐ ܆ ܘܡܢ‬ ܿ ‫ܕܐܝܬ ܐܬܠܝܐ ܐܬܟ ܿܬܫܢܢ ܒܡܠܬܢ ܆‬
‫ ܆ ܕܐܦ ̈ܡܘܗܒܬܐ‬63‫ܐܡܬܝ ܕܚܕܐ ܙܒܢ ܐܬܚܘܝܬ ܕܠܝܬܘܗܝ ܐܬܠܝܐ ܓܠܝܐ ܗܝ‬
‫ ܐܝܟܢ ܓܝܪ ܿܝܗܒ ܿܗܘ‬. ‫ܕܡܟܬܒܢ ܕܐܬܠܝܐ ܿܗܘ ܿܝܗܒ ܠܗܝܢ ܐܠ ̈ܗܘܝ ܕܐܬܠܝܐ‬ ̈ ‫ܗܠܝܢ‬
‫ ܿܙܕܩ‬. 64‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܕܡܬܩ̈ܪܝܢ ܇ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬ ̈ ‫ ܐܐܠ‬. ‫ܕܠܝܬܘܗܝ‬
‫ܘܡܚܠܩܢ ܒܝܬ ̈ܝܠܕܐ ܇ ܠܦܘܬ ܫܟܚܬܗܝܢ‬ ̈ ‫ܡܘܗܒܬܐ‬ ̈ ‫ܕܝܗܒܢ‬ ̈ ‫ܗܘܐ ܕܬܐܬܡܪ‬
. ‫] ܘܩܘܡܗܝܢ ܕܒܪܘܡܐ ܘܫܦܐܠ ܕܡܘܙܠܬܐ‬25r[ . ‫ܕܒܡܠܘܫܐ‬ ̈

<6. 3. 2 Ce corps n’influence pas le destin des hommes>

Mais si quelqu’un s’opposait à ces <propos> en disant : « Voici que dans


les livres de la Chaldée, il est également question d’Atalya qui accorde des
dons et est déterminant pour l’horoscope, à la manière des sept », que celui
qui prendra la parole ou plutôt le réfutera, sache que nous aussi nous nous
sommes efforcés de lutter, dans notre propos, contre les Chaldéens qui
prétendent qu’Atalya existe et que nous avons clairement montré qu’il n’y
avait pas d’Atalya. Or une fois qu’il a été démontré qu’Atalya n’existait pas,
il est évident que les prétendus dons qu’il accorderait ne sont pas de lui. En
effet, comment ce qui n’existe pas pourrait-il accorder <quoi que ce soit> ?
Quant aux nœuds appelés nœud ascendant et nœud descendant, faut-il dire
d’eux qu’ils accordent des dons et sont déterminants pour l’horoscope en
fonction de leur situation parmi les signes zodiacaux et de leur position en
exaltation ou en abaissement65 par rapport à la «voûte étoilée » ?

63
|| ‫ ܓܠܝܐ ܗܝ‬erasum est in P ||
64
|| ‫ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܘܩܐܛܐܒܝܒܙܘܢ‬P ||
------------------------------------------
65
« exaltation et abaissement » ; nous reprenons ici la terminologie astrologique employée
par F. Nau pour rendre compte de la même expression syriaque apparaissant dans Sév.
Seb., Traité sur les constellations V.1.

181
Traité sur la cause des éclipses de lune

‫ܡܘܗܒܬܐ ܇ ܗܠܝܢ ܕܕܝܠܗ ܕܐܠܗܐ‬ ̈ ‫ܡܬܝܗܒܢ ̈ܗܘܝ‬


̈ ‫ܐܢ ܓܕܫ ܘܡܢ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ‬
ܿ ܿ
‫ ܐܠ ܓܝܪ ܐܬܠܝܐ ܇ ܗܘ ܕܠܝܬܘܗܝ ܇ ܗܘ ܕܒܒܕܝܐ‬. ‫ܕܢܫܬܡܗܢ‬ ̈ ‫ܒܠܚܘܕ ܿܙܕܩ‬
‫ܘܓܒܘܠܝܐ ܐܘܟܝܬ ܪܘܟܒܐ ܕܐܠ ܝܠܝܦܘܬܐ ܘܕܛܘܥܝܝ ܐܬܒܕܝ ܇ ܡܫܟܚ ܕܢܬܠ‬
. ‫ ܿܣܟ‬. ‫ܢܘܩܕܬܐ ܕܐܫܬܡܗ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬ ̈ ‫ܡܘܗܒܬܐ ܆ ܘܐܦܐܠ‬
̈ ‫ ܿܗܘ ܕܕܝܠܗ ܐܢܘܢ‬. ‫ܘܝܗ‬
‫ܫܘܟܢܐ‬ ܿ ‫ ܿܗܘ ܿܕܝܕܥ ܟܠ ܩܕܡ ܿܗ‬. ‫ܒܠܚܘܕܘܗܝ‬
ܿ ‫ܐܐܠ ܒܪܘܝܐ‬
̈ ܿ
‫ ܐܠ ܕܗܠܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܆ ܘܐܠ ܕܗܠܝܢ ܕܐܠ‬. ‫ ܘܠܘ ܕܥܒܕ ܐܝܕܘܗܝ‬. ‫ܘܡܘܗܒܬܐ‬ ̈
. ‫ ܐܠ ܓܝܪ ܐܝܬ ܚܠܩܐ ܆ ܘܐܠ ܒܝܬ ܝܠܕܐ ܡܬܚܡܐ‬. ‫ܐܝܬܝܗܘܢ‬

S’il arrive que de tels dons soient accordés, il faut en attribuer <la faveur> à
Dieu seulement. En effet, Atalya, qui n’existe pas mais qui a été inventé au
moyen d’une fable et d’une fiction, c’est-à-dire d’une chose imaginaire qui
relève de l’ignorance et de l’erreur, ne saurait accorder de dons, ni non plus
et en aucune façon les nœuds qu’on appelle « nœud ascendant » et « nœud
descendant » ; mais c’est seulement du Créateur, qui connaît toute chose,
que dépendent faveurs et dons. Il n’est rien de ce qui est et de ce qui n’est
pas, qu’il n’ait fait de ses mains ! En effet, le destin n’existe pas, pas plus
qu’il n’y a d’horoscope défini.

182
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ ‫ܒܗܝ‬
‫ܕܢܦܩ‬ ܿ ‫ܕܐܡܪܝܢ ܇‬ܿ ‫ ܿܗܝ ܓܝܪ ܕܟܕ ܡܟܬܒܝܢ ܠܗ ܥܠ ܐܬܠܝܐ ܇ ܿܡܫܪܝܢ ܒܡܕܡ‬4 .5
ܿ‫ܕܐܡܪܝܢ ܇ ܕܒܥܠܬ‬
ܿ ‫ܕܐܡܪܝܢ ܇ ܐܠ ܓܝܪ ܿܢܦܩ ܆ ܐܠ ܦܪܝܫܐ ܡܢ ܿܗܝ‬ ܿ ܿ
‫ܠܥܒܕܐ ܐܝܟ‬
‫ ܘܟܕ ܿܚܫܒܝܢ ܝܘܡܐ ܘܫܥܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܢܦܘܩ‬. ‫ܐܬܠܝܐ ܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬ ܿ
ܿ ‫ܕܐܬܚ‬
. ‫ܘܝܬ ܡܢ ܠܥܠ‬ ܿ ‫ ܐܝܟ‬. ‫ ܟܕ ܛܒ ܠܝܬܘܗܝ ܐܬܠܝܐ‬. ‫ܠܥܒܕܐ ܿܗܘ ܡܕܡ ܕܚܫܒܘ‬ ܿ
‫ ܘܩܕܡܝܢ ܿܝܕܥܝܢ ܠܗ‬. ‫ܿܗܝ ܓܝܪ ܕܡܫܪܝܢ ܒܡܕܡ ܕܐܡܪܝܢ ܒܚܘܫܒܢܐ ܕܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ‬
ܿ ܿ
‫ ܠܘ ܡܛܠ ܕܡܘܕܝܢ ܕܐܝܬ ܐܬܠܝܐ ܿܡܫܪܝܢ ܇ ܐܐܠ ܡܛܠ ܫܪܪܐ‬. ‫ܩܕܡ ܕܬܗܘܐ‬
‫ ܿܚܝܠܗܘܢ ܐܠ‬. ‫ ܿܗܢܘܢ ܕܟܕ ܿܚܫܒܝܢ ܠܗܘܢ ܒܠܚܘܕ‬. ‫ܕܚܘܫܒܢܝܗܘܢ‬ ̈ ‫ܘܬܪܝܨܘܬܐ‬
‫ ܿܗܘ ܡܐ ܓܝܪ ܕܟܕ ܿܚܫܒܝܢ ܇ ܿܙܕܩ ܗܘܐ ܠܗܘܢ‬. ‫ܐܝܬܘ ܣܟ‬ ̄ ‫ ܐܠ ܓܝܪ‬. ‫ܿܝܕܥܝܢ‬
‫ܐܡܪܘܗܝ‬ܿ ‫ ܝܕܥܬܗܘܢ‬66‫ ܗܢܘܢ ܒܠܝ‬. ‫ܕܒܚܘܕܪܐ‬ ̈ ̈ ‫ܕܢܐܡܪܘܢܝܗܝ ܥܠ‬
‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ‬
. ‫ܚܘܫܒܝܗܘܢ‬ ̈ ‫ܥܠ ܐܬܠܝܐ ܿܗܘ ܕܓܒܠܘ‬

<6. 4 De la justesse du calcul des Anciens >

Le fait est que, bien qu’ils aient déclaré ceci à propos d’Atalya, une partie
de leur propos est exacte dans le sens où il s’est produit ce qu’ils avaient dit.
En effet, on établira une distinction entre ce qu’ils disent à propos d’Atalya
– qui serait la cause de l’éclipse – et leur estimation du jour et de l’heure de
l’éclipse, qui se produit conformément à ce qu’ils avaient estimé ! (Bien
qu’il n’y ait pas d’Atalya, comme cela a été démontré plus haut). Le fait est
qu’ils ont dit vrai dans leur calcul sur l’éclipse et qu’ils ont à ce propos
prévu ce qui arriverait : ils ont dit vrai, non pas parce qu’ils croyaient
qu’Atalya existe, mais du fait de la justesse et de la précision de leurs
calculs dont ils ignoraient le fondement, au moment où ils les exécutaient.
En effet, alors que, en les calculant, il leur aurait fallu parler des nœuds qui
sont sur les cercles, eux, privés de la connaissance de ces choses, parlèrent
d’Atalya que leurs calculs inventèrent.

66
|| ‫ ܒܠܝ‬: ‫ ܒܐܠ‬P ||

183
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ
‫ܐܝܬܝܗ‬ ܿ
‫ܕܐܡܪܝܢܢ ܟܕ ܿܚܫܒܝܢܢ ܕܬܡܢ‬ ‫] ܓܝܪ ܕܐܝܟܐ‬25v[ ‫ܓܠܝܐ ܗܝ‬
ܿ ‫ܐܡܪܝܢ ܐܦ ܗܢܘܢ ܇‬
‫ܕܩܐܡ ܪܫܗ ܕܐܬܠܝܐ‬ ܿ ‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܆ ܬܡܢ‬
‫ ܿܚܫܒܝܢ ܓܝܪ ܆ ܟܕ ܐܠ ܿܝܕܥܝܢ ܚܝܠܗ ܕܚܘܫܒܢܐ ܇ ܘܕܡܛܠ ܡܢܐ ܗܟܢܐ‬. ‫ܘܕܘܢܒܗ‬
. ‫ ܘܒܕܓܘܢ ܒܛܥܝܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܕܐ ܐܬܬܚܕܘ‬. ‫̈ܚܫܒܝܢ‬
̈ ‫ܡܫܬܟܚܢ‬
‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܚܬܝܬܐܝܬ ܥܡ ̈ܥܠܠܬܗܝܢ ܆‬ ̈ ̈ 5 .5
‫ܚܘܫܒܢܐ ܕܝܢ ܕܡܢܗܘܢ‬
67
‫ܕܚܘܫܒܢܐ ܇ ܕܥܒܝܕ ܠܦܛܠܡܐܘܣ‬̈ ‫ܐܝܬܝܗܝܢ ܒܟܬܒܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܩܢܘܢܐ‬
‫ ܿܗܘ ܕܟܕ ̈ܣܓܝܐܐ ܗܘܘ‬. ‫ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ ܇ ܥܠ ܪܗܛܐ ܘܙܘܥܐ ܕܟܠܗܘܢ ܢܗܝ̈ܪܐ‬
‫ܩܕܡܝܐ ܘܐܚ̈ܪܝܐ ܇‬̈ ‫ܕܩܕܝܡܝܢ ܘܐܚ̈ܪܝܢ ܡܢܗ ܆ ܗܘ ܒܠܚܘܕܘܗܝ ܝܬܝܪ ܡܢ ܟܠܗܘܢ‬
ܿ
‫ ܐܦ ܓܝܪ ̈ܥܠܠܬܐ ̈ܚܬܝܬܬܐ‬. ‫ܐܬܢܨܚ ܒܐܘܡܢܘܬܐ ܗܕܐ ܕܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ‬ ܿ
. ‫ܘܫܪܝ̈ܪܬܐ ܗܠܝܢ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܆ ܠܦܘܬ ܬܪܥܝܬܗ ܗܢܐ ܣܡܢܢ‬

Ainsi il est évident que, au moment de calculer, là où nous dirons : « Ici se


trouvent les nœuds ascendant et descendant », eux diront : « Ici se dressent
la tête et la queue d’Atalya ». Ainsi, ils calculent sans connaître ni le
fondement du calcul, ni la raison pour laquelle ils calculent de cette
manière. C’est pourquoi ils furent induits en erreur.

<6. 5 Les calculs de Ptolémée>

Mais les calculs grâce auxquels on pourra trouver les nœuds avec des
résultats exacts se trouvent dans le livre appelé « Tables des calculs »68 de
Ptolémée l’astronome sur le cours et le mouvement de tous les astres. Alors
que nombreux sont ses prédécesseurs et successeurs, lui seul est devenu plus
célèbre que tous ceux qui l’ont précédé et qui lui ont succédé dans l’art de
l’astronomie. Aussi est-ce en suivant sa démonstration que nous avons pu
établir les causes exactes et justes des éclipses.

67
|| ‫ ܠܦܛܠܡܐܘܣ‬: ‫ ܠܦܛܐܠܠܡܘܣ‬P ||
------------------------------------------
68
Qnuno d-ḥušbone. Cette expression est à rapprocher de celle employée par le traducteur
syriaque de l’Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 : Ktobo d-qnune (livre des Tables)
pour renvoyer aux Tables faciles (comparer avec Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed.
BOER], 28, p. 233.

184
Traité sur la cause des éclipses de lune

̈
‫ܕܒܟܬܒܘܗܝ ܆ ܢܘܛܦܬܐ ܡܕܡ ܙܥܘܪܬܐ‬ ‫ܡܢ ܝܡܐ ܓܝܪ ܪܒܐ ܕܝܕܥܬܐ ܡܥܠܝܬܐ‬
‫ ܟܕ ܡܥܗܕܢܘܬܐ ܡܕܡ ܐܘܟܝܬ ܓܘܪܓܐ ܐܪܡܝܢܢ ܠ̈ܪܚܡܝ‬. ‫ܐܫܟܚܢܢ ܠܡܬܦ‬ܿ
ܿ ܿ
‫ܥܡܐܠ ܕܬܘܒ ܢܬܟܫܪܘܢ ܘܐܠ ܢܐܡܢܘܢ ܡܢ ܪܚܡܬ ܚܟܡܬܐ ܆ ܐܦܢ ܟܡܐ ܢܗܘܐ‬
ܿ ‫ܕܦܥܝܪ ܦܘܡܗܘܢ ܘܫܡܝܛ ܠܫܢܗܘܢ‬
‫ܕܗܢܘܢ ܕܠܩܘܒܐܠ ܀‬

En effet, nous avons pu retirer de la grande mer de science précieuse, qui est
dans ses livres, quelque petite goutte, en composant quelque commentaire,
c’est-à-dire en incitant les Amis du travail (philoponoi) 69 à travailler avec
assiduité et à ne pas se détourner de l’amour de la science, quand bien même
les détracteurs ont la bouche béante et la langue bien pendue70 ‫܀‬

69
Il est possible que l’auteur s’adresse ici à des philoponoi. Les philoponoi sont surtout
connus pour avoir formé une confrérie laïque d’étudiants chrétiens ayant mené une intense
activité scholastique à Alexandrie à partir des années 480 apr. J.-C. Liée au mouvement
anti-chalcédonien de Sévère d’Antioche, cette confrérie œuvra à la christianisation de
l’école d’Alexandrie jusque dans les années 530, date à partir de laquelle le mouvement
semble s’essouffler (voir à ce propos WATTS, City and school, 2006, p. 214-260 ; C. HAAS,
Alexandria in late antiquity : topography and social conflit (Ancient society and history),
Baltimore, J. Hopkins press, 1997, p. 238-240 ; F. R. TROMBLEY, Hellenic religion and
Christianization, c. 370-529, Leiden, Brill, 1993, vol. 2, chap. 5, p. 1-51). La condamnation
de la doctrine trithéiste, jugée hérétique, de Jean Philopon, auquel les philoponoi s’étaient
associés pour destituer Olympiodore, semble avoir fini de discréditer le groupe. Cependant,
E. Wipszycka a trouvé des témoignages de l’existence de philoponoi jusqu’au début du VIIe
siècle, associés dès lors au patriarcat catholique d’Alexandrie (toutes les sources à ce sujet
ont été recensées dans son article « Les confréries dans la vie religieuse de l’Égypte
chrétienne », in Proceedings of the Twefth International Congress of Papyrology, Toronto,
1970, p. 511-525. On note que dans la Vie de Sévère d’Antioche, Zacharie le scholastique
emploie en syriaque le mot « ‫ܦܝܠܘܦܘܢܘ‬ ̈ » translittéré du grec (cf. Patrologia Orientalis 2,
p. 12, p. 23-24 et p. 32-33) et non l’expression qui apparaît dans notre texte. Sévère
Sebokht emploie une expression différente pour s’adresser à son interlocuteur au début du
Traité sur l’astrolabe : « ‫( » ܪܚܡ ܝܘܠܦܢܐ‬Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I,
p. 21) « ami de la science » (trad. p. 73).
70
Si l’on admet que l’auteur de ce texte s’adresse à des philoponoi, il se pourrait que les
ennemis, dont il est question ici, soient les tenants de l’attitude prêchée par des gens comme
Cosmas Indicopleustès. E. J. Watts a mis en évidence le fait que Jean Philopon notamment
s’était heurté aux membres de la communauté nestorienne d’Alexandrie (à laquelle se
rattache Cosmas Indicopleustès) qui prônaient un attachement total à la Bible pour les
démonstrations de tous genres. Or Philopon et les philoponoi (parmi lesquels E. J. Watts
range Théodoret de Cyr, Enée de Gaza et Zacharie le Scholastique) tendaient à démontrer la
création du monde par une argumentation philosophique fondée sur des classiques de la
paideia (voir WATTS, City and school, 2006, p. 253). Côté syrien, on sait que Cosmas
Indicopleustès, d’après ses déclarations dans la Topographie chrétienne (Livre I, p. 305-
306), était lié à la communauté nestorienne de Nisibe où, au début du VIe siècle, il avait reçu
l’enseignement d’un certain Patrikios, connu dans le monde grec sous le nom de Mar Aba.

185
Traité sur la cause des éclipses de lune

ܿ ‫ ܟܕ ܥܡ ܢܒܝܐ ܐܠܗܝܐ‬. ‫ܢܢܝܚܝܗ ܠܡܠܬܢ‬


‫ܘܚܟܝܡ ܒܟܠ ܠܘܬ‬ ܿ ‫ ܚܢܢ ܕܝܢ ܗܪܟܐ‬.5
̈ ܿ ܿ ܿ
‫ ܘܛܒ ܥܡܝܩܢ‬. ‫ܿܥܒܘܕܐ ܕܟܠ ܒܕܘܡܪܐ ܐܡܪܝܢܢ ܆ ܕܡܐ ܪܘ̈ܪܒܝܢ ܥܒܕܝܟ ܡܪܝܐ‬
̈
ܿ ܿ . ‫ ܓܒܪܐ ܫܛܝܐ ܐܠ ܿܝܕܥ‬. ‫ܡܚܫܒܬܟ‬̈
. ‫ܡܣܬܟܠ ܒܗܕܐ‬ ‫ܘܣܟܐܠ ܐܠ‬
ܿ ‫ܫ ܸܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ‬
‫ ܘܕܠܝܬܘܗܝ‬. ‫ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ‬
‫ ܕܥܒܝܕ ܠܚܣܝܐ ܐܦܝܣܩܘܦܝܐ‬. ‫ܡܬܢܗܪܐ ܣܗܪܐ‬ ܿ ‫] ܘܕܡܢ ܐܝܟܐ‬56r[ . ‫ܐܬܠܝܐ‬
ܿ
‫ܣܐܘܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܣܒܘܟܬ ܢܨܝܒܝܢܝܐ ܀‬
ܽ

<7. Louange à Dieu>

Nous achevons ici notre propos en citant le prophète de Dieu, sage entre
tous devant le créateur de toute chose admirable : Comme tes œuvres sont
grandes Seigneur et tes desseins profonds ! Fou l’homme qui ne le sait pas
et sot celui qui ne l’a pas compris.

< Explicit>

Fin du discours sur la cause de l’éclipse des astres ; sur le fait qu’il
n’existe pas d’Atalya grâce auquel on pourrait expliquer la lune. Fait par le
saint évêque Sévère dit Sebokht le nisibéen.

186
Traité sur la cause des éclipses de lune

IV. Éléments de commentaire

Nous mettons ici quelques éléments de commentaire que nous n’avons


pas eu la place d’insérer dans les notes.

1. Au sujet de la glose du f. 56v

Cette glose témoigne d’une éclipse solaire totale qui se serait produite
à Herat dans le Khorassan : il est malheureusement difficile de savoir si
cette glose est de l’auteur ou du scribe, ce qui nous laisse des possibilités
d’éclipses étendues sur huit siècles (Cf. F. RICHARD-STEPHENSON,
Historical eclipses and earth’s rotation, Cambridge, Cambridge University
e e
Press, 1997, p. 368). Voici, entre les V et les XIV siècles (la dernière date
correspondant au moment de production de la copie manuscrite conservée),
la liste des éclipses solaires totales qui ont été visibles à Herat : 14 janvier
484 (mais cette éclipse était également visible en Djazira) ; 23 mai 700 ; 7
avril 1000 ; 21 avril 1167 ; 3 juin 1239 et 26 septembre 1242. Il est probable
e
que les notes soient l’œuvre d’un copiste du XIII siècle pour la raison qu’en
1242, il s’est effectivement produit une éclipse totale de soleil à Herat
(actuellement en Afghanistan) qui n’était absolument pas visible au Proche-
Orient (la visibilité de cette éclipse commençait en effet, en longitude, au
35° Est, soit au niveau du cœur de l’Iran actuel). Mais ceci n’expliquerait
pas la mention du mois de mai (iyyar) dans ces notes. Toutes les autres
éclipses étaient visibles au Proche-Orient, même si elles ne l’étaient pas en
Djazira.

2. Au sujet d’Atalya

Il en est question dans des Psaumes manichéens coptes du IVe siècle à


l’occasion d’une éclipse lors de la passion du Christ71, où le terme Atalya

71
« ]…[ ils le flagelèrent jusqu’au sang, ils le suspendirent à la croix, ils le singèrent en roi,
ils lui mirent une couronne, ils lui mirent un manteau, ils lui mirent un vêtement rouge, ils
placèrent un roseau dans sa main, ils lui firent boire de la myrrhe, ils le transpercèrent au
moyen d’une lance, le soleil supprima sa lumière et fut voilé par Atalya » (cf. Corpus
Fontium Manichaeorum Series Coptica I Liber Psalmorum Pars II, Fasc. 2, ed. et trad.

187
Traité sur la cause des éclipses de lune

désigne clairement le phénomène de l’éclipse censé avoir eu lieu au moment


de la mise en croix du Christ.
Il est fait mention d’Atalya dans un autre texte syriaque du IXe siècle :
La cosmographie de Išoʽ bar Nun72. Il s’agit en réalité non d’un extrait de
Išoʽ bar Nun, mais d’un résumé de son traité. Le contenu est cosmologique :
La lune aussi nous paraît grandir et diminuer, mais il
est de sa nature que sa sphère n’augmente pas et ne
diminue pas jusqu’à la fin de ce que Dieu lui a donné ;
mais l’ange qui la conduit est celui qui cache son cercle à
nos yeux et elle nous paraît petite. Lorsque les hommes
voient qu’Atilya (le dragon céleste) – comme ils le
nomment – dévore (la lune), c’est son ange conducteur qui
nous la montre ainsi, afin que nous craignions Dieu et que
nous confessions son nom. 73

5. De l’influence des astres sur la destinée humaine :

Revenons sur le passage que nous avons intitulé <6. 3. 2 Ce corps


n’influence pas le destin des hommes>. L’auteur s’interroge pour savoir si
les nœuds ascendant et descendant « accordent des dons et sont
déterminants pour l’horoscope en fonction de leur situation parmi les signes
zodiacaux et de leur position en haut ou en bas de la « voûte étoilée ». La
réponse est négative parce que seul le dieu créateur accorderait des dons. Au
e
VI siècle, Simplicius avait également dirigé un argumentaire contre les
tenants de l’astrologie qui prétendaient que les astres non seulement
indiquaient (σημαίνειν) le destin des hommes, mais qu’ils l’influençaient
(ποῖειν)74. Dans cette vieille querelle, les néoplatoniciens avaient adopté une

Siegfried G. Richter, Turnhout, Brepols, 1998, Psaume n° 6, p. 82 (texte) ; p. 83 (trad. “Die


Sonne zog ihr Licht ein und kleidete sich in Finsternis (Atalya)”).
72
NAU F., « La cosmographie de Jésus fils de Noun », ROC 27, 1929/1930, p. 126-138. Ce
texte se trouve dans un manuscrit du Vatican, Borgia 88, fol. 381-385. Le même texte se
trouve dans deux autres manuscrits (n°45 et 326) du couvent de Notre-Dame-des-Semences
(cf. Catalogue Vosté, Paris, 1929). Le manuscrit 45, de l’année 1698, peut être la source des
deux autres.
ܳ ܰ 73
‫ܝܢܗ ܕܐܣܦܝܪܗ ܐܠ ܳܝܪܒ ܘܐܠ ܳܙܥܪ ܡܢ‬ ܳ ‫ܕܝܪܒ‬
ܿ ‫ ܗܘ ܓܝܪ ܰܒܟ‬. ‫ܘܙܥܪ‬ ܳ ‫ܗܪܐ ܬܘܒ ܕܡܬܚܙܐ ܠܢ‬ ‫ܣ‬
ܰ ܰ
‫] ܗܘܝܗ‬383[ ‫ ܐܐܠ ܡܐܠܟܐ ܗܘ ܕܡܕܒܪ ܠܗ‬. ‫ܡܕܡ ܕܣܡ ܠܗ ܐܠܗܐ ܥܕܡܐ ܠܫܘܠܡܐ‬
‫ ܘܡܬܚܙܐ ܰܒܪ ܙܥܘܪ ܀ ܘܗܕܐ ܰܟܕ ܳܚܙܝܢ ܕܒܠܥ ܠܗ‬. ‫ܠܗ ܠܓܝܓܠܗ ܡܢ ܰܥܝ̈ܢܐ ܕܝܠܢ‬ ܿ ‫ܰܕܡܚܦܐ‬
‫ ܐܝܟ ܕܢܕܚܠ ܡܢ‬. ‫ ܰܡܐܠܟܐ ܰܗܘ ܰܕܡܕܒܪ ܠܗ ܗܘܝܘ ܕܡܚܘܐ ܠܢ ܗܟܢ‬. ‫ܢܫܝܢ‬ ̈ ‫ܐ‬ ܳ ‫ܠܝܐ‬
̱ ‫ܕܩܪܝܢ‬ ܽ
ܰ ‫ܐܬ‬
ܰ
‫ܐܠܗܐ ܘܢܘܕܐ ܠܫܡܗ ܀‬
74
Dans Simplicius, In Ench. Epict., Livre I, p. 293-310 et p. 443-548. (cf. HADOT I.,
Simplicius, Commentaire sur le Manuel d’Epictète, Paris, Les Belles Lettres, 2003,

188
Traité sur la cause des éclipses de lune

position plus nuancée qui reposait sur une très subtile interprétation
d’ensemble du Timée et du mythe d’Er au Xe livre de La République de
Platon75.

INTRODUCTION, p. CXXIX-CLXII (appendice intitulé : « La destinée des hommes : Fatalité,


Providence, Pouvoir de détermination ou Libre arbitre »).
75
Cf. JUNOD E., Origène, Phocalie XXI-XXVII (Sur le libre arbitre), Scholies sur l’Exode,
Paris, Le Cerf, 1976 [SC 226], INTRODUCTION et en particulier le chapitre sur « La
polémique anti-astrologique chez les Pères antérieurs et chez les contemporains
d’Origène » (p. 36-65) : « Les néoplatoniciens affirment, comme les astrologues, que les
astres non seulement « indiquent » la destinée des hommes, mais en même temps la
produisent en fixant beaucoup de détails extérieurs de la vie humaine. Mais ils se
distinguent des astrologues en soulignant que, si les astres produisent la destinée de
l’homme, ils la produisent en dépendance de la providence divine et en n’ayant aucun
pouvoir contraignant sur le libre arbitre et les attitudes morales de l’homme ».

189
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

TEXTE 2

Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune


[BL Add. 14 658, f. 141v-149v]

I. Avertissement

Le texte que nous rééditons ici est d’autant plus fondamental pour
e
notre investigation scientifique qu’il se trouve dans un manuscrit du VII

siècle. La copie conservée est ainsi quasiment contemporaine de la date de


production du texte (rédigé avant 536 apr. J.-C, date de décès de Sergius de
Reš‘ayna). Il s’agit donc d’un témoin extrêmement précieux et incontestable
de l’usage du lexique astronomique employé à l’époque qui nous intéresse,
raison pour laquelle, bien que le texte présente un long développement
astrologique, nous avons choisi d’en présenter une édition et une traduction
intégrales.
Le texte correspond à celui qui a été édité par Eduard Sachau dans
Inedita Syriaca 1 . Nous avons corrigé cette édition soit en rétablissant la
leçon du manuscrit noté L (pour BL Add. 14 658, f.141v-149v), soit en
procédant à quelques corrections que le bon sens imposait ou par souci
d’homogénéisation de l’orthographe. Les corrections plus délicates
apportées à cette précédente édition sont justifiées à la fin de la présente
édition-traduction. Les notes de bas de pages renvoient au numéro de
correction à consulter (ainsi CORR. 8 renvoie à la correction n°8 qu’on
trouvera à la fin du texte). Bien que l’orthographe des termes astronomiques
ait été homogénéisée, nous indiquons systématiquement les corrections
apportées dans l’apparat critique. Cette homogénéisation s’est faite sur la
base de notre observation de la plus haute fréquence orthographique d’un

1
SACHAU E. (éd.), Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer übersetzungen von Schriften
griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen
Museum, Wien, Halle, 1870, p. 101-124.

190
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

mot dans l’ensemble des textes astronomiques étudiés. Nous avons


d’ailleurs retenu cette orthographe dans le lexique qu’on trouvera en
annexes.

D’autre part, nous avons pris la liberté de séquencer le texte syriaque


et sa traduction en chapitres et sous-chapitres qui ne correspondent pas à la
présentation de ce texte dans la copie manuscrite.

La traduction est inédite. À chaque fois que le syriaque emploie


littéralement l’expression « étoile de Mars » ou « étoile de Vénus » (comme
cela se fait également en langue grecque), nous avons traduit directement
« Mars », « Vénus », etc…
Les notes de bas de pages apportent des compléments d’information
sur le texte et des références bibliographiques minimales. Les commentaires
que nous n’avons pu insérer dans ces notes se trouvent après la traduction
(IV. Éléments de commentaire).

Étant donné que le texte de Sergius se réfère souvent au cercle du


zodiaque pour situer les astres, il nous a semblé opportun d’insérer ici un
schéma auquel le lecteur pourra se reporter afin de suivre les démonstrations
du texte.

191
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

Représentation schématique du cercle du zodiaque comprenant la


première figure mentionnée par Sergius au cours de ses exemples :

Verseau Poissons

Capricorne
Bélier

Sagittaire
Taureau

Gémeaux
Scorpion

Balance Cancer

Vierge
Lion

192
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

II. Plan du traité

< Titre>

<1. Prologue>

< 2. Éléments de théorie astronomiques>


< 2. 1. Étoiles nocturnes, étoiles diurnes>
<2. 2. Aspects>
<2. 2. 1 Le trigone>
<2. 2. 2 Le carré>
<2. 2. 3 Le sextile>
<2. 2. 4. L’opposition>
<2. 2. 5. La conjonction>
<2. 3. Cercle solaire, cercle lunaire>
<2. 3. 1. Nœuds ascendant et descendant>
<2. 3. 2. Lieux d’éclipses>
<2. 4. Sept jours sombres>
<2. 4. 1 1er jour sombre: la nouvelle lune >
<2. 4. 2 Deuxième jour sombre: le 5e lunaire>
<2. 4. 3 Les cinq jours sombres du « Lieu d’éclipse » de la lune>
<2. 4. 4 Récapitulatif des jours sombres lunaires>
<2. 5 Les 23 autres jours lunaires >
<2. 5. 1 Cause des variations lunaires>
<2. 5. 2 Jour propice>
<2. 5. 3 Jour funeste>
<2. 5. 4 Jours intermédiaires>
<2. 6 Rappel des aspects lunaires>
<2. 7 La conjonction>

<3. Application de la théorie au cercle zodiacal >


<3. 1. Trigone appliqué au cercle>

193
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

<3. 2 Carré appliqué au cercle>


<3. 3 Sextile appliqué au cercle>
<3. 4 Opposition appliqué au cercle>
<3. 5 Conjonction appliquée au cercle>

<4. Influence de la lune en fonction des aspects>


<4. 1 Influence du trigone>
<4. 1. 1 Premier exemple >
<4. 1. 2 Deuxième exemple >
<4. 1. 3 Troisième exemple >
<4. 1. 4 Quatrième exemple >
<4. 1. 5 Cinquième exemple >
<4. 1. 6 Sixième exemple >
<4. 1. 7 Septième exemple >
<4. 1. 8 Huitième exemple >
<4. 1. 9 Exemples 9 et 10>
<4. 1. 10 Onzième Exemple >
<4. 1. 11 Douzième exemple >
<4. 2 Influence du carré >
<4. 2. 1 Premier exemple>
<4. 2. 2 Deuxième exemple>
<4. 2. 3 Troisième exemple>
<4. 2. 4 Quatrième exemple>
<4. 2. 5 Cinquième exemple>
<4. 2. 6 Application générale>
<4. 3 Influence des sextiles>
<4. 4 Influence de l’aspect en opposition>

<5. Astronomie ou astrologie ? >

<6. Explicit>

194
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

III. Édition et traduction du Traité sur l’action de la lune


de Sergius de Reš‘ayna

‫ ܥܠ ܿܗܝ‬. ‫ ܠܘܬ ܬܐܕܘܪܐ‬. ‫ܬܘܒ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܐܪܟܐܛܪܘܣ‬


‫ ܀‬3‫ ܥܒܕܗ ܕܣܗܪܐ ܐܝܟ ܬܪܥܝܬܐ ܕܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬2‫ܕܐܝܟܢܐ ܐܢܫ ܢܕܥ‬

‫ ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܚܪܝܐ ܕܡܟܬܒܢܘܬܐ ܿܗܝ‬: ‫ܡܢ ܒܬܪ ܕܦܫܩܢܢ ܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܬܠܬܐ‬
‫ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ ܐܘ ܐܚܘܢ ܬܐܘܕܪܐ ܆ ܡܛܠ ܕܚܙܝܬ ܥܣܩܘܬܐ ܕܪܥܝܢܐ‬ ̈ ‫ܕܥܠ‬
ܿ
‫ܥܠܝܗ ܆ ܬܐܘܪܝܐ‬ ‫ ܐܦܝܣܬ ܠܢ ܠܡܪܫܡ ܠܟ‬. ‫ܕܣܡ ܒܗ ܒܡܐܡܪܐ ܗܘ ܡܟܬܒܢܐ‬
‫ ܿܗܘ ܡܐ ܕܟܕ ܿܩܪܐ ܠܗ‬. ‫ ܐܝܟ ܕܡܨܝܢܢ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ‬4‫ܒܗ ܓܠܝܢܘܣ‬ ܿ ‫ܿܗܝ ܕܐܬܚܫܚ‬
‫ ܕܗܠܝܢ‬. 5‫ ܘܢܣܒ ܡܢܗ ܚܝܐܠ ܡܕܡ ܕܡܫܒܠ ܠܗ ܠܘܬ ܝܕܥܬܐ‬. ‫ܐܢܫ ܡܫܟܚ ܕܢܬܗܢܐ‬
. 6‫ܕܡܢ ܿܗܘ ܐܬܐܡ̈ܪܝ‬

<Titre>
Autre traité de Sergius, grand médecin (ἀρχίατρος), adressé à Théodore7,
sur la manière dont on peut connaître l’action de la lune du point de vue des
astronomes.

<1. Prologue>8
Après avoir <lu> notre traduction de ce troisième traité qui est le dernier
de l’ouvrage portant Sur les jours critiques 9 , ô notre frère Théodore,
constatant la complexité de la pensée que l’auteur avait placée dans ce livre,
tu nous as persuadé de t’exposer aussi brièvement que possible la théorie à
laquelle Galien recourait, afin qu’en la lisant, on puisse la trouver agréable
et en recevoir quelque vertu par laquelle on pourrait s’ouvrir à la
connaissance des sujets qu’il aborde.

2
|| ‫ ܢܕܥ‬correxi : ‫ ܝܕܥ‬L ||
3
|| ‫ ܕܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬correxi : ‫ ܕܐܣܛܪܝܡܘ‬L ‫ ܕܐܣܛܪܢܡܘ‬correxit Sachau || (CORR. 1)
4
|| ‫ ܓܠܝܢܘܣ‬: ‫ܓܠܢܘܣ‬L Sachau ||
5
|| ‫ ܠܘܬ ܝܕܥܬܐ‬: ‫ ܠܘܬ ܐܝܕܥܬܐ‬L Sachau ||
6
|| ‫ ܐܬܐܡ̈ܪܝ‬correxi : ‫ ܐܬܐܡܪܝ‬correxit Sachau ‫ ܐܬܐܡܪ‬L || (CORR. 2)
---------------------------------------------
7
Théodore est également le destinataire de deux autres ouvrages de Sergius : son
Commentaire sur les Catégories (Voir HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004,
p. 167-170) et sa traduction du livre VI de Galien Sur les remèdes simples (voir MERX,
« Galenus’Schrift », 1885, p. 245). Ce Théodore a été identifié par H. Hugonnard-Roche
comme l’évêque de Kark Juddan sur le Tigre (voir HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur
Sergius », 1997, note 13, p. 124). Le Commentaire aux Catégories « se donne comme le
premier d’une série d’ouvrages (non conservés et probablement jamais écrits) où devaient
être commentés tous les écrits d’Aristote » (cf. HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote,
2004, p. 167).
8
Comparer avec le prologue de la Tétrabible (Ptol., Apotel.[trad. FERABOLI], p. 9-11).
9
Gal., De diebus decretoriis, III. La même terminologie est employée par Georges des
Arabes (voir RYSSEL, « Die astronomischen Briefe Georgs », 1893 : ‫ܝܘܡܬܐ ܐܝܬܝܗܘܢ‬ ̈ ‫ܗܠܝܢ ̄ܚ‬
̈
‫)ܗܢܘܢ ܕܐܢܫܝܢ ܩܪܝܢ ܠܗܘܢ ܒܚܘ̈ܪܐ‬. ܿ

195
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܐܠ ܡܢ ܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܝܘܬܐ‬. ‫ܟܠܗ ܕܡܐܡܪܐ ܿܗܘ‬


ܿ ‫ܐܡܪܬ ܆ ܕܡܠܬܗ‬ ܿ ‫ܐܢܐ ܕܝܢ‬
ܿ
‫ ܐܐܠ ܢܣܝܒܐ ܠܗ ܡܢ‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܆ ܘܐܠ ܬܘܒ ܡܢ ܬܐܘܪܝܐ ܕܦܝܠܣܦܘܬܐ ܟܝܢܝܬܐ‬
‫ܢ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܬ ܠܗܘܢ ܒܛܝܠܘܬܐ ܥܠ ܡܘܙܠܬܐ‬ ܿ ‫ ܟܠܗܘ‬. ‫ܐܘܪܚܐ ܿܗܝ ܕܪܕܘ ܒܗ‬
ܿ ‫ܘܥܠ ܢܗܝ̈ܪܐ‬
‫ ܡܢ‬. ‫ܕܒܗ ܆ ܘܥܠ ܐܝܠܝܢ ܕܒܐܬܪܐ ܗܢܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ ܡܣܬܥ̈ܪܢ‬
‫ܙܘܥܐ ̈ܡܫܚܠܦܐ ܕܟܠܗܘܢ ܿܗܢܘܢ ܕܒܚܘܕܪܐ‬
̈ ‫ܣܓܝܐܐ ܕܣܗܪܐ ܇ ܘܡܢ‬ ̈ ‫ܫܘܚܠܦܐ‬ ̈
‫ ܠܗ ܠܡܕܥ ܆ ܿܗܘ ܡܐ ܕܥܠ‬10‫ ܘܒܕܓܘܢ ܐܠܨܐ ܐܠܝܢܐ ܕܐܩܦܐ‬. ‫ܡܬܬܙܝܥܝܢ‬
‫ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪ‬ ̈ ‫ ܆ ܐܟܙܢܐ ܕܥܠ‬11‫ܨܒܘܬܐ ܚܕܐ ܝܚܝܕܝܬܐ‬
ܿ
‫ܟܠܗ‬ ‫ ܥܠ‬12‫ܓܠܝܢܘܣ ܒܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܬܠܬܐ ܆ ܕܢܕܥ ܡܠܬܐ ܕܓܘ ܐ‬
‫ܡܣܒܪܢܘܬܐ ܕܗܘܬ ܐܠܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ܇ ܥܠ ̈ܥܠܠܬܐ ܟܠܗܝܢ ܐܝܠܝܢ ܕܡܣܬܥ̈ܪܢ‬
‫܆‬13 ‫ ܐܝܟ ܕܡܪܬܐ ܓܝܪ ܦܝܠܘܣܘܦܘܬܐ ܕܐܪܝܣܛܛܠܝܣ‬. ‫ܒܐܬܪܐ ܗܢܐ ܐܢܫܝܐ‬

Toutefois, j’aborderai tout le propos de ce traité, non pas selon


l’enseignement qui relève de la médecine, ni non plus selon la théorie de la
philosophie de la nature, mais en suivant le chemin qu’ont parcouru à ce
propos tous ceux qui ont porté de l’intérêt à la sphère <céleste>, aux astres
qui sont en elle et à ce qui, comme ils disent, peut se produire dans cette
région-ci14 du fait des nombreuses variations de la lune et des mouvements
variables 15 de tout ce qui se déplace en cercle. C’est pourquoi il est
nécessaire, pour celui qui cherche à savoir ce qu’il en est de cette chose si
particulière que sont les jours critiques, selon ce qu’en dit Galien dans le
troisième traité, de connaître le propos général concernant l’opinion globale
conçue par les astronomes, relative à la cause de tout ce qui peut se produire
dans la région humaine16 , comme <le suggère> la vénérable philosophie
aristotélicienne17.

10
|| ‫ ܕܐܩܦܐ‬correxit Sachau : ‫ ܕܐܟܦܐ‬L ||
11
|| ‫ ܝܚܝܕܝܬܐ‬: ‫ ܐܝܚܝܕܝܬܐ‬L Sachau ||
12
|| ‫ ܕܓܘܐ‬correxi : ‫ ܕܓܘܢ‬L Sachau ||
13
|| ‫ ܦܝܠܘܣܘܦܘܬܐ ܕܐܪܝܣܛܛܠܝܣ‬correxi : ‫ ܐܪܝܣܛܛܠܝܣ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
14
Il faut comprendre, comme cela est explicité plus bas, la région sub-lunaire.
15
Cf. Gal., De diebus decretoriis III, p. 901.
16
C’est-à-dire dans la région inférieure, celle qui est corruptible. Aristote l’appelle « région
sub-lunaire » (voir note suivante).
17
On lit dans Arist., Mete. [éd. GROISARD], 1, 2 [339r] : « Ἔστι δ’ἐξ ἀνάγκης συνεχής πως
οὗτος ταῖς ἄνω φοραῖς, ὥστε πᾶσαν αὐτοῦ τὴν δύναμιν κυβερνᾶσθαι ἐκεῖθεν. Ὅθεν γὰρ ἡ
τῆς κινήσεως ἀρχὴ πᾶσιν, ἐκείνην αἰτίαν νομιστέον πρώτην » / « Or ce monde est
nécessairement continu avec les translations d'en haut, de sorte que toute sa puissance est
gouvernée depuis là-haut; en effet, ce dont toute chose tire le principe de son mouvement,
c'est cela qu'il faut considérer comme cause première » (trad. GROISARD J., 2009) ; cf. aussi
en note de ce passage la remarque de J. Groisard : « Aristote ne remonte pas ici jusqu'au
Premier Moteur: dans la perspective adéquate aux Météorologiques, la cause première des
transformations du monde d'ici-bas est le mouvement des astres »).

196
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܝܚܝܕܝܬܐ ܆ ܗܢܐ ܠܘ ܡܢ ܟܠ ܦܪܘܣ ܡܫܬܟܚ ܿܝܕܥ ܐܦ‬ ̈ ‫ܐܢ ܐܢܫ ܿܝܕܥ ܚܕܐ ܡܢ‬
‫ ܐܠܨܐ ܕܐܦ‬. ‫ܕܓܘܢܝܬܐ‬ ̈ ‫ ܐܢ ܕܝܢ ܢܗܘܐ ܠܓܘ ܡܢ ܐܝܕܥܬܐ‬. ‫ܗܠܝܢ ܕܓܘܐ‬
̈
‫ ܗܠܝܢ ܕܝܢ‬. ‫ܕܝܚܝܕܝܬܐ ܒܗܠܝܢ ܕܓܘܐ ܚܒܝܫܢ‬ ̈ ‫ ܡܛܠ‬. ‫ܒܝܚܝܕܝܬܐ ܢܗܘܐ ܡܦܣ‬ ̈
‫ ܐܢ ܗܘ ܗܟܝܠ ܕܥܬܝܕ ܐܢܫ ܠܡܕܥ ܆ ܠܘ‬. ‫ܐܝܚܝܕܝܬܐ‬ ̈ ‫ ܐܠ ̈ܡܣܝܟܢ ܡܢ‬. ‫ܕܓܘܐ‬
̈ ܿ
‫ܘܡܢ ܕܐܬܐܡܪ ܡܢ ܓܠܝܢܘܣ ܒܡܐܡܪܐ ܗܘ ܕܬܠܬܐ ܥܠ ܝܘܡܬܐ‬ ܿ ‫ܒܠܚܘܕ‬
‫ܒܚܘ̈ܪܐ ܆ ܐܐܠ ܘܐܦ ܥܠܬܐ ܕܟܠܗܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܆ ܠܗܢܐ ܐܠܨܐ‬
‫) ܘܢܥܐܠ ܢܦܫܗ ܠܘܬ ܐܝܠܝܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ‬141v( ‫ܝܚܝܕܝܬܐ ܆‬ ̈ ‫ܨܒܘܬܐ‬ ̈ ‫ܕܢܫܒܘܩ‬
̈ 19 ܿ ̈ ܿ ̈ 18
‫ ܥܠ ܫܘܚܠܦܝܗ ܘܥܠ ܐܣܟܝܡܝܗ ܣܓܝܐܐ‬. ‫ܓܘܢܐܝܬ ܡܢ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬
‫ ܘܢܨܘܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ܪܥܝܢܐ‬. ‫ܘܕܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗܘܢ‬ ̈ ‫ܕܣܗܪܐ‬
̈
‫ܕܓܘܐ ܇ ܕܒܗ ܡܣܬܥ̈ܪܢ ܟܠܗܝܢ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܝܢ ܒܐܬܪܐ ܗܢܐ ܬܚܬܝܐ ܇ ܐܝܟ‬
‫ ܫܘܪܝܐ ܗܟܝܠ ܕܡܠܬܐ ܡܢ ܗܐ ܡܟܐ ܀‬. ‫ܕܗܢܘܢ‬ܿ ‫ܬܪܥܝܬܗܘܢ‬

Ce n’est pas parce qu’on sait une chose particulière 20 qu’on se trouvera
automatiquement <en mesure> de connaître ce qui est général ; mais si on
est introduit par des connaissances générales, on sera aussi nécessairement
informé sur les choses particulières, parce que les particularités sont
contenues dans le général21. En revanche, ce qui est général ne se détermine
pas à partir des particularités. Donc, si jamais quelqu’un cherche à
comprendre non seulement ce dont traite Galien dans le troisième livre Sur
les jours critiques, mais aussi la cause de tous les autres <phénomènes> de
ce genre, [f. 141v] il lui faudra laisser de côté les choses particulières et
orienter son esprit vers ce qui est généralement dit par les astronomes, sur
les variations et sur les nombreux aspects de la lune et des autres étoiles
avec lesquelles elle peut entrer en conjonction 22 et on considèrera, de
manière générale, que c’est à cause de ces phénomènes, que tout ce qui a
lieu dans la région inférieure23 peut se produire, d’après l’opinion de ces
gens-là24. Début du propos à partir de là :

18
|| ‫ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬: ‫ ܐܣܛ̈ܪܢܡܘ‬L ||
19 ܿ ‫ܐܣܟܝ‬
|| ‫ܡܝܗ‬ ̈ ܿ
: ‫ܐܣܟܝܡܝܗ‬ L Sachau || (CORR. 3)
--------------------------------------------
20
Litt. : « un des détails ». Le même sens est attesté dans un autre texte de Galien traduit
par Sergius de Reš‘ayna (cf. MERX, « Galenus’Schrift », 1885, p. 260).
21
Mêmes considérations dans le prologue au Petit Livre sur les remèdes simples : ‫ܐܢܗܘ‬
. ‫ܕܨܒܘܬܐ ܆ ܠܗܢܐ ܐܠܨܐ ܠܗ ܨܒܘܬܐ ܡܢ ܟܠ ܦܪܘܣ‬ ̈ ‫ܗܟܝܠ ܕܥܬܝܕ ܐܢܫ ܠܡܗܘܐ ܒܝܕܥܬܗܝܢ ܚܬܝܬܐ‬
‫ܩܢܘܢܐ ܕܓܘܐ‬ ̈ ‫( ܕܗܘܐ ܿܝܕܥ‬cf. MERX, « Galenus’Schrift », 1885, p. 244-245) / « Donc si
quelqu’un cherche à avoir une connaissance exacte de ces choses, il lui faudra y <accéder>
de façon générale, en sachant les règles générales ».
22
Ce passage a été pris en exemple dans SOKOLOFF qui propose de conférer à « ‫» ܐܫܬܘܪܝ‬
(šafel de ‫ ) ܝܪܝ‬un sens astronomique particulier en le rendant par « entrer en conjonction ».
23
L’expression est différente de celle employée plus tôt (« région humaine »). D’après
Sévérien de Gabbala, la « région inférieure » (ou ciel visible) contient « des choses
exprimables par la parole » tandis que le « ciel supérieur » appartient aux choses
intelligibles (cf. Hexaemeron, livre II, PG 56, col. 441,2-443). Ces propos ont été ensuite
rapportés et interprétés sans équivoque par Cosmas Indicopleustès, contemporain de
Sergius, qui situe l’ensemble des planètes et des astres dans le ciel inférieur (Cosm. Ind.,
Top. Chrét. [éd. WOLSKA], 1973, vol. 3, Livre X, 39, p. 278-279). On peut éventuellement
expliquer la confusion du propos de Sergius par une contamination du vocabulaire des
docteurs de l’Église.
24
C’est-à-dire des astronomes, évoqués deux phrases plus haut.

197
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܘܚܕ‬. ‫ܟܘܟܒܐ ܕܐܝܡܡܐ ܘܬܠܬܐ ܕܠܠܝܐ‬ ̈ ‫ܐܡܪܝܢ ܗܟܝܠ܆ ܕܬܠܬܐ ܐܝܬܝܗܘܢ‬


26
‫ ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܟܐܘܢ‬.‫ ܆ ܕܐܝܡܡܐ ܕܝܢ ܿܩܪܝܢ‬25‫ܕܣܝܡ ܒܝܢܬ ܗܠܝܢ ܡܨܥܐܝܬ‬
ܿ ‫ ܕܠܠܝܐ ܕܝܢ ܆ ܿܗܘ ܕܐܪܝܣ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܘܗܝ‬. ‫ܘܠܗܘ ܕܒܝܠ ܘܠܫܡܫܐ‬
. ‫ܘܗܘ ܕܒܝܠܬܝ‬ ܿ
ܿ
. ‫ܣܝܡܝܢ ܠܗ‬ ‫ ܆ ܕܓܘܐ‬27‫ ܠܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ‬. ‫ܘܣܗܪܐ ܬܘܒ ܥܡܗܘܢ‬
‫ ܘܐܦ ܗܘ ܕܐܝܡܡܐ‬. ‫ܐܝܟ ܿܡܢ ܕܡܫܬܟܚ ܒܙܒܢ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ‬
‫ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܕܠܠܝܐ‬ ܿ . ‫ ܐܢ ܕܝܢ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܠܠܝܐ ܡܬܟܝܢ‬. ‫ܿܗܘܐ‬
‫ ܀‬. ‫ ܡܚܘܝܢ ܓܝܪ ܆ ܕܚܝܐܠ ܕܓܘܐ ܩܢܐ ܟܘܟܒܐ ܗܢܐ ܒܟܠܙܒܢ‬. ‫ܡܬܩܪܐ‬

< 2. Éléments de théorie astronomiques>

< 2.1. Étoiles nocturnes, étoiles diurnes>


Ils disent qu’il y a trois étoiles diurnes, trois nocturnes et une qui a une
situation intermédiaire entre ces deux <groupes>. Ils qualifient de
« diurnes » Saturne, Jupiter et le soleil ; ils disent que sont « nocturnes »
Mars, Vénus ainsi que la lune. Quant à Mercure, ils ont estimé qu’elle était
diurne quand elle se trouvait avec l’une des <étoiles> diurnes ; de la même
manière elle est dite nocturne si elle se trouve avec l’une des nocturnes. Ils
ont montré en effet que cette étoile possédait de façon générale une
influence permanente28.

25
|| ‫ ܡܨܥܐܝܬ‬L : ‫ ܡܨܥܬܝܬ‬Sachau || (CORR. 4)
26
|| ‫ ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܟܐܘܢ‬: ‫ ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܟܘܢ‬L Sachau ||
27
|| ‫ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ‬: ‫ ܿܗܘ ܕܐܪܡܝܣ‬L Sachau ||
--------------------------------------------------
28
D’après Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], I, 7 cette influence est double, Mercure se trouvant
soit asséchante, soit humidifiante. Les deux effets alterneraient de façon rapide « comme si
Mercure était entrainé dans un tourbillon par son mouvement rapide autour du soleil » (trad.
Hübner).

198
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

̈
‫ ܟܠܗܘܢ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܆ ܒܚܘܕܪܐ‬29‫ܕܐܣܟܝܡܐ‬ . ‫ܒܬܪ ܗܠܝܢ ܕܝܢ ܙܕܩ ܠܡܕܥ‬
̈ ̈
‫ܕܡܠܘܫܐ ܆ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܐܘ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ܚܡܫܐ ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬ ̈ ‫ܟܠܗ‬
‫ ܗܢܘ ܕܝܢ‬. ‫ܚܡܫܐ ܐܝܬܝܗܘܢ‬ ̈ .‫ܕܐܬܐܡܪ ܆ ܕܡܬܩ̈ܪܝܢ ܐܦ ̈ܡܛܥܝܢܐ‬
‫ ܕܐܝܬܘܗܝ‬. ‫ܓܘܢܘܬܐ ܆ ܘܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬ ̈ ‫ ܕܐܝܬܘܗܝ ܕܬܠܬ‬30‫ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬
̈
. ‫ܓܘܢܘܬܐ‬ ‫ ܘܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܕܫܬ‬. ‫ܓܘܢܘܬܐ‬ ̈ ‫ܕܐ̈ܪܒܥ‬
ܿ‫ ܘܕܣܘܢܕܘܣ ܕܐܝܬܝܗ‬. ‫ ܕܐܝܬܘܗܝ ܦܠܓܗ ܚܬܝܬܐ ܕܚܘܕܪܐ‬. 31‫ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬
‫ܟܘܟܒܐ‬̈ ‫ܡܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ ܆ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ̈ܚܡܫܐ‬
. ‫ܐܚ̈ܪܢܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ‬

<2. 2. Aspects>
Après cela il convient de connaître tous les aspects que forme la lune sur
l’ensemble du cercle du zodiaque en s’associant au soleil ou à l’une des cinq
étoiles <déjà> mentionnées, appelées aussi « planètes »32. Il y en a cinq : le
trigone, qui se compose de trois angles ; le carré33, qui se compose de quatre
angles ; le sextile, qui se compose de six angles ; l’opposition, qui est la
moitié exacte du cercle ; et la « σύνοδος » qui a lieu lorsque la lune entre en
conjonction avec le soleil ou, comme ils disent, avec l’une des cinq autres
étoiles34.

29 ̈
|| ‫ܕܐܣܟܝܡܐ‬ : ‫ܐܣܟܡܐ‬ ̈ ‫ ܕ‬L Sachau || (CORR. 5)
30
|| ‫ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܕܛܪܝܓܘܢ‬L Sachau || (cf. infra CORR. 16)
31
|| ‫ ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܘܕܕܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
32
mat‘yone (construit sur la racine t‘o, « errer »).
33
Pour désigner les aspects planétaires, le syriaque recourt ici à des translittérations du
grec : τρίγωνον pour trigone, τετράγωνον pour tétragone, ἑξάγωνος pour sextile, διάμετρος
pour l’opposition et σύνοδος que nous avons laissé tel quel pour désigner la conjonction.
34
Comparer cette présentation des aspects (et celle qui suit) avec Ptol., Apotel.
[éd. HÜBNER], I, 14 pour le grec et pour le syriaque avec le passage du Causa causarum
[éd. KAYSER], t. 1, p. 208, l. 15-20 (= f. 95r).

199
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܒܝܕ ܐ̈ܪܒܥܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܗܘܝܐ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ‬.35‫ܐܐܠ ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬


‫ܙܒܢܝܢ ܐ̈ܪܒܥܐ ܐ̈ܪܒܥܐ‬ ̈ ‫ ܬܠܬ ܓܝܪ‬. ‫ ܐܘ ܒܝܕ ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ܐܠܥܘܗܝ‬ ̈
‫ܙܒܢܝܢ ܡܐܐ ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ‬ ̈ ‫ ܘܬܠܬ ܬܘܒ‬. ‫ܬܪܥܣ̈ܪ ܥܒܕܝܢ‬
‫ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܕܝܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܟܠܗܘܢ ̈ܡܠܘܫܐ ܕܚܘܕܪܐ ܘܟܘܠܗܝܢ‬. ‫ܥܒܕܝܢ‬
‫ ܘܬܠܬܡܐܐ‬. ‫ ܬ̈ܪܥܣܪ ܓܝܪ ܐܝܬܝܗܘܢ ܟܠܗܘܢ ̈ܡܠܘܫܐ‬. ‫ ܕܝܠܗܘܢ‬36‫ܡܘ̈ܪܣ‬
37
‫) ܡܛܠ ܕܟܠ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܬܠܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬141r( . ‫ܘܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܝܠܗܘܢ‬
. ‫ܡܬܦܠܓ‬
39
‫ ܐܡܪܝܢ ܕܗܘܝܐ ܐܦ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ‬. ‫ܐܣܟܝܡܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬ ܿ 38
̈ ‫ ܐ̈ܪܒܥ ܓܝܪ‬. ‫ ܐܘ ܒܝܕ ܬܫܥܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ ܒܝܕ ܬܠܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ‬. ‫ܐܠܥܘܗܝ‬
‫ܙܒܢܝܢ‬ ̈
̈
. ‫ܙܒܢܝܢ ܬܫܥܝܢ‬ ̈ ‫ ܘܗܟܘܬ ܬܘܒ ܐܦ ܐ̈ܪܒܥ‬. ‫ܬܠܬܐ ܬܠܬܐ ܬܪܥܣ̈ܪ ܥܒܕܝܢ‬
̈
‫ ܕܐ̈ܪܒܥ ܕܝܢ ܐܠܥܝܢ ܐܝܬ‬. ‫ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܟܠܗ ܚܘܕܪܐ ܡܫܡܠܝܢ‬
‫ܐܠܥܝܢ ܘܬܠܬ‬ ̈ ‫ܓܘܢܘܬܐ ܆ ܐܝܟ ̈ܬܠܬ‬ ̈ ‫ ܘܐ̈ܪܒܥ‬. ‫ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬40‫ܒܐܣܟܝܡܐ‬
. ‫ ܗܕܐ ܠܟܠ ܐܢܫ ܐܝܕܝܥܐ‬41‫ܓܘܢܘܬܐ ܒ ܿܗܘ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬ ̈

<2. 2. 1 Le trigone>
Mais <tout d’abord> l’aspect du trigone42 : chacun de ses côtés comprend
quatre signes, soit cent vingt degrés43. En effet, trois fois quatre font douze
et de même trois fois cent vingt font trois cent soixante, ce qui correspond à
la somme des signes du cercle et à la somme des degrés qu’il comprend. En
effet, il y a, en tout, douze signes et trois cent soixante degrés, qu’ils se
partagent, parce que [f.142r] chacun d’eux se subdivise en trente degrés.

<2. 2. 2 Le carré>
Ensuite l’aspect du carré : ils disent que chacun de ses côtés comprend
trois signes, soit quatre-vingt-dix degrés. En effet, quatre fois trois font
douze, de même que quatre fois quatre-vingt dix font les trois cent soixante
degrés qui composent tout le cercle. Le carré a quatre côtés et quatre angles,
de même que le trigone a trois côtés et trois angles, ce que tout le monde
sait.

35
|| ‫ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܕܛܪܝܓܢܘܢ‬L Sachau || (cf. infra CORR. 16)
36
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘܪܘܣ‬L Sachau || (CORR. 6)
37
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau || (cf. CORR. 6)
38
|| ‫ ܐܣܟܝܡܐ‬: ‫ ܐܣܟܡܐ‬L Sachau || (cf. CORR.5)
39
|| ‫ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܕܛܛܪܓܢܘܢ‬L Sachau ||
40
|| ‫ ܒܐܣܟܝܡܐ‬: ‫ ܒܐܣܟܡܐ‬L Sachau || (cf. CORR. 5)
41
|| ‫ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܕܛܪܝܓܢܘܢ‬L Sachau ||
---------------------------------------------
42
Nous renvoyons au lexique d’A. Le Boeuffle (Astronomie, Astrologie, Lexique latin,
Paris, Picard, 1987) pour la terminologie astrologique actuelle relative aux aspects
planétaires.
43
L’aspect désigne la distance angulaire de deux planètes par rapport à la terre. Le sommet
de cet angle étant toujours la terre, les côtés dont il est question ici sont ceux qui relient la
terre aux planètes concernées. L’angle, exprimé ici en degrés de longitude, correspond pour
le cas du trigone à un écartement de quatre signes. Or sachant que chaque signe comprend,
de façon conventionnelle, 30°, cette distance angulaire doit nécessairement être de 120°.

200
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܐܣܟܝܡܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܆ ܐܦ ܗܘ ܒܝܕ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܡܠܘܫܐ ܗܘܝܐ ܟܠ ܚܕܐ‬


‫ ܐܝܕܝܥܐ ܗܝ‬. ‫ܓܘܢܘܬܐ‬̈ ‫ܐܠܥܝܢ ܩܢܐ ܐܦ ܫܬ‬ ̈ ‫ ܡܛܘܠ ܓܝܪ ܕܫܬ‬. ‫ܐܠܥܘܗܝ‬ ̈ ‫ܡܢ‬
. ‫ܐܠܥܘܗܝ‬̈ ‫ܕܒܝܕ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܡܠܘܫܐ ܆ ܐܘ ܒܝܕ ܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܗܘܝܐ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ‬
44

‫ ܬ̈ܪܥܣܪ ̈ܡܠܘܫܐ ܘܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ‬. ‫ܙܒܢܝܢ ܫܬܝܢ‬ ̈ ‫ܙܒܢܝܢ ̈ܫܬ ܆ ܘܫܬ‬̈ ‫ܬ̈ܪܬܝܢ ܓܝܪ‬
̈ ‫ ܕܝܠܗܘܢ‬45‫ܡܘ̈ܪܣ‬
. ‫ܥܒܕܢ‬
‫ ܿܗܘܐ ܐܦ ܗܘ ܒܝܕ ܫܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܐܘ ܒܝܕ ܡܐܐ‬46‫ܐܣܟܝܡܐ ܕܝܢ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬
‫ ܠܝܬ‬. ‫ܕܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ ܒܟܠܙܒܢ ܓܝܪ ܠܬ̈ܪܝܢ ܡܦܠܓ ܠܗ ܠܚܘܕܪܐ‬. 47‫ܘܬܡܢܐܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܀‬. ‫ܓܝܪ ܘܐܠ ܚܕ ܐܣܟܝܡܐ ܐܚܪܢܐ ܕܪܚܝܩ ܐܝܟ ܗܢܐ ܕܟܠܗ ܚܘܕܪܐ‬
‫ ܐܘ ܥܡ‬. ‫ ܕܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ‬48‫ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬
49 ܿ ‫ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ‬
. ‫ ܠܗܕܐ ܕܝܢ ̈ܩܕܡܝܐ ܐܡܪܝܢ ܗܘܘ ܕܗܘܝܐ‬. ‫ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬ ̈ ‫ܚܡܫܐ‬ ̈ ‫ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬
̈ ‫ܕܗܢܘܢ‬
. ‫ܟܘܟܒܐ‬ ܿ ‫ܡܐ ܕܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܡܠܘܫܐ ܡܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܇ ܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ‬
‫ ܘܟܘܟܒܐ ܿܗܘ‬.50‫ܐܝܬܝܗ ܒܡܘܪܐ ܕܝܠܗ ܕܡܠܘܫܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ‬ ܿ ‫ܘܐܦܢ ܬܗܘܐ‬
ܿ ܿ
. ‫ ܒܗܝ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬܫܥ‬. ‫ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗ‬

<2. 2. 3 Le sextile>
L’aspect du sextile : chacun de ses côtés comprend deux signes. En effet,
c’est parce qu’il possède six côtés aussi bien que six angles qu’on sait que
chacun de ses côtés comprend deux signes, soit soixante degrés. En effet,
deux fois six et six fois soixante font respectivement douze signes et trois
cent soixante degrés.

<2. 2. 4. L’opposition>
L’aspect de l’opposition : chacun de ses côtés comprend six signes soit
cent quatre-vingt degrés. En effet, elle divise toujours en deux le cercle du
zodiaque. Il n’y a aucune autre figure qui éloigne autant que celle-ci sur tout
le cercle.
<2.2.5. La conjonction>
La « σύνοδος » quant à elle est la conjonction de la lune avec le soleil ou
avec l’une des cinq autres étoiles. Les Anciens51 avaient dit à son propos
qu’elle avait lieu dès que la lune se trouvait dans le même signe que l’une de
ces étoiles, et même si elle s’avérait être dans le premier degré d’un signe et
que l’étoile, avec laquelle elle est dite entrer en conjonction, est dans le 29e.

44
|| ‫ ܐܘ ܒܝܕ‬: ‫ ܘܒܝܕ‬L Sachau || (CORR. 7).
45
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
46
|| ‫ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
47
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
48
|| ‫ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬: ‫ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ‬L Sachau || (CORR. 8)
49
|| ‫ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܕܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ‬ ܿ ܿ
‫ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ‬correxi :‫ܐܝܬܝܗ‬ ‫ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ‬
ܿ
‫ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܕܥܡ ܫܡܫܐ‬Sachau ‫ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܥܡ‬
‫( || ܕܡܫܡܐ‬CORR. 9)
50
|| ‫ ܩܕܡܝܬܐ‬correxi : ‫ ̈ܩܕܡܝܬܐ‬L Sachau ||
---------------------------------------
51
Sergius pourrait bien se référer ici aux Chaldéens. Selon Bar Hébraeus, « les Anciens »
est le terme consacré pour les désigner (cf. Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], I, 8, 1 :
« nous disons que les Chaldéens sont les anciens et les Grecs les modernes »). On trouve
également cette même expression en usage dans le Traité sur la cause des éclipses de
lune 6. 3 pour désigner « ceux qui inventèrent la fable de l’Atalya ».

201
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܿܗܢܘܢ ܕܝܬܝܪܐܝܬ ܐܣܬܒܪܘ‬. 52‫ܚܬܝܬܐܝܬ ܕܝܢ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬


‫ ܡܐ ܕܬܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܥܡ‬53‫ܐܝܬܝܗ ܣܘܢܕܘܣ‬ ܿ .‫ܕܐܬܓܘܝܘ ܒܝܕܥܬܐ ܕܥܠ ܗܠܝܢ‬
̈
‫ܫܡܫܐ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ̈ܚܡܫܐ ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܡܠܘܫܐ܇‬
‫ ܗܝܕܝܢ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ‬. 54‫ܘܬܗܘܐ ܪܚܝܩܐ ܡܢܗ ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ‬
‫) ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܇‬141v( ‫ ܠܗܝܢ‬55‫ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܆ ܥܡܗ ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ‬
‫ ܡܐ ܕܝܢ ܕܐܕܪܟܬܗ‬. ‫ܘܡܕܪܟܐ ܠܗ ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗ‬
‫ ܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܕܝܢ ܠܗܠܝܢ‬. ‫ܠܗ ܡܟܝܠ ܡܢ ܣܘܢܕܘܣ ܡܬܐܡܪܐ‬ ܿ ‫ܥܒܪܬ‬
56
‫ ܘܡܕܪܟܐ ܠܫܡܫܐ‬. ‫ ܐܝܟ ܒܚܕ ܠܝܠܝ ܐܝܡܡ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ‬. ‫ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܡܛܠ ܕܝܬܝܪ ܡܢ ܟܠܗܘܢ ܩܠܝܠ‬. ‫ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬̈ ‫ܘܠܟܠ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܚܡܫܐ‬
ܿ
. ‫ܙܘܥܗ‬

Voici exactement ce qu’en dirent les astronomes qu’on tient pour


particulièrement avertis dans la connaissance de ces choses : « Il y a
« σύνοδος » tant que la lune se trouve dans le même signe que le soleil ou
avec une des cinq autres étoiles et qu’elle est distante de moins de douze
degrés »57. En effet, on dit qu’il y a conjonction tant que la <lune> parcourt
ces douze degrés [f.142v] et qu’elle cherche à atteindre l’étoile avec laquelle
elle est dite entrer en conjonction et jusqu’à ce que, après l’avoir atteinte,
quittant la « σύνοδος » mentionnée, elle ait parcouru de nouveau douze
degrés, ce qui correspond plus ou moins à un nychthémère 58 . Elle peut
atteindre le soleil et n’importe laquelle des cinq autres étoiles parce que son
mouvement est plus rapide que le leur59.

52
|| ‫ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬: ‫ ܐܣܛ̈ܪܘܢܘܡܘ‬L Sachau ||
53
|| ‫ ܣܘܢܕܘܣ‬: ‫ ܣܘܢܗܕܘܣ‬L Sachau ||
54
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
55
|| ‫ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܆ ܥܡܗ ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ‬correxi : ‫ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܆ ܥܡܗ ܕܡܫܬܘܪܝܐ‬L Sachau ||
(CORR. 10).
56
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
57
Sergius cite manifestement ici un auteur grec. Mais nous n’avons pas réussi à savoir de
quel auteur il s’agissait ni si la citation s’étendait davantage.
58
Le syriaque réalise ici une traduction miroir du grec νυχθήμερον. Le nychthémère
correspond à 24 heures. Dans une lettre adressée au prêtre Jean [f. 266v], Georges des
Arabes affirme que la lune parcourt 12° en vingt-quatre heures (Cf. George Ar. [trad.
RYSSEL], p. 116 : « jeden Tag, der aus 24 Stunden besteht, 12 Grade – ohne dass was di
Sonne laüft – der Mond in der Sphäre des Himmels laüft, indem er bekanntlich alle 2
Stunden eine Minute laüft ».
59
En effet, la lune se déplace d’environ 12 degrés vers l’est chaque jour alors que le soleil
se déplace, durant le même laps de temps, d’environ 1°, Mercure de 4°, Vénus de 1°36’,
Mars de 0°31’, Jupiter de 0°4’ et Saturne de 0°2’. Ces chiffres sont des moyennes qui
tiennent compte du mouvement en longitude, mais aussi des anomalies. Ces mouvements
moyens ont été présentés par Claude Ptolémée (Ptol., Alm. IX, 4) et expliqués dans
O. NEUGEBAUER, A History of Ancient Mathematical Astronomy, 1975, vol. 2, p. 907.

202
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

. ‫ܥܕܪܐ ܕܝܢ ܕܐܠ ܒܙܥܘܪ ܠܘܬ ܐܝܕܥܬܐ ܕܐܝܠܝܢ ܕܥܬܝܕܢ ܕܢܬܐܡ̈ܪܢ ܐܦ ܗܕܐ‬
‫ ܚܕ‬. ‫ܚܝܒܐ ܠܢ ܠܡܕܥ ܆ ܕܬ̈ܪܝܢ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܕܡܬܪܢܝܢ ܒܬܪܥܝܬܐ‬
‫ ܘܐܠ ܬܘܒ ܫܘܝܐܝܬ‬. ‫ ܕܗܢܘܢ ܗܠܝܢ ܐܠ ܦܪܩܝܢ ܡܢ ̈ܚܕܕܐ‬. ‫ܕܫܡܫܐ ܘܚܕ ܕܣܗܪܐ‬
‫ ܘܦܣܩܝܢ ̈ܚܕܕܐ ܒܬ̈ܪܬܝܢ‬. ‫ ܐܐܠ ܕ̈ܪܟܝܒܝܢ ܥܠ ̈ܚܕܕܐ‬. ‫ܣܝܡܝܢ‬
ܿ ‫ܠܘܩܒܠ ̈ܚܕܕܐ‬
̈
‫ ܡܛܠ ܓܝܪ ܕܚܘܕܪܗ ܕܫܡܫܐ ܇ ܒܟܠܙܒܢ‬. ‫ܢܘܩܕܬܐ ܕܡܬ̈ܪܢܝܢ ܐܦ ܗܢܝܢ ܒܬܪܥܝܬܐ‬̈
̈ ‫ܕܡܠܘܫܐ ܇ ܿܗܘ ܕܝܢ ܕܣܗܪܐ ܆ ܙܠܝܡ ܠܘܩܒܠ‬
‫ܙܘܥܝܗ‬ ̈ ‫ܒܡܨܥܬܗ ܐܝܬܘܗܝ ܕܚܘܕܪܐ‬
‫ܕܠܦܬܝܐ ܕܝܠܗ ܕܣܗܪܐ ܆‬

‫ܝܕܝܥܐ ܗܝ ܕܙܠܡܗ ܕܗܢܐ ܿܥܒܕ ܠܗܘܢ ܠܚܘܕ̈ܪܐ ܕܢܪܟܒܘܢ ̈ܚܕܕܐ ܒܬ̈ܪܬܝܢ ̈ܡܢܘܬܐ‬
̈
‫ܕܘܟܝܬܐ‬ ‫ ܿܗܢܝܢ ܗܟܝܠ ܿܗܢܝܢ ܬ̈ܪܬܝܢ‬. ‫ܐܝܠܝܢ ܕܬ̈ܪܝܨܢ ܫܘܝܐܝܬ ܠܘܩܒܠ ̈ܚܕܕܐ‬
‫ ܗܢܘ‬. 61‫ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬60‫ܕ̈ܪܟܝܒܝܢ ܒܗܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ̈ܚܕܕܐ ܇ ܡܬܩܪܝܢ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
. ‫ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ ܘܡܚܬܢܐ‬

<2. 3. Cercle solaire, cercle lunaire>


Autre chose très utile relative à la connaissance des sujets que nous nous
apprêtons à aborder : il nous faut savoir qu’il y a, selon eux, deux cercles
qui doivent être pris en compte : celui du soleil et celui de la lune qui ne
sont ni <très> éloignés l’un de l’autre, ni juxtaposés62 l’un à l’autre, mais
qui se chevauchent l’un l’autre et se coupent en deux nœuds qui doivent
également être pris en compte. En effet, le cercle du soleil est constamment
au milieu du cercle du zodiaque63, tandis que celui de la lune, à l’inverse, est
incliné64 du fait des mouvements en latitude propres à la lune.

<2. 3. 1. Nœuds ascendant et descendant>


On sait que l’inclinaison de ce dernier provoque le chevauchement des
cercles sur deux portions parfaitement juxtaposées l’une à l’autre. Or ces
deux endroits, où les cercles se chevauchent l’un l’autre, sont appelés nœud
ascendant et nœud descendant65, c’est-à-dire le montant et le descendant66.

60
|| ‫ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ܐ ܰܢܒܝܒܙܢ‬ ܰ L Sachau ||
61
|| ‫ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܘܩܛܒܝܒܙܢ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
62
Nous rendons l’adverbe syriaque signifiant « également » (‫ )ܫܘܝܐܝܬ‬par le préfixe juxta-
qui, étymologiquement, porte ce sens. Littéralement, le syriaque dit ensuite que les deux
cercles sont juxtaposés « l’un en face de l’autre » ( ‫)ܠܘܩܒܠ‬. Il nous semble que le préfixe
verbal peut à lui seul rendre ce que le syriaque exprime finalement en deux mots.
63
Litt. « le cercle des signes ». Expression consacrée pour désigner le cercle du zodiaque
partout dans le présent traité, désignant la bande de 16° de latitude qui encadre l’écliptique.
64
En effet, le plan orbital de la lune est incliné d’environ 5°09’ par rapport au cercle de
l’écliptique (cf. SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 72).
65
Termes translittérés du grec ἀναβιβάζων et καταβιβάζων.
66
Le nœud ascendant (montant) étant celui que la lune traverse en allant vers le nord, le
nœud descendant celui qu’elle traverse en allant vers le sud.

203
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

. ‫ ܩ̈ܪܝܢ܇ ܠܪܟܒܗܘܢ ܕܚܘܕ̈ܪܐ ܿܗܘ ܕܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ‬67‫ܐܐܠ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬


. ‫ܠܗܘ ܪܟܒܗܘܢ ܐܚܪܢܐ ܕܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ‬ ܿ ‫ ܕܝܢ ܡܫܡܗܝܢ‬68‫ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܕܝܢ ܘܐܦ ܗܢܘܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ܆ ܘܣܝܡܝܢ ̈ܚܘܫܒܢܐ ܕܡܢܗܘܢ‬
̈ 69‫ ܒܟܬܒܐ ܿܗܘ ܕܚܘܫܒܢܐ ܕܦܛܠܡܐܘܣ‬. ‫ܡܫܬܟܚܝܢ ܗܠܝܢ ܒܟܠܙܒܢ‬
‫ܘܒܕܘܟܝܬܐ‬
‫ ܀‬. ‫ܣܓܝܐܬܐ‬̈ ‫ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ‬

ܿ ‫ ܐܠ‬. ‫ܡܛܠ ܿܗܝ ܗܟܝܠ ܕܐܦ ܗܢܘܢ ܡܬܬܙܝܥܝܢ‬


‫ܗܘܐ ܚܫܟܐ ܕܣܗܪܐ ܒܟܠ ܝܪܚܐ‬
ܿ
‫ ܗܟܢܐ ܡܫܬܟܚܝܢ ܠܘܩܒܠ ̈ܚܕܕܐ ܐܝܟ ܕܬܫܬܟܚ‬. ‫ܒܗܝ ܕܠܘ ܒܟܠܙܒܢ ܫܘܝܐܝܬ‬
‫ ܡܢ ܟܠܦܪܘܣ ܕܝܢ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ܐܪܥܐ ܒܡܨܥܬܗܘܢ ܬܪܝܨܐܝܬ‬
‫ ܒܪܘܚܐ ܓܪܒܝܝܬܐ ܆ ܘܗܝ‬70‫ܫܡܫܐ ܡܫܬܟܚ ܒܕܘܟܬܐ ܿܗܝ ܕܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫) ܒܪܘܚܐ ܬܝܡܢܝܬܐ ܆ ܐܘ ܫܡܫܐ‬141r( 71‫ܣܗܪܐ ܒܕܘܟܬܐ ܗܝ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
.‫ܒܪܘܚܐ ܬܝܡܢܝܬܐ ܇ ܘܗܝ ܣܗܪܐ ܒܓܪܒܝܝܬܐ‬

Ils appellent « nœud ascendant » le chevauchement des cercles qui mène au-
dessus de la terre et ils donnent le nom de « nœud descendant » à l’autre
chevauchement qui mène sous la terre. Aussi ces deux-là se déplacent-ils.
Les calculs grâce auxquels on pourrait constamment les retrouver sont
exposés dans le Livre du Calcul 72 de Ptolémée et à de nombreux autres
endroits. ‫܀‬

<2. 3. 2. Lieux d’éclipses>


Du fait de leur déplacement, l’éclipse de lune n’a pas lieu tous les mois,
parce qu’il n’est pas vrai <de dire> qu’on les trouve à chaque fois
pareillement opposés l’un à l’autre de manière à ce que la terre se trouve
exactement au milieu d’eux. Mais de manière générale, à chaque fois que la
lune s’éclipse, le soleil se trouve à l’endroit du nœud descendant en
direction du nord et la lune à l’endroit du nœud ascendant [f.143r] en
direction du sud ; ou alors le soleil est en direction du sud et la lune en
direction du nord.

67
|| ‫ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܐܢܒܝܒܙܢ‬L Sachau ||
68
|| ‫ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܩܛܒܝܒܙܢ‬L Sachau ||
69
|| ‫ ܕܦܛܠܡܐܘܣ‬: ‫ ܕܦܛܘܠܘܡܐܘܣ‬L Sachau ||
70
|| ‫ ܕܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܕܩܛܒܝܒܙܘܢ‬L Sachau ||
71
|| ‫ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܕܐܢܒܝܒܙܢ‬L Sachau ||
-------------------------------------------
72
L’expression désigne sans aucun doute les Tables faciles de Claude Ptolémée. Étant
donné que l’expression n’est pas précédée de la préposition ( ‫) ܥܠ‬, habituellement réservée
à l’introduction des titres d’ouvrage (voir plus haut le cas du traité de Galien Sur les jours
critiques), il n’est pas évident de savoir si nous avons affaire ici à une périphrase ou au titre
de la Syntaxe consacré en syriaque (du moins selon Sergius). On comparera avec le Traité
sur la cause des éclipses de lune 6. 5 et on lira la note qui se rapporte à ce passage.

204
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܗܟܢܐ ܓܝܪ ܒܠܚܘܕ ܟܕ ܡܬܟܝܢܐ ܐܪܥܐ ܡܨܥܬ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܢܗܝ̈ܪܐ‬


‫ܙܠܝܩܐ ܕܫܡܫܐ ܥܠ ܣܗܪܐ ܘܡܚܫܟܐ‬ ̈ ܿ ‫ܛܠܠܗ‬
‫ܕܗܘܐ ܡܢ‬ ܿ ‫ܬܪܝܨܐܝܬ ܘܡܫܡܪܐ‬
73
‫ ܠܘ ܗܟܝܠ ܟܘܠ ܐܡܬܝ ܕܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܘܫܡܫܐ ܒܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬. ‫ܠܗ‬ ܿ
‫ ܐܐܠ ܟܘܠ ܐܡܬܝ ܕܗܘܝܐ‬. ‫ ܕܣܗܪܐ‬75‫ ܇ ܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬74‫ܘܒܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ܒܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ ܢܫܬܟܚܘܢ ܫܡܫܐ‬ ̈ ‫ ܆ ܐܠܨܐ ܕܒܗܝܢ‬76‫ܗܕܐ ܐܩܠܦܣܝ ܣ‬
‫ ܕܒܠܥܕ ܚܕܐ ܡܢܗܝܢ ܐܠ ܡܨܝܐ‬. ‫ ܬܠܬ ܓܝܪ ܡܬܒܥܝܢ ̈ܨܒܘܬܐ‬. ‫ܘܣܗܪܐ‬
‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ ܕܣܝܡܝܢ ܒ̈ܪܘܚܬܐ‬. ‫ܡܬܘܡ ܕܢܗܘܐ ܚܫܟܐ ܕܣܗܪܐ‬
‫ ܀‬. ‫ܕܕܠܩܘܒܐܠ ܆ ܘܐܪܥܐ ܕܣܟܪܐ ܒܡܨܥܬܐ ܇ ܕܐܠ ܢܩܒܠ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܚܒܪܗ‬

En effet, c’est seulement lorsque la terre est exactement au milieu de ces


deux astres et qu’elle projette son ombre, qui est la privation des rayons du
soleil sur la lune, qu’elle l’obscurcit. C’est pourquoi il est faux de dire qu’il
y aura une éclipse à chaque fois que la lune et le soleil seront dans les nœuds
ascendant et descendant. Mais toutes les fois qu’a lieu cette éclipse, il faut
que le soleil et la lune se trouvent à ces endroits77. En effet, trois conditions
sont requises, sans l’une desquelles il est absolument impossible qu’ait lieu
l’obscurcissement de la lune : le soleil et la lune doivent être situés dans des
directions opposées et la terre doit faire obstacle au milieu, de telle manière
qu’aucun d’eux ne puisse faire face à l’autre.

73
|| ‫ ܒܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܒܐܢܒܝܒܙܘܢ‬L Sachau ||
74
|| ‫ ܘܒܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܘܒܩܛܒܝܒܙܘܢ‬L Sachau ||
75
|| ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ‬: ‫ ܐܩܠܝܦܣܝܣ‬L Sachau ||
76
|| ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ‬: ‫ ܐܩܠܝܦܣܝܣ‬L Sachau ||
-------------------------------------------
77
Comparer ce passage avec le Causa causarum [éd. KAYSER], p. 221, l. 15-20 et le Traité
sur la cause des éclipses de lune 2. 3 et 2. 4.

205
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܕܫܒܥܐ ܠܡ‬ ̈ ‫ܕܝܕܝܥܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܆‬


̈ ‫ܐܡܪܝܢ ܗܟܝܠ ܿܗܢܘܢ ܕܗܘܘ ̈ܡܥܩܒܢܐ‬
‫ ܘܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ‬. ‫ܝܘܡܬܐ ܕܐܠ ܫܦܝ̈ܪܝܢ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ ܝ̈ܪܚܐ‬ ̈ ‫ܐܝܬܝܗܘܢ‬
ܿ
‫ܓܘܢܐܝ ܬ ܆ ܕܐܠ ܢܫܪܘܢ ܒܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܡܥܒܕ ܣܘܥܪܢܐ ܡܕܡ ܇ ܐܘ‬ 78
̈ ‫ ܘܒܕܓܘܢ ܐܦ ܠܫܘ̈ܪܝܐ ܕܟܘ̈ܪܗܢܐ‬. ‫ ܒܨܒܘܬܐ ܐܝܕܐ ܕܗܝ‬79‫ܠܡܫܬܕܝܘ‬
‫ܕܗܘܝܢ‬
. ‫ ܐܡܪܝܢ‬. ‫ܒܗܘܢ ܆ ܠܗܠܝܢ ܐܘ ܕܛܒ ܥܣܩܝܢ ܆ ܐܘ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܐܠ ܐܣܝܘ‬
ܿ
‫ܝ̈ܪܚܝܗ‬ ̈
‫ܝܘܡܬܐ ܕܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ ܓܘܢܐܝܬ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ‬ ‫ܗܢܘܢ ܕܝܢ ܗܠܝܢ ܫܒܥܐ‬
. ‫ܕܣܗܪܐ ܆ ܐܝܬܝܗܘܢ ܗܠܝܢ‬

<2.4. Sept jours sombres>


80
Ceux qui se sont adonnés à ce genre de sciences disent qu’il y a chaque
mois sept jours sombres81. Et ils se gardent généralement durant ces jours,
d’entreprendre aucune action, ou de se lancer dans aucune affaire que ce
soit. Et c’est ainsi <qu’ils se préservent>, ces jours-là, des débuts de
maladies ou très graves ou impossibles à curer. Ils disent que ces sept jours,
dont ils se gardent de façon générale chaque mois lunaire, sont les suivants :

78
|| ‫ ܓܘܢܐܝܬ‬L : ‫ ܓܘܢܐܢܬ‬Sachau || (CORR. 11)
79
|| ‫ ܠܡܫܬܕܝܘ‬: ‫ ܠܡܫܕܝܘ‬Sachau ‫ ܠܡܫܬܝܘ‬L || (CORR. 12)
--------------------------------------------
80
Nous rendons ici l’expression « ‫ » ܿܗܢܘܢ ܕܗܘܘ ̈ܡܥܩܒܢܐ‬par « ceux qui se sont adonnés ».
Cette forme de ‫ ܥܩܒ‬n’est pas attestée dans le Thes. Syr. D’après SOKOLOFF ce terme
apparaît uniquement dans une autre traduction de Sergius de Reš‘ayna (voir MERX,
« Galenus’Schrift », 1885, p. 263, l. 12), comme équivalent du grec περίεργος dans le sens
de « adonné à » (NT, Luc 19, 19). Il semblerait que ce terme soit légèrement dépréciatif,
servant à indiquer un excès de minutie. Il s’agit du second terme (après ‫ܝܚܝܕܝܬܐ‬ ̈ )
uniquement attesté, dans ce sens, chez Sergius, confirmant l’attribution qui lui est faite de
ce texte.
81
Litt. « non beaux/bons ». Sergius se réfère peut-être ici aux sept jours « sombres » dont
fait état Macrobe dans Sat., I, 16, 22-24. Ces jours sombres ont fait l’objet d’une analyse
dans BRIND’AMOUR, Le Calendrier romain, 1983, p. 229-231, selon lequel on les tenait
pour néfastes et de mauvais augure : « ce jour sombre prit aux yeux des gens un caractère
funeste. […] il devint sombre, de mauvais augure, dans la mesure où un jour chanceux était
candidus, clarus, clarior, lucidus, pellucidus, liquidus, etc… On n’osa plus rien
entreprendre ces jours-là » (cf. p. 231). Selon P. Brind’Amour, ces jours sombres ou dies
atri, non mentionnés au calendrier, seraient « les lendemains des Calendes, des Nones et
des Ides, ainsi que le dies alliensis et les trois jours où le mundus patet ». Plusieurs sources
latines (Tit.-Liv., 6, 1, 12 ; Aulu-Gelle, 5, 17, 2 et Macr., Sat., 1, 16, 25) expliquent le
caractère « sombre » de ces jours par le fait qu’on y interdisait d’allumer un feu pour les
sacrifices. On verra que Sergius donne une toute autre explication en reliant ces jours aux
jours d’obscurité de la lune. Le fait que par la suite Sergius insiste lourdement sur le rapport
que ces sept jours entretiennent avec le « lieu d’obscurité » de la lune, c’est-à-dire les
limites écliptiques, nous incite à traduire l’expression ‫ ܐܠ ܫܦܝܪ‬par « sombre », afin de
faciliter l’accès de ce texte au lecteur. Mais ceci n’est qu’une proposition de lecture.

206
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܐ ܕܟܕ ܡܬܚܛܦܐ‬. ‫ ܫܡܫܐ‬82‫ܩܕܡܝܐ ܿܗܘ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܒܗ ܣܗܪܐ ܥܡ‬


84 ܿ ܿ
‫ ܗܝܕܝܢ ܓܝܪ ܕܐܠ ܢܘܗܪܐ ܐܝܬܝܗ‬. 83‫ܡܢܗ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬ ‫ܬܗܘܐ ܪܚܝܩܐ‬
. 85‫ܠܗܝܢ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬̈ ‫ܒܝܘܡܐ ܿܗܘ ܟܠܗ ܆ ܥܕܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ‬
‫ܠܗ‬ ܿ ‫ ܡܢ ܬܡܢ ܓܝܪ ܡܛܠ ܕܥܒܪܐ‬. ‫ ܥܡܗ ܕܫܡܫܐ‬86‫ܒܗ ܒܡܢܬܐ‬ ܿ ‫ܘܐܬܝܐ ܩܝܡܐ‬
‫ ܘܒܕܓܘܢ‬. ‫ܙܘܥܗ ܆ ܡܫܪܝܐ ܠܗ ܡܟܝܠ ܕܬܣܒ ܢܘܗܪܐ‬ ܿ ܿ . ‫ܚܪܝܦܐܝܬ‬
‫ܒܗܝ ܕܩܠܝܠ‬
ܿ
‫ܕܒܚܦܛܗ‬ ‫ ܝܘܡܐ ܗܟܝܠ ܿܗܘ‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܡܟܝܠ‬
ܿ ‫ܐܠ ܐܡܪܝܢ ܠ ܿܗ ܗܝܕܝܢ ܕܕܐܠ ܢܘܗܪܐ‬
ܿ
‫ ܫܟܝܪܐ ܐܡܪܝܢ‬. ‫ܕܡܫܬܘܪܝܢܘܬܗ‬ 87
‫ ܗܠܝܢ ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ‬. ‫ܡܬܬܙܝܥܐ‬
ܿ
‫ ܡܛܠ ܕܕܐܠ ܢܘܗܪܐ ܐܝܬܝܗ ܒܗ ܆ ܘܡܥܡܛܐ‬. ‫ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ ܒܟܠܙܒܢ‬
)341v( ‫ ܀‬. ‫ܥܡܗ ܠܗܢܐ ܟܠ‬ܿ ‫ܠܗ‬

‫ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܐܚܪܢܐ ܕܢܛܪܝܢ ܠܗ ܓܘܢܐܝܬ ܒܟܠ ܝ̈ܪܚܝܗ ܕܣܗܪܐ ܆ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ‬
‫ܕܚܡܫܐ ܒܗ ܒܣܗܪܐ ܟܕ ܐܠ ܝܗܒܝܢ ܡܦܩ ܒܪܘܚܐ ܡܕܡ ܕܥܠ ܡܢܐ ܐܝܬܘܗܝ‬
‫ ܀‬. ‫ ܐܐܠ ܐܡܪܝܢ ܕܗܟܢܐ ܠܡ ܐܬܢܛܪ ܘܐܫܬܟܚ‬. ‫ܫܟܝܪܐ ܝܘܡܐ ܗܢܐ‬

<2. 4. 1 1er jour sombre: la nouvelle lune >


Le premier est celui durant lequel la lune entre en conjonction avec le
soleil, c’est-à-dire lorsque, étant distante de moins de douze degrés88, elle se
dérobe <aux regards>. En effet elle est privée de lumière tant que, se
déplaçant89 sur ces douze degrés, (et) elle va se positionner dans le même
axe 90 que le soleil. A partir de là, passant rapidement du fait de son
mouvement rapide, elle recommencera à recevoir la lumière. La raison pour
laquelle ils disent que ce jour est « étrange » ne vient pas du fait qu’il n’y a
plus de lumière le jour durant lequel elle parcourt avec entrain les douze
degrés de sa conjonction, <mais> comme ils l’ont toujours dit, parce que la
lune est sans lumière ce jour-là et parce qu’elle reste obscure pour toute
cette durée. [143v]

<2. 4. 2 Deuxième jour sombre: le 5e lunaire>


L’autre jour dont ils se gardent de façon générale chaque mois lunaire est
le cinquième lunaire, durant lequel ils estiment qu’on ne doit pas se
disperser dans n’importe quelle direction pour la raison que ce jour est
« étrange ». Et ils disent que c’est en se conduisant ainsi qu’on se
préservera.

82
|| ‫ ܿܗܘ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܒܗ ܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ‬correxi : ‫ ܿܗܘ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܒܗ ܣܗܪܐ ܥܠ ܫܡܫܐ‬L Sachau ||
83
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
84 ܿ
|| ‫ܐܝܬܝܗ‬ : ‫ ܐܝܬܘܗܝ‬L Sachau ||
85
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
86
|| ‫ ܒܡܢܬܐ‬: ‫ ܒܡܢܬܐ‬L Sachau ||
87
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
-------------------------------------------
88
Il faut certainement comprendre que la nouvelle lune a lieu tant que la lune ne s’éloigne
pas de plus de six degrés de l’axe formé par l’alignement soleil-terre-lune. Le cône d’ombre
aurait donc un diamètre de 12°.
89
Litt. : elle sera sans lumière durant tout ce jour, tant qu’elle se déplacera…
90
Le syriaque utilise ici le terme ‫( ܡܢܬܐ‬mento), c’est-à-dire axe, à ne pas confondre avec
‫ܡܢ ܳܬܐ‬
ܳ (menoto) qui désigne le degré.

207
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܚܡܫܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܡܢ ܫܒܥܐ ܕܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ ܓܘܢܐܝܬ ܒܟܠ‬ ̈ ‫ܝܘܡܬܐ‬ ̈ ‫ܿܗܢܘܢ ܕܝܢ‬
‫ܕܒܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ‬ ̈ ‫ ܐܡܪܝܢ ܡܛܠ‬. ‫ܝ̈ܪܚܐ ܆ ܣܘܟܐܠ ܩܢܝܢ ܕܕܐܝܟ ܗܢܐ‬
‫ ܙܕܩ‬. ‫ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܚܫܟܐ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ‬92‫ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬91‫ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
ܿ
‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܐ ܕܬܗܘܐ‬. ‫ܚܫܟܗ ܡܬܩ̈ܪܝܢ‬ ̈ ‫ܠܡܕܥ ܆ ܕܗܢܝܢ ܗܠܝܢ‬
‫ܕܘܟܝܬܐ ܆ ܒܝܬ‬
‫ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܆ ܘܥܕܡܐ ܕܬܥܒܪ ܿܗ‬93‫ܪܚܝܩܐ ܡܢ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢܗܝܢ ܐܝܟ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܡܛܠ ܗܟܝܠ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ܐܝܬܝܗܝܢ ܗܠܝܢ‬. ‫ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ‬94‫ܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬
ܿ
‫ ܐܡܪܝܢ ܕܡܬܦܪܫܢ ܩܕܡ ܟܠ‬95‫ܚܫܟܗ ܆ ܘܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬ ‫ܕܘ ̈ܟܝܬܐ ܕܒܝܬ‬
‫ ܡܬܟܢܫܢ ܐܦ ܬܢܢ‬96‫ܘܒܬܪܗ ܆ ܐܝܕܝܥܐ ܗܝ ܆ ܕܐܝܟ ܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬ ܿ ܿ
‫ܡܢܗ‬ ‫ܚܕܐ‬
ܿ ܿ
‫ ܠܘ ܐܝܟ ܡܢ ܕܟܠ ܐܡܬܝ ܕܡܬܟܝܢܐ ܒܗܝܢ ܣܗܪܐ‬. ‫ܕܡܬܩܪܝܢ ܒܝܬ ܚܫܟܗ ܕܣܗܪܐ‬
‫ ܕܟܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ‬. ‫ ܐܐܠ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܡܢ ܠܥܠ‬. ‫̈ܒܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ ܚܫܟܐ‬
‫ ܚܫܟܐ ܇‬97‫ ܘܐܦܐܠ ܬܘܒ ܟܘܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ ܇ ܬܠܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬. ‫̈ܒܗܝܢ ܡܬܟܝܢܐ‬
ܿ
.99‫ܚܫܟܗ ܚܕ̈ܪܝ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬ ‫ ܡܬܚܡܝܢ ܠܒܝܬ‬98‫ܘܡܛܠ ܗܢܐ ܬܠܬܝܢ ܡܘ̈ܪ ܣ‬
. ‫ܘܬܠܬܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܢ ܚܕ̈ܪܝ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬

<2. 4. 3 Les cinq jours sombres du « Lieu d’éclipse » de la lune>


Puis, concernant les cinq autres jours, parmi les sept, dont il faut se
préserver en général chaque mois, ils ont eu l’intelligence de dire qu’elle (la
lune) s’éclipsait à chaque fois aux endroits des nœuds ascendant et
descendant, comme nous l’avons dit. Il faut savoir que ces endroits sont dits
être son « lieu d’éclipse » : c’est-à-dire lorsqu’elle est distante de chacun
d’eux de moins de quinze degrés environ et jusqu’à ce qu’elle dépasse le
<nœud> d’environ quinze autres degrés. Or étant donné qu’il y a deux
endroits <possibles> pour son lieu d’éclipse, et qu’ils assignent à chacun
d’eux environ quinze degrés avant et après, on sait que ce sont environ
soixante degrés au total qu’autrement dit on peut appeler « Lieu d’éclipse de
la lune ». Non pas que la lune s’obscurcisse à chaque fois qu’elle sera à ces
endroits, mais, comme nous avons dit plus haut : à chaque fois qu’elle sera
éclipsée, elle sera là. Il n’est pas vrai non plus qu’elle s’éclipse à chaque fois
sur trente degrés, et qu’à cause de cela ce sont trente degrés qui
circonscrivent son lieu d’éclipse autour du nœud ascendant et trente autres
autour du nœud descendant.

91
|| ‫ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܕܐܢܒܝܒܙܢ‬L Sachau ||
92
|| ‫ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܘܩܛܒܝܒܙܘܢ‬L ‫ ܘܩܛܒܝܒܙܢ‬Sachau ||
93
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
94
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
95
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
96
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
97
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
98
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
99
|| ‫ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬: ‫ ܐܢܒܝܒܙܘܢ‬Sachau ‫ ܐܝܒܝܒܙܘܢ‬L ||

208
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܡܢܗ ܕܕܘܟܬܐ‬ܿ 100‫ܐܐܠ ܐܝܟ ܕܐܡܪܬ ܆ ܟܕ ܪܚܝܩܐ ܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬


102 ܿ
‫ܕܬܥܒܪܝܗ ܬܘܒ ܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬ ܿ ‫ ܕܚܫܟܐ‬101‫ܚܬܝܬܬܐ‬
‫ܒܗ ܆ ܘܥܕܡܐ‬
‫ ̈ܡܬܟܢܫܢ ܗܟܝܠ ܡܢ ܬ̈ܪܬܝܗܝܢ ܗܠܝܢ‬. ‫ܚܫܟܗ ܡܬܩܪܐ‬ܿ ‫ ܐܬܪܐ ܕܒܝܬ‬. ‫ܐܚ̈ܪܢܝܢ‬
103
‫ ܕܠܗܝܢ‬. ‫ܕܒܗܝܢ ܚܫܟܐ ܣܗܪܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܆ ܐܝܟ ܡܘ̈ܪܣ ܫܬܝܢ‬ ̈
̈ ‫ܕܘܟܝܬܐ‬
̈
. ‫ܠܗܠܝܢ ܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܣܗܪܐ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ̈ܒܝܘܡܬܐ ܚܡܫܐ‬

‫ܘܠܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܢ ܐܚ̈ܪܢܐ‬ܿ ‫ܚܫܟܗ ܕܣܗܪܐ ܆‬


ܿ ‫ܝܘܡܬܐ ̈ܚܡܫܐ ܕܒܝܬ‬̈ ‫ܠܗܠܝܢ ܗܟܝܠ‬
ܿ
‫ܫܬܘܪܝܢܘܬܗ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܟܘܠܗܘܢ‬ ܿ ‫ܠܗܘ ܚܡܝܫܝܐ‬
‫ܘܠܗܘ ܕܡ‬ ܿ ‫ܕܐܡܪܢܢ ܗܢܘ ܕܝܢ‬
)144r( ‫ ܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ ܓܘܢܐܝܬ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ܆ ܐܝܟ ̈ܒܝܫܐ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ‬. ‫ܫܒܥܐ‬
‫ ܒܚܕ‬. ‫ ܟܕ ܐܡܪܝܢ ܕܟܠ ܫܘܪܝܐ ܕܨܒܘܬܐ ܐܝܕܐ ܕܗܝ ܕܗܘܝܐ‬. ‫ܝ̈ܪܚܝܗ ܕܣܗܪܐ‬ ܿ
̈ ‫ܡܢ ܗܠܝܢ ܫܒܥܐ‬
. ‫ ܡܛܠ ܗܕܐ ܡܫܬܐܠܝܢ ܡܢܗܘܢ ܒܟܠܙܒܢ‬. ‫ܝܘܡܝܢ ܒܝܫ‬

Mais comme j’ai <déjà> dit, c’est lorsqu’elle sera distante de moins de
quinze degrés environ de l’endroit exact où elle s’éclipse et jusqu’à ce
qu’elle le dépasse une nouvelle fois d’environ quinze degrés qu’on pourra
désigner la région « lieu de son éclipse »104. Or le total de ces deux endroits,
à l’intérieur desquels la lune peut s’éclipser, comme nous avons dit, est
d’environ soixante degrés, que la lune parcourt en plus ou moins cinq jours.

<2. 4. 4 Récapitulatif des jours sombres lunaires>


A l’intérieur de chaque mois lunaire, ce sont donc ces cinq jours du « lieu
d’éclipse de la lune » ainsi que les deux autres dont nous avons parlé (c’est-
à-dire le 5e <lunaire> et celui de la conjonction), ce qui fait en tout sept
jours, que les astronomes tiennent généralement [144r] pour funestes, se
référant <par là> à toute prise d’initiative quelle qu’elle soit durant l’un de
ces sept jours funestes. C’est à cause de cela qu’ils évitent toujours d’agir
durant ces <périodes>.

100
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
101
|| ‫ ܚܬܝܬܬܐ‬: ‫ ܚܬܝܬܐ‬L Sachau ||
102
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
103
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
-------------------------------------------
104
Bet ḥeško. L’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune employait une autre
expression pour renvoyer aux limites écliptiques : tehwome ḥeškonoye (cf. Traité sur la
cause des éclipses de lune 2. 4) et les limites écliptiques encadrant chacun des nœuds
étaient évalués à 24° et non à 30°.

209
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܝܘܡܝܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܆ ܐܘ ܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬ̈ܪܝܢ ܘܦܠܓܗ ܆‬̈ ‫ܠܗܢܘܢ ܕܝܢ ܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬܠܬܐ‬ ܿ
. ‫ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܫܪܟܐ ܡܢ ܝ̈ܪܚܝܗ ܕܣܗܪܐ ܆ ܠܚܡܫ ̈ܡܢܘܢ ܡܦܠܓܝܢ ܠܗܘܢ‬
‫ ܘܠܡܢܗܘܢ‬. ‫ܠܡܢܗܘܢ ܓܝܪ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܫܦܝ̈ܪܐ ܆ ܘܠܡܢܗܘܢ ܫܟܝ̈ܪܐ‬
‫ ܠܬܠܬܐ‬. ‫ܠܗܢܘܢ ̈ܡܨܥܝܐ ܡܦܠܓܝܢ ܠܗܘܢ ܐܦ ܠܗܘܢ‬ ܿ ‫ ܐܐܠ‬. ‫̈ܡܨܥܝܐ‬
̈ ‫ ܕܐܠ‬. ‫ ܡܢܗܘܢ ܓܝܪ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܒܡܨܥܬܐ ܫܘܝܐܝܬ‬. ‫ܦܘ̈ܪܫܢܐ‬
‫ܛܒܝܢ‬
‫ ܘܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܿܗܢܘܢ‬. ‫ ܘܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܫܦܝ̈ܪܐ ܿܨܠܝܢ ܝܬܝܪ‬. ‫ܘܐܠ ̈ܒܝܫܝܢ‬
. ‫ܦܘܠܓܐ‬̈ ‫ ܐܝܟ ܕܢܗܘܘܢ ܡܢ ܗܪܟܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܚܡܫܐ ܆ ܟܠܗܘܢ‬. ‫̈ܒܝܫܐ‬
‫ܛܒܝܢ‬̈ ‫ܘܕܗܢܘܢ ̈ܡܨܥܝܐ ܕܐܠ‬ ܿ .105‫ܘܕܗܢܘܢ ̈ܒܝܫܐ‬
ܿ ‫ܕܝܘܡܬܐ ܫܦܝ̈ܪܐ‬
̈ ‫ܗܢܘ ܕܝܢ‬
ܿ ̈ ܿ ܿ ̈ ܿ
‫ ܘܕܗܢܘܢ ܬܘܒ‬. ‫ ܘܕܗܢܘܢ ܡܨܥܝܐ ܕܩ̈ܪܝܒܝܢ ܠܘܬ ܗܢܘܢ ܛܒܐ‬. ‫ܘܐܠ ̈ܒܝܫܝܢ‬
ܿ
‫ܕܐܝܬܝܗ‬ ‫ ܥܠܬܐ ܕܝܢ ܐܦ ܕܗܠܝܢ ܐܡܪܢܢ‬. ‫̈ܡܨܥܝܐ ܕܨܠܝܢ ܠܘܬ ܿܗܢܘܢ ܒܝ ̈ܫܐ‬
ܿ
‫ܕܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܐ‬ ‫ ܐܚܪܢܐ ܚܝܐܠ ܐܡܪܝܢ ܕܩܢܝܐ ܣܗܪܐ ܡܐ‬. ‫ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ‬
‫ܡܠܝܘܬܗ ܇ ܡܐ ܕܚܣܪܐ ܥܕܡܐ‬ ܿ ‫ ܘܐܚܪܢܐ ܬܘܒ ܡܢ ܒܬܪ‬. ‫ܥܕܡܐ ܕܡܠܝܐ‬
ܿ
. ‫ܠܛܘܠܩܗ‬

<2. 5 Les 23 autres jours lunaires >


Quant aux vingt-trois autres jours (ou vingt-deux et demi) qui restent des
mois lunaires, ils les divisent en cinq parts : en effet ils distinguent parmi
eux les <jours> propices, les étranges, les intermédiaires et ils divisent
encore les intermédiaires en trois espèces : parmi lesquelles ils distinguent
ceux qui sont tout juste intermédiaires, n’étant ni bénéfiques ni funestes,
ceux qui ont plutôt tendance à être propices et ceux qui sont plutôt funestes.
Telles sont donc les cinq divisions dont nous avons parlé : soit les jours
propices, les funestes 106 , les intermédiaires qui ne sont ni bénéfiques ni
funestes, les intermédiaires qui s’apparentent aux bénéfiques et les
intermédiaires à tendance funeste.

<2. 5. 1 Cause des variations lunaires>


Nous avons dit que la cause de ces <différences> vient du fait que,
comme ils disent, la lune possède une certaine force entre le moment où elle
entre en croissance et celui où elle est pleine, et qu’elle en possède une
autre, après avoir été pleine, entre le moment où elle <commence à>
décroître et la nouvelle lune.

105 ܿ L : ‫ܘܕܗܢܘܢ ܒܝܫܐ‬


|| ‫ܘܕܗܢܘܢ ̈ܒܝܫܐ‬ ܿ Sachau || (CORR. 13)
------------------------------------------
106
Les jours « étranges » et les jours « funestes » forment donc un seul et même type de
jours, parmi les 23 jours non sombres. Mais nous avons vu que le cadre des jours étranges
et funestes débordait celui des jours non-sombres, puisque plus haut deux des jours sombres
sont qualifiés de jours « étranges » (Le 1er et le 5ème lunaire) ; tandis que les cinq jours du
« lieu d’obscurité de la lune » sont qualifiés de « funestes » (Comparer avec les jours fastes
du calendrier romain avant la réforme julienne).

210
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

ܿ
‫ ܡܐ ܕܚܣܪܐ ܕܝܢ‬. ‫ܢܘܗܪܗ ܡܘܣܦܐ‬ ܿ
‫ܕܒܬܪܒܝܬܗ ܟܘܠ ܝܘܡ ܒܝܘܡ ܥܠ‬ ‫ܡܛܠ‬
ܿ
. ‫ܡܒܨܪ ܒܨܪܐ ܟܠ ܝܘܡ ܡܢ ܢܘܗܪܗ‬
ܿ
‫ ܥܡ‬107‫ܒܡܠܝܘܬܗ ܆ ܐܡܪܝܢ ܕܐܢܗܘ ܕܐܬܬܟܝܢ‬ ‫ܘܡܢ ܗܟܝܠ ܕܪܒܝܐ ܥܕܡܐ ܕܩܝܡܐ‬
108
‫ܫܡܫܐ ܆ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܐܝܡܡܐ ܆ ܗܢܘ ܕܝܢ ܕܟܐܘܢ‬
̈
‫ܐܣܟܝܡܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܆ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬ ̈ ‫ܘܕܒܝܠ ܆ ܐܘ ܬܫܬܟܚ ܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬
‫ ܆ ܠܘܬ ܚܕ‬110‫ ܐܘ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܐܘ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬109‫ܐܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬
‫ ܘܒܝܠ ܆ ܐܘ‬111‫ܟܘܟܒܐ ܕܐܝܡܡܐ ܆ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܫܡܫܐ ܘܟܐܘܢ‬ ̈ ‫ܡܢܗܘܢ ܕܗܠܝܢ‬
‫ ܕܚܫܚ‬. ‫ܠܘܬ ܿܗܘ ܕܓܘܐ ܕܐܝܬܘܗܝ ܗܪܡܝܣ ܆ ܗܝܕܝܢ ܝܘܡܐ ܐܝܬܘܗܝ ܫܦܝܪܐ‬
̈
. ‫ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ‬ ‫ ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬. 112‫ܐܡܪܝܢ ܠܫܘܪܝܐ ܕܟܠ ܨܒܘܬܐ‬
‫ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܗܪܡܝܣ ܬܫܬܟܚ‬. 113‫ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܐܪܝܣ ܘܒܝܠܬܝ‬
‫ܐܣܟܝܡܐ ܆ ܐܘ ܬܫܬܘܪܐ ܥܡ ܚܕ‬ ̈ ܿ ‫ܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢܗܘܢ‬
)144 v( ‫ܕܗܢܘܢ ܐ̈ܪܒܥܐ‬
. ‫ܡܢܗܘܢ ܆ ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܗܝܕܝܢ‬

Parce qu’en période de croissance sa lumière augmente chaque jour, tandis


que, lorsqu’elle décroît, sa lumière devient assurément plus faible.

