Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
*
* *
5 3. Cf. Lettre XII, à Louis Me1er, Ap., III, pp. 1 5 0 sqq. ; voir plus bas,
Appendice n° 9, ·§ v.
54. Ibid., §§ XIII, XIV sqq.
5 5 . « Cujusque rei potentia sive conatus » , Eth., III, Prop. 7, Geb., II,
p. 146, 1. 26.
5 6. Descartes, Méditations, A. T., IX, pp. 1 3 - 14.
5ï. Eth., I, Geb., II, p. 77, 1. 30-34 et p. 78, 1. 1 -8, Ap., p. 1 03.
394 IDENTITÉ DE L 'ESSENCE ET DE LA PUISSANCE DIVINES
5 8 . « Finis Mundi est homo, hominis Deus. Ratio est, quia Mundus est
propter hominem, homo ipse et Mundus sunt propter Deum ; Deus enim
omnia fecit propter se :., Heereboord, Meletemata, éd. 1 665, Collegium phy
sicum, Disp. 4, art. 3 0, p. 16 b.- Formule de saint Augustin dont l'origine
est dans saint Paul, Cor., III, vv. 22-2 3 .
5 9 . Cf. Ethique, III, Prop. 2 e t Scolie, Ap., p . 2 0 3 , Lettre LVIII, Ap.,
III, p. 3 1 5 , Geb., IV, p. 266.
60. Saint Thomas, Contra Gentiles, III, 22 ; Commentarii Coll. Conimbr.,
Phys., II, cap. 2, quaest. 9, art. 2, 1 .
� 1 . Cf. saint Thomas, Conw4 Gen&;les, II, 2 3 , III, 2 et 3,
IDENTITÉ DE LA PUISSANCE ET DE L'ESSENCE DE DIEU 395
62. Sur cet Ü <!Tepov :1tp6'tepov, cf. Ethique, II, Prop. 1 0, Scol. ; voir
t. II, chap. 1••, § I.
63. « Ne facienda opera sua propter indigentiae necessitatem potius quam
per abundantiam beneficentiae Deus amare putaretur », saint Augustin, De
Gen. Lit., II, c. S. - Cf. saint Thomas, Sum. Theol., I" qu. 19, art. 2, ad
Resp., art. 5, qu. 44, art. 4 Resp. ; Contra Gentiles, III, 1 7 et 20, sub fin.,
7 0, 97 : « Ex his autem... » - Estius, Commentaires sur le maitre des
sentences, II, Dist. 1 ; Keckermann, Systema Logicae, Hianoviae, 1 606,
pp. 1 7 2 sqq. - Causalitas ergo finis in Deo respectu actionum et effec
tuum ad extra, ut loquuntur, consistit in eo, quod amore suae bonitatis effec
tum producat extra se. Et hoc sensu capiendum est hoc : Deus omnia fecit
propter se, non quod istis quae fecit indigeret (sic enim moveretur a fine
instar hominum) , sed ut rebus istis, quas fecit, suam bonitatem impertiret :
Quod Scholastici enuncian.mt hoç modo : Deus omnia fecit provrer fineiP.
396 IDENTITÉ DE L'ESSENCE ET DE LA PUISSANCE DIVINES
non indigentiae, sed assimilationis, qui est, quo agit quis, non ut sibi commo
dum quaeret, sed ut bene aliis faciat, quae sunt extra se, rebus », Heereboord,
Meletemata, II, Disp. 2 4, § 7, p. 2 7 0 a.
64. « Non enim hoc est [producere omnes effectus naturales} ex insuffi
centia divinae virtutis, sed ex immensitate bonitatis ipsius per quam suam
similitudinem rebus communicare voluit », saint Thomas, Contra Gentiles, III,
c. 70 ; cf. aussi c. 86.
6 5 . Saint Thomas, Sum. Theol., II•, qu. 1 32, art. 1 , ad. lm.
66. « Universa propter semetipsum operatus est Dominus », Prov. XVI,
4 ; saint Thomas, Sum. Theol., I", qu. 19, art. 2 ; etc.
67. Asylum ignorantiae, Ap., p. 1 1 1 , Geb., II, p. 8 1 , !. 1 1 ; cf. Theologico
Pol., chap. VI : « . . ridiculus sane modus ignorantiam profitendi », Geb.,
.
III, p. 86, !. 4.
