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Jean-Paul Droz
Septembre 2008
Sommaire .......................................................................................................... 2
Introduction ....................................................................................................... 4
1. Présentation du chantier ................................................................................ 6
1.1 La Fondation pour la formation universitaire à distance........................................6
1.2 La formation de formateur d’adultes ....................................................................6
2. La question théorique..................................................................................... 8
2.1 La compétence en entreprise ...............................................................................8
2.2 La compétence dans le champ de la formation ................................................... 13
4. Analyse et discussion.................................................................................... 56
4.1 Méthodologie : critiques et limites ..................................................................... 56
4.2 Analyse catégorielle........................................................................................... 59
4.3 Commentaires ................................................................................................... 67
5. Préconisations.............................................................................................. 70
5.1 Proposition 1 ..................................................................................................... 70
5.2 Proposition 2 ..................................................................................................... 71
5.3 Proposition 3 ..................................................................................................... 71
5.4 Proposition 4 ..................................................................................................... 72
5.5 Proposition 5 ..................................................................................................... 72
6. Conclusion.................................................................................................... 74
Bibliographie ................................................................................................... 76
Sitographie ...................................................................................................... 78
2
3
INTRODUCTION
Du fait d’un cahier des charges en lien avec l’ingénierie de formation, notamment
l’analyse des besoins en formation, la réalisation, la conception et l’évaluation des
actions et de dispositifs de formation1, l’opportunité de prendre cette formation
comme un lieu d’enquête et d’intervention a rejoint nos priorités professionnelles.
1
Voir Annexe p. 80 pour l’intitulé de la mission
4
tacites mis en œuvre pour résoudre des situations problèmes qui jalonnent un
parcours de formation (Schön, 1994).
Nous appuyant sur les résultats de l’enquête issus de l’analyse des données
collectées, nous formulerons finalement plusieurs préconisations en direction du
dispositif de formation.
5
1. PRÉSENTATION DU CHANTIER
La filière de formation sur laquelle est axée la présente recherche est la seule
filière non universitaire de la fondation. Il s’agit d’une formation continue
professionnelle, la formation de formateur d’adultes, menant au brevet fédéral de
formateur d’adultes. Cette formation modulaire n’est pas sanctionnée par un
examen final : des activités qualifiantes destinées à évaluer les acquis des
participants valident le parcours de formation.
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www.fernuni.ch
6
connaissances par les situations qu’ils expérimentent: ils sont acteurs de leur
formation. Selon ce paradigme, l’apprentissage prend ses racines dans les
expériences sociales et perceptuelles que vit un individu. C’est pourquoi le
contexte d’apprentissage revêt ici une importance majeure.
3
http://www.alice.ch
4
Voir http://www.alice.ch/001alc_02050101_fr.htm pour un exemple de directives et profil de
compétences.
7
2. LA QUESTION THÉORIQUE
Emergeant dans les années 1970, le terme de compétence apparaît dans les
débats entre les partenaires sociaux pour mettre en question les relations de
subordinations hiérarchiques et revendiquer le rehaussement du statut des
salariés, dont les performances ne doivent plus être considérées comme
uniquement dépendantes des prescriptions mais aussi liées à des compétences
personnelles.
Dès les années 1980, la complexification des situations de travail en lien avec des
exigences accrues de compétitivité produisent de nouvelles organisations du
travail dans lesquelles les compétences individuelles sont valorisées. Si
jusqu’alors tout le monde semble s’entendre sur la notion de compétence, les
nouvelles règles du jeu de la concurrence bousculent ce consensus. L’évidence
sémantique contenue dans la notion éclate. Cette dernières ne fait plus
l'unanimité. Elle est remise sur le métier.
8
Le Boterf s’interroge : « les entreprises et les organisations se sont toujours
souciées des compétences mais ce n’est plus de la même compétence dont elles
ont besoin… De quel concept de compétence les entreprises ont-elles
besoin ? » (Le Boterf, 2008, p. 18), ou selon l’intitulé d’un chapitre de son ouvrage
en référence: « De quelle représentation de la compétence a-t-on besoin ? »
(ibidem, p. 53).
9
En sus d'être plastique, la notion de compétence est l'interface d'une dimension
individuelle et collective. Sont mobilisées, quand on est compétent, non seulement
des ressources personnelles comme les différents savoirs incorporés
(connaissances, savoir-faire technique, méthodologique, relationnel, capacités
cognitives, bagage expérientiel…), mais également les « ressources
environnementales partagées » (ibidem, p. 62), telles que les outils d’aide, les
réseaux de coopération, la veille externe (séminaires, salons professionnels…).
10
d’imagination et d’inventivité, en vue d’une réponse adaptée à un événement. Elle
est couplée à la responsabilité de domaines à assumer.
L'organisation est ainsi vue comme un « assemblage souple de sujets pris dans
les filets... de leurs initiatives et rôles respectifs» (ibidem, p. 61).
11
Zarifian propose une démarche de mise en œuvre de ce modèle, documentée par
des exemples issus de son expérience. Plusieurs conditions doivent être réunies.
La troisième condition revient à analyser les situations de travail, avec les salariés
et leur hiérarchie, afin d'identifier les compétences mobilisées et mobilisables. Il
s'agit de décrire l'existant et d'anticiper ce qui va émerger en matière d'évolution
des compétences, en vue de produire, quatrième condition, des référentiels de
métiers, métier étant pris au sens sociologique - et non corporatiste - de
communautés d'action.
Zarifian précise que l'application de son modèle dépasse le cadre strict d'une
entreprise si l'on considère le développement des compétences comme des
séquences organisées en une chaîne d'apprentissages. Celle-ci commence par
l'acquisition de routines professionnelles, se poursuit avec la mise en question de
ces routines par une réponse actualisée aux événements, puis par une inventivité
décalée d'avec le travail ordinaire et la découverte de champs nouveaux, suivie
par une démarche de réflexivité sur l'action produite avec au final une situation
formative caractérisée par la mise en forme d'un savoir acquis transmissible.
12
2.1.3 CONCLUSION
Pierre Gillet (Gillet, 1998) s'inscrit dans le débat sur la légitimité de l'importation,
dans le domaine de la formation, d'un concept issu de la psycholinguistique avec
Chomsky (1969). Ce dernier oppose la compétence linguistique - assimilable à un
système intériorisé de règles de productions langagières - à la performance,
actualisation de la compétence dans une situation de communication. Sans renier
l'invariant jugé utile dans les sciences de l'éducation d'une « inférence de
l'extérieur vers l'intérieur, du visible à l'invisible, et surtout de la perception d'un
virtuel, d'un possible et l'effectif» (Gillet, 1998, p. 25), Pierre Gillet veut défendre
l'autonomie d'un langage de la formation, un langage outil en ce qu'il « émerge des
pratiques, divergentes, innovantes, dont les acteurs tentent la rationalisation»
13
(ibidem, p. 28). Le champ épistémologique du langage outil est praxéologique: le
savoir qui s'y développe est un savoir de l'action, un savoir de la « praxis ».
La praxéologie fournit des outils pratiques pour amener des personnes en situation
professionnelle ou en formation à réfléchir « dans » et « sur » leur action.
Elle est entendue comme « une démarche construite (visée, processus, méthode)
d'autonomisation et de conscientisation de l'agir dans son histoire, dans ses
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pratiques quotidiennes, dans ses processus de changement et dans le mesure de
ses conséquences» (Roucoules, 2004) 6.
La science action veut aider le praticien à mettre à jour le savoir à l'œuvre dans
son action, à découvrir la théorie tacite pratiquée, pour accroître l'efficacité de ses
interventions et développer un modèle d'intervention sur mesure (St-Arnaud,
6
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15
2001). En même temps que de se construire une légitimité dans le champ
scientifique, l'approche praxéologique veut permettre aux praticiens de s'engager
dans une démarche d'autoperfectionnement, de mieux prendre conscience de leur
identité et de se réinventer comme professionnels.
mû par son expertise, le professionnel pose des actes, entreprend des actions
et évalue les situations de façon spontanée la plupart du temps;
il est souvent incapable de décrire le savoir mis en œuvre dans son action
(Schön, 1994).
L'acte professionnel n'est pas le produit d'un pur automatisme. Il est issu « d'un
jugement professionnel, d'une décision qui résultent d'une réflexion dans l'action »
(Perrenoud, 2001) 7.
Un extrait d’un roman de Philippe Labro, « Frantz et Clara » (Labro, 2006), cité
dans le cadre d'un séminaire8 illustre l'approche réflexive:
7
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8
« Les pratiques réflexives », conférence d’Armelle Balas-Chanel, 6 mars 2008, Besançon
16
dangereux qu’ils vont entamer. Clara procède de la même façon mais, si l’on peut
dire, après la course » (Labro, 2006, p.123).
La réflexion sur l'action amène le praticien à adopter une posture réflexive dans
l'action. L'inverse est aussi vrai puisque la réflexion en cours d'action laisse en
suspens des questions difficilement traitables immédiatement, qu'il sera possible
d’aborder ultérieurement « à froid ». Encore convient-il de préciser que la réflexion
en cours d'action n'est pas de celle qui paralyse l'action, mais plutôt de celle qui
régule l'action et engage le praticien dans une activité de recherche. Certaines
caractéristiques d'une situation favorisent le déclenchement d'une démarche de
recherche, comme des moments de « forte présence », des moments « évolutifs »
(De Cock, 2007), par une conversation réflexive avec la situation, dans une
critique en temps réel de l'immédiat, dans une appréciation de la pertinence des
savoirs intuitifs déployés pour traiter la situation. L’effet de surprise tend elle aussi
à provoquer l’attitude réflexive, par exemple « si une exécution intuitive provoque
des surprises, qu’elles soient agréables, prometteuses ou mauvaises, on pourra
réagir en réfléchissant en cours d’action » (Schön, 1994, p. 84).
La réflexion sur l'action est une activité de recherche dans un contexte pratique,
qui ne dépend pas des catégories issues de théories scientifiques déjà données.
Elle est compatible avec toute situation institutionnelle ou non de formation car elle
permet au praticien d'induire et construire une nouvelle théorie à partir de ses
expériences particulières pour améliorer sa pratique (Schön, 1994).
17
2.2.2 L’APPROCHE SITUÉE DE LA COMPÉTENCE
Dans l’APC, la compétence est agie et vécue en situation, car elle se développe
dans l’action et en situation. Elle est une mise en œuvre d’un ensemble de
ressources diverses mais coordonnées et repose « sur le choix, la mobilisation et
l’organisation de ces ressources et sur les actions pertinentes qu’elles permettent
pour un traitement réussi de cette situation » (ibidem).
9
Voir à ce sujet: http://www.ore.uqam.ca/accueil.asp
10
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activités pouvant y être menées. Les ressources nécessaires et utiles au
développement des compétences en situation doivent aussi être répertoriées
(Jonnaert, 2006). Ce type de démarche se veut être une réponse à la question
guidant l’APC : que ferait telle personne pour traiter avec compétence ce
problème, cette situation ; de quelles ressources devrait-elle disposer ?
Est proposée dans cette optique une matrice de l’agir compétent pour réaliser un
programme de développement des compétences. Trois sections composent la
matrice : le cadre situationnel définissant le champ d’exercice et de constitution de
la compétence, l’agir compétent soit des classes d’actions exemplifiées par des
activités, l’ensemble des ressources sur lesquelles se fondent les activités
(ibidem).
3. elle est fondée sur les actions menées par une personne.
11
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Le critère à l’aune duquel est évaluée la connaissance n'est pas dépendant de son
degré de proximité à une vérité professée mais à sa traduction efficace dans une
situation. Ce critère de « viabilité » de la connaissance est vérifié par la réponse à
la question: la connaissance élaborée fonctionne-t-elle en situation?
2.2.2.1.1 LA SITUATION
12
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Aborder la compétence sous l’angle situationnel nécessite une clarification de ce
qui est entendu par « situation ». Selon Masciotra, une situation est « l’ensemble
des circonstances dans lesquelles se trouve une personne. Du point de vue de la
personne, une situation lui apparaît telle qu’elle l’appréhende, la perçoit, la
problématise en vue d’y faire quelque chose ou d’en faire quelque chose »
(Masciotra, 2007)13. Pour Jonnaert, une situation est un « tout contextuel »
assimilé à un champ d’activités définies par les relations interactives d’une
personne avec son environnement (Jonnaert, 2007). La situation n’existe pas en
dehors de la personne et de ce qu’elle en fait.
S’engager dans une situation et s’y investir est corrélatif de la mobilisation d’un
ensemble de ressources internes et externes à la personne. Pour comprendre
l’agir compétent situé, les ressources doivent être vues comme pouvant être
mobilisées de façon efficace pour améliorer la situation, résoudre un problème,
relever un défi, solutionner une question ou s’adapter à un environnement. Une
ressource n’est ressource qu’à cette condition. Ce qui importe ici, ce ne sont pas
les connaissances que l’on a mais ce que l’on peut en faire dans une action.
Les ressources sont potentielles. Elles peuvent être utilisées ou non par la
personne. Elles sont latentes. « Il s’agit d’un ensemble très vaste de ressources
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21
qu’une personne apprend à utiliser en situation à travers son expérience »
(Jonnaert, 2004)15.
15
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Les ressources matérielles sont les moyens matériels, tels que livres,
ordinateurs... Un objet disponible dans un dispositif de formation ne
deviendra ressource que si son utilisateur le manie de telle sorte que son
utilisation contribue à l’amélioration de la situation. Comme exemple et
contre-exemple, mentionnons qu’un « crayon est une ressource pour
l’écrivain mais pas pour l’illettré » (ibidem).
2.2.2.1.3 L’ACTION
Aux notions de situation et de ressources doit être jointe celle de l’action entreprise
pour construire des compétences. L’action permet l’articulation et le déploiement
des ressources dans une situation. Masciotra (2006) prend l’exemple de l’action
du jongleur dans une situation de jonglerie. Sans l’action du jongleur, il n’y a pas
de situation de jonglerie. La situation est générée par l’acte. « Les actions du
jongleur et la circulation des balles sont constitutives de la personne-en-situation,
ils forment un même système complexe, un couplage structurel que Varela (1989)
traduit par le terme « énaction ». Dans le couplage structurel, l’esprit et le monde
sont inséparables : ils ne s’opposent pas, ils se composent mutuellement »
(Masciotra, 2006)17.
Par le concept d’énaction, Varela entend réconcilier les sciences cognitives avec
l’expérience humaine. Est mis en question le présupposé qui postule que « la
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23
cognition consisterait en la représentation d’un monde indépendant de nos
capacités perceptives et cognitives » (ibidem, p. 23).
Varela adopte une voie moyenne entre le paradigme objectiviste et réaliste selon
lequel la cognition est la reconstitution d’un monde prédonné et le paradigme
subjectiviste et idéaliste postulant que la cognition est la projection d’un monde
intérieur prédonné.
La cognition est pour Varela une « action incarnée » car l’esprit est présent dans le
corps qui le produit. Le mot « incarné » souligne que la cognition « dépend des
types d’expérience qui découlent du fait d’avoir un corps doté de diverses
capacités sensori-motrices … (lesquelles) s’inscrivent dans un contexte
biologique, psychologique et culturel plus large » (ibidem, p. 234). Le mot
« action » signifie que « les processus sensoriels et moteurs, la perception et
l’action sont fondamentalement inséparables dans la cognition vécue » (ibidem).
La compétence est énactée car elle repose sur sa mise en œuvre par la personne
dans une situation d’action.
24
tant que « pouvoir d’adaptation », est proche de la réflexion en action et sur
l’action, ces caractéristiques du praticien réflexif dégagées par Schön.
Construire la situation, comme déjà évoqué, consiste pour une personne à investir
une situation, à s’y investir, en tant qu’acteur et auteur, pour la produire, et ce, à
tous les instants de l’action. Se positionner dans la situation relève d’une prise
d’initiative, de la manifestation, de la part de l’acteur, d’une intention de prise en
charge de la situation. La transformation d’une situation est « un pouvoir de
réaliser une activité exécutive » (ibidem).
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3. PRÉSENTATION DE L'ENQUÊTE
3.1 MÉTHODOLOGIE
Pour révéler les savoirs tacites à l'œuvre dans le traitement des situations –
certaines des activités qualifiantes du dispositif de formation - des entretiens semi-
directifs ont été menés à partir d'une grille de questions et d'analyse s'inspirant des
travaux de Masciotra sur la compétence comme pouvoir adaptatif aux situations
nouvelles (Masciotra et Medzo, 2006)19.
2. transformer la situation ;
19
Voir annexe p. 81
26
A chaque pouvoir correspondent des catégories qui définissent des traits
sémantiques communs, en référence desquels les informations collectées sont
considérées comme significatives pour créer des classes d’éléments.
Un entretien avec une participante d'un autre module que celui retenu pour la
recherche a validé la liste des questions-guides, en fonction de différents critères :
27
intelligibilité : les questions sont-elles compréhensibles ?
Les cinq personnes contactées sur les neuf du groupe de formation ont accepté de
participer à cette recherche. Le panel se compose de trois femmes sur cinq et de
28
deux hommes sur quatre. Une seule personne est en première inscription pour ce
module de formation, ce qui signifie que toutes les autres personnes, dont celles
interviewées, sont familiarisées avec ce dispositif hybride, puisqu’elles ont suivi
auparavant un ou deux modules de cette formation.
ère
F4 50-55 Licence en Lettres Enseignante 1 insc.
29
3.1.4 ACTIVITÉS SUR LESQUELLES ONT PORTÉ LES ENTRETIENS
Les activités que les participants doivent accomplir et sur lesquels ils sont évalués
sont destinés à aider ceux-ci à atteindre leurs objectifs d’apprentissage et les
objectifs de formation. Trois types d’activités sont proposés aux participants, des
activités d’intégration, des activités de synthèse et de transfert, et des activités de
forum :
Les informations recueillies ont été soumises à une analyse sélective par une
opération de codage. Celle-ci « consiste à accoler à une marque à un matériel. Le
but du codage est de repérer, d’ordonner, de condenser pour, ensuite, effectuer
des calculs qualitatifs ou quantitatifs… L’élément codé est toujours une unité de
30
sens » (Van der Maren, 2004, p. 432). Coder c’est transformer des données
brutes, celle obtenues dans les entretiens, par découpages, agrégations et
dénombrement pour aboutir « à une représentation du contenu, ou de son
expression, susceptible d’éclairer l’analyste sur les caractéristiques… (des
données recueillies) » (Bardin, 2007, p. 134).
Pour traiter les données recueillies lors des entretiens, nous avons retenu comme
critères de détermination des unités d’analyse le cadre conceptuel prédéfini.
En vue de constituer les données, nous avons donc dressé, à partir de la définition
du cadre conceptuel, le « contour de l'objet, ses frontières, afin que les résultats de
la recherche puissent le remplir » (Van der Maren, 2004, p. 428). Notre liste des
questions de recherche a ainsi fourni des catégories, des critères et des unités
d’analyse. Dès lors, « tous les passages (de l’entretien)… qui comportent une
information correspondant à une de ces rubriques … (ont été) considérés comme
significatifs et retenus comme unités à analyser » (ibidem, 2004, p. 429).
31
Le croisement des catégories, leurs mises en relation permettent d’obtenir « une
mise en forme parlante, visible en un coup d’œil, manipulable, d’un ensemble
d’événements ou de faits » (Van der Maren, 2004, p. 450) qui est comprise comme
une explication de la relation entre l’approche praxéologique et la construction de
compétences dans un dispositif hybride de formation.
Le tableau ci-dessous présente les activités choisies par les participants, sur
lesquelles ont porté les premiers entretiens : Quatre personnes ont choisi une
activité d’intégration. Aucune n’a choisi une activité de synthèse ou de transfert.
Une personne a choisi une activité forum. L’interview pour cette dernière personne
a porté sur la 1ère phase de l’activité, à savoir la réalisation individuelle d’un budget
de formation, avant sa mise en ligne pour la soumettre aux autres participants, en
vue de modifications, de corrections ou de réajustements.
32
Le tableau qui suit présente le découpage des entretiens en unités de sens par
rubriques et selon les catégories prédéfinies. Ces résultats seront ensuite
commentés.
33
34
35
36
37
3.2.1 CATÉGORIE « CONSTRUIRE LA SITUATION ET S’Y POSITIONNER»
L’unité de sens Sens attribué est repérée dans trois entretiens sur les cinq, chaque
fois deux fois par les mêmes individus. Pour F3, le sens attribué à l’activité se
résume à la facilité à la réaliser : « elle me semblait facile à réaliser... elle me
paraissait facile à faire » (deux occurrences, soit 10.5%). Pour H1, l’activité choisie
fait sens en ce qu’elle va lui servir ultérieurement : « Est-ce que ça va me servir...
Que ça me serve et que j’y trouve un intérêt » (deux occurrences, soit 8.7%). H2
attend de l’activité qu’elle lui ouvre de nouvelles perspectives professionnelles (deux
occurrences, soit 8.3%).
38
3.2.1.4 CRITÈRE « STRATÉGIE MISES EN ŒUVRE AVANT LA SITUATION »
L’unité de sens Stratégie préparatoire est repérée chez deux individus. Avant
d’entreprendre l’activité, F2 s’est fixé l’objectif «d’absolument rendre une première
activité... de façon à garder un rythme... après c’est très difficile de terminer son
travail » (deux occurrences, soit 5.7%). Pour H1, la stratégie de préparation consiste
à lire dans un premier temps ce qui est proposé dans une approche intuitive de la
situation puis de « vérifier si j’ai quelque chose à dire là-dessus » (une occurrence,
soit 4.3%).
L’unité de sens Ressources conatives apparaît chez tous les individus sauf chez
F3. F1 (deux occurrences, soit 9.5%) et H1 (une occurrence, soit 4.3%) manifestent
de l’intérêt pour l’activité entreprise, F2 également en sus d’une autodiscipline et
d’une rigueur évoquées (trois occurrences, soit 8.6%). H2 mentionne deux fois que
l’activité lui tenait « à cœur » et deux fois qu’il était « serein» (quatre occurrences,
soit 16.7%).
39
3.2.2.2 CRITÈRE « UTILISATION DE RESSOURCES EXTERNES »
Le Matériel externe a été mobilisé par trois individus. Pour F1, cela a consisté à
aller chercher des questionnaires dans d’autres institutions (deux occurrences, soit
9.5%), pour F3 à recourir à son cahier de charges pédagogique lié à sa profession
(une occurrence, soit 5.3%), pour H1 à se replonger dans « de vieux cours de
comptabilité » (une occurrence, soit 4.3%).
Trois personnes ont eu recours aux TIC hors dispositif. F1 a été « un peu sur
internet » et a correspondu par messagerie électronique (deux occurrences, soit
9.5%). H1 a fait des recherches sur internet (deux occurrences, soit 8.7%) et H2 a
trouvé sur internet, notamment sur des sites spécialisé et Wikipédia, sa « deuxième
source d’information » (une occurrence, soit 4.2%).
Quant aux TIC dispositif, soit Moodle, une seule personne s’y réfère, mais de
façon assez vague : « Je suis aussi... régulièrement sur Moodle » (une occurrence,
soit 4.2%).
40
3.2.2.3 CRITÈRE « UTILISATION DE RESSOURCES HUMAINES »
Deux personnes ont sollicité des RH hors dispositif pour réaliser leur activité. H1 le
mentionne deux fois, la première en référence à des discussions informelles : « j’en
ai parlé à droite et à gauche», la deuxième en référence à des amis « qui sont aussi
dans la formation » (deux occurrences, soit 8.7%). H2 a soumis son travail réalisé à
sa femme : « lorsque je fais un travail, je le fais relire à ma femme » (une
occurrence, soit 4.2 %). A noter que seuls les hommes ont eu recours à ce type de
ressources.
Tout le monde recourt à des Procédures identifiées : quatre occurrences chez F1,
soit 9.5% ; cinq occurrences chez F2, soit 14.3% ; 6 occurrences chez F3, soit
21% ; une occurrence chez H1, soit 8.7% et trois occurrences chez H2, soit 12.5%.
41
3.2.2.5 CONCLUSION SUR CETTE CATÉGORIE
Une seule unité de sens, Recul réflexif opéré, compose cette catégorie. Pour F1,
le recul réflexif consiste à trouver positive l’action réalisée : « je l’ai trouvé positif
pour moi d’avoir fait des recherches... ça m’a aussi été positif pour l’entrée en
matière du DM3... » (deux occurrences, soit 9.5%). Pour F2, chaque manifestation
de l’activité réflexive est initiée par la même formulation : « ça – l’activité m’a permis
de ... » (quatre occurrences, soit 11.4%). Chez F3, quatre unités de sens relatives
sont dégagées (21%) : la première est en lien avec des avantages que cette
personne évoque ; deux unités se distinguent par le recours à trois reprises du
qualificatif satisfait ou insatisfait, deux autres, dont une croisée avec l’une des unités
précédentes, se réfèrent à la compétence. Chez H1, deux occurrences sont
manifestées en lien avec cette unité (8.7%). Cette personne est la seule du panel à
s’octroyer la possibilité d’avoir procédé à un traitement incomplet de la situation : « Il
est possible que j’ai complètement occulté un aspect. » H2 estime avoir procédé de
façon adéquate et optimum dans les trois occurrences (12.5%).
Le tableau ci-dessous présente les activités choisies par les participants, sur
lesquelles ont porté la seconde série d’entretiens : Deux personnes ont choisi une
42
activité d’intégration, deux autres personnes se sont impliquées dans une activité
forum. Comme précisé plus haut, F2 n’a pas rendu sa deuxième activité.
Le tableau qui suit présente le découpage des entretiens en unités de sens par
rubriques et selon les catégories prédéfinies. Ces résultats seront ensuite
commentés en mettant en évidence les points de convergences et les points de
divergences par rapport à la première série d’entretiens.
43
44
45
46
3.3.1 CATÉGORIE 1 « CONSTRUIRE LA SITUATION ET S’Y POSITIONNER»
L’unité de sens Sens attribué est repérée chez tous les participants dans cette
seconde série d’entretiens (avec une moyenne de 14.8 % par rapport aux
occurrences globales), alors que dans la première série elle est présente chez trois
participants sur cinq (avec une moyenne de 9.2%). Cette unité est donc plus
présente dans la seconde série d’entretien.
Pour F1, chez qui cette unité de sens n’a pas été repérée dans le premier entretien,
l’activité est un lien avec des découvertes : « C’est tout à découvrir... en voyant de
nouvelles choses » (deux occurrences, soit 10% des occurrences)
F3 a porté son choix d’activité en rapport avec une carence identifiée au niveau de
sa profession (trois occurrences, soit 15.8%), alors que dans le premier entretien, le
motif ayant guidé son choix était la facilité d’exécution.
Pour H1 (deux occurrences, soit 8.3%), le choix opéré fait sens essentiellement en
ce que l’activité réalisée permettra une exploitation ultérieure en situation
professionnelle. Une similarité de sens est constatée puisque relativement à cette
activité, il est le même que celui repéré dans le premier entretien.
H2 (quatre occurrences, soit 25%) est le seul à manifester une composante altruiste
puisqu’il veut aider ses « collègues de travail qui ne sont pas eux-mêmes
comptables, ... leur donner un outil complémentaire pour leur formation ». Sinon,
son choix est dominé surtout par une composante plus pragmatique car il ne
dispose que de peu de temps pour réaliser l’activité. Le sens diffère du premier
entretien puisque l’activité était reliée à des perspectives de mobilité
professionnelle.
47
3.3.1.2 CRITÈRE « BUT ET INTENTION DANS LA SITUATION »
Pour F1 (une occurrence, soit 10%), l’activité lui permettra de « spécifier mes
nouvelles tâches » relatives à une réaffectation professionnelle. Les objectifs
repérés dans le premier entretien étaient également rapportés à une situation
professionnelle. Une similarité est ainsi constatée quant au but des activités
choisies, même si la fréquence des occurrences est divisée par quatre de la
première à la deuxième série.
L’unité de sens Préparation n’est pas identifiée dans cette seconde série, alors
qu’elle était présente dans le discours de deux personnes sur cinq dans la première
série avec une moyenne d’occurrences de 7.4%.
48
3.3.1.4 CONCLUSION SUR CETTE CATÉGORIE
ère e
Participants 1 série 2 série
F1 19 % 20 %
F2 20 % -
F3 21 % 26.4 %
H1 21.6 % 25 %
H2 20.8 % 21 %
L’unité de sens Ressources conatives apparaît chez tous les individus, avec une
moyenne de 17% environs, soit significativement plus que dans la première série
(9.8%).
F1 (deux occurrences, soit 10% des occurrences, un taux presque identique à celui
de la première série) a « préféré prendre cette activité », même si elle considère
avoir été « prise de court » par le temps, ce que manifeste son désarroi.
49
Chez F3 (quatre occurrences, soit 21.1%), deux occurrences (« je n’ose pas » et
« c’est comme si je n’avais pas la conscience tranquille ») se réfère explicitement à
une forme d’autocensure quand il s’agit de solliciter les autres participants pour
réaliser l’activité. Cette unité de sens est absente dans son premier entretien.
H2 n’a pas souhaité au départ faire cette activité. Répondre aux sollicitations de H1
pour l’activité forum de ce dernier lui a ouvert cette opportunité : « je me suis dit
puisque je le corrige, autant faire une activité moi-même ». Cette activité a été
réalisée « avec facilité » et ne lui « a pas pris beaucoup de temps ». Trois
occurrences, soit 18.8%, sont dégagées, un taux quasiment identique à celui de son
premier entretien.
L’unité Ressources cognitives apparaît chez tous les individus avec une moyenne
de 12.9 %, inférieure à la moyenne d’occurrences des premiers entretiens : 16.3%.
F3 a procédé à une « lecture active », s’est basée sur son expérience, et a mobilisé
sa mémoire (trois occurrences, soit 15.8%, exactement le même taux que dans le
premier entretien).
50
H2 déclare avoir mobilisé sa « matière grise » et avoir « adapté plutôt ses
connaissances à la formation », puisque selon lui le support de cours était « tout à
fait inadéquat » (deux occurrences, soit 12.5%, un taux inférieur au 16.7% relevé
dans son entretien précédent).
Deux personnes - les mêmes que celles des premiers entretiens - ont mobilisé du
Matériel externe : d’ « anciens bouquins » pour F1 (une occurrence, soit 5%) et des
« plans de calculs » et quelques « livres de comptabilité » pour H1 (deux
occurrences, soit 8.3%). H1 se situe dans le deuxième temps d’une même activité
pour les deux entretiens: le matériel externe invoqué est par conséquent identique.
Les TIC hors dispositif ont été cités par une personne, F3 (une occurrence, soit
5.3%), qui a fait des recherches sur internet. Cette unité est ici moins fréquente que
dans la première série où elle est repérée chez trois personnes avec un taux moyen
de 7.5%.
L’unité de sens TIC dispositif a été identifiée chez une seule personne, la même et
unique qui en parle dans les premiers entretiens, H2. Celui-ci mentionne le forum et
Moodle (trois occurrences, soit 18.8%). H1 a également effectué une activité forum,
mais ne se réfère nullement à cette ressource.
51
inférieur à la moyenne de 15% des deux personnes de la première série). H1 est la
seule personne chez qui cette ressource est dégagée dans les deux entretiens.
Les RH dispositifs sont identifiés dans les discours de H1 et H2, les mêmes
personnes que celles qui s’y réfèrent dans les premiers entretiens, à un taux
légèrement supérieur à celui constaté antérieurement. H1 (sept occurrences, soit
29.2%) se réfère aux participants, au regroupement et relève le côté relationnel
« très présent » dans son activité forum. H2 (deux occurrences, soit 8.3%)
mentionne indirectement un collègue de formation à l’origine de l’activité produite :
JPD : et puis (l’activité) c’était aussi en lien avec ce qu’avait produit un des vos
collègues de formation...
H2 : absolument !
Alors que dans la première série, l’unité de sens Stratégie était repérée chez F2 et
H1 avec un taux moyen de 7.9%, elle est ici présente une fois dans le discours
d’une seule personne : F1 (6.25%) et pourrait se référer tout aussi bien à l’unité de
sens Procédure : « J’ai fait les questions les unes après les autres... dans l’ordre de
facilité... je suis revenu aux autres questions qui me posent un peu plus problème. »
52
63.3% chez F3, 83.3% chez H1 et 62.7 % chez H2. Comme représenté dans le
tableau ci-dessous, le taux de mobilisation des ressources est légèrement supérieur
par rapport à la première série d’entretiens alors que pour F1 et H2 leur usage a
décru en passant d’une activité à l’autre.
ère e
Participants 1 série 2 série
F1 71 % 66.25 %
F2 68.6 % -
F3 58 % 63.3 %
H1 69.3 % 83.3 %
H2 66.8 % 62.7 %
L’unité de sens Recul réflexif opéré est identifiée chez tous les participants.
Chez F1, elle apparaît trois fois (15%), un taux supérieur à la première série. Dans
la deuxième série, F1 estime sa production plus intéressante depuis qu’elle l’a
modifiée en fonction de sa nouvelle fonction professionnelle (« c’est plus intéressant
comme je l’ai fait maintenant. »). Elle opère également un retour plus critique en
mentionnant qu’elle aurait « voulu faire plus », et qu’elle aurait pu « plus étayer en
analysant... en parlant ... (d’elle) et pas des choses ... (qu’elle trouvait) dans des
bouquins. »
53
F3 se réfère deux fois à cette unité de sens (10.6%), selon un taux deux fois
moindre que dans la première série. Ici F3 déclare que « c’est un bon départ » en
précisant que si elle se contentait de ça, elle n’aurait « pas appris grand-chose » et
qu’il faut vraiment qu’elle fasse « une activité qui soit plus structurée... il faudrait un
pas de plus ».
Chez H1, l’unité de sens est repérée une fois (4.2%), soit également deux fois
moins que dans la première série : L’activité lui a permis de « mettre en perspective
les notions de comptabilité... et de les appliquer à un domaine qui est nouveau ».
H2 opère un recul réflexif par deux fois (12.5%), soit un taux identique à la première
série. H2 est « très satisfait d’avoir pu mener à bien cette activité », puis il adopte
une posture où pointe une autojustification : « J’ai dû travailler quand même pour
trouver trois cas de budget... donc c’est quand même un travail de recherche
personnel. »
ère e
Participants 1 série 2 série
F1 9.5 % 15 %
F2 11.4 % -
F3 21 % 10.6 %
H1 8.7 % 4.2 %
H2 9.5 % 12.5 %
Moyenne 12 % 10.6 %
54
3.3.4 CONCLUSION SUR TOUTES LES CATÉGORIES
Les moyennes des taux d’occurrences dans les catégories ne présentent pas de
différences notables lorsque l’on passe de la première série d’entretiens à la
seconde série d’entretiens. En revanche, des différences notables apparaissent
d’une catégorie à l’autre. La catégorie « Transformer la situation » est la plus
représentative des discours (plus de 60% des occurrences). Cette différence dans
le taux d’occurrences peut s’expliquer par un nombre plus important de questions
posées dans cette catégorie.
55
4. ANALYSE ET DISCUSSION
20
Ressource numérique
56
Cet auteur prend l’exemple d’un funambule qui, à force de s’interroger sur la
manière de s’y prendre pour tenir en équilibre sur une corde, risque la chute. «Le
funambule se concentre plutôt sur le maintien de son équilibre, et les connaissances
dont il dispose pour parcourir son trajet s’activent d’elles-mêmes » (ibidem). Ce
n’est qu’une fois l’exercice accompli que le recul réflexif peut être entrepris pour
faire le bilan et objectiver le questionnement.
Pour des raisons de proximités sémantiques, les unités de sens « Sens attribué » et
« Objectif personnel », faisant partie respectivement des critères « Sens donnés à la
situation » et « But et intention dans la situation » de la catégorie 1, « Construire la
situation et s’y positionner », ont été considérées comme une seule unité de
sens nommée « Intention ». La même opération a été appliquée sur les deux unités
de sens, « Préparation » et « Stratégie préparatoire », qui ont été fusionnées dans
l’unité de sens « Préparation ». Dans la catégorie 2, « Transformer la situation »,
pareille opération a été menée sur deux unités de sens d’un même critère,
« Stratégie » et « Procédure », qui sont devenues une seule unité de sens,
« Procédure ».
Le tableau suivant présente les opérations menées sur les unités de sens :
57
Catégorie Critères Unités de sens initiales Unités de sens retenues
Intention
1. But et intention dans la
Objectif personnel
situation
Construire la
situation & s'y Préparation en vue de Préparation
positionner l'activité
Préparation
Stratégies mises en œuvre
Stratégie préparatoire
avant la situation
Utilisation de ressources
idem idem
internes
2. Utilisation de ressources
idem idem
externes
Transformer la
situation Utilisation de ressources
idem idem
humaines
3.
Prendre un
recul réflexif Capacités réflexive du sujet idem idem
vis-à-vis de la
situation
58
4.2 ANALYSE CATÉGORIELLE
ère e
Participants 1 série 2 série
F1 19 % 20 %
F2 14.3 % -
F3 10.5 % 15.8 %
H1 13 % 12.5 %
H2 20.8 % 25 %
21
Ressource numérique
59
Dans le contexte d’une formation continue professionnelle, le sens et l’intention
qu’une personne produit en relation avec une situation de formation est en
corrélation avec son expérience, ses préoccupations et ses attentes
professionnelles. Les activités elles-mêmes sont conçues selon une logique
professionnalisante puisque leurs objectifs concernent la pratique professionnelle.
Vingt-six réponses sur les trente-deux collectées sont explicitement en lien avec un
contexte professionnel en regard duquel l’activité de formation choisie fait sens, et
en fonction duquel des objectifs de formation en lien avec l’activité choisie ont été
mentionnés par les participants.
Les six occurrences non liées au champ professionnel font référence à la facilité
d’exécution et au peu de temps à disposition comme motif du choix de l’activité.
ère e
Participants 1 série 2 série
F1 0% 0%
F2 5.7 % -
F3 10.5 % 10.6 %
H1 8.6 % 0%
H2 0% 0%
60
Ce critère est en relation avec le pouvoir de se positionner dans la situation, se
l’approprier. « Pour être en situation, il faut pouvoir se la donner activement, c’est-à-
dire la construire » (ibidem). Ce positionnement est proactif et prépare à l’action
dans la situation et à son traitement optimal. L’intentionnalité, critère précédent,
correspond également au positionnement mais a été intégré pour des raisons
pratiques au pouvoir de construire la situation.
Rappelons que ce découpage est arbitraire, puisque les actions reliées aux critères
de ces deux pouvoirs peuvent « s’exercer en même temps et constituer une action
unique ... le positionnement ne se fait pas nécessairement après avoir construit la
situation. Les deux premières actions s’exercent souvent en même temps... La
construction de la situation repose sur un certain positionnement actif plus ou moins
favorables » (ibidem).
Le point essentiel à relever ici est que la réalisation d’une tâche ne relève pas
forcément de l’exercice d’une compétence. Des conditions minimales au niveau de
la configuration de la situation doivent être réunies et la personne doit effectivement
mobiliser les ressources à sa disposition. Nous référant à Le Boterf (2008), nous
dirons que les possibilités d’exercice d’une compétence sont dépendantes de
l’environnement de travail et de formation de l’apprenant. Dans les situations de
formation qui se fondent sur une approche constructiviste, l’accomplissement
d’activités qualifiantes repose, en premier lieu, sur une prescription ouverte, qui
rappelons-le, s’inscrit en opposition à la prescription taylorienne et
comportementaliste dans laquelle une stricte concordance entre le prescrit et le
réalisé est recherché. Dans le système de la prescription ouverte, l’apprenant peut
61
faire preuve d’autonomie et, par une gestion innovante de la complexité, il peut
résoudre une situation d’apprentissage.
22
Ressource numérique
62
et/ou de reconnaissance, voire un désir d’interaction sociale, d’autoréalisation ou
d’ « auto-défi ». Ce désir de changement sous-tend l’engagement dans la formation,
donne une orientation et une motivation aux choix opérés par le participant dans la
conduite de sa formation. « C’est ce même désir qui va sous-tendre et motiver la
mobilisation d’énergie et de ressources à l’intérieur de l’action de formation »
(ibidem, p. 37).
L’énergie déployée dans une formation est aussi reliée à un désir de changement
hors du champ direct de la formation, selon ces deux mêmes auteurs. Pour eux,
tout projet de formation est nécessairement inscrit dans un projet plus vaste qui
dépasse le projet de formation.
Les données recueillies dans les entretiens attestent la relation directe entre la
signification d’une activité de formation et les ressources conatives mobilisées.
Dans le premier entretien, F3 motive son choix par la facilité d’exécution, alors
qu’aucune mention de ressources conatives n’est notée dans son discours.
63
4.2.2.2 L’UTILISATION DES RESSOURCES EXTERNES ET HUMAINES
Une seule personne mentionne avoir mobilisé des ressources en lien avec les
regroupements, soit des notes prises pendant ces séances.
L’utilisation d’internet (TIC hors dispositif) n’est mentionnée que par une
personne dans la seconde série, soit significativement moins que dans la
première série (trois personnes).
La grande majorité des activités qui ont été réalisées sont de type individuel et ont
consisté en un travail de prise de conscience de ses propres représentations, ou de
23
Ressource numérique
64
réflexion sur sa pratique professionnelle, ou de mise en récit de sa pratique
professionnelle. La teneur même des activités rejoint donc le paradigme du praticien
réflexif.
Dans le cas de l’enquête, la compétence des participants est attestée dans la façon
dont ils racontent avoir compris la situation problème, s’y être positionnés et avoir
procédé à un traitement satisfaisant de la situation par le recours à diverses
ressources. Cependant, une définition de la compétence en action requiert de
s’interroger d’une part sur la configuration de la situation problème en amont, c’est-
à-dire l’activité, et d’autre part sur les conditions d’exercice de la compétence.
24
Ressource numérique
65
la télévision. “L’interaction dans ce cas est purement symbolique, cognitive : le sujet
mobilise son équipement cognitif pour traiter l’information... En retour l’information
ainsi traitée peut avoir pour effet de transformer les structures de connaissances
initiales mobilisées » (ibidem).
La teneur des activités proposées et choisies par les participants, en lien avec la
conscientisation et la réflexion, souligne le fondement épistémologique réflexif sur
lequel reposent les activités qualifiantes du dispositif. Cette capacité métaréflexive
et métacognitive, à savoir la conscience réflexive (la réflexion sur l’action) se donne
pour objet la conscience agissante (la réflexion en action).
Des compétences réflexives circonstanciées ont été objectivées dans les discours
tenus en ce qu’elles ont objectivé une réflexion sur le déroulement de l’activité, sur
66
la mobilisation de ressources diversifiées et leur organisation en vue d’atteindre un
résultat dans le traitement de la situation.
4.3 COMMENTAIRES
Il importe de situer les activités sur lesquelles ont porté les entretiens par rapport au
module entier de cette formation, afin de pondérer les résultats de l’enquête. Pour
des questions de faisabilité de recherche, nous avons focalisé notre attention sur la
réalisation de deux activités d’apprentissage (première modalité évoquée ci-après).
2 visites sur le lieu de travail du/de la participant(e) dont la seconde est qualifiée.
Un travail théorique.
Passons en revue les activités - autres que celles sur lesquelles ont porté les
entretiens - qui ponctuent le parcours de formation :
67
La supervision pédagogique en petits groupes (5 à 8 personnes) porte sur
la pratique du travail de formateur et dure 6 x 3.15 heures. Il s’agit ici pour le
participant de clarifier les questions, problèmes et conflits survenant sur le
terrain d’activité du formateur, afin de lui permettre de développer et
renforcer sa professionnalité, ses compétences, son autonomie et son
assurance. Il s’agit aussi de développer sa perception différenciée et sa
capacité à réagir adéquatement par rapport aux situations et personnes
concernées. La supervision se réfère à des situations concrètes de
formation, de conseil et d’entretiens, aux relations formateurs / participant-s,
formateurs / formateurs, formateurs / instances faîtières dans la pratique
professionnelle.
68
Ajoutons que les participants à cette formation se retrouvent à l’occasion de cinq
journées de regroupement animées par le formateur.
69
5. PRÉCONISATIONS
Selon Jonnaert (Jonnaert, 2006), pour qu’une personne agisse avec compétence
dans une situation, celle-ci doit pouvoir au départ construire son action par une
compréhension des buts poursuivis en agissant dans cette situation. Elle doit
pouvoir s’y retrouver avec tout ce qu’elle est et agir avec ce qu’elle connaît déjà. En
s’adaptant et en adaptant ses propres ressources, elle peut construire de nouvelles
compétences. La notion d’agir compétent s’appuie donc sur :
5.1 PROPOSITION 1
70
Ces ressources viseront les dimensions conatives (motivation), cognitives
(construction des savoirs) et procédurales (méthodologies, stratégies
d’apprentissages).
5.2 PROPOSITION 2
Les wikis qui sont des pages construites de façon collaborative utiles pour un
travail de groupe.
5.3 PROPOSITION 3
Les objectifs généraux d’une telle formation seraient définis comme suit :
71
mettre en œuvre les comportements, les démarches et les outils de
l'encadrement des apprenants à distance.
Une politique institutionnelle de formation est déjà dans une phase de mise en
œuvre par la création d’un réseau de compétences en lien avec la formation
d’adultes et les technologies de la formation à distance.
5.4 PROPOSITION 4
5.5 PROPOSITION 5
72
contenus, ce format offre plus de flexibilité et permet une plus grande réactivité
quand des modifications et révisions des contenus s’avèrent nécessaires. La mise
en ligne de contenus comporte d’autre part un aspect incitatif puisqu’elle
nécessitera une prise en main plus active de Moodle de la part des participants.
73
6. CONCLUSION
Ces deux approches ont fourni le cadre conceptuel de notre travail et des outils de
recherches applicables à des situations de formation: d'une part en nous intéressant
au cheminement formatif des apprenants selon l'épistémologie praxéologique,
l'action précède le savoir, et d'autre part en mettant en évidence les relations entre
les composantes du dispositif – matériel de cours, activités qualifiantes, tutorat,
Moodle – et leur activation en situation.
Menée sur des individus en formation, la recherche s’est focalisée sur les éléments
reliant l’approche praxéologique des compétences et le développement de
compétences, au sein d’un segment d’un dispositif hybride de formation. Bien que
non représentatifs du dispositif dans son entier, les résultats de la recherche ont
dégagé un certains nombre d’indices exploitables à notre sens par les propositions
d’amélioration émises sous forme de préconisations.
74
La recherche a ainsi eu l’avantage d’approcher une question théorique en se
fondant sur les résultats d’une intervention sur le terrain, tout en dégageant
plusieurs pistes de développement d’un dispositif hybride de formation.
Une étude longitudinale menée sur le cheminement formatif dans son entier des
participants à une formation hybride permettrait d’évaluer et de mesurer de façon
diachronique la contribution et l’impact des différentes composantes d’un dispositif
de formation dans l’évolution de la construction des compétences et dans celle du
traitement compétent des situations de formations.
75
BIBLIOGRAPHIE
Bourgeois, E., Nizet, J., Apprentissage et formation des adultes, Paris, PUF, 1999
Carré, P., Caspar, P. (s.d.), Traité des sciences et des techniques de la formation,
Dunod, Paris, 2004
Formation pour les professions de l'éducation, INRP no 36, Paris, Lyon, Rouen,
2001
Varela, F., Thompson E., Rosch E., L’inscription corporelle de l’esprit, Seuil, Paris,
1993
76
Van der Maren, J.-M., Méthodes de recherche pour l’éducation, De Boeck,
Bruxelles, 2004
77
SITOGRAPHIE
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Jonnaert, Ph., Barrette, J., Boufrahi, S., Masciotra, D., Contribution critique au
développement des programmes d’études : compétences, constructivisme et
interdisciplinarité, 2004.
http://www.ore.uqam.ca/Documentation/Jonnaert/Articlerse2005.mht (consulté le 16 avril
2008).
Masciotra, D., Une entrée par les situations. Fondements des approches actives et
situées, site de l’Observatoire des réformes en éducation, 2006.
http://www.ore.uqam.ca/Documentation/Masciotra/Masciotra04.pdf (consulté le 16 avril
2008).
78
Masciotra, D., Réflexivité, métacognition et compétence, 2005.
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Perrenoud, Ph., De la réflexion dans le feu de l’action à une pratique réflexive, 1998.
www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1998/1998_31.rtf (consulté le
16 avril 2008).
79