<2. 5. 2 Jour propice>


C’est pour cela que dès qu’elle croît et jusqu’à ce qu’ait lieu la pleine
lune, ils disent que si elle accompagne le soleil ou l’une des autres étoiles
diurnes, c’est-à-dire Saturne et Jupiter, ou si on la trouve en train de former
l’un des autres aspects : celui du trigone, du carré, du sextile ou de
l’opposition, en s’associant à l’une des étoiles diurnes que sont le soleil,
Saturne et Jupiter ou en s’associant à l’<étoile> commune <au jour et à la
nuit> qu’est Mercure, alors le jour sera propice, parce qu’il sera profitable,
disent-ils, à toute prise d’initiative114.

<2. 5. 3 Jour funeste>


Mais si c’est en s’associant à l’une des étoiles nocturnes, que sont Mars
et Vénus, ou si c’est avec l’une d’elles, tout en s’associant à Mercure,
[144v] qu’on trouve <la lune> en train de former l’un des quatre aspects ou
entrant en conjonction avec l’une d’elles, alors, disent-ils, il y aura un jour
funeste.

107
|| ‫( ܕܐܬܬܟܝܢ‬legendum est ?) : ‫ ܕܬܬܟܝܢ‬L Sachau ||
108
|| ‫ ܕܟܐܘܢ‬: ‫ ܕܟܘܢ‬L Sachau ||
109
|| ‫ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܕܛܛܪܢܘܢܘܢ‬L Sachau ||
110
|| ‫ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
111
|| ‫ ܘܟܐܘܢ‬: ‫ ܘܟܘܢ‬L Sachau ||
112
|| ‫ ܨܒܘܬܐ‬: ‫ ܨܒܘ‬L Sachau || (CORR. 14)
113
|| ‫ ܘܒܝܠܬܝ‬: ‫ ܘܒܠܬܝܢ‬L Sachau || (CORR. 15)
------------------------------------------
114
Litt : il sera utile pour le commencement de n’importe quelle affaire.

211
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

ܿ
‫ ܡܢ ܒܬܪ ܕܝܢ ܕܡܫܪܝܐ‬. ‫ܕܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܐ ܐܡܪܝܢ ܕܗܘܝܢ‬ ‫ܐܐܠ ܗܠܝܢ ܡܐ‬
ܿ
‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܆ ܐܢ ܗܘ‬. ‫ܕܬܚܣܪ ܥܕܡܐ ܠܛܘܠܩܗ ܆ ܕܕܠܩܘܒܐܠ ܕܗܠܝܢ ܐܡܪܝܢ ܕܣܥܪܐ‬
̈ ‫ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܐܘ ܕܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ܆ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬
‫ܟܘܟܒܐ‬
‫ ܘܢܛܪܝܢ ܠܡܥܒܕ ܒܗ ܐܘ‬. ‫ܕܐܝܡܡܐ ܆ ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ ܣܝܡܝܢ ܠܗ ܕܐܝܬܘܗܝ ܗܝܕܝܢ‬
‫ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ ܬܗܘܐ ܥܒܕܐ ܚܕ‬ ̈ ‫ ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬. ‫ܠܡܪܚܫ ܡܕܡ ܣܟ‬
‫ܕܐܣܟܝܡܐ ܆ ܘܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܆ ܗܝܕܝܢ ܝܘܡܐ ܫܦܝܪܐ‬ ̈ ‫ܡܢܗܘܢ‬
.115‫ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܕܚܫܚ ܠܫܘܪܝܐ ܕܟܘܠ ܨܒܘܬܐ‬

‫ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܢܘܢ ܕܐܬܐܡܪܘ ܐܘ‬ ̈ ‫ܐܢ ܕܝܢ ܬܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܕܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢ‬
ܿ ̈
‫ܟܘܟܒܐ ܇ ܗܢܘ ܕܝܢ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܗܢܘܢ‬ ܿ
‫ܒܒܨܪܗ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ‬ ‫ܝܬܗ ܐܘ‬ܿ ‫ܒܬܪܒ‬
‫ܕܐܝܡܡܐ ܇ ܘܠܘܬ ܐܚܪܢܐ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܠܠܝܐ ܆ ܗܝܕܝܢ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ ܣܝܡܝܢ ܠܗ‬
. ‫ܠܗܢܐ ܕܐܠ ܒܝܫ ܝܬܝܪ ܘܐܠ ܛܒ‬

Mais ils disent que cela n’est vrai qu’en période de croissance. En revanche,
aussitôt qu’elle commencera à décroître, et jusqu’à la nouvelle lune, elle
sera, disent-ils, apaisante116 : c’est-à-dire que s’il s’avère qu’elle entre en
conjonction ou qu’elle forme n’importe lequel des aspects en s’associant à
l’une des étoiles diurnes, alors ils ont fixé que ce jour serait funeste et ils
veillent à ne rien faire et à ne pas se mouvoir durant ce jour-là, mais si elle
forme un des aspects en s’associant à l’une des étoiles nocturnes ou en
entrant en conjonction avec l’une d’elle, alors, disent-ils, le jour sera propice
parce qu’il sera favorable à toute prise d’initiative.

<2. 5. 4 Jours intermédiaires>


Mais si la lune se trouve former l’un des aspects mentionnés, qu’elle soit
en période de croissance ou de décroissance, avec deux étoiles : c’est-à-dire
avec une des étoiles diurnes et avec une autre parmi les nocturnes, alors,
ont-ils décidé, ce jour-là sera intermédiaire en ce qu’il ne sera pas plus
funeste que bénéfique.

115
|| ‫ ܨܒܘܬܐ‬: ‫ ܨܒܘ‬L Sachau || (cf. CORR. 14).
------------------------------------------
116
Litt. « qui guérit » : salvatrice ? bienfaisante ? bénéfique pour la santé ? porteuse de
guérison ?

212
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

ܿ
‫ܒܬܪܒܝܬܗ‬ ‫ܟܘܟܒܐ ܐܟܚܕܐ ܬܫܬܟܚ ܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ‬ ̈ ‫ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܬܠܬܐ‬
‫ܒܒܨܪܗ ܇ ܗܢܘ ܕܝܢ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ܇ ܘܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬
ܿ ‫ܐܘ‬
ܿ ܿ
‫ܕܠܠܝܐ ܆ ܗܝܕܝܢ ܐܢ ܒܬܪܒܝܬܗ ܐܝܬܝܗ ܆ ܐܦܢ ܡܨܥܝܐ ܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܆ ܐܐܠ‬
‫ ܐܢ ܕܝܢ ܡܚܣܪ ܚܣܪܐ ܆ ܡܨܥܝܐ ܬܘܒ‬. ‫ܕܨܠܝܐ ܠܘܬ ܫܦܝܪܬܐ‬ ܿ ‫ܥܠܒܐ ܒܗ ܿܗܝ‬
‫ܠܗ‬ ܿ ‫ ܡܛܠ ܕܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܕܐܠ ܡܚܝܢܝܢ‬. ‫ܕܨܐܠ ܠܘܬ ܒܝܫܬܐ ܡܫܬܟܚ ܝܘܡܐ ܿܗܘ‬
‫ ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܘܐܦܢ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܡܢ‬. ‫ܠܗ‬ ܿ ‫ ܘܠܘܬ ܚܕ ܕܡܚܝܢ‬. ‫ܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ‬
‫ ܘܐܢ ܗܘ ܕܬܫܬܟܚ‬. ‫ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ ܘܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ‬ ̈ ‫ܿܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܢ‬
ܿ
. ‫ܐܝܬܝܗ‬ ‫ܕܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ܇ ܝܕܝܥܐ ܗܝ ܆ ܕܐܢ ܒܬܪܒܝܬܐ ܗܘܝܐ‬
‫ ܐܢ ܕܝܢ ܒܚܣܝܪܘܬܐ ܬܗܘܐ‬. ‫ܝܘܡܐ ܗܘ ܡܨܥܝܐ ܕܨܐܠ ܠܘܬ ܒܝܫܬܐ‬
.‫ܐܝܬܝܗ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ ܕܐܦܢ ܡܨܥܝ ܆ ܐܐܠ ܥܠܒܐ ܒܗ ܫܦܝܪܬܐ‬ܿ

Soit <la lune> se trouvant former un aspect avec trois étoiles ensemble,
c’est-à-dire avec deux des étoiles diurnes et avec une des nocturnes, qu’elle
soit en période de croissance ou de décroissance : si elle est en période de
croissance, le jour, même s’il est intermédiaire, s’imposera par sa tendance
propice ; si vraiment elle décroît, on trouvera un jour intermédiaire à
tendance funeste, parce que <la lune> formera un aspect avec deux
<étoiles> qui ne la vivifient pas et avec une <étoile> qui la vivifie. Il en va
de même si, dans le même temps, elle s’associe aux deux étoiles nocturnes
et à l’une des diurnes et si elle se trouve en train de former quelque aspect
que ce soit. On sait que, si elle est en période de croissance, le jour
intermédiaire sera à tendance funeste ; mais si elle est en période de
décroissance, ce jour, même intermédiaire, s’imposera par sa tendance
propice.

213
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

̈ ‫ܕܚܡܫܐ ܕܝܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܟܠܗܘܢ‬


‫ ܘܙܕܩ‬. ‫ ܐܡܝܪ ܗܘ ܠܢ ܡܢ ܠܥܠ‬.117‫ܐܣܟܝܡܐ‬ ̈
118
)341r( ‫ ܛܪܝܓܘܢܘܢ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ‬. ‫ܕܢܬܥܗܕܝܗ ܠܗܕܐ ܒܟܠ ܙܒܢ‬ ܿ
119
‫ ܘܥܡ‬. ‫ܡܝܗ ܘܛܛܪܓܘܢܘܢ ܘܐܟܣܓܘܢܘܢ ܘܕܝܐܡܛܪܘܢ‬ ܿ ‫ܐܣܟܝ‬
̈ ‫ܟܘܠܗܘܢ‬
̈ 120 ܿ
. ‫ܗܠܝܢ ܬܘܒ ܆ ܐܦ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܗ ܕܣܗܪܐ ܕܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܕܗܠܝܢ ܟܘܟܒܐ‬
‫ܐܣܟܝܡܐ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬
̈ ‫ܕܐܝܟܢܐ ܕܝܢ ܐܡܪܝܢ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ‬
̈
. ‫ܟܘܟܒܐ ܕܐܝܡܡܐ ܐܘ ܕܠܠܝܐ‬

‫ ܕܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܗܟܝܠ ܕܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ‬. ‫ܐܡܪ ܐܢܐ‬ ܿ ‫ܡܢ ܗܪܟܐ ܬܘܒ‬


121 ܿ
‫ܡܬܐܡܪܐ ܆ ܡܐ ܕܬܗܘܐ ܪܚܝܩܐ ܡܢܗ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ ܥܕܡܐ‬
. ‫ܙܘܥܗ ܆ ܠܟܠܗܘܢ ܡܕܪܟܐ ܘܥܒܪܐ ܠܗܘܢ‬ܿ ‫ ܡܛܠ ܓܝܪ ܕܩܠܝܠ‬. ‫ܕܬܕܪܟܝܘܗܝ‬
‫ ܐܘ ܒܚܕ ܡܢ‬. ‫ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܐܦ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܐܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬
‫ ܇‬122‫ܿܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬

<2. 6 Rappel des aspects lunaires>


Nous avons déjà dit plus haut qu’il y avait en tout cinq aspects et il
convient de garder cela toujours en mémoire : les aspects de la lune sont,
disent-ils, les suivants : le trigone, [f. 145r] le carré, le sextile et
l’opposition, auxquels il faut ajouter la conjonction de la lune avec une des
étoiles. Puis ils disent de quelle manière la lune forme tel ou tel aspect avec
telle ou telle des étoiles diurnes ou nocturnes.

<2.7 La conjonction>
Maintenant, je vais parler de la conjonction : il en est question tant que
<la lune> est distante de moins de douze degrés de l’une des <étoiles> et
jusqu’à ce qu’elle l’atteigne, car, ayant un mouvement rapide, elle peut
toutes les atteindre et les dépasser. Il en est de même dans le cadre de
l’aspect trigonal, du carré ou de l’un des deux autres aspects que sont le
sextile et l’opposition.

117
|| ‫ܐܣܟܝܡܐ‬̈ : ‫ܐܣܟܡܐ‬ ̈ L Sachau ||(cf. CORR. 5)
118
|| ‫ ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܛܪܝܓܘܢܢ‬L Sachau || (CORR. 16)
119
|| ‫ ܘܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
120 ܿ
|| ‫ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܗ‬ ܿ
: ‫ܡܫܬܪܪܝܢܘܬܗ‬ L Sachau ||
121
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
122
|| ‫ ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||

214
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܟܘܟܒܐ‬ ̈ ‫ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܆ ܐܘ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ‬


. ‫ܝܬܝܗ ܬܪܝܨܐܝܬ‬ܿ ‫ܓܒܘܗܝ ܕܐܣܟܝܡܐ ܬܗܘܐ ܐ‬ ̈ ‫ܐܚ̈ܪܢܐ ܆ ܠܘ ܡܐ ܕܒܚܕ ܡܢ‬
‫ܘܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܗܘ ܓܒܗ ܐܚܪܢܐ ܕܐܣܟܝܡܐ‬
ܿ
ܿ ‫ܙܠܝܩ‬
‫ܝܗ ܠܒܪ‬ ̈ ‫ܙܘܥܗ ܘܡܫܬܟܚܐ ܪܡܝܐ‬ ܿ ‫ܡܛܠ ܕܥܒܪܐ ܠܗ ܗܝܕܝܢ ܡܚܕܐ ܒܝܕ ܕܩܠܝܠ‬
‫ ܡܕܝܢ ܠܘ ܡܐ ܕܩܝܡܐ‬. ‫ܡܢܗ ܕܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܥܒܕܐ ܗܘܬ ܐܣܟܝܡܐ ܠܘܬܗ‬
‫ܬܪܝܨܐܝܬ ܒܗ ܒܓܒܗ ܕܐܣܟܝܡܐ ܇ ܐܡܪܝܢ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܥܒܕܐ‬
‫ ܟܠܗܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬. ‫ ܐܐܠ ܡܐ ܕܪܚܝܩܐ ܡܢܗ ܕܓܒܐ ܿܗܘ‬. ‫ܠܘܬܗ ܐܣܟܝܡܐ‬
‫ܐܣܟܝܡܐ ܠܘܬ‬ ̈ ‫ ܆ ܗܝܕܝܢ ܗܘ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܚܕ ܡܢ‬123‫ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܥܕܡܐ ܕܬܕܪܟܝܘܗܝ‬124‫ ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ܟܘܟܒܐ‬
‫ ܡܐ ܕܝܢ ܕܐܕܪܟܬܗ‬. ‫ܠܓܒܗ ܕܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܥܒܕܐ ܥܡ ܟܘܟܒܐ‬
ܿ
‫ ܠܗܝܢ ܕܝܢ‬. ‫ܕܙܘܥܗ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ‬ ‫ ܡܛܘܠ ܩܠܝܠܘܬܗ‬. ‫ ܠܗ ܒܪܫܥܬܗ‬125‫ܥܒܪܐ‬
. ‫ ܆ ܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ܒܝܘܡܐ ܚܕ‬126‫ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬

On dit que la lune s’associe au soleil ou à l’une des autres étoiles non pas
seulement lorsqu’elle est exactement sur l’un des bords de l’aspect et que
l’étoile en question, qui s’associe à elle, est opposée à l’autre bord de
l’aspect, car, grâce à son mouvement rapide, comme elle la dépasse aussitôt,
elle se trouverait en train de projeter ses rayons en-dehors de l’étoile avec
laquelle elle devait former un aspect. Ce n’est donc pas seulement quand
elle est positionnée exactement sur le même bord de l’aspect, disent-ils,
qu’elle s’associe à l’étoile avec laquelle elle forme l’aspect, mais dès qu’elle
sera distante de moins de douze degrés de <là où tombe> le bord. Ainsi, en
effet, on considérera qu’elle s’associe à une étoile dans le cadre d’un aspect,
le temps qu’elle parcourra ces douze degrés <et> jusqu’à ce qu’elle atteigne
le bord de l’aspect qu’elle est censée former avec l’étoile. Puis dès qu’elle
l’a atteinte, elle la dépasse aussitôt à cause de la rapidité de son mouvement
comme nous l’avons expliqué. Ces douze degrés, elle les parcourt plus ou
moins en un jour.

123
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
124
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
125
|| ‫ ܥܒܪܐ‬correxi : ‫ ܥܒܕܐ‬L Sachau ||
126
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||

215
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܝܚܝܕܝܬܐ ܆ ܡܬܩܪܒܝܢܢ ܬܘܒ ܐܦ‬ ̈ ‫ܕܢܗܘܝܢ ̈ܝܕܝܥܢ ܗܠܝܢ ̈ܒܬܚܘܝܬܐ‬ ̈ ‫ܡܛܠ ܕܝܢ‬
‫ ܟܕ ܥܒܕܝܢܢ ܠܗ ܫܘܪܝܐ‬. ‫ܠܗ ܠܡܠܬܐ‬ ܿ ‫ܕܡܠܘܫܐ ܆ ܘܥܠܝܗܘܢ ܡܢܗܪܝܢܢ‬ ̈ ‫ܠܘܬܗܘܢ‬
‫ ܗܢܐ ܗܟܝܠ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܟ ܕܐܡܝܪ ܠܢ ܡܢ‬. ‫ܡܢ ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬
. 128‫ ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬127‫ ܐܘ ܒܝܕ‬. ‫ܠܥܠ ܆ ܒܝܕ ܐ̈ܪܒܥܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܿܗܘܐ‬
‫ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ܇ ܕܗܝ ܗܕܐ‬ ܿ )141v( ‫ܬܗܘܐ ܗܟܝܠ‬
ܿ ܿ ܿ
‫ ܘܠܘܬ ܗܝ ܬܘܒ‬. ‫ܥܒܕܐ ܓܒܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܠܘܬ ܡܢܬܐ ܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ‬
‫ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܇ ܟܕ‬ ܿ ‫ ܠܘ ܗܟܝܠ ܡܐ ܕ‬. ‫ܩܕܡܝܬܐ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ‬
‫ ܐܟܙܢܐ‬. ‫ ܐܢ ܗܘ ܐܝܬܘܗܝ ܟܘܟܒܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ‬. ‫ܢܦܐܠ ܐܠܥܗ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬
‫ܕܟܐܘܢ ܐܘ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܇ ܐܡܪܝܢ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܐܣܟܝܡܐ‬
‫ܠܗ ܇ ܠܡܢܬܐ ܿܗܝ‬ ܿ ‫ ܕܡܛܠ ܕܡܚܕܐ ܕܡܕܪܟܐ ܕܥܒܪܐ‬. ‫ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܠܘܬܗ‬
‫ܠܗ ܙܠܝܩܐ ܠܘܬ ܡܢܬܗ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ܕܐܪܝܐ ܘܥܒܕܬܗ‬ ܿ ‫ ܫܡܪܬ‬. ‫ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ‬
. ‫ܠܟܐܘܢ ܠܒܪ‬

<3. Application de la théorie au cercle zodiacal >

<3. 1. Trigone appliqué au cercle>

Afin que ces faits soient connus au moyen d’exemples précis, nous les
appliquerons aux signes du zodiaque et nous expliquerons le traité <de
Galien> à ce sujet, en commençant par l’aspect trigonal : comme nous
l’avons dit plus haut, cet aspect nécessite quatre signes zodiacaux, soit cent
vingt degrés.129
Soit la lune [f. 145v] dans le premier degré du Bélier de sorte à former un
bord du trigone en s’associant avec le premier degré du Lion et un autre
avec le premier degré du Sagittaire130. Ce n’est pas seulement lorsqu’elle
sera dans le premier degré du Lion, là où tombera le côté du trigone, qu’elle
pourra former, disent-ils, l’aspect trigonal avec une étoile, si tant est qu’il y
en ait une là comme Saturne ou une des autres ; car <selon cette théorie>
sitôt qu’elle aurait dépassé le premier degré du Bélier après l’avoir atteinte,
elle enverrait un rayon vers le second degré du Lion et mettrait Saturne hors
de sa portée.

127
|| ‫ ܐܘ ܒܝܕ‬correxi : ‫ ܘܒܝܕ‬L Sachau || (cf. CORR. 7)
128
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
------------------------------------------
129
C’est-à-dire que du point de vue de l’observateur terrestre, chacun des côtés du trigone
s’étendra sur quatre signes, ce qui représente 120 degrés en longitude.
130
On pourra suivre la démonstration en s’accompagnant de l’illustration que nous avons
placée juste avant le texte.

216
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

. ‫ܡܕܝܢ ܡܐ ܕܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܒܡܘܪܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ‬


‫ ܗܝܕܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ܒܗܝ ܡܘܪܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܐܪܝܐ‬ ܿ ‫ܢܫܬܟܚ ܕܝܢ ܟܐܘܢ‬
131
‫ܟܘܠܗ ܇ ܕܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܐܬܝܐ ܠܘܬ ܟܐܘܢ ܥܕܡܐ‬ ܿ ‫ܝܘܡܐ ܿܗܘ‬
ܿ ܿ 132
‫ ܡܢ‬. ‫ܕܬܬܙܝܥ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܕܐܡܪܐ ܇ ܘܬܕܪܟ ܪܫܗ ܕܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬
‫ ܠܒܪ‬. ‫ ܡܟܝܠ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܒܐܪܝܐ ܐܝܬܝܗܝܢ‬133‫ܗܕܐ ܓܝܪ ܘܠܗܠ ܆ ܠܘܬ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܐܢ ܕܝܢ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܆ ܢܗܘܐ ܩܐܡ‬. ‫ܝܗ‬ ܿ ‫ܙܠܝܩ‬
̈ ‫ܡܢ ܟܐܘܢ ܡܫܡܪܐ‬
̈ ‫ ܡܟܝܠ ܿܗܝ ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ‬
‫ܕܢܘܢܐ ܆‬ ܿ ‫ܟܐܘܢ ܡܢ ܟܕ‬
‫ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܬܙܝܥ ܟܠܗ‬
ܿ
‫ܒܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ‬ ‫ ܘܬܩܘܡ‬. 134‫ܕܢܘܢܐ ܇ ܕܐܝܬܘܗܝ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬ ̈ ‫ܫܪܟܢܗܘܢ‬
‫ܒܗ ܕܝܢ ܒܕܡܘܬܐ ܿܢܣܒ‬
ܿ . ‫ܕܐܝܬܝܗ ܓܒܗ ܬܚܬܝܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬
ܿ ‫ ܿܗܝ‬.135‫ܕܐܡܪܐ‬
‫ ܘܥܠ‬. ‫ܕܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ ܕܗܘܝܢ ܒܚܘܕܪܐ‬136‫ܐܢܬ ܐܦ ܥܠ ܟܘܠܗܘܢ ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬
...‫ܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܇ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬܗܘܢ ܐܣܟܝܡܐ ܗܢܐ‬ ̈ ‫ܟܠܗܘܢ‬

C’est donc plutôt dès que la lune sera, comme nous l’avons dit, dans le
premier degré du Bélier, alors que Saturne se trouve dans le douzième degré
du Lion, qu’on pourra dire de la lune ce jour-là qu’elle s’associe à Saturne
en aspect trigone et ce tant qu’elle parcourra les douze <premiers> degrés
du Bélier et jusqu’à ce qu’elle atteigne le tout début du degré douze137. En
effet, à partir de ce point et par la suite elle projette ses rayons vers d’autres
degrés qui sont dans le Lion, <laissant> Saturne hors de portée. Mais si
<l’étoile de> Saturne est positionnée dans le premier degré du Lion, alors
que la lune est dans le dix-neuvième degré des Poissons, on dira
<également> qu’elle s’associe à elle en aspect trigone tant qu’elle se
déplacera sur les degrés restants des Poissons, ce qui fait douze degrés, et
tant qu’elle sera positionnée dans le premier degré du Bélier où se trouve le
bord inférieur du trigone. Tu pourras traiter de la même manière de tous les
trigones qui sont sur le cercle du zodiaque ainsi que de toutes les autres
étoiles avec lesquelles la lune forme cet aspect.

131
|| ‫ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܕܛܪܝܓܘܢܢ‬L Sachau (cf. CORR. 16)
132
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬correxi : ‫ ܡܘܪܘܣ‬L Sachau || (cf. CORR. 17)
133
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬correxi : ‫ ܡܘܪܘܣ‬L Sachau ||
134
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
135
|| ‫ ܕܐܡܪܐ‬correxi : ‫ ܕܐܪܝܐ‬L Sachau || (CORR. 18)
136
|| ‫ ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܛܪܝܓܘܢܘ‬LSachau || (cf. CORR. 16)
--------------------------------------------
137
Il s’agit donc du treizième degré. Voir un peu plus loin le paragraphe sur l’opposition
(3.4).

217
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܕܗܘܐ ܒܝܕ ܬܠܬܐ‬ ܿ ‫ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܘܐܦ ܥܠ ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܇‬


ܿ
‫ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ‬ ‫ ܐܡܪܝܢ ܚܢܢ ܕܠܘ ܡܐ‬. 139‫ ܬܫܥܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬138‫ ܐܘ ܒܝܕ‬. ‫̈ܡܠܘܫܐ‬
‫ܒܗܝ ܐܠܥܗ ܐܚܪܬܐ‬ ܿ ‫ܐܠܥܘܗܝ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܇ ܘܟܘܟܒܐ‬ ̈ ‫ܒܚܕܐ ܡܢ‬
‫ ܐܐܠ‬. ‫ ܗܢܐ‬140‫) ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ‬141r( ‫ܬܪܝܨܐܝܬ ܇ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ‬
‫ ܒܡܨܥܬܐ ܬܓܕܫ ܓܝܪ‬141‫ܕܢܗܘܝܢ ܬܘܒ ܐܝܬ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ‬ ̈ ‫ܡܐ‬
ܿ 142 ܿ
‫ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܒܝܠ ܐܘ‬. ‫ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܣܪܛܢܐ‬ ܿ
‫܇ ܟܪ‬143‫ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܩܢܫܠܡܐ‬ ܿ ‫ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܢܫܬܟܚ ܇ ܠܘ‬
‫ ܐܐܠ ܒܡܘܪܐ ܿܗܝ‬. ‫ ܬܪܝܨܬܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܗܢܐ‬145‫ ܐܠܥܗ‬144‫ܕܐܝܬܝܗ‬ ܿ
‫ ܗܝܕܝܢ ܓܝܪ ܝܘܡܐ ܿܗܘ ܟܠܗ ܥܕܡܐ‬. ‫ ܢܣܬܩܒܠ‬. ‫ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܩܢܫܠܡܐ‬
147 146

‫ ܘܡܕܪܟܐ ܿܗܝ‬. 148‫ܕܡܬܬܙܝܥܐ ܣܗܪܐ ܇ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܘܣ ܡܢ ܣܪܛܢܐ‬


149
‫ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܆ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܒܝܠ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬
. ‫ܡܬܐܡܪܐ‬

<3. 2 Carré appliqué au cercle>

Nous disons également à propos de l’aspect carré, qui comprend trois


signes, soit quatre-vingt dix degrés, que ce n’est pas lorsque la lune est sur
l’un des côtés du carré et l’étoile exactement en face, sur l’autre côté150,
qu’on pourra dire de la lune qu’elle [146r] s’associe à cette dernière dans le
cadre de cet aspect, mais aussi lorsqu’elles seront à douze degrés
d’intervalle. En effet, en admettant que la lune soit dans le premier degré du
Cancer, Jupiter (ou une des autres) pourrait <très bien> non pas se trouver
dans le premier degré de la Balance où tombe exactement le côté de ce
carré, mais au contraire se présenter dans le douzième degré de la Balance :
on dirait en effet que tout ce jour-là, la lune s’associe à Jupiter en aspect
carré tant qu’elle parcourra douze degrés à partir du Cancer et jusqu’à ce
qu’elle atteigne le douzième degré151.

138
|| ‫ ܐܘ ܒܝܕ‬correxi : ‫ ܘܒܝܕ‬L Sachau || (cf. CORR. 7)
139
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
140
|| ‫ ܒܐܣܟܝܡܐ‬: ‫ ܒܐܣܟܡܐ‬L Sachau || (cf. CORR. 5)
141
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬L : ‫ ܡܘܪܘܣ‬Sachau || (cf. CORR. 17)
142
|| ‫ ܕܣܪܛܢܐ‬: ‫ ܕܣܘܪܛܢܐ‬L Sachau || (CORR. 19)
143
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ܠܡܐ‬ ܴ ‫ܝܫ‬
ܷ ‫ ܱܩ‬L ||
144 ܿ
|| ‫ܕܐܝܬܝܗ‬ L : ‫ ܐܝܬܝܗ‬Sachau || (CORR. 20)
145 ܿ
|| ‫ ܐܠܥܗ‬L : ‫ܐܠܥܗ‬ Sachau || (CORR. 21)
146
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬: ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L Sachau ||
147
|| ‫ ܢܣܬܩܒܠ‬: ‫ ܢܣܩܒܠ‬L Sachau ||
148
|| ‫ ܣܪܛܢܐ‬: ‫ ܣܘܪܛܢܐ‬L Sachau ||
149
|| ‫ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬: ‫ ܕܛܛܪܓܢܘܢ‬L Sachau || (CORR. 22)
--------------------------------------------
150
On se serait attendu à ce que l’auteur parle ici d’angles et non de côtés.
151
Même problème que plus haut (cf. note 67). On se serait attendu à ce que l’association
soit efficiente jusqu’à ce que la lune atteigne le 13e degré du Cancer.

218
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫܆ ܗܝܕܝܢ ܠܘܬ ܡܘܪܐ‬152‫ܡܐ ܓܝܪ ܕܬܫܪܐ ܒܗ ܒܡܘܪܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ‬


‫ܕܐܝܬܝܗ ܠܒܪ ܡܢ ܐܠܥܗ ܬܪܝܨܬܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ‬ ܿ 153
‫ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܩܢܫܠܡܐ‬
154 ܿ
‫ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ ܡܫܡܪܐ ܙܠܝܩܝܗ܆ ܘܥܒܪܐ ܠܗ ܠܟܘܟܒܐ‬.‫ܕܠܘܬ ܿܡܢܬܐ‬
̈
ܿ
ܿ ‫ ܕܩܐܡ‬.‫ܠܘܬܗ‬
‫ ܗܟܢܐ ܕܝܢ‬.155‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܩܢܫܠܡܐ‬ ‫ܿܗܘ ܕܐܬܝܐ ܗܘܬ‬
‫ܐܠܥܐ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܕܐܝܬ‬ ̈ ‫ ܐܦ ܥܠ ܟܘܠܗܝܢ‬.‫ܡܨܐ ܐܢܬ ܠܡܣܒ‬
̈ ‫ܒܟܠܗ ܚܘܕܪܐ‬
.‫ܕܡܠܘܫܐ‬
ܿ
‫ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ‬ ‫ ܬܗܘܐ‬. ‫ܐܦ ܥܠ ܐܣܟܝܡܐ ܬܘܒ ܿܗܘ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ‬
‫ ܓܒܗ ܗܟܝܠ ܬܪܝܨܐ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܕܠܘܬ ܗܕܐ‬.156‫ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ‬
ܿ
‫ ܟܕ ܗܟܢ ܢܫܬܟܚ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ ܠܘ ܒܗܕܐ ܇‬.‫ܐܝܬܝܗ ܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ‬
‫ ܗܝܕܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ‬.‫ܐܐܠ ܒܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܝܠܗ ܕܐܡܪܐ‬
‫ ܥܕܡܐ ܕܐܬܬܙܝܥ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬.‫ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ‬
̈ ‫ ܕܥܒܪܐ‬.‫ܡܘ̈ܪܘܣ ܒܕܘܐܠ‬
.‫ܠܗܝܢ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܒܝܘܡܐ ܚܕ‬

En effet, dès qu’elle commencera <à aller> dans le douzième degré du


Cancer, elle enverra ses rayons vers le douzième degré de la Balance, qui
est en dehors du côté du carré qui se rattache directement au douzième degré
du Cancer, et elle dépassera l’étoile à laquelle elle s’était associée qui se
trouve dans le douzième degré de la Balance157. Tu peux traiter de cette
manière tous les autres côtés du carré qu’il peut y avoir sur tout le cercle du
zodiaque.

<3. 3 Sextile appliqué au cercle>


Il en va de même concernant l’aspect du sextile. Soit la lune de telle
manière qu’elle soit dans le premier degré du Verseau : le bord du sextile
qui lui fait face l’associe au premier degré du Bélier, où devrait se trouver
Vénus (non pas uniquement dans ce degré, mais dans les douze <premiers>
degrés qui appartiennent au Bélier). On dira alors de la lune qu’elle
s’associe à elle en aspect sextile tant qu’elle parcourra les douze degrés du
Verseau, qu’elle devrait dépasser plus ou moins en un jour, comme nous
avons dit.

152
|| ‫ ܕܣܪܛܢܐ‬: ‫ ܕܣܘܪܛܢܐ‬L Sachau || (cf. CORR. 19)
153
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||
154
|| ‫ ܘܥܒܪܐ‬correxi : ‫ ܕܥܒܪܐ‬L Sachau ||
155
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||
156
|| ‫ ܕܕܘܐܠ‬L Sachau (« cod. ‫ » ܕܕܘܢܐ‬indicauit Sachau, sed error in codicem non est) ||
--------------------------------------------
157
Cette explication parait absurde. On ne voit pas pourquoi le 12 e degré se retrouverait en
dehors de l’association, à plus forte raison si la lune y projette ses rayons… L’explication
serait nettement plus logique si le texte était corrigé de la manière suivante : « En effet dès
qu’elle commencera <à aller> dans le treizième degré du Cancer, elle enverra ses rayons
vers le treizième degré de la Balance, qui est en dehors de l’angle du carré… ».

219
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

ܿ
‫ܙܠܝܩܗ ܠܒܪ ܡܢ ܟܘܟܒܐ‬ ‫ ܢܦܠ ܠܗ‬.158‫ܡܐ ܕܝܢ ܕܬܡܛܐ ܠܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬
‫ ܐܢ ܕܝܢ‬.‫܇ ܕܣܡܢܝܗܝ ܕܐܚܝܕ ܿܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܐܡܪܐ‬159‫ܿܗܘ ܕܒܝܠܬܝ‬
ܿ
‫ܪܫܗ‬ ‫܆ ܡܢ‬160‫ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܢܗܘܐ ܐܝܬܘܗܝ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ‬
‫ ܕܒܓܕܝܐ ܆ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ‬161 ‫ܕܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ‬
‫ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܡܛܐ ܠܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ‬
ܿ
)141v( ‫ܡܢܗ ܡܢ‬ ‫ ܘܗܟܘܬ ܬܘܒ‬. ‫ܕܐܝܬܝܗܝܢ ܐܦ ̈ܗܢܝܢ ̈ܡܢܘܬܐ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬
ܿ
‫ ܠܒܪ ܡܢ ܟܘܟܒܐ‬. ‫ܙܠܝܩܗ‬ ‫ܠܗ ܠܡܫܡܪܘ‬ܿ ‫ ܡܫܪܝܐ‬162‫ܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ‬
. ‫ ܕܩܐܡ ܒܡܘܪܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ‬. ‫ ܗܘ‬163‫ܕܒܝܠܬܝ‬
‫ ̈ܗܢܝܢ ܗܠܝܢ ܐܡܪܝܢܢ ܆ ܕܠܘ ܡܐ ܕܬܗܘܐ‬164‫ܐܦ ܥܠ ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬
‫ܟܘܟܒܐ ܫܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܒܠܚܘܕ ܕܡܬܩܝܡܝܢ ܡܢ ܡܐܐ‬ ̈ ‫ܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܚܕ ܡܢ‬
‫ ܐܐܠ ܡܐ‬. ‫ ܇ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܗܢܐ‬165‫ܘܬܡܢܐܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ‬. 166‫ܕܬܗܘܐ ܦܪܝܩܐ ܡܐܐ ܘܬܫܥܝܢ ܘܬ̈ܪܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬
.‫ܘܝܬܝܪ ܡܢ ܚܕܐ ܡܢ ܬܠܬ ܕܐܚܪܢܐ‬

Puis dès qu’elle sera parvenue au douzième degré, son rayon laissera Vénus
hors de portée167, en supposant que Vénus occupe le douzième degré dans le
Bélier. Mais si Vénus est dans le premier degré du Bélier, c’est dès le dix-
neuvième degré du Capricorne 168 qu’on pourra dire de la lune qu’elle
s’associe à elle en aspect sextile, et ce jusqu’à ce qu’elle parvienne au
premier degré du Verseau qui fait également partie des douze degrés
<d’intervalle>. Et ainsi de suite : à partir du [146v] premier degré du
Verseau, <la lune> commencera à envoyer ses rayons en dehors de Vénus
positionnée dans le premier degré du Bélier…169

<3. 4 Opposition appliqué au cercle>


Concernant l’aspect en opposition, disons que ce n’est pas seulement
lorsque la lune sera distante de l’une des étoiles de six signes (qui s’étendent
sur cent quatre-vingt degrés) qu’on pourra dire qu’elle s’associe à elle dans
le cadre de cet aspect, mais plutôt dès qu’elle sera éloignée de cent quatre-
vingt-douze degrés, c’est-à-dire de six signes plus un tiers.

158
|| ‫ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬: ‫ ܕܬܪܥܣܪܐ‬L Sachau ||
159
|| ‫ ܕܒܝܠܬܝ‬: ‫ ܕܒܠܬܝ‬L Sachau || (cf. CORR. 15)
160
|| ‫ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ‬: ‫ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܢܝ‬L Sachau ||
161
|| ‫ ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ‬: ‫ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬L Sachau || (CORR. 23)
162
|| ‫ ܕܕܘܐܠ‬correxi : ‫ ܕܕܡܐ‬L Sachau ||
163
|| ‫ ܕܒܝܠܬܝ‬correxi : ‫ ܕܒܝܠ‬L Sachau || (CORR. 24)
164
|| ‫ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
165
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
166
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
167
Litt. : son rayon tombera en dehors de l’étoile de Vénus.
168
Dans le manuscrit, on lit : « dans le 12e degré du Capricorne » ; cette erreur entraîne un
problème de raisonnement et nous renseigne sur le peu de soin apporté ou à la rédaction du
traité, ou sa copie un siècle plus tard. Nous avons corrigé le texte à cet endroit.
169
Même problème de raisonnement que précédemment : si l’association a bien lieu sur
douze degrés, et si elle commence quand la lune est au 19e degré du Capricorne, alors
l’association devrait être valable non pas jusqu’au 1er, mais jusqu’au 2e degré du Verseau.

220
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܕܝܢ‬170‫ ܟܘܟܒܐ‬. ‫ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ‬ ܿ ‫ܝܗ ܣܗܪܐ‬ ܿ ‫ܬܗܘܐ ܗܟܝܠ ܕܐܝܬ‬
173 172 ܿ 171
‫ ܟܕ ܐܝܬܝܗ ܕܝܐܡܛܪܘܢ‬. ‫ܕܐܪܝܣ ܢܗܘܐ ܠܘ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܥܩܪܒܐ‬
ܿ
. ‫ܕܝܠܗ ܕܥܩܪܒܐ‬ ‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬ ܿ ‫ ܐܐܠ ܢܗܘܐ‬. ‫ܬܪܝܨܬܐ ܕܠܘܬ ܣܗܪܐ‬
ܿ
. ‫ܗܝܕܝܢ ܡܟܝܠ ܥܕܡܐ ܕܡܕܪܟܐ ܣܗܪܐ ܡܢܬܐ ܗܝ ܕܒܬܠܬܥܣ̈ܪܐ ܕܒܬܘܪܐ‬
. 175‫ ܡܬܐܡܪܐ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝ ܣ‬174‫ܕܐܬܝܐ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬
‫ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ‬ ܿ ‫ ܐܢ ܕܝܢ‬. ‫ܕܐܝܬܘܗܝ ܒܡܘܪܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܥܩܪܒܐ‬
‫ܕܥܩܪܒܐ ܇ ܢܗܘܐ ܐܝܬܘܗܝ ܟܘܟܒܐ ܗܢܐ ܆ ܡܢ ܿܗܝ ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ ܕܐܡܪܐ ܆ ܥܕܡܐ‬
‫ ܡܐ ܕܝܢ ܕܬܡܢܥ‬. ‫ܠܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ‬ ܿ
ܿ ‫ܠܗܕܐ ܫܡܪܬ‬
. ‫ܠܗ ܡܟܝܠ ܙܠܝܩܐ ܠܗܠ ܡܢܗ ܘܥܒܪܬܗ‬

‫ܥܠ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܕܝܢ ܐܡܪܢܢ ܡܢ ܠܥܠ ܆ ܕܐܦ ܗܝ ܡܐ ܕܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ‬


‫ܟܘܟܒܐ ܡܬܐܡܪܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗ ܥܕܡܐ‬ ̈ ‫ ܡܢ ܚܕ ܡܢ‬176‫ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬
177 ̈ ‫ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ ܗܟܢܐ ܐܡܪܢܢ ܥܠ ܿܗܢܘܢ‬. ‫ܕܬܕܪܟܝܘܗܝ ܘܬܥܒܪܝܘܗܝ‬
‫ܚܡܫܐ‬
̈
.178‫ܐܣܟܝܡܐ‬

Soit donc la lune dans le premier degré du Taureau : Mars devra être non
seulement dans le premier degré du Scorpion, où elle sera diamétralement
opposée à la lune, mais elle pourra se trouver dans le douzième degré
appartenant au Scorpion ; alors, jusqu’à ce que la lune atteigne le treizième
degré dans le Taureau, on pourra dire qu’elle s’associe dans un aspect
d’opposition à Mars, qui est au douzième degré du Scorpion. Mais si cette
étoile se trouve dans le premier degré du Scorpion, ce sera entre le dix-
neuvième degré du Bélier et le premier degré du Taureau qu’on pourra dire
de la lune qu’elle s’associe à elle. Mais une fois arrivée à ce point <du
Taureau>, elle enverra donc un rayon au-delà de <l’étoile> et la dépassera.

<3. 5 Conjonction appliquée au cercle>


Nous avons parlé plus haut de la conjonction en disant que lorsque la lune
est distante de moins de douze degrés de l’une des étoiles, on pouvait dire
qu’elle entrait en conjonction avec elle, jusqu’à ce qu’elle l’atteigne et
qu’elle la dépasse. Voilà ce que nous avions à dire concernant ces cinq
aspects.

170
|| ‫ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ‬: ‫ ܘܟܘܟܒܐ ܕܝܢ‬L Sachau || (CORR. 25)
171
|| ‫ ܩܕܡܝܬܐ ܕܥܩܪܒܐ‬Sachau : ‫ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ‬L (‫ ܕܐܡܪܐ‬erasum est atque ‫ ܕܥܩܪܒܐ‬scribit in
marg. L2) ||
172 ܿ
|| ‫ܐܝܬܝܗ‬ ܿ
‫ ܟܕ‬correxit Sachau : ‫ܕܐܝܬܝܗ‬ L ||
173
|| ‫ ܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
174
|| ‫ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
175
|| ‫ ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣ‬: ‫ ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣ‬L ‫ܐܪܝܘܣ‬ܿ ‫ ܟܘܟܒܐ ܕ‬Sachau || (CORR. 26)
176
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
177
|| ‫ܚܡܫܐ‬̈ L : ‫ ܚܡܫܐ‬Sachau ||
178
|| ‫ܐܣܟܝܡܐ‬̈ : ‫ܐܣܟܝܡܝܢ‬
̈ L Sachau || (CORR. 27)

221
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܢܣܒ ܐܢܘܢ ܕܝܢ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ ܠܟܠܗܘܢ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ ܐܟܚܕܐ ܘܠܟܘܠܗܘܢ‬


. ‫ܘܐܠܟܣܓܘܢܐ ܬܘܒ ܡܢܗܘܢ‬ ̈ ‫ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ ܡܢܗܘܢ ܟܘܠܗܘܢ‬
‫ ܕܗܟܘܬ ܬܬܢܗܪ ܡܠܬܐ ܓܠܝܐܝܬ ܐܠܝܠܝܢ‬. ‫ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ‬ ܿ 179‫ܘܠܕܝܐܡܛܪܘܢ‬
. ‫ ܬܘܒ ܫܘܪܝܐ ܡܢ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ‬180‫ ܟܕ ܥܒܕܝܢܢ‬. ‫ܕܩ̈ܪܝܢ‬
ܿ
. ‫ܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܐ‬ ‫ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܆ ܟܕ ܥܕܟܝܠ‬
)141r( ‫ ܡܬܐܡܪܐ ܗܟܝܠ‬. ‫ ܕܐܪܝܐ‬181‫ܒܡܢܬܐ ܕܬܪܬܥܣ̈ܪܐ‬ ܿ ‫ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܢܫܬܟܚ‬
‫ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܿܡܢܬܐ ܿܗܝ‬
. ‫ ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܫܦܝܪܐ‬.182‫ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܐܡܪܐ‬

‫ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܒܝܠ ܘ ܿܗܘ‬. ‫ܒܡܢܬܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ‬


ܿ ‫ܬܘܒ ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ‬
‫ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܗܘܢ‬. ‫ܕܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ‬ ܿ ‫ܕܒܝܠܬܝ ܆ ܢܫܬܟܚܘܢ ܠܘܥܕܐ‬
‫ܗܟܝܠ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ‬
‫ ܡܛܘܠ ܕܠܘܬ‬. ‫ ܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ‬. ‫ܕܬܕܪܟ ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܐܪܝܐ‬
̈ ‫ܬ̈ܪܝܢ‬
.. ‫ܟܘܟܒܐ ܚܕ ܕܐܝܡܡܐ ܘܚܕ ܕܠܠܝܐ ܐܡܪܝܢ ܕܐܬܝܐ‬

<4. Influence de la lune en fonction des aspects>

<4. 1 Influence du trigone>


Ils ont ensuite brièvement considéré tous les trigones ensemble, tous les
carrés à part ainsi que les sextiles et <ont procédé> de la même manière
avec les oppositions, de sorte que le traité explicite clairement les sujets
étudiés en commençant par les trigones.

<4. 1. 1 Premier exemple >


Soit la lune dans le premier degré du Bélier, alors qu’elle est encore en
période de croissance, et le soleil présent au douzième degré du Lion. On dit
alors [147r] de la lune qu’elle s’associe à lui en aspect trigone jusqu’à ce
qu’elle occupe le douzième degré du Bélier et le jour est propice.

<4. 1. 2 Deuxième exemple >


Soit la lune dans le premier degré du Lion et Jupiter ainsi que Vénus
présents aux environs du douzième degré du Sagittaire. On dit alors que la
lune s’associe à ces deux étoiles en aspect trigone jusqu’à ce qu’elle atteigne
le douzième degré dans le Lion. Ils disent que le jour est intermédiaire parce
que la lune s’associe à deux étoiles dont l’une est diurne et l’autre nocturne.

179
|| ‫ ܘܠܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܘܠܕܝܡܛܪܐ‬L Sachau || (CORR. 28)
180
|| ‫ ܥܒܕܝܢܢ‬L : ‫ ܥܒܕܝܢ‬Sachau ||
181
|| ‫ ܕܬܪܬܥܣ̈ܪܐ‬L : ‫ ܕܬܪܬܥܣܪܐ‬Sachau ||
182
|| ‫ ܒܐܡܪܐ‬L : ‫ ܒܡܐܡܪܐ‬Sachau || (CORR. 29)

222
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܬ̈ܪܝܢ ܕܝܢ‬. ‫ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ‬184‫ܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ‬ ܿ ‫ ܬܗܘܐ ܕܐܝܬ‬183‫ܬܘܒ‬


ܿ ‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܒܝܠܬܝ‬. ‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܐܡܪܐ‬
‫ܘܗܘ‬ ܿ ‫ܟܘܟܒܐ ܢܗܘܘܢ‬̈
‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬ ܿ ‫ ܗܝܕܝܢ ܬܘܒ ܥܕܡܐ ܕܬܬܙܝܥ ܣܗܪܐ ܘܬܩܘܡ‬. ‫ܕܐܪܝܣ‬
‫ ܘܐܝܬܘܗܝ‬. ‫ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܗ ܒܐܣܟܝܡܐ‬. ‫ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ‬
‫ܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܗ ܣܝܡܐ ܠܢ ܗܫܐ ܕܥܒܕܐ ܠܗ‬ ܿ ‫ ܡܛܘܠ ܕܟܕ‬. ‫ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ‬
ܿ ̈
. ‫ ܘܐܬܝܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ ܕܐܠ ܡܚܝܢܝܢ ܠܬܪܒܝܬܗ‬. ‫ܐܠܣܟܝܡܐ ܗܢܐ‬

. ‫ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ‬ ܿ


ܿ ‫ܚܘܣܪܢܗ‬ ܿ
‫ܕܐܝܬܝܗ ܒܙܒܢ‬ ܿ
‫ܢܣܝܡܝܗ ܠܣܗܪܐ‬ ‫ܬܘܒ ܕܝܢ‬
ܿ 185
. ‫ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܕܐܪܝܣ ܐܘ ܕܗܪܡܝܣ ܢܫܬܟܚܘܢ ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ܕܫܒܠܬܐ‬
‫ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܒܐܣܟܝܡܐ‬186‫ܘܐܦ ܗܝܕܝ ܢ‬
‫ ܘܡܬܐܡܪ‬. ‫ܠܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܒܬܘܪܐ‬ ܿ ‫ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܡܢܥ‬
̈ 187‫ܒܚܘܣܪܢܗ ܐܬܝܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ‬
‫ܟܘܟܒܐ ܇‬ ܿ ܿ
‫ܐܝܬܝܗ‬ ‫ ܡܛܘܠ ܕܟܕ‬. ‫ܝܘܡܐ ܫܦܝܪܐ‬
. ‫ܚܕ ܕܠܠܝܐ ܘܚܪܢܐ ܕܓܘܐ‬

<4. 1. 3 Troisième exemple >


Soit la lune dans le premier degré du Sagittaire et deux étoiles au
douzième degré du Bélier. Prenons Vénus et Mars. Ainsi tant que la lune se
déplacera et jusqu’à ce qu’elle se positionne au douzième degré du
Sagittaire, on dira qu’elle s’associe à ces <étoiles> toujours dans le même
aspect. Le jour est funeste parce que, en supposant que c’est en période de
croissance qu’elle forme cet aspect, elle s’associe à deux étoiles nocturnes
qui ne stimulent pas sa croissance.

<4. 1. 4 Quatrième exemple >


Plaçons la lune de sorte qu’elle soit, en période de décroissance, dans le
premier degré du Taureau. Soient Mars et Mercure présentes dans le
douzième degré de la Vierge : ainsi on pourra dire, ici aussi, de la lune
qu’elle s’associe à ces étoiles en aspect trigone, jusqu’à ce qu’elle parvienne
au douzième degré du Taureau. On dira du jour qu’il est propice parce que
c’est en période de décroissance qu’elle se sera associée aux deux étoiles,
l’une étant nocturne et l’autre commune <au jour et à la nuit>.

183
|| ‫ ܬܘܒ‬L : ‫ ܘܬܘܒ‬Sachau ||
184
|| ‫ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ‬correxit Sachau : post ‫ ܩܕܡܝܬܐ‬add. ‫ ܕܣܗܪܐ‬L ||
185
|| ‫ ܕܗܪܡܝܣ‬: ‫ ܕܐܪܡܝܣ‬L Sachau ||
186
|| ‫ ܘܐܦ ܗܝܕܝܢ ܕܐܬܝܐ‬correxi : ‫ ܘܐܦ ܿܗܝ ܕܝܢ ܐܬܝܐ‬L Sachau || (CORR. 30)
187
|| ‫ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ‬L : ‫ ܠܘܬ ܠܬ̈ܪܝܢ‬Sachau ||

223
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ‬. 188‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܫܒܠܬܐ‬ܿ ‫ܬܗܘܐ ܕܝܢ ܬܘܒ‬
. ‫ ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܆ ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܕܓܕܝܐ‬189‫ܕܒܝܠ ܘܕܒܝܠܬܝ‬
190

. ‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܫܒܠܬܐ‬ ܿ ‫ܘܐܦ ܗܝܕܝܢ ܗܟܝܠ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܣܗܪܐ‬


‫ ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ‬. ‫ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬
‫ ܕܐܝܬܘܗܝ‬. ‫) ܐܡܪܝܢܢ ܕܐܬܝܐ‬141v( ‫ ܡܛܘܠ ܕܟܕ ܚܣܝܪܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ‬. ‫ܡܨܥܝܐ‬
ܿ . ‫ܠܗ‬
. ‫ܘܗܘ ܐܚܪܢܐ ܕܐܠ ܡܚܝܢ ܠܗ‬ ܿ ‫ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܕܡܚܝܢ‬

‫ ܢܫܬܟܚܘܢ ܕܝܢ‬. ‫ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܐܦܢ ܬܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܓܕܝܐ‬
‫ ܠܘܬܗܘܢ‬. ‫ ܒܬܘܪܐ‬191‫ܫܡܫܐ ܘܟܘܟܒܐ ܕܟܐܘܢ ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܝܠܗ‬ܿ ‫ܬܘܒ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܥܕܡܐ ܕܬܩܘܡ‬
‫ ܡܛܠ ܕܠܘܬ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ ܐܬܝܐ ܆ ܟܕ‬. ‫ ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ‬. ‫ܕܓܕܝܐ‬
ܿ
.. ‫ܕܚܘܣܪܢܗ‬ ܿ
‫ܐܝܬܝܗ ܒܙܒܢܐ‬

<4. 1. 5 Cinquième exemple >


Soit la lune dans le premier degré de la Vierge, Jupiter et Vénus aux
environs du douzième degré192 du Capricorne : alors, jusqu’à ce que la lune
occupe le douzième degré de la Vierge, on pourra dire qu’elle s’associe à
ces étoiles en aspect trigone. Le jour sera intermédiaire, parce que c’est en
décroissant [147v], disons-nous, qu’elle s’associe aux deux étoiles, dont
l’une la vivifie et l’autre non.

<4. 1. 6 Sixième exemple >


Il en va de même si la lune se trouve dans le premier degré du Capricorne
et que le soleil et Saturne se trouvent aux environs du douzième degré193
dans le Taureau. Aussi dira-t-on de la lune qu’elle s’associe à elles jusqu’à
ce qu’elle se positionne dans le douzième degré appartenant au Capricorne.
Le jour sera funeste parce qu’elle se sera associée à ces étoiles diurnes tout
en étant en période de décroissance.

188
|| ‫ ܕܫܒܠܬܐ‬correxit Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L (add. ‫ ܕܫܒܠܬܐ‬L1 in marg.) ||
189
|| ‫ ܘܕܒܝܠܬܝ‬: ‫ ܘܕܒܠܬܝ‬L Sachau || (cf. CORR. 15)
190
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
191
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
-----------------------------------------
192
Litt. « aux environs des douze degrés ».
193
Idem

224
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܕܡܠܘܫܐ ܆ ܗܝ‬̈ ‫ܘܐܦ ܥܠ ܿܗܢܘܢ ܬܘܒ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܐܝܬ ܒܗ ܒܚܘܕܪܐ‬


ܿ
‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܆ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ‬ ‫ ܬܗܘܐ ܓܝܪ‬. ‫ܟܕ ܗܝ ܡܠܬܐ ܡܬܢܣܒܐ‬
ܿ ܿ
‫ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܘܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠ ܇‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܒܙܒܢ ܕܬܪܒܝܬܗ‬ ‫ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܆ ܟܕ‬
‫ ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ ܐܬܝܐ‬. ‫ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ ܕܩܢܫܠܡܐ‬194‫ܠܘܥܕܐ‬
197 196 195

‫ ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ‬. ‫ܠܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ‬ ܿ ‫ ܥܕܡܐ‬. ‫ܣܗܪܐ‬


. ‫ܫܦܝܪܐ‬

‫ ܟܕ ܥܕܟܝܠ ܪܒܝܐ ܆ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ‬.198‫ܬܘܒ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܩܢܫܠܡܐ‬


‫ ܠܘܬ‬. ‫ ܘܕܒܝܠ ܘܥܡܗܘܢ ܬܘܒ ܐܦ ܿܗܘ ܕܐܪܝܣ ܢܫܬܟܚܘܢ‬199‫ܕܟܐܘܢ‬
‫ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ ܬܠܬܝܗܘܢ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ ܕܕܘܐܠ‬200‫ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬
.201‫ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܩܢܫܠܡܐ‬. ‫ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬
‫ ܐܢ ܕܝܢ ܒܡܘܪܐ‬. ‫ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ ܕܨܐܠ ܝܬܝܪ ܠܘܬ ܫܦܝܪܬܐ‬
ܿ ‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܇‬
‫ܒܗܝ ܕܝܢ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ‬ ܿ ‫ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ ܬܗܘܐ‬
‫ܢܬܟܝܢ ܫܡܫܐ ܥܡ ܐܪܝܣ ܆ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܬܘܒ ܐܬܝܐ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܡܛܐ ܠܡܘܪܐ‬
.. ‫ ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ‬. ‫ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܝܠܗ ܕܕܘܐܠ‬

<4. 1. 7 Septième exemple >


On pourra traiter de la même manière les autres trigones qui sont sur ce
même cercle zodiacal : en effet, soit la lune dans le premier degré des
Gémeaux, alors qu’elle est en période de croissance, et le soleil et Jupiter
aux environs du douzième degré202 de la Balance. La lune s’associe à ces
dernières jusqu’au douzième degré des Gémeaux. Le jour sera propice.

<4. 1. 8 Huitième exemple >


Soit la lune dans le premier degré de la Balance, alors qu’elle est encore
croissante. Soient <les planètes> Saturne, Jupiter et, avec elles, aussi Mars
présentes dans le douzième degré du Verseau203. La lune s’associe donc à
ces trois-là en aspect trigone jusqu’à ce qu’elle occupe le douzième degré
dans la Balance. Le jour sera intermédiaire à tendance plutôt propice. Mais
si c’est dans le premier degré du Verseau qu’est la lune et que le soleil,
accompagné de Mars, se présente dans le douzième des Gémeaux, elle
s’associera aussi à ces étoiles jusqu’à ce qu’elle parvienne au douzième
degré appartenant au Verseau et le jour sera intermédiaire.

194
|| ‫ ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬L : ‫ ܘܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬Sachau || (CORR. 31)
195
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
196
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||
197
|| ‫ ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐ‬correxi : ‫ ܠܘܬܗܘܢ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐ‬L Sachau || (CORR. 32)
198
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||
199
|| ‫ ܕܟܐܘܢ‬: ‫ ܕܟܘܢ‬L Sachau || (CORR. 33)
200
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
201
|| ‫ ܒܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܒܩܝܫܠܡܐ‬L ||
--------------------------------------------
202
Litt. « aux environs des douze degrés ».
203
Litt. « dans les douze degrés du Verseau ».

225
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܐܠܨܐ‬.204‫ܗܟܢܐ ܬܘܒ ܐܦ ܒܛܪܝܓܘܢܘܢ ܿܗܘ ܕܐ̈ܪܒܥܐ ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܚ̈ܪܝܐ‬


205
‫ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܣܪܛܢܐ ܇ ܘܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ ܘܕܗܪܡܝܣ‬ܿ ‫ܕܟܕ ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ‬
206
‫ ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܆ ܥܕܡܐ‬. ‫ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܥܩܪܒܐ‬ ܿ
‫ ܘܐܢܗܘ ܕܡܪܒܐ ܪܒܝܐ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ‬. ‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ‬ ܿ ‫ܕܬܗܘܐ‬
. ‫ ܝܘܡܐ ܗܘ ܫܦܝܪܐ‬. ‫) ܕܝܢ ܡܚܣܪ ܚܣܪܐ‬141r( ‫ ܐܢ‬. ‫ܒܝܫܐ‬
̈ ‫ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬
‫ܕܢܘܢܐ ܆ ܙܕܩ ܕܢܚܘܪ‬ ܿ ‫ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܥܩܪܒܐ‬
ܿ ‫ܐܢ ܕܝܢ‬
‫ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ‬. ‫ ܠܘܬܗܘܢ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ‬. ‫ܕܐܝܠܝܢ ܐܝܬ ܬܡܢ‬
. ‫ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܥܩܪܒܐ‬
ܿ
‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܆ ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬ ̈ ‫ܐܢ ܕܝܢ ܒܫܘܪܝܗܘܢ‬
‫ܕܢܘܢܐ ܬܗܘܐ‬
.‫ ܠܘܬ ܗܕܐ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ ܗܝܕܝܢ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ܕܒܣܪܛܢܐ ܙܕܩ ܕܬܬܥܩܒ‬
̈
‫ ܐܐܠ ܗܠܝܢ ܥܠ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ‬. ‫ܕܒܢܘܢܐ‬ ‫ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬
.207‫ܐܬܐܡܪܝ‬

<4. 1. 9 Exemples 9 et 10>


De même pour les quatre derniers trigones208: il faut que lorsque la lune
sera dans le premier degré du Cancer, l’étoile de Vénus et celle de Mercure
soient dans le douzième degré du Scorpion. On pourra ainsi dire qu’elle
s’associe à ces dernières jusqu’à ce qu’elle soit dans le douzième degré du
Cancer. Si jamais elle était véritablement croissante, [148r] le jour serait
funeste. Au contraire, si assurément elle décroissait, le jour serait propice.

<4. 1. 10 Onzième exemple >


Mais si <elle est> dans le premier degré du Scorpion, c’est au niveau du
douzième degré des Poissons qu’il faut fixer le regard pour voir quelles sont
les étoiles qu’il y a là, car c’est avec celles-là, dit-on, qu’elle s’associera
jusqu’à ce qu’elle occupe le douzième degré dans le Scorpion.

<4. 1. 11 Douzième exemple >


Mais si la lune est au début des Poissons, c’est le douzième degré dans le
Cancer qu’on cherchera, car c’est à ce point, dit-on, que la lune sera alors
associée, jusqu’à ce qu’elle occupe le douzième degré qui est dans les
Poissons. Mais j’en ai dit assez sur les trigones.

204
|| ‫ ܐܚ̈ܪܝܐ‬: ‫ ܐܚܪܝܐ‬L Sachau || (CORR. 34)
205
|| ‫ ܘܕܗܪܡܝܣ‬: ‫ ܘܕܐܪܡܝܣ‬L Sachau ||
206
|| ‫ ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ‬correxi : ‫ ܠܘܬܗܘܢ ܕܗܠܝܢ‬L Sachau || (CORR. 35)
207
|| ‫ ܐܬܐܡܪܝ‬correxi : ‫ ܐܬܐܡܪ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
208
Litt. « De la même manière pour le trigone qui est parmi les quatre derniers ». On
comprend que le procédé est valable pour le reste des quatre exemples qui seront évoqués, à
savoir : 1. Cas où la lune croissante est dans le Cancer ; 2.Cas où la lune décroissante est
dans le Cancer ; 3. Cas où la lune est dans le Scorpion ; 4. Cas où la lune est dans les
Poissons.

226
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܬܗܘܐ ܕܝܢ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ‬.209‫ܒܗ ܕܝܢ ܒܕܡܘܬܐ ܢܣܒ ܘܐܦ ܥܠ ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ‬ ܿ


‫ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ‬ ܿ ‫ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܘܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠ ܆‬. ‫ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ‬
ܿ
. ‫ܒܚܘܣܪܢܗ ܕܝܢ ܒܝܫܐ‬ ܿ
. ‫ ܝܘܡܐ ܗܘ ܫܦܝܪܐ ܗܢܐ‬. ‫ܒܬܪܒܝܬܗ ܕܣܗܪܐ‬
ܿ
‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܟܕ ܟܘܟܒܐ‬ ‫ܬܘܒ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ ܇ ܡܐ ܕܬܗܘܐ‬
ܿ ‫ܕܟܐܘܢ‬
ܿ ‫ ܢܗܘܘܢ ܗܝܕܝܢ‬. ‫ܘܕܗܘ ܕܐܪܝܣ‬
‫ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܐܪܝܐ ܆ ܝܘܡܐ‬
. ‫ܗܘ ܡܨܥܝܐ ܐܢ ܪܒܝܐ ܘܐܢ ܚܣܪܐ‬

‫ ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܕܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬. ‫ܬܘܒ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ‬


210

‫܆ ܐܢ ܡܪܒܐ ܪܒܝܐ ܆ ܝܘܡܐ‬211‫ ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣ ܘܕܒܝܠܬܝ‬. ‫ܒܫܒܠܬܐ ܢܗܘܐ ܐܚܝܕ‬


. ‫ܡܒܨܪ ܒܨܪܐ ܫܦܝܪ ܗܘ‬ܿ ‫ ܐܢ ܕܝܢ‬. ‫ܗܘ ܒܝܫܐ‬

<4. 2 Influence du carré >

<4. 2. 1 Premier exemple>


On considèrera les carrés de la même façon : soit la lune dans le premier
degré du Bélier, le soleil et Jupiter dans le douzième degré du Cancer ;
durant la croissance de la lune, ce jour sera propice ; durant sa décroissance,
il sera funeste.

<4. 2. 2 Deuxième exemple>


De même, dès que la lune sera dans le premier degré du Taureau, Saturne
et Mars étant alors dans le douzième degré du Lion, le jour sera
intermédiaire si la lune croît, mais si la lune décroît…212

<4. 2. 3 Troisième exemple>


Soit la lune dans le premier degré des Gémeaux, Mars et Vénus occupant
le douzième degré dans la Vierge : si <la lune> est véritablement croissante,
le jour sera funeste, si, bien au contraire, elle s’affaiblit, il sera propice.

209
|| ‫ ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ‬correxi : ‫ ܛܛܪܓܘܢܐܘܢ‬L Sachau || (CORR. 36)
210
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
211
|| ‫ ܘܕܒܝܠܬܝ‬L : ‫ ܕܒܠܬܝ‬Sachau ||
-------------------------------------------
212
Il manque le second membre de phrase. L’auteur invite le lecteur à poursuivre le
raisonnement par lui-même. C’est un indice du fait que ce texte ressemble plus à condensé
de notes qu’à une véritable édition.

227
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

̈ ‫ ܡܐ ܕܬܠܬܐ‬. ‫ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܘܐܦܢ ܒܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܣܪܛܢܐ ܬܫܬܟܚ‬


‫ܟܘܟܒܐ‬
213
‫ܕܟܐܘܢ ܘܕܐܪܝܣ ܘܕܒܝܠ ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܐܐܠ ܐܢ ܡܪܒܐ ܪܒܝܐ ܝܬܝܪ ܨܠܝܐ ܠܘܬ‬. ‫ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ‬. 214‫ܒܩܢܫܠܡܐ‬
.. ‫ ܐܢ ܕܝܢ ܡܚܣܪ ܚܣܪܐ ܆ ܠܘܬ ܒܝܫܬܐ ܨܠܝܐ ܝܬܝܪ‬. ‫ܫܦܝܪܬܐ‬

‫ܒܗ ܕܝܢ ܒܕܡܘܬܐ ܕܐܦܢ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܇ ܟܘܟܒܐ‬ ܿ
ܿ ‫ܕܝܢ ܕܒܝܠ ܘܕܒܝܠܬܝ ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ‬
‫ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܥܩܪܒܐ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ‬
.. ‫ܡܨܥܝܐ ܐܢ ܪܒܝܐ ܘܐܢ ܚܣܪܐ‬

‫ܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܫܒܠܬܐ ܆ ܠܘܬ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬


ܿ ‫ܒܗ ܬܘܒ ܟܕ ܒܗ ܒܙܒܢܐ ܆ ܡܢ‬
ܿ 216 215
‫ ܘܡܢ ܫܘܪܝ ܐ ܬܘܒ ܕܩܢܫܠܡ ܐ ܠܘܬ ܗܝ‬. ‫ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ ܚܐܪ ܐܢܬ‬
̈ ‫ ܘܡܢ ܨܠܡܐ ܪܒܐ ܠܘܬ‬. ‫ ܘܡܢ ܥܩܪܒܐ ܠܘܬ ܕܘܐܠ‬. ‫ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܒܓܕܝܐ‬
. ‫ܢܘܢܐ‬
̈ )141v( ‫ ܘܡܢ‬. ‫ ܘܡܢ ܕܘܐܠ ܠܘܬ ܬܘܪܐ‬. ‫ܘܡܢ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܐܡܪܐ‬
‫ܢܘܢܐ ܠܘܬ‬
‫ ܘܗܟܘܬ ܡܫܬܟܚ ܐܢܬ ܕ ܿܥܒܕ ܐܢܬ ܡܠܬܐ ܥܠ ܟܠܗܘܢ‬. ‫ܨܠܡܐ‬ ̈ ‫ܬ̈ܪܝܢ‬
. ‫ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ‬

<4. 2. 4 Quatrième exemple>


Il en va de même si elle se trouve dans le premier degré du Cancer, tandis
que les trois étoiles de Saturne, de Mars et de Jupiter sont aux environs du
douzième degré217 dans la Balance. Jour intermédiaire.
Si, au contraire, elle croît véritablement, il aura plutôt tendance à être
propice. Si elle décroît, il tendra plutôt à être funeste.

<4. 2. 5 Cinquième exemple>


De la même façon, si la lune est dans le premier degré du Lion et que
Jupiter et Vénus sont dans le douzième degré du Scorpion, le jour sera
intermédiaire, qu’elle croisse ou décroisse.

<4. 2. 6 Application générale>


Dirige ton regard au même moment du premier degré de la Vierge vers le
douzième degré du Sagittaire, puis du début de la Balance vers le douzième
degré du Capricorne, puis du Scorpion vers le Verseau, puis du Sagittaire
vers les Poissons, puis du Capricorne vers le Bélier, puis du Verseau vers le
Taureau [148v], puis des Poissons vers les Gémeaux, et ainsi tu te trouveras
en mesure de discourir sur tous les carrés.

213
|| ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬: ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ‬L Sachau ||
214
|| ‫ ܒܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܒܩܝܫܠܡܐ‬L ||
215
|| ‫ ܘܡܢ ܫܘܪܝܐ‬correxit Sachau : ‫ ܘܡܢ ܫܘܪܝܗ‬L ||
216
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||
----------------------------------------------
217
Litt. « aux environs des douze degrés ».

228
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ ܕܢܚܘܪ ܐܢܫ‬. ‫ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܡܦܝܣܝܢ ܚܢܢ ܠܡܣܒ ܗܢܘ ܕܝܢ‬ܿ ‫ܐܟܣܓܘܢܐ ܕܝܢ‬ ̈ ‫ܘܥܠ‬
̈ 219 218
. ‫ ܡܢ ܐܡܪܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܨܠܡܐ‬. ‫ܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܛܘܦܣܐ ܕܐܬܐܡܪ ܡܢ ܠܥܠ‬
‫ ܘܡܢ ܣܪܛܢܐ ܠܘܬ‬. ‫ ܘܡܢ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܠܘܬ ܐܪܝܐ‬. ‫ܘܡܢ ܬܘܪܐ ܠܘܬ ܣܪܛܢܐ‬
‫ ܘܡܢ‬. ‫ ܘܡܢ ܫܒܠܬܐ ܠܘܬ ܥܩܪܒܐ‬. 220‫ ܘܡܢ ܐܪܝܐ ܠܘܬ ܩܢܫܠܡܐ‬. ‫ܫܒܠܬܐ‬
‫ ܘܡܢ ܨܠܡܐ‬. ‫ ܘܡܢ ܥܩܪܒܐ ܠܘܬ ܓܕܝܐ‬. ‫ ܬܘܒ ܠܘܬ ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬221‫ܩܢܫܠܡܐ‬
. ‫ ܘܡܢ ܕܘܐܠ ܠܘܬ ܐܡܪܐ‬. ‫ܢܘܢܐ‬̈ ‫ ܘܗܟܢܐ ܬܘܒ ܡܢ ܓܕܝܐ ܠܘܬ‬. ‫ܪܒܐ ܠܘܬ ܕܘܐܠ‬
‫ ܟܕ ܓܝܪ ܚܐܪ ܐܢܬ ܐܦ ܒܗܠܝܢ ܒܙܒܢܐ ܿܗܘ ܕܐܬܐܡܪ‬. ‫ܢܘܢܐ ܠܘܬ ܬܘܪܐ‬ ̈ ‫ܘܡܢ‬
‫ ܡܛܘܠ‬.‫ܡܢ ܠܥܠ ܡܢ ܢܦܫܟ ܡܨܐ ܐܢܬ ܕܬܫܟܚ ܟܠܗܘܢ ̈ܪܘܟܒܐ ܕܗܘܝܢ ܒܗܘܢ‬
. ‫ܐܠܠܦܐ ܘܠ̈ܪܒܘܬܐ‬̈ ‫ ܡܡܛܝܢ ܓܝܪ ܐܦ‬.‫ܕܠܡܦܩ ܟܠܗܘܢ ܒܡܠܬܐ ܐܠ ܡܫܟܚܐ‬
‫ܿܗܘ ܓܝܪ ܕܨܒܐ ܠܡܦܩ ܟܠܗܘܢ ̈ܪܘܟܒܝܗܘܢ ܕܐܣܟܝܡܐ ܕܒܐܝܕܐ ܒܐܝܕܐ‬
‫ܕܡܠܘܫܐ ܢܣܝܡܝܗ ܬܠܬܡܐܐ‬ ̈ ‫ܡܬܐܠܨ ܆ ܕܠܟܠ ܡܘܪܐ ܕܐܝܬ ܒܟܘܠܗ ܚܘܕܪܐ‬
‫ܠܗ ܬܠܬܡܐܐ‬ ܿ ‫ܠܗ ܟܕ‬ܿ ‫ܘܢܥܦܝܗ‬
ܿ ̈ ‫ܙܒܢܝܢ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ‬
. ‫ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ‬ ̈
̈ ‫ܘܫܬܝܢ‬
. ‫ܙܒܢܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܢ‬̈ ‫ܘܫܬܝܢ‬

<4. 3 Influence des sextiles>


Concernant les sextiles, nous invitons quiconque à les traiter de la même
manière, c'est-à-dire à suivre le protocole fourni plus haut : en allant du
Bélier vers les Gémeaux, du Taureau vers le Cancer, des Gémeaux vers le
Lion, du Cancer vers la Vierge, du Lion vers la Balance, de la Vierge vers le
Scorpion, et de même de la Balance vers le Sagittaire, du Scorpion vers le
Capricorne, du Sagittaire vers le Verseau, et de la même manière du
Capricorne vers les Poissons, du Verseau vers le Bélier, des Poissons vers le
Taureau, car si tu suis dans ce cas ce qu’on a déjà dit plus haut, tu pourras
toi-même trouver toutes les combinaisons possibles, parce qu’on ne saurait
les trouver toutes exposées dans un traité, étant donné qu’elles atteindraient
des mille et des mille. D’ailleurs, celui qui voudrait exposer, l’une après
l’autre, toutes les combinaisons d’aspects, devrait observer chaque degré
présent sur tout le cercle du zodiaque,<soit> trois cent soixante fois, pour
chaque aspect quel qu’il soit, et multiplier ce même <chiffre> une autre fois
par trois cent soixante.

218
‫ > ܒܛܘܦܣܐ ܕ‬gr. τύπος.
219
|| ‫ ܕܐܬܐܡܪ‬L : ‫ ܕܐܬܐܡܪܐ‬Sachau ||
220
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||
221
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||

229
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

̈ ‫ܘܗܟܘܬ ܢܪܟܒ ܒܟܘܠ ܐܣܟܝܡܐ ܐܚܪܢܐ ܬܠܬܡܐܐ ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ‬


. ‫ܙܒܢܝܢ‬
‫ ܐܝܠܝܢ ܕܠܡܠܦܢܘܬܐ ܡܕܡ ܐܠ‬. ‫ܕܐܡܪܬ ܟܐܡܬ ܕܐܠ ̈ܡܢܝܢ‬ܿ ‫ܘܢܥܒܕ ̈ܪܘܟܒܐ ܐܝܟܢܐ‬
‫ܕܩܪܐ ܠܗܝܢ‬ ̈
ܿ ‫ ̈ܣܦܩܢ ܓܝܪ ܗܠܝܢ ܕܐܬܐܡܪܝ ܕܢܦܠܢ ܢܗܝܪܐܝܬ ܠܟܠ ܐܝܢܐ‬. ‫̈ܡܗܢܝܢ‬
222
ܿ‫ ܢܐܡܪ ܡܕܝܢ ܒܗ‬. ‫ܐܣܟܝܡܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܡܬܪܟܒܝܢ ܐܝܟܢ ܕܗܘ‬
̈ ‫ܕܢܣܬܟܠ ܒܟܘܠܗܘܢ‬
. ‫ܒܕܡܘܬܐ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ‬

‫ ܐܦ ܥܠ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ ܡܢ ܐܡܪܐ ܠܘܬ‬..223‫ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬ ̈ ‫ܐܦ ܥܠ‬


‫ ܘܡܢ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܠܘܬ‬. ‫ ܘܡܢ ܬܘܪܐ ܠܘܬ ܥܩܪܒܐ‬. ‫ ܙܕܩ ܕܢܚܘܪ ܐܢܫ‬224‫ܩܢܫܠܡܐ‬
‫ ܘܡܢ ܫܒܠܬܐ‬. ‫ ܘܡܢ ܐܪܝܐ ܠܘܬ ܕܘܐܠ‬. ‫ ܘܡܢ ܣܪܛܢܐ ܠܘܬ ܓܕܝܐ‬. ‫ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬
̈ ‫ ܘܗܟܘܬ ܿܢܦܩ‬. ‫ܢܘܢܐ‬
ܿ ..225‫ܠܗܝܢ ܠܟܘܠܗܝܢ ܕܝܐܡܛ̈ܪܐ‬
‫ܙܕܩ ܕܝܢ ܒܫܘܠܡܐ‬ ̈ ‫ܠܘܬ‬
‫) ܐܦ ܿܗܝ ܕܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬ ܫܘܚܠܦܐ ܡܕܡ ̈ܒܝܘܡܬܐ‬141r( . ‫ܕܟܠܗܝܢ ܠܡܬܥܗܕܘ‬
‫ ܡܐ ܓܝܪ ܠܡ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ‬. ‫ܒܝܫܐ‬ ̈ ‫ܘܒܗܢܘܢ ܬܘܒ‬ܿ . ‫ܫܦܝ̈ܪܐ‬
ܿ
. ‫ܕܟܐܘܢ ܒܙܒܢ ܬܪܒܝܬܗ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ ܫܦܝܪܐ‬

Tu pourras construire de la même manière tout autre aspect trois cent


soixante fois et réaliser des combinaisons comme j’ai dit, sans énumérer
celles qui ne sont en rien utiles à l’enseignement. En effet, celles que j’ai
mentionnées suffisent, parce qu’elles peuvent s’appliquer clairement à tout
ce qu’on a dit, ce qui permettra de comprendre tous les autres aspects
possibles et imaginables en le disant de manière brève.

<4. 4 Influence de l’aspect en opposition>


Concernant les aspects en opposition : à leur sujet, il convient également
à quiconque de diriger son regard du Bélier vers la Balance, du Taureau vers
le Scorpion, des Gémeaux vers le Sagittaire, du Cancer vers le Capricorne,
du Lion vers le Verseau et de la Vierge vers les Poissons. C’est ainsi qu’on
fera apparaître toutes les oppositions. Il faut que tout cela soit parfaitement
retenu en mémoire, [149r] y compris le fait qu’ils disent qu’il y a quelques
variations entre les jours propices et funestes. En effet, tant que la lune
s’associe à Saturne, en période de croissance, le jour sera propice.

222
|| ‫ ܕܐܬܐܡܪܝ‬: ‫ ܕܐܬܐܡܪ‬L Sachau ||
223
|| ‫ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬: ‫ ܕܕܝܡܛܪܘܢ‬L Sachau ||
224
|| ‫ ܕܩܢܫܠܡܐ‬Sachau : ‫ ܕܩܝܫܠܡܐ‬L ||
225
|| ‫ ܕܝܐܡܛ̈ܪܐ‬: ‫ ܕܝܡܛ̈ܪܐ‬L Sachau ||

230
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܨܒܘܬܐ ܕܡܣܬܥ̈ܪܢ ܒܟܣܝܐ ܘܐܝܟ‬ ̈ ‫ ܐܝܟ ܕܠܘܬ‬. ‫ܐܐܠ ܝܬܝܪ ܐܡܪܝܢ ܕܫܦܝܪ‬
‫ ܐܢ ܕܝܢ ܙܒܢ‬. ‫ܕܒ̈ܪܙܐ ܡܕܡ ܡܛܠ ܕܐܝܟ ܗܢܐ ܐܝܬܘܗܝ ܟܝܢܗ ܕܟܘܟܒܐ ܗܢܐ‬
‫ ܘܡܢ ̈ܨܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܙܕܩ ܕܢܗܘܐ‬. ‫ܚܘܣܪܢܗ ܗܘ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ ܒܝܫܐ‬ ܿ
̈
‫ ܡܐ ܕܝܢ ܕܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܒܚܕ ܡܢ ܐܣܟܝܡܐ‬. 226‫ܐܢܫ‬ 227

‫ ܕܙܕܩ ܠܡܬܩܪܒܘ‬. ‫ܕܐܬܐܡܪܘ ܡܢ ܠܥܠ ܆ ܝܘܡܐ ܐܝܬܘܗܝ ܐܢܗܘ ܕܡܪܒܐ ܪܒܝܐ‬


‫ ܗܟܢ ܬܘܒ ܐܦܢ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܬܗܘܐ‬.. ‫ܨܒܘܬܐ ܕ̈ܪܝܫܢܘܬܐ ܘܕܝܕܥܬܐ‬ ̈ ‫ܒܗ ܠܘܬ‬
‫ܒܨܒܘܬܐ ܕܡܥܠܝܘܬܐ ܘܕܪܒܘܬܐ ܙܕܩ‬ ̈ . ‫ܐܣܟܝܡܐ ܕܫܦܝ̈ܪܝܢ‬̈ ‫ܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢ‬
̈
‫ ܘܠܘܬ ܗܪܡܝܣ ܬܘܒ ܡܐ ܕܬܫܬܟܚ ܕܥܒܕܐ ܫܦܝܪ ܚܕ ܡܢ ܐܣܟܝܡܐ‬. ‫ܠܡܫܪܝܘ‬
‫ ܐܢ‬. ‫ܙܕܩ ܠܡܫܪܝܘ‬ ܿ ‫ܐܝܕܐ ܕܗܝ‬ ܿ 228‫ܘܕܝܘܠܦܢܐ ܘܕܝܕܥܬܐ‬
̈ ‫ܒܣܘܥ̈ܪܢܐ ܕܡܠܝܠܘܬܐ‬
‫ܒܨܒܘܬܐ ܕܡܟܘ̈ܪܐ‬ ̈ 229 ‫ܕܝܢ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܡܚܝܢܐܝܬ‬
.‫ ܐܡܪܝܢ ܕܥܕܪܐ ܠܡܫܪܝܘ‬.‫ܢܫܐ‬̈ ‫ܐܘ ܕܝܘܬ̈ܪܢܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܝܢ ܡܢ‬

Plus exactement, ils disent qu’il est propice aux affaires qui se produisent en
secret et le plus mystérieusement possible, car telle est la nature de cette
étoile. Si elle est en période de décroissance, le jour sera funeste, et il
conviendra de se tenir à l’écart de telles affaires. Puis, à partir du moment où
on la trouvera associée à Jupiter dans le cadre de l’un des aspects
mentionnés plus haut, le jour sera tel que, si elle est véritablement
croissante, il conviendra de se lancer dans des affaires relatives au pouvoir
et à la connaissance... De même, si elle s’associe au soleil en formant l’un
des aspects propices, il convient de se lancer dans des affaires supérieures et
importantes. De même, dès qu’on la trouvera associée à Mercure en train de
former de façon propice l’un des aspects en période de décroissance, il
conviendra de prendre des initiatives de quelque type que ce soit en matière
d’éloquence, d’enseignement et de connaissance. Puis, si on la trouve
associée de façon vivifiante à Vénus, ils disent que c’est avec profit qu’on
entreprendra des fiançailles ou toute autre affaire impliquant des femmes.

226 ܿ
|| ‫ ܘܡܢ ̈ܨܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܙܕܩ ܕܢܗܘܐ ܐܢܫ‬correxi : ‫ܐܝܬܝܗ ܒܝܫܬܗ‬ ‫ܘܡܢ ̈ܨܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ‬
L Sachau || (CORR. 37)
227
|| ‫ ܡܐ ܕܝܢ‬L : ‫ ܡܢ ܕܝܢ‬Sachau ||
228
|| ‫ ܘܕܝܕܥܬܐ‬: ‫ ܘܕܐܝܕܥܬܐ‬L Sachau ||
229
|| ‫ ܡܢܝܚܐܝܬ‬correxit Sachau : ‫ ܡܚܝܢܐܝܬ‬L ||

231
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

‫ܒܨܒܘܬܐ ܕܩܪܒܐ‬ ̈ ‫ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܬܘܒ ܫܦܝܪ‬
̈
‫ܕܓܕܫܢ ܡܐ‬ ‫ ܕܠܩܘܒܐܠ ܕܝܢ ܕܗܠܝܢ ܟܠܗܝܢ ܐܡܪܝܢ‬. ‫ܘܕܣܛܪܛܝܘܣ ܦܩܚܐ ܠܡܫܪܝܘ‬
. ‫ܕܒܝܫܐܝܬ ܘܐܠ ܡܢܝܚܐܝܬ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ ܗܠܝܢ‬
‫ ܕܐܡܬܝ ܕܝܢ ܐܬܝܐ ܠܘܬ ܟܠ ܚܕ ܡܢܗܘܢ‬. ‫ܒܟܘܠ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ‬
‫ܫܦܝܪܐܝܬ ܘܡܢܝܚܐܝܬ ܇ ܐܡܬܝ ܬܘܒ ܒܝܫܐܝܬ ܘܐܠ ܠܚܡܐܝܬ ܆ ܐܡܝܪ ܓܠܝܐܝܬ‬
̈ ‫ܡܢ ܠܥܠ ܘܒܕܓܘܢ ܐܠ ܣܢܝܩ ܐܢܫ‬
. ‫ܕܗܢܝܢ ܟܕ ܗܢܝܢ ܢܐܡܪ ܬܢܢ‬
‫ ܐܘ ܐܝܟܢ ܕܗܘ‬231‫ ܐܘ ܐܣܛܪܘܠܘܓܝܐ‬230‫ܿܗܢܘܢ ܓܝܪ ܕܡܢ ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ‬
‫ ܐܠ ܓܝܪ ܚܟܡܘ‬. ‫ ܗܟܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܥܠ ܗܠܝܢ‬. ‫ܕܢܨܒܐ ܐܢܫ ܕܢܫܡܗ ܐܢܘܢ‬
ܿ
‫ܥܡܘ̈ܪܝܗ ܇‬ ܿ
‫ ܘܟܠܗܘܢ‬232‫ ܬܐܒܝܠ‬. ‫ܒܡܐܠܗ‬ ‫ܠܡܐܡܪ ܥܡܢ ܇ ܕܡܪܝܐ ܗܝ ܐܪܥܐ‬
‫ ܥܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܢܕܥ‬. 233‫ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܩܫܝܫܐ ܘܐܪܟܐܛܪܘܣ‬
̈ ‫ܙܘܥܐ‬
‫ ܀‬. ‫ܕܟܘܟܒܐ‬ ̈ ‫ ܒܝܕ‬234‫ܐܢܫ ܡܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܐܣܛ̈ܪܘܠܘܓܐ‬

Si on la trouve associée à Mars, <le jour étant> propice, on entreprendra


avec avantage des affaires relatives à la guerre et à l’armée. Mais ils disent
que c’est le contraire de tout cela qui arrive, pour peu que la lune se trouve
associée de manière funeste et non vivifiante à chacune de ces <étoiles>,
dans le cadre de quelque aspect que ce soit. On a dit clairement plus haut
que <la lune> pouvait s’associer à chacune de ces <étoiles> autant de façon
propice et vivifiante que de façon funeste et non vivifiante et c’est pourquoi
il n’est pas nécessaire de répéter cela maintenant.

<5. Astronomie ou astrologie ? >235


Ces <théories> relèvent de l’astronomie ou de l’astrologie ou comme on
voudra les appeler. Voici ce qu’ils ont pensé au sujet de ces choses, eux qui
n’ont pas eu la sagesse de dire avec nous que le Seigneur <a fait> la terre
dans sa totalité : le monde et ses habitants.

<6. Explicit>
Fin du traité rédigé par le prêtre et grand médecin Sergius. Voilà ce
qu’on peut savoir de la pensée des astrologues fondée sur le mouvement des
étoiles.

230
|| ‫ ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ‬: ‫ ܐܣܛܪܘܢܡܝܐ‬L Sachau ||
231
|| ‫ ܐܣܛܪܘܠܘܓܝܐ‬: ‫ ܐܣܛܪܘܠܓܝܐ‬L Sachau ||
232
|| ‫ ܬܐܒܝܠ‬: ‫ ܬܒܝܠ‬L Sachau ||
233
|| ‫ ܘܐܪܟܐܛܪܘܣ‬: ‫ ܘܐܪܟܝܛܪܘܣ‬L Sachau ||
234
|| ‫ ܐܣܛ̈ܪܘܠܘܓܐ‬: ‫ ܐܣܛ̈ܪܘܠܓܘ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
235
Il est possible que cet avant-dernier paragraphe, qui manifeste une certaine hostilité
envers l’astronomie, ne soit pas de Sergius mais ait été ajouté après coup par un copiste.
Ceci expliquerait pourquoi le point de vue des astrologues et celui des astronomes
apparaissent ici confondus, alors que, dans le prologue, Sergius expliquait clairement à
l’avance qu’il traiterait le sujet du point de vue des astronomes. Cependant, il n’est pas
impossible que cette confusion se trouve dans l’esprit de Sergius étant donné que le grand
philosophe grec qu’il a l’habitude de traduire (Aristote) emploie systématiquement le terme
« astrologie » pour désigner ce que nous qualifierions aujourd’hui d’astronomique (cf. à ce
sujet l’étude de TANNERY P., Recherches sur l’histoire de l’astronomie ancienne,
Hildesheim-New York, G. Olms, 19762 (Paris, 18931), p. 1-2.

232
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

IV. Justification des corrections apportées à l’édition de Sachau

1. ‫< ( ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬Titre>, f. 141r)


E. Sachau modifie ici la leçon du manuscrit (‫ )ܕܐܣܛܪܝܡܘ‬en
proposant d’écrire : ‫ ܕܐܣܛܪܢܡܘ‬. Or ni SOKOLOFF ni le Thes. Syr. n’offrent
d’entrée pour ce mot orthographié de cette manière. Ces dictionnaires
ܳ ‫ܘܢ‬ ܳ
ܳ ‫ܣܛܪ‬ ܶ (forme attestée avec le sens d’ astronome chez Bar
proposent ‫ܘܡ ܳܝܐ‬ ‫ܐ‬
Hebraeus ; dans le sens d’astrologue dans un autre texte de Bar Hebraeus).
Attestations non recensées :
Il existe cependant dans les textes d’autres formes orthographiques de
ce mot pour désigner l’astronome. Chez Sévère Sebokht, Claude Ptolémée
est qualifié d’ ‫( ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ‬Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 4
dans Paris BnF syr. 346, f. 90r) avec la variante orthographique de
‫ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ‬. Au pluriel, le terme apparaît sous la forme ‫( ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬Sév.
Seb., Traité sur les constellations III. 1 dans Paris BnF syr., f. 83v) ; chez
Sergius de Reš‘ayna, on ne recense par ailleurs que des formes au pluriel :
‫ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬, ‫( ܐܣܛ̈ܪܢܡܘ‬Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1 dans BL
Add. 14 658, f. 141r et 141v ) et ‫( ܐܣܛ̈ܪܘܢܘܡܘ‬Serg. Reš., Traité sur l’action
de la lune 2. 2. 5 dans BL Add. 14 658, f. 142r) ; dans le Traité
astronomique et météorologique du Ps. Denys, on trouve une forme
236
plurielle encore différente : ‫ ; ܐܣܛܪܢܘܡܝܘ ܢ‬chez Bar Hebraeus,
Candélabre des sanctuaires 237 , il est attesté au pluriel sous la forme
‫ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬.
Les auteurs syriaques anciens qui ont porté un intérêt particulier à
l’astronomie semblent donc s’accorder sur l’orthographe de ce terme : on
doit retenir qu’au singulier le nom « astronome » s’écrit ‫( ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ‬var.
‫ )ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ‬tandis qu’au pluriel, perdant le semkat final, il se présente
sous la forme : ‫( ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬var. ‫ ܐܣܛ̈ܪܘܢܘܡܘ‬et ‫)ܐܣܛ̈ܪܢܡܘ‬.

236
Voir Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER] (d’après BL Add. 7 192), f. 62r.
237
Dans PO 24, 3, p. 369 (voir 4e partie, 2e section).

233
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

2. ‫< ( ܐܬܐܡ̈ܪܝ‬1.>, f. 141r)


E. Sachau propose de corriger la leçon du manuscrit (‫ ) ܐܬܐܡܪ‬par un fém.
plur. ‫ ܐܬܐܡܪܝ‬. Notre correction se borne donc juste ici à ajouter les seyomé,
caractéristiques du féminin pluriel.

ܿ ‫ܐܣܟܝ‬
3. ‫ܡܝܗ‬ ̈ (<1>, f. 141v)
Nous ajoutons les seyomé, qui n’apparaissent pas dans l’édition de
Sachau.

4. ‫<( ܡܨܥܐܝܬ‬2. 1>, f. 141v)


Erreur de frappe dans l’édition de Sachau qui proposait ‫ ܡܨܥܬܝܬ‬.

̈ (<2. 2>, f. 141v)


5. ‫ܐܣܟܝܡܐ‬
Nous préférons homogénéiser l’orthographe de ce terme qui est attesté
avec un yud chez Sévère Sebokht. Chez Sergius, ‫ܐܣܟܝܡܐ‬ ̈ apparaît
systématiquement orthographié avec un yud, excepté à deux endroits de la
copie du Traité sur l’action de la lune (f. 141v et 144v).

6. ‫( ܡܘ̈ܪܘܣ‬f. 141v)
Par souci d’homogénéité, nous préférons ajouter ici les seyomés pour
marquer le pluriel. L’orthographe de ce terme est relativement régulière
dans l’ensemble du présent traité : quand il recourt à la translittération du
mot grec pour parler des degrés du cercle, Sergius marque
orthographiquement la différence entre le singulier et le pluriel. Au
singulier, il emploie systématiquement la forme ‫( ܡܘܪܐ‬cf. f. 142r, 145v,
146r et 148r), alors qu’au pluriel il utilise la forme ‫( ܡܘ̈ܪܘܣ‬cf. f. 141v, 142r,
143r/v, 145r/v, 146r), avec la variante ‫( ܡܘ̈ܪܣ‬f. 141v, 142r/v). Étant donné
que les formes du singulier et du pluriel se trouvent bien distinctes, on peut
comprendre qu’il soit parfois apparu superflu au copiste d’ajouter les

234
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

seyomés au pluriel, comme c’est le cas aux f. 141v, 145v et 146r de notre
traité. Mais la forme la plus largement répandue au pluriel reste cependant
celle qui présente les seyomés (il en va de même chez Sévère Sebokht).

7. ‫<( ܐܘ ܒܝܕ‬2. 2. 3>, f. 142r)


La leçon du manuscrit (‫)ܘܒܝܕ‬, reprise par Sachau, n’est pas
satisfaisante. En l’état, le texte sous-entend que l’angle du sextile cumule
l’écartement des deux signes, auquel il faut ajouter soixante degrés. Or c’est
bien l’écartement angulaire des signes sur le zodiaque qui doit être
équivalent à soixante degrés pour obtenir un aspect des astres en sextile. De
plus, on notera que la même expression revient dans chaque notice de
présentation des aspects, où il est toujours question d’une équivalence entre
écartement de signes et nombre de degrés, marquée par la conjonction de
coordination (‫)ܐܘ‬, c’est-à-dire « ou ». Il faut donc corriger.

8. ‫<( ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬2. 2. 5>, f. 142r)


Nous proposons d’uniformiser l’orthographe de ce terme dans le
présent traité et d’indiquer en notes les variantes orthographiques présentes
dans le manuscrit. Nous adopterons comme forme de référence celle du
Thes. syr., à savoir ‫ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬. Cette correction éditoriale s’impose
d’autant plus que l’orthographe proposée par la copie à cet endroit, à savoir
‫( ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ‬f. 142r), n’est attestée qu’une seule fois dans tout le traité
(comparer avec ‫ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬qui apparaît aux f. 143r , 143v, 145r et 146v).

ܿ
9. « ‫ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܕܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ‬ ‫» ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ‬
(<2. 2. 5>, f.142r)
ܿ
Ms. : ‫ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܥܡ ܕܫܡܫܐ‬ ‫ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ‬
ܿ
Éd. Sachau : ‫ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܕܥܡ ܫܡܫܐ‬ ‫ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ‬
Il nous semble plus logique d’insérer le dolat avant ‫ ܣܗܪܐ‬, afin d’indiquer
qu’elle est une expansion du nom ‫( ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ‬Complément du nom).

235
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

10. « ‫ ܥܡܗ ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬. ‫ܕܡܫܬܘܪܝܐ‬


‫<( » ܡܘ̈ܪܣ‬2. 2. 5>, f. 142v)
Ms./Sachau : ‫ ܥܡܗ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܠܗܝܢ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬. ‫ܕܡܫܬܘܪܝܐ‬

‫ ܡܘ̈ܪܣ‬. En traduisant l’édition de E. Sachau, on obtiendrait : « elle entre en


conjonction avec l’étoile avec laquelle elle entre en conjonction sur douze
degrés ». Or le raisonnement exposé par l’auteur dans ce passage est très
clair : on définit l’intervalle de temps durant lequel il est possible de dire
que la lune entre en conjonction avec un astre (qu’il s’agisse du soleil ou
d’une des cinq planètes) : les conjonctions temporelles ‫ܡܐ ܕ‬/ ‫ܡܐ ܕܝܢ ܕ‬
doivent offrir un balancement pour exprimer les deux temps de la
conjonction (celle qui a lieu avant l’éclipse et celle qui a lieu après
l’éclipse), soit tant que…. et jusqu’à ce que…. Dans les deux cas il s’agit de
préciser combien de degrés la lune peut parcourir, en dehors du lieu exact
de la conjonction astrale, pour qu’on puisse considérer qu’elle entre en
conjonction avec ce même astre. Dans les deux membres de phrases il est
précisé qu’elle peut parcourir douze degrés. Le parallélisme de construction
nous force à croire que la forme verbale originellement utilisée ici était
‫( ܡܬܬܙܝܥܐ‬se déplacer) et non ‫( ܡܫܬܘܪܝܐ‬entrer en conjonction). Nous avons
donc corrigé dans ce sens.

11. ‫<( ܓܘܢܐܝܬ‬2. 4>, f. 143r)


L’édition de Sachau présente une erreur de frappe à cet endroit en
écrivant : ‫ܓܘܢܐܢܬ‬.

12. ‫<( ܠܡܫܬܕܝܘ‬2. 4>, f. 143r)


Sachau avait proposé la solution suivante : ‫ ܠܡܫܕܝܘ‬. Dans tous les cas
il s’agit de l’infinitif Etpeel de ‫ ܫܕܐ‬. Reste à savoir si, comme le pense
Sachau, le dolat assimile le tau, ou si le copiste n’a pas ou tout simplement
oublié le dolat ou procédé à une assimilation progressive du dolat par le
tau ! Nous aurions tendance à vouloir suivre la leçon du manuscrit à ce
niveau où le scribe devait somme toute retranscrire les sons de la langue

236
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

pratiqué à son époque (début XIVe s.). Mais étant donné que la prononciation
de cet infinitif, doté de toutes ses consonnes, ne nous pose pas a fortiori de
problèmes, nous conservons provisoirement la forme que l’on s’attendrait à
trouver dans nos paradigmes (cf. COSTAZ L., Grammaire syriaque,
Beyrouth, Dar el-Machreq SARL, 2003, 5e édition).

13. ‫<( ̈ܒܝܫܐ‬2. 3>, f. 144r)


Sachau a oublié d’ajouter la marque du pluriel (seyomé).

14. ‫<( ܨܒܘܬܐ‬2. 5. 3>, f. 144r)


Sachau avait suivi le manuscrit en faisant apparaître la forme abrégée
du mot. Nous préférons fournir la forme, telle qu’elle apparaît dans les
dictionnaires, quitte à redonner en note la leçon abrégée du manuscrit.

15. ‫<( ܒܝܠܬܝ‬2. 5. 3>, f. 144r)


Le nom de Vénus peut apparaître sous deux formes orthographiques :
‫( ܒܠܬܝ‬attestée deux fois dans le traité mais aussi chez Sévère Sebokht) et
‫ ܒܝܠܬܝ‬qui est de loin la forme la plus attestée dans le traité de Sergius. C’est
l’orthographe que nous retiendrons. Notons que le ‫ ܒܠܬܝܢ‬qu’on trouve au
f. 144r doit résulter d’une erreur du copiste.

16. ‫<( ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬2. 6>, f. 144v)


Nous souhaitons homogénéiser l’orthographe de ce terme.
Au singulier, la copie présente les variantes suivantes : ‫ ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬, la plus
courante (attestée une dizaine de fois ; ex. f. 144r, 145r, 147r), mais aussi
‫( ܛܪܝܓܘܢܢ‬f. 144v, 145r/v) et ‫( ܛܪܝܓܢܘܢ‬f. 141v et 142r) également attestée
chez Sévère Sebokht. En somme, le copiste syriaque devait retranscrire de
manière différente un mot qu’il entendait phonétiquement comme
« trigunun ».
Au pluriel, le terme prenait une tournure phonétique différente (« trigune »).
En effet aussi bien chez Sévère Sebokht que chez Sergius de Reš‘ayna, le

237
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

pluriel du trigone se transcrit systématiquement de la manière suivante :


‫( ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ‬cf. 146v, 147v, 148r).
Il convient ainsi de corriger au f. 145v ce que nous croyons être une erreur
du copiste ( ‫) ܛܪܝܓܘܢܘ‬, reprise dans l’édition de Sachau.

17. ‫<( ܡܘ̈ܪܣ‬3. 1>, f. 145v)


Par souci d’homogénéité, nous préférons ajouter ici les seyomé pour
marquer le pluriel. Cf. Remarques CORR. 4.

18. ‫<( ܐܡܪܐ‬3. 1>, f. 145v)


Dans ce passage, on explique sur quels degrés du cercle du zodiaque
la lune doit se trouver pour pouvoir s’associer en trigone à la planète
Saturne située dans le premier degré du Lion. Partant des Poissons, elle ne
pouvait ensuite arriver que dans …le Bélier ! Et non dans le Lion comme le
laissait apparaître la copie manuscrite et l’édition de Sachau.

19. ‫<( ܣܪܛܢܐ‬3. 2>, f. 146r)


Le signe du Cancer est bien attesté en syriaque sous
l’orthographe ‫ܣܪܛܢܐ‬, sarṭono (liste zodiacale attribuée à l’école bardesanite
dans le BL 14658 (f. 149v) ; Sévère Sebokht ; Ps.-Denys l’Aréopagite,
etc…). Seul le feuillet 146r propose successivement ce même terme dans
une orthographe différente : ‫ܣܘܪܛܢܐ‬, surṭono. Dans un souci d’homogénéité,
nous préférons adopter la même orthographe partout. Cela dit, cette erreur
du copiste nous indique une vocalisation différente de celle qui a été
proposée par le Thes. syr., trahissant peut-être une prononciation plus
antique. Partout ailleurs, la copie propose ‫( ܣܪܛܢܐ‬sarṭono).

ܿ
20. ‫ܐܝܬܝܗ‬ (<3. 2>, f. 146r)
‫ܐܠܥܐ‬, qui désigne l’angle, est un nom féminin. Son genre est
d’ailleurs marqué par l’accord de son adjectif épithète : ‫( ܬܪܝܨܬܐ‬située en

238
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

face) lui aussi donc au féminin. Le ‫ܐܝܬ‬, pour servir de verbe d’état, doit
donc porter un affixe féminin se rapportant à ‫ܐܠܥܐ‬, d’où notre correction.

21. ‫<( ܐܠܥܗ‬3. 2>, f. 146r)


Si la traduction que nous proposons est correcte, le complément du
nom ‫ ܐܠܥܐ‬est masculin (‫ ) ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܗܢܐ‬et il faut dans ce cas supprimer
le point au-dessus du heth.

22. ‫<( ܛܛܪܓܘܢܘܢ‬3. 2>, f. 146r)


Comme pour le trigone, nous cherchons à homogénéiser l’orthographe
du carré en syriaque. On trouve, au sein du traité, de nombreuses variantes
orthographiques au singulier (‫ܛܛܪܓܢܘܢ‬, ‫ܛܛܪܢܘܢ‬, ‫ܛܛܪܓܘܢܐܘܢ‬, ‫)ܛܛܪܢܘܢܘܢ‬
mais la forme la plus attestée (au moins cinq occurrences) est ‫ܛܛܪܓܘܢܘܢ‬.
Au pluriel l’orthographe ne varie pas : ‫ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ‬.

23. ‫<( ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ‬3. 3>, f. 146r)


D’après le raisonnement qui précède dans le texte, la lune peut
s’associer à une planète si elle est positionnée sur le même degré (à deux,
trois, quatre ou six signes d’écart) ou si elle est positionnée sur un intervalle
de 12 degrés situé avant le degré précis de l’association. Au paragraphe
suivant, par exemple, Sergius explique que si Mars se trouve dans le
premier degré du Scorpion : « ce sera entre le dix-neuvième degré du Bélier
et le premier degré du Taureau qu’on pourra dire de la lune qu’elle s’associe
à elle ». Il nous paraît donc nécessaire d’opérer une correction ici pour
respecter la logique mise en place et de substituer le « 12e degré du
Capricorne » par le 19e.

24. ‫<( ܕܒܝܠܬܝ‬3. 3>, f. 146v)


Ce paragraphe explique de quelle manière on peut généraliser le cas
précédent qui prenait en considération la lune et Vénus. Il faut à l’évidence

239
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

remplacer Jupiter (Bel), qui figure dans la copie manuscrite et qui a été
repris par l’édition de Sachau, par Vénus (Bilti).

25. ‫<( ܟܘܟܒܐ‬3. 4>, f. 146v)


La présence du waw semble superflue ici, étant donné que le ‫ ܕܝܢ‬suffit
à marquer la coordination. Partout ailleurs, le traité utilise le ‫ ܕܝܢ‬sans le waw
pour le même type de construction.

26. ‫<( ܐܪܝܣ‬3. 4>, f. 146v)


Coquille de l’édition de Sachau. La copie manuscrite présente bien
l’orthographe attendue ‫ ܐܪܝܣ‬et non ‫ ܐܪܝܘܣ‬.

̈
27. ‫ܐܣܟܝܡܐ‬ (<3. 5>, f. 146v)
La copie propose uniquement à cet endroit une orthographe étrange
pour le pluriel de ‫ ܐܣܟܝܡܐ‬. Cette orthographe a été maintenue dans
̈
l’édition de Sachau. La forme pluriel ‫ܐܣܟܝܡܐ‬ apparaissant trois autres fois
dans le traité (f. 144r/v et 145r) avec une variante en ‫ܐܣܟܡܐ‬ ̈ (f. 141v et
144v), nous pensons qu’il est préférable d’homogénéiser l’orthographe à cet
endroit.

28. ‫<( ܕܝܡܛܪܘܢ‬4. 1>, f. 146v)


Nous modifions l’édition de Sachau par souci d’homogénéité. La
forme orthographique la plus courante pour désigner l’opposition en
syriaque dans le Traité sur l’action de la lune est ‫ܕܝܡܛܪܘܢ‬. Nous avons
relevé deux autres variantes : en ‫ ܕܝܡܛܪܐ‬, diameṭro (deux occurrences) et
‫ ܕܡܛܪܘܢ‬, dmṭrun (une seule occurrence).

29. ‫<( ܒܗ ܒܐܡܪܐ‬4. 1. 2>, f. 147r)


Nous corrigeons une coquille apparue dans l’édition de Sachau : il
s’agit bien évidemment ici du « douzième degré du bélier (beh b-emro)» et
non pas du douzième degré du discours (beh b-mimro).
240
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

30. ‫<( ܗܝܕܝܢ‬4. 1. 4>, f. 147r)


La conjonction ‫ ܿܗܝ ܕ‬proposée par l’édition Sachau ne permet pas
d’obtenir une construction syntaxique satisfaisante : le verbe principal de la
proposition (‫ )ܡܬܐܡܪܐ‬appelle une complétive directe simple introduite par
un dolat. Dans les autres exemples, les passages correspondants sont
introduits soit par ‫ ܗܝܕܝܢ‬soit par ‫ ܗܟܝܠ‬. Nous avons opté pour la solution
graphique la plus proche de ce que nous pensons être une erreur de copie.

31. ‫<( ܠܘܥܕܐ‬4. 1. 7>, f. 147v)


Le waw laissé par l’édition de Sachau n’a pas lieu d’être puisque nous
avons affaire ici à une seule et même proposition qui ne réclame pas l’usage
d’une coordination. Nous conservons donc la leçon manuscrite.

32. ‫<( ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐ‬4. 1. 7>, f. 147v)


Il manque une conjonction de coordination ou une particule pour
indiquer une nouvelle phrase. Cela suggère que la copie a été réalisée
rapidement, avec peu de soin (prises de notes ?), et qu’elle n’était
vraisemblablement pas destinée à être lue autrement que par son auteur. La
copie comporte, à d’autres endroits, des traces d’abréviations ou
d’abrègement du texte qui font penser que cette production n’était peut-être
pas originellement adressé à Théodore.

31. ‫<( ܟܐܘܢ‬4. 1. 8>, f. 147v)


Nous avons tenu à homogénéiser l’orthographe du nom de cette
planète, mais ce choix reste discutable étant donné que la variante
orthographique en ‫ ܟܘܢ‬est quasiment aussi bien attestée que celle retenue
dans le présent traité.

241
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune

34. ‫<( ܐܚ̈ܪܝܐ‬4. 1. 9>, f. 147v)


Cet adjectif doit se rapporter aux quatre exemples de trigones qui
achèvent effectivement la présentation : il doit s’agir des « quatre
derniers trigones » et non du « dernier trigone qui est quatre », raison pour
laquelle nous décidons de corriger en ajoutant la marque du pluriel à cet
adjectif.

31. ‫<( ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ‬4. 1. 9>, f. 147v)


Même remarque qu’en CORR. 28 : il manque une conjonction de
coordination pour marquer l’enchaînement des phrases.

31. ‫( ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ‬f. 148r)


‫ ܛܛܪܓܘܢܐܘܢ‬est une forme erronée de la copie (reprise telle quelle
dans l’édition Sachau) : sorte de mixte entre la forme au singulier
‫( ܛܛܪܓܘܢܘܢ‬attestée une dizaine de fois dans la copie avec des variantes en
‫ )ܛܛܪܓܢܘܢ‬et celle du pluriel ‫( ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ‬attestée au f. 146v et 148v). Nous
optons pour une forme au pluriel.

31. ‫<( ܘܡܢ ̈ܨܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܙܕܩ ܕܢܗܘܐ ܐܢܫ‬4. 4>, f. 149r)
Nous avons peut-être affaire ici à une erreur du copiste, répétant la
qualité « funeste du jour ». L’édition de Sachau conserve la leçon suivante
du manuscrit :
ܿ
‫ܐܝܬܝܗ ܒܝܫܬܗ‬ ‫ܘܡܢ ܨ̈ܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ‬
Qu’on devrait littéralement rendre par « et loin des affaires de ce genre elle
est funeste ». On voit que le dernier morceau de phrase pose un problème
évident de clarté… Nous proposons de le supprimer et de le remplacer par
‫ ܙܕܩ ܕܢܗܘܐ ܐܢܫ‬soit « il convient d’être ».

242
Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil

TEXTE 3
Exemple au sujet du mouvement du soleil
(traduction anonyme)

Le court Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil est


lisible dans le même manuscrit que celui dont est extrait le traité de Sergius
e
[BL Add. 14 658 du VII siècle]. Nous reprenons ici l’édition réalisée en
1870 par E. Sachau1. Notre traduction, en français, se fonde sur cette
édition, que nous avons amendée de façon très ponctuelle. On trouvera
également une traduction anglaise de ce texte dans un article de G. Saliba
paru en 19952. C’est G. Saliba qui s’est aperçu le premier que ce texte était
une traduction d’un extrait du chapitre 28 des Elementa apotelesmatica
(Eisagogika) de Paul d’Alexandrie. Nous indiquons le grec de Paul
d’Alexandrie dans l’apparat critique en suivant l’édition de A. Boer3.
Cette traduction, qui fait suite au Traité sur l’action de la lune de
Sergius de Reš‘ayna dans le BL Add. 14 658 au f. 149v, ne bénéficie
d’aucune attribution dans le manuscrit.
L’étude à laquelle on pourra se reporter dans la troisième partie de
cette thèse révèle que le langage astronomique de ce texte est caractéristique
des productions anciennes. Cette traduction serait donc plus
vraisemblablement due à un contemporain de Sergius de Reš‘ayna qu’à un
contemporain de Sévère Sebokht.