68. Stupescunt, Ap., p. 1 1 1 , Geb., II, p. 81, !. 1 2 ; Stupor, Ap., ibid., Geb.,
ibid., !. 20, à rapprocher de « ut stultus admirari studet », Ap., ibid., Geb.,
ibid., 1. 1 7 . Appuhn traduit avec raison stupor par stupide étonnement, stupor
enveloppant une nuance de mépris qui apparaît dans l'adjectif stupidus. Stu
por ne figure pas dans la liste des passions examinées nommément par Spi
noza, mais celui-ci prévient qu'il ne les examine pas toutes, car elles
sont une infinité ; toutefois, stupor est à peu près synonyme d'admiratio,
c'est-à-dire d'étonnement, admiratio ayant étymologiquement ce sens (mirari,
racine de mirabilia, merveilles, de miracula, miracles, etc.) et le mot admira
tion étant au XVII' siècle synonyme d'étonnement, cf. Descartes, Traité des
Passions, II, art. 5 3 : qu'un objet soit jugé nouveau, ou différent de ce que
l'on supposait qu'il devait être, « cela fait que nous l'admirons et en sommes
étonnés », A. T., XII, p. 3 7 3 , !. 9- 1 0. Lorsqu'à l'admiration est jointe l'estime,
on a l'admiration au sens où nous entendons ce mot aujourd 'hui ; lorsqu'il
s'y joint un jugement dépréciatif, on a le mépris, cf. ibid., art. 54. Pour
Spinoza, I'admiratio naît de l'isolement d'un objet - non rattaché à d'au
tres. Lorsque, relié à ses causes, il cesse d'être isolé ou « singulier », nous
nions de lui tout ce qui peut être cause d'admiratio, d'amour, de crainte,
etc., et pensons moins à ce qu'il est qu'à ce qu'il n'est pas ; ainsi naît le
mépris (contemptus) , Ethique, III, Prop. 52 et Scolie. Dans le présent
Appendice, le mépris porte, non sur la chose suscitant à tort I'admiratio,
mais sur l'état du sujet (stupidus) en proie à cette admiratio injustifiée.
Plus loin, Spinoza dénonce la « sotte admiration » (ut stultus admirari stu-
IDEN'l'ITÉ DE LA PUISSANCE ET DE L'ESSENCE DE DIEU 397
qu'il n'est pas formé mécaniquement, mais par un art divin ou sur
naturel. Aussi tiennent-ils pour hérétiques et pour impies tous ceux
qui cherchent les vraies causes des miracles et qui, s'appliquant à
connaître la nature en savants, détruisent, en même temps que l'igno
rance, ce « stupide étonnement » sur lequel ils fondent leur raisonne
ment et leur autorité.
3 ° C'est parce que les hommes se croient libres qu'ils ont conçu les
notions de louange et de blâme, de péché et de mérite 69• En outre,
persuadés que tout dans la Nature est fait pour eux, ils l'interprètent
selon les concepts de bien et de mal, d'ordre et de confusion, de
chaleur et de froid, de beauté et de laideur. Ces concepts ne font
pourtant qu'exprimer les affections de notre corps, telles que nous
les livre l'imagination, et non la Nature en soi, telle que nous la
révèle l'entendement. Modes de l'imagination pris pour ceux de l'en
tendement, ils sont moins des entia rationis que des entia imagi
nationis. Ainsi, on appelle bon ce qui est utile à la santé et au culte
de Dieu ; mauvais, le contraire ; ordre 10, une disposition de nos repré
sentations sensibles favorable à l'exercice aisé de l'imagination et de
la mémoire ; confusion, le contraire. Dire que Dieu a tout fait avec
ordre, c'est donc, en fait, ou lui attribuer une imagination, ou sup
poser qu'il a tout disposé pour la commodité de la nôtre, alors qu'en
réalité une infinité de choses la dépassent et même confondent sa
faiblesse. Semblablement, on appelle beaux les objets qui émeuvent
le nerf optique d'une façon qui convient à la santé, laids ceux qui
font le contraire. D'une façon générale, toutes les qualités sensibles,
converties en propriétés des choses, sont conçues en même temps
comme des valeurs hédoniques, esthétiques ou éthiques constituées
par ces choses mêmes. Cependant, la diversité des complexions cor
porelles faisant que les mêmes affections ne sont pas également favo
rables, donc agréables, à tous, la valeur des choses varie avec chacun.
Preuve supplémentaire que ces valeurs ne sont pas perçues par l'en
tendement, identique en chacun, et qu'elles sont étrangères à la nature
des choses.
Toutefois, il faut bien marquer que le dessein de Spinoza n'est
pas tant ici de démontrer la subjectivité de ces notions que d'établir
qu'elles ont leur source dans la croyance finaliste des hommes. Ce
n'est pas seulement du fait qu'ils attribuent aux choses des qualités
purement subjectives (imaginatives) qu'ils décrètent la beauté et la
laideur des objets ; c'est patce qu'ils jugent d'eux d'après ce qui est
utile à leur corps, et qu'ils sont, de ce fait, amenés à en juger d'après
les manières d'être de leur imagination et non d'après les idées de
leur entendement. D'où le scepticisme : autant de têtes, autant d'avis.
D'où le rôle rectificateur de l'entendement qui rétablit entre les
hommes l'accord unanime en substituant les rapports mathématiques
aux relations de finalité.
A partir de là se réfutent aisément maintes objections familières
de la théologie. Si, dit-on, la Nature suit nécessairement d'un Dieu
tout patfait, d'où vient qu'il y ait en elle tant d'imperfections ? En
réalité, c'est là prendre pour des défauts ce qui n'en est pas, estimer
la perfection des choses, non pat leur nature et leur puissance, mais
par leur disconvenance ou leur convenance à 1' égatd de notre propre
complexion 71• Pourquoi Dieu n'a-t-il pas fait les hommes tous éga
lement gouvernés pat la raison ? Patce que, devant produire l'infinité
des choses concevables par un entendement infini, il devait produire
toutes choses depuis le plus haut jusqu'au plus bas degré de perfec
tion, les lois de la Nature s'étant trouvées assez amples pour suffire
à la production de tout ce que pouvait concevoir un tel enten
dement.
*
* *
7 1 . Cf. aussi Court Traité, I, chap. 6, § § 6 et 7, pp. 82-8 3 , qui exp lique
le jugement d'imperfection par la comparaison des choses réelles avec ces
fantômes que sont les idées générales.
7 2 . Descartes, Entretien avec Burman, A. T., V, p. 1 5 8.
7 3 . JV• Médit., A. T., VII, p. 5 5 , 1. 1 9-26, Principes, III, art. 3 .
7 4 . A Chanut, 6 juin 1 647, A.T., V, pp. 5 3-54.
75. Quintae Resp., VII, p. 3 74, !. 2 0-2 1 , Principes, 1, art. 24.
76. Q11inlae Resp., VII, pp. 3 74-3 7 5 , Principes, 1, art. 28, A H'JPeras
pis.ies, août 1 645, A. T., III, pp. 4 3 1 -432.
I DENTITÉ DE LA PUISSANCE ET DE L 'ESSENCE DE DIEU 399
7 7 . VI' Méd., A.T., VII, pp. 82 -83, Principes, I, art. 7 0-7 1 , Sextae Resp.,
A.T., VII, pp. 438-439, A Elisabeth, 25 mai 1 643, III, pp. 665 sqq.,
2 8 juin 1 643, pp. 690-695 , etc.
78. Entretien avec Burman, A. T., V, p. 1 66.
79. Ibid., p. 1 5 8.
80. Cf. Gueroult, Descartes selon l'ordre des raisons, t. II, pp. 146, 1 7 7.
81. IV' Méd., A.T., VII, p. 55, l. 2 6, IX, p. 44 (le texte français ajoute
« impénétrables ») ; Quintae Resp., VII, pp. 3 74-3 7 5 .
82 . A Chanut, 6 juin 1 647, A . T., V, pp. 5 3-54.
400 IDENTITÉ DE L 'ESSENCE ET DE LA PUISSANCE DIVINES
8 3 . VI' Méd., A.T., VII, pp. 8 7 -89, IV' Méd., pp. 5 5 - 5 6, p. 6 1 , I. 1 7 -26.
Cf. Gueroult, Descartes selon l'ordre des raisons, t. 1, pp. 3 1 8-3 1 9, t. Il,
pp. 1 5 0- 1 5 6, 2 1 0.
84. Cf. Descartes selon l'ordre des raisons, t. Il, chap. XVI, pp. 1 5 9- 1 63,
175-177.