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DE SAINT AUGUSTIN
ÉVÊQUE D'HIPPONE
TABLE DES OUVRAGES COMPRIS DANS LE TOME IV
APPENDICE
DE LA
LES DIX
cv).
GRAMMAIRE.
t
CATÉGORIES
PRINCIPES DE
71
DIALECTIQUE
CLERCS118
RHÉTORIQUE.
PRINCIPES DE
DELAVIEÉRÉMITIQUE
LETTRES (1 A
2-1
Traduits par M. H. BARREAU, docteur ès lettres.
id
1
104
2H
ŒUVRES COMPLÈTES
SAINT AUGUSTIN
DE
ÉVÊQUE D'HIPPONE
PAR MM.
TOME QUATRIÈME
APPENDICE. -. DE LA GRAMMAIRE. — PRINCIPES DE DIALECTIQUE. — LES DIX CATÉGORIES. — PRINCIPES
DE RHÉTORIQUE. — RÈGLES POUR LES CLERCS. — DE LA VIE ÉRÉMITIQUE.
LETTRES IACV.
PARIS
LIBRAIRIE DE LOUIS VIVES, ÉDITEUR
13, RUE DELAMBRE, 13
1873
AVERTISSEMENT
SUR LE LIVRE DE LA GRAMMAIRE
ET SUR LES TROIS OPUSCULES SUIVANTS
ADMONITIO
DE LIBRO DE GRAMMATICA ET TRIBUS PROXIME SEQUENTIBUS OPUSCULIS
libri II, de Ordine, ubi disciplinarum inter se ordinem, earumque occasionem, naturam et pro-
prietales leviter perstringit : hinc profecto intelliges non quidpiam passim obvium, aut quod
omnium pedibus tritum esset, de grammatica fuisse ab ipso litteris commendatum. Quae sane
rat:ones non minus valent adversus tria alia, quæ hue pariter conjecimus opuscula, quæ inscri-
buntur, Principia Dialectics, Categoriœ decem, et Principia Rhetoricœ. Scrupulum injiciebat clau-
sula capiti vii, lib. I. Retractationum assuta, scilicet: Hoc opus sic incipit, Omnia nomina tredecim,
quod initium est libri sequentis. At fraudem deteximus ex MSS. tum veteribus, tum etiam
recentioribus, qui eam non habent.
APPENDICE
DU TOME PREMIER
SAVOIR :
LE LIVRE DE LA GRAMMAIRE. FRAGMENT DE LA RÈGLE DONNÉE AUX
PRINCIPES DE LA DIALECTIQUE. CLERCS.
r
LES DIX CATÉGORIES. SECONDE RÈGLE.
PRINCIPES DE LA RHÉTORIQUE. LIVRE DE LA VIE ÉRÉMITIQUEASA SOEUR.
::
minent tous les noms cinq voyelles a, e, i, :
Terminaisons des noms. — Treize lettres ter-
;
A est neutre seulement dans les noms grecs
;
thema, thème, schema, apparence, et aussi dans
un nomlatin de fleuve, Turia car Salluste dit,
:
; :
o, u six demi-voyelles l, m, n, r, s, x et
deux muettes c, t. A est masculin dans ; Se-
neca, Catilina, Sylla, Uva, Cinna, Pansa, græca,
dans sa Guerre de Jugurtha, flumen Turia, le
:
fleuve de Turia. A est commun dans advena,
étranger, convena, compagnon étranger, indi-
:
Sosia, Pareta, afra, Jugurtha, Micipsa. A est
féminin dans femina, femme, musa, muse, re-
gula, règle, norma, modèle, forma, forme, etc. :
gena, indigène, Trojugena, Troyen, etc. Il est
des deux genres dans vipera, vipère, aquila,
l,
i, o, u : sex semivocalibus, m, n, r, s, x : et dua-
bus mutis, c, t. A masculino, ut Seneca, Catilina,
APPENDIX Sylla, Uva, Cinna, Pansa : Græca, Sosia, Pareta :
Afra, Jugurtha, Micipsa. Afeminino, femina, musa,
regula, norma, forma, et talia. A neutro Græca sunt
TOMI PRIMI tantum, thema, schema, et unum nomen Latinum
OPERUM S. AUGUSTINI fluminis, Turia, dicente Sallustio: FlumenTuria,A
communi, advena, convena, indigena, Trojugena,
COMPLECTENS et talia. Ab epicæno, vipera,aquila, musca, locusta,
ulula, et talia. Diximus de a littera, nunc de e. Ab
QUÆDAM OLIM IPSI PERPERAM ADSCRIPTA
e littera vocali nullum Latinum, nisi juncta præpo-
EASUNT sitione, masculinum invenitur, ut proconsule,
• pro-
prætore. Ergo juncta præpositione fiunt Latina, ut
LIBER.
DEGRAMMATICA REGULÆ CLERICIS TRADITÆ dixi, proprætore, proquæstore. Nam veteres nomi-
PRINCIPIA DIALECTICÆ. FRAGMENTUM. nativo casu proconsul dicebant, adtendentes nullum
nomen Latinum exire in e litteram nominativo casu
CATEGORY DECEM.
PRIEIPIA RHETORICÆ.
REGULA SECUNDA.
DEVITAEREMITICAADSOROREM :
generis masculini. A feminino nullum Latinum,sed
Græca solum ut Andromache, Niobe, Libye, He-
cate, Euterpe, quorumgenitivus in es exit: ut An-
DE GRAMMATICA LIBER dromaches, Niobes, Libyes, Hecates, Euterpes. Sed
hæc cum Græcis tractamus. A neutro e littera in
Terminationes nominum,
cim litteris terminantur
-:
Omnia nomina trede-
quinque vocalibus, a, e
nominativo, monile, sedile, cubile, et cetera quæ
paulo post in regula generis neutri per omnia no-
(1) Bien que ce Traité ne soit pas de saint Augustin, à raison des nombreuses observations grammaticales
qu'il renferme. et pour en rendre la lecture plus facile, on a jugé à propos de l'imprimer en caractères dif-
férents de ceux employés pour les Appendices.
aigle, musca, mouche, locusta, sauterelle, ulu-
la, chat-huant, etc. Passons maintenant à la
frugi;: Hujus mancipii frugi, etc. De même pour
nihili hic nihili vir, cet homme de rien; hæc
voyelle e. On ne trouve aucun nom latin mas-
culin terminé par la voyelle e, si n'est avec une
;
nihili mulier, cette femme de rien hoc nihili
mancipium, cet esclave de rien. Et c'est avec
préposition, comme proconsule, le proconsul,
proprætore, le propréteur. Ces deux mots de- :
cette terminaison du nominatif que se déclinent
tous les cas. De même au pluriel viri nihili,
:
viennent donc latins par l'adjonction de la pré-
position le propréteur, le proquesteur. Les
anciens,eneffet,disaient proconsul au nominatif:
des hommes de rien; feminæ nihili, des fem-
mes de rien; mancipia nihili, des esclaves de
rien. Quant à des noms des deux genres, il n'y
ils avaient remarqué qu'aucun nom latin en a point de terminés en i, La voyelle o ter-
ne se terminait en e au nominatif mascu-
lin. E féminin ne termina aucun nom latin,
mais seulement des noms grecs, comme Andro-
;
mine le nominatif des noms communs mascu-
lins, comme ligo ligonis, hoyau de noms pro-
pres, comme Cato, Cicero, Maro, Nero, Tube-
mache, Niobe, Lybie, Hecate, Euterpe, dont le ro, etc.; de noms communs féminins, comme
géntlif est en es : Andromaches,Niobes, Lybies, vertigo, tournoiement, indago, filet, ferrago,
Hecates, Euterpes. Mais, en cela, nous imitons
:
les Grecs. La lettre e se trouve dans nos nomi- vénal :
dragée, siligo, fleur de farine. On lit dans Ju-
« Je demanderais volontiers, en voyant
natifs neutres Monile, collier, sedile, siège,
cubile, lit, et autres mots dont nous parlerons
plus tard (1) dans la règle du neutre pour tous
:
une face couverte de tant de préparations et en-
duite d'un cataplasme (siliginis) si épais est-ce
un visage? Est-ce un ulcère (Juvén.,VI, 461)?»
les noms. E commun ou des deuxgenresn'existe Sartago, poële à frire, virago, femme robuste,
dans aucun nom. Voyons maintenant quels sont
les genres des mots en i au nominatif. Il n'y
en a ni de masculins, ni de féminins, on n'en
:
lanugo, duvet, aurugo, jaunisse, ærugo, rouille,
crepido, quai « N'est-il plus de ponts, plus un
quai (crepido), plus un lambeau de natte de
compte qu'un seul au neutre, c'est gummi, jonc? (Juvén.,V, 8)?» Etautres pareils. Denoms
gomme, encore est-il SniuTov (2), et on n'en a propres féminins, Carthago, Carthage; noms
pas du genre commun. Quant à des noms de pour la plupart étrangers, comme Dido,
:
tout genre, il y a frugi, sobre, nihili, de rien,
et on les décline de la sorte Hic vir frugi, cet
homme sobre; hæc feminafrugi, cette femme so-
Ino, Io, Alecto, Celeno, Clio, Nanto, dont le gé-
;
nitif est en us : Didus, Inus, lus Alectus, Cele-
nus, Clius, Mantus mais, en cela, nous imi-
bre; hoc mancipium frugi,cet esclavesobre; Hu- tons les Grecs. Point de nominatif en o au
jusvirifrugi,de cet homme sobre; Hujus feminæ neutre. Du genre commun, il y a fullo, foulon,
(1) On ne connaît aucun exemplaire manuscrit de ce livre. — (2) Saint Augustin aurait dit indéclinable, car il nere-
court auxmots grecs que lorsque la nécessité l'y contraint, comme on peut levoir dans son livre 1er de la musique cha-
pitreXII,n.23.
mina ponemus. A communi nullum nomen est, si- Caro, Cicero, Maro, Nero, Tubero, et cetera tàlia. A
militer nullum ab epicœno. Nunc de i littero tracte- feminino appellativo, ut vertigo, indago, farrago,
mus in nominativo quEB genera contineat. A filigo. In Juvenali legitur ita: Sed quæ mutatis in-
masculino nullum nomen in i: a feminino nullum: ducitur atque fovetur Tot medicaminibus, coctaque fili,
a neutro gummi, et est éf7t"tw'tov : a communi nul- ginis offas Accipit et madidœ, fadesdicetur an ulcus.
lum : ab omni genere, ut frugi, nihili: declinatur Sarrago, virago, lanugo, aurugo, a;rugo, crepido-
sic, hic vir frugi, femina frugi : mancipium frugi:
genitivo similiter frugi faciet, hujus viri frugi, hu-
jus feminæ frugi, hujus mancipiifrugi, sic per om-
In Juvenali, Nulla crepido vacat, nusquam pons et
tegetis pars: et talia. A femininoproprio, Carthago
peregrina vero, ut Dido, Ino, lo, Alecto, Cèleno,
:
nes casus frugi dicimus. Sic declinatur nihili, hic Clio, Manto; quorum genitivus in us exit, Didus,
nihili vir, hæc nihili mulier, hoc nihili mancipium. Inus, Ius, Alectus, Celenus, Clius, Mantus : sed hoc
Hoc sono nominativi omnes casus declinantur: sic cum Græeis tractemus. A neutro nullus nominativus
pluraliter, viri nihili, feminæ nihili, mancipia ni- in o exit. A communi, fullo, latro, caupo, etc. Ab
hili. Ab epicæno nullum similiter exit in i. Ab o epicœno, struthio, hirundo, hirudo, gurgulio, buffo,
littera vocali nominativus terminates masculino et talia. Ab u vocali solum neutrum, quod in sin-
appellativo, ut ligo ligonis. A proprio nomine, ut gulari indeclinabile est, in plurali declinatur, ut
:
genres :
latro, larron, caupo, cabaretier, etc. Des deux
struthio, autruche, hirundo, hiron-
delle, hirudo, sangsue, gurgulio, œsophage,
neutre, on a templum, temple, telum, trait,
tectum, toit, et autres dont les pluriels sont fa-
ciles. Au commun, iln'y en a point en m ; il en
bufo, crapaud, etc. La voyelle u n'a que des est de même pour les noms des deux genres.
noms neutres, indéclinables au singulier et dé-
clinables au pluriel, comme cornu, corne, veru,
broche, genu, genou, tonitru, tonnerre, qui
:
Passons à lademi-voyelle n. La lettre n est mas-
culine dans les nominatifs flamen, flamine,
pecten, peigne, lien ou splen, rate; féminine,
ontla même terminaison à tous les cas du sin- dansSiren, Sirène,pluriel Sirenes, etneutredans
:
gulier, et font au pluriel cornua, les cornes, carmen, poëme, germen, semence, gramen, ga-
zon, etautresdontnous parlerons aprèslesrègles
verua, les broches, genua, les genoux; au gé-
:
nitif horum cornuum, de ces cornes, veruum,
de ces broches, genuum, de ces genoux. Les au-
du neutre. Elle est commune dans tubicen, :
trompette, tibicen, joueur de flûte, fidicen,
tres cas se déclinent comme versuum, des vers, joueur de lyre, lyricen, joueur de lyre, corni-
fluctuum, des flots. cen, homme qui joue du clairon. Elle est des
Des mots quise terminent par des demi-voyelles, deux genres dans oscen, oscène, et dans atta-
et de leurs genres. —Mots terminéspar des muet- gen, gélinotte des bois. Parlons de la demi-
tes. — Terminaison et déclinaison des noms neu-
tres. — Nous avons parlé des cinq voyelles qui
terminent les noms au nominatif, parlons main-
:
voyelle r. Elle termine le nominatif des noms
masculins Cæsar, Arar, la Saône, Nar, le Nar,
victor, vainqueur, tutor, tuteur, sopor, sommeil,
tenant des demi-voyelles. On voit la lettre 1 au
nominatif des noms communs masculins
comme sal, sel; et des noms propres, comme
, communs, soit propres ;
mœror, chagrin, et autres noms faciles, soit
des noms féminins.
comme arbor, arbre, soror, sœur; des noms
Sol, Soleil. Au féminin, il n'y a que le nom neutres, marmor, marbre, æquor, mer, etc. ;
:; :
d'une dame romaine, c'est Tanaquil. Au neu-
tre, nous avons mel, miel, fel, fiel. Au com-
mun pugil, athlète pour le pugilat, vigil, qui
des noms à genre commun, comme pauper,
;
pauvre, acer, vif, alacer, joyeux, memor, qui
se souvient, auctor, auteur des noms des deux
veille d'où ce mot de Térence, en parlant d'une genres, comme passer, moineau, accipiter, éper-
:
jeune fille « On dit qu'elle serait apte au pu- vier, anser, oie. Quant à la lettre s, elle termine
gilat (pugilem) (Eun. II, III, 24). Il n'y a point
de noms des deux genres en 1. M, comme ter- ;
le nominatif des noms masculins, comme justus,
juste, doctus, savant, pius, pieux des noms fé-
: :
minaison du nominatif, n'a point de mots mas-
culins en latin au féminin, on trouve Glyce-
rium, Phanium, Dacium, Philocomasium. Au
minins, comme dos, qualité, sors, sort, mors,
mort, etc.; des noms neutres, comme vulnus,
blessure, pectus poitrine, pecus, troupeau, et
;
cortex, enveloppe, pumex, pierre-ponce; des
noms propres, comme Pollux des noms fémi-
nins, comme nex, mort violente, prex, prière,
vignoble, palmetum, plant de palmier, querce-
tum, plan de chêne, esculetum, chênaie, laure-
tum, plan de laurier, argumentum, argument,
fex, lie, pax, paix, fax, torche, etc.; point de sacum, sacrifice, testamentum,testament, juge-
noms neutres, sauf quand ils sont des trois
genres, comme felix heureux. Restent les deux ;
rum, arpent, vinum; vin, usité seulement au
singulier il n'y a que les poëtes qui disent
muettes c et t. C termine le nominatif mascu-
lin alec, saumure; etle nominatif neutre, lac,
lait. La lettre t se voit au nominatif neutre ca-
:
vina, des vins, et cicera, des pois chiches. On
trouve encore avec la même désinence oleum,
huile, hordeum, orge,triticum, blé, ferrum, fer,
put, tête, sinciput, semicaput, demi-tête. Les viscum, glu, aurum, or, argentum, argent,
noms neutres se terminant en um, se déclinent plumbum, plomb, stagnum, étang, vitrum,
sur templum. Singulier. N. Hoc templum, ce verre, electrum, ambre, et autres noms de
temple, g. hujus templi, de ce temple, d. huic poids et de mesures. Il en est du genre neutre
templo, à ce temple, ac. hoc templum, ce tem- qui se terminent en ium, génitif ii, comme hoc
ple, v. o templum, ô temple, abl. ab hoc tem-
plo, de ce ou par ce temple. Pluriel. N. Haie
templa, ces temples, g. horum templorum, de
Tels sont:
ingenium, ce génie, hujus ingenii, de ce génie.
imperium, imperii, empire, scri-
nium, scrinii, coffret, capitolium, capitolii, ca-
ces temples, d. his templis, à ces temples, ac. pitole, tentorium, tentorii, tente, armarium,
hæc templa, ces temples, v. o templa, ô tem- armarii, secrétaire, solarium, solarii, cadran
:
ples, abl. ab his templis, de ces ou par ces tem-
ples. Ainsi se déclinent telum, trait, tectum,
toit, scamnum, escabeau, bellum, guerre, mon-
solaire, tectorium,tectorii, couvercle,armamen-
tarium, armamentarii, arsenal, spatium, spatii,
espace, sacrarium, sacrarii, sanctuaire, hora-
arbor, :
soror a neutris, marmor, æquor, et alia
a communibus,pauper, acer, alacer, memor, auctor
:: ut caput, sinciput, semicaput. Nomina generis neu-
tri in um syllabam exeuntia, ut templum declinan-
ab epicœnis, passer, accipiter, anser. Nunc de s lit- tur : n. singulari hoc templum, g. hujus templi,
:
tera semivocali tractemus. S littera terminatus no-
minativus a niasculinisjustus, doctus, pins a femi-
ninis, dos, sors, mors, et talia : a neutris, vulnus,
d. huic templo, a. hoc templum, v. o templum, a.
ab hoc templo : et pluraliter, n. hæc templa, g. ho-
rum templorum, d. his templis, a. hæc templa, v.
pectus, pecus, et cetera quæ mox regula retractabi- o templa, a. ab his templis. Simili declinatione hæc
omniaprocurrunt,telum, tectum, scamnum, bel
tur : a communibus sacerdos, impos, compos, si-
:
milis, nobilis,agilis : ab omni genere,ut nugas,etc.
de his mox uberius tractabimus ab epicœnis, ti- :
lum, monstrum, portentum,oppidum, carpentum,
venenum, donum, bonum malum, magnum, pes-
: :
gris, mus, lepus, etc. Nunc de semivocali littera x:
Nominativus in x littera masculinis, vertex, cor-
simum,. parvum, frumentum, medicamentum,
membrum, forum, metrum, porrum, tignum,
plaustrum, claustrum, instrumentum, olivetum,
:
tex, pumex : a propriis, pollux a feminis, nex,
prex, fex, pax, fax, et alia a neutris nullum nomen
nisi omni generi jungatur, ut felix. Remanent duæ
vinetum, palmetum, quercetum, esculetum, laure-
tum, argumentum, sacrum, testamentum, jugerum,
vinum : sed nunc tantum in singulari, vina enim
:
mutæ, c, t, litteræ. Nominativus exiens c littera
tenet masculinum, ut alec tenet neutrum, ut lac.
T littera exiens nominativus tenet genus neutrum,
poetæ dixerunt : et cicera. Sic oleum, hordeum,
triticum, ferrum, viscum, aurum, argentum,plum-
rium, horarii, horaire, salariumsalarii, salaire, decus, decora, honneur, funus, funera. funé-
viridarium,viridarii, verger, pomœrium, po- railles, fenus, fenora, intérêts, olus, olera, lé-
mœrii, enceinte, sacrificinm, sacrificii, sacrifice, gume, littus, littora, rivage, opus, opera, ou-
folium, folii, feuille, solium, solii, trône, testi- vrage, rudus, rudera, gravois, thus, thura, en-
monium, testimonii, témoignage, rosarium, cens, tempus, tpmpus, tempora, temps, fœdus,
rosarii, plant de rosier, aviarium, aviarii, vo- fœdera, alliance, stercus, stercora, fumier, onus,
lière, augurium, augurii, augure, auspicium, onera, fardeau, latus, latera, côté. Il y a d'au-
auspicii, auspice, exitium, exitii, ruine, exsi- tres noms neutres terminés en ur, comme mur-
lium,exsilii,exil, prodigium, prodigii, prodige, mur, murmure. Singulier. N. hoc murmur, ce
auxilium, auxilii, secours, præsidium, præsi- murmure, g. hujus murmuris, de ce murmure,
dii, garnison, atrium, atrii, vestibule, aucu- d. huic murmuri, à ce murmure, ac. hoc mur-
pium, aucupii, chasse aux oiseaux, adjutorium, mur, ce murmure, v. o murmur, ô murmure,
adjutorii, aide, mancipium, mancipii, esclave, abl. ab hoc murmure, par ce ou de ce mur-
dolium, dolii, tonneau. Il y a une autre mure. Pluriel. N. hæc murmura, ces murmures,
forme du genre neutre, en us, comme hoc g. horum murmurum, de ces murmures, d. his
pecus, ce troupeau. Singulier. N. hoc pe- murmuribus, à ces murmures, ac. hæc mur-
cus, ce troupeau, g. hujus pecoris, de ce trou- mura, ces murmures, v. o murmura, ô mur-
peau, d. huic pecori, à ce troupeau, ac. hoc
pecus, ce troupeau, v. o pecus, ô troupeau,
abl. ab hoc pacore, par ce ou de ce troupeau.
:
mures, abl. ab his murmuribus, par ces ou de
ces murmures. Ainsi se déclinent ebur, ebora,
ivoire, femur, femora, cuisse, sulfur, sulfura,
Pluriel. N. hæc pecora, ces troupeaux, horum souffre, fulgur, fulgura, foudre. Mais il y en a
pecorum, de ces troupeaux, d. his pecoribus, peu de cette terminaison, ainsi que de la ter-
à ces troupeaux, ac. hæc pecora, ces troupeaux, minaison en or, comme marmor, marbre. Sin-
v. o pecora, ô troupeaux, abl. ab his-pecoribus, gulier. N. hoc marmor, ce marbre, g. hujus
de ou par ces troupeaux. Ainsi se déclinent : marmoris, de ce marbre, d. huic marmori, à ce
marbre, ac. hoc marmora, ce marbre, v. o mar-
ulcus, ulcera, ulcère, facinus, facinora, action,
vellus, vellera, toison, viscus, viscera, entrailles, mor, ô marbre, abl. ab hoc marmore, de ou
rus, rura, campagne, jus, jura, droit, nemus, par ce marbre. Pluriel. N. hæc marmora, ces
nemora, bois, tergus, tergora, peau de bête, marbres, g. horummarmorum, de ces marbres,
pectus, pectora, poitrine, genus, genera, genre d. his marmoribus, à ces marbres, ac. hæc
pondus, pondera, poids, corpus, corpora, corps marmora, ces marbres, v. o marmora, ô mar-
bum, stagnum, vitrum, electrum, et talia quæ ad huic pecori, a. hoc pecus, v. o pecus, a. ab hoc pe-
pondus veniunt vel mesuram, ex ista sunt forma core : et pluraliter, n. hæc pecora, g. horum peco-
Generis neutri quæ in ium exeunt, sed hæc in geni- rum, d. his pecoribus, a. hæc pecora, v. o pecora,
tivo per duo ii scribuntur, ut hoc ingenium hujus a. ab his pecoribus. Ad hanc formulam declinabi-
ingemi, sic imperium imperii, scrinium scrinii, mus ulcus ulcera, facinus facinora, vellus vellera,
capitolium capitolii, tentorium tentorii, armarium viscus viscera, rus rura, jus jura, nemus nemora,
armarii, solarium solarii, tectorium tectorii, arma- tergustergora, pectus pectora, genus genera, pon-
mentarium armamentarii, spatium, spatii, sacra- dus pondera, corpus corpora, decus decora, funus
rium sacrarii : sic horarium horarii, salarium sala- funera, fenus fenura, olus olera, littus littora, opus
rii, viridarium viridarii, pomerium pomerii, opera, rudus rudera,thusthura, tempus tempora,
sacrificium sacrificii, foliumfolii,solium solii, testi- fœdus fœdera, stercus stercora, onus onera, latus
monium testimonii; sic rosarium rosarii, aviarium latera. Est alia species generis neutri quæ continet
aviarii, augurium augurii, auspicium auspicii, nominainur exeuntia: ut hoc murmur in nomina-
exitium exitii, exsilium exsilii, prodigium prodigii, tivo, g. hujus murmuris, d. huic murmuri, a. hoc
auxilium auxilii, presidium præsidii, atrium atrii, murmur, v. o murmur, a. ab hoc murmure : et
aucupium aucupii, adjutorium adjutorii, manci- pluraliter, nominativo hæc murmura, g. horum
pium mancipii, dolium dolii. Est alia forma generis
neutri quæ per us exit, ut hoc pecus : numero
murmurum, d. his murmuribus, a.hæc murmura,
v. o murmura, a. ab his murmuribus. Ad hanc
singulari, n. hoc pecus, g. hujus pecoris, d. formulam similia declinabis; ut ebur ebora, femur
bres, abl. ab his marmoribus, de ou par ces printemps, g. hujus veris, de ce printemps,
marbres. Décliner de même æquor, æguora, d. huic veri, à ce printemps, ac. hoc ver, ce
mer, cor, corda, cœur. D'autres noms neutres printemps,v.o ver,ô printemps,ablab hocvere,
seterminent en ar. Singulier. N. hoc far, ce blé, de ce ouparcesilerprintemps,etsiler, osier;Vir-
g. hujus farris, de ce blé, d. huic farri à ce blé, gile a dit: molle siler, le mol osier (Géorg.,II, 13).
ac. hoc far, ce blé, v. o far, ô blé, abl. ab. hoc Décliner de même juger, arpent, au pluriel ju-
farrepar ce ou de ce blé. Le pluriel a trois cas
seulement. N. hæc farra, ces blés, ac. hæc far-
ra, ces blés, v. o farra, ô blés. Il n'y a ni génitif,
:
gera, les arpents, d'après les anciens qui ont dit
jugerum, des arpents ubera, ubera mamelle,
tuber, tubera, tumeur. Mais, comme je l'ai dit,
ni datif, ni ablatif. De là leurnom de ~TpfTtwra il y a peu denoms de cette terminaison. Une
;
noms à trois cas on ne dit pas non plus pour autre espèce de noms neutres se terminent en
;
jura, droits, horum jurium, de ces droits, his
juribus, à ces droits ni pour æra, dettes,
os, comme os, ora, bouche, d'où osculum, bai-
;
ser mais, si nous allongeons ce mot pour
ærum, des dettes, æribus, aux dettes; ni pour
:
mella, miels, mellum, des miels, mellibus, aux
miels de même pour quelques autres en petit
osculum, nous le contractons aussi pour
os. Voici la déclinaison de os, ossa :
gulier. N. hoc os, cet os, g. hujus ossis, de cet
Sin-
nombre. Nous ne pouvons donc dire au génitif, os, d. huic ossi, à cet os, ac. hoc os, cet os, v.
horum farrum, de ces blés, ni au datif, his far- o os, ô os, abl. hoc osse, de cet ou par cet os.
ribus, à ces blés. Déclinerainsi, mais seulement Pluriel. N. hœc ossa, ces os, g. horum ossium,
au singulier : nectar, nectaris, nectar, laser, la- de ces os, d. his ossibus, à ces os, ac. hœc ossa,
seris, laser, instar, instaris, ressemblance. Ces ces os, v. o ossa, ô os, abl. ah his ossibus, de
noms ont seulement trois cas, et ne se déclinent ces ou par ces os. Une autre classe de noms ren-
qu'au nominatif, au vocatif et à l'accusatif du ferme des noms neutres en e, comme monile,col-
singulier. D'autres noms neutres se terminent lier. Singulier N. hocmonile, ce collier, g. hujus
en er, et ne se déclinent qu'au singulier. Exem- monilis, de ce collier, d. huic monili, à ce col-
:
ple N. hoc piper, ce poivre, g. hujus piperis,
de ce poivre, d. huic piperi, à ce poivre, ac. hoc
lier, ac. hoc monile, ce collier, v. o monile, ô
collier, abl. ab hoc monili, de ce ou par ce
piper, ce poivre, v. o piper, ô poivre, abl. ab collier. Pluriel. N. hæc monilia, ces colliers, g.
-
même, au singulier seulement :
hoc pipere, de ce ou par ce poivre. Décliner de
hoc ver, ce
horum monilium, de ces co lliers, d. his moni-
libus, à ces colliers, ac. hæc monilia, ces col-
femora, salfur sulfura, fulgur fulgura. Sed ex hac tum singulari declinabis, hoc nectar nectaris, laser
formula non multa inveniuntur, quoniam pauca laseris, et instar quod est similitudo, sed habettres
sunt generis neutri quæ in or exeunt: ut marmor casus tantum, nominativum, accusativum et voca-
in nominativo, g. hujus marmoris, d. huic mar- tivum, et est numeri tantum singularis. Alia species
more:
mori, a. hoc marmor, v. o marmor, a. ab hoc mar-
et pluraliter, n. hæc marmora, g. horum
marmorum, d. his marmoribus, a. hæc marmora,
generis neutri quæ continet omnia in er exeuntia,
sed numeri tantum singularis, n. hoc piper, g. hu-
jus piperis, d. huic piperi, a. hoc piper, v. o piper,
v. o marmora, a. ab his mamdribus. Sic æquor a. ab hoc pipere. Ad hanc formam declinabis nu-
æquora, cor corda. Alia species generis neutri quae mero tantum singulari, ver: n. hoc ver, g. hujus
continet nomina in ar syllabam exeuntia : ut far veris, d. huic veri, a. hoc ver, v. o ver, a. ab hoc
nominativo, g. hujus farris, d. huic farrii, a. hoc far, vere. Sic declinabis hoc siler, ut ait Virgilius,Molle
v.o far, a. ab hoc farre. In plurali tres casus habet siler (II Georg.). Similiter declinabis et juger, sed
solum. n. hæc farra, accusativo hæc farra, vocativo habet pluralem, ut juger jugera secundum anti-
o farra : non habet ergo genitivum,dativum et abla- quos qui dixerunt jugecum : uber ubera, tuber tu-
tivum: unde ~Tptanoxadicuntur in plurali,idestrium bera. et in hæc, ut dixi, paucorum nomina sunt.
casuum, ut sunt jura, nondicimus horum jurium, Alia species per os, ut ipsum osora,unde oseulum,
:
his juribus, nec serum æribus, nec mellorum mel-
libus, et alia pauca, nec enim multa sunt sic nec
horum farrum in genitivo possumus dicere, aut in
sed hoc producimus, aliud corripimus. Ab eo quod
sunt ossa declinatur singulariter, Nominativo hoc
hos, g. hujus ossis, d. huic ossi, a. hoc os, v. os, a. ab
dativo his farribus. Hanc ergo formam numero tan- hoc osse: et pluraliter, n. h::ec ossa, g. horum
liers, v. o monilia, ô colliers, abl. his monili- « Une mort cruelle (crudeli) (Eglog., V, 20). »
même:
bus, de ces ou par ces colliers. Déclinez de
sedile, sedilia, siège, præsepe, præsepia,
crêche, collare, collaria, carcan, ducale, duca-
« Uneblessuremortelle(lethali) (Ené., IX, 580).»
«De votre aimable (dulci) bouche (En.,XII,802).»
Nous disons de même, issu d'une race no-
lia, ducal, molle, mollia, mou, grave, gravia, ble (nobili), et non pas (nobile). Vous remar-
grave, vile, vilia, vil, mite, mitia, doux, suave, querez donc que les noms neutres qui ont le
suavia, suave, vitale, vitalia, vital, morale, mo- nominatif en e font toujours l'ablatif en i. Une
ralia, moral, lene, lenia, doux, leve, levia, lé- autre classe de noms neutres contient des noms
ger, ancile,ancilia, bouclier: Virgile a dit: Et de en al, comme animal, animal. Singulier. N. hoc
sa main gauche, il portait son bouclier ancile : animal, cet animal, g. hujus animalis, de cet
(Enéide, VII, 188). » Facile, facilia, facile, no- animal) d. huic animali, à cet animal, ac. hoc
bile, nobilia, noble, agile, agilia, agile, mare, animal, cet animal, v. o animal, ô animal, bl.
;
maria, mer mot qui n'a que trois cas au plu-
;
riel, le nominatif, le vocatif et l'accusatif car
ab hoc animale, de ou par cet animal. Pluriel.
N. hæc animalia, ces animaux, g. horum ani-
nous ne disons pas horum marium, de ces mers, malium, de ces animaux, d. his animalibus, à
au génitif, ni his maribus, à ces mers, au datif, ces animaux, ac. hæc animalia, ces animaux, v.
;
ni ab his maribus, par ces mers, à l'ablatif, et
autres semblables si, dans cette classe de noms,
l'ablatif est en i au lieu d'être en e, c'est que le
o animalia, ôanimaux, abl. abhis animalibus. de
ou par ces animaux. Déclinez de même : tribu-
bunal, tribunalia, tribunal, lupercal, luperca-
genre neutre n'a jamais quatre cas semblables,
de manière à faire monile, collier, au nomina-
tif, à l'accusatif, au vocatif et à l'ablatif. Mais
:
lia, lupercales, cérémonies en l'honneur du gé-
nie appelé Pan d'où ce mot de Virgile « Il lui
fit voir le froid rocher du lupercal (lupercal)
il fait ab hoc monili, par ce collier. On peut le (Enéide, VIII, 343). » Une autre espèce de noms
voir dans ces exemples de Virgile : « il établit neutres renferme des noms en el, comme mel,
sa couche (cubili) sur le rocher (Georg., III, miel. N. hoc mel, ce miel, g. hujus mellis, de
230). » « Au milieu des mers (mari), s'élève une ce miel, d. huic melli, à ce miel, ac. hoc mel,
terre sacrée (Enéide, III, 73). » « Alors mon père ce miel, v. o mel, ô miel, abl. ab hoc melle, dé
m'exhorte à repasser la mer (mari) (Ibid., 144).» ou par ce miel. Et N. hoc fel, ce fiel, g. hujus
« d'un osier léger (tenui)(Georg., III, 166).» fellis, de cefiel, d. huic felli, à ce fiel, ac. hoc
:
vocativum : genitivum, dativum et ablativum non
habet non enim dicimus in genitivo horium ma-
rium, aut in dativo his maribus, aut in ablativo ab
:
declinabis tribunal tribunalia, lupercal lupercalia,
quae sunt sacra illius genii qui Pan vocatur unde
et Virgilius de ipso loco, Et gelida monstrat sub rupe
his maribus. Sic et alia declinabis huic formae simi- lupercal (Æneid.. VIII). Alia species neutri quæ con-
lia. Huic regulæ ablativus in i exit, non in quia tinet nomina in el exeuntia, ut mel: n. hoc mel,
e,
genus neutrum numquam habet quatuor casus si- g. hujus mellis, d. huic melli, a. hoc mel, v. o mel,
miles, ut faciat in nominativo hoc monile, et accu- a. ab hoc melle. Sic declinabis, n. hoc fel, g. hujus
sativo hoc monile, et vocativo o monile, et in abla- fellis, d. huic felli, a. hoc M, v. o fel, a. ab hoc
o
fel, ce fiel, v. fel, 6 fiel, abl. ab hoc felle, de nou, abl. ab hoc genu, de ou par ce genou.
ou par ce fiel. Mais ces noms ont seulementtrois Pluriel. N. hæc genua, ces genoux, g. horum
cas au pluriel, le nominatif, le vocatif et l'ac- genuum, de ces genoux, d. his genibus, à ces
cusatif. Une autre espèce de noms neutres ren- genoux, ac. hæc genua, ces genoux, v. o-ge-
ferme des noms se terminant en en. Singulier.
N. hoc crimen, ce crime, g. hujus criminis, de
ce crime, d. huic crimini, à ce crime ac. hoc
genoux. Déclinez de même :
nua, ô genoux, abl. his genibus, de ou par ces
cornu, cornua,
corne, comme nous l'avons dit plus haut. Veru
crimen, ce crime, v. o crimen, ô crime, abl.ab
hoc crimine, de ou par ce crime. Pluriel.
N. hsec crimina, ces crimes, g. horum crimi-
Virgile :
verua, verges de fer de boucher, d'où ce mot de
«Et, enfonçant un bois aigu (verubus)
dans leurs membres palpitants (En., I, 212). »
num, de ces crimes, d. his criminibus, à ces Tonitru, tonitrua, tonnerre. Mais la déclinai-
crimes, acc. hæc crimina, ces crimes, v. son de ces noms est très-rare. Une autre classe
:
o crimina, ô crimes, abl. ab his criminibus, de
ou par ces crimes. Déclinez de même carmen,
de noms neutres, dont nous avons parlé plus
haut, renferme les quatre mots qui se termi-
;
carminis, poëme, numen, numinis, divinité,
flamen, flaminis, flamine, agmen, agminis,
bataillon, acumen, acuminis, pointe, gra-
:
nent par l'une des deux muettes c et t ce
sont caput, tête, sinciput, demi-tête, lac, lait
et alec, saumure. Mais ces deux derniers n'ont
men,graminis, gazon, flumen, fiuminis, fleuve,
,
stramen, straminis, litière, lumen, luminis,
lumière, semen, seminis, semence liqua-
:
point de pluriel. Il y a aussi des noms neutres
en a; ce sont des noms grecs, comme thema,
themata, thème, toreuma, toreumata, ouvrage
men, liquaminis, mélange liquide, fulmen, ful- ciselé, schéma, schemata, costume, emblema,
minis, foudre, rumen, ruminis, œsophage, bi- emblemata, emblème, theorema, theoremata,
tumen, bituminis, bitume, gluten, glutinis, théorème, boethema, boethemata, secours, etc.
gluten, legumen, leguminis, légume, funda- Nous rappellerons aussi -que toutes les lettres
men, fundaminis, fondement, tegimen, tegi- sont du neutre chez les Latins comme chez les
minis, housse, munimen, muniminis, rem- Grecs. Nous disons, en effet, unum alpha, un
part, levamen, levaminis, soulagement, spe-
cimen, speciminis, échantillon, sans pluriel,
comme subtegimen, subtegiminis, trame. D'au-
:
alpha, unum beta, un bêta, unum gamma, un
;
gamma, etc. et au pluriel duo alpha, deux
alphas, duo beta, deux bêtas, duo gamma, deux
tres noms neutres sont indéclinables, comme gammas, tria alpha, trois alphas, tria beta,
genu, genou. Singulier. N. hoc genu, ce genou,
g. hujus genu, de ce genou, d. huic genu, à ce
genou, ac. hoc genu, ce genou, v,o genu, ô ge-
cette expression :
trois bêtas, tria gamma, trois gammas. De là
xpi'axdbtiora, les trois
mauvais c : en parlant de Cornelius Sylla, Cor-
feIle. Sed plurali numero non nisi per tres casus &cTCDTa, :
id est indeclinabilia, ut genu n. hoc genu,
currit, nominativum, accusativum et vocativum.
Alia species generis neutri quæ continet nomina in
en sjJrabam exeuntia : n. hoc crimen, g. hujus cri-
:
g. hujus genu, d. huicgenu, a. hoc genu, v. o genu,
a. ab hoc genu et pluraliter Nominativo hsec genua,
g. horum genuum, d. his genibus, a. haec genua,
:
minis, Vffkuic crimini, a. hoc crimen, v. o crimen,
a. ab hoc crimine et pluraliter, n. haec crimina,
a. ab his genibus. Ad hanc formam declinabis e
hoc cornu, ut supradiximus, cornu cornua,veru
v. o crimina, a. ab his criminibus. Ad hanc regu-
am similia declinahis, carmen carminis, numen
numinis, flamen flaminis,agmen agminis, acumen
Virgilius ,
verua, quæ sunt virgæ ferreæ laniorum de quibus
Verubusque trementia figunt (Ænid. 1),
touitru tonitrua. Sed talium nominum declinatio
acuminis, gramen graminis, flumen fluminis, stra- perrara invenitur. Alia species generis neutri de
men straminis, lumen luminis, semen seminis, n- qua supra tractavimus, quæ exit in quatuor nomina
quamen liquaminis, fulmen fulminis, rumenrumi- duarum mutarum, c et t, ut caput et sinciput,lac
nis, bitumen bituminis, gluten glutinis, legumen et alec, sed haec duo pluralem numerum non ad-
leguminis, fundamen fundaminis, tegimen, tegimi- mittunt. Exit item genus neutrum in a, sed in
:
nis, munimen muniminis, levamen levaminis, spe-
cimen speciminis, sed pluralem non admittit item
subtegimen subtegiminis.Alia species generis neutri
graecis nominibus, ut thema themata, toreuma to-
reumata, schema schemata, emblema emblemata,
theorema theoremata, boethema boethemata, et
neliusCinna et de Cornelius Lentulus, trois Ro- point de noms de genre commun ayant le no-
mains désignés, dans les livres sibyllins, par minatif en e et en i, mais il yen aeno, comme
l'a- latro, voleur, voleuse. Singulier. N. hic, hæc
ces trois lettres. Il y a aussi, comme nous
vons dit, un nom du genre neutre en a c'est : latro, ce voleur, cette voleuse, g. hujus latro -
celui du fleuve Turia. Le genre commun se ter- nis, de ce voleur ou de cette voleuse, d. huic
mine en a, comme advena, étranger. Singulier. latroni, à ce voleur ou à cette voleuse, ac. hune
N. hic, lisec advena, cet étranger ou cette hanc latronem, ce voleur ou cette voleuse, v.
étrangère, g. hujus advenœ, de cet étranger o latro, ô voleur ou voleuse, abl. ab hoc, ab
hac latrone, de ou par ce voleur ou cette vo-
ou de cette étrangère, d. huic advenae, à cet
étranger, ou à cette étrangère, ac. hune, hanc leuse. Pluriel. N. hi, hæ latrones, ces voleurs,
advenam, cet étranger ou cette étrangère, v. ces voleuses,g. horum, harum latronum, de ces
voleurs ou voleuses, d. his latronibus, à ces vo-
o advena, ô étranger ou étrangère, abl. ab hoc,
ab hac advena, de ou par cet étranger ou cette leurs ou voleuses, ac. hos, has latrones, ces vo-
étrangère. Pluriel. N. hi, hœadvense, ces étran- leurs, ces voleuses, v. o latrones, ô voleurs, vo-
gers, ces étrangères, g. horum, harum advena-
rum, deces étrangers ou étrangères, d. his ad-
venis, à ces étrangers ou étrangères, ac. hos,
:
leuses, abl. ab his latronibus, de ou par ces
voleurs ou voleuses. Ainsi se déclinent homo,
homme, femme, ganeo, débauché, débauchée.
lias advenas, ces étrangers ou étrangères, v. degulo, glouton, gloutonne, caupo, cabaretier,
o advenae, ôétrangers ou étrangères, abl. ab his
cabaretière, fullo, dégraisseur, dégraisseuse,
:
advenis, de ou par ces étrangers ou étrangères.
Déclinez de même Trojugena, Troyen, Troyen-
ne, Indigena, indigène, Incola, habitant, ha-
nemo, personne, helluo, gourmand, gourman-
de, gluto, etc., glouton, gloutonne. Il n'y a
point de noms de genre commun en u mais il ;
bitante, agricola, cultivateur, convena, étran- y en a avec le nominatif en es, comme comes-
ger ou étrangère venu ou venue avec d'autres, compagnon, compagne. Singulier. N. hic, IHc
cœlicola, dieu, déesse, sacricola, prêtre, prê- cornes, ce compagnon, cette compagne, g. hu-
tresse, publicola, qui flattele public, terricola, jus comitis, de ce compagnon, de cette compa-
habitant, habitante du monde, plebicola, flat- gne, d. huiccomiti, àce compagnon, à cette
teur, flatteuse du peuple, Numida, Numide, compagne, ac. hune, hanc comitem, ce compa-
Dalmata, Dalmate, ruricola, campagnard, cam- gnon, cette compagne, v. o cornes, 6 compa-
pagnarde. lucifuga. qui fuit la lumière, Persa, gnon, ô compagne, abl. ab hoc, ab hac comité,
Perse, Romulida, etc. Romain, Romaine. Il n'y a de ou parce compagnon, cette compagne. Plu-
ma: :
aliælitteræ:pluralitðrduoalpha duo beta, duo gam-
sic tria alpha, tria beta, tria gamma inde est
illud Tpcxxdtnrca x&uaTa, id est tria cappa pessima: de
Cornelio Sylla, de Cornelio Cinna, de Cornelio Len-
genus conmune, sed in o, ut latro, n. hic
et hæc latro, g. hujus latronis, d. huic latroni, a.
hunc et hanc latronem, v. o latro, a. ab hoc et ab
hac latrune : et pluraliter n. hi et hæ latrones, g.
horum et harum latronum, d. his latronibus, a, hos
tulo : hi enim per tres litteras designati sunt in ethas latrones, v. olatrones, a. ab his latronibus.
libris Sibyllinis. Est et unum nomen generis neutri Ad hanc formam declinabis, homo, galw), degulo,
in a, ut" flumen Turia, ut supra diximus. Genus caupo, fullo, nemo, helluo qui et gluto, et alia.
commune exit per a, ut advena : declinatur n. hic
ei hæc advena, g. bujus advenæ, d. huic advenæ,
a. hunc et hanc advenam, v. o advena, a. ab hoc
:
Per u autem nullam habet. In nominativo ergo exit
commune per es syllabam, ut comes n. hic et hæc
comes, g. hujus comitis, d. huic comiti, a. hunc et
et ab hac advena : pluraliter n. hi et hæ advenae,
g. horum et harum advenarum, d. his advenis,. a
hos et has advenas, v. o advenae, a. ab his advenis.
:
hanccomitem, v. o comes, a. ab hoc et ab hac co-
mite et pluraliter n. hi et hæ comites, g. horum
et harum comitum, d. his comitibus, a. hos et has
Ad hanc formulam declinabis Trojugona, indi,
,
cola ,
gena, incola, agricola, convena, cælicola, sacri-
publicola terricola, orbicola, plebicola
comites, v. o comites, a. ab his comitibus. Ad hanc
formam declinabis similia, ut sospes, locuples, hos-
pes, licet hospitam dixerit Virgilius, Hospitatellus :
riel. N. hi, hæ comités, ces compagnons, ces lie, mollis, mon, molle, civis, citoyen, citoyen-
compagnes, g. horum, harum comitum, de ces ne, testis, témoin, hostis, ennemi, ennemie,
compagnons, de ces compagnes, his comitibus,
à ces compagnons ou compagnes, ac. hos, has,
comités, ces compagnons ou compagnes, v. o
frugalis, frugal, frugale, crudelis cruel, ,
tristis, triste, fortis, fort, forte, suavis, suave,
:
his comitibus, de ou par ces conpagnons ou
compagnes. Déclinez de même sospes, sain et
saut, saine et sauve, locuples, riche, hospes,
mun en os, commesacerdos, prêtre. Singulier. N.
hic, hsec sacerdos, ce prêtre, cette prêtresse, g.
hujus sacerdotis,deceprêtre,de cette prêtresse,
:
hôte, bien que Virgile ait dit « terre hospita- d. huic sacerdoti, à ce prêtre, à cette prêtresse,
lière (hospita); » miles, soldat, veles, vélite ac. hune, hanc sacerdotem, ce prêtre, cette
interpres, interprète, aies, oiseau, praepes, oi- prêtresse, v. o sacerdos, ô prêtre, ô prêtresse,
seau de proie, præs, caution, satelles, satellites abl. ab hoc, ab hac sacerdote, de ou par ce prê-
deses, oisif, oisive, preeses, président, présidente tre, cette prêtresse. Pluriel, N. hi, hæ sacerdo-
dives, riche, lisérés, héritier, héritière, cœles. tes, ces prêtres, ces prêtresses, g. horum, harum
cœlites, céleste, indiges, indigète. Il y a des sacerdotum, de ces prêtres ou prêtresses, d. his
noms de genre commun en is, comme similis, sacerdotibus,à ces prêtres ou prêtresses, v. o sa-
semblable. Singulier. N. hic, haec similis, ce cerdotes,o prêtres ou prêtresses,abl.abhissacer-
cette semblable, g. hujus similis, de ce, de cette
semblable, d. huic simili, à ce, à cette sembla-
ble, ac. hune, hanc similem, ce, cette sembal-
:
dotibus, de ou parces prêtres ou prêtresses.Ainsi
se déclinent custos, garde, impos, qui n'est pas
maître, pas maîtresse de, compos, qui est maî-
ble, v. o similis, ô semblable, abl. ab hoc, ab tre, maîtresse de, nepos, neveu, nièce. Il y en a -
hac simili, de ou par ce ou cette semblable. en us, comme sus, porc, truie. Singulier. N.
Pluriel. N. hi, hæ similes, ces semblables, g. hic, haec sus, ce porc, cette truie, g. hujus suis,
horum, harum similium, de ces semblables, d. de ce porc, de cette truie, d. huic sui, à ce porc,
his similibus, à ces semblables, ac. hos, has si- à cette truie, ac. hune, hanc suem, ce porc, cette
miles, ces semblables, v. o similes, ô semblables. truie, v. o sus, ô porc, ô truie, abl. ab hoc, ab
abl. ab his similibus, de ou par ces sem- hac sue, de ou par ce porc, cette truie. Pluriel.
blables. Déclinez de même : agilis agile, N. hi, hse sues, ces porcs, ces truies, g. horum,
,
facilis, facile, fragilis, fragile, viridis, vert, harum suum, de ces porcs, de ces truies, d. his
verte, nobilis, noble, morilis, mobile, humi- suibus, à ces porcs, à ces truies, ac. hos, has
lis, humble, mitis, doux, douce, lenis, poli, po- sues, ces porcs, ou truies, v. o sues, ô porcs, ô
miles, veles, id est levis armaturæ miles, interpres, has sacerdotes, v. o sacerdotes, a. ab his sacerdoti-
ales, præpes, præs, idest fide jussor, satelles, deses, bus. Ad hanc formam declinantur custos, impos,
praises, dives, heres, celes, eælites, qui iter sibi fa- compos, nepos. Exit et per us, ut sus : n. hic et
:
ciunt ad cælum, indiges indigetis, etc. Exit in is,
ut similis n. hic et liaec similis, g. hujus similis,
d. huic simili, a. hunc et hanc similem, v. o similis,
:
hæc sus, g. hujus suis, d. huic sui, a. hunc et hanc
suem, v. o sus, a. ab hl/e et ab hac sue et plurali-
ter, n. hi et lise sues, g. horum et harum suum, d.
a. ab hoc et ab hac simili : et pluralitern. hi et has
similes, g. horum et harum similium, d. his simili-
bus, a. hos et has similès, v. o similes, a. ab his si-
:
his suibus, a. hos et has sues, v. o sues, a. ab his
suibus. Exit et per er, ut pauper n. hie et hsec
pauper, g. hujuspauperis, d. huic pauperi, a. hunc
milibus. Ad hanc formam declinantur agilis, facilis, et hanc pauperem, v. o pauper, a. ab hoc et ab hac
fragilis, viridis,mobilis, humilis,mitis,lenis, mollis, paupere : et pluraliter, n. hi et hae pauperes, g. ho-
vicis, testis, hostis, tristis, fortis, suavis, frugalis, rum et harum pauperum, d. his pauperibus, a. hos
crudelis, inanis, gracilis, immanis, etc. Exit per os, et has pauperes, v. o pauperes, a. ab his pauperi-
ut sacerdos : n. liic et hæc sacerdos, g. hujus sacers bus. Ad hanc formam declinantur et alia, ut acer,
dotis, d. huic sacerdoti, a. hunc et hanc sacerdo- alacer, id est, lætus. Exit commune in ex, ut opifex :
tem, v. o sacerdos, a. ab hoc et ab hac sacerdote : n. hic et lieec opifex, g. hujus opificis, d. huic opifici,
et pluraliter, n. hi et hæ sacerdotes, g. horum et a. hunc et hanc opificem, 7. o opifex, a. ab hoc et
harum sacerdotum, d. his sacerdotibus, a. hos et ab hac opifice : et pluraliter, n. hi et hæ opifices,
truies, abl. ab his suibus, de ou par ces porcs,
oucestruies. Il y ena ener,commepauper, pau-
clinez de même : aurifex, orfèvre, artifex,
artisan, judex, juge, carnifex, bourreau, index,
vre. Singulier. N. hic, hæc pauper, ce pauvre, qui indique, vindex, vengeur, vengeresse, aus-
cette pauvresse, g. hujus pauperis, de ce pauvre, pex, guide, aruspex, aruspice, signifex, sta-
de cette pauvresse, d. huicpauperi, à ce pauvre, tuaire, etc. Il y en a en eps, princeps, prince,
à cette pauvresse, ac. hune, hanc pauperem, princesse. Singulier. N. hic, hæc, princeps, ce
ce pauvre, cette pauvresse, v. o pauper, ô pau- prince, cette princesse, g. hujus principis, de ce
vre, ô pauvresse, abl. ab hoc, ab hac paupere, prince, de cette princesse, d. huic principi, à ce
deoupar ce pauvre, cette pauvresse. Pl. N. hi, prince, à cette princesse, v. o princeps,ô prince,
hsspauperes,ces pauvres, ces pauvresses, g. ho- ô princesse, abl. ab hoc, ab hac principe, de
rum, harum pauperum, de ces pauvres, de ces ou par ce prince, cette princesse. Pluriel. N.hi,
pauvresses, d.his pauperibus, à ces pauvres, ou
pauvresses, ac. hos, has pauperes, ces pauvres
ou pauvresses, v. o pauperes, ô pauvres ou pau-
rum, harum principum ,
hæc principes, ces princes ou princesses, ho- g.
de ces princes ou
princesses, d. his principibus, à ces princes ou
vresses, abl. ab his pauperibus, de ou par ces princesses, ac. hos, has principes, ces princes
pauvres ou pauvresses. D'autres mots, tels que : ou princesses, v. o principes, ô princes, ô prin-
acer, vif, vive, alacer, joyeux, joyeuse, se dé-
clinent de même. Il yen a en ex, comme opi-
fex, ouvrier, ouvrière. Singulier. N. hic, hæc
cesses, abl. ab his principibus, de oupar ces
princes ou princesses. Ainsi se déclinent nan-
ceps,adjudicataire, particeps, qui participe,
:
opifex, cet ouvrier, cette ouvrière, g. hujus opi- municeps, municipe. Quant aux six mots an-
ficis, de cet ouvrier, de cette ouvrière, d. huic ceps, douteux, biceps, à deux têtes, triceps, à
opifici, à cet ouvrier, à cette ouvrière, ac. trois têtes, quatriceps, à quatre têtes, multi-
hune, hanc opificem, cet ouvrier, cette ou- ceps, à beaucoup de têtès, et præceps, qui se
vrière, v. o opifex, ô ouvrier, ô ouvrière, abl. précipite, ils ont, contrairement à la règle pré-
ab hoc, ab hac opifice, de ou par cet ouvrier, cédente, le génitif singulier enitis, au lieu de
cette ouvrière. Pluriel. N. hi, hæ opifices, ces pis, anceps, douteux, ancipitis, biceps, à deux
ouvriers ou ouvrières, g. horum. harum opifi- têtes, bicipitis, triceps, à trois têtes, tricipitis,
cum, de ces ouvriers ou ouvrières, d. his opifi- quatriceps, à quatre têtes, quadricipitis, mul-
cibus, à ces ouvriers ou ouvrières, ac. hos, has ticeps, à beaucoup de têtes, multicipitis,
opifices, ces ouvriers ou ouvrières, v. o opifi-
præceps, qui se précipite, præcipitis; et la
ces, ô ouvriers ou ouvrières, abl. ab his opifi- raison de ce génitif en is, c'est qu'ils vien-
cibus, de ou par ces ouvriers ou ouvrières. Dé- nent de caput, capitis, tête, tandis que les
g. horum et harum opificum, d. his opificibus, a. principis, mancipis, quia a capitis signiflcatione ve-
hos et has opifices, v. o opifices, a.ab his opifici- niunt, illa autem superiora a capiendi significatione.
bus. Ad hanc formam declinabis aurifex, artifex, Princeps enim dictusest, quod primus capiat, et
judex, carnifex, index, vindex, auspex, haruspex, manceps quod manu capiat. Anceps autem dictus
:
signifex, et alia. Exit genus commune in eps, ut
princeps :
declinatur sic Nominativo hic et hæc
princeps, g. hujus principis, d. huic principi, a.
est quod dubii capitis sit, vel inclinati capitis in
utrumque partem. Exit genus gommunein junx syl-
labam, ut conjunx: Nominativo hic ethæc conjunx.
:
hune et hanc principem, v. o princeps, a. ab hoc et
abhac principe et pluraliter, n.hi et hæ principes,
g. horum et harum principum, d. hisprincipibus,
Exit in ux, ut hic et hæc dux, redux. Exit in eps,
quod quidem in omne genus redibit. Exibit in ebs,
ut cælebs. Cælebs dicitur qui non habet uxorem,
a. hos et has principes, v. o principes, a. ab his vel quæ non habet maritum : qualia sunt numina
principibus. Sic declinantur manceps, particeps, in cœlo quæ absque conjuge sunt, si agapetas non
municeps. Anceps autem et biceps et triceps et qua- attendamus : Nominativo hic et hæc cælebs, g. hujus
driceps, multiceps, præceps, hæc sex nomina geni- cælibis, d. huic cælibi, a. hunc et hanc cælibem, v.
tivum singularem contra regulam superiorem in tis
syllabam mittunt, non in pis, ut anceps ancipitis, o cælebs, a. ab hoc et ab hac cælibe : et pluraliter,
biceps bicipitis, triceps tricipitis, quadriceps n. hi et hæ cælibes, g. horum et harum cælibum,
qua- d. his caelibus, a. hos et has cælibes, v. o cælibes, a.
dricipitis,
multiceps multicipitis,præcepspræcipitis. ab his cælibibus. Exit et in yx, ut Phryx : Nomina-
Sed ideo in tis syllabam exeunt,
non in pis, ut tivohic hæphryx, g. hujus phrygis, d.huic
et
premiers viennent de capio, prendre. Car le ce phrygien, cette phrygienne. Pluriel. N. hi,
mot princeps dérive de ce qu'il prend le pre- hæ phryges, ces phrygiens, ces phrygiennes, g.
mier, et manceps, de ce qu'il prend par la horum, harum phrygum, de ces phrygiens, de
main. Quant àanceps, il dérive de ce que l'on ces phrygiennes, d. his phrygibus, ces à
est d'une tête douteuse ou d'une tète qui in- phrygiens, ou phrygiennes,ac. hos, has phryges,
a
cline d'une part ou d'autre. Il y des noms du ces phrygiens ou phrygiennes, abl. ab his
genrecommun terminés en junx, comme con- phrygibus, de ou par ces phrygiens ou phry-
junx, époux, épouse. N. hic ou hæc con- Il
giennes. y en a en us, comme ligus, ligurien.
lygurienne, qui de même que phryx, désignent
comme hic, hæc dux, ce chef, redux, de retour. les habitants d'un pays. Singulier. N. hic, hæc
Il y en a en eps que nous reverrons plus loin ligus,ce ligurien, cette ligurienne, g. hujus li-
parmi Les noms de tous genres. Il y en a en guris, de ce ligurien, de cette ligurienne, d.
:
ebs, comme cælebs, célibataire. On appelle cé-
libataire quiconque n'est pas marié telles les
divinités (4) célestes qui n'ont ni époux ni
huic liguri, à ce ligurien, à cette ligurienne,
ac. hune, hanc ligurem, ce ligurien, cette li-
gurienne, v. o ligus, ô ligurien, ô ligurienne,
épouses, pour ne point parler des agapètes. abl. ab hoc, ab hac ligure, de ou par ce ligu-
Singulier. N. hic, hæc cœlebs, ce, cette céliba, rien, cette ligurienne. Pluriel. N. hi, hæc li-
taire, g. hujus cœlibis, de ce, de cette céliba- gures, ces liguriens, ces liguriennes, g. horum,
taire, d. huic coelibi, à ce, à cette célibataire, harum ligurum, de ces liguriens ou ligurien-
ac. hune, hanc cœlibem, ce, cette célibataire, nes, d. his liguribus, à ces liguriens, ou ligu-
v. o cælebs, ô célibataire, abl. ab hoc. ab hac, riennes, ac. hos, has ligures, ces liguriens ou
cœlibe, de ou par ce, cette célibataire. Pluriel. liguriennes, v. o ligures, ô liguriens, ô ligu-
N. hi, lise celibes, ces célibataires, g. horum, riennes, abl. ab his liguribus, de ou par ces li-
harum cœlibum, de ces célibataires, d. his cœ- guriens ou liguriennes. Il y a des noms du
libibus, à ces célibataires, ac. hos, has cœlibes, genre commun en il, comme vigil, qui veille.
ces célibataires. v. o cœlibes, ô célibataires, Singulier. N. hic, hæc vigil, celui, celle qui
abl. ab his cœlibibus, de ou par ces célibatai- veille, g. hujus vigilis, de celui, de celle qui
res, Il yen a en yx, comme phryx, phrygien, veille, d. huic vigili, à celui, à celle qui veille,
phrygienne. Singulier. N. hic, hæc phryx, ce ac. hune, hanc vigilem, celui, celle qui veille,
phrygien, cette phrygienne, g. hujus phrygis, v. o vigil, ô toi qui veilles, abl. ab hoc, ab
de ce phrygien, de cette phrygienne, d. huic hac vigile, de ou par celui ou celle qui veille.
phrygi, à ce phrygien, à cette phrygienne, ac. Pluriel. N. hi, hæ vigiles, ceux, celles qui veil-
hune, hanc phrygem, ce phrygien, cette lent, g. horum, harum vigilum, de ceux, de
phrygienne, v. o phryx, ô phrygien, ô phry- celles qui veillent, d. his vigilibus, à ceux, à
gienne, abl. ab hoc, ab hac phryge, de ou par celles qui veillent, ac. hos, has vigiles, ceux
phrygi, a. hunc et hanc phrygem, v.o phryx, a. ab commune in il, ut vigil: Nominativo hic et hæc vi-
hoc et ab hac phryge ! et pluraliter, Nominativo hi
et hæ phryges, g. horum et harum phrygum, d. his
phrygibus; a. hos et has phryges, v. o phryges, a.
:
gil, g. hujus vigilis, d. huic vigili, a. hunc ethanc
vigilem, v. o vigil, a. ab hoc et ab hac vigile et
pluraliter, n. hi et hæ vigiles, g. horum et harum
ab his phrygibus. Et in us exit, ut Ligus, quod si- vigilum, d. his vigilibus, a. hos et has vigiles, v. o
militer ut phryx, locale nomen est, Nominativo hic
ethæcligus,g.hujusliguris, d. huicliguri, a. hunc
et hanc ligurem, v. o ligus, a. ab hoc et ab hac li-
:
vigiles, a. ab his vigilibus. Ad hanc regulam decli-
nabis hic et hæc pugil. Exit in ul, ut exsul n, hic
et hæc exsul, g. hujus exsulis, d. huic exsuli, a.
gure : et pluraliter, n. hi et hæ ligures, g. horum
et harum ligurum, d. his ligunbus, a. hos et has
ligures, v. u ligures, a. ab his liguribus. Exit genus
:
hunc et hanc exsulem, v. o exsul, a. ab hoc et ab
hac exsule et pluraliter, n. hi et hæ exsules, g.
horum et harum exsulutn, d. his exsulibus, a. hos
celles qui veillent, v. o vigiles, ô vous qui veil- règle, n'admet pas, de droit, le genre neutre,
lez, abl. ab his vigilibus, de ou par ceux, celles bien que major, plus grand, fasse majus, au.
qui veillent. Décliner demême hic, hæc pugil, neutre. Singulier. N. hic, hæc memor, celui,
cet athlète pour le pugilat. Il y en a qui se ter- celle qui se souvient, g. hujus memoris, de ce-
minent en ul, comme exsul, exilé, exilée. lui ou celle qui se souvient, d. huic memori, à
Singulier. N. hic, hæc exsul,cet exilé, cette celui ou celle qui se souvient, ac. hune, hanc
exilée, g. hujus exsulis, de cet exilé, de cette memorem, celui ou celle qui se souvient, v. o
exilée, d. huic exsuli, à cet exilé, à cette exilée, memor, ô toi qui te souviens, abl. ab hoc, ab
ac. hune, hanc exsulem, cet exilé, cette exilée, bac memore, de ou par celui ou celle qui se
v.o exsul, ô exilé ou exilée, abl. ab hoc, ab souvient. Pluriel. N. hi, hæ memores, ceux ou
hac exsule, de ou par cet exilé, cette exilé.e celles qui se souviennent, g. horum, harum
Pluriel. N. hi, hae exsules, ces exilés ou exi- memorum, de ceux ou celles qui se souviennent,
lées, g. horum, harum exsulum, de ces exilés d. his memoribus, à ceux ou celles qui se sou-
ou exilées, d. his exsulibus, à ces exilés ou viennent, ac. hos, has memores, ceux, celles
exilées, ac. hos, has exsules, ô exilés ou exi- qui se souviennent, v. o memores, ô vous qui
lées, abl. ab his exsulibus, de ou par ces exilés vous souvenez, abl. ab his memoribus, de ou
ou exilées. Ainsi se décline prœsul,prélat, hic, par ceux ou celles qui se souviennent. Il admet
hæc prœsul, ce prélat, parce qu'il est masculin,
comme consul. Il y en a terminés en ur, comme
fur, voleur. Singulier. N. hic, hæc fur, ce vo-
;
aussi le genre neutre, mais non selon la règle
des noms de tout genre comme hoc memor, ce
se qui souvient, d'où ces deux vers de Virgile :
leur, cette voleuse,g. hujus furis, de ce voleur,
« Et s'il est quelque divinité qui se souvienne
de cette voleuse, d. huic furi, à ce voleur, à (memor) des douleurs d'une amante, elle le supplie
cette voleuse, ac. hune, hanc furem, ce voleur, iv,
de la venger. » (Enéid., 520.)
abl. ab hoc, ab hac fure, de ou parce voleur N'ayantpoint de pluriel neutre, il n'est pas par
ou cette voleuse. Pluriel. N. hi, hæ fures, ces là même de tout genre. Car nous ne disons pas
voleurs ou voleuses, g. horum, harum furum, les divinités qui se souviennent (memora ou
de ces voleurs ou voleuses, d. his furibus, à ces memoria). Déclinez de même au nominatif sin-
voleurs ou voleuses, ac. hos, has, fures, ces gulier, auctor, auteur, hic, hæc auctor, cet
voleurs ou voleuses, v. o fures, ô voleurs ou
voleuses, abl. ab his furibus, de ou par ces
voleurs ou voleuses. Ainsi se décline augur,
:
auteur, hi, hæ auctores, ces auteurs. Junon
n'a-t-ellepasdit anctor egoaudendi:c'estmoi
qui suis cause (auctor)que vous osiez?» (Enéid.,
augure. Ily en a terminés en or, comme ma- XII, 159.) Des noms de tout genre sont en ax,
jor, plus grand, plus grande, memor, qui se ex, ix, ox, ux, ens, ons, ar, ers, ors, us et es.
souvient. Mais memor, à moins d'une autre En.ax, nous avons pertinax, opiniâtre. Singu-
et has exsules, v. o exsules, it. ab his exsulibus. Ad hi et hæ memores, g. horum et harum memorum,
hie
sul: :
hanc formam declinabis præsulem, et hæc præ-
quoniam masculinum est, ut consul. Exit in
ur, ut fur Nominativo hi et hæcfures,g. horum et
d. his memoribus, a. hos et has memores, v. o me-
mores, a. ab his memoribus. Admittit et neutrum
sed non in regula generis omnis, ut hoc memor,
harumfuvum, d. his furibus. a. hos et has fures, unde et Virgilius :
v. o fures. a. ab his furibus. Ad hanc formam de-
clinabis augur, hic et hæc Turn si quod non œquo foedere amantis
augur. Exit genus com- Curæ numen habet, justumque memorque precatur,
mune in or, ut major, memor. Sed memor, si alia
regula est, non admittit genus neutrum in jus, (Æneid, iv).
quando major admittit in neutro majus. Nominativo
hicet hæc memor, g. hujus Il:emoi.'is, d. huic me-: Pluralem non admittit, inde non est generis omnis.
mori, a. hunc et hanc memorem, v. o memor, a. Neque enim dicimus memora vel memoria numina.
ab hoc et abhacmemore : et pluraliter, Nominativo Similiter declinabis auctorem in nominativo singu-
lier. N. hic, hæc, hoc pertinax, cet, cette, cet hæc simplices, hæc simplicia, ces simples, g.
opiniâtre, g. hujus pertinacis, de cet, cette, horum, harum, horum simplicium, de ces
cet opiniâtre, d. huic pertinaci, à cet, cette, cet simples, d. his simplicibus, à ces simples, ac.
opiniâtre, ac. hune, hanc pertinacem, hoc per- hos, has simplices, hæcsimplicia, ces simples,
tinax, cet, cette, cet opiniâtre, v. o pertinax, ô v. o simplices, o simplicia, ô simples, abl. ab
opiniâtre, abl. ab hoc, ab hac, ab hoc pertinaci,
de ou par cet, cette, cet opiniâtre. Pluriel. N. :
his simplicibus, de ou par ces simples. Se dé-
clinent ainsi duplex, double, triplex, triple,
hi, hœ pertinaces, hsec pertinacia, ces opiniâ- quadruplex, quadruple, quintuplex, quintuple-
tres, g. horum, harum, horum pertinacium, de sextuplex, sextuple, septuplex, septuple, sans
ces opiniâtres, d. his pertinacibus, à cesopiniâ- m, septemplex étant aussi un mot latin qui se dé-
tres, ac. hos, has pertinaces, hœc pertinacia, cline comme plus haut. Quant aux mots en ix
ces opiniâtres, v. ô pertinaces, o pertinacia, ô comme félix, heureux, heureuse, ils se décli,
: :
opiniâtres, abl. ab his pertinacibus, de ou par nent ainsi Singulier. N. hic, hæc, hoc felix,
ces opiniâtres. Déclinez de même efficax, effi- cet heureux, cette heureuse, cette chose heu-
cace, tenax, tenace, pervicax, obstiné, dicax, reuse, g. hujus felicis, de cet heureux, de cette
railleur, sequax, qui suit, rapax, rapace, mor- heureuse, de cette chose heureuse, d. huic fe-
dax, mordant, capax, capable, furax, enclin lici, à cet heureux, à cette heureuse, à cette
au vol, emax, grand acheteur, fallax, trom- chose heureuse, ac. hune, hanc felicem, hoc
peur, mendax, menteur, nugax, mauvais plai- felix, cet heureux, cette heureuse, cette chose
sant, vivax, vivace. Tous ces noms et autres heureuse, v, o felix, ô heureux, heureuse, chose
semblahles ont l'ablatif singulier en i. Les heureuse, abl. ab hoc, ab hac, ab hoc felici, de
noms en ex suivant les règles ci-dessus;comme ou par cet heureux, cette heureuse, cette chose
simplex, simple. Singulier. N. hic, hsec, hoc heureuse, pour le neutre, mais les noms pro-
simplex, ce, celte, ce simple, g. hnjus simpli- pres ont l'ablatif en e pour le masculin. Plu-
cis, de ce, cette, ce simple, d. huic simplici, à riel. N. hi,hæ,felices,hæcfelicia, ces heureux,
ce, cette, ce simple, ac. hune, hanc simplicem, heureuses, choses heureuses, g. horum, harum
hoc simplex. ce, cette, ce simple, v. o simplex, felicium, de ces heureux, heureuses, choses heu-
ô simple, abl. ab hoc, ab hac, ab hoc simplici, reuses, d.his felicibus,à ces heureux, heureuses,
de ou par ce, cette, ce simple. Pluriel. N. hi, choses heureuses,ac. hos,has felices, hæcfelicia
lari, hic et hæc auctor, ut ait Juno, Auctor ego au- harum et horum simplicium, d. his simplicibus, a.
dendi ; hi et hæ auctores. Exit genus omne in ax, hos et has simplices, et hæc simplicia, v. o simpli-
in ex, in ix, in ox; in ux, ans, ens, ars, ers, ors, in simplicibus. Ad hanc
ces, et o simplicia, a. ab his
us, es. In ax, ut hic et hæc et hoc pertinax, Geni- formam declinantur duplex, triplex, quadruplex,
tivo hujus pertinacis, Dativo huic pertinaci, a. hunc quintuplex, sextuplex, septuplex, excluso m, quia
et hanc pertinacem et hoc pertinax, v. o pertinax, et septemplex Latinum est, quod declinatur ut su-
a. ab hoc et ab hac et ab hoc pertinaci : et plura- perius. Ex regula in ix, ut felix, quod sic declina-
liter, Nominativo hi et hæ pertinaces, et hæe perti- tur : Nominativo hic et hæc et hoc felix, g. huj us
nacia, g. horum et harum et horum pertinacium, felicis, d. huic felici, a. hunc et hanc felicem, et
d. his pertinacibus, a. hos et has pertinaces, et hæc
pertinacia, v. o pertinaces, et o perfinacia, a. ab
his pertinacibus. A hanc formam declinabis, efficax,
felici, ex sono generis neutri:
hoc felix, v. o felix, a. ab hoc et ab hac et ab hoc
(a propriis nomini-
bus in e exit ab hoc felice, et est generis masculini)
tenax, pervicax, dicax, sequax, rapax, mordax. et pluraliter, Nominativo hi et hæ felices, et hæc
capax, furax, emax, fallax, mendax, nugax, vivax. felicia. g. horum et harum et horum felicium, d.
Hæe omnia ablativum singularem et talia, in i mit- his felicibus, a. hos et has felices, et hæc felicia, v.
tunt. Exit item omne genus in ex, secundum ordi- felicibus. Ad hanc re-
nem regularum supra ordinatarum, ut simplex
Nominativo hic et lisec et ho: simplex, g. hujus
: o felices et o felicia, a. ab his
gulam declinatur pernix, quod significat velocem.
:
Ex regula in ox, ut ferox, declinatur sic Nomina-
simplicis, d. huic simplici, a. hunc et hanc simpli- tivo hic et hæc et hoc ferox, g. hujus ferocis, d.
:
cem, et hoc simplex, v. o. simplex, a. ab hoc et ab
hac et ab hoc simplici et pluraliter, Nominativo
hi et hæ simplices, et hæc simplicia, g. horum et
v. o ferox, a. ab hoc et ab hac et
:
huic feroci, a. hunc et hanc ferocem, et hoc ferox,
ab hoc feroci et
pluraliter, Nominativo hi et hæ feroces, et hæc.
ces heureux, heureuses, choses heureuses, v. o cette chose cruelle, v. o trux, ô cruel, ô cruelle,
felices, o felicia, ô heureux, heureuses, choses ô chose cruelle, abl. ab hoc, ab hac,ab hoc ,
heureuses, abl. ab his felicibus, de ou par ces truci, de ou par ce cruel, cette cruelle, cette
heureux, heureuses, choses heureuses. Déclinez chose cruelle.Pluriel.N.hi,hætruces,hæctrucia,
de même pernix, prompt. Les noms en ox, ces cruels, cruelles, choses cruelles, g.horum,
comme ferox, fier, se déclinentainsi : Singu- harum, horumtrucium, deces cruels, cruelles,
lier. N. hic, hæc, hoc ferox, ce fier, cette fière. choses cruelles, d. his trucibus, à ces cruels,
cette chose fière, g. hujus ferocis, de ce fier, de cruelles, choses cruelles, ac. hos, has truces,
cette fière, de cette chose fière, d. huic feroci, hæc trucia,ces cruels, cruelles, choses cruelles,
à ce fier, à cette fière, à cette chose fière, ac. v.o truces, o trucia, ô cruels, cruelles, choses
hunc, hanc ferocem, hoc ferox, ce fier, cette cruelles, abl. ab his trucibus, de ou par ces
fière, cette chose fière, v. o ferox, ô fier, ô cruels, cruelles, choses cruelles. De la forme en
fière, ô chose fière, abl. ab hoc, ab hac, ab hoc ans, comme præstans, qui l'emporte. Singulier.
feroci, de ou par ce fier, cette fière, cette chose N. hic, hæc, hoc praestans, celui, celle, ce qui
fière. Pluriel. N. hi, lise feroces; hæc ferocia, remporte, g. hujus proesta-ntis, de celui, de
cesfiers, fières, choses fières, g. horum,harum, celle, de ce qui l'emporte, d. huic præstanti, à
horum ferocium, de ces fiers, fières, choses celui, à celle, à ce qui l'emporte, ac. hune,
fières, d. his ferocibus, à ces fiers, fières, choses hanc præstantem, hoc præstans, celui, celle, ce
fières, ac. hos, has feroces, hæc ferocia, ces qui l'emporte, v. o præstans, ô toi qui l'em-
fiers, fières, choses fières, v. ô feroces, o fero- portes, abl. ab hoc, ab hac, ab hoc præstante,
cia, ô fiers, fières, choses fières, abl. ab his fe- de ou par celui, celle, ce qui l'emporte. Plu-
rocibus, de ou par ces fiers, fières, choses fiè- riel. N. hi, hæ præstantes, hoec præstantta,
res. Déclinez de même atrox, atroce, velox, ceux, celles, les choses qui l'emportent, g. ho-
rapide. De la forme en ux, il n'y a qu'un nom, rum, harum, horum præstantium, de ceux, de
trux, cruel. Singulier. N. hic, hæc, hoc trux, celles, des choses qui l'emportent, d. his præs-
ce cruel, cette cruelle, cette chose cruelle, g. tantibus, à ceux, à celles, aux choses qui l'em-
hujus trucis, de ce cruel, de cette cruelle, de portent, ac. hos, has præstantes, hæc præstan-
cette chose cruelle: d. huic truci, à ce cruel, à tia, ceux, celles, les choses qui l'emportent, v.
cette cruelle, à cette chose cruelle, ac. hunc, o præstantes, o præstantia, ô vous qui l'empor-
hanc trucem, hoc trux, ce cruel, cette cruelle, tez, abl. ab his præstantibus, de ou par ceux,
ferocia, g. horum et harum et horum ferocium, tes et o præstantia, a. ab his præstantibus.Ad hanc
d. his ferocibus, a. hos et has feroces, et hæc fero- formam declinatur amans, clamans, cantans, luc-
cia, v. o feroces, et o ferocia, a. ab his ferocibus. tans, constans, prostans,regnans,pugnans, mirans,
:
Ad hanc formam declinabitur atrox, velox. Ex
regula in ux, unum nomen est, ut trux Nomina-
tivo hic et hæc et hoc trux, g. hujus trucis, d. huic
minans, miserans, æstllnns, versans, et talia. Ex
regula ens, ut amens : n. hic et hæc et hoc amens,
g. hujus amentis, d. huic amenti, a. hunc et hanc
truci, a. hunc et hanc trucem, et hoc trux, v. o amentem, et hoc amens, v. o amens, a. ab hoc et
trux, a. ab hoc et ab hac et ab hoc truci, sono
generis neutri : et pluraliter, N. hiet hæ truces, et
hæc trucia, g. horum et harum et horum trucium,
:
ab hac et ab hoc amenti, sono generis neutri simi-
liter et pluraliter n. hi et hæ amentes et hæc
amentia, g. horum et harum et horum amentium,
d. his trucibus, a. hos et has truces, et hsec trucia, d. his amentibus, a. hos et has amentes, et hæc
v. o truces et o trucia, a. ab his trucibus. Ex regula amentia, v. o amentes et o amentia, a. ab his amen-
ans, ut præstans : Nominativo hic et hæc et hoc tibus. Ad hanc formam declinatur demens, potens,
præstans, g. hujus præstantis, d. huic præstanti, impotens, præpotens, prudens, imprudens, pudens,
hunc et hanc præstantem et hoc præstans, a. impudens, frequens, infrequens, sedens, hærens,
præstans,a. ab hoc et ab hac et ab hoc præstanli, v. o
moriens, mærens, tenens, egens, ferens, cedens
ex sono generis neutri : et pluraliter, n. hi et hæ sæviens, serviens, sapiens, incipiens, decipiens, et
præstantes, et hæc præstantia, g. horum et harum talia. Ex regula ons, ut sons, quod significat no-
et horum præstantim, d. his præstantibus, hos cens : n. hic et hæc et hoc sons, g. hujus sontis, d.
a.
et has præstantes, et hæc præstantia, v. o præstan- huic sonti, a hunc et hanc sontem, et hoc sons, v.
même :
celles, les choses qui l'emportent. Déclinez Je
amans, aimant, clamans, criant, can-
tans, chantant, luctans, combattant, constans,
sedens, qui est assis, haerens, qui est attaché,
moriens, mourant, mærens, affligé, tenens, te-
nant, egens, indigent, ferens, portant, cedens,
constant, prostans, qui est devant, regnans,ré- cédant, sæviens, sévissant, serviens, servant,
gnant, purgans, purifiant, mirans, admirant, sapiens, sage, insipiens, insensé, decipiens,
minans, menaçant, miserans, ayant pitié æs- trompant, etc. De la forme en ons, comme
tuans, brûlant, versans, tournant, etc. De la sons, coupable. Singulier. N. hic, hæc, hoc
forme en ens, comme amens, insensé. Singulier. sons, ce, cette, cette chose coupabble, d. hujus
N. hic, hæc, hoc amens, cet insensé, cette insen- sontis, de ce, de cette, de cette chose coupable,
sée,cetêtre insensé, g. hujus amentis, de cetin- d. huic sonti, à ce, à cette, à cette chose cou-
sensé,de cette insensée,de cet être insensé,d.huic pable, ac. hunc, hanc sontem, hoc sons, ce,
amenti, à cet insensé, à cette insensée, à cet cette, cette chose coupable, v. o sons, ô coupa-
être insensé, ac. hune, hanc amentem, hoc ble, ô chose coupable, abl. ab hoc, ab hac, ab
amens, cet insensé, cette insensée, cet être in- hoc sonti, de ou par ce, cette, cette chose cou-
sensé, v. o amens, ô insensé, insensée, être in- pable. Pluriel. N. hi, hæ sontes, hæc sontia,
sensé, abl. ab hoc, ab hac, ab hoc amenti, de ces coupables, ces choses coupables, g. horum,
ou par cet insensé, cette insensée, cet être in- harum, horum sontium, de ces coupables, de
sensé. Pluriel. N. hi, hæ amentes, hæc amen- ces choses coupables, d. his sontibus, à ces
tia, ces insensés ou insensées, ces êtres insen- coupables, à ces choses coupables, ac. hos, has
sés, g. horum, harum, horum amenlium, de sontes, hæc sontia, ces coupables, ces choses
ces insensés ou insensées, de ces êtres insensés, coupables, v. o sontes, o sontia, ô coupables; ô
d. his amentibus, à ces insensés ou insensées, choses coupables, abl. ab his sontibus, de ou
à ces êtres insensés, ac. hos, has amentes, hæc par ces coupables, ces choses coupables.Sur ce
amentia, ces insensés ou insensées, ces êtres modèle se décline insons, innocent, et ce sont
insensés, v. o amentes, o amentia, ô insensés les deux seuls noms de tout ce genre ayant
ou insensées, ô êtres insensés, abl. ab his amen- cette terminaison. De la forme en ar, comme
:
tibus, de ou par ces insensés ou insensées, ces
êtres insensées. Se déclinent ainsi demens,
hors de sens, potens, puissant, impotens, im-
par, égal. Singulier. N. hic, hæc, hoc par,
cet homme égal, cette femme égale, cette chose
égale, g. hujus paris, de cet homme égal, de
puissant, præpotens, très-puissant, prudens, cette femme égale, de cette chose égale, d.
prudent, imprudens, imprudent, pudens, qui a huic pari, à cet homme égal, à cette femme
de la pudeur, impudens, qui est sans pudeur, égale, à cette chose égale, ac. hune, hanc pa-
frequens, fréquent, infrequens, peu fréquenté, rem, hoc par, cet homme égal, cette femme
o sons, a. ab hoc et ab hac et ab hoc sonti, a sono sola tria sunt generis omnis. Ex regula ers, ut
generis neutri : et pluraliter, n. hi et hæ sontes, iners : n. hic et hæc et hoc iners, g. hujus inertis,
et hæc sontia, g. horum et harum et horum son- d, huic inerti, a. hunc et hanc inertem et hoc iners,
tium, d. his sontibus, a. hos et has sontes et hæc v. o iners, a. ab hoc et ab hac et ab hoc inerti : et
sontia, v. o sontes et o sontia, a. ab his sontibus.Ad pluraliter. n, hi et hæ inertes et hæc inertia, g.
hanc regulam declinatur insons, id est, innocens. horum et harum et horum inertium, d. his inerti-
bus, a. hos et has inertes et hæc inertia, v. o iner-
:
Et hæc duo sunt tantum generis omnis. Ex regula
ar, ut par n. hic et hæc et hoc par, g. hujus pa-
ris, d. huic pari, a. hunc et hanc parem et hoc
tes et o inertia, a. ab his inertibus. Ex regula ors,
ut vecors : n. hic et hæc et hoc vecors, g. hujus
par, v. o par, a. ab hoc et ab hac et ab hoc pari, vecordis, d. huic vecordi, a. hunc et hanc vecordem,
sono generis neutri : et pluraliter, n. hi et hæ pa- et hoc vecors, v. o vecors, a. ab hoc et ab hac et ab
res et ha'e paria, g. horum et harum et horum pa- hoc vecordi, a genere neutro : et pluraliter, n. hi
rium, d. his paribus, a. hos et has pares et hæc et
et hæ vecordes, hæc vecordia, g. horum et harum
paria, v. o pares eto paria, a. ab his paribus. Ad et horum vecordium, d. his vecordibus, a. hos et
hanc formam declinantur impar, et suppar, quæ has vecordes, et hæc vecordia, v. o vecordes et o
égale, cette chose égale, v. o par, ô homme
égal, ô femme égale, ô chose égale, abl. ab
hoc vecors, cet homme, cette femme ;
cœur, g. hujus vecordis, de cet homme, de
ce. sans
hoc, ab hac, ab hoc pari, de ou par cet homme cette femme sans cœur, d. huic vecordi, à cet
égal, cette femme égale, cette chose égale. Plu- homme, à cette femme sans cœur, ac. hune,
riel. N. hi, lise pares, hæc paria, ces hommes hanc, vecordem, hoc vecors, ce, cet homme,
égaux, ces femmes égales, ces choses égales, cette femme sans cœur, v. o vecors, ô homme,
g. horum, harum, horum parium, de ces hom- ô femme sans cœur, abl. ab hoc, ab hac, abhoc
mes égaux, de ces femmes égales, de ces cho- vecordi, de ou par ce, cet homme, cette femme
ses égales, d. his paribus,àces hommes égaux, sans cœur. Pluriel. N. hi, hæ vecordes, hsec
à ces femmes égales, à ces choses égales, ac. vecordia, ces hommes, ces femmes, ces. sans
hos, has pares, hæc paria, ces hommes égaux, cœur, g. horum, harum, horum vecordium, de
ces femmes égales, ces choses égales, v. o pa- ces hommes, de ces femmes sans cœur, d. his
res, o paria, ô hommes égaux, ô choses égales, vecordibus, ac. hos, has vecordes, hæc vecordia,
abl.ab his paribus,de ou par ces hommes égaux, ces hommes, ces femmes sans cœur, v. o vecor-
ces femmes égales, ces choses égales. Sur ce des, o vecordia, ô hommes, ô femmes sans
modèle se déclinent impar, inégal, suppar, à cœur, abl. ab his vecordibus, de ou par ces
peu près semblable. Et ce sont les seuls noms hommes, ces femmes sans cœur. Sur ce modèle,
de tout genre ayant cette terminaison. De la vous déclinerez excors, déraisonnable, con-
forme en ers, comme iners, inerte, sans force. cors, qui est d'accord, discors, qui n'est pas
Singulier. N. hic, hæc, hociners, cet homme, d'accord, consors, qui participe à, dissors, qui
cette femme, cet objet sans force, g. hujus iner- n'entre point en partage. Mais ces deux der-
tis, de cet homme, cette femme, cet objet sans niers font au génitif consortis et dissortis. Dis-
force, d. huic inerti, à cet homme, cette femme, sors est pour dissimilis sortis, d'un sort
cet objet sans force, ac. hune, hanc inertem, différent. De la forme en us, comme vetus, an-
hoc iners, cet homme, cette femme, cet objet cien. Singulier. N. hic, hæc, hoc vetus, cet an-
sans force, v. o iners, ô homme, femme, objet cien, cette ancienne, cet objet ancien, g. hujus
sans force, abl. ab hoc, ab hac, ab hoc inerti, veteris, de cet ancien, de cette ancienne, de cet
de ou par cet homme, cette femme, cet objet objet ancien, d. huic veteri, à cet ancien, à
sans force. Pluriel. N. hi, hæ inertes, hæc iner- cette ancienne, à cet objet ancien, ac. hune,
tia, ces hommes, ces femmes, ces choses sans hanc veterem, hoc vetus, cet ancien, cette an-
force, g. horum, harum, horum inertium, de cienne, cet objet ancien v. o vetus, ô ancien.
ces hommes, de ces femmes, de ces objets sans ô
ô ancienne, objet ancien, abl. ab hoc,ab hac,
force, d. his inertibus, àces hommes, à ces ab hoc veteri(au genre neutre), de ou par cet
femmes, à ces objets sans force, ac. hos, has ancien,cette ancienne,cet objet ancien. Pluriel.
inertes, hæc inertia, ces hommes, ces femmes, N.hi, hæ veteres, hæc vetera,cesanciens,ces an-
ces objets sans force, v. o inertes, o inertia, ô ciennes, ces objets anciens, g. horum, harum,
hommes, ô femmes, ô objets sans force, abl. ab horum veterum,de ces anciens, de ces anciennes,
his inertibus, de ou par ces hommes, ces fem- de ces objets anciens, d. his veteribus, à ces an-
mes, ces objet sans force. De la forme en ors, ciens, à ces anciennes, à ces objets anciens, ac.
commevecors,sans cœur. Singulier.N. hic, hæc, hos, has veteres, hæc vetera, ces anciens, ces
qui, sous un seul et même article, comprend passereau mâle et le passereau femelle. De
les deux sexes, le sexe masculin et le sexe fé- même pour l'article du genre neutre,
comme
minin, comme hic passer, ce passereau (mâle hoc pecus, ce troupeau. Par cet article, quoique
et femelle). Singulier. N. hic passer, ce passe- au neutre, on entend le genre féminin, comme
reau, g. hujus passeris, de ce passereau, d. huic
passeri, à ce passereau, ac. hune passerem, ce
:
quand Virgile dit « Lenta salix feto pecori.
(Egl. 111, 83). Il est évident que bien
»
que pecori
passereau, v. o passer, ò passereau, abl. ab soit du neutre, c'est le féminin qu'il entend
hoc passere, de ou par ce passereau. Pluriel. quand il dit feto pecori, le troupeau prêt à
N. hi passeres, ces passereaux, g. horum pas- mettre bas. Parlons maintenant des noms qui
serum, de ces passereaux, d. his passeribus, à n'ont que le singulier ou le pluriel, comme
ces passereaux, ac. hos passeres, ces passe- cancelli, barreaux, manes, mânes, penates, pé-
reaux, v. o passeres, ô passereaux, abl. ab his
passeribus, de ou par ces passereaux. Quant
nates. Ont seulement un féminin pluriel
thermæ, thermes, eaux chaudes, exsequiæ,
:
aux mots hæc aquila, cet aigle, hæc tigris, ce funérailles, insidiæ, embûches, divitiæ,riches-
;
arma, armes, exta, viscères, entrailles, Bactra, pronoms ont à proprement parler la même pro-
;
Bactres, ville du pays des Parthes par consé- priété, quand nous disons sans prononcer le
:
quent cette ville est du genre neutre et n'a que nom cet homme a fait telle chose. Or les pro-
le pluriel. Il y a des noms qui sont formés de noms sont ou définis ou indéfinis, ou moins
deux noms,comme tribunusmilitum, tribun que définis. Ils sont définis quand ils marquent
des soldats, præfectsurbis, préfet de la ville, une personne déterminée, comme ego, moi, in-
præfectusfundis, chef des domaines, præfectus définis, comme quelqu'un, chacun, quiconque,
annonæ, préfet des vivres, præfectusvigilibus, ceux qui, quelques-uns, quelques-unes, ils sont
chef des gardes de nuit, plebiscitum,plebiscite, moins que définis quand ils ne définissent pas
senatusconsultum, sénatus-consulte. Or, dans lapersonne de telle façon qu'on n'ait plus be-
;
ces noms, une partie se décline et l'autre reste soin d'indicateur, ce qui a lieu quand nous di-
indéclinable. Par exemple, præfectusvigilibus. sons moi ainsi le pronom toi, lui-même, n'est
Le nominatif præfectus se décline ainsi. Singu- pas entièrement défini, si vous na montrez la
lier. N. præfectus, ce préfet, g. præfecti, de ce personne du doigt. On doit donc les appeler
à
préfet, d. præfecto, ce préfet, ac. præfectum, moins que définis. Ils ne donnent en effet qu'une
rarius, poetica licentia dedit plurali, ut Serite tem genitivus est, hic non flectitur. De nomine
hordea campis (Georg. I.) : declinatur autem nomi- quantum rudi conveniebat, plenius exposuimus :
:
nativus solus. In neutro tantum plurali, castra,
mœnia, arcna, exta, id est viscera Bactra, quæ est
civitas Parthiæ : ergo et hæc civitas generis neutri
nunc de pronomine est dicendum, quodest secunda
pars de octo partibus orationis.
DE PRONOMINE. — De declinationepronominum I, n,
est numero tantum plurali. Sane sunt nomina sub
duplici enuntiatione, ut tribunusmilitum, præfec-
tusurbis, præfectusfundis, præfectusannonæ, præ-
fectusvigilibus, plebiscitum, senatusconsultum
:
et in personœ. — Ideo pronomen dicitur, quia vice
fungitur nominis utille, iste, ipse. Nam quomodo
dicendo nomen explicamus personam, ut Virgilius:
: sic pronomina proprie ej usdem potest atis sunt, cum
quorum nominum una pars declinatur, altera non tacito nomine dicimus : Hic fecit, iste fecit. Prono-
declinatur, ut puta præfectusvigilibus, nominativus mina aut finita sunt, aut infinita, aut minus quam
ipseflectitur per casus, præfectus, præfecti, finita. Finita sunt quæ notant certam personam,
præ-
fecto, præfectum, præfecte, a præfecto : vigilibus ut ego. Infinita, ut quis, quisque, quicumque, quæ-
sic manet, nec flectitur. Ut senatusconsultum, hoc
consultum, hujus consulti, huic consulto, hoc con- cumque, qui, aliqui, quæ, aliquæ. Minus quam fi-
nita sunt pronomina, qutB non sic definiunt perso-
sultum, o consultum, ab hoc consulto. Senatus
au- nam, ut non egeant demonstratore, quomodo
foule ; ;
certaine désignation qui n'est point complète
comme dans moi supposez par exemple une
le pronom toi n'aura pas dans cette foule
(mancipim) disent moi. De même nous disons
toi à un homme, à une femme et à un esclave
le
(mancipium). Même chose pour pluriel, nous
une signification aussi déterminée que quand
un homme parlant dans cette foule dit moi
pour désigner dans une foule un homme que
: :
et vous. Quant à la troisième personne, envoici
la déclinaison pour les trois genres ille, illa,
illud ; ce, cette, celui-là, celle-là, cela. Singu-
nous cherchons, nous ajoutons le nom, ou nous lier masculin. N. ille, illa, illud, lui, elle, cela,
tendons la main, pour montrer plus clairement g. illius, de lui, d'elle, de cela, de illi, à lui,
celui que nous appelons, donc, toi, celui-là, ce- à elle, à cela, ac. illum, illam, illud, lui, elle,
lui-ci, et autres pronoms qui ne peuvent définir cela. v. o ille, o illa, o illud, ô lui, ô elle, ô cela,
une personne que par un seul côté, pour ainsi abl, ab illo, ab illa, ab illo, de ou par lui, elle
dire, doivent être appelés moins que définis. ou cela. Pluriel. N. illi, illae, illa, eux, elles,
La première personne est ego, moi. Au sin- ces, g. illorum,illarum, illorum, d'eux, d'elles
gulier comme au pluriel, elle n'a point de vo- de ces, d. illis, à eux, à elles, à ceux, acc. illos,
;
catif car personne ne se nomme, o ego, o nos,
ô moi, ô nous. Ce pronom se décline ainsi.
illas, illi, eux, elles, ces, v. o illi, o illse o illa,
ô eux, ô elles, ô ces, ab. ab illis, de ou par
Singulier, N. ego, moi, g, mei, de moi, d. mihi, eux, elles ou ces. Déclinez de même aussi
à moi, ac. me, me moi, abl. a me, de ou par bien pour les genres que pour les nombres:
moi. Pluriel. N. nos, nous, g. nostrum, de Iste, ce cet, celui-ci, celui-là, cela, ipse, moi-
nous, d. nobis, à nous, ac. nos, nous, abl., a même, toi-même, lui-même. Pour ce qui est de
nobis, de nous ou par nous. Point de vocatif, ce dernier pronom ipse, on se demande pour-
avons-nous dit, au singulier ni au pluriel. Sin- quoi, quand on dit au neutre istud et illud, on
gulier. N. tu, toi, g. tui, de toi, d. tibi, à toi,
ac. te, toi, v. ô tu, ô toi, abl. a te, de ou par Virgile:
dit ipsum au neutre, au lieu de ipsud : témoin
« Atque ipsum corpus amici, le
toi. Pluriel. N. vos, vous, g. vestrum, de vous,
d. vobis, à vous, ac. vos, vous, v. ô vos, ô vous,
abl. a vobis de ou par vous. La première et la
corps même de son ami (Enéide, I, 490). » Or
voici comment on résoud cettequestion
anciens disaient plus souvent ipsus que ipse au
: Les
:
dicimus, Ego nam ipsum, Tu, non plene finitum
est, nisiin personam duxeris digitum. Sic ergohæc :
a. a vobis. Sane prima persona et secunda, id est,
ego et tu, generis omnis est nam et vir dicit ego,
minus quam finita dicenda sunt. Habent enim et femina ego, et mancipium ego. Sic tu : et viro
quomodo ego :
quamdam desigoationem non plenæ significationis,
ut puta pone esse turbam, tamen
dicimus tu, et feminæ, et mancipio : sic in plurali
generis omnis est, ut nos, vos. Ex tertia persona
' :
non sic, tu, significanter dicitur in turba, quomodo
de turba cum unus dixerit ego sed ut de multis
unum significemus quem quserimus. aut nomen
hæc est declinatio masculino genere numero singu-
lari : n. illi. g. illorum, d. illis, a. illos, v. o illi,
a. ab illis. Genere feminino, n. illa, g. illius, d. illi.
addimus, aut digituiu intendimus, utappareat cer- a. illam, v. o ilia, a. ab illa.:et pluraliter, n. illæ,
tius quern vocamus. Engo tu, ille, et iste, et alia g. illarum. d. illis, a. illas, v. o illae, a. ab illis.
quae quasi possunt ex parte aliqua definire perso- Genere neutro numero singulari, n. illud, g. illius,
nam, minus quam finita vocanda sunt. Prima per- d. illi, a. illud, v. o illud, a. ab illo : et pluraliter,
sona dicitur ego, tam in singulari numero quam in n. illa, g. illorum; d. illis, a. illa, v. o illa, a. ab
sum:
plurali cum dicimus, nos non habetvocativum ca-
qu'a nemo vocat se, o ego, o nos. Ergo sic
declinatur singulari numero, N. ego, g. mei, d.
mihi, a, me, a. a me : et pluraliter, n. nos, g. no-
illis. Iste, similiter et Ipse, ad formam superiorem
declinabis, tam ad genera quam etiam ad numeros.
Sane quaestio est in hoc pronomine ipse, quare cum
istud et illud, in genere neutro dicimus, dicamus
strum, d. nobis, a. nos, a. a nobis. Vocativum ipsum, ut ait Virgilius; Atque ipsum corpus amici :
enim, ut dixi, non habet, tam in singulari quam in
plurali. Nominativo tu, Genitivo tui, Dativo tibi,
Accusativo te, Vocativo o tu, Ablativo a te : et plu-
:
(AEneid.i.) non dixit, ipsud. Sed haec qusestio solvi-
tur hoc modo Antiqui enim magis ipsus dicebant
in nominativo singulari generis masculini quam
raliter, n. vos, g. vestrum, d. vobis, avos, v. o vos, ipse. Hanc antiquitatis rationem adtendentes artis
quité, ont donné à cepronom la forme du nom; l'ablatif en o, donne un datif pluriel en is ; ,
et de même que l'on disait justus, justa, jus- ainsi a justo, juste amène,justis, a docto, sa-
tum, perfectus, perfecta, perfectum, de même vant, doctis, a perfecto, parfait, perfectis, a
pour le pronom ipse, on disait ipsus, ipsa? fortunato, heureux, fortunatis. Ainsi, comme
ipsum. au lieu de ipsud, comme istud et je l'ai dit plus haut, les anciens ont dit hic et
illud. ;
haec quis celui, celle qui, de même que pour
DÉCLINAISON DES PRONOMS INDÉFINIS. — Qui, les noms, nous trouvons hic et haec similis,
que, lequel, laquelle. — Singulier masculin, celui, celle qui ressemble, hic et haec vgilis qui
N. quis, quae, quod, lequel, laquelle, lequel,
g.cujus, duquel, de laquelle, duquel,
;
est agile; hic et haec facilis, facile de même
d. cui, pour les pronoms, nous voyons hic et haecquis,
auquel, à laquelle, auquel, ac. quem, quam, celui, celle qui, ab hoc et ab hac qui, de ou par
quod, lequel,laquelle,laquelle,v. o quis,o quæ, o celui ou celle qui. D'où Virgile parlanf de la
ô
quod, ô lequel, ô laquelle, lequel, abl. a quo, compagne de Camille, dit : « Quicum par-
a qua, a quo, de ou par lequel, laquelle, le- tiri curas ¡j pour cum qua partiri curas.
quel. Pluriel. N. qui, quae, quse, lesquels, les- Celle avec qui tu partages (Enéide, XI, 822).
lesquelles, lesqueles, g. quorum, quarum, quo- De plus, il y a des pronoms indéfinis qui
rum, desquels, desquelles, desquels, d. quibus sont interrogatifs et que l'on décline ainsi :
ou quîs(1), auxquels, auxquelles, auxquels, ac. Singulier. N. uter, lequel des deux? g. utrius,
quos, quas, quse, lesquels, lesquelles, lesquels, d. utri, auquel desdeux, ac. utrum, lequel des
v. o qui, o quae, o quae, ô lesquels, ô lesquel- deux, v. o uter, ô lequel des deux, abl. ab utro,
les, ô lesquels, Abl. a quibus, de ou parles- duquel.des deux? Pluriel. N. utri, lesquels, g.
:
quels, lesquelles, lesquels. Les anciens ont aussi
fait quis de genre commun N. hic, hæc, quis,
celui qui, celle qui, g. hujus quis, de celui ou
utrorum, desquels d. utris, auxquels ac. utros,
lesquels v. o utri, ô lesquels abl. ab utris,
de ou par lesquels. La syllabe que y étant
de celle qui, d. huic qui, à celui ou à celle qui, ajoutée, on a uterque, l'un et l'autre, dont
ac. hune, hanc, quem, celui, celle que, v. o les terminaisons sont du singulier, et dont
quis, ô celui, ô celle qui, abl. ab hoc, ab hac la signification est du pluriel. Car quand
qui, de celui, celle qui, De là l'ablatif terminé Virgile a dit : « Constitit in digitos extem-
en bus. Quant à l'ablatif pluriel a quis,
il vient de l'ablatif en o, de même que
plo arrectus uterque ;» l'un et l'autre aus-
sitôtdressé sur la pointe du pied (Enéide,v,426).
(1) « Quis ante ora patrum à qui sous les yeux de leurs parents, Virgile Enéide, I, 99. »
scriptores, pronomen hoc ad formam nominis quem. v. o quis, a. ab hoc et ab hac qui. Inde venit
transtulerunt, ut quomodo in nomine justus, justa, ablativus exiens in bus. A quis autem ablativus plu-
justum dicimus, et perfectus, perfecta, perfectum, ralis ab ablativo venit qui exit in o, quomodo inré-
sic et hoc pronuntiabilur pronomen ipsus, ipsa, gula ablativus cum exierit in o, dativum pluralem
ipsum : non ipsud, quomodo istud et illud. in is mittit, ut a justo justis. a docto doctis, a perfe-
De declinatione infinitorum. — Nominativo
cujus, d. cui, a. quem, v. : quis, g.
qui, a. a quo et plu-
o
cto perfectis, a fortunatofortunatis. Ergo ut superius
dixi, antiqui hic et haec quis dixerunt, et quomodo
raliler, n. qui, g. quorum, d. quis vel quibus (ut
Virgilius, Quis ante ora riatrum,) a.quos, v. o qui, :
in nominibus hic et haec similis, hic et haec agilis,
hic et haec facilis sic in pronominibus, hic et haec
:
a. a quibus. Feminino genere, n. quae, g. cujus, d.
cui, a. quam, v. o quae, a. a qua et pluraliter, n.
quæ, g. quarum, d. quis, a. quas, v. o quae, a. a
quis, ab hoc ét ab hac qui. Inde Virgilius cum de
:
socia Camillae diceret, ait Quicum partiri curas
:
(Æneid., n) id est, cum qua partiri curas. Item
:
quibus. Genere neutro, n. quod, g. cujus, d. cui, a.
quod, v. o quod, a. a quo et pluraliter, n. quæ,
g. quorum, d. quîs, (sed jam secundum usum qui-
sunt alia infinita quae interrogativa, et declinatur,
nominativo uter, g. utrius, d. utri, a. utrum, v. o
uter, a. ab utro : et pluraliter, n. utri, g. utrorum,
bus dicimus) a. quae, v. o quae, a. a quibus. Anti- d. utris, a. utros, v. o utri, a. ab utris. ln4le addita
qui, quis genere communi dixerunt n. hic et hsec
quis, g. hujus quis, d. huic qui, a. hune et hanc :
in compositione, que syllaba, facituterque, et signi-
ficat ambos et tamen singulari sono est, sed signi-
par ce mot uterque il a entendu deux individus. lieres, lesquelles de ces femmes, v. o utrae
Mais en disant arrectus, dressé, il n'a pas voulu mulieres, ô lesquelles des femmes, abl, ab
qu'on s'attendit à la pluralité, à utrique au utris mulieribus, de ou par lesquelles des
pluriel. Mais il y a cette différence que uterque, femmes. De même au neutre pour utrum
quoique signifiant deux, ne signifie toutefois mancipium, lequel des deux esclaves. Singu-
quedeux, tandis qu'utriquesignifie deux, mais lier. N. utrum mancipium, lequel des deux es-
de telle sorte qu'il s'applique à grand nombre claves, g. utriusmancipii, duquel des deux es-
confusion:
frappe sur les deux tempes (Enéide, v), il fait
:
il aurait dù dire « Super utrumque
esclaves, ac. utra mancipia, lesquels des
esclaves, v. o utra mancipia, ô lesquels des
tempus, » car il ne parlait que de deux tempes,
:
et l'accusatif utrumque tempus lui suffisait il
aurait dù dire « utrumque quassat tempus. »
; esclaves, abl. ab utris mancipiis, de ou
par lesquels ou lesquelles des esclaves. C'est
ainsi que nous déclinerons son contraire
Le pronom au féminin se déclinera comme au qui est neuter, ni l'un ni l'autre. Masculin,
masculin. Singulier. N. utra mulier, laquelle neuter; féminin neutra; neutre, neutrum;
des deux femmes, g. utrius mulieris, de la- neutrum mancipium, ni l'un ni l'autre esclave.
quelle des deux femmes, d. utri mulieri, à C'est de là qu'est venu l'usage de dire generis
laquelle des deux femmes, ne. utram mulie- neutri, du genre neutre, quand nous devrions
rem, de laquelle des deux femmes, v. o utra dire generis neutrius. En ajoutant la conjonc-
mulier, ô laquelle des deux femmes, abl. ab tion que, on décline uterque, selon les règle-
utra muliere, de ou par laquelle des deux
femmes. Pluriel. N. utrae mulieres, lesquel-
les de ces femmes, g. utrarum mulierum,
;
établies ci-dessus. Masculin, uterque, féminin,
;
utraque neutre, utrumque. Et au pluriel mas-
culin, utrique ; féminin, utraeque neutre, utra-
desquelles de ces femmes, d. utris mulieribus, que. Il y a un autre pronom, ullus ulla, ullum,
auxquelles de ces femmes, ac. utras mu- quelque, aucun. Singulier. N. ullus, ulla, ul-
fieatione duali. Nam cum dixit Virgilius, Constitit ab hac utra muliere : et pluraliter, Nominativo ufrse
in digito extemplo arrectus uterque (Æneid, v) : duo mulieres, genitivo utrarum mulierum, dativo utris
significati sunt, cum dixerit uterque : cum autem mulieribus, accusativo utras mulieres, vocativo o
arrectus, noluit exspectari pluralitatem, ut sit in utræ mulieres, ablativo ab his utris mulieribus. Sic
:
plurali utrique. Sed hoc interest, quia uterque licet
duo significet, tamen solum duo utrique autem duo
significat, sed sic ut in smgulis multi sint ; si dicas
neutro utrum mancipium, utrius mancipii, utri
mancipio, utrum mancipium, o utrum mancipium,
ab hoc utro mancipio : et pluraliter, nominativo
utrique exercitus, duo significo, sed sic in utra mancipia, utrorum mancipiorum, utris man-
singulis turbam intelligi volo. Hæc quidem dis- ciple, utra mancipia, o utra mancipia, ab his
tincta sunt, sed item auctoritate confusa sunt. utris mancipiis. Sic declinabimus ejus contra-
pora (Æneid,v),confudit:
Nam cum ait Virgilius, Super utraque quassat tem-
dicere enimdebuit, super
utrumque tempus: loquebatur enim de duobus tem-
rium quod est neuter. Masculino neuter, femi-
nino neutra, neutro genere hoc neutrum man-
cipium. Unde usus jam arripuit ut dicamus
poribus tantum, qui utrumque tempus sufficiebat. generis neutri cum dicere debeamns neutrius,
ccusativus, ut diceret, utrumque quassat tempus. quomodo utrius. Addita conjunctione, que syllaba,
Ergo ut declinavimus-masculinum pronomen, sic dcclinatur pronomen ipsum ad regulam supradic-
femininum declinabimus: utra mulier, utrius mulie- tam Inmasculinis, uterque : in femininis, utraque.:
ris, utri mulieri, utram mulierem, o utra mulier in neutrirutrumque. Sic pluraliter : in masculinis,
lum, aucun, aucune, aucun, g. ullius, d'aucun,
qualité etc., etc. Il y en a de quantité,
d'aucune, d'aucun, d. ulli, à aucun, à aucune,
à aucun, acc. ullum, ullam, ullum, aucun, au- que: ::
comme quantus, tantus. aussi grand que, tel
Masculin quantus, tantus, comme jus-
-
:
par aucuns, aucunes, aucuns. Sur ce modèle,
déclinez 1° Nullus, nulla, nullum, aucun, au-
cune. 2° Alius, hujus alius, huic alii, etc., un
:
interrogation. Ex: quis est? (quelest celui?) on
répond is est, (c'est celui). On le décline ainsi
Singulier N. is, ea, id, ce, celle, ce, g. ejus,
:
autre, de cet autre, 3° Alter, hujus alte- de cet, celle, ce, d. ei, à ce, celle, ce, ac.eam,
rius, huic alteri, etc., un autre, de cet autre, etc. eum, id, ce, celle, ce, v. o is, o ea, o id, ô ce.
4° Totus, hujus totius, huic toti, etc.. tout, tout celle, ce, abl. ab eo, ab ea, ab eo, de ou par ce,
entier, etc. 5° Solus, hujussolius, huic soli. etc., celle, ce. Pluriel. N. ii, eae, ea, ceux, celles,
seul, de lui seul, etc. 6° Unus, hujus unius, ces choses, g. eorum, earum, eorum, de ceux,
De là ce vers de Virgile :
huic uni, etc., un,un seul, de celui-là seul, etc.
« Forsitan huic
uni potui succumbere culpae » (Enéide, IV, 19).
de celles, de ces choses, d. iis, à ceux, celles,
ces choses, acc. eos, eas, ea, ceux, celles, ces
choses, v. o ii, o eæ, o ea, ô eux, (mas. fém.)
Peut être aurai-je pu succomber àcette seule ô ces choses, abl. ab eis, de ou par ceux, celles,
faute. Il y a aussi des pronoms de qualité, ces choses. Ainsi, quand nous parlons d'un
:
comme qualis, tel que Singulier. N. hoc, qua-
lis, haec qualis, hoc quale, un homme, une
chemin, le mot étant neutre en latin (iter)
il faut dire, per id iter, et non pas per
femme de cette qualité, g. hujus qualis, un eum iter, parce que eum, à l'accusatif,
homme, une femme, une chose de cette qua- est du masculin. Au pluriel, on dit ea iti-
lité, etc., etc. Pluriel. N. hi, hae quales, haec
qualia, des gens, des choses de cette qualité.
nera, ab eis itineribus. De même on dit per
id nostrum, par notre n, per id tectum, par
:
g. horum qualium, des gens, des choses de cette cette maison, per id caput, par cette tête, et
utrique : in femininis utrseque : in neutris, utraque tro, hoc quale, hujus qualis : pluraliter hæc qualia,
mancipia. Est et aliud pronomen, ullus, ullius, ulli,
ullum, o ullus, ab ullo : pluraliter ulli, ullorum, : :
horum qualium. Sufit et quantitatis, ut quantus,
tantus quanti, tant! declinanturutjustusjusti.Afe-
:
ullis, ullos, o ulli, ab ullis. Femininurn ulla, ullius,
ulli, ullam, o ulla, ab ulla pluraliter uIlæ, ullarum,
ullis, ullas, o ullae, ab ullis. Neutrum ullum, ullius,
minino,ut quanta, tanta,declinantur utjusta. A neu-
ut
tro, quantum, tantum, declinantur justum. Item
pronomen a masculino, quotus, totus : a feminino
ulli, ullum, o ullum, ab ullo : sic pluraliter ulla, quota, tota : a neutro, quotum, totum. Pluraliter a
ullorum, ullis, ulla, o ulla, ab ullis. Ad hanc for- masculino, quoti, toti : a feminino. quotse totæ : a
mam declinabis et nullus, llulla, nullum : sic alius, neutro, quota jugera, quotorum jugerum.Suntrela-
:
hujus alius, huic alii sic alter, hujus alterius, huic
alteri ; sic totus, hujus totius, huic toti : sic solus,
tiva quæ ad interrogantem referuntur, ut quis est ?
:
respondetur, is est et declinantur amasculino, is,
hujus huic :
solius, soli sic unus, hujus unius, huic ejus, ei eum, o is, ab eo : pluraliter ii, eorum, eis,
uni unde Virgilius,
: eos, o ei, ab eis. A feminino, ea, ejus, ei, eam. o ea,
-
ab ea. A neutro, id, ejus, ei, id, o id, ab eo. Ergo
Forsitan huic llni potui succumbere culpce.
(Æneid, IV).
:
cum loquimur de itinera : per id iter, dicendum est :
non per eum iter quia eum, inaccusativo casu,
Sunt et qualitatis prollomina, hic et lisec qualis, hu- masculini generis est: plurali; eaitinera, ab eis iti-
jus qualis, genere communia; a genere autem neu- id
neribus. Item. per id nostrum, per tectum, perid
non per eum, qui ne se voit qu'au masculin. Singulier. Clamaveram ego, j'avais crié, cla-
Du VERBE ET DE SES MODES.
— Indicatif, im- maveras tu, tu avais crié, clamaverat ille, il
pératif, optatif, subjonctif, infinitif. —Nous don- avait crié. Pluriel. Clamaveramus nos, nous
nons au mot paroles (verba) quatre acceptions avions crié, clamaveratis vos, vous aviez crié,
:
:
différentes 1° Nous l'employons pour signifier
des mensonges ainsi nous disons, il lui a donné
des paroles, pour, il l'a trompé. De là cette ex-
clamaverant illi, ils avaient crié. Au futur.
Singulier. Clamabo ego, je crierai, clamabis
tu, tu crieras, clamabit ille, il criera, clamabi-
pression de Térence : « Cui verba dare difficile mus nos, nous crierons, clamabitis vos, vous
;
2° Comme synonyme de discours :
est i, il est difficile de le tromper(A ndr.,I,III).
« Cicéron a
prononcé un discours(verba) au sénat. » 3° Nous
crierez, clamabunt illi, ils crieront. Tous ce qui
précéde est du mode indicatif, en effet, c'est
une simple indication. Mais nous aurons l'im-
le prenons pour des sentences vulgaires qu'on pératif, si l'on commande. Ce mode n'a point
a
appelle proverbes. Térence dit: « Verum illud de première personne, parce qu'on ne se donne
verbumvulgoestquoddicitsolet. » Cette parole pas un ordre à soi-même, il n'a donc qu'une
pleine de vérité est simplement ce qu'on a seconde et une troisième personne. Singulier.
coutume de dire(Ibid. II,v, 15). 4° Nous appelons Clama, crie, clamet, qu'il crie, Pluriel. Clamate,
caput
tum.
: non per eum, nisi in genere masculino tan- nos,clamabatis vos,clamabantilli.Tempore præterito
perfecto numerQ singulari, clamavi ego, clamavisti
DE VERBO. -Modus indicativus. — De modo impera- tu, clamavit ille. Tempore præterito plusquam per-
tivo. — De modo optativo. — Demodo subjunctivo. — fecto, ubi signiticamus non solum nos aliquid fecisse,
De modo infinitivo. — Verba quatuor modis accipi- sed etiam dudum, et dicimus numero singulari,
mus : primo modo, cum verba pro fallaciis accipi- clamaveram ego, clamaveras tu, clamaverat ille : et
mus. Verba illi dedit, fefellit eum : unde Terentius pluraliter, clamaveramus nos, clamaveratis vos, cla-
dixit, Cui verba dare difficile est Secundo modo, maverant illi. Tempore futuro numero singulari,
verbapro oratione dirimus, Verba fecisse Ciceronem clamabo ego, clamabis tu, clamabit ille : clamabi-
in curia. Tertio modo, verba dicimus pro vulgari- mus nos, clamabitis vos, clamabunt illi. Hucusque
bus sententiis quæ proverbia dicuntur, ut TerenLius modo indicativo totum hoc quod diximus indicantis
dixit : Verum illud verbum vulgo est quod dici solet. est. Ideo dicitur imperativus, quia sonum habet
Quarto modo, verba dicimus hæc quæ decurrimus imperandi. Sed iste modus non habet primam per-
cum temporibus et personis, ut clamo, clamas, cla- sonam, quia nemo sibi imperat, sed ad secundam
mat. Hic et personæ sunt tres, ut clamo ego, clamas loquitur personam et tertiam. Numero singulari, ad
:
tu, clamat ille et tempus est præsens. Deinde plu-
raliter, clamamus nos, clamatis vos, clamant illi.
secundam clama, et ad tertiam clamet : et pluraliter,
ad secundamclamate, ad tertiam clament. Futuro
Tempore præterito imperfecto, clamabam ego, cla- tempore, ad secundam clamato, ad tertiam similiter
mabas tu, clamabat ille : et pluraliter, clamabamus clamato. Sed quare similiter facit in secunda et
qu'ils criassent. Passé optatif. Singulier. Uti- cum clamares, lorsque tu criais, cum clamaret,
nam clamassen ego, que j'eusse crié, utinam lorsqu'il criait. Pluriel. Cum clamaremus,
clamasses tu, que tu eusses crié, utinam cla- lorsque nous criions, cum clamaretis, lorsque
massetille,qu'ileût crié.Pluriel. Utinam clamas, vous criiez, cum clamarent, lorsqu'ils criaient.
semus nos, que nous eussions crié, utinam cla- Subjonctif passé parfait. Singulier. Cum cla-
massetis vos, que vous eussiez crié, utinam cla- maverim, lorsque je criai, cum clamaveris,
orsque tu crias, cum clamaverit, lorsqu'il cria.
,
massent illi, qu'ils eussent crié. Futur optatif.
Singulier. Utinam clamen ego que je crie,
utinam clames tu, que tu cries, utinam clamet
Pluriel. Cum clamaverimus, lorsque nous
criâmes, cum clamaveritis,lorsque vous criâtes,
ille, qu'il crie. Pluriel. Utinam clamemus nos- cum clamaverint, lorsqu'ils crièrent. Subjonc-
que nous criions, utinam clametis vos, que
vous criiez, utinam clament illi, qu'ils crient.
Le mode est dit subjonctif, quand il a besoin
,
tif plus-que-parfait. Singulier. Cum clamavis-
sem, lorsque j'eus crié cum clamavisses,
lorsque tu eus crié, cum clamavisset,lorsqu'il
exemple:
de quelque chose pour terminer l'idée,par
Cum clamen, quand je crie, cum
clames, quand tu cries, cum clamet, quand il
eut crié. Pluriel. Cum clamavissemus, lorsque
nous eûmes crié, cum clamavissetis, lorsque
vous eûtes crié, cum clamavissent, lorsqu'il,
crie. Le sens reste ici suspendu, et a besoin de eurent crié. Subjonctif futur. Singulier. Cum
:
quelque chose pour que l'idée soit terminée
c'est comme si je disais lorsque je crie, pour-
: clamavero, lorsque j'aurai crié, cum clamave-
ris, lorsque tu auras crié, cum clamaverit, lors-
?
quoi me dites-vous de me taire C'est pour cela qu'il aura crié. Pluriel.- Cum clamaverimus,
qu'il a été appelé mode conjonctif, parce qu'on lorsque nous aurons crié, cum clamaveritis,
lui joint quelque chose, pour que la phrase soit lorsque vous aurez crié, cum clamaverint,
complète. Conjuguons donc ce mode, dans ses lorsqu'ils auront crié. Les modes ci-dessus
trois personnes, comme ceux que nous avons
vus plus haut. Subjonctif présent. Singulier.
Cum clamem, lorsque je crie, cum clames,
donnentles
;
trois personnes, mais l'infinitif n'a
point de personnes de plus, il n'a que le pré-
sent, le passé et le futur. Présent, clamare,
lorsque tu cries, cum clamet, lorsqu'il crie. crier. Passé, clamasse, avoir crié. Futur, cla-
Pluriel. Cum clamemus, lorsque nous crions matum iri, devoir crier. Vous voyez donc qu'il
cum clametis,lorsque vous criez, cum clament, ne désigne que les temps et non les personnes.
lorsqu'ils crient. Subjonctif passé imparfait. Car, dans crier, avoir crié, et devoir crier, cla-
Singulier. Cum clamarem, lorsque je criais, mare, clamasse, clamatum iri, on ne connaît
:
tertia, est ratio sed mine prætermittenda est. Et ne
adaliatranseamus, redeamus adrem pluralem.Ad se-
que aliquare, ut sententia compleatur : ac si dicam,
cum clamen, quare me tacere dicis? Ideo ergo
cundam personam clamatote, ad tertiam clamanto. conjunctivus modus dictus est, quia ei conjungitur
Sic autem optativum dicimus, quia optantis modo aliquid, ut sententia locutionis plena fit. Ergo decli-
loquitur, prima persona tempore præsenti, utinam nemus hunc modum ut superiores. Declinatur au-
:
clamarem, ad secundam utinam clamares, ad ter-
tiam utinam clamaret et pluraliter ad primam per-
sonam, utinam clamaremus, ad secundam utinam
tem per personas tres: prima persona præsentis
:
temporis cum clamem, secunda persona cum clames,
tertia cum clamet et pluraliter prima persona
clamaretis, ad tertiam utinam clamarent. Præterito cum clamemus, secunda cum clametis, tertia cum
tempore, ad primam personam utinam clamassem clament. Præterito tempore imperfecto, prima
ego, ad secundam utinam clamasses tu, ad tertiam
utinam clamasset ille: et pluraliter utinam clamas-
semus nos, utinam clamassetis vos, utinam clamas-
sent illi. Futuro tempore, prima persona, utinam
tertia cum clamaret:
persona cum clamarem, secunda cum clamares,
et pluraliter prima persona
cum clamaremus, secunda cum clamaretis, tertia
cum clamarent. Tempore præterito perfecto, prima
clamem ego, utinam clames tu, utinam clamet ille: persona cum clamaverim, cum clamaveris, cum cla-
et pluraliter, utinam clamemus, clametis, clament, maverit : et pluraliter prima persona cum clama-
Ideo autem subjunctivus dicitur, quia eget aliqua verimus, cum clamaveritis, cum clamaverint. Tem-
re, ut impleat sententiam suam, ut puta cum cla- pore plusquam perfecto, prima persona cum
mem, clames, clamet : pendethic sensus, indiget- clamavissem, cum clamavisses, cum clamavisset: et
point de personnes, à moins qu'on ne veuille
crier. Alors, :
ajouter et dire clamare debet ille, celui-ci doit
c'est comme un temps défini.
crée. Ligo, je lie, ligas, tu lies, ligat, il lie.
Alligo, j'attache, alligas, tu attaches, alligat,
il attache. Sanctifico, je sanctifie, sanctificas,
Mais si l'on n'ajoute ni ille, ni ipse, ni iste, ce tu sanctifies, sanctificat, il sanctifie. Cito, je
mode devient comme on dit infinitif, étant in- cite, citas, tu cites, citat, il cite, Vulnero, je
défini soit pour le singulier, soit pour le plu- blesse, vulneras, tu blesses, vulnerat, il blesse.
riel; puisque quand je dis, clamare, clamasse, Macero, je macère, maceras, tu macères, mace-
,
on ne détermine pas si je parle d'un ou de deux. rat, il macère. Lacero, je déchire, laceras, tu
Tels sont les modes qui se trouvent dans la con- déchires, lacerat, il déchire. Aro, je laboure,
jugaison des verbes. il
aras, tu laboures, arat, lahoure.- Calco, je foule
PREMIÈRE CONJUGAISON. — Verbes neutres, aux pieds, calcas, tu foules aux pieds, calcat,
d'où vient ce nom. — Passons maintenant en re- il foule aux pieds. Lanio, je mets en pièces,
vue les autres verbes selon le modèle de celui lanias, tu mets en pièces, laniat, il met en
que nous venons de conjuguer. Clamo, je crie, pièces. Memoro, je rappelle, memoras, tu rap-
clamas tu cries, clamat, il crie. Amo, j'aime pelles, memorat, il rappelle. Calceo, je chausse,
amas, tu aimes, amat, il aime. Canto, je chante, il
calceas, tu chausses, calceat, chausse. Inves-
cantas, tu chantes, cantat, il chante. Pulso, je tigo, je recherche, investigas, tu recherches,
frappe, pulsas, tu frappes, pulsat, il frappe. investigat, il recherche. Vallo, je palissade,
Freno, je retiens, frenas, tu retiens, frenat, il vallas, tu palissades, vallat, il palissade. Domo,
retient. Armo, j'arme, armas, tu armes, armat, je dompte, domas, tu domptes, domat, il
il arme. Impugno, j'attaque, impugnas, tu at- dompte. Circumvallo, je bloque, circumvallas,
taques, impugnat, il attaque. Capto, je prends, tu bloques, circumvallat, il bloque. Curvo, je
captas, tu prends, captat, il prend. Paro, je courbe, curvas, tu courbes; curvat, il courbe.
prépare, paras, tu prépares, parat, il prépare. Medico, je soigne, medicas, tu soignes, medi-
Separo, je sépare, séparas, tu sépares, separat, cat, il soigne. Consulto, je pourvois, consultas,
il sépare. Accuso, j'accuse, accusas, tu accuses, tu pourvois, consultat, il pourvoit. Intimo, j'in-
accusat, il accuse. Mando, je mande, mandas, time, intimas, tu intimes, intimat, il intime.
tu mandes,mandat, il mande. Gravo, je charge, Insinuo, j'insinue, insinuas, tu insinues, insi-
gravas, tu charges, gravat, il charge. Lavo, je nuat, il insinue. Frequento, je fréquente, fre-
lave, lavas, tu laves, lavat, il lave. Genero, je quentas, tu fréquentes, frequentat, il fréquente.
produis, generas, tu produis, generat, il pro- Celebro, je célèbre, celebras, tu célèbres, eele-
duit. Creo, je crée, creas, tu crées, creat, il brat, il célèbre. Ministro, j'administre, minis-
pluraliter prima persona cum clamavissemus, cum an de duobus dicam. Isti ergo sunt modi per quos
clamavissetis, cum clamavissent. Tempore futuro omnia verba cursantur.
prima persona cum clamavero, cum clamaveris. cum De prima conjugatione. — Quare dicantur verba
clamaverit: et pluraliter prima persona cum clama- neutralia. — Jam ad formam unius verbi quod cur-
verimus, cum clamaveritis, cum clamaverint. Infi- rimus percurramus cetera verba, similiter clamo
nitivus dicitur hic modus, quia superiores definiunt clamas clamat, amo amas amat, canto cantas cantat,
persona, primam, secundam et teritam; hic autem pulso, pulsas pulsat, freno frenas frenat, armo
modus sine personis est, et habet solum tempus
prefinitum, præsens, præteritum et futurum ut ::
puta clamare, præsens est, clamasse, præteritum
armas armat, impugno impugnas impugnat, capto
captas captat, paro paras parat, separo separas
separat, accuso accusas accusat, mando mandas
clamatum ire, futurum. Ecce vides designare tan- mandat, gravo gravas gravat, lavo lavas lavat, genero
tum tempora,non personas. Clamare enim, et cla- generas generat, creo creas creat, ligo ligas ligat,
masse, et clamatum ire, nescitur persona, nisi velis alligo alligas alligat, sanctifico sanctificas sanctificat,
jungere et diccre, clamare debet ille: tunc quasi cito citas citat, vulnero vulneras vulnerat, macero
:
sit finitum. Si autem non subjungas ille vel ipse vel
iste, fit ut dicitur infinitivus modus nam et numero
singulari vel plurali infinitus est. Cum enim dico,
maceras macerat,lacero laceras lacerat, aroaras arat,
calco, calcas calcat, lanio lanias laniat, memoro
memoras memorat, calceo calceas calceat, investigo
clamare, clamasse, nec finitum est utrum de uno investigas investigat, vallo vallas vallat,domo domas
tras, tu administres, ministrat, il administre. Secor, je suis coupé, secaris, tu es coupé, se-
Palpo, je touche, palpas, tu touches, palpat, il catur, il est coupé. Curor, je suis soigné, cura-
touche. Sono, je retentis, sonas, tu retentis, ris, tu es soigné, curatur, il est soigné. C'est
sonat, il retentit. Socio, j'associe, socias, tu as- ainsi que vous conjuguerez tous les verbes
socies, sociat, il associe. Muto, je change, mu-
tas, tu changes, mutat, il change. Postulo, je
demande, postulas, tu demandes, postulat, il
plus haut :
dans tous les modes que nous avons indiqués
indicatif, impératif, optatif, con-
jonctif et infinitif. Il y a aussi des formes sem-
demande. Quasso, je secoue,quassas, tusecoues, blables à celles que nous avons vues dans les
quassat, il secoue. Eviscero, j'éventre, evisce- verbes actifs, c'est-à-dire dans ceux où nous
ras, tu éventres, eviscerat, il éventre. Denso, faisons quelque chose, mais elles appartiennent
je condense, densas, tu condenses, densat, il à des verbes neutres. Ne vous effrayez pas de
condense. Enervo, j'énerve, enervas,tu énerves, ce nom de verbes neutres. La raison de cette
enervat, il énerve. Verbero, je frappe (quel-
qu'un), verberas, tu frappes, verberat, il frappe.
Macto, j'immole, mactas, tu immoles, mactat,
sifs, comme :
appellation est qu'ilsne sont ni actifs, ni pas-
Sto, je me tiens debout. Jaceo, je
suis à terre, cubo, je suis couché, sedeo, je
il immole. Fugo, je mets en fuite, fugas, tu m'assieds. Ces verbes ne sont ni actifs, ni pas-
mets en fuite, fugat, il met en fuite. Elimino, sifs. D'autres ont été appelés neutres par abus,
j'élimine, éliminas, tu élimines, éliminat, il parce qu'étant actifs, ils n'ont point de passif.
élimine. Cœlo, je grave, cœlas, tu graves, cœ-
: ;
Ainsi certo, je lutte, est actif mais on ne dit
lat, il grave. Signo, je marque, signas, tu pas certor, je suis lutté de même pour curro,
marques, signat, il marque. Ventilo, j'évente, je cours. Il y en a beaucoup de cette forme qui,
ventilas, tu éventes, ventilat, il évente. Con-
tristo, je contriste, contristas, tu contristes, naison or,. Exemple :
se terminant en o, n'admettent pas la termi-
Pugno, je combats,
,
serenas tu rassérènes ,
contristat, il contriste. Sereno, je rassérène,
serenat, il rassé-
rène, etc., etc. Ajoutez la lettre r à tous ces
pugnas, tu combats, pugnat, il combat. Bello,
je fais la guerre, bellas, tu fais la guerre, bel-
lat, il fait la guerre. Cœno, je soupe, cœnas, tu
verbes, et ils deviennent passifs. Clamor, je soupes, cœnat, il soupe. Nato, je nage, natas,
suis crié, clamaris, tu es crié, clamatur, il est tu nages, natat, il nage. Ambulo, je marche,
crié. Amor, je suis aimé, amaris, tu es aimé, ambulas, tu marches, ambulat, il marche. Na-
amatur, il est aimé. Pulsor, je suis frappé, vigo, je navigue, navigas, tu navigues, navi-
pulsaris, tu es frappé, pulsatur, il est frappé. gat, il navigue. Commeo, je vais et je viens,
domat, circumvallo circumvallascircumvallat, curvo junctivum, jnfinitivulll. Sane ex hoc sono quo verba
curvas curvat, medico medicas medicat, consulto activa ordinavimus, id est quo nos agere aliquid
consultas consultat, intimo intimas intimat, insinuo significavimus, sunt similes soni, sed ad verba per-
insinuas insinuat, frequento frequentas frequentat, tinent neutralia. Sed ne te commoveat quare dicun-
celebro celebras celebrat, ministro ministras minis- tur neutralia, hæc ratio est, quia neque agunt
trat, palpo palpas palpat, sono sonas sonat, socio aliquid neque patiuntur, ut est sto, jaceo, cubo,
socias sociat, muto mutas mutat, postulo postulas sedeo. Hæc in nulla actione, in nulla passione sunt.
postula.t, quasso quassas quassat, eviscero, evisceras
eviscerat, denso densas densat, enervo enervas,
enervat, verbero verberas verberat, macto mactas
sed passionem, nullam :
Alia neutralia abusu dicta, quæ habent actionem,
ut certo, habet actionem,
sed non dicimus certor, utcurro, Ex quo sonomulta
mactat,fugo fugas fugat, elimino eliminas eliminat, sunt, quæ cum in o exeunt, or non admittunt, ut
cælo cælas cælat, signo signas signat, ventilo ven- liaec verba, pugno pugnas pugnat, bello, bellas
tilas ventilat, contristo contristas contristat, sereno bellat, cœno cœnas cœnat, nato natas natat, ambulo
serenas serenat, et talia. Istis omnibus adjicitur r ambulas ambulat, navigo navigas navigat, commeo
littera, et sunt, passiva, ut clamorclamaris clama- commeas commeat, æstuo æstuas æstuat, regno
tur, amor amaris amatur, pulsor pulsaris pulsatur regnas regnat, gelo gelas, gelat, dico dicas dicat,
secor secaris secatur, curor curaris curatur. Sic exsulo exsulas exsulat, sacrifico sacrificas sacrificat,
omnia percurreris per illos modos quos superius cachinno cachinnas cachinnat. Hæc omnia primæ
diximus, indicativum,imperativum, optativum, con- conjugationis sunt, quæ secundam personam horum
commeas, tu vas et tu viens, commeat, il va et arces, tu éloignes. Repleo, je remplis, reples,
il vient. Æstuo, j'ai chaud, æstuas, tu as chaud, tu remplis. Egeo, j'ai besoin, eges, tu as besoin.
aestuat, il a chaud. Regno, je règne, reégnas, tu Suppleo, je supplée, supples, tu supplées. Ter-
règnes, regnat, il règne. Gelo, je gèle, gelas, reo, j'épouvante, terres, tu épouvantes. Mordeo,
tu gèles, gelat, il gèle. Dico, je dédie, dicas, tu je mords, mordes, tu mords. Mulceo, je ca-
dédies, dicat, il dédie. Exsulo, je suis en exil, resse, mulces, tu caresses. Spondeo, je réponds,
exsulas, tu es en exil, exsulat, il est en exil. (pour quelqu'un) spondes, tu réponds. Impleo,
, Sacrifico, je sacrifie, sacrificas, tu sacrifies, sa- j'emplis, impies, tu emplis, etc. Ajoutez à ces
crificat, il sacrifie. Cachinno, je ris aux éclats, verbes la lettre r, et ils deviennent passifs.
cachinnas, tu ris aux éclats, cachinnat, il rit Teneor, je suis tenu, teneris, tu est tenu. Mul-
aux éclats. Tous ces verbes sont de la première ceor, je suis caressé, mulceris, tu es caressé.
Mordeor, je suis mordu, morderis,tuesmordu.
armo, armas ;
comme amo, amas canto, cantas ; pulso, pui-
; impugno,
Impleor, je suis empli, impleris, tu es empli.
Arceor, je suis éloigné, arceris, tu es éloigné, etc.
impugnas salto, saltas,
; curvo, curvas ; pugno, Vous conjuguerez ces verbes passifs en suivant
pugnas. Connaissant donc la première conju- les modes, les temps et les personnes, les modes
gaison, vous devez savoir que la seconde per- de l'indicatif, de l'impératif, de l'optatif, du
;
sonne de ces verbes est en as. Car c'est de là
qu'est venu le mot conjugaison on réunit, on
ramène (conjungit) beaucoup de verbes à la
;
conjonctif et de l'infinitif; les temps du pré-
sent, du passé et du futur enfin la première,
la deuxième ou la troisième personne. Singu-
même terminaison. Les Grecs donnent à ces lier. Teneor, je suis tenu, teneris, tu es tenu.
conjugaisons le nom de auÇ^ia. Cette pre- tenetur, il est tenu. Pluriel. Tenemur, nous
mière conjugaison une fois trouvée, vous con- sommes tenus, tenemini, vous êtes tenus, te-
juguez sur elle tous les autres verbes qui s'y nentur, ils sont tenus. Vous observerez donc,
rapportent. toutes ces règles, comme il a été dit. Mais la
SECONDE CONJUGAISON.
— C'est aussi par la première conjugaison terminée en as, comme
seconde personne qu'on trouve la deuxième amo, as, possédant comme je l'ai dit plus haut,
conjugaison; elle se termine en es. Teneo, je des verbes neutres, comme certo, as, nato, as,
tiens, tenes, tu tiens. Moneo, j'avertis, mones, qui ne prennent pas la lettre r, de sorte qu'on
tu avertis. Praebeo, je fournis, præbes, tu four- ne dit pas, certor, nator, de même dans la se-
nis. Doleo,jesouffre, doles, tu souffres. Tergeo, conde conjugaison, qui se termine en eo, es,
je frotte, terges, tu frottes. Compleo, j'accom- comme moneo, mones, doceo, doces, il y a beau-
plis, comples, tu accomplis. Arceo, j'éloigne, coup de verbes qui ne prennent pas la lettre r
omnium verborum in as syllabam mittunt, ut amo teneris, mordeor morderis, arceor arceris, mulceor
amas, canto cantas, pulso pulsas, freno frenas, armo mulceris, impleor impleris. Declinabis hæc passiva
armas, impugno impugnas, salto saltas. curvo cur- per modos et tempora et personas. Per modos, ut
vas, pugno pugnas. Ergo audisti primam conjuga- dixi, indicativum, imperativum, optativum, con-
tionem, scire debes secundam verbi personam per junctivum, infinitivum, hoc est quod dixi per modos.
as syllabam exire. Nam inde dicitur conjugatio, Per tempora autem, id est præterita, praesentia vel
quod sibi ad unum sonum multa conjungat. Has futura. Persona autem dixi, prima, secunda et
conjugationes Graeci cu^uyia dicunt. Sic et similia tertia, ut teneor teneris tenetur, et pluraliter terie-
omnia hac inventa percurris. mur tenemini tenentur. Haec sicut dixi observabis.
De secunda conjugatione. — Secunda autem conju- Sed quomodo ut superius dixi, prima conjugatio
gatio est quae in secunda similiter persona quæritur, quae exit in as, ut amo amas, capit et verba neutra-
et exit per es, ut teneo tenes,preebeo praibes, moneo lia, ut certo certas, nato natas, in quibus r littera
mones, duleo doles, tergeo terges, arceo arces, nO:l admittitur, nec enim dicimus certor, nator: sic
egeo eges, terreo terres, mulceo mulces, impleo in bac conjugatione secunda, quae exit in eo, es, ut
imples, compleo comples, repleo reples, suppleo moneo mones, doceo doces-, sunt multa, quæ non
supples, mordeo mordes, spondeo spondes, et talia.
Et his adjicitur r littera, et ihmt passiva, teneor :
admittunt r litteram in prima persona, ut algeo
alges, scateo scates algeor enim non est latinum ;
à la première personne, comme algeo, alges, terminé en i, comme audi, écoute, nutri, nour-
j'ai froid, scateo, scates, je jaillis; car algeor ris, senti, sens,muni,fortifie, sarci,raccommode,
;
n'est pas latin. Même chose pour ferveo, fer-
ves, je suis brûlant torpeo, torpes,
;
je suis en-
gourdi; pendeo, pendes, je suis suspendu in-
leni, adoucis, cette conjugaison est dite longue.
Le futur en est également en am, muniam, le-
niam, nutriam, audiam. Quant à la troisième
video, invides, j'envie, quoique Horace ait dit conjugaison brève, elle fait à l'infinitif e bref
dans son Artpoétique (v. 56), invideor, on me devant la dernière syllabe, comme scribére,
porte envie; mais c'était un néologisme. De
même pour emineo, emines, je surpasse nous ;
ne disons pas emineor. Ces deux conjugaisons,,
tollere, legere, etc. La troisième conjugaison
longue, au contraire, a cette syllabe en i et en
i long, comme munire, lenire, audire, sarcire,
la première terminée en as et la seconde en es, sentire, venire. Donc, dans tous les verbes,
comme amo, amas, moneo, mones, font tou- vous observerez, comme je l'ai, dit plusieurs
jours leur futur enbo: amabo, monebo. fois, que les conjugaisons qui ont pour termi-
Troisième et quatrième conjugaison. —Ainsi naison as et es, ont le futur en bo. Celles qui
ferez-vous partout où vous trouverez le futur sont en is, ont le futur en am et jamais en bo,
;
terminé par la syllabe bo mais il y a deux
qui ontle futur en am et
à moins qu'il y ait quelque autorité pour le
justifier, car la règle le défend. Voici quel-
autres conjugaisons
non en bo; ces conjugaisons s'appellentla troi- ques verbes de la troisième conjugaison brève,
sième brève et la troisième longue. La troisième au moyen desquels vous jugerez des autres
lego, je lis, tollo, je prends, erigo, j'élève,
:
brève a l'impératif terminé en e bref, comme
scribe, écris, toile, enlève, carpe, prends, oc- carpo, je cueille, cognosco, je connais, capio,
cide, tue, sere, sème, lege, lis. Cette conjugai- je saisis, fugio, je fuis, mergo, je submerge,
son brève a toujours le futur terminé en am et sero, je sème, arguo, j'accuse, accipio, je reçois,
non pas en bo : scribam, tollam, carpam, occi- pono, je pose, sumo, je prends, accendo, j'en-
dam, seram, legam, et il ne serait pas latin de flamme, expono, j'expose, incipio, je commence.
dire scribebo, legebo, tollebo, carpebo. Quant Ils prennent la lettre r et forment les verbes
à la troisième conjugaison longue, elle se tire passifs legor, carpor, capior, etc. Il y en a de
également de l'impératif. L'impératif y étant neutres qui ne prennent pas la lettre r, comme
sic ferveo ferves, torpeo torpes, pendeo pendes, in i litteram, tertia conjugatio producta est, ut
:
invideo invides:quamvis Horatius poeta (In poetica),
invideor dixerit, sed nova usurpatione sic emineo
emines, nec dicimus emineor. Haec duæ conjugatio-
audi, nutri, senti, muni, sarci,leni, et talia. Simi-
liter etiam hæc futurum tempus in am mittunt, ut
muniam, leniam, nutriam, audiam. Sed tertiacor-
nes prima et secunda, quas dicimus exire in as et repta in infinito modo e correptam habet ante
in es, ut amo amas, moneo mones, futurum sem- novissimam syllabam, ut scribere, legere, tollere,
per tempus in bo syllabam mittunt, ut amabo, et talia : tertia autem producta habet in antenovis-
monebo. Sic servahis ubicumque futurum tempus sima syllaba in infinito i, quae producitur, ut mu-
in bo syllabam mittas, quia sunt alise duæ conjuga- nire, lenire, audire, sarcire, sentire, venire. Unde
tiones, quae futurum tempus in am syllabam mit- in omnibus verbis hæ conjugationes observantur,
tunt, non in bo, et vocantur ipsae conjugationes
tertia correpta et tertia producta.
quaeexeuntinaset in es, futurum tempus in bo,
mittunt, ut sæpius dixi. Quae autem in is exeunt,
De tertia et quarta conjugatione. — Tertia correpta futurum tempus in am mittunt, numquam in bo,
,
est, quae imperativum modum in e correptam mit-
tit, ut scribe, tolle, carpe, occide fere lege. Ergo
vidisti imperativum sic exire. Tertia itaque conjuga-
nisi auctoritate præsumpta; nam ars hoc prohibet.
Sed aliqua verba ponimus tertiae conjugationis cor-
reptae, ex quibus et alia consequaris. Sunt autem
tio est correpta, quae semper futurum tempus in haec, lego, tollo, erigo, carpo,cognosco, capio, fugio,
am mittit, numquam in bo, ut scribam, legam, mergo, fero, arguo, accipio, pono, sumo, accendo,
quis, scnbebo, legebo, tollebo ,
tollam, carpam : quia latinum non est, si dixerit
carpebo. Tertia
similiter eonjugatio producta ex eodem imperative
r
expono, incipio. Iiaec accipiunt litteram, etfacíut
r
passiva verba legor, carpor, capior, etc. Sub hac
forma sunt neutralia, quae non accipiunt litteram,
modo colligitur. Cum enim imperativus modus exit ut cado : non enim dicimus cador. Item ruo, neque
cado, je tombe, nous ne disons pas cador ruo,
je pousse en avant, et non pas ruor; facio, je
; fait une accusation, nous disons criminor a te,
je suis accusé par vous, c'est alors la signifi-
fais, et non pas facior. De même pour fulgesco, cation passive. Or ces verbes se conjuguent,
je deviens lumineux, nitesco, je deviens bril- comme les autres, avec les modes, les temps et
lant, fervesco, je m'échauffe, algesco, je me les personnes. Indicatif présent. Singulier.
refroidis, torpesco, je m'engourdis, compesco, Criminor, j'accuse, je suis accusé, criminaris,
je retiens de force, nigresco, je deviens noir. tu accuses, tu es accusé, criminatur, il accuse,
Tous ces verbes en sco sont neutres et ne il est accusé. Pluriel. Criminamur, nous accu-
criminali eramus, eratis, erant. Futuro singulariter ter, cum criminatus sim, criminatus sis, criminatus
criminabor criminaberis criminabitur, et pluraliter
criminabimur criminabimini criminabuntur. Impe-
:
sit et pluraliter criminati simus, criminati sitis,
criminati sint. Praeterito plusquam perfecto sin-
rativus autem modus semper inverbis in re exit, ut gulariter, cum criminatus essem, criminatus esses,
Jicas criminareilium, id est crimenilli ingere.Opta- criminatus esset : et pluraliter criminati essemus,
tivo modosic,utinamcriminarercriminareris crimi- criminati essetis, criminatl essent. Tempore futuro
naretur,etpluraliter,utinam criminaremur crimina- singulariter cum criminatus ero, eris, erit, et plura-
to
remini criminal'entur.Præteri perfecto singulariter liter,cum criminatierimu, eritis, erunt. Modo infini-
utinam, criminatus essem,criminatus esses, crimina- to, quem diximus nullas significare personas, facit
tusesset: et pluraliter, criminati essemus,criminati in præsenti, criminari. In prseterito, criminatum
essetis, criminatiessent. Futuro singulariter,utinam esse. In future,criminatum iri. Adhanc formam
,
criminer crimineris criminetur, et plurSliter,crimi- communia verba declinabis sic, hortor, jaculor,
nemur criminemini criminentur. Conjunctivo modo osculor, nidificor, tutor consolor, scrutor, moror,
singularitercum criminer crimineris criminetur.Præ- feneror, amplector, ct furor,unde estfuror furaris
terito imperfecto singulariter,cumcriminarer crimi- furatur, comitor, recordor, reminiscor, percunctor,
nareris criminaretur. Prseterito perfecto singulin- minor, gestur, piscor, odoror, aucupor, veaor, con-
criminatus cris, lorsque tu auras accusé, lors- ainsi nommé, parce qu'il dépose, laisse quel-
que tu auras été accusé, cum criminatus erit, que chose de la quantité du verbe commun. En
lorsqu'il aura accusé, lorsqu'il aura été accusé. effet, si le verbe commun a quatre participes,
Pluriel. Cum criminati erimus, lorsque nous le présent, le futur, le passé et le futur passif,
aurons accusé, lorsque nous aurons été accusés, criminans, accusant, criminaturus, devant ac-
cum criminati eritis, lorsque vous aurez ac- cuser, criminatus, accusé, et criminandus, de-
cusé, lorsque vous aurez été accusés, cum vant être accusé, le verbe déponent n'a pas ce
criminati erint, lorsqu'ils auront accusé, dernier. On l'appelle déponent, parce qu'il dé-
lorsqu'ils auront été accusés. Au mode infi- pose un participe du futur au passif, lequel
nitif, que nous avons dit plus haut n'avoir :
participe est en dus ainsi opinor, je pense ou
aucune personne, il fait au présent, criminari,
accuser, être accusé. Au passé, criminatum
minor, je menace, sont des verbes déponents.
;
Opinor, au participe présent, fera opinans au ;
esse, avoir accusé, avoir été accusé. Au futur,
criminatum iri, devoir accuser, devoir être ac- ;
participe futur opinaturus au participe passé,
opinatus mais il n'aura pas la forme passive
cusé. Sur ce modèle, vous déclinerez le3 verbes
:
communs, tels que Hortor, j'exhorte, jaculor,
je lance, osculor, j'embrasse, nidificor, je cons-
opinandus. De même pour minor, minans,
;
minaturus, minatus, mais pas minandus ce ne
serait pas latin. Les verbes déponents se conju-
truis un nid, tutor, je garantis, consolor, je guent avec les modes, les temps et les person-
console, scrutor, je scrute, je sonde, moror, je nes. Mais de même que les verbes communs ne
retarde, feneror, je prête à intérêt, amplector, seraient pas latins sans la lettre r, de même les
j'embrasse, furor, je vole, comitor, j'accom- verbes déponents ne le seraient pas non plus
pagne, recordor, je me rappelle, reminiscor,je
me souviens, percunctor, je m'enquiers, minor,
je menace, gestor, je porte, piscor, je pêche,
;
s'ils la perdaient. Je mets ici quelques verbes
déponents l'usage de la langue latine appren-
dra les autres. Opinor, je pense, minor, je me-
odoror, je flaire, aucupor, je chasse aux oi- nace, grator, je remercie, gratulor, je félicite,
seaux, venor, je chasse, contemplor, je con- arbitror, je crois, gratificor, je gratifie, auspi-
temple, speculor, j'observe, sector, je poursuis, cor, j'observe le vol des oiseaux, misereor, j'ai
je suis, veneror, je vénère, dignor, je daigne, pitié, lenocinor, je flatte, meditor, je médite,
precor, je prie, misereor, j'ai pitié, vador, j'as. luctor, je lutte, conor, je tâche, suflragor, je
signe, calumnior, je calomnie. Et autres sem- vote pour, vescor, je me nourris, lætor, je me
blables qui jamais n'abandonnent la lettre r; réjouis, morior, je meurs, stomaclior, je me fâ-
car, sans cela, ils ne sont pas latins. Qui dira che, hariolor, je prédis l'avenir, lezor, je suis
en effet reminisco, ou recordo, ou digno, ou peint en couleur, argutor, je babille, paciscor,
?
secto Vous vous souviendrez donc que ces je fais un traité, complector, j'embrasse, ad-
verbes prennent toujours la lettre r. versor, je m'oppose, angor, j'étrangle, queror,
Verbe déponent. — Reste le verbe déponent, je meplains,macior, jeme consume, ratiocinor,
templor, speculor, sector, veneror, dignor, precor, minandus, hoc non habet verbum deponens. Et
:
miseror vador , id est fide dico, caluminior, et
talia quae, nunquam deponunt r litteram nam si
deponunt, latina non sunt. Quis enim dicat remi-
ideo dicitur deponens, quia deponit unum partici-
pium futuri temporis averbo pàssivo, quodexitin
dus syllabam, ut puta opinor vel minorverba sunt
?
nisco, autrecordo, vel digno, vel secto Ergo me- deponentia. Yenit a participio præsentis temporis,
mineris hæc semper cum r littera enuntiare.
De verbo deponenti. — Restat verbum deponens,
quod ideo dicitur, quia deponit aliquid de quanti- sivi non facit minandus:
et facit minans, futuro tempore facit minaturus,
præterito facit minatus. Futuro a significatione pas-
sic opinans opinaturus
titate communis verbi. Namcumparticipia quatuor
:
habeat verbum commune: praesens, ut criminans
futurum, criminaturus prseteritum, criminatus :
: opinatus, opinandus non facit : vel si dicas moriens
moriturus mortuus, non facit moriendus, quia non
est latinum. Ergo et hoc deponens verbum sic per-
futurum criminandus, a passiva signiticatione cri- currit per modos et tempora et personas. Quomodo
je raisonne, argumentor,j'argumente, blandior, autrement ils cesseraient d'être latins. Nou
-
jecaresse, fabulor, je converse, nitor, je m'ef- avons aussi parlé des verbes communs et mon-
force, labor, je glisse,vagor, je vais ça et tré qu'ils s'appelaient ainsi, parce qu'ils avaient
là, rusticor, je demeure à la campagne, en même temps le sens actif et le sens passif.
concionor, je parle au peuple, mercor, je Nous n'avons pas oublié non plus les verbes dé-
fais le commerce, vociferor, je vocifère, ponents, ainsi appelés de ce qu'ils déposent le
nanciscor, je trouve, suspicor, je soup- participe futur en us, à la signification passive.
çonne, etc. Souvenez-vous, je vous l'ai dit, de Ainsi, nous ne disons pas moriendus, glorian-
les employer avec la lettre r : car on ne dit pas dus,blandiendus, et autres mots qui pourraient
blandio ou pacisco. Tous ces verbes se conju- venir des verbes déponents. Sans doute, les
guent comme nous avons vu que se conjuguent écrivains ont ajouté un autre genre de verbes
le verbe criminor.
;
Verbes neutres passifs verbes unipersonnels.-
qu'ils ont appelés neutres-passifs, mais c'est
l'euphonie seule qui a trouvé ce nouveau genre
;
Nous avons parlé des verbes actifs, ainsi nom-
més de l'action des verbes neutres, ainsi nom-
més de ce qu'ils ne sont ni actifs, ni passifs ;
de verbe, et il ne s'en trouve que très-peu
d'exemples; soit gaudeo, je me réjouis. Comme
il était dur de dire gavisi, je me suis réjoui;
comme sto, jaceo, sedeo, cubo, etc.; d'autres
;
verbes neutres, comme nato, curro d'autres,
pour ainsi dire passifs, sans être actifs, comme
on a changé cette forme, et prenant le passé
passif, on a dit gravisus sum. De même pour
audeo, oser; ausus sum ; pour soleo, avoir cou-
vapulo, je suis battu, sudo, je sue, algeo, j'ai tume, solitus sum, fido, se fier, fisus sum. Mais,
froid, œstuo, j'ai chaud, ferveo, je bouillonne, je le répète, il y a très-peu de verbes de cette
febrio, j'ai la fièvre, somnio, j'ai sommeil, ou espèce.
je dors, meridio, je fais la méridienne, rigeo, Il y a aussi quelques autres verbes en petit
je suis roide, frigeo, j'ai froid, tumeo., je suis nombre, nommés unipersonnels et qui se ter-
enflé, langueo, je languis, oleo, je sens, rubeo, minent en et en tur. Pudet, j'ai honte, taedet, je
je rougis, fulgeo, je brille, stupeo, je suis stu- m'ennuie, decet, il convient, libet, il plait, pse-
péfait. Or, tous ces verbes, ceux qui ne sont ni nitet, je merepens, patet, il est évident, mise-
actifs ni passifs, ceux qui sont actifs sans être ret, j'ai pitié, piget, je regrette, liquet, il est
passifs, et ceux qui sont pour ainsi dire passifs, clair. On les appelle unipersonnels parce que,
sans être actifs, n'admettent jamais la lettre r; manquant des deux premières personnes, ils
;
(si patet) que vous avez dit telle chose, vous
avez fait une calomnie il-en de même pour li-
quet. Tædet signifie avoir de l'ennui, comme
combattu par vous, pugnatur ab illo, il est
combattu par lui. Imparfait. Ibatur a me, il
était allé par moi (j'allais), ibatur a te, il était
piget veut dire avoir du regret, de la répu- allé par vous, ibatur ab illo, il était allé par
gnance. Quand, en effet, nous disons piget me lui. Pugnabatur a me, il était combattu par
mus. Sane artium scriptores adjecerunt aliam verbi significat, quomodo piget, quasi pigritiam significat.
speciem, quam vocaverunt neutro passivam, sed Nam cum dicimus, piget me fecisse, hoc est dicere,
hoc novellum genus verbi euphouia invenit, et in non surgit meus animus probare quod feci, Haec
paucis est verbis, ut gandeo. Quoniam durum erat autem omnia verba sic declinantur: Pudet me,
ut diceremus præterito tempore gavisi, mutave- piget me, miseret me, paenitet me. Præter haec,
runt illi sonum de praiterito tempore passivi verbi, libet et licet, patet et liquet. His euim dativum
gaudeo gavisus sum, sic audeo ausus sum, soleo ,
jungimus casnm, ut libet mihi licet mihi, patet
solitns sum, sicfido fisus sum. Sed hujus novi ge- mihi, liquet mihi.
neris perpauca. Sunt et alia quædam pauca verba, Verbum impersonate in. tur. — Altera vero species
quæ impersonalia dicuntur, et exeunt per syllabas,
:
et,tur:Pudet,taedet, decet, libet, pænitet, patet,
piget, miseret, liquet et inde dicuntur impersona- : :
quaeinturexit,etipsa impersonalium verborum
est, ut itur, eurritur, certatur, pugnatur primam
et secundam personam non habent nam liee eor
lia, quia carent pcrsonis duabus, prima et secunda, iris, nec curror curreris, nec pugnor pugnaris, nec
et solam habent tertiam personam. Nam nec pudeo certor certaris dicitur. Et declinantur haec verba,
pudes dicimus, nec deceo deces, nec libeo libes, nec
pigco piges, nec misereo, miseres, nec paeniteo
:
itur a me, ate, ab illo pugnatur a me, ate, ab
illo. Sic in praeterito imperfecto, ibatur a me, ate,
psenites, lec pateo pates, nec liqueo liques. Scias :
ab illo : pugnabatur a me, ate, ab illo certaba-
: :
aulem patet etliquet hoc signiticare, quoddicimus:
manifestum est. Ut si dicks Et si patet te hoc
dixisse, injuriam fecisti hoc significat et liquet, id
turame, ate,
a ;
ab illo.Sic in præterito perfecto,
a
itum est me, ate,abíllo cursum est me, ate,
:
ab illo : pugnatum est a me, ate, ab illo certatum
£st manifestum est. Taidet autem taedium esse est a me, ate, ab illo. Sic in praeterito plusquam
ab illo, il fut disputé par lui. Plus-que-par- fût allé par eux. Parfait. Plus-que-parfait.
fait. Itum erat a me, il avait été allé par moi Utinam itum esset a me, qu'il ait été allé par
(j'étais allé), itum erat a te, il avait été allé moi, utinam itum esset a te, qu'il ait été allé
par vous, itum erat ab illo, il avait été allé par par vous, utinam itum esset ab illo, qu'il ait été
lui. Cursum erat a me, il avait été couru par allé par lui, utinam itum esset a nobis, qu'il ait
moi (j'avais couru), cursum erat a te, il avait - été allé par nous,utinamitum esset avobis, qu'il
été couru par vous, cursum erat ab illo, il avait ait été allé par vous, utinam itum esset ab illis,
été couru par lui. Pugnatum erat a me, il avait qu'il ait été allé par eux. Futur.Utinam eatur a
été combattu par moi,pugnatum erat ate,il avait me,qu'il soit allé par moi, utinam eatur ate,qu'il
été combattu par vous, pugnatum erat ab illo, soit allé par vous, utinam eatur ab illo, qu'il
il avait été combattu par lui. Certatum erat a soit allé par lui, utinam eatur a nobis, qu'il
me, il avait été disputé par moi, certatum erat soit allé par nous, utinam eatur a vobis, qu'il
soit allé par vous, utinam eatur ab illis, qu'il
a te, il avait été disputé par vous, certatum erat
ab illo, il-avait été disputé par lui. Futur. Ibi- soit allé par eux. Conjonctif présent: Cum cur-
tur a me, il sera allé par moi, ibitur a te, il ratur a me, lorsqu'il est couru par moi, cum
sera allé par vous, ibitur ab illo, il sera allé curratur a te, lorsqu'il est couru par vous, cum
par lui. Curretur a me, il sera couru par moi,. curratur ab illo, lorsqu'il est couru par lui, cum
curretur a te, il sera couru par vous, curretur curratur a nobis, lorsqu'il est couru par nous,
ab illo, il sera couru par lui. Pugnabitur a cum curratur a vobis, lorsqu'il est couru par
me, il sera combattu par moi, pugnabitur a te, vous, cum curratur ab illis, lorsqu'il est couru
il sera combattu par vous, pugnabitur ab illo, par eux. Conjonctif imparfait. Cum curreretur
il sera combattu par lui. Certabitur a me, il a me, lorsqu'il était couru par moi, cum curre-
sera disputé par moi, certabitur a te, il sera retur a te, lorsqu'il était couru par vous, cum
disputé par vous, certabitur ab illo, il sera dis- curreretur ab illo, lorsqu'il était couru par lui,
puté par lui. Pluriel. Certabitur a nobis, il sera cum curreretur a nobis, lorsqu'il était couru
disputé parnous, certabitur a vobis, il sera dis- par nous, cum curreretur a vobis, lorsqu'il
puté par vous, certabitur ab illis, il sera disputé était couru par vous, cum curreretur ab illis,
par eux. Impératif. Eatur a me, qu'il soit allé lorsqu'il était couru par eux. Conjonctif par-
par moi (que j'aille), eatur a te qu'il soit allé fait. Cum cursum sit a me, lorsqu'il fut couru
par vous, eatur ab illo, qu'il soit allé par lui, par moi, cum cursum sit a te, lorsqu'il fut couru
eatur a nobis, qu'il soit allé par nous, eatur a par toi,cum cursum sitabi llo,lorsqu'il fut couru
vobis, qu'il soit allé par vous, eatur ab illis, par lui,cumcursum sit a nobis,lorsqu'il fut couru
qu'il soit allé par eux. Optatif. Utinam iretur parnous,cum cursumsitavobis,lorsqu'ilfut cou-
ame, qu'il fût allé par moi, utinam iretur a te, ru par uous, cum cursum sit ab illis, lorsqu'il fut
qu'il fût allé par vous, utinamireturabillo, qu'il couru par eux.Conjonctif plus-que-parfait.Cum
fût allé par lui, utinam iretur, a nobis, qu'il cursum esset ame, lorsqu'il aurait été couru par
fût allé par nous, utinam iretur a vobis, qu'il moi, cum cursum esset a te, lorsqu'il aurait été
fût allé par vous, utinam iretur ab illis, qu'il couru par vous, cum cursum esset ab illo, lors-
perfecto; itum erat a me, ate, ab illo : cursum erat esset a me, ate, ab illo : et pluraliter ; a nobis, a
a me, ate, ab illo : pugnatum erat a me, ate, ab
;
illo, certatum"erat a me, ale, ab illo. Sic in futuro
tempore ibitur a me, ate, ab illo : (urretur a me,
; ;
vobis, ab illis. Futuro tempore, utinam eatur a me,
ate, ab illo pluraliter a nobis, a vobis, ab illis.
a :
a te,ab illo, pugnabitar me, ate, ab illo certabitur
Modo conjunctivo tempore prsesenti, cum curratur
a me, ate, ab illo : et pluraliter a nobis, a vobis,
a me, ate, ab illo : sic plurale; a nobis,a vobis, abillis.
Imperativo modo, eatur a me, ate, ab illo a no- :
bis, a -vobis, ab illis. Modo optativo utinam iretur a
,
ab illis. Praterito impcrfecto, cumcurreretur a me,
ate, ab illo : pluraliter a nobis, a vobis ab illis.
te,
;
me, ate, ab illo a nobis, a vobis, ab illis. Præte-
,
illo : pluraliter ; a nobis, a vobis, ab illis. future, exeunt in sco syllabam, ut ardeo ardesco, caleo
cum cursum erit a me, ate, ab illo: pluraliter ; a calesco, candeo candesco, labo labasco, tepeo
nobis, avobis,abillis. Modo infinito, curri debet a tepesco, ferveo fervesco, vireo viresco, algeo
:
me,a te,ab illo et pluraliter ; a nobis,a vobis,ab illis.
Praeterito tempore, cursum esse debuitame, ate,ab
algesco, dormio dormisco, et reliqua. Hæc om-
nia praeteritum non habent: nam potest calui et
illo : et pluraliter ; a nobis, a vobis, ab illis. Tem- ferui facere, et non calesco vel fervesco caluifecit
pore futuro, cursum iri debet a me, ate, ab illo : vel fervifecit: sed a ferveo fervi, a caleo calui, nam
et pluraliter ; a nobis, a vobis, ab illis. - calescui, fervescui et virescui, latina non sunt. Et
De inchoativis, frequentativis, et desiderativis
verbis. — Sunt alia verba, quæ iacboativa di-
cllntur, et ex subita aifectione nascuntur, et
:
ideo dicuntur inchoativa praeteritum tempus non
habere quia quæ inchoamus, adhuc perfecta non
sunt. Et omnia hæc quæ dixi in sco exire, semper
:
sidératifs, comme esurio, c'est-à-dire je désire
manger, j'ai faim, parturio, je désire enfanter.
parce que, pour ne pas ennuyer, il est bon
d'être court. Nous devons observer dans les ad-
C'est ainsi que Cicéron a dit de certains philo- verbes que l'ablatif montre quand ils doivent se
sophes, morituriunt, ils désirent mourir. Mais, terminer par un e ou par ter. En effet, quand
je l'ai dit, ces verbes, introduits dans la langue l'ablatif est en o, l'adverbe se termine par e :
latine, sont en petit nombre. docto, docte, savamment, justo, juste, juste-
DE L'ADVERBE. - L'adverbe se nomme ainsi
parce qu'il s'attache au verbe, et se trouve près
ment, perfecto, perfecte, parfaitement, pio, pie,
pieusement, valido, valide, fortement, fortuna-
de lui. Un verbe ne peut avoir de signification to, fortunate, avec bonheur, magno, magne,
tout à fait précise, si l'on n'y joint un adverbe. grandement, amplo, ample, amplement, mini-
Ainsi, dico, je dis, navigo, je navigue, valeo, je mo, minime, nullement, etc. C'est aussi l'abla-
me porte, curro, je cours, etc. n'ont point de tif qui, je l'ai dit, montre que l'adverbe se ter-
signification complète si l'on n'y ajoute des ad- mine en ter. Agili, agiliter, avec agilité, liumili,
:
verbes, comme bene, bien, male, mal, docte
savamment, feliciter heureusement il dit bien,
il dit mal, il navigue heureusement, malheu-
humiliter, humblement, acri, acriter, vivement,
forti, fortiter. courageusement, levi, leviter,
légèrement, gravi, graviter, gravement, jugi,
reusement, il se porte bien, il se porte mal, il jugiter, continuellement. Il y en a quelques-
court vite, il court lentement. Comme onlevoit, uns qui, devant être durs à l'oreille ont été mis
la signification des vebes ne peut être complète,
sans y joindre des adverbes. On joint aussi d'au-
tres adverbes pour achever, compléter la signi-
:
de côté, et ne doivent pas être formés d'après
:
cette règle ainsi, nous ne disons pas miti, mi-
titer, doucement, tristi, tristiter, tristement.
:
fication des verbes, comme sont les adverbes de
lieu et de temps je dis ici, hic, j'habite ici, hic,
je vais dedans, intro, je suis dedans, intus, je
Alors, pour qu'ils ne sonnent pas d'une manière
:
rude aux oreilles, ces adjectifs ont perdu la der-
nière syllabe, et l'on dit sapienti, sapicnter,
le ;
vais, je suis dehors, foras, foris, je navigue de
là, hinc. Pour temps je navigueaujourd'hui,
demain, hodie,cras; et autres adverbes ap-
sagement, au lieu de sapientiter, prudenti,
prudenter, prudemment, au lieu de prudenditer,
praestanti, prsestanter d'une manière efficace,
propriés à d'autres situations et faciles à com- et non prœstantiter. Nous devons donc faire en
prendre. Aussi, n'ai-je pas voulu les mettre ici, sorte de ne point plier l'euphonie à la règle, ou
neutralia sunt, nec accipiunt r litteram, et ideo ad- adjiciantur adverbia, ut bene, male, docte, feliciter:
monui esse neutralia. Nec te conturbent quaedam ut bene dicit, imperite dicit, prospere navigat, infe-
verba in scor exeuDtia, et tamen admittere præteri- leciter navigat, integre valet, debiliter valet, agiliter
tum tempus, ut obliviscor oblitus sum, paciscor currit, tardius currit. Vides quia plena verborum
pactus sum, adipiscor adeptussum: etiamhaecdum significatio esse non potest,. nisi fuerint adverbia
neutralia sunt, inquibusdiximuspraeterita tempora conjuncta. Sic alia adverbia junguntur ad explen-
cessare. Præterea alia quae frequentativa dicuntur, dam verbi signifìcationem, ut sunt locorum adverbia,
quibus aliquid frequentius factum signiticatur, ut temporum adverbia: ut hic dico, hic habito, intro
a dicto dictito, a lego lectito, a scribo scriptito, a-
clamo clamito, a cio cito, quod significat frequen-
ter vocito, unde nunc aliquos voce praeconis citatos
dicimns, id est frequenter vocatos, et alia. Sunt et
Sic de tempore :
eo, intus sum, foras eo, foris sum, hinc navigo.
eras navigo, hodie navigo:
et alia, quae aliis artibus dicta sunt, et intellectu
plana sunt, ideo hic ponere nolui, quia ad dicendi
alia perpauca, quae desiderativa dicantur, ut esurio, fastidium brevitas opportuna est. Sane in adverbiis
Id est edere desidero, parturio liaec observaredebemus, quandoin e exeunt,quando
parere desidero, et
ut dictum est a Cicerone de philosophis, moritu- in ter syllabam, hoc ablativus casus docet. Nam
riunt, mori desiderant. Sed haec, ut dixi, pauca quando ablativus exit in o, adverbium in e mittit,
in
sunt, quae sonum latinitatis introducta sunt. ut a docto docte, a justo juste, a perfecto perfecte,
DE ADVERBIO.
: Adverbium ideo dictum est,
:
quia adhaeret verbo— nec potest verbi vis signifi- a pio pie, a valido valide, a fortunato fortunate, a
magno magne, ab amplo ample, a minimo minime,
cantius sonare, nisi jungatur adverbium
:
puta verbum estdico, navigo, valeo,
alia curro, et
haec non plenae significations sunt, nisi
ut
bium similiter, ut dixi, ablativus docet :
et alia. Quando autem in ter syllabam exit adver-
ab agili
agiliter, abhumili humiliter, ab acriacriter, a forti
de ne pas rejeter l'euphonie. Car l'euphonie, dus, fond, cœlitus, du ciel, de cœlum, ciel, ra-
c'est-à-dire la douceur du son a été admise dans dicitus, jusqu'aux racines, de radice, racine,
la langue latine pour tempérer les sons trop penitus, profondément, de penetrabilibus locis,
dure ; et avec raison, on a laissé la règle, là où des lieux intimes, stirpitus, radicalement, de
la dureté des sont aurait offensé l'oreille. C'est stirps, souche. IL y en a qui se terminent en im,
:
ainsi que Cicéron dit « La raison a permis de
faire une faute pour cause de douceur dans les
en is, en ens : vicatim, de rue en rue, de vicus,
rue, : ostiatim, de porte en porte, de ostium,
sons. » Toutefois, cela n'est admis que dans un porte, viritim, par homme, de viro, homme, ni-
petit nombre de mots.; car la raison et la règle mis, trop, de nimio, trop grande quantité. Ne
dominent toujours chez les plus élégants écri- plus nimis, rien de trop. Recens, c'est-à-dire
vains de la langue latine. Du reste, surtoutes recenti tempore, récemment. Virgile a dit:
ces règles, l'exemple autorise des exceptions Sole recens orto : Le soleil venant de se lever
quelquefois hardies, comme Cicéron, humaoi- (Géorg., III, 156). » Mais il n'y a point de diffé -
comme Térence : :
ter, au lieu de humane, humainement; et
« Vitam parce et duriter age-
rence dans le sens de ces adverbes. Entre intro
et intus, dedans, il y a au contraire cette dif-
bat, » au lieu de dure « II menait une vie
économe et dure (Andrienne, I, I, 47). » Toute-
fois, les auteurs eux-mêmes n'ont osé aller con-
repos :
férence que intro suppose mouvement et inus
intro eo, je vais dedans, intus sum, je
suis dedans. Eo, je vais, marque mouvement,
tre la règle qu'avec beaucoup de réserve et avec et sum, je suis, marque repos. Il y a quelque-
:
une certaine pudeur. S'ils ont dit falso, pour
false, faussement, necessario, pour necessarie,
nécessairement, sedulo, poursedule, avec soin,
comme :
fois des nuances entre certains adverbes,
secundo, en second lieu, secundum,
pour la deuxième fois, tertio, en troisième lieu
raro, pour rare, rarement, crebro,pourcrebre, tertium pour la troisième fois, quarto, en qua-
fréquemment, et tuto, pour tute, sûrement, etc., trième lieu, quartum, pour la quatrième fois,
ces exceptions sont peu nombreuses, et ils les quinto, en cinquième lieu, quintum, pour la cin-
ont faites avec modération et non avec licence. quième fois, sexto, en sixième lieu, sextum,
:
Il y a des adverbes qui ont d'autres terminai-
sons, comme funditus, jusqu'au fond, de fun-
pour la sixième fois. Ainsi, dans ces deux phra-
:
ses Secundo factus est consul, et : Secundum
:
est suavitas bene sonandi admissa est ad latinum
sermonem, utaspera temperet et ab arte sx ratione
recessum est, ubi asperitas offendebat auditum. Sic
Ergo baec omnia adverbia sunt sine differentia. Item
:
inter intro, et intus hoc interest, intro in motu est,
mtus in situ ut intro co, intus sum. Est enim
Cicero ait: Impetratum est a ratione, ut peccare motus, eo : sum, situs est. Est etiam qusedam ob
suavitalis caussa liceret. Sed tamen in paucis admissa
euphonia est. Nam ratio locuples est et viris latinis-
simis. Sanecirca has regulas auctoritas ausa est, et
quinto, sexto:
scuritas in adverbiis, de secundo, tertio, quarto
et secundum, tertium, quartum'
quintum, sextum : utputa secundo factus est consul,
in paucis praesumpsit, ut diceret Cicero, humaniter, et secundum factus fuit consul. Secundo autem per-
cum humane dicere debuit: et Terentius, Vitam
parce ac duriter agebat (In Andria) pro dure. Sed
tamen ipsi auctores modestius et cum quodam pu-
:
tinet ad ordinem, secundum ad numerum : utputa
cum dico, Secundo factus est consul pertinet, ut
dixi, ad ordinem, quod primo alter factus sit, et sic
dore contra regulam pauca praesumpserunt. Nam et alter secundo. Cum autem dicimus secundum con- ,
falso dixerunt pro false, et neccssario pro neces- sul, vel tertium, vel quartum, volquintum,. vel sex-
factus est consul. Secundo se rapporte à l'or-
dre, et secundum au nombre, de sorte que
où) avec les adverbes de réponse : illinc, de là,
hinc d'ici, illo, là. Il y a des adverbes à forme
:
quand je dis secundo factus est consul, le mot
; :
double, comme intus, intro, dedans, foris, fo-
secundo se rapportant à l'ordre, cela veut dire ras, dehors voici leur emploi avec foris et in-
qu'un autre fut fait premièrement consul et que
celui-ci ne vint qu'après. Quand je dis au con-
traire secundum, tertium, quartum, quintùm,
comme :
tus, on est dans le lieu, on est dehors du lieu, -
Intus est, fuit, futurus est, erat, futur
rus erat; il est, il fut, il doit être, il devait être
-
sextum consul, ces mots se rapportent au nom-
bre et signifient qu'il a été deux fois, trois
fois, etc., six fois consul. C'est ainsi que Cicé-
;
dedans. Foris erat, fuerat, futurus erat, il était,
:
il avait été, il devait être dehors ou bien on en
vient, comme intusvenio, je viens de dedans :
ron dit de Marius : « Sextum consul, septimum foris venio, je viens de dehors. Quant à foras
consul, » c'est-à-dire qui a obtenu sept fois le et à intro,ils signifient mouvement vers un lieu ;
consulat. C'est Varron qui a fait cette distinc- foras eo, je vais dehors, foras venio, je viens
tion dans ses livres des Nombres. Quant au dehors, intro eo, je vais dedans, intro venio, je
reste, il n'y a point de difficulté dans les ad- viens dedans, foras ieram, j'étais allé dehors,
verbes, et le tout est facile à comprendre par
des exembles quelconques. L'adverbe est une
partie du discours qui,jointe au verbe, explique
:
intro ieram, j'étais allé dedans. Quatre formes
montrent ces significations per locum, ad lo-
cum, in loco, e loco, à travers le lieu, vers le
et achève sa signification, comme scribo bene,
j'écris bien, lego optime, je lis très-bien. Les dans:
lieu, dans le lieu, du lieu. Per locum, comme
hoc iter Elysium nobis; c'est par là que
adverbes ont une signification, une forme, un
:
degré. Les adverbes sont des mots racines,
commeheri, hier, nuper, naguère ou bien, ils
:
s'ouvre pour nous le chemin vers l'Élysée (En.,
VI, 542). Ad locum, comme dans hue ades, 0
Galatea ! c'est ici que tu viens, ô Galatée (Ecl.,
viennent d'autres mots, comme docte, sapienter, IX, 39) ! In loco, comme dans : hic, etc., Nary-
savamment, sagement, de doctus et de sapiens, tii posuerunt mœnia Locri ; c'est là que les Lo-
savant, sage. Les adverbes ont plusieurs signi- criens de Naryce ont fondé Jeur ville (En., III,
;
fications : il y en a de temps, comme heri, hier,
nuper, naguère de personne, comme mecum,
tecum, avee moi, avec toi; de lieu, comme hic,
339). E loco, comme danc : hinc me digressum
quele
;
vestris Deus appulit oris c'est au sortir de là
dieu m'a poussé vers vosrivages(En.,
istic, ici, là : il y a des adverbes de lieu inter- II, 715). Il y a des adverbes qui ont à la fois la
rogatifs, comme unde, d'où, ubi, où, qua, par signification de in loco et de de loco, comme
tum, adnumerumpertinetquod sexiesfuerit consul. futurus erat: foris erat, fuerat, futurus erat. De
Inde Cicero de Mario sic ait, Sextum consul, id est loco, intus venio, foris venio. Foras autem et intro
qui sex consulatus meruit, et scptimum consuJ, ad locum significant ut foras eo, foras venio, intro
quod est, septimum consulatum meruit. Hoc Varro eo, intro venio, foras ieram, intro ieram. Hæc qua-
distinxit in libris Numerorum. Et cetera jam plana tuor modis figurantur, per locum, ad locum, in loco,
sunt in Adverbiis, et ex quibusvis artibus intellectu - e loco. Per locum, ut Hac iterElysiumnobis (Æneid.
facilia. Adverbium est pars orationis, que adjecta VI). Ad locum, ut Huc ades 0 Galatea (Eclog. IX). In
verbo significationem. ejus explanat atque implet
ut scribo bene, lego optime. Adverbioaccidunt signi-
: loco, ut Hîc et Naritii posuerunt Mœnia Locri (Æneid.
III). E loco, ut Hinc me digressum vestris Deus appu-
ficatio, figura, gradus. Adverbia aut à se nascuntur lit oris (Ibidem). Sunt quæ pariter in loco signifi-
ut heri, nuper: aut ab aliis transeunt, ut docte, cant et de loco, ut intus sum, intus venio. Sunt quæ
sapienter, ab eo quod est doctus et sapiens. Adver- in loco et in locum et e loco, ut penitus sum, eo
biorum significationes sunt multæ. Sunt enim aut venio. Sunt àdverbia significationem numeri haben-
tecum:
temporis, ut heri, nuper : aut personæ, ut mecum,
aut loci, ut hic, istic. Et adverbia localia
interrogativa, ut unde, ubi, qua. Responsiva, illinc,
tia, ut semel, bis, ter. Demonstrationis, ut en, ecce.
Affirmationis, ut quidem, quippe, Hortationis, ut
eia. Interrogationis, ut cur, quare. Similitudinis, ut
hinc; illo. Sunt duplicis forme, ut intus intro, foris sic, quasi. Comparationis vel prælationis ut magis,
foras. Quorum observatio tahs est, foris et intus in potius.Dubitandi, utfortasse. Annuendi, ut plane,
loco, ut intus est, intus fuit, futurus est: intus crat sane. Discretions,utseorsum,segregation.Optandi, -
intus sum, intus venio, je suis dedans, je viens par la raison que le propre de l'adverbe est
de dedans. Il y en a qui ont celle de in loco, d'être joint au verbe. Mais les Grecs ne séparent
in locum et de e loco, comme penitus sum, eo, pas l'interjection de l'adverbe, par la raison
venio, je suis, je vais jusqu'au fond, je viens de qu'ils attribuent à la qualité tous les mouve-
:
jusqu'au fond. Il y a des adverbes qui ont la si-
gnification numérique, comme semel, bis, ter,
ments de l'âme, et qu'ils regardent tous ces
:
mots comme adverbe de qualité. Il y a des ad-
: :
une fois, deux fois, trois fois. La signification
démonstrative en, ecce, voici. La signification
verbes de qualité bene, male, bien mal. Les
:
adverbes ne viennent pas seulement de noms
; : :
affirmative quidem, quippe, en vérité. Exhor-
tative eia; allons, courage. Interrogative cur,
quare, pourquoi. De similitude sic, quasi, de
communs, comme pulchre, bien, de pulcher,
beau, mais encore de noms propres, tulliane,
de Tullius, à la manière de Cicéron. Ils dérivent
même, comme si. De comparaison ou de préfé- aussi de prononms, de meus, tuus, le mien, le
rence : magis,potius, plus, plutôt. Dubitative: tien, comme meatim, tuatim, à ma manière, à
: :
fortasse, peut-être. D'assentiment: plane, sane,
certainement, sans doute. De séparation seor-
ta manière. De verbes, comme cursim, à la
course, de curro, courir. D'autre sont pris d'un
: ! :
sum, segregatim, séparément, à part. De désir
:
utinam, plaise au ciel Appellative heus, ho !
De réponse he, oui. De dérogation nequa-
nom et d'un verbe, comme pedetentim, en
marchant avec précaution, de pede, pied et de
tento, j'essaie. Il en est encore d'autres dont on
quam, frustra, nullement, en vain. De serment: ne sait pas s'ils viennent d'un nom ou d'un
:
OEdepol, OEcastor, par Pollux, par Castor ! Pro-
hibitive.: ne, que ne. Négative non, haud, mi-
:
nime, non, ne pas, point du tout. De réunion
verbe, comme furtim, à la dérobée : on ne sait
pas en effet au juste s'il vient de fur, voleurqui
est un nom, ou du verbe furor, furaris, déro-
:: ! :
una, simul, ensemble, à la fois, en même
temps. D'ordre deinde, denique, ensuite, en- ;
ber. Quelques auteurs ne veulent pas qu'il en
vienne des participes toutefois, on en trouve,
! !
: !
fin. D'admiration papœ, ho D'éloge euge,
:
très-bien. D'exclamation proh oh ! De dou-
!
leur : heu hélas De choix vah ! bien De gé-
comme decenter, convenable ment, de decens,
qui convient.
LES ADVERBES TIRÉS DES NOMS ONT SIX TERMI-
missement : hei ! hélas ! Comme ces derniers NAISONS. — Rfgle générale. — Les
adverbes tirés
mots expriment une disposition de l'âme, beau- des noms ont six terminaisons différentes. 1° En
coup de grammairiens les appellent interjec-
tions : ils séparent l'interjection de l'adverbe,
et veulent que ce soit une partie du discours, ;
honestè, honnêtement
citer, rapidement
;
è, comme doctè, savamment, pulchrè, bien,
2° en r, comme velo-
3° en im, comme ubertim,
4
ut utinam. Vocandi, ut heus. Respondendi, ut he. nominibus appellativis, ut a pulchro, pulchre : sed a
Derogandi, ut nequaquam, frustra. Jurandi, ut propriis, ut Tullius Tulliane. A. pronominibus etiam,
Ædepol, Æcastor. Prohibendi, ut ne. Negandi, ut a meo, tuo, meatim, tuatim: a verbis quoque, ut a
non, haud, minime'. Congregandi, ut una, simul. curro cursim. Deprehenduntur ex utroque, ut
Ordinandi, ut deinde, denique. Mirandi,ut papæ. pedetentim a pede et tento, id est a nomine simul
Laudandi,uteuge. Exclamandi, ut pro. Dolendi, ut a
et verbo. Sunt etiam adverbia, quaeutrum nomine
heu. Eligendi, urvah. Ingemiscendi, ut hei, Sed transeant, an a verbo incertum est, ut furtim.
hæç quia animi affectum significant, a multis Inter- Incertum est enim an a fure, quod nomen est, tran-
jectiones, dicuntur, quod interjectionem separatam seat, an a verbo furor furaris. A participiis quidam
ab adverbio, et partem orationis aliquam idcirco nolunt, sed inveniuntur, ut a decente decenter.
volunt, quia adverbij proprium est, quod verbo ad- ADVERBIA.a nominibus tracta sex habent terminationes:
jungipotest. Græci autem interjectionem abadver- regula communis. — A nominibus tracta adverbia
bio non separant : propterea quia motus animi sex modis terminantur: aut in e, ut docte, pulchre,
qualitati assignant, et hæc omnia sub genere quali- honeste; aut in r, ut velociter: aut in im, ut uber-
tatis putant adverbia. Sunt adverbia quantitatis, ut tim, singillatim: aut in us, ut radicitus, mordicus:
longe, late. Qualitatis, ut bene, male. Adverbia aut in u, ut noctu, diu: aut in i, ut domi, humi,
non solum ab appellationibus transeunt, hoc est a vesperi. Adverbia qualitatis in e litteram exeuntia-
abondamment, singillatim , en particulier;
4°en us, comme radicitus, jusqu'à la racine,
bien « et pede terram crebro ferit, » et du pied
il frappe souvent la terre (Géorg. III,
500).
;
mordicus, opiniâtrément 5° en u, comme noctu, «Multa Jovem manibus supplex orâsse supinjs,»
les mains renversées, il demande en suppliant
de nuit, diu, de jour; 6° en i, comme domi, à
la maison, humi, à terre, vesperi, le soir. Les bien des choses à Jupiter (Enéi'de, IV, 205).
adverbes de qualité en e doivent être longs.
Toutefois, s'écartent de cette règle ceux qui ont
un comparatif ou un superlatif, comme benè,
celle-ci a plusieurs significations
paraison
:
Quand l'adverbe est joint à la conjonction ut,
: 1° La com-
«Ut quondam Creta fertur Labyrin-
male, ainsi que ceux qui ne viennent pas d'un thus in alta» (Enéide,v,588), autrefois, comme
nom, comme impune, impunément, sæpe, sou. on le rapporte du labyrinthe de Crète. 2° Le
vent. Au reste, facile et difficile, pris pour ad temps: 4 Ut regem æquævum» (Enéide, II,561),
verbes, sont des noms d'où viennent les adverbes dès qu'elle eût vu le vieux roi; «Ut vidi,ut perii,
faciliter, difficiliter, facilement, difficilement; ut me malus abstulit error » (Eglog.,VIII, 41),
mais l'usage les a consacrés comme adverbes. dès que je la vis, je me desséchai d'amour, et
Tous les noms de qualité ou de quantité, ayant un funeste égarement m'entraîna. 3° La qualité :
»
;
le datif singulier terminé par o, font des ad-
verbes terminés en e long juste, justement,
de justo; toutefois, les anciens les ont formés
« Trojanas ut opus et lamentabile regnum
(Enéïde, 11, 4), comment les grecs ont renversé
la puissance de Troie et son royaume lamen-
indifféremment, comme humaniter, duriter. table. 4° La quantité :
,, , ,
Les noms terminés par i au datif, ont leurs
Quibus Hector ab oris,
adverbes terminés en ter, comme nobili, nobi- Exspectate venis ? ut te post multa tuorum
liter, noblement, audaci, audaciter, audacieuse- Funera. (II, 282),
ment, agili, agiliter. agilement, difficili, diffi- de quels rivages viens-tu, Hector désiré? en
ciliter, difficilement. Mais, pour cause d'eupho- quel état te revoyons-nous après la mort de
nie, il y en a quelques-uns que nous prononçons
avec syncope, comme audacter, difficulter, sa-
!
tant des tiens 5° La conjonction :
pienter et constanter. Il y a des adverbes qui Ut faciem mutatus et ora Cupido
Pro dulci Ascanio (I, 662),
se confondent avec les autres parties du dis-
cours. Ainsi avec les noms, quand on dit falso
queritur de natura sua genus humanum, c'est
: afin que Cupidon, changeant de forme et de
visage vienne à la place du doux Ascagne.
à tort que le genre humain se plaint de sa na- 6° La préposition; elle remplace alors pro. La
ture (Salluste, InJug.): falsoestpourfalsa. Ou forme, dans les adverbes, peut être simple,
produci debent. Hæc tamen dissentiunt quæ aut in genus humanurn (Sall., in Jugurth.) : pro false,
comparativo, aut in superlativo gradu vacillant, ut Virgilius,Etpede terramcrebro ferit. (Georg., Ill.) Et.
bene, male: aut quæ ab appellationenontranseunt, Multa Jovem manibus supplexorasse supinis, (Æneid,
ut impune, sæpe, Ceterum facile et diffìcile, quæ II.) Conjunctioni, ut quando adverbium secum est,
:
adverbia ponuntur, nomina sunt, ex quibus hæc
nascuntur adverbia, faciliter, difficiliter sed usus
haec quasi adverbia vindicavit. Quæeumque nomina
plura signiticat. Similitudinem sic, Ut quondam
Creta fertur Labyrinthus in alta, (Æneid, v.) Tempus
sic, Utregemæquævum,(Æneid. II), etc. Utvidiutpe-
qualitatis aut quantitatis, casu dativo singulari, u ril, ut me malus abstulit error. (Eclog, VIII,) Qualita-
littera terminantur, adverbia in e productam mit- tem: ut, Trojanas ut opes etlamentabile regnum,
tunt: ut a justo, juste. Sed hæc veteres indifferenter (Æneid" ii.) Quantitatem, ut, Quibus Hedor ab oris
posuerunt, ut humaniter, duriter. Quæ autem in Exspectate venis? ut te post multa tuorum Funera
litteram terminantur, in ter syllabam mittunt: ut (Ibidem), Conjunctionem autem significat sic, Ut
agili, nobili, audaci, diffìcili: agiliter, nobiliter,au- faciem mutatus et ora Cupido, Pro dulci Ascanio,
daciter, difficiliter, Sed ex iis quædam per syncopem (Æneid., xv.) Præpositioni, ut pro. Sed figura in ad-
euphoniae caussa dicimus, ut audacter, difficulter, vcrbiis aut simplex est, ut docte, prudenter: aut
sapienter et constanter. Sunt adverbia communia composita, ut indocte, imprudenter. Gradus adver-
cum aliis partibus orationis, Nominibus sunt com- biis accidunt quoties appellationes unde transeunt
munia, ut ait Salustius: Falso queritur de naturasua comparantur, ut docte, doctius, doctissime, Reci-
comme docte, prudenter ; ou composée, comme
indocte, imprudenter. Les adverbes ont aussi
futur, par rus, comme amaturus, devant aimer,
lecturus, devant lire. Au passé, amatus, aimé,
;
legendus, devant être lu. On voit par là que
cette partie du discours a des temps elle les
sime, très-savamment. Ils deviennent aussi di- emprunte au verbe, car les temps appartiennent
minutifs, comme meliuscule, un peu mieux.