1
SACHAU E. (éd.), Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer übersetzungen von Schriften
griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen
Museum, Wien, Halle, 1870, p. 125-126 à partir du seul manuscrit BL Add. 14 658)
[f. 149v] du VIIe siècle.
2
Voir SALIBA G., “ Paulus Alexandrinus in Syriac and Arabic”, Byzantion 65 (1995),
p. 440-54 et repris dans id., Islamic Science and the Making of the European Renaissance,
Cambridge, MA, 2007, p. 8.
3
Pauli Alexandrini elementa apotelesmatica, ed. A. Boer, Lipsiae, Teubner, 1962. Le
chapitre 28 se trouve aux pages 79 et 80 de cette édition.

243
Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil

‫ܬܚܘܝܬܐ ܡܛܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܗ ܕܫܡܫܐ ܘܕܐܝܟܢܐ ܡܫܟܚ ܐܢܫ ܠܡܕܥ ܟܠ‬


.‫ܐܡܬܝ ܕܡܬܒܥܐ ܕܒܐܝܢܐ ܒܝܬܐ ܘܒܐܝܕܐ ܡܢ ܡܢܘܬܗ ܪܕܐ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ‬

‫ ܗܠܝܢ ܕܡܘ̈ܪܘܣ‬. ‫ ܙܕܩ ܗܟܝܠ ܠܡܕܥ ܕܟܘܠ ܒܝܬܐ ܬܠܬܝܢ ܡܢܘܢ ܡܬܦܠܓ‬.1
4
‫ ܘܟܠ ܚܕܐ ܡܢܗܝܢ ܕܗܠܝܢ ܡܘ̈ܪܘܣ ܡܬܦܠܓܐ ܠ̈ܪܦܦܐ ܩܕܡܝܐ‬. ‫ܡܫܡܗܝܢ ܠܗܝܢ‬
5
. ‫ ܡܬܦܠܓ ܬܘܒ ܠܫܬܝܢ ̈ܪܦܦܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬. ‫ ܘܟܠ ܚܕ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ̈ܪܦܦܐ‬. ‫ܫܬܝܢ‬

< Titre >


Exemple au sujet du mouvement du soleil : comment peut-on savoir, à
chaque fois qu’on le souhaite, dans quelle Maison6 et par laquelle de ses
parties il passe plus ou moins7 ?

< 1. Définitions préalables >


Il faut savoir que chaque Maison se subdivise en trente parties qu’on appelle
8
degrés (μοῖρας); chacun de ces degrés se subdivise en soixante minutes et
chacune de ces minutes se subdivise de nouveau en soixante secondes.

4
|| ‫ ܩܕܡܝܐ‬correxi : ‫ ܩܕܡܝܐ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
5
Texte grec : (Titre) « <κη'> Περὶ τῆς τοῦ Ἡλίου κινήσεως καὶ τοῦ μαθεῖν ἐν ποίῳ ξῳδίῳ
καὶ πόσων μοιρῶν ἐστὶν παχυμερῶς » (= Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER],
p. 79, l. 1-3).
---------------------------------------------
6
Le recours au terme « maison » pour désigner un des douze secteurs du zodiaque (ce qui
correspond à un signe ou dodécatomérie) est très intéressant : d’une part parce que nous
n’avons trouvé dans aucun autre des textes syriaque de notre corpus une telle utilisation et
d’autre part parce qu’il semble que cette image ait plutôt circulé dans les textes
astrologiques, comme dans les Astronomica de Manilius ou la Tétrabible (I, 20) de
Ptolémée. En effet dans ses œuvres astronomiques, Ptolémée n’emploie jamais cette
métaphore. Dans le Traité sur les constellations Sévère Sebokht emploie ce terme pour
condamner sévèrement l’astrologie (voir. Sév. Seb., Traité sur les constellations V.1,
p. 367-368 (texte) ; p. 371(trad.).
7
Même sujet abordé dans Vat. sir. 555 (f. 27v-28r): “ ‫ܘܐܢ ܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܒܐܝܢܐ ܡܢ ܡܠܘܫܐ‬
‫ ܥܕܡܐ ܠܝܘܡܐ ܕܩܐܡ ܐܢܬ ܒܗ‬. ‫) ܕܐܝܠܘܠ‬82r( ‫ ” ܪܕܐ ܫܡܫܐ ܀ ܠܒܘܟ ܝܘܡܬܐ ܡܢ ܪܝܫܗ‬: Et si tu veux
savoir par quel signe passe le soleil, prends les jours qui vont du début d’élul jusqu’au jour
où tu te situes…/ ainsi qu’au f. 45r: “‫ ” ܕܬܕܥ ܟܡܐ ܗܘܐ ܫܡܫܐ ܒܟܠܚܕ ܡܢ ܡܠܘܫܐ‬Pour savoir
combien de temps le soleil reste dans chacun des signes du zodiaque”.
8
Le terme syriaque [repŏpŏ] est attesté dans le sens de minute dans une traduction d’un
texte médical de Sergius (cf. BUDGE E. A. W. (éd.), Syrian Anatomy, Pathology and
Therapeutics, or, The Book of Medicines, 2 vols., London, 1913, p. 531). On le trouve
également dans KUGENER A. (éd), « Un traité astronomique et météorologique syriaque
attribué à Denys l’Aréopagite », in Actes du XIVe Congrès international des Orientalistes
(Alger 1905), Partie II, Paris, 1907 (Reprint Nendeln/Liechenstein, Kraus, 1968), p. 139.

244
Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil

‫ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܠܝܘܡܬܐ ܬܠܬܝܢ‬. ‫ ܡܬܬܙܝܥ ܕܝܢ ܫܡܫܐ ܡܢ ܒܝܬܐ ܠܒܝܬܐ‬.2


‫ ܪܕܐ ܕܝܢ ܒܟܠ‬. ‫ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܝܢ ܕܠܬܠܬܝܢ ܘܚܕ ܓܕܫܐ ܕܝܢ ܕܐܦ ܠܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬܫܥܐ‬
‫ܠܝܠܝ ܐܝܡܡ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ܡܘܪܐ ܚܕܐ ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܘܪܐ ܚܕܐ ܘܪܦܦܐ ܚܕ‬
‫ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܘܪܐ ܚܕܐ ܘ̈ܪܦܦܐ ܬ̈ܪܝܢ ܘܐܝܬ ܬܘܒ ܐܡܬܝ ܕ̈ܪܦܦܐ ܚܡܫܝܢ‬
9
. ‫ܘܬܫܥܐ ܒܠܚܘܕ ܐܘ ܚܡܫܝܢ ܘܬܡܢܝܐ ܐܘ ܚܡܫܝܢ ܘ ܫܒܥܐ‬

<2. Généralités sur le mouvement du soleil>

Le soleil se déplace d’une Maison à une autre parfois en trente jours,


d’autres fois en trente-et-un jours et il se peut aussi <qu’il le fasse> en
vingt-neuf jours10. Le temps d’un nychthémère11, le soleil peut traverser
environ un degré (parfois un degré et une minute, parfois un degré et deux
minutes, ou encore seulement cinquante-neuf, cinquante-huit ou cinquante-
sept minutes)12.

9
« Τὴν ἀπὸ ζῳδίου ἐπὶ ζῴδιον κίνησιν ποιεῖται ὁ δημιουργὸς τῶν ὅλων Ἥλιος ὁτὲ μὲν δι᾽
ἡμερῶν λα καὶ λ καὶ ἔσθ᾽ ὅτε δὲ καὶ κθ. Πορεύεται δὲ ἐφ᾽ ἑκάστου νυχθημέρου πλεῖον ἢ
ἔλαττον μοίρας μίας, ὁτὲ δὲ καὶ λεπτὸν α, ὁτὲ δὲ μοῖραν μίαν καὶ λεπτὰ β, εἰς τὸ
περιγειότατον δηλαδή, ἔσθ᾽ ὅτε δὲ καὶ λεπτὰ νθ καὶ νη καὶ νζ. » ( = Paul Alex., Elementa
apotelesmatica [ed. BOER], p. 79, l. 4-9).
--------------------------------------------
10
En effet du point de vue de l’observateur terrestre, le soleil parcourt vers l’est à peu près
l’équivalent d’un signe zodiacal, c’est-à-dire 30° par mois. Naturellement le nombre de
degrés parcouru dépend de la longueur du mois.
11
En un jour et une nuit, c’est-à-dire en 24 heures.
12
En réalité le soleil parcourt en moyenne 360° en 365,25 jours, c’est-à-dire environ 59’
par jour. La vitesse apparente du soleil varie en fonction des solstices : au moment du
solstice d’hiver on trouvera un mouvement supérieur à 1° par jour, alors qu’aux environs du
solstice d’été on trouvera un mouvement plus lent équivalent à 56’ par jour. Durant la
période hellénistique ce phénomène astronomique fut considéré comme une « anomalie »
du mouvement solaire (cf. O. NEUGEBAUER, The exact sciences in antiquity, second
edition, Rhode Island, Brown University Press, 1957, p. 6). Cf. Bar Heb., Cours d’astr. [éd.
NAU], I, 2, 3 : « Il y a deux mouvements simples qui font varier la position du soleil : le
premier est celui de l’excentrique qui se meut dans les signes du zodiaque de 59 minutes 8
secondes par jour et entraine avec lui la sphère du soleil » (trad. Nau, p. 22).

245
Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil

‫ ܕܩܢܘܢܐ‬13‫ ܝܕܥܐ ܿܗܝ ܕܟܬܒܐ‬. ‫ ܐܐܠ ܕܘܟܬܐ ܫܪܝܪܬܐ ܕܡܪܕܝܬܐ ܕܫܡܫܐ‬.3


‫ ܠܦܘܬ ܕܝܢ ܕܐܢܫ ܢܕܥ‬. ‫ܕܬܪܝܢ ܘܕܚܘܫܒܢܐ ܕܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ ܡܚܘܐ‬
‫ ܢܚܫܘܒ ܗܟܢܐ ܐܚܕ ܐܢܬ ܝܘܡܬܐ‬. ‫ܦܫܝܩܐܝܬ ܒܐܝܕܐ ܕܘܟܬܐ ܡܫܬܟܚ ܫܡܫܐ‬
‫ ܘܡܐ ܕܟܢܫܬ ܟܠܗܘܢ‬.‫ܕܡܢ ܪܝܫܗ ܕܐܝܠܘܠ ܥܕܡܐ ܠܝܘܡܐ ܕܒܥܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܒܗ‬
14
. ‫ܝܘܡܬܐ ܡܘܣܦ ܐܢܬ ܥܠܝܗܘܢ ܡܐܐ ܘܚܡܫܝܢ ܘܬܡܢܝܐ ܝܘܡܝܢ‬

<3.Calcul de la position du soleil>

Quant au lieu de passage précis du soleil, on le trouvera grâce au


deuxième livre des Tables <faciles>15 qui montre le calcul de Claude
Ptolémée. Mais pour savoir facilement à quel l’endroit se trouve le soleil, on
effectuera le calcul suivant : prends le <nombre> de jours qu’il y a entre le
début d’élul16 et le jour durant lequel tu effectues ta recherche. Quand tu
auras fait la somme de ces jours, ajoute leur cent cinquante-huit jours.

13
|| ‫ ܝܕܥܐ ܿܗܝ ܕܟܬܒܐ‬correxi : ‫ ܥܕܡܐ ܟܬܒܐ‬L Sachau || (CORR. 1)
--------------------------------------------
14
Texte grec : « ὁ Πρόχειρος δὲ Κανὼν Κλαυδίου Πτολεμαίου παραστήσει τήν ἀκριβῆ
μοῖραν τοῦ Ἡλίου. Πρὸς δὲ τὸ γινώσκειν εὐχερὲς πρὸς ἐπίσκεψιν, ἐν ποίᾳ ἐποχῇ ἐστιν ὁ
Ἥλιος, ποιητέον οὕτως, τὰς ἀπὸ Θὼθ νεομηνίας μέχρι τῆς ἐπιζητουμένης ἡμέρας
ἐπισυναγαγὼν πρόσθες ταύταις καθολικὰς ρνη » ( = Paul Alex., Elementa apotelesmatica
[ed. BOER], p. 79, l. 9-15).
--------------------------------------------
15
Noter qu’aucun des manuscrits grecs collationnés par Boer ne précise qu’il s’agit du
« deuxième » livre. Le texte pourrait bien se référer non pas aux Tables faciles de Ptolémée
directement, mais au Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles : en
effet le second chapitre de ce commentaire traite du mouvement en longitude du soleil. Par
ailleurs on comparera le titre de l’ouvrage astronomique, ici attribué à Claude Ptolémée,
avec la désignation accordée dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 :
« ‫» ܒܟܬܒܐ ܿܗܘ ܕܚܘܫܒܢܐ ܕܦܛܘܠܘܡܐܘܣ‬.
16
Mois du calendrier sémitique (utilisé par les Hébreux, les Syriaques, puis, après eux, les
Arabes) correspondant au mois d’août romain ou au mesori alexandrin.

246
Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil

‫ܘܡܢ ܟܠܗ ܡܢܝܢܐ ܕܐܬܟܢܫ ܢܦܩ ܐܢܬ ܦܠܓܗܘܢ ܕܝ̈ܪܚܐ ܕܡܢ ܐܝܠܘܠ ܥܕܡܐ‬
‫ܠܝܪܚܐ ܕܒܥܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܒܗ ܘܐܢ ܐܝܬ ܒܐܝܕܟ ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܗܘܐ‬
‫ܘܗܘ ܡܕܡ ܕܦܐܫ‬ ܿ ‫ ܡܢܝܢܐ ܕܐܚܝܕ ܐܢܬ ܚܘܕܪܐ ܚܕ‬17‫ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ ܫܪܝ ܡܢ‬
ܿ ‫ ܟܕ‬. ‫ ܕܐܡܪܐ‬18‫ܒܐܝܕܟ ܦܘܩ ܡܢ ܪܫܗ‬
‫ܝܗܒ ܐܢܬ ܠܟܠ ܒܝܬܐ ܬܠܬܝܢ ܬܠܬܝܢ ܡܢ‬
‫ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܐܝܬܘܗܝ‬ ܿ ‫ܕܫܠܡ ܡܢܝܢܐ ܕܒܐܝܕܟ܆‬ ܿ ‫ܡܕܡ ܕܐܝܬ ܒܐܝܕܟ ܘܐܝܟܐ‬
. ‫ܚܣܝܪ‬. ‫ܫܡܫܐ ܝܬܝܪ‬
19
‫ܫܠܡܬ ܡܠܬܐ ܕܐܡܝܪܐ ܥܠ ܡܪܕܝܬܗ ܕܫܡܫܐ܀‬

Applique le nombre total obtenu (<c’est-à-dire> le contenu des mois qui va


d’élul jusqu’au mois durant lequel tu fais ta recherche) et s’il y a en sens
direct un cercle de trois cent soixante, soustrais un cercle au nombre retenu
et ce qui reste applique-le en sens direct depuis le commencement du Bélier,
en donnant à chaque signe trente <degrés>. Là où tombera le nombre
(appliqué en sens direct), sous ce degré, se trouvera plus ou moins le
soleil20.

Fin du propos tenu sur le passage du soleil.

17
|| ‫ ܫܪܝ ܡܢ ܡܢܝܢܐ‬Sachau : ‫ ܫܪܝ ܡܢܝܢܐ‬L post ‫ ܫܪܝ‬add. ‫ ܡܢ‬L1 ||
18
|| ‫ ܪܫܗ‬: ‫ ܪܝܫܗ‬L Sachau ||
--------------------------------------------
19
Texte grec : « καὶ ἀπὸ τοῦ οὕτως συναχθέντος ἀριθμοῦ ὕφελε τὸ ἥμισυ τῶν μηνῶν ἀπὸ
Θὼθ μέχρι τοῦ ἐπιζητουμένου ὄντων. καὶ ἐὰν ἔχει κύκλον, ἀπόλυε, καὶ τὸν ὑπόλοιπον ἀπὸ
Κριοῦ διέκβαλε διδοὺς ἑκάστῳ ζῳδίῳ μοίρας λ. ὅπου δ᾽ἄν καταλήξῃ ὁ ἀριθμὸς ὁ
κατ᾽ἔλλειψιν, ἐκεῖ τὴν μοῖραν τοῦ Ἡλίου * παχυμερέστερον λέγε εἶναι.* » (= Paul Alex.,
Elementa apotelesmatica [ed. BOER], p. 79, l. 15 à p. 80, l. 2).
--------------------------------------
20
Passage traduit librement du Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie au chap. 2
intitulé « Calcul de la longitude du Soleil » : « τόν συναχθέντα τῶν μοιρῶν ἀριθμὸν
ἐκβαλλοντες ἀπὸ Κριοῦ ἀρχῆς εἰς τὰ ἑπόμενα, ἑκάστῳ ζῳδίῳ διδόντες μοίρας λ, ὅπου δ'ἂν
καταντήσῃ ὁ ἀριθμός, κατ’ἐκείνου τοῦ ζῳδίου καὶ τῆς μοίρας ἕξομεν τὴν ...τοῦ ἡλίου
ἀκριβῆ ἐποχήν / et nous comptons en sens direct depuis le commencement du Bélier les
degrés obtenus de cette addition, en donnant à chaque signe 30 degrés. Là où tombera le
nombre, sous ce signe et ce degré, nous aurons la position vraie du soleil …». (TIHON A.
(éd.), Le « Petit Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée
(Histoire du texte, édition critique, traduction), Città del Vaticano, Biblioteca apostolica
Vaticana, 1978 [Studi e testi 282], p. 209 (texte) ; p. 305 (trad.).

247
TEXTE 4
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
[= ms. Paris BnF syr. 346, f. 124v-128v]

I. Avertissement

La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant fut rédigée par


Sévère Sebokht avant le mois de septembre 662 de notre ère1. Adressée à
« un frère », son contenu est destiné à un certain Stéphane (ou Étienne)
« chartulaire de toute la Djazira ».
Cette lettre, que nous éditons à partir du ms. Paris BnF syr. 346
(f. 124v-127v) porte le numéro de chapitre 20 (les 18 premiers chapitres du
manuscrit correspondent au Traité sur les constellations, le chapitre 19
contient la Lettre sur la conjonction des planètes). Bien qu’elle ne soit pas
clairement attribuée à Sévère Sebokht, il ne fait aucun doute que cette lettre
soit de l’évêque de Qennešrin : le scribe en était convaincu étant donné qu’il
l’insère à la suite de plusieurs de ses productions en poursuivant les
numéros de chapitres ; de plus le destinataire de cette lettre, Stéphane (ou
Étienne) chartulaire de Djazira, est le même que celui de la Lettre sur le
calcul de Pâques qui est, elle, clairement attribuée à Sévère Sebokht ; enfin
le langage astronomique employée dans cette lettre correspond tout-à-fait à
celui auquel l’auteur nous a habitué dans son Traité sur l’astrolabe et dans
son Traité sur les constellations.
La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant a été signalée par
F. Nau qui en a édité et traduit un court extrait2.
La lettre indique qu’entre Sévère Sebokht et Stéphane se trouvait un
intermédiaire que Sévère appelle « mon frère » et à qui il demande de bien
vouloir transmettre les informations contenues dans cette lettre au fameux
Stéphane. À la fin de la lettre on apprend qu’en réalité Sévère aurait dû se
rendre lui-même auprès de Stéphane pour lui expliquer tous ces phénomènes

1
Ceci est connu grâce à un exemple de calcul proposé par Sévère dans cette lettre : il s’agit
de calculer la position des nœuds ascendant et descendant de la lune qui « se produira la
379e année de Dioclétien, au mois de Thoth ».
2
Voir NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de
Qennešrin », ROC 27 (1929/30), Introduction, p. 335-337.
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

astronomiques et lui apprendre à utiliser les Tables faciles et le


Commentaire de Théon d’Alexandrie. Mais Sévère, malade, est dans
l’incapacité de se déplacer. C’est la raison pour laquelle il envoie à sa place
son disciple Athanase, qui sera en mesure d’expliquer ces points à sa place.
Cette lettre est précédée d’un proemium. Ce proemium annonce non
seulement le sujet de la présente lettre, mais aussi le contenu d’autres lettres
de Sévère : il s’agit de la Lettre sur le calcul de la Pâque (de l’an 665) et de
la Lettre sur la conjonction des planètes que l’on retrouve respectivement
aux f. 136r-141r et 121v-124v du ms. Paris BnF syr. 346. Étant rédigé à la
première personne du singulier, ce proemium doit être attribué à Sévère en
personne. Cependant il faut noter qu’il introduit une confusion dans les
éléments de datation : on a vu que la Lettre sur les nœuds ascendant et
descendant avait été écrite avant sept. de l’année 662. Or lorsque la Lettre
sur le calcul de la Pâque est annoncée, on s’aperçoit que l’auteur écrit
durant l’année qui précède la 8e année de l’indiction, c’est-à-dire l’an 665 de
notre ère. L’hypothèse la plus vraisemblable pour expliquer cette
contradiction est que Sévère a lui-même regroupé, en vue d’une édition
complète de ses œuvres, ses lettres astronomiques et qu’il a rédigé ce
proemium peu après la rédaction de sa dernière lettre (sur le calcul de la date
de Pâques), c’est-à-dire en l’an 664 de notre ère. Mais le contenu de la
présente lettre, qui indique par des verbes au futur que le calcul pour l’année
662 concerne une date future, a bien été rédigée à une date antérieure,
vraisemblablement au cours de la première moitié de l’an 662.

249
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

II. Plan de la lettre

<I. Proemium>

< II. Calcul des nœuds>


<II. 1. Méthode de Théon d’Alexandrie>
<II. 2. Application à l’année des Grecs 986 >
<II. 3. Autre méthode de calcul >
< II. 4. Application à l’année des Grecs 985/6 >
<II. 5. Autre méthode de calcul>
<II. 6 Application : renvoie aux Tables faciles>

<III Éclipses de soleil>

<IV. Informations personnelles>

250
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

III. Édition et traduction de la Lettre sur les nœuds ascendant et


descendant de Sévère Sebokht3

ܿ ܿ ܿ
‫ܐܒܝܒܙܘܢ‬ ܼ ‫ ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܆ ܡܛܠ ܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܿܚܫܒ ܐܢܫ ܡܛܠ ܼܐ ܼܢ‬.>I<
‫ܢܩܕܡ‬ܼܿ ‫ ܘ ܣܛܪ ܡܢ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܘܕܐܝܟܢܐ ܬܘܒ‬4‫ ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ‬. ‫ܐܒܝܒܙܘܢ‬
5 ܿ ܿ
ܼ ‫ܛ‬ܼ ‫ܘܩ‬ ܼ
ܿ ܿ ܿ
‫ܐܢܫ ܼܢܕܥ ܕܐܢ ܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ ܐܘ ܐܠ ܗܘܝܐ ܡܛܠ ܕܝܢ‬ 6

‫ܪܚܡ ܠܡܫܝܚܐ ܡܪܝ ܣܛܦܢܘܣ ܐܝܠܘܣܛܪܝܘܣ‬ ܿ ‫ܕܟܬܒ ܐܘܟܝܬ ܼܥܗܕ‬ ܼ ‫ܗܠܝܢ‬


ܿ 7
. ‫ܘܟܪܛܘܠܪܐ ܕܟܠܗ ܓܙܝܪܬܐ ܇ ܕܢܬܝܕܥܢ ܠܗ ܡܢ ܒܨܝܪܘܬܢ ܒܐܝܕܝ ܐܚܘܬܟ‬

<I. Proemium>
Chapitre 20 : comment calculer les nœuds ascendant et descendant
d’après les Tables faciles8 ou sans les Tables faciles9 ? Comment prévoir s’il
y aura une éclipse de soleil ou de lune ? Puis <je parlerai> de ce qu’a écrit,
ou plutôt rappelé, l’ami du Christ Stéphane l’Illustre (illusṭrius 10 ),
Chartulaire de toute la Djazira11, à qui seront humblement présentés de ma
part, ô mon frère, les sujets <suivants, à savoir> :

3
L’édition et la traduction proposées se fondent exclusivement sur la copie du ms. Paris
BnF syr. 346 (f. 124v-127v) du XIVe s. Ce manuscrit a été décrit dans NAU F., « La
cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 225-254. Les nœuds
ascendant et descendant ont été définis par Théon, dans son Petit Comm., comme « les
points d’intersection de l’écliptique » avec le parcours d’un objet céleste, en l’occurrence
ici de la lune.
-------------------------------------------
4
|| ante titulum add. ‫ ̄ܗ ܡܛܝܒܐ‬. ‫ ̄ܗ ܕܩܠܝܐܠ ܦܫܝܩܐ‬. ‫ ̄ܗ ܕܩܕܡ ܐܝܕܐ‬P1 in marg. ||
5
|| ‫ ܘܕܐܝܟܢܐ‬correxi : ‫ ܘܐܕܝܟܢܐ‬P ||
6
‫ܢܩܕܡ ܐܢܫ ܼܢܕܥ‬ܼܿ > gr. προγιγνώσκω ?
7
|| ‫ ܘܟܪܛܘܠܪܐ‬correxit P1 in marg. : ‫ ܟܠܛܘܪܐ‬P ||
-------------------------------------------
8
Le terme désignant les Tables faciles est systématiquement surmonté, dans le titre, d’une
note ( ‫ = ܗ‬5) renvoyant à des inscriptions marginales (cf. note suivante).
9
On lit en marge : « grâce auxquelles <le calcul> est rapide, facile et bien fait ». On
trouvera une édition et un commentaire de ces tables dans A. TIHON (éd.), Ptolemaiou
Procheiroi Kanones. Les « Tables Faciles » de Ptolémée, vol. 1a : Tables A1-A2,
Publications de l’Institut Orientaliste de Louvain 59B, Louvain, 2011 et R. MERCIER,
Ptolemaiou Procheiroi Kanones. Ptolemy’s Handy Tables, vol. 1b : Tables A1-A2.
Transcription and Commentary, Publications de l’Institut Orientaliste de Louvain 59B,
Louvain, 2011.
10
‫ ܐܝܠܘܣܛܪܝܘܣ‬, illusṭrius renvoie au titre honorifique latin illustris (> gr. ἰλλούστριος).
11
Chartulaire de toute la Djazira : Karṭularo d-kulloh gezirta. La Djazira désigne une
région de la Haute Mésopotamie (région de Tur Abdin et encore plus à l’est).

251
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܕܝ ̄ܛ ܕܚܘܕܪܐ ܕܠܗ ܕܣܗܪܐ‬ ܿ ‫ܕܗܘܝܐ‬


̄ ‫ܒܫܢܬܐ‬ ܿ ‫ ̄ܝ ̄ܕ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܿܗܝ‬12‫ܡܛܠ ܿܡܢ‬
‫ܕܚ ܗܕܐ ܕܥܬܝܕܐ ܐܘܟܝܬ ܕܝܬܝܪ ܩܪܝܒܐ ܇ ܕܐܢ ܒܚܡܫܐ ܠܡ‬ ̄ ‫ܒܐܦܝܢܡܝܣܝܣ‬
‫] ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܢ ܿܥܒܕܝܢ‬521 r[ ‫ܐܘ ܒܫܬܐ ܇‬ܿ ‫ܠܡܚܫܒܗ‬
ܿ ‫ܒܢܝܣܢ ܿܙܕܩ ܠܢ‬
ܿ ‫ ܠܘܬ ܚܕܕܐ‬13‫ܠܡ ܐܟܚܕܐ ܗܠܝܢ ܫܒܥܐ ܛܥܝܐ ܣܘܢܕܘܣ‬
‫ ܘܕܠܟܡܐ ܫܢܝܐ‬. ‫ܐܘ ܐܠ‬
. ‫ ܗܐ ܡܢ ܟܕܘ ܆ ܒܗܠܝܢ ܕܡܢ ܠܥܠ ܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ‬. ‫ܿܥܒܕܝܢ‬

‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܚܘܫܒܢܐ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܫܐ ܐܝܟ ܕܡܨܝܐ ܐܡܪܝܢܢ‬


‫܀‬

le XIV lunaire de Nisan qui aura lieu la 19e année du cycle lunaire dans la 8e
<année> à venir de l’indiction14, c’est-à-dire l’an prochain, faut-il le placer
le 5 ou le 6 de Nisan ?15 [fol. 125r] On veillera aussi à savoir si les sept
planètes peuvent ensemble former ou non une conjonction en s’associant les
unes aux autres, et à quelle fréquence elles le font. J’ai déjà parlé de ce qui
se rapporte à ce sujet précédemment16.

Nous parlerons donc autant que possible du calcul des nœuds ascendant et
descendant.

12
|| ‫ ܡܛܠ ܿܡܢ‬correxi : ‫ ܡܛܠ ܿܡܢ ܡܛܠ ܿܡܢ‬P ||
13
|| ‫ ܣܘܢܕܘܣ‬: ‫ ܣܘܢܘܕܘܣ‬P ||
------------------------------------------
14
Translittération du grec ἐπινέμεσις.
15
La date de Pâques est tombé un 6 de nisan en l’an 665, ce qui correspond non pas à la 8e
indiction 8 (période de 15 ans). Mais d’après V. Grumel (cf. « Tableau des cycles pascal,
solaire et lunaire dans les ères chrétiennes-dionysienne byzantine et alexandrine » dans La
Chronologie, p. 272), l’année 665 correspond non pas à la 19e année du cycle lunaire (qui
tombe en 663), mais à l’année 1 du cycle lunaire qui, selon le cycle lunaire alexandrin,
recommence en 665.
16
En effet le chapitre précédent (n° 19 dans le manuscrit Paris BnF syr. 346) portait sur la
conjonction des sept planètes. La première partie de ce chapitre 19 a été traduite et publiée
dans NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 16, 1910, p. 210-213 (texte) et p. 213-
214 (trad.).

252
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܕܢܚܫܒ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ‬ ܿ ‫ܕܨܒܐ ܕܩܠܝܐܠܝܬ ܘܕܐܠ ܥܡܐܠ ܼܢܫܟܚ‬ ܿ ‫ܘܡܛܠ ܿܡܢ ܿܗܝ‬
ܿ ܿ ܿ
‫ ܣܒܪܐ ܼܢܐ ܕܝܢ ܕܐܦܐܠ ܐܢܫ‬. ‫ܘܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܆ ܐܢܐ ܿܡܢ ܐܠ ܒܕܘܟ ܐܫܟܚܬ‬
‫ܐܚܪܝܢ ܇ ܚܘܫܒܢܐ ܕܐ ܼܿܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܕܩ ܿܛܼܐܒܝܒܙܘܢ ܇ ܕܩܠܝܠ ܘܦܫܝܩ ܘܕܣܟ ܠܝܬ‬
‫ܕܡܠܦ‬ ܿ ‫ܒܗ ܥܡܐܠ ܆ ܛܒ ܡܢ ܚܘܫܒܢܐ ܿܗܘ ܕܐܝܟ ܩܢܘܢܐ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ ܆ ܐܝܟܢܐ‬
‫ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ܀‬
. ‫ܐܡܪ ܓܝܪ ܆ ܕܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ܠܦܘܬ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܡܢܘܬܐ‬ ܿ
17
‫ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆ ܘܠܗܢܐ ܿܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܫ‬ ܿ ‫ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ‬
‫ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܕܢܩܦܝܢ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ‬
‫ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ‬
̄ ܿ . ‫ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ܒܗܘ ܕܝܢ‬ ̄ ‫ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ‬
ܿ ‫ ܬܡܢ‬. ‫ܕܢܫܠܡ ܿܗܘ ܡܢܝܢܐ‬
. ‫ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬. ‫ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ‬

< II. Calcul des nœuds>


<II. 1. Méthode de Théon d’Alexandrie>

Quant au fait de pouvoir calculer rapidement et sans effort les nœuds


ascendant et descendant, je ne l’ai trouvé nulle part et je pense que personne
d’autre <n’a réussi> à faire en sorte que le calcul des nœuds ascendant et
descendant soit plus rapide, plus facile et nécessitant moins de travail que le
calcul <effectué> d’après les Tables faciles, comme l’a enseigné Théon
d’Alexandrie dans son Commentaire aux Tables faciles18 ‫܀‬
Il dit en effet que lorsque nous prenons ce qui manque pour <faire> 360
degrés (μοῖρα), c’est-à-dire parties, <au> chiffre de la limite boréale obtenu
des 5 sections19, et que nous avançons celui-ci en partant du commencement
du capricorne, en sens direct, et en donnant 30 degrés à chaque signe, là où
tombera ce chiffre, nous dirons que se trouve alors le nœud ascendant et, au
point diamétralement opposé, le nœud descendant20.

17
|| ‫ ܪܫ‬: ‫ ܪܝܫ‬P ||
------------------------------------------
18
Sévère fait ici référence au Petit commentaire de Théon. Pour le texte grec et sa
traduction en français voir TIHON A. (éd.), Le « Petit Commentaire » de Théon
d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée (Histoire du texte, édition critique,
traduction), Città del Vaticano, BAV, 1978 [Studi e testi 282] ; on pourra également
comparer avec le Grand commentaire de Théon lisible dans les éditions suivantes :
MOGENET J. (†)/ TIHON A., Le « Grand commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables
faciles de Ptolémée Livre 1 […], 1985 ; TIHON A., Le « Grand Commentaire » de Théon
d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée Livres 1 et 2 […], 1991 et TIHON A., Le
« Grand Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée Livre 4
[…], 1999.
19
Théon Al., Petit Comm. [trad. TIHON], chap. 1, p. 302 : « Il s’agit des périodes de 25 ans,
des années simples, du mois égyptien, du jour égyptien, de l’heure à partir de midi ».
20
Trad. littérale d’un extrait de Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 15, p. 239
(texte)/ p. 320 (trad) justement consacré aux nœuds ascendant et descendant : « Τοῦ γὰρ
καταχθέντος τοῦ βορείου πέρατος ἀριθμοῦ ἐκ τῶν πέντε κεφαλαίων τὸν λείποντα εἰς τὰς τξ
μοίρας λαμβάνοντες καὶ τοῦτον ἐκβάλλοντες ἀπὸ τῆς τοῦ Αἰγόκερω ἀρχῆς εἰς τὰ ἑπόμενα
ἑκάστῳ ζῳδίῳ διδόντες μοίρας λ, ὃπου δ’ἂν καταλήξῃ ὁ ἀριθμός, ἐκεῖ τότε φήσομεν
τυγχάνειν τὸν ἀναβιβάζοντα, εἰς δὲ τὸ τούτου κατὰ διάμετρον, τὸν καταβιβάζοντα. ». Voir
aussi Théon, Grand Comm., I, 21, p. 157 (éd. Mogenet †/A. Tihon) où se trouve le même
passage.

253
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܢܬܬܣܝܡ ܙܒܢܐ ܆ ܕܫܢܬܐ‬ ‫ܕܐܬܐܡܪܬ ܆‬ ܿ ‫ܘܐܝܟܢܐ ܕܐܝܟ ܕܒܬܚܘܝܬܐ ܢ ܿܢ ܿܗܪ‬


‫ܠܗܝ‬
ܼ ܼ ܼ ܼ
‫ ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܫܒܥܐ‬. ‫ ܝܪܚܐ ܕܝܢ ܬܘܬ‬. ‫ܕܫ ̄ܥ ̄ܛ ܕܡܠܟܐ ܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ‬
ܿ ̄ ‫ܡܢ ܿܗܝ‬
. ‫ܕܐܝܬ ̄ܘ ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ‬ ̄ ‫ ܿܗܘ‬. ‫ܕܝ ̄ܒ ܕܐܝܡܡܐ‬ ̄ ‫ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ‬. ‫ܕܠܗ ܕܝܪܚܐ‬
‫ ܝܪܚܐ‬. ̄‫ܥ ̄ܘ ܕܦܫܝܛܬܐ ܕܝܢ ܗܝ ܕܝ‬ ̄ ‫ܕܨ‬̄ ‫ ܿܗܝ‬21‫ܿܫܢܬܐ ܿܡܢ ܕܐܝܩܘܣܝ ܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ‬
‫ ܟܕ‬. 22‫ܕܘ ܕܒܬܪ ܡܣܡܒܪܝܐ‬ ̄ ‫ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ‬. ‫ ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܟ̄ ̄ܗ‬. ‫ܕܝܢ ܡܝܟܝܪ‬
‫ܥ ̄ܘ ܫܢܝܢ‬
̄ ‫ܠܗܢܝܢ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣ ܕܣܝܡܢ ܠܘܩܒܠ ̄ܨ‬ ܿ ‫ܿܢܣܒܝܢܢ ܓܝܪ‬

<II. 2. Application à l’année des grecs 986 >

En suivant les paradigmes23 on expliquera ce qui, dit-on, se produira la


379e année de Dioclétien24, au mois de thoth, le 7e jour de ce mois, à la 12e
heure du jour, ce qui correspond, selon les Tables faciles, à une 976e année
et, selon les périodes de 25 ans25, à une 10e année26, au mois de mechir, le
25e jour, à la 6e heure après midi27. Car en prenant les <chiffres> de la limite
boréale qui sont placés en face des 976 ans , on obtient :

21
|| ‫ ܕܐܝܩܘܣܝ ܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ‬P : add. ‫( ܡܬܝܢ‬sic) P1 in marg. ||
22
|| ‫ܕܘ ܕܒܬܪ ܡܣܡܒܪܝܐ‬ ̄ ‫ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܗܝ‬P : add. ‫ ܚܡܫ‬P1 in marg. || post ‫ ܡܣܡܒܪܝܐ‬add. ‫ ܛܗܪܝܬܐ‬P1
in marg.||
--------------------------------------------
23
Taḥwito. Un peu plus loin (f. 125v), ce terme (‫ )ܬܚܘܝܬܐ‬est donné clairement comme un
équivalent culturel du παράδειγμα grec.
24
Le calcul proposé pour l’an 378 de Dioclétien, correspond donc à l’année 662 de notre
ère, soit à l’année 378 + 284 + 324 = 986 de l’ère de Philippe Arrhidée. Nous pouvons
déduire de cet exemple que la présente lettre fut écrite par Sévère Sebokht avant le 4
septembre 662 apr. J.-C (= 986 de Philippe le 25 de mechir). L’erreur de F. Nau (qui avait
lu 359 au lieu de 379) est due ici à l’écriture ambigüe du copiste. R. Mercier et A. Tihon
nous ont permis d’obtenir quelques garanties sur le déchiffrage de cette date en syriaque, en
vérifiant, à partir de leur travail d’édition des Tables faciles de Ptolémée, la concordance
exacte entre la date donnée en années de Dioclétien (le 4 thoth 379) et celle donnée en
années de Philippe (le 25 mechir 986). Nous devons à Denis Savoie la conversion en ère
chrétienne proposée.
25
Le copiste ne comprend manifestement pas la translittération du grec εἰκοσαπενταερίδες
(période de 25 ans). Il en fait trois mots εἰκοσα-πεντ-(t)αερίδες et se trompe en notant après
la transcription du premier : « ‫ » ܡܐܬܝܢ‬c’est-à-dire « deux cents ». Il faut admettre, à sa
décharge, que la translittération n’est pas des plus heureuses : il y a un « ṭ » de trop en
syriaque.
26
Littéralement : « une 976e année et, selon les périodes de 25 ans, à une 10e année ». En
réalité le texte se trompe quand il formule ces chiffres (976 et 10) sous forme ordinale.
Comme cela est expliqué à la phrase suivante il s’agit bien de l’année 976 et non de la 976 e
année (ce qui équivaudrait à l’an 975) et pour obtenir l’an 986 nous ne devons pas recourir
à la dixième année (ce qui signifierait que seules 9 années seraient révolues) mais à l’an 10
après 976.
27
Le scribe a noté « cinq » dans la marge et propose un équivalent culturel sémite pour
rendre le terme «midi », mesembria translittéré du grec μεσημβρία.

254
‫‪Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant‬‬

‫ܕܐܝܩܘܣܝܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ ܆ ܕܐܝܬܝܗܝܢ ܘܐܠ ܡܕܡ ̄ܠ ̄ܗ ܠܦܛܐ ܇ ܿ‬


‫ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ‬
‫ܓ ܠܦܛܐ ܟ ܇ ܿ‬
‫ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ ܕܠܘܩܒܠ ܝܪܚܐ‬ ‫ܕܠܘܩܒܠ ܫܢܝܐ ܝ̄ ܦܫܝܛܬܐ ܆ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܩ ̄ܨ ̄‬
‫̄‬ ‫̄‬ ‫ܿ‬
‫ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ ܕܠܘܩܒܠ ܝܘܡܐ ܗܘ ܕܟܗ ܆ ܡܘܪܐ ܚܕܐ ‪.‬‬ ‫ܡܝܟܝܪ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܕ ܠܦܛܐ ܢ̄ܙ̄ ܇ ܿ‬
‫ܕܘ ܘܐܠ ܡܕܡ ܆‬‫ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ ܠܘܩܒܠ [‪ ]521 v‬ܫܥܬܐ ܿܗܝ ̄‬ ‫ܠܦܛܐ ̄ܝ ̄ܘ ‪ܿ .‬‬

‫‪-‬‬ ‫’‪Pour les périodes de 25 ans : 0°35‬‬


‫‪-‬‬ ‫’‪Pour les 10 années simples : 193°20‬‬
‫‪-‬‬ ‫’‪Pour le mois de Mechir : 7°57‬‬
‫‪-‬‬ ‫]‪Pour le 25e jour : 1°16’ [fol. 125v‬‬
‫‪-‬‬ ‫‪Pour la 6e heure : rien‬‬

‫‪255‬‬
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܕܗܘܐ ܡܘ̈ܪܣ‬ ܿ ‫ܐܬܟܢܫ ܿܗܘ‬


ܿ ‫ܘܠܡܢܝܢܐ ܟܠܗ ܿܗܘ ܕܡܢ ܗܠܝܢ ̄ܗ ܩܦܐܠܐ ܕܐܡܝܪܝܢ‬
ܼ
‫ܕܗܘܐ‬ ̄
ܿ ‫ܠܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ܗܢܐ ܠܡܘܠܝ ̄ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ܇ ܿܗܘ‬ܿ . ‫ܓ܆ ܠܦܛܐ ̄ܚ ܠܒܟܝܢܢ‬ ̄ ‫̄ܪ‬
‫ܡܘ̈ܪܣ ̄ܩܢ̄ ̄ܘ ܠܦܛܐ ܢ̄ ̄ܒ܆ ܟܕ ܢܦܩܝܢܢ ܡܢ ܓܕܝܐ ܐܠܦܝ ܕܘܐܠ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ ܙܘܕܝܐ‬
̄
. ‫ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ܠ ܡܫܟܚܝܢܢ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܿܡܢ ܒܬܐܡܐ ܆ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܘ ܠܦܛܐ ̄ܝ ̄ܒ‬
‫ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܒܟܫܛܐ ܆ ܒܗܝܢ ܟܕ ܒܗܝܢ ܀‬. ‫ܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܕܝܢ ܒܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ‬
̄
‫ܘܡܬܘ ̄ܕܘܣ ܿܡܢ ܦܫܝܩܬܐ ܘܕܐܠ ܥܡܐܠ ܕܡܛܠ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܿܗܝ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܬܚܘܝܬܐ ܆‬28‫ܕܬܐܘܢ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܕܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ܆ ܥܡ ܦܪܕܝܓܡܐ‬
ܿ ‫ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܘܫܦܝܪ ܐܝܬ‬
‫ܠܗ܀‬

Le chiffre total retenu, lorsqu’on additionne les 5 sections mentionnées,


est de 203°8’. Il manque 156°52’ pour arriver à 360°. En avançant du
Capricorne vers le Verseau et en attribuant 30° à chacun des signes, nous
trouvons le nœud ascendant dans le Gémeau à 6°12’ et le nœud descendant,
diamétralement opposé, c’est-à-dire dans le Sagittaire au même degré ‫܀‬

Méthode facile et nécessitant peu d’effort au sujet des nœuds ascendant


et descendant de Théon d’Alexandrie, d’après les Tables faciles, avec
paradigme29 c’est-à-dire exemple. Comment bien s’en servir ‫܀‬

28
|| ‫ ܦܪܕܝܓܡܐ‬: ‫ ܦܪܐܕܝܓܡܐ‬P ||
------------------------------------------
29
Le syriaque donne ici la translittération du grec παράδειγμα.

256
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܐܢܕܝܢ ܠܘ ܗܕܐ ܿܫܦܪܐ ܠܒܪ ܚܐ̈ܪܐ ܕܐܡܝܪ ܇ ܐܐܠ ܕܚܢܢ ܥܒܕ ܠܗ ܡܬܘܕܘܣ ܡܕܡ‬
‫ܐܚܪܬܐ ܇ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢ ܗܕܐ ܐܦ ܟܕ ܐܠ ܩܪܝܒ ܠܗ ܩܢܘܢܐ ܿܗܘ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ ܇‬
‫ܡܚܫܒ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܆ ܘܐܦܐܠ ܠܘܬ ܗܕܐ ܡܐܡܢܝܢܢ‬ ܿ ‫ܢܗܘܐ‬
ܿ
‫ܡܛܠ ܚܘܒܐ ܕܐܚܘܬܟ ܇ ܘܒܐܝܕܝܗ ܐܦ ܕܠܗ ܕܓܒܪܐ ܡ ܿܚܫܒ ܗܘܐ‬
‫ܐܢܗܘ ܕܗܕܐ ܗܟܢܐ ܿܫܦܪܐ ܠܗ ܆ ܒܗܢܐ ܙܢܐ ܀‬
ܼ . ‫ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬

‫ܕܒܥܐ ܟܕ‬ܿ ‫ܡܢ ܫܢܝܐ ܡ ܼܿܫܠܡܢܝܬܐ ܗܠܝܢ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ ܟܡܐ ܕܗܘܝܢ ܒܙܒܢܐ ܿܗܘ‬
‫ܕܫ̈ܪܟܢ ܠܗ ܠܒܟ ܆ ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܠܝ̈ܪܚܐ‬ܿ ‫ܡܒܨܪ ܐܡܝܢܐܝܬ ̄ܫܙ̄ ܫܢܝܐ ܆ ܘܠܗܠܝܢ‬ ܿ
‫ܒܗ ܿܩܐܡ ܇ ܿܗܢܘܢ ܕܡܫ̈ܪܝܢ ܡܢ ܿܬܘܬ ܐܝܟ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܇ ܘܠܝܘܡܬܐ‬ ܿ ‫ܕܫܢܬܐ ܿܗܝ ܕ‬
‫ܬܘܒ ܟܡܐ ܕܗܘܝܢ ܕܠܗ ܕܝܪܚܐ ܇ ܘܠܟܠ ̄ܕ ܫܢܝܢ ܡܢ ܗܠܝܢ ܕܫ̈ܪܟܢ ܠܗ ܇ ܡܘܣܦ ܚܕ‬
‫ܝܘܡܐ ܥܠ ܝܘܡܬܐ ܿܗܢܘܢ ܕܐܚܝܕ ܆‬

<II. 3. Autre méthode de calcul >

Bien que cela ne soit pas satisfaisant, nous pouvons, à l’attention du


noble <ami du Christ>30 mentionné, utiliser une autre méthode, à partir de
laquelle on pourra aussi, sans recourir aux Tables faciles, procéder au calcul
des nœuds ascendant et descendant. Mais n’étant pas habile en ces choses,
c’est en comptant sur ton amour, frère, et en l’occurrence à l’aide du
<même> auteur (Théon ?), qu’on a pu procéder au calcul des nœuds
ascendant et descendant de la manière suivante, si tant est que cela puisse
être satisfaisant à ses yeux :

En soustrayant toujours 307 ans31 aux années achevées de Dioclétien, on


obtiendra un chiffre. On saisira ce résultat, puis les mois de <l’année> dans
laquelle on se trouve en partant de Thoth, d’après le <calendrier>
alexandrin, puis le nombre des jours écoulés dans le mois et tous les quatre
ans on ajoutera au résultat un jour aux jours retenus.

30
Stéphane chartulaire de Haute Mésopotamie.
31
Ce chiffre correspond aux années qui séparent la 5e année d’Auguste (l’an 23 av. J.-C.
correspond en effet à un retour de concordance entre les calendriers solaires égyptien et
alexandrin) de la première année de Dioclétien (284 apr. J.-C.), soit 23+284 = 307 ans. Le
calcul proposé ici est étrange : il ne faut pas soustraire 307 mais les ajouter aux années de
Dioclétien pour pouvoir estimer le nombre de jours tétraétérides. On devrait donc lire : « en
ajoutant toujours <aux années de Philippe> les 307 ans ajoutés aux années achevées de
Dioclétien ». Ensuite, comme l’indique le texte, il faut diviser par quatre la somme obtenue,
ce qui permet de connaître le nombre des jours tétraétérides, dont on doit tenir compte en
passant du calendrier alexandrin au calendrier égyptien des Tables faciles, et qui se
calculent effectivement depuis la dernière concordance des deux calendriers, c’est-à-dire la
5e année du règne d’Auguste (23 av. J.-C.). La méthode est déjà expliquée au premier
chapitre du Petit commentaire aux Tables faciles de Ptolémée de Théon d’Alexandrie. Dans
la scholie du ms. par. gr. 2394 au chapitre 20 du Petit comm. de Théon, il est question non
pas de 307 ans, mais de 308 ans après Dioclétien qu’on utiliserait pour le calcul des jours
tétraétérides - voir apparat critique p. 257 de l’édition d’A. Tihon ).

257
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ ܠܦܛܐ ܇‬32‫ܟ‬̄ ‫ܒܝ ̄ܛ ܡܘ̈ܪܣ‬


̄ ‫ܒܬܪܟܢ ܕܝܢ ܠܫܢܝܐ ܿܡܢ ܟܡܐ ܕܗܘܝܐ ܡܥܦܦ ܠܗܝܢ‬
̄ 33‫ܠܝ̈ܪܚܐ ܕܝܢ ܒܚܕܐ ܡܘܪܐ ܠܗ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ‬
‫ ܠܝܘܡܬܐ ܕܝܢ܇‬. ‫ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ‬34‫܇ܟ‬
ܿ
‫ܕܡܬܟܢܫ ܇ ܕܡܘ̈ܪܣ‬ ‫ ܘܡܢ ܡܢܝܢܐ ܟܠܗ ܿܗܘ‬. ‫̄ܒ ̄ܓ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܝ̄ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ‬
. ‫ܢ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ‬ ̄ ‫ܡܒܨܪ ܐܡܝܢܐܝܬ ܛ ܡܘ̈ܪܣ‬ ܿ ]521r[ ‫ܐܡܪܢܐ ܘܕܠܦܛܐ ܇‬ ܿ
‫ܐܘ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܢ ܬܓܕܫ ܇ ܡܒܨܪ ܡܢ‬ ܿ ‫ܫܕܝܐ ܕܚܘܕܪܐ‬ ܿ ‫ܕܫܪܟ ܡܢ ܒܬܪ‬
ܿ ‫ܘܠܗܘ ܡܐ‬
ܿ
‫ ܓܕܝܐ ܐܠܦܝ‬35‫ܘܠܗܘ ܡܐ ܕ ܿܦܐܫ ܡܢ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܿܢܦܩ ܐܢܬ ܡܢ ܪܫ‬
ܿ ‫̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܇‬
̄ ܿ
‫ܕܐܝܬ ̄ܘ‬ ‫ܕܫܠܡ ܒܗ ܡܢܝܢܐ ܆ ܬܡܢ ܢܐܡܪ‬ ܿ ‫ ܘܒܙܘܕܝܘܢ ܐܝܢܐ ܕܡܫܟܚ‬. ‫ܕܘܐܠ‬
ܼ
‫ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܀‬ ܿ ‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܇ ܘܒܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬

Ensuite on multipliera le nombre des années par 19°20’, celui des mois par
1°35’20’’ et celui des jours par 0°3’10’’36. Au chiffre total obtenu, dis-je, en
degrés et en minutes, [fol.126r] on soustraira systématiquement 9°50’. À ce
qui reste, du fait de la soustraction d’un ou plusieurs cercles s’il y a lieu37,
on soustraira 360 degrés, et, ce qui dépasse des 360 degrés, tu le reporteras
<au cercle> en partant du commencement du Capricorne en direction du
Verseau. Le signe dans lequel on trouve que le chiffre tombe, c’est là,
dirons-nous, qu’a lieu le nœud ascendant et, dans la constellation
diamétralement opposée à celui-ci, le nœud descendant. ‫܀‬

32 ̄ : ‫ ܟ‬P ||
|| ‫ܟ‬
33
|| ‫ ܩܕܡܝܬܐ‬correxi : ‫ ܩܕܡܝܬܐ‬P ||
34
|| ‫ܟ‬̄ : ‫ ܟ‬P ||
35
|| ‫ ܪܫ‬: ‫ ܪܝܫ‬P ||
------------------------------------------
36
Ces chiffres permettent de prendre en compte la rétrogradation des nœuds lunaires qui se
déplacent régulièrement sur l’écliptique vers l’ouest d’environ 19°20’ par an (soit de
1°35’20’’ par mois / On comparera ces valeurs avec celles fournies dans le Traité sur la
cause des éclipses de lune 6. 2.). Cette conversion est nécessaire pour tout calcul
astronomique, car les tables astronomiques de Claude Ptolémée suivent le calendrier
égyptien.
37
L’équivalent exact grec de cette expression est : « μετὰ ἀφαίρεσιν κύκλου ἢ κύκλων ἐὰν
τύχη/οὕτως ἔχωσι » (Cf. Théon, Petit Comm., 8, p. 222 (éd.) /p. 312 (trad.). Nous essayons
de proposer une traduction qui, tout en respectant le texte syriaque, soit la plus proche
possible de la traduction d’A. Tihon, afin qu’on puisse rapidement apprécier la proximité
des deux textes. En l’occurrence le syriaque ne dit pas littéralement « après la
soustraction » mais « après le rejet » des cercles, ce qui équivaut parfaitement au grec. La
solution proposée par A. Tihon nous semble cependant la meilleure façon de rendre ce
passage compréhensible en français.

258
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

̄̄
‫ ܝܪܚܐ ܿܗܘ‬. ‫ܕܫܠ ̄ܚ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ‬ ‫ܘܐܝܟ ܕܒܬܚܘܝܬܐ ܠܡܐܡܪ ܆ ܫܢܬܐ ܡܢ ܿܗܝ‬
ܿ
‫ ܡܢ ܫ ܼܢܝܐ ܗܟܝܠ‬. ‫ܕܠܗ ܕܝܪܚܐ‬ܼ ‫ ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܟ̄ ̄ܗ‬. ‫ܕܬܫܥܐ ܕܡܬܩܪܐ ܦܐܟܘܢ‬
‫ ܝ̈ܪܚܐ‬. ‫ܡ ܼܿܫܠܡܢܝܬܐ ̄ܫ ̄ܥܙ̄ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ ܟܕ ܿܒܨܪܝܢܢ ܫܣܙ ܇ ܫ̈ܪܟܢ ܠܢ ܫܢܝܐ ܥܣ̈ܪ‬
ܿ ̄ ̄ ̄
̄̄
. ‫ܕܫܠ ̄ܚ ܠܒܟܝܢ ̄ܚ‬ ‫ܐܡܪܢܐ ܿܗܝ‬ ܿ ‫ܕܫܢܬܐ‬ ܿ ‫ܕܡܫ̈ܪܝܢ ܡܢ ܬܘܬ‬
ܼ
ܿ ‫ܕܝܢ ܡܫܡܠܝܐ ܿܗܢܘܢ‬
‫ܝܘܡܬܐ ܕܝܢ ܟ̄ ̄ܗ ܇ ܥܠ ܗܠܝܢ ܟܕ ܐܘܣܦܢܢ ܬ̈ܪܝܢ ܝܘܡܝܢ ܡܛܠ ܫܢܝܐ ̈ܪܒܝܥܝܬܐ‬
‫ܟ‬̄ ‫ܒܝ ̄ܛ ܡܘ̈ܪܣ‬̄ ‫ܗܘܘ ܝܘܡܬܐ ܟ̄ܙ̄ ܒܬܪܟܢ ܠܫܢܝܐ ܥܣ̈ܪ ܟܕ ܿܥܦܦܢܢ‬ ܼ . ‫ܕܐܡ ܼܝ̈ܪܢ‬
̄ ̄ ̄ ̄ ̄
‫ܘܐܫܟܚܢܢ ܕܡܬܟܢܫܢ ܡܘ̈ܪܣ ܩܨܓ ܠܦܛܐ ܟ ܠܝ̈ܪܚܐ ܕܝܢ ܚ ܒܚܕܐ‬ . ‫ܠܦܛܐ‬
ܼ ̄
‫ܘܐܫܟܚܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܝ ̄ܒ ܠܦܛܐ‬ܿ ‫ܡܘܪܐ ܠ ̄ܗ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܥܣ̈ܪܝܢ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܇‬
‫ܩܕܡܝܬܐ ̄ܡ ̄ܒ ܇ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ̄ܡ ܇‬

< II. 4. Application à l’année des grecs 985/6 >

En guise d’exemple : soit la 378e année de Dioclétien, le 9e mois (appelé


Pâcôn), le 25e jour du mois 38 . En retranchant donc 367 39 aux années
achevées de Dioclétien, <soit> 377, il nous restera dix ans 40. Ensuite nous
saisirons les 8 mois révolus à partir de Thôth de l’année 378 mentionnée.
Puis en ajoutant deux jours aux 25 jours, à cause des années bissextiles41
mentionnées, nous obtenons42 27 jours. Ensuite en multipliant les dix ans
par 19°20’ (et) nous trouvons un total de 193°20’ ; <en multipliant> les 8
mois par 1°35’20’’, nous trouvons 12°42’40’’ ;

38
Correspond, selon R. Mercier, au 20 mai 662 apr. J.-C.
39
On s’attendrait ici à trouver le chiffre de 307 (« ‫ )» ܫܙ‬donné dans l’explication qui
précède et non 367 (« ‫)» ܫܣܙ‬.
40
Le texte est très confus à cet endroit. Le calcul à faire devrait être le suivant : il faut
additionner les 307 ans aux années de Dioclétien : 307 + 377 = 684 et calculer à partir de ce
résultat les jours tétraétérides à ajouter, soit 684/4 = 171 jours. Comme la date qui nous
intéresse se situe au 9e mois, on voit qu’en ajoutant 171 jours, on devra prendre en compte
pour le calcul qui va suivre non plus l’an 377 mais l’an 378, le 3e mois et le 15e jour. Pour
convertir cette date alexandrine dans le calendrier égyptien nous lui ajoutons les années qui
vont de Philippe à Dioclétien, soit : 378 + 284 + 324 = 986. Or on a vu plus haut que
l’entrée pour les périodes de 25 ans se faisait sous le chiffre 976. Il faut donc, comme le dit
ici le texte considérer les 10 années restantes et ajouter de nouveau les jours tétraétérides
(c’est-à-dire deux) au résultat qu’on obtiendra en multipliant, comme le dit la suite du texte,
le chiffre correspondant aux années (dans les Tables Faciles) par 19°20’, celui
correspondant aux mois par 1°35’20’’ etc… la suite du calcul permettant d’obtenir la
position des nœuds lunaires est clairement exposée dans la suite du texte .
41
Le syriaque emploie l’expression « ‫( » ܫܢܝܐ ̈ܪܒܝܥܝܬܐ‬littéralement : années quatrièmes)
rappelant l’explication de Théon, Petit Comm., 1 : « lorsque à partir d’une date donnée
selon les Alexandrins ou les Grecs, nous préférons prendre le mois et le jour égyptien, nous
prenons le quart de la somme des années depuis la cinquième année d’Auguste jusqu’à la
date donnée, parce que comme nous l’avons dit, ils prennent un jour d’avance tous les
quatre ans ; négligeant le reste jusqu’à trois, nous aurons comme résultat le nombre de jours
dont le temps égyptien a devancé le temps alexandrin, jours qui sont appelés tétraétérides
(τετραετηρίδες). » (trad. A. Tihon, p. 303).
42
Le syriaque dit : « il y avait 27 jours ».

259
‫‪Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant‬‬

‫ܠܝܘܡܬܐ ܕܝܢ ܟ̄ܙ̄ ̄ܒ ̄ܓ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܥܣ̈ܪ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܇ ܘܐܫܟܚܢܢ ܡܘܪܐ ܚܕܐ ܇‬
‫̄‬ ‫̄‬
‫ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܟ̄ ̄ܗ ܇ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܠ ܆ ܘܡܢ ܡܢܝܢܐ ܕܗܘܐ ܡܘ̈ܪܣ ܪܙ̄ ܇ ܠܦܛܐ‬
‫ܢ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܇‬ ‫ܩܕܡܝܬܐ ܟ̄ ̄ܚ ‪ .‬ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ܥܣ̈ܪ ܆ ܿܒܨ̈ܪܢܢ ̄ܛ ܡܘ̈ܪܣ ܇ ̄‬
‫̄‬
‫ܘܠܗܘ ܡܐ ܕܫܪܟ ܕܗܘܐ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܩ ̄ܨܙ̄ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܠ ̄ܚ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ܥܣ̈ܪ ܇‬ ‫ܿ‬
‫ܐ‪ 43‬ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܇‬ ‫ܿܒܨܪܢܢ ܡܢ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܠܗܢܝܢ ܕܫ̈ܪܟܢ ܗܘܝܢ ̄ܩ ̄ܣ ̄ܒ ܡܘ̈ܪܣ ܇ ܟ̄ ̄‬
‫̄‬
‫ܕܐܝܬܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬ ‫ܢ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܇ ܟܕ ܢܦܩܢܢ ܡܢ ܓܕܝܐ ܐܠܦܝ ܕܘܐܠ ܆ ܐܫܟܚܢܢ‬ ‫̄‬
‫̄‬
‫ܿܡܢ ܒܬܐܡܐ ܆ ܡܘ̈ܪܣ ܝܒ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܟܐ ‪ .‬ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ܚܡܫܝܢ ‪.‬‬
‫̄‬ ‫̄‬ ‫̄‬
‫ܒܕܡܘܬܐ ܊‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܕܝܢ ܒܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ܗܢܘ ܕܝܢ ܒܟܫܛܐ ܆ ܒܗ ܼ‬

‫‪et <en multipliant> les 27 jours par 3’10’’, nous trouvons 1°25’30’’. Au‬‬
‫‪chiffre obtenu (207°28’10’’) nous retranchons 9°50’ et ce qui reste, c’est-à-‬‬
‫‪dire 197°38’10’’, nous le retranchons aux 360°, ce qui fait 162°21’50’’. En‬‬
‫‪<les> reportant du Capricorne en direction du Verseau, nous trouverons que‬‬
‫‪le nœud ascendant dans le Gémeaux au 12°21’50’’ et le nœud descendant‬‬
‫‪dans la constellation diamétralement opposée, c’est-à-dire dans le‬‬
‫܀ ‪Sagittaire.‬‬

‫‪43‬‬ ‫|| ‪ P‬ܟܐ ‪ :‬ܟ̄ ̄‬


‫ܐ ||‬

‫‪260‬‬
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫]܀ܘܡܬܘܕܘܣ ܬܘܒ ܿܗܝ ܕܣܛܪ ܡܢ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܆ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܡܨܐ ܐܢܫ‬621v[


ܼܿ
‫ܡܚܫܒ ܡܛܠ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܀‬

‫ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܝܢ ܡܫܟܚ ܐܢܬ ܕܢܕܪܟ ܆ ܠܘ ܡܢ ܿܗܝ ܕܢܕܥ ܫܚܡܐܝܬ ܕܒܐܝܢܐ ܙܘܕܝܘܢ‬
‫ ܕܓܒܪܐ‬45‫ ܬܚܘܝܬܗ‬44‫ܕܐܡܪ ܼܬ‬ ‫ܐܝܬܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܐܝܟ‬ ̄
ܼ
‫ܒܗܘܦܡܢܝܣܛܝܩܘܢ ܿܗܘ ܕܥܒܕ ܠܘܬ ܐܚܘܬܟ ܆ ܐܐܠ ܩܕܡܝܐܝܬ ܿܡܢ ܡܢ ܿܗܝ‬
46
‫ܗܘܦܟ ܝ‬
ܼ ‫ܐܝܬܝܗ ܐܝܟ ܕܒܐܘܪܟܐ ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܿܗܝ ܕܒܝܢܬ‬ ܿ ‫ ܕܟܡܐ‬. ‫ܕܢܕܥ‬
ܿ
. ‫ܕܣܗܪܐ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ ܐܘ ܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬

<II. 5. Autre méthode de calcul>

[fol. 126v] Autre méthode sans les Tables faciles : comment on pourra
effectuer des calculs grâce aux nœuds ascendant et descendant ‫܀‬

Tu pourras en effet trouver la prochaine éclipse, non pas en sachant


simplement dans quel signe se trouvent les nœuds ascendant et descendant
comme le propose les paradigmes de l’auteur de l’abrégé 47 , qu’on t’a
adressé, frère, mais avant tout, en sachant de combien la lune est distante, en
longitude, du fait de son déplacement 48 entre les nœuds ascendant et
descendant49.

44
|| ‫ܪܬ‬ ܿ ‫ ܕܐܡ‬P ||
ܼ ‫ܕܐܡ‬
ܼ correxi : ‫ܪܬ‬ ܼ
45
|| ‫ ܬܚܘܝܬܗ‬lectio incertior ||
46
|| post ‫ ܗܘܦܟܝ‬add. ‫ ܪܘܚܩܐ‬P1 ||
------------------------------------------
47
Translittération du mot grec τὸ ὑπομνηστικόν (attesté chez Clément d’Alexandrie Strom.
61, 1), qu’on pourrait également rendre par Commentaire ; mais nous avons déjà utilisé ce
terme plus haut pour rendre la translittération du mot scholion. Théon d’Alexandrie utilise
également le verbe ὑπομνηματίσαθαι pour décrire son œuvre de commentateur (cf. Petit
Comm. 1, p. 199 (texte) ; p. 301 (trad. A. Tihon)).
48
Nous avons rendu par déplacement le terme « ‫ܗܘܦܟܝ‬ܼ » (hupoki). En marge de sa copie, le
scribe précise le sens de ce terme en indiquant « ‫ » ܪܘܚܩܐ‬qui signifie « distance » ou
« éloignement ». Comme le scribe, nous sommes étonné du choix du terme syriaque
hupoki qui plus loin dans le texte sert à désigner la conversion des heures saisonnières en
heures équinoxiales.
49
On trouve cette méthode exposée de la même manière pour la latitude chez Théon, Petit
Comm., 21 : « Nous calculerons donc, d’abord comme nous l’avons appris précédemment
d’après le chiffre de la limite boréale, de combien la lune est distante de l’écliptique en
latitude au moment vrai de la pleine lune » « ἁπὸ τοῦ Βορείου πέρατος ἀριθμοῦ πόσον ἡ
σελήνη κατὰ πλάτος ἀπέχει τοῦ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων κατὰ τὸν ἀκριβῆ τῆς πανσελήνου
χρόνον » (éd. p. 279 / trad. p. 338).

261
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܬܫܬܟܚ ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܆ ܕܠܒܪ ܡܢ‬


ܼ ‫ܡܥ ܼܿܩܒ ܆‬ܼܿ ‫ܘܐܢ ܼܗܘ ܕܟܕ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬
. ‫ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬
ܼ ‫ܐܝܬܝܗ ܆ ܢܕܥ ܆ ܕܐܠ ܣܟ ܡܨܝܐ‬ ܿ ‫̄ܝ ̄ܒ ܡܘ̈ܪܣ ܟ̄ ̄ܕ ܠܦܛܐ‬
‫ܐܝܬܝܗ ܿܗܝ ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܕܒܡܨܥܬܐ ܆‬
ܿ ‫ܐܢܕܝܢ ܠܓܘ ܡܢ ܡܢܝܢܐ ܕܐܡܝܪ ܆‬
ܿ ܿ ܿ
‫ ܐܢܕܝܢ ܟܕ ܥܠ ܗܝ ܫܡܫܢܝܬܐ ܡܥܩܒ ܆ ܬܫܬܟܚ ܼܗܝ‬. ‫ܕܬܗܘܐ‬ ‫ܕܡܨܝܐ‬
ܼ
‫ ܐܢܕܝܢ‬. ‫ܕܬܗܘܐ‬ ܿ ̄
‫ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܆ ܕܠܒܪ ܡܢ ܚ ܡܘ̈ܪܣ ܐܝܬܝܗ ܆ ܕܐܠ ܣܟ ܡܨܝܐ‬
ܼ
‫ܕܬܗܘܐ ܀‬
ܼ ‫ܠܓܘ ܡܢ ܗܠܝܢ ܆ ܕܡܨܝܐ‬
‫ܡܚܠܛ ܠܬ̈ܪܝܗܘܢ‬ܿ ‫ ܿܝܕܥ ܕܝܢ ܠܗ ܼܢܐ ܟܕ‬. ‫܀ ܒܬܪܟܢ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܝ ܕܢܕܥ ܠܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ‬
‫ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ‬ ܿ ‫ ܿܗܘ‬50‫ܠܗܘ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪ ܿܣ‬ ܿ ‫ܡܢܝܢܐ ܥܡ ܚܕܕܐ ܇ ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ‬
‫ܐܘ ܦܐܢܣܠܝܢܝܩܝܬܐ ܇‬ܿ ‫ ܕܣܗܪܐ ܇ ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐ ܟܝܬ‬51‫ܘܠܗܘ ܕܐܦܘܟܝ‬ ܿ ‫ܩܦܐܠܐ ܆‬

Si jamais, cherchant une éclipse lunaire, tu trouves que la distance est


supérieure à 12°24’52, on saura qu’il est absolument impossible qu’il y ait
une éclipse, mais si la distance qui est entre eux est inférieure au chiffre
indiqué, <on saura> qu’elle peut avoir lieu. Et si, menant des recherches au
sujet de l’<éclipse> solaire, on trouve que cette distance est supérieure à 8°,
<on saura> qu’il ne sera pas possible qu’elle ait lieu, mais si <on trouve>
qu’elle est inférieur à ce <chiffre>, <on saura> qu’elle pourra avoir lieu.

Ensuite c’est en connaissant la latitude de la lune qu’on pourra connaître


<la prochaine éclipse> : en additionnant deux chiffres, je veux parler de
celui de la limite boréale qu’on tirera de la section 5 et de celui du lieu vrai
de la lune, conjonction et pleine lune53.

50 ܿ
|| ‫ܦܐܪܣ‬ ܿ
: ‫ܦܐܪܐܣ‬ P ||
51
|| ‫ ܐܦܘܩܝ‬P : add. ‫ ܩܘܡܐ‬P1 in marg. ||
------------------------------------------
52
Dans Ptol., Alm. VI, 5, la limite donnée pour l’observation des éclipses de lune est de
12°12’. Ce même chiffre (12°24’) se retrouve dans le même manuscrit à la fin du f. 177v
(où il est également question de nœuds ascendant et descendant) ainsi que dans le Traité sur
les éclipses de lune.
53
On trouve la même expression chez Théon, Petit Comm., 20, p. 256 : « τῆς σελήνης
συνοδικῶν τε καὶ πανσεληνιακῶν » (éd. A. Tihon) : Sévère Sebokht translittère
l’expression grecque. On la trouve également dans Ptol., Alm. I, 5, a’ (à propos de la
construction de l’astrolabe) et b’ (Sur l’utilisation des tables d’anomalies de la lune) ;
Tables faciles, vol. 2, p. 176 (chap. intitulé Περὶ συνόδων καὶ πανσελήνων); Tétrablible,
livre 2, chap. 11 (Sur la nouvelle lune) et 13 (Considérations sur les particularités de la
constitution athmosphérique).

262
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ ܐܢ‬. ‫ܘܠܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܫܪܟ ܡܢ ܚܘܠܛܢܐ ܕܬ̈ܪܝܗܘܢ ܡܢ ܒܬܪ ܫܕܝܐ ܕܚܘܕ̈ܪܐ‬


. ‫ܬܓܕܫ ܆ ܼܿܡܥܠ ܠܗ ܠܩܢܘܢܐ ܕܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ ܇ ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ ܠܡܢܝܢܐ ܕܓܘܐ‬
‫ܘܐܠܝܠܝܢ ܕܣܝܡܝܢ ܠܘܩܒܠܗ ܒܣܠܝܕܐ ܿܗܝ ܬܠܝܬܝܬܐ ܕܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ ܟܕ‬
‫ ܿܗܢܝܢ ܕܐܢ ܼܗܘ ܿܡܢ ܕܟܕ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬. ‫ܥܒܕ ܿܢܣܒ‬
ܿ ‫ܐܢܐܠܘܓܣܐ‬
ܿ ̄
‫ܡܥܩܒ ܆ ܡܫܟܚ ܠܗܝܢ ܕܠܓܘ ܡܢ ܚܕܐ ܡܘܪܐ ܕ ܠܦܛܐ ܐܝܬܝܗܝܢ ܆ ܐܡܪ ܕܡܢ ܟܠ‬
‫ܐܘ ܒܐܝܡܡܐ ܆ ܐܠ‬ ܿ ‫ ܐܢ ܒܠܠܝܐ ܟܝܬ‬. ‫ܦܪܘܣ ܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬
. ‫ܐܡܪ ܐܢܐ ܠܐܠ ܫܘܝܬܐ‬ܿ ‫ܥܕܟܝܠ ܝܕܥܐ ܆ ܡܛܠ ܗܦܘܟܝܐ ܕܫܥܐ ܇ ܕܫܘܝܬܐ‬
‫ ܐܢܕܝܢ ܠܥܠ ܡܢ ܚܕܐ‬. ‫ ܕܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܠܡܕܝܢܬܐ ܿܗܝ ܕܡܬܒܥܝܐ‬54‫ܘܕܡܣܡܒܪܝܐ‬
[127r]‫ ܕܐܠ ܣܟ ܡܨܝܐ ܕܬܗܘܐ ܀‬. ‫ܡܘܪܐ ̄ܕ ܠܦܛܐ‬

Le chiffre résultant de l’addition de ces deux-là, après soustraction des


cercles s’il y a lieu, tu le rapporteras à la table 55 des latitudes de la lune, je
veux dire au chiffre inférieur et à ceux qui sont placés en face dans la
troisième colonne relative à la latitude de la lune. Prenons ces chiffres en
opérant la comparaison suivante : si, alors qu’on cherche une éclipse
lunaire, on trouve que ceux-ci sont inférieurs à 1°4’, il a dit56 qu’en général
l’éclipse lunaire avait lieu. Si ce sera de nuit ou de jour, on ne le sait pas
encore à cause de la conversion des heures équinoxiales57, dis-je, en heures
saisonnières58, et à cause de la conversion des heures données depuis midi59
à Alexandrie pour la ville désirée. Mais s’ils dépassent [fol. 127r] 1°4’, <il a
dit> qu’il n’était en aucun cas possible qu’elle ait lieu. ‫܀‬

54
|| ‫ ܘܕܡܣܡܒܪܝܐ‬P : add. ‫ ܡܨܥܝܘܬ ܛܗܪܐ‬P1 in marg. ||
-------------------------------------------
55
Il s’agit du rappel abrégé d’un concept formulé plus haut : « ‫ܫܪܝܐ‬ ܿ ‫ܠܗܘ ܡܐ‬ ܿ
ܼ ‫ܕܫܪܟ ܡܢ ܒܬܪ‬
ܿ ̄ ̄ ܿ ܿ ̄ ̄ ܿ
‫ܕܚܘܕܪܐ ܐܘ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܢ ܬܓܕܫ ܇ ܡܒܨܪ ܡܢ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܇ ܘܠܗܘ ܡܐ ܕܦܐܫ ܡܢ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܢܦܩ ܐܢܬ ܡܢ ܪܝܫ‬
ܿ
ܼ ‫< ; » ܓܕܝܐ ܐܠܦܝ‬On appliquera> le résultat au cercle dans le sens direct. S’il se trouve
‫ܕܘܐܠ‬
qu’il y ait plusieurs cercles, on leur soustraira 360° et ce qui dépasse de 360° tu le
reporteras au commencement du Capricorne en direction du Verseau. On retrouve cette
même phrase dans Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 2, p. 208 : « καὶ τὸν
γινόμενον ἐκ τῆς ἐπισυναγωγῆς αὐτῶν ἀριθμόν, μετὰ κύκλον ἢ κύκλους ἐὰν τύχη,
εἰσάγοντες εἰς τον κανόνα ».
56
De tels propos sont effectivement tenus dans Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON],
chap. 21, p. 338.
57
Litt. « heures égales ». Les heures équinoxiales sont utilisées par Claude Ptolémée et
Théon d’Alexandrie.
58
Litt. « heures non égales ». Les heures saisonnières correspondent aux heures locales, qui
varient en fonction de la durée du jour.
59
Le scribe indique dans la marge une traduction miroir du grec Μεσ-ημβρία. Mais au lieu
de dire « milieu-du jour », il écrit : « milieu- de midi ».

263
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܐܢܕܝܢ ܟܕ ܥܠ ܿܗܝ ܫܡܫܢܝܬܐ ܡܥܩܒ ܆ ܡܫܟܚ ܠܗܝܢ ܕܒܓܪܒܝܐ ܿܡܢ ܠܓܘ ܡܢ ܚܕܐ‬
̄
‫ܡܢܬܐ ܠܙ̄ ܠܦܛܐ ܇ ܒܬܝܡܢܐ ܕܝܢ ܠܓܘ ܡܢ ̄ܡܙ̄ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܐܝܬܝܗܝܢ ܆ ܼܿܢܣܒܪ ܆‬
60
‫ ܟܡܐ ܙܒܢܝܢ ܕܝܢ ܡܛܠ ܦܪܐܠܟܣܝܣ‬. ‫ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܫܡܫܢܝܬܐ‬ ܼ ‫ܕܡܨܝܐ‬
‫ ܐܢܕܝܢ ܠܥܠ ܡܢ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܝ̈ܪܢ ܆ ܕܐܠ‬. ‫ ܐܠ ܿܗܘܝܐ‬. ‫ܕܩܠܝܡܐ ܒܝܬ ܼܝܐ‬
‫ܕܬܗܘܐ ܊‬
ܼ ‫ܣܟ ܡܨܝܐ‬
‫ܐܢܗܘ ܓܝܪ‬ܼ . ‫ܬܘܒ ܕܝܢ ܒܙܢܐ ܐܚܪܢܐ ܡܨܝܐ ܕܢܕܥ ܠܙܒܢܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܗܟܢܐ‬
‫ܐܦܘܟܝ ܣܗܪܢܝܬܐ ܕܡܢ‬ܼ ‫ ܘܕ‬61‫ܕܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܐܡܝܪ ܕܡܢ ܚܘܠܛܢܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣ‬
‫ܥ ̄ܚ ܡܘ̈ܪܣ‬̄ ‫ ܆ ܡܢ‬62‫ܒܬܪ ܫܕܝܐ ܕܚܘܕܪܐ ܐܢ ܬܓܕܫ ܆ ܒܙܒܢܐ ܡܢ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬
̄ ̄
‫ܡܫܬܟܚ ܆ ܐܡܪܝܢܢ ܕܡܢ ܟܠܦܪܘܣ ܗܘܝܐ‬ ܼ ‫ܐܘ ܡܢ ܪܢ̄ ̄ܚ ܥܕܡܐ ܠܪ ̄ܦ ̄ܒ‬
ܿ . ‫ܠܩ ̄ܒ‬
̄ ‫ܥܕܡܐ‬
‫ܐܘ ܒܐܝܡܡܐ ܐܠ ܥܕܟܝܠ ܝܕܥܐ ܆ ܡܛܠ‬ ܿ ‫ ܐܢ ܒܠܠܝܐ‬. ‫ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬
. ‫ܥܠܬܐ ܿܗܝ ܕܐܡܝܪܐ ܡܢ ܠܥܠ‬

Puis si, cherchant une éclipse solaire, on trouve que ces <chiffres> sont
d’une part au nord sous le 1°37’, d’autre part au sud sous le 0°47’ 63, on
considèrera qu’il est possible qu’une éclipse solaire ait lieu. Mais parfois, à
cause de la parallaxe64 propre au climat, ce ne sera pas le cas. Mais si <ces
chiffres> dépassent les minutes indiquées, il est absolument impossible
qu’elle ait lieu.
De même on peut, d’une autre manière, connaître la date d’une éclipse : s’il
se trouve en effet que le chiffre mentionné, résultant de l’addition du
<chiffre> de la limite boréale avec celui du lieu vrai de la lune, après la
soustraction des cercles s’il y a lieu, soit trouvé, en temps de pleine lune,
entre les degrés 78° et 102°, ou entre les degrés 258° et 282°, nous dirons
que l’éclipse lunaire peut de toute manière avoir lieu. On ne pourra pas
encore savoir si elle <sera> nocturne ou diurne, pour la raison donnée plus
haut.

60
|| ‫ ܦܪܐܠܟܣܝܣ‬: ‫ ܦܪܐܐܠܟܣܝܣ‬P ||
61
|| ‫ ܦܐܪܣ‬: ‫ ܦܐܪܐܣ‬P ||
62
|| ‫ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܕܦܢܣܠܝܢܘܣ‬P ||
------------------------------------------
63
Chiffres donnés par Claude Ptolémée (Cf. Ptol., op. min., p. 181, 15) et repris dans Théon
Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 23, p. 342 : « Nous parlerons des éclipses de soleil
qu’il faut observer […] lorsque, au moment de la conjonction vraie, la lune est distante de
l’écliptique en latitude de moins de 1°37’ vers le nord et 47’ vers le sud » (Trad. A. Tihon).
64
Théon, Petit Comm., 19 « Les parallaxes de la lune » : « La parallaxe est la différence
entre la position apparente et la position vraie ». Dans Petit Comm. Théon explique au
chapitre 23 consacré aux éclipses de Soleil, comment remédier à ce problème des
parallaxes en utilisant la table des parallaxes (cf. éd. Tihon, p. 343).

264
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

̄ ‫ܕܐܡܝܪ ܡܢ ̄ܦ ̄ܒ ܡܘ̈ܪܣ ܥܕܡܐ‬


‫ܠܨ ̄ܚ ܇‬ ܼ ‫ܐܢܕܝܢ ܒܙܒܢܐ ܕܣܘܢܕܘܣ ܼܗܘ ܟܕ ܼܗܘ ܡܢܝܢܐ‬
̄ ̄ ܿ
‫ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬ ܼ ܿ
‫ܥ ̄ܚ ܡܫܬܟܚ ܆ ܐܡܪܝܢܢ ܆ ܕܡܨܝܐ‬ ̄ ‫ܠܪ‬ ‫ܐܘ ܡܢ ܪ ̄ܣ ̄ܒ ܥܕܡܐ‬
‫ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ‬ܿ . ‫ ܟܡܐ ܕܝܢ ܙܒܢܝܢ ܡܛܠ ܥܠܬܐ ܿܗܝ ܕܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ‬. ‫ܫܡܫܢܝܬܐ‬
‫ ܐܢܕܝܢ ܠܒܪ ܡܢ ܗܠܝܢ‬. ‫ܡܚܫܒܝܢܢ ܐܠ ܿܗܘܝܐ‬ܿ ‫ܡܛܠ ܦܪܐܠܟܣܝܣ ܕܩܠܝܡܐ ܿܗܘ ܕܒܗ‬
65
‫ܡܢܝܢܐ ܕܐܡܝ̈ܪܝܢ ܆ ܢܫܬܟܚ ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܡܢ ܚܘܠܛܢܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪ ܣ‬
‫ܐܘ ܒܙܒܢ ܣܘܢܕܘܣ ܆‬ܿ ‫ܐܡܪ ܐ ܿܢܐ‬ ܿ 66‫ܘܕܐܦܘܟܝ ܣܗܪܢܝܬܐ ܇ ܒܙܒܢ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬
ܼ
‫ ܘܗܠܝܢ ܬܘܒ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܀‬. ‫ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ‬ ܼ ‫ܐܡܪܝܢܢ ܕܟܠ ܕܠܗ ܐܠ ܡܨܝܐ‬

‫ܪܚܡ ܠܡܫܝܚܐ ܕܐܡܝܪ ܇‬ ܿ ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܿܗܝ ܐܚܪܬܐ ܕܐܦܝܣ ܼܗܘ ܒܪܚܐ̈ܪܐ‬
ܿ ‫ܕܦܐܪܐܕܝܓܡܐ ܥܒܕ ܠܗ ܚܢܢ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܫܡܫܢܝܬܐ‬
‫ܘܕܗܝ ܣܗܪܢܝܬܐ ܇ ܘܟܕ ܛܒ‬ ܿ
ܼ ܼ
ܿ
‫ܕܐܬܥܗܕܢܢ ܒܗ‬ ‫ܥܒܝܕܐ ܗܕܐ ܠܣܓܝܐܐ ܇ ܘܝܕܥܐܝܬ ܠܗ ܠܬܐܘܢ ܿܗܘ‬
ܼ
‫ܕܥܒܕ ܡܛܠ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܆‬ ܿ ܿ
ܼ ‫ܣܟܠܝܘܢ ܗܘ‬
ܼ ‫ܼܒ‬
Et si, au moment de la conjonction, le même chiffre, déjà indiqué, se trouve
entre les degrés 82° et 98° ou entre 162° et 178°, nous dirons qu’il est
possible que l’éclipse solaire ait lieu. Mais parfois, pour la raison invoquée
précédemment, je veux dire à cause de la parallaxe du climat dans lequel
nous effectuons notre calcul, cela ne sera pas le cas. Mais s’il se trouve que
le chiffre résultant de l’addition de celui de la limite boréale avec celui du
lieu vrai de la lune dépasse les chiffres indiqués en temps de pleine lune, je
veux dire au moment de la conjonction, nous disons qu’il n’est absolument
pas possible qu’il y ait éclipse. Voici les choses telles quelles sont ‫܀‬

<II. 6 Application : renvoie aux Tables faciles>67

Une dernière chose : le noble ami du Christ, dont on a parlé, nous a


persuadé de concevoir un exemple se rapportant aux éclipses solaire et
lunaire, bien que ceci ait été très bien fait et à plusieurs reprises par Théon,
que nous avons cité par l’intermédiaire du Commentaire qu’il a écrit aux
Tables faciles.

65
|| ‫ ܦܐܪܣ‬: ‫ ܦܐܪܐܣ‬P ||
66
|| ‫ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬: ‫ ܦܢܣܠܝܢܣ‬P ||
------------------------------------------
67
On comparera la traduction que nous proposons de ce paragraphe avec celle de NAU F.,
« Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin »,
ROC 27 (1929/30), Introduction, p. 336-337.

265
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫] ܕܡܫܡܗ܆‬621v[ ‫ܕܬܕܥ ܐܚܘܬܟ ܿܨܒܐ ܐ ܼܢܐ ܘܒܐܝܕܝܗ ܐܦ ܼܗܘ ܒܪ ܚܐ̈ܪܐ‬


‫ܕܟܬܒܬ ܗܫܐ‬ ܿ ‫ܕܒܡܚܝܠܘܬܐ ܣܓܐܬܐ‬
ܿ ‫ ܘܗܠܝܢ‬. ‫ܐܝܬܝ ܐܝܟ ܕܗܘ ܫܪܪܐ ܿܣܗܕ ܠܝ‬
ܼ ܼ
‫ܓܣ ܐܢܐ ܒܥܪܣܐ ܆ ܘܦܫܝܛܢ ܠܝ‬ ܿ ܿ ܿ ‫ܐܘܟܝܬ‬
ܼ ‫ܐܨ ܼܚܬ ܆ ܒܥܡܐܠ ܣܓܝܐܐ ܘܟܕ ܡ‬
. ‫̈ܪܓܠܝ ܡܢ ܟܐܒܐ‬
‫ܘܐܝܟܢܐ ܕܐܦ ܢܟܦܐ ܫܡܫܐ ܡܪܝ ܐܬܢܣ ܕܠܗ ܕܚܙ ܼܢܝ ܒܥܝܢܘܗܝ ܥܬܝܕ ܕܢܫܬܥܐ‬
ܿ
‫ܕܐܢܐ‬ ‫ ܚܕܐ ܿܡܢ‬.‫ܠܗ܆ ܒܕܓܘܢ ܐܠ ܼܡܨܐ ܐ ܼܢܐ ܝܘܡܢܐ ܡܕܡ ܕܐܝܟ ܗܟܢ‬
‫ ܘܐܢܫ ܐܚܪܝܢ ܕܡܥܕܪ ܠܝ‬. ‫ܐܝܬܝ ܿܗܘ ܕܐܠܐ ܐ ܼܢܐ ܒܗܠܝܢ ܕܐܝܟ ܗܟܢ‬ܿ ‫ܒܠܚܘܕܝ‬
ܼ
. ‫ ܘܥܡܐܠ ܣܓܝܐܐ ܘܣܦܝܩܘܬܐ ܕܐܠ ܒܙܥܘܪ ܿܒܥܝܐ ܼܗܝ ܨܒܘܬܐ‬.‫ܒܗܝܢ ܠܝܬ‬
. ‫ܟܒܪ ܡܣܬܒܪܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܦܫܝܩܐ‬
ܼ ‫ܐܦܢ ܠܟܘܢ‬

Nous voulons, frère, que tu connaisses ces <Tables> et <que> grâce à elles
le noble <Stéphane> puisse [fol. 127v] établir <ses propres pronostics>, car
je suis dans une grande faiblesse, comme la vérité peut en témoigner pour
moi. Ce que j’ai écrit ici – ou plutôt dicté -- <je l’ai fait> avec beaucoup de
peine, alors que je suis alité et que mes pieds sont tendus de douleur.

<III Éclipses du soleil>68

Quant à savoir dans quelles conditions le soleil se couvre d’un voile


pudique69, c’est le vénérable Athanase70, avec lequel je me suis entretenu,
qui se chargera de le lui expliquer. La raison pour laquelle je suis incapable
<de le faire> aujourd’hui tient en ce que non seulement je suis seul à me
fatiguer sur ces sujets, mais aussi parce qu’il n’y a personne d’autre qui
puisse m’aider à ce propos. Et ce sujet requiert beaucoup de travail et le plus
d’études possible, même si peut-être cela peut vous paraître aussi simple
que <n’importe quoi> d’autre.

68
On comparera la traduction que nous proposons de ce paragraphe avec la proposition de
NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de
Qennesrin », ROC 27 (1929/30), Introduction, p. 336-337.
69
« se couvre d’un voile pudique », c’est-à-dire lorsqu’il s’éclipse. Le sens premier du
verbe ‫ ܢܟܦ‬au Pe‘al est celui d’« avoir honte » ou d’« être pudique ».
70
Vraisemblablement Athanase de Balad, élève de Sévère au monastère de Qennešrin et
qui devint le patriarche Athanase II d’Antioche (mort en 687). L’œuvre d’Athanase reprend
des éléments de logique des Catégories, du De interpretatione et des Analytiques premiers.
Il est entre autre connu pour ses traductions d’ouvrages logiques d’Aristote (quelques
gloses marginales du ms. arabe 2346 conservé à la Bibliothèque nationale de France
indiquent qu’il avait traduit des parties des Analytiques Seconds, des Topiques et des
Réfutations sophistiques), mais aussi pour sa traduction de l’Isagoge de Porphyre en 645.
Voir à ce propos HUGONNARD-ROCHE H., « La tradizione della logica aristotelica » dans
Storia della scienza, vol. IV Medioevo, Rinascimento, sezione La scienza siriaca, Rome,
Istituto della Enciclopedia Italiana, 2001, p. 21-22.

266
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

‫ܕܐܙܠ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ ܠܚܕܐ ܡܢ ܗܠܝܢ ܚܡܝܡܬܐ‬ܿ ‫ܐܚܪܬܐ ܕܝܢ ܕܡܛ ܿ ܼܝܒ ܐ ܼܢܐ‬
‫ ܗܢܐ ܕܣܐܒ ܘܕܒ‬.‫ܕܗܪܟܐ ܡܛܠ ܟܐܒܐ ܿܕ̈ܪܓܠܝ܇ ܡܐܠܘܢ ܕܝܢ ܕܟܠܗ ܦܓܪܝ‬
71 ܿ
‫ܢܬܠ ܡܪܝܐ ܚܘܠܡܢܐ‬ܼ ‫ ܒܪܡ ܕܝܢ ܐܢ‬.‫ܘܐܬܡܚܠ ܡܢ ܫܠܝ ܘܠܒܪ ܡܢ ܣܘܟܝܐ‬
‫ ܘܐܢ ܐܝܬܝܟ ܡܢ ܬܡܢ ܗܐ‬.‫ܕܐܥܒܕ ܐܦ ܗܕܐ‬ ܿ ‫ ܡܛܝܒ ܐܢܐ‬.‫ܒܨܠܘܬܟ‬
ܼ ܼ
ܿ
‫ܘܐܫܕܪܝܗ‬ ܿ
‫ܐܬܦܪܣ‬ ‫ܘܡܢܚ ܐܢܬ ܠܗ ܠܓܒܪܐ ܕܐܡܝܪ‬ܼܿ ‫ ܘܐܢܕܝܢ ܐܠ‬.‫ܛܒܐܝܬ‬
‫ܕܥܒܕ ܐ ܼܢܐ ܒܬܪ ܙܒܢܐ ܐܢ ܡܪܝܐ ܢܨܒܐ ܡܛܠ ܐܩܠܦܣܝܣ܆‬ ܿ ‫ܠܦܐ̈ܪܐܕܝܓܡܐ ܿܗܝ‬ ܿ
ܼ
‫ ܕܫܥܬܐ ܕܝܢ ܣܦܩܢ ܗܠܝܢ‬.‫ܡܬܦܪܣ ܐ ܼܢܐ ܡܛܠ ܿܢܚܝܐ ܕܐܚܘܬܟ‬ ܿ ‫ܘܐܦ ܗܕܐ‬
‫ܕܣܒܪ ܐ ܼܢܐ ܘܣܓܝ ܣܦܩܢ܇ ܠܦܘܬ ܡܚܝܠܘܬܐ ܕܠܝ ܣܓܝܐܬܐ ܘܥܘܪܘܬ‬ ܿ ‫ܐܝܟ‬
ܿ
‫ܕܓܕܝܫܬ ܠܝ ܡܢ ܗܪܟܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ܆ ܿܗܝ ܕܙܒܢܬܐ ܐܣܓܝܐܬܐ ܗܐ ܡܢ‬ ܼ ‫ܢܦܫܐ ܿܗܝ‬
‫ܟܕܘ ܿܩܕܝܡܐ ܐܡ ܼܝܪܐ ܀܀܀‬

<IV. Informations personnelles>

(1) Sinon je me prépare à aller en ce moment même à l’une de ces


sources thermales d’ici à cause de mon mal de pieds ou plutôt <du mal qui
affecte> tout mon corps. (2) C’est que j’ai vieilli, que j’ai la goutte et que je
suis sans arrêt et à l’improviste pris de faiblesse. (3) Cependant, si le
Seigneur m’accorde la guérison par l’intermédiaire de tes prières, je serais
prêt à faire ceci également, mais sinon, (4) s’il te plaît, procure et envoie à
l’homme dont on a parlé les paradigmes sur les éclipses que j’aurai produits
d’ici peu, si Dieu le veut. (5) Je pourvoirai aussi à ceci parce que telle est ta
volonté, mon frère. (6) Mais pour l’heure, je pense que ces propos suffisent
et que c’est déjà beaucoup eu égard à la grande faiblesse qui m’affecte et à
la cécité elle-même qui m’est survenue depuis peu, comme je l’ai dit à
plusieurs reprises précédemment ‫܀܀܀‬

71
Du grec μᾶλλον.

267
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

IV. Éléments de commentaire

1. Au sujet de la citation de Théon d’Alexandrie


D’après R. Morelon le premier astronome arabe à avoir cité Théon
e
d’Alexandrie (Commentaire à l’Almageste) serait un auteur arabe du IX

siècle : Ya’qūb b. Ishāq al-Kindi. Mais la traduction arabe du Commentaire


de Théon est perdue 72 . Depuis, D. V. Proverbio 73 a trouvé dans le ms.
Vat. sir. 623, un autre témoin arabe (dans un manuscrit syriaque
palimpseste) de la transmission précoce de ce texte (avant 886 apr. J.-C.,
date de la couche supérieure grecque) et A. Tihon a démontré que la couche
inférieure de ce manuscrit, comprenant d’une part les Tables faciles en
écriture onciale grecque, d’autre part des fragments d’une traduction arabe
du Petit Commentaire de Théon, était de la même main74 issue d’un milieu
araméo-palestinien hellénophone75. Pour une approche paléographique de ce
fragment du Petit Commentaire de Théon conservé en arabe, on lira
l’analyse que Paolo La Spisa a réalisé à la demande d’A. Tihon76.

72
Voir MORELON R., « L’astronomie arabe orientale entre le VIIIe et le XIe siècle » dans
RASHED R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris,
Seuil, 1997, p. 38
73
PROVERBIO D. V., « Theonis Alexandrini fragmentum pervetus Arabice. Su più antico
manoscritto del Commentarium parvum di Teone Alessandrino » dans Rendiconti
dell’Academia Nazionale dei Lincei. Classe di Scienze Morali, storiche e filologiche, ser.
IX, 13, 2002, p. 373-386.
74
« Le texte arabe contient quelques mots grecs […]. Il semble bien que ce soit la même
main qui ait copié les tables, car la forme et l’inclinaison des lettres onciales sont
identiques. De même quelques mots arabes inscrits en marge du diagramme des horizons
confirment les liens entre le texte arabe et les tables. » (extrait de TIHON A., Πτολεμαίου
Πρόχειροι Κανόνες. Les « Tables Faciles » de Ptolémée, vol. 1a : Tables A1-A2, Louvain,
Publications de l’Institut Orientaliste de Louvain 59B, 2011, INTRODUCTION, p. 46).
75
Voici les conclusions de son étude : «[…] le traducteur, probablement un chrétien
hellénophone, disposait dans sa bibliothèque d’un exemplaire des tables qu’il a recopiées et
d’un texte grec du Petit Commentaire de Théon qu’il a entrepris de traduire en arabe. Le
texte arabe de Théon apparaît comme une transposition assez littérale du texte grec, et le
résultat devait être peu compréhensible pour un arabophone. Et, pour autant que l’on puisse
en juger par d’aussi courts fragments, le traducteur n’était pas familiarisé avec les sujets
astronomiques. Première étape d’une tentative de traduction avant 886, ces fragments
arabes sont en tout cas antérieurs aux manuscrits byzantins conservés du Petit Commentaire
de Théon, qui ne remontent pas au-delà de la fin du XIIIe siècle, à l’exception d’un seul
fragment du IX /Xe siècle conservé dans le Leidensis BPG 78. » (extrait de TIHON,
Πτολεμαίου Πρόχειροι, 2011, INTRODUCTION, p. 46 ; voir aussi PROVERBIO, Theonis
Alexandrini fragmentum, 2002, p. 376-377).
76
LA SPISA P., « Note paléographique sur le palimpseste arabe Vaticanus siriacus 623 »
dans TIHON, Πτολεμαίου Πρόχειροι, 2011 [= ANNEXE V], p. 84-86.

268
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

2. Au sujet du Chartulaire de Djazira


On consultera l’Encyclopédie de l’Islam et Pour un ‘Oriens Christianus
Novus’. Répertoire des diocèses syriaques orientaux et occidentaux de J. M.
Fiey77. Selon l’Encyclopédie de l’Islam (vol. II, p. 536), les géographes
arabes désignaient sous le terme de « Djazira » la partie septentrionale du
territoire situé entre l’Euphrate et le Tigre. En fait, la Djazira est un plateau
d’altitude assez faible comprenant des blocs de montagne. Cette région
regroupe le Karadja Dagh (entre Amid et l’Euphrate), le Tur Abdin (entre
Mardin et Djazira Ibn ‘Umar, le Djabel Sindjar (entre Khabur et le Tigre) et
le Djabel Makhul (sud d’al-Mawsil). L’une des régions de la Djazira (région
de Nisibe) était appelée par les Perses Arvastan et par les Araméens Beth
Arabaya. Au moment de la conquête arabe (639-640) la Djazira était
partagée entre la Perse (De Nisibe au Tur Abdin) et Byzance (de Reš‘ayna à
l’Euphrate), la frontière se situant entre Nisibe et Dara. J.-M. Fiey classe le
diocèse de Djazira parmi les diocèses occidentaux. En 1933 fut créé un
évêché syriaque orthodoxe sous le nom de « Djazira et le Khabur », qui
changea de nom en 1943 (Djazira et l’Euphrate). Son siège est à Hassaka.
Ce diocèse recouvre la plaine du Nord-Est de la Syrie entre le Tigre et le
Khabur. En revanche il existe en Orient (auj. Cizre, en Turquie du Sud-Est)
la ville de Djazira Ibn ‘Umar que J.M. Fiey abrège souvent en Djazira :
fondée en 864 par Ibn ‘Umar.

3. Au sujet d’Athanase
L’Athanase, dont il est question dans la lettre est Athanase de Balad, est
évoqué par Grégoire Bar Hebraeus dans son Chronicon Ecclesiasticum78.

77
FIEY J. M., Pour un ‘Oriens Christianus Novus’. Répertoire des diocèses syriaques
orientaux et occidentaux, Beirut, Orient-Institut der deutschen morgenländischen
Gesellschaft (Band 40), 1993, p. 193. On pourra également consulter FIEY J. M.,
Communautés syriaques en Iran et Irak des origines à 1552, London, Variorum reprints,
1979.
78
« Mar Athanasios who is called ‘of Balad’ was ordained Patriarch, who is an exegete of
the Holy Scriptures, a student of Severos Sebokht who, in his youth, was trained and
studied intensely the Greek language in the monastery of Qenneshre » (Chronicon
Ecclesiasticum, col. 287-290 ; nous reproduisons ici la traduction anglaise de ce passage
que nous avons trouvée dans TANNOUS J. B. V., Syria Between Byzantium and Islam :
Making incommensurables speak, vol. 1 (A dissertation presented to the faculty of
Princeton University in candidacy for the degree of Doctor of Philosophy recommended for
acceptance by the Department of History) (adviser : Peter Brown), Nov. 2010, p. 281.

269
Troisième partie

Établissement de critères de datation et


application au corpus des textes astronomiques
syriaques
Établissement et application de critères de datation

Introduction

Dans les années 1980, S. P. Brock fit paraître une série d’articles et
d’ouvrages marquant une avancée décisive dans la recherche de critères de
datation des textes anonymes syriaques 1 . Ses recherches se fondent
essentiellement sur l’examen de la littérature biblique, liturgique, patristique
et prennent également en compte les traductions syriaques du corpus des
textes de logique. Après avoir observé attentivement les traductions
e e
syriaques produites à partir du grec entre le IV et le VIII s. apr. J.-C.,
S. P. Brock a proposé de fixer plusieurs critères de datation. Le premier
critère repose sur l’examen de l’attitude et des intentions du traducteur : un
ouvrage qui chercherait à mettre la source grecque à la portée du lecteur
syriaque et à exprimer un point de vue au-delà du contenu du texte, tendrait
à indiquer que le traducteur s’inscrit dans une tradition ancienne prévalant
e e
aux IV -V s. apr. J.-C. ; en revanche, un traducteur effacé devant l’autorité
de sa source et manifestant le souci de transmettre un texte le plus
fidèlement possible (en accordant une grande importance au signifiant),
indiquerait plutôt qu’il exerce aux VIe-VIIe siècles.2

1
S. P. Brock a réuni des articles et une bibliographie à ce sujet dans BROCK S. P., Syriac
Perspectives on late antiquity, London, Variorum Reprints, 1984. Cette collection doit être
complétée par deux autres articles : BROCK S. P., « Towards a history of Syriac translation
technique », OCA 221, 1983 (3e Symposium syriacum 1980, Roma), p. 1-14 et
BROCK S. P., « Diachronic aspects of Syriac word formation : an aid for dating anonymous
texts », OCA 236, 1990 (5e Symposium Syriacum 1988, Louvain), p. 321-331.
2
La récente thèse de J. B. V. Tannous (TANNOUS J. B. V., Syria Between Byzantium and
Islam : Making incommensurables speak, vol. 1 - A dissertation, Princeton University -,
Nov. 2010, p. 116-124), qui se fonde en partie sur l’examen des colophons de manuscrits
de cette période, fait également état de cette évolution dans la technique de traduction des
Syriaques. Au sujet de Sergius de Rešʻayna (qui réalisait ses traductions à deux : l’un
effectuant une première traduction par oral, le second reformulant le tout en bon syriaque
par écrit), voir BROCK S. P., A Brief Outline of Syriac Literature, Kottayam, Gorgias Press,
1997, p. 202 ; sur les témoins du VIIe s., voir TANNOUS, Syria Between Byzantium, 2010,
p. 121-124 et en particulier l’intéressant témoignage de Jacques d’Édesse sur le littéralisme
de cette époque : « They have been translated from the Greek tongue into the Edessene or
Syriac speech by the saintly Mar Paul who was bishop of the city of Edessa, while he was
on the island of Cyprus, in flight from the Persians. And they have been with great care and
love of toil [sc. φιλοπονία] corrected and compared with the Greek manuscripts with all
possible accuracy by me the poor and sinful Jacob the lover of toil [sc. φιλόπονος ] and
with all the carefulness in my power I have distinguished between the words of the teacher
and those that were added by the same Mar Paul in order that the number of rhythmical
divisions might be equal when the words are pronounced, on account of the brevity and
succinctness of the expressions of this Syriac language in comparison with the Greek
language, by writing the words of the teacher in ink, and writing those that were added in

271
Établissement et application de critères de datation

En partant de l’étude serrée du corpus évagrien et de diverses


homélies, S. P. Brock 3 considère que l’année 500 apr. J.-C. constitue une
date de rupture dans la technique de traduction des Syriaques, du moins
pour les traductions réalisées à partir du grec. Cette date charnière
correspondrait au passage d’une période de traduction de type « exposé » à
une période de traduction dite « en miroir ». Avant 500 apr. J.-C., le
traducteur pouvait, ou bien chercher à pénétrer le contenu essentiel de
l’original, ou bien imposer son point de vue ou celui d’un groupe au-delà du
texte qu’il était en train de traduire, de manière à ce que son texte pût servir
à des fins de propagande. Après 500 apr. J.-C. on constate que les
traducteurs ont eu tendance à s’effacer et à adopter un comportement
révérencieux vis-à-vis du texte dont ils cherchaient à produire une
traduction « en miroir » : toute leur attention est orientée vers la source, plus
que vers le lecteur. Bien entendu tous ces critères sont exposés avec nuance
dans les travaux de S. P. Brock, auxquels il convient de se reporter.

S’ajoutent d’autres indices d’ordre philologique susceptibles de


faciliter la datation de textes syriaques anonymes : le premier se fonde sur
l’examen des particules de liaisons 4 , le second sur le recensement des
néologismes5. En effet les traducteurs syriaques des VI
e
et VII
e
siècles, qui
cherchaient à rendre le grec le plus fidèlement possible, en vinrent à mettre
en place un nouveau système de marqueurs logiques et à intensifier la
formation : de nouveaux mots suffixés en -ono (noms d’agents) ou en –oyo
(adjectifs) ; de noms abstraits suffixés en –onuto (noms féminins abstraits) ;
d’adverbes en –onoit.

red paint (σηρικόν); while the words which the translator altered, for the same reason,
inserting one expression in place of another, in order that the measure of the period might
agree with the rhythm of the Greek words, I have written for you in small, fine letters above
the same groups of words between the lines, in order that you may easily know how they
stand in the Greek whenever you wish to do so; and how the proofs and testimonies from
the scriptural words of the Holy Scriptures in the hymns themselves run, without variation
and without addition or diminution » (traduit du syriaque par J. B. V. Tannous à partir de
BROOKS E.W.(éd.), « The Hymns of Severus and Others in the Syriac Version of Paul of
Edessa as Revised by James of Edessa », PO 7, 1911, p. 801-802).
3
Cf. BROCK, « Syriac translation », 1983, p. 4.
4
Cf. Ibid., p. 7.
5
Cf. BROCK, « Diachronic aspects », 1990, p. 322-325.

272
Établissement et application de critères de datation

Ces critères sont-ils applicables au corpus des textes astronomiques ?


Pour le savoir, nous appliquerons dans un premier temps les critères de
datation suggérés par S. P. Brock aux seuls textes astronomiques syriaques
bénéficiant d’une claire attribution, c’est-à-dire ceux pour lesquels nous
sommes sûre de l’époque de production. Si les résultats que nous obtenons
concordent avec les observations de S. P. Brock, nous pourrons alors valider
ces critères pour l’ensemble du corpus astronomique. Nous ajouterons
d’autres critères de datation résultant de notre observation attentive du
lexique astronomique syriaque et de son évolution, de l’époque de l’école
bardesanite (IVe s.) à celle de Grégoire Bar Hebraeus (XIIIe s.).

La seconde étape de notre travail consistera à appliquer ces critères à


une dizaine de textes astronomiques syriaques anonymes sélectionnés au
sein de trois manuscrits : le ms. Paris BnF syr. 346, le ms. Vat. sir. 516 et le
ms. Vat. sir. 555.

La méthode que nous choisissons d’adopter ici présente certaines


limites, à propos desquelles il convient d’avertir le lecteur. Le premier
problème réside dans la rareté des textes astronomiques syriaques
e
bénéficiant d’une claire attribution avant la fin du VII siècle. On conserve,
e
du premier tiers du VI siècle, deux ouvrages de Sergius de Rešʽayna6 : une
composition astrologico-astronomique intitulée Traité sur l’action de la
lune7 ainsi que la traduction d’un texte pseudo-aristotélicien connu sous son

6
Pour un panorama de la production de Sergius de Reš‘ayna (mort en 536 apr. J.-C.) voir
BAUMSTARK, Geschichte, 1922. Pour une mise à jour à propos de ses traductions des
œuvres de logique d’Aristote, voir HUGONNARD-ROCHE H., « Notes sur Sergius de
Rēšʽainā, traducteur du grec en syriaque et commentateur d’Aristote », in ENDRESS G. and
KRUK R. (éd.), The ancient tradition in Christian and Islamic Hellenism, dedicated to
H. J. Drossaart Lulofs on his ninetieth birthday [Proceedings of the Third Symposium
Graeco-Arabicum 1991], Leiden, Research School CNWS, 1997, p. 121-144 et ID., La
logique d’Aristote du grec au syriaque, Paris, Vrin, 2004 ; pour une synthèse sur ses
traductions du De Mundo (du Ps. Aristote) et du Traité sur les causes de l’univers
(d’Alexandre d’Aphrodise) voir ID., « De Caelo. Traditions syriaque et arabe » dans
GOULET R. (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, suppl., Paris, CNRS, 2003,
p. 283-294 ; à propos de ses traductions du Ps.-Denys, voir HORNUS J.-M., « Le corpus
dionysien en syriaque », Parole de l’Orient 1, 1970, p. 69-93 ; à propos de ses traductions
de Galien, voir DEGEN R., « Galen im Syrischen : Eine Übersicht über die syrische
Überlieferung der Werke Galens », in NUTTON V. (ed.), Galen : Problems and Prospects,
London, Wellcome Intitute for the history of Medecine, 1981, p. 131-166.
7
Voir ce texte édité et traduit Partie 2, texte 2.

273
Établissement et application de critères de datation

nom latin de De Mundo8; quant aux textes préservés du VII


e
siècle, seuls
deux traités, attribués à Sévère Sebokht9, sont actuellement disponibles pour
l’étude, quoique l’un deux ne soit que partiellement édité : il s’agit du Traité
sur l’astrolabe 10 et du Traité sur les constellations 11 dont seuls trois
chapitres sur dix-huit ont été édités. Nous ajoutons à ce corpus la Lettre sur
12
les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht dont nous
présentons le texte et une traduction inédits dans cette thèse 13. Il est clair
que ces seuls témoins ne nous permettront pas d’établir un état des lieux
exhaustif de la production des textes astronomiques syriaques pour la
période qui nous intéresse. De plus, comme nous ne disposons pour cette
étude d’aucun témoin fiable antérieur à 500 apr. J.-C., il nous a été difficile
de proposer une observation globale de l’évolution des techniques de
traduction au sein de ce corpus. Cela dit, le Traité sur l’action de la lune et
la traduction du De Mundo que nous conservons de Sergius de Rešʽayna,
produits très tôt au VIe siècle, comme on le verra, présentent encore certaines
caractéristiques des productions anciennes.

Le second problème vient du fait que ces ouvrages ne sont pas tous
des traductions. À l’exception de la traduction du De Mundo par Sergius de
Rešʽayna, les textes astronomiques dont nous disposons sont de pures
productions syriaques, même si on y trouve certes des passages traduits du
grec. Est-il bien légitime, dans ces conditions, de vouloir appliquer les

8
Texte syriaque édité à partir du ms. BL Add. 14 658 dans LAGARDE P., Analecta Syriaca,
Osnabrück, Otto Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), p. 134-158. On trouvera le texte
et une traduction du chapitre IV de ce traité un peu plus loin Partie 3, section I, 2.
9
Pour un aperçu de l’œuvre et quelques notes biographiques à propos de Sévère Sebokht,
évêque de Qennešrin (Syrie), voir NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par
Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/1930, Introduction, p. 333-338.
10
NAU F. (éd.), Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des
sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française (extrait du JA),
Paris, E. Leroux, 1899.
11
Ce traité n’ayant été que partiellement édité par Nau (chap. 4-6), nous renvoyons, pour le
texte, aux feuillets 78r à 121v du ms. Paris BnF syr. 346. La traduction intégrale des 18
chapitres de ce traité se trouve dans NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660,
par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/30, p. 333-410 et ROC 28,
1931/32, p. 85-100.
12
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant éditée et traduite dans
cette thèse à partir du ms. Paris BnF syr. 346, f. 124v-127v.
13
Le ms. Paris BnF syr. 346 contient d’autres textes astronomiques attribués à Sévère
Sebokht, que nous avons présentés en Partie I (« État des sources »), mais qui, demeurant
inédits, ne sont pas encore disponibles pour le genre d’étude que nous souhaitons mener.

274
Établissement et application de critères de datation

critères de datation de S. P. Brock ? Nous répondons par l’affirmative pour


la raison que ces textes, qui font souvent suite à une traduction du grec14,
reposent intégralement sur des théories astronomiques grecques et se
trouvent dans tous les cas placés sous l’autorité d’un auteur grec : Galien et
Claude Ptolémée pour Sergius de Rešʽayna, Théon d’Alexandrie et Claude
Ptolémée pour Sévère Sebokht. En effet Sergius prétend expliciter une
théorie astronomique qu’il a lu chez Galien, et Sévère Sebokht renvoie sans
cesse au Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie ainsi qu’aux Tables
manuelles de Ptolémée pour calculer des éclipses de lune. La langue de ces
savants doit ainsi être tenue pour le véhicule d’un savoir astronomique qui
se transmettait du grec en syriaque.

14
Sergius de Rešʽayna dit que son traité fait suite à une traduction, réalisée par lui-même,
du Traité sur les jours critiques de Galien : cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2
(Prologue). Ce même traité contient d’ailleurs des citations du grec (sans qu’on ait toujours
réussi à en déterminer la source). En ce qui concerne Sévère Sebokht, nous avons retrouvé
dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant des passages cités littéralement du
Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie. Sévère disposait donc d’une
copie de cet ouvrage. Mais nous ne sommes actuellement pas en mesure de préciser si le
texte qu’il avait sous la main était l’édition grecque elle-même ou bien une traduction
syriaque de ce texte. Quoiqu’il en soit le propos de Sévère est fortement contaminé par le
lexique astronomique grec de cet ouvrage.

275
Établissement et application de critères de datation

Section I : vérification des critères de S. P. Brock

La première étape de notre travail consistera donc à tester les


critères de datation, proposés par S. P. Brock, sur les cinq textes suivants : la
traduction du De Mundo15 et le Traité sur l’action de la lune16 de Sergius de
e
Rešʽayna († 536 apr. J.-C.), puis pour le VII siècle le Traité sur
l’astrolabe17, le Traité sur les constellations18 et une Lettre sur les nœuds
ascendant et descendant19 attribués à Sévère Sebokht.
L’attitude du traducteur syriaque étant selon S. P. Brock révélatrice de
son époque, nous interrogerons dans un premier temps le rapport que
chacun put entretenir avec la source grecque en amont et avec son lecteur en
aval. Nous examinerons ensuite de plus près les techniques de traduction
mises en œuvre : il s’agira de définir les séquences de traduction, de préciser
à chaque fois l’importance accordée au signifiant grec, d’observer le type de
néologismes créés par chacun des deux auteurs syriaques et enfin de relever
les connecteurs logiques.
Ce test nous permettra aussi de préciser les contours de certains
critères définis par S. P. Brock, afin de rendre compte de la spécificité du
corpus astronomique syriaque produit avant la fin du VIIe siècle.

15
Nous ne prendrons en considération pour cette étude que le quatrième chapitre de ce
traité car il est le seul qui contienne véritablement du lexique astronomique (les autres
chapitres traitent en effet de géographie, de météorologie et d’ontologie). On se réfèrera
pour le texte syriaque à l’édition de LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto
Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), p. 136-137, pour le texte grec à l’édition de
LORIMER W. L. (éd.), Aristotelis qui fertur libellus De Mundo. Accedit Capitum V, VI, VII
interpretatio syriaca ab Eduardo König Bonnensi Germanice versa, Paris, Les Belles
Lettres, 1933, p. 50-54 et pour une traduction française du grec à TRICOT J. (trad.), Traité
du Ciel suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde, Paris, Vrin, 1949. Mais nous avons
fourni le texte syriaque avec le texte grec en vis-à-vis un peu plus loin dans notre
démonstration.
16
Sergius de Rešʽayna, Traité sur l’action de la lune (d’après BL Add. 14658, f. 141v-
149v). Pour le texte et la traduction de ce texte, se référer à notre travail (seconde partie de
la thèse).
17
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU].
18
Sév. Seb., Traité sur les constellations.
19
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds, f. 124v-127v.

276
Établissement et application de critères de datation

1. Attitude des traducteurs

a. Sergius de Reš‘ayna

- Traité sur l’action de la lune -

Dès le prologue de son Traité sur l’action de la lune, Sergius


définit clairement ses intentions :

Après avoir <lu> notre traduction de ce troisième


traité qui est le dernier de l’ouvrage portant Sur les jours
critiques 20 , ô notre frère Théodore, <et> constatant la
complexité de la pensée que l’auteur avait placée dans ce
livre, tu nous as persuadé de t’exposer aussi brièvement
que possible la théorie à laquelle Galien recourait, afin
qu’en la lisant, on puisse la trouver agréable et en recevoir
quelque vertu par laquelle on pourrait s’ouvrir à la
connaissance des sujets qu’il aborde21.

Plus loin, le traducteur de Galien nous renseigne sur la raison pour


laquelle ce Théodore éprouve des difficultés de compréhension à la lecture
de la version syriaque du Traité sur les jours critiques : c’est parce qu’il y a
trouvé des développements fondés sur une théorie astronomique que Galien
n’avait pas pris la peine de reformuler. Sergius promet donc d’apporter des
explications supplémentaires à sa précédente traduction. Pour ce faire il
s’appuie sur des ouvrages d’astronomes grecs qu’il rattache au courant
aristotélicien 22 . Son attitude vis-à-vis des sources grecques qu’il cite est
ambiguë. Sergius se montre respectueux de ses sources grecques en ce qu’il
prend le temps de les citer : à trois reprises dans le prologue il cite Galien et
le titre de son ouvrage ; à trois reprises il prétend expliciter le traité de
Galien à la lumière des théories développées chez les astronomes. Tout son
traité est ponctué d’expressions telles que : selon eux, ils pensent que, ils

20
Cf. Gal., De diebus decretoriis, l. III dans KÜHN C. G. (éd.), Claudii Galeni Opera
Omnia, t. 9, Leipzig, G. Olms, 19652 (18251), p. 900-941.
21
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2.
22
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2 : « […] il est nécessaire, […] de connaître le
propos général concernant l’opinion globale conçue par les astronomes, relative à toutes les
causes qui peuvent affecter la région sub-lunaire, comme <le suggère> la vénérable
philosophie aristotélicienne ».

277
Établissement et application de critères de datation

ont dit, faisant référence à des auteurs grecs. Au moment d’inviter son
lecteur à opérer des calculs pour déterminer la position des nœuds ascendant
et descendant, Sergius propose notamment de recourir aux Tables faciles de
Claude Ptolémée23; puis à la toute fin de son prologue il explique que les
études astronomiques sont recommandées par Aristote dont il estime que la
philosophie est morto, c’est-à-dire vénérable24.
Cependant, à la fin du traité, les astronomes grecs sont brusquement
mis à l’index, car ils n’auraient « pas la sagesse de dire […] que le Seigneur
<a fait> la terre dans sa totalité : le monde et ses habitants »25. Sergius
apporte donc à son lecteur, chrétien, des connaissances contre lesquelles il
préfère le mettre en garde, ces théories, développées par les Grecs,
demeurant des théories païennes.
Le Traité sur l’action de la lune, qui est un exposé sur la théorie
astronomique utilisée par Galien, montre son rédacteur, Sergius de
Reš‘ayna, tiraillé entre sa volonté de transmettre les auteurs grecs et celle
d’adapter cette littérature à un public chrétien.

- De Mundo26 -

Dans sa traduction du De Mundo, le même Sergius de Reš‘ayna


n’hésite pas à censurer le texte qu’il attribue à Aristote lorsqu’apparaissent
des termes susceptibles de troubler un lecteur chrétien : par exemple quand
le texte grec décrit la planète Vénus sous les traits de Lucifer27 , Sergius

23
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1.
24
Ibid. 1. 2.
25
Ibid. 4. 5.
26
On retrouvera l’ensemble des informations d’ordre linguistique, que nous apportons sur
ce texte, dans le chapitre consacré aux séquences de traductions, où le chapitre 2 fera
notamment l’objet d’un examen détaillé, dans le cadre d’une confrontation avec le texte
grec préservé.
27
Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 2, p. 54 : « ὁ τοῦ Φωσφόρου, ὃν Ἀφροδίτης, οἱ δὲ Ἥρας
προσαγορεύουσιν ». Dans la littérature médiévale le Diable est couramment appelé Lucifer
ou Satan, mais les auteurs antiques chrétiens, et dans une large mesure ceux du Haut
Moyen Âge appliquent parfois ce nom de « Lucifer » au Christ, le porteur de lumière,
comme dans Grégoire le Grand, Morales sur Job, Préface VI, 13, (SC 32, 1952), p. 161 :
« […] jusqu’à ce que, à la fin de la nuit, le Rédempteur des hommes, véritable étoile du
matin, se lève. » (trad. A. De Gaudemaris). Pour plus de renseignements à ce propos
consulter RUSSELL F. B., Lucifer. The Devil in the Middle Ages, Ithaca and London, Cornell
University Press, 1984, p. 247. En réalité nous ne connaissons pas la raison exacte pour
laquelle Sergius décide de supprimer ce nom.

278
Établissement et application de critères de datation

préfère lui substituer un terme archaïque syriaque 28 . Cette traduction


présente également, à de nombreux endroits, des ajouts par rapport au texte
grec de départ : il s’agit soit d’expliquer le sens d’un mot grec en
particulier29, soit d’offrir une paraphrase30 permettant de rendre le propos
plus clair auprès d’un lecteur non hellénophone.
Notons que Sergius profite par ailleurs de son expérience de
traducteur habitués aux œuvres de logique aritotélicienne pour apporter une
̈
précisions au texte grec en ajoutant au titre le mot ‫ܗܘܝܐ‬ (les étants)31.
Enfin il corrige, à la fin du deuxième chapitre, la description de
l’organisation du système solaire en situant le soleil non pas dans le
voisinage de la lune, comme le propose Aristote, mais entre les planètes
dites inférieures (Vénus et Mercure) et supérieures (Mars, Jupiter, Saturne),
comme le propose Claude Ptolémée32.

Les modifications opérées sur le texte grec du De Mundo trahissent


clairement l’intention du traducteur de faire accepter et recevoir ce texte par
un lecteur chrétien (voir la suppression de la mention de Vénus Lucifer) de
langue syriaque33 et une volonté d’amender le texte qu’il a sous les yeux.

28
Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137 « ‫ ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܿܡܢ‬. ‫ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܟܘܟܒܬܐ‬
‫ ܐܢܫܝܢ ܕܝܢ ܕܗܐܪܐ‬. ‫» ܕܒܝܠܬܝ ܿܩܪܝܢ ܠܗ‬.
29
Voir par exemple la définition du mot ἄξονα in Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE],
p. 136.
30
Sergius insère notamment dans sa traduction une explication portant sur la confusion de
certains Grecs qui ont pu croire que l’éther était de nature ignée du fait de la proximité en
grec des mots Ἄιθη et αἰθήρ. Cf. Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 136.
31
Cf. Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 134.
32
Comparer le texte grec (« εἶτα ὁ ἡλίου, καὶ τελευταῖος ὁ τῆς σελήνης » in Arist. (Ps.),
Mu. [éd. LORIMER], 2, p. 54) avec le syriaque (« . ‫ܠܥܠ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ ܐܝܬܘܗܝ‬
‫ ܘܐܚܪܝܐ ܕܟܠܗܘܢ ܠܬܚܬ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܣܗܪܐ‬. ‫ » ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܫܡܫܐ‬in Arist. (Ps.),
Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137). Ce qui permet donc à Sergius de situer le soleil entre Mars
et Mercure et non entre Vénus et la Lune comme le suggérait le texte grec du Ps.-Aristote.
Comparer avec Arist., Cael., II, 12 et Ptol., Alm., IX, 1.
33
On verra plus loin qu’aucun des noms grecs des planètes n’a été retranscrit, en dehors de
ceux de Mercure et Mars, intégrés très tôt dans la langue syriaque, et que les termes
translittérés du grec sont quasiment tous accompagnés d’une glose.

279
Établissement et application de critères de datation

b. Sévère Sebokht

Plus d’un siècle plus tard, Sévère Sebokht, alors évêque du


monastère de Qennešrin, n’incrimine plus Théon d’Alexandrie pour ses
origines païennes. Dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant,
Sévère se révèle non seulement soucieux de transmettre le contenu
scientifique des compositions astronomiques grecques de son choix, mais il
est aussi attaché au fait de transmettre ces textes à la lettre, le plus
précisément possible.
Dès le début de la lettre, le lecteur est renvoyé au Petit
Commentaire de Théon d’Alexandrie ainsi qu’aux Tables faciles de Claude
Ptolémée :

Quant au fait de pouvoir calculer rapidement et sans


effort les nœuds ascendant et descendant, je ne l’ai trouvé
nulle part et je pense que personne d’autre <n’a réussi> à
faire en sorte que le calcul des nœuds ascendant et
descendant soit plus rapide, plus facile et nécessitant
moins de travail que le calcul <effectué> d’après les
Tables faciles, comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie
dans son Commentaire aux Tables faciles.34

Méthode facile et nécessitant peu d’effort au sujet


des nœuds ascendant et descendant de Théon
d’Alexandrie, d’après les Tables faciles35

[…] comme le propose l’exemple de l’auteur


<Théon> dans le Commentaire, qu’on t’a adressé36

Les sources grecques sont donc dûment citées et Sévère Sebokht ne


manque pas, à plusieurs reprises, de recommander à son lecteur l’usage
exclusif d’un certain type de sources, et d’éviter de recourir à d’autres
méthodes de calcul :

Bien que cela ne soit pas convenable pour le noble


<ami du Christ> mentionné, nous pouvons utiliser une
34
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 1.
35
Ibid. II. 2. 5.
36
Ibid. II. 5. 2.

280
Établissement et application de critères de datation

autre méthode, à partir de laquelle on pourra aussi, sans


recourir aux Tables faciles, calculer les nœuds ascendant
et descendant. Mais n’étant pas habile en ces choses, c’est
en comptant sur ton amour, frère, et grâce à la fraternité
d’un compagnon, qu’on a pu calculer les nœuds ascendant
et descendant de la manière suivante, si tant est que cela
puisse être convenable.37

Il n’hésite pas non plus à répéter les mérites et à vanter la clarté du


traité de Théon, insistant sur le fait qu’on doive utiliser ce livre et aucun
autre pour prévoir des éclipses :

Le noble ami du Christ, dont on a parlé, nous a


persuadé de concevoir un exemple se rapportant aux
éclipses solaire et lunaire, bien que ceci ait été très bien
fait et à plusieurs reprises par Théon, que nous avons
cité par l’intermédiaire du Commentaire qu’il a écrit aux
Tables faciles. Nous voulons, frère, que tu connaisses ces
<Tables> et <que> grâce à elles le noble <Stéphane>
puisse établir <ses propres pronostics>38.

Il ne fait pas de doute que le destinataire final de cette lettre, soit


l’Illustre Stéphane, chartulaire de Haute Mésopotamie, disposait des Tables
faciles de Claude Ptolémée et d’un Commentaire de Théon d’Alexandrie
relatif à ces Tables. Il est même possible que Sévère, qui insiste tant pour
que ce correspondant recoure directement à Théon, ait lui-même
préalablement envoyé ces ouvrages. Les livres de Théon d’Alexandrie et de
Claude Ptolémée circulaient donc en Orient, en grec ou en syriaque, et
exerçaient une autorité considérable sur notre savant syro-occidental. Cette
lettre est en outre un témoin exceptionnel des étapes de la transmission de
Théon d’Alexandrie et de Claude Ptolémée vers l’Orient : si la traduction
e
syriaque ou les textes grecs eux-mêmes circulaient déjà au VII siècle, les
lecteurs orientaux, comme Stéphane, ne semblaient pas encore assez formés
pour pouvoir s’en servir. Tout l’intérêt de la lettre de Sévère Sebokht
résidait donc dans une application concrète et pédagogique des ouvrages
astronomiques sus-mentionnés. Sévère s’appuie pour ce faire sur des

37
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 3. 1.
38
Ibid. II. 6.

281
Établissement et application de critères de datation

exemples, auxquels il applique la méthode fournie par Théon d’Alexandrie.


Cette application se fait avec tant de scrupules que plusieurs passages sont
traduits littéralement du Petit Commentaire.

Selon F. Nau nous conserverions un autre type de discours de Sévère,


le montrant particulièrement polémique vis-à-vis des astronomes grecs.
Nous souhaitons revenir sur cette interprétation de Nau, que nous pensons
discutable. Le premier texte qu’il présente comme un témoin est la Lettre
sur l’origine de la science astronomique (cf. Partie I, IX, i) que Nau attribue
à Sévère alors que le copiste ne procède jamais à cette attribution dans le
39
ms. Paris BnF syr. 346 (cf. f. 168v-170v) . Son auteur cherche
manifestement à valoriser les apports astronomiques babyloniens et
égyptiens et insiste sur leur précédence :

Certains croient que les Grecs seuls savent faire des


calculs astronomiques, mais tous les écrivains grecs
reconnaissent que les Babyloniens, puis les Égyptiens, ont
précédé les Grecs, or les Babyloniens sont des Syriens.
Ptolémée dans sa Syntaxe le montre encore, puisqu’il fait
le comput du soleil, de la lune et des planètes d’après les
années de Nabuchodonosor ; il montre ainsi qu’il a pris
aux Babyloniens le fondement de ses calculs. 40

F. Nau y vit un propos polémique, « contre les Grecs » 41 . Nous


pensons au contraire que l’auteur syriaque en question a cherché à valoriser
les astronomes grecs, et en particulier Claude Ptolémée en l’inscrivant dans
une chaîne de transmission des savoirs dont les racines se trouveraient en

39
On peut lire des extraits de cette lettre en syriaque et en traduction française dans NAU F.,
« La cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 248-250 et dans son
introduction à Sév. Seb., Traité sur les constellations, p. 332-333. Pour une édition et une
traduction allemande complète du texte, cf. REICH, « Ein Brief des Severus Sebokt », 2000,
p. 478-489.
40
Trad. NAU, « La cosmographie », 1910, p. 248-249.
41
NAU, « Le traité sur les constellations », 1929, Introduction, p. 332. Nau s’appuie
également, dans cette même introduction, sur d’autres propos virulents (cf. p. 330 à 332)
qu’il a trouvé dans un des traités du ms. Paris BnF syr. 346, mais en réalité ce dernier texte
n’est pas attribuable à Sévère Sebokht, mais à un auteur du VIe siècle (voir notre
démonstration à propos de la datation de ce texte du ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v- 60r à la
fin de notre troisième partie en II. 2. b. Traité sur les éclipses lunaires et solaires). Si les
propos en question sont certes virulents, ils ne visent d’ailleurs pas les Grecs de façon
explicite.

282
Établissement et application de critères de datation

Orient. C’est en comparant le propos de Sévère avec celui d’autres auteurs


grecs chrétiens contemporains (Cosmas Indicopleustès et Rufin le sage 42 ),
que nous sommes arrivée à la réflexion que l’auteur, qui s’adressait à des
interlocuteurs chrétiens, devait prendre en compte la part d’obscurantisme43
et de fondamentalisme44 de ses interlocuteurs, et justifier son intérêt pour
l’astronomie. Au nom des divines Écritures, ne vit-on pas un Cosmas
Indicopleustès défendre la théorie d’une terre rectangulaire dans sa
Topographie chrétienne45, consacrer Moïse grand et divin cosmographe46 et
reprocher aux astronomes grecs d’être des faiseurs de fables, des
« sophistes » ?
Dans son Traité sur les constellations, Sévère défendit au contraire,
nous semble-t-il, la cause des astronomes grecs à propos de cette accusation,

42
Le ms. Vat. sir. 555 conserve, aux feuillets 46r à 62v, un traité astronomico-
météorologique intitulé Exposé sur le soleil, son parcours et son éclipse attribué à Rufin
que nous désignons de la manière suivante : Ruf., Exp. [Vat. sir. 555]. Il faut différencier
cette version longue du texte édité par G. Levi Della Vida (d’après la version courte de
Vat. sir. 217) dans LEVI DELLA VIDA G., « La Dottrina e i Dodici Legati », Atta della
Academia dei Lincei [Mem. Scienze morali, sér. 8] 3, fac. 8, 1951, p. 477-542 [= Pitagora,
Bardesane e altri studi siriaci, a cura di R. Contini, Roma, Bardi, 1989, p. 125-191]. La
traduction proposée par G. Levi Della Vida a d’ailleurs été réalisée à partir du texte arabe.
G. Levi Della Vida a estimé que la partie du texte qui nous intéresse était la plus ancienne,
vraisemblablement de la fin du Ve siècle.
43
Dans son Exposé sur le soleil, son parcours et son éclipse, Rufin le sage, qui rapporte le
plus souvent des théories fumeuses sur le mouvement des astres, la stratification du ciel et
la composition de la terre, ponctue régulièrement son propos de remarques du genre :
« quand tu chercheras à connaître cela et les règles, n’en expose pas davantage à ceux qui
voudraient s’instruire en cela et tu te montreras sage et philosophe » (Ruf., Exp.
ܿ ‫ ܕ̈ܪܕܝܢ‬. ‫ܡܚܘܐ ܐܢܬ ܠܗܘܢ‬
[Vat.sir. 555], f. 59v : « ‫ ܝܬܝܪ‬.‫ܒܗ‬ ܿ ‫ ܘܐܘܪܚܐ ܐܠ‬. ‫ܬܒܥ ܐܢܬ ܡܢܗܘܢ‬ ܿ ‫ܓܝܪ ܟܕ‬
‫ܚܟܝܡܐ ܘܦܝܠܠܘܣܘܦܐ ܡܬܚܙܐ ܐܢܬ‬ ̈ ‫» ܡܢܗܘܢ‬.
44 e
À la fin du VI s. Cosmas Indicopleustès inscrit dans le prologue de sa Topographie
chrétienne : « Il existe des chrétiens d’apparence qui, sans tenir compte de la divine
Écriture qu’ils dédaignent et méprisent à la manière des philosophes du dehors, supposent
que la forme du ciel est sphérique, induits en erreur par les éclipses du soleil et de la
lune. […] » (Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 1, p. 264) ; « Que celui qui, avec
l’aide de Dieu, en est capable, s’applique, surtout à l’aide de cet ouvrage et de ce volume, à
détruire jusqu’aux fondements l’erreur des théories païennes ». Il s’agit en réalité de
contredire la théorie de la sphéricité de la terre, comme il apparaît clairement dans le titre
d’un des chapitres de sa Topographie : « Contre ceux qui veulent être chrétiens mais
croient et professent, comme les gens du dehors, que le ciel est sphérique » (Cosm. Ind.,
Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 1, p. 272-274). Voir aussi le propos du Ps.-Denys
l’Aréopagite : « Or les Grecs […] ont accumulé erreur sur erreur, en disant que les ténèbres
ne sont pas une chose créée ni faite […] Les Grecs mêlent aussi l’erreur à toutes les durées
de révolution » (Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER], p. 148 (texte) ; p. 172 (trad.).
45
Il s’appuyait en l’occurrence sur Ex. 25, 23 comme on le voit dans Cosm. Ind., Top.
Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 2, p. 356 : « Ainsi la divine Écriture se trouve véridique
lorsqu’elle avance que la longueur de la terre est double de sa largeur : Tu feras, dit-elle, la
table à l’image de la terre, longue de 2 coudées et large d’1 coudée ».
46
Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 3, p. 492.

283
Établissement et application de critères de datation

qui faisait d’eux de beaux parleurs47, et reprit le débat en faisant intervenir


la Bible d’une manière bien différente48 :

Quand Cosmas parle de l’origine des sciences, le ton et le propos sont


bien différents et nettement plus virulents que ceux que l’on trouve dans le
ms. Paris BnF syr. 346. Voici ce qu’on lit par exemple dans la
Topographie :

Que les Grecs ne lèvent donc pas les sourcils avec


orgueil, comme s’ils étaient les premiers à inventer
quelque chose de neuf pour le bien du monde, alors qu’ils
ont butiné chez d’autres aussi bien les caractères écrits et
les lois que les hypothèses de la sphère, l’astronomie et
l’astrologie. En effet, venus dans le monde à une époque
tardive, ils s’imaginent que l’univers était éternel ; initiés
par d’autres à l’hypothèse de la sphéricité du ciel, ils se
crurent les premiers à l’inventer et exposèrent le Canon de
l’astronomie comme leur propre découverte […] ce sont
des ingrats devant Dieu 49.

Les propos de Cosmas sont méprisants et clairement polémiques.


L’ingratitude est le grief essentiel qu’il fait aux astronomes grecs. Sévère
Sebokht, bien au contraire, présente Claude Ptolémée comme un auteur grec
tout-à-fait conscient de sa dette vis-à-vis des Babyloniens :

47
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1 : « […] les géomètres et les astronomes
viennent témoigner en faveur de ma thèse – je veux dire que les constellations qu’on dit
être dans le ciel n’y sont pas par nature mais par convention seulement et en paroles – […]
Ils jugèrent bon en effet –avec sagesse et amour de la vérité – de dire ce qui convenait à la
nature des choses, et non ce qui provenait d’une imagination quelconque de l’esprit,
laquelle n’aurait aucune base solide qui puisse la recommander à un philosophe intelligent
[…] » (trad. Nau, p. 352). Puis Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 7 : « Les
géomètres et certains astronomes, considérant tout cela avec sagesse, nommèrent ces douze
parties du cercle des sections ou des dodécatoméries, comme nous l’avons dit, et
s’écartèrent (f. 86v) de la fabrication des noms, c’est-à-dire de l’ineptie des dénominations
imaginées par les poètes et les astrologues » (trad. Nau, p. 354).
48
« Pourquoi nous étonner qu’on ait imaginé des noms pour les étoiles qui apparaissent
avec un certain être, puisque les hommes ont donné aussi des noms et des dénominations
aux choses qui n’existent pas ? […] » ; « Le Livre divin48 lui-même n’a pas hésité à les
nommer selon la coutume des hommes, car il dit : Qui a fait le Char et les Pléiades et les
Hyades et le géant (Orion), et qui a entouré le sud ? Et il ne mentionne pas seulement
ceux-là, mais encore Arcturus imaginé par les fables païennes des poètes – du moins dans
la version grecque de la Bible » (Sév. Seb., Traité sur les constellations II ; trad. Nau,
p. 349 ).
49
Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA] , vol. 2, livre XII, chap. 12, p. 372-373.

284
Établissement et application de critères de datation

Ptolémée lui aussi en rend témoignage dans la


Syntaxe, car lorsqu’il choisit une origine pour le comput
du soleil, de la lune et des cinq planètes, il ne commence
pas aux années des rois Grecs, mais à celles des rois de
Babylone […]. Il montre bien par là qu’il a trouvé chez les
Babyloniens, et non chez les Grecs, le début et le
fondement des calculs qu’il a faits. C’est donc sur ce
fondement qu’il a construit et entassé les nombreux
calculs qu’il a faits.50

L’ouvrage astronomique de Claude Ptolémée repose, selon Sévère, sur


des observations compilées depuis l’époque babylonienne. L’antiquité des
savoirs sur lesquels repose l’ouvrage lui confèrerait une autorité de poids et
pouvait bien faire accepter à un lecteur chrétien le fait de lire l’auteur païen
qu’était Ptolémée. Sévère Sebokht trouve donc peut-être le moyen de
légitimer l’utilisation des travaux de ce dernier, en les présentant comme les
réceptacles de tous les savoirs astronomiques accumulés depuis des
millénaires par les Babyloniens. Notons que les Babyloniens sont, à cette
occasion, présentés comme les ancêtres des Syriens. Manœuvre habile
lorsqu’on sait le poids que les apologétistes chrétiens accordaient au critère
d’ancienneté dans l’Antiquité.

L’insistance avec laquelle Sévère Sebokht associe la pratique


astronomique à l’identité syrienne se place également dans une démarche de
justification de son intérêt pour cette science. À la différence des
destinataires de la Topographie, qui étaient de langue grecque et
vraisemblablement d’Alexandrie 51 , ceux de Sévère étaient de langue
syriaque et, d’après la dédicace de la Lettre sur les nœuds ascendant et
descendant, enracinés dans une terre sémitique52. On sait par ailleurs qu’il

50
NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/1930, Introduction, p. 332-333 (texte et
traduction).
51
Dans une note à son édition-traduction de la Topographie chrétienne de Cosmas
Indicopleustès, W. Wolska écrit : « Cosmas oppose notamment au premier livre de cette
Topographie la théorie des vrais chrétiens à celle des païens, auxquels il associe par la
même occasion les monophysites d’Alexandrie, désignant par là l’école de Jean Philopon
(Cf. Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 1, p. 274-276, note 3).
52
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 3 : « Puis <je parlerai> de ce qu’a écrit, ou plutôt
rappelé, l’ami du Christ Stéphane Illusṭrius, Chartulaire de toute la Haute Mésopotamie
(Djazira), à qui seront humblement présentés de ma part, ô mon frère, les sujets <suivants, à
savoir> […] ».

285
Établissement et application de critères de datation

e
existait, depuis le milieu du IV siècle de notre ère, une forme de repli
identitaire syriaque en réaction à l’arianisme et à d’autres hérésies propagées
en langue grecque. Éphrem de Nisibe53 puis Rabbula au V
e
siècle sont les
grands représentants de ce repli, qui était vraisemblablement encore latent à
l’époque de Sévère. Cette donnée semble, en tout cas, prise en compte par
l’évêque de Qennešrin quand il invite son interlocuteur syriaque à cultiver
non pas un savoir qui lui viendrait des Grecs, mais une science ancestrale
qui lui viendrait de ses ancêtres syriens, désignés dans le discours comme
les descendants naturels des Babyloniens:

Que les Babyloniens aient été des Syriens, je crois


que personne ne le niera. Par suite, ils se trompent
grandement ceux qui disent qu’il n’est pas possible que les
Syriens sachent quelque chose de tel <que l’astronomie>,
puisque ces Syriens ont été les inventeurs et les premiers
maîtres en ces matières.54

Nous pensons que l’intention de Sévère n’est donc pas tant ici
d’établir une critique des savoirs astronomiques, que de faire croire à ses
correspondants que le fait de cultiver la science astronomique est non
seulement légitime pour un Syrien, mais qu’il est prédisposé pour cela ! Il
met ainsi en valeur l’œuvre de Ptolémée en la présentant comme le
prolongement d’une chaîne de savoirs qui prend racine chez les
Babyloniens. Les critères d’ancienneté et d’appartenance intrinsèque à la
culture syriaque devaient suffire sans doute à dissiper certaines hésitations.
Telles étaient du moins, si notre interprétation est correcte, les intentions de
Sévère Sebokht. Nous doutons cependant du fait que ce genre d’argument
ait pu suffire à protéger l’évêque.

53
Voir BECK E. (éd.), EPHREM, Hymnes sur la foi (CSCO, 154-155), 1955 (cf. hymne 2):
« Heureux celui qui n’a jamais touché au venin des Grecs ». Pour une réflexion à ce propos,
cf. BROCK S. P., « From antagonism to assimilation : Syriac Attitudes to Greek learning »,
in East of Byzantium : Syria and Armenia in the Formative Period, Washington D.C.,
Dumbarton Oaks, 1982, p. 17.
54
NAU, « Le traité sur les constellations », 1929, Introduction, p. 332-333 (texte et
traduction).

286
Établissement et application de critères de datation

En somme il n’y a rien dans l’attitude de Sévère Sebokht qui puisse


nous faire penser qu’il se soit montré polémique vis-à-vis des textes
astronomiques grecs55. En cela cet auteur-traducteur du VII
e
siècle présente
une attitude tout à fait conforme à celle que S. P. Brock jugea caractéristique
des traducteurs syriaques des VIe–VIIe siècles. En ce qui concerne Sergius de
Reš‘ayna, qui œuvra avant 536 apr. J.-C. (date de sa mort), le fait qu’il soit
partagé entre son admiration pour les auteurs grecs et sa gêne à rendre
compte d’un écrit païen fait de lui un bon témoin de cette rupture décrite par
S. P. Brock et située aux alentours de 500 apr. J.-C. Il était important de
revenir sur cette interprétation de Nau et de rétablir l’attitude
fondamentalement très positive de Sévère Sebokht vis-à-vis de ses sources
grecques, car elle nous permet de confirmer le premier critère de
S. P. Brock : si, au tout début du VIe siècle, Sergius de Reš‘ayna s’est permis
des modifications et prit parfois quelques distances par rapport au savoir
qu’il cherchait à transmettre, au contraire Sévère Sebokht semble nettement
plus soucieux de transmettre fidèlement le sien.

2. Techniques de traduction

Cette attitude est d’ailleurs confirmée par une approche plus


linguistique : en effet, il est frappant de voir qu’au moment où il cite le Petit

55
L’autre témoin sur lequel s’appuie F. Nau pour montrer des éléments de polémique
contre les Grecs est un extrait du Traité sur la cause des éclipses de lune, que Nau attribue
à Sévère Sebokht. En réalité, nous pouvons démontrer, d’une part, que ce texte ne peut pas
être de Sévère Sebokht, d’autre part que le passage cité par Nau et qu’il qualifie d’ « anti-
grec » (« bien que les adversaires ouvrent fortement la bouche et aiguisent leur langue »,
f. 60r »), ne l’est absolument pas. Si l’on se réfère à la traduction que nous proposons de ce
texte dans la Partie II (texte 1), on verra que cette interprétation n’est pas tenable pour la
simple et bonne raison que l’auteur y fait justement les louanges des astronomes grecs, et
en particulier celle de Claude Ptolémée. D’ailleurs, nous ne voyons pas pour quelle raison il
faudrait d’emblée exclure l’idée que le ton polémique puisse viser certains groupes ou
individus syriaques. F. Nau (dans NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/30,
INTRODUCTION, p. 331) argumentait de la façon suivante : « Les ennemis auxquels Sévère
Sebokht vient de faire allusion, en l’an 661, ne sont ni les Arabes (qui n’écrivent pas
encore), ni les Arméniens, ce sont les Grecs, car il revient sur ce sujet l’année suivante et
attaque ceux qui se croient arrivés seuls à la limite de la science parce qu’ils parlent
grec (Paris BnF syr. 346, f. 169v)». Cette dernière citation est extraite d’un passage sur
l’histoire de la science astronomique. Or à la fin du propos, l’auteur précise : « Je ne dis pas
cela pour mépriser la science des Grecs […], mais pour montrer que la science est
commune » (trad. NAU, « La cosmographie », 1910, p. 250).

287
Établissement et application de critères de datation

Commentaire de Théon d’Alexandrie, Sévère cherche tant à respecter le


grec à la lettre, que son syriaque en devient illisible ! La lettre de Sévère est
en effet émaillée de citations littérales extraites du Petit Commentaire. Une
analyse philologique de ces passages traduits du grec nous permettra de
comparer les techniques de traduction utilisées par Sergius de Rešʻayna
avant 536 apr. J.-C. et celles utilisées par Sévère Sebokht avant 662 apr. J.-
C.
L’examen attentif du vocabulaire astronomique syriaque permettra
ensuite d’évaluer l’impact de la langue grecque dans ces traités. Nous
achèverons cette analyse par un repérage des connecteurs logiques qui ont
fait l’objet d’une analyse quantifiée par S. P. Brock dans d’autres corpus.

a. Séquences de traduction

- Sergius de Rešʻayna -

La présente étude repose sur l’observation du début de la traduction


syriaque du De Mundo réalisée par Sergius de Rešʻayna avant 536 apr. J.-
C. : nous avons limité cette étude au deuxième chapitre, parce qu’il
correspondait à la partie astronomique du traité. Il n’a malheureusement pas
été possible d’étendre notre étude aux citations présentes dans le Traité sur
l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna pour la raison que nous ne
sommes pas parvenue à en déterminer l’origine grecque56.
En revanche le texte grec du De mundo est conservé, circulant sous le
nom d’Aristote. À la lecture des deux textes, il s’avère que, par chance, la
tradition manuscrite grecque nous a livré un texte très proche de celui utilisé
par Sergius.

Le prologue que Sergius a rédigé au De Mundo, qui nous renseigne


sur la technique de traduction qu’il cherche à mettre en œuvre :

56
Voir la discussion à ce propos dans l’introduction à notre traduction du texte syriaque :
Partie 2, texte 2 : Sergius de Rešʻayna, Traité sur l’action de la lune.

288
Établissement et application de critères de datation

Lettre du Philosophe Aristote traduite du grec en syriaque


par son Excellence Mon Seigneur Sergius prêtre de la ville de
Reš‘ayna ‫ ܀‬J’ai bien reçu la lettre que ta Bonté m’a envoyée,
celle qui fut adressée par le philosophe Aristote au roi
Alexandre au sujet de la science des êtres. Tu m’as ordonné de
la traduire autant que possible du grec dans la langue des
Syriaques. J’ai été détourné de cette tâche jusqu’à aujourd’hui
pour de nombreuses raisons que je n’ai pas le temps d’exposer
ici. Mais désormais, comme je suis libéré de mes obligations,
j’ai pu prendre soin de réaliser tes commandes, même si de
nombreuses autres tâches bien contraignantes m’incombent. Je
les ai mises de côté à cause de l’ordre que tu m’avais adressé et
j’ai fait en sorte d’accomplir ta volonté. Mais je t’en supplie,
mon Cher, s’il se trouve plus ou moins un autre chapitre à
l’intérieur de cette lettre, que ta Bonté n’en impute pas la faute à
notre faiblesse, car ce que j’ai trouvé dans le livre qui m’a été
envoyé de ta part, mon Cher, j’ai pris soin de le conserver dans
sa parfaite totalité en n’ajoutant rien à ce qui avait été écrit là par
le philosophe et en ne retranchant rien non plus de ses propos
autant que possible. 57

De fait la traduction opérée par Sergius est, comme l’avait déjà noté
V. Ryssel 58 , très proche du texte grec édité par Bekker 59 (qu’on lira
aujourd’hui plus commodément dans l’édition de W. L. Lorimer60). Mais
Sergius effectue quelques ajouts qui ne se trouvent nulle part ailleurs dans la
tradition grecque61. Voici quelques exemples relevés pour le chapitre 1 du
De Mundo :

57
Pour le texte syriaque, voir LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, 1858 , p. 134.
58
RYSSEL H. V., Über den textkritischen Werth der syrischen Übersetzungen griechischer
Klassiker, Leipzig, Fernau, 1881, vol. 2., p. 10 : « […] so ist seine Übersetzung ein
Meisterwerk metaphrastischer Wiedergabe des Urtextes, indem er mit völliger Korrectheit
des syrischen Ausdrucks die getreueste Wiedergabe des griechischen Textes und mit einer
fast buchstäblichen Übersetzungsmethode doch auch im Einzelnen eine freiere Verfügung
über den Wortschatz des Syrischen zum Ausdrucke des Sinnes der einzelnen griechischen
Wendungen in glücklichster Weise zu verbinden gewusst hat. » (voir aussi RYSSEL, Über
den textkritischen, 1880, vol. 1, p. 4).
59
BEKKER I., ΠΕΡΙ ΚΟΣΜΟΥ ΠΡΟΣ ΑΛΕΧΑΝΔΡΟΝ, Aristoteles graece (ex recensione
I. Bekkeri edidit Academia Regia Borussica), vol. 1, Berolini, Georgium Reimerum, 1831,
p. 391- 401.
60
LORIMER W. L. (éd.), Aristotelis qui fertur libellus De Mundo. Accedit Capitum V, VI,
VII interpretatio syriaca ab Eduardo König Bonnensi Germanice versa, Paris, Les Belles
Lettres, 1933 (Introduction sur les traditions textuelles du De Mundo en grec, latin,
arménien, syriaque etc…).
61
Nous ne mentionnons donc pas les modifications du texte syriaque lorsque ces variantes
sont communes avec celles d’autres manuscrits grecs signalées dans l’apparat critique de
Lorimer. Par exemple, à la fin du chap. 1, la copie syriaque omet de rendre « καὶ θέσεως »
comme les manuscrits C G et Fl qui n’ont pas été retenu dans l’établissement du texte grec.

289
Établissement et application de critères de datation

- Le titre syriaque diffère de celui suggéré par la leçon majoritaire des


manuscrits grecs conservés (Ἀριστοτέλους περὶ κόσμου) et ajoute :
« sur la science des étants » 62.
- Chapitre I : ajout d’un adjectif (‫ )ܟܠܗܘܢ‬: « seule la philosophie a pu
s’élever à la contemplation de <tous> les étants » ; traduction du
verbe κατοπτεύω (scruter) au moyen de deux formes verbales
coordonnées en syriaque : ‫( ܣܠܩ‬monter) et ‫( ܚܙܐ‬voir)63 ; de même
pour le verbe συμφορεῖν (rassembler) rendu par la coordination de
‫( ܟܢܫ‬rassembler) et ‫( ܚܒܫ‬maintenir) 64 ; ajout de l’adjectif grand
« ‫ »ܪܒܬܐ‬dans l’expression : « C’est pourquoi ceux qui nous ont
décrit avec <grand> soin la nature de cette région […] » ; ajout et
modification du vocabulaire pour rendre l’expression grecque οἱ δὲ
τὸ Κωρύκιον ἄντρον (d’autres <parlent> de l’antre de Corycus) 65 :
‫( ܘܡܢܗܘܢ ܬܘܒ ܗܝܟܐܠ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܩܘܪܘܩܝܘܢ‬d’autres <parlent> du
temple dit de Corycus) ; ajout de la formule « il ne convient pas de
les admirer » ( ‫) ܒܗܠܝܢ ܠܘ ܠܡܬܕܡܪܘ ܙܕܩ‬66 ;

Comparons à présent les deux textes pour le chapitre 2 qui, traitant


plus spécifiquement de cosmographie, contient des bribes de vocabulaire
astronomique :

62
̈
Titre : « ‫ܕܗܘܝܐ‬ ‫( » ܐܓܪܬܐ ܕܫܕܪ ܐܪܝܣܛܘܛܠܝܣ ܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܥܠ ܝܕܥܬܐ‬Lettre qu’Aristote
envoya à Alexandre au sujet de la science des étants). La deuxième partie du titre relève
vraisemblablement d’une initiative de Sergius cherchant à rattacher ce texte au corpus des
textes philosophiques aristotéliciens déjà traduits par lui (ce corpus philosophique a été
bien étudié par H. Hugonnard-Roche : voir notamment HUGONNARD-ROCHE, La logique
d’Aristote, 2004). La première partie du titre se rapproche du ms. gr. B qui propose :
« ἀριστοτέλης πέπομφε τὸν μακεδόνα ταύτην ».
63
« ‫( » ܠܡܣܩ ܘܠܡܚܙܐ‬Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 135, l. 7). Cette traduction
n’est d’ailleurs pas heureuse pour rendre le sens du κατοπτεύω grec (= scruter), même si le
sens induit par cette modification se prête, il est vrai, très bien au contexte (il est question
de l’âme rendue capable par la philosophie d’échapper du corps pesant pour aller
contempler la région céleste). Comparer avec le grec de Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 1,
p. 48, l. 4.
64
« ‫( » ܟܢܫܬ ܘܚܒܫܬ‬texte syriaque p. 135, l. 11). Comparer avec le grec de Arist. (Ps.), Mu.
[éd. LORIMER], 1, p. 48.
65
Cf. Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 1, p. 49.
66
Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], p. 49 : « οἰκτίσειεν ἄν τις τῆς μικροψυχίας […] » / « on
serait tenté de les prendre en pitié pour l’étroitesse de leur esprit » (Arist. (Ps.), Mu. [trad.
TRICOT], p. 180); Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE] : « ‫ ܐܐܠ ܠܡܚܣ‬. ‫ܒܗܠܝܢ ܠܘ ܠܡܬܕܡܪܘ ܙܕܩ‬
‫ » ܥܠ ܚܣܝܪܘܬܐ ܪܥܝܢܗܘܢ‬/ « Il ne convient pas de les admirer, mais au contraire de prendre en
pitié leur étroitesse d’esprit ».

290
Établissement et application de critères de datation

Texte grec67 Texte syriaque68


‫ ܥܠܡܐ ܗܟܝܠ ܐܝܬܘܗܝ ܩܘܝܡܐ ܕܡܢ‬.1
1. Κόσμος μὲν οὖν ἐστι σύστημα ἐξ ̈
οὐρανοῦ καὶ γῆς καὶ τῶν ἐν τούτοις ‫ܟܝܢܐ ܕܚܒܝܫܝܢ‬ ‫ܫܡܝܐ ܘܐܪܥܐ܆ ܘܡܢ‬
περιεχομένων φύσεων. Λέγεται δὲ καὶ . ‫ ܡܬܐܡܪ ܕܝܢ ܬܘܒ ܥܠܡܐ‬. ‫ܒܓܘܗܘܢ‬
ἑτέρως κόσμος ἡ τῶν ὅλων τάξις τε καὶ ‫ ܿܗܘ‬. ‫ܗܘܝܐ‬
̈ ‫ܘܒܛܟܣܐ ܘܬܘܩܢܐ ܕܟܘܠܗܘܢ‬
διακόσμησις, ὑπὸ θεοῦ τε καὶ διὰ θεὸν ‫ܕܡܬܢܛܪ ܘܡܬܩܝܡ ܡܢ ܐܠܗܐ ܘܡܛܠ‬
φυλαττομένη. Ταύτης δὲ τὸ μὲν μέσον, ‫ ܡܨܥܬܗ ܗܟܝܠ ܕܗܢܐ ܬܘܩܢܐ ܿܗܝ‬. ‫ܐܠܗܐ‬
ἀκίνητόν τε καὶ ἑδραῖον ὄν, ἡ
ܿ
. ‫ܐܝܬܝܗ ܡܫܪܪܬܐ ܘܐܠ ܡܬܙܝܥܢܝܬܐ‬ ‫ܕܐܦ‬
φερέσβιος εἴληχε γῆ, παντοδαπῶν ζῴων ܿ
. ‫ܐܠܪܥܐ ܕܐܝܬܝܗ ܡܝܬܝܬ ܟܠ ܦܐ̈ܪܝܢ ܡܛܬ‬
ἑστία τε οὖσα καὶ μήτηρ. Τὸ δὲ ὕπερθεν ‫ܗܕܐ ܗܝ ܓܝܪ ܐܡܐ ܕܚܝܘܬܐ ܕܟܠ ܓܢܣ‬
αὐτῆς, πᾶν τε καὶ πάντῃ ̈
‫ܐܠܦܝ‬ ܿ ‫ ܿܗܘ ܕܝܢ ܕܡܢ ܠܒܪ‬. ‫ܘܡܪܒܝܢܝܬܐ‬
‫ܠܗ‬
πεπερατωμένον εἰς τὸ ἀνωτάτω, θεῶν . ‫ܓܒܝܗ ܡܣܟ‬ ̈ ‫ܠܥܠ ܆ ܟܠܗ ܡܢ ܟܘܠ‬
οἰκητήριον, οὐρανὸς ὠνόμασται. ‫ ܘܡܫܬܡܗ‬. ‫ܕܐܠܗܐ‬ ̈ ‫ܡܥܡܪܐ ܐܝܬܘܗܝ‬
. ‫ܫܡܝܐ‬
1. Le Monde est un assemblage 1. Le Monde est un assemblage
composé du ciel et de la terre et des composé du ciel et de la terre ainsi que
natures qui y sont contenues. Mais le des natures qui y sont contenues. Aussi
Monde est encore pris en un autre comprend-on le Monde dans le sens de
sens : c’est l’ordre et l’arrangement de « Ordre et Création de tous les étants
toutes choses, conservé sous l’action de conservée et établie par Dieu et à cause
Dieu et à cause de Dieu. de Dieu ».
Dans cet Univers, le centre, qui est
immobile et fixe, a été donné en partage Le centre de cette Création, qui est fixe
à la Terre, source de vie, qui est le foyer et immobile, revient à la terre, qui porte
et la mère des êtres animés de toutes tous les fruits. En effet celle-ci est la
sortes. La région supérieure de mère et la nourrice des êtres animés de
l’Univers est tout entière et en tous sens toutes sortes. Ce qui, de part et d’autre,
enclose dans des limites, et sa partie la la limite de tous côtés, c’est le séjour
plus élevée, séjour des dieux, est des dieux qu’on appelle le Ciel.
appelée Ciel.

67
Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 2, p. 50-54.
68
D’après LAGARDE, Analecta Syriaca, 1858, 136-137.

291
Établissement et application de critères de datation

2. Πλήρης δὲ ὢν σωμάτων θείων, ἃν δὴ ‫ ܿܗܢܘܢ‬. ‫ܐܠܗܝܐ‬


̈ ̈
‫ܓܘܫܡܐ‬ ‫ ܘܡܐܠ ܟܠܗ‬.2
καλεῖν ἄστρα εἰώθαμεν, κινούμενος ‫ܕܟܘܟܒܐ ܡܥܕܝܢ ܚܢܢ ܡܫܡܗܝܢܢ ܠܗܘܢ‬ ̈
κίνησιν ἀίδιον, μιᾷ περιαγωγῇ καὶ ‫ܡܬܙܝܥ ܕܝܢ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ ܐܝܬܝܝܬܐ‬
κύκλῳ συναναχορεύει πâσι τούτοις ‫ܡܬܗܦܟ ܥܡ ܿܗܢܝܢ‬ ܿ ‫ ܟܕ‬. ‫ܒܚܘܕܪܐ ܘܒܟܪܟܐ‬
ἀπαύστως δι’αἰῶνος. Τοῦ δὲ σύμπαντος ܿ‫ ܡܛܠ ܗܟܝܠ ܕܟܠܗ‬. ‫ܕܒܗ ܕܐܠ ܫܠܘܐ ܠܥܠܡ‬
οὐρανοῦ τε καὶ κόσμου σφαιροειδοῦς
‫ܫܡܝܐ ܘܥܠܡܐ ܆ ܐܣܦܝܪܐ ܐܝܬܘܗܝ‬
ὄντος καὶ κινουμένου, καθάπερ εἶπον,
‫ ܐܡܝܢܐܝܬ‬. ‫ܕܡܬܬܙܝܥ ܆ ܐܝܟܢܐ ܕܐܡܪܬ‬
ἐνδελεχῶς, δύο ἐξ ἀνάγκης ἀκίνητά ̈
ἐστι σημεῖα, καταντικρὺ ἀλλήλων, . ‫ܢܘܩܕܐ ܕܐܠ ܡܬܬܙܝܥܝܢ‬ ‫ܐܠܨܐ ܕܬ̈ܪܝܢ‬
̈
. ‫ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܕܣܝܡܝܢ ܠܘܩܒܠ ܚܕܕܐ‬
καθάπερ τῆς ἐν τόρνῳ
κυκλοφορουμένης σφαῖρας, στερεὰ ‫ܐܟܙܢܐ ܕܒܛܘܪܢܘܣ ܡܐ ܕܡܬܓܠܦܐ ܒܗ‬
μένοντα καὶ συνέχοντα τὴν σφαῖραν, ‫ܘܡܬܢܓܕܐ ܐܣܦܝܪܐ ܆ ܿܗܢܘܢ ܕܡܟܬܪܝܢ ܥܠ‬
‫ܠܟܠܗ ܐܣܦܝܪܐ ܆‬ ܿ ܿ ‫ܕܘܟܬܗܘܢ ܆ ܘܐܚܝܕܝܢ‬
‫ܠܗ‬
περὶ ἃ ὁ πᾶς ὄγκος κύκλῳ στρέφεται∙
Καλοῦνται δὲ οὗτοι πόλοι∙ ‫ܟܕ ܥܠܝܗܘܢ ܡܬܟܪܟ ܒܚܘܕܪܐ ܟܠܗ‬
‫ܓܘܫܡܗ ܆ ܡܫܬܡܗܝܢ ܕܝܢ ܗܢܘܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܝܢ‬ܿ
̈ ̈
. ‫ܢܘܩܕܝܢ ܦܘܠܘ‬

2. <Le ciel> étant plein de corps divins 2. Il est plein de corps divins que nous
que nous nommons des astres, et se avons l’habitude d’appeler « étoiles ».
mouvant d’un mouvement éternel, Il effectue un mouvement éternel en
effectue en mesure, sur une seule cercle et selon une révolution, tournant
orbite, une révolution circulaire avec continuellement et sans relâche en
tous les Corps célestes, et cela sans même temps que les <corps> qui sont
arrêt pendant toute l’éternité. Le Ciel en lui. Le Ciel tout entier et le Monde
tout entier et le Monde étant de forme formant une sphère qui se meut, comme
sphérique, et se mouvant, ainsi que je je l’ai dit, continuellement, il faut
l’ai dit, continuellement, il y a nécessairement qu’il y ait deux points
nécessairement deux points qui sont immobiles qui soient situés à l’opposé
immobiles, situés à l’opposite l’un de l’un de l’autre, comme dans le cas du
l’autre, comme dans le cas du tour du potier par lequel on sculpte et
mouvement de rotation imprimé à la contraint une sphère. Ceux-ci restent
roue d’un tour : points qui restent fixes fixes à ces endroits et maintiennent
et retiennent la sphère, et autour toute la sphère, chaque corps étant mis
desquels la masse entière du Ciel tourne en rotation autour de ces <points> selon
en cercle. Ces points sont appelés pôles. un cercle. On appelle ces deux points
les pôles.

292
Établissement et application de critères de datation

3. δι᾿ὧν εἰ νοήσαιμεν ἐπεζευγμένην ‫ ܘܒܗܠܝܢ ܟܕ ܢܬܚܫܒ ܕܡܬܝܚ ܣܘܪܛܐ ܡܕܡ‬.3


εὐθεῖαν, ἥν τινες ἄξονα καλοῦσι, ‫ܡܢ ܗܢܐ ܠܗܢܐ ܆ ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܐܘܟܣܢܐ‬
διάμετρος ἔσται τοῦ κόσμου, μέσον μὲν ‫ ܐܡܪܝܢܢ ܕܗܘ‬. ‫ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ ܆ ܗܢܘ ܕܝܢ ܣܪܢܐ‬
ἔχουσα τὴν γῆν, τοὺς δὲ δύο πόλους .‫ܗܢܐ ܣܘܪܛܢܐ ܕܝܡܛܪܘܣ ܐܝܬܘܗܝ ܕܥܠܡܐ‬
πέρατα. Τῶν δὲ ἀκινήτων πόλων ‫ܣܟܘܗܝ‬ ̈ . ‫ܕܐܝܬܝܗ <ܠܗ> ܡܨܥܬܗ ܐܪܥܐ‬
τούτων ὁ μὲν ἀεὶ φανερός ἐστιν ὑπὲρ ̈
.‫ܦܘܠܘ‬ ‫ܕܝܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܿܗܢܘܢ‬
κορυφὴν ὢν κατὰ τὸ Βόρειον κλίμα, ̈
‫ܗܢܘܢ ܕܝܢ ܿܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܦܘܠܘ ܆‬
ἀρκτικὸς καλούμενος, ὁ δὲ ὑπὸ γῆν ἀεὶ
κατακέκρυπται, κατὰ τὸ νότιον, ‫ ܿܗܘ ܚܕ ܿܡܢ‬. ‫ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܐܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ‬
ἀνταρτικὸς καλούμενος. ‫ ܡܛܠ ܕܠܥܠ ܡܢ ܪܝܫܢ‬. ‫ܡܬܚܙܐ ܗܘ ܠܢ‬
‫ ܘܡܫܬܡܗ‬. ‫ܐܝܬܘܗܝ ܒܩܠܝܡܐ ܿܗܘ ܓܪܒܝܝܐ‬
‫ ܿܗܘ ܕܝܢ ܐܚܪܢܐ‬. ‫ܐܦ ܗܘ ܦܘܠܣ ܓܪܒܝܝܐ‬
. ‫ܬܚܝܬ ܐܪܥܐ ܡܛܫܝ ܒܓܒܐ ܬܝܡܢܝܐ‬
‫ ܀‬. ‫ܘܡܬܩܪܐ ܕܠܘܩܒܠ ܓܪܒܝܝܐ‬

3. Si nous imaginons une ligne droite 3. Imaginons que par eux passe une
passant par ces pôles et les joignant l’un ligne droite allant de l’un à l’autre, que
à l’autre (l’axe, comme on la nomme certains appellent Auxono, c’est-à-dire
parfois), on aura le diamètre du Monde, l’axe. Nous pouvons dire que cette
avec la Terre pour centre et les deux ligne est le diamètre du Monde ayant la
pôles pour extrêmités. De ces pôles terre pour centre et les deux pôles fixes
immobiles, l’un est toujours visible, pour extrêmités. <De> ces deux pôles,
étant au sommet de l’axe dans la région qui sont sans mouvement, l’un nous est
septentrionale du Ciel, et il est appelé visible, parce qu’il est au-dessus de
pôle arctique ; l’autre est toujours caché nos têtes dans la région septentrionale ;
au-dessous de la Terre dans la région aussi l’appelle-t-on « pôle nord ».
méridionale, et il est appelé pôle L’autre, situé sous la terre, est caché du
antarctique . côté sud et on l’appelle « à l’opposé du
nord ».

293
Établissement et application de critères de datation

4. Οὐρανοῦ δὲ καὶ ἄστρων οὐσίαν μὲν ̈


‫ ܩܪܝܢܢ‬. ‫ܘܕܟܘܟܒܐ‬ ‫ ܐܠܘܣܝܐ ܕܝܢ ܕܫܡܝܐ‬.4
αἰθέρα καλοῦμεν, οὐχ, ὥς τινες, διὰ τὸ ̈
‫ ܡܛܠ‬. ‫ ܠܘ ܐܝܟ ܕܣܒܪܝܢ ܐܢܫܝܢ‬. ‫ܠܗ ܐܬܝܪ‬ ܿ
πυρώδη οὖσαν αἴθεσθαι, ‫ܕܕܡܐ‬ ܿ
ܿ ‫ ܒܝܕ‬. ‫ܐܝܬܝܗ ܘܡܫܠܗܒܐ‬ ‫ܕܚܡܝܡܬܐ‬
πλημμελοῦντες περὶ τὴν πλεῖστον . ‫ܗܘ ܫܡܐ ܗܢܐ ܕܡܫܠܗܒܐ ܒܝܘܢܝܐ ܐܠܬܝܪ‬
πυρὸς ἀπηλλαγέμην δύναμιν, ἀλλὰ διὰ ‫ ܒܚܝܐܠ ܿܗܘ‬. ‫ܡܣܟܠܝܢ‬
̈ ‫ܿܗܢܝܢ ܓܝܪ ܛܒ ܣܓܝ‬
τὸ ἀεὶ θεῖν κυκλοφορουμένην, ‫ ܐܐܠ ܡܫܬܡܗܐ‬. ‫ܕܛܒ ܪܚܝܩ ܡܢ ܢܘܪܐ‬
στοιχεῖον οὖσαν ἕτερον τῶν τεττάρων, ‫ ܡܛܠ ܕܒܟܠܙܒܢ ܪܗܛܐ ܟܕ ܡܬܟܪܟܐ‬. ‫ܗܟܢܐ‬
ἀκήρατόν τε καὶ θεῖον. ܿ
‫ܐܝܬܝܗ‬ ‫ ܟܕ‬. ‫ܚܪܝܦܐܝܬ ܒܚܘܕܪܐ‬
‫ܐܣܛܘܟܣܐ ܐܚܪܢܐ ܐܠܗܝܐ ܘܕܐܠ ܢܟܝܢ‬
‫ܠܒܪ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐ̈ܪܒܥܐ ܕܥܝܕܐ ܀‬

4. La substance du Ciel et des astres, 4. La substance du Ciel et des astres,


nous l’appelons éther, non pas, comme nous l’appelons Ether, non pas, comme
le prétendent certains, parce qu’il brûle le pensent certains, parce qu’elle est
du fait de sa nature ignée (c’est là brûlante et enflammée, du fait de la
méconnaître sa nature, qui est tout ce ressemblance en grec du nom de
qu’il y a de plus éloigné de celle du l’inflammation avec celui de
feu), mais parce qu’il court toujours l’« éther » 69 (en effet ils sont très
dans son mouvement circulaire, étant nombreux ceux qui se trompent sur
un élément différent des quatre autres, <ses> propriétés qui sont en réalité très
sans mélange et divin. éloignées de <celles> du feu), mais on
l’a appelé ainsi parce qu’il entre en
rotation rapidement suivant un cercle,
que c’est un élément différent, divin et
qu’il n’est pas affecté par <le mélange
avec> les quatre habituels.

69
En effet en grec l’Ἄιθη (Aethè : litt. de feu) ressemble au mot αἰθήρ (éther).

294
Établissement et application de critères de datation

‫ܒܗ ܇‬ܿ ‫ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܬ‬ ̈ ‫ ܡܢ‬.5


5. Τῶν γε μὴν ἐμπεριεχομένων ἄστρων ܿ‫ܡܢܗܘܢ ܿܡܢ ܕܐܠ ܛܘܥܝܝ ܡܬܟܪܟܝܢ ܥܡ ܟܠܗ‬
τὰ μὲν ἀπλανῶς τῷ σύμπαντι οὐρανῷ ̈ ‫ ܟܕ ܩܢܝܢ ܠܗܝܢ ܟܕ ܠܗܝܢ‬. ‫ܫܡܝܐ‬
συμπεριστρέφεται, τὰς αὐτὰς ἔχοντα ‫ܠܕܘܟܝܬܐ‬
ἕδρας, ὧν μέσος ὁ ζῳοφόρος ‫ܿܗܘ‬ ‫ܿܗܢܘܢ ܕܒܡܨܥܬܗܘܢ ܚܘܕܪܐ‬
καλούμενος κύκλος ἐγκάρσιος διὰ τῶν . ‫ ܟܕ ܣܝܡ ܙܠܝܡܐܝܬ‬. ‫ܚܝܐ‬̈ ‫ܕܡܫܬܡܗ ܛܥܝܢ‬
τροπικῶν διέζωσται, κατὰ μέρη ‫ܒܝܕ ܿܗܢܘܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܡܫܬܡܗܝܢ‬
διῃρημένος εἰς δώδεκα ζῳδίων χώρας, ‫ܠܡܢܘܬܐ‬ ̈ ‫ ܚܙܝܩ ܟܕ ܡܦܠܓ‬. ‫ܛ̈ܪܘܦܝܩܘ‬
τὰ δέ, πλανητὰ ὄντα, οὔτε τοῖς ‫ܕܘܟܝܬܗܘܢ‬̈ ‫ ܕܐܝܬܝܗܝܢ‬. ‫ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬
προτέροις ὁμοταχῶς κινεῖσθαι πέφυκεν ̈
. ‫ܕܡܠܘܫܐ‬
οὔτε ἀλλήλοις, ἀλλ’ἐν ἑτέροις καὶ ‫ ܕܐܠ‬. ‫ܡܢܗܘܢ ܕܝܢ ̈ܡܛܥܝܢܐ ܡܫܬܡܗܝܢ‬
ἑτέροις κύκλοις, ὥστε αὐτῶν τὸ μὲν ‫ܩܕܡܝܐ ܡܟܢܝܢ ܠܡܬܬܙܥܘ‬ ̈ ‫ܕܗܢܘܢ‬ܿ ‫ܒܕܡܘܬܐ‬
προσγειότερον εἶναι, τὸ δὲ ἀνώτερον. ‫ ܐܐܠ‬. ‫ܕܚܕܕܐ‬ ̈ ‫ ܘܐܠ ܬܘܒ ܒܕܡܘܬܐ‬.
. ‫ܒܟ̈ܪܘܟܝܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܘܐܚ̈ܪܢܐ ܡܬܬܙܝܥܝܢ‬
‫ܐܝܟܢܐ ܕܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܐܪܥܐ ܢܗܘܐ ܩܪܝܒ‬
̈
‫ܐܠܦܝ ܠܥܠ ܀‬ ‫ ܘܕܡܢܗܘܢ‬. ‫ܟ̈ܪܘܟܝܗܘܢ‬

5. Des astres qui sont contenus dans le 5. Des astres qui sont contenus dans le
<ciel>, les uns sont fixes, en ce que leur<ciel>, les uns circulent sans relâche70
révolution s’accomplit avec le ciel tout avec le ciel tout entier. Ils sont toujours
entier, leurs positions relatives restant positionnés aux mêmes endroits ; ceux
les mêmes ; à leur milieu, ce qu’on qui se concentrent en leur milieu
appelle le cercle du zodiaque forme une <forment> un cercle qu’on appelle « le
ceinture qui passe obliquement à travers zodiaque » 71 , posé de façon oblique
les tropiques, et il est divisé en partiesentre ces <deux> autres cercles qu’on
correspondant aux douze régions du appelle tropiques. Il est ceint et divisé
zodiaque. en 12 parties qui sont autant de lieux
des signes.
Les autres astres sont des planètes ; ils Les autres sont nommés « planètes » :
ne se meuvent pas naturellement avec elles ne sont pas semblables aux
la même vitesse que les précédents, ni premières en ce qu’elles sont capables
même avec la même vitesse les uns par d’avoir un mouvement <propre>. Ce
rapport aux autres, mais ils se meuvent mouvement n’est pas le même d’une
dans des orbites différentes, de sorte planète à l’autre : elles l’effectuent
que l’une est plus rapprochée de la terre selon des révolutions différentes les
et l’autre plus haute que le Ciel. unes des autres, de telle sorte que
certaines verront leur mouvement de
rotation rapproché de la terre, tandis
que les autres seront à l’inverse
<éloignées>.

70
Litt. sans erreur, ce qui rend de façon littérale le grec ἀπλανῶς.
71
Litt. le porteur de vivants.

295
Établissement et application de critères de datation

6. Τὸ μὲν οὖν τῶν ἀπλανῶν πλῆθος ‫ܕܗܢܘܢ ܕܡܬܟ̈ܪܟܝܢ ܕܐܠ‬ܿ ‫ ܣܘܓܐܐ ܗܟܝܠ‬.6
ἀνεξεύρετόν ἐστιν ἀνθρώποις, καίπερ ̈
‫ ܟܕ ܛܒ ܒܚܕ‬. ‫ ܐܠ ܡܬܕܪܟ ܠܒܢܝܢܫܐ‬. ‫ܛܘܥܝܝ‬
ἐπὶ μιᾶς κινουμένων ἐπιφανείας τῆς τοῦ ‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܒܓܒܗ ܿܗܘ‬. ‫ܐܬܪܐ ܡܬܬܙܝܥܝܢ‬
σύμπαντος οὐρανοῦ∙ τὸ δὲ τῶν ‫ܕܗܢܘܢ‬ܿ ‫ ܡܢܝܢܐ ܕܝܢ‬. ‫ܕܟܠܗ ܫܡܝܐ‬ ܿ ‫ܕܠܟܐ‬
πλανήτων, εἰς ἑπτὰ μέρη ̈ ̈
‫ ܥܕܡܐ ܠܡܢܝܢܐ ܕܫܒܥܐ‬. ‫ܕܡܬܩܪܝܢ ܡܛܥܝܢܐ‬
κεφαλαιούμενον, ἐν τοσούτοις ἐστὶ ‫ ܟܕ ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܐܦ ܗܢܘܢ ܒܚܘܕ̈ܪܐ‬. ‫ܣܠܩ‬
κύκλοις ἐφεξῆς κειμένοις, ὥστε ἀεὶ τὸν
‫ ܐܝܟ ܕܢܫܬܟܚ‬. ‫ ܕܣܝܡܝܢ ܒܬܪ ̈ܚܕܕܐ‬. ‫̈ܫܒܥܐ‬
ἀνωτέρω μείζω τοῦ ὑποκάτω εἶναι,
‫ ܕܪܒ ܗܘ ܡܢ‬. ‫ܒܟܠܙܒܢ ܿܗܘ ܕܡܥܠܝ ܡܢ ܚܒܪܗ‬
τούς τε ἑπτὰ ἐν ἀλλήλοις
ἐμπεριέχεσθαι, πάντας γε μὴν ὑπὸ τῆς ‫ ܘܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ‬. ‫ܿܗܘ ܕܠܬܚܬ ܡܢܗ‬
‫ ܀ ܟܠ ܡܕܡ‬. ‫ܫܒܥܬܝܗܘܢ ܒܓܘ ̈ܚܕܕܐ‬ ̈
τῶν ἀπλανῶν σφαίρας περιειλῆφθαι.
‫ܕܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ‬
̈ ‫ ܡܢ ܐܣܦܝܪܐ ܿܗܝ‬. ‫ܗܟܝܠ‬
. ‫ܐܠ ̈ܡܛܥܝܢܐ ܚܒܝܫ‬

6. Quant au nombre des étoiles fixes, il 6. Un grand nombre de ceux <(des


est impénétrable aux hommes, bien astres)> qui circulent sans relâche ne
qu’elles se meuvent sur une seule sont pas perceptibles par les hommes,
surface, qui est celle du ciel tout entier. bien qu’ils se déplacent dans une seule
Au contraire, le nombre des planètes se région c’est-à-dire à la surface [du
ramène en somme à sept divisions, lac ?] du Ciel tout entier. Le nombre de
distribuées en autant de cercles celles qu’on nomme « planètes »
successifs et situés de telle façon que s’élève à 7. Elles se déplacent sur 7
toujours le cercle d’au-dessus est plus cercles juxtaposés de telle manière
grand que le cercle placé au-dessous, qu’un cercle plus élevé qu’un autre se
les sept cercles étant emboîtés les uns trouvera plus grand que celui qui est
dans les autres, et tous étant enveloppés sous lui. C’est ainsi que s’enchevêtrent
par la sphère des fixes. les 7 cercles les uns à l’intérieur des
autres. Tout cela est maintenu par la
sphère des astres fixes72.

72
Litt. La sphère des astres non errants.

296
Établissement et application de critères de datation

7. Συνεχῆ δὲ ἔχει ἀεὶ τὴν θέσιν ταύτῃ ὁ ‫ ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ‬. ‫ܒܣܝܡܗ‬


ܿ ‫ܠܗ ܕܝܢ ܠܗܕܐ‬ܿ ‫ ܢܩܝܦ‬.7
τοῦ Φαίνοντος ἅμα καὶ Κρόνου ‫ ܘܒܬܪ‬. ‫ܕܡܬܩܪܐ ܕܦܢܘܢ ܐܟܚܕ ܘܕܟܘܢ‬
καλούμενος κύκλος, ἐφεξῆς δὲ ὁ τοῦ ‫ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܦܬܘܢ‬. ‫ܗܢܐ ܬܘܒ ܣܝܡ‬
Φαέθοντος καὶ Διὸς λεγόμενος, εἶθ’ὁ 73
‫ ܿܗܘ ܕܣܘܡܩܐ‬. ‫ ܘܒܬܪܟܢ ܬܘܒ‬. ‫ܘܕܒܝܠ‬
Πυρόεις, Ἡρακλέους τε καὶ Ἄρεος ‫ ܘܒܬܪ‬. 74‫ܕܡܫܬܡܗ ܕܗܪܩܠܝܣ ܐܘ ܕܐܪܝܣ‬
προσαγορευόμενος, ἑξῆς δὲ ὁ Στίλβων, ‫ ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܕܩܕܝܫܐ‬. ‫ܗܢܐ ܬܘܒ ܿܗܘ ܕܡܒܪܩ‬
ὃν ἱερὸν Ἑρμοῦ καλοῦσιν ἔνιοι, τινὲς
. ‫ ܘܐܢܫܝܢ ܕܐܦܠܘ‬. ‫ܗܪܡܝܣ ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ‬
δὲ Ἀπόλλωνος∙ μεθ’ὃν ὁ τοῦ
Φωσφόρου, ὃν Ἀφροδίτης, οἱ δὲ Ἥρας
. ‫ܘܒܬܪ ܗܢܐ ܬܘܒ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܟܘܟܒܬܐ‬
προσαγορεύουσιν, εἶτα ὁ ἡλίου, καὶ ‫ ܐܢܫܝܢ ܕܝܢ‬. ‫ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܿܡܢ ܕܒܠܬܝ ܿܩܪܝܢ ܠܗ‬
τελευταῖος ὁ τῆς σελήνης, μέχρις ἧς ‫ ܠܥܠ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ‬. ‫ܕܗܐܪܐ‬
ὁρίζεται ὁ αἰθήρ, τά τε θεῖα ἐμπεριέχων ‫ ܘܐܚܪܝܐ‬. ‫ ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܫܡܫܐ‬. ‫ܐܝܬܘܗܝ‬
σώματα καὶ τὴν τῆς κινήσεως τάξιν. . ‫ܕܟܠܗܘܢ ܠܬܚܬ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܣܗܪܐ‬
[…] . ‫ܕܥܕܡܐ ܠܨܐܕܘܗܝ ܡܢ ܠܥܠ ܐܬܐ ܐܬܝܪ‬
‫ ܟܕ ܿܚܒܫ ܠܗܘܢ ܒܓܘܗ‬. ‫ܘܬܡܢ ܡܬܬܚܡ‬
‫ ܘܠܡܛܟܣܘܬܐ‬. ‫ܐܠܗܝܐ‬ ̈ ̈
‫ܠܓܘܫܡܐ‬
‫ ܀‬. ‫ܕܙܘܥܗܘܢ‬

7. La position contiguë à cette dernière 7. Le cercle dit de Φαίνοντος (dit aussi


sphère est constamment occupée par le de Saturne) est, de par sa position,
cercle dit de l’Étoile brillante ou encore contigu à cette dernière. Après ce
de Saturne ; à sa suite est le cercle dit <cercle> se trouve celui dit de Φαέθων
de Phaeton ou de Jupiter ; ensuite le (ou Jupiter) ; ensuite se trouve le
cercle de l’Étoile flamboyante, appelée Rougeoyant, dit d’Hercule (ou Mars)75 ;
aussi Hercule et Mars ; puis l’Étoile puis la Brillante, celle à qui certains
scintillante, consacrée, selon certains, à attribuent le nom de Saint ( ?) Hermès
Mercure, selon d’autres, à Apollon ; et d’autres celui d’Apollon ; après lui
après vient le cercle de Lucifer, qu’on Vénus, que certains nomment Bălty et
appelle tantôt Vénus, tantôt Junon ; d’autres Héra. Au dessus du cercle de
ensuite, le cercle du Soleil, et en dernier Mercure se trouve celui du soleil, et, le
lieu celui de la lune, jusqu’auquel dernier, inférieur à tous, est celui de la
l’éther étend sa limite, et qui enveloppe Lune jusqu’auquel s’étend l’éther
les Corps divins et l’ordre invariable de supérieur qui s’arrête là, lui qui contient
leur mouvement. en son sein les corps divins et l’ordre de
leur mouvement.

73
|| ‫ ܕܣܘܡܩܐ‬correxi : Ms. ‫|| ܣܘܡܩܐ‬
74
|| ‫ ܐܘ ܕܐܪܝܣ‬correxi : Ms. ‫|| ܘܕܐܪܝܣ‬
75
Litt. Ares, comme en grec.

297
Établissement et application de critères de datation

Chaque mot a été considéré en lui-même comme objet de traduction.


Seuls deux d’entre eux ne figurent pas dans la verison syriaque 76 et il n’est
pas dit que ces omissions ne relèvent pas de la copie grecque dont disposait
Sergius77.
Voici quelques exemples assez significatifs de la littéralité de cette
traduction:

- (§. 1) le grec qualifie la terre de φερέσβιος (nourricière). Sergius


s’évertue à rendre le sens étymologique de ce terme en traduisant
chacun des deux radicaux qui composent l’adjectif : φερέ- (rendu par
le participe Afel de ‫ ܐܬܝ‬qui signifie « porter » en syriaque) et βιος
(rendu par l’expression sémitique ‫ « ܟܠ ܦܐ̈ܪܝܢ‬tous les fruits »).
- ( §. 2) le terme antarctique (ἀντ-αρτικὸς) est rendu par l’expression
sémitique « qui est à l’opposé du <pôle> nord » ( ‫) ܕܠܘܩܒܠ ܓܪܒܝܝܐ‬.
- (§. 5) Le zodiaque devient, comme en grec (ὁ ζῳοφόρος), « le
̈ ‫) ܛܥܝܐ‬.
porteur de vivants » ( ‫ܚܝܐ‬
- (§. 7) L’adjectif ἱερὸν qui accompagne la planète Mercure dans le
texte grec a été compris dans le sens le plus littéral qui soit puisqu’il
est rendu par l’adjectif qaddišo (saint).

On notera cependant la présence de quelques ajouts, correspondant


soit à un souci de clarté syntaxique soit à des remarques d’ordre
paraphrastique ou sémantique. Nous relevons ici les additions du deuxième
et du troisième type :

- (§. 3) Après avoir translittéré en syriaque le mot ἄξονα, en parlant de


l’axe qui relie le pôle nord au pôle sud, Sergius insère une petite
explication : « c’est-à-dire l’axe », offrant ainsi une sorte
d’équivalent culturel syriaque, en l’occurrence ‫( ܣܪܢܐ‬sarno, l’axe).

76
Il s’agit de l’adjectif κυκλοφορουμένης (§. 2) et de l’adverbe ἀεὶ (§. 3) qui ne se
retrouvent pas dans la version syriaque.
77
Bien que ceci ne soit pas confirmé par la recension des diverses copies grecques
collationnées par Lorimer pour son édition du De Mundo.

298
Établissement et application de critères de datation

- (§. 4) Dans ce paragraphe Sergius indique la raison pour laquelle


certains ont pu croire que l’éther était de nature ignée. Il ajoute pour
ce faire une phrase entière : ‫ܕܕܡܐ ܗܘ ܫܡܐ ܗܢܐ ܕܡܫܠܗܒܐ ܒܝܘܢܝܐ‬ ܿ ‫ܒܝܕ‬

‫( ܐܠܬܝܪ‬du fait de la ressemblance en grec du nom de l’inflammation


avec celui de l’« éther »); ἀκηρατόν (sans mélange) est rendu par la
périphrase ‫( ܕܐܠ ܢܟܝܢ ܠܒܪ ܡܢ ܗܢܘܢ‬litt. : sans être endommagé, à l’écart
de ceux-ci - <les quatre autres éléments>-) ;
- (§. 5) L’adjectif ἐγκάρσιος (oblique) est rendu par la périphrase ‫ܟܕ‬
‫( ܣܝܡ ܙܠܝܡܐܝܬ‬posé de façon oblique).
- (§. 6) L’expression τῶν ἀπλανῶν (les <étoiles> fixes) est rendue par
‫( ܕܡܬܟܪܟܝܢ ܕܐܠ ܛܘܥܝܝ‬litt. Qui circulent sans errer) ; ἐπὶ μιᾶς
ἐπιφανείας (sur une seule surface) devient ‫ܒܚܕ ܐܬܪܐ ܗܢܘ ܕܝܢ ܒܓܒܗ‬
‫( ܗܘ‬dans un seul espace, c’est-à-dire du côté de); τῆς τῶν ἀπλανῶν
σφαίρας (la sphère des fixes) devient ‫ܕܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ ܕܐܠ‬
̈ ‫ܐܣܦܝܪܐ ܿܗܝ‬
‫( ̈ܡܛܥܝܢܐ‬la sphère des étoiles non errantes).
- (§. 7) Le dernier ajout que nous avons relevé est très
intéressant puisqu’il permet à Sergius de rectifier l’ordre des sept
planètes. Le texte grec proposait de classer les planètes en fonction
du diamètre de leur cercle de révolution : dans un ordre décroissant
il répertoriait ainsi Saturne, Jupiter, Mars, Mercure, Vénus, le soleil
et enfin la lune. Au moment où le soleil apparait dans la liste,
Sergius opère une rectification astronomique en précisant que son
cercle se situe : ‫( ܠܥܠ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ‬au-dessus du <cercle> de
Mercure), plaçant ainsi le soleil non plus en deuxième position en
partant de la terre, mais en quatrième. Correction judicieuse qui
permet de faire concorder cette liste du De Mundo avec celles des
astronomes grecs alexandrins.

Enfin relevons que, dans la liste des planètes, Sergius n’a pas hésité à
substituer des formes sémitiques aux noms grecs. Ainsi ὁ τοῦ Κρόνου
(Saturne) devient ‫( ܕܟܐܘܢ‬d-Kewon), ὁ τοῦ Διὸς (Jupiter) devient ‫( ܕܒܝܠ‬d-
Bel), et ὁ τοῦ Ἀφροδίτης (Vénus) ‫( ܕܒܝܠܬܝ‬d-Bilti). Le texte grec identifiait
également Vénus avec l’étoile de Lucifer (ὁ τοῦ Φωσφόρου), mais Sergius

299
Établissement et application de critères de datation

n’a pas tenu à rendre compte de cette expression, alors qu’il le fait pour
toutes les autres planètes : ὁ τοῦ Φαίνοντος – Saturne – ; ὁ τοῦ Φαέθοντος –
Jupiter – ; ὁ Πυρόεις – Mars – ; ὁ Στίλβων – Mercure –, et lui a substituée
un terme archaïque syriaque : ‫( ܟܘܟܒܬܐ‬kaukbto).

Bien que, dans sa préface, Sergius promît à son lecteur d’effectuer une
traduction fidèle du grec, sans omission ni addition, il est évident qu’il n’est
pas complètement parvenu à réaliser ce programme. L’accumulation de
toutes les petites remarques lexicales ou autres apportées au texte ont pu
ainsi donner l’impression que la version syriaque présentait un chapitre
supplémentaire par rapport au texte grec.

Ainsi la traduction de Sergius de Rešʻayna se caractérise par un rendu


plutôt littéral du texte-source, auquel s’ajoutent, de façon parcimonieuse, de
brèves remarques. Enfin précisons que la littéralité de la traduction
pratiquée par Sergius n’est pas stricte puisqu’il n’hésite pas à rendre un
terme grec par une périphrase en syriaque. La séquence de traduction est
donc de l’ordre du mot, certes, mais elle ne donne pas lieu à une traduction
servile. Bien au contraire, Sergius cherche à rendre le texte qu’il produit le
plus intelligible possible pour un locuteur syriaque, ce qui lui vaudra
d’ailleurs une grande réputation parmi les traducteurs syriaques de la
période arabe78.

- Sévère Sebokht -

Le cas est très différent chez Sévère Sebokht : les citations que
nous trouvons dans le Traité sur les nœuds ascendant et descendant sont
tellement bien délimitées et littérales qu’il nous a été aisé d’en retrouver la
source grecque. Cette lettre contient en effet plusieurs citations du Petit
Commentaire de Théon d’Alexandrie. Les passages sont traduits de façon
tellement littérale, qu’il est difficile de les lire en syriaque et d’en dégager

78
Voir à ce propos la synthèse réalisée par T ANNOUS, Syria Between Byzantium, 2010,
p. 104-105.

300
Établissement et application de critères de datation

un sens satisfaisant sans l’équivalent grec. Voici la citation la plus longue


que nous ayons recensée, accompagnée du texte grec édité par
Anne Tihon79 :

Théon d’Alexandrie Traduction syriaque de Sév. Seb.80

Τοῦ γὰρ καταχθέντος τοῦ βορείου ‫ܐܡܪ ܓܝܪ ܆ ܕܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ‬ ܿ
πέρατος ἀριθμοῦ ἐκ τῶν πέντε ̈ ̄
‫ ܡܢܝܢܐ‬. ‫ܠܦܘܬ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܡܢܘܬܐ‬ ̄
κεφαλαίων τὸν λείποντα εἰς τὰς τξ ‫ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆‬ ܿ ‫ܿܗܘ‬
μοίρας λαμβάνοντες καὶ τοῦτον ‫ܘܠܗܢܐ ܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܝܫ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ‬ܿ
ἐκβάλλοντες ἀπὸ τῆς τοῦ Αἰγόκερω ̈ ‫ܕܢܩܦܝܢ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ‬
‫ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ‬ ̈
ἀρχῆς εἰς τὰ ἑπόμενα ἑκάστῳ ζῳδίῳ ܿ ̈
‫ ܬܡܢ‬. ‫ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ ܕܢܫܠܡ ܗܘ ܡܢܝܢܐ‬
διδόντες μοίρας λ, ὃπου δ’ἂν καταλήξῃ ܿ . ‫ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ܒܗܘ‬ ̄ ‫ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ‬ ܿ
ὁ ἀριθμός, ἐκεῖ τότε φήσομεν τυγχάνειν ̄ ̄ ̄
‫ܕܝܢ ܕܐܝܬܘ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
τὸν ἀναβιβάζοντα, εἰς δὲ τὸ τούτου
κατὰ διάμετρον, τὸν καταβιβάζοντα.

Lorsque nous prenons ce qui manque Il dit en effet que lorsque nous prenons
pour faire 360 μοῖρα, au chiffre de la ce qui manque pour <faire> 360 μοῖρα,
limite boréale obtenu des 5 sections, et c’est-à-dire degrés, <au> chiffre de la
que nous avançons celui-ci en partant limite boréale obtenu des 5 sections, et
du commencement du Capricorne, en que nous avançons celui-ci en partant
sens direct, et en donnant 30 degrés à du commencement du Capricorne, en
chaque signe, là où tombera ce chiffre, sens direct, et en donnant 30 degrés à
nous dirons que se trouve alors le nœud chaque signe, là où tombera ce chiffre,
ascendant et, au point diamétralement nous dirons que se trouve alors le nœud
opposé, le nœud descendant. ascendant et, au point diamétralement
opposé, le nœud descendant.

Il est remarquable de voir qu’il ne manque pas un mot du grec dans la


traduction de Sévère et que chaque mot équivaut à un autre. Le premier
morceau est très intéressant à analyser : pour rendre le τοῦ καταχθέντος τοῦ
βορείου πέρατος ἀριθμοῦ ἐκ τῶν πέντε κεφαλαίων (du chiffre de la limite
boréale obtenu à partir des 5 sections) Sévère fait une entorse à la syntaxe
syriaque en le rendant par :

‫ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ‬


ܿ ‫ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ‬

79
Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 15, p. 239 (texte) ; p. 320 (trad.).
80
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds, II, 1, (2).

301
Établissement et application de critères de datation

qu’on rendrait littéralement en français par « le chiffre qu’on obtient des 5


sections de la limite boréale ». En syriaque le rendu porte à confusion : en
juxtaposant deux compléments du nom, on pourrait comprendre que les cinq
sections concernent la limite boréale, alors que c’est bien l’addition des
chiffres des cinq colonnes qui permet d’obtenir celui de la limite boréale.
L’enchevêtrement de génitifs en grec dut poser problème à Sévère qui, en
adoptant une traduction trop littérale, ne sut pas au final rendre compte, de
façon claire, du sens du texte.

Nous espérons que les échantillons de traduction que nous venons de


voir sont assez représentatifs de la méthode de traduction employée par nos
deux auteurs syriaques. Si tout deux recourent à la technique de la
traduction littérale, Sergius de Rešʻayna n’hésite pas à opérer quelques
ajouts pour rendre le contenu du texte plus accessible au lecteur syriaque,
quant Sévère Sebokht, en revanche, pousse le littéralisme à un point tel qu’il
en distord la syntaxe de sa propre langue, rendant son travail difficile
d’accès à un lecteur syriaque ignorant le grec.
Il nous faut à présent aller plus avant dans l’analyse philologique et
porter une attention particulière au traitement du signifiant grec par ces deux
traducteurs.

b. L’importance du signifiant

Étudier de près le lexique astronomique présent dans l’œuvre des


deux savants syriaques, et les confronter, s’avère extrêmement riche
d’enseignements : à un siècle d’écart Sergius et Sévère ont parfois eu
recours à une terminologie complètement différente pour désigner de
mêmes concepts astronomiques ou objets célestes. Cela est dû à
l’importance que chacun des traducteurs accorda, au moment de la
traduction, au signifiant. Nous prions le lecteur de bien vouloir nous
pardonner à l’avance, mais le développement qui va suivre requiert le
maximum de concentration.

302
Établissement et application de critères de datation

Il faut distinguer trois techniques de traductions à l’œuvre dans les


textes astronomiques syriaques pour rendre compte d’un terme grec : il peut
s’agir soit d’un équivalent culturel, soit d’une traduction miroir, soit d’une
translittération du grec.

- Les équivalents culturels -

Nous entendons par « équivalent culturel » un mot renvoyant au


même concept qu’un terme grec, mais qui, pris dans son sens littéral,
renvoie à une image différente. Par exemple la Voie Lactée qui se dit en
grec Γαλαξίας évoque, dans son sens littéral, l’image du chemin du lait. En
syriaque, pour désigner la Voie lactée les auteurs classiques emploient une
autre expression qui, prise dans un sens littéral, signifie le Chemin de paille.
Ainsi quand un Syriaque parle du Chemin de paille, il désigne exactement
cette partie du ciel rendue blanche par la densité des étoiles qui s’y trouvent,
ce à quoi renvoie la Voie lactée pour les Grecs. L’équivalent culturel
s’emploie quand le concept est déjà bien connu et couramment exprimé
dans la langue syriaque.

Voici quelques exemples d’équivalents culturels présents chez Sergius


de Rešʻayna ou chez Sévère Sebokht (les croix indiquent que le concept
n’est pas exprimé par l’auteur ; nous avertissons également du fait que les
traductions que nous fournissons rappellent le sens premier du mot utilisé et
non nécessairement son sens astronomique) :

Français Grec Sergius de Sévère Sebokht


Reš‘ayna (VIIe s.)
(V-VIe s.)
81
‫ܐܡܪܐ‬ 82
‫ܐܡܪܐ‬
Le Bélier Ὁ Κριός [emro] [emro]
(=l’agneau) (=l’agneau)

81
On en trouve de nombreuses occurrences dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune
(voir par exemple en 3. 1).
82
Cf. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 10, p. 52 (texte), p. 100 (trad.) et
Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 4, p. 356 (texte), p. 363 (trad.). Sévère emploie
peu ce terme, préférant l’usage de ‫[ ܕܟܪܐ‬dekro] qui renvoie comme le grec à l’image du
bélier (Voir le tableau suivant sur les traductions en miroir).

303
Établissement et application de critères de datation

83
La Balance Ὁ ζυγός ‫ܠܡܐ‬
ܴ ‫ܝܫ‬
ܷ ‫ܱܩ‬
(cf. tableau trad.
[qašelmo] miroir)
(= le fléau)
84
‫ܓܕܝܐ‬ 85
‫ܓܕܝܐ‬
Le Capricorne Ὁ Αἰγοκερεύς [gadio] [gadio]
(= le chevreau) (= le chevreau)

La conjonction ἡ Σύνοδος 86
‫ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬ (transl. gr)87
[meštaurinuto]
(= la rencontre)

La Couronne 88
‫ܛܝܪܐ ܕܥܙܐ‬
boréale X [ṭayro d-ʻezo]
(= l’écurie de la
chèvre )
Les Gémeaux Οἱ Δίδυμοι 89
‫ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ‬
(cf. tableau trad.
[tren ṣalme] miroir) 90
(= les deux
images)
91
‫ܥܝܘܬܐ‬
Les Hyades X [ʻiuto]
Jupiter Ὁ Διός ἀστήρ 92
‫ܒܝܠ‬ 93
‫ܒܥܠܫܡܝܢ‬
[Bel] [b‘elšamin]

83
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 3. 2.
84
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 3. 3.
85
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 2.
86
Néologisme manifestement créé par Sergius que l’on retrouve à trois reprises dans Serg.
Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 ; 2. 6. 1 et 3. 4. Sergius utilise une fois le terme
grec Σύνοδος dans Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 qu’il prend le temps de définir par
le néologisme créé en syriaque pour parler de conjonction.
87
Pour désigner la conjonction astrale, Sévère ne recourt qu’à la translittération du grec
‫[ ܣܘܢܕܘܣ‬sunodus] : cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 5.
88
On trouve une seule occurrence de cette expression syriaque dans le Traité sur les
constellations. Partout ailleurs Sévère recourt à une traduction miroir du grec : ‫ܟܠܝܐܠ‬
‫[ ܓܪܒܝܝܐ‬klilo garbyoyo] (= couronne du nord). Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations
IV. 11, p. 359 ( ‫ܛܝܪܐ ܕܥܙܐ ܠܘܬ‬ ܰ ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܟܠܝܐܠ ܓܪܒܝܝܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܡܢ ܕܡܝܘܬܐ‬
‫ ; ) ܣܘ̈ܪܝܝܐ‬p. 365 ( Au sujet de la Couronne boréale, qui est nommée chez les Syriens
« l’écurie de la chèvre », d’après sa forme ).
89
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 1. 7.
90
L’expression syriaque ‫[ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ‬tren ṣalme] n’apparaît jamais dans les travaux de
Sévère Sebokht qui préfère une fois de plus recourir à une traduction miroir du grec (en
l’occurrence ‫ܬܐܡܐ‬̈ [teme] soit les jumeaux). Cf. Tableau sur les traductions dites en miroir.
91
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 3, p. 349 (trad.) ; pour le texte, inédit, cf.
ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r.
92
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 1 et Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE],
p. 137.
93
Seulement deux occurrences dans Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 10, p. 358
(texte) ; p. 365 (trad.) et Idem IV. 14, p. 360 (texte) ; p. 366 (trad.). Le reste du temps,
Sévère emploie la translittération du grec ‫[ ܙܘܣ‬Zeus] pour évoquer cette planète.

304
Établissement et application de critères de datation

Orion Ὠρίων 94
‫ܓܢܒܪܐ‬
X [ganbro]
(= le Géant)

Les Pléiades Πλειάδες X 95


‫ܟܝܡܐ‬
[kimo]
96 (trad. miroir)97
Le Sagittaire Ὁ τοξότης ‫ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬
(= l’archer) [ṣalmo rabbo]
(= La grande
image)
Saturne Ὁ Κρόνου 98
‫ ܟܐܘܢ‬/ ‫ܟܘܢ‬ (transl. gr. )99
ἀστήρ [Kewon]
Vénus Ὁ Ἀφροδίτης 100
‫ ܒܝܠܬܝ‬/ ‫ܒܠܬܝ‬ 101
‫ܒ ܰܠܬܝ‬
ἀστήρ [Bilti ou Belti] [Belati ?]

Voie lactée Γαλαξίας 102


‫ܫܒܝܐܠ ܕܬܒܢܐ‬
( = le chemin X [šbilo d-tebno]
du lait) ( = le chemin de la
paille)

Il est frappant de voir que Sévère Sebokht apporte une explication


détaillée confrontant le lexique syriaque au lexique grec à chaque fois qu’il
rapporte un équivalent culturel syriaque. L’équivalent est ainsi

94
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 8, p. 357 (texte) ; p. 364 (trad.). Sévère
utilise cet équivalent culturel en alternance avec la translittération du grec ‫[ ܐܘܪܝܘܢ‬Orion],
voir idem.
95
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir
ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r.
96
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 3. 1.
97
L’équivalent culturel employé par Sergius ne se retrouve jamais dans les œuvres de
Sévère Sebokht qui ne recourt qu’au terme ‫[ ܟܫܛܐ‬kašoṭo] résultant d’une traduction en
miroir du grec. Voir tableau suivant sur les traductions en miroir et les explications
attenantes.
98
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 1 et Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE],
p. 137.
99
Sévère Sebokht emploie uniquement la forme translittérée du grec (‫[ ܩܪܘܢܣ‬Qronos]) pour
désigner Saturne (Voir notamment Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3, p. 373
(trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 89v.
100
Cet équivalent culturel présente parfois une variante orthographique en ‫[ ܒܠܬܝ‬Belti]. Pour
la forme la plus commune (‫[ ܒܝܠܬܝ‬belti]) voir Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. et
Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137.
101
Une seule occurrence de cette forme chez Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2,
p. 369 (texte) ; p. 372 (trad.) qui préfère utiliser la translittération du grec ‫ܐܦܪܘܕܝܛܝ‬
[Aphroditi], comme dans Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3, p. 369 (texte) ;
p. 373 (trad.).
102
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir
ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r. Mais Sévère préfère l’expression translittérée du grec :
‫[ ܓܐܐܠܟܣܝܣ‬galaxias] : voir Sév. Seb., Traité sur les constellations X. 4, p. 391 (trad.) ;
pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 101r.

305
Établissement et application de critères de datation

systématiquement accompagné soit d’une translittération exacte de


l’expression grecque soit d’une traduction miroir. Dans le cas de la Voie
lactée, Sévère donne d’abord l’équivalent culturel syriaque puis la
translittération du mot grec :

Cela nous est encore montré par ce cercle chargé


d’étoiles qui est blanc, c'est-à-dire obscur, lequel d’après
une coutume commune chez tous les Syriens (f. 81v) est
nommé chemin de ceux qui portent de la paille, c’est-à-
dire chemin de paille [šebil d-tebno], et chez les Grecs
Γαλαξίας [galaxias], c’est-à-dire chemin du lait103.

Pour traduire « la Couronne boréale » (constellation), Sévère fournit


d’abord une traduction miroir puis l’équivalent culturel syriaque :

Au sujet de la Couronne boréale [klilo garbyoyo],


qui est nommée chez les Syriens « l’écurie de la chèvre »
[ṭayro d-ʻezo] d’après sa forme, il (Aratos) dit que c’est la
couronne d’Ariane104.

Chez Sergius en revanche les équivalents culturels ne sont


accompagnés d’aucune explication pour introduire le vocabulaire grec.
Il est intéressant de noter la fréquence d’apparition de ces équivalents
culturels chez Sévère Sebokht : on a noté, par exemple, que l’expression
désignant la Voie lactée avait fait l’objet d’une attention toute particulière,
puisqu’à deux reprises Sévère entreprend de confronter sémantiquement les
expressions grecque et syriaque au cours de son Traité sur les
105
constellations . Dans le reste du traité, les deux formes se font
concurrence : nous avons relevé deux fois l’expression syriaque Chemin de

103
Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir
ms. Paris BnF syr. 346, f. 80v-81r.
104
Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 11, p. 359 : « ‫ܡܛܠ ܕܝܢ ܟܠܝܐܠ ܓܪܒܝܝܐ ܿܗܘ‬
‫ܛܝܪܐ ܕܥܙܐ ܠܘܬ ܣܘ̈ܪܝܝܐ‬ܰ ‫» ܕܡܬܩܪܐ ܡܢ ܕܡܝܘܬܐ‬.
105
Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir
ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r. Voir aussi Sév. Seb., Traité sur les constellations XI. 1,
p. 392 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102r.

306
Établissement et application de critères de datation

paille106 pour désigner, sans l’équivalent grec, la Voie lactée et six fois la
translittération du grec chemin de lait. Il en va de même pour la
constellation d’Orion qui est nommée par Sévère tantôt avec l’expression
grecque (Orion), tantôt avec l’expression syriaque (Le Géant)107.
Enfin au chapitre II, 3 de son Traité sur les constellations, Sévère
rappelle que les termes syriaques désignant les constellations des Pléiades,
des Hyades ainsi qu’Orion apparaissent déjà dans la Bible. On comprend du
coup que Sévère ait préféré conserver des expressions qui pouvaient être
connues par ailleurs des lecteurs syriaques chrétiens.
Concernant la Couronne boréale, Sévère, après avoir expliqué à son
interlocuteur l’expression consacrée dans sa langue, abandonne purement et
simplement le syriaque pour ne plus désigner la constellation que sous une
expression résultant d’une traduction miroir du grec.
Le cas des planètes Vénus et Jupiter est intéressant : Sévère
translittère ces noms directement du grec. Sergius, quant à lui, recourt à la
version masculine et féminine du nom de Baal, divinité orientale. Sévère ne
prend la peine de mentionner l’ancien nom syriaque de ces planètes qu’une
seule fois pour Vénus et deux fois pour Jupiter (voir tableau précédent). Il
convient de noter que ces formes anciennes n’apparaissent, chez Sévère,
qu’au moment précis du traité où sont rapportés les propos des auteurs
qualifiés « d’ineptes et de bavards », c’est-à-dire les poètes et les
astrologues 108 (que Sévère distingue nettement des astronomes) dans le
quatrième chapitre de son ouvrage qu’il intitule : « Sur la fiction (qui
attribue) une figure aux constellations et sur les fables ineptes (imaginées) à
leur sujet par les poètes » . Il est fort possible que ces formes isolées

106
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations XI. 3, p. 393 (trad.) ; pour le texte (inédit)
voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102v. Voir aussi Sév. Seb., Traité sur les constellations XI.
4, p. 393 ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102v.
107
Nous avons relevé dans le seul Traité sur les Constellations au moins quatre occurrences
de l’expression syriaque (cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 3 ; IV. 2 ; IV. 8 ;
VII. 4) et quatre de l’expression grecque ( ibid. IV. 8 ; VI. 4 ; VI. 5 ; IX. 4).
108
Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2, p. 372 : « Ils disent beaucoup de choses de
ce genre, pleines d’inepties et de bavardage sans fin, en entremêlant et en imaginant des
figures, des situations et des sorts, des regards et des témoignages dans les signes du
zodiaque qui leur conviennent le plus, dans les lieux et les figures les plus appropriées,
selon l’astrologie qu’ils ont créée, en voulant par là supprimer chez eux la liberté et le libre-
arbitre que Dieu a donné aux Hommes […] ».

307
Établissement et application de critères de datation

résultent d’une contamination ponctuelle du discours de Sévère par l’auteur-


astrologue qu’il est en train de citer.
Le cas de la Voie lactée est différent : l’expression typique syriaque
persiste dans le texte, bien qu’elle soit concurrencée par la forme
translittérée du grec. La persistance de l’expression syriaque résulte de la
forte popularité de cette partie du ciel et de son intégration dans le
vocabulaire courant. Nonobstant cet usage, Sévère a remplacé, à plusieurs
reprises, l’expression syriaque par la translittération du grec : c’est un
comportement étrange qui trahit une attention particulière pour la lettre
grecque, sans considération pour le lecteur syriaque. Cette tendance se
confirme quand on voit Sévère abandonner les expressions qui servaient,
encore chez Sergius de Reš‘ayna, à désigner le signe des Gémeaux et celui
du Sagittaire. Mais cette fois-ci Sévère n’usa pas de la translittération pour
se rapprocher du grec, mais de la technique de la traduction dite « en
miroir ».

- Traduction dite « en miroir » -

Il faut différencier deux types de traduction en miroir : nous les


qualifierons de « miroir droit » et de « miroir convergent ». Celle en
« miroir droit » met sur le même plan des signifiants renvoyant à la fois au
même concept et à une même image. Celle en « miroir convergent » au
contraire met sur le même plan deux signifiants qui, originellement,
renvoyaient à des concepts différents, même si les images auxquelles les
mots renvoient sont communes. Afin d’illustrer la technique de la traduction
dite « en miroir convergent », prenons pour exemple le Sagittaire : pour
désigner ce signe zodiacal, la langue syriaque dispose de l’expression ‫ܨܠܡܐ‬
‫[ ܪܒܐ‬ṣalmo rabbo] (la grande image), qui renvoie à une image bien
différente de celle de l’expression grecque Ὁ τοξότης (l’archer). Or Sévère,
refuse d’utiliser l’équivalent syriaque, lui préférant le terme ‫[ ܟܫܛܐ‬kašoṭo]
(le lanceur de flèche). L’emploie du terme kašoṭo pour désigner le signe
zodiacal n’est pas attesté avant Sévère. L’auteur du Traité sur l’astrolabe et
du Traité sur les constellations exerce donc une contrainte sur le lexique

308
Établissement et application de critères de datation

syriaque (puisque l’image du lanceur de flèche n’a, à notre connaissance,


avant Sévère, jamais servi à désigner une constellation, mais renvoie à une
activité sportive ou guerrière), le forçant à désigner les mêmes concepts que
le grec lorsqu’il y a convergence d’image. C’est ce procédé que nous
appellons traduction en miroir convergent.

Pour illustrer le cas de la traduction en « miroir droit », prenons


l’exemple du signe zodiacal de la Vierge. Le grec a deux façons de le
désigner : sous le nom de Παρθένος ou, de façon métonymique, sous celui
de στάχυς, c’est-à-dire l’Épi. En syriaque on dispose également de deux
termes pour désigner ce signe : btulto (la vierge), et šbelto (l’épi). Cette
communauté d’images s’explique par une origine mésopotamienne de la
représentation du signe de la Vierge109. Sévère peut donc à son aise rendre
compte des deux signifiants grecs par des signifiants syriaques qui renvoient
aux mêmes images et au même concept. Les cas de traductions en miroir
droit sont de loin les plus nombreux, ce qui est tout à fait naturel étant donné
l’héritage culturel mésopotamien qu’eurent en commun les hellénophones et
les araméophones. Ainsi, dans les deux langues, utilise-t-on les mêmes
images pour désigner par exemple le signe des Poissons, celui du Verseau,
du Lion et du Scorpion ; le terme générique de planète se trouve également
dans les deux idiomes construit sur une racine renvoyant à l’idée d’errance.
Nous nous intéresserons davantage aux cas de traduction en miroir
convergent qui sont bien entendu plus révélateurs de la part d’influence du
grec sur la langue des traducteurs syriaques.
Le tableau qui suit fournit quelques exemples représentatifs de
l’évolution de la technique de traduction entre Sergius de Rešʻayna et
Sévère Sebokht. Si Sergius cultive les équivalents culturels, Sévère quant à
lui tend à s’en débarrasser en privilégiant la technique de la traduction dite
en miroir convergent :

109
Voir LAFFITTE R., « Sur l’origine de la constellation de la Vierge », JA 292, 2004, p. 63-
73.

309
Établissement et application de critères de datation

Traduction Théon Sergius de Sévère Sebokht


française d’Alexandrie Reš‘ayna (VIIe s.)
(V-VIe s.)
La Balance Ὁ ζυγός (cf. tabl. équivalents 110
‫ܡܣܐܬܐ‬
culturels)
[masato]
(= la balance)
Le Bélier (cf. tabl. équivalents 111
‫ܕܟܪܐ‬
Ὁ Κριός culturels)
[dekro]
(= le bélier)
Les Gémeaux Οἱ Δίδυμοι (cf. tabl. équivalents 112 ̈
‫ܬܐܡܐ‬
(= les jumeaux) culturels)
[teme]
(= les jumeaux)
Le nœud ἀναβιβάζων 113
‫ܡܣܩܢܐ‬ (transl. gr)
ascendant [masqono]
Le nœud καταβιβάζων 114
‫ܡܚܬܢܐ‬ (transl. gr)
descendant [maḥtono]
Sagittaire Ὁ τοξότης (cf. tabl. équivalents 115
‫ܟܫܛܐ‬
(= l’archer) culturels)
[kašoṭo]
(= l’archer)
Le zodiaque 116 ̈ ‫ܛܥܝܢ‬
‫ܚܝܐ‬ (transl. Gr)117
[ṭ‘in ḥaio]

Pour rendre compte des concepts astronomiques, Sergius cultive


davantage les équivalents culturels syriaques. Il rend par exemple le signe

110
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3, p. 369 (texte) ; p. 373 (trad.) ou Sév.
Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 7, p. 46 (texte) ; p. 94 (trad.).
111
Sévère préfère utiliser ce terme qui rend mieux compte du grec et du point de vue figuré
et du point de vue sonore : voir Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 2, p. 375 (texte) ;
p. 377 (trad.) et Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 7, p. 46 (texte) ; p. 94 (trad.). Mais il
arrive également à Sévère de réemployer l’ancien nom syriaque : voir notamment Sév.
Seb., Traité sur les constellations IV. 4 et Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 10, p. 52
(texte) ; p. 100 (trad.).
112
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 2, p. 375 (texte) ; p. 377 (trad.).
113
Néologisme. Cette traduction miroir du grec ἀναβιβάζων n’apparaît qu’une seule fois
dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Le reste du temps Sergius emploie la
translittération du grec, comme le fit après lui Sévère.
114
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Même remarque que dans la note
précédente.
115
Sévère emploie exclusivement ce terme dans tous ses écrits : voir Sév. Seb., Traité sur
les constellations III. 3; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 84r (le scribe a
inscrit en marge l’équivalent culturel syriaque – la Grande Image-, signe que la proposition
de Sévère n’a vraisemblablement pas connu une grande postérité). Voir aussi Sév. Seb.,
Traité sur les constellations VI. 2, p. 375 (texte) ; p. 377 (trad.) et Sév. Seb., Lettre sur les
nœuds II. 2. (3).
116
Traduction miroir du grec ὁ ζῳοφόρος dans Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE],
p. 137, 4.
117
On ne trouve dans l’œuvre de Sévère que la forme translittérée du grec : ‫ܙܘܕܝܐܩܘܢ‬
[zodiaqon]. Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1 (trad.) ; pour le texte (inédit)
voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v.

310
Établissement et application de critères de datation

zodiacal des Gémeaux par l’expression tren ṣalme (les deux images). Cette
expression est attestée en syriaque dans les textes les plus anciens comme
dans la liste des signes du zodiaque attribuée à l’école bardesanite
e
(conservée dans un manuscrit du VII siècle). Sévère Sebokht abandonne
quant à lui cette terminologie, adoptant un terme qui rend davantage compte
du Δίδυμοι grec : teme ( jumeaux).
On pourrait faire la même remarque à propos de la désignation du
Sagittaire : Sergius le rend par ṣalmo rabbo (la grande image), quand
Sévère cherche à rendre l’idée du lanceur de flèche contenue dans le mot
grec τοξότης en recourant à la racine sémitique kšṭ qui signifie « lancer une
flèche ».
Le cas de la Balance est un peu différent. Le mot utilisé par Sergius
est un exact équivalent sémiotique du ζυγός grec, puisque, dans les deux
cas, le terme renvoie, au-delà du signe zodiacal, au fléau de la balance. Au
contraire, le terme masato, employé par Sévère, désigne de façon globale
l’objet balance. Faut-il croire que l’ancien mot syriaque avait, à l’époque de
Sévère, perdu de sa valeur métonymique ? Ou le sens métonymique du
e
terme grec a-t-il prévalu au point de faire oublier, au VII s., son sens
premier118 ? La modification terminologique de Sévère à cet endroit montre,
quoi qu’il en soit, que le terme qašelmo utilisé par Sergius (attesté dans la
liste des signes zodiacaux de l’école bardesanite), dont on ne trouve plus
aucune attestation par la suite (ni dans l’œuvre de Sévère Sebokht ni dans
celle de Bar Hebraeus119), était dès le VIIe s. tombé en désuétude120.

118
C’est-à-dire qu’à force de parler de « fléau » pour désigner la balance, les Grecs avaient
peut-être fini par considérer que le terme désignait non plus seulement une partie de l’objet,
mais l’objet dans sa globalité.
119
Voir NAU F., Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre. Cours
d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar Hebraeus publié d’après les
manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, 1899
[Bibliothèque de l’École pratique des Hautes Études, fasc. 121], vol. 1 (texte syriaque) ;
1900, vol. 2 (traduction française). Voir en particulier la section I, 5, 4.
120
On trouve certes une occurrence du qašelmo syriaque dans le Causa causarum, qui a été
daté par son éditeur (Kayser) du Xe siècle. Mais l’auteur, anonyme, explique que sous ce
terme il faut comprendre la Balance masato, ce qui peut indiquer que ses lecteurs n’étaient
plus habitués à l’ancienne terminologie (Voir KAYSER C. (éd.), Das Buch von der
Erkenntniss der Wahrheit, oder, Der Ursache aller Ursachen, Leipzig/Strasbourg,
J. O. Hinrich, 1889/1893, vol. 1, p. 193).

311
Établissement et application de critères de datation

La pratique de la traduction en miroir convergent, qui relève d’un bras


de fer entre le traducteur et sa propre langue, caractérise le travail de Sévère
Sebokht. Ce dernier n’hésite pas à distordre sa langue afin de lui faire
prendre parfaitement le pli du grec. Sergius quant à lui ne s’inscrit
absolument pas dans cette démarche.

- Les translittérations –

La translittération, qui est la troisième technique de traduction


utilisée par Sergius de Reš‘ayna et Sévère Sebokht, sert essentiellement à
introduire des concepts nouveaux dans la langue syriaque. Les
translittérations sont peu nombreuses dans les traités de Sergius, mais il
convient de les relever :

Liste de termes astronomiques translittérés chez Sergius de Reš‘ayna :

‫ܐܣܟܝܡܐ‬ [askema]  l’aspect121


‫ܐܪܝܣ‬ [ares]  Mars122
‫ܐܪܡܝܣ‬/‫[ ܗܪܡܝܣ‬ermes / hermes]  Mercure123
‫ܛܪܝܓܢܘܢ‬ [ṭrigonun]  Le trigone124
‫ܛܛܪܓܘܢܘܢ‬ [ṭeṭragonun]  le carré125
‫ܐܟܣܓܘܢܘܢ‬ [eksagonun]  le sextile126
‫ܕܡܛܪܘܢ‬ [dmeṭrun]  l’opposition127
‫ܣܘܢܕܘܣ‬ [sunodus]  la conjonction128
‫ܡܘܪܣ‬/‫ܡܘܪܘܣ‬ [muros / murus]  le degré129
‫ܐܢܒܝܒܙܢ‬ [anabibazon]  le nœud ascendant130

121
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2.
122
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2, 1 ; Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], II,
p. 137. Il désigne également la planète sous le nom d’Hérakles [‫( ]ܗܪܩܠܝܣ‬idem, p. 137, 19).
123
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 1 ; Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE],
p. 137. Également Apollon [apollo] (idem, p. 137).
124
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2.
125
Ibid. 2. 2.
126
Ibid. 2. 2.
127
Ibid. 2. 2.
128
Ibid. 2. 2.
129
Ibid. 2. 2. 1.

312
Établissement et application de critères de datation

‫ܩܛܒܝܒܙܢ‬ [qaṭabibazon]  le nœud descendant131


‫ܛ̈ܪܘܦܝܩܘ‬ [ṭropiqu]  les tropiques132

Le terme askema n’est pas pertinent pour notre étude puisqu’il est
attesté de nombreuses fois dans la littérature syriaque la plus ancienne. Il
importe plutôt de noter les translittérations des mots grecs signifiant le
trigone, le carré, le sextile et la conjonction : à la première occurrence de
ces translittérations dans son Traité sur l’action de la lune, Sergius prend
soin de les accompagner d’une définition :

[…] le trigone [ṭrigonun], qui se compose de trois


angles ; le carré [ṭeṭragonun], qui se compose de quatre
angles ; le sextile [eksagonun], qui se compose de six
angles ; l’opposition [dmeṭrun], qui est la moitié exacte
du cercle ; et la « σύνοδος » [sunodus] qui a lieu lorsque
la lune entre en conjonction avec le soleil ou, comme ils
disent, avec l’une des cinq autres étoiles.133

Un lecteur grec n’aurait pas eu besoin de telles précisions puisque le


terme grec contient en soi l’idée que le « tri-gone » se compose de trois
angles. Mais pour les lecteurs syriaques de Sergius, en revanche, il était de
rigueur d’apporter une petite explication.
Il en va de même pour les expressions désignant les nœuds ascendant
et descendant, puisque Sergius fournit une explication au moment où il
introduit ces termes translittérés du grec :

[…] les deux endroits, où se chevauchent les cercles


l’un l’autre, sont appelés nœud ascendant [anabibazon] et
nœud descendant [qaṭabibazon], c’est-à-dire le montant
[masqono] et le descendant [maḥtono]134

130
Ibid. 2. 3. 1.
131
Ibid. 2. 3. 1.
132
Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137. La translittération de ce terme grec est
également attestée dans un court texte anonyme portant sur le mouvement du soleil
(conservé dans un ms. du VIIe s.). Cf. SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 128.
133
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2.
134
Ibid. 2. 3. 1.

313
Établissement et application de critères de datation

Il nous reste finalement, parmi toute la liste des termes translittérés,


fournie plus haut, seulement trois termes translittérés du grec apparaissant
dans le texte de Sergius sans explication : il s’agit de la planète Mars, de
Mercure ainsi que des degrés. D’après les dictionnaires, ces translittérations
ne sont pas attestées plus tôt dans la littérature syriaque. Cette apparition
incognito du vocabulaire grec, dans le cours du traité, est le témoignage, au
e
tout début du VI s., d’une intégration avérée de ce lexique astronomique
dans la langue syriaque.

La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht


montre que, depuis Sergius, la fréquentation des textes astronomiques grecs,
et le processus d’assimilation du lexique qu’ils renferment, se sont
intensifiés : Sévère translittère abondamment les termes astronomiques
qu’on peut trouver chez Claude Ptolémée et Théon d’Alexandrie. Ces
translittérations sont parfois surprenantes, comme dans le cas de la « limite
boréale », en grec τοῦ βορείου πέρατος (gén.), qu’on trouve par exemple au
chapitre 8 du Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie ou dans plusieurs
des tableaux des Tables faciles de Claude Ptolémée. Sévère translittère
l’expression intégrale, ce qui équivaut non plus à la translittération d’un
mot, mais d’un groupe de mot. On lit dans sa lettre :

[…] lorsque nous prenons ce qui manque pour


<faire> 360 μοῖρα, c’est-à-dire degrés, <au> chiffre de la
limite boréale (boreyon peras) obtenu des 5 sections,
[…]là où tombera ce chiffre, nous dirons que se trouve
alors le nœud ascendant […]135

Le titre du Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie est


également entièrement translittéré du grec :

135
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 2 : « ‫ܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ܠܦܘܬ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ‬
‫ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆ ܘܠܗܢܐ ܿܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܝܫ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܕܢ̈ܩܦܝܢ‬ܿ ‫ ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ‬. ‫̈ܡܢܘܬܐ‬
̈
‫ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ‬
̄ ‫ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ‬
ܿ ‫ ܬܡܢ‬. ‫ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ ܕܢܫܠܡ ܿܗܘ ܡܢܝܢܐ‬ ̈ ‫܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ‬
‫ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬. ».

314
Établissement et application de critères de datation

[…] comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie dans


son Commentaire aux Tables faciles [teon hau
aleksandroyo b-skolion d-<qanuno> leh d-prokeirus]136

Voici une liste d’autres groupes de mots translittérés chez Sévère137 :

‫ܩܢܘܢܐ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ‬ [qanuno d-prokeiros]  Tables faciles138


‫[ ܐܝܩܘܣܝܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ‬eikosipenṭe eṭerides]  périodes de 25 ans139
‫ܦܪܐܐܠܟܣܝܣ ܕܩܠܝܡܐ‬ [paralaxis d-klima]  la paralaxe du climat140
‫[ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣ‬qephalaia d-boreyon peras]  section de la limite
boréale141

La liste des termes astronomiques translittérés du grec est de fait bien


plus importante dans la simple lettre de Sévère, quand bien même cet écrit
est, du point de vue de sa dimension, quatre fois moins important que le
Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna :

Liste des termes astronomiques simples translittérés chez Sévère142 :

‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬ [anabibazon]  Le nœud ascendant


‫ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬ [qaṭabibazon]  Le nœud descendant
‫ܐܩܠܦܣܝܣ‬ [eqlipsis]  L’éclipse
‫ܐܦܝܢܡܣܝܣ‬ [epinemesis]  l’épinémésis
‫ܣܘܢܘܕܘܣ‬ [sunodos]  La conjonction
‫ܡܘ̈ܪܣ‬/‫ܡܘܪܐ‬ [muro, pl. muros]  Le degré / les degrés

136
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 1 : « ‫ܕܡܠܦ ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ‬
ܿ ‫ܐܝܟܢܐ‬
‫» ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ‬.
137
Ce relevé se limite à la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant.
138
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 1.
139
Ibid. II. 2. 1.
140
Ibid. II. 5. 11.
141
Ibid. II. 5. 5.
142
Ce relevé se limite donc à la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant. On
retrouvera facilement chacun de ces termes grâce au lexique situé en annexes.

315
Établissement et application de critères de datation

‫ܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣ‬ [boreyon peras]  La limite boréale


̈
‫ܙܘܕܝܐ‬/‫ܢ‬‫ܙܘܕܝܘ‬ [zodion, pl. zodie] Le signe zodiacal
‫ܕܝܐܡܛܪܘܢ‬ [diameṭron]  (en) opposition
‫ܬܘܬ‬ [toth]  (mois de) Thoth
‫ܡܝܟܝܪ‬ [mekir]  (mois de) Méchir
‫ܦܐܟܘܢ‬ [pakon]  (mois de) Pachon
‫ܡܣܡܒܪܝܐ‬ [mesembrio]  midi
‫ܟܝܡܪܝܢܘܣ‬ [keimerinos]  hivernal (adj.)
̈
‫ܠܦܛܐ‬ [lepṭa]  Les minutes
‫ܩܕܡܝܐ‬ ̈
̈ ‫ܠܦܛܐ‬ [lepṭa qadmie]  Les minutes « premières »143
‫ܐܟܣܝܩܘܣܛܐ‬ [ekseqosṭo]  Le soixantième
̈
‫ܠܦܛܐ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ‬ [lepṭa trenite]  Les secondes144
‫ܕܝܐܣܛܣܝܣ‬ [diasṭesis]  La distance
‫ܐܦܘܟܝ‬ [epoke]  L’ ἐποχή (position ou lieu vrai d’un astre)
‫ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐ‬ [sunodiqoyoto] (adj. fém.) en conjonction
‫ܦܐܢܣܠܝܢܝܩܝܬܐ‬ [panseleniqito]  (adj. fém.) en période de pleine lune.
‫ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬ [panselenos]  La pleine lune
‫ܦܪܐܐܠܟܣܝܣ‬ [paralaksis]  La parallaxe
‫ܩܠܝܡܐ‬ [qlima]  Le climat
̈
‫ܛܡܝܡܐ‬ [ṭmema]  La section du cercle (= 30°)

Dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant on remarque


qu’aucune des translittérations du grec n’est accompagnée, comme chez
Sergius, d’une définition145, alors que tous ces termes se rapportent à un

143
Expression utilisée uniquement pour différencier les minutes des « minutes secondes »,
c’est-à-dire des secondes.
144
Ou « minutes secondes ».
145
Une exception cependant concerne les degrés (cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1,
(2) : « 360 degrés (μοῖρα), c’est-à-dire les parties [menuto] » / «‫ » ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ̈ܡܢܘܬܐ‬ou
dans Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1. Voir texte (inédit) dans ms. Paris BnF
syr. 346, f. 83v : « ‫» ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܕܪܓܐ‬. Dans la Lettre sur les nœuds, les deux termes
alternent pour exprimer les degrés (le calcul de position est notamment exprimé en 1 mento
37 λέπτα (au nord sous le 1°37’) au lieu de 1 μοῖρα 37 λέπτα, comme le fait Sévère partout
ailleurs). A la lecture des deux autres textes astronomiques syriaques produits par Sévère
(Traité sur l’astrolabe et Traité sur les constellations) nous constatons que ce terme de
mento n’est quasiment jamais usité et que μοῖρα est bel et bien le terme communément

316
Établissement et application de critères de datation

lexique astronomique technique (la parallaxe, l’ἐποχή d’une planète, la


limite boréale etc…). Si Sévère ne se donne pas la peine de définir ces
termes, c’est que le destinataire de la lettre est habitué à lire ce genre de
littérature. D’ailleurs Sévère dit clairement dans sa lettre que le courrier fait
suite à un précédent envoi qui comprenait le Commentaire aux Tables
faciles de Théon d’Alexandrie146. S’agissait-il d’une traduction syriaque ou
du texte grec lui-même ? Quoiqu’il en soit il faut noter les nombreux
renvois que Sévère fait à des numéros de colonnes dans les Tables faciles147.
On retrouve chez Sévère tous les termes translittérés qui étaient déjà
en usage chez Sergius de Reš‘ayna comme la conjonction, les nœuds
ascendant et descendant, l’opposition, le degré. Étant donné qu’il n’est
jamais question des planètes dans la Lettre, on ne saurait retrouver les
équivalents des translittérations de Mars et Mercure pratiqués chez Sergius.
Mais le Traité sur les constellations du même Sévère Sebokht nous fournit
ce complément d’information, puisque Mars y est désigné sous le terme de
‫[ ܐܪܝܣ‬Ares]148 et Mercure sous celui de ‫[ ܗܪܡܝܣ‬Hermes]149, comme chez
Sergius. On retrouve également les translittérations des termes signifiant le
trigone, le carré, le sextile et l’aspect. La transmission des termes
astronomiques grecs translittérés au VIe s. par Sergius de Reš‘ayna (ou à son
époque) est donc totale.

utilisé par l’évêque de Qennešrin pour désigner les degrés du cercle du zodiaque. Si Sévère
prend la peine d’expliciter ce terme, communément adopté au moins depuis Sergius de
Reš‘ayna, c’est vraisemblablement pour rendre compte d’une définition qui se trouve dans
les <Préliminaires> du Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie, où la
notion de « degrés » est définie de la manière suivante : « […] ἄλλου τινὸς μεγίστου
κύκλου εἰς τξ ἴσα διαιρουμένου, ἕκαστον διάστημα μοιριαῖον καλεῖται. » / « […]
n’importe quel grand cercle étant divisé en 360 parties égales, chaque division est appelée
degré » 145 (cf. Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], I <Préliminaires>, p. 200 (texte) ;
p. 301 (traduction)). En revanche le recours au terme archaïque de [dargo] dans Sév. Seb.,
Traité sur les constellations III. 1 est plus difficilement explicable, d’autant plus que ce
terme n’apparaît nulle part ailleurs dans le reste de ses œuvres astronomiques. Un copiste
plus tardif a-t-il pu prendre l’initiative d’insérer cette glose ?
146
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 2 : « Tu pourras en effet trouver la prochaine
éclipse, non pas en sachant simplement dans quel signe se trouvent les nœuds ascendant et
descendant comme le propose l’exemple de l’auteur dans le Commentaire, qu’on t’a envoyé
( ‫) ܕܥܒܕ ܠܘܬ‬, frère »
147
Cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2. 1 ou II. 5. 5.
148
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3. 1.
149
Cf. Ibid. IV. 14. 4.

317
Établissement et application de critères de datation

En outre la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère


Sebokht montre que plusieurs étapes ont été franchies dans l’acquisition
d’un vocabulaire scientifique relatif aux astres : depuis le Traité sur l’action
de la lune, les érudits syriaques de l’entourage du monastère de Qennešrin
sont non seulement familiarisés avec la notion de nœuds ascendant et
descendant, indispensable pour le calcul précis des éclipses de lune et de
soleil, mais ils sont en passe d’être capables de se servir des Tables
astronomiques conçues par Claude Ptolémée, grâce au Commentaire qu’en
a fait Théon d’Alexandrie. Si Sévère ne prend pas la peine de définir les
expressions qu’il traduit du grec dans sa lettre, c’est que vraisemblablement
son destinataire a déjà assimilé dans sa propre langue tout ce type de
vocabulaire. Ainsi les termes grecs désignant les parallaxes, l’éclipse, la
conjonction, la limite boréale, les périodes de 25 ans, l’ἐποχή, les signes
zodiacaux, les minutes et les secondes n’auraient plus eu aucun secret pour
cet interlocuteur.
La lecture du Traité sur les Constellations de Sévère Sebokht nous
montre cependant que l’acquisition de ce vocabulaire précède de peu la
rédaction de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant : en effet la
plupart des termes qui apparaissent sans définition dans cette lettre, se
trouvent justement accompagnés d’une définition claire, au moment de leur
première occurrence, dans le Traité sur les constellations. On y trouve
notamment une explication du mot grec désignant les signes zodiacaux (τὰ
ζώδια) ou encore le sens de l’expression grecque renvoyant à la notion de
« Lieu vrai » ou position d’un astre (ἐποχή) :

̈ ‫] ܝܒ‬...[ ‫ܘܡܛܠ ܗܠܝܢ ܬܘܒ‬


‫ܙܘܕܝܐ ܗܘܟܝܬ ̈ܡܠܘܫܐ‬
150

Au sujet de ces […] 12 ζώδια c’est-à-dire signes du zodiaque [malwoše]


151
[...] ‫ܐܝܟܢܐ ܙܕܩ ܠܡܕܥ ܗܦܘܩܝ ܐܘܟܝܬ ܩܘܡܐ ܕܣܗܪܐ‬
Comment on peut connaître l’ἐποχή de la lune, c’est-à-dire sa position
[qumo]

150
Sév. Seb., Traité sur les constellations VIII. 13, p. 386 (trad.) ; pour le texte (inédit),
voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 97v. On trouve exactement la même définition au tout début
du Traité sur l’astrolabe : voir Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23
(texte) ; p. 74 (trad.).
151
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II, 5, p. 43-44 (texte) ; p. 92 (trad.).
Comparer avec ibid. II. 5, p. 44 (texte) ; p. 93 (trad.).

318
Établissement et application de critères de datation

Les deux autres traités astronomiques attribués à Sévère comprennent


bien d’autres translittérations de termes techniques grecs accompagnées
d’une définition qui n’apparaissent pas dans la Lettre sur les nœuds
ascendant et descendant. On trouvera ainsi, entre autres, la définition des
termes suivants :

- Le cercle arctique ἀρκτικός152


- L’antarctique ἀνταρκτικός 153
- L’apogée τὸ ἀπόγειον154
- L’araignée ἀράχνη 155 (pièce de l’astrolabe)
- L’astrolabe ἀστρολάβος 156
- Le cercle axial ἀξώνιος 157
- La Coupe Κρατήρ158
- Le diamètre (d’un cercle) ἡ διάμετρος159

152
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 3, p. 395 : « Le premier <cercle> est celui du
nord qui est nommé ἀρκτικός, c’est-à-dire « de l’ours » ; pour le texte (inédit), voir
ms. Paris BnF syr. 346, f. 103v : « ‫» ܩܕܡܝܐ ܿܗܘ ܓܪܒܝܝܐ ܕܡܬܩܪܐ ܐܪܩܛܝܩܘܣ ܐܘܟܝܬ ܕܒܢܝܐ‬.
153
Ibid. XII. 7, p. 396 : « l’ἀνταρκτικός, c’est-à-dire celui qui est situé à l’opposé de celui
de l’Ourse » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 103v : « ‫ܐܢܛܪܩܛܝܩܘܣ܇‬
‫» ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܕܣܝܡ ܠܩܘܒܐܠܝܬ ܠܗܘ ܕ ܳܒ ܳܢ ܳܝܐ‬. Une autre définition apparaît au f. 97v.
154
Ibid. XIV. 12, p. 409 : « il fait apogée, parce qu’il est plus éloigné du centre de la
terre » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 112r : « ‫ܐܦܘܓܝܘܣ ܿܥܒܕ܆ ܒܚܬܝܪ‬
‫» ܪܚܝܩ ܡܢ ܩܢܛܪܘܢ ܕܐܪܥܐ‬.
155
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 : « ‫ܐܪܟܢܐ ̄ܗ ܓܘܓܝ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܕܡܐ‬
̈
‫ ܒܕܡܘܬܐ ܐܝܢܣ ܡܕܡ ܐܘܟܝܬ ܡܢܐ‬. ‫ ܒܗܝ ܕܡܦܠܛ ܐܡܪ ܐܢܐ ܕܐܝܬ ܒܦܠܛܘܗܝ‬. ‫ ܠܓܘܓܝ‬. ‫ ܟܐܡܬ ܒܚܙܬܗ‬.
.‫ ; » ܕܐܝܬ ܒܓܘܓܝ‬p. 74-75 : « ἀράχνη, c’est-à-dire « araignée », parce que les appendices
qu’il porte le font ressembler au corps et aux pattes d’une araignée ».
156
Cf. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 21-22 : « ‫ܐܝܬܘܗ ܗܟܝܠ ܗܘ‬
[...]‫ܕܟܘܡܒܐ‬̈ ‫ܕܒܐܝܕܘܗܝ ܗܘܝܐ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐ‬ ̈ ‫; » ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܘܪܓܢܘܢ ܐܘܡܢܝܐ ܡܪܟܒܐ‬
« L’ἀστρολάβος est un instrument artificiel composé, grâce auquel a lieu la capture des
étoiles […] » (Comparer avec la traduction proposée par Nau, p. 73). Cette nouvelle
traduction trouve sa justification dans l’explication fournie par Sévère dans le même
paragraphe : cf. Ibid. I, p. 22 : « ‫ܕܟܘܟܒܐ ܘܕܗܠܝܢ ܕܫܪܟܐ‬ ̈ ‫ܕܒܐܝܕܘܗܝ ܗܘܝܐ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐ‬ ̈ [...] ‫ܡܬܐܡܪ‬
̈
[...] ‫ ܕܢܬܦܪܫܘܢ ܗܢܘܢ ܐܘ̈ܪܓܢܐ ܕܫܪܟܐ ܕܐܘܡܢܘܬܐ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ‬. ») ; « On l’appelle […] <celui>
grâce auquel a lieu la capture des étoiles, pour en distinguer les instruments des autres
arts » (comparer avec la traduction de Nau, p. 73).
157
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 10, p. 396 : « Le huitième <cercle> est
nommé ἀξώνιος, c’est-à-dire l’axial » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346,
f. 104r : « ‫ܐܟܣܘܢܝܘܣ ܐܘܟܝܬ ܿܣܪܢܢܝܐ‬ ܿ ‫ܕܬܡܢܝܐ ܕܝܢ܇ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ‬
̈ ».
158
Sév. Seb., Traité sur les constellations VI, 3, p. 375 : « ‫ ; » ܩܪܛܝܪ ܐܘܟܝܬ ܐܓܢܐ‬p. 377 :
« Κρατήρ [qrater], c’est-à-dire la Coupe [agono] ».
159
Sév. Seb., Traité sur les constellations XVII. 2, p. 92 : « Tout cercle que tu voudras
imaginer dans ta pensée, qu’il soit grand ou petit, a un diamètre, c’est-à-dire (toute) droite
passant par le milieu, qui est le tiers nécessairement » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris
BnF syr. 346, f. 117v : « ‫ܐܝܬܘ ܘܐܢ ܙܥܘܪܐ‬ ̄ ‫ܟܠ ܚܘܕܪܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ܕܬܨܒܐ ܕܬܣܒ ܒܬܪܥܝܬ ܐܢ ܪܒܐ‬

319
Établissement et application de critères de datation

- La dioptre δίοπτρα160 (pièce de l’astrolabe)


- La dodécatémorie δωδεκατημόριον161
- L’écliptique τὸ Διὰ μέσων ζῳδιακοῦ162
- L’Épi στάχυς 163 (étoile dans la Vierge)
- L’équateur ἰσημερινός 164 ‫ܝ‬
- L’Éridan (constellation australe) Ἠριδανός165
- La Flèche Οἰστός166
- Hercule (constellation) dit « l’Agenouillé » Ἐνγόνασιν167

‫( » ܇ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܠܗ‬Comparer avec SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 132 qui propose une
édition de ce chapitre XVII d’après le ms. de Londres add. 14538 du Xe s.).
160
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 25 : « . ‫ܠܗ ܕܝܢ ܠܗܕܐ ܟܢܘܢܬܐ‬
‫ܛܒܠܘܣܝܬܐ ܡ̈ܪܟܒܬܐ ܘܙܥܘ̈ܪܝܬܐ ܕܐܡܝ̈ܪܢ ܕܒܗܝܢ ܢܩܝܒܝܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܝܢ‬ ̈ ‫ܕܐܬܐܡܪܬ ܕܩ̈ܪܝܒܢ ܒܗ ܗܢܘܢ ܬܪܬܝܢ‬
̈
‫ ܒܗܝ ܕܒܗ ܚܙܝܢܢ ܬܪܝܨܐܝܬ ܠܙܠܝܩܐ ܕܫܡܫܐ ܐܘ‬. ‫ ܩܪܝܢ ܠܗ ܓܐܘܡܛܪܝܣ ܕܝܘܦܪܐ‬. ‫ܚ̈ܪܘܪܐ ܚܕ ܠܘܩܒܠ ܚܕ‬
. ‫ ; » ܕܢܗܝܪܐ ܐܚܪܢܐ‬p. 77 : « Cette règle dont nous venons de parler, sur laquelle sont fixées
les deux petites tablettes percées de deux trous l’un en face de l’autre est appelée δίοπτρα
par les géomètres, parce qu’elle nous permet de voir en ligne droite un rayon du soleil ou
d’un autre astre ».
161
Sév. Seb., Traité sur les constellations III, p. 352 : « On trouve aussi le nom
δωδεκατημόριον, c’est-à-dire un de douze, pour désigner chacun des douze ζώδια » ; pour
le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v : « ‫ܐܝܬ ܕܝܢ ܐܝܟܐ ܕܐܦ ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܐ‬
̈ ‫» ܐܘܟܝܬ ܚܕܐ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ ̈ܡܢܘܢ ܠܚܕ ܚܕ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ‬. Puis voir ibid. IV. 8, p. 357 : « ‫ܦܣܩܐ ܐܘܟܝܬ‬
‫ܙܘܕܝܐ‬
̄ ‫ ; » ܡܠܘܫܐ ܬܝܡܢܝܐ ܕܚܘܕܪܐ ܐܘܟܝܬ ܒܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܘܢ ܗܘ‬p. 364 : « La 8e section, c’est-à-dire
‫ܕܚ‬
signe du cercle, c’est-à-dire dans le 8e δώδεκατημόριον».
162
Le plus souvent sous la forme abrégée Διὰ μέσων, comme le pratiquent les astronomes
grecs. On trouve la forme entière translittérée dans le Traité sur l’astrolabe, mais il faut
voir le texte syriaque directement (Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], p. 45 :
« ‫[ ܕܝܐܗܡܣܘܢ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬diahmeson d-zodiaqon] »), F. Nau n’ayant pas identifié
l’expression dans sa traduction (cf. Ibid., p. 94 : « sur le plan diamétral du zodiaque »).
Pour les explications de Sévère relatives à la translittération du grec, nous renvoyons au
Traité sur les constellations X. 7, p. 391 : « Cercle qui est nommé Διὰ μέσων, à savoir la
ligne qui est au milieu du zodiaque sur lequel marche le soleil en longitude constamment
sans le quitter ni au nord ni au sud » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346,
f. 101v : « ‫ܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ ܐܠܘܪܟܐ‬ ܿ ‫ܗܘ ܕܒܡܨܥܬܐ ܙܘܕܝܐܩܘܢ‬ ܿ ‫ܕܝܐܡܣܘܢ ܐܘܟܝܬ ܣܘܪܛܐ‬
ܿ ܿ
.‫» ܐܡܝܢܐܝܬ܇ ܟܕ ܐܠ ܣܟ ܡܫܢܐ ܡܢܗ ܠܓܪܒܝܐ ܟܝܬ ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ‬. On trouve une autre définition,
semblable, dans ibid. XII. 9, p. 396 : « Le διὰ μέσων du zodiaque, c’est-à-dire la ligne qui
est en son milieu, qui est la voie droite de la marche du soleil en longitude, sans qu’il s’en
éloigne à droite ou à gauche » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 104v :
« ‫ܕܒܡܨܥܬܗ ܇ ܕܗܘܝܘ ܫܒܝܐܠ ܬܪܨܐ ܕܗܠܟܬܗ ܕܫܡܫܐ‬ ܿ ܿ ‫ܕܝܐܡܣܘܢ ܕܝܠܗ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ ܇ ܐܘܟܝܬ ܣܘܪܛܐ‬
‫ܗܘ‬
‫ܐܘ ܠܣܡܐܠ‬ ܿ ‫» ܐܝܟ ܕܐܠܘܪܟܐ ܇ ܟܕ ܐܠ ܿܣܟ ܿܡܣܛܐ ܡܢܗ ܠܝܡܢܐ ܟܝܬ‬.
163
Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 5, p. 376 : « ‫ܒܬܘܠܬܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܡܫܬܡܗ ܣܛܐܟܘܣ‬
‫ ; » ܐܘܟܝܬ ܫܒܠܢܝܐ‬p. 378 : « dans la Vierge, celle qui est nommée στάχυς, c’est-à-dire
l’Épi ».
164
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 5, p. 395 : « l’ἰσημερινός, c’est-à-dire du
jour égal, qui est tracé avec mesure égale au milieu des deux pôles, celui du nord et celui
du sud, sur lequel il y a égalité du jour et de la nuit, d’où il a pris son nom » ; pour le texte
(inédit), voir ms. Paris BnF syr. 103v : « ‫ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܕܫܘܝܘܬ ܝܘܡܐ܇ ܕܣܪܛ ܒܡܫܘܚܬܐ‬
‫ܕܒܗ ܿܗܘܝܐ ܫܘܝܘܐ ܐܝܡܡܐ ܘܐܠܝܐ܇ ܡܢ‬ ܿ ‫ܦܘܠܘ܇ ܓܪܒܝܝܐ ܟܝܬ ܘ ܿܗܘ ܬܝܡܢܝܐ܇‬ ̈ ‫ܫܘܝܬܐ ܒܡܨܥܬ ܬ̈ܪܝܗܘܢ‬
‫ܗܝ ܕܐܦ ܡܫܬܡܗ‬ ܿ ».
165
Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 4, p. 375 : « ‫ ; » ܢܗܪܐ ܐܘܟܝܬ ܗܪܝܕܐܢܘܣ‬p. 377 :
« le Fleuve [nahro], c’est à-dire l’ Ἠριδανός [heridanos] ».
166
Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 3, p. 375 : « ‫; » ܐܘܐܝܣܛܘܣ ܐܘܟܝܬ ܓܐܪܐ‬
p. 377 : « Οἰστός [owoisṭos] c’est-à-dire la Flèche [gero]».

320
Établissement et application de critères de datation

- Les heures équatoriales ἰσημεριναί168


- L’horizon Ὁρίζων169
- L’horoscope Ὡροσκόπος170
- L’inclinaison ou hauteur des pôles ἐξάρματα171
- Le lever (ou ascension) d’un signe ἀναφορά172
- Le méridien μεσημβρινός173
- La minute angulaire ἑξηκόστος174
- Orion Ὠρίων175

167
Sév. Seb., Traité sur les constellations VII. 3, p. 380 : « et tout l’Ἐνγόνασιν à
l’exception du pied gauche qui est sur la tête du Dragon, depuis le genou de son pied droit,
qui est au-dessus du [f. 92v] bâton que tient le Bouvier […], il se lève à rebours et il plie sur
ses genoux, c’est pour cela qu’on l’a nommé l’Ἐνγόνασιν » ; pour le texte (inédit), voir ms.
Paris BnF syr. 346, f. 92v.
168
Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI. 4, p. 90 : « Il est évident qu’il s’agit
d’heures ἰσημεριναί, c’est-à-dire égales » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF
syr. 346, f. 116v : « ‫» ܝܕܥܐ ܗܝ ܕܝܢ ܕܐܝܣܝܡ̈ܪܝܬܐ ܐܘܟܝܬ ̈ܫܘܝܬܐ‬.
169
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 12, p. 397 : « Le dixième <cercle> est celui
qui est nommé Ὁριζων, c’est-à-dire celui qui limite, parce qu’il délimite les moitiés
supérieure et inférieure de la sphère » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346,
ܿ̈
f. 104v : « ‫ܕܦܠܘ ܡܢ ܓܪܒܝܐ‬ ‫ܕܬܝܫܥܐ ܕܝܢ ܇ ܿܗܘ ܕܡܫܬܡܗ ܡܣܡܒܪܝܢܘܣ܇ ܕܣܪܝܛ ܬܪܝܨܐܝܬ ܡܢܗܘܢ‬ ̈
‫» ܠܬܝܡܢܐ ܥܠ ܬ̈ܪܬܝܗܝܢ ܦܠܓܘܬ ܐܣܦܝܪܐ ܡܢ ܠܥܠ ܟܝܬ ܐܟܚܕ ܘܡܢ ܠܬܚܬ‬.
170
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 10, p. 52-53 : « ‫ܗܝ ܕܕܢܚܐ ܐܘܟܝܬ‬
‫[ ܕܐܪܣܩܘܦܘܣ ܐܘܟܝܬ ܠܡܘܪܐ ܕܙܘܕܝܘܢ ܗܝ ܕܕܚܐ ܒܫܥܬܐ ܗܝ ܕܒܥܝܢܢ ܐܢ ܒܐܝܡܡܐ ܘܐܢ‬...] ‫ܕܐܪܣܩܘܦܘܣ‬
‫ ; » ܒܠܠܝܐ‬p. 100 : « l’ὡροσκόπος c’est-à-dire […] le degré du zodiaque qui se lève à l’heure
considérée, soit de jour soit de nuit ».
171
Sév. Seb., Traité sur les constellations XIII. 9, p. 400 : « ἔξαρμα, c’est-à-dire inclinaison
des pôles sur le cercle horizon » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346,
f. 106v : « ‫ܠܦܠܘ ܡܢ ܚܘܕܪܐ ܐܘܪܝܙܘܢ‬ ̈ ‫» ܐܟܣܐܪܡܐ ܐܘܟܝܬ ܡܨܛܠܝܢܘܬܐ‬. La même définition
apparaît deux autres fois dans ibid. XIV. 2, p. 402 (trad.) et XIV. 3, p. 402 (trad.) ; pour le
texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 107v et 108r. Une autre définition apparaît un
peu plus loin dans laquelle la forme plurielle est cette fois-ci translittérée du grec : voir ibid.
XIV. 7, p. 405 : « L’ ἐξάρματα, c’est-à-dire inclinaison des pôles » ; pour le texte (inédit),
voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 109v : « ‫ܕܦܠܘ‬̈ ‫» ܐܠܟܣܐܪܡܛܐ ܐܘܟܝܬ ܠܡܨܛܠܝܢܘܬܐ ܕܝܠܗܘܢ‬.
172
Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI. 4, p. 90 : « nous prenons les ἀναφοραί qui
se lèvent en ce jour-là depuis le matin – c’est-à-dire depuis le degré qui est diamétralement
opposé au soleil – jusqu’au matin » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346,
f. 116v : « ‫ܒܗ ܫܡܫܐ‬ ܿ ‫ܕܩܐܡ‬ܿ ‫» ܐܢܐܦܘ̈ܪܣ ܗܠܝܢ ܕܕܢ̈ܚܢ ܒܝܘܡܐ ܿܗܘ ܡܢ ܨܦܪܐ ܇ ܐܘܟܝܬ ܡܢ ܡܘܪܐ ܿܗܝ‬.
173
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 11, p. 397 : « c’est de là qu’il est nommé
μεσημβρινός, c’est-à-dire milieu du midi» ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF
syr. 346, f. 104v : « ‫» ܕܡܢ ܗܪܟܐ ܐܦ ܿܢܫܬܡܗ ܡܣܡܒܪܝܢܘܣ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܡܨܥܬ ܛܗܪܐ‬. Cette définition
est étrange, on se serait attendu à une définition du genre : « milieu du jour ».
174
Unité angulaire servant à fractionner le degré, qu’on distinguera de la minute temporelle.
Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI. 1, p. 89 : « ces petites divisions que l’on
nomme ἑξηκόστος, c’est-à-dire un soixantième de degré » ; pour le texte (inédit), voir
ms. Paris BnF syr. 346, f. 116r : « ‫ܩܛܝܢܬܐ ̈ܗܢܝܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ ܐܟܣܝܩܘܣܛܐ ܐܘܟܝܬ ܚܕܐ ܡܢ ̄ܣ‬ ̈ ‫ܒܗܘܢ‬
‫» ܕܡܘܪܐ‬.
175
Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 8, p. 357 : « ‫ܥܠܝܗ ܟܝܬ ܘܥܠ ܗܘ ܕܡܢ ܟܠܢܫ ܿܡܢ ܐܝܟ‬
‫ܦܘܐܝܛܐ ܕܝܢ‬̈ ‫ܕܟܘܟܒܐ ܕܡܬܩܪܐ ܓܢܒܪܐ ܇ ܡܢ‬ ̈ ‫ܕܒܣܘܓܐܐ ܡܢ ܕܡܝܘܬܐ ܕܣܕܪܐ ܐܘܟܝܬ ܕܐܣܟܝܡܗܘܢ‬
‫ ; » ܐܘܪܝܘܢ‬p. 364 : « Au sujet de celui qui est nommé par tout le monde le Géant, d’après la
forme de la disposition, c’est-à-dire de la figure des étoiles, et que les poètes (nomment)
Orion […] ». Explication étymologique du nom de ce géant un peu plus loin en ibid. IV. 9,
p. 358 (texte) ; p. 364 : « […] quand les dieux urinèrent sur la peau du taureau qui avait été

321
Établissement et application de critères de datation

- Les paradigmes παράδειγμα176


- Le parallèle παράλληλος177
- Pégase Πήγασος178
- Le périgée τὸ περίγειον179
- Le pôle ὁ πόλος180
- La position astrale ἐποχή181
- Le quart de cercle ou quadrant τεταρτημόριον 182
- La règle σπαθίον183 (pièce de l’astrolabe)
- La section ou segment de cercle τμῆμα184
- La sphère σφαῖρα185
- Le stade (unité de mesure) τό στάδιον186
- Le tropique d’été θερινòς τροπικός 187

tué. A l’aide de leur urine et de la peau du taureau ils firent Orion » ; en marge : « le Géant :
on l’aurait d’abord appelé Ourion parce qu’il provenait de l’urine ». Voir aussi ibid. IX. 3,
p. 388 : « Orion, c’est-à-dire le Géant ».
176
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2. 5. : « ‫ܦܪܐܕܝܓܡܐ ܐܘܟܝܬ ܬܚܘܝܬܐ܆ ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ܆ ܥܡ‬
ܿ ‫ » ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܘܫܦܝܪ ܐܝܬ‬/ « d’après les Tables faciles avec παράδειγμα, c’est-à-dire
‫ܠܗ‬
exemple ».
177
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 28 : « ‫ܚܘܕܪܐ ܕܨ ܡܬܩܪܝܢ ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ ̄ܗ‬
‫ ܐܘ ܕܒܬܪ ̈ܚܕܕܐ‬. ‫ܠܚܕܕܐ‬ ̈ ‫ ; » ܩ̈ܪܝܒܝ‬p. 79 : « 90 cercles correspondants sont appelés παραλλήλοι,
c’est-à-dire : proches l’un de l’autre, ou : qui se suivent l’un l’autre ».
178
Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 3, p. 375 : « ‫; » ܣܘܣܝܐ ܐܘܟܝܬ ܦܝܓܐܣܘܣ‬
p. 377 : « le Cheval [susio], c’est-à-dire Pégase [pegasus] ».
179
Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 12, p. 409 : « il fait périgée, parce qu’il est
plus proche du centre de la terre » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346,
f. 112r : « ‫» ܟܕ ܦܪܝܓܝܘܣ ܿܥܒܕ ܒܕܝܬܝܪ ܩܪܒ ܠܘܬ ܩܢܛܪܘܢ ܕܐܪܥܐ‬.
180
Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 5, p. 87 : « le pôle, c’est-à-dire le centre de
chacun d’eux » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 114v : « ‫ܦܘܠܣ ܐܘܟܝܬ‬
‫» ܩܢܛܪܘܢ ܕܟܠܚܕ‬.
181
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 4, p. 42 : « ‫ܗܦܘܟܝ ܐܘܟܝܬ ܩܘܡܐ‬
‫ « ; » ܕܫܡܫܐ‬l’ ἐποχή , c’est-à-dire la position (‫ )ܩܘܡܐ‬du soleil » (comparer cette traduction
avec celle de Nau, p. 91).
182
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 : « ‫ܥܠ ܛܛܪܛܡܘ̈ܪܝܘܢ ܐܘܟܝܬ ܥܠ‬
‫ ; » ܚܕܐ ܡܢ ܐ̈ܪܒܥ ܕܝܠܗ‬p. 75-76 : « sur un quadrant [τεταρτημόριον], c’est-à-dire sur l’un des
quarts de la tablette ».
183
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 24 : « ‫ܥܠ ܗܕܐ ܛܒܠܝܢ ܪܡܝܢ ܐܡܝܢܐܝܬ‬
‫ ; » ܐܣܦܬܐ ܡܕܡ ܒܕܡܘܬ ܟܢܘܢܬܐ ܿܗܝ ܕ̈ܪܥܝܗ ܡܢ ܚ̈ܪܝܦܢ ܘܥܒܝܕܝܢ ܒܕܡܘܬ ܩܢܛܪܘܢ‬p. 76 : « Sur cette
tablette est fixée une ‫ ܐܣܦܬܐ‬ou « règle » dont les bras sont aiguisés en pointe ».
184
Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1, p. 352 : « les géomètres ainsi que les
astronomes désignent sous le terme de τμῆμα, c’est-à-dire segment, les 12 parties du cercle
nommé zodiaque » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v : « ‫ܓܐܘܡܛ̈ܪܐ‬
‫ܦܣܩܐ ܩܪܘ ܠܡܢ̈ܘܬܐ ̄ܝ ̄ܒ ܕܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ‬ ̈ ‫ܕܛܡܝܡܐ ܐܘܟܝܬ‬ ̈ ܿ ‫ܘܗܢܘܢ ܬܘܒ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬
‫ܒܗܝ‬
‫» ܙܘܕܝܐܩܘܢ‬.
185
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 28 : « ‫; » ܕܐܣܦܝܪܐ ܐܘܟܝܬ ܕܥܠܡܐ‬
p. 79 : « σφαῖρα, c’est-à-dire le monde ».
186
Sév. Seb., Traité sur les constellations XVII. 6, p. 93 : « le stade est de deux cents
pas » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 118v : « ‫ܐܣܛܕܐ ܕܝܢ ܿܗܘܐ ̈ܡܐܬܝܢ‬
‫ܦܣܥܬܐ‬ ̈ ».

322
Établissement et application de critères de datation

- Le tropique d’hiver χειμερινòς τροπικός188


- La Voie lactée γαλαξίας 189
- Le σημεῖον auquel Sévère attribue clairement le sens de zénith190.
- Le zodiaque ζωδιακός191

La densité des translittérations bénéficiant d’une définition dans le


Traité sur les constellations, ajoutée au fait que ce traité a été recopié avant
la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant au sein du manuscrit Paris
BnF syr. 346 192 sont autant d’indices de l’antériorité du traité sur cette
dernière. Sévère s’y plie aux exigences de la définition, ce qu’il ne fait pas
dans la lettre. Il semble assez logique de croire que le fait de définir des
termes astronomiques grecs, de façon assez systématique, trahisse
l’introduction récente de ce répertoire lexical dans la prose syriaque et par
conséquent une acquisition de ce vocabulaire qui ne semble pas pouvoir être
antérieure à Sévère Sebokht. On pourrait bien sûr objecter que les
187
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 4, p. 395 : « dans le θερινòς τροπικός, c’est-
à-dire solstice (litt. changement) d’été » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346,
f. 104r : « ‫» ܬܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܣ܇ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܫܘܚܠܦܐ ܩܝܛܝܐ‬.
188
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 6, p. 396 : « Le quatrième <cercle> est le
χειμερινòς τροπικός, c’est-à-dire le solstice (litt. changement) d’hiver » ; pour le texte
(inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 103v : « ‫ܕܐ̈ܪܒܥܐ ܕܝܢ܇ ܟܝܡܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ܇ ܿܗܢܘ ܕܝܢ‬
‫ ; » ܫܘܚܠܦܐ ܣܬܘܝܐ‬puis ibid. XII. 8, p. 396 : « le Sagittaire tombera sur le χειμερινòς
τροπικός, c’est-à-dire d’hiver, diamétralement opposé à celui d’été » ; pour le texte (inédit),
voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 104r : « ‫ܠܟܫܛܐ ܇ ܬܗܘܐ ܢܦܐܠ ܐܦ ܗܝ ܥܠ ܟܝܡܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ‬
‫ܠܗܘ ܩܝܛܝܐ‬ ܿ ‫» ܐܘܟܝܬ ܣܬܘܝܐ ܕܝܐܡܛܪܐܝܬ‬.
189
Sév. Seb., Traité sur les constellations XI. 1, p. 392 : « le cercle γαλαξίας, c’est-à-dire
lacté, […] est nommé chez les Syriens chemin de ceux qui portent de la paille » ; pour le
ܿ ‫ܗܘܓܐܠܟܣܝܣ ܐܘܟܝܬ ܚܠܒܢܝܐ ܇‬
texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102r : « ‫ܗܘ‬ ܿ ‫ܚܘܕܪܐ‬
ܿ ̈
.‫» ܕܠܘܬ ܣܘ̈ܪܝܝܐ ܡܫܬܡܗ ܫܒܝܐܠ ܕܣܟܠܝ ܬܒܢܐ‬.
190
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 24 : « ‫ܕܨ ܗܝ ܕܣܝܡܐ‬ ̄ ‫ܠܡܘܪܐ ܗܝ‬
̄ ܿ
‫[ ܡܘܪܐ ܗܝ ܕܨ ܒܣܝܡܘܢ‬...] ‫ܬܪܝܨܐܝܬ ܠܥܠ ܡܢ ܩܢܛܪܘܢ ܕܐܪܥܐ ܐܘܟܝܬ ܠܥܠ ܡܢ ܩܪܩܦܬܐ ܕܟܠܚܕ ܡܢܢ‬
. ‫ ; » ܐܘܟܝܬ ܩܢܛܪܘܢ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐ‬p. 75 : « point situé au-dessus du centre de la terre, c’est-à-
dire au-dessus de la tête de chacun de nous […] le 90e degré est au σημεῖον
( ‫ ܣܝܡܘܢ‬/sēmōn), c’est –à-dire au point du milieu du ciel ».
191
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 8, p. 396 : « Le sixième <cercle> est celui
qui est nommé ζωδιακός, c’est-à-dire animal » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF
syr. 346, f. 104r : « ‫ܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܙܘܕܝܐܩܘܢ ܇ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܚܝܘܬܢܝܐ‬ ܿ ‫ܕܫܬܐ ܕܝܢ܇‬ ̈ »). Une définition un
peu différente apparaît dans Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 22 : « ‫ܣܝܡ‬
̈
‫ܙܘܕܝܐ‬ ‫ ; » ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ ܒܕ ܪܫܝܡ ܒܗ ܟܠܚܕ ܡܢ‬p. 74 : « cercle que l’on
nomme ζωδιακός parce qu’il porte les ζώδια ».
192
Il semble que le manuscrit Paris BnF syr. 346 ait été conçu de sorte à présenter les
œuvres de Sévère Sebokht dans un ordre chronologique : il aurait ainsi d’abord composé le
Traité sur l’astrolabe (f. 36v-51v), ensuite le Traité sur les constellations (f. 78r-121v)
dans lequel des renvois au Traité sur l’astrolabe apparaissent, et enfin la Lettre sur les
nœuds ascendants (f. 124v-128v).

323
Établissement et application de critères de datation

destinataires de ces trois compositions (Traité sur l’astrolabe, Traité sur les
constellations et Lettre sur les nœuds ascendant et descendant) ont pu être
différents et d’un niveau inégal en astronomie. Mais nous imaginons
difficilement que Sévère n’ait pas pris soin de communiquer au fur et à
mesure ses travaux astronomiques aux correspondants désireux de ce genre
de lecture, d’autant plus qu’il appartenait à un monastère où la copie de
manuscrits était courante193.
Précisons que le répertoire lexical, que nous considérons comme
récemment intégré à la langue de Sévère, ne concerne que les
translittérations de termes astronomiques grecs dûment définis dans les
écrits de notre auteur ! Car il reste, dans les œuvres de Sévère Sebokht,
d’autres translittérations qui apparaissent à l’état brut, sans équivalent
culturel ni définition d’aucune sorte. Ces termes nous intéressent
particulièrement parce qu’ils donnent peut-être un indice de l’existence de
précédents ouvrages astronomiques syriaques dans lesquels l’étape de
l’assimilation de ce vocabulaire grec a pu se réaliser. S’agit-il d’autres
traités ou lettres de Sévère Sebokht encore antérieurs à la date de rédaction
du Traité sur les constellations ? Ou pourrait-il s’agir de l’œuvre d’un
auteur intermédiaire entre lui et Sergius de Reš‘ayna ? Voici la liste des
mots grecs translittérés pour lesquels nous n’avons trouvé aucune définition
dans les trois écrits astronomiques de Sévère Sebokht (nous excluons les
noms de constellations liés à des personnages mythologiques comme
Andromède, Cassiopée, Céphée, Argo, Persée, etc ; les astérisques indiquent
que le terme apparaît déjà, accompagné d’une définition, chez Sergius de
Rešʻayna) :

- Ἀντάρης (étoile dans le Scorpion),


- Ἀρκτοῦρος (étoile de la constellation du Bouvier),
- Ἀστρολόγος (dans le sens d’astrologue),
- Ἀστρονόμος*,
- Θυτήριον (L’Autel, constellation australe),
- Κῆτος (La Baleine, constellation australe),

193
Cf. TANNOUS, Syria Between Byzantium (diss.), 2010, p. 109-110.

324
Établissement et application de critères de datation

- Βοώτης ou Ἀρκτοφύλαξ (Le Bouvier, constellation boréale)194,


- Ὡρολόγιον (le cadran solaire),
- Κάνωβος (Canope, étoile),
- Κέντρον,
- Κλιμάτα (au pl.),
- Ἡνίοχος (Le Cocher, constellation boréale),
- Κυκνος ou ὄρνις (Le Cygne, constellation boréale),
- Σελίδιον (colonne d’un tableau),
- Κόλουροι (au pl. ; Les colures),
- Σύνοδος (La conjonction)*,
- Δελφῖνος (au gén. ; Le Dauphin, constellation boréale),
- Διάστασις (La distance),
- Ἔκλειψις (L’éclipse),
- Ἐπινέμησις195,
- Γεωμέτρης (Le géomètre),
- Ὓδρα (L’Hydre, constellation boréale)196,
- Ζεύς (planète Jupiter),
- τοῦ βορείου πέρατος (La limite boréale),
- Θηρίον (La Bête ou Centaure, constellation),
- Λύρα (La Lyre, constellation boréale),
- Ἄρης* (planète Mars),
- Μεχεὶρ (Méchir, mois égyptien),
- Ἑρμῆς* (Planète Mercure),
- Μεσημβρία (Midi),
- Ἀναβιβáζων et καταβιβáζων (nœuds ascendant et descendant)*,
- Διάμετρον * (à l’acc. ; l’opposition),

194
Appelé tantôt Βοώτης, tantôt Ἀρκτοφύλαξ dans Sév. Seb., Traité sur les
constellations VI. 3 et 5, p. 375 (texte) ; p. 377 (trad.). On notera que la désignation du
Bouvier sous le terme d’Ἀρκτοφύλαξ n’apparaît jamais dans la Tétrabible (d’après
HÜBNER W. (éd.), Claudius Ptolemaeus vol. III, 1 : Apotelesmatika, Stutgardiae et Lipsiae,
Teubner, 1998). On la trouve en revanche plusieurs fois attestée dans les Phénomènes
d’Aratos (Cf. MARTIN J. (éd.), Aratos, Phénomènes, 2 tomes, Paris, Les Belles Lettres,
1998).
195
L’épinémesis est l'indiction, période de 15 ans liée à l'impôt et couramment utilisée
pour les datations.
196
Noter que le syriaque translittère la forme au féminin, comme celle que l’on trouve dans
les Phénomènes d’Aratos : « Ὕδρην » (cf. Arat., Phaen. [éd. MARTIN], t. 1, v. 444). La
Tétrabible emploie quant à elle un masculin : τὸν Ὕδρον (cf. Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER],
Livre 1, 655, p. 41).

325
Établissement et application de critères de datation

- Παχών (mois égyptien),


- Παράλλαξις (La parallaxe),
- Εἰκοσαπενταερίδες (Périodes de 25 ans),
- Πανσέλενος (La pleine lune),
- Προκύων (constellation),
- Προτρυγητήν (à l’acc. ; étoile dans le Lion),
- Τετραπλευρά (Le quadrilatère),
- Κρόνος (Planète Saturne),
- Προχείροι κανόναι (Les Tables de calcul ou Tables faciles),
- Ἀποτομή (La section),
- Σείριος (Sirius, étoile dans le Chien),
- Τετράγωνον* (à l’acc. ; le carré),
- Thoth (Mois égyptien),
- Τρίγωνον* (à l’acc. ; le trigone),
- Ἀφροδίτη (Vénus).

Nous pouvons d’ores et déjà ne pas tenir compte de tous les termes
qui ont déjà fait l’objet d’une définition précise chez Sergius de Rešʻayna et
qui, de ce fait, doivent désormais être considérés comme faisant partie
intégrante du vocabulaire syriaque (il s’agit des termes marqués d’un
astérisque).
Nous pouvons également écarter les termes techniques relatifs à
l’astrolabe car il faut savoir que toute la première partie du Traité sur
l’astrolabe est consacrée à une description de cet instrument et de tous ses
composants. Nous ne tiendrons pas non plus compte de tout le vocabulaire
qui se rapporte aux Tables faciles de Ptolémée (à savoir les parallaxes, les
colonnes, les exemples, la limite boréale, les périodes de 25 ans et le nom
des mois égyptiens utilisés par les astronomes grecs d’Alexandrie), puisque,
comme nous l’avons expliqué précédemment, Sévère dit clairement avoir
envoyé une traduction de cet ouvrage ou l’ouvrage lui-même à son
correspondant l’Illustre Stéphane.

326
Établissement et application de critères de datation

En somme il ne nous reste pratiquement plus que des termes relatifs aux
constellations astrales. La sphère d’airain dont parle Sévère Sebokht197 est
présentée comme étant une création d’Aratos sur laquelle il est possible de
lire le nom de toutes les étoiles qui portent un nom, et de visualiser les
constellations astrales. Les Phénomènes d’Aratos, cités plusieurs fois dans
le Traité sur les constellations, étaient bien connus de Sévère Sebokht. On
sait par ailleurs que le manuscrit parisien (ms. Paris BnF syr. 346), celui qui
contient justement les œuvres de Sévère Sebokht, présente la traduction
syriaque d’un autre texte astrologique grec où sont énumérées les étoiles et
les constellations : il s’agit de la Tétrabible (ou Apotelesmatica)198 attribuée
à Claude Ptolémée199.
Nous avons comparé les translittérations de Sévère afférant à ce
lexique avec la terminologie grecque employée d’une part dans les
Phénomènes d’Aratos (quand cette terminologie est attestée par le
témoignage d’Hipparque) et d’autre part dans le Livre I de la Tétrabible de
Ptolémée. Quelques remarques à ce sujet :
- Sévère emploie deux termes (Κάνωβος et Κύκνος) qu’on ne retrouve
en amont dans aucun des deux textes grecs précités.
- Sévère translittère le nom de l’étoile Ἀντάρης qui ne figure pas chez
Aratos, mais qu’on trouve attesté dans la Tétrabible.
- Trois noms translittérés par Sévère (Θυτήριον, Ἀρκτοφύλαξ et
Σείριος200) sont présents chez Aratos mais absents de la Tétrabible.

Le fait que Sévère translittère du grec deux noms absents de nos


sources grecques s’explique facilement : Canope étant la deuxième étoile la

197
Sév. Seb., Traité sur les constellations III, 2, p. 352 ( « Celui qui a fait la sphère d’airain
n’a pas trouvé ici, je veux dire sur la sphère céleste, d’étoile qui aient une telle forme, aussi
il a laissé cette partie de la sphère sans représentation et sans nom » ) ; pour le texte (inédit),
voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v-84r.
198
L’énumération des étoiles et de leurs constellations est lisible dans Ptol., Apotel. [éd.
HÜBNER], I, p. 38-41.
199
Les huit premiers feuillets, contenant ce texte, qui manquent dans le Paris BnF syr. 346,
se trouvent dans le ms. Paris BnF syr. 392. A. (Cf. BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits
syriaques, 1997, p. 109).
200
Nous savons que ces trois termes étaient bien ceux qui furent employés en grec par
Aratos (et qu’ils ne résultent donc pas d’une traduction byzantine tardive) grâce au
témoignage qu’en fait Hipparque (voir à ce propos l’édition critique du texte des
Phénomènes d’Aratos réalisée par Jean Martin - MARTIN J.(éd.), Aratos, Phénomènes, 2
tomes, Paris, Les Belles Lettres, 1998 - et en particulier, pour Ἀρκτοφύλαξ au vers 92 ;
pour Σείριος au vers 332 et pour Θυτήριον au vers 403).

327
Établissement et application de critères de datation

plus brillante du ciel, elle devait faire partie du vocabulaire de base d’un
amateur d’astronomie. Le terme Κύκνος quant à lui est déjà attesté dans les
productions syriaques antérieures à Sévère comme chez Jacques de Saroug
pour désigner la constellation. La présence de ces deux translittérations dans
le Traité sur les Constellations ne nous entraine donc pas nécessairement
sur la piste d’une autre source grecque.
Ἀντάρης, bien que ne figurant pas dans le traité d’Aratos, est un nom
qui porte en lui-même sa propre signification : ant- Ares, désignant l’étoile
la plus brillante du Scorpion, d’un aspect rouge semblable à Mars. Mars (ou
plutôt Arès en grec) faisant partie du vocabulaire syriaque, la signification
du nom Ἀντάρης devait paraître évidente au lecteur et à Sévère en premier
lieu.
En revanche les trois noms qui ne se trouvent pas dans la Tétrabible
mais que Sévère translittère du grec nous donnent un indice fort de la source
d’information de l’auteur syriaque : si Sirius est une étoile bien connue dans
l’Antiquité, le terme Ἀρκτοφύλαξ pour désigner la constellation du Bouvier
et celui de Θυτήριον pour désigner l’Autel (qui est une des constellations du
Centaure) peuvent difficilement avoir fait partie du bagage lexical courant
d’un locuteur syriaque aussi cultivé soit-il. Nous sommes donc en mesure de
confirmer que la source grecque influant sur la rédaction de Sévère (du
moins au moment où il rédige son Traité sur les constellations) a pu être le
traité d’Aratos. Un dernier indice vient appuyer cette relation : il s’agit de la
translittération du nom de l’Hydre qui court à trois reprises sous la plume de
Sévère au genre féminin : ‫[ ܗܘܕܪܐ‬hudra]. La forme féminine du nom de
l’Hydre est attestée chez Aratos, quand la Tétrabible recourt à la forme
masculine du terme pour désigner la constellation, soit Ὕδρος.

Nous sommes ainsi en mesure de retrouver la trace de toutes les


translittérations du lexique astronomique grec qui apparaissent chez Sévère
Sebokht sans définition : elles résultent soit d’une traduction antérieure d’un
texte grec (Aratos, Les Phénomènes ; Traité sur l’astrolabe ; Petit
Commentaire aux Tables Faciles de Claude Ptolémée par Théon
d’Alexandrie), soit d’une assimilation précoce du terme grec dans la langue
courante syriaque (comme pour le nom des planètes Mars et Mercure), soit
328
Établissement et application de critères de datation

d’un héritage d’autres auteurs syriaques ayant traité d’astronomie en


subissant l’influence linguistique du grec (Sergius de Reš‘ayna).
À la lumière de ces remarques, force est de constater que le faible
emploi de mots grecs dans la prose de Sergius incite à croire qu’il n’ait pas
connu de nombreux prédécesseurs dans le champ des études astronomiques,
même si l’on tient compte du fait que les traducteurs syriaques ayant
précédés Sergius avaient pu favoriser la technique de l’équivalent culturel.
Le cas de Sévère Sebokht est différent, mais en tout état de cause il semble
que l’enrichissement considérable de son vocabulaire (issu du grec) soit dû
au fait qu’il ait lui-même préalablement traduit des ouvrages astronomiques
du grec, exception faite des expressions servant à désigner les constellations
qui sont vraisemblablement prises d’une traduction des Phénomèmes
d’Aratos qui lui est peut-être antérieure.

c. Les néologismes syriaques

À force de se mesurer aux traités grecs, les auteurs syriaques


des VIe et VII
e
siècles créèrent un langage astronomique particulier :
composé de mots translittérés du grec, il s’est aussi peu à peu nourri d’un
nouveau type de néologismes. Nous distinguerons, parmi ces néologismes,
ceux forgés sur des racines sémitiques, de ceux construits sur des racines
translittérées du grec. Ces mots ont pour point commun de présenter une
suffixation syriaque.
Afin de procéder à la validation des critères de datation fixés par
S. P. Brock, nous avons limité notre étude aux néologismes suffixés en –oyo
(adjectifs), –ono (noms ou ajectifs) , -onuto (noms féminins) et -onoit
(adverbes).
En l’absence d’un corpus syriaque informatisé201 comparable au TLG
ou au TLL, nous nous sommes appuyée, pour notre étude, sur les deux

201
Un tel projet est actuellement en cours, mis en œuvre par l’action coordonnée de deux
laboratoires du CNRS : l’IRHT, section grecque (avec André Binggeli et Muriel Debié) et
de l’UMR 8167 (avec Françoise Briquel-Chatonnet et Alain Desreumaux), dans le cadre du
projet SYRAB de l’ANR. Il verra prochainement le jour sous la forme d’une base de
données, accessible par internet, intitulé « e-ktobe : manuscrits syriaques ». Le site est
hébergé par e-corpus.

329
Établissement et application de critères de datation

meilleurs outils disponibles à ce jour : le Syriac Lexicon de Sokoloff202 et le


Thesaurus syriacus de Payne Smith203.

- Les adjectifs en –oyo -

Les recherches menées par S. P. Brock204 ont montré qu’aux IV


e
et
e
V siècles de notre ère, les traducteurs syriaques ont eu tendance à recourir à
la juxtaposition de deux noms pour rendre compte d’un nouveau concept.
e e
Aux VI et VII siècles, les traducteurs dépassèrent cette difficulté en créant
de nouveaux adjectifs composés du suffixe –oy(o). Ce suffixe est intéressant
à relever parce qu’il était d’un usage très limité aux IVe et Ve siècles. Notons
qu’il servit également à former des noms et des adverbes.
Voici la liste des néologismes en –oy(o) présents chez Sergius de Rešʻayna
et chez Sévère Sebokht :

- Sergius de Rešʻayna, Traité sur l’action de la lune


205 ̈
‫ܐܝܚܝܕܝܬܐ‬ [iḥidoyoto] (adj. fém. pl. subs.)  les particularités (?)
206
‫[ ܡܨܥܐܝܬ‬meṣʻoyt] (adv.)  au milieu

- Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant

207
‫[ ܣܗܪܢܝܬܐ‬seharnoyto] (adj. fém.) lunaire

202
SOKOLOFF M., A syriac lexicon. A translation from the Latin, Correction, Expansion,
and Update of C. Brockelmann’s Lexicon Syriacum, Winona Lake/Piscataway,
Eisenbrauns/Gorgias Press, 2009.
203
Thesaurus Syriacus auxit digessit exposuit edidit R. PAYNE SMITH, Oxonii,
E Typographeo Clarendoniano, 1879, 2 vol (vol. 1 : 1879 ; vol. 2 : 1901).
204
Toute notre étude sur les adjectifs en –oyo reprend les critères exposés par S. P. Brock
dans BROCK, « Diachronic aspects », 1990 p. 321-331 (voir en particulier p. 322). Nous
cherchons à valider ces critères pour la littérature astronomique.
205
Non attesté d’après SOKOLOFF. Dans Thes syr. le terme est attesté, en dehors de Sergius,
dans sa forme pluriel pour désigner des propriétés particulières chez Jacques de Saroug,
Homélie 177 (VIe s.) et dans des traductions de Théodore de Mopsueste.
206
SOKOLOFF le signale uniquement dans une lettre de Sévère d’Antioche (cf. PO 12, 1919,
p. 299 : la traduction syriaque de cette lettre en l’occurrence est d’Athanase de Nisibe, soit
de la fin du VIIe s-déb. VIIIe s.) dans le sens de « ambigu ». Selon Thes. syr., ce terme est en
usage seulement à partir du VIe s. : première attestation dans la troisième partie de l’Histoire
Ecclésiastique de Jean d’Éphèse (cf. CSCO syr. 54-55, 1952).
207
D’après Thes. syr. et SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif dans un
texte attribué à Hippolyte de Rome (la traduction syriaque de ce texte est conservée dans un
manuscrit du VIIIe s. Voir le texte dans LAGARDE P. (DE) (éd.), Analecta Syriaca, 1858,

330
Établissement et application de critères de datation

208
‫[ ܫܡܫܢܝܬܐ‬šemšnoyto] (adj. fém.)  solaire
209
‫[ ܦܐܢܣܠܝܢܝܩܝܬܐ‬panseleniqoyto] (adj. fém.)  en pleine lune
210
‫[ ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐ‬sunodiqoyto] (adj. fém)  en conjonction

Traité sur l’astrolabe (1ère partie)

211
‫[ ܡܠܝܠܝܬܐ‬mliloyto] (adj. fém)  logique, rationnel
212
‫[ ܛ̈ܪܘܦܝܩܝܬܐ‬tropiqoyto] (adj. fém)  tropicales
213
‫[ ܐܝܣܡܗܪܝܐ‬isemehroyo] (adj. masc.)  équatorial

Les néologismes forgés par l’ajout d’un suffixe en –oy(o) sont très
limités chez Sergius de Rešʻayna et concernent plutôt le vocabulaire hérité
de ses traductions du corpus logique aristotélicien. En revanche chez Sévère
Sebokht le procédé est plus couramment employé et, ce qui nous intéresse

p. 90) ; il est ensuite attesté dans la chronique de Bar Hebraeus (XIIIe s.). Nous avons trouvé
cet adjectif au féminin dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds 2. 5. 3.
208
D’après SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif chez Georges des
Arabes (VIIIe s.) (cf. George Ar. [éd. RYSSEL], p. 35) ; on le trouve ensuite chez Michel le
Syrien (J. B. CHABOT (éd.), Chronique de Michel le Syrien, patriarche jacobite
d’Antioche, 1166-1199, vol. 4, 1910, 264c : 35) et dans la chronique de Bar Hebraeus.
209
Cet adjectif n’est attesté ni par SOKOLOFF ni dans Thes. syr. Il s’agit d’une
translittération de l’adjectif grec πανσεληνικὸς auquel le syriaque a ajouté le suffixe –oyo :
voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 5.
210
Suffixé de cette manière, l’adjectif n’est pas attesté dans Thes. syr. (voir Thes. syr. t. 2,
p. 2675 sous la racine -‫)ܣܢܗܕ‬. D’après SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet
adjectif, sous ce sens, chez Georges des Arabes (VIIIe s. ; cf. George Ar. [éd. RYSSEL],
p. 26). Mais l’adjectif, dans le sens de « synodal » pour qualifier les rassemblements
ecclésiastiques était utilisé déjà dans les Synodes orientaux (cf. J. B CHABOT, Synodicon
orientale, ou, Recueil de synodes nestoriens (Notices et extraits des manuscrits de la
Bibliothèque Nationale et autres bibliothèques, 37), 2 vol., Paris, 1902, p. 130).
L’attestation de cet adjectif dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 5, dans le sens de
« conjonction » est donc pour l’instant la plus ancienne.
211
Non attesté d’après le Thes. syr. D’après SOKOLOFF on trouve la première attestation de
cet adjectif dans Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 21 (texte). On le
trouve également dans les œuvres des grammairiens Elie (BAETHGEN F. (éd.), Syrische
Grammatik des Mar Elias von Tirham, Leipzig, 1880, p. 17) et dans le glossaire de
HOFFMANN G. (éd.), De Hermeneuticis apud Syros Aristoteleis, Leipzig, 1869, p. 188 (pour
τὸ λογιστικόν).
212
Forme adjectivale uniquement attestée, selon le Thes. syr., chez Bar Hebraeus. D’après
SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif dans Sév. Seb., Traité sur
l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 22 (texte), mais aussi dans les chapitres, dédiés à la
géographie, édités par SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 128. Attribués à Sévère Sebokht,
ces chapitres (17 et 18) sont les derniers du Traité sur les constellations. Il faut ensuite
attendre Bar Hebraeus (XIIIe s.) pour une autre occurrence de cet adjectif.
213
Forme adjectivale attestée, selon Thes. syr., t.1, p. 162, chez Bar Hebraeus, sous
l’orthographe ‫ܐܝܣܝܡܝܪܝܐ‬. D’après SOKOLOFF on trouve cet adjectif attesté au plus tôt chez
Sévère Sebokht (Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 30 (texte) et
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 127).

331
Établissement et application de critères de datation

particulièrement, il affecte le vocabulaire astronomique syriaque. Sur les


huit cas que nous avons relevés dans la Lettre sur les nœuds ascendant et
descendant et dans la première partie du Traité sur l’astrolabe, trois sont
construits par l’ajout du suffixe –oy(o) à une racine sémitique (‫ܣܗܪܢܝܬܐ‬
[seharnoyto], ‫[ ܫܡܫܢܝܬܐ‬šemšnoyto] et ‫[ ܡܠܝܠܝܬܐ‬mliloyto]). Dans les autres
cas, Sévère ajoute le suffixe directement à la forme translittérée du grec : on
passe ainsi de συνοδικ-ός (gr.) à sunodik-oyo (syr.) ; de πανσεληνιακ-ός
(gr.) à panselenik-oyo ; de τροπικ-ὸς (gr.) à ṭropiq-oyo (syr.) et de ἰσημερ-
(ιν)ὸς (gr.) à isemehr-oyo (syr.).
Il faut noter que ce dernier type de néologismes en –oyo (ceux donc
construits à partir des formes translittérées du grec) proposé par Sévère
Sebokht ne connut pas une grande postérité : en dehors de l’adjectif
sunodikoyo, utilisé par ailleurs pour qualifier les réunions d’évêques, on ne
trouve plus trace ensuite de ces adjectifs ni dans la littérature astronomique
syriaque ni dans la littérature syriaque tout court. Nous trouvons seulement
une occurrence de l’adjectif signifiant « tropical » chez Grégoire Abul Farag
dit Bar Hebraeus dont on sait très bien qu’il travaillait à partir d’un
manuscrit contenant les œuvres astronomiques de Sévère Sebokht.
Nous avons relevé, de façon cependant non exhaustive, d’autres
néologismes suffixés en –oyo dans le reste de l’œuvre de Sévère Sebokht
(seconde partie du Traité sur l’astrolabe et Traité sur les constellations) :

214
‫ܐܢܛܐܪܩܛܝܩܝܐ‬ [anṭarcṭiqoyo]  antarctique (adj.)
215
‫ܐܪܩܛܝܩܝܐ‬ [arcṭiqoyo]  arctique (adj.)

214
Il s’agit de la translittération de l’adjectif grec ἀνταρτικ-ός auquel on a greffé le suffixe
–oyo. Cette forme n’est attestée ni dans le Thes. syr., ni dans SOKOLOFF, ce dernier ne
recensant que la forme en –us.
215
Il s’agit de la translittération de l’adjectif grec ἀρτικ-ός auquel on a greffé le suffixe –
oyo. Cette forme n’est attestée ni dans le Thes. syr., ni dans SOKOLOFF, ce dernier ne
recensant que la forme en –us : ‫[ ܐܪܩܛܝܩܘܣ‬arqtiqus]. Pourtant on retrouve la forme suffixée
en –oyo au moins deux fois dans le Traité sur les constellations (Sév. Seb., Traité sur les
constellations XIV. 12, p. 409 ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 112r et
112v).

332
Établissement et application de critères de datation

-
Les néologismes en –ono, -onuto et onoit -

Un autre type de néologisme est de plus en plus fréquemment utilisé


entre le IVe et le VIIe siècle216. Ce sont les noms d’agent formés en –ono, les
mots abstraits formés en –onuto et les adverbes formés à l’aide du suffixe -
onoyt. Voici les néologismes que nous avons trouvés formés à l’aide de ces
suffixes chez Sergius et Sévère :

Sergius de Rešʻayna, Traité sur l’action de la lune

217
‫[ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬meštouryonuto] (nom fém.)  la conjonction
218
‫[ ܡܣܩܢܐ‬masqono] (nom masc.)  l’ascendant
219
‫[ ܡܚܬܢܐ‬maḥtono] (nom masc.)  le descendant
220
‫[ ܡܥܩܒܢܐ‬mʻaqbono] (adj.) adonné à221

Sévère Sebokht, Traité sur l’astrolabe

222
‫[ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐ‬metnasbonuto]  la compréhension
223
‫[ ܕܝܦܢܐ‬dipono]  bipartite

216
D’après BROCK, « Diachronic aspects », 1990, p. 321- 331.
217
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 : le terme y est donné comme équivalent
à συνοδός. D’après SOKOLOFF, il n’y a pas d’autre attestation. Le Thes. syr. ne recense pas
ce terme.
218
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Ce terme n’est pas vraiment un
néologisme, puisque la forme est attestée avant Sergius, sans être jamais utilisée dans un
cadre astronomique. Nous le laissons apparaître dans cette liste pour faire un parallèle avec
le terme désignant le nœud descendant.
219
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Les premières attestations de ce mot se
retrouvent, dans un sens non astronomique, chez un contemporain de Sergius : Jacques de
Saroug (BEDJAN P., Homiliae Selectae Mar-Jacobi Sarugensis, vol. 3, 1907, p. 204) et dans
une traduction de Jean d’Ephèse (BROOKS E. W., John of Ephesus, Lives of the Eastern
Saints, PO 17, 1923, p. 85).
220
Non recensé par le Thes. syr. D’après SOKOLOFF ce terme n’est attesté que chez Sergius
médecin. Voir en l’occurrence sa traduction de Galien dans MERX A., « Proben der
syrischen Uebersetzung von Galenus’Schrift über die einfachen Heimittel », Zeitschrift der
Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, Bd 39, p. 263.
221
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 4. Équivalent au grec περίεργος.
222
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 21 (texte). D’après SOKOLOFF il
n’y a pas d’autre attestation de ce mot qui n’est, d’ailleurs, pas attesté dans le Thes. syr.
223
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 (texte). Donné comme
équivalent au grec διπλοῦς. D’après le Thes. syr. et SOKOLOFF il n’y a pas d’autre
attestation de ce mot. Jean Philopon, dans le même contexte, utilisait les termes de
διμοιρίαιοι et de τριμοιρίαιοι (cf. Jean Phil., Traité de l’Astr. [éd. SEGONDS]).

333
Établissement et application de critères de datation

224
‫[ ܛܪܝܦܢܐ‬ṭripono]tripartite
225
‫[ ܡܕܪܟܢܘܬܐ‬madrkonuto] la compréhension
226
‫[ ܡܬܟܪܟܢܘܬܐ‬metkarkonuto]  la révolution
227
‫[ ܡܥܗܕܢܐܝܬ‬mʻahdonoyt]  de façon claire (litt. explicitement)
228
‫[ ܡܙܕܥܙܥܢܐܝܬ‬mezd‘ez‘onoyt]  de façon mobile

Sur les dix néologismes créés avec le suffixe -ono, six regardent le
vocabulaire astronomique. Sergius voulut créer au sein de la langue syriaque
un équivalent au συνοδός grec mais sa proposition fut abandonnée par
Sévère Sebokht qui privilégia la forme translittérée du grec. D’ailleurs,
après Sergius, on n’entendra plus jamais parler, semble-t-il, de
meštaourionuto pour désigner une conjonction astrale.
Le nœud ascendant (ἀναβιβáζων) et le noeud descendant
(καταβιβáζων) deviennent : le montant (‫[ ܡܣܩܢܐ‬masqono]) et le descendant
(‫[ ܡܚܬܢܐ‬maḥtono]). Remarquons que les néologismes proposés par Sergius
pour désigner les nœuds (ascendant et descendant) ne furent manifestement
fournis que pour expliciter ponctuellement le terme translittéré du grec,
puisqu’il n’utilise plus par la suite que les termes translittérés.

Quant à Sévère Sebokht, on constate une nouvelle fois qu’il peut


forger des néologismes aussi bien à partir de racines sémitiques (comme
pour ‫[ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐ‬metnasbonuto], ‫[ ܡܕܪܟܢܘܬܐ‬madrkonuto] et ‫ܡܥܗܕܢܐܝܬ‬
[mʻahdonoit]), qu’à partir de formes translittérées du grec comme pour ces
adjectifs utilisés pour qualifier les degrés de « διπλοῦς » (bipartites) ou de

224
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 (texte). Donné comme
équivalent au grec τριπλοῦς. On attestation recensée par le Thes. syr. SOKOLOFF trouve une
autre attestation de cet adjectif dans BUDGE (éd.), Syrian Anatomy , 1913, p. 311.
225
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 31 (texte). D’après SOKOLOFF on
trouve ce terme également dans HOFFMANN (éd.), Apud Syros, 1869, p. 167 (= κατάληψις).
Non recensé par le Thes. syr.
226
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 31 (texte). On trouve une autre
attestation de ce terme dans une traduction de Jacques d’Edesse achevée en 701 A.D.
(cf. PO 4, p. 17) et dans Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT], p. 147 (texte) ;
p. 123 (traduction) ; puis dans le Causa causarum [éd. KAYSER], p. 193 et chez
Bar Hebraeus.
227
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 35 (texte).
228
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 11 (Paris BnF syr. 346, f. 104v).

334
Établissement et application de critères de datation

« τριπλοῦς » (tripartites). Sévère fait un découpage étrange de ces formes


(en dip- et trip-) et leur ajoute le suffixe adjectival en –ono.

En somme l’étude des néologismes suffixés en –oy(o), –ono et


leurs dérivés s’avère riche d’enseignements au sujet du langage
e e
astronomique qui est en train de se forger aux VI et VII s. apr. J.-C. : la
langue syriaque ne se contente pas simplement d’intégrer le vocabulaire
grec, elle tente aussi de trouver en elle-même les ressources pour exprimer
des concepts astronomiques. Notre étude sur les néologismes, qui complète
celle menée sur les translittérations et sur les traductions dites en miroir,
révèle que cette tentative de création d’un vocabulaire astronomique
proprement syriaque s’est effectuée la plupart du temps sur du vocabulaire
relativement courant (la planète, la conjonction, les adjectifs solaire et
lunaire, …). Enfin nous notons que peu d’innovations linguistiques de
Sergius et de Sévère furent retenues par la postérité. Si Sévère ne retient
aucune des propositions de Sergius (pour désigner notamment la
conjonction astrale et les nœuds ascendant et descendant), forgées sur des
racines sémitiques, les propositions de Sévère, qui aime à suffixer sur un
mode syriaque des translitérations de termes grecs, ne furent pas davantage
retenues par ses successeurs, puisqu’un bon nombre de ces termes ne sont
attestés que chez lui.
Les écrits astronomiques de Sergius et de Sévère nous apparaissent
comme des sphères linguistiques relativement hermétiques : sortes de bulles
émanant à chaque fois d’une initiative individuelle, et qui ne semblent pas
avoir dépassé le cercle des disciples directs 229 . Mais toute tentative de
théorisation à ce sujet ne peut pour l’instant aboutir qu’à une impasse. Nous
manquons de sources, de sources astronomiques syriaques datées. Il faut
pour l’instant se contenter d’observer. Venons-en maintenant à l’examen
des particules de liaison ou connecteurs logiques.

229
Le lexique astronomique développé par Sévère Sebokht se retrouve en effet
partiellement dans les ouvrages, relatifs à l’astronomie, de deux de ses disciples, à savoir
Jacques d’Édesse (dans Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT]) et Georges des Arabes (dans
George Ar. [éd. RYSSEL]). Mais certains termes d’usage courant chez Sévère (comme la
translittération du mot grec servant à désigner les degrés) ne se retrouvent pas chez eux.

335
Établissement et application de critères de datation

d. Les connecteurs logiques

Dans un article de 1983230, S. P. Brock explique qu’avant le VI


e

siècle les traducteurs avaient peu pratiqué la correspondance entre les


connexions grecques et syriaques. Ce n’est qu’ensuite que, l’équivalence
formelle devenant la norme, les syriaques se mirent de façon systématique à
e
rendre les particules δέ, γάρ et οὑν par den, ger et hakil. Au cours du V

siècle étaient déjà apparues les particules man (< gr. μέν) et badgun (< gr.
γοῦν), tandis que eiṭa (< gr. τε) et kit (dont l’usage correspond à celui de la
particule grecque γε) semblent être des innovations du VIIe siècle.

Notre repérage des particules syriaques s’est effectué de la manière


suivante : nous avons comparé l’usage que Sergius de Rešʻayna faisait des
particules de liaison dans un texte qu’il a traduit du grec (De Mundo)231 et
dans un ouvrage qu’il a produit directement en syriaque (Traité sur l’action
de la lune)232. Cette observation s’est effectuée sur des longueurs de texte
égales. Il en est résulté que son usage des particules s’effectuait dans des
proportions similaires, nous confortant dans l’idée que nous pouvions
étendre notre examen à des textes astronomiques qui n’étaient pas
nécessairement traduits du grec, mais dont la langue pouvait être tenue pour
le véhicule d’un savoir exprimé en langue grecque. Nous avons ensuite
relevé les particules en usage dans les travaux de Sévère Sebokht sur une
longueur de texte équivalente, c’est-à-dire dans la Lettre sur les nœuds
ascendant et descendant 233 et dans la première partie du Traité sur
l’astrolabe234.

230
BROCK, « Syriac translation », 1983, p. 1-14.
231
Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE]. Afin d’obtenir une longueur de texte équivalente à
celle du Traité sur l’action de la lune, nous avons dû limiter notre examen aux chap. 1 à 4
compris (sans tenir compte du prologue), ce qui correspond aux fol. 107v-115v du ms. BL
Add. 14 658.
232
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune. Le texte s’étend des f. 141v à 149v du
BL Add. 14 658.
233
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant éditée et traduite dans la
seconde partie de cette thèse à partir du ms. Paris BnF syr. 346, f. 124v-127v.
234
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], p. 20-35 (= f. 82v-87v du manuscrit
Berlin syr. 186).

336
Établissement et application de critères de datation

Voici le tableau qui résulte de ces relevés :

Sergius de Reš‘ayna Sévère Sebokht


(VIe s.) (VIIe s.)
Mu. syr. Traité sur l’action
de la lune
e
V s.
‫ ܿܡܢ‬/man 17 1 23

‫ ܒܕܓܘܢ‬/badgun 2 4 2
e
VI s.
‫ܕܝܢ‬ /den 125 84 93

‫ܓܝܪ‬ /ger 13 42 14

‫ ܗܟܝܠ‬/hakil 17 24 3
e
VII s.
‫ܐܝܛܐ‬/eiṭa 0 0 0

‫ ܟܝܬ‬/kit 0 0 17

Nous obtenons un relevé qui s’inscrit parfaitement dans les grandes


lignes descriptives de S. P. Brock : la particule kit est, selon le chercheur,
une innovation des traducteurs du VIIe siècle. Nous constatons effectivement
que si cette particule (qui fait office de conjonction de coordination) est
présente dix-sept fois dans les écrits retenus de Sévère Sebokht, en revanche
nous ne la trouvons pas une seule fois dans tout le Traité sur l’action de la
lune de Sergius de Rešʻayna. Il faut également signaler que cette particule a
un autre pendant en aukit ( ‫ ) ܐܘܟܝܬ‬qui signifie « c’est-à-dire ». Elle sert
souvent à expliciter une translittération d’un terme technique grec. Nous
l’avons trouvée trente et une fois dans notre sélection de textes de Sévère
Sebokht. Elle n’apparaît en revanche jamais chez Sergius.

e
C’est à partir du VI siècle que le recours aux particules den, ger et
hakil serait selon S. P. Brock, devenu la norme pour rendre l’équivalence
aux particules grecques δέ, γάρ, οὖν. Effectivement, Sergius utilise déjà
abondamment ces particules. Sévère Sebokht en fait un usage un peu moins

337
Établissement et application de critères de datation

fréquent, mais tout cela est très relatif : on trouverait difficilement une page
de Sévère sans deux ou trois de ces particules. Nous remarquons par ailleurs
que la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant présente une densité de
particules bien supérieure à celle du Traité sur l’astrolabe : on trouve 53
den dans la Lettre et seulement 40 dans la première moitié du Traité. Or
rappelons que la Lettre est trois fois moins longue que la première partie du
Traité sur l’astrolabe. On pourrait faire la même remarque à propos de la
particule man. La présence des autres particules reste proportionnelle à la
longueur des textes.
Den est de loin la particule la plus usitée et chez Sergius et chez
Sévère, comme en rend compte le tableau ci-dessus. Nous constatons qu’au
moment où Sévère traduit littéralement des passages du grec, la fréquence
de ce den augmente considérablement. Cette remarque est également valable
pour les ouvrages de Sergius qui présentent une densité en den plus
importante quand ils sont traduits du grec. On observera enfin que cette
particule est quasiment absente des titres, des incipit et des excipit de chacun
de ces écrits astronomiques. Une forte concentration de den dans un texte
syriaque de cette période pourrait donc bien indiquer une certaine proximité
avec un texte grec.

3. Bilan de l’application des critères de datation

Le bilan s’avère positif. Nous avons validé, les uns après les autres,
les critères de datation fixés par S. P. Brock. On constate effectivement un
changement d’attitude entre Sergius et Sévère vis-à-vis des sources grecques
et vis-à-vis des destinataires de leurs écrits. Si Sergius cherche avant tout à
mettre un savoir astronomique grec à la portée de son lecteur en prenant
soin de créer des néologismes en syriaque pour rendre compte de nouveaux
concepts, sans jamais hésiter à mettre ostensiblement des distances vis-à-vis
de l’ « esprit » de sa source, les écrits de Sévère, quant à eux, ne portent,
selon nous, pas la moindre trace de polémique. Nous avons dû, à ce propos,
montrer que F. Nau avait mal interprété certains passages attribués (ou
faussement attribués) à Sévère au sujet de l’origine de la science

338
Établissement et application de critères de datation

astronomique. Il semble plus vraisemblable que l’évêque de Qennešrin ait


cherché, au contraire, à promouvoir le savoir astronomique grec et à
transmettre les concepts et les écrits de Claude Ptolémée et de Théon
d’Alexandrie le plus fidèlement possible : cette fidélité se manifeste entre
autre par une augmentation considérable des termes translittérés du grec
(qu’il s’agisse de translittérations brutes ou de translittérations suffixées
selon un procédé propre à la langue syriaque), par le recours à la traduction
en miroir dite « convergente » et par le décalque du système des particules
grecques, avec notamment l’apparition du kit, qu’on ne trouve pas avant le
e
VII s. Nous avons vu enfin que la densité des particules man, den et ger
pouvait éventuellement indiquer un passage traduit du grec dans une
production syriaque.

L’application de tous ces critères nous permet de différencier des


traductions, ou productions fortement influencées par le grec, élaborées
e
entre le IV et le VIIe s. Cependant le chercheur qui se trouve face à un texte
e
anonyme syriaque contenu dans un manuscrit du XIV ou du XVe s., comme
c’est le cas du ms. Paris BnF syr. 346 ou du ms. Vat. sir. 555, est confronté
e
au dilemme suivant : comment différencier un texte du VII s. d’un texte du
e
IX , du Xe ou du XIe siècle ?
S. P. Brock apporte des éléments de réponse dans un ouvrage de 1984
intitulé Syriac Perspectives on late antiquity235 : en 708 apr. J.-C. le grec a
cessé d’être la langue officielle au Proche-Orient pour céder la place à
l’arabe. Suite à cette évolution linguistique régionale, les savants eurent un
accès de plus en plus difficile aux textes grecs. Dans ces conditions le
signifiant perdit de son importance : les traducteurs se concentrèrent sur le
message à transmettre et trouvèrent un compromis entre le résumé (pratiqué
e e
aux IV – V siècles) et la traduction servile littérale, en adoptant une
technique de traduction qui fit de la phrase une unité de traduction. Il faut
e
donc s’attendre, face à un texte astronomique syriaque produit après le VIII

siècle, à lire un texte syriaque moins influencé par le grec (absence de


translittération, de traduction miroir…) et par conséquent plus respectueux

235
BROCK, Syriac Perspectives,1984.

339
Établissement et application de critères de datation

de la syntaxe syriaque et plus attaché à un fond de vocabulaire sémitique,


voire à la présence d’un lexique propre à l’arabe.
Mais en l’absence d’une application concrète, ces critères restent trop
vague pour permettre actuellement une datation fiable des textes
e
astronomiques syriaques produits après le VII s. et restés dans l’anonymat.
Après Sévère Sebokht, nous ne disposons finalement pour mener notre
enquête que de deux écrits d’auteurs bien identifiés traitant d’astronomie : il
s’agit de Jacques d’Édesse (VIIIe s.)236, de Georges des Arabes (VIIIe s.), qui
nous a laissé une correspondance scientifique 237 , et de Grégoire Bar
Hebraeus (XIIIe s.) dont nous conservons un cours d’astronomie complet238.
Or nous constatons dans bien des cas que ce n’est pas l’auteur le plus proche
de Sévère, son élève, Jacques d’Édesse, qui fut formé au monastère de
Qennešrin, qui hérita le plus du vocabulaire technique adopté par Sévère
dans ses productions relatives à l’astronomie239.
En revanche, dans l’état actuel de nos recherches et suite à l’étude que
nous venons de présenter, nous disposons de sérieux outils susceptibles de
nous aider à dater les textes anonymes syriaques produits avant la période
arabe.
Bien entendu le type de vocabulaire utilisé nous donnera des indices
supplémentaires : il semble évident que nous avons peu de chance de
trouver par exemple l’un des termes nouvellement translittérés du grec et
accompagné d’une définition ou l’un des néologismes employés par Sévère
Sebokht dans un texte antérieur ou contemporain à Sergius de Rešʻayna.

236
Jacques d’Édesse aborde des sujets astronomiques, mais toujours dans une visée
théologique (cf. Jac. Edess., Hexaem. [éd. CHABOT], CSCO 92 (texte) et 97 (trad.), 1953.
237
LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, 1858, p. 108-134 (texte syriaque).
238
Aboul-Faradj, Gregorius Bar Hebraeus, Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme
du ciel et de la terre, cours d’astronomie / rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfaradj, dit
Bar Hebraeus ; publié pour la première fois d’après les manuscrits de Paris, d’Oxford et de
Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, 1899.
239
Par exemple Jacques d’Édesse n’emploie plus la forme translittérée du grec pour
désigner les degrés (cf. Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT], p. 176 (texte) ; p. 148-149
(trad.) ou les signes zodiacaux (cf. ibid., p. 172 (texte) ; p. 145 (trad.)) alors que Bar
Hebraeus les utilise couramment (cf. Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU]).

340
Établissement et application de critères de datation

Section II : application des critères de datation

Nous avons décidé d’appliquer ces critères de datation à treize


textes syriaques relatifs à l’astronomie, dont sept sont complètement inédits.
Les deux premiers, édités, sont attribués à Bardesane ou à son école :
il s’agit d’une liste de signes zodiacaux et d’un extrait portant sur la
conjonction des planètes (cité par Sévère Sebokht et Georges des Arabes).
Les quatre textes suivants, que nous souhaitons soumettre à examen,
sont inédits et conservés dans le ms. Paris BnF syr. 346 : il s’agit d’une
traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée ; de deux chapitres
consacrés à la Cause des éclipses de la lune et du soleil ; d’un Traité sur la
conjonction des planètes (à l’intérieur duquel on retrouve d’ailleurs la
citation prêtée à Bardesane) et d’un passage portant sur la cause des éclipses
attribuée à Atalya (f. 174r-177v).
Le ms. Vat. sir. 516 contient un Traité sur les éclipses inédit attribué à
un certain Basile que nous analyserons également.
Les quatre textes suivants, également inédits, sont tirés du
ms. Vat. sir. 555 : il s’agit d’une liste très ancienne de signes zodiacaux ;
d’un « Livre d’Alexandre le grand » ; d’un traité sur la position des planètes
sur le cercle du zodiaque (f. 26v-28r) ; et enfin d’un Traité sur les éclipses
de lune qui nous intéresse tout particulièrement parce qu’il traite, comme
dans les ouvrages de Sévère et de Sergius, des nœuds ascendant et
descendant.
Enfin nous profiterons de tous les éléments d’observation et de
datation des textes astronomiques syriaques que nous aurons préalablement
compilés pour vérifier les datations de deux textes astronomiques anonymes
ayant déjà fait l’objet d’une édition : l’un, édité par E. Sachau, fut
longtemps attribué à Sergius de Rešʻayna240 (il s’agit d’un court passage sur
e
Les Mouvements du soleil, conservé dans un manuscrit du VII siècle),

240
Mais H. Hugonnard-Roche pense qu’il faut d’autres arguments pour justifier cette
attribution que le simple fait de se situer dans le même manuscrit que d’autres traductions
dues à Sergius. Voir HUGONNARD-ROCHE, « Aux origines de l’exégèse orientale », 1989,
p. 1 à 4 et HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 129.

341
Établissement et application de critères de datation

l’autre, intitulé Traité d’astronomie et de météorologie, a été édité et traduit


par M. A. Kugener241 (le texte fut daté approximativement par lui de la fin
du Ve s.).

En dehors des textes attribués à l’école bardesanite et des deux


derniers textes mentionnés, toutes les compositions dont nous parlerons sont
donc inédites et ne figurent même pas toujours dans les notices de
catalogue. Enfin rappelons que les manuscrits Paris BnF syr. 346 et
Vat. sir. 555 qui sont les seuls à notre connaissance à être entièrement
consacrés à l’astronomie, sont arrivés tardivement en Occident (1938 pour
le manuscrit de la Vaticane ; 1910 pour le manuscrit parisien), ce qui
explique le fait que leur matière soit restée jusqu’à ce jour en partie
inexploitée.

1. Les compositions attribuées à l’école bardesanite

a. La liste des signes zodiacaux

e
On conserve, dans un manuscrit du VII siècle (le BL Add. 14 658
au f. 149v), une ancienne liste des signes du zodiaque, que le copiste
attribue à l’école bardesanite.
Cette liste correspond en tout point à la terminologie employée par
Sergius de Reš‘ayna dans son Traité sur l’action de la lune et dans sa
traduction du De Mundo. C’est-à-dire que le vocabulaire porte encore les
caractéristiques culturelles de l’Orient mésopotamien, sans être de quelque
façon que ce soit influencé par les expressions grecques, comme on le note
par exemple pour le Sagittaire, la Balance et les Gémeaux chez Sévère
Sebokht.
Cette liste nous permet d’avoir une vision diachronique de cette
petite partie du langage astronomique que sont les signes du zodiaque. Il est

241
KUGENER A. (éd), « Un traité astronomique et météorologique syriaque », in Actes du
XIVe Congrès international des Orientalistes (Alger 1905), Nendeln, Kraus, 19682 (Paris,
E. Leroux, 19071), Partie II, p. 137-163 (Introduction, édition et traduction).

342
Établissement et application de critères de datation

intéressant dès à présent de fixer un tableau permettant de visualiser ce


lexique et son évolution allant de l’école bardesanite jusqu'à Bar Hebraeus.
Il nous servira par la suite de point de référence au moment de dater d’autres
textes comportant ce genre de lexique :

Ecole Sergius de Sévère Bar Hebraeus


bardesanite242 Rēš‘aynā Sebokht, Livre de
Traité sur Traité sur les l’ascension de
l’action de la constellations l’esprit…
lune (VIIe s.) (XIIIe s.)243
(fin Ve-déb. VIe s.)

Bélier ‫ܐܡܪܐ‬ ‫ܐܡܪܐ‬ ‫ܕܟܪܐ‬ ‫ܐܡܪܐ‬


[emro] [emro] [dekro] [emro]
Taureau ‫ܬܘܪܐ‬ ‫ܬܘܪܐ‬ ‫ܬܘܪܐ‬ ‫ܬܘܪܐ‬
[turo] [turo] [turo] [turo]
Gémeaux ‫ܬܪܝܢ ܨܠܡܐ‬ ‫ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ‬ ̈
‫ܬܐܡܐ‬ ̈
‫ܬܐܡܐ‬
[tren ṣalme] [tren ṣalme] [teme] [teme]
Cancer ‫ܣܪܛܢܐ‬ ‫ܣܪܛܢܐ‬ ‫ܣܪܛܢܐ‬ ‫ܣܪܛܢܐ‬
[sarṭono] [sarṭono] [sarṭono] [sarṭono]

‫ܣܘܪܛܢܐ‬
[surṭono]

Lion ‫ܐܪܝܐ‬ ‫ܐܪܝܐ‬ ‫ܐܪܝܐ‬ ‫ܐܪܝܐ‬


[aryo] [aryo] [aryo] [aryo]

Vierge ‫ܫܒܠܬܐ‬ ‫ܫܒܠܬܐ‬ ‫ܣܒܠܬܐ‬ ‫ܒܬܘܠܬܐ‬


[šbalto] [šbalto] [sbalto] [btulto]
Balance ‫ܩܢܫܠܡܐ‬ ‫ܩܝܫܠܡܐ‬ ‫ܡܣܐܬܐ‬ ‫ܡܣܐܬܐ‬
[qa(n)šlomo] [qašlomo] [masato] [masato]
Scorpion ‫ܥܩܪܒܐ‬ ‫ܥܩܪܒܐ‬ ‫ܥܩܪܒܐ‬ ‫ܥܩܪܒܐ‬
[ʻeqarbo] [ʻeqarbo] [ʻeqarbo] [ʻeqarbo]
Sagittaire ‫ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬ ‫ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬ ‫ܟܫܛܐ‬ ‫ܟܫܛܐ‬
[ṣalmo rabbo] [ṣalmo rabbo] [kašoṭo] [kašoṭo]
Capricorne ‫ܓܕܝܐ‬ ‫ܓܕܝܐ‬ ‫ܓܕܝܐ‬ ‫ܓܕܝܐ‬
[gadyo] [gadyo] [gadyo] [gadyo]
Verseau ‫ܕܘܐܠ‬ ‫ܕܘܐܠ‬ ‫ܕܘܐܠ‬ ‫ܕܘܐܠ‬
[dolo] [dolo] [dolo] [dolo]
Poissons ‫ܢܘܢܐ‬ ̈
‫ܢܘܢܐ‬ ̈
‫ܢܘܢܐ‬ ̈
‫ܢܘܢܐ‬
[nuno] [nune] [nune] [nune]

L’ancienneté de la liste attribuée à l’école bardesanite est d’emblée


e
attestée par le fait de sa présence dans un manuscrit du VII siècle. Notons
que le vocabulaire est archaïque pour trois des termes employés : le

242
Cette liste se trouve dans le BL Add. 14 658 au f. 149v (ms. du VIIe siècle).
243
Cf. Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU].

343
Établissement et application de critères de datation

Sagittaire, la Balance et les Gémeaux reçoivent des signifiants qui n’ont


plus cours au moins à partir de Sévère Sebokht dans la littérature
e
astronomique syriaque. En effet on note qu’à partir du début du VII siècle
l’influence du grec sur cette terminologie est persistante : ainsi on ne parlera
plus ni de La grande image (pour le Sagittaire), ni des Deux images (pour
les Gémeaux), ni du Fléau (pour la Balance). Cette évolution nette du
vocabulaire astronomique syriaque est attestée, comme on le voit dans le
tableau, chez Sévère Sebokht bien entendu, mais aussi chez Bar Hebraeus,
et dans d’autres textes médiévaux qui ont consacré des chapitres à des
questions astronomiques comme l’Hexameron de Jacques d’Édesse244 et le
Causa causarum245.

b. Extrait sur la conjonction des planètes (Paris BnF syr. 346)

Cette citation de Bardesane par Sévère Sebokht est très clairement


circonscrite dans le ms. Paris BnF syr. 346, aux f. 122v-123r : elle est tout
d’abord introduite par deux lam (‫)ܠܡ‬, particule qui peut servir, en syriaque, à
introduire un discours rapporté. Le manuscrit parisien ajoute un signe de
ponctuation forte (croix formée au moyen de quatre points reliés
horizontalement et entourés d’un cercle) afin de permettre au lecteur de
comprendre encore plus facilement qu’il s’agit d’une citation. Voici le
texte (nous indiquons en notes sous le sigle G les variantes de la citation de
Georges des Arabes d’après le BL Add. 12 154, f. 248v) :

244
Au sujet de la Balance, cf. Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT], p. 172 (texte) ;
p. 145 (trad.).
245
Causa causarum [éd. KAYSER]. On peut reconstituer une liste des signes du zodiaque
employé par l’auteur (anonyme du Xe siècle) aux pages 193 (texte) et 252 (trad.) du premier
volume de cette publication : ‫ܬܐܡܐ ܣܪܛܢܐ ܐܪܝܐ ܫܒܠܬܐ ܩܢܝܠܡܐ ܕܗܘ ܡܣܐܬܐ‬ ̈ ‫ܐܡܪܐ ܬܘܪܐ‬
‫ܥܩܪܒܐ ܟܫܛܐ ܓܕܝܐ ܕܘܐܠ ܢܘܢܐ‬, ce qui correspond à la liste utilisée par Sévère Sebokht.

344
Établissement et application de critères de datation

‫) ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀‬123r( ‫ ܬ̈ܪܝܢ ܠܡ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܩܪܘܢܘܣ‬.1 246‫܀‬


‫ ܐ̈ܪܒܥܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܪܝܣ‬.3‫ ̈ܚܡܫܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܙܘܣ ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀‬.2
‫ܫܒܥܝܢ‬ ̈ .5‫ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀‬ ̈ ‫ܫܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܫܡܫܐ‬ ̈ .4‫̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀‬
‫ ̈ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣ‬.6 ‫ܘܬ̈ܪܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܦܪܘܕܝܛܐ ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀‬
‫ܫܒܥܡܐܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܣܗܪܐ ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀‬ ̈ .7‫̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܙܒܢܐ‬.‫ܐܝܬܝܗ ܚܕܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܟܠܗܘܢ‬ ܿ ‫ ܘܗܕܐ ܠܡ‬.8
̈ ̈
‫ܕܚܕܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܠܗܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢ ܗܪܟܐ ܠܡܐܐ ܣܘܢܕܘ ܕܐܝܟ‬
‫ ̈ܡܐܬܝܢ‬.9‫ܕܫܢܝܐ ܢܗܘܘܢ ܕܐܝܟ ܐܝܟܢ ܀‬ ̈ ̈
‫ܐܠܦܐ‬ ‫ܗܕܐ ̈ܫܬܐ‬
‫ ܚܡܫ ̈ܡܐܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬.11 ‫ܕܫܢܝܐ ܀‬ ̈
̈ ‫ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܩܪܘܢܘܣ ܫܬܐ ܐܠܦܝܢ‬
̈
‫ ܐ̈ܪܒܥܐ ܐܠܦܝܢ ܕܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܪܝܣ ܊‬.11 ‫ܕܫܢܝܐ ܀‬ ̈ ‫ܐܠܦܝܢ‬ ̈ ‫ܕܙܘܣ ̈ܫܬܐ‬
̈ ̄ ̈ ̄
‫ ܘ ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܫܡܫܐ ܘ ܐܠܦܝܢ‬.12 ‫ܐܠܦܝܢ ܕܫܢܝܐ ܀‬ ̈ ̈ ‫ܫܬܐ‬
‫ܐܠܦܝܢ‬̈ ‫ܐܠܦܝܢ ܘܡܐܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܦܪܘܕܝܛܐ ̄ܘ‬ ̈ ̄‫ ܙ‬.13 ‫ܕܫܢܝܐ ܀‬ ̈
.15 ‫ܕܫܢܝܐ ܀‬ ̈
̈ ‫ܐܠܦܝܢ‬ ‫ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣ ̄ܘ‬ ̈ ‫ ̄ܝ ̄ܒ‬.14 ‫ܕܫܢܝܐ ܀‬ ̈
‫ ܘܗܢܐ ܿܡܢ‬.16 ‫ܕܫܢܝܐ ܀‬ ̈ ̈
‫ܐܠܦܝܢ‬ ‫ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܣܗܪܐ ̄ܘ‬ ̈ ‫ܥ ̄ܒ‬ ̄
.‫ܘܚܫܒ‬ ܿ ‫ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܐܡܪ‬

« 1 Deux révolutions de Saturne font soixante ans ; 2 cinq


révolutions de Jupiter font soixante ans ; 3 quarante révolutions
de Mars font soixante ans ; 4 soixante révolutions du Soleil font
soixante ans ; 5 soixante-douze révolutions de Vénus font
soixante ans ; 6 cent vingt révolutions de Mercure font soixante
ans ; 7 sept cent vingt révolutions de la Lune font soixante ans.
8 Ceci est une conjonction qui les <rassemble> toutes,
c’est-à-dire le moment d’une de leurs conjonctions ; de sorte que
cent conjonctions de ce genre font six mille ans de la manière
suivante : 9 deux cents révolutions de Saturne font six mille
ans ; 10 cinq cents révolutions de Jupiter font six mille ans ; 11
quatre mille révolutions de Mars font six mille ans ; 12 six mille
révolutions du Soleil font six mille ans ; 13 sept mille deux cents
révolutions de Vénus font six mille ans ; 14 douze mille
révolutions de Mercure font six mille ans ; 15 soixante-douze
mille révolutions de la Lune font six mille ans ; 16 voici ce qu’il
a dit et calculé […] »247.

246
1. ‫ ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ‬P : ‫ܫܢܝܐ ܣ‬
̈ G. || 2. ‫ ̈ܚܡܫܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬P : ‫ ܗ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬G || 3. ‫ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ‬ ̈ G : ‫ ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ‬P ||
6. ‫ ̈ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣ‬P : ‫ ܩܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣ‬G || 7. ‫ܫܒܥܡܐܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬ ̈ P : ‫ ܿܥܒ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬G || 8. ‫ܣܘܢܕܘܣ‬
̈ ̈ ̈
P : ‫ ܣܘܢܘܕܘܣ‬ut semper G || ‫ ܠܡܐܐ ܣܘܢܕܘ‬P : ‫ ܠܣܘܢܘܕܘ ܩ‬G || ‫ ܕܐܝܟ ܗܕܐ‬P : ‫ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ‬G || ‫ܐܝܟܢ‬
P : ‫ ܐܝܟܢܐ‬G || 9. ‫ ̈ܡܐܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬P : ‫ ܪ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬G || ‫ ܕܩܪܘܢܘܣ‬om. P sed add. in marg.] || 10. ‫ܚܡܫܡܐܐ‬ ̈
ܿ ̈ ̈ ̈
‫ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬P : ‫ ܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬G ||‫ ܕܙܘܣ‬P : ‫ ܕܙܝܘܣ‬G || ‫ ܫܬܐ‬om P || ‫ ܐܠܦܝܢ‬P : ‫ ܘܐܠܦܝܢ‬G || 11. ‫ܐܠܦܝܢ ܕܚܘܕ̈ܪܝܢ‬ ̈
̈ ̈ ̈
‫ ܕܐܪܝܣ‬P : ‫ ܕܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܪܝܣ‬G || 12. ‫ ܐܠܦܝܢ‬pr. om. P sed add. interlinea || ‫ ܐܠܦܝܢ‬alt. om. P
sed add. interlinea || 13. ‫ܐܠܦܝܢ ܘܡܐܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܦܪܘܕܝܛܐ‬ ̈ ̄‫ ܙ‬G : ‫ ܙ̄ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܦܪܘܕܝܛܐ‬P [add.
̈ ̈ ̈ ̄ ̈ ̄
interlin. ‫ ܘ ܐܠܦܝܢ ܕܫܢܝܐ || ]ܐܠܦܝܢ‬G : ‫ ܘ ܫܢܝܐ‬P [ add. interlin. ‫]ܐܠܦܝܢ‬ ̈
̈ || ‫ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬ ‫ ̄ܝ ̄ܒ‬G : ‫̄ܝ ̄ܒ‬
̈ ̈ ̈ ̄ ̈ ̄ ̈
‫ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬P [‫ ܐܠܦܝܢ‬in marg.] || 14. ‫ ܘ ܐܠܦܝܢ ܕܫܢܝܐ‬G : ‫ ܘ ܕܫܢܝܐ‬P [‫ ܐܠܦܝܢ‬add. interlin.] || 15. ‫ܥ ̄ܒ‬ ̄
̈ ̄ ̄
‫ ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܣܗܪܐ‬G : ‫ ܥܒ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬P [ ‫ ܕܣܗܪܐ‬add. interlin. P] || 16. ‫ܘܗܢܐ ܡܢ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܐܡܪ‬ ܿ
‫ܘܚܫܒ‬ ܿ P : ‫ܚܫܒ ܒܪܕܝܨܢ‬ ܿ ‫ ܘܗܠܝܢ ܿܡܢ ܗܟܢܐ‬G ||
247
Traduction dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 214. Nous avons légèrement
remanié cette traduction de sorte à mettre en évidence l’écriture des chiffres.

345
Établissement et application de critères de datation

Dans le discours de Sévère cette citation est précédée de la mention :

Bardesane qui est appelé le philosophe araméen,


homme très instruit dans toutes les choses de ce genre […]
Il compte leurs conjonctions de la manière suivante :
citation248.

Georges des Arabes introduit le passage d’une manière semblable et le


clos par : « Voilà comment Bardesane calculait ces choses ». En somme,
Sévère, tout comme Georges des Arabes, était clairement persuadé de citer
là un texte ancien qu’il attribuait à Bardesane (IIe s.).

Regardons de plus près ce qu’il en est :

Le passage mentionne les planètes sous des noms grecs (qronos, zeus,
ares, aphrodite, hermes). Cet élément ne saurait franchement témoigner
e
d’une ancienneté du texte : si Sévère emploie bien ce vocabulaire au VII

siècle, en revanche on voit dans le Traité sur l’action de la lune que Sergius
de Reš‘ayna († 536) attribuait encore à Jupiter, Vénus et Saturne des noms
issus du fond culturel mésopotamien (Bel, Belti et Kewon).

Cependant plusieurs éléments de langage pourraient témoigner en faveur


de son ancienneté :
- On note une absence totale de particules de liaisons. Pas un den, pas
un ger ne vient ici rythmer la présentation des révolutions
planétaires.
- Les chiffres sont écrits en toutes lettres : le syriaque dit par exemple
« soixante » ans au lieu de « 60 » ans. L’extrait, tel qu’il est cité par
Sévère Sebokht, ne donne en effet aucun chiffre sous forme de lettre
surmontée d’une barre, comme on les trouve habituellement dans les
traités de cet auteur. Au contraire Georges des Arabes, qui reprend la
citation faite par Sévère un siècle plus tard, modifie les chiffres,

248
Passage édité dans NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 1910, p. 214.

346
Établissement et application de critères de datation

comme on le voit dans l’apparat critique, en les faisant apparaître


sous forme de lettres, correspondant plus ou moins au système
numéral grec. Sévère Sebokht semble respecter plus fidèlement le
passage cité par ses soins. Le fait de « verbaliser » les chiffres
semble bien être un archaïsme de langage, si l’on en juge par la
manière de faire de Sergius de Reš‘ayna ou d’auteurs antérieurs.

Ainsi deux critères s’opposent, rendant difficile la datation de ce


passage : d’une part l’absence de particules semble nous indiquer qu’il
e
s’agit d’un texte fort ancien, antérieur au V siècle, époque d’introduction
des particules de liaison grecques dans la langue écrite syriaque. Mais ce
phénomène pourrait très bien s’expliquer par une présentation du texte sous
forme de liste ; d’un autre côté le vocabulaire astronomique présent dans le
passage montre une influence totale du grec : tous les termes sont issus de la
translittération du grec, qu’il s’agisse de la σύνοδος ou du nom des cinq
planètes.
Deux hypothèses s’imposent : ou les noms des planètes (essentiellement
Vénus et Jupiter) ont été tardivement remaniés, peut-être par Sévère lui-
même, ou bien cette terminologie était connue et précocement employée par
Bardesane et son école. Ce serait alors une particularité propre à cette école,
étant donné qu’Éphrem et Aphraate utilisaient au IVe siècle une terminologie
purement sémitique (on a par exemple kewon249 pour Saturne et kaukboto
pour Vénus dans les Hymnes sur les hérésies d’Éphrem). Pour valider l’une
ou l’autre de ces hypothèses, nous disposons d’un autre texte, attribué à
e
Bardesane, vraisemblablement dû à l’un de ses disciples du IV siècle : il
s’agit du Livre des Lois des Pays. L’antiquité de ce texte ne fait aucun doute
car, comme l’expliquait déjà F. Nau dans l’introduction de son ouvrage
consacré à ce texte, un passage en est cité par Eusèbe de Césarée.250

Nous nous sommes concentrée sur la lecture du passage du Livre des


Lois des pays où Bardesane explique à ses disciples en quoi la théorie

249
Ephrem, Hymnes sur les hérésies, 8, 13.
250
Eus., Prep. Ev., VI, 9.

347
Établissement et application de critères de datation

développée par les Chaldéens n’est pas recevable251. Il s’avère qu’aucune


mention n’est faite de quelque σύνοδος que ce soit : c’est la préposition ‫ܥܡ‬
qui sert à exprimer la conjonction astrale. En outre les cinq planètes
apparaissent sous les noms suivants :

Saturne  ‫ܟܘܢ‬ [kewon]


Jupiter  ‫[ ܟܘܟܒܝܠ‬kaukbel]
Vénus  ‫ܒܠܬܝ‬ [belti]
Mars  ‫ܐܪܣ‬ [ares]
Mercure  ‫[ ܗܪܡܝܣ‬hermes]

Vénus, Jupiter et Saturne reçoivent ainsi des noms sémitiques


étrangers à l’influence du grec. Nous pouvons d’ores et déjà invalider la
seconde hypothèse relative à la présence de termes astronomiques grecs
dans le passage attribué à Bardesane sur la conjonction astrale cité par
Sévère Sebokht. Le vocabulaire de ce passage fut évidemment remanié
tardivement, vraisemblablement par Sévère Sebokht lui-même.
Une remarque à propos de la planète Jupiter : elle reçoit dans le
Livre des Lois des pays le nom de kaukbel (= étoile de Bel) alors que
Sergius la désigne toujours sous le nom de Bel. En recoupant ce vocabulaire
avec la façon qu’Éphrem a de désigner Jupiter et Vénus (respectivement
kaukbel et kaukbto), on obtient une confirmation de l’antiquité du lexique
employé dans le Livre des Lois des Pays et a contrario une preuve
supplémentaire du remaniement tardif du passage cité par Sévère Sebokht.

Si nous pouvons certes retenir la liste des signes du zodiaque comme


le témoignage d’un langage astronomique antique syriaque, en revanche il
semble difficile de considérer la citation faite par Sévère, puis reprise par
Georges des Arabes, comme un juste représentant du langage employé par
Bardesane ou par ses disciples d’Édesse. Ce passage a été bien trop
contaminé par la langue des auteurs postérieurs pour pouvoir servir de

251
Cf. NAU F., Bardesane, Le Livre des Lois des Pays, Paris, E. Leroux, 1899, p. 17-25
(texte syriaque) ; p. 44-54 (trad.).

348
Établissement et application de critères de datation

référence linguistique. D’ailleurs ce texte est-il vraiment, à l’origine, de


Bardesane ?

2. Manuscrit Paris BnF syr. 346

Nous avons choisi quatre textes, extraits du manuscrit syriaque


parisien 346, auxquels nous souhaitons appliquer les critères de datation. Le
premier de ces textes porte sur des thèmes non pas astronomiques mais
astrologiques. Il retient cependant notre attention, non seulement parce qu’il
est inédit et qu’il contient des éléments de lexique astronomique, mais aussi
parce qu’il s’agit de la traduction d’un texte grec conservé : la Tétrabible de
Claude Ptolémée (f. 1-36v). Le second texte, également inédit, porte sur la
cause des éclipses (f. 51v-60r). Le troisième texte a fait l’objet d’une
traduction partielle par F. Nau dans la Revue de l’Orient Chrétien : il s’agit
d’un autre traité sur la cause des éclipses ou Atalya (f. 172r-177v). Le
dernier texte que nous avons choisi d’analyser est la Lettre sur la
conjonction des planètes (f. 121v-124v) qui contient la citation de
Bardesane. Ce texte a été, comme on l’a vu plus haut, attribué à Sévère
Sebokht par F. Nau.

a. Une traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée

Le manuscrit Paris BnF syr 346 contient aux feuillets 1r à 36v une
partie de la traduction syriaque de la Tétrabible252 de Claude Ptolémée. Le
manuscrit étant acéphale, il manque la première partie du texte (Le livre I
manque en entier ainsi que les chapitres 1-2 et 4-9 du livre II). Notons qu’il
doit également manquer plusieurs feuillets entre les actuelles pages 2 et 3,
car on passe brutalement du Livre II, 3 au chapitre 10 de ce même livre.

252
On ne connaît pour l’instant pas d’autre copie de cette traduction dans les manuscrits
syriaques. En revanche la tradition grecque comprend de nombreux témoins puisque
W. Hübner a recensé près de cinquante manuscrits contenant le texte de la Tétrabible. Il
existe également quelques traductions latines et arabes.

349
Établissement et application de critères de datation

Nous avons comparé le texte syriaque avec l’édition grecque réalisée


récemment par W. Hübner pour Teubner253. La traduction se caractérise par
une grande littéralité254 et par de nombreuses petites omissions, de l’ordre
d’une ou deux phrases255. Le manuscrit étant acéphale, nous avons perdu la
traduction du titre. Cependant voici l’explicit du Livre II de la Tétrabible :

‫ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ܕܦܛܐܠܘܡܣ ܠܘܬ ܣܘܪܘܣ ܬܠܡܝܕܗ‬

« Fin du second traité de Ptolémée adressé à son


disciple Syrus ».

Les analyses que nous proposons se fondent sur la lecture des


chapitres 10 à 15 du livre II préservé, ainsi que sur le proemium du Livre III,
c’est-à-dire les feuillets 3r à 7r du manuscrit. À première vue, cette
e
traduction peut être attribuée à un auteur du VII siècle : l’emploi de la
particule de liaison kit, l’abondance de néologismes présentant le suffixe –
onuto ou les adjectifs suffixés en –oyo, et enfin les noms attribués aux
planètes ainsi qu’aux signes du zodiaque, qui accusent fortement l’influence
du grec, ne permettent pas de doute à ce sujet.
Les noms attribués aux planètes et aux signes zodiacaux
correspondent en tout point au vocabulaire employé par Sévère Sebokht
dans ses différents traités.

253
Cf. HÜBNER W. (éd.), Claudius Ptolemaeus vol. III, 1 : Apotelesmatika, Stutgardiae et
Lipsiae, Teubner, 1998. Noter qu’il y a un décalage dans la numérotation des chapitres (le
syriaque accorde 15 chapitres au second livre de la Tétrabible, alors qu’en grec (d’après
l’édition de W. Hübner) il n’y en aurait que 14) : le chapitre 11 annoncé en syriaque
correspond donc au chapitre 10 de l’édition de W. Hübner.
254
Chacune des particules grecques est par exemple méticuleusement rendue par le
traducteur (den, man, ger, kit, le ἔτι est rendu par ‫ܬܘܒ‬, le ἤ par ‫ܐܘܟܝܬ‬, τουτέστι par ‫) ̄ܗ‬.
Lorsqu’il y a une combinaison de particules grecques, le syriaque combine également :
ainsi μέν γὰρ est toujours rendu par ‫ܡܢ ܓܝܪ‬. On a aussi un ἔτι μᾶλλον rendu par ‫ܬܘܒ‬
‫ܡܐܐܠܘܢ‬.
255
Il serait intéressant de comparer cette traduction syriaque avec la copie grecque (V) du
Vat. gr. 1038, f. 352-384 (il s’agit en l’occurrence du manuscrit grec le plus ancien
contenant le texte de la Tétrabible, daté du XIIIe siècle) qui présente les mêmes
particularités : fréquentes omissions de phrases et modification du titre avec insertion de
l’adresse à Syrus. Pour avoir la liste des indications relatives à ces lacunes, cf. BOLL F.,
« Zur Ueberlieferungsgeschichte der griechischen Astrologie und Astronomie »,
Sitzungsberichte d. K. B. Akad. D. Wiss. Zu München, phil.-hist. Cl., 1899 (= CCAG
vol. 1, n°9).

350
Établissement et application de critères de datation

Les néologismes en –onuto et en –oyo qui apparaissent dans les


chapitres 10 à 15 du Livre II sont les suivants (Notons que la plupart d’entre
eux ne sont attestés nulle part ailleurs d’après le Thes. syr. ou le
SOKOLOFF)256 :

Livre II, chap. 10


‫( ܡܬܓܡܪܢܘܬܐ‬utilisé comme équivalent de « ἀποτελέσμα » dans le sens
de prédiction astrale. )

Livre II, chap. 11


‫( ܨܘܨܝܢܘܬܐ‬L’expression ‫ ܟܘܟܒܐ ܨܘܨܝܢܐ‬désigne habituellement la comète
en syriaque. La forme suffixée en -onuto est utilisée ici pour rendre le grec
« τῶν κατὰ τὰ σχήματα τῆς κόμης προσνεύσεων » qu’on pourrait rendre
par le fait de tomber, selon la caractéristique de la comète. Le syriaque,
économe, propose un néologisme qui ressemblerait en français à la
proposition « cométage » ).

‫( ܡܬܒܩܝܢܘܬܐ‬Dans le sens d’observation. Attesté uniquement par SOKOLOFF


e
dans un texte astronomique du X siècle257, mais aussi dans une traduction
de Grégoire le théologien comme équivalent au grec « σκέψις ». Ici le terme
est donné en équivalent à « ἐπίσκέψις »)

Livre II, chap. 12


‫( ܡܠܘܫܢܝܐ‬litt. constellé. Adjectif utilisé pour qualifier le cercle dans
l’expression ‫ܚܘܕܪܐ ܡܠܘܫܢܝܐ‬. L’expression en entier est, dans le cas présent,
donnée comme équivalent à l’expression grecque « ἐν τῶ διὰ μέσων τῶν
ζῳδίων » désignant l’écliptique. Il ne semble pas qu’on retrouve le concept,
sous cette formulation, dans les autres traités de Sévère Sebokht).

Livre II, chap. 14

256
Nous indiquons systématiquement, quand le terme est attesté, dans quel dictionnaire on
pourra trouver plus d’informations. S’il n’y a pas de note, c’est que le terme n’est pas
attesté.
257
Causa causarum [éd. KAYSER].

351
Établissement et application de critères de datation

‫( ܛܪܘܦܝܩܝܐ‬tropical. L’adjectif est attesté ensuite chez Bar Hebraeus d’après


le Thesaurus syriacus. Il faut y ajouter les occurrences trouvées dans les
traités astronomiques de Sévère Sebokht).
‫( ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐ‬de la conjonction. On retrouve cet adjectif uniquement chez
Sévère Sebokht).
‫( ܦܢܣܠܢܝܩܝܬܐ‬adjectif relatif à la pleine lune. Il s’agit d’une suffixation en -
oyo de la translittération du grec « πανσέληνος ». Οn retrouve cette forme
également chez Sévère Sebokht).

e
Il est certain que cette traduction n’est pas antérieure au VII siècle,
vu l’abondance de néologismes et vu le respect scrupuleux des particules de
liaisons grecques qu’on y observe. Pour savoir si cette traduction pouvait
être postérieure, c’est-à-dire de la période arabe, nous avons comparé les
expressions astronomiques employées avec celles utilisées dans deux autres
textes de la période arabe : Le Livre de l’ascension de l’Esprit ou Cours
d’astronomie de Bar Hebraeus258 et le Causa Causarum (Livre 7, chapitre
4-6)259. Voici nos résultats :
À la différence du Causa causarum, cette traduction ne contient
aucun arabisme. De plus il faut noter que, contrairement à la traduction, le
texte du Causa causarum est pratiquement vierge de particules de liaisons
grecques et que son auteur commence et finit systématiquement ses
paragraphes par une invocation à la protection divine du genre ‫ܥܡ ܐܠܗܐ‬
(avec Dieu) ou ‫( ܒܝܕ ܐܠܗܐ‬par la grâce de Dieu), ce qui n’est absolument pas
le cas dans la traduction. Enfin le texte du Causa causarum recourt
nettement moins au fonds lexical grec : pour rendre les concepts
d’équinoxes et de solstices, par exemple, l’auteur du Causa causarum
recourt indifféremment au terme ‫( ܫܘܚܠܦܐ‬litt. changement) alors que le
traducteur de la Tétrabible différencie, comme en grec, l’équinoxe du
solstice en rendant ce dernier par ‫( ܛܪܘܦܝܩܝܐ‬ṭropiqoyo).
Comparativement au Cours d’astronomie de Bar Hebraeus, la
présente traduction de la Tétrabible contient en revanche nettement moins

258
Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU].
259
Causa causarum [éd. KAYSER].

352
Établissement et application de critères de datation

de termes translittérés du grec : pour désigner par exemple les signes


zodiacaux, les dodécatoméries, l’équateur, les degrés ou les minutes, notre
traducteur utilise des équivalents culturels syriaques (‫ܡܠܘܫܐ‬̈ servant
indistinctement à traduire les expressions désignant les signes zodiacaux et
les dodécatoméries tandis que les expressions ‫ܫܘܝܘܬ ܐܝܡܡܐ‬, ‫ܡܢܘܬܐ‬, et
‫ ܩܛܝܢܬܐ‬renvoient à l’équateur, au degré et à la minute) quand Bar Hebraeus,
même s’il connaît ces expressions typiquement syriaques, utilise plus
couramment le lexique grec. Il y a d’autres différences terminologiques
notables comme la façon de désigner un point du ciel : si Sévère utilise le
terme translittéré du grec (σημεῖα), Bar Hebraeus est revenu à un vocable
plus sémitique ( ‫) ܢܘܩܕܬܐ‬. Le traducteur de la Tétrabible n’utilise ni l’un ni
l’autre de ces termes en préférant le ‫ ܪܘܫܡܐ‬appartenant à un lexique bien
plus archaïque.
Il est difficile d’imaginer que cette traduction ait pu être l’œuvre
d’un des disciples de Sévère Sebokht : le lexique grec couramment employé
par Sévère et son disciple Georges260 ne se retrouve pas systématiquement
dans cette traduction. Ce qui nous frappe le plus, c’est certainement le fait
que le traducteur utilise encore de façon systématique le même terme que
Sergius de Reš‘ayna pour désigner les degrés (‫)ܡܢܘܬܐ‬, quand Sévère
recourt pratiquement toujours à l’expression grecque (‫ ܡܘܪܣ‬ou murus).
Se pourrait-il que cette traduction soit une œuvre de jeunesse de
Sévère Sebokht, c’est-à-dire exécutée par lui avant qu’il n’ait fixé le
vocabulaire astronomique qui serait le sien dans les traités que nous
connaissons ?
Notons quelques traits de traduction intéressants qui concernent le
rendu de termes astronomiques grecs que nous n’avons trouvé nulle part
ailleurs dans les textes astronomiques syriaques :

260
Nous pensons aux lettres astronomiques laissées par Georges des Arabes (pour accéder
aux textes on consultera : RYSSEL H. V. (éd.), « Die astronomischen Briefe Georgs des
Araberbischofs », ZA 8, 1893, p. 1-55 [= BL . Add. 12 156, f. 264v-284r c’est-à-dire trois
lettres astronomiques adressées à Jean le stylite] et Georgii Arabum episcopi epistula in
LAGARDE, Analecta Syriaca, 1858, p. 108-134 [= BL Add. 12 156, f. 245r-261r, il s’agit
d’une lettre en neuf parties adressée à un certain Yešua du village d’Anab].

353
Établissement et application de critères de datation

« ἐν τῶ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων » : « ‫ » ܒܚܘܕܪܐ ܡܠܘܫܢܝܐ‬261


« συζυγία » (la syzygie) : « ‫ » ܡܙܘܓܬܐ‬262
« συμπάθεια » (le rapport) : « ‫ » ܡܫܦܢܘܬܐ‬263
« περιστροφὴ ἀποκαταστάσεως » : « ‫ » ܡܬܦܢܝܢܘܬܐ ܕܟܪܘܟܝܐ‬264
« τὰς πρὸς ἥλιον φάσεις » : « ‫ » ܒܦܣܝܣ ܕܠܘܬ ܫܡܫܐ‬265
« ἐπιφάνεια » (la brillance) : « ‫ » ܡܬܚܙܝܢܘܬܐ‬266
« ἡ τοῦ ἔτους νουμηνία » : « ‫ » ܪܝܫܝܬܗ ܕܫܢܬܐ‬267
« κατάστημα » : « ‫ » ܩܘܡܐ‬268

e
Cette traduction du VII siècle est un véritable réservoir de
vocabulaire astronomique qu’il faudrait prendre la peine d’examiner
attentivement. En effet, bien que ce texte soit à visée astrologique, il utilise
un lexique commun à l’astronomie. Si notre estimation en matière de date
est juste, nous disposerions ainsi d’un des rares textes traduits du grec
susceptible de nous renseigner sur le langage astronomique syriaque pour la
période qui nous intéresse.

261
« ἐν τῶ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 881-882, p. 147);
« ‫( » ܒܚܘܕܪܐ ܡܠܘܫܢܝܐ‬ms. Paris BnF syr. 346, f. 4r, Livre II, chap. 12).
262
« συζυγίαι » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 920, p. 150) ; «‫ܠܡܙܘܓܬܐ‬̈ » (ms. Paris
BnF syr. 346, f. 4v, Livre II, chap. 12).
263
« συμπαθείας » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 890, p. 148) ; « ‫» ܡܫܦܢܘܬܐ‬
(ms. Paris BnF syr. 346, f. 4v, Livre II, chap. 12).
264
« περιστροφὴν ἀποκαταστάσεως » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 878, p. 147) :
Robbins traduit « circular course of the revolution » (voir Ptolemy Tetrabiblos edited and
translated into english by F. E. ROBBINS, London, W. Heinemann pour Loeb, 1980, p. 195),
S. Feraboli « rivoluzione annuale » ( Ptol., Apotel.[trad. FERABOLI], p. 159) ; « ‫ܡܬܦܢܝܢܘܬܐ‬
‫( » ܕܟܪܘܟܝܐ‬ms. Paris BnF syr. 346, f. 4r, Livre II, chap. 12).
265
« τὰς πρὸς ἥλιον φάσεις » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, θ’, 805, p. 142 ; « ‫ܒܦܣܝܣ‬
‫( » ܕܠܘܬ ܫܡܫܐ‬ms. Paris BnF syr. 346, f. 3r, Livre II, chap. 10).
266
« ἐπιφανείας » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ι’, 855, p. 145 ; « ‫» ܡܬܚܙܝܢܘܬܐ‬
(ms. Paris BnF syr. 346, f. 3v, Livre II, chap. 11).
267
« ἡ τοῦ ἔτους νουμηνία » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 871, p. 147 ; « ‫ܪܝܫܝܬܗ‬
‫( » ܕܫܢܬܐ‬ms. Paris BnF syr. 346, f. 4r, Livre II, chap. 12).
268
« κατάστημα » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ιβ’, 925, p. 150) : situation/position
(comparer avec les traductions proposées par Robbins et Feraboli qui reproduisent la même
erreur à cet endroit); « ‫( » ܩܘܡܐ‬ms. Paris BnF syr. 346, f. 5r, Livre II, chap. 13).

354
Établissement et application de critères de datation

b. Traité sur la cause des éclipses de lune (f. 51v-60r)

Un traité astronomique inédit se trouve aux feuillets 51v à 60r du


manuscrit parisien. Il fait immédiatement suite au Traité sur l’astrolabe de
Sévère Sebokht. Ce traité a été attribué à Sévère Sebokht par le copiste, à la
fin de la copie. Cependant nous verrons qu’on peut émettre de sérieux
doutes quant à cette attribution.
Le texte se présente sous la forme de deux chapitres ou traités : un
premier chapitre (f. 51v-54r qui se poursuit aux f. 55r-60r) expose la cause
des éclipses de lune et un autre, inséré dans le premier, expose la cause des
éclipses solaires (f. 54v-55r). Dans le Traité sur la cause des éclipses de
lune il est notamment question de la théorie de l’Atalya, ce corps de 24
degrés de hauteur dont la tête et la queue seraient à l’origine de
l’obscurcissement de la lune et du soleil en s’interposant entre eux et la
terre. L’auteur du traité, peut-être chrétien 269 , cherche longuement à
démontrer l’erreur de cette théorie, véhiculée chez les « Anciens »
(qadmoye), dans ce que l’auteur appelle « le livre des Chaldéens ». Deux
figures, assez rudimentaires, annoncées dans le traité, viennent résumer de
façon schématique la théorie exposée sur les éclipses. Les derniers feuillets
qui composent le Traité sur la cause des éclipse de lune portent une longue
louange au « livre intitulé Table des calculs de Ptolémée l’astronome, sur le
cours et le mouvement des astres ».

L’attribution faite par le scribe de ce traité est peu claire. Les


informations qu’il nous communique nous paraissent contradictoires :
- Note 1 : entre l’explicit du Traité sur l’astrolabe et le début du
Traité sur les causes d’éclipses de lune, le copiste note dans une
écriture très petite : « Nous copions les chapitres qui suivent, relatifs
au soleil et à la lune, à partir d’une autre copie270 ».

269
Le traité s’achève par une citation d’un livre prophétique de l’Ancien Testament (f. 59v).
Mais ce genre de citation, située juste avant le desinit, pourrait tout aussi bien être un ajout
du copiste.
270
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v : ‫ܗܠܝܢ ̈ܩܦܐܠܐ ܡܢ ܢܘܣܟܐ ܐܚܪܢܐ ܟܬܒܢܢ ܕܥܠ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ‬

355
Établissement et application de critères de datation

- Note 2 : une note marginale à gauche du texte, située au début du


traité, nous indique : « à partir de là et plus haut il manque un
chapitre »271.
- Note 3 : note marginale à droite du texte, située au début du traité :
« Voici comment Sévère Sebokht parla de ces sujets, écrits dans
l’ordre où ils ont été dits »272.
- Note 4 : note marginale dans la partie supérieure du f. 54v (c’est-à-
dire au début du Traité sur la cause des éclipses de soleil) : « Ce
chapitre est de Georges »273 (main postérieure, différente de celle du
scribe).
- Note 5 : sous le corps du texte du f. 55r (à la fin du Traité sur la
cause des éclipses de soleil), le scribe écrit : « Fin » (‫)ܫܠܡ‬.
- Note 6 : Note marginale en haut du f. 55v : « Autre » ( ‫) ܐܚܪܢܐ‬.
- Explicit, f. 59v-60r : « Fin du traité (mimro) sur la cause de l’éclipse
des astres, sur le fait qu’il n’y a pas d’Atalya et sur les zones
d’éclaircissement de la lune. Fait par le pieux évêque Sévère dit
Sébokht le nisibéen »274.

Le copiste procède donc à la copie d’un nouveau texte, à partir d’un


manuscrit qu’il précise être « différent » de celui dans lequel il puise le
Traité sur l’astrolabe (note 1). La raison de ce changement de modèle paraît
évidente si on recoupe cette information avec celle apportée par la note
marginale n°3, dans laquelle le scribe affirme vouloir respecter l’ordre
d’apparition des œuvres de Sévère Sebokht : il manque manifestement un
Traité sur les éclipses dans le manuscrit qui lui avait, jusqu’alors, servi de
modèle ! Pour pouvoir juger du bon ordre des œuvres, le scribe possédait
très certainement une liste de référence. Après le Traité sur l’astrolabe la
liste mentionnait à coup sûr un Traité sur les éclipses de lune et de soleil.
Comme le copiste ne disposait malheureusement pas de ce texte dans son

271
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v : ‫܀ ܡܢ ܗܪܟܐ ܘܠܥܠ ܚܣܝܪ ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܢܐ‬
272
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v : ‫ܘܐܝܟܢܐ ܕܠܗܠܝܢ ܕܐܡܪ ܣܐܘܪܐ ܣܒܒܘܟܬ ܪܫܡܝܢ ܒܗܠܝܢ ܣܕ̈ܪܐ‬
‫ܕܐܡܝ̈ܪܝܢ‬
273
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 54v : ‫ܕܓܐܘܪܓܝ ܩܦܐܠܘܢ ܗܢܐ‬
274
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 59v-60r : ‫ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ‬
‫ܘܕܠܝܬܘܗܝ ܐܬܠܝܐ ܘܕܡܢ ܐܝܟܐ ܡܬܢܗܪܐ ܣܗܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܚܣܝܐ ܐܦܝܣܩܘܦܐ ܣܐܘܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܣܒܘܟܬ‬
‫ܢܨܝܒܝܐ ܀‬

356
Établissement et application de critères de datation

premier modèle, nous pensons qu’il est allé chercher un autre livre
d’astronomie dans lequel il était question de ces sujets et qu’il en a attribué
la paternité à Sévère Sebokht. Un lecteur postérieur semble douter de cette
attribution en proposant un autre nom : « Georges ». F. Nau pensa qu’il
pouvait s’agir d’une œuvre de Sévère Sebokht, même si certains passages
pouvaient être attribués à Georges des Arabes275. Nous souhaitons rediscuter
de tout cela.

Nous avons lu attentivement ce texte que nous avons présenté avec une
traduction dans la Partie II (texte 1). Plusieurs indices nous laissent penser
que ce texte est beaucoup plus ancien que le copiste cherche à le faire
croire : les archaïsmes de langue sont susceptibles de nous le prouver. Trois
éléments de langage présents dans la copie sont en effet caractéristiques de
la période de production antérieure au VIIe siècle :
- Les particules de liaisons sont celles habituellement pratiquées entre
e e
le V et le VI siècles : abondance de ger, man, badgun, mais on ne
trouve pas de kit ni de eita qui sont des innovations du VIIe siècle ;
- nous avons été surpris par le nombre de termes qu’on ne retrouvait
e e
par ailleurs attestés que dans des productions des IV -VI siècles276.
Voici quelques exemples : ‫( ܸܒܕܝܐ‬l’invention, la folie, f. 58r et 58v),
‫(ܓܘܪܓܐ‬l’encouragement), ‫( ܡܥܗܕܢܘܬܐ‬le commentaire, f. 59v),
l’expression ‫( ܒܣܕܪܐ ܕ‬dans l’alignement de), l’emploi de l’etpa’al du
verbe ‫ ܣܟܠ‬dans le sens de voir, percevoir (f. 58r), le terme ‫̈ܣܣܐ‬
pour désigner les degrés, ‫( ܚܟܡܬܐ‬liberté, f. 59v) ou encore
l’expression ‫( ܐܝܕܐ ܒܐܝܕܐ‬graduellement, f. 58r) ;
- enfin la faible technicité du vocabulaire astronomique montre que
l’auteur de ce traité ne connaissait rien au jargon d’un Sévère
Sebokht. On y retrouve certes le vocabulaire translittéré du grec
utilisé par Sergius dans son Traité sur l’action de la lune comme
l’éclipse, la pleine lune, l’aspect, le trigone, le carré, le sextile,

275
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 230.
276
Attention, il est possible que cette observation soit fausse si le Thes. syr. et S OKOLOFF
n’ont, pour les mots qui vont suivre, fourni que l’attestation la plus ancienne.

357
Établissement et application de critères de datation

l’opposition et la conjonction277, mais un certain nombre de concepts


astronomiques de base sont exprimés différemment comme le cercle
du zodiaque278, l’écliptique279 ou les degrés280. On notera également
une particularité de langage dans la désignation des nœuds ascendant
et descendant, qui ne correspond pas exactement à celle de
Sergius281.

En somme les traits de langage ne sont assurément pas ceux d’une


production postérieure au VIe siècle. Étant donné les archaïsmes de langue et
après avoir comparé les expressions astronomiques avec celles de Sergius
de Reš‘ayna, nous serions même tenté de situer la production de ce traité à
une date antérieure à celle du Traité sur l’action de la lune. Cependant la
forte présence de certaines particules de liaisons (comme man et badgun) et
la présence de quelques néologismes en –onuto ne nous permettent pas de
remonter au-delà du VIe siècle. Nous estimons donc que ce traité a dû voir le
jour entre 500 et 550 apr. J.-C. dans la sphère syriaque occidentale.
Ce texte serait l’un des rares témoins connus aujourd’hui d’une
e
production astronomique syriaque au VI siècle. Il est unique en sa période
en ce qu’il est le seul connu à ce jour à être à visée purement astronomique,
contrairement au Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna ou à
un texte comme le Traité astronomique et météorologique attribué au Ps.-

277
On notera que l’orthographe du terme désignant la conjonction est cependant différente
de celle pratiquée par Sergius de Reš‘ayna.
278
Sergius le nomme couramment : « ‫ܕܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ =( » ܚܘܕܪܐ‬le cercle des signes), alors que
l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune le nomme : « ‫ܕܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ =( » ܟܠܝܐܠ‬la
couronne des signes, ms. Paris BnF syr. 346, f. 55v et 57v).
279
Sergius recourt systématiquement au terme générique ‫ =( ܚܘܕܪܐ‬le cercle, cf. Serg. Reš.,
Traité sur l’action de la lune 2. 3 ) alors que l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de
lune parle de ‫ =( ܣܘܪܛܐ‬la ligne, ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v-52r). Une définition exacte
du concept d’écliptique apparaît d’ailleurs dans le traité au f. 52r : « ‫ܣܘܪܛܐ ܕܒܡܨܥܬ ̈ܡܠܘܫܐ‬
. ‫ ܐܠ ܠܓܪܒܝܐ ܘܐܠ ܠܬܝܡܢܐ‬.‫ =( » ܇ ܿܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ‬l’écliptique qui passe au milieu du
zodiaque, que parcourt le soleil sans jamais aller ni au nord ni au sud).
280
‫ ܡܘ̈ܪܣ‬chez Sergius, ‫ ̈ܣܣܐ‬dans le Traité sur la cause des éclipses de lune.
281
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 52r : « ‫ܐܘ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ̄ܗ‬ ܿ ‫ܐܡܪܝܐ‬ ܿ ‫ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬. ‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ‬ ̈
ܿ
‫ » ܡܣܩܬܐ ܐܘ ܡܚܬܬܐ‬. On trouve des expressions légèrement différentes dans le Traité sur
l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna, qui n’emploie pas le mot « nœud » mais
« endroit » et qui utilise une suffixation différente (en –no et non en –to) pour désigner le
montant et le descendant : « ‫ܕܘܟܝܬܐ ܕ̈ܪܟܝܒܝܢ ܒܗܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ̈ܚܕܕܐ܇ ܡܬܩܪܝܢ‬ ̈ ‫ܿܗܢܝܢ ܗܟܝܠ ܿܗܢܝܢ ܬ̈ܪܬܝܢ‬
.‫ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ ܘܡܚܬܢܐ‬.‫ܐܢܒܝܒܙܢ ܘܩܛܒܝܒܙܢ‬ ܰ ܰ » (Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3.
1).

358
Établissement et application de critères de datation

Denis l’Aréopagite282 dont on pourra juger de l’obscurantisme omniprésent


et du manque d’intérêt total pour l’observation astronomique. Ce
témoignage est d’autant plus exceptionnel qu’il nous renseigne sur la
transmission des œuvres de Claude Ptolémée en Orient en nous confirmant
le fait que la Syntaxe mathématique était connue et utilisée par des savants
e
de langue syriaque dès la première moitié du VI siècle à des fins purement
astronomiques.

c. Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes


conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil,
présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya (f. 172r-177v)

Six feuillets ont été transposés à la fin du manuscrit parisien : leur


cahier d’origine n’est plus identifiable. À la lecture il s’avère que ces
feuillets ont été replacés dans le bon ordre, mais il nous manque et le début
et la fin du texte. Les sujets abordés étant les mêmes que ceux du Traité sur
la cause des éclipses de lune, vu précédemment (f. 51r-60r), nous avions de
prime abord envisagé l’hypothèse que ces deux traités pussent en fait être
les deux fragments d’un seul, dont le but essentiel aurait été de réfuter la
théorie de l’Atalya. En effet une première lecture nous avait convaincu de la
proximité des propos : même façon d’aborder le sujet, même façon
̈
particulière d’exprimer les degrés (‫)ܣܣܐ‬ ̈
et les minutes (‫)ܩܛܝܢܝܢ‬, mêmes
expressions pour qualifier la folie des anciens, pour désigner la ligne de
l’écliptique, etc…
Cependant quatre éléments nous empêchent d’attribuer ce texte à l’auteur du
texte précédent :
- Les particules de liaison sont pratiquées différemment : on notera
l’abondance de ‫( ܗܟܝܠ‬équivalent de οὖν) associé au fait qu’à de
nombreuses reprises on trouve des « paquets » de particules, c’est-à-
dire des juxtapositions qui trahissent certainement une proximité

282
Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER].

359
Établissement et application de critères de datation

avec le grec 283 . Notons cependant que, comme dans le texte


e
précédent, dont nous estimons la date de production au VI siècle,
nous ne relevons aucun kit.
- Il nous était beaucoup plus facile de lire ce traité que le précédent :
la syntaxe et le style nous semblaient nettement plus familiers que
ceux du traité précédent284.
- Des formes translittérées ou calquées sur le grec faisaient leur
apparition, conférant au texte une grande densité en terminologie
grecque : on peut notamment relever l’introduction des termes
ζώδια285 pour désigner les signes zodiacaux, de πλανήτες286 suivi du
nom des cinq planètes fourni en grec (qronos, zeus, ares, aphrodiṭi,
hermes) 287 , l’expression ‫( ܦܠܘܓܬ ܐܣܦܝܪܐ‬litt. mi-sphère) pour
désigner l’hémisphère288, le terme murus apparaît au f. 172v pour
̈ On
désigner les degrés et offrir une alternative à l’ancien terme ‫ܣܣܐ‬.
y trouve également les termes σήκωμα (f. 173v), des expressions
calquées sur le modèle grec pour différencier les minutes, des
secondes (‫ ܩܛܝܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ‬ou minute première pour désigner les
minutes et ‫ ܩܛܝܢܬܐ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ‬ou minutes secondes pour désigner les
secondes)289 , le terme σημεῖον pour désigner des points précis de
l’écliptique (f. 176r), la formule impersonnelle ἀνάγκη (‫)ܐܢܢܩܝ‬
employée cinq ou six fois (cf. f. 175r-177).
- Le dernier élément notable est la forte présence de la particule lăm
(‫ )ܠܡ‬utilisée en syriaque pour introduire une citation. Les 5 feuillets
qui vont de 172 à 177 en regorgent, nous indiquant que le texte mêle
deux discours : celui de l’auteur et celui du livre qu’il cite et qui
rapportait la théorie de l’Atalya.

283
Voici quelques exemples tirés du ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r-172v : « ‫ܒܙܒܢ ܕܝܢ ܬܘܒ‬
‫( » ܥܠ‬f. 172r) ; « ...‫( » ܗܟܢܐ ܕܝܢ ܐܦ ܙܕܩ ܕ‬f. 172r); «‫( » ܗܟܘܬ ܕܝܢ ܐܦ ܗܠܝܢ‬f. 172r); « ‫ܬܘܒ ܕܝܢ ܙܕܩ‬
...‫( » ܠ‬f. 172v) ; « ‫( » ܗܟܘܬ ܕܝܢ‬f. 172v).
284
Au moment où nous avons fait cette remarque, nous étions imprégnée des textes de
Sévère Sebokht, puisque nous avons dû relire, en syriaque, le Traité sur l’astrolabe, le
Traité sur les constellations et traduire la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant.
285
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r : « ‫ܙܘܕܝܐ ܐܘܟܝܬ ̈ܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ܒܝ ̄ܒ܇‬̄ ‫» ܓܡܪ ܚܘܕܪܗ‬.
286 ̈
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r : « ‫» ܟܘܟܒܐ ܕܡܫܬܡܗܝܢ ܦܠܢܝܛܐ‬. ̈
287
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 172v : « ‫» ܩܪܘܢܘܣ‬, « ‫» ܙܘܣ‬, « ‫» ܐܪܝܣ‬, «‫ » ܐܦܪܘܕܝܛܝ‬et «‫» ܗܪܡܝܣ‬.
288
Cf. ms. Paris BnF syr. 346, f. 172v.
289
Cf. ms. Paris BnF syr. 346, f. 174v.

360
Établissement et application de critères de datation

En somme, seule une traduction précise de ces six feuillets pourrait nous
permettre de mieux comprendre le rapport que ce texte peut entretenir avec
le Traité sur les éclipses de lune des feuillets 51v à 60r. Mais au regard des
quelques éléments apportés par notre lecture, nous serions tentés de
formuler l’hypothèse suivante : se pourrait-il que ce texte, et non celui qui
se trouve aux f. 51v à 60r, soit une œuvre de jeunesse de Sévère Sebokht ?
Le fait que nous nous sentions en terrain familier en lisant ces lignes et
la forte influence du grec ne sont d’ailleurs pas les seuls éléments qui nous
ont mis sur la piste : le terme syriaque le plus couramment employé pour
désigner les planètes correspond, non pas à celui employé par Sergius de
̈
Reš‘ayna ou par le Livre des lois des pays (soit ‫ܡܛܥܝܢܐ‬ )290, mais bien à celui
employé systématiquement dans les ouvrages de Sévère Sebokht et qu’on
̈
retrouve dans la traduction de la Tétrabible, à savoir : 291‫ܛܥܝܐ‬.
Ensuite les chiffres fournis au cours du traité pour déterminer : 1) le
nombre de degrés parcourus en un an, selon la théorie de l’Atalya, par les
nœuds ascendant et descendant (en l’occurrence 19° 20’)292, et 2) la distance
aux nœuds à partir de laquelle on peut prévoir ou non une éclipse (12°24)293,
sont exactement les mêmes que ceux fournis par Sévère Sebokht dans sa
Lettre sur les nœuds ascendant et descendant et en contradiction avec ceux
fournis par le Traité sur la cause des éclipses de lune. Remarquons que
Sergius utilisait un chiffre rond pour la distance des luminaires aux nœuds
(12 degrés294 au lieu de 12°24’ chez Sévère Sebokht295). Enfin on retrouve à
la toute fin de l’extrait conservé, la mention des nœuds ascendant et
descendant accompagnée de leurs équivalents syriaques. Ces équivalents ne
sont pas ceux formulés par Sergius de Reš‘ayna dans son Traité sur l’action
de la lune, mais ceux qu’on a pu trouver dans le Traité sur la cause des
e
éclipses de lune et dont nous avons pensé qu’il pouvait dater du VI siècle.
Le lien entre les deux textes nous semble établi, si toutefois nous acceptons
de suivre notre hypothèse : il se pourrait que Sévère s’appuie sur le texte
290
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2.
291
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 5.
292
Voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 174v.
293
Voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 177v.
294
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5.
295
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 3.

361
Établissement et application de critères de datation

précédent pour exposer la théorie de l’Atalya et pour la contredire. En ce


cas, les deux chapitres contenus aux f. 51v-60r du manuscrit parisien ne
seraient pas l’œuvre de Sévère Sebokht, mais pouvaient faire partie de sa
bibliothèque.
Cependant ces hypothèses sont encore à prendre avec de grandes
précautions : nous relevons en effet d’autres éléments pouvant nous faire
douter de cette attribution. On ne trouve par exemple aucune particule kit
e
(caractéristique des productions du VII siècle, et notamment de celles de
Sévère) et le terme utilisé pour désigner le signe zodiacal de la Balance
(296‫ ܩܢܝܐ‬proche de la forme297 ‫ ܩܝܫܠܡܐ‬utilisée par Sergius) ne correspond pas
à la forme employée ailleurs et de façon systématique par Sévère Sebokht
298
( ‫) ܡܣܐܬܐ‬. Si ce long extrait n’est pas de Sévère lui-même, il est l’œuvre
d’un auteur légèrement antérieur, vraisemblablement proche du milieu de
l’évêque de Qennešrin, mais postérieur à Sergius, soit de la seconde moitié
e
du VI siècle. Seul l’établissement du texte pourraient nous permettre d’y
voir plus clair.

d. Lettre adressée à Basile sur la conjonction des planètes


(f. 121v-124r)

Après le Traité sur les constellations de Sévère Sebokht, le scribe


poursuit la numérotation des chapitres et copie, sous le numéro 19, un
chapitre sur la conjonction des planètes (ms. Paris BnF syr. 346, f. 121v-
124v). Ce texte se situe donc juste avant la Lettre sur les nœuds ascendant et
descendant qui porte le numéro de chapitre 20. Mais contrairement aux
autres chapitres, celui-ci ne présente pas d’attribution claire. On suppose
que pour le copiste l’attribution à Sévère Sebokht allait de soi. Qu’en est-il
réellement ?
Les planètes portent des noms grecs ; les signes zodiacaux,
notamment la Balance et le Sagittaire sont désignés de la même manière

296
Cf. ms. Paris BnF syr. 346, f. 174r.
297
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune I. 3. 2.
298
Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 2.

362
Établissement et application de critères de datation

que chez Sévère Sebokht, on trouve la particule kit (en plus de toutes les
autres : man, ger, hokil, badgun) une dizaine de fois et le texte est très riche
en translittérations de termes astronomiques grecs (il est notamment
question, au f. 123v de διάστασις, de δωδεκατημόρια confondus avec les
ζώδια, du quatrième κλίμα, de la notion de δορυφορία 299 , au f. 124r
d’ἀποκατάστασις (donné comme équivalent de ‫ ܟܪܘܟܝܐ‬servant à désigner la
révolution astrale) ; le cercle du zodiaque est désigné de la même façon que
chez Sévère Sebokht (300‫ ; ܚܘܕܪܐ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬ḥudro d-zodyaqon) ; on y cite
Claude Ptolémée à deux reprises301. À la fin du texte l’auteur se plaint d’être
malade et dans l’incapacité de procéder à des observations précises, à la
minute près. Le texte est adressé, d’après une note marginale située au début
du texte, à « mon frère Basile », lui conférant ainsi le statut de lettre.

Il n’y a aucun doute sur l’attribution possible de ce texte : étant


donné sa place dans le manuscrit parisien 346 et étant donné les
caractéristiques linguistiques et biographiques qu’il présente, il ne peut
s’agir que d’une lettre de la confection de Sévère Sebokht. Nous ne relevons
aucun élément qui puisse contredire cette attribution. De plus, étant donné
les éléments biographiques fournis en fin de chapitre, il faut considérer ce
texte comme faisant partie de ses œuvres de vieillesse, au même titre que la
Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, où Sévère se plaint également
du poids de la vieillesse.
Le fait que cette lettre traite de la conjonction des planètes et qu’elle
ait été destinée à un certain Basile nous intéresse particulièrement, parce que
nous avons trouvé dans un autre manuscrit une autre lettre, attribuée à
Basile, sur le même sujet.
299
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 123v : « ‫[ » ܕܘܪܘܦܘܪܘܣ ܕܫܡܫܐ‬doruphoros d-šemšo] (le
doryphore du soleil). Cf. BOUCHÉ- LECLERC A., L’astrologie grecque, Paris, E. Leroux,
1899, p. 252-254, qui propose de traduire doryphore par « satellite » (voir notamment la
note p. 252 : « Ptolémée ne définit pas la δορυφορία, mais il s’en sert dans les pronostics
concernant les parents (Tetrab., III, 4) et surtout au chapitre des honneurs de la τυχή
ἀξιωματική (ibid, IV, 2) ».
300
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 124r. Comparer avec Sév. Seb., Traité sur les constellations
XIII, 7, p. 354 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 86r et Sév. Seb.,
Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 22 (texte).
301
Au f. 124r du ms. Paris BnF syr. 346, l’auteur rappelle que les planètes font leur
révolution dans la zone du zodiaque, sur une même ligne, comme l’avait déjà dit Ptolémée
dans son Introduction (eisagoge). Au f. 124v, l’auteur renvoie aux Tables faciles
(prokeiros) pour calculer la position des nœuds ascendant et descendant.

363
Établissement et application de critères de datation

3. Ms. Vat. sir. 516 : extrait d’un Exposé sur la course de la sphère
céleste attribué à Basile.

Le manuscrit Vat. sir. 516 contient à partir du f. 26r une lettre


relative à la sphéricité du ciel et à la durée de révolution des sept astres
errants. Ce texte est l’un des rares du corpus à être conservé dans un
manuscrit présentant une écriture syro-orientale302. Voici le début de cette
lettre :

‫ܡܢ ܿܡܡܠܐܠ ܕܒܣܝܠܝܣ ܸܡܛܠ ܡܪܕܝܬܐ ܕܓܝܓܐܠ ܕܫܡܝܐ‬


ܿ ‫ܐܘ ܪܚܡ ܝܘܠܦܢܐ‬
ܿ ‫ܕܐ‬ ܿ ‫ܥܬ ܡܢܝ‬ ܿ ‫ܡܛܠ ܿܕܬ ܿܒ‬
‫ܝܟܢܐ ܐܝܬܝܗ ܿܡܪܕܝܬܐ‬ ܸ ܸ
ܿ . ‫ܫܡܝܐ‬
‫ܐܝܟ ܿܚܝܐܠ ܕܝܠܝ ܠܟ ܐ ܿܡܪܢܐ‬ ܿ ‫ܗܕܐ ܿܕ‬
ܸ

Extrait de l’exposé de Basile au sujet de la course de la


sphère céleste : « Puisque tu m’as demandé, ô ami de
l’enseignement, de quelle manière s’effectuait la course du ciel,
je te répondrai, autant qu’il est en mon pouvoir […] ».

Tout le feuillet 26 est consacré à l’explication de la sphéricité du


ciel, tandis que les feuillets 27 à 29 traitent de la durée de révolution des
astres errants autour de la terre. L’ordre dans lequel sont indiqués les astres
(Saturne, Jupiter, Mars, le soleil, Vénus et Mercure) et les temps de
révolution qui leur sont affectés (respectivement 30 ans, 12 ans et 1 an et
demi pour Saturne, Jupiter et Mars, puis 1 an pour le soleil, 10 mois pour
Vénus, 6 mois pour Mercure et 1 mois pour la lune) correspondent en tout
point aux informations apportées par Sévère Sebokht dans sa Lettre sur la
conjonction des planètes (f. 122v, l. 21 à 27)303. Or dans cette lettre, Sévère
attribue la révélation de ces chiffres à Bardesane. Dans la lettre du manuscrit
Vat. sir. 516, en revanche, le nom de Bardesane n’est pas mentionné. Voici
les deux extraits en vis-à-vis :

302
Cependant la disposition en « miroir » des signatures des cahiers de ce manuscrit nous
indique qu’il a vraisemblablement été réalisé en milieu syro-occidental melkite. André
Binggeli a récemment exposé lors du workshop intitulé « The Making of the Oriental
Book » (tenu à Nice en septembre 2011) que les signatures de cahiers dites « en miroir »
étaient une caractéristique notable des manuscrits christo-palestiniens.
303
Ce passage a été présenté et traduit dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 211
(texte) ; p. 214 (trad.).

364
‫‪Établissement et application de critères de datation‬‬

‫‪Propos de Bardesane rapportés par‬‬ ‫‪Basile, Exposé sur la course de la‬‬


‫‪Sévère Sebokht, Lettre adressés à‬‬ ‫‪sphère céleste‬‬
‫‪Basile sur la conjonction des planètes‬‬ ‫)‪(Vat. sir. 516, f. 27v‬‬
‫)‪(Paris BnF syr. 346, f. 122v‬‬
‫ܠܬܠܬܝܢ ̈ܫܢܝܢ ܠܩܘܪܒܐ‬‫ܢܘܣ ܿܒ̈ܪܝܐ ܡܛܠ ܠܡ ܕܩܪܘܢܘܣ ̈‬ ‫ܩܪܘ ܿ‬ ‫ܿ‬ ‫ܬܩܪܐ‬ ‫ܣܝܡ ܟ ܿ‬
‫ܕܡ ܸ‬ ‫ܸ‬ ‫ܐܘܢ ܕܝܢ‬ ‫ܸ‬
‫ܡܐܠ ܪܗܛܗ ܠܬܠܬ ܫܢܝܢ ܍ ܫܡܫܐܠ ܚܘܕܪܗ܇‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܕܐܣܦܝܪܐ ‪ .‬ܘܡܫ‬ ‫ܿ‬
‫ܸ‬
‫ܢܦܩ ܡܢܗܿ‬ ‫ܐܝܟ (‪ )27v‬ܕܢܐܬܐ ܿܠܡܢܬܐ ܿܕ ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܸ ܸ‬
‫ܿ‬
‫ܘܐܝܬܘܗܝ ܐܬܪܐ ܕܥܡܪ ܸܒܗ ܫܡܝܐ ‪..‬‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܠܝ ̄ܒ ̈‬
‫ܫܢܝܢ ܀‬ ‫ܒܐܬܪܐ ܙܘܣ ܕܝܢ ̄‬ ‫ܣܡ ܿܟܘ ܿܟܒܐ ܕܒܝܠ ܕܡܬܩܪܐ ܿܙܘܣ ‪ .‬ܒܗ ܿ‬
‫ܸ‬ ‫ܸ ܸ‬ ‫ܸ‬
‫ܡܫܡܐܠ‬ ‫ܣܦܝܪܐ ‪ܿ .‬ܘ ܿ‬ ‫ܕܐ ܸ‬ ‫ܐ‬ ‫ܢ‬ ‫ܬܪܝ‬ ‫ܐ‬ ‫ܕܡܝܐ ܿܘܒܚܘܕܪ‬ ‫ܿ‬
‫ܸ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܪܗܛܸܗ ܠܬ̈ܪܥܣܪ ܫܢܝܢ ‪..‬‬ ‫ܿ‬
‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܘܠܬܚܬ ܸܡ ܸܢܗ ܣܝܡ ܐܪܝܣ ܒܐܬܪܐ ܕܢܘܪܐ ܐܪܝܣ ܕܝܢ ܠܫܢܬܐ ܚܕܐ ܘܦܠܓܗ ܀‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܡܫܡܐܠ‬ ‫ܣܦܝܪܐ ‪ܿ .‬ܘ ܿ‬ ‫ܕܐ ܸ‬ ‫ܿܘܒܚܘܕܪܐ ܬܠܝܬܝܐ‬
‫ܸ‬
‫ܘܦܠܓܗ ‪..‬‬ ‫ܠܫܢܬܐ ܸ‬ ‫ܿܪܗܛܗ ܿ‬
‫ܿ‬
‫ܚܬ ܡܢ ܗܢܐ ܣܝܡ ܸܫܡܫܐ ܸܒܗ ܒܐܬܪܐ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܠܫܢܬܐ ܚܕܐ ܀‬ ‫ܠܬ ܸ ܿ‬ ‫ܿܘ ܿ‬
‫ܣܦܝܪܐ ‪.‬‬ ‫ܿ‬
‫ܕܐ ܸ‬ ‫ܸ‬ ‫ܕܢܘܪܐ ܘܒܚܘܕܪܐ ܪܒܝܥܝܐ‬
‫ܠܫܢܬܐ ܚܕܐ ‪.. ..‬‬ ‫ܡܫܡܐܠ ܿܪܗܛܗ ܿ‬ ‫ܿܘ ܿ‬
‫ܸ‬ ‫ܸ‬
‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܘܠܬܚܬ ܡܢ ܗܢܐ ܣܝܡܐ ܟܘܟܒܬܐ ܕ ܸܒܠܬܝ ܦܪܘܕܝܛܐ ܕܝܢ ܠܥܣ̈ܪܐ ܝ̈ܪܚܢ ܀‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܒܐܬܪܐ ܕܪܘܚܐ (‪)28r‬‬ ‫ܐܦܪܘܕܝܛܝ ܿ‬ ‫ܬܩܪܝܐ ܿ‬ ‫ܕܡ ܿ‬ ‫ܸ‬
‫ܣܦܝܪܐ ܘܡܫܡܠܝܐ ܪܗܛܸܗ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܕܐ ܸ‬ ‫ܘܒܚܘܕܪܐ ܚܡܫܝܐ ܸ‬
‫ܿ‬
‫ܠܫܢܬܐ ܦܨܝܪ ܬܪܝܢ ܝܪܚܝܢ ‪..‬‬ ‫ܿ‬
‫ܠܫܢܬܐ ܝ̈ܪܚܢ ܀‬‫ܒܐܬܪܐ ܕܪܘܚܐ ܿܘܒܚܘܕܪܐ ܐܪܡܝܣ ܕܝܢ ̈‬ ‫ܢܗ ܒܗ ܿ‬ ‫ܚܬ ܡ ܿ‬ ‫ܠܬ ܿ‬ ‫ܿܘ ܿ‬
‫ܸ‬
‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܕܐܣܦܝܪܐ ‪ .‬ܣܝܡ ܐܪܡܝܣ ܟܘܟܒܐ‬ ‫ܿ‬
‫ܿ‬ ‫ܫܬܝܬܝܐ ܸ‬
‫ܡܐܠ ܪܗܛܸܗ‬ ‫ܡܫ‬‫ܘܕ ܿܒܝܩ ܠܫܡܫܐ ‪ܿ .‬ܘ ܿ‬ ‫ܕܡܬܩܪܐ ܿܢܒܘ ܿ‬
‫ܸ‬ ‫ܸ‬ ‫ܸ ܸ‬
‫ܕܫܢܬܐ ‪..‬‬ ‫ܠܦܠܓܗ ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܗܝ ܸܪܐ ܣܝܡ‬ ‫ܿܘܠܬܚܬ ܡܢ ܟܠܗܘܢ ܟܘܟ ܸܒܐ ܘܢ ܿ‬
‫ܿ‬ ‫̈‬ ‫ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܿܣܗܪܐ ܸܒܗ ܒܐܬܪܐ ܕܪܘܚܐ ܿܘܒܚܘܕܪܐ ܫܒܝܥܝܐ ܣܗܪܐ ܕܝܢ ܠܝܪܚܐ ܚܕ ܊‬
‫ܿ‬ ‫ܿ ܿ‬
‫ܘܬܫܥܐ ܟܠܚܕ ܡܢܗܘܢ ܕܝܢ ܠܩܘܪܒܐ ܐܝܟܢܐ ܕܩܕܝܡܐ‬ ‫ܠܥܣܪܝܢ ܸ‬ ‫ܡܐܠ ܪܗܛܸܗ ܸ‬ ‫ܣܦܝ̈ܪܐ ܘܡܫ ܸ‬ ‫ܕܐ ܸ‬ ‫ܸ‬
‫̈‬
‫ܠܣܘܢܘܕܘ ܿ‬ ‫ܠܓܗ ‪ .‬ܡܢ ܣܗܪܐ ܓܝܪ ܠܗܠ ܸܝܢ ܐܡܝܪܐ ܡܚܫܒ ܠܗܘܢ‬ ‫ܿ‬ ‫ܿܝ ̈‬
‫ܕܥܒܕܝܢ ܗܟܢܐ‬ ‫ܘܦ ܸ‬ ‫ܘܡܝܢ ܸ‬
‫ܿ‬
‫ܬܝܗܘܢ‬ ‫ܣܛܘܟ ܸܣܐ ܣܝܡܝܢ (‪ )28v‬ܕܐܝ‬ ‫̈‬ ‫ܐ‬ ‫ܐ ܿ‬ ‫ܿ‬
‫ܪܒܥܐ ܸ‬
‫ܐܪܥܐ ‪..‬ܘܡܝܐ ‪ ..‬ܘܢܘܪܐ ‪ .‬ܘܐܐܪ‬ ‫ܿ‬

‫? ‪Que dire de la langue de cet exposé‬‬

‫‪Nous relevons extrêmement peu de particules : seules ger et den y‬‬


‫‪apparaissent de façon parcimonieuse.‬‬
‫‪L’influence du grec est peu marquée : on y trouve seulement les‬‬
‫‪termes σφαῖρα et στοιχεῖον translittérés du grec, qui firent cependant très tôt‬‬
‫‪partie du vocabulaire syriaque. Le nom des planètes est certes fourni en grec‬‬
‫‪(qronos, zeus, ares, aphroditi et ermes), mais ces dénominations sont‬‬
‫‪systématiquement accompagnées d’un équivalent culturel sémitique (kewon,‬‬
‫‪kaukbto, d-bel, bilti, nabu) à l’exception de Mars. Le texte est en tout cas‬‬
‫‪vierge de toute influence arabe. Le fait que la planète Mercure reçoive le‬‬

‫‪365‬‬
Établissement et application de critères de datation

nom de Nabu retient particulièrement notre attention, car c’est un terme que
nous n’avions jamais rencontré au cours de nos lectures de textes
astronomiques (qui étaient tous en provenance d’un milieu syro-occidental).
En revanche nous savons, par l’intermédiaire d’amulettes magiques écrites
e
en syriaque au VI siècle en milieu persan304, que les orientaux de Perse
avait repris cette vieille dénomination babylonienne pour désigner cette
planète, qu’on retrouve également dans le lexique mandéen305.
Le vocabulaire astronomique en usage dans cette lettre est emprunté
à un fond lexical ancien, peu précis, le genre de lexique que l’on peut
trouver dans le Commentaire de la Genèse d’Éphrem. Le terme giglo est,
par exemple, utilisé pour désigner indifféremment la sphère, le disque, le
cercle (terme biblique employé surtout chez Éphrem), celui de marduto
pour désigner la marche des planètes, celui de rehṭo pour renvoyer à
l’orbite. L’expression klilo d-malwoše (= couronne des signes) renvoie au
cercle du zodiaque. C’est exactement l’expression qu’avait employée
l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune 306 qui probablement
écrivait au début du VIe siècle.
Mais les concepts ne correspondent pas à ceux exposés par Éphrem
qui prônait un modèle archaïque du cosmos307 (tout comme Aphraate308 puis
plus tard Narsaï 309 et Jacques de Saroug 310 ). Cette lettre défend bien au
contraire l’idée que l’univers est parfaitement sphérique et que les cercles
formés par les planètes autour de la terre sont inclinés et restent dans la zone

304
Ph. Gignoux a publié et traduit le texte de ces amulettes dans GIGNOUX Ph.,
Incantations magiques syriaques, Louvain, E. Peeters, 1987 [Collection de la Revue
d’Études Juives 24], p. 45-59.
305
Cf. FURLANI G., « I pianeti e lo zodiaco nella religione dei Mandei », Atti della
Academia nazionale dei Lincei (ser. 8) 2, fasc. 3, 1948, p. 134.
306
Celui qui se trouve dans le ms. Paris BnF syr. 346 aux f. 51v-60r.
307
Éphrem de Nisibe, Commentaire sur la Genèse (CSCO 152-153) [vers 350 A.D.]. Pour
une étude comparative des représentations cosmographiques chez les auteurs chrétiens
syriaques de la fin de l’antiquité et du moyen âge, voir l’excellente étude de INGLEBERG H.,
Interpretatio christiana : les mutations des savoirs (cosmographie, géographie,
ethnographie, histoire) dans l’Antiquité chrétienne, 30-630 après J.-C., Paris, Institut des
études augustiniennes, 2001, et en particulier le tableau 3 de la page 42.
308
Aphraate le sage persan, Les Exposés, traduction du syriaque, introduction et notes par
M.-J. Pierre, Paris, Le Cerf, 1988, vol. 1 (SC 349) ; 1989, vol. 2 (SC 359). Les Exposés ont
été composés entre 336 et 345 apr. J.-C.
309
NARSAÏ, Homélies sur la création, PO 34 (fasc. 3 et 4), Turnhout, Brepols, 1968. Narsaï
composa ces homélies à la fin du Ve siècle.
310
Cf. en particulier les Homélies sur l’Hexaméron de Jacques de Saroug, composées vers
510 apr. J.-C.

366
Établissement et application de critères de datation

du cercle du zodiaque. On sait que ce modèle astronomique avait été


défendu par Bardesane (vers 200) puis par Sergius de Reš‘ayna et enfin au
monastère de Qennešrin (Sévère Sebokht, Jacques d’Édesse, Georges des
Arabes).
Les mois reçoivent les noms du calendrier syriaque habituel et non
ceux du calendrier alexandrin comme le pratiquait Sévère Sebokht.

Malheureusement l’extrait que nous avons trouvé à la Bibliothèque


Apostolique Vaticane n’est pas assez long pour pouvoir appliquer nos
critères de datations dans des conditions satisfaisantes. De plus, si nous
avons là, comme nous le pensons, un témoin de l’astronomie pratiquée chez
les syro-orientaux, il est alors possible que nous touchions aux limites de
notre méthode de datation.
Cela étant dit, il reste des éléments qui nous font croire à
l’ancienneté du texte : tout d’abord la lettre est vierge de toute influence
linguistique arabe ; le vocabulaire est parfois archaïque ; enfin, l’extrait
défend l’idée du mouvement régulier des astres, comme le faisait l’auteur du
fragment sur les éclipses conservé dans les derniers feuillets du ms. Paris
BnF syr. 346 311 , alors que Claude Ptolémée puis les astronomes arabes
avaient contesté la régularité du mouvement de révolution des planètes en
tentant d’expliquer les phénomènes de rétrogradation à l’aide notamment de
la théorie des épicycles312.

Si ce texte avait été produit dans un milieu syro-occidental, nous


aurions pu attribuer la faible influence du grec à une production précoce
(Ve siècle). Mais l’auteur étant un syriaque oriental (étant donné le nom de

311
L’auteur du fragment insiste sur l’« évidence » de la régularité des mouvements des
planètes : « ‫ܘܢܦ ܸܚܡ ܙܘܥܐ ܕܚܕ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܥܡ‬ܿ ‫ܐܢܗܘ ܓܝܪ ܕܢܡܫܘܚ ܐܢܫ ܐܬܪܐ ܕܚܘܕܪܐ ܕܚܕ ܚܕ ܡܢܗܘܢ܇‬
ܿ
‫ ܐܐܠ‬.‫ ܡܫܟܚ ܐܢܬ ܕܠܝܬ ܒܗܘܢ ܕܡܬܝܢ ܐܘ ܕܩܠܝܠ ܡܢ ܚܒܪܗ‬.‫ܕܚܒܪܗ܆ ܠܦܘܬ ܪܡܘܬܐ ܐܘ ܙܥܘܪܘܬܐ ܕܚܘܕܪܗ‬
‫ « ; » ܕܫܘܝܢ ܘܡܬܬܙܝܥܝܢ ܐܝܟ ܚܕܐ ܒܚܕܐ ܡܘܫܚܬܐ ܀‬Car si on mesurait l’espace des cercles de
chacune des planètes, et qu’on comparait le mouvement de chacune d’elle à celui de son
compagnon, en fonction de la grandeur ou de l’étroitesse du cercle, tu trouverais qu’aucune
parmi elles n’est plus lente ou plus rapide que son compagnon, mais qu’au contraire elles se
meuvent de la même manière, au même rythme ». Ce qui est complètement faux et qu’un
observateur du ciel attentif aurait pu facilement réfuter.
312
L’influence des progrès réalisés par les astronomes arabes à ce niveau est manifeste dans
Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], Partie I, chap. 4, §. 5, p. 40-42).

367
Établissement et application de critères de datation

Nabu qu’il utilise pour désigner Mercure), nos critères de datation ne sont
peut-être pas tout-à-fait pertinents pour pouvoir être appliqués à la lettre.
Quoi qu’il en soit, cette lettre ne saurait être le témoin d’une
correspondance entre Sévère et son ami Basile évoqué dans la lettre
précédente. Ici la lettre est adressée à quelqu’un qui cherche à apprendre de
l’auteur, c’est-à-dire de Basile. Ce Basile pourrait-il être l’un des
interlocuteurs orientaux de Sévère Sebokht313 ? La question reste ouverte,
même si nous penchons en faveur d’une production plus ancienne de ce
texte.

4. Ms. Vat. sir. 555

La bibliothèque Apostolique Vaticane possède un autre manuscrit


fort intéressant et de petite dimension (format de poche) consacré à des
sujets se trouvant tous plus ou moins liés à l’astronomie (voir la notice
détaillée de ce manuscrit en annexes).
Nous avons relevé une liste des signes du zodiaque identique à celle
e
contenue dans le manuscrit londonien (datant du VII siècle), ainsi que trois
autres textes.
Bien que la copie de ce manuscrit soit clairement datée, par le scribe,
de l’an 1812 des Grecs (1501 apr. J.-C.), à la fin du manuscrit, nous avons
retrouvé d’autres dates, à l’intérieur des textes, indiquant que les exemples
astronomiques pris pour opérer des calculs avaient pu être utilisés par des
auteur à des dates bien antérieures : c’est le cas de deux traités (Traité sur la
position de la lune et sur la cause de ses phases, f. 35r-36r, et le Traité sur
la fixation du jeûne, f. 40r-43r ) qui proposent tous deux d’opérer le calcul
pour l’an 1000 des Grecs (= 688 apr. J.-C.). Il est fort probable que ces
e
traités soient donc du VII siècle. Rappelons également que ce manuscrit

313
Selon F. Nau, l’interlocuteur de Sévère Sebokht était un certain Basile, prêtre de l’île de
Chypre, ce qui réduit encore les chances qu’il puisse s’agir des mêmes individus (cf. NAU,
« Le traité sur les constellations », 1929, Introduction, p. 331). Ceci est notamment
confirmé dans une lettre de Sévère sur la répartition des climats en latitude, où Sévère
explique que lui-même, vivant en Syrie profonde et que son interlocuteur, vivant sur l’île de
Chypre, appartiennent tous deux au quatrième climat (texte inédit du ms. Paris BnF syr.,
f. 128r).

368
Établissement et application de critères de datation

contient un texte dont G. Levi Della Vida avait estimé qu’il avait été
e
composé au VI siècle314. Ainsi nous nous trouvons en présence de sérieux
indices pouvant attester de l’antiquité de plusieurs des textes contenus dans
ce manuscrit. Mais tous les traités relatifs à l’astronomie ne proposant pas
de calculs avec mention de dates, il nous faut pousser plus avant l’analyse
linguistique et examiner le contenu scientifique des textes.

a. Liste des signes zodiacaux

Nous signalons simplement qu’au f. 5r se trouve une liste dans


laquelle figurent des termes très anciens pour désigner les signes du
zodiaque. Les noms accordés au Sagittaire [ṣalmo rabbo], aux Gémeaux
[tren ṣalme], à la Vierge [šbalto] et à la Balance [qa(n)šlomo], qu’on y lit, ne
sont notamment plus attestés sous cette forme après Sergius de Reš‘ayna.
Voici cette liste :

‫[ ܬܪܝܢ‬...] ‫[ ܘܬܘܪܐ‬...] ‫ ܐܡܪܐ‬. [...] ‫“ܬ̈ܪܥܣܪ ̈ܡܠܘܫܐ‬


‫[ ܩܢܫܠܡܐ‬...] ‫[ ܫܒܠܬܐ‬...] ‫[ ܐܪܝܐ‬...] ‫[ ܣܪܛܢܐ‬...] ‫ܨܠܡܐ‬
̈ [...] ‫[ ܕܘܐܠ‬...] ‫[ ܓܕܝܐ‬...] ‫[ ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬...] ‫[ܥܩܪܒܐ‬...]
”. ‫ܢܘܢܐ‬

b. Le Livre d’Alexandre le grand ou Traité d’astronomie

Le premier texte astronomique qui a attiré notre attention, dans ce


ms. Vat. sir. 555, se trouve aux f. 20v à 25v. Voici son incipit :

314
Il s’agit du Discours du philosophe Rufinus à son disciple Théon (ms. Vat. sir 555, f. 46r-
62v). Notons qu’il ne faut pas se fier complètement aux indications bibliographiques de
VAN LANTSCHOOT, Inventaire des manuscrits, 1965, p. 74-75 : G. Levi Della Vida n’a pas
édité et traduit ce texte. Le texte qu’il a établi et traduit dans LEVI DELLA VIDA, « La
Dottrina », 1951, correspond à celui qu’on trouve dans le ms. Vat. sir. 217. Le manuscrit
Vat. sir. 555 renferme pour sa part aux f. 45v-62v un long développement astronomique,
absent du manuscrit Vat. sir. 217 et qu’on ne retrouve pas dans l’édition de G. Levi Della
Vida.

369
Établissement et application de critères de datation

‫ܬܘܒ ܒܝܕ ܐܠܗܐ ܡܨܐ ܟܠ ܡܫܪܝܢܢ ܠܡܟܬܒ ܟܬܒܐ‬


‫ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܕܡܬܩܪܐ ܐܪܒܐܝܬ ܙܝܓ ܕܡܘܕܥ ܒܗ ܥܠ ܗܠܝܢ‬
̈
‫ܟܘܟܒܐ ܛܥܝܐ ܘܟܪܘܟܝܐ ܕܝܠܗܘܢ‬ ̈
‫ܫܒܥܐ‬

« Par la grâce du dieu omnipotent nous commençons à


écrire le Livre d’Alexandre dit en arabe zij315 grâce auquel on
connaîtra les sept étoiles errantes et leur révolution »

Ce texte est bien évidemment à exclure du corpus, à cause du


‫ ܐܪܒܐܝܬ‬qui implique une rédaction durant la période arabe. Nous tenons
cependant à présenter ce texte à propos duquel il n’existe, à notre
connaissance, aucune étude. Il est en effet important, dans une perspective
comparatiste, de montrer à quoi ressemble un texte astronomique syriaque
produit à cette époque, et ce qui, dans la langue, le manifeste comme tel. Ce
traité nous semble d’ailleurs être un modèle de comparaison idéal parce
qu’il traite des mêmes sujets astronomiques que ceux abordés dans les textes
e
produits avant le VIII siècle, à savoir : le temps de révolution de chacune
des planètes autour de la terre et la notion de nœuds ascendant et
descendant.

Notons d’emblée que dès l’incipit nous avons deux éléments


nouveaux qui n’apparaissaient pas dans les textes de la période qui nous
intéresse : l’invocation à Dieu et le recours à la langue arabe.

Le traité se répartit ensuite en sept paragraphes traitant


respectivement de la révolution de Saturne (f. 20v-21r), de la répartition du
zodiaque (f. 21r-22r), de la révolution de Jupiter (f. 22r-22v), de la
révolution de Mars (f. 22v-23r), de la révolution de Mercure (f. 23r-24r), de

315
Ce terme désigne couramment le calendrier en arabe. Mais R. Morelon remarque que
« beaucoup de traités d’astronomie sont désignés par le mot zīj, terme d’origine persane
correspondant au grec kanon ; au sens propre, il s’agit de recueils de tables de mouvements
des astres, introduites par l’exposition des schémas qui permettent leur composition ; mais
ce mot zīj est souvent utilisé comme terme générique pour désigner de grands traités
d’astronomie qui comportent des tables (Par exemple l’œuvre importante d’al-Battānī al-Zīj
al-Ṣābī ou celle d’al-Bīrūnī al-Qānūn al-Masʻūdī – où est conservée la transcription du
grec - »). Cf. MORELON R., « Panorama général de l’histoire de l’astronomie arabe », in
Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris,
Seuil, 1997, p. 17.

370
Établissement et application de critères de datation

la révolution de Vénus (f. 24r-25r) et enfin du calcul des nœuds ascendant et


descendant (f. 25r-25v).

Les planètes sont désignées par les noms suivants :

Saturne316 : ‫[ ܩܪܘܢܘܣ‬qronos] (gr.) ; ‫[ ܟܐܘܢ‬kewon] (syr.) ; ‫[ ܙܚܠ‬zuḥal] (ar.).


Jupiter317 : ‫[ ܙܘܣ‬zeus] (gr.).
Mars318 : ‫[ ܐܪܝܣ‬ares] (gr.).
Mercure319 : ‫[ ܗܪܡܝܣ‬hermes] (gr.) ; ‫‘[ ܥܛܪܕ‬uṭarid] (ar.).
Vénus320 : ‫[ ܦܪܘܕܝܛܝ‬phroditi] (gr.) ; ‫[ ܐܠܣܝܪ‬alsir] (ar.)321

Toutes les planètes reçoivent des noms grecs ; l’auteur du texte


prend également le temps de préciser pour certaines d’entre elles leur nom
arabe (Saturne, Mercure et Vénus), voire le nom sémitique ancien (kewon
pour Saturne), mais il revient ensuite au nom grec pour les désigner.
Finalement, seul Saturne continue de bénéficier de son nom syriaque, en
concurrence avec son nom grec et arabe, mais on voit clairement que
l’ancienne terminologie n’est plus en usage. En revanche le lexique arabe
fait son apparition : trois planètes sur cinq reçoivent dans ce court traité un
nom arabe. On notera que la planète Vénus est la seule à être désignée deux
fois sous son nom arabe. Cela n’a rien d’étonnant, si l’on prend en
considération le fait que cette étoile est la plus facile à observer dans le ciel.
L’ « étoile du berger » n’avait sans aucun doute pas attendu les travaux des
astronomes pour passer de la langue arabe à la langue des autochtones
syriaques.

316
Ms. Vat. sir. 555, f. 20v. Les différents noms de Saturne sont présentés de cette
manière : « ‫ ܚܫܘܒ ܫܢ̈ܝܐ‬. ‫ܚܘܫܒܢܐ ܕܩܪܘܢܘܣ ܕܡܬܩܪܐ ܙܚܠ ܆ ܐܢ ܨܒܐ ܐܢ̄ܬ ܕܬܕܥ ܐܝܟܐ ܐܝܬ ܟܐܘܢ‬
‫ » ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܡܠܟܐ‬/ « Calcul relatif à Qronos dit Zuḥal : si tu veux savoir où est Kaun,
compte les années depuis le règne d’Alexandre ».
317
Ms. Vat. sir. 555, f. 22r.
318
Ms. Vat. sir. 555, f. 22v.
319
Ms. Vat. sir. 555, f. 23r.
320
Ms. Vat. sir. 555, f. 24v.
321
Translittération un peu lointaine de l’arabe āz-zŭhirā.

371
Établissement et application de critères de datation

Un autre terme astronomique est également marqué par l’arabe :


pour désigner les degrés, l’auteur recourt au terme ‫( ܕܪܓܐ‬dargo), qui
appartient au fonds lexical sémitique et désigne, dans la bible, en hébreu et
en syriaque, les degrés d’une échelle, les marches d’un escalier. En arabe, le
terme a été utilisé pour désigner précisément les degrés d’un cercle.
L’utilisation qui est faite, dans ce contexte, du ‫ ܕܪܓܐ‬indiquerait donc
l’influence de l’arabe. On note d’ailleurs que le grec murus utilisé
couramment par Sévère Sebokht puis par Bar Hebraeus n’est pas réemployé
ici.
Les minutes s’expriment en qṭinto (‫)ܩܛܢܬܐ‬, ce qui est courant en
syriaque, mais qui va à l’encontre de la proposition faite par Sévère Sebokht
̈ translittérée du grec, suivi
qui avait introduit la forme plurielle lepṭa (‫)ܠܦܛܐ‬
en cela par Bar Hebraeus.
Le terme burgo, issu de l’arabe, fait également son apparition dans
ce texte. Il sert à désigner de façon générale les signes du zodiaque, c’est-à-
dire ces 30 degrés, qui forment une unité de mesure pour l’astronome afin
de se repérer plus facilement sur le cercle du zodiaque et de faciliter bien
entendu les calculs. Sévère Sebokht avait repris du grec le terme zodion
(‫)ܙܘܕܝܘܢ‬, qui fut également utilisé par Bar Hebraeus, ainsi que celui, encore
plus technique de dodekatemoria (‫)ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܐ‬, mais dans le présent traité
̈
il n’est question que de malwoše (‫ܡܠܘܫܐ‬, signes) et de burge (qu’on
pourrait éventuellement rendre par « maisons »).

Grâce à ce traité astronomique nous pouvons également reconstituer


une liste des signes du zodiaque pratiqués durant l’époque arabe. Cette liste
correspond en tout point à celle utilisée par Sévère Sebokht, par l’auteur du
Causa causarum (Xe s.)322 et par Bar Hebraeus (XIIIe s.), confirmant notre
étude précédente.

Regardons à présent de plus près le dernier paragraphe sur les nœuds


ascendant et descendant :

322
Causa Causarum, [éd. KAYSER], vol. 1, p. 193 (texte) : on trouve le nom de tous les
signes sur cette seule page.

372
Établissement et application de critères de datation

‫ܐܝܬܘ ܪܝܫܐ ܐܦ ܕܘܢܒܐ‬ ̄ ‫܀ ܘܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܐܝܟܐ‬


‫ ܘܐܘܣܦ‬. ‫ܕܒܥܐ ܐܢܬ‬ ܿ ‫ܫܢܝܐ ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܡܠܟܐ ܒܙܒܢܐ‬ ̈ ‫ܠܒܘܟ‬
̈ ̈
‫ ܘܦܘܩ ܠܡܢܝܢܐ ܕܡܐܐ ܬܠܬܝܢ ܬܠܬܝܢ‬. ‫ܥܠܝܗܝܢ ܡܢ ܕܝܠܟ ܚܡܫܐ‬
‫ܡܫܡܐܠ ܚܘܫܒܢܗܝܢ ܡܐܐ ܦܘܩ ܐܢܝܢ‬ ܿ ‫ܘܕܫܪ ܕܡܢܝܢܐ ܕܐܠ‬
ܿ
‫ܬܡܢܬܥ ܘܕܐܠ ܡܐܠ ܬܡܢܬܥܣܪ ܫܪܐ ܘܡܢܝ ܡܢ ܪܝܫܐ‬ܿ ̄ ‫ܬܡܢܬܥܣܪ‬
ܿ ̄
‫ ܘܐܝܟܐ ܕܫܠܡ‬. ‫ܡܠܘܫܐ ܚܕ ܘܦ‬ 323
...‫ ܗܦܟܐܝܬ ܠ‬. ‫ܕܬܐܡܐ‬
‫ ܘܡܢܝ ܐܢܬ ܫܒܥܐ ܡܠܘܫܐ ܡܢ ܕܘܟܬܐ‬. ‫ܐܝܬܘ ܪܝܫܐ‬ ̄ ‫ܡܢܝܢܟ ܬܡܢ‬
ܿ
‫) ܠܘܩܒܠܗ ܬܪܥܐ‬25v( ‫ܕܡܫܬܟܚ ܒܗ ܪܝܫܐ ܘܬܡܢ ܩܐܡ ܐܦ ܕܘܢܒܐ‬ ܿ
‫ܐܝܬܘ ܪܝܫܐ ܐܦ ܕܘܢܒܐ‬ ̄ ‫ܐܚܪܢܐ ܇ ܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܐܝܟܐ‬
ܿ
. ‫ ܠܒܘܟ ܫܢܝܐ ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܡܠܟܐ ܒܙܒܢܐ ܕܒܥܐ ܐܢܬ‬.‫ܠܘܩܒܠܗ‬
̈ ̈
. ‫ ܘܕܫܪܟܐ ܕܡܢܝܢܐ ܦܘܩ ܐܢܝܢ ܬܠܬܝܢ ܬܠܬܝܢ‬. ‫ܘܦܘܩ ܡܢ ܡܢܝܢܟ ܚܕ‬
̈ ‫ ܡܢ‬. ‫ܬܠܬܝܢ ܿܫܪܝ ܘ ܡܢܝ ܗܦܟܐܝܬ‬ ̈ ̈
.‫ܬܐܡܐ‬ ‫ܘܗܠܝܢ ܕܐܠ ܡܠܝܢ ܬܠܬܝܢ‬
̄ ‫ܘܦ ܚܕ ܘܦܠܓܗ ܘ ܘܐܝܟܐ ܕܐܠ ܿܡܐܠ ܚܕ‬
. ‫ܘܦ‬ ̄ ‫ܘܗܒ ܠܟܠ ܒܝܬܐ ܚܕ‬
‫ܬܡܢ ܿܩܐܡ ܪܝܫܐ ܘܠܘܩܒܠܗ ܐܦ ܕܘܢܒܐ ܆ ܫܠܡ ܡܢܝܢܐ ܗܢܐ‬
‫ܒܥܘܨܠܘ‬

Si tu veux savoir où se trouvent les nœuds ascendant


(rišo ;= la tête) et descendant (dunbo ; = la queue), prends les
années du roi Alexandre au moment de ta recherche et ajoutes-y
un cinquième324. Rapporte le chiffre de 100 de trente en trente et
s’il s’avère que le chiffre ne s’arrête pas au compte de 100,
rapporte le reste de 18 en 18, et ce qui ne complète pas dix-huit,
fais-les commencer et comptes-les à partir du commencement
des Gémeaux, dans le sens inverse du cercle du zodiaque
jusqu’à 180. Et là où tombera ton chiffre se trouve le nœud
ascendant (rišo) et en comptant jusqu’au septième signe à partir
de l’endroit où se trouve le nœud ascendant, on déterminera
également celui du nœud descendant (dunbo ) à l’exact opposé.
Autre paragraphe : si tu veux savoir où se trouve le nœud
ascendant (rišo) mais aussi le nœud descendant (dunbo), son
opposé, prends les années du roi Alexandre au moment de ta
recherche et rapporte le chiffre obtenu une fois. Ce qui reste du
chiffre, rapporte-le de trente en trente et ce qui ne complètera
pas trente, reporte-les et décomptes-les dans le sens rétrograde, à
partir des Gémeaux. Attribue à chaque région 180, soit une
moitié, et la région qui ne sera pas complète, c’est là où se
trouvera le nœud ascendant et à l’endroit opposé le nœud
descendant. Par la grâce.

323
Mot rogné en fin de ligne. Il reste une lettre après le lomad.
324
On s’attendrait ici plutôt à une division par quatre pour le calcul des jours bissextiles.

373
Établissement et application de critères de datation

Notons d’emblée que les explications sont peu cohérentes. Nous


pouvons ainsi nous faire une idée du degré de qualification de l’auteur de ce
texte qui ne se manifeste pas comme un spécialiste en astronomie.

La terminologie utilisée par notre auteur est bien différente de celle


pratiquée par les astronomes du VIe et du VII
e
siècle : ces derniers, recourant
au grec (ἀναβιβάζων pour le nœud ascendant et καταβιβάζων pour le nœud
descendant), avait linguistiquement tiré un trait sur la vieille théorie de
l’Atalya (dont la tête et la queue auraient été la cause des phénomènes
d’éclipse). Le présent texte, intitulé Livre d’Alexandre, ou Calendrier,
composé durant la période de domination arabe, n’a pris en compte ni les
propositions de Sergius de Rešʻayna ni celles de Sévère Sebokht, mais a
préféré retourner à l’ancienne terminologie, tout aussi teintée de mythologie
qu’elle ait pu être, en appelant le nœud ascendant rišo, c'est-à-dire la tête
(d’Atalya) et le nœud descendant dunbo, soit la queue (d’Atalya). Ce n’est
pas le cas de tous les écrivains syriaques de la période arabe intéressés par
l’astronomie : Bar Hebraeus, qui proposa des cours d’astronomie bien plus
sérieux que celui qu’on peut lire ici, employait la même terminologie que
celle de Sévère 325 et l’auteur anonyme du Causa causarum326, même s’il
peut lui arriver de rappeler l’ancienne terminologie syriaque, en privilégiant
l’usage du lexique grec.

En somme, on voit que durant la période arabe, le type de


vocabulaire employé pour exprimer des concepts astronomiques pouvait
varier en fonction du niveau de qualification de l’écrivain. Nous notons une
certaine tendance à récupérer un vocabulaire archaïque, qui devait être un
fond sémitique bien commode pour les Syriaques qui cherchaient non plus
seulement à introduire des concepts dans leur langue, mais à s’adapter à la
terminologie arabe. Ainsi les noms accordés au degré, à la minute, au

325
Voir par exemple Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], I, 7, 8, p. 95 (texte) ; p. 79 (trad.).
326
Causa causarum [éd. KAYSER], vol. 1, p. 193 : « ‫ ܘܡܬܩܪܝܐ ܚܕ‬... ‫ܐܣ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ ܩܛ̈ܪܬܐ‬
.‫ ܘܐܚܪܬܐ ܩܛܪܬܐ ܕܕܘܢܒܗ ܕܬܢܝܢܐ ܘܡܬܩܪܐ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬.‫ ܐܘܟܝܬ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬.‫ܩܛܪܬܐ ܕܪܝܫܗ ܕܬܢܝܢܐ‬
̈
‫ܡܬܚܙܝܢ‬ ̈
‫ܕܠܥܝܢܐ ܐܠ‬ ‫ܕܘܟܝܬܐ ܐܠܨܬܐ ܒܡܘܙܠܬܐ‬ ̈ ‫ » ܗܠܝܢ ܐܝܬܝܗܝܢ‬/ « des nœuds (qaṭarte) […], l’un
est appelé noeud de la tête du dragon ou anabibazon, et l’autre noeud de la queue du
Dragon dit aussi qaṭabibazon : ces deux endroits exacts de l’écliptique sont invisibles à
l’œil nu ».

374
Établissement et application de critères de datation

cercle, à la sphère, au signe zodiacal, à l’orbite, à l’écliptique, qui étaient


jusqu’à la période arabe issus du grec, tendent à être abandonnés au profit
d’un vocabulaire plus proche de l’arabe. Un mot comme dargo (daraga en
arabe), qui existait bel et bien dans la langue syriaque, mais qui n’avait
jamais appartenu au champ lexical astronomique, devient, sous l’influence
de l’arabe, le terme de référence pour désigner les degrés du cercle ! Ainsi il
faut croire qu’à l’époque arabe, daraga tendait à détrôner le murus, cher à
Sévère. Enfin, il convient de différencier les productions techniques, à
vocation scientifique, comme celles de Sévère Sebokht ou de Bar Hebraeus,
des traités un peu charlatanesques, comme celui du présent Livre
d’Alexandre, ou les propos de l’auteur anonyme du Causa causarum,
insérés dans un ouvrage plus général dont la visée est théologique. Seul Bar
Hebraeus, qui composa les traités astronomiques les plus méthodiques et les
plus poussés du point de vue de la précision des concepts exposés et des
calculs, hérita du vocabulaire technique mis en usage par Sévère Sebokht.

c. Traité sur la position des planètes

Le copiste du manuscrit Vat. sir. 555 entame un nouveau texte à


partir du f. 26v dont voici l’Incipit :

‫ܬܘܒ ܫܪܒܐ ܕܡܚܘܐ ܙ̄ ܕܒܐܝܢܐ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܬܪܥܣܪ ܒܘ̈ܪܓܐ‬


̈
‫ܟܘܟܒܐ‬ ‫ ܩܐܡ ܟܠ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܫܒܥܐ‬. ‫ܡܬܟܝܢ ܐܘܟܝܬ ܘܠܫܬܟܚ‬
̈
‫ܘܕܥܕܢܐ ܒܝܕ‬ ̈ ‫ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ‬327‫ܡܪܗܛܢܐ ܘܡܕܒ̈ܪܝܐ‬
‫ܘܕܫܒܐ‬ ̈
̈
. )72r( ‫ܕܟܘܟܒܐ‬ ‫ ܡܛܠ ܕܗܘ ܡܢܝܢܐ ܡܢܐ‬. ‫ܪܡܙܗ ܕܐܠܗܐ‬
̈ ‫ܘܠܟܠܗܘܢ ܩܪܐ‬
‫ܫܡܗܐ ܀‬

« Nouveau traité montrant dans lequel des douze signes se


trouvent les 7 <planètes>, c’est-à-dire où on peut les trouver.
Chacune de ces sept étoiles présente des courses et une
existence solitaire rythmée par le ciel, la terre, les semaines et
les heures, selon le mystère de Dieu, de sorte qu’<on peut
connaître> le nombre des étoiles et leur donner des noms à
chacune. »

327
Lire ‫ ܡܕܒ̈ܪܢܐ‬.

375
Établissement et application de critères de datation

L’auteur invoque, comme dans le texte précédent, l’autorité divine.


Les noms qu’il donne ensuite à chacune des planètes comprennent des
termes arabes, ce qui ne nous permet pas de douter du fait que cet écrit soit
e
une composition de la période arabe, postérieure au VII siècle. Voici les
noms affectés aux planètes, dans l’ordre où elles apparaissent :

Saturne328 : ‫[ ܩܪܢܘܣ‬qronos] (gr.) ; dans la marge ‫[ ܙܚܠ‬zuḥal] (ar.).


Jupiter329 : ‫[ ܙܘܣ‬zeus] (gr.) ; dans la marge ‫[ ܐܠܡܫܬܪܝ‬elmaštari] (ar.)
Mars330 : ‫[ ܐܪܝܣ‬ares] (gr.).
Vénus331 : ‫[ ܦܪܘܕܝܛܝ‬phrodiṭi] (gr.) ; dans la marge ‫[ ܙܗܪܐ‬zuhara] (ar.) ;
puis, à la fin du calcul apparaissent les trois noms de cette
planète : ‫[ ܒܠܬܝ‬bilti] (syr.), ‫[ ܙܗܪܐ‬zuhara] (ar.) et [phrodiṭi] (gr.).
Mercure332 : ‫[ ܗܪܡܝܣ‬hermes] (gr.)

On notera que ce texte est complètement dépourvu de particules de liaisons


grecques.

d. Traité sur les éclipses de lune

Un dernier traité conservé dans le ms. Vat. sir. 555 a retenu notre
attention : il s’agit d’un développement astronomique sur les éclipses de
lune, placé arbitrairement au milieu des Discours du Philosophe Rufinus
adressés à son disciple Théon, aux f. 53v à 56v : G. Levi Della Vida qui,
pour l’édition des discours, avait procédé à la collation de plusieurs
manuscrits arabes et de deux manuscrits syriaques (Vat. sir. 217 et
Vat. sir. 555), avait remarqué que seul le manuscrit 555 du Vatican

328
Ms. Vat. sir. 555, f. 27r.
329
Idem.
330
Idem.
331
Ms. Vat. sir. 555, f. 27v. Noter que le terme arabe, employé ici pour désigner Vénus
(‫[ ܙܗܪܐ‬zuhara]), est différent de celui en usage dans le Calendrier d’Alexandre (texte
précédent, qui employait la forme ‫[ ܐܠܣܝܪ‬alsir]). Alsir est le nom d’usage de cette planète
en arabe. En revanche zuhara pourrait bien être un équivalent du grec φοσφόρος
(cf. BOUCHÉ-LECLERC A., L’astrologie grecque, Paris, E. Leroux, 1899, p. 66-67).
332
Ms. Vat. sir. 555, f. 27v.

376
Établissement et application de critères de datation

présentait ce développement, dont il ne mentionna pas même l’existence


dans son édition. Il en avait certainement déduit que cet ajout du copiste
visait, comme l’indique l’incipit, à « éclairer » quelques notions
astronomiques, et il a tout simplement exclu ce passage de son édition.
Voici le titre de ce passage inséré dans le Vat. sir. 555 :

ܿ ‫ܫܥܐ ܕܐܝܡܡܐ ܘܕܠܠܝܐ ܕܟܡܐ‬


‫ܗܘܝܢ ܒܟܠ ܝܪܚܐ‬ ̈ ‫ܢܗܝܪܘܬܐ ܡܛܠ‬
333
‫ܒܝܪܚܗ‬
Explications relatives aux heures du jour et de la nuit :
combien y en t-il chaque mois ?

Après un paragraphe consacré à déterminer la part des heures


nocturnes et diurnes dans une journée, en fonction du mois de l’année
(f. 53v-54v), l’auteur aborde la question des éclipses de lune (f. 54v-55v)
puis celle des phases lunaires (f. 55v-56v).

Regardons de plus près le passage relatif aux éclipses de lune :

‫ܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܗܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܇ ܒܐܝܕܐ ܡܢܬܐ‬


. ‫ܐܘ ܕܩܛܒܝܒܙܘܢ ܿܩܐܡ ܫܡܫܐ‬ ܿ ‫ܘܩܛܝܢܬܐ ܒܒܝܬܐ ܕܐܢܒܝܒܙܘܢ‬
‫ ܐܢ ܡܢ ܚܕ‬. ‫ ܬܘܒ ܩܐܡ ܣܗܪܐ‬. ‫ܘܒܐܝܕܐ ܡܢܬܐ ܘܩܛܝܢܬܐ‬ ܿ
ܿ
‫ܐܘ‬ ‫ܠܝܒ ̈ܡܢܘܢ ܪܚܝܩ ܣܗܪܐ ܡܢ ܐܢܒܝܒܙܘܢ‬ ̄ ‫ܘܥܕܡܐ‬
ܿ
‫) ܗܘܝܐ ܗܩܠܦܣܝܣ ܐܢܕܝܢ ܝܬܝܪ ܡܢ‬55r( ‫ ܡܢ ܟܠܦܪܘܣ‬. ‫ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ ܬܘܒ ܚܙܝ ܒܐܝܕܐ ܫܠܬܐ‬. ‫ ܪܚܝܩ ܐܠ ܿܡܨܝܐ ܕܬܗܘܐ‬. ‫ܡܢܘܢ‬ ̈ ‫ܝܒ‬ ̄
‫ ܘܐܢ‬. ‫ܒܗܘ ܕܐܫܬܐ ܥܣ̈ܪ‬ ܿ ‫ ܘܡܫܪܐ‬. ‫ܡܫܠܡ ܣܗܪܐ ܚܡܫܬ ܥܣ̈ܪ‬ ܿ
‫ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܿܗܘܝܐ ܗܩܠܦܣܝܣ ܘܐܠ‬. ‫ܡܫܡܐܠ‬ ܿ ‫ܒܐܝܡܡܐ‬
ܿ ‫ ܘܐܢ ܕܝܢ ܒܠܠܝܐ ܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ ܿܗܘܝܐ ܘܡ‬. ‫ܬܚܙܝܐ‬
‫ܬܚܙܝܐ ܇‬ ܿ ‫ܡ‬
‫ܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܗܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܐܝܟ‬
‫ ܿܗܘ ܕܡܢ ܩܕܡ ܗܩܠܦܣܝܣ‬. ‫ܫܥܐ ܒܐܝܡܡܐ‬ ̈ ‫ܕܒܦܣܝܩܬܐ ܣܥܘܪ‬ ̈
̈ ܿ
‫ܕܠܪܡܫܐ ܕܒܬܪܗ ܗܘܝܐ ܐܬܠܝܐ ܘܫܥܘܗܝ ܕܣܗܪܐ ܕܝܠܗ‬ ܿ
‫ܕܡܬܚܙܝܐ ܗܩܠܦܣܝܣ ܡܛܠ ܕܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ‬ ܿ ‫ ܕܥ ܘܚܙܝ‬. ‫ܕܐܝܡܡܐ‬
ܿ
‫ ܕܬܕܥ ܟܠܗ ܣܗܪܐ ܐܡܬܝ ܡܬܚܦܐ ܐܘܡܢܗ ܇ ܐܢ ܡܢ‬. ‫ܗܘܝܐ‬ ܿ
‫ ܪܚܝܩ ܣܗܪܐ ܡܢ ܐܢܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ‬. ‫ܡܢܘܢ‬ ̈ ‫ܚܕܐ ܘܥܕܡܐ ܠܫܬ‬
‫ܬܚܦܐ ܐܢܕܝܢ‬ܿ ‫ ܟܠܗ ܡ‬. ‫ܐܘ ܩܛܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܿܡܚܬܢܐ‬ ܿ ‫ܡܣܩܢܐ‬
‫ ܕܣܗܪܐ‬. ‫) ܝܬܝܪ ܟܠ ܡܢܬܐ ܕܐܝܬܝܪ ܡܢ ܐܫܬܐ ܚܕ ܡܢ ܫܬ‬55v(
334
‫ܿܦܐܫ ܕܐܠ ܡܬܚܦܐ‬

333
Ms. Vat. sir. 555, f. 53v.
334
Nous proposons la traduction suivante (même si certains passages nous sont restés
obscurs) : « Si tu veux connaître l’éclipse de lune, dans quel degré, quelle minute, quelle

377
Établissement et application de critères de datation

Ce passage présente très peu de particules de liaison. À peine voit-on


quelques den ici et là.
Il faut le confronter avec le passage dans lequel Sergius de Reš‘ayna
traitait lui-aussi de la prévision des éclipse de lune335 : les concepts y sont
exprimés de la même manière, à l’aide notamment des mêmes chiffres. On
explique dans les deux cas, plus ou moins maladroitement, que la lune doit
se situer dans une conjonction de 12 degrés d’intervalle avec le soleil pour
qu’une éclipse puisse avoir lieu. Il fallait en outre que la lune et le soleil se
situent à moins de 15 degrés de chacun des nœuds ascendant et descendant.
On a vu que Sévère Sebokht avait abordé le même sujet en proposant non
plus un intervalle de 12° entre la lune et l’écliptique pour prédire une
éclipse, mais, comme nous l’avons rappelé plus haut, un intervalle de 12°24.

De plus, l’auteur de ce développement emploie exactement les


mêmes termes que Sergius pour désigner les nœuds ascendant et
descendant :

ܿ ‫ܐܢܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܡܣܩܢܐ‬


‫ܐܘ ܩܛܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܿܡܚܬܢܐ‬

« Le nœud ascendant (anabibazon) qui est le montant


(masqno) ou le nœud descendant (qaṭabibazon) qui est le
descendant (maḥtno). »

Or nous avions vu que le choix des équivalents culturels syriaques,


en l’occurrence ici des participes présent, pour expliciter les termes grecs

maison du nœud ascendant et descendant se positionne le soleil et dans quel degré et quelle
minute de même se positionne la lune. Si la lune est distante de 1 à 12 degrés du nœud
ascendant ou descendant, en général, il peut y avoir éclipse. Mais si elle est distante de plus
de 12 degrés, il n’est pas possible qu’il y en ait. De même, regarde à quelle heure la lune est
pleine le 15 et commence le 16. Si le jour entier elle est sous la terre, il y aura éclipse et elle
sera invisible. Mais si durant la nuit elle est au-dessus de la terre, elle aura lieu et sera
visible. Si tu veux connaître l’éclipse de lune brièvement, considère, le jour qui précède
l’éclipse, les heures qui vont jusqu’au soir – soir après lequel il y aura éclipse lunaire
(Atalya)- et les heures diurnes de la lune. Regarde et sache que l’éclipse est visible parce
qu’elle est sous la terre. Pour connaître la lune à chaque fois qu’elle est cachée Aomenh. Si
la lune est distante de 1 à 6 degrés du nœud ascendant, qui est celui qui monte, ou du nœud
descendant, qui est celui qui descend, elle sera complètement cachée, mais si elle est au-
delà de ces 6 degrés qui vont de 1 à 6, il en résultera que la lune ne sera pas voilée. »
335
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 4. 1.

378
Établissement et application de critères de datation

d’anabibazon et de qaṭabibazon, n’avaient pas toujours été les mêmes. Le


Traité sur la cause des éclipses de lune du ms. Paris BnF syr. 346 que nous
e
avions daté du VI siècle par exemple recourait à des suffixes en –to et non
en –no pour désigner les nœuds. On obtenait ainsi masqto et maḥtto au lieu
du masqno et du maḥtno utilisés par Sergius de Reš‘ayna et par l’auteur du
présent développement.
Remarquons également que Sergius et l’auteur du texte qui nous
intéresse recourent au même terme pour désigner les degrés du cercle
(mento au singulier, menun au pluriel).
Nous regrettons bien entendu que la brièveté de ce passage nous
empêche de mener une comparaison plus approfondie des deux textes.
Un dernier élément nous a d’autant plus alerté que nous ne l’avions
trouvé dans aucun des textes précédemment étudiés : il s’agit de la
distinction faite par l’auteur entre les unités de temps et les unités servant à
mesurer l’espace. En effet on trouve exprimées des minutes-temps (‫ܩܢܛܝܡܐ‬
[qenṭimo])336 et des minutes-espace (‫[ ܩܛܝܢܬܐ‬qṭinto])337. Le terme ‫ܩܢܛܝܡܐ‬
[qenṭimo], employé pour désigner une unité de temps, est attesté d’après
Sokoloff chez deux auteurs : dans une traduction due à Sergius de Rešʻayna
d’un texte médical 338 et dans une des lettres astronomiques de Georges des
Arabes339.

Concluons sur le fait que cet extrait présente des caractéristiques qui
le rapproche étrangement des productions de Sergius de Rešʻayna. Il
faudrait étudier davantage ce texte pour voir jusqu’où son attribution à
Sergius peut être envisagée, ou tout du moins pour valider notre première
hypothèse, à savoir que l’auteur pourrait bien être soit un contemporain de
e
Sergius, soit légèrement antérieur (deuxième moitié du V s.) au vu de
l’utilisation qui est faite des particules de liaison.

336
Ms. Vat. sir. 555, f. 56v.
337
Ms. Vat. sir. 555, f. 55v.
338
Cf. BUDGE (éd.), Syrian Anatomy , 1913, p. 452, 13 et p. 531, 20.
339
Cf. George Ar. [éd. RYSSEL], p. 11.

379
Établissement et application de critères de datation

5. Application des critères de datation à deux textes édités.

Étant donné qu’il demeurait quelques incertitudes concernant la


datation de deux autres textes du corpus, il nous a semblé utile de leur
appliquer nos critères. Ces deux textes ont déjà fait l’objet d’une édition et
d’une traduction : le premier est plutôt un fragment, anonyme, portant sur
les mouvements du soleil (cf. Partie II, texte 3) ; le second, bien qu’ayant
reçu par son éditeur le titre de « Traité astronomique et météorologique », se
présente davantage comme un traité de cosmologie.

a. Exemple sur le mouvement du soleil340

Le court passage sur les mouvements du soleil qui figure au f. 149v


du BL Add. 14 658 fut édité par E. Sachau en 1870 dans ses Inedita
Syriaca341. Nous avons fourni le texte syriaque, tel qu’il a été publié par
Sachau, ainsi qu’une proposition de traduction annotée.

Parce qu’il se trouvait juste après le Traité sur l’action de la lune


dans le manuscrit, on a longtemps considéré ce passage comme un
appendice au Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna.
H. Hugonnard-Roche pensa avec raison qu’il fallait une étude plus
approfondie de ce texte, afin d’apporter la preuve de cette attribution. En
effet, on trouve dans ce passage un lexique relatif au ciel qui diffère quelque
peu de celui employé dans le Traité sur l’action de la lune :

- ‫[ ܒܝܬܐ‬bayto] : la maison (pour désigner les 30 degrés d’un signe


zodiacal).

̈
- ‫ܩܕܡܝܐ‬ ‫[ ̈ܪܦܦܐ‬rpope qadmoye] : les minutes (litt. instants premiers).

- ‫[ ̈ܪܦܦܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬rpope ḥrine] : les secondes (litt. instants autres).

Le terme de « maison » relève de l’astrologie et non de l’astronomie.


On ne le retrouve employé nulle part ailleurs dans le corpus des textes

340
Extrait du ms. BL Add. 14 658 (VIIe s.), f. 149v.
341
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 125-126.

380
Établissement et application de critères de datation

astronomiques syriaques que nous avons réunis, y compris dans le Traité


sur l’action de la lune qui comprend pourtant de longs développements
astrologiques.

Le terme rpope pour désigner des fractions de temps est d’un usage
plutôt archaïque : on le trouve employé comme tel dans le
Traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys qui a été daté par
M. A. Kugener 342 de la fin du V
e
s. On le trouve également dans une
traduction de Sergius de Rešʻayna traitant de questions de médecine. On ne
le retrouve plus par la suite chez aucun auteur de textes astronomiques
syriaques connus de nous (Sévère Sebokht, Georges des Arabes, l’auteur
anonyme du De Causa causarum, Grégoire Bar Hebraeus) et dans aucun
des textes auxquels nous avons pu accéder à travers les manuscrits parisiens
et du ceux du Vatican. Mais il faut noter une particularité dans l’emploi de
ce terme : c’est associé aux adjectifs qadmoye (premiers) et ḥrine (autres ou
secondes) que rpope sert à désigner tantôt les minutes et tantôt les secondes.
C’est un procédé calqué sur le grec qui parle également de minutes
premières (Πρῶτα λεπτὰ ou minutes) et de minutes secondes (δεύτερα λεπτὰ
ou secondes). Sévère Sebokht, suivant comme à son habitude de très près le
grec, avait utilisé des expressions semblables mais en substituant au terme
343
rpope un vocable translittéré du grec, à savoir lepṭa au pluriel
(< gr. Λεπτα) et lepton344 au singulier (< gr. λεπτὸν) et, pour différencier les
minutes des secondes, il avait eu recours aux expressions lepṭa
qadmoyoto 345 (minutes premières) et lepṭa trainoyoto (minutes secondes).
La terminologie adoptée par Sévère sur ce point précis fut d’ailleurs
récupérée par Bar Hebraeus346.

Avant Sévère, il y eut donc des tentatives de transposer en syriaque


le mode d’expression grec pour désigner les unités de temps. Le processus
semble d’autant plus naturel que dans le passage en question se trouve cité
le Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie relatif aux

342
KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 140.
343
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II, 2.
344
Cette occurrence est attestée dans un autre traité du ms. Paris BnF syr. 346 portant Sur la
conjonction des 7 planètes (inédit) au f. 122v.
345
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II, 3.
346
Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU] I, 1, 11.

381
Établissement et application de critères de datation

mouvements du soleil. C’est donc la seconde fois que nous trouvons ce


traité astronomique grec cité dans nos sources, la première occurrence se
trouvant dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère
Sebokht. Comparons les deux citations en syriaque :

Anonyme, Sur le mouvement du soleil Sév. Seb., Lettre sur les nœuds…
[Ms. Par. syr. 346]
BM cod. syr. 987 (Add. 14658)
. ‫ܛܒ ܡܢ ܚܘܫܒܢܐ ܿܗܘ ܕܐܝܟ ܩܢܘܢܐ ܐܐܠ ܕܘܟܬܐ ܫܪܝܪܬܐ ܕܡܪܕܝܬܐ ܕܫܡܫܐ‬
̈ ‫ܕܡܠܦ ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܝܕܥܐ ܿܗܝ ܕܟܬܒܐ‬
‫ܕܩܢܘܢܐ ܕܬܪܝܢ ܘܕܚܘܫܒܢܐ‬ ܿ ‫ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ܆ ܐܝܟܢܐ‬
. ‫ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ܀ ܕܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ ܡܚܘܐ‬

Quant au lieu de passage précis du soleil, Calcul <effectué> d’après les Tables
on le trouvera grâce au deuxième livre des faciles, comme l’a enseigné Théon
Tables <faciles> qui montre le calcul de d’Alexandrie dans son Commentaire aux
Claude Ptolémée. Tables faciles ‫܀‬

‫ܠܦܘܬ ܕܝܢ ܕܐܢܫ ܢܕܥ ܦܫܝܩܐܝܬ ܒܐܝܕܐ‬


‫ ܢܚܫܘܒ ܗܟܢܐ‬. ‫ܕܘܟܬܐ ܡܫܬܟܚ ܫܡܫܐ‬
‫ܝܘܡܬܐ ܕܡܢ ܪܝܫܗ ܕܐܝܠܘܠ‬ ̈ ‫ܐܚܕ ܐܢܬ‬
‫ܥܕܡܐ ܠܝܘܡܐ ܕܒܥܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܒܗ ܘܡܐ‬
‫ܝܘܡܬܐ ܡܘܣܦ ܐܢܬ‬ ̈ ‫ܕܟܢܫܬ ܟܠܗܘܢ‬
̈ ̈
. ‫ܥܠܝܗܘܢ ܡܐܐ ܘܚܡܫܝܢ ܘܬܡܢܝܐ ܝܘܡܝܢ‬
‫ܘܡܢ ܟܠܗ ܡܢܝܢܐ ܕܐܬܟܢܫ ܢܦܩ ܐܢܬ‬
‫ܦܠܓܗܘܢ ܕܝ̈ܪܚܐ ܕܡܢ ܐܝܠܘܠ ܥܕܡܐ ܠܝܪܚܐ‬
‫ܕܒܥܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܒܗ ܘܐܢ ܐܝܬ ܒܐܝܕܟ‬
‫ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܗܘܐ ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ ܫܪܝ‬
‫ܘܗܘ‬ܿ ‫ܡܢ ܡܢܝܢܐ ܕܐܚܝܕ ܐܢܬ ܚܘܕܪܐ ܚܕ‬ ‫ܐܡܪ ܓܝܪ ܆ ܕܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ‬ ܿ
‫ܡܕܡ ܕܦܐܫ ܒܐܝܕܟ ܦܘܩ ܡܢ ܪܝܫܗ ܕܐܡܪܐ‬ ̈
‫ ܡܢܝܢܐ‬. ‫ܠܦܘܬ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܡܢܘܬܐ‬̄ ̄
‫ܝܗܒ ܐܢܬ ܠܟܠ ܒܝܬܐ ܬܠܬܝܢ ܬܠܬܝܢ ܡܢ‬ ܿ ‫ ܟܕ‬. ‫ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆‬ ܿ ‫ܿܗܘ‬
‫ܕܫܠܡ ܡܢܝܢܐ‬ܿ ‫ܡܕܡ ܕܐܝܬ ܒܐܝܕܟ ܘܐܝܟܐ‬ ܿ
‫ܘܠܗܢܐ ܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܝܫ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ‬
‫ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܐܝܬܘܗܝ ܫܡܫܐ‬ ܿ ‫ܕܒܐܝܕܟ܆‬ ̈ ‫ܕܢܩܦܝܢ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ‬
‫ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ‬ ̈
̈
. ‫ܚܣܝܪ‬. ‫ܝܬܝܪ‬ ‫ ܬܡܢ‬. ‫ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ ܕܢܫܠܡ ܿܗܘ ܡܢܝܢܐ‬
‫ܫܠܡܬ ܡܠܬܐ ܕܐܡܝܪܐ ܥܠ ܡܪܕܝܬܗ‬ ܿ . ‫ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ܒܗܘ‬ ̄ ‫ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ‬ ܿ
‫ܕܫܡܫܐ܀‬ . ‫ܕܐܝܬܘ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ‬ ̄ ̄ ̄ ‫ܕܝܢ‬
‫ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
Mais pour savoir facilement à quel l’endroit
se trouve le soleil, on effectuera le calcul
suivant : prends le <nombre> de jours qu’il
y a entre le début d’élul et le jour durant
lequel tu effectues ta recherche. Quand tu
auras fait la somme de ces jours, ajoute-leur
cent cinquante-huit jours. Applique le
chiffre total obtenu (<c’est-à-dire> le (2) Il dit en effet que lorsque nous prenons
contenu des mois qui va d’élul jusqu’au ce qui manque pour <faire> 360 μοῖρα,
mois durant lequel tu fais ta recherche) et c’est-à-dire degrés, <au> chiffre de la
s’il y a en sens direct un cercle de trois cent limite boréale obtenu des 5 sections, et que
soixante, soustrais un cercle au chiffre nous avançons celui-ci en partant du

382
Établissement et application de critères de datation

retenu et ce qui reste applique-le en sens commencement du capricorne, en sens


direct depuis le commencement du Bélier, direct, et en donnant 30 degrés à chaque
en donnant à chaque signe trente signe, là où tombera ce chiffre, nous dirons
<degrés>. Là où tombera le nombre que se trouve alors le nœud ascendant et,
(appliqué en sens direct), sous ce degré se au point diamétralement opposé, le nœud
trouvera plus ou moins le soleil. descendant

Notons que les deux auteurs ne citent pas l’œuvre de Théon


d’Alexandrie de la même manière. L’auteur anonyme qui cite un passage du
livre II du Petit Commentaire relatif au mouvement du soleil ne prend ni le
temps de mentionner le nom de l’auteur grec, ni le temps de fournir le titre
exact du livre dans lequel il est allé puiser l’information. Au contraire, les
références fournies par Sévère sont précises et devaient permettre à son
lecteur de se référer à l’ouvrage grec directement. Ce trait dénote chez
l’auteur anonyme une attitude nettement moins encline à transmettre
fidèlement ses sources grecques qu’à se mettre au niveau de son lecteur
syriaque. Cela pourrait éventuellement être interprété, d’après les études de
e
S. P. Brock, comme une caractéristique des productions syriaques du IV et
du Ve s. tendant à s’estomper au cours du VIe s. En l’occurrence, grâce à une
étude de G. Saliba, on sait désormais que cet Exemple sur le mouvement du
soleil est en réalité une traduction d’un passage des Elementa
apotelesmatica de Paul d’Alexandrie347, qui, lui-même, a puisé une partie de
son propos dans le Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie. Mais le nom
de ce dernier auteur n’apparaît pas davantage.
L’étude de la langue vient appuyer notre première impression : si la
prose de Sévère est saturée d’idiomatismes grecs (cela touche au
vocabulaire, mais également à la façon algébrique d’écrire les chiffres), en
revanche celle du traducteur anonyme reste profondément sémitique en
recourant au calendrier syriaque (élul) et en adoptant une traduction très
libre du texte grec, ce qui lui fait d’ailleurs perdre de sa précision348. Notons

347
Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], chap. 28.
348
Le manque de précision et de technicité se manifeste par le fait qu’il ne transcrive pas
les chiffres à la manière grecque (une lettre surmontée ou non d’un signe indiquant les
dizaines ou les centaines) et qu’il ne traduise pas certains mots comme par exemple les
degrés.

383
Établissement et application de critères de datation

enfin que cette traduction présente fort peu de particules de liaison, indice
supplémentaire de son ancienneté.
Si nous appliquons nos critères de datations à ce texte, il semblerait
qu’il faille situer sa rédaction à une date antérieure à 550 voire peut-être
même à 500 apr. J.-C., ce qui est particulièrement intéressant étant donné
que Théon d’Alexandrie et son contemporain Paul ont produit leurs œuvres
à la fin du IVe siècle.
L’hypothèse d’une attribution de ce texte à Sergius de Reš‘ayna
n’est donc pas à exclure, mais les quelques divergences terminologiques
constatées (pour désigner les degrés, les dodécatoméries et aussi le titre de
l’ouvrage attribué à Claude Ptolémée 349 ) nous amènent à envisager la
possibilité que ce texte ait pu faire partie de la bibliothèque de Sergius, sans
faire nécessairement partie de ses productions.

b. Le Traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys l’Aréopagite

Nous tenons à revenir sur un dernier texte qui ne bénéficie pas


d’une attribution claire : celui que M. A. Kugener a intitulé Le traité
astronomique et météorologique du Ps.-Denys l’Aréopagite. Le choix d’un
tel titre semble assez malheureux étant donné qu’il n’y est jamais
véritablement question d’astronomie ! La copie syriaque avait indiqué pour
titre : « Calcul des chiffres par lesquels il n’y a pas d’erreur ». Les théories
farfelues350 relatives au ciel, qui y sont exprimées, sont toutes tirées de la

349
Pour désigner les Tables faciles de Ptolémée (éditées en réalité par Théon d’Alexandrie),
le passage sur les mouvements du soleil emploie l’expression : « ‫ܕܩܢܘܢܐ ܕܚܘܫܒܢܐ‬ ̈ ‫ܟܬܒܐ‬
‫( » ܕܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ ܡܚܘܐ‬livre des Tables de calcul de Claude Ptolémée) alors que
Sergius employait, dans son Traité sur l’action de la lune (2, 3, 1), l’expression : « ‫ܟܬܒܐ ܿܗܘ‬
‫( » ܕܚܘܫܒܢܐ ܕܦܛܘܠܘܡܐܘܣ‬livre de calcul de Ptolémée). La terminologie adoptée pour
désigner les Tables faciles de Claude Ptolémée ne diffère que très légèrement : Sergius
parle du « Livre de Calcul de Ptolémée », l’anonyme du « Livre des Tables qui expose le
calcul de Claude Ptolémée ». Ces expressions diffèrent en revanche assez nettement avec
l’expression employée par Sévère Sebokht : « Tables faciles », qui précise qu’elles lui sont
connues par l’intermédiaire du Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie.
350
On explique par exemple que l’éclipse de soleil est due au fait que le soleil sorte
quelques instants de sa trajectoire (de l’écliptique donc), poussé par les vents du nord
(cf. Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER], p. 174-175). Ensuite la notion de degrés
et de minutes échappe complètement à l’auteur de ce texte qui ne sait que s’exprimer, d’un
point de vue astronomique, de manière très floue. A. Kugener rend le terme dargo [‫]ܕܪܓܐ‬
par degré, mais si l’on accepte cette traduction alors il faudrait comprendre que les calculs

384
Établissement et application de critères de datation

Bible et ne s’en écartent guère, hormis en ce qui concerne le calendrier


(dans lequel l’année comprend 365 jours et un jour supplémentaire les
années bissextiles) .

Les particules de liaison de ce texte se limitent à un emploi très


parcimonieux de den et de ger, alors que nous avons précédemment vu que
e
le recours à ces particules s’était particuièrement intensifié à partir du VI

siècle. En outre on n’y trouve aucun néologisme portant les suffixes décrits
par S. P. Brock comme caractéristiques des écrits syriaques à partir de 500
apr. J.-C. Enfin le vocabulaire ayant trait aux objets célestes reste toujours
très vague et est de nature purement sémitique 351 . Il présente également
quelques archaïsmes de langue : les planètes sont désignées sous le terme de
̈
‫( ܡܛܥ ̈ܝܢܐ‬maṭ‘yone), comme chez Sergius de Reš‘ayna contre ‫ܛܥܝܢܐ‬ (ṭ‘yone)
chez Sévère Sebokht. La planète Vénus reçoit le nom de ‫ܟܘܟܒܬܐ ܕܢܘܗܪܐ‬
[kaukbto d-nuhro] comme dans le Livre des Lois des Pays et chez Éphrem.

Nos critères de datation nous permettent d’estimer que ce texte a peu


e
de chance d’avoir vu le jour après la seconde moitié du VI siècle.
M. A. Kugener estimait que ce traité devait « avoir été écrit après
e e
l’introduction de la science grecque en Mésopotamie, c’est-à-dire au V -VI

siècle ap. J.-C. »352. Il faut retenir la date la plus haute et même ne pas
exclure le fait qu’il ait été rédigé encore plus tôt, car il ne semble pas que
l’introduction de la science grecque en Mésopotamie puisse être un élément
déterminant pour la datation de ce texte qui ne comporte à vrai dire aucune
trace de l’influence des textes astronomiques grecs. Il serait davantage utile,
afin de pouvoir dater ce texte, d’analyser de plus près l’ensemble des
citations bibliques en les comparant avec les états anciens, quand ils sont
recensés, de la Pešiṭta et de la syro-hexaplair.

de l’auteur l’amènent à penser que le soleil accomplit sa révolution autour de la terre en 360
heures ! (voir la traduction de Kugener à ce propos dans Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd.
KUGENER], p. 173).
351
Les noms des mois appartiennent au calendrier syriaque, comme šabto (février) au lieu
de méchir en égyptien. Deux listes des constellations figurent dans le traité. Il s’avère que
les noms ne correspondent en rien au lexique grec et sont puisés au fond culturel
mésopotamien (Chaldéen) : « Le Distributeur, le Conducteur, l’Indicateur, le Précepteur, le
Messager rapide, le Hérault de la Paix, la Donatrice de la science, l’étoile intellectuelle,
celle qui fait comprendre, qui rend maigre, la fille de la sagesse, la Donatrice de la vue,
l’intelligente, […] » (cf. Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER], p. 193).
352
KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 140.

385
Établissement et application de critères de datation

Bilan de l’application des critères de datation

Il semble que nous soyons désormais dotés de sérieux outils nous


permettant de dater les textes astronomiques syriaques produits avant la
période arabe : les critères formulés par S. P. Brock (basés notamment sur
l’observation des particules de liaison, du type de suffixation des
néologismes et de la méthode de traduction employée) sont valables pour ce
e
corpus. Le lexique astronomique a évolué de façon remarquable entre le IV
e
et le VII s. sous l’influence du grec (néologismes construits sur des racines
sémitiques ; translittération de termes grecs ; néologismes consistant en une
suffixation syriaque de termes astronomiques grecs) et une étude
diachronique nous a permis d’obtenir des repères déterminants pour estimer
la date de production de ces textes. Le lecteur pourra facilement bénéficier
de ce travail en utilisant le lexique que nous plaçons en annexe.
Après avoir appliqué ces critères à ces quelques textes anonymes
présents dans quatre manuscrits (de la British Library, de Paris et de deux
manuscrits du Vatican), il s’avère que nous pouvons intégrer quatre
nouveaux textes au corpus astronomique syriaque produit avant la période
arabe et confirmer le rattachement de deux autres textes, édités ou
partiellement édités.

Trois de ces textes sont peut-être à rattacher au Ve siècle :


- Un Traité sur la lune (Vat.sir 555, fol. 54v-56v) [inédit] : fin Ve s.
e
- L’ Exemple sur le mouvement du soleil (BL Add. 14 658 du VII s. ;
e e
éd. E. Sachau, Inedita syriaca, 1870) : fin V - début VI s.

Trois textes sont vraisemblablement du VIe siècle :


- Le Traité sur la cause des éclipses de lune (ms. Paris BnF syr. 346,
f. 51v-60r) [édité et traduit dans cette thèse]
- Un long extrait d’un Traité sur les révolutions planétaires et les
conjonctions astrales (ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r-177r ;
partiellement édité et traduit par F. Nau) : fin VIe s.

386
Établissement et application de critères de datation

- Une Lettre de Basile sur la sphère céleste (ms. Vat. sir. 516, f. 26r-
29v) [inédit] : unique témoin nestorien issu d’un milieu perse
assurément antérieur au VIIe s. (Ve s. ? VIe s. ?).

Un texte du VIIe s. :
- Une Lettre à Basile sur la conjonction des planètes (ms. Paris BnF
syr. 346, f. 121v-124v ; partiellement éditée et traduite par F. Nau) :
qu’il faut compter parmi les œuvres de maturité de Sévère Sebokht
(entre 660 et 670 apr. J.-C.).

387
CONCLUSION GÉNÉRALE

Cette enquête sur les textes astronomiques syriaques anciens s’est


révélée particulièrement fructueuse : alors qu’il y a six ans nous prenions le
risque de ne trouver aucune autre source que les deux traités de Sévère
Sebokht traduits par F. Nau, le dépouillement des catalogues de manuscrits
syriaques et l’approche directe de certains manuscrits nous ont permis de
redécouvrir des sources insoupçonnées au départ ; notre effort d’édition et
de traduction de certaines d’entre elles nous a ensuite permis d’établir des
critères de datation et de concevoir un lexique astronomique syriaque-
français qui étaient des étapes indispensables pour permettre d’envisager un
classement et une traduction à la fois rigoureuse et sereine d’autres textes
astronomiques syriaques. Le premier résultat est donc déjà important en soi,
puisque nous avons pour l’instant retrouvé une dizaine de textes et mis à
disposition des outils linguistiques pour les comprendre et les dater.

Le second résultat de nos recherches intéresse l’histoire des sciences :


nous avons désormais la preuve que des milieux syro-occidentaux vouaient,
aux VIe et VIIe siècles, un véritable intérêt scientifique à l’étude des objets et
phénomènes célestes et que parmi eux, certains avaient adopté le modèle
sphérique de la terre et du cosmos (en revanche force est de constater que
e
nous n’avons trouvé aucun témoin du V siècle allant dans ce sens). Les
connaissances astronomiques s’acquéraient manifestement à la fin d’un
parcours d’études philosophiques, qui incluait l’apprentissage de la logique
aristotélicienne. Les auteurs de textes astronomiques syriaques que nous
avons appelés « philosophe-astronomes » produisaient des ouvrages qui
s’inspiraient largement de deux auteurs alexandrins, à savoir Claude
Ptolémée et Théon d’Alexandrie. L’influence de cette littérature scientifique
grecque sur la production des philosophe-astronomes syriaques a été
e e
progressive entre le VI et le VII siècle et se manifeste de trois manières :
d’une part, le nom des astronomes alexandrins est mentionné ainsi que le
titre de leurs ouvrages (on trouve même des citations littérales de ces
Conclusion

textes) ; d’autre part ces auteurs s’évertuent à combattre des théories


ancestrales, comme celle de l’Atalya (dragon dont la tête et la queue
provoqueraient les éclipses), à grand renfort d’arguments logiques et de
calculs dont la méthode est clairement attribuée aux auteurs grecs ; enfin la
langue de ces textes est de plus en plus marquée par l’influence du
e
vocabulaire astronomique grec : si au début du VI siècle Sergius de
Reš‘ayna n’emploie qu’une dizaine de mots translittérés de cette langue, au
e
milieu du VII siècle, plus d’une centaine de termes techniques se déploient
sous la plume de Sévère Sebokht, soient directement translittérés du grec
(avec parfois des aménagements suffixaux pour syriaciser ces termes), soit
sous la forme de traductions dites « en miroir ». C’est plus qu’il n’en faut
e e
pour prouver qu’aux VI et au VII siècle certains érudits de langue syriaque
s’étaient confrontés aux textes astronomiques fondamentaux de leur
époque : l’Almageste et les Tables faciles de Claude Ptolémée. Si on ne
trouve pas trace des dix petits textes précités, en revanche il semble que les
commentaires de Théon d’Alexandrie aient joué le rôle d’introduction à
l’utilisation des œuvres complexes du grand astronome alexandrin. Le
niveau technique atteint par les érudits syriaques n’est manifestement ni
celui de Claude Ptolémée, ni celui des astronomes arabes qui s’illustrèrent
quelques siècles plus tard. Cependant, il faut leur reconnaître une vraie
volonté de conquérir ce savoir et de s’astreindre à une disciple scientifique
pour parvenir à leurs fins, en évinçant la mythologie de leurs propos, en se
dotant progressivement des outils linguistiques indispensables à l’expression
des concepts scientifiques, mais aussi en faisant circuler, en grec, certains
ouvrages astronomiques fondamentaux comme la Syntaxe et les Tables
faciles de Claude Ptolémée ou encore le Petit commentaire aux Tables
faciles de Théon d’Alexandrie.

Il faut noter que l’acquisition des concepts s’est effectuée lentement (il
a d’abord fallu délimiter la sphère astronomique de celle de l’astrologie) et
sous la menace d’un environnement parfois hostile (polémique virulente

390
Conclusion

avec les tenants du modèle archaïque), qui, selon le témoignage de Sévère


Sebokht, tendait à isoler les adeptes de cette science1.

Il ne semble pas que la recherche ait mis à jour une telle tentative de
récupération des savoirs astronomiques grecs chez les érudits de langue
latine, de l’autre côté de la méditerranée, pour la même période. En effet le
niveau des exposés que l’on trouve chez Isidore de Séville ne s’élève pas
au-dessus des schémas cosmologiques que l’on peut trouver dans le De
Mundo. On sait, de plus, que les Tables faciles n’eurent guère d’influence,
sinon très indirectement. Le monde latin du haut Moyen Âge ne les aurait
connues qu’à travers un traité rédigé vers 535 apr. J.-C. intitulé Preceptum
Canonis Ptolomei 2.

En revanche, du côté byzantin, à Constantinople, les œuvres de


e
Ptolémée connurent un succès attesté dès le début du VII siècle et qui a
e
perduré jusqu’au XV siècle. Nous avons d’ailleurs hâte de pouvoir
découvrir, à ce propos, les travaux de Jean Lempire, qui a récemment
présenté une thèse de doctorat, sous la direction de Madame Anne Tihon, à
propos de l’ouvrage de Stéphane d’Alexandrie intitulé « Commentaire aux
Tables faciles de Ptolémée »3. Nous sommes d’autant plus intéressée que cet
astronome byzantin fut l’exact contemporain de Sévère Sebokht4.

Il faut espérer que le travail sur les sources astronomiques de cette


période passionnante (dont le contexte intellectuel mouvementé a été
dépeint avec beaucoup de verve par E. J. Watts5), se poursuive tant du côté

1
Voir la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant.
2
D’après TIHON, Les « Tables Faciles », 2011, INTRODUCTION, p. 50-53. Pour accéder au
texte du Preceptum Canonis Ptolomei, voir PINGRE D., The Preceptum Canonis, Louvain-
La-Neuve, eds. Academia, 1997 [Corpus des Astronomes Byzantins VIII]. Sur la
transmission des œuvres de Ptolémée dans le monde arabe voir MORELON R.,
« L’astronomie arabe orientale entre le VIIIe et le XIe siècle » in RASHED R.(dir.), Histoire
des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 36-47.
3
LEMPIRE J., Le "Commentaire" de Stéphanos d'Alexandrie aux "Tables Faciles" de
Ptolémée : histoire du texte et édition critique, traduite et annotée, Louvain-la-Neuve,
Université Catholique de Louvain-la-Neuve, 2010.
4
Pour une étude sur la transmission des savoirs astronomiques dans le monde byzantin,
voir TIHON A., « L'astronomie à Byzance à l'époque iconoclaste » dans Science in Western
and Eastern Civilization in Carolingian Times, edited by P. L. Butzer and D. Lohrmann,
Basel-Boston-Berlin, 1993, pp. 181-203 et TIHON A., « Les Tables faciles de Ptolémée dans
les manuscrits en onciale », Revue d’Histoire des Textes 22, 1992, p. 47-87.
5
WATTS E. J., City and school in late antique Athens and Alexandria, Berkeley, University
of California press, 2006.

391
Conclusion

grec que syriaque. Nous ne doutons pas du fait que cette littérature
inexploitée nous réserve encore bien des surprises qui nous permettront de
nous faire une idée plus précise de l’état du savoir astronomique cultivé au
Proche-Orient à la fin de l’antiquité. Cela permettra également de mieux
cerner les canaux de transmission qui ont pu alimenter en textes grecs les
astronomes arabes qui se sont illustrés par leurs compétences tout au long de
l’âge d’or et jusqu’au XVe siècle à l’observatoire de Samarkand6.

Mais il reste de nombreuses zones d’ombres : on sait par exemple que


si dès le IXe siècle les astronomes arabes puisaient aux sources de la Syntaxe
mathématique et des Tables faciles de Claude Ptolémée, ils utilisaient
également d’autres sources comme le Livre des Hypothèses ou le Phaseis
dont nous n’avons pour l’instant pas détecté l’influence sur les productions
syriaques anciennes. Régis Morelon fait également état d’un recours au
Commentaire à l’Almageste (l’Almageste étant le nom arabe pour désigner
la Syntaxe mathématique) de Pappus d’Alexandrie ainsi que d’une petite
collection de textes astronomiques comprenant les Données, l’Optique, la
Catoptrique et les Phénomènes d’Euclide, les Sphériques, les Habitations,
Les jours et les nuits de Théodose, La sphère en mouvement, Le Lever et Le
coucher des astres d’Autolycos, Des grandeurs et des tailles du soleil et de
la lune d’Aristarque de Samos, les Ascensions d’Hypsiclès et les Sphériques
de Ménélaus. Cet ensemble, qui servait d’introduction à l’étude de
l’Almageste7, est complètement inconnue de la littérature astronomique
syriaque à laquelle nous avons pu avoir accès. On sait par ailleurs que si
tous ces ouvrages, qui subsistent en grec, ont été transmis aux Arabes et
conservés dans le monde grec byzantin, en revanche ils seraient restés
généralement inconnus de l’Occident latin pendant le Moyen Âge 8.

Les Arabes ont également eu recours à des sources astronomiques


e e
indiennes produites entre le V et le VII siècle apr. J.-C. Or en dehors de la
6
Voir à ce propos MORELON R., « Panorama général de l’histoire de l’astronomie arabe »
dans Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée,
Paris, Seuil, 1997, p. 17-33.
7
Cf. MORELON R., « Panorama général de l’histoire de l’astronomie arabe » dans
Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris,
Seuil, 1997, p. 19.
8
TANNERY P., Recherches sur l’histoire de l’astronomie ancienne, Hildesheim-New York,
G. Olms, 19762, p. 35-36.

392
Conclusion

mention des chiffres indiens par Sévère Sebokht, nous ne savons rien du
contact de l’astronomie syriaque avec cette dernière littérature.

Il y a une autre zone d’ombre qui s’attache aux productions


astronomiques syriaques postérieures à la période qui nous a retenu jusqu’à
présent. Que contiennent les textes astronomiques rédigés en syriaque
durant la période arabe ? Nous avons mentionné l’existence de certains
d’entre eux au cours de la troisième partie de notre travail. Mais ces textes
restent pour l’instant inédits et vierges de toute étude. Pour l’instant, les
seuls textes syriaques de la période arabe auxquels nous avons accès, et qui
abordent des points d’astronomie, relèvent du genre encyclopédique et ne
présentent pas de développements réellement techniques comme le Causa
Causarum (anonyme du Xe s.)9, le Livre des Trésors de Jacques de Bartela10
ou la Cosmographie de Jésus fils de Noun (IXe s.)11. Seul le Cours
d’astronomie de Bar Hebraeus fait figure d’exception au XIIIe siècle12.

Pour envisager de soulever ces zones d’ombres, il est nécessaire de


poursuivre l’étude des textes astronomiques syriaques dans deux directions :
il convient d’une part de faire avancer le travail d’édition et de traduction
qui permettra de renforcer les outils linguistiques susceptibles de nous
faciliter la compréhension de ces textes, mais aussi de les dater ; il faut enfin
œuvrer pour qu’à l’avenir, les compétences d’astronomes, d’historiens des
sciences et de linguistes s’associent pour faire la lumière sur ces textes en
les commentant et en les confrontant de plus près aux productions
astronomiques grecques, arabes, persanes et indiennes qui ont alimenté
pendant des siècles notre beau patrimoine scientifique.

9
KAYSER C. (éd.), Das Buch von der Erkenntniss der Wahrheit, oder, Der Ursache aller
Ursachen, Leipzig/Strasbourg, J. O. Hinrich, 1889/1893, 3 vol. (vol 1 et 2 : texte syriaque /
vol. 3 traduction allemande).
10
NAU F., « Littérature cosmographique syriaque inédite. Notice sur le Livre des trésors de
Jacques de Bartela, évêque de Tagrit », JA 7 (IXe série), 1896, p. 286-331.
11
NAU F., « La cosmographie de Jésus fils de Noun », ROC 27 (1929/1930), p. 126-138.
12
NAU F., Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre. Cours
d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar Hebraeus publié d’après les
manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau [Bibliothèque de l’Ecole
pratique des Hautes Etudes, fasc. 121], Paris, E. Bouillon, vol. 1 : Texte syriaque, 1899/
vol. 2 : Traduction française, 1900.

393
LEXIQUE ASTRONOMIQUE SYRIAQUE

Un outil de ce genre était devenu indispensable pour qui envisage de


comprendre un texte astronomique syriaque. L’astronomie a été
particulièrement délaissée par les dictionnaires syriaques, pour la bonne
raison qu’en dehors du Traité sur l’astrolabe, édité et traduit par F. Nau, on
ne trouve aucune autre édition-traduction de textes scientifiques de ce genre
e
produits avant le VIII siècle. Or le vocabulaire astronomique de cette
période admet une technicité et se caractérise par un processus d’évolution
et d’intégration du grec (langue astronomique qui elle-même a connu une
évolution entre Claude Ptolémée et Jean Philopon) qui rendait périlleux
l’exercice consistant à récupérer une occurrence dans un texte édité sans
traduction. Ainsi le sens de nombreux mots, expressions ou formes verbales
prises dans un contexte astronomique n’apparaît pas dans les dictionnaires.
En outre force est de constater que nombre de translittérations du grec ou de
néologismes à racine sémitique ne trouvent pas même une entrée dans les
dictionnaires consultés. S’il était toujours possible de « supposer » a priori,
puis de confirmer a posteriori le sens d’un mot à racine sémitique, les
termes techniques translittérés du grec posaient de véritables problèmes au
lecteur qui devait dans un premier temps réussir à identifier le mot grec sous
la couche souvent déformée du syriaque, puis, dans un second temps,
trouver le sens astronomique de ce mot grec. Or nous manquons une fois de
plus d’outils à ce niveau1.

Pour palier quelques-unes de ces difficultés, le présent lexique recense


le vocabulaire astronomique et philosophique contenu dans sept textes
e e
astronomiques syriaques produits aux VI et VII siècles : il s’agit du Traité
2
sur la cause des éclipses de lune , de l’Exemple au sujet du mouvement du

1
Nous n’avons pu nous aider que du lexique publié en fin d’ouvrage par TIHON A.,
LEURQUIN R. et SCHEUREN C. dans Une version byzantine du Traité sur l’astrolabe du
Pseudo-Messahalla, [Corpus des astronomes byzantins 10], Louvain-La-Neuve, 2001. Pour
une étude sur les lexiques scientifiques, consulter : BERTRAND O., GERNER H. et STUMPF
B., Lexiques scientifiques et techniques. Constitution et approche historique, Palaiseau,
Éditions de l’École Polytechnique, 2007.
2
D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 1.
Lexique astronomique

soleil 3 , du Traité sur l’action de la lune 4 de Sergius de Reš‘ayna, de la


traduction du De Mundo du même Sergius5 et des trois textes dus à Sévère
Sebokht, à savoir le Traité sur l’astrolabe6, le Traité sur les constellations7
et la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant 8 . Nous indiquons
également, de manière ponctuelle, le vocabulaire en usage dans Le Livre de
l’ascension de l’esprit ou Cours d’astronomie de Bar Hebraeus édité et
traduit par F. Nau.
Nous n’indiquons que la première occurrence d’un terme au sein de
chacun de ces textes. D’autres occurrences pourront être mentionnées, au
sein d’un même texte, quand elles précisent le sens du terme, ou quand ce
même terme admet clairement une autre signification.
Les chiffres renvoient aux chapitres et aux paragraphes des textes tels
que nous les avons édités dans cette thèse, sauf pour le Traité de l’astrolabe
et le Traité sur les constellations pour lesquels nous avons suivi la
répartition du texte suggérée par F. Nau.
Il nous est arrivé de proposer occasionnellement des corrections aux
traductions de F. Nau (en indiquant par exemple non plus « SbANau » –pour
Sévère Sebokht, Traité sur l’Astrolabe, éd. Nau - mais « SbAVil. » - pour
Sévère Sebokht, Traité sur l’astrolabe, correction Villey-) pour les cas qui

3
D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 3. Une précédente édition avait été réalisée
par SACHAU E. dans Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer übersetzungen von Schriften
griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen
Museum, Wien, Halle, 1870, p. 125-126 à partir de ce même manuscrit.
4
D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 2.
5
Nous n’avons pris en compte que le chapitre 4 de ce traité, plus particulièrement consacré
aux astres et à la cosmographie. Dans la Partie III de cette thèse le lecteur trouvera le texte
syriaque de ce chapitre (repris de LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto
Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), p. 134-158) ainsi que notre proposition de
traduction. Étant donné que le texte syriaque conservé est très proche de la tradition
grecque éditée par W. L. Lorimer (cf. LORIMER , Aristotelis, 1933), nous avons
systématiquement indiqué l’équivalent grec dans notre lexique. Pour la traduction française
de ces termes, nous avons tenu compte de la traduction de J. Tricot, réalisée à partir du grec
(cf. TRICOT J., Traité du Ciel suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde / traduction et
notes [pour les deux textes], Paris, Vrin, 1949).
6
D’après l’édition et la traduction de F. Nau (cf. NAU F., Le Traité sur l’astrolabe plan de
Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des sources grecques et publié pour la première fois
avec traduction française (extrait du JA), Paris, Leroux, 1899, p. 20-71). Cette édition se
fonde sur la seule copie manuscrite conservée à Berlin (Sachau syr. 186, f. 82v-98r).
7
Ce texte étant inédit, nous avons dû nous référer directement au manuscrit (Paris
BnF syr. 346, f. 78r-122v). En revanche nous nous sommes appuyée sur la traduction
intégrale de ce traité proposée par NAU F. dans « Le traité sur les constellations écrit en 660,
par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27 (1929/30), p. 333-410 et ROC 28
(1931/32), p. 85-100.
8
D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 4.

395
Lexique astronomique

nous paraissaient évidents. Nous avons conservé ses propositions quand


nous n’étions pas en mesure d’apporter une solution meilleure et clairement
fondée. Ce travail réclamerait au préalable une édition critique des textes.
Le lexique devra donc être repris dès lors qu’une nouvelle édition de ces
traités et qu’une nouvelle traduction verront le jour.
Enfin nous apportons des informations étymologiques lorsque le terme
syriaque est transcrit, emprunté ou déformé du grec ou du latin.

Système d’abréviations

Système d’abréviations grammaticales ou autres

Acc. : accusatif
adj. : adjectif
adv. : adverbe
akk. : akkadien
déform. : déformation
exp° : expression
f. : féminin
Gén. : génitif
gr. : grec
gr. n. : groupe nominal
lat. : latin
m. : masculin
n. : nom
par opp. : par opposition à
part.pr. : participe présent
prép. : préposition
Tit. : titre
trad. : traduction de
vb. : verbe

Système d’abréviations bibliographiques utilisées dans le lexique

An.écl.lu : Anonyme, Traité sur la cause des éclipses de lune.


An.mouv.sol. : Anonyme, Exemple au sujet du mouvement du soleil.
BhCA : Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre.
Cours d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar
Hebraeus publié d’après les manuscrits de Paris, d’Oxford et de
Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, vol. 1 : Texte syriaque, 1899/
vol. 2 : Traduction française, 1900.
Bhchr : P. Bedjan, Gregorii Bar-Hebraei chronicon syriacum, Paris 1890.
SbANau : Sévère Sebokht, Traité sur l’astrolabe plan, d’après NAU F. (éd.),
Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des
sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française

396
Lexique astronomique

par F. Nau (extrait du JA), Paris, Leroux, 1899. Les chiffres romains
renvoient aux parties du traité, les chiffres arabes aux pages de l’édition.
SbAVil. : proposition de traduction de E. Villey. Les chiffres romains
renvoient aux parties du traité, les chiffres arabes aux pages de l’édition
de Nau.
SbCNau : Sévère Sebokht, Traité sur les constellations. Texte syriaque
séquencé suivant le découpage de F. Nau (NAU F., « Le traité sur les
constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin »,
ROC 27 (1929/30), p. 333-410 et ROC 28 (1931/32), p. 85-100). Mais ce
texte n’ayant été que partiellement édité par Nau (chap. 4-6), il faut se
reporter au ms. Paris BnF syr. 346, f. 78r à 121v pour les autres chapitres
(1-3 et 7-18). Les chiffres romains renvoient aux chapitres et les chiffres
arabes aux paragraphes de la traduction de Nau.
SbCVil. : proposition de traduction d’E. Villey. Les chiffres romains
renvoient aux chapitres et les chiffres arabes aux paragraphes de la
traduction de Nau.
SbN : Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant.
C1SbN : copiste de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de
Sévère Sebokht (scholies marginales).
SgL : Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune.
SgMu. : LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto Zeller, 19672
(Leipzig, Teubner, 18581), 134-158 (texte syriaque de la traduction du De
Mundo réalisée par Sergius de Rešʻayna).

Signes
< vient de (transcription ou emprunt)
< > ajout de l’éditeur

397
Lexique astronomique

‫ܐ‬

‫ ܐܐܪ‬n.f./m. (< ἀήρ) air SbANau I.33 ;


‫ ܐܓܘܦܛܘܣ‬n. Égypte SbCNau II.6 ;
‫ܓ ܳܢܐ‬ ܰ [cf. ‫] ܩܪܛܝܪ‬.
ܳ ‫ܐ‬
‫ ܐܘܐܝܣܛܘܣ‬n.m. (< Ὀιστός) constellation septentrionale ‫ܐܘܐܝܣܛܘܣ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܓܐܪܐ‬Ὀιστός, c’est-à-dire la Flèche SbCNau VI.3 ;
‫[ ܐܘܟܣܢܐ‬cf. ‫] ܐܟܣܘܢ‬.
‫ ܐܘܡܢܘܬܐ‬n.f. art ‫ ܐܘܡܢܘܬܐ ܡܠܝܠܝܬܐ‬art rationnel (en parlant de
l’astronomie) SbANau I.21 ; ‫ܐܘܡܢܘܬܐ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܓܐܘܡܛܪܝܐ ܐܡܪ ܐܢܐ‬ ̈
‫ ܘܡܘܣܝܩܝ ܘܕܐܣܝܘܬܐ‬les autres arts, je veux dire la géométrie, la musique,
la médecine SbANau I.22 ; ‫ ܐܘܡܢܘܬܐ ܕܓܐܘܡܛܪܝܐ‬l’art de la géométrie
SbCNau XVII.2 ;
‫ ܐܘܡܢܝܐ‬adj. artificiel ‫ܐܝܬܘܗܝ ܗܟܝܠ ܗܘ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܘܪܓܢܘܢ ܐܘܡܢܝܐ‬
SbANau I.21 ;
‫ ܐܘܣܝܐ‬n.f. (< οὐσία) substance SgMu. 4 ;
‫ܐܢܘܣ‬ܳ ‫ ܐܘܩ ܰܝ‬n.m. (< Ὠκεανός) océan SbCNau XIV.Tit ;
‫ܐܘܪܓܢܘܢ‬, pl. ‫ܐܘ̈ܪܓܢܐ‬, n.m. (< ὄργανον) instrument astronomique
SbANau I.21 ; pour désigner l’astrolabe plan SbANau II.40 ;
SbCNau XVI.Tit. ;
‫ ܐܘܪܘܦܝ‬n. Europe SbCNau II.7 ;
‫ ܐܘܪܝܘܢ‬n. (< Ὠρίων) Orion constellation australe SbCNau IV.8 ; ‫ܐܘܪܝܘܢ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܓܢܒܪܐ‬Orion c’est-à-dire le Géant SbCNau VI.4 ;
‫ ܐܘܪܝܙܘܢ‬, ‫ ܐܘܪܝܘܢ ܐܘܪܘܝܙܘܢܛܘܣ‬n.m. (< ὁρίζων) horizon SbANau I.24 ;
SbCNau IX.3 ; ‫ ܐܘܪܝܙܘܢ ܐܘܟܝܬ ܡܬܚܡܢܐ‬l’horizon, c’est-à-dire qui limite
SbCNau XII.12 ;
‫ ܐܘܪܟܐ‬n.m. 1. longitude ‫ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ‬en longitude An.écl.lu 4.2 ; ‫ܒܐܘܪܟܐ‬
en longitude SbN II.5 ; SbANau I.20 ; SbCNau I.4; 2. longueur
SbANau I.25 ; 3. hauteur d’un astre SbANau I.30 ; 4. ascension droite
(?) ‫ ܐܘܪܟܐ ܕܟܠܗ ܐܣܦܝܪܐ‬ascension droite de toute la sphère SbANau I.34;
‫ ܐܘܪܢܝܣ‬n. (< Ὄρνις) Cygne, constellation septentrionale9 SbCNau VI.3 ;
‫ ܐܚܝܕ ܚܘܝܐ‬exp° Celui qui tient le serpent (Ophiuchus), constellation
septentrionale SbCNau VI.3 ;
‫ ܐܛܐܪܝܕܣ‬en exp° [voir ‫]ܐܝ ܳܩܘܣܝ‬.
‫ ܐܝܕܘܣ‬n.m. (< lat. idus) ides SbCNau II.4 ;
‫ ܐܝܟ‬adv. environ SgL. 2.4.3 ;
‫ ܐܝܠܘܠ‬n. Elul (août-septembre) (trad. de Θὼθ) An.mouv.sol. 3 ;
‫ ܐܝܡܡܐ‬, pl. ‫ܐܝܡܡܐ‬ ̈ n.m. jour SgL. 2.1 ; SbN II.2 ; SbANau II.36 ; exp°
‫ ܦܠܓܘܬ ܐܝܡܡܐ‬milieu du jour SbANau II.40 ; SbCNau XVI.Tit. ;
‫ܐܝܢܕܩܛܝܘܢܐ‬, ‫ ܗܢܕܩܛܝܘܢܐ‬n.m. (< lat. indictio) indiction SbCNau II.5 et
XVIII.9 ;

9
Appelée aussi « Croix du Nord ».

398
Lexique astronomique

‫ ܐܝܣܝܡܝܗܪܝܢܛܪܘܦܝܩܝ‬n. (déform. de l’exp° ἰσημερινὸς τροπικός) tropique


équatorial ‫ ̄ܟ ̄ܕ ܿܡܢ ܠܓܪܒܝܐ ܡܢ‬. ‫ܕܬܠܬ ܕܝܢ ܕܡܬܩܪܝܐ ܐܝܣܝܡܝܗܪܝܢܛܪܘܦܝܩܘܣ ̄ܡ ̄ܚ‬
‫ ܐܝܣܝܡܪܝܐ ̄ܟ ̄ܕ ܕܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܠܬܝܡܢܐ‬la troisième <zone> est appelée
« tropique équatorial » et compte 48 degrés (dont 24 degrés) au nord de
l’équateur et les 24 autres (au sud) SbANau II.
‫ ܐܝܣܝܡܪܝܐ‬adj. (< ἰσημερινός) 1. équinoxial SbANau II.55 ; ‫ܫܥܐ‬ ̈
̈
‫ܫܘܝܬܐ‬ ‫ ܐܝܣܝܡ̈ܪܝܬܐ ܐܘܟܝܬ‬heures équinoxiales, c’est-à-dire égales
SbCNau XVI.4 ; 2. équatorial ‫ ܙܘܢܐ ܐܝܣܝܡܪܝܬܐ‬zone équatoriale
SbANau II.64 ;
‫ ܐܣܡܗܪܝܐ ܐܝܣܝܡܪܐ ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣ‬n.m. (< ἰσημερινός) équateur
SbANau II.66 ; ‫ ܚܘܕܪܐ ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣ‬cercle de l’équateur SbCNau IX.5 et
X.4 ; ‫ ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣ ܗܢܘ ܕܝܢ ܕܫܘܝܘܬ ܝܘܡܐ‬l’équateur, c’est-à-dire du jour
égal SbCNau XII.5 ;
‫ <( ܐܝ ܳܩܘܣܝ‬εἴκοσι) vingt ; exp° ‫ <( ܐܝ ܳܩܘܣܝ ܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ‬εἰκοσαπεντα-
ερίδες) périodes de 25 ans SbN II.2 ou ‫( ܐܝܩܘܣܝܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ‬déform. de
εἰκοσαπενταερίδες);
‫ ܐܝܪ‬n.m. Iyyar (mai) An.écl.lu 5 (glose) ;
‫ ܐܝܬܝܝܐ‬adj. éternel (trad. de ἀίδιος) SgMu. 2 ;
‫ܐܟܣܐܪܡܐ‬, ‫ܐܟܣܪܡܐ‬, ‫ ܐܟܣܐܪܡܛܐ‬, pl. ‫ ܐܟܣܐ̈ܪܡܛܐ ܐܟܣܐ̈ܪܡܐ‬, n.
(< ἔξαρμα) hauteur d’un astre, des pôles ; ‫ܕܦܘܠܘ‬ ̈ ‫ ܐܟܣ̈ܪܡܐ‬hauteur des
pôles SbCNau Titre ; (in marg : ‫ )ܡܨܛܠܝܢܘܬܐ‬SbCNau XII. 1 ; ‫ܐܟܣܐܪܡܐ‬
‫ܠܦܠܘ ܡܢ ܚܘܕܪܐ ܐܘܪܝܙܘܢ‬ ̈ ‫ ܐܘܟܝܬ ܡܨܛܠܝܢܘܬܐ‬la hauteur, c’est-à-dire
l’inclinaison d’un cercle sur le cercle horizon SbCNau XIII.9 ;
‫ܐܟܣܓܘܢܘܢ‬, ‫ܐܟܣܘܓܘܢܘܢ‬, pl. ‫ܐܟܣܓܘܢܐ‬ ̈ n.m. (< ἑξάγωνον) sextile
An.écl.lu 4.4 ; SgL. 2.2 ;
‫ ܐܟܣܘܢ‬, ‫ ܐܟܣܘܢܝܘܣ ܐܘܟܣܢܐ‬n.m. (< ἄξων) axe ‫ ܐܘܟܣܢܐ‬SgMu. 3 ; ‫ܿܗܘ ܬܘܒ‬
‫ ܕܡܬܐܡܪ ܐܟܣܘܢ ܣܪܢܐ‬SbANau I.33 ; ‫ ܐܟܣܘܢܝܘܣ ܐܘܟܝܬ ܣܪܢܢܝܐ‬l’ἄξων,
c’est-à-dire l’axe SbCNau XII.10 ;
‫ <( ܐܟܣܝܩܘܣܛܐ‬ἑξηκοστός) ‫ܩܛܝܢܬܐ ̈ܗܢܝܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ ܐܟܣܝܩܘܣܛܐ ܐܘܟܝܬ ܚܕ‬ ̈
̄
‫ ܡܢ ܣ ܕܡܘܪܐ‬ces minutes appelées ἑξηκοστός, c’est-à-dire un soixantième
de degré SbCVil. XVI.1 ;
‫ ܐܠܗܝܐ‬adj. divin (trad. de θεῖος) SgMu. 4 ;
‫ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ‬n. Alexandrie SbCNau II.6 et XV.8 ;
‫ ܐܠܥܐ‬, pl. ‫ܐܠܥܐ‬ ̈ n.f. côté d’une figure géométrique ‫ܐܠܥܝܢ ܘܬܠܬ‬ ̈ ‫̈ܬܠܬ‬
‫ܒܗܘ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ‬ ̈
ܿ ‫ܓܘܢܘܬܐ‬ SgL. 2.2.1 ;
‫ ܐܡܝܢܐܝܬ‬adv. 1. constamment An.écl.lu 2.1 ; (trad. de ἐνδελεχῶς)
SgMu. 2 ; SbANau I.33 ; 2. toujours SbN II.3 ;
‫ ܐܡܪܐ‬n.m. Bélier signe zodiacal An.écl.lu 6.2 ; SgL. 3.1 ; SbANau I.33 ;
SbCNau I.8 ;
‫ ܰܐ ܰܢܒܝܒܙܢ ܐܢܒܝܒܙܘܢ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬n. (< ἀναβιβáζων) 1. nœud ascendant
An.écl.lu 2.2 ; ‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ ܘܡܚܬܢܐ‬
SgL. 2.3.1 ; SbN I ; (pour ἀναβιβáζων) SbN II.1 ; 2. ascension (?) ‫ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܐܘܟܝܬ ܕܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ‬les degrés d’ascension, c’est-à-dire la
latitude de la lune SbANau II.45 ;
‫ ܐܢܐܠܘܓܣܐ‬n. (< ἀνάλογος) comparaison, analogie SbN II.5 ;
SbCNau XVII.4 ;

399
Lexique astronomique

‫[ ܐܢܕܝܛܪܘܦܝܩܝ‬cf. ‫; ]ܬܪܝܢܛܪܘܦܝܩܝ‬
‫ܐܢܕܪܘܡܝܕܐ‬, ‫ ܐܢܕܪܡܝܕܐ‬n.f. (< Ἀνδρομέδα) Andromède constellation
septentrionale SbCNau I.6 et VI.3 ;
‫ܐܢܛܐܪܝܣ‬, ‫ ܐܢܛܪܝܘܣ‬n.m. (< Ἀντάρης) Antarès étoile du Scorpion
SbCNau VI.5 et IX.2.
‫ܐܢܛܐܪܩܛܝܩܘܣ‬ ‫ܐܢܛܐܪܩܛܐܩܘܣ‬ ‫ܐܢܛܪܩܛܝܩܘܣ‬ ‫ܐܛܪܩܛܝܩܘܣ‬ n.m
(< ἀνταρκτικός) antarctique ; déf° ‫ܐܢܛܪܩܛܝܩܘܣ܇ ܗܢܘ ܕܝܢ ܕܣܝܡ ܠܩܘܒܐܠܝܬ‬ ܿ
‫ ܠܗܘ ܶܕ ܳܒ ܳܢ ܳܝܐ‬l’antarctique, c’est-à-dire celui qui est situé à l’opposé de celui
de l’Ourse SbCNau XII.7 ; SbANau I.31 ; ‫ܕܚܡܫ ܿܗܝ ܕܡܬܩܪܝܐ‬ ̈ ‫ܙܘܢܝ ܕܝܢ‬
̄
‫ ܐܢܛܐܪܩܛܝܩܘܣ ܬܘܒ ܠ ̄ܘ ܡܘ̈ܪܣ‬la cinquième zone est appelée « antarctique »
et compte aussi 36 degrés SbANau II.69 ; ‫ ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܐܢܛܪܩܛܝܩܘܣ‬cercle
antarctique SbCNau IX.5 et X.6 ;
‫ ܐܢܛܐܪܩܛܝܩܝܐ‬adj. (< ἀνταρκτικός) antarctique SbCNau XIV.12 ;
‫ ܐܢܛܩܝܐ‬n. Antioche SbCNau II.6 ;
‫ܐܢܦܘܪܐ‬, pl. ‫ܐܢܢܐܦܘ̈ܪܣ ܐܝܢܐܦ̈ܪܘܣ ܐܢܢܦܘ̈ܪܣ ܐܢܐܦܘ̈ܪܣ ܐܢܦܘ̈ܪܣ‬, n.f.
(< ἀναφορά) 1. lever d’un astre SbANau I.22; SbCNau XVI.Tit. ;
2. ascension d’un astre SbANau II.39 ; ‫ܐܢܢܐܦܘ̈ܪܣ ܕܐܣܦܝܪܐ ܬܪܝܨܬܐ‬
ascension de la sphère droite SbANau II.60 ;
‫ܐܣܛܘܟܣܐ‬, pl. ‫ܐܣܛܘܟܣܐ‬, ̈ n.m. (< στοιχεῖον) élément SgMu. 4 ;
SbCNau I.2
‫[ ܐܣܛܝܠܒܘܢ‬cf. ‫] ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ‬.
‫ ܐܣܝܘܬܐ‬n.f. médecine SbANau I.22 ;
‫ܐܣܛܕܐ‬, pl. ‫ܐܣܛܕܘܬܐ‬, ̈ (< στάδιον) stade unité de mesure spatiale
SbCNau XVII.2 et XVII.5;
‫ܐܣܛܪܘܠܒܘܣ ܐܣܛܪܠܒܘܢ ܐܣܛܪܘܠܒܢ ܐܣܛܪܘܠܘܒܘܢ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ‬
‫ ܐܣܛܝܠܒܘܢ ܐܣܛܪܘܠܘܒܘܣ‬n. (< Acc./Nom. ἀστρολάβον/-ος) astrolabe
SbANau I.20 ; ‫ ܐܠܣܦܝܪܐ ܿܗܝ ܕܢܚܫܐ ܐܘܟܝܬ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ‬la sphère d’airain ou
astrolabe SbCNau III.2 ;
‫ܐܣܛܪܘܠܓܘܣ ܐܣܛܪܘܠܘܓܘܣ‬, pl. ‫ܐܣܛ̈ܪܠܓܘ ܐܣܛ̈ܪܘܠܘܓܐ‬, n.m.
(< ἀστρολόγος) astrologue SgL. 6 ; SbCNau I.7 ;
‫ ܐܣܛܪܘܠܓܝܐ ܐܣܛܪܘܠܘܓܝܐ‬n.f. (< ἀστρολογία) astrologie SgL.5 ;
SbCNau V.2 ;
‫ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ‬, pl. ‫ܐܣܛ̈ܪܢܡܘ ܐܣܛ̈ܪܘܢܘܡܘ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬, n.m.
(< ἀστρονόμος) astronome An.écl.lu. 6.5 ; SgL. 1.1 ; exp° ‫ܦܝܠܘܣܦܐ‬
‫ ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ‬le philosophe astronome SbCNau I.4 et V.4 ;
‫ܢܘܡ ܿܝܐ‬ܿ ‫ܣܛܪܘ‬ ܿ ‫ܐ‬ܿ n. (< ἀστρονομία) astronomie ‫ܒܐܘܡܢܘܬܐ ܗܕܐ‬
‫ ܕܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ‬An.écl.lu. 6.5 ; SgL. 5 ;
‫ ܐܣܝܐ‬n. (< Ἀσία) Asie ; exp° ‫ ܐܣܝܐ ܪܒܬܐ‬la Grande Asie SbCNau II.7 ;
‫ ܐܣܝܘܬܐ‬n.f. médicine SgL. 1.2 ;
‫ܐܣܟܝܡܐ‬, pl. ‫ܐܣܟܝܡܐ‬ ̈ ̈
‫ܐܣܟܡܐ‬, n.m. (< σχῆμα) 1. aspect, figure, position
des astres ‫ ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬aspect en opposition An.écl.lu 2.1 ;
SgL. 1.2 ; SbCNau I.5 ; 2. forme de l’astrolabe SbANau I.20 ;
‫ܐܣܦܝܪܐ‬ ܿ
ܸ , pl. ‫ܐܣܦ̈ܪܣ‬, n.f. (< σφαῖρα) 1. sphère englobante céleste ‫ܦܠܓܗ‬
‫ܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ̄ܗ ̄ܩ ̄ܦ ̈ܣܣܐ‬ ̄ ‫ ܕܐܣܦܝܪܐ‬An.écl.lu. 4.1 ; ‫ ܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ‬sphère céleste
An.écl.lu. 4.2 ; SgMu. 2 ; SbANau I.23 ; SbCNau I.1; exp° ‫ܐܣܦܝܪܐ ܿܗܝ‬
‫ܕܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ ܐܠ ̈ܡܛܥܝܢܐ ܚܒܝܫ‬ ̈ la sphère qui contient les étoiles fixes (pour

400
Lexique astronomique

τῆς τῶν ἀπλανῶν σφαίρας ) SgMu. 6 ; exp° ‫ܒܐܣܦܝܪܐ ܗܕܐ ܕܐܠ ܿܛܥܝܐ‬
sphère des fixes SbCNau I.4 ; 2. sphère pour désigner une planète ou un
astre ‫ ܕܫܘܕܥ ܐܠܘܪܟܐ ܕܐܣܝ̈ܪܐ ܕܫܡܝܐ‬SbANau I.20 ; exp° ‫ܐܣܦܝܪܐ ܬܪܝܨܐܠ‬
la sphère droite SbANau II.47 ; exp° ‫ ܐܣܦܝܪܐ ܕܢܚܫܐ‬sphère d’airain
SbCNau I.8 (en marge du ms. BnF, Par. syr. 346, f. 80r on lit :
‫ ܐܣܛܪܠܒܘܢ‬astrolabe) ;
‫ ܐܣܦܝܪܐܝܬ‬adv. (< σφαῖρα) de manière sphérique SbCNau XVI10 ;
‫ ܐܣܦܝܪܝܐ‬adj. (< σφαῖρα) de la sphère ‫ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܝܢ ܕܝܠܗ ܕܚܘܕܪܐ ܿܗܘ‬
‫ ܐܣܦܝܪܝܐ‬le diamètre du cercle de la sphère (Terre) SbCNau XVII.211 ;
‫[ ܐܣܦܬܐ‬cf. ‫]ܣܦܬܐ‬.
‫ ܐܦܘܓܝܘܣ‬n.m. (< ἀπόγειος) apogée ‫ܐܦܘܓܝܘܣ ܥܒܕ ܟܕ ܝܬܝܪ ܪܚܝܩ ܡܢ ܩܢܛܪܘܢ‬
‫ ܕܐܪܥܐ‬il (le soleil) fait apogée parce qu’il est plus éloigné du centre de la
terre SbCNau XIV.12 ;
‫ ܗܘܦܟܝ ܗܦܘܟܝ ܐܦܘܟܝ‬n. (< ἐποχή) 1. lieu vrai, position ‫ܐܦܘܟܝ ܕܣܗܪܐ‬
SbN II.5 (définit comme ‫ ܩܘܡܐ‬c’est-à-dire position par C1SbN II.5) ;
‫< ܐܝܟܢܐ ܿܙܕܩ ܠܡܕܥ ܗܦܘܟܝ ܐܘܟܝܬ ܩܘܡܐ ܕܫܡܫܐ ܒܝܕ ܐܣܛܪܘܠܒܢ‬comment>
trouver, à l’aide de l’astrolabe, l’ἐποχή, c’est-à-dire la station du soleil
SbANau II.42 ; 2. changement (?) ‫ܗܦܘܟܝ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܙܕܩܐܛܐܒܝܒܙܘܢ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܠܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ‬changements d’ascension et de descente
SbANau II.45 ;
‫ ܐܦܝܛܘܡܐ‬n.f. (< ἀποτομή) section SbCNau VIII.4 ;
‫ ܐܦܝܢܡܝܣܝܣ‬n.f. (< ἐπινέμεσις) indiction SbN I;
‫ ܐܦܠܘ‬n.m. (< Ἀπόλλων) Apollon autre nom de Mercure ‫ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܕܩܕܝܫܐ‬
‫ ܘܐܢܫܝܢ ܕܐܦܠܘ‬. ‫ ܗܪܡܝܣ ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ‬SgMu. 7 ;
‫ ܐܦܪܘܕܝܛܝ‬, ‫ ܐܦܪܘܕܝܛܐ ܦܪܘܕܝܛܝ‬n. (< Ἀφροδίτη) Vénus planète SbCNau V.3 ;
‫ ܩܠܦܣܝܣ ܩܠܝܦܣܝܣ ܐܩܠܝܦܣܝܣ ܐܩܠܦܣܝܣ‬n.f (< ἔκλειψις) éclipse An.écl.lu. 1 ;
SbANau II.14 ; SbCNau XV.8 ; ‫ ܐܩܠܝܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ‬éclipse de lune
SgL 2.3.2; ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬An.écl.lu 2.1; SbN II.5 ; ‫ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ‬
‫ ܘܕܣܗܪܐ‬éclipse de soleil et de lune SbN I ; BhCA I.7.6 ou ‫ܐܩܠܦܣܝܣ‬
‫ ܫܡܫܢܝܬܐ‬SbN II.5 ; Bhchr 136 :15 ; ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ‬SgL. 2.3.2 ; ‫ܕܘܟܬܐ‬
‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ̄ܗ ܒܕܝܐܗܡܣܘܢ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬ ܿ ‫ ܕܩܠܦܣܝܣ‬la lune est dans le lieu des
éclipses c’est-à-dire dans le plan diamétral du zodiaque SbANau II.45 ;
‫ ܐܪܐܛܘܣ‬n. Aratos SbCNau III.2 ;
‫ ܐܪܒܝܠ‬nom de ville Arbèle (que Sévère situe à 80°E) SbANau II.59 ;
‫ ܐܪܓܘܣ‬n. (< Ἀrgώ) Argo constellation australe SbCNau VI.4 ; ‫ܐܪܓܘܣ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܣܦܝܢܬܐ‬Argo c’est-à-dire le Navire SbCNau IV.16 ;
‫ ܐܪܝܐ‬n.m. lion signe zodiacal SgL. 3.1 ; SbANau II.39 ; SbCNau III.4 ;
‫ ܐܪܝܟܘܬܐ‬n.f. longueur du jour SbANau I.53 ;
‫ ܐܪܝܣ‬n.m. (< Ἄρης) Mars SgMu. 7 ; SgL. 2.1 ; SbCNau V.3 ;
‫ ܐܪܝܣܛܛܠܝܣ‬adj. (< ἀριστοτέλειος) aristotélicien SgL. 1.2 ;
‫ ܐܪܟܝܛܪܘܣ ܐܪܟܐܛܪܘܣ‬n.m. (< ἀρχίατρος) grand médecin en parlant de
Sergius de Reš‘ayna SgL. 1.1 ;

10
Cet adverbe n’est autrement attesté que chez Jacques d’Édesse (cf. J.B. Chabot, Iacobi
Edesseni Hexaemeron [CSCO 92 = CSCOSS 44], Louvain, 1953, 97a : 12 d’après
SOKOLOFF, 2009.
11
Idem, cf. Iacobi Edesseni Hexaemeron [éd. Chabot], 9b : 24 d’après SOKOLOFF, 2009.

401
Lexique astronomique

‫ ܐܪܟܐܢܐ‬, ‫ ܐܪܐܟܢܐ‬n.f. (déform. du gr. ἀράχνη) araignée pièce de


l’astrolabe sur laquelle figurent certaines étoiles fixes SbANau I.23 ;
SbCNau XVI.5 ;
‫[ ܐܪܡܝܣ‬voir ‫] ܗܪܡܝܣ‬.
‫ ܐܪܢܒܐ‬n.m. Lièvre constellation australe SbCNau IV.2 et VI.4 ;
‫ ܐܪܣܩܘܦܘܣ‬n. (< Ὡροσκόπος) horoscope SbANau II.52 ; ‫ܠܗܝ‬ ܿ ‫ܥܕܡܐ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܠܡܘܪܐ ܕܙܘܕܝܘܢ ܿܗܝ ܕܕܢܚܐ ܒܫܥܬܐ ܿܗܝ ܕܒܥܝܢܢ‬. ‫ ܕܐܪܣܩܘܦܘܣ‬jusqu’à
l’horoscope, c’est-à-dire jusqu’au degré du zodiaque qui se lève à l’heure
considérée SbANau II.53 ;
‫ ܐܪܥܐ‬n.f. terre globe An.écl.lu. 2.1 ; (trad. de γῆ) SgMu. 1 ; SgL. 2.3.1 ;
SbANau I.21 ; SbCNau Titre ;
‫[ ܐܪܩܛܘܦܐܠܟܘܣ‬cf. ‫] ܒܘܐܘܛܝܣ‬.
‫ ܐܪܩܛܘܪܘܣ‬n. (< Ἀρκτοῦρος) Arcturus étoile SbCNau II.3 ;
‫ ܐܪܩܛܝܩܘܣ‬n.m. (< ἀρκτικός) arctique SbANau I.31 ; ‫ܙܘܢܐ ܿܗܝ ܕܡܬܩܪܝܐ‬
‫ ܐܪܩܛܝܩܘܣ‬zone <qu’on appelle> arctique SbANau I.33 ; ‫ܙܘܢܝ ܩܕܡܝܬܐ ܿܗܝ‬
̄
‫ܘܐܝܬܝܗ ܩܪܝܪܬܐ ܘܐܠ ܡܬܥܡܪܢܝܬܐ ܿܗܘܐ ܦܬܝܗ ܠ ̄ܘ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܗ‬
ܿ ‫ܕܡܬܩܪܝܐ ܐܪܩܛܝܩܘܣ‬
‫ ܡܢ ܦܘܠܘܣ ܓܪܒܝܝܐ ܘܠܬܝܡܢܐ‬la première zone appelée « arctique » est
froide et inhabitable ; sa latitude est de 36 degrés du pôle nord vers le sud
SbANau II.68 ; ‫ ܒܙܘܢܝ ܓܪܒܝܝܬܐ ܿܗܝ ܕܡܬܩܪܝܐ ܐܪܩܛܝܩܘܣ‬la zone boréale
nommée arctique SbCNau I.8 ; ‫ ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܐܪܩܛܝܩܘܣ‬cercle arctique
SbCNau IX.5 et X.2 ;
‫ ܐܪܩܛܝܩܝܐ‬adj. (< ἀρκτικός) arctique SbCNau XIV.12 ;
̈ ‫ ܐܫܕ‬exp° Verseau ‫ ܕܘܐܠ ܐܘܟܝܬ ܐܫܕ ̈ܡܝܐ‬SbCNau III.5 et III.6;
‫ܡܝܐ‬
‫ ܐܬܐ‬vb. Pe. exp° - ‫ ܠܘܬ‬s’associer avec ‫ܐܡܪܝܢ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܿܗܘ‬
SgL. 2.6.1 ;
‫ ܐܬܝܪ‬n. (< αἰθήρ) éther SgMu. 4 ;
‫ ܐܬܠܝܐ‬n.f. (< akk. Attalu) Atalya ‫ ܿܚܫܟܐ ܣܗܪܐ‬. ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ ܿ ܿ
‫ܒܥܠܬ‬ ‫ܕܐܠ ܗܘܐ‬
‫ ܐܐܠ ܒܥܠܬ ܐܬܠܝܐ‬An.écl.lu. 4.3 ;
‫ܐܬܪܐ‬, pl. ‫ܐܬ̈ܪܘܬܐ‬, n.m. 1. région An.écl.lu. 5 (glose) ; SgMu. 6 ;
SgL. 1.2 ; 2. pays SbCNau II.6 ;

‫ܒ‬

‫ ܒܘܐܘܛܝܣ‬n. (< Βοώτης) Bouvier constellation septentrionale ; ‫ܒܘܐܘܛܝܣ‬


‫ ܐܘܟܝܬ ܐܪܩܛܘܦܐܠܟܘܣ‬Βοώτης (le Bouvier) qui est ἀρκτοφύλαξ
SbCNau VI.3 ;
‫ ܒܘܪܝܘܢ‬adj. (< βόρειος) boréal in exp° ‫( ܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ‬pour τὸ βόρειον
πέρας) limites boréales SbN II.1 ;
̈
‫ܒܚܘܪܐ‬, pl. ‫ܒܚܘ̈ܪܐ‬, adj. critique ; (trad. de κρίσιμος) ‫ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ‬ jours
critiques SgL. 1.2 ;
‫ ܒܝܠ‬n. Jupiter (trad. de ὁ τοῦ Διὸς) ‫ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܦܬܘܢ ܘܕܒܝܠ‬SgMu. 7 ;
SgL. 2.1 ;

402
Lexique astronomique

‫ ܒܝܠܬܝ‬, ‫ ܒܠܬܝ‬n.f. Vénus planète (trad. de ὁ τοῦ Ἀφροδίτης) ‫ ܿܗܘ‬. ‫ܿܗܘ ܕܟܘܟܒܬܐ‬
‫ ܐܢܫܝܢ ܕܝܢ ܕܗܐܪܐ‬. ‫ ܕܐܢܫܝܢ ܿܡܢ ܕܒܝܠܬܝ ܿܩܪܝܢ ܠܗ‬SgMu. 7 ; SgL. 2.1 ;
SbCNau V.3 ;
‫ ܒܝܫܐ‬adj. funeste en parlant de certains jours lunaires SgL. 2.4.4 ;
‫ ܒܝܬܐ‬, pl. ‫ ̈ܒܬܐ‬, n.m. maison (astrol.) (trad. de ζῴδιον)An.mouv.sol. Titre ;
SbCNau V.1 ; exp°‫ ܒܝܬ ܚܫܟܐ‬lieu d’éclipse de la lune SgL. 2.4.3 ;
exp°‫ ܒܝܬ ̈ܝܠܕܐ‬horoscope An.écl.lu. 6.3.2 ; exp° ‫ ܒܝܬ ܢܗ̈ܪܝܢ‬Mésopotamie
SbCNau II.6 ;
‫[ ܶܒܠܬܝ‬cf. ‫] ܒܝܠܬܝ‬.
‫ ܒܥܬܐ‬n.f. recherche SbANau I.21 ;
‫ ܒܨܪ‬vb. Pe. - ‫ ܡܢ‬retrancher à SbN II.4 ; Pa. - ‫ ܡܢ‬diminuer, faire
diminuer qqc ‫ ܐܠ ܿܡܘܣܦ ܐܦܐܠ ܡܒܨܪܐ ܡܢ ܡܫܘܚܬܐ ܗܕܐ‬An.écl.lu. 4.1 ;
soustraire à SbN II.3 ; SbCNau XIII.10 ;
ܿ
‫ ܒܨܪܐ‬n.m. décroissance de la lune ‫ܒܒܨܪܗ‬ ܿ
‫ܒܬܪܒܝܬܗ ܐܘ‬ SgL. 2.5.4 ;
‫ ܒܪܕܝܨܢ‬n. Bardesane SbCNau XV.7 ;
‫ ܒܬܘܠܬܐ‬n.f. Vierge constellation SbCNau III.2 ;

‫ܓ‬

̈
‫ܓܐܘܓܪܘܦܝܩܘ‬ n.pl. (< γεωγραφίκοι) géographes ; exp° ‫̈ܦܝܠܠܘܣܦܐ‬
‫ ܓܐܘܓ̈ܪܦܝܩܘ‬les philosophes géographes SbCNau II.7 ;
‫ <( ܓܐܘܓܪܘܦܝܩܘܢ‬γεωγραφίκον) Géographie traité ; ‫ܒܟܬܒܐ ܿܗܘ‬
‫ ܓܐܘܓܪܘܦܝܩܘܢ ܟܝܬ ܘܦܪܘܟܝܪܘܣ ܕܦܛܐܐܠܡܐܘܣ‬dans le livre de la
Géographie ou dans celui des Tables faciles de Ptolémée
SbCNau XIV. 10 ;
‫ ܓܐܘܡܛܪܐ‬, pl. ‫ܓܐܘܡܛܪܝܣ‬ ̈ ‫ܓܐܘܡܛ̈ܪܐ‬, n. (< γεωμέτρης) géomètre
SbANau I.25 ; SbCNau III.1 ;
‫ ܓܐܘܡܛܪܝܐ‬n.f. (< γεωμετρία) géométrie An.écl.lu. 5 ; SbANau I.22 ;
‫ ܓܐܘܡܛܪܝܩܝܐ‬adj. (< γεωμετρικός) géométrique An.écl.lu. 5 ;
SbCNau XIV.12 ;
‫ ܓܐܐܠܟܣܝܣ‬, ‫ ܓܐܠܟܣܝܣ‬, ‫ ܓܐܠܟܣܝܘܣ‬n.m. (< Γαλαξίας) Voie lactée ;
‫ܒܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܚܘܪܐ ܐܘܟܝܬ ܿܒܗܘܪܐ ܇ ܿܗܘ ܕܡܢ ܥܝܕܐ ܕܓܘܐ ܠܘܬ‬ ̈ ‫ܚܘܕܪܐ ܣܒܝܣ‬
̈ ‫ܒܠܝ ܬܒܢܐ ܐܘܟܝܬ ܫܒܝܠ ܬܒܢܐ ܇ ܠܘܬ‬ ܿ ̈
‫ܝܘܢܝܐ‬ ‫ܟܠܗܘܢ ܡܢ ܣܘܪ̈ܪܝܝܐ ܡܬܩܪܐ ܫܒܝܐܠ ܕܣ‬
. ‫ ܕܝܢ ܇ ܓܐܠܟܣܝܘܣ ܐܘܟܝܬ ܿܚܠܒܝܝܐ‬cercle chargé d’étoiles qui est blanc, c’est-
à-dire obscur, lequel d’après une coutume commune chez tous les
Syriens est nommé chemin de ceux qui portent de la paille, c’est-à-dire
chemin de paille (šebil tebna = voie lactée) est chez les Grecs Galacsis (ὁ
τοῦ γάλακτος), c’est-à-dire de lait SbCNau II.1 ; ‫ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܓܐܠܟܣܝܣ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܿܚܠܒܝܢܝܐ‬SbCNau XI.1 ;
‫[ ܓܐܪܐ‬cf. ‫] ܐܘܐܝܣܛܘܣ‬.
‫ܓܒܐ‬ ܿ , pl. ‫ܓܒܝܢ‬
̈ n.m. 1. côté An.écl.lu. 4.2 ; SbANau I.21 ;
SbCNau XIII.7 ; 2. bord SgL. 2.6.1 ; exp° ‫ܓܒܝܢ‬ ̈ ‫ ܡܢ ܟܠ‬tout autour
SbANau I.23 ; 3. surface (trad. de ἐπιφάνεια) SgMu. 6 ;

403
Lexique astronomique

‫ ܓܕܝܐ‬n.m. capricorne signe zodiacal SgL. 3.3 ; SbN II.1; SbANau I.33 ;
SbCNau III.4 ;
‫ ܓܘܐ‬n.m. exp° adj. ‫ ܕܓܘܐ‬1. général (par opp. à ‫ ) ܐܝܚܝܕܝܐ‬SgL. 1.2 ;
2. commun SgL. 4.1.4 ; ‫ ܡܫܐ ܕܓܘܐ‬nom commun SbCNau I.3 ;
3. inférieur SbN II.5 ;
‫ ܓܘܢܐܝܬ‬adv. généralement SgL. 1.2 ;
ܿ
‫ܓܘܢܝܐ‬ ̈
, pl. ‫ܓܘܢܘܬܐ‬ n.m. angle SgL. 2.2 ;
‫ ܓܘܢܝܐ‬adj. 1. général SgL. 1.2 ; 2. commun (par opposition à ‫ܕܝܠܢܝܐ‬
particulier) SbCNau I.3 ;
‫ ܓܘܢܝܘܬܐ‬n.f. partie commune SbCNau I.3 ;
‫ ܓܘܫܡܐ‬, pl. ‫ܓܘܫܡܐ‬, ̈ ̈
n.m. 1. corps d’Atalyā An.écl.lu. 6.3 ; ‫ܓܘܫܡܐ‬
̈
‫ܐܠܗܝܐ‬ (trad. de σῶμα) corps divins SgMu. 2 ; 2. masse (trad. de ὄγκος)
SgMu. 2 ;
‫ ܓܘܢܐܝܬ‬adv. de manière générale An.écl.lu 1 ;
‫ ܓܘܪܓܐܢܘܣ‬n.m. (< Gén. Γοργόνος) étoile de la Gorgone SbCNau IX.2 ;
‫ ܓܙܝܪܬܐ‬n.f. Djazira région de Haute-Mésopotamie An.écl.lu. 5 (glose) ;
SbN I ;
‫ ܓܙܪܬܐ‬n.f. île ; ‫ ܩܪܛܐ ܓܙܪܬܐ‬île de Crète SbCNau IV.3 ; ‫ܕܛܘܒܬܢܐ‬ ̈ ‫ܓܙܪܬܐ‬
île des Bienheureux SbCNau XV.7 ;
‫ ܓܠܝܐܠ‬adj. rond SbANau I.22 ;
‫ ܓܠܝܢܘܣ ܓܠܢܘܣ‬n.m. Galien SgL. 1.2 ;
ܳܳ ܰ
‫ܢܒܪܐ‬ ‫ ܓ‬n.m. le Géant (= Orion) constellation SbCNau II.3 ;
‫ ܓܪܒܝܐ‬n.m. nord An.écl.lu 2.1 ; SbN II.5 ; SbANau I.21 ; SbCNau I.1 ;
‫ ܓܪܒܝܝܐ‬adj. septentrional An.écl.lu. 4.4 ; (trad. de κατὰ τὸ Βόρειον)
SgMu. 3 ; SbCNau I.1 ; exp° ‫( ܕܠܘܩܒܠ ܓܪܒܝܝܐ‬trad. de ἀνταρκτικὸς)
antarctique SgMu. 3 ;

‫ܕ‬

‫ ܶܕܒܐ‬n.f. Ourse constellation ; ‫ܕܒܐ‬


̈ ‫ ܬ̈ܪܬܝܢ‬les deux Ourses SbCNau I.6 ; ‫ܐܝܬ‬
. ‫ ܚܕܐ ܟܝܬ ܪܒܬܐ ܘܚܕܐ ܙܥܘܪܬܐ‬. ‫ܕܒܐ‬ ̈ ‫ ܬ̈ܪܬܝܢ‬il y a deux Ourses, l’une grande
l’autre petite SbCNau IV.1 ; ‫ ܕܒܐ ܪܒܬܐ‬Grande Ourse, constellation
septentrionale SbCNau VI.3 ; ‫ ܕܒܐ ܙܥܘܪܬܐ‬Petite Ourse, constellation
septentrionale SbCNau VI.3 et X.9 ;
ܳ ܳ ‫ ܶܕ‬adj. traduction miroir de ἀρκτικός (de l’Ourse) SbCNau XII.3 ;
‫ܒܢܝܐ‬
‫ ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܐ‬, ‫ ܕܕܘܩܛܝܡܘܪܝܘܢ ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܘܢ‬n. dodécatémorie ‫ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܐ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܚܕ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ ̈ܡܢܘܢ‬SbCNau III.1 ; (in marg. BnF, Par. syr. 346, f.85r :
‫) ܚܕܐ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ ܕܟܠܗ ܙܘܕܝܐܩܘܢ ܩܪܘ ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܘܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܠܡܠܘܫܐ‬
SbCNau III.5 ; ‫ܕܢܘܢܐ‬ ̈ ‫ ܕܕܘܩܛܝܡܘܪܝܘܢ‬la dodécatomérie des Poissons
SbCNau X.8 ;
‫ܕܘܟܬܐ‬, pl. ‫ܕܘܟܝܬܐ‬,̈ n.f. 1. endroit An.écl.lu 2.2 ; (trad. de ἕδρα) SgMu. 5 ;
SgL. 2.3.1 ; SbANau II.64 ; 2. lieu (trad. de ἐποχή) An.mouv.sol. 3 ;

404
Lexique astronomique

(trad. de χώρα) SgMu. 5 ; ‫ ܕܘܟܬܐ ܕܩܠܦܣܝܣ‬lieu d’éclipse SbANau II.45 ;


3. partie de l’astrolabe SbANau I.20 ; 4. point SbCNau I.8 ;
‫ ܕܘܐܠ‬n.m. Verseau signe zodiacal SgL. 3.3 ; SbN II.2 ; SbANau II.39 ; ‫ܕܘܐܠ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܐܫܕ ̈ܡܝܐ‬SbCNau III.4 ;
‫ ܕܘܠܦܝܢܐ‬n. (< Acc. δελφῖνα) Dauphin constellation septentrionale
SbCNau VI.3 ;
‫ ܕܘܢܒܐ‬n.f. queue d’Atalyā ‫ ܕܘܢܒܗ ܕܐܬܠܝܐ‬An.écl.lu 6.3 ;
‫ <( ܕܝܐܒܘܪܘܣܬܢܘܣ‬διὰ Βορυσθένους) climat du Borysthène nom du
septième climat SbCNau XIV.1 ;
‫ <( ܕܝܐܛܝܣܩܐܛܘܟܪܘܣ‬διὰ τῆς κάτω χώρας) climat du Delta du Nil nom
du troisième climat SbCNau XIV.112 ;
‫ ܕܝܐܡܛܪܐܝܬ‬adv. diamétralement opposé An.écl.lu 4.2 ; SbCNau IX.6 ;
‫ܕܝܐܡܛܪܐ ܕܝܡܛܪܘܣ ܕܡܛܪܘܢ ܕܝܐܡܛܪܘܢ‬, pl. ‫ܕܝܐܡܛ̈ܪܐ‬, n. (< Acc. διάμετρον)
1. opposition diamétrale ‫ ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬An.écl.lu 2.1 ; SgL. 2.2 ;
(pour διάμετρον) SbN II. 1 ; SbANau II.38 ; 2. diamètre ‫ܐܡܪܝܢܢ ܕܗܘ ܗܢܐ‬
‫ ܣܘܪܛܢܐ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܐܝܬܘܗܝ ܕܥܠܡܐ‬SgMu. 3 ; SbANau I.25 ; SbCNau
XVII.17 ; 3. Exp° prép. -‫ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕ‬diamétralement opposé à-
SbCNau VII.13 ;
‫ ܕܝܐܡܗܣܘܢ ܕܝܐܗܡܣܘܢ ܕܝܐܡܣܘܢ‬n. (< διὰ μέσων) écliptique ; ‫ܘܚܘܕܪܐ ܿܗܘ‬
‫ ܕܝܐܡܣܘܢ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬SbAVil.13 I.33 ; ‫ܙܘܕܝܐ ܐܘܟܝܬ ܡܢ ܕܝܐܡܗܣܘܢ‬ ̈ ‫ܡܢ ܡܨܥܬ‬
‫ ܕܙܘܢܐ ܿܗܝ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬SbANau II.46 [cf. ‫ܕܝܐܡܣܘܢ ܐܘܟܝܬ ;] ܡܨܥܬܐ‬
‫ ܣܘܪܛܐ‬SbCNau III.3 ; ‫ܕܝܐܡܣܘܢ ܐܘܟܝܬ ܣܘܪܛܐ ܿܗܘ ܕܒܡܨܥܬܐ ܙܘܕܝܐܩܘܢ ܿܗܘ‬
‫ܡܫܢܐ ܡܢܗ ܠܓܪܒܝܐ ܟܝܬ ܐܘ‬ ܿ ‫ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ ܐܠܘܪܟܐ ܐܡܝܢܐܝܬ ܇ ܟܕ ܐܠ ܣܟ‬
‫ ܠܬܝܡܢܐ‬le διὰ μέσων (écliptique) , c’est-à-dire la ligne qui est au milieu
du zodiaque sur lequel marche le soleil constamment en longitude sans le
quitter ni au nord ni au sud SbCNau X.7 ; SbCNau XII.9 ;
‫ <( ܕܝܐܡܣܘܦܘܢܛܘ‬διὰ μέσον Πόντου) climat du Pont Euxin nom du
sixième climat SbCNau XIV.1 ;
‫ <( ܕܝܐܡܪܘܐܝܣ‬διὰ Μερόης) climat de Méroé nom attribué au premier
climat (le plus proche de l’équateur) SbCNau XIV.114 ;
‫ <( ܕܝܐܣܘܗܢܝܣܘ‬διὰ Συήνης) climat de Syène nom attribué au deuxième
climat SbCNau XIV.115 ;
‫ ܕܝܐܣܛܣܝܣ‬n.f. (< διάστασις) distance SbN II.5 ;
‫ <( ܕܝܐܪܘܕܘ‬διὰ Ῥόδου) climat de Rhodes nom du quatrième climat
SbCNau XIV.116 ;
‫ <( ܕܝܗܠܝܣܦܛܘ‬διὰ Ἑλλησπόντου) climat de l’Hellespont nom du
cinquième climat SbCNau XIV.1 17 ;

12
Cf. Ptolémée, Géographie, IV, 5, 55 (éd. Nobbe, Leipzig, 1813).
13
Ce qui est l’exact équivalent de l’expression grecque utilisée par Théon d’Alexandrie
pour désigner l’écliptique (« ὁ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων κύκλος », cf. Théon Al., Petit Comm.
[éd. TIHON], chap. 6, 14 et 15). F. Nau avait traduit littéralement : « cercle du milieu du
zodiaque » (Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], p. 82). La solution de Nau a
été retenue par C. Brockelmann /M. Sokoloff.
14
Cf. Ptolémée, Géographie, VII, 6, 8 (éd. Nobbe, Leipzig, 1813).
15
Cf. Ptolémée, Géographie, VII, 5, 16 (éd. Nobbe, Leipzig, 1813).
16
Cf. Ptolémée, Géographie, I, 20, 7 (éd. Nobbe, Leipzig, 1813).
17
Cf. Ptolémée, Géographie, V, 2, 3 (éd. Nobbe, Leipzig, 1813).

405
Lexique astronomique

‫ ܕܝܐܦܛܘܪܐ ܕܝܐܦܛܪܘܢ ܕܝܐܦܛܘܪܐ ܕܝܦܛܘܪܐ ܕܝܘܦܛܘܪܐ ܕܝܘܦܛܪܐ‬n.m.


(< δίοπτρα) dioptre ou alidade pièce de l’astrolabe SbANau I.25 ;
SbCNau XV.2 ;
‫ ܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ‬n. Dioclétien ; ‫ܕܫ ̄ܥ ̄ܛ ܕܡܠܟܐ ܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ‬
̄ ‫ ܫܢܬܐ ܡܢ ܿܗܝ‬l’an 379 de
Dioclétien SbN II.2 ;
‫ ܕܝܠܢܝܐ‬adj. particulier SbCNau I.3 ;
‫ ܕܝܠܢܐܝܬ‬adv. en particulier (par opposition à ‫ )ܓܘܢܐܝܬ‬An.écl.lu 1 ;
‫ ܕܝܦܢܐ‬adj. διπλοῦς pour qualifier l’état du degré représenté sur l’astrolabe
en deux parties ‫ܕܐܝܬܝܗ ܕܟܕ ܚܕܐ ܡܘܪܐ ܪܫܝܡܐ ܬ̈ܪܬܝܢ‬ ܿ ‫ ܿܗܝ‬. ‫ܕܝܦܢܐ ̈ܪܫܝܡܢ ܒܗ‬
‫ ܡܫܘܕܥܐ‬SbANau I.23 ;
‫ ܕܟܪܐ‬n. Bélier constellation ‫ ܕܟܪܐ ܐܘܟܝܬ ܐܡܪܐ‬SbCNau III.3 et VI.2 ;
‫ ܕܠܛܛܘܢ‬n. (< Δελτωτόν) Delta ou Triangle constellation septentrionale
SbCNau VI.3 ;
ܳ ‫ܕܡ‬
‫ܘܬܐ‬ ̈ܳ
ܽ , pl. ‫ܕܡܘ ܳܬܐ‬ n.f. figure (pour désigner les constellations) SbCNau
Titre ;
‫ ܕܢܚ‬vb. Pe. se lever en parlant des astres SbANau I.28 ; SbCNau I.4;
‫ ܸܕܢܚܐ‬n.m. lever d’un astre An.écl.lu 4.4 ; exp° ‫ ܒܝܬ ܕܢܚܐ‬lever SbCNau
Titre ;
‫ ܕܪܓܐ‬, pl. ‫ܕ̈ܪܓܐ‬, n.m. degré ‫ ܗܘܐ ̄ܫ ̄ܣ ܕ̈ܪܓܐ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬SbANau I.30 ;
‫ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܕܪܓܐ‬SbCNau III.1 ;

‫ܗ‬

‫ ܗܐܪܐ‬n.f. (< Ἥρα) Héra pour Vénus . ‫ ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܿܡܢ ܕܒܝܠܬܝ ܿܩܪܝܢ ܠܗ‬. ‫ܟܘܟܒܬܐ‬
‫ ܐܢܫܝܢ ܕܝܢ ܕܗܐܪܐ‬SgMu. 7 ;
‫ ܗܘܕܪܐ‬n.f. (< Ὕδρα) Hydre constellation australe SbCNau I.6 et VI.4 ;
̈
‫ܗܘܝܐ‬ n.pl. les étants (pour οἱ ὅλοι) SgMu. 1 ;
‫ ܗܘܐܠ‬n.f. (< ὕλη) matière de l’astrolabe SbANau I.22 ;
‫ ܗܘܦܡܢܝܣܛܝܩܘܢ‬n. (< ὑπομνηστικόν) abrégé ou commentaire SbN II.5 ;
‫ ܗܘܦܪܟܐܝܐ‬, pl. ‫ܗܘܦ̈ܪܟܐܝܣ‬, n.m. (< ἐπαρχία) éparchies SbCNau II.6 ;
‫ ܗܘܦܬܣܝܣ‬n.f. (< ὑπόθεσις) but SbCNau I.7 ;
‫ ܗܠܝܣ ܦܢܛܘܣ‬n. Hellespont SbCNau IV.4 ;
‫ ܗܠܟܬܐ‬n.f. marche d’un astre ; ‫ ܗܠܟܬܗ ܕܫܡܫܐ‬la marche du soleil SbCNau
XII.9 ;
‫ ܗܢܓܘܢܐܣܝܢ‬n.m. (<Ἐνγόνασιν) l’Agenouillé constellation septentrionale
dite d’Hercule SbCNau VI.3 et VII.3.
‫[ ܗܢܕܩܛܝܘܢܐ‬cf. ‫] ܐܝܢܕܩܛܝܘܢܐ‬
‫ ܗܢܝܘܟܘܣ‬n. (<Ἡνίοχος) Cocher constellation septentrionale SbCNau VI.3 ;
‫[ ܗܦܘܟܝ‬cf. ‫] ܐܦܘܟܝ‬.
‫ ܗܦܘܟܝܐ‬n.m. conversion ; ‫ܕܫܥܐ‬ ̈ ‫ ܗܦܘܟܝܐ‬conversion des heures SbN II.5 ;
‫ ܗܦܟ‬vb. Af. contredire An.écl.lu. 4.1 ; Etpe. tourner (trad. de κύκλῳ
συναναχορεύειν) SgMu. 2 ;
‫ ܗܦܟܬܐ‬n.f. objection An.écl.lu. 4.4 ;
‫ ܗܪܗ‬n. Herat ville du Khorassan ‫ ܕܒܗܪܗ ܡܕܝܢܬܐ‬An.écl.lu. 5 (glose) ;
406
Lexique astronomique

‫ ܗܪܝܕܐܢܘܣ‬n. (< Ἠριδανός) Éridan constellation australe SbCNau IV.15 ;


‫ ܐܘܟܝܬ ܗܪܝܕܐܢܘܣ ܢܗܪܐ‬SbCNau VI.4 ;
‫ ܐܪܡܝܣ ܗܪܡܝܣ‬n.m. (< Ἑρμῆς) Mercure . ‫ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܕܩܕܝܫܐ ܗܪܡܝܣ ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ‬
‫< ܘܐܢܫܝܢ ܕܐܦܠܘ‬planète> que certains appellent Saint Mercure et d’autres
Apollon SgMu. 7 ; SgL. 2.1 ; SbCNau V.3 ;
‫ ܗܪܩܠܝܣ‬n.m. (< Ἡρακλῆς) Hercule autre nom de la planète Mars SgMu. 7 ;

‫ܘ‬

ܿ ‫ܠܘܥܕܐ‬
‫ ܘܥܕܐ‬n.m. exp° prép. – ‫ ܠܘܥܕܐ ܕ‬aux environs de ‫ܕܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬
‫ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ‬SgL. 4.1.2 ;

‫ܙ‬

̈
‫ ܙܒܢܐ‬, pl. ‫ܙܒܢܬܐ‬, n. temps SbCNau XVI.4 ;
‫ ܙܘܕܝܐܩܘܢ‬n. (< ζῳδιακόν) zodiaque cercle astronomique ; ‫ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ‬
‫ ܕܡܬܩܪܐ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬SbANau I.22 ; SbCNau I.1 ; ‫ܙܘܕܝܐܩܘܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܚܝܘܬܢܝܐ‬
ζῳδιακόν, c’est-à-dire animal SbCNau XII.8 ;
‫ ܙܕܝܘܢ ܙܘܕܝܘܢ‬, pl. ‫ ̈ܙܘܕܝܐ‬, (< ζῴδιον) signe zodiacal SbN II.1 ; ‫ܙܘܕܝܐ ܐܘܟܝܬ‬ ̈
‫ ̈ܡܠܘܫܐ‬SbANau I.23 ; ‫ܙܘܕܝܐ ܐܘܟܝܬ ̈ܡܠܘܫܐ‬ ̈ SbCNau III.1 ;
̈ ̈ ̈
‫ ܙܘܢܝ ܙܘܢܐ‬, pl. ‫ ܙܘܢܣ ܙܘܢܘܣ‬, n.f. (< ζωνή) 1. zone ‫ܘܙܘܢܘܣ ܗܢܝܢ ܛ̈ܪܘܦܝܩܝܬܐ‬ zones
tropicales SbANau I.22 ; ‫ ܙܘܢܐ ܿܗܝ ܕܡܬܩܪܝܐ ܐܪܩܛܝܩܘܣ‬zone arctique
SbANau I.33 ; ‫ ܙܘܢܐ ܐܝܣܝܡܪܝܬܐ‬zone équatoriale SbANau II.64 ; ‫ܘܬܘܒ‬
‫ ܐܝܟ ܕܪܫܡ ܦܝܠܠܘܣܦܐ‬. ‫ܙܘܢܣ‬ ̈ ̈
‫ܕܚܡܫ‬ ‫ ܦܘܠܓܐ ܐܚܪܢܐ‬il existe une autre division en
cinq zones faite par le philosophe SbANau II.68 ; 2. cercle ‫ܙܘܢܝ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬
cercle du zodiaque SbANau II.37 ; ‫ܙܘܢܣ ܕܝܠܗ ܕܐܣܦܝܪܐ‬ ̈ ‫ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ‬
SbCNau Titre ;
‫ ܙܘܥ‬vb. Ettaf. 1. intr. se déplacer ‫ܐܝܟ ܿܗܘ ܕܗܝ ܢܘܩܕܬܐ ܡܬܬܙܝܥܐ ܡܢ ܡܕܢܚܐ‬
‫ ܠܡܥܪܒܐ‬An.écl.lu. 6.1 ; (trad. de κίνησιν ποιεῖται) An.mouv.sol. 2 ;
(trad. de κινοῦμαι) SgMu. 2 ; SgL. 1.2 ; SbCNau X.7 ; 2. trans. - ‫ܠ‬
parcourir ‫ܡܘ̈ܪܣ‬ܿ ‫ ܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ‬SgL. 2.2.5 ;
‫ ܙܘܣ‬n. 1. Zeus personnage mythologique SbCNau IV.13; 2. Jupiter planète
SbCNau V.3 ;
‫ ܙܘܥܐ‬, pl. ‫ ̈ܙܘܥܐ‬, n.m. mouvement ‫ܙܘܥܗ ܕܫܡܫܐ‬ ܿ An.écl.lu. 2.1 ; (trad. de
κίνησις) SgMu. 7 [voir aussi ‫ ;] ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ‬SgL. 1.2 ; SbCNau XIV.Tit. ;
‫ ܙܠܝܡܐ‬adj. incliné SgL. 2.3 ; ‫ܟܡܐ ܿܗܘܐ ܙܠܝܡ ܟܠ ܙܘܕܝܘܢ ܡܢ ܙܘܢܐ ܐܝܣܝܡܪܝܬܐ‬
SbANau II.64 ; SbCNau XI. 3;
‫ ܙܠܝܡܐܝܬ‬adv. de façon oblique ; ‫( ܟܕ ܣܝܡ ܙܠܝܡܐܝܬ‬trad. de ἐγκάρσιος)
SgMu. 5 ; SbANau II.70 ; SbCNau I.8 ;

407
Lexique astronomique

̈ ‫ ܙܠܝܡܘܬܐ ܕܟܠܝܐܠ‬An.écl.lu. 4.4 ;


‫ ܙܠܝܡܘܬܐ‬n.f. obliquité, inclinaison ‫ܕܡܠܘܫܐ‬
‫ܕܙܘܕܝܐ ܡܢ ܙܘܢܐ ܐܝܣܡܪܝܬܐ‬̈ ‫ ܙܠܝܡܘܬܐ‬inclinaison des signes sur la zone de
l’équateur SbANau II.65 ; du soleil SbCNau XIV.11;
̈ , rayon du soleil SgL. 2.3.2 ; rayon de la lune SgL. 3.1 ; de
‫ ܙܠܝܩܐ‬, pl. ‫ܙܠܝܩܐ‬
n’importe quel astre SbANau I.25 ; SbCNau XV.2 ;
‫ ܙܠܡܐ‬n.m. inclinaison SgL. 2.3.1 ;
‫[ ܙܘܢܘܣ‬cf. ‫] ܙܘܢܐ‬.
‫ ܙܥܘܪܐ‬adj. bref ; exp° ‫ ܐܝܟ ܕܒܙܥܘ̈ܪܝܬܐ‬brièvement SbANau I.21 [comparer
avec ‫;] ܦܣܝܩܬܐ‬

‫ܚ‬

‫ ܚܐܪܘܬܐ‬n.f. liberté SbCNau V.2 ;


‫ ܚܘܕܪܐ‬, pl. ‫ ܚܘܕ̈ܪܐ‬ou ‫( ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬état abs.), n.m. 1. Cercle astronomique ‫ܒܗܝܢ‬
‫ܒܢܘܩܕܬܐ ܇ ܗܠܝܢ ܕܒܗܝܢ ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ‬ ̈ An.écl.lu. 2.4 ; ‫ܕܒܝ ̄ܒ ܚܘܕ̈ܪܝܢ‬
̄ ‫ܐܝܟܢܐ‬
An.écl.lu. 6.2 ; (trad. de κύκλος) An.mouv.sol. 3 ; (trad. de κύκλος)
SgMu. 2 ; ‫ ܒܚܘܕܪܐ‬SgL. 1.2 ; ‫ܕܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ ܚܘܕܪܐ‬cercle du zodiaque SgL. 2.2 ;
ܿ
SbN II.3 ; ‫ ܚܘܕܪܐ ܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬SbANau I.22 ; ‫ܙܘܢܣ‬ ̈ ‫ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ‬
‫ ܕܝܠܗ ܕܐܣܦܝܪܐ‬SbCNau Titre ; exp° ‫ܠܚܘܕܪܐ ܿܡܢ ܐܘܟܝܬ ܠܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܒܡܨܥܬܐ‬
le cercle, c’est-à-dire l’écliptique SbCVil. I.5 ; 2. cycle‫ܕܝ ̄ܛ ܕܚܘܕܪܐ‬ ܿ
̄ ‫ܒܫܢܬܐ‬
‫ ܕܠܗ ܕܣܗܪܐ‬SbN I ; SbANau I.20 ; 3. bandeau (?) ‫ܙܘܢܣ‬ ̈ ‫ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ‬les
bandeaux, c’est-à-dire les zones SbCVil. XII.1 ;
‫ ܚܘܕܪܢܐܝܬ‬adv. en rond . ‫ܚܕܐ ܥܠ ܚܕܐ ܡܬܩܛ̈ܪܓܝܢ ܚܘܕܪܢܐܝܬ ܐܝܟ ܕܐܦ ܩܘܩܠܘܣ‬
An.écl.lu. 4.4 ;
‫ ܚܘܝ‬vb. Pa. indiquer SbANau I.21 ;
‫ ܚܘܠܛܢܐ‬n.m. addition (pour ἐπισυναγωγή) SbN II.5 ;
‫ ܚܘܣܪܢܐ‬n.m. décroissance de la lune ‫ ܬܪܒܝܬܐ ܘܚܘܣܪܢܐ‬An.écl.lu. 4.4 ;
SgL. 4.1.4 ;
‫ ܚܘܫܒܐ‬, pl. ‫ܚܘܫܒܐ‬ ̈ n.m. pensée SbCNau I.2 ;
̈
‫ ܚܘܫܒܢܐ‬, pl. ‫ ܚܘܫܒܢܐ‬n.m. calcul An.écl.lu. 4.4 ; (trad. de ὁ Πρόχειρος
Κανὼν ) An.mouv.sol. 3 ; SgL. 2.3.1 ; SbN I ; SbCNau XII.2 ;
‫ ܚܙܬܐ‬n.f. 1. vue ‫ܠܗ ܣܗܪܐ ܘܡܬܚܦܝܐ ܡܢ ܚܙܬܢ‬ ܿ ‫ܘܚܫܟܐ‬ ܿ An.écl.lu. 2.2 ;
2. schéma ‫ܪܫܡܝܢܢ‬ ܿ ‫ ܒܝܕ ܚܙܬܐ ܡܕܡ ܘܬܐܘܪܝܡܐ ܓܐܘܡܛܪܝܩܝܐ‬An.écl.lu. 5 ;
‫ ܚܝܐܠ‬n.m. 1. force SgL. 2.5.1 ; 2. fondement (?) An.écl.lu. 6.4 ; 3. vertu
(?) SgL. 1.2 ; 4. influence SgL. 2.1 ;
‫ ܚܝܪܐ‬, pl. ‫ ܚܝ̈ܪܐ‬, n.m. regard (astrol.)18 SbCNau V.1 ;
‫ ܚܟܝܡܐܝܬ‬adv. sagement SbCNau II.5 ;
‫ ܚܟܡܬܐ‬n.f. science An.écl.lu. 6.5 ;
‫ ܚܠܘܐܠ‬, pl. ‫ܚܠܘܐܠ‬ ̈ ̈
, n.m. en exp° (astrol.) ‫ܕܚܠܘܐܠ‬ ‫ ܡܘ̈ܪܣ‬degrés des noces
SbANau II.51 ;

18
Deux signes sont dits « en regard » lorsqu’ils sont équidistants d’un tropique (cf. Ptol.,
Apotel. [éd. HÜBNER], I.18)

408
Lexique astronomique

‫ ܰܚܠܛ‬vb. (Pa.) additionner ‫ܡܚܠܛ ܠܬ̈ܪܝܗܘܢ ̈ܡܢܝܢܐ ܥܡ ̈ܚܕܕܐ‬


ܿ ‫ ܟܕ‬en additionnant
les deux chiffres l’un avec l’autre SbN II.5.5.
‫ ܚܠܩܐ‬n.m. destin An.écl.lu. 6.3.2 ; SbCNau V.1 ;
‫ ܚܣܪ‬vb. Pe. décroître en parlant de la lune SgL. 2.5.1 ;
‫ ܚܣܝܪܘܬܐ‬n.f. décroissance de la lune SgL. 2.5.4 ;
‫ ܚܪܘܪܐ‬n.m. trou de la dioptre SbANau II.37 ;
‫ ܚܪܝܦܐܝܬ‬adv. rapidement SgMu. 4 ; SgL. 2.4.1 ;
‫ ܚܫܒ‬vb. Pe. calculer An.écl.lu. 6.4 ; (trad. de γινώσκειν) An.mouv.sol. 3 ;
SbN I ; Pa. procéder au calcul de SbN II.3 ;
‫ ܚܫܟ‬vb. Pe. S’obscurcir, s’éclipser ‫ܟܠܗ ܚܫܟܐ ܘܒܙܒܢ ܠܘ‬ ܿ ‫ܘܡܛܠܡܢܐ ܒܙܒܢ‬
ܿ An.écl.lu Titre ; SgL 2.3.2 ; Pa. obscurcir, éclipser SgL. 2.3.2 ;
‫ܟܠܗ‬
‫ ܚܫܘܟܐ ܶܚܫܟܐ‬n.m. 1. éclipse (équivalent culturel de l’ἐκλειψις grec),
H. POGNON, Inscriptions sémitiques de la Syrie, de la Mésopotamie et de
la région de Mossoul, Paris, 1907, 84 :18 (149) [i.e. in 638 CE].) ; ‫ܚܫܟܐ‬
‫ ܕܫܡܫܐ‬éclipse de soleil An.écl.lu 1 ou ‫ ܚܫܘܟܐ ܫܡܫܢܝܐ‬BhCA I,7,6 ; ‫ܚܫܟܐ‬
‫ ܕܣܗܪܐ‬éclipse de lune SgL 2.3.2 ; ‫ ܒܝܬ ܚܫܟܐ‬lieu d’obscurité (?)
SgL 2,4,3 ; ‫ ܚܫܟܐ‬obscurité, SgL 2.4.3 ; ‫ ܶܚ ̈ܫ ܶܟܐ ܣܗܪܢܝܐ‬éclipse de lune,
BhCA 19r ; 2. obscurité SbCNau XIV.10 ;
‫ ܶܚܫܟܢܝܐ‬, ‫ܚܫܟܢܝܐ‬
̈ adj. écliptique ‫ܬܚܘܡܐ ̈ܚܫܟܢܝܐ‬ ̈ limites écliptiques,
An.écl.lu. 2.4 ; Bar-Sal., Com. 136v ;
‫ ܚܫܘܟܘܬܐ‬n.f obscurcissement BhCA I,7,6 ;
‫ ܚܬܝܬܐ‬adj. exact SgL. 2.2 ; SbANau I.31 ;
‫ ܚܬܝܬܐܝܬ‬adv. exactement SgL. 2.2.5 ;

‫ܛ‬

‫ ܛܐܦܘܪܒܝ‬n. Taprobane île SbCNau XIV.Tit.;


‫ ܛܒܐ‬adj. bénéfique en parlant de certains jours lunaires SgL. 2.5 ;
̈
‫ ܛܒܠܘܣܝܬܐ‬, ‫ܛܒܠܘܣܝܬܐ‬ n.f. tablette ( ?) pièce de l’astrolabe, petite plaque
de métal comportant un trou ‫ܛܒܠܘܣܝܬܐ ܡ̈ܪܟܒܬܐ ܘܙܥܘ̈ܪܬܐ ܕܐܡܝ̈ܪܢ‬ ̈ ‫ܬ̈ܪܝܢ‬
‫ ܕܒܗܝܢ ܢܩܝܒܝܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܝܢ ܚ̈ܪܘܪܐ ܚܕ ܠܘܩܒܠ ܚܕ‬SbANau I.25 ;
‫ ܛܒܠܝܢ‬, pl. ‫ܛܒܠܣ‬ ̈
̈ ‫ܛܒܠܘܣ‬ n.f. tablette19 de l’astrolabe SbANau I.20 et I.30 ;
1. matrice SbAVil. I.20 ; ‫ ܡܢ ܠܒܪ ܕܝܢ ܥܠ ܛܒܠܝܢ ܿܗܝ ܿܒܪܝܬܐ‬à l’envers de la

19
C. Brockelmann a vu dans ce terme de ‫( ܛܒܠܝܢ‬ṭăblīn) non pas un décalque du latin, mais
un néologisme formé sur la forme ‫( ܛܒܐܠ‬ṭăblō) qui servait en syriaque à désigner le
tambour d’un instrument de percussion. On serait tenté de traduire par « matrice », mais la
seconde occurrence du texte parle de « 3 ou 4 tăblăs » soit de tympans. La solution est en
réalité fournie par Sévère Sebokht lui-même : « ‫ܓܠܝܐܠ ܐܝܬ ܘܫܘܝܢ‬ ̈ ‫ܐܣܟܝܡܐ‬ ̈ ‫ܗܢܝܢ ܕܠܟܠܗܝܢ‬
ܿ ̈
‫ ܘܩܝܡܢ ܚܕܐ ܥܠ ܚܕܐ ܒܓܘ ܚܕܐ ܕܠܒܪ ܡܢ ܟܠܗܝܢ ܗܝ ܕܐܦ ܣܦܬ ܡܕܡ‬. ‫ܠܚܕܕܐ ܒܪܒܘܬܐ ܟܝܬ ܘܫܛܝܚܘܬܐ‬ ̈
ܿ‫ » ܒܕܡܘܬ ܬܝܟܐ ܐܝܬ ܠܗ‬: Ces dernières (Tăblăs) qui ont toutes une forme ronde et qui sont
semblables du point de vue de la taille et de l’épaisseur, superposées les unes aux autres à
l’intérieure d’une <autre> qui les entoure, disposant pour sa part d’un limbe en guise de

409
Lexique astronomique

« matrice » (extérieure) SbAVil. I.22 ; 2. tympan SbAVil (ms. Berlinus


syr. [Sachau 26 (Petermann 186)], fol.83r) ;
‫ ܛܗܪܐ‬n. midi (pour μεσημβρία) C1SbN II.5 [voir ‫;]ܡܣܡܒܪܝܐ‬
SbCNau XII.11 ;
‫ ܛܗܪܝܬܐ‬adj. de midi (pour μεσημβρία) C1SbN II.2 [voir ‫;] ܡܣܡܒܪܝܐ‬
‫ ܛܘܠܩܐ‬n.m. nouvelle lune SgL. 2.5.1 ;
‫ ܛܘܥܝܝ‬n.sg/pl. (invariable ?) erreur SbANau II.43 ; exp° ‫( ܕܐܠ ܛܘܥܝܝ‬pour
ἀπλανῶς) sans relâche SgMu. 5 ; (pour τὰ ἀπλανῆ) les <étoiles> fixes
SgMu. 6 ;
‫ ܛܘܦܣܐ‬n.m. (<τύπος) protocole SgL. 4.3 ;
‫ ܛܘܪܐ‬n.m. 1. espace SbCNau XII.2; ‫ܙܒܢܝܐ‬ ̈ ‫ ܛܘ̈ܪܐ‬espaces de temps
SbCNau II.4 ; 2. montagne SbCNau IV.7 ;
‫ ܛܛܐܪܛܝܡܘܪܝܘܢ‬n. quart (in marg. ‫ܛܛܪܛܝܡܘܪܝܘܢ ܕܟܠܗ )ܚܕܐ ܡܢ ܐܪܒܥ‬
‫ ܐܣܦܝܪܐ‬le quart de toute la sphere SbCNau XIV.2;
‫<( ܛܛܪܐܦܠܘ̈ܪܐ‬τετράπλευροι) quadrilatères ‫ܕܕ‬ ̄ ‫ܿܗܢܘܢ ܛܛܪܐܦܠܘ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ‬
‫ܟܘܟܒܐ‬̈ SbCNau IV.1 ;
‫ ܛܟܣ‬vb. Ettaph. être placé SbCNau III.4 ;
‫ ܛ ܸ ܿܟܣܐ‬n. (<τάξις) ordre SgMu. 1 [voir aussi ‫ܡܛܠ ܕܗܟܢܐ ܐܬܚܙܝ ;] ܡܛܟܣܘܬܐ‬
‫ܕܟܘܟܒܐ‬ ̈ ‫ܐܡܪ ܐܢܐ ܘܛܟܣܐ ܘܐܣܟܝܡܐ‬ ܿ ‫ ܠܗ ܕܡܣܒܗ ܐܘܟܝܬ ܕܡܐ ܣܕܪܐ ܿܗܘ‬parce
que la disposition, c’est-à-dire l’ordre, pourrais-je dire, ou la place ou la
forme des étoiles lui apparut ainsi SbCNau I.5 ;
‫ ܛܠܐܠ‬n.m. ombre ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ ܿ An.écl.lu. 2.1 ; SgL. 2.3.2 ; SbANau II.57 ;
SbCNau XIII.9 ;
‫ ܛܛܪܓܘܢܘܢ‬, ‫ ܛܛܪܐܓܘܢܐ‬pl. ‫ܛܛܪܓܘܢܐ‬ ̈ n.m. (<τετράγωνον) carré (astrol.)
An.écl.lu. 4.4 ; SgL. 2.2 ; SbCNau V.120 ;
‫ ܛܛܪܛܝܡܘܪܝܘܢ ܛܛܪܛܡܘܪܝܘܢ‬n. (<τεταρτημόριον : quart) 1. quadrant
SbANau I.23 ; ‫ܕܝܠܗ‬ ܿ ‫ܛܛܪܛܝܡܘܪܝܘܢ ̄ܗ ܡܢܬܐ ܪܒܝܥܒܬܐ ܐܘܟܝܬ ܚܕܐ ܡܢ ܐ̈ܪܒܥ‬
‫ܕܟܠܗ ܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ ܕܗܘܝܐ ̄ܨ ܡܘ̈ܪܣ‬ ܿ SbANau II.37 ; ‫ܛܛܪܛܝܡܘܪܝܘܢ ܐܘܟܝܬ‬
‫ ̄ܨ ܡܘ̈ܪܣ ̈ܗܢܝܢ ܕ̈ܪܫܝܡܢ ܡܢ ܒܣܬܪܗ ܓܐܣܛܪܘܠܒܘܢ‬le quadrant c’est-à-dire les
90 degrés marqués derrière l’astrolabe SbCNau XV.2 ;
‫ ܛܠܢܝܬܐ‬n.f. ombre SbCNau XIII.11 ;
̈
‫ܛܡܝܡܐ‬ n.pl. (< τμῆμα) section du cercle zodiacal ‫ܦܣܩܐ‬ ̈ ‫ܛܡܝܡܐ ܐܘܟܝܬ‬ ̈
SbCNau III.1 ;
‫ ܛܥܝܐ‬adj. errant ; exp° ‫ܛܥܝܐ‬̈ ‫ ̈ܫܒܥܐ‬les sept planètes SbN I ; SbANau I.27 ;
̈
ou ‫ܛܥܝܐ‬ ̈
‫ܟܘܟܒܐ‬ ̈
‫ܚܡܫܐ‬ les cinq astres errants SbANau II.44 ; par
̈
opposition à ‫ܛܥܝܐ‬ ̈
‫ܟܘܟܒܐ ܕܐܠ‬ étoiles fixes SbANau I.23 ; ‫ܒܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܒܗ‬
̈
‫ܛܥܝܐ‬ ‫ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܡܬܩܪܝܢ‬ ̈ ‫ܘܚܡܫܐ‬ ̈ ‫ ܪܕܝܢ ܫܡܫܐ ܟܝܬ ܘܣܗܪܐ‬dans le cercle où
circulent le soleil, la lune et les cinq autres étoiles que l’on nomme
planètes SbCNau I.4 ; ‫ ܐܣܦܝܪܐ ܿܗܝ ܕܐܠ ܛܥܝܐ‬la sphère des fixes
SbCNau XII.2 ;
‫ ܛܥܝܢܐ‬adj. qui porte ; exp° ‫ܚܝܐ‬ ̈ ‫( ܛܥܝܢ‬pour ζῳοφόρος) zodiaque SgMu. 5 ;
‫ܛܪܘܦܐ‬, ‫ ܛܘܪܦܐ ܛܪܘܦܝ‬, pl. ‫ ܛ̈ܪܘܦܣ‬n.f. (<τροπή) 1. tropique ‫ܦܝܠܠܘܣܦܐ ܿܗܘ‬
‫ ܕܐܬܩܢ ܐܠܣܛܪܘܠܒܘܢ ܒܛܪܘܦܝ ܣܬܘܝܬܐ ܣܝܟܗ ܠܡܫܘܚܬܐ ܕܐܣܛܝܠܒܘܢ‬le

rebord (traduction E. Villey ; comparer avec F. Nau, p. 74). Sévère utilise donc le mot de
tăblăs pour désigner indistinctement matrice et tympans.
20
F. Nau traduit par « tétragone ».

410
Lexique astronomique

philosophe qui construisit l’astrolabe le limita au tropique d’hiver


SbANau I.29 ; ‫ ܛܪܘܦܐ ܣܬܘܝܬܐ‬tropique d’été SbANau I.33 ; ‫ܛܪܘܦܐ‬
‫ ܐܝܣܡܗܪܝܬܐ‬équateur SbANau I.33 ; ‫ ܛܪܘܦܐ ܩܝܛܝܬܐ‬tropique d’été
SbANau I.33 ; 2. saison ‫ܫܘܚܠܦܐ‬̈ ‫ ܐ̈ܪܒܥ ܛ̈ܪܘܦܣ ܐܘܟܝܬ‬SbANau II.43 ;
3. solstice d’après Sokoloff.
‫ܛܪܘܦܝܩܘܣ‬, pl. ‫ܛ̈ܪܘܦܝܩܘ‬, n.m. (<τροπικός) tropique ‫ܿܗܢܘܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬
‫ ܕܡܫܬܡܗܝܢ ܛ̈ܪܘܦܝܩܘ‬SgMu. 5 ; ‫ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܩܝܛܝܐ‬tropique d’été
SbCNau X.3 ; ‫ ܬܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܘܚܠܦܐ ܩܝܛܝܐ‬θερινὸς τροπικός,
c’est-à-dire tropique d’été SbCVil. XII.4 ; ‫ܟܝܡܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܗܢܘ ܕܝܢ‬
‫ ܫܘܚܠܦܐ ܣܬܘܝܐ‬χειμερινὸς τροπικός c’est-à-dire tropique d’hiver
SbCVil. XII. 6 ;
‫ ܛܪܘܦܝܩܝܐ‬adj. tropical ‫ܘܙܘܢܘܣ ܗܢܝܢ ܛ̈ܪܘܦܝܩܝܬܐ‬ ̈ zones tropicales
SbANau I.22 ; SbCNau I.8 ;
‫ܛܪܝܓܢܘܢ ܛܪܝܓܘܢܘܢ‬, pl. ‫ܛܪܝܓܘܢܐ‬, ̈ n.m. (< τρίγωνον) trigone (astrol.)
An.écl.lu. 4.4 ; SgL. 2.2 ; SbCNau V.1 ;
‫ ܛܪܝܦܢܐ‬adj. τριπλοῦς pour qualifier l’état du degré représenté sur
̈
l’astrolabe en trois tiers ‫ܐܝܬ ܕܝܢ ܕܛܪܝܦܢܐ ̄ܗ ܕܟܕ ܚܕܐ ܪܫܝܡܐ ܡܢܝܢܐ ܬܠܬܐ‬
‫ ܡܫܘܕܥܐ‬SbANau I.23 ;

‫ܝ‬

̈
‫ ܝܕܥܬܐ‬, pl. ‫ܝܕܝܥܬܐ‬, n.f. 1. connaissance SgL. 1.2 ; 2. science (?)
SgL. 2.4 ; SbANau I.21 ;
‫ ܝܘܠܦܢܐ‬n.m. enseignement, science SgL. 1.2 ; SbCNau II.5 ; ‫ܪܚܡ ܝܘܠܦܢܐ‬
ami de l’enseignement SbANau I.34 ou ami de la science SbCNau I.1 ;
‫ ܝܘܡܐ‬, ‫ ܐܝܡܡܐ‬, pl. ‫ܝܘܡܬܐ‬ ̈ n.m. jour An.écl.lu. 6.2 ; ‫ܕܫܒܥܐ ܠܡ ܐܝܬܝܗܘܢ‬ ̈
‫ܝܘܡܬܐ ܕܐܠ ܫܦܝ̈ܪܝܢ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ ܝ̈ܪܚܐ‬ ̈ SgL. 2.4 ; SbN II.2 ; ‫ ܦܠܓܗ ܕܝܘܡܐ‬milieu
du jour SbANau II.42 ; SbCNau II.4 ;
‫ ܐܝܚܝܕܝܐ ܝܚܝܕܝܐ‬adj. 1. particulier (par opp. à ‫ ܡܠܬܐ ܕܓܘܢ‬propos général)
SgL. 1.2 ; 2. précis ‫ܝܚܝܕܝܬܐ‬ ̈ ‫ܬܚܘܝܬܐ‬
̈ ‫ ܒ‬SgL. 3.1 ;
‫ ܝܣܦ‬vb. Af. 1. - ‫ ܡܢ‬ajouter à, faire augmenter ‫ܟܕ ܐܠ ܿܡܘܣܦ ܐܦܐܠ ܡܒܨܪܐ‬
‫ ܡܢ ܡܫܘܚܬܐ ܗܕܐ‬An.écl.lu. 4.1 ; 2. - ‫ ܥܠ‬augmenter en, s’intensifier du
point de vue de ‫ܢܘܗܪܗ ܡܘܣܦܐ‬ ܿ ‫ ܟܘܠ ܝܘܡ ܒܝܘܡ ܥܠ‬SgL. 2.5.1 ; ajouter à ‫ܟܕ‬
‫ ܡܘܣܦܝܢܢ ܥܠܝܗܝܢ ܟ̄ ̄ܕ‬lorsque nous leur ajoutons 24 SbCNau XIV.5 ;
‫ ܝܦܝ‬vb. Af. disparaître ‫ ܘܗܟܢܐ ܚܫܟܐ ܘܡܘܦܝܐ‬An.écl.lu., 4.3 ;
‫ ܿܝܪܚܐ‬, pl. ‫ܝ̈ܪܚܐ‬, n.m. mois An.écl.lu. 4.1 ; SgL. 2.3.2 ; SbN II.2 ;
SbANau II.57 ; SbCNau II.4 ;
‫ ܝܪܝ‬vb. Eštaf. ‫ ܸܐܫܬܘܪܝ‬entrer en conjonction ‫ܘܕܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬ ̈ ‫ܕܣܗܪܐ‬
‫ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗܘܢ‬SgL. 1.2 ;
‫ ܳܝ ܳܬܐ‬n.f. être, essence SbCNau II.4 ;

411
Lexique astronomique

‫ܟ‬

‫ ܟܘܢ ܟܐܘܢ‬n.m. Saturne (pour Κρόνος) SgMu. 7 ; SgL. 2.1 ;


̈ n.m. étoile /astre An.écl.lu.,1 ; (pour ἀστήρ) SgMu. 2 ;
‫ܟܘܟܒܐ‬, pl. ‫ܟܘܟܒܐ‬,
SgL. 1.2 ; SbANau II.40 ; SbCNau I.4 ; exp° ‫ܟܘܟܒܐ ܕܐܝܡܡܐ‬ ̈ étoiles
diurnes SgL. 2.1 ; exp° ‫ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ‬ ̈ étoiles nocturnes SgL. 2.1 ;
̈ ̈
SbANau I.22 ; ‫ ܟܘܟܒܐ ܕܐܠ ܛܥܝܐ‬étoiles fixes SbANau I.23; exp° ‫ܟܘܟܒܐ‬ ̈
̈
‫ܛܥܝܐ‬ planètes SbANau II.44 ;
‫ ܟܘܟܒܬܐ‬n.f. Vénus (pour ὁ τοῦ Φωσφόρου) ‫ ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܿܡܢ‬. ‫ܿܗܘ ܕܟܘܟܒܬܐ‬
‫ ܐܢܫܝܢ ܕܝܢ ܕܗܐܪܐ‬. ‫ ܕܒܝܠܬܝ ܿܩܪܝܢ ܠܗ‬SgMu. 7 ;
‫ ܟܘܠܢܐܝܬ‬adv. complètement An.écl.lu. 4.1 ;
‫ ܟܝ ܳܡܐ‬n.f. Pléiades constellations dans le Taureau SbCNau II.3 ; ‫ܟܝܡܐ‬
‫ ܐܡܪܝܢ ܕܓܕܘܐܠ ܗܝ ܕܒܝܪܘܢܝܩܐ‬les Pléiades, ils disent que c’est la chevelure
de Bérénice SbCNau IV.12 ;
‫ ܟܝܡܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܟܝܡܗܪܝܢܛܪܘܦܝܩܝ‬gr. n. (< χειμερινὸς τροπικός) tropique
̄
d’hiver ‫ ܐܪܒܥ ܕܝܢ ܡܬܩܪܝܐ ܟܝܡܗܪܝܢܛܪܘܦܝܩܝ ܠ ܡܘ̈ܪܣ‬la quatrième <zone> est
appelée « tropique d’hiver » et compte 30 degrés SbANau II.69 ; ‫ܟܝܡܪܝܢܘܣ‬
‫ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܘܚܠܦܐ ܣܬܘܝܐ‬χειμερινὸς τροπικός c’est-à-dire tropique
d’hiver SbCVil. XII. 6 ;
‫ ܟܝܢܐ‬, pl. ‫ܟܝܢܐ‬,̈ n.m. nature (pour φύσις) SgMu. 1 ; nature d’un astre
SgL. 4.4 ; exp° ‫( ܒܟܝܢܐ‬par opposition à l’exp° ‫ܒܣܝܡܐ‬, par convention) par
nature SbCNau Titre et I.1 ;
‫ ܟܝܢܝܐ‬adj. de la nature ‫ ܬܐܘܪܝܐ ܕܦܝܠܣܦܘܬܐ ܟܝܢܝܬܐ‬SgL. 1.2 ; naturel
SbANau I.22 ;
‫ ܟܠܒܐ‬n.m. Chien constellation australe SbCNau VI.4 ; exp°‫ܟܠܒܐ ܕܓܢܒܪܐ‬
Chien du Géant (Sirius) SbCNau I.6 ;
̈ n.pl. les Chaldéens An.écl.lu. 6.3.2 ;
‫ܟܠܕܝܐ‬
‫ ܟܠܕܝܘܬܐ‬n.f. Chaldée ‫ܒܟܬܒܐ ܕܟܠܕܝܘܬܐ ܝܕܥ ܗܘ ܐܬܠܝܐ‬ ̈ An.écl.lu. 6.3.2 ;
̈
‫ ܟܠܝܐܠ‬, pl. ‫ܟܠܝܐܠ‬, n.m. 1. couronne en expression ‫ܕܡܠܘܫܐ‬ ̈ ‫ ܟܠܝܐܠ‬cercle
̈
(/couronne) du zodiaque An.écl.lu. 4.4 ; ‫ܕܐܢܫܝܢ ܡܢ‬ ‫ܟܠܝܐܠ ܿܗܘ ܓܪܒܝܝܐ ܇ ܿܗܘ‬
ܿ
. ‫ܕܐܪܝܝܢܐ‬ ‫ܦܘܐܝܛܐ ܕܝܢ ܟܠܝܐܠ ܠܡ‬ ̈ . ‫ ܣܘ̈ܪܝܝܐ ܛܝܪܐ ܕܥܙܐ ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ‬la Couronne
boréale, que certains syriens nomment Étable de la chèvre et les poètes
Couronne d’Ariane SbCNau I.6 ; constellation septentrionale SbCNau
VI.3 ; ‫ ܟܠܝܐܠ ܬܝܡܢܝܐ‬Couronne australe (constellation) SbCNau VI.4 ;
‫ ܟܢܘܢܬܐ‬n.f. (< κανών) petite règle ‫ܐܣܦܝܬܐ ܡܕܡ ܒܕܡܘܬ ܟܢܘܢܬܐ‬
SbAVil. I.24-25 ;
‫ ܟܢܘܫܝܐ‬n.m. groupe ou groupement d’étoiles SbCNau I.5 ;
‫ ܟܢܫ‬vb. Etpa. être additionné SbN II.2 ;
‫ ܟܪܝܘܬܐ‬n.f. brièveté du jour SbANau II.53 ;
‫ ܟܪܟ‬vb. Pa. faire tourner SbANau I.34 ; Etpe. tourner, circuler
An.écl.lu. 6.1 ; (pour στρέφομαι) SgMu. 2 ; exp° ‫ܡܬܟܪܟܐ ܚܪܝܦܐܝܬ ܒܚܘܕܪܐ‬
(pour κυκλοφορουμένην) circuler rapidement SgMu. 4 ; SbCNau XII.2 ;
‫ ܟܪܘܟܝܐ‬, pl. ‫ ܟ̈ܪܘܟܝܐ‬n.m. révolution (pour κύκλος) SgMu. 5 ;
‫ ܟܪܟܐ‬n.m. révolution sidérale (pour περιαγωγή) SgMu. 2 ;

412
Lexique astronomique

‫ ܟܪܬܐ‬n.m. pouce unité de grandeur SbANau I.25 ;


‫ ܟܫܛܐ‬n.m. Sagittaire signe zodiacal SbN II.2 ; (in marg. : ‫) ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬
SbCNau III.3 ;
̈
‫ܟܬܝܒܬܐ‬, pl. ‫ܟܬܝܒܬܐ‬, n.f. écrit SbCNau I.2 ;

‫ܠ‬

‫ ܠܒܗ ܕܐܪܝܐ‬gr. n. Cœur du Lion (=Régulus) étoile de la constellation du


Lion SbCNau VI.5 ;
ܿ
‫ ܠܘܩܒܠ‬prép. 1. en opposition à ‫ܙܘܥܗ ܕܫܡܫܐ‬ ‫ ܠܘܩܒܠ‬An.écl.lu. 2.1 ; 2. en
face de SbCNau I.4;
‫ ܠܘܪܐ‬n. Lyre, constellation septentrionale SbCNau VI.3 ;
‫ ܠܘܬ‬prép. autour de ; ‫ܚܘܕܪܗ ܿܗܘ ܕܠܘܬ ܫܡܫܐ‬ܿ ‫ ܡܫܡܠܝܐ ܣܗܪܐ‬la lune accomplit
son cercle autour du soleil SbCNau II.5 ;
‫ ܠܝܠܝ ܐܝܡܡ‬gr.n. nychthémère (trad. de νυχθήμερον) An.mouv.sol. 2 ;
SgL. 2.2.5 ; SbCVil. XIII.9 ;
‫ ܠܝܒܘܐܐ‬n. Libye SbCNau II.7 ;
‫ ܠܝܠܝܐ‬adj. nocturne SbANau II.41 ;
̈
‫ ܠܠܝܐ‬, pl. ‫ܠܝܠܘܬܐ‬ , n.m nuit SgL. 2.1 ; SbANau II.40 ; SbCNau XIII.9 ;
̈
‫ ܠܦܛܐ‬n.m.pl. (<λεπτά) minutes angulaires SbN II.2 ;
- ‫ܩܕܡܝܬܐ‬ ̈ ‫ܠܦܛܐ‬ ̈ minutes angulaires SbN II.3 ;
- ‫ܠܦܛܐ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ‬ ̈ secondes angulaires SbN II.3 ;

‫ܡ‬

‫[ ܡܐܣܬܐ‬cf. ‫] ܡܣܐܬܐ‬
‫ ܿܡܕܢܚܐ‬n.f. est SbANau I.21 ; SbC IV.5 ; ‫ ܠܡܕܢܚܐ‬à l’est An.écl.lu.4.2 ; ‫ܿܡܕܢܚ‬
‫ ܓܪܒܝ‬nord-est An.écl.lu.Titre ; ‫ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ‬sud-est An.écl.lu.,Titre ;
‫ ܡܕܢܚܘܬܐ‬n.f. (Hapax) position orientale d’un astre SbANau II.58 ;
‫ ܡܕܢܚܝܐ‬adj. oriental An.écl.lu.4.4 ; SbANau I.29 ; SbCNau III.3 ;
‫ ܡܕܪܟܢܘܬܐ‬n.f. 1. connaissance, compréhension SbANau I.31 ;
2. détermination des heures de lever des astres SbCNau XVI.5 ;
‫[ ܡܗܣܝܡܒܪܝܘܢ ܡܗܣܡܒܪܝܘܢ‬cf. ‫] ܡܣܡܒܪܝܢܘܢ‬.
‫ ܡܘܙܠܬܐ‬n.f. sphère céleste, voûte étoilée An.écl.lu.6.3.2 ; ‫ܥܠ ܡܘܙܠܬܐ ܘܥܠ‬
ܿ
‫ܕܒܗ‬ ‫ ܢܗܝ̈ܪܐ‬SgL. 1.2 ; ‫ ܒܐܣܦܝܪܐ ܗܕܐ ܕܡܘܙܠܬܐ‬sur la sphère de la voûte
étoilée (où se situe la voie lactée) SbCNau II.2 ;
‫ ܡܘܪܐ‬, pl. ‫ ܡܘ̈ܪܘܣ ܡܘ̈ܪܣ‬n.f. (< μοῖρα) degré An.mouv.sol. 1 ; SgL. 2.2.1 ;
SbN II.1 ; SbANau I.23 ; ‫ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܕܪܓܐ‬SbCNau III.1 ;

413
Lexique astronomique

‫ ܡܘܣܝܩܝ‬n.f. (< μουσική) musique SbANau I.22 ;


‫ ܡܘܫܚܬܐ‬n.f. mesure SbCNau XII.2 ;
‫ ܡܙܕܥܙܥܢܐܝܬ‬adv. état de ce qui est mobile ; ‫ ܩܐܡ ܐܠ ܡܙܕܥܙܢܐܝܬ‬rester
immobile SbCNau XII.11 ;
̈
‫ܡܚܘܝܢܐ‬, pl. ‫ܡܚܘܝܢܐ‬, n.m. index pièce de l’astrolabe indiquant les degrés
̈
(équivalent du μοιρογνωμόνιον21 grec) ; ‫ܡܚܘܝܢܐ ܕܡܘ̈ܪܣ‬ index des degrés
ܿ ܿ
SbANau I.26 ; ‫ ܪܝܫܗ ܕܕܝܘܦܛܪܐ ܗܘ ܕܐܝܬܘܗܝ ܡܚܘܝܢܐ ܕܡܘ̈ܪܣ‬la tête de la
dioptre nommée « index » SbANau I.35 ; SbCNau XV.2 ;
‫ ܡܚܬܢܐ‬n.m. nœud descendant ‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ‬
‫ ܘܡܚܬܢܐ‬SgL. 2.3.1 ;
‫ ܡܚܬܬܐ‬1. n.f. nœud descendant An.écl.lu.2.2 ; 2. part.pr. descendant
‫( ܡܚܬܬܐ ܡܢ ܣܪܛܢܐ ܠܓܕܝܐ‬le soleil) descend du Cancer au Capricorne
SbANau II.67 ;
‫ <( ܡܛܟܣܘܬܐ‬τάξις) ordre SgMu. 7 [voir aussi ‫;] ܛܟܣܐ‬
̈
‫ ܡܛܥܝܢܐ‬, pl. ‫ ̈ܡܛܥܝܢܐ‬n.m. planète (pour πλάνης) SgMu. 5 ; exp° ‫ܟܘܟܒܐ‬
‫ ܿܗܢܘܢ ܐܠ ̈ܡܛܥܝܢܐ‬les étoiles fixes (pour τὰ ἀπλανῆ) SgMu. 6 [voir ‫; ]ܛܘܥܝܝ‬
‫ܚܡܫܐ ܐܝܬܝܗܘܢ‬ ̈ .‫ ̈ܡܛܥܝܢܐ‬SgL. 2.2 ;
‫ ܡܝܟܝܪ‬n. (<μεχεὶρ) méchir mois égyptien SbN II.2 ;
‫ ܡܟܣܢܘܬܐ‬n.f. réfutation An.écl.lu.4.5 ; SbCNau V.1 ;
‫ ܡܟܬܒܢܘܬܐ‬n.f. ouvrage SgL. 1.2 ;
‫ܡܠܘܫܐ‬, pl. ‫ܡܠܘܫܐ‬, ̈ n.m. signe du zodiaque An.écl.lu., 2.1 ; (pour τὸ
ζῴδioν) SgMu. 5 ; ‫ܕܡܠܘܫܐ‬ ̈ ̈
‫ ܚܘܕܪܐ‬cercle du zodiaque SgL. 2.2 ; ‫ܙܘܕܝܐ‬
̈
‫ ܐܘܟܝܬ ̈ܡܠܘܫܐ‬SbANau I.23 ; SbCNau III.1 ; ‫ ̄ܝ ̄ܒ ܡܠܘܫܐ‬les 12 signes du
zodiaque SbCNau V.1 ;
‫ ܡܠܝ‬vb. Pe. être plein ‫ܕܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܐ‬ ܿ ‫ܐܚܪܢܐ ܚܝܐܠ ܐܡܪܝܢ ܕܩܢܝܐ ܣܗܪܐ ܡܐ‬
‫ ܥܕܡܐ ܕܡܠܝܐ‬SgL. 2.5.1 ; Etpe. être plein, être rempli ‫ܐܦܐܠ ܕܝܢ ܟܘܠܢܐܝܬ‬
‫ ܡܬܡܠܝܐ ܣܗܪܐ ܢܘܗܪܐ‬An.écl.lu. 4.1 ;
‫ ܿܡܠܝܘܬܐ‬n.f. état plein, pleine lune ‫ܿܙܕܩ ܗܘܐ ܡܕܝܢ ܕܬܗܘܐ ܚܣܝܪܐ ܣܗܪܐ ܡܢ‬
ܿ
‫ܠܝܘܬܗ ܟܘܠܢܝܬܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ‬ ‫ ܿܡ‬An.écl.lu., 4.3 ; SgL. 2.5.1 ;
‫ ܡܠܝܠܘܬܐ‬n.f. éloquence SgL. 4.4 ;
‫ ܡܠܝܠܝܐ‬adj. rationnel SbANau I.21 ;
‫ ܡܠܦܢܘܬܐ‬n.f. enseignement SgL. 4.3 ;
‫ ܡܠܬܐ‬, pl. ‫ ̈ܡܐܠ‬n.f. paroles SbCNau I.2 ;
‫ ܡܢܝܢܐ‬, pl. ‫ܡܢܝܢܐ‬ ̈ n.m. nombre, chiffre An.écl.lu. 5 (glose); (trad. de
ἀριθμός) An.mouv.sol. 3 ; (pour μέρος ) SgMu. 6 ; SbN II.1 ;
SbANau I.20 ; SbCNau I.4;
‫ ܡܢܬܐ‬, pl. ‫ܡܢܘܬܐ‬ ̈ ̈ n.f. 1. partie, portion . ‫ܟܠܗ ܣܗܪܐ ܚܫܟܐ‬
‫ܡܢܘܢ‬, ܿ ‫ܐܠ ܡܟܝܠ‬
ܿ
‫ܡܢܗ‬ ‫ ܐܐܠ ܡܢܬܐ‬An.écl.lu. 3 ; (trad. de μοῖρα) An.mouv.sol. Titre ; (pour
μέρος) SgMu. 5 ; SgL. 2.3.1 ; SbANau I.20 ; SbCNau I.4; 2. degré ‫ܒܗ‬ ܿ
‫ ܒܡܢܬܐ ܐܝܬܘܗܝ ܫܡܫܐ‬An.mouv.sol. 3 ; ‫ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ‬ ܿ
‫ ܕܐܡܪܐ‬SgL. 3.1; ‫ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ̈ܡܢܘܬܐ‬SbN II.1; ‫ ܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ‬SbANau
I.24 ; 3. fraction ‫ܘܡܢܘܬܐ ܕܫܥܬܐ‬ ̈ ܿ
‫ܕܐܝܬܝܗ ܫܥܬܐ ܠܝܠܝܬܐ‬ ‫ܘܗܟܘܬ ܐܡܪܝܢܢ‬

21
Voir notamment Ph. SEGONDS (éd.), Jean Philopon, Traité de l’astrolabe, Arabica 2,
Paris, 1981, p. 3.

414
Lexique astronomique

nous dirons que telle est l’heure nocturne avec ses fractions SbANau
II.41 ; 4. exp° ‫ ܡܢܬܐ ܪܒܝܥܝܬܐ‬quadrant (de l’astrolabe) SbANau II.44 ;
‫ ܸܡܢܬܐ‬n.f. axe SgL. 2.4.1 ;
‫ ܡܐܣܬܐ ܡܣܐܬܐ‬n.f. Balance signe zodiacal SbANau I.33 ; ‫ܒܡܢܬܐ‬
‫ ܫܒܝܥܝܬܐ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ ܿܗܝ ܕܡܬܩܪܝܐ ܡܢܗܘܢ ܡܣܐܬܐ‬SbCNau III.2 ;
‫[ ܡܣܒܪܝܘܢ‬cf. ‫] ܡܣܡܒܪܝܢܘܢ‬
‫ ܿܡܣܒܪܢܘܬܐ‬n.f. opinion ‫ ܡܣܒܪܢܘܬܐ ܕܗܘܬ ܐܠܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬SgL. 1.2 ;
‫ ܡܣܡܒܪܝܐ‬n. (<μεσημβρία) midi ‫ܕܘ ܕܒܬܪ ܡܣܡܒܪܝܐ‬ ̄ ‫ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ‬SbN II.2 ;
SbN II.5 (‫ ܡܨܥܝܘܬ ܛܗܪܐ‬C1SbN II.5) ;
‫ ܡܣܡܒܪܝܢܘܢ‬, ‫ܡܗܣܝܡܒܪܝܢܘܢ ܡܗܣܝܡܒܪܝܘܢ ܡܗܣܡܒܪܝܘܢ ܡܣܡܒܪܝܢܘܣ‬
‫ ܡܗܣܝܒܪܐܝܣ ܡܣܒܪܝܘܢ‬n. (<μεσημβρινός) méridien ‫ܚܘܕܪܐ ܬܘܒ ܿܗܘ‬
‫ ܕܡܬܐܡܪ ܡܗܣܡܒܪܝܘܢ‬SbANau I.28 ; définition SbANau I.31-32 ; ‫ܦܠܓܗ‬
‫ ܕܝܘܡܐ ܐܘܟܝܬ ܡܗܣܝܒܪܐܝܣ‬SbANau II.42 ; ‫ܡܣܡܒܪܝܢܘܣ ܕܣܪܛ ܬܪܝܨܐܝܬ‬
‫ܕܦܘܠܘ ܡܢ ܓܪܒܝܐ ܠܬܝܡܢܐ‬ ̈ ‫ ܡܢܗܘܢ‬le méridien qui est tracé directement par
les pôles, du nord au sud SbCNau XII.11 ; ‫ܡܣܡܒܪܝܢܘܣ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܡܨܥܬ‬
‫ ܛܗܪܐ‬le méridien, c’est-à-dire milieu de midi SbCNau XII.11 ;
‫ ܿܡܣܩܢܐ‬n.m. nœud ascendant ‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ‬
‫ ܘܡܚܬܢܐ‬SgL. 2.3.1 ;
‫ ܿܡܣܩܬܐ‬1. n.f. noeud ascendant An.écl.lu.2.2 ; 2. Part.pr. montant
‫ܐܝܬܝܗ ܡܢ ܓܕܝܐ ܠܣܪܛܢܐ‬ܿ ‫( ܘܡܣܩܬܐ ܿܡܢ‬le soleil) monte du Capricorne au
Cancer SbANau II.67 ;
‫ ܡܥܗܕܢܘܬܐ‬n.f. commentaire An.écl.lu.6.5 ; ‫ܦܘܫܩܐ ܐܘܟܝܬ ܡܥܗܕܢܘܬܐ‬
SbANau II.36 ;
‫ ܡܥܪܒܐ‬n.m. ouest ; ‫ ܠܡܥܪܒܐ‬à l’ouest An.écl.lu.3 ; SbANau I.21 ;
SbCNau III.3 ;
‫ ܡܥܪܒܘܬܐ‬n.f. (Hapax) position occidentale d’un astre SbANau II.58 ;
‫ ܡܥܪܒܝܐ‬adj. occidental An.écl.lu.4.4 ; SbANau I.29 ; SbCNau III.3 ;
‫ ܡܨܛܠܝܢܘܬܐ‬n.f. inclinaison SbCNau XIV.2 ;
‫ ܡܨܥܐܝܬ‬adv. de façon intermédiaire SgL. 2.1 ;
‫ ܡܨܥܝܐ‬adj. intermédiaire en parlant de certains jours lunaires SgL. 2.5 ;
‫ ܡܨܥܬܐ‬n.f. 1. milieu ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ‬ ܿ ‫ܒܗ ܓܝܪ‬ܿ ‫ܘܩܘܡܗ ܕܐܪܥܐ ܕܒܡܨܥܬܐ ܇ ܿܢܦܝܠ‬
ܿ
An.écl.lu. 2.1 ; ‫ܡܛܠ ܓܝܪ ܕܚܘܕܪܗ ܕܫܡܫܐ܇ ܒܟܠܙܒܢ ܒܡܨܥܬܗ ܐܝܬܘܗܝ ܕܚܘܕܪܐ‬
‫ܕܡܠܘܫܐ‬̈ SgL. 2.3 ; 2. centre (pour τὸ μέσον) SgMu. 1 ; SbANau I.25 ;
̈ ‫ ܡܨܥܬ‬écliptique SbANau II.45 [cf. ‫ܡܢ ܡܨܥܬ ; ] ܕܝܐܡܣܘܢ‬
3. exp° ‫ܙܘܕܝܐ‬
‫ܙܘܕܝܐ ܐܘܟܝܬ ܡܢ ܕܝܐܡܗܣܘܢ ܕܙܘܢܐ ܿܗܝ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ‬ ̈ SbANau II.46 ; ‫ܠܚܘܕܪܐ ܿܡܢ‬
‫ ܐܘܟܝܬ ܠܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܒܡܨܥܬܐ‬le cercle, c’est-à-dire la région, du milieu
SbCNau I.5 (?) ou le cercle écliptique SbCVil. I.5 ; 4. exp° ‫ܡܨܥܬ ܫܡܝܐ‬
milieu du ciel (zénith ?)SbANau II.49 [cf. ‫;] ܣܡܝܘܢ‬
‫ ܡܪܕܝܬܐ‬n.f. passage, course d’un astre (trad. de τήν ἀκριβῆ μοῖραν)
An.mouv.sol. 3 ;
‫ ܡܫܘܚܬܐ‬, ‫ ܡܘܫܚܬܐ‬n.f. 1. mesure An.écl.lu. 6.3 ; SbANau I.29 ;
SbCNau Titre ; 2. rapport angulaire An.écl.lu. 4.1 ; ‫ܡܫܘܚܬܐ ܕܐܝܬ ܒܝܬ‬
‫ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ‬. ‫ ܣܗܪܐ ܠܫܡܫܐ‬An.écl.lu. 4.2 ;
‫ ܡܫܚܠܦܐ‬adj. variable SgL. 1.2 ;
‫ ܡܫܡܠܢܝܐ‬adj. achevé, accompli ; ‫ ܡܢ ̈ܫܢܝܐ ̈ܡ ܿܫܠܡܢܝܬܐ ܗܠܝܢ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ‬en
années achevées de Dioclétien SbN II.3 ;

415
Lexique astronomique

‫ ܡܫܪܪܐ‬adj. fixe (pour ἑδραῖον) SgMu. 1 ;


ܿ
‫ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ‬n.f. conjonction ‫ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܕܣܗܪܐ‬ ‫ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ‬
‫ ܥܡ ܫܡܫܐ‬SgL. 2.2.5 ;
‫ ܡܬܘܕܘܣ‬, ‫ ܡܗܬܕܘܣ‬n.m. (<μέθοδος) méthode SbN II. 2 ; SbANau II.61 ;
‫ ܸܡܬܚܐ‬n.m. intervalle SbCNau II.4 ;
‫ ܡܬܚܘܝܢܘܬܐ‬n.f. démonstration SbCNau XV.1 ;
‫ ܡܬܚܙܝܢܘܬܐ‬n.f. visibilité d’une étoile SbCNau I.8 ;
‫ ܡܬܟܪܟܢܘܬܐ‬n.f. rotation SbANau I.31 ;
‫ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐ‬n.f. 1. compréhension SbANau I.21 ; 2. détermination de
l’heure, de la position d’un astre, etc… SbANau I.22 ;
‫ ܡܬܥܡܪܢܝܬܐ‬n.f. terre habitée SbCNau II.7 ;
‫ ܡܬܩܪܒܢܘܬܐ‬n.f. rapprochement ‫ܡܬܩܪܒܢܘܬܐ ܕܣܗܪܐ ܠܣܘܪܛܐ‬
An.écl.lu. 6.1 ;
‫ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ‬n.f. mouvement d’un astre ; ‫( ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܗ ܕܫܡܫܐ‬trad. de
κίνησις) An.mouv.sol. Titre ; (trad. de κίνησις) SgMu. 2 ; SbANau I.22 ;
SbCNau XVIII.9 ;
‫ ܡܬܬܙܝܥܢܝܐ‬adj. mobile ; exp° ‫( ܐܠ ܡܬܬܙܝܥܢܝܬܐ‬pour ἀκίνητόν) immobile
SgMu. 1 ;

‫ܢ‬

̈
‫ ܢܗܝܪܐ‬, pl. ‫ܢܗܝ̈ܪܐ‬, n.m. astres An.écl.lu.1 ; SgL. 1.2 ; SbANau I.25 ; ‫ܫܒܥܐ‬
‫ ܢܗܝ̈ܪܐ‬les sept astres SbCNau V.1 ;
‫ ܢܘܗܪܐ‬n.m. lumière ‫ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ‬An.écl.lu 2.1 ; SgL. 2.4.1 ;
̈ n.pl. poissons signe zodiacal An.écl.lu 6.2 ; SgL. 3.1 ; ‫ܢܘܢܐ ܕܝܢ ܬܘܒ‬
‫ܢܘܢܐ‬ ̈
̈
‫ܡܬܐܡܪܝܢ‬ ‫ ܿܗܢܘܢ ܕܒܡܢܬܐ ܿܗܝ ܬܪܬܥܣܪܝܬܐ‬les Poissons sont censés être dans
la douzième partie <du zodiaque> SbCNau III.3 ;
‫ ܢܘܢܐ ܪܒܐ‬Grand Poisson constellation australe SbCNau VI.4 ;
‫ ܢܘܢܣ‬n. (<nonae) nones SbCNau II.4 ;
‫ ܢܘܩܕܬܐ‬, pl. ‫ܢܘܩܕܬܐ‬ ̈ , ‫ܢܘܩܕܐ‬
̈ n.f. 1. nœud ‫ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ‬. ‫ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ‬̈ ‫ܠܚܕܐ ܡܢ‬
‫ܐܘ ܡܚܬܬܐ‬ ܿ ‫ܐܘ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ̄ܗ ܡܣܩܬܐ‬ ܿ ‫ܐܡܪܝܐ‬ܿ An.écl.lu 2.2 ; SgL. 2.3 ;
̈ ‫ܡܫܬܡܗܝܢ ܕܝܢ ܗܢܘܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܝܢ‬
2. point relatif aux pôles (pour σημεῖον) ‫ܢܘܩܕܝܢ‬
̈ ̈ ‫ܢܘܩܕܐ ܡܕܡ ܐܘܟܝܬ‬ ̈
̈ ‫ܦܘܠܘ ܕܝܢ ܐܝܬܝܗܘܢ‬
‫ ܦܘܠܘ‬SgMu. 2 ; ‫ܣܝܡܐ ܕܥܠܝܗܝܢ ܡܬܗܘܢܝܢܢ‬
‫ ܕܣܝܡܝܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ̈ܪܝܫܘܗܝ ܕܣܪܢܐ‬les pôles sont des points ou des positions sur
lesquels on conçoit que sont situés les deux extrémités de l’axe
SbANau II.70 ;
‫ ܢܘܪܐ‬n. feu SgMu. 4 ;
‫ ܢܚܬ‬vb. Pe. descendre An.écl.lu 6.3 ;
‫ ܢܝܣܢ‬n. avril mois SbN I ;
‫ ܢܟܝܢܐ‬adj. en exp° ‫( ܕܐܠ ܢܟܝܢ‬pour ἀκήρατον) sans mélange SgMu. 4 ;
‫ ܢܟܦ‬vb. Pe. se couvrir terme métaphorique désignant l’éclipse de soleil
SbN III ;

416
Lexique astronomique

‫ ܢܣܝܢܐ‬n.m. 1. observation ‫ ܒܝܕ ܢܣܝܢܐ ܡܢ ܐܩܠܝܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܟܝܬ ܘܕܣܗܪܐ‬par


l’observation des éclipses de soleil et de lune SbCNau XV.8 et XV.9 ;
2. expérience SbCVil. XVII.2 ;
‫ ܢܦܩ‬vb. Pe. tr. 1. (pour ἐκβάλλω) avancer SbN II.1 ; in exp° ‫ܠܘܬ ܗܠܝܢ ̈ܕܢܩܦܝܢ‬
(pour εἰς τὰ ἑπόμενα) en sens direct SbN II.1 ; 2. retrancher, soustraire
SbCNau XIV.5 ;
‫ ܢܨܝܪܐ‬adj. brillant (en parlant d’étoiles) SbCNau I.7 ;
‫ ܢܫܪܐ‬n.m. Aigle, constellation septentrionale SbCNau I.6 et VI.3 ;

‫ܣ‬
‫ ܣܐܘܪܐ‬n. propre Sévère ‫ܐܦܝܣܩܘܦܝܐ ܣܐܘܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܶܣ ܽܒܘܟ ܿܬ ܢܨܝܒܝܢܝܐ‬
Sévère Sebokht An.écl.lu. 7; ‫ܥܒܝܕ ܐܠܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ ܢܨܝܒܢܝܐ ܐܘܟܝܬ ܣܒܘܟܬ‬
SbANau II.71;
ܿ‫ ܶܣ ܽܒܘܟܬ‬n. propre Sebokht An.écl.lu. 7;
‫ ܣܒܠܬܐ‬n.f. Vierge constellation SbCNau VI.2 ;
‫ ܣܕܪܐ‬n.m. 1. section ‫ ܐܝܟܢܐ ܕܒܣܕܪܐ ܕܫܝܢ‬An.écl.lu.,1 ; 2. ordre (?)
SbCNau I.8 ;
‫ ܣܗܕܘܬܐ‬n.f. 1. démonstration (?) SbCNau I.7 ; 2. témoignage (astrol.)
SbCNau V.2 ;
‫ ܣܗܪܐ‬n.m./f. lune An.écl.lu.,Titre ; (pour σελήνη) SgMu. 7 ; SgL. 1.1 ;
SbN I ; SbANau I.25 ; SbCNau I.4;
‫ ܣܗܪܢܝܐ‬adj. lunaire ‫ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ‬An.écl.lu 2.1; SbN II.5 ;
‫ ܣܘܡܩܐ‬adj./n.m. Le Rougeoyant désigne la planète Mars (pour ὁ Πυρόεις)
SgMu. 7 ;
‫ ܣܘܢܘܕܘܣ ܣܘܢܗܕܘܣ ܣܘܢܢܕܘܣ ܣܘܢܕܘܣ‬n.f. (< σύνοδος) conjonction
An.écl.lu 4.4 ; SgL. 2.2 ; SbN I ;
‫ ܣܘܢܘܕܝܩܝܐ‬adj. (< συνοδικός) en conjonction SbN II.5 ;
‫ ܣܘܣܝܐ‬n. Cheval, constellation septentrionale ; ‫ ܣܘܣܝܐ ܐܘܟܝܬ ܦܝܓܐܣܘܣ‬le
Cheval, c’est-à-dire Pégase SbCNau VI.3 ;
‫ ܣܘܥܪܢܐ‬, pl. ‫ܣܘܥ̈ܪܢܐ‬, n.f. évènement SbCNau I.2 ;
‫ܣܘܪܛܐ‬, pl. ‫ܣܘ̈ܪܛܐ‬, n.m. 1. ligne droite (pour εὐθεῖα) SgMu. 3 ;
SbANau I.24 ; SbCNau XVII.2 ; 2. écliptique ‫ܕܒܡܨܥܬ ̈ܡܠܘܫܐ ܇‬
ܿ ‫ܣܘܪܛܐ‬
ܿ ܿ
‫ ܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ‬An.écl.lu 2.1 et 2.2; ‫ܕܒܡܨܥܬܐ ܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ‬
22
‫ ܕܝܐܡܣܘܢ ܐܘܟܝܬ ܣܘܪܛܐ‬SbCNau III.3 ; 3. ligne non droite ‫ܒܣܘܪܛܐ ܿܗܘ‬
‫ ܕܡܬܩܪܐ ܡܗܣܝܡܒܪܝܢܘܢ‬SbANau II.38 ;
‫ܣܘܪܛܘܢܐ‬, n.m. ligne An.écl.lu 4.3; exp° ‫( ܣܘܪܛܘܢܐ ܕܝܐܡܛܪܘܢ‬pour
διάμετρος) SgMu. 3 ;
‫ ܣܘܪܝܐ‬n. Syrie SbCNau II.6 ;
‫ ܣܛܐܟܘܣ‬n. (< στάχυς) Épi étoile dans la constellation de la Vierge ;
‫ ܣܛܐܟܘܣ ܐܘܟܝܬ ܫܒܠܢܝܐ‬στάχυς c’est-à-dire l’Épi SbCNau VI.5 ;

22
Seule occurrence du terme ‫ ܣܘܪܛܐ‬dans ce sens sous la plume de Sévère.

417
Lexique astronomique

‫ ܣܛܦܢܘܣ‬n.m. Stéphane (ou Étienne), dit Stéphane l’Illustre, Chartulaire de


toute la Djazira, à qui Sévère Sebokht adresse sa Lettre sur les nœuds
ascendant et descendant SbN I ;
‫ ܣܝܡ‬vb. en exp° ‫ ܕܣܝܡܝܢ ܒܬܪ ̈ܚܕܕܐ‬juxtaposés (en parlant de cercles astr.)
SgMu. 6 ;
‫ ܣܝܡܐ‬n.m. position (pour θέσις) SgMu. 7 ; SbANau II.70 ; SbCNau I.8 ;
‫[ ܣܝܡܝܘܢ‬cf. ‫ܣܡܝܘܢ‬ ܰ ].
‫ ܣܝܪܝܘܣ‬, ‫ ܣܪܝܢܘܣ‬n. (< Σείριος) Sirius étoile de la constellation du Chien ;
‫ ܒܟܠܒܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܣܝܡ ܒܪܝܫܗ ܕܝܬܝܪ ܢܗܝܪ ܟܝܬ ܘܝܬܝܪ ܢܨܝܚ ܕܡܬܩܪܐ ܣܪܝܢܘܣ‬dans le
Chien, celle qui est la plus brillante et remarquable, qui est nommée
Sirius SbCNau VI.5 ;
‫ ܣܟܐ‬, pl. ‫ ̈ܣܟܐ‬n.m. 1. limite (pour πέρας, ατος) SgMu. 3 ; ‫ܣܟܐ ܒ̈ܪܝܐ ܕܐܪܥܐ‬ ̈
SbANau I.26 ; SbCNau XIII.2 ; 2. extrémité SbANau II.68 ;
‫ ܣܟܘܠܝܘܢ ܣܘܟܘܠܝܘܢ ܣܟܠܝܘܢ‬n. (<σχόλιον) 1. commentaire ‫ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ‬
‫ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ‬dans le commentaire aux Tables faciles SbN II.1 ; SbANau
I.20 ; 2. traité ‫ ܒܣܟܘܠܝܘܢ ܕܝܠܗ ܕܐܣܛܪܠܒܘܢ‬dans le Traité de l’astrolabe
SbANau I.29 ; ‫ ܒܣܟܘܠܝܘܢ ܿܗܘ ܕܥܒܝܕ ܠܢ ܡܛܠܬܗ ܕܐܣܛܪܘܠܘܒܘܢ‬dans le Traité
que nous avons fait sur l’astrolabe SbCNau XV.1 ;
‫ ܣܟܪܐ‬n.m. obstacle ‫ܘܩܘܡܗ ܕܐܪܥܐ ܕܒܡܨܥܬܐ‬ ܿ ܿ
‫ܣܟܪܗ‬ ‫ ܒܥܠܬ‬An.écl.lu 2.1;
‫ ܘܐܪܥܐ ܕܣܟܪܐ ܒܡܨܥܬܐ‬SgL. 2.3.2 ;
‫ ܣܝܠܝܕܝܐ ܣܠܝܕܐ‬n.f. (< Acc. σελίδα ou son dim. σελίδιον) 1. colonne ‫ܒܣܠܝܕܐ‬
̈
‫ ܿܗܝ ܬܠܝܬܝܬܐ ܕܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ‬SbN II.5 ; 2. table ‫ܒܗܝ ܣܝܠܝܕܝܐ ܕܬܠܬ ܒܩܠܝܡܐ‬ ܿ
‫ ܪܒܝܥܝܐ ܒܩܢܘܢܐ ܿܗܘ ܕܥܒܕ ܦܛܐܠܘܡܘܣ‬sur la troisième table pour le quatrième
climat dans le canon donné par Ptolémée SbANau II.47 ;
‫ ܣܠܩ‬vb. Pe. monter An.écl.lu 6.3;
‫ܡܝܘܢ ܣܡ ܰܝܘܢ‬ ̈
ܰ ‫ܣܝܡܘܢ ܣܝ‬, pl. ‫ܣܝܡܝܐ‬, n. (< σημεῖον) 1. zénith ‫ܕܨ‬ ̄ ‫ܡܘܪܐ ܿܗܝ‬
‫ ܒܣܝܡܘܢ ܐܘܟܝܬ ܩܢܛܪܘܢ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐ‬SbANau I.24 ; ‫ܥܕܡܐ ܠܣܝܡܝܘܢ‬
‫ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐ ܐܘܟܝܬ ܩܢܛܪܘܢ ܕܩܝܡܐ ܡܢ ܟܠܦܪܘܣ ܠܥܠ ܡܢ ܪܝܫܢ‬SbANau I.26 ;
2. côté ‫ ܠܘܬ ܣܝܡܝܘܢ ܬܝܡܢܝܬܐ ܐܘܟܝܬ ܕܡܗܣܝܡܒܪܝܘܢ‬sur le côté sud du
méridien SbANau II.63 ; 3. point SbCNau XII.8 ;
‫ܣܣܐ‬, pl. ‫ܣܣܐ‬, ̈ n.m. degré An.écl.lu 2.3; ‫ܒܪܡ ܠܓܘ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ ̈ܣܣܐ ̄ܟ ̄ܕ ̈ܩܛܝܢܢ‬
An.écl.lu. 3.2.2;
‫ ܣܥܪ‬vb. Etpe. - ‫ ܡܢ‬être examiné, traité (pas satisfaisant pê conditionner ?)
SgL. 1.2 ;
‫ ܣܦܝܩܐ‬adj. vide ‫ ܛܘܪܐ ܣܦܝܩܐ‬espace vide SbCNau III.3 ;
‫ ܣܦܝܩܘܬܐ‬n.f. espace vide SbCNau III.5 ;
‫ ܐܣܦܬܐ ܣܦܬܐ‬n. (<σπάθη) règle 23 ou limbe SbAVil. I.22 ; ‫̈ܗܢܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬
‫ ܕܪܫܝܡܢ ܥܠ ܣܦܬܐ ܐܘܟܝܬ ܬܝܟܐ ܕܗܝ ܛܒܠܝܢ ܿܒܪܝܬܐ‬ces degrés qui figurent sur le
limbe c’est-à-dire sur le rebord du tympan extérieur SbAVil. I.23 ;
‫ ܣܪܓܝܣ‬n. Sergius ‫ ܣܪܓܝܣ ܐܪܟܐܛܪܘܣ‬Sergius médecin en chef (de Reš-
‘ayna) SgL. 1.1 ;
‫ ܣܘܪܛܢܐ ܣܪܛܢܐ‬n. Cancer signe zodiacal SgL.3.2 ; SbANau I.33 ;
SbCNau I.8 ;

23
F. Nau distingue dans son édition les termes ‫( ܣܦܬܐ‬spătō)et ‫( ܐܣܦܬܐ‬āspătō) traduisant
le premier par « bord » et le second par « règle ». Nous pensons qu’il s’agit de deux
variantes orthographiques du même terme grec translittéré signifiant « la règle ».

418
Lexique astronomique

‫ ܣܪܢܐ‬n.m. axe (pour ἄξων ?) ‫ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܐܘܟܣܢܐ ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ ܆ ܗܢܘ ܕܝܢ ܣܪܢܐ‬
SgMu. 3 ; ‫ ܣܪܢܐ ܕܥܠܡܐ‬SbANau I.26 ; ‫ ܿܗܘ ܬܘܒ ܕܡܬܐܡܪ ܐܟܣܘܢ ܣܪܢܐ‬l’axe
(ἄξων) SbANau I.33 ; SbCNau XII.10 ;
‫ ܣܬܘܐ‬n. hiver SbCNau II.5 ;
‫ ܣܬܘܝܐ‬adj. hivernal, d’hiver SbANau II.65 ; SbCNau VIII.2 ;

‫ܥ‬

‫ ܥܒܕ‬vb. Pe. – ‫ ܠܘܬ‬: former avec ‫ܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܠܘܬ ܫܡܫܐ‬
An.écl.lu. 2.3;
‫ ܥܒܕܐ‬n.m. action ‫ ܥܒܕܗ ܕܣܗܪܐ‬SgL. 1.1;
‫ ܥܓܠܬܐ‬n.f. Chariot constellation SbCNau II.3 ;
‫ ܥܘܩܒܐ‬n.m. recherche SbANau II.65 ;
‫ ܥܘܩܣܐ‬n.m. dard du scorpion SbCNau I.6 ;
‫ ܥܙܐ‬n.f. 1. Capricorne constellation SbCVil. I.6 ; ‫ܥܙܐ ܐܘܟܝܬ ܓܕܝܐ‬
SbCNau IV.10 ; 2. Chèvre étoile dans le Cocher SbCNau IX.4 ;
‫ ܥ ܰܝ ܳܘܬܐ‬n.f. Hyade constellation dans le Taureau (située entre les yeux du
Taureau) SbCNau II.3 et IX.2 ;
‫ ܥܠܝܐ‬adj. élevé SbANau I.21 ; exp° ‫ ܐܣܦܝܪܐ ܥܠܝܬܐ‬la sphère supérieure
SbCNau XV.3 ;
‫ ܥܠܡܐ‬n.m. monde (pour κόσμος) SgMu. 1 ; SbCNau XII.1 ;
‫ ܥܠܬܐ‬, pl. ‫ܥܠܠܬܐ‬, ̈ n.f. 1. cause ‫ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܝܦܣܝܣ‬la cause de l’éclipse
An.écl.lu.1 ; SgL. 1.2 ;
‫ ܥܦܝܦܐ‬adj. double SbANau I.22 ;
‫ ܥܦܦ‬vb. Pa. – ‫ ܠ‬multiplier un nombre –‫ ܒ‬par un autre ‫ܒܝ ̄ܛ‬ ̄ ‫ܡܥܦܦ ܠܗܝܢ‬
̈ 24 ̄
‫ ܡܘ̈ܪܣ ܟ ܠܦܛܐ‬on les multipliera par 19°20’ SbN II.3 ; SbANau II.60 ;
SbCNau XIV.11;
‫ ܥܩܪܒܐ‬n.f. Scorpion signe zodiacal SgL. 3.4 ; SbCNau I.6 ;
‫ ܥܪܒ‬vb. Pe. se coucher en parlant des astres SbANau I.28 ; SbCNau I.4;
‫ ܥܪܒܐ‬n.m. coucher d’un astre ; exp° ‫ ܒܝܬ ܥܪܒܐ‬coucher SbCNau Titre ;
̈
‫ܥܬܝܩܐ‬ n.pl. les anciens SbCNau XVII.1 ;

‫ܦ‬

‫ ܦܐܟܘܢ‬n. (< παχών) Pachon mois égyptien SbN II.4 ;


‫ ܦܐܢܣܠܝܢܝܩܝܐ‬adj. (<πανσεληνιακός ) en pleine lune SbN II.5 ;
‫[ ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ‬cf. ‫] ܦܪܐܠܝܠܘܣ‬
‫ ܦܐܪܣ‬n. (< πέρας) limite ; exp° ‫( ܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ‬pour τὸ βόρειον πέρας)
limite boréale SbN II.1 ;

24
Mss : ‫ܟ‬

419
Lexique astronomique

‫ ܦܐܪܣܝܣ‬n. (<Περσεύς) Persée constellation SbCNau I.6 ;


̈
‫ ܦܘܕܝܬܐ‬, pl. ‫ܦܘܕܝܬܐ‬ n.f. (< πόδιον) pied unité de mesure SbANau II.57 ;
̈
‫ ܦܘܠܓܐ‬, pl. ‫ ܦܘܠܓܐ‬, n.m. division (répartition) SgL. 2.5 ; SbCNau II.6 ;
ܰ ‫ ܰܦ‬, ‫ ܦܘܠܘܣ‬pl. ‫ܦܘܠܘ‬
̈ n.m. (< πόλος) pôle SgMu. 2; SbCNau Titre ; ‫ܦܘܠܣ‬
‫ܘܠܣ‬
‫( ܓܪܒܝܝܐ‬pour ὁ πόλος ἀρκτικὸς) pôle arctique SgMu. 3 ; SbANau I.26 ;
SbCNau I.4; ‫( ܦܘܠܣ ܕܠܘܩܒܠ ܓܪܒܝܝܐ‬pour ὁ πόλος ἀνταρκτικὸς) pôle
antarctique SgMu. 3; ‫ ܡܢ ܦܘܠܣ ܓܪܒܝܝܐ ܠܦܘܠܣ ܿܗܘ ܬܝܡܢܝܐ‬du pôle nord au
pôle sud SbCNau XII.10 ;
‫ ܦܘܪܫܢܐ‬n.m. espèce ‫ܠܗܢܘܢ ̈ܡܨܥܝܐ ܡܦܠܓܝܢ ܠܗܘܢ ܐܦ ܠܗܘܢ ܠܬܠܬܐ‬ ܿ ‫ܐܐܠ‬
‫ ܦܘ̈ܪܫܢܐ‬SgL. 2.5 ;
‫ ܦܘܣܝܕܢ‬n. Poséidon SbCNau IV.5 ;
‫ ܦܘܫܩܐ‬n.m. explication ‫ ܦܘܫܩܐ ܐܘܟܝܬ ܡܥܗܕܢܘܬܐ‬SbANau II.36 ;
‫ ܦܛܠܡܐܘܣ‬, ‫ ܦܛܐܠܠܡܘܣ‬, ‫ ܦܛܐܠܡܐܘܣ ܦܛܐܠܡܘܣ ܦܛܐܠܘܡܘܣ ܦܛܘܠܘܡܐܘܣ‬nom
propre Ptolémée l’astronome ; ‫ ܦܛܠܡܐܘܣ ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ‬Ptolémée
l’astronome An.écl.lu. 6.5 ; ‫ ܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ‬Claude Ptolémée (trad. de
Κλαυδίου Πτολεμαίου) An.mouv.sol. 3 ; ‫ܒܟܬܒܐ ܿܗܘ ܕܚܘܫܒܢܐ ܕܦܛܠܡܐܘܣ‬
dans le livre du calcul de Ptolémée SgL. 2.3.1; ‫ܦܛܐܠܡܘܣ ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ‬
SbANau II.69 ; SbCNau III.2 ; SbCNau XIV.10 ; SbCNau XV.8 ;
‫[ ܦܝܓܐܣܘܣ‬cf. ‫ ] ܣܘܣܝܐ‬n. (< Πήγασος) Pégase constellation septentrionale
appelée aussi le Cheval SbCNau VIII.3 ;
‫ܦܝܠܣܘܦܐ ܦܝܠܘܣܦܐ ܦܝܠܠܘܣܦܐ ܦܝܠܘܣܘܦܐ‬, pl. ‫ܦܝܠܠܘܣܦܐ‬, ̈ n.m. (< φιλόσοφος)
philosophe SbANau I.23 ; ‫ ܦܝܠܣܘܦܐ ܡܠܝܐܠ‬le philosophe éloquent
SbCNau I.2 et III.1 ; ‫ ܦܝܠܘܣܦܐ ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ‬le philosophe astronome
SbCNau I.4 et V.4 ; ‫ ̈ܦܝܠܠܘܣܦܐ ܓܐܘܓ̈ܪܦܝܩܘ‬les philosophes géographes
SbCNau II.7 ;
‫ ܦܝܠܣܘܦܘܬܐ ܦܝܠܣܦܘܬܐ‬n.f. philosophie SgL. 1.2 ; SbCNau I.1 ;
‫ܦܝܢܐܩܘܣ‬ ̈ , pl. ‫ܦܝܢܩܣ‬
̈ ‫ܦܝܢܩܘܣ‬,̈ ̈ ‫ܬܚܡܘ ܕܐܝܬ‬
n.m. (< πίναξ) tables ; ̄‫ܦܝܢܐܩܘܣ ܡܢ ܝ‬
‫ ܘܒܐܘܪܘܦܝ‬Ils fixèrent que, en Europe, il y avait dix tables SbCNau II.7 ;
‫ ܦܠܓ‬vb. Pa. -‫ ܠ‬-‫ ܠ‬partager, diviser qqc- en- ‫ܠܓ ̈ܡܢܘܢ‬ ̄ ‫ܠܡܠܗ‬
ܿ ܿ ‫ ܡܦܠܓܝܢ‬on
‫ܠܗ‬
la partagea toute entière en trois parties SbCNau II.6 ; Etpe. se
(sub)diviser SgL. 2.2.2 ; SbANau I.24 ;
‫ ܦܠܓܐ‬n.m. 1. moitié ‫ ܕܐܝܬܘܗܝ ܦܠܓܗ ܚܬܝܬܐ ܕܚܘܕܪܐ‬. ‫ ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ‬SgL. 2.2 ;
exp° ‫ ܦܠܓܗ ܕܝܘܡܐ‬milieu du jour SbANau II.42 ; SbCNau
XIII.5 ; [cf. ‫ ;] ܦܠܓܘܬܐ‬2. demi ‫ ܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬ̈ܪܝܢ ܘܦܠܓܗ‬SgL. 2.5 ;
‫ ܦܠܘܓܬܐ‬, ‫ ܦܠܓܘܬܐ‬n.f. moitié ‫ ܦܠܘܓܬ ܫܡܝܐ‬SbANau I.21 ; exp° ‫ܦܠܓܘܬ‬
‫ ܐܣܦܝܪܐ‬hemi-sphère SbANau I.24 ; exp° ‫ ܦܠܓܘܬ ܐܝܡܡܐ‬milieu du jour
SbANau II.40 [cf. ‫ ] ܦܠܓܐ‬ou midi SbANau II.59 ; exp° ‫ܦܠܘܓܬ ܐܣܦܝܪܐ‬
hémisphère SbCVil. XIII.3 ;
‫ ܦܢܘܢ‬n.m. (< ὁ τοῦ Φαίνοντος ) Le Brillant pour désigner la planète
Saturne ‫ ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܦܢܘܢ ܐܟܚܕ ܘܕܟܘܢ‬SgMu. 7 ;
‫ܦܢܝܬܐ‬, pl. ‫ܦܢܝܬܐ‬,̈ n.f. direction ‫ܘܐܠ ܡܨܝܐ ܕܬܫܢܙ ܣܗܪܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܠܚܕܐ ܡܢ‬
̈
‫ ܦܢܝܬܐ‬An.écl.lu. 4.2 ; ‫ܦܢܝܬܐ ܡܕܢܚܐ ܐܡܪܢܐ ܘܡܥܪܒܐ ܘܓܪܒܝܐ‬ ̈ ‫ܒܗ ܐ̈ܪܒܥ‬
‫ ܘܬܝܡܢܐ‬SbANau I.21 ; ‫ ܠܦܢܝܬܐ ܕܝܢ ܬܝܡܢܝܬܐ‬en direction du sud
SbANau I.28 ;
‫ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬, ‫ ܦܢܣܠܝܢܣ ܦܢܣܠܝܢܘܣ‬n.f. (< πανσέληνος) pleine lune ‫ܒܙܒܢܐ‬
‫ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ‬An.écl.lu 2,3; SbN II.5 ;

420
Lexique astronomique

‫ ܦܣܝܣ‬n.f. (<φάσις) apparition d’une étoile à son lever SbANau II.64 ;


‫ ܦܣܝܩܬܐ‬n.f. en exp° ‫ܕܦܣܝܩܬܐ‬ ̈ ‫ ܒܣܘܓܐܐ‬très brièvement An.écl.lu. 5 ;
‫ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ‬SgL. 1.2 ;
‫ ܦܣܩ‬vb. Pe. couper An.écl.lu. 2.4 ;
‫ ܦܣܩܐ‬n.m. intersection ; ‫ܕܓܘܐ ܕܗܢܘܢ ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ‬ ܿ ‫ ܠܦܣܩܐ‬intersection
intérieure des parallèles SbANau II.44 ;
‫ܦܪܐܠܝܐܠܣ ܦܪܐܠܝܠܘܣ‬, pl. ‫ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ‬, n. (<παράλληλος) 1. ligne parallèle
̈
‫ ܟܐܡܬ ܗܠܝܢ‬. ‫ܡܬܡܢܝܢ‬ ̈ ‫ܚܘܕ̈ܪܐ ܕܡܬܩܪܝܢ ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ ̄ܗ ܩ̈ܪܝܒܝ‬
‫ ܟܕ‬. ‫ ܐܘ ܕܒܬܪ ̈ܚܕܕܐ‬. ‫ܠܚܕܕܐ‬
. ‫ ܿܡܢ ܡܢ ܡܕܢܚܐ ܗܠܝܢ ܕܝܢ ܡܢ ܡܥܪܒܐ‬SbANau I.28 ; 2. parallèle‫ܟܠܗܘܢ ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ‬
‫ ܕܩܕܡ ܛܪܘܦܐ ܣܬܘܝܬܐ‬SbANau I.29 ; ‫ܡܛܠ ܕܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܟܠܗܘܢ ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ‬
‫ ܡܫܘܚܬܐ ܕܦܬܝܐ ܕܫܡܫܐ ܐܚܕܝܢ ܘܠܘ ܕܐܘܪܟܐ‬SbANau I.30 ;
‫ ܦܪܐܐܠܟܣܝܣ ܦܪܐܠܟܣܝܣ‬n.f. (<παράλλαξις) parallaxe du climat SbN II.5 ;
‫ ܿܦܐܪܐܕܝܓܡܐ ܦܪܕܝܓܡܐ‬n.m. (<παράδειγμα) paradigme, exemple ‫ܥܡ‬
‫ ܦܪܐܕܝܓܡܐ ܐܘܟܝܬ ܬܚܘܝܬܐ‬SbN II.2 ;
‫[ ܦܪܘܕܝܛܝ‬cf. ‫]ܐܦܪܘܕܝܛܝ‬
‫ ܦܪܘܛܪܘܓܛܝܪ‬, ‫ ܦܪܘܛܪܘܓܝܛܘܢ ܦܪܘܛܪܘܠܝܛܝܢ‬n. (< Προτρυγητήρ) étoile de la
constellation du Lion (au niveu de la queue) SbCNau VI.5 ;
ܳ
‫ ܦܪܘܟܝܪܘܣ‬n. (< πρόχειρος) Tables faciles SbN I ; ‫ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ‬
SbN II.1 ; ‫ ܒܟܬܒܐ ܿܗܘ ܓܐܘܓܪܘܦܝܩܘܢ ܟܝܬ ܘܦܪܘܟܝܪܘܣ ܕܦܛܐܠܡܐܘܣ‬dans le
livre de la Géographie ou dans celui des Tables faciles de Ptolémée
SbCNau XIV.10 ; ‫ ܩܢܘܢܐ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܕܦܛܐܠܡܐܘܣ‬les Tables faciles de
Ptolémée SbCNau XV.8 ;
‫ ܦܪܘܡܝܘܢ‬n. (<προοίμιον) introduction SbANau I.35 ;
‫ ܦܪܘܩܝܘܢ‬n. (< Προκύων) Procyon, constellation australe SbCNau VI.4 ;
‫ ܦܪܝܓܘܣ‬n.m. (<περίγειος) périgée ‫ܦܪܝܓܘܣ ܥܒܕ ܟܕ ܝܬܝܪ ܩܪܝܒ ܠܘܬ ܩܢܛܪܘܢ‬
‫ ܕܐܪܥܐ‬il (le soleil) fait périgée parce qu’il est plus proche du centre de la
terre SbCNau XIV.12 ;
‫ ܦܪܝܩܐ‬adj. - ‫ ܡܢ‬éloigné de ‫ ܐܡܬܝ ܕܦܪܝܩܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ‬An.écl.lu. 4.3 ;
‫ ܦܗܪܣܝܣ ܦܪܣܝܘܣ ܦܪܣܝܣ‬n. (< Περσεύς) Persée constellation septentrionale
SbCNau IV.14 et VI.3 ;
‫ ܦܫܝܛܐ‬adj. en exp° ‫ܦܫܝܛܬܐ‬ ̈ ‫ܫܢܝܐ‬ ̈ années simples SbN II.2 ;
‫ ܦܬܘܢ‬n.m. (<Φαέθων) Phaeton attribut de Jupiter (pour ὁ τοῦ Φαέθοντος)
‫ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܦܬܘܢ ܘܕܒܝܠ‬SgMu. 7 ;
‫ ܦܬܝܐ‬n.m. 1. latitude ‫ ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ‬en latitude An.écl.lu. 4.2 ; SgL. 2.3 ; ‫ܦܬܝܐ‬
‫ ܕܣܗܪܐ‬latitude de la lune SbN II.5 ; SbANau I.21 ; SbCNau I.1 ; 2. angle
horaire ‫ܟܠܗ ܐܣܦܝܪܐ ܐܠܘܪܟܐ ܟܝܬ ܘܠܦܬܝܐ ܗܘܝܐ‬ ܿ ‫ܟܕ ܗܟܝܠ ܥܦܝܦܐܝܬ ܡܬܡܫܚܐ‬
ainsi toute la sphère est doublement divisée par les parallèles de hauteur
et les angles horaires SbANau I.30 ;

‫ܨ‬

‫ ܨܠܝ‬vb. Etpe. s’incliner SbCNau XIII.12 ;


421
Lexique astronomique

‫ ܨܠܡܐ‬n.m. image ; exp° ‫ ܨܠܡܐ ܪܒܐ‬Sagittaire (litt. la grande image)


̈
signe zodiacal SgL. 3.1 ; ‫ܨܠܡܐ‬ ‫ ܬ̈ܪܝܢ‬Gémeaux (litt. les deux images)
signe zodiacal SgL. 4.1.7 ;
‫ ܨܦܪܐ‬n.m. matin SbCNau XVI.4;

‫ܩ‬

‫ ܩܐܛܐܦܘܪܣ‬n. (<καταφορά) descente SbANau II.49 ;


‫ ܩܐܢܐܒܘܣ‬n. (<Κάνωβος) Canope étoile dans la constellation d’Argo
SbCNau VI.5 ;
‫ ܩܝܦܘܣ ܩܐܦܘܣ‬n.m. (< Κηφεύς) Céphée constellation septentrionale
SbCNau I.6 et VI.3 ;
‫ ܩܐܣܝܦܝܐ‬n.f. (< Κασσιόπη) Cassiopée constellation septentrionale
SbCNau I.6 et VI.3 ;
‫ ܩܒܝܥܐܝܬ‬adv. de manière fixe SbCNau I.8 ;
‫ ܩܒܝܥܘܬܐ‬n.f. fixité des pôles SbCNau I.8 ;
‫ ܩܒܥ‬vb. Pe. fixer ; ‫ܿܗܢܘܢ ܕܩܒܝܥܝܢ ܒܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܒܗ ܪܕܝܢ ܫܡܫܐ ܟܝܬ‬
‫ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬ ̈ ‫ܘܚܡܫܐ‬ ̈ ‫ ܘܣܗܪܐ‬étoiles fixes dans le cercle où circulent
le soleil, la lune et les cinq autres étoiles SbCNau I.4 ;
‫ ܩܘܝܡܐ‬n.m. 1. assemblage (pour σύστημα) SgMu. 1 ; 2. substance
SbCNau II.4 ;
‫ ܩܘܠܘ̈ܪܘ‬n.pl. (<κόλουροι) colures ; ‫ܐܪܒܐ ܕ̈ܪܫܝܡܝܢ‬ ̈ ‫ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܡܪܢܐ ܿܗܢܘܢ‬
̈ ‫ܠܕܘܟܝܬܐ ܛ̈ܪܘܦܝܩܝܬܐ ܇ ܿܗܢܘܢ ܕܡܬܩܪܝܢ ܩܘܠܘ̈ܪܘ ܐܘܟܝܬ ܡܢ‬
‫ܦܘܠܘ ܆‬ ̈ cercles qui
passent par les point tropicaux et que l’on nomme colures, c’est-à-dire
<passant> par les pôles SbCNau I.8 ;
‫ ܩܘܡ‬vb. Pe. être positionné SgL. 2.6.1 ; exp°- ‫ ܐܬܐ ܩܘܡ ܒ‬prendre position
SgL. 2.4.1 ; Etpa. -‫ ܡܢ‬être étendu sur ‫ܫܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܒܠܚܘܕ ܕܡܬܩܝܡܝܢ ܡܢ‬
‫ ܡܐܐ ܘܬܡܢܐܝܢ ܡܘ̈ܪܘܣ‬SgL. 3.4 ;
‫ ܩܘܡܐ‬n.m. position ‫ܘܩܘܡܗ ܕܐܪܥܐ ܕܒܡܨܥܬܐ‬ ܿ ܿ
‫ܣܟܪܗ‬ ‫ ܒܥܠܬ‬An.écl.lu 2.1;
position, station d’un astre ‫ܘܩܘܡܗܝܢ ܕܒܪܘܡܐ ܘܫܦܐܠ ܕܡܘܙܠܬܐ‬
An.écl.lu 6.3.2 ; ‫ܐܝܟܢܐ ܿܙܕܩ ܠܡܕܥ ܗܦܘܟܝ ܐܘܟܝܬ ܩܘܡܐ ܕܫܡܫܐ ܒܝܕ ܐܣܛܪܘܠܒܢ‬
<comment> trouver, à l’aide de l’astrolabe, l’ἐποχή, c’est-à-dire la
station du soleil SbANau II.42 ;
̄‫ ܩܘܣܢܛܝܢܘ‬n. Constantinople SbCNau II.6 ;
‫ ܩܘܩܠܘܣ‬n.m. (<κύκλος) cercle ‫ܚܕܐ ܥܠ ܚܕܐ ܡܬܩܛ̈ܪܓܝܢ ܚܘܕܪܢܐܝܬ ܐܝܟ ܕܐܦ‬
‫ ܩܘܩܠܘܣ‬An.écl.lu 4.4;
‫ ܩܘܩܢܘܣ‬n. (<κύκνος) Cygne constellation ; ‫ܩܘܩܢܘܣ ܐܘܟܝܬ ܐܘܪܢܘܣ‬
SbCNau IV.13 ;
‫ ܩܘܪܐܟܘܣ‬n. (<) Corbeau constellation australe SbCNau VI.4 ;
‫ ܩܘܪܝܐ‬n.m. bourg sub-division des pays SbCNau II.6 ;
‫ ܩܛܒܝܒܙܢ ܩܛܒܝܒܙܘܢ ܩܐܛܐܒܝܒܙܘܢ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ‬n. (<καταβιβáζων) 1. nœud
descendant An.écl.lu 2,2; ‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ ܘܡܚܬܢܐ‬

422
Lexique astronomique

SgL. 2.3.1 ; SbN I ; (pour καταβιβáζων) SbN II.1 ; 2. descente (?) ‫ܗܦܘܟܝ‬
‫ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܙܕܩܐܛܐܒܝܒܙܘܢ ܐܘܟܝܬ ܠܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ‬changements d’ascension
et de descente SbANau II.45 ;
‫ ܿܩܛܝܢܬܐ‬, pl. ‫ ̈ܩܛܝܢܢ‬ou ‫ܩܛܝܢܬܐ‬,
̈ n.f. minute ‫ ̄ܝ ̄ܒ ̈ܣܣܐ ̄ܟ ̄ܕ ̈ܩܛܝܢܢ‬An.écl.lu. 3.2.2;
SbANau II.54 ; ‫ܫܬܝܢ‬ ̈ ̈
‫ܕܫܬܝܢ ܕܒܬܪ‬ ̈
‫ܫܬܝܢ‬ ܿ
‫ܕܐܝܬܝܗ ܚܕܐ ܡܢ‬ ‫ ܩܛܝܢܬܐ ܿܗܝ‬la minute
qui est un soixantième, composé de soixante SbCVil. XII.9 ; ‫ܩܛܝܢܬܐ ̈ܗܢܝܢ‬ ̈
̄
‫ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ ܐܟܣܝܩܘܣܛܐ ܐܘܟܝܬ ܚܕ ܡܢ ܣ ܕܡܘܪܐ‬ces minutes appelées
ἑξηκοστός, c’est-à-dire un soixantième de degré SbCVil. XVI.1 ;
‫ ܩܛܝܣܦܘܢ‬n. Ctésiphon SbCNau XV.8 ;
‫ ܩܛܪܓ‬vb. (<κατήγόρος) QuadRef. être prédit (?) ‫ܚܕܐ ܥܠ ܚܕܐ ܡܬܩܛ̈ܪܓܝܢ‬
‫ ܚܘܕܪܢܐܝܬ ܐܝܟ ܕܐܦ ܩܘܩܠܘܣ‬An.écl.lu. 4.4 ;
‫ ܩܛܪܬܐ‬n.f nœud BhCA I,7,6.
‫ ܩܝܛܐ‬n. été SbCNau II.5 ;
‫ ܩܝܛܘܣ‬n. (<Κῆτος) Baleine constellation australe SbCNau VI.4 ;
‫ ܩܝܛܝܐ‬adj. d’été SbANau II.65 ; exp° tropique d’été ‫ܠܩܝܛܝܐ ܟܝܬ ܿܗܘ ܕܒܝܢܬ‬
‫ ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣ ܐܠܪܩܛܝܩܘܣ‬le <tropique> d’été, celui qui est entre l’équateur
et le cercle arctique SbCNau X.1 ; ‫ܬܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܐܘܟܝܬ ܩܝܛܝܐ‬
SbCNau XII.8 ;
‫ ܩܝܠܝܩܝܐ‬n. Cilicie SbCNau II.6 ;
‫[ ܩܝܦܘܣ‬cf. ‫] ܩܐܦܘܣ‬.
‫ ܩܠܝܐܠ‬adj. rapide en parlant du mouvement de la lune An.écl.lu. 6.1 ;
SgL. 2.2.5 ; SgL. 2.4.1 ;
‫ ܩܠܝܐܠܝܬ‬adv. rapidement SbN II.1 ;
‫ ܩܠܝܠܘܬܐ‬n.f. rapidité en parlant du mouvement d’un astre SgL. 2.6.1 ;
‫ ܩܠܝܡܐ‬, pl. ‫ܩܠܡܐܛܐ‬ ̈ ̈ ‫ܩܠܝܡܐܛܐ‬,
‫ܩܠܝܡܛܐ‬ ̈ n.m. (< κλίμα) climat SgMu. 3 ;
SbANau I.22 ; SbCNau Titre ; ‫ܕܫܒܥܐ ܩܠܝܡܐܛܐ‬ ̈ ̈ ‫ܐܝܟܢܐ ܙܕܩ ܠܡܫܟܚܘ ܦܬܝܐ‬
comment on peut trouver la latitude des sept climats SbANau II.62 ;
SbCNau XII.1 ;
‫ ܩܠܢܕܘܣ‬n.m. (< calendae) calendes SbCNau II.4 ;
‫[ ܩܠܦܣܝܣ‬cf. ‫] ܐܩܠܦܣܝܣ‬
‫ ܩܢܘܡܐ‬n.m. existence ‫ܓܠܝܐ ܗܝ ܕܐܦܐܠ ܗܘ ܐܬܠܝܐ ܩܢܘܡܗ ܐܝܬܘܗܝ‬
An.écl.lu. 4.5 ;
‫ܩܢܘܢܐ‬, pl. ‫ ̈ܩܢܘܢܐ‬, n.m. (<κανών) 1. table de calcul ‫ܕܚܘܫܒܢܐ ܇ ܕܥܒܝܕ‬ ̈ ‫ܩܢܘܢܐ‬
‫ ܠܦܛܐܠܠܡܘܣ ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ‬An.écl.lu. 6.5 ; ‫ܟܬܒܐ ܕܩܢܘܢܐ ܕܬܪܝܢ ܘܕܚܘܫܒܢܐ‬ ̈
‫ ܕܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ‬le second livre des Tables du calcul de Claude
Ptolémée (trad. de ὁ Πρόχειρος δὲ Κανὼν Κλαυδίου Πτολεμαίου)
An.mouv.sol. 3 ; ‫ ܩܢܘܢܐ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ‬Tables faciles SbN II.1 ; SbANau I.21 ;
‫ܕܡܕܝܢܬܐ‬̈ ‫ ܒܩܢܘܢܐ ܿܗܘ‬dans la Table des villes <illustres> SbCNau XIV.10 ;
SbCNau XV.8 ; 2. règle SbANau I.21 ; ‫ܠܩܢܘܢܐ ܡܦ̈ܪܫܐ‬ ̈ règles distinctes
SbANau I.35 ; ‫ ܩܢܘܢܐ ܩܕܡܝܐ‬première règle SbANau II.36 ;
‫ ܩܢܛܘܪܘܣ‬n. (<) Centaure constellation australe SbCNau VI.4 ;
‫ ܩܢܛܪܘܢ‬, pl. ‫ ܩܢܛ̈ܪܐ‬n. (<κέντρον) 1. centre (astrol.) ‫ ܐ̈ܪܝܥܬܝܗܘܢ ܩܢܛ̈ܪܐ‬les
quatre centres SbANau II.39 ; ‫ܠܡܘܪܐ ܿܗܝ ܕܣܝܡܐ ܬܪܝܨܐܝܬ ܠܥܠ ܡܢ ܩܢܛܪܘܢ‬
‫ ܕܐܪܥܐ‬le degré qui se situe exactement au dessus du centre de la terre
SbANau I.24 ; ‫ܕܐܒܗܬܐ‬ ̈ ‫ ܿܗܘ ܕܐܦ ܡܫܬܡܗ‬. ‫ܩܢܛܪܘܢ ܕܬܚܝܬ ܡܬܐܡܪ ܕܐܬܘܗܝ‬
‫ « ܐܪܥܐ‬centre de dessous la terre » ou encore « des Pères »

423
Lexique astronomique

SbANau I.32 ; SbCNau V.2 ; ‫ܕܚܝܐ‬ ̈ ‫ ܡܕܢܚܐ ܕܝܢ ܩܢܛܪܘܢ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ‬le levant
est appelé « centre de vie » SbANau I.32 ; SbCNau V.2 ; ‫ܡܥܪܒܐ ܕܝܢ‬
̈ ‫ ܩܢܛܪܘܢ ܿܗܘ ܕܡܬܐܡܪ‬le couchant <est appelé> « centre des noces »
‫ܕܚܠܘܐܠ‬
SbANau I.32 ; SbCNau V.2 ; 2. centre géophysique ‫ܩܢܛܪܘܢ ܐܘܟܝܬ ܦܘܠܣ‬
‫ ܓܪܒܝܝܐ ܕܥܠܘܗܝ ܣܝܡ ܪܝܫܗ ܓܪܒܝܝܐ ܕܣܪܢܐ‬le centre, c’est-à-dire le pôle nord où
passe l’extrémité boréale de l’axe SbANau II.68 ;
‫ܠܡܐ ܩܢܫܠܡܐ‬ ܴ ‫ܝܫ‬
ܷ ‫ ܱܩ‬n. Balance signe zodiacal SgL. 3.2 ;
‫ ܩܦܐܠܘܢ‬, pl. ‫ ̈ܩܦܐܠܐ‬n.m. (<κεφαλαῖον) 1. chapitre An.écl.lu.,Titre ;
2. section SbN II.1 ;
‫ ܩܪܘܢܣ‬n. Saturne planète SbCNau V.3 ;
‫ ܩܪܛܝܪ‬n. (< Κρατήρ) constellation australe ; ‫ ܩܪܛܝܪ ܐܘܟܝܬ ܰܐ ܳܓ ܳܢܐ‬Κρατήρ
c’est-à-dire la Coupe SbCNau VI.4 ;
‫ ܩܪܝܒܘܬܐ‬n.f. proximité An.écl.lu 6.3 ; SbCVil. I.4 ;
‫ ܩܪܟܝܕܘܢܐ‬nom de ville Carthage (que Sévère situe à 35°E) SbANau II.59 ;
‫ܩܪܢܬܐ‬, pl. ‫ܩ̈ܪܢܬܐ‬, n.f. corne de la lune An.écl.lu 4.4 ;
‫ ܩܪܩܦܬܐ‬n.f. tête ; en exp° ‫( ܿܗܝ ܕܠܥܠ ܡܢ ܩܪܩܦܬܢ‬litt. celui qui est au dessus de
nos têtes ; équivalent culturel du grec κατὰ τὴν ἡμῶν κορύφην) zénith
SbANau I.27 [voir aussi ‫; ] ܣܡܝܘܢ‬

‫ܪ‬

‫ ܪܒܘ‬, pl. ‫ ̈ܪܒܘܢ‬num. dix mille SbCNau XVII.2 ;


‫ ܪܒܝ‬vb. croître en parlant de la lune SgL. 2.5.2 ;
‫ ܪܕܐ‬vb. Pe. circuler en parlant des astres SbCNau I.4 ;
‫ ܪܗܛ‬vb. Pe. courir (pour θεῖν) SgMu. 4 ;
‫ ܸܪܗܛܐ‬n.m. cours d’un astre An.écl.lu. 6.5 ;
̈ ‫ܐܠܪܒܥ‬
‫ ܪܘܚܐ‬, pl. ‫ ̈ܪܘܚܬܐ‬n.f. 1. vent ‫ܪܘܚܝܢ‬ ̈ les quatre vents (?) SbCNau II.8 ;
2. exp° ‫ ܒܪܘܚܐ‬en direction de ‫ ܒܪܘܚܐ ܓܪܒܝܝܬܐ‬en direction du Nord
SgL 2.3.2 ; ‫ ܒܟܠ ܦܢܝܬܐ ܐܘ ܪܘܚܐ ܐܝܕܐ‬SbANau I.27 ; SbCVil. II.8 et X.7 ;
‫ ܪܘܚܩܐ‬n.m. distance C1SbN II.5 ;
‫ ܪܘܟܒܐ‬n.m. 1. combinaison ‫ ܟܠܗܘܢ ̈ܪܘܟܒܝܗܘܢ ܕܐܣܟܝܡܐ‬SgL 4.3 ;
2. composition de l’astrolabe SbANau I.20 ;
‫ ܪܘܡܐ‬n.m. 1. hauteur ‫ ܘܩܘܡܗܝܢ ܕܒܪܘܡܐ ܘܫܦܐܠ ܕܡܘܙܠܬܐ‬An.écl.lu. 6.3.2 ;
2. longueur ‫ ܪܘܡܝܗܝܢ ܘܦܬܝܗܝܢ‬SbANau I.25 ; 3. élévation des climats
SbANau II.38 ; 4. exaltation (astrol.) SbCNau V.1 ;
‫ ܪܘܡܝ‬n. Rome SbCNau II.6 ;
‫ ܪܘܪܒܐ‬adj. grand en magnitude SbCNau I.7 ;
‫ ܪܘܫܡܐ‬, pl. ‫ ̈ܪܘܫܡܐ‬n.m. figure An.écl.lu 5 ; SbANau I.20 ;
ܿ
‫ ܪܚܝܩܐ‬adj. - ‫ ܡܢ‬distant de ‫ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ‬ ‫ܟܕ ܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ܐܦ‬
An.écl.lu 3.2.2 ; ‫ ܪܚܝܩܐ ܡܢܗ ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܘܣ‬distant de moins de douze
degrés SgL 2.2.5.
‫ ܪܚܝܩܘܬܐ‬n.f. distance, éloignement SbANau II.59 ; SbCNau I.8 ;
424
Lexique astronomique

‫ ̈ܪܚܡܝ ܥܡܐܠ‬exp. amis du travail ou philoponoi An.écl.lu. 6.5 ;


‫ ܪܝܩܛܘܢ‬n. Riqton nom d’une montagne de l’île de Crète SbCNau IV.3 ;
̈ chevaucher en parlant du chevauchement
‫ ܪܟܒ‬vb. Pe. trans. exp° avec ‫ܚܕܕܐ‬
des cercles solaires et lunaires SgL. 2.3.1 ; intr. ‫ ̈ܪܟܝܒܝܢ ܥܠ ̈ܚܕܕܐ‬se
chevaucher SgL. 2.3 ;
‫ ܪܟܒܐ‬n.m. chevauchement ‫ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܩ̈ܪܝܢ܇ ܠܪܟܒܗܘܢ ܕܚܘܕ̈ܪܐ ܿܗܘ ܕܠܥܠ ܡܢ‬
‫ ܐܪܥܐ‬SgL. 2.3.1 ;
‫ ܪܡܫܐ‬n.m. soir SbCNau XVI.4;
̈
‫ܪܦܦܐ‬, pl. ‫̈ܪܦܦܐ‬, n.m. 1. minute ‫ܩܕܡܝܐ‬ ‫ =( ̈ܪܦܦܐ‬minutes premières) minutes
An.mouv.sol. 1 ; 2. exp° ‫ =( ̈ܪܦܦܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬minutes secondes) secondes
An.mouv.sol. 1 ;
‫ ܪܝܫܐ ܪܫܐ‬n.m. 1. commencement d’un mois ‫ ܪܫܗ ܕܐܡܪܐ‬An.écl.lu. 6.2 ;
An.mouv.sol. 3 ; d’un signe zodiacal SbN II.1 ; 2. tête d’Atalyā ‫ܪܚܝܩܐ‬
‫ܐܘ ܡܢ ܕܘܢܒܗ ܕܐܬܠܝܐ‬ ܿ ‫ ܣܗܪܐ ܡܢ ܪܫܗ‬An.écl.lu. 4.4 ;
‫ ܪܫܡ‬vb. Pe. 1. figurer SbANau I.21 ; 2. –‫ ܥܠ‬: traiter de, exposer ‫ܘܪܫܡܢܢ‬
‫ܚܫܟܐ ܕܫܡܫܐ‬ ܿ ‫ ܕܝܠܢܐܝܬ ܥܠ‬et nous traiterons en particulier de l’éclipse de
soleil An.écl.lu.,1 ; SgL. 1.2 ;

‫ܫ‬

‫ ܫܒܝܠ ܬܒܢܐ‬exp° chemin de paille (=Voie lactée [cf. ‫)]ܓܐܐܠܟܣܝܣ‬


SbCNau II.1 et XI. 4-5 ;
‫ ̈ܫܒܝܥܝܐ‬n.pl. « les sept » pour désigner les sept astres errants ou 7 planètes
An.écl.lu. 6.3.2 ;
‫ ܫܒܠܬܐ‬n. Vierge signe zodiacal SgL. 4.1.4 ;
̈ n.pl. les sept « planètes » ; ‫ܫܒܥܐ ܇ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܢܗܝ̈ܪܐ ܐܡܪܢܐ ܇ ܫܡܫܐ‬
‫ܫܒܥܐ‬ ̈ ‫ܗܠܝܢ‬
̈ ‫ܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ‬
. ‫ܛܥܝܐ‬ ̈ ‫ܘܚܡܫܐ‬ ̈ ‫ ܟܝܬ ܘܣܗܪܐ ܇‬les sept, les deux brillantes, je
veux dire le soleil, la lune et les cinq planètes SbCNau I.7 ;
‫ ܫܕܝܐ‬n.m. soustraction SbN II.5 ;
‫ܫܘܚܠܦܐ‬, pl. ‫ܫܘܚܠܦܐ‬ ̈ , n.m. 1. variation ‫ܣܓܝܐܐ ܕܣܗܪܐ‬ ̈ ‫ܫܘܚܠܦܐ‬ ̈
SgL. 1.2 ; SbANau I.28 ; ‫ܕܩܠܝܡܐܛܐ‬ ̈ ̈
‫ ܫܘܚܠܦܐ‬SbANau I.31 ; exp° ‫ܫܘܚܠܦܐ‬
‫ ܕܣܗܪܐ‬phases lunaires SbCNau II.4 ; ‫ܡܢ ܦܬܝܐ ܿܗܘ ܒܠܚܘܕ ܕܥܠܡܐ ܡܬܢܣܒ ܗܘ‬
. ‫ܕܩܠܝܡܛܐ‬̈ ‫ ܫܘܚܠܦܐ‬la variation des climats dépend seulement de la latitude
du monde SbCNau XII.1 ; 2. changement SbANau I.22 ; 3. différence
SbANau II.59 ; 3. saison ‫ܫܘܚܠܦܐ‬ ̈ ‫ ܐܠ̈ܪܒܥܐ‬les quatre saisons SbCNau II.5 ;
4. tropique ‫ ܬܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܘܚܠܦܐ ܩܝܛܝܐ‬θερινὸς τροπικός,
c’est-à-dire tropique d’été SbCVil. XII.4 ; ‫ܟܝܡܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܗܢܘ ܕܝܢ‬
‫ ܫܘܚܠܦܐ ܣܬܘܝܐ‬χειμερινὸς τροπικός, c’est-à-dire tropique d’hiver
SbCVil. XII.6 ;
‫ ܫܘܝܐ‬adj. 1. égal An.écl.lu. 4.2 ; SbANau I.22 ; 2. équinoxial ‫̈ܫܥܐ‬
‫ܕܫܘܝܬܐ‬ ̈ SbN II.5 ;

425
Lexique astronomique

‫ ܫܘܝܐܝܬ‬adv. 1. également, de la même manière SgL. 2.3.2 ; exp° ‫ܫܘܝܐܝܬ‬


ܿ
‫ܣܝܡܝܢ‬ ‫ ܠܘܩܒܠ ̈ܚܕܕܐ‬juxtaposés SgL. 2.3 ; SbCNau I.8 ;
‫ ܫܘܢܝܐ‬n.m. déplacement, translation ; exp° ‫ܕܢܘܩܕܬܐ‬ ̈ ‫ܫܘܢܝܗܝܢ‬ ̈ précession
des nœuds An.écl.lu. 6.3 ;
‫ ܫܛܝܚܘܬܐ‬n.f. nature plate de l’astrolabe SbANau I.22 ;
‫ ܫܟܝܪܐ‬adj. étrange en parlant de certains jours du mois lunaire SgL. 2.4.1 ;
‫ ܫܠܝܛܘܬ ܒܝܬܐ‬exp° libre arbitre SbCNau V.2 ;
‫ ܫܠܝܛܢܐ‬n.m. dominateur (astrol.) en parlant des sept astres errants
SbCNau V.1 ;
‫ ܫܡܘܥܐ‬n.m. auditeur SbCNau I.2 ;
‫ ܫܡܝܐ‬n.m. ciel An.écl.lu. 4.2 ; (pour οὐρανός) SgMu.1 ; SbANau I.20 ;
SbCNau I.1 ;
‫ ܫܡܠܝ‬vb. Quad. composer ‫ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܟܠܗ ܚܘܕܪܐ ܡܫܡܠܝܢ‬
SgL. 2.2.1 ;
‫ ܫܡܪ‬vb. Pa. projeter un rayon ‫ܛܠܠܗ‬ ܿ ‫ ܘܡܫܡܪܐ‬SgL. 2.3.2 ;
‫ ܫܡܫܐ‬n.m. soleil An.écl.lu. 2.1 ; (trad. de Ἡλίος) An.mouv.sol. Titre ;
SgL. 2.1 ; SbN I ; SbANau I.25 ; SbCNau I.4 ;
‫ ܫܡܫܢܝܐ‬adj. solaire SbN II.5 ; SbANau II.37 ; SbCNau XV.2 ;
‫ ܫܢܙ‬vb. Pe. - ‫ ܡܢ‬s’écarter de qqc ‫ܘܐܠ ܡܨܝܐ ܕܬܫܢܙ ܣܗܪܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ‬
An.écl.lu. 4.2 ;
‫ ܿܫܢ̄ܬܐ‬abs. ‫ ܫܢܐ‬pl. ‫ܫܢ ̈ܝܐ‬ ܿ n.f. année SbN I ; SbCNau II.4 ; ‫̈ܡ ܿܫܠܡܢܝܬܐ ܗܠܝܢ‬
‫ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ‬années achevées de Dioclétien SbN II.3.3 ; exp° ̄‫ܫܢܝܐ ܝ‬
̈
‫ܦܫܝܛܬܐ‬ ̈ la 10ème année simple SbN II.2.1 ; exp° ‫ ̈ܫܢܝܐ ̈ܪܒܝܥܝܬܐ‬années
bissextiles SbN II.4 ;
‫ܫܥܬܐ‬, pl. ‫ܫܥܐ‬ ̄ ‫ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ‬la 12e
̈ , n.f. heure An.écl.lu. 6.4 ; ‫ܕܝ ̄ܒ ܕܐܝܡܡܐ‬
heure du jour SbN II.2 ; SbANau I.20 ; SbCNau II.4 ; ‫ܕܫܘܝܬܐ‬ ̈ ‫̈ܫܥܐ‬
̈
heures équinoxiales SbN II.5 ; ‫ ܙܒܢܐ ܫܥܢܝܐ‬heures temporaires
SbANau II.54 ; ‫ܫܥܐ ܐܝܣܝܡ̈ܪܝܬܐ‬ ̈ heures équinoxiales SbANau II.55 ;
‫ ܫܦܝܪܐ‬adj. propice en parlant de certains jours lunaires SgL. 2.5 ; par opp.
̈
‫ܫܦܝܪܝܢ‬ ̈ jours sombres SgL. 2.4 ;
‫ܝܘܡܬܐ ܕܐܠ‬
‫ ܫܦܐܠ‬n.m. situation basse (?) ‫ܘܩܘܡܗܝܢ ܕܒܪܘܡܐ ܘܫܦܐܠ ܕܡܘܙܠܬܐ‬
An.écl.lu. 6.3.2 ; abaissement ‫ܘܫܦܐܠ‬ ̈ ‫ ̈ܪܘܡܐ‬exaltation et abaissement
SbCNau V.1 ;

‫ܬ‬

‫ ܬܒܝܠ ܬܐܒܝܠ‬n.f. monde SgL. 5 ;


‫ ܬܐܕܐ‬n. printemps SbCNau II.5 ;
‫ ܬܐܕܘܪܐ‬n. Théodore (correspondant de Sergius de Reš-‛ayna) ‫ܠܘܬ‬
‫ ܬܐܕܘܪܐ‬SgL. 1.1 ;
‫ ܬܐܘܢ‬n. Théon ‫ ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ‬Théon d’Alexandrie SbN II.1 ;
‫ ܬܐܘܪܝܐ‬n.f. (<θεωρία) théorie SgL. 1.2 ;

426
Lexique astronomique

ܿ ‫ܬܐܘܪܝܡܐ ܓܐܘܡܛܪܝܩܝܐ‬
‫ ܬܐܘܪܝܡܐ‬n.m. (<θεώρημα) représentation ‫ܪܫܡܝܢܢ‬
An.écl.lu. 5 ; SbCVil. XIV.12 ;
̈
‫ܬܐܡܐ‬ n.m. Gémeaux signe zodiacal SbN II.2 ; SbCNau III.6 ;
‫ ܬܘܛܝܪܘܢ‬n. (<θυτήριον) Autel constellation australe SbCNau VI.425 ;
‫ ܬܘܠܝ‬n. Thulé île SbCNau XIV.Tit.;
‫ ܬܘܩܢܐ‬n.m. création (pour διακόσμησις) SgMu. 1 ;
‫ ܬܘܪܐ‬n.m. Taureau signe zodiacal SgL. 3.4 ; ‫ܬܘܪܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܒܡܢܬܐ ܠܡ‬
‫ ܬܪܝܢܝܬܐ ܕܝܠܗ ܕܚܘܕܪܐ‬le Taureau, qui est dans la seconde partie du même
cercle SbCNau IV.4 ;
‫ ܬܘܬ‬n. Thoth mois SbN II.2;
‫ ܬܚܘܝܬܐ‬n.f. 1. exemple An.mouv.sol.Titre ; ‫ܝܚܝܕܝܬܐ‬ ̈ ‫ ̈ܒܬܚܘܝܬܐ‬SgL. 3.1 ;
‫ ܐܝܟ ܕܒܬܚܘܝܬܐ‬en guise d’exemple SbN II.4 ; SbANau II.38;
SbCNau XV.4; 2. paradigme (pour παράδειγμα) ‫ܦܪܕܝܓܡܐ ܐܘܟܝܬ‬
‫ ܬܚܘܝܬܐ‬SbN II.2 ; 3. démonstration SbCNau II.1;
‫ ܬܚܘܡܐ‬n.m. limite ‫ܬܚܘܡܐ ̈ܚܫܟܢܝܐ‬ ̈ limites écliptiques An.écl.lu. 2.4 ;
SbCNau XV.2;
‫ ܬܚܦܝܬܐ‬n.f. immersion <de la lune> (?) An.écl.lu. 3.1 ;
‫ ܬܝܟܐ‬n.m. gaine SbANau I.22; rebord SbAVil. [cf. note pour ‫;] ܛܒܠܝܢ‬
‫ ܬܝܡܢܐ‬n.m. sud ‫ ܠܬܝܡܢܐ‬An.écl.lu. 2.1 ; SbN II.5 ; SbANau I.21 ;
SbCNau I.1 ;
‫ ܬܝܡܢܝܐ‬adj. méridional An.écl.lu. 4.4 ; exp° ‫( ܒܓܒܐ ܬܝܡܢܝܐ‬pour κατὰ τὸ
νότιον) SgMu. 3 ; SbANau I.30 ;
‫ ܬܝܪܘܢ‬n. (<θηρίον) Loup (?) ou Bête constellation australe SbCNau VI.4 ;
‫ ܬܢܝܢܐ‬n.m. Dragon constellation septentrionale SbCNau I.6 et VI.3 ;
‫ ܬܪܒܝܬܐ‬n.f. croissance de la lune An.écl.lu. 4.4 ; SgL. 2.5.1 ;
‫ ܬܪܝܢܛܪܘܦܝܩܝ‬ou ‫ ܬܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ‬n. (< θερινὸς τροπικός) tropique d’été
̈
‫ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ܕܝܢ ܕܡܬܩܪܝܐ ܐܢܕܝܛܪܘܦܝܩܝ ܬܠܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ‬la seconde <zone> est appelée
« tropique d’été » et compte 30 degrés SbANau II.68 ; SbCVil. XII.4 ;
‫ ܬܪܝܨܐ‬adj. 1. exact SgL. 2.3.1 ; SbCVil. XV.2 ; 2. qui fait face SgL. 3.3 ;
‫ ܬܪܝܨܐܝܬ‬adv. exactement An.écl.lu. 2.4 ; SgL. 2.3.2 ; SbANau I.24 ;
SbVil. XV.2 ;
‫ ܬܪܥܝܬܐ‬n.f. point de vue ‫ ܬܪܥܝܬܐ ܕܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ‬SgL. 1.1 ; SbCNau I.2 ;
‫ ܬܫ̈ܪܝܬܐ‬n.pl. automne SbCNau II.5 ;

25
F. Nau traduit par « Encensoir », mais nous avons retenu ici la traduction de ce terme,
que l’on trouve chez Aratos, proposée dans MARTIN J.(éd.), Aratos, Phénomènes, Paris,
Les Belles Lettres, 1998, cf. pour Θυτήριον au vers 403.

427
Bibliographie

Sources

(Anonymes)

Causa causarum [éd. KAYSER] = KAYSER C. (éd.), Das Buch von der
Erkenntniss der Wahrheit, oder, Der Ursache aller Ursachen,
Leipzig/Strasbourg, J. O. Hinrich, 1889/1893, 3 vol. (vol 1 et 2 : texte
syriaque / vol. 3 : traduction allemande).

Exemple au sujet du mouvement du soleil = Exemple au sujet du mouvement


du soleil édité et traduit dans cette thèse (Partie 2, texte 3) à partir du
ms. BL Add. 14 658) [f. 149v]. Ce petit texte avait déjà été édité dans
SACHAU E., Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer übersetzungen von
Schriften griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den
Handschriften des brittischen Museum, Wien, Halle, 1870, p. 125-126, à
partir du même manuscrit. On pourra également se référer à la traduction
anglaise proposée par G. Saliba (SALIBA G., « Paulus Alexandrinus in
Syriac and Arabic », Byzantion 65, 1995, p. 440-454).

Traité sur la cause des éclipses de lune = Traité sur la cause des éclipses de
lune, édité et traduit dans cette thèse (Partie 2, texte 1) d’après le
ms. Paris BnF syr. 346 du XIVe s., f. 51r-60v (exceptés les f. 54v-55r).

(Attribués)

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19071), Partie II, p. 137-163. On trouvera une moins bonne édition de ce
texte (sans les deux derniers chapitres) ainsi qu’une traduction anglaise
dans FURLANI G., « A cosmological tract by Pseudo-Dionysius in the
Syriac language (PHD) », [edited from British Museum MS. Add. 7192,
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éclipse (d’après la version courte du Vat. sir. 217), texte édité dans LEVI
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constellations. Ce traité n’ayant été que partiellement édité par Nau
(chap. 4-6), nous renvoyons, pour le texte, aux feuillets 78r à 121v du
ms. Paris BnF syr. 346. La traduction intégrale des 18 chapitres de ce
traité se trouve dans NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660,
par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27 (1929/30), p. 343-
410 et ROC 28 (1931/32), p. 85-100.
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds = Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds
ascendant et descendant éditée et traduite dans Partie 2, texte 4, à partir
du ms. Paris BnF syr. 346, f. 124v-127v.
Sév. Seb., Lettre sur le XIV lunaire de Nisan = Sévère Sebokht, Lettre sur le
e
XIV lunaire de Nisan de la 19 année en l’an 976 des Grecs, faut-il le
compter le 5 ou le 6 de Nisan ? Texte inédit, conservé dans les
manuscrits Paris BnF syr. 346 (f. 136r-140r) et Berlin syr. 186 (f. 98v-
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Livre 1 : Histoire du texte, édition critique, traduction revues et
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Le Grand Commentaire aux Tables faciles de Claude Ptolémée, livres 2
et 3 dans TIHON A., Le « Grand Commentaire » de Théon d’Alexandrie
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traduction, commentaire, Città del Vaticano, BAV, 1991 [Studi e Testi
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TIHON A., Le « Grand Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables
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JA : Journal Asiatique
NIAS : Netherlandic Institute for Advanced Studies in the Humanities and
Social Studies
OCA : Orientalia Christiana Analecta
Par.Or. : Parole de l’Orient
PO : Patrologia Orientalis
RANL : Rendiconti della Academia Nazionale dei Lincei
ROC : Revue de l’Orient Chrétien
SC : Sources Chrétiennes (collection)
ZA : Zeitschrift für Assyriologie und verwandte Gebiete, Leipzig,
O. Schulze, 1886-1938.
ZDMG : Zeitschrift der Deutschen Morgendländichen Gesellschaft

446
Index

Index des noms de personnes

Nous n’incluons pas dans cet index Sergius de Reš‘ayna ni Sévère Sebokht, pour la raison
que le nom de ces deux auteurs revient trop fréquemment dans le corps de ce travail.
L’italique indique que le nom apparaît dans un texte ancien. « n. » indique qu’on trouvera
le nom dans une note de bas de page.

Aeas 37 ; 132. Cosmas Indicopleustès 23 (n. 47) ; 24-25 ;


al-Yaqubi 28 (n. 68) ; 116-117. 185 (n. 70) ; 197 (n. 23) ; 283-284 ;
Alexandre d’Aphrodise 49 ; 93 (n. 94) ; 95 ; 285 (n. 51).
273 (n. 6). Damascius 21.
Ammonius 18 ; 21. Denys l’Aréopagite (Pseudo-) 14 (n. 14) ;
Aphraate 348 ; 370. 49 ; 58 ; 61-62 ; 67-75 ; 76; 233; 238 ;
Apollonios de Perge 115. 244 (n. 8) ; 273 ; 283 (n. 44) ; 381 ; 385-
Aratos 31 ; 118 ; 306 ; 325 (n. 194 et 196) ; 386.
327-329. Denys Bar Salibi 68.
Aristarque de Samos 392. Dioclétien (ère de) 36 ; 126 ; 129 ; txt. 4 :
Aristote 9 ; 11 ; 17-22 ; 25 ; 29 (n. 70) ; 49 ; 248 (n. 1), 254, 257, 259.
75 (théorie des nuages) ; 87 ; 93 ; 94 Énée de Gaza 185 (n. 70).
(n. 100) ; 95 ; 141 (n. 209) ; 141 (n. 209) ; Éphrem de Nisibe 23 (n. 47) ; 97 ; 144 ;
txt. 1 : 171 (n. 48) ; txt. 2 : 195 (n. 7), 285 ; 348-349 ; 367 ; 386.
196, 232 (n. 235) ; txt. 4 : 266 (n. 70) ; Épiphane 10 ; 34 (n. 93).
277-279 ; 332 ; 389 ; 392. Ératosthène 34 (n. 94) ; 43 (n.140).
Aristote (Pseudo-) 61 ; 93 ; 95-98 ; 141 (n. Euclide 9 ; 392.
209) ; txt. 1 : 171(n. 48), 196 ; 273; 288- Eudoxe de Cnide 115.
289; 290 (n. 62). Eusèbe de Césarée 11 ; 94 (n. 99) ; 136 ;
Atalya 18 ; 22 ; 30 ; 62 ; 87-88 ; 90-91 ; 146 ; 331 (n. 207) ; 348.
107 (n. 140) ; 140-142 ; txt. 1 : 154, 167, Galien 48 ; 53 ; 93 ; 99-100 ; 102-103 ;
170-171, 179-184, 186-188 ; 342 ; 350 ; txt. 2 : 195-197, 204 (n. 72), 216 ; 273
356-357 ; 360-363 ; 365-366 ; 375; 379 (n. 6) ; 275 ; 277-278 ; 333 (n. 221).
(n. 335) ; 390. Georges des Arabes 12 (n. 9) ; 14 (n. 15) ;
Athanase d’Alexandrie 11 ; 97. 20 ; 44 ; 64 ; 66 ; 92 ; 100 (n. 119) ; 107
Athanase de Balad 19 ; 20 (n. 34) ; 40 ; 48 ; (n. 142) ; 127-129 ; 136-137 ; 146 ; txt.
50 ; 55 ; txt. 1 : 171 (n. 48) ; txt. 4 : 249, 2 : 195 (n. 9), 202 (n. 58) ; 330 (n. 207) ;
266, 269. 331 (n. 211) ; 335 (n. 230) ; 340 ; 342 ;
Autolycos 392. 345 ; 347 ; 349 ; 354 ; 357-358 ; 368 ;
Bardesane 23 (n. 47) ; 44 ; 62 ; 64-66; 84 ; 380 ; 382.
95 ; 129 ; 342 ; 345 ; 347-350 ; 365-366 ; Gésius 49 ; 93.
368. Hypsiclès 392.
Bar Hebraeus 29 (n. 71) ; 61 ; 114 ; 138 ; Isidore de Séville 33 ; 391.
144 ; 147 ; 165 (n. 32) ; 201 (n. 51) ; 233 ; Jacques de Bartela 68 ; 393.
269 ; 273 ; 311 ; 331 (n. 209 et 213); Jacques d’Édesse 19 ; 87 (n. 86) ; 145 ; 271
332 ; 334 (n. 227) ; 340 ; 344-345 ; 353- (n. 2) ; 334 (n. 227) ; 335 (n. 230) ; 340 ;
354 ; 373 ; 375-376 ; 382 ; 393. 345 ; 368.
Basile (auteur de l’ Exposé sur la course de Jacques de Hesn 111.
la sphère céleste) 14 ; 63 ; 84-86 ; 342 ; Jacques de Saroug 328 ; 330 (n. 205) ; 333
365-366 ; 369 ; 387. (n. 220) ; 367.
Basile de Césarée 24 (n. 50). Jean Chrysostome 24 (n. 50) ; 97.
Basile de Chypre 47 (n. 154) ; 48 ; 50 ; 52 ; Jean le Stylite 129 ; 354 (n. 261).
56 ; 109 ; 122 (n. 179) ; 126-127 ; 132- Jean Philopon 24 (n. 50) ; 25 ; 28 (n. 68) ;
135 ; 137 ; 363-364 ; 368-369. 108 ; 116-117 ; 129 ; txt. 1 : 185 (n. 69 et
Ps.-Bérose 58 ; 62 ; 74 ; 76-81 ; 70) ; 285 (n. 51) ; 334 (n. 224).
Chaldéens 29-30 ; 44 ; 67 ; 87 ; ; ; txt. 1 : Ješua du village d’Anab (prêtre) 128.
181 ; txt. 2 : 201 (n. 51) ; 349 ; 356 ; Jésus fils de Noun 188 ; 393.
386 (n. 352). Justinien 36 ; 37 (n. 108) ; 51 ; 132.
Ménélaus 392

446
Index

Narsaï 367. Messahalla 117.


Pappus d’Alexandrie 392.
Paul d’Alexandrie 29 ; 38 ; 104-105 ; Rabbula 23 (n. 47) ; 286.
txt. 1 : 184 (n. 68) ; txt. 3 : 243, 244 (n. 5), Rufin le sage (Pseudo-) ou Rufinus 63 ; 79-
245 (n. 9), 246 (n. 14), 247 (n. 19) ; 384- 81 ; 283 ; 370 (n. 315) ; 377.
385. Sévérien de Gabala 23 (n. 48) ; 24 (n. 50) ;
Paul le Perse 17. 197 (n. 23).
Philippe Arrhidée (ère de) 35-36 ; 126 Stéphane d’Alexandrie 391.
(n. 185) ; txt. 4 : 254 (n. 24), 257 (n. 31), Stéphane de Djazira 19 ; 20 (n. 38 et 39) ;
259 (40). 40 ; 48 ; 50 ; 51-52 ; 53 (n. 167) ; 55-56 ;
Philoponoi 25 ; txt. 1 : 152, 185. 124-127 ; txt. 4 : 248, 251, 257 (n. 30),
Platon 9 ; 18 ; 29 (n. 70) ; 43 (n. 140) ; 95- 266 ; 281 ; 285 (n. 52) ; 326.
97 ; 189. Théodore Bar Koni 64 ;
Porphyre 19 ; 266 (n. 70). Théodore, évêque de Kark Juddan 48-49 ;
Proclus 18 ; 129. 53 ; 56 ; 100 ; 102 ; txt. 2 : 195, 241 ; 277.
Ptolémée (Claude) 18-22 ; 26-29 ; 31 ; 34 Théodore de Marw 103.
(n. 92) ; 36-40 ; 43 ; 45 ; 46 (n. 150) ; 62 ; Théodore de Mopsueste 11 ; 25 ; 97 ; 330
73 ; 87 ; 118 ; 126 ; 130 ; 136 ; 144-146 ; (n. 205).
txt. 1 : 154, 177 (n. 53), 184 ; txt. 2 : 202 Théodoret de Cyr 24 (n. 50).
(n. 59), 204, 233 ; txt. 3 : 244 (n. 6), 246 ; Théodose (auteur des Sphériques) 392.
txt. 4 : 258 (n. 36) ; 263 (n. 57), 264 (n. Théon d’Alexandrie 18-19 ; 20 (n. 39) ;
63) ; 275 ; 278-282 ; 284-285 ; 286 ; 287 26-28 ; 29 (n. 68 et 69) ; 31 ; 37 ; 39-41 ;
(n. 55) ; 314 ; 318 ; 326-328 ; 342 ; 350- 59 (n. 4) ; 106 ; 115-116 ; 135 ; 152 ; txt.
351 ; 356 ; 360 ; 364 ; 368 ; 383 ; 385 ; 1 : 156 (n. 14), 159 (n. 25), 165 (n. 32),
389-392. 177 (n. 53) ; txt. 3 : 246 (n. 15) ; 247 (n. 19
et 20) ; txt. 4 : 249-250, 251 (n. 3), 253,
256-257, 258 (n. 37), 259 (n. 41), 261 (n.
47 et 49), 262 (n. 53), 263 (n. 55-57), 264
, (n. 63 et 64), 265, 268 ; 275 ; 279-282 ;
287 ; 300 ; 301 ; 310 ; 314-315 ; 317-318 ;
328 ; 339 ; 383-385 ; 390
Théophraste 10.
Vitruve 115.
Zacharie le Scholastique 185 (n. 69 et 70).

Index des noms géographiques

Alep 59 ; 107 ; 143. Mar Hananya (monastère près de Mardin)


Alexandrie 11 ; 19 ; 21 ; 24 ; 40 ; 48 ; 287. 61 ; 111.
Alqoš 114. Méroé 34.
Antiochène 69. Mossul 147.
Borysthène 34. Qennešrin 12 ; 41 ; 50 ; 107 ; 120,
Chaldée txt. 1 : 181. Mardin 50 ; 61 ; 62 ; 107 ; 109 ; 111 ; 113.
Chypre 50. Mont Sinaï 59 ; 96 ;143 ; 145.
Djazira 40 ; 48 ; 51 ; 56 ; 125 ; txt. 1 : 152, Nisibe 24 ; 51 ; 88 ; 109-110 ; 113-114.
174 (n. 50), 187 ; txt. 4 : 249, 252, 270. 121 ; txt. 1 : 185 (n. 70), 186.
Édesse 51 ; 65. Rhodes 34.
Hellespont 34. Samarkand (observatoire de) 395.
Herat txt. 1 : 152, 174 (n. 50), 187. Syène 34.
Khorassan txt. 1 : 152, 174 (n. 50), 187. Uruk 20 (n. 37).

447
TABLE DES MATIÈRES

Remerciements 2
Système de translittération, symboles, sigles et abréviations 6

INTRODUCTION GÉNÉRALE 9
Présentation générale
I. Place et définition de la science astronomique dans les milieux
scholastiques syriaques 16
1. L’astronomie dans le cadre des études philosophiques 16
2. De la nécessité de distinguer astronomie et astrologie 21
3. Polémique entre chrétiens 24
II. Contenu scientifique des textes 26
1. Sources astronomiques utilisées par les astronomes syriaques 26
2. Les concepts astronomiques abordés 31
a. Référents spatiaux et temporels 32
- La mesure de l’espace 32
- La mesure du temps 34
b. Mouvements du soleil 38
c. Mouvements de la lune 39
d. Calcul des éclipses 40
e. Répartition et conjonction des planètes 42
f. Répartition des astres fixes 45
3. Les applications pratiques de l’astronomie syriaque 45
III. Particularités du corpus astronomique syriaque 47
1. Deux manuscrits, deux auteurs ? 47
2 . Auteurs, dates et lieux de rédaction 48
a. Sergius de Reš‘ayna 48
b. Sévère Sebokht 50
c. Stéphane, chartulaire de Djazira 51
3. Le genre épistolaire et didactique au service de l’astronomie 52

PREMIÈRE PARTIE : ÉTAT DES SOURCES


57
INTRODUCTION
58
LISTE DES MANUSCRITS
61
I. Passages astronomiques attribués à l’école bardesanite
64
Table des matières

A. Une liste des signes du zodiaque d’après l’école bardesanite 64


B. Extrait portant sur la conjonction des planètes 66
II. Un Traité astronomique et météorologique attribué au Pseudo-
Denys l’Aréopagite 67
1. Les manuscrits 67
e
a. BL Add. 7 192 [ancien cod. syr. 51] (f. 56v-65r, VII-VIII s.) 68
e
b. Paris BnF syr. 378 (fol. 69v-70v et 27r, XIII s.) 70
c. Mingana syr. 71 (f. 108v-112r) (XVIIe s.) 72
2. Édition / Traduction Kugener (1907) et Furlani (1917) 73
3. Études 74
III. Pseudo-Bérose, De la composition de la terre 76
1. Les manuscrits 76
e
a. Vat. sir. 217 (f. 84v-91r) (XVI s.) 77
b. Vat. sir. 555 (f. 46r-62v) (1501 apr. J.-C.) 78
2. Édition Levi Della Vida (1951) / Traduction (1910/13) 81
3. Études 82
IV. Basile, Traité sur la durée de révolution de chaque planète 84
1. Manuscrit Vat. sir. 516 (f. 26r-31r) 84
2. Étude 86
V. Traité sur la cause des éclipses de lune, anonyme 87
1. Manuscrit Paris BnF syr. 346, f. 51v-54r et 55v-60r 87
2. Édition et traduction 89
3. Études 89
VI. Extrait d’un Traité sur la cause des éclipses solaires, anonyme
(Paris BnF syr. 346, f. 54v-55r) 91
VII. Traités attribués à Sergius de Reš‘ayna 93
A. Le Περὶ κόσμου du Pseudo-Aristote 93
1. Les manuscrits 93
e
a. BL Add. 14 658 [ancien cod. syr. 987](f. 107v-122r) (VII s.) 93
b. Ms. syr. 14 du Couvent de Ste-Catherine (Mont Sinaï) ? 96
2. Édition Lagarde (1858) 97
3. Traductions 97
4. Études 98
B. Traité sur l’action de la lune 99
1. Le manuscrit BL Add. 14 658 (f. 141r-149v) 100
2. Édition Sachau (1870) 101

449
Table des matières

3. Études 102
VIII. Exemple au sujet du mouvement du soleil (traduction anonyme) 104
1. Le manuscrit BL Add. 14 658 (fol. 149v) 104
2. Édition / Traduction 105
3. Études 105
IX. Traités attribués à Sévère Sebokht 107
A. Traité sur l’astrolabe plan 108
1. Les manuscrits (3) 108
a. Berlin syr. 186 (ancien Petermann 26) (f. 82v-98r) (XVIe s.) 109
b. Paris BnF syr. 346 (f. 36v-51v) (1309 apr. J.-C.) 111
c. Ms. Mardin, église syriaque orthodoxe des Quarante
martyrs, syr. 553/13 (XVe s.) 113
2. Édition / Traduction Nau (1899) 114
3. Études 115
B. Traité sur les constellations 118
1. Les manuscrits 118
a. BL Add. 14 538 (ancien cod. syr. 863) 119
b. Paris BnF syr. 346 (f. 78r-121v) 121
2. Éditions partielles et traduction 122
3. Études 123
C. La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant 123
1. Manuscrit Paris BnF syr. 346 (f. 124v-127v) 124
2. Édition / Traduction 124
3. Études 126
D. La Lettre sur la conjonction des planètes 126
1. Les manuscrits 127
a. Paris BnF syr. 346 (f. 121v-124v) 127
b. BL Add. 12 154 [ancien cod. syr. 860] (VIIIe ou IXe s.) 128
2. Édition / Traduction 129
3. Études 129
E. Quatre chapitres sur les climats 130
1. Manuscrit : Paris BnF syr. 346 (f. 127v-136r) 130
2. Texte inédit 132
F. Lettre sur le XIV lunaire de nisan de la 19 année en l’an 976 des
e

Grecs, faut-il le compter le 5 ou le 6 de Nisan ? 132


1. Les manuscrits 132

450
Table des matières

a. Paris BnF syr. 346 (f. 136r-140r) 132


b. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 98v-102v) 133
2. Texte inédit / Études 134
G. La Lettre sur le cycle de 95 ans 135
1. Manuscrit : Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 103r-
105v) 135
2. Texte inédit 135
H. La Lettre sur la date de naissance du Christ
1. Les manuscrits 136
a. Paris BnF syr. 346 (f. 142v-145r) 136
b. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] 136
2. Texte inédit / Études 137
I. La Lettre sur l’origine de la science astronomique ( ? ) 137
1. Manuscrit : Paris BnF syr. 346 (f. 168v-171v) 137
2. Édition / Traduction 138
3. Études 139
J. Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes 139
conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil,
présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya ( ? ) 140
1. Manuscrit : Paris BnF syr. 346 (f. 172r à 177v) 140
2. Édition et traduction partielles 142
3. Étude 142
AU SUJET DE CERTAINS MANUSCRITS INEXPLOITÉS 143
BILAN 147

DEUXIÈME PARTIE : ÉDITION ET TRADUCTION DE TEXTES


ASTRONOMIQUES SYRIAQUES ANTÉRIEURS A 662 apr. J.-C. 149
TEXTE 1 : Traité sur la cause des éclipses de lune (anonyme) 150
[ms. Paris BnF syr. 346, f. 51r-60v]
I. Avertissement 151
II. Plan du traité 153
III. Édition et traduction du texte 155
IV. Éléments de commentaire 187
TEXTE 2 : Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune 190
[ms. BL Add. 14 658, f. 141v-149v]
I. Avertissement 190

451
Table des matières

II. Plan du traité 193


III. Édition et traduction du texte 195
IV. Justification des corrections apportées à l’édition de Sachau 234
TEXTE 3 : Exemple sur le mouvement en longitude du soleil (traduction
anonyme) [ms. BL Add. 14 658, f. 149v] 243
I. Avertissement 243
II. Édition et traduction du texte 244
TEXTE 4 : Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et
descendant [Paris BnF syr. 346, f. 51r-60v] 248
I. Avertissement 249
II. Plan de la lettre 251
III. Édition et traduction 252
IV. Éléments de commentaire 269

TROISIÈME PARTIE : ÉTABLISSEMENT DE CRITÈRES DE


DATATION ET APPLICATION AU CORPUS DES TEXTES
ASTRONOMIQUES SYRIAQUES 270
Introduction 271
Section I : Vérification des critères de S. Brock 276
1. Attitude des traducteurs 277
a. Sergius de Rešʻayna 277
Traité sur l’action de la lune 277
Traduction du De Mundo 278
b. Sévère Sebokht 280
2. Techniques de traduction 287
a. Séquences de traduction 289
- Sergius de Rešˁayna – 288
- Sévère Sebokht - 300
b. L’importance du signifiant 302
Les équivalents culturels 303
La traduction dite « en miroir » 308
Les translittérations 312
c. Les néologismes syriaques 329
Les adjectifs en –oyo 330
Les néologismes en –ono, onuto et onoit 333

452
Table des matières

d. Les connecteurs logiques 336


3. Bilan 338
Section II : application des critères de datation 342
1. Compositions attribuées à l’école bardesanite 343
a. Liste de signes zodiacaux 343
b. Extrait sur la conjonction des planètes (d’après ms. Paris BnF
syr. 346) 345
2. Manuscrit Paris BnF syr. 346 350
a. Une traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée 350
b. Traité sur les éclipses lunaires et solaires 356
c. Traité sur les révolutions planétaires… 360
d. Lettre adressée à Basile sur la conjonction des planètes 363
3. Manuscrit vat. sir. 516 : Traité sur la course ciel attribué à Basile 365
4. Manuscrit vat. sir. 555 369
a. Liste de signes zodiacaux 370
b. Le Livre d’Alexandre le grand 370
c. Traité sur la position des planètes 376
d. Traité sur les éclipses de lune 377
5. Application des critères de datation à deux textes édités 381
a. Passage sur les mouvements du soleil 381
b. Le Traité astronomique et météorologique attribué au Ps. 385
Denys l’Aréopagite
Bilan de l’application des critères de datation 387

CONCLUSION 389
LEXIQUE SYRIAQUE-FRANÇAIS 394
BIBLIOGRAPHIE 428
INDEX DES NOMS PROPRES 446
INDEX GEOGRAPHIQUE 447
TABLE DES MATIERES 448

453
Résumé

Quel rôle ont joué les érudits de langue syriaque dans


le maintien des traditions d’enseignement et de recherche
développées durant l’Antiquité sur le pourtour oriental de la
méditerranée et au Proche-Orient ? De quelle manière ont-ils
appréhendé et transmis les textes scientifiques produits à
Alexandrie entre le IIe et le Ve siècle apr. J.-C., textes
caractérisés par un haut niveau de technicité ? Cette thèse
cherche à répondre de façon méthodique à ces questions en
s’attaquant en particulier au cas de l’astronomie. La méthode
consiste à ne recenser que les textes astronomiques syriaques
produits avant la fin du VIIe siècle, à en éditer les témoins
majeurs, à les traduire et à confronter leur contenu
scientifique. La difficulté essentielle de cette enquête a résidé
dans le fait d’établir des critères de datation permettant
d’estimer la date de production des textes, lorsqu’ils étaient,
dans les manuscrits, anonymes ou faussement attribués.

Syriac Astronomical Texts (6th-7th AD) : Corpus of Texts


and Criteria of dating. Edition, Translation and Lexicon

Abstract

A very few astronomical texts are preserved in the Syriac


manuscripts collections of the occidental European libraries.
But some of them present an interesting content : their
testimonies bring us to note that between the 6th and the 7th
century, Syriac scholarship could progressively make a
considerable effort to understand high level astronomical
Greek texts (with a preference for the production of Ptolemy
and Theon of Alexandria) and to transmit the concepts in their
own language. Our demonstration is directly based on the
observation of the preserved texts : some of them are edited
and translated in that present work and we established some
datation criterion by using all of the known texts. The last
strong point of this work is the Syriac-French astronomical
lexicon, wich will enable, as we hope, the future edition and
translation of syriac astronomical texts.

Mots clefs Indexation Rameau : Astronomie antique – Terminologie – Sévère Sebokht,


traductions – Sergius de Reh ayna, traductions – Manuscrits – Édition critique – Littérature
antique – Grec (langue), traduction en syriaque – Astronomie grecque -– Littérature antique
– Littérature chrétienne orientale –

Discipline : Langues et Littératures Anciennes


École Doctorale LITTERATURES, CULTURES & SCIENCES SOCIALES
MRSH – 1er étage – Bureau 149 / BP 5186/ 14O32 CAEN CEDEX
 02. 31. 56. 61. 98 - Courriel : ed68.secretariat@unicaen.fr

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