Ilen est de même pour ceux qui sont des mots ;
au verbe. Que maintenant, elle ait des cas, c'est
là ce qu'elle emprunte au nom car la décli-
:
:
racines; ils ont des degrés d'augmentation ou
de diminution nuper, dernièrement, nuper-
rime, tout dernièrement. On ne doit point
naison par cas est du ressort du nom. Ainsi
;
N. hic legens, celui qui lit G. hujus legentis,
;
de celui qui lit D. huic legenti, àcelui qui lit;
joindre séparément une préposition à un ad- ;
Ace. hune legentem, celui qui lit V. olegens,
verbe, quoique l'on voie, dans Térence, l'ex- ô celui qui lit; Abl. ab hoc legente, de ou
pression abhinc. «Interea mulier quædam ab par celui qui lit. Cette partie du discours, ayant
hinc triennium,» cependant après trois ans une des temps et ayant des cas, s'appelle donc par-
femme (Andr.I, I, 40).Virgile dit: «Exindeper ticipe, par la raison qu'elle participe au verbe
altum Mittitur Elysium, » de là il avance et au nom. En tout cas, loin d'être pénible à
dans l'Elysée (Enét'de,VI, 743-744): «Dehinc ta- comprendre, elle est très-facile. Car, avons-
» ;
lia fatur,» ensuite ildit(Ibid., I, 256) «Deinde
feracesPlantæimmittuntur, puis les plantes
nous dit, au présent, elle se termine en ans et
;
en ens amans, legens. Au futur actif, en rus ;
fertiles (Géorg., II,79-80).Toutes ces expressions amaturus, lecturus. Au passé passif, en tus;
et autres semblables encore, comme proinde, ;
amatus, lectus. Au futur passif, en dus aman-
;
par conséquent, ont été formées contre la
règle on les a resserrées pour qu'elles ne pa-
russent pas donner des prépositions ajoutées ; ;
dus, legendus. Quant au passé, trois syllables
peuvent le terminer tus, comme lectus, scrip-
tus sus, comme occisus, tué, visus, vu; xus,
à des adverbes. comme fixus, fixé. Il n'yen a pas d'autres. Pour
»
:
du discours tient lieu du verbe et du nom de
là sa dénomination de participe. Elle se ter-
;
PARTICIPES. — Règle générale. — Celte partie résumer participe présent en ans et ens; futur
; ;
en rus passé en tus, sus, xus futur passif en
dus. Maintenant, il y a des noms qui, à pre-
mine au présent par les syllabes ans et ens,
comme amans, qui aime, legens, qui lit. Au réellement sont des noms ;
mière vue, semblent des participes, mais qui
car on n'appelle
;
Ulyssei » (Eneide, 11, 475). De ces deux, Iphytus
était déjà appesanti par l'âge Pélias même
était ralenti par la blessure que lui avait faite
Tantôt, de son char il écrase les bataillons,
[(IX, 762).
videndi? (Edog., I). Pro qualitatis et quantitatis, ut, id est, nuncante ora deumspatiatur ad aras. Item,
Timeo Danaos et dona ferentes (Æneid. i), Et, modo Aut agnima curru
pro disjunctiva, ut, Et quisquam numen Junonis ado- Proterit, aut raptas fugientibus ingerit hastas(jf?n«'rf),
ret Prœterea? aut supplex aris imponet honorem?
(nidem). Modo pro causali ponitur, ut, Quomm Figuræ conjunctionum duce sunt, simplex, ut nam :
Iphytus cevo Jam gravior, Pelias et vulnere tardus, composita, ut namque. Ordo conjunctionum in hoc
Vlyssi (Æneid, II): pro, etiam vulnere tardus. Modo est, quia aut præposítivæ conjunctiones sunt, ut at-
pro adverbio accipitur ordinandi, ut, CorpMsgMe la- ast : aut subjunctívæ, ut que: aut communes, ut et,
vant frigentis et ungunt: pro, deiiide ungunt Item igitur. Suntetiam dictiones, quasincertumestutrum
aut, conjunctio multa signitiæt. Modo enim pro præpusitiunes an adverbia nominemus, quæ tamen
adverbio discretionis accipitur: ut, omnes facile dinoscuntur. Nam et conjunctiones pro
aliis conjunctionibus positæ inveniuntur, potestate
Ante urbem pueri et primævo flore juventus mutata.
Exercentur equis, domitantque in pulvere currus, DE PROPOSITIONE. — Prcepositiones accusativæ. —
Aut acres tendunt arcus, aut lenta lacertis Præpositiones ablativce. — Prœpositiones utriusque. —
Spicula contorquent(Æneid, vu). Omnes præpositiones dicuntur generaliter. Species
Modo pro tempore significat, ut, autem lias, aliæ accusativae, aliæ ablativæ, alíæ
Aut ante ora Deum pingues spatiatus ad aras, utriusque. Accusativæ, per casum accusativum
Instaurat donis epulas ~(Æ/leid, XII), enuntialltur, ut ad, apud, ante, adversus, cis, citra,
à eux. Singulier féminin, ad hanc, à elle, plu-
:
sent à la fois l'accusatif et l'ablatif. Les prépo-
sitions qui régissent l'accusatif sont Ad, à,
auprès, ante,
riel, ad has, à elles. Singulier neutre, ad hoc
templum vado, je vais à ce temple, pluriel, ad
vers, auprès, pour, apud, chez,
avant, devant, adversus, contre, vis-à-vis de, hæc templa vado, je vais à ces temples. Genre
cis, citra, en deça de, circum, autour de, circa, commun, ad hunc et ad hanc sacerdotem, plu-
vis-à-vis de, riel, ad hus et ad has sacerdotes, ad hos et ad
aux environs de, contra, contre,
has hostes, à ce prêtre, à ces prêtresses, à cet
erga, envers, à l'égard de, extra, hors de,
outre, excepté, infra, au dedans de, intra, au ennemi, à ces ennemies. Les prépositions qui
dedans de, juxta, auprès de, ob, devant, pour, régissent l'ablatif font de même au singulier et
à cause de, penes, au pouvoir de, per, par, au pluriel et gardent les genres et les nom-
à travers, pendant, pene, après, derrière, post, bres. A,ab, abs, de, par, depuis, absque, sans,
après, depuis, præter, au delà de, hors, outre, clam, à l'insu de, coram, devant, en présence
excepté, prope, près de, auprès de, propter, de, cum, avec, de, de, sur, touchant, palam,
devant, en présence de, e, ex, de, depuis, par,
pour, à cause de, secundum, le long de, selon,
suivant, supra, sur, au-dessus de, trans-ultra, devant, en comparaison de, pro, pour, devant,
égard sine,
au delà de. Or dans toutes ces prépositions, on au lieu de, eu à, sans, tenus, jus-
doit garder le genre des noms, c'est-à-dire le qu'à. Masculin singulier, a fratre, du frère,
masculin, le féminin, le neutre et le ccmmun. pluriel, a fratribus. Féminin singulier, a sorore,
On doit aussi garder les nombres, masculin de la sœur, pluriel, a sororibus, a civitate, a
singulier, ad agrum, au champ; pluriel ad civitatibus. Singulier masculin, ab amico, de
agros. Au féminin singulier, ad villam, àla
l'ami, pluriel, ab amicis, ab agro, du champ,
villa, ou ad possessionem, au domaine, plu- ab agris. Féminin singulier, ab urbe, de la
riel, ad villas, ou ad possessiones. Neutre-sin- ville, pluriel, ab urbibus. Neutre singulier, a
gulier, ad templum, au temple, ad capitolium, templo, du. temple, pluriel, a templis. Com-
au capitole, pluriel, ad templa, ad capitolia. mun singulier, a cive, du citoyen, pluriel, à
De même pour le genre commun, singulier, civibus, ab hoste, de l'ennemi, ab hostibus.
ad civem, au -citoyen, ad hostem, à l'ennemi, Observez cette manière de décliner dans toutes
ad sacerdotem, au prêtre, pluriel, ad cives, ad les prépositions qui régissent l'ablatif, selon
hostes, ad sacerdotes, Vous ferez donc ainsi les genres et les nombres. Reste la troisième
pour toutes les prépositions, en observant, classe des prépositions, c'est-à-dire de celles qui
circum, circa, contra, erga, extra, intra, infra, juxta, hos : feminino, ad hanc : plurali, ad has. Neutro,
ob, penes, per, prope, propter, præter, post, pone, ad hoc templum vado : plurali, ad hæc templa. Sic
secundum, supra, trans, ultra. In his præpositioni- communi genere, ad hune et ad hanc sacerdotem :
bus servanda genera nominum, id est, masculinum, plurali, ad hos et ad has sacerdotes, sic ad hos et ad
femininum, neutrum, commune. Servandi etiam has hostes. In his ablativum adtendunt tam in sin-
numeri, utputa masculino singulari, ad agrum :
:
plurali, ad agros. Feiniuinosingulari,ad villam,vel
ad possessionem plurali, ad villas, vel ad posses-
:
gulari quam in plurali, servatis generibus nume,
risque utputa, a, ab, abs, cum, coram, clam, de, e,
ex, pro, præ, palam, sine, absque, tenus. Masculino
siones, Sic neutrum singulare, ad templum, ad Ca- singulari, ut a fratre, plurali a fratribus. Feminino
pitolium : plurale, ad templa, ad Gapitolia. Sic singulari, a sorore, vel a sororibus, vel a civitate,
a
communi genere singulari numero, ad civem, ad civitatibus. A singulari masculino, ab amico, plu-
hostem, ad sacerdotem : plurali, ad cives, ad hostes, rali ab amicis, ab agro, ab agris. Feminino singu-
ad sacerdotes. Sic ergo omnes praepositiones obser- rali ab urbe, plurali ab urbibus. Neutro singulari a
vabis, servatis, ut dixi, generibus, servatis numeris templo, plurali a templis, A communi singulari a
:
singulari et plurali. Servatis similiter pronominibua
secundum genera masculino, ad hunc, plurali, ad
cive, plurali a civibus, ab hoste, ab hostibus. Hanc
declinationem serva in omnibus his ablativis præpo-
saisit la nature de ces prépositions. Or cette lieu, et non pas d'un lieu à.un autre lieu. C'est
différence se trouve dans le mouvement et le ainsi que nous disons lapsum in piscinam et
repos. Mais, selon quelques grammairiens, le lapsum in piscina, tombé dans une piscine. Si
mouvement ne veut qu'un cas, savoir l'accu- d'un autre lieu, on tombe dans la piscine, ac-
satif; ils se trompent, il veut les deux cas, cusatif; mais si, se trouvant dans la même
mais àtitre différent. Le mouvement, en effet, piscine, on tombe, ablatif. Venio, je viens, veut
veut l'accusatif quand nous voulons montrer toujours l'accusatif, parce qu'on vient d'un lieu
que l'on passe d'un lieu dans un autre, comme à un autre. Mais dès que l'on est dans le lieu, le
curro in forum ou in campum, je cours au fo- mouvement cesse. De même volvo ou evolvo,
rum ou à la campagne. Si nous disons que d'un je roule, indique un mouvement d'un lieu à un
autre lieu nous courons dans le forum ou dans autre. « Reperire viam qua evolvere posset, In
la campagne, nous avons l'accusatif. Si, au con- mare se Xanthus(Énéide, v,807).» Trouver une
;
traire, nous ne courons que dans un seul et route par où le Xanthe pût rouler ses eaux
:
même lieu, c'est alors l'ablatif ainsi, curro in dans la mer (de son lit dans la mer). Mais pour
foro, in campo, ambulo in foro, in campo, je volvi, il ya ablatif '.c Fundo volvuntur in imo
cours, je marche dans le forum, dans la cam- (Énéide, VI,58I).»Ils se roulent au fond du pré-
pagne. Si d'un autre lieu nous allons dans le cipice. La préposition sub, sous, marquant
forum, il faut l'accusatif, dans l'autre circons- mouvement d'un lieu à un autre, veut l'accu-
tance nous devons mettre l'ablatif, ambulo in satif. Virgile dit d'un javelot, sub pectus, sub
foro, je me promène dans le forum, de même illam rem. Sub, prend l'ablatif dans ce vers de
pour cadit in forum et cadit in foro, il tombe l'Énéide : «Trojæ sub moeriibusaltis,Contigit
:
sur ou dans le forum. Virgile a dit « Ingre- oppetere (I,99,100).» Ceux qui ont eu le bon-
diturque solo, et caput inter nubila condit heur de périr sous les hautes murailles de
(Eneide, IV, 177). » Elle marche sur la terre, et Troie, c'est-à-dire de tomber, d'être couchés.
cache sa tête dans les cieux. « Inarvis altiusin- Voici maintenant un exemple de mouvement
»
greditur(Georg.,III,75). Ils'avance plus fière- d'un lieu àunautre. «Sivesub incertaszephyris
ment dans les champs. C'est-à-dire, ambulat, mutantibus umbras (Eglog., v, 5). Soit qu'au
;
il marche. Vous voyez qu'il y a mouvement, et retour des zéphyrs, nous nous retirions sous
cependant les mots sont à l'ablatif c'est que, les ombres tremblantes. Ici, se joint succe-
comme je l'ai dit, il y a mouvement dans un dimus, c'est-à-dire un verbe qui indique mou-
sitionibus secundum genera et numerum. Remanet esse, et tamen ablativum sibi vindicare; sed in loco,
tertia species præpositionum, quæ dicuntur utrius- ut dixi, non de loco in locum. Sic lapsum in pisci-
que, quæ et accusativum tenent casum et ablati-
vum. Sed plerosque ratio harum præpositionum
præterit, ex qua distinctione intelligatur, ut non
:
nam, et lapsum dicimus in piscina. Si de alio loco
in piscinam labatur, accusativus est si vero in
eadem labatur piscina, ablativus est. Venio autem
appareat expositu ejus : differentia hæc est in motu semper accusativus est, quia de loco ad locum quis
:
et in situ. Sed motum putaverunt quidam accusati-
vum tantum tenere tenet autem utrumque, sed
certa ratione. Nam motus tunc tenet accusativum
venit. In loco autem jam cum sit quisque, cessat
motus. Item motus de loco in locum, volvo vel
evolvo : Reperire viam qua evolvere possit. In mare se
casum cum a locis in alia loca nos moveri significa-
mus, ut curro in forum, vel in campum. Et si ex
alio loco dicimus nos currere in forum vel in cam-
:
Xanthus (Æneid. v) : scilicet ab alveo in mare. In
ipso autem volvi, ablativum tenet ut, Fundo vol-
vuntur in imo (Æneid. VI). Sic, sub, e loco in locum
pum, accusativum casum tenemus. Si autem in uno motus accusativum tenet. De hasta Virgilius sic ait.
:
eodemque loco, ablativum : ut curro in foro, curJ;O
in campo sic ambulo in foro, et ambulo in campo.
Si de alio loco ambulamus in forum, accusativum
Sub pectus, sub illam rem (Æneid. I.) Item sub abla-
tivo; Trojœ sub mœnibus altis. Contigit oppetere, id
est cadere vel jacere Trojœ, inquit, sub mmnibus
:
tenemus. Si in eodem loco ambulamus, ablativum
tenemus, ut ambulo in foro sic, cadit in forum, et
cadit in foro. Virgilius : Ingrediturque solo, et caput
altis. Item de loco in locum, Sive sub incertas zephi-
ris mutantibus umbras (Éclog, v). Et subjunxit, suc-
cedmus. ubi est motus de loco in locum. Super
inter nubila condit (Æneid. IV), ut est, In arvis altius motus : Super Garamantas et Indos Proferet imperium
ingreditur (Georg. IV),id est ambulat : vides motum (Æneid. VI), motus est. Iu loco autem : Gemina super -
vement d'un lieu à un autre. Il y a mouvement mergo. Deux adverbes de lieu, quo etubi, ser-
;
pour super, sur, au-dessus de dans cet exem-
vent beaucoup à déterminer précisément cette
:
ple « Super Garamantas et Indos proferet
imperium»(Énéide, VI,794). Il étendra son
manière de parler. Quo indique mouvement
d'un lieu à un autre, ubi indique le contraire.
:
empire sur les Garamantes et les Indiens. Il n'y
a pas de mouvement dans cet autre « Geminæ
super arbore sidunt » (Ibid.,203). Toutes deux
Quo venit telum? in hostem. Où s'est dirigé le
trait? sur l'ennemi. Ubi hœsit? in hoste. Où
?
s'est-il attaché sur l'ennemi. Quo voluit Cati-
:.
le toit de l'étroite demeure, il conduisit le du consul. Ainsi quand nous disons quo fugi-
grand Enée. Il n'y a pas mouvement dans cet mus? ?
où fuyons-nous In locum, dans tel lieu.
autre exemple « Quum tamen omnes, Ferre
Ubi latet? in loco?où se cache-t-il? dans tel
libet subter densa testudinecasus,,, (Ibid., IX, lieu. Comme je l'ai déjà dit, ces deux adverbes
513).Bien que cependant, sous l'épaisse tortue, il servent beaucoup pour distinguer quel cas doi-
IùL permis d'affronter tous les hasards. Ainsi vent gouverner ces prépositions à deux cas.
donc, s'il y a mouvement d'un lieu à un autre, C'est d'après ce système des adverbes, que l'on
sub gouverne l'accusatif, comme sub spelun- rectifie ce passage des Verrines : « Quo ille in
cam eurro, je cours sous la caverne. Mais si, caput ab hostiumduceacceperat. » Il avait reçu
une fois dans la caverne, vous vous mettez à
courir, sub gouverne alors l'ablatif, comme
sub spelunca curro. De même, s'il y a mouve-
:
un coup dirigé contre sa tête, mais c'est sur la
tète, in (apite, qu'il l'a reçu. Disons-nous quo
accipisvulnus?pas du tout, mais bien ubi. « Quo
ire jubés, dit Virgile en voulant signifier mou-
ment d'un lieu à un autre, super gouverne
l'accusatif, super tectum curro, je cours sur le
toit. Mais si, une fois placé sur le toit, on se
:
vement d'un lieu à un autre ubi ponere sedes »
(Énéide, III) 88), en voulant dire repos dans un
met à courir, super gouverne alors l'ablatif, lieu. La position dans un lieu veut l'ablatif,
super tecto curro. De même, dans cette phrase, parce qu'elle est contraire au mouvement. Le
subter fluctus mergo, je plonge sous les flots, mot lui-même indique une certaine action de
il faut l'accusatif, si le mouvement se fait du s'arrêter, une certaine halte, comme par exem-
;
rivage dans les flots mais si l'on est déjà dans
les flots, alors c'est l'ablatif, subter fluctibus
plé : sum in foro, èram in foro, fui in foro,
futurus sum in foro, je suis, j'étais, je fus, je
:
drbore sidunt. Item subter, de loco in locum ut,
Angush subter fastigia tecti Ingentem Æneam duxit.
in hoste, quo voluit Catilina telum dirigere? in con1
hi loco autem : Omnes Ferre libet subter densa testu- :
sulis corpus? ubi voluit defigi? in consulis corpore.
Sic enim ait de sica ut eam putes in consulis cor-
:
dine casus (Æneid. vm). Sic sub, si de loco ad locum
fiat motus, accusativum tenet ut, sub speluncam pore detigere. Sic cumdicimus;quo fugimus? scili-
cet in locum. Ubi latet? in loco. Ergo, ut diximus,
:
curro. Si autem positus sub ipsa spelunca curras,
ablativum tenet ut, sub spelunca curro. Sic super,
si de loco ad locum fiat motus, accusativum tenet,
adjuvant adverbia haec duo, ad confusionem distin-
guendi prsepositiones utriusque casus. Sic namque
:
super tectum curro.. Si autem posítus quis super tec-
tum currat, ablativumtenet super tecto curro. Sic,
subter fluotus mergo, si ex littore motus fit in
demersione, accusativus est, ut
de hac adverbigrum ratione purgatur et illud in
Verrinis : Quod ille in caput ab hostium duce acce-
perat. Acceperat ergo vulnus directum in caput,
acceptum in capite. Numquid quo accipis vulnus,
mergo subter flnc- dicimus? minime : sed, ubi accipis. Et Virgilius,
tus. Si autem quis sit jam in fluctibus; subter fluc- Quo irejubes ? in locum significat. In loco autem, ubi
tibus mergitur, Sed multum juvant hanc locutio-
ponere sedes? Situs vero ablativum tenet, quia con-
:
nem et observationemduo adverbia locorum, quoet
ubi :
quo, in locum motus est ubi, in loco situs
?
est: ut, quo venittelum in bosteni : ubi lieesit?
trarius est motui. Nam ipsum nomen, sessionem
quamdam significat, ut puta, sum in foro, eram in
foro, fui in foro, futurus sum in foro. Sic simplici-
dois être dans le forum. Voilà pourquoi nous noms de nombre,de quatre à cent,sont indéclina-
disons simplement sedeo, je m'assieds, jaceo, bles et de tout genre: quatuorviri,quatuor femi-
je suis couché, cubo, je me couche, sto, je me nae, quatuor mancipia, quatre hommes, quatre
tiens debout, consisto, je m'arrête, hæreo, je femmes, quatre esclaves. De même pour tous
demeure, tous ces verbes se rapportent au non- :
les cas G. quatuor virorum, quatuor mulie-
rum, quatuormanicipiorum,des quatrehommes,
mouvement. Il nous faut donc méditer ces pré-
ceptes et en faire usage, pour que, dans cette
espèce de prépositions, nous montrions par
;
des quatre femmes, des quatre esclaves D. qua-
tuor viris, quatuor mulieribus, quatuor man-
notre langage correct et sans aucune hésitation
que nous les avons étudiés avec soin.
INTERJECTION.
— L'interjection n'est pas une
;
cipiis, aux quatre hommes, aux quatre femmes,
aux quatre esclaves Acc. quatuor viros, qua-
tuor mulieres, quatuor mancipia, les quatre
partie du discours, mais un signe qui sert à ex-
primer les mouvements vifs et subits de l'âme.
hommes, les quatre femmes, les quatre esclaves ;
V. o quatuor viri, o quatuor mulieres, o qua-
Elle marque la joie, evax, la douleur, heu, tuor manicipia, ô quatre hommes, ô quatre
chez les grecs, EÜ. Autant de mouvemements
passionnés de l'âme, autant d'expressions on
les appelle interjections, parce qu'elles inter-
: femmes, ô quatre esclaves; Abl. quatuor
viris, quatuor mulieribus, quatuor manicipiis,
des ou par les quatre hommes, des ou par les
rompent le discours, comme dans ces vers: quatre femmes, des ou par les quatre esclaves.
J'ai dit que les nombres,de quatre à cent, étaient
Hic inter densas corylos modo namque gemellos
indéclinables, a7rcwTa, mais duo, deux et tres,
Spem gragis, ah! silice in nudâ connixa reliquit
(Eglog., 1,14-15),
trois, se déclinent à tous les cas, N.duo, deux ;
tous l'ombrage épais elle vient de mettre bas
!
deux petits, espoir du troupeau, hélas elle les
ou duo, deux ; ;
G. duorum, deux; D. duobus, deux; Acc. duos
V. o duo, ô deux ab his duo-
bus, deux. Très, trois. N. hi, hse tres, hsec tria,
a laissés sur la roche nue. Comme on le voit
la syllabe ah 1 a été interjetée, ici au milieu de
;
trois G. horum, harum, horum trium, trois;
;
D. his tribus, trois Acc. hos, has tres, haec
la phrase. Nous avons parcouru toutes les par-
ties du discours, et ce que nous avons dit en
; ;
tria, trois V. o tres, o tria, ô trois Abl. ab
his tribus, trois. C'est d'après cela que nous
abrégé suffit pour ceux qui étudient comme
pour les autres. Au reste, nous donnons au
traité du nom ce que nous avons pu laisser da
duumvir;
comprenons maintenant la déclinaison de
;
c'est comme unus vir duorum homi-
num. De même pour triumvir c'est comme
côté. Maintenant, nous devons savoir que les unus vir trium hominum. Ici donc, il y géni- a
ter sedeo, jaceo, cubo, sto, consisto, hæreo. Omnia reddimus. Scire enirn debemus nomina numerorum
hæc ad situm pertinent. Meditanda igitur sunt et in a quatuor usque ad centum fcuxa esse, et generis
usum ducenda, ut jam in hac præpositionum forma, omnis : ut quatuor viri, quatuor feminæ, quatuor
et recte et nulla hægitatione loquentes studuisse no mancipia. Sic per omnes casus, quatuor dicimus :
diligentius indicemus. utputa virorum quatuor, mulierum quatuor, man-
DE INTERJECTIONE.
— Interjectio, non pars oratio-
cipiorum quatuor. Sic dativo viris quatuor, feminis
nis est, sed signum affectionis erumpentis animi in quatuor, mancipiis quatuor. Sic A. viros quatuor,
vocem, Et signiticat aut laetitiam, utevax : autama- feminas quatuor, mancipia quatuor. Sic v o viri
ritudinem, ut heu, apud Græcos, IpEÚ. Ergo quot quatuor, o feminæ quatuor, o mancipia quatuor.
sunt perturbati animi motus, tot voces reddunt : et Sic A. a viris quatuor, a feminis quatuor, a manci-
vocantur interjectiones, quod interrumpant oratio- piis quatuor. Sed ideo dixi, a quatuor. STCTOTOCesse
nem, ut est illud, Hie inter densas corylos modo nam- usque ad centum; quia duo declinantur, duorum, *
que gemellos Spem gregis (Eclog. I) : mox interjectio
per litteram a, Ah silice in nuda connixa reliquit. in
medium orationis interjecta est a littera.
:
duobus, duos vel duo, o duo, a, ab his duobus. Sic
declinantur, et currunt per casus hi et hæ tres, G.
horum et harum trium, D. his tribus, a. hos et has
Omnes partes orationis decursae a nobis sunt, quæ tres, v. o tres, a. ab his tribus. A genere neutro, hæc -
ad compendium Bufficiant, aut occupatis, aut negli- tria, horum trium, his tribus, hæc tria, o tria, ab -
gentibus. Sane quæ omisimus, in tractatu nominis his tribus. Ex hac ergo forma intelligimus quomodo -
:
tif. Mais dès là que quatuor est indéclinable,
nous disons quatuor viri, ou quinque viri, ou
sexviri, quatre ou cinq ou six hommes. D'après
nombre se déclinent. Exemple :
neuf cents, ducenti, nongenti, les noms de
N. hi ducenti,
hæ ducentæ, hæc ducenta, etc. Mille (mille) est
:
cela,quand Lucien a dit Septemvirqueepulis, indéclinable.
il a fait de septem un génitif. De deux cents à
declinemus: hie duumvir, quasi duorum hominum viri. Unde Lucanus, Septemvirque epulis: pro ge-
unusvir. Sic trium hominum unus vir. Ergo hic nitivo posuit, septem. A ducentis usque ad nongen-
admisit genitivum. Jam quatuor ubi indeclinabile tos declinantur nomina numerorum, ut hi dncenti,
est, quatuor viri dicimus, vel quinque viri, vel sex hæ ducentæ,neuLro ducenia: mille, indeclinabile est.
PRINCIPES DE DIALECTIQUE(1)
:
de deux mots soit rangé parmi les mots simples.
La raison eu est dans notre définition on appelle
en effet, mot simple celui qui ne signifie qu'une
:
même. Ainsi la troisième personne d'un verbe est
toujours comptée parmi les mots simples et l'on ne
peut pas encore affirmer ou nier si ces mots, par
seule chose. Aussi renfermons-nous dans cette défi- suite de l'habitude du langage,"portent nécessaire-
nition ce que nous ne renfermons pas dans le mot
loquor, je parle. Quoique ce soit un mot simple, il
n'a cependant pas une signification simple, puis-
:
ment en eux la signification de la personne, comme
lorsque nous disons « il pleut, il neige. » Quand
bien même ici, on n'ajoute point qui est-ce qui
:
qu'il veut dire en même temps la personne qui
parle ce qui le rend déjà sujet à la vérité ou à
l'erreur, car il peut être nié aussi bien qu'affirmé.
pleut ou qui neige, cependant, comme on le com-
prend, ces mots ne peuvent être rangés parmi les
mots simples.
C'est pourquoi toute première et toute seconde per-
tribue à saint Augustin, mais il a été imprimé à Dâle en 1558, avec le nom
:
(t) Cet opuscule a été corrié de nouveau sur cinq manuscrits ayant pour titre Traité de la Dialectique: on l'at-
de Chirius Fortunatianus.
De simplicibus verbis. :
non habent signiflcationem. Siquidem quisquis dicat,
ambulo etambulationemfacit intelligi, et
seipsum
qui ambulat. Et quisquis dicit, ambulas ; similiter et
Dialectica estbenedisputandi scientia.Dispulamus rem quæ sit, et eum qui facit, significat. At vero qui
aulem verbis.Verba igiturautsimpliciasunt, autcon-
:
juncLa. Simplicia suut, quæ unum quiddam signifi-
cant ut cum dicimus homo, equus, disputat, currit.
Nec mireris quod, disputat, quamvis ex duobus com-
per inter simplicia numerabitur ;
dicit, ambulat : nihil aliud quam ipsamsignificat am-
bulationem. Quamobrem tertia persona verbi, sem-
et nondum au
affirmari aut negari potest, nisi talia verba sint, qui-
positum sit, tamen inter simplicia numeratum est.
bus nccessario cohæret personæ significatio consue-
Nam res definitione illustratur. Dictum est autem id tudine loquendi, ut cum dicimus; pluit aut ningit, j
Mots réunis.
CHAPITRE III.
Les mots réunis sont des mots qui, rassemblés,
:
signifient plusieurs choses, comme lorsque nous
disons un homme marche, un homme marche à
la hâte sur la montagne, et autres semblables. Or,
Phrases simples. — Phrases réunies.
:
marche. Il y a bien une réunion de mots dans
l'homme à la hâte sur une montagne cependant le
: comme:
nies sont celles dont la liaison forme un jugement,
si tout homme marche, tout homme se
meut. Mais puisque le jugement est le résultat de la
sens est encore suspendu. Les mots qui ne forment
pas une pensée étant mis de côté, il reste les mots
réunis qui renferment une pensée. Il y en a de deux
ce qu'on arrive à la dernière :
liaison des propositions, cette liaison dure jusqu'à
or la dernière se
forme des propositions accordées. Voici ma pensée :
espèces. Ou bien, ils contiennent seulement une :
Quand je dis s'il se promène, il se meut, je veux
persée susceptible d'être affirmée ou niée comme : prouver quelque chose. Si la conséquence est accor-
:
:
tout homme marche, tout homme ne marche pas,
et autres de ce genre oubien, la pensée est expri-
mée de telle sorte qu'elle ne peut être ni affirmée
dée, il me reste à affirmer la première proposition
::
il se promène; cela fait, il en découle une proposition
qu'on ne peut nier, c'est celle-ci il se meut; et je
:
ni niée, bien qu'elle exprime entièrement le but que
s'est proposé l'esprit ainsi lorsque nous comman-
dons, souhaitons, maudissons ou faisons quelque
ne pourrais plus admettre cette autre il ne se pro-
:
mène pas. Mais si je dis cet homme marche, c'est
une proposition simple. Si on l'accorde, j'en puis
:
chose de ce genre. En effet si quelqu'un dit va à
! : !
la ville, puisse-t-il aller à la ville ou : que les dieux
le confondent on ne peut l'accuser de mensonge,
:
ajouter une autre qui préparera l'achèvement de
ma pensée or, quiconque marche, se meut. Si on
me l'accorde encore, de l'union de ces deux proposi-
ni croire qu'il dit vrai car il n'a rien affirmé, rien tions énoncées et accordées isolément, il décou-
::
traite en effet de la sonorité du mot, lorsqu'on qu'elle n'en ait point, elle ne s'appelle que de son
cherche ou qu'on fait remarquer par quelle dispo- nom propre objet. Il y a donc ces quatre choses à
sition de voyelles un mot setrouve adouci, ou par distinguer le mot, le dicible, l'expression et l'objet.
quel concours de voyelles un mot est coupé, com- Ce que j'appelle mot est un mot et signifie un mot;
ment un mot se trouve coulant et lié, par la répar- ce que j'appelle dicible est aussi un mot, il ne si-
tition des consonnes, ou hérissé et rude, par leur gnifie pourtant pas le mot, mais ce qui est compris
;
accumulation, quel est le nombre et quelle est la dans le mot et contenu dans l'esprit ce que j'ap-
qualité de ses syllabes, là où les grammairiens trai- pelle expression est aussi un mot, mais un mot tel
tent du rhythme poétique et de l'accent sous le rap- qu'il signifie deux choses à la fois, savoir le motlui-
port de l'oreille. Cependant toutes ces discussions même, et ce qui se passe dans l'esprit au sujet du
ne sont pas étrangères à la dialectique, puisqu'elle mot; ce que j'appelle objet est un mot qui, outre
est la science de discuter. Mais les mots sont les les trois dernières significations que nous venons
signes des choses quand c'est d'elles qu'ils tirent d'énumérer, signifie encore tout ce qui reste à
leur force, tandis que ceux dont on discute ici sont exprimer. Mais des exemples doivent, je crois,
les signes des mots. En effet, puisque nous ne pou-
:
éclairer ceci. Supposez donc qu'un grammairien
vous parler des mots sans le secours des mots, ni interroge de la sorte un enfant à quelle partie du
parler sans parler de quelque chose, l'esprit voit que discours appartient le mot arma armes? Le mot
les mots sont les signes des choses, sans cesser arma est ici énoncé en vue de lui-même, c'est-à-dire
d'être des choses eux-mêmes. que c'est un moténoncé en vue du mot lui-même;
:?
-
Ainsi quand un mot sort de la bouche, s'il sert à ce qui suit à quelle partie du discours ce mot
son sujet, c'est-à-dire pour une demande ou une appartient-il est ajouté non pour soi, mais en vue
:
discussion sur le mot lui-même, il est bien lui- du mot arma; il est compris par l'esprit ou énoncé
même la question, la chose dont il s'agit, celle par la voix s'il est compris et saisi par l'esprit,
qui est en discussion; mais cette chose s'appelle avant l'énonciation, c'est alors le dicible; et, pour
rumpat. Quid enim aliud litteræ scriptæ, quam nisi de aliquibus rebus loquamur, occurrit animo ita
seipsas oculis, et praeter se animo voces ostendunt? esse verba signa rerum, ut res esse non desinant.
Quia et paulo ante diximus, signum esse quod seipsum Gum ergo verbum ab ore procedit, si propter se pro-
sensui, et praeter se animo aliquid ostendit : quae le- cedit, id est ut de ipso verbo aliquid quaeratur aut
gimus igitur non verba sunt, sedsigna verborum. Sed disputetur, res est utrique disputationi quaestionique
ut ipsa littera, cum sit pars minima vocis articulatæ, subjecta. Sed ipsa res verbumvocatur. Quidquid autem
abutimur tamen hoc vocabulo ut appellemus litteram ex verbo non auris, sed animus sentit, et ipso animo
etiam cum scriptam videmus, quamvis omnino tacita tenetur inclusum, dicibile vocatur, cum vero verbum
sit, neque ulla pars vocis, sed signum partis vocis ap- procedit, non propter se, sed propter aliud aliquod
pareat : ita etiam verbumappel:atur cum scriptum est significandum, dictio vocatur. Res autem ipsa, quæ
quamvis verbi signum significantis vocis non eluceat. jam verbum non est, neque verbi in mente conceptio,
Ergo, ut cceperam dicere, omne verbum sonat. Sed sive habeat verbum, quo jam significari possit, sive
quod sonat, nihil ad dialecticam. De sono enim verbi non habeat, nihil aliud quam res vocatur proprio jam
agitur, cum quæritur, vel animadvertitur, quanta vo- nomine. Haec ergo quatuor disiincte ieneantur, ver-
calium,'vel dispositione leniatur, vel concursione de- bum, dicibile, dictio, res. Quod dixi verbum, et ver-
hiscat : item consonantium vel interpositione nodetur, bum est, et verbum significat : Quod dixi dicibile,
vel congestione asperetur, et quot vel qualibus sylla- verbum est; nec tamen verbum, sed quod in verbo
bis constet.ubi poeticus rhythmus accentusque a gram- intelligltur et in animo continetur, significat, Quod
maticis solo aurium tractatur negotio. Et tamen cum dixi dictionem verbum est, sed tale quo jam ilia duo
de his disputatur, praeter dialecticam non est, haec simul, id est ipsum verbum, et quod fit in animo per
:
enim scientia disputandi est. Sed tunc verba sunt si-
gnarerum, quando de ipsis obtinent. vim verborum
autem, illa de quibus disputatur. Nam cum de verbis
verbum, significantur. Quod dixi rem, verbum est
quod præter illa tria, quae dicta sunt, quidquid restat,
significat, Sed exemplis hæc illustranda esse perspr-
loqui nisi verbis nequeamus, et cum loquimur
non a
cio. Fac igitur quodam grammatico puerum inter-
les raisons que j'ai données, s'il est manifesté au
dehors par la voix, il devient expression. Arma, qui
ici n'est qu'un mot, quand il a été prononcé par CHAPITRE VI.
Virgile, était une expression. Il fut, en effet, pro-
noncé non point en vue de lui-même, mais bien
?
Origine du mot. D'où vient le mot verbum Opinion
des Stoiciens sur l'origine du mot verbe.
pour signifier ou les guerres que fit Ënée, ou le
bouclier et autres armes que Vulcain fabriqua pour
Ènée. Quant aux guerres et aux armes, les unes,
entreprises, les autres portées par Ënée, guerres et
soulève nécessairement quatre questions :
Ainsi donc, tout mot se manifestant par la voix,
son éty-
mologie, sa force, sa déclinaison, son rang. On
armes qui dans l'instant de l'action ou de leur
existence tombaient sous les sens, pourraient se voir
ou se toucher du doigt si elles existaient encore
de l'origine de sa formation ;
cherche l'étymologie d'un mot, quand on s'enquiert
recherche trop cu-
rieuse à mon avis et peu nécessaire. Je ne me crois
maintenant, et n'en auraient pas moins existé
quand même elles ne seraient pas rappelées par la
pensée: ces guerres et ces armes, dis-je, ne sont
:
pas tenu de dire ce que Cicéron a cru pouvoir
avancer car qui a besoin d'autorité dans une
?
chose si évidente S'il y avait plaisir et agrément à
pas elles-mêmes ni des mots, ni des dicibles, ni des développer l'origine d'un mot, ce serait une folie
expressions. Ce sont des choses nommées de leur d'entreprendre ce dont la poursuite serait pour
proprn nom, choses ou objets. Nous traiterons donc ainsi dire infinie. Car qui pourrait trouver, dans
dans cette partie de la dialectique des mots, des tout ce qui a été dit, la raison pourquoi cela a été
?
expressions, des dicibles et des objets. De ces quatre
sujets à traiter, les uns signilient des mots, tandis tation des songes :
dit oinsi 11 arrive ici ce qui a lieu pour l'interpré-
chacun explique, d'après ses
;
que les autres ne signifient pas des mots. Car il n'y
a rien qu'il ne faille discuter avec des mots aussi,
discute-t-on tout d'abord sur ce qui sert à discuter
idées, l'étymologie des mots. Mettons le mot verbum
:
lui-même en question. Il vient, suivant l'un, de ce
qu'il frappe en quelque sorte l'oreille verberare
aurem. Il vient plutôt, dit un autre, de ce qu'il
sur le reste. Donc, tout mot, à part le son, dont on
peut bien discuter aussi, appartient à l'exercice de :
frappe l'air verbera-re aerem. Pour nous, ce n'est
:
la dialectique, et non à la science de la dialectique pas là un grand sujet de litige, car enfin ces deux
explications nous ramènent également à verberare.
comme les harangues de Cicéron sont du domaine
de la rhétorique, sans être pour cela la science
même de la rhétorique. :
Mais voyez comment un troisième se met en oppo-
sition avec ce qui précède De ce que nous sommes
:
verbum propter ipsum verbum :
rogatum hoc modo Arma, quae pars orationis est.
Quod dictum est arma, propter se dictum est, id est
cetera vero quod
ait, quae pars oralionis est, non propter se, sed pro-
pter verbum, quod arma dictum est, vel animo sensa,
libet, excepto sono, de quo bene disputatur, ad facul
tatem dialecticæ pertinet, non ad dialecticam disci
plinam.Ut defensiones Ciceronissunt quidem rhetoricae
facultatis, sednon bis docetur ipsa rhetorica.
Ecce enim verba ipsa quispiam ex eo putat dicta, quod significet intelligamus. Breviter tamen hunc lo-
quod aurem quasi verberent : immo inquit alius, cum notatum esse de origine verborum, volo paulis-
quod aerem. Sed nostra non magna lis est. Nam per accipias, ne ullam partem suscepti operis praeter-
uterque a verberando hujus vocabuli originem trahit. misisse videamur. Stoici autumant, quos Cicero in hac
Sed e transverso tertius vide quam rixam inferat. re irridet, nullum esse verbum, cuj us non certa ratio
Quod enim verum, ait, nos loqui oporteat, odiosum- explicari possit. Et quia hoc modo suggerere facile
que sit natura ipsa judicante mendacium, verbum a 1'uit, si diceres hoc infinitum esse, quibus verbis al-
vero cognominatum est. Nec ingenium quartum de- terius verbi originem inlerpretareris, eorum rursus a
fuit. Nam sunt qui verbum a vero quidem dictum pu- te originem quserendam esse, donec perveniatur eo,
tent, sed prima syllaba satis animadversa, seoundam ul res cum sono verbi aliqua similitudiue concinat,
negligi non oportere. Verbum enim cum dicimus, ut cum dicimus, aeris tinnitum, equorum hinnitum,
inquiunt, prima ejus syllabaverum significat, secunda ovium balatum, tubarum clangorem, stridorem cate-
sonum. Hoc aulem volunt esse bombum. Unde En- narum. Perspicis enim hæc verba ita sonare, ut res
nius sonum pedum,-bombum pedum dixit et (3o<£aai quae his verbis significantur, Sed quia sunt res, quæ
Graeci clamare. Et Virgilius, Reboant syluce (Georg., III). non sonant, in his simllitudinem tactus yalere, ut si
Ergo verbum dictum est quasi a vero boando, hoc est leniter vel aspere sensum tangunt, lenitas vel asperi-
verum sonando. Quod si ita est, prosscribit quidem tas litterarum ut tangit audituin, sic eis nomina pe-
hoc nomen, ne cum verbum faciamus, mentiamur pererit. Et ipsum lene cum dicimus, leniter sonút.
sed vereor ne ipsi qui dicunt ista, mentiantur. Ergo: Quis item asperitatem non et ipso nomine asperam
ad te jam pertinet judicare, utrum verbum a verbe- judicet? Lene est auribus, cum dicimus voluptas :
;
i rando, an a vero solo, an a veroboando dictum pule-
i mus an potius unde sit dictum non curemus, cum
asperum est cum dicimus crux. Ita res ipsae articiunt,
sicut verba sentiuntur. Mel, quam suaviter res ipsa
pendant crura, les jambes ont été ainsi appelées promixité, et celle qui se tire dela similitude. Dela
non point à cause de la vivacité de la douleur, mais on est allé ensuite jusqu'au contraire, car on pense
bien parce que leur longueur et leur roideur, si on que lucus, bois sacré, vient de ce qu'il y fait peu de
les compare aux autres membres, les rendent plus jour (minime luceat): et bellum, guerre, de ce que
semblables au bois de la croix. L'abus s'est ensuite ce n'est pas une belle chose. Le mot fœdus, alliance,
introduit. Ce n'est plus la ressemblance de la chose, vient de ce que c'est une chose qui n'est pas ignoble,
mais la proximité, pour ainsi dire, qui a donné le honteuse; res non fœda, Si ce nom lui vient, comme
nom. En effet, quelle ressemblance de signification quelques-uns le veulent, de fœditas porci, laideur
y a-t-il entre parvus, petit, et minutus, diminué, du porc, l'étymologie se tire alors de la proximité,
puisqu'il peut y avoir du petit, parvum,quinon seu- puisque fœdus, alliance, emprunte son nom à l'ob-
lement n'ait pas été diminué, mais qui ait même jet qui sert à la former (4). Cette étymologie de
reçu quelque accroissement: cependant, à cause de proximité est très-étendue, et a lieu de plusieurs
la proximité, nous disons minutus pour parvus. manières: par propriété de produire un résultat,
Mais cet abus du mot est à la discrétion de celui qui comme ici l'enseigne fœditas porci, qui produit l'al-
parle; c'est du reste peu de chose, pour ne pas dire liance; par l'effet, comme puteus, puits, qu'on croit
moinsencore.Voiciqui a mieuxtraità ce que nousvou-
lons démontrer.On appelle piscine dans les bains, un ;
dérivé depotatio, action de boire, parce que l'effet
du puits est d'abreuver ou bien par le contenant ;
;
réservoir d'eau uù il n'y a aucun poisson, ni rien
de ce genre il semble pourtant que ce nom vient
de piscis, poisson, à cause de l'eau dans laquelle
ainsi Urbs, ville, viendrait de orbs, orbis, circuit,
parce qu'on a coutume, quand on a choisi un en-
droit pour bâtir une ville, de tracer son circuit avec
vivent les poissons. Cette dénomination ne vient une charrue, fait que signale Virgile dans le vers
donc pas de la ressemblance, mais elle est emprun- où il nous montre Enée traçant avec une charrue
tée à la proximité. Si l'on aime mieux dire, les l'enceinte d'une ville. Ou bien par le contenu;
hommes, en nageant, ressemblent à des poissons, et quelqu'un,par exemple, changera en r la lettre d de
c'est de là qu'est venu le mot piscine, ce serait
sottise que d'y contredire, puisque les deux expli-
cations ne s'éloignent pas de l'objet, et que les deux
;
hordeum, orge, et il en dérivera le mot horreum,
grenier; ou par abus ainsi nous faisons venir hor-
reum de hordeum, orge, et nous y enfermons du
y sont renfermées. Cet exemple pourtant est fort blé; ou en faisant venir le tout de la partie; ainsi
convenable pour nous montrer d'une manière évi- quelques-uns donnent au glaive le nom de mucro,
dente la différence entre l'étymologie prise dans la pointe, qui n'en signifie que l'extrémité. Ou bien en
(1) Il y avait des enseignes militaires composées d'une pique surmontée d'une tête de porc.
:
gustum, tam suaviter nomen tangit auditum. Acre, in
utroque asperum est lana et vepres, ut audiuntur
verba, sic illa tanguntur. Hæc quasi cunabula verbo-
mines piscibus similes natando fieri, et inde piscinse
nomen esse natum, stultum est hoc refutare, cum ab
re nentrum abhorreat, et utrumque lateat. Illud ta-
rum esse crediderunl, ut sensus rerum cum sonorum men bene accidit, quod uno exemplo dilucidare jam
sensu concordarent. Hinc ad ipsarum inter se rerum possumus, quid distet origo verbi, quæ de vicinitate
similitudinem processisse licentiam nominandi : ut arripitur, ab ea qua) de similitudine ducitur. Hinc
cum, verbi causa, crux propterea dicta sit, quod ip-
:
sius verbi asperitas cum doloris, quem crux effecit
asperitate concordat crura tamen non propter aspe-
ritatem doloris, sed quod longitudine atque duritia in-
ter membra cetera sint ligno crucis similiora, sic ap-
facta est progressio usque ad contrarium. Nam lucus
dictus putatur, quod minime luceat : et bellum, quod
:
res bella non sit et foederis nomen, quod res fceda
non sit, quod si a fcedilate porci dictum est, ut non-
nulli volunt, redit ergo ad illam vicinitatem, cum id
pellata sunt. Inde ad abusionem ventum est, ut usur- quod sit,abquo per quod sit nominatur. Nam et ista
petur non tam rei similis, sed quasi vicinæ. Quid omnino vicin.tas late palet, et per multas partes se-
enim simile inter signilicationem parvi et minuti, catur. Aut per efficientiam, ut hoc ipsum a foeditate
cum possit parvum esse, quod non modo nihil minu- porci, per quem foedus efflcitur : aut per effectum, ut
?
tum sit, sed etiam aliquid creverit dicimus tamen
propter quamdam vicinitatem, minutum pro parvo.
puteus, quod ejus elfectus potatio est, creditur dictus :
aut per id quod continet, ut urbem, ab orbe appella-
Sed hæc abusio vocabuli in potestate loquentis est
habet enim parvum, ut minutum non dicatur. Illud
: tam volunt, quod auspicato loco circumduci aratro
solet : cujus rei et Virgilius meminit, ubi Æneas ur-
magis pertinet ad id quod volumus ostendere, quol
cum piscina dicitur in balneis, in qua piscium nihil
sit, Dilulquepiscibus simile habeat, videtur tamen a
piscibus dicta propter aquam, ubi piscibus vita est.
ab hordeo nominatum :
bem designat aratro (AEaeidI), aut per id quod con-
tinetur, ut si quis horreum mutata, d, littera affirmet
aut per abusionem, ut cum
hordeum dicimus, etibi triticum conditur, vel a parte
Ita vocabulum non translatum similitudine, sed qua-
dam vicinitate usurpatum est. Quod si quis dicat ho- :
totum, ut mucronis nomine, quæ summa pars es
gladii, totum gladium vocant vel a toto pars, ut
tirant la partie du tout; ainsi capillus. chevelure, branche flexible, parce qu'on s'en sert pour lier
qui n'est pour ainsi dire que capitis pilus, poil de la quelque chose. De là est venu vitis, vigne, parce que
tête. Mais à quoi bon continuer? Tout ce qu'on la vigne se suspend à l'aide de nœuds, de vrilles qui
pourrait ajouter vous montrerait dans la ressem- l'attachent. C'est de là aussi que Térence a appelé
blance des choses et des sons, la proximité et l'op- vietum, par ressemblance, un vieillard courbé par
position des objets, la source étymologique des mots. l'âge. De même, cette portion du sol qui se déve-
Nous ne pouvons pas même poursuivre l'étymologie loppe en longues sinuosités, qui est foulée par les
au delà de la ressemblance du son; et encore ici pieds des voyageurs s'appelle via, voie. Si on tire
même, ne le pouvons-nous pas toujours. Car il ya ce mot via de ce que la terre est violemment, vi,
une quantité innombrable de mots dont on ne peut foulée aux pieds, l'étymologie vient alors de la
point rendre raison. Ils n'ont point d'étymologie,je proximité. Mais supposons que ce mot vienne par
pense; ou bien, comme le veulent les stoïciens, elle ressemblance de vitis ou de vimen, c'est-à-dire ad-
nous échappe. Donnez cependant quelque attention, mettons qu'il vienne de flexus, sinuosité; quelqu'un
:
à la manière dont ils croient être parvenus au ber-
ceau ou plutôt, pour ainsi dire, à la racine, ou même
à la semence desnoms. Au delà, ils défendent toute
:
me demandera alors comment en vient le mot via
je réponds il vient de flexus, sinuosité, parce que
les anciens ont joint flexum à vietum aussi bien que
espèce d'étymologie; et quiconque tenterait de le incurvum : D'où l'on a nommé vieti les bois de roues
faire, n'obtiendrait, disent-ils, aucun résultat. Per- entourés d'une bande de fer. Si l'on continue et
sonne ne conteste que les syllabes où la lettre v est qu'on me demande pourquoi on a appelé vietum ce
employée comme consonne, ont un son lourd e qui est courbé, je répondrai: à cause de la ressem-
puissant: venter, ventre, vafer, rusé, velum, voile, blance avec la vigne, vitis. On persiste et l'on veut
vinum, vin, vomis, charrue, vulnus, blessure. Notre que je dise d'où vient ce mot vitis, je réponds, de
manière habituelle de parler vient à l'appui de ce ce que la vigne enchaîne, vincit, ce qu'elle saisit: on
fait; car nous retranchons cette lettre à certains demande encore l'origine du mot vincire, lier:
mots, pour éviter qu'ils ne pèsent à l'oreille. C'est De vis, violence, répondrai-je. Et pourquoi ce mot
en effet la raison qui nous fait dire amâsti plus vo- de vis? nous revenons alors à cette raison que le son
lontiers que amavisti, abiit pour abivit; et il en est fort et puissant de ce mot est en rapport avec ce
de même pour une infinité de mots. Ainsi donc, qu'il signifie. Voilà la limite au delà de laquelle
quand nous disons vis, force, le son du mot, nous toute recherche est vaine. Il serait maintenant hors
l'avons dit, a quelque rapport avec la violence de la de propos d'examiner de combien de manières l'éty-
chose qu'il signifie. Vincula, chaînes, semble être mologie des mots varie par suite de la corruption
ainsi appelé à cause de la proximité du résultat,
c'est-à-direparce qu'il produit delaviolence. Vimen,
;
des sons ce serait trop long et moins nécessaire que
ce que nous venons de voir.
capillus quasi capitis pilus. Quid ultra provehar? aiiquid vinciatur. Inde vites, quod adminiculis quibus
Quidquid alii annumerari potest, aut similitudine re- vinciantur nexibus pendent. Hinc etiam propter si-
rum ipsarum, aut vicinitate, aut contrario, contineri militudinem, incurvum senem vietum Terentius ap-
videbis originem verbi, quam prosequi non quidem pellavit. Hinc terra, quae pedibus itinerantium flexuosa
ultra soni similitudinempossumus; sedhocnonsem- ettrita est, via dicitur. Si autem via, quæ vi pedum
per utique possumus. Innumerabilia enim sunt verba, trita est, creditur dicta, redit origo ad illam vicinita-
quorum ratio reddi non possit : aut non est, ut ego tem. Sed faciamus a similitudine vitis vel viminis,
arbitror ; aut latet, ut Stoici contendunt. Vide tamen hoc est a fluxu esse dictam : quærit ergo mequispiam,
paululum,quomodo perveniri putantad illa verborum ?
cunabula, vel ad stirpem potius atqueadeo sementum, quare via dicta est respondeo, a flexu, quia flexum
velut incurvum vietum veteres dixerunt : unde vie-
ultra quod quaeri originem vetant, nec si quis velit
potestquidquam invenire. Nemo ambigitsyllabas, in tos quod cantho ambiantur, rotarum ligna vocant,
persequitur quærere, unde vietum flexum dicatur ,
quibus, v, littera !ocum obtinet consonantis, ut sunt
in his 'verbis, venter, vafer, velum, vinum, vomis,
vulnus crassum et quasi validum sonum edere. Quod
approbat etiam loquendi consuetudo, cum quibusdam
:
et hic respondeo, a similitudine vitis. Instat atque
exigit unde istud sit vitis nomen dico quia vincit
ea quae comprehenderit. Scrutatur ipsum vincire,
:
unde dictum sit dicemus, a vi. Vis quare sicappel-
verbis subtrahimus, ne onerent aurem. Nam inde est latur, requiret : redditur ratio, quia robusto et valido
quod amasti, libentius dicimus quam amavisti, et
abiit, nonabivit; et in hunc modum innumerabilia. sono verbum rei, quae significatur, congruit, ultra1
quod requirat nonhabet. Quot modisautem verborum
Ergo cum dicimus, vim, sonus verbi, ut dictum est, origocorruptione vocum varietur, ineptumest prosequi:
quasi validus congruit rei, quae significatur. Jam ex
ilia vicinitate per id quod efficiunt) hoc est quia vio- nam et longum, et minus quam ilia quæ dicta sunt,
necessarium est.
lenta sunt, dicta vincula possunt videri, ct vimen
quo
mots. On juge d'un mot par l'oreille et par la
science, lorsque la raison prend acte des apprécia-
CHAPITRE VII tions de l'oreille et leur donne un nom. Quand on
prononce optimus, aussitôt que la langue etles deux
Dela forcedumot brèves de ce mot ont frappé l'oreille, l'esprit, au
moyen de la science, reconnaît sur-le-champ un
Examinons maintenant, autant qu'il se pourra, la dactyle. Un mot impressionne l'oreille non par lui-
force des mots. J'appelle ainsi ce qui fait connaître même, mais par ce qu'il signifie, lorsqu'un signe
la valeur des mots; elle est en raison de l'impres- étant reçu par le moyen d'un mot, l'esprit ne fait
sion qu'ils produisent sur celui qui entend. Or un attention qu'à l'objet même, ainsi, au nom d'Augus-
mot impressionne l'auditeur ou par lui-même ou tin, c'est moi-même qui viens à la pensée de celui
par ce qu'ilsignifie, ou par l'un et l'autre à la fois: dont je suis connu; ou bien c'est quelqu'autre qui
quand il il impressionne par lui-même, cette im- se présente à la pensée de l'auditeur, s'il ne me con-
pression vient de l'oreille ou des règles de l'art ou naît pas, ou s'il en connaît un autre qui, comme
des deux réunies. L'oreille est impressionnée ou.par moi, s'appelle Augustin. Quand un mot impres-
sa nature ou par l'habitude. La nature est impres- sionne l'auditeur, et par lui-même et par ce qu'il
sionnée ou par un froissement qu'elle éprouve, représente, alors le mot lui-même et l'objet qu'il
comme si quelqu'un nommait par exemple le roi désigne sont remarqués. D'où vient en effet qu'une
Artaxercès, ou bien par un plaisir qu'elle ressent, oreille chaste ne se trouve point blessée par cette
comme d'entendre nommer Euryale: qui, en effet, phrase; manu, ventre, pene, bona patria lacerave-
sans avoir même jamais entendu parler de ceux qui rat; ses mains, son ventre, ses débauches avaient
ont porté ces noms, ne sentira pas que le premier dilapidé son patrimoine, tandis qu'elle serait offen-
nom est très-dur, et que le second est harmonieux? sée si les parties honteuses du corps étaient appelées
L'oreille est impressionnée par l'habitude, quand de leur nom vulgaire et grossier? c'est que l'obscé-
elle est choquée d'entendre certains sons, en dehors nité du mot et de la chose choquerait l'oreille et
de leur harmonie ou de leur discordance, l'impres- l'esprit, si l'indécence de l'objet exprimé n'était
sion qu'ils produisent tenant alors à ce que l'organe voilée par la beauté de l'expression, quoique ce soit
les reçoit à leur passage dans ses canaux, comme des la même chose que les deux mots serventà nommer.
hôtes connus oucomme des étrangers inconnus. L'au- Telle une courtisane debout devant son juge ou
diteur est impressionné par l'art, quand à l'audition voluptueusement couchée dans sa chambre, sera la
d'un mot, il remarque à quelle partie du discours même personne, mais sous un extérieur différent.
ce mot appartient, ou bien s'il contient quelque au- Nous avons ainsi vu rapidement quelles étaient la
tre chose qui ait trait aux règles qu'on donne des force et l'étendue du mot: le manque de temps
:
Il n'en a jamais vu, il n'en a jamais ouï parler, il
ignore quel objet représente cette peinture l'igno-
rance provient donc ici non de la vue, mais de
naissent le mot, mais qui l'ont peu ou qui ne
l'ont nullement entendu, sont frappés de la seconde
espèce d'obscurité; c'est notre portrait detout à
l'intelligence. Il y a une autre sorte d'obscurité, l'heure, placé non pas en évidence, mais au sein des
c'est celle où l'objet serait perçu par l'esprit, s'il plus épaisses ténèbres. Ceux qui non-seulement ne
n'était caché aux regards. Telle portrait d'un homme connaissaient pas le mot, mais encore ignoraient sa
placé dans les ténèbres. En effet, s'il tombait sous la signification, sont tombés dans la troisième espèce
perception de la vue, l'esprit ne douterait pas que d'obscurité qui est la pire de toutes. Quant à l'obs-
ce fùt la représentation ou l'image d'un homme. curité ressemblant à l'ambiguïté dont nous avons
Enfin, il y a une troisième espèce d'obscurité dans parlé, vous pouvez la remarquer dans ceux qui con-
laquelle un objet se dérobe aux regards, qui, s'il naissaient le mot, mais qui ne l'ont point entendu,
était dévoilé, n'en serait pas plus saisissant pour ou ne l'ont entendu que d'une manière peu certaine.
l'esprit. C'est le genre d'obscurité le plus ténébreux; On évitera donc ces différentes obscurités dans les
comme par exemple si un ignorant était contraint mots en parlant à voix suffisamment haute, sans
de reconnaître même au sein des ténèbres la vice de prononciation, et en employant des termes
même grenade représentée sur une toile. Reportez très-connus. Voyez encore par cet exemple tiré du
maintenant votre attention sur les mots dont tous grammairien, combien l'ambiguïté des mots ap-
ces exemples ne sont que des comparaisons. Suppo- porte d'autres obstacles dans l'obscurité. Supposez
sez qu'un grammairien, au milieu de ses élèves donc que les élèves présents aient suffisamment en-
réunis et silencieux, dise à voix basse: temetum. tendu la voix du maître et qu'il ait d'ailleurs pro-
Ceux qui sont assis près de lui ont suffisamment noncé un mot connu de tous, le mot magnus, grand,
entendu ce qu'il a dit; ceux qui sont plus loin, l'ont par exemple, et qu'ensuite, il se soit arrêté. Re-
un peu saisi, et ceux qui sont tout à fait éloignés, marquez l'incertitude qui règne parmi les élèves à
n'ont pas perçu le moindre son. Or, une partie des l'audition de ce mot. Que veut dire ce mot? à quelle
élèves savaient la signification du mot temetum. Ce ?
partie du discours appartient ce mot S'il veut par-
sont ceux qui, par je ne sais quelhasard, se trou- ler des mètres, quelle espèce de pied forme-t-il?
vaient les plus éloignés. Les autres l'ignoraient ?
Fait-il une question d'histoire veut-il parler du
complètement. Tous se trouvent enchaînés par l'obs grand Pompée; dire combien il a fait de guerres ?
curité. Vous voyez dans cet exemple tous les genres ?
veut-il parler de poésie désigner Virgile, le grand
d'obscurité. Ceux qui, en effet, n'ont aucun doute ?
et pour ainsi dire le seul poëte Quelle surprise si,
sur l'audition du mot, se trouvent victimes du pre- pour gourmander la paresse de ses écoliers, il lance
cujusce rei pictura sit, nescit. Alterum genus est, ubi illo genere laborabant, cui similis est hominis imago,
res animo pateret, nisi sensui clauderetur, sicut est sed non in conspicuo, sed omnino tenebroso loco.
homo pictus in tenebris : nam ubi oculis apparuerit,
nihil animus hominem pictum dubitabit. Tertium verbi expertes erant ;
Qui autem non solum vocis, sed et signiflcationis
tertii generis, quod omnino
genus est, in quo etiam sensui absconditur, quod
tamen si nudaretur, nihilo magis animo emineret
quod genus est omnium obscurissimum,ut si :
imperitus
deterrimum est, cæcitate involvebantur. Quod autem
dictum est, quoddam obscurum ambiguo simile, in
his perspici potest, quibus verbum erat quidemnotum.,
malum illud punicum pictum etiam in tenebris co- sed vocem penitus nullam, aut non omnino certam
geretur agnoscere. Refer nunc animum ad verba, perceperant.. Omnia igitur bbscura loquendi genera
quorum istæ sunt similitudines constitutae. Pone vitabit, qui et voce quantum satis est clara, nec ore
quempiam grammaticum convocatis discipulis, fa- impedito, et verbis notissimis utetur. Vide nunc in
ctoque silentio suppressa voce dixisse, temetum, quod eodem grammatici exemplo, quam longe alias im-
ab eo dictum, qui prope assidebant, satis audlerunt, pediat ambiguitas quam obscuritas verbi. Fac enim
qui remotius, parum : qui autem remotissime, nulla eos qui aderant et satis sensu accepisse vocem ma-
omnino voce perstricti sunt. Horum autem partim
sciebant, illi scilicet qui nescio quo casu remotiores
erant, quid esset temetum ; reliquos prorsus latebat
omnesobscuritateimpediebantur. Et hic jam pers-
: ,
gistri, et ilium verbum enunliasse, quod esse omni-
bus notum, utputa fac eum dixisse, magnus, et
deinde siluisse adtende quid incerti hoc audito
nomine patiantur. Quid si dicturus est, quae pars
picis omnia illa genera obscuritatum. Namqui auditu ?
orationis est Quid si de mettris quensiturus, qui sit
nihil dubitabant, primum illud genus patiebantur, cui pes? Quid si historiam interrogaturus, utputa, ma-
?
simile est, malum punicum ignorantibus, sed in luce gnus Pompeius quot bella gesserit Quid si commen-
parum aut omnino non accepcrant vocem ;
pictum. Qui noverant verbum, sed auribus aut
secundo
dandorum carminuni gratia dicturus est, Magnus et
pene solus poeta Virgilius ? Quid si objurgaturus
alors ces mots
torpor invasit
:!» « Magnus vos ob studium disciplinæ
Un grand engourdissementpour ambigu; ?
une coupe d'un vin pur et excellent Tout mot est
cela doit s'entendre de chaque mot pris en
l'étude la grammaire s'est emparé de vous. Ne re- particulier. L'ambiguïté s'éclaircit par la discussion,
marquez-vous pas combien ce mot, bien que loin et certes, personne ne discute à l'aide de mots pris
d'être obscur, a, pour ainsi dire, mis en relief une isolément. Personne n'expliquera donc des mots
?
infinité de sens Car ce mot, mis eu avant, est un ambigus avec le secours de mots ambigus. Et cepen-
nom, un trochée; il se rapporte à Pompée, à Vir- dant, comme tout mot est ambigu, personne n'é-
gile, à torpor et à un nombre infini d'objets que je claircira un mot ambigu qu'avec l'aide d'autres
n'ai pas rapportés, et qui cependant, à son audition,
peuvent se présenter en foule à la mémoire. :
mots. Mais ces mots sont réunis, ils ne sont plus
ambigus. Que l'on dise, par exemple « Tout soldat
a deux pieds, » il ne s'ensuit pas néanmoinsqu'une
escorte entière se compose de soldats ayant leurs
CHAPITRE XIX.
deux pieds. De même, quand je dis que tout'mot est
Qu'il y a deux sortes d'ambiguïtés. ;
ambigu, je ne dis pas toute proposition, toute dis-
cussion, bien qu'elles se composent de mots. Par
:
Les dialecticiens ont donc eu raison de dire que
tout mot était ambigu et l'on ne doit point s'éton-
conséquent, tout mot ambigu n'expliquera pas une
discussion qui n'est pas ambiguë. Voyons mainte-
manière:
ner de voir, dans Cicéron, Hortensius accusé de cette
«
;
Ils se disent forts à saisir les mots am- :
nant les espèces d'ambiguïtés. Il y en a d'abord de
deux sortes l'une qui engendre le doute au sujet
; ?
bigus et à les expliquer nettement ils disent même
que tout mot est ambigu comment donc explique-
ront-ils l'ambiguïté par l'ambiguïté Car c'est porter
des paroles, l'autre au sujet des mots qui ne sont
qu'écrits. En effet, supposons que quelqu'un entend
prononcer le mot acies (pointe), et qu'un autre le
une lumière éteinte au milieu des ténèbres. » Cela ;
lit si la proposition ne jette aucun jour, on sera
est dit avec beaucoup d'esprit et de finesse. Mais on incertain si ce mot acies doit être pris pour une ligne
trouve aussi dans Cicéron ce mot d'Antoine à Scé- la pointe d'une épée ou la prunelle de
:
vola « C'est enfin pour paraitre aux sages parler
avec éloquence, et aux fous avec vérité. » En effet,
de bataille,
l'œil. Mais que quelqu'un trouve écrit le mot lepo-
rem, il ne distinguera pas dans quel sens il a été
que fait ici Hortensius, sinon de faire passer dans ;
écrit il sera donc incertain si la pénultième de ce
mot doit être longue, ce qui le ferait venir de lepos,
une pointe d'esprit, et grâce à l'ornement du style,
une idée nuageuse qu'il sert aux ignorants comme beauté, ou bien si elle doit être brève; il viendrait
negligentiam discipulorum, in hæc deinde verba pro- ingenii et lepore sermonis, quasi meraco et suavi
rumpat, Magnus vos ob studium disciplinæ torpor
invasit ? Vides-ne remota nebula obscuritatis; illud
?
poculo imperitis caliginem offundit Quod enim dic-
tum est, omne verbum ambiguum esse, de singulis
quod supra dictum est quasi eminuisse multivium ? verbis dictum est. Explicantur ambigua disputando,
Nam hoc unum quod dictum est, magnus, et nomen et nemo utique verbis singulis disputat, Nemo igitur
est, et pes chorius est, et Pompeius est, et Virgilius ambigua verba verbis ambiguis explicabit. Et tamen
est, et negligentise torpor. Et si qua alia vel innumera- cum omne verbum ambiguum sit, nemo verbum am-
bilia non commemorata sunt, quae tamen per hanc biguum nisi verbis, sed etiam conjunctis, quæ jam
enuntiationem verbi possunt intelligi. ambigua non sunt, explicabit. Ut enim si diceretur :
Omnis miles bipes est, non ex eo sequeretur, ut cohors
ex militibus bipedibus tota constaret.Ita cum dico am-
CAPUT IX. biguum omneverbum,non dico sententiam,non disputa
tionem,quamvis verbis istatexantur.Omne igitur am-
Ambiguorum genera. biguum verbum non ambigua disputationeexplicabitur.
Nunc ambiguitatum genera videamus. Quæ prima duo
sunt: unum iniis etiam,quæ dicuntur; alterumquod iniis
Itague rectissime a dialecticis dictum est, ambi-
guum esse omne verbum. Nec moveat quod apud
Ciceronem calumniatur Hortensius, hoc modo ::
Am-
bigua se aiunt audire acute, explicare dilucide item
,
solis, quæ scribuntur, dubitationem facit. Nam si quis
audierit, acies, et si quislegerit, poterit incertum ha-
bere, nisi per sententiam clarescat utrum acies
militum, an oculorum dicta vel scripta sit. At vero si
omne verbum ambiguum esse dicunt, quomodo igitur quis inveniat scriptum, verbi causa, leporem, nec
ambigua ambiguis explicabunt ? namhocest in tene- appareat qua sententia positum sit, profecto dubitabit,
bras exstinctum lumen inferre. Facile quidem atque utrum penultimahujus verbi syllaba producenda sit,
callide dictum. Sed hoc est quod apud eumdem ab eo quod est lepos, an ab eo quod est lepus corri-
Ciceronem Scævolæ dicit Antonius: Denique ut sapien- pienda. Quam scilicet non pateretur ambagem, si
tibus diserte, stultis etiam vere videaris dicere. Quid accusativum hujus nominis casum voce loquentis
euim aliud loco ille facit Hortensius, nisi acumine acciperet. Quid si quis dicat loquentem male pronun.
alors de lepus, lièvre. Il n'éprouverait pas cet em- un animal mortel, doué de raison. On ne peut
barras, s'il entendait une personne prononcer l'ac- donc pas appliquer cette définition d'animal mortel
cusatif de ce mot. Mais, dira-t-on, on peut aussi et raisonnable au jeune homme seulement et la re-
mal prononcer ce mot. L'incertitude de l'auditeur fuserau vieillard ou à l'enfant, etc., appeler ainsi
vient alors, non pas de l'ambiguité, mais de l'obs- le sage seul, et point l'insensé. Bien plus, toutes ces
curité, de cette obscurité néanmoins qui ressemble expressions et les autres que nous avons données,
à l'ambiguïté. Car, dans ce cas, le mot mal pro- sont renfermées dans la définition comme elles le
noncé ne conduit pas l'auditeur à imaginer plusieurs sont dans le nom d'homme. En effet, soit un enfant,
sens, mais il le mène à ce qu'il croit avoir en- soit un insensé, ouun pauvre, ou un être endormi,
tendu. Ces deux sortes d'ambiguïtés sont donc bien s'il n'est pas un animal mortel et doué de raison,
différentes l'une de l'autre. La première, à son tour, ce n'est pas un homme. Mais c'est un homme, donc
se divise aussi en deux autres, car tout ce qui se dit il est nécessairement contenu dans la définition. Il
peut avoir plusieurs termes. Or ces termes multi- n'y a point de contestation sur le reste. Quant à
ples penvent être contenus dans un seul mot, dans l'enfant tout petit, à l'insensé tout à fait fou, à celui
une seule définition, ou bien dans un seul mot mais qui est dans le sommeil, dans l'ivresse, la fureur, il
par différentes expositions. Ceux qu'une seule défi- s'élève le doute de savoir comment ils peuvent être
nition peut contenir se nomment termes univoques; des animaux raisonnables. On peut le prouver, mais
ceux qui, sous un même mot, nécessitent des défi- ce serait trop long, nous avons hâte de passer à au-
nitions diverses s'appellent termes équivoques. tre chose. Il suffit à la question que cette définition
Voyons d'abord les univoques, afin de faire voir par de l'homme ne soit pas juste, si elle ne renferme
des exemples comment cette espèce se montre à tout l'homme et rien de plus que l'homme. Les uni-
nous. Quand nous disons un homme, nous enten- voques sont donc des termes qui non-seulement sont
dons aussi bien un enfant qu'un adolescent ou un contenus dans un seul nom, mais encore dans une
vieillard, un fou comme un sage, un grand comme seule définition de ce même nom, bien qu'ils puis-
un petit, un citoyen comme un étranger, un citadin sent se distinguer par des mots et des définitions
comme un campagnard, un mort comme un vivant, particulières à chacun. Car les divers mots, enfant,
un homme assis comme un homme debout, un riche adolescent, riche et pauvres, libre et esclave, ayant
comme un pauvre, un homme au travail comme au
repos, dans la joie comme dans la douleur, ou ni
l'un ni l'autre. Or, dans toutes ces expressions, il
des définitions particulières;
entre eux des significations différentes, auront aussi
mais comme le nom
d'homme leur est commun à tous, de même aussi la
n'y a rien qui ne reçoive le nom d'homme, de sorte définition d'animal mortel doué de raison leur est
même qu'il n'y a rien que ne puisse renfermer commune à tous.
la définition de l'homme. Car on définit l'homme;
tiare potuisse, jam non ambiguitate, sed obscuritate ut hommis nomen accepit. ita etiam hominis defini-
impediretur auditor. Ex illo tamen genere quod am- tione claudatur : nam definitio hominis est, Animal
biguo simile est, quia male latine pronuntiatum ver- rationale, mortale ; non ergo quisquam potest dicere
bum, non in diversas rationes trahit cogitantem, sed animal rationale mortale juvenem tantum, non etiam
ad id quod apparet impellit. Cum igitur ista duo senem et puerum, etc. aut sapientem esse tantum,
genera inter se plurimum distent, primum genus rur- non etiam stultum : imo et ista et cætera, quae nu-
sus in duo dividitur : nam quidqmd dicitur, et per merata sunt, sicut hominis nomine, ita etiam defini-
plura intelligi potest, eadem scilicet plura aut uno tione continentur : nam sive puer, sive stultus, sive
pauper, sive etiam dormiens, si animal rationale
vocabulo e una interpretatione, aut tantum uno te-
nentur vocabulo, sed diversis expeditionibus expli-
catur. Ea quæ una definitio potest includere, univoca
: ;
mortale non est nec homo est. Est autem homo, illa
igitur definitione contineatur necesse est et de ce-
nominantur : illis autem quæsub uno nomine necesse teris quidem nihil ambigitur. de puero autem parvo
est definire diverse, æquivocí nomen est. Prius ergo aut stulto. sive prorsus fatuo, ant de dormiente, vel
consideremus univoca, ut quomodo genus hoc jam ebrio, vel furente dubitari potest, quomodo possunt
sed
patefactum est, illustretur exemplis. Hominem cum esse animalia rationalia, etiam si possit defendi,
dicimus, tam puerum dicimus quam juvenem, quam adalia properantibus longum est. Ad id quod agitur
senem, tam stultum quam sapientem, tam magnum illud satis est, non esse istam definitionem hominis
quam parvum, tam civemquam peregrinum, tam ur- rectam, nisi et omnis homo eadem contineatur, et
banum quam agrestem, tam qui jam fuit quam qui præter hominem nihil. Hæc sunt igitur univoca, quse
nunc est, tamen sedentem quam stantem, tam divitem non solum nomine uno, sed una etiam ejusdem nomi-
quam panperem, tam agentem aliquid quam cessan- nis definitione clauduntur : qnamvis et inter se pro-
tem, tam gaudentem quam maerentem vel neutrum. priis nominibus et definitionibus distingui possunt.
Sed in his ominihus dictionibus nihil est, quod non Diversa enim nomina, puer, adolescens, dives et
:
nom qui signifie un homme, mais, Tullius est un
homme, etc. J'aurais pu de même répondre Tullius
est un dactyle composé de telles et telles lettres, et
CHAPITRE X
:
gue d'abord trois espèces d'ambiguïtés provenant
des équivoques l'une vient de la science, l'autre de
l'usage, la dernière des deux réunis. Je dis de la
?
titre ambiguïté provenant de la science Nous avons
dit que les équivoques sont des pensées qui ne peu-
pauper, liber et servus, et si quod aliud differen- ipse, qui si viveret, digito monslrari potuisset, defi-
tiarum est, et inter se ideo proprias definitiones ha-
bebunt : sed ul illis unum commune nomen esthomo,
sic animal rationale mortale definitio una communis
:
niendus foret, non dicerem, Tullius est nomen, quo
signilicatur homo sed dicerem, Tullius est homo, et
ita cetera adjungerem. Item respondere possem, hoc
est. nomen Tullius est dactylus, his litteris constans:
quod enim eas litteras habeat, opus est innuere. Licet
CAPUT X enim illud dicere, Tullius est verbum, per quod æqUl-
vocantur inter se omnia cum hoc ipso,quæ supra dicta
Ambiguitas ex cequivocis varia. sunt, et si quid aliud inveniri potest. Sed dico, Cum
ergo hoc nomen quod dixi, Tullius, secundum artium
Nunc æquivoca videamus) in quibus ambiguitatum vocabula tam varie mihi licuit definire, quid dubi-
perplexio prope infinita silvescit: conabor tamen eas tamus esse ambiguorum genus ex aequivocis venien-
in genera certa distinguere. Utrum autem conatum tium, quod merito dici possit ex arte contingere
Diximus enim æquivocaesse, quae non ut uno nomine,
?
meum hæc facultassequatur, tu judicabis. Ambiguita-
itaetiamunadefinitionepossuntteneri. Unde nunc
:
tum igitur, quæ ab æquivocis veniunt, primo genera
tria sunt unum ab arte, alterum ab usu, tertium ab
utroque. Arte nunc dico, propter nomina quæ in ver-
alterum genus est, quod ex loquendi usu venire me-
moravimus, Usum nunc appello illud verbum, propter
borum disciplinis verbis imponuntur. Aliter enim quodverbacognoscimus. Quisenim verba propter
definitur apud grammaticos quid sit æquivocum, verba conquirat et colligat ? Itaquejam constitue ali-
aliter apud dialecticos, et tamen hoc unum quod dico,
Tullius, et nomen est, et pes dactylus, et aequivocum. oratonis, aut de metris
;
quem sic audire, ut notum ei sit nihil de partibus
de verborum
quaeri, aut
Itaque si quis ex me efflagitet, ut dellniam quid sit aliqua disciplina: tamen adhuc potest cumdicitur,
Tullius, cujuslibet notiouis explicatione rcspondeo. Tullius, æquivocorum ambiguitate impediri. Hoc enim
significatur homo summus quidam orator ,
Possum enim recte dicere, Tullius nomen est, quo
qui Ca-
tilinæ conjurationem consul oppressit. Subtiliter ad-
nomine et ipse qui fuit summus orator, et ejus picta
imago velstatua, et codex quo ejus litteræ continen-
tur, et si quis est in sepulcro ejus cadaveris, signi-
tende me nomen ipsum definisse : nam si milu Tullius ficari potest. Diversis enim rationibus dicimus
disons dans des sens bien différents : (1 Cicéron j'explique l'adverbe, je ne puis pas donner le mot
arracha la patrie à sa ruine, Cicéron est en or au adverbe pour exemple. Car en prononçant adverbe,
Capitole, vous devez lire Cicéron en entier, Cicéron c'est un nom que nous énonçons. Ainsi, d'après
un
»
est enseveli dans ce lieu. C'est le même nom, il
sens, un adverbe est toujours un adverbe, ét jamais
est vrai, mais toutes ces situations ont besoin de un nom, et d'après une autre idée encore, adverbe
différentes définitions. C'est donc un genre d'équi- n'est pas adverbe, puisque c'est un nom, De même,
voque où l'ambiguïté ne provient pas des règles des si l'on définit le critique, criticus, on ne peut pas
mots, mais des choses signifiées. Si la confusion donner ce mot comme exemple, car ce mot se pro-
dans l'esprit de l'auditeur ou du lecteur vient en nonce, la première syllabe longue, et les deux autres
même temps de la science et de l'usage, ne devrons- brèves, or, il signifie la réunion d'une longue, d'une
nous pas compter une troisième espèce d'ambi- brève et d'une longue. Ainsi, en suivant une idée,
;
guïté? En voici un exemple palpable dans cette critique est toujours critique et jamais dactyle, et
:
phrase que l'on dise beaucoup d'écrivains se sont en en suivant une autre, criticus n'est pas un cri-
servis du dactyle, comme Tullius, Tullius est-il cité tique, mais un dactyle. Quant à la seconde espèce
ici comme exemple du pied dactyle, ou bien comme d'ambiguïté que nous avons dit provenir de l'em-
?
a incertitude, provenant d'un côté de la science, de sente sous deux formes :
exemple d'un poète qui s'est servi de ce pied Il y ploi des mots, à cause de la grammaire, elle se pré-
car les sens équivoques
l'autre de l'usage des mots. Cela arrive aussi pour viennent d'une origine commune, ou d'une origine
les mots détachés, comme nous l'avons vu plus différente. Je dis d'une origine commune, quand ils
haut, quand le maitre ne fait que prononcer un mot sont renfermés dans un même mot, mais non point
à ses élèves. Ces trois espèces d'ambiguïté sont dans une seule définition, comme le mot Tullius
donc parfaitement distinctes les unes des autres. La c'est un homme, une statue, un livre et un cadavre.
:
première, à son tour, se subdivise en deux, car les Ces différents sens ne peuvent se comprendre dans
:
mots qui donnent lieu à une équivoque provenant une seule définition, ils ont néanmoins la même
de la science, peuvent tantôt être donnés pour origine, à savoir cet homme, dont cette statue, ce
:
exemple, et tantôt ne le peuvent pas. Quand je livre et ce cadavre sont la statue, le livre et le ca-
donne la signification de nomen, je puis donner en davre. J'ai dit d'une origine différente par exemple,
:
exemple que le mot nomen est un nom. Car il se nepos a deux significations d'origine diverse. Il veut
décline ainsi nomen, nominis, nomini, etc. De dire : neveu, petit-fils, et aussi débauché. Rappelons
même, quand je définis le dactyle, dactylus,je puis nous donc ces distinctions et celle que je vais don-
citer ce mot comme exemple, car, en le prononçant, ner de l'ambiguïté que j'appelle d'origine com-
nous faisons une longue et deux brèves. Mais quand mune. Celle-ci, en effet, se subdivise en deux :
Tullius ab interitu patriam liberavit, et, Tullius inau- hac enim lege per casus flectitur dicendo nomen, no-
minis, nomini, etc. Item cum definio quid significat
:
ratus in Capitolio stat, et, Tullius tibi totus legendus
est, et Tullius hoc loco sepultus est unum enim
nomen est, sed diversis hæc omnia definitionibus
dactylus, hoc ipsum potest pro exemplo esse. Enim
cum dicimus, dactylus, unam syllabam longam et
explicanda sunt. Hoc igitur genus æquivocorum est, duas deinde breves enuntiamus. At vero cum dcfini-
in quo jam nulla de disciplina verborum oritur am- tur adverbium quid significet, non potest hoc ipsum
biguitas, sed de ipsis rebus quæ significantur. At si pro exemplo dici: etenim cum adverbium dicimus,
utrumque confundat audientem vel legentem, sive
quod ex arte, sive ex loquendi usu dicitur, nonne ter-
tium genus recte annumerabitur ? Gujus exemplum in : ,
hæc ipsa enuntiatio nomen est. Ita secundum aliam
notionem, adverbium utique adverbium est et no-
men non est secundum aliam vero adverbium, non
:
sententia quidem apertius apparet, ut si quis dicat, est abverbium quia nomen est. Item pes creticus,
multi dactylico metro scripserunt,ut est Tullius nam
,:
quando quid significet definitur, non potest hoc ipsum
his incertum est utrum Tullius pro exemplo dactyli pro exemplo esse hæc enim ipsa enuntiatio quando
pedis. an dactylio poetæ positum sit: quorum illud ex dicimus, creticus prima longa syllabà, deinde dua-
arte, hoc ex usu loquendi accipitur. Sed in simplici-
bus etiam verbis contingit, licet tantum vocem hujus
verbi grammaticus audientibus discipulis enuntiet,'ut
:
bus brevibus constat; quod autem significat, longa
syllaba et brevis et longa est ita et hic secundum
aliam notionem, creticus nihil aliud est quam creticus.
supra ostendimus. Cum igitur hæc tria genera ma- et dactylus non est: secundumaliam vero creticus non
nifestis rationibus inter se differant, nirsum primum estcreticus quia dactylus est. Secundum igitur genus,
genus in duo dividitur. Quidquid euim ex arte, ver- quodjampropterdisciplinasverborum ad loquendiusum
borum facit ambiguitatem, partim sibi pro exemplo dictum est pertinere, duas habet formas. Nam sequi-
esse potest, partim non potest. Cum enim definio
quod signiflcat nomen, possum hoc ipsum exempli
gratia supponere, quod dico nomen, utique nomen est :
,
voca dicta sunt, aut ex eadem origine venientia, aut
ex diversa. Ex eadem origine appelle quando uno
nomme ao non sub una definitione teneantnr, uno
l'une, l'ambiguïté par translation, l'autre, l'ambi- :
unes
:
supposé que quelqu'un dise pluit, ce mot a
:
guïté par déclinaison. Je dis par translation, quand
un mot se rapporte à plusieurs choses ou par la
similitude, comme Tullius qui désigne et l'éminent
:
deux significations différentes il pleut, il a plu.
Qu'on dise de même Scribere, on ne sait si l'on
doit entendre par là l'infinitif actif écrire, ou l'im-
:
orateur et sa statue ou bien, quand le nom du tout pératif passif, sois écrit. Homo n'est qu'un seul et
:
passe à la partie ainsi Tullius désignent aussi le
cadavre de l'orateur ou bien quand le nom de la :
même nom, cependant, il peut être un nominatif,
ou un vocatif l'homme, ô hnmme ! Docte et doc-
:
partie signifie le tout, ainsi nous disons un toit pour
une maison tout entière quand le nom de l'espèce
tius sont deux inflexions différentes du même mot.
:
Le mot doctius a une signification différente quand
passe au genre, ainsi les Romains appellent prin-
;
cipalement verbes, verba, les mots que nous em-
ployons pour parler cependant les verbes propre-
:
nous disons doctius mancipium, esclave plus sa-
vant, que lorsque nous disons doctius illo disputa-
vit, il a discuté plus savamment que lui. Ainsi donc,
:
ment dits sont ces mots qne nous conjuguons par
modes et par temps ou bien, quand l'espèce tire
son nom du genre, ainsi, on appelle scholastiques
l'ambiguïté provient de la déclinaison. Car, mainte-
nant, j'appelle déclinaison tout ce qui fait subir aux
mots certaines inflexions, soit dans les sons, soit
non-seulement du nom propre, mais même du nom dans leur signification. Doctus et docti ne sont
dérivatif ceux qui sont encore sur les bancs de
;
l'école ce nom toutefois est pris par tous ceux qui
:
changés que quant au sm : homo et homo le sont
quant à la signification. Mais ce serait un travail
;
Cicéron
:
s'occupent des lettres lorsque l'effet prend le nom
de l'agent ainsi Cicéron est l'ouvrage composé par
lorsque la cause tire son nom de l'effet ;
sans fin que de vouloir suivre et détruire en détail
cette espèce d'équivoque. Il suffit de l'avoir fait
remarquer, surtout à un esprit tel que le vôtre.
on dit la terreur, pour ce qui produit la terreur ; Examinez maintenant les ambiguïtés provenant
;
lorsque le contenu prend le nom du contenant
:
ainsi, on dit la maison pour ceux qui sont de la
maison lorsque le contenant tire son nom du con-
:
d'une origine différente. Elles se divisent encore en
deux espèces principales l'une vient de la diffé-
rence des langues, comme lorsque nous disons iste.
tenu, ainsi châtaigne pris pour l'arbre aùssi bien Iste est un mot ayant chez nous une signification
que pour le fruit, et ainsi des autres choses que
l'on peut trouver en tirant le nom d'une origine
commune par translation. Vous voyez, je pense, ce
:
différente de celle qu'il a chez les Grecs. Tout le
monde ne saisit pas cette espèce d'équivoque celui-
là seul peut la saisir qui connaît ces deux langues
qui fait l'ambiguïté dans les mots. Quant aux am- ou qui discute à leur sujet. L'autre espèce d'ambi-
biguïtés provenant d'une origine commune, et qui guïté a lieu dans la même langue, mais elle pro-
viennent du mode de conjugaison, en voici quelques- vient de la différence d'origine des choses signifiées
tamen quasi fonte demanant, ut et istud, quia Tullius terror, quia terrorem fecit. Aut a continente quæ
et homo et statua et codex et cadaver intelligi potest; continentur, ut domus etiam qui in domo sunt dicun-
nonpossunt quidemista una definitione concludi,sed tur. Aut a conversa vice, ut castanea arbor dicitur
tamen unum habent fontem, ipsum scilicet verum ho- quæ et fructus: vel si quod aliud inveniri potest,
minem, cujus et illa statua, et ille liber, et illudcada- quod ex eadem origine quasi transferendo cogno-
ver est. Ex diversa origine, ut cum dicimus, nepos, minetur. Vides, ut arbitror, quid faciat in verbis am-
longe ex diversa origine filium filii et luxuriosum signi-
,
,
ficat. Hæc ergo distincta teneamus, et inde illud
genus, quod ex eadem origine appello in quæ item
dividatur : nam dividitur in duo, quorum unum trans-
latione alterum declinatione contingit. Translatio-
biguitatem. Quæ autem ad eamdem originem perti-
nentia conditione declinationis ambigua essedicimns,
talia sunt. Fac verbi causa quemque dixisse, pluit. Et
hæc diverse uqque definienda sunt. Item scribere
cum dicit, incertum est utrum in intinitivo activi, an
nem voco, cum vel similitudine unum nomen sit imperativo passivi pronuntiatum sit. Homo cum
multis rebus, utTullius,et ille in quo magna eloquen- unum nomen sit, et una enuntiatio, tamen sit aliud ex
tiafuit, et statua ejus dicitur. Vel ex toto, cum pars
cognominatur,utcum cadaver illius Tullius dici potest:
:;
vel ex parte totum, ut cum tectadicimus totas domus.
Aut a genere species verba enim principaliter dicunt
Romani, quibus loquimur sed tamen verba proprie
cum dicimus, doctius mancipium
;
:
nominativo, aliud ex vocativo. Quid doctius et docte
verbi enuntiatio quoque diversaest. Doctius aliud est
aliud quum dici-
mus, doctius illo disputavit. Declinatione igitur am-
biguitasortaest nam declinationem nunc appello,
nominatasunt, quæ permodos et tempora declinamus,
:
Aut ab specie genus nam cum scholastici non solum
quidquid sive per voces, sive per significationes fle-
ctendo verba contingit. Hic doctus et docte, tantum
schola sunt ;
proprie, sed et primitus dicantur ii, qui adhuc in
omnes tamen qui in litteris vivunt
nomen hoc usurpant. Aut ab efficiente effectus, ut
per voces flexum est. Hic homo et homo secundum
solas significationes. Sed hujusmodi genus ambigui-
tatum minutatim concidere ac prosequi pene infinitum
Cicero est liber Ciceronis. Aut ab effectu efficiens, ut est. Itaque locum ipsum bactenus notasse suffeceritl
:
par un même mot telle mot nepos rapporté plus
haut. Cette dernière se subdivise encore en deux
dans l'Ecriture. Elle a lieu de trois manières, ou par
la quantité des syllabes, ou par leur accent, ou par
autres, ou bien, c'est la même partie du discours, la quantité et l'accent tout à la fois. Par la quantité,
comme nepos qui, tout en restant substantif, signi- comme ce mot écrit venit. A quel temps est-il? on
fie aussi bien neveu que débauché, ou bien, ce n'est hésite à cause de la quantité de la première syllabe
de Térence:
pas la même partie du discours, comme dans ce vers qui n'est pas indiquée. Par l'accent, comme ce mot
pone. Vient-il du verbe pono, ou bien faut-il lui
donner le sens qu'il a dans ce vers :
Qui scis ergo istuc nisi periculum feceris (1)?
(Andr.,111, 3) Pone sequens, namque hanc dederet Proserpina legem (2).
(Georg., IV, 48.)
où le mot istuc peut être soit un pronom, soit un
adverbe. C'est douteux à cause de l'incertitude de la place da
Quant à la troisième espèce d'équivoque que nous l'accent. Par la quantité et l'accent tout à la fois'
avons dit venir de la science et de l'emploi des mots, comme dans le mot lepore, dont nous avons déjà
il peut y avoir autant d'espèces d'ambiguïtés que parlé. Non-seulement, en eflet, il faut marquer la
nous en avons montrées dans les deux précédentes. quantité, mais encore l'accent de la pénultième de
Reste donc cette ambiguïté qui no se trouve que ce mot pourvoir s'il vient de lepos ou de lepus.
ingenio praesertim tuo, Vide nunc ea, quae ex diversa utroqUf, id est arte et usu verborum, quod in equi-
origine veniunt: nam ipsa dividuntnr adhuc in duas vocis tertium genus posueramus, tot ambiguitatum
primas formas, quarum una est, quem contingitdiver forma; possunt existere, quot in duobus superioribus
sitate linguarum, ut cum dicimus iste ; liaec una vox posueramus. Restat ergu illud genus ambiguum,
aliud apud Graecos, aliud apud nos significat. Quod quod inscriptis solisroperitur. Cujustressuntspecies:
genus tamen non omnia novit : non enim unicuique aut enim spatio syllabarum sil tale ambiguum, aut
perspicunm est, nisi qui linguas nosset, aut qui lin- acuminc, aut utroque.Spatio autem,ut cumscribitur,
guas disputaret. Altera forma est, quro in una quidem venit, de temporo incertum est, propter occultum pri-
lingua facit ambiguitatem, diver?a tamen eorum ori-
gine, quæ uno vocabulo significantur, quale est illud,
qnod de nepote supra posuimus. Quod rursus in duo
mae syllabae spatium. Acumineautem, ut cum scribi-
tur, pone, utrum ab co quod estpono, an ut dictum
Ponesequens,namquehann dederat Proserpinalegem{Geor.
:
scinditur. Aut sub eodem generc partis orationis, 48) : est propterlatentemacuminislocum.At
incertum
sicut nomen estnepos, cum filium filii, et cum luxu- vero ex utroque sit, ut in superioribus de lepore dix:-
riosum signilicat. Aut sub diversis, ut dictum est a mus; nam non solem producenda, sed acuendaest
Terentio, Qui scis ergo istuc nisi periculum feceris ? etiam penultima syllaba hujus verbi, si ab eo quod
sed etiam istuc pronomen, istuc adverbium. Jam ex est lepos, non ab eo quod est lepus, deflexum est.
?
(i) Comment savez-vous done si vous n'avez pasici fait quelque doramage on; causé ce dommage
(2) Il marchait après; telle était en effet la condition imposee par Proserpme,
?
AVERTISSEMENT SUR L'OPUSCULE QUI SUIT
:
Nous avons revu l'opuscule des Dix catégories sur sept manuscrits, dont l'un très-ancien appar-
tenant à la bibliothèque de Saint-Germain, porte en tète ces mots « Prologue d'Alcuin à Charles
» Auguste sur les
catégories d'Augustin. Ce petit livre contient les dix paroles de la nature elles ;
» renferment, prodige étonnant, tout ce qui peut entrer dans notre intelligence. Que celui qui le
» lira admire le
génie merveilleux des anciens, et s'efforce de cultiver le sien par un semblable
» travail,
embellissant ainsi de titres honorables les jours qui lui ont été donnés. Le docteur
» Augustin s'est plu à
le tirer des trésors des anciens Grecs, en se servant pour cela du latin.
» Grand roi,
qui suivez et aimez la sagesse, vous qui chérissez de tels présents, je vous envoie
» maintenant ce livre pour que vous
le lisiez. »
(Catégories d'Aristote traduites du grec en latin par Augustin.)
Le manuscrit de Michaelis et l'édition d'Amerback reproduisent ces mêmes vers, mais ils ne
portent pas cette suscription : Prologue d'Alcuin, etc. Nous présumons que c'est ce même opus-
cule qui, dans le livre premier de la Vie d'Odon, abbé de Cluny, est désigné par ces mots
Dialectiqueque saint Augustin
:
« Pendant ce temps, Odon se rendit à Paris où il lut entièrement la
envoya à son fils Adéodat(1); il lut aussi fréquemment Marcien pour étudier les arts libéraux
car pour toutes ces études, il eut Remi pour maître. »
Ainsi, depuis longtemps, on croyait que l'auteur de cet opuscule était saint Augustin à qui,
(1) Par une fausse interprétation, certains mauuscrits, entre autres celui de Michaëlis, portent en
voya ces catégories à son fils Adéodat. »
;
marge « Il en-
:
linus et Amerbachiana editio, sed superscriptione illa carent, PrologusAlchuini, etc. Istud ipsumopinamur,
opusculum in lib. I, de Odonis Cluniacensis abbatis vita designatur hisce verbis Odo his diebus adiit Pa-
personne ne l'ignore, bien d'autres ouvrages ont été attribués faussement par les anciens. Au
reste, saint Augustin ne mentionne nulle part qu'il ait traité des catégories, et l'on ne trouve pas
ici, comme nous l'avons fait remarquer, les caractères du livre de la Dialectique indiqués dans les
Rétractations (liv. I, ch. VI) : où saint Augustin dit avoir écrit ce livre en forme de dialogue,
et dans le but de parvenir ou de conduire aux choses spirituelles par le moyen des corporelles.
Vous voyez en outre combien l'auteur de cet opuscule fait de cas des Catégories d'Aristote qu'il
dit avoir apprises par un travail assidu, et sous la direction du philosophe Thémiste; tandis
qu'au contraire saint Augustin, au livre V, chap. xiv, de son traité contre Julien, reproche à cet
hérétique son engouementinsensé pour les Catégories d'Aristote, et qu'il affirme dans ses Confessions
(liv. IV, ch. XVI) qu'il a compris les Catégories sans difficulté et sans le secours d'un maître. De
plus, saint Augustin préférait Platon à Aristote, comme on peut le voir dans la Cité de Dieu
(liv. VIII, ch. XlI). Notre auteur, au contraire, préfère sans aucun doute Aristote aux autres car, ;
:
par antonomase, il l'appelle souvent, le philosophe. Enfin, il faut bien dire que le nom d'Adéodat,
;
placé dans les éditions après ces mots ô fils ne se trouve dans les manuscrits, qu'écrit par
une autre main en marge ou entre les lignes.
risium, ibique Dialecticam S. Augustiui (a) Deodato filio suo missam perlegit, et Marcianum in liberalibus
artibus frequenter lectitavit, prseceptorem quippe in his omnibus habuit Remigium.
Itaque jam olim istius opusculi auctor credebatnr Augustinus, cui alia complura a veteribus falso
tributa fuissenemo neseit. Et certe nusquam ipse meminit se de Categories tractasse : neque vero, uti supra
observamus, deprehendunturhic notæeædemlibri de Dialecticain I,
Retract, vi, memorati, quem videlicet
dialogi forma scripserat, eoque consilio ut per corporalia ad incorporalia perveniret, aut duceret. Vides
praeterea quanti facit istius opusculi scriptor Aristotelicas categorias, quas jugi labore, nec non Themistii
Philosophi magisterio se assecutum fuisse profitetur : cum e contra Augustinus in lib. V contra Julianum,
c. XIV, illi adversario suo exprobret, quod Aristotelis categorias insipienter sapiat, easque in lib. IV Con-
fess., c. xvi, nullo se negotio, et absque magistri sui subsidio intellexisse testetur. Atque hic Aristoteli
Platonem anteferehat, ut videre est in lib. VIII de Ciyitate Dei, c. xu, ille haud dubie ccteris Aristotelem,
qui ab ipso'Pbilosopbus vocitatur per antonomasiam. lllud demum non est praetereundum silentio, Adeo-
dati nomeu, quod in editis habetur initio post verba, o fili, non reperiri in MSS., nisi forte a secunda manu
in marginali aut interlineari spatio superscriptum.
CHAPITRE PREMIER. ci, et l'on doit plutôt les nommer conjonctions que
parties du discours. Le nom, en effet, indique une
Du discours. — Etendue de la signification du mot personne, et le verbe ce que l'on fait ou ce que l'on
oùai'a. souffre. De là, d'après le même philosophe, nous de-
vons remarquer par quelle économie, le discours res-
Bien que le discours seul puisse traiter de la serré peu à peu par degré, embrasse tout ce qui existe
science etdela méthode des différents arts, cependant, en le réunissant en un seul mot. La dénomination
mon fils,on n'a encore trouvé personne qui, instruit
dans tous les genres, ait voulu traiter de l'origine
ou du principe de ce même discours. C'est pourquoi
embrasser une si grande diversité de noms ;
de mortels est diverse et innombrable, et on ne peut
cepen-
dant vous les comprenez tous, quand vous pronon-
nous devons admirer le zèle du philosophe Aristote, cez le mot homme. Il en est de même pour les au-
qui, désireux de disserter sur toutes choses, com- tres objets, comme le cheval qui s'appelait ~Eav06ç,
mença par l'examen de cette question qu'il savait Xanthe, ArO¡noç, Pur, ou Atos, Divin, ou pour tout
avoir été laissée de côté par tous, quoique nécessaire autre. Bien que l'étendue de ces noms soit infinie,
à chacun. C'est donc lui qui nous a fait connaitre lorsque quelqu'un dira cheval, il les indiquera tous.
que de ces huit choses que les grammairiens appel- Si l'on donne des noms aux lions, ce qui a coutume
lent parties du discours, celle qui indique une chose de se faire, ou aux bœufs, la connaissance particu-
et la désigne par un nom a seule le droit d'être ap-
pelée ainsi. D'après Aristote, nous ne devons ad-
mettre que le nom et le verbe comme parties du
:
lière de chacun d'eux s'étendra à l'infini, et la pé-
nétration de l'esprit en souffrira si, au contraire,
vous dites lion ou taureau, tous les animaux de ce
discours; quant aux autres, elles se forment de celles- genre répandus dans l'univers tombent sous cette
;
réunis en un seul. C'est pourquoi, on nomma ani-
mal l'homme, la bête féroce et le cheval donnant
à chacun un nom qui les comprit tous. On marqua
sât de l'ennui, Aristote a substitué à ces mots d'au-
tres expressions détournées, pour servir aux philo-
sophes dans leurs dissertations. C'est pourquoi, il a
non moins brièvement les choses inanimées qui donné aux mots Hortensius, noyer, cheval, Xanthus
avaient une foule de dénominations. En effet, comme et autres semblables les noms de o:lcrOrj'r&,&top.o:, Ivdt-
il y a des arbres qu'on appelle noyer, châtaignier piOjjia, xaOÉxaaia, afaOr^a, parce qu'ils tombent sous le
chêne, pommier; et une multitude d'autres espèces; sens; #Tojj.a, parce qu'ils ne peuvent être ni divi-
en les appelant genre ligneux, le discours les a tous sés ni coupés. Qui croirait, en effet, qu'Hortensius
réunis dans une dénomination particulière et com- puisse être divisé en parties? Si on le fait, Horten-
mune à tous. De même, on appela d'une manière
abrégée pierres précieuses les différentes pierres qui
servent d'ornement. Enfin, bien qu'on eût considéré
dans un seul nombre ;
sius ne sera plus; £vdtpiO[j.a, parce qu'ils sont comptés
•/aOsx.acrca, parce qu'ils sont
un à un : il s'agit ici de choses qu'on ne peut ras-
suffisamment les genres dispersés çà et là, en les sembler deux à deux. Ensuite, les philosophes ap-
réunissant chacun sous une indication spéciale, ce-
pendant voulant embrasser tout ce qui est, sous un
nom d'une étendue et d'une signification infinies,
:
pellent Éloeo: ou losaç les noms dont la signification a
plus d'étendue tels sont les mots homme, cheval,
lion, arbre, comme étant des parties des genres et
on se servit du mot oùala: (substance) dénomination des formes de choses. De là, ils ont donné le nom
en-dehors de laquelle lien ne se peut trouver ni de genres à ceux dont la signification est encore
imaginer. C'est là une des dix catégories.
Or, il est certain que les catégories furent ainsi
appelées, parce qu'on ne peut les reconnaître qu'au
;
plus étendue, comme les animaux, le genre ligneux,
les pierres précieuses, les pierres car d'eux nais-
sent les parties ou les formes. Cependant, ces mêmes
moyen de sujets, dJç xarac TIVÛV Xe^Oeïtrat (comme genres peuvent aussi s'appeler espèces, parce qu'ils
ayant été dites de certains objets). Qui pourrait, en ont quelque chose de plus étendu qu'eux, c'est-à-dire
effet reconnaître ce que c'est qu'un homme s'il ne l'essence d'où ils semblent sortir et naître. Quant à
plaçait un homme sous ses yeux, comme sujet? Dans l'essence elle-même, au-dessus de laquelle il n'y a
le cours de son ouvrage où il est nécessaire d'em- plus rien, les philosophes ont voulu qu'on l'appelât
ployer beaucoup d'exemples, de peur d être obligé le genre.
: :
un même nom, sont différentes dans la signification,
;
par exemple un homme peint et un homme véri-
table ici le nom est le même mais si l'on revient
;
mais des mots. Ces mots se divisent également en
deux partie les uns sont ~7toXuœvup.a, polyonymes,
É't<:pOIJU[ltX, hétéronymes. Ils sont polyonymes, quand
à la définition ou à la signification d'homme, on on emploie plusieurs noms pour signifier une seule
trouve que ces deux choses sent différentes. En effet, chose, et qu'on ne rend pas raison de la différence
lorsque vous dites qu'un homme vrai est un animal des noms; tels sont ensis, gladius, mucro, épée :
qui peut rire et raisonner, et que vous ne pouvez en effet, on ne peut distinguer ni rendre compte
en dire autant d'un homme peint, vous trouvez né- pourquoi on a employé tant de mots pour désigner
cessairement une différence entre eux. Or, réguliè- le même objet. Les hêtéronymesdésignentégalement
rement, nous devons admettre que tout nom qui,
:
quoique propre, peut être commun à d'autres
: ;
un seul objet par plusieurs noms, mais dans ce cas,
la diversité des noms a une raison par exemple:
hommes, doit être appelé homonyme comme Ci-
céron; il n'yen a pas qu'un seul, mais plusieurs.
Mais si, laissant le nom de côté, vous voulez plutôt
;
homme terrestre, mortel homme, à cause de l'hu-
manité terrestre, à cause de la terre, de laquelle
toutes choses sont formées; mortel, parce qu'il doit
me montrer par des signes quel est le premier Ci- nécessairement mourir. Il est donc évident que,
céron, le second, le troisième, il faut me parler de dans ce cas, on cherche l'origine des noms, et dans
sit illa interim quæ de verborum ratione tractantur, nigro. Hæe igitur quoniam inter se discrepant, solo
cum in linguæ usu provenerit, ut uno nomine res mul- sociata nomine, homonyma dicta sunt, vocabulo jun-
tæ, et multis nominibus res una nuncupetur. His rebus cta, rei interpretatione discreta. Synonyma vero sunt,
quas unum nomen complectitur, duo vocabula ars
dedit, ut ex his alia homonyma alia synonyma vo-
caret. Homonyma sunt, cum res, quidem plures com-
:
res quæ et nomine et sui interpretations junguntur,
ut est animal id enim de homine et equo et de fera
et de avibus dici potest. Animal est quod cibum ca-
mune nomen accipiunt, interpretatione vero ejusdem piat, quod mortale sit, quod sensu moveatur. Nunc
:
rei separantur, ut homo pictus et verus. In hoc nam-
que idem nomen est verum si ad definitionem vel ad
interpretationem hominis redeas, inveniuntur isla
ad eas res, quæ singulæ multis nominibus signari
solent, veniamus. Quamquam hancpartem Aristoteles,
ut superius dictum est, prætermiserit, idcirco quod de
disparia. Cum enim dixeris, verum hominem animal his quæ significantur, non de h:s quæ significant,
esse quod risUlll caplat et vim rationis admittat, cum disserendum putavit. In his autem non rerum, sed
de picto idem nonpossisdicere, necessario inveniun- nominum vertitur quæstio. Hæc divisa sunt similiter
tur esse disparia. Regulariter autem accipere debe- in partes duas, et alia JTOXUI/>Vup.ex, alia IX£PWVU[i.A
mus,omne. nomen licet proprium, quodpossit esse sunt. Polyonyma sunt, cum multa nomina unam rem
commune cum ceteris homonymon vocari, ut Cicero significant, neque ulla de differentia nominum reddi-
non unus, sed plures. Sed si omisso nomine signis tur ratio, utensis, mucro,gladius, hæc enim curunam
potius demonstrare velis quis sit ille Cicero, quis
:
alius, quis tertius, alia de alio signa narranda sunt,
ut alium crassum dicas, alium tenuem vel longus
dicalur alius, alter brevis, candido colore quis, alter
rem totsignificent,nec discerninec detini potest. Dehinc
heleronyma a multis æque riominibus res singulas
tenent. Verum in his habet rationem diversitas nomi-
num, velut est homo terrenus mortalis : homo ab
ties ; en effet, ou ils se présentent fortuitement, : quelles sont les principales choses dont Aristote a
ci
;
quand, par hasard, quelqu'un reçoit le même nom
qu'un autre ou ils arrivent volontairement, quand
un nom semblable est donné à dessein par celui qui
voulu traiter? Il parle d'abord de ce qui est; deuxiè-
mement, de ce que l'on conçoit; troisièmement, de
ce que l'on dit. En premier lieu, arrivent toutes les
l'impose. Or, ceux qui viennent du soin ou de la choses que la nature a produites; en second lieu,
volonté de quelqu'un sont de quatre genres; eîxfov, on perçoit les choses dont par la vue nous formons
; ;
latin et en français similitudo, ressemblance pro-
portio, rapport; ab uno, du même; ad unum, au
;
XOt't'dvœ).oylOtv,O:f' ~fvoç, ~7cp6ç~tv et, pour les traduire en et renfermons les images dans notre âme; en troi-
sième lieu, on prononce les paroles au moyen des-
quelles nous faisons connaître aux autres les choses
même. Il y a ressemblance, comme l'homme peint dont l'image est peinte dans notre âme. Car tout ce
et l'homme vrai, qui n'ont entre eux de commun que nous concevons par l'esprit, nous l'indiquons par
que la seule ressemblance. Il y a rappurt, ce que le langage. Mais, selon l'opinion de Thémestius,
les Grecs appellent xaxMvaXoyfav, par analogie, lors- savant philosophe de notre siècle, Aristote commence
que, de même que nous disons que le cœur est le par traiter des choses que l'on conçoit, et il les
principe de l'animal, ainsi nous disons que la source nomme en grecar)(ji«Lv6[j.£vaou ~çavTaafaç,c'est-à-dire
est le principe de l'eau. C'est du même, quand, par images des choses qui se fixent dans notre esprit :
exemple, du mot médecine nous tirons les expres- mais, se proposant de traiter des choses que l'on
:
sions : instrument médicinal, science médicinale,
usage médicinal, précepte médicinal on descend
conçoit, il doit nécessairement parler de ce qui est et
de ce que l'on dit. Car les conceptions naissent de
;
:
du particulier au général. C'est au même, ad unum,
dans ces expressions cette potion est salutaire, ce
médecin est salutaire, cet instrument est salutaire :
ce qui est, et que nous percevons par la vue mais
on ne peut indiquer les conceptions, si on ne les ex-
plique au moyen de la parole. Donc, bien qu'il doive
car toutes ces expressions semblent tendre à ce seul par la suite définir séparément ce qui est, nous de-
et même mot, le salut. vons admettre cependant que la dissertation se com-
posera du mélange des trois choses, car celuiqui
CHAPITRE III parle des conceptions doit a border l'origine des
choses et employer le secours de la parole. C'est
Ce dont Aristote traite dans les Catégories. donc soulever une question superflue que de dire
qu'il faut rechercher pourquoi Aristote, au commen-
La première question qu'on pose est souventcelle- cement de son traité, a parlé des homonymes, ou en
CHAPITRE IV
;
pas de la même manière que les mots dont ils tirent
leur origine ainsi medicina et medicus : autre est
la terminaison de medicina et autre celle de medi-
Les dérivés. -Lesparonymes différent des hoo- cus. Si donc les paronymes n'avaient pas cette diffé-
rence et s'ils ne s'unissaient à la fois aux synonymes
nymes.
par l'objet, et aux homonymes par le nom, on les
Ceci posé, occupons-nous des paronymes qui tien- nommerait plutôt homonymes que paronymes. Par
nent le milieu entre les homonymes et les syno- exemple, si de malice nous tirons le mot vicieux,
nymes, et ne peuvent être appelés ainsi s'ils ne ce mot convient aux synonymes par la chose, mais
réunissent en eux les propriétés des deux autres' il diffère des homonymes par le nom. En effet,
c'est-à-dire s'ils ne paraissent avoir à la fois et le vicieux et malice ne sont pas semblables, bien qu'ils
nom des homonymes et la réalité des synonymes
de même que de sagesse, nous disons sage, ou mé-
; présentent le même sens. Mais si de malitia, malice,
on tire malus, méchant, la ressemblance et le sens
decin de médecine, la même, similitude et d'acte et s'y trouvent bien réunis. La dernière syllabe ne
de nom paraît dans médecin et médecine. C'est changera pas si du mot sapientia, sagesse, nous
pourquoi on a appelé avec raison paronyme ce qui tirons verba sapientia, paroles sages. Là, comme il
a îvcu d'une autre chose son appellation nominale. n'y a aucune syllabe de changée, on refuse à ces
Cependant, de peur que les paronymes et les homo- expressions le nom de paronymes. D'où il résulte
nymes qui tirent leur nom de ô[x6c, semblable, que ces expressions et autres semblables doivent
ne paraissent être les mêmes, nous devons recon- plutôt être rangées parmi les homonymes. Nous
naître cette différence, que les paronymes, tout
étant, il est vrai, homonymes entre eux à cause de
la ressemblance du nom, sont cependantdits paro-
devons aussi savoir que les mots sont simples ou
joints entre eux. Ils sont liés entre eux dans le
le cheval court; ils sont simples, quand ces mots
:
:
nymes d'un nom, d'où ils ont reçu leur appellation
nominale Ainsi, par exemple, du mot sagesse
sont divisés et qu'onles prononce un à un, comme :
le cheval, il court. Mais je crois avoir assez parlé des
nous avons fait homme sage, conseil sage. Or, con- choses signifiées.
tari oporlere cur Aristoteles in principio suo homo- Observari tamen oportet, ut commutationem ultimæ
nyma lege vel dixerit, vel deLexerit, si de his quæ syllabæ habeant : neque ita finiantur paronyma quem-
percipiuntur fuerat tractaturus, cumliqueatnonposse admodum desinunt ea de quibus originem ducunt,
dici aliquid, nisi quod perceptum fuerit, nec percipi ut medicina et medicus, medicina aliis litteris claudi-
aliquid posse, nisi res fuerit de qua imago intuendo
capiatur.
CAPUT IV
De denominativis. Differunt paronyma ab homonymis
homonymis nomine fuerint copulata ,
tur, aliis medicus. Hanc igitur differentiam nisi paro-
nyma habuerint, et nist cum synonymis negotio, cum
homonyma
potius quam paronyma nominantur. Ut si a malitia
vitiosum dicamus, negotio quidem cum synonymis
His ergo cognitis, paronyma videamus, quæ sunt in convenit, sed ab homonymis discrepat nomine. Neque
homonymorum et synonymorum medio constituta, et enim vitiosus et malitia similia sunt, quamquam
quæ nec paronyma dici possunt, nisi in se habuerint eodem intellectu sentiantur. Quod si a malitia dicatur
utrorumque contractum, id est nisi et nomen homo- malus, recteutrumque convenit. [nultima vero syllaba
nymorum et negotium synonymorum videantur habere non mutantur hoc modo, ut si dicamus a sapientia
commune, ut a sapientia sapientem, vel medicum a verbasapientia. Hie cum nullacommutataestsyllaba
medicina dicamus, eadem in medicoquæ in medicina paronymi exclusa est nuncupatio. Unde constat huec
et actus similitudo videtur et nominis. Propterea recte et his similia homonymis potius debere conjungi. Scire
paronymum dictum est, quod aliunde nomen accepe-
rit. Verum ne eadem videantur paronyma et homo-
nyma, quæ ab uno dicuntur, id est, 6[a6u hanc diffe-
:
etiam debemus, verba aut simplicia esse, aut certe
conjuncta. Conjuncta sunt, equus currit simplicia,
cum hæc separantur et dicuntur singula, ut equus,
rentiam debemus agnoscere, quod ipsa paronyma currit. Sed jam satis de his qnæ signiticantur, dictum
inter se quidem propter similitudinem nominis homo- puto.
nyma sunt, illius tamen nominis paronyma dicuntur,
unde nomon acceperunt,utputa a sapientia dicamus
hominem sapientem, sapiens consilium inter se hæc
:
homonyma sunt, ipsius vero sapientiæ paronyma.
CHAPITRE V
Substance. — Accident.
:
posséder une bonne santé, d'autres fois ressentir de
la douleur qu'il peut devenir blanc de noir qu'il
était, ou noir de blanc, habile d'inhabile, savant
d'ignorant, cruel de doux, doux de cruel. C'est
Il nous reste à dire comment Aristote a traité des pourquoi, comme parmi les choses qui existent, les
choses qui existent. Ce sont les choses que nous
unes sont perçues par les sens, lesautres par l'es-
percevons au moyen des sens, ou que nous réunis- prit, les savants ont mieux aimé distinguer ces
sons dans notre esprit et dans notre pensée. Nous deux sortes de choses par des noms particuliers, et
percevons par les sens les choses que nous connais- ils ont appelé ce qui est connu par les sens ouafa,
sons ou par la vue, ou par le toucher, ou par l'ouïe, substance, et ce qui est perçu par la réflexion et
ou par le goût, ou par l'odorat. Nous percevons les qui change souvent cujj.6£6rJxbç, accident. Et comme
choses par l'intelligence comme il arrive lorsque,
on sait que les accidents se trouvent dans la subs-
après avoir vu un cheval, ou un homme, ou un tance permanente, ils ont voulu qu'on appelât la
animal quelconque, sachant bien que c'est là un substance UTIOXEI[J.SVOV,subjacens, sujet, et non in
corps, on remarque de plus qu'il est composé de subjecto. Au contraire, ils ont nommé les accidents
plusieurs parties. Et en effet, la tête forme une ~iv unoxetjj.£vov, in subjacenti, dans le sujet.Cepen-
partie, les pieds une autre, et ainsi de tous les mem- dant, il nous faut reconnaître sans aucun doute que
bres. Dans la tête elle-même, les oreilles forment de même que nous proclamons la substance meil-
des parties, et la langue en forme une autre. Les leure que les accidents, de même nous jugeons
parties elles-mêmes prises en particulier ont beau- l'indivisible, àxojjiov, ou le singulier, xaO'éxaertov
coup d'autres parties qui peuvent être séparées et c'est-à-dire cet homme ou ce lion, meilleur que les
divisées; de telle sorte que la chair forme une par- choses qui sont communes, ou appelées du nom
tie, la peau une autre, les veines une autre, les
commun d'animaux.
nerfs une autre, les poils une autre encore. Nous
rassemblons donc dans notre esprit ou dans notre CHAPITRE VI
;
pensée ces choses auxquelles nos sens ne peuvent
atteindre. Nous les considérons aussi et, par l'ap- Ce qu'on appelle du sujet: ce qui est dans le sujet.
plication de notre esprit, nous connaissons que Aristote revient ensuite aux choses qui sont signi-
l'homme ou tout autre animal peut croître, vieillir, fiées, afin de montrer de combien de manières les
s'arrêter ou marcher, être tourmenté par les soucis, choses qui sont, ont coutume d'être signifiées. Donc,
ou jouir d'un esprit calme et tranquille, quelquefois parmi les choses qui existent, les unes sont enten-
;
à peu ce qui est de trop, parviennent à former le
visage et les membres ainsi la définition commen-
çant par le genre, après avoir écarté peu à peu la
sujet. Or, Cicéron est homme et animal. Donc, tout
ce qu'on peut dire de l'animal on le dit de l'homme
et de Cicéron, C'est pourquoi, ce que l'on trouve
généralité des mots, tend à s'approcher du siège dans ce qui est entendu du sujet doit nécessaire-
propre de la chose à désigner. Mais revenons à notre ment se trouver dans le sujet. ne sorte que, si vous
but. Nous avions à parler de ce qui est, et de la ma- dites qu'un animal est ce qui prend de la nourri-
nière de l'exprimer; comme nous avons déjà beau- ture, ce qui est mortel et ce qui est excité par la
coup dit sur ce sujet, on doit admettre que tout ce sensation, comme animal est entendu du sujét
qui est particulier, exprimé par un seul nombre, homme, il est nécessaire que les mêmes choses que
indivisible, sensible, comme cet homme, ou ce che- l'on a affirmées de l'animal, puissent s'affirmer de
val, ou cet arbre ne peut être entendu dusujet. Au l'homme, et que les mêmes choses qui ont été dites
contraire, ces mêmes choses, si elles se rapportent de l'homme puissent aussi se dire de Socrate. Or,
aux accidents, comme la couleur, la science, elles il est certain que Socrate est sujet (mis au-dessous
peuvent être dans le sujet. En effet, comme nous comme généralité) de l'homme, et l'homme de
l'avons démontré plus haut, aucun accident ne peut l'animal. Donc tout ce que l'on dira des choses qui
exister sans sujet. Nous savons donc maintenant sont entendues du sujet, on le dira aussi des choses
comment nous pouvons reconnaître le sujet et ce que nous appelons sujets. Or les choses quine peu-
qui est dans le sujet. vent être connues par elles-mêmes sont régulière-
ment entendues du sujet; de même que animal ne
CHAPITRE VII peut être entendu sinon de son sujet homme, ainsi
Définition du genre et de l'espèce. l'homme ne peut pas non plus être entendu si l'on
ne le connaît par un homme pris en particulier,
Aristote nous enseigne ensuite comment nous que l'on a sous les yeux et qui est sujet. Mainte-
pouvons connaître les choses qui sont entendues du nant, comme Aristote va parler des genres, de toutes
disponatur. Primum enim hanc per immensum tendí speciale illud est, quod eadem in ipso subjecto inve-
oportet incipientem a genere : dehinc paulatim per niuntur, quæ sunt ineo quod de subjecto significatur :
partes cnrrendo pervcnire debet ad id in quo solum ut enim animal de subjecto significatur homine vel
est id quod definitur. Ut ii qui signa formant, pri-
mum immensum subdeligunt lapidem, dehinc paula-
tim minuendo et abscindendo superflua ad forman- :
cquo, sic et homo de subjecto aliquo homine signifi-
cetur necesse est Cicero autem et homo est et ani-
mal. Quascumque igitur pracdicari de animalipossunt,
dos vultus et membra perveniunt. Sic deGnilio a eadem et de homine et Cicerone prædicantur. Qua-
genere incipiens depulsa paulatim generalitate verbo- propter ea quæ in eo, quod de subjecto significatur,
rum, ad proprium demonstraudne rei cubile tendit ac- inveniuntur, et in eo, quod subjectum est, necesse
cadere. Sedadpropositumreverlamur : traclatus enim est inveniri: ut si dicas, animal est quod cibum ca-
erat de iis qua* sunt, quemadmodum signisicentur, de piat, quod mortale sit, quod sensu moveatur : animal
quibus quoniam jam multa dicta sunt, illud regula- autem de subjecto significatur homine, eadem tamen
riter nobis tenendum est, omnia ~xaO'exaata, vel, et de homine dici necesse est, quæ de animali dicta
£vapi0(j.a, vel chop.lX, vel a?a0r)7ia, id est hunc hominem, sunt. Deinde quæ de homine dicta fuerint, eadem et
vel hunc equum, vel hanc arborem de subjecto signi- de Socrate. Certum autem est Socratem subjectum
ficari non posse. Sin vero hæc eadem de accidentibus esse homini,hominem autem animali.Quidquid igitur
:
fuerint, id est hic color, hæc disciplina, in subjecto
esse posse quemadmodum enim superius demonstra-
tum est, omne accidens sine subjecto essenon potest.
in iis, quæ de subjecto signifiçaniur, dictum fuerit,
idem et de iis, quæ subjecta dicimus, prædicabitur.
Regulariter autem ilia de subjecto significantur, quæ
Docti lgitur sumus quo pacto, vel subjectum, vel in per seipsa cognosci non possunt, ut animal intelligi
subjecto possimus agnoscere. non potest nisi de subjecto homine, sic homo adverti non
CAPUT VII potest nisi de subjecto aliquo homine dignoscatur.
Quid genus, quid species.
Nunc quoniam de categoriarum omnium generibus
et speciebus et differentia locuturus est inspieiendum
Dehino nos Aristoteles docet, et illa quæ de subjecto prius videtur quid sit genus, quid species, quid differen-
signification, qua ratione noscamus. In his autem tia. Genus igitur est quod secundummulta et differentia,
les catégories, des espèces et de la différence, il nous Puis donc que nous avons montré séparément ce
semble devoir tout d'abord examiner ce que c'est que c'est que le genre, la différence et l'espèce, re-
que le genre, l'espèce et la différence. venons maintenant à ce que dit Aristote. Nous
Le genre est l'attribut essentiel applicable à plu- avons compris d'après sa doctrine que les différences
sieurs espèces différentes entre elles comme la et les espèces des genres qui sont différents entre
substance. Nous disons substance, en général, mais eux ne peuvent être les mêmes. Autres, en effet,
ce nom est divisé par l'espèce, quand nous disons, sont l'espèce et la différence, quand on parle de la
par exemple, animal ou pierre. Il arrive ainsi que substance, autres quand on parle de la qualité, au-
les choses qui sont comme jointes ensemble par un tres quand c'est de la quantité. Ainsi, si vous voulez
seul mot sont séparées par l'espèce. La différence faire connaître la différence d'un animal, vous direz
est ce qui, en présence de choses nombreuses et
:
volatile, bipède, qui marche; si vous voulez faire
:
non les mêmes, indique non pas qu'une chose est,
mais quelle elle est dans son espèce un animal
marche, il vole, il va dans l'eau, il a deux pieds ou
connaître l'espèce, vous direz c'est un homme, ou
un oiseau, ou un cheval. Mais on ne pourrait indi-
quer la même différence et la même espèce pour
il en a quatre. Donc l'espèce fait connaître le genre science, parce que les genres animal et science sont
et la différence. Par l'espèce, on peut reconnaître ce différents. En effet, animal appartient à la catégo-
qu'est le genre et quelle est la différence. Or l'es- rie de substance, et science à celle de qualité. Enfin,
pèce que quelques-uns appellent forme est ce qui, les genres qui sont joints entre eux par une asso-
entre différents objets, nous en désigne et nous en ciation réciproque IndéXXrjXa, ont les mêmes diffé-
fait connaître un en particulier comme homme. Ce rences et les mêmes espèces; telle est substance
mot embrasse tous les hommes, et paraît jouer le dont l'espèce est animal. Mais comme le même mot
même rôle que l'espèce rapportée à un homme en animal est genre pour d'autres choses, on l'appelle
particulier, avec l'idée de nombre ou quantité, ce pour cette raison espèce et genre. C'est pourquoi,
quid sit, specie ostenditur atquesignificatur, ut estusia inveniri potest alhi vel nigri? Quoniamigitur quid sit
Omnino quidem usiam dicimm; sed hoc
commune genus, quid differentia, quid species, separaLum et :
nomen specie separatur, cum dicimus animal vel la- ad Aristotelis jam dicta veniamus : Hoc enim docente
pidem. Ita sit uno quasi conjuncta vocabulo, specie cognovimus, eorum generum quæ inter se diversa
separentur. Differentia vero est, quæ secundum multa sunt, nec differentias easdem posseesse, nec species.
et differentia, non quid sit, sed quale sit specie Alia enim et species et differentia est, dum quæritur
pne-
dicatur, ut est animal gressutum, volatile, aquatile,
bipes, quadrupes. Genus ergo et differentia
quid sit, alia dum quale sit, alia dum quantum sit :
ut si velis animalis dicere differentiam, dicas volatile,
significantur. Sed genus quid sit, differentia specie bipes gressutum : si velis speciem, dicas hominem
autem
quamquidam et
qualis sit specie possunt agnosci. Species autem
formain vacant, quæ secundum
multa etdifferentia, quid sit numero prædicaturatque
est vel avem vel equum. Numquidnam et de disciplina
eadem differentia vel species dici potest, propterea
quod genera diversa sunt, animal et disciplina ? Ani-
cognoscitur, ut est homo. Hoc nomen homines cunctos mal enim categoria est usiæ, disciplina categoria qua-
complectitur, et videtur id facere quod species, litalis. Denique illa genera, quæ alterna sibi societate
dealiquohominepraedicatur, qui numerum seipso in quæ
ijcdeXXqXa conjuncta sunt, easdem differentias et eas-
ut
contineat; esthic primus, ille secundus, iste ter-
tius.Ut
Genus
gere
est,
habeat
species
non
tamen
:
hæc triaunoexemplo monstremus,
animal differentia, bipes, quadrupes
homo, equus. Sedut genus nullum
est, quod
differentiam : sicnec differentiamintelli-
:
dem species habent, ut est usia, cujus species est
animal. Sed idem animal genus est ceteris,ideoque et
species et genus dicitur. Quoniam hæc igitur duo
genera invicem se tenent, quæ Aristoteles quoque
|7id<XXr]Xa nominavit, easdem differentias habent, ut
et album
debemus,
non habent
quæ species non habebit,
ut nigrum si dicas usiam esse animal mortale, bipes, risuscapax :
differentiam, proptereaquod eadem et de animali potes dicere, animal est homo
exse species non emittunt. Quæ enim alia
species mortalis, bipes, risus capax, eadem et de homine
mais pareille chose ne peut se rencontrer dans des ce sont la relation, l'action, la passion. La relation,
genres différents. ;
comme plus grand el plus petit car on ne peut pas
dire les deux, à moins qu'on n'ajoute une autre
CHAPITRE VIII chose qui soit plus grande ou plus petite. De même
l'action est en dedans et en dehors de la substance;
Descatégoriesengénéral.
ainsi, on ne peut pas dire que quelqu'un bat, s'il
Aristote revient de nouveau aux choses exprimées n'y a quelqu'un de batlu, ni qu'on lit. s'il n'y a
ou aux mots, quoique nous ayons dit plus haut quelqu'un qui lit et quelque chose qui est lu. Cet
qu'on ne peut traiter des unes sans traiter des au- accident est donc en dedans et en dehors de la
tres. Car celui qui dit quelque chose parle de ce substance. Il en est de même de la passion; per-
qui est, et il ne le peut faire comprendre à un au- sonne, en effet, ne peut être battu ou brûlé, à moins
tre sans le lui dire. Les mots, quand ils sont pris qu'il ne souffre de la part d'un autre; cet accident
isolément, expriment donc chacun l'une des idées est donc aussi dans la substance et en dehors d'elle.
suivantes, ou la substance, ou la quantité, ou la Donc, quand ces accidents sont seuls, ils n'affir-
qualité, ou la relation, ou la situation, ou l'action,
ou la passion, ou le lieu, ou le temps, ou l'état.
;
ment rien mais s'ils sont combinés les uns avec
les autres, ils forment entre eux un discours
Telles sont les dix catégories dont la première est soit ~7upoCTTaxxtxbv soit eùx-rtxbv, soit ipwn)(j.ambv, soit
la substance, celle sur laquelle se fondent toutes fit7to(paatv; ou bien, en latin, soit imperatum, impé-
les autres. Les neuf autres sont des accidents. Et ratif, soit optatum, optatif, soit interrogatum, inter-
parmi ces neuf autres, les unes sont dans la subs- rogatif, soit vocatum, vocatif. Cependant, ces quatre
tance, les autres en dehors, d'autres tout à la fois genres de discours sont parfois inachevés et séparés,
:
en dedans et en dehors. La qualité, la quantité et
la situation sont dans la substance en effet, aussi-
tôt que nous nommons une substance, un homme
par conséquent imparfaits. Car on ne comprend pas
encore ce qui est impératif, ou optatif, ou interro-
gatif, ou vocatif, à moins qu'on n'y joigne le genre
ou un cheval, nous remarquons nécessairement a¡;OfGtVttY-v énonciatif, qui porte en lui comme
qu'elle est bipède ou quadrupède, blanche ou noire, une sentence de confirmation pour ajouter ou ôter
debout ou couchée. Toutes ces choses sont dans la
substance, et ne peuvent exister sans elle. D'autres
sont hors de la substance, tels que le lieu, le temps,
et àwxpaaiv, affirmation et négation; exemple
ciel tourne sur lui-même ce ciel ne tourne pas
:
quelque chose. C'est ce qu'Aristote appelle x!XtCtf&alv
; ce
l'état. En effet, le lieu n'appartient pas à la sub- sur lui-même. Enfin, le discours énonciatif est faux
stance non plus que le temps, le vêtement,l'amour : ou vrai. C'est pourquoi Aristote ayant omis ces qua-
mais ils sont séparés d'elle. D'autres sont communes, tre genres de discours qui appartiennent plutôt
c'est-à-dire en dedans et en dehors de la substance; aux grammairiens ou aux orateurs, fait mention du
potes dicere. Certum est ergo invicem sibi conjunctis lern ;aut album, aut nigrum ; aut stantem, autjacen-
generibus,easdem et differentia et species invcniri. tc-ra, hæc in ipsa usia sunt, et sine hac ipsa esse non
In diversis autem generibus hoc provenire non possunt. Alia sunt extra usian, ubi, quando, habere:
posse. et locus ad usian non pertinet, et tempus, et vestiri et
armari,sed ab usia separata sunt.Alia sunt communia,
id est etintraetextrausian:adaliquid,etfacereetpati;
CAPUT VIII
De prœdicamends in generali. ad aliquid ut majus et minus: utraque enim dici non pos-
Rursus Aristoteles ad ea, quæ dicuntur, reveriitur, sunt,nisiconjuncto altero quomajus sitvel minus,prop-
terea ergo unum in se habent, aliud extra se.Item facere,
quanquam superius dixerimus alterum sine altero
tractari non posse. Nam et qui dicit aliquid, de eo
:
dicit quod est et id quod est, non potest ab altero
intelligi, nisi dicatur. Eorum ergo quæ nulla sui co-
:
extra est et intra, ut caedere quisque non potest dici,
nisi alterum cædat vellegere, nisi ipse legens aliud
sit, aliud quod legit. Ita ergo et in usia hæc est, et
pulatione dicuntur, quodcamque singulare dictum extra usiam. Pati similiter, cædi enim vel uri nullus
fuerit, aut usiam significat, aut quantitatem, aut qua- potest, nisi ab altero patiatur. Propterea hæc quoque
litatem, aut ad aliquid, aut jacere, aut facere, aut et in usia est et extra usian, Hæc igitur cum singu-
pati, aut ubi, aut quando, aut habere. HSB sunt cate- laria sunt, nihil affirmant: copulata vero faciunt ex
goriæ decem, quarum prima usia est, scilicet quæ
novem ceteras sustinet. Reliquæ vero novem ,
<ju[x6s6r)x6Ta, id est accidentia sunt. Ex quibus novem,
se aliquem sermonem, vel rcpoaTox-cixov, vel
;
seconde le genre et l'espèce exemple :
ple, un homme, un cheval. On appelle substance
animal et
homme. Aristote dit qu'on les appelle substances
choses, et que tout se base sur elles, de même aussi
l'espèce sert de base au genre, et se trouve plus
substance que le genre.
secondes parce que la première qui n'est ni dans le Il faut aussi prendre garde que ce que nous
sujet ni dite du sujet l'emporte sur les autres. Or, croyons espèce seulement ne soit aussi genre; de
le genre et l'espèce ont été appelés substances se- sorte que si l'on dit animal, on indique aussi le
condes, parce que seuls, ils indiquent la première. genre. Si l'on dit, homme, cheval, poisson, oiseau,
De sorte que si quelqu'un ne veut ou ne sait pas dire affirmerons-nous que toutes ces choses ne sont que
?
;
Socrate, il n'a qu'à dire animal, ou homme, c'est-
à-dire le genre ou l'espèce par ces seuls mots, on ;
des espèces Homme et cheval sont manifestement
des espèces mais poisson et oiseau sont à la fois
interrogativum, vel quid vocativum, nisi accesserit nitione, verum partium quoque cognitione noscatur.
genus dc7co^avTixbv, id est pronuntiativum, quod habeat Est igitur usia proprie et principaliter dicta, quæ ne-
:
in se quamdam conflrmandi sRntentiam, quae aliquid
aut addat aut demat quod Aristoteles xdheupaaiv et
iroxpaaiv dixit ut est, caelum hoc volubile est, caelum
que in subjecto est,neque desubjecto significatur, ut
est hiehomo,vel hieequus.Secundaedicunturusiae,ge-
nus et species,idest animal et homo.Hasergo secundas
substantiasnominaridicitJproptereaquod illa sitpotior
hoc non est volubile. Ipsum denique pronuotiativum.
quod diximus apophanticon, aut falsum est aut ve- quae neque in subjecto est,neque de subjecto prjedica-
tur. Secundæ autem substantias idcirco dictae sunt
rum. Quamobrem omissis illisquatuorquae magis ad genus et species, quod solae indicent primam. Ut si
grammaticos, veloratores pertinent hujus apophantici,
quod ad philosophos adtingit, Aristoteles habuitmen- quis nolit vel nesciat dicere Socratem, dicat animal
lionem. vel hominem, id est genus vel speciem, nis vero dictis
quid sit Socrates agnoscitur. Aliud autem si dicat, vel
currit, vel ambulat, nihil possit agnosci. Manifestum
CAPUTIX
est autem ea, quae de subjecto significantur, cum iis,
quae suhjectum sunt, et nomen et rationem nominis
De usia sive substantia. Usiaproprie.Secundoe habere communem, ut homo et de subjecto aliquo
usice quce dicantur. significatur homine, sed non solum nomen, verum
etiam rationem eamdem in subjecto invenies, quam
Expositis igitur omnibus quae disputaturìs neces- in eo quod de subjecto significatur poteris invenire.
saria videbantur, singulas categorias oportuit defi- Ipsarum deinde secundarum usiarum potior est spe-
niri. Sed usia quoniam secundum artem definiri non cies genere : magis enim proxima est species primae
poterat, quæ praecipit, ul deiinitio quo possit tendi usiaequam genus.Si enimquis velit ostendernquidi.it
latius, a genere sumat exordium, ipsa autem usia prima usia,faciliusmonstrabit si dixerit speciem. quant
genus non habet, cumomnia ipsa suslineat,perpartes si
si dixeritgenus.Ut quisSOcl'atemvolensdicereomi'Io
earn voluit definire, ut quid sit uon solum em defi- ejus nomine, magis eumsignificetsihominemdixerit
,
:
genre et espèce, car la forme des poissons et des
oiseaux n'est pas la même c'est pourquoi,
on les
nomme genre et espèce. Quant aux choses qui sont
et prenant de
particulier ni
la nourriture. Quatrièmement, ni au
au général; comme si, en définissant
seulement espèces, comme homme, cheval, aigle,
taureau, ce sont des substances de même degré. De
l'homme, on
cela n'est ni
nature humaine
;
disait que c'est ce qui est blanc. Oi
,
au particulier ni au général car la
prise en particulier, n'est pas
même en effet que l'homme est une substance, de blanche, et tous les bœufs, ni tous les chevaux, ni
même en est-il du cheval, de l'aigle et du taureau. tous les hommes ne sont pas blancs. Il y a donc deux
Aristote ayant ainsi parcouru les parties qui défi- choses qui offrent lumière à nos investigations, et
nissent la substance, voulut encore la définir d'une deux autres qui ne peuvent nous donner rien de
autre manière, eu montrant ce qui, nécessairement certain. 1° Nous ne pouvons rien reconnaître par ce
et naturellement, doit se trouver en elle. Ce qu'il y qui n'est ni dans le particulier ni dans le général,
a dans chaque espèce convient ou au particulier et si cela est général. 2° C'est la même chose pour ce
au général, ou au particulier et non au général, ou
au général et non au particulier, ou bien ni au
qui est dans le général, et non dans le particulier
il faut donc également le rejeter. Restent deux au-
:
pellent :
particulier ni au général. C'est ce que les Grecs ap-
iv (A6V(i) xai 2v »avTl,hfx6vu> xal ~oùx ~iv
xdi
tres indications qui pourront faire voir par des signes
:
certains ce en quoi les choses se trouvent, savoir :
Par exemple :
~7t#vr{,iv TZWZI xat ~ouxèv OVW,OÙX 2v
si quelqu'un voulant définir l'homme,
disait que l'homme est un être capable de rire
~oùx iv 7ïavc[.
;
1° Dans le particulier et dans le général on ne peut
douter que quand vous aurez trouvé cette indica-
tion, vous ne prononciez ce qu'est la chose à laquelle
cela serait dans le particulier et dans le général.
se rapporte cette indication. 20 L'autre indication
Car pris en particulier, l'homme rit, et il est natu- est celle qui convient au particulier et non au gé-
rel à tous de rire. Secondement, au particulier et néral; non qu'elle ait la même force que la pre-
non, au général, comme si quelqu'un définissant mière; mais à défaut de l'une, il fautnécessaire-
l'homme disait que c'est un être doué de science. ment recourir à l'autre pour définir une chose.
Cela peut en effet se trouver dans un homme en Pour désigner, définir la substance, Aristote com-
particulier, mais non pas cependant dans tous, tous mence par discuter ce qui se trouve dans le général
n'ayant pas appris une science. Troisièmement, au et non dans le particulier. C'est ainsi qu'il démon-
général et non au particulier comme si, définissant tre qu'il y a des substances secondes, qu'on a le
l'homme, on disait que l'homme est ce qui marche, droit d'appeler de ce nom, parce qu'on peut trouver
et prend de la nourriture. Cela se trouve on effet en elles ce qu'on trouve dans les premières. Il dit
dans tout homme, mais non pas dans l'homme seul, ensuite qu'il y a cela de commun à chaque substance
les animaux domestiques et les bêtes féroces courant qu'elle n'est pas dans un sujet. En conséquence,
:
l'homme un marcheur, nous pouvons trouver dans de longueur sans largeur, mais celui qui mesure
le sujet le même mot et la même définition So- une longueur seule est dit mesurer une ligne. La
crate, en effet, est homme et marcheur. Aristote longueur mesurée avec la largeur s'appelle surface.
développe ensuite divers raisonnements, montrant Si maintenant la hauteur s'associe aux autres di-
veniris,pronunties quid sit id, in quo inesse cognos- rari. Atque; ideo Aristoteles earn significatione qui-
citur. Alterum est in solo, non in omni, nonquidem dem mixtam dixit, virtute autem inter usias haben-
virtutis ejusdem, verumtamen quod ad definiendam dam decrevit: eadem eniminhac inveniri pronuntiat,
rem necessario quaerendum sit, si primum non potue- quae et in ceteris substantiis reperiuntur : id est cum
ritinveniri. Nunc igitur ut designet usian, ab in subjecto posse, et nomen et rationem habere consi-
omni, non in solo argumentari incipit, milem. Cum enim gressutum hominem dicimus, in
cum demon-
strat essesecundas usias, quas idcirco secundas dicit, subjecto idem et vocabulum, et ejus rationem eam-
esse, quia id in his inveniri poterit, quod in primis. dem possumus invenire : Socrates enim et homo est
Denique dicit commune hoc esse cuilibet usiæ, ut in et gressutus. Similiter prosequitur cetera argumen-
subjecto non sit. Cum igitur nec tando variata, demonstrans quædam inesse usiae, quæ
subjecto inveniantur, manifestumgenus nec species in
est haec secundas sola et omnis habeat, quaedam quae sola et non
usias debere nominari. Deinde hinc omnis, quædam quæ omnis et non sola quaedam nec
et quoque ostendit
genus speciem. secundas usias esse, quod omnia sola nec omnis. Quae quoniam in Aristotele ipso mani-
quae sunt in subjecto, festa sunt, superfluum visum est aperire : maxime
inerdum solum nomen,cumnoniis,tamen
quæ sibi subj ecta sunt,
et rationem quæ a philoso-
cum hic sermo non transferre omniaplanius
sunt habere communem. Genus autem et species pos- pho sunt scripta, decreverit, sed ea enarrare,
subjecto, id est cum aliquo homine certam et cum
tiomsnahent et nominis societatem. Monstratisergo ra- quae rudibus videbantur obscura.
secundis usiis, idest genere et specie, differentiasola
resahat, quae consideranti diligentius, quasi accidens CAPUT X
esse videtur. Siquidem bipes vel mortale vel rationale
cumanimal dicitur, non quid sit, sed quale sit De quantitate.
demonstratur, ideoque videtur vim potius
verum quando a genera prima tenere qualitatis.
oritur differentia, et
sic sequitur species, in accidentibus Descripta igitur usia, quia definiri non potuitpropter
non debetnume- eas caussas quas superius memoravi, accidentium
mentions, les trois forment un corps. Toutefois, l'on veut partager un corps, il est nécessaire
qu'une ligne ou une surface soit la borne qui serve
nous n'envisageons pas ce corps de la même ma-
nière que nous envisageons d'ordinaire un corps
naturel, afin de ne pas retomber dans la substance.
à diviser le corps; car il faut que l'intersection de
:
la ligne avec la surface descende dans le corps et
Nous mesurons ensuite l'espace dans lequel quelque voilà pourquoi, on ne sait au juste à quelle partie
mesure:
chose est placé. Le temps est aussi soumis à la
car lorsque quelque chose se meut, il faut
que le temps pendant lequel a lieu ce mouvement
la ligne ou la surface servent de limite, puisque le
corps étant divisé, on trouve nécessairement une
surface sur chaque partie du corps. Il y a donc
ait aussi une mesure, puisque nous disons qu'il a
duré un ou deux ou trois ans, un mois, un jour,
: :
adhérence dans le corps en qui est la limite com-
mune servant à diviser ses parties même chose
un instant. C'est donc de cette manière que l'on
trouve la quantité de chaque objet. Mais il y a quel-
que chose d'attaché à la quantité et quelque chose
:
pour le temps car si nous voulons lui donner une
limite en le partageant, nous disons maintenant.
Or le moment présent est tellement confondu avec
qui en est séparé. Ainsi, la ligne, la surface, le le passé et le futur, que l'on ne sait pas bien auquel
corps, l'espace, et le temps y sont attachés; en eux, des deux il doit appartenir. Quant à l'espace, qui
la mesure ne peut avoir des bornes pour chaque
partie. Au moment, en effet, où vous placez un
point au milieu d'une ligne, pour lui donner comme
; :
entoure chaque corps, ou qui est occupé par les
parties du corps une limite commune le partage,
aussi bien que le corps C'est pourquoi il est néces-
une borne et une mesure, cette borne devient com- saire qu'on l'appelle adhérent, comme le reste.
mune aux deux parties qui font que la ligne est Quant au nombre et à la parole, ils se divisent
divisée, de sorte qu'on ne sait pas à quelle partie la aussi. Qui ne remarque en effet que un est séparé
division s'applique, tant chaque partie s'y joint et de deux, et deux de trois, par des termes spéciaux?
:
qu'un veuille la partager, il lui faut mener aussi
une ligne au milieu quand cette ligne qui divise la
surface en aura fait deux parts, la ligne commen-
le nombre, puisque nous nommons l'une brève et
l'autre longue, et que nous disons qu'il y a une ou
deux syllabes. On voit donc clairement que ces deux
cera à être elle-même une borne commune, car accidents appartiennent à la quantité, et qu'il faut
elle y adhère si bien qu'on ne voit pas à laquelle
des deux parties elle sert de limite. De même si :
les dire divisés. Il existe encore une autre différence
dans ces quantités car, il y en a parmi elles, dont
definitionem necessarius ordo poscebat. Quorum partium, quae divisa gramme factae sunt, sit terminus
primum est, quantum, nec sine caussa : nam cum ille communis, ut incertum sit cui parti affixus ter-
aliquid viderimus, id necesse est, quantum sit, æsti- minus videatur :adeopars utrajue sibicohaeretatque
mare. Quantum vero sit, inveniri non potest, nisi conjuncta est. Epiphania quoque, simili de caussa,
fuerit adhibita mensura collectum.Si ergo omissa lati- connexa dicitur et cohaerens. Denique si quis hanc
tudine, solam quis longitudinem voluerit emetiri,
longitudo sine latitudine mensurae subjecta, Ypap-fjiT] :
dividere voluerit, in ejus medio grammen ponat
necesse est cum grammæ haec, quae epiphaniam
dicitur. Non quod sit longitudo aliqua quæ careat
latitudine, sed quod solam quis metiens longitudinem
~ypa{A[j.7)vmetiri dicitur. Emensa vero cum longitudine
dividit, ex hac duas partes fecerit, ipsarum duarum
partim ipsa gramme terminus incipit esse communis :
sic enim sibi connexa est, ut non appareat cui termi-
atitudo, dicitur, lmcpavÉta. Sin autem et altitudo fuerit nus videatur infixus. Similiter corpus si quis secare
mensurae sociata, corpus cuncta perficiuut, Quod
tamen non ita accipimus, quemadmodum solemus
accipere naturale corpus, ne ad usiau reverti videa-
:
voluerit, dividendi corporis terminus gramme vel
epiphania sit necesse est ipsa enim præcisio, quam
gramme facit cum epiphania, necesse est in corpus
mur. Deinde metimur et locum, in quo aliquid con- descendat : atque ideo incertum est, sive gramme,
stitutum est. Tempus quoque mensurae subjicitur : sive epiphania, cui parti terminum dederint, cum
nam cum movetur aliquid, ipso motu necesse est et diviso corpore in utraque parte epiphaniam necesse
temporis habere mensuram, cum dicimus primo, vel quo fa-
est inveniri. Ideoque corpus cohaerens est interminus.
secundo, vel tertio anno pervenit, vel mense, vel die, ciendarum duarum partium communis est
vel hora, vel momento. Hoc modo igitur quantum sit Temporis quoque simiiis ratio est, cui dividendo si
quidque colligitur. Ipsius autem quanti aliud est velimus terminum dare, dicamus,modo. Modo autem
cohaerens, aliud separatum. Cohaerens est gramme, est,
interpraeteritum et futurum tempus ita confusumautem
epiphania, corpus, locus et tempus. In his enim sin- ut incerLum sit quod debeat separari. Locuscorporis
gularum partium terminos non potest habere mensura. quomodo corpus quoduumque circumdat, et
Siriiul namque ut grammes medio punctual figens
quasi cerium mensurae terrainumdederis,utrarumque :
partibus occupatur, ita communi termino partitur,
quemadmodum partitur et corpus ac propterea cum
;
les parties ont une position qui fait reconnaître
quelle partie les touche tandis qu'il y en a d'au-
tres dont les parties ne peuvent avoir de position.
et si l'on trouve quelque part autre chose que cela,
on doit le regarder comme un accident. Il y a cer-
taines choses, en effet, qui conviennent aux acci-
Or, je dis position, quand nous voyons de chaque dents eux-mêmes; quand nous disons, beaucoup
chose la droite, la gauche, le dessus, le dessous, le de blanc, ce n'est pas que le blanc lui-même soit
devant, le derrière, l'éloignement, la proximité. immense, mais parce que la surface sur laquelle se
Voici celles dont les parties sont jointes par une po- trouve le blanc a une grande étendue. Il est donc
sition déterminée; la ligne, la surface, le corps et évident, lorsque nous disons, beaucoup de blanc,
l'espace. Dans la ligne, en effet, dans la surface ou que c'est par la quantité de la surface que nous
dans n'importe laquelle de ces quantités, si vous jugeons le blanc attribué à cette surface. De même,
faites des parties en y établissant des bornes, bien lorsque nous disons, de longs actes, ce n'est pas
qu'elles paraissent adhérentes et jointes ensemble, parce que les actes sont immenses qu'on dit qu'ils
vous pourrez cependant remarquer où se trouve sont longs, mais c'estpar la mesure du temps qui
telle partie, quelle est sa voisine, et celle à laquelle contient ces actes que nous en jugeons la quan-
;
elle est jointe. Mais il y en a dont les parties n'ont
point de position ce sont le temps, le nombre et la
parole. En effet, quand nous disons seulement le
tité.
Nous devons toutefois reconnaître d'une manière
spéciale, qu'il n'y a rien de contraire à la quantité.
nombre, sans compter quelque chose de corporel,
nous ne voyons ni sa droite, ni sa gauche
comme cela ne consiste que dans un mot, dans un
: car
En effet, il n'y a rien de contraire ni à la surface,
ni à la ligne, ni à deux ou à trois coudées, à moins
que par erreur, nous ne pensions que grand et
son et non dans un corps quelconque, il ne peut petit soient contraires, sans remarquer que ces deux
indiquer la position des parties, à moins que quantités doivent être mises au nombre des choses
nous ne parlions d'ordre, parce que de deux suit qu'on appelle relatives. Rien, en effet, ne peut être
un : mais dans ces quantités prises isolément, on ne
peut trouver la position. Il en est de même pour le :
appelé grand ou petit, s'il n'est cemparé à autre
chose ainsi, quand nous disons qu'une montagne
temps et pour la parole, surtout quand ces quanti-
tés paraissent passer à l'instant, puisque pendant
que jeparle, le temps s'écoule. Quant à la parole,
:
est peu élevée; nous indiquons qu'il y en a une
plus haute à laquelle nous la comparons Ou bien,
quand nous appelons gros un grain de millet, nous
si elle n'est pas prononcée, elle n'existe pas si :
elle l'est, elle n'existe plus. Il est donc évident que
montrons qu'il est plus gros que ne le sont d'ordi-
naire les grains de son espèee. C'est pourquoi, il
ces trois quantités n'ont pas de position dans leurs est évident que les mots grand et court, gros et pe-
différentes parties. Donc, à proprement parler, cela tit ont tiré leur appellation d'une comparaison avec
seul que nous avons dit peut s'appeler quantités, autre chose. Et non-seulement, c'est se tromper que
necesse est cohaerentem ut ceteranominari. Separata oratio. Unum enim cum dicimus, ipsum numerum
vero sunt, numerus et oratio. Quis enim non advertat solum dicentes, non aliquid corporaliter numerantes,
propriis terffitnis unum separatum esse a duobus, non videmus vel ejus dextram vel sinistram : quippe
duos a tribus ? Et in oratione singulae syllabse sepa-
ratæ sunt : natura enim et numero segreganlur, cum cum in verbo sit tantum in sono, et in nullo sit cor-
pore, positionem suarjm partium non potest demon-
alteram brevem, alteram longam et unam vel duas
dìcimus, Nimirum apparet haec, quae diximus, et ad :
strare, nisi forte ordinem dixerimns, quod unum
sequuntur duo positio autem in his dumtaxat non
:
quantum pertinere, et separata oportere nominari.
Horum quanioium est et alia differentia nam ex his
alia sunt, quorum partes positionem habent, ex qua
potest inveniri. Similiter et in tempore atque sermone
maxime cum hæc mox videantur labi, cum dixeris, et
tempus currit; et sermo cum nondum dictus fuerit,
possit agnosci quae pars cuique jungatur alia vero
:
sunt quorum partes pos tionem habere non possunt. non est; et cum dictus fuerit, nonapparet. Manifestum
est igitur hæc tria positionem diversarum partium
Positionem autem dico, cum videmus cujusque rei
dexteram, lævam, superiora, inferiora, ante, post, non habere. Proprie igitur haec sola, quae dicta sunt
quanta nominantur : siqua vero praeter haec inveniri
longe, juxta. Sunt ergo quorum partes sibi manifesta potuerint, debent pro accidentibus poni. Sunt enim
positione jungunturhaec, gramme, epiphania, corpus
locus. Siveenim in gramme, sive in epiphania, sive
in quolibet horum positis terminis partes feceris
quamquam sibi cohaerentes videantur atque conjun-
:
quaedam. quae accidentibus ipsis accidunt, ut si dica-
mus, multum album propterea multum album dici-
tur, non quod ipsum album sit immensum, sed quod
epipbania in qua album est, multa cernatur. Manife-
ctae, tamen adverti corporaliter licet, quæ
sit, cui vic-ina sit, cuique jungatur. Sunt pars ubi stum est igitur cum multum album dicimus, ex epi-
vero quorum phaniae quantitate album, quod illi accidit, æstimari.
partes positionem non habent, haec, tempus, numerus Similiter cum longos actus dicimus, non quod actus
de penser que gros et petit doivent être joints à la et la terre étaient contraires,
parce qu'une nécessité
:
quantité, mais c'est se tromper encore que de juger
quecesdeux choses sont contraires ce qui ne
peut absolument avoir lieu. Car si, trompés par
naturelle a placé la seconde en bas et le premier
haut. C'est donc ainsi que s'établit la définition en
:
tous les contraires on appelle contraires les choses
de
quelque erreur, nous disons que ces choses sont qui, dans un seul et même genre, sont les plus
contraires, il arrivera que dans un seul objet et éloignées les unes des autres. Mais
ceux qui tien-
dans un seul et même temps, ces choses paraîtront nent ces opinions doivent remarquer que l'on doit
se contredire. Un seul objet pourra être nommé plutôt rapporter cette question à la catégorie de la
dans un seul et même temps plus grand par rapport relation. En effet, on ne peut pas dire le dessus
vers, la terre que nous voyons au milieu est partout naturel ne peut être changé :
dessus. Quand, en effet, nous contemplons l'uni- autres ceux qui dépendent de nous. Celui qui est
quant à celui qui
dessous; car nos antipodes qui, dit-on, marchent dépend de nous, il change par le déplacement des
les pieds opposés aux nôtres, ont le ciel au-dessus hommes, de sorte que si quelqu'un, étant en bas,
d'eux. Il est donc évident que la terre est toujours monte, ou si étant en haut, il descend, toutes les
placée en bas. Les physiciens y ajoutent encore cette choses ne sont plus pour lui ce qu'elles étaient au-
raison; la terre, disent-ils, est opposée au ciel dans paravant, puisque quand il est descendu, il voit en
ses différentes parties, c'est-à-dire que celui-ci est haut ce qui était en bas.
toujours en haut et celle-là toujours en bas, parce Il y a aussi cela de particulier dans la quantité,
que toutes les choses qui sont plus lourdes sont na- prise en général il est vrai et non en particulier,
turellement portées vers la terre, tandis que celles qu'elle n'admet pas le plus et le moins. Quand nous
qui paraissent plus légères s'élèvent nécessairement disons une mesure de deux coudées, nous ne pou-
vers le ciel. En conséquence, ils ont dit que le ciel vons pas dire une mesure de deux coudées plus
immensi sint, longi dicuntur, sed ex temporis men- tur, nec ratio ipsa permittit. Ac propterea eorum
sura, quo continentur actus, actuum quantitas æsti- repellenda sententia est, qui hæe credunt esse con-
matur. Illud tamen speciale debemus agnoscere, traria. Nec magis in quanto contrarietas, quam in
quanto contrarium nihil esse. Epiphaniæ enim, sive circulo convideri potest. Veteres enim supra et infra
grammæ, sive duobus cubitis, sive tribus contrarium propter cæli terræque distantiam contraria sibi esse
est nihil. Nisi forte errore quodam multum et exi- dixerunt, undiquaque versum afferentes terram subter
guum putemusesse contraria, non advertentes hæc in esse, cælum super. Contemplantibus enim nobis natu-
eorum numerum quæ ad aliquid dicuntur debere ram rerum, terra, quæ videtur in medio, ubique sub-
transferri.Nihil enim multum vel exiguum dicitur,
nisi alteri fuerit comparatum. Cum enim dicimus
:
tus est nam et antipodes nostri, qui nobis dicuntur
figere adversa vestigia, cælum super se habent. Claret
montem brevem, grandiorem esse alterum, cui com- igitur semper terram in inferioribus constitutam.
paratus est, indicamus. Vel cum dicimus grande milii Deinde ilia quoque a physicis jungitur ratio, quod
granum, comparatione sui generis, in quo brevius propterea ex diversitate locorum terra cælo contraria
,
aliquid invenitur, illud esse grandius monstramus. Ac
propterea manifestum est multum et exiguum,
grande et breve, cum aliquo comparata sui vocabulum
est, id est illud semper sursum, hæc deorsum, quod
omnia, quæ pondere gravia sunt, naturaliter feruntur
ad terram, ad cælum vero levari necesse est, quæ
reperire. Nec in hoc solo errat, qui putat multum et videntur esse leviora. Hic igitur cælum terramque
exiguum quanto debere conjungi, verum etiam si contraria sibi esse dixerunt, quod hanc deorsum,
existimet esse contraria: quod fieri penitus non potest. illud vero superius naturalis necessitas collocavit. Ex
Nam si hæc quodam errore decepti contraria dici- hac igitur ratione videtur contrariorum omnium
mus, fiet ut in una re uno atque eodem tempore con- definitio constituta. Dicuntur enim ilia esse contraria,
traria videantur incidere. Una enim res, et major a quæ cum sint ex uno eodemque genere, multo tamen
minore, et brevis a majore, uno atque eodem tempore a se spatio separantur. Sed hæc qui asserunt, habent
poterit nominari : quod fieri nec rerum natura pati- advertere ad aliquid dictis potius debere conjungi.
:
grande ou plus petite car la seconde mesure est
égale à la première. Et s'il y en avait une plus
CHAPITRE XI
Delarelation.
grande que l'autre, ce ne serait plus une mesure
de deux coudées, mais elle prendrait le nom d'une La troisième catégorie est celle qui s'appelle en
:
autre mesure. Le nombre n'admet pas non plus le
plus ni le moins car s'il y a un trois plus grand
et un trois plus petit, c'est une absurdité de dire
latin ad aliquid, en grec Tcp6ç n, et en français
relation. Ce n'est pas le rang qui nous la fait placer
la troisième, mais la necessité de l'exposition car ;
trois. Le même temps ne peut pas non plus être après la quantité venait la qualité. Mais comme à la
plus grand ou plus petit. Il est donc évident par ce fin du chapitre de la quantité, il y avait certaines
que nous venons d'exposer que le plus et le moins parties de cette catégorie qui paraissaient pouvoir
ne peuvent se trouver dans la quantité.
Mainte- être attribuées à la relation, Aristote a voulu néces-
nant, la propriété la plus spéciale de la quantité, et sairement mettre en troisième lieu cette catégorie
elle se trouve dans la quantité prise en général et qui était la quatrième, afin de pouvoir, après avoir
:
égal en quantité, on ne dit pas qu'il est égal en
hauteur ou s'il est inégal en quantité, on ne dit
pas qu'il est inégal en hauteur. De même, les nom-
tions, mais par les termes de ceux qui, avant lui,
ont voulu définir faussement la relation. Nous
devons cependant examiner ces erreurs, comme
bres pris en général, ne sont pas dits égaux ou iné- étant nécessaires à l'exposition de notre sujet.Car
gaux en hauteur,mais égaux ou inégaux en quantité. le philosophe lui vient en aide adroitement, et il
Quant aux autres choses qui n'appartiennent pas à la cherche un remède, une position meilleure aux
quantité,on les appelle plutôt semblablesqu'égales : bornes mal placées, afin de pouvoir ensuite, en don-
de sorte qu'une espèce de blanc est dite semblable nant la sienne propre, écarter toutes les définitions
ou non semblable à une autre. En effet, ce mot égal inexactes de la relation. Nous appelons donc rela-
paraît avoir été assigné spécialement aux quantités. tions ou relatifs les choses dont l'existence se con-
Siquidem supra dici non potest, nisi et infra tuerit similia sibi potiusquam æqualia nominamus: ut album
designatum. Quod si calumniari quibusdam libet, albo simile, aut non simile dicatur. Hoc enim verbum
:
supra et infra in categoria magis, quæ ubi dicitur,
videri potest cum enim supra et infra dicimus, ubi
aliquid geratur, agnoscimus. Sed hæc, ut diximus,
specialiter iis, quæ in quanto sunt, videtur infixum.
CAPUT XI
Ad aliquid.
garrientium sunt : nos vero in quanto admitti contra- Categoriarum tertia est quæ latine ad aliquid,
rium credere non debemus. Advertere interea licet
hujus occasione tractatus, aliud esse super et subter
naturale; aliud vero quod circa nos. Naturale enim
non potest immutari, nostrum autem migratione ho-
;
græce 7tp6 TI censetur. Et quidem hanc tertiam non
ordo, sed tractatus necessitas fecit nam post quan-
tum quale sequebatur.Verumquoniam in fine quanti,
minum commutatur : ut si quis cum in inferioribus quædam ejusdem generis ad aliquid videbantur posse
fuerit, ad superiora conscendat, aut e superioribus transferri, hanc categoriam, quæ quarta fuerat, ne-
velit ad inferiora descendere, omnia illi, quæ ante cessario tertiam voluit ordinare, ut discussis atque
fuerant, commutantur, cum descendenti, inferiora monstratis omnibus, quæ cuique convenirent,frequens
quæfuerant, superiora cernantur. Illud quoque quanto orta confusio solveretur. Incipit autem non a defi-
inest, in omni quidem, non tamen in solo, ut non nitionibus suis Aristoteles, sed ab eorum terminis,
recipiat magis et minus, quod Græce dictum est qui ante se ad aliquid perperam definire voluerunt.
p.cXÀÀO\lxai Bipedale enim cum dicimus, non
7]fcov. Ita tamen hæc debemus audire, quasi tractatui neces-
possumus aliud bipedale magis vel minus dicere,
Simili enim modo bipedale secundum est, quemadmo-
dnm et primum. Quod si aliud alioamplius fuerit,
:
saria. Astute enim et dat illis auxilium philosophus,
et medelam malepositis terminis quærit postea suæ
prolatione sententiæ omnia quæ improprie definita
jam non bipedalis, sed alterius mensuræ suscipit sunt repulsurus, 7tÉpl TOU 7TP6$TI. Ad aliquid ergo cate-
nomen. Necnumerus magis aut minus sustinet, siqui- goriam vocamus eam, qua id quod est dicitur ex
dum tres magis aut minus tres nominare dementia altero, sine cujus societate esse non possit, et cujus
est. Et tempus non potest esse tempore magis aut vis omnis ex alterius conjunctione descendit : ut
minus. Claret igitur his expositis magis et minus in duplum simpli dicitur duplum, majus minoris dicitur
quanto inveniri non posse. Proprium vero quanti, et majus, simile simili dicitur simile. Claret igitur ad
quod in omni et in solo invenitur, illud est, ut omnia aliquid non sua vi, sed alterius conjunctione consi-
ejus paria aut imparia dicantur. Ut numerus par et stere. Eodem modo accipienda sunt cetera quæ ejus-
impar; non æqualis numerus, si par est; aut si impar, dem categoriæ esse noscuntur, ut est habitus, affectio,
non inæqualis dicatur. Similiterque ejus omnia non disciplina, positio, sensus. Hæc Aristoteles, tV,
æqualia, aut inæqualia, sed paria aut imparia nuncu- StxOeatv,£7cLTCxijjj.jj.7)v, 6É(HV, oc't<j07]aiv, nominavit. Et hæc
patur. Cetera vero quæ ad quantum non pertinent, namque pendent ex altero. Siquidem habitus alicujus
fond avec leur rapport quelconque à une autre ne se dit pas d'une chose, mais d'un homme, nous
chose (1) ; ou bien : celles quelconques qui son
dites, d'autres choses, ou qui se rapportent à d'au-
devons y reconnaître la qualité. Si nous voulons
;
les autres choses que l'on sait appartenir à cette
catégorie telles sont, possession, disposition,
joint;
on trouve ce qui est joint et ce à quoi il est
comme, par exemple, esclave et maître
tous deux sont ou ne sont pas en même temps. En
:
mées :
science, position, sensation. Aristote les a nom-
~let;, S~Osot;,~tTT~p.ï], ôiatç, a?<j6r(7tî. Toutes ;
effet, lorsque vous dites maître, l'esclave existe né-
cessairement enlfvez-vous le maître, on ne voit
ces choses dépendent en effet d'autre chose.
La possession, par exemple, c'est la possession de
quelque chose. La disposition se dit de la disposition
simple;
plus d'esclave. Il en est de même du double et du
l'un ou l'autre s'excluent ou s'appellent
car lorsque le double apparaît, le simple naît le ; ;
morale ou physique de quelqu'un pour quelque double est-il détruit, le simple ne pourra demeurer.
chose : la science, la position et la sensation sont De même, si le simple n'existe pas, le double
connues de la même manière. Il ne faut pas trou-
ver étrange que l'on dise, qu'il y a certaines choses
;
n'existe pas non plus mais si le simple existe, le
double apparaîtra nécessairement. Toutefois, pour
de cette catégorie qui paraissent s'unir à la qua-
lité. En effet, la possession, la disposition,la science
et autres que nous avons nommées, paraissent très-
une régle spéciale qui devra nous guider :
que cette catégorie soit encore mieux connue. Voici
on ne
peut dire exactement qu'il y a relation, que quand
bien convenir à la qualité. Mais nous devons avoir le singulier se rapporte au singulier. En effet,
égard à la différence qui sépare l'une de l'autre ces quand nous disons double, nous n'entendons certai-
deux catégories de la qualité et de la relation. En nement pas le double en général, mais le double en
effet, toutes les fois que la science d'une certaine particulier, et nous disons le double d'un simple pris
chose qui peut être sue, est dite science, et que la a
en particulier. C'est pourquoi, il y vraiment caté-
sensation d'une chose qui tombe sous les sens est gorie de relation, toutes les fois que, par exemple,
;
dite sensation, nous devons regarder cela comme
appartenant à la relation mais lorsque la science
nous disons que le visage de Socrate était semblable
à celui de Chrysippe. D'ailleurs, comment démon-
rei habitus dicitur, etaffectio alicujus adaliquid affe- que vel simul est, vel simul non est. Etenim cum
ctio, et scientia et positio et sensus simili ratione Dominum dixeris, necessario existet et servus : cum
noscuntur. Non nos autem perturbet, quod quædam
hujus categoriæ essenarrantur, quæ et qualitatividen-
turesseconjuncta. Habitus enimetaffectio et scientia
vero Dominum tuleris, nec servus apparet. Similiter
duplum et simplum, alterutrum se vel ostendunt
apparente enim duplo, nascitur simplum, duplo per-
:
et cetera quæ cum his dicta sunt, qualitati videntur
,
maxime convenire. Sed difTerentiamdebemusadvertere,
qua hæc duæ categoriæ, id est qualitas et ad
:
eunte, nec simplum poterit permanere. Similiterque si
simplum non sit, nec duplum est at si simplum fue-
rit, et duplum necessario apparebit. Specialiter tamen
aliquid, sive~rp6?TI xa\ roi6-rr)?, a se invicem ac regulariter, ut hæc categoria manifestius dignosca-
separantur. Quoties enim scientia cujuslibet rei quæ tur, hæc via est, qua debenius advertere, non recte
sit scibilis, scientia dicitur, et sensus rei ejus, quæ sit dici ad aliquid, nisi cum ~xaOlxaaOov 1tp6 xa0£xa<r0ov
sensibilis, sensus dicitur, tunc ad aliquid debemus hoc est singulare ad singulare refertur, si
&V<xcpÉpEt'<Xl,
,
accipere : at cum scientia aut disciplina non rei cujus-
libet sed hominis dicitur, qualitatem debemus
agnoscere. Hæc est interim differentia, licet si pro-
quidem cum dicimus duplum, sine dubio non genera-
liter, sed specialiter hoc duplum dicimus, et hujus
simpli duplum dicimus. Ac propterea tunc vere ad
prie hanc categoriam, quæ ad aliquid dicitur, volu- aliquid categoria est, quoties, verbi gratia, Socratem
mus definire, ut a ceteris separetur, (in omnes enim Chrysippo dicimus esse vultu consimilem. Ceterum
videtur incurrere) alio modo eam definire debemus, quo pacto vel quis, vel cui sit similis, demonstrabimus,
ne semper parum considerantibus error oriatur.Tunc nisi et quis similis sit, et cui sit similis personaliter
ergo et vere et proprie ad aliquid dicitur, cum sub indicemus? Sed sunt quidam qui huic definitioni velint
:
uno ortu atque occasu, et id quod jungitur, et id cui
jugitur, invenitur ut puta servus et Dominus, utrum-
movere superfluam quæstionem asserentes inveniri
posse ad aliquid dictum quoJ ante sit, et postea nas-
(1)catégoriesd'Aristote,ch.VII,24, — (2)Id., VII, 1.
trerons-nous quel est celui qui est semblable, ou à puissance et efficacité. Qu'on veuille les séparer et
qui il est semblable, si nous n'indiquons personnel- ne pas les confondre par aucune association, on
lement quel est celui qui est semblable et à qui il comprendra que ce qui est dit relation ne peut
?
est semblable Mais il en est qui voulant soulever exister sans l'objet avec lequel il est dit être en
une question inutile à propos de cette définition, relation. Car la science a été associée à son objet, la
avancent qu'on peut trouver une relation qui existe ligne ou le cercle, dès la création du monde. Aus-
déjà auparavant, et qu'ensuite il naît ce qui doit
tirer son nom de cette relation, de manière que ces
deux choses ne paraissent plus être jointes ensem-
;
sitôt qu'un objet de scienceeut commencé à exister,
il a eu sa science mais cette science n'a pas encore
été montrée par l'action.Donc, la science de ce qui
ble ni par l'origine ni par la fin. Ils donnent l'exem- peut-être su, n'a pas encore commencé à exister
ple d'une chose qui peut être sue et de la science de quand l'effet de l'action a commence d'être, mais
cette chose, et ils affirment que la chose pouvant elle est née axec ce qui peut être su, et l'opération,
être sue a existé d'abord, et que la science de cette
;
chose est arrivée ensuite. Ainsi, en géométrie, la
ligne ou le cercle existaient auparavant mais
;
l'effet n'est venu qu'après. Il nous faut considérer
le commencement de l'opération car c'est alorsque
nous pouvons remarquer que la science a été créée
ensuite leur science a été connue par les savants
et c'est pourquoi la chose pouvant être sue a existé
; en même temps que son objet, et que son effet ou
opération n'a apparu qu'après, par suite des recher-
auparavant, afin qu'on pût y trouver la science. Ils ches des sages. Ce point étant éclairci, c'est une
montrent par cet argument qu'il y a beaucoup de excellente définition des relatifs, de dire, qu'ils se
choses de cette catégorie dont la naissance et la détruisent ou naissent en même temps. Nous devons
destruction ne paraissent pas être communes. Selon nous rappeler aussi que les relatifs n'ont pas tou-
eux, il en est de même du sensible et de la sensa- jours leur rapport avec l'objet de leur relation
;
tion puisque ce qui est sensible existait auparavant.
Car les éléments dont chaque corps est formé, ont
:
exprimé par le même cas mais que les uns sont
catur quod de ipso debeat nuncupari, ut jam videan- naturæ, scientia sociata est. Simul namque ut scibile
tur hæc duo nec ortu nec occasu sibi esse conjuncta
ac dant exempla scibilis et scientiæ, afferentes. ante sci- esse cœpit, habuit scientiam sui, sed necdnm Ivepyefa,
bile fuisse, et post ejusscientiam consecutam. Verbi id est operatione monstrata est. Non ergo tunc cœpit
gratia apud geometricos ante YPOtp.p., vel circulus fuit,
sed eorum scientia postea a sapientibus comprehensa
est proptereaque ante fuisse scibile, in quo possit
solatia reperiri. Hoc argumento igitur monstrant
nere enim nos oportet operationis exordium tunc :
esse scientia ejus, quando cœpit operari, sed cum ipso
scibili orta est, operatio postea est consecuta. Discer-
; :
sance et sagesse. Car si l'on retourne ces mots sans
art, il en résulte une grande confusion comme si
par l'aile. De même pour l'autre exemple. Mais ce
:
qui, réellement est une relation,peut avoir une réci-
:
un ignorant disait l'aile de l'oiseau, ce serait ab-
surde car toutes les ailes n'appartiennent pas
qu'aux oiseaux, puisqu'il y a des ailes qui ne sont
procité, comme nous l'avons dit plus haut
maître de l'esclave, et l'esclave du maître. De plus,
;
ôtez l'esclave, le maître n'existe plus ôtez lemaître,
le
pas d'oiseaux. Telles sont celles des cigales, des il n'y a plus d'esclave. Or l'ailé pourra exister,
mouches, et autres animaux que la nature a formés même quand l'aile aura disparu ; et en outre, l'aile
pareillement. Si l'on dit d'une aile : l'aile d'un
ailé, ce sera juste. Ici il nous est permis d'é-
pourra exister, après la disparition de l'ailé. Ces
détails sur la définition de cette catégorie, aideront
claircir quelques obscurités, qui d'ordinaire pro- à dissiper la confusion qui naît de la ressemblance.
viennent de la ressemblance des catégories. Quand Nous pouvons aussi de la même manière, éclaircir
nous disons l'aile de l'ailé, la tête d'un être doué de pour cette catégorie, la confusion qui naît de la
parties de la substance :
tête, nous paraissons placer dans les accidents les
En effet, l'aile est sans
ressemblance des opposés. Aristote nomme les
opposés àvTixefjjLEva et ils ont une certaine res-
:
aucun doute une partie de la substance, comme la
tête ou la main si l'on rapporte ces choses à la re-
lation, on ne verra plus aucune différence entre la
semblance avec cette catégorie. En effet, le chaud et
;
le froid paraissent unis entre eux par une associa-
tion d'opposition mais nous ne disons pas le :
substance et la relation. Afin donc d'éviter toute chaud est le chaud du froid, mais, le chaud est
•
tion de la relation. Or, voici cette définition on
appelle relation, une chose dont l'existence dépend
;
confusion, il nous faut la véritable et propre défini- opposé au froid, Nous ne disons pas le bien est le
bien du mal, mais le bien est opposé au mal. Si
Aristote, comme nous l'avons dit au commencement
d'une autre, et qui, nécessairement et particulière- de cette catégorie, cite beaucoup d'exemples qui ne
ment,doit pouvoir se retourner de manière à ce qu'un paraissent pas s'y rapporter d'une manière certaine,
terme prenne la place d'un autre. Ceci considéré, c'est qu'il veut blâmer par les circonstances qu'il
tione converti, si tamen scienter et prudenter ista fiat tis capitatum: id namque qui dixerit, irridebitur.
De la
disposition.
:
qualité. Deux espèces de qualités possession,
;:
le premier genre est l'habitude et la disposition
second, la puissance naturelle le troisième, les
:
ternes, ce que les Grecs désignentpar ùjtt£XXr)Xa. Or,
le
Venons-en maintenant à la qualité, qui fait que qualités passives ou les passions le quatrième,
;
disposition, au contraire, ne peut se confondre avec
l'habitude car arrivée à cet état, elle perd son nom.
Il est convenable ici, d'analyser et de faire connaître
Le troisième genre ou la troisième espèce de
;
qualité, sont les qualités passives et les passions,
comme par exemple l'amertume, la chaleur, le
en peu de mots, une chose dont on s'informe sou- froid, la blancheur, le noir. On ne les appelle pas
vent, savoir ce qui distingue la vertu et la science. qualités passives parce qu'elles souffrent quelque
C'est sans doute que la science réside seulement chose, mais parce qu'elles produisent une sensation.
dans cette partie de l'âme, que l'on appelle raison- il
Car de ce que le miel est doux, n'a rien ressenti de
nable, tandis que la vertu embrasse toutes les par- la douceur, mais il produit un sensation douce chez
ties de l'âme, gouverne et tient sous son empire ceux qui le goûtent. On appelle avec plus de raison,
l'âme tout entière, de sorte qu'elle domptela colère, qualités passives, la blancheur et le noir, et celles
et éloigne les passïons,chose que la science ne peut
faire.
Il y a puissance naturelle toutes les fois qu'on
:
qui tiennent le milieu entre les deux, c'est-à-dire la
rougeur et la pâleur en effet, celles-ci ne naissent
pas sans quelque affection de l'âme ou du corps.
:
paraît naturellement pouvoir ou ne pas pouvoir faire
quelque chose ainsi, la plupart du temps, après
Que quelqu'un devienne noir, c'est une affection du
;
corps qu'il pâlisse ou qu'il rougisse,c'est une affec-
avoir examiné le corps et les membres des enfants,
nous prédisons quelque chose pour l'avenir, et ,
tion de l'âme qui, ne pouvant supporter la honte et
l'opprobre, répand comme pour se cacher, une
:
nous disons qu'ils seront propres au pugilat ou à la
course non qu'ils possèdent déjà cet art ou cette
aptitude, mais parce que, par la disposition de
quantité de sang dans les parties extérieures du
corps, ce qui fait que nous rougissons par suite
d'une trop grande honte. La pâleur consiste aussi
leur corps, ils paraissent devoir y arriver. De même, dans une semblaqle affection de l'âme, quand,
habere, decenter armatus. Erit igitur non parvæ pru- virtutem disciplinamquediscernat. Hoc profecto quod
dentiæ, qualitatem cumceterispene confusam, mentis
vivacitate secernere. Hujus sunt species numero qua-
tuor, quas Aristoteles pro generibus posuit scilicet
:
disciplina in ea parte animæ, quæ rationalis dicitur,
tantummodo diversatur virtus vero omnes animæ
partes amplectitur, omnemque animam suo imperio
propterea quia et ipsæ singulæ habent species suas. gubernat ac regit : ut et iracundiam domet, et cupidi-
Id vero cum acciderit, subalterna nominantur, quæ tates animo amoveat quod disciplina facere haudqua-
Græci un<£XX7)Xa, vocaverunt. Ergo primum genus est quam valet. Potentia naturalis est, quoties quis vide-
habitus, et affectio : secundum, potentia naturalis
tertium, passivæ qualitates sive passiones quartum : : tur vel posse, vel non posse aliquid per naturam
facere : ut verbi gratia, plerumque visis corporibus
formæ ac figuræ. Hæc Aristoteles LV xaì SicSOeaiv puerorum, et contemplatis artubus proDuntiamus ali-
<puatX7]V8uvajj.iv, 7ta0rjxixa?7toi6T7)Tas XCXl «(£0r),
quid de futuro, eosque dicimus vel pugillatores fore,
dixit, vel cursores; non quod jam hac arte vel studio tenean-
axp.a't'XCXlp.oPfflà. Habitus,affectio est animal longo tur, sed quod videantur positione corporis hæc faci-
tempore perseverans : ut est virtus et disciplina, quæ lius impleturi. Similiter salubres vel imbecilles
perseveraticne sui et perpetuitate temporis æstimantur dicimus, qui aut facile aut non facile recipiunt ægri-
nisi forte eas languor corporis aliquis, et casu injecta tudinem. Eodem modo namqne et in his potentia
debilitas amputaverit. Affectio vero est mutabilis naturalis advertitur, quæ eos facit vel languori cre-
mentis impulsio,velcupiditaslevis, quæbrevi tempore brius subjacere, vel retinere perpetuam sospitatem.
delealur. Habitus ergo et affectio videri potest : ab Durum quoque molle cum dicitur. ostendit potentiam
hac namque incipit, et si ipsa permanserit, habitus naturaJem. Durum siquidem est, quod firmitate natu-
nascitur. Affectio autem habitus videri non potest
si enim ad habitum pervenerit, vocabulum proprium
: re corruptionem sui nOal facile admittat. Molle vero,
in quo est natura laxior, nec ad contraria repellenda
non tenebit. Hoc loco non est incongruum, quod sæpe sufficiens. Tertium genus qualitatis sive species, pas-
quassitum est, brovi tractatu dissolvore ac docere, quid sivæ qualitates et passiones, quæ sunt hujusmod
frappée d'une trop grande crainte, elle se réfugie au cu§jT7]Taet xa;j.7tiX6-n)Ta,au moyen desquels on
fond du cœur, le sang la suit, de sorte que le corps nomme quelque chose de courbe ou de droit. La
étant abandonné par le sang dans ces parties visi- douceur et l'aspérité, la rareté et la densité, mots
bles, devient blanc. Les philosophes disent que cette par lesquels on désigne ce qui est rare, dense, doux
affection est si vraie, que si la pâleur ou la rougeur et rude, sont mises aussi au nombre des qualités
persistaient continuellementdans le corps, l'affection mais ces mots s'interprètentdifféremment. En effet,
subsisterait également. Si donc ces qualités persé- le mot dense, parait montrer une plus grande cohé-
véraient dans le corps,commec'est d'après ces affec-
tions que nous sommes dits quales, ces qualités
:
sion des parties jointes entre elles le mot rare, au
contraire, semble indiquer que l'union des parties
seraient regardées aussi comme des qualités pas- est moins étroite, et qu'il ya de fréquents intervalles
sives : mais si elles ne durent que peu de temps et entre elles. Le mot doux semble indiquer propre-
cessent promptement, nous les appelons plutôt ment, que dans le corps les parties sont placées d'une
affections. Quelqu'un s'est mis en colère pendant manière si convenable et si égale, que la mesure de
calmé ;
quelque temps, il a rougi, il s'est échauffé, il s'est
or, s'il doit bientôt revenir à son état na-
turel, on ne pourra pas l'appeler rouge ou colère,
l'une ne dépasse réellement pas celle de l'autre.
;
L'aspérité provient au contraire de la différence des
parties jointes ensemble car il n'y a que l'inégalité
ou chaud ou froid bien qu'il ait souffert quelque des parties qui engendre l'aspérité, de telle sorte
chose pendant un certain temps. Il y aura donc que l'une est longue et l'autre courte. C'est pour-
entre les qualités passives et les affections, cette dif- quoi quelques-uns veulent rattacher la douceur et
férence, que les affections temporaires changent l'aspérité à une autre catégorie que les Grecs appel-
facilement, tandis que les qualités passives d'après lent xElcrôat, les Latins jacere, ce qui peut peut in-
lesquelles nous sommes appelés quales durent con- diquer la situation, comme le veut Angorius, que je
tinuellement. tiens pour un des hommes les plus instruits. En
Parlons maintenant de la quatrième espèce de
qualité, où se trouvent les formes et les figures. Les
figures s'attribuent aux choses inanimées et les
composent un corps, ont une position :
effet, il est évident que chacune des parties qui
cependant,
quand nous disons doux ou rude, dense ou rare,
formes aux êtres animés.Nous désignons des figures, nous montrons une qualité,et tout ce'que nous avons
sphère :
quand nous disons triangle, carré, cône, cylindre,
nous nommons des formes, quand nous
affirmons de quelqu'un qu'il est beau ou laid. La
dit plus haut des qualités, parait appartenir à 1 in-
:
terprétation de la nature de l'objet, plutôt qu'à celle
du nom c'est pour cela que la raison nous force à
rectitude ou la courbure, sont dans le même genre compter aussi ces choses parmi les qualités. Les
de qualité. Car nous traduisons ainsi les mots qualificatifs, qualia, sont donc nommés par dériva-
austeritas, calidatio et frigidatio : sic enim OspjjiTrj-ta extiterint, ita ut cito discedant, passiones eas potius
et ^uxp6-rV]Ta placet dicere, et albedo et nigredo quæ nominamus. Non enim quis si ad tempus iratus est,
non idcrco passivæ qualitates dicuntur, quod patian- aut erubuit, aut incaluit, aut refrixit, mox ad statum
tur aliquid, sed quod faciunt passionem. Mel namque naturæ iterum rediturus, rubicundus vel iracundus
ut dulce sit, non a dulcedinealiquid passum est, sed vel calidus vel frigidus appellari potest, si ad tempus
dulcem gustantibus efficit passionem. Passivæ autem aliquid passus est. Erit ergo inter passivas qualitates
:
qualitates rectius dicuntur, albedo et nigredo, et horum
media, id est rubor et pallor hæc enim nonnisi ani-
mæ vel corporis passionenascuntur. Utenimnigrescat
et passiones ista discretio, quod passiones ad tempus
exortæ facile commutantur, passivæ vero qualitates
secundum quas quales dicimur, perpetuo perseverant.
aliquis, corporis passio est; ut pallescat vel rubescat, Quartam nunc qualitatis speciem retractemus, in qua
animae, quœ cum turpitudinis verecundiam ferre sunt formæ et figuræ inanimalibus, formæ anirnalibus
nequiverit, quasi ad obtentum sui, sanguinis copiam tribuuntur. Figuras enim tunc designamus, cum vel
in exteriores corporis partes fundit, eoque fit ut trigonum, vel tetragonum, vel conum, vel cylindrum,
pudore nimio rubescamus. Pallor quoque simili ani- vel sphæram dicimus. Formas autem cum formosos
mæ passione consistit, cum perculsa metu nimio ad asserimus aliquos vel deformes. In eodem qualitatis
cordis ulteriora confugit, eamque sanguis insequitur. genere sunt, curvitas et rectitudo. Audemus enim
adeo utdesertum sanguine, quod est in conspectu, suouTTjTx xaix«[j.7:iXdi:r]xa, hoc pacto convertere. Ab iis
corpus albescat. Hæc animæ passio ita a philosophis namque rectum vel curvum quippiam dicitur : lenitudo
vera esse firmatur, ut etiamsi pallor vel rubor in cor- quoque et asperitas et raritas ac densitas, e quibus
pore jugiterperseveret, simili passione afferanteve- nsum, lene etrarum, de asperum designamus, qualita-
• nisse. Hæc igitur qualitates si in corpore perseverent, tum quidem numero socianLur, sed habent alteram
quia secundum eas quales dicimur, ipsæ quoque qua-
litates passivæ censentur. Sin vero ad breve tempus
interpretationem sui. Siquidem densum coartationem
nimiam conjunctarum partium videtur ostendere :
tion des qualités que nous avons énumérées, comme tiennent le milieu des contraires n'ont point de
con-
doux de douceur, dense de densité, etc. Mais il traires. Bien plus, la qualité qui provient de la
arrive quelquefois, bien que rarement, que les forme ou de la figure n'admet pas de contraires.
:
qualificatifs ne descendent pas par dérivation de
leur qualité ainsi de virtus, vertu, on ne peut pas
dire virtuosus, mais moderatus et industrius. De
En effet, que donnera-t-on comme contraire
?
carré, au triangle ou au cercle ou au cône, ou au
cylindre? Nous tiendrons pour règle que la qualité
au
;
même en grec de apé-crj, vertu, on ne dis pas
!pE't6ç, mais ~anouBatoç, d'où l'on voit que les
qui admet le contraire ne peut pas former un tout,
ni être seule. Et il ne faut pas manquer de dire que
qualificatifs existent même indépendammentde la
dérivation des paronymes.
Mais c'est assez; voyons maintenant les consé-
:
les contraires sont de la même catégorie où l'on
trouve ce qui leur est opposé ainsi l'injustice est
contraire à la justice. La justice est une qualité;
quences et les propriétés de la qualité pour la- donc l'injustice est aussi une qualité. De même, la
quelle nous avons expliqué ces différentes espèces. blancheur est une qualité; par conséquent, il est
Et d'abord, nul doute que les qualités n'admettent nécessaire que le noir soit aussi une qualité. Il ar-
des contraires. Qui doute, en effet, que la maladie rive de là que, régulièrement, les contraires sont
soit le contraire de la santé, l'injustice de la jus- toujours unis par la catégorie. Etudiant ainsi les
tice, la chaleur du froid, le bien du mal, la science propriétés de la qualité, nous avons vu qu'il ne lui
?
:
de l'ignorance Mais on ne trouve pas cela dans
chaque qualité car rien ne peut être contraire au
pâle, au brun, au carré, au triangle. Il ne sera donc
appartient pas toujours et pas exclusivement d'ad-
:
mettre des contraires; passons à autre chose. Et
d'abord, la qualité admet le plus etle moins nous
pas mal à propos de donner une règle qui puisse pouvons dire plus blanc et plus noir, plus musicien
faire reconnaître les qualités qui n'admettent pas de ou moins musicien. Mais cela même ne pourra se
contraires. Les savants sauront donc que les qua- trouver dans toute la qualité ni dans elle seule. En
lités qui tiennent le milieu des contraires, et celles effet, qui pourrait dire une prudence plus prudente
qui naissent des formes et des figures, repoussent que la prudence, ou une blancheur plus blanche
::
entièrement les contraires, J'ai dit « les qualités
qui tenaient le milieu des contraires exemple, le
que la blancheur, ou une science plus savante que
la science, ou untriangle plus triangle qu'un trian-
brun et le pâle. En effet. ces deux qualités naissent ?
gle, ou un carré plus carré qu'un carré Si c'est un
de la blancheur et du noir, et tiennent le milieu triangle, il ne peut être plus que triangle; ou s'il
entre ces deux couleurs. Le blanc et le noir sont l'est plus ou moins, il ne le sera plus. Cependant il
contraires, mais il n'y a rien de contraire au brun convient de discerner les qualités qui admettent le
et au pâle. Il est donc évident que les qualités qui plus et le moins, de celles qui refusent ce degré de
rarum contra, in quo intervallis frequentibus laxior industrins. Nec in græco quidem &so tr]$ipeTT)?, ipe-ros
partium videtur esse conjunctio : quinetiam leneillud dicitur, sed anouSato?, Unde apparet qualia, etiam
proprie videtur ostendere, in quo positio partium ita neglectaplerumqueparonymorum derivatione constared
apte pariliterque digesta est, ut nulla earum mensuræ hæc hactenus. Nunc qualitatis hujus propter
alterius emineret. Contra, asperum discrepantia con- diversas species explanavimus, consequentias, etquam
junctarum partium facit : asperitatem namque non prium videamus. Et primum quidem contrarietatem pro-
gignit nisi inæqualitas partium, ut fit longior una, recipere qualitates, nulla dubitatio est. Quis enim
altera inferior. Ac propterea hæc quidam volunt cate- dubitat saluti contrarium
goriæ alteri sociare, quæ apud græcos xe«j0ai, apud esse languorem, justitiæ
nos
mos
jacere,
habeo,
sive ut
voluit,
Augorius,
situs
quemego
dicitur. Claret
inter
enim
doctissi- ?
injusLitiam, calorem frigori, malo bonum, non erudito
litteris eruditum Sed hoc non in omni qualitate
unum- reperies : nam pallido, vel fusco, vel quadrato, vel
quodque earum partium, quæ corpus efficiunt, posi- trigono, nihil potest esse contrarium. Non ergo erit
tione constare : verumtamen cum lene vel asperum incommodum regulam quamdam dare, qua quæ qua-
vel densum vel rarum dicimus, qualia demonstramus, litates contrarietatem non recipiant, possit adverti.
eaque omnia, quæ de his superius explicata sunt, ad Erit igitur notum doctis, eas qualitates, quæ contrariis
interpretationem non vocabuli, sed naturæ videntur mediæ sunt, et eas quæ ex formis figurisque nascun-
potius pertinere : qua de caussa cogit ratio, ut hæc tur, contrarietatem penitus excusare. Contrariisautem
quoque inter qualia numeremus. Ab his igitur quas medias dixi, ut est fuscum et pallidum : hæc enim
enumeravimus, qualitatibus 7capwvii{i5)s qualia nomi- duo de albedine mgredineque nascuntur, ac sunt his
nantur, ut lene a lenitate, a densitate densum, cetera- media; ipsa vero albedo et nigredo sibi sunt contra-
que his similia. Sed plerumque accidit, licet raro, ut ria; fusco autem pallidoque contrarium nihil est Cla-
qualia non napwvufxw; a sua qualitate descendant, ut ret ergo contrariorum media, contrarium non habere
a virtute non potest dici virtuosus, sed moderatus et quinetiam qualilas, quæ ex forma vel figura consistit,
:
comparaison. Posons donc cette règle que les qua- latifs,~ouOE7CPOÇxî, d'être avTtaipo'FA, c'est-à-direde
lités elles-mêmes ne peuvent admettre ni le plus ni pouvoir se changer l'un pour l'autre et d'être de
le moins, quant aux choses qui en sont formées : même nature, ainsi le propre de la qualité est que
toutes les qualités se disent semblables ou dissem-
elles peuvent recevoir plus ou moins les degrés de
comparaison, de sorte que si on ne peut dire une blables. En effet, une chose douce au goût peut se
éloquenceplus grandeou plus petiteque l'éloquence,
on peut dire cependant de celui qui passe pour élo-
quent, qu'il est plus ou moins éloquent que les au-
; :
dire semblable ou dissemblable à une autre chose
douce un objet blanc à un autre objet blanc un
fou à un fou un objet doux au toucher à un autre
:
tres. Il est donc évident que plus ou moins peuvent objet doux au toucher; un objet chaud à un autre
se trouver dans les qualificatifs, mais qu'ils ne peu-
objet chaud. Si on les appelle autrement, ces qua-
vent jamais tomber sur les qualités. Les figures lités n'auront pas une autre dénomination qui leur
:
également, comme nous l'avons dit plus haut, n'ad-
mettent pas le plus et le moins en effet, si vous
ajoutez quelque chose au cercle ou si vous en re-
soit propre. Mais, pour qu'on ne trouve pas étrange
que l'affection, la capacité et la science, placées
dans la relation, sv Tolgrpog-rt, sont aussi unies à la
tranchez quelque chose, il ne portera plus le nom qualité, nous donnons cette différence que les caté-
de cercle, mais il prendra le nom d'une autre fi- gories se rattachent à la relation, quand ce sont des
gure. genres, et à la qualité, quand ce sont des espèces.
Nous avons indiqué suffisamment les qualités qui Par exemple, si vous nommez la science qui est un
admettent ces degrés de comparaison et celles qui genre par rapport à d'autres, il faudra l'attribuer à
ne les admettent point. Il nous reste maintenant à la relation; car la science est la connaissance de ce
chercher quel est le propre, YÔLOV,de la qualité. La qui peut être su. Nommez-vous la musique La ?
une, elle admet les contraires :
substance a cela de propre qu'étant particulière et
je dis qu'elle les
admet et non pas qu'elle les a. Or, il faut nous rap-
musique est une espèce de la science et non un
genre. Il faut donc la :
rattacher à la qualité en ef-
fet, nous ne disons pas la musique du musicien,
peler que quand nous avons traité de la substance, mais la science du musicien. De même l'affection et
nous avons dit qu'il n'y avait rien de contraire à l'habitude, en tant que genres et espèces, se ratta-
elle. Donc, comme le propre de la substance est chent tantôt à la relation, tantôt à la qualité, puis-
;
c'est-à-dire celui de la
quantité, tou wtaou, d'être égale ou inégale des re-
que, si vous nommez l'affection ou l'habitude comme
genres, c'est-à-dire par rapport à la science, elles se
rapportent à la relation, tandis que si vous les
contrarietatis ignara est. Quid enim quadrato vel piunt, ab ils quæ hunc gradum comparationis excu-
trigono, quid circulo vel cono vel cylindro contrarium sent. Sit ergo hæc regula, qualitates ipsas magis et
quis opponat? Regulariter ergo teneamus contrarie-
tatis receptricem qualitatem, nec omnem posse esse,
nec solam. Nec illud est omittendum, ut sciamus in
comparata, vel magis recipere posse vel minus ut
eloquentiam magis eloquentiam, seu minus nullus
:
minus non posse suscipere. Ea vero, quæ ex his fiunt,
;
si grand par le génie, a presque consenti à ce mé-
lange et il a dit qu'il était possible que ce qui se
rapporte à la qualité se rapportât aussi à la rela-
voir la douceur. Il est donc nécessaire que ce qui
souffre l'action ne soit pas doux, afin de recevoir
une douceur venant d'ailleurs. C'est pourquoi, quand
;
tion et qu'il n'y avait rien d'absurde à ce qu'une le sujet de l'action est doux, celui de la passion ne
seule et même chose mt classée dans deux catégo-
ries.
:
l'est pas ils doivent donc nécessairement être re-
gardés comme contraires. D'autres, pensant autre-
CHAPITRE XIII ment, avancent qu'on ne peut trouver ces deux ca-
tègories que dans les semblables et qui sont du
Action. — Passion. même genre; et que quelque chose ne peut agir ou
souffrir sans faire un semblable ou sans souffrir d'un
Nous avons dit tout ce qui avait rapport aux
quatre plus grandes et plus difficiles catégories.
L'ordre veut maintenant qu'après la qualité, nous
,
semblable. En effet, le doux et l'amer, le chaud et le
froid bien que paraissant contraires, prouvent
qu'ils sont semblables, puisqu'ils tombent sous le
traitions de l'action et de la passion. Ces deux caté- même sens. Ils disent enfin que la définition de l'ac-
;
gories paraissent découler de la qualité comme de
source en effet, ce qui rend chaud est nécessaire-
ment chaud; or, nous savons que chaud est un
tion et de la passion ne peut se composer de choses
étrangères et tout à fait différentes. Ainsi, que fera
le nombre daus ce qui est amer ?ou bien, que
qualificatif. De même, ce qui devient chaud reçoit pourra souffrir la blancheur du nombre Mais lais- ?
une qualité par la passion qu'il éprouve. Celui qui sons ces débats à d'autres, pour nous cette règle
enseigne est maître lorsqu'il enseigne, et il fait un suffira : à savoir que l'action et la passion sont
élève, mais tous les deux, maître et élève, sont des unies par le genre, et séparées par l'espèce. En effet,
qualificatifs. En considérant le reste de la même le chaud, qui fournit au froid sa chaleur, est du
manière, on reconnaît parfaitement que ces deux même genre que le froid, mais il en diffère par la
catégories se traitent par celle de la qualité dont qualité, par ce qu'il échauffe. Quand un savant ins-
nous avons parlé. Beaucoup ont dit que ces deux truit un ignorant, tout deux sont du même genre,
catégories, l'action et la passion, ne pouvaient pro- mais ils diffèrent par la qualité. Il est donc évident
2vTot?np6s ti positae, eidem qualitati quoque maximas Quæduovidentur facere et pati tractatus
connexs monet ut post qualitatem de exqualitatisfonledes-
sunt, hanc discretionem damus, ut tunc categoriæ ad idnamquequod calídum tacit. calídum
:
aliquid socientur quando sunt genera, cum vero spe-
cies, qualitati utputa si disciplinam dixeris, quæ est
genus ceterarum, ad aliquid referenda est, disciplina
cendere
Similiter
:
:
calidumfit.,
quodcalidum
necesse est
quale esse
vero passione
sui accípít qua-
sít
cognoscimus.
dscí-
lítatem etest:
enim discibilis rei disciplina dicitur : quod si musi- est, et
qui docet, cum docet doctor sive
~qualis etcetera his similia discipu-
doctor, considerata
:
cam dixeris, musica disciplinae species est, non genus,
qualitati nectenda est neque enim musici musicam pulum facit : uterque
demonstrantrecte
autem sive
hasduas categoríaspræposita
possumus dicere, sed musici disciplinam. Similiter et
affectio et habitus secundum genera et species, nunc
ad aliquid, nunc qualitati nectuntur. Siquidem si
affectum vel habitum, hoc est 8tdt0eaiv, et letv, gene-
multi
traria,
facit, nisi
tractarí. IIæc nisi
dixerunt,
qualitate
noSid quod
ftierit
non posse
duIce :
duo autem facere et pati
nam siid
iis,quæfuerintcon-
id
non
quod
ris dixerit, id est disciplinae, ad aliquid refernntur
sin autem affectum sve habitum speciei esse dixeris,:
id est musicae vel grammaticae, qualitates debemus
agnoscere. Quamvis ipse quoque Aristoteles magnus dulce non esse id
: ttur
duIcesuerit
quorecípíat,pernon
non fuerit nam si dulce-
naturam
piatabeuam acproptereacudfacitdulce
patitur
dinem
sui, alterius
habebit, necesseest ergo
ut dulcedinem reci-
est,
ingenio huic pene permixtioni concesserit ac dixe-
idem referatur ad aliquid
si
num, una res
cludatur.
duarum
,
rit, posse contingere, ut quod qualitatis fuerit,
nec esse importu-
categoriarum vocabulo con-
genere
et qnod
videri constitutis;nec
patilur dulce posse
non est, necessarío dicuntur
aliquid
senserunt, asserentes
contraria, NonIlulli díversainveniri,
non posse hæc nisi in
similibus el sub eadem
pati vel facere,
que l'action et la passion sont semblables quant au
à
;:
bien qu'ils ne le soient pas mais ils sont dans le
lieu, dans le temps; comme à Rome, dans le Sé-
genre, mais contraires quant la qualité. Toutefois
ces deux catégories, nous l'avons
dit, semblent si nat, avant trois heures, après le mois de mars. Ceci,
bien liées à la qualité, non-seulement par le rang, nous l'avons dit, se trouve dans le lieu et dans le
mais encore par la définition, qu'elles admettent temps, mais n'est pas le lieu et le temps. Enfin,
les mêmes propriétés que nous avons attribuées à puisque Aristote, jugeant ces catégories assez claires
la qualité. Car elles ne rejettent pas l'opposition pour n'avoir besoin d'aucune explication, les a
que la qualité admet; elles admettent le plus et le laissées decôté, nous le ferons aussi. Du reste, sur
moins, et nous avons vu que la qualité les recevait le temps et sur le lieu, il y a entre les philosophes
aussi. Quant à la propriété spéciale de ces deux ca- les plus distingués une ancienne et grande discus-
tégories, on ne doit pas nous la demander, puis- sion, les uns voulant que ce soit des choses corpo-
relies, et les autres les jugeant privées de corps.
que Aristote lui-même n'en a pas parlé.
CHAPITRE XIV CHAPITRE XVI
De la position ou de la situation.
De la possession.
Il nous reste ensuite à parler de la position ou de
Avoirouposséders'emploiededifférentesmanières.
la situation. Cette catégorie paraît suffisamment
Aussi, quand nous avons traité ce sujet, avons-nous
traitée dans ce que nous avons dit de la relation.
trouvé huit espèces environ dans cette catégorie. La
En effet, ce qui est placé quelque part occupe une
certaine position. Or, ce qui occupe une place a première espèce a lieu quand nous possédons quel-
rapport à la position, et la position a rapport à ce que chose dans l'âme, comme la justice, la chasteté,
qui est placé. C'est pourquoi, ainsi que le faitAris- l'injustice ou la volupté. La seconde, qnand nous
tote, que nous suivons ici, passons à autre chose. sommes dits posséder quelque chose dans notre
corps, comme la blancheur, la noirceur, la variété
CHAPITRE XV de couleurs, ou autre chose qui se trouve dans le
Du lieu et du temps,
:
quelque chose, non pas dans tout le corps, mais
dans une de ses parties un anneau au doigt, des
souliers ou des cothurnes aux pieds. La cinquième,
CHAPITRE XVII
lorsqu'on dit que nous avons quelque chose,non pas Enfin, nous avonstraversé les flots de cette vaste
;
dans le corps, mais autour du corps tels sont les
vêtements et tout ce que nous portons. La sixième !
mer, nous avons parcouru le nombre entier des
catégories Peut-être aurons-nous eu le bonheur de
quand on énonce les différentes parties du corps ne pas déplaire aux savants, en nous efforçant d'être
que nous possédons. comme les mains, les pieds, la clairs pour ceux qui veulent s'instruire. Il nous
tête, outout ce qui forme l'assemblage desmembres, reste encore à traiter de certains détails, qui prolon-
;
La septième, a rapport au lieu ainsi, un vase con-
tient du blé ou du vin. La huitième, montre notre
geront quelque peu cet ouvrage. Dans chaque caté-
gorie, en effet, nous avons parlé des contraires, di-
avoir ou nos domaines. Comme si je dis, un tel pos- :
sant celle qui les admettait et celle qui les rejetait
sède un bâtiment, une campagne ou les tombeaux
de ses ancêtres. Voilà les différentes manières de
posséder, comprises ici, au nombre huit. Si quel-
ce qu'on entend par contraires :
cependant, nous n'avons encore indiqué nulle part
de plus, il nous
reste à montrer la force, le rôle et la propriété
qu'un peut en trouver un plus grand nombre, il ne de certains mots. C'est pourquoi, avisons à dire
devra pourtant pas nous accuser de négligence.. quelque chose des contraires, ce que nous croyons
puisque le philosophe lui-même, a laissé le champ d'une certaine nécessité.
libre aux investigateurs. Beaucoup de savants affir- CHAPITRE XVIII
ment que c'est parler improprement, que de dire
Des opposés. — Trois espèces de Contraires.
:
qu'une femme a un mari, ou un homme une femme,
ou un père un fils, ou un fils, un père et ils rejet- 11 y a quatre espèces d'opposés, Une chose est op-
; :
tent ces locutions. Car, disent-ils, ce qui possède,
ne peut être possédé.Ils pensent donc qu'il est mieux
:
de dire Le mari est à la femme, ou la femme au
:
posee à une autre 1° par les rapports, la relation
2° par les contraires 3° par lapossession ou lapri-
vation : ici, nous devons entendre le mot habitus,
mari, ou le père au fils, le maitre aux esclaves. Bref, possession, comme venant de habere, avoir, et non
ils prétendent que le même mot ne peut à la fois comme nous l'avons défini plus haut, une affection
signifier et celui qui possède et ce qui est possédé. permanente de l'âme; 4° par l'affirmation ou la né-
dente,à qui veut réfléchir.Les relatifs sont dits oppo- un nom, de sorte que nous n'appelions ni juste, ni
:
sés entreeux; le simple est naturellement l'opposé du
double et le double l'opposé du simple au lieu que
les contraires ont d'eux-mêmes ce qu'on leur attri-
injuste ce quiserait intermédiaire.
Occupons-nous maintenant avec plus de soin des
opposés, qui arrivent par la possession et la priva-
bue et n'ont pas besoin d'autre chose. Qui pourrait tion. Il faut d'abord remarquer qu'ils doivent être
dire en effet le mal du bien ou le bien du mal La? tous les deux dans la même chose, dans le même
différence est donc claire et précise entre ces deux lieu, et dans le temps convenable. Dans la même
:
espèces d'opposés. Mais les contraires, se subdivisent
en trois espèces ou bien, ils ont un intermédiaire,
c'est-à-dire, quelque chose qui tient le milieu entre-
chose sont la cécité et la vision, qui consistent dans
le fait d'y voir ou de n'y pas voir. Elles sont aussi
dans le même lieu, le lieu de la cécité et de la vi-
;
eux, ou bien, ils n'en ont pas ou bien encore,
comme on le remarque dans quelques-uns, ils ont :
sion étant dans les yeux. Cependant, c'est surtout
ici que l'opportunité du temps est requise car on
en effet un intermédiaire, mais dont on ne trouve ne peut raisonnablement appeler quelqu'un chauve
pas le nom, à moins de dire qu'il consiste dans la
négation des deux opposés. Ainsi, le blanc et le noir
ont un intermédiaire : on y peut placer le pâle et
;
à moins qu'il n'ait pas de cheveux au moment où
il devrait en avoir et l'on ne pourra pas appeler
édenté un enfant à qui son âge tendre a encore
brun, ces deux couleurs, sont dites opposées. En ce refusé des dents. La privation, en grec a-ripilcrlç, doit
:
cas, il n'est pas besoin qu'on trouve dans un corps
un des deux opposés ainsi, si un corps n'est pas
noir, il pourra être brun, s'il n'est pas blanc, il
montrer que quelqu'un a eu quelque chose natu-
rellement et qu'il ne l'a plus. Toutefois, il convient
que nous nous rappelions qu'autre chose est la vue
n'ont et la cécité, autre chose est de posséder la vue et
pourra être pâle. Quant aux opposés qui
pas d'intermédiaire, il faut que l'un des deux
d'en être privé, de peur que si nous jugions que
Primum oppositum videtur duplum simplo, vel pater dum poterit inveniri. At vero ex his oppositis quæ
filio. Secundum vero contrariorum exemplum sit, mediata non sunt, unum necesse est accidere de duo-
malum bono. Tertium eorum quoque quæ per habi- bus, ut est salus et ægrítudo. Horum medium nihil,
tum et pnvaliunem dicuntur, sicut cæcítas et visio. est, propterea quod aut salutem necesse est, aut
Quartum illorum etiam, in quibus est negatio et ægrítudínem humana corpora retinere. At illa quibus
affirmatio, sicut, currit, non currit. Discretio vero est quidem medium, sed caret nomine, nisi huic op-
contrariorum, et eorum quæ ad aliquid dicuntur, positorum negatione formetur, sunt hæc, justus et
:
contemplantibus manifesta est ad aliquid enim dicta,
de sibi oppositis nominantur; simplum namque oppo-
injustus : est aliquid in medio, sed non habet nomen,
atque ideo utriusque oppositi negatio ei vocabulum
situm dupli est, et duplum oppositum simpli. Contra- creat, ut nec justum, nec injustum dicamus id, quod
ria vero id quod dicuntur ex se habent, neque alte- est medium. Nunc ea opposita quæ per habitum
rius indigent. Quis enim malum boni dixerit, aut privationemque fiunt, diligentius retractemus : in his
?
quis bonum mali Hæc est ergo harum duarum spe- namque observari oporLet, ut sint utraque in eedem
cierum, quæ ex oppositis veniunt, dilucida et clara negotio, in eodem loco, in opportuno tempore. In
discretio. Ipsa vero contraria in tres species-dividun- eodem uegotio sunt, cascitas et visio : in videndo enim,
tui- : aut enim mediata sunt, id est, habent aliquid et in non videndo consistunt. Hæc et in eodem loco
inter se medium; aut sine medio; aut ut in quibus- sunt, utrique namque et cæeitati et visioni in oculis
dam reperit ratio, habent quidem medium, sed ejus locus est. Maxime tamen in his opportunitas tempo-
vocabulum non apparet, nisi utriusque oppositi nega- ris quærítur : nemo enim recte calvus dicitur, nisi in
tione consistat. Mediata ergo sunt hæc, album et ni-
grum, inter quae quando nasci potest pallidum vel
fuscum, mediata haec opposita dicuntur. Quæ vero
:
eo tempore, quo capillos habere debuerit, non habe-
bit nec sine dentibus, quem ~vwSdv Græci vocant,
infantem quisquam poterit dicere eum, cui dentes
mediata sunt, non necessj est unum de duobus op- adhuc ætas parva denegavit. Siquidem privatio, quæ
positis in corpore reperiri si enim nigmim non fue- græce ax^pr)fft? dicitur, hanc vim tenet, ut ostendat
Ill, potest esso fuscum autsi album defuerit; palli- quemlibet habuisse aliquid per naturam, etnon habe-
c'est la même chose, notre raison ne parùt être sorte que, parfois, on trouve que des maux sont
troublée. Si l'on regarde cela comme douteux ou opposés à des maux. Aristote a expliqué plus
au
peu certain, qu'on remarque ce qui en résulte. Si,
en effet, aveugle et aveuglement étaient la même
chose, tous les deux se diraient d'une même chose ; différences des quatre espèces d'opposés :
long et de plusieurs manières les propriétés et les
pour
nous, qu'il nous suffise d'avoir établi le genre et les
;
or, nous disons un homme aveugle, mais on ne peut
pas dire un homme aveuglement il est donc clair
qu'autre chose est d'être aveugle, autre chose est
espèces, dans la crainte qu'en nous occupant de
détails minutieux, nous ne rendions ennuyeux ce
qui est nécessaire.
l'aveuglement. L'affirmation et la négation ne sont CHAPITRE XIX
pas non plus la même chose que ce qui tombe sous
l'affirmation et la négation. En effet, l'affirmation De la priorité.
;
ils ont mis la justice entre les deux. Ils ont mis de dans les arts. Et, en effet, dans la grammaire, il
même la prudence entre la ruse et la stupidité la faut tout d'abord apprendre les formes et les noms
tempérance entre le désir immodéréet l'insensibilité, des lettres, ensuite connaître la réunion des syllabes,
avaia8r)a(a : le courage entre la timidité et l'au- puis prendre connaissance des mots. Enfin, il nous
dace. C'est ainsi que la raison, en allant au fond des faut prendre l'usage du langage pour lequel nous
choses, découvre un nouveau genre d'opposés, de étudions toutes ces phases, qui sont comme des
re. Inter hæc meminisse nos convenit, aliud esse vi- inter timiditatem etaudaciam fortitudo. Ita occultum
sionem et cæcitatem, aliud habere visionem et ea esse quoddam genus oppositorum reperit perscrutata ratio,
privatum, ne si hæc eadem esse judicemus, con!u:.di ut interdum mala malis inveniantur esse contraria.
ratio videatur. Quod si quis hoc dubium putat, au t Sed Aristoteles harum quatuor specierum, quæ ex
parum certum, quid quamque rem sequatur advertat. oppositis veniuut, proprietates et differentias latius
Etenim si esset idem cæcus et cæcitas, de uno utra- et multis modis explicavit : nos autem et genus et
que dicerentur : dicimus autem hominem cæcum; species posuisse sufficiat, ne minutioribus occupati,
sed homo dici cæcitag non potest : claret igitur, fastidium necessariis asseramus.
aliud cæcum esse, aliud cæcitatem. Nec affirmatio et
negatio idem est, quod sunt, sub affirmatione nega- CAPUT XIX
:
tioneque cadentia. Affirmatio enim sive negatio, e",L
verbum confirmansaliquidautnegans aliavero sunt,
quæ sub his inveniuntur, ut est, Socrates dissent, So-
Depriori,
Quinque modis aliud altero prius dicitur: quorum
crates non disserit. Similiter tamen omnia sibi haben primum est, cum dicimus aliquem tempore seniorem.
tur opposita. Aliquoties autem mala malis opponun- Secundus modus est, in quo aliquid nascitur ex
tur, quoties contrariorum media bona sunt, ut est priore; sed priore pereunte secundum perit, secundo
indigentia et redundantia, quæ Græci VÕElCXV Ya1
tltsp6oÀt,v vocant. His enim duobus malis sibi opposi- pereunte prius mcolume persevcrat; ut est unum natu-
raliter prius duobus : ex eo enim nascuntur duo, sed
tis, mediocritas media reperitur. Hanc rationem Pe- sine uno duo esse non possunt, sine duobus status
ripatelici secuti, virtutes medias esse dixerunt, ut uaius manet, et duobus exstantibus esse unum necesse
plus juste 7:Xeove^av, minus justo [xeioveijiav dicerent : est, uno vero apparente duo esse nulla necessitas
inter qure mala, mediam juscitiam locaverunt, Simili- cogit. Tertio modo ordo quidam prius alterum alteri
ter inter versutiam et hebeludinem, prudentiam po- facit, ut in disciplinis et artibus liberalibus inveni-
suerunt : inter libidinem insensibilitatemque, quam mus : namque in grammatica prius dehinc est singularum
græci AvatGrjaiav vocant, temperantia constituta est : d iscere formas et nomina litterarum, syllaba-
:
membres allant en avant. Il en est de même dans
la rhétorique dans cette science, il y a place à la
priorité. Nous disons tout d'abord l'exorde, puis la
CHAPITRE XX
De la simultanéité.
narration, puis la réfutation, puis la confirmation.
Enfin, nous terminons par la péroraisun. Ces trois Voici venu le moment d'exprimer la propriété du
exemples démontrent assez le troisième mode de mot par lequel nous disons que certaines choses sont
commun;:
priorité. 4° Le quatrième mode n'est pas très-
et Aristote lui-même ne le donne qu'en
passant c'est ainsi que l'on dit généralement que
simultanées. La raison paraît en effet demander qu'a-
près avoir traité de la priorité, on traite des choses
qu'on appelle simultanées. La simultanéité a lieu de
l'homme qu'on estime, qu'on aime le plus, est le trois manières : 1° quand des choses co-existent ou
premier des hommes. Mais, à mon avis, ce genre de apparaissent dans le même temps, de telle sorte que
priorité ne doit pas être admis.
:
Voilà donc déjà, quatre modes de priorité mais
il en existe encore un autre plus difficile. Suppo-
ni l'une ni l'autre des deux n'est la première ou ne
suit l'autre, mais que la naissance de toutes deux
parait être commune : ainsi la chaleur et la lumière
sons deux choses qui se peuvent prendre l'une pour du soleil; 2° quand deux choses existent naturelle-
; :
l'autre, celle qui est cause de l'existence de l'autre
est à bon droit appelée la première. Exemple
l'homme existe, nous pouvons dire il est un animal
si :
l'emporte ainsi, le simple et le double
;
;
ment à la fois, sans cependant qu'aucune d'elles
nécessai-
rement, ils existent à la fois mais le double ne fait
raisonnable, mortel et capable de rire. Et si l'animal pas que le simple existe, comme aussi le simple ne
ainsi définiexiste, il est vrai que l'homme existe. fait pas que le double existe. Il ne faut pas ici con-
Il y a donc ici réciprocité, c'est-à-dire qu'il y a fondre, sous peine de paraître contredire ce que
vérité dans la définition de l'homme, et dans nous avons dit plus haut, lorsque traitant des rela-
l'homme de la définition. Mais comme la définition tifs, nous avons dit qu'un relatif était ce qui dépen-
ne pouvait être vraie, si la nature de l'homme ne dait d'une autre chose. Nous avons soutenu en effet
s'était tout d'abord montrée, de ces deux choses que que tous les relatifs étaient dits, mais non pas qu'ils
nous avons dites réciproques, l'homme doit tenir le étaient d'une autre chose. Il n'y aura donc aucuue
premier rang, puisque l'existence de sa définition erreur si l'on examine avec attention ce que vaut.
exprime et montre la vérité de sa propre exis- chacune de nos paroles.
tence. 3° Les choses d'un même genre, mais placées
CHAPITRE XXI
ligent, il ne semble se faire, les autres espèces exis-
Du mouvement.
tant quand même, une modification de la qualité,
Toute modification (en grec [ieTa6oX?|) se fait de de sorte que quand il y a une naissance, ou une
trois manières 1° Du non-sujet dans le sujet
-
, destruction, ou un accroissement, ou un décrois-
comme commencement ou naissance, en grec Y^VEUIÇ, sement, on l'appelle une simple modification.
genèse. 2° Du sujet dans un non-sujet, comme la Mais la raison enseigne que cela est faux; car
la mort ou la corruption, en grec yoopà. 3° Du sujet ce qui croît ou décroît est modifié en quantité
dans le sujet, comme par exemple le mouvement, et non pas changé dans la qualité. Le changement
en grec ~xivrjatç. Mais il y a trois espèces dans le mou- appartient proprement à la qualité. Il faut nous
vement lui-même, l'accroissement, la diminution, la souvenir ici qu'autre chose est le changement, au-
:
modification de la qualité ou du lieu. Les Grecs ont
nommé ces trois espèces âuÇrjais,[xelmats,aXXotaaiç
ou ~opà; car ils ont voulu donner le nom de ~opœ
tre chose la modification. Le changement est genre,
tandis que la modification est une espèce au-dessous
du momement, lequel est lui-même une espèce de
à la modification du lieu que nous autres, d'accord changement. En tous cas, donnons un exemple pris
en cela avec les docteurs, nous avons préféré nom- dans la géométrie, pour rendre cette différence évi-
mer passage au delà. Quant à cet ordre qu'après dente. Supposons un quadrilatère, que différentes
mùr examen, nous avons adopté dans le présent
chapitre, en nous écartant du livre des Catégories,
Aristote lui-même l'a suivi dans ses livres d'histoire
:
lignes tracées dans son intérieur ont divisé en petits
quadrilatères si vous enlevez un de ceux-ci, le
premier devient moins grand, vous l'avez diminué.
:
naturelle mais, donnant dans ses Catégories un Mais si, à la place du quadrilatère enlevé, vous ap-
aut volatile quidquam pedestri tribuit utsit, aut vola- cendi compendium, speciem pro genere. id estmotum
tile pedestre, aut omnino aliud alteri, in eo quod est, pro immutatione non dubitavit assumere : ut motui
ullam substantiam subministrat; nullumque alteri diceret quasi generi sex speces essesubjectas, yiveiriv,
aliud prius est, sed simul omnia ab animali, id
est ab cp6opcfv,cxõE7jatv, fLEtwatV, ~aXXofoiatv TOH6TT]TOS, xata xov
uno genere orta nascuntur. X67TOV[1£TO6OXY]V.Hæc nos latino sermone ortum dixi-
:
Omnis immutatio quæ [XETOCSOXT),græce est, fit tri-
bus modis aut exnon subjecto in subjectum, ut est
ortus vel nativitas, quam Græci yivecyiv vocant : aut
quam parum docte intelligenti, qualitatis commutatio,
id est (XÀÀotwatç, etiam ceteris existentibus fieri videa-
tur, ut cum nascitur aliquid, aut interit, aut crescit,
ex subjecto non subjectum, ut est interitus vel corru-
ptio, quam ~ipOopav, graeci dixerunt : aut ex subjecto
in subjectum ut estmotus, qui græce y-ivrjci? dicitur.
:
aut minuilur, tunc facta dicatur etiam commutatio.
Sed id falsum ratio docet nam quæ crescunt aut
minuuntur, quantitate immutantur, non commutanLur
Sed et ipse motus tres species habet. id est, incre- qualitate. Commutatio enim proprie est qualitatis.
Meminisse autem nos oporLet aliud esse immutatio-
mentum, imminutionem, commutalionem qualitatis
sive loci. Hæc a græcis aÕe7jalç, p.Elwalç, aÀÀOlWatç, sive nem, aliud commutdtionern. Namque immutano genus
Ifof'?t, dicta sunt. Namquo commutalionem circa locum,
est, commutatio species subjecta motui, quam immu-
tationi, speciem diximus. Denique ut horum sit ma-
IfoPv dici voluerunt, quam nos quoque transgresio- nifesta discretio, geometricum ponamus exemplum
nem maluimus dicere, secuti doctores. Verum hunc Si tetragonum majus, quod intra depictum est cur-
ordinem quem nos in praesenti, quasi discrepantes ab rentibus per medium lines in brevia tetragona par-
eo libro, qui categoriarum dicitur, diligenti examina- tiaris, eique post unum breve tetragonum detrahas,
tione digessimns, ipse quoque Aristoteles in natura- minuisti tetragonum majus : at si deLracti loco addas
lium libns exposuit = in calegoriis autem secutus do- gnomonem, qui hemicycli specie ponitur, plus tetra-
:
pliquez un gnomon, vous avez rendu au plus grand
quadrilatère plu's que vous ne lui aviez enlevé c'est
là de la quantité, et non de la qualité. Et cette opé-
;
de qualité quand, de blanc; quelque chose devient
noir, ou de noir devient blanc ce qui est manifes-
tement contraire. Le changement de lieu aussi, que
ration, il faut plutôt l'appliquer au changement nous avons appelé déplacement, admet les contraires
qu'à la modification; et par cela même, il y a entre de supériorité ou d'infériorité; et c'est pour cela
:
ces deux choses une grande différence. La différence
de toutes choses se fait aussi de trois manières par
que cette espèce de mouvement se montre comme
ayant aussi des contraires.
:
la matière, par la main-d'œuvre, ou par l'une et
l'autre réunies. 1° Par la matière ainsi, deux an-
CHAPITRE XXII
:
neaux semblables dont l'un est en or, et l'autre en
argent. 2° Par la main-d'œuvre si, par exemple,
avec de l'or on fait deux anneaux dissemblables.
Conclusion de l'ouvrage.
Tels sont, mon très-cher fils, les enseignements
que nous avons laborieusement suivis, alors que
3° Par la matière et l'œuvre à la fois, sil'anneau est nous recevions les leçons de Thémistius, ce philo-
en or et le style en argent. Il est évident que ces sophe de mémoire si chère et si illustre; ces ensei-
sortes de modifications ne sont jointes entre elles ni gnements, nous les avons, pour votre profit, tra-
par la matière, ni par l'œuvre, ni par les deux à la duits du grec en latin. Notre désir est que vous
fois. Elles sont, au contraire, tellement séparées, retiriez bon profit de ces enseignements, etde l'é-
que quelques-unes d'elles paraissent même se con- tude que j'en ai faite. Veus réparerez ainsi le dom-
trarier. Qui doute, en effet, que la mort soit con- mage que vous ont causé, ainsi qu'à nous-même
traire à la naissance, et le décroissement à l'accrois- autrefois, la poursuite de biens pleins de dangers et
sement ? Quant aux changements soit de la qualité, de vanités.Nous n'avons rien omis, dans ce livre,
soit du lieu, bien que n'étant pas du même nombre de ce qui peut faire plaisir à ceux qui sont déjà
d'espèces, ils ont cependant quelque chose qui pa- instruits de son objet, ou instruire complétement
raît être contraire. Il y a, en effet, changement ceux qui ne le connaissent pas encore.
gono majori, quam detraxoras,reddidisti: idque quan- traria sunt. Loci quoque commutatio, quam trans-
titatis est, non qualitatis, et immutationipotius quam gressionem diximus, superiorum inferiorum contra-
commutationi tribuitur, eoque a se plurimum diffe- rietatem patitur, et propterea eam quoque habere
runt. Fit autem differentia rerum omnium tribus mo- contraria apparet.
dis aut materia, aut opere, aut utroque. Materia, si
sint annulli similes duo, unusque sit aureus, alter CAPUT XXII
argenteus : opere, si ex auro dissimiles annuli fabri- Conclusio Operis.
centur: utroque, si annulus sit aureus, et stilus argen-
teus. Claret igitur has immutationis species, nec Hæc sunt, fili canssime, quæ jugi labore assecuti,
materia sibi, nec opere, nec utroque conjungi : adeo
autem sejunetæ sunt, ut earum nonnullæ etiam sibi cum nobis Themistii nostra memoria egregii philoso-
phi magisterium non deesset, ad utilitatem tuam de
contrarise videantur. Quis enimdubitet~-jiveaei<p0opav, græco in lalinum convertimus, scilicet ut ex iis quo-
imminutionem ?
id est ortui inleritum esse contrarium, augmento
Ipsa quoque commutatio sive quali-
tatis sive loc,, licet non ex eodem specierum numero,
que bonam frugem studii a nobis profecti suscipias,
,
si te non dissimilem nostri, aliarum rerum quæ
lubricæ atque inanes sunt cupiJitas retentave-
tamen habent quod sibi contrarium videatur. Nam rit. Nihil namque omisimus in hoc libro quod
commutatio qualitatis est, cum ex albo fit aliquid posset aut delectare jam doctos, aut indoctos manife-
nigrum, vel album de nigro, quæ sibi manifeste con- stiuserudire.
PRINCIPES DE RHÉTORIQUE (ï)
CHAPITRE PREMIER des mots. C'est ce que fait la mémoire que la plu-
Devoirdel'orateur. part des Grecs et Cicéron avee eux, regardent
Le devoir de l'orateur, une question civile étant
donnée, est de voir tout d'abord si elle est générale :
comme de première nécessité pour l'orateur : ce
qui ressort, je crois, de ces paroles « J'aborde
maintenant le trésor de toutes choses, c'est-à-dire
ou particulière, simple ou composée, absolue ou la mémoire. Si elle n'intervient comme gardienne
comparative. Cela fait, il doit rechercher les points
dans l'invention, et dans la disposition du discours,
qui font sa division, et leur rapporter des idées mo-
c'en est fait, je crois, de toutes les pensées de l'ora-
rales ou naturelles. Ces idées trouvées, il lui faut
teur, même des plus brillantes. » Après la mémoire,
les examiner, rejeter celles qui ne vont pas bien au
vient le débit que Démosthène considère comme
sujet, et classer de manière distincte, celles qu'il
devant être le premier, même le seul souci de l'ora-
aura jugées convenables. Bien qu'en effet on ait teur. Le débit embrasse deux choses, le geste du
trouvé une foule de pensées ayant trait au sujet,
toutefois si on ne leur donne pas la place légitime corps et le son de la voix. Je n'ai fait qu'effleurer la
question des devoirs de l'orateur, c'est, je crois,
qu'exigent leur nature et leur élévation, elles
snffisant. Reste à voir quel doit être son but.
seront nuisibles ou ne donneront du moins que
fort peu d'avantages. Après la disposition, l'orateur CHAPITRE Il
devra s'occuper du développement du sujet. Il con- But de l'orateur.
siste en deux choses, la construction et l'harmonie En toutes choses, le but est, selon moi, la fin à
(A.) Nons n'avons trouvé aucun exemplaire manuscrit de cet opuscule.Lauteur, contrairement a l'habitude de saint
Augustin, y emploie, sans nécessité, beaucoup de mots grecs.
(a) Opusculi hujus exemplar uHiim- lIS. non reperimus. Auctor græca vocabula ciira ncceisitatem uturpacontra morem
Augustini.
laquellé se rapporte la cause d'où tout procède ; car les mathématiciens persuadent de ce qu'ils ont
;
appris, les médecins des principes de leur art les
les Grecs l'appellent zeloç. Dans presque toutes
leurs discussions, les philosophes demandent quelle ouvriers, les aubergistes, les artisans, et autres per-
; ?
est la fin d'une vie sage la vertu ou le plaisir De
même, il y a partage d'opinion, sur la fin, le but
sonnes de ce genre, peuvent à force d'art et de rai-
son, convaincre tout le monde sur l'objet de leurs
de l'orateur. Quelques-uns ont cru que le premier préoccupations.Parconséquent,lebut n'est point com-
des devoirs de l'orateur consistait à bien dire; d'au-
tres, à dire vrai; certains, à persuader. Ceux qui
veulent que la fin de l'orateur soit de bien dire ou
:
plètement indiqué, s'il paraît commun à plusieurs,
et manque de spécialité or, la persuasion est
dans co cas, donc elle n'est pas la fin propre
de dire, ne rejettent pas la persuasion comme fin de l'orateur. Hermagoras répond victorieusemeilt
de l'orateur, de sorte que, pour eux, la fin à cette objection. Le propre de l'orateur, dit-il, est
de l'orateur est de bien dire, et la fin de depersuader dans la condition des personnes et des
bien dire, persuader. Ainsi donc, d'après un con- affaires, seulement dans les questions civiles, tandis
sentement presque universel, la fin que doit se pro- que les discussions des médecins et des philosophes
poser l'orateur, c'est de persuader. Mais comme on sont en dehors des affaires civiles, appelées politi-
pouvait encore subtiliser, (car l'orateur ne persuade ques par les Grecs.
pas toujours, et lors même qu'il ne persuade pas, CHAPITRE III
il ne perd point pour cela le talent etle nom d'ora-
;
teur), Hermagoras, pour couper court à toute chi-
cane, a ajouté « que le but de l'orateur était de
persuader, autant que le permet la nature des
Des questions civiles. Différence entre les questions
générales et les questions particulières.
Il y a des questions civiles dont la connaissance
»
personnes et des affaires. Ce mot de persuader a peut-êtresaisiepar laconception commune de l'esprit,
donné lieu à une nouvelle objection trouvée par Ivvota chez les Grecs. Mais pour mieux faire com-
Platon, et exposée au long dans son Gorgias. Mais, prendre ce que je me propose d'établir ici, j'ajou-
longtemps après, quelques scholiastes, violents terai : toutes les choses dont l'ignorance nous fait
contradicteurs d'Hermagoras, en firent un usage rougir, si bien que nous dissimulons de notre mieux.
plus fréquent. Ils affirmaient que la perbuasion quand nous les ignorons en effet, forment une
n'était pas le but particulier de l'orateur, mais
qu'elle était commune à presque tous les hommes ; question civile, lorsqu'elles sont mises en doute, je
dis toutes-les choses dont l'ignorance nous fait
;
longueur, ce ne sera point une honte pour nous,
d'ignorer combien il a de poids et ainsi de ses
autres qualités qu'il serait trop long d'énumérer.
essayé de nommer la seconde que nous l'avons ap-
pelée controversia, controverse (1), nom qui peut
convenir aussi bien à la thèse qu'à la sous-thèse.
Aussi, toutes les fois que de telles choses sont en
doute, bien qu'elles fassent une question, elles ne
peuvent constituer une question civile. Mais que
c'est-à-dire ,
Dans l'une et l'autre, en effet, se trouve la question,
la controverse. La signification de
Ù7:60É<KÇ, se voit dans la composition même du mot ;
l'on demande si tel acte est juste ou injuste, hon. c'est quelque chose qui est unb -d¡v Ohcrty, c'est-à-
nête ou deshonnête, louable ou repréhensible, dire, c'est comme une espèce sous le genre. La
digne de récompense ou de châtiment, utile ou thèse est une chose qui admet une explication rai-
inutile, etc, il n'est personne, en dehors même de sonnée sans définition de personnes. L'hypothèse
tout art et de toute science, qui ne rougisse de ou la controverse, pour l'appeler improprement,
paraitre ignorer cette distinction. Voilà pourquoi est une chose qui admet une discussion raisonnée
tous sont persuadés et n'hésitent pas à persuader les avec définition de personnes. Des exemples feront
autres qu'ils peuvent concevoir la distinction du mieux comprendre. La thèse serait cette question
?: :?
et autres qualités rapportées tout à l'heure et les
doutes qui s'élèvent à leur sujet forment des ques-
:
juste et de l'injuste, de l'honnête et du deshonnête, faut-il naviguer faut-il faire de la philosophie
L'hypothèse serait faut-il ordonner le combat ?
Hermagoras a encore ici une foule de contradic-
tions civiles, comme n'étant point particulières à teurs, à la tête desquels Apollodore qui nie la dis-
quelques-uns, mais communes à tous. Cela étant,
et pouvant, àjuste titre, être compris par la com-
mune conception de l'esprit, les questions oui peu-
;
tinction entre la thèse, et l'hypothèse, et la valeur
de la distinction des personnes malgré tout ce que
peut en dire Hermagoras, la question de l'hypo-
vent être saisies par l'intelligence sont appelées
civiles. Ce sont celles que l'orateur doit traiter et
auxquelles il doit s'arrêter.
thèse ne lui semble pas moins infinie et illimitée
que celle de la thèse. En effet, lorsqu'on demande
faut-il sévir, oui ou non, contre Oreste, ce n'est pas
:
Il y a deux espèces principales et comme géné- la personne mais le fait qui constitue la question,
rales de questions civiles, appelées par les Grecs, il n'importe en rien si la demande est celle-ci ;
civilem quæstionem. Quod dico hujusmodi est, si de lium modi quæstionum, quorum alter 0|<JCC, alter
pondere alicujus rei quæratur, si non videaris scire u;io0^<Ks vocatur à Graecis. Nos priori nomen nisi
quot libraruin sit, non est erubescendum : si de lon- graecum dare non possumus, ne posteriori quidem,
gitudine non videris scire quot pedum sit, non est eru- quam quod videamur dedisse, dedimus quippe; con-
:
bescendum : si de ceteris hujusmodi rebus qu,s per-
sequi loQgum est et ideo quotiescumque in rlubita-
tionem venerint, licet faciaDt qucestionem, tan en
troversiam(a) dicimus, quod nomen tamen inxriv 07)aiv,
quam in T7jv U7to0£<riv potest cadere in utroque enim
quajstio, hoc est controversia est.PorrottJ? U7ro0£aetos
civilem facere non possunt At ubi quæritur, sitne significatio, et declaratur ex ipso composito nomine,
aliquid justum an injustum, honestum an inhontjs- et est aliquid quod est tabT7)v OÉcrLV,id est sub illo
tum, laudandum an reprehenderulum, praemio affi- genere quasi species, Thesis est res quae admittit ra-
ciendutn an supplieio, utile an iuutile, et si qua tionalem considerationem) sine deflnitione personæ.
hujusmodi sunt, nemo non etiam extra omnem artem Hypothesis est seu controversia, ut improprio nomine
et scientiam collocatus eruuescat, si haec nescire vi-
deatur. Inde estquod omnes persuasumhabeant,ant
certe ahis persuadere non dubitant, posse se conct-
pere animo discrimen justi et injusti, honesti et in-
:
utamur, res quæ admittatrationalem contentionem cum
definitione personae melius autem declarabuntur sub
exemplo. Thesis est quaestio hujusmodi, an navigandum,
honesti, ceterorumque quae supra diximus : et idcirco an philosophandum : hypotesis est quaestio hujusmodi,
an decernendum. duelli praelium. Nec desunt qui hinc
quæ dubitationes in hujusmodi rebus oriuntur, civiles etiam Hermagoram criminentur : et Apollodorus in pri-
vocantur quæsLiones, quasi non propriæ paucorum, mis, qui negat quidquam aliud esse hypothesim) quam
sed communes universorum. Quas cum ita siul, meri- thesim, et nullius momenti esse discrimen personarum,
toque communi conceptione animi perspici possint, quamquamutrumque hocgenus quaestionis Hermagoras
quæstiones quae ?hcX'tijv h\o{av deprehendi possunt.civi distinxisse videatur : non minus enim intinitam et
les vocantur et sunt,in quibusversarietperstare de- interminatam esse hypotheseos quam theseos quaestio-
bebit orator. Duo sunt primi et quasi generales civi- nem. Nam cum quaeratur, sit necne animadvertendum
(1) Cicéron traduit 0&JI{ par propositum ou consultatio, et uu60eois par causa ou controversia.
(a) Cicero thesin propositum aut consultationem vocat hypothesin caussam aut controversiam.
faut-il sévir, oui ou non, contre un parricide , ceux qui sont coupables de tyrannie, de trahison ou
d'empoisonnement,crimes qu'un but quelconque a
etc. Et ainsi, il n'y aurait aucune différence entre
d'abord:
l'hypothèse et la thèse. Pour nous, nous dirons
;
la quantité des personnes apporte une
différence dans les questions et dans les hypo-
fait commettre, et autres imaginations de ce genre.
L'objection pèche dans la manière d'incriminer
car dans le traître, la question ne porte pas sur
;
- thèses elles-mêmes,c'est-à-diredans les controverses: l'avenir, c'est-à-dire sur la trahison; mais on
il arrive souvent que des actes semblent devoir être
punis ou impunis, honorés ou rester sans honneur, : ;
cherche s'il a formé le dessein de trahir, ce qui est
bien réellement antérieur de même pour le tyran,
non pas tant à cause de la qualité des choses que
de celles des personnes. Ensuite, nous voyons entre
les deux espèces de questions, cette différence que
le parricide et l'empoisonneur ,
s'il a conçu le dessin de tyranniser de même pour
s'ils ont voulu
commettre ces crimes. Ainsi donc la question, dans
dans la thèse, on examine la nature de l'affaire, l'hypothèse, a toujours trait au passé ou au pré-
tandis que dans l'hypothèse, on la discute. Autant
donc l'examen diffère de la discussion, autaut la
;
sent dans la thèse, au contraire, à l'avenir seule-
ment. Par conséquent, la différence est assez mar-
thèse diffère de l'hypothèse. De plus, dans la thèse, quée par ces traits.
on cherche ce que tout le monde doit faire; dans
CHAPITRE IV
l'hypothèse, ce que l'un ou l'autre, on bien quelques
;
hommes, mais toujours un nombre limité, doivent
faire. Il ya même encore cette différence dans la
thèse, nous cherchons ce qu'il y a de mieux à faire,
Quelles circonstances composent la controverse.
Puisque nous avons suffisamment établi la diffé-
rence entre les questions générales et particulières,
;
comme ne le sachant pas dans l'hypothèse, nous
le défendons, comme le connaissent déjà. Puis,
et distingué la thèse de l'hypothèse, par la diffé-
rence du nom et de la chose, il me semble logique
toute thèse a trait à des choses futures, l'hypothèse, de dire maintenant ce qui forme l'hypothèse, c'est-
rarement; je dirai même qu'elle ne forme question à-dire la controverse. C'est donc la circonstance des
que de ce qui est passé ou se fait actuellement. choses, appelée par Hermagorasnepta-caatç, sans la-
personne, en effet, ne peut être coupable sans un quelle il ne peut y avoir de cause. Mais qu'est-ce
acte commis ou supposé tel, ni demander une ré- que la circonstance 1tEplncxcrlç? Il est plus facile de
compense ou quelque chose de semblable, s'il ne le comprendre par la classiiication de ses parties
l'a déjà méritée ou censé méritée. On objecte ici
que par sa définition. Il y a sept parties dans la
in Orestem, non personam esse, quæ faciat quaestio- de futura re quaeritur, id est de ipsa proditione, sed de
nem, sed factum; et nihil interesse an ita quseratur, sit eo an susceperit consilium proditionis, quod utique
necne animadvertendum in matricidam : quod si ita praecessit: et de tyrannide æque, an cogitarit tyranni-
est, nihil interhypothesin,thesinque distaret.Adhæc dem,etdeparricidio num perpetrato, et de veneficio.
nostri, primo omnium qualitatem personarum quæstio- Ergo semper aut de præterito, aut de praesenti in hypo-
nibus differentiam afferre, ipsisque etiam hypothesibus,
id est controversiis saepe evenire, ut punita et impunita,
honorata et inhonorata, quaedam reliquenda videantur,
:
thesi nascitur quaestio; in thesi contra numquam nisi de
futuro quæ si ita sunt, satis utriusque declarata est
diversitas.
non tam ex rerum qualitate. quam qualitate personae. CAPUT IV
Deinde etiam illo distare hæc duo genera quaestionum,
quod in thesi perspectio sit alicujus rei qualis sit, in Quæ sint circonstantcontroversiam facientes.
hypothesi contentio, et quantum interest inter perspec-
tionem et contentionem, tantum inter thesin et hypo- Nunc quoniamquidem de differentia generalium, et
:
toute dispute de mots et disons ce qu'elles sont. Les
voici donc quis, qui, quid, quoi, quando, quand,
ubi, où, cur, pourquoi, quemadmodum, comment,
un lieu profane, SUI' terre ou sur mer. DO Cur signi-
fie la cause de l'acte, de la parole ou de la pensée
à mon avis, c'est une circonstance très-nécessaire
:
quibus adminiculis, par quels moyens. Les Grecs ponr former la question, 6° Quemadmodum signifie
les appellent les principes des circonstances, rapta-ci- la manière, comment l'acte s'est fait, se fera ou se
GBOiç, Leur réunion totale ou l'assemblage fait; secrètement, ouvertement, parviolence ou par
de quelques-unesfait parle raisonnement ou par la ruse, etc. 7° Les principes,
loi, forme une question. Mais exprimons ici les pro- lons moyens, représentent les objets au moyen des-
priétés de chacune. 1°Quis signifie la personne; quels le fait est dit s'être passé; une épée, un filet,
elle peut se considérer sous deux points de vue, le du poison, des lettres, un messager, des ordres, un
nom et la qualité. Le nom; ainsi, qui est-ce? Ca- esclave, un complice, un sicaire. Le concours rai-
mille, Caius Marius, L. Sylla? La qualité; qui est- sonné de toutes ces circonstances ou de quelques-
ce? un riche, un pauvre, un chef? L'examen est unes, comme je l'ai dit plus haut, forme donc une
limité dans les noms, et illimité dans les qualités des question civile.
personnes : le nom seul, en effet, tombe seulement CHAPITRE Y
sous l'appellation, tandis que la fortune, l'âge, la
condition, la manière d'agir et autres propriétés * Les questions rationnelles ont lieu de quatre
innombrables sont du domaine de la qualité. manières.
211 Quid signifie la chose qui a été ou est, ou sera Hermagoras appelle les questions rationnelles
faite, dite ou pensée par quelqu'un; chose bonne questions logiques, ÀOYlità., ce nom est, à mon
ou mauvaise, honnête ou deshonnête, juste ou in- avis, plus juste que celui de verbales. Les hommes
juste, utile ou inutile, nécessaire ou de peu d'im- de l'art le leur ont conservé logiques, tirant cette
quemadmodum,quibusadminiculis, quas~
cews afyopfidtsvocant. Horum autem omnium,aut rationalis
dicendi, vel cogitandi, res (ut mea fert opinio) ad consti-
tuendam quæstionem in primis necessaria. Quemadmo-
plurimorum congregatio constat quæstionem, aut lega- dum, significationemhabet ex facti, vel quod fiat, futu-
lis. Sed nimirum singulorum proprietas experimenta rumve sit demonstratione,veluti clam, palam, pervim,
est. Quis, signiflcantiam habet personae. quæ spectatur per dolum, et si qua sunt similia, in cumdem modum
::
duobus modis, ex nomine et qualitate. Ex nomine, hoc
modo ?
Quis Camillus, G. Marius. L. Sylla. Ex quali-
tate Quis?dives, pauper, imperator. Est autem defi-
cadunt. Acpopfjuxi, quas nos adminicula dicimus, demons-
trationem habeat earum rerum per quas factum esse
aliquid dicatur, ut est laqueus , gladius, venenum ,
nita in nominibus. inflnita in qualitatibus personarum litteræ, internuntius, mandata, servus, conscius, sica-
perspectio, quando in appellationem nihilpraeternomen rius. Horum articulorum,ut supra dixi, aut omnium aut
cadit; in qualitatem et fortuna. et aetas, et conditio, et plurimorum rationales incursus facient civilem quaes-
disciplina, et cetera quæ sunt infinita numero. Quid, tionem.
significantiam habet rei quae facta ab aliquo, vel dicta, CAPUT V
vel cogitata, fieri, dici, cogitari, futurum esse, dictum,
cogitatum iri videatur, hona vel mala, honesta vel inho- Quastiones rationales fiunt quatuor modis.
nesta, justa vel injusta, utilis vel contra, necessaria
velparva, magna vel parumusitatavel nova. Quando, Rationales quaestiones quas Hermagoras,~
temporis significationemhabet, velut interdiu an noctu, vocat, melius enim pulo sic eas cognominari quam
:
sacro an in irreligioso die etiam ex accidentibus, quæ
interdum dant tempori suam qualitatem, velut in belli
verbales : quia Xoyixoi non ex verbi, sed rationis signifi-
cationis appellatæ sunt a technicis, cum alioquin,
an pacis tempore, in seditione an in concordia, in interdum verbum significet, interdum rationem. Igitur
libertate an in dominatione; et si qua in eumdem mo- rationales, sive Xoyi/oi qutestiones, fiunt modis quatuor.
Hoc enim in illis qureritur, an sit, quid sit, quale sit,
dum cadere possunt. Ubi, loci significationem habet,
veluti in civitate an extra, in sacro loco an in profano, in an induci in judicium debeat. Ubi quæritur ansit:
Hermagoras~
-
vocat : nos
marian in terra. Cur, significat caussam faciendi,vel genus id questionis
les questions rationnelles ou logiques se forment de fois qu'il le voudrait, il n'y aurait plus de question.
quatre manières. On demande, y a-t-il une chose ? Mais comme il y a toujours opposition de la part
Qnelle est sa propriété? Quelle est sa qualité
; ?de quelque'autre,cette divergence qui fait que l'un
Doit-elle être portée en jugement ? La question y appelle le jugement, tandis que l'autre le refuse,
-
?
a-t-il une chose est appelée crQxo:crp.o'J, par Herma- donne lieu à ce genre de débat qu'Hermagoras
;
goias nous pouvons la nommer conjecture. Théo- désigne sous le nom de aauaiaTov. Parmi nous,
;
dore lui donna le nom de question de l'existence
car on ne peut voir une chose qui n'a pas d'exis- ;
quelques-uns l'ont nommé réfutation; d'autres plus
nombreux, rejet d'accusation et, en cela, tous ont
tence, et un fait ne peut se produire sans avoir quelque bonne raison. On peut l'appeler réfutation,
l'existence. Quelques-uns ont appelé cette question parce que lorsqu'elle est produite en justice, la
;
du mot qui sert à la faire an sit. La seconde ques- cause est réfutée, et, pour ainsi dire, retirée. On Fa
tion rationnelle est celle qu'Hermagoras appelle la nommé rejet d'accusation, parce que le coupable,
: ;
lin Théodore, question de la propriété; d'autres, -sans rejeter entièrement le débat s'en défend pour
quid sit quelques-uns, question de l'un et de le moment, et veut le rapporter à un autre juge-
l'autre. Toussont d'accord à nommer la troisième ment ou passé ou futur.
;
question, de la qualité. Quant à la quatrième, ainsi
conçue doit-elle être portée en jugement? il
grande controverse.Le plus grand nombre nient que
y a
CHAPITRE VI
Des quatre questions légales.
ce soit une question. Mais ici, l'autorité d'Herma- Il y a quatre autres questions nommées vojjùxdU
;
pense donc que c'est une question et une question
principale, très-usitée au barreau et que dans les
;
par ceux qui les ont trouvées, et que nous appelons
légales. Ce sont l'écriture et la volonté p7j't6v xai
:
Il y a un mot que les Grecs appellent :plXalÇ, pro- précède est oublié. D'où le nom d'état imposé à cette
position. Il se présente de deux manières àr»6cpaaiç, question. Théodore l'appelle question capitale,
négation, et l.O:'t<xrpo:alç, affirmation. Nous pouvons Y.ÉtpIXÀCXLOV,
tirant cette appellation de la principale
définir celle - ci : l'accusation intentée par la partie du corps humain. En effet, résumant en
:
parole, ou la parole qui accuse un criminel
ainsi tu as frappé, tu as trahi, tu as tué. La néga-
; elle les deux allégations contradictoires, elle devient
comme la tête ue tout le débat. C'est ici qu'il im-
tive iroSçaciç, nous l'appellerons la négation du porte ou même qu'il est tout à fait nécessairede
crime qu'impute le mot accusateur; par exemple : démontrer ce que c'est que la cause, le point fon-
Je n'ai pas frappé, je n'ai pas trahi, je n'ai pas tué? damental de la question, et le sujet en litige,
De ces deux choses, la demande et la réponse ou appelés par Hermagoras et Tb
l'accusation et la négation, nait une question XPtvofdvov. La cause est donc le fait sans l'antériorité
: ;
intermédiaire; l'accusation est tu as tué la néga- duquel le débat ne peut exister. Ainsi, un fils est
: :
tion : je n'ai pas tué: la question sera a-t-il tué ? renié par son père. Il n'y a pas de débat, puis-
: :
Mais sortons des conjectures.Voici l'accusation tu
:
qu'aucune cause antérieure ne se présente pour
as tué injustement; puis la négation je n'ai pas motiver cet acte du père. Mais ajoutons une cause,
tué injustement
injustement ?
:
enfin la question
Sur chaque point légal on dira : ;
a-t-il tué et le débat a lieu aussitôt. Le fils a juré de ne pas
se marier, et il est renié voilà la cause, c'est-à-dire
: :
L'accusation est la loi ne te permettait pas de ce qui l'a fait méconnaître. Le point fondamental
:
faire cela; la négation la loi me permettait de le est le motif qu'on semble apporter pour repousser
;
faire la question la loi permettait-elle de le faire? la cause. Par exemple Un général a tué un soldat
Cette dernière forme, quelques-uns, nous l'avons qui avait juré de déserter, et il est accusé de meur-
dit, l'ont nommée la question; quelques autres, tre La cause du jugement, c'est qu'un général a
l'état, parce qu'il s'y trouve le commencement et la tué un soldat, car il ne serait pas accusé s'il ne l'a-
tin de la question. Elle s'y trouve en effet tout d'a- vait pas tué. Le point fondamental de la question,
bord d'une manière éloignée, lorsqu'on dit d'un c'est ce qui l'a déterminé au meurtre, c'est-à-dire le
;
côté qu'un fait s'est passé, et de l'autre qu'il ne serment qu'avait fait le soldat de déserter. Herma-
s'est point passé point de lutte encore, mais goras appelle cela tantôt parce qu'il contient
comme la matière à une lutte à venir. Puis, lorsqu'on toute la défense de l'accusation, tantôt <2ixiov <&xiou,
:
scinditur in duas partes et est ejus alterum abr6ipaais,
et alterum xaxdfyaais, intentionem verbo lactam possu-
ea uterque consistit, omisso quod ante dicebat. Unde
ei qusetioDi status nomen impositum est. Hoc eidem
Theodorus xsipdtXtXLov appellat, translatione usus, vide-
mus dicere, id est verbum quo crimen intenditur , licet a principali parte corporis: quod in hoc etiam
veluti; pulsasti, prodiditi, occidioli. Quod autem illi
4jio<paatv, nos abuuentiam criminis ejus, quod verbum
coruplexu duorum, quae utrimque dicta sunt, quasi
caput quoddam totius controversiae efficitur. Couse-
accusator intenderit, veluti, non pulsavi, non prodidi, quens huic locus est, aut perinde, aut magis etiam
non occidi. Ex bis duobus dicto et responso, vel inlento necessarius, quo demonstratur qui caussa, quid conti-
:
et negato, media nascitur quæstio, hoc modo. Intentio
est, occidisti negatio, non occidi: quaestio, an occide-
rit. Sed ut jam a conjecturali modo recedamus : inten-
nens. quid de quo conténditur. Caussam Hermagoras
&l'tlO'J vocal; auvi/ov continens; de quo contenditur
xb xpiv6pL£V0V. Est ergo caussa, quae nisi præcesserit,
tio est, injuria oceidisti:negatio,Don injuria occidi:
:
-
controversia fieri nonpotest. Quod dico tale est Abdi-
:
intentio est, non licebat tibi hoc facere per legem
negatio est, licebat mihi facere per legem
:
quæstio, an injuria occiderit.Vel in aliquo legali statu;
quaestio
catur apatre filius, controversia iderco non est, quia
nulla, cur, abdicaretur a patre, caussa.praecessit.
Denique addamus caussam, et statim controversia
est, licueritne hoc facere per legem. Hanc quidam, ut effecta est. Juravit se non ducturum uxorem, et abdi-
nos usque adhucdiximus, quaestionem vocaverunt, qui-
dam statum nominaverunt, ab eo videlicet quod in ea, catur. Quod juravit, &xiov factum est, id est caussa cur
abdicationem mereretur. 'Lu'Jlx.o'J vel continens est,
et exordium quæstionis, et summa consistereL. Primo
enim quasi eminus, cum hinc dicatur factum esse,
inde non esse factum, nulla pugna est. sed futurae
pugnae meditatio. Deinde cum propius accessum est,
:
quod ad refutandum #nriov, id est ad refellendam
caussam videtur afferri, ut est in hac materia Militem
qui juraverat se deserturum, imperator occidit, et
et quasi admanuavenlum, altercationi et contentioni
:
mutuæ mediæ quaeslio interveniL, sit necne factum in
reus fit caedis hie enim aixiov, id est caussajudicii
est, quod occidit ueque enim fieret reus, nisi occi-
j
la cause de la cause. En effet, comme la cause de voilà la cause du jugement. Le point fondamental
l'inculpation est que tel général a tué un soldat, de
même la cause du meurtre, c'est que le soldat avait
:
est Il a mis a mort des hommes qui pillaient ses
biens et tendaient des embûchef à l'honneur de sa
juré de déserter. Sachant ce que c'est que la cause :
femme. Le sujet en litige sera Bien que ces raisons
et le point fondamental de la question, passons
maintenant au sujet en litige. Or, ce n'est pas autre
chose que l'examen du motif de la cause. Voyons
autre Ou bien
;? :
soient antérieures, ne peut-on en alléguer une
? Ils avaient mérité un châtiment,
il est vrai mais devait-il les mettre à mort sans les
notre exemple, car il faut poursuivre la même dis- entendre Puis, à ce sujet en litige, Ulysse donne
cussion, afin que nos expositions soient plus lucides. en
disant qu'il les a
:
La cause, c'est tel général a tué un soldat; le point
fondamental, est le fait sur lequel s'appuie l'inculpé,
un nouveau motif fondamental,
:;
tués sur l'ordre de Minerve. Cet autre motif appelle
S'il a
un autre sujet en litige où l'on demande
c'est-à-dire le motif qui l'a déterminé à tuer ce commis ce meurtre sur l'ordre de Minerve et si,
soldat, parce qu'il avait juré de déserter. Le sujet dans cette affaire, il aurait dû obéir à la déesse ?
en litige sera l'examen du motif qu'apporte l'inculpé Donc, la cause, L't'tOV, est le propre de l'accusa-
pour sa défense. On y recherche si le général n'a teur, le point fondamental de la question, ouvéjçov,
pas eu d'autre raison pour tuer le soldat, et on celui du défenseur, et l'affaire en litige, xbxpivofisvov,
avance que le meurtre n'est pas la suite du serment est commun à tous deux.
du soldat, mais qu'il a été amené par un motif
d'inimitié ou de jalousie. On pourra même traiter CHAPITRE VIII
:
ce point de la sorte Lors même que le soldat au-
rait fait ce serment, était-ce une raison suffisante
Differénts genres de débuts.
pour justifier sa mort ? Et tout, ce développement Je crois devoir dire tout de suite comment et de
combien de manières un débat judiciaire devient
du motif, qui se rapporte à la cause, s'appelle le
sujet en litige. caduc aaucTaxov, bien que cependant ce qui n'a pas
Il arrive cependant quelquefois que, dans une de consistance ne doive pas s'appeler controverses,
mais plutôt choses frivoles, 7déy[xaxa, ou dcXoya. Or
même affaire, la cause, le point fondamental et le
sujet en litige sont traités non-seulement une fois, les débats deviennent caducs de quatre manières :
:
mais à plusieurs reprises, et qu'ils sont remis en
examen. Comme dans ces débats Ulysse a enfreint
les lois nationales en mettant à mort les prétendants,
d'abord. lorsqu'il manque une circonstance (chose
fort importante, comme nous l'avons vu), eest-à-
dire lorsqu'il manque aux questions ou la cause ou
:
disset auve/ov, id est continens, est id propter quod
occidisse dixit, jusjurandum scilicet militis, quod se psepius ipsa omnia per vices revoluta tractentur ;
troversia non simul Vt'lOV et auvl^ovetxpiv6fievov, sed
ut in
deserturum juraverat. Hoc interdum auvfyov Hermago- hac controversia. Reus est Ulysses legereipublicae,quod
ras, id est continens appellat, ab eo quodomnis rei procos occiderit. Hic enim mov est, quod occiderit:
defensio ab eo contineatur, interdum t'ttov du-ciou vocat, cruvÉxov, quod eos quibonasua depopulabantur, et pu-
quasi caussam caussæ : nam quemadmodum reatus dicitise uxoris insidiabantur, occidit xpiv6[x£v0v, est,
caussa est, quod militem occidit, ita occidendi caussa, numquid tametsi hæc res prjecesserit, alia tamen
quod miles deserturum se esse juravit. Nunc quoniam caussa, quam praetexit, occiderit : vel numquid ne
scimus quid sit caussa, quid continens, videamus pessime quidem de se meritos, indemnatos debuerit
etiam quid sit de quo contenditur, id est quid sit TO
xpiv6[j.evov. Est autem nihil aliud
quam exploratio con-
tintis, TOU OUVI^OVTOS. Quod dico tale est (etenim in
controversia perseverandum puto, quo sint lucidiora
Ulysses ,
?
occidere Deinde.ad hoc xpiv6[jxvov, aliud CVE'/OV aifert
quo dicat se jussu Minervae interemisse.
DeinJe ad hoc ipsum auvl/ov sit xpw6[jiEvov, quo quæ-
ritur utrumnam propter jussum Minervse occiderit, et
quae tradimus) d'mov est quod occidit militem impera- in tali re ne Minervse quidem obtemperare debuerit :
rator : ~auvfyov est, quo reus nititur, id est ratio pro- est autem mov proprius accusatoris locus cruvlxov
pter quam se occidisse dicit est autem quod miles defensoris, xpiv6fj.£v0v utriusque commune.
juravit se deserturum xpiv6p.cvciv est, examinatio hujus
ipsius, quod ad defensionem reus adtulit. In quo ita CAPUT VIII
quæriLur, num alia caussa imperatori fuerit, cur occi- Modi controversiarum.
dent militem : et hoc praetexitur; ut videatur; non
quia Juraverit, occisus, sed quaqua vel simultatis vel Subinde dicendum puto, quemadmodum et quot
mvidiaa caussa. Poterit etiam hoc modo articulus iste modis controversia crúcr't'ç("roç fiat, Tametsi ne dici qui-
tractari, an etiamsi juravertt, parum tamen hsec justa dem controversias oportet, quae statum non habent,
caussa fuerit. cur debuerit occidi: et tota perfectio sed 7deY(jLcn:a irrationabilia, id est <2Xoya. Fiunt autem
totius CTUV^OVTOI;, quod ad <£ITLOVaffertur, xpiv6fi.evov, modis quatuor unum cum aliquid deest ex
(J.crócrt'CI(t'cx
vocatur. Evenit tamen nonnumquam, ut in una con- circumstantia quæ autem vis sit circumstantiae, et
la personne ou le lieu ou quelque autre chose dont nuit? — Pourquoi vous aussi, vous trouvez-vous la
nous avons dit que se compose une circonstance. Ce ?
nuit devant moi — Il n'y a pas de différence. Si
genre de défaut dans un procès ne saurait rentrer l'un des deux accuse l'autre, il s'inculpe lui-même;
dans la matière de la rhétorique, puisqu'il ne peut s'il se disculpe, il défend son adversairequ'il vou-
y avoir de thèse sans une circonstance. Quelquefois lait incriminer.
cependant, il arrive fort bien qu'il manque quelque Il y a une troisième espèce de nullité que les
chose et que la cause soit déjà compromise par Grecs nomment ~xaô'lTepojAEpfav,c'est-à-dire selon la
l'imprudence de l'avocat, quand elle vient devant partie adverse. C'est lorsque l'inculpé n'a point le
le juge. Il y a" une autre espèce de nullité qu'on moyen de défense, et qu'on ne trouve pas de pré-
appelle d'égalité, ~xai'taoTTjTa; si nous ne pouvons texte dans le fait, ou bien que le prétexte est peu
lui donner un nom en notre langue, il faut cepen- probable. Ce qui faisait dire ordinairement à mon
dant en comprendre la force. Car, bien que les deux précepteur Démocrate que ces sortes de débats où
parties disent la même chose, et qu'il n'y ait pas
même la plus petite différence dans leurs raisons, :
l'on cherche si longtemps une distinctïon quelconque
n'ont pas d'état. Mais il disait plus souvent si l'on
cependant un pareil ensemble avec la parité des
:
raisons, implique un état de question. Ainsi deux
jeunes gens qui, voisins l'un de l'autre, et ayant
probable, nous l'admettons :
donne pour la défense quelque prétexte même peu
mais la cause est-elle
évidemment avouée, nous le rejetons comme il est
chacun une femme d'une beauté remarquable, se juste dès lors. Quelquefois, surtout dans les causes
rencontrent an milieu de la nuit, et s'accusent mu- vraies, il arrive une foule de questions qui sont
tuellement d'adultère. La raison qu'apporte l'un est
nécessairement apportée par l'autre. Voici comment
Il est vraisemblable que vous vouliez commettre un
: d'un grand secours pour l'accusateur et de nul
avantage pour l'accusé. Nous ne les appelons pas
débats, mais lieux communs. Car il n'y a en eux
adultère, parce que vous êtes jeune. — Il est vrai- aucune preuve du crime, mais un certain relief
semblable que vous aussi vous aviez ce dessein, car qui rend le délit comme saillant et évident.
vous êtes jeune. — Cela est vraisemblable, car j'ai Il y a une quatrième espèce de nullité, tellement
une épouse parfaitement belle. — Cela me parait
aussi vraisemblable, car mon épouse est aussi par-
faitement belle. — La proximité vous a fourni
même les plus instruits :
ténébreuse que souvent elle surprend les hommes
car elle a une certaine
apparence de probabilité et de consistance. Telle est
l'occasion. — Vous aussi, la même proximité vous a une cause dans laquelle le juge ne peut examiner
donné l'occasion. — Pourquoi vous rencontré-je la la raison de la sentence qu'il doit porter. Les Grecs
supra diximus, id est cum quæstionibus, aut caussa, tur. Tertium est, asystati genus quod Græci xaB'
aut persona, aut locus, aut aliquid eorum deest, qui- i-ceoofj-epiav appellant, id est secundum alteram par-
bus efflci circumstantiam diximus Hoc autem genus tem, cumreo nulladefensioest, et aut color in facto non
asystati in scholast'cam materiam non potest cadere, invenitur, autparum probab lis color invenitur. Unde-
idcirco quia esse non poterit ullum thema deficiente etiam Democrates praeceptor meus solitus erat dicere,
circumstantia. In veritate tamen nonnumquam evenit, eas etiam controversias, in quibus color diu quæritur,
ut aliquid horum desit, et per imprudentiam actoris statum nonhabere. Verum ille constantius, nos si af-
profligata caussa veniatur ad judicem. Alter est modus feratur aliquid ad defensionem vel mediocriter proba-
asystati, quem xaxa fa6't1j'tcx appellant. Nos tamen si bile admittimus. Sed si evidenter confessa caussa est
nomen latinum dare non possumus, tamen vim intelli- ut oportet secundum hetcromeriam explodemus. Non-
gere debemus ; nam cum eadem utrimque dicuntur, nunquam incidunt quæstiones, maxime in veritate, quae
et nulla re, ne parva quidem, discernuutur, tamen
hujusmodi JiXeypLcc, propter æqllalitatem utriusque par-
tis, statum implicat. Ut vicini adolescentuli, qui spe-
tem:
summam accusatori, nullam reo largiuntur faculta-
verum eas non controversias, sed communes
locos dicimus quippe est in his non probatio criminis,
ciosas uxores habeant, noctu alter alterum obvium sed ut in expressum atque evidens facinus expressio.
habuerant, accusant invicem adulterii : nam quidquid Quartus est modus asystati vel caliginosissimus, adeo
altera pars dixerit. hoc alteradicatnecesse est. Veri ut nonnumquam doctis etiam hominibus soleat obre-
simile estte adulterium voluisse committere, quiaado- pere. Habet enim nonnullam speciem probabilis con-
lescens es. Te quoque vcri simile est voluisse, quia sistentisque materife. Ea est hujusmodi, in qua ju
adolescens es. Veri simile est. quia speciosam uxorem dex ferendae sententiae rationem explorare non potest :
habeo. Te quoque veri simile eQt, quia et ego speciosam hoc Grteci itaopov vocant. Sed subjiciamus exemplum:
qiabeo. Facultatem tibi vicinitas praebuit, et tibi eadem Petebat ab alio usuram quasi pecuniae creditae : ille
vicinitas præbuitfacultatem. Cur nocte in me ? cur tu accepisse se pecuniam confitebatur, sed depositam, et
?
autem in me incidisti Nihil est quod distinguatur; et
idcirco uter eorum sive accusat alterum, se crimina-
idcirco velle se restituere sortem sine usura. Pendente
:
inlerea judicio, lex de novis tabulis lata est repeLit
tur, sive se purgat, defondit eum, quem criminari vide- ille quasi depositam hie retinet quasi creditam. Non
la-nomment
exemple : à'ropovembarrassante. Donnons un
Quelqu'un réclamait d'un autre les inté-
rêts d'une somme qu'il lui avait prêtée. Celui-ci
sonnes parlant assez mal le
pour ce qui est de bonne renommée d'où est:
grée, prennent ce mot
mait tout à l'heure qu'il l'avait reçue en dépôt, l'appelons, non pas de son nom vulgaire, de mau-
et maintenant qu'il l'a reçue en prêt, ni l'un ni vaise renommée, mais bien, de nulle renommée,
l'autre ne s'en tient à son premier moyen de dé- c'est-à-dire vile et méprisable. Des exemples feront
;
fense mais chacun use du moyen précédent de son clairement ressortir ces différences. 4° Le débat de
adversaire.
:
bonne renommée est celui dans lequel la personne
et l'affaire sont honorables. Soit Scipion ayant
défait les Carthaginois demande pour récompense
CHAPITRE IX
d'assister aux jeux, couronné de lauriers. Ici, la
Formes des débats. personne de Scipion est honorable, et ce qu'il de-
mande n'est pas honteux. 2° Le débat de renommée
Il rentre, je crois, quelque peu dans notre sujet à la fois bonneest mauvaise est celui dans lequel la
de connaître les formes des débats, comment ils
diffèrent entre eux, afin de mieux montrer com-
ment nous traitons chacun en particulier. Il y a
;
honte de la chose entache l'honneur de la per-
sonne
;
comme si le même Scipion demandait pour
récompense la mort de Tibérius Asellius la per-
donc quatre sortes de thèses ou de genres de dé-
:
bats 1° Celui que nous pouvons nommer de bonne
;
renommée, eSSoijov 2° celui que nous pouvons ap-
sonne du demandeur èst honorable, mais la chose
demandée est mauvaise. Ou, au contraire, si après
avoir été destitué, il a fait un acte de courage, et
peter de renommée à la fois bonne et mauvaise, demande pour récompense de retourner à la maison
;
<2(jupi8o!|ov 30 celui que nous appellerons de mau- de ses pères. La personne est flétrie par la destitu-
vaise renommée rcapt£8o£ov, bien que quelques per- tion ; mais le retour chez elle qu'elle demande est
:
quam res est honesta, velut Scipio victis Pcenis petit
in praemium ut spectet ludos laurea coronatus et per-
:
ac malo confusse possumus dicere t rcapaSoijov, quod
nos opinionis malse. possumus dicere tametsi qui-
sona honesta est Scipionis, et quod petitur non impro-
1 um. AlLcplõo!;ot; est, in qua vel honestatem personæ
- dam parum diligenter græce loquentes, paradoxon pro
his quæ sùnt bonse opinionis, accipiunt. Unde vulgo
L etiam Olympionicas et ceteros victores sacrorum cer-
mii nomine mortem Tyberii Asellii :
turpitudo rei maculat, velut si idem Scipio petat prae-
nam petitoris
persona honesta est; quodautem petitur, inhonestum.
honnête. 30 Le débat de mauvaise renommée est à la qualité de la cause pour préluder, c'est-à-dire
:
celui dans lequel la personne et la chose sont sans
honneur. Ainsi quelqu'un qui a fait un acte de
courage, est accusé d'impudicité. Il demande alors
poser les principes de la controverse. Car ce n'est
pas la même espèce db principes dans la thèse de
bonne renommée, de renommée bonne et mauvaise,
en récompense la mort de son accusateur. Or,. ici, et de mauvaise renommée. D'abord, pour le genre
le demandeur est flétri, puisqu'il est accusé d'im- de débat de bonne renommée, Hermagoras prétend
;
débat sans aucune renommée est celui où ne se
;
trouve aucune gloire c'est un débat vil et mépri-
sable. Un pauvre vendait des habits survient un
une thèse honorable, comme est celle de Scipion,
ceux auprès de qui nous devons parler sont déjà
remplis de bienveillance; il est donc inutile de pré-
;
autre pauvre qui les revendique et soutient qu'on
les lui a volés alors le vendeur affirme qu'il les lui
a enlevés quand il l'a surpris en adultère. Ils s'ac-
parer ce qui est déjà prêt. » Mais, n'en déplaise à
ce grand homme, je suis d'un avis différent. Il ne
faut pas toujours, en effet, s'en tenir à l'autorité,
cusent donc réciproquement, l'un d'adultère, l'autre surtout quand la raison est supérieure. Rien nem-
basses ;
de vol. Dans ce cas, les personnes sont des personnes
et les choses qui semplent former la ques-
tion, savoir la réclame et la connaissance des habits,
pêche donc, je crois, que nous ne fassions quelque
peu d'exorde dans un débat de bonne renommée.
Car il n'y a pas de mal, selon moi, à se rendre,
sont méprisables. Et bien, qu'intervienne ici le motif par quelques mots préalables, des juges bienveil-
d'adultère qui n'est pas une raison de peu de valeur, lants plus bienveillants encore, et de tâcher, si nous
cependant, comme avant l'affirmation. il y a des les voyons mal disposés contre nos adversaires,
motifs bas et sordides, la forme tout entière des d'accroître encore par l'exorde cette mauvaise dis-
débats s'en ressent. position. Enfin, nous voyons les joueurs de flûte, de
guitare, et autres artistes de ce genre qui ne se
CHAPITRE X posent pas comme orateurs, dire quelques paroles
De quelle utilité est la connaissance de ces formes.
avant de jouer. De plus, c'est un discours tronqué
et sans tête qu'un di-cours sans exorde et commen-
La connaissance des différentes formes de débats, çant ex abrupto. Dans les controverses de bonne
outre plusieurs autres avantages, a celui de nous renommée, employons donc des préludes, mais
mettre à même de trouver une matière convenable qu'ils soient courts, justes, pleins de confiance et
A
:
Vel contra, si abdicatus fortiter fecerit. et petat prae-
mii nomine reditum in domum patris persona quae
petit inhonesta abdicati, res quam petit honesta ut in
ad multa alia convenit, turn vel in primis ad id, ut
modum praefandi, id est principia edendi, congruen-
tem qualitati maieriam invenire possimus : non enim
domum patris redeat. ITapdtBo^ov est controversiae ge- eadem species debet esse principii in themate EÙÕOw
nus. ut supra definiebam. in quo utraque sunt inho- et &p.tõ6ç et rapao6$w, sed sua cuique forma tri-
nesta, tam res quam persona. velut impudicitiae reus
tem:
fortiter fecit, petit praemii nomine accu atoris suimor-
nam et prsona petentis inhone ta est, siquidem
:
buenda. Jam primum in Eúõ6e genere materiae Her-
magoras negat e;se praefandum nam si benevolen-
:
tiae, intuit,conciliandaegratia praefari solemus in bonæ
:
fuit reus Impudicitiæ. tametsi aliquid turpitudini dero-
gaverit, quod fortiter fecit et res quam petit, improba.
opiuionis themate, qualu illud est Scipionis benigni
sunt hi, apud quos locuturi sumus nihil autem adti-
~Aõoçov, est controversiae genussine opinione utraque,
humile et sordidum. Pauper vestimenta vendebllt,
exs itit alius pauper, qui vendicaret ea, etfurto ablata
:
net parare quod para um esi. Sed mihi longe aliter vi-
detur, et pac tanti viri dixerim neque enim est
semperspectanda auctoritas, utique cum ratione vin
sibi esse diceret : ill, venditor ait se ab adultero de- catur. Censeo igilUr nihil prohibere in sCSoijw genera]
prehen o IlIavestimentadelraxisse : invicem accusant, materiæ, quominus praefemur. Nihil en m, opinor,
ille adul erii, hic furti hic enim et personae humiles mall eit, benignos judices benigniores reddereprae-
pnuperum, et res quae videntur fecisse quaestionem ab- fando, ut cum ofTensos ariversariis videmus, otfensio-j
jectae, vestimentoruin vndicatio et agnitio : et quam- uem illim dicendo augere conamur. Deniqne auloedos
quam intervenerit crimen adulterii non abjectum, ta- et eittiaroedos et ceteros tiujnsmodi arlifices. quam-
men qu'à plura sunt ante jtEptaxaaiv humiliaet sordida, quam non polliceantur orationem, videmus tamenj
totius controversiae speciem sibi vindicant. praeloqui ante actionem. Et omnino curta et sine ca-
CAPUT X pite oratio est, quae sine principio ab ipsis rebus ordi- f
tur. Utemur etiam principiis in bonae opinionis con-
ie ferut figurarum ejusmodi agnitio.
Quid utilitatii pree troversiis; sed brevioribns et erectioribus paulo, et
Dignoocereautemhas controversiarum figuras, cum confidentibus et plenis dignitatibus, sine jactantia
de dignité, surtout sans fierté, afin de ne pas faire genre précédent, mais bien avec une certaine rete-
naître la jalousie. Tel est l'exorde de Cicéron contre nue mêlée de confiance. Si 4a chose est honteuse,
le discours de Métellus, où il semble dire, dans un portons, autant que possible, l'attention du juge
:
transport de fierté « 11 me faudra, je crois, le
poursuivre dans sa fuite, puisque je ne puis éprou-
sur la dignité de la personne. Si, au contraire, la
honte s'attache à la personne, réfugions-nous dans
ver sa résistance dans une lutte corps-à-corps. » Il la dignité de la chose, comme un homme qui aban-
n'aurait certainement pas commencé par parler donne un endroit dangereux pour un lieu de sûreté,
avec tant de hardiesse, si la personne de l'avocat mais cependant peu à peu, légèrement, paraissant
n'eût été honnête, et le sujet qu'il devait traiter, plutôt mépriser un soupçon de crainte que le con-
:
mauvaise opinion suscitées contre nous par la
jalousie tenir le corps dans une pose respectueuse,
courber la tête, et attacher-les yeux à terre; point
faut pas tant s'arrêter à considérer la dignité des
personnes et des choses que la nature du juste et
de l'injuste, du vrai et du faux. La force de ces
d'ostentation, mais plutôt une certaine apparence motifs est aussi vive dans les petites causes que
Les savants rejettent unanimement ce traité des œuvres de saint Augustin. Luc Holstenius dans
son Recueil des règles, seconde partie, lui donne avec plus de raison le titre de Consensoria mona-
dans cet appendice, privés que nous sommes, surtout de l'autorité de vieux exemplaires
nous n'avons trouvé aucun manuscrit de cet ouvrage.
;
chorum. Toutefois, il nous a paru inutile de changer le titre qui depuis longtemps déjà est admis
car
Hoc opusculum una omnium eruditorum sententia abjudicatur Augustino. Apud Lucam Holstenium in
codice Regularum parte secunda, Consensoria Monachorum inscribitur, aptiore titulo. Attamcn receptam
dudum in hac appendice inscriptionem mutare visum non est, pneserlim destitutis veterum librorum
auctoritate, quippenullum hujus opusculi MS. exemplar reperimus.
FRAGMENTS
QUI NOUS RESTENT DE LA RÈGLE DES CLERCS
D'un commun accord, nous avons établi une règle en distribue le prix aux pauvres et aux indigents. »
que personne dans la suite ne devra violer. Il a plu (Matth.,xix, 21.) Et ailleurs: « Qu'il se renonce
à nous tous qui habitons,au nom de Notre Seigneur lui-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive. »
Jésus-Christ un monastère, de n'avoir, pour nous (Luc, ix, 23.) Qu'il ne se préoccupe ni de la nour-
conformer à la tradition apostolique qu'un seul riture, ni de l'habillement, ni de toute autre néces-
sentiment dans le Seigneur, et de posséder tout en
:
commun, ainsi qu'il est écrit « Ayez dans le Sei-
sité de son corps; car le Seigneur nous en avertit
:
dans l'Evangile et nous dit « Ne pensez pas en
gneur un seul sentiment. » (Sag., i, 1). Que personne
donc ne réclame quelque chose comme lui apparte-
;
vous-même et ne dites pas que mangerons-nous,
et comment nous vêtirons-nous; ce sont les païens
:
nant en propre, mais qu'on se conforme à ce qui est
écrit dans les actes des apôtres « Ils avaient tout
en commune (Act., 11., 44; iv. 32) et personne ne
qui se préoccupent de ces choses. Votre Père sait
;
que vous avez besoin de cela cherchez d'abord le
royaume de Dieu et sa justice; et tout le reste vous
se serait permis de se dire le possesseur de quoi- sera donné par surcroît. » (Matth., vi, 31-33.)
que ce fût. C'est ce que nous avons écrit. Vivons Cependant, avant de se décider à s'enfermer dans un
donc avec le Seigneur par les liens de l'observance, monastère, qu'il étudie le genre de vie et l'exemple
et persévérons-y jusqu'à la fin; car il est écrit dans des frères, et qu'il soit examiné dans toutes ses
:
la loi « Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là actions par celui qui préside; qu'ensuite, il soit
sera sauvé. » (Matth, x., 22.) Celui qui désire entrer admis avec le consentement de tous, et cela, pour
dans la congrégation des frères qui semblent ne
se conformer au conseil et au précepte que nous
:
faire qu'une seule famille, ne doit pas ignorer ce
texte de l'Evangile « Qu'il vende tous ses biens et
donne la Sainte Ecriture; quand elle dit; « ne choi-
sissez pas votre ami sans réflexion. » S'il arrive que
REGULÆ CLERICIS veraverit usque in finem, hic salvus erit (Matt., x, 22).
Si quis aulem venire desiderat ad congregationem
TRADITÆ FRAGMENTUM. :
fratrum, qui in unum esse videntur, non ignoret
Evangelii dictum, quod dixit Vendat omnia sua, et
eroget egenis etpauperibus (Matth., xix, 21). Et iterum :
Abneget semetipsum, sibi tollat et crucem suam, etsequa-
Communi definitione decrevimus apud nos, quod tur me (Luc., ix, 23). Et ne tractet in corde suo de
numquam postmodum ab ullo poterit infringi. Resi- victu aut vestitu, et ceteris, quæ necessaria sunt cor-
dentibus nobis in monasterio, in nomine Domini nos- pori, ipso Domino præmc.menle in Evangelio et
tri Jesu Ghristi, omnibus placuit secundum apostoli- dicente : Nolite cogitare dicentes, quid editis, aut quid
:
cam traditionem, unum sentire in Domino et commu-
niter possidere. Sicut scriptum est Vnum sentite in
Domino (Sap., i, 1). Et nemo quidem proprium sibi
vestiemini : hoc enim gentes cogitant. Scit pater vester
quia horum omnium indigetis : quærite primum regnun
Dei, etjustitiam ejus; et hœc omráa apponentur vobis
vindicet quidquam, sed fiat sicut scriptum est in Acti- vi,
(Matth., 31). Verumtamem antequam statuat esse
busApostolorum, Hobelliesomnia communia (Act., ii, in monasterio, probet propositum fratrum atque
44. Etc. iv, 32), nemo quidquam esse suum dicebat exemplum, et ipse probetur in omni conversatione
quod a nobis scriptum est. In Domino ergo jure obser- ab illo, qui prior est, et ceteris consentientibus, pro-
vationis nos teneamus, et in eo usque in finem per- pter illud quod Scriptura docet et admonet, dicens :
maneamus : quoniam in lege scriptum est, Qui perse- Amieum noli cito comprobare, Sed si contigerit ut ali-
quelqu'un se trouve dans la nécessité de quitter la jusqu'au dernier des frères. Si quelqu'un entend
communauté, qu'il n'ait pas le dessein d'emporter une doctrine qui ne soit pas la même que celle qu'il
quoi que ce soit de ce qui était dans le monastère, a apprise dans le monastère de celui à qui il s'est
soit qu'il l'ait apporté avec lui, soit qu'il l'ait confié, qu'il la reçoive et en fasse part à celui qui
gagné avec ses frères. Car il est certain que les enseigne, parce qu'il est écrit : « Tout ce qui est
v,
- frères ne doivent rien avoir, rien posséder, rien
donner, rien recevoir, sans la permission du supé-
rieur. Que si quelque parent, quelqne ami, ou
rèvélé est lumière. » (Ephes.,
; 13,) Si cette
doctrine est bonne, elle sera louée si, au contraire,
elle est mauvaise, elle sera rejetée. Si parmi les
quelqu'un des frères veut donner quelque chose, frères qui demeurent dans l'unité, il en est un qui
qu'on demande d'abord la permission au prieur, tout à coup ait quelque altercation avec son prélat,
et qu'on reçoive, s'il l'a ordonné. Sur cet article, il faut le supplier de revenir, non-seulement une
:
on ne doit rien faire que ce qui plaît au Prieur ou
que ce qu'il permet car il serait fortement à crain-
:
dre de voir arriver ce qui est écrit « L'homme
fois, mais deux et trois fois, ainsi que nous le
recommande l'Evangile, matth., XVII, 13. 17.)
Mais, s'il ne veut pas s'amender, celui qui a reçu
dont la langue est sujette au changement tombe l'injure, après une première et même une seconde
dans le mal. » (Prov., XIII, 3.). Cela est nécessaire correction, en supposant qu'elles n'aient point pro-
pour que personne n'en appelle à son propre juge- duit d'effet, instruira le prélat, de peur que, par son
-
ment et ne paraisse le destructeur plutôt que le silence, il ne se mette en péril de périr en même
fondateur du monastère. Car il est écrit : « Celui
qui n'est pas avec moi est contre moi, et celui qui
temps que son frère ; :
car Salomon a dit « Celui
qui cache une inimitié, prépare et ourdit une tra-
»
ne ramasse pas avec moi, dissipe. (Matth., m,30.) hison. » Si, comme cela arrive de notre temps, une
Si un frère, à l'instigation de quelqu'autre, éprouve invasion soudaine ou une guerre empêche les frères
la tentation de quitter le monastère, il doit en re- de prendre la fuite ensemble, à cause de la pour-
pousser l'instigateur, ou auparavant, le faire con- suite de l'ennemi, et si, par la grâce de Dieu, ils
naître à l'abbé; car, à mon avis, on ne doit rien lui échappent au danger et peuvent parvenir au lieu
:
cacher de ce que nous avons voulu être en com-
mun. Il est écrit « Que vos amis soient nombreux,
mais qu'entre mille un seul soit votre conseiller.»
où s'est réfugié' leur prélat, ils doivent se hâter de
s'y rendre, comme des enfants vers leur père. Car
ils ne peuvent en aucune façon se séparer, ceux que
(Eccli., VI, 6.) Il faut donc que cette règle soit la charité divine a unis, parce qu'il est écrit :
observée avec le plus grand soin depuis le prélat « L'amour parfait met la crainte dehors. » (I Epit.,
quis ex qualibet caussa necessitatis a monasterio summa diligentia observandasunt a Praeposito usque
fuerit abstractus, ne vel mente concipiat secum aliquid ad omnes fratres. Et si quis ab aliquo doctrinam au-
ferre de iis omnibus, quæ in monasterio fuerunt, sive dierit, praeter quam inmonasterio consecutus est ab
etiam quæ secum aliquando adtulerat, sive ea quae eo, cui se credidit, hanc autem mscipiat, et eam non
cum patribus adquisierat : quia certum est fratres subtrahat doctori : quia scriptum est, Omne quod
maniretatur, lux est (Ephv, 13). Si enim bona fuerit,
nihil habere, possidere, dare, vel accipere debere
sine superioris licentia. Quod si propmquus, vel ami-
cus, vel quilibet fratrum, aliquid offerre voluerit,
:
collaudanda est si vero prava, reprobanda. De iis
autem fratribus, qui in unitate consistunt, si quis
primo quidem Priori insinuetur, et sic suscipiatur, si subito adversus Praepositum altercatus fuerit, non
ipse mandaverit; de quo tamen nihil fiat aliud, nis1 solum semel, sed secundo et tertio, ut Evangelium
quod Priori placuerit, vel permiserit : quoniam valde docet (Matt., XVIII, 20), licet exorare. Si autem nolue-
verendum est, ne sibi eveniat quod scriptum est : rit
"Virmutabilis in lingua inâdit in mala (Prov., XIII, 3).
seemendare, illi cuiinj uriam irrogatus est, post
primam vel secundam correctionem, qui non revoca-
Et iterum, ut nullum omnino de fratribus secum pro- veritcontumacem, denuntiet et illud Præposito, ne
vocet, ne magis destructor quam sedificator monaste- pertaciturnitatem, et ille, et fratersuus periclitentur,
rii videatur : propter id quod scriptum est, Qui non
:
est mecum, contra me est et qui mecum non congregat,
dispergit (Matt.) XlI, 30). Et quicumque provocatus ab
sicut Salomon ait, Qui occultat inimicitiam, instruit
dolum. Si vero (ut fieri solet) incursion repent na su-
pervenerit.aut hostilitas,ut impossibile sit fratribus in
aliquo, de monasterio voluerit, abscedere, aut redar- unum lugam petere propter insecutionem inimicorum,
guat provocantem, aut ante mdicet (a). Præposito, et posmodum Deo favente evaserint, et potuerint
cui utique de iis, quæ in communi decrevimus nihil pervenire ubi Praepositum esse cognoverint, veluti
esse censeo subtrahendum, quia scriptum est, Pacifici filii ad patrem festinare debebunt. Nec ullo modo
sint tibi multi, sed unus ex mille sit tibi consiliarius poterunt separari, quos divina caritas sociavit, quia
(Ecclvi, 6). Igitur hæc quæ scripta sunt, cum scriptum est, Perfecta dilectio foras mittit timorem
(a) I Rélract. c.xi, n. 3.
Jean., IV, 18.) Si, pour les raisons que nous venons
de dire, quelqu'un est obligé de garder ce qu'il a
:
l'apôtre « Ne devez rien à personne, sinon une
affection mutuelle. » (Rom., XIII, 8.) Que les frères
1
;
emporté du couvent, il devra, dès qu'il le pourra,
le rapporter là où se trouve le prélat car il ne peut
retenir ce qui, par suite de conventions, appartient
observent donc tout ce qui est écrit dans ce livre,
et que ceux qui veulent bien vivre y souscrivent.
C'est pour ceux qui sont reconnus constants en
à tous, et se trouve par conséquent consacré à Dieu. tout que toutes ces règles ont été disposées et
Mais s'il forme le dessein de garder quelque chose écrites.
qu'il n'ignore pas qu'il agit contre la parole de
(Joan iv, 18). Si quis autem quod superius diximus quidquam debeatis, nisi ut invicem diligatis vns
caussa necessitatis detinet id, quod a monasterio (Rom., XIII, 8). Omnia ergo quæ in isto libro conti-
secum portavit, necesse habebit, ubi Praepositus suus nentur, omnes fratres observent, atque subscribent,
est, illud perferre : quia non poterit sibi retinere, quod qui boni esse desiderant. Verum propter iilos sunt
per pactum ad omnes pertinet, et Deo utique est cauta, id est scripta, qui in omnibus stabiles esse
consecratum. Sed si cogitaverit de his aliquid retinere noscuntur.
contra dictum Aposloli agere videtur, qui ait, Nemini
AVERTISSEMENT SUR L'OPUSCULE SUIVANT
:
Nous avons comparé cet opuscule avec l'exemplaire trouvé à Corbeil, qui remonte, semble-t-il,
à mille ans. Il s'y rencontre quelques variantes ainsi l'exemplaire de Corbeil porte, au lieu de :
;
Psaumes 5, 62, etc « Trois psaumes; le 62e, le 5e et le 89e. » Ce texte concorde assez avec les
textes de Luc Holstenius, dans sa table des règles, et avec ceux des éditions d'Amerberg,
:
ensuite « A tierce, on dira un psaume pour répons :
d'Erasme et de Louvain. Ici se trouve une petite lacune, un mot d'environ six lettres, effacé, et
puis deux antiennes, une leçon, et la ter-
minaison.On dira de la même manière sexte et none. A l'office du soir, un psaume répons, quatre
antiennes, un autre psaume répons, une leçon et la terminaison. Au moment qui paraîtra le
plus convenable, après l'office du soir, tout le monde étant assis, on lira les leçons. » ici un
mot effacé. « après cela, on récitera les psaumes habituels avant le coucher, et pour les prières
de la nuit, au mois de novembre, etc. » Le mot completorium qu'on retrouve deux fois paraît
;
avoir la même signification que la formule employée par notre Père saint Benoît, deux fois aussi,
dans la règle qu'il pose pour les matines Et completum est « et le tout s'est terminé. » C'est-à-
dire; c'est ainsi que finira l'office; ou bien, on ajoutera une oraison finale, semblable à celle
:
qu'on trouve dans les anciens missels, sous ce titre ad completorium, pour terminer. Dans ce
:
:
même exemplaire, l'opuscule commence ainsi, aussitôt après le titre Ante omnia, etc et après ;
ces paroles de vestra salute, amen, suit immédiatement, et dans le même verset, la règle de saint
Augustin, pour les hommes, comme nous l'avons déjà fait remarquer, et qui finit par ces mots
Explicit régula sancti Augustim et episcopi : fin de la règle de saint Augustin évêque.
:
Contulimus istud opusculum ad exemplar Corbeiense ante mille annos, uti videtur, exaratum, quo in
;
1. Avant tout, mes très-chers frères, il faut aimer
Dieu, et eusuite le prochain car ce sont là les deux
préceptes qui nous ont été spécialement donnés.
2. On travaillera depuis le matin jusqu'à sexte.
à none, on se livrera à la lecture. Les volumes
seront rendus à none. Après le repas, on travaillera
:
tende parmi nous aucune parole oiseuse. Depuis le
matin, qu'ils se tiennent à leur travail après tierce,
qu'ils y retournent également: qu'ils évitent de se
au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous avan-
cerez, et nous ressentirons une grande joie de votre
salut: Ainsi soit-il.
tenir debout en conversation, à moins qu'on n'ait Tels sontles points de règle que nous vous or-
quelque chose à dire pour le bien de l'âme. On sera donnons d'observer à vous, qui vous trouvez dans un
donc assis en travaillant et l'on gardera le silence, à monastère. Premièrement, etc.
moins qu'il n'y ait nécessité à ce que quelqu'un ,
parle. Si quelqu'un n'applique pas toute sa vertu à Voir la règle de saint Augustin.
Si opus fuerit ad aliquam necessitatem monasterii opera taceant, nisi forte necessitas operis exegeri.
mitti,duo eant. Nemo extra monasterium sine præ- ut loquatur quis. Si quis autem non omni virtuta
cepto manducet neque bibat, non enim hoc ad disci- adjuvante misericordia Dei hæc conatus fuerit implert
plinam perLinet monasterii. Si opera monasterii sed contumaci animo despexerit, semel atque iterum
mittantur fratres vendere, sollicite observent ne quid
faciant contra præceptum, scientes quia Deum exacer-
bant in servis ipsius : sive aliquid emant ad necessi-
:
commonitus, si non emendaverit, sciat se subjacere
disciplinae monasterii sicut oportet si autem talis
suerit ætas ipsius, etiam vapulet. Hæcautem in nomine
tatem monasterii. sollicite et fideliter ut servi Dei Christi fideliter et pie observantes, et vos proficietis,
:
agant. Otiosum verbum apud eos non sit. A mane ad
opera sua sedeant post orationem tertiæ eant simili-
ter ad opera sua. Non stantes fabulas contexant, nisi
et nobisnonparva erit lætitia de vestrasalute. Amen.
Hæc sunt qua) ut observeti s præcipimus in monaste-
rio constituti. Primo, etc.
forte aliquid sit pro utilitate animæ : sed sedentes ad
AVERTISSEMENT SUR L'OPUSCULE SUIVANT
Que cet opuscule ne soit pas de saint Augustin, c'est ce qui, entre mille autres preuves, ressort
clairement, des éloges qui y sont donnés à la règle de saint Benoît (ch. XVI et XIX). Luc Holste-
nius dit savoir de source certaine que cet ouvrage est du Bienheureux Aëlred, abbé de Rhievall
en Angleterre, lequel écrivait au milieu du XIIe siècle (Livre des règles, 2e partie). Et en effet, à
la table des œuvres de cet Aëlred, deuxième centurie des écrivains de Bretagne, n° 99, on le
:
trouve indiqué sous ce titre De l'institution des recluses. Depuis plusieurs années, vous me deman-
;
dez, etc. En outre, on a le tiers à peu près de ce même opuscule parmi les œuvres attribuées à
,
saint Anselme ce sont les méditations XVe XVIe et XYIIe.
Augustini non esse hunc librum cum ex aliis multis argumentis, tum ex eo liquet, quod B. Benedicti
regula in 14 et 19 capite laudatur. Esse B. Aëlredi Rhievallensis in Anglia abbatis, qui nimirum medio
sæculo duodecimo scribebat, certo se scire ait Lucas Holstenius in codice Regularum, parte secunda. Et
revera in indice operum S. Aëlredi Centuria 2. Scriptorum Britanniæ n. 99. recensetur sub hoc titulo:
De Institutione inclusarum Lib. I. Jam pluribus annis exigis a me. Habes ejusdemmet libri partem circiter
tertiam inter operæ S. Anselmi nomine vulgata, scilicet meditationes xv. XVI. et XVII.
DE LA VIE ÉRÉMITIQUE
m
DE VITA EREMITICA
rabo, pro loco et tempore quædam adjiciens :
et spiritualia corporalibus, ubi utile visum fuerit inter-
serens.
Primum oportet scire, qua caussa, quave ratione
AD SOROREM, LIBER. vita hæc ab antiquis vel instituta sit vel usurpata.
CHAPITRE III ;
une esclave aux coups plus libres des démons. Car
le langage dépouille ses voiles ce n'est plus pour
allumer mais pour alimenter le feu des voluptés
Conversation des recluses avec les femmes du dehors.
qu'elles parlent. Où, quand, et par le moyen de qui
Vous trouverez à peine une de ces recluses de nos ?
pourra-t-elle satisfaire ses désirs tel est l'objet de
jours, sans voir assise devant sa fenêtre une vieille, leur entretien. La cellule se change en un lieu de
babillarde et conteuse de sornettes, qui l'entretient prostitution; une ouverture secrète est ingénieuse-
de fables, la nourrit de rumeurs ou de médisances, ment pratiquée, et la recluse sort ou bien l'adultère
lui décrit l'extérieur, le visage, les habitudes de tel entre. Ce malheur, comme on en voit souvent la
ou tel moine, de tel ou tel ecclésiastique, ou de preuve de nos jours, est un piège très-commun pour
toute autre personne. Elle insinue même la séduc- beaucoup.
tion, dépeint la coquetterie des jeunes filles, la li-
berté des veuves qui ont leurs coudées franches, les CHAPITRE Y
ruses des femmes pour tromper leurs maris et sa- Avarice de quelques recluses.
tisfaire leur volupté. Et pendant ce temps, on sou-
rit, on éclate, et le poison pris avec délices se ré- - Il en est d'autres qui, tout en repoussant les en-
pand dans les veines et dans tout le corps. tretiens honteux, babillardes quand même, sont
:
non curantes, membra tantum intra parietes cohibere
satis putant esse cum mens non solum per vagalio-
nem dissolvatur, curis et sollicitudinibus dissipetur,
Ex confabulatione cum externis mulieribus quæ
pernicies.
Sic cum discedere ab invicem hora compulerit, m-
immundis etiam et illicitis desideriis agitetur. sed clusa voluptatibus, anus cibariis onerata recedat.
etiam lingua tota die per vicos et civitates, per toros Reddita quieti misera eas quas auditus induxerat, in
et nundinas otiose discurrant. corde versat imagines, et ignem praemissa confabu-
CAPUT in latione conceptual vehe.mentius sua cogitatione suc-
cendit : quasi ebrius in psalmo titubat, in lectione
Reclusarum cum externis mulieribus confabulationes. cadit, fluctuat in oratione. Refusa mundi luce ciian-
Vix aliquam inclusarum hujus temporis solam in- tur mulieiculae addentes nova veteribus, non cessant,
venies, ante cujus fenestram non anus garulla vel donee captivam liberius daemonibus illudendam ex-
nugigerula mulier sedeat, quae earn fabulis occupet, ponunt. Nam manifestior c:ermo non jam de accen-
formam vultum ,
rumoribus aut detractionibus pascat, illlus vel illius
monachi vel clerici vel allerius cujustibet ordinis viri
moresque describat. lllecebrosa
quoque interferat, puellarum lasciviam, viduarum,
quibus licet quidquid libet, libertatem, conjugum in
denda, sed potius de satianda voluptale procedens =
ubi etquandoetperquem possit explere quod cogi-
tai, in commfne exponant. Cella vertitur in prostibu-
lum, etdelicato qualibet arte foramine, aut illa egre-
ditur, autadulter ingreditur. Infelicilas haec, ut sæpe
viris fallendis explendisque voluptatibus astutiam probatur, pluribus caussa viris in hoc nostro sæculo
depingat. Os interea in risus cachinnosque dissolvi- communis est.
tur, et venenum cum suavitate bibitum per viscera
membraque diffunditur.
toujours en société de bavardes, prêtent tout le
CHAPITRE VI
jour leur langue à une curiosité excessive et leurs
oreilles aux discours oisifs. D'autres se souciant peu Une recluse ne doit pas avoir de richesses, sous pré-
de ces bruits (et ce vice s'est glissé chez presque texte de pauvre et d'hospitalité. Qu'elle ait pour son
toutes les recluses de notre époque) n'aspirent qu'à
usage une servante éprouvée, et n'élève point de
entasserde l'argent, à augmenter leurs troupeaux. jeunes filles.
Elles y apportent une si grande sollicitude que vous
les prendriez pour des mères de famille ou des Qu'une recluse tâche, si cela est possible, de vivre
maîtresses de maison, et non pour des anachorètes, du travail de ses mains. C'est là une perfection. Si
Elles demandent à certaines gens des paturâges, des elle eci est empêchée par l'infirmité ou la faiblesse,
bergers qui achètent et gardent leurs troupeaux
elles s'informent auprès des gardiens du prix, du
: avant de se renfermer, elle doit chercher des per-
sonnes sûres, et recevoir humblement d'elle jour-
poids ou du nombre des produits. On suit les achats nellement ce qui suffit à un seul jour, sans rien de
et les ventes, de sorte que la pièce s'ajoute à la plus, ni pour les pauvres, ni pour les voyageurs.
pièce pour augmenter le trésor et allumer la soif Autour de sa cellule, on ne doit entendre,ni les cris
de l'avarice. De telles personnes sont le jouet de des pauvres, ni les pleurs des orphelins, ni les la-
l'esprit malin, en se persuadant que tout cela est mentations de la veuve. Mais, direz-vous, qui les
utile et nécessaire pour distribuer des aumônes, empêchera ? Vous-même, restez tranquille, taisez-
nourrir des orphelins, recevoir avec charité des pa- vous, supportez ces bruits.Dèsqu'on saura que vous
:
rents ou des amis et recueillir de pieuses femmes.
Ce n'est pas là votre devoir il vous sied bien mieux
de recevoir, pauvre vous-même, l'aumône avec les
se retirera. C'est inhumain, criez-vous !
n'avez rien, qu'on n'a rien à recevoir, fatigué, on
Si dans
votre nourriture et dans votre habillement, vous
pauvres, que d'aller, après avoir tout quitté pour avez plus que le nécessaire, vous n'êtes pas une re-
Jésus-Christ, chercher de quoi faire des aumônes. ligieuse : que donnerez-vous donc ? Une recluse,
C'est le signe d'une grande infidélité chez une re- s'il lui reste quoique chose de son travail des
cluse de s'inquiéter du lendemain, quand le Sei- mains, doit le confier à quelque personne fidèle
:
gneur a dit « Cherchez d'abord le royaume de
Dieu, et le reste vous sera donné par surcroit (Matth.,
pour le distribuer aux pauvres. Je ne veux pas
qu'une vieille, habituée à dresser des embûches à la
vi, 33). » En conséquence, tâchez de dépouiller vo- pudeur, se glisse parmi les pauvres pour vous ap-
tre esprit de tout souci des"choses temporelles, et procher, vous apporte des eulogies de la part de
de le décharger de toute sollicitude. quelque moine ou ecclésiastique; ne vienne pas
:
peut-être insupportables, si vous les entendez ra-
conter, ou si vous les voyez qui ensuite, devien-
dront agréables à votre pensée. Si vous craignez le
cou, et le couvrant de baisers, la nomme tantôt sa
filte, tantôt son amie. Comment, au milieu de tout
?
cela, subsistera la pensée de Dieu Car, enfin, ce
scandale, la même raison qui éloigne de vous les ne sont que des choses charnelles et du siècle qui,
pauvres, vous oblige à ne point recevoir d'étrangers. bien qu'incomplètes, ne laissent pas cependant que
Lorsque tous auront reconnu votre dénument , de s'agiter et de se peindre, pour ainsi dire, à vos
personne ne vous fera de reproches.Si vous ne vou- yeux. Ces deux femmes vous suffisent donc pour
lez pas vous charger d'argent pour les pauvres ou vous entretenir et vous servir.
les étrangers, vous aurez moins besoin d'une nom-
breuse maison. Choisissez-vousdonc quelque vieille CHAPITRE VII
femme, ni babillarde, ni causeuse, ni querelleuse,
La recluse doit chercher le silence, parler rarement
et ne colportant point de sornettes, mais qui ait et avec modestie.
toujours de bonnes mœurs, et ait de tous un bon
4
témoignage. Elle gardera la porte de votre cellule Nous engageons surtout la personne retirée du
recevra et conservera ce qu'il faut. Qu'elle prenne monde, à observer rigoureusement le silence. Là,
sous sa tutelle une fille plus robuste pour porter les
fardeaux, apporter l'eau et le bois, cuire les fèves abondants :
en effet, se trouvent un grand calme et des fruits
et le silence est la pratique de la jus-
pudicitiae vetula mixta pauperibus accedat proprius, sustinenda puellam, quae aquam et ligna comportet,
deferat ab aliquo monachorum vel clerieorum eulo- coquat fabas, aut si hoc infirmitas exegerit, praeparet
gias, non blanda verba in aure susurret, ne pro ac- potiora. Haec sub virgae disciplina custodiatur, ne
cepta eleemosyna osculans manum in aure insibilet. forte ejus lascivia tuum sanctum habitaculum pollua-
Cavendum praeterea est, ut nec ob susceptionem reli- tur, propositum blasphemetur, Pueris et puellis nnl-
giosarum feminarum,quodlibet hospitalitatis onus in- lum ad te concedas accessum. Sunt quaedam inclu-
clusa suscipiat. Nam inter bonas plerumque etiam sae, quæ in docendis puellis occupantur, et cellam
pessimae veniunt, quae ante inclusae fenestram dis- suam vertunt in scholam. Illa sedet ad fenestram, ista
cumbentes praemissis valde paucis de religiosis ser- in porticu residet. Illa intuetur singulas, et inter
monibus ad saecularia devolvuntur, inde subtexere puellares motus nunc irascitur, nunc ridet, nunc
amatoria, et noclem fere totam insomnem ducere. minatur, nunc percutit, nunc blandllur, nunc oscu-
Sane tu tale devita. ne cogaris audire, quod videre latur. nunc flentem vocat pro verbere propius, palpat
norreas. Forte enim videbuntur amara, cùm audiun- faciem, stringit collum, et iu amplexum ruens nunc
tur,velcernuntnr : quæsequuntur dulcia,cum cogi- filiamvocat. nuncamicam. Qualiter interhaecmemoria
tantur. Si scandalum times, eo quod nec pauperibus Dei, nisi saecularia et carnalia, et si non perficiantur
erogas, non suscipis kospites; cum omnes tuam nudi- moventur tamen, et quasi sub oculis depinguntur.
tatem didicerint, non erit, qui reprehendat. Si vero Tibi utique duae illae sufficiant ad colloquium et ad
pecuniosam esse :
nec pro pauperibus, nec pro hospitibus te velim
multo utique minus occasione
grandioris familiæ. Itaque eligatur tibi aliqua anus,
obsequium.
CAPUT VII
non garrula, non vaga, non litigiosa, non nugi- Studeat ilentio, et raro modesfeque loquatur.
gerula; sed quæ bonos mores excoluerit, et ab
omnibus habuerìt testimonium veritatis. Hæc ostium Silentii gravitatem inclusae servandam praecipue
cellulæ custodiat, et quod debuerit, vel admittat, vel suademus. Est enim in ea quies magna et fructus
conservet. Habeat sub cura sua fortiorem ad onera multus. Namcultus justiliæ silentium, sicutaitHie-
:
en silence le salut de Dieu: » et aussitôt:
tice. Comme le dit Jérémie « Il est bon d'attendre
« Il est
destie; et que l'entretien roule sur les nécessités de
la vie corporelle, ou du salut de l'âme.
bon pour l'homme, lorsqu'il aura porté le joug,
(Thren., III,20,27,»de s'asseoir solitaire et de garder
-
le silence. C'est de là qu'il est écrit : « Ecoute'
CHAPITRE VJI1
-
le prophète:
Israël, et garde le silence. » Faites donc ce que dit
;
« J'ai dit je garderai mes voies, pour
ne point pécher dans ma langue. J'ai posé une garde
Avec quelles personnes doitparlerune recluse.
remias,«Bonumestcumsilentioexspectaresalutare
taverit jugum::«
Dei (Thren.,III,26).Etiterum, « Bonum estvirocumpor-
» ut sedeat solus et taceat. Unde
et
scriptumest AudiIsraël, tace111,27. Fac »
corporalium rerum necessìtate, sive de animæ salute
sermo incubucrit.
: :
paix (Ps., LXXV). 1) Et ailleurs, le Seigneur dit par temps de carême, la recluse devraitobserver un
la bouche de son prophète « Sur qui se reposera silence absolu mais comme on l'a jugé chose trop
mon esprit, si ce n'est sur l'homme humble et paci- dure et impossible, elle peut parler avec son con-
fique et qui craint mes commandementss (Is., fesseur et sa servante, mais plus rarement que dans
LXVI, 2) ? » Les sottes conversations non-seulement un autre temps, et jamais avec d'autres, à moins
troublent ce saint état de l'esprit, mais le détruisent? que quelque personnage respectable n'arrive de
mauvaises pensées ;
un foyer de tristesse. En elle, est le germe des plus
elle recherche les affections
illicites, éveille les désirs, enfante le dégoût pour la
tesse. Après avoir dit les commémoraisonsdont le
nombre ne doit pas être une contrainte imposée à
l'attention de la voix, mais une inspiration dictée
vie tranquille et inspire de l'horreur pour la cellule. par la dévotion, le temps qui reste jusqu'à l'aurore
Que le tentateur ne vous trouvejamais imprévoyante, peut se partager entre le travail des mains et le
jamais oisive. Mais puisque notre esprit sujet à la chant des psaumes. Aux premières teintes de l'au-
vanité dans cette vie ne peut pas toujours rester rore, on dira Laude et Prime avec les hymnes et les
dans le même état, il faut mettre l'oisiveté en fuite oraisons. Puis, alternant les lectures et les psaumes
par la variété des exercices, et établir le repos sur
le retour successif de nos travaux. Ainsi, depuis les
calendes de novembre jusqu'au carême, la recluse,
:
dans l'ordre que dictera la dévotion, on attendra
Tierce après quoi on devra s'occuper de travail
manuel jusqu'à l'heure de None. Le repas achevé,
si elle le veut, pourra reposer jusqu'à minuit passé, et les grâces terminées, la recluse reprendra le cours
cum ministres suis loquatur si oportuerit; cum super- repauset , et sic surgens cum qua potest devotione,
venientibus, inter nonam et vesperam. Finita hora secundum formam regulæ beati Benedicti, nocturnas
vesperarum, disponat cum ministrisquod opus fuerit vigilias celebret; quibus mox succedat oratio, secun-
usque ad collationem. dum quod eam Spiritus-sanctusadjuverit, aut protelare
debet aut abbreviare. Caveat autem ne prolixior ora-
CAPUT XIV tio fastidium pariat. UTILIUS est enim sæpius orare
Quibus exercitiis vacandum a Kal. Novemb. ad breviter, quam semel nimis prolixe : nisi forte orationi
quadragesimam. devotio inspirata ipso nesciente, qui orat, prolonga-
verit. Post orationem in honorem virginis debilum
His inspectis operi manuum, lectioni et orationi solvat officium, sanctorum commemorationesadjiciens.
certa tempora deputentur. Otiositas quippe inimica CAVEAUTEMnedenumero Psalmorum, vel commemora-
,
est animæ, quam præ omnibus cavere debet inclusa.
Est enim omnium malorum parens, Jibidinis artifex
pervagationum altrix, nulrix vitiorum lomentum
acediæ,tristitiæ incentivum.Ipsapessimas cogitationes
seminat, affectiones illicitas quærit, suscilat desidcria.
tione, aliquam tibi legem imponas : sed quamdiu te
psalmi deleclant, utere illis. Si tibi cœperint esse
oncrosi, transi ad lectioncm : quæ si fastidium ingerit,
surge ad orationem. Sic ad opus manuum, his fati-
gata, pertransiens, ut salubri alternatione spiritum
Ipsa quietis fastidium parit, horrorem incutit cellæ. recrees, et pellasacediam. Finitiscommemorationibus
Numquam te improvidam, numquam te spiritus inve-
niat otiosam. Sed quia mens nostra, quæ in hac vita
subdita est vanitati, numquam in eodem statu perma-
:
quarum numerum non propositioni, vel voci necessi-
tas exlorqueat sedinspirans devotio dictat, tempus
quod restat usque ad auroram, operi manuum cum
net, otiosas exercitiorum varietate fuganda e3t, et psalmorum modulatione deserviat. Albescente aurora
matutinas laudes cum horæ primæ hymnis persolvat :
,
quies nostra quadam operum vicissitudine fulciendia.
Itaque a calendis Novembrisusquead quadragesimam
secundum æstimationem suam plus uedia nocte
et sic in alternatione lectionum, orationum, psalmo-
rum quoque prout ea devotio variaverit, tertiam - exs-
paisibledes exercices que j'ai tracés, mêlant aux alors son esprit par des lectures pieuses et parl'o-
exercices spirituels le travail des mains jusqu'à raison jusqu'à Sexte. Après Sexte, elle prendra son
Vêpres. Pendant quelques instants, elle doit faire en repas, et se reposera sur son lit jusqu'à None, après
son particulier une lecture sur la vie des saints, quoi elle travaillera des mains jusqu'à Vêpres. Après
leurs écrits ouleurs miracles, afin que,sortant de là les Vêpres, nouvelles prières et nouveaux psaumes.
avec quelque componction, elle puisse dire Complies Elle réglera l'heure de la collation, de manière à se
avec une grande ferveur intérieure et se mettre au mettre au lit avant le coucher du soleil, car elle
lit, le cœur rempli de pieuses pensées. Celle qui ne doit prendre soin, en toute saison que la nuit n'ait
sait pas lire, doit insister davantage sur le travail pas étouffé de ses ténèbres toute la lumière du jour
des mains. Quand elle sera un peu fatiguée, qu'elle avant qu'elle aîlle dormir, pour n'êlre pas forcée de
se lève, se mette à genoux et prie quelque peu son dormir quand elle doit veiller.
Seigneur, pour reprendre aussitôt l'ouvrage qu'elle
avait interrompu. Elle doit faire ainsi et dans le CHAPITRE XVI.
temps de la lecture etdans celui du travail, répétant
Du jeûne du Carême.
fréquemment pendant la même occupation l'oraison
Dominicale, en y mêlant, si elle le veut, quelques Sur le point de parler du Carême, je dois, ce
psaumes. semble, eu faire remarquer l'excellence. Bien qu'il y
ait plusieurs sortes de jeûnes pour les fidèles, celui
CHAPITRE XV
du carêmel'emporte surtous lesautres. Il seprésente
Des exercices depuis Pâques jusqu'aux Calendes de appuyé de l'autorité divine, non point seulement
Novembre. pour quelques personnes en particulier, pour les
gens de telle ou telle condition, mais pour tous les
Depuis Pâques jusqu'aux Calendes de Novembre, chrétiens engénéral. Les preuves de son excellence
larecluse se lèvera pour les vigiles, de manière à se tirent de la Loi, des Prophètes et de l'Evangile.
ce que les hymnes et les prières des nocturnes étant Car Moïse, ce grand serviteur de Dieu, jeûna
dites, elle commence les prières du matin après un 40 jours et 40 nuits, pour être digne de recevoir la
peu de repos. Ensuite, jusqu'au lever complet du loi de Dieu. Le prophète Elie, après avoir mangé
pectet, qua dicta in opere manuum usque ad horam ficium diurni operis inchoet, usque ,ad horam tertiam
nonam occupetur. Cibo autem sumpto et gratiarum in lectione et oratione usque ad sextam spiritum
actionibus Deo solutis, ad præscriptam mansuetudi- occupet, Post sextam sumpto cibo, pauset in lectulo
nem spiritalibus exercitiis, opus corporale intermit- suo usque ad nonam : et sic usque ad vesperam ma-
tensusque ad vesperas. Facto autem parvo intervallo nibus operetnr. Post vesperam veroorationibus vacet
aliquam lectionem de vitis patrum, vel institutis vel et psalmis, horam collationis ita temperans, ut ante
miraculis eorum eibi secretius legat : ut orta ex his splis occasum lectulus membra recipiat. Cavendum
: in
aliquacompunctione, quodam fervore spirituscorn-
pletorium dicat ut cum pleno pectore devotionis
lectulo membra componat : ilia sane quae litteras'non
enim est omni tempore ne totam diei lucem nox
antequam dormitum eat, suis obducat tenebris, et
dormire cogatur cum vigilare debet.
intelligit, operi manuum diligentius insistat. Ita ut
cum paulatim fuerit fatigata, surgat et genua flectat, CAPUT XVI
et breviter oret Dominum suum, et statim opus, quod
intermiserat resumat : et foc faciat tempore scilicet De quadragesimali jejunio.
utroque lectionis et laboris, Domimcam orationem De tempore quadragesimali locuturi, primo excellen-
crebrius inter opera eadem repetens : et si quos psal- tiam ejus credimus commendandam. Cum multasunt
mos voluerit, interserem. Christianorum jejunia, omnibus excellit quadragesi-
male jejunium, quod divina auctoritate non singulis
CAPUT XV quibuscumque personis, non illius vel illius ordinis
a
De exercitiis Pascha adKalendas Novemb.
hominibus, sed omnibus indicitur Christianis. Habet
autem testimonium exeellentiæ a Lege, a Prophetis et
A Pascha vero usque ad prsedictas Calendas sic ab Evangelio. Nam Moyses famulus Dei jejunavit
surgat ad vigilias ut finitis nocturnis hymniset orat'o- quadraginta et diebus et quadraginta noctibus, ut
nibus, parvissimo intervallo prccmisso matutinas inci- legem Domini accipere mereretur. Helias autem pro-
k putt. Quibus expletis usque ad plenum solis ortum pheta cum manducasset de pane subcinericio, aquam-
orationibus vacet etpsalmis, ettunc dicta prima sacri- que bibisset, quam Angelus ei ministraverat, jejuna-
Seigneur et Sauveur ayant jeûné 40 jours et 40 nuits Nous sommes ici dans la crainte, le travail et la
triompha du tentateur, et les anges s'approchèrent douleur, chassés de devant la face de Dieu, exclus
de lui et ils le servaient. des joies du paradis, et privés de la nourriture du
ciel. Nous devons sans cesse considérer et déplorer
CHAPITRE XVII notre misère, montrer dans toutes nos œuvres que
Puissance du jeûne. nous sommes des étrangers et des voyageurs dans
ce monde. Or, comme ce n'est pas chose facile à la
Le jeûne est donc un secours contre toute espèce fragilité humaine, l'Esprit saint a fixé un temps où
de tentations, contre tout état de péché. C'est un nous puissions remplir ce devoir, et il a réglé dans
refuge utile dans toutes les tribulations, et pour l'Eglise certaines observances pouvant rappeler la
nous tous, un appui incontestable. Jésus-Christ lui- raison de ce temps. Il montre, en eflet, que nous
même a bien voulu nous dire quelle était cette avons été expulsés, que nous sommes sujets à la
puissance du jeûne. On n'avait pu chasser le démon mort en vertu de cette parole que Dieu a dite à
qui s'était emparé du lunatique. « On ne chasse ce
genre de démons, dit Jésus, que par la prière et le
jeûne (Marc, IX, 28). »
:
Adam en le chassant du paradis, et qu'on nous
redit au jour des Cendres « Tu es poussière, et tu
retourneras en poussière (Gen., III, 19). a Afin que
nous sachions aussi que dans ce lieu d'exil, la vision
CHAPITRE XVIII de Dieu nous est refusée, un voile s'étend entre
Que signifie le Carême ? nous et le saint des saints. Et pour nous remettre
en mémoire que nous sommes relégués loin de la
Mais bien que le jeûne doive toujours être le :
société de ceux dont il est écrit « Bienheureux
ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur, ils
compagnon inséparable de la religion, et que sans
lui lu chasteté ne puisse se trouver on sûreté, ce vous loueront dans les siècles des siècles (Ps. LXXXIII),»
jeûne du Carême contient particulièrement une nous omettons le mot si usité alleluia. Par ce
grande signilication. Notre première demeure fut jeûne plus austère qui nous lie, l'Esprit saint nous
;
le paridis; la seconde, c'est ce monde tout rempli
de misères la truisième sera le ciel, où nous habi-
terons avec les anges et les saints. Or, ces quarante
rappelle que dans cette vie nous n'avons pas la paix
céleste comme nous le voulons. Ainsi donc, dans ce
temps, tout chrétien doit ajouter quelques pratiques
jours signifient tout le temps qui s'écoulera depuis à ses devoirs, et veiller plus attentivement sur son
l'expulsion d'Adam du paradis terrestre jusqu'au cœur et sa Louche. Mais la récluse surtout comprend
jour suprême où nous serons affranchis de cet exil. plus parfaitement la raison de l'institution de ce
vit quadraginta diebus et quadraginta noctibus, et autem isti quadraginta dies totum tempus, ex quo
tunc vocem Domini audire promcru.t. Dominus et pulsus est Adam de paradiso usquead ultimumdiem,
salvalor noster cum jejunavit quadraginta diebus et in quo plene liberabuntur ab hoc exsllio. Hic autem
quadragintanoctibus, superavit tentatorem, etacces- sumus in timore, in labore, in dolore projecti a facie
serunt Angeli et ministrabant ei. oculorum Dei, exclusi a gaudiis paradisi, jejuni ab
alimento coelesti : semper autem debemus hanc mise-
CAPUT XVII riam nostram considerare, et deplorare, et ostendere
Persequitur de virtute jejunii. in operibus nostris quod sumus advenae et peregrini
in munrlo, Sed quia hoc facile non potest humana
Est ergo jejunium contra omnia tentamenta et pec- fragilitas, constituit Spintus-sanctus tertium tempus,
cabilein statum. In omni tribulatione utile refugium, quo id faciamus, et quas;am observationes in Ecclesia
omnibus nostris irrefragabile fulcimentum. Quantæ fieri ordinavit, quibus ipsius temporis caussam ani-
autem virLutis sit jejuniam ipse Christus non tacuit, madvertere valeamus. Nam ubi ostendit nos pulsos
cur daemonem, qui lunaticum invaserat, ejicere non esse, adjectos morti propter verbum, quod dixit Jomi-
potuerunL. « Hoc genus, inquit, dæmoníorum non nus ad Adam, cum eum expelleret de paradiso, cum
potest ejici,nisi inoratione etjej unio (Marc.,IX, 28).» cinerum adspersione dicitur nobis, « Pulvis es, et in
CAPUT XVIII pulverem reverteris (Gen., ui, 19). » Ut sciamus etiam
quod in boc exsilio negatur nobis visio Dei, appendi-
quadragesimæ.
De significations tur velum inter nos et. sancta sanctorum. Verum ut
Licet autem religionis come3 semper debeat esse reducamus ad memoriam, quod longe sumus ab eorum
jejunium, sine quo castitas tuta esse non potest : hæc societate de quibus scriptum est: « Beati qui habitant
tamen quadragesimalis observalio magnum inse con in domo tua Domine, in sæcula saeculorumlaudabunt
tinet sacramentum. Primus locus habitations nostras te (PsalLXXXIII, 5). » Usitatum verbum laudis inter-
paradisus fuit.Secundusmundusisteplenusajrumnis. mittimus. Quod vero nos ipso hoc altiori jejunio
Tertfus in cælo cum Angelis et Spiritibua. Significant constringimur, recordari nos facit, quod in hac vita
J
temps, d'autant plus qu'elle la reconnaît plu; membres, soutenez à peine votre corps d'un peu
expressément dans sa propre vie. Elle doit donc par de nourriture. Mais pensant qu'elle pourra être
de saintes prières, au moyen desquelles nous utile à d'autres, je tâcherai de fixer pour eux une
désirons surtout plaire à Jésus-Christ, se vouer règle à ce sujet. Le bienheureux Benoit accorde au
entièrement à Dieu et se sanctifier. Trêve avec toutes moine une livre de pain et une hémine de vin. Je
les délices,,loin d'elle tout entretien; et regardant ne les refuse pas aux recluses qui sont plus déli-
ce temps comme un jour nuptial, qu'elle aspire cates. Néanmoins, il est très-utile aux jeunes qui
avec toute l'avidité de son âme aux chastes embras- sont plus robustes de s'abstenir de tout ce qui peut
sements du Christ.Elle doit plus fréquemment va- enivrer. Le pain blanc et les mets délicats doivent
quer à l'oraison, plus fréquemment se jeter aux être évités comme un poison pour la chasteté. Que
pieds de Jésus, plus fréquemment répéter son nom la recluse consulte ses besoins de manière à chasser
pour s'exciter à la componction, provoquer ses la faim sans rassasier l'appétit. Ainsi, celles qui ne
larmes et s'affranchir de toute idée étrangère. Qu'a- veulent pas aller jusqu'à la parfaite abstinence,
près les veilles sacrées, elle donne à l'oraison et à doivent se contenter d'une livre de pain et d'une
la méditation l'intervalle qui sépare Laudes de hémine de vin étendu d'eau, soit qu'elles prennent
Matines. Ensuite, Prime une fois récitée, qu'elle deux ou un seul repas. Elles peuvent avoir un plat
chante les psaumes ou lise jusqu'à Tierce, Tierce d'herbages ou de légumes, ou même de farine
achevée, elle doit dévotement s'adonner au travail
des mains jusqu'à None, en y mêlant par intervalles
quelques courtes prières. Qu'elle dise ensuite
;
auquel s'ajoute un peu d'huile, de beurre ou de
lait pour corriger la fadeur de ce mets c'est assez,
quand la recluse doit faire un second repas. Au
Vêpres, et attende en psalmodiant l'heure de Com-
plies. ;
souper, elle prendra un peu de lait ou de poisson,
ou ce qu'elle pourra se procurer en ce genre mais
qu'elle se contente d'une seule espèce de mets, avec
CHAPITRE XIX des fruits ou des herbes crues, si elle en a. Quand
elle ne fait qu'un seul repas par jour, elle pourra
Qualité et quantité du boire et du manger.
ajouter ces fruits ou ces herbes au mets principal.
C'est vraiment chose superflue de vous donner Pour les vigiles des saints toutefois, ainsi que pour
des règles sur la qualité et la quantité du boire et les quatre temps, et même pour le mercredi et le
du manger, à vous, ma sœur, qui depuis l'enfance vendredi, en dehors du temps de Carême, elle devra
jusqu'à la vieillesse qui affaiblit maintenant vos s'astreindre à la règle du jeûne quadragésimal. Or,
cœlesti pane non satiamur. In hoc ergo tempore omnis abundanti quidem tibi legem imponere soror, quæ ab
Christianus aliquid addere dicitur solitis obsequiis, et ipsa infantia usque ad senectutem, quæ nunc tua
diligentius atque frequentius circa cordis et oris cus- membra debilitat, parcissimo cibo vix corpus susten-
todiam occupari. Sed inclusa maxime institutionis tas : pro aliis cum quibus id utile futurum arbitrans,
temporis hujus rationem multo melius intelligit, certamde his præscríbere regulam tentabo. Beatus
quanto eam in propria vitasuaexpressiusrecognoscit. Benedictus libram panis et heminam potus conredit
In his proinde sacris orationibus Christo placerepræ- monacho : quod nos inclusis delicatioribusnon nega-
cipue desideramus totam se Deo voveat atque sancti- mus : adolescentibus tamen in corpore robustis, ab
.ficet. Omnes delicias respuat, omnes confabulationes omai quod inebriare potest, abstinere utilisimum est.
abjuret, et quasi dies nuptiarum hoc tempus existi- Panem nitidum et cibus delicalos quasi imudicítiæ
mans ad amplexus Christi omni aviditate suspirel. venenum evitet. Sic necessitati consulat, ut et famem
Frequentius solito incumbat orationi crebrius se pe- repellat, ef. appetitum non satiet. Itaque quæ ad per-
dibusJesu prosternat, crebra nominis illius repetitione fectiorem abstiuentiam progredi non valent, libra
compunctionem excitet, lacrymas provocet, cor ab panis et hemina lautioris pOLUS contentae sint:sivebis
omni vagatione compescat. Finis itaque sacris vigiliis comedant, sivesemel. Unum habeantde oleribus vel
intervallum, quod a nocturnis laudibus dividit matu- leguminibus pulmentum, vel certe de farinaceis. Cui mo-
tinas, orationi et meditationi observiat. Dictaque post dicum olei, velbutyri vellactis injicieus, hoccondimento
matutinas prima usque ad plenam tertiam psalmis ac latidium repeilai. Et hoc ei, si ea die cænatura est
lectionibus vacet. Terrtíæ vero horæ laude complita, sufficiat. Ad coeaam véro parum lactis sibi vel piscis
operi manuum usqiead lioramnonam devota insistat,
breves per intervalla orationes inserens; dicta post
si
modicum, vel aliquid huj usmodi præstofuerit,appo_
nat. Uno genere cibi contenta cum pomis et herbis
hoc vespera corpus reficiet, et sic tempus completorii crudis, si quas habuerit, hæc ipsa si semel comederit,
t
psallens exspectet.
CAPUT XIX sanctorum tamen et quatuor temporum jejuaiis
omnium etiam feriarum quarta et sexta, extra quin-
,
in die praelibato pulmento possunt apponi. In vigiliis
;
prix du ciel, la joie des anges. Jésus-Christ lui-
même en est avide
:
dans la plus grande crainte et avec le plus grand
soin le trésor si précieux de la virginité car la pos-
session en est très-précieuse et la perie irréparable.
c'est ce trésor qui le porte à
nous aimer, et l'entraîne à nous donner, oserai-je Elle doit penser sans cesse à la couche nuptiale de
?
le dire lui-même et tout ce qu'il a. Oui, le parfum celui à qui elle est destinée, aux embrassements de
de votre virginité exhalant son odeur jusque dans celui à qui elle est promise, et se représenter cet
agneau qu'elle doit suivre partout où il ira. Qu'elle
le ciel, fait que le roi du ciel aspire à votre beauté;
contemple la bienheureuse vierge Marie précédant
! :
et c'est votre Seigneur, votre Dieu. Voyez quel
époux vous vous êtes choisi quel ami vous vous êtes les chœurs des vierges, et entonnant avec la voix de
procuré C'est le plus beau des enfants des hommes. la virginité ce doux cantique que les vierges de l'un
Sa beaulé est plus éclatante que le soleil, plus res- et l'autre sexe pourront seuls chanter, et desquels il
:
plendissante que tout l'éclat des étoiles. Son esprit est écrit « Ce sont ceux qui ne se sont point souillés
est plus doux que le miel, et son héritage plus que avec les femmes: car ils sont vierges (Apoc., XIV,4).»
le miel et le rayon de miel. Sa droite embrasse Et n'allez pas croire que ces mots ne regardent point
:
l'espace, et sa gauche les richesses et la gloire. Il la souillure que peut contracter un homme sans
vous a déjà choisie lui-même pour son épouse mais une femme et une femme sans un homme, puisque
:
il ne vous couronnera que quand vous aurez été le crime détestable accompli d'homme à homme et
éprouvée. L'Ecriture dit aussi « Celui qui n'a pas de femme à femme est jugé plus condamnable que
été tenté, n'a pas été éprouvé (Eccles., XXXIV, 9). » tous les crimes. Mais même en dehors de tout com-
La virginité, c'est l'or, la cellule la fournaise, le merce avec une chair étrangère, la virginité est sou-
fondeur, le démon, le feu la tentation, la chair vent corrompue et la chasteté violée. Quand un feu
d'une vierge, le vase d'argile dans lequel se trouve trop ardent s'attaquant à la chair se sera soumis
;
l'or et ce vase une fois brisé, aucun art ne peut le la volonté et aura saisi les membres, la vierge doit
réparer. - penser qu'elle a été tout entière consacrée à Dieu,
donnée sans tache à Jésus-Christ et dédiée à l'Es-
cumsumma devotione cordis commenda,intentissima aurum reconditur, nec vas ulterius a quolibet artifice
oratione deposcens, ut quod impossibile est per meri- reparatur.
tum, facile sentiat pergratiam. Cogita semper, quam CAPUT XXII
pretiosum thesaurum in quam fragili vasculo portes,
Ut virginitatis proposition religiose cuslodiendum.
et quam mercedem, quam gloriam, quam coronam
virginitas servata ministret. Quam insuper pœnam, HlIC virgo jugiter cogitam pretiosissimum virgini-
quam confusionem, quam damnationem importet tatis thesaurum,qui tam utililer possidetur, tam irre-
amissa, indesinenter animo revolve. Quid hoc pretio- cuperabilileramittitur, summa diligentia, summo cum
siusthesauro : quocaelumemitur. quo Angelus dele- timore custodiat. Cogitet s:no intermissione ad cujus
ctatur, cujus ipse Christus cupidus est, quo illicitur ordinatur thaamum, ad cujus praeparatur Dmplexum:
adamandum, et ad prsestandumprovocatur.
Audeo dicere seipsum et omnia sua. Itaque nardus
Quid? proponat sibi agnum quem sequi habet, quoeumque
ierit. Conlempletur bealissimam Mariam præceden-
virginitatis luae etiam in cælestibus dansodoremsuum, Lem choros virginum et praecinentem dulce illud cum
facil ut concupiscat rex decorem tuum, et ipse est virginitatistympano canticum, quod nemo potest ca-
Dominus Deus tuus. Vide qualem tibi sponsum ele- nere nisi utriusque sexus virgins. De quibus scrip-
geris, qualem tibi amicum adtuleris. Ipse est specio- tum est. a Hi sunt qui cum mulieribus non sunt
sus forma prae filiis hominum. Speciosior etiam sole coinquinati, virgines enim sunt (Apoc., XIV, 4).» Nec
et super omnem stellarum puleritudinem, Spiritus ejus sic hoc dictum aestimes, quasi non vir sine muliere,
super mel dulcis et hæreditas ejus super mel et fa- aut mulier sine viro possit fœdari. Cum delestandum
vum. Longitudo in dextera ejus., et in sinistra ejus
:
divitiæ et gl ria. Ipse te jam elegit in sponsam. Sed
illud scelus, quo vir in virum, vel femina infeminam,
omnibus flagitiis damnabilius judicr.tur.Sed etabsque
noncoronabit nisiprobatam. EtdicitScriptura « Qui alienee carnisconsortio virginitas plerumquecorrutn-
non est tentatus, non est probatus (EccliXXXIV, 9). » pitur, castitasviolatur. Si vehementior sestus carnem
Virginitas aurum est, cella fornax, conflator diabo- concutiens voluntatem sibi subdiderit, et rapuerit
lus, ignis tentatio, caro virginis vas luteum in quo membra, cogitet virgo super omnia sua sanctificata
prit-Saint.. Elle doit penser quelle indignité, c'est
de livrer à Satan ce qui appartient à Jésus, et rou- CHAPITRE XXIV
gir de souiller, même par un seul mouvement, ses
membres vierges. Avant le sommeil, il faut examiner sa conscience et se
repentir de ses péchés.
CHAPITRE XXIII
:
respect pour le Seigneur qui vous assistera, n'en
doutez pas, et répondez à l'esprit séducteur J'ai
un ange qui m'aime, et qui, avec un grand zèle,
CHAPITRE XXVII.
D'un moine qui comprimait à peine les élans de la
: ;
veille sur mes sens dans une telle nécessité, aidez
vos efforts d'une abstinence discrète car là où règne
chair par les plus dures macérations, et ne pouvait
complètement les étouffer.
l'affliction de la chair, il n'y a point ou il ne peut y J'ai connu un moine qui, dans les commence-
avoir que peu de délectation. ments de sa conversion, était tellement tourmenté
nis,tam naturalibus incentivis, tam violentia vitiosæ castitatis; ut omnes quæ sentiri possunt, vel cogi-
consuetudinis, tam suggestione callidi hostis tentare- tari, quasvis injiccret voluptates, et tunc quoque re-
tur, ut pudicitiam suampericlitari timeret, crexit se cessit ab eo. Sed usque ad tempus et nunc senectuti
contra se, et adversus suam carnem suavissimum con- morbus accessit, nec sic tamen se de securitale blan-
cipiens odium, nihil magis quam quod ad eam afre. ditur.
ctaret expeteret. Itaque inedia macerabat corpus, et CAPUT XXVIII
quæ ei de se debebantur subtrahens, etiam motus Contra senes, qui concubinarum consortio carere
ejus simplices comprimebat. Sed cum iterum nimia nolunt.
debilitas sibi plus indulgere compelleret, ecce caro
rursus caput erigens adquisitam, ut putabatur, infe- Unde non parum pudet quorumdam impudicitiæ,
stabat quietem, plerisque se frigidis aquis injiciens, qui cum in sordibus senuerunt, nec sic suspectarum
tremens aliquamdiu psallebat et orabat. Sæpe etiam personarum volunt carere consortio. Cumque, quod
illicitos sentiens motus, urticis fricabat corpus, et dictu uefas est, eodem lectulo cubantes inter am-
nudæ carni aperiens incendium incendio superabat. plexus et oscula Je sua castitate se dicunt esse secu-
Et cum hæc omnia non suflicerent, nihilominus eum ros, quos frigescente corpore ad cælos tepescentia
spiritus fornicationis urgeret, tunc quod solum super- membra deficiant. Infelices isti et præ cunctis mot--
fuit, proslratus ante pedes Jesu orat, plorat, suspirat, talibus miseri, quibus cum desit sceleris perpetrandi
rogat, adjurat, obtestatur, ut aut occidat, vel sanot, facultas, adhuc manet in ipsa fœditate facultas. Non
clamat crebro, non abibo, non quiesco, nec te dimit- quiescit turpe desiderium, quamvis ei frigiditas neget
tam nisi benedixeris mihi : præstatur ad horam refri- elfectum. Videat tamen utrum verum dicat, aut men-
gerium, sed negator securitas. Quiescentibus enim
paululum carnis stimulis affectiones illicitæ pectus
invadunt. Dens meus quas cruces, quæ tormenta tunc
;
tiatur iniquitas sibi, et dum nititur velare unum, du-
plex in se prodat flagitium cum et fere decrepitos
nocturnum aliquando plasma deludat, et emortuam
pertulit miser ille, donec tanta infusa est ei dilectio senectutemintestinum hocmalumsæpius inquietet..
I CHAPITRE par suite d'une trop longue abstinence ou de veilles
XXIX immodérées, et de devenir ainsi une charge pour
les autres et un supplice pour eux-mêmes. Voilà
Que la vierge toujours craintive se fortifie dans la
notre excuse dans nos péchés. Qu'ils sont peu
t méditation de la parole de Dieu.
nombreux aujourd'hui ceux qu'enflamme un si
I Quant à vous, ma sœur, je veux que vous ne soyez !
grand zèle nous sommes tous sages, tous prévoyants,
jamais en pleine sécurité, mais toujours dans la tous discrets. De loin, nous haïssons la guerre, et
crainte, et que votre fragilité vous soit toujours avant de sentir la maladie dans notre cœur, nous la
suspecte. Je veux vous voir comme les colombes ti- redoutons. Mais cette langueur que nous ressentons
mides habiter le bord des eaux, et comme dans un actuellement dans l'âme, nous la négligeons, nous
miroir y distinguer l'image de l'épervier voltigeant craignons de la guérir, comme s'il était plus facile
au-dessus, et échapper à ses serres. Le bord des de supporter les feux de la volupté que de souffrir
eaux sont les pensées des Saintes Ecritures qui, les criantes réclamations de l'estomac; ou comme
sorties de la source la plus pure de la Sagesse, nous s'il valait moins éviter l'impureté par une langueur
font connaître les suggestions diaboliques, pour continuelle de la chair, que d'être réduit sous sa
nous mettre servitude en restant sain et bien portant. Qu'im-
en garde contre elles et les éviter.
Rien, en effet, ne chasse plus les pensées inutiles ou porte, en effet, que notre chair rebelle soit abattue
ne comprime mieux les pensées impures que la par la langueur, pourvu que la chasteté soit sauve-
méditation de la parole de Dieu qu'une vierge doit gardée par l'abstinence? Mais, dit-on, il faut bien
rendre si familière à son esprit, qu'elle ne doit plus se donner quelque relâche, de peur, à l'occasion de
vouloir ni rien méditer autre chose. Que le som- notre faiblesse, de succomber aux attraits de la vo-
meil la surprenne sur les Ecritures. Qu'à sonréveil, lupté. Certes, si la chair languit, si elle est malade,
la première pensée qui se présente à elle soit une si les entrailles souffrent, si l'estomac est desséché,
pensée de l'Ecriture, et que sa mémoire en mêle les délices, quelles qu'elles soient, seront plutôt un
quelqu'une dans les songes de son sommeil. fardeau qu'une jouissance.
Contre ceux qui n'embrassent pas la rigueur de l'absti- D'un jeune homme revenant au bien, et voyant
nence, de crainte de tomber en langueur.
Jésus-Christ à l'heure de sa mort.
Mais il en est qui se détournent de ces salutaires J'ai connu un jeune homme qui, terrassé par la
exercices, dans la crainte de tomber en langueur force de l'habitude, n'avait pu persévérer dans sa
!
vient »
: :
déjà proche de l'heure où il devait jouir du repos, l'homme du paradis terrestre. Il existe de cet arbre
il dit ces paroles « Laissez, voici Jésus qui funeste une multitude de branches toutes cepen-
dant se résument en deux espèces, l'orgueil de la
chair et l'orgueil de l'esprit. L'orgueil de la chair
CHAPITRE XXXII
consiste à s'enorgueillir des choses de la chair;
La vraie sagesse consiste à préférer l'âme au corps. l'orgueil de l'esprit des choses de l'esprit. L'orgueil
de la chair se subdivise ensuite en deux, la jactance
Je dis cela pour faire connaitre la sagesse qui ^st et la vanité. Il y a vanité si une servante de Jésus-
la mère et la nourrice de toutes les vertus. Mais Christ se glorifie intérieurement dans son esprit
l'épouse de Celui qui s'est fait pauvre, lorsqu'il la plus belJe variété des vertus ;
témoignage de votre conscience. Qu'il y ait en elle
que les couleurs
était riche, qui a choisi une mère pauvre, une fa- différentes s'y rencontrent et s'y marient si bien,
mille pauvre, une chaumière pauvre et l'abandon
préféré ?
de la crèche Devez-vous ainsi vous glorifier d'avoir et
que la beauté de l'une rehausse la beauté de l'autre ;
que celle qui, naturellement, a moins d'éclat,
le Fils de Dieu aux fils des hommes, d'avoir apparaisse plus brillante
par son union avec une
méprisé la souillure de la chair 1 our la beauté de
autre.
la virginité, d'avoir acheté les richesses éternelles
du Ciel et ses délices avec les souffrances des
saints?
ditur species :
in jactantiam scilicet et vanitatem
vanitas est, si ancilla Christi intus in animo suo glo-
, elegit?Itane gloriandumtibiest, quodDei filium
hominum flliis prætulisti, quod fœdam carnem
rietur se nobilibus ortam natalibus : Si se divitiis
paupertatem prætulisse pro Christo delecletur
Si se pauperibus et ignobilioribus præferre conetur
: :
pro virginitatis decore sprevisti, quod æternas cæli
divitias atque deliciasmartyriis sanctorum com-
mutasti?
Si se contemsisse divitum nuptias quasi aliquid ma- CAPUT XXXVI
gnum admiretur. De ornamentis virtutum prœferendis.
I CAPUT XXXIV Sigloriaris in Domino, servias ei cum timore. Sed
De quadam specie vanitatis in cellulœ oratoriique illam te noli quasi sub specie devotionis sequi gloriam
;-i ornamentis. in picturis, vel sculpturis, in pennis avium, vel bes-
Est e'iam quædam species vanitatis, in affectata tiarum aut diversorum florum imaginibus variatis.
Sint hæc illornm, qui nihil intus, in quo glorientur,
,
aliqua pulcritudine, etiam intra cellulam delec-
tari parietes variis picturis et celaturis ornare :
oratorium pannorum et imaginum varietate deco-
habentes, exterius sibi comparant, in quibus delec-
tenlur. « Omnis gloria ejus, filiæ regis ab intus, in
fimbriis aureis circumamicta varietatibus (Psal., XLIV,
rare. Hæc omnia quasi professioni tuæ contraria
cave.
CAPUT XXXV
sponsa, patrisque vocem audisti, dicentis :
15). » Si autem tu jam filia regis es, utpote filii regis
« Audi
filia, et vide, et inclina aurem tuam. II Sit tua omnis
Rursus de quadam inani gloria.
Qua enim fronle de divitiis vel natalibus gloriaris,
quæ illius vis sponsa videri, qui pauper factus est,
cum essel dives, pauperem matrem, pauperem fami-
Ibi Hiversi colores sic conveniant ,
gloria ab intus, vide ut gloria tua sit testimonium
conscientise tuæ. Ibi sit pulcherrima virlutum varietas.
et sic jungan-
tur sihi, ut alterius pulcritudinem aller augeat : et
qui in sua natura minus lucet, alterius collatione luci-
liam, domum etiam pauperculam et præsepii vilitatem dior appareat.
laquelle il a poussé, et parvienne à un tel état de
CHAPITRE XXXVII pureté qu'il orne les autels et enveloppele corps de
Jésus-Christ. Nous naissons tous avec une couleur
De l'ornement des vertus. — Suite. :
de terre « Car j'ai été conçu dans l'iniquité, et ma
mère m'a engendré dans le péché (Ps. IV). » Ainsi
Que l'humilité s'unisse à la chasteté, et il n'y
aura rien de plus beau; qu'à la prudence se joigne
la simplicité, et il n'y aura rien de plus brillant;
:
d'abord, ma bien-aimée sœur, le lin est plongé dans
l'eau nous, nous sommes ensevelis avec le Christ
dans les eaux du baptême. Là s'efface notre iniquité;
que la miséricorde s'allie à la justice, et il n'y aura
rien de plus doux; au courage, ajoutez la modestie,
mais notre infirmité ne se guérit point entièrement
nous recevons quelque pureté dans la
:
rémission de
et iln'y aura rien de plus utile. Occupez à cette nos fautes, mais nous ne dépouillons pas encore
variété les yeux de votre esprit; mettez tous vos complétement la couleur de la terre, à cause de la
soins à former dans votre âme ce tissu des vertus ; corruption de notre nature qui demeure. Au sortir
si vous y ajoutez des franges d'or, vous avez tissé
cette robe aux couleurs variées dont l'époux aime
:
de l'eau, on fait sécher le lin il est nécessaire
qu'en sortant des eaux du baptême, notre cœur,
tant à vous voir revêtue. Les franges sont l'extré- macéré par l'abstinence, se dépouille des honneurs
mité du vêtement, c'est comme sa fin. Or, la fin du
précepte de la charité est un cœur pur, une bonne
illicites. Ensuite le lin est brisé à coups de marteau:
notre chair est accablée sous une foule de tentations. 4i
conscience et une fidélité sincère.
CHAPITRE XXXVIII
:
Le lin est déchiré avec des peignes de fer, pour qu'il
laisse ce qu'il a de superflu nous, déchirés par les
ongles de la discipline, nous retenons à peine le
Comment, par la considtation du lin qui orne les
autels, on arrive à régler sa conduite. :
nécessaire. Après cela, le lin est soumis à une douce
épuration de ses pailles légères nous, après avoir
à grand'peine surmonté nos plus mauvaises pas-
Cherchez là votre gloire, Jà votre plaisir; à l'in- sions, nous nous purifions de nos fautes légères de
térieur et non à l'extérieur, dans les vraies vertus et chaque jour par une confession simple et la satis-
non dans les peintures et les portraits. Ornez votre faction. Les fileuses étendent ensuite le lin en longs
autel d'étoiles de lin, dont l'éclatante blancheur :
fils la longanimité nous porte en avant. Enfin,
recommande la chasteté et annonce la simplicité. pour acquérir une plus grande beauté et perfection, i
Pensez quel travail, quelles manipulations il faut :
le lin passe par l'eau et le feu nous, il nous faut
pour que ce lin dépouille la couleur de la terre dans passer par le feu de la tribulation et les eaux de la
l.
vos yeux de ses dessins variés.
CHAPITRE XXXIX
:
Que ces images soient pour vous un stimulant de
charité et non un étalage de vanité car, par le
moyen de tous ces objets, vous devez tendre à une
seule chose, puisqu'une seule chose est nécessaire.
[ L'image de Jésus crucifié et celles de Marie et de saint Cette seule chose est celle qui ne se trouve que
Jean, de chaque côté, doivent suffire à l'oratoire des dans celui-là seul, auprès de celui-là seul, avec
religieuses. celui-là seul chez qui il n'y a ni changement, ni
ombre de vicissitude. Qui s'attache à lui ne fait
1.
Il vous suffit d'avoir sur votre autel l'image du :
qu'un seul et même esprit avec lui il passe dans
Sauveur attaché à la croix, pour vous représenter ce Dieu toujours un qui est toujours le même, dont
sa passion que vous devez imiter. Que ses bras les années n'ont point de fin. Cette union de charité
est comme la fin spéciale et la frange de l'ornement
;
étendus vous invitent à ses embrassements qui doi-
vent être vos délices qu'il découle de ses mamelles
mises à nu un lait plein de suavité qui vous récon-
de nos âmes.
repræsentent, non oculos tuos varietatibus mentis tatis, his enim omnibus ad unum necesse est ut conten-
pascant. das; quoniam unum est necessarium. Illud est unum,
CAPUT XXXIX quod non invenitur nisi in uno, apud unum, cum uno
Imago crucifixi, et assistentis hinc inde Marice ac Johan-
nis sat esse debet ia sanctimonialium oratorio.
Sufficiat tibi in altari tuo Salvatoris in cruce pen-
dentis imago, quæpassionem tibi repraesentet, quam
efficitur, transiens in illud unum
idem est
,
apud quemnon esttransmutatio, nec vicissitudinisobum-
,
bratio. Qui adhæret ei unus cum eo spiritus
, quod semper
et cujus anni non deficiunt. Adhæsio
ista caritatis quasi specialis est ornatus finis et fim-
imiteris; expansis brachiis ad suosteinvitetamplexus bria.
inquibus delecteris; nudatis uberibus lac suavitatis CAPUT XL
infundat, quo consoleris. Et si hoc placet, ad com-
mendandam tibi virginitatis excellentiam, virgo mater De dilectione Dei et proximi, ac primum utinproximum
in sua, et virgo discipulus in sua, juxta crucem cur- a
exercenda sanctimonialibus
ventur imagine, ut cogites quam grata sit Christo Vestis quippe nuptialis ex virtutum varietate con-
utriusque'sexus virginitas, quam in mater et præcete- texta, oportet ut fimbriis aureis, id est caritatis splen-
ris sibi dilecto discipulo consecravit.Unde eos pendens doribusambiatur, quae omnes virtutes contineat, et
in cruce tanto fœdere copulavit, ut illadiscipnlo ma- constringat in unum, et suam singularem claritatem
trem, illum matri filium delegaret. Obeatissimumhoc impertiens, de multis unum faciat, et cum multis uni
testimonio Johannem,cui totius humani generisdecus, adhæreat : ut jam omnia non sint multa, sed unum.
opes mundi, gloria cæli, miserorum refugium, afflicto- Caritas autem in duo dividitur, in Dei videlicet dilec-
rumsolatium pauperum consolatio, desperatorum ere- tionem et proximi. Porro dilectio proximi in duo
ctio,peccatorum reconciliatio, postremo orbis domina,
cæli regina, testamentiauctoritate committitur.Hasc tibi
præbcant incentivum caritatis,nonspectaculumvani-
:
subdivitur, in innocentiam.et beneficentiam, videlicet
ut nulli noceas : benefacias quibus potueris scri-
ptum est quippe : « Quod tibi non vis fieri, alter ne
;
!
innocuité et en bienfaisance; ce qui se rapporte à première travaillait, la seconde ne faisait rien; l'une
:
deux mots; ne nuisez à personne, et faites le bien
:
à qui vous pouvez Comme il est écrit « Ne faites
pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu'on vous
donnait, l'autre demandait l'une rendait service, 1
l'autre nourrissait son amour. Enfin, sans marcher,
sans courir çà et là, ne s'inquiétant point de rece-
fasse à vous-même (Tob.,IV, 16). » Voilà l'innocuité: voir ses hôtes, s'affranchissant de tout souci du mé-
Comme aussi le Seigneur dit dans son Evangile : nage, et inattentive aux cris des pauvres, elle était
« Tout ce que vous voulez que les hommes vous assise aux pieds de Jésus, et écoutait
sa parole.
fassent, faites-le leur vous-même (Matth., VII, 12). » Telle est votre part, ma sœur, vous qui, morte et
Voilà la bienfaisance. Remarquez avec attention, ensevelie pour le monde, devez être sourde aux
quel rapport ces deux choses ont avec vous. D'abord flatteuses paroles du siècle, muette
pour lui parler.
ne nuire à personne, ensuite ne vouloir nuire à Vous devez non point vous tourmenter mais
vous
personne. Le premier point vous est facile, puisque recueillir, vous enrichir et non vous dépouiller. Que
vous ne pouvez atteindre personne, si ce n'est peut- Marthe ait sa part, on no nie pas qu'elle soit bonne,*
être avec la langue. Le secondine vous sera point dif- maison proclame celle de Marie la meilleure. Est-ce
ficile, si vous considérez quel est votre but, si vous
aimez ce dépouillement que vous avez embrassé. Il
?
que Marie porte envie à Marthe c'est plutôt cette
dernière qui porte envie à la première. De même
ne peut en effet y avoir de matière à un mauvais aussi que les personnes qui semblent les meilleures
vouloir contre quelqu'un, là où il n'y a plus de cu- dans le monde portent envie à votre état, et non pas
pidité, où l'on n'aime plus ce qui se peut ravir, où vous au leur. La distribution des aumônes appar-
l'on n'enlève rien de ce qui se doit aimer. Enfin, tient à ceux qui ont des possessions sur la terre, ou
veuillez du bien à tous, et soyez utile à qui vous à ceux à qui est confiée la dispensation des biens de
pouvez. En quoi? direz-vous, puisqu'il ne m'est l'Eglise. ¡
j
pas permis de posséder la plus petite chose que je
puisse donner aux indigents. CHAPITRE XLII 1
feceris (Job., IV, 16), » ethæc innocentia. Et Dominus discurrens huc atque illuc, non de suscipiendis hospi-
in Evangelio, « Omnia, inquit, quæcumque vultis ut tibus sollicita non cura reis familiaris distenta, non
faciant vobis homines, et vos facite illis (Matt., VII, pauperum clamoribus intenta sedebat ad pedes Jesu,
12),» hæc beneficientia. Quantum ad te duo ista per. et audiebat verbum illius. Hæc pars tua carissima,
tineant, diligenter adverte. Primum ut nulli noceas, quæ sæculo mortua atque sepulta, surda debes esse
:
deinde ut nulli velis nocere. Primum illud facile tibi
cum nec id possis nisi forte lingua percusseris secun-
dum illud non erit difficile, si propositum attendas
ad omnia sæculiblandimenta audienda adloquendum
:
muta : nec debes distendi, sed extendi; impleri, non
exhauriri. Exsequatur partem suam Martha quæ
tuum; si professam dilexeris nuditatem, Non enim licet non negetur bona, Maria tamen melior prædica
tibi poterit erga aliquam esse malæ voluntatis mate-
ria, ubi cupiditas nulla, ubi nihil diligitur, quod
?
tur. Numquid invidit Marthæ Maria ilia potius isti
ita etiam quæque optimæ videntur in sæculo, tuam
possit auferri; nihil tollitur, quod debeat amari. vitam æmulentur, non illarum tu. Ad illos spectat
Demum bene velis omnibus, prosis quibus possis. In eleemosynarum largitio; quorum est terrena pos-
quo? inquis, cum mihi non liceat vel modicum, quod sessio, vel quibus credita est rerum ecclesiasticarum
egentibus tribuam, possidere. dispensatio.
CAPUT XLI CAPUT XLII
De exemplo Mariæ et Marthœ, deque vita activa De rerum ecclesiasticarum dispensatione.
et contemplativa Quæ enim sacrosanctis ecclesiis a fidelibus collata
:
Agnosce conditionem tuam, carissima. Duæ soro-
res erant Martha etMaria laborabat illa, vdcabat ista.
Illa erogabat, ista petebat : illa præstabatobsequium,
sunt, episcopi, sacerdotesetclerici dispensandasusci-
piunt, et non recondenda, non possidenda, sed ero-
ganda. Quiquid habent, pauperum est, viduarum et
ista nutriebat affectum. Denique non ambulans, vel orphanorum, et eorum qui altari deserviunt, ut de
et à ceux qui servent à l'autel, pour qu'ils vivent de se dégoûtent de la manne céleste, et portant envie
l'autel. Mais les biens donnés aux monastères pour aux gens occupés d'affaires temporelles, les jalou-
l'usage des serviteurs du Christ, doivent être gérés sent, les décrient, murmurent, et à cause des ordu-
[par des personnes sûres, atin que ce qui reste de res dont ils sont eux-mêmes souillés, portent en eux
superflu après les besoins des frères ne soit point les aiguillons de la jalousie et de l'amertume. Si,
renfermé dans des bourses, mais distribué aux par hasard, ils venaient à recevoir la charge de
hôtes, aux pèlerins et aux pauvres.
CHAPITRE XLIII
:
quelque administration temporelle, on pourrait dire
d'eux avec justice « Ceux qui prenaient leur repas
dans la pourpre, ont embrassé l'ordure (Thren., IV,
Suite. 5).» Puis donc qu'iln'est pas accordé à ceux qui sont
dans les monastères de s'occuper de plusieurs
F
soin appartient à ceux à qui est confiée la part
Ce choses, (et cependant ils ont bien quelque rapport
de Marthe, et non à ceux qui, avec Marie, vivent
1
:
dans un salutaire repos ainsi, les vierges cloitrées
ne doivent avoir aucune sollicitude pour les pau-
avec Marthe), combien moins cela vous est-il per-
mis, à vous qui êtes entièrement sortie du siècle,
vous qui non-seulement ne pouvez posséder, mais
vres, aucune inquiétude pour accueillir les hôtes : ne devez ni voir, ni entendre les choses du
car il ne doit y avoir chez elles ni souci du lende- siècle.
main, ni prévoyance pour le boire et le manger;
CHAPITRE XLV
qu'elles prennent leur repas dans la pourpre,
qu'elles se nourrissent d'aliments spirituels! Quant Une religieuse doit distribuer ce qui lui reste.
à ces personnes inférieures établiespour le jugement,
elles embrassent l'ordure, elles sont les bœufs dont Si personne, en effet, ne vous donne pour faire
la fiente sert à lapider le paresseux. l'aumône, où prendrez-vous de quoi la faire? Si
vous avez quelque chose provenant de votre travail,
r CHAPITRE XLIV s'ils vous vient des aliments en abondance,distribuez
L'administrationdes choses temporelles ne convient tout cela, non de votre propre main, mais par une
point aux cénobites, et moins encore à la vierge main étrangère.Pourquoi distribueriez-vousdes biens
étrangers, lorsqu'il ne vous est pas permis d'avoir
recluse.
plus que le nécessaire ?
Quelles largesses pourrez-
Ilen est en effet qui, lâches et paresseux pour les
choses spirituelles, comme le peuple prévaricateur,
vous donc faire au prochain? Rien n'est plus riche
que la bonne volonté, comme dit un saint faites- :
altari vivant. Sed ea, quæ in usus servorum Christi pigri instar populi peccatoris, super manna cæleste
oportet,
,
menasteriis conferuntur, a certis personis dispensari
ut quod necessatibus superest fratrum, non
iaduualUf marsupiis : sed hospitibus peregrinis
at.[tie pauperibus erogetur.
nauseant, viJentesque alios circa temporalia occupatos
invident, detrahunt, murmurant, et pro stercoribus
quibus ipsi fœdantur, zeli et amaritudinum stimulos
ferunt : de quibus si forte aliquam temporalium dis-
pensationem fuerint adepti, convenienter, dici potest :
CAPUT XLIII « Qui nutriti erant in croceis, amplexati suntstercora
Ctaustrales non debent pauperum et hospitum cura (Thren.,IV, 5). a Cumigitur nec illis,quiincoenobiis
distendi. sunt, quibus in Martha non parva communio est, circa
Et hoc illorum interest, quibus pars et Marthæ
plurima occupari couceditur, quanto minus tibi, quæ
te totam de sæculo exuisti, cui non solum possidere,
commissa, non qui salutariotiovacant cum Maria.Ita
claustralibus sednecvidere, nec audire licet, quae sæculi sunt?
nulla debet esse pro pauperibussollici-
tudo, nulla pro hospitibus suscipiendis distentio : CAPUT XLV
quippe quibus nulla debet esse de crastino cura, nulla
*cilji vel potus providentia nutrianturpotius in
cro- Ut sanctimonialis debet et quidsibisuperest, erogare.
:
ceis, spiritalibus pascantur. Altius autem hi qui con Si enim nihil tibi quisquam det ad erogandum,
tentibiles sunt constituti ad judicandum, amplexan- unde habebis quod eroges ? si vero ex tuo aliquid ha-
tur stercora. Ipsi quippe sunt boves, quorum piger bes labore, ea non tua, sed alterius manu; si abunde
stercoribuslapidatur. tibi provenitvictus. Unde tibi aliena distribuere,cum
CAPUT XLIV nihil tibi supra necessarium liceat usurpare. Quid
ergobeneficiiimpendesproximo? Nihil ditius bona
Administratio temporalium haud convent cœnobitis voluntate, ut ait quidam sanctus, hanc largire. Quid
multoque minus Virgini reclusœ humanius pretate?hanc impende. Quid utiliusora-
Sunt enim quidam, qui circa spiritualia desides et tione ? hanc largire.
en des largesses. Rien de plus humain que la pitié,
distribuez-la. Rien de plus utile que la prière, d on-
: :
paroles de saint Grégoire voyez combien un granc
nombre ont des goûts contraires on effet, poui
nez-la largement. remplir la loi de la charité, ils cherchent à avoir d(
quoi donner, tandis que ce saint attribue la per
CHAPITRE XLVI fection de cette vertu à ceux qui pensent, qu'on nj
Quel genre d'aumônes convient aux religieuses., doit rien avoir, rien posséder, rien désirer.
: :
tentations des moines, la sollicitude des prélats, les
fatigues des guerriers à tous ouvrez le sein de
votre charité répandez pour eux vos larmes, pour
:
lement du soin des étrangers, tandis que Marie s'a-
breuvait à la source de l'amour divin Or, il y a
fection:
des largesses, puisque ne rien posséder est une per-
que dire de plus, puisque les saints, afin
de pouvoir aimer parfaitement le prochain, s'étu-
de tous, augmente dans votre affection, il vous faut
:
méditer sur trois points, le passé, le présent et l'a-
venir C'est-à-dire méditer sur le souvenir des
dièrent à n'avoir rien en ce monde, à ne rien pos- choses passées, sur l'expérience des présentes, et la
séder, à ne rien désirer même? Vous connaissez les prévoyance des futures. Ainsi, quand votre esprit
1
CAPUT XLVI
Quod eleemosynce genus a monialibus impendi decet.
Itaque totum mundum uno dilectionis sinu complex
ctere, ubi simulomnes, qui boni sunt, considera, con-
gratulare : ubi mali, intuere et luge. Ibi occurrant
animo miseria pauperum,orphanorumgemitus, vidua-
rum desolatio, tristium mæstitudo, necessitates pere-
grinantrum, pericula navigantium, vota virginum, ten-
trantur.
rii. Vide quam contra multi sapiunt: ut enim carita-
tis impleantlegem, quærunt ut
habeant quod erogent,
cum ejus perfectionem ipsis adscribat, qui nihil ha-
bendum, nihil vel sine appetitu possidendum arbi-
lationes monachorum, prælatorum sollicitudo, labor His de proximi dilectione præmissis, de dilectione
militantium. Omnibus pectus tuæ dilectionis aperias : Dei pauca subjungam. Nam (a) ficet utraque soror
his tuas impende lacrymas : pro his tuas preces fun- Deumproximumque dilexerit, specialiter amen circa -
das. HOBC oleemosyna Deo gratiosior, Christo accep- obsequium proximorum occupabatur Martha; exdi-
tior, tuæ professioni apLior, his quibus impenditur vinæ vero lectionis fonte hauriebat Maria. Ad Dei vero
fructuosior. Hujus munus beneficii tuum propositum dilectionem duo pertinent, affectus mentis, et effe-
adjuvat : nonperturbat dilectionem proximi: auget, ctus operis. Etopus hoc in virtutum exercitio : affe-
non minuit; mentis quietem servat,non impedit.Quod
nihil est appetcndum ut habeatur ad largiendum
cum nihil habere sit perfectum. Quidhis plura dica-
: ctus vero mentis inspiritualisgustus dulcedine. Exer-
citium virtutum in certo vivendi modo, in jejuniis,in
vigiliis, in opere, in dilectione, in oratione, in pau-
mus? Cum sancti ut perfecte possent proximos dili- pertate et ceLeris hujusmodi commendatur : affectus
salulari meditatione nutritur. Itaque ut ille dulcissi-
gere, studuerunt in hoc mundo nihil habere, nihil vel
sineappetitupossidere. Agnoscis verbabeati Grego- musamorJesu in tuo crescataffectu, triplici medita-
(1) Le reste de ce livre se trouve parmi les œuvresde saint Ansclme. (Meditations sv-xvn).
(a) Reliqua pars hujus libri est inter opera S. Anselmi Meditatio xv, XVI, et xvii.
aura été purifié de toute souillure des pensées, par des montagnes, et assistez aux doux embrassements
l'exercice des vertus, vous pourrez tourner en ar- de la femme stérile et de la Vierge. Contemplez ce
rière vos regards épurés. D'abord avec Marie dans devoir de déférence, où le serviteur renfermé dans
votre cellule, parcourez les livres qui prédisent les entrailles (Tune femme déjà vieille,reconnaît son
l'enfantement de la Vierge et la venue de Jésus. maître dans le sein d'une vierge, le héraut, son
:
î Attendez-y la venue de l'ange, pour le voir entrer,
l'entendre faire sa salutation et, comme remplie
juge, la voix, le Verbe lui-même, et le salue dans
un indicible transport de joie. Heureuses entrailles,
d'où est sorti le salut du monde entier, et dans
douce maîtresse. Criez avec lui :
de crainte et d'extase, saluez avec l'ange votre très
lesquelles se trouve prédite une éternelle joie suc-
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous vous ;
« Je vous salue,
:
que l'amour triomphe du respect, que l'af-
fection éloigne la crainte attachez vos lèvres à ces
vos membres, des membres où la plénitude de la
livinité devait habiter comme corporellement Tout
a
!
cela été fait pour vous, ô vierge, afin de vous faire
pieds sacrés, et redoublez vos baisers. Représentez-
vous ensuite les veilles des pasteurs, contemplez la
milice des anges, mêlez vos chants à l'harmonie des
aimer la Vierge que vous vous proposez d'imiter, et cieux, disant en même temps de cœur et de bou-
e fils de la Vierge que vous avez pris pour époux.
renez ensuite avec votre douce maîtresse le chemin
che: « Gloire à Dieu dans les hauteurs des Cieux
(Luc, II, 14). »
tione opus habes : de præteritis scilicet, præsentibus nem, quam imitari proposuisti, diligas, et virginis
et futuris, id est de præteritorum recordatione, de ex- fructum (b), cui nupsisti. Jam nunc cum dulcissima
perientia præsentium, de consideratione futurorum. domina tua in montana conscende, et sterilis et vir-
Cum igitur mens tua fuerit ab omni cogitationum ginis suavem intuere complexum ; etsalutalionis offi-
sorde (a), virtutum exercitio purgata, jam oculos de- cium, in quo servulus Dominum, præco judicem, vox
cæcatos ad posteriora retorque. Ac primum cum verbum, intus anilia viscera conclusus, in virginis
beata Maria ingressacubiculum, librosquibusirginis utero clausum agnQvit, et indicibili gaudio salutavit.
partus cum Christi prophetatur adventu, evoly.Ibi Beati ventres in quibus totius mundi salus exoriLur,
adventum Angeli præstolare, ut videas intrantbm, au- pulsisque tenebris tristitiæ, sempiterna lætitia pro-
dias salutantem : et sicut repleta stupore et exstasi
dulcissimamdominamtuamcum Angelo salutante sa-
?
phetatur. Quid agis ovírgo Accurre quæso,accurre,
et tantis gaudiis admiscere, prosternere ad pedes
:
utes, clama dicens : « Ave gratia plena, Dominus te-
cum benedicla tu inmulieribus (L!!í:, 1, 28). » Hoc
plenius repetens, quæ sit hæc gratiæ plenitudo, de
ulriusque, et in unius ventre sponsum tuum ample-
ctere, amicum vero ejus in alterius utero venerare.
Hunc euntem in Bethleem cum omni devotione prose-
qua totus mundus gratiam mutuavit, quoniam « Ver- quere, et inhospitium divertens, cum illa assiste, et
bumcarofactumest, et habitavit in nobis plenum
gratiæ et veritatis (Johan., 1, 14), » contemplare, et ad-
obsequere parienti; locatoque in præsepio parvulo,
erumpe in vocem exsultationis, clamans cum Isaïa :
mirareDominum, qui terram implet et cætum, intra « Parvulus natus est nobis, et filius datus est no-
unius puellæ viscera claudi, quam pater sanctificavit, bis (Isa., IX, 7). » Amplectere dulce illud præsepium.
filius fecundavit, obumbravit Spiritus-sanctus. 0 dul- Vincat verecundiam amor, timorem depellat affectus,
lS domina, quanta inebriabaris dulcedme, quo amo- ut sacratissimis pedibus figas labia, et oscula gemi-
ris ignesuccendebaris, cum sentires in mente et ven.
nes (c). Ex inde pastorum excubias mente pertracta,
re tantæ majestatis præsentiam; cum de tua carno
sihi carnem assumerer, etmembra quibus corporaliter
ominis plenitudo divinitatis habitaret, tuis sibi
?
oris aptaret
e mem-
Hæc omnia propter te, virgo, ut virgi-
:
Angelorum exercitum admirare, cælesti melodiæ
tuas interpone partes corde simul et ore decanta :
« Gloria in excelsis Deo. »
(a) Apud Anselm. fuerit absque cogitationem tumultu. (b) Apud Anselm. virginis filium. (c) Apud Anselm. et oscula
1. ac
'-.CIon;
,cmuua. -- paulo post: tuas interpone preces.
recours à cette tradition, pour enflammer votre
CHAPI RE XLVIII amour; toutefois, je n'ai pas la témérité de vouloir
De l'adoration des Mages. en affirmerla stricte vérité.
— Fuite de Jésus en Egypte.
Le larron crucifié à la droite de Jésus-Christ. CHAPITRE XLIX ;
N'oubliez pas les présents des Mages dans votre De la contemplation de Jésus-Enfant.
(
méditation, et ne laissez pas votre Dieu en Egypte
sans l'accompagner. Regardez comme vrai ce trait En outre, pensez-vous n'éprouver aucune dou-
que l'on raconte, dans son voyage, il fut surpris ceur, en contemplant Jésus enfant au milieu des
par des voleurs, et il s'échappa, grâce à un jeune ?
enfants de Nazareth En le voyrnt obéir à sa mère,
la bande :
homme qui, rapporte-t-on, était le fils du chef de
Maître du butin, ayant trouvé un petit
enfant sur le sein de sa mère, et voyant tant de
et l'assister dans les soins du ménage? Que sera-ce
si vous le considérez à l'âge de 12 ans montant à
Jérusalem avec ses parents, et si, à leur retour,
majesté répandue sur son visage tout éclatant de vous le cherchez avec sa mère, pendant qu'à leur
beauté il n'hésitapas à voir en lui plus qu'un homme, ? !
insu, il restait trois jours dans la ville Oh quelles
et l'embrassa dans un transport d'amour. « 0 le
plus heureux de" enfants, dit-il ensuite, si quelque
jour, je dois devenir un objet de pitié, alors sou-
larmes abondantes couleront de vos yeux en enten-
dant sa mère lui faire ce doux reproche « Mon
fils, pourquoi en avez-vous ainsi agi avec vous
: ?
viens-toi de moi, et n'oublie point ce jour. » On Voici que votre père et moi, nous vous cherchions,
rapporte que c'est ce larron qui, crucifié à la droite plongés dans l'affliction (Luc., 11, 48). » 1
:
de Jésus, reprit l'autre qui blasphémait, en lui di-
sant « Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis le
même supplice ? Pour nous, nous souffrons juste-
CHAPITRE L
;
ment, car nous recevons le châtiment dû à nos
actions mais lui, il n'a fait aucun mal. »Tourné
vers le Seigneur, regardant cette majesté qui lui
de Jésus-Christ.
:
était apparue dans un pelit enfant, il lui dit, plein
du souvenir de sa première demande « Souvenez-
vous de moi, quand vous serez dans votre royaume.
ira, aimez à pénétrer sa vie intérieure et cachée,
afin d'écouter sur les bords du Jourdain le Père dans
la voix qui se fit entendre, de voir le Fils dans la
(Luc. XXIII, 40-42). D Je ne crois pas inutile d'avoir chair, et le Saint-Esprit sous la forme de colombe.
à
II
CAPUT XLVIII non immemor, « Memento,
in regnum tuum. » Itaque » inquit, « mei cum veneris
ad incentivum amoris,
De mngorum adoratione, fuga C risti in Ægyptum et de
latrone ad Christi dextram crucifixo. non inutile arbitror hac uti opinione, remota omni
affirmandi temeritate. 1g
Noli in tua meditationeMagorummunera præterire:
in
necfugientem Ægyptum incomitatum relinque (a). CAPUT XLIX
M
Opinare verum esse quod dicitur, cum a latronibus De contemplatione Christi pueri.
deprehensum in via, et adolescentuli cujusdambene- Præterea nihilne tibi suavitatis æstimas accessu-
flclO ereptum. Erat is, ut dicunt, principis latronum
filius, qui præda potitus, cum parvulum in matris rum, si eum apud Nazareth puerum interpueros con-
templeris? Si obsequentem matri, si operanti nutritioc
gremio comperisset, tanta ei in ejus speciosissimo assistentem intuearis? Quid si duodennem cum pa-
vultu splendoris majestas apparuit, ut eum supra rentibus Jerosolymam adscendentem, et illis redeun-
hominem esse non ambigens, incalescens amore am-
sit tibus et nescientibu in urbe remanentem per
triduum
plexatus eum. Eto, inquit,beatissimeparvulorum;
si aliquando se tempus obtuleritmihi miserendi,tunc
0
cum matre quæsieris? quantacopia fluent lacrymæ *
memento mei, et hujus temporis nolioblivisci.Ferunt cum audieris matrem dulci quadam increpatione fi-"
lium verberantem : « Fili quid fecisti nobis sic?Ecces
hunc esse latronem, qui ad Christi dexteram cruci- pater tuus et ego dolentes quærebamus te (Luc, ui
fixus, cum alterum blasphemantem corripuisset, di-
cens : « Neque tu times Deum, qui in eadem damna-
tione es ? Et nos quidem juste, nam digna damna
48.)
CAPUT L
*
CHAPITRE LI
delectet altiora ejus et secretiora scrutari : ut in Jor- te condemnavit mulier? Nec ego te condemnabo. »
danis flumine audias in voce Patrem, in carne Fi- Felix, ut ita dicam, hæc, quæ in adulterio deprehensa
lium, in columba videas Spiritum-sanctum. Ibi tu ad mulier, quæ eliam de præteritis absolvitur, secura
sj,irillwles (a) initiatanuptiassponsumsuscipis datum
a Patre, purgationem a Filio, pignus amoris a Spi-
ritll-sancto. Exinde solitudinis tibi secreta ditavit, quis est qui condemnet ?»
?
efficitur de futuris. Jesu bone te dicente, « non con-
demnabo, » quis condemnabit « Deus qui justificat,
Audiatur de cetero vox
.III!:tilicnvit jejunium, ibi subeundum docens cum tua : « Vade, et jam amplius noli peccare. »
callido hoste conflictum. Hæc tibi facta, prote et CAPUT LII
facta, et quomodo facta diligenter adtendas, Dilige a
quo facta sunt, etimitare quæ facta sunt. De muliere lacrymis pedes ejus rigante.
CAPUT LI Jam nunc domum ingredere Pharisæi, et recum-
De muliere in adulterio deprehensa.
bentemibi Dominum tuumadtende. Accede cum illa
beatissimapeccatriceadpedes ejus; lava lacrymis,
Occurrit jam nunc memoriæ mulier ilia deprehensa terg3 capillis, demulce osculis, et fove unguentis.
in adulterio, et Jesus rogatus sententiam, quid egerit, Nonne jam sacri illius liquoris odore perfunderis? Si
quidve dixerit recordare. Cum enim scribens in terra tibi adhuc suos negat pedes, insta, ora, et gravidos
trrrenos eos, non cœlestes, prodidisset. a Qui sine lacrymis oculos adtolle, imisque suspiriis et inenarra-
»
i>;cato est, inquit, « vestrum, primum lapidem in bilibus extorque quod petis. Luctare cum Deo sicut
illam mittat(Luc,VIII, 7) (b).»Cum vero omnes sententia Jacob, ut ipse se gaudeat superari. Videbitur tibi
temusset et expulisset de templo, imaginare quam pios aliquando, quod avertat oculos, quod aures claudat,
oculos in illam levaverit, quam dulcem suam voce quod desideratos pedes abscondat. Tu nihilominus
sententiam absolutionis ejus protulerit. Puta quod insta opportune, importune, clama, « Usquequo fa-
suspiraverit, quod lacrymatus sit, ?
cum diceret «Nemo ?
ciem tuam avertis a me Usquequo clamabo, et non
!
dit Jésus, vos péchés vous sont remis (Matth., IX, 2). »
Prodigieuse clémence miséricorde ineffable! L'heu-
reux malade reçut de ses fautes un pardon que
remis. » Mais quiconque attend cette parole sans y
joindre le travail la contrition ou la confiance, ou
la prière, ne recevra jamais la rémission de ses
n'avait point précédé la confession, que n'avait point péchés.
mérité la satisfaction, rendu nécessaire la contrition,
alors qu'il demandait la guérison du corps et non CHAPITRE LIV
!
celle de l'âme Il est vrai, Seigneur, que la vie dé-
pend de votre volonté. Si vous avez résolu de nous
Jésus accueilli dans la maison de Marthe et de Marie.
:
sauver, personne n'osera dire « Pourquoi faites-
?
Mais il nous faut sortir de là et passer à Béthanie,
où les liens les plus saints de l'amitié ont été con-
vous ainsi Pharisien, pourquoi murmurer en toi-
: ;
même ? Ton œil est-il mauvais parce que je suis
bon ? » Dieu a pitié de qui il veut pleurons, et
prions-le de vouloir bien avoir pitié de nous que
sacrés par l'autorité du Seigneur. Car Jésus aimait
Marthe, Marie et Lazare. Il tenait à eux par ce sen-
timent familier de l'hospitalité qui les attachait à
par les bonnes œuvres s'accroisse notre prière, ;
lui c'est ce que chacun sait; la preuve en est, du
s'augmente notre dévotion, s'excite notre amour. reste, dans les douces larmes qu'il versa et mêla à
Levons dans la prière nos mains pures que n'a leurs larmes, et que le peuple tout entier prit pour
une marque de vive affection. « Voyez, disait-on,
point touchées le sang de l'impureté, que n'ont
point souillées les attouchements illicites, auxquelles !
comme il l'aimait » Voici qu'ils lui donnent à
:
exaudies (Psal.,XII, 1)? » Redde mihi Jesubone læ-
titiamsalutaris tui, quia tibi dixit cor meum « Quæ-
sivi faciem tuam, faciem tuam requiram, » Corte non
negabit pedes suos virgini, quos osculandos præbuit
culavit, tactus illicitus non fœdavit, non exasperavit
avaritia. Levetur et cor sine iraet disceptatione,quod
tranquillitassedavit, pax composuit, puritasconscien-
tiæ animavit. Sed nihil horum paralyticus iste legitur
peccatrici, præmisisse, qui tamen legitur remissionem peccato-
CAPUT LIII rum meruisse. Hæc est ineffabilis ejus misericordiæ
virtus, cui sicut blasphemum est derogare, ita et hoc
De paralytico per tegulas invecto et corporaliter sibi præsumere stultissimum. Potestcuicumque vult
spiritualiterque sanato. hoc ipsum efficaciter dicere, quod dixit illi paraly-
Sed et domum illam non præteribis, ubi per tegu- tico. II Dimittuntur tibi peccata tua. » Sed quicum
las paralyticus ante pedes ejus submittitur, ubi pie- que sine suo labore, vel contritione, vel confessione'
tas et potestas obviaverunt sibi. « Fili, » inquit, «re- veletiam oratione sibi hoc dicendum exspectat,num-
quam eiremittentur peccata sua,
!
mitiunturtibi peccatatua (Matth.,IV,2) ,II 0 miracle-
mentia, o indicibilis misericordia Accepit felix remis-
sionem peccatorum, quam non petebat, quam non
CAPUT XIV
De receptione Christi in domo Marthœ et Marice. I
jI
quiaudeat :
in voluntate tua. Si decreveris salvare nos, non est
dicere Cur ita facis? Pharisæe, a tequid
murmuras? an oculus tuus nequam est, quia ipso bo-
Domini consecrantur. Diligebatenim Jesus Martham
et
et Mariam, Lazarum, quod(a) hospitalisamicitiæ,
quailli familiariori adhærebant affectu, detinerinemo
nus est? Cerle miseretur cui voluerit, ploremus et qui ambigat. Testes sunt lacrymæ illæ dulces, quibus
oremus ut velit. Bonis etiam operibus pinguescat ora lacrymatus est cum lacrymantibus, quas totus popu
tio, augeatur devotio, dilectio excitetur. Leventur pnræ lus amoris interpretatur indicium. « Videte, II in-
manus in oratione, quas non sanguis immunditiae ma- quiunt, « quomodo amabat eum, et ecce ponunt ei.
1
(a) AjJuà Anselm. quod ad speciale amicitiæ privilegium, quo illi etc. dictum nemo est qui ambigat, -
1
:
manger; Marthe servait à table, Lazare était au
nombre des convives Or, Marie prit un vase de
parfums, et ayant brisé le vase, le répandit sur la
CHAPITRE LV.
:
aux pauvres, » Le Pharisien murmure, jaloux dela
repentie Judas murmure, envieux du parfum
répandu. Mais le juge, sans admettre l'accusation,
de la cène du salut.
CHAPITRE LVI
absout l'accusée. « Laissez-la, dit-il, car elle a fait De la Cène du Seigneur et de ce qui s'y passa.
envers moi une bonne œuvre (Mar., XIV, 4-6). »
Que Marthe travaille, qu'elle serve à table, donne Que l'amour triomphe du respect, que l'affection
l'hospitalité au voyageur, le pain à celui qui a chasse la crainte, afin que le maître fasse au moins
faim, le vêtement à celui qui a froid; moi, je suis à vos demandes l'aumône des miettes de cette table.
seul à Marie, et elle à moi. Qu'elle me donne tout Ou bien, tenez-vous éloignée, et comme un pau-
ce qu'elle a, et attende de moi tout ce qu'elle veut. vre qui a les yeux attachés sur le riche, tendez la
!
Eh quoi conseillez-vous à Marie de laisser ces pieds
qu'elle a si tendrement embrassés ? de détacher ses
main pour recevoir quelque chose, trahissez votre
faim par les larmes. Puis, lorsque se levant de table,
?
regards de cette face si belle qu'elle contemple de Jésus s'est ceint d'une serviette, qu'il a versé l'eau
le
détourner son oreille de cette parole si douce qui
la réconforte ?
dans bassin, songez quelle est cette majesté, cette
puissance qui lave et essuie les pieds des hommes ;
cœnam ibi, etMartha minislrabat. Lazarusautem erat CAPUTLV
unus ex discumbentibus. Maria autem sumsit alaba-
strum unguenti, et fracto alabastro effudit super ca- De ingressu Christi in Jerusalem pueris acclamantibus
putJesu. JI Gaude quæsohuic interesse convivio, sin- Osanna, etc.
gulorum distingue officia Marthaministrat, discumbit Sed jam surgenteseamus hinc. Quo, inquis? Certe
Lazarus, ungit Maria. Hoc ultimum tuum est. Frange ut insidentem asello cæli terræque Dominum comi-
igitur alabastrum cordis, et quidquid habes devotio- teris, tanta fieri pro te obstupescens, puerorum lau-
nis, quidquid amoris, quidquid desiderii, quidquid
affectionis, totum effunde super sponsi tui caput, ado-
rans in Deo hominem, et in homine Deum. Si fremit,
si murmurat, si invidet, si proditor perditionem vo-
David:
dibus tuas inseras clamans et dicens : « Osanna filio
benedictus qui venit in nomine Domini. »
Jam nunc adscende cum eo in cœnaculum grande
catdevotionem, nonsit tibi curæ. « Ut quid, a ait, stratum, et salutaris cœnæ interesse deliciis gratu-
«perditio hæc? Posset hoc unguentumvenumdari lare.
multo, et dari pauperibus (Marc, XIV, 4). » Pharisæus CAPUT LVI
murmurat, invidens pænitenti : murmurat Judas, in- De cœna Domini et rebus in ea gestis.
videns effusioni unguenti. Sed judex accusationem Vincat verecundiam amor, timorem excludat affe-
non recipit, accusatam absolvit. « Sinite, » inquit, ctus : ut saltern de micis monæ illius eleemosynam
« illam. Bonum enim opus operata est in me. »
boret Martha, ministret, paret hospitium peregrino,
La- præbeat mendicanti. Vel a longe sta, et quasi pauper
intendens in divitem, ut aliquid accipias extende ma
esurienti cibum, vestem algenti. Ego solus Mariæ, et num,famemlacrymis prode. Cum jam surgens a cœna
illa mihi : totum præstet, quod habet;
a me quidquid linteo se præcinxit, posuitque aquam in pelvim, co-
?
optat, exspectet. Quid enim Tune Mariæ consulis re-
tendos oculos ab illa speciosissima facie
templatur? Amovendum auditum ab ejus quam
?
linquendos pedes, quos tam dulciter osculatur Aver-
con-
:
gita quæ majestas, quæ potestas hominum pedes
abluit et extergit quæ benignitas proditori3 vestigia
sacris manibus tangit. Specta et exspecta, et ultima
mone quo reficitur?
suavi ser- omnium tuos ei præbe abluendos : quia quem ipse
non lavit, non habebit partem cum eo. Quid modo
cette bonté qui touche de ses mains divines les
membres du traître Judas. Regardez et attendez.
Puis, la dernière de tous, donnez-lui vos pieds à
laver; car celui qu'il n'aura pas lavé, n'aura point
de part avec lui. Pourquoi vous hâter de sortir At-
tendez un peu. Voyez et dites-moi quel est celui
?
qili repose sur sa poitrine, et penche sa tête sur son
d'entendre ces :
mots
CHAPITRE
«
LVII
soient, eux aussi, avec moi (Joan.,XVII, 11-24). »
:
j
Je veux que là où je suis, ils
;
tous les trésors de la sagesse et de la science; là, la
fontaine de miséricorde là la demeure de la piété,
et le rayon de l'éternelle douceur. D'où vous vien-
fait passernos besoins en lui. Voyez comment le
maître de toutes choses commence à trembler et à
devenir triste. « Mon âme, dit-il, est triste jusqu'à
nent toutes ces faveurs, ô bienheureux Jean Etes- ? la mort (Matth., XXVI, 38). » D'où vient cette tris-
vous plus élevé que Pierre, plus saint qu'André,
?
plus agréable que tous les autres apôtres C'est un
!
tesse, ô mon Dieu Vous souffrez sous l'apparence
d'un homme, afin de paraître, en quelque sorte,
privilége spécial de la virginité. Parce que vous êtes ignorer que vous êtes Dieu. Prosterné la face contre
vierge, vous êtes choisi de Dieu avant que, ô bien- terre, vous priez et une sueur se répand sur vous
aimé, vous ne soyez donné à sa mère. Suyez main- comme de gouttes de sang coulant à terre (Luc, XXII,
tenant transportée d'amour, ô vierge, approchez- 44). Qu'attendez-vous? Accourez, abreuvez-vous
vous, et n'hésitez pas à réclamer pour vous quelque de ces gouttes si suaves, et essuyez la poussière de
part à cette tendresse. Si vous ne pouvez prétendre ses pieds. Ne dormez point avec Pierre, pour ne pas
aux faveurs spéciales, donnez à Jean votre cœur, ?
entendre ces paroles : « Eh quoi vous n'avez pu
afin que le vin de la joie l'enivre dans la connais- veiller une heure avec moi (Matth., XXVI, 40) »?
sance de la divinité. Quant à vous, courantaux
mamelles de l'humanité, exprimez-en un lait qui CHAPITRE LVIII
amèrement !
apôtre revenu à lui, rentre en lui-même, et pleure
Faites, ô bon Jésus, que votre œil si
doux me regarde, moi qui, si souvent, à la voix
rendra son jugement.
CHAPITRE LX
d'une servante effrontée, vous ai renié pour les
Passion de Jésus-Christ. — Déception du Démon.
œuvres et les affections les plus coupables de ma
chair. Mais le jour ayant paru, Jésus est livré à Pilate.
Il est accusé, il se tait; car, comme une brebis, il
Tu l'as reconnu trop tard, Satan
?
:que crois-tu
faire au moyen de cette femme Le renvoyer Tu as?
est mené à la boucherie, comme un agneau que l'on parlé trop tard. Le juge est assis sur son tribunal,
tond, il n'ouvre pas la bouche. (Isaïe, LIlI, 7;
Act., vin, 32). Voyez, considérez comment il se tient !
la sentence est rendue. Déjà, il porte ta croix, il est
conduit à la mort. O spectacle ne vois-tu pas? Voici
ciunt in Dominum tuum, tenent, ligant, et illasdulces sic non aperuit os suum (Isa.,LIII, 7; Act., VIII. 32). »
manus vinculis adstringunt. Quis ferat? Scio occupat Vide, adtende quomodo stat ante præsidem, inclinato
nunc cortuum pietas, omniaviscera tua zelus inflam- capite, demissis oculis, vultu placido, sermone raro,
mat. Sine rogo patiatur, qui pro te patitur. Qu d
optas gladium?Quid irasceris ?
Quid indignaris?Si
illtal' Petri cujuslibet aurem absciders, si ferro bra-
paratus ad opprobria, promptus etiam ad verbera.Scio
non potes ulterius sustinere, nec dulcissimum dorsum
ejus flagellis atteri, ne3 faciem alapis cædi, nec vene-
chium tuleris, si pedem truncaveris, ipse restituet randum illud caput spinis coronari, nec dexteram,
omnia quietiam si quemoccideris, absquedubio su-
scitabit. quæ cælum et terram continet, arundine dehonestari,
tuis oculis adspicerepoteris. Ecceeduciturflagellatus,
CAPUT LIX portans spineam coronam, et purpureum vestimen-
De injuriis Christo apud Principem sacerdotum et apud tum. Et dicit Pilatus : « Ecce homo (Johun.,XIX, 5). »
Pilatum illatis. Vere homo est, quis dubitet? Testes sunt plagæ vir-
Sequere polius eum usque ad atrium principis sa- garum, livor ulcerum, fœditas sputorum. Jam nunc
cerdotum; et speciosissimam ejus faciem, quam illi cognosco, Zabule, quia est homo. Vere homo est, in-
quis. Sed quid est, quod in tot injuriis non irascitur
sputis illinunt, tu lacrymis lava. Intuere quam piis
oeulis, quammisericorditur, quam efficaciter tertio ne-
gantem respexit Petrum, quando ille conversus et in
se reversus flevit amare. Utinam, bone Jesu, tuus me
ut homo, non movetur ut homo, non suis tortoribus
?
indignatur ut homo Ergo plus est quam homo Sed ;
quis cognoscit illum. Cognoscitur certe homo impio-
dulcis respiciat oculus, qui te toties ad vocem an- rum judicia sustinens. Sed cognoscetur Deus judi-
cillæ procacis, carnis meæ, pessimis operibus afTecti- cium faciens.
busque negavi. Sed jam mane facto traditur Pilato. CAPUT LX
Ibi accusatur, et tacet : quoniam « tamquam ovis ad De passione Christi, et deceptione diaboli.
oeei sionem ducitur, et sicut agnus coram tondente Sero animadvertisti Zabule. Quid tibi per mulierem
se,
que sonroyaume est sur ses épaules (Isaïe, IX, 6). ses peines, il ne sent point ses affronts. Il a plutôt
Voilà la verge de la justice, la verge de son royaume. pitié de ceux qui le font souffrir, il guérit ceux qui
On :
lui donne du vin mêlé avec du fiel on le dé- le couvrent de blessures, donne la vie à ceux qui le
pouille de ses vêtements, et les soldats se les par-
tagent. Sa tunique n'est point divisée; le sort l'a
donnée à un seul. Ses mains et ses pieds délicats
font mourir. Avec quelle douceur d'esprit, quelle
:
dévotion, quelle plénitude de charité, il s'écrie «0
mon Père! pardonnez-leur! (Luc, XXIII, 34). »
sont percés par des clous, et, étendu sur la croix, il
CHAPITRE LXIII
est élevé entre deux larrons.
La Vierge est la plus proche de la Croix.
CHAPITRE LXI
De Jésus-Chrest en croix.
Me voici, ô mon Dieu ! j'adore votre majesté, je ne
tue point votre corps; je vénère votre mort, je ne
Le médiateur de Dieu et des hommes, suspendu
entre le ciel et la terre, unit les choses inférieures ::
me ris point de votre passion, je contemple votre
miséricorde, je ne méprise point votre faiblesse que
votre douce humanité intercède donc pour moi
aux choses supérieures, celles de la terre à celles du
ciel. Le ciel est dans l'étonnement, la terre dans
?
l'admiration. Et vous Ce n'est pas étonnant, si le
; !
que votre ineffable affection me recommande à votre
Père. Dites donc, ô mon doux Seigneur « Père,
soleil est contristé, que vous le soyez vous-même
que vous trembliez quand la terre tremble :que
votre cœur se déchire lorsque les rochers se fendent,
pardonnez-lui. » Mais vous, vierge, qui avez plusde
confiance auprès du fils de la Vierge, que les saintes
femmes qui demeurent à l'écart, approchez-vous de
et que vous versiez des purs avec les femmes en la croix avec la Vierge Mère et le disciple vierge, et
larmes au pied de la croix. regardez de près ce visage couvert de pâleur. Eh
!
quoi vous verrez sans pleurer les larmes de votre
CHAPITRE LXII ?
aimable maîtresse Vous resterez les yeux secs, pen-
?
Admirable patience deJésus-Christ sur la croix. dant qu'un glaive de douleur transperce son âme
visumestagere, ?
utdimittatur Tarde locutus es.
Sedetpro tribunali judex, prolata est sententia, jam
portat propriam crucem, ducitur ad mortem. 0 spe-
:
reputat, non sentit contumelias. Sed illis potius pa-
titur,illecompatitur a quibusvulneratur, ille mede-
tur : vitam procurat, a quibus occiditur. Cum qua
ctaculum. Videsne? «Ecce principatus super humerum mentis dulcedine cum qua spiritus devotione, in qua
ejus (Isa., IX, 6).» Hæc est virga æquitatis,virga regni caritalis plenitudine, clamat, « Pater ignosce illis
sui. Datur ei vinum felle mixtum. Exuitur vestimen- (Luc, XXIII, 34)?
tis suis, et inter milites dividuntur. Tunica non scin- CAPUT LXIII
ditur : sed sorte transit adunum. Dulces manus ejus Virgo proprior adstat cruci.
et pedes clavis perforantur, et extensus in cruce inter
latrones suspenditur. Ecceego. Domine, tuæ majestatis adorator, nontui
corporis interfector; tuæ mortis venerator, non tuæ
CAPUT LXI passionisirrisor; tuæmisericordiæ contemplator, non
De Chri&to in cruce. infirmitatis contemptor.Interpellet itaque pro me tua
dulcis humanitas, commendet me Patri tua ineffabilis
Mediator Dei et hominum, inter cælum. et terram
mediuspendens, imasuperis unit, et cœlestibus ter-
«
pietas. Dic ergo dulcis Domine, Pater ignosce illi. »
At tu virgo, cui major est apud Virginis filium confi-
rena conjungit. Stupet cælum, et terra miratur; Quid dentia quam mulieribus, quæ longe stant, cum matre
tu? Non mirum si sole contristato, tu contristaris. Si
terra tremiscents, tu coutremiscis,si scissis saxis cor
tuum scinditur. Si flentibus juxta crucem mulieribus,
virgine et discipulo virgine accede ad crucem, et
perfusum pallorevultum cominus intuere. Quidergo ?
Tu sine lacrymis, amantissimæ dominæ lacrymas vi-
tu collacrymaris. debis, tu siccis oculis manes, et ejus animam pertran-
CAPUT LXII sit gladius doloris. Tu sine singultu audies dicentem
matri, « Mulier ecce filius tuus : II et Joanni. « Ecce
De mira Christi palientia in cruce.
Verum in his omnibus considera illud dulcissimum
pectus, quam tranquillitatem servaverit, quam habue-
rit pietatem. Non suam adtendit injuriam, non pænam
committeret, latroni paradisum promitteret :
mater tua (Johan.,XIX, 26). » Cum discipulo matrem
tunc
« unus ex militibus lancea latus ejus aperuit, et ex1.-
vit sanguis et aqua (Ibid., 34). II Festina ne tardave-
I parfums, l'enveloppa d'un linceul et le plaça dans
d'un coup de lance, et il en sortit du sang et de
:
l'eau (Ibid., 34). Hâtez-vous, ne tardez pas mangez
le rayon avec le miel. Buvez votre vin avec votre
le sépulcre, aidé du pieux Joseph.
CHAPITRE LXV
:
lait. Pour vous, le sang se change en vin, afin de
vous enivrer l'eau se change en lait, pour vous
nourrir. Pour vous, un fleuve est sorti du rocher : Madeleine visitant le sépulcre.
F membres :
pourvous, des blessures se sont ouvertes dans ses
pour vous, s'est formée une caverne dans
les parois de son corps, où vous pourrez vous cacher
N'oubliezpas, non plus, d'accompagner Made-
;
leine mais préparez les aromates, et souvenez-vous
de visiter avec elle le tombeau du Seigneur. Oh !
comme une colombe, et vous livrer à vos saints em- s'il vous était permis de voir en esprit ce que ses
brassements. Par son sang, vos lèvres deviennent yeux ontvu,un ange assis sur la pierre renversée du
comme des bandelettes de pourpre, et votre parole sépulcre, puis un autre dans l'intérieur assis à la
devient douce. tête du monument, et un troisième assis au pied,
tous trois annonçant la gloire de la résurrection,
CHAPITRE LXIV enfin Marie pleurant Jésus lui-même, et Jésus re-
: !
t
|
Du Décurion.
gardant Marie tout attristée avec un regard si
doux, et lui disant d'une voix si suave « Marie »
Mais attendez encore, jusqu'à ce que vienne ce
Décurion qui, arrachant les clous, délivra ses mains
et ses pieds, Voyez avec quel bonheur il embrasse
: !
Qu'y a-t-il de plus doux, de plus suave, de plus
agréable que ce mot Marie A cette parole, toutes
les cataractes de la tête s'ouvrent, les larmes s'é-
ce corps de ses bras, comment il le presse contre sa chappent de la partie la plus intime des-yeux, les
poitrine. Alors ce saint homme put s'écrier : •
sanglots et les soupirs sortent du fond de la poi-
trine. Marie, heureuse Marie, quels furent vos mé-
« Comme un bouquet de myrrhe, mon bien-aimé a
reposé sur mon sein (Cant., r, 12).» Suivez ce pré- rites, quel fut votre cœur, lorsqu'à ce mot vous vous
; ;
cieux trésor, le plus précieux du ciel et de la terre.
Ou bien portez les pieds ou bien, soutenez les : !
prosternâtes, et rendant la salutation de Jésus, vous
lui dîtes en vous écriant « Maître » Avec quel
amour, dites-moi, quel désir, quel transportde
mains et les bras ou bien, recueillez soigneuse-
ment le sang précieux qui tombe goutte à goutte,
et essuyez la poussière de ses pieds. Voyez ensuite
: !
l'esprit, vous avez crié « Maître » Les larmes
vous empêchent d'en dire davantage, l'amour vous
avec quelle tendresse le bienheureux Nicodême tou- ferme la bouche, et un transport trop violent ab-
cha de ses mains les blessures sacrées, les oignit de sorbe tous les sentiments de votre âme, tous les sens
ris, comede favum cum melle tuo. Bibe vinum tuum CAPUT LXV
cumlacte tuo.Sanguistibi invinum vertitur, utine-
brieris : in lac aqua mutatur, ut nutriaris. Facta sunt
tibiin petra flumina, in membrisejus vulnera, et
maceria corporis ejus caverna, in quibus instar co-
lumbæ latitas, et deoscularis singula. Ex sanguine
in
De Magdalenu sepulcrum visitante.
Noli præterea Magdalenædeserere comitatum :
sed
paratis aromatibus, cum ea Domini tui sepulcrum vi-
sitare memento. 0 si quod illa oculis, tu in spiritu
ejus fiant sicut vitta coccinea labia tua, et eloquium
tuum dulce.
cernere merearis, nunc super lapidem revolutum ab
ostio monumenti Angelum residentem, nunc intra
CAPUT LXIV monumentumunum ad caput, alium ad pedes resur-
rectionis gloriam prædicantes. Nunc ipsum Jesum,
De decurione. Mariam flentem, et tristem tam dulci respicientem
Sed adhuc exspecta donec nobilis ille decurio ve- oculo, tam suavivoce dicentem, a Maria (Johan.. xx,
niens extractis clavis, manus pedesque dissolvat. 16). » Quid hac voce dulcius, quid suavius, quid ju-
Vide quomodo felicissimis brachiis corpus comple-
ctitur, ac suo adstringit pectori. Tunc dicere potuit
?
cundius, « Maria »Rumpuntur ad hanc vocem, om-
nes capitis cataractæ, ab ipsis medullis eliciuntur la-
vir ille sanctissimus : a fasciculus myrrhæ, dilectus crymæ, singultus atque suspiria ab imis trahuntur
meus mihi inter ubera commorabitur (Cant., I, 12).» visceribus, « Maria. » 0 beata quid tibi pro meritis
Sequeretupretiosissimumillum call terræquethe- fuit, quid animi, cum ad hanc vocem te prosterneres,
;
saurum, vel pedes porta; vel manus brachiaque su-
stenta vel certe defluentes minutatim pretiosissimi
sanguinis stillas curiosius collige,etpedum illiuspul-
et reddens vocem salutanti inclamares, « Rabboni. »
?
Quo rogo affectu, quo desiderio, mentisque ardore
clamasti « Rabboni Nam plura dicere lacrymæ pro-
verem linge. Cerne præterea quod dulciter beatissi- hibent, cum vocem occludat affectus, omnesque ani-
mus Nicodemus sacratissimaejusvulnera tractavit mæ corporisque sensus, nimius ardor absorbeat. Sed
digitis, fovit unguentis, et cum sancto Joseph involvit
sindone, collocavit in sepulcro. pedibus tuis sic arces amantem ?
o dulcis Jesu, cur a sacratissimis ac desideratissimis
O verbum durum.
de votre corps. Mais, ô doux Jésus, pourquoi éloi- pendant la vie, se nourrisse, pour ainsi dire, d'un
gnez-vous ainsi cette amante de vos pieds aimables certaine variété. Du souvenir des choses passées,
et sacrés ? !
0 dure parole « Ne me touchez point,
dit-il (Joan., xx, 17). » Comment, Seigneur? pour-
passons donc à l'expérience des choses préseutes
afin que par elles nous puissions tous apprendre
quoi ne toucherai-je pas ces pieds percés de clous, aussi combien nous devons aimer Dieu. Repassez
ces pieds inondés de sang pour moi? Je ne les tou- toutes ces choses dans votre esprit, afin que votre
cherai point, je ne les embrasserai point ? n'êtes- amour converge tout entier vers Dieu. Qu'à vos
vous pas aussi aimant, parce que vous êtes plus yeux, le monde soit vil, tout amour charnel, mépri-
?
glorieux Mais, je ne vous quitterai point, je ne sable. Oubliez que vous êtes en ce monde, vous qui
m'éloignerai pas de vous, je ne cesserai de pleurer, avez transporté votre amour sur ceux qui sont dans
ma poitrine se rompra|sous les sanglots et les sou- les cieux et vivent de Dieu. Là où est votre trésor,
:: :
pirs, si je ne vous touche. Et lui « Ne me touchez
! là aussi est votre cœur. N'allez pas avec des images
pas » Ne craignez rien ce bonheur ne vous est
point ravi, il n'est que différé « Allez cependant, et
d'argent enfermer votre âme dans une vile bourse ;
votre âme qui, sous le poids des écus, ne pourra
:
annoncez à mes frères que je suis ressuscité. » Elle
court aussitôt avec le désir de retourner elle re-
vient avec d'autres femmes. Venant à leur rencon-
jamais voler vers le ciel. Pensez que vous pouvez
mourir chaque jour, et vous ne songerez pas au
lendemain. Que la stérilité de l'avenir ne vous épou-
tre, Jésus, par une douce salutation, relève celles qui vante pas, et que la crainte d'une famine future
:
tristes Approchez ;
étaient consternées, et console celles qui étaient
maintenant vous est accordé ce
n'abatte point votre esprit. Mais que votre confiance
s'attache à celui qui nourrit les oiseaux et habille
qui fut différé tout à l'heure. El, en effet, elles s'ap-
:
prochèrent et baisèrent ses pieds. Autant que vous
le pourrez, Vierge, demeurez dans ce lieu que le
bourse, vos richesses :
les lis : qu'il soit votre grenier, votre cellier, votre
qu'en tout, il soit lui seul
tout pour vous. Mais c'est assez sur les choses pré-
sommeil n'interrompe pas vos délices, qu'aucun sentes.
bruit extérieur ne les trouble. CHAPITRE LXVII
Les Saints désirent la mort.
CHAPITRE LXVI
Du mépris du monde et des choses présentes. Combien celui qui accorde tant de biens aux siens
dans le présent, ne leur en réserve-t-il pas dans
Mais, parce que dans cette misérable vie, il n'y a
rien de stable, rien d'éternel, que jamais l'homme ne
!
l'avenir Le commencement de l'avenir, la fin du
présent, c'est la mort. Quelle créature ne l'a pas en
reste dans le même état, il faut que notre âme, horreur? De qui n'épouvante-t-elle pas les senti-
« Noli,» inquis, « me tangere." Ut quidDomine? ut ex his quoque quantum a nobis sit Deus diligen-
Quare non tangam desiderata illa vestigia tua pro me dus, omnes intelligere valeamus. Hæc omnia revolve
perforata clavis, perfusa sanguine, non tangam, non animo, ut in eum totus tuus resolvatur affectus. Vi-
deosculabor ?An inimicior es eo, quiagloriosior
Ecce non dimittam te, non recedam a te, non parcam
? lescat tibi mundus, omnis amor carnalis sordescat.
Nescias te esse in hoc mundo, quæ ad illos, qui in
lacrymis, pectus singultibus suspiriisque rumpetur, cælis suntet Deo vivuut, tuum amorem transtulisti.
mere :
nisi tangam. Et ille : « Noli me tangere. » Noli ti-
non aufertur tibi bonum hoc, sed differtur
vade tamen et nuntia fratribus meis quia surrexi.
:
Currit, cito volens redire. Redit cum aliis mulieribus.
Ubi est thesaurus tuus, ibi et cor tuum. Noli cum
argenteis simulacris vili marsupio tuum includere
animum, qui nunquam cum nummorum pondere po-
terit transvolare ad cælum : puta te quotidie moritu-
Quibus Jesus occurrens blanda salutatione, dejectas ram, et de crastino non cogitabis. Non te futuri tem-
sic erigit, tristes consolatur. Adverte. Tunc est da- poris sterilitas terreat, non luturæ famis timor tuam
mentem dejiciat. Sed ex ipso tota fiducia tua pen-
sint.
tum, quod ante fuit dilatum. Accesserunt enim et
tenuerunt pedes ejus. Hic quamdiu potes virgo mo- deat, qui aves pascit et lilia vestit. Ipse sit horreum
rare. Non has delic'as tuas somnus interpolet, nullus tuum, ipse apotheca, ipse marsupium, ipse divitiæ
exterior tumultus impediat. tuæ, ipse solus sit tibi omnia in omnibus. Et hæcin-
CAPUT LXVI terim de præsentibus satis
De mundi et rerum præsentium contemtu. CAPUT LXVII
1
Verum quia in hac misera vita nihil stabile, nihil Mors a sanctis desideratur.
homo :
æternum est, numquam in eodem statu permanet
necesse est, ut anima nostra, dum vivimus,
quadam varietate pascatur. Unde a præteritorum re-
Qui autem tanta suis præstat in præsenti, quanta
?
illis servat in futuro Principium futurorum, et finis
præsentium mors.Hanc cujus natura non horret, cu-
cordatione ad experientiam præsentium transeamus, ?
jus non expavescit affectus Nam bestiæ fuga,latibu-
ments ? En effet, c'est par la fuite, c'est en se cachant reposent de leurs travaux (Apoc., XIV, 13). » C'est de
dans leurs repaires, c'est par mille autres moyens
que les bêtes fuient la mort et défendent leur vie. :
là que le Prophète distinguant la mort des méchants
de celle des justes, dit cette parole « Tous les rois
Examinez maintenant avec attention ce que vous
répond votre conscience, ce que présume votre foi,
ce que promet votre espérance, ce qu'attend votre
:
dormiront dans la gloire, et chacun aura son tom-
beau quant à toi, tu as été rejeté de ton sépulcre
comme un tronc inutile, souillé et enveloppé dans
amour. Si la vie pour vous est une charge, le monde la foule (Isai., XIV, 18, 19). »
un dégoût, la chair une douleur, vous désirez sans
CHAPITRE LXIX
aucun doute la mort qui fait tomber ce joug pesant,
enlève le dégoût, et met fin aux douleurs du corps. Du repos ou du supplice de l'âme à sa sortie du corps.
Ceci seul, je crois, est bien au-dessus de toutes les
délices, de tous les honneurs et de tous les trésors Oui, ils dorment dans la gloire ceux dont la mort
de ce monde; si, à cause de la sérénité de votre a été accompagnée d'une bonne conscience. « Car
conscience, de la fermeté de votre foi, et de la cer- la mort de ses saints est précieuse aux yeux du
titude de votre espérance, vous ne craignez point la Seigneur. » Il dort sans doute dans la gloire celui
mort. C'est ce que peut éprouver surtout celui qui, au trépas duquel assistent les anges, accourent les
pendant quelque temps, soupirant sous le poids de saints et les citoyens du ciel, en lui offrant leur
cette servitude, s'est enfui à travers les airs d'une
conscience secours et lui procurant du soulagement. Ils résis-
libre. Que la foi surmonte l'horreur natu- tent à ses ennemis, repoussent leurs assauts, réfutent
relle des approches de la mort, que l'espérance les leurs accusations, et accompagnant ainsi cette âme
tempère, et que la conscience tranquille les repousse, sainte jusque dans le sein d'Abraham, la placent
celles sont les prémices salutaires de votre bonheur dans le lieu de la paix et du repos. Il n'en est pas
tfutur. ainsi des impies. Les démons, avec les instruments
1 de l'enfer, tirent de leurs corps, comme d'un sépul-
CHAPITRE LXVIII
cre fétide, leurs âmes souillées par les plaisirs,
La mort est pour le juste le commencement de la enveloppées dans leurs passions, les jettent dans les
félicité. flammes pour y être brûlées, les livrent aux vers
qui doivent les dévorer, et les envoient suffoquer
dans d'éternelles infections. « Car l'attente du juste,
Voyez comment la mort est le commencement du
onheur, le terme des peines, la fin des vices. Car
il est écrit: « Bienheureux les morts qui sont morts
:
c'est la joie quant à l'espérance des impies, elle
périra (Prov., x, 28). »
dans le Seigneur, car maintenant, dit l'Esprit, ils se
lis, et aliis mille modis mortem cavent, et vitam te- ribus suis (Apoc.,XIV, 13). » Unde Propheta reprobo-
quid
tua tibispes
:
nent. Jam nunc diligenter adtende, quid tua tibi
respondeat conscientia quid præsumat fides tua :
promittat, quid exspectet affectus. Si vita
rum ab electorum morte discernens : « Omnes. »
inquit, « reges dormient in gloria in domo sua. Tu
autem projectuses desepulcro tuo, quasi stirps inu-
tilis, pollutus et obvolutus (Isai., XIV, 19).»
oneri est, si mundus fastidio, si caro dolori,
profecto
oneris deponit, ;
desiderio mors est tibi quæ jugum hujus
tollit fastidium, corporeos dolores ab-
CAPUT LXIX
sumit. Hoc unum dico omnibus mundi hujus præstare De animæ e corpore exeuntis requie vel supplicio.
deliciis, honoribus atque divitiis si ob conscientiæ Dormiunt quippe in gloria quorum mortem bona
serenitatem, fidei firmitatem, spei certitudinem, mor- commendat conscientia. Quoniam pretiosa est in con-
em non timeas. Quod ille maxime poterit experiri, spectu Domini mors sanctorum ejus. Dormit sane in
quialiquo tempore sub hac servitute suspirans, in gloria, cujus dormitioni assistunt angeli, occurrunt
tiberiorisconscientiæ auras evasit. Hæcsunt futuræ sancti et concives, suum præbentes auxilium, et im-
eatitudinis tuæ primitiæ salutares, ut morte super- pertientes solatium, hostibus se opponunt, obsistentes
veniente naturalem horrorem fides superet, spes tem- repellunt, refellunt accusantes : et sic usque ad si-
eret, conscientia secura repellat. num Abrahæ sanctam animam comitantes in loco
pacis collocant et quietis. Non sic impii, quos de cor-
CAPUT LXVIII pore, quasi de fœtenti sepulcro, pessimi spiritus cum
Mors Justo felicitatis principium est. instrumentis infernalibus extrahentes, pollutos libi-
dine, obvolutos cupiditate, injiciunt ignibus exuren-
Etvide quomodo mors beatitudinis principium est, dos, traduut vermibus lacerandos, æternis fœtoribus
aborum meta, peremptoria vitiorum. Sic enim scri- deputant suffocandos. Vere « Exspectatio justorum
ptura est : « Beati mortui, qui in Domino moriuntur,
a
modo enim jam dicit spiritus, ut requiescant labo-
lætitia : Spes autem impiorum peribit (Prov., x,
28).»
Figurez-vous maintenant devant ce tribunal, entn
CHAPITRE LXX ces deux camps, sans être encore séparée pour l'uj
Du repos éternel et de la gloire des saints. ou pour l'autre. Portez vos regards à gauche di
juge, et contemplez cette multitude infortunée.
Quel est ce repos, quelle est cette paix, quel est
ce bonheur du sein d'Abraham, promis à ceux qui CHAPITRE LXXII
doivent y reposer, et qu'ils attendent maintenant? Confusion et peine des méchants.
C'est ce que l'expérience n'a pas appris, ce que le
discours ne pourra jamais expliquer. Ils attendent !
Quelle horreur ! Quelle crainte Quelle infection
!
;
dans le bonheur, jusqu'à ce que le nombre de leurs
frères soit complet afin qu'au jour de la résurrec-
tion, revêtus d'une double robe, ils jouissent égale-
Quelle douleur
:
Malheureux, ils sont là debouts
grinçant des dents, nus, palpitants leur aspect es
horrible, leur visage difforme, la honte les courb<
ment et dans leur âme et dans leur corps d'une vers la terre. Confus de la laideur et de la nudité d<
perpétuelle félicité. leurs corps, ils veulent se cacher, et ils ne le peu
vent point; ils tentent de fuir, la fuite leur est in-
CHAPITRE LXXI terdite. S'ils lèvent les yeux, ils voient au-dessui
Dujugement dernier. ;
d'eux un juge irrité s'ils abaissent leurs regards
l'horreur de l'abîme infernal les envahit. Aucun(
Considérez maintenant l'horreur de ce jour, quand
les vertus des cieux seront ébranlées, les éléments se
;
excuse de leurs fautes ne se présente à eux aucui
prétexte ne pourra empêcher le jugement. Tout c<
dissoudront sous la chaleur du feu, les enfers s'ou- qui sera décrété, sera trouvé juste par la conscient
vriront, et tout ce qui est caché sera mis à décou- des criminels.
vert. Le juge irrité descendra des cieux, ardent CHAPITRE LXXIII 1
dans sa fureur, et son char volera comme la tem-
pête. Il apportera dans sa colère la vengeance et la L'amour pour Dieu doit payer la grâce de la
dévastation dans le feu et la flamme. Heureux celui prédestination.
qui est prêt à paraitre devant lui! que seront alors Voyez maintenant combien doit être aimé celui
les pauvres âmes ? Combien seront alors malheu- qui vous a choisie dans la société des damnés par la
reux ceux que souille maintenant la luxure, que
!
l'avarice étreint, et qu'enfle l'orgueil Les anges
viendront qui sépareront les méchants d'avec les
prédestination, qui vous en a séparée par la voca-
tion et vous a purifiée par la justification. Reportez
ensuite vos yeux à droite et remarquez au milieu
justes, plaçant ceux-ci à droite, et ceux-là à gauche. de quelle gloire, il doit vous placer. j
*
CAPUT LXX alios a sinistris statuentes. Cogita nunc te ante tribu-
De requie sterna et gloria sanctorum. nal inter utramque hanc societatem assisterc, et nec-
Sane qualis sit illa requies, quæ pax illa, quæ dum in partem alteram separatam. Deflecte nuno
jocunditas de sinu Abrahæ, quæ illic quiescentibus oculos ad sinistram judicis, et miseram illam multitu".
promittitur, et exspectatur, quia experientia non dinem specta.
CAPUT LXXII
I
docuit, stilus explicarenonpoterit.Exspectantfelices,
donecimpleaturnumerusfratrumsuorum; ut in die De confusioneetpoena malorum. I
resurrectionis duplici stola induti, corporis pariter et Qualis tibi horror, quis timor, quis foetor, quid
animæ perpetua felicitate fruantur (Apoc., VI, 11). ?
dolor Stant miseri, et infelices stridentes den'ibusa
nudo latere palpitantes, adspectu horribiles, vullu;
CAPUT LXXI
deformes, dejecti præ pudore, præ corporis turpilui
judicii die.
, De extremi dine et nuditate confusi latere volunt, et non datun
Jam nunc intuere dici illius terrorem, quando vir-
tutes cælornffi movebuntur, elementaignis calore sol-
ventur, patebunt inferi, oculta omnia nudabuntur.
:
fugere tentant, et non permittuntur. Si levant oculoc
desuper, judicis imminet furor si deponunt, infernal
lis putei eis ingeritur horror. Non suppetit criminum
Veniet de super judexiratus, ardensfurorejus, et
ut excusatio, nec de iniquo judicio aliqua poterit e:s<g
caussatio ; cum quidquid decretumfuerit, justumesse
tempestas currus ejus, ut reddat in iram vindictam
vastationem in flamma ignis. Beatus qui paratus est
et
ipsam eorum conscientiam non latebit. 1
?
occurreri illi. Quid tuncmiserisanimis erit quam CAPUT LXXIII
tunc miseri erunt, quos nunc luxuria fœdat, avaritia
? AmorDeo rependendusproproedestinationisgratia. -
dissipat, extollit superbia Exibunt Angeli, et sepa-
rabunt malos de medio justorum, istos a doxtris, Cerne nunc quam amandus sit, qui te ab.hac da-mxi
i
aimé vous mettre au nombre des justes et des élus.
CHAPITRE LXXIV Figurez-vous maintenant au milieu de cette société,
entendant cette sentence de Dieu: « Venez, les -
De la gloire des bons. bien-aimés de mon Père, possédez le royaume qui
Quelle gloire! Quel honneur! Quelle félicité!
Quelle sécurité! Au jour du jugement, les uns
siégeront sur un trône élevé, d'autres resplendiront
monde;
vous a été préparé depuis le commencement du
» tandis que les méchants entendront cette
parole dure, pleine de colère et de fureur: « Eloi-
:
ceux-là seront
gnezvous de moi, maudits, allez au feu éternel. »
Puis ils iront aux supplices sans fin; tandis que les
riches de l'abondance de leurs aumônes ces autres
brilleront par la science et l'érudition; tous seront
unis par le même lien de charité. Sur eux, se reflé-
41, 46). Sort affreux Cruelle séparation !
justes iront dans la vie éternelle (Matth., xxv,35,
!
CHAPITRE LXXVI
tera le visage de Jésus, non pas terrible, mais aima-
ble, nonpas sévère, mais doux, non pas semant Du règne de Dieu après le jugement.
l'effroi, mais prodiguant les caresses. Après que les damnés auront été enlevés à la vue
des splendeurs de Dieu, et que les justes auront été
CHAPITRE LXXV
placés, chacun selon son rang et son mérite, dans
C'est la grâce seule de Dieu qui nous met au rang des les ordres angéliques, alors se déploiera cette glo-
1 justes. rieuse procession où le Christ, notre chef, sera à la
Tenez-vous maintenant au milieu, sans savoir à tète de tous les membres qui suivront ses pas; et le
qui vous joindra la sentence du juge. Cruelle at- règne sera donné à Dieu et au Père, pour qu'il règne
tente ! « La crainte et la terreur descendirent en
lui-même en eux, et qu'eux-mêmes règnent avec
lui, et en ce royaume qui leur a été préparé dès le
moi, et m'environnèrent de ténèbres (Ps.) LIV).»
Si Dieu me joint à ceux de gauche, je ne pourrai commencement du monde.
à
l'accuser d'injustice; s'il me réunit ceux de droite, il
CHAPITRE LXXVII
faut l'attribuer à sa grâce et non à mes mérites. Oui,
Seigneur, la vie dépend de votre volonté. Voyez donc Bonheur du royaume de Dieu.
combien votre cœur doit se dilater dans l'amour de Nous ne pouvons nous représenter par la pensée
Dieu qui, pouvant sans injustice vous envelopper la condition de ce royaume; encore moins pouvons-
dans la sentence portée contreles impies, a mieux nous l'exprimer par la parole et l'Écriture, Il faut
;
Plus de ténèbres; aucun besoin désormais de boire,
de manger ou de dormir plus de fatigues, plus de
défaillances. Quel bien y a-t-il donc, là où ne se
voir en ses créatures, gouvernant tout
sans sollici-
tude, soutenant tout sans fatigue, se donnant lui-
même et en quelque sorte, se donnant à chacun
se-
trouvent ni deuil, ni pleurs, ni douleurs, ni tris- lon sa capacité, sans diminution, sans division de
tesse? Qu'y a-t-:I, sinon une joie parfaite. Là où il lui-même. Nous le verrons, ce visage aimable etdi-
n'y a ni tribulations, ni tentation, ni changement gne dadmiration, que lesanges brûlent de contem-
de température, ni corruption de l'air, ni la cha- pler, et dont h beauté, l'éclat et la douceur dépas-
leur étouffante de l'été, ni les rigueurs de l'hiver, senttoute expression. Nous verrons le Père dans le
qu'y a-t-il sinon uue parfaite combinaison dos cho- Fils, le Fils dans le Père, et l'Esprit-Saint, dans
ses, une vraie et souveraine tranquillité de l'esprit l'un et l'autre. On le verra, non dans un miroir et
?
et de la chair Où il n'y a rien à craindre, n'est-ce comme en énigme, mais face à face. On le verra tel
?
pas le comble de la sécurité Où il n'y a ni discorde,
ni jalousie, aucun soupçon, aucune ambition, au-
:
qu'il est, selon cette prome-se qui dit « Celui qui
m'aime sera aimé de mon Père, et je l'aimerai et je
me montrerai à lui (Joanxiv,21). » De cette vue
cune flatterie, aucune médisance, que peut-il y
avoir sinon un vrai et parfait amour ? Où ne se
trouvent ni la pauvreté, ni la cupidité, qu'y a-t-il
:
découlera la connaissance dont il est.écrit « C'est
la vie éternelle, afinqu'ils connaissent que vous êtes
sinon la plénitude de tous les Liens? Du lieu où la seul Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-
laideur est bannie, qu'y a-t-il sinon la vraiebeauté? Christ (Juan., XVIII, 3). » De tout cela, naîtra un si
Où il n'y a ni travail ni faiblesse, qu'y a-t-il sinon grand amour, une si grande ardeur de l'amour, une
?
un parfait repos, une furce parfaite Où il n'y a ni si grande dr uceur de charité, une telle ferveur, une
fardeau, ni charge, qu'y a-t-il sinon la plus grande telle véhémence de désir, que la satiété ne dimi-
aisance de vie? Oùl'onn'attendpointla vieillesse, où nuera pas le désir, et que le désir n'empêchera
omnino nihil aberit, quod velis adesse; nec quidquam Ubi nec senectus exspectatur, nec morbus timetur,
aderit, quod velis abesse. Nullus igiLur ibi IUCLUS, ?
quid potest esse nisi vera sanitas ubi neque nox,
Iletns nullus, non timor, non dolor, non diflidentia, neque tenebræ; quid erit nisi lux perfecta? ubi mors
non invidia, non tribulatio" non tentatio, non aeris et mortalitasomnis absorpta, quid eritnisivita æter-
mutatio velcorruptio, non suspicio, non ambitio, non
adulatio, non de'ractio, non ægritudo. non scnectus,
?
na Quid est ultra quod quferamus ? Certe quod his
omnibus exedlit, id est, visio, cognitio, et dilectio
non mors, non paupertas, neque tencbrd.', non edendi Crealoris. Videbitur in se, videbitur in creaturis suis.
;
vel bibendi vel dormiendi ulla necessitas, nulla fati-
gatio, del'eetio nulla quid ergo boni ibi est, ubi nec
luctus, nec flelus, nec dolor est,neque tristitia ? quid
regens omnia sine sollicituJine, ;ustinens omnia sine
labore, impertiens se, et quodam modo dispertiens
singulis pro sua capacitate, sine sui diminutione vel
potest esse nisi perfecta laetitia, ubi nulla tribulatio, ille
divisione. Videbitur vultusamabilis et desirabilis-
nulla tentatio, nulla temporum inutatio, v,-l aeris cor- in quem desiderant Angeli prospicere, de cujus pleni
ruptio, sestus vehementior, nec hyerns aspcrior ? Quid tudine. de cujuslumine, de cujus suavitatequiddice-
potest esse nisi summa quaedam rerum temperies, et ?
tur Videbitur Pater in Filio, Filius in Patre, Spiri-
mentis et carnis vera ac summa tranquilliLas : ubi nihil in
tus-sanctus utroque. Videbitur nonper speculum et
est, quod timeas, quid potest esse nisi summa securi-
?
tas ubi nulla discordia, nullainvidia, nulla suspicio,
nulla ambitio, nulla adulatio, detractio nulla; quid
:
in ænigmate; sed facie ad faciem. Videbitur enim
sicuti est, impleta ilIa promissione, qua dicit a Qui
diligiL me, diligetur a Patre meo, et ego diligam eum,
polest essenisi summa etveradileetio ? ubinulla pauper- et mnnifestabo ei meipsum (Johanxiv, 3). » Ex hac
tas,nullacupiditas, quid potestesse nisi bonorumom- visione, illa procedit cognitio,dequaipse ait : Hæcest.
?? d
nium plenitudo Ubi nulladeformity, qu potest esse
nisi vera pulcritudo ubi nullus labor vel defectio, quid
vitaoeterna, ut cognoscant teunum Deum, et quem misi-
stiJesumChristuni(/£:c?.,xvii, 3).» Ex his tantanascitur
?
erit, nisi requies summa et forliiudo Ubi nihil est,
quod gravet vel onerel, quid est nisi summa facilitas ?
dilectio, tantus ardor paterni amoris (a), tanta dulcedo
caritatis, tanta fervendi copia, tanta desiderii vehe
mentia : ut nec satietas desiderium minuat, nec desi- scriptumest Dilectus meus mihi, et ego illi (Cant. i,
derium satietatem impediat. Quidesthoc certe ? : «
12). II Habes nunc, sicut petisti, corporales constitu
quod oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor tiones, quibus inclusa exterioris hominis mores com-
hominis adscendit; quæ præparavit Deus diligenti- ponas. Habes formam præscriptam, qua interiorem
bus sn. hominem, vel purges a vitiis, vel virtutibus ornes. Ha-
CAPUT LXXVIII bes in triplici meditatione quomodo in te dilectionem
excites, nutrias, etaccendas.
Epilogus operis.
Hæctibi soror de beneficiorum præteritorumChristi
Versus notabilcs.
memoria, de præsentium experientia, de exppectatione Dulcia sunt animæ solatia, quie tibi mundo.
futurorum quaedam meditationum spiritualium semina Nam prosunt minime nisi serves haec operando.
:
praeseminarecuravi, ex quibus divini amoris fructus
uberior oriatur et crescat ut nnjditatio affectum
exerceat, afFectus desiderium pariat, la'rymas deside-
Si quis igitur in hujus libeili locutione profecerit,
hanc labori meo vel studio vicem impendat : ut
rium exeltet: ut sint lacrymue tuae pane, die ac nocte, apud Salvatorem meum quem dilLo, apud remu-
donee appareas in conspe tu ejus, et suscipiaris ab neratorem meum quem exspecto, apudjudicem meum,
amplexibus ejus : dicasque illud, quod in Canticis quem timeo, pro peccatis meis intercedat.
LETTRES
SAINTAUGUSTIN
DE -
PAR
H. BARREAU
DOCTEUR ÈS-LETTRES ET EN PHILOSOPHIE, OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
De même que les yeux l'emportent sur les autres sens du corps, ainsi les Lettres des
hommes illustres l'emportent sur leurs autres écrits. En effet, dans les Lettres, comme dans
le double miroir des yeux, brillent les qualités personnelles des auteurs, leurs affections,
leurs vertus et leurs vices; et si nul ne saurait manifester ce qu'il est, d'une manière plus
vive que par ses regards, ainsi personne ne saurait mieux être connu que par ses Lettres. Si
cette vérité se montre dans les lettres d'un auteur quelconque, elle ressort évidente de celles
de saint Augustin. C'est là que brillent particulièrement le génie de ce saint docteur,son élo-
quence sans fard, sa prudence, son zèle, la constance de son cœur, son amour de la vérité
et de la piété, son humanité, sa modestie et ses autres vertus. Déjà, dans les Confessions, se
reflétait clairement l'image de saint Augustin,mais non pas,s'il est permis de parler ainsi,d'une
manière aussi complète que dans ses Lettres. En effet, lorsque les saints écrivent quelque
chose sur eux-mêmes, si ce qu'ils en disent est mauvais, ils l'exagèrent beaucoup, si c'est
bon,ilsle dépriment et l'abaissent au delà de toute justice. D'un autre côté, si quelque
auteur publie des écrits sur le compte des saints, il ne saurait pénétrer suffisamment dans
IN TOMUM SECUNDUM
PRÆFATIO.
Ut oculi aliis corporis sensibus præstant, ita illustrium virorum Epistolæ ceteris eorum scriptis
passim antecellunt. In eis enim tanquam in gemino oculorum speculo emicant personse dotes,
affectus, virtutes et vitia; sic ut nemo magis ad vivum ea exprimere possit, nemo alibi melius
quam in Epistolis intueri. Id si de cujusquam alius, certe de Augustini litteris constat, in quibus
eanctissimi Doctoris genius, eloquentia citra fucum, prudentia, zelus, animi constantia, veritatis
ac pietatis studium, humanitas, modestia, aliaeque virtutes resplendent. Jam quidem in Confes-
sionum libris se ipse luculenter expresserat Augustinus : at non ita (si dicere licet) genuine sicut
in Epistolis. Fitenimut quæ de se ipsis scribunt sancti, aut immodice extollant, si mala sint; aut
plus æquo deprimant, si bona. Si vero quis alius de ipsis scribit, non satis eorum intima penetrare
1
ce qu'ils ont de plus intime, ou s'il le peut, il lui est difficile de l'expliquer d'une manière
satisfaisante, mais dans leurs diverses lettres, les auteurs se montrent et se peignent eux-
:
mêmes spontanément sous les véritables couleurs que la nature, le lieu, l'occasion, les 1
personnes, la matière du sujet, leur fournissent et cela même sans qu'ils y pensent. Aussi
est-ce dans les écrits épistolaires qu'un véritable observateur peut voir et examiner de près
la personne et l'esprit d'un auteur.
Mais, ce qui, de plus, augmente le mérite des Lettres de saint Augustin, c'est que ce saint
pontife ayant eu à s'occuper des plus graves intérêts de l'Eglise, la collection de ses Epîtres,
embrasse non-seulement l'histoire de sa vie privée, mais encore presque toute l'histoire ecclé-
siastiquede ce temps. Si donc, on veutrechercher avec soin, et bien comprendre ce qu'ontfait
lés Donatistes et les Pélagiens, deux sortes d'hérétiques qui, pendant toute cette époque, ont
le plus infesté l'Eglise, qu'on lise les Lettres de saint Augustin, qu'on les étudie soigneuse-
ment, et l'on arrivera au but que l'on s'est proposé.
Dans les éditions précédentes, l'ordre des Lettres de saint Augustin était tellement confus,
qu'on n'aurait pu arriver à ce but que par une longue méditation et par une lecture souvent
répétée. En effet, les lettres de la même époque et sur le même sujet étaient jetées pêle-
mêle dans la collection où on les avait réunies. Les premières étaient mises après celles
;
écrites postérieurement, et souvent rejetées à la fin mais, ce qui était le comble de la con-
fusion, c'est que les réponses de saint Augnstin étaient quelquefois séparées par une longue
distance des lettres par lesquelles il était interrogé et consulté. Bien plus, ces réponses
précédaient les questions sur lesquelles on demandait son avis, au point que les lettres
d'Evodius, consultant saint Augustin, venaient après la réponses du saint, et en étaient
séparées par beaucoup d'épitres intermédiaires. Il était donc à désirer que les Lettres de
saint Augustin fussent rangées méthodiquement et selon l'ordre des temps. Saint Augustin
l'aurait fait sûrement lui-mème, s'il avait pu achever le recensement qu'il avait commencé de
ses Epîtres. En effet, dans la préface de ses Rétractations, il exprime le désir que ses œuvres
soient lues selon l'ordre dans lequel il les a écrites, et il ajoute qu'il apportera tous ses soins
à cet égard, pour que les lecteurs comprennent la marche qu'il a suivie dans ses écrits.
possit; aut etiam si possit, aptissime explicare non valeat. At in variis Epistolis auctores sponte
seipsiproduntpinguntque nativis coloribus, quos natura, locus, occasio, personse, argumenti
materia, etiam a non cogitantibus exprimunt : adeo ut diligens quivis rerum æstimator in episto-
laribus scriptis auctoris faciem et animum a propinquo intueri possit.
Sed illud insuper Augustini Epistolis dignitatem addit, quod cum Sanctissimus Pontifex gravis-
simis Ecclesiæ negotiis fuerit occupatus, Epistolarum ejus collectio non tantum ipsius privatam,
sedettotamfere ecclesiasticam illius temporis historiam complectatur. Unde si quis Donati-
starum, etPelagianorum, quro dujo haeresesEcclesiamper id tempusmaxime infestarunt, res gestas
studiose indagare ac plene intelligere cupit, Augustini Epistolas legat, ac sedulo revolvat, et
votis tandem suis optatum finem imponet.
Verum in superioribus editionihus adeo perturbatus erat Augustinianarum Epistolarum ordo,
ut non facile quisquam id assequi potuisset absque longa et sæperepetitalectione ac meditatione.
Nam ejusdem temporis et argumenti Epistolæ per totum collectionis corpus hinc inde dispersæ
erant, tum priores posterioribus postpositæ et in ÍÌnern rejoctæ; ac demum (quæ intoleranda con-
fusio erat) Augustini rescripta quam longissime ab interrogatis et consultis nonnumquam aberant :
imo rescripta consultis longæ præferebantur : adeo ut Evodii v. g. consulentis Epistolæ post
multas interjacentes Epistolas Augustini responsum consequerentur. Quapropter optandum erat
ut Augustini Epistolæ in rectum ordinem pro temporum ratione digererentur. Quod procul dubio
curaturus fuisset Augustinus ipse, si earum recensionem quam susceperat, ei absolvere licuisset.
-1
:
g Bien des motifs nous empêchaient de faire ce travail, savoir l'ordre suivi antérieurement,
le classement adopté depuis environ cent soixante-dix ans, les citations faites jusqu'ici qu'il
mous paraissait dangereux de violer ou d'intervertir. Nous craignions que ces changements
me donnassent beaucoup de peine aux personnes studieuses. De plus, nous étions encore très-
embarrassés pour établir dans les Lettres un ordre qui fût approuvé de tout.le monde, puis-
que les savants eux-mêmes ne sont pas d'accord sur l'époque de quelques-unes de ces lettres ;
mais ce qui nousarrêtait le plus, c'est que dans notre travail, nous ne voulions ni contrarier,
mi favoriser sans de bonnes raisons le sentiment de n'importe quel savant. Telles sont les
raisons qui nousdétournaient de changer l'ordre de ces Lettres, et il nous paraissait difficile
d'entreprendre ce travail en opposition aux éditions précédentes.
t D'un autre côté, nous y étions excités, non-seulement par l'exemple des divers critiques
qui ont publié des Lettres de saint Cyprien, de saint Léon, etc., mais encore par l'autorité
d'hommes aussi distingués par leur science que par leur dignité, et qui jugeaient que dans cette
nouvelle édition, on devait surtout s'occuper de la postérité. Aussi, forts de ces exemples et
;
de ces autorités, nous nous sommes enfin décidés à classer,autant que cela était possible, les
Lettres de saint Augustin selon l'ordre des années où elles ont été écrites et pour ne pas
paraître adopter ce classement avec légèreté, nous avons pris tous les soins possibles pour
l'établir, non-seulement d'après nos vues et nos études, mais encore d'après les conseils des
autres. Un peu plus bas, après avoir fait quelques observations préliminaires sur cette nou-
velle édition des Lettres, nous soumettrons au lecteur les raisons qui nous ont déterminé à
adopter l'ordre que nous avons suivi.
D'abord, après avoir rangé les lettres dans un ordre chronologique, nous les avons distri-
buées en quatre classes. La première contient les lettres que saint Augustin a écrites avant
son élévation à l'épiscopat. En cela, nous avons suivi l'exemple de saint Augustin lui-même,
qui, dans le premier livre des Rétractations, fait seulement le recensement des opuscules
uippe in Retractationum suarum prooemio optare se testatur, ut opera sua eo quo scripta sunt
ordine perlegantur, eique rei daturum se operam, quo demum intelligant lectores quomodo seri-
bendo profecerit.
At quo minus id tentaremus intercedebant diversse res, nempe usus superiorum temporum, re-
ceptus ordo ab annis circiter centum septuaginta, citationes usitatæ, quas violare, aut demum
pervertere nefas esse videbatur, ne mutatio hæc plurimum negotii studiosis facesseret. Ad hæc
non leves difficultates in constituendo Epistolarum ordine, qui omnibus probetur; cum de nonnul-
larum ætate disputent eruditi. Atque hæc potissimum nos ratio morabatur ; quippe qui id præcipue
„
in animum induximus, hoc in labore nostro neutrorum sententise temere adversari aut favere.
Hæc ergo momenta a mutando Epistolarum ordine nos deterrebant, nec facile id a nobis contra
superiores editiones sescipiendum videbatur.
Ex adverso tamenaliudsuadebantnon tantum varia eruditorum exempla in Epistolis S. Cy-
priani, S. Leonis, etc., sed etiam virorum non minus scientia quam dignitate præstantium aucto-
ritas,qui posteritati hac nova editione consultum volebant. His omnino exemplis et auctoritatibus
adducti, tandem consensimus, ut Augustini Epistlæ ad annorum seriem (quoad fieri posset) accu-
ratam revocaremus. Et ne levi fundamento hanc seriem designasse videamur, non modo nostris,
sed etiam alienis eam studiis et consiliis investigare sategimus. Nostrarumhanc in rem momenta
rationum, quibus ordinem a nobis constitutum comprobamus, paulo inferius subjicienda sunt,
postquam nonnulla circa novam hanc Epistolarum editionem hic præmiserimus.
Principio Epistolarum chronologico ordine constituto, cas in quatuor classes distinximus, qua-
rum prima illas exhibet, quas Augustinus nondum episcopus scripsit. Qua in re Augustinum ipsum
secuti auctorem sumus, qui in Retractationum priore libro ea dumtaxat recensuit opuscula, quæ
qu'il avait publiés avant d'être évêque. La seconde classe renferme les Epîtres qu'il a écrites
depuis le commencement de son épiscopat, jusqu'à la conférence de Carthage avec les Dona-
tistes, et jusqu'à l'apparition en Afrique de l'hérésie pélagienne. Ces Lettres, en décrivant
avec soin le commencement, les progrès et la condamnation de ces erreurs, ont principale-
ment pour but de les faire connaître et de les détruire. La troisième classe de Lettres ren-
ferme celles que le saint Docteur a écrites depuis ce temps jusqu'à la fin de sa vie, et
aux-
quelles on peut assigner une époque précise. Enfin, dans la quatrième classe nous avons
rangé les autres lettres que saint Augustin a écrites pendant son épiscopat, et dans le texte
desquelles rien n'indique soit le temps, soit les circonstances où elles ont été publiées. Ainsi,
cette distinction des lettres en quatre classes aura l'avantage que nous avons signalé précé-
demment, c'est-à-dire que le lecteur studieux verra de suite et d'un seul coup d'œil, tout ce
qui a rapport aux hérésies des Donatistes et des Pélagiens.
Nous devons aussi prévenir le lecteur que nous avons laissé à leur place certains traités
qui, jusqu'à ce jour, avaient été rangés parmi les Lettres, quoique des raisons assez impor-
tantes parussent nous y engager. De ce genre est le testament public par lequel saint
Augustin désigne Héraclius pour son successeur futur, ainsi que quelques autres opuscules
plus étendus dont il fait mention dans les Rétractations, et cela nous ne l'avons fait que pour
consulter autant que possible la commodité des lecteurs.
Mais nous n'avons pas hésité à rejeter dans l'Appendice ce qu'on appelle la controverse
;
avec Pascentius qui figurait comme la cent soixante-dix-huitième parmi les Lettres de saint
Augustin il est évident que c'est une pièce supposée, comme nous l'avons prouvé dans
l'avertissement que nous avons placé en tête de cette controverse.
Nous avons cru en outre faire chose utile et agréable aux hommes studieux, en rapportant
ici quelques lettres, non-seulement celles que saint Augustin envoyait à d'autres en son
nom, mais encore certaines de celles qui lui étaient adressées par beaucoup de personnes.
Par exemple, les lettres de Timase et deJacques, celles des empereurs Honorius et Théodose,
antequam fieret cpiscopus in lucem protulerat. In secunda classe repræsentantur Epistolae, quas
ab initio episcopatu ad collationcm cum Donatistis Carthagine habitam et Pelagianæ hæreseosin
Africam invectionem edidit. In his enim duobus sive retegendis, seu extirpandis erroribus versan-
turutplurimumhælitteræ, quae corum initia, progressus, atque damnationem accuratedescri-
bunt. TertiaEpistolarum classis eascomplectitur, quas ab eo tempore S. Doctor ad vitæ finem
exaravit, quibus scilicet certa epocha potest assignari. In quartam demum classem reliquas Au-
gustini litteras redegimus, quas quidem scripsit episcopus, nulla tamen alia præfixa temporis aut
circumstantiarum nota, quæ certum tempus præ se ferat. Ex hac porro quadruplicis classis di-
Deinde monendus est Lector nonnullos tractatus, qui hactenus in Epistolarum ordinem relati
sunt, loco motos a nobis non fuisse tametsi id non levis momenti rationes suadere videbantur. In
eo genere est publicum illud instrumentum, quo Eraclium futurum sibi successorem designat
Augustinus, praeteraliquot prolixiora opuscula quæ ab ipso in Retractationibus censentur inter
libros. Id vero a nobis præstitum haud fuit, quo vel sic lectorum commodo (quantum fas esset)
consuleretur.Verumnihil cunctandumcensuimus,quin rejiceretur inAppendicemvulgata illaAlter-
catio cum Pascentio, quæ CLXXVIII, numerabatur inter Augustini Epistolas. Hanc enim suppositi-
tiam esse manifestis constat argumentis, quæ in Admonitione eidem Altercationi præfixa retu-
1
limus.
Præterea rem gratam utilemque studiosis facturos nos arbitrati sumus, si quasdam huc revoca-
remus Epistolas, non solum quas Augustinus nomine suo misit ad alios, sed ex illis etiam quae ad;
1
de Quodvultdeus, de saint Prosper, d'Hilaire et celles d'un anonyme à saint Augustin. Il en
est de même des lettres envoyées par le saint Docteur à Pelage, à Simplicien, touchant
? l'ouvrage
les livres désignés sous leur nom;
qui lui avait été dédié, à Aurélius, à Valère, à Claude, à Quodvultdeus, concernant
lettres qui jusqu'à ce jour manquaient dans ce recueil.
Toutes ces Lettres, nous avons eu soin de les insérer en leur lieu et place. Nous avons fait
de même pour les rescrits des évêques catholiques au tribun Marcellin, à l'occasion dela
conférence de Carthage, ainsi que la lettre relative à Leporius, adressée à Procule et à
Cylinnius évêques des Gaules. Tous ces écrits peuvent être considérés comme des œuvres
appartenant réellement à saint Augustin, ainsi que ses lettres envoyécs à Innocent au nom
du Synode de Carthage et de Milève que tout le monde admet parmi les Epîtres de ce saint
docteur, parce qu'elles ont été écrites sous sa dictée.
;
On aurait pu également publier ici le traité sur le bien du veuvage mais nous n'avons pas
voulu le faire parce que depuis longtemps l'usage a prévalu de désigner ce Traité sous le
titre de Livre sur le bien du veuvage. Cependant, ce n'est véritablement qu'une lettre
adressée par saint Augustin à Julienne. C'est pour cette raison, qu'il n'en est pas parlé au
livre des Rétractations. A cette même catégorie appartient la lettre que le saint Docteur
écrivit contre Pétilien, et qu'il adressa aux fidèles soumis à sa juridiction. Cette lettre, dès
le temps de saint Augustin ainsi qu'il le dit lui-même dans ses Rétractations (Livre II,
chap. xxv) formait le premier livre de sa réponse aux lettres de cet hérétique. Se présentait
encore la lettre de Secondin, manichéen, à saint Augustin. Comme cette lettre ne contient
;
rien de remarquable et qui soit digne de l'attention des savants, nous l'avons renvoyée au
tome sixième des œuvres de saint Augustin sa seule utilité est de faire mieux comprendre
les questions que traite le saint Docteur en réfutant les erreurs de Secondin.
Nous ne nous sommes pas bornés à reproduire les lettres déjà publiées, mais il en est
quelques-unes qui paraissent pour la première fois dans cette édition. Parmi elles se trouve
la lettre si remarquable de saint Augustin, alors simple prêtre, à Alype évêque de Thagaste.
ipsum a multis sunt directæ. Sic Timasii et Jacobi, sic Honorii et Theodosii Imperatorum, Quod-
vultdei, Prosperi, Hilarii atque Anonymi ad Augustinum litteras : sic et ab ipsodatas ad Pelagium,
ad Simplicianum de opere ipsi dicato, ad Aurelium, ad Valerium ad Claudium, ad Quodvultdeum
super libris eorum nomine nuncupatis, quæ hic antea desiderabantur, suo inferendas loco curavi-
mus : uti et catholicorum Episcoporum rescripta ad Marcellinum Tribunum occasione collationis
Carthaginensis, necnon Epistolam ad Proculum et Cylinnium Gallicanos antistites Leporii caussa
transmissam : quæ nimirum scripta non minus pro veris ac germanis Augustini fetibus habenda
sunt, quam Epistolæ illæ Carthaginensis ac Milevitanæ Synodi nomine ad Innocentium directæ,
quas uti a S. Doctore dictatas cum aliis ejus Epistolis omnes recipiunt.
Huc vero etiam revocandus erat Tractatus de Bono Viduitatis, nisi id prohibuisset usus jam
pridem receptus, qui Libri titulum ei assignat, tametsi vera sit Augustini ad Julianam Epistola,
eoque nomine nulla ejus peculiaris mentio in Retractationum libris habeatur. Ejusdem conditionis
est ea Epistola, quam S. Doctor fidelibus ad suoe dispensationis curam pertinentibus scripsit contra
in II
Petilianum, quæab Augustini tempore, sicuti lib. Retractationum c. xxv, testatur, prioris
adversusejusdem hæretiei litteras libri locum obtinuit. Occurrebat præterea SecundiniManichoei
ad Augustinum Epistola, quæ ut nihil continet observatione dignum, quod eruditorum oculis me-
ritosubjiciatur,relicta est in sexto Augustinianorumoperumtomo, ob id solum legenda, ut ea
plenius intelligantur, quæ illic adversus Secundini errores disputat Augustinus.
Neque vero editas dumtaxat Epistolas recudimus; sed novas aliquot primi damus in lucem : in
quibus occurrit Augustini tum Presbyteri insignis ad Alypium episcopum Thagastensem Epistola,
cujus perquam egregium est argumentum. Jam pridem Christianorum convivia compotationesque
Le sujetde cette lettre est très-digne d'attention. Depuis longtemps, au jour anniversaire
de la mort des saints, les Chrétiens avaient coutume de se réunir pour boire et pour manger
dans l'enceinte des basiliques. Saint Augustin apporta tous ses soins pour faire disparaître
Aurèle :
un tel usage. Voici ce qu'il dit à ce sujet dans la lettre vingt-deuxième (n°5), adressée à
« Il faut faire disparaître le mal, non avec rigueur, mais comme il est écrit, dans un
esprit de douceur et de mansuétude. Ce n'est nipar la dureté nipar des manières impérieuses
que l'on triomphe de cette sorte d'abus; ils cèdentplutôt aux avertissements qu'aux menaces.
C'est ainsiqu'il faut agir avec la multitude des pécheurs. » Il raconte dans la lettre à Alype
comment, pendant trois jours et particulièrement le jour anniversaire de la fête de saint
Léonce, s'appuyant sur l'autorité de l'Ecriture sainte, employant les prières, les larmes, les
gémissements dans cette assemblée solennelle, il insista pour qu'une si honteuse coutume
le
disparût de l'église. Dès qu'il vit que ses paroles avaient ému cœur de quelques assistants,
il redoubla de zèle, multiplia ses exhortations, puis ayant fait mettre les fidèles en prières, il
employa le secours des âmes pieuses. C'est ainsi qu'avec l'aide de Dieu, on cessa de se réunir
dans les églises pour y boire et y manger. Parmi les autres observances de la discipline
:
ecclésiastique rapportées dans cette lettre, il faut remarquer les rites observés dans les
solennités des saints, savoir le sermon adressé au peuple, les lectures saintes, les psaumes
chantés et répétés alternativement, et la solennité des Vêpres qui devaient être célébré chaque
jour.
Nous avons également publié deux autres lettres qui complètent ainsi le nombre de celles
que saint Augustin écrivit à saint Paulin de Nole, nombre indiqué dans l'index de Possidius.
Ces lettres sont courtes, il est vrai, mais remplies d'un sentiment de piété et de bienveil-
lance chrétienne. Saint Augustin y exprime le vif désir qu'il a de recevoir les lettres de
saint Paulin ainsi que l'opuscule contre les païens, composé par ce saint.
La lettre à Mercator est plus longue et plus remarquable. Le tiers en avait paru autrefois
dans le livre adressé à Dulcitius, mais nous la donnons ici tout entière. Elle montre tout à
la fois le caractère vif de Mercator et la grande modestie de saint Augustin qui accueille,
par des félicitations, cet homme irrité de n'avoir pas reçu de réponse à ses lettres. Dans
in basilicis natali Sanctorum diei fieri solitas e medio tollere satagebat Augustinus. Ejus hanc in
rem verba sunt in Epist. XXII, ad Aurelium, n. 5. Auferendum est malum non aspere, sed sicut scri-
ptum est, in spiritu lenitatis et mansuetudinis, Non duriter, non modo imperioso ista tolluntur; magis
monendoquamminando. Sic enim agendum est cum multitudine peccantium.Narrat ergo hic quem-
admodum per tres dies, nominatinique in Leontii natali die, auctoritatibus ex divina Scriptura
petitis, tum precibus, fletibus ac lacrymis apud solemnem concioneminstabat, fœda ut hæcce con-
suetudo ab Ecclesia eliminaretur : qufc ubi paucorum movere animos intellexit, mox acriore
studio alia atque alia subjecit hortamenta, et imperataoratione priorum suffragia adhibuit : sicut
Deo donante tandem a compotationibus istis cessatum fuerit. Inter alia vero quæ hic referuntur
;
ecclesiasticæ discipline monumenta, notandi ritus in Sanctorum solemnitatibus tum usurpati,
nempe sermo habitus ad populum sacræ lectiones et Psalmorum modulatio alternis vicibus repe-
titæ ; acta Vespertina sacra, quæ quotidie celebrari solerent.
Prodeunt simul e tenebris aliæ duæ, quibus numerus Epistolarum Augustini ad Paulinum No-
lensem in Possidii indice adnotatus completur; breviores quidem illæ, sed Christianæ pietatis ac
benevolentiæ sensu plenissimæ. His Paulini litteras et opusculum contra Paganos, quod ab ipso
elaborari didicerat Augustinus, ardentissimis votis expetere se contestatur.
Prolixior insigniorque est ad Mercatorem Epistola, ex tertia parte olim exhibita in lib. ad
Dulcitium, nunc autem primum ex integro data :quæ ut peracre Mercatoris ingonium, ita singn-
larem modestiam Augustini prodit, qui succensentem quod sibi non rescripsisset, accipit gratan-
cette Epître, on remarque où en étaient les controverses entre les Catholiques et les Péla-
giens, état de choses parfaitement expliquée quant à ce qui regarde la question du baptême
des petits enfants et de la mort, châtiment du péché. On y voit aussi l'époque précise des
lettres de saint Augustin à Sixte et au diacre Célestin; mais ce qui est surtout digne de
remarque, c'est que cette même lettre nous apprend que les écrivains catholiques qui n'ha-
bitaient pas l'Afrique, avaient coutume d'adresser à saint Augustin les écrits qu'ils publiaient
contre les Pélagiens. Cette conjecture était facile à tirer de la lettre peu étendue adressée
à Sixte (Nomb. 1), mais toute espèce de doute à ce sujet disparaît devant les paroles desaint
je
Augustin à Mercator: « Il s'en faut de beaucoup, mon très-cherfils, que vous néglige et que
j'accueille avec indifférence vos lettres ou les écrits que vous m'envoyez pour les examiner. »
Nous conservons dans cette édition les chapitres qui avaient été précédemment introduits
dans quelques lettres. Dans d'autres, nous en avons établi de nouveaux où cela nous parais-
sait utile. Enfin, dans toutes nous désignons les fréquentes divisions par nombre, comme
nous avons commencé à le faire dans les opuscules du tome premier, pour rendre ainsi plus
facile l'usage des livres'de saint Augustin, et plus expéditive la recherche des différents
passages. Ensuite, nous avons revu et corrigé, avec le plus grand soin, les matières et les
arguments des lettres qui fourmillaient de fautes et d'erreurs, signalées par les savants
comme contraires à l'histoire. Quoique notre dessein ne soit nullement d'imposer notre ma-
nière de juger et de penser aux savants, nous n'avons pu nous empêcher de joindre quelques
petites notes, non-seulement dans les principales corrections du texte généralement admis,
mais encore dans tous les passages qui nous paraissaient propres à établir l'époque des lettres.
:
Nous croyonsinutile de passer ici en revue toutes les fautes que nous avons corrigées avec
l'aide d'un très-grand nombre de manuscrits mais ce qui ne nous a pas permis de les faire
disparaître toutes, c'est que quelques lettres du saint Docteur, se trouvaient seulement dans
un seul manuscrit peu correct, comme pourra le voir quiconque voudra consulter la table
à
desexemplairesdont nousavonsfaitusage,etque nous avons ajoutée lafindecevolume.
r
tissime. Notandus in ea controversiarum inter Catholicos et Pelagianos status, quod ad quæstio-
nem de baptismo parvulorum ac de morte peccato retributa pertinet, liquido explicatus. Notanda
itidem epocha litterarum Augustini ad Sixtum et ad Cælestium diaconum hic definita. Sed illud
in primisobservatione dignum est, quod ex eadem epistola intelligimus, nempe catholicos scripto-
res extra Africam positos sua Augustino scripta, qme adversus Pelagianos edebant, dirigere
solitos fuisse. Hujus quidem rei conjecturam capere liccbat ex breviore ad Sixtum Epistola n. 1.
tVerum id longe certius liquet ex his Augustini verbis ad Mercatorem : Ego itaquete, fili dilectis-
mne, scribentemvnihivel ad me consideranda tua scripta mittentem, absit ut negligenter acci-
piam, etc.
in
rt Jamvero
retinemus; novas in aliis, ubi commodum videtur, instituimus;
hacce editione capitulationes, quæ paucas in epistolas antehac inductse erant,
porro in omnibus sectiones desi-
gnamus frequentes, affixis numericisnotis : uti jam in primi tomi opusculis fieri cœpit, quo esset
deinceps facilior Augustini usus, expeditiorquelocoruminquisitio. Deinde Epistolarum argumenta,
quae plurima gravissimis scatere erratis historizeque adversari observarant eruditi, castiganda
curavimus. Et quamquam consilium nostrum minime sit animi nostri sensa et cogitata doctis ob-
trudere, temperare non potuimus tamen, quin notatiunculas quasdam adnecteremus, tum in præ-
cipuisvulgatitextus emendationibus, tumiis in locis qui ad stabiliendam Epistolarum epocham
visi sunt idonei. Nihil porro est, quod hic omnia recenseantur menda, quæ sane innumera MSS.
exemplarium ope rcsecuimus. Cur autem omnia resecare non licuerit, id in caussa est, quod ali-
quotS.DoctorisEpistolaeunicodumtaxat codice MS.eoquenon satis emendato continerentur,
uti constabit codicum, quibus usi fuimus, Syllabum in fine voluminis adjectum consulenti.
L-
Dans la crainte que cette nouvelle édition des Lettres ne laissât à désirer qnelque cho
qui dépendît de nous, nous y avons ajouté quatre tables. La première indique le nouva
ordre des Lettres comparé avec celui qui avait été publié précédemment.La seconde contiel
l'ordre suivi jusqu'à ce jour, mais mis en concordance avec le nouveau que nous ayons établi
La troisième comprend, par ordre alphabétique, les noms de ceux à qui saint Augustin
adressé des lettres, ou de ceux dont il en a reçu. Enfin, la dernière distribue les lettres
d'après les principales matières qui y sont traitées (1). Nous avions aussi pensé à faire unî
;
cinquième table de ces lettres, qui répondît à l'ordre dans lequel on le trouve ordinairement
dans les manuscrits mais ce travail eût été inutile et sans profit, non-seulement à cause de
la grande variété des manuscrits parmi lesquels nous ne savons pas s'il est possible d'ei
trouver deux ou trois qui s'accordent entre eux à cet égard, mais principalement parce qu'i
y en a fort peu qui contiennent même la
moitié des lettres du saint Docteur. En sorte qua
d'après ces manuscrits, il est impossible d'établir quelquechose de certain, de fixe: et d
régulier, à l'exception de quelques-uns portant la date d'environ six siècles, et qui renfer
ment six ou sept lettres antérieures rangées dans l'ordre suivi par les éditions qui on
paru jusqu'à ce jour, les autres y sont placées d'une manière différente et sans ordre
déterminé.
Il nous reste donc, comme nous l'avons promis, à donner ici les raisons du classemen
nouveau que nous avons adopté dans la publication des Lettres.
(1) Cette dernière table est la seule que nous ayons conservée dans la présente édition.
Ne quid vero in Lac Epistolarum editione (quod nostrum certe esset) desideraretur;quatuo
earum indices adtexuimus. Primus quidem novum hunccc Epistola-um ordinem cum hactenun
vulgato comparatum exhibet. Alter vulgatum prius ordinem continet quatenus ad hunc novum
reducitur. Tertius constat corum nominibus alphubctico ordine digestis, ad quos Auguslinus dedit
Epistolas, vel a quibus ipse vicissim accepit. Postteinus denique Epistolas distribuit in præcipua,
argumcnta, quaein eis tractantur. Statuerainus aliquanrlo quintain quoque Epistolarum seriem
intexere, quae ordini illi responderet, qui in MSS. codicibus usitatior est. Verum incassus laboret
prorsus inutilis fuit, turn ob maximam MSS. codicum varietatem, inter quos nescimus an duos
tresve rcperiasqui intcr se hac in re conveniant: turn maxirne quod pauci admodum reperiantur,
qui media saltern ex parte S. Doctoris contineant Epistolas; adeo ut ex illis nihil certum, nihil
fixum ordinatumquepossit constitui; si codices nonnullos exccpcns annorum 600 circiter setatem
præferentes, qui Epistolas sex aut septem priores exhibent ea serie, quam editiones vulgatæ re-
præsentant, aliis longe diverso nulloque legitimo ordine contextis.
Superest igitur ut (quod anteu polliciti sumus) novi Epistolarum ordinis rationes hoc loco ex-
hibeamus.
)- t
ORDRE CHRONOLOGIQUE
DES
PREMIÈRE CLASSE
DE 386 A 395
J
LETTRES (écrite vers la fin de l'an 386). — l'ouvrage, liv. 111, chap. xx, n. 43. Or Possi-
De même que dans les Rétractations, on dius, chap. xxxi, nous apprend que saint Au-
trouve au premier rang les livres Contre les
Académiciens écrits par saint Augustin dans la
;
gustin a vécu soixante-seize ans et personne
jusqu'à ce jour n'a encore mis en doute la date
campagne de Cassiciacum, peu de temps après de sa mort, 28 août 430, donnée par la chro-
sa conversion,. ainsi doit-on placer en tête de nique de Prosper. Il faut donc qu'il soit né le
ses lettres, celle qui fut adressée à Hermogé- 13 novembre 354, qu'il se soit retiré à Cassicia-
nien à l'occasion de ces mêmes livres. En cum après sa conversion en 386, et qu'il ait
quelle année cette lettre ou ces livres ont-ils publié ses livres Contre les Académiciens à la fin
paru? C'est ce qu'on peut établir ainsi qu'il de cette même année, quatre mois environ
suit. Saint Augustin avait commencé l'ouvrage avant son baptême, qui eut lieu l'année sui-
enquestion quelque peu avant l'anniversaire vante.
de sa naissance, 13 novembre, comme on le
peut voir Rétractations, liv. 1, chap. II. Il était
dans sa trente-troisième année quand il l'a-
paraisse facile et commode ;
Bien que cette manière d'établir les chiffres
cependant il est
bon d'insister un peu sur les motifs qui la font
cheva, comme il le dit lui-mème àlafin de adopter. En effet, comme le livre III des Lettres
contra Academicos, in agro Cassiciaco scripti ab Au- se jn villam Cassiciacum an. 386, eodem labente
gustino paulo post ipsius conversionem : ita ceteras anno libros de Academicis edidisse; quatuor circiter
ipsius Epistolas hic jure preecedit illa, quæ eorum- menses ante baptismum, quem insequenti anno
dem librorum occasione data fuit ad Hermogenia percepit.
num. Annus vero quo isthæc epistola sive libri iidem Quamquam hæc facilis et expedita chronologiæ
iprodierunt,hacratione investigatur. Exorsusfuerat ratio videatur, in ea tamen constituenda necesse
contre Pétilien, chap. xxv, nous apprend que clare avoir trente-trois ans. Ils soupçonnent
saint Augustin n'est revenu en Afrique qu'a- que c'était sa manière de compter ses années;
près la mort du tyran Maxime arrivée sur la d'après ces passages des Confessions, liv. VI.
fin de juillet ou d'août 388, comme, d'autre chap. xi, où il dit qu'il a trente ans, après
part, il est bien certain aussi, Confessions, avoir dit au chap. vi qu'il a fait l'éloge d
liv. IX, chap. VIIl-X-XI, que sainte Monique est l'empereur; ils sont persuadés qu'il s'agit du
morte à Ostie, au retour d'Augustin en Afrique panégyrique qu'il prononça en présence du
après le baptème reçu à Milan en la solennité consul Bauto entrant en charge aux calendes
pascale, alors qu'ils se préparaient à s'embar- de janvier 385, Lettres contre Pétilien, liv. III,
quer ensemble, le saint ayant alors trente-trois chap. xxv, bien qu'il soit plus vraisemblable
I
anno œtatis ipsius Augustiui 33, hinc lit ut viri panegyricum esse rati, quem Bautoni Consulatum
eruditi in diversas abeant opiniones; elintque alii incunti dixit Kal. Jan. an. 385, ex lib. III cont. Pe-
Possidium, ubi Augustinum annos 76, vixisse scri- tit. litt., c.xxv, licet veri similius sit banc alial]:
rehat.
bit, ipsius annos ex Cunsulum fastis numerare, pro- fuisse panegyrim, quam Imperatoris laudes,appellat
que anno primo perbreve illud computare spatium Horum igitur calculo pertinet Augustini ort:s ad
temporis a die 13 Novemb., quo in lucem elitus an. 354, conversio secessusqueadan. 387, baptism.
est Augustinus, ad diem 1 Januarii; turn pro sep- denique refertur ad tin. 388, quo jam Augustinul
tuagesimo sexto id censere quud a 1 die Januarii ætatis 33 expleto anno, tricesimum quartum decur
ad 28 Augusti extendilur. Sicque Augustinum na-
tum esse 13 Novemb. an. 355, conversum an. 387, Verum hæ duæ sententiæ verba Augustini Pussi-
baptizatum an. 388, et reipsa vixisso. annos non 76, diique a genuino sensu per vimdetorquent, null
sed 74, supra novem aut dccem menses. Dicunt alii id exigente caussa. Quid enim obstat quominu
énumère les ouvrages qu'ila composés à Rome, conversion à l'année 387, il faudra dire que
après son baptême, or on peut voir qu'il ne lui saint Augustin était en repos dans sa retraite
eut pas été possible d'achever tous ces travaux aux environs de Milan, en ce temps même, où
dans le peu de temps qu'il resta à Rome avant toute l'Italie était agitée par le fait de l'inva-
la mort de sa mère, puisqu'il n'était pas en- sion de Maxime, alors que Valentinien était
core remis des fatigues du voyage de Milan à expulsé, c'est-à-dire au plus fort de
la tempête
:
Rome quand il arriva à Ostie «Là, dit-il, après qui grondait surtout à Milan où l'empereur te-
la fatigue d'un long voyage nous nous dispo- nait ordinairement sa cour, au temps même
sions à prendre la mer. » C'est pourquoi son où, comme Baronius croit pouvoir l'inférer des
séjour à Rome doit être placé non avant mais paroles de sainte Ambroise, les habitants de
après la mort de sa mère, et il faut croire que Milan avaient pensé à prendre la fuite.
quelque obstacle sera venu retarder son départ LETTRE II (écrite à peu près au même
pour l'Afrique. temps). — Vient ensuite la lettre à Zenobius,
L'histoire de cette époque nous apprend que le même, à ce qu'ilnous semble, auquelsont
le tyran Maxime pénétra en Italie à la tête adressés les livres de l'Ordre écrits à la fin de
d'une armée, cette même année 387, vers le 386. Comparez cette lettre avec le liv. II,
mois d'août, et qu'après en avoir chassé Valen- chap. VII, n. 20, de l'Ordre où saint Augustin
Il :
tinien, il se rendit aussi maître de l'Afrique. a dit que « Zenobius a souvent disserté avec
donc pu se faire que saint Augustin informé lui sur l'Ordre, :: et indique qu'il a commencé
des événements, alors qu'il était retenu à Ostie à ce moment un long voyage. Dans cette lettre
par la maladie de sa mère, (dont rien n'empê- il regrette l'absence de Zenobius et témoigne
che d'assigner le trépas au mois qui précède le désir d'achever avec lui l'étude commencée.
août) changea tout à coup ses projets et pré- LETTRE III (écrite en 387). — La lettre pla-
féra attendrel'issue de tous cesbouleversements, cée ici la troisième est adressée à Nebridius,
à Rome même, persuadé qu'il y serait plus à elle fut écrite peu de temps après le livre des
l'abri des horreurs de la guerre civile qu'à Ta- Soliloques dont la composition fut achevée au
gaste. Ajoutons que si l'on veut rapporter la commencement de 387 : eneffet, saint Augus-
intelligamus Augustino sub matris obitum ad suos Ostia Tiberina detiueretur, mutato subinde consi-
navigare paranti moram allatam fuisse aliquo casu? lio, hujus tumultus exitum opperiri Romæ statue-
quidve cogit credere ipsum statim ab obitu matris rit, ubi a civilis belli cladibus tutior quam Thaga-
inAfricam solvisse, cum id minime dicat? Quin si
ste degere poterat.Ad hæc, Augustini conversionem
potius in I Retractat. lib. cap. vn, VIII, IX recenset referas in annum 387, dicere cogcris eum in seces-
opuscula post baptismum a se Romæ consripta, su prope Mediolanum ruri quievisse, illa ipsa tem-
quibus profecto perficiendis sat esse non potuisset pestate, qua universa Italia Maximainvdente
tantillum temporis, quo in Urbe ante matris SlIm turbabatur, et ex ea Valentinianus Imperator ex-
mortemresedisset; quando quidem ab itineris la- pellebatur, hoc est in medio belli turbine, qui circa
bore, quem Mediolano rediens cum suis toleraverat,
:
nondum recreatus erat, cum ad Ostia Tiberina per-
venit « illic enim post longi itineris, inquit, labo-
Mediolanum præcipue detonabat, cum in ea urbe
Comitatus Imperatoris plerumque resideret quo :
temporecensetBaronius exAmbrosii verbis intelligi
rem, instaurabamus nosnavigationi. » Quapropter posse Mediolanenses cives de fuga cogitasse.
ejus commoratio Romæ non ante, sed post obitum EPISTOLA II (scripta circ. idemtempus).
Monnicæ reponenda, credendumque est quidpiam — Sub-
sequitur epistola ad Zenobium, illum ipsum, uti
ei fuisse impedimento, quo minus in Africam tam quidem nobis videtur, cui nuncupati sunt libri de
cito remearet. Ordine, editi exeunte anno 386. Confer hanc Episto-
Nam illius temporis historiaprodit Maximum Ty lam cum lib. II de Ordine, cap. VII, n. 20, quo loco
-
rannum hoc ipso anno 387, circiter mensem Augu- dicit Augustinus, « secum sæpe de rerum ordine
stuin infesto agmine descendisse in Italiam, et pulso contulisse » Zenobium, ipsumque tunc temporis
ex ea Valentiniano, Africam pariter occupasse. peregre profectum fuisse significat. Hac autem in Epi-
Fieri ergo potuit ut de his certior factus Augusti- stola desiderat absentem Zenobium, optatque ut dis-
nus, cum tegritudine matris (cujus obitum in men- putationem cum ipso inchoatam simul absolvant.
sem Augusto citeriorem referre nihil velat), ad EPISTOLA III (scripta an. 387).
— Quæ hic or-
tin indique que ce livre avait été publié récem- LETTRE IV (écrite dans le même temps).—
ment, quand il dit,n.1 : « Si Nebridius avait lu Dans ce même séjour à Cassiciacum il écrivit
les Soliloques il se réjouirait bien davantage,
et ne trouverait d'autre nom à me donner que
celui de bienheureux, » et n. 4 : « Que rien de
ici la quatrième:
cette autre lettre à Nébridius que nous plaçons
il répond à ses questions en
lui disant les avantages de sa retraite. On n'a
tout cela ne se puisse faire, c'est ce que j'ai dit plus les autres que saint Augustin écrivit de là
dans les Soliloques. » Ces passages font entendre à Nébridius, et que le livre neuvième des Con-
que les livres Contre les Académiciens, Sur la vie fessions cité plus haut, nous fait croire nom-
heureuse et les autres écrits publiés à la fin de 386 breuses et écrites avec un soin tout particu-
et au commencementde 387 avant les Soliloques lier.
avaient plu à Nebridius au point, qu'emporté
— La
LETTRE V (écrite vers la fin de 388).
par la fougue de ses sentiments, il n'avait pu cinquième lettre est celle que saint Augustin
s'empêcher d'appeler l'auteur bienheureux. reçut de Nébridius après son retour à Tagaste,
Cette lettre doit être rangée parmi celles dont où il revint après la mort du tyran Maxime
saint Augustin dit, Confessions, liv. IX, arrivé en juillet ou août388. Nébridius admire
chap. iv : « Là, c'est-à-dire à Cassiciacum, mes qu'Augustin appelé sans cesse à s'occuper des
lettres font voir de quoi j'ai traité par corres-
pondance avec Nebridius absent. » En effet, ;
affaires des habitants de Tagaste, n'en soit
point impatienté il regrette qu'il n'ait pu ob-
:
Nebridius n'avait pas accompagné saint Augus-
tin dans sa retraite « Il avait échappé à notre
amitié, h dit saint Augustin, Confessions,
tenir encore comme ill'avait tant désiré, d'être
débarrassé de la sollicitude des affaires. Cette
lettre parait donc devoir être rapportée à lafin
liv. VIII, chap. VI : « pour aider dans son en-
seignement le grammairien Verecundus de Mi-
lan notre intime ami. » C'est pour cela qu'à la
suivante :
de l'année 388 ou au commencement de l'année
car saint Augustin n'a pu différer
après son retour de mettre à exécution le pro-
fin de sa lettre il lui propose quelques ques- jet qu'il avait formé lors de son baptême, de
tions sur la conjugaison des verbes. se retirer le plus tôt possible avec quelques amis
dine Tertia est, ad Nebridium data, prodiit haud EPISTOLA IV (scripta circ. idem tempus). —
Ex
multo post Soliloquiorum opus, quod sub initium eodem agro Cassiciaco dedit Epistolamhic Quartani
anni 387, perfectum fuit : quippe id operis a se re- ad Nebridium, qua illi satisfaciebat inquirenti quan-
cens editum esse innuit Augustinusn. 1. « Quid, lum in secessu profecisset. Exciderunt reliquæ epi-
ait, si Soliloquialegisset Nebridius, lætaretur multo stolæ ab Augustino per id otii ad Nebridium dictatæ,
exundantius, nec tamenreperiretplus aliqaud quod quas majori numero atque impensiori studio con-
meappallaret, quam IJealum. » Et n. 4. « Nihil au- scriptas fuisse ex allato loco lib IX Conf. subintelli-
tem horum iieri posse, Soliloquia nostra jam conti- gimus.
nent.» Ex quibus verbis intelligitur libros de Aca- EPISTOLA V (scripta circ. fin. an. 387). — Uuinta
demicis, de Beata vita aliosque exeunte anno 386 et esl ea quam a Nebridio recepit cum esset Thagaste in
ineunte 387, ante Soliloquia ab Augustino compo- Africa; quo ex Italia rediit post Maximi Tyranni ne-
sitos, Nebridio legenti arrisisse, ut gestientis animi cem, quw an. 388 mense Julio vel Augusto accidit.
motu velut abreptus continere se non potuerit, quo Miratur Nebridius Augustinum se Thagastensium
minus eum beatum nuncuparet. Hæc itaque Epi- civium negotiis interpellatum non impatienter ferre,
I
stola in iis numeranda est, de quibus Augustinus doletque nondum redditam ipsi fuisse, quam tan-
in lib. IX Conf., cap. IV dicit. e Ibi (id est apud topere exoptabat, a mundanis curis cessationem.
Cassiciacum) quid egerim in litteris. cum ab- Videturitaque collocanda isthæc Epistola in fine
sente Nebridio, testantur Epistolæ. » Scilicet Au- ejusdem anni 388, aut in sequentis anni exordio.
guslinum illuc secedentem secutus non erat Nebri- Nam Augustinus Thagastem reversus, handqua-
dius : « Amicitiæ enim nostræ cesserat, iuquit quam sustinuit, quin conceptum jam inde a suo
Augustinusin lib. VIII Cont., c. VI, ut omnium no- baptismate consilium secedendi cum amicis in
strum familiarissimo Verecundo Mediolanensi civi agros, quos ad Thagastem possidebant, exsequerc-
et grammatico subdoceret. » Hinc porro est quod tur quamprimum lieeret. Et reipsa illic in secessu,
in extrema parte Epistolæ aliquot illi de verborum a se jam alienatis curis
stecularibus,transegitferme
conjugationibusquæstiunculas proponit. triennium, ex Possidio cap. III, donec Hipponem
dans une propriété qu'il possédait dans sa Ainsi donc la sixième lettre qui est de Nebri-
campagne voisine de Tagaste. Et de fait s'étant dius à saint Augustin, et la septième de saint
soustrait aux occupations terrestres il passe Augustin à Nebridius ont dû être écrites, à ce
trois années dans cette solitude, ainsi qu'il est qu'il nous semble, après le retour en Afri-
marqué dans Possidius, chap. m, avant que, que.
rappelé à Hippone par quelque raison il y fut LETTRES VIn, IX, X, XI, XII, XIII, XIV
ordonné prêtre, ce qui arriva au commence- (écrites vers le même temps). — Il en faut dire
ment de 391. On peut dire cependant que autant et avec plus d'assurance encore de celles
même en sa retraite, comme il était très-aimé qu'ils échangèrent ensuite, la huitième, la
de ses concitoyens et qu'il les aimait lui-même neuvième, la dixième, la onzième, la douzième,
beaucoup, il aurait bien pu parfois consentir à la treizième, la quatorzième. Bien qu'on ne
s'occuper de quelque affaire grave dont on puisse assigner la date précise de chacune,
l'aurait prié de se charger. l'ordre dans lequel nous les plaçons ici se dé-
LETTRES VI et VII (écrites vers le commen- duit facilement des rapports qu'elles ont entre
cementde 389). —La date de la sixième lettre elles. Enfin il est entièrement certain que les
est jugée par conjecture d'après un passage de lettres à Nebridius ont toutes été écrites avant
la lettre suivante où, n° 4, il nomme « Vere- l'année 391. Car saint Augustin parlant de la
cundus autrefois son ami.»En effet, saint Au- mort de Nebridius dit au livre IX des Confes-
gustin, à Milan, n'aurait pu parler ainsi de sions, ch. III, n° 6 : « Lui que vous avez rap-
Verecundus encore vivant, à plus forte raison
à Cassiciacum, où il habitait la maison de
campagne de Verecundus : d'autre part, on ne
;
pelé à vous peu de temps après ma conversion
et ma régénération par le baptême » paroles
qui nous font voir clairement que Nebridius
peut rapporter ces deux lettres au temps où
Augustin était à Rome, en supposant même doce;
mourut avant l'élévation d'Augustin au sacer-
or, il fut ordonné en 391 comme le con-
cluent les savants, d'après deux témoignages
que Verecundus fût mort en ce temps, car cela
ne pourrait justifier le mot autrefois et du reste de Possidius qui, en premier lieu, ch. III, at-
nous n'avons aucun indice de correspondance teste qu'Augustin revenu d'Italie en Afrique,
alors existante entre saint Augustin et Nebri- passa environ trois ans dans sa retraite des en-
dius. virons de Tagaste, après quoi il fut ordonné
data quadam occasione profectus, ibi presbyter or- Nebridii et Septimam Allg, ad Nebridium, illis jam
dinaretur, quod anno 391, ineunte contigit. Atta- in Africa constitutis scriptas fuisse colligimus.
men dici potest ipsum suo etiam in secessu, cum EPITOPE VIII, IX, X, XI, XII, XIII etXIV (scriptæ
nimium ille et a civibus suis amaretur, et ex æquo circ. idem tempus). — Idem porro de reliquis
cives suos redamaret, suscepisse interdum, curam Epistolis quas ad se vicissim miserunt, id est Octava,
graviorum negotiorum, quæ ad ipsum perfereban- Nona, Decima, Undecima, Duodecima, Tertia-
tur. decima et Quarta-decima longe magis liquet.
EPISTOLÆ; VI et VII (scriptæ circ. initium an. Quamquam enim temporis articulum quo singulæ
389). — Sextæ Epistolæ tempus utcumque habetur
ex Augustini rescripto proxime subsequente, ubi
n.4. « Verecundumfamiliarem quondam »suum
:
datæ fuerunt, haud expeditum sit distinctc adsi-
gnare is tamen ordo quem hic inter se tenent
facile constituitur ex mutuo earum respectu. Ad
appellat. Nempe Augustinus apud Mediolanum extremum id certo certius est,omnes ad Nebridium
exsistens de Verceundo, si illic adhuc in vivis ageret, Epistolas ante annum 391, prodiisse. Quippe de
non sic loqueretur; et multo minus apud Cassicia- obitu Nebridii scribit Augustinus in libro IX. Confes-
cum, ubi ipse in Verecundi villa versahatur. Neque sionum c. III, n. 6. « Quem non multo post conver-
de cetero videtur referenda utraque Epistola ad illud sionem nostram et regenerationem perbaptismum.
tempus, quo Romæ morabatur Augustinus, licet carne solvisti. » Quibus verbis aperte docemur mor-
Verecundus per id temporis e vivis excesscrit; turn
quia istud cum voce « quondam » non congruit,
tum quia nullum ejuscemodi litterarii commercii,
tuum fuisse Nebridium antequam ad presbyterium
assumeretur Augustinus.Atqui ad id munus assum-
tus fuit anno 391, ex eruditorum observatione,
quod tunc Augustino cum Nebridio intercesserit, duobusnixa Possidiitestimoniis, qui primum cap. III,
indicium nobis suppetit. Sic ergo Epistolas Sextam fidemfacit Augustinum ex Italia in Africam regres-
prêtre à Hippone. Or, comme nous l'avons dit, Religion est achevé et qu'il va le lui
saint Augustin revint en 388 après la mort de
Maxime. En second lieu, au chap. XXXI, Possi-
; envoyer
au premier jour » elle appartient nécessaire
ment au temps qui précéda immédiatement sa
dius dit que saint Augustin passa «tant dans promotion au sacerdoce, car dans les Rétrac
la cléricature que dans l'épiscopat, à peu près tations il range ce livre parmi les derniers qu"
;
quarante ans » en comptant jusqu'au 28 août
430. Or, son ordination, selon l'opinion de
composa avant son ordination. Ce même livre
était certainement un des cinq qu'Alype, -e
quelques-uns, aurait eu lieu au commencement 395, et par conséquent avant l'épiscopat d'Au
du carême, ou bien comme nous le croyons, un gustin, envoya à Paulin. Voyez lettres vingt-
peu avant. En effet, saint Augustin dit dans quatrième et vingt-septième.
sa vingt-unième lettre, qu'ayant fait après son LETTRES XVI et XVII (écrites vers 390).
—
ordination au sacerdoce, l'essai de ses forces La dix-septième, adressée à Maxime de Ma-
dans ces fonctions saintes et dans la prédica- daure, dont saint Augustin avait reçu aupara-
tion, il a cru nécessaire de demander à l'évèque vant quelques lettres, paraît avoir été écrite-
Valère un repos momentané et la permission dans sa retraite à la campagne de Tagaste.
de se retirer jusqu'à Pâques, afin de vaquer à Nous le concluons, non-seulement de ce qu'elle
l'étude des saintes lettres en lesquelles il ne se fait voir qu'il y avait quelques relations entre
trouvait pas encore assez versé.
LETTRE XV (écrite en 390). —La lettre à
Romanien, qui est ici la quinzième, aurait été
;
ce païen et saint Augustin, à cause, sans doute,
du voisinage Tagaste et Madaure n'étant qu'à
une petite distance; mais surtout de ce qu'il
écrite alors que saint Augustin était déjà évè- n'y est fait nulle mention du sacerdoce ou de
que, si l'on en croit Baronius qui conclut l'épiscopat de saint Augustin, et de ce que le
même des termes de cette lettre que, jusqu'à culte des idoles (prohibé par les empereurs vers
l'an 142, les évèques avaient coutnme d'écrire le commencement de 391) s'exerçait encore
leurs lettres sur des tablettes d'ivoire ou sur du
papier, n'employant les parchemins qu'à dé-
faut de papier. Mais comme dans cette lettre
différents passages :
publiquement, comme la lettre l'indique en
Il faut donc à notre avis
l'attribuer à l'année 390.
le saint docteur annonce à Romanien, auquel LETTRES XVIII, XIX et XX (écrites vers le
il était très-attaché, que « le livre de la Vraie même temps). — Les lettres suivantes à Céles-
m
i
sum in secessu Thagastensi « ferme triennio » inopia in membranis. Sed quando in ea S. Doctor
constitisse, tumque ordinatum fuisse presbyterum librum de vera Religione Romaniano, cui maximes
apud Hipponem. Porro regressus est Augustinus dicabatur, absolutum esse, ipsique propediem
anno, ut diximus, 388, post Maximi necem. DeinJe transmittendum renuntiat; pertinet dubio proculJ
cap, XXXI, ipsum in clericatu vel in episcopatu ad illud tempus quod Augustini presbyteratum
annis ferme quadraginta, » scilicet ad diem usque 28 proxime antecessit. Nam istum librum in Retracta-
Augusti anni 430, vixisse testatur. Porro illa ipsius tionibus postremum inter eos recenset Augustinus,
ordinatio nonnullis Quadragesima incipiente, nobis quos nondum presbyter edidit. Cerle hic idem liber
aliquanto ante dierum spatio facta videtur. Quippe erat urius ex quinque illis, quos Alypius ante an-
cum Augustinus presbyteratu suscepto ae viiiuui num 395, adeoque ante Angustini episcopatum
suarum in eo munere atque in divini verbi prædi- dono misit Paulino, de quibus in Epistola XXIV etj
catioDe periculum fecisse in EpistolaXXI, innuat, ob XXVII.
idque a Valerio epicopo flagitare se dicaL dierum EPISTOLÆ XVI et XVII (scriptæ circ. an. 390).—
aliquot inducias et facultatem ad Pascha usque Septima-decima ad Maximum Madaurensem, a quo*
secedendi, ut sacris litteris, in quibus minus peri- lilteras prius acceperat Augustinus,data videtur ex:
tum se jam tum intelligebat, operam navet. Thagastensi secessu. Quod colligimus non modo ex
EPISTOLA XV (scripta circ. an. 390).—Epistolam eo quod nonnullam Augustino cum Ethnico illo
ad Romanianum, quæ hic ordine Quintadecima est, cousuetudinem fuisse indigitet; fortean quia non
scriptam ab Augustino jam episcopo credidit Baro- procul ab invicem agebant, cum esset Madaura
nius, adeoque ex hac ipsa ad annum 142, observavit Thagasti finitima : sed præsertim ex eo quod nul-
episcopos cousuevisse scribere litteras in tabellis lum aut episcopatus aut sacerdotii ejus exstet in eax
eburneis vel in chartis; raro vero necnisi chartæ vestigium;quodque idolorum cultus (qui sub ini. -
-
tinus, à Gaius, à Antonin, dans lesquelles saint effet «le nombre des frères avait déjà com-
Augustin, ne joint à son nom aucun titre de »
mencé à grandir dans le monastère fondé à
dignité, ont dû être écrites quand il était en- Hippone; n° 1. Dans cet écrit il répond aux
core laïque. Cela se reconnaît aussi au style lettres, aujourd'hui perdues, que lui avait
tium an. 391, Imperatorum lege prohibitus fuit) igitur Epistola sub initium anni 391, quo presby-
adhuc publicus foret, ut hie passimipse subinnuit. terum creatum Augustinum fuisse probavimus,
Unde licet inferre scriptam fuisse anno 390. collocari debet.
EPISTOLÆ XVIII, XIX et XX (scriptæ circ. idem EPISTOLA XXII (scripta circ. an. 391). — Effluxe-
tempus). — Epistolæ proxime subsequentes, Ad rant ab ejus ordinatione dies bene multi, cum
Cælestinum, ad Gaium, ad Antoninum, in quarum Epistolam vigesimam secundamad Aurelium scripsit
inscriptione nullum nomini suo dignitatis titulum presbyter Augustinus. Jam tum enim erecto Hippo-
adjunctum assumit Augustinus, ab eo adhuc laico nensi monasterio fratrum cœtus coalescere cœpe-
videntur datæ. Id vero etiam confirmatur ex stilo, rat, » ex n. 1. Hac Epistola respondet litteris qui-
qui ut in primis ipsius scriptis, paulo elegantior busdam, quæ hodie non exstant, receptis ab Aurelio;
est; nee non ex ordine, quo in vetustis codicibus cui Carthaginensis ecclesiæ regimen recens commis-
reperiuntur collocatæ, videlicet juxta priores quin- sum esse indigitat, ubi meminit spei, quam secum
decim Epistolas,adeo ut nec desint MSS.qui præter probi quique conceperant, fore ut Deus Africanarum
illas prorsus nihil contineant : cujuscemodi ecclesiarum segritudinibus, collata in ipsum aucto-
peran-
tiquus liber in bibliotheca Germanensi asservatur. ritate, medelam aliquando tandem adhibeat. Sicque
EPISTOLA XXI (scripta sub ineuntem omnino familiari suo rescribit, ut facile credas
Epistola vigesima prima nihil aliud est,
an. 391). —
quam sup- AureJium ab ipso per litteras instanter petiisse, ut
plex ille libellus, quem episcopo Valerio porrexit sibi sub novo onere laboranti, qua consiliis oppor-
Augustinus aliquanto post suam ordinationem, tunis, qua emissis ad Deum precibus, subveniret.
postulans ut quia jam vires suas huic obeundo Quocirca existimare licet Aurelium, qui anno 388,
mu-
neri inferiores expertus fuerat,concederetur sibi
cum eum ex Italia rediens Augustinus apud Car-
«parvum tempus, velut usque ad Pascha. quo»
Scnptufarnm sacrarum studio totus vacaret. Hæc
thaginem vidit ex lib. XXII, de Civ. Dei cap. VIII,
diaconi Carthaginensis munus obibat, non citius
cile d'Hippone pour faire cesser, par son auto- but de la lettre trentième, écrite sans aucun
rité, les repas que les chrétiens d'Afrique doute par Paulin, à Augustin, au commence-
donnaient dans les églises mêmes, sous un ment de 395, nous fait savoir d'une manière
prétexte pieux : « La plaie, de ce mal était si certaine que la lettre à Augustin, la vingt-cin-
grave, écrit ici saint Augustin, n°4; qu'elle quième et celle à Alype, la vingt-quatrième,
ne pouvait efficacement être guérie que par ont été écrites « avant le dernierhiver par »
l'autorité d'un concile. » conséquent à l'automne de 394.
LETTRE XXIII (écrite vers le même temps). LETTRE XXVI (écrite peut-être en 395 et
— La
vingt-troisième lettre, adressée à Maxi- envoyée avec celle qui suit). — La. vingt-
min, a été écrite, comme le prouve sa signa- sixième lettre est adressée par saint Augustin
ture même, par saint Augustin, prêtre, mais à un ancien élève Licentius. Au n. 5 il parle
en quel temps? on l'ignore complètement. de Paulin comme d'une connaissance très-par-
LETTRES XXIV et XXV (écrites vers la fin ticulière, ce qui porte à croire que cettelettre
de 394 avant l'hiver). — Les deux lettres sui- aura été écrite après la réception de celle ci-
vantes, sous la signature de Paulin, ont été dessus, que lui avait adressée Paulin, et après
:
envoyées par lui de Nôle en Afrique en 394, la visite du messager qu'il avait envoyé le sa-
l'une à Alype, Père, c'est-à-dire évêque il luer de sa part. Dans la lettre suivante il parle,
avait, en effet, appris son élévation à cette di- n. 6, de cette lettre à Licentius, et profitant de
gnité par les lettres mêmes qu'il dit avoir re- l'occasion il lui envoié cette même lettre ou au
çues d'Alype; l'autre à Augustin, Frère, qu'il moins une copie.
savait n'être encore que Prêtre et dont il se LETTRE XXVII (écrite au commencement de
trouvait l'égal par le partage du même office, 395). — Nous plaçons au commencement de
officio sociatus, ou, comme porte un manuscrit l'année 395 la vingt-septième lettre à Paulin.
cistercien, par le partage de la dignité sénato- Après avoir reçu de Paulin son messager d'a-
riale, officio senatus. Un passagede la première vant l'hiver, il lui répond par cette lettre con-
de ces lettres, n° 2, nous fait voir quelles ont fiée à Romanien, n. 4. Romanien, père de Li-
été toutes deux écrites en même temps. Le dé- centius ci-dessus nommé retournait en Italie,
anno 391, episcopali dignitate auctum fuisse. Et profitetur. Altera autem Augustino fratri, quem
reipsa antecessor ipsius Genelhlius concilio Carlha- scilicet presbyterum adhuc agere audiverat, cuiqut
ginensi II, præfuit anno 390, die 19 Maii. Deinceps ait n. 4, officio sociatus, sive juxta Cisterciensem MS.
vero, id est anno 393, concilium Hipponense die « officio senatus
æquabatur. » Atque ex priore qui
8 octobris, aliaque insequentium anuorum Africana dem Epistola n. 2, habemus hanc simul cum illa
concilia, sub Aurelio habita prænotantur. Ceterum datam fuisse. Ex principio vero Epistolæ XXX, qua
hac ipsa, qua de agimus, Epistola permotum credi- ad Augustinuin sub initium anui 395, indubitante
mus Aurelium ad cogendum istud concilium Hippo- scripsit Paulinus, hanc eamdem ad AugustinuM
nense, quo ejus auctoritate comessationes, quibus scilicet vigesimam quintam; immo et alteram a
Afri pietatis prætextu in ecclesiis vacabant, prohi- Alypium, hic vigesimam quartam « ante hyemen
beret. «Tanta nimirum erat pestilentia hujus mali, superiorem, » id est autumno anni 394, directail
ut hic soribit Augustinus n. 4, ut sanari prorsus nisi fuisse certo cognosciinus.
concilii auctoritate non posset. » EPISTOLA XXVI (scripta forte ineunte an. 395 e
EPJSTOLA XXIII (scripia circ. idem tempus). — missa cum sequente). — Vigesima sexta Augustin
Vigesima tertia ad Maximinum vel ipsa inscriptione est adLicentium discipulum quondam suum. Laud
intelligitur scripta ab Augustino, cum adhuc n. 5, Paulinum tamquam sibi tunc temporis notis
presbyter esset,quo autem anno minime compertum simum. Quapropter eam forte scripserit post acce
est. tas superiores Paulini litteras, postque visum ilium
EPISTOLÆ XXIV et XXV (scriptæ sub fin. an. 394, quem Paulinus ad ipsum salutandum direxerat
ante hyemem). — Paulini sunt duæ subsequentes Porro in Epistola proxime subsequente n. 6, recol
Epistolæ, ab ipso ex urbe Nola in Africam an. 394,
transmissæ altera Alypio patri, id est episcopo.
Hanc enim dignitatem ipsi competere didicerat
datur hujus ad Licentium scriptee, eamque eade
occasione, sive ejus saltern exemplum Paulino
legendum transmittit.
i
haud dubie ex litteris, quas ab Alypio se recepisse EPISTOLA XXVII (scripta circ. ineunt. an. 398)
pour veiller à la conduite de ses affaires et do cien recueildes RR. PP. Cisterciens de Sainte-
Croix de Jérusalem à Rome, et qui est ici pu-
son patrimoine, c'était probablement au prin-
temps de 393, en tout cas avant l'épiscopat de bliée pour la première fois. On ne peut lui
saint Augustin, comme le prouvent le3 lettres donner une date plus récente, puisqu'elle a
trette-unième et trente-deuxième. été écrite par saint Augustin prêtre, et on sait
LETTRE XXVIII (écrite en 394 ou en 395). qu'il fut ordonné évêque dans cette même an-
de la vingt-huitième née, ni une plus ancienne, quand tout porte à
— Au commencement
lettre, à Jérôme, saint Augustin parle d'Alype croire qu'Alype, qui est ici appelé évêque de
élevé à l'épiscopat depuis son retour du voyage Tagaste, n'a été élevé à cette dignité qu'en
chez saint Jérôme. Or Baronius rapporte à 394, du reste cette élévation n'était pas non
l'an 393 le départ d'Alype pour la Palestine et plus tout à fait récente, comme le font enten-
à l'an 394 sa promotion à l'épiscopat. Cette dre ces paroles d' Augustin, au n. 12 : « Nous
lettre est donc de 394 ou au moins de 395, jouissons avec vous d'un doux repos, nous res-
mais pas plus tard, Augustin n'étant pas en- sentons une vive allégresse et une sainte fer-
core évêque quand il l'écrivit comme on peut veur à la nouvelle si souvent renouvelée des
le voir d'après la lettre LXXI, chap. i, n. 2. merveilles de grâce qui se produisent dans
Ajoutons que l'opinion de saint Jérôme sur les l'église de Tagaste. » La même conclusion se
remontrances de saint Paul à saint Pierre, dé- tire également de cette considération, qu'A-
sapprouvée ici par saint Augustin, est encore lype tout au début de son épiscopat n'eût pu
combattue, sans nom d'auteur il est vrai, au s'absenter de son diocèse, et cependant il est
livre du Mensonge, chap. v etxx. Or cet ouvrage dit dans cette épître, n. 2, qu'il est parti pour
duns les Rétractations est rangé parmi les der- Hippone, et même peu après le commencement
niers écrits avant le sacre. de l'année, si l'on croit devoir rapporter cette
LETTRE XXIX (écrite en 395). — Nous-avons lettre au commencement du carême, ne vou-
cru devoir aussi attribuer à l'année 395 celte lant pas voir une erreur de copiste dans
admirable lettre à Alype tirée d'un très-an- :
l'exemplaire où on lit « Après que le irème c
Vigesima septima ad Paulinum epistola sub ini- eumdem 395 referre visum est eximiam illam Aly-
—
tium anni 395, a nobis collocatur. Quippe acceptis pin datam epistolam, quae ex vetustissimrt codice
litteris Paulini sibi ante hyemem scriptis, hanc illi RR. PP. Cistercciensium S. Crucis in Jerusalem in
Epistolam præferendam Augustinus tradidit Roma- Urbe nuncprimumvulgatur. Neque vero serius col-
niano, utin. 4 significat, qui Romanianus, Licen- locanda fuit, quando cam scripsit Augustinus eo
in
tii supra nominati pater, in Italiam rei familiaris
et domesticæ caussa navigabat; forte verno tempore
prcedicti anni 395, certe Augustino nondum episco-
:
tempore, quo adhuc presbyteri munere mereba-
tur quippe labente hoc ipso anno ad episcopale
munus evectus fuit. Neque etiam citius : quia earn-
po, ex Epist. xxxi et xxxii. dem episcopalis muneris dignitatem ipsi Alypio,
EPISTOLA XXVIII (scripta an. 394 aut 395). — qui hie Thagastensium episcopus dicitur, ante an-
Sub initium Epistolæ vigesimae octavee ad llierony- num 394, collatam fuisse nullo argumento apparet.
murn laudatur Alypius, episcopalem dignitatem post Enimvero non adeo recens hoc munus adiverat Aly-
suum ab Hieronymo regressum jam consecutus. pius, uti satis intelligitur ex illis verbis Augustin
Porro Alypii prufectionem in Palestinam ad an- n. \1, « Magua sane ex parte vobiscum requiesci-
num393revocat Baronius; promotionemejusdem mus cum alacritate fervoris, quia spiritalis ecclesiæ
ad episcopatum in aunum 394. Est igitur Epistola Thagastensium tam crebra nobis dona nuntiantur, »
hoc anno 394 aut certe anno 395 scripta; non se- necnon ex eo quod in eadem Epistola n. 2 signifi-
rius, cum earn Augustinus scripserit nondum epi- catur, ipsnm Alypium Hippone, ubi certe relicta
scopus, ex Epist. LXXI, c. r, n. 2. Hue facit quod ecclesia sua haudquamquam peregrinatus fuisset
Hieronymi de Petro reprehenso a Paulo sententiam novitius episcopus, profectum esse nuperrime, et
hic improbatam exagitat itidem Augustinus (tacito quidem non multo post ineuntemajmum, si nimi-
tamen auctoris nomine) in libro de Mendacio capp. rum isthaec Epistola referatur ad initium Quadrage-
in
vetxx,quod opusculum Retract., lib. I, inter
illa quae scripsit nondum episcopus, postremo loco
simse, neque librarii erratum sit in exemplari, ubi
legitur, a Postea vero quam dies Quadragesimæ il.
reponit, luxisset. In quam lectionem nonnihil suo loco ad-
EPISTOLA XXIX (scripta an. 395).
-Ad annum notatur.
eut commencé son cours. » Du reste en son n'ayant point vu revenir encore le messager
lieu nous donnerons quelques notes sur ce envoyé avant l'hiver, et ne sachant si ses let-
passage. tres avaient été remises, ne put comprimer
LETTREXXX (écrite en 395).-La trentième plus longtemps l'élan de son cœur, mais il
lettre a été écrite par Paulin avant la réception écrivit cette seconde lettre confiée à Romain
de celle que nous plaçons la vingt-septième, et et Agile pour exprimer de nouveau à saint Au-
qui fut envoyée par Romanien. En effet, ce gustin son estime et son affection, et aussi
saint à la lecture des écrits de saint Augustin pour lui témoigner son ardent désir de le
avait conçu pour lui une affection si vive, que voir.
EPISTOLA XXX (scripta an. 395). — Trigesimam miserat, in itinere videret remorari, ac de litteris
Epistolam scripsit Paulinits antequam Augustini re- suis perlatis dubius foret, officium suum diutius
scriptum, quae superius est XXVII Epistola, a Roma- suspendere non valuit: sed ad Augustinum secun-
maniano l'ecepisset. Nempe vir ille sanctusincredi- das litteras deJit Romano et Agili, ut sui in eum
Lili Augustini desiderio ex ipsius lectione incensus, animi studium et observantiam, simulque ejus
cum nuntium, quem ante hyemem in Africamtrans- visendi desiderium flagrantissimnm testaretur.
DEUXIÈME CLASSE
LETTRES ÉCRITES PAR SAINT AUGUSTIN DEPUIS SA PROMOTION A L'ÉPISCOPAT, AVANT LA CONFÉRENCE DE CARTHAGEAVEC
LES DONATISTES ET AUSSI AVANT L'APPARITION DU PÉLAGIANISME EN AFRIQUE DE L'AN 396 A L'AN 410.
1
LETTRE XXXI (écrite au commencement de bre d'affaires ecclésiastiques (Paulin n'était pas
396).— La lettre que nous plaçons ici la trente- encore évèque) de venir, de sa personne, en
unième a été écrite par saint Augustin déjà Afrique. Or le sacre de saint Augustin eût lieu
évêque, à Paulin, et retournée immédiatement à l'approche de Noël, Hom., 25, chap. III, et
par Romain et Agile en réponse au dernier très-certainement avant l'année 397 en la-
message dont nous avons parlé. Il informe quelle le troisième concile de Carthage, célé-
Paulin de son élévation à l'épiscopat, ce qui bré le 1er septembre ou le 28 août, ordonna
lui fera voir qu'il ne peut penser mainlenant à qu'avant l'ordination on donnerait lecture aux
l'aller visiter en Italie; il le presse lui,plus li- évêques et aux clercs des décrets des conciles ; 1
1
EPISTOLA II CLASSE quo ille intelligeret se de profectione in Italiam
ejus invisendi caussa, cogitarenon posse; ipsumque
QUAS AUGU3T1NUS JAM EPISCOPUS, ANTE COLLATIONEM CAR- ecclesiasticiscuris cxpeditiorem (nondllm enim
THAGINENSEM CUM DONATISTtS HABITAM ET ANTE DETECTAM episcopus erat Paulinus) ad trajiciendum in Africam
IN AFRICA PELAGll IUBRESIM SCRIPSIT, AB ANNO CHRISTI
invitaret. Porro autem concigit Augustini promotio
393 410.
imminente Domini Natali ex Humil. 25, inter 50,
AD
c. III, atque certo certius ante annum 397, quo COil-
EPISTOLA XXXI (scripta ineunte an. 396). cilium Carthaginense III, die prima septembris aut
—
Epistolam ad Paulinum hic tricesimam primam jam 28. Augusti celebratum sancivit, ut ordinandis
demum cpiscopus Augustinus, acceptis posterioribus episcopis vel clericis dècreta Gonciliorum proelegan-
Paulini litteris reddidit, per Romanum et Agilem tur, qua? nimirum sanctio constituta luit ipsius *
ci continuo referendam, In hac Epistola de sua ad
episcopatum promotione cerliorem fecit Paulinum,
Augustini rogatu, qui et eidem Concilio subscripsit. -
Verum de annis 395 et 396, uter illorum Augus- -
i
) cette décision fut prise à la prière de saint Au- tion 6?C'est ce qui fait que Jean Rivius rap-
l gustin qui figure parmi les signataires de ce porte ces livres à l'année 397, certain qu'alors
>.
concile. Simplicien était déjà évêque, en quoi il paraît
* Mais saint Augustin a-t-il reçu l'ordination avoir suivi l'opinion de Baronius. Du reste si
:
d'Olibrius et de Probinus, c'est-à-dire en 395,
écrivait « Augustin disciple du bienheureux
ces mêmes livres dit-il constamment qu'il les a Ambroise, admirable de science et d'éloquence
adressés ici à :« Simplicien pontife de l'église est ordonné évêque d'Hippone la Royale. » Et
de Milan, # là : « à Simplicien évêque, succes- tous ceux qui ont écrit la vie de saint Augus-
seur de saint Ambroise. » Ainsi Rétractations, tin ont regardé ce témoignage si pieux,
liv. II, chap. 1, De la.prédestination des Saints, comme fixant la chronologie d'une manière
chap. IV, Du don de la persévérance, chap. xx? positive, complète, absolument certaine; aussi
Ailleurs encore, il dit : « Qu'il a traité des su- quelque fondée que nous paraisse notre déduc-
jets sur lesquels Simplicien évêque l'avait con- tion, n'est-ce pas sans quelque scrupule que
sulté, » ainsi dans le livre à Dulcitius, ques- nous nous en écartons. Dès lors nous avons du
Il
tini ordinatione insignitus sit, res est apud nos dubius sane Simplicianum jam turn esse epicopurn,
haud satis explorata. Et quidem facile inclinaret qua in re Barbnii sententiam videtuL' secutus. Jam
animus in annum 396, quoniam librorum quos, ut itaque si ordinationem Augustini ante annum 396,
ait lib. II. Retract, c. i,« episcopus elaboravit, primi constituerimus, fateamur necesse erit, ipsum annos
duo sunt ad Simplicianum, » quem in Epistola propemoduin duos a scribendo abstinuisse : quod
nuncupatoria et initio libri I, titulo Patris exornat
qui titulus indicaTe videtur jam Simplicianum suc-
: vix credi possit de sancto illo Doctore, qui curas,
quas fratribus suis impendere tenebatur, in hoc
cessisse B. Ambrosio, cujus tamen obitus nonnisi potissimum reponebat, « ut eorum in Christo lau-
anno .397, die 4 Aprilis contigit. Sed dcmus Augus- dabilibus studiis, lingua ac stilo suo, quas bigas in
tinum pro singulari: in tantum virum observantia, eo caritas agitabat, maximeserviret, » sicutiloquitur
noneum alia nuncupation donaturum, quam\is ipse in lib. m, de Trinit, c. i. Adde quod supra
solum presbyter foret, utpote quem ipse in lib. VIII, laudatos ad Sitllplicianum libros a se inipsoexordia
Confess. c. IT, spiritalem Patrem nomi-
S. Ambrosii episcopatus sui scriptos fuisse, in lib. de Prcedest SS.
nat : quid quod de iis libris loquens, constantcr c. IV, testatur. Attamen Prosper sub Olibrio et Pro-
dicit eos se nunc ad Simplicianum Mediolanensis bino Coss. id est anno Chr. 395, scribit : « AlIgns-
ecclesice antistitem, nunc ad Simplicianum episcopum tinus B. Ambrosii discipulus, mira facundia doclri-
S. Ambrosii successorem scripsisse, ut lib. II. Retract. naque excellens, Hippone-regio in Africa episcopus
c. 1 et lib. de Prædest. SS. c. iv et lib. de dono ordinatur. » Et quutquot Augustini gesta scripsere,
Persev. c. xx, modo etiam quod a se Simplicianus hanc omnes adeo liquidam auctoritatem velut epo-
Mediolanensis Episcopus aliquando qucesivit pcrtrac- cham chruiiologicam ratam tham minimeque du-
tasse, sic lib. ad Bulcit. q. w. Quo iit ut eosdem biam babuere : unde ob conjectura:u, quantumvis
libros in annum 397, referat Johan. Rivius, haud nostro judicio validam, religio est ab ilia discldere.
rapporter au commencement de 396, cette les affaires séculières dont on est préoccupé,
épître à Paulin écrite par saint Augustin peu alors on a besoin de nous et à cause dt
-après son ordination épiscopale, et par suite, ces affaires, on nous salue avec la plus grande
comme vous l'entendez bien, il a fallu marquer »
humilité. Nous ne voyons point que ceux qui
la date de quelques-unes des lettres qui précè- n'étaient que simples prêtres aient pu ou du
dent ou suivent, une année de différence avec terminer les affaires ou les procès des particu-
ce que vous pouvez lire ailleurs. liers, à moins peut-être que pour quelque
LETTRE XXXII (écrite peu de temps après grave motif on ait cru devoir confier cette
la précédente). — Romain et Agile étant reve- charge à quelqu'un d'entre eux, commesaint
nus d'Afrique, Paulin ne pût s'empêcher de Augustin lui-même le fit pour le prêtre Hera-j
communiquer aussitôt à Romanien les heu- clius, après avoir pour cela demandé l'agré-
reuses nouvelles qu'il recevait de ses saints ment de son peuple, et alors qu'Heraclius était
amis, celle surtout de l'élévation d'Augustin à déjà désigné pour être son successeur dans
l'épiscopat; il lui adresse donc à ce sujet dès l'épiscopat. Quoi qu'il en soit la date de cette
le lendemain cette trente-deuxième lettre, lettre ne peut être reculée au delà du commen-
voulant aussitôt faire partager comme il était cement de l'épiscopat de saint Augustin, alors
I
convenable, sa joie et son bonheur, à ce saint que Valère vivait encore; car dans la lettre
personnage. qui suit, et qui fut écrite après celle-ci, il so
LETTRE XXXIII (écrite au commencement dit lui-même novice dans l'épiscopat. 1
fiteatur.*-
mis de Augustini ad episcopatum provectione, serius initio sui episcopatus earn Epistolam dedit;;
communicaret cum Romaniano, ad quem hanc quippe cum adhuc in vivis ogeret Valerius; atques
Epistolam Trigesimam secundam postera die dedit ipse in proxime subjecta Epislola, quam pOõtealJ
super ea ipsa re, de qua apud illum, prout scripsit, sese adhuc « tironem » in episcopatu con—
sanctum Dei hominem lætari, par erat, gratulatur.
EPISTOLA XXXIV (scripta postsuperiorem).
EPISTOLA XXXIII (scripta initio episcopatus
Augustini). — Epistolam Trigesimam tertiam ud
Proculeianum Donatistarum apud Hipponem episco-
pum, presbyterne an episcopus cum esset,scripserit
:
Igitur in Epistola Trigesima quarta ad Eusebium
n. 6, sic loquitur Augustinus « Quamquam et iste
qui se tot annorum episcopum dicit, quid in mt3
Augustinus, haud liqnidu satis argumento decerni tirone timeat,quo minus mecum velit couferre ser-
potest. Facilius tamen crediderimusipsum jam tum monem, non satis intelligo » quibus verbis primuon
episcopum fuisse, ob id maxime quod de honoribus episcopatus sui tempus signatdocetque Proculeian-j
n. 5, scribit, quos illis deferebant « homines, caus- mutatum esse animum, cui jam aliud placeretj
sas suas sseculares, inquit, apud nos finite cupientes, qUB!n quod de eo sibi renuntiatum fuisse diceba-
reculé, lui qui ne voulait plus ce qu'on disait
avoir été demandé par lui, ainsi que nous
l'apprend la lettre précédente, n.- 20, à savoir
;
en tête des questions à Simplicien, ayant été
écrite à l'occasion de ce livre or, on pense
généralement qu'il est lui-même de 397. Nous
qu'illui fût accordé de conférer avec Augustin, en avons suffisamment parlé déjà à propos de
« devant
des juges choisis parmi les gens dé la lettre XXXI.
bien. » Cela suffit à préciser la date et le rang LETTREXXXVIII (écrite vers le milieu de
de cette lettre. -
l'année397). La trente-huitième lettre a été
t LETTRE XXXV (écrite après la précédente).
- La trente-cinquième lettre au même Eusèbe
est aussi de cette époque; elle a été écrite peu
lius, primat de Numidie ;
écrite environ un mois après la mort de Mega-
or Megalius mourut
peu de temps avant le concile tenu à Carthage
de temps après la précédente.
LETTRE XXXVI (écrite peut-être en 396 ou
;
le 28 août 397 car dans ce concile Aurèle parle
d'une lettre qu'il a reçue de Crescentianus, et
au commencement de 397). — Avons-nous
bien marqué le temps de la trente-sixième
lettre à Casulanus, c'est ce dont on jugera
Crescentianus était primat de Numidie ;
les termes de cette lettre font comprendre que
c'est
pourquoi nous la plaçons vers le milieu de 397;
du reste une autre particularité indique bien
d'après les paroles suivantes prises du ch. XIV,
n. 32 : (t Je vous dirai ce que m'a répondu là- ;
la date de cette lettre car elle a été portée à
dessus le vénérable Ambroise, évêque de Milan,
de qui j'ai reçu le baptême. » Ces paroles peu-
vent porter à croire qu'elle a été écrite avant
tantine, en avait averti saint Augustin les
paroles du n. 3 ne permettent pas de douter
;
Profuturus par Victor qui, devant aller à Cons-
la mort d'Ambroise qui arriva la veille de Pâ- que Profuturus ne soit cet évêque de Cirta ou
ques 397. Comme rien dans la lettre n'est con- Constantine, duquel il est dit au livre De l'unité
traire à cette manière de voir, nous avons cru baptêmecontre
du baptême contre Pétilien ch. xvi, livre
eh. XVI, livre com-
devoir la ranger parmi celles que saint Augus- posé vers l'an 400, qu'il est mort depuis quel-
tin a écrites au commencement de son épisco- ques années et qu'il était prédécesseur de For-
pat. tunat en ce moment évêque de la même ville.
LETTRE XXXVII (écrite vers 397). — La Profuturus, promu à l'épiscopat vers 394 ou
trente-septième lettre se place ordinairement 395, était mort peu de temps après, comme on
;
sement l'ordre qu'assignait à chacun l'ancien-
neté de l'ordination le concile de Milève tenu
le 27 août 402 règle que cet ordre devra être
pas postérieure à 397 et qu'elle précède la ré-
conciliation avec Jean de Jérusalem ; car nous
ne connaissons rien, depuis cette réconciliation
constamment gardé. jusqu'aux persécutions suscitées contre lui par
LETTRE XXXIX (écrite probablement en les intrigues pélagiennes, qui ait pu donner à
391).-Præsidius faisant voile pour l'Occident, saint Jérôme l'occasion de formuler une sem-
saint Jérdme lui remit cette lettre placée ici la blable plainte. Si quelqu'un veut tenir cette
c. I, n. 2cum Epistola LXXII, c. I, n. 1 intelligitur. pium Papam, eodemque titulo donat Augustinum;
Et sane ipsum Megalio nonisi perbreve tempus su- ex quo intelligimus earn-non ante annum 396 scri-
pervixisse oportet quando ipsius successor Fortuna- psisse : cumque Augustino ad episcopatum provecto
;
tus prius ordinatus fuit, quam Megalii proximus
(ut putant) successor Possidius quemadmodum ex
eo probe colligit Henricus de Noris in lib. II histor.
in ea non gratuletur, id credimus ab ipso praestitum
litteris superiore anno per Asterium directis. Ad
haec significat Hieronymus se in monasterio consti-
Pelag., cap. VIII quod in collatione Carthaginensi tutum , nihilominus « variis hinc inde fluctibus
an.411etinEpistola Milevitanse synodi an 416, quati. » Quapropter Epistolam non post annum 397
Fortunatus ante Possidium nominetur. Is cnirn inter scriptam ducimus, sed antequam ipse cum Jokanne
Africanos patres ordo religiose servabatur, qui pro Jerosolymitano rediisset in gratiam : cum minime
suscepto episcopatu cuique competebat. De quo legamus ipsum ab illareconciliationeusque ad per-
more constanter relinendo actum est in synodo Mi- secutions in eumdem a Pelagianis concitatas oc-
levitana an. 402, die 27 Augusti celebrata. casionemita.conquerendi habuisse. Si quis porro
EPISTOLA XXXIX (scripta forte an. 397).
sidio in Occidentem naviganti Hieronymus Episto-
- Præ- sentiat hanc Epistolam Sexagesima octava posterio-
rem, et hancipsam esse in qua Hieronymus,
uti in
lam hic Trigesimam nonam commendavit. Hæ se-
cundæ sunt ipsius ad Augustinumlitteræ. Nam pri-
mas, quæ excidernnt, per Asterium diaconum mi-
:
Epistola LXXXII, n. 1 legitur, Epistolam illamLXVIII
per Asterium se misisse recolebat nemo tamen,
speramus, moleste feret nos aliis ex conjecturis
serat, « promtum, ut hic n. 1, ait, reddens obse- hunc ejus constituisse ordinem, ad quem pleraque
qnium : » non quidem pro receptis ante ab Augu- non male quadrant.
stino litteris, sed (ut ipse Augustinus in subsequente EPISTOLA XL (scripta circ. idem tempus). — Sub.
Epistola n. 1 rescribit) pro subscripta salutatione. In idem tempus secundas etiam ad Hieronymum litte-
Africa,
hacce Epistola n. 2, Hieronymus salvare jubet Aly- ras Epistolam scilicet Quadragesimam ex
I
LETTRE XL (écrite à peu près dans le même germe. Déjà pour la première lettre à saint
temps). — Vers le même temps saint Augustin Jérôme, écrite avant celle-ci, il était arrivé
adressait aussi d'Afrique une seconde lettre à que celui qui la devait porter, Profuturus, au
saint Jérôme portant, ch. V, n. 8, que déjà il moment même où il se préparait à partir, fut
avait envoyé une première lettre qui n'avait élevé à l'épiscopat, et ne put se rendre en Pa-
point été remise, et disant tout d'abord com- lestine, comme on le voit par la lettre LXXII,
bien il était reconnaissant de ce que « pour un
simple salut donné par occasion il lui avait
retourné une lettre entière a bien que « trop
:
ch. I, n. 1, et la lettre LXXI, ch. I, n. 2, où
saint Augustin nous dit que « la première
avait été écrite quand il n'était encore que prê-
courte à son gré ». Ces paroles désignent non tre, » ce qui nous fait assez entendre que la
la lettre XXXIX ci-dessus, mais une autre qui suivante, la deuxième, doit être rapportée au
est perdue, dans laquelle saint Jerôme blâmait temps de son épiscopat.
Origène, comme on peut le voir ici, chap. VI, LETTRE XLI (écrite au commencement de
n. 9. Sans doute Augustin avait parlé de cet l'épiscopat de saint Augustin). — Nous croyons
auteur dans les quelques mots de salut ajoutés devoir attribuer la lettre quarante-unième,
à la suite d'une lettre de quelque ami. Cette aUi premières aunées de l'épiscopat de saint
lettre de saint Jérôme nous paraît être celle Augustin, elle porte la signature d'Alype et
dont fut chargé Astère, écrite probablement d'Augustin qui féliciteutAurèle, de ce, surtout,
en 396 pour rendre à saint Augustin ses salu- qu'il permet aux prêtres de prêcher en sa pré-
tations. Quant à la lettre XL qui nous occupe, sence; l'usage contraire était général dans
Paul qui en avait été chargé abandonna son toutes les églises d'Afrique, et on avait blâmé
projet de voyage,lettre LXXII, ch. 1, n. 1, et l'évêque Valère d'avoir permis à saint Augus-
cependant il ne rendit pas à saint Augustin son tin,prètre,d'annoncerl'Evangile en sa présence.
message; lettre LXXIII, n. 5. C'est pourquoi Mais, remarque Possidius, chap. v : Quand la
il s'en répandit des copies dans l'Italie entière haute renommée des instructions adressées
avant que saint Jérôme n'en eût pris connais- par Augustin au peuple d'Hippone, se fut ré-
sance; ce qui aurait pu semer-entre eux la dis- pandue partout, les évêques jugèrent utile de
corde, si l'humilité de saint Augustin et la suivre l'exemple de Valère. On peut croire
charité de chacun d'eux n'en eût étouffé le qu'Aurèle avait devancé les autres dans cette
mittebat Augustinus, significans c. v, n. 8, se prio- nymo scripta contigerat, ut ejus perlator Profutu-
res ad illum litteras dedisse, quæ perlatæ nonsunt; rus dum sese itineri accingit, continuo episcopus
atque in exordio « gratiam habens quod pro sub- creatus, non traj-ceret in Paloestinarn, ex Epistola
scripta salutatione plenam sibi Epistolam reddidis- lxxii, n. 1, necaori ex Epist. LXXI, c. I, n. 2, ubi
set, » lice! breviorem. Quibus verbis non superiorem primas istas litteras a se « adhuc presbytero prae-
Epistolam XXXIX notat, sed alteram hactenus desi- paratas » monet Augustinus, ut secundæ posterio-
deratam, in qua Hieronymus Origenem carpebat: resque ipso jam episcopo dictatæ intelligantur.
uti videre est hic cap. VI, n. 9, de quo Origine forte EPISTOLA XLI (scripta subinitium episcopatus Au-
Augustinus verbum fecerat, cum alteriuscujusdam gustini). — Ad annos episcopatus Augustinipriores
litterissubseribens eumofíiciose salutavit. Ea est, refereudam ducimus Epistolam Quadragesimam
opinamur, Epistola, quam per Asterium Hierony- primam, conscriptam nomine Alypii et Augustini,
mus misit anno forsan 396 ut Augustino salutatio- qui Aurelio Carlhaginensi gratulantur ob hancprae-
nisofficium redhiberet. Quod autem ad XL, dequa cipue caussam, quod presbyteris se praesente ver-
agimus, Epistolam adtinet, Paulus qui eam perfe- bum Dei apud populum tractare jamjam permittat.
rendam acceperat, navigationis consilium mutavit,
ex Epist. LXXII, C. i, n. 1, nec tamen earn ad Augu- ;
Aliud enim ferebat consuetudo per Africanas eccle-
sias ubique recepta in quam offendisse vitupera-
ronymum pervenirent ,
stinum retulit juxta Epist. LXXIII: n. 5, unde kae lit-
teræ prius per Italiam sparsae sunt, quam ad Hie-
quod inter utrumque
discordiam animorum sererepoterat, nisi Auguistini
humilitas et utriusque caritas offensionis semina
batur Valerius, qui Augustino presbytero potesta-
tem fecisset prsedicandi Evangelii praesente ipso
episcopo. Sed observat Possidius c. v, cum fama
sacrarum concionum, quas ad populum Hipponen-
sem habebat Augustinus, longe lateque diffundere-
suffocasset. Jam de altera Epistola ante hanc Hiero- tur, consullius visum esse episcopis aliis, Valerii
1
voie, cette lettre le fait assez entendre, et c'est reconnaître le châtiment de leurs sacrilèges
pour cela qu'il ne parait pas possible d'en re- dans les fléaux, dont frappe le Seigneur, pa
culer beaucoup la date. le moyen des puissances ordinaires de l'homme
LETTRE XLlI (écrite sur la fin de l'été de ou de la nature. Mais cela se rapporte parfaite-j
397). — La quarante-deuxième lettre à Paulin ment aux temps qu'on a appelésMacairiens, 1
empruntée à un manuscrit de Phimarques, propos desquels l'évêque donatiste Fortunius
parait aujourd'hui pour la première fois elle
est de l'année 397, ayant été écrite vers la fin
; souleva la discussion dans la conférence de
Tiburce, voyez la lettre suivante XLIV, chap. II,
du second été depuis la réception de la dernière J
n. 4.
lettre de Paulin 395. Comparez cette lettre Il est à propos de rechercher à quelle épo-
avec la lettre XXXI, n. 8. que eut lieu la conférence ici mentionnée,entrç
LETTRES XLIH et XLIV (écrites vers la fin Augustin et Fortunius. Les savants suivant le^
de 397 ou au commencement de 398). — Les annales de Baronius la placent communément
deux lettres suivantes adressées à Glorius, à en 412 mais les raisons que nous allons déveJ
Eleusius et aux Félix peuvent sins inconvé- lopper nous obligent à nous éloigner de cette
nient être rapportées à une même date, à no- opinion. Quand saint Augustin allait de Tibur-
tre avis, vers la fin de 397 ou au commence- sique à Cirte, comme le dit cette lettre, ce n'én
ment de 398. En effet dans la quarante-troi- tait point, ainsi que l'a cru Baronius, à l'occa-
sième que nous croyons avoir été écrite avant sion de cette assemblée que l'édition de Lou-
l'autre, saint Augustin parle avec une très- vain place à Cirta, tandis que toutes les précé-
grande liberté de la tyrannie d'Optat de Tha- dentes ainsi que les anciens manuscrits portent!
mugade, chap. VIII, n. 24, mais en des termes constamment Zerta, et dans les Rétractations,
pourtant qui nous font entendre qu'elle n'avait liv. II, chap. LX, et dans la lettre CXLI :
:
pas encore cessé Or, elle prit fin en 398 comme mais bien pour l'ordination d'un évêque,
nous le faisons remarquer en son lieu, à la comme il le dit clairement dans cette let-
lettre XLIII. Il dit dans cette même lettre, tre XLIV, chap. vi, n. 13. Or il s'agissait de
combien les Donatisles sont aveugles de ne pas donner un successeur, sinon à Fortunat lui-
-
Do-
exemplum æmulari. Qua in re Aurelium reliquis states flagellis tcmporalibus emendari nolint
praeivisse fas est existimare ; et vero satis intelligi- natistæ. Sed id refertur quam optime ad tempora,
tur ex hac ipsa Epistola : quæ proinde in ulteriores ut vocabant, Macariana, de quibus in Tiburcicensi
anuos remittenda non fuit. colloquio Fortunius episcopus Donatista querelam
EPISTOLA XLII scripla exeunte æstate an. 397). movit, ex subsequente Epistola XLIV, c. II, n. 4. ,
— Epistola Quadragesima securida ad Paulinum, ex Æquum vero est demonstrare quandonam Augu-
Phimarconensi manuscripto nunc primuin vulgata, stinus ad istud Fortunii colloquium venerit. Id enim
pertinet ad annum 397 scripta videlicet labente se- eruditos viros Baronianis annalibus insistentes ad
cunda æstate a receptis ultimis Paulini litteris Christi annum 412 referre passim videmus. A quo-
anni 395. Confer banc Epistolam cum Epistola XXXI, rum opinione revocant nos subjecta rationum mo-
n. 8. menta. Cum Tibursico Augustinus Cirtam pergeret,
EPISTOLJE XLIII et XLIV scriptæ circ. fin. an- ut ferthæcce Epistola XLIV, n. 1, id iter agebat, non
397, aut init. 398). — Duae subsequuntur Glorio quidem, quod Baronio visum est, occasione synodi
Eleusio Felicibusque inscriptee Epistulæ, quas nihil (quam Lovaniensium editio Cirtensem, priores vero
ubstat, quominus sub unum et idem tempus, id est editionesetantiquiMSS. constanter Zertensemno-
sub annum exeuntem 397 aut ineuntem 398 con- minant, cum in Retract. libro II, c. XL, tum in Epi-
scriptas arbitremur. Et quidem in XLllI, quam prio- stola CXLI), sed episcopi ordinandi caussa eo vocatus,
rem altera suspicamur, Optati Thamugadensis uti disertis verbis ipse testatur Augustinus in hac,
Tyrannidem summa dicendi libertate commemorat Epistola XLIV, c. VI, n. 13. Porro sufficiendus erat
Augustinus c. vin, n. 24, sed iis tamen verbis, quæ successor, si non ipsi Fortunato, qui anno 416 Cir-
illam nondum desiisse innuant. Desiit autem illa tensem Ecclesiam adhuc regebat, inter Milevitanæ
tyrannts anno 398, uti ad Epistolam LIII, suo synodi Patres ante Possidium nominatus, certe.
loco observamus. Dicit quoquo ibidem quam in- Profuturo, qui episcopatum anno 394 aut 395 ade-
juste sacrilegia sua per ordinarias humanas pote- ptus, brevi post tempore defunctus est. Atqui liuic.
même, qui en 416 gouvernait encore l'église Tibursique de Numidie, pour les Donatistes
;
de Cirta, puisqu'il est nommé parmi les pères
du synode de Milève avant Possidius au moins
à Profuturus qui élevé à l'épiscopat en 394 ou
assiste à la conférence de Carthage, ce qui
prouve que Fortunius était mort en 411. Aussi
croirions nous très-facilement qu'il était celui-
395 était mort peu de temps après; c'est à lui là même qui est au dixième rang parmi.les
312 évêques donatistes qui célèbrent en 394, le
que succéda Fortunat dont l'ordination, ne peut
guère être reculée au delà du commencement de concile de Bagaie. Toutes ces raisons nous font
398, d'après ce que nous avons dit plus haut, conclure que la conférence en question eut
à propos de la lettre XXXVIII. lieu environ 15 ans plus tôt que ne le dit Ba-
D'autre part il est certain que cette confé- ronius. Il ne faut pas oublier non plus, que les
rence avec Fortunius eut lieu avant l'année paroles par lesquelles saint Augustin rappelle,
411, comme on le comprend très-bien ne fût-ce chap. IV, n. 7, la mention qui fut faite de saint
queparles dispositions de saint Augustin en- Ambroise dans cette même conférence laissent
core très-éloigné de poursuivre les hérétiques, croire que ce prélal vivaitencore, qu'à propos
voyez ici même, chap. IV-V, et l'on sait que les de la persécution des Donatistes contre les
Donatistes étaient alors parfaitement en repos ; Maximianistes, il n'est rien dit absolument de
:
toute la lettre affirme la pleine liberté dont ils
jouissent or cela n'eut plus lieu après 411. Il
est constant aussi que quand Fortunius lui pré-
Prétextat et de Félicien qu'ils avaient cepen-
dant reçus parmi eux, au commencement de
397. De tout cela, plusieurs seront portés à
senta la lettre du faux concile de Sardique ou conclure que la conférence de Tubursique ne
de Philippopolis, chap. il, n. 6. Augustin ne peut être placée plus tard que le commence-
:
savait ce que cela pouvait être or il le savait
bien, quand il écrivit même avant 411les livres
ment de 397. Mais pour que cela fût entière-
ment certain il faudrait établir surtout que
contre Cresconius, puisqu'il en parle comme Megalius était mort vers le milieu de 396,
d'un conventicule arien, liv. III, chap. xxxiv. puisque Profuturus survécut à Mégalius, et
Il est certain aussi par les paroles de saint Au- que la conférence avec Fortunius eut lieu dans
gustin, chap. i, n. 1, que Fortunius était plus le voyage que fit saint Augustin, pour donner
ancien que lui dans l'épiscopat; or il n'était un successeur à Profuturus. C'est pourquoi
plus évêque en 411 puisque Janvier, évêque de entre Megalius et Crescentianus il faudra pla-
successit
rUlll ipse Fortunatus cujus ordinatio ultra ini- potuit : quem idcirco facilius crediderimus esse
anni 398 remitti vix possit ex dictis supra ad ilium ipsum, qui decimus numeratur inter trecen-
Epistolam XXXVIII. tos et decem episcopos Concilii Bagaicnsis a DQ-
Ast etiam aliunde constat huncce Augustini cum natistis anno 394 celebrati. Itaque ex his rationum
Fortunio congressum contigisse ante momentis conficimus colloquium istud antc annos
annum 411,
idque intelligere est vel ex ipso Augustini animo a circiter 15 quam retulit Baronius, constituendum
persequendis hæreticis adhuc alieno hic c. IV et v. esse.
Et prorsus patet Donatistas tunc temporis quietos Neque id silentio transeundum, ubi in eodem
fuisse, totaque Epistola eos plena gaudere libertate colloquio de Ambrosio sermoincidit, inhacEpistola
notat : quod numquam accidit ab uno 411. Liquet
pariter Augustinum, cum ei Fortunius pseudo-Sar
dicensis seu Philippopolitani concilii Epistolam ex-
c. IV, n. 7. Augustini verba movere posse, ut san-
ctus ille Antistes in vivis adhuc egisse credatur
atque ubi actum est de persecutione Donatistarum
:
hibuit c. II, n. 6, quid hoc esset tunc ignorasse. At in Maximianistas, nihil omnino dictum reperiri de
illud inlibris contra Cresconium ante annum 411, Prsetextato et Feliciano, quos illi tarnen receperant
scriptis jam notum habet, et ut Arianorum conven- sub initium anni 397. Ex quibus furte non nemo
tum explodit in lib. Ill, c. XXXIV. Est etiam perspi- reputaverit aut serius ineunte prædicto anno 397,
cuum ex Auguslini verbis c. I, n. 1, hunc Fortu- habitum fuisse illud Tubuisicense colloquium. Ve-
nium fuisse antiquiorem ipso episcopum, qui tamen rum ut id constet.statuere oportet imprimis obiisse
episcopus non erat anno 411, cum Januarius Tu- Megalium medio circiter anno 396; quandoquidem
bursicensis in Numidia episcopus ex parte Dona- Profuturus Megalio superstes fuit, atque Augustino
tistarum interfuerit collationi Carthaginensi; adeo- ad ordimndum Profuturi successorem proficiscente
que Fortuniuspost annum 411, in vivis esse non habitumestcum Fortunio colloqulum. Haque inter
aij
cer un autre primat, ou bien on devra dire Paulin. Or, ils prirent congé d'Augustin,
qu'une année entière s'est écoulée, avant qu'on commencement de 396; ainsi cette lettre est ct
eût proclamé celui qui, par droit d'ancienneté, commencement de 398. !
devrait succéder à Mégalius dans la dignité de LETTRES XLVI et XLVII (écrites vers 1<
primat. En effet, Crescentianus n'eut ce même temps).
;
— La quarante-sixième lettre
titre qu'en 397, peu avant le concile de Car- est de Publicola il consulte saint Augustin
thage du 28 août, dans lequel Aurèle déclare comme un évêque d'une autorité bien établiel
avoir reçu tout dernièrement les lettres de Cres- et trèspropre à donner lumière aux scrupule:
centianus primat deNumidie, comme «il le dé- qui troublaient la délicatesse de sa conscience
clare lui-même,) dit-il, paroles qui font voir cette lettre et la suivante d'Augustin à Publicoli
qu'Aurèle ne savait pas encore qu'il fût primat, sont attribuées à la même époque, car elle
lui qui, cependant, devait en être averti un paraissent avoir été écrites alors que le culti
des premiers. Quoique rien n'empêche d'inter- des idoles était encore public et l'on sait qu'i
caler un primat entre Mégalius et Crescentia- fut interdit en 399.
nus, ce qui serait selon nous dans le vrai, ce- LETTRE XLVIII (écrite probablement e
pendant les raisons ci-dessus exposées n'y 398).
; — La quarante-huitième lettre à Eu
obligent pas non plus c'est pourquoi nous doxius, de l'île de Caprée, abxius, (les ancien:
avons préféré placer la conférence à la fin de manuscrits lui donnent ce titre), fut écrite à ce
l'année 397, ou plutôt au commencement de qu'on croit en l'année 398. Saint Augustin ;
398, alors que la mort du tyran Gildon pouvait parle avec éloge de deux moines d'une vert
faire craindre aux Donatistes, qu'ils ne fassent éprouvée, Eustasius et
André qui étaient venu
persécutés à cause de leur Optat satellite de de cette île en Afrique, où l'un deux Eustasiu
Gildon, ce à quoi paraissent se rapporter les était mort. On pense que c'était les deux qu
paroles citées danscette lettre. avaient accompagné Mascézil général de l'ar
LETTRE XLV (écrite en 398). — La qua- mée romaine, lequel cinglant vers l'Afriqui
rante-cinquième lettre à Paulin dont nous pour y combattre le tyran Gildon, « relâcha 1
enrichissons notre édition d'après un manus- comme le rapporte Orose, liv. VII, chap. XXXVI
crit de Phimarques a été écrite deux ans « à l'île de Caprée, où il engagea par ses près
entiers après le retour de Romain et Agile vers santes sollicitations quelques vénérables servi
411
Megalium et Crescentianum primas aliquis erit in- ex Phimarconensi manus cripto accedit, scripta es
serendus, aut certe dicendum erit annum prius ef- biennio toto postquam Romanus et Agilis ad Pall
fluxisse, quam is renuntiaretur, qui Megalio in offi-
cio primatus jure antiquitatis succederet. Nam
Crescentianus primatum non adiit ante annum 397,
gustinus circiter ineuntem annum
isthæc Epistola est ineuntis anni 398.
396,
linum rediissent elapso. Hos porro a se dimisit Aui
sicqUtJ
paulo ante Concilium Carthaginense die 28 Augusti EPISTOLÆ XLVI etXLVII (Scrijptæ circ. hoc tem-
in
celebratu, quo Aurelius testatur se litteras non ita pus). —
Quadragesima sexta Publicolce est S. An-
pridem accepisse a Crescentiano, primæ sedis Nu- gustinum consulentis, ut episcopumjam auctoritak
midiarum, ut ipse insinuat, inquit; qua ex clausula pollentem,et iis quibus vir ille tenerioris conscientias
patet nesciisse tunc Aurelium, eum essePrimatem; permovebaitur,scrupulis removendis idoneum.Ponv
quod tamen in primis scire debuerat. Licet autem hæc et sequens Epistola Augustini ad Publicolams
Megalium inter Crescentianum Primatem interseri ad hanc ætatem referuntur ; quia scriptae videntu
nihil vetet; ut tamen id ita contigisse arbitremur, vigenteidolorumcultu, qui anno 399 prohiLus fuit
non exigunt superiusallatæ rationes. Quocirca ma- EPISTOLAXLVIII (scripta forte an. 398). — Epii
luimusistud colloquium reponere infine anni 397, stola Quadragesima octava ad Eudoxium insulac
sive potius in principio anni 398 quo tempore Gil- Caprariæ, ut antiqui codices præferunt, Abbaterm
donis tyranni occasus persecutionis metum Dona- creditor scripta sub annum 398, quoniam in es;
tistis, propter Optatum suum Gildonis satel item, n. 4, laudat Augustinus duos probatæ vitæ mona
injicere poterat. Eo enim spectare videntur quee chos, qui indein Africam trajeceant, Eustasium e;
dicta, narrantur inhac Epistola,c. v, n. 1. Andream, quorum Eustasius jamibi defunctuserat-J
EPISTOLA XLV (scripta an. 398). — Epistola qua- Nempe putant esse illos ipsos, qui Mascezil Roman
dragesima quinta ad Paulinum, quæ huic editioni exercitus ducem comitabantur. Hic enim sub aun
-
w
teurs deDieu à le suivre, et s'adonnant avec mise en pièces par les Chrétiens; les Païens les
eux aux jeûnes à la prière, passant les jours et
attaquèrent les armes à la main et en massa-
les nuits, à chanter des psaumes, il mérita de crèrent soixante, que le martyrologe romain
vaincre sans combat et de venger son maître place au rang des saints martyrs à la date du
sans répandre le sang. » 30 août.
t LETTRE XLIX (écrite en 398). — Quant à la LETTRE LI (écrite en 399 ou 400).— La
date de la quarante-neuvième lettre, on n'en cinquante-unième lettre, à Crispus, fut écrite
peut dire qu'une chose, c'est qu'il est tout à après la mort d'Optat de Thamugade, à la mé-
fait vraisemblahle quelle est de ces premières moire duquel saint Augustin adresse cet éloge
années de l'épiscopat de saint Augustin où les ironique, n. 3 : « On célèbre la sainte mémoire
onatistes n'étaient pas encore aussi acharnés de votre illustre tribun Optat, » mais avant
contre la vérité, qu'ils le furent plus tard; celle de Prétextat d'Assur, dont saint Augus-
honorat un de leurs évêques du voisinage tin parle de la même façon que de Félicien de
d'Hippone avait fait annoncer par Eros à Muste qui vivait encore, et ce qui prouve mieux
saint Augustin qu'il serait heureux de corres- encore, il dit, n. 4, en parlant des deux ensem-
ondre avec lui sur le sujet du schisme, pour ble : « Tous ceux qu'ils ont alors baptisés, ils
raiter avec le calme et la modération conve- »
les ont avec eux et avec vous. Or lavie d'Optat
nables un sujet d'une si grande importance. ne se prolongea guère après la mort du tyran
Augustin qui depuis longtemps désirait confé- Gildon arrivée en 398; d'autre part Prétextat
rer avec lui, lui dit dans cette lettre que la pro- était déjà mort, quand saint Augustin mettait
la dernière main au liv. III contre Parménien,
I
osition lui est très-agréable, et entamant de
suite la question il l'invite à répondre.
LETTRE L (écrite probablement en 399). —
;:
c'est-à-dire vers l'an 400 on le voit par le
dernier chapitre de ce livre c'est pourquoi
Baronius rapporte à l'éditd'Honorius de399 nous plaçons cette lettre en 399 ou 400. Ce que
contre les idoles, ce que saint Augustin, dans saint Augustin dit au n. 3 que les donatistes
cette
:
ciens cinquantième lettre, demande aux
de lacolonie de Suffecte danscette ville,
une statue d'Hercule avait été jetée à bas et
an- avaient coutume dereprocher aux catholiques :
« de les faire poursuivre par les puissances de
la terre, » se doit entendre non de l'édit de
in
iujui initium navigans Africam adversus Gildo- idola, refert Baronius id de quo Augustinus in
lem tyrannum, « Caprariam insulam adiit, ut Epistola Quinquagesima expostulat apud « seniores
seribit Orosius lib. VII. c. xxxvi, unde sucum sanctos Suffectanue Colonise, » qua in Colonia cum Herculis
servos Dei aliquot permotos precibus suis sumsit: simulacrum dcturbatum fuisset et communitum,
cumque his in orationibus, jejuniis, psalmis dies et Gentiles armis Christianos aggressi, ex eis trucida-
noctes continuans sine bello victoriam meruit, ac runt sexaginta, qui in Martyrologio Romano
sine cæde vindictam. » SS. Martyrum numero adscripti sunt ad diem
i EPISTOLA XLIX (scripta cir. 30 Augusti.
an. 398). — De tem-
Epistoise Quadragesimae nonæ ad Honoratum,
pore EPISTOLA LI (scripta an. 399., aut 400). — Pro-
dsolum statui potest, admodum veri simile"esse diit Epistola Quinquagesima prima ad Crispinum
lis prioribus annis episcopatus Augustini, quibus post mortem Optati Thamugadensis, cujus memo-
iondum Donatistse tam infenso animo véritati ad- riam facete laudat Augustinus n. 3, his verbis,
versabantur, Honoratum illorum partis episcopum « Etiam Optati illius tribuni vestri sancta memoria
t Hipponi vicinum, significasse Augustino per prædicatur : » ante obilum vero Prætextati Assuri-
rotem, se libenter cum eo per litteras de schismate tani, de quo non aliter atque deFelicianoMustitano
collatnrum, ut de re tanti momenti, ea qua per adhuc vivente passim hic loquitur; quodque ad
rat lenitate et animi tranquillitate agerent. Cui rem propius facit de ambobus dicit n. 4. « Quot-
Augustinus qui jampridem illius colloquium expe- quot ergo eo tempore baptizaverunt, nunc secum
lebat, ejus sibi consilium multum placere hac Epi- et vobiscum habent. Porro exstinctus est Optatus
stola l'escripsit, et caussam pro suis partibus ag- paulo post Gildonis tyranni necem anno 398. Præ-
gressusipsumadrespondendum invitavit. textatus vcro jam obiorat, cnm Augustinus libro III,
EPISTOLA L (scripta forte an. 399).
ta lmperatoris - Ad rescri-
Honorii, data anno 399, adversus
contra Permenianumcirciterannum400, apices ulLi-
mos apponebat, ut patct ex ejusdem libri postremo
405, mais d'autres plus anciens, rendus en 377 cette année occupait le siège de Rome, quan
et plus tard. fut écrit le chap. LI du liv. II contre les lettres
LETTRE LII (écrite vers 400). — La cin- de Pétilien, comme l'affirme saint Augustin.
quante-deuxième lettre à Séverin doit être LETTRES LVI et LVII (écrites vers'400).
rangée parmi les premières que saint Augus- Les lettres cinquante-six et cinquante-sept, à
-
tin écrivit contre les Donatistes, et cependant Célère, furent écrites probablement avant la
on ne peut guère la placer avant l'an 400, car conférence du Carthage, puisqu'elles n'en di-
au n. 3 il dit : « On vit paraître parmi eux sent rien, mais après la composition de certains
tantde scélérats, et ils les ont tolérés pendant traités contre lesDonatistes, dont il lui propose
Donat :
tant d'années, pour ne pas diviser le parti de la lecture, c'est pourquoi il paraît à propos de
» de semblables paroles furent souvent les attribuer au même temps que les précé-
employées après la mort de Donat pour expri- dentes.
mer sa tyrannie de dix ans. LETTRE LVIII (écrite vers la fin de 401).
—
LETTRE LIII (écrite vers l'an 400). — On La cinquante-huitième lettre à Pammachius
peut rapporter à peu près au même temps la paraît avoir été écrite vers la fin de 401, et
cinquante-troisième lettre à Generosus; en confiée aux envoyés qui allaient présenter une
effet elle fut écrite sous lepontificatdu pape supplique aux empereurs, de la part du concile
Anastase, n. 3, et peut-être aussi du vivant de de Carthage célébré aux ides de septembre en
Prétextat, comme le fait conjecturer le n. 6. effet, de même qu'au commencement de ce
;
LETTRES LIV et LV (écrites vers 400). — concile on cite les vexations et les attaques
Les lettres cinquante-quatre et cinquante-cinq commises par les Donatistes contre l'église ca-
qui sont deux livres en réponse aux Questions tholique, de même à la fin de cettre lettre,
de Janvier, sont placées dans les Rétractations saint Augustin parlant des embûches des hé-
parmi les opuscules écrits vers l'an 400, un rétiques dit : « Vous entendrez toutes ces cho-
peu avant les livres contre les lettres de Péti- ses de la bouche de nos frères, que je recom-
lien, dont la composition ne peut être posté- mande instamment à votre bonne amitié, n
rieure à 402, puisque Anastase qui mourut LETTRE LIX (écrite vers la fin de 401).
-
capite. Unde hanc Epistolam anno 399, aut 400, nuarii, » locum in Retractationibus medium tenent
scriptam esse adnotamus. Quod itaque scribit Au- inter opuscula circiter annum 400 elaborata re- ;
gustinus n. 3. Donatistas catholicis objectare solibs censenturque aliquanto ante libros contra Iitteras
esse, quod ipsos « per potestates terrenas perseque- Petiliani non serius anno 402, scriptos: quando-
rentur, » non ad edicta anni 405, sed ad superiora quidem Anastasius, qui hoc ipso anno decessit, in
referri oportet, quae nonnulla anno 377, et dein- Romana cathedra sedebat eo die, quo scribebatur
ceps contra ipsos emanarunt. cap. LI, lib. II, contra prædictas litteras Petiliani,
EPISTOLA LII (scripta scripta circ. an. 400). — uti testatur illic Augustinus.
Epistola Quinquagesima secunda ad Severinum in EPISTOLÆ LVI et LVII (scriptæ circ an. 400). —
primis Augustini contra Donatistas scriptis cen- Epistolas Quinquagesimam sextam et Quinquage-
:
senda videtur, nec tamen multo ante annum 400, simam septimam ad Celerem dedit proculdubio ante
collocanda; quoniam n. 3, hæc dicit « Tam multi collationem Carthagiuensem, de cujus actis nihil
scelerati apud eos emerserunt, et toleraverunt illos dicit: sed post editos a se libros aliquot adversus
per tot annos, ne partem Donati conscinderent. » Donatistas, quos ipsi legendos exhibet. Quocirca
Cujusmodi verbis, sublato e vivis Optato, decenna- videtur commode reponi sub hoc idem tempus.
lem ejus tyrannidem perssepe significat. EPISTOLA LVIII (scripta versus exeuntem an.
EPISTOLA LI1I (scripta circ. an. 400). — Ad idem 401). — Quinquagesima octava ad Pammachium
:
circiter tempus Epistolam Quinquagesimam tertiam scripta fortassis versus finem anni 401 et commen-
ad Generosum referre licet quippe cum sedente data legatis, qui Carthaginensis Concilii, idibus
Romæ Anastasio scripta fuerit ex n. 3, et forsitan Septembris habiti nomine preces Imperatoribus de-
in vivis agente adhuc Prætextato, uti conjicitur ex tulerunt. Nam ut in hujusce concilii exordio notan-
n. 6. tur Donatistarum insidise et improbitates, quibus
EPISTOLÆ LIV et LY (scriptæ circ. an. 400). — Africanam ecclesiam catholicam graviter vexabant :
Epistolae Quinquagesima quarta et Quinquagesima ita in istius Epistolse fine de hsereticorum insidiis.
quinta, qui aunt libri duo « ad inquisitiones Ja- loquens Augustinus, « Audies tamen hsec, ait, a
Ayant reçu le 5 des ides de novembre la lettre
circulaire de Victorin qui appelait, comme
;
déserteurs de son institut l'un des deux, Donat
ayant été ordonné avant le règlement établi
primat de Numidie, les évêques à un concile, sur ces matières dans le concile de Carthage
Augustin répond par cette cinquante-neuvième de l'an 401, saint Augustin l'abandonne à la
lettre, dans laquelle il dit que Xantippe de Ta- prudence et à la discrétion d'Aurèle, il juge
se se déclare en possession de « la dignité
de primat. » Or Xantippe obtint cette
tout autrement de l'autre, surtout parce qu'il
avait été cause de la fuite de Donat. Tout cela
dignité au plus tard en 402, comme l'indique nous porte à conclure que cette lettre a dû être
la lettre LXV écrite cette année, avant la fête écrite peu de temps après le concile de Car-
de Pâques, à l'adresse de Xantippe Ancien c'est- tilage.
à-dire primat; comme le prouve surtout le LETTRE LXI (écrite à la fin de 401 ou peu
synode de Milève de la même année 27 août, après). — La lettre soixante-unième à Théodore
dans lequel il est dit évêque du premier siège de paraît avoir été écrite dans le même temps.
Numidie; si donc Victorin réussit à obtenir dans Saint Augustin y déclare sous la foi du ser-
cette compétition les suffrages de ses collègues, ment, qu'il conservera aux clercs donatistes
la lettre LIX a pu être écrite un peu plus tôt,
mais à coup sûr depuis 397, puisqu'en cette
année la dignité deprimat échut à Crescentia-
rang ;
qui reviendront à l'Eglise, leur ordre et leur
aux termes du dernier concile cela était
abandonné à la discrétion de l'evêque du lieu,
;
nus si comme il est plus probable, il échoua
dans ses prétentions, notre lettre se place à
qui pouvait, s'il le jugeait à propos, recevoir
les dissidents avec leurs honneurs et leurs di-
juste titre à la fin de 401. gnités.
LETTRE LX (écrite vers la fin de 401). — LETTRES LXII et LXIII (écrites vers le même
Dans la lettre soixantième à Aurèle, il parle de -
temps). Les lettres soixante-deux et soixante-
deux frères qui ayant quitté son monastère, trois à Sévère ont été écrites à cause de Timo-
sans permission, étaient allés se réfugier au thée à l'occasion duquel le concile de Milève
diocèse de Carthage. Augustin n'admet pas
qu'Aurèle puisse accepter dans le clergé les :
du 27 septembre 402 a donné, croyons-nous, le
canon suivant « Quiconque aura exercé, ne
fratribus meis, quos plurimum commendo eximie- quo tales instituti sui desertores cooptari in clerum
tati tuæ. » non probat Augustinus. Et alterum quidem Dona-
EPISTOLA LIX (scripta cire. exeuntem an. 401). tum nomine, qui ordinatus fuerat ante constitutio-
— Tracloria quinto ldus Novembris a Victorino a- nem ea de re factam a Carthaginensi concilio die
cepta, qua is Concilium ut Nuuiidiee Primas con- 13 Septembris anno 401 habita, prudentise illius
vocabat, rescripsit illi AugustinusEpistolam quin- arbitrioque permittit. De altero autem, et maxime
quagesimam nonam, significans Xantippum Tago- quia ejus caussa Donatus de monasterio abcesserat,
sensem dicere,« quod eum Primatus ipse contingat).» aliud videri sibi significat. Unde colligimus hanc
Porro Xantippus primatum adeptus erat quum tar- Epistolam non multo post idem concilium scriptam
dissime anno 402, ut liquet ex Epistola LXV, ipsi fuisse.
Seni, idest primati ante Paschale festum hoc annu EPISTOLA LXI (scripta exeunte an 401 aut paulo
data; maximeque ex Synodo Milevitana eodem anno post). — Sub idem tempus data videtur Epistola
celebrata 27 Augnsti, in qua idem «episcopus Sexagesima prima ad Theodorum, qua interposito
»
prmæ sedis Numidiæ appellatur. Igitur si caussam juramento pollicetur Augustinus se clericis Dona-
suam collegis probavit Victorinus, pertinet forte tistis ad Ecclesiam redeuntibus honorem sui ipso-
Epistola LlX, ad superiorem aliquem annum a 397 rum ordinis servaturum. Nam prædicti concilii
quo primas renustiatus fuit Crescentianus, elap- decreto id relictum erat voluntati arbitrioque p.pis-
sum. Sin autem ille, quod veri similius est, a copicujusqueCatholici, ut siipsiexpedirevidere-
caussa cecidit, non immerito collocatur exeunte tur, eosdem deinceps cum suis honoribus et ordi-
anno 401. nibus reciperet.
EPISTOLA LX (scripta circiter finem an 401). — EPISTOLÆ LXII et LXIII (scriptæ cir. idem tem-
In Epistola Sexagesima ad Aurelium agitur de duo- pus). — Epistola Sexagesima secunda et Sexage-
bus fratribus, qui de monasterio non obtenta Luvn- sima tertia ad Severum scriptæ fuerunt in Timothei
tia recedentes ad eumdem Aurelium transierant; a caussa, cujus occasione opinamur conditum fuisse -
fût-ce qu'une seule fois, les fonctions de lecteur LETTRE LXV (écrite au commencement de
dans une église, ne devra pas être attaché au 402).—La soixante-cinquièmelettre àXantippe
clergé d'une autre église. » Dans la lettre Ancien a été écrite un peu avant le dimanche
LXIII où saint Augustin avertit Sévère de se de Pâques, qui devait être cette année-là, le
demander bien sérieusement devant Dieu, s'il huitième des Ides d'avril, d'après le n. 2. Or
est permis de ne pas regarder véritablement Xantippe étant Ancien ou comme ce titre pa-
comme lecteur Timothée, qui a exercé les fonc- rait l'indiquer, jouissant de la dignité de pri-
tions de cet ordre plusieurs fois, et en différents mat, Pâques ne tomba le 6 avril qu'en l'an-
lieux du diocèse d'Hippone, il ne fait nulle née 402, comme l'observent Péronne dans le
mention du canon de Milève, où la chose fut livre contre la réponse du roi d'Angleterre,
nettement décidée, cela nous prouve qu'il n'est ch. XLVIII, et Noris au livre II, ch. vin, de
pas permis de reculer ces lettres au delà de ce l'Histoire de Pélage.
temps. LETTRE LXVI (écrite vers le même temps).
LETTRE LXIV (écrite peu après la fête de — C'est vers ce temps et non plus tard que fut
Noël 401). — Dans la soixante-quatrième lettre commis par Crispinus de Calame, ce crime
à Quintien, écrite peu après la fête de Noël, dont saint Augustin demande compte à ce
comme il est dit au n. 2, saint Augustin nous même Crispinus, dans la lettre soixante-sixième,
apprend au n. 3 : Qu'il a été statué dans un car au ch. LXXXIII, le livre II des Lettres contre
concile célébré récemment, que « ceux qui se- Pétilien, écrit en 402, porte que ce crime était
raient sortis, ou auraient été chassés de quelque a récent» et que saint Augustin « en avait
monastère, ne devraient pas être admis ailleurs »
encore les larmes aux yeux. Bien que la signi-
dans le clergé, ni mis à la tête des monas- fication de ce mot récent s'étende quelquefois
tères. » Ce décret ne peut être autre que celui à plusieurs années, et qu'à la rigueur ce crime
:
du concile de Carthage du 13 septembre 401,
qui commence ainsi a De même, nous avons
de Crispinus pourrait avoir été commis en l'une
des années précédentes, cependant, comme il
décidé que, si quelque membre d'un monastère ne nous est pas possible d'assigner cette
étranger, etc. » Recueil des canons africains, année, il nous a paru bon de placer ici cette
ch.LXXX. lettre.
ilium canonem a Milevitana synodo 27 Septem- EPISTOLA LXV (scripta ineunte an.402). — Epi-
bris anno 402. « Ut quicumque in ecclesia vel stola Sexagesima quinta ad Xantippum Senem scri-
semel legerit, ab alia Ecclesia ad clericatum pta est aliquanto ante « Dominicum Paschæ qui
non teneatur.» Certe in Epistola LXIII, n. 4. ubi »
futurus erat octavo idus Aprilis ex n. 2. Atqui
Severum rogat Augustinus, ut apud se ipse consulto Xantippo Sene, seu quod co titulo significari vide-
Deo perpendat, utrum Timotheus, qui Lectoris tur, primatum gerente, Pascha in diem 6 Aprilis
officio non semel, neque in uno loco diœcesis Hip- non incidit, nisi anno 402 uti optime observant
ponensis functus fuisset, judicari possit aut debeat Perronius in lib. adversus responsionem Regis
non Lector fuisse : haud quaquam mentionem facit Britanniarum c. XLVIII et Norisius in lib. II, hist.
de isto Milevitani concilii canone, quo res tamen Pelag. c. VIII.
liquido explicata fuit. Quapropter has Epistolas EPISTOLA LXVI (scripta cir. idem tempus). —
ultra tempus istud reinittere non licet. Non serins hoc tempore commissum est a Crispino
EPISTOLA LXIV (scripta paulo post Nalhal. Chri- Calamensi facinus illud, de quo in Epistola Sexagc-
sti anni 401). — In Epistola Sexagesima quarta sima sexta apud eumdem Cripinum expostulat Au-
ad Quintianum, paulo post Christi natalem, sicuti ex gustinus. Quippe in lib. II, contra litt. Petiliani,
n. 2.habetur, conscriptasignificat Augustinusn. 3. cap. LXXXIII quem scribebat anno 402, testatur hoc
« Statutum esserecentiConcilio, ut dealiquo mona- nuper contigisse, idque se adhuc lugere dicit. Quia
sterio qui recesserint vel projecti fuerint, non fiant tamen vocis nuper significatus ad plures interdum
:
alibi clerici, aut prsepositi monasteriorum, » quod annos porrigitur; posset istudCrispini factumad
non aliud proculdubio est nisi Carthaginensis con- aliquem e superioribus annis referri sed cum nobis
cilii 13 Septemb. an. 401, decretumistud : « Item incompertum sit, quo anno contigerit, visum est
placuit, ut si quis de alterius monasterio reper- hanc Epistolam hoc loco
tum, etc. » inCod. can. Afric. c. LXXX.
reponere.
EPISTOLA LXVII et LXVIII (scriptæ circ. an. 402).
LETTRES LXVII et LXVIII (écrites vers 402). ne pas être confondue avec celle-ci. Au reste,
-La soixante-septièmeà Jérôme, et la soixante- ici, n. 1, il est dit que la lettre d'Augustin a
huitième de Jérôme à Augustin ont été écrites été apportée par le diacre Sysinnius alors que
après le retour de Paulinien d'Occident en Paula était malade, ce qui prouve que ce n'est
Palestine, puisque Augustin lui adresse le salut pas ici le même Sysinnius qui, en 406, c'est-
et à son tour le reçoit de lui par l'entremise de à-dire deux ans après la mort de Paula, se
Jérôme. Or Paulinien, envoyé en 397 par son rendit à Jérusalem, ou, si c'est le même, il aura
frère Jérôme en Occident, pour y vendre leur •
dû faire deux fois le voyage, contrairement à
commun patrimoine, comme le dit saint Jé- ce que pense Baronius.
rôme dans la vingt-sixième lettre à Pamma- LETTRE LXIX (écrite à la fin de 402).
— La
chius ne revint à Bethléem qu'à la fin de 401. soixante-neuvième lettre, à Castorius, doit être
En outre saint Jérôme envoie en même temps rapprochée des actes du synode de Milève du
que sa lettre, son apologie contre Ruffin, soit 27 août 402. En effet ce Maximien qu'Alypc et
la première, soit la seconde dont saint Augus- saint Augustin louent pour avoir déposé la
tin cite quelques paroles dans la lettre CLXVI, charge épiscopale, par un motif de piété et de
ch. v,n. 15. Il est certain que Ruffin avaitdéjà paix, et auquel ils souhaitent de voir succéder
adressé de ses libelles à saint Jérôme, comme il son frère Castorius dans l'administration de
est dit dans cette lettre LXVIII, n. 3, ce qu'il son église deVagine, est le même, au jugement
fit après la première apologie et donna ainsi de quelques savants, que Maximien de Bagaïe
;
occasion à la seconde, comme il est indiqué
dans la dernière partie or cette seconde apo-
logie appartient à l'an 402. Le messager de
à qui un décret du synode de Milève permit de
quitter son siège ; voyez Recueil des canons afri-
cains, ch. LXXXVIII. Ainsi l'a pensé Rivius, ainsi
saint Jérôme fut encore ce même Astère qui, Baronius avant lui, à propos de l'année 402; ce
six ans auparavant, avait déjà apporté la cor- dernier cependant avertit qu'il avait autrefois
respondance dont il est parlé plus haut, lettre pensé que ce Maximien de Bagaïe, tué par les
XXXIX; et qui n'étant désignée que parles Donatistes qui le précipitèrent du haut d'une
mots Hommage et salutations doit par là même tour, comme le rapporte saint Augustin dans
finem an. 401. Præterea Hieronymus Augustino cum synodo Milevitana die 27 Augusti anno 402,
nunc transmittit Apologiam suam adversus Ruffi- celebrata. Is enim Maximiamus quem hic laudant
num seuprimam, seu secundam, cujus verba quæ- Alypius et Augustinus, quod episcopale onus paci-
dam profert Augustinus in Epistola CLXVI, c. V, in
ficapermotuspietate deposuerit, cuique Vaginensis
n. 15. Certe jam ad Hieronymum maledicta sua ecclesiæ administratione fratrem ipsius Castorium
miserat Ruffinus, uti dicitur in hac Epist. LXVIII, succedere cupiunt, ille ipse est, eruditorum quo-
n. 3, quod quidem fecitillepost Apologiamprio- rumdam judicio, Maximianus Bagaiensis, quiepi-
rem, sicque occasionem posteriori præbuit, ut ex scopali Sede cedere permittiturillius synodi decreto,
eadem posteriore Apologia patet quæ Apologia per- in Cod. can. Afr. c. LXXXVIII. Sic Rivius, sic ante
tinet ad an. 402. Perlatore Hieronymus utitur Aste- illum sensit Baronius ad annum 402. Ubi tamen
rio per quem ante sex annos misit primas litteras admonet, se aliquando putasse Maximianum episco-
supra in Epistola XXXIX, memoratas, quas cum non- pum ilium Bagaiensem, qui scilicet a Donatistis
nisi salutationis obsequium appellet, ab hoc de quo cæsus et de turri præcipitatus fuisse narratur ab
agimus, rescripto diversas esse vel inde conjectare Augustino in Epist. CLXXXV, n. 26 etLXXXYIII, n. 7,
licet. Denique hic n. 1, adnotandum venitexempla et in libro III, contra Cresconium c. XI/III, eumdem
la lettre CLXXXV, n. 26 et LXXXVIII, n. 7, LETTRE LXXI (écrite vers 403). — Saint
ainsi qu'au livre III, contre Cresconius, ch. XLIII, Augustin n'avait pas encore reçu la lettre à
était le même que celui du synode de Milève, Astère avec l'apologie contre Ruffin, lorsqu'il
mais que maintenant il pense que c'en est un remit au diacre Cyprien cette soixante-onzième
autre, et qu'il faut lire aux actes du synode, lpttre, pour saint Jérôme. En effet, il n'y fait
non pas Maximien de Bagaïes, mais M. de Va- aucune mention de la querelle avec Ruffin, et
gies : peut-être aurons-nous occasion de revenir même il dit avec beaucoup de liberté son opi-
sur ce sujet. nion sur le travail entrepris pour traduire de
LETTRE LXX (écrite vers le même temps). l'hébreu, les livres de l'Ancien Testament, ce
— Nous pensons que la soixante-dixième lettre qu'il n'eût pas fait avant que saint Jérôme ne
à Naucellion, a été écrite postérieurement à se fût apaisé, s'il eût su par des lettres précé-
l'année 400, après la mort de Prétextat. En dentes, qu'il avait pu se tenir pour blessé et
effet on ne peut trouver d'autre raison pour offensé. Il envoyait en même temps trois autres
expliquer comment il se fait que saint Augus- lettres écrites précédemment, ch. I, n. 2, dont
tin ne parle que de Félicien et point de Pré- l'une, la XXVIII, n'avait certainement pas été
textat, sinon que le premier seul était encore remise; pour les deux autres, à savoir la XL et
vivant. La cause de ces deux personnages était la LXVII, le fait était douteux.
la même, la sentence avait été commune, les LETTRE LXXII (écrite en 403 ou 404).—
;
mêmes intrigues avaient été employées pour
les dépouiller de leurs évêchés la même occa-
sion à savoir la volonté impérative du Gildo-
Nous pensons que la lettre suivante, de saint
Jérôme, a dû être écrite vers le même temps,
d'après le ch. IV, n. 2, où l'auteur répètequel-
nien Optat, et enfin l'acceptation des mêmes ques paroles de la lettre LXVII qui lui avait
conditions avaient amené leur réconciliation. été adressée l'année précédente; il répond du
Jusqu'alors le saint docteur avait toujours cité reste, tant à cette lettre LXVII qu'à une autre
ensemble les deux noms comme réplique aux que nous n'avons plus, et dans laquelle saint
attaques des Donatistes leur faisant voir com- Augustin demandait réponse àune missive con-
bien ils étaient peu autorisés à reprocher aux fiée d'abord à Profuturus, puis envoyée par un
Catholiques ce qu'eux-mêmes avaient fait dans autre messager, qui « craignant les dangers de
la cause des Maximianistes, et en particulier la mer, avait abandonné son projet de voyage».
contre Prétextat et Félicien. Cette lettre de saint Jérôme ne fut cependant
esse cum isto, de qua in Milevitana synodo actum objici in Catholicos, quae ipsi in Maximianistarum
est; sed jam videri sibi esse ab eo diversum, atque caussa, et præsertim erga Praetextatum et Felicia-
in illius synodi Actis legendum esse Maximianum num perpetrassent.
Vagiensem non Bagaensem. Qua de re forte alius EPISTOLA LXXI (scripta circ. an 403). — Hiero-
occurret dicendi locus. nymi litteras per Asterium cum Apologia in Ruffi-
EPISTOLA LXX (scripta forte circ. hoc tempus). num allatas nondum receperat Augustinus, cum
— Post annum 400, scriptam credimus Epistolam Septuagesimam primam Epistolam Cypriano dia-
Septuagesimam ad Naucellionem, sive mortuo jam cono ad Hieronymum perferendam dedit. Quippe
Prætextato. Non enim venit in mentem alia ratio, de illius cum Ruffino discordia nullum verbum
cur nunc de illo sileat Augustinus, solumque com- facit; aperitque etiam hic libere quid de illius in
memoret Felicianum, nisi quia hic solus superstes libris veterisTestamenti ex Hebræovertendis labore
erat. Nam cum una fuisset amborum caussa, una sentiat : haud quaquam id facturus, non sedato in
in ambos, dicta sententia, eadem etiam postea ad- primis Hieronymi animo, si eum prioribus Epistolis
versus ambos, ut e suis pellerentur ecclesiis, inten- suis commotum offensumque fuisse intellexisset.
tatæ lites; atque eadem occasione, compellente Mittebat simul tres alias Epistolas antehac scriptas,
nimirum Optato Gildunlano, iisdemque demum
conditionibus facta amborum reconciliatio; pro-
ducebantur antehac simul ab Augustino, ubi-
fuisse perlatam sciebat:
ex cap. I, n. 2, quarum unam, scilicet XXVIII, non
de alteris vero duabus
nempe XL et LXVII, incertus erat.
cumque S. Doctor argumentum istud contre Dona- EPISTOLA LXXII (scripta an. 403, aut 404). Sub-
tistas retorquebat, ostendens frustra a schismaticis sequens Epistola a Hieronymo sub hoc tempus die-
pas envoyée avant le retour de Cyprien, qui se née 404, où saint Augustin avait déjà cin-
trouva porteur à la fois, d'après le n. 30, ch. IV, quante ans; ilse dit vieux, chap. II, n° 5, sans
de la LXXXII lettre, et de cette présente épître entendre ici par ce mot, comme ille fait quel-
et d'une autre encore, la LXV écrite àla fin quefois, la vieillesse du dernier âge, après la
de 404 ou un peu plus tard. Enfin il faut pren- soixantaine; autrement il faudrait reporter
dre garde à ce que dit saint Jérôme, ch. i, n. 1, cette lettre jusqu'en 414.
que la lettre de saint Augustin, la XL dont il LETTRE LXXIV (écrite en même temps que
est demandé réponse, avait été trouvée environ la précédente. — La soixante-quatorzième
cinq ans auparavant par Sysinnius dans une lettre à Presidius, fut écrite à l'occasion de la
île de lamer Adriatique. précédente. Saint Augustin, confie à Presidius
-
LETTRE LXXIII (écrite vers 404). Pendant sa lettre, et il le supplie d'écrire lui-même à
ce temps, c'est-à-direaprès le départ de Cyprien saint Jérôme, pour tâcher de l'apaiser. Ce Pré-
pour la Palestine, saint Augustin, ayant vu sidius, que saint Augustin appelle son frère
par la lettre LXVIII apportée par Astère, que dans Je sacerdoce, étant donc aussi évêque, et
saint Jérôme avait été blessé de ses lettres, et il y a tout lieu de croire que c'est le même que
qu'il se plaignait qu'elles eussent été répandues Jérôme recommandait à Augustin à son départ
en Italie, avant d'avoir été remises à celui à qui de la Palestine, par la lettre XXXIX écrite
;
ellesétaient adressées, écrivit immédiatement probablement en 397 il le disait diacre, et
cette LXXIII lettre dans laquelle il s'efforce de affirmait qu'il lui était « extrêmement atta-
donner satisfaction aux plaintes de saint Jé- ché. »
rôme; il dit qu'il a reçu l'apologie contre Ruffin, LETTRE LXXV (écrite vers la fin de 404). —
qu'il a été effrayé de cette dissension élevée Quand Cyprien revint en Afrique, saint Jérôme
entre eux, en voyant aussi dans la lettre qu'il lui donna les lettres LXXII et LXXV'pour saint
venait de recevoir les marques d'un grave mé- Augustin,comme nous l'apprend la lettre LXXU
contentement contre lui-même. C'est - pourquoi chap. V, n. 36. Dans cette soixante-quinzième,
il faut rapporter cettre lettre à peu près à l'an- il répond aux trois que lui avait apportées
tata intelligitur ex cap. II, n. 4, ubi nonnulla rie Apologiam adversus Ruffinuin accepisse, aitque se
verbo repetit ex Epistola LXVII, superiore anno sibi illius inter eos enatæ dissensionis exemplo terri-
directa. Et partim quidem isti LXVII, respondet; tum, cum quædam ad se in Hieronymi Epistola
partim etiam alteri, quae minime reperitur, in qua legeret ipsius indignationis indicia. Itaque pertinet
nimirum Augustinus significabat Epistolam quam- hæcce Epistola ad an. circ. 404, quo jam annum
dam, cui responsum flagitabat, a se primum Pro- ætatis quinquagesimum adtigerat Augustinus, qui
futurotraditam, secundo missam fuisse per quem- se senem esse profitetur cap. II, n. 5, nequaquam
dam alium, atque hunc « maris timuisse discri- ibi senis nomine (uti interdum solet) notans æta-
mina, et navigationis mutasse consilium. » Istud tem ultimam, quæ ab anno 61, inchoatur. Alio-
tamen rescriptum suum Hieronymus non misitante quin remittenda esset Epistola ultra annum Christi
Cypriani reditum, qui sumul et illius perlator fuit, 414.
juxta Epist. LXXXII, c. IV, n. 30, et alterius, scilicet EPISTOLA LXXIV (scriptacum super' ore). — Epi-
Epistolæ LXXV, scriptæ cxeunte anno 404, vel serius stola Septuagesima quarta ad Prœsidium data est
paulo. Denique observandum quod Hieronymus occasione superioris Epistolæ, quam per eum Hie-
cap. 1, n. I, dicit, Epistolam Augustini, puta XL, de ronymo mitti, immo etiam Hieronymum per ejus
qua hic expostulat, in insulaAdriæ ante hoc ferme litteras sibi placari postulat Augustinus. Porrc
quinquennium repertam fuisse a Sysinnio. Præsidius, qui hic consacerdos,id est episcopus ap-
EPISTOLA LXXIII(scriptacirc. an. 404).— Hoc in- pellatur, videtur omnino is esse, quem Hieronymus
terim tempore, id est post Cypriani profectionem ex Palæstina trajicientem commendabat
Augustino
in Palæstinam, cum Augustinus reddita sibi per perEpistolam XXXIX, anno forte 397, scriptam,dia-
Asteriurn Epistola LXVIII, sentiretHieronymumnon- conum eum vocans, et significans sibi esse germa-
nihil offensum suis litteris, quas per Italiam sparsas nissimum.
fuisse, nec tamen ad ipsum cui scriptæ erant, per- EPISTOLA LXXV (scripta cir. finem an. 404). —
latas querebatur; non distulit quin continuo Epi- Cypriano in Africam revertenti dnas ad Augustinum
stolam Septuagesimam tertiam rescriberet; ubi Epistolas, LXXII et LXXV, dedit Hieronymus, juxta
dum ejus querelis facere satis studct, testatur se Epist. LXXXII, c. V, n. 36. In hac Septuagesima
Cyprien, XXVIII, XL ei LXXI ;il ne dit rien
de la lettre LXXIII que, bien sûr, il n'avait pas
ne veulent entrer en conférence avec nous. Si
;
encore reçue cette lettre est de la fin de 404
pas plus tôt puisque saint Jean Chrysostome
les loups se sont entendus pour ne pas répondre
aux pasteurs, comment les brebis ont-elles
perdu le sens, au point de courir elles-mêmes
avait déjà été condamné, comme l'indique aux antres des loups? » Cette lettre fut donc
clairement le chap. III, n. 6. écrite au commencement de 404, il y est fait
LETTRE LXXVI (écrite au commencement de mention de Félix et non de Prétextat, parce
404 ou à peu près). — A la suite d'un décret que comme nous l'avons dit, Prétextat était
qui l'ordonnait ainsi, tous les évêques dona- mort à cette date.
tistes avaient été appelés par acte public, cha- LETTRES LXXXII et LXXVIII (écrites proba-
cun par l'évêque catholique de la même ville, blement en 404 vers le 26juin). Viennent en-
—
à un concile plénier de toute l'Afrique, pour suite deux lettres sur l'affaire de Boniface et de
le 25 août 403; on les invitait à venir sans Spes. Saint Augustin les a écrites, comme nous
crainte à une conférence pacifique, mais ils le fait croire lalettre LXXVIII, n. 8, du vivant de
répondirent « en des termes pleins d'amer- Proculeianus, évêque donatisted'Hippone, et un
tnme, de fourberie et d'injures » comme le dit certain temps après le décret rendu par le con-
le livre III contre Crescent, chap. XLV. A Hip- cile de Carthage du 13 septembre 401, sur
pone, Proculeianusrépondit d'abord aux avances l'admission des clercs donatistes. En effet, saint
de saint Augustin, que les évêques de son parti Augustinfait mention de deux diacres qui con-
se réunissaient en concile pour y délibérer sur vertis, du parti de Donat, sont ensuite tombés,
une réponse commune; puis, poussé davantage, et réprime la vaine gloire et l'agitation de cer-
il finit par. refuser nettement la conférence, tains catholiques qui, à l'occasion de cette
lettre LXXXVIII, n. 7. C'est à ce propos que chute s'étaient moqués de « la discipline de
saint Augustin crut devoir interpeller les laïques Proculeianus. » Peut-être faut-il rapporter ces
mêmes danscette soixante-seizièmelettre adres- lettres au temps du synode célébré à Carthage
sée aux Donatistes. « Vos évêques, dit-il n. 4, le 26 juin 404, alors qu'il n'était pas possible
vous répondront au moins à vous laïques, s'ils au saint êvêque de revenir aussitôt à Hippone
quinta respondet tribus ex allatis sibi per Cypria- respondeant episcopi vestri, si nobiscum loqui no-
num Epistolis, scilicet XXVIII, XL et LXXI, nihil vero lunt etc. Si lupi concilium fecerunt, ut pastoribus
de LXXIII, dicit, quam haud dubie nondum rece- non respondeant, quare oves consilium perdide-
perat. Scribebat ergo versus finem an. 404. Certe runt, ut ad luporum speluncas accedant. Itaque
non citius, quando quidem jam exauctoratus erat scripta est Epistola sub initium anni 404. In
Johannes Chrysostomus, uti non obscure significat ea Feliciani mentio sit non Prætextati, quod uti
hic cap.III, n. 6. supra observavimus, jam Prætextatus obiisset.
EPISTOLA LXXVI (scripta ineunte an. 404, aut EPISTOLÆ LXXVII et LXXVIII (scriptæ forte an.
circiter). — Cum ex decreto generalis totiusAfricæ 404, circ. 26 Junii). — Subsequuntur super Boni-
concilii, quod anno 403, die 25Augusti celebratum facii et Spei caussa Epistolæ duæ, quasvivente adhuc
est, facta fuisset Donatis-tarum episcopis) per quem- Proculeiano Hipponensium Donatistarum episcopo,
que catholicum episcopum in sua diœcesi, citatio necnon aliquanto temporis spatio post editum a
publicorum Actorum forma, ut ad pacificam colla- Carthaginensi concilio anno 401, die -13 Septembris
tionem venire non cunctarenlur, responderunt illi de Donatistis clericis recipiendis decretum conscri-
« verbis dolo, maledictione, amaritudine plenis » ptas fuisse intelligimus, ex ea quæ est LXXVIII,n. 8.
ex lib. III, contra Gresc. c. XLV. Ipse etiam Procu- Nam illic duorum diaconorum, qui ex Donati parte
leianus apud Hipponem ab Augustino interpellatus, ad catholicam Ecelesiam accesserant, commemora-
primo quidem respondit suæ partis cpiscopos con- tur lapsus, simulque catholicorum quorumdam,
cilium habituros et illic deliberaturos quod respon- animus inani veluti gloria agitatus, quoniam ob
sum redderent. Tum denuo pulsatus collationem illorum lapsum « disciplinæ Proculeiani insultave-
aperte recusavit ex Epist. LXXXVIII, n. 7. Quapro- »
rant, castigatur. Forsitan pertinent ad tempus
ter ipsos eorum Laicos Epistola Septuagesima sexta
ad Donatistas inscripta interpellandos censuit Au-
gustinus. a Vel vobis Laicis, inquit n. 4, ad ista
,
synodi habitæ Carthagine anno 404, die 26
Junii quo tempore cum sancto Episcopo non
liceret statim reverti Hipponem, ut obortum in
pour arracher ce scandale de son Eglise; il et en effet saint Augustin parait insinuer cette
fait les plus grands efforts pour arriver à ce particularité Rétractations 1, liv. III, chap. vin.
? résultat par lettres. Dans celle qui est adressée LETTRE LXXX (écrite en 405 vers le mois
i
au clergé, aux anciens et au peuple d'Hippone, il de mars). — La quatre-vingtième à Paulin,
accorda enfin n. 4, qu'on efface des diptyques nous indique n. 1, qu'elle a été écrite vers le
le nom du prêtre Boniface. Ce qui nous fait temps où l'on attendait le prochain retour des
voir qu'elle est postérieure à celle adressée à évêquesTheasiusetEvodius, qui, envoyés à Ho-
Félix et Hilarinus auxquels saint Augustin noriuspar le concile de Carthage de l'année
écrit n. 2 « Qu'il n'ose prévenir la sentence précédente, durent rentrer le plus tôt possible
de Dieu en supprimant ou effaçant le nom. » en Afrique après la promulgation des lois du
Les deux personnages en question n'étaient 12 février contre les Donatistes.
point évêques, (on ne sait pourquoi Erasme et LETTRE LXXXI (écrite probablementen405).
les éditeurs de Louvain leur en donnent le
titre), c'étaient des notables de l'église d'Hip-
pone; la lettre le dit assez. On peut avec
;
— La quatre-vingt-unième lettre est de saint
Jérôme, qui la fit remettre par Firmus il s'ex-
cuse de ce que poussé) contraint par saint Au-
raison admettre que cetHilarinus est le même gustin à répondre, il l'a fait malgré lui, à sa-
que saint Augustin, à la fin de la lettre XLI, voir par la lettre LXXV qu'on peut dès lors
recommande à Aurèle « Notre frère Hilarinus regarder comme ayant quelque peu précédé
premier et principal médecin d'Hippone. » cette LXXXI. Saint Augustin dans la lettre
LETTRE LXXIX(écrite probablement en404). suivante, chap. i, n. 1, paraît soupçonner que
— La soixante-dix-neuvième a été adressée a sa lettre LXXIII aurait été remise à saint Jé-
un manichéen prêtre que nous pensons n'être rôme avant qu'il n'écrivît cette LXXXI. C'est ce
pas autre que ce Félix qui fut vaincu par saint qui fait qu'on est fondé à la rapporter à peu
Augustin dans une dispute publique en 404 au près à l'an 405.
mois de décembre, d'après le tome VI des sujets LETTRE LXXXII(écrite vers le même temps).
traités avec Félix. C'est l'opinion de Bernard —Après avoir reçu la lettre ci-dessus, saint Au-
Vindingue, qui se fonde sur ce qu'il est dit, gustin écrivit aussitôt à saint Jérôme cette qua-
que Fortunat était le prédécesseur de ce prêtre, tre-vingt-deuxième lettre, dans laquelle il ré-
ecclesia sua scandalum de medio tolleret, id per gus, eo quod istius presbyteri processor dicatur
litteras agendum pro virili curavit. Porro in ea Fortunatus : hunc ipsum enim Felicis fuisse proe-
Epistola, quam Clero et senioribus plebique Hippo- cessorem videtur innuere Augustinus in lib. 1 Re-
nensi inscripsit, concessit demum n. 4, ut Bonifacii tract., c. vni.
presbyteri nomen non recitaretur in diptychis. Unde EPISTOLA LXXX (scripta an. 405, circ. mens.
liquet hanc datam fuisse paulo post alteram ad Martium). — Octogesima ad Paulinum n. 1 se ipsa
Felicem et Hilarinum, quibus n. 2, scribit Augusti- prodit scripta sub illud tempus, cum proxime futu-
nus, se non audere Dei « prævenire sententiam in
delendo vel supprimendo ejus nomine. » Erant
:
rus speratur reditus episcoporum Theasii et Evodii
qui videlicet a Carthaginensi concilio superioris
ambo illi, non episcopi, (quam ipsis digllitatem, anni ad Honorium missi, legibus contra Doualistas
nescimus qua auctoritate, tribuerunt Erasmus et die 12 Februarii ab Imperatore promulgatis, redi-
Lovanienses) sed in Catholicis Hipponensibus pri- tumin Africam haud dubie maturarunt,
marii quidam viri : quod ipsa Epistola satis loqui- EPISTOLA LXXXI (scripta forte an. 405). — Epi-
tur. Nec temere credideris hunc HiLrinum esse tolam octogesimam primam Hieronymus per Fir-
eumdem ac ilium, quem Aurelio in fine Episto- mum transmisit, exeusans quod ab Auguslino pro-
læ XLI. Augustiiius commendat « Fratrem Hila- vocatus compulsusqueadrespondendum, id demum
rinum Hippo~ensem Archiatrum et Principalem, » feceritvelinvitus, scilicet Epistola LXXV, quod idcirco
EPISTOLA LXXIX (scripta forte all. 404). videtur.
— Sep- pauco tempore istam LXXXI prcecessisse
tuagesima nona data est ad quemdam Manichceum Suspicatur quoque Augustinus in subsequente Epi-
presbyterum, quem suspicamur non alium esse a stola, cap. 1, n. 1, Hieronymo priusquam hanc LXXXI
Felice illo, qui ab Augustino publica disputaLione ad ipsum dictaret, rcdditam fuisse Epistolam suam
convictus fuit anno 404, mense Decembri, ex Actis LXXXIII. llaque ista LXXXI non temere ad annual cir-
cum Felice, tom. VI, sicque sentit Bernardus Vindin- citer 405 revocatur.
pond, tant à cette lettre que venait de lui re-
mettre Firmus, qu'aux deux autres qu'avait
,
que Novat est évêque depuis peu puisqu'elle
indique qu'il n'a encore mis en fonction aucun
apportées Cyprien, savoir la LXXII et la LXXV. ministre de l'Eglise.
LETTRE LXXXIII (écrite vers 405). — En LETTRE LXXXV (écrite vers 405)..
— La
quel temps aura eu lieu la discussion de cette quatre-vingt-cinquième lettre dans laquelle
affaire dont parle saint Augustin, dans la saint Augustin admoneste l'évêque Paul, si
quatre-vingt-troisième lettre à Alype, c'est ce éloigné aujourd'hui de ses saintes résolutions,
qu'on ne peut conjecturer que par ce qu'il dit ne peut guère se placer à une époque bien an-
;
au n. 4 qu'il a conféré avec l'évêque Samsu- térieure puisqu'il est dit de Paulin, « le fils
cius; or, Samsucius au commencement de l'é- spirituel de saint Augustin, » qu'il a déjà bien
piscopat de saint Augustin, était déjà évêque,
distingué par sa foi et l'autorité qu'il avait ac-
quise, voir lettre XXXII. Mais après 407 on ne
;
mérité de l'Eglise, et lui a procuré de nom-
breux retours on ne peut la reculer non plus
de beaucoup, puisque Boniface, que la lettre
;
trouve plus aucune mention de lui cette con- XCVII,n. 3, appelle évêque de Cataque, était
jecture se fortifie par ce que dit la lettre, que déjà, d'après la lettre XCVI, n. 2, placé sur le
;
ceux de Thiave étaient alors revenus à la paix
de l'Eglise sans doute par suite des lois de 405
contre les Donatistes.
siège de Paul en 408. En effet, les savants Ver-
lin, Vindingue, Holstenius, n'hésitent point à
faire du Paul de la XGVl lettre et de celle dont
LETTRE LXXXIV (écrite vers ce même il est parlé ici un seul et même personnage,
temps, en tout cas avant l'année 41i). — La ce qui du reste ressort clairement de la com-
quatre-vingt-quatrième lettre à Novat a été paraison de ces lettres.
écrite un peu avant la conférence deCarthage; LETTRE LXXXVI (écrite vers 405). — La
car il est parfaitement établi que Novat, qui demande adressé à Cécilien dans la quatre-
assista à la conférence comme évêque de Sétif,
entama, aussitôt sa promotion, une correspon- :
vingt-sixième lettre, d'accorder aussi à Hip-
pone et aux pays voisins « la faveur d'un arrêté
dance avec saint Augustin, pour obtenir que
;
son frère le diacre Lucile lui fût rendu la pré-
sente lettre fut écrite à cette occasion même,
proconsulaire, après qu'!l a déjà, par voie
d'autorité, contribué puissamment à rendre
l'unité catholique aux autres contrées de l'A-
et saint Augustin y fait clairement entendre frique, » nous prouve que cette lettre n'a été
EPISTOLA LXXXII (scripta sub idem tempus). — sibi fratre suo Lucillo diacono (quae res huic Epi-
Lec'a superiore Epistola mox octogesimam secun- stolae caussam dedit) egisse apud Aiigustinum sta-
dam ad Bieronymum rescripsit Augustinus, qua turn tim atque episcopale onus in se suscepit. Et sane
isti postremse per Firmum allatæ, tum aliis duabus ipse Augustinus hoc rescripto suo innuit, non ita
quas Cyprianus retulerat, scilicet LXXII et LXXV, res- pridem ilium adeptum esse earn dignitatem : quippe
pondet. qui aliquos Ecclesise ministros nondum per se insti-
EPISTOLA LXXXIII (scripta circ. an. 405).
tempore discutiendum venerit id negotii, de quo
- Quo tuisset.
EPISTOLA LXXXV (scripta circ, an. -
40). Octo-
in Epistola Octogesima tertia ad Alypium tractatur, gesima quinta Epistola, qua Augustinus Paulum
non aliter innotescit: nisi quod n. 4 scribit Augu- episcopum ab arrepto sancto proposito quam lon-
stinus, rem se cum Samsucio episcopo cuntulisse. gissimediscedeatem objurgat, haud collocari posset
Porro Samsucius sub exordium episcopatus Aug. multo ante hoc tempus, quando quidem is in Chri-
jam erat episcopus fide et auctoritate pree.clarus, stoper Evangeliumab Augustino genitus, subinde-
uti intelligitur ex Ep. XXXII. At ab an. 407 nihil de eam jam
que bene meritus de Ecclesia, multos ad reponenda
eo deiuceps reperitur. Conjecturae favet quod hie collegisse dicitur. Neque porro serius
Thiavonses dicuntur nunc Catholicce paci accessisse; videtur, quando Bonifacius in demortui Pauli lo-
jam erat
forte propterleges an. 405, in Donatistas. cum, juxta Epistolam XCVI, n. 2 suffectus in Epi-
EPISTOLA LXXXIV (scripta cire. hoc tempus, seu anno 408. Cataquensis episcopus appellatusEpistola
antean.411). — Epistola Octogesima quarta ad stola XCVII, n. 3. tiumdein enim in ilia
Novatum aliquanto ante collationem Carthaginensem XCVI, quem hic in Epistola
Octogesima quinta Pau-
scripta est, cum dubium non sit Novatum qui col- lum notari non dubitant Verlinus, Vindingus, Hol-
lationi interfuit Silisensis episcopua, de restituendo stenius,claretque collatis invicem EpistoJis.
écrite qu'après les lois de 405 portées contre est dit au n. 7 de la lettre suivante, « les cica-
les Donatictes par Honorius. Ce Cécilien est as- trices » des plaies affreuses, et toutesrécentes,
surément le même qui en 407 devint préfet du que l'évêque catholique de Ragaïes avait re-
prétoire, et comme il n'est guère croyable, çues, émurent vivement l'empereur et lui firent
qu'un homme élevé à cette dignité ait pu en-
suite être chargé d'un proconsulat en Afrique,
on est fondé à attribuer la présente lettre à lui-même,dit
;
rendre ces lois en la forme qu'il voulut dès
lors leur donner c'est ce que saint Augustin
à Emeritus, n. 8.
l'an 405. LETTRE LXXXVIII (écrite après le
commen-
LETTRE LXXXVII (écrite peut-être en 405, cement de l'année 406). — La quatre-vingt-
en tout cas, avant411). — Quant au temps de huitième lettre à Janvier, métropolitain des
la quatre-vingt-septième lettre à Emeritus, Donatistes, comme portent nos manuscrits, a
deux choses sont certaines, 1° saint Augustin été écrite par les clercs de l'église d'Hippone,
n'avait encore jamais vu Emeritus, et il ne le et envoyée un peu avant la conférence avec les
connaissait que de réputation, d'après les n. 1, Donatistes, conférence vivement désirée par
4,10. Par conséquent, la conférence de Car- eux, comme il est dit à plusieurs reprises. Ils
thage n'avait pas encore eu lieu, car cet homme, écrivent au n. 10 : « Vos collègues venus par
au témoignage de saint Augustin,(Rétractations, mer ont déclaré qu'ils étaient venus pour être
»
liv. II, chap. LI), était « un des sept que les
Donatistes avaient choisis pour défendre leur
entendus par les gouverneurs ;» ces paroles
se rapportent sans aucun doute à ce qui fut al-
important;
cause, et il eut dans cette affaire un rôle très-
20 il n'est pas moins certain que
leslois portées par Honorius en 405, furent un
légué, n. 124, à la troisième conférence de
Carthage « tenue en présence des gouverneurs
devant qui le parti adverse, » celui des schis-
peu plus sévères que ne l'avaient demandé les matiques, « avait tant demandé à être en-
députés du concile de Carthage de 404 : Car tendu, » et qui est indiqué, n. 141 de la même
« ces députés étant arrivés à Rome, » comme il conférence, comme ayant eu lieu « à Ravenne,
EPISTOLA LXXXVI (scripta forte an. 405).— nensis anni 404. Nempe « cum legati Romam vene-
Quod a Cceciliano petitur in Epistola Octogesima runt, » uti in subsequenti Epistola n. 7, narratur,
sexta,«utquiperaliisAfricaeterrasuniiatiCa- « jam cicatrices » episcopi Catholici Bagaitani hor-
tholicæ milabili efficacia consuluisset, » jam tan- rendae ac recentissimae Imperatorem commoverant,
dem Hipponensi regioni et vicinia partibus « prae- ut leges tales mitterentur, quales et missae sunt.
sidiali edicto subveniret, » id plane argumento est Hoc ipsum est quod Emerito significat August. hie
scriptam non fuisse Epistolam, nisi post emissas n. 8.
ineunte anno 405 leges ab Honorio contra Donati- EPISTOLA LXXXVIII (scripta post initium ai. 406).
stas. Cum vero Caecilianus hie idem haud dubie sit,
—
Hipponensium Clericorum Epistola Octogesima
qui anno 409 præfectus Praetorio fuit, neque veri- octava ad Januarium « primae sedis partis Donati, »
simile videatur virum ea dignitate functum in præ- ut nustri MSS. ferunt) missa est aliquanto tempore
sidiali apud Africam administratione postea me- ante initam cum Donatistis collationem, quam illi
ruissr, idcirco hancce Epistolam ad annum circiter se vehementer expetere multis contestantur. Quod
40:; pertinere conjectai us. autem n. 10, his verhis obtendunt : « Vestri enim
EPISTOLA LXXXVII (Scripta forte an 405, certe collegæ qui navigaverant, apud præfectos dixerunt
ante an. 411). -- De tempore Epistoke Octogesimæ se audiri venisse : » cum citra omnem
dubitatio-
septimae ad Emeritum, duo certa sunt : primum
nem a1 ges:a illa pertineat, quaeproducta leguntur
nondum Emerilum vidcrat Augustinus, neque in Carthaginen^i collatione III, n. \2i, «in judicio
omninovirum nisi fama noverat ex num. 1, 4 et 10,
adeoque nondum habita fuerat Carthagincnsis col-
latio, qua nimirum in collatione Emeritus, unus
habita præfectnræ, ubi se pars adversa, » id est
schismaticorum, « audiri tantopere flagitavit »
qnaeveineadem collatione n. 141, notantur con-
:
corum septem, quos » «
Donatistae pro sua1 causse
defenuone delegerant, in eadem caussa maxime
fecta « Ravennae subdie tertia Ivalendas Feliruarias,
Domino nostro Arcadio perpetuo Augusto et Probo
laboravit, inquit Augustinus in lib. II, Retract. quirtu n Consule, » id est anno Chrioti 4U6, id pro-
c. LI. Deinde quod non minus liquiduin est, jam fectodemonstrat scriptam Epistolam postliuj usee
Honoriustuleratleges anni 405, paulo severio:es anni exordium.
quam impetrare voluissent leg ;ti synodi Carthagi- EPISTOLA LXXXIX (scripla eirc. idem tempus).
le trois des calendes de février, sous le consulat et promulguée à Carthage aux calendes de juin,
d'Arcadius notre maître toujours Auguste et sous le consulat de Bassus et Philippe, Code
celui de Probus, pour la quatrième fois, » Théodosien, appendice, p. 35. En effet ce sont
c'est-à-dire en 406. C'est une preuve qu'il faut les paroles mêmes de cette loi que saint Au-
fixer la composition de cette lettre après le gustin a pris soin de rapporter ici, se plaignant
commencement de cette même année. « qu'on eût, contrairement aux his, célébré
LETTRE LXXXIX(écritevers le mêmetemps). avec grande agitation cette solennité. » D'au-
— La quatre-vingt-neuvième à Festus a été tant plus que les lois promulgées en 399 défen-
écrite après les susdites lois d'Honorius, comme daient d'offrir des sacrifices aux idoles, mais
le font entendre les n. 2, 6 et 7 : mais après la non pas d'en célébrer les fêtes avec solennité.
conférence de Carthage, saint Augustin n'en
faisant aucune mention, bien qu'il y défende
très-longuement la cause catholique contre les
En cette même année, le 13 des calendes de
septembre, Honorius porta une loi disant «De
même que nous avons déjà proscrit, par une
:
Donatistes. loi salutaire, les rites profanes, de même aussi
LETTRES XC et XCI (écrites en 408 après le ne voulons nous pas qu'on empêche les joyeuses
1er janvier). —La date des deux lettres sui- réunions des citoyens et qu'on interdise l'allé-
vantes se peutconclure des paroles d'Augustin, gresse commune et publique. » Ajoutez que les
répondant à Nectaire et lui disant (n. 8) : lettres que nous plaçons iciXCIV etXCV ayant
« Malgré les lois toutes récentes, les païens ont été écrites l'une au mois de mai, l'autre à la
célébré avec grande agitation leurs sacrilèges fin de l'année où eut lieu le crime de Calame,
solennités et une de leurs fêtes, aux calendes de l'aveu de tous les savants, ne peuvent être
de juin. » Baronius etquelques érudits veulent attribuées à l'an 399. Du reste Mélanie l'an-
;
qu'il soit question ici des lois portées par Ho-
norius en 39 contre les païens nous croyons
au contraire, qu'il s'agit de la loi donnée à Cur-
cienne n'avait point encore été en Afrique en
398, et cependant d'après le n. 2 de la lettre
XCIV, on peut conclure avec certitude, que
tius le 17 des calendes de décembre; Code saint Augustin l'avait vue peu avant l'affaire
:
Théodose, liv. XV, titre X, loi 19 loi qui fut
portée à Rome le 8 des calendes de décembre,
de Calame.
Il est à propos de remarquer aussi que la
— Octogesima nona ad Festurn data est post præ- fieri prohibentur, non solemnia festa celebrari. Im-
dictas Honorii leges, uti intelligitur ex n. 2, 6 et 7,
sed anteCarthaginensem collationem : quippecujus
nullam prorsus mentionem Augustinus facit, quam-
tulit Honorius in haeo verba:
mo eodem isto anno XIII Kalend. Septemb. legem
« Ut profanos ritus
jam salubri lege submovimus : ita festos conventus
n
vis Ecclesise caussa adversus Donatistas ibi fuse eivium) et communem omnium laetitiam non pati-
persequatur. mur submoveri. » Ad heec Epistolae hie ordine xciv
EPISTOLÆ XC et XC1 (scriptæ an. 408, post. 1 et xcv, quarum alteram mense Maio, alteram sub
diem Junii). — Duarum proxime sequentium æta- finem ejusdem anni, quo illud a Calamensibus fla-
tem repetere oportet illis ex verbis Augustini ad gitium admissnm est prodiisse nullus dubitaverit,
Nectarium rescribentis n. 8. « Contra recentissimas non possunt anno 399, collocari. Neque enim Mela-
leges Kalendis Juniis festo Paganorum sacrilega nia senior versata est in Africa anno 398. Cum ta-
sollemnitas agitata est, » quae quidem verba Baro- men ex Epistola xciv, n. 2, certo colligatur illam
nius et nonnulli eruditi ad leges anno 399, contra ab Augustino visam fuisse proxime ante tempus
Paganos ab Honorio latas referunt. Sed ea spectare negotii Calamensis.
non dubitamus legem Curtio datam XVII Kalend. Jam vero observare convenit, illius ad Curtium
Decembris inCod. Theod. lib. XVI, tit. X, leg. xix, legis promulgationem factam fuisse prius in Nu-
sive datam \m Kalend. Decemb. Romæ, et propo- midia, posterius Carthagine, ubi die 5 Junii propo-
sitam Carlhagine nonis Juniis, Basso et Philippo sita lex in Codicis Theod. Appendice notatur: aut
Coss. ex Append. Cod. Thcod. pag. 35. Enimvero certe illud de quo agitur Calamensium facinus
ipsissima sunt hnjusce legis verba, quae hac trans nonnisi anno 409, contigisse. Quod postremum no-
» «
ferenda curavit Augustinus, conquerens sollemni-
tatem contra leges agitatam fuisse. Praeterquam
bis videtur minus verisin-ile, cum animo reputamus
Possidium, qui ab Imperatoris comitatu, quem illius
quod legibus anno 399, promulgatis saerificia idolis negotii cau-a adierat, non ante mensem Aprilem
promulgation de cette loi à Cartius fut faite de Carthage, bien qu'elle traite spécialement et
d'abord en Numidie, puisàCartilage,où l'ap- très-au long du schisme des Donatistes. Comme
pendice du Code Théodosiendit qu'elle fut pu- saint Augustin y parle fort au long aussi des
bliée le. 5 juin, sans cela il faudrait dire lois portées contre eux, en excusant leur sévé-
que le crime de Calame n'a été commis rité, et qu'il ne dit pas un mot du rescrit d'Ho-
qu'en 409; ce qui nous paraît peu vrai- norius de 407, par lequel il était permis à cha-
semblable. En effet, Possidius qui était allé cun de suivre la religion qu'il voudrait, ni de
trouver l'empereur à ce sujet, et n'en avait ce qui se passa vers la fin de 408, aussitôt après
pas pris congé avant le mois d'avril, fut chargé la mort deStilicon, alors que les païens et les
par le concile de Carthage du 14 juin 410, donatistes, non contents de répandre de fausses
d'une nouvelle ambassade à la cour. C'est pour- rumeurs en Afrique, à savoir que les édits ren-
quoi nous avons mieux aimé attribuer cette dus contre eux, n'avaient point émané de la
lettre de Nectaire et la réponse de saint Augus- volonté d'Honorius, mais bien de la haine ja-
tin,-à l'année 408. Dans la lettre CIV saint Au-
gustin affirme que sa lettre, qui nous occupe perdu toute autorité ;
louse de Stilicon, et que dès lors ils avaient
mais qu'outre cela ils
ici, a été écrite environ sept mois avant le
27 mars de l'année suivante, ce qui revient au
commencement d'août.
crèrent quelques-uns de leurs évêques :
s'insurgèrent contre les catholiques et massa-
on est
porté à croire que cette lettre a été écrite avant
LETTRE XCII (écrite vers 408).— La quatre- 411, et même avant la fin de 408, alors pour-
-
vingt-douzième lettre dans laquelle saint Au- tant que saint Augustin cherchait à obliger les
gustin console Italique de la mort de son époux hérétiques à se conformer aux lois. Vincent
fut écrite peu avant la CXIX adressée à la même trouvait cette manière d'agir peu conforme à
personne. Dans cette XCIX, n. 3, il rend le son caractère car, dit-il dans sa lettre à Augus-
salut « aux petits enfants d'Italique, -» ce qui tin, n. 51: « Je sais très-bien que dans ce
prouve que son veuvage ne datait pas de bien temps où vous étiez fort éloigné de la foi catho-
longtemps. lique, et adonné à l'étude des lettres, vous étiez
LETTRE XCIII (écrite vers 408). — La lettre ami de la paix et de l'honnêteté, » tant saint
quatre-vingt-treizième, à Vincent le Rogatiste, Augustin s'était acquis une grande réputation
garde le plus profond silence sur la conférence d'honnêteté même en ce temps qu'il déplore
insequentis anni di cessit, legationem aliam ad Honorii rescripto sub finem anni 409, dato, ut earn
Imperatorem in Carthaginensi concilio an. 410, die quam quisque vellet religionem libere profiteretur,
14 Junii suscepisse. Quocirca hanc Nectarii Episto- sive de iis quæ a Stilichonis nece statim acciderunt
lam, rescriptumque Augustini anno 408, collocare circiter exeuntem annum 408, cum Pagani et Do-
satius duximus. Id vero suum rescriptum mensihus natistæ in Africa non modo falsos rumores sparge-
ferme octo ante diem 27 Martii anni insequentis a rent, leges videlicet in ipsos nequaquam Honorii
se redditum testatur Augustinus in Epistola GIV, voluntate, sed Stilichonis invidia latas fuisse, adeo-
n. 1, id est sub initium Augusti.
-
EPISTOLA XCII (scr:pta circ. an. 408). Epistola
Nonagcsima secunda, qua AugustinusItalicamsuper
que nihil jam obtinere roboris) sed etiam in Catho-
licos graviter insurgerent, nonnullis episcopis ne-
cem afferentes. Unde conjectare licet aliquantoante
obitu mariti consolatur, data est paulo ante xcix. annum 411, immo ante flncrn 408, scriptam fuisse
Italicae eideminscriptam. Inista enim XCIX, n. 3, hancce Epislolam, eotamen tempore, quo Augusti-
nus sedulo agebat lit hæretici reputabatparerent.
parvulos ipsius resalutat, indicatque hoc ipso eam legibus
non ita pridem viro suo viduatam. Quod ab ejus moribus alienum Vincen-
EPISTOLA XCIII (scripta cire. an. 408).
— De tius, cc Cum optime inquiebat ille in sua ad Au-
collatione Carthaginensi altum ubique silentium in guslinum Epistola hic n. 51, noverim te longe adhuc
Epistola *Nonagesima tertia ad Vincentium Roga- a fide Christiana
sepositum, et studiis olim deditum
tistam, tametsi adversus Donatistarum schisma ex litterarum, quietis et honestatis fuissecultorem. »
professo et copiose disseratur. Cumque tam pro- Tam singularem inter homines honestatem præ se
lixumsermonem delalis in eos legibus instituat tulit Augustinus, vel ea aetate, quam amaro stilo
ibidem Augustinus, quo earumdem legum severi- et gravi adeo luctu persequitur in Confessionum
tatem excuset; nullum tamen verbum facit sive de libris.
avec des accents si amers et une siprofonde la- la navigation. Nous avons trouvé en tout cela
mentation au livre des Confessions. un grand embarras par suite de l'opinion d'un
LETTRES XCIV et XCV (écrites en 408). — savant qui rapporte ces deux lettres à l'an 399,
Paulin, l'auteur de la quatre-vingt-quatorzième pensant que la mort de Publicola dont il est
lettre, en indique la date, mois et jour, n. 8 parlé ici, ne peut être renvoyée à une date
:
quand il dit « La veille des ides de mai, le voisine de 409 : attendu, dit-il, que l'auteur de
diacre Quiutus est venu chercher notre réponse, la vie de Mélanie la Jeune, nous apprend qu'elle
et ilput partir le jour des Ides avant la sixième fut mariée à Pierre à l'âge de 14 ans, et
;
heure » saint Augustin nous donne l'année dans qu'elle quitta le siècle à 20 ans, après la mort
:
la quatre-vingt-quinzième lettre, n. 1,en di- de Publicola son père or Palladius, dans son
sant : « Au milieu de cette joie que vous cause Histoire, chap. CXVIII, nous apprend que Méla-
la venue de Possidius, vous comprendrez la vé- nie l'Ancienne ayant appris que Mélanie sa pe-
de lui le triste sujet de son voyage, » Cette monde, revint de Palestine à Rome
triste affaire qui occasionna le voyage de Pos- pense que c'est au temps du pape Sirice que
;
rité de ce que je dis, quand vous aurez appris tite-fille, qui s'était mariée, voulait quitter le
et, l'on
sidius en Italie, n'est autre que le malheur de Mélanie l'Ancienne revint de Rome avec Ruffin.
son église de Calame détruite par les païens, C'est pourquoi selon la conclusion de ce sa-
au mois de juin 408. Saint Augustin, a pu con- vant, Mélanie la Jeune était déjà mariée en
fier cette lettre à Possidius lui-même, à son l'année 397 qui fut la dernière du pape Sirice,
départ, pour la remettre à Paulin, du moins la et l'on ne peut rapporter à l'an 409 la mort de
lui aura-t-il expédiée peu de temps après ce Publicola qui arriva la vingtième année de
;
départ, car il l'écrivit alors « qu'il était à Car- Mélanie et la sixième ou septième depuis son
thage pendant l'hiver » lettre CXXI. n. 14 ; mariage, Malgré tout, après y avoir bien réflé-
entendez au commencement ou à la fin de l'hi- chi, nous avons trouvé plus de force aux rai-
;
ver car au milieu de l'hiver il était à Hippone sons alléguées ci-dessus, à propos de la lettre XC
comme le fait voir la lettre XCVII (n. i). A pour fixer le temps du désastre de Calame, dé-
moins qu'on ne veuille entendre par le mot sastre auquel se rapportent sans aucun doute,
media hyems, l'époque la plus défavorable à de l'aveu de notre savant, les paroles citées ici
EPISTOLÆ XCIV et XCV (scriptæ an. 408).— Nonnihil negotii nobis hoc loco exhibuit opinio
:
Mensem diemque datæ a se Epistolæ Nonagesimee
quarta in dicat Paulinus n. 8, his verbis « Pridie
Idus Maias venit ad nos Quintus diaconus, ut re-
Viri eruditi, quihasce duasepistolas adannum399,
revocat, putans Publicolae obitum, de quo veluti
adhuc recenti in Epistola xciv, agitur, non posse in
scripta peteret, et Idibus ante sextam dimitti obti- tempus anno 409, proximum remitti. Quoniam, uti
»
nuit.
, :
Annum vero Augustinus ipse in Epistola
Nonagesima quinta n. 1, rescribens « Proinde ad
istam lætitiam qua vobiscum est frater Possidius,
argumentatur, scriptor quidem vitæ Melanae junio-
ris narrat eam Piniano junctam fuisse anno ætatis 14
turn eamdem post Publicolæ patris sui obitum sæ-
cum ex ipso audieritis, quam tristis eum caussa culo valedixisse anno ætatís 20. Palladius autem in
compulerit, hoc me verissime dicere cognoscetis.» Histor. Laus. c. CXVIII, tradit Melaniam seniorem,
Nempe tristis illa caussa quæ Possidium in Italiam cum neptem suam Melaniam nupsisse et velle sæ-
navigare compulit, non alia est, quam Ecclesiæ suæ culo renuntiare audisset, Romam ex Palæstina
Calamensis calamitas perniciesque a Paganis anno rediisse. Denique Melania senior creditur rediisse
408, mense Junio illata. Cui Possidio proficiscenti cum Ruffino tempore Siricii Papæ. Quapropter, uti
dubio procul traditum est istud rescriptum perfe- Vir eruditus infert, anno 397, qui postremus Siricio
;
rendum Paulino, aut certe non multo post ejus
profectionem transmissum fuit quando quidem
tum illud scripsit Augustinus, « cum Carthagine
fuit, jam nupserat Melania junior; neque Publicolæ
obitus, qui ætatis Melaniæ anno 20 et a nuptiis
ejusdem 6 aut 7 contigit, in annum Christi circiter
hyemaret » ex Epistola cxxi, n. 14, id est hyeme 409, referri potest. Attamen re mature considerata
ineunte, vel exeunte, nam media hyeme erat apud visæ sunt longe certissimæ rationes illæ, quibus
Hypponem ex Epistola XCVII, n. 3. Nisi forte media negotii Calamensis tempus supra ad Epist. xc, in-
hyems tempus navigationi jam maxime adversum vestigatur; de quo negotio Augustinum in Episto-
significat. la xcv, verbis hic allatis intelligendum esse non
i
de saint Augustin, lettre XCV. Nous n'avons lant que les lois portées contre eux eussent été
,:
pas trouvé suffisamment fondé ce qui est dit
plusieurs fois, que Mélanie revint de Palestine
en Italie avec Ruffin au temps du pape saint
,
rendues contre la volonté de l'empereur, ou à
son insu et par là soulevant avec violence
contre l'Eglise l'esprit des ignorants. Il lui
Sirice, tandis que d'après nos calculs le retour demande donc de porter, au plus tôt, remède à
de Mélanie peut à peine se placer en 402; aussi ce mal, et d'employer son autorité pour faire
n'avons-nous pas cru pouvoir fixer la date de sentir efficacement aux ennemis de l'Eglise,
ces deux lettres d'après l'opinion ci-dessus ex- que les lois en question étaient bien conformes
posée, nous avons dû l'abandonner. à la volonté de l'empereur. C'est pour le même
LETTRE XCVI (écrite en 408 vers le com- objet que le concile de Carthage du 13 octobre
mencement de septembre). — Ayant appris la 408 envoya vers l'empereur une ambassade de
promotion d'Olympius à une dignité élevée, deux évèques, Restitutus et Florentius, « au
saintAugustin lui écrivit aussitôt la quatre- temps même où furent tués Sévère et Ma-
vingt-quinzième lettre, alors que la nouvelle caire. » Voir Code des canons africains, cha-
déjà arrivée en Afrique « n'y avait pas encore pitre CVI.
été confirmée »n. 1. Or Olympius obtint la LETTRE XCVIII(écrite probablement en 408).
charge de maître des offices, dont il est ici — Nous avons cru devoir placer ici quatre-
question, après la mort de Stilicon arrivée le vingt-dix-huitième, la lettre à l'évêque Boni-
23 août 408. C'est pourquoi il semble que cette face qui n'est erement pas antérieure aux
lettre a été écrite vers le commencement de précédentes, car c'est ce successeur de Paul,
septembre. cet évêque de Cataque dont font l'éloge les
LETTRE XCVII (écrite à la fin de 408).
La quatre-vingt-dix-septième lettre, seconde à
- lettres ci-dessus à Olympius.
LETTRE XCIX (écrite à la fin de 408 ou au
Olympius, fut envoyée après la première, au commencement de 409). — La quatre-vingt-
milieu de l'hiver, voir n. 3. Il l'avertit des dix-neuvième lettre à Italique fut écrite au
troubles excités dans l'église d'Afrique par les temps du ravage de Rome, au premier siège
prétentions des païens et des hérétiques vou- qui en fut fait par Alaric, voir n. 1. Or les pa-
dubitat Vir eruditus. Id vero nobis apparuit minus Pagani et hæretici jactarent, leges contra se præter
exploratum, quod passim dicitur, Melaniam scilicet voluntatem Imperatoris, vel eo nesciente missas
in Ruffini comitatu fuisse, quando ille Siricio Ro- fuisse, atque hinc imperilorum animos adversus
mano Pontifice ad Italiam appulit; cum Melanise ex Ecclesiam vehementer accenderent. Ideo postulat
Palaestina reditus ante an. 402, nostro quidem cal- ut quamprimum succurrat, faciatque pro sua au-
culo, reponi vix possit. Adeoque de harum Episto- ctoritate, quo Ecclesiæ inimici leges illas ex lmpe-
larum epocha,non ex illa opinione constituere visum ratoris voluntate constitutas intelligant. Ob eim
e
est, sed contra. caussam in Carthaginensi concilio anno 408, die 13
EPISTOLA XCVI (scripta an. 408, cire. init. Se- Octobris legationem ad Imperatorem susceperunt
ptemb.). — Audito provectum esse Olympium ad Restitutus et Florentius episcopi, « eo tempore quo
celsiorem dignitatem, Augustinus mox ad ipsum
scripsit Epistolam Nonagesimam sextam cum
Severus et Macarius occisi sunt, » uti legitur in
Cod. can. Afr. c. 106.
,
« utrum vera esset » fama, quæ in Africam de ip- EPISTOLA XCVIII (scripta forte an. 408). — Visum
sius provectione pervenerat, « nondum fuisset con- est hunc in locum referre Epistolam Nonagesimam
firmatum, » ut ait n. L. Porro munus Magistri octavam ad Bonifacium episcopum, non ante hoc
officiorum,quod hic notatur, adeptus est Olympius tempus conscriptam; siquidem hic ipse est, qui in
Stilichone an. 408, die 23 Augusti interemto. Quo- superioribus ad Olympium Epistolis laudatur, Pauli
circa isthæc Epistola non procul a Septembris initio non ita pridem defuncti successor, et Cataquen is
data videtur. episcopus.
EPISTOLA XCVII (scripta exeuntean.408).
— Al- EPISTOLA XCIX (scripta exeunte an. 408 aut
tera ad Olympium ordine Nonagesima septima missa ineunte 409). — Epistola Nonagesima nona ad Ita-
est post superiorem et media hyeme ex n. 3. Hac licam data pertinet ad tempus cladis populo Roma-
Epistola ipsum admonet de concitatis in Africana no illatæ prima Urbis per Alaricum obsidione, de
ecclesia perturbationibus, quod exstincto Stilichone qua u. 1. Porro hanc primam obsidionem in finem
roles de Zosime rapportées ici (page 268 édit. peu après ce départ, avait été écrite pendant
in-folio, note 6), nous obligent à placer ce siège l'hiver.
à la fin de l'année 408.
LETTRE C (écrite vers le même temps). —
LETTRE CII (écrite vers le même temps).
La cent deuxième lettre à Deogratias,est un
-
Dans la centième lettre, n. 2, saint Augustin livre auquel saint Augustin lui-même a donné
tâche d'obtenir du proconsul Donat « qu'il pu-
blie au plus tôt un édit qui fasse connaître aux
:
ce titre Six questions traitées contre les païens
elle n'a rien qui puisse nous faire connaître sa
:
;
Donatistes que les lois portées contre eux sont
en pleine vigueur bien qu'ils prétendent avec
fierté qu'elles n'ont plus de valeur ». Cela nous
date. Nous la plaçons ici parce qu'au livre II
des Rétractations, ch. xxxi, elle est rangée
parmi les ouvrages écrits après 406 et avant
fait entendre que la lettre est de la fin de 408, 4M.
alors que parurent de nouveaux édits contre les LETTRES CIII et CIV (écrites
en 409 vers le
hérétiques et notamment un du 24 novembre
;
adressé directement à Donat lui-même or dans
le commencement de son message, saint Au-
mois de mars). — La dernière lettre de Nectaire,
placée la cent troisième fut remise à saint Au-
gustin le 27 mars et peu après il répondit par
gustin parle à Donat comme à un proconsul la cent quatrième, dans laquelle, au n. 1,il
récemment entré en fonctions.
LETTRE CI (écrite vers le même temps). —
La lettre cent unième à Mem_s, fut confiée,
;
demande à Nectaire pourquoi il a tant tardé à
lui écrire en effet, huit mois s'étaient écoulés
depuis la XCI lettre à lui adressée. Or, on peut
n. 1, à Possidius, évêque de Calame, quand il soupçonner que Nectaire, après la mort de Sti-
se rendit en Italie comme nous l'avons dit déjà licon, avait négligé de répondre parce qu'il
pour plaider la cause de son église contre les voyait en quels troubles se trouvait l'église, et
païens, soit à la fin de 408, soit plutôt au com- croyait, comme le bruit en avait couru, que
;
mencement de 409 car au 27 mars de cette
année saint Augustin ignorait encore quelle
les lois données en sa faveur du vivant de Sti-
licon avaient été mises à néant. Maintenant, il
réparation avait obtenue Possidius, épitre cxiv, en revenait à demande pardon pour le crime
n. 1, et, d'autre part, la lettre XCV pour Pau- de ses concitoyens, en voyant que de nouvelles
lin, donnée à Possidius à son départ ou envoyée lois en faveur-de l'Eglise venaient d'être pu-
anni 400, referre verba Zozimi, qUID habes hic pag. ficiscente velrecens profecto Possidio ad Paulinum
268,not.6. datamdiximus,hyemedictala fuit.
EPISTOLA C (scripta circ. idem tempus). EPISTOLA CI1 (scripta circ. idem tempus).—
— In
Epistola Centesima n. 2 agit Augustinus apud Do- Epistola Centesima secunda ad Deogratias, qui liber
natum proconsulem, ut « cito per ipsius Edictum est inscriptus ab Augustino, Sex quœstiones contra
noverint hæretici Donatistæ, manere leges contra Paganos expositœ, nullum ætatis suæ characterem
erroremsuumlatas, quas jamnihil valere arbi- præfert. Hunc ei locum assignamus, quonian inter
trantur et jactant. » Unde intelligasscribere ipsum librospostannum486 et ante annum 411 editos
:
sub. finem an. 403 mox ut nova contra hæreticos
rescripta prodierunt inter quæ exstat lex ad ip-
summet Donatum die 24 Novembris directa. Porro
recensetur in lib. II Retractc. XXXI.
EPISTOLÆ CIIIetCIV (scriptæan. 409, submens.
Martium). — Nectarii posteriorem Epistolam, hic
cum Donato sic pro exordio loquitur, quasi ille pro- Centesimam tertiam die 27 Martii recepit Augusti-
consulatum Africæ recens adierit. nus, mexque eidem Centesimam quartam reddidit,
EPISTOLA CI (scripta circ. idemtempus). — Epi- a
ex n. 1, ubi Nectario inquirit cur sibi tam sero
stolæ Centesimae primæ ad Memorium perlator fuit dat rescripta : quippe qui Epistolæ xci nonnisi post
Possidius episcopus Calamensis ex n. I, qui propter menses ferme octo respondeat. Porro suspicari pro-
Ecclesiæ suæ caussam adversus Paganos, uti jam num est, Nectarium post Stilichonis necem idcirco
observavimus, in Italiam navigavit, aut exeunte rescribendicuramabjecisse, quod Ecclesiam in ma-
an. 408, aut potius ineunte 400, tum quia hoc anuo gnas perturbationes incidisse perspicerel, crederet-
die 27 Martii Augustinum adhuc latebat utrumnam que leges, quæ ejus caussa yivo Stilichone datae
Possidius quidquam in flagitiosos impetrasset ex fuissent, jamjam, ut rumor ferebat. prorsus abro-
Epist. civ, n. 1, tum quia xcvEpistola, quam pro- gatas. Nunc vero ad petendam veniam flagitii ci-
bliées par l'empereur, non-seulement à la fin faux bruits que les Donatistes répandirent
:
-
de 408, mais aussi au commencement de 409. après la mort de Stilieon, par rapport aux lois
En effet il y a une loi qui porte « que les Dona-qu'ils disaient abrogées ensuite à cause de ces
tistes, les Juifs ou les Païens. ne s'imaginent autres paroles de saint Augustin qui, parlant
:
pas que les dispositions des lois portées autre-
fois contre eux ont été abandonnées tous les
juges ont ordre de les exécuter en tout ponc-
de l'affaire de Cécilien, dit au n. 8 : « Exigez
de nous des preuves positives, et si nous
ne pouvons les donner, faites de nous tout ce
tuellement, etc. n Le Code Théodosien, liv. XVI, que vous voudrez, » par où il faut entendre
titre 5, loi 46, donne à juste titre à cet édit la
que la conférence avec les Donatistes, sur ce
date du 15 janvier de cette même année 407. sujet, n'avait pas encore eu lieu, et que même
Sirmond, au contraire, appendice, page 45, le décret de l'empereur qui l'ordonna n'avait
prétend qu'elle a été portée le -18 des calendes pas encore été rendu.
de février, sous le neuvième consulat d'Hono- LETTRES CVICVII et CVIII (écrites proba-
rius et le cinquième de Théodose, c'est-à-dire blement en 409). — La lettre cent-sixième, à
en 412; cette date est fautive, attendu que Macrobe récemment ordonné évèque, fut écrite
Théodose, préfet du prétoire, à qui cette loi vers le même temps ainsi que la suivante de
est adressée fut remplacé par Cécilien, lequel Maxime et Théodose à Augustin. Macrobe avait
fut honoré de cette dignité aux premiers jours succédé à Procwen le donatiste sur le siège
de 407 ou à peu près. d'Hippone comme le fait entendre la cent-hui-
LETTRE CV (écrite au commencement de tième au même Macrobe. En effet, étant venu
409). — Nous pensons que la cent cinquième, dans la ville avec un grand train, n. 14, il
aux Donatistes, a été écrite vers le même temps, commença à remplir les fonctions épiscopales,
d'abord à cause des paroles suivantes du n. 6 : étendant sa sollicitude pastorale, n. 17 et 20,
« Lequel vaut mieux, de produire de vrais com- sur le même peuple qu'Augustin, sur les mêmes
mandements des empereurs pour l'unité, ou de familles.divisées en deux partis. C'estle même
publier des tolérances supposées en faveur de sans aucun doute qui, dans la conférence de
l'iniquité comme vous l'avez fait, remplissant Carthage, I, n. 201, est appelé évêque Hippo-
bientôt toute l'Afrique de vos rumeurs men- nien. Or Proculéien n'était point mort encore
songères, » ce qui a trait manifestemens aux à la fin de 403, puisqu'alors, pour obéir au
vium suorum propterea convertisse aniraum, quod notant rumores dolose ab ipsis post Stilichonis
intellexisset novas pro Ecclesia leges ab Imperatore mortem de superiorum legum abrogatione jactatos,
:
emanasse, non modo in fine anni -408, sed etiam
initio anni 409. Nam exstat lex in hæc verba « Ne
Donatislæ. Judæi atque Gentiles. arbitrentur
turn ex istisj quse de Coeciliani caussa loquens Au-
gustinus ait n. 8. « Exigite hoc a nobis, probemus
vohis; et si non probaverimus, facitede nobis quid-
legum ante adversum se datarum constituta te- quid potueritis, quibus innuit super ea re nondum
puisse, noverint judices universi præceptis eorum collationem cum Donastis habitam; immo neque
fideli devotione parendum, etc. » Quse quidem lex datum adhuc ab Imperatore de habenda collatione
in Cod. Theod., lib. XVI, tit. V, 1. XLVI, recte sub- resripturn.
notatur data hoc anno 409, dieHo Januarii. At in EPISTOLÆ CVI, CVII et CVIII (scriptæ forte an.
Sirmundi Appendice pag. 45, data xvm Kal. Febr. 409. — Epistola Centesima sexta scripta est ad Ma-
Honorio IX et Theodosio V Coss. id est 412; male crolium episcopum, ordinatum a nuper, » juxta
subsequentem ejusdem temporisMaximiet Theodori
prorsus : quandoquidem Theodorum, cui Jex Praj-
fecto prætorio inscribitur, Caecilianus excepit, id
munus adeptus non procul ab ineunte anno 409.
EPISTOLA CV (scripta ineunte an. 409).
hoc tempus Epistolam Centesimam quintam ad Do, — Sub
ad Augustinum
in Proculeiani locum apud Hipponem,
Epistolam. Suffectus erat Macrobius
:
lois indiquées dans cette lettre CVI, n. 14, par à chacun de suivre la religion qu'il voudrait :
ces paroles « Ce n'est pas seulement chez Voyez les notes que nous avons données à ce
vous, c'est-à-dire après qu'ils se sont ralliés à sujet. Du reste cet état de choses que nous re-
vous, mais auparavant et par votre fait, que présente la lettre ne peut être reporté plus loin
les Maximianistes ont eu à souffrir, » et plus que le milieu de 410 ou à peu près. C'est pour-
:
clairement encore au n. 18 « On fuitl'unité. quoi nous croyons qu'il faut effacer ce qu'on
lit au n. 19 : « En parlant de ce Marcellinus
on nous oblige à demander des lois pour nous
protéger contre les méchanceté des vôtres, on vous le dites fermier de l'Eglise, » car le tribun
arme ensuite contre ces mêmelois, les circon- Marcellinus qui paraît être celui, dont s'occupe
cellions qui les combattent avec cette fureur la lettre, ne fut envoyé en Afrique que vers la
que vous leur avez connue, quand ils se sont fin de 410 pour préparer la conférence de Car-
tournés ensuite contre vous-mêmes. » A une thage, et cependant il n'est pas dit ici un mot
autorité si positive, on objectera en vain que de cette conférence. On voit facilement d'où
Prétextat d'Assur qui mourut vers l'an 400 est vient l'erreur, non pas sans doute par la com-
dit ici au n. 5, mort récemment, nuper; en paraison des manuscrits puisque nous n'avons
effet, il est beaucoup plus naturel de prendre que celui du Vatican. mais par l'examen du
le mot nuper, récemment en un sens un peu texte même dans lequel, le copiste a glissé par
large, les écrivains l'appliquant parfois, mégarde une note qu'un lecteur inintelligent
minatur Episcopus Hipponiensis. Porro Proculeianus quem circiter annum 400 obiisse jam supra ad
nondum e vivis excesserat exeunte anno 403, quo Epistolam L1 observavimus, dici hic n. 5 « nuper
tempore Augustinus ex decreto Sy; odi Carthagi- dcfullctum. » Cum ibi longe æluius sit, particulain
nensis eodem anno die 25 Augusti celebrata, ipsum nuper sumere in ampliori significatu, quem scri-
semel et iterum ad collationem citandum curavit, ptores interdum ad quindecim et ad plures annos
juxta Epistolam LXXXVIII, n. 7, quineliam ibi cum exteudere nemo nescit. id quod inter disjiutandum
ejus mentionem faciunt Hipponenses Clerici jam tum praesertim faciunt, cum rem ignorari aut dis-
progrediente 406 anno scripta Epistola, de ipsius simulari ab adversario noluuL. Venit etiam illud
obitu nullum verbum habent. Quocirca non nemo observanduui n. 18. « Ante istam legem, qua gau-
forte existimaverit Centesimam sextam, duasque detis vobis redditam libertatem, etc., » quod si
proxime subjectas Epistolas non ante annum 406 forte ad Juliani rescriptum non pertinet, ostendit
exaratas. Nobis vero id saltern constat non anterio- scriptam Epistolam sub. finetn an. 409 post ipsius
res esse legibus anno 405 in Donatistas promulga- Honorii edictum, quo sancivit ut religionem quam
:
tis, quæ leges monstrantur in c.hac VI Epist. n. 14
his verbis « Persecutionem non solum postea vo-
biscum, » id est postea quam ad vos redierunt,
quisque optaret, sectari sineretur, de quo vide ad-
notationem in hune locum. Ceterum is rerum status,
qui in Epistola repraesentatur,non patitur illam
»
« sed prius et a vobis pertulerunt
Maximianistæ. ultra medium circiter annum 410 remitti. Unde ex-
Et apertius n. 18. « Fugitur unitas, utnosadversus pungendum censemus id quod legitur n. 19. « De
vestrorurn. improbitates quaeramus publicaa le- isto Marcellino scribens, Ecclesiae colonum dicis : a
ges. et adversus ipsas leges armentur circumcellio- cum Marcellinus Tribunus, qui laudatus videtur,
nes, quas eo ipso furore contemnant, quo in vos nonnisi exeunte anno 410missus fuerit in Africam,
eas cum furerent excitarunt. « Cui tam liquidae au- collationis Carthaginensis procurandae caussa; de
ctoritali frustra opponas Preetextatum Assuritanum, qua tamen collatione nullus hic sermo est. Depre-
avait écrite en marge, après avoir vu la lettre à la lecture desquels il dit avoir trouvé autant
CXXXIX à Marcellinus, dans laquelle saint Au- de plaisir que d'utilité.
gustin parle d'un diacre rebaptisé nommé Do- LETTRE CXI (écrite à la fin de 409 peut-
nat, et.qu'il dit avoir été fermier de l'Eglise. être au mois de novembre).
— Le tableau
LETTRES CIX et CX (écrites peut-être vers tracé dans la cent onzième lettre, à Victorien
la fin de l'an 409). — Les deux lettres qui sui- du triste aspect de l'univers affligé de tant de
vent n'ont pas de date bien connue; la cent désastres, où il se trouvait à peine une contréo
neuvième est de Sévère à saint Augustin et la qui ne connût les tristes excès déplorés par
cent dixième est de saint Augustin au même
Sévère; ce personnage était non pas abbé, :
Victorien, convient très-bien à l'année 409
saint Augustin ajoute
;
« des provinces d'Es-
comme le disent Erasme et les éditeurs de pagne, qui semblaient épargnées jusqu'à ce
Louvain, mais bien évêque, puisqu'il donne à jour, voici qu'on annonce aussi des nouvelles
Augustin,qui alors l'était certainement, le nom semblahles. » En effet, cette même année les
de frère, et que de son côté ce dernier l'appelle Vandales étaient entrés en Espagne, selon
son collègue de sacerdoce. Sévère, que saint Cassiodore et Prosper dans sa Chronique; il
Augustin dit lui être uni par des liens si étroits faut même y ajouter les Alains et les Suèves
n'est autre que l'évêque de Milève dont il dit, selon la chronique d'Idatius, qui nous apprend
dans la lettre LXXXIV à Novat, n. 1 : « Tant que leur entrée en Espagne est fixée par les
que vaille la parenté qui nous unit par le sang, uns au 28 septembre, par les autres au 13 octo-
elle ne saurait être plus forte que l'intime ami- bre. C'est pourquoi, il est probable que cette
tié qui unit mon frère Sévère et moi. Cepen- lettre aura été écrite au mois de novembre
dant je ne puis l'entretenir maintenant que saint Augustin y fait aussi mention du massa-
comme à la dérobée et par de toutes petites cre des moines par les Barbares dans les soli-
lettres. » Or, Sévère mourut en 426, comme on tudes de l'Egypte, ce même massacre des saints
le voit par la lettre CCXXIII. Il paraît qu'il a qui est le sujet de la sixième conférencede Cas-
écrit la lettre CIX après avoir lu le livre des sien.
Confessions et quelques autres pieux opuscules, LETTRE CXIl (écrite à la fin de 409 ou au
henditur facile erratum, non ex MSS.quidem exem- praedictasn cix. Epistolam scripsisse perlectis Con-
plaribus, quæ præter Vaticanum nulla suppetunt, fessionum libris, aliisque piis Augustini opusculis,
sed ipso ex contextu, in quem librarius incaute re- in quibus voluptatem fructumque plurimum se
tulit id quod in margine annotarat lector imperitus capere s!gnifira1.
visa Epistola cxxxix ad Marcellinum ubi Augustinus EPISTOLA CXI (scripta exeunte an. 409, forte
Donatum quemdam diaconum rebaptizatum Eccle- mense novemb.) — In annum 409, apprime conve-
sise colonum fuisse dicit. nit, quae iu principio Epistolse Centesimse ad Victe-
EPISTOLA CIX et CX (scriptæ forte versus an. rianum exprimitur, tristissima illa facies universi
409. — Duse suLsequuntur non ita determinate orbis tantis cladibus ufllicti, ut pene pars nulla
setatis Epistolae, scilicet Centesima nona Severi ad terrarum esset, ubi non talia, qualia Victorianus
Augustinum,et Centesimadecima Augustini ad eum- scripserat,commiltcrenturatque plangerentur. Addit
dem Severum; non Abbatem, qui titulus ab Erasme
et Lovaniensibus ipsi tribuebatur, sed episcopum
cum ipse Augustinum, tunc certe episcopum,
; Augqstinus, « De Hispanis qujque tot provinciis,
quæ his malis diu videbantur intactæ, coeperunt
jam talia nuntiari, » quod scilicet hoc eadem anno
fratrem, Augustinus vero ipsum consacerdotemappel- Vandali Hispanias occupassent juxta Cassiodorumet
let. Neque Severus ille, quem secum tam stricte Prosperum in Chron. Immo et Alani et Suevi juxta
conjunctum profitetur hie Augustinus, alius est a Chron. Idatii, qui eorum in Hispanias irruptionem
Milevitano antistite, de quo item ipse in Epist. ab aliis 28 septembris, ab aliis 13 octobris notari
LXXXIV, ad Novatum n. 1, scribit : « Quantumlibet testatur. Quapropter isthsec Epistala data fuerit
valeat germanitas tui sanguinis, non vincit amicitiai forte mense novembri. Meminit quoque hie Augus-
vinculum, quo nobis invicem ego et frater Severus tinus necis Monachis in Ægypti solitudine a barbaris
inhæremus. Qui mecum tamen nunc vix et inter-
dum per exiguas chartulas loquitur. Porro Severus
illatae. « De hac eadem Sanctorum nece » Cassiani
exstat Collalio sexta.
obiit an. 426, ut patet ex Epist. CCXlII. Videturque EPISTOLA CXII (scripta exeunte an. 409, aut
commencement de 410). — La cent douzième non par trop gênante, pendant les trente jours
lettre, à Donat, lui fut adressée après son pro- qui lui sont accordés, afin d'être plus à même
:
consulat, et peu de temps après qu'il eût été de veiller à ses affaires et faire rentrer ses re-
déchargé du soin des affaires publiques, venus S'il le demande on ne devra pas lui
comme on le voit au n. 1. Quelle année et quel refuser cette faveur. » Ces paroles rapportées
mois Donat a-t-il cessé d'être proconsul d'A- textuellement dans la lettre de saintAugustin,
frique? C'est ce que nous n'avons pu décou- prouvent clairement qu'il avait lu cette loi; at-
;
vrir nous savons seulement que cet événe- tendu que celle qui fut portée par Tliéodose en
ment arriva avant le 25 juin 410, puisque la 380, sur le même sujet,se trouve exprimée, en
loi donnée ce même jour est adressée à Macrobe termes très-différents, dans le code Théodosien
proconsul d'Afrique. :
même endroit, loi 2 saint Augustin du reste
LETTRES CXIII, CXIV,CXV et CXVI (écrites en citant cette loi fait entendre qu'il parle de
;
vers le même temps, pas avant 409, pas après l'empereur régnant, puisqu'il dit toujours
423). — Les quatre lettres suivantes, à Cresco- loi de l'Empereur c'était Honorius, qui mou-
nius, à Florentinus, à Fortunat, à Generosus, rut le 15 août 423.
la
ont le même objet; on ne peut les placer LETTRES CXVII et CXVIII (écrites peut-être
avant 409 ni après 423. En effet saint Augustin en 410 ou au commencement de 411). — La
y donne le texte même de la loi portée par Ho- lettre cent dix-septième de Dioscore et la cent-
;
norius le 21 janvier 409, sur la présentation et dix-huitième de saint Augustin à Dioscore ont
la mise en liberté provisoire des accusés cette été écrites dans la vieillesse de saint Augustin
:
loi, qui se trouve dans le code Théodosien, comme il paraît le dire en parlant de lui-même
liv. IX, titre 2, loi 6, porte « Si quelque ac- au n. 9; on ne peut donc les placer avant 4-10
cusé inscrit déjà au registre des prisons est au- quand le saint avait déjà cinquante-six ans;,
torisé par le tribunal à conserver l'administra- d'autre part on ne peut reculer au delà des
tion de son patrimoine, on devra lui demander premiers jours de 411, car au n. 12 avertissant
par acte public, s'il veut conformément aux Dioscore de s'occuper des erreurs des héréti-
dispositions arrêtées par mon glorieux père ques, qui désolaient alors l'Eglise, plutôt que
résider en ville, sous une garde vigilante, mais de réchauffer les vieilles discussions des philo-
ineunte 410). — Epistola centesima duodecima ad propter ordinationem domus propriæ, parandosque
Donatum jam Exproconsulem scripta est, ac paulo sibi sumtus, in civitate residere. Quod si fieri vo-
postquam ille curis publicis expeditus fuisset, uti luerint, hoc genus benificii cupientibus nonnege-
ex n. 1, intelligur. Quonam autem die vel mense tur, a ipsissima, ut perspicis, verba in prsedictis
proconsulatum Africæ posuerit Donatus, haud a Epistolis relata, ut minime dubium sit quin hanc
nobis comperiri potuit, nisi quod accidisse ante 25. ipsam legem jam tum vidisset Augustinus. Quippe
Junii anni 410, ex lege ad Macrobium Africa? pro- cum lex super eadem re a Theodosio edita an. 380,
consulem eo die data didicimus.
EPISTOLA CXIII, CXIV, CXV et CXVI (script*
circ. hoc tempus, sive non ante 409, née post 43).
leg. .
verbis constet longe diversis in cod. Theod. ibib.
Innuit etiam Augustinus illius se legem
ohtcndere, qui tunc temporis imperium adminis-
- Quatuor proxime subsequenles Epistolse, ad
Cresconium, ad Florentinum, ad Fortunatum, ad
trabat, quando earn constanter appellat « Imperato-
ris legem, » id est Honorii, qui anno 423, die 15.
Generosum, super e'adem caussa, conscriptæ, neque Augusti decessit.
ante annum 409, neque post 423, collocandfe fue- EPLSTOLJE CXVII et CXVII1 (scriptse forte an. 410,
runt. Quippe in ils Augustinus adducit legem de aut ineunte 411). — Epistola Centesima decima.
exbibendis vel transmittendis reis ab Honorio latam scptima Dioscori et Centesima decima octava Augus-
die 21. Januarii an. 409, quæ in cod. Theod. 1. IX, tini ad Dioscorum, quse canescente jam Augustino
tit. II, 1. VI, sic habet: « Si quos præcepto judicum. scriptae sunt, uti rescribens de se ipse n. 9, testari
prsemisso inscriptionis vinculo reos factos admini- videtur, vix reponi possunt citius annoChristi 410,
culum curiai proprie dirigere jussum fuerit; muni- quo Augustinus annum ætatis 56, agebat. Neque
cipalibus actis interi'ogenlur, an velint juxta præ- vero serius ineunte 411, quoniam n. 12, ubi Dios-
ceptum triumphalis patris nostri triginta diebus corum de pernoscendis baireticorum tunc temporis
sibi concessis sub moderata et diligenti cuslodia Ecclesire fidem impugnantium erroribus potius
sophes, il cite les Donatistes, les Maximiens, LETTRE CXXI (écrite vers 410).
— La let-
les Manichéens en Afrique, les Ariens, les Eu- tre de Paulin, que nous mettons ici la cent
;
noméens, etc., en Orient, mais ne fait aucune
mention des Pélagiens et cependant c'est con-
tre eux que fut tenu le concile de Carthage de
vingt-unième, paraît quelque peu postérieure
à la lettre XCV écrite vers la fin de 408;
puisqu'au n. 14 il. demande une seconde co-
411. C'est pourquoi si Alype est appelé ancien
par Dioscore, il faut entendre ce mot de
pie de cette lettre qu'il avait déjà reçue
mais antérieure à la lettre CXLIX écrite en
;
l'âge et non de la dignité de primat, puisqu'il 414, puisque entre ces deux il y en eut quel
-
ne fut primat de Numidie que dans les der- ques-unes d'échangées de part et d'autre,
nières années de saint Augustin. notamment la réponse de saint Augustin aux
LETTRES CXIX et ex (écrites probablement questions que lui pose ici Paulin, mais cette
vers le même temps). — Saint Augustin s'était correspondance a été perdue, voyez la lettre
retiré à la campagne quand on lui remit la CXLIX n.1.
lettre cent dix-neuvième, de Consentius, comme LETTRE CXXII (écrite vers le même temps).
il est dit au n. 1 ; si l'on veut rapporter à cette — La lettre cent vingt-deuxième dans laquelle
retraite ce qu'il dit à Dioscore n. 34, qu'il s'est saint Augustin s'efforce de réchauffer la bonne
éloigné d'Hippone pour quelque temps, à cause volonté pour l'aumône, dans ses fidèles d'Hip-
de sa mauvaise santé, nous n'y verrons aucune pone qui s'étaient laissé attiédir par la cruauté
difficulté. Nous faisons remarquer seulement des maux qui les menaçaient, est raportée par
:
que la lettre cent vingtième à Consentius fut
écrite vers le même temps en effet saint Au-
gustin, comme il le dit aun. 13, avait déjà
Baronius à lafin de 409, attendu qu'elle paraît
convenir très-bien à cette époque, où l'on crai-
gnait la ruine de l'empire Romain, mais cette
beaucoup écrit sur la question de la Trinité, or crainte s'accorde tout aussi bien avec l'année
le traité de la Trinité que dans la lettre CLXXIV 410 vers la fin, alors qu'Alaric ayant pris Rome,
il dit avoir commencé dans sa jeunesse, et pu- se préparait à passer en Sicile selon Orose
blié dans sa vieillesse, était déjà l'objet de liv. VII, chap.XLIII, puis à tenter la conquête de
ses soins dès l'an 400, bien qu'il ne l'ait l'Afrique, d'après Jornandès dans son livre de
achevé qu'en 416. l'Histoire des Goths.
quam de sopitis olim veterum Philosophorum dicit, elaborabat ab anno prope 400, licet non ante
discidiis recoquendis admonet, recensens Donatistas, annum 416, absolverit.
Maximianenses, Manichæos ex Africa, tum Arianos, EPISTOLA CXXI (scriptacirc. an. 410). —Paulini
Eunomianos, etc., ex Oriente, non facit ullam de Epistolam hic ordine Centesimam vigesimam pri-
Pelagianis mentionem;in quos tamen ante anni 411, mam, esse apparet et aliquanto posteriorem xcv,
finem celebrata fuit synodus apud Carthaginem. sub finem anni 408, scripta; cum istius sibi jam
Itaque Alypius a Dioscoro senex dicitur ætatis no- datæ aliud exemplum hic n. 14, sibi transmitti
mine, non primatus; cum hanc dignitatem in Nu- petat : et aliquanto priorem CXLIX, scripta circiter
midia nonnisi sub extremos Augustini annos sit annum 414, cum hanc inter et illam, aliquot ultro
consecutus. citroque Epistolæ, atque in iis Augustini responsio
EPISTOLÆ CXIX et CXX (scriptæ forte circ. idem ad quæstiones hic a Paulino propositas, emanave-
tempus). — In villam se receperat Augustinus, cum rint, quæ tamen omnes interciderunt. Confer Epis-
ipsi data est Epistola Centesima decima nona Con- tolam CXLIX, n. 1.
sentii, ut ibi dicitur n. 1. Huc porro si quis spectare EPISTOLA CXXII (scripta circ. idem tempus). —
velit quod idem sanctus adDioscorum n. 34, scrjbit, Epistola Centesima vigesima secunda, qua suos Hip-
seipsum post ægritudinem aliquandum ab Hippone ponenses ob ingruentium malorum metum in elee-
removisse, nihil repugnabimus. Id solum observa- mosynarum erogatione refrigescentes inflammat
mus Epistolam Centesimam vigesimam ad Consen- Augustinus, refertur a Baronio ad finem anni 409,
tium rescriptam fuisse circiter hoc tempus. Quippe eo quod tempori huic quo interitusRomani time-
Augustinus, uti n. 13, signifìcat, multa jam tum ad batur imperii, valde congruat. Verum non minus
:
quæstionem de Trinitate pertinentia litteris, man-
daverat porro opus de Trinitate, quod in Epist.
CLXXXIV, a se juvene inchoatum, a sene editum
quadrat in finem anni 410, quo Alaricus capta
Roma et direpta Italia transire in Siciliam molie-
batur juxta Orosium in lib. VII, c.XLIII, inde ad
LETTRE CXXIII (écrite peut-être à la fin de mières paroles à la condamnation des Pélagiens
410). — La cent vingt-troisième lettre de Jé- en Palestine, ou de ceux qui entendent la lettre
rôme est tout énigmatique, les auteurs ne s'ac- entière, comme parlant de la prise de Rome,
donnent ;
cordantnullement dans les explications qu'ils en
il n'est pas facile de dire qui est dans
le vrai, ou de ceux qui en appliquent les pre-
ou l'hérésie des Origénistes, voyez la note sur
cette lettre dans le cinquième volume, et
aussi nos remarques sur la lettre CXCV.
subigendam Africam navigaturus juxta Jornandem mentem consequantur, an qui prima verbade con-
in lib. de Geticis rebus. demnatis in Palæstina Pelagianis intelligunt, an
EPISTOLA CXXXIII (scripta forte sub finem an. potius qui totam Epistolam sive de capta Urbe, sive
410).— Centesima vicesimatertia Hieronymi tota est de Origenistis interpretantur. Vide not. in eamdem
ænigmatica, qua in explicanda cum in diversa fe- Epist. pag. 363, et quod observamus infra ad E pi-
rantur auctores, non facile dixeris quinam ejus stolam cxcv.
TROISIÈME CLASSE
LETTRES ÉCRITES PAR SAINT AUGUSTIN DEPUIS LA CONFÈRENCE DE CARTHAGE AVEC LES DONATISTES, ET L'APPARITION
LETTRES CXXIV, CXXV et CXXVI (écrites comme il y a lieu de le croire, Pinien et Mélanie
vers le commencement de 411). — La cent se rendirent à Hipponepour y voir saint Augus-
vingt-quatrième lettre, à Albina, Pinien et tin, et c'est là qu'eut lieu le fait dont il est
Mélanie fut écrite pendant l'hiver, peu après parlé dans les deux lettres suivantes : c'est
leur arrivée en Afrique, où ils vinrent de Si- pourquoi nous les attribuons à l'année 411.
cile, comme le dit l'auteur de la vie de Mélanie LETTRE CXXVIÏ (écrite peut-être erf411).—
la Jeune,seulement à la fin de 410.En effet,il est Vers l'an 411 parut la lettre cent vingt-sep-
constant qu'ils passèrent l'année dans cette île tième, à Armantaire et Pauline; on le peut con-
d'après Ruffin dans sa lettre à Ursace ; voyez la clure de ces paroles du n. 1 : « A moins qu'on
note sur cette lettre CXXIV, dans le cinquième ne croie encore digne d'attachement ce monde
volume.Ayant passé quelques jours à Tagasle, brisé par de si terribles événements, qu'il a
mier jour, chap.III),le lieu et l'ordre de la con- après son arrivée en Afrique, alors qu'elle
:
férence, demandant aux uns et aux autres de
lui écrire « pour déclarer s'ils acceptaient ou
non ses propositions, » les évêques catholiques
avait eu déjà quelques entrevues avec saint
Augustin comme on le voit n.1. Or Proba avec
sa fille Julienne et sapetite-fille Démétriade se
répondirent par cette lettre cent vingt-hui- réfugia en Afrique aussitôt quelle put échapper
tième : elle fut signée au nom des autres par aux mains des Barbares qui l'avaient retenue
deux primats seulement, à savoir Aurèle de :
captive après la prise de la ville lisez à ce su-
jet la lettre VIII de saint Jérôme à Démétriade;
Carthage et Silvain investi déjà de la même
dignité pour la Numidie. Mais elle avait été c'est pourquoi on peut placer en 411 ou 412 la
délibérée dans une réunion de près de trois première lettre que lui écrivit saint Augustin,
cents évêques, comme nous l'apprend saint on ne peut guère la reculer davantage, attendu
Augustin dans le livre de Gestis cum Emerito. qu'au n. 30, où il parle de sa belle-fille la veuve
Ce qui fait conclure qu'elle appartient aux Julienne, exhortant à la prière les veuves et
jours qui ont précédé, immédiatement la con- les vierges placées sous la vigilance de Proba,
férence, dont la première séance eut lieu le il ne dit pas un mot de Démétriade, et certai-
1erjuin411. nement il n'eût pas manqué de la mentionner,
LETTRE CXXIX (écrite peu après la prééé- si déjàelle eût fait profession de virginité, ce
dente). — C'est en ce même temps, que fut ;
qu'ellefit en 413 de plus,saintAugustin rappelle
écrite la lettre cent vingt-neuvième, opposée cette lettre à la fin du livre de bono viduitatis,
« Modo cum ipsa Roma, domicilium clarissimi im- sima nona, qua nimirum episcopi Catholici occur-
perii, barbarico vastaretur incursu. » rendum putarunt rescripto, seu Notoriœ, ut vocant,
EPISTOLA CXXVIII (scripa an. 411, paulo ante 1, Donatistarum, qui pro suis partibus Marcellino
diem junii). — Edicto Marcellini secundo, quo ille respondebant, non sibi placere quod in Edicto suo
« proposuit jam præsentibus apud Carthaginem proposuerat, ut ad collationis locum hi soli ex
utriusque partis episcopis (inquit Augustinus in episcopis convenirent, quos ad ipsam caussam pera-
Brevic. collat. die 1, c. III), qui locus et qui modus gendam ceteri delegissent; petentes ut omnes potius
collationis futurus esset; admonensuteipars utra- qui Carthaginem venerant, adesse permitteret, ex
que rescriberet, utrum placerent quæ Edicto com- Brevic. collat. die 1, c. IV.
prehendit, » responsum est aCatholicisEpistola hic EPISTOLA CXXX (scripta versus an. 412). —
Centesima vigesima octava. Quod rescriptum a Epistola Centesima tricesima ad Probam data est
duobus tautummodo primatibus nomine cetero um aliquanto tempore post ipsius in Africam adventum,
episcoporum subsignatum reperitur, ab Aurelio et habito jam aliquoties ab ipsa colloquio cum
primate :
videlieet Cartbaginensi et a Silvano jam Numidiæ
attamen in frequentissimo conventu epis-
coporumpenetrecentorum confectum fuisse, prodit
Augustino, ut ex n. 1, perspicitur. Porro Proba
cum filia Juliana et Demetriade ncpte se recepit in
Africam mox ut barbarorum manus, in quas capta
Augustinus in lib. d3 Gestis cum Emerito. Unde Urbe incidcrat, effugere licuit : de quo legenda est
colligitur pertinere ad dies elapsos proxime ante Hieronvmi Epist. VIII, ad Demetriadem. Quocirca
Carthaginensem collationem, haberi cœptam 1, die potestAugustini prior ad ipsam Epistola collocari
Junii an. 411. anno 411, aut anno 412, certe non multo serius,
EPISTOLA CXXIX (scripta paulo post superiorem). tum quia n. 30, ubi ipsius nurus Julianæ viduæ
— Ejusdem temporis est Epistola Centesima vige- meminit, viduas virginesque sub cura Probæ
qu'il écrivit peu de temps après que Démé- catholique nommé Innocent, à qui ils avaient
triade eut embrassé le saint état de virginité, arraché un œil et coupé un doigt, écrivit la
selon ce mot du chap. XIX: « elle a récemment cent trente-troisième lettre au tribun Marcellus,
commencé. »
-
LETTRE CXXXI (écrite vers le même temps).
La cent trente-unième lettre, écrite à la
;
demandant instamment qu'on ne les envoyât
pas au supplice c'est pourquoi il nous a paru
à propos de placer cette lettre peu après le
même Proba, ne peut guère être renvoyée à une commencementde l'année 412.
date postérieure; car déjà en 413, Proba était LETTRE CXXXIV (écrite en même temps que
chargée d'années et fort avancée en âge, la précédente). — En même temps et pour le
comme il est dit au livre du Bien de la viduité, même objet, fut écrite la cent trente-quatrième
chap. XIX et XXIII. lettre aujuge Apringius,qui était frère de Mar-
LETTRE CXXXII (écrite vers le commence- cellin, n. 2, et qui exerçait alors la charge de
ment de 412). — La cent trente-deuxième proconsul, d'après la lettre précédente, n. 3..
lettre à Volusius, est un peu antérieure aux LETTRES CXXXV, CXXXVI,CXXXVII et
lettres CXXXV et CXXXVI, qui furent écrites CXXXVIII (écrites au commencement de412).
au commencement de l'année 412. — Les quatre lettres suivantes, la cent trente-
LETTRE CXXXIII(écrite vers le même temps). cinquième de Volusien, la cent trente-sixième
- Après la conférence de Carthage les Dona-
tistes ne s'étant point soumis l'empereur
,
de Marcellin, la cent trente-septième d'Augustin
à Volusien et la cent trente-huitième à Mar-
Honorius résolut de sévir et publia la loi du cellin, furent écrites peu de temps avant la
30 janvier 412, insérée au code Théodosien, CXXXIX dans laquelle, n. 3, saint Augustin
:
livre XVII, titre V, loi 52 pleins de colère
contre les catholiques ils commencèrent alors
»
dit « qu'il a écrit récemment les deux der-
nières.
à les poursuivre à outrance. Saint Augustin LETTRE CXXXIX (écrite en 412). —La cent-
ayant appris que quelques-uns des leurs avaient trente-neuvième lettre à Marcellin, fut écrite
été convaincus en justice et de l'assassinat du peu de temps après les lettres CXXXIII et
prêtre Restitutus, et de celui d'un autre prêtre CXXXIV, dont saint Augustin dit ici, n. 2 ;
constitutas ad studium orationis cxhortans, nullum et ferocius sævire cæperunt. Audito autem eorum
verbum habet de Demetriade, quam procul dubio quosdam judicibus exhibitos, simulque de homici-
laudasset hoc loco, si illa jam virginem professa dio in Restitutumpresbyterumpatrato, deque Inno-
fuisset; quod ipsa anno 413, præstitit : tum etiam centiialterius catholicipresbyteri cæde, de oculo ip-
quia hanc Epistolam commemorat in line libri de sius effossodigitoquepræciso fuisse convictos, scripsit
Bono Viduitotis, quem Demetriade virginitatis ins- Augustinus Epistolam Centesimam trigesimam ter-
titutum recens amplexa conscripsit, juxta illud tiam ad Marcellinum Tribunum, enixe rogans ne iis
ibidem c. XIX, quae modo cœpit. mortis pœna infligeretur. Quapropter visum est
EPISTOLA CXXXI (scripta circ. idem tempus). — istam Epistolam paulo post initium anni 412 collo-
Centesima trigcsima prima ad eamdem Probam care.
scripta, remitti non potest in longum tempus. Jam EPISTOLA CXXXIV (scripta cum superiore). — Eo-
tumenim, sive anno 413 grandæva erat Proba et dem tempore atque super eademre data est Cente-
adsenectam provecta, ut patet ex lib. de Bono Vi- sima triginta quarta ad Apringium judicem, qui
duitatis, cap. XIX et XXIII. Marcellini frater fuit ex n. 2, et proconsulatum ges-
EPISTOLA CXXXII (scripta circ.ineunteman. 412). sit ex superiore Epistola n. 3.
— Centesima
trigesima secunda ad Volusianum EPISTOLÆ CXXXV, CXXXVI, CXXXVII et CXXXVIII
nonnullo tempore prior est Epi stolis cxxxv et CXXXVI, (scriptæsub initium an. 412). — Quatuor sllbse.
quæ sub ineuntem annum 412 conscriptæ fuerunt. quentes Epistolæ scilicetCentesimatrigesimaquinta
EPISTOLA CXXXIII (scripta circ. idem tempus).— Volusiani, Centesima trigesima sexta Marcellini, ad
Cum Donatistas post Collationem Carthaginensem Augustinum, Centesima trigesima septima Augu-
contumaces plecti vellet Honorius Imperator, san- stinum ad Volusianum, et Centesima trigesima oc-
civissetque in eos legem die 30 Januarii, an. 412, tava ad Marcellinum haud multo tempore præcesse-
quæ exstat in codice Theod., lib. XVII, tit. V, 1. LlI, runt Epistolam CXXXIX, in qua n. 3, istas duas a se
tum vero illi insurgere vehementius in Catholicos, recens datas Augustinusmemorat.
«
,
Sile proconsul veut ou si vous voulez tous cent quarante-unième lettre est du concile de
deux porter la sentence s'il persiste à frapper Zerte aux Donatistes, elle porte la date précise,
les coupables bien qu'il soit chrétien, et qu'il l'année et le jour.
ne soit pas naturellement porté, comme nous LETTRE CXLII (écrite vers le même temps).
avons pu le croire, à user de la dernière sévé- —Nous avons voulu placer immédiatementaprès
rité, s'il pense que la nécessité, lui en fait un la lettre à Saturnin, Eufrate et autres clercs du
devoir, ordonnez qu'on relate dans la procédure parti de Donat, revenus à l'Eglise, attendu qu'au
les deux lettres que j'ai cru devoir vous adres- n. 3, à propos des évêques donatistes confon-
ser sur ce sujet. » dus à la conférence de Carthage, on retrouve
LETTRE CXL (écrite après la précédente).— les mêmes expressions qui se lisent aux n. 4 et 6,
Nous connaissons la date de la cent quaran- de la lettre CXLI. De plus, à la fin, saint Au-
tième lettre, qui n'est autre que le livre intitulé gustin recommande de prier pour ceux qui ad-
De la grâce du Nouveau Testament, par le liv. II hèrent encore au schisme, pour obtenir la gué-
des Rétractations, chap. XXXVI; où saint Augus- rison de cette faiblesse charnelle, que leur a
tin dit que « les questions qu'il travaille à ré- fait contracter une longue habitude :
ce qui
soudre dans cette lettre lui ont été adressées nous fait comprendre que la lettre a été écrite
dans le temps où il était le plus occupé par la quelque temps après la conférence de Car-
lutte contre les Donatistes et où il commençait thage.
déjà à écrire contre les Pélagiens. » Nous la LETTRE CXLIII (écrite vers lafin de 412).—
connaissons aussi par la lettre précédente La cent quarante-troisième lettre à Marcellin,
CXXXIX, dans laquelle le saint docteur dit au est de la fin de 412, comme on le voit par le
n. 3. « Je travaille maintenant au livre à Ho- n. 12, où saint Augustin fait remarquer que ce
noratus en réponse à cinq questions qu'il m'a qu'il a écrit dans la lettre CXXXVII, de la vir-
proposées par lettre et dont il exige la solu- ginité de la sainte mère de Dieu, si admirable
;
tion vous voyez vous-mêmes, combien il est et si étonnant qu'il paraisse, ne doit point pour
nécessaire de lui répondre aussitôt. » cela être regardé comme moins digne de foi.
LETTRE CXLI (écrite le 14 juin 412). — La Ajoutons qu'ici au n. 1, il répond aux lettres
nus in Retractationibus proximo loco post eos EPISTOLA CL (scripta circ. exeuntem an. 413).
libres, quos anno 412 aut 413 elaboravit. Enimvero —Ceniesima. quiuquagesima ad Probarn e< Julianam
Fortunatianus qui Siccensem ecclesiamanno 411 ex scripta. est occasione consecratioms iilige earum
Carthagincnsi collatione regebat, habuit Urbanum Demetriadis, quœ audita Augustini exhortatione ad
successorem circiter annum 413, quando quidem nmndi contemptum incensa fuerat, et virginem pro-
hic ipse Episcopas Romam iter susceperat, inde- fessa. Tametst vero Demetrias jam tum audivisset
que jam redierat anno 416 ex fragmento I, ipsum Carthagine, cum eo collationis cum DonaUstis
Tomo X. habendee caussa se contulit Augustinus, non videtur
EPISTOLA CXL1X (scripta sub an. 414).
— Vix tamen velum suscepisse ante annum 413. Quippe
ante annum 414, collocari possit Epistola Centesima cum Hieronymus Epistolam vin, ad Demetriadem
quadragesima nona ad Paulinum : tum quia hanc super eadem consecratione (quam quidem ubique
inter et cxxi Epistolam anno 410, rescriptam a velocissirne fama celeberrima prœdicavit, ut hic
Pauline, cuj us quaestionibus itcrato solutionem ad- Augustinus n. 1, dicit) nonnisi hoc anno, aut(quod
hibet Augustinus, missse sunt ultrocitroque Episto- longe veri similius est) insequente scripserit. Quo
læ aliquot quæ exciderunt ex n. 2, tum ctiam quia fit ut hancce Augustin! Epistolam ad unem anni
hic n. 32, fit mentio Urbani Siccensis episcopi, qui 413, aut ad subsequentis exordium pertinere judi-
si idem est ac Urbanus Presbyter in Epistola CXLIII, cemus.
n. i, commemoratus, nondum episcopalem digni- EPISTOLA CLI (scripta exeunte an. 413, aut
tatem anno 412, in finem inclinante consecutus ineunte 4i4). — De S. Marcelhni cœde sermonem
fuerat. Vix etiam possit serius reponi. Quippe Pere- in Epistola Centesima quinquagesima prima ad
grinus diaconus, qui Urbano ad sarcinam Episco- Ccecilianum haberi ostenditur in Notis ad eamdem
patus subeundam pergente cum eo simul protectus Epistolam : unde facile intelligas datam fuisse cir-
fuerat, hondum remnaverat Hipponem, cum hancce citerexeuntem413.
Epistolam dictaret Augustinus, uti in Une testatur. EPISTOLA CLII, CLin, CLÏVetCLV(scrtptœ ciL-c.
Dans la cent cinquante-quatrième, il annonce huitième A'Evodius qui était auparavant la
;
qu'il les a reçus et lus or il suffit delire la ré- CCLVIM a donné occasion à la cent cinquante-
ponse de saint Augustin,ici la cent cinquantième neuvième, qu'on avait placé la C à Evodius;
lettre, n. 2, pour comprendre que les écrits en Constant dit aussi que cette dernière a été écrita
question sont les trois premiers livres de la peu de temps avant la cent-soixante-deuxième
Cité de Dieu, qui parurent au 413 et auxquels dans laquelle saint Augustin répondant aux
il en aj outa un quatrième et un cinquième en lettres à!Evodius, cent soixantième et cent
4t5, lettre CLXIX, n. 1. soixante-unième, dit au n. 3, qu'il a tout ré-
LETTRES CLVI et CLVII (écrites en 414). — cemment envoyé la cent-soixante-neuvième.
Lacentcinquante-sixième lettre d'Hilaire de Aussitôt après, vient la cent soixante-troi-
Syracuse et la cent cinquante-septième d' A u- sième, qu'Evodius écrivit avant devoir recu 'ia
gustin au même Hilaire ont été écrites en 414, CLXII; car il y renouvelle toutes les questions
comme on le voit par le notes qu'on y a jointes' posées dans les lettres précédentes, et en a j ou-
(V" volume) Au moins est-il prouvé qu'il ne faut té deux nouvelles; et saint Augustin en trai-
pas les attribuer à 4H, comme a fait Baronius, tant ces deux dernières questions, dans la lettre
car saint Augustin dit ici au n. 22, qu'il a déjà cent soixante-quatrième, rappelle qu'il a ré-
traité dans d'autres écrits et dans des discours pondu déjà aux autres, sauf pourtant cellede
prononcés à son église, plusieurs des questions la vision de Dieu par le corps. Le saint dans
que lui propose Hilaire au suj et du pélagia- ses lettres CLXI et CLXII revenant sur une
nisme. idée déjà émise dans la lettre CXXXVII écrite à
LETTRES CLVIIÏ, CHX, CLX, CLXI, CLXII, Volmien en 412, nous sommes portés à croire,
CLXHt et CLXIV (écrites en 414). — Les lettres que la correspondance ici mentionnée est du
d'Evodius à saint AugListin et les réponses qui même temps; c'est-à-dire peu avant la lettre
y sont adressées, ont été tout à fait mal clas- CLX1X au même Evodius laquelle est de la fin
sées dans les éditions publiées jusqu'à ce jour. de415.
En effet, il est constant que la cent cinquante- LETTRE CLXV (écrite peu après 4t0.) — La
an. 4i4). — Quatuor subsequentium Epistolarum Evodii litteras Augustiuique ad ipsuni rescnpta
tempus hac ratione constituimus. Macedonius in adtinet, ea prœpostere admodum fuerunt in hacte-
Centesima quinquagesima secunda n. 3, dicit se nus editis ordinata. Constat enim Centesimam
nondum récépissé quae ipsi Augustinus de suis quinquagesimam octavam Evodii, quae olim ordine
seriptis promiserat, rogatque ut ea demum trans- ccLvni, fuit occasionem dédisse Centesimœ quiti-
iniHat. Tum in Epistola Centesima quinquagesima quagesimae nonae, quse fuit, c. ad Evodium; tum
quarta Angustino renuntiat se receptos ab ipso ha.nc scri p tam fuisse pauco tempore ante Centesi-
libres perlegisse. Hos autem libres nemo qui Augus- mam sexagesimam secundam, qua Augustinus Evo-
tmi rescriptum, id est Epistolam hic Centesunam dianis Centesimce sexagesimae et Centesimae sexage-
quinquagesimam quintam n. 2, inspexerit, non simse primae respondens n. 3, testatur se nuperrime
inLelliget esse Hlos ipsos tres prières operis de Civi- Epistolam-illam Ct.ix, rescripsisse. Mox vero subse-
tateBei, qui anno 413, prodierunt, et quibus quar- cuta est Epistola Centesima sexagesima tertia ab
tum et quintum librum addidit Augustiuus an. 415; Evodio aute scripta quam CLii, recepisset. Quippe
juxta'Epistolam clxix, n. 1. superiorum Epistolarum suarum quœstiones itérai
EPISTOLA CLVf et CLVII (scriptœ an. 414).
—
proponicEvodiusadj ungens alias duas. UndeAu-
Epistolas Ceutesimam quinquagesimam sextam gusUnus his duabus discussis in Epistola Centesima
Eilarii Syracusani, et Centesimam quinquagesimam sexagesima quarta n. 22, monet se ad qusestiones
septimam Augustini ad eumdem ffilarium scriptas idas antehac missas, excepta quœ de Dei visione per
anno 414,colliges ex Nota b. pag. 542. Saltem haud corpus proponebatur, responsum dédisse. Jam vero
quaquam putabis Baronio ad annum 4id, eas revo- cum in Epistolis cLxi et CLXii, quœstio versetur de
canti assentiendum : quando Augustinus hic n. 22, sententia quadam Epistolae cxxxvn, ad Volusianum
multa jam de quaestionibus contra Pelagianos ab an. 4t2, scriptse, coniicit.ur has omnes Epistolas, de
Hilario propositis, testatur se dixisse in aliis suis quibus dicimus, prodii.sse sub hoc tempus, vidfn-
opuseulis et ccclesiasticis sermonibus. turquc dictatae paulo ante CLXix, ad eumdem Evo-
EPISTOLA CLVIII, CLIX, CLX, CLXI, CLXII, dmm, que est exeuntis auni 415.
CLXÏlt et CLXtV (scriptee sub. au. 4i4). — Quod ad EPISTOLA CLXV (scripta non muKo post an: 410).
centsoixante-cinqtuièmedesaint </mv?neest adres- La cent soixante-neuvième à Evodius fut
sée à Marcellin, tribun en Afrique, n. 1. Or écrite par saint Augustin, après qu'il eut
MarceHin exerça cette charge environ trois ans, achevé le livre de la Nature et de la Grâce, la
de 410 à 413 ; c'est au mois de septembre de même année où il publia le quatrième et le
cette dernière année qu'il fut surp ris et mis à cinquième livre de la Cité de Dieu, et écrivit
mort par les hérétiques, ce qui l'a fait mettre les deux lettres CLXVI et CLXVII à saint Jé-
cette lettre.
;
au nombre des martyrs voyez la note jointe à rôme; c'est lui-même qui le dit ici, n. 1 et 13.
LETTRES CLXX et CLXXI (écrites probable-
LETTRE CLXVI (écriteau printemps de415). ment en 415). — La cent soixante-dixième, à
Maxime, et la cent soixante-onzième, à Pére-
— La cent soixante-sixième, à saint Jérôme, fut
écrite, d'après le n. 2, pour profiter de l'occa- grin, sont du même temps ; en tout cas, elles
sion du voyage du prêtre Orose qui s'emb ar- ne peuvent être antérieures à 415, car Péré-
qua pour la Palestine au printemps de415. grin, évêque, avec lequel saint Augustin et
LETTRE CLXVII (écrite en même temps que Alype sont si intimement liés, paraît être le
la précédente) — En même temps que cette même qui n'était encore que diacre en 412,
lettre, Orose fut aussi chargé de la cent- d'ap rès les lettres CXXXIX et CXLIX, et même
soixante-septième : c'est ce qu'indiquent et postérieurement à 413, d'après la lettre CXLIX
saint Augustin dans cette lettre CLXVII, n. 1, n. 34.
dans la CLXIX, chap. IV, n. 13, dans le liv. II LETTRE CLXXII (écrite au commencement
des Rétractations,chap. XLV ; et saint Jérôme de 416).—La lettre de saint Jérôme, que nous pla-
dans sa réponse qui est ici la lettre CLXXII çons ici cent soixante-douzième, paraît la ré-
n. 1. ponse apportée par Orose à son retour de Pa-
LETTRE CLXVIII (écrite probablement en lestine ea Afrique, au printemps de 416.
415). — La cent soixante-huitième lettre est de LETTRE CLXXIH (écrite vers le même
Timase et Jacob ; ils remercient saint Augustin temps) — La cent soixante-treizième, au prê-
pour l'envoi du livre de la Nature et de la Grâce ; tre Donat, fut écrite quelque temps après la
or nous savons tous que ce livre est de 415. conférence de Carthage, puisque saint Au g us-
LETTRE CLXIX (écrite à la fin de 415). — tin parle des actes de cette assemblée au
— Centesima sexages.ma quinta Hicronymi est, ad EPISTOLA CLXIX (scripta exeunte an. 415). —
Mareellinum Tribunum in Africa agentem trans- Ad Evodium Centesimam sexagesimam nonam Epi-
missa, ex n. 1. Egit vero Marcellinus in ca regioue stolam dedit Augustinus post perfectum librum de
très circiter annos a 410, ad 413, quo anno mense Natura et Gradée, eodemque anno quo librum quar-
septembri haereticorum doits occtsus in Martyrum tum et quintum de civitate Dei, duasque ad Hiero-
numerum migravit. Vide Not. b. p. 581. nymumEpistolas envier CLXVII dictaverat, uti pro-
EPISTOLA CLXVI (scripta an.415,verno Lempore) fitetur ipse hic n. 1 et 13.
— Centesima sexagesima sexta ad Hieronymum EPISTOLÆ CLXX et CLXXI (scriptœ forte an. 415).
occasione Orosii. Presbyteri in Palcstinam anno 415, — Centensima septua g esima
ad Maximum et Cen-
sub vernum tempus navigantis dicta taest ex n. 2. tesima septuagesima prima ad Peregrinum eodem
EPISTOLA CLXVII (scripta simul cum superiore ) tempore datsefuerunt : non ante annum 415, si-
— Alteram quoque hic centesimain sexagesimaul quidem Pcregrinus cpiscopas, quo tam familiariter
septimam simul ipsi perferundam accepit Orosins. utuni.nr hic Augustinus et Alypius, videtur fuisse
Eodem enimtempore cum superiore scriptam fuisse idem cum illo Percg rino, qui diacouatus munere
indicatnou modo Augustinus hacce Epistola CLXVII, fungebatur anno 412 ex EpistolacxxxixetCXLIX,
n. 1 et CLXIX, c. iv, n. 13, et lib. II. Retract, c. XLV, immo post annum 413, ex Epistola CXLIX, n. 34.
sed etiamHieronymus rescripio suo, quæ est Epistola EPISTOLA CLXXII (scripta ineunte an 416). —
hic CLXXII, n. 1. Hieronymi Epistola hic Cuntesima septuagesima se-
EPISTOLA CLXVIII (scripta forte au. 415).
— cunda reddita puiatur Augustino per Orosium rc-
Timasii et Jacobi est Centesima sexagesima octava deuntem ex Palaestina in Africain anno 415, sub
Epistola, qua gratiarum actionem Augusti no exhi- vernum tempus.
bent pro libro de natura et gratia; quem librum EPISTOLA CLXXIII (scripta circ. hoc tempus) —
anno 415, editum esse nulli dubitamus. Centesima septuagesima tertia ad Donatum presby-
;
n. 17 et même après les lois qu' H onorius pu-
blia ensuite contre les Conatistes. En effet, Do-
lendes do février, ap rès le consulat de Thco-
dose pour la septième fois, et Janius Quartus
natn'aurait pu être, ainsi qu'il estdit,n.l appré- pour la cinquième, ce qui revient à 417.
hendé par, force et conduit à l'Eglise, sans l'au- LETTRE CLXXVI (écrite peu après la précé-
torité des lois impériales ; mais on ignore si dente) — Le même jour, Innocent répondit
cela est arrivé aussitôt après les lois portées aux pères de Milève qui lui avaient adressé
contre les schismatiques à la suite du meurtre leur lettre synodale, ici cent soixante-sei-
de Marcellin, ou seulement à l'arrivée du tri- zième, excités disaient-ils par l'exemple du
bun Dulcitius envoyé en Afrique pour veiller à concile de Carthage. La lettre est donc aussi de
l'exécution des édits. 416.
LETTRE CLXXIV (écrite vers le même LETTRE CLXXVII (écrite vers le même
temps) — La cent soixante-quatorzième, à temps) — Les mêmes raisonnements nous font
Aurèle, ne peut être placée avant l'an 416, découvrir la date de la cent soixante-dix-sep-
puisqu'au liv. XIII de la Trinité ouvrage alors tième lettre, écrite après les lettres synodales
complètement achevé, et adressé en même sus-mentionnées, voyez n. 1.
temps à Aurèle, il est fait mention du liv. XII LETTRE CLXXVIII (écrite vers le même
de la Cité de Dieu qui ne fut terminé qu'en temps) — La lettre cent soixante-dix-huitième,
416. à Hilaire évoque, porte l'indication de la date
LETTRE CLXXV (écrite en 415). — La let- dans les paroles suivantes, n. 2 : « Quand je
tre du Concile de Carthage, à Innocent, placée traçais ces lignes, nous savions qu'un décret
ici cent soixante-quinzièmeest rapportée à 416. du concile tenu par les évêques réunis dans
attendu, premièrementque le prêtre Orose qui l'église de Carthage, avait été rendu contre
donna aux pères du concile, alors réunis, l'oc- eux, et qu'il devait être adressé, avec une let-
casion d'écrire cette lettre en leur remettant tre, au saint et vénérableInnocent pape; nous-
les lettres d'Héros et Lazare contre Pélage, ne même du concile de Numidie, nous avions
printemps;
revint de Palestine que cette même année au
ensuite, que la réponse d'Innocent
ace même concile, porte la date du vi des ca-
aussi écrit déjà au même siège apostolique. »
LETTRE CLXXIX (écrite vers le même
temps) — Saint Augustin n'avait pas encore
terum aHquanto tempore posterior est Carthagi- huj usce Fpistoicc oecasioncm Herotis videlicet e
nensi collatione, de cuj us actis ibi sermonem babet Lazari in Pelagium littcras protulit, rediit ex Pa-
Augustinus, n. 7, posterior etiam legibus ab Hono- læstina hoc ipso anno verna tempestate. Tum quia
rio postmodum datis in. Donatistas; haud quaquain rescfiptum Innocentii ad eamdem synodum consi-
enim Donatus ille per vim comprehensus ad Eccle- gnatur dievi Kal. Feb r., post Consulatum Theodos.
siam sic adduceretur, quomodo hic n. 1 refertur, VII, et Junii Quarti V. C., id est an. 417.
si legum imperialium auctoritas non inteL'eessisset. EPISTOLA CLXXVI (seripta paulo post superio-
Quo autem anno id contigcrit, an statim post leges rem ) — Eodem die responsum dédit Innocentius
audita Marcellini cæde rescriptas in schismaticos, Patribus qui synodicam ipsi super eadem re, scili-
an posteaquam Dulcitius Tribunus legum imperia- cet Epistolam hic Centesimam septuagesimam sex-
lium executor in Africam venit, incertum est. tam transmiserant. Caithaginensium exemple pro-
EPISTOLA CLXXIV (scripta circ. hoc tempus) -. vocat.i, uti aiunt n. 5. Pertinet itaque ad eumdem
Centesima septuagesima quarta ad Aurelium non annum 416.
citius anno 416 reponi potest, cum in libro XIII de EPISTOLA CLXXVII (scripta circ. idem tempus)
Trinitate, quod opus numeris omnibus suis absolu- — lisdem ar g
umentis deprehenditur tempus Epi-
tum hic Aurelio transmittitur, mentio fiat libri XII stolœ Centesimœ septuagesimae septimae, post supe-
decivitateDei,quinon ante annum 416 perfectus riores synodicas dictatse ex n. 1.
fuit. EPISTOLA CLXXXVIII (scripta eodem tempore)
EPISTOLACLXXV (scripta an. 416). —Concilii — JStatem suam Epistola Centesima septuagesima
Carthaginensis ad Innocentium Epistola, hic ordine octava ad Hilarium episcopum consignatam prœfert
Centesima septuagesima quinta, refertur in annum his verbis, n. 2. « Jam enim, ait Augustinus, eum
416, primum quia Orosius Presbyter, qui Africanis ista scriberem, cognoveramus in ecclesia Cartha-
patribas-synodum de morte, agentibus scnbendiB gineQsi adversus eos episcopalis Concilii conditum
reçu les actes du synode de Diospolis célébré à quatrième,desaint Innocent àAurèle et àAugus-
la fin de l'année 415, lorsqu'il écrivit la cent tin,est du même temps,puisquelepape Innocent
soixante-dix-neuvième lettre destinée à Jean est mort au mois de mars ou de juillet 417.
de Jérusalem, voyez n. 7, mais déjà il avait LETTRE ÇLXXXV (écrite vers 417).
— Dans
la lettre cent quatre-vingt-cinquième, à Boni-
vu certaine apologie écrite par Pélage et adres-
sée par lui aux évêques d'Afrique, au lieu de /acc, n. 6, sai nt Augustin fait mention du con-
cile de Carthage, mais il indique la date avec
ces actes, apologie par laquelle il prétendait
répondre aux obj ections d'Héros et Lazare; plus de précision dans les Rétractations, où
déjà aussi, saint Augustin avait écrit à Jean de après avoir parlé du livre des AétionsdePélage,
Jérusalem sur le même suj et, depuis le retour qui est de 417, il dit, que la présente lettre fut
d' O rose ; en effet, au n. 1, il suppose que la ré- écrite dans le même temps, et il la place im-
ponse de Jean de Jérusalem ne lui a pas été médiatement avant le livre à Dardanus qui fut
envoyée, faute d'occasions favorables. écrit pendant l'été de 417.
LETTRE CLXXX (écrite vers la fin de l'année LETTRE CLXXXVI (écrite vers le milieu de
418).—La lettre cent quatre-vingtième, à Ocea- 417). — Plusieurs indices nous font connaître
nus, a été écrite peu de temps après le retour
le temps de la cent quatre-vingt-sixième let-
d'Orose en Afrique, voyez n. 5. tre, à Paulin, d'abord d'apres les n. 1 et sui-
LETTRES CLXXXI,CLXXXM et CLXXXIII vants, les actes du synode de Diospolis étaient
(écrites au commencement de 417). — Les trois déjà aux mains de saint Augustin; ensuite il
qui survent ont été envoyées en Afrique par le avait lu les réponses du pape Innocent sur Pé-
;
pape Innocent : elles portent l'indication du
jour et des consuls ces notes les rapportent au
mois de janvier de l'année 417.
lage données au commencement de l'an 417,
car, à partir de ce moment il commence,
n. 28, à obj ecter aux Pélagiens la parole du
LETTRE CLXXXIV (écrite vers ie même seigneur : « Si vous ne mangez la chair du fils
temps) .—N ous pensons que la cent quatre-vingt de l'homme, etc., » faisant en même temps re-
fuisse decretum, per Epistolam sancto et venerabili Aurelium et Augustinum sub idem tempus scriptam
Papae Innocentio dirigendum et nos de concilie Nu- credimus, quandoquidem Innocentius anno 417
midise ad eamdem apostolicam Sedem jam similiter obiit mense Martio vel Julio.
scripseramus. » EPISTOLA CLXXXV (scripta cire. an. 417). — In
EPISTOLA CLXXIX (scripta circ. idem tempus) Epistola Centesima octogesima quinta ad Bonifa-
— Diospolitanee synodi exeunte anno 415 célébrâtes cium collationis Carthaginensis meminit Augastiaus
Gesta. nondum receperat Augustinus, cum Episto- n. 6. Sed ej us œtatem expressius indicat in Retra-
lam Centesimam septuagesimam nonam Johanni ctationibus, ubi recensito libro de Gestis Pelagii, qui
Jerosolymitano perferendam dédit ex n. 7. Sed jam versus hieuntem annun'i4i7 edituscstj testatuream
viderai conscriptam a Pélagie atgue ad Africanos is- se tempore eodem conscripsisse ; pcoximu.Qi ei lo-
torum Gcstorum loco transmissam apologiam quam- cum ante librum Dardano sub œstatem anni 417
dam, qua se ille ad Herods et Lazari objecta respon- scriptum adgignans.
disse jactabat, scripseratque jamAugustinusalteram EPISTOLA CLXXXVI (scripta circ. médium an.
ad Johannem Epistolam. super eadem caussa, post 417). — Tempus Centesimse octogesimœ sextæ Epi-
Orosii reditum, uti opinamur. Quippe n. 1 rescri- stolse ad Vaulinum datse monstrant complura. Pri-
pta sibi a Johanne crédit non reddita, quod ipsi mum Gesta Diospolitanae synodi jam pervenerantin
perlator defuerit. Augustini manus ex n. 1,31, acsequentibus. Deinde
EPISTOLA CLXXX (scripta cire. imem an. 416).— reacripta Innocentii contra Peiagianos initio anni
Centesima octogesima ad Oceanum data est aliquanto 4i7 data legerat. Exinde enim n. 28 Dominicam
post Orosii reditum in Africam ex n. 5. sententiam, « Nisi manducaveritis carnem Filii ho-
EPISTOLA CLXXXI, CLXXXII et CLXXXIII (scri- minis, etc., incipit Pelagianis obtendere : id ta-
ptæ init. an. 417). — Très subsequentes Epistolse, ab menprudenter observandum curans, testimonium
Innocentio in Africam transmissse, diem et consu- illud ab apostolica Sede eo ilae adbibitum fuisse,
lem consignatum habent, quæ notæ inciJunt in « ut ne parvuli non
baptizati vitam posse habere
mensem Januarium anni 417. credantur. Adhsec audiverat Innocentii obitum ex
EPISTOLA CLXXXIY (scripta sub idem tempus)
n. 2, qui anno 417, die 28 Julii contigit Bullan.
calcule
— Centesimam octogesimam quartam innocentii ad Baronii, cui Acta veterum Pontiucum apud
marquer avec soin que le saint siège s'est servi lin, c'est qu'alors Zosime successeur d' I nno-
de ce texte pour empêcher de croire que e les cent n'avait encore rien fait ni pour ni contre
enfants non baptisés peuvent avoir la vie. » Pélage, puisque la lettre ne dit pas un mot de
De plus, d'après len. 2, on voit qu'il avait ap- lui.
pris la mort du pape Innocent, arrivée le 28 LETTRE CLXXXYII (écrite vers le milieu de
juillet 417, d'après le calcul de Baronius qui 417). — Le livre à Dardanus rangé dans toutes
s'accorde avec les actes des anciens pontifes les éditions qui ont précédé, parmi les lettres
dans Bollandus, avec Anastase le bibliothé-
caire, avec le nouveau martyrologe Romain ; de saint Augustin appartient au milieu de 417
ou à peu près : en effet saint Augustin dit au
ou plutôt, le 12 mars, comme le portent, les n. 1 qu'il l'a écrit dans le cours de l'été, et
martyrologes de Bède, d' U suard, d'Ado et Not- dans les Rétractations, il le place entre le livre
ker, mais surtout le vieux martyrologe Ro- des Actions de Pélage composé à la fin de 416
main dont se servit Ado. Le témoignage des ou au commencementde 417, et les livres de la
martyrologes est confirmé par les lettres de Grâce et du péché originel écrits vers le mois de
Zosime aux églises des Gaules, qui dans Sir- mai 418.
mond ont la date du 22 mars 417, par celle de LETTRE CLXXXVIII (écrite vers lafin de 417
Paschasin évêque de Lilybée, adressée en 443 ou le commencement de 418). —La lettre cent
au Souverain-Pontife Léon, où il est dit que quatre-vingt-huitième fut adressée par saint
les églises d'Occident sous le pontificat de Zo- Augustin etAlype, àJulienne.Les deuxévoques
sime en 4i7, ont fait erreur sur le jour pascal, désiraient savoir si le livre anonyme adressé à
qui tombant cette le 22 avril fut célébré par Démétriade et placé ici dans l'appendice
elles le 25 mars. Enfin Prosper, dans sa chroni- comme lettre XVII, était de la main de Pelage.
que, dit que Zosime a gouverné l'église un an
:
neuf mois huit jours, ou, selon quelques édi-
t i ons, neuf Or, Zosime mourut le 26 décembre
:;
Or, dans le traité de la Grâce du Christ saint
Augustin attribue ce livre à Pelage pour lui
;
418 il avait donc commencé son pontificat le
c'est un fait certain, nullement contesté il est
donc clai r que la présente lettre a été écrite
17 ou le 18 mars 417. Enfin ce qui donne bien avant le traité de la Grâce composé en 418,
aussi le temps où fut écrite cette lettre à Pau- mais peu de temps avant, car ici au n. 14 saint
:
avait été engagé par ce même personnage à lui
adresser encore cette seconde « pour lui don-
ner quelques paroles propres à l'édification de
de Carthage il était allé directement en Mauri-
tanie, d'après la lettre CXCIII, n. 1, et, il se
trouvait encore à Césarée le 20 septembre de
son âme, » les éditeurs de Louvain après la même année, d'après le livre des Sujets trai-
Erasme l'entendent de la lettre CLXXXV au tés avec Emeritus.
même Boniface : Nous ne pouvons adopter LETTRES CXCI, CXCIIet CXCIII (écrites à la
cett e opinion, attendu que cet écrit est appelé fin de 418).—Les trois lettres qui suivent,
par saint Augustin dans les Rétractations, non cent quatre-vingt-onze, cent quatre-vingt
pas une lettre, mais un livre, et que d'ailleurs douze, à Célestin, et cent quatre-vingt-treize, à
:
au suj et qui y est traité on n'avait rien à aj ou-
ter pour l'édification de l'âme cependant cette
lettre CLXXXIX peut très-bien être rapportée
Mercator, furent écrites par saint Augustin
pour profiter de l'occasion du retour d'Afrique
de l'Acolythe Albin de l'Eglise Romaine ; le
à ce temps où saint Augustin avait appris par saint venait de rentrer à Hippone comme il le
la renommée n. 8, les vertus de Boniface, mais dit au commencement de chacune de ces trois
non pas encore par sa fréquentation ou ses en- lettres, il venait de la Mauritanie césarienne,
tretiens intimes. d'après la lettre CXCIII, n. 1, et par consé-
LETTRE CXC (écrite peu après le milieu de quent après le 20 septembre, puisque cette
l'an 418). — Nous connaissons le temps de la date est celle des Sujets traités avec Emeritus à
cent quatre-vingt-dixièmelettre, à Optât, par- Césarée.
sori Zosimo nonnisi versus mensem Septembrem simo Pelagianis dicitur, deque Tractoria quae in eos
redditaest. per universum orbem ante médium an. 418, ab
EPISTOLA CLXXXIX (scripta cire. an. 418).
-
Quæ initio Centesimœ octogesimse nonae ad Bonifa-
ipso emissa fuit : partim ex n. 1, in quo innuit Au-
gustinus se cum apud Csesaream ageret, scribendœ
cium dicit Augustinus, rescripta ad eum a se jam huic Epistolæ adjecisse animum, impulsu Renati
dictata, eaque perlatori in manus tradita fuisse, et Muressis. Porro Cœsaream petiit post Carthagi-
cum ab eodem perlatore inductus fuit, ut liane in- nense concilium die 1 Maii an. 418, celebratum,
super Epistolam adderet, « scribens aliquid quod iter Carthagiue recta in Mauritaniam suscipiens, eX
ipsnm œdincet ad sempiternam salutem, » ea Lo- Epistola CXCIII, n. 1, agebatque adhuc Cæsareæ die
vanienses post Erasmum inteHigunt de CLXxxv, ad 20 Septembris ej usdem anni, ex Actis cum Emerito.
eumdem Bonifacium Epistola. QuibLa etsi non as- EPISTOLA CXCI, CXCII et CXCIII (scripta sub
sentiamus, quod illud prius scriptionis genus non finem an. 418). — Tres subsequentes Epistolas Cen-
Epistola, sed liber ab Augustino censeatur in Re- tesimam nonagesimam primam ad Sixtum, Ccnte-
tractationibus; prœterquam quod in eo versatur simam nonagesimam secundam ad Cælestinum, et
argumento, ut ad Bonifacii œdificationem nihil in- Centesimam nonagesimam tertiam ad Mercatorem
super desiderari potuisset. Commode tamen adhoc una eademque occasione Albini Romanse Ecclesiae
tempus refertur isthœc Epistola, de qua agimus acolythi ex Africa profecturi rescripsit Augustinus,
CLXXIX quo tempore Bonifacii virtutes fama rescie- postquam remeasset Hipponem, uti ipse initio cu-
rat Augustinus ex n. 8, sed nondum forte usu jusque harum Epistolarum profitetur, id est post
ipsius aut consuetudine satis familiari.
suum reditum ex Mauritania Cœsariensi, juxta Epi-
EPISTOLA CXC (scripta paulo post médium an. stolam CXCIII, n. 1, adeoque post diem 20 Septem-
418). — Etatem Epistolæ Centesimse ad Optatum bris, quo die apud Cœsaream confecta notantur
habes partim ex n. 22 et 23, ubi de damnatis a Zo- Acta cum Emerito.
LETTRE CXGIV (écrite peu après les précé- condamnés par Innocent; voici ses paroles :
dentes) — La cent quatre-vingt-quatorzième « Ils ont été récemment atteints par le juge-
lettre fut envoyée à Sixte par le prêtre Firmin, ment du ciel, ils ont été séparés de la commu-
peu de temps après le départ de l'Acolythe Al- nion catholique par la diligente sollicitude des
bin, voyez n. 1. fidèles serviteurs de Dieu. »
LETTRE CXCV (écrite peut-être en 418). — LETTRES CXCVII et CXCVIII (écrites à la
Dans la cent quatre-vingt-quinzième Jérôme fin de 418 ou au commencement de 419).
—
paraît féliciter saint Augustin de ce qu'enfin le Des trois lettres qui suivent la cent quatre-vingt
-
pélagianisme a été condamné dans tout l'uni- dix-neuvième à Hesychius fut écrite en 419
;
vers il le loue « de ce qu'il a résisté aux souf-
ûe des vents par l'ardeur de sa foi ; » peut-être
comme on le voit par le n. 20. C'est ce qui fait
qu'on doit, ce semble, rapporter la cent quatre-
veut-il par là indiquer sa constance à pour- vingt-dix-septième et la cent quatre-vingt-dix-
suivre l'hérésie des Pélagiens alors que les Ro- huitième écrites peu auparavant, à la fin de
mains trompés par leurs artifices avaient sem- l'année 418 ou au commencement de 419.
,
blé les favoriser. Nous ferons remarquer que Cette conj ecture se fortifie de ce que dit
deux manuscrits du monastère de Vendôme Hesychius dans la lettre CXCVÏII, n. 5, qu'on a
placent à la suite de cette lettre une autre fort vu alors des signes dans le ciel, indiquant sang
:
courte que nous avons placée la CXXI, il les
joignent par ces mots «Aussitôt après la si-
gnature. Plusieurs déjà boitent des deux
doute par là, ce qui est arrivé en 418, au témoi-
gnage des historiens : l'émotion qu'en ressentit
Hesychius fut pour lui l'occasion de consulter
pieds, etc.» saint Augustin sur le dernier jour du monde.
LETTRE CXCVI (écrite à la fin de 419). — LETTRE CC (écrite à la fin de 418 ou au
La lettre cent quatre-vingt-seizième à Asellicus, commencement de 419). — La deux centième
fut écrite alors que Donatien était primat de lettre au comte Valère lui fut envoyée avec le
Byzacènepar droit d'ancienneté, n. 1. dignité livre des Noces qui lui est dédié ; ce livre,
qui lui est attribuée au concile de Carthage comme nous le ferons voir en son lieu, a été
en 418. D'autre part, saint Augustin fait en- écrit au commencement de 419. En effet saint
tendre, au n. 7, que les Pélagiens ont déjà été Augustin dans le livre I, à Boniface, chap. v,
EPISTOLA CXCIV (scripta paulu post superiores) anni 418, tribuitur. Præterea Pelagianos ab Inno-
— Centesima nonagesima quarta ad Sixtum paulo centio et Zosimo jam damnates significat Augusti-
post Albini acolythiprofectionem per Firmum pres- nus n. 7, hisce verbis. « Qui recenti judicio Dei, per
byterum missa est ex n. 1. diligences et fideles servos ej us etiam catholica com-
EPISTOLA CXCV (scripta forte an. 418). munione privati sunt ».
— In
Epistola Centesima nonagesima quinta Augustino EPISTOLA CXCVII et CXCVIII (scriptæ exeunte
;
gratulari videtur Hieronymus de Pelagianis toto jam
,
orbe damnatis eumque laudat quod « contra flan-
tes ventos ardore fidei perstiterit» indicat fortean
an 418, aut ineunte 419). CXCIX (scripta sub
an. 419). — Ex tribus proxime sequentibus Epistolis
Centesima nona g esima nona ad Hesychium sub an-
S. Doctoris constantiam in expugnanda Pelagiano- numChristi419, data intelligitur ex n. 20. Qua-
rum hæresi, quando eorum arte delusi Romani pa- propter Centesima nonagesima septima et Cente-
trocinari iis videbantur. Porro in MSS. duobus mo- sima nonagesima octava, quæ paulo ante scriptæ
nast. Vindocinensis observamus huicce Epistolæ fuerant, revocandœ videntur ad annum exeuatem
alteram perbrevem a Hieronymo scriptam, quæ 418, aut ad ineuntem 419. Adjuvat conj ecturam
supra ordine est cxxt, proxime subj ungi, interjectis quod Hesychius in cxGvni. Epistola n. 5, dicat signa
his tribus verbis : « Jam post suscriptionem. Multi per id tempus in cælo visa fuisse : ea dubio procul
utroque claudicant etc. » indicans quae anno 418, contigisse memorant Histo-
EPISTOLA CXCVI (scripta exeunte an 418). — rici ; quibus ille signis permotus occasionem
Epistola Centesima nonagesima sexta ad Asellicum sumsit consuleadi Augustinum de ultimo die
scripta est eo tempore, quo Donatianus Byzacenæ mùndi.
provinciœ primatem antiquitatis jure agebat, ex EPISTOLA CC (scriptri exeunte an. 418, aut
n. 1, quae illi dignitas in Concilio Carthaginensi ineunte 419). — Epistola Ducentesima ad Valerium
dit qu'il l'a publié « après la condamnation de toire Lausiaque en 419 ou 420, la croit encore
Celestius et de Pélage, » et il aj oute aussitôt : vivante, chapitre cxxv. Quant au porteur de
a J'ai cru devoir dire ces
choses parce qu'il la lettre, le prêtre Innocent, il fut envoyé en 419
par les évêques d'Afrique pour demander à
;
prétend que mes paroles ont été acceptées par
ses ennemis en haine de la vérité je ne veux
aucunement que personne s'imagine, que les
Cyrille les canons de Nicée ; il revint le 26 no-
vembre, même année,comme il est clair par le
nouveaux hérétiques ennemis de la grâce de recueil des canons de l'église d'Afrique, n. 137 :
Jésus-Christ ont été condamnés à cause de mon c'est sans aucun doute dans ce voyage qu'il vit
livre. » Ce qui nous fait conclure que le livre saint Jérôme et en reçut le message en question,
des Noces a été composé peu après la condam- cette même année et non pas la suivante. Car
nation de ces mêmes hérétiques. au commencement de la lettre, saint Jérôme
LETTRE CCI (écrite au mois de juin 419). — tirant excuse de ce « qu'Innocent ne paraissant
La deux cent unième lettre écrite par les empe- pas l'année précédente devoir retourner en
à
reurs Honorius et Théodose Aurelius, et adres- Afrique, » n'a pas reçu sa réponse pour saint
Augustin, donne manifestement à entendre
sée également dans la même forme à Augustin
porte l'indication du jour et des consuls. qu'I nnocent a fait deux voyages en Orient.
LETTRE CCH (paraît écrite vers la fin de 419). Celui dans lequel il ne savait s'il retournerait
—La lettre qui est placée ici deux cent deuxième en Afrique ne peut être le même que celui
est regardée par Baronius comme la dernière qu'il entreprit pour obéir aux pères du Synode
de celles qu'écrivit saint Jérôme. Il la rapporte africain en 419 : c'est à tort que Baronius con-
à l'an 420, date de la mort du saint, d'après clut des paroles citées de saint Jérôme que la
la chronique de Prosper. Ce qu'il y a de certain lettre a été envoyée l'année qui suivit l'ambas-
c'est qu'on ne peut guère placer avant 320 le sade d' I nnocent.
trépas de la vierge Eustoquie, dont la perte LETTRE CCIII (écrite sans doute en 420). —
affecta si douloureusement saint Jérôme comme La lettre deux cent troisième à Large a été
il le dit ici. En effet, Palladius écrivant l'his- écrite dans le temps où ce personnage heureux
Comitem missa est cum libro primo de Nuptiis ei- tum testatur hic Hieronymus, non multo ante
dem nuncupato, quem librum suo loco demonstra- prædictm aunum 420, reponi potest. Quandoqui-
bimus conscriptum fuisse exeunte anno 418, aut dem Palladius Lausiacamhistoriam an. 419, aut 420,
ineunte419.EnimveroipseAugustinus in lib. 1, scribens, in vivis eam agere crédit in cap. cxxv.
,
ad Bonifacium c. v dicit se id operis « post damna-
tionem Pelagii Celestiique » edidisse. Tum addens
Quod vero ad Epistolee perlatorem Innocentium
presbyterum adtinet, is anno 419, ad perquirendos
continenter : « Quod ideo dicendum putavi, quo- Nicænos canones missus a Patribus Africanis ad
niam iste dicit ab inimicis suis in odium veritatis Cyrillum, inde rediit in Africam anno eodem ante
dicta mea fuisse suscepta : ne ideo quisquam existi- 26. Novembris, utex Cod. can. Eccl. Afric. titulo c.
met propter hunc librum meum inimicos gratise 137, liquet : eaque dubio procul occasione viso
Christi novos hæretícos fuisse damnatos : » argu- Hieronymo, Epistolam de qua agitur, aiferendam
mentum præbet quo eumdem librum non multo accepit, hoc ipso anno ; non subsequenti. Quippe
post eorum hæreticurum damnationem prodiisse Epistolae initio cum Hieronymusexcusat, quod Inno-
concludamus. centius « anno præterito quasi nequaquam in Afri-
EPISTOLA CCI (seripta an. 419, mense junio)
— cam reversurus,» ipsius ad Augustinum scripta non
Ducentesima prima, quæ ab Imperatoribus Honorio sumpserit,indicat unam et alteram Innocentii pere-
et Theodosio ad
Aurelium, etseorsim ad Augustinum grinationem in Oriente : quarum prima, siquidem
eodem tenore data est, diei et Consuium notam affi- Innocentius de suo in Africam reditu incertus erat,
xam gerit. non eadem est cum illa quam an. 419. Africann
EPiSTOLA CCII (scripta videtur versus finem synodi auctoritate suscepit. Neque recte Baronius iii
an. 419). — Quæ Ducentesima secunda hic est, ex verbis Hieronymi colligit Epistolam anno
sequent
earum quæ Hieronymus scripsit, Epistolarum om- a legatione Innocentii datam fuisse.
nium novissimam putat Baronius, remittitque ad EPISTOLA CCIII (scripta forte circ. an. 420). —
annum 420, in quem Hieronymi obitus, juxta Pros- Epistola Ducentesima tertia ad Largum eo tempère
peri chronicum incidit. Certe quidem Eustochi vir- scripta est, quo ille res prospéras ante expertus,
ginis dormitio. cuj us dolore se vehementer occupa- versabatur in adversis, potestque ad anmun cJrciter
jusque-là, était tombé dans l'adversité ; elle. questions auxquelles il répond. On voit par là
peut se rapporter à l'an 420, car ce Large qui que sous le nom de lettres, il entend un écrit
est salué seigneur illustre et très-distingué, qui plus étendu, auquel il répondit plus tard dans
est gratifié du titre d'Excellence peut à bon le livre contre le Mensonge, faisant excuse
-
pour
droit être regardé comme le même qui était le retard de sa réponse. De plus ce que dit
proconsul d'Afrique en 415, 418 et 419. saint Augustin, chap. i, n. 1, convient très-
LETTRE CCIV (écrite vers le même temps) bien à un personnage habitant l'Espagne, et
— La deux cent quatrième, à Dulcitius, tribun préoccupé de l'idée de se réfugier en Afrique ;
et exécuteur des décrets impériaux contre les il affirme en effet qu'il désire voir Consentius ;
Donatistes, a été écrite comme on le voit par « mais dans des temps plus tranquilles et moins
les n. 4 et 9, peu de temps après les livres agités, pour que le voyage puisse paraître le
contre Gaudentius, le dernier ouvrage contre les résultat plutôt d'une sainte charité que d'une
Donatistes et qui est de 420. fâcheuse nécessité. » Or dans le chap. iv, n. 18,
LETTRE CCV (écrite vers 420). — On ne il parle du livre qu'il écrit, de la /<oï et des
peut guère douter que la lettre deux cent cin- Œuvres, livre qui est de 413.
quième à Consentais, ne soit adressée au même LETTRE CCVI (écrite vers le même temps)
personnage que le livre contre le Mensonge ni — La deux cent sixième est adressée à Valère,
qu'elle ne soit du même temps. En effet celui ce même comte à qui fut envoyé le livre des
à qui ce livre fut adressé vers 420, (comme on Noces vers 419 : elle doit être rapportée à ce
le prouvera ailleurs) vivant au milieu des Pris-
cillianistes, qui désolaient alors l'Espagne
avait écrit à saint Augustin « bien des choses
:
l
même temps, le saint écrit comme à un ami à
qui l'unissaient déjà des relations d'intimité.
LETTRE CCVII (écrite en 421 ou peu après)
fort tristes, » comme il est dit au commence- — La deux cent-septième à Claudius , fut
ment du livre, au suj et du mensonge employé envoyée avec les quatre livres contre Julien. Or
par ces hérétiques, pour cacher leurs erreurs
c'était leur usage constant et ils ne craignaient
; ces livres ont été écrits en 421 ; pas avant, car
saint Augustin au livre I, chap. vu, parle de
point d'y joindre le parj ure quand il pa- saint Jérôme comme étant déjà mort.Or la mort
raissait utile à leur but. Or saint Augustin dit de saint Jérôme n'arriva que le 30 sep-
ici qu'il a reçu une lettre de Consentius, et de tembre 420.
plus un petit écrit, où étaient proposées les LETTRE CCVIII (écrite probablement vers
420, revocari; siquidem Largus iste, qui « dominus illorum retegendam hæresím, quam perjuriis eiiam
insignis et præstantíssíms » salutatur, quique adhibitisoccultare ipsisolerent. Inhacautem
« Eximietatistitulo donatur, haudimmerito creditur Epistola testatur Augustinus missam sibi fuisse
idem cum eo, qui Proconsulatum in Africa gerebat Epistolam a Consentie, et insuper in alia chartula
annis415, 418, et 419. quæstíones illas, ad quas modo respondet. Ubi
EPISTOLA CCIV (scripta circ. hoc tempus) Epistolæ nomine significare videtur scripta pro-
—
Ducentesima quarta ad Dulcitium Tribunum et jus- lixiora, quibus postea' in lib. contra Mendacium
sionum imperlalium in Donatistas executorem, respondit, tarditatem rescriptorum suorum ibidem
constat ex n. 4 et 9, datam fuisse paulo ante libros excusans. Deinde in hominem apud Hispaniam
contra Gaudentium : quod opus adversus Donatistas constitutum, atque inde in Africam confugere
postremum emisit Augustinus circiter annum420.
EPISTOLA CCV (seripta forte versus an. 420). —
,
cogitantem convenit egregie, quod hic cap. n. 1,
testatur Augustinus, opiare quidem se videre Con-
Dabitare vix licet, quin Ducentesima quinta Epis- sentium, sed quietioribus et <r<MïgtKMon6MS rebus
tola Consentio eidem, cui contra Mendacium liber, humanis, ut id honestce caritatis sit potius, quam
atque eodem ferme tempore scripta fuerit. Is enim molestæ necessitatis. Porro in cap. iv, n. 18, meminit
cui liber ille circiter annum (uti alias probabitur) , scripti a se libri de Fide et operibus, qui liber est
420, compositus nuncupatur, vivebat inter Priscil- anni 413.
lianistas, qui per id tempus Hispaniam infestabant; EPISTOLA CCVI (scripta cire. hoc tempus) —
multaque lugenda miserat Augustino, ut in ej usdem Ducentesima sexta est ad Valerium, illum ipsum
libri exordio dicitnr, agens de mendacii usu ad Comitem,cui primus de Nuptiis liber circiter initium
423). — Si l'on compare la deux cent huitième que le successeur fut élu en 423; il pourrait
lettre adressée à Félicie, avec la CCIX à Cé- cependant bien se faire que Boniface étant
lestin, on voit que les scandales qui troublaient mort à la fin de 422, son successeur n'eût été
la conscience de cette vierge revenue du schisme promu qu'en 423. Aussi bien dans les mêmes
des Donatistes à l'unité de l'Eglise, peuvent chroniques est-il dit, que Célestin fut élu pape
être attribués à l'évêque Antoine qui, chargé avant la mort d'Honorius arrivée en août 423.
de diriger l'église de Fussale, revenue à la com- De plus le pontificat de Boniface fut de trois ans
munion catholique, s'était montré par la cor- et quelques mois, comme en conviennent tous
ruption de ses mœurs indigne de ces saintes les auteurs anciens et modernes, latins ou
;
fonctions et en avait été déposé par la sentence grecs, à l'exception de Nicéphore dont l'auto-
des évêques si cette conjecture est fondée la rité n'est pas grande et quelques éditions de
présente lettre doit être rapportée à l'an- Prosper qui donnent à Boniface quatre ans de
née 423. pontificat, ce qui peut même se concilier avec
LETTRE CCIX (écrite peut-être au commen- les autres témoignages, si on entend la qua-
cement de 423). — Le n. 1 de la deux cent trième année comme non achevée. On trouve
neuvième lettre à Célestin, la fait attribuer aux dans un manuscrit de Corbie, vieux de plus
premiers temps de son pontificat; en effet de onze cents ans, une suite des pontifes ro-
saint Augustin y félicite le pape de son élec- mains, qui va jusqu'au pape Vigile ; elle at-
tion faite sans dissidence aucune parmi les tribue à Célestin, neuf ans dix mois six jours,
Romains. Or Célestin succéda immédiatement à Boniface seulement trois ans huit mois six
à Boniface dont Baronius indique la mort au jours. Or Boniface fut élevé au souverain pon-
;
huit des Calendes de novembre 423, s'autori- tificat le 29 décembre 418 ainsi sa mort peut
sant pour le jour du témoignage d'Anastase, être rapportée à la fin de 422, ainsi que l'élec-
mais n'ayant pour l'année d'autre garant que tion de Célestin son successeur, peut-être les
le récit de Prosper et de Marcellin, qui disent chroniques ne l'ont-elles portée qu'en 423 parce
;
tique, aura été écrite à l'occasion du tumulte qui
avait agité une maison de religieuses ce serait
pour l'apaiser que saint Augustin aurait écrit
ouvrage dont s'occupait saint Augustin vers la
fin de 426, on lit : « Deux ans ne se sont pas
encore écoulés depuis qu'Hippone la Royale
cette lettre. possède ce monument, etc.» Nous sommes donc
LETTRE CCXI (écrite vers le même temps) fondés à croire que cette lettre a été écrite vers
— La deux cent onzième aux Religieuses, est l'an 425.
postérieure au concile de Carthage et aux lois LETTRE CCXIII (écrite le 26 septembre 426).
contre les schismatiques, qui furent publiées — Les actes ecclésiastiques, rédigés à l'occasion
ensuite. En effet, l'Eglise alors se réj ouissait du du choix d'Heraclius, successeur de saint Au-
retour des Donatistes, n. 4. Cependant elle n'est gustin, et qui figurent ici comme deux cent
guère antérieure à 424 ; car la sœur de saint treizième lettre, portent l'indication du jour et
Augustin supérieure de ce monastère n. 4, des consuls.
était morte depuis peu, ayant comme dit Pos- LETTRES CCXIV et CCXV (écrites vers Pâques
sidius, n. 26, « servi Dieu pendant longtemps 426 ou 427). — La deux cent-quatorzième et la
dans l'état de viduité, et conservé jusqu'à sa deux cent quinzième, à Valentin abbé du mo-
mort la conduite des servantes de Jésus-Christ.» nastère d'Adrumète, paraissent être du même
LETTRE CCXII (écrite vers 425). — A la fin temps d'après les premières paroles de chacune;
de la deux cent douzième lettre écrite au suj et l'une aurait été écrite un peu avant Pâques,
des reliques du saint martyr Etienne (qui furent l'autre un peu après cette fête, non pas en 418
apportées pour la première fois en Occident comme l'a cru Baronius ; en effet la lettre plus
par Oroseau retour de Jérusalem selon la chro- longue à Sixte dont il est parlé dans les deux
nique de Marcellin) saint Augustin dit à Quin- présentes, et dont une fausse interprétation
,
tilien : « Votre sainteté n'ignore pas combien avait amené de la division parmi les moines
ipsius electio; quae forte ad insequentem annum solymis redeuntem, juxta Marcellini Chronicum,
idcirco relata est in C h ronicis, quod paucis ante primo in Occidentem advectæ fuerunt) sic ad Quin-
ipsius initium diehus facta fuerit. tilianum loquitur Augustinus : « quas, ait, non
EPISTOLA CCX (scripta forte circit. hoc tempus) ignorat sanctitas vestra, sicut et nos fecimus, quam
—Nontenuissuspicio est, Epistolam Ducentesimam convenienter honorare debeatis. Ubi, nostra quidem
decimam ad Felititatem et Rusticum scriptam esse opinione, indicat memoriam ej usdem S. Martyris
;
occasione tumultus in Sanctimonialium sodalitio
exorti cuj us compescendi gratia subsequentem
Epistolam ad Sanctimonialesmisit Augustinus.
apud Hipponem exstrnctam. Atqui in c. viii, lib. XXII,
de civitate Dei, cui scribendo versus tinem an. 426,
incumbebat, isthæc verba leguntur : « Nondum est
EPISTOLA CCXI (scripta circ. hoc tempus)
—
biennium ex quo apud Hipponem-regium cœpit
Ducentesima undecima Sanctimonialibus data, pos- esse ista memoria, etc. » Quapropter Epistolam
terior est Carthaginensi collatione legibusque dein- hanc circiter an. 425, scriptam arbitramur.
ceps in schismaticos promulgatis. Quandoquidem EPISTOLA CCXIII (scripta 26 sept. an. 426). —
Ecclesia tum maxime de Donatistis in unitate gau- Acta ecclesiastica tM designando Augustini successore
debat ex n. 4. Née sane multo ante annum 424. Eraclio confecta, quæ hic Epistolæ Ducentesimse
Quippe non recens obierat Augustini germana soror decimse-tertiae loco exhibeniur, diei et Consulum
ej usdem monasterii praeposita ex n. 4, quæ tamen notam prasferunt.
narrante Possidio cap xxvi. « Vidua Deo serviens EPISTOLÆ CCIV et CCXV (scriptæ circ. Pascha
decima-
multo tempore usque in diem obitus sui prseposita an. 426, aut 427). — Epístolæ Ducentesima
anciltarum Dei vixit. » quarta et Ducentesima decima-quinta ad Valentinum
EPISTOLA CCXII (scripta circ. an.425). — Sub Adrumetini monasterii Abbatem eodem tempore
finem Epistolæ Ducentesímæduodpcimae de Stephani conscriptae intelliguntur ex primis earum verbis,
Martyris reliquiis (quae an. 416, per Orosium Jero- illa paulo ante Pascha, hæc paulo post idem festum,
d'A drnmète, ne remonte pas plus haut que la truire les moines d'Adrumète. En effet dans le
fin de 418; mais bien en 426 ou427, attendu livre De la Grâce et du libre arbitre, ch. vil et
que le livre De la Grâce et du libre arbitre, avec suivants, saint Augustin ayant amplement éta-
lequel elles furent envoyées, comme le fait bli que le commencement même de la foi et de
voir le n. 22 de la lettre CCXV, ne peut pas la bonne volonté est un don de Dieu, Vital (si
êlre placé plus tard. puisque dans les Rétrac- nous ne nous trompons) en fut ému et com-
tations il figure parmi les livres composés vers mença à parler contre cette doctrine, et à ré-
427 ; ni plus tôt, puisqu'il y est placé au der- pliquer aux passages de l'épitre aux Philip-
nier rang, avec le livre De la correction et de la piens et du psaume xxxvi cités dans le ch. xvi
Grâce adressé aux mêmes moines. de ce livre comme on le voit dans cette lettre,
LETTRE CCXVI (écrite peu après les deux ch. i et iv. Or ce même verset du psaume XXXVI
précédentes) —Saint Augustin avait demandé qu'il n'avait fait qu'indiquer, au livre Du libre
dans les lettres précédentes qu'on lui envoyât arbitre, saint Augustin le reprend plus complè-
le moine Florus accusé d'être l'auteur du tu- tement et l'explique contre Vital, il fait de
multe survenu dans le monastère ; Florus ayant même pour les prières de l'Eglise par lesquelles
accepté de grand cœur et sans aucune hésita- il le réfute longuement; il n'avait touché que
tion Valentin lui remit cette deux cent-seizième très-légèrement cet argument dans le ch. XIV :
lettre en réponse à celles du saint. Voyez pour tous les autres témoignages, toutes les
n. 6. autres preuves se rapportant au même suj et,
LETTRE CCXVII (écrite vers le même temps) il en avait traité d'une manière très-ample et
— Touchant la lettre deux cent dix-septième, très-suffisante, il n'est donc pas étonnant qu'il
à Vital, une seule chose est certaine, c'est n'y revienne point ici.
qu'elle ne fut écrite qu'après l'apparition du LETTRE CCXVIII (écrite probablement dans
pélagianisme, mais il est probable qu'elle est le même temps) — Nous plaçons ensuite la
postérieure aussi aux lettres CCXIV et CCXV, lettre à Palatinus dans laquelle saint Augustin
qui ne la mentionnent point parmi les écrits l'exhorte à ne point placer en ses propres for-
publiés contre Pélage et très-capables d'ins- ces l'espoir d'une vie vertueuse ; car « l'oraison
anni Christi non quidem 418, quod Baronio visum modum, scilicet posteriorem quoqne esse Epistolis
fuit. Nain prolixior ad Sixtum Epistola, de qua in ccxtv et ccxv, in quibus inter scriptiones contra Pe-
Epistolis hisce duabus agitur, cuj usve Epístolæ non lagianos emissas et instruendis Adrumentinis mo-
recta interpretationn emerserant quædam inter nachis perutiles non profertur. Nempe cum in libro
Adrumetinos monachos contentiones, non citius de gratia et libero arbitrio, cap. vn, et subsequenti-
exeunte eodem anno 418, dictata est; sed anni 426, bus fuisset ab Augustino copiose assertum, ex Dei
aut 427, quandoquidem liber de gratia et libero donc ipsum bonae voluntatis fideique initium pro-
arbitrio, cum quo simul transmissae sunt, uti patet venire, hoc permotus Vitalis (nisi male conj ectamus)
ex Epistola ccxv,n. 2, VIX potest vel tardius reponi; contradicere cœpit, et testimoniis ex Phihpp. n et
cum in Retractationum libris circiter annum 427, exPsal. xxxvi, in eodem libro, cap. xvi, adhibitis
elaboratis recenseatur : vel citius, cum in iisdem respondere, ut patet in hacce Epistola n. i et 4.
Retractationibns locum una cum libro de correptione Porro versiculum Psal. xxxvi quem in libre de libero
et gratia ad eosdem monachos postremum teneat. arbitrio tantummodo indicarat Augustinus, urget
EPISTOLA CCXVI (scripta paulo post duas su- hic explicatque contra Vitalem, tum etiam ipsum
periores) — Cum vero in superioribus litteris pe- ex Ecclesiee precibus, quod argumentum in dicto
tii&set Augustinus, ut Florus qui tumultus auctor libro cap. xiv, levissime tetigerat, operosius refellit.
fuisse dicebatur, ad se veniret, eo perlubenter et De ceteris vero tam multis testimoniis et argumen-
absque cunctatione ulla id ipsum pergente Valenti- tis ad eamdem caussam seque pertinentibus, quia
KMS Epistolam hiv Ducentesimam decimam sextam satis superque illic explicata erant, nihil mirum est
rescripsit ex n. 6. si tractandum hic non curavit.
EPISTOLA CCXVII (scripta sub idem tempus) EPISTOLACCXVIII (scripta forte eodem tempore)
—
De Ducentesima decima septima ad Vitalem Epistola
— Subj
icimus hoc loco Epistolam ad Palatinum, in
unum liquidum est, eam Pelagiana hseresi jam qua dum eum Augustinus hortatur, ut ne spem
ante condemnata prodiisse : alterum verisimile ad- bene vivendi collocet in propriis viribus, « ipsa
dominicale elLe-même, lui dit-il, vous avertit sent en d'autres mains que celles auxquel les
que vous avez besoin du secours de votre je les destinais. » Cette guerre éclata sous le
Dieu, » et un peu plus loin, « demandez que consulat d'Hière et d'Ardebure, c'est-à-dire en
celui-là achève l'œuvre qui a donné même le 427, par suite de la jalousie de Félix le maître
commencement. » Ensuite il cite les mêmes des milices, selon la Chronique de Prosper, ou
autorités de l'épître aux Philippiens et du d'après Paulin diacre, Mélanges historiques,
psaume xxxvi comme dans la lettre précédente liv. XIV; de la trahison du comte Aetius qui
à Vital, ce qui nous ferait croire qu'elles sont ne pouvait souffrir l'accroissement de puis-
toutes deux du même temps. sance que Boniface chargé du gouvernement
LETTRE CCXIX (écrite en 426 ou 427). — de la Lybie occidentale, venait de recevoir en
Pour la date de la deux cent dix-neuvième Afrique. C'est pour cela que saint Augustin au
lettre adressée par saint Augustin et trois au- n. 5 dit à Boniface : « Vous dites que votre
tres évêques d'Afrique, aux Gaulois Proculus et cause est juste, je n'en veux point juger, etc.
Cylinnius à l'occasion de Leporius consultez la Vous deviez accepter ce qu'on vous offrait pour
note qui y est jointe : (Ve volume) en user comme le demande la piété, non pas
LETTRE CCXX (écrite vers lafin de 427). — revendiquer ce qu'on vous refusait ou vous re-
La lettre deux cent vingtième, à Boniface, fut tirait, au risque de vous jeter dans cette fâ-
écrite au temps de la guerre qui lui fut faite cheuse extrémité. » La lettre ne paraît guère
comme traître et rebelle. C'est pour cela crue devoir être reculée au delà de 427, saint Au-
tout au commencement saint Augustin lui dit gustin ne s'y plaignant nullement de l'invasion
t. qu'il n'aurait jamais pu trouver un messager des Vandales, qui, appelés par Boniface, péné-
plus sûr que Pierre pour porter ses lettres, » trèrent en Afrique au mois de mai 428.
et au n. 2 il dit que dans la position dange- LETTRES CCXXI, CCXXII, CCXXIII et
reuse où il était, les lettres écrites pour lui, CCXXLV (écrites en 427 et 428). — Les deux
n'ont pu lui être envoyées à cause du péril qui lettres de Quodvult Deus, et les deux réponses
;
menaçait le porteur, et « de peur aussi, aj oute de saint Augustin sont du même temps et ont
saint Augustin, que mes messages ne tombas- le même objet seulement les deux premières
quippe oratio (dominica) inquit n. 3, admonet te, tione Aetii Comitis, juxtaPaulum diaconum inhist.
,
quod indigeas adj utorio Domini tui. » Et postea. Miscel. lib. xiv, cum Bonifacium Occidentalis Libyse
« Ab illo, ait, pète at pernciatur a quo datum est ut principatu potitum, et apud Africam potentia au-
inciperetur. »Turn adducittestimoniaexPbilipp.2, ctum animo ferretiniquiori. Unde Augustinus n. 5,
et Psal. 36, uti in Epistola superiore ad Vilalem : sic Bonifacio loquitur, «Justam quidem dicishabere
quæ suadere possint utramque Epistolam pertinere te caussam, cujus judex ego non sum, etc. Et oblata
ad idem tempus. quidem sumere debuisti,uteisutereris ad pietatem;
EPISTOLA CCXIX (scripta sub an. 426, aut 427). non autem negata vel delegata sic queerere, ut
— De ætate Epístolæ Ducentesimse decimae nonœ, propter illa in istam necessitatem perducereris. >
ab Augustino aliisque tribus Africanis episcopis ad Neque referenda videtur Epistola longe ultra finem
Gallicanes Proculum et Cylinnium directae occasione an. 427, cum nullam querelam Augustinus moveat
Leporii, consule adnotationem pag. 810, a. de Vandalorum irruptione, qui subsidio vocati a
EPISTOLA CCXX (scripta cire. exeuntem an. 427). Bonifacio penetrarunt in Airicam anno 42.8, mense
— Epistola Ducentesima vigesima ad Bonifacium Maio.
data est tempore belli in ipsum tamquam in Imperii EPISTOLA CCXX1, CCXXIï, C XXIII et CCXXIV
perduellem illati.Hinc enim Augustinus initio signi- (scripta an. 427 et 428). — Quodvultdei Epistolæ
ficat «. fideliorem litterarum suarum perlatorem duæ, Augustinique ad eas rescripta cj usdem sunt
quam Petrum, numquam potuisse reperire. » Et temporis et argumenti, nisi quod priores ad annum
n. 2, ait lifteras ipsi in suis periculis numquam forte 427, pertinent, posteriores ad 428. Certe in ea
mitti potuisse propter periculum perlatoris, « Et ne quæ ordine est ccxxiv, testatur Augustinus libros
ad eos, inquit, ad quos nollem Epistola mea perve- duos Retractationum, quos anno 427, vel ut serius
niret. » Gestum est hoc bellum consulatu Hierii et 428, emisit in publicum, jam esse antehac abso-
Ardaburii, id est an. 427, invidia Felicis Magistri lutos. `
militum, juxta Prosperum in Chronico ; vel prodi- EPISTOLA CCXXV (scripia an.428, aut 429). —
pourraient bien être de 457 et les deux autres tin ne donnait point encore ce titre d'ancien à
de 428. Dans la CCXX1V saint Augustin déclare Alype, il l'appelait simplement frère.
Rétractations qui sont LETTRE CGXXVIÏI (écrite en 428 ou 429).
que les deux livres des
de 427, ou au plus tard de 428, étaient déjà — La deux cent vingt-huitième lettre, Hono- à
publiés. rât, évêque de Thiare, fut écrite « alors que
LETTRE CCXXV (écrite en 428 ou 429). — l'invasion des Vandales était imminente ».
La lettre de Prosper, ici deux cent vingt-cin- Voyez Possidius, ch. xxx.
quième, fut écrite au temps où saint Hilaire LETTRE CCXXIX, CCXXX et CCXXXI (écrites
gouvernait l'église d'Arles n. 3. Or ce prélat à la fin de la vie de saint Augustin, peut-être
fut choisi en 428 ou 429 pour remplacer Hono- en 429). — La lettre deux cent vingt-neuvième,
rat mort huit ou neuf jours avant la fête de au comte Darius, fut écrite par saint Augustin
l'Epiphanie. Voyez la note aj outée à cette lettre dans sa dernière vieillesse, n. 1. Darius avait
au Ve volume. été envoyé en Afrique pour y rétablir la paix,
LETTRE CCXXVI (écrite vers le même non par l'effusion du sang, mais en empêchant
temps) — La deux cent vingt-sixième qui est l'effusion du sang n. 2, pour apporter remède
du laïque Hilaire fut envoyée avec la précé- et fin aux maux « qui avaient mis le comble à
dente comme le dit Hilaire lui-même aun. 10; toutes les calamités » comme il s'exprime lui-
c'est à l'un et à l'autre, Prosper et Hilaire, que même dans la lettre CCXXX. Quel succès a-t-il
répond saint Augustin par le livre De la Pré- o b tenu, c'est ce qu'il dit en ces termes : « Si
destination des saints. nous n'avons pu éteindre entièrement ces
LETTRE CCXXVII (écrite après Pâques en guerres, au moins nous les avons différées. »
428 ou 429). — La deux cent vingt-septième, A quoi se rapportent ces paroles, en dehors de
à Alype Ancien doit de l'aveu de tous être rap- la guerre contre Boniface et les Vandales, c'est
portée à 429 ou environ, à moins qu'on ne ce qu'on ne peut voir au temps de la vieillesse
pense qu'il s'agit ici d'un aut e Alype que de saint Augustin, ou au moins depuis l'an
Prosperi Epistola hic ordine Ducentesima vigesima Honoratum Thiavensem episcopum scripta est,
quinta scripta fuit per id tempus, quo Arelatensi « cum Vandali hostes impenderent,» ex
Possidio
ecclesisepraeerat Hilarius ex n. 9. Hic porro in cap. xxx.
locum Honorati octo vel novem diebus ante sacra EPISTOLA CCXXIX, CCXXX et CCXXX1 (scríptæ
Epiphania defuncti suffectus est, anno428, aut429, sub finem vites Aug. forte anno 429). — Dario Co-
ut patet ex Notaad eamdem Epistolam pag. 823. miti Epistolam Ducentesimam vigesimam nonam
EPISTOLA. CCXXVI (scripta eodem tempore)
— scripsit Augustinus sub ultimamsenectutem exn, t.
Ducentesima vigesima sexta, quœ Hilarii laici est,
transmissa fuit simul cum superiore, ut hic testatur
Vénérâtin Africam Darius procuraturus pacem,non
ut eam per sang uinem quæreret, sed ne cuj usquam
Bilanus n. 10. Unde utrique, Prospère Hilariuque sanguis quæreretr, legatione missus, ex n. 2, atque
simul respondit Augustinus, nuncupato ambobus ut malis « quæ ad quemdam calamitatum apicem
de prcedestinatione SS. inereverant, sicuti Darius ipse in Epistola ccxxx,
EPISTOLA CCXXVII (scripta post Pascha anntf n. 3, rescribit, remedium finemque adferret. Quo
forte 428, aut 429). —Ducentesima vigesima septima in negotio quid profecisset indicans, <c Si non ex-
ad Alypium Senem nullus dubitaverit refereniam stinximus bella, inquit, certe distulimus. » Quo vero
esse ad annum circiter 429.Nisi forte quis alium hic hæc referri possint,prseterBonifacii Vandabrumque
ab Alypio Thagastensium episcopo subintelligendum bellumnihil occurrit ahudextrema Augustin! rotate,
putet, aut Senis nomine non significari primatem : autsaltem ab anno 421, quem haud dubie annum
quem titulum Alypio episcopo in EpisLola ccxxiv, ad non prœcessit isthœc Darii legatio :
quandoquidem
Quodvultdeum data anno 428, nondum tribuebat Enchiridion de f-ide spe et caritate, quôd opusculum
Augustinus, ipsum fratrem duntaxat appellans. ad Darium nunc
non citius dicto anno editum fuit, legendum
EPISTOLA CCXXVIII (scripta sub an. 428, temporiscum Epistola ccxxxi,n. 5, trans-
aut 429). — Ducentesima vigesima octava ad mittitur. Narrat reipsa Procopiusin lib. i, de bello
rité, opuscule qui n'est point antérieur à cette en Afrique. Par suite de ces ouvertures, Boni-
année fut adressé à Darius avec la lettre face s'était séparé des Vandales, ce qui amena
CCXXXI.Voyez n. 5. Procope dans le livre I de le siège d'Hippone la Royale où Boniface vaincu
la Guerre des Vandales raconte que quelques- s'était retiré. Possidius parle aussi, ch. XXVIII,
uns des amis de Boniface vinrent le trouver à de ce siège d'Hippone par les Vandales, quand
Carthage, de la part de Placidie, etlui ayant Boniface s'y fut retiré, et il aj oute qu'au troi-
découvert les fourberies d'Aetius contre Boni- sième mois de ce siège, saint Augustin se mit
face, lui jurèrent que Placidie rendrait ses au lit atteint de la fièvre : ce fut la maladie
bonnes grâces à ce général, s'il voulait tra- dont il mourut.
vailler à faire cesser les malheurs des Romains
Vandatico, nonnullos ex Bonifacii amicis Carthagi- qui Hipponem-regium, quo sese ille bello victus
nem navigantes Placidise jussu ipsum convenisse : receperat, obsederunt. De bac Hipponis-regii obsi-
tumque Aetil in Bonifacîum fraude detecta, jurasse dione. Bonifacio intra urbem recepto, scribit etiam
Placidiam sese œquam Bonifacio fore, si eum ad Possidius cap. XXVIII, addens S. Augustinum tertio
avertendam rei Romanæ in Africa stragem inclina- obsidionts mense febribus decubuisse, et ultima
rent. Hinc vero Bonifacium recessisse a Vandalis, aegritudine cxerceri cœpisse. -
QUATRIÈME CLASSE
Il y encore trente-neuf lettres, que nous pla- l'année 408 dans la lettre CCXXXII, â ceux de
cerons dans la quatrième classe, attendu qu'il Madaure, quand il est dit au n° 3 « vous voyez
ne nous a été possible en aucune façon de leur les temples des idoles en partie détruits, en
assigner un rang de date. Il est facile de voir partie fermés, quelques-uns affectés à une autre
quelles sont toutes de saint Augustin déjà desti nation, les idoles elles-mêmes ou mises en
promu à l'épiscopat, mais il en est peu qui pièces ou brûlées, etc. Vous voyez que les
portent aucun signe qui permette de préciser puissances mêmes du siècle ont dirigé contre
davantage le temps où elles ont été composées. les idoles leurs efforts et leurs lois. » La lettre
On soupçonne qu'il est question des lois d'Ho- à Pascentius, semblerait indiquer que saint
norius contre les Idoles en 399,ou de celles de Augustin n'était pas encore avancé en âge,
EPISTOLÆ IV CLASSIS ges contra Idola anno 399, aut alias an 408, sanci-
tas indicari in ccxxxn ad Madaurenses Epistola n. 3
QUARUM TEMPUS MINUS COMPERTUM.
his verbis : « Videtis certe simulacrorum templa
partim diruta, partim clausa, partim in usus alios
commutata; ipsaque simulacra vel confringi, vel
Reliquæ sunt Epistolee numero triginta novem in incendi, etc., atque ipsas huj us saeculi potestates.
Classe quarta comprehensse, quibus proprium cer- contra eadem simulacra. impetus suos legesque
tumque locum præscribere ex ætate haudquaquam vertisse. Tum quæ ad Pascentium diriguntur, pro-
licuisset. Nam facile quidem intelliguntur scriptae dusse Augustino nondum séné; quando se ipse in
omnes Augustino jam Episcopo : paucae vero in illis ccxxxvm, n. i « ætate ac dignitate » Pascentio in-
sunt, quœ denniti paulo amplius temporis charac- feriorem proûtetur : sed eo tamen tempore, quo
terem gérant. Scilicet suspicio estHonorii ipsius le- S. Doctor famæ celebritate jam clarissimus evase-
puisque lui-même (lettre CCXXXVIII, n° 1), CCLIX,àCoi,nelius el dela CCLXIX àNobilius dans
se déclare inférieur à Pascentius et par lesquelles il se dit très-avancé en âge. Nous
l'âge et par la dignité, mais elle nous laisse avons jugé bon de classer ces lettres et les au-
comprendre cependant que déjà il jouissait de tres dont le temps est encore moins connu, en
l'éclat d'une grande renommée (voir même tenant compte des su j ets qu'elles traitent, don-
lettre n° 8). La lettre CCL, à Auxilius, paraît nant d'abord toutes celles qui combattent les
être des dernières années, puisque saint Au- ennemis de la foi, Païens, Manichéens, Priscil-
gustin demandant la grâce de Classiciacus dit lianistes, Ariens, puis celles qui traitent de dif-
au n° 2, « Me voici vieillard en présence d'un férents points de morale, et en dernier lieu
homme plus jeune, évêque depuis tant d'années, celles qui ont été inspirées par un motif de
je suis prêt à recevoir des leçons de celui qui ne charité.
l'est que d'hier.)) Il en faut dire autant de la lettre
rat, uti ex eadem Epist., n. 8 apparet. Denique ad longe mmus explorati temporis Epistoias visum est
ultimos Augustim annos pertinere CCL ad Auxilium, habita argumenti ratione sic ordinare, ut primum
apud quem de sententia in Classiciacum ab eo lata locum occuparent quæ Christianæ fidei hostes Pa-
sic expostulat n. 2. « En adsum, senex a juvene, ganos, Manichœos, Priscillianistas,Arianosspectant:
et Episcopus tôt annorum a collega necdum anni- tum demum quae ad recte informandos mores con-
culo paratus sum discere. » Itemque ceux ad Cor- ferunt, officiosseque aliquot S. Doctoris litterae suc-
neJium, et CCLXIX ad Nobilium, in quibus se provc- cederunt.
clioL'tm aetatem degeresigniticat. Has ergo aliasque
D'après cet exposé il n'est personne qui ne remarque aussitôt, pour peu qu'il y prenne
garde, combien nous avons mis de soin et d'attention à ranger dans un ordre méthodique
ces lettres de saint Augustin, combien nous avons eu acœur de ren d re aussi faciles que
nous l'avons pu les travaux de ceux qui voudront étudier cette correspondance. L'ordre
que nous avons adopté a été déterminé quelquefois par des raisons décisives, ou au moins
très-fortes, quelquefois par des conj ectures, ou le lien mutuel et la suite naturelle des lettres,
quelquefois aussi par l'autorité des savants qui s'en sont occup é s avant nous, persuad és
qu'en ces matières, ces autorités doivent être prises en très-grande considération, quand
on n'a pas de preuves certaines et positives. Nous n'avons pas l'intention d'exalter ici notre
œuvre, bien plus, convaincus de notre peu d'habileté, nous ne voudrions pas nier que nous
sommes peut-être tombés en bien des erreurs qui m é riteront la censure des érudits. Aussi
chaque fois que la bienveillance du lecteur voudra bien nous les signaler. Nous les recon-
naîtrons volontiers, et nous aurons soin de les corriger dès qu'il sera possible. Mais ce que
nous pouvons affirmer sans crainte d'être accusés de jactance et d'orgueil, c'est que l'ordre
Ex bis nemo non videt, si modo rem tantisper expendat, quantum in recte ordinandis Augus-
tini Epistolis operæ consiliique a nobis positum sit, quantum diligentiae, ut studiosorum labores
pro modulo levaremus. Hune ordinem passim quidem ex certa, autsane quam maxime probabili
ratione ; sed tamen aliquando ex conj ecturis, aut ex mutuo earumdem Epistolarum inter sese
nexu et consecutione, aliquando etiam ex eruditorum hominum qui hac de re scripserunt aucto-
ritate instituimus : rati in bis reb us valere plurimum id generis argumenta, ubi certa et explorata
nos deficlunt. Nobis hic operam nostram venditare non est animus : quin immo propriæ inscien-
tæ conseil, in errata non pauca, quæ eruditorum
censuram mereantur, nos incidisse infitiari non
audemus. Et vero ea, quam primum a benevolis lectoribus exposita fuerint, et libenter agnosce-
mus, et quantocius emendare satagemus. Verum illud citra jactantiæ notam polliceri non vere-
mur, novum hune ordinem a nobis consti tutum, qualiscumque tandem sit, longe conducibiliorem
que nous fixons ici, bien qu'imparfait sans doute, est infiniment préférable à celui qu'on
avait adopté jusqu'alors; l'utilité de ce changement, ses avantages réels pour les travaux
littéraires, compenseront largement les inconvénients que certaines gens voulaient y voir ;
fasse le ciel qu'il en soit comme nous l'avons pens é et souhaité, puisse notre travail être
accueilli favorablement par l'indulgence des lecteurs.
esse, quam antehac usu receptum : née levi rei litterariæ fructu ac fœnore compensatum iri in-
commodum, quod ex futura illamutationenonnulli opponebant. Faxit Deus, ut id ex sententia
contingat pro votis nostris, et laborem hunc nostrum lectores æqui bonique consulant.
TABLE
DES LETTRES DE SAINT AUGUSTIN
RANGÉES SELON L'ORDRE DES MATIÈRES PRINCIPALES.
Matth. xxv, 2. Quinque prudentes virgines, etc., Jacob. II, 10. (M o ffenderit in uno, factus est om-
140. niumreus. 167.
Mare. i/, 24. In qua mensura mensi fueritis, reme- t Pet. hi, iO.JfM qui in c(«'Ct:fe erant spiritus vt-
tieturnobis. 102. niensprcedicavit. I6L
Lucæ n, 35. Ettuamipsiusanimampertransibitgla-
dius. 149. EPISTOLiE ECCLESIASTICS.
Juhan. i. 14 Et verbum caro factum est. 140. De Ecclesia.
Rom. n, 28. Secundum Evangelium inimici quidem Catholicam esse Christi Ecclesiam, 23, 49, 53, 87,
proptervos,secundumelectionern dilecti. 121,i49. 93, 105, 108, t29, 142, 185.
Galat. 11, 14. Si tu cum Judazus Ms gentiliter vivis Malosineatolerarioportere,87, 108, 141, 208,
et non Judaice, quomodo Gentes cogis Judaizare 71', 210,248,249.
- 82. De ritibus Ecclesi œ.
Ephes. m, 18. J/ï caritate radicati et fundati, ut Variœ Locorum consuetudifies in celebratione
possitiscomprehendere, etc. 140. Sacramentorum, Festorum dierum,Jej unii, etc. 54,
Ephes.iv, 11. Quosdam quidem deditDeusinEc- 55.
clesiaApostolos,etc. 121,-J4.9. DePaschate. S5.
Coloss. !i, 18. Nemo vos seducat volens in humili- De conviviis in Maityrum honorem Reri solitis.
tate,etc. 121,149. 22,29.
1 Tim. u, i. Obsecro itaque primum omnium fieri Lectio et traetatio Scripturae sacrse ad populum
obseerationes, etc. 121, 149. diebusfestis, ^9.
Du sacrement de l'Eucharistie, 54, 55, 149. Touchant les clercs donatistes qui doivent
Du jeûne, le jour du sabbat, 36, 54, 55. être reçus dans le rang de leur cléricature, 61.
Du lavemeut des pieds, de l'oblation, et de S'il est permis aux évêques et aux clercs de
la rupture du jeûne, le jour de la Cène, prendre la fuite pendant les temps de persé-
54,55. cution, 228.
;
Sur les évêques et les clercs, des fonctions
d'évêque, de prêtre et de diacre combien elles
sont difficiles et dangereuses, et de l'obliga-
De l'héritage d'un prêtre de l'église de
Thiave; pour savoir si cet héritage appartient à
cette église ou au monastère dans lequel il
tion d'être versé dans la science des Ecritures avait vécu précédemment, 83.
pour s'en bien acquitter, 21. De la discipline de l'Eglise à l'égard des pê-
Qu'il faut renoncer volontairement à l'épis- cheurs. Si toute une famille peut être excom-
copat pour conserver la paix de l'Eglise. muniée pour le péché d'un seul, 250 et frag-
69. 128. ment aj outé, 250.
Exhortation à quelqu'un pour l'engager à Pourquoi la pénitence publique n'était ac
accepter l'épiscopat, 69. cordée qu'une seule fois, J53.
Reproches à un évêque qui remplissait mal De ce que l'on doit faire pour réprimer les
ses devoirs, 85. hérétiques, 86, 97, 98, 100,139, 185, 204.
Diverses sentences portées contre de mauvais D'une orpheline confiée à la tutelle de l'E-
évêques, 209. glise, 252, 253, 254, 255.
De l'interdiction des fonctions ecclésiastiques
pour les prêtres menant une mauvaise con- LETTRES MORALES.
duite, 65.
Qu'il ne faut pas admettre légèrement les Exhortations à la vie chrétienne et au mé-
accusations des hérétiques contre un prêtre pris du monde, 26, 32, 112, 127,189, 220,243.
catholique, 251. Piété des évêques chrétiens intercédant pour
S'il convient de recevoir dans l'ordre des les criminels, 152,153..
clercs, ceux qui ont abandonné les monas- Qu'il ne convient pas aux évêques de s'occu-
tères, 60. per de questions frivoles, 118.
De hymnorum et Psalmorum cantu, 29, 55. De Donatistarum Clencis lu sui ordinis gradu re-
De ritn.Baptismi. 98, 193, 194. cipiendis, 61.
De Jej unio sabbati, 36, 54, 55. An Episcopis vel Clericis fuprere liceat m persecu-
Sacramenti Eucharisties, 54, 55, 149. tione, 228.
De oblatione, lotione pedum et relaxatione jejunii
in die cœnœ,
De episcopis et Clericis.
54, 55. ;
De hœL'editate Presbyteri Ecclesiae Thiavensis, cu-
jus sit, an huj us Ecclesiae an monasterii Thagas-
tensis, in quo ille prius degerat, 83.
Quam arduum sit et periculosum Episcopi, Pres- De Discipima Ecclesice in delinquentes,
byteri ac Diaconi munus, deque comparanda Scri- An ob unius peccatum-tota familia possit excom-
pturarum scientiaad illud digne obeundum, 21. munLcarij 250 et Frag, sub, 250,
De Episcopatu pro Ecclesise pace sponte abdi- Pœnitentia publica cur semel tantum concessa.
cando, 69, 128. 153.
AdhortaUo ad suscipieodnm Episcopatum, 69. De coercendis Haereticis, 86, 97, 98, 100, 139.
Objurgatio Episcopi perperam defungentis suo 185, 204.
munere, 85. De pupilla Ecclesiœ tutelœ commissa, 252, 253,
Sententiae variae in Episcopos malosprolatœ, 209. 254, 255
De abdicando Ecclesiastica functione infami Pres-
bytero, 65.
EPISTOLAE MORALES.
Contra caLtholicum Presbyterum heereticorum ac-
cusationes non esse admittendas, 25t.
An monasteriorum desertores deceat ad Clerum Ad vitam Christianam et ad mundi contemptum
assumi, 60. exhortatio, 26, 32, id2, 127, 189, 220, 243.
Règle de vie pour un général darmée, 189. au baptême, tourne au profit de ces entants,
Avec quelle équité et dans quel esprit les 98,193.
magistrats et les juges doivent se conduire Que c'est en Dieu, et non dans nos propres
pour la punition des criminels, 152, 153. forces qu'il faut mettre l'espérance de bien
Combien les vraies verlus :-;ont nécessaires vivre, 218.
aux magistrats, pour servir utilement l'Etat, Que la charité n'est complète que par la jus-
155. tice, 147,
De la punition des crimes, 91. Qu'il n'y a dans cette vie d'autres vertus que
Que les religieux doivent faire tourner leur d'aimercequi doit être aimé, c'est-à-dire
loisir au profit de leur piété et non de la pa- Dieu, 155.
resse, et qu'ils ne doivent pas refuser leur se- De la bienveillance que les amis se doivent
cours à l'Eglise lorsqu'elle le demande, 48. mutuellement, 192.
Reproches adressés à des religieux, et règle De la correction fraternelle, 210.
de conduite qui leur est prescrite, 211. Reproches de saint Paul à saint Pierre, 28,
Du voile quise donnait aux vierges, 150. 40,82, 180.
Qu'il faut s'acquitter des vœux qu'on a faits, De l'aumône, 126.
127, 220, 262. De la prière à Dieu, 130.
Quel usage les riches chrétiens doivent faire De la continence, 259.
de leurs richesses, 130,157. De la patience dans l'adversité, 99, 111,203,
S'il est permis à une femme de disposer de 210,244,264.
ses biens à l'insu de son époux, 262. De la patience dans la mauvaise santé, 38.
Des vertus. De la pénitence. 91, 153.
Quelles sont les vraies vertus, 155. De la pénitence de saint Pierre, 54.
Que la foi en Jésus-Christ est toujours né- De la tristesse qu'éprouvent les Saints 248,
cessaire pour être sauvé, 102. Des vices.
Que la foi de ceux qui présentent les enfants Si tousles péchés sont égaux, 104, 167.
Episcoporum Christianorum pro reis interceden- De fide in Christum. semper ad salutem necessa-
tium pietas, 152, 153. ria, 102.
Curiosas quaestiones non decore tractari ab Epi- Parvulis in baptismo prodest offerentium fides,
scopis, 118. 98,193.
Duci in militia merenti vitæ ratio præscribitur, De spa bene vivendi non in propriis virihus, sed
'lS9. in Deo collocanda, 218.
Magistrateset animo
a?quitate quove
Judices ip. puniendis reis qua De Caritate, qua sola justitia impletur, 147.
se gerere debeflnt, 152, Non esse in hac vita virtutem nisi diligere quod
153. diligendum est, id est Deum, 155.
Virtutes veræ iis necessariæ, ut recte consulant De mutua inter animos benevolentia, 192.
rebus humanis, 155. De fraterna correctione, 210.
De puniendis sceleribus, 91. De reprehensione Petri a Paulo, 28, 40, 82, 180.
Monachi otio ad pietatem, non ad ignaviam utan- De Eleemosyna, 126..
tnr, et si Ecclesia eorum operam desideret, ne de- De orando Deo, 130.
trectent, 48. De Continentia. 259.
-
Sanctimonialium objurgatio, et scripta ipsis Re-
gula,
De virginitatis velo.
211.
150.
De patientia in adversis, 99,1H,203,210, 244
LETTRES DIVERSES.
Lettres de consolation, 1M, 244, 263.
De Conciliis in Pelagianos habitis, deque eorum Laudatorice ad Aug. 25,109, 121,135, 154, 216,
damnatione, 173, i76, 181,182,186,190, 191, 213. 225,226,230,260.
Imperatorum sanctioineosdem, 201. De Auctoritatescriptorum Ecclesiasticoram, 143.
De S. Marcellini et ejus fratris nece, I.
IE De Translatione Scripturaruro facta ab Hieronymo,
De ceede SuffectanorumMartyrum, 50. 28, 71,75.
De electione Cælestini in Rom. Pontificem, 209. De libro Hieronymi, de scriptoribus Ecclesiasticis,
40.
EPISTOLÆ VARIÆ. De Hieronymo, ac illius cum Ruffino discordia,
68, 73.
Cousolatoriæ, 111,214,263. De liberalibus disciplinis, 101.
Objurgatoriæ, 83, 220, 259. Quomodo, etquo fine studeudum, 118.
Laudatorise ab Aug., 27,31, 110,2<20, 229, 263. De voce Deogratias. 41.
I
LETTRES DE SAINT AUGUSTIN
RANGÉES SELON L'ORDRE DES TEMPS
La première contient celles qu'il écrivit avant d'être évêque, et qui datent depuis l'an du
Christ 386 jusqu'à l'an 395.
La seconde, celles qu'il a écrites depuis l'an 396 jusqu'à l'an 410, avant la conférence qu'eu-
rent à Carthage les évêques catholiques avec les Donatistes, et avant l'apparition du Péla-
gianisme en Afrique.
La troisième, celles qu'il a écrites pendant le reste de sa vie, depuis 411 jusqu'à 430.
La quatrième contient celles qu'il écrivit pendantson épiscopat, et auxquelles on ne peut
assigner de date certaine.
PREMIÈRE CLASSE
(1) Ecrite vers la fin de l'an 386. — Cette lettre était la 213e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins,
et celle qui était la 1" se trouve maintenant la 132e.
I CLASSIS
EPISTOLA I.
Consilium aperit Augustinus suorum librorum de Aca-
quam lacessere auderem :
quando enim me tanto-
rnm virorum non moveret auctoritas, nisi eos puta-
rem longe in alia, quam vulgo creditum est, fuisse
demicis, et Hermogenianum sententiam rogat de eo,
quod sub piem tertii libri de iisdem philosophis
?
sentenlia Quare potius eos imitatus sum quantum
valui, quam expugnavi, quod omnino non valeo.
pronuntiavit
Videtur enim mihi satis congruisse temporibus, ut
HERMOGENIANO AUGUSTINUS. si quid sincerum de fonte Platonico flueret, inter
Academicos ego ne inter jocandum quidem um- umbrosa et spinosa dumeta potius in (a) pastionem
paucissimorum hominum duceretur, quam per dustria, et in natura rerum atque animorum altis-
aperta manans irruentibus passim pecoribus nullo sima et implicitissima latere veritas sentiebatur.
modo posset liquidum purumque servari. Quid Tanta porro nunc fuga laboris et incuria bonarum
enim convenientius pecori est, quam putari animam artium, ut simul atque sonuerit, acutissimis philo-
?
corpus esse Contra hnjusmodi homines opinor ego sophis esse visum nihil posse comprehendi: dimit-
illam utiliter excogitatam Dei veri artem atque ra- tant mentes et in eeternum obducant. Non enim
tionem. Hoc autem sæculo cum jam nullos videamus audient vivaciores se illis credere, ut sibi appareat,
philosophos, nisi forte (a) amiculo corporis, quos quod tanto studio, ingenio, otio, tam denique
quidem haud censuerim dignos tam venerabili no- multa multiplicique doctrina, postremo vita etiam
mine, reducendi mihi videntur homines (si quos longissima Carneades invenire non potuit. Si
Academicorum (6) per verborum ingenium a rerum vero etiam aliquantum obnitentes adversus pi-
:
comprehensione deterruit sententia) in spem repe- gritiam, legerint eosdem libros, quibus quasi
riendee veritatis ne id quod eradicanJis altissimis ostenditur naturæ humanse denegeta pereeptio;
erroribus pro tempore accommodatum fuit, jam in- tanto torpore indormiscunt, ut nec cælesti tuba
eipiat inserendse scientise impedimento esse. evigilent.
2. Tantum enim tunc variarum sectarum studia 3. Quamobrem cum gratissimum habeam fi-
flagrabant, ut nihil metuendum esset nisi falsi dele judicium tuum de libellis meis, tantumque
approbatio. Pulsus autem quisque illis argumentis in te momeuti ponam, ut nec error in tuam pru-
ab eo, quod se firnram et inconcussum temere cre- dentiam, nec in amicitiam simulatio cadere pos-
diderat, tanto constantius atque cautius aliud sit, illud magis peto diligentius consideres, mihi-
quærebat, quanto et in moribus major erat in- que rescribas, utrum approbes quod in extremo
-
(1) Ecrite vers la fin de l'année 386. Cette lettre
et celle qui était la 2° se trouve maintenant la 135e.
était la 214e dans les éditions antérieures à celle des Bénédictins,
tertii libri suspiciosius fortasse quam certius, uti- temporis eodem modo manere posse, sed labi, ef-
lius tamen, ut arbitror, quam incredibilius putavi fluere et prsesens nihil obtinere, id est, ut latine
credeudum. Equidem. quoquo modo se habeant loquar, non esse. Horum itaque pernicinsissimum
illæ litteræ, non tam me delectat quod, ut scribis,
Academicos vicerim (scribis enim hoc amantius
forte quam verius) quam quod mihi abruperim
amorem, pcenarumque plenissinmm, vera et di-
vina philosophia monet frenare atque sopire ut se
toto animus, etiam dum hoc corpus agit, in ea quai
:
odiosissimum retmaculum, qu ab philosophise semper ejusdemmodi sunt, nec peregrino pulcro
ubere desperatione veri, quod estanimi pabulum, placent, feratur atque æstuet. Quæ cum Ita sint, et
refrenabar. cum te verum ac simplicem, qualis sine ulla sollici-
EPISTOLA II tudine amari potes, in semetipsa mens videat, fa-
temur tameu congressum istum atque conspectum
Zenobio desiderium exponit suum, ut disputationem tuum, cum a nobis corpore discedis, locisque sejun-
inter se captam, inter se pniant.
ZENOBIO AUGUST1NUS.
geris, quserere nos, eoque dum licet cupere. Quod
profecto vitium, si te bene novi, amas in nobis et
cum omnia bona optes carissimis et familiarissimis
:
1. Bene inter nos convenit, ut opinor, omnia tuis, ab hoc eos sanari metuis. Si autem tam po-
quæ corporeus sensus adtingit, nu puncto quidem tentÎ animo es, ut et agnocere hunc laqneum, et
regrette à son tour mon absence. Je prends paroles bienveillantes? Je suis à cet égard
garde néanmoins, autant que je le puis et je dans une grande incertitude. Mais ce senti-
m'efforce de ne rien aimer qui puisse m'être ment m'a envahi tout à coup, et je n'ai pas eu
ravi malgré moi. Mais quelle que soit votre le temps d'examiner jusqu'à quel point je de-
manière de penser à cet égard, je vous engage) vais y croire. Vous atlen.dez sans doute que je
dans notre intérêt commun, à terminer la ques- m'explique. Que croyez-vous? Vous m'avez
tion que nous avons commencé à débattre. Je presque persuadé non pas que je suis heureux,
ne voudrais pas la terminer avec Alype, quand ce qui est le partage exclusif du sage, mais que
même il le voudrait; mais il ne le veut pas. Il je suis presque heureux, comme nous appelons
ne veut pas pousser la complaisance jusqu'à homme celui qui ne l'est pas entièrement, en
;
s'unir à moi pour vous retenir par des entre- comparaison de l'homme tel qu'il existait dans
tiens littéraires, lorsque je ne sais quelle né- la pensée de Platon comme aussi nous disons
cessité vous appelle ailleurs. de certains corps qu'ils sont ronds ou carrés,
quoiqu'ils ne le soient pas avec cette exacti-
tude rigoureuse dont peu d'hommes seulement
LETTRE III m peuvent juger. J'ai lu vos lettres à la lumière,
après mon repas du soir. J'étais près de me
mettre au lit, mais non pas de dormir car
Saint Augustin répond à Nébride qu'il ne mérite après m'être couché, je réfléchis longtemps,
;
point d'être appelé heureux, puisqu'il ignore me parlant à moi-même, c'est-à-dire Augustin
tant de choses. Il examine ensuite en quoi con- parlant à Augustin. Est-il donc vrai, comme
siste la vraie félicité. Nébride s'est plu à me le dire, que je sois heu-
reux? Non sans doute, car je suis encore bien
AUGUSTIN A NÉBRIDE (2). loin d'êtresage, et lui-même n'oserait pas en
disconvenir.Si pourtant la vie heureuse peut être
1, Je ne sais ce que j'éprouve dans mon es- le partage de ceux qui ne sont pas encore parve-
?
prit. Est-ce une réalité est-ce un effet de vos nus à la sagesse? Cela est dur, car n'est-ce pas
(1) Ecri:el'an 387. — Cette lettre était la 151" dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 3e se trouve maintenant la 137e.
(2) Nébride était un jeune homme des environs de Cartbage qui se convertit à peu près en même temps que saint
Augustin.
?
sapientem me ausus est credere Non usque adeo sum, qui nescio cur tantus mundus sit, cum ratio-
temeraria est laetitia gestiens, praesertim hominis, nes figurarum per quas est, nihil prohibeant esse,
cujus quanti ponderis consideratio sit, bene novi- quanto quis voluerit, ampliorem? Aut quomodo
:
mus. Illud igitur est scripsit quod nobis putavit non mihi diceretur, immo non cogeremur confiteri
dulcissimum fore; quia et illi dulce factum est, corpora in infinitum secari, ut a certa velut basi
quidquid posuimus in illis litteris, et scripsit gan- in quantitatem certam certus corpusculorum nu-
dens, nec curavit quid committendum gaudenti ca-
lamoesset.Quid ei Soliloquia legisset? lsetaretur
merus surgeret ? Quare cum corpus nullum esse
minimum sinitur, quo pacto sinamus esse amplis-
-
multo exundantius, nec tamen reperket plus ali- simum, quo amplius esse non possit: nisi forte il-
quid, quod me appellaret, quambeatum. Cito ergo
summum nomen effudit in me, nec sibi aliquid re-
servavit, quod de me lsetitior asseveret. Vide lætitia
:
lud quod Alypio aliquando dixi occultissime, ha-
bet magnam vim ut quoniam numerus ille intel-
ligibilis infinite crescit, non tamen infinite minuitur,
quid faeiat. nam non eum licet ultra monadem resolvere : CUll-
2. Sed ubi est ista beata vita? (a) ubi? ubiram? tra sensibilis (nam quid est aliud sensibilis nume-
O si ipsa esset, repelleret atomos Epicuri. 0 si ipsa rus, nisi corporeorum vel corporum quautitas?)
esset, sciret nihil deorsum esse praeter mundum. 0 minui quidem infinite, sed infinite crescerc ne-
si ipsa esset, nosset extrema sphaerae, tardius rotari queat. Et ideo fortasse merito philosophi in rebus
quam medium, et alia similia, quæ similiter novi- intelligibilibus divitias ponunt, in sensibilibus ege-
mus. Nunc vero quomodo vel qualiscumque beatus statem. Quid enim aerumnosius quam minus atque
(a)Unus Vaticanuscodex, ?0
beata vita? ubi nisi in anima ? ubi vera
si ipsa esset. Vaticani alii duo habent, beatavita
0siipsaetc. -
vreté dans celles qui tombent sous les sens. En
effet, quoi de plus misérable que la faculté de
s'amoindrir continuellement? Quoi de plus
réfléchissent les miroirs :
ble. Il y a du merveilleux dans les images que
en effet, quelque
grands que soient ces miroirs, ils n'agrandis-
-
heureux et de plus riche que de croître et de sent pas l'image des objets, quelque petits que
s'agrandir à volonté, que d'aller où l'on veut, soient ces objets en eux-mêmes. Au contraire,
que d'en revenir à son gré, et de n'aimer avec dans les petits miroirs, comme par exemple
passion que ce qui ne peut éprouver aucune dans les prunelles des yeux, quelque grande
diminution. Aussi ceux qui, par leur intelli- que soit. la figure de l'objet, elle paraît plus
gence, pénètrent bien dans la nature de ces
nombres, n'aiment rien tant que l'unité et il;
n'y a rien d'étonnant en cela puisque de l'unité
petite en proportion de la petitesse du miroir.
Ainsi en diminuant les miroirs, on diminue les
images des corps,et en augmentant les miroirs,
toutes les autres choses tirent ce qui peut les
faire aimer. Mais cependant, pourquoi le
?
monde a-t-il sa grandeur actuelle Ne pouvait-
on n'augmente point ces images. Sans doute
;
il y a là-dessous quelque vérité cachée mais
il est temps de dormir. En effet, aux yeux de
il pas, en effet, être plus grand ou plus petit? Nébride ce ne sont pas mes recherches,mais plu-
C'est ce que j'ignore. Tout ce que je sais, c'est tôL mes découvertes qui me rendent heureux.
qu'il est tel qu'il est. Pourquoi occupe-t-il dans Qu'ai-j e donc enfin découvert? Serait-ce ce
l'espace telle place,plutôtque telle autre.Mais il raisonnement que j'ai coutume de caresser,
estinutile de poser des questions surune matière comme si c'était mon raisonnement unique et
où il y en aurait toujours quelqu'une à faire, auquel j'aime trop à m'arrêter?
quelle qu'elle fût d'ailleurs. Après tout, ce qui 4. De quoi sommes-nous composés? D'une
était le plus important selon moi, c'était que âme et d'un corps. De ces deux parties quelle
les corpspussent se diviser à l'infini. Peut-être est la meilleure? L'âme sans contredit. Que
ai-je répondu à cette question en parlant de la ?
peut-on louer dans le corps A mon avis, rien
propriété contraire des nombres intelligibles. autre chose que la beauté. Qu'est-ce que la
3. Mais attendez, examinons un peu ce que ?
beauté du corps L'accord et l'harmonie des
peut-être ce je ne sais quoi qui se présente à mon parties relevée en outre par la douceur des
esprit. On dit que ce monde sensible est l'i- tons. Mais cette beauté n'est-elle pas meilleure
mage de je ne sais quel autre monde intelligi- quand elle est vraie que quand elle est fausse?
minus semper posse fieri? Quid ditius, quam cre- opponat, brevissima imago pro modo speculi for-
scere quantum velis, irequo velis, redire cumvelis, matur. Ergo et imagines corporum minui licet, si
quousque velis, et hoc multum amare, quod minui specula minuantur : augeri, si augeantur, non li-
non potest ? Quisquis narnque intelligit istos nume- cet. Hic profecto aliquid latet, sed nunc dormien-
ros, nihil sic amat ut monadem, nec mirum, cum dum est. Neque enim Nebridio beatus quserendo
:
tantus est mundus ?
per earn fiat, ut ceteri amentur. Sed tamen cur
:
Poterat enim esse vel major,
videor, sed fortasse aliquid inveniendo. Id autem -
aliquid quid est? an illa ratiocinatio,cuitam-
vel brevior nescio. Tale enim Et cur hoc loco quam unicse meae blandiri soleo, et ea me nimis
potius quam illo, nec in ea re debet esse quæstio, oblectare ?
ubi quidquid esset, qusestio esset. Unum illud mul- 4. Unde constamus? ex animo et corpore. Quid
tum movebat, quod infinite corpora secarentur. Cui horum melius? videlicet animus. Quid laudant in
fortasse responsum est, de vi contraria intelligibilis ?
corpore nihil aliud video quam pulcritudinem.
numeri. ?
Quid est corporis pulcritudo congrnentia partium
Sed
3.
:
exspecta., videamus quid sit hoc nescio
quid, quod suggeritur menti certe sensibilis mun-
dus, nescio cujus intelligibilis imago esse dicitur.
cum quadam coloris suavitate. Hæc forma ubi vera
?
melior, an ubi falsa quis dubitet ubi vera est, esse
?
meliorem? Ubi ergo vera est in anima scilicet.
Mirum autemest, quodinimaginibus,videmusquas Animus igitur magis amandus est quam corpus.
specula referunt: narn quamvisingentia specula sint, ?
Sed in qua parte animi ista est Veritas in meute
nonreddunt majores imagines, quam sunt corpora
etiam brevissima objecta. In parvis autem specillis,
atque intelligenlia. Quid huic adversatur
Resislendum ergo sensibus toiis animi
? sensus.
viribus? li-
sicut in pupillis oculorum, etsi magna facies s('se quet. Quid si sensibilia nimium delectant? fiat ut
Saos contredit c'cot quand elle est vraie. Mais perdre? et pourquoi ne \',ruir.lis.je pas à la.
?
où est-elle daps toute sa vérité Dans l'âme. ?
bonne opinion qu'il a de moi Voilà ce que je
L'âme doit donc être aimée plus que le corps. me dis à moi-même. Je fis ensuite ma prière,
Mais dans quelle partie de l'âme réside cetle selon mon habitude, et je m'endormis.
vérité? Dans l'esprit et dansl'intelligence. Par
quoi l'intelligence peut-elle être obscurcie?
5. Il m'a été doux de vous écrire ces choses :
car vous me faites plaisir en me remerciant de
Par les sens. Ne devons-nous donc pas résister ne rien vous cacher de ce qui me vient sur les
aux sens de toutes les forces de notre âme? lèvres, et en cela votre joie fait la mienne. En
Evidemment. Que faut-il faire si les choses sen- effet, à qui pourrais-je confier plus librement
sibles ont pour nous trop d'attrait? Nous effor- mes rêveries qu'à celui auquel je suis sûr de
cer de diminuer cet attrait. Comment y parve- ne pas déplaire. Si l'amitié d'un homme
nir? Par l'habitude de s'en passer et d'en désirer pour un autre dépend de la fortune, voyez
de meilleures. Qu'arriverait-il si l'âme était combien je dois être heureux de trouver tant
mortelle? Qu'avec elle mourrait aussi la vérité, de plaisir dans des choses que je tiens du ha-
ou que l'intelligence et la vérité ne sont pas la sard, et c'est un bien, je l'avoue, que je désire
même chose, on que l'âme n'est pas le siège voir s'accroître de plus en plus. Mais les véri-
de l'intelligence, ou qu'enfin un être qui ren- tables sages, les seuls qu'il est permis d'appe-
ferme l'immortalité peut être lui-même mortel. ler heureux, n'ont pas voulu qu'on désirât ni
Or, mes Soliloques ont prouvé que rien de tout qu'on craignît ce qui vient de la fortune. (Cupi
cela ne peut être, et je suis convaincu moi- timeri.) Mais, à propos, de ces muts,dites-moi :
même de cette vérité. Mais enfin je ne sais par suis-je bien correct en disant cupi, ne fau-
quelle habitude des maux nous chancelons et
nous éprouvons encore des terreurs. Enfin, ;
drait-il pas cupiri? C'est de vous que je tiens
à savoir les regles de ce verbe plus j'étudie
quand bien même l'âme mourrait, ce qui ne
peut être en aucune manière, la vie heureuse
n'est pas dans la joie et les plaisirs que nous
:
ceux avec qui il a quelque ressemblance, et
plus je m'y embrouille je trouve bien cupio,
fugio, sapio, jacio,capio, mais je ne sais point
procurent les choses sensibles. C'est ce que j'ai s'il faut dire à l'infinitif, fugiri ou fugi, sapiri
suffisamment éprouvé dans ma retraite. Sans
doute c'est pour cela et pour d'autres pensées
:
ou sapi jaçi et capi me pourraient guider
mais n'ai-je point à craindre d'être moi-même
;
semblables, que je parais à mon Nébride sinon pris (capi) et balancé (jaci) comme un vain jouet,
tout à fait heureux, du moins presque heu- par quelque fin grammairien me prouvant
reux; puissé-je me croire tell Qu'ai-je à y qu'on dit, d'une part, jactum et captum et de
non delectent. Unde fit? consuetudine iis carendi veuerit celem, et gaudeo, quia sic tibi placeo.
appetendique meliora. Quid si moritur animus? Apud quem igitur libentius ineptiam, quam cui
ergo moritur veritas, aut non est intelligcntia ve- ?
displicere non possum At si in potestate fortunse
ritas, aut intelligentia non est in animo, aut potest est, ut hominem amet homo, vide quam beatus
mori aliquid in quo aliquid immortale est, nihil sim, qui de fortuitis tam multura gaudeo, et talia
bona, fateor, desidero niihi ubertim adcrescere.
:
autem horum fieri posse Soliloquia nostra jam con-
tinent, satisque persuasum est sed nescio qua con-
suetudine malorum temtamur atque titubamus.
Fortunae autem bona verissimi sapientes, quos so-
los beatos fas est vocari, nec liuieri voluerunt, nec
Postremo etiamsi moritur animus, quo nullo mo- cupi, an cupiri, tu videris. Et belle accidit. Nam
do posse fieri video, non esse tamen beatam vitam volo me declinationis hujus gnarum facias. Cum
inlaetitia sensibilium, hocotio satis exploratum est. enim adjungo verba similia, incertior fio. Nam ita
His rebus fortasse atque talibus Nebridio mco si non est cupio, ut fugio, ut sapio, ut jacio, ut capio ;
:?
beatus, at certe quasi beatus videor. videar et mihi
quid inde perdo, aut cur parcam bonæ opinioni
sed utrum fugiri an fugi, utrum sapiri an sapi, sit
modus infinitus, ignoro. Possem adtendere- jaci et
Haec mihi dixi, deinde oravi, ut solebam, atque capi, ni vererer ne me caperet, et pro ludibrio
dormivi. jaceret quo vellet, qui aliud jactum et captum,
5. Hæc placuit scribere tibi. Delectat enim me aliud fugitum, cupitum, sapitum esse convinceret.
quod mihi gratias agis, si nihil te quod in buccam Quae item tria, utrum penultima longa et inflexa,
l'autre, fugitum, capitum, sapitum. Encore sur sance des choses qui distinguent la nature sen-
ces trois derniers, nouvelle ignorance de ma
sible de la nature intelligible, pendant ce grand
part, car je ne sais vraiment pas, si la pénul- loisir dont vous croyez que nous pourrions jouir
tième doit être longue et accentuée ou bien près de vous, ou que vous aimeriez à partager
brève et sans accent. Vous voilà, je l'espère, avec nous. Vous n'ignorez pas, je le sais, que
provoqué à m'écrire en termes moins concis. si les fausses opinions s'enracinent en nous, à
Tâcbez donc, je vous prie, de m'adresser une mesure que notre esprit s'y plonge davantage,
plus longue épitre, car je ne puis exprimer
toutle plaisir que j'éprouve à vous lire. ;
il en arrive de même et plus facilement encore
lorsqu'il est question de vérités mais cela se
fait par un progrès insensible, comme celui de -
l'âge. En effet, quoiqu'il y ait une grande dif-
férence entre l'enfant et le jeune homme, on
LETTRE IV (1)
aurait beau interroger chaque jour un enfant
sur les progrès de son âge, il ne pourrait pas
Augustin annonce à Nébride quels progrès il a dire quand il est devenu jeune homme.
faits, pendant sa retraite, dans la contemplation 2. Ne croyez pourtant pas que je veuille par
des choses éternelles. là vous faire croire que mon intelligence a
grandi et s'est fortifiée dans ces choses élevées,
1.
AUGUSTIN A NÉBRIDE.
an gravi brevique pronuntianda sint, similiter cerimus. Sed non arbitror occultum tibi esse, si
nescio. Provocaverim te ad epistolam longio- falsis opinionibus tanto quisque inseritur magis,
rem, peto ut paulo diutius te legam. Nam non quanto magis in eis familiariusque volutatur,multo
queo tantum dicere, quantum volupe est lege- id facilius in rebus veris animo accidere. Ita tamen
re te. paulatim ut per ætatem proficimus. Quippe cum
plurimum inter puerum et juvenem distet, nemo a
EPISTOLA IV pueritia quotidie interrogatus se aliquandojuvenem
dicet.
Augustinus Nebridio,sìgnificans ei quantumprofecerit 2. Quod nolo in earn partem accipias, ut nos in
in secessu, contemplatinne rerum æternarum. his rebus quasi ad quarndam mentis juventutem fir-
mioris intelligently robore pervenisse existimes.
NEBRIDIO AUGUSTINUS. Pueri enim sumus, sed ut dici adsolet, forsitan belli,
et non (a) mali. Nam plerumque perturbatos et sen-
1.Mirum admodum est, quam mihi praeter spem sibilium plagarum curis refertos mentis oculos illa
evenerit, quod cum requiro quibus epistolis tuis tibi notissima ratiuncula in (b) respirationem levat,
mihi respondendum remanserit, unam tantum in- mentem atque intelligentíam oculis et hoc yulgari
veni, quæ me adhue debitorem teneret, qua petis adspectu esse meliorem : quod non ita esset, nisi
ut taato nostro otio, quantum esse arbitraris tecum, magis essent illa quae intelligimus, quam ista quae
aut nobiscum cupis, indicemus tibi quid in sensi- cernimus. Cui ratiocinationi utrum nihil valide
bilis atque iritelligibilis naturae discernentia profe- inimicum sit, peto mecum consideres. Hac ego
(a) In MSS. aliquot scribitur hic, Lucianus; et in epist. x. Lucilianus, mox in Yictorino codice legitur, met cerM. Au-
diant me etc.
ments à me donner sur la nature de l'imagina- v
tion et de la mémoire. Car bien que l'imagi-
LETTRE VI(1) nation ne soit pas toujours accompagnée de la
mémoire,, je pense que la mémoire ne peut pas
Nébride écrit à saint Augustin que selon lui, le
mémoire nepeut exister sans l'imagination. Car
direz-vous :
fonctionner sans l'imagination. Peut-être me
Comment se fait-il, que nous nous
souvenons d'avoir conçu quelque chose, ou d'y
ce n'est pas des sens, mais bien plutôt
d'elle-
même que l'imagination tire les images des
?
avoir pensé Voici la raison de ce fait. Lors-
qu'une chose corporelle et sujette au temps
choses.
devient l'objet de notre intelligence et de notre
NÉBRIDE A AUGUSTIN. pensée, nous avons produit ce qui appartient à
l'imagination. En effet, ou nous recourons alors
1. J'aime à conserver vos lettres comme la à des mots pour exprimer ce que nous compre-
prunelle de mes yeux, car elles sont impor- nons et ce que nous pensons, et ces mots sont
tantesnon par leur étendue, mais par la gran- assujettis aux temps, et appartiennent par con-
deur des choses qu'elles contiennent, et les séquent aux sens ou à l'imagination; ou bien
preuves qu'elles en donnent. Dans les unes, je notre intelligence a reçu par la pensée une im-
;
crois entendre Jésus-Christ; dans les autres,
Platon dans d'autres, Plotin. Elles seront donc
pour moi douces à entendre à cause de leur
pression qui s'est peint dans notre imaginatiou
et a pu exciter la mémoire. Je vous écris cela,
comme à mon ordinaire, sans ordre et sans y
éloquence, faciles à lire par leur brièveté, sa- avoir bien réfléchi. Veuillez examiner cette
lutaires à suivre par la sagesse dont elles sont question et lorsque vous en aurez écarté ce
remplies. Ayez donc soin de m'instruire de tout qu'elle peut avoir ds faux, dites-moi dans vos
ce que votre esprit jugera bon et salutaire. lettres ce qu'elle contient de vrai.
Quant à cette lettre, vous y répondrez lorsque
vous aurez approlondi quelques développe-
:
2. Ecoutez encore ceci pourquoi, je vous le
demande, ne disons-nous pas que l'imagination
(1) Ecrite vers le commencement de l'année 389. était la 71e dans les éditions antérieures à l'édition
— Cette lettre
des Bénédictins, et celle qui était la 6e se trouve maintrnant la 92e.
CHAPITRE
SAINT AUGUSTIN A NÉBRIDE.
préambule et je
let. -1. Je laisse
commencede
de côté tout
suite à vous dire
même que ni l'une ni l'autre de ces choses ne
pourraient se présenter à votre mémoire si
votre imagination n'en avait pas gardé l'im-
,
ce que vous attendez depuis longtemps, d'au- pression. Il me suffit présentement d'avoir dé-
(t) Ecrite l'an 389. — Cette lettre était la 72e dane les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 7* se trouve maintenant la 143".
sensu admoneri potius quam aliquidassumere.Nam partim eorum esse, quae nos deserunt, partim eo-
forte inde contingit, ut ea quæ sensus non videt, rum, quae deseruntur a nobis. Nam cum recordor
patrem meum, id utique recordor quod me dese-
ille tamen adspicere possit : quod signum est, in se
et a se habere omnes imagines. De hac re quoque
quid sentias, respondebis.
:
ruit, et nune non est cum autem Carthaginem, id
quod est, et quod ipse deserui. In utroque tamen
generum horum, praeteritum tempus memoria te-
EPISTOLA VII net. Nam et ilium hominem et istam urbem, ex eo
quod vidi, non ex eo quod video memini.
Augustinus qucestionem utramque a Nebridio discutit. ?
2. Hie tu fortasse quæris : Quorsum ista Præser.
tim cum animadvertas utrumlibethorum non posse
NEllRlDlO AUGUSTINUS. in memoriam venire, nisi viso illo imaginario. At
mihi satis est sic interim ostendisse, posse dici ea-
CAPUT I. — 1
Proœmio supersidam, et cito in-
rum etiam rerum, quæ nondurn interierunt, me-
cipiam quod me jamjamque vis dicere, praesertim moriam. Verum quid me adj uvet, facito intentus
non cito desiturus. Memoria tibi nulla videtur esse accipias. Nonnulli calumniantur adversus Socrati-
posse sine imaginibus vel imaginariis visis, quae cum illud nobilissimum inventum, quo asseritur,
phantasiarum nomine appellare voluisti : ego aliud
existimo.Primuin ergo videndumest,rion nos sem-
per rerum praetereuntium meminisse, sed plerum-
:
non nobis ea quæ discimus, veluti nova inseri, sed
in memoriam recordatione revocari dicentes me-
moriam prteteritamm rerum esse, hæc autem quæ
que manentium. Quare cum sibimemoriapræteriti intelligendo discimus, Platone ipso auctore, manere
temporis vindicet tenacitatem constat earn tamen semper, necposse interire, ac per hoc non.esse
,
montré que ce qu'on appelle la mémoire, com- tion des corps, pouvait se les représenter par
prend aussi les choses qui ne sont pas encore l'imagination, et si, comme personne ne peut
passées. Quel avantage puis-je tirer de là?Ecou- en douter, elle éprouvait des impressions plus
tez-le avec attention. Quelques hommes calom- saines et plus pures, avant d'être assujettie aux
nient cette adorable idée de Socrate, lequel sens, source de tant d'erreurs, il s'ensuivrait que
prétend que ce que nous apprenons n'est pas l'état d'un homme endormi serait préférable à
chose nouvelle, mais revient en notre mémoire celui d'un homme éveillé, et la condition d'un
comme des souvenirs. Ils soutiennent qu'il n'y frénétique meilleure que celle d'un homme
a que les choses passées qui sont du ressort de qui jouit de son bon sens; car dans le sommeil
la mémoire, et, s'appuyant de l'autorité de ou la frénésie ces hommes sont affectés par des
Platon, ils prétendent que tout ce que nous images qui ont précédé en eux l'action si trom-
apprenons au moyen de l'intelligence, demeure peuse des sens. Ainsi le soleil qu'ils voient se-
toujours et ne peut périr, et qu'ainsi on ne rait plus vrai que celui qui brille aux yeux des
peut pas mettre cela au rang des choses passées. personnes saines et éveillées, et ce qui est faux
Mais ils ne font pas attention que cette pre- et chimérique vaudrait mieux que tout ce qui
mière vue, par laquelle les choses intellectuelles est vrai et positif. Si les conséquences sont ab-
se sont d'abord offertes à notre esprit, est pas- surdes comme elles le sont réellement, vous
sée, et que quand nous nous en sommes dé- voyez, mon cher Nébride, que l'imagination
tournés, pournous porter vers d'autres objets, n'est autre chose qu'une plaie faite à l'âme par
c'est par réminiscence, c'est-à-dire par la mé- les sens, qui ne sont pas, comme vous le croyez,
moire que nous y revenons. Ainsi l'éternité, la source de ces images qui se représentent à
pour ne pas citer d'autres exemples, est une l'âme, mais la cause qui apporte dans l'âme,
chose quine passe pas et qui n'a point besoin ou pour parler plus.exactement, qui produit en
des représentations de l'imagination, comme elle ces impressions de mensonge et de faus-
de véhicules pour être présente à notre esprit, seté. Vous avez de la peine à comprendre, et
c'est pourtant la mémoire qui l'y rappelle. non sans raison, comment des formes et des
L'action de la mémoire est donc indépendante visages que nous n'avons jamais vus peuvent
de l'imagination. se retracer à notre pensée. Cette explication va
CHAPITRE II. — 3. L'âme, vous paraît-il, rendre ma lettre plus longue qu'à l'ordinaire,
peut, sans J'entremise des sens, imaginer des mais elle ne le sera point trop pour vous, qui
choses corporelles. Cette opinion est fausse, et trouvez mes lettres d'autant plus agréables
je vais vous le prouver. Si l'âme avant de faire que je m'y entretiens plus longtemps avec
aucun usage des sens corporels pour la percep- vous.
præterita, qui non atdendunt illam visionem esse
prseteritam, qua hæc aliquando vidimus mente a ;
quibus quia defluximus, et aliter alia videre cœpi
tur animse dormientium quam vigilantium, melius
phreneticorum quam tali peste carentium : his enim
:
atficiuntur imaginibus, quibus ante istos census va-
uus, ea nos reminiscendo revisere, id est per me- nissimos nuntios afficiebanlur et aut verior erit
moriam. Quamobrem si, ut alia omittam, ipsa
æternítas semper manet, nec aliqua imaginaria
figmenta conquirit, quibus in mentem quasi vehi-
;
sol quem vident illi, quam ille quem sani atque vi-
gilantes aut erunt veris falsa meliora. Quse si ab-
surda sunt, sicuti sunt, nihil est aliud illa imagina-
culis veniat, ne tamen venire posset, nisi ejus me- tio, mi Nebridi, quam plaga inflicta per sensus,
minissemus, potest esse quarumdam rerum sine quibus non, ut tu scribis, commemoratio quædam
ulla imaginatione memoria. fit ut talia formentur in anima, sed ipsa hujus fal-
CAPUT II. — 3. Jam vero quod tibi videtur ani- sitatis illatio, sive, ut expressius dicatur, impressio.
imaginari, falsum esse convincitur isto modo Si
anima priusquam corpore utatur ad corpora sen-
;
ma etiam non usa sensibus corporis corporalia posse Quod sane te movet, qui fiat ut eas facias formas-
que cogitemus, quas numquam vidimus, acute mo-
vet. Itaque faciam quod ultra solitum modum hanc
tienda, eadem corpora imaginari potest, et melius epistolam porrigat;sed noil apud tecuinulla est pa-
(quod nemo sanus ambigit) affecta erat antequam gina gratior,quamquse me loquaciorem apportattibi.
his fallacibus sensibus implicaretur, melius afticiun- 4. Omnes has imagines, quas phantasias cum
4. Toutes ces images que vous et beaucoup quelque vérité, ou ces rêves que la folie et la
d'autres appelez des fantômes peuvent être se- superstition ont donnés pour vrais, comme le
lon moi, justement et véritablement divisées Phlégéton du Tartare, les cinq cavernes habi-
en trois classes. Les unes provenant d'impres- tées par la race des ténèbres, l'aiguille du nord
sions faites sur les sens, les autres sur l'imagi-qui soutient le ciel, et mille autres chimères
nation et la troisième espèce reposant sur des semblables nées du cerveau des poétes et des
certitudes. Lorsque je crois voir votre visage,
ou la ville de Carthage, ou notre défunt ami
Verecundus (1), ou une chose quelconque,
sions nous disons :
hérétiques, de même, lorsque dansdès discus-
Supposez qu'il y ait trois
mondes l'un sur l'autre, bien qu'il n'en existe
plus et que cependant j'ai vue et sentie, ce sont tres choses semblables ;
soit qu'elle subsiste encore ou qu'elle n'existe qu'un seul; ou que la terre soit carrée et au-
toutes ces fictions et
là des images de la première espèce. Dans la ces suppositions qui se présentent à notre es-,
seconde classe sont celles qui nous représen- prit, selon les mouvements de la pensée, ap-
tent les choses que nous croyons avoir été ou partiennent aussi à cette seconde espèce d'ima-
que nous croyons être encore telles qu'elles se ges. Dans la troisième classe il faut ranger
peignent à notre esprit, comme ces fictions par celles que les nombres et les dimensions for-
;
lesquelles nous ornons nos discours, sans nuire ment en nous. Parmi ces images les unes sont
toutefois à la vérité ces suppositions que nous comme le refletde la nature même des choses,
formons en lisant l'histoire, en écoutant ou en lorsque par exemple on découvre quelle est la
composant des fables. C'est ainsi que, selon figure du monde et que l'image en accompa-
mon gré ou l'impression du moment, je me gne la pensée. Les autres tiennent à la science
représente le visage d'Enée, ou de Médée avec de la géométrie, à l'étude des rythmes de la
ses dragons ailés et attachés au joug, ou de musique et à l'infinie variété des nombres.
Chremès et de quelque Parménon (2). Il faut Quelque vraies qu'elles soient, à mon avis,
aussi ranger dans cette classe toutesles fictions elles ne laissent pourtant pas de fairenaître dans
sous le voile desquelles les sages ont caché l'imagination de fausses idées dont la raison à
(1) Verecundus était de Milan, où il enseignait la grammaire, lorsque saint Augustin y professait la rhétorique. Il
était païen, mais il se convertit et reçut le baptême dans la maladie dont il mourut. C'est a lui qu'appartenaitla maison
de campagne de Cassiciacum où saint Augustin se retiraavec sa mère et quelques amis,etoù il composa ses livres contre
les Académiciens, ceux; de la Vie heureuse, de l'Ordre et les Soliloques.
(2) Personnages de quelque comédies de Térence.
multis vocas, in tria genera commodissime ac ve- caelum, et alia poetarum atque hæretícorum mille
rissime distribui video. Quorum est unum sensis portenta. Dicimus tamen et inter disputandum,
rebus impressum, alterum putatis, tertium ratis.
Primi generis exempla sunt, cum mihi tuam faciem,
vel Carthaginem, vel familiarem quondam nostrum
:
puta esse tres super invicem mundos, qualis hic
unus est et, puta quadrata figura terram conti-
neri; et similia. Hæc enim omnia, ut se cogitationis
Verecundum, et si quid aliud manentium vel tempestas habuerit, fingimus et putamus. Nam de
mortuarum rerum, quas tamen vidi atque sensi, in
se animus format. Alteri generi subjiciuntur illa,
quæ putamus ita se habuisse vel ita se habere, velut
rebus quod ad tertium genus adtinet imaginum
numeris maxime atque dimensionibus agitur quod
partim est in rerum natura, velut cum totius
:
cum disserendi gratia qupedam ipsi fingimus ne-
quaquam impedientia veritatem, vel qualia fignra-
mus cum legimus historias, et cum fabulosa vel
:
mundi figura invenitur, et hanc inventionem in
animo cogitantis imago sequitur partim in disci-
plinis tamquam in figuris geometricis etrhythmicis
-
audimus vel componimus vel suspicamur. Ego enim musicis, et infinita varietate numerorum : quae
mihi ut libet atque ut occurrit animo, Æneæ faciem quamvis vera, sicut ego autumo, comprehendantur,
fingo, ego Medeæ cum suis anguibus alitibus junctis gignunt tamen falsas imaginationes, quibus ipsa
jugo, ego Chremetis et alicujus Parmenonis. In hoc ratio vix resistit: tametsi nec ipsam disciplinam
genere sunt etiam illa, quæ sive sapientes, aliquid disserendi carere hoc malo facile est, cum in divi-
Yeri talibus involventes figuris, sive stulti variarum sionibus et conclusionibus quondam quasi calculos
superstitionum conditores pro vero adtulerunt, ut imaginamur.
5. In hac tota imaginum sijva, credo tibi
est tartareus Phlegethon, et quinque antra gentis non
tenebrarum, et stilus septemtrionalis continens videri primum illud genus ad animam, priusquam
l
de la peine à se défendre. C'est un mal sans sager et mortel, l'âme n'était point exposée à
doute, mais inhérent à la science de la dialec- la honte de tomber si souvent et si fortement
;
tique car dans les divisions et les conclusions,
nous avons recours à certaines marques comme
dans l'erreur.
CHAPITRE III.
— 6. Comment notre pensée
à ces jetons dont on se sert pour les calculs. peut-elle donc se porter sur des choses que
5. Dans toute cette multitude d'images, je nous n'avons pas vues? Que croyez-vous à cet
ne pense pas que la première espèce vous pa- égard, sinon que l'âme est naturellement
raisse se former dans l'âme avant qu'elle soit douée d'une faculté et d'une certaine force
engagée dans les sens. Il est donc inutile de qu'elle porte partout avec elle, et qui lui per-
nous arrêter plus longtemps là-dessus. Les mettent d'augmenter ou de diminuer les ima-
deux autres pourraient encore sans doute pré- ges de ce qu'elle a vu, comme il est aisé de
senter quelques difficultés à résoudre, s'il n'é- s'en convaincre principalement dans les nom-
tait pas évident que l'âme, avant d'être sous bres. C'est ainsi que l'image d'un corbeau pla-
l'influence de la vanité des sens, était beau- cée sous les yeux de notre esprit, telle que la
coup moins sujette à l'erreur, et ces deux sor- vue nous l'a fait connaître, peut par l'augmen-
tes d'images sont indubitablement plus fausses tation et la diminution que l'imagination lui
fait, subir, produire en nous l'image d'une
que celles qui naissent des objets sensibles. Car
ce qui est l'objet de nos suppositions et de nos
chose que nous n'avons jamais vue. C'est pour
fictions est toujours entièrement faux, et nous être accoutumés à former et à rouler sans
comme vous devez le reconnaître, il y bien a cesse de telles figures dans notre esprit, qu'el-
plus de vérité dans ce que nous voyons et que les envahissent soudainement nos pensées.
nous sentons. Pour cette troisième espèce d'i- L'âme en augmentant ou en diminuant, comme
mages bien qu'elles semblent être produites en nous l'avons dit, l'idée des objets qui ont fait
moi par des raisons scientifiques qui ne con- impression sur elle par les sens, peut donc
duisent point à l'erreur, cependant dès que je produire des images qui ne viennent pas tout
me les représente comme quelque chose d'é- entières des sens, mais qui sont composées des
tendu et de corporel, ces mêmes raisons m'en différentes parties de ce qu'elle a perçu par les
découvrent la fausseté. Je suis donc ainsi con- sens dans telle et telle autre chose. C'est ainsi
vaincu, qu'avant d'avoir senti par le corps, que nous qui sommes nés et qui avons étééle-
avant d'avoir éprouvé par le ministère si trom- vés au milieu des terres, nous avons pu nous
peur des sens les impressions de ce qui est pas- faire uue idée de la mer en voyant un peu
I
inhæreat sensibus, pertinere; neque hiuc diutius quamdam minuendi et augendi animæ insitam,
disputandum : de duobus reliquis jure adhuc quæri quam quocumque venerit necesse est afferat secum?
pesset, nisi manifestutn esset, animam minus esse quæ vis in numeris preecipue animadverti potest.
obnoxiam falsitaiibus, nondum pas.-am sensibilium Hac fit, verbi gratia, ut corvi quasi ob oculos imago
sensuumque vanitatem : at istas imagines quis du- constituta, quæ videlicet adspectibus nota est,
bitaverit istis sensibilibus multo esse falsiores ? Nam demendo et addendo quaedam, ad quamlibet omnino
ilia quæ putamu3 et credimus, sive fìngimus; et ex nnmqiiam visam imaginem perducatur. Hac evenit
omni parte omino falsa sunt, et certe longe ut ut per consuetudinem volventibus sese in talibus
cernis veriora sunt, quæ videmus atque sentimus. animis, figurse hujuscemodi velut sua sponte cogi-
Jam in illo tertio genere quodlibet spatium corpo- tationibus irruant. Licet igitur animae imaginanti,
rale animo figuravero, quamquam id rationibus ut dictum
ex his quæ illi sensus invexit, demelldo,
disciplinarumminime fallentibus cogitatiopeperisse est, et addendo, eagignere, quæ nullo sensu adtin-
videatur, ipsis rursum ra.iollihlB arguentibus, fal-
sum esse convinco. Quo fit, ut nullo pacto animam
j
git tota partes vero eorum, qua; in aliis atque aliis
rebus adtigerat. Ita nos pueri apud mediterraneoa
credam nondum corpore sentientem, nondum per nati atque nutriti, vel in parvo calice aqua visa,jam
sensus vanissimos mortali etfugaci substantia, ver- imaginari maria poteramus; cum sapor fragorum
beratam, in tanta falsitatis ignominia jacuisse. et cornorum, antequam in Italia gustaremus, nullo
CAPUT III.
— 6. Unde ergo evenit, ut quæ non modo veniret in mentem. Hinc est quod a prima
vidimus cogitemus ? Quid putas, nisi esse vim ætate cæci, cum de luce coloribusque interrogan-
d'eau dans une petite coupe, tandis que nous corps auquel elle est échue par un autre mou-
n'aurions pu nous représenter le goût des frai- vement que par la représentation des choses
ses et des cornouilles avant d'en avoir mangé
en Italie. C'est également ainsi que les aveu-
gles de naissance, quand on les interroge sur
cevoir ces images ,
corporelles, puisqu'elle ne peut, selon moi, re-
qu'après avoir com-
mencé à se servir de son corps et de ses sens,
la lumière et les couleurs ne savent quoi ré- C'est pourquoi; très-cher et très-agréable ami,
pondre, car n'ayantjamaiséprouvé dans leurs par notre affection mutuelle par la fidélité que
sens l'impression d'un objet coloré, ils ne peu- Dieu nous commande d'avoir les uns pour les
vent imaginer rien de semblable. autres, je vous exhorte à ne contracter aucune
7. Vous ne devez point vous étonner que amitié avec ces ombres de la région des ténè-
l'âme, quand elle vient animer notre corps, bres, et de ne point balancer à rompre tout
ayant été jusque-là étrangère à toutes sensa- lien qui pourrait vous y avoir déjà attaché. Car
tions extérieures, ne possède aucune image de ce n'est point résister aux sens, comme notre
lanature des choses ni des fictions que nous y sainte religion nous l'ordonne, que de flatter
mêlons. Car dans l'indignation ou la joie et les les plaies et les blessures qu'ils ont faites à no-
autres mouvements semblables de l'âme, notre tre âme (1).
visage subit des changements d'expression et
de couleurs, avant même que la pensée nous
apprenne que nous pouvons les produire en
nous. Tous ces divers mouvements de l'âme ne
font que suivre par des modes merveilleux que
je vous laisse à méditer, les impressions secrè-
tes éprouvées par l'âme sans le secours d'au-
cune image corporelle. Je veux ainsi vous faire
comprendre que l'âme étant capable de tant de
mouvements étrangers à ces images sur les-
quelles vous me consultez, elle est attachée au
(1) Saino Augustin fait ici allusion à certaines erreurs des Manichéens.
tur, quid respondeant non jnveniunt. Non enim quam sensibilium cogitatione formarum, quas eam,
coloratas ullas patiuntur imagines, qui senserunt priusquam corpore sensibusque utatur, nullo modo
nullas. arbitrorpati posse. Quamobrem pro nostra familia.
7. Nec mirere quo pacto ea, quae in rerum na- ritate, et pro ipsius divini juris fidesedulo monue-
tura figurantur et fingi pos:ìunt, nail primo in ani- rim, carissime mihi ac jocundissime, nullam cum
ma quae omnibus inest cornmistavolvantur, cum ea istis infei-nis umbris eopules amicitiam, neve illam,
numquam exlrinsecus senserit. Nam etiam nos cum quæ copulata est, cunctere divellere. Nullo enim
indignando aut lsetando, ceterisque hujuscemodi modo resistitur corporis sensibus, quae nobis sacra-
animi motibus. multos in nostro corpore vultus co- tissima disciplina est, si per (6) eos infLictis plagis,
loresque formamus, prius nostra cogitatio quod vulneribusque blandimur.
facere possimus tales imagines eoncipit. Consequun-
tur ista miris illis modis, et committendis cogita-
tioni tuee cum in anima sine ulla (a) corporalium
figura falsitatum nuraeri actitantur occulti. Ex quo
intelligas velim cum tam multos animi motus esse
sentias expertes omnium, de quibus nunc quaeris,
imaginum, quolibet alio motu animam sortiri corpus
(a) SicelesrantioresMSS.Atexcusihabent,corporalifigura. ,
(b) Editi per eay. At MSS. magno consensu prasferunt,per eos. Quod ad sensus refertur. Nam paulo supra dicitur; nihil
est aliud imaginalio sensibilium rerum hoc in corpore, quam plaga inflicta per sensus. Hinc intelliges in lib. de vera
reli-
phantasias sea phantasmta illa, quag amplexabantur Manichaei exlib.in, Confess. c. VI etlib. IX, c. iv.
gione c. xxxiv, n. 64. id quodAugustinus adversus Manichteos, dicit, Date qui resistatsensibus carnis, et plagis quibusper
itlos in anima vapulavit Neque porro infernos wnlras, a quibus hic Nebridium revocat, intelligere alias videtur prseter
dant notre sommeilles images qui se sont for-
mées dans le corps de ces puissances ?
Si leur
LETTRE HUITIÈME (l corps n'est pour rien en cela, si leur imagina-
tion seule enfante ces visions transmises à no-
tre imagination, pourquoi, je vous prie, mon
Nébride demande à saint Augustin comment les imagination ne peut-elle pas forcer la vôtre à
puissances célestes peuvent nous envoyer pendant enfanter des visions que j'aurai déjà Formées
le sommeil des visions et des songes. dans la mienne. Car certainement j'ai aussi
NÉBRIDE A AUGUSTIN.
une imagination capable de représenter ce que
je veux; et cependant je ne puis vous envoyer
Voulant en venir promptement au fait, je aucun songe, et je vois que c'est notre corps
laisse de côté toute préface et tout exorde. Par lui-même qui les produit en nous, car une fois
qnel moyen, mon cher Augustin, les puissances qu'il a reçu les impressions des divers mouve-
supérieures, je veux dire les puissances céles- ments de l'âme avec laquelle il est vrai il est
tes peuvent-elles, à leur gré nous envoyer des uni, il les transmet à l'imagination par des
songes pendant notre sommeil? Quel modej moyens merveilleux.Souvent dans le sommeil,
dis-je, quel artifice, quels secrets, quelles ma- lorsque nous avons soif, nous rêvons que nous
chines, quels instruments, quels philtres em- buvons, et quand nous avons faim, nous
ploient-elles pour cela? sont-ce leurspropres croyons manger. Nous éprouvons beaucoup
pensées qui font impression sur notre âme, de d'autres effets semblables, qui, par je ne sais
manière à en éveiller de semblables en nous? quel secret commerce, vont fantastiquement du
Ce qu'elles offrent et font voir à notre esprit ne corps à l'âme. Ne vous étonnez point si par
serait-il pas les images mêmes qui se forment suite de mon ignorance et de l'obscurité même
dans leur corps ou leur imagination? Si c'est de la matière, mes explications, manquent d'é-
dans leur corps, nous avons donc au dedans de légance et de subtilité. Je compte sur vous
nous-mêmes des yeux corporels pour voir pen- pour les éclaircir autant que vous le pourrez.
(1) Ecrite l'an temps après la précédente. — Cette lettre était la 245" dans les éditions antérieures a l'édi-
389, peu- de
tion des Bénédictins, et celle qui était la 8° se trouve maintenant la 27e.
AUGUSTIN A NÉBRIDE.
en nous des pensées et des songes c'est une;
supérieures ou les démons peuvent faire naître
sensus quidem putandus est. Igitur ea quae, ut ila 4. Sed hoc tamen si non vis simile a nobis prae-
dicam, vestigia sui motus animus figit in corpore, tereunter accipere, versa id cogitatione quantum
possunt et manere, et quemdam quasi habitum potes. Nam si animo exsistat assidue aliqua diffi.
facere, quæ latenter cum agitata fuerint et contrec- cultas agendi atque implendi quod cupit, assidue
tata, secundum agitantis et contractantis volunta- irascitur. Ira est autem, quantum mea fert opinio,
tem, ingerunt nobis cogitationes et somnia, atque turbulentus appetitus auferendi ea, quae facilitatem
id fit mira facilitate. Si enim nostrorum corporum actionis impediunt. Itaque plerumque non homi-
terrenorum et tardissimorum exercitationes, agen- nibus tantum, sed calamo irascimur in scribendo,
dis organis musicis, seu in funiambulo, c-eterisque eumque collidimus atque frangimus; et aleatores
hujuscemodi spectaculis innumerabilibus, ad quae- tesseris, et pietores penicillo et cuique instrumento
dam incnedibilia pervenisse manifestum est; nequa- qnilibet, ex quo difficultatem se pati arbitratur. Hac
quam'est absurdum, eos qui aërio vel æthereo autem assiduitate irascendi fel crescere etiam medici
corpore aliquid ìn. corporibus agunt, quae naturali affirmant. Cremento autem fellis rursus et facile
ordine penetrant, longe majore uti facilitate ad ac prope nullis caupsis exsistentibus irascimur. Ita
movendum quidquid volunt, non sentientibus nobis, quod suo motu animus fecit in corpore, ad eum
et tamen inde aliquid perpetientibus. Neque enim rursus commovendum valebit. x
etiam quomodo fellis abundantia nos ad iram 5. Possunt latissime ista traclari, et multis rerum
crebriorem cogat sentimus; et tamen cogit, cum testimoniis ad certiorem plenioremque perduci
hæc ipsa, quam dixi, abundantia facta sit irascenti- notitiam. Sed buic epistolae adjunge illam, quam
bus nobis. tibi nuper de imaginibu:: et de memoria misi, et
ponse me fait croire que vous ne l'avez point de passer notre vie ensemble. Cette accusation
parfaitement comprise. Joignez-y encore ce que n'est pas légère, et pourrait avoir de graves
je vous ai dit dans une lettre précédente sur la conséquences, si elle était fondée. Mais comme
faculté naturelle de l'âme, qui peut par la pen- de solides raisons établissent que, nous pou-
sée augmenter ou diminuer tout ce qui lui vons nous donner cette commune satisfaction,
plaît; peut-être alorscomprendrez-vousmieux, plus facilement ici qu'à Carthage et même à la
comment il est possible que, soit par la pensée, campagne, je ne sais, mon cher Nébride, com-
soit dans les songes, nous nous représentions ment je dois faire avec vous. Dois-je vous en-
des formes corporelles que nous n'avons jamais
vues. modément !
voyer une voiture pour vous amener ici com-
Mais notre ami Lucinien prétend
que vous pouvez sans danger vous faire trans-
porter dans une litière. Il est vrai que votre
LETTRE DIXIÈME (1)
mère, qui ne pouvait consentir à votre absence
quand vous étiez en bonne santé, supporterait
Saint Augustin parle à Nébridedes moyens de encore bien moins votre départ dans l'état de
passer leur vie ensemble, loin du tumulte des votre faiblesse où vous êtes. Irai-je donc moi-
choses du monde. même vous trouver? Mais j'ai ici des amis qui
ne pourraient pas m'accompagner, et qu'il ne
AUGUSTIN A NÉBRTDE.
m'est pas permis de quitter. Vous pouvez, vous,
(a).
earn diligentius pertracta. Nam minus plene a te quod recentissimis litteris tuis legi, ubi nos arguis
intellecta, rescripto tuo mihi apparuit. Iluic ergo quod consulere negligamus, ut una nobis vivere
quam nunc legis, cum adjunxeris de ilia quod liceat. Magnum crimen, et nisi falsum esset,
dictum ibi est, de naturalL quadam facultate animi
minuentis, et augentis cogitatione quodlibet : periculosissimum. Sed cum probabilis ratio de-
monstrare videatur, hic nos potius quam Car-
fortasse eliam formw corporum, quas numquam
vidimus, vel cogitando apud nos vel omniando
figurentur
degere,
thagini, vel etiam ruri, ex sententia posse
quid tecum agam mi Nebridi, pror-
sus inoertus sum. Mittatur ne ad te accommodissimum
tibi vehiculum ? nam (b) basterna ianoxie te vehi
EPISTOLA X posse noster Lucinianus auctor est. At matrem
cogito, ut quæ absentiam gani non ferebal, imbecilli
De convictu cum Nebridio et seecssione a mundanarum multo minus esse laturam. Veniamne ipse ad vos?
rerum tumultu. at hic sunt qui nec venire mecum queant, et quos
NEBRIDIO AUGUSTINUS.
deserere nefias putem. Tu enim potes et apud tuam
mentem suaviter habitare : ii vero ut idem possint,
i. Numquam æque quidquamtuarum inquisitio- satagitur. Eamne crbro et redeam, et nunc tecum,
num me in-cogitando tenuit sestuantem, atque illud nunc cum ipsis sim ? at hoc neque simul (c), neque
:
(a) Hie epistola terminatnr apud Lov. et veteres MSS. At apud Bad. Am. et Er. ad vocem figurentur, epistola xiv. de-
tracto exordio Recentissimis etc. subjungitur continenter ab hisce verbis tametsi actus etc.
(b) In editis, bastarna At in veteribus libris scribitur, basterna. Qujb vox apud Isidorum in Gloss, exponitur, tecta ma-
nualis, unde quibusdam videtur esse gestatoria sella, aut lectica, qllæ famulorum manibus portabatur. aliis porro lec-
tica jumonlorum dorso imponi solita, ex eodem Isidoro in Orig. lib. XX, c. XII. hujuscemodi erat ilia, de qua Grego-
rius Turon. in Franc, hist. lib. III, n. 26. -
(c) In MSS. omittitur conjunctio,neque. -
vos vues. Le trajet est assez long d'ail'eurs et
l'entreprendre souvent ne serait pas le moyen
, que cette familiarité si désirable eût été pour
eux le fruit du calme et du repos à la faveur
d'arriver à ce repos qui fait l'objet de tous nos desquels ils se fussent élevés jusqu'à Dieu. S'il
vœux.Ajoutez à cela mes infirmités physiques n'en est point ainsi je suis le plus insensé, ou
qui, comme vous le savez, m'empêchentde faire du moins le plus faible des hommes, de ne
tout ce que je veux, et qui me forcent à m'en pouvoir goûter et aimer ce bien pur et suprême
tenir à vouloir seulement ce que je puis. que dans le repos et la retraite. Croyez-moi,
2. Penser ainsi pendant toute sa vie à dispo- on a besoin d'être bien éloigné du tumulte de
ser des voyages qu'on ne peut accomplir sans toutes les choses passagères de ce monde pour
trouble et sans difficulté, n'est pas le propre arriver à ne rien craindre, sans qu'il y ait de
d'un homme dont toute la pensée doit se re- notre part ni dureté de cœur, ni audace, ni dé-
porter vers ce dernier voyage qu'on appelle la sir d'une vaine gloire, ni superstitieuse cré-
mort, et qui seule, comme vous le savez, doit dulité. C'est ainsi qu'on peut goûter cette joie
être le véritable objet de notre pensée. Dieu a durable, àlaquelle nul autre plaisir ne peut se
fait, il est vrai, à quelques hommes qu'il a comparer.
choisis pour gouverner son Eglise, la grâce non- 3. Que si une telle vie n'est pas le partage
seulement d'attendre cette mort avec courage, de la nature humaine, d'où vient cette tran-
mais encore d'en faire l'objet de leurs vœux quillité d'âme que l'on goûte quelquefois?
les plus ardents, tout en accomplissant sans Pourquoi l'éprouve-t-on d'autant plus qu'on
trouble et sans tourment leurs laborieuses pé- se retire plus intimement dans le sanctuaire de
régrinations. Mais pour ceux qui se laissent
entraîner à des emplois de ce genre par amour
des honneurs temporels, ou qui, pouvant vivre
son âme pour y adorer Dieu? Pourquoi, dans
l'accomplissement même d'un acte humain ,
cette tranquillité ne nous abandonne-t-elle pas,
fin simples particuliers, recherchent le tracas si c'est dece sanctuaire qu'on sort pour agir?
des affaires, ils ne peuvent obtenir au milieu Pourquoi, lorsque nous parlons, ne craignons-
du bruit, des inquiétudes, des réunions et des nous pas la mort, et pourquoi dans le silence
courses souvent répétées, l'immense bienfait allons-nous, même jusqu'à la désirer? Je vous
de se familiariser avec l'idée de la mort. Tandis dis cela, et je ne le dirais pas à tout le monde,
(1) Ecrite en 389. — Cette lettre était la 218e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins,, et celle qui
était la 11e se trouve maintenant la 75e.
itinera in superna bene novi, tune cum expertus dudum cum quadam etiam familiari objurgatione
ssepe sis quam dulce vivat, cum arnori corporeo proposita, quonampacto unavivere possemus,
tibi, de et
animus moritur, negabis tandem totam hominis hoc solostatuissemrescribere et rescripta
vitam posse intrepidam fieri, ut rite sapiens nomi- flagitare, neque ad aliud aliquid, quod ad nostra
?
netur aut hanc affectionem, qua ratio nititur, tibi studia pertinet, stilum avertere, ut inter nos istud
accidisse umquam, nisi cum (a) in intimis tuis
angeris, asserere audebis ? Quae cum ita sint,
restare unum vides, ut tu quoque in commune
:
ipsum terminaretur, cito me securum fecit recentis
epistolse tuæ brevissima et verissima ratio propte-
rea scilicet hinc non esse cogitandum, quia vel nos
consulas, quo vivamus simul. Quid enim cum matre cum potuerimus ad te, veltu cum potueris ad nos
agendum sit, quam certe frater Victor non deserit, necessario venturus sis. Hinc ergo, ut dixi, securus
tu multo melius calles quam ego. Alia scribere, ne consideravi omnes epistolas tuas,ut viderem quarum
te ab ista cogitatione averterem, nolui. responsionum debitor sim. In quibus tam multas
quæstiones reperi, ut etiam si facile dissolvi possent,
EPISTOLA. XI ipso acervo cujusvis ingenium, otiumque supera-
Cur hominis susceptio Filio soli tribuitur, cum divinæ rent. Tam vero difficiles sunt, ut et si una earum
mihi esset imposita, non dubitarem me onustissi-
personce sint insepurabilis.
mum confiteri. Hoc autem procemium ad id valet,
NEBRIDIO AURUSTINUS. ut tantisper desinas nova quærere, donec toto ære
9 Cum me vehementer agitaret quæstio, ate alieno liberemur, et de solo judicio tuo mihi rescri-
;
(a) Ita Lov. AtEr. cum intimis angereris. Bad.Am, et Gameticensis codex, cum intimis tuis ageris. in ceteris fere MSS
cum in intimis tuis ageris forte pro ageres.
délivré de toutes mes dettes envers vous, et nément par le Père, le Fils et le Saint-Esprit ;
;
-
vous m'ayez fait part de votre jugement sur que le Père ne fait rien sans la coopération du
mes réponses. Je n'ignore pourtant pas quel Fils et du Saint-Esprit que le Saint-Espritne
sacrifice je m'impose en différant ainsi de par- fait rien sans celle du Père et du Fils, et qu'en-
ticiper à ce qu'il y a de grand et de divin dans fin le Fils ne fait rien sans que le Père et le
vos pensées. Saint-Esprit ne le fassent également. Ne doit-on
2. Voici donc mon opinion sur le mystère de
l'Incarnation qui a été opéré pour notre
salut, comme notre sainte religion nous
pas de là tirer la conséquence que la Trinité
tout entière a revêtu la nature humaine car ;
s'il n'y a que le Fils qui ait revêtu cette nature
commande de le croire et de le connaître. et non le Père et le Saint-Esprit, les personnes
Cette question que j'ai choisie entre toutes, de la sainte Trinité peuvent donc agir chacune
n'est pas la plus facile à résoudre. Celles qui séparément. Pourquoi donc, dans les mystères
ont le monde pour objet ne me paraissent pas et dans nos saintes cérémonies, l'Incarnation
assez propres à obtenir la vie bienheureuse ?
n'est-elle attribuée qu'au Fils Cette question
vers laquelle doivent tendre tous nos efforts; est tellement remplie de difficultés et touche à
et si les recherches de ce genre procurent une chose si grande et si élevée, que je ne
quelque plaisir, il est cependant à craindre puis ni vous expliquer assez clairement ce que
qu'elles ne prennent un temps qu'on pourrait j'en pense, ni appuyer mon opinion sur des
consacrer à des choses plus utiles. Dans la preuves assez sûres et assez solides. Mais
question qui nous occupe présentement, j'ai comme c'est à vous que j'écris, j'ose cependant
peine à comprendre pourquoi vous êtes étonné
de ce que c'est le Fils et non le Père ou le
Saint-Esprit qui ait revêtu la nature humaine;
;
vous donner un aperçu plutôt qu'une expli-
cation de ma pensée votre génie, ainsi que
l'amitié que j'ai pour vons, et qui vous a donné
;
car dans les principes de la foi catholique, cette
Trinité est inséparable mais peu d'âmes sont
assez saintes et assez heureuses pour com-
une connaissance si parfaite de moi-même,
feront le reste.
3. Il n'y a, mon cher Nébride, aucune nature,
prendre que tout ce qui est fait par cette Tri- aucune substance qui ne renferme ces trois
nité, doit être considéré comme fait simulta- propriétés, premièrement, d'être, secondement,
bas. Quamquam scio quam sit adversum me, qui non et Pater et Filius, nec quidquam Filium, quod
tuarum divinarum cogitationum vel tantisper parti- non et Pater et Spiritus-sanctus faciat. Ex quo vi-
ceps esse differo. detur esse consequens, ut hominem Trinitas tota
2. Accipe igitur quid mihi videatur de susceptio- susceperit : nam si Filius suscepit, Pater autem e
ne hominis mystica, quam propter salutem nostram Spiritus-sanctus non susceperunt, aliquidpræter in-
factam esse religio, qua imbuti sumus, credendum vicem faciunt. Cur ergo in mysteriis et sacris no-
cogaoscendumque commendat, quam quæstionem stris hominis susceptio Filio tributa celebratur. Hæc
non facillimam omnium elegi, cui potissimum res- est plenissima quæstio ita difficilis, et de re tam ma-
ponderem. Illa namque, quæ de hoc mundo quæ- gna, ut nec sententia hic satis expedita, nec ejus
videntur pertinere;
runtur, nec satis ad beatam vitam obtinendam mihi
et si aliquid adferunt volup-
tatis, cum investigantur, metuendum esttamen
probatio satis secura esse possit. Audeo tamen, siqui-
dem ad te scribo, significare potius quid meus ani-
mus habeat, quam explicare, ut cetera pro ingenio
ne occupent tempus rebus impendendum melio- tuo et familiaritate nostra, qua sit ut me optime no-
ribus. Quamobrem quod ad hoc pertinet suscep- veris, per te ipse conjectes.
tum in præsentia, prius miror te esse commotum, 3. Nulla natura est, Nebridi, et omnino nulla
cur non Pater sed Filius dicatur homiuem suscepis- substantia, quæ non in se habeat hæc tria, et præ
se, sed etiam Spiritus-sanctus. NamistaTrinitas ca- se gerat, primo ut sit, deinde ut hoc vel illud sit,
tholica fide ita inseparabilis commendatur et credi- tertio ut in eo quod est maneat quantum potest.Pri-
tur, ita etiam a paucis sanctisbeatisque intelligitur,
ut quidquid ab ea fit, simul fieri sit existimandum,
eta Patre, et a Filio, et a Spiritu-sancto. Nec quid-
:
mum illud, caussam ipsam naturæ ostentat, ex qua
:
sunt omnia alterum, speciem per quam fabrican-
tur, et quodammodo formantur omnia tertium,
quam Patrem facere, quod non et Filius et Spiri- manentiam quamdam, ut ita dicam, in qua sunt
tus-sanctus, nec quidquam Spiritum-sanctum, quod omnia. Quod si fieri potest ut aliquid sit, quod non
d'être ceci ou cela, troisièmement de demeurer 4. Voici maintenant ce qui peut apaiser
en elle-même ce qu'elle est autant qu'elle le l'inquiétude qui semble agiter votre esprit. La
veut. La première de ces propriétés nous montre spécialité qu'on attribue particulièrement au
le principe même de la nature de laquelle tout Fils appartient à une règle, à un certain art,
provient; la seconde nous découvre l'espèce si l'on peut se servir de ces mots dans des ma-
des choses et le modèle d'après lequel elles ont tières aussi sublimes, à une science par lesquels
été formées ce qu'elles sont; la troisième la l'esprit se forme en pensant et en réfléchissant
force de consistance qui les maintient dans ce aux choses. Ainsi, puisque l'union de la nature
qu'elles sont en elles-mêmes. S'il était donc divine et de la nature humaine s'est faite pour
possible qu'une chose fût sans être ceci ou cela nous donner une règle de conduite, et pour que
et sans demeurer dans son genre et dans sa cette règle s'insinuât dans notre esprit et notre
nature, ou bien qu'elle fût ceci ou cela sans cœur par la majesté lumineuse des préceptes de
être et sans rester dans son espèce, autant Jésus-Christ, c'est donc avec raison que tout cela
qu'elle le peut, ou bien qu'elle restât dans sa est attribué au Fils Quoique dans les nombreu-
nature selon la mesure de ses forces, sans avoir ses questions que je soumets à votre réflexion
l'être, et sans être ceci ou cela, il s'ensuivrait et à votre sagesse, se trouvent renfermées des
aussi que dans la Trinité une personne pour- choses bien diverses, il y en a toujours quel-
rait faire quelque chose sans la coopération
des autres. Si au contraire, vous admettez la
nécessité, que dès qu'une chose est, il faut
:
qu'une qui domine et qui se distingue par une
propriété particulière C'est ce que nous voyons
dansces trois sortes de questions qu'on peut
qu'elle soit continuellement ceci ou cela, et faire sur toute chose. Vous demandez si une
qu'elle demeure dans son espèce autant que sa chose est, c'est évidemment demander aussi ce
nature le comporte, il est clair que les trois qu'elle est, puisque rien ne peut être, sans être
personnes ne peuvent rien faire séparément une certaine chose, c'est demander en même
l'une de l'autre. Je vois bien que je n'ai encore temps quels sont ses défauts ou ses qualités,
;
hoc vel illud sit, neque in genere suo maneat aut rebus uli~nur, et ad intelligenHam qua ipse animus
,
hoc quidem aut illud sit, sed non sit, neque in ge-
nere suo maneat quantum potest aut in suo ge-
nere quidem pro ipsius sui generis viribus maneat,
rerum cogitatione formatur. Itaque quoniam per
illam susceptionem hominis id actum est, ut quæ-
dam nobis disciplina vivendi, et exemplum præcep-
:
sed tamen nec sit, neque hoc vel illud sit fieri
etiam potest, ut in illa Trinitate aliqua persona
ti, sub quarumdam sententiarummajestate ac per-
spicuitate insinuaretur, non sine ratione hoc totum
præter alias aliquid faciat. At si cernis necesse Filio tribuitur. In multis enim rebus, quas cogita-
esse, ut quidquid sit, continuo et hoc aut illud sit, tioni et prudentise committo tuæ, quamvis multa
etin suo genere maneat quantum potest, nihil tria insint, aliquid tamen eminet, et ideo sibi proprie-
illa præter invicem faciunt. Video adhuc partem tatem quamdam non absurde vindicat; velutinillis
meegissehujus quæstionis, qua sit difficilis solutio. tribus generibus quæstionum, etiam siquseratur an
Sed breviter tibi aperire volui, si tamen egi quod sit,ibiest et quid sit, esse enim non potest profecto,
volui, quam subtiliter, et quanta veritale in Catho- nisi aliquid sit; ibi etiam probandum improbandum-
lica intelligatur hujusce inseparabilitas Trinitatis. ve sit, quidquid enim est, nonnulla æstimatione
4. Nunc accipe quomodo possit non movere
animum illud quod movet. Species quae proprie Fi-
:
dignum est ita cum quæritur quid sit, necesse est
ut et sit, et aliqua cestimatione pendatur. Hoc modo
lio tribnitur, ea pertinet etiam ad disciplinam, et etiam cum quæritur quale sit, et aliquid est uti-
ad artem quamdam, si bene hoc vocabulo in his que ita, cum sibi inseparabiliter juncta sunt omnia,
1
tions soient intimement liées l'une à l'autre, lettre ne résoudra pas, sans doute, toutes
vos
cependant une question ne tire pas son nom difficultés sur une matière si importante, mais
de tout cela ensemble, mais de la fin que se elle donnera peut-être à vos pensées une base
;
rément quelque chose de très-noble, digne
d'exciter nos plus ardents désirs mais comme
la connaissance doit marcher la première pour
puyer, vous en donnera l'intelligence et la so-
lution.
divine à la nature humaine spécialement attri- Saint Augustin reprend la question qu'il avait
buée au.Fils d'où sont venues'comme une suite commencé de traiter dans la lettre précédente.
naturelle, et la connaissance du Père, principe
unique de toute chose, et la douceur intime et AUGUSTIN A NÉBRIDE.
ineffable que nous trouvons à demeurer dans
cette connaissance, et à mépriser toutes les 1. Vous prétendez m'avoir envoyé plus de
choses mortelles, ce qui est le don particuliè- lettres que je n'en ai reçu effectivement. Mais
rement attribué au Saint-Esprit. Mais quoique je dois vous croire, comme je ne doute pas que
tout cela s'opère par l'union intime indivisible vous me croyiez vous-même dans mes affirma-
des trois personnes, il fallait nous le montrer tions. Bienque le nombre de mes réponses ne
séparément à cause de la faiblesse de notre soit pas égal à celui de vos lettres, je mets au-
nature tombée de l'unité dans la multiplicité. tant de soin à conserver les vôtres que vous à
En effet, on ne peut élever personne au degré les multiplier. Vous n'avez reçu de moi que
où l'on est soi-même, sans descendre un peu
au point où est celui qu'on veut élever. Cette
:
deux grandes lettres et non trois c'est un point
sur lequel nous sommes d'accord. En repassant
(1) Ecrite l'an 389. — Cette lettre était la 269e dans les éditions antérienres à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 12e se trouve maintenant la 67e.
nomen tamen quæstio non ex omnibus accipit, sed quemquam erigit ad id in quo ipse est, nisi aliquan-
ut sesehabueritquserentis intentio. Ergo disciplina tum ad id in quo est ille descendat. Habes episto-
homiaibus est necessaria, qua imbuerentur, et qua lam, non quae tuam curam de hac re finierit, sed
ad modum formarentur. Non tamen idipsum, quod
plus petites ;
dois. Vous compterez cette lettre parmi mes
elle diminuera néanmoins le
nombre des réponses que j'ai encore à vous
quel elle est unie, n'en aurait pas quelque autre
plus subtil, est inutile et il n'y a plus à y re-
venir.
faire et que vos moindres lettres augmentent
sans cesse. Quant à ce que vous demandez tou- AUGUSTIN A NÉBRIDE.
chant le Fils de Dieu, c'est-à-dire pourquoi il
a revêtu la nature humaine plutôt que le Père, 1. Je n'aime point à vous écrire des choses
puisqu'ils sont inséparables l'un de l'autre; communes, et je ne puis vous en écrire de nou-
vous répondrez vous-même facilement à cette velles. Les premières ne vous plaisent point, et
question, si vousvous rappelez nos entretiens le temps me manque pour m'occuper des se-
dans lesquels, autant que je l'ai pu (car c'est condes. Depuis que je vous ai quitté, je n'ai eu
un mystère ineffable), je vous ai expliqué ce ni l'occasion ni le loisir de réfléchir et de pen-
qu'est le Fils de Dieu qui s'est uni à nous. Pour ser à ce qui fait l'objet accoutumé de nos re-
a
(1) Il manque ici 67lignes dans le manuscrit du Vatican d'où cette lettre été tirée.
l'
(2) Ecrite sur la fin de l'année 389. — Cette lettre était la 218e dans les éditions antérieures a
tins, et celle qri était la 13e se trouve maintenant la 68e.
1
édition des -1
1.
Bénédic-
recognitis exemplaribus animadverti, quinque fere quo conjuncti simus, recorderis. Quod ut hic bre-
tuis rogationibus esse responsum, nisi quod una viter adtingam, disciplina ipsa et forma Dei, per
ibi quæstio quasi transeunter perstricta, quamquam quam facta sunt omnia, quæ facta sunt, Filius
fortasse satisfecit avaritiæ tuæ ;
non temere ingenio tuo commissa sit, non tamen
quam refrenes
aliquantulum opus est, et nonnulla compendia
nuncupatur. Quidquid autem per susceptum illum
hominem gestum est, ad eruditionem informatio-
nemque nostram gestum est (cætera desiderantur).
libenter feras. Ita plane ut si quidquam fraudo EPISTOLA XIII
intelligentiam; dum sum parcus in verbis, nihil
Quoestionem de animos quodam corpore, ad se nihil
parcas mihi, sed tu jure, quo mihi valenlius esset pertinentem rogat dimttant.
forte aliquid, si quidquam posset esse jocundius,
totum quod debetur efflagites. Hanc igitur cpistolam NEBRIDIO AUGUSTINUS.
numerabis inter minores epistolas meas, quam 1. Usitata tibi scribere non libet, nova non licet.
tibi, non sibi nihil mihi de acervo minuere. Non Alterum enim video tibi non convenire, alteram,
enim et tu mittis minores, quæ non eumdem acer- non mihi vacare. Nam ex quo abii abs te, nulla
vum augeant. Quare illud quod de Filio Dei quæris, mihi opportunitas, nullum otium datum est ea, quæ
cur ipse potius dicatur hominem suscepisse, quam inter nos quærere solemus,agitandi atqueversandi.
Pater, cum simul uterque sit, dignosces facillime Sunt quidem hiemales nimis longæ noctes, nec a
si sermocinationum nostrarum, quibus ut poluimus me totæ dormiuntur : sed se objiciuntmagis cogi-
(nam ineffabile quiddam est) quid sit Dei Filius, tanda cum otium est, quæ (a) diftirmandosunt otio
(a) Lov. definiendo, quo pro MSS. omnes a nobis inspecti, et unus Vaticanusbabent, (liffirmando.
cherches. Les nuits d'hiver sont bien longues, nous discutons présentement, si tant est que
et quoique je ne les passe point tout entières à notre discussion repose sur quelque chose.
dormir, cependant à mes heures de loisir, je Laissons donc de côté je vous prie, une ques-
n'ai pas d'autres pensées que celles qui peu- tion aussi frivole, et avec l'aide de Dieu élevons-
vent contribuer à mon repos et à mon loisir nous uniquement vers la suprême sérénité de
même. Que ferai-je donc? resterai-je muet avec sa nature souverainement vivante.
vous? Garderai-je le silence. Ce n'est ni ce que 3. Quoique les corps, me direz-vouspeut-être,
-
vous voulez, ni ce que je veux moi-même. Voici ne puissent pas être perçus par l'intelligence,
donc ce que j'ai pu tirer de moi à la fin de cette nous pouvons cependant acquérir la connais-
nuit, et que j'ai fait écrire sous ma dictée. sance des choses qui appartiennent aux corps.
2. Il est nécessaire que vous vous rappeliez Nous connaissons par exemple, qu'il y a des
la question que nous avons agitée si souvent corps. C'est une chose que non-seulement on
ensemble, et qui dans l'embarras qu'elle nous ne saurait nier, mais qui fait plutôt partie des
causait nous tenait comme hors d'haleine. Il certitudes que des vraisemblances. Ainsi quoi-
s'agissait de savoir si l'âme n'a- point quelque que les corps ne soient connus que d'une ma-
corps ou une espèce de corps dont elle est nière vraisemblable, il est cependant de toute
inséparable et que quelques-uns appellent son certitude qu'il y a dans la nature des choses
véhicule. Il est clair que ce corps, quoiqu'il
soit, s'il peut changer de place, n'est pas in-
telligible. Or, ce qui est inintelligible ne sau-
;
qu'on appelle des corps. Un corps sensible
peut donc être un corps intelligible autre-
ment on ne pourrait pas le comprendre. Je ne
rait se comprendre. Si ce qui échappe à l'intel- sais quels sont ces corps, dont il est ici ques-
ligence, n'échappe pas aux sens, on peut du tion, qni aideraient comme on le croit, l'âme
moins avec quelque vraisemblance l'apprécier àpasser d'un lieu à un autre et qui non percep-
et le connaître. Quant aux choses qui-ne tom- tibles à nos sens, le sont à des sens plus subtils
bent ni sous l'intelligence ni sous les sens, il et plus exquis que les nôtres. Cependant, de sa-
est illusoire et téméraire de vouloir s'en for- voir si ces corps existent,c'estce qui appartient à
mer une opinion. Telle est la question que l'intelligence.
necessaria. Quid ergo faciam, mutusne apud te, an summam serenitatem naturæ summe viventis adtol-
tacitus sim ? neutrum vis, neutrum volo. Quare age limus?
atque accipe quod de me excudere potuit ultimum 3. Hic forsitan dicas, quamquam corpora percipi
noctis, quamdiu exsequebatur quo liBec epistola nequeant, multa nos tamen ad corpus pertinentia
scripta est. intelligibiliter posse percipere, ut est quod novimus
2. Necesse est te meminisse quod crebro inter nos esse corpus. Quis enim neget, aut quis hoc verisi-
sermone jactatum est, nusque jactavit anhelantes
atque æstuantes, de animæ scilicet (a) vel perpetuo
?
mile potius quam verum esse fateatur Ita cum
ipsum corpus verisimile sit, esse tamen in natura
quodam corpore, vel quasi corpore, quod a non- tale quiddam verissimum est, ergo corpus sensibile,
nullis etiam dici vehiculum recordaris. Quam rem esse autem corpus intelligibile judicatur : non enim
certe, siquidem loco movelur, non esseintelligibilem, posset aliter percipi, Ita nescio quid illud, de quo
clarum est. Quidquid autem intelligibile non est, quærímus, corpus, quo inniti anima, ut de loco ad
intelligi non potest. At quod intellectum fugit, si locum transeat, putatur, quamquam etiamsi non
saltem sensum non refugit, æstimare inde aliquid (b) sensibus nostris, tamen quibusdnm longe vegetiori-
verisimiliternon usquequaque denegatur. Quod bus sensibile sit, utrum tamen sit, intelligibiliter
vero neque intelligi neque sentiri potest, temera- cognosci potest.
riamnimis atque nugatoriam gignit opinionem; et 4. Hoc si dices, veniat iu mentem illud, quod
hoc de quo. agimus tale est; si tamen est. Cur intelligere appellamus, duobus modis in nobis fieri:
ergo, quæso te, non nobis ad hanc quæstiunculam aut ipsa per se mente atque ratione intrinsecus, ut
indicimus ferias, et nos totos imprecato Deo in
cum intelligimus esse ipsum intellectum : aut
marchez;
munes avec les autres astres. Je marche et vous
le soleil se meut et les autres se meu-
vent. Je veille et vous veillez ; le soleil luit et
par exemple du septentrion au midi, côte à
côte, le plus près possible l'un de l'autre, sur
un chemin de marbre ou d'ivoire parfaitement
les astres luisent. Je discute et vous discutez le poli, il y aura cependant toujours entre votre
soleil tourne et les astres aussi. Je ne veux pas mouvement et le mien la même différence
toutefois par là établir de comparaison entre qu'entre le battement de notre pouls, qu'entre
les actes de l'esprit et les choses qui frappent notre visage et la forme de notre corps. Met-
nos yeux. Mais si, pour établir plus de confor- tez à notre place les enfants de Glaucus, vous
mité, vous comparez l'esprit à l'esprit, vous n'y gagnerez rien; ils ont beau être jumeaux,
trouverez que sous le rapport de l'intelligence, ils auront nécessairemeet chacun des mouve-
si toutefois il y a quelques principes d'intelli- ments particuliers, comme l'a été leur nais-
gence dans ces grands corps célestes, vous sance.
trouverez, dis-je qu'il y a bien plus de ressem-
blance entre celle du soleil et celle des autres
astres, que dans l'intelligence des hommes en-
çue que par la raison ,
3. Mais, direz-vous, cette différence n'est per-
tandis que celle qui
existe entre le soleil et les autres astres se ma-
tre eux. En observant avec votre attention nifeste clairement aux sens. Si c'est sur la
accoutumée les mouvements mêmes des corps, grandeur du soleil que je dois établir cette dif-
vous verrez qu'il n'y a point deux hommes dont férence, vous savez tout ce que l'on dit de la
les mouvements se ressemblent. Lorsque nous distance qui le sépare des autres astres, et dans
nous promenons ensemble, croyez-vous que quelle incertitude nous laisse cette apparente
?
notre marche soit égale Vous êtes trop éclairé différence de grandeur. Et quand je vous ac-
pour ne pas comprendre, que celui de nous corderais que cette apparence est, comme je le
deux qui est le plus près du nord dépassera crois, conforme à la réalité, ne voyons-nous
l'autre bien qu'en marchant d'un pas égal au pas de ces inégalités aussi sensibles entre les
sien, ou bien qu'il doit ralentir sa marche. hommes, comme celle de ce Nœvius plus grand
eadem nos agimus, multa et ille cum ceteris agit. sentiri potest. Sed tu, ni fallor, quid intelligamus,
Si non ille, nec nos. Ambulo et ambulas; movetur non quid sentiamus exspectas. Quod si ab axe in
:
et moventur; vigilo et vigilas; lucet et lucent; dis-
puto et disputas ; circuit et circumeunt (a) tametsi
actus animi nullo modo est iis, quæ videmus, com-
meridiem tendamus, conjuncti nobis atque inhæ-
rentes quantum valemus, innitamurque marmori
lævi et æquali, vel etiam ebori, tam non potest esse
parandus. Si autem animum ita ut sequum est, ani- amborum idem motus, quam venæ pulsus, quam
mo conferas, magis idem vel cogitare vel contem- forma, quam facies. Remove nos et pone (b) Glau-
plari, vel si quid aliud commodius dicitur, si ullus ciam prolem, nihil egeris. Quippe his etiam simil-
eis inest animus, sidera quam homines consideran- limis geminis tanta est necessitas, ut proprie mo-
da sunt. Ceterum in corporum motibus, si, ut so-
les, diligenter adtendas, nihil omnino a duobus
idem fieri potest. An tu cum dearnbulamus simul,
veantur, quanta fuit ut singuli nascerentur.
3. At enim hoc, inquies, rationitantuin quod :
autem sol ab astris differt, sensibus etiam clarum
statimidem nos agere existimas? absit a prudentia atque manifestum est. Si magnitudinem me cogis
tua. Septemtrioni namque vicinior nostrum qui respicere, nosti de intervallis quam multa dicantur,
deambulat, aut alterum pari motu antecedat, aut et ad quantum incertum perspicuitas ista revocetur.
:
tardius ingrediatur necesse est neutrum tamen Sed ut concedam ita esse ut apparet, sic enim et
(a) Apud Bab. Am. et Er. reliqua parshujus epistolæ, confunditur cum epistola IX, detractis videlicet verbis, quæ
huc husque pramittuntur. Attamenantiqui MSS. Vaticani duo, Gervasiani collegii Parisiensis codex Gorbeiensisanno-
rumfere 900. aliique optimænotcenecnon Lov. hanc epistolam seorsini totamque exhibent ut hie edita est.
{oj MOD. prope omnes, Clausiamprolem.
d'un pied que les hommes les plus grands dont unique de Dieu, renferme non-seulementl'idée
?
la taille ne dépasse point six pieds C'est sans générale de l'homme, mais encore celle de
doute faute d'avoir trouvé, malgré vos recher- chaque homme en particulier. C'est une grande
ches, un homme de cette grandeur, que vous question. Ce que j'en puis juger, c'est que dans
me demandez une lettre de la taille de Nœvius. la formation de l'homme, ce n'est ni l'idée de
S'il y a de telles inégalités entre les choses de Nébride, ni celle d'Augustin que le Créateur a
la terre, est-il étonnant qu'on en trouve aussi eue en vue, mais celle de l'homme en général,
dans le ciel? Que s'il vous paraît étrange que et que dans la succession des temps, les diverses
duise le jour ,
le soleil soit le seul astre dont la lumière pro-
dites-moi, je vous prie, quel
homme a jamais paru dans le monde avec au-
idées des hommes subsistent et se conservent
dans l'éternelle raison de Dieu. Cela estfort
obscur, jel'avoue, et je ne trouve aucune com-
tant de grandeur, que cet homme à qui Dieu paraison qui puisse l'éclaircir, à moins de re-
s'est uni bien plus intimement qu'à tout ce courir aux sciences dont l'idée est au fondde
qu'il y a eu d'autres saints et d'autres sages notre esprit. Dans la géométrie, par exemple,
sur la terre? Si vous le comparez au reste des l'idée que j'ai de l'angle est unique, aussi bien
hommes, vous trouverez qu'il y a entre eux et que celle du carré. Quand je veux désigner un
lui une bien plus grande différence qu'entre le angle, mon esprit n'en conçoit qu'une seule
soleil et les autres astres. Réfléchissez attenti- idée, mais quand je veux décrire un carré, il
vement à cette comparaison, que j'indique en faut que je conçoive l'idée de quatre angles à
passant, et peut-être l'excellent esprit qui vous la fois. C'est ainsi que chaque homme a été
distingue y trouvera la solution d'une question fait d'après l'idée unique par laquelle il est
que vous m'avez autrefois proposée sur l'hu- homme, mais quand il s'agit d'un peuple tout
manité de Jésus-Christ. entier, quoique l'idée qui s'en présente à moi
4.Vous me demandez encore si cette vérité soit une, ce n'est plus cependant celle d'un
suprême, cette suprême sagesse, ce modèle des seul homme, mais l'idée générale d'hommes.
choses par qui tout a été fait, et que notre Si donc Nébride fait partie de l'universalité
sainte religion reconnaît comme étant le Fils des hommes, ce qui est incontestable, si cette
credo, cujus tandem et sensum fefellit illa proceri- jusque nostrum rationem contineat. Magna quæ-
tas Nævii (a) pede longioris quam qui est sex lon- stio. Sed mihi videtur, quod ad hominem facien-
gissimus? cuite credo nimium quæsisse hominem
æqualem, et cum minime reperisses, usque in ejus
formam nostram epistolam tendere voluisse. Quare
:
dum adtinet, hominis quidem tantum non meam
vel tuam ibi esse rationem quod autem ad orbem
temporis,varias hominum rationes in illa sinceritate
cum in terris quoque aliquid tale exsistat, nihil de vivere. Verum hoc cum obscurissimum sit, qua si-
Si
cælo puto esse mirandum. autem te movet, quod
præter solemnulliussideris lumen implet diem quis
quæso te, hominibus tantus apparuit quantus ille
: militudine illustrari possit, ignoro : nisi forte ad
artes illas, quæ insunt animo nostro confugiendum
est. Nam in disciplina metiendi una est anguli ra-
homo quem Deus suscepit, longe aliter quam ce- tio, una quadrati. Itaque quoties demonstrare an-
teros sanctos atque sapientes. Quem si cum aliis ho- gulum volo, non nisi una ratio anguli mihi occurrit.
minibus conferas, majori distantia continetur, quam Sed quadralumnequaquam scriberem, nisiquatuor
collatione solis cetera sidera. Quam sane similitudi- simul angulorum rationem intuerer : Ita quilibet
nem diligenter intuere. Fieri enim potest mente, homo una ratione, qua homo intelligitur, factus est.
qua excellis, ut quamdam quæstionem de homine At ut populus fiat, quamvis et ipsa una ratio, non
tamen hominis ratio, sed hominum. Si igitur pars
Christo a te propositam transeuntes dissolverimus.
4. Item quæris utrum summa ilia veritas et
summa sapientia et forma rerum, per quem facta
:
hujus universi est Nebridius, sicut est et omne
universum partibus confit, non potuit universi con-
sunt omnia, quem Filium Dei unicum sacra nostra ditor Deus rationem partium non habere. Quam-
profitentur, generaliter hominis, an etiam uniuscu- obrem quod plurimorum hominum ibi ratio est
veniam.
(a) Bad. Am. et Er. habent ne septem pedes longiores quamquam sex longissima. Lov. ne septem pedum longioris, quam
qua sex longissimis. Sed legendum haud dubie uti MSS. ope correximus, quamquam sic in illis scribatur ne vii nomen,
videri ut possit significari, ne septem : sed nostram lectionem confirmat id quod in fine epistolæ præferunt, excesserim
Navium; ubi rursus in editis corruptelegitur, excesserim
universalité est composée de parties, Dieu créa- vous adresser ces lignes sur ce morceau de par-
teur de l'universalité a eu nécessairement l'idée chemin. Je ne pouvais point différer de dire à
des parties qui la composent. C'est pourquoi votre oncle ce que je lui ai écrit, et je ne pou-
ce qui est ici l'idée de plusieurs hommes, n'ap- vais me résoudre à ne pas vous écrire aussi. Si
partient plus à l'homme même, quoique par vous avez des tablettes qui m'appartiennent,
des moyens merveilleux, tout soit ramené à veuillez me les renvoyer car j'en ai grand be-
l'unité. Méditez tout cela à votre aise, mais en soin. J'ai écrit sur la religion catholique, autant
même temps contentez-vousde cette lettre,bien que le Seigneur a daigné m'inspirer, un livre
qu'elle n'ait pas la taille de Nœvius. que je veux vous envoyer avant mon arrivée, si
toutefois le papier ne me manque pas. Il faudra
donc vous contenter d'une écriture telle que la
permet ce qui sort de la boutique de Majorin(3).
LETTRE XV (1)
Des ouvrages dont vous me parlez, je ne me
rappelle que les livres de l'Orateur. Mais je n'ai
Saint Augustin promet à Romanien (2) de lui
pu à ce sujet vous répondre autre chose que
envoyer le livre qu'il a écrit sur la vraie reli- de vous engager à choisir vous-même ceux qui
gion, et l'exhorte à occuper utilement son loisir.
vous conviendraient, et je suis toujours du
même avis. Que puis-je faire de plus, n'étant
AUGUSTIN A ROMANIEN.
point près de vous ?
1. Si cette lettre vous fait voir que je suis 2. Vous m'avez fait bien plaisir en m'invi-
pauvre en papier, elle ne vous prouvera pas tant, dans votre dernière lettre, à venir parta-
que je suis plus riche en parchemin. Je me suis ger votre joie domestique. Mais voulez-vous
servi des tablettes d'ivoire que j'avais, pour que j'ignore ce qu'il faut penser de « la surface
écrire à votre oncle. Vous m'excuserez donc de d'une mer tranquille et des vagues en repos?»
(1) Ecrite l'an 390. — Cette lettre était la 113° dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui
la
était 15e se trouve maintenant la 73e. -
(2) Romanien était de Tagaste comme saint Augustin dont il était, dès la plus tendre jeunesse, l'ami et le confident
intime. Il avait été entraîné dans les erreurs des Manichéens par saint Augustin, qui l'en retira ensuite, et composa
pour lui le livre De la vraie religion. C'est ce même Romanien que saint Augustin, dans la lettre 27e, recommande par-
ticulièrement à la sollicitude de saint Paulin.
(3) Les anciennes éditions donnent ex officina meorum, sept manuscrits portent ex officina majorini. Nous avons adopté
ce texte, quoique les Bénédictins paraissent vouloir le corriger en changeant la ponctuation, et en écrivant ex officina
majorum codicibus
(a) MSS. septem habent, ex officina majorini. antiquiores editiones ad marginem, ex officina meorum. Num forte sic
textus interpungendus est? Ex officinamajorem decodicibusetc.
(Enéid.,v). Vous ne le voulez certainement
point, et vous ne l'ignorez pas vous-même. Si LETTRE XVI (1l)
(1) Ecrite l'an 390. — Cette lettre était la 45edans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la trouve maintenant la 74°.
16° se
(2) Madaure était une villeépiscopale de la province de Numidie, non loin de Tagaste. Maxime y enseignait la gram-
maire, et c'est peut-être sous ce maître que saint Augustin fit ses études d'humanités; car notre saint fut envoyé fort
jeune dans cette ville qui avait le titre de colonie. Les habitants de Madaure bien qu'attachés à l'idolâtrie avaient une
grande vénération pour saint Augustin, qu'ils appelaient leur père, comme on le voit dans la lettre 232e.
quæso ut si hæc quasi seniles artus esse duxeris, immortalibus archimartyrem Namphanionem, inter
benignarum auriumindulgentia prosequaris. Olym- quos Lucitas etiam haud minore cultu (b) suscipitur,
pum montem deorum esse habitaculum, sub incerta atque alii interminato numero (diis hominibusque
fide Græcia fabulatur. At vero nostræ urbis forum odiosa nomina) qui conscientia nefandorum facino-
salutarium numinum frequentia possessum nos rum, specie glonosæ mortis, scelera sua sceleribus
cernimus et probamus. Equidem unum esse Deum cumulantes,dignum moribus factisque suis exitum
summum sine initio, sine prolenaturæ ceu patrem maculati repererunt. Horum busta si memoratu
magnum atque magnificum, quis tam demens, tam dignum est, relictis templis, neglectis majorum
mente captus neget esse certissimum? Hujus nos suorum manibus, stulti frequentant, ita ut præsa-
virtutes per mundanum opus diffusas, multis voca- gium vatis illius indigne ferentis emineat,
bulis invocamus, quoniam nomen ejus cuncti pro- Inque Deum templis juravit Roma per umbras.
prium videlicet ignoramus. Nam Deus omnibus (LUCANUS.)
religionibus commune nomen est. Ita fit ut dum Sed mihi hac tempestate propemodum videtur bel-
ejus quasi quædam membra carptim, variis suppli- lum Actiacum rursus exortum, quo Ægyptia mons-
cationibus prosequimur, totum colere profecto vi- tra in Romanorum Deos audeant tela vibrare,
deamur. minime duratura.
2. Sed impatientem me esse tanti erroris, dissi- 3. Sed illud quæso, vir sapientissime, uti remoto
mulare non possum. Quis enim ferat Jovi fulmina facundiæ robore atque exploso, qua cunctis clarus
vibranti præferri (a) Mygdonem; Junoni, Minervæ,
es, omissis etiam quibus pugnare solebas Chrysip-
Veneri, Vestæque Sanaem, et cunctis (pro nefas) diis peis argumentis, postposita paululum dialectica,
Mantoue :
viens volontiers à cette pensée du poëte de
«Chacun suit son plaisir (Virg.,
Eglog., 3). » Du reste je ne doute pas, homme
AUGUSTIN A MAXIME DE MADAURE.
ego crediderim, mentione illius fori facta, numi- Siautem graves tibi videntur, miror quod nomi-
num talium memoriam mihi te renovare voluisse, num absurditate commoto, in mentem non venerit
quia
dignaris, lit ab hujusmodi sacrilegis facetiis te ma-
gnopere abstineas. Siquidem illum Deum dicis
habere tuos et in sacerdotibus (a) Eucaddires, et in
numinibus Abaddires. Non puto ego ista tibi cum
scriberes in animo nonfuisse, sedmore humanitatis
et leporis tui, commonefacere nos voluisti ad rela-
xandum animum, quanta in vestra superstitione ri-
unum, de quo (ut dictum est a veteribus) docti in- denda sint. Neque enim usque adeo teipsum obli-
doctique consentiunt, hujusne tu membra dicis esse, visci potuisses, ut homo Afer scribens Afris, cum
quorum immanitatem, vel (si hoc mavis) poten- simus utrique in Africa constituti, Punica nomina
:
tiam, morlui hominis imago compescit?Plurahinc
possem dicere vides enim pro tua prudentia, quam
exagitanda existimares. Nam si ea vocabula inter-
pretemur, Namphanio quid aliud significat, quam
locus late iste pateat reprehensioni. Sed me ipse
cohibeo, ne a te rhetorice potius quam veridice age-
re existimer.
:
boni pedis hominem, id est cujus adventus afferat
aliquid felicitatis sicut solemus dicere, secundo pe-
de introisse, cujus introitum prosperitas aliqua con-
2. Nam quod nomina quædam Punica mortuo- sequuta sit? Quæ lingua si improbaturabs te,nega
rum collegisti, quibus in nostram religionem festi- Punicis libris, ut a viris doctissimis proditur, multa
vas (ut tibivisum est) contumeliasjaciendasputares, sapienter esse mandata memoriæ. Pæniteat te certe
nescio utrum refellere debeam, an silentio praete- ibi natum, ubi hujus linguæ cunabula recalent. Si
rire. Si enim res istæ videntur tam leves tuæ gra- vero et sonus nobis non
rationabiliter displicet, et
vitati quam sunt, jocari mihi non multum vacat. me bene interpretatum illud
vocabulum recognos-
cis, habes quod succenseas Virgilio tuo, qui Hercu- gere, ut scribis, et ejus versu te tueri, quo ait :
« Trahit sua quemque voluptas (VIR., in Buc.
brantur, invitat hoc modo :
lem vestrum ad sacra, quæ illi ab Evandro cele-
Egl., III). » Nam si tibi auctoritas Maronis pla-
cet, sicut placere significas, profecto etiam illud
Et nos et tua dexter adi pede sacra secundo. placet,
Secundo pede optat ut veqiat, Ergo venire Hercu-
lem optat Namphanionem, de quo tu multum no- Primus ab asthereo venit Saturnus Olympo,
Arma Iovis fugiens. et regnis exsul ademptis.
deum Sterculium ,
calvam, deum Timorem, deum Pallorem, deam
,
his insultare dignaris. Verumtamen si ridere dele-
ctat, habes apud vos magnam materiam facetiarum:
deam Cloacinam
Febrem, et cetera innumerabilia hujuscemodi,
Venerem
(VIRG., VIllI Æneid.)
(1) Les habitants deMadaure adoraient Bacchus sous le nom de Liber ou Lenœus Patio.
luisse, cum publicam sacrorum vestrorum celebra- quibus non te caussae prœvaricatorem putemus,
tiunem commemorares, nisi ut nobis decuriones et quo nos magis cominoneas, quæ contra illos dici
primates civitatis per plateas vestræ urbis bacchan- possunt, quam pro eis aliquid dicas. Ad summam
remus:
tes ac furentes, ante oculos quasi spectacula pone-
in qua celebritate, si numine inhabitamini,
certe videtis quale illud sit, quod adimit mentem.
tamen, ne te hoc lateat, et in sacrilega convitia im-
prudentem trahat, scias a Christianis catholicis,
quorum in vestro oppido etiam Ecclesia constituta
Si autem fingitis, quæ sunt ista etiam in publico est, nullum coli mortuorum, nihil denique ut nu-
?
est aut cur spoliatis circumstantes si sani
estis ?
,
vestra secreta, vel quo pertinet tam turpe menda-
cium? deinde cur nulla futura canitis, si vates
;
tous soucis, c'est une chose qu'on ne saurait dernier degré de l'être, ne laisse pourtant pas
espérer. Je vous ai écrit, et n'ai point reçu de d'exister comme ce qui tient le milieu entre
réponse. Je vous ai envoyé parmi mes livres ces deux degrés, c'est-à-direce qui est au-dessus
contre les Manichéens ceux qui étaient prêts du plus bas, et ce qui est au-dessous du plus
et revus, et vous ne m'avez pas encore fait con- haut. Le plus haut degré, ou l'être souverain,
naître ce que vous en pensez. Je crois mainte- c'est la béatitude même le plus bas, n'est ni
nant pouvoir vous les redemander, comme la béatitude, ni le malheur. Le degré intermé-
;
vous pouvez me les rendre. Veuillez donc ne diaire est malheureux s'il penche vers le plus
différer ni ce renvoi, ni votre réponse, par la- bas, comme il est heureux s'il se tourne vers
quelle je désire savoir à quoi mes livres vous le plus haut, c'est-à-dire vers l'être souverain.
ont servi, ou si vous avez besoin de nouvelles Celui qui croit en Jésus-Christ n'aime pas le
armes pour combattre cette erreur. degré inférieur, ne s'enorgueillit point d'oc-
2. Voici pour vous que je
connais une ques- cuper le degré du milieu, et devient capable de
tion qui, malgré sa brièveté, n'en est pas moins s'attacher au degré supérieur, 'est-à-dire à
;
grande. Il y a une nature muable par rapport l'être suprême. Cela comprend tout ce qu'on
Il
au temps et aux lieux c'est le corps. y a aussi nous ordonne de faire, ce qu'on nous ensei-
une nature muable, non par rapport aux lieux, gne, et ce qui doit être l'objet de nos vœux les
il
mais par rapport au temps,c'est l'âme: y a en- plus ardents.
(1) Ecrite l'an 390. — Cette lettre était la 83e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui 11
était la 18e se trouve maintenant la 81e.
(2) Quel st. ce
Célestin? Serait-ce ce même diacre à qui saint Augustin écrivit en 418 la lettre 192e, et qui fut pape 1
quelques années après?
EPISTOLA XVIII mutabilis, ut corpus. Et est natura per locos nullo
modo, sed tantum per tempora etiam ipsa mutabi-
Naturarum genus triplex perstringitur. lis, ut anima. Et est natura quæ nec per locos, nec
AUGUSTIISO CAELESTINO. per tempora mutari potest, hoc Deus est. Quod hic
1. 0 utinam possem assidue tibi aliquid dicere! Id insinuavi quoquo modo mutabile, creaturadicitur :
autem aliquid est, ut curis exueremur inanibus, et quod immutabile, Creator. Cum autem omne quod
curis iodueremur utilibus.Nam de securitate nescio esse dicimus, inquantum manet dicamus, etinquan-
utrum quidquam in hoc mundo sperandum sit. tum unum est, omnis porro pulcritudinis forma
Scripsi,nec recepi ulla rescipta. Misi adversum :
unitas sit vides profecto in ista distributione natu-
Manichœos libros, quos paratos et emendatos mit- rarum, quid summe sit, quid infime, et tamen sit;
tere potui, llec quidquam ex illis judicii motusque quid medie, majusque infimo, et minus summo sit.
noslri notum mihi factum est. Nunc cos repetere Summum illud est ipsa beatitas : infimum,quod nec
jam me, vos autem restituere convenit. Peto itaque beatum esse potest nec miserum : quod vero me-
ne differatis eos remittere cum rescriptis, quibus dium, vivit inclinatione ad infimum, misere ; con-
nosse cupio quid de illis gedtis, vel adhuc ad ilium versione ad summum, beate vivit. Qui Christo cre-
errorem expugnandum quid armaturæ vobis opus dit, non diligit infimum, non superbit in medio,
esse arbitremini. atque ita summo inhaerere fit idoneus et hoc est
2. Sane quoniam te novi, accipe hoc quiddam totum,. quod agere jubemur, monemur, accen-
grande et breve. Est natura per locos et tempora diuiur.
chargé le frère qui vous porte cette lettre, de
LETTRE XIX (1) vous remettre tous mes ouvrages,pour que vous
les lisiez avec cette sagesse et cette charité que
je vous connais. Vous accueillerez, je l'espère,
Saint Augustin envoie ses livres à Gaïus que par
ses entretiens il avait attiré à
l'Eglise, et l'ex- toute la bienveillance que
avec plaisir ce qui vient de moi, car je sais
pour moi au
horte âpersévérer dans ses bonnes résolutions. fond de votre cœur. Si après avoir lu mes ou-
vrages et reconnu la vérité de ce qu'ils con-
AUGUSTIN A GAÏUS. tiennent vous les jugez dignes de votre appro-
bation, ne regardez pas ce que vous y trou-
Je ne saurais vous dire combien de douceur verez de bon comme venant de moi, mais
j'ai déjà éprouvée et combien j'en éprouve en- comme m'ayant été donné, et tournez-vous
core, en pensant à vous, depuis que je vous ai vers celui qui vous a donné à vous-même ce
quitté. Je me rappelle cettemodestie que le ni qu'il faut pour reconnaître et approuver la
feu de la discussion, ni votre ardeur si admi- vérité. Ce n'est pas dans un livre ni dans l'au-
rable à rechercher la vérité, ne pouvaient al- teur qui ra écrit que le lecteur voit ce qui est
térer. Il serait bien difficile de trouver quel- vrai, mais plutôt en lui-même si quelque rayon
qu'un de plus vif pour interroger, et de plus de l'éternelle lumière de la vérité, brillant et
calme pour écouter. C'est pourquoije voudrais dégagé des sens grossiers du corps, a pénétré
m'entretenir fréquemment avec vous, et quel- dans son esprit. Que si, au contraire, vous trou-
que fréquents que fussent ces entretiens, ils vez dans mes livres quelque chose de faux et
ne le seraient jamais trop, car je ne saurais que vous ne puissiez approuver, attribuez-le à
assez conférer avec vous. Mais cela est difficile, ces nuages qui couvrent l'intelligence humaine,
et il n'est pas besoin d'en chercher les motifs. et regardez-le comme venant véritablement de
La difficulté est grande, je le répète. Peut-être moi. Je vous exhorterais bien à chercher en-
un jour cela sera-t-il plus aisé. Dieu le veuille ! core la vérité, si je ne voyais pas en quelque
mais aujourd'hui il en est autrement. J'ai sorte votre cœur s'ouvrir pour la recevoir et la
(t) Ecrite l'an 390. — Cette lettre était la 84e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 19e se trouve maintenant la 82e.
:
réponses; l'un va s'acquitter amplement, puis-
que vous le verrez en personne ce que vous
entendrez de sa bouche, regardez-le comme
d'aimer le bien, et c'est l'aimer que d'aimer, à
tort ou à raison, ceux dans lesquels on le sup-
pose. Il y a seulement une chose à craindre en
(1) Ecrite l'an 390. —Cette lettre était la 126e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était
, la 20e se trouve maintenant la 233e.
modo siverit Domini nostri misericordissima provi- epistolam meam legis, et eum audis in cujus pe-
dentia, ut a catholico Christi grege tu vir tam bo- ctore me habitare optime nosti. Cum magno gau-
nus et egregie cordatus alienus sis. dio litteras sanctitatis tuæ consideravi atque digessi,
quod et Christianum animum tuum sine ullo fuco
iniqui temporis, et in nos amicissimum prse se
EPISTOLA XX gerunt.
2. Gratulor tibi, et gratias ago Deo et Domino
Antonino pro existimatione bona ac dilectioue sibi nostro de spe et fide et caritate tua, tibique apud
impensas gratias refert Angustinus, optatque ut eum, quod de nobis tam bene existimas, ut fideles
familia ipsius tota catholicam religionem profi- Dei servos esse credas, idque ipsum in nobis corde
teatur. purissimo diligas: quamquam hinc etiam gratulan-
AUGUBTINUS (a) ANTONINO. dum benevolentise tuæ potius, quam gratiæ tibi
agendæ sint. Tibi enim prodest ipsam diligere boni-
1. Cum a duohus tibi scripta deberentur cumula- tatem, quam profecto diligit qui eum diligit quem
tissime magispars reddita est,quodunum nostrum credit bonum, sive ille se ita, sive aliter quam cre-
praesentem vides, cujus ex ore cum me quoque ac- ditur habeat. Unus tantum in hac re cavendus est
cipis, poteram non rescribere, nisi ipso jubente error, ne quisquam non de homine, sed de ipso ho-
fecissem, quo proficiscente supervacaneum videba- minis bono aliter sentiat, quam veritas postulat. Tu
tur esse quod feci. Quapropter fertilius tecum for- vero frater dilectissime, qui nullo modo erras cre-
iasse colloquor, quam si coram adessem, cum et dendo vel sciendo, magnum bonum esse libenter
(a)Apud Bad. Am. Er. scribitur, Antonio. At apud Lov. etpraastantioresMSS. Antonino.
cela; c'est non pas de juger d'un homme, mais qu'on fait pour un frère, est plus agréable à
de porter sur ce qui constitue lebien de l'homme, Dieu parce qu'elle est accompagnée du sacri-
un jugement qui ne soit pas conforme à la vé- fice de la charité.
rité. Pour vous, très-cher frère, qui ne vous 3. Je salue affectueusement votre jeune en-
trompez pas, en croyant et en sachant que le
plus grand bien est de servir Dieu avec fidé-
lité et pureté de cœur, et qui n'aimez un homme
;
fant, et souhaite qu'il grandisse selon les pré-
ceptes salutaires du Seigneur je désire sincè-
rement et demande aussi dans mes prières, que
que parce que vous croyez qu'il participe à ce toute votre famille n'ait qu'une seule foi et une
bien suprême, le fruit de cette affection vous vraie piété, ce qui se trouve seulement dans
reste, quand bien même celui que vous aimez la religion catholique. Si pour cela vous jugéz
ne serait pas tel que vous le croyez. C'est donc ma coopération nécessaire, ne balancez pas à
vous qu'on doit féliciter en cela et non celui la réclamer. C'est un droit que vous donnent
qu'on aime, parce qu'on le croit bon. Il n'a et la charité et le maître commun que nous
droit à nos félicitations, qu'autant qu'il est tel servons ensemble. Je recommande surtout à
que le pense celui par qui il est aimé. Mais à votre religieuse sagesse, d'inspirer au cœur de
l'égard de ce que je suis, et des progrès que votre femme et d'augmenter de plus en plus en
j'ai faits en Dieu, cela ne peut être vu et appré- elle une crainte solide et véritable de Dieu,
cié que par celui qui ne peut se tromper ni sur par de graves entretiens et la lecture de l'Ecri-
ce qui constitue le bien de l'homme, ni sur ture sainte. Quand on est inquiet sur son âme,
l'homme lui-même. Pour obtenir la récom- et qu'à cet effet on cherche sans entêtement à
pense de la béatitude, c'est assez pour vous de connaîtrela volonté de Dieu, il est facile, avec
m'aimer de tout votre cœur, parce que vous le secours d'un guide éclairé, de voir la diffé-
me croyez tel que doit être un serviteur de rence qui existe entre un schisme quelconque
Dieu. Je vous rends encore d'abondantes actions et la seule et véritable Eglise, c'est-à-direl'Eglise
de grâces de ce que les éloges que vous me catholique.
donnez, en me croyant tel, sont d'amirables
exhortations pour que je le devienne réelle-
ment. Je vous en rendrai encore plus, si vous
n'oubliez pas de prier pour moi comme vous
me recommandez de prier pour vous. La prière
Deo casteque servire, cum quemlibet hominum dum præcepta Domini salutaria opto grandescere.
propterea diligis, quod hujus boni participem cre- Domui quoque tuæ unam fidem et devotionem ve-
dis, tecum est fructus tuus, etiam si ille non ita sit.
Quapropter tibi de hac re gratulandum est, illi au-
tem non si propterea diligitur; sed si talis est, qua-
:
ram, quæ sola catholica est, provenire desidero et
precor in quam rem, siquam forte aliam nostram
operam necessariam existimas, ne tibi vindicare
lem esse existimat a quo propterea diligitur. Quales dubites et communi domino fretus et jure caritatis.
itaque nos simus, quantumque in Deum promove- Illud sane admonuerim religiosissimam pruden-
rimus, ipse viderit, cujus non solum de hominis tiam tuam, ut timorem Dei non irrationabilem vel
bono, sd de homine ipso non potest errare judi- inseras infirmiori vasi tuo, vel nutrias, divina
cium. Tibi ad mercedem beatitudinis, quod ad hanc lectione gravique colloquio. Nemo enim fere soli-
rem adtinet, satis est, quod nos tales credens quales citus de statu aniuiae suæ, atque ob hoc sine perti-
oportet esse servos Dei, totu sinu cordis ample- nacia inquirendæ voluntati Domini intentus est,
cteris. 'Gratias vero tibi uberes agimus, quod nos qui bono demonstratore usus non dinoscat quid
cum laudas, tamquam tales simus, mirabiliter hor- inter schisma quodlibet atque unam catholicam
taris, ut tales esse cupiamus; uberiores etiam, si non intersit.
solum te commendes orationibus nostris, sed etiam
non prætermittas orare pro nobis. Gratior est enim
Deo pro fratre deprecatio, ubi sacrificium caritatis
offertur.
3. Parvulum tuum plurimum saluto, et secun-
de même que dans cette vie et surtout dans ce
LETTRE XXI (1) temps, rien n'est plus difficile, plus pénible,
plus dangereux que de remplir les fonctions
Saint Augustin a été ordonné prêtre de l'Eglise d'évêque,deprêtreou de diacre,comme aussi rien
d'Hippone à l'effet surtout de répandre la pa- n'est plus heureux ni plus saint aux yeux de
role de Dieu.Considérant combien il est diffi- Dieu, que de les remplir selon les ordres du
cile de remplir les devoirs d'un saint prêtre, il chef de notre sainte milice. Mais, ni dans mon
prie l'évêque Valère (2) de trouver bon qu'il se enfance, ni dans ma jeunesse, je n'ai appris le
retire pour quelquetemps, afin de tr availler, moyen d'y parvenir. Au temps même où je
par l'étude et par la prière, à se rendre capable commençais à l'apprendre, on m'a fait vio-
de remplir l'emploi dont on l'avait chargé. lence, sans doute en punition de mes fautes, car
pour quelle autre cause pourrais-je croire qu'on
A son bienheureux et vénérable maître l'é- m'ait confié la seconde place au gouvernail, à
vêque VALÈRE, qu'il chérit dans le Seigneur, moi qui ne savais même pas manier une rame.
comme son père, avec une sincère charité, 2. Je crois que par là Dieu a voulu me châ-
AUGUSTIN prêtre de JésusChrist, salut. tier d'avoir osé relever les fautes de beaucoup
de nautonniers, avant d'avoir fait mon appren-
1. Je laisse avant tout à votre piété et à votre tissage dans ce métier, comme si j'étais plus
sagesse le soin de considérer que dans cette vie savant et meilleur que ceux que je reprenais.
et surtout dans le temps où nous sommes, rien C'est seulement, après avoir été engagé dans
n'est plus facile, plus agréable et plus recher- cet emploi, que j'ai commencé à sentir la témé-
ché que les fonctions d'évêque, de prêtre ou de rité de mes réprimandes, quoique déjà j'eusse
;
diacre, quand on veut les remplir avec négli-
gence, et en flattant les hommes mais qu'aux
yeux de Dieu, rien n'est plus malheureux, plus
compris tous les dangers de ce saint ministère.
De là, les larmes, qu'au moment de mon ordi-
nation quelques-uns de mes frères m'ont vu
pernicieux et plus condamnable. Considérez verser dans la ville. Ils ignoraient les causes de
:
copi, aut presbyteri, aut diaconi officio, si perfunc-
torie atque adulatorie res agatur sed nihil apud
Deum miserius, et tristius, et damnabilius. Item
me fundere in civitate ordinationis meae tempore
nonnulli fratres animadverterunt, et nescientes
caussas doloris mei, quibus potuerunt sermonibus,
nihil esse in hac vita, et maxime hoc tempore diffi- qui omnino ad vulnus meum non pertinerent, tamen
ma douleur qu'ils ont cherché à adoucir autant ne savais pas encore es qui me manquait pour
qu'ils l'ont pu par leurs paroles pleines de cha- l'accomplissement d'une telle œuvre qui,
au-
rité, qui, cependant, n'allaient point à la cause jourd'hui, me tourmente et m'accable. Si après
de mon mal. Mais l'expérience m'a démontré avoir appris par expérience ce qui est nécessaire
combien cette administration était plus difficile à un homme chargé de dispenser au peuple les
que je ne l'avais pensé; non pas que je visse sacrements et la parole de Dieu, il ne m'est pas
pour la première fois des flots et des tempêtes
qui me fussent inconnus, et dont je n'eusse ja-
mais entendu parler, que mes lectures ou mes
;
permis d'acquérir ce que je reconnais ne pas
!
encore posséder vous voulez donc, ô Valère,
mon père, que je meure à l'œuvre Où est votre
méditations ne m'eussent jamais fait aperce- ?
charité M'aimez-vous ? Aimez-vous l'Eglise
voir, en m'indiquant les moyens de les éviter dont vous avez voulu me confier l'administra-
ou de les vaincre, mais je ne m'étais pas en- tion?Je suis certain que vous m'aimez et que
:
bono animo consolati sunt. Sed multo valde ac mul-
to amplius expertus sum, quam putabam non quia
novos aliquos fluctus aut tempestates vidi, quas ante
tale opus, quale me nunc torquet et conterit. Quod
si propterea in re ipsa didici quid sit homini neces-
sarium, qui populo ministrat sacramentum et ver-
vel non cogitaveram:
non noveram, vel non audieram, vel non legeram
sed ad eas evitandas aut per-
ferendas solertiam et vires meas omnino non nove-
bum Dei, ut jam non mihi liceat assequi, quod me
non habere cognovi ; jubes ergo ut peream, pater
? ?
Valeri Ubi est caritas tua certe diligis me, certe
ram, et alicujus momenti arbitrabar. Dominus diligis ipsam ecclesiam, cui me sic ministrare v.o-
autem irrisit me, et rebus ipsis ostendere voluit me- luisti, et tamen certus sum quod et me et ipsam
ipsum mihi. diligis. Sed putas me idoneum, cum ego melius me
3. Quod si non damnando, sed miserando fecit, noverim, qui tamen nec ipse me nossem, nisiexpe-
hoc enim spero certe vel nunc cognita ægritudine riendo didicissem.
* mea, debeo Scripturarum ejus medicamenta omnia 4. Sed dicitfortasse sanctitas tua; Vellem scire
perscrutari, et orando ac legendo agere, ut idonea quid desit instructioni tuae. Tammulta autem sunt,
valetudo animæ meæ, ad tam periculosa ncgotia ut facilius possim enumerare quæ habeam, quam
tribuatur : quod ante non feci, quia et tempus non quæ haberedesidero. Auderemenim dicere, scire
habui. Tunc enim ordinatus sum, quum deipso va- me, et plena fide retinere quid pertineat ad salutem
cationis tempore ad cognoscendas divinas Scriptu- nostram. Sed hoc ipsum quomodo ministrem ad
ras cogitaremus, et sic nos disponere vellemus, ut salutem aliorum, non quærens quod mihi utile est,
nobis otium ad hoc negotium posset esse. Et quod ?
sed quod multis, ut salvifiant Et sunt fortasseali-
verum est, nondum sciebam quid mihi deesset ad qua, immo non est dubitandum essein sanctis libris
saints des conseils dont la connaissance peut arrosé de mon sang pour aller défendre devant
aider l'homme de Dieu à remplir dignement les juges de la terre, ce bien temporel de l'E-
les fonctions ecclésiastiques, à vivre en paix glise? Et si un jugement était prononcé contre
avec sa conscience au milieu des méchants, ou vous, n'iriez-vous pas au delà des mers? Per-
à mourir, pour ne pas perdre cette vie après sonne alors n'élèverait de plaintes sur votre
laquelle soupirent les cœurs remplis de la dou- absence d'un an, ou plus longue encore, pour
ceur et de l'humilité chrétienne. Mais comment empêcher un autre de s'emparer d'une terre
y parvenir, si ce n'est en suivant les paroles du nécessaire à la nourriture, non de l'âme, mais
Seigneur, c'est-à-dire en demandant, en cher- du corps des pauvres, dont les arbres vivants
chant, en frappant à la porte, ou en d'autres de mon Eglise, s'ils étaient cultivés avec soin,
termes à force de prières, de lectures et de gé- apaiseraient la faim d'une manière bien plus
missements. C'est pour cela que j'ai fait de- facile et plus agréable pour moi? Pourquoi
mander à votre sincère et vénérable charité, donc, quand il s'agit d'apprendre à cultiver
par quelques-uns de mes frères, et que je vous mon champ, prétextez-vous un manque de
demande encore de m'accorder à cet effet, le ?
temps et de loisir » Que pourrai-je répondre
peu de temps qui nous sépare de la fête de
: ?
au Seigneur, je vous le demande Voulez-vous
Pâques. que je lui dise Le vieillard Valère, me croyant
5. Qu'aurai-je à répondre au Seigneur quand suffisamment instruit de toutes choses, par
il me jugera? Lui dirai-je qu'une fois accablé trop de tendresse pour moi, ne m'a pas permis
par les affaires ecclésiastiques, il ne m'a plus d'apprendre ce qui m'était nécessaire?
me répond :
été possible de m'instruire; mais si le Seigneur
« Méchant serviteur, si
dommages arrivaient à un des domaines de
quelques
6. Réfléchissez, ô vénérable Valère à tout ce
que je vous écris, je vous en supplie par la
bonté et par la sévérité du Christ, par la mi-
l'Eglise dont on recueille les revenus avec le séricorde et par la justice de celui qui vous a
;
plus grand soin du consentement de tous, sur
l'ordre et les sollicitations de quelques-uns,
inspiré pour moi une tendresse si grande, que
je ne voudrais pas vous offenser, même pour
balanceriez-vous à négliger le champ que j'ai le bien de mon âme. Vous prenez à témoin
235e.
mémoire des martyrs, et sous prétexte de reli- Alype de rester au milieu de nous, pour ser-
gion. Il le conjure de remédier à ce mal. Il se vir d'exemple aux autres frères qui désirent
Ecrite vers l'an 392. — Cette lettre était la 44e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
(1)
tait la 22ese trouve maintenant la
-
(2) Aurèle était originaire des Gaules ou d'Italie; avant d'être élevé à l'episcopat il avait exerce,'1les fonctions
nat dans l'Eglise de Carthage.
r- L. T
T diaco-
ae
Ipsam ergo caritatem et affectum imploro, ut mise- appetitum ab ipso Clericorum ordine non exsu-
rearis mei, et concedas mihi, ad hoc quod rogavi, lare.
tempus quantum rogavi, atque adjuves me oratio- episcopo AUGUSTINCS presbyter.
nibus tuis, ut non sit inane desiderium meum, nec AURELIO
infructuosa ecclesiae Christi atque utilitati fratrum CAPUT I. — Qua gratia responderem litteris san-
et conservorum meorum absentia mea. Scio quod ctitatis tuæ, cum diu hæsitans non reperirem
illam caritatem pro me orantem, maxime in tali (omnia enim vicit affectus animi mei, quem jam
caussa, non despiciet Dominus, et eam sicut sacri- spunte surgentem lectio epistolæ tuæ multo arden-
ficium suavitatis accipiens, fortassis breviore tem- tius excitavit) commisi me jam Deo, qui pro viribus
pore quam postulavi me saluberrimis consiliis de meis operaretur in me, ut ea rescriberem quæ utri-
Scripturis suis reddet instructum. que nostrum studio in Domino et cura ecclesiastica
pro tua praestantia et mea obsecundatione con-
EPISTOLA XXII gruerent. Atque illud primum, quod orationibus
meis te adjuvari credis, non solum non defugio,
Augustinus presbyter Aurelio Carthaginensi episcopo, verum etiam libenter amplector. Ita enim, et si non
deflens comessationes et ebrietates per Africam in meis, certe tuis, me Dominus noster cxaudiet. Quod
:
cæmeteriis et memoriis Martyrum frequentari specie
religionis cui malo obtestatur ut mediri velit.
Dolet subinde etiam contentionem et humanae laudis
fratrem Alypium in nostra conjunctione mansisse,
ut exemple sit fratribus curas mundi hujus vitare
cupientibus, benevolentissime accepisti, ago gra-
s'éloigner des soins et des embarras de ce l'Apôtre expose brièvement dans un passage
monde. C'est un bienfait dont le Seigneur les trois genres de vices qu'on doit éviter et
vous récompensera. C'est pourquoi cette com- détester, et d'où s'élève pour ainsi dire une
munauté de frères qui commence à se former moisson devices innombrables,celui qu'il indi-
autour de nous, vous garde une si vive grati-
tude à vous qui séparé par de si grandes dis-
tances, n'en êtes pas moins présent de cœur au
;
que en second lieu mérite d'être, puni le plus
sévèrement par l'Eglise mais les deux autres,
c'est-à-dire le premier et le dernier, paraissent
milieu de nous et tout préoccupé de pourvoir à dignes de quelque tolérance, et peuvent même
nos besoins. Aussi, prions-nous Dieu de tout arriver peu à peu au point de n'être plus con-
; ;
notre cœur pour qu'il daigne, vous protéger
vous et le troupeau confié à votre garde que
son secours ne vous abandonne jamais et qu'il
:
sidérés, comme des vices, En effet, que dit le
vase d'élection c Ne vous laissez pas aller aux
excès de la table et de l'ivrognerie, à la disso-
fasse sentir à son Eglise, par votre ministère, lution des mœurs et aux impudicités, à l'esprit
toute l'étendue de sa miséricorde, telle que la de contention et de fourberie, mais revêtez-
lui demandent pour elle les larmes et les priè- vous de Notre Seigneur Jésus-Christ, et ne
res de tous les hommes pieux ! faites pas consister le soin du corps dans les
2. Sachez donc, seigneur bienheureux et vé- désirs de la sensualité (Rom., XIII, 13). »
nérable par l'abondance de votre charité, que 3. De ces trois sortes de vices, les dis-
loin de désespérer, nous espérons fortement solutions et les impudicités sont regardées
que le Seigneur notre Dieu, par l'autorité at- comme un si grand crime, que celui qui
tachée à la dignité dont vous êtes revêtu, et s'en est souillé, non-seulement n'est pas
qui réside en votre esprit bien plus que dans digne du ministère ecclésiastique, mais en-
l'éclat extérieur qui vous environne, voudra, core de la participation aux sacrements. Et cela
moyennant la gravité de vos conseils, purger est de toute justice. Mais pourquoi cette sévé-
l'Eglise d'Afrique des excès et des souillures ?
rité contre un seul vice Aujourd'hui les excès
qu'elle souffre dans beaucoup de ses membres, de la table et de l'ivrognerie, sont regardés
et dont si peu gémissent. En effet, lorsque comme licites, on s'y abandonne non-seule-
tias, quas nullis verbis explicare possim : Dominus rum quod secundo loco posuit, acerrime in Eccle-
hoc rependat in animam tuam. Omnis itaque fra- sia vindicatur; duo autem reliqua,id est primum et
trum cœtus, qui apud nos cœpit coalescere, tanta ultimum, tolerabilia videntur hominibus, atque ita
tibi prærogativa obstrictus est, ut locis terrarum paulatim fieri potest, ut nec vitia jam putentur. Ait
tantum longe disjunctis ita nobis consulueris tam- :«
enim vas electionis Non in comessationibuset ebrie-
quam præsentissimus spiritu. Quapropter precibus talibus, non in cubilibus et impudicitis, non in con-
quantum valemus incumbimus, ut gregem tibi tentione et dolo sed induite vos Dominum Jesum
commissum tecum Dominus sustinere dignetur, nec Christum; et carnis curam nefeceritis in concupis-
;
que,dans les festins qui se font dans l'intérieur
des maisons recevons le corps de Jésus-Christ
en compagnie de ceux avec lesquels on nous
drait bien vite, d'après les saintes Ecritures,
qu'il faut chercher à guérir cette plaie qu'une
liberté dégénérée en licence a faite à l'Eglise.
défend de manger le pain, mais écartons-les, Il est vrai que la contagion de ce mal a fait tant
comme une honte et un déshonneur, des tom- de progrès, qu'à mon avis, l'autorité d'un con-
beaux où reposent les corps des saints, des cile est seule capable de le guérir. Néanmoins,
lieux où l'on reçoit les sacrements, et des si une église doit donner l'exemple, c'est celle
maisons de la prière. Autrement, sera-t-il ja- de Carthage. Car il y aurait autant de témérité
mais possible d'interdire chez les particuliers, à vouloir changer ce que cette église maintien-
ce qu'on souffrirait dans les lieux saints
comme un honneur rendu aux martyrs ?
4. Si l'Afrique essayait la première de faire
ce qu'elle aurait supprimé ;
drait, qu'il y aurait d'impudence à maintenir
et quel autre évê-
que pourrait-on désirer pour cela, sinon celui
disparaître ces coutumes du reste de la terre, qui avait ces pratiques en horreur, lorsqu'il
elle mériteraitd'être imitée. Mais puisque dans n'était encore que diacre (1).
la plus grande partie de l'Italie, et dans toutes, 5. Mais ce qui était alors à déplorer, doit
(1) Voyezla note 2e page 287.
Auienutj uarmagmensis ecciesue episcopus creatus est lorte an.391, certe allLe oau, quippe nue aUllu auLBceasu
ipsius Genethlius prasfuit conc. Garthaginensi II. At sub Aurelio habitum es-t Hipponense an 393.
être maintenant extirpé, non avec dureté, mais mais aussi comme une consolation pour les
comme le dit l'Ecriture dans « un esprit de morts, il sera facile, à mon avis, de détourner
douceur et de mansuétude (Gal., vi, d). » En de ces honteux désordres, en s'appuyant, pour
effet, la charité fraternelle qui a dicté votre les défendre, sur l'autorité de l'Ecriture.
lettre me donne la confiance de vous parler Comme il est vrai cependant que les oflrandes
comme à moi-même. Non, ce n'est, à mon ju- faites pour les âmes des défunts, sont pour
gement, ni par l'aigreur, ni par la dureté, ni elles un soulagement, que du moins ces obla-
par des paroles impérieuses, que de pareils tions soient modestes et sans faste. Qu'on y
maux peuvent être supprimés, mais par des fasse participer avec empressement et sans or-
exhortations plutôt que par des ordres, par des gueil tous ceux qui le désirent, et qu'on n'en
avertissements plutôt que par des menaces. fasse pas un sujet de trafic. Si par dévotion
C'est ainsi qu'il faut agir avec la multitude. La c'est une offrande d'argent que l'on veut faire,
;
sévérité ne convient qu'à un petit nombre des il faut distribuer immédiatement cet argent
pécheurs et si nous recourons à la menace, ce aux pauvres. Ainsi le peuple ne croira pas
doit être à regret, et au nom des saintes Ecri- qu'on veuille lui faire oublier c6 qu'il doit à la
tures quand nous annonçons des châtiments fu- mémoire de ceux qui lui sont chers, (ce qui
turs, afin que ce ne soit pas nous qu'on craigne pourrait être pour lui le sujet d'une grande
dans notre pouvoir, mais Dieu dans nos dis- douleur) et l'Eglise ne verra plus se célébrer
cours. Nous ferons d'abord impression sur l'es- dans son sein ce qui est contraire à la décence
prit des hommes spirituels, ou sur ceux qui et à la piété. Voilà pour ce qui regarde ces dé-
sont près de l'être, et leur autorité autant que sordres de festins et d'ivrogneries.
leurs exhortations douces mais pressantes, en- CHAPITRE II.-7.Quant à l'esprit de conten-
traineront facilement le reste de la multi- tion et de fourberie, il ne m'appartient pas d'en
tude. parler, puisque ces vices sont plus grands dans
6. Mais puisque ces ivrogneries, ces somp- nos rangs que dans ceux du peuple. La source
tueux festins dans les cimetières sont regardés, de ces maladies de l'âme, c'est l'orgueil et
par le peuple ignorant et charnel, non-seule- l'amour des louanges humaines, qui souvent
ment comme un honneur rendu aux martyrs, engendrent l'hypocrisie. On ne peut résister à
est, non aspere, sedsicut scriptum est, Inspiritucredendum est, super ipsas memorias non sint sum-
., »
lenitatis et mansuetudinis(Ga/a£ vi,1).
«
Dant enim tuosæ, atque omnibus petentibus sine typho, et
mihi fiduciam litteræ tuae indices garmanissimae ca- cum alacritate præbeantur : neque vendantur; sed
ritatis, ut tecumtamquam mecum audeam colloqui. si quis, pro religione aliquid pecunise oiferre vo-
Non ergo aspere, quantum existimo, non duriter, luerit, in prsesenti pauperibus eroget. Ita nec de-
non modo imperioso ista tolluntur: magis docendo serere videbuntur memorias suorum, (quod potest
quam jubendo, magis monendo quam minando. Sic giguere non levem cordis dolorem), et id celebra-
enim agendum est cum multitudine : severitas au- bitur in Ecclesia quod pie et honeste ceiebratur.
tem exercenda est in peccata paucorum. Et si quid Haec interim de comessationibus et ebrietatibus
minamur, cum dolore fiat, de Scripturis commi- dicta sint. -.--
nando vindictam futuram, ne nos ipsi in nostra po- CAPUT II. — 7. De contentione autem et dolo
testate, sed Deus in nostro sermone timeatur. Ita quid me adtinet dicere, quanto ista vitia non in
?
prius movebuntur spiritales vel spiritalibus proximi, plebe, sed in nostro numero graviora sunt Horum
quorum auctoritate, et lenissimis quidem sed in- autem morborum mater superbia est, et humanæ
stantissimis admonitionibus cetera multitudo fran- laudis aviditas, quae etiam hypocrisim sæpe gene.
gatur. rat.Huic non resistitur, nisi crebris divinorum libro-
Dei: si
G. Sed quoniam istæ in coemeteriis ebrietates et rum testimoniis incutiatur timor et caritas
luxuriosa convivia, non solum honures Martyrum tamen ille qui hoc agit, seipsum præbeat patientiae
assumendo
a carnali et imperita plebe credi solent, sed etiam atque humilitatis exemplnm, minus sibi
solatia mortuorum; mihi virtetur facilius illic dis- quam offertur; sed tamen ab eis qui se honorant
suaderi posse istam fceditatem ac turpitudinem, si nec totum nec nihil accipielldo, et id quod accipi-
et de Scripturis probibeatur, et oblationes pro spi- tur laudis aut honoris, non propter se qui totus
ritibus dornnentiuni; quas vere aliquid adjuvare coram Deo esse debet et humana contemnere, sed
ce mal qu'en imprimant dans son cœur la par les os, qu'un homme qui se laisse abattre
crainte et l'amour de Dieu, par la lecture assi- par les propos des médisants, bien qu'il con-
due des divines Ecritures. Celui qui veut y ré-
à
sister, doit être le premier donner l'exemple
?
naisse la fausseté de leurs paroles La douleur
que cause la médisance ne déchirerait pas les
de la patience et de l'humilité, en ne prenant fibres de son cœur, si l'amour des louanges ne
qu'une part modeste des louanges qu'on lui brisait pas ses os. Je connais d'avance toute la
donne. Cependant s'il ne reçoit pas entière- force de votre esprit, c'est pourquoi je vous
ment tout ce qu'on veut lui en donner, il ne
doit pas non plus les rejeter entièrement des
honneurs et des louanges qu'il reçoit, il ne
; dis ce que je me dis à moi-même. Daignez con-
sidérer avec moi combien ces choses sont graves
et difficiles. L'orgueil et la vanité sont des
doit rien garder pour lui, qui doit être tout ennemis dont on ne connaît la force, que quand
entier en présence de Dieu et mépriser tout ce
on leur a déclaré la guerre. En effet, s'il nous
qui vient des hommes, mais à cause et pour le est facile de nous passer de louanges quand
bien de ceux à qui il ne pourrait être utile en
on nous en refuse, il est difficile de ne pas s'en
s'abaissant par trop lui-même. En effet, c'est à réjouir quand on nous en donne; et cepen-
cela que tendent les paroles de l'Apôtre quand dant notre âme doit tellement être attachée et
il dit : « Que personne ne vous méprise sous suspendue, pour ainsi dire, à Dieu, que si l'on
:
prétexte que vous êtes jeune (Tim., iv, 12), »
après avoir dit dans un autre endroit « Si je
cherchais à plaire aux hommes, je ne serais pas
nous loue sans raison, nous devons reprendre
ceux qui le font, de peur qu'ils ne croient qu'il
se trouve en nous quelque chose qui n'y est
serviteur de Jésus-Christ (Gaii, 10). »
pas, ou qu'ils ne nous attribuent ce qui vient
8.C'est une grande chose que ne pas se ré- de Dieu, ou qu'enfin ils ne louent en nous des
jouir des honneurs et des louanges des hommes, choses qui s'y trouvent même abondamment,
mais de retrancher toute cette vaine pompe, et mais qui ne seraient pas dignes de louanges,
de n'en retenir que ce qui est nécessaire pour
comme le sont tous ces biens que nous avons
le
: ;
faire servir à l'utilité et au salut de ceux
qui nous honorent car ce n'est point en vain
qu'il a été dit « Dieu brisera les os des hom-
en commmr avec les animaux, ou avec les hom-
mes impies. Mais si c'est Dieu qui est en nous
l'objet des louanges que nous recevons, félici-
mes qui veulent plaire (Ps., lu, 6). » Qu'y tons-en ceux qui nous les donnent, parce que,
a-t-il, en effet, de plus faible, de plus dénué c'est le vrai bien qui leur plaît, et glorifions:
de cette fermeté et de cette vigueur, figurées
nous de plaire aux hommes alors seulement
propter illos accipiatur quibus consulere non po- dico dignaris tamen credo mecum considerare,
:
test, si nimia dejectiOne vilescat. Ad hoc enim per- quam sint gravia, quam difficilia. Non enim hujus
tinet quod dictum est, « Nemo juventutem tuam hostis vires sentit, nisi qui ei bellum indixerit;
contemnat(I Tim,.,iv,12) :» cum hoc ille dixerit, qui quia si cuiquam facile est laude carere dum dene-
alio loco ait, « Si hominibus placere vellem, Christi gatur, difficile est ea non delectari cum offertur;
servus non essem (Gal., i, 10.) » et tamen tanta mentis in Deum debet esse suspen-
8. Magnum est de honoribus et laudibus homi-
num non lætari, sed et omnem pompam inanem
praecidere, et si quid inde necessarium retiaetur,
quos possumus;
sio, ut si non merito laudemur, corrigamus eos
nearbitrentur aut in nobis esse
quod non est, aut nostrum esse quod Dei est, aut
id totum ad utilitatem honorantium salutemque ea laudent, quae quamvis non desint nobis, aut
conferre. Non enim frustra dictum est : « Deus
confringat ossa hominum placere volentium (Ps.,
etiam supersint, nequaquam tamen sunt laudabi-
lia; velut sunt bona omnia, quæ vel cum pecoribus.
LII. 6). » Quid enim languidius, quid tam sine sta- habemus communia, vel cum impiis hominibus. Si
- bilitate ac fortitudine, quo ossa significant, quam autem merito laudamur propter Deum, gratulemur
homo quem male loquentium lingua debilitat, cum eis quibus placet verum bonum; non tamen nobis
sciat falsa esse quæ dicuntur ? Cujus rei dolor quia placemus hominibus, sed si coram Deo tales
nullo modo animse viscera dilaniaret, ei non amor sumus, quales nos esse credunt, et non tribuitur
laudis ossa ejus confringeret. Preesumo de robore nobis, sed Deo; cujus dona sunt omnia, quae vere
animi tui. Jtaque ista quae tecum conferu, mihi meritoque laudantur. Hoee mihi ipse canto quo-
que nous sommes devant Dieu tels qu'on nous mieux encore, s'il pouvait y avoir entre mon
croit; car ce qui plaît en nous, ce n'est pas à cœur et le vôtre quelque mystérieuse commu- «
nous qu'il taut l'attribuer, mais à Dieu qui nication autre que celle qui s'établit par la
seul dispense aux hommes des dons véritable- parole et l'ouïe. Mais si notre vénérable et
ment dignes de louanges. Voilà ce que je me très-cher père, le saint vieillard Sat urnin (1),
dis chaque jour, ou plutôt voilà ce que me dit dont j'ai pu apprécier la bienveillance et la
celui dont les préceptes sont si salutaires, soit tendresse fraternelles pour vous, lorsque j'étais
que nous les trouvions dans les livres divins, à Carthage, daignait venir vers moi, quand
soit qu'ils nous viennent du fond même de l'occasion lui en paraîtra opportune, je pour-
notre âme. Et cependant moi-même, malgré rais lui parler affectueusement, à peu près
l'ardeur de ma lutte contre l'ennemi, j'en re- comme si je m'entretenais avec vous-même. Je
çois souvent des blessures, lorsque je ne puis vous conjure donc, avec plus d'instance que
rester insensible au plaisir des louanges qu'on mes paroles ne peuvent en exprimer, de tâ-
m'adresse.
,
9. Je vous écris ces choses afin que si elles
ne sont pas nécessaires à votre sainteté, soit
cher d'obtenir cette grâce de lui, car ceux
d'Hippone craignent beaucoup et même beau-
coup trop que mon absence ne me tienne tant
que vous ayez à ce sujet des pensées plus utiles, éloigné d'eux, et ils ne veulent pas se fier à
soit que votre sainteté n'ait aucun besoin de ce moi comme je me fierais à vous. Avant la ré-
remède, mes maux vous soient du moins con- ception de votre lettre, j'avais appris par notre
nus, et que vous sachiez comment vous devez saint frère Parthenius, comme moi serviteur
prier Dieu pour les infirmités de mon âme. de Dieu, entre beaucoup d'autres choses que je
Accordez-moi cette grâce, je vous en conjure désirais savoir, la libéralité et la prévoyance
par l'humanité de Celui qui nous a prescrit de avec lesquelles vous avez donné un champ à
porter mutuellement les fardeaux les uns des nos frères. Le Seigneur nous permettra de voir
autres. Il y a encore beaucoup de choses de ma accomplir ce qui nous reste encore à désirer.
vie, que je ne puis écrire et que je déplorerais
dans un entretien particulier avec vous, et
(1) Il y a lieu de croire que c'est le même Saturnin, évêque d'Ussale, dont saint Augustin parle au livre XXII* de la
Cité de Dieu, ch. vni, et qu'il avait vu à Carthage avec Aurèle, à son retour d'Italie en 388.
tidie, vel potius ille cujus salutaria praecepta sunt, fraternam cum praesens essem, benignitatem stu-
quaecumque sive in divinis lectionibus inveniuntur, diumque perspexi, senex (a) Saturninus dignatus
sive quæintrinsecus auimo suggeruntur; etta- fuerit,quando opportunum videbitur, ad nos venire,
men vehementer cum adversario dimicans, saepe ab quidquid cum ejus sanctitate, et spirituali affectu
eo vulnera capio, cum delectationem oblatse laudis colloqui potuerimus, aut nihil, aut non multum
mihi auferre non possum. dlstabit, ac si cum tua dignatione id ageremus.
9. Haec propterea scripsi, ut si tuae sanctitati jam Quod ut nobiscum ab eo petere atque impetrare
non sunt necessaria, sive quod plura hujusmodi digneris, tantis precibus posco, quantis verba nulla
ipse cogites atque utiliora, sive quod tuae sanctitati sufficiunt. Absentiam e.nim meam tantum longe
medicina ista non opus sit, mala tamen mea nota Hipponenses vehementer nimisque formidant, neque
sint tibi, sciasque unde pro mea infirmitate Deum ullo modo mihi sic volunt credere, ut et ego vobis.
rogare digneris : quod ut impensissime facias, obse- Agrum fratribus datum provisione et liberalitate
cro per humanitatem illius, qui praeceptum dedit, tua didicimus, ante epistolam tuam, per sanctum
ut invicem onera nostra portemus. Multa sunt quae fratrem et conservum nostrum Parthenium, a quo
de vita nostra et conversationedeflerem, quae nollem multa alia, quæ audire desiderabamus, audivimus.
per litteras ad te venire, si inter cor meum et cor Praestabit Dominus ut etiam cetera, quae adhuc
tuum ulla essent ministeria præter os meum et desideramus, impleantur.
aures tuas. Si autem venerabilis nobis omniumque
nostrum tota sinceritate carissimus, cujus in te vere
(a) Nescimus an hie sit illé ipse, qui in lib. XXII de civitate Dei c. VIII. laudatur episcopus quondam Usalensis beatm
memoria Saiurninus, quem videlicet an 388. Carthagine siniul cum Aurelio vidit August.
vous une occasion de vivre selon la chair,
mais assujettissez-vous les uns aux autres par
LETTRE XXIII (1) la charité (Gai, xv, 13). » Puisque c'est la
charité et le désir de vous servir qui m'ont
Saint Augustin à Maximin évêque donatiste, inspiré cette lettre,ce n'est pas sans raison que
qu'on accusait d'avoir rebaptisé un diacre ca- je vous appelle mon Seigneur, et cela en vue
tholique, pour l'engager à avouer le fait, ou à de notre unique etvéritable Seigneur dont j'ai
se déclarer orthodoxe. Il l'invite également à
suivi le précepte. Je vous ai appelé très-cher
Dieu seul connaît que non-seulementje vous
:
une conférence de vive voix ou par écrit pour
rétablir la concorde dans l'Eglise. aime, mais que je vous aime comme moi-
même, puisque j'ai la conscience de vous sou-
A SON TRÈS-CHER SEIGNEUR ET HONORABLE MAXI- haiter autant de bien qu'à moi-même. Si j'ai
MIN (2), AUGUSTIN, PRÊTRE DE L'EGLISE CA- ajoute le mot honorable, ce n'est pas pour ren-
THOLIQUE, SALUT EN NOTRE SEIGNEUR. dre honneur àvotreépiscopat, car,à mon égard,
vous n'êtes pas évêque. Je ne dis pas cela pour
I. Avant d'en venir à l'objet à propos du- vous offenser, mais avec cette sincérité qui
quel j'ai voulu écrire à votre bienveillance, je veut que dans notre bouche il y ait seulement
tiens à vous rendre brièvement compte du oui ou non. En effet, vous n'ignorez pas, et
titre de cette lettre, afin que ni vous ni per- personne de ceux qui nous connaissent n'ignore
:;
sonne n'en soyez troublés. J'ai dit d'abord à
mon Seigneur, parce qu'il est écrit « Vous
êtes appelés mes frères à la liberté ayez soin
quevous n'êtes pas mon évêque et que moi je ne
suis pas votre prêtre. Je vous ai appelé hono-
rable parce que vous êtes homme, et que
cependant que cette liberté ne soit point pour l'homme est fait à l'image et à la ressemblance
(t) Ecrite l'an 392. — Cette lettre était la 203e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui
était la 23e se trouve maintenant la 98e.
(2) Maximin alors évêque donatiste à Sinit, petite ville voisine d'Hippone, revint plus tard à l'Eglise catholique et resta
évêque dans le même siège comme on le voit à l'épitre Cv. Saint Augustin en fait une mention honorable dans le
ce décret:
livre XXII de la Cité de Dieu. C'estausujet du retour de cet évêque à l'Eglise catholique que les Donatistes publièrent
« Quiconque sera lié de communion avec Maximin, doit s'attendre à voir brûler sa maison. » On verra dans la
lettre 43e et dans plusieurs autres, des détails plus circonstanciés sur les Donatistes schismatiques qui avaient rompu
toute alliance avec l'Eglise, dès l'an 311.Ils ne reconnaissaient pour chrétiens que ceux de leur communion, et lorsque
quelquescatholiques embrassaient leur schisme, ils le rebaptisaient, parce que le baptême qu'ils avaient reçu dans 1 E-
glise catholique était nul à leurs yeux. C'est au sujet d'un diacre catholique de Mutagenne, auquel les Donatistes avaient
à
imposé un nouveau baptême, que saint Augustin adresse cette lettre 23e l'évêque Maximin.
regnla te libenter appello, qua novi te esse homi- ista non facere. Fateor, primo non credidi. Deinde
nem, ct novi hominem ad imaginem Dei, et simi- considerans posse fieri ut animam bumanam de
litudincm factum, et ia honore positum ipso ordine futura vita cogitantem Dei timor invaderet, ut se
et jure naturæ, si tamen intelligendo, quæ intelli- ab scelere apertissimo temperaret, gratulatus cre-
genda sunt, servet honorem suum. Nam ita scriptum didi, quod tali proposito ab Ecclesia catholica no-
est, « Homo in honore positus non intellexit, com- lueris esse nimis alienus. Quærebam sane occasio-
paratus est jumentis insensatis, et similis factus est nem loquendi tecum, ut si fieri posset ea, quae
illis (Psal., XLVIIl, 21). » Cur ergo te honorabilem parva remanserat, inter nos dissensio tolleretur :
inquantum homo es, non appellem, cum preesertim cum ecce ante paucos dies diaconum nostrum
vita es, desperare non audeam ?
de tua salute atque correctione, quamdiu in hac
Fratrem vero ut
vocem, non te latet praeceptum nobis esse divinitus,
Mutugennensem te rebaptizasse nuntiatum est.
Dolui vehementer, et illius miserabilem lapsnm, et
tuum, frater, inopinatum scelus. Novi enim quæ
ut etiam eis, qui negant se fratres nostros esse, sit Ecclesia catholica. Gentes sunt hereditas Christi,
dicamus : Fratres nostri estis : et hoc vehementer et possessio Christi termini terrae. Nostis et vos,aut
valet ad caussam, propter quam scribere volui fra- si non nostis, advertite, facillime a volentibus sciri
iernitati tuae. Jam enim reddita ratione cur epis- potest, Rebaptizare igitur baereticum hominem, qui
tolse tatem januamfecerim, audi placidissime quae hæc sanctitatis signa perceperit quæ Christiana
sequuntur. :
tradidit disciplina, omnino peccatum est rebapti-
2. Ego cum in ista regione consuetudinem homi- zare autem catholicum, immanissimum scclus est.
num lugendam atque plangendam, qui cum Chris- Tamen non adeo credens, quia de te mihi bene
tiano nomine glorientur, Christianos rebaptizare persuasum tenebam, Mutugennam ipse perrexi; et
non Jubilant, quibus verbis poteram detestarer, eum quidem miserum videre non potui, a paren-
non defuerunt laudalores tui, qui mihi diceront te tibus vero ejus audivi, quod vester jam etiam
me permettait pas d'y croire. J'allai moi- vous de la liberté chrétienne, frère Maximin,
même à Mutugenne, mais je ne pus voir ce armez-vous-en, les yeux fixés sur le Christ, sans
malheureux. J'appris seulement, par ses pa- redonter le blâme ni craindre la puissance de
rents que vous l'aviez fait diacre parmi vous. qui que ce soit. Les honneurs de cette vie pas-
Et cependant aujourd'hui encore, je pense si
bien de votre cœur, que je ne puis croire que
vous l'ayez rebaptisé.
;
sent, elle passe aussi cette ambition qui nous
les fait désirer mais devant le tribunal de Jé-
sus-Christ, à quoi nous serviront ces trônes éle-
3. C'est pourquoi, très-cher frère, je vous vés de tant marches, ces chaires couvertes d'un
conjure par la divinité et l'humanité de Notre dais, ces troupes et ce cortége de vierges con-
Seigneur Jésus-Christ, de daigner me répon- sacrées à Dieu qui viennent au-devant de nous
dre pour me dire ce qu'il en est, et de m'écrire, en chantant des cantiques, je vous le demande,
en pensant que je veux lire votre lettre dans à quoi cela servira-t-il à notre défense, quand
l'Eglise à tous nos frères. J'ai voulu vous en la conscience commencera à élever sa voix
prévenir pour ne pas offenser votre amitié, en pour nous accuser, et que l'arbitre des cons-
faisant une chose qui serait contre votre at- ciences prononcera son jugement? Les hon-
tente, et prévenir toute juste plainte que vous neurs présents deviendront alors des fardeaux,
pourriez porter contre moi près de nos amis et ce qui nous relève aujourd'hui nous écrasera
communs. Je ne vois pas ce qui vous empêche- alors. Toutes ces choses que, selon les circons-
rait de me répondre. Car si vous rebaptisez, tances, on fait en notre honneur pour le bien
vous n'avez rien à craindre des hommes de de l'Eglise, seront peut-être justifiées, si la
votre secte, en me disant dans votre réponse conscience est à l'abri de tout reproche, mais
que vous faites une chose qu'ils vous force- elles seront impuissantes pour défendre une
raient eux-mêmes de faire, quand bien même conscience criminelle.
vous ne le voudriez pas. D'un autre côté, en 4. Si donc, comme j'aime à le croire, vous
justifiant cette coutume par toutes les raisons avez soin en esprit de piété et de religion, de
et les arguments que vous pourrez trouver, vous abstenir de réitérer le baptême de
vous obtiendrez leurs éloges plutôt que leur l'Eglise catholique, l'approuvant plutôt comme
colère. Mais si vous ne rebaptisez pas, armez- celui de la véritable mère qui présente son
diaconus factus sit. Et tamen tam bene adhuc de dicio, nec absidae gradatae, nec eathedræ velatae, nec
tuo corde sentio, ut eum rebaptizatum esse non sanctimonalium occursantium atque cantantium
credam. greges adhibebuntur ad defensionom, ubi coeperint
3. Quare te frater dilectissime per divinitatem et accusare eonscientiæ, etconscientiarum arbiter ju-
humanitatem Domini nostri Jesu Christi obsecro, dicare. Quæ hic honorant, ibi onerant; quæ hie re-
ut rescribere mihi digneris quid gestum sit. Et sic levant, ibi gravant. Ista quae pro tempore propter
rescribere, ut noveris me in Ecclesia fratribus Ecclesiæ utilitatem honori nostro exbibentur, defen-
nostris epistolam tuam celle recitare. Quod ideo dentur forte bona conscientia, defendere autem non
scripsi, ne cum id postea facerem, quod me non poterunt malam.
sperares esse facturum,offendeeemcaritatem tuam, 4. Quod ergo tam pio et tam religios) animo fa-
et justam de me apud communes amicos quere- cis, si tamenfacis, ut Ecclesiae catholicaebaptismum
unius
lam deponeres. Quid ergo te impediat a.d rescri- non iteres, sed approbes potius tamquam
bendum, non video. Si enim rebaptizas, nihil est verissimae matris, quæ omnibus gentibus, et rege-
quod homines de tuo collegio fonnides, cum id te nerandis pracbet sinum, et regeneratis ubera infun-
rescripseris facere, quod te illi facere etiam si dit, tamquam unius possessionis Christi, sese us-
nolles juberent. Cum autem id quantis potueris do- porrigentis; si hoc vere
que ad terræ terminos
cuments faciendumesse defenderis,non solum non facis, cur non erumpis in exsultantem et liberam
succensebunt, sed etiam prsedicabunt. Si autem non vocem? cur lucernæ tuæ tam utilem splendorem
rebaptizas, arripe libertatem Christianam, frater premis sub modio? Cur non discissis atque abjectis
Maximine, arripe quceso te; non cujusquam homi- veteribus pellibus timidae servitutis, Chrisliana po-
nis, in contemplatione Christi, aut reprehensionem tius indutus fiducia exis et dicis, Ego unum bap-
verearis, aut exhorreas potestatem. Transit honor tismum novi, Patris et Filii et Spiritus-sancti no-
hujus saeculi, transit ambitio. In fnturo Christi ju- mine consecratum atque signatum?Uanc formam
,
sein à toutes les nations pour les régénérer, et
;
qui, après les avoir régénérées les nourrit
du lait de ses mamelles les regardant toutes
avant qu'il fût aboli par l'avènement de Notre
Seigneur, qu'un ange aurait étouffé le fils de
Moïse, si sa mère, saisissant un caillou,
(Exod., iv, 24), n'eût circoncis l'enfant, etpar
comme un même héritage de Jésus-Christ
,
qui n'a d'autres limites que celles du monde
si dis-je c'est là votre pratique pourquoi
: ce signe ne l'eût sauvé de la mort qui le me-
naçait. C'est ce signe sacré qui arrêta le cours
n'élevez-vous pas votre voix librement et avec
joie, pourquoi cachez-vous sous le boisseau
?
l'éclat de votre lumière Pourquoi, écartant et
sacrement, Notre Seigneur lui-même ,
du Jourdain, et le fit remonter à sa source. Ce
quoi-
qu'il l'ait aboli et effacé par sa croix, le reçut
déchirant l'ancienne enveloppe de la crainte et pourtant à sa naissance. Ces signes n'ont pas
de la servitude pour vous revêtir d'une con-
fiance chrétienne, ne vous avancez-vous pas et
:
ne dites-vous pas « Je ne connais qu'un seul
:
été condamnés, mais ils ont disparu devant des
signes meilleurs car de même que Notre Sei-
gneur par son premier avènement, a fait ces-
baptême, celui qui est scellé et consacré par le ser l'usage de la circoncision, de même par son
nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit? Par- second avènement, il fera cesser celui du bap-
tout où je vois ce signe, je dois l'approuver. Je tême. De même aussi que depuis le règne de la
ne puis détruire ce que je reconnais comme liberté que nous donne la foi, et la délivrance
venant de mon Seigneur, je ne puis souffler-
sur l'étendard de mon roi. Ceux qui se sont
partagé la robe du Christ, ne l'ont point dé-
du joug de l'ancienne servitude, aucun chré-
tien n'est plus circoncis dans la chair de
même, lorsque les justes règneront avec le Sei-
;
chirée, (Jean, xix, 24), et cependant en le
voyant expirer ils ne croyaient pas à sa résur-
rection. Si les persécuteurs n'ont pas déchiré
;
gneur, et que les impies seront condamnés,
personne ne recevra plus le baptême mais ce
que représente ce signe, c'est-à-dire la circon-
ses vêtements quand il était suspendu à la cision du cœur et la pureté de conscience de-
croix, comment des chrétiens peuvent-ils dé- meurera éternellement. Si donc j'étais juif de
truire le sacrement de celui qui maintenant est l'ancienné loi, et qu'un samaritain r voulant
assis au plus haut des cieux?Sij'avais été juif du
temps de l'ancienne loi, ne pouvant pas faire
mieux, j'aurais reçu la circoncision. Ce sceau
:
renoncer à l'erreur que le Seigneur lui-même a
condamnée, en disant « Vous adorez ce que
vous ne connaissez pas, mais nous, nous ado-
de la justice de la foi, avait tant d'autorité rons ce que nous connaissons, car le salut vient
ubi invenio necesse est ut approbem; non destruo bus opportunioribus decesserunt. Nam sicut circun-
quod Dominicum agnosco, non exsufflo vexillum cisionem abstulit Domini primus adventus, sic bap-
regis mei. Yestem Christi, et qui diviserunt, non tismum auferet secundus adventus. Sicut enim
violaverunt (Johanxxix, 24); et ilii adhuc Chris- nunc posteaquam venit libertas fidei, et remotum
tum non resurrecturum crediderant, sed morien- est servitutis jugum, nullus Christianus circumcidi-
tem videbant. Si a persecutoribus vestis non cons- tur carne; sic tunc regnantibus justis cum Domino,
cissa est pendentis in cruce, cur a Christianis damnatisque impiis, nemo baptizabitur, sed illud
destruitur sacramentum sedentis in cælo? Si veteris quod ista præfiurant, id est circumcisio cordis et
populi temporibus Judseus essem, quando aliud esse munditia conscientiæ manebit in æternum. Si ergo
melius non possem, accepissem utique circuncisio- illo tempore Judseus essem, et veniret ad me Sama-
nem (Rom., IV). Quod signaculum justitiæ ritanus, velletque illo errore derelicta, quem etiam
iidei tantum illo tempore valuit, antequam Domini Dominus improbavit,dicens : « Vos adoratis quod ne-
evacuarelur adventu ut infantem filium Moysi An- scitis,nosadoramus quod scimus; quouiam salus ex
gelus præfocasset, nisi mater arrepto calculo circum- Judseis est (Johan, IV, 22). » Vellet ergo Samaritanus,
cidisset puerum (Exodi, IV, 24), et hoc sacramento quem Samaritani circumciderant, fieri Judseus, va-
imminentem perniciem depulisset. Hoc sacramen- caret certe iterationis audacia, et id quod apud hæ-
1um etiam Jordanem fluvium refrenavit, et reduxit resim factum erat, quod prseceperat Dens, non
in fontem. Hoc sacramentum ipse Dominus, quam- repetere sed approbare cogeremur. Quod si in carne
vis evacuaverit emciflxus, tamen natus accepit. Non circumcisi bominis non invenirem locum ubi.cir-
enim signacula illa damnata sunt, sed succedenti- cumcisionem repeterem, quia Hilum est-illudmem-
des Juifs (Jean, IV, 22). » Si dis-je, un sama- dont nous devrons rendre compte un jour, des
ritain déjà circoncis par des samaritains, vou- peuples malheureux, croyant en Jésus-Christ,
lait se faire juif, aurais-je la témérité de le cir- aient dans leurs maisons des repas communs,
concire une seconde fois? Ce qui a été fait, etne puissent pas s'asseoir ensemble à latable
l'ot
même par des hérétiques, par cela seul qu'ils du Christ. N'est-il pas déplorable qu'un homme
conformément aux prescriptions de et une femme qui, au nom de Jésus-Christ, se
Dieu, je ne pourrais pas le recommencer, mais jurent fidélité dans l'union de leur corps, dé-
je serais forcé de l'approuver. Si dans la chair chirent, en se séparant de communion, le corps
d'un homme déjà circoncis, il est impossible de de ce même Christ? Si ce scandale, ce triomphe
trouver une place pour y pratiquer de nouveau du démon, cette perte et cette mort de tant
la circoncision, puisqu'il n'y a qu'un membre d'âmes, peuvent par votre sagesse, votre pru-
où il puisse la recevoir, à plus forte raison dence et l'amour que nous devons à Celui qui
trouverait-on moins dans un seul cœur une a répandu son sang pour nous, disparaître de
place qui pût recevoir un second baptême dn ces régions, quels termes peut-on trouver pour
Christ. Ainsi, vous qui voulez donner deux fois dire la palme que le Seigneur vous réserve, en
le baptême, cherchez à cet effet un homme qui récompense du salutaire exemple que vous
ait un double cœur. aurez donné et qui sera bientôt imité pour gué-
5. Proclamez donc à haute voix que vous rir de leur malles autres membres qui, dans
faites bien en ne donnant pas un second bap- toute l'Afrique, gémissent et se dessèchent
tême. Proclamez-le,non-seulement sans crainte, dans leur misère. Ma seule crainte est que, ne
mais encore écrivez-le moi, je vous prie. Ne pouvant pas voir le fond de mon cœur, vous
craignez rien, mon frère, de ce que peuvent n'aperceviez dans mon langage le désir de vous
-
faire ou dire les vôtres à cet égard. Si cela leur offenser, et non la preuve de mon affection
déplaît, ils ne sont pas dignes de vous posséder, pour vous. Que puis-je donc sinon prendre
si cela leur plaît, espérons que, par la miséri- Dieu à témoin de mes intentions, comme je
corde de Dieu qui n'abandonne jamais ceux vous prends pour juge de mes paroles?
qui le craignentet qui s'efforcent de lui plaire, 6. Eloignons donc de nous toutes ces vaines
la paix sera bien vite entre vous et nous. Il ne objections que se font l'un à l'autre des partis
faut pas que pour des honneurs dangereux qui ignorants. Ne m'objectez pas les temps maca-
pèsent sur nous comme un lourd fardeau, et riens, comme moi-même je ne vous rappellerai
brum; multo minus invenitur locus in uno corde tanta pernicies animarum, si per tuam modestiam
ubi baptismus repetatur. Ideo qui duplicare haptis- et prudentiam et dilectionem, quam debemus ei,
mum vultis, necesse est omnino ut corda duplicia qui pro nobis suum sanguinem fudit, ablata de me-
requiratis. dio in his regionibus fuerit;quis explicet verbis,
5. Clama ergo recte te facere, si non rebaptizas, quam tibi palmam præparet Dominus, ut ad cetera
et non solum sine trepidatione, sed etiam cum membra sananda, quaeper totam Africam tabefacta
miserabiliterjacent, a teproficiscatur tam imita-
gaudio mihi inde rescribe. Nulla te tuorum concilia,
?
Deo.
frater, exterreant. Si enim hoc eis displicuerit, non bile medicinae documentum Quam vereor, - quo-
sunt digni qui te habeant, si autem placuerit, cre- niam cor meum videre non potes, ne tibi cum in-
dimus de misericordia Domini, qui timentes sibi sultatione potius quam cum dilectione loqui videar.
displicere, et conantes placere numquam deserit, Sed certe amplius quid faciam non invenio, nisi ut
:
quod inter vos et nos cito pax erit ne propter hono-
res nostros, de qua sarcina periculosa ratio redde-
inspiciendum sermonem meum tibi offeram, ani-
mum
tur, miserae plebes credentes in Christum habeant 6. Tollamus de medio inania objecta, quae a
in domibus suis communes cibos, etmensam Christi partibus imperitis jactari contra invicem solent, nec
communem habere non possint. Nonne ingemisci- tu objicias tempora Mqcariana, nec ego ssevitiam
mus quod vir et uxor, ut fidelitercúnjungant cor- Circumcellionum. Si hoc ad te non pertinet, nec
pora sua, jurant sibi plerumque per Christum, et illud ad me. Area Dominica nondum ventilata est,
ipsiuscorpus Christi diversacommunione dilaniant? sine paleis esse non potest. Nos oremus, atque aga-
Hoc tantum scandahun,tantusdiabolitriumphus, mus quantum possumus, ut frumentnm simns. Ego
pas la cruauté des Circoncellions (1). Si ce pre- entre l'église catholique et les schismes ou les
mier état de chosesne vous regarde pas, le se- hérésies, et combien il faut éviter ces ziza-
cond ne me regarde pas davantage. L'aire du nies si pernicieuses à l'Eglise et ces sarments
Seigneur n'est pas entièrement criblée, et par retranchés de la vigne du Seigneur. Si
conséquent il s'y trouve encore de la paille. vous consentez volontiers à conférer avec moi
Prions donc et faisons tous nos efforts pour en et à ce que je lise nos lettres en public, j'en
être le froment. Je ne puis toutefois garder le éprouverai une joie ineffable. Si aucontraire
silence au sujet de notre diacre rebaptisé. Jesais cette proposition ne vous est pas agréable,
trop à quel danger m'exposerait mon silence ; puis-je faire autre chose, frère, sinon de lire,
car je ne songe pas à passer inutilement mon même malgré vous, nos lettres au peuple ca-
temps dans les honneurs ecclésiastiques, mais tholique, pour les faire tourner à son instruc-
je pense au compte que je devrai rendre un tion. Si vous ne daignez pas me répondre, j'ai
jour, au prince de tous les pasteurs,des brebis résolu du moins de lire les miennes, pour faire
confiées à ma garde. Peut-être ne voudriez- connaître aux Catholiques le peu de confiance
vous pas me voir entrer dans tous ces détails. que vous avez en votre cause, et leur inspirer
Si je le fais, pardonnez-le, trère, à la crainte la honte d'accepter un second baptême.
qui m'agite, car mon silence et ma dissimula- 7. Je ne le ferai pas toutefois, tant qu'il y
tion pourraient peut-être vous engager à re- aura des soldats ici, pour ne pas laisser croire
baptiser encore d'autres catholiques. J'ai donc que je cherche à exciter des troubles plutôt qu'à
pris la résolution, autant que le Seigneur dai- ramener la paix. Mais après le départ de ces
gnera m'en donner le pouvoir et la force, de troupes, je le ferai, pour faire comprendre à
conduire cette affaire,de manière à faire voir,par ceux qui nous entendent, que mon but n'est
nos entretiens pacifiques, à tous ceux de notre pas de forcer les hommes à embrasser malgré
communion, combien grande est la différence eux une communion quelconque, mais de
s
(1) Les Donatistes, dans leur défense, faisaient revenir à tout propos les temps macariens, c'est-à-dire les persécution
auxquelles ils prétendaient avoir été eu butte à cette époque.Vers le milieu du IV,siècle, l'empereur Constant avait envoyé
en Afrique deux personnes de sa cour nommées Paul et Macaire. Leur mission était de distribuer des aumônes aux
pauvres. Comme dans ces distributions ils cherchaient à faire rentrer les schismatiques dans le sein de l'Eglise, ces
hérétiques, entre autres Donat, évêque de Carthage, ainsi qu'un autre évêque de ce nom, et qui occupait le siège épisco-
pal de Bagaie attroupèrent un grand nombre de partisans, pour s'opposer aux exhortations des envoyés de l'empereur.
Ces troupes de Donatistes, parcourant tout le pays, y occasionnèrent des désordres, et se livrèrent à des brigandages et
à des cruautés de toute espèce.'Sur la demande des autres évêques catholiques, on fut obligé d'arrêter par la force, le
mal qu'ils faisaient partout. Dans leur résistance, beaucoup d'entre eux périrent, et les Donatistes qui se prétendaient
persécutéspar la répression qu'on opposait à leur fureur, et par la mort accidentelled'un certain nombre de leurs par-
tisans, donnèrent à cette époque le nom de temps macariens, du nom de Macaire l'envoyé de l'empereur Constant.
: ;
Les circoncellions n'étaient autre chose que des attroupements de Donatistes, exerçant de toutes parts des violences
inouïes. Ils entouraient quelquefois les maisons des Catholiques et en faisaient comme le siège de là leur nom d'après
saint Augustin « Circumcelliones dictiquia circum cellas vagantur. »
divinarum Scripturarum auctoritatibus agamus, sum, de fraterna et vera morte acerbissimi doloris
quieti atque tranquilli quantum possumus petamus, aculeis excitatus. Quem dolorem meum adjuvante
quæramus, pulsemus, ut accipiamus et inveniamus, misericordia et providentia Domini, pacis fortasse
et aperiatur nobis; ne forte fieri possit, ut adj uvante compensatio lenitura est. Deus et Dominus noster
Domino concordes conatus et orationes nostras, tibi mentem pacatam inspirare dignetur, domine
tanta deformitas atque impietas Africanarum re- dilectissime frater.
gionum de nostris terris incipiat aboleri. Si non
credis post discesum militum me velle agere, post EPISTOLA XXIV
discessum militum tu rpseribe. Si enim ego præ-
sente milite litteras meas legère populo voluero, Pauhnus Alypio episcopo de libris Augustini, quos
prolata epistola mea demonstrabit me fidei violato- recepit, excusans quod serius miserit ad illum
Eusebii Chronica. Cupit edoceri de genere et vita
rem. Quod misericordia Domini avertat a moribus
atque instituto meo, quod mihi per jugum suum Alypiiiipse vicissim de se nonnullaaperiens.Panem
inspirare dignatus est. unum dona mittit.
8. Episcopus meus benevolentioe tuse fortasse DOMINO MERITO HONORARILI,ETBEATISSIMOPATRI ALYPIO,
potius litteras misisset, si esset præsens, aut ego PAULINUS ETTHERASIA PECCATORES.
iHo vel jubentevel permittente scripsissem Sed illo 1. Ilaec est vera caritas, haec perfecta dilectio,
absente cum diaconi rebaptizitio recens esse dicitur, quam tibi circa humilitatem nostram inesse docuisti,
frigescere actionem ipsam dilatione non passus Domine vere sancte, et merito beatissime ac desi-
tourer notre humilité, ô Seigneur vraiment répand sur toute chair, réjouissant ainsi par
saint, vraiment bienheureux et digne de tous l'abondance de son fleuve céleste, la cité qui
nos vœux. Nous avons reçu par Julien, un de lui appartient, où, sur un siège apostolique, il
nos serviteurs, revenant de Carthage, les let- vous a établi parmi les princes de son peuple.
tres où votre sainteté se montre à nous d'une Nous aussi nous étions brisés, lorsqu'il nous a
manière si visible, qu'il nous semblait non pas tirés de la poussière de notre pauvreté pour
connaître pour la première fois, mais recon- nous faire partager vos honneurs. Mais nous
naître votre charité pour nous. Cette affection nous félicitons encore bien plus de la bonté
et cette charité émanent de celui qui, dès l'ori- avec laquelle le Seigneur nous a permis d'ha-
gine du monde, nous a prédestinés pour lui, biter dans votre cœur, où il nous a mis si pro-
de celui en qui nous étions faits, même avant fondément que nous avons le droit de croire à
notre naissance, « car c'est lui qui nous a faits votre très-particulière affection.Aussi en retour
et non pas nous qui nous sommes faits nous- de vos dons et de vos bons offices, nous est-il
mêmes (Ps., XCIX, 3), » de celui qui a créé tout permis de vous aimer en toute confiance et de
ce qui devait être un jour. Formés par sa tout notre cœur.
prescience et son opération la similitude 2. Comme gage de votre affection et de votre
;
des volontés,dans l'unitéj de la foi ou dans sollicitude pour nous, nous avons reçu l'ou-
la foi de l'unité nous avons été tellement unis vrage en cinq livres de notre frère Augustin,
ensemble par cette affection et cette charité de cet homme saint et parfait en Notre Sei-
qui ont devancé notre connaissance, que notre gneur Jésus-Christ, et donc nous admirons tel-
esprit, par une sorte de révélation nous a fait lement les écrits, que les paroles nous sem-
connaître l'un à l'autre, même avant que nous blent en avoir été dictées par l'Esprit Saint.
nous fussions vus par les yeux du corps. C'est Encouragés par l'accord qui règne entre vous
pourquoi nous nous en félicitons, et nous nous et nous, nous avons pris sur nous de lui écrire
en glorifions dans le Seigneur qui, seul et tou- à lui-même, persuadés que vous daigneriez
jours le même, produit partout dans les siens excuser auprès de lui notre faiblesse, et nous
sa charité, par l'opération du Saint-Esprit qu'il recommander à sa charité. Nous vous prions de
sœur, et reçut, à l'âge de trente-huit ans,le baptême à Bordeaux lieu de sa naissance, des mains de saint Dauphin qui
:
en était évêque. Il fut fait prêtre à Barcelone, le jour de Noël, vers l'an 392, par l'évêque Lampius quifut presque force
par le peuple de lui donner les ordres, comme il le dit lui-même au n° 4 de cette lettre per vim inflammatœ subitoplebis
sacratus, rte. Personne n'ignore l'affection que saint Paulin et saint Augustin ont toujours eue l'un pour l'autre, et com-
bien le nom du premier se mêle souvent au souvenir du second. Saint Paulin fut instruit dans la piété et la pratique
des vertus chrétiennes par saint Martin et saint Ambroise. Après avoir distribué tous ses biens aux pauvres, il se retira à
Nôle, en Italie, dont il fut fait évêque vers l'an 409. Il y mourut à la fin du mois de juin de l'an 431.
derabilis. Accepimus enim per hominem nostrum pibus populi sui, sede apostolica merito collocavit :
Julianum de Carthagine revertentem litteras, tan- nosque etiam, quos erexit elisos, et deterra mopes
tam nobis sanctitalis tuæ lucem afferenles, ut nobis suscitavit, in vestra voluit sorte numerari. Sed
caritatem tuam non agnoscere, sed recognoscere magis gratulamur in eo Domini munere, quo nos
videremur. Quia videlicet ex illo, qui nos ab origine in pectoris tui habitatione constituit; quoque ita
mundi prædestinavit sibi, caritas ista manavit, in visceribus tuis insinuare dignatus est, ut peculiarem
quo facti sumus antequam nati, « quia ipse fecit nobis caritatis tuæ fiduciam vindicemus, his officiis
nos, et non ipsi nos (Psal., XCIX, 3), » qui fecit quæ atque muneribus provocati, ut nos diffidenter aut
futura sunt. Hujus igitur prsescientia et opere leviter te amarenon liceat.
formati in similitudinem voluntatum et unitatem 2. Accepimus enim insigue prsecipuum dilectionis
fidei vel unitatis fidem prseveniente notitiam caritate et sollicitudinis tuæ, opus sancti et perfecti in
conaiexi sumus, ut nos invicem ante corporales Domino Christo viri, fratris nostri Augustini libris
conspectus revelante spiritu nosceremus. Gratula- quinque confectum, quod ita miramur atque suspi-
mur itaque et gloriamur in Domino, qui unus cimus, ut dictata divinitus verba credamus. Itaque
atque idem ubique terrarum operatur in suis dilec- fiducia suscipiendse nobis unanimitatis tuse, et ad
tionem suam Spiritu-sancto, quem super omnem ipsum scribere ausi sumus, dum nos illi per te, et
carnem effudit, fluminis impetu lætificans civitatem de imperitia excusandos, et ad caritatem commen-
suam. In cujus te civibus principalem cum princi- daudos præsumimus; sicut et omnibus sanctis,
saluer en notre nom, avec le même zèle et la d'après votre avertissement, écrit à notre père
même affection, tous les saints dont vous avez Aurèle, votre vénérable collègue dansl'épisco-
daigné nous transmettre les témoignages de pat, afin que, si vous étiez à Hippone, il dai-
bienveillance, tant ceux qui, dans le clergé, gnât vous y envoyer notre lettre avec la copie
sont associés aux travaux évangéliques de votre de l'ouvrage d'Eusèbe, quand il aura fait ter-
sainteté, que ceux qui, dans les monastères, miner cette copie à Cartilage. A cet effet, nous
imitent votre foi et vos vertus. Car bien que avons prié lessaints hommes Comite et Evode,
vous viviez au milieu du peuple sur lequel vous dont vos lettres nous ont fait connaître la bien-
avez été établi, vous veillez sans cesse, comme veillance, defaire au vénérable Aurèle la même
un pasteur attentif sur le troupeau du Sei- recommandation, afin que notre père Domnion
gneur. Cependant, après avoir rompu avec le ne fût pas longtemps privé de son exemplaire,
siècle, et vous être affranchi de l'esclavage de et que vous en eussiez une copie, que vous ne
la chair et du sang, vous vous êtes fait à vous- fussiez point obligé de rendre.
même un désert, en vous séparant de la multi- 4. Puisque, contre mon attente et sans l'a-
tude, pour vivre dans la société d'un petit voir mérité, vous me comblez des marques de
nombre d'amis. votre tendresse, je vous prie, en échange de
3. Par un échange de bienveillance, quelque cette Histoire des temps, de m'apprendre celle
inférieure qu'elle soit à la vôtre, je me suis, de votre sainteté. Quelle est votre famille,
selon vos ordres, procuré l'histoire générale quel est le lieu de votre naissance, comment le
(1) Les meilleures éditions des lettres de saint Paulin, portent episcopi Cœsariemis, au lieu de episcopi constantinopo-
litani, qui se lit ici dans le texte latin des Bénédictins.
quorum nos et absentium officiis sospitare dignatus regio degeres, illo tibi litteras nostras, et trans-
es, pari proculdubio curaturus affectu, ut per scriptam Carthagine membranam mitlere dignare-
sanctitaiem tuam, nostris inyicem salutentur obse- tur. Quod et sanctos viros, quos indices caritatis
quiis, et in clero sanctitatis tuae comites, et in mo- ipsorum, tuo sermone cognovimus, Comitem et
nasteriis fidei ac virtutis tuæ semulatores. Nam et si Evodium rogavimus, ut hæc scribere ipsi curarent,
in populis ac super populum agas, oves pascuse ne vel parenti Domnioni diutius codex suus deto-
Domini regens sollicitis vigil pastor excubiis : tamen ret, et tibi transmissus sine necessitate redhibendi
abdicatione sæculi, et repulsa carnis ac sanguinis, maneret.
desertum tibi ipse fecisti, secretus a multis,vocatus 4. Specialiter autem hoc a te peto, quoniam me
in paucis. immerentem et inopinantem magno tui amore
3. Sane vicario aliquatenus munere, licet per complesti, ut pro hac historia temporum, referas
omnia tibi impar, ut jusseras, providi illam Eusebii mihi omnem tuae sanctitatis historiam : ut qui
venerabilis episcopi Constantinopolitani de cunctis genus, unde sis domo, tanto vocatus a Domino,
temporibushistoriam. Sedinhoc fuit obtemperandi quibus exordiis segregatus ab utero matris tuae, ad
mora; quod instructu tuo, quia ipse non haberem matrem filiorum Dei prole lætantem, abjurata
hunc codicem, Romae reperi apud parentem nos- carnis et sanguinis stirpe, transieris, et in genus
trum vere sanctissimum Domnionem, qui proculdu- regale et sacerdotale sis translatus, edisseras. Quod
bio promtius mihi paruit in hoc beneficio, quod enim indicasti, jam de humilitatis nostrae nomine
tibi deferendum indicavi. Verumtamen quia et loca apud Mediolanumte didicisse, cum illic initiareris,
tua mihi significare dignatus es, ut ipse monuisti, fateor curiosius me velle condiscere, ut omni parte
ad venerabilem socium coronæ tuæ, patrem nos- te noverim, quo magis gratuler, si a suspiciendo
trum Aurelium ita scripsimus, utsi nunc Hippone- mihi patre nostro Ambrosio, vel ad fidem invitatus
que c'était à Milan, lorsque vous y reçûtes le assiste celui qui souffre, (car je n'ose pas dire
baptême, que notre humble nom était parvenu son frère) sera élevé en honneur comme une
jusqu'à vos oreilles, vous avez, je l'avoue, grande cité. Pour vous, vous êtes comme cette
éveillé ma curiosité, et le désir devous connaî- la
grande ville de l'Evangile bâtie sur monta-
tre entièrement. Ma joie sera bien plus grande gne, vous êtes cette lampe allumée sur le
si c'est Ambroise qui vous a attiré à la foi, ou chandelier, toute brillante de la lumière des
consacré au sacerdoce, et si nous avons ainsi sept dons du Saint-Esprit. Mais nous, nous
le même père. Pour moi, j'ai été baptisé à Bor- sommes cachés sous le boisseau de nos péchés.
deaux par Dauphin, et ensuite ordonné prêtre Visitez-nous par vos lettres, faites jaillir sur
à Barcelone, en Espagne, par Lampius, qui nous quelques rayons de cet éclat dont vous
fut presque obligé de céder à la volonté du brillez du haut du chandelier d'or. Votre élo-
peuple, dont la violence éclata tout à coup. quence éclairera le sentier où nous marchons.
Cependant c'est la tendresse d'Ambroise qui L'huile de votre lampe se répandra comme une
m'a nourri et élevé dans la foi, c'est lui qui
soutient et échauffe encore mon zèle dans l'or-
;
sainte onction sur notre tête et notre foi de-
viendra plus ardente et plus vive, lorsque le
dre du sacerdoce. Enfin, il a voulu que je fisse souffle de votre bouche aura donné la nourri-
partie de son clergé, de sorte que, malgré la ture à notre esprit et la lumière à notre âme.
distance qui me sépare de lui, je suis censé 6. Que la paix et la grâce de Dieu soient
être prêtre de son église. avec vous, et que la couronne de justice vous
5. Mais afin de ne rien ignorer de ce qui me ô
demeure en ce jour, Seigneur, notre père
concerne, apprenez que je suis un ancien pé-
cheur; qu'il n'y a pas longtemps encore que
j'ai été tiré des ténèbres et des ombres de la
vœux!
très-chéri, très-vénérable et très-digne de nos
Bénis soient les compagnons et les imi-
!
tateurs de votre sainteté Nous vous prionsde
mort, pour respirer l'esprit qui donne la vie ; saluer, avec une vive affection et une grande
qu'il n'y a pas longtemps que j'ai mis la main soumission, tous nos frères, (si toutefois nous
à la charrue, et que j'ai commencé à porter la osons les nommer ainsi), tant ceux qui sont
croix du Seigneur. Aussi pour la porter jus- dans les églises que dans les monastères, à
prières;
qu'au bout, ai-je besoin d'être aidé par vos
et vous aurez mis le comble à vos
bienfaits si, par votre intervention, je deviens
Carthage, à Tagaste, à Hippone, et ceux qui,
dans lafoi catholique, consacrent leurs services
au Seigneur, dans toutes vos paroisses et dans
capable de soutenir mon fardeau. Le saint qui tous les lieux de l'Afrique qui vous sont con-
es, vel ad sacerdotium consecratus, ut eumdem montem civitas sedificata es, vel accensa super can-
ambo videamur habere auctorem. Nam ego etsi a delabrum lucerna in septiformi claritate collllces;
Delphino Burdegalæ baptizatus, a Lampio apud nos sub modio peccatorum delitescimus : visila
Barcilonem in Hispania, per vim inflammatse subito litteris tuis, et profer in lucem in qua ipse versaris,
-
plebis, sacratus sim : tamen Ambrosii semper et super aurea candelabra conspicuus. Eloquia tua
dilectione ad fidem innutritus sum, et nunc in lumen semitis nostris erunt, et oleo lucernæ tuæ
sacerdotii ordine confoveor. Denique suo me clero impinguabitur caput nostrum. Et accendetur fides,
vindicare voluit, ut etsi diversis locis degam, ipsius cum spiritu oris tui cibum mentis et lumen animæ
presbyter censear. sumpserimus.
5. Sed de me ne quid ignores, scias antiquissi- 6. Pax et gratia Deitecum, et corona justitiæ tibi
mum peccatorem, non ita olim de tenebris et umbra maneat in die illo, Domine pater merito dilectissime
mortis eductum, spiritum auræ vitalis hausisse, nec et venerabilis et exoptatissime. Benedictos sanctita-
ita olim posuisse in aratro manum, et crucem tis tuæ comites et semulatores, in Domino fratres (si
Domini susLulisse; quam ut in finem perferre dignantur) nostros, tam in ecclesiis quam in mona-
valeamus, orationibus tuis adjuvemur. Accumula- stenis, Carthagini,Thagastae, Hippone-regio,
tibi
e t totis
Afri-
bitur hæc meritis tuis merces, si interventu tuo parochiis tuis atque omnibus cognitis per
onera nostra relevaveris. Sanctus enim laborantem cam locis, Domino catholice servientes, multo affectu
adjuvans (quia fratrem non audemus dicere) exal- et obsequio salutari rogamus. Si ipsaui membranam
tabitur sicut civitas magna. Et tu quidem super sancti Domnioiris aeceperis, transscriptam nobis
nus. Si le livre même du saint père Domnion gage, cette charité qui, par l'unité de la foi,
vous est remis, daignez me le renvoyer dès lie entre eux ceux qui sont éloignés l'un de
quevous l'aurez fait transcrire. Mandez-moi l'autre. Cette charité vous a mis bien avant
aussi laquelle de mes hymnes vous avez lue. dans mon cœur à cause de vos ouvages remplis
Nous envoyons à votre sainteté un pain en si- d'éloquence,aussi doux que les rayons du miel
;
gne de communion et comme un symbole de la
substance de la Sainte Trinité vous en ferez
céleste et qui sont pour mon âme un remède et
une nourriture salutaires. Je veux parler de
votre traité en cinq livres que j'ai reçu par les
une eulogie si vous daignez en accepter l'of-
frande (1). soins de notre béni et vénérable évêque Alype,
Ces livres serviront non-seulement à notre ins-
truction, mais seront encore d'une grande uti-
LETTRE XXV (1)
;
lité à beaucoup d'églises. Je lis présentement
ces ouvrages j'en fais mes délices
Saint Paulin écrit à saint Augustin, en lui prodi- ma nourriture, non cette nourriture périssa-
j'en fais ;
guant des éloges au sujet des cinq. livres, contre ble, mais celle qui est comme la substance de
les Manichéens, qu'il avait reçus d'Alype, et lui la vie éternelle, par la foi qui nous incorpore
envoie un pain en signe de communion. à Notre Seigneur Jésus-Christ; puisque par la
charité qui nous fait croire aux vérités révélées
A LEUR SEIGNEUR ET FRÈRE COMMUN, AU VÉNÉ- par le Tout-Puissant, notre foi, en se détour-
RABLE AUGUSTIN, PAULIN ET THÉRÈSE, PÉ- nant des choses visibles, pour aspirer aux in-
CHEURS. visibles, puise de nouvelles forces dans les
écrits et les exemples des fidèles. 0 véritable
1. Si, mettant de côté toute crainte, nous sel de la terre qui préservez nos cœurs de la
avons assez de confiance pour vous écrire, corruption et des erreurs de ce siècle ô lampe !
c'est la charité de Jésus-Christ qui nous y en- si dignement placée sur le chandelier de l'E-
1) Le mot d'eulogie dont saint Paulin se sert, signifie bénédiction. Saint Paul et quelques anciens Pères donnent à ce
mot la signifioatitonde la sainte Eucharistie. On donnait aussi ce nom aux pains que l'on distribuait publiquement dans
:
l'Eglise, à ceux qui ne pouvaient pas encore communier, par exemple aux catéchumènes. Saint Augustin, liv. II, c. XXVI,
deremissionepeccatorum (sur la rémission des péchés) dit en parlant de ce pain Ce n'est pas, à la vérité, je corps de
Jésus-Christ, mais cependant il est saint et plus saint que celui dont nous faisons notre nourriture.
L'eulogie, dont parle saint Paulin, est la coutume pratiquée par les prêtres et par les évêques qui envoyaient à leurs
amis, en signe d'amitié et de communion, un pain qu'ils avaient béni à leur table. La fin de la lettre 25e, rogamus acci-
pienda benedicas, nous montre aussi que souvent un prêtre envoyait à un évêque, et même des prêtres à des prêtres, en
signe d'honneur, des pains qu'ils ne bénissaient pas mais qu'ils les priaient au contraire de bénir.
(2) Ecrite l'an 394. —Cette lettre était la 31e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 25e se trouve maintenant la 195e.
remittere dignaberis. Ethocrogoscribas mihi, quem cis facultatibus aflluentes, et de caelestibus favis
hymnum meum cognoveris. Panem unum sanctitati dulces, ut animæ meæ medicas et altrices, inquin-
tuæ unitatis gratia misimus, in quo etiam Trinitatis que libris interim teneo, quos munere benedicti et
soliditas continetur. Hunc panem eulogiam esse tu venerabilis nobis episcopi nostri AJypii, non pro
facies dignatione sumendi. nostra instructione tantum, sed etiam pro Ecclesiæ
multarum urbium utilitate suscepimus. Hos igitur
EPISTOLA XXV nunc libros lectioni habeo ; in his me oblecto; de
his cibum capio, non illum qui perit, sed qui ope-
Paulinus Augustino, exquisitis earn laudibus exornans ratur vitæ æternæ substantiam per lidem nostram,
pro quinqueejus adversus Mariichæos libris, quos ab qua adcorporamur in Christo Jesu Domino nostro :
Alypio acceperat. Panem ipsi dono mittit.
cum fides nostra, quae visibilium negligens, invisi-
DOMINO FRATRI-UNANIMO ET VENERABILI AUGUSTINO, PAU- bilibus inhiat, per caritatem omnia secundum veri-
tatem omnipotentis Dei credentem, litteris et exem-
LINUS ET THERASIA PECCATORES.
plis fidelium roboretur. 0 vere sal terræ, quo
1. CaritasChristi quæ urget nos, et absentes licet praecordia nostra ne possintsæculivaneseereerrore,
per unitatem fidei alligat, ipsa fiduciam ad te scri- condiuntur. O lucerna digne supra candelabrum
bendi pudore depulso præstitit : teque per litteras ecclesiae posita, quæ late catholicis urbibus de sep-
tuas visceribus meis intimavit, quas et de scholasti- tiformi lychno pastum oleo lsetitiae lumen effundens,
glise, dont la lumière, entretenue par l'huile pour nous nuire, il faut leur opposer autant de
sainte du candélabre aux sept branches, se ré- traits qu'ilsdressent de piéges contre nous), ti-
pand au loin sur toutes les villes catholiques, rez, je vous en prie, de votre arsenal, et en-
et dissipe les ténèbres épaisses de l'hérésie, en voyez-moi pour les combattre, des armes de
faisant jaillir la lumière de la vérité du sein
même des ténèbres par la clarté et la splen-
deur de votre langage !
;
justice. Car je suis un pécheur accablé encore
sous le poids de mes fautes je suis un vétéran
dans les rangs des pécheurs, mais un soldat
2. Vous voyez, mon frère, vous si admirable nouveau dans la milice du roi éternel. Malheu-
et si digne d'être recherché en Notre Seigneur
Jésus-Christ, combien il m'est doux de vous
connaître, combien jevous admire, avec quelle
;
reux, j'ai admiré jusqu'à ce jour la vaine sa-
gesse du monde j'ai passé mes jours dans des
études inutiles et dans la recherche de cette
affection, avec quel amour je vous embrasse sagesse réprouvée, et comme un insensé, je
dans mon cœur, moi qui chaque jour jouis de suis resté muet pour mon Dieu. Mais, après
l'entretien de vos écrits, moi qui me nourris avoir vieilli parmi mes ennemis, après avoir
du souffle de votre bouche. Car votre bouche vu toutes mes pensées s'évanouir comme une
est comme un canal d'eau vive et comme vaine fumée, j'ai levé les yeux vers les monta-
une veine des sources célestes; en effet, gnes c'est-à-dire vers les préceptes de la loi
Jésus-Christ est devenu en vous une source et les dons de la grâce. C'est de là que m'est
qui jaillit jusque dans la vie éternelle. venu le secours du Seigneur, qui, ne me trai-
C'est en vous que mon âme a soif de cette eau tant pas selon mes iniquités, a dissipé les ténè-
divine. Je suis comme une terre sèche qui de- bres qui m'aveuglaient, délié les chaînes par
mande à s'abreuver des eaux fécondes de votre lesquelles j'étais attaché, et qui. m'a abaissé,
fleuve. Maintenant que votre Pentateuquem'a lorsque je dressais orgueilleusement la tête,
suffisamment armé contre les Manichéens, si pour me relever ensuite, quand il m'a vu pieu-
vous avez encore d'autres moyens de défense sement humilié.
contre les ennemis de la foi catholique, (car, 3. Je suis donc, mais encore à pas inégaux, les
comme nos ennemis multiplient leurs artifices j e
grandestraces des ustes. Puissé-j parvos prières
densas licet hæreticorum caligines discutis, et lucem torum, sed aeterno regi novus in corpore tyro militiae.
veritatis a con fusione tenebrarum splendore clarifici Sapientiam mundi miser hucusque miratus sum, et
sermonis enubilas. per inutiles litteras reprobatamque prudentiam Deo
2. Vides frater unanime, admirabilis in Christo stuItus et mutus fui. Postquam inveteravi inter ini-
Domino et suscipiende, quam familiariter agnove- micos meos, et evanuiin cogitationibus meis, levavi
rim te,quanto admirer stupore,quammagno amore
complectar, qui quotidie colloquio litterarum tuarum
fruor, et oris tui spiritu vescor. Os enim tuum fistu-
:
oculos meos in montes, ad praecepta legis et gratiæ
dona suspiciens unde mihi auxilium venit a Do-
mino, qui non secundum iniquitates retrihuens, il-
lam aquæ vivæ et venam fontis æterni merito dixe- luminavit cæcum, solvit compeditum, humiliavit
rim, quia fons (a) in te aquæ salientis in vitam æter- erectum male, ut erigeret humiliatum pie.
nam (Joan., iw, 14) Christus effectus est. Cujus 3. Sequor igitur, non æquis adhuc passibus, ma-
desiderio sitivit in te anima mea, et ubertate tui gna justorum vestigia, si possim orationibus vestris
fluminis inebriari terra mea concupivit. Jdeoque apprehendere, in quo Dei miseralionibus apprehen-
cum hoc Pentateucho tuo contra Manichaeos me satis sus sum. Rege ergo parvulum in terra reptantem,
armaveris, si qua in alios quoque hostes catholicae et tuis gressibus ingredi doce. Nolo enim me corpo-
fidei munimina comparasti (quia hostis noster, cui ralis ortus magis quam spiritalis exortus ætate con-
mille nocendi artes, tam variis expugnandus est sideres. Quippe ætas mihi secundum carnem ea jam
teli, quam oppugnat insidiis) quseso promere mihi est, qua fuit ille ab Apostolis in porta Speciosa,
de armamentario tuo, et conferre non abnuas verbi potestate sanatus (Act., III, 7 et IV, 22).
arma justitiae. Sum enim laboriosus, etiam nunc In natalibus autem animæ, illius adhuc mihi tem-
sub magno onere peccator, veteranusin numero pecca- pus infantiæ est, quæ intentatis Christo vulneribus
(a)Sic MSS. duodecim.Atediti habent, quia sons vitæaquæ etc.
arriver au but où Dieu m'a destiné, lorsqu'il eut vous le dire. Après de longues vicissitudes,
pitié de moi. Dirigez mes pas comme ceux après beaucoup de naufrages, sans expérience
d'un enfant qui se traîne encore sur la terre. encore, je sors à peine des flots et des tempêtes
Apprenez-moi à marcher sur vos pas. Car il ne de ce siècle. Vous qui avez posé le pied sur la
faut pas mesurer mon âge par le temps de ma terre ferme, recevez-moi dans votre sein,
naissance corporelle, mais par celui qui m'a comme dans un port où je trouverai le salut,
fait naître à la vie spirituelle. En effet, mon afin que si vous m'en jugez digne, nous puis-
âge, selon la chair, est à peu près celui de sions ensuite naviguer ensemble. Cependant
l'homme que les apôtres, par la puissance du soutenez-moi par vos prières comme sur une
Verbe, ont guéri à la porte du temple (Act.) III, planche de sauvetage, au milieu des efforts que
7) (1). Mais sous le rapport de ma naissance je fais, pour me tirer des périls de cette vie et
spirituelle, je suis encore à l'âge de ces enfants de l'abîme du péché, afin que je puisse échap-
immolés par les coups et les blessures qu'on per aux tempêtes de ce monde, comme à un
croyait porter au Christ et dont le sang inno- naufrage.
cent, répandu avant l'immolation de l'agneau, 4. C'est pour cela que j'ai eu soin de
fut comme le prélude de la passion de Notre me débarrasser de mes bagages et des vêtements
Seigneur. Je ne suis donc encore, par l'âge qui me chargeaient, afin que, selon l'ordre et
spirituel, qu'un enfant qui commence à goûter avec l'aide de Jésus-Christ, dépouillé de tout
le lait de la parole divine; nourrissez-moi de embarras charnel et des soucis du jour suivant,
vos saintes paroles; approchez mes lèvree des je puisse traverser cette mer orageuse qui nous
mamelles de la foi, de la sagesse et de la cha- sépare de Dieu, et sur laquelle nos péchés sou-
rité. A considérer les services que l'on se doit lèvent sans cessedes tempêtes. Je ne me vante
réciproquement, je suis votre frère, mais sous pas d'y être parvenu, et si je pouvais m'en glo-
le rapport de la maturité du génie et de l'intel- rifier, je m'en glorifierais dans le Seigneur, à
qui seul il appartient de conduire à bonne fin
ligence, vous êtes mon père, quoique peut-être
vous soyez plus jeune que moi, parce quevotre
prudence qui a devancé les cheveux blancs,
les desseins qui sont en nous ; mais jusqu'ici
mon âme en est encore à désirer l'accomplis-
vous a élevé jeune encore à la maturité du sement des jugements du Seigneur. Voyez si
mérite, et au respect dont on honore la l'on est effectivement arrivé à suivre la volonté
vieillesse. Réchauffez-moi et fortifiez-moi dans de Dieu, quand on commence seulement à sou-
Les saintes lettres et les études spirituelles, car haiter de le désirer. J'ai cependant aimé la
j'y suis encore bien novice, comme je viens de beauté de sa sainte demeure, et autant qu'il a
immolata, digno sanguine agni victimam præcucur- evadere nitentem, orationibus tuis tamquam tabula
rit, et dominicam auspicata est passionem. Atque sustine, ut de hoc mundo quasi de naufragio nudus
ideo ut infantem adhuc verbo Dei et spiritali setate evadam.
lactentem, educa verbis tuis, uberibus fidei, sapien- 4. Idcirco enim me levare sarcinis, et vestimentis
tiæ, caritatis inhiantem. Si officium commune con- onerantibus exsuere curavi, ut undosum hoc, quod
sideras, frater es; si maturitatem ingeniitui et sen- inter nos et Deum peccatis interlatrantibus separat,
:
suum, patermihi es etsi forte sis sevo junior, quia
te ad maturitatem meriti et honorem seniorum
prsesentis vitae salum, omni amictu carnis, et cura
dici sequentis, jubente et adjuvante Christo expedi-
provexit juvenenr cana prudentia. Fove igitur et tus enatem. Neque id me perfecisse glorior; quod
corrobora me in sacris litteris, et spiritalibus stu-
diis, tempore (ut dixi) recentem, et ob hoc post
longa discrimina, post multanaufragia, usu rudem,
:
et si gloriari possem, in Domino gloriarer, cujus est
perficere, quod nobis adjacet velle sed concupiscit
adhuc anima mea desiderare judicia Domini.Vide
vixdum a fluctibus sæeuli emergentem, tu qui jam quando assequatur effectu Dei voluntatem, qui ad-
solido littore constitisti, tuto excipe sinu, ut in portu huc ipsum desiderare desiderat. Quod in me tamen
salutis; si dignum putas, pariter navigemus. Interea est, dilexi decorem domus sanctre, et quantum in
me de periculis vitæ istius et profundo peccatorum me fuit, elegeram abjectus esse in domo Domini.
dépendu de moi, j'ai cherché à n'y occuper inconnus à lui-même, nous étions éloignés de
que la dernière place. Mais celui à qui il a plu lui par un long espace de terre et de
mer, et
de me choisir dès le sein de ma mère, et de cependant il nous a aimés par cet esprit de véri-
m'attirer à sa grâce, en me dégageant de table affection qui pénètre et se répand par-
l'amour de la chair et du sang, a voulu malgré tout. Il nous a aimés en nous voyant par les
mon dénûment de tout mérite me tirer de la yeux de son cœur, et par sa parole il est arrivé
poussière et d'un abîme de misères, et m'éle- jusqu'à nous. Il nous a donné les premiers té-
ver du fond de ma bassesse, pour me placer moignages de son affection et de votre charité
avec les princes de son peuple et m'associer à envers nous, en nous envoyant vos ouvrages,
votre rang afin que je fusse votre égal dans les et autant il a mis de zèle pour nous faire con-
services à rendre à l'Eglise, malgré la supé- naître et aimer votre sainteté, non-seulement
riorité du mérite qui vous place bien au-dessus par ses paroles, mais encore par des œuvres
de moi. remplies de votre éloquence et de votre foi, au-
5. Ce n'est donc pas par présomption, mais tant, nous l'espérons, il aura apporté de soin
par le bon plaisir et l'ordre de Dieu que j'ose à vous inspirer par son exemple de l'affection
;
vous donner le nom de frère, tout indigne que
je sois d'un si grand honneur mais je sais que
l'esprit de sainteté et de vérité qui vous anime,
pour nous. Que la grâce de Dieu soit éternelle-
ment avec vous comme elle y est présente-
ment. C'est ce que nous vous souhaitons, ô
vous porte plutôt vers ce qui est humble et vénérable et très-cher frère en Jésus-Christ.
petit, que vers ce qui est éclatant et élevé. Nous saluons affectueusement et fraternelle-
C'est pourquoi j'espère que vous recevrez vo- ment toute votre maison, tous les compagnons
lontiers et du fond du cœur l'affection que j'ai de vos travaux et les imitateurs de votre sain-
;
pour vous j'ai même la confiance que vous
l'avez déjà agréée par l'intermédiaire du saint
teté en Notre Seigneur. Comme gage de notre
union spirituelle, nous vous envoyons un pain,
évêque Alype, notre père (car il daigne nous que nous vous prions de bénir en le rece-
permettre de l'appeler ainsi). Il vous aura sans vant.
doute donné l'exemple de nous aimer, avant
de nous connaître. En effet, nous étions
Sed cui placuit segregare me ab utero matris meæ, veræ dilectionis, qui ubique et penetrat et effundi-
et ab amicitia carnis et sanguinis ad gratiam tur, et videre diligendo potuit, et alloquendo per-
suam trahere, eidem placuit inopem me omnis tingere. Hic nobis prima affectus sui documenta,
boni meriti, suscitare de terra et de lacu mi- et caritatis tuæ pignora in supradicto digno munere
seriarum, ac de luto fæcís educere, ut collocaret me librorum dedit. Et quanto studuit impendio, ut
cum principibus populi sui, et partem meam in tua sanctitatem tuam non ipsius tantum verbis, sed ple-
sorte poneret, ut te præstante meritis, officio (a) so- nius eloquentia et fide tua cognitam non possemus
ciatus æquarer. amare mediocriter, tantopere curasse eumdem cre-
4. Præsumtione igitur non mea, sed placito et dimus, ut nos vicissim ipsius imitatione plurimum
ordinatione Domini, fraternitatis tuæ mihi fœdus diligas. Gratia Dei tecum, ut est, in æternum ma-
usurpans, tanto indignus honore me dignor; quia neat optamus, frater in Christo Domino uuanime,
te pro tua sanctitate certo scio, nam veritate sapis, venerabilis, desiderantissime: totam domum, et
non alta sapere, sed humilibus congruere. Ideoque omnem comitem, et semulatorem in Domino sancti-
prompte et intime recepturumspero caritatem humi- tatis tuæ, plurimo fraternitatis unanimæ salutarnus
litatis nostræ, quam quidem jam recepisse te per affectu. Panem unum, quem unanimitatis indicio
beatissimum sacerdotem Alypium (quia dignatur) misimus caritati tuæ, rogamus accipiendo benedi-
patrem nostrum, confido. Is enim sine dubio de se cas.
tibi exemplum præbuit nos ante notitiam et supra
meritum diligendi, qui incognitos sibi nos, et lon-
ginqua soli vel sali intercapedine disparatos, spiritu
;
douceur, des douleurs certaines et un plaisir
incertain de durs labeurs et un repos toujours
inquiet. Elles nous accablent de misères, et ne «
VERS ADRESSÉS PAR LICENTIUS A AUGUSTIN
SON MAITRE (1).
En cherchant à suivre Varron dans sa
nous donnent qu'un vain espoir de bonheur. route mystérieuse et profonde, mon esprit s'é-
Voilà les liens dans lesquels vous vous laissez mousse, et, dans soneffroi, se détourne de la
prendre, et auxquels vous présentez votre lumière. Faut-il s'étonner que mes soins et mes
cou, vos pieds et vos mains, en vous laissant peines soient inutiles, lorsque vous ne me prê-
subjuguer par les honneurs de ce monde, en ?
tez pas une main secourable Mon esprit aban-
pesant vos actions sur le seul profit que vous donné à lui-même craint de s'élever. Dès que
en retirez, et en faisant tous vos efforts pour l'amour de la science m'a porté à parcourir les
parvenir là où, ni aucune invitation, ni aucune ouvrages profonds de ce grand homme, à en
force n'auraient dû vous pousser. Peut-être me pénétrer le sens mystérieux, à donner avec lui
répondrez-vous comme l'esclave de Térence : à
aux nombres leur harmonie, comprendre dans
!
«Oh ! ça vous débitez ici des paroles de sa-
gesse (Adelph. V, 1).» Recueillez-les cependant,
pour qu'il soit dit que je les sème et non que je
et la marche régulière des astres ;
l'univers les chants majestueux du tonnerre,
les répands en vain. Et si, pendant que je même du sujet fut comme un nuage épais qui
chante, vous dansez sur un autre air, je n'en se répandit sur mon esprit. Plein d'ardeur, je
éprouverai pas de peine, car l'air en lui-même m'efforce decomprendre la forme,etl'essencedes
n'est pas sans charme, quand bien même il choses, desténèbres également épaisses m'envi-
laisserait immobile celui pour lequel on le ronnent. J'aspire à connaître l'origine des as-
chante avec l'accent de la charité. J'ai trouvé, tres, leurs brillantes révolutions, les places que
dans vos lettres, quelques paroles qui m'ont ce savant leur assigne au milieu des nuées, je
touché, mais il m'a paru inutile de m'en occu- retombe incertain et ma chute est plus lourde
per, lorsque les actions de toute votre vie me que celle de l'ange qui nous empêche de con-
remplissent d'une douleur si cuisante. naître les secrets du ciel, mon obscurité plus
profonde que celle des morts au sein de leurs
tombeaux. C'est ainsi que Protée, selon la fa-
ble des Grecs, lorsqu'il ne veut pas découvrir
(1) Dans d'autres éditions, cette pièce de vers se trouve à la Lettre 40.
Protea namque ferunt veterum commenta Pelas- Omnibus unde aciem posses intendere rebus.
[gum, 0 bone, carpe iter annorum, sapientia quantum
Qui dum sollicitis nonvult aperirefutura, Crescit amore sui, inveniensnova culmina semper,
Spumat aper, fluit unda, tremi leo, sibilat anguis, Perge viam qua te soboles præclara tonantis
Captum aliquando tamen in munera parva volu- Perducit, sternens in planos ardua campos.
[crum. Et cum luciferos præcordia vesper in ortus
At mihi, qui nimium curis gravioribus angor, Distulerit, sanctumque super benedixerit ignem,
Dulcia quæque animæ, subdulcia pabula quæro, Sis memor ipse mei: bibulam qui ponitis aurem
Varronis responsa latent. Quod supplice cantu Legibus invictis, contundite pectora palmis,
Presidium nymphamve rogem et flumina poscam ? Sternite membra solo, meritosque ciete dolores,
An te voce vocem, clari quem rector Olympi Et prohibete nefas, Deus imperat omnibus unum,
Fontibus infantum præfecit, et abdita jussit Admonet antistes, venturaque fulmina terrent.
Ubertate animi longe ructare fluenta ? 0 mihi transactos revocet si pristina soles
Ferto magister opem, ac tu tu ne desere vires Lætificis aurorarotis, quos libera tecum
Invalidas, mecumque sacras subvertere glebas Otia tentantes, et candidajura bonoram
Incipe : tempus enim, nisi me mortalia fallunt, Duximus Italiæ medio, montesque per altos.
Labitur, in seniumque trahit. Tibi noster Apollo Non me dura gelu prohiberent frigora cano,
Corda replet, patremque suum patremque deorum Nec fera tempestas Zephyrum, fremitusque Borini,
Conciliat, legemque bonam, pacemque cruentam Quin tua sollicito premerem vestigia passu.
Monstrat, et abducto velamine singula pandit. Hoc opus ut jubeas tantum, cruor irriget artus,
Vinginti emensus nam longos forsitan orbes Solstitio Neuros, bruma sectabimur Istrum.
Solis eras, cum te ratio pulcherrima mundi, Ignotus Gararmassolvet mihi vincula gentis.
Ditior imperiis, et nectare dulcior omni Xampæosque lacus fugiens Hypaneius amnis
Corripuit, statuitque viagum, medioque locavit, Callipidum Scythicas resonat spumosus ad undas.
rigueur de la glace et des froids, ni les tempêtes, tre cœur, sans les liens qui retiennent mon
soulevées par les combats que se livrent les zé- esprit et qui m'empêchent de partir. 0 docte
phyrs, ni les frémissements de Borée ne sau- maître, croyez à mes maux et à ma vraie dou-
raient m'empêcher de suivre avec empresse- leur! Sans vous, la voile de mon esquif ne me
ment la trace de vos pas. Pour obéir à vos promet aucun port. J'erre au loin sur les flots
ordres, je ne craindrais pas d'arroser mes orageux de la vie. Les nautonniers, chassés
membres de mon sang, j'irais jusque sur la par des nuages noirs et épais, que la fureur des
terre des Neures, je suivrais le cours de l'Ister vents du midi et le souffle strident del'Eurus a
au milieu de ses brumes, j'irais jusqu'au cœur surpris et frappés, et que la tempête a privés
de l'Afrique parcourir le terre des Garamantes. de leurs pilotes, deviennent bientôt le jouet
Oui, sur votre ordre et vos conseils, j'irais jus- des flots qui se brisent et s'élèvent autour d'eux.
qu'aux lieux où l'Hypanis, fuyant les lacs de Ni les planches, ni la proue, ni les voiles de
Xampée, roule ses flots écumants vers les on- leur navire ne peuvent résister à la violence
des qui arrosent les déserts de la Scythie, j'irais de la tempête, et ils s'épuisent en vains efforts
chez les Leuces, là où la Leucie s'étend vers pour gouverner leur vaisseau. C'est ainsi que
les régions où se lève le soleil, je necraindrais je suis ballotté par la violence de mes passions,
pas de parcourir les sommets déserts du vaste qui me poussent vers une mer où je vais trou-
Cassus, qui égalent en hauteur les roches des ver la mort, sans qu'aucune terre se présente
Épidamnes, et d'où je pourrais contempler le pour me sauver. Mais, ô maître chéri, en re-
repos de l'aurore, le char du soleil séparé de passant dans mon esprit les paroles dictées par
ses coursiers, et lejour assoupi au milieu des la pureté de votre cœur, je suis convaincu qu'il
ombres de la nuit. Car il n'y a ni fatigue, ni faut y ajouter foi. Oui, comme vous le dites, il
crainte à redouter, là où Dieu entend les prié*- n'y a que faussetés et déceptionsdans les choses
res que les hommes innocents lui adressent à humaines, qui tendent continuellement des fi-
cœur ouvert. J'abandonnerais avec joie les de- !
lets à notre âme. Mais hélas j'ai oublié ces
meures des Romains, leurs palais élevés, leurs jours passés, et je suis en face du présent. Alors
maisons qui retentissent de cris de joie et d'un je vous étais cher, maintenant je suis effacé de
vain tumulte, pour venir tout entier dans vo- !
votre cœur. Hélas malheureux, dans quel lieu
:
Ibimus et Leucos, qua Leucia solis in ortus
Tenditur et vasti deserta cacumina Cassi,
Queis Epidamneas æquat sibi Cassia rupes,
Sed mecum reputans, tua candida verba magister,
Hæc magis esse reor tibi credere, callida res est,
Decipit, atque animis molitur retianostris.
Unde quiescentem auroram, carrusque solutos, Præteritos oblitus enim, præsentia præsto :
Sopitamque diem media sub nocte viderem, Nunc tibi care tuo, nos nunc de pectore lapsi.
Te suadente petam : nec enim labor aut metus Heu mihi quo ferar, unde velim tibi pandere men-
[ullus [tem.
Terret, ubi insontes precibus Deus audit apertis, Ante sub Ægeo optabunt pia tecta palumbes,
Et nunc Romulidum sedes et inania tecti Et versa haloyone componet in arbore nidos,
Culmina, bacchatasque domus, vanosque tumultus Esuriens vitulos alet ante leæna sequaces,
Desererem, et totus semel in tua corda venirem. Atque impasta diu teneros lupa nutriet agnos,
Ni mens conjugio incumbens reiineret euntem. Mutantesque suis divisum partibus orbem,
Crede meis, odocte, malis,veroque dolori, Aut Barcæus alet taurum, aut Hyrcania sauros :
Quod sine te nullos promittunt carbasa portus, Ante Thyesteis iterum male territa mensis,
Erramusque procul turbata per æquora vitæ. Interrupta dies refugos vanescat in ortus :
Præcipites densa yeluti caligine nautæ, Ante dabunt imbres Nilum, super æthera damæ
Quos furor AusLralis, stridens et status ab Euro Errabunt, montesque canent, et flumina plaudent,
Perculit, et raptis privavit turbo magistris; Quam mihi post tergum veniant tua dona magister.
Protinus abruptis miseri volvuntur in undis : Arcel amor, copulamque tenet communis honesti.
Non forus aut proræ, non lintea deinde procellas Hic hic regnat imicitiæ decus hoste fugato.
Ferre vallent, ratioque jacet stupefacta regendi
Sic me ventus agit, volvuntque cupidinis æstus
: Nam neque propter opes vitrea, aurumque rebelle,
Jungimus assensus animorum : nam neque vulgi
In mare letiferum, Ilec tejTse protinus absent, Nos fortuna ruens, quæ separat ardua, junxit.
irai-je, d'où je puisse vous ouvrir mon âme ! du dogme que vous enseignez. Quoique ma
; ;
Mais les colombes chercheront un abri sous le
ciel de la mer Egée l'alcyon établira son nid
muse soit saisie d'effroi, en voyant de près la
hauteur où vous êtes, et qu'elle voile son vi-
sur les arbres la lionne affamée nourrira les
jeunes taureaux qui suivront ses traces ; la
sage, les liens qui enchaînent nos cœurs et qui
les étreignent si tendrement, ne pourraient
;
louve, quoique poussée par la faim, allaitera
les tendres agneaux les taureaux iront cher-
cher les paturâges de Barca, et le saurien, sa
être rompus par celui qui a brisé les Alpes
malgré la dureté et la solidité de leurs rochers,
et qui a fait sentir sa violence jusque dans l'in-
nourriture dans les montagnes de l'Hyrcanie
le jour, interrompu dans sa course et effrayé
; térieur des murs des cités italiennes. Ondes de
l'Oxus, qui courez et bouillonnez dans les an-
par les festins de Thyeste, retournera en ar- fractuosités des monts Paropamises, allez, par
rière; les pluies du ciel formeront un nouveau votre large cours, séparer les monts Riphées
Nil; les daims erreront au milieu des airs, les des montagnes Aremphéennes, ainsi qne les
montagnes chanteront et les fleuves applaudi- villes Caspiennes et les demeures des Cimmé-
ront avant, ô maître chéri, que le souvenir de ! laquelle
riens Vastes plages habitées par les Méotes,
vos bienfaits s'efface de mon cœur ! C'est l'af- mer à Hellé a donné son nom, étendez-
!
fection qui nous lie, et c'est le goût de l'hon- vous au loin entre l'Europe et l'Asie Les forêts
nête qui en a fait le nœud. Oui, c'est ici que de Dodone ne séparent-elles pas aussi les Mo-
règne l'amitié dans toute sa beauté, après la losses pasteurs des frontières de Thalare, éga-
fuite de l'ennemi. Car ce n'est pas sur les vai- lement riches en pâturages, et les Arabes issus
nes richesses aussi fragiles que le verre, ce n'est d'une même souche? L'amitié et la paix n'ont
pas sur l'or,si rebelle à l'avidité et aux recherches pas toujours régné entre les habitants de Si-
;
des hommes, que nos âmes se sont rencontrées
et mises d'accord nous n'avons pas été unis
l'un à l'autre par la prospérité de la fortune
,
don et les descendants de Pélops, ni entre les
Phrygiens sacriléges quoiqu'une hospitalité
commune les eût toujours invités à la paix. Di-
qui divise les hommes lorsqu'elle devient mau
vaise, mais en lisant, en quelque sorte, dans
- rai-je la dissension qui règne entre ces frères
et les combats qu'ils se livrent, les coups portés
l'intérieur de notre âme, mais par les grandes par des pères, la furie des mères, l'orgueil des
choses que votre esprit a trouvées et que vous enfants? Dans les choses mêmes d'un ordre su-
avez publiées dans vos livres, et par la sainteté périeur, l'accord ne règne pas toujours. Autant
Sed labor interiora legens, vulgata libellis, Hospitio commune fuit. Quid denique fratrum
Atque animis inventa tuis, et nobile dogma Discidium pugnasque canam? quid honesta pa-
Indictum, contraque bonus responsa relatus. , [rentun
Et mea Calliope, quamvis te cominus altum Verbera, quid matrumfurias, natosque superbos?
Horreat, et vultus abscondat, inutile tractans : Est etiam superum concors discordia rerum,
Hoc tamem, hoc animi vinclum, nexusque fideles, Totque fluunt ritus, quot dat sententia leges.
Non qui montosis firmatas rupibus alpes Nectenetunus amor, non si miki murmura centum
Fregit, et ltalicas pressit cum mœnibus urbes, Det Boreas, totidemque animas, centumque per or.i
Rumperet, aut nostro terreret robore quidquam. Lingua rigens adamante fremat, memorare valebo
Ite procullatices tumidis amfractibus Oxi, Quæ sociata prius veterum natura locorum
Aut ab Aremphæis Rhiphæos aut oppida Caspii Distulit, et tereti limavit glarea mundo.
Cimmeriasque domos sejungere flumine largo
Motidumque plagæ, pontus quas obruit Helles,
: Sed nos prætereo, quod ab una exsurgimus urbe,
Quod domus una tulit, quod sanguine tangimur uno
Europæ atqueAsiæ longe discrimina tendant. Sæclorum,Christiana fides conuexuit, et quod
Nonne boum per utrumque latus armenta fatigans Nos iter immensum disterminat, et plaga ponti -
Finibus abscidit Thalari Dodona Molossos, Interfusa coercet, amor contemnit utrumque.
?
Cognatosque Arabas nec pacis fœdus amicum Gaudia. qui spernens oculorum, semper amico
Sidonios inter mansitregnumque Pelopum,
- Ahsenti fruitur; quoniam de corde profundo
Sacrilegosque Phryges, quamvis pro tempore cun- Pendet, et internæ rimatur pabula fibræ.
[ctis Interea venient quæcumque futura bonorum
de coutumes et de rites, autant d'avis et de lois cret, car je brûle de les lire. Exaucez mes vœux,
différentes, et le même amour ne lie pas toutes et, ainsi, la raison fera arriver jusqu'à moi la
choses. Non, quand bien même Borée me prê- vérité plus abondante que les flots de l'Éridan,
terait le souffle puissant de son haleine, quand et la contagion du monde n'arrivera pas jus-
bien même une langue aussi dure que le dia- que dans les champs où je suis retiré. »
mant pourrait frémir et s'agiter en moi par 4. Si vos vers n'étaient pas bien tournés, si
cent bouches, je ne saurais rapporter la quan- les règles de la quantité n'y étaient pas bien
tité de lieux que, dans les premiers âges, la observées, si, par des mesures inégales, ils
nature avait unis, et les changements qu'elle choquaient l'oreille des auditeurs, certaine-
a opérés sur l'enveloppe du globe. Quoique en- ment vous en auriez honte, et vous n'hésiteriez
fants de la même ville, sortis de la même mai- pas à les corriger, à les rétablir dans leur me-
son, unis par le sang et par la même foi chré- sure et leur cadence, mettant tous vos soins et
tienne, ne sommes-nous pas séparés par des tous vos efforts pour les rendre conformes aux
espaces immenses et par de vastes mers, qui !
règles de l'art. Eh bien lorsque votre vie se
semblent se jouer de notre tendresse mutuelle. passe dans le désordre, quand vous n'êtes plus
Mais celui qui dédaigne la joie que nous goû- d'accord avec les lois de votre Dieu, lorsque
tons par les yeux, peut néanmoins jouir d'un votre conduite ne répond plus aux vœux hon-
ami absent, parce qu'il est, en quelque sorte, nêtes de vos amis et à l'instruction que vous
suspendu au fond de notre cœur, et que son avez reçue, pensez-vous que ce soit là une
souvenir arrive jusqu'aux fibres les plus secrè- chose à laisser de côté et à négliger? Vous
tes de notre âme. Pendant ce temps, je recevrai croyez donc que le son de votre bouche est
de vous de nouveaux écrits remplis de salutai- plus utile pour vous que tout le reste, et qu'of-
res conseils, et qui ne cèdent en rien à la dou- fenser les oreilles du Seigneur par des mœurs
ceur des premiers, lorsqu'après les avoir long- désordonnées, soit chose plus légère que d'ex-
temps médités, vous les avez produits à la citer contre vous la colère des grammairiens
lumière comme un miel plus doux que le nec- « !
par des syllabes mal arrangées. Ah me dites-
tar. Ils vous rendront toujours présent pour vous, si
la prochaine aurore pouvait sur ses roues
moi. Si vous voulez me rendre heureux, en- m'apporter la joie, et ramener les jours an-
voyez-moi les livres dans lesquels se développe ciens que j'ai passés avec vous dans la liberté
cette douce musique dont votre âme a le se- des plus doux loisirs, en étudiant les lois de la
Scripta salutiferi sermonis, et illa priorum vilior, et incompositis moribus quod offendis
Æquiparanda favis, reputans quæ pectore in alto, aures Dei levius sit, quam si incompositis syl-
Conceptum in lucem vomuisti nectareum mel, labis tuis grammatica succenseret auctoritas. Scri-
Præsentem ipsa mihi te reddent, si mihi morem bis :
Gesseris, et libros quibus in te lenta recumbit O mihi transactos revocet si pristina soles
Musica tradideris, nam ferveo totus in illos. Lætificis aurora rotis, quos libera tecum
Annue, sic nobis verum ratione patescat, Otia tentantes, et candida jura bonorum
Sic plus Eridano fluat, et contagia mundi Duximus Italiæ medio, montesque per altos :
Nequidquam volitent nostri circum arva coloni. Non me dura galu prohiberent frigora cano,
4. Si versus tuus momentis inordinatis perversus Nec fera tempestas Zephyrum fremitusque Borini,
esset, si suis legibus non staret, si mensuris impa- Quin tua sollicito premerem vestigia passu.
ribus aures auditoris offenderet, puderet te certe, Hoc opus ut jubeas tantum.
nec differres nec desisteres donec ordinares, corri- Me miserum, si ego non jubeo, si non cogo atque
geres, statueres, æquares versum tuum, discendo impero, si non rogo, ac supplico. Sed si aures tuæ
adversus meas voces clausæ sunt, ori tuo pateant,
et agendo artem metricam acerrimo studio, et labore
quolibet : quid cum inordinatus ipse perverteris,
cum legibus Dei tui ipse non stas, neque in agenda
pateant carmini tuo; exaudi teipsum durissime,
immanissime, surditissime. Quo mihi linguam au-
vita honestis tuorum votis, et huic ipsi eruditioni ream et cor ferreum ? quibus ego non carminibus,
tuæ concinis, abjiciendum post tergum putas et sed lamentationibus sufficiam plangere carmina
negligendum ? quasi præsono linguæ tuæ sis tibi tua : in quibus video, quam animam, quod inge-
candeur et du bien, alors que nous étions en- vous à mon Dieu,qui estle Dieu de nous tous, à
semble au milieu de l'Italie et que nous par- ce Dieu à qui vous êtes redevable de votre gé-
courions les plus hautes montagnes, ni la ri- nie. Car pour moi, que suis-je, si ce n'est votre
gueur de la glace et des froids, ni les tempêtes serviteur en lui, pour le servir avec vous.
soulevées par les combats que se livrent les 5. Mais ne vous donne-t-il pas des ordres lui-
?
zéphirs, ni les frémissements de Borée ne sau-
raient m'empêcher de suivre avec empresse-
même
:
Ecoutez l'Evangile : « Jésus se tenait
debout, et s'écriait Venez à moi vous tous qui
pliez sous le poids des afflictions et des peines,
ment la trace de vos pas. Ordonnez seule-
ment. » Malheur donc à moi si je n'ordonne et je vous soulagerai, Prenez mon joug survous,
pas, si je ne force pas, si je balance à comman- et apprenez de moi que je suis doux et hum-
!
der, à prier, à supplier Si vos oreilles sont
fermées à mes paroles, qu'elles s'ouvrent du
ble de cœur, et vous trouverez le repos de vos
âmes (Matth., XI, 28). » Si ces paroles ne sont
moins à celles qui sortent de votre bouche. pas entendues de vous, ou ne pénètrent pas
Prêtez l'oreille à vos propres vers. Ecoutez-vous dans votre cœur, quels ordres, Licentius, pou-
vous-même, cœur dur, cruel et fermé à la vez-vous attendre d'Augustin, que n'est comme
!
vérité A quoi sert une langue d'or avec un vous qu'un serviteur. Ne doit-il pas plutôt gé-
mir de voir sans résultat ceux que vous donne
cœur de fer? Ce ne sont pas des chants, mais
des lamentations que m'inspirent vos vers, qui Dieu lui-même. Que dis-je, des ordres?C'est
!
me font voir, hélas quelle est cette âme, quel une invitation, c'est une prière qu'il fait, pour
que ceux qui sont dans l'affliction viennent se
est ce génie que je ne puis saisir pour en faire
refaire et se soulager en lui. Peut-être, à un
un sacrifice à notre Dieu. Vous attendez que
je vous ordonne d'être bon, d'être calme et cœur indocile et fier comme le vôtre, le joug
heureux, comme si ce ne serait pas pour moi du monde paraît-il plus doux que celui du
le plus agréable des jours, quecelui où je pour- ?
Christ Et quand bien même ce serait vraiment
rais jouir de votre génie en Notre Seigneur, ou un joug, que le Christ nous forcerait à porter ;
comme si vous ne saviez pas avec quelle ardeur
et quelle avidité je vous souhaite près de moi, quelle récompense il nous promet !
voyez quel est celui qui nous forcerait, voyez
Allez en
Campanie. Apprenez de Paulin, ce saint et il-
ou comme si vous n'en faisiez pas vous-même
!
l'aveu dans vos vers Reportez votre esprit au lustre serviteur de Dieu, quelle grandeur et
moi maintenant : :
moment où vous m'avez écrit ces vers, et dites-
« Vous n'avez qu'à ordon-
ner. » Voici mes ordres Donnez-vous à moi,
quel faste il a rejetés loin de lui, sans la moin-
dre hésitation, pour se mettre sous le joug de
Jésus-Christ, avec d'autant plus de courage et
:
s'il suffit seulement de vous le dire donnez- de générosité, que son humilité a été plus pro-
nium non mihi liceat apprehendere, et immolare quia mitis sum et humilis corde, et invenietis re-
?
nostro Exspectas ut ego jubeam, sis bonus, sis quiem animabus vestris. Jugum enim meum lene
quietus, sis beatus; quasi quidquam mihi dierum est, et sarcina mea levis est. » Sihæcnon audiun-
gratius illucescat, quam ut ingenio tuo fruar in tur,aut usque ad aures audiuntur,exspectasne
Domino, aut vere tu nescias quam te esuriam et Licenti, ut Augustinus jubeatconservo suo, et non
:
sitiam, aut non hoc ipso id carmine fatearis. Revoca
animum quo ista scripsisti, nunc mihi die « Hoc
opus ut jubeas tantum. Ecce jussum meum, da
plangat potius frustra jubere Dominum suum;
immo non jubere, sed invitare et rogare quodam-
modo, ut qui laborant, reficiantur, ab eo? Sed vi-
mihi te, si hoc opus est tantum : da Domino meo
te,qui omnium nostrum dominus est, qui tibi illud
donavit ingenium. Nam ego quid sum, nisi servus
:
delicet fortissimo et præsidenti collo, jugum mundi
jugo Christi est jocundius qui si laborare nos co-
geret, vide quis cogeret, quamercede cogeret. Vade
tuus per ipsum, et conservus sub ipso?
:
5. An ipse non jubet ? audi Evangelium « Stabat
(inquit) Jesus, et clamabat : Venite ad me omnes
in Campaniam, disce Paulinum egregium et san-
ctum Dei servum, quam granJem fastum sæculi
hujus, tanto generosiore, quanto humiliorecervice
qui laboratis et onerati estis, et ego vos reficiam.
Tollitejugum meum super vos, et discite me, a :
incunctanter excusserit, ut eam subderet Christi
ugo, sicut subdidit et nunc illo moderatore itine-
fonde et plus instantanée. Maintenant, rendu à tuel, et vous le consacrez aux passions, et vous
la paix par celui qui avait guidé ses pas, il vous présentez ainsi vous-même, comme une
jouit modestement de son obéissance. Allez et
apprenez quelle richesse d'esprit il offre à Dieu
!
proie à l'avidité de Satan Ne le faites pas, je
vous en conj ure. Puissiez-vous sentir combien
comme un sacrifice de louange, rapportant à je suis malheureux et combien je souffre dans
lui seul tout ce qu'il en a reçu de bon, dans la mon cœur de vous écrire toutes ces choses.
crainte de tout perdre s'il ne rendait pas tout à Ayez du moins compassion de moi si vous n'a-
celui qui lui a tout donné. vez plus à cœur vos propres intérêts.
6. Pourquoi ces agitations, pourquoi ces in-
certitudes; pourquoi prêter l'oreille au mur- LETTRE XXVII (1)
cela de la patience;
mon âme en fût troublé, on pourrait appeler
mais, comme je ne puis
souffrir sans trouble d'être privé de votre vue,
sainte gravité qui vous élève au-dessus de tous,
et ne dites pas que j'ai tort de m'affliger de ne
pas connaître encore votre visage, puisque vous
mon état n'a rien de commun avec la patience.
m'avez laissé voir votre esprit, c'est-à-dire l'in-
Qui pourrait, du reste, se résigner à vivre loin térieur de vous-même. Quoi donc si j'avais ap-
?
d'un homme comme vous Il est donc bon que pris, que vous, mon frère, mon ami, vous qui
cette privation me soit insupportable, car si je êtes si grand dans le Seigneur, fussiez quelque
la supportais patiemment, je serais moi-même part, ou quelle cité vous habitiez sur la terre,
insupportable. Ce que j'éprouve peut vous sur- croyez-vous que je n'éprouveraispas une grande
prendre, mais pourtant il en est, comme je dis : douleur si je ne pouvais pas connaître votre
Oui, la privation de vous voir me cause une maison? Comment donc ne serais-je pas dou-
grande douleur, et ma seule consolation est de
céder à ma douleur.Je n'aime pas,en effet,cette
force de caractère, qui ferait supporter trop
;
loureusement affecté de n'avoir pas encore vu
votre visage où vient se refléter votre âme que
je connais comme la mienne.
aisément l'éloignement d'un homme aussi ex- 2. Car j'ai lu votre lettre où coulent pour
cellent. L'un et l'autre nous désirons la Jéru- ainsi dire le lait et le miel et qui porte le cachet
salem future, et plus est grande l'impatience de cette simplicité de cœur avec laquelle vous
avec laquelle nous la désirons, plus nous nous cherchez le Seigneur, et qui exprime si bien le
résignons à souffrir tout pour elle. Qui pour- sentiment que vous avez de sa bonté. Tout ce
rait donc ne pas se réjouir de vous voir, et ne que contient cette lettre concourt à rendre à
pas être douloureusement affecté quand il n'a Dieu la gloire et les honneurs qui lui sont dus.
point ce bonheur? Pour moi, je ne puis ni l'un Mes frères l'ont également lue, et éprouvent
ni l'autre, et si je le pouvais, il y aurait de la une joie aussi durable qu'ineffable, en voyant
dureté de ma part. Je me réjouis donc de ne l'abondance et la grandeur des dons que Dieu
pas le pouvoir, et j'éprouve en cela quelque vous a faits, et qui sont devenus votre bien.
consolation. Ce qui adoucit et console un peu Tous ceux qui l'ont déjà lue me l'enlèvent en-
ma peine, ce n'est pas la cessation de ma dou- core, parce qu'elle les enlève eux-mêmes toutes
leur, mais la conscience même de cette dou- les fois qu'ils la lisent. Il est impossible de dire
temperat an vero tolerat? Cur ergo me excruciat itaque me non sedatus, sed consideratus consolatur
desiderium tui apud ipsam intus animam ? Nam si dolor. Ne reprehendas, quæso sanctiore gravitate
molestias corporis paterer, et si non perturbarent qua prævales, et dicas non recte me dolere, quod
æquitatem animi mei, recte illas tolerare dicerer adhuc te non noverim, cum animum mihi tuum,
cum autem non æquo animo fero, quod te non hoc est teipsum interiorem adspiciendum patefe-
video, intolerabile est istam appellare tolerantiam. ceris. Quid enim si uspiam te vel in terrena tua
Sed quando tu talis es, esse sine te fortasse into- civitate didicissem fratrem et dilectorem meum, et
levabilius toleraretur. Bene est ergo, quia æquo tantum in Domino ac talem virum, nullumme do-
animo ferre non possum, quod si æquo animo fer- lorem sensurum fuisse arbitrareris, si non sinerer
sed tamen verum, quod mihi accidit :
ritin, æquo animo ferendus non essem. Mirum est,
doleo quod
te non video, et me ipse consolatur dolor. Ita mihi
nossedomumtuam?Quomodo ergo non doleam,
quod nondum faciem tuam novi, hoc est domum
animæ tuæ, quam sicut meam novi?
displicet fortitudo, qua patienler fertur absentia 2. Legi enim litteras tuas fluentes lac et mel,
bonorum, sicuties. Nam et Jerusalem futuram de- præferentes simplicitatem cordis tui, in qua quæris
sideramus utique, et quanto impatientius deside- Dominum sentiens de illo in bonitate, et afferentes
ramus ipsam, tanto patientius sustinemus omnia ei claritatem et honorem. Legeruntfratres, et gau-
propter ipsam. Quis igitur potest non gaudere te dent infatigabiliter et ineffabiliter, tam uberibus
viso, ut possit quamdiu te non videt, non dolere? et tam excellentibus donis Dei, bonis tuis. Quot-
Ergo neutrum possum, et qllonialT. si possem, im- quot eas legerunt, rapiunt, quia rapiuntur cum
maniter possem, non posse delector, atque in eo legunt. Quam suavis odor Cbristi, et quam fragrat
quod delector nonnullum solatium est. Dolentem ex eis, dici non potest. Illæ litteræcum te offerunt
quelle suave odeur du Christ s'en exhale. Plus par le mépris qu'on en fait, et le monde qui
elle vous découvre à nous, plus elle excite en devient l'héritage de ceux qui l'ont délaissé :
nous l'envie de vous chercher. Elle vous fait enfin les fils de Babylone, petits ou grands,
d'autant plus désirer, qu'elle vous fait mieux c'est-à-dire les vices de ce siècle orgueilleux et
connaître, et nous fait d'autant plus regretter troublé y sont tous brisés contre la pierre.
votre absence qu'elle vous rend plus présent 3. Voilà les saints et suaves spectacles que
aux yeux de notre esprit. Tous vous aiment votre lettre présente aux yeux de ceux qui la
dans cette lettre et désirent d'être aimés de lisent; lettre de foi sincère, lettre de bonne es-
vous. Nous louons, nous bénissons le Seigneur, pérance, lettre de pure charité. Comme elle
dont le grâce vous a fait tel que vous êtes. respire la soif, le désir et les saintes langueurs,
Dans cette lettre, vous paraissez, comme les
apôtres, réveiller le Christ, afin qu'il daigne
apaiser les vents et la mer et vous procurer le
!
que votre âme éprouve pour arriver au sanc-
tuaire de Notre Seigneur Quelle flamme du
saint amour, quel trésor de charité et quelle
calme que vous ne cherchez qu'en lui. On y sincérité de cœur elle nous fait découvrir en
voit une femme qui ne conduit pas son époux vous! Comme elle estpleine de reconnaissance
à la mollesse, mais retrouve elle-même force et envers Dieu, et combien elle est digne d'obte-
fermeté près de celui dont les os ont été le !
nir de lui de nouvelles grâces Est-ce la dou-
principe de son être. Comme elle ne forme ceur ou l'ardeur, est-ce l'onction ou la lumière
plus qu'un avec vous, et qu'elle vous est unie que l'on doitle plus admirer dans cette lettre?
par des liens d'autant plus solides et plus spi-
rituels, qu'ils sont plus chastes et plus purs,
nous la saluons de nouveau en vous, pour nous
En effet, elle répand autant de douceur dans
notre âme qu'elle y allume d'ardeur elle y
laisse tomber autant de rosée céleste qu'elle y
;
acquitter des devoirs que nous devons à votre jette de clarté et de sérénité. Comment puis-je
sainteté. On y voit aussi les cèdres du Liban vous en témoigner toute ma reconnaissance, si
abattus et couchés sur la terre, devenus une ce n'est en me donnant tout entier à vous, en
arche dont la charité a rassemblé les parties, celui auquel vous vous êtes donné tout entier
fendre sans crainte la corruption, les flots ora- vous-même? Peut-être est-ce peu de chose, mais
geux de ce monde. On y voit la gloire acquise je n'ai rien de plus à vous offrir, comment
(a) Sic XXI. MSS. At vulgati habent, ad stabibitatem suam dignetur. Ibi conjunæ excitatur, non dux etc.
(b) In prius editis, uno ore salutamus. In MS. uno Vaticano, una mente resalutanus. At in aliis Vaticanis [tribus, etin
quindecim Gallicanis exhibetur lectio, quam eligimus.
croire cependant que ce soit peu de chose, lors- rite de celui qui vous l'a envoyé vous a rendu
que dans votre lettre vous avez daigné me plus agréable encore. Je désire cependant que
combler de tant de louanges. Ainsi, traiter de vous n'ajoutiez pas une foi entière à l'éloge
peu de chose ce que je vous donne, en me don- que cet ami vous fera peut-être de moi; car je
nant à vous, ce serait dire que je ne vous crois me suis déjà souvent aperçu que non pas la
pas. J'ai honte de tout le bien que vous pensez volonté de mentir, mais l'entraînement de son
de moi, mais je regretterais bien plus encore amitié pour moi rendait ses jugements erronés,
de ne pas vous croire. Voilà ce qui me reste à et lui faisait croire que j'avais déjà reçu les
faire. Je ne me croirai pas tel que vous le pen- dons qui sont encore l'objet des souhaits les
saz, parce que je ne suis pas tel en effet, mais plus ardents de mon cœur et de mes prières à
je croirai que vous m'aimez, parce que je le Dieu. S'il a déjà parlé ainsi en ma présence,
sens et je le vois clairement. Ainsi je ne serai que ne dira.-t-il pas en mon absence, en écou-
ni téméraire envers moi, ni ingrat envers vous. tant son affection pour moi plutôt que la vé-
En m'offrant tout entier à vous ce n'est pas peu rité? Il pourra satisfaire vos désirs en vous
:
de chose, puisque je vous offre celui que vous
aimez si vivement puisque je vous offre, sinon
celui que vousjugez si bon, du moins celui qui
communiquant tous mes livres, car je crois
qu'il a entre les mains tous les ouvrages que
j'ai écrits, soit contre ceux qui sont hors de
vous demande de prier Dieu pour qu'il mérite l'Eglise de Dieu, soit pour l'édification de nos
de le devenir. Je vous conjure de le faire, de frères. Mais vous, mon cher et saint Paulin,
peur que vous mettiez moins d'ardeur pour lorsque vous les lirez, ne vous laissez pas ravir
demander à Dieu ce qui me manque encore, en par les choses que la vérité dit par ma faible
pensant que je suis déjà ce que je ne suis pas. bouche, de manière à prêter moins d'attention
4. Celui (1) qui portera cette lettre à votre à ce que je dis moi-même, car je crains qu'en
excellence et à votre éminente charité, est le écoutant ainsi avec trop d'ardeur ce que la voix
plus cher de mes amis, auquel je suis très-atta. de la vérité a inspiré de bon et de juste à son
ché depuis ma jeunesse. Son nom est dans le ministre, vous ne pensiez plus à prier Dieu
livre de la Religion, que votre sainteté a lu pour les péchés et les fautes que je commets.
avec plaisir, comme vous me le dites dans votre Dans les choses qui pourront justement vous
;
lettre livre que la recommandation et le mé- déplaire, si vous y prêtez une sérieuse atten-
(1) C'est ce Romanien dont saint Augustin fait l'éloge dans son livre de la Véritable religion,ch. VII, n" 12.
convincar. Pudet me quidem tantum boni de me Neque tamen huic tam familari amico meo veliin.
credere, sed plus piget tibi non credere. Est quod credas,quæ de me forte laudans dixerit. Sensi enim
faciam : non me credam talem qualem putas, quo- etiam ipsum sæpe non mentiendi studio, sed
niam non agnosco; et credam me abs te diligi, amandi propensione falli judicantem, et arbitrari
quoniam sentio et plane percipio : ita nec in me jam me accepisse quædam, quibus accipiendis a
temerarius,nec in te ingratus exstitero. Et cum me Domino patente ore cordis inhiarem. Et si hoc in
:
tibi totum offero, parum non est offero enim
quem vehementissime diligis : et offero, si non
os meum, quis non conjiciat quanta de me absente
meliora quam veriora lætus effundat Librorum ?
qualem me esse arbitraris, cum tamen pro quo, autem nostrorum copiam faciet veuerabili studio
ut talis esse merear, deprecaris. Hoc enim magis tuo ! nam nescio me aliquid, sive ad eorum qui
jam peto facias, ne minus optes mihi adjici ad extra Ecclesiam Dei sunt, sive ad aures fratrum
jd quod sum, dum me existimas jam esse quod non scripsisse, quod ipse non habeat. Sed tu cum legis
sum. mi sancte Pauline, non te ita rapiant, quæ per
4. Ecce carissimus meus est, et ab ineunte ado-
lescentia mihi familiariter amicissimus, qui hanc
eximielati tuae ac praestantissimae caritati epistolam
nostram infirmitatem veritas loquitur, ut ea quæ
ipse loquor minus diligenter advertas
avidus hauris bona et recta, quæ data ministro,
:
ne dum
ipse com-
apportat. Hujus nomen est in libro De Religione, non ores pro peccatis et erratis, quas adverteris,
quem tua sanctitas (quantum litteris indicas) liben- mitto. In his enim, quæ tibi recte, si
tissime legit, factus est enim tibi etiam tanti viri, displicebunt, ego ipse conspicior : in his autem,
qui tibi eum misit, commendatione jocuudior. quae per donum Spiritus,
quod accepisti, recte tibi
tion, c'est moi-même que vous verrez; mais 5. Une chose vous fera encore aimer davan-
dans celles quipourrontvous plaire par le don tage le frère qui vous remettra cette lettre. Il
du Saint-Esprit qui est en vous, il faut aimer est parent du vénérable et bienheureux évêque
- et louer celui-là seul qui est la
source de la vie, Alype que vous aimez, et cela, avec raison, de
celui dans la lumière duquel nous verrons la tout votre cœur. Car penser avec bienveillance
lumière sans voile, face à face car pré-;
sentement nous la voyons seulement en énigme
de cet homme, c'est reporter sa pensée sur la
grande miséricorde et les bienfaits admirables
Ainsi, lorsqu'on relisant mes écrits j'y recon- de Dieu lui-même. En lisant dans votre lettre
;
nais ce qui tient encore à mon vieux levain, je
me juge avec douleur mais quand j'y trouve
ce que par la grâce de Dieu, j'ai dit ettiré de
le passage où vous exprimez le désir qu'il vous
écrive son histoire, son affection pour vous le
portait à répondre à votre souhait, mais sa
l'azyme de la sincérité et de la vérité, je m'en modestie l'en empêchait. Le voyant ainsi ba-
réjouis dans le Seigneur, mais en tremblant.
Qu'avons-nous, en effet, qui ne nous ait été
donné? Celui que Dieu a enrichi en abondance
;
lancer entre ces deux sentiments, j'ai chargé
mes épaules de son fardeau il m'en avait d'ail-
leurs prié par une lettre. Ainsi bientôt, si
de ses dons, vaut mieux que celui qui n'en a Dieu me vient en aide, je vous mettrai à même
reçu qu'un petit nombre. Qui peut le d'aimer Alype de tout votre cœur (1).
I
nier? Mais d'un autre côté, il vaut bien Je craignais surtout qu'Alype n'osât vous
mieux rendre grâces à Dieu du petit nom- découvrir toutes les grâces que Dieu a mises
bre de dons qu'il nous a faits, que de s'at- ;
en lui car sa lettre, qui certainement n'aurait
tribuer à soi-même la gloire de ceux qu'il pas été lue par vous seul, aurait pu faire croire
nous a donnés en abondance. Priez pour à des esprits peu intelligents que son intention
moi, frère, pour que j'aitoujours les mêmes était plutôt de se vanter lui-même, que de
sentiments, et que ma bouche soit d'accord rendre hommage aux grâces divines accordées
avec mon cœur. Priez, je vous en conjure, aux hommes. En ménageant ainsi le peu de
pour que, dans leslouanges qui me sont données pénétration des autres, il ne se serait pas fait
malgré moi, je loue et j'invoque le Seigneur. connaître à vous, qui pourtant savez si bien
Je serai ainsi délivré de mes ennemis. saisir le vrai sens des choses. J'aurais déjà sa-
(1)La lettre où saint Augustin donnait à saint Paulin les détails qu'il lui avait promis sur la vie d'Alype, n'est pas
arrivée jusqu'à nous.
placent in libris meis, ille amandus, ille prædican- episcopi Alypii, quem toto pectore amplecteris, et
dus est, apud quem est fons vitae, et in cujus merito : nam quisquis de illo vero benigne cogitat,
lumine videbimus lumen, sine Benigmate, sed facie de magna Dei misericordia, et de mirabilibus Dei
ad faciem; nunc autem in senigmate videmns. In muneribus cogitat. Itaque cum legisset petitionem
his ergo, quae ipse de veteri fermento eructuavi, tuam, qua desiderarete indicasti, ut historiam suam
- cum ea
legens agnosco, me judico cum dolore : in tibi scribat, et volebat facere propter benevolen-
his vero quæ de azymo sinceritatis et veritatis tiam tuam, et nolebai propter verecundiam suam
quem cumviderem inter amorem pudoremque flu-
habemus, quod non accepimus ?
dono Dei dixi, exsulto cum tremcre. Quid enim
At enim melior ctuantem, onus ab illo in humeros meos transtuli :
est qui majoribus et pluribus, quam qui minoribus nam hoc mihî etiam per epistolam jussit. Cito ergo,
:
et paucioribus donis Dei dives est quis negat ?
Sed rursus melius est, vel de parvo Dei dono gra-
si Dominus adjuverit, totum Alypium inseram præ-
:
cordiis tuis nam hoc sum ego maxime veritus, ne
tias ipsi agere, quam sibi agi velle de magno. ille vereretur aperire omnia, quæ in eum Dominus -
Hæc ut ex animo semper confitear, meumque cor contulit, ne alicui minus intelligenti (non enim abs
a lingua mea non dissonet, ora pro me frater. te solo illa legerentur) non divina numera concessa I
Ora obsecro, ut non laudari volens, sed laudans hominibus, sed ipsum prædicare viderertur, et tu,
invocem Dominum, et ab inimicis meis salvus qui nosti quomodo hæc legas, propter aliorum ca-
ero. vendam infirmitatem. fraternæ notitiæ debito frau-
5. Est etiam aliud, quo istum fratrem amplius dareris, quod jam fecissem, jamque illum legeres, j
diligas: nam est cognatus venerabilis, et vere beati nisi profectio fratris improvisa repente placuisset.
tisfait à votre désir concernant Alype, et déjà leuse expérience. Votre charité pourra voir,
vous le connaîtriez sans le départ précipité du d'après les vers qu'il m'a adressés et d'après la
frère qui vous portera cette lettre. Je le recom- lettre (2) que je lui ai écrite, ce qui m'afflige,
mande à votre cœur et à la bienveillance de ce que je crains et ce que je désire à son sujet.
votre parole. Daignez l'accueillir comme si J'espère que Dieu viendra à mon aide et me
vous le connaissiez, non pas depuis un jour, délivrera par vous, son ministre, des craintes
mais depuis longtemps, ainsi que je le connais et des inquiétudes qui m'assiègent. Comme
moi-même. En effet, s'il ne craint pas de se vous devez lire beaucoup de mes écrits, votre
montrer tout entier à votre cœur, la douceur amitié me sera plus douce encore si vous dai-
de votre langage le guérira sinon entièrement, gnez corriger et reprendre, avec une charitable
du moins en grande partie, de ses maux. Mon sévérité, tout ce qui vous y aura déplu, car
plus vif désir est de le voir se rendre aux pa- vous n'êtes pas celui que je craindrais de voir
roles et aux instances de ceux qui aiment sin- répandre une huile perfide sur ma tète(Ps.,
cèrement et non selon le siècle. CXL, 6). Non-seulement tous les frères qui sont
6. Si ce frère n'était pas allé vers vous, avec moi, et ceux qui, quelque lieu qu'ils ha-
j'avais résolu de vous écrire pour vous recom- bitent, servent Notre Seigneur, mais encore
mander son fils (1) qui est aussi le mien, et presque tous ceux qui nous connaissent en
dont le nom se trouve dans quelques-uns de Jésus-Christ, saluent, vénèrent, embrassent
mes livres. J'aurais voulu le mettre sous votre votre fraternité, votre sainteté, votre bonté.
main, pour quel'exemple de votre force et de Je n'ose pas vous le demander, mais si les
votre fermeté, plutôt que votre parole, lui don- fonctions ecclésiastiques vous laissent quelque
nât la consolation, les conseils et l'instruction loisir, vous voyez quelle est la soif dont toute
dont il a besoin. Car je désire ardemment que l'Afrique est altérée comme moi.
dans son âge encore tendre, l'ivraie qui germe
en lui se change en froment, et qu'il s'en rap-
porte aux avis de ceux qui ont couru des dan-
gers, plutôt que d'en faire lui-même la péril-
(1) Il s'agit de Licentius dont le nom figure dans les livres contre les Académiciens.
(2) Voyez la lettre précédente 26e.
Quem sic commendo cordi et linguae tuæ, ut ita illodoleam, quidtimeam,quidcupiam. Necdespero
comiter ei te præbeas, quasi non nunc illum, sed affuturum Dominum, ut per te ministrum ejus
mecum ante didiceris. Si enim cordi tuo non dubi- tantis curarum æstibus liberer. Sane quia multa
taverit aperire seipsum, aut ex omni, aut ex magna scripta nostra lecturus es, multo erit mihi gratior
parte sanabitur per linguam tuam. Volo enim eum dilectio tua, si ex his quæ tibi displicuerint, emen-
numerosius contundi eorum vocibus, qui amicum daveris me justus in misericordia, et argueris me.
non saeculariter diligunt. Non enim talis es, cujus oleo timeam impinguari
6. Filium autem ejusfiliumnostrum, cujusetiam caput meum. Fratres non solum qui nobiscum ha-
nomeninaliquibusnostris libris invenies etsi ad:
tuae caritatis præsentiam ipse non pergeret, statue-
bitant, et qui ubilibet habítantes Deo pariter ser-
viunt, sed prope omnes qui nos in Christo libenter
ram litteris in manum tuam tradere, consolandum, noverunt salutant, venerantur, desiderant germa-
exhortandum, instruendum, non tam oris sono, nitatem, beatitudinem, humanitatem tuam. Non
quam exemplo roboris tui. Ardeo quippe, ut dum audeo petere, sed si tibi ab ecclesiasticis muneri-
adhuc ætas ejus in viridi fœno est, zizania conver- bus vacat (a), vides quid mecum sitiat Africa.
tat in frugem, et credat expertis quod experiri pe-
riculose desiderat. Nunc ergo ex ejus carmine, et
ex epistola, quam ad eum misi, intelligit benevo-
lentissima et mansuetissima prudentia tua, quid de
(a) Editi, venias et videas quid mecum sentiat Africa. At MSS. habent his verbis, venias etc., habenLque, vides quid etc.
in
ac demum ex iis tres. quid mecum sitiat, quo verbo pulore alludit Augustinus ad siccitatem Africæ, ut facit rursum
epist. XXXI, et XLII.
présence de votre corps. Mais, d'après ce que le
LETTRE XXVIII (1) frère Alype, déjà digne alors de l'épiscopat, et
aujourd'hui vénérable évêque, m'a dit à son
retour, après vous avoir vu, je puis dire qu'en
Saint Ai4gustin écrit à saint Jérôme au sujet de grande partie l'image de votre personne est
la traduction de l'Ancien Testament, que ce imprimée dans mon esprit. Pendant qu'il vous
;
dernier avait faite, quoiqu'on eùt déjà celle des voyait, je vous voyais aussi, mais par ses yeux.
Septante ilparle de la réprimandequesaint Car celui qui nous connaît, sait que si nous
Paul fit à saint Pierre comme il est rapporté sommes deux par le corps, notre union, notre
au chap. II de VÈpitre aux Galates, et de- affection mutuelle, bien qu'il l'emporte sur moi
mande quelques explications au sujet du men- par ses mérites, font que nous ne formons
songe offcieux que saint Jérôme semblejustifier qu'un seul et même esprit. Comme vous m'ai-
à cette occasion. mez déjà par la communion spirituelle qui
nous unit vous et moi, et aussi d'après ce qu'a
AUGUSTIN A JÉRÔME, SON TRÈS-CHER SEIGNEUR, je
pu vous dire Alype, ne crois pas agir témérai-
SON FRÈRE QU'IL EMBRASSE AVEC LA PLUS rement comme un étranger en recommandant à
SINCÈRE CHARITÉ, ET SON COLLÈGUE DANS LE votre charité notre frère Profuturus (2), qui,je
SACERDOCE. l'espère, par mes soins et votre aide, tiendraun
jour ce que son nom promet. Mais, peut-être
CHAPITRE I.— 1. On ne connaît pas si bien est-il déjà tel, qu'il lui conviendrait mieux de
ceux dont on voit tous les jours le visage, que me recommander à vous, qu'à moi de vous le
je connais l'application si calme, si douce et si recommander. Je ne vous écrirais pas plus
;
--
noble de vos études dans le Seigneur. Aussi, longuement, si je voulais me contenter devous
pour remplir l'ardent désir que j'ai de vous envoyer une lettre ordinaire mais j'ai dans
connaître entièrement, il ne me manque mon esprit mille choses à vous dire et à vous
qu'une bien faible partie de vous-même, la communiquer sur les études que nous faisons
(1) Ecrite l'an 394 ou 395. — Cette lettre était la 8e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle
quiétaitla28°setrouve maintenant la 166e.
(2) Profuturus avait été élevé dans le monastère de saint Augustin, qui avait pour lui une amitié et une confiance
sans bornes, comme on peut le voir dans la lettre 38e écrite lorsqu'il se disposait à partir pour se rendre près de saint Jérôme.
Il fut élu évêque de Cirte, et mourut peu de temps après, comme l'indique saint Augustin dans sa lettre 71e. C'est
pourquoi cette lettre, et c'était, la première que saint Augustin, encore simple prêtre, écrivait à saint Jérôme, ne par-
vint pas à ce dernier à l'époque où elle fut écrite. Profuturus paraît être celui dont on trouve l'éloge, comme évêque
de Cirte, dans le livre De unico baptismo, (sur un seul baptême) contre Petil. ch. x. C'est àlui également qu'estadressée
la lettre 38. Saint Paulin, dans sa lettre 32e, fait mention du même Profuturus. Enfin Evode, évêque d'Usale, qui avait
été nourri avec Profuturus dans le même monastère, rapporte, dans la lettre 158 n. 9, qu'il lui était apparu en songe
après sa mort, et qu'il lui avait prédit quelque chose qui s'était réalisé.
tuæ fratrem Profuturum, quem nostris conatibus pareat. Satis autem nequeo mirari, si aliquid ad-
deinde adjutorio tuo vere profuturum speramus; huc in Hebrseis exemplaribus invenitur, quod tot
nisi forte quod talis est, ut ipse tibi per eum fiam interpretes illius linguæ peritissimos fugerit. Omitto
commendatior, quam ille per me. Hactenus fortasse enim Septuaginta, de quorum vel consilii vel spiri-
scribere debuerim, si esse vellem epistolarum sol- tus majore concordia, quam si unus homo esset, non
lemnium more contentus: sed scatet animus in lo- audeo in aliquam partem certam ferre sententiam,
:
quelas communicandastecum de studiis nostris, quæ
habemus in Christo Jesu Domino nostro qui nobis
multas utilitates et viatica quædam demonstrati a
nisi quod eis praeeminentem auctoritatem in hoc
munere sine controversia tribuendam existimo. Illi
me plus movent, qui cum posteriores interpreta-
ter ministrare diguatur.
se itineris, etiam per tuam caritatem non mediocri-
:
4. Si l'apôtre saint Paul mentait quand il
reprenait saint Pierre, en lui disant « Si tout
Juif que vous êtes, vous vivez à la manière
lement! Nous serons convaincus nous-mêmes
d'être faux témoins à l'égard de Dieu, comme
ayant rendu ce témoignage contre Dieu, en
des Gentils et non à celle des Juifs, pourquoi disant qu'il a ressuscité le Christ qu'il n'a pas
obligez-vous les Gentils à judaïser?(Galat., ressuscité (Corinth., xv, 14).» Si un homme
II, 14). » Si, tout en disant et en écrivant le avait dit à saint Paul; pourquoi ce men-
contraire, il eût trouvé bon que saint Pierre songe vous inspire-t-il tant d'horreur, puisqne
agît ainsi pour calmer les esprits, que répon- ce que vous avez dit, quoique faux, tend à la
drons-nous, lorsque ces hommes pervers, pré- gloire de Dieu? N'aurait-il pas détesté la folie
dits par l'apôtre, se lèveront pour attaquer le d'un pareillangage? N'aurait-il pas, par toutes
latione revocatur. Ibi patrocinium mendacii sus- recte illi videbatur Petrus fecisse., quem non recte
ceptum esse vel abs te tali viro, vel a quopiam, si fecisse et dixit et scripsit, ut quasi animos tumul-
alius illa scripsit fateor, non mediocriter doleo, do- tuantium deliniret: quid respondebimus, cum ex-
nee refellantur (si forte refelli possunt) ea quæ me surrexerint perversi homines, prohibentes nuptias,
movent. Mihi enim videtur exitiosissime credi, ali- quos futuros ipse praenuntiavit, et dixerint totum
quod in libris sanctis haberi mendaeium; id est eos illud, quod idem Apostolus de matrimoniorumjure
mentitos. Alia quippe quæstio est, sitne aliquando tuari poterant, fuisse mentitum :
homines, per quos nobis illa Scriptura ministrata firmaado locutus est (I Tim., IV, 3. J Cor., VII, 10),
est atque conscripta, aliquid in libris suis fuisse propter homines, qui dilectione conjugum tumul-
scilicet non quod
mentiri viri boni: et alia quaestio est, utrum scrip- hoc sepserit, sed ut illorum placaretur adversitas?
torem sanctarum Scripturarum mentiri oportuerit : non opus est multa commemordre. Possuut enim
immo vero non alia, sed nulla quaestio est. videri etiam de laudibus Dei esse officiosa menda-
Admisso enim semel in tantum auctoritatis fas- cia, ut apud homines pigriores dilectio ejus ardes-
:
tigium officioso aliquo mendacio, nulla illorum cat atque ita nusquam certa erit in libris sanctis
librorum particula remanebit, quæ non ut cui- castae veritatis auctoritas. Nonne adtendimus, eum-
que videbitur vel ad mores difflcilis vel ad fi- dem Apostolum cum ingenti cura commendandae
:
dem incredibilis, eadem perniciosissima regula ad veritatis dicere: « Si autem Christus non resurre-
mentientis auctoris consilium officiumque refera- xit, inanis est praedicatio nostra inanis est et fides
tur. vestra. Invenimur autem et falsi testes Dei: quia
4. Si enim mentiebatur apostolus Paulus cum testimonium diximus adversus Deum, quod susci-
apostulum Petrum objurgans diceret: « Si tu cum tavit Christum, quem non suscitavit (I Cor., XV, 14)?»
sis Judaeus, gentiliter et non Judaice vivis, quemad- Si quis huic diceret; quid in hoc mendacio per-
modum gentes cogis Judaizare (Gal., II, 14)? » Et horrescis, cum id dixeris, quod etiamsi salsum sit,
les paroles et les signes possibles, mis au jour qu'on n'y croirait pas ce que l'on ne voudrait
pas,
tout ce qui était au fond deson cœur, en s'é- s'il était une fois admis que ces hommes qui
criant que ce n'est pas un moindre crime, mais nous ont transmis les livres saints, ont pu y
un crime plus grand peut être contre Dieu de faire des mensonges officieux, à moins toute-
louer le mensonge que de blâmer la vérité? fois que vous ne puissiez nous donner quelques
Tout homme qui veut. connaître les saintes regles qui nous apprennent quand il faut men-
Ecritures, doit s'en approcher avec un cœur tir ou quand il ne le faut pas. Si cela est pos-
qui les croit si saintes et si vraies, qu'il n'ait sible, expliquez-le moi sans aucun détour, et
jamais recours aux mensonges officieux pour donnez-m-en des raisons positives. Veuillez
en interpréter quelque passage à sa propre surtout au nom de la vérité même qui s'est
satisfaction. Qu'il passe ce qu'il ne comprend faite homme en Notre Seigneur Jésus-Christ,
pas, plutôt que de préférer son sens à la vérité. ne pas m'accuser d'impudence ni d'importu-
Autrement, ce serait vouloir qu'on s'en rap- nité, car je ne serais pas coupable, ou du
portât à lui et non à l'autorité des divines moins je le serais bien peu, d'avoir par une
Ecritures. erreur favorisé la vérité, si dans votre bouche
5. Je pourrais, selon le peu de science et de la vérité pouvait favoriser le mensonge.
lumière que Dieu m'a donné montrer que CHAPITRE IV. — 6. Il y a encore beaucoup
tous ces témoignages en faveur de l'utilité du d'auties choses touchant nos études chrétien-
mensonge, doivent être compris autrement, et nes, sur lesquellesje voudrais parler avec vous
qu'on ne saurait en citer un seul, dont on ne cœur à cœur. Mais les lettres ne suffisent pas
puisse prouver la vérité. Car l'Ecriture est aussi pour cela, j'atteindrai bien mieux ce but par
éloignée de recourir au mensonge, que de le l'intermédiaire de ce frère que je me réjouis
favoriser. Mais je laisse cela à votre intelli- d'avoir envoyé vers vous, pour qu'il puise
gence. Une lecture attentive et un examen sé- dans vos doux et utiles entretiens, les secours
rieux vous le feront voir,mieux que je ne le vois et la nourriture spirituels. Cependant, (que
moi-même. En effet, dans cet examen, votre cela soit dit sans l'offenser) il n'en puisera pas
piété vous fera comprendre qu'il n'y aurait autant que je le voudrais, quoique je ne me
plus de certitude dans l'autorité des divines mette en rien au-dessus de lui. J'avoue que
Ecritures,qu'ony croirait ce que l'on voudrait,et mon esprit pourrait peut-être mieux que le
?
at laudem Dei maxime pertinet Nonne hujus de-
testatus insaniam, quibus posset verbis et significa-
fortasse facilius videbis quam ego. Ad hanc autem
considerationem coget te pietas, qua cognoscis fluc-
tionibus, in lucem penetralia sui cordis aperiret, tuare auctoritatem Scripturarum divinarum, ut
clamans non minore aut fortasse etiam majore sce- in eis quod vult quisque credat, quod non vult
lere in Deo laudari falsitatem, quam vituperari ve- non credat, si semel fuerit persuasum aliqua illos vi-
ritatem? Agendum est 'igitur, ut ad cognitunem ros, per quos nobis hseo ministratasunt, in scriptu-
divinarum Scripturarum talis homo accedat, qui ris suis officiose potuisse mentiri. Nisi forte regulas
de sanctis libris tam sancte et veraeiter existimet, quasdam daturus es, quibus noverimus, ubi opor-
ut nolit aliqua eorum part delectari per officiosa teat mentiri, ubi non oporteat. Quod si fieripotest,
mendacia, potiusque id, quod non intelligit, trans- nullo modo mendacibus dubiisque rationibus id
eat, quam cor suum preeferat illi veritati. Profecto explices, quseso; nec me onerosum aut impuden-
enim cum hoc dicit, credi sibi expetit, et id agit, ut tem judices, per humanitatem veracissimam Do-
divinarum Scripturarum auctoritatibus non creda- mini nostri. Nam, ut non dicam nulla, certe non
mus. magna culpa meus error veritati favet, si recte in
3. Et ego quidem qualibuscumque viribus, quas te potest veritas favere mendacio.
Dominus suggerit,omnia ilia testimonia, quae ad- CAPUT IV. - 6. Multa alia cum sincerissimo
hibita sunt adstruendæ utilitati mendacii, aliter corde tuo loqui cuperem, et de Christiano studio
oportere intelligi ostenderem, ut ubique eorum fir- conrerre: sed huic desiderio meo nulla epistola
ma veritas doceretur. Quam enim testimonia men- satis est. Uberius idipsum possum per fratrem,
dacia esse non debent, tam non debent favere men- quem miscendum et alendum dulcíbus atque utili-
dacio. Sed hoc intelligentiae relinquo tuæ. Admota bus sermocinationibus tuis misisse me gaudeo.
enim lectioni diligentiori consideratione, multo id Et tamen, quantum vellem, nec ipse (quod pace
sien recevoir et contenir une plus grande part mais j'aime mieux qu'elles me soient indiquées
de ce qui vient de vous; mais comme je vois par des juges plus habiles que moi. Car, après
son cœur se remplir de plus en plus des dons m'être repris avec raison moi-même, je pour-
de la sagesse, je le trouve en cela bien supé- rais peut-être en revenir à me flatter encore, et
rieur à moi. A son retour, que Dieu, je l'espère croire qu'il y a dans ma censure plus de scru-
rendra heureux, il versera dans mon cœur pules que de fondement.
quelque chose de la sagesse dont vous aurez
comblé le sien, mais il ne remplira pas toute-
fois le vide qui restera en moi, puisqu'il ne
rassasiera pas mon esprit toujours avide de vos LETTRE XXIX (1)
pensées. Ainsi je'serai le plus pauvre et lui le
plus riche. Ce même frère emporte quelques-
uns de mes livres. Daignez les lire avec une Saint Augustin qui n'était alors que prêtre d'Hip-
sincère et fraternelle sévérité, car il est écrit :
pone, écrit à Alype, évêque de Thagaste, pour
« Le juste me corrigera dans sa miséricorde, et lui raconter comment il a pu, par ses exhorta-
me reprendra; mais il ne répandra pas l'huile tions obtenir des habitants d'Hippone, de s'abste-
du pécheur sur ma tête (Psaume, CXL, 5). » Le nir des repas que l'on avait coutume de célébrer
sens que j'attache à ces paroles, c'est que celui dans les églises d'Afrique,aux fêtes des saints(2).
qui nous corrige pour nous guérir, nous aime
mieux que celui qui répand sur notre tête 1. L'absence de notre frère Macaire, dont le
l'huile de la flatterie. Pour moije suis un mau- retour, dit-on, sera prochain, m'a empêché de
vais juge de mes ouvrages, soit par trop de dé- vousécrire surl'affaire quime tienttant cœur et
fiance en moi-même, soit par trop d'indul- qui, Dieu aidant, sera menée à bonne fin. Ceux
à
gence. Je vois bien quelquefois mes fautes, qui étaient présents, pourront informer leurs
(1) Ecrite l'an 395. lettre manque dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, celle qui
— Cette
était la 29e se trouve maintenant la 167e.
(2) Cette lettre a paru pour la première fois dans l'édition des Bénédictins. Elle était tirée d'un manuscrit appartenant
auxxeligieux de Citeaux du monastère de Sainte-Croix-en-Jérusalem à Rome, et portait cette suscription Lettre du
prêtre de l'église d'Hippone à Alype, évêque de Tagaste,sur ce qui s'est passé le jour de la fête de Léonce (a) jadis évêque
d'Hippone.
:
(a) Saint Augustin, dans son Sermon XIT1 ch, Il sur divers sujets, fait l'éloge Je saint Léonce, et dit que c'est lui qui a bâti la basilique
qui reçut le nom de Lèoncicnne. Saint Augustin prononça plusieurs discours dans cette basilique. Il n'y a rien de positif sur l'époque où a
yu
l'
saisit Léonce, mais tout porte à croire que ce fut sur la fin du troisième siècle,
an311, puisque les Donatistes célébraient la fête de ce saint comme les Catholiques. avant
le schisme des Donatistes, c'est-à-dire avant
ejus dixerim) forsitan capit : quamquam nihilo me pserim, sed aut timidior recto, aut cupidior. Video
rem:
illi prætulerim. Ego enim me tateor tui capacio-
:
sed ipsum video fieri pleniorem, quo mesina
etiam interdum vitia mea; sed htBc malo audire a (a)
;
melioribus, ne cum me recte fortasse reprehendero,
Domino I
dubitatione antecellit et postea quamrcdierit, quod
adjuvante prosperatum iri spero, cum
ejus pectoris abs te cumulati particeps fuero, non
rursus mihi blandiar et meticulosam potius mihi
videar in me, quam justam tulisse sententiam.
est impleturas, quod in me adhuc vacuum erit at- EPISTOLA XXIX
que avidum sensuuin tuorurh. Ita fiet ut et ego
etiam tunc egentior sim, ille copiosior. Sane idem
frater aliqua scripta nostra fert secum quibus
legendis si dignationem adhibueris, etiam since-
: Augustinus presbyter Alypio Thagastensi episcopo
narrans quibus adhortationibus obtinuerit demum
ut Hipponenses Catholici abhorrerent a luxuriosis
ram atque fraternam sevoritatem adhibeas quæso. conviviis, quae in sanctorum natalitiis apud Afri-
Non enim aliler intelligo quod scriptum est; « Emen-
dabit me justus in misericordia, et arguet me :
canas ecclesias celre
mos erat.
oleum autem peccatoris non impinguet caput 1. De ncgotio interim, quod non curare non pos-
meum (psal., CXL, 5) :a
nisi quia magis amat ob-
jurgator sanans, quam adulator unguens caput.
Ego autem difficilime bonus judex lego quod scri-
Machario ; ;
sum, nihil certum. scribere potui, absente fratre
qui cito dicitur rediturus et quod Deo
adjuvante peragi potuerit, peragetur. De nostra au-
(a) ExstatHipponensis concilii anno 393. celebrati canon concilio Ill. Carthaginensi insertus, Utnulli episcopi vel cle-
riciin ecclesiaconviventur. Populi etiamab hujusmodi csnviviis, quantum fieripotest prohibeantur. qui canon procurante
haud dutie Augustino tunc presbytero editus fuit. Quippe Aurelium Carthaginensempaulo ante contestatus erat
in epist. XXII, ut viis omnibus occurreret huic malo per totam Africam dudum grassanti; idque ipsi nisi concilii aucto-
ritate tolli non posse insinuarat.
pris et récitai moi-même ce chapitre, en éveil- dureté des Juifs, il dit que le Christ n'avait pas
lant leur attention sur la question de l'ivro- écritçes lois sur des tables de pierre, mais sur
gnerie, etleur fis remarquer que Notre Seigneur les tables vivantes du cœur (Corinth. m, 3).
aurait montré encore plus de dureté et de co- Je leur demandai encore, si, puisque Moïse
lère, pour que ces fêtes d'ivrognerie honteuses avait, en présence du peuple, brisé (Exode,
en tous lieux fussent écartées de son temple, XXII, 19) les deux tables de pierre, nous ne
d'où il bannit un commerce toléré par la loi, pourrions pas à notre tour briser les cœurs des
et qui se faisait pour des choses nécessaires à hommes de la nouvelle alliance, qui voulaient
des sacrifices permis en ce temps-là. Je leur de- faire, pour célébrer chaque fête solennelle de
:
mandai ensuite ce qui ressemblait le plus aune
caverne de voleurs le lieu où l'on vend des
choses nécessaires, ou bien celui où l'on boit
leurs saints, ce que le peuple de l'ancienne al-
liance n'avait fait qu'une seule fois en faveur
d'une idole.
avec excès.
4. Comme on me tenait des passages de l'E-
criture tout préparés pour en donner lecture,
;
5. Ayant rendu alors au lecteur le livre de
l'Exode pour montrer, autant que le temps le
permettait, l'énormité du crime de l'ivrogne-
j'ajoutai ensuite que le peuple juif, tout char- rie, je pris le livre de l'apôtre Paul et je lus le
nel qu'il était, n'avait jamais célébré dans le
temple, où l'on n'offrait pas encore le corps et
le sang de Jésus-Christ, des fêtes d'ivrognerie,
:
passage où, en énumérant d'autres péchés, il
dit de l'ivrognerie « Si quelqu'un de vos frè-
res est, ou fornicateur, ou idolâtre, ou avare,
et pas même de repas où la sobriété aurait été ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur du bien
observée, et que l'histoire ne présentait aucun d'autrui, vous ne devez pas manger avec lui
cas où les juifs se fussent enivrés publiquement v,
(I Corinth., 11). » Et leur faisant remarquer
sous un prétexte religieux, si ce n'est pour cé- en gémissant, quel danger il y a de manger
lébrer la fête de l'idole qu'ils avaient' fabriquée avec ceux qui s'enivrent, même quand ce ne
(Exode, XXII, 6). Je pris alors le livre et leur réci- serait que dans leurs maisons, je lus le passage
tai le passage tout entier. J'ajoutai encore, avec
toute la douleur dont j'étais pénétré, les pa-
roles de l'Apôtre, lorsque, pour montrer la dif-
:
qui se trouve un peu plus loin dans la même
épitre de saint Paul « Ne vous y trompez pas,
ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adul-
férence qui existe entre le peuple chrétien et la tères, ni les impudiques, ni les voleurs, ni les
Evangelio, ubi Dominus de templo expulsis vendi- Quae cum dicerem, codicem etiam accepi, et recitavi
toribus animaliullJ, et eversis mensis nummulario- totum illum locum. Addidi etiam cum dolore quo
rum dixit, domum Patris sui pro domo orationum potui, quoniam Apostolus ait, ad discernendum
speluncam latronum esse factam (Matt., XXI, 12) : populum Christianum a duritie Judæorum (II Cor.,
quod capitulum, cum eos intentos proposita vino- 1lI, 3), epistolam suam non in tabulis lapideis
lentise qusestione feci, et ipse quoque recitavi; scriptam, sed in tabulis cordis carnalibus, cum
adjunxique disputationem, qua ostenderem quanto Moyses famulus Dei, propter illos principes, binas
commotius et vehementius Dominus noster ebriosa lapideas tabulas confregisset (Exod" XXII, 19)s quo-
convivia, quae ubique sunt turpia, de templo niodo non possemus istorum corda confringere,
: bravit.
expelleret, unde sic expulit concessa commercia; qui homines norÏ Testamenti, Sanctorum diebus
cum ea venderentur, quæ sacrificiis illo tempore celebrandis ea vellent sollemniter exhibere, quae
licitis essent necessaria quaerens ab eis, quibus populus veteris Testamenti et semel et idolo cele-
similiorem putarent speluncam latronum necessaria
vendentibus, an immoderate bibentibus. 5. Tunc reddito Exodi codice crimen ebrietaLis,
4. Et quoniam mihi praeparatae lectiones sugge- quantum tempus sinebat, exaggerans sumsi apos-
camalem populum Judæorum, in illo templo, ubi oSlendi, legens illum locum :
rendse tenebantur, adjunxi deinde, ipsum adhuc tolum Paulum, et inter quae peccata posita esset
« Siquis fraterno-
nondum corpus et sanguis Dominiofferebatur, non minetur aut fornicator, aut idolis serviens, aut
solum vinolenta, sed nec sobria quidem umquam avarus, aut maledicns, aut ebriosus,autrapax; cum
celebrasse convivia; nec eos publice religionis ejusmodi nec cibum sumere (I Cor., v, 11); »
nomine inebriatos inveniri in historia, nisi cum ingemiscendo admonens, cum quanto periculo
esta fabricationis idoli exsolverent (ExodXXII, 6). couvivaremur cum eis, qui vel in domibus - ine-
abominables, ni les avares, ni les ivrognes, ni boire, » ce que peuvent faire honnêlement,
les médisants, ni les ravisseurs du bien d'au- mais hors de l'église, ceux qui ont des maisons
trui, ne posséderont le royaume de Dieu. C'est pour y prendre les aliments nécessaires. Et
ce que quelques-uns de vous ont été, autrefois, cependant telle est la corruption des temps et
mais vous avez été purifiés, vous avez été jus- la dissolution des mœurs, que nous en sommes
tifiés au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ et venus à ne pas souhaiter la sobriété dans les
dans l'esprit de notre Dieu (I Corinth., VI, 9). » maisons, mais à souhaiter que l'ivrognerie n'y
Ceci lu, je leur dis de considérer comment ces règne pas.
paroles, « mais vous avez été justifiés, » pou- 6. Je citai aussi le passage de l'Evangile que
vaient être entendues par des fidèles qui souf- j'avais traité la veille, où il est dit sur les faux
fraient encore dans leur cœur, c'est-à-dire dans prophètes : « Vous les reconnaîtrez à leurs
le sanctuaire même du temple de Dieu, les fruits (Math., va, 16). » Ensuite je rappelai à
souillures de la concupiscence qui nous fer- l'assemblée que dans ce passage, par fruits, il
ment la porte du royaume des cieux. De là fallait entendre les œuvres. Alors je demandai
j'arrivai à cet autre passage de saint Paul : parmi quels fruits l'ivrognerie avait été rangée
« Lors donc que vous vous assemblez tous dans et je récitai ce passage de l'épître auxGalates :
;
un même lieu, ce n'est pas manger la cène du
Seigneur car chacun mange ce qu'il a apporté
pour le repas, sans attendre les autres, ainsi
« Il est aisé de connaître les œuvres de la chair,
qui sont la fornication, l'impureté, la luxure,
l'idolâtrie, les empoisonnements, les inimitiés,
les uns n'ont rien à manger, les autres sont les dissensions, les jalousies, les animosités, les
dans l'ivresse. Méprisez-vous donc ainsi l'Eglise querelles, les divisions, les hérésies, l'envie,
de Dieu (ICorinth., XI, 20). » Après avoir ré- l'ivrognerie, les débauches et les choses sem-
cité ce passage, je leur fis voir que l'on ne de- blables, dont je vous ai dit comme je vous le
vait pas faire dans l'église des festins même répète, que ceux qui les commettent n'auront
sobres et honnêtes, car l'Apôtre n'a pas dit : point part au royaume de Dieu (Gal., v, 19). »
N'avez-vous pas des maisons pour vous y eni- Après ces paroles, je demandai aux assistants,
;
vrer, comme s'il n'avait défendu de s'enivrer
:
que dans l'église mais il leur a dit « N'avez-
puisqueDieu voulait qu'on jugeât les hommes
par leurs fruits, comment on pourrait prendre
vous pas vos maisons pour y manger et y pour deschrétiensceux dontles fruits sont l'ivro-
:
briantur. Legi etiam illud quod non longo inter-
vallo sequitur « Nolite errare, neque fornicatores,
neque idolis servientes, neque adulteri, neque
non habetis ad inebriandos vos, ut quasi tantum-
modo inebriari in ecclesia non liceret: sed ad man-
ducandum et bibendurn, quod potest honeste fieri, sed
molles, neque masculorum concubitores, neque prseter ecclesiam, ab eis qui domos habent, ubi
fures, neque avari, neque ebriosi, neque maledici, alimentis necessariis refici possint, et tamen nos ad
neque raptores regnum Dei possidebunt. Et hæc has angustias corruptorum temporum et diffluen-
quidem fuistis : sed abluti estis, sed justificati estis tium morum esse perductos, ut iis nondum modesta
in nomiue Domini Jesu Christi, et spiritu Dei nos- convivia, sed saltern domesticum regnum ebrietatis
tri (I Cor., VI, 9). » Quibus lectis dixi, ut conside- optemus.
rarent quomodo possent fideles audire, sed abluti 6. Commemoravi etiam Evangelii capitulum,
estis, qui adhuc talis concupiscentise sordes, -contra quod pridie tractaveram, ubi de pseudoprophetis
quas clauditur regnum caelorum. in corde suo, id dictum est, « ex fructibus eorum cognoscetis eos
ventum est ad illud capitulum :
est in interiore Dei temple esse patiuntur. Inde
« Convenientibus
»
(Matt., vii, 16).
:
Deinde in memoriam revocavi
fructus eo loco non appellatos, nisi opera tum
prsesumit in manducando ;
ergo vobis in unum, non est dominicam coenam
celebrare : unusquisque enim propriam coenam
et alius quidem esurit,
alius ebrius est, manducando et bibendo, an eccle-
?
siam Dei contemnitis (I Cor., XI, 10) » quo recitato
quæsivi inter quosfructus nominata esset ebrietas;
et recitavi illud ad Galatas, « Manifests autem sunt
opera carnis, quæ sunt fornicationes, immunditiæ,
luxuriæ, idolornm servitus, veneficia, inimicitiæ,
contentiones, semulationes, animositates, dissen-
diligentius commendavi, ne honesta quidem et siones,hæreses, invidiæ,ebrietates, commessationes,
sobria convivia debere in ecclesia celebrari: quan- et his similia; quai prædico vobis, sicut prædixi,
doquidem Apostolus non dixerit, Numquid domos quoniam qui talia agunt regnum Dei non posside-
« Les fruits de l'esprit sont:
gnerie. Après quoi je lus encore ce qui suit :
la charité, la joie,
la paix, la patience, l'humanité, la bonté, la
pitié d'eux-mêmes, et de songer à l'ineffable
charité dont m'avait entouré le saint et véné-
rable Valère, qui pour eux, m'avait imposé le
foi, la douceur, la tempérance (lbid., 22).» Je dangereux fardeau de leur annoncer la parole
leur fis considérer combien il était honteux et de la vérilé. Il leur avait souvent dit que si
déplorable pour eux de vivre de ces fruits de la j'étais au milieu d'eux, c'était parce que Dieu
chair, non-seulement dans leurs maisons, mais avait exaucé ses prières, et qu'en se réjouissant
encore de prétendre par là honorer l'Eglise, de de mon arrivée près de lui, il était loin de
sorte que, si on leur en laissait le pouvoir, ils croire que ce serait pour me perdre avec eux
rempliraient l'enceinte de cette vaste basilique ou pour assister au spectacle de leur mort,
d'une foule de gens occupés à boire et à man- mais pour nous voir tous ensemble marcher
;
ger mais quant à ces fruits spirituels auxquels
les convient nos gémissements et l'autorité des
à la vie éternelle. Enfin je leur dis que je met-
tais toute ma confiance en celui qui ne sait
divines Ecritures, ils ne veulent pas les offrir à pas mentir, et qui, par la bouche de son pro-
Dieu comme des présents pour célébrer digne-
ment les fêtes des saints.
7. Après cela, je rendis le livre au lecteur.
:
phète, annonça la venue de Notre Seigneur
Jésus-Christ, en disant « Si ses enfants aban-
donnent ma loi et ne marchent pas selon mes
-
Je les invitai à prier, puis, autant que je le pus préceptes, s'ils violent la justice de mes com-
et selon l'urgence du moment et les forces que mandements,je châtierai leurs crimes par la
le Seigneur daigna m'accorder, je leur exposai verge, et leur iniquité par le fouet de ma co-
le danger commun que nous courions tous, eux lère, mais je ne retirerai pas ma miséricorde
qui avaient été commis à notre garde, et nous (Ps., LXXXVIII, 31).» J'ajoutai que j'étais assuré
qui avions à rendre compte d'eux au Prince que s'ils méprisaient toutes les grandes choses
des pasteurs. Je les conjurai par son humilia- qui venaient de leur être dites et lues, le Sei-
tion, par les insignes outrages et les soufflets gneur les visiterait avec sa verge et son fouet,
qu'il avait reçus, par les crachats jetés sur son plutôt que de les laisser se damner avec ce
divin visage, par le roseau mis entre ses mains, monde. Je mis dans cette péroraison toutle
par sa couronne d'épines, par son sang et sa feu que m'inspiraient la grandeur de la chose
croix, d'avoir pitié de moi s'ils n'avaient pas et les périls dont il s'agissait, et toute la force
bunt (Gal., v, 19). » Post quæ verba interrogavi, pastorum principi, per cujus humilitatem, insignes
quomodo de fructu ebrietatis agnosceremur Chris- contumelias, alapas, et sputa in faciem, et palmas,
tiani, quos de fructibus agnosci Dominus jussit. et spineam coronam, et crucem ac sanguinem obse-
Adjunxi etiam legendum quod sequitur: « Fructus cravi, ut si se ipsi aliquid offendissent, vel nostri
autem spiritus est caritas, gaudium, pax, longani- misererentur, et cogitarent venerabilis senis Valerii
mitas, benignitas, bonitas, fides, mansuetudo, con- circa me ineffabilem caritatem, qui mihi tractandi
tinentia (Ibid., 22). » Egique ut considerarent, verba veritatis tam periculosum onus non dubitarit
- quam esset
pudendum atque plangendum, quod de propter eos imponere, eisque sæpe dixerit, quod
illis fructibus carnis non solum privatim vivere, sed orationes ejus exauditae essent de nostro adventu;
etiam honorem Ecclesiae deferre cuperent, et si quos non utique ad communem mortem vel specta-
potestas daretur, totum tam magnæ basilicæ spa- culum mortis illorum, sed ad communem conatum
tium turbis epulantium ebriorumque complerent : in seternam vitam ad se venisse laetatus est. Postremo
de spiritualibus autem fructibus, ad quos et divi- etiam dixi certum esse me, et fidere in eum, qui
narum Scriptuarum auctoritate et nostris gemitibus mentiri nescit, qui per os Prophetæ sui pollicitus
invitarentur, nolunt adferre Deo munera, et his est de Domino nostro Jesu Christo dicens, « Si
potissimum celebrare festa Sanctorum. reliquerint filii ejus legem meam, et in præceptis
7. Quibus peractis codicem reddidi, et imperata meis non ambulaverint; - si justificationes meas
oratione, quantum valui, et quantum me ipsum profanaverint: visitabo in virga facinora eorum, et
periculum urgebat, et vires administrare Dominus in flagellis delicta eorum : misericordiam autem
dignabatur, constitui eis ante oculos commune meam non auferam (Psal., LXXXVIII, 31) : » in eum
periculum, et ipsorum qui nobis commissi essent, ergo me fidere, quod si lisec tanta, quæ sibi essent
et nostrum qui de illis rationem reddituri essemas lecta et dicta, contemnerent, visitaturus esset- in
,
leurs larmes par les miennes ;
dont Dieu daigna m'animer. Je n'excitai pas
mais lorsque je
les vis pleurer, je ne pus, je l'avoue, retenir
et je me serais retiré. Mais dans cette circons-
tance, le Seigneur a montré qu'il ne nous aban-
donne pas, et comment il sait nous encourager
mes larmes. Et comme nous pleurions tous en- à mettre toute notre confiance en lui. En effet,
semble et que j'étais plein d'espoir dans leur avant l'heure à laquelle je devais monter en
repentir et leur amendement, je cessai de par- chaire, je vis venir à moi ceux-là mêmes qui
ler. s'étaient plaints de l'opposition qu'on mettait
8. Le lendemain, au lever du jour où ils à leur ancienne coutume. Je les accueillis avec
avaient coutume de se préparer à leurs festins
ordinaires, on m'annonça que quelques-uns de
ceux qui avaient assisté à mon sermon, mur-
les amener de meilleurs sentiments et quand ;
bienveillance, et quelques mots suffirent pour
à
le temps de parler fut venu, je laissai de côté
muraient encore, et que sous l'influence de le passage que je m'étais proposé de lire, parce
cette habitude si invétérée en eux, ils disaient : que cette lecture ne me paraissait plus néces-
«Pourquoi maintenant agir ainsi? Est-ce que saire. Quant à la question qui avait été faite:
ceux qui, jusqu'à ce jour, n'avaient pas dé- « Pourquoi maintenant agir ainsi? » je me
fendu ces fêtes, n'étaient pas chrétiens? A cette contentai de dire qu'il n'y avait pas de plus
nouvelle, je ne savais plus quels moyens em-
ployer pour les émouvoir et les convaincre. Je
me disposai cependant, s'ils voulaient persé-
question, que celle-ci
nant. »
:
courte et de meilleure réponse à faire à cette
« Du moins mainte-
vérer, à leur lire le passage du prophète Ezé- 9. Cependant, pour ne paraître jeter aucun
chiel, où il est dit, «que la sentinelle n'encoure blâme sur ceux qui avant nous avaient permis,
plus de responsabilitési elle a dénoncé le péril, ou n'avaient pas osé défendre ces désordres si
quand bien même ceux auxquels il été dé- a visibles d'une multitude ignorante,je leur expo-
noncé n'auraient pas voulu se mettre sur leurs sai dans quelles circonstances critiques se trou-
gardes (Ezechiel; XXXIII, 9). » Ensuite j'aurais vait l'Eglise, quand ces désordres commen-
secoué la poussière de mes vêtements sur eux, cèrent à se montrer. Lorsque après les
virga et in flagello, nec eos permissurus cum hoc illo loco de Propheta Ezechiele, Explorator absol-
mundo damnari. In qua conquestione actum ut vitur, si periculum denuntiaverit, etiamsi illi qui-
pro negotii atque periculi magnitudine tutor et bus denuntiatur, envere noluerint (Ezec.,XXXIII,9) ;
gubernator noster animos facultatemque præbebat. vestimentamea excutere atque discedere. Tumvero
Non ego illorum lacrymas meis lacrymis movi: sed Dominus ostendit quod nos non deserat, et quibus
cum talia dicerentur, fateor, eorum fletu præven- modis in se ut præsumamus hortetur, namque ante
tus mcum abstinere non potui. Et cum jam pariter horam, qua exhedram adscenderemus, ingressi sunt
flevissemus, plenissima spe correctionis illorum, ad me iidem ipsi, quos audieram de oppugnatione
finis sermonismei factas est. vetustæ consuetudinis fuisse conquestos: quos
8. (a) Postridie vero cum illuxisset dies, cui sole- blande acceptos, paucis verbis in sententiam sanam
bant fauces ventresque se parare, nuntiatur mihi transtuli: atque ubi ventum est ad tempus dispu-
nonnullos, eorum etiam qui sermoni aderant, non- tationis omissa lectione, quam præparaveram,quia
dum a murmuratione cessasse, tantumque in eis necessaria jamnonvidebatur, de
hacipsaquæstione
valere vim pessimæ consuetudinis, ut ejus tantum pauca disserui, nihil nos nec brevius nec verius
voce uterentur et dicerent, Quare modo; non enim, posse adferre adversus eos qui dicunt, Quare modo,
antea qui hæc non prohibuerunt, Christiani non nisi et nos dicamus, Vel modo.
erant? Quo audita, quas majores commovendi eos
machinas præpHrûrern, omnino nesciebam dispo-
nebam tamen, si persevcrandum putarent, lecto
: 9. Verumtamen ne illi, qui ante nos tam mani-
festa. imperitse mullitudinis crimina vel permise-
runt, vel prohiberd non ausi sunt, aliqua a nobis
(a) Præteristam natalis S. Leontiisollemnitatem,quæ in mense februario, sive postdiem Quadragesimæsupra n.3.
designatum proximeoccurrebat hoc anno 395. quo Pascha inxxv. Martii incidit; altera celebrabaturcirca festum Ads-
censionis, ut liquet exsermone 13. de divers, habito eo die, qui Adscensione Domini, et ipsius Leontii depositions sol-
:
lemniserat. Quamquam supra n. 3 suspicari quis possit legendum
sionis maxime quia conviviis et compotationibus, quibus
Donatistæ fuerunt, nusquam hie jejunii sese
esse, diesquadragesimailluxisset, id est dies
dedere Catholici cupiebant, quibusque toto illo
quadragesimalisreligionem Augustinus opposuit.
Adscen-
die dediti
nombreuses et violentes persécutions, la paix à ce qu'on leur avait permis pour les amener à
se fut rétablie, beaucoup de Gentils qui vou- la religion chrétienne.
laient se convertir au christianisme, en étaient 10. Ensuite, je les exhortai à imiter les égli-
empêchés, parce qu'on leur défendait de passer ses d'outre-mer, dans lesqnels ces désordres
les jours de fête au milieu de l'ivrognerie et n'avaient jamais paru, ou du moins avaient été
des festins auxquels ils se livraient en l'hon- supprimés parles soins des saintspasteurs(1) dont
neur de leurs idoles, et qu'il leur était bien on avait écouté la voix. Et comme on me citait,
difficile de renoncer à ces désordres auxquels pour exemple, les festins qui avaient lieu cha-
ils étaient accoutumés depuis longtemps. Alors que jour dans la basilique du bienheureux
il parut bon à nos ancêtres d'avoir de l'indul- apôtre saint Pierre, je leur dis d'abord qu'ils ne
gence pour cette faiblesse, et de permettre, devaient pas ignorer que ces festins avaient
sinon avec un semblable sacrilège, du moins été défendus, que d'ailleurs ils avaient lieu
par le même luxe de table, la celébration des loin de la demeure de l'évêque, et qu'en raison
jours consacrés aux fêtes des saints martyrs, de la multitude des gens charnels, et surtout
pour remplacer ces anciens festins. Mais des des étrangers qui arrivent sans cesse dans cette
hommes déjà unis entre eux par le nom de grande ville et qui sont d'autant plus attachés
chrétiens et soumis au joug d'une sainte auto- à cette mauvaise coutume que leur ignorance
rité, doivent être rappelés aux préceptes salu- est plus grande, on n'avait pu, jusqu'à ce jour,
taires de la sobriété auxquels ils doivent obéir, arrêter ce désordre et ce fléau. J'ajoutai que,
en l'honneur et par crainte de celui qui les a d'ailleurs, si nous honorions véritablement l'a-
donnés. C'est pourquoi il est temps que ceux pôtre saint Pierre, nous devrions suivre ses
qui ne rougissent plus de s'avouer chrétiens, préceptes, et considérer bien moins la basilique
commencent à vivre selon la volonté du Christ, dans laquelle il n'apparaît pas, que l'épître
et renoncent, maintenant qu'ils sont chrétiens, dans laquelle il manifeste sa doctrine. Alors,
(1) Saint Augustin, dans le Livre VI, ch. n, de ses Confessions, loue saint Ambroise d'avoir défendu, à Milan, d'ap-
porter des mets en l'honneur des saints, afin de ne donner aucune occasion de se livrer à l'ivrognerie, et parce que cette cou-
et
tume ressemblait trop à lasuperstition aux Parentales des Gentils.
affici contumelia viderentur, exposui eis qua ne- negare Christianos, secundum Christi voluntatem
cessitate ista in Ecclesia viderentur, exorta: (a) vivere incipiant, ut ea quæ ut essent Christiani
scilicet post persecutiones tam multas tamque ve- concessa sunt, quum Christiani sunt, respuantur.
hementes , cum facta pace, turbæ gentilium in 10. Deinde hortatus sum, ut transmarinarum
Christianum nomen venire cupientes hoc impedi- ecclesiarum, in quibus partim ista recepta num-
rentur, quod dies festos cum idolis suis solerent quam sunt, partim jam per bonos rectores po-
in abundantia epularum et ebrietate consumere, pulo obtemperante correcta, irhitatores esse velle-
nec facile ab his perniciosissimis et tam vetustissi- mus. Et quoniam de (b) basilica beati apostoli Pe-
mis voluptatihus se possent abstinere, visum fuisse tri, quotidianse vinolentiæ proferebantur exempla;
majoribus nostris, ut huic infirmitatis parti interim dixi primo audisse nos sæpe esseprohibitum,sed
parceretur, diesque festos, post eos quos relinqUf- quod remotus sitlocus ab episcopi conversatione, et
bant, alios in honorem sanctorum Martyrum vel in tanta civitate magna sit carnalium multitudo,
rentur:
non simili sacrilegio, quamvis simili luxu celebra- peregrinis præsertim, qui novi subinde veniunt,
jam Christi nomine conligatis, et tantæ tanto violentius, quanto inscitius illam consuetudi-
auctoritatisjugo subditis salutaria sobrietatispraece- nem retinentibus, tam immanem pestem uondum
:
pta traderentur, quibus jam propter præcipientis conpesci sedarique potuisse. Verumtamen nos si
honorem ac timorem resistere non valerent quo- Petrum apostolum honoraremus, debere præcepta
circa jam tempus esse, ut qui non se audeut ejus audire, et multo devotius epistolam in qua
(a) Hanc ipsam ob caussam Gregorius Thaumaturgus, teste vitæ ipsius scriptore Gregorio Nysseno, institutis in ho-
norem sanctorum Martyrum diebus festis indulsit, ut sese in iis fideles exbilararent. Eodem consilio addnctus est Gre-
gorius I. Papa ut hæc in lib. IX, epist. LXXI. Mellito Abbati Britanniam pergenti commendaret : Et quia boves solent in
sacrificio dæmonum multos occidere, debet eis etiam hac de re aliqua sollemnitas immutari, ut die dedicationis vel natalitiis
sanctorum Martyrum. religiosis conriviis sollomnitalem celebrent. ut dum eis aliqua exterius gaudiareservantur, ad inte-
rioragaudia consentire facitius valeant.
(b) Pammachius in uxorissuæ Paulinæ funcre an. circiter 397. profusioresepulas pauperibus in S. Petri basilica appo-
suisse laudatur a Paulino in epist. ad eum scripta, apud Paulin. illustrat. pag. 29 et 30. -
prenant le livre en main, je récitai le passage 11. Après midi, la multitude afflua plus con-
où il dit : « Puisque Jésus-Christ a souffert sidérable que le matin, et jusqu'à l'heure
:
pour nous la mort en sa chair, armez-vous de
cette pensée que quiconque est mort à la con-
cupiscence charnelle a cessé de pécher en :
où nous sortîmes avec l'évêque du lieu,
le temps se pasa à lire l'Écriture et à psal-
modier. Après notre arrivée, on récita en-
sorte que duranttoutle temps qu'il lui reste de core deux psaumes. Alors le saint vieillard
cette vie mortelle, il ne vit plus selon les pas- m'engagea à leur adresser encore quelques pa-
Dieu;
sions des hommes, mais selon la volonté de
car c'est bien assez que dans le temps
de votre première vie vous vous soyez aban-
roles, et malgré mon désir de voir finir cette
journée si périlleuse, j'obéis à son ordre, et je
leur parlai en peu de mots, pour rendre grâces
donnés aux mêmes passions que les Gentils, à Dieu. Comme nous entendions le bruit que
vivant dans les impudicités, dans les désirs dé- les hérétiques faisaient dans leur église en célé-
réglés, dans l'ivrognerie, dans les excès de la brant leurs festins accoutumés, et que, pen-
table et dans le culte sacrilége des idoles (I
Pierre,IV,1). » Après cela, voyant tous les es-
prits unanimes pour mépriser cette mauvaise
fis au peuple cette comparaison :
dant mon discours, ils continuaient à boire, je
De même que
l'obscurité de la nuit fait bien mieux ressortir
coutume, et pour adopter de meilleurs senti- l'éclat et la beauté du jour, et que l'opposition
ments, j'exprimai le désir de voir tous les fidè- et le voisinage du noir rend le blanc plus
les se réunir à midi pour entendre la lecture agréable à la vue, de même, la célébration spi-
des livres saints et réciter les psaumes, de ma- rituelle de notre fête eût peut-être été moins
nière à célébrer cette journée plus purement douce, sans l'opposition de cette fête charnelle
et plus saintement qu'autrefois; ajoutant que, où près de nous on se livre au plaisir de boire
d'après le nombre de ceux qui se réuniraient, et de manger, et je les engageai à ne plus dé-
il serait facile de connaître ceux qui étaient sirer que des festins semblables aux nôtres,
r
résolus de vivre selon l'esprit, et ceux qui vou-
laient continu à vivre selon la chair. Les
lectures habituelles étant finies, je terminai
s'ils avaient goûté combien le Seigneur est
doux; tandis que ceux qui recherchent avant
tout ce qui doit être détruit un jour, doivent
mon discours. trembler, puisque chacun aura le sort de ce qui
voluntas ejus apparet, quam basilicam in qua non 11. Pomeridiano autem die major quam ante
apparet, intueri: statimque accepto codice recitavi meridiemaffuit multitudo; eisque ad
horam, qua
ubi ait, « Christo enim passo pro nobis per car- cum episcopo egrederemur, legehatur alternatim
nem, et vos eadem cogitatione armamini, quia qui et psallebatur: nobisque egressis duo psalmi lecti
passus est carne, desiit a carne, ut jam non homi- sunt. Deinde me invitum, qui jam cupiebam per-
num desideriis, sed voluntate Dei reliquum tempus actum esse tam (a) periculosumdiem, jussum corn-
in carne vivat. Sufficit enim vobis præteritum tem- pulit senex ut aliquíd eis loquerer. Habui brevem
pus voluntate hominum perfecisse, ambulantes in sermonem, quo gratias agerem Deo. Et quoniam in
libidinibus, desideriis, cbrietate, commessationihus hæreticorum basilica audiebamus ab eis solita con-
etnefandisidolorum servitutibus (I Pet., IV, 1). » vivia celebrata, cum adhuc, etiam eo ipso tempore,
Quibus gestis, cum omnes uno animo in bonam quo a uobis ista gerebantur, illi in poculis perdu-
voluntatem ire contemtamalaconsuetudine cerne- rarent; dixi diei pulcritudinem noctis comparatione
rem, optatus sum ut meridiano tempore divinis decorari, et colorem candidum nigri vicinitate gra-
lectionibuselpsalmis interessent, ita illumdiem
dum:
multo mundius atque sincerius placere celebran-
et certe de multitudine convenientium fa-
cile posse apparere, qui mentem, et qui ventrem
tiorem: ita nostrum spiritalis celebrationis conven-
tumminus fortasse futurum fuisse jocundum, nisi
ex alia parte carnalis ingurgitatio conferretur, be-
tatusque sum ut tales epulas instanter appeterent, si
sequerentur. Ita lectis omnibus sermo terminatus gustassent quam suavis est Dominus: illis autem
est. esse metuendum, qui tamquam primum sectantur,
(a) In sermone 5, de diversis
c. v. In ista, inquit, civitate, fratres mei, nonne experti sumus, quod recordatur nobiscum
sanctitas vestra, quanto periculo nostro de ista basilica ebriositates expulerit Deus? Nonne seditione carnaliumpene mergebatur
nobiscum navis? quæ verba tamen aliquanto sunt duriora, referripossint ad id quod Hippone gestum hie nar-
quam ut
ratur, videnturque dicta potius apud Carthaginem, seu apud civitatem in quaerant multi spectatorestheatrorum.
aura été l'objet de son culte. En effet, c'est à frères n'est pas encore arrivé. A Hasna, où l'on
ceux qui font un dieu de leur ventre (Philip., a pour prêtre notre frère Argentius, les Circon-
:
VIII,19)que s'adressent les reproches de l'Apôtre, cellions ont envahi notre basilique et brisé
qui, dans un autre endroit, dit encore « La l'autel. La cause s'instruit maintenant, et nous
viande est pour le ventre, et le ventre pour les vous demandons avec instance le concours de
viandes. Dieu détruira l'un etl'autre (I Corinth., vos prières, pour que l'affaire se passe dans un
VI, 13). a Il faut donc avant tout suivre ce qui esprit de paix, et comme il convient à l'Église
ne peut être détruit, ce qui est le plus éloigné catholique, afin d'imposer silence à l'hérésie
des appétits de la chair, et ne peut être atteint qui ne veut pas rester en repos. J'ai envoyé vo-
que par la pureté de l'esprit. Après avoir dé- tre lettre àl'Asiarque (1). Bienheureux frère,
veloppé cette pensée, selon ce que la circons- persévérez en Notre-Seigneur, et souvenez-
tance et la grâce de Dieu daignaient m'inspirer, vous de nous! Ainsi soit-il.
on procéda à l'office habituel du soir, et pen-
dant que nous nous retirions avec l'évêque, les
frères chantèrent encore une hymne, et une
LETTRE XXX (2)
assez grande multitude des deux sexes resta
dans l'église, en psalmodiant jusqu'à l'entrée
de la nuit. Saint Paulin n'ayant pas reçu de réponseà sa pre-
12. Voici en peu de mots ce que, sans doute, mière lettre, écrit de nouveau à saint Augustin
vous désirez savoir. Priez Dieu de daigner dé- par d'autres messagers.
tourner tous les scandales et les ennuis qui A LEUR SEIGNEUR ET LEUR SAINT ET CHER FRÈRE
pourraient contrarier nos efforts. Nous éprou- AUGUSTIN, PAULIN, PÉCHEUR, ET THÉRÈSE,.
vons le même calme, la même allégresse et la PÉCHERESSE.
même ferveur que vous, en apprenant les
grâces nombreuses que le Seigneur répand sur 1. Depuis longtemps, très-cher frère en No-
l'Église de Thagaste. Le navire qui porte nos tre-Seigneur Jésus-Christ, sans que vous le sa-
- étaient chez les anciens à la fois prêtres et magistrats. Sous un certain rapport, ils ressemblaient
(1) Les Asiarques
assez aux anciens Ediles romains, qui subsistèrent jusqu'au règne de Constantin. Comme les Ediles, leur fonction prin-
embrassé le christianisme.
--..-..--
cipale était de donner à leurs dépens des jeux et des spectaclesau peuple. Les Asiarques étaient des dignités sacerdo-
tales du paganisme, et se maintinrent avec leurs marques d'honneur, même longtemps après que les empereurs eurent
(2) Ecrite l'an 395. — Cette lettre était la 33e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 30e se trouve maintenant la 172e.
quod aliquando destruetur; cum quisque comes dona nuntiantur. Navis cum fratribus nondum ve-
efficiatur ejus rei, quam colit, insultaritque Apos- nit. Apud Hasnam, ubi est presbyter frater Argen-
tolus talibus dicens, « quorum Deus venter (Philipp.
III, 49),» cum idem alio loco dixerit, « Esca ventri et
:
venter escis Deus autem et hunc et illas evacuabit
altare comminuerunt. Causa nunc agitur quæ ut ;
tius, Circumcelliones invadentes basilicam nostram
pacate agatur et ut Ecclesiam catholicam decet, ad
(I Cor., VI, i3).» Proinde oportere id sequi, quod non opprimendas linguas hæreseos impacatæ, multum
evacuatur, quod remotissimum a carnis affectu spi- vos petimus ut oretis. Epistolam Asiarchæ misimus.
ritus sanctificatione retinetur. Atque in hanc sen- Beatissimiperseveretis in Domino, memores nostri.
: :
tentiam, pro tempore, cum ea, quæ Dominus
suggerere dignatus est, dicta essent acta sunt ves-
pertina, quæ quotidie solent nobisque cum Epis-
Amen.
EPISTOLA XXX
copo recedentibus,fratres eodem loco hymnum dixe- Paulinus Augastino, nonrecepto ab eo responso, denuo
runt, non parva multitudine utriusque ad obscura per alios scribit.
tum diem manente atque psallente.
DOMINO FRATRI SANCTO ET UNANIMO AUGUSTINO, PAULINUS
12. Digessi vobis quantum breviter potui, quod
ET THERASIA PECCATORES.
vos audire desiderasse, quis dubitaverit. Orate ut a
conatibus nostris omnia scandala et omnia tædia 1. Jamdudum, frater id Christo Domino mi unani-
Deus dignetur avertere. Magna sane ex parte vo- me, ut te in sanctis et piis laboribus tuis nescien-
biscum requiescimus cum alacritate fervoris, quia tem agnovi, absentemque, vidi, tota mente comple-
spiritualis EcclesiæThagastensium tam crebranobis xus, alloquio quoque familiari atque fraterno per i
:
chiez, je vous connais, d'après vos saints et
pieux travaux depuis longtemps je vous ai
évêques Aurèle et Alype ,
nous vous avons
connu par vos ouvrages contreles Manichéens
vu malgré votre absence, et je vous ai aimé de nous avons conçu pour vous une telle tendresse,
tout mon cœur; j'ai voulu aussitôt me rappro- que ce n'était pas une amitié nouvelle qui nais-
cher (1) de vous par mes lettres, afin de pou- sait en nous, mais une vieille amitié qui ré-
se
voir nous entretenir ensemble par un commerce veillait dans notre cœur. En effet, nous savons
familier et fraternel. J'espère que, par la grâce mieux aimer qu'écrire, et si nous vous connais-
de Dieu, ce que je vous ai écrit est parvenu
jusqu'à vous. Mais comme le serviteur que
nous vous avions envoyé avant le commence-
, sons maintenant, c'est que nous vous avons
reconnu par les yeux de l'esprit et par le se-
cours de l'homme intérieur. Qu'y a-t-il d'éton-
ment de l'hiver pour vous saluer, ainsi que tous nant si, quoique absents, nous sommes pré-
les autres frères que nous chérissons en Dieu, sents l'un à l'autre, et si, sans nous connaître,
n'est pas encore de retour, nous n'avonspas nous nous connaissons déjà? Puisque nous
pas voulu différer plus longtemps l'accomplis- sommes membres d'un même corps et n'avons
sement de nos devoirs envers vous, ni modérer qu'un même chef; puisque nous sommes
notre désir de recevoir de vos lettres. Celle-ci comme arrosés de la même grâce, nous vivons
sera donc la seconde que vous recevrez de nous,
si la première a mérité de vous parvenir, ou la
première, si l'autre n'a pas encore eu le bon-
du même pain, nous marchons dans les mêmes
voies et habitons la même maison ;
puisque
c'est la même foi, la même espérance qui nous
heur de tomber entre vos mains. soutiennent dans le temps présent, et font no-
2. Mais vous, frère spirituel, qui jugez de tre force pour nous avancer vers l'éternité, et
tout, ne jugez pas de notre affection d'après le qu'ainsi nous ne sommes qu'un dans l'esprit et
seul accomplissement de nos devoirs envers dans le corps de Jésus-Christ, de l'unité duquel
vous, ni d'après la date de notre lettre. Dieu, nous ne pourrions nous séparer, sans nous
qui seul et partout répand sa charité dans le anéantir nous-mêmes.
cœur des siens, nous est témoin que depuis le 3. Qu'elle est peu de chose la privation que
jour où, grâce aux bienfaits des vénérables nous impose notre absence corporelle! Qu'y
(1) Ala place de audire dans la phrase du no1 : «per litteras audire properavi, il faudrait mieux mettre adire.En effet
c'est une locution familière à saint Paulin, comme on le voit dans sa lettre 15e n° 2 à Pammachius. Ut te spiritali aditu
visitarem, et dans la lettre 2 à Severe. N° 3. Nos litteris adeas. L'abbé Dubois cite un manuscrit qui justifie cette leçon.
litteras audire properavi. Et credo in monu, et in tamquam et affectu rudes scribimus, teque vicissim
gratia Domini sermonem meum ad te fui se perla- spiritu per interiorem hominem, quasi recognos-
tum: sed morante adhuc puero,. q,lem ad te alios- cimus. Nec mirum si et absentes adsumus nobis, et
que dilectos æque Deo salutandos, ante hyemen ignoti nosmet novimus; cum unius corporis mem-
miseramus, non potuimus ultra et officium nos- bra simus, unum habeamus caput, una perfunda-
trum suspendere, et desiderium sermonis lui cupi- mur gratia, uno pane vivamus, una incedamus via,
dissimum temperare. Scripsimus itaque iterato eadem habitemus domo. Deniqueinomne quod su-
ruerunt:
nunc, si priores ad te litteræ nostræ pervenire me-
aut primo, si illis in manns tuas perve-
niendi felicitasnon fuit.
mus, tota spe ac fide, qua stamus in præsenti, niti-
mur in futurum, tam in spiritu, quam in corpore
Domini unum sumus, ne simus nihil si ab uno ex-
2. Sed tu frater spiritualis omnia judicans, amo- cidamus.
rem in te nostrum ne pendas ofticio solo, aut tem- 3. Quantulum ergo est, quod absentia corporalis
pore litterarum. Dominus enim testis est, qui unus
atque idem operatur in suis ubique caritatem suam,
jam abinde nobis, ex quo te beneficio venerabilium
pascuntur oculi temporalium exspectatores quam- :
nobis invidet nostri, nisi sane fructum istum, quo
Christum, ut etiam in carne faciem tuam videre- epim quam celsa promittat ALtissimus fratri fra-
mus : non solum desideriis nostris magnum confer- trem adjuvanti. Per hos, si quo me gratiæ, quae tibi
retur gaudium; sed etiam mentibus lumen adcres- data est, dono remuuerari voles, tuto facies. Sunt
ceret, et ex tua copia locupletaretur inopia nostra. enim, velim credas, unum cor et una in Domino
Quod quidem et absentibus largiri potes, hac præ- anima nobiscum. Gratia Dei tecum, ut est, inæter-
sertim occasiune, qua filii nostri unanimes et caris- num maneat, frater in Christo Domino unanime,
simi nobis in Domino, Romanus et Agilis, quos ut venerabilis, dilectissime, et desiderabilis. Omnes in
nos alteros tibi commendamus, in nomine Domini Christo sanctos, quales tibi cohærere non dubium
revertentur, opere caritatis impleto; in quo tuæ est, à nobis saluta. Commenda nos omnibus sanctis,
caritatis affectu specialiter utantur, rogamus. Nosti ut tecum pro nobis orare dignentur.
DEUXIÈME CLASSE
Lettres que saint Augustin a écrites depuis qu'il fut évèque, jusqu'à la confé-
rence des évêques catholiques à Cartbage avec les Donatistes, et au temps
de la découverte de l'hérésie Pélagienne en Afrique, c'est-à-dire depuis l'an
de Jésus-Christ 396jusqu'à 4lO.
«
sible de vous répondre d'une manière digne de
XXXI (1) vous, vous parvînt le plus vite possible, afin
LETTRE
que malgré mon absence, je pusse être avec
vous. Mais le retard de ma lettre m'a valu le
Saint Augustin remercie saint Paulin de sa bonheur d'en recevoir une seconde de vous.
deuxième lettre. Il lui apprend qu'il a été or- Que le Seigneur est bon de nous refuser par-
donné coadjuteur de Valère, évêqued'Hip- fois ce que nous lui demandons, pour nous
pone. Ill'exhorte à venir en Afrique, ce qui
accorder ce que nous aimerions mieux encore.
serait une grande consolation pour lui, et une Autre chose est que vous m'eussiez écrit après
grande édification pour tous les autres chré- avoir reçu ma lettre, autre chose est que vous
tiens. m'écriviez avant de l'avoir reçue. J'aurais
certes éprouvé une grande joie à lire votre
A SON TRÈS-CHER SEIGNEUR ET FRÈRE PAULIN, ET
lettre, mais j'aurais été privé du plaisir que
A SA TRÈS-CHÈRE SŒUR THÉRÈSE, TOUS LES DEUX
me procure votre dernière, si la mienne était
REMPLIS DE L'ABONDANCE DE LA GRACE DIVINE,
parvenue à votre sainteté aussi vite que je
AUGUSTIN, SALUT DANS LE SEIGNEUR. l'avais désiré. Mais avoir déjà présentement-
1. J'avais souhaité que la lettre par laquelle
je répondais à la vôtre, si toutefois il est pos- conde,
celle-ci entre les mains, et en espérer une se-
c'est un double bonheur pour moi.
(1) Ecrite au commencement de l'année 396. — Cette lettre était la 34e dans les éditions antérieures à l'édition de
Bénédictins, et celle qui était la 31e se trouve maintenant la 25e.
II CLASSIS
Eptatoiae quas Augustinus jam episcopus ante collationem Carthaginensem cum Donatiatis
habitam et ante detectam in Africa Pelagii hæresim scripsit, ab anno Christo 396,
ad 410.
EPISTOLA XXXI
vestræ caritatis manus, ut quoquo pacto absens cito
Paulino pro secundis litteris ab eo receptis,grati animi possem esse vobiscum, lucrum mihi vestræ epistolæ
obsequium exhibet, seque Valerio coepiscopum.Hip- contulit tarditas mea. Bonus Dominus, qui non
ponensem ordinatum esse renuntians, exoptat ut in tribuit sæpe quod volumus, ut quud inallemusad-
Africamtrajicere ipsevelit, magno cumsibi solatio, tribuat. Aliud enim est, quod accepta epistola mea
tumceteris Christianis exemplo futurus. scripturi estis,aliud quodnonaccipiendoscripsistis.
Quod cum lætissime legerimus, defuisset nobis certe
DOMINIS DILECTISSIMIS ET SINCERISSIMIS, VERE BEATISSI- ista lætitia, si ut optavimus, maximeque voluimus,
MIS ATQUE ABUNDANTISSIMA DEI GRATIA PRÆSTANTISSI-
cito ad vestram sanctitatem nostræ litteræ permeas-
MIS FRATRIBUS, PAULINO ET THERASIÆ, AUGUSTINUS IN
DOMINO SALUTEM.
sent. Nunc vero et hæc habere scripta, et illa spe-
1. Cum litteras meas, quibus respondi prioribus
rare rescripta, gaudio cumulatiore delectat. Ita nec
nostra culpa accusari potest, et Domini largior be-
vestris, si tamen vestris litteris u110 modo a me nignitas fecit, quod nostro desiderio, conducibilius
responderi potest, celerrime optaverim venire in esse judicavit.
Ainsi d'un côté on ne peut pas m'imputer le heureuse de vous-même. Aussi, afin d'en imi-
retard de ma lettre, et d'un autre côté, la ter et d'en suivre la sainteté, nous l'avons
bonté de Notre Seigneur a été plus grande, en transcrite dans notre cœur, en demandant, et
m'accordant quelque chose de bien meilleur en écoutant avec le plus grand soin tout ce qui
que ce que je lui demandais. vous concerne.
2. Nous avons reçu avec une grande joie en 3. Nous n'avons pu sans chagrin les voir
Notre Seigneur, les saints frères Romain et s'éloigner sitôt de nous, bien que ce fût vers
Agile, qui ont été comme une seconde lettre vous qu'ils retournaient. Voyez, je vous prie,
de vous, mais une lettre qui entend et qui ré- de quels sentiments divers nous étions agités.
pond, et comme une partie de vous-même Nous devions les laisser partir d'autant plus
présente à nos yeux, mais qui a redoublé vite, qu'ils désiraient vous obéir plus ponc-
l'envie que nous avons de vous voir en per- tuellement ; mais plus ils le désiraient, plus ils
sonne. Quand ou comment nous auriez-vous vous mettaient en notre présence, puisqu'ils
jamais dit, ou aurions pu nous-mêmes exiger nous faisaient voir par là combien vous leur
que vous nous disiez sur vous dans vos lettres, étiez cher. Ainsi, plus leur insistance pour par-
tout ce que nous en avons appris parleur
bouche. Mais (ce qu'une lettre ne saurait ex-
primer) il y avait dans leurs récits une telle
;
tir nous paraissait juste, plus nous avions de
peine à y consentir et cette peine eût été in-
supportable si nous n'avions pas été convaincus
joie, que nous voyions avec un plaisir ineffable que par cette séparation nous n'étions pas sé-
se refléter sur leurs traits et dans leurs yeux parés. En effet, ne sommes-nous pas membres
votre image, empreinte dans leurs cœurs. Bien d'un même corps? N'avons-nous pas un même
plus, une lettre, quelle qu'elle soit, et quel- chef? Ne sommes-nous pas arrosés de la même
que bonnes choses qu'elle renferme, n'en pro- grâce? Ne mangeons-nous pas le même pain?
;
fite pas elle-même, quoiqu'elle soit d'un grand
profit pour ceux qui la lisent mais leur entre-
tien, où nous voyions comme une âme sœur
Ne marchons-nous pas dans la même voie?
N'habitons-nous pas dans la même maison
Pourquoi ne nous servirions-nous pas des
?
de la vôtre, était pour ainsi dire une lettre mêmes paroles que vous reconnaissez sans
vivante de vous, d'autant plus sainte à nos ?
doute tirées de votre lettre Mais pourquoi
yeux, qu'elle était une copie plus fidèle et plus seraient-elles les vôtres plutôt que les miennes,
2. Sanctos frères Romanum et Agilem aliam 3. Nec ideo tamen eos tam cito a nobis, licet ad
epistolam vestram audientem voces atque redden- vos remeantes, sine molestia passi sumus, Videte
tcm, et suavissimam partem vestræ præsentiæ, sed enim, quæso vos, quibus quatiebamur affectibus.
qua vobis visendis inhiaremus avidius, cum magna Tanto utique dimittendi erant velocius, quanto vo-
in Domino jocunditatesuscepimus. Unde, aut quan- bis impensins obedire cupiebant: sed quanto id
do, ant quomodo vel vos præstare, vel nos posse- cupiebant magis, tanto vos nobis præsentius exhi-
mus exigere, ut nos de vobis tanta scribendo doce- co quippe indicabant, quam cara vertra
?
relis, quanta eorum ore didicimus Aderat etiam,
quod nulli chartse adesse potest, tantum in narran-
bebant:
viscera essent, tanto igitur eos minus dimittere vo-
lebamus, quanto justius ut dimitterentur instabant.
tibus gaudium, ut per ipsum etiam vultum oculos- 0 rem non ferendam, nisi a nobis ista discessione
que loquentium, vos in cordibus eorum scriptos non discederemus, nisi « Unius esemus corporis
cum ineffabili lætitia legeremus. Hoc quoque am- membra, unum haberemus caput, una perfundere-
plius erat, quod pagina quselibet quantacumque mur gratia, UUf) pane viveremus, una incederemus
:
bona scripta contineal, nihil ipsa proficit, quamvis
ad profectum explicetur aliorum hanc autem epi-
stolam vestram, fraternam scilicet animam, sic in
via, eademhabitaremus domo. » Cur enim non eis-
?
dem etiam verbis uteremur Agnoscis enim, credo
hæc esse ex epistola vestra. Sed cur potius hæc ves-
eorum colloquio legebamus, ut tanto beatior appa- tra sint verba quam mea, quæ utique quam vera
reret nobis, quanto Tiberius conscripta esset ex vo- sunt, tam nobis ab ejusdem capitis communione
bis. Itaqueillam adejusdem beatitatisimitationem, proveniunt? Et si aliquid proprium vobis donatum
studiosissime de vobis omnia percunctando, in nos- habent, tanto magis ea sic dilexi, ut obsiderent viam
tra corda transscripsimus. pectoris mei, neque a corde ad linguam meam ver-
puisque la vérité qu'elles expriment vient de eomme force ce qui produit l'indifférence?
celui qui est notre chef commun ?
Si elles ont Mais votre charité verra combien je suis retenu
quelque chose qui vous ait été donné person- ici par les soins de l'Eglise. Notre bienheureux
nellement,elles m'en sontd'autant plus chères. évêque Valère, qui vous salue avec nous, et
Elles se sont emparées de l'entrée de mon brûle du même désir de vous voir, non content
cœur, et n'en ont rien laissé passer sur mes de m'avoir pour prêtre, a voulu encore, comme
lèvres, avant d'avoir pris dans ma pensée le vous l'apprendrez de nos frères, m'imposer le
premier rang qu'y occupe tout ce qui vient fardeau d'être son coadjuteur(1). Dans la grande
de vous. Frères saints et chéris de Dieu, qui charité de ce saint homme, et dans le zèle et
peut douter qu'un même esprit ne nous anime, l'empressement de tout le peuple, j'ai cru voir
sinon celui qui ignore les liens de l'affection la volonté du Seigneur; comme on mettait et
qui nous unit? en avant des exemples précédents qui m'ôtaient
4. Je voudrais cependant savoir si vous sup- toute excuse, je n'ai plus osé résister. Cepen-
portez avec plus de patience et de facilité que dant, quoique le joug de Jésus-Christ soit doux
nous notre absence corporelle. Si c'est vous, et son fardeau léger, sidans cette chaîne il y
je
je n'aime point, l'avoue, tant de force, à moins a quelque chose quime blesse, dans ce fardeau,
que nous ne soyons pas aussi digne d'être dé- quelque chose qui soit pesant pour moi, à cause
siré par vous, que nous vous désirons nous- de ma faiblesse et de mon inexpérience à le
même. Si c'était moi qui eusse la patience de porter, je le soutiendrais plus aisément et plus
supporter votre absence, je me déplairais à doucement, si j'avais la consolation de vous
moi-même. En effet, cette patience me ferait avoir ici, vous qui vivez, à ce que j'apprends,
chercher avec indifférence les moyens de vous libre et dégagé (2) des soins de cette espèce. Je
voir. Or,n'est-il pas absurde de regarder puis donc, sans imprudence, vous prier, vous
(1) Possidius, ch. VIIdit, que saint Augustin,refusait de se laisser ordonner évêque d'Hippone du vivant de Valère,
parce qu'il était persuadé qu'il était contraire aux lois de l'Eglise qu'un prêtre acceptâtl'épiscopat pendant la vie de son
évêque. Cependant il y consentit, quand on lui eut prouvé par beaucoup d'exemples, que cela était admis, non-seule-
ment dans l'Eglise d'Afrique, mais encore dans d'autres églises d'outre-mer. Néanmoins, ayant appris depuis, que ces
ordinations avaient été défendues par le concile de Nicée, il déclare dans la lettre 213°, que bien qu'il eût choisi Héraclius
pour son successeur, il ne voulait pas qu'on l'ordonnât évêque de son vivant. Ce fut l'an 395 que saint Augustin fut élu
évêque, selon la chronologie de Prosper, et à l'approche de la fête de Noël, comme on le voit par la 25e homélie des
Cinquante.
(2) Saint Paulin était alors à Nôle, libre de tous soins ecclésiastiques. En effet, ce ne fut qu'avec peine qu'il consentit
à recevoir la prêtrise dans l'église de Barcelone, et il y mit cette condition, comme il l'écrit à Sévère dans sa lettre 6%
savoir, qu'il ne serait pas attaché au service de cette église. J'ai été, dit-il dans cette lettre, consacré ausacerdoce de
Notre-Seigneur, mais non attaché à quelqueéglise parliculière. Il reçut les ordres à Barcelone, le jour deNoël. De là, il se
retira à Nôle après les Pâques de l'année suivante vers 393 ou 394. On ne peut déterminer au juste s'il fut élevé au
siège épiscopal de cette ville avant l'année 409. (Voyez la note jointe à la lettre 95e.)
ba transire sinerent, donec tanto (a) priora, quanto quod beatissimus, pater Valertus, qui vos nobiscum
sunt vestra, procederent. Sancti fratres et dilecti quantum salutet, quantumque sitiat, audietis ex
Deo, notraque invicem membra, quis dubitet nos fratribus, nec presbyterum me esse s'lum passus
uno spiritu vegetari, nisi qui non sentit, qua vobis est, nisi majorem mihi coepiscopatus sarcinam
dilectione vinciamur? imponeret. Quod quidem quia tanta ejus caritate
4. Vellem tamen scire, utrum hanc absentiam tantoque populi studio Dominum id velle credidi:
corporalem, vos patientius quam nos, faciliusque nonnullis jam exemplispræcedentibus, quibus mihi
toleretis? Si ita est, fateor, non amoistam fortitu- omnis excusatio claudebatur, vebementer timui ex..
dinem vestram, nisi forte quia nos tales sUffins, ut
minus a vobis desiderari, quam vos desiderare de-
beamus. In me certe si esset patientia vestræ absen-
lene sit, et sarcina levis :
cusare. Sed quamquamjugum Christi per seipsum
tamen propter nostram
asperitatem atque infirmitatem, si quid me mor-
tiae perferendæ, displiceret mihi: segniter enim det hoc vinculum, atque urget hoc onus, ineffabi-
agerem ut vos viderem, quid autem absurdius, liter mihi aliquanto vestræ præsentiæ solatio, tole-
quam fortitudine fieri segniorem? Sed qua ecclesiæ rabilius et portabilius redderetur, [b) quos audio
cura tenear, ex hoc vestra caritas oportet adtendat curis ejusmodi expeditiores liberioresque vivere
Quare non impudenter ego rogo vos, et posiulo, cupiebatur, oculi Deitestes sunt, in eo quodhabeba-
et flagito, ut in Africam majore talium hominum tur, et hominum. Nescio quo autem modo, cum super-
siti, quam siccitatis nobilitate laborantem, venire flua et terrena diliguntur, actius adepta quam con-
dignemini. cupitaconstringunt. Nam unde tristis ille discessit,
5. Scit Deus, quia non solum propter desiderium qui consilium vitæ æternæ consequendæ quærebat
meum, neque solum propter eos qui vel per nos a Domino, cum audisset vendendaesse omnia sua,
vestrum propositum, vel, undecumque fama pran-
dicante didicerunt, sed etiam propter ceteros qui
partim non audiunt, partim audila non credunt,
:
et distribuenda pauperibus, et habendum thesau-
rum in cælo, si vellet esse perfectus nisi quia ma-
gnas, ut evangelium loquitur (Luc, XVllI, 22), ha-
tamen possunt comperta diligere, vos istis terris bebat divitias? Aliud est enim, nolle incorporare
etiam corporaliter adesse cupimus. Quamvis enim quæ desunt, aliud jam incovporata divellere. Illi
sedulo atque misericorditer id agitis, tamen etiam velut cibi repudiantur, illa velut membra præci-
coram hominibus regionum nostrarum luceant duntur. Quanto igitur et quantum mirabili
opera vestra, ut videant buna facta vestra, et glori- gaudio nostris temporibus Christiana caritas
ficent Patrem vestrum, qui in cælis est Piscatores conspicit, per Domini Evangelium cum lætitia
vocante Domino, quod naviculas et retia dimiserunt, fieri, quod ex ore Domini cum tristitia dives au-
omnia se dimisisse, et Dominum secutos esse etiam divit?
commemorando lætati sunt. Et revera omnia con-
temnit, qui non solum quantum potuit, sed etiam
quantum voluit habere, contemnit. Sed in eo quod
:
6. Quamquam nullis verbis explicem conceptio-
nem ac parturitionem cordis mei tamen quia pru-
denter et pie intelligitis non esse istam vestram,
in
dotium tantum Domini, inquit, non etiam locum ecclesiæ dedicatus. Quapropter Barcinone in die Natali Domini ordinatus,
inde se Nolam recepit post Pascha insequentis anni 393. videlicet, aut 394. Hujus vero loci episcopatumanteannum 409.
suscepisse ipsum non liquet. Vide not. in epist. XCV.
effet vous préserver des piéges de l'ennemi, et sacrer au service de Dieu, nous en jugerons
vous agissez avec tout le soin possible, pour mieux par la suite du temps, lorsque
son âge
être doux et humbles de cœur comme des dis- sera plus avancé, et lorsqu'il sera délivré des
ciples de Jésus-Christ. Car il est préférable de craintes qu'il éprouve présentement. J'ai
en-
garder humblement les biens de la terre, que voyé à votre sainteté et à votre charité trois
d'y renoncer orgueilleusement. Or, comme vous livres. Plût à Dieu qu'ils soient aussi clairs
que
comprenez que ce n'est pas votre gloire que grands, vu la grandeur de la question que j'y
j'ai en vue, mais celle du Seigneur, vous voyez traite. Car il s'agit du libre arbitre. Je n'ai pas
combien mes paroles sont au-dessous de la craint de vous donner la peine de les lire, con-
grandeur de mon sujet. En effet, en voulant naissant toute la tendresse que vous avez pour
célébrer les louanges du Christ, j'ai entrepris moi. Je sais que votre frère Romanien n'a pas
une chose que la bouche même des anges ne ces livres, ou du moins ne les a pas tous. Je ne
saurait exprimer. C'est cette gloire du Christ lui ai pas donné, pour vous les apporter, tous
que je voudrais montrer aux yeux de habitants les ouvrages-que j'ai écrits. Je me suis contenté
de nos contrées, et par l'exemple de votre de vous les indiquer pour les lire. Romanien
sainte union, apprendre à l'un et l'autre sexe d'ailleurs, les avait déjà tous, et les emportait
à fouler aux pieds l'orgueil, et à ne pas déses- avec lui. C'est par ce frère que je vous ai en-
pérer d'arriver à la perfection. Je ne sais donc voyé ma première réponse (1). La sagesse que
si vous pouvez agir avec une plus grande cha- le Seigneur a mise en votre esprit, vous a certai-
rité, qu'en prenant, pour faire connaître ce que nement fait voir ce qu'il ya de bon dans le cœur
vous êtes, autant de soins que vous en avez de cet homme, et ce qui peut encore y rester de
pris pour le devenir. faiblesse. J'espère que ma lettre vous a montré
7. Je recommande à votre bienveillance et à avec quelle sollicitude je l'ai recommandé ainsi
votre charité Vetustin, pauvre enfant qui ferait que son fils à votre humanité et à votre cha-
pitié aux cœurs les moins religieux. Il vous rité, et combien sont étroits les liens qui les
apprendra lui-même les causes de son malheur unissent à moi. Que le Seigneur les édifie par
et de son voyage. Quant à son désir de se con- vous. C'est la plus grande grâce que je puisse
(1) C'est la lettre 27e.
hoc est humanam, sed in vobis Domini gloriam. in te laborem legendi, quanto ardorem perspicio
Nam et inimicum cautissime intuemini, devotissi- diligendi, misi sanctitati etcaritati tuæ: nam quæs-
meque agitis, ut tainquam discipuli Christi humiles tio eorum de « libero arbitrio » est. Hus autem
corde ac mites sitis. Utilius enim terrena opulentia non habere, aut omnes non habere fratrem Roma-
tenetur humiliter, quam superbe relinquitur. Quia nianum scio, per quem prope omnia, quæ qui-
ergo recte intelligitis non hanc esse vestram, sed buslibet auribus accommodata scribere potui, studio
Domini gloriam, videtis quam parva et exigua di- in nos tuo, non apportanda dedi, sed legenda indi-
xerim. Dixi enim de laudibus Christi, quibus sunt
linguæ impares Angelorum. Hanc ergo Christi glo-
riam etiam oculis nostrorum hominum cupimus
:
cavi. Habebat enim jam ille omnia, secumque gesta-
bat per eum autem prima rescripta transmisi.
Credo jam expertam sanctitatem tuam sagacitate
admoveri; in uno conjugio proposita utrique sexui spiritali, quam tibi Dominus tribuit, quid ille vir
calcandæ superbiæ, non desperandse perfectionis boni animo gerat, et quæ in illo infirmitate pars
exempla. Nescio si quidquam misericordius agitis, claudicet. Unde humanitati et caritati tuæ tam
quam si tantum nolitis latere, quod tales estis, ipsum quam filium ejus, legisti, ut spero, qua sol-
quantum tales esse voluistis. licitudine commendaverim, et quanta mihi neces-
7. Vétustinum impiis quoque miserabilem pue- situdine copulati sint. Ædificet eos per te Dominus.
rum vestrse benignitati caritatique commendo: :
Quod ab illo magis petendum est nam id tu quam
caussas calamitatis et peregrinationis ejus audietis velis novi.
ex ipso. Nam et propositum ejus, quo serviturum 8. Adversus paganos te scribere didici ex tratri-
se esse pollicetur Deo, tempus prolixius, et ætas bus, si quid de tuo pectore meremur, indifferenter
robustior, et transactus timor certius indicabunt. mitte ut legamus. Nam pectus tuum tale Domini
Tres lihros, atque utinam tam grandis quæstionis oraculum est, ut ex eo nobis tam placita, et adver-
ita explicatores ut grandes, tanto minus metuens sus loquacicissimas quæstiones explicatissima dari
lui demander, et je sais d'ailleurs que c'est vous préserve à jamais de cette génération
aussi ce que vous voulez. corrompue, seigneurs très-chers, très-purs,
8. J'ai appris par nos frères que vous écri- véritablement bons et remplis de la grâce
viez contre les païens. Si nousméritons quelque abondante de Dieu !
chose de votre cœur, envoyez-nous indifférem-
ment à lire tous vos écrits. En effet, votre cœur
est un tel oracle de Notre Seigneur, qu'il nous
fournira, j'en suis convaincu d'avance, les LETTRE XXXII (3)
spectatum in peregrinatione sollicita gaudium fe- tabat, hunc mereatur tenere collegam. Credine hoc
?
stivissimis conferremus indiciis. Si forte eadem de
venerabilibus, et amantissimis viris per aliarum ad-
ventus navium comperisti, per nos etiam repetita
;
potuit antequam fieret Sed in hoc quoque omni-
potentis opere dici evangelicum illud potest « Ho-
minibus hæc ardua, apud Deum autem omnia pos-
accipe, et quasi renovata hilaritate rursus exsulta. sibilia (Luc., XVIII, 27). » Exsultemus itaque et
Quod si primus hic a nobis tibi nuntius veniet, gra- lætemur in eo, qui facit mirabilia solus, et qui
tulare tantam nobis in tua patria caritatem Christo facit unanimes habitare in domo, quoniam ipse
donante partam, ut quidquid illic divina providen-
,
tia gerat « mirabilis semper (ut scriptum est) in
sanctis suis (Psal LXVII, 36),»velprimi, velcumpri-
plebem suam :
respexit humilitatem nostram, et visitavit in bono
qui erexit cornu in domo David
pueri sui, et nunc exaltavit cornu Ecclesise suæ in
mis sciamus. electis suis,'ut cornua peccatorum, sicutper Prophe-
2. Non autem tantum hoc scribimus gratulandum, tam spondet, hoc est Donatistarum Manichaeorum-
quod episcopatum Augustinus acceperit, sed quod que, confringat.
hanc Dei curam meruerint Africans ecclesiæ, ut 3. Utinam bsec nunc Domini tuba, qua per Au-
verba cælestia Augustini ore perciperent, qui ad gustinum intonat, filii nostri Licentii pulset audi-
majorem Dominici muneris gratiam novo more tus, sed ut illa audiat aure, qua Christus ingredi-
provectus, ita consecratus est, ut non succederet in tur, de qua non rapit Dei semen inimicus. Tunc
vi-
cathedra episcopo, sed accederet. Nam incolumi Va- vere sibi summus Christi pontifex Augustinus
lerio Hipponensis ecclesiæ coepiscopus Augustinus debitar, quia se tunc et exauditum sentiet ab ex-
est. Et ille beatus senex, cui purissimam mentem celso, si quem tibi dignum genuit in litteris, hunc
nulla unquam liventis invidiæ macula suffudit, di- et sibi digne filium pariat in Christo. Nam et nunc,
gnos sui cordis pace nunc ah Altissimo fructus capit, velim credas, flagrantissima de ipso nobis sollicilu-
ut quèm successorem sacerdotii sui simpliciter op- dine scripsit. Credimus in omnipotentem Christum,
qu'Augustin paraîtrait à lui-même un souverain emprunter les paroles d'un autre, lorsque nous
pontife de'Jésus-Christ, car il se sentirait pouvons tout exprimer par nous-mêmes, et
exaucé par leTrès-Haut, s'il pouvait enfanter qu'il n'est pas d'une tête saine de recourir au
dans Jésus-Christ un fils digne de lui, comme langage d'autrui. Grâce à Dieu, nous sommes
dansleslettres il en a enfanté un digne de sains de tête, nous dont Jésus-Christ estle chef.
vous ! Car, veuillez me croire, il nous a érrit à Que Dieu vous conserve pendant de longues
son sujet une lettre remplie de la plus ardente années, exempt de tout mal et heureux avec
sollicitude.Espérons, que par la toute-puissance votre maison, ô très-honorable et très-désirable
du Christ, les vœux spirituels de saint Augustin seigneur, notre frère !
l'emporteront sur les vœux charnels de notre
jeune homme. Il sera vaincu malgré lui il ; Le reste de cette lettre est adressé à Licentïus.
sera vaincu par la foi de son saint maître. Il 4. Ecoutez donc, mon fils, la loi de votre
ne remportera pas une mauvaise victoire, à père, c'est-à-dire la loi d'Augustin. Ne repoussez
moins qu'il n'aime mieux triompher pour sa pas les conseils de votre mère, car c'est un nom
perte, que d'être vaincu pour son salut. Pour que la tendresse d'Augustin pour vous lui
ne pas remplir envers vous un vain devoir donne aussi le droit de revendiquer. Il vous a
d'humanité fraternelle, nous vous envoyons porté dans son sein. Dès votre enfance, il vous
cinq pains de munition (1) de l'expédition a nourri du lait de la sagesse humaine, et
chrétienne, dans les rangs de laquelle nous maintenant il se réjouit de vous présenter ses
combattons tous les jours pour faire provision mamelles spirituelles pour vous allaiter et
de tempérance. Ces cinq pains sont pour vous vous nourrir dans le Seigneur. Mais bien que
et pour notre cher fils Licentius. Nous n'avons vous soyez arrivé à l'âge adulte, on vous voit
pas voulu l'exclure de cette bénédiction, lui encore vagissant dans le berceau de la vie
que nous désirons attacher comme nous-mêmes spirituelle, balbutiant à peine la parole de
à la grâce divine. Nous lui adressons également Dieu, et vous traînant, en trébuchant encore,
quelques mots, dans la crainte qu'il refuse de dans la voie de Jésus-Christ, où Augustin vous
prendre pour lui ce que nous vous avons écrit dirige, comme une mère prête le secours de sa
sur son compte. Ce que l'on dit à Mition s'ap- main, ou une nourrice vigilante celui de son
plique aussi à OEschine (2). Mais pourquoi bras, pour soutenir la faiblesse d'un enfant.
(1) Buccellatum, est le pain préparé pour les soldats, quasi confectas ad buccellam comme par petites bouchées, pour
être cuit et conservé plus facilement. Voir Assonien, liv. XVII. — Les manuscrits portent buccillato au lieu de buccellato.
(2; Ce sont deux personnages de Térence.
quod adolescentis nostri votis carnalibus spiritalia Christo, Domine frater merito honorandissime et
vota Augustini prævaleant. Vincetur vel invitus, desiderantissime.
mihi crede vincetur piissimi parentis fide, ne mala 4. Audi ergo fili legem patris tui, id est fidem
victoria vincat, si malùerit in perniciem suam vin- Augustini, et noli repellere consilia matris tuæ,
cere, quam pro salute superari. Ne vacuum frater- quod æque nomen in te Augustini pietas jure sibi
næ humanitatis officium videretur, de buccellato vindicat, qui te tantillum gestavit sinu suo, et a
- Christians expeditionis, in cujus procinctu quotidie parvulis primo lacte sapientiæ sæcularis imbutum,
ad frugalitatis annonam militamus, panes quinque nune etiam spiritalibus lactare et enutrire Domino
tibi pariter et filio nostro Licentio misimus. Non gestit uberibus. Quoniam te adultum ætate corpo-
enim potuimus a benedictione secernere, quem cu- rea, in spiritalibus adhuc cunabulis vagientem, vi-
pimus eadem nobis gratia penitus annectere. Pau- det adhuc infantem verbo Dei, vixdum in Christo
cis tamen et ad ipsum loquamur, ne neget sibi primis passibus et vestigio titubante repentem, si
scriptum, quod de se tibi scriptum est. ÆscllÌno tamen Augustini doctrine tamquam manus matris
enim dicitur, quod audit Mitio. Sed quid de alienis et ulna nutricis instabilem regat parvulum. Quem
loquar, cum de proprio cuncta possimus, et aliens siaudias et sequaris, ut rursum t^ sermoneSalomo-
?
loqui non soleat esse sani, capitis quo Dei gratia nis alliciam, « Fili coronam accipies gratiarum tuo
sano et salvo sumus, quibus caput est Christus. vertici (ProvIV, 9). » Et tunc vere eris ille non
Incolumem te ætate quamplurima, etbeatum sem- phantasmate somniatus, sed ab ipsa veritate forma-
per cum tota domo tua, ut cupimus, habeamus in tus consul et pontifex, vacuas imagines falsi operis
Ecoutez et suivez ses leçons, et pour parler fiance dans la vertu de sa parole et dans la
encore avec Salomon, «vous recevrez sur votre bonté de votre caractère me fait croire qu'il a
tête une couronne de grâce (Prov.,IV, 9). » déjà été fait en vous plus de choses qu'il n'en
Vous serez alors véritablement consul et pon- reste à faire, j'ai osé ouvrir la bouche, comme
tife, non selon les illusions d'un songe, mais méritant la double faveur d'être comparé à
par l'opération de la vérité qui est Jésus-Christ, Augustin dans la sollicitude qu'il a pour vous,
dont la toute-puissance accomplira en vous, et d'être compté parmi ceux qui aiment votre
par des effets réels, le présage de votre songe. salut. Quant au moyen d'effectuer votre per-
Oui, vous serez réellement consul et pontife, fection, je sais bien que la palme appartient à
mon cher Licentius, si vous vous attachez aux Augustin. Je crains, mon fils, d'avoir blessé
implente Christo solidis suæ operationis effectibus. rata quam elaboranda, ausus sum hiscere duplici
Vere enim pontifex et vere consul Licenti eris, si gratia, ut et illi viro debita caritate comparer in sol-
Augustini vestigiis propheticis et apostolicis disci- licitudine tui, et inter eos qui salutem tuam dili-
plinis,utsacratobeatusHelisacus Heliæ, ut illustri gunt, vel contestato numerarer affectu. Nam effec-
Apostolo Timotheus adolescens, adhæreas, indivulso tus in tui perfectionepalmamAugustinopotissimum
per itinera divina comitatu, utetsacerdotium corJe destinatam scio. Vereor, fili, ne aures tuas asperi-
perfecto discas mereri, et populis ad salutem magis- tate temerarii sermoni's offenderim, et per aures
tro ore consulere.
:
5. Sat hoc monitis et hortatui modico enim ser-
mone et labore te arbitror, mi Licenti, ad Christum
animo etiam tuo tædii mei vulnus intulerim. Sed
in meniem venit epistola tua, qua te musicis fami-
liarem modis intellexi, a quo studio ego aevi quon-
posse incitari, jam a pueris ad studia veritatis et sa- dam tui non abhorrui. Itaque mihi ad tuam men-
pientise, quod utrumque vere est Christus, et omnis tem, si in aliquo exulcerassem, deliniendam
boni summum bonum venerabilis Augustini spiritu remedium, litteras tuas recordatus reperi, ut te ad
et ore flammatum. Qui si parum apud te pro te Dominum harmonise omniformis artificem, modu-
lamine carminis evocarem. Quæso te ut aure audias,
valuit, quid ego tanto intervallo posterior, et om-
nium illius opum pauper, efficiam ? Sed quia et
illius facultatis potentia, et tui ingenii humanitate
neque caussam salutis tuse in verbis meis sperna
sed piam curam et mentem paternam etiam in des-
;
confislls, pleniora atque majora in te spero elabo- piciendis sermonibus libenter accipias, quibus insi-
liens qui vous attachent au monde. Ne craignez qu'on ne ceint jamais sans danger, une fois
pas le joug si doux du Seigneur. Les choses de que vous aurez été brisé par des travaux sté-
cette terre sont belles et font l'admiration des riles, vous vous accuserez, mais trop tard
esprits vains, mais l'âme du sage ne s'en laisse !
hélas de toutes vos vaines espérances,et vous
voudrez briser les chaînes que vous vous forgez
pas éblouir. Maintenant, vous voilà livré
aux perfides séductions de cette Rome qui peut aujourd'hui. Alors vous vous souviendrez' en
renverser les plus forts. Je vous en conjure, vain d'Augustin votre père, et vous gémirez
mon fils, au milieu des enchantements de la d'avoir méprisé ses conseils dictés par l'esprit
grande ville, pensez toujours à Augustin, qui de vérité. C'est pourquoi, si vous êtes sage, si
est pour vons un vrai père. Parmi tous les dan- vous êtes un enfant pieux, écoutez la voix de
gers et les faiblesses de cette vie, son image, ceux qui sont vos pères, écoutez les conseils
gardée religieusement dans votre cœur, vous des vieillards. Pourquoi vouloir avec orgueil
mettra à L'abri de tous périls. Mais ce que je soustraire votre cou au joug qu'on vous pré-
ne cesserai de vous recommander, c'est de ?
sente La charge que je vous impose est légère,
quitter la profession des armes, où les chutes
sont si fréquentes. La carrière militaire a un
éclat qui nous flatte, mais c'est une servitude
celle du divin amour ;
le joug de Jésus-Christ est doux, sa voix est
fiez-vous à Dieu. Pré-
sentez de vous-même votre tête au joug du
dont on a peine à sortir. On aime à l'embras- Seigneur, prêtez une bouche docile à un frein
ser, et bientôt on regrette de l'avoir suivie. On si doux, et laissez charger vos épaules d'un
se plaît à monter au faîte des honneurs, on fardeau si léger. Vous le pouvez encore, main-
craint sans cesse d'en descendre, et si l'on tenant que vous êtes libre, que vous n'êtes
chancelle, du haut de ce sommet, la chute n'en retenu par aucuns liens, ni par les soucis du
est que plus terrible. Maintenant les faux biens mariage, ni par les honneurs élevés. La véri-
du monde vous ravissent, l'ambition vous table et bonne liberté, c'est de servir Jésus-
entraîne au hasard, et la renommée vous em- Christ, d'être en lui au-dessus de toutes choses.
porte sur ses ailes plus fragiles que le verre. Il ne craint ni les maîtres des hommes, ni
Mais une fois que vous aurez pris le baudrier, leurs vices, ni l'orgueil des rois, celui qui s'est
turn Christi nomen, quod est snpra onine nomen, Astubite magno (a) damno succinxerit emto
hanc deberi venerationem facit, ut non possit a ore- Baltheus, et sterilis fregerit inde labor,
dente contemni. Serus et incassum spes accusabis inanes,
Quare age rumpe moras, et vincla tenacia sæcli: Et modo quæ nectis, rumpere vincla voles.
Neemetuas placidi mite jugum Domini. Tunc reminisceris frustra patris Augustini
Pulcra quidem, sed mira vagis præsentia rerum Contemsisse dolens veridicos monitus,
Mentibus, at sapiens non stupet ista animus. Quare si sapiens, et si pius es puer, audi,
Nunc te sollicitat variis malesuada figuris, Et cape verba patrum, consiliumque senum.
Heu validos etiam vertere Roma potens. Quid retrahis fera colla jugo? mea sarcina lenis,
Sed tibi nate precor, semper pater Augustinus Suave jugum Christi est, vox pia, Crede Deo :
Occurset, cunctas Urbis ad illecebras. Et caput adde jugis, da mollibus ora capistris,
Ilium tanta inter fragilis discrimina vítæ Demissosque levi subde humeros oneri.
Adspiciens, et habens pectore, tutus eris. Nunc potes hoc, d'unliber agis, dum nulla reten-
Hoc tamen et repetens iterumque iterumque mo- [tant
, [nebo, Vincula, nulla,thori cura, nec altus honor.
Ut fugias duræ lubrica, milítíae. Hæc bona libertas, Christo servire, et in ipso
Blandum nomen honos, mala servitus, exitus æger, Omnibus esse supra: non dominis hominum,
Quem nunc vel juvat, mox voluisse piget. Non vitiis servit, non rcgibus ille superbis,
Scandere celsa juvat, tremor est descendere celsis: Tantum qui Christo se dederit Domino.
Si titubes, summa pejus ab arce cades. Nec tibi nobilitas videatur libera, quam nunc
Nunc tibi falsa placent bona, nunc rapit omnibus Sublimem adtonita conspicis Urbe vehi. -
[auris, Quam cernis tanta sibi libertate videri,
Ambitus, etvitreo fertcava fama sinu. Ut dedignetur flectere colla Deo. -
,! !
gneur et maître, il est l'esclave des démons,
s'il adore les idoles. 0 douleur voilà donc,
mon cher Licentius les hommes qui vous
âme, vous triomphez de l'œuvre de la chair.
Voilà, cher enfant, ce que la sincérité de ma
tendresse m'a engagé à vous écrire. Recevez
retiennent à Rome Voilà ceux, pour plaire mes conseils, et Dieu vous recevra dans son
auxquels,vous méprisez le royaume du Christ! sein. Croyez, Licentius, que vous avez en moi
Vous les appelez vos maîtres, vous les saluez un autre Augustin. Acceptez donc ces deux
en courbant la tête, ces hommes qui sont les pères, qui réunissent leur tendresse sur vous.
esclaves du bois et de la pierre, ces hommes Si vous nous rejetez, vous vous séparez de nous
qui vénèrent sous un nom divin l'or et l'argent, deux, en nous causant une double douleur. Si
et qui n'ont d'autre religion que la maladie de vous écoutez nos paroles, c'est un gage d'affec-
Multis ille miser mortalibus, et quoque servis Quanta etenim cælo ac terris distantia, tanta est
Servit, et ancillas ut dominentur, emit. Cæsars et Christi rebus et imperiis.
Norunt Eunuchos et magna palatia passi, Tollere humo, sed nunc dum spiritus hos regit ar-
Et quisquis. Romam, sponte miser, patitur
Quanto sudoris pretio, damnoque decoris
: Mente polum penetra, nil mora carnis obest.
[tus,
Constet ibi chlamydis, hie honor officii. Corporeis jam nunc morere actibus, et bona vitæ.
Nec tamen ipse potens, qui celsior omnibus esse Cælestis liquido praemeditare animo.
Emerit, ut nulli serviat, adsequitur. Spiritus es, quamquam tenearis corpore, si nunc
Cum bene se tota dominum jactaverit Urbe, Mente pia victor carnis opus périmas.
!
Servit demoniis, si simulacra colit.
Proh dolor hos propter remoraris in Urbe Licenti,
Hæc tibi care puer fido compulsus amore
Scripsi, si recipis suscipiere Deo.
Et regnum Chvisti spërnis, ut his placeas : Crede Augustinum tibi nunc in me geminatum,
Hos vocitas dominos, curva et cervice salutas,
Quosligni servos conspicis etlapidis.
Nomine divino argentum venerantur et aurum,
Sume duos una cum pietate patres.
Spernimur
Audimur
?? abstrahevis majore dolore duobus
pignus dulce duobus eris.
:
Relligio est quod amat morbus avaritiæ. In te læta patrum sudavit cura duorum,
Imprecor hos ut amet, qui non amat Augustinum, Et tibi magnus honos laetificasse duos.
Non colat et Christum, cui placet hos colere. Sed me Augustino, cum copulo, non meritorum
Inde ait ipse Deus, Dominis non posse duobus Jacto parem, solo comparo amore tui,
rivo?
Serviri; quoniam mens placet una Deo: Nam quid ego effnndam, rorans tibi paupere
Una fides, deus unus, et unicus e Patre Christus, Me prseter, gemino flumine prolueris,
Haud duplex uni servitus est domino. Frater Alypius est Augustinusque magister,
tion que vuus donnez à l'un et à l'autre. Ces livrez pas votre temps à des soins étrangers. Si
deux pères ont avec joie uni leurs peines et vous rejetez ce qui est à vous, quelqu'un vous
leurs soins pour votre bonheur, et il sera glo- donnera-t-il ce qui ne vous appartient pas?
rieux pour vous de les avoir à votre tour com- Vous ne serez plus votre maître, et toujours
blés de joie. En m'unissant ainsi à Augustin, emporté par les sens vers les choses extérieures,
je ne me vante pas de l'égaler en mérite, mais !
vous serez, hélas comme exilé de votre propre
seulement en affection pour vous. Que suis-je, cœur. Ces vers adressés à un filspar la sollici-
pauvre ruisseau,pour répandre sur vous un tude d'un père suffisent pour vous faire voir
?
peu de mon onde Mais sans parler de moi, que ce qu'il craint et ce qu'il veut pour vous, il
vous pouvez en puiser à deux fleuves abon- le craint et le veut pour lui-même. Si vous
dants. Alype est votre frère, Augustin votre accueillez cette page, elle vous apportera la
maître. L'un vous est uni par le sang, vous vie. Si vous la rejetez, elle portera, un jour,
devez à l'autre votre intelligence.Fort d'un tel témoignage contre vous. Cher et bien-aimé fils,
frère et d'un si grand maître, vous hésitez que Jésus-Christ vous conserve sain et sauf, et
encore, Licentius, à vous envoler sur leurs vous fasse à tout jamais son serviteur. Vivez,
ailes vers la région des cieux ! Quoi que vous
fassiez, que le monde n'espère plus vous avoir
pour ami. Ame due à Jésus-Christ, vous ne
:
mais vivez pour Dieu, car vivre pour le monde
est une œuvre de mort vivre pour Dieu, voilà
la véritable vie.
devez rien à la terre. Vous avez beau songer à
une union splendide et à des honneurs élevés,
il faut maintenant vous rendre à celui qui fut
autrefois votre maître. Deux justes, j'aime à le
croire,viendront bien à bout d'un seul pécheur,
et leurs prières fraternelles empêcheront l'ac-
complissement de vos vœux. Revenez donc où
vous appellent la voix d'un père, l'amitié d'un
frère, tous deux ornés du sacerdoce. C'est où
sont vos vrais biens qu'ils vous invitent; ceux
auxquelsvous aspirez maintenant sont indignes
de vous. Le royaume que vous gardent vos
amis, voilà plutôt ce qui vous est destiné.
Aspirez avec ardeur à posséder ce royaume, ne
biscum. Quod te multum gaudeo nostræ humilitati dabit me justus in misericordia, et arguet me,
offerre dignatum: neque ullo modo possum tan- oleum autem peccatoris non impinguet caput meum
tam occasionem benigni animi tui deserere, ut (Psal., CXL). » Mavult enim severamisericordiajusti
quantum vires Dominus præbere dignabitur, quæ- emendari, quam leni adulationis unctione laudari.
ram tecum atquediscutiam, quæ caussa, quæ ori-
go, quæ ratio in Ecclesiæ Christi, cui dixit, « Pacem
meam do vobis, pacem meam relinquo vobis (Jo-
Unde etiam illud propheticum est a Qui vos felices
dicunt, in errorem vos mittunt (Isai., III, 12) »
Ideoque de homine, quemfalsæblanditiæfaciunt ar-
:
han.,XIV, 27), tam lugendæ atqueplangendæ discis- rogantem, recte etiam vulgo dicitur; « Crevit caput.»
sionis exstiterit. Impinguatum est enim oleo peccatoris: hoc est, non
3. Audivi quidem de memorato fratre te fuisse aspera veritate corrigentis, sed leni falsitate laudan-
:
conquestum, quod nescio quid tibi contumeliose
responderit quod, quæso te, ne illam contume-
liam deputes; quam certum mihi est non de super-
tis. Neque hoc in eam partem peto accipias, quasi
ego te a fratrer Evodio tamquam a justo, emenda-
tum intelligi velim. Vereor enim ne me quoque
bo animo processisse, novi enim fratrem meum, aliquid contumeliose in te dicere existimes, quod
sed si quid in disputando pro fide sua, et pro Ec- vehementer caveo, quantum possum. Sed justus est
clesiæ caritate dixit fortasse ferventius, quod tua ille qui dixit; « Ego sura veritas (Johan. XIV). 6). »
gravitas nollet audire, non ulla contumacia, sed Itaque de cujuslibet hominis ore nobis verum cum
fiducia nominanda est. Collatorem enim et disputa- aliqua asperitate sonuerit, non ah illo homine, qui
torem, non assentatorem et adulatorem se esse cu- forte peccator est, sed ab ipsa veritate, hoc est a
piebat. Nam hoc est oleum peccatoris, quo Propheta Christo,qui justus est, emendamur: ne nostrum
non vult impinguari caput. Ita enimdicit;« Emen- caput blandæ, sed perniciosæ adulationis unctio,
à-dire l'huile du pécheur, se répande sur notre ples, mais un seul. En un mot, vous n'avez qu'à
tête. Si toutefois le frère Evode, pour défendre vouloir, à ordonner, et j'accepterai volontiers
sa communion, a laissé échapper quelques tout ce qui vous plaira. Je réponds d'avance
paroles trop vives, il faut le pardonner à son que mon très-saint et très-vénérable père Va-
âge et à l'exigence de sa cause. lère, qui est présentement absent, acceptera
4. Je vous prie de ne pas oublier la promesse tout ce que nous arrêterons, et l'apprendra
plus grande joie, car je sais son
que vous avez daigné me faire de traiter et avec la amour
d'examiner paisiblement ensemble et en pré- pour la paix, et combien il déteste tout ce qui
sence d'hommes de votre choix, une question tient à la fausse gloire et à la vanité.
si importante, où il s'agit du salut de tous. 5. Qu'avons-nous à faire de toutes ces an-
Mais je crois nécessaire qu'on écrive tout ce ciennes querelles? Assez et trop longtemps ont
que nous dirons,pour ne pas permettre que nos duré les blessures que l'animosité d'hommes
parolesse perdent en l'air.Nouspourrions ainsi orgueilleux ont infligées à nos membres. Ces
discuter avec plus d'ordre et de tranquillité, et blessures sont tellement envenimées qu'elles
si quelque chose échappait à notre mémoire, nous ont fait perdre jusqu'au sentiment de la
il suffirait, pour le retrouver, de lire ce qui douleur qui nous fait implorer le secours du
aura été écrit. Si vous l'aimiez mieux, nous médecin. Voyez quelle misère et quelle honte
pourrions, sans l'interposition de personne, et ont jeté le trouble dans les maisons et les
où bon vous semblera, conférer d'abord entre familles chrétiennes. Les maris et les épouses
nous, soit par lettres, soit de vive voix, soit par vivent d'accord sous le même toit, et sont en
lecture. Il pourrait, en effet, se trouver des désunion quand il s'agit de l'autel du Christ.
auditeurs peu modérés qui, au lieu d'être atten- ils jurent par le Christ d'avoir entre eux la
tifs à ce que nous discuterons pour notre salut, paix, et cette paix ils ne peuvent l'avoir en lui.
ne songeraient qu'au plaisir de nous voir aux Les fils habitent avec leurs parents une seule et
prises. Nous pourrions ensuite nous-mêmes même maison, et n'ont pas la même maison
donner au peuple connaissance de ce qui aura pour adorer Dieu. Ils espèrent leur héritage,
été fait entre nous. Si c'est par lettres que et sont en dispute avec eux sur l'héritage de
nous conférons, nos lettres seraient lues aux Jésus-Christ. Les serviteurs et les maîtres ne
deux partis, afin qu'il n'y ait plus deux peu- reconnaissent pas le Maître commun, qui a pris
noc est oleum peccatoris impinguet. Quamquam las agi placet, ipsæ plebibus recitentur, ut aljquan-
etiam si frater Evodius aliquantum pro suæ com- do non plebes, sed plebs una dicatur. Prorsus sicut
munionis defensione turbatior, aliquid elatius ani- volueris, sicut jusseris, sicut tibi placuerit, libenter
mo commotiore dixisset, ætati hominis et necessi- amplector. Et de animo beatissimi et venerabilis
tati caussæ te oporteret ignoscere. mihi patris Valeriinunc absentis tota securitate
4. Illud tamen quod promittere dignatus es, peto polliceor, hoc eum cum magna lætitia cogniturum.
memineris, ut sedentibus quos ipse delegeris, Novi enim quantum diligat pacem et nulla vani fa-
(dummodo verba nostra non inaniter ventilentur, stus inanitate jactetur.
sed stilo excipiantur, ut et tranquillius et ordina- 5. Rogo te quid nobis est cum veteribus dissen-
tius disseramus, et si quid forte a nobis dictum de sionibus? Hucusque vulnera illa duraverint, quæ
memoria lapsum fuerit, recitatione revocetur)rem animositas hominum superborum nostris membris
tam magnam, et ad salutem omnium pertinentem inflixit: quorum vulnerum putrefactione etiam do-
cum concordia requiramus. Aut si placet, nullo me- lorem perdidimus, quo solet medicus implorari.
dio interposito, prius nobiscum sive per epistolas, Vides quanta et quam miserabili fœditate Christia-
sive per colloquutionem atque lectionem, ubi pla- næ domus familiæque (a) turbatæ sint. Mariti et uxo-
cuerit, conferamus : ne forte intemperantes non- res de suo lecto sibi consentiunt, et de Christi al-
nulli auditores malint quasinos trum exspectare cer- tari dissentiunt. Per illum sibi jurant ut inter sa
Filii
tamen, quam de nostra salute in nostra colloquu- pacem babeant, et in illo habere non possunt. et
tione cogitare: ut quod fuerit inter nos terminatum, cum parentibus unam domum habent suam,
postea per nos populus noverit; aut si per episto- domum Dei non habent unam. Succedere in eorum
(a) MSS. sex, turpata sint.
la forme d'un serviteur pour les délivrer tous 6. Je vous en prie, je vous en conjure, s'il y
de l'esclavage, en se faisant esclave lui-même. a en vous cette humanité que chacun aime à
Les vôtres nous honorent, les nôtres vous reconnaître, laissez-la éclater dans cette circons-
;
terminer leurs discussions temporelles, ils s'a- accable pas, un jour, devant le tribunal de
dressent à nous, et quand nous leur sommes Dieu mais que, rappelé de ses erreurs et de
nécessaires, ils nous appellent des saints et des ses dissensions par notre sincère et réelle cha-
serviteurs de Dieu, pour que nous arrangions rité, il soit dirigé dans le chemin de la vérité
leurs affaires terrestres. Occupons-nous donc et de la paix. Soyez heureux et saint aux yeux
enfin de l'affaire de leur salut et du nôtre. Il de Dieu, honorable et bien-aimé seigneur !
ne s'agit là ni d'or, ni d'argent, ni de biens-
fonds, ni de troupeaux, toutes choses pour
lesquelles ils nous saluent humblement en
courbant la tête, et cela pour que nous termi-
nions leurs dissensions humaines, mais il s'agit
de Jésus-Christ, notre chef, sur lequel règne
entre nous une division aussi honteuse que
dangereuse. Qu'ils baissent aussi humblement
qu'ils le voudront la tête pour nous saluer, afin
que nous les mettions d'accord sur la terre; ils
ne s'abaisseront jamais autant que le divin
chef en qui nous ne sommes pas d'accord, lui
qui s'est abaissé jusqu'à descendre du haut du
Ciel sur la croix.
hereditatem cupiunt, cum quibus de Christi heredi- missum est caput nostrum, in quo concordes non
tate rixantur. Servi et dominicommunemDominum sumus.
dividunt, qui formam servi accepit, ut omnes ser- 6. Rogo te atque obsecro, si est in te aliqua hu-
viendo liberaret. Honorant nos vestri, honorant vos manitas, quam multi prædicant, hic appareat boni-
nostri. Per coronam nostram nos adjurant vestri, tas tus, si non propter honores transitorios simu-
per coronam vestram vos adjurant nostri. Omnium latur, ut contremiscant in te viscera misericordiæ,
verba suscipimus, neminem offendere volumus.
Quid nos solus Christus offendit, cujus membra
laniamus? Et homines quidem caussas suas sæcu-
:
et velis aliquando rem discuti instando nobiscum
orationibus, et omnia pacifice conferendo ne mi-
seræ plebes, quæ nostris honoribus obsequuntur,
lares apud nos finire cupientes, quando eis necessa- premantnosobsequiis suis in judicio Dei sedpotius
rii fuerimus, sic nos sanctos et Dei servos appellant, nostra non ficta caritate nobiscum revocatæ ab er-
ut negotia terræ suæ peragant: aliquando agamus roribus et dissensionibus,in veritalis et pacis itinera
et nos negotium salutis nostræ et salutis ipsurum, dirigantur. Opto te coram oculis Dei beatum esse,
non de auro, non de argentu, non de fundis et Domine honorabilis et dilectissime.
pecoribus, pro quibus rebus quotidie submisso ca-
pite salutamur, ut dissensiones hominum termi-
nemus, sed de ipso capite nostro tam turpis inter
nos et perniciosa dissensio est. Quantamlibet capiti
submittant qui nos salutant, ut eos concordes
in terra faciamus, de cælo usque ad crucem sub-
mouvements de paix, et que ce que je fais n'est
jamais en vue de forcer quelqu'un à embrasser
malgré lui la communion catholique, mais
LETTRE XXXIV (t)
pour faire éclater la vérité aux yeux de tous
ceux qui sont dans l'erreur, et la rendre,
Un jeune homme qui avait coutume de battre sa avec l'aide de Dieu et par notre ministère,
mère et qui avait même menacé de lui donner la assez évidente pour qu'elle se fasse rechercher
mort, passa au parti des Donatistes, et fut et embrasser d'elle-même.
rebaptisé par eux. Saint Augustin demande 2. En effet, sans parler d'autres choses, quoi
si
qu'on s'enquière cela avait étéfait par l'ordre de plus exécrable, je vous le demande, quece
de l'évêque Proculéïen, comme le prêtre Victor
l'avait consigné dans les registres publics, et
déclare, si Proculéïn y consent, qu'ilest prêt à
;
qui vient d'arriver? Un jeune homme est repris
par son évêque souvent ce furieux accablait
sa mère de coups, et les jours (2) mêmes où la
discuter pacifiquement avec lui la question du sévérité des lois épargne les plus criminels,
schisme, n'avait pu détourner ses mains impies de
meurtrir le sein qui l'avait porté. Chose in-
A SON EXCELLENT ET HONORABLE SEIGNEUR ET
croyable, il menace sa mère de passer dans le
FRÈRE EUSÈBE, :
parti de Donat, et même de la tuer avec la
AUGUSTIN, SALUT. même fureur qu'il avait coutume de la frapper.
Après cette menace, il passe dans le parti de
1. Dieu, qui lit dans le fond des cœurs, sait Donat. Ce furieux est rebaptisé, et tout frémis-
qu'autant j'aime la paix chrétienne, autant je sant encore du désir de répandre le sang de sa
suis ému et chagriné par les faits sacriléges de mère, il est revêtu des vêtements blancs. On le
ceux qui persévèrent à la troubler par une place au dedans de la balustrade, sur un lieu
dissension aussi indigne qu'impie. Dieu sait élevé, pour le montrer à toute l'assemblée, et
que tous les mouvements de mon âme sont des pendant que ce fils indigne médite un parri-
(1) Ecrite peu de temps après la précédente. — Cette lettre était la 168e dans les éditions antérieures à l'édition des
Bénédictins, et celle qui était la 34e se trouve maintenant la 51e.
(2) Saint Augustin désigne le temps de la Passion et même du carême entier, durant lequel cessaient toutes pour-
suites criminelles. (Voir la loi de Gratien, cod. liv. III, tit. XI; de feriis .) L'empereur Arcade ordonne même pendant la
quinzaine de Pâque, la cessation de toutes affaires civiles.
crime:
L'Eglise,notre mère spirituelle, défend un tel
à son tour elle est frappée dans les
sacrements par lesquels elle a engendré et
boire le sang de sa mère. Si on approuve de
pareilles choses, il faut que les clercs qui ont
travaillé à sa sanctification, le pressent d'ac-
nourri spirituellement un ingrat. Ne vous complir entièrement son vœu pendant les huit
:
semble-t-il pas entendre ce parricide, frémis-
sant de rage, s'écrier « — Que ferai-je à
l'Eglise qui me défend de tuer ma mère J'ai ?
jours qu'il doit porter ses habits blancs.
4. La main du Seigneur est assez puissante
pour préserver une veuve malheureuse et déso-
trouvé ce que je dois lui faire. Elle sera frappée lée de la fureur de ce forcené, et pour le dé-
elle-même comme elle peut l'être. Qu'il soit tourner, par les moyens qu'il connaît, d'un
!
fait en moi quelque chose dont tous ses mem-
bres se ressentiront Je passerai vers ceux
qui savent effacer la grâce par laquelle elle m'a
dessein si criminel. Pour moi, dans la douleur
où je suis, puis-je faire autre chose que de
?
parler Quoi! pendant que ces hommes pour-
engendré, et détruire la forme que j'ai reçue
dans son seijp. Je tourmenterai mes deux mères
par de cruelles tortures, et la dernière qui m'a
:
ront faire impunément toutes ces choses, on me
dirait Taisez-vous ? Que Dieu me préserve
d'une telle lâcheté, lui qui me dit par la voix
enfanté sera la première qui me perdra. Pour de son Apôtre, qu'un évêque doit reprendre
combler l'une de douleur, je mourrai spirituel- (Tit.,
ceux qui donnent de faux enseignements
lement. Pour tuer l'autre, je vivrai selon la
1,' 9), et moi, dans la crainte de
leur indigna-
chair. » — Attendrons-nous, Eusèbc, mon ?
tion, je garderais le silence Si j'ai voulu faire
honorable frère, que ce fils, devenu donatiste, insérer dans les actes publics un tel sacrilège,
arme en toute sûreté sa main contre une femme c'est pour empécher qu'on ne dise, dans les
malheureuse, accablée de vieillesse, veuve et autres villes où je jugerai à propos d'en parler,
sans appui, que la religion catholique l'empê- déjà, à
que je déplore un fait imaginaire. Car
(1) Constantine était la métropole de la province de Numidie pour le civil, car le premier siège épiscopal de cette
province n'était pas fixé dans un lieu déterminé, mais suivait toujours l'évêque le plus ancien dans l'ordination.
quam, maxime in aliis civitatibus ubi opportunum adsint nobiscum deni ex utraque parte graves et
fuerit, ista deplorantem fingere aliquid arbitretur, honesti viri, et secundum Scripturas, quid in vero
quando etiam apud ipsam Hipponem jam dicitur, sit, perquiramus. Nam illud quod rursus eum di-
non hoc Proculeianum mandasse, quod publicum xisse nonnulli ad me pertulerunt, cur non ierim
renuntiavit officium.. Constantinam, quando ibi plures ipsi erant, vel me
5. Quid autem modestius agere possumus, quam debere ire (a) Milevim, quod illic, sicut perhibent,
ut tam gravem caussam, per te tamen agam, virum concilium, proxime habituri sunt, ridiculum est
et clarissima dignitate præditum, et considerantis- dicere, quasi ad me pertineat cura propria, nisi
sima voluntate tranquillum? Peto igitur, sicut jam Hipponensis Ecclesise. Mihi tota hujus qusestionis
petivi per fratres nostros bonos atque honestos viros, ratio maxime cum Proculeiano est. Sed si forte
quos ad tuam eximietatem misi, ut quærere digne- imparem se putat, cujus voluerit collegae sui im-
ris, utrum Proculeiani presbyter Victor non hoc ab ploret auxilium. In aliis enim civitatibus tantum
episcopo suo mandatum acceperit, quod officio pu- agimus, quod ad Ecclesiam pertinet, quantum
blico renuntiavit; an forte cum et-ipse Victor aliud. vel nos permittunt, vel nobis imponunt earundem
dixerit/falsum illi apud Acta prosecuti fuerint, civitatum episcopi fratres et consacerdotes nostl'i.
cum sint communionis ejusdem? Aut si consentit, 6. Quamquam et iste qui se tot annorum episco'
ut ipsam totam quæstionem dissensionis nostræ pum dicit, quid in me tyrone timeat, quominuS
placide perlractemus, ut error qui jam manifestus mecum velit conferre sermonem, non satis intelli-
est, manifestius innotescat, libcnter amplector. Au- go :
si doctrinam liberalium litterarum, quas forte
divi enim quod dixerit, ut sine tumultu populari ipse aut non didicit, aut minus didicit, quid hoc
ET FRÈRE EUSÈBE.
aucune raison pour que Proculéïen défère le
débat à je ne sais quels autres, et refuse de
traiter entre nous une chose qui nous regarde. AUGUSTIN, SALUT.
Cependant, comme je l'ai dit, je ne refuse pas
d'entrer en lice avec tous ceux qu'il voudra 1. Je n'ai jamais pensé, comme vous le dites,
appeler à son secours. soit par des exhortations, soit par des prières
importunes, à vous établir malgré vous juge
entre des évêques. Cependant, si telle eût été
mon intention, il ne me serait pas difficile de
vous démontrer que vous avez toute l'autorité
possible pour juger entre nous, dans une affaire
aussi connue et aussi évidente, et de vous faire
comprendre tout ce que votre conduite, a
(a) Sic Lov, et pleriqlue MSS.At. Bad. Am. et Er. habent, cum colonis suis.
léïen l'ignore. Veuillez donc porter ces faits à priant votre bienveillance de remédier à ces
sa connaissance. Qu'il éloigne de sa communion maux, que personne ne se plaigne que je les
cet homme qui l'a choisie uniquement parce porte à la connaissance de Proculéïen par les
que sa désobéissance et la corruption de ses registres publics. C'est un droit qui ne peut
mœurs lui avaient fait perdre sa cléricature m'être refusé dans une cité romaine (1). En
dans l'Eglise catholique. effet, puisque Dieu nous ordonne de parler et
3. Pour moi, voici avec la grâce de Dieu la d'annoncer sa parole, et de réfuter ceux qui
conduite que j'observe. Tous ceux que les lois donnent de faux enseignements, puisqu'il nous
de la discipline donatiste ont obligé de dégra- ordonne, dis-je, d'insister à cet égard dans
der, et qui veulent passer dans l'Eglise catho- toutes les circonstances possibles, opportunes
tique, n'y sont reçus qu'après avoir subi l'hu- et inopportunes, comme je peux le prouver par
miliation de la pénitence, à laquelle ils auraient les lettres dominicales et apostoliqnes, c'est-à-
été condamnés par les donatistes mêmes, s'ils dire par les paroles du Seigneur et des Apôtres,
avaient voulu rester parmi eux. Considérez, je nul homme an monde ne pourra me persuader
vous prie, combien il est exécrable que ceux de garder le silence. Que si nos ennemis ont
dont nous châtions la mauvaise vie avec la sé- recours à la violence et au brigandage, Dieu
vérité de la discipline ecclésiastique, soient interviendra pour protéger son Eglise, lui qui
4. Namcumecclesiaequidamcolonusfiliam suam,
quae apud nos fuerat catechumena, et ab illis se-
ducta est invitis parentibns, ut ibi baptizata etiam
sanctimonialis formam susciperet, ad communio-
deinde quasi renovati et quasi sanctificati, discipli- nem catholicam paterna vellet severitate revocare,
nee, quam ferre non potuerunt, deterioresfacli,sub et ego feminam corruptoe mentis nisi volenlem, et
specie novæ gratiæ, sacrilegio novi furoris insultent. libero arbitrio meliora deligentem suscipi noluis-
Aut si male facio, per tuam benevolentiam ista sem; ille rusticus etiam plagis instare coepit, ut
corrigenda curare, de me nullus queratur, si haec sibi fìlia consentiret; quod statim omnimodo fieri
illi perferri in notitiam per codices publicos fecero, prohibui : tamen per Spanianum transeuntibus
qui Illihi negari, ut arbitror, in Romana civitate nobis, presbyter ipsius stans in medio fundo catho-
non possunt. Nam cum Deus imperet ut loquamur licae ac laudabilis feminae, voce impudentissima
le cœur était corrompu, que si elle consentait à parler, osa également menacer le fermier
revenir parmi nous, et à suivre volontairement d'un bien de l'Eglise.
une meilleure voie. Pour forcer sa fille à se 5. Veuillez donc, je vous prie, porter tous
soumettre à sa volonté, le fermier commença à ces faits à la connaissance de Proculéïen, pour
la frapper. Dès que je l'appris, je m'y opposai qu'ilréprime la folie et les violences de ses
absolument. Cependant, en traversant le pays clercs, sur lesquelles je n'ai
pas voulu garder le
de Spane, un prêtre de Proculéïen, se trouvant silence avec vous, honorable Eusèbe. Je ne vous
au milieu d'un héritage appartenant à une demande pas de me dire ce que vous pensez de
femme catholique et digne de tout respect, tout cela, car vous pourriez croire que je veux
:
osa nous insulter avec impudence, en nous ap- vous imposer le fardeau d'un juge. Je vous prie
pelant à haute voix «Traditeurs (1) et persé- seulement de m'écrire ce qu'on vous aura ré-
cuteurs. » Il prodigua la même insulte à cette pondu. Que lamiséricorde vous conserve, excel-
femme, qui est de notre communion, et sur les lent, honorable et bien-aimé seigneur et
terres de laquelle il se trouvait. En entendant frère.
ces injures, non-seulementje me contins moi-
même, mais j'apaisai encore l'irritation de ceux
qui m'accompagnaient. Et cependant quand je LETTRE XXXVI (2)
: :
dis Cherchez ceux qui sont les trâditeurs et les
persécuteurs, on me répond Nous ne voulons Saint Augustin, dans cette lettre adressée au prêtre
Casulan, réfute la dissertation d'un certain
pas discuter, et nous voulons rebaptiser. Nous
voulons tendre des pièges à vos brebis, les citoyen de la billede Rome (3), qui prétendait
déchirer comme des loups. Pour vous, si vous qu'on était obligéeieûner le samedi.
êtes de bons pasteurs, taisez-vous. Car Procu- FRÈRE CASULAN,
A SON TRÈS-CHER ET TRÈS-HONORÉ
léïen m'a-t-il fait dire autre chose, si véritable-
ment c'est par son ordre qu'on me l'adit a Si
vous êtes chrétiens, laissez cela au jugement
: SONCOLLÈGUE DANS LE SACERDOCE.
AUGUSTIN, SALUT EN NOTRE SEIGNEUR.
de Dieu. Si nous n'en usons pas de même, tai- CHAPITRE PREMIER.—1 .Je
ne sais pas com-
sez-vous. » Ce même prêtre, dont je viens de ment il se fait quen'aie ;
pas encore répondu à
v/?
(1) On adeja vu ce mot de traditor (traditeur) employé dans deslettres precedentes. C'étaitunnom injurieux que les
D^natistesprodiguaient aux Catholiques qu'ils accusaient d'avoir livré les saintes Ecritures.
(2) Ecrite vers la finde l'année 396, ou vers le commencement de la suivante. — Cette lettre était la 86e dans les
éditions antérieures à l'édition desBénédictins, et celle qui était la 36e se trouve maintenant la
<52°.
(3) Casulan, ne voulant pas nommer l'auteur de cette dissertation, l'avait simplement designe par le nom dUrbicus.
Voyez la note ci-contre du texte latin, et Dom Ceillier sur les Lettres de saint Augustin.
essemus :
post nos elamavit, quod traditores et persecutors
quod convicium etiam in illam feminam
jaculatus est, quae commuriionis est nostræ, in cu-
unde, houorabilisEusebi, nonapud te tacui. Digna-
beris itaque non quid tu de hisomnibus sentias,
imponi, sed
ne tibi arbitreris a me judicis onus Misericordia
jus medio fundo stabat, quibus vocibm auditis, non quid illi respondeant mihi rescribere.
solum meipsum a lite refrenavi, sed etiam multi- Dei te incolumem tueatur, domine eximie et merito
tudivem, quae me comitahatur, compescui. Et ta- suscipiende ac dileclissime frater
men si dicam, Quæratur qui sint vel fuerint. tradi-
tores vel persecutorcs. Respondeturmihi. Disputare EPISTOLA XXXVI
nolumus, et rehaptizare volumus. Nos oves vestras
insidiantibus morsibus luporum more deprædemur;
vos, si boni pastores estis tacete. Quid enim aliud Augustini Casulano presbytero refellens Urbici, id est
maudavit Proculeianus, si vere ipse mandavit: Si cujusdam e Romana urbe dissertationem pro sabbati
Christianus es, serva hoc judicio Dei, nisi nos jejunio scrvptam perquam impentissime.
faciamus, tu tace. Ausus est etiam idem presbyter
hominirusticano conductori fundi ecclesise commi- DILECTISSIMO ET DESIDERANTISSIMO FRATRIET COMPRES-
BYTERO CASULANO, AUGUSTINUS IN DOMINO SALUTEM.
nari.
5. Hoec quoqueomnia per te, quscso, noverit Pro- CAPUT I. -1. Nescio unde sitfactum,utprimistuis
contemtu id
culcianus, coerceat insaniam clericorum subrum, litterismeas nonredderem ° nontamen
votre première lettre. Ce n'est certainement disputer sur ces choses-là, de manière à con
pas par mépris, car je me réjouis de votre ap-
plication à l'étude et j'aime votre langage. Je
s
damner les un par les usages des autres, il en
résulterait une lutte sans fin, remplie de dis-
ne saurais trop vous recommander d'employer cussions, où la vérité n'est appuyée sur aucun
le temps de votre jeunesse à faire des progrès document, et le feu qu'on mettrait de part et
dans la parole de Dieu, et à vous en pénétrer d'autre dans ces disputes, pourrait altérer et
pour l'édification de l'Eglise. Après avoir reçu obscurcir la sérénité de la charité même. C'est
votre seconde lettre, à laquelle vous me priez un danger que n'a pas su éviter celui dont
de répondre, avec le droit fraternel de la cha-
rité qui nous unit, je n'ai pas voulu différer
plus longtemps de me rendre à votre désir
,
vous m'avez envoyé avec votre première lettre
la longue dissertation en me priant d'y ré-
pondre.
si affectueux, et, malgré mes nombreuses
— 3. Je n'ai pas assez de loisir
CHAPITRE II.
occupations, je m'empresse de m'acquitter pour réfuter toutes les opinions qu'il émet. Je
de ma dette envers vous. Vous me de- dois mon temps à des travaux bien plus pres-
mandez s'il est permis de jeûner le samedi. sants et bien plus nécessaires. Mais employez le
A cela je vous réponds que si ce n'était pas génie qui éclate dans vos lettres, et que j'aime
permis, ni Moïse, ni Elie, ni le Seigneur lui- en vous comme un don de Dieu, à examiner
;
même, n'auraient pas jeûné pendant quarante
jours d'où il faut conclure par la même raison,
que le jeûne n'est pas défendu, même le di-
avec attention le discours de ce Romain, et
vous verrez qu'il n'a pas craint de déchirer,
par des paroles injurieuses, presque toute
manche. Cependant, si quelqu'un voulait con- l'Eglise du Christ, depuis l'Orient jusqu'à
sacrer ce jour au jeûne de la manière que l'Occident. Mais, que dis-je, c'est l'Eglise tout
s
quelques-un y consacrent le samedi, l'Eglise entière qu'il a outragée! Car il n'a pas même
s'en trouverait, avec raison, scandalisée. En
effet, dans toutes les choses sur lesquelles
l'Ecriture n'a rien statué, il faut regarder
usages :
épargné les Romains dont il croit défendre les
ne s'apercevant pas que la violence
de ses injures rejaillit également sur eux. En
comme loi la coutume du peuple de Dieu, ou effet, lorsque les arguments lui manquent pour
les institutions des ancêtres. Si chacun voulait prouver qu'il faut jeûner le samedi, il s'emporte
jejunare:
2. Quod ergo me consulis, utrum liceat sabbato
Respondeo, si nullo modo liceret, profe-
cto quadraginta continuos dies nec Moyses, nec
CAPUT II. — 3. Non autem usque adeo mihispa-
tia temporum larga sunt, ut ea rcfellendis singulis
sententiis ejus impendam, quae aliis operibus magis
Elias,necipseDominusjejunasset. Verum ista ra- urgentibus explicandis habeo necessaria. Sed eo
tione concluditur, etiam Dominico die non illici- quo te mihi in tuis epistolis ostendis ingenio, quod
tum esse jejunium. Et quisquis tamen hunc diem in te donum Dei admodum diligo, eumdem sermo-
jejnniodecernendum putaverit, sicut quidam jeju- nem cujusdam, ut scribis, (a) Urbici paulo diligen-
nantes sabbatum observant, non parvo scandalo tius ipse considera., et videbis eum pene universam
erit Eccfesiaej nec immerito. In his enim rebus de Ecclesiam Christi, ab ortu solis usque ad occasum,
quibus nihil certi statuit Scriptura divina, mos po- verbis injuriosissimis nequaquam lacerare timuisse.
puli Dei, vel instituta majorum pro lege tenenda Nec dixerim pene universam, sed plane universam.
(a) Cognomen est inditum ab Urbe Roma Hinc Zephirinus papa ab Optato in lib. I. uti et Siricius aPaulino in epist. ii
ad Severum, vocaturUrbicus.et id
in Cone. Arelat. I. de diaconis Urbicis agitur, est Romanis.
contre le luxe des festins, contre l'ivrognerie pandue sur toute la terre, à l'exception des
qui règne dans les banquets, comme s'il n'y Romains et d'un très-petit nombre d'églises
avait pas de milieu entre nepasjeûner et s'eni- occidentales. Mais qui pourrait supposer qu'au
vrer. S'il en était ainsi, à quoi servirait-il aux milieu de tant de peuples chrétiens en Orient
Romains dejeûner le samedi, puisque les autres et de beaucoup de ceux mêmes qui sont à
jours où ils ne jeûnent pas, ils sont, selon l'Occident, tant de serviteurs et de servantes
l'opinion de cet homme, des ivrognes quifont un de Jésus-Christ, mangeant le samedi avec
dieu de leur ventre. Cependant autre chose est sobriété et modération, soient appelés par lui
d'appesantir son cœur par l'ivrognerie et les des gens plongés dans la chair (Rom., VIII, 8)
débauches de la table, ce qui est toujours un et ne pouvant plaire à Dieu, comme si c'était
mal; autre chose est de se relâcher de la sévé-
rité du jeûne sans s'écarter des lois de la mo-
:
d'eux qu'il est écrit c Que les méchants se
détournent de moi, je ne veux pas connaître
dération et de la tempérence, ce qu'un chrétien leur voie (Philip., ni, 19). » Peut-on souffrir,
peut faire le dimanche sans encourir le moindre je le demande encore, qu'en parlant de ces
reproche. Que l'auteur de cette dissertation :
chrétiens, il ose dire Ils se font un dieu de
commence par ne pas confondre les repas des
saints avec la gourmandise et l'ivrognerie de
ceux qui se font un dieu de leur ventre, de
;
leur ventre, préférant la loi juive à celle de
l'Eglise ils sont les fils de la servante dont la
loi n'est pas dans la justice, mais dans la
peur qu'il ne mette dans cette catégorie les
Romains eux-mêmes,quand ils ne jeûnent pas.
;
volupté (Galat., iv, 31) ils ne pensent qu'à la
sensualité, sans observer ni règle ni discipline;
Alors qu'il s'enquière, non pas s'il est permis ils ne sont que chair (Rom., VIII, 5) et n'ont de
de s'enivrer le samedi, ce qui ne l'est pas da- goût que pour ce qui donne la mort, et beau-
vantage ledimanche, mais si l'on peut se dis- coup d'autres choses semblables. S'il parlait
penser de jeûner le samedi, aussi bien que le ainsi d'un seul serviteur de Dieu, qui oserait
dimanche. ?
l'écouter Qui ne se détournerait pas de lui?
4. Plût à Dieu qu'en faisant ses recherches Mais comme ces opprobres, ces malédictions
et en émettant ses décisions, il ne blasphémât s'adressent à l'Eglise tout entière, croissant
pas aussi ouvertement l'Eglise catholique ré- (Coloss., 1, 6) et portant ses fruits dans tout
Nam neque ipsis quorum consuetudinem sibi vide- 4. Quod utinam sic quæreret, aut sic affirmaret,
tur defendere, invenitur pepercisse Romanis; sed ut toto terrarum orbe difIusam, exceptis Romanis,
quomodo in eos quoque redundet conviciorum ejus et adhuc paucis Occidentalibus, apertissime non
impetus nescit, quoniam non advertit. Nam cum blasphemaret Ecclesiam. Nuuc vero quis ferat per
ei argumenta deficiunt, quibus probet sabbato je- omnes Orientales, et multo; etiam Occidentales po-
junandum, in luxurias epularum ettemulenta con pulos Christianos de tot tantisque famulis famula-
vivia et nequissimas ebrietates insultabundus inve- busque Christi, sabbato sobrie modesteque pran-
hitur, quasi non jejunare, hoc sit inebriari. Quod dentibus, ab isto dici, quod in carne sint, et Deo
si hoc est, quid ergo prodest Romanis sabbato jeju-
nare; quandoquidem aliis diehus quibus non jeju-
nant, necesse est eos, secundum disputationem hu-
« Recedant iniqui a me, viam eorum nosse nolo :
placere non possint, et quod de illis sit scriptum,
jus. ubriosos et ventricolas judieari. Porro si aliud nentes et ancillae filios; et lege non justa, sed vo-
est gravare corda in crapula et ebrietate, quod sem- luptaria, consulentes ventri, non disciplinae succum-
per est malum; aliud est autem modestia et tempe-
rantia custodita relaxare jejunium ; quod certe cum
ut die- Dominica, reprehen.-orem noil habet Chri-
:
bentes; et quod caro sint, et mortem sapiant, et
cetera hujusrnodi quae si de uno quopiam Dei fa-
mulo diceret, quis eum audire, quis non devitare
stianum, prandia prius sanctorum a voracitate et deberet? Cumvero his opprobriis atque maledictis
ebriositate ventricolarum iste discernat, ne Roma- insectatur Ecclesiam per totum mundum fiuctifi-
nos ipsos quandonon jejunant ventricolas faciat, et cantem atque crespentem et die sabbati pene ubique
time inquirat, non utrum liceat inebriari sab- prandentem, admoneo quisquis est, ut sese cohi-
bato, quod nec die Dominico licet; sed utrum beat. Nam cujus me nomen ignorare voluisti, pro-
nec sabbato jej unandum sit, sicut Dominico non fecto de illo me judicare noluisti.
=olet. CAPUT III. — 5. « Eilius hominis, »inquit,
l'univers, et dont la coutume presque générale la sanctification du sabbat appellent les Juifs a
est de ne pas jeûner le samedi, j'avertis cet la joie, et invitent les Chrétiens au deuil. Et
homme, quel qu'il puisse être, de réprimer son cependant, lorsque Dieu a sanctifié le septième
zèle. Du reste, en voulant me laisser ignorer jour, en se reposant de toutes ses œuvres, il n'a
son nom, c'était vouloir m'empêcher de porter rien ditdu jeûne ni du dîner du sabbat. Lors-
un jugement sur son compte. que dans la suite il donna au peuple hébreu
CHAPITRE III.—5. « Le fils de l'homme,dit- ses ordres sur la manière d'observer ce même
il, est le maître du sabbat, et ce jour-là, il jour, il n'a fait aucune mention s'il fallait ou
vaut mieux faire le bien que le mal (Matth., s'il ne fallait pas manger. Il a seulement pres-
XII, 8). » Si donc nous faisons mal quand nous crit à l'homme de s'abstenir ce jour-là de tout
dînons, il n'y a pas de dimanche où nous vivons travail, comme de toute œuvre servile, et
saintement. Il avoue bien que les Apôtres ont l'ancien peuple juif, regardant ce repos comme
mangé le jour du sabbat, mais il prétend qu'ils une ombre du repos à venir, s'abstenait de tra-
l'ont fait parce que le temps de jeûner n'était vailler, le jour du sabbat, comme nous voyons
:
pas encore arrivé, et il s'appuie pour cela sur
ces paroles du Seigneur « Des jours viendront
où l'époux sera ôté à ses enfants, et alors les
encore aujourd'hui les Juifs observer ce com-
mandement. Il ne faut pas penser pour cela
que les Juifs charnels comprenaient mal un
fils de l'époux jeûneront, parce qu'il y a un précepte dont les Chrétiens ont seuls la véri-
temps de joie et un temps de deuil(Matt.,ix,15).» table intelligence. En effet, nous ne le compre-
Il aurait dû d'abord remarquer que dans ce nons certainement pas mieux que les prophètes,
passage, le Seigneur parlait du jeûne en géné- qui, lorsque ce repos était obligatoire, l'obser-
ral, et non pas du jeûne du sabbat. Ensuite, vèrent le jour du sabbat avec la même régula-
quand il veut que l'on entende par jeûne le rité que les Juifs mettent encore à l'observer.
deuil, et par nourriture la joie, pourquoi ne Voilà pourquoi Dieu fit lapider un homme qui
pense-t-il pas à ce que signifie le passage où il avait ramassé du bois le jour du sabbat (lVomh.,
est écrit que a le septième jour Dieu se reposa xv, 35); mais nous ne lisons nulle part que
de toutes ses œuvres (Gen., Il, 2). » Certes, le quelqu'un ait été lapidé, et ait été jugé digne
repos de ce septième jour ne signifie pas le d'un supplice quelconque, pour avoir jeûné ou
deuil, mais bien plutôt la joie. A moins qu'il dîné le jour du sabbat. De ces deux choses,
ne vienne encore dire que ce repos de Dieu et quelle est celle qui convient au repos et celle
« sabbati Dominus est, in quo maxime, bene, quam ab omnibus operibus suis, aliquid de jejunio vel
male facere licet (MatthXII, 8). » Si ergo male fa- prandio sabbati expressit: nec cum postea populo
'cimus, quando prandemus; nullo die Dominico Hebrseo de ipsius diei observatione mandavit, ali-
bene vivimus. Quod autem fatetur Apostolos sabba- quid de alimentis vel sumendis vel non sumen-
to manducasse, et dicit, ut tunc jejunaretur tem- dis loquutus est. Va'eatio tantum homini a
poris non fuisse, propter quod ait Dominus: « Ve- suis, vel a servilibus operibus imperatur; quam
nientdies ut auferatur sponsus ab eis, et tunc prior populus in umbra accipiens futurorum,
jejunabunt filii sponsi, quiatempus gaudii, et tem- sic vacavit ab operibus, quemadmodum nunc Ju-
pus est luctus (Matth., ix, US).)) Primum adtendere daeos vacare conspicimus; non ut putatur Judseis
debuit, quodillic Dominus dc jejunio, nondesab- carnalibus non recte intelligentibus, quod recte in-
bati jejunio loquebatur. Deinde cum vult intelligi telligunt Christiani. Neque enim melius hoc intelli-
luctum jejunio, cibo gandium deputandum, cur gimus quam Propbetae, qui tamen eo tempore, quo
non cogitat quidquid est illud, quod significare ita fieri oportuit, servaverunt hanc sabbati vacatio-
Deus voluit in eo quod scriptum est,. eum die sep- nem, quam Judaei putant adhuc esse servandam.
timorequievisse abomnibusoperibussuis (Gen., II, 2), Unde illud est, quod lapidare Deus hominem jussit,
non ibi luctum significatum fnisse, sed gaudium, qui Sabbaio ligna collegerat (Num., xv, 35), nus-
nisi forte dicturus est, in illa requie Dei et sanctifi- quam autcm legimuslapidatum, velaliquo dignum
catione sabbati gaudium Judæis, luctum significa- supplicio judicature, sive jejuhantem sabbato, sive
tum esse Christianis. Et tamen nec quando sancti- prandentcm. Quid tamen liorum duorum quieti
ficavit. Deus diem septimum, quia in illo requievit eonveniat., quid labori, iste ipse viderit, qui gaudium
?
qui convient au travail Nous laissons le soin égard.Je ne dis pas cela comme une chose que
de résoudre cette question à celui qui assigne je veuille déterminer, mais pour faire voir à
à
la joie ceux qui mangent,. et le deuil à ceux cet auteur qu'on pourrait lui répondre des
quijeûnent, et qui prétend que Jésus-Christ choses bien plus raisonnables que tout ce qu'il
l'a décidé de même, lorsqu'en parlant du jeûne
:
il dit « Les enfants de l'époux ne peuvent pas
être dans les larmes lorsque l'époux est avec
-
dit sur les passages de l'Ecriture.
CHAPITRE IV. 7.«Comment, dit-il, ne
serons-nous pas condamnés avec le Pharisien,
eux (Matt., IX, 15). » en jeûnant seulement deux fois par semaine
6. Si les Apôtres, dit-il, ont mangé le jour (Luc., XVIII, -11)?» comme si le Pharisien avait
du sabbat, c'est parce que le temps de jeûner été condamné pour n'avoir jeûné que deux fois
;
ce jour-là n'était pas encore arrivé, et que la
tradition des anciens le défendait mais est-ce
que le temps d'observer le repos le jour du
par semaine, et non parce que dans son orgueil
il s'élevait au-dessus du Publicain. Il pourrait
tout aussi bien dire que ceux qui donnent aux
sabbat n'était pas déjà arrivé, et la tradition pauvres la dîme de-leurs revenus, seront con-
?
ancienne ne l'exigeait-elle pas Cependant, damnés avec le Pharisien, parce qu'il rangeait
nous voyons que ce même jour du sabbat, où cela au nombre de ses bonnes œuvres (ce que
les disciples de Jésus-Christ mangèrent, ils toutefois nous voudrions voir pratiquer par
arrachèrent aussi des épis, ce qu'il n'était pas beaucoup de chrétiens, tandis qu'au contraire
permis de faire un jour de sabbat, parce que la nous en voyons bien peu qui le fassent). Mais
tradition ancienne le défendait. Qu'il prenne ceux qui n'auront été ni injustes, ni adultères,
[
garde qu'on ne lui réponde avec plus de fon- ni ravisseurs, seront-ils condamnés avec le
dement et de vraisemblance, que le Seigneur a Pharisien, parce qu'il se vantait de ne pas être
voulu, ce jour-là, laisser ses disciples manger tel? Il faudrait être privé de raison pour le
t
E
f
etarracher des épis, pour combattre tout à la
fois et ceux qui proscrivent le travail le jour
du sabbat, et ceux qui prescrivent le jeûne ce
que le Pharisien se glorifiait d'avoir
bonnes en elles-mêmes, pourvu qu'on les pos-
,
croire. Sans aucun doute, toutes les qualités,
sont
même jour. Il a voulu ainsi faire voir que, vu sède sans ce vain orgueil d'esprit et de langage
le changement des temps, ces deux pratiques qui apparaissait en lui, mais avec cette humble
étaient superstitieuses, et que sous l'une et piété qu'il n'avait pas. Jeûner deux fois la
l'autre loi, il voulait que chacun fût libre à cet semaine est un acte qui ne produit aucun fruit
manducantibus, luctum jejunantibus deputavit, vel utroque tempore liberum esse voluisset. Neque
a Domino deputari intellexit, ubidejejunio respon- id confirmando dixerim, sed quid ei multo aptius,
dens ait, « Non possunt lugere filii sponsi, quandiu quam sunt ea quae loquitnr, responderi possit
cum eis est sponsus (Matthix, 15).)) ostenderim.
6. Quod autem propterea dicit sabbato Apostolos CAPUT IV. — 7. « Qnomodo, » inquit, « non
manducasse, quia nondum erat tempus ut sabbato cum Pharisæo damnabimur bis in sabbato jejunan-
:
jejunarent: quod scilicet veterum traditio prohi-
bebat numquid ergo jam erat tempus ut sabbato
?
non vacarent Nonne et hoc traditio veterum pro-
tes(Luc. XVIII, 2)? » Tamquam Pharisseus ideo
damnetur, quia bis in sabbato jejunabat; et non
quia super Publicanum se timidus extollebat.
hibebat, et vacare cogebat? et tamem eo ipso sabbati Potest autem iste dicere, etiam illos, qui omnium
die, quo Christi legimus manducasse discipulos, fructuum suorum decimas dant pauperibus, cum
vulferunt utique spicas, quod sabbato non licebat, Pharisaeo damnari; quia hoc quoque ille inter sua
quia veterum traditio prohibebat. Videat igitur opera prseclicab.it: quod cupimus a multis fier.
ne forte congrueptius ei respondeatur ideo Domi- Christianis, et vix paucisssmos invenimus. Aut vero
num die illo a discipulis heec duo fieri vnluisse
unum de spicis vellendis, alterum de alimentis
: et
qui non fuerit injustus, adulter raptor, cum Pha-
risteodamnabitur; quia ille se talem non esse jacta-
sumendis; ut illud esset adversus eos, qui sabbato bat, quod certc quisquis sentit, insanit. Porno si
volunt vacare, hoc autem adversus eos, qui co- hcec sine dubio bema, quae sibi Pharisteus inesse
gunt sabbato cejunare; cum illud mutato tempore commemorabat, non habenda sunt cum superbien-
jam superstitiosum esse significasset, hoc autem te jactantia, quaj in illo apparebat; scd tamen ha-
pour un homme tel qu'était le Pharisien, mais qui ne jeûnait que deux fois par semaine, de
dans un homme humblement fidèle ou fidèle- beaucoup surpassé,ainsi que le chrétien même
ment humble, c'est un acte religieux qui lui qui jeûne le mercredi, le vendredi et le samedi,
sera compté, quoique toutefois l'Evangile ne comme fait ordinairement le peuple de Rome.
dise pas que le Pharisien ait été condamné, Cependant cet homme que je ne connais pas,
mais seulement que le Publicain se retira et que vous appelez simplement Romain, n'en
justifié, préférablementà lui. continuera pas moins de traiter de charnels
8. L'auteur de la dissertation prétend que, ceux qui jeûnent toute la semaine, excepté le
Christ :
si l'on comprend bien les paroles de Jésus- samedi et le dimanche, et qui, ces jours-là
« Si votre justice n'est pas plus abon- même, ne donnent pas à leur corps une nour-
dante que celle des Scribes et des Pharisiens, riture suffisante,comme si le boire et le manger
vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux des autres jours n'appartenaient pas à la chair;
(Matt., v, 121),» on ne peut remplir ce précepte, et il appelle ami de son ventre celui qui mange
qu'en jeûnant plus de deux fois lasemaine. Il le samedi, comme s'il n'y avait que le dîner
est heureux qu'il y ait sept jours qui, revenant de ce jour-là qui tournât au profit de la chair.
sans cesse sur eux-mêmes, forment la semaine. CHAPITRE V.—9. Mais il ne se contente pas
Si on en retranche deux, pour ne jeûner ni le de ce qui suffit pour l'emporter sur le Phari-
samedi ni le dimanche, il en reste encore cinq sien, c'est-à-dire de jeûner trois fois la semaine,
pour surpasser le Pharisien, qui jeûnait seule- il veut encore qu'à l'exception du dimanche,
ment deux fois la semaine. Car, en réduisant on jeûne les autres jours, et il dit « Ceux qui,:
son jeûne à trois fois la semaine, on l'empor- » purifiés de l'ancienne tache, ne font plus
terait encore sur le Pharisien, qui ne jeûnait » qu'une seule chair avec Jésus-Christ, en
que deux fois. Que si on jeûnait quatre fois, » vivant sous sa sainte discipline, doivent bien
ou même qu'on ne laissât passer aucun jour » se garder de célébrer des festins de volupté,
sans jeûner, excepté le samedi et le dimanche, » le jour du samedi, avec ceux qui ne reconnais-
on jeûnerait cinq fois par semaine, ce qui est » sent pas de lois, avec les princes de Sodome
pratiqué par beaucoup de chrétiens pendant » et le peuple de Gomorrhe, mais ils doivent,
toute leur vie, et surtout par ceux qui sont » avec ceux qui aspirent à la sainteté, et avec
dans les monastères. Ainsi voilà le Pharisien, » ceux qui sont dévoués à Dieu, observer de
:
benda sunt cum pietate humili, quse in illo non
erat sic et bis in sabbato jejunare inhomine, qualis
fuerat ille Pharisæus, infructuosum est; in homine
:
jejunetur, quod multi tota vita sua faciunt, maxime
in monasteriis constituti non solum Pharisseus
qui bis in sabbato jejunabat, verum etiam Christia-
autem humiliter fideli, vel fideliter humili, religio- nus qui quarta et sexta et ipso sabbato jeunare
:
sum est quamvis evangelica Scriptura non dixerit
damnatum Pharisæum, sed magis justificatum dixit
consuevit, quod frequenter Romana plebs facit, in
labore jejftnii superabitur: ettamennescio quis
Publicanum. iste, ut dicis, Urbicus disputator, etiam si quis
8. Verum si hoc modo putat iste intelligendum quinque continuis praeter sabbatum et Dominicum
quod ait Dominus; «Vísí abundaverit justitia vestra ita
diebus jejunet, ut nullo die omnino reficiat cor-
plus quam Scribarum et Pharisæorum, non intra-
bitisinregnumcaelorum(Matth., v, 21), et nisiam-
plius quam bis in sabbato jejunemus, hoc præcepto
;
pus, eum carnalem vocat; quasi cibus et potus ce-
teris diebus non pertineat ad carnem et ventrico-
lam judicat, quasi solius sabbati prandium descen-
non possimus implere, bene quod septem dies sunt dat m ventrem..
qui volumine temporum per sua vestigia revocan- CAPUT V. — 9. Huic sane non sufficit quod ad
tur. Cum ergo ex his biduum quisque detraxerit, vincendum Pharisseum jam sufficit, ut ter in sab-
ne sabbato Dominicoque jejunet, remanent dies bato jejnnetur; sed excepto Dominico sex ceteris
quinque in quibus Pharisseum superare possit bis diebus ita jejunarecompellit, utdicat; u Antiqua
in sabbato jejunantem. Puto enim quod si ter in remotalabe, duo in carneuna, Christi jam sub dis-
sabbato quis jejunat, jam superat Pharisæum, qui
bis in sabbato jejunabal.. Quod si et quater, vel et
ciplina manentes, non debent ,cum filiis, sine lege
etcumprincipibusSodomorum, cum plebeGomor-
etiam ut nullus dierum, excepto sabbato et Domi- ræ sabbatorum voluptaria convivia exercere; sed
nico, prætermittatur, in hebdomade quinquies cum sanctimoniae incolis ac Deo devotis sollemni et
» plus en plus le jeûne établi légitimement et qui jeûnent moins de six jours dans la semaine,
» solennellement par les lois de l'Eglise, afin n'observent pas le jeûne légitimement établi,
» que la moindre faute des six jours soit puri- ne sont pas dévoués à Dieu, et ne peuvent se
» fiée par les fontaines du jeûne, de la prière purifier des taches de l'erreur que nous imprime
*
» et de l'aumône; et que, restaurés par l'alo- notre condition mortelle. Que ceux de Rome
» gie (1) du dimanche, nous puissions tous voient donc ce qu'ils ont à faire, car ils sont
» chanter dignement et d'un commun accord : eux-mêmes outrageusement traités dans la
» Seigneur, vous avez rassasié l'âme qui était dissertation de cet homme, puisque chez eux,
a vide,etabreuvél'âmequi avaitsoif(Ps.,LVI,9). » à l'exception d'un petit nombre de clercs ou de
En disant cela, et en exceptant le dimanche moines, il est bien difficile de trouver quelqu'un
seul de l'obligation du jeûne, non-seulement qui observe le jeûne de tous les jours, d'autant
il accuse avec autant d'injustice que d'impré- plus qu'à Rome on ne croit pas devoir jeûner
voyance tous les peuples chrétiens de l'Orient
et de l'Occident, mais encore l'Eglise de Rome.
:
Car, lorsqu'il dit « Ceux qui vivent sous la
le jeudi.
10. Ensuite, je le demande :Si une légère
erreur commise chaque jour peut être effacée
» discipline du Christ ne doivent pas, le sa- par le jeûne qu'on observe ce jour-là, car il
» medi, célébrer des festins de volupté, avec dit « qu'une légère erreur commise pendant les
» ceux qui n'ont pas de lois, avec les princes » six jours de la semaine est effacée et lavée
» de Sodome et le peuple de Gomorrhe, mais » par les fontaines du jeûne, de la prière et de
» ils doivent, avec ceux qui aspirent à la sain- » l'aumône, » comment serons-nous purifiés
» teté, et avec ceux qui sont dévoués à Dieu, de celle où nous serons tombés le dimanche,
» observer de plus en plus le jeûne établi légi- jour où le jeûne est un scandale. S'il prétend
et
» timement
» l'Eglise ; solennellement par les lois de
» et lorsque, définissant ce qu'il
entend par jeûner légitimement, il ajoute :
que ce jour-là les chrétiens ne commettent
aucune faute, il arrivera que cet homme, ce
grand jeûneur, qui accuse avec tant d'amer-
« La moindre faute des six jours est purifiée tume ceux qui ont quelque soin de leur ventre,
» par les fontaines du jeûne, de la prière et de attribue au ventre même beaucoup d'honneur
» l'aumône, »
il est clair que, selon lui, ceux et d'importance, si le jour où l'on dîne on ne
(1)On peut voir l'explication de ce mot au nombre 11 de cette lettre.
ecclesiastico jure magis acmagis legitime jejunare, ista mortalitate contrahuntur, abluere. Videant er-
ut sex dierum vel levis error, jejunii, orationis et go Romani quid agant, quia etiam ipsi nimium
elemosynæ fontibus abluatur, quo possimus Domi- contumeliose hujus disputatione tractantur; apud
ca alogia refecti omnes aequali corde digne cantare : quos omnibus istis sex diebus, praeter paucis-
Saturasti Domine animain inanem, et potasti ani- ?imos clericos aut monachos, quotus quisque in-
mam s:tientem (Ps., cvi, 9). » Ista dicens et a fre- ?
venitur, qui frequentet quotidiana jejunia ma-
quentiajejunandi solum diem Dominicum excipiens, xime quia ibi jejunandum quinta sabbati non
non tantum Orientis et Occidentis populos Christia- videtur.
nos, in quibus sabbato nemo jej unat; verum et ip- quæro: Si uniuscujusque diei vel
10. Deinde
sam Romanam ecclesiam improvidus et incautus levis error ipsius diei jejunio solvitur vel abluitur:
accusat. Cum enim dicit; sub disciplina Christi
manentes, non debere cum flliis sine lege, cum
principibus Sodomæ, cumplebe Gomorræ voluptaria
junii quoque fontibus abluatur :
sic enim dicit, « ut sex dierum vel levis error, je-
quid faciemus de
illo errore, qui subrepserit Dominico die, in quo
sabbatorum exercere convivia, sed cum sanctimo- scandalum est jejunare? Ant si die ipsonullus
niae incoiis ac Deo devotis, sollemni et ecclesiastico Christianis error obrepit, videat homo iste, qui ven-
jure magis ac magis legitime jejunare : ac deinde tricolas tamquam magnus jejunator accusat, quan-
defìniens quid sit legitime jejunare, subjungit et tum honoris et utilitatis ventribus trihuat, si tunc
:
dicit, « ut sex dierum vel levis error, jejunii, ora- non erratur, quando prandetur. An forte in jejunio
tionis et eleemosynae fontibus abluatur » profccto sabbali tantum bonum constituit, ut aliorum sex
eos qui minus quam sex diebus in hebdomade je- dierum, hoc est, ipsius etiam Dominici vellevem,
iunant, non- putat legitime exercere jejunium, sicut dicit, errorem solum jejunium sabbati possit
uti-
nec Deoesse devotos, nec maculas erroris, quae de abolere, et solo ipso die non erretur, quo toto
pêche pas. Est-ce que par hasard il attribuerait du manger. Et c'est à cause de ces excès de
au jeûne du samedi la vertu d'effaoer seul les table, c'est dans cette alogie du dimanche con-
fautes que l'on commetpendant les autres six
jours de la semaine et même du dimanche,
puisqu'il dit que le jeûne du samedi est le seul
:
sacrée, non à l'esprit, mais au ventre, que selon
lui il faut chanter « Seigneur, vous avez ras-
sasié mon âme qui était vide, vous avez abreuvé
qui puisse effacer les fautes, et que le jour où mon âme qui était altérée. » 0 l'homme spiri-
l'on jeûne tout entier, est le seul où l'on a le !
tuel ô l'admirable censeur des gens charnels !
privilége de ne pas pécher ? ô le grand jeûneur qui ne se fait pas un dieu
selon la loi chrétienne,met-il
?
le
Alors pourquoi,
dimanche au- de son ventre! Voilà celui qui nous avertit de
dessus de samedi Car, selon lui, le samedi ne pas corrompre la loi du Seigneur par la loi
est beaucoup plus saint, s'il est vrai que l'on de la bonne chère, de ne pas vendre le pain du
ne commet pas de fautes ce jour-là, et qu'en ciel pour une nourriture terrestre, et qui ajoute
le consacrant tout entier au jeûne, on efface « que c'est la nourriture qui a fait périr Adam
dans le Paradis, et qui a dépouillé Esaü de son
les péchés des six autres jours de la semaine et
même ceux du dimanche. Je pense que vous !
droit d'aînesse » Voilà celui qui dit que « la
que jejunalur? Quid est ergo quod diem Dominicum dicit esse cantandllm: « Saturasti Domine animam
? »
sabbato, velut Christiano jure, praeponit Ecce se- inanem, et potasti animam sitientem. 0 virum
!
cundum ipsum dies sabbati multo sanctior invenitur, spiritalem, o carnalium reprehensorem, o magnum
in quo et non erratur, cum ejus toto spatio jejuna- jejunatorem, et non ventricultorom Ecce qui nos
-
tur, et eodem jejunio sexceterorum dierum, ac per admonet ne lege ventris legom Domini corrumpa-
hoc ipsius Dominici error abluitur, puto quod tibi mus, ne panem cæli vendamus esca terrena
non placet ista prsesumtio. „ :
adjungit, « Quia esca Adam paradiso periit, esca
et
11. Jam vero cum se hominem spiritalem videri Esau primatum amisit. » Ecce qui dicit: « Est
velit, et tamquam carnales, pransores sabbati accu- enim Satanæ usitata calumnia, tentatio ventris,
set, adtende quemadmodum Dominici diei non qui modicum suadet ut auferat totum. Et horum,M
parco prandio reflciatur, sed alogia delectetur. Quid inquit, «interpretatio præceptorum ventricolas mi-
est autem alogia, quod verbum ex Græca lingua nus incurvat. »
usurpatum est, nisi cum epulis indulgetur, ut a ra- 12. Nonne bis verbis suis id agere videtur, ut
?
tionis tramite devietur Unde animalia ratione ca- etiam die Dominico jejunetuL'? Alioquin sanctior
rentia dicuntur aloga, quibus similes sunt ventri erit sabbati dies, quo Dominus in monumento re-
dediti: propter quod, immoderatum convivmm, quievit, quam Dominicus, quo a morUiis resurre-
quo mens, in qua ratio dominatur, ingurgitatione xit. Sanctius est cnim profectosabbatum, si secun-
vescendi ac bibendi quodammodo obruitur, alogia dum verba hujus, in sabbato per jejunium peccatum
numeupatur. Insuper etiam propter cibum ac po- omne vitatur, et quod diebus aliis conlractum est,
tum, non mentis, sed ventris alogia diei Dominici aboletur: in Dominico autem per eseam ventris
;
pendant les autres jours de la semaine tandis dans le jeûne des incrédules et des sacrilèges.
que, toujours selon lui, le dimanche, on est La préférence que l'on doit accorder au di-
tenté par la bonne chère, on s'expose aux em- manche sur le samedi, repose donc sur la foi
bûches du démon, on périt dans le Paradis de larésurrection, et non sur l'habitude de
comme Adam, on perd son droit d'aînesse manger et de chanter dans les excès de
comme EsaÜ. Mais alors, pourquoi, par une l'ivresse.
contradiction nouvelle, ne nous engage-t-il pas CHAPITRE VI.—13. « Moïse, dit-il,resta qua-
à nous contenter le dimanche d'un repas sobre rante jours sans manger de pain ni boire d'eau,
et modeste, comme il convient à un chrétien, et pour nous expliquer ces paroles, il ajoute :
applaudissements d'une alogie :
mais à chanter au milieu de l'allégresse et des Voilà Moïse, cet ami Dieu, cet habitant de la
« Seigneur,
nuit mystérieuse, ce chef du peuple, celui qui
vous avez rassasié mon âme qui était vide, vous lui aporta la loi, qui, en jeûnant pendant six
avez abreuvé mon âme qui était altérée. » En samedis, non-seulement ne commit aucune
effet, si nous ne péchons pas quand nous jeû- faute, mais fit une œuvre méritoire. » Ne voit-
nons, et si le jeune du sabbat a la vertu d'effacer il pas ce qu'on peut objecter de suite à ces pa-
?
les fautes que nous avons commises pendant roles En effet, s'il nous propose l'exemple de
les six autres jours de la semaine, il n'y a pas Moïse, parce qu'il jeûna pendant six samedis,
de jours plus mauvais que le dimanche, et au- comprisdans ces quarante jours, et qu'il veuille
en conclure qu'on doit jeûner le samedi,
cun autre n'est meilleur que le samedi. Croyez- pour-
moi, mon cher frère, personne n'entend la loi quoi n'en conclut-il pas également qu'on doit
comme cet homme-là, si ce n'est celui qui ne jeûner le dimanche, car Moïse dut jeûner aussi
la comprend pas du tout. En effet, si ce n'est pendant les six dimanches compris dans ces qua-
?
pas la nourriture en général, mais la nourriture rante jours Mais il ajoute « que le dimanche
défendue qui perdit Adam, si ce n'est pas la était encore réservé avec le Christ, à l'église
»
nourriture qui perdit Esaû, petit-fils du saint qui devait bientôt s'établir. Pourquoi dit-il
patriarche Abraham, mais la concupiscence cela? Je l'ignore. Si c'est parce que le dimanche
d'un mets poussée jusqu'au mépris du sacre- est venu maintenant avec le Christ qu'il faut
ment dont son droit d'aînesse était la figure, jeûner bien davantage, on doit donc aussi,
il n'y a également rien que de saint dans les (àDieuneplaise) jeûner le dimanche? Si au
repas des véritables fidèles, rien que d'impie contraire il a parlé ainsi pour prévenirl'ob-
tentatio non cavetur, et diabolicæ calumnise locus conuetudine refectionis, aut etiam vinolentse licen-
datur, et paradiso peritur, et primatus amittitur. tia cantionis.
Quid ergo est, quod rursus sibi ipse contrarius ad- CAPUT VI. — 13. « Moyses, » inquit, « quadra-
monet, ut non prandio modesto, sobrio, Christiano, ginta diebus panem non manducavit, nec bibit
plaudentesque cantemus :
reficiamur Dominico die, sed in alogia laetantes
« Saturasti Domini ani-
mam inanem, et potasti animam sitientem
Nempe si tunc non erramus, quando jejunamus,
? »
aquam. » Cur autem hoc dixerit, subjungit atque
ait, « Ecce Moyses amicus Dei, nubis inquilinus,
delator lègis, et populi dux, ter bina sabbata jejunio
celebrans non offensam, sed meritum collocavit. »
et aliorum sex dierum errores tunc abluimus, cum Numquid adtendit quid hinc possit consequen-
sabbato jejunamus; nullus erit die Dominico dete- ter opponi? Qnia utique si Moysi jejunantis
rior, nullus sabbato melior. Crede, dilectissime propterea ponit exemplum, quoniam in illiì qua-
frater, nemo legem sicut iste intelligit, nisi qui non draginta diebus ter bina, sicut loquitur, sabbata
lntelligit (Gen., HI., 6). Si enim Adam non cibus, jcjunavit, et ex hoc vult persuaderc, ut sabbato
sed prohibitus cibns perdidit (Gen., xxv, 33), et jejunetur : ex hoc ergo persuadeat, ut et Dominico
Esau nepotem sancti Abrahse non esca, sed usque jejunetur, quia in illis quadraginta diebus nihilo-
ad contcmptum sacramenti,quod in primatu suo ha- minus Moyses ter binos Dominicos jejunavit. Sed
buit, concupita esca damnavit: sic a sanctis et li- addit ac dicit, Et adhuc cum Christo Dominicus
delibus pie prandetur, quemadmodum a sacrilegis
«
dies imminenti Ecclesia; servabatur. » Quod cur
et incredulis impie jejunatur. Praeponitur autem dixerit, nescio. Si enim propterea quia multo ma-
dies Dominicus sabbato fide resurrection is, non gis jejunandum est, postea quam venilcumChristo
jection qn'on pourrait lui faire au sujet du taque le dîner du samedi que sur le luxe
jeune du dimanche, et qu'il ait ajouté pour etl'intempérance, et qu'il répète sans cesse les
cela que la solennité du dimanche était, avec mêmes choses sans rien trouver
que déjà il
-
le Christ, réservée à l'église qui devait s'établir n'ait dit, et qui ne regarde pas le sujet en lui-
plus tard, et pour faire entendre également même. Toute la question est de savoir si l'on
que Moïse a jeûné le jour qui suit le sabbat, doit jeûner le samedi, et non pas s'abandonner
parce que le Christ, qui a consacré la solennité ce jour-là à des excès, dont se gardent, même
du dimanche, n'était pas encore venu, raison le dimanche, ceux qui craignent Dieu, tout
en
pour laquelle nous n'observons pas le jeûne ce s'abstenant de jeûner. Mais qui serait
assez té-
jour-là, pourquoi donc le Christ a-t-il, comme méraire pour avancer ce qu'il a osé dire?
Moïse, jeûné pendantquarante jours? Pourquoi, « Comment des choses qui nous portent au pé-
dans l'espace de ces quarante jours, n'a-t-ilpas ché dans le jour sanctifié, pourraient-elles être
rompu son jeûne, chaque lendemain du samedi, reçues par Dieu, et ratifiées par nous-mêmes? »
pour recommencer le repas du dimanche, Ainsi il déclare par-là « que le samedi est un
même avant sa résurrection, comme il a donné jour sanctifié, et que les hommes sont poussés
son sang à boire à ses disciples, avant de l'avoir au péché parce qu'ils dînent ce jour-là. » Et la
?
répandu à sa passion Vous voyez donc clai- conclusion de tout cela est que, ou le dimanche
rement que ce jeûne, observé par Moïse, pen- n'est pas un jour sanctifié, et que le samedi
dant quarante jours, ne prouve pas qu'on doive est un jour préférable au dimanche, ou que si
jeûner le samedi plus que le dimanche. le dimanche est un jour sanctifié, quand nous
14. Quand il reproche aux dîners du samedi, dînons ce jour-là, nous tombons dans le pé-
qui cependant peuvent se passer selon les règles ché.
de la modération et de la sobriété, ce qu'on CHAPITRE VII.—15.Puisil s'efforce de prou-
peut reprocher aux festins où règnent l'ivresse ver, par des témoignagesde l'Ecriture, qu'ilfaut
et tous les excès de la table, il ne fait pas at- jeûner le samedi, mais sans y rien trouverquile
tention à ce qu'on peut lui objecter sur les prouve. « Jacob, dit-il, mangea, but du vin, et fut
dîners du dimanche. Mais il serait inutile de rassasié, et il s'éloigna de Dieu son Sauveur
lui répondre sur chaque point, puisqu'il n'at- (Exod., xxn, x), et vingt-troismillehommes tom-
Dominicus dies: ergo, quod absit,etiam ipsoDomi- et ipsa esse modestorum atque sobriorum. Et ideo
nico jejunetur. Si autem timuit, ne propter dierum non est illi ad singula respondendum, quoniam
quadraginta jejunium objiceretur etiam Dominico pro sabbati prandio vitia luxurioe reprehendendo,
jejunandum, et ideo addidit, quod adhuc cum eadem atque eadem saepe dicit, aliud non inve-
Christo imminenti Ecclesiæ dies Duminicus serva- niendo quod dicat, nisi quod inaniter et ad rem
batur, ut videlicet ea caussa intelligatur jejunasse non pertinens dicit. Utrum non sit sabbato jej llao
Moyses etiam die, qui sequitur sabbatum, quia nandum quæritur, non utrum sabbato non sit
:
rum quadraginta jejunium, quod iste commemo- Dominicus sanctiticatus non est, et incipit esse
rat, sic ad rem non pertinereutsabbatojejunemus, sabbatum melius aut si est et Dominicus dies
quomodo ad rem non pertinet ut Dominico jeju- sanctificatus, ad peccatum cogimur, quia prande-
nemus. mus.
14. Prorsus nonadtendit,quid ei dedie Domi- CAPUT VII.
— 15. Et conatur testimoniis pro-
nico possit oppolli, quando sicut accusanda sunt bare divinis sabbato jejunandum. Sed unde hoc
ebriosa convivia, et omnis voraxactemulentaluxu- probet omnino non invemt. « Manducavit, inquit,
ries, sic accusat prandia sabbatorum, cum possint et bibit Jacob vinum et satiatus est, et recessit a
bèrent en un seul jour (Exod., XXXII, 28). Mais viter l'ivresse, d'où naissent tous les désordres.
:
ce passage ne dit pas Jacob dîna le samedi et
s'éloigna de Dieu son Sauveur. De même, quand
est observé par les chrétiens qui craignent
Dieu aussi fidèlement dans le dîner du dimanche
l'Apôtre rapporte que vingt-trois mille hommes que dans le dîner du samedi.
périrent, il ne dit point, ne dînons pas le sa- 16. « Pour mieux répondre, ajoute-t-il
en-
medi comme ces gens-là dînèrent, mais il dit : à
core, ceux qui sont dans l'erreur, il suffit de
« Ne commettons pas le péché de fornication, dire que, par le jeûne, on peut bien
ne pas mé-
comme firent quelques-uns d'entre euxqui furent riter de Dieu,mais que du moins on ne l'offense
frappés de mort jusqu'au nombre de vingt-trois
mille (1 Corint.,X, 8). Que veut en core ce disser-
;
pas or, il y a déjà du mérite à ne pas l'offen-
ser. Parler de la sorte, c'est ne pas savoir ce
:
tateur quand il dit « Le peuple s'assit pour qu'on dit. Ainsi, quand les païens jeûnent, ils
boire et pour manger, et se leva ensuite pour ?
n'offensent pas Dieu Ou si c'est aux chrétiens
»
s'adonner au jeu (Exod.,xxii,6). L'Apôtre em- qu'il a voulu appliquer ce qu'il dit, ils n'offen-
ploie, il est vrai, ce passage de l'Ecriture, mais seraient donc pas Dieu en jeûnant au scandale
contre l'idolâtrie, et non contre le dîner du sa- de l'Eglise, répandue dans toute la terre? En-
:
medi. Notre homme ne prouve nullement que
ce fait soit arrivé un samedi c'est une simple
conjecture de sa part. En effet, de - même que
suite, pour soutenir sa cause, il met en avant
des témoignages, tirés de l'Ecriture qui ne
prouvent rien, comme par exemple quand il
l'on peut jeûner, et s'enivrer après le jeûne, si :
dit « C'est par le jeûne qu'Elie a mérité d'être
l'on est sujet à l'ivresse, de même on peut, enlevé en corps dans le Paradis. » Comme si
tout en s'abstenant du jeûne, dîner avec sobriété le jeûne n'était par recommandé par ceux
quand on est sobre et tempérant. Pourquoi donc, mêmes quine l'observent pas le samedi, tout
quand cet homme veut engager à jeûner le
samedi, invoque-t-il le passage où l'Aptôre dit
« Ne vous laissez pas aller aux excès'du vin,
: ne jeûnent pas le dimanche ;
aussi bien qu'il est recommandé par ceux qui
et comme si le
jeûne d'Elie n'appartenait pas au temps où le
:
d'où naissent tous les désordres (Eph., v, 18),»
comme si saint Paul disait Evitez le dîner du
samedi, d'où naissent tous les désordres. Or,
peuple de Dieu jeûnait même le jour du sabbat.
On peut appliquer aux quarante jours de jeûne
d'Elie, ce que nous avons dit sur le jeûne de
ce précepte de l'Apôtre qui nous ordonne d'é- Moïse. « C'est par le jeûne, continue-t-il, que
Deo
:
salutari suo, et ceciderunt una die viginti
tria millia (Exodi, XXXII, 628) » Quasi dictum sit
Prandit sabbato Jacob, et recessit a Deo salutari
:
hoc præceptum apostolicum, ne inebrientur vino,
in quo est omnis luxuria, observatur a Christianis
Deum timentibus, quando prandetur die Dominico,
suo. Et Apostolus quando commemoravit cecidisse ita observatur quando prandetur et sabbato.
:
totmillia, non ait; Neque prandeamus sabbato, si-
cut illi pranderunt sed ait, « Neque fornicemur,
sicut quidam eorum fornicati sunt, et ceciderunt
10. « Ut expressius, inquit, errantibus contradi-
cam, nemo jejunio Deum, etsi non promeretur,
offendit; porro et non offenderepromereriest. »
una die viginti tria millia (I Cor.,x, 8).» Quid sibi Quis hoc diceret, nisi qui nollet considerare quid
etiam vult quod ait,«Seditautem populusmanducare diceret? E"go pagani quando jejunant,nonideo.
etbibere,etsurrexeruntludere? » Posuitquidem et magisoffendunt Deum? Aut si de Christianis vo-
Apostolus hottestimonium, sed ut a servitute idolo- luit quod dixit intelligi, quis non Deum offendet,
rum, non a sabbati prandioproliiberet. Sabbato au- si velit cum scandalo totius, quæ ubique dilatatur,
tem illud factum esse, iste non probat, sed ut libitum Ecclesiæ, die Dominico jejunare? Deindesubjicit
est suspicatur. Sicut autem fieripotestutjejunetur, testimonia de Scripturis ad caussam, quam susce-
et cum jejuniumsolvitur, si quis ebriosus est, tunc pit, nihil valentia. « Jejunio, inquit, Elias paradiso
j
inebrietur: ita fieri potest ut non 'junetur, et si
temperantes sunt homines, modestissime prandea-
donatus in corpore regnat
preedicent qui sabbato non
»jejunant, sicut jejunium
quasi jejunium non
tur. Quid est ergo quod sabbati volens persuadere praedicant, qui tamen die Dominico non jej unant :
jejunium, adkibet Apostolum testem dicentem, aut Elias eo tempore jejunaverit, quo populus Dei
« Nolite inebriari vino, in quo est omnis luxuria etiam sabbato jejunabat. Quod autem respondimus
»
(Ephes.,. v, 48); quasi diceret, Nolite prandere de quadraginta diebus jejunii Moysi, hoc deputa
sabbato, quia ibi est omnis luxuria. Sicut autem esse responsum, et de quadraginta diebus Elise.
Danieléchappa sain et sauf à la rage des lions,» le boire et dans le manger, mais dans la jus-
comme si il avait lu dansl'Ecriture que Daniel tice, dans la paix et dans la joie que donne le
eût jeûné le jour du sabbat, ou qu'il eût été, Saint-Esprit (Rom., XIV,17). » Et cet homme
;
ce jour-là, dans la fosse aux lions tandis que prétend que dans cet endroit, le royaume de
l'Ecriture dit au contraire qu'il mangea au Dieu signifie l'Eglise, parce que c'est dans
milieu d'eux. « C'est par le jeûne, dit-il encore, l'Eglise que Dieu a établi son règne. Or,je vous
que les trois enfants ont triomphé dans le cercle le demande, l'Apôtre, en parlant ainsi, voulait-
de feu qui les emprisonnait, et qu'ils ont reçu il prescrire aux chrétiens de jeûner le samedi?
et adoré le Seigneur dans la fournaise, où il Son intention n'était pas même de parler du
vint les visiter. » Tous ces exemples des saints jeûne d'un jour quelconque. Saint Paul a parlé
ne prouvent pas qu'il y ait un jour déterminé ainsi pour reprendre ceuxqui, selon l'ancienne
pour le jeûne, et encore moins le jour du loi des Juifs, faisaient consister la pureté dans
sabbat. Non-seulement l'Ecriture ne dit pas que l'abstinence de certains mets, et pour donner
les trois enfants aient été jetés, le jour du une leçon à ceux qui scandalisaient les faibles en
sabbat dans la fournaise ardente, mais elle ne acceptant indifféremment toute espèce de mets
dit pas même qu'ils y soient restés assez long- et de boissons. C'est pourquoi, quand l'Apôtre
:
temps pour jeûner. Ils y passèrent à peine une a dit « Ne faites pas périr par votre nourri-
heure, pendant laquelle ils chantèrent leur ture celui pour qui Jésus-Christ est mort,
hymne, etne se promenèrent au milieu de ces n'exposezpas àla médisance des hommes lebien
« Jejunio, inquit, Daniel leonum siccam rabiem ait,« Non est regnum Dei esca et potus, sedjustitia
illsesus evasit, » quasi legeritquod sabbato jejuna- et pax, et gaudium in Spiritu-sancto (Rom., XIV,
verit, aut etiam cum ipsis leonibus sabbato fuerit: 17).)) Et regnum Dei, Ecclesiam vult intelligi, in
ubi tamen legimus quod et pranderit. « Jejunio, qua Deus regnat. Obsecro te, numquid hoc agebat
inquit, trium fida germanitas ignibus coruscanti
carceri dominata, rogi hospitio susceptum Dominum
adoravit. » Haec exempla sanctorum, nec ad per-
Apostolus, cum ista loqueretur, ut sabbato a Chri-
?
stianis jejunaretur Sed nec de ipso cujuscumque
dieijejunio loquebatur, cumheec
Dictum
diceret. i
suadendum cujuscumque diei jejunium valent, est enim adversus eos, qui more Judaeorum secun-
quanto minus sabbati? quandoquidem non solum dum veterem Legem in observatione quorumdam
non legitur tres viros sabbato fuisse missos in cami- ciborum putabant esse mundi:iam, et ad eorum
imm ignis ardentem; sed ne illud quidem legilur, fratrum admonitionem, per quorum escam et po-
tamdiu ilhc eos fuisse; ut possit quisquam dicere
: :
tum indifferenter acceptum scandalizabantur infir-
« Noli illum in esca tua
»
eos jejunasse, immo vero vix unius horæ spatium
est, quo eorum confessio hymnusque cantatur. Nec
amplius inter illas flammas innoxias deambulave-
runt, quam canticum illud terminaverunt. Nisi
mi. Ideo cum dixisset
perdure, pro quo Christus mortausest(Ibid., xv)
et, « Non ergo blasphemetur bonum nostrum » i :
tunc adjunxit, « Non enim est regnum Dei esca et
I
forte ab isto etiam unius boræ spatium jejunio de- potus. » Nam sicut iste verba hsec Apostoli intelli-
putatur. Quod si ita est, non habet quod succen-
seat pransoribus sabbati. Usque ad horam enim
prandii, multo quam in illo camino prolixius jeju-
:
git, ut regnum Dei, quodestEcclesia, non sitin
esca et potu, sed in jejunio non dico sabbatis je- j
junare, sed numquam omnino eibum ac potum
natur. sumere deberemus, ne de isto Dei regno umquam
i7: Adhibet et illud Apostoli testimonium, ubi recederemus. Puto autem quia, ista confitente,
1
ce royaume de Dieu. Notre homme, cependant, sont des blasphèmes qu'on entend, et non les
»
avouera, je l'espère, que s'il y a un jour où
nous appartenons plus intimement à l'Eglise,
c'est précisément le dimanche où il nous permet
ment! O présomption !
louanges qui sont dues à Dieu. O aveugle-
Quoi, parce qu'on ne
jeûne pas le dimanche, on n'offre pas à Dieu
ce
de ne pas jeûner. jour-là le sacrifice de louanges? Y célèbre-t-on
CHAPITRE VIII.—18.Pourquoi,dit-ilencore, par hasard un festin d'ivresse où l'on entend les
craignons-nous d'offrir au principal Seigneur, un blasphèmes du démon? Si c'est un crime de
sacrifice quiluiest cher, un sacrifice que l'esprit
:
désire, et que l'ange loue? » Puis il invoque
le témoignage de l'ange, disant « La prière
que par ces paroles de l'Ecriture
Dieu un sacrifice de louanges, »
:
parler ainsi, que cet homme comprenne donc
« Offrez à
il ne faut pas
est bonne avec le jeûne et l'aumône (Tob., entendre le jeûne, car il y a certains jours où
XII, 8). » Je ne sais pourquoi il a dit o au prin- l'on ne jeûne pas, et ce sont particulièrement
cipal Seigneur. » Le copiste s'est sans doute les jours de fêtes. Mais ce sacrifice de louanges
trompé et vous n'avez pas corrigé la faute dans dont parle l'Ecriture, est célébré tous les jours
la copie que vous m'avez envoyée. Il veut qu'on par l'Eglise répandue sur toute la surface de
entende par sacrifice agréable au Seigneur, le la terre. Autrement, comme pendant les cin-
jeûne, comme si dans la question qui nous oc- quante jours qui s'écoulent depuis Pâques jus-
cupe,il s'agissait du jeûne en général,et non pas qu'à la Pentecôte, on ne jeûne pas, ce serait,
seulement du jeûne du samedi. Pour ne pas selon l'opinion de cet homme, des jours étran-
jeûner le dimanche, manque-t-on d'offrir ce gers à ce sacrifice de louanges. Or, c'est ce que
jour-là au Seigneur le sacrifice qui lui est personne, je ne dis pas un chrétien, mais même
agréable? Notre homme poursuit encore, et un insensé n'oserait dire, puisque c'est seu-
amassant pour sa défense témoignages sur lement pendant ces jours que, dans beaucoup
témoignages, entièrement étrangers à sa cause, d'églises etmême dans toutes, on chante le
:
il dit « Offrez à Dieu un sacrifice de louanges plus l'Alleluia, est qu'il n'y a pas de chrétien,
(Ps., XLIX, 14),» et voulant rattacher, je ne sais quelque peu instruit qu'il puisse être, qui ne
comment, à la question la parole divine du sache que l'Alléluia estun cantiquede louanges !
:
prophète, il dit « C'est ce sacrifice-là qu'il
faut offrir, et non pas célébrer des festins
19. Il avoue cependant que le diner du di-
manche peut se passer dans la joie, pourvu
d'ivresse et de sang, où, grâce au démon, ce qu'on en écarte l'ivresse, puisqu'il dit que nous,
aliquanto religiosius die Dominico ad Ecclesiam sanguinis aut ebrietatis convivium, quo non laudes
pertinemus, quando tamen et ipso concedente debitse Deo, sed blasphemise diabolo suffraganle
prandemus.
CAPUT VIII. — 18. « Cur, inquit, sacrificium
1
silvescunt. 0 improvidam præsumtionem Non ergo
immolatursacrificium laudis Dominico die, quianon
potiori Domino carum murmuramus offerre, quod jejunatur; sed agitur ebrietatis convivium, et blas-
:
spiritus desiderat et Angelus laudat? » Deinde ad-
jungit Angeli testimonium dicentis « Bona est
oratio cum jejunio et eleemosyna (Tob.,XII, 8). »
;
pbemiae diabolo sufiragante silvescunt. Quod si
nefas est dicere iiitelligat non jejunium significari
in eo quod scriptum est, « Immola Deo sacrificium
Quid dixerit, « potiori Domino, » nescio, nisi forte et
laudis. Jejunium quippe certis dibbus, maxime
scriptor erravit, et te fugit, ut quod mihi legendum festis non agitur. Sacrificiumvero laudis ab Ecclesia,
misisti, non emendares. Sacrificium ergo Domino toto orbe diffusa diebus omnibus immolatur. Alio-
carum,. jejunium vult intelligi, quasi de jejunio quin quod nullus, non dico Christianus, sed necv
versetur hæc quæstio, et non de jejunio sabbati. insanus dicere auderet, dies illi quinquaginta post
Neque enim Dominicus dies sine sacrificio, quod Pascha usque ad Pentecosten quibus non jejuna-
Deo carum est, peragitur, quia non jejunatur. Se- tur, erunt secundum istum a sacrificio laudis alieniy
quitur adhuc et ingerit testimonia a caussa, quam quibus tantummodo diebus in multis ecclesiis, in
:
defendendarn suscepit, penitus aliena. « Immola,
inquit, Deo sacrificium laudis (Psal., XLIX, 14) »
et istam vocem divini Psalmi volens ad quod agitur
omnibus autem maxime cantatur Halleluia, quam
vocem laudis esse nullus Christianus, quamlibet
imperitus, ignorat.
nescio quomodo connectere, « Utique, inquit, non 19. Confitetur tamen etiam ipso die Dominico
qui descendons des Juifs et des Gentils, en mais malheur à ceux qui appellent bien ce qui
grand nombre, chrétiens de nom, mais en
petit nombre élus par la foi, nous devons, quand
le soir du sabbat brille de lumières, au lieu du
;
est mal, ténèbres ce qui est lumière, et lumière
ce quiest ténèbres qui appellent amer ce qui
est doux, et doux ce qui est amer (Isae,V,20).i>
sang des victimes, offrir à Dieu le jeûne qui Je ne comprends pas trop ce qu'il veut dire par
lui est agréable, par les louanges dont il est ces paroles, à moins que, comme vousme l'écri-
accompagné, comme un feu qui consumera vez, votre Urbicus n'ait voulu dire, qu'àRome le
nos œuvres de péchés. « Alors, » dit-il, « que peuple soumis à la volonté de son pasteur
Dieu satisfait de notre docilité nous exauce,et il observe le jeûne du samedi avec son évêque.
y aura des maisons pour boire et manger avec Mais s'il vous a écrit cela en réponse à quelque
sobriété, et où l'on pourra célébrer dans une chose de semblable que vous aviez inséré dans
douce joie la solennité du dimanche. «Ce ne sera une de vos lettres, il ne pourra pas, je l'espère,
donc plus,comrne il le disait plus haut,une alo- vous persuader de faire l'éloge d'une ville chré-
gie, mais une eulogie. Que lui a fait cependant tienne, jeûnant le samedi, et condamner le
le samedi que le Seigneur a sanctifié, pour monde chrétien qui dîne ce jour-là. En effet,
croire qu'on ne peut pas également, ce jour-là, :
lorsqu'il dit « Malheur à ceux qui appellent
boire et manger dans une douce joie, sans se bien ce qui est mal, ténèbres ce qui estlumière,
livrer à l'ivresse, puisque nous pouvons nous y
préparer par le jeûne du jour précédent, comme
on se prépare, selon lui, au dîner du dimanche
;
lumières ce qui est ténèbres, amer ce qui est
doux et doux ce qui est amer » s'il veut faire
entendre par là que le jeûne du sabbat est ce
parle jeûne du samedi? Y a-t-il donc un qu'il appelle bien, lumière et douceur, mais le
crime à dîner deux jours de suite? Qu'il.voie dîner ce qui est mal, ténèbres et amertume, il
quel affront il inflige à l'Eglise de Rome elle- condamne ainsi l'univers tout entier dans les
même, où l'on jeûne le mercredi, le vendredi chrétiens qui dînent Le samedi. Il s'oublie lui-
et le samedi, et où l'on y dîle trois jours de même, et ce qu'il dit dans ses propres écrits,
suite, le dimanche, le lundiet lemardi. qui puisse le sauver, de tant de témérité
20. « Il est certain, dit-il encore, que la vie
des brebis, dépend de la volonté du pasteur ; l'Apôtre :
et d'audace.
«
Car il ajoute aussitôt avec
Que personne ne vous con-
non in ebrietate, sed in jucunditate pranderi, cum dere pastorum. Sed væ qui dicunt (Isa., x,20), quod
dicit, debere nos ex Judaeis et Gentibus multos bonum malum, et tenebras lucem, et lucem tenebras,
Christianos nomine, fide paucos electos, vespertino et amarum dulce, et dulce amarum. Quidsibive-
sabbatorumincenso, pro pecudum victimis jeju- lint hæc verba ejus, non satis intelligo. Si enim
nium Deo placitum laudibus immolare, cujus fer- hcec, ut scribis, sic Urbicus dicit, in Urbe plebs
vore cremata deficiant operadelictorum. «Et mane, pendens ex pastoris arbitrio cum episcopo suo je-
ìnquit, exaudiat nos a nobis auditus, et erunt nobis junat sabbato. Si autem sic ad te ista scripsit,
domus ad manducandum et bibendum, non in quia in epistola tua et ipse quiddam tale scrip-
ebrietate, sed in jucunditate Dominica celebritate sisti, non tibi persuadeat urbem Christianam sic
perfeeta. » Tunc ergo eulogia, non ut superius ait, laudare sabbato jejunantem, ut cogaris orbem.
alogia celebratur. Sed quid eum offendit sabbati Cbristianum damnare prandentem. Cum enim di-
dies, quem Dominus sanctificavit, ignoro, ut in eo cit, « Væ qui dicunt quod bonum malum, et te-
non putet posse manducari et bibi cum tali jucun- nehras lucem, et lucem tenebras, et amarum
ditate, quæ careat ebrietate; cum sic ante sabba- dulce, et dulce amarum,» jejunium sabbati volens
tum jejunare possimus, quomodo dicit ante Domi- intelligi bonum et lucem et dulce; prandium
nicum sabbato jejunandum, an continuo biduo vero, malum et tenebras et amarum: quis eum
pranderi nefas esse arbitratur? Videat ergo quanta dubitat in omnibus Christianis sabbato prandentibus
afficiat contumelia ipsam quoque Romanam eccle-
siam, ubi et his hebdomadibus, in quibus quarta
?
universum orbem damnare terrarum Nec se ipse
respicit, nec quid dicat adtendit, ut scriptis suis
et sexta et sabbato jejunatur, tribus tamen.diebus ab ista preecipiti cohibeatur audacia. Continuo
continuis, Dominko scilicet ac deinde secunda et quippe subjunxit: « Nemo ergo vos judicet in esca
tertia prandetur. autin potu (Coloss., n, 26). » Quod ipse utiqur:fa-
20. »Oviumvitam certum est, inquit, arbitrio pen- cit, qui sabbato sumentes escam, potumque sic ar-
damne pour le boire et pour le manger (Coloss., et ceux qui ont reçu la foi par les autres apôtres, -
»
II,16), et c'est précisémentce qu'il fait en et qui dînent ce jour-là. Beaucoup, il est vrai,
accusant hautement ceux qui boivent et man- croient, tandis que la plupart des Romains ne
gent le samedi. Comment, en citant ce passage croient pas, que l'apôtre saint Pierre, devant
;
qui mangent ce jour-là, cette juste et prudente églises d'Occident. Mais si, comme le ditnotre
mesure qui évite les scandales alors celui qui homme, le magicien Simon était l'image du
mange ce jour-là, ne le mépriserait pas s'il ne démon, il n'est pas seulement un tentateur du
mange pas lui-même, et lui-même, s'il ne mange samedi ou du dimanche, mais un tentateur de
pas, ne jugerait pas celui qui mange. tous les jours. Cependant on ne jeûne pas
CHAPITRE IX.—21.« Saint Pierre même,dit- chaque jour pour se garantir de ses tentations,
il, le chef des Apôtres, lui qui garde la porte puisqu'on ne jeûne ni les dimanches, ni les
du ciel, lui, la pierre fondamentale de l'Eglise, cinquante jours qui suivent Pâques, ni dans la
après avoir triomphé de Simon, image du plupart des pays durant les jours de fêtes, et
démon, qui ne peut être vaincu que par le ceux qui sont consacrés solennellement au nom
jeûne,enseigne cettedoctrine auxRomainsdont des martyrs. Cependant nous triomphons du
la foi est annoncée dans tout l'univers. » Mais démon, si nos yeux sont toujours tournés vers
est-ce que les autres apôtres ont contrairement le Seigneur, afin qu'il délivre nos pieds des
à la doctrine de saint Pierre, prescrit de dîner piéges qui nous sont tendus, pourvu surtout
aux chrétiens répandus dans tout le -monde ? que dans toutes nos actions, même dans le
Saint Pierre et les autres apôtresvécurent entre boire ou dans le manger, nous rapportions tout
eux dans une parfaite intelligence. Que cet à la gloire de Dieu, en évitant le plus possible
accord règne également entre ceux qui ont reçu d'être une oecasion de scandale, ou aux Juifs,
la foi par saint Pierre, et qui jeûnent le samedi, ou aux Gentils, ou à l'Eglise de Dieu. C'est à
guit. Quantum erat, ut hinc ei veniret in mentem vis earn perhibeant esse falsam plerique Romani,
:
etiam illud, quod idem Apostolus alibi dicit, « Qui
manducat, non manducantem non spernat et qui
non manducat, manducantem non judicet (Rom.,
quod apostolus Petrus cum Simone Mago die Do-
minico certaturus, propter ipsum magnse tentatio-
nis periculum, pridie cum ejusdem urbis eeclesia
XIV, 3)? Istum modum, hoc temperamentum, quo jejunaverit, et consequuto ta>n prospero glorio-
scandala devitaret, inter jejunantes sabbato et soque successu, eumdem morem tenuerit, eum-
manducantes teneret, ut et ipsum non mandu- que imitatse sint nonnullæ Occidentis ecclesige. Sed
cantem manducans quisque non sperneret, et si, ut iste dicit, Simon Magus figura erat diabolÍ;
ipse non manducans manducantem non judi- non plane sabbatarius aut Dominicarius, sed quo-
caret. tidianus est ille tentator: nec tamen adversus
CAPUT IX.—21. « Petrus etiam, inquit, Apostolo- eum quotidie jejunatur, quando et diebus domi-
rnm caputcoelijanitor, et ecclesise fundamentum, nicis omnibus, et quinquaginta post Pascha, et per
exstincto Simone, qui diaboli fuerit nonnisi jejunio diversa loca diebus sollemnibus Martyrum et festis
vincendi iigura, idipsum Romanos edoeuit, quorum quibusque prandetur : et tamen diabolus vincitur,
»
fides alÍnuntiatur universo orbi terrarum. Num-
quid ergo ceteri Apostoliprandere Christians con-
si oculinostrisintsemper ad Dominm." ut ipse
evellat de laqueo pedes nostros : et sive manduca-
tra Petrum docuerunt in universo orbe terrarum? mus sive bibimus, sive quodcumque facimus, om-
Sicut itaque inter se vixerunt concorditer Petrus nia in gloriam Dei faciamus : et quantum in nobis
et condiscipuli ejus, sic inter se concorditer vi- est, sine offensione simus Juda?is et Græcis et
vant jejunantes quos plantavit Petrus, et sabbato Ecclesiae Dei. Quod parum cogitant, qui cum
prandentes quos plantaverunt coudiscipuli ejus. oflensione mandacant, vel cum offensione jejunant,
Est quidem et hæc opinio plurimorum, quam et per utramiibet intemperantiam scandala CODci-
quoi ne pensent guère ceux dont le manger ou « toute la beauté de la fille du roi est au dedans
le jeûne est une occasion de scandale, et qui, (Ps., XXXXIV, 14), » et ces différentes manières
faute de garder une juste mesure dans l'un d'observer la foi, sont représentées dans la
comme dans l'autre cas, loin de triompher du variété de la robe de la royale fille, dont l'Ecri-
démon, sont pour lui une occasion de joie et turc dit, « qu'elle est revêtue d'une robe de
de triomphe. diverses couleurs avec des franges d'or. Mais
»
22. Si l'on répond que ce qui a été enseigné les diverses manières d'observer la foiqui sont
à Rome par saint Pierre, touchant le jeûne du représentées par la variété des couleurs de cette
samedi, l'a été également à Jérusalem, par robe, ne doivent pas devenir une source de
saint Jacques, à Ephèse; par saint Jean, et par querelles et de divisions qui la déchirent.
chacun des autres apôtres dans divers pays, — 23. «Enfin, continue ce
CHAPITRE X.
mais que toutes les autres nations se sont écar- Romain, si les Juifs, en célébrant le samedi,
Rome ;
tées de cette doctrine conservée seulement à
si l'on prétend, au contraire, que la
tradition des Apôtres concernant l'observation
repoussent le dimanche, comment un Chrétien
doit-il célébrer le samedi ? Ou soyons Chré-
tiens, et observons le dimanche, ou soyons
du jeûne n'a pas été maintenue dans quelques Juifs, et célébrons le samedi, car personne ne
parties de l'Occident où se trouve Rome, mais peut servir deuxmaîtres àlafois (1Jlatt.,VI,24).»
que c'est l'Orient, d'où l'Evangile s'est répandu Ne parle-t-il pas comme s'il y avait un Seigneur
dans le monde, qui a conservé fidèlement ce pour le samedi et un autre pour le dimanche?
que les Apôtres avaient établi avec saint Pierre,
savoir, que le jeûne du samedi n'est pas obli-
gatoire, c'est une question interminable et une
même :
Ne se souvient-il plus de ce qu'il a dit lui-
« Le fils de l'homme est maître du
sabbat (Luc, VI, 5).» Quand il veut que nous
source de discussions et de querelles sans fin. soyons ennemis du samedi, comme les Juifs le
Que la foi de l'Eglise universelle, répandue sur sont du dimanche, n'est-ce pas vouloir nous
toute la terre, soit une et inébranlable dans affranchir de la loi et des prophètes, à l'instar
tous ses membres, quand bien même l'unité de des Juifs, qui ne reçoivent ni l'Evangile, ni les
cette foi serait observée avec quelques pratiques Apôtres? Penser ainsi, c'est certainement mal
différentes, qui pourtant n'en altéreraient pas penser, vous le comprenez bien vous-même.
la vérité. Car, selon la parole du Prophète, « Mais, dit-il, toutes les choses anciennes ont
tant, quibus non superatur diabolus, sed læ- circumamicta varietate. » Sed ea quoque vestis ita
tatur. diversis celebrationibus varietur, ut non adversis
22. Quod si respondetur, hoc docuisse Jacò- contentionibus dissipetur,
bum Jerosolymis, Ephesi Joannem, ceterosque aliis CAPUT X. — 23. « Postrerao, inquit, si Judæus
locis, quod docuit Romse Petrus, id est, ut sab- sabbatum colendo Dominicum negat, quomodo
bato jejunetur, sed ab hac doctrina terras ceteras Christianus obs^cvat sabbatum ? Aut simus Chri-
deviasse, atque in ea Romam stetisse et e contra- stíaní,et Dominicum colamus ; aut simus Judeei, et
rio refertur Occidentis potius aliqua loca, in quibus sabbatum observemus : nemoenim potest duobus
Roma est, non servasse quod ApostoTi tradiderunt : dominisservire(Matth,, VI, 24). » Nonne ita lo-
Orientis vero terras, unde ccepit ipsum Evangelium quitur, tamquam sabbati alius dominus sit, alius
?
prsedictiri, in eo quod ab omnibus simul cum ipso Dominici Nec illud audit, quod et ipse commemo-
est, Christiana sobrietate et frugalitate servata, je- res clamant sub ara Dei. Dicit cessisse jejunio gla-
junii vinculum relaxamus. Et si aliqui fratres nostri dium, non recordans illum; quo milites Evangelici
requiem sabbati, relaxatione jejunii significandam armantur ex utroque Testamento, gladium, bis acu-
esse non putant, nequaquam de vestis regiæ varie- tum. Dicit cessisse precibus ignem, quasi non et tunc
tatelitigamus,neipsiusreginæ, ubi unamfidem preces deferebantur in templum, et nunc a
ctiam de ipsa requie retinemus, interiora membra Christo ignis est missus in mundum. Dicit cessisse
vexemus. Etsi enim quia vetera transierunt, cum pani pecus, tamquam nesciens et tunc in Domini
eis transiit etiam carnalis vacatio sabbati : non ta- mensa panes propositionis poni solere, et nunc
men quia sabbato et Dominico sine superstitiosa se de agni immaculati corpore partem sumere. Dicit
vacatione,prandemus, ideo duobus dominis servi- cessisse potulo sanguinem, noncogitans etiamnunc
mus, quia et sabbati et Dominici unus est do- se accipere in poculo sanguinem. Quanto ergo me-
minus. lius et congruentius vetera transisse, et nova in
24. Iste autem qui vetera transisse sic dicit, ut Christo facta esse, sic dicerei, ut cederet altare
« in Christo cederet ara altari, gtadius jejunio, pre- altari, gladius gladio, ignis igni, panis pani,
cibus ignis, pani pecus, poculo sanguis, » nescit pecus pecori, sanguis sanguini. Videmus quippe
altaris nomem magis Legis et Prophetarum litteris in his omnibuscarnalemvetustatem spiritali cedere
frequentatum, et altare Deo prius in tabernaculo, novitati. Sic ergo intelligendum est, sive in isto
sive a quibusdam
quod per Moysen factum est, collocatum; aram die volubili septimo prandeatur,
quoque in apostolicis litteris inveniri, ubi Marty- etiam jej unetur, tamen sabbato spiritali sabbatum
que dans le sabbat spirituel nous soupirons
;
charnel a fait place au sabbat spirituel puis- ce jour-là est un signe de ce repos éternel qui
est le véritable sabbat.
après le véritable et éternel repos, et que dans 26. Cependant, qu'on observe ou qu'on n'ob-
le sabbat temporel, on rejette comme supers- serve pas le jeûne le samedi, ce qui me parait
titieuse lacessation du travail. le plus sûr et le meilleur pour la paix, c'est
CHAPITRE XI.—25.Tout ce qui suit, et par que « celui qui mange ne méprise point celui
où l'auteur termine sa dissertation, ainsi que
beaucoup d'autres choses que je n'ai pas jugé
à propos de rapporter, n'ont aucun rapport à
pas ne juge point celui qui mange ;
qui ne mange pas, et que celui qui ne mange
car nous
ne serons ni plus riches devant Dieu quand
la question où il s'agit simplement de savoir nous mangerons, ni plus pauvres quand nous
s'il faut jeûner ou non le samedi. Je les soumets ne mangerons pas (Rom., XIV, 3).» C'est ainsi
à votre examen et à votre jugement, surtout si que, sans offenser personne, nous resterons
vous pouvez tirer quelque profit de ce que je unis avec ceux parmi lesquels nous vivons, et
vous ai dit. Bien qu'il me semble avoir suffi-
samment et le mieux possible répondu à toutes
les questions de cet homme, si vous me deman-
de dire avec l'Apôtre :
avec lesquels nous vivons en Dieu. S'il est vrai
« Qu'il est mal à un
homme de manger quand il scandalise (Ibid.,
dez mon avis sur la chose en elle-même, je vous 20), » il n'est pas bien de scandaliser les autres
répondrai que dans l'Evangile, dans les écrits en jeûnant. Ne ressemblons pas à ceux qui,
des Apôtres, et dans la loi appelée le Nouveau-
Testament, je vois la prescription du jeûne,
mais que ni dans les préceptes de Jésus-Christ,
:
voyant saint Jean s'abstenir de boire et de
manger, disaient a Il est possédé du démon
(Matt., XI, 18), » et n'imitons pas non plus
ni-dans ceux des Apôtres, je ne trouve pas de
jour spécialement destiné et désigné pour l'ob-
server ou ne pas l'observer. D'où je pense qu'il
:
ceux qui, voyant Jésus-Christboire et manger,
disaient « Voilà un homme qui aime à man-
:
ger et qui se plaît à boire du vin c'est un ami
est plus convenable de ne pas jeûner le samedi, des publicains et des pécheurs (Matt, XI, 19). »
non que par là nous parvenions mieux au repos Car Jésus-Christ, dans ce même endroit de
où nous arrivons par la foi et par la justice, l'Evangile, nous donne un avis très-nécessaire
dans lesquelles réside la beauté intérieure de quand il dit:«Et la sagesse a été justifiée
cette fille du roi, mais parce que le repos de par ses enfants. » Or, si vous voulez
carnale cessisse : quando in isto sempiterna et vera tionem quam cunstrictionem jejunii aptius conve-
requies concupiscitur; in illo vacatio temporalis nire.
jam superstitiosa comtemnitur. 26. Verumtamen in hujus sabbati jejunio sive
CAPUT XI. — 25. Cetera quæ sequuntur, quibus prandio, nibil mihi videtur tutius pacatiusque ser-
suam disputationem iste concludit, sicut alia quæ- vari, « quam ut qui- manducat non manducantem
dam quæ inde commemoranda non arbitratus sum. non spernat, et qui non manducat manducantem
multo magis ad caussam non pertinent, in qua de non judicet : quia neque si manducaverimus abun-
jejunio sabbati vel prandio disputatur. Sed ea tibi dabimus, neque si non manducaverimus egebimus
ipsi, maxime si ex iis quæ a me dicta sunt aliquid (Rom., XIV, 3) : » custodita scilicet eorum inter quos
adjuvaris, advertenda et judicanda dimitto. Si au- vivimus, et cum quibus Deo vivimus, in his rebus
tem quoniam huic quantum potui sufficienter res- inoffensa societate. Sicut enim quod ait Apostolus
pondisse me puto, de hac re sententiammeam quæ- verum est, « malum esse homini, qui per offensio-
ris, ego in evangelicis et apostolicis litteris, totoque nem manducat (Ibid., xx) : »ita malum est homini,
instruments quod appellatur Testamentum novum, qui per offensionem jejunat. Non itaque simus eis
animo id revolvens, video præceptum esse jeju- similes, qui videntes Johannem non manducantem
nium. Quibus autem diebus non oporteat jejunare, nec bibentem, dixerunt : « Dæmonium habet
et quibus oporteat, præcepto Domini vel Aposto- »
(Matt., II, 18). Sed nec rursus eis, qui videntes
lorum non invenio definitum. Ac per hoc sentio, Christum manducantem et bibentem, dixerunt :
non quidern ad obtinendam, quam fides obtinet Ecce homo vorax et vinosus, amicus publicanorum
æque justitiam, in qua est pulcritudo filiæ regis in-
trinsecus, sed tamen ad significandam requiem
«
et peccatorum.» :
Rem quippe valde necessariam
his dictis Dominus ipse subjecit atque ait « Et •
sempiternam, ubi est verum sabbatum, relaxa- justificata est sapientia in filiis suis. »Qui sint au-
connaître quels sont ces enfants de la sagesse, tième jour. De même donc qu'on ne pourrait
lisez ce qui en a été écrit: «Les enfants de la sa- pas invoquer contre le dîner du samedi le jeûne
gesse,c'est l'assemblée desjustes(Eccl.III,1).» Ce auquel, du temps de nos pères, Moïse et Elie
sont ceux qui, lorsqu'ils mangent, ne méprisent se sont soumis pendant quarante jours, de
point ceux qui ne mangent pas, et qui, lors- même celui qui a pu passer sept jours dans le
qu'ils ne mangent pas, ne jugent pas ceux qui jeûne, n'a pas expressément choisi le dimanche
mangent, mais qui méprisent et jugent ceux pour jeûner, mais s'ilajeûné le dimanche, c'est
dont le jeûne ou le manger est un scandale parce que ce jour-là se trouvait parmi ceux
pour les autres. qu'il avait consacrés au jeûne. Cependant, si
CHAPITRE XII.-27.Pour ce qui concerne le l'on veut interrompre le jeûne continué pen-
jour du sabbat, la question est facile à résou- dant une semaine, rien n'est plus convenable
dre, puisque l'Eglise romaine, ainsi que quel- que de l'interrompre le dimanche. Mais si on
ques autres églises, quoique en petit nombre, ne prend de la nourriture qu'après sept jours,
plus ou moins éloignées de Rome, sont sou- ce n'est pas parce qu'on choisit le dimanche
mises à la discipline du jeûne. Mais jeûner le pour jeûner, mais parce que ce jour-là se
dimanche est sans contredit un scandale, sur- trouve parmi ceux qu'on avait consacrés au
tout depuis que nous voyons la détestable jeûne.
hérésie des Manichéens, ouvertement contraire 28. Qu'on ne s'inquiète pas si les Priscillia-
à la foi catholique et aux divines Ecritures, nistes, dont la doctrine ressemble tant à celle
recommander ce jour-là à ses adeptes comme des Manichéens, prétendent aussi qu'on doit
un jour légitimement consacré au jeûne : aussi jeûner le dimanche, et se fondent sur un pas-
affreux;
le jeûne du dimanche en est-il devenu plus
à moins toutefois que quelqu'un ne
soit capable de pousser le jeûne au delà d'une se-
:
sage des Actes des Apôtres, où, lorsque saint
Paul était dans la Troade, il est écrit « Le
premier jour qui suit le sabbat, les disciples
maine, sans prendre pendant ce temps la moin- s'étant assemblés pour rompre le pain, Paul,
dre nourriture,de manière à s'approcher leplus qui devait partir le lendemain, leur tint un
possible du jeûne de quarante jours, comme discours qui dura jusqu'à la moitié de la nuit.
;
quelques-uns l'ont fait car des frères, dignes Ensuite Paul étant descendu du cénacle, où les
de foi, nous ont assuré qu'un homme était disciples s'étaient assemblés, pour ressusciter
parvenu à pousser son jeûne jusqu'au quaran-
qui, accablé de sommeil, était
un jeune homme
de cet Apôtre : »
tait mort (Act.,XX,7-11), l'Ecriture dit encore
« Etant remonté, et ayant
disciples se rassemblèrent le dimanche, non pas
à la nuit, mais au jour, selon ce qui est dit,
rompu le pain et mangé, il leur parla encore
jusqu'au point du jour et s'en alla. » A Dieu
ne plaise que l'on conclue de ce passage, que
le lendemain;
« que Paul discourait avec eux, devant partir
» la seule et véritable cause de
la prolongation de son discours, est qu'il
les Apôtres avaient coutume de jeûner solen- devait partir, et qu'avant son départ, il désirait
nellement le dimanche, car le jour qu'on leur donner toutes les instructions nécessaires.
appelait autrefois le premier jour de la se- Ils n'étaient donc pas là réunis pour jeûner
maine, ou le premier après le sabbat, est celui solennellement le dimanche; mais ils étaient
qu'on appelle maintenant le dimanche, comme retenus par l'ardeur avec laquelle ils écoutaient
le prouvent évidemment les Evangiles. En effet, un discours nécessaire, qu'ils ne crurent pas
trois évangélistes nomment una sabbati, un devoir interrompre pour prendre de la nour-
après le sabbat, le jour de la résurrection de riture. Ils voyaient s'approcher le moment où
Jésus-Christ, que nous appelons maintenant le allait partir l'Apôtre qui, par suite de ses
dimanche, et saint Matthieu l'appelle prima autres voyages, ne les visitait jamais, ou du
sabbati, lepremier jour après le sabbat (Matt., moins très-rarement, et qui, comme la suite
XXVIII, 1).Il est évident que c'est le jour auquel nous l'apprend, allait s'éloigner de cette con-
on a donné ensuite le nom de dimanche. Ainsi, trée, sans plusreparaître vivant à leurs yeux.
ou bien les disciples s'étaient assemblés à la fin Ce passage fait donc voir évidemment qu'ils
du jour du sabbat, c'est-à-dire au commence- n'avaient pas coutume de jeûner le dimanche,
ment de la nuit appartenant déjà à ce jour de et c'est pour nous empêcher de le croire que
la semaine appelé présentement le dimanche, l'auteur du livre des Actes a eu soin d'exposer
et dans cette même nuit, avant de rompre le la cause qui obligea saint Paul à parler si
pain, comme il est rompu dans le sacrement longtemps, et pour nous apprendre également
du corps de Jésus-Christ, saint Paul prolongea qu'il faut savoir au besoin préférer les choses
son discours jusqu'au milieu de la nuit, et après urgentes au dîner. L'ardeur et l'avidité avec
la célébration des mystères, il adressa de nou- laquelle les assistants écoutaient saint Paul, la
veau la parole, jusqu'au point du jour, aux pensée de voir bientôt s'éloigner d'eux cette
disciples réunis, parce qu'il avait hâte de partir source divine, et le désir d'y étancher leur
illis exiturusalia die,produxitquesermonem usque usque ad medium noctis, ut post sacramenta cele-
ad medium noctis(Act.,XX, 7). » Deinde cum des- brata, rursus usque ad diluculum alloquens con-
cendisset de cænaculo, ubi congregati erant, ad gregatos, quoniam multum festinabat, ut luces-
resuscitandum adolescentem, qui gravatus somno cente proficisceretur Dominico die. Aut certe si in
de fenestra ceciderat et mortuus ferebatur, de ipso
Apostolo Scriptura sic loquitur, « Ascendens autem,
inquit, cum fregisset panem atque gustasset, satis-
:
una sabbati non per noctem, sed per diem hora
Dominici fuerant congregati eo ipso quo dictum
est, « Paulus disputabat illis exiturus alia die, »
que esset allocutus usque ad diluculum, sic pro- cxpressa est caussa producendi sermonis, quia
fectus est. » Absit ut hoc sic accipiatur, tamquam fuerat exiturus, et eos sufficienter instruere cupie-
solerent Apostoli Dominico die sollemniter jeju- bat. Non ergo sollemniter die Dominico jejunabant,
nare. Una enim sabbati tunc appellabatur dies, qui sed necessarius sermo, qui studii ferventissimi au-
nunc Dominicus appellatur, quod in Evangeliis diebatur ardore, reficiendi corporis caussa inter-
apertius invenitur. Nam dies resurrectionis Domini, rumpendus esse non visus est profecturo Apostolo,
:
prima sabbati a Matthæo (Matt., XXVIII, 1), a cete-
ris autem tribus, una sabbati dicitur quem con-
stat eum esse, qui Dominicus postea appellatus est.
qui cos, propter alios suos usquequaque discursus,
vel alias numquam vel rarissime visitabat; præser-
tim quia tunc ex illis terris sicut consequentia
Aut ergopost peractum diem sabbati, noctis initio docent, ita discessurus erat, ut jam non esset eoe
in carne visurus. Ac per hoc magis ostenditur
fuerant congregati, quæ utique nox jam ad diem
Dominicum, hoc est ad unam sabbati pertinebat :
etita eadem nocte fracturus panem, sicutfrangitur
Dominicis diebus solita illis non fuisse jejunia ;
quia ne hoc crederetur, curavit scriptor libri caus-
in sacramento corporis Christi, produxit sermonem sam producendi sermonis exponere : ut sciremus
soif, non avec l'eau de la terre, mais dans les règle indubitable, qu'à moins d'avoir fait vœu
flots de ces paroles sacrées dont on est tou- de ne prendre aucune nourriture pendant plu-
jours altéré, leur firent oublier et le dîner et le sieurs jours de suite, il ne faut pas jeûner le
souper. dimanche.
29. Mais bien qu'alors la coutume ne fût pas CHAPITRE XIII.— 30. Pourquoi l'Eglise
de jeûner le dimanche, l'Eglise n'aurait pas jeûne-t-elle principalement le quatrième et le
été scandalisée si, dans une nécessité comme sixième jour, c'est-à-dire le mercredi et le ven-
celle où se trouva l'Apôtre saint Paul, les dis- dredi ? C'est que, d'après l'Evangile, ce fut le
ciples n'avaient pris aucune nourriture pendant quatrième jour, qu'on appelle généralement la
toute la journée du dimanche, jusqu'au milieu quatrième férié, que les Juifs tinrent conseil
de la nuit, et même jusqu'au point du jour. pour faire mourir le Seigneur. Après un jour
Mais maintenant que les hérétiques; parmi d'intervalle, c'est-à-dire le soir du lendemain,
lesquels les Manichéens sont les plus impies, le Seigneur mangea laPâque avec ses disciples,
ont sans aucune nécessité prescrit le jeûne du et ce soir-là termine lé jour que nous appelons
dimanche et l'ont solennellement consacré, le cinquième de la semaine. Le Seigneur fut
comme le savent tous les chrétiens, je pense, ensuite livré dans la nuit qui appartenait déjà
que, fût-on même dans la nécessitéoù se trou- au sixième jour de la semaine, qui est le jour
vait l'Apôtre, il ne faudrait pas faire ce qu'il a de sa passion. Ce sixième jour, en commençant
fait, de peur que le scandale ne produisît plus
de mal que la parole ne produirait de bien.
Mais enfin, quelque cause ou quelque nécessité
parle
mes. Saint Matthieu ,
que le premier jour des azymes
l'évangéliste ,
soir, fut donc le premier jour des azy-
, dit
fut le
qu'un chrétien puisse avoir de jeûner le cin quièmede la semaine, parce que le soir
dimanche, comme les Actes des Apôtres nous de ce jour, devait avoir lieu la cène pascale, où
apprennent que, dans le vaisseau où était saint l'on commençait à manger le pain sans levain
Paul, le péril du naufrage fit qu'on jeûna pen- et l'agneau immolé. D'où il résulte que le
dant quatorze jours, et par conséquent deux quatrième jour de la semaine était arrivé quand
dimanches, nous devons regarder comme une :
le Seigneur dit « Vous savez que la Pâquese
si aliqua necessitas oriatur, urgentiori actioni non cim diebus, ac pec hoc duobus Dominicis jejuna-
esse prandium præferendum : quamvis ab istis tum (Act., XXVII, 33): nullo modo dubitare debe-
avidissime audientibus, et ipsum fontem cogitanti- mus, Dominicum diem, quando non plures dies
bus profecturum, atque ideo magna siti non aquæ, sine ulla refectione continuandivoventur, inter
sed verbi sine satietate quidquid influebat haurien- jejuniorum dies non esse ponendum.
tibus, non tantum carnale prandium, verum etiam CAPUT XIII.—30.Curautemquarta etsextamaxime
cœna contempta est. jejunet Ecclesia, illa ratio reddi videtur, quod. consi-
29. Sed tune quamvis Dominico
- die solita illis derato Evangelio, ipsa quarta sabbati, quam vulgo
jejunia non fuissent, non erat tamen Ecclesiæ tam quartam feriamvocant, consiliumreperiuntur ad oc-
insignis offensio, si aliqua tali necessitate, qualem cidendumDominum fecisseJudæi. Intermisso autem
apostolusPaulus habuit, dietotoDominico usque ad unodie, cujus vespera Dominus Pascha cum disci-
medium noctis, vel etiam usque ad diluculum refi- pulis manducavit, qui finis fuit ejus diei, quem
cere corpora non curarent. Nunc vero posteaquam vocamus quintam sabbati, deinde traditus est ea
hæretici, maxime impiissimi Manichæi, jejunia diei nocte quæ jam ad sextam sabbati, qui dies passio-
Dominicinon aliqua necessitate occurrente peragere, nis ejus manifeslus est, pertinebat. Hicdies primus
sed quasi sacra sollemnitate statuta dogmatizare a
azymorumfuit vespera incipiens. SedMatthæus
cæperimt, et innotuerunt populis Christianis : Evangelista quintam sabbati dicit fuisse primam
profecto nec tali necessitate,qualem Apostolus diem azymorum: quiaejus vespera sequente, futura
habuit, existimo faciendum esse quod fecit; ne erat cœna paschalis, qua cœna incipiebat azymum
majus malumincurratur in scandale, quam bonum et ovis immolatio manducari. Ex quo colligitur
:
percipiatur ex verbo. Quidquid tamen caussæ vel quartam sabbati fuisse, quando ait Dominus
necessitatis exstiterit, cur homo Christianus die « Scitis quia post biduum Pascha fiet, et filius
Dominico jejunare cogatur, sicut etiam illud in hominus tradeturutcrucifigatur (Matt., XXVI, 2). »
Actibus Apostolorum invenimus, in naufragii peri- Ac per hoc dies ipse jejunio deputatus est, quia
culo, ubi et ipse Apostolus navigabat, quatuorde- sicut Evangelista sequitur et dicit, « Tunc congre-
fera dans deux jour, et que le Fils de l'homme dent, observent au contraire le jeûne en mé-
sera livré pour être crucifié (Matt.,XXVI, 2). » moire de l'humiliation et de la mort du Sei-
:
Et ce qui fait que ce jour-là est consacré au
jeûne, c'est que l'évangéliste ajoute « Dans
le même temps, les princes des prêtres et les
gneur. Cependant, le jour qui précède la fête
de Pâque en mémoire de ce qui se passa quand
la mort de Jésus-Christ comme homme,
sénateurs du peuple s'assemblèrent dans la plongea tous ses disciples-dans la douleur, tous
salle du grand-prêtre appelé Caïphe, et ils les chrétiens observent dévotement le jeûne
délibérèrent de s'emparer de Jésus par la ruse même ceux qui n'ont pas coutume de
»
et de le faire mourir.
:Après ce jour vient
celui dont parle l'Evangile « Le premier jour
jeûner les autres samedis de l'année; ils ex-
prim ent par là le deuil des disciples, le jour de
la
:
des azymes, les disciples vinrent trouver Jésus,
et lui dirent Où voulez-vous que nous vous
préparions ce qu'il faut pour manger la Pâque
l'anniversaire de mort de Jésus-Christ, et les
autres samedis, le repos solennel de ce jour. En
effet, il y a deux choses qui nous font espérer
(lbid.,17). » C'est après ce jour, comme per- la béatitude des justes, et la fin de toutes les
sonne ne le conteste, c'est-à-dire le sixième misères de la vie, savoir, la mort et la résur-
jour de la semaine, que Notre Seigneur fut rection. Dans la mort se trouve le repos dont
:
crucifié. Voilà pourquoi le sixième jour (le
vendredi) est justement consacré au jeûne, car ;
le Prophète dit «Enfermez-vous, mon peuple,
dans des lieux souterrains tenez-vous-y cachés
le dit le Prophète:
le jeûnemarque etsignifie l'humiliation, comme
« J'humiliais mon âme par
le jeûne (Ps.,XXXIV,, 13). r
pendant quelque temps, jusqu'à ce que la colère
de Dieu soit passée (Isaïe, XXVI, 20). » Dans la
résurrection, est lafélicité parfaite de l'homme
31. Vient ensuite le samedi, où le corps de tout entier, c'est-à-dire dans l'esprit et dans la
Jésus-Christ reposa dans le sépulcre, comme, chair. C'est pourquoi on n'a pas cru devoir
dans la création du monde, Dieu se reposa ce marquer ces deux jours par le jeûne, mais
jour-là de toutes ses œuvres. De là est née cette
;
variété dans la robe de la reine de sorte que les
plutôt par la joie d'un festin, excepté le samedi
pascal, où, comme nous l'avons dit, le deuil
uns, comme les peuples d'Orient, ont jugé à des disciples est marqué par un jeûne plus
propos de rompre le jeûne, pour exprimer le prolongé.
repos solennel de ce jour, les autres, comme à CHAPITRE XIV. — 32. Mais comme nous ne
Rome et dans quelques autres Eglises d'Occi- trouvonsainsi que je l'ai rapporté plus haut,ni
grati sunt principes sacerdotum et seniores populi tur propter renovandam rei gestæ memoriam, qua
in atrium principis sacerdotum, qui dicebatur Cai- Discipuli humanitus mortem Domini doluerunt,
phas, etconsilium fecerunt ut Jesumdolo tenereut sic ab omnibus jejunatur, ut etiam illi sabbati jeju-
et occiderent. a Intermisso autem uno die, de quo nium devotissime celebrent, qui ceteris per totum
:
dicit Evangelium: « Prima autem azymorum accesse-
runt discipuli ad Jesum dicentes Ubi vis paremus
tibi comedere pascha (Ibid., XVII) ?» Hoc ergo die
annum sabbatis prandent, utrumque videlicet si-
gnificantes, et in uno anniversario die luctum disci-
pulorum, et ceteris sabbatis quietis bonum. Duo
intermisso passus est Dominus, quod nullus ambi- quippe sunt, quæ justorumbeatitudinem, et omnis
git, sexta sabbati, quaproptpr et ipsa sexta recte miseriæ finemsperari faciunt, mors et resurrectio
jejunio deputatur : jejunia quippe humilitatem
significant. Unde dictum est: « Et humiliabam in
jejunio animam meam (Psal.,XXXIV,, 13). »
;
mortuorum. In morte requies est, de quo dicitur
per Prophetam «. Plebs mea intra in cellaria tua,
abscondere pusillum donec transeat ira Domini
» In resurrectione autem in ho-
31. Sequitur sabbatum, quo die caro Christi in (Isœ., XXVI, 20).
monumento requievit, sicut in primis operibus mine toto, id est, in carJle et spiritu perfecta feli-
mundi requievit Deus die illo ab omnibus operibus ut
citas.Hincfactumest horumduorum utrumque
suis. Hinc exorta est ista in reginæ illius veste va- non significandumputaretur labore jejunii, sed po-
rietas, ut alii, sicut maxime populi Orientis, pro- tius refectionis hilaritate, excepto paschali uno sab-
pter requiem significandammallent relaxare jeju- bato, quo discipulorum, sieut diximus,luctus prop-
nium, alii propter humilitatem mortis Domin ter rei gestæ memoriam fuerat jejunio prolixiore
jejunare, sicut Romana et nonnullæ Occidentis ec- signandus.
clesiaB. Quod quidem uno die, quo Pascha celebra- CAPUT XIV. — 32. Sed quoniam non invenimus
dans
,les ,
Evangiles ni dans les écrits des Apô- voulez pas souffrir de scandale ni en causer
tres
Testament ,
appartenant à la révélation du Nouveau-
rien qui prescrive évidemment
l'observation du jeûne à des jours bien déter-
aux autres. » Je rapportai cette réponse à ma
mère, qui la trouva suffisante et qui ne balança
pas à obéir. Dans la suite, nous suivîmes nous-
minés, et que cela, joint à beaucoup d'autres mêmes cette règle. Mais comme en Afrique,
choses qu'il est difficile d'énumérer, a produit dans une église ou dans quelques l'église d'une
cette variété dans la robe de la fille du roi, même contrée,les uns dînentles autres jeûnent
c'est-à-dire de l'Eglise, je vous citerai à ce le samedi, il faut, selon moi, suivre la coutume
sujet ce que me répondit le vénérable Ambroise, de ceux à qui est confiée la charge spirituelle
évêque de Milan, par qui je fus baptisé. Je me de ces peuples. C'est pourquoi, si vous voulez
trouvais dans cette ville avec ma mère; nous qui acquiescer à mon avis, dans une cause sur
n'étions encore que catéchumènes, nous nous laquelle, à votre demande et à vos prières, je
occupions peu d'une pareille question; ma me suis étendu peut-être plus qu'il ne faut,
mère, cependant, s'inquiétait de savoir si, sui- soumettez-vous à l'usage de votre évêque, et
vant la coutume de notre ville, elle devait faites, sans aucun scrupule et sans discussion,
jeûner le samedi, ou dîner selon l'habitude de ce qu'il pratique lui-même.
l'Eglise de Milan. Pour dissiper ses doutes à
:
cet égard, j'interrogeai le saint homme de Dieu
dont je viens de vous parler « Que puis-je,
dit-il, vous enseigner autre chose que ce que
je fais moi-même. » Je croyais que par cette
réponse, il nous prescrivait qu'il ne fallait pas
jeûner le samedi, comme je savais qu'il ne
jeûnait pas lui-même. Mais aussitôt il ajouta
le samedi.
:
« Quand je suis ici, je ne jeûne pas
Je jeûne au contraire ce jour-là quand je suis
à Rome. Ainsi, dans quelque Eglise que vous
vous trouviez, suivez-en la coutume, si vous ne
ut jam supra commemoravi, in evangelicis et apos- « ejus morem servate, si pati scandalum non vultis
tulicis litteris, quæ ad novi Testamenti revelationem aut facere.» Hoc responsum retuli ad matrem,
proprie pertinent, certis diebus aliquibus evidenter eique suffecit, nec dubitavit esse obediendum : hoc
præceptum ohservanda esse jejunia, et ideo res etiam nos sequuti sumus. Sed quoniam contingit
quoque ista sicut aliæ plurimæ, quas enumerare maxime in Africa, ut una ecclesia vel unius regionis
difficile est, invenit in veste illius filiæ regis, hoc ecclesiæ, alios habeant sabbato prandentes, alios
est Ecclesiæ, varietatis locum; indicabo tibi quid jejunantes; mos eorum mihi sequendus videtur,
mihi de hoc requirenti respondent venerandus quibus eorum populorum congregatio regenda
Ambrosius, a quo baptizatus sum, Mediolanensis commissa est. Quapropter si consilio meo, præsertim
episcopus. Nam cum in eadem civitate mater mea quia in hac caussa plus forte quam satis fuit, te
mecum esset, et nobis adhuc catechumenis pa- petente atque urgente, loquutus sum, libenter ad-
rum ista curantibus, illa sollicitudinem gereret quiescis : Episcopo tuo in hac re noli resistere, et
utrum secundum morem nostræ civitatis esset quod facit ipse, sine ullo scrupulo vel disceptatione
sabbato jejunandum, an ecclesiæ Mediolanensis sectare.
more prandendum, ut hac eam cunctalione libe-
rarem, interrogavi hoc supradictum hominem Dei.
At ille, «Quid possum, » «
ínqúít, hinc docere am-
plius quam ipce facio? » Ubi ego putaveram nihil
eum ista responsione præcepisse, nisi ut sabbato
pranderemus hoc quippe ipsum facere sciebam :
sed ille sequutus adjecit, « Quando iiic sum, non
jejuno sabbato; quandoRomæsum, jejuno sabbato:
ad quamcumque ecclesiam veneritis, » inquit,
j'en ai déjà fait l'expérience, ô bien-heureux,
vénérable et très-aimable seigneur!
2. Si les ouvrages que j'ai composés avec
LETTRE XXXVII (1)
tant de peine, ont eu l'extrême bonheur d'être
lus par vous, je le dois au Seigneur, à qui mon
Saint Augustin se félicite de ce que Simplicien
âme est soumise, et qui a bien voulu me con-
lisait et approuvait ses ouvrages, et soumet à sa soler de
mes peines et calmer les inquiétudes
censure, non-seulement ses autres livres, mais qui m'assiègent nécessairement dans de telles
encore ceux qu'il avait composés pour répondre
;
œuvres car, bien que je marche dans le champ
aux questions que Simplteien lui avait propo- ouvert et aplani de la vérité, je crains toujours
sées (2).
que mon incapacité ou mon imprudence ne
A SON BIENHEUREUX SEIGNEUR ET SON VÉNÉRABLE me fasse commettre quelque faute. Mais comme
AUGUSTIN ,
PÈRE SIMPLICIEN (3).
SALUT DANS LE SEIGNEUR.
je sais que mes écrits vous plaisent, je saisà
qui je plais, puisque je connais quel est
celui qui habite en vous. C'est celui qui distri-
1. J'ai reçu la lettre que votre sainteté a dai- bue et dispense tous les dons spirituels et qui
gné m'envoyer. Elle m'a rempli de bonnes et rassurera mon obéissance par votre jugement.
douces joies, parce que j'y vois que vous vous S'il y a dans mes ouvrages quelque chose qui
souvenez de moi, que vous m'aimez selon votre soit digne de vous plaire, c'est parce que Dieu,
habitude, et que vous vous réjouissez des bien- voulant se servir de moi, a dit : Que cela soit ;
faits dont le Seigneur a daigné me combler et cela a été fait. De même dans l'approbation
par sa miséricorde, et non pour mes mérites. que vous y donnez, c'est Dieu qui a vu que
J'y ai trouvé avec bonheur l'affection pater- c'était bon.
nelle dont votre cœur est rempli pour moi. Ce 3. Pour ce qui regarde les questions que
n'est pas chose nouvelle, car depuis longtemps vous m'avez ordonné de traiter, quand bien
(1) Tirée du IVe tome des ouvrages de saint Augustin. Ecrite environ l'an 397. — La lettre qui était la 37e dans les
éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, se trouve maintenant la 109e. -
(2) Voyez ces questions auXXIevolume p. 117.
(3) Simplicien succéda dans l'église de Milan au bienheureux Ambroise en 397, comme on le voit dans le livre IIe
des Rétractations. En effet, Ambroise mourut la veille de Pâques, suivant Paulin, historien de sa vie, c'est-à-dire le
4avril, comme en fait foi le martyrologe. Or, en 397, la fête de Pâques tomba le 5 avril. Simplicien fut envoyé à
le
;
Milan par papeDamase, selon Baronius, pour assister saint Ambroisedans l'administration desonévêché. Saint Au-
gustin le nomme père de saint Ambroise, parce qu'il avait été son parrain dans le baptême il le nomme aussi son père,
parce qu'il avait beaucoup contribué à sa conversion.
:
non meritis meis, missas munere sanctitatis tuæ
accepi in quibus affectum in me paternum de
:
tum est in tua vero approbatione vidit Deus, quia
bonum est.
tuo benignissimo corde non repentinum et novum 3. Qnæstiunculas sane, quas mihi enodandas
hausi, sed expertum sane cognitumque repetivi. jubere dignatus es, etsi mea tarditate implicates
même mon peu de lumière m'empêcherait de
les comprendre, aidé par votre mérite, j'en le permettent ;
qu'il plaît au Seigneur, et que mes forces me
mais, quant au corps, je suis
viendrais à bout. Tout ce dont je vous prie,
c'est de prier Dieu pour ma faiblesse et soit
dans les questions par lesquelles votre bonté
; malade et au lit. Je ne puis ni marcher, ni me
tenir debout, ni m'asseoir, par suite de ger-
çures (<2) et de tumeurs qui me font bien souf-
paternelle a voulu exercer mon esprit, soit frir. Mais, quoi qu'il en soit, puisque cela plaît
;
dans tout autre de mes ouvrages qui tomberont
entre vos saintes mains donnez-y, non-seule-
ment l'attention d'un lecteur, mais encore la
à Dieu, que puis-je dire autre chose, sinon que
je suis bien. En effet, quand nous ne voulons
pas ce qu'il veut, c'est plutôt nous qui sommes
si
sévérité d'un censeur, car j'y reconnais moi- en faute que lui, qui ne peut rien faire ni per-
même les bienfaits et la grâce de Dieu, j'y mettre qui ne soit selon le bien. Vous savez
reconnais aussi mes propres fautes, Adieu. cela comme moi, mais comme vous êtes un
autre moi-même, j'aime à vous parler comme je
LETTRE XXXVIII (1) meparle à moi-même. Je recommande donc à vos
saintes prières et mes jours et mes nuits, mes
Saint Augustin parle à Profuturus de la patience jours, afin que j'en use avec modération, mes
qu'il faut avoir dans les maladies; de la mort nuits, pour que je les supporte avec patience,
de l'évêqueMegalius, et du soinqu'il fautmettre afin que, quand bien même je marcherais déjà
àréprimer sa colère. au milieu des ombres de la mort, le Seigneur
soit avec moi et que je ne craigne pas les
A SON FRÈRE PROFUTURUS,
maux.
AUGUSTIN, SALUT. 2. Vous avez sans doute appris la mort du
1. Je me trouve bien quant à l'esprit, autant primat Megalius (3), carau moment où je vous
(1) Ecrite l'an 397. — Cette lettre était la 149e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 38e se trouve maintenant la 243e.
(2) Rhagades etexochades sont des gerçures et des tumeurs qui nous empêchent de nous asseoir.Rhagades vient du grec
prxy?ll) fissure, p(j(jw I
rompre. C'est un écoulement de sang qu'on appelle hémorroïdes. Exochades vient de £oxàç ~(ÈÉr.w)
s'élever. Cesont.destumeurs qui empêchent également des'asseoir.
(3) Megalius était évêque de Galame et primat de Numidie, peut-être que Possidius lui succéda dans
- ---.
l'épiscopat, mais
il eut pour successeur dans la primatie, Crescentianus, comme on le voit d'après le concile qui se tint à Carthage, l'an
397.C'est lui qui donna à saint Augustinl'ordination d'évêque, quoique par jalousie il eût écrit une lettre contre lui,
encore simple prêtre. Mégalius, pressé dans un concile d'évêques de prouver cette accusation, demanda pardon de cette
;
injure et reconnut parécrit'que ce qu'il avait dit était faux et calomnieux. C'est ce que l'on voit dans le liv: III, c. XIII,
:
contre les lettres de Pétilien dans le liv. III, c. xx contre Cresconius, et dans leliv. IV, c. LXIX, contre le même.
C'est peut-être à ces calomnies de Megalius qu'ont trait ces paroles Non desunt scandala, non desunt mœrores, c'est-à-
,
dire, ni les scandales, ni les chagrins ne nous manquent.
:
trouve sa colère juste, et cette colère, en s'invé-
térant en nous, produit la haine tandis que
la douceur qui se mêle au ressentiment que
si vous vous rappelez ce que vous me disiez
dans un certain voyage que nous avons fait en-
semble.
l'on trouve légitime, retient longtemps la co- 3. Je salue mon frère Sévère et ceux qui sont
lère dans notre cœur comme dans un vase, avec lui. Je leur aurais sans doute écrit, si le
jusqu'à ce qu'elle s'aigrisse entièrement, et porteur de cette lettre n'était pas sipressé de
finisse par infecter le vase lui-même. C'est partir. Je prie votre sainteté de remercier pour
pourquoi il vaut beaucoup mieux ne pas s'ir- moi notre frère Victor, de m'avoir prévenu de
riter contre quelqu'un même à juste titre, que son voyage à Constantine, et de m'aider à obte-
de nous laisser aller facilement d'une colère, nir de lui qu'il revienne par Calame,comme il
excusable en elle-même, à de la haine contre me l'a promis, pour l'affaire qu'il connaît, et
qui que ce soit. Quand on reçoit des hôtes in- dont je suis chargée par les instances de Necta-
a
connus, on coutume de dire, qu'ilvaut mieux rius le Maj eur. Adieu!
recevoir un méchant homme que de fermer
successorem primatus ejus, si fieri potest , nosse penetrale cordis, quam admittere non facile reces-
volumus. Non desunt scandala, sed neqne refugium: suram, et perventuram de surculo ad trabem. Audet
non desunt mærores, sed neque consolationes quippe impudenter etiam crescere citius quam
Atque inter hæc quam vigilandum sit, ne cujus- putatur. Non enim erubescit in tenebris, cum super
quam odium cordis intima teneat, neque sinat ut eam sol occiderit. Recolis vede qua cura et quanta
oremus Deum in cubiculo nostro clauso ostio, sed sollicitudine ista scripserim, si recolis quid mecum
adversus ipsum Deum claudat ostium, nosti optime nuper in itinere quodam loquutus sis.
frater; subrepit autem, dum nulli irascenti ira sua 3. Fratrem Severum, et qui cum eo sunt, salu-
videtur injusta. Ita enim inveterascens ira fit tamus. Etiam fortasse ipsis scriberemus, si per fes-
odium, dum quasi justi doloris admixta dulcedo, tinationem perlatoris liceret. Peto autem ut apud
diutius eam in vase detinet, donec totum acescat, eumdem fratrem nostrum Victorem, cui ago etiam
vasque corrumpat. Quapropter multo melius, nec apud tuam sanctitatem gratias, quod Constantinam
justecuiquam irascimur, quamvelut juste irascendo cum pergeret, indicavit, petendo adjuves propter
in alicnjus odium iræ occulta facilitate dela- negotium quod ipse novit, de quo gravissimum
bimur. In recipiendis enim hospitibus ignotis, so-
lemus dicere, multo esse melius malum hominem
perpeti, quam forsitan per ignorantiam excludi
pondus pro ea re multum deprecautis Nectarii ma-
joris patior; per Calamam remeare ne gravetur
sic enim promisit mihi. Vale.
:
bonum, dum cavemus ne recipiatur malus, sed in
aflectibusanimi contra est. Nam incomparabiliter
salubrius est etiam iræ justæ pulsanti non aperire
comme un grand bienfait l'union qu'il peut
contracter avec eux. Il vous expliquera lui-
même ce qui l'a obligé de s'embarquer pour
LETTRE XXXIX (1)
l'Occident.
CHAPITRE II.— 2.Quoique établis et retirés
Saint Jérôme recommande Présidius (2) à saint dans un monastère, nous sommes encore bien
Augustin,etlepriedesaluer de sa part l'évêque agités par la violence des flots, et nous avons à
Alype. supporter les peines attachées au pèlerinage de
cette vie.Mais croyons en celui quia dit:«Ayez
confiance, j'ai vaincu le monde (Jean,XVI,33);»
A SON TRÈS-SAINT SEIGNEUR LE BIENHEUREUX.
PAPE (3) AUGUSTIN,
espérons quavec son secours nous triomphe-
JÉRÔME, SALUT EN JÉSUS-CHRIST. rons du démon notre ennemi. Je vous prie de
saluer de ma part, avec tout le respect possible,
CHAPITRE PREMIER. — 1. Désireux de vous notre vénérable frère le pape Alype. Les saints
rendre promptement mes devoirs de salutation, frères qui servent avec nous dans le monastère
je vous avais écrit l'année dernière, par notre vous saluent avec empressement. Que le Christ
frère le sous-diacre Asterius. Je pense que ma Notre Seigneur Tout-Puissant, vous garde sain
je
lettre vous a étéremise.Aujourd'hui vous écris et sauf et conserve ma mémoire dans votre
vénérable
par mon saint frère le diacre Presidius,d'abord cœur, ô très-saint seigneur et
pour me rappeler à votre souvenir, ensuite pour pape!
vous recommander le porteur de cette lettre. Il
m'est étroitement uni, et je vous prie de l'aider
et de le soutenir dans toutes les circonstances
il
où réclamera votre appui. Ce n'est pas, grâce
-.,
au Christ, qu'il ait besoin de quelque chose,
mais c'est parce qu'il recherche avec avidité
l'amitié des hommes de bien, et qu'il regarde
(1) Ecrite l'an 397.—Cette lettre était la 17e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 39e se trouve maintenant la 26e.
(2)Le n?ï? de pape se donnait primitivement à tous les évêques.
{Ô) Presidius est apparemment le même à qui saint Augustin écrivit l'an
que depuis celle-ci.
iCUW -,--._n ---- ---
, VV':I.A
(1) Ecrite l'an 397. — Cette lettre était la 9e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle
quiétaitla40e se trouve maintenant la 62e.
;
norum, eorumque sæcutarium, curis circumstemur
ingentibus tamen epistolæ tuæ brevitati facile non
ignoscerem, nisi cogitarem, quam paucioribus ver-
menappellari dicebatfrater,apudqueminventus est,
quod ei nomen tibi placuisse ut inderetur credere-
mus, si eorum tantum vel vitas, vel scripta ibi legis-
bis meis rcdderetur. Quare, aggredere, quæso, istam semusquijam defunctiessent. Cumvero multorum
le nom qu'il vous a plu de donner à cet ou- droit selon la vérité de l'Évangile (Gal.,II,14).»
lu la
vrage, si nous y avions seulement vie ou
les écrits d'hommes morts. Mais comme vous y
faites mention des opuscules d'hommes qui vi-
;
En effet, si Pierre et Barnabé marchaient droit,
saint Paul a menti et s'il a menti dans cette
occasion, où et quand a-t-il dit la vérité? Pa-
vaient à l'époque où votre livre a été composé, raîtra-t-il avoir dit la vérité, quand il aura parlé
et qui sont encore vivants aujourd'hui, nous dans le sens du lecteur? Et quand le lecteur ne
sommes étonné que vous ayez donné ce titre à partagera pas son avis, saint Paul sera-t-il
?
votre livre, ou que vous laissiez croire que telle accusé d'un mensonge officieux En adoptant
a été votre volonté. Du reste, j'y donne ma cette marche, les raisons ne manqueront ja-
pleine approbation, parce qu'il a été écrit dans mais pour croire, q-ue non-seulement il a pu,
un but d'utilité. mais encore qu'il a dû mentir. Il n'est pas né-
CHAPITRE III. — 3. Dans l'exposition de la cessaire de développer cela par beaucoup de
lettre de saint Paul aux Galates, j'ai trouvé paroles, surtout près de vous, pour la pré-
quelque chose qui m'a fait beaucoup de peine. voyante sagesse de qui je crois en avoir dit
a
-oEn effet, si l'on admet qu'il y des mensonges assez. Je n'ai pas, d'ailleurs, l'arrogante pré-
officieux dans les saintesÉcritures, quelle au- tention de vouloir enrichir de mes oboles votre
torité auront-elles encore? Quelle sentence, génie, que la grâce de Dieu a doté de l'abon-
quel passage pourrait-on en tirer, dont le poids dance de son or divin. Et personne n'est plus
serait assez fort pour abattre l'opiniâtreté du en état que vous de corriger votre ouvrage.
mensonge et de l'erreur? Quelque passage CHAPITRE IV. — 4. Ce n'est pas non plus à
:
qu'on produise, si votre adversaire pense au- moi à vous enseigner ce qu'il faut entendre par
trement, il dira que cet endroit est un de ceux ces paroles du même Apôtre « Je me suis fait
où l'auteur a usé de quelque mensonge offi- Juif avec les Juifs, pour gagner les Juifs (Co-
cieux. Et où ne pourra-t-on pas appliquer cette rinth., IX, 20), » et tout ce qu'il ajoute dans le
réponse, si l'on peut croire et affirmer que même endroit, non par esprit de mensonge et
l'Apôtre a commis un mensonge, quand il dit :
de dissimulation, mais par une charité compa-
« Je prends Dieu à témoin que je ne mens pas tissante. Il fait comme celui qui soigne un
en ce que je vous écris (Galat.,1, 20), » ainsi malade et qui se fait en quelque sorte malade
que lorsqu'il a dit de Pierre et de Barnabé :lui-même, non en faisant semblant d'avoir la
fièvre comme lui, mais en entrant dans l'esprit
« Comme je voyais qu'ils ne marchaient pas
;
pore quo oportebat, acceperat. Itaque suscepit ea
celebranda, cum jam Christi esset Apostolus sed
ut doceret non esse perniciosa Ii:" qui ea vellent,
erant. Ita et ipse vere correctus est, et Paulus vera
narravit, ne sancta Scriptura, quæ ad fidem poste-
ris edita est, admissa auctoritate mendacii, tota
sicut a parentibus per Legem acceperant, custo- dubia nutet et fluctuet. Non enim potest aut opor-
dire, etiam cum Christu credidissent, non tamen in tetlitterisexplicari, quanta et quaminexplicabilia
eis jam constituerent spem salutis; quoniam per mala consequantur, si hoc concesserimus. Posset
Dominum Jesum salus ipsa, quæ illis Sacramentis autemopportune minusque periculosedemonstrari,
significabatur, advenerat. Ideoque gentibus, quod si coram inter nos colloqueremur.
insuetos a fide revocarent onere gravi et non neces- 6. Hoc ergo Judæorum Paulus dimisereat, quod
sario; nullo modo imponenda esse censebat (Act. malum habebant : et in primus illud, quod igno-
xv, 28). ranles Dei justitiam (Rum, x, 3), et suam justitiam
5. Quapropter non ideo Petrum emendavit, quod volentes constituere, justitiæ Dei non sunt subjecti.
paternas traditiones observaret (Gal., II, 14) : quod Deinde quod post passionem et resurrectionem
si facere vellet, nec mendaciter nec incongrue face- Christi, dato ac manifestato Sacremento gratiæ
ret; quamvis enim jam súperflua, tamen solita non secundum ordinem Melchisedech, adhuc putaban
nocerent sed quoniam gentescogebat Judaizare, quod Sacramenta vetera, non ex consueludine sollemni-
nullomodo posset, nisi ea sic ageret, tamquamadbuc tatis, sed ex necessitate salutis esse celebranda.
etiam post Domini adventum necessaria saluti fo- quæ tamen si numquam fuissent necessaria,
lennilé, mais comme nécessaires au salut, bien corde, pour venir en aide aux Gentils et aux
qu'il y tut un temps où ces sacrements ont Juifs. S'il feignait de partager leur erreur, ce
été nécessaires, car autrement le martyre des n'était pas par l'astuce du mensonge, mais par
« Machabées
(Macchab., VII, 1) eût été vain et un sentiment de tendresse et de compassion.
infructueux. » Enfin, ce qui le sépara des Juifs,
ce fut la haine avec laquelle ils poursuivaient,
comme ennemis de la loi, les prédicateurs de
C'est une maxime générale qu'il a voulu nous
donner en disant dans le même passage « Je
me suis fait faible avec les faibles pour gagner
:
la grâce chrétienne. Voilà les erreurs et les les faibles. Je me suis fait tout à tous pour les
vicesque, dans son ardeurpour gagner Jésus- gagner tous (I Corinth., ix, 22). » Toutes ces
;
Christ (Philipp., 11, 8), il condamnait et regar-
dait comme de la boue mais il ne méprisait
pas l'observation des pratiques religieuses éta-
paroles ont pour but de faire voir qu'il prenait
en pitié les faiblesses de chacun, comme si elles
:
eussent été les siennes, et quand il disait « Qui
blies selon la loi, pourvu qu'on les observât peut être faible sans que je m'aflaiblisse avec
comme avaient fait les anciens, et comme il le lui (II Carinth., xi, 29), » il a voulu faire en-
faisait lui-même, c'est-à-dire sans en faire dé- tendre, non qu'il feignait d'avoir les faiblesses
pendre le salut, non comme les Juifs croyaient des autres, mais qu'il y compatissait.
qu'il fallait les observer, et non avec cette dis- 7. C'est pourquoi,je vous en conjure, armez-
simulation fallacieuse, comme celle qu'il avait vous de la vraie et charitable sévérité chré-
reprochée à saint Pierre. Si saint Paul a observé tienne,pour corriger.ce que votre ouvrage peut
les cérémonies anciennes pour faire croire qu'il avoir de répréhensible, et chantez, comme on
était Juif et afin de gagner les Juifs, pourquoi dit, la palinodie. La vérité chrétienne est incom-
n'a-t-il passacrifié avec les Gentils, puisqu'il a parablement plus belle que l'Hélène des Grecs,
vécu avec ceux qui n'avaient pas la loi, comme et nos glorieux martyrs ont combattu pour cette
s'il ne l'avait pas lui-même pour les gagner vérité avecplus de force et de courage contre
?
égalementà Jésus-Christ C'est parce qu'il était la Babylone de ce siècle, que tous les héros
:
juif par nature, qu'il a fait cela et tout ce
qu'il a dit n'était pas pour feindr-e ce qu'il
grecs contre la ville de Troie. Je ne vous dis
pas cela pour que vous retrouviez les yeux du
n'était pas, mais par un sentiment de miséri- cœur, que vous êtes loin d'avoir perdus, mais
infructuose atque inaniter pro eis Machabsei infirmis infirmus, ut infirmos lucrifocerem (I Cor.,
martyres fierent (II Mach. VII, 1). Postre-
mo istud quod prsedicatores gratiæ Christia-
:
IX, 22) » ut sequens conclusio, « Omnibus omnia
factus sum, ut omnes lucrifacerem, » ad hoc refe-
nos Judæi tamquam hostes Legis persequeban- rendaintelligatur, ut cujusque infirmitatem tam-
tur. Hoc atque hujusmodi errores et vitia, dicit se quam in seipso miseratus appareat. Non enim et
(ajdamna et stercora arbitratum, ut Christum lucri- cum diceret, « Quis infirmatur, et ego non infir-
:
faceret (Psal., III, 8) non observationes Legis, si mor (II Cor., XI, 39) ? » infirmitatemalterius simu-
more patrio celebrarentur, sieut et ab ipso celebratse lasse se potius quam condoluisse, volebat intel-
sunt sine ulla salutis necessitate (b), non sicut Judæi ligi.
celebrandas putabant, aut fallaci simulatione, quod 7. Quare arripe, obsecro te, ingenuam et vere
in Petro reprehenderat. Nam si propterea illa Sa- Christianam cum caritate severitatem, ad illud
cramenta celebravit, quia simulavit se Judæum ut opus corrigendum atque emendandum, et rcaXivw-
illoslucrifaceret : cur non etiam sacrificavit cum ilo:.v, ut dicitur, cane. Incomparabiliter enim pul-
Gentibus, quia et iis qui sine Lege erant, tamquam crior est veritas Christianorum, quam Helena Græ-
sine Lege factus est, ut eos quoque lucrifaceret; corum. Pro ista enim fortius nostri Martyres ad-
nisi quia et illud.fecit, ut natura Judæus; et hoc versus hanc Sodomam, quam pro illa illi heroes
totum diaít; non ut fallaciter se fingeret esse quod
non erat sed ut misericorditer eis ita subveniendum
esse sentiret, ac si ipse in eodem errore laboraret ; ;
adversus Trojam,dimicaverunt. Neque hoc ideo-
dico, ut oculos cor dis recipias quos absit ut amise
ris: sed ut advertas, quos cum habeas sanos et vi-
non scilicetmentientisastu,sedcompatientis affectu? giles, nescio qua dissimulatione avertisti, ut non
Sicut eo ipso loco generaliter intulit, « Factus sum intenderes iiuae consequantur adwrsa, si seniv l cre-
(a) Sic MSS. prope omnes. Atediti habent, dicit se damnare eto.
(6)Deest, non, apudBad. Am. Er. et plerosque MSS.
afin que, les ayant sains et toujoursouverts, est bien et vrai, comme il faut blâmer et re-
vous puissiez remarquer avec je ne sais quelle prendre tout ce qui est mauvais et faux. Mais
dissimulation, vous les avez détournés, au point j'aurais désiré, et je désire encore, que votre
de ne pas voir les conséquences fâcheuses qui sagesse et vos lumières nous fassent connaître
résulteraient de la croyance une fois admise, les erreurs, par lesquelles un si grand homme
que les écrivains des livres sacrés aient pu, s'est écarté de la foi et de la vérité. Dans le
même dans une intention honnête et pieuse, livre où, autant que vos souvenirs vous l'ont
admettre le mensonge dans une partie quel- permis, vous avez fait mention des auteurs ec-
conque de leurs ouvrages. clésiastiques et de leurs écrits, il eût été à mon
CHAPITRE V. — 8. Je vous avais déjà écrit avis plus à propos, après avoir nommé ceux
une lettre qui ne vous est pas parvenue, parce que vous connaissiez comme hérétiques, d'a-
que celui à qui je l'avais confiée n'est pas jouter les erreurs qu'ils ont commises, et contre
parti (1). En récrivant, il m'est venu une pensée lesquelles nous devons être en garde. Mais
que je ne dois pas oublier ici, c'est-à-dire que puisque vous n'avez pas voulu laisser ignorer
si vous ne partagez pas mon opinion, et que la leurs noms, je désirerais savoir pourquoi vous
vôtre soit meilleure, vous pardonniez à mes n'avez pas fait mention de quelques-uns de ces
craintes. En effet, si vous pensez autrement que auteurs tombés dans l'hérésie. Peut-être avez-
moi, et que vous pensiez selon la vérité (car vous craint de trop grossir votre livre, en fai-
Votre opinion ne peut être meilleure que la sant connaître ce que l'autorité catholique a
mienne qu'autant qu'elle sera conforme à la
vérité), il n'y aurait pas une grande faute de
ma part, si toutefois il y en a une, d'avoir fait
nommés;
condamné dans ces hérétiques que vous avez
mais je vous prie de ne pas regarder
comme trop pénible ce surcroît de travail. Votre
tourner mon erreur au profit de la vérité, ouvrage a déjà été, avec la grâce de Notre Sei-
puisque quelquefois la vérité a tourné au profit gneur,d'un grand secours pour l'étude des
du mensonge. saintes Écritures en langue latine, je vous de-
CHAPITRE VI. — 9. Quant à ce que vous mande donc, avec toute humilité, et au nom
avez daigné me répondre au sujet d'Origène, de la charité que j'ai pour nos frères, si vos
je savais déjà que, non-seulement dans les ou- occupations vous le permettent, de réunir dans
vrages ecclésiastiques, mais encore dans tous un abrégé, tous les dogmes pervers des héré-
les autres, il fallait approuver et louer ce qui tiques qui, jusqu'à ce jour, se sont efforcés
(1) Ecrite peu de temps après que saint Augustin fut fait évêque. — Cette lettre était la 77e dans les éditions anté..
rieures à celle des Bénédictins, et celle qui était la 41° se trouve maintenant la 26°
(t)La présence ou la permission de l'évêque étaient indispensables pour quun simple - pretre pat prêcher dans
- une
Chrysostome ;
église, tant la prédication était regardée comme un privilège attaché à l'épiscopat. Quoique dans les églises d'Orient
les prêtres aient eu de bonneheure la faculté de prêcher devant le peuple, témoins les sermons d'Origène et de saint
cette permission ne paraît pas leur avoir été accordée dans l'Italie et dans les Gaules avant le
VIe siècle, où le concile de Vaison la leur donna l'an 529. Saint Augustin fut le premier en Afrique à qui cette faveur
fut accordée par l'évêque Valère. Voyez les lettres 21 et 22.
:
soient comblés de joie à la voix de ceux qui
leur disent « Nous irons dans la maison du
»
Seigneur (Ps., cxxi, 5-1). Que les uns mar-
dans notre âme en proportion de nos douleurs.
Cela est ainsi, parce que cela nous a été pro-
;
mis il en sera de même, ainsi plus tard parce
chent devant, que les autres les suivent en se que la promesse nous en a été faite. Nous vous
faisant les imitateurs des premiers, comme prions, au nom de celui qui vous a accordé ces
ceux-ci se sont faits les imitateurs de Jésus- grâces et qui a répandu par vous sa bénédic-
!
Christ
soit rempli de travailleuses ! I
Que le sentier des fourmis spirituelles
Que le travail des
tion sur le peuple auquel vous vous dévouez,
de nous envoyer, après les avoir fait transcrire
saintes abeilles exhale son parfum Que l'arbre et corriger, les sermons de vos prêtres, du
;
de la patience porte ses fruits c'est-à-dire la
grâce de persévérer jusqu'à la fin pour arriver
moins ceux que vous voudrez. Car, de mon
côté, je ne néglige pas les ordres que vous me
!
au salut Que le Seigneur ne permette pas que donnez et, comme je vous l'ai déjà souvent
nous soyons tentés au delà de nos forces, mais écrit, je désire connaître' ce que vous pensez
qu'en permettant la tentation, il fasse que nous sur les sept règles ou clefs de Tichonius (1).
puissions la soutenir et en sortir victorieux (I Nous vous recommandons beaucoup notre frère
Corinth.,-x, 13). Hilarin, médecin d'Hippone et premier magis-
2. Priez pour nous, vous qui êtes digne d'être trat de cette ville. Nous savons toute la peine
exaucé ! Vous qui vous approchez de Dieu avec
le sacrifice d'un sincère amour, vous qui le louez
que vous vous donnez pour notre frère Ro-
main, et nous n'avons rien à souhaiter de plus,
dans vos œuvres. Priez pour que ces œuvres sinon que Dieu vous aide dans ce que vous
luisent aussi en nous, car celui que vous priez :
faites pour lui Ainsi soit-il.
:
(1) Tichonius est l'auteur d'un ouvrage intitulé Le livre des règles. Il en établit sept qui sont comme autant de clefs
pour étudier les saintes Ecritures. Saint Augustin les expose dans son troisième livre de la Doctrine chrétienne, c. xxx.
omnibus oidinatis fratribus nostris, et prsecipue in finem. Nec sinat Dominus tentari supra quam
de sermone presbyterorum qui te præsente
,
possumus ferre, sed faciat cum tentatione etiam
pOpllO infunditur, per quorum linguas clamat exitum, ut possimus sustinere (I Cor,, x, 13).
caritas tua majore voce in cordibus hominum,quam 2,Oratepronobisdigni exaudiri; cumtantoquippe
illi in auribus: Deo gratias. Nam quid melius et sacrificio acceditis ad Deum sincerissimee dile-
animo geramus, et ore promamus, et calamo expri- ctionisetlaudis ejus in operibusvestris : orate ut et
?
mamns quam, lJeo gratias Huc nec dici brevius, in nobis hsec luceant: quoniam novit ille quem ora-
nec audiri lætius, nec intelligi grandius, nec agi tis, cum quanto nostro gaudio in vobis luceant.
fructuosius potest. Deo gratias, qui te et tam fideli Hsec sunt vota nostra, hæ multitudines soiatiorum
pectore ditarit erga illios tuos, et id quod in intimo secundum multitudinem dolorum nostrorum in
animae habebas, quo humanus oculus non penetrat, corde nostro jucundant animam nostram, Itaest,
eduxit in lucem, donando tibi, non solum ut bene quia ita promissum est; ita erit quod restat, sicut
velles, verum etiam inquibus posset apparere quod promissum est. Obsecramus te per eum, qui tibi
velles. Ita plane fiat, flat: luceant hæe oper I coram ista donavit, et populum cui sdrvis hac per te be-
:
hominibus, ut videant,gaudeant,glorificeutPatrem,
quijn cselis est.Talibus delecterisin Domino ipse te
pro eis orantem dignetur exaudire, quem tu per eos
nedictione perfudit, ut' jubeas singulos, quos vo-
lueris sermones eorum conscriptos, et emendatos
mitti nobis. Nam et ego quod jussisti non llegligo,
loquentem non dedignaris audire. Eatur, ambule- etdeTychonii septem regulis vel clavibus, sicut
tur, curratur in viå Domini, benedicantur pusilli sæpe jam scripsi, cognoscere quid tibi videatur
cum magriis,jucundati in his qui dicunt eis « In • exspecto (a). Fratrem Hilarinum Hipponensem Ar-
domum Domini ibimus (Psal.,CXXl, 1) : » prsece- chiatrum et Principalem multum eommendamns,
dant illi, et sequantur isti, imitatores facti eorum, Nam de fratre Romano quid satagas novimus, ni-
sicutetilliChristi.Ferveat iter sanctarum formi-
carum, fragrent opera sanctarum apum, feratur
fructus intolerantia cum saluteperseverandi usque
minus :
hilque petendum est nisi ut te pro illo aJjuvet Do-
Amen.
(a) Ileliqui versus desiderantur in hactenus editis, nec in MSS. nostris plusquam duobus optimae notae Germanensi et
Corbeiensi reperiuntur.
?
une telle soif! Que dirai-je de plus 0 vous qui
donnez chaque jour ce qui vous appartient,
payez-nous donc votre dette. Avez-vous tant
LETTRE XLII 01
difléré de m'écrire, parceque vous -vouliez,
avant de me répondre, achever et m'envoyer
Saint Augustin écrit à saint Paulin. Il se plaint l'ouvrage contre les Païens dont j'ai appris que
de n'avoir pas, depuis plus d'un an, reçu de vous vous occupiez et que je désirais si ardem-
réponse à ses lettres, et le prie de lui envoyer ment connaître (3)? Plaise à Dieu que vous
admettiez à un si riche festin le long jeûne que
son ouvrage contre les Païens, dès qu'il l'aura
achevé. vous m'avez fait souffrir de vos écrits pendant
un an!Si ce festin n'est pas encore préparé,je ne
Cette lettre fut imprimée pour la première cesserai de me plaindre,à moins que jusqu'à ce
fois dans l'édition des Bénédictins. Elle est tirée temps vous me donniez de quoi me soutenir.
à
d'unpapyrus, qui avait appartenu l'église de Saluez tous nos frères et surtout Romain et
Narbonne, et qui alors était propriété de l'il- Agile. Ceux qui sont avec moi vous saluent, et
lustre famille de Phimarcon (2). leur colère comme la mienne serait moins
grande s'ils ne vous aimaient pas tant.
A SES HONORABLES SEIGNEURS ET TRÈS SAINTS -
-
RÈSE. ,
FRÈRES EN JÉSUS CHRIST, PAULIN ET THÉ-
AUGUSTIN SALUT DANS LE SEIGNEUR.
(t) Ecrite l'an 397, vers la fin du mois d'août. — La lettre qui était la 42° dans les éditions antérieures à l'édition
des Bénédictins se trouve maintenant la 232°.
(2) L'abbé Dubois dit qu'il se trouvaitdaus la bibliothèque de Monsieur de Fief-Marcou.
(3) Voyez plus haut épître xxxi.
(1) Ecrite vers la fin de l'année 397, ou an commencementde la suivante. — Cette lettre était la 162edans les éditions
antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui était la 43e se trouve maintenant la 16e
(2) Ceux à qui s'adresse cette lettre et la suivante, étaient sans doute de la ville de Tibursi, puisque
- saint Augustin
dit au commenceemnt de la lettre 44e, que Fortunius, évêque donatiste de cette ville était leur évêque. Eleusius pa-
raît être celui dont il estparlé à la fin de la lettre 204, adressée à Dulcitius. Saint Augustin l'appelle son très-cher fils.
Eleusius avait été tribun à Thumugade, et il se convertit avec auelques autres par la lecture de ces deux lettres. On
trouve plusieurs fois dans les lettres desaint Augustin le nom de l'ancienne cité de Tibursi. Cette ville était située sur la
route de Calame à Madaure. Ce n'est plus aujourd'huiqu'un monceau de ruines et le lieu qu'elles occupent se nomme
Kremica.
rance, »
:
reprendre avec douceur ceux qui ont des sen-
timents contraires à la vérité (i Dans l'espé-
dit l'Apôtre, « que Dieu leur donnera
et que nous discutions ensemble sur quelques
points concernant la communion de l'unité ca-
tholique, on produisit de votre part certains
un jour l'esprit de pénitence pour connaître la actes portant que soixante-dix évêques environ
vérité, et qu'ils sortiront des pièges du démon condamnèrent Cécilien, autrefois évêque de
qui les retient captifs pour en faire ce qu'il lui notre communion dans l'église de Carthage,
plaît (II Timoth., II,26).» ainsi que ses collègues et ceux qui lui avaient
2. J'ai voulu commencer par vous dire ces donné l'ordination. On y agita aussi la cause de
choses, afin de ne pas laisser croire que je vous Félix (1), évêque d'Aptonge, dont on regardait
aie écrit avec plus de témérité peut-être que la conduite comme beaucoup plus criminelle et
de prudence, et que j'aie voulu m'occuper de plus odieusequecelledes autres.Après la lecture
l'affaire de votre âme, alors que vous n'êtes pas de ces actes, nous répondîmes qu'il n'y avait
de notre communion. Si cependant je vous rien d'étonnant si ceux qui firent alors ce
écrivais au sujet d'un fonds de terre, ou pour schisme, excités par la jalousie et la perversité
terminer une contestation d'argent, personne de quelques hommes, avaient dressé des actes
sans douten'y trouverait à redire. Tant les contre les évêques absents, et avaient pu les
choses de ce monde sont chères aux hommes ! condamner témérairement sans preuves au-, j
Tant ils se sont avilis à leurs propres yeux. cunes, et sans connaissance de cause. Mais nous
Cette lettre servira donc à ma défense au juge- aussi, nous avons des actes (2) ecclésiastiques
Félix avait donné l'ordination àCécilien que la faction des schismatiques réunis àCarthage, l'an du Christ 311,
(1) Ce
condamna quoique absent, sous la
sécution, avaient livré les saintes Ecritures. On a déjà, parlé plusieurs fois des traditeurs
par les païens pour abolir la religion chrétienne, était de brûler les saintes Ecritures, ils
:
fausse accusation d'être un des traditeurs, c'est-à-dire de ceux qui, pendant la per-
un des moyens employés
faisaient mettre les évêques en
prison, pour les obliger de livrer les livres saints.
(2) Saint Augustin parle de ce qui se passa à Cirte, dans un concile de onze à douze évêques, où présida Secundus,
alors primat de Numidie par droit d'ancienneté, car dans les provinces d'Afrique, la primatie n'était pas assignée à un
siège épiscopal déterminé, alors que, danslaprovince proconsulaire, l'évêque de Carthage, jouissait toujours de cette
prééminence. Optât, livreIercontre Parménien, parle de ce concile, et saint Augustin,livre III contre Cresconius c. XXVII,
en rapporte les actes. Dans le passage de saint Augustin il y a cependantune erreur a corriger, dans la désignation
qu'il fait des consuls.
quam non solum nostris, sed et omnibus nos de- nemo fortasse reprehenderet. Usqueadeo carus est
bere sanctus Spiritus docet, qui nobis ait per Apo- hic mundus hominibus, et sibimet ipsi viluerunt.
stolum; « Vos autem Dominus multiplicet, et abun- Erit ergo mihi ad defensionem testis haec epistola
dare faciat in caritate, in invicem et in omnes in judicio Dei, qui novit quo animo fecerim, et
(1 Thes., III, 12). » Monet ètiam alio loco, inmode- qui dixit; « Beati pacifici, quia ipsi filii Dei voca-
stia corripiendos diversa sentientes; « Ne forte. » buntur (Matth, v, 9).Ergo»
inquit, « det illis Deus painitentiam ad cogno- CAPUT II. — 3. ut mcminisse dignamini,
scendam veritatem, et recipiscant de diaboli la- cum essemus in vestra civitate, et nonnulla vobiscum
queis, captivati ab ipso in ipsius voluntatem de coinmunione Christianæ unitatis ageremus, pro-
-
(II Tim., II, 26). » lata sunt a partibus vestris Gesta quaedam, quibus
2. Hæ. præloquutus sum, ne quis me existimet recitatum est quod septuaginta ferme episcopi
impudentius vobis quam prudentius scripta mississe, Cascilianum quondam nostrse communionis episco-
et hoc modovobiscum de negotio animaivestraeali- pum Carthaginensis ecclesiae cum suis
collegis et
ordinatoribus damnaverunt. Ubi etiam Felicis
:
quid agere voluisse, quia nostræ communionis non
estis cum tamen si de negotio fundi, aut alicujus
pecuniariae litis dirimendae vobis aliquid scriberem,
(a) Aptungitani caus a multo præ ceteris invidiosius
et criminosius ventilata est. Qute cum essent cuncta
(1) Les Donatistes demandèrent pour juges des évêques de la Gaule, parce qu'elle était, disaient-ils, exempte du
crime de tradition dont il s'agissait. On envoya à Rome Materne, évêque de Cologne, Rhétice, évêque d'Autun, Marin,
évêque d'Arles, avec quinze autres évêques italiens, et ce fut dans ce concile deRome, l'an 313, c'est-à-dire deux ans
après la naissance du schisme, que le pape Melchiade, déclara Cécilien innocent. (Voyez Optat, livre Ier contre Parmé-
nien).
(2) Le concile dArles
- se tint l'an 314.
(3)Condamnés par l'empereur à Milan, l'an 316.
perlecta, respondimus non esse mirandum, si ho- nationem, quem contra Caecilianum nefario scelere
mines qui tuuc illud schisma fecerunt, non sine levaverunt erigentes altare contra altare, et unitatem
confectione Gestorum, eos in quos fuerant ab aemu- Christi discordiis furialibus dissipantes, eos (a) pe-
lis et perditis concitati, absentes caussa incognita, titisse a Constantino tunc imperatore judices episco-
temere damnandos esse putaverunt. i\os autem alia pos, qui de suis quæstionibus, quæ in Africa exortae
habere Gesta ecclesiastica, in quibus Secundus pacis vinculum dirimebaut, (b) arbitro medio judi-
Tigisitaqus, qui tunc agebat in Numidia prima- carent. Quod postea quam factum est, præsente Cæ-
tum, præsentes et confessos traditores reliquit Deo ciliano et illis qui adversus eum navigaverant:
judicaudos, et eos in episcopalibus sedibus, sicuti judicante (c) Melchiade tunc Romanæ urbis episcopo
erant, manere permisit, quorum nomina illLer cum collegis suis, quos ad preces Doiratistarum
damnatores Caeciliani numerantur; cum etiam Se- miserat Imperator, in Caecilianum nihil probari
cundus ipse concilii ejusdem principatum teneret, potuisse, ac per hoc illo in episcopatu contirmato
ubi absentes quasi traditores per eorum sententias Donatum, qui adversus eum tunc aderat, improba-
damnavit, quibus prsesentibus et confessis igno- tum. Quibus peractis rebus, cum illi omnes in per-
vit. tinacia scelestissim schismatis permanerent, post
4. Deinde diximus, aliquanto post Majorini ordi- apud Arelatum memoratum Imperatorem eamdem
-
(a) Judicespetierunt episcopos ex Gallia; quippe quae ab hoc, utajebant, facinore traditionis de quoagebatur, immu-
nis, erat. Dati sunt Maternus Agrippinensis,Rheticius Augustodonensis et Marinus Arelatensis, missique Romam cum
aliis quidecim episcopisItalis; quorum in consessu MelchiadesPapa Caecilianum innocentemessepronuntiavitexOptato
in lib. I. advers. Parmenianum. anno scilicct313. juxta Aug. in lib. post collat. c. xxxnt.
(b) Bad. Er. et MSS. novem, arbitrio medio. -
(c) In antiquis codicibus scribitur plerumque Miltiades.
_-
sul, et que selon les actes (1) proconsulaires, il nommés par l'empereur, d'après lesquels Céci-
fut entièrement justifié de toutes les accusa- lien fut maintenu dans son siège épiscopal, et
tions portées contre lui. les accusateurs furent condamnés. Enfin, on
5. Mais comme, ne possédant pas ces actes, vous lut les lettres de Constantin lui-même, où
dont nous pouvons seulement faire mention, éclatent les témoignages les plus évidents de la
nous ne paraissions pas répondre à vos ins- vérité de nos paroles.
tantes prières, nous ne perdîmes aucun instant CHAPITRE III. —6. Après cela, que voulez-
pour les envoyer chercher, afin de vous en vous de plus? Que vous faut-il encore Il ne ?
donner lecture, comme nous vous l'avions pro- s'agit pas ici de votre argent, de votre or, de
mis. Ceux que nous envoyâmes les chercher, vos terres, de vos héritages, ni de la santé de
ne mirent que deux jours pour aller jusqu'à
Celisy et en revenir dans votre ville, où, comme
vous le savez, on vous lut tous ces actes dans
adressons ,
votre corps. C'est à vos âmes que nous nous
car il s'agit de la vie ou de la mort
éternelle. Réveillez-vous donc ! La question qui
l'espace d'un jour, autant que cela fut possible. nous occupe n'a rien d'obscur. Nous ne fouil-
On commença par ceux où Secundus, évêquede lons pas dans des secrets profonds, que peu
Tigisis, n'osa pas déposer les évêques convain- d'hommes seulement peuvent pénétrer. La
cus sur leur propre aveu d'avoir livré les saintes chose est claire, évidente, facile à discerner.
,
Écritures, et ne craignit point de déposer Cé-
cilien absent et n'ayant rien avoué ainsi que
ses autres collègues. On donna ensuite connais-
Nous disons que c'est par un concile téméraire,
quoique nombreux, que des innocents ont été
condamnés pendant leur absence. Nous vous le
sance des actes proconsulaires,d'après lesquels prouvons par des actes proconsulaires, d'après
Félix, après un sérieux examen, fut reconnu lesquels a été absous de tout crime de tradi-
innocent. Vous devez vous rappeler que toutes tion, celui que les actes de votre concile
ces lectures furent faites avant midi. Dans l'a- avaient déclaré le plus criminel. Nous disons
près-midi du même jour, on lut les requêtes que la sentence contre ceux qu'on accusait
des Donatistesà Constantin, et ensuite les actes d'avoir livré les saintes Écritures, a été rendue
ecclésiastiques rédigés à Rome, par les juges par ceux-là mêmes qui avaient commis ce crime,
(1) La sentence du proconsul Hélien ou Œlien, dont il est question dans ce passage, est rapportée dans le III8 livre
contre Gresconius. c. LXX. Saint Optat fait également mention de ces actes proconsulaires, qui se rapportent à l'an du
c.
Christ 314, selon le témoignage de saint Augustin dans le livre post collât, XXXIII.
crimine alienus judicatus est ille, quem maxime damnaret crimine traditionis, quos absentes apud
criminosum a vestris prolata concilii Gesta sonue- eum nemo convicerat. Tanto magis enim timere de-
runt. Dicimus a traditoribus confessis, in eos qui buit, ne pax unitatis violaretur, quanto erat Car-
traditores dicerentur, dictas fuisse sententias. Pro- thago civitas ampla et illustris, unde se per totum
bamus hoc ecclesiasticis Gestis, ubi nominatim de- Africæ corpus malum, quod ibi esset exortnm, tam-
clarantur, in quibus Secundus Tigisitanus ea, quæ quam a vertice effunderel. Erat etiam transmarinis
cognovit, velut contuitu pacis ignovit, et cum qui- vicina regionibus et fama celeberrima nobilis
bus (a) postea non cognovit, discissa pace damnavit. unde non mediocris utique auctoritatis habebat
:
Unde apparuit eum etiam primo non paci consu- episcopum, qui posset non curare conspirantemmul-
luisse, sed sibi timuisse. Objecerat ei namque Pur- titudinem inimicorum, cum se videret et Romanæ
purius (6) Limatensis,quod etiam ipse cum detentus ecclesiæ, in qua semper apostolicse cathedræ viguit
esset a curatore et ordine, ut Scripturas traderet, principatus, et ceteris terns, unde Evangelium ad
dimissus est, utique non frustra, nisi quia tradidit, ipsam Africam) venit, per eommunicatorias litteras
aut tradi aliquid jussit. Hanc ille suspicionem esse conjunctum, ubi paratus esset caussam suam
satis probabilem metuens, accepto consilio a minore dicere, siadversariiejus ab eoillas ecclesiasalienare
Secundo consanguineo suo, consultisque ceteris, conarentur. Quia ergo venire noluit ad hospitium
qui cum eo erant episeopis, manifestissima cri- collegarum, quos a suis inimicis contra veritatem
mina Deo judicanda dimisit, atque ita paci pros- suæ caussæ perversos esse sentiebat vel suspicaba-
pexisse visus est; quod falsum erat, cum sibi pros- tur, vel, ut ipsi asserunt, simulabat, tanto magis
pexerit. Secundus, si 7erae pacis custos esse voluisset, cavere
7. Nam si in ejus corde cogitatio pacis habitaret, debuit ne damnarentur absentes, qui judicio eorum
non apud Carthaginem postea cum traditoribus, omnino interesse noluerunt. Neque enim de pres-
quos praesentes atque confessos Deo dimiserat, byteris aut diaconis aut inferioris ordinis clericis,
(a) !\a MSS. et antiquiores editiones. At Lov, posteaquavi
(6) Sic inMSS. plerisque, nec non apud Optatum. At
cognovit.
ineditionibus Lov. , U
Er. etc. scribitur Lmiacensts in ma, lirvas.
Laniatensis.
que ses collègues ne condamnassent pas des tous ces malheurs qui, pendant des temps de
absents qui n'avaient pas voulu reconnaître trouble) ont affligé l'Église. S'il s'en, trouve
leur juridiction. Car il ne s'agissait pas de parmi vous qui connaissent d'une manière cer-
simples prêtres, de diacres ou de clercs d'un taine des coupables dont ils puissent facilement
ordre inférieur, mais d'évêques comme eux, faire connaître les crimes et les en convaincre
qui pouvaient réserver leur cause tout entière, malgré leurs dénégations, et qui craignent de
pour la porter au jugement d'autres collègues, communiquer avec eux, qu'ils aillent vers nos
principalementde ceux qui occupaient un siège frères et nos collègues les évêques des églises
apostolique, auprès desquels des sentences por- d'outre-mer, pour se plaindre de leurs faits et
tées contre des absents n'auraient été d'aucune de leur contumace, en refusant à cause de la
valeur, étant rendues non par des juges dont conscience de leur crime, de se soumettre au
ils auraient décliné la juridiction après l'avoir - jugement de leurs collègues d'Afrique. Alors
reconnue, mais par des juges qu'ils avaient on les sommera de se présenter, et de répondre
toujours regardés comme suspects, et devant aux questions qui leur seront faites. S'ils s'y
lesquels ils n'avaient jamais voulu se pré- refusent, ils mettront eux-mêmes leuriniquité
senter. et leur perversité au grand jour, et par des
8. Cela aurait dû éveiller toute ta sollicitude lettres synodales indiquant leurs noms, et en-
de Sccundus, alors primat, s'il présidait le
concile uniquement dans des vues de concilia-
tion et de paix. Il aurait facilement apaisé ou
Christ ;
voyées partout où est répandue l'Église du
ils seront exclus dela communion de
ces églises, pour empêcher l'erreur de s'élever
réprimé la rage de ses collègues contre des dans l'église de Cartilage. Quand ils auront été
absents, s'illeur avait dit : « Vous voyez, mes exclus de toutes les églises de la terre, nous
frères, après les maux de la persécution, la ordonnerons un autre évêque pour le peuple
paix que, grâce à la miséricorde de Dieu, les de Carthage, sans avoir à craindre que les
puissances séculières ont accordée à l'Eglise. églses d'outre-mer refusent d'entrer en com-
Devons-nous donc, nous chrétiens et évèques, munion avec lui, en ne regardant pas comme
rompre l'unité chrétienne que les païens nos déposé de son siège, celui dont on connaissait
?
ennemis commencent à respecter Soumettons précédemment l'ordination, et qui aurait peut-
donc au jugement de Dieu toutes ces causes, être déjà reçu des lettres de communion de
Sed de collegis agebatur, qui possent aliorum colle- mina ita noverint, ut ea facile valeant edocere, ne-
garum judicio, prsesertim apostolicarum ecclesia- gantesque convinere, et talibus communicare for-
rum,caussam suam integramreservare; ubi contra midant, pergant ad fratres et collegas nostros
Qos sententise dicta in absentes, nullo modo aliquid transmarinarum ecclesiarum .episcopos, et ibi prius
valerent, quando eorum judicium non primo adi- de istorum factis et contumaciaconquerantur, quod
turn postea deseruerunt, sed suspectum semper ha- ad judicium collegarum Afrorum male sibi conscii
bitum numquam adire voluerunt. venire noluerunt, ut inde illis denuntietur ut ve-
8. Hæc res maxime sollicitare debuit Secundum, niant, ibiquc objectis respondeant. Quod si non
qui tunc erat primas, si proptera concilium re- fecerjnt, ibi etiam eorum pravitas et perversitas in-
gebat, ut paci consulerct : facile enim fortassis ra- notescet, missaque (a) tractatoria super eorum nomi-
bida in absentes ora placata vel frenata comprime- ne per totum orbem terrarum quacumque jam
ret, si diceret; Videtis fratres post tantam stragem Christi Ecclesia dilatata est, ah omnibus ecclesiis
persequutionis misericordia Dei a principibus saeculi eorum communio prsecidetur, ne aliquis error in
pacem esse concessam; non debemus nos Christiani cathedra ecclesiai Carthaginis oriatur. Tum demum
et episcopi unitatem disrqmpere Christianam, quam jecuri episcopum alium plebi Carthaginis ordinabi-
jam paganus non insequitur inimicus. Itaque aut mus, cum a tota Ecclesia - isti fuetiut
separati,
istas omnes caussas, quas clades turbulentissimi
temporis inflixit Ecclesiæ, Deo judici dimittamm
aut si aliqui in vobis sunt, qui certa istorum cri-
: ne forte cum alius modo fuerit ordinatus,quia
communicetur ab ecclesia transmarina;
non ei
(a)In MSS. aliquot, tractoria, quæ hie nihil aliud est quam synodica epistola. Nonnumquamvero diploma est publics
eveetionis usurpandfe. nt m Constantini Edicto ad Ablavium Pc). quo jabot tractorias clan episcopia ad Arlatense
concil,venieutibns.
quelques églises. Évitons par notre précipita- toute communion avec des hommes condamnés
tion de faire naître le dangereux scandale du pour avoir livré les saintes Écritures. Car s'ils
schisme dans l'unité du Christ, au milieu de avaient agi ainsi, Cécilien et ses collègues
ces temps de paix qui ont commencé pour étaient là, prêts à en appeler aux juges ecclé-
nous. Évitons d'élever un nouvel autel, moins siastiques d'outre-mer, pour se justifier devant
contre CéciJien que contre toute la terre qui, eux des calomnies de leurs accusateurs.
dans son ignorance, est en communion avec 40. Il est donc à croire que ce concile impie
lui. » et pervers, était composé d'évêques traditeurs,
9. S'il s'était trouvé quelqu'un d'assez en- auxquels Secundus, évêque de Tigisis, avait
nemi de toute discipline pour refuser d'obéir pardonné, malgré l'aveu qu'ils avaient fait de
à un conseil aussi sage et aussi mesuré, qu'au- leur crime. Mais comme le bruit de ce crime
?
rait-il pu faire Aurait-il pu condamner quel- s'était répandu au loin, ils en accusèrent d'au-
qu'un de ses collègues absents, sans l'autorisa- tres, pour détourner d'eux-mêmes tous soup-
tion du primat, et sans avoir les actes du çons. Ainsi, comme les habitants de l'Afrique,
concile? Quand bien même il se serait élevé sur la foi de leurs évêques, accusaient fausse-
contre le premier siège d'Afrique une faction ment des innocents, et propageaient le bruit
assez forte, pour que quelques-uns eussent per- qu'ils avaient été condamnés, à Carthage, pour
sisté à vouloir condamner ceux dont le primat avoir livré les saintes Écritures, les véritables
voulait différer le jugement, n'aurait-il pas dû traditeurs, grâce à ces rumeurs, restèrent ca-
plutôt se séparer de ces évêques, inquiets et ches, comme dans un nuage de mensonges.
cherchant à troubler la paix, que de rompre la Vous voyez, mes chers frères, que les choses
?
communion avec le monde entier Mais comme dont quelques-uns des vôtres niaient la vrai-
on ne pouvait rien prouver contre Cécilien et semblance ont fort bien pu arriver c'est-à-dire
ses ordinateurs devant les évêques d'outre-mer, que des évêques, convaincus sur leur propre
;
ils se gardèrent bien, avant de prononcer une aveu d'avoir livré les saintes Écritures, et ayant
sentence contre eux, de déférer leur cause au obtenu que leur crime fût laissé au jugement
tribunal de ces évêques, et après l'avoir pro- de Dieu, se soient constitués juges d'évêques
noncée, d'en donner connaissance aux églises absents et les aient condamnés comme tradi-
d'outre-mer, afin qu'elles eussent à rompre teurs. Ils saisirent avec d'autant plus d'em-
natum fama celebravit, et ad eum commeare com- tiam perferretur, quorum traditorum in Africa
municatorias litteras fecit; atque ita magnum scan- damnatorum communionem vitare deberet. Quia si
dalum schismatis in unitate Christi jam paca- id facere tentavissent, adessent sibi Caecilianus et
;
tis temporibus oriatur, dum præpropere nostras
volumus præcipitare sententias et non contra Cæ-
cilianum, sed contra orbem terrarum, qui ei per
ceteri, et suam caussam adversus fallaces criminato-
res apud transmarinos ecclesiasticosjudices diligen-
tissima discussione purgarent.
ignorantiam communicat, :l.Halt alterum erigere 10. Itaque concilium illud perversum atque ne-
audeamus.
9. Huic tam sano rectoque consilio quisquis in-
frenis ohtemperare noluisset, quid esset facturus?
farium, maxime ut creditur traditorum fuit, qui-
bus cunfessis Secundus 'Tigisitanus ignoverat
quoniam de traditione fama crebuerat, infama-
: ut
aut quomodo aliquem absentium collegarum esset tis aliis a se averterent suspicionem, et cum ho-
damnaturus, cum in pote,tate Acta concilii non mines per Afrieam totam credentes episcopis falsa
haberet, contradicente primate? Quod si tanta et de mnocentLbus loquerentur, quod damnati es-
adversus primam sedem seditio nasceretur, ut non- sent apud Garthaginem traditores, tamquam ne- in
nulli damnare jam vellent, quos volebat ille differri, bula mendajinimi rumoris, ipsi qui vere tradide-
quanto melius a talibus inquieta et impacata mo- rant latitarent. Unde videtis carissimi, fieri potuisse,
lieutibus, quam a totius orbis communione dissen- quod verisimile non esse quidam vestrum dicebant,
tiretur? Sed quia non erant, quae in Caecilianum et ut qui essent de sua traditione confessi, caussamque
ordinatores ejustransmarino judicio probarentur, suam rnpetravissent Deo dimitti oportere,iidem
proptera nec priusquam in eum sententias dicerent, judices damnatoresque tamquam traditorum absen-
deferru voluerunt, nec posteaquam dixerunt, perse- tium postea consedissent. Magis enim amplexi sunt
veranler id agere ut ecclesia: transmarinæ in noti- occaionem, qua possent alios falsa criminatione
pressement l'occasion d'accabler les autres par pouvaient même pas pardonner, puisqu'il leur
une fausse accusation, qu'ils empêchaient ainsi
était inconnu. Mais on laisse au jugement de
les hommes de soupçonner et de rechercher
leurs propres crimes. En effet, s'il n'était pas
possible de condamner dans les autres le mal
Dieu des crimes connus, pour empêcher la re-
cherche et la découverte d'autres crimes et
l'on condamne des crimes inconnus, pour en
,
que l'on fait soi-même, l'Apôtre ne dirait pas : couvrir et en cacher d'autres. Mais, dira-t-on,
on connaissait ces crimes. Quand bien même
« C'est pourquoi, ô homme, qui que vous soyez
qui condamnez les autres, vous êtes inexcu- cela serait, ne devrait-on pas épargner des
sable, parce qu'en les condamnant, vous vous absents? Ils ne se sont pas soustraits à une
condamnez vous-même, puisque vous faites les juridiction, en refusant de reconnaitre celle
mêmes choses que vous condamnez (Rom., n, qu'on leur avait imposée. L'Église n'était pas
1).Ù Ces paroles expriment si bien ce que firent tout entière dans ces seuls évêques d'Afrique
et ce n'était pas récuser tout jugement ecclé-
;
vos évêques, qu'elles semblent ne s'appliquer
et ne convenir qu'à eux. siastique que de ne pas vouloir se présenter
H.Secundus, en renvoyant leurs crimes au devant eux. Il y avait encore des milliers d'é-
jugement de Dieu, n'a donc pas agi dans des vêques au delà de la mer pour les juger, s'ils
vues de paix et d'unité. Autrement, il aurait tenaient pour suspects ceux d'Afrique et de
pris soin de ne pas laisser un schisme éclater à Numidie. Car est-ce en vain que l'Écri-
Carthe, où il n'y avait personne à qui on eût ture nous dit : « Ne blâmez personne avant de
à pardonner un crime avoué, mais où il était l'avoir interrogé, et quand vous l'aurez inter-
aisé de conserver la paix, en s'abstenant de rogé, reprenez-le avec justice (Eccl., XI, 7). b
condamner des absents. C'eût été même faire Si donc le Saint-Esprit nous commande de ne
injure à des innocents, que de vouloir leur par- blâmer ni de corriger personne avant de l'avoir
donner, sans qu'ils eussentété convaincus d'un
crime, sans qu'ils l'eussent avoué, sans qu'ils
fussent présents. Le pardon n'est que pour ceux
,
interrogé, combien est-il plus criminel d'avoir
non-seulement blâmé et repris mais encore
d'avoir condamné des évêques qui, étant ab-
dont la faute est certaine. Quel a donc été l'a- sents, n'ont pu être ni interrogés, ni entendus
?
veuglement et la violence de ces hommes, en
croyant pouvoir condamner un crime qu'ils ne
sur les crimes qu'on leur imputait
:
12. Des évêques étaient absents et comme
perfundere, et conversas in eos linguas hominum tuissent ? Sed illic cognita dimissa sunt Deo, ne
qusererentur hic incognita damnata sunt, ut
ab inquisitione criminum suorum hoc modo decli- alia :
nare. Alioquin si fieri non posset, ut quisque mala, illa tegerentur. Sed dicet aliquis, Cognoverunt.
quaeipse committeret, in alio judicaret, non diceret Quod etsi contedam, etiam sic absentibus utique
quibiisdam Paulus apostolus; « Propterea inexcu-
sabilis es, o homo omnis qui judicas. In quo enim
alium judicas, temetipsumcondemnas;eadem enim
;
parci oportebat. Neque enim judicium deseruerant,
ubi numquam omnino constiterant nec:n illis so-
lis episcopis Afris erat Ecclesia, ut omne judicium
agis, quæ judicas (Rom., II, I). » Quod illi omnino ecclesiasticum vitasse viderentur, qui se judicio
fecerunt, ut hæc verba apostolica integre in eo's eorum prsesentare noluissent. Millia quippe colle-
apteque conveniant. garum transmarina restabant, ubi apparebat eos
11. Non ergo tunc Secundus, quando eQrum judicari posse, qui videbantur Afros vel Numidas
crimina Deo dimisit, paci unitatique consuluit : collegas habere suspectos. Ubi est enim quod Scrip-
alioquin magis hoc apud Carthaginem provideret tura clamat : « Antequam interroges, ne vituperes
ne schisma fieret, ubi nullus aderat, cui confesso quemquam, et cum interrogaveris, corripe juste
crimen donare cogeretur; sed quoderat facillimum (Eccli., xi, 7). » Si ergo nec vituperari, nec corripi
tota conservatio pacis esset absentes nolle damnare nifi interrogatum Spiritus-sanctus voluit , quanto
Itaque injuriam facerent innocentibus, etiam si eis sceleratius non vituperati aut correpti, sed omnino
non convictis neque confessis, neque omnino præ- damnati sunt, qui de suis criminibus nihil absentes
sentibus ignoscere voluissent. Ille quippe accipit interrogari potuerunt ?
veniam, cujus culpa certissima est. Quanto ergo 12. Sed tamen isti, qui licet ab.sentium, et nequa-
ad-
immaniores et caeciores fuerunt, qui ea se putave- quam judicium deserentium, quia numquam
runt posse dannare, quæ incognita nec donare po- fuerunt, et semper sibi cuneum ilium suspectum
ils avaient toujour3 déclaré tenir comme sus- le tribunal proconsulaire? Ne s'est-il pas
con-
pecte cette réunion dejuges, on ne pouvait pas formé en cela à la volonté de l'empereur, qui
même les accuser de se soustraire à une juri- avait ordonné une enquête, et à qui apparte-
dictionqu'ils n'avaient jamais reconnue. Malgré nait surtout le soin d'une affaire, dont il devait
tout cela, les vôtres prétendent avoir condamné rendre compte à Dieu. C'est cet empereur que
des crimes connus. Or, comment les ont-ils con- vos évêques avaient choisi comme juge et ar-
?
répondez:
nus, je vous le demande, mes frères Vous me
Nous ne le savons pas, puisqu'il
la
bitre, dans la cause du schisme et de tradi-
tion, c'est à lui qu'ils avaient adressé une re-
n'en est pas fait mention dans les actes pu-
blics. Eh bien ! moi, je vais vous montrer
comment ils ont pu les connaître. Rappelez-
avaient ensuite appelé :
quête à ce sujet, c'est à son tribunal qu'ils
et cependant ils ne
voulurent pas reconnaître son jugement. Si l'on
vous la cause de Félix, évêque d'Aptonge, et doit blâmer celui qui a été absous par un juge
la véhémence avec laquelle les vôtres se sont de la terre, qu'il n'avait pas choisi lui-même,
déchaînés contre lui. Ils connaissaient donc la combien plus sont blâmables ceux qui ont
cause des autres, aussi bien que celle de Félix, voulu un roi de laterre pour juge de leur cause!
qui, après l'examen le plus scrupuleux et le Si d'un autre côté ce n'est pas un crime d'en
plus sévère, fut trouvé innocent! Avec com- appeler à l'empereur, il n'yen a pas non plus
bien plus de justice et de sûreté devons-nous d'être entendu par lui, ou par ceux auxquels il
croire à l'innocence de ceux qui furent l'objet lui aura plu de déléguer la cause. Celui-de vos
d'accusations plus légères, et de réprimandes amis qui a soulevé cette question, voulut aussi
moins rigoureuses, puisqu'on a reconnu in- faire peser sur l'évêque Félix le blâme, de ce
nocent celui qu'on avait poursuivi avec tant de que dans cette cause, un homme avait été ap-
violence? pliqué au chevalet, pour subir la torture des
CHAPITRE IV. — 13. Lorsque nous discu- ongles de fer. Félix pouvait-il donc s'opposer
tions cette affaire ensemble, un d'entre vous, à ce qu'on apportât tout le soin et toute la sé-
dit que quelque chose vous avait déplu, et je vérité possibles, pour éclairer sa propre cause?
dois le rappeler ici. Il n'était pas convenable, S'y opposer, n'efit-ce pas été faire l'aveu du
disait-il, qu'un évêque fût absous par un juge- crime dont on l'accusait? Cependant ce pro-
ment proconsulaire. Mais Félix avait-il choisi consul au milieu des voix terribles de ses huis-
esse declaraverunt, tamen cognita crimina se dam- tionem Deo redditurus esset, res illa maxime perti-
nasse dicunt, quseso vos fratres mei, quomodo co- nebat. Arbitram enim etjudicem caussae traditionis
gnoverunt? Respondetis ; Nescimus, quandoqui-
dem ipsa cognitio in illis Gestis explicata non est.
Sed ego vobis ostendam, quomodo cognoverunt.
preces miserant, ad quem pQstea provocarunt et;
et schismatis illi eum fecerant, qui ad eum etiam
noluisset, cum haberet aliud, quo posset audiri. Aut habuisse quod in Cæcilianum dicerent, sed totam
si damnaret, certe etiam ipsis securalibus legibus caussam in plebem de parte Majorini, hoc est sedi-
pœnas justas et debitas lueret. tiosam et ab Ecclesiæ pace alienatam multitudinem
CAPUT V. — 14. Quod si Gesta proconsularia transferre voluisse, ut ab ea videlicet turba Cæci-
displicent, ecclesiasticis cedite. Omnia vobis ordine lianus accusaretur, quam solis tumultuosis clamori-
recitata sunt. An forte non debuit Romanæ ecclesiæ bus, nulla documentorum adtestatione, nullo veri-
Melchiades episcopus cum collegis transmarinis tatis examine, ad suam voluntatem animos judicum
episcopis illud sibi usurpare judicium, quod ab Afris detorquere posse arbitrabantur; nisi forte furiosa et
septuaginta, ubi primas Tigisitanus præsedit, fuerat poculo erroris atque corruptionis ebria multitudo
terminatum? Quid quod nec ipse usurpavit?Roga- vera in Cæcilianum crimina diceret, ubi septuagin-
tus quippe Imperator, judices misit episcopos, qui ta episcopi, sicut de Felice Aptungitano constitit,
cum eo sederent, et de tota illa caussa quod justum absentes et innocentes collegas, tam insana teme-
videretur statuerent.Hocprobamus et Donatistarum ritate damnarunt. Quali enim turbæ illi consense-
precibus, et verbis ipsius Imperatoris utraque rant, ut adversus innocentes non interrogatos pro-
:
enim vobislecta meministis, et inspiciendi ac descri- ferrent sententias,atali turba etiam rursus accusari
bendi licentiam nunc habetis. Legite et considerate Cæcilianum volebant. Sed plane non tales inve-
omnia. Videte quanta cura pacis atque unitatis con- nerant judices, quibus illam dementiam persuade-
servandæ vel restituendæ cuncta discussa sint ; rent.
quemadmodum accusatorum persona tractata, et 15. Potestis enim pro vestra prudentia, et illo-
quorumdam eorum quibus maculis improbata sit, rum perversitatem illic adtendere, et judicum gra-
præsentiumqueYocibus liquido constiterit, nihil eos vitatem, quemadmodum ad extremum persuaderi
jusqu'à la fin d'écouter les dépositions des par- sur le nombre de ces soixante-dix évêques,
tisans de Majorin contre Cécilien, partisans qu'on mettait en avant comme une très-grave
dont la personne et le caractère n'inspiraient autorité. Cependant des hommes très-graves
aucune confiance. Ces juges réclamèrent des aussi ne voulurent pas s'embarrasser dans ces
accusateurs ou des témoins qui pussent au questions infinies, comme dans une chaine
moins servir à la cause. Il s'en était présenté inextricable. Peu leur importait le nombre de
d'autres qui étaient venus d'Afrique, et que ces évêques, et de quels lieux ils venaient. Ils
Donat, disait-on, avait fait disparaître. Ce ne voyaient en eux que des hommes assez té-
même Donat, après avoir promis, non une fois, méraires et aveugles, pour oser condamner
mais souvent de les reproduire, ne voulut plus précipitamment des collègues absents, et qu'on
se présenter devant des juges auxquels il avait n'avait pas interrogés. Voyez quelle a été la
fait des aveux tels, qu'en refusant de compa-
raître à leur tribunal, il faisait voir sa crainte
d'être présent à sa condamnation, à laquelle ! !
dernière sentence prononcée par le bienheu-
reux Melchiade : Quelle innocence Quelle in-
tégrité ! Quelle prévoyance Quel amour de la
il ne pouvait échapper, puisque c'était en sa
présence et sur ses propres aveux, qu'on avait
paix! Il n'osa pas écarter de sa communion des
non possent, ut a plebe partis Majorini, quæ certam simi ab infinitis quæstionibus catena quadam inex-
personam non habebat, argueretur Cæcilianus ; plicabilisese nectentibussuum temperare arbitrium
et requisiti ab eis essent vel accusatores vel testes maluerunt, nequaquam curantes quam multi es-
vel quoquo modo caussæ necessarii, qui simul sent illi episcopi, aut unde collecti, quos videbant
cum eis ex Africa venerant, et eos præsentes fuisse tanta temeritate cæcatos, ut in absentes et non in-
idem Donatus quod eos esset exhibiturus quod :
atque a Donato subtractos esse diceretur. Promisit
;
ger à l'église de Carthage, et subitement or-
donné évèque quand bien même il eût ignoré
ce que pouvait, pour corrompre les méchants
l'apaiser par des lettres d'autres évêques, dé-
voila, dans sa colère, bien des choses cachées,
qu'il porta à la connaissance du public, en-
et les faibles, une certaine femme très-riche, tre autres que ce sont des évêques de l'église de
nommée Lucille (1), que simple diacre encore, Carthage qui, corrompus par l'argent de Lucille,
il avait offensée, en la réprimandant, au sujet élevèrent autel contre autel dans la métropole
(1) Saint Jérôme fait mention de cette Lucille, en parlant des femmes qui jouèrent un assez grand rôle dans les héré-
sies de ce temps. Voyez lettre de saint Jérôme à Ctésiphon contre Pélage.
dus ponderi comparate : hinc modestiam, inde te- malum ad illam perficiendam iniquitatem. Nam
mcritatem : hinc vigilantiam,inde cæcitatem. Hic in illo concilio, ubi a confessis traditoribus ab-
nec mansuetudo integritatem corrupit, nec inte- sentes atque innocentes damnati sunt, pauci qui-
gritas mansuetudini repugnavit : ibi autem et fu- dam erant, qui crimina sua infamatis aliis tegere
rore timor tegebatur, et timore furor incitabatur. cupiebant, ut homines a veritatis inquisitio-
Isti enim convenerant cognitione verorum crimi- ne averterentur falsis rumoribus avocati. Pauci
num falsa respuere, illi falsorum damnatione vera ergo erant, qui hoc negotium maxime curabant,
celare.
CAPUT VI. — 17. Illisne se tandem Cæcilianus
audiendum judicandumque committeret
haberet tales, apud quos si
cum
ei caussa movere-
tur, innocentiam suam facillime ostenderet non
,? quamvis in eis esset major auctoritas,propter ipsius
Secundi societatem, qui eis pepercerat territus.
Ceteri autem Lucillæ pecunia maxime adversus
Cæcilianum emti et instigati perhibentur. Exstant
(a) gesta apud Zenophilum consularem, ubi Nundi-
se illis omnino committeret, nec si peregrinus narius quidam diaconus a Sylvano Cirtensi episco-
ecclesiæ Carthaginensis subito episcopus esset po, quantum ipsis gestis intelligitur degradatus,
ordinatus, et ignoraret quid ad corrumpendos cum ei satisfacere per aliorum episcoporum litte-
animos vel improborum vel imperitorum posset ras frustra conatus esset, multa patefecit iratus, et
tunc pecuniosissima mulier quædam Lucilla, quam in judicium publicum protulit : inter quæ id quo-
pro disciplina ecclesiastica corripiendo idem cum que commemoratum legitur, quod Lucillæ pecunia
esset diaconus læserat, etiam hoc enim accesserat corruptis episcopis, in Carthaginensi ecclesia, in
(a)lsthæc Gesta fuerunt confecta an 320. habenturque in lib. III, cont. Crescon. c. XXIX. Eorumdum etiam meminit
Optatus in lib. I. cont. Parmenianum.
de l'Afrique. Je sais bien que l'onnevous a machinations de ses ennemis. C'est ce qu'il a
pas donné lecture de ces actes, mais vous de- fait, comme vous le savez, quand ils eurent
vez vous souvenir, que c'est le temps qui nous recouru, mais trop tard, à un tribunal d'uutre-
a manqué pour cela. Un certain dépit, né de mer, alors qu'ils étaient déjà coupables de
l'orgueil, s'était emparé de ces évêques, qui schisme, et souillés du crime affreux d'avoir
supportaient avec peine de n'avoir pas eux- élevé autel contre autel. Ils auraient com-
mêmes conféré l'ordination à l'évêque de Car- mencé par là, s'ils avaient eu la vérité pour
thage. eux ;
mais avant de paraître devant des juges,
18. D'après tout ce que nous venons de dire, ils voulaient laisser au temps le soin de donner
il était manifeste pour Cécilien qu'il n'avait quelque consistance à de fausses rumeurs, et
pas affaire à une assemblée de juges, mais à des se présenter, précédés de l'opinion populaire
ennemis gagnés d'avance.Pouvait-il alors,quand favorable à leur cause, ou, ce qui est bien
bien même il l'aurait voulu,et que le peuple qu'il plus croyable, après avoir condamné Cécilien
dirigeait l'eût permis, abandonner son Église, à leur gré, ils se croyaient en sûreté par
et se retirer dans une maison particulière, leur nombre, et n'osaient pas porter une si
abandonnant ainsi, non pas sa cause à 1 exa- mauvaise affaire devant un tribunal exempt
men de collègues équitables, mais sa propre de corruption, et qui pourrait facilement dé-
personne à la fureur d'une troupe de factieux couvrir la vérité.
et à des haines de femme, sachant d'ailleurs CHAPITRE VII. — 19. Mais lorsque les faits
que dans l'église d'outre-mer, où ces inimitiés leur eurent prouvé que Cécilien restait en com-
et ces divisions n'avaient pas éclaté, il trouve- munion avec l'univers entier, et que c'était à
rait des juges intègres et non corrompus, pour lui, et non à l'évêque, qu'ils avaient criminel-
?
examiner sa cause Si là ses énnemis ne vou- lement ordonné, que les églises d'outre-mer
laient rien faire, ils se retranchaient eux- envoyaient des lettres de communion, ils eurent
mêmes de la communion de tout l'univers, à honte de garder le silence. On pouvait, en
,
si au contraire ,
cependant on n'avait rien à reprocher ;effet, leur demander pourquoi ils souffraient
ils essayaient d'y accu- que les églises de tant de peuples restassent
ser Cécilien, alors il se serait présenté lui- par ignorance en communion avec des évêques
même, pour défendre son innocence contre les condamnés, pourquoi eux-mêmes se séparaient
Africæ capite, altare contra altare levatum est. Seio nimis sero quæsissent judicium transmarinum jam
quod hæc Gesta vobis non legerimus, sed tempus schismatis rei, jam levati altaris horrendo scelere
maculati. Primo enim facerent, si veritate niteren-
non fuisse meministis. Inerat eliam nonnullus do-
lor animi de typho superbiæ veniens, quod non ipsi
ordinaverant Garthagini episcopum.
:
tur sed falsis rumoribus temporis diuturnitate
firmatis, quasi vetusta fama præjudicante ad judir
18. Quibus omnibus rebus, cum cos non veros cium venire voluerunt. Aut quod magis credendum
judices, sed inimicos atque corruptos Cæcilianus est, damnato prius, sicut libuit, Cæciliano, quasi
convenisse cognosceret ; quando fieri posset, ut vel securi sibi videbantur præfidentes numero suo, nec
ipse vellet, vel populus cui præsidebat permitteret, audentes alibi commovere caussam tam malam-
ut relicta ecclesia iret in domum privatam, non ubi nulla corruptione operante posset veritas invc-
collegarum discutiendus examine, sed factionis niri.
cuneo et odiis muliebribus trucidandus ? cum sibi CAPUT VII. — 19. Sed posteaquam ipsis rebus
præsertim videret apud ecclesiam transmarinam experti sunt cum Caeciliano permanere commu-
nionem orbis terrarum, et ad cum a transmarinis
privatis inimicitiis et ab utraque parte dissensionis
alienam, incorruptum et integrum examen suæ
caussæ remanere. Ubi si nihil adversarii agere vel-
lent, ipsi se ab orbis terrarum innocentissima
illum quem ipsi scelerate ordinaverant
eos semper tacere : quia posset
;
ecclesiis communicatorias litteras mitti, non ad
puduit
eis objici, cu
communione præciderent : Si autem illic eum accu- paterentur ignaram per tot gentes ecclesiam com-
sare tentassent, tunc sibi adesset, tunc innocentiam municare damnatis, et cur se ipsi ab innocentis
:
suam adversus eorum machinamenta defenderet,
sicut postea factum esse didicistis cum tamen illi
orbis terrarum communione præciderent, cum
tacendo sinerent episcopo, quem Carthaginensibus
de la communion de toutes ces églises inno- de l'empereur le montrent suffisamment. Ils
centes, et laissaient ainsi, par leur silence, avaient eu pour juges des ecclésiastiques, des
l'évêque qu'ils avaient ordonné à Carthage, évêques d'une grande autorité, dont le juge-
hors de communion avec toute la terre. Ce fut ment proclama leur perversité et l'innocence
donc à deux fins qu'ils portèrent la cause de de Cécilien. Ils osèrent accuser ces évêques
Cécilien devant les églises d'outre-mer. Une d'avoir mal jugé, non auprès d'autres collè-
condamnation obtenue à force de ruse et de gues, mais auprès de l'empereur lui-même. Ce
fausseté, aurait pleinement satisfait leur ani- prince leur donna des juges à Arles, c'est-à-
mosité : dans le cas contraire, ils étaient réso- dire un tribunal composé d'autres évêques, non
lus de persister dans leur perversité, et de dire qu'il jugeât cela nécessaire, mais parce qu'il ne
qu'ils avaient eu de mauvais juges, comme le put résister à leurs instances et à leur perver-
disent ordinairement tous les mauvais plai- sité, et qu'il voulait d'ailleurs mettre un frein
deurs, quand ils ont succombé devant la vérité. à une telle impudence. Cet empereur était trop
Mais admettons que les évêques qui jugèrent chrétien pour se charger de l'examen de leurs
la cause à Rome, n'aient pas été de bons juges, plaintes aussi fausses que séditieuses, et pour
ne pouvaient-ils pas en appeler à l'assemblée juger lui-même de la sentence prononcée par
plenière de l'Église universelle. Dans ce con- les évêques qui avaient siégé à Rome, il
cile, l'affaire aurait été disculée de nouveau
avec ceux qui l'avaient primitivementjugée,
et leur sentence cassée, s'ils avaient été con-
posé d'autres évêques ;
institua, comme je l'ai dit, un tribunal com-
mais les Donatistes en
appelèrent encore de ces juges à l'empereur.
vaincus d'avoir mal jugé. Ont-ils agi ainsi? Vous savez combien leur conduite déplut à ce
Qu'ils nous le prouvent. De notre côté, nous prince. Plût à Dieu que le jugement qu'il ren-
pouvons prouver le contraire, par cela seul que
l'univers entier est séparé de communion avec animosité !
dit eût mis un terme à leurs folies et à leur
Plût à Dieu qu'ils se fussent rendus
:
eux. S'ils ont agi ainsi, ils ont encore suc-
combé dans leur cause leur séparation en est
la preuve la plus claire.
à la vérité, comme l'empereur s'était rendu à
leurs prières, en jugeant une cause déjà jugée
par des évêques. Il ne le fit toutefois que du
?
20. Qu'ont-ils fait ensuite Les lettres mêmes consentement de ces vénérables prélats, et sous
ordinassent, a toto orbe non communicari : elege- 20. Sed tamen quid postea fecerint, lmperatoris
runt, sicut dicitur, (a) « ad duas » agere caus- litteris sufficientissime ostenditur. Judices enim ec-
sam cum Cæciliano apud ecclesias transmarinas, clesiasticos tantæ auctoritatis episcopos, quorum
parati ad utrumque, ut si eum potuissent qua- judicio et Cæciliani innocentia et eorum improbitas
cumque versutia falsæ criminationis evincere, sa- declarata est, non apud alios collegas, sed apud
tiarent plenissime cupiditatem suam : si autem Imperatorem accusare ausi sunt, quod male judica-
non possent, in eadem quidem perversitate dura- rint. Dedit ille aliud Arelatense judicium, aliorum
malos judices se esse perpessos ;
rent, sed jamtamen quasi haberent quod dicerent,
qute vox est
omnium malorum litigatorum, cum fuerint e-
scilicet episcoporum; non quia jam necesse erat,
sed eorum perversitatibus cedens, et omnimodo cu-
piens tantam impudentiam cohibere. Neque enim
tiam manifestissima veritate superati : quasi non ausus est Christianus Imperator sic eorum tumul-
eis ad hoc dici posset et justissime dici, Ecce pute- tuosas et fallaces querelas suscipere, ut de judicio
mus illos episcopos, qui Romæ judicarunt, non episcoporum, qui Romæ sederant ipse judicare; sed
bonos jadices fuisse: restabat adbuc plenarium alios, ut dixi, episcopos dedit: a quibus tamen illi
Ecclesiæ universæ concilium, ubi etiam cum ipsis ad ipsum rursum Imperatorem provocare malue-
judicibus caussa posset agitari, ut si male judi- runt, qua in re illos quemadmodumdetestetur, au-
casse convicti essent, eorum sententiæ solveren- distis. Atque utinam saltem ipsius judicio insanis-
:
tur. Quod utrum fecerint, probent : nos enim
non factum esse facile probamus, ex eo quod
totus orbis non eis communicat aut si factum est,
etiam ibi sunt victi; quod ipsa eorum sepavatio
manifestat.
simis animositatibus suis finem posuissent, atque
ut eis ipse cessit, ut de illa caussa post episcopos
judicaret, a sanctis antistitibus postea veniam pe-
titurus, dum tamen illi quod ulterius dicerent non
haberent, si ejus sententiæ non optemperarent, ad
(a) Sic Lov. et MSS. At editioncs antiquioves etMS. Fuxensis habent, adduasfraudes agere caussam.
la condition que les Donatistes n'auraient plus phèment l'héritage du Christ, ils effacent son
rien à dire, s'ils refusaient de se soumettre baptême, et ils ne veulent pas que les puis-
à la sentence de celui à qui eux-mêmes en sances de la terre les reprennent et les châtient
avaient appelé. Il ordonna donc aux parties de pour les préserver des peines éternelles qu'ils
se rendre à Rome pour plaider leur cause. Cé- méritent par leurs sacrilèges. Pour nous, nous
cilien, je ne sais pour quel motif, ne s'y trouva leur reprochons la fureur de leur schisme, leur
pas. L'empereur, pressé par eux, leur ordonna folie de donner un second baptême, leur crimi-
de le suivre à Milan. Quelques-uns des Dona- nelle séparation du Christ, dont l'héritage est
tistes commencèrent alors à s'esquiver, s'indi- répandu par toute la terre. Dans leurs livres
gnant sans doute que Constantin ne les eût comme dans les nôtres, nous leur faisons voir
pas imités, en se hâtant de condamner Cécilien les églises dont chaque jour ils lisent les noms,
absent. Dès que le prévoyant empereur en fut et avec lesquelles ils ont rompu de communion.
informé, il fit conduire les autres sous bonne Lorsque, dans leurs assemblées, le nom de ces
garde à Milan. Cécilien s'y étant rendu, com- églises est prononcé, ils disent aux lecteurs :
parut en personne devant l'empereur, comme « La paix soit avec vous !
» et ils ne sont pas
ce prince l'a écrit lui-même, et après avoir en paix avec les peuples à qui ces lettres saintes
examiné la cause avec tout le soin, toute la
,
ont été adressées. Ils nous reprochent des crimes
prudence, toutes les précautions attestées par supposés attribués à des hommes qui sontmorts,
les lettres impériales mêmes l'empereur et auxquels nous sommes étrangers, quand bien
prononça la sentence qui proclama l'inno- même ils seraient véritables. Ils ne compren-
cence de Cécilien et la perversité de ses accusa- nent pas qu'ils sont tous compromisdans les
teurs. griefs que nous leur reprochons, et que ceux
CHAPITRE VIII.—21. Cependant ils bap- qu'ils nous adressent ne tombent que sur la
tisent encore hors de l'Église, et rebaptisent paille ou l'ivraie de la moisson du Seigneur, et
même autant qu'ils peuvent les membres de ne regardent pas le froment. Ils ne considèrent
l'Église. Quoique schismatiques et dissidents, pas que tout en restant uni de communion avec
ils offrent le sacrifice. Ils saluent au nom de la les méchants, on ne communique réellement
paix les peuples qu'ils éloignent de la paix du avec eux que quand on approuve leur perver-
salut. Ils brisent l'unité chrétienne, ils blas- sité, mais que ceux qui n'approuvent point ces
quem ipsi provocaverunt, sic et illi aliquando ce- in se ista per ordinarias humanas potestates flagel-
derent veritati. Jussit cnim ille ut ei partes ad lis temporalibus emendari, ne in æternas pœnaspro
agendam caussam Romam occurrerent. Quo cum tantis sacrilegiis destinentur. Nos eis objicimus fu-
Cæcilianus nescio qua caussa non occurrisset, inter- rorem schismatis, rebaptizationis insaniam, ab he-
pellatus ab eis, præcepit ut Mediulanum sequeren- reditate Christi, quæ per omnes gentes diffusa est
tur. Tunc se aliqui eorum subtrahere cœperuntfor- nefariam separationem. De codicibusnon tantum
tasse indignati, quia non est eos imitatus Con- nostris, sed etiam eorum, recitamus ecclesias, qua-
stantinus, ut jam statim atque velociter Cæcilianum rum nomina hodie legunt, et quibus hodie non
damnaret absentem. Quod ubi cognovit providus
Imperator, reliquos ab officialibus custoditos fecit
Mediolanum pervenire. Quod cum etiam Cæc - :
communicant: quæ cum recitantur in conventiculis
eorum, lectoribus suis dicunt, Pax tecum et cum
ipsis plebibus, quibus illæ litteræ scriptæ sunt pa-
lianus venisset; ipsum quoque, sicut scripsit, exhi- cem non habeut. Et ipsi nobis objiciunt vel falsa
buit, cognitaque caussa, qua diligentia, qua cau- crimina mortuorum, vel etiamsi vera, tamen aliena;
tela, qua provisione, sicut ejus indicant litteræ, non intelligentes in iis, quæ nos eis objicimus, om-
Cæcilianum innocentissimum, illos improbissimos nes illos teneri; in iis vero quæ nobis objiciunt, pa-
judicavit. leam vel zizania messis. Dominicae reprehendi, ad
CAPUT VIII.
— 21. Et adhnc baptizant extra Ec- frumenta autem crimen non pertinere : neque con-
clesiam, et si possint rebaptizant Eccelesiam; sacri- siderantes quia quibus mali placent in unitate, ipsi
ficant indissensione et schismate, et pacis nomine communicant malis; quibus autem displicent, et
populos salutant, quos a pace salutis exterminant. eos emendare non possunt, neque ante tempus
:
Conscinditurunitas Christi: blasphematur heredi-
tas Christi; exsufflatur baptisma Christi et nolunt
messis audent zizania eradicare, ne simul eradicent
et triticum, non factis eorum, sed altari Christi
méchants ne peuvent pas les corriger, doivent abandonné votre première charité. Souvenez-
cependant les supporter, et ne pas arracher
;
l'ivraie avant la moisson, de peur d'arracher
aussi le froment car ce n'est pas avec les faits
tence ,
vous donc d'où vous êtes tombés; faites péni-
et reprenez vos premières œuvres,
autrement je viendrai à vous, et j'ôterai
de ces méchants, mais avec l'autel de Jésus- votre chandelier de sa place, si vous ne faites
Christ qu'ils sont en communion. Ainsi, loin pénitence. » Ces paroles ne s'adressent certai-
de contracter par là aucune souillure, ils mé- nement pas aux anges, qui conservent toujours
ritent au contraire les louanges que l'Écriture la charité. Ceux qui s'en sont écartés et qui en
donne à ceux qui, dans la crainte de voir le sont déchus, ce sont le démon et ses anges. Ce
nom du Christ outragé par les horreurs du que saint Jean appelle la première charité de
schisme, tolèrent, pour l'amour et le bien de l'ange d'Éphèse, c'est celle qui lui fait suppor-
l'unité, ce qu'ils haïssent pour l'amour et le ter les faux apôtres pour l'amour de Jésus-Christ
bien de la justice. même, celle à laquelle il lui ordonne de revenir,
:
22. S'ils ont des oreilles, qu'ils entendent ce
que l'Esprit-Saint dit aux églises « Écrivez à
l'ange de l'église d'Éphèse, » dit saint Jean dans
afin de reprendre la pratique de ses premières
œuvres. Et nos ennemis nous reprochent les
crimes des hommes pervers, crimes qui ne sont
l'Apocalypse, « voici ce que dit celui qui tient pas les nôtres, auxquels nous sommes étran-
sept étoiles dans sa main droite, et qui marche gers, et qu'en partie nous ne connaissons même
!
quelles sont vos œuvres ,
au milieu des sept chandeliers d'or. Je sais
votre travail et votre
patience. Je sais que vous ne pouvez souffrir
pas Quand bien même ces crimes seraient
vrais, quand bien même nous les verrions de
nos yeux, si par crainte d'arracher le froment
les méchants, et qu'ayant éprouvé ceux qui se avec l'ivraie, nous les supportions avec charité,
disent apôtres, quoiqu'ils ne le soient pas, et bien loin de mériter le moindre reproche, nous
;
les ayant trouvés menteurs, vous avez pris pa-
tience que vous les avez soufferts àcause de
mon nom, et que vous ne vous êtes pas décou-
serions loués et glorifiés par tous ceux dont le
cœur et l'esprit ne sont pas fermés à la voix
des saintes Écritures.
ragés (Apocal., II, 1).» Si ces paroles s'adres- 23. Aaron tolère la multitude qui demande
saient aux anges des cieux, et non à ceux qui une idole, qui la fabrique et qui l'adore. Moïse
:
sont préposés à l'Église, l'Apôtre n'aurait pas
ajouté « Mais j'ai contre vous que vous ayez
tolère des milliers d'Israélites murmurant
contre Dieu et offensant son saint nom. David
communicant: ita ut non solum non ab eis macu- opera fac ;sin autem, venio tibi, et movebo cande-
lentur, sed etiam divinis verbis laudari prædicari- labrum tuum de loco suo, nisi pænitentiam egeris. »
que mereantur; quoniam ne nomen Christi per Hoc superioribus Angelis dici non potest, qui per-
horribilia schismata blasphemetur, pro bono unita- petuam retinent caritatem, unde qui defecerunt et
tis tolerant, quod pro bono æquitatis oderunt. lapsi sunt, diabolus est et angeli ejus. Ergo primam
22. Si habent aures, audiant quid Spiritus dicat caritatem dicit, quiasustinuitpseudoapostolosprop-
ecclesiis. Sic enim in Apocalypsi Johannis legitur; ter nomen Christi, quam jubet ut repetat, et faciat
« Angelo, » inquit, « ecclesiæ Ephesi scribe, Hæ priora opera sua. Et objiciuntur nobis crimina ma-
dicit qui tenet septem stellas in aextera sua, qui lorum hominum non nostra, sed aliena; etipsa
ambulat in medio septem candelabrorum aureorum; partim incognita quæ si etiam vera et præsentia
Scio opera tua et laborem et patientiam tuam, et videremus, et zizaniis propter frumenta parcentes,
quia nonpotes sustinere malos, et tentasti eos, qui pro unitate toleraremus, non solum nulla reprehen-
se dicunt Apostolos esse, et non sunt, et invenisti sione, sed etiam non parva laude nos dignosdiceret,
eos, mendaces, et patientiam habes, et sustinuisti quicumque Scripturas sanctas non corde surdus au-
eos propter nomen meum, et non defecisti {Apoe. diret.
II 1). » Quod si de Angelo superiorum cælorum, et 23. Tolerat Aaron multitudinem idolum exigen-
non de præpositis Ecclesiæ vellet intelligi non con- tem et fabricantem et adorantem. Tolerat Moyses
sequenter diceret : a Sed habeo adversum te, quod adversu Deum tot millia murmurantia, et toties
Caritatem tuam primam reliquisti. Memor esto ita- offendentia sanctum nomen ejus. Tolerat David Saü-
que unde excideris, et age pænitentiam, et prima lem persequutorem suum,sceleratismoribus cælestia
tolère Saül, son persécuteur, qui abandonnait Christ. Combien d'exemples plus nombreux
les choses du ciel pour rechercherpar la magie
;
les choses de l'enfer. Il venge sa mort ill'ap-
pelle le Christ du Seigneur par respect pour le
encore de cette sainte tolérance ne trouveraient-
ils pas dans le monde entier, si on avait pu les
recueillir et les écrire pour leur donner plus
mystère de son onction. Samuel tolère les fils d'autorité. Cependant faites attention à ceux
criminels d'Héli et la perversité de ses propres que nous avons conservés. Notre Seigneur lui-
enfants, et le peuple qui n'avait pas voulu les même tolère Judas, c'est-à-dire un démon, un
tolérer fut repris par la divine vérité, et châtié voleur, un traitre qui l'a vendu. Il le laisse
par la sévérité de Dieu. Samuel tolère enfin le participer, avec la troupe innocente de ses
peuple lui-même qui, dans son orgueil, mépri- Apôtres, à ce prix de notre rédemption qui est
sait son Dieu. Isaïe tolère ceux auxquels il connu des fidèles. Les Apôtres tolèrent de faux
avait à reprocher tant de crimes. Zacharie apôtres. Paul, qui ne cherchait rien pour lui,
tolère les Scribes et les Pharisiens, tels que mais tout pour Jésus-Christ, supporte et fré-
l'Ecriture nous les montre dans ce temps-là. quente avec une glorieuse tolérance ceux qui
Je sais que j'en passe ici un grand nombre sous cherchaient leurs intérêts et non ceux du
silence. Lise qui voudra, lise qui pourra les Christ. Enfin,comme je l'ai dit précédemment
célestes paroles de l'Ecriture, on verra que les la parole divine loue, sous le nom d'ange, le
saints serviteurs et les fidèles amis de Dieu ont chef d'une église, que malgré sa haine pour
toujours trouvé bien des coupables à tolérer des méchants qu'il avait éprouvés et reconnus
dans leur peuple. Cependant ils sont restés avec comme tels, les tolère cependant au nom et
eux en communion des sacrements de ce temps- pour l'amour de Jésus-Christ.
là, et loin d'en contracter par là aucune souil- 24. En somme, que nos ennemis s'interrogent
lure, ils ont mérité d'être loués, cherchant, eux-mêmes. Ne tolèrent-ils pas les meurtres,
comme dit l'Apôtre, « à conserver l'unité de les incendies des circoncellions, les adorateurs
l'esprit par le bien de la paix (Ephés., IV, 3). » fanatiques de ces prétendus martyrs qui se
Que nos ennemis considèrent encore tout ce jettent volontairement dans des précipices.
qui s'est passé depuis l'avénement de Jésus- N'ont-ils pas toléré les maux incroyables sous
deserentem, magicis artibus inferna quærentem; auctoritatem redigipotuissent, tamen hæc ipsa quæ
occisum vindicat; Christum etiam Domini propter habemus advertite. Tolerat ipse Dominus Judam,
sacramentum venerandæ unctionis appellat. Tolerat diabolum furem et venditorem suum : sinit acci-
Samuel nefandosfilios Heli, perversosquefiliossuos, pere inter innocentes discipulos, quod fideles nove-
quos populus, quia tolerare noluit, divina veritate runt pretium nostrum. Tolerant Apostoli pseudoa-
accusatus, divina severitate correptus est. Tolerat postolos, et inter sua quærentes non quæ Jesu
denique ipsum populum superbum contemptorem Christi, Paulus non sua quærens sed quæ Jesu
Dei. Tolerat Isaias in quos tam multa vera crimina Christi, cum gloriosissima tolerantia conversatur.
jaculatur. Tolerat Ieremias a quibus tanta perpe- Postremo, quod paulo ante commemoravi, divina
titur. Tolerat Zaeharias Pharisæos et scribas, quales voce laudatur sub Angeli nomine præpositus eccle-
illo tempore fuisse Scriptura testatur. Scio me siæ, quod cum odisset malos, eas tamen tentatos et
multos prætermisisse, legant qui volunt, legant inventos pro nomine Domini toleravit.
qui possunt eloquia cælestia, invenient omnes 24. Ad summam seipsos interrogent : Nonne tole-
sanctos Dei servos et amicos semper habuisse rantur ab eis cædes et incendia Circumcellionum,(a)
quos in suo populo tolerarent; cum quibus tamen qui sunt veneratores præcipitatorum ultro cadave-
rum, et sub incredibilibus malis unius Optati per
illius temporis sacramenta communicantes, non
solum non inquinabantur, sed etiam laudabiliter ?
tot annos totius Africæ gemitus Parco jam dicere
singularum per Africam regionum et civitatum et
sustinebant, « Studentes, sicut ait Apostolus,
servare unitatem spiritus in vinculo pacis. fundorum tyrannicas potestates, et publica latro-
(Eph., IV, 3.) Adtendant etiam postDomini adven- cinia. Melius enim vobis hæc vos ipsi dicitis, sive in
tum, ubi multo plura hujus tolerantiæ per totum aurem, sive palam, sicut libitum fuerit. Quocumque
orbem inveniremus exempla, si omnia scribi et in enim oculos verteritis, occurret quod dico, vel po-
(a) In MSS, quindecim omittitur, qui sunt, Videbis persimilem locum inlib. I, cont. litt. Petil. c. XXIV.
lesquels Optat (1) a fait gémir l'Afrique pendant ceux qui ont voulu créer un schisme dans le
?
tant d'années Je passe sous silence les bri- peuple de Dieu, et leurs adhérents ont été con-
gandages publics et la tyrannie qui pèse sur sumés par le feu. A la différence des châtiments
chaque région, sur chaque cité, sur chaque on reconnaît la différence des fautes.
bourgade de la terre africaine. Vous pourrez CHAPITRE IX. — 25. Les Saintes Ecritures
bien mieux vous-mêmes vous dire toutes ces sont livrées aux païens pendant la persécution,
choses, soit à l'oreille, soit à haute voix, comme ceux qui les ont livrées avouent leur crime, et
il vous plaira. En effet, de quelque côté que on en remet à Dieu la punition. Des innocents,
vous tourniez les yeux, vous reconnaîtrez la sans avoir été entendus, sont condamnés par
vérité de ce que je vous dis, ou plutôt de ce que des hommes téméraires. Des jugements certains
je tais. Nous n'accusons pas en cela ceux que établissent l'innocence de celui qui avait été
vous aimez. Ce n'est pas à cause de leur tolé- le plus violemment accusé parmi ceux qu'on
rance pour les méchants que nous les blâmons, avait condamnés, sans les avoir entendus. Des
mais à cause de leur intolérable opiniâtreté évêques sont constitués comme arbitres, et on
dans le schisme, à cause de leur impiété d'avoir appelle de leur sentence à l'empereur. On choi-
élevé autel contre autel, à cause de leur sépa- sit pour juge l'empereur lui-même, et on mé-
ration de l'héritage de Jésus-Christ, qui, selon prise son jugement. Vous avez lu tout ce qui a
la promesse qui en avait été faite, est présen- été fait alors, et vous voyez tout ce qui se fait
tement répandu sur toute la terre. Mais cette présentement. Si vous avez quelque doute sur
paix qu'ils ont violée, cette unité qu'ils ont un point, ouvrez du moins vos yeux sur le
rompue, ces baptèmes qu'ils se plaisent à réité- reste. Laissons de côté les anciennes chartes,
rer, ces sacrements qu'ils effacent et anéan-
tissent, et dont la sainteté se conserve jusque
dans les hommes Jes plus criminels, voilà ce
;
les archives publiques, les actes des villes et
des églises nous avons devant les yeux un bien
plus grandlivre, la terre entière, où nous
!
que nous déplorons, voilà ce qui excite nos
larmes et nos douleurs S'ils font peu de cas
de toutes ces choses, qu'ils considèrent les
:
lisons l'accomplissement de la promesse consi-
gnée dans le livre de Dieu « Le Seigneur m'a
:
dit Vous êtes mon fils, et je vous ai engendré
exemples qui prouvent de quelle importance aujourd'hui; demandez-moi, et je vous donne-
elles sont aux yeux de Dieu. Ceux qui se fabri- rai toutes les nations pour votre héritage, et
quèrent une idole ont péri de la mort ordinaire toute l'étendue de la terre pour la posséder
du glaive. La terre s'est ouverte pour engloutir (Ps., II, 7). » Quiconque n'est pas en commu-
(t) Evêque de Thamugade. Voir à ce sujet la note de la lettre 53.
tius quod taceo. Neque Line istos, quos ibi diligitis, nibus temerariis danmantur. Probaturinteger certis
accusamus. Non enim nobis displicent, quia tolerant judiciis, qui inter absentes damnatos multo vehe-
malos; sed quia intolerabiliter mali sunt propter mentins ceteris criminatus est. Judicium episcopo-
schisma, propter altare contra altare, propter sepa- rum ad Imperalcrern appellatur. Judex eligitur Im-
rationem ab hereditute Christi tuto orbe diffusa, si- perator. Judicans contemniturImperator. Quæctunc
cut tanto ante promissa est. Violalam pacem, cons- acta, sint legistis, quæ nunc agantur videtis : si de
cissam unitatem, iterata baptismata, exsufflata illis in aliquo dubitatis, ista jam cernite. Certe non
sacramenta, quæ in sceleratis quoque hominibus chartis veteribus, non archivis publicis, non Gestis
sancta sunt, plangimus et lugemus. Quæ si parvi
pendunt, intueantur exempla quibus demonstratum
:
est quanti hæc penderit Deus. Qui fecerunt idolum,
usitata gladii morte peremti sunt quivero schisma
quod in libro Dei lego promissum :
forensibus aut ecclesiasticis agamus. Major liber
noster orbis terrarum est, in eo lego completum,
« Dominus, in-
quit, dixit ad me; Filius meus es tu, ego hodie
facere voluerunt, hiatu tec,ræ principes devorati, et genui te : postula a me, et dabo tibi gentes heredi-
turba consentiens igne consumta est. Diversitate tatem tuam, et possessionem tuam terminos terræ.
poenarum, diversitas agnoscitur meritorum. (Psal., 11, 7). » Huichereditatiqui non communicat,
CAPUT IX.
— 25. Traduntur in persequutione quoslibet libros teneat, exheredatum se esse co-
sancti codices, confitentur traditores, et Deo dimit- gnoscat. Hanc hereditatem quisquis expugnat, alie-
tuntur. Non interrogantur innocentes, et ab homi- num se esse a familia Dei satis iudicat. Certe de
livres qu'il ait en main ,
nion avec cet héritage, quels que soient les
doit se regarder
comme déshérité. Quiconque attaque cet héri-
d'évêques, il a condamnéRimien absent, et
s'est fait ordonner évêque à sa place. Comment
Majorin, à l'aide d'une assemblée d'évêques
tage, indique par là qu'il est étranger à la vendus à Lucille, a condamné Cécilienabsent,
famille de Dieu. On met en question le crime et a usurpé son siége épiscopal. Voudriez-vous
d'avoir livré les Saintes Ecritures, où cet héri- par hasard regarder comme valide la sentence
tage a été promis. Qu'il soit considéré comme d'absolution prononcée en faveur de Rimien
ayant livré le testament aux flammes, celui par les évêques africains de sa communion,
qui plaide contre la volonté du testateur. Que contre la faction de Maximien, et rejeter comme
vous a donc fait, ò parti de Donat, que vous a nulle celle par laquelle les évêques d'outre-
?
fait l'Eglise de Corinthe Ce que je dis de cette mer, restés fidèles à l'unité, se déclarèrent en
Eglise, je le dis de toutes les autres les plus faveur de Cécilien contre la faction de Majorin?
éloignées. Que vous ont fait ces églises, qui Je vous en prie, mes frères, je ne vous demande
n'ont pu connaître ni ce que vous avez fait pas quelque chose de bien grand, ni dedifficile
vous-mêmes, ni ceux que vous avez diffamés. à comprendre. L'Eglise d'Afrique, sous le rap-
L'univers entier a-t-il perdu la lumière du port du nombre et de l'autorité, est bien infé-
Christ, parce que Cécilien a offensé Lucille en
Afrique ?
26. Que nos ennemis comprennent donc enfin
;
rieure à toutes les autres églises réunies de
l'univers et fût-elle même restée dans l'unité,
elle serait encore moindre, comparée à toutes
ce qu'ils ont fait. L'espace de quelques années les autres nations chrétiennes, que le parti de
a suffi pour renverser leur ouvrage sous leurs Maximien comparé à celui de Primien. Ce que
yeux mêmes. Examinez par quelle femme je vous demande cependant, et je crois ma
Maximien (1), qu'on dit être parent de Donat, demande équitable, c'est que le concile de
s'est séparé de communion avec Rimien, et Secundus, évêque de Tigisis, réuni par les
comment, au moyen d'une réunion factieuse intrigues de Lucille contre Cécilien absent,
(1) Maximien, diacre Donatiste de Carthage, irrité contre Primien son évêque, suscita un nouveau schisme dans le
schisme même, coupant ainsi un morceau du morceau, comme le dit saint Augustin, dans ses commentaires sur les
;
Ps. ii-xxxvi où il rapporte la lettre synodale des évêques Donatistes, qui condamnèrent Primien dans le concile de
Carbasus, et ordonnèrent Maximien à sa place mais l'année suivante, un autre concile composé d'autres Donatistes et
réuni à Bagaie contre ce nouveau schisme survenu dans leur communion condanmna Maximien. Outre les commentaires
de saint Augustin sur le psaume XXXVI, on peut encore consulter à cet égard salettre 185, numero 17.
tradiLione divinorum librorum vertiturquæstio, ubi damnavit absentem, et contra eum episcopus ordi-
hereditas ista promissa est. Ille ergo credatur testa- natus est. An forte quod a ceterisAfris suæ commu-
mentum tradidisse flammis, qui contra voluntatem
litigattestatoris. Quid tibi fecit, o pars Dunati, quid
tibi fecit ecclesia Corinthiorum ? Quod autem de ista
nus purgatus est, valerevultis :
nionis episcopis contra factionem Maximiani Primia-
et quod a
transmarinis unitatis episcopis adversus factionem-
dico, de omnibus talibus et tam longe positis intel- Majorini Cæcilianus purgatus est, valere non vultis ?
ligi volo. Quid vobis fecerunt, quænec omnino quid Rogo, fratres mei, quid magnum peto, quid diffi-
feceritis, nec quos infamaveritisnosse potuerunt? An ?
cile a vobis intelligi cupio Multum quidem interest,
quia Lucillam Cæeilianus in Africa læsit, lucem et incomparabiliter distat vel auctoritate vel nume-
Christi orbis amisit?
26. Tandem sentiant quod fecerunt: merito certo
annorum intervallo in oculos eorum revolutum est
conferatur:
ro Africana ecclesia, si cum ceteris orbis partibus
et longe minor est, etiamsi unitas hic
esset, longe omnino minor est comparata ceteris
opus ipsorum. Quærite per quam feminam Maxi- Christianis omnibus geotibus, quampars Maximiani
mianus, qui dicitur esse Donati propinquus, sese a comparata parti Primiani, peto tamen, et justum
Primiani communione præciderit, et quemadmo- esse arbitror, ut tantum valeat concilium Secundi
dumcongregata episcoporum factione, Primianum Tigisitani, quod Lucilia conflavit adversus absentem
damnarit absentem, et adversus eum episcopus or-
dinatus sit: quemadmodum Majorinus per Lucil-
lam congregata episcoporum factione Cæilianum
€ Cæcilianum et (a) apostolicam sedem, totumque or-
bem Cæcillano communicantem, quantum valet
concilium Maximianensium, quod similiter femina
(a) In MSS. prope omnibus habetur, etapostolicasedes, quæ forte germina lectio est.
contre le siège apostolique, et contre le monde tier, et l'église de Jésus-Christ a rempli toute
entier avec lequel Cécilien était en communion, la terre. Elle reçoit les bons etles méchants,
n'ait pas plus d'autorité à vos yeux que celui mais si sur la terre elle ne perd que les mé-
de la faction de Maximien, suscité par je ne chants, dans le ciel, elle n'admet que les bons.
sais quelle femme de la même espèce, contre Ce discours que nous vous adressons avec la
Primien absent, et les autres églises d'Afrique grâce de Dieu, qui seul connaît, que c'est l'a-
unies de communion avec Primien. Y a-t-il rien mour de la paix et notre tendresse pour vous
de plus clair? Peut-on faire une demande plus qui nous l'ont inspiré, servira à votre conver-
juste? sion, si vous le voulez, mais si vous le rejetez,
27. Tout ce que je viens de vous dire, vous- il portera témoignage contre vous.
le voyez, vous le connaissez, vous en gémissez
mais Dieu voit aussi que rien ne vous retien-
;
drait dans votre schisme sacrilége, si vous pré- LETTRE XLIV (I)
fériez le royaume spirituel aux affections de la
chair, et si, pour éviter les peines éternelles, Saint Augustinrapporte dans cette lettre les con-
férences préliminairesquil a eues, pour rétablir
vous ne craigniez de blesser des amitiés hu-
la paix et la concorde, avec Fortunius,évêque
maines, qui ne vous serviront de rien au tri-
bunal de Dieu. Allez donc, consultez deman- ;
dez à vos amis ce qu'ils peuvent répondre à ce
donatiste, et témoigne le désir qu'on achève, dans
de plus nombreuses réunions. ce qu'on avait com-
mencé à discuter paisiblement.
que nous avons dit. S'ils produisent des actes,
nous en produisons aussi. S'ils prétendent que A SES TRÈS-CHERS SEIGNEURS ET ESTIMABLES
les nôtres sont faux, qu'ils ne s'irritent pas si FRÈRES ELEUSIUS, CLORIUS ET LES DEUX FÉLIX.
nous en disons autant des leurs. Personne ne AUGUSTIN, SALUT.
peut effacer dans le ciel la constitution de Dieu,
pas plus qu'on ne peut effacer son église de la CHAPITRE Ier.— 1. En nous rendant àl'église
terre. Il a promis à Jésus-Christ le monde en- de Cirte (2), nous avons passé par Tibursi (3),
(1) Ecrite environ le même temps que la précédente. Cette lettre était la 163e dans les éditions antérieures à
l'édition des Bénédictins et celle qui était la 44e se trouve—maintenant la 17e.
(2) Saint Augustin et ses compagnons faisaient ce voyage pourordonner un évêque à la place de Profuturus, mort
peu de tempsaprès son élévation à l'épiscopat. (Voir le nombre 13 de cette lettre). On voit au second livre contre les
lettres de Pétilien, c. XCIV, que Profuturus eut pour successeur Fortuné, l'un des sept evèques choisis pour la défense
de l'Eglise catholique dans la conférence de Carthage l'an 411.
(3) Tibursi était une ville épiscopale de la province de Carthage.
nescio quæ conflavit adversus absentem Primia- nisi malos, nec in eælum admittit nisi bonos, Erit
num, et ceteram per Africam multitudinem Pri- autem vobis hic sermo, quem de numere Dei novit
miano communicantem. Quid apertius cernitur ? ipse, quanta et pacis et vestra dilectione de-
quid æquius postulatur ? promsimus, correctio si velitis, testis vero etsi
27. Videtis haee omnia, et nostis, et gemitis: et nolitis-
tamen videt et Deus quod vos in tam pestifera et
sacrilega præcisione nulla res cogit remanere, si EPISTOLA XLIV
pro adispicendo spiritali regno carnalem superetis
affectum, et amicitias hominum, quæ in judicio Augustinus refert quæ cœpta sint agi de concordia
Dei nihil proderunt, pro devitandis sempiternis cum Fortunio Donatistarum episcopo, euptens ut sine
pœnis non timeatis offendere. Ecce ite, consulite, tumultu, quod placide cœptum est, perficiatur con-
quid contra hæc nostra possint respondere cognos-
cite: si proferunt chartas, proferimus chartas si
falsas nostras esse dicunt, hoc nos de suis dicere
: ventu frequentiore.
DOMINIS DILECTISSIMIS ET PRÆDICABILIBUS FRATRIBU3
ELEUSIO. GLORIO ET FELICIBUS, AUGUSTINUS.
non indignentur. Nemo delet de cælo constitutio-
nem Dei, cemo delet de terra Ecclesiam Dei: ille CAPUT I. — 1. Fortunium quem (a) Tubursicum
totum orbem promisit, ista tota orbem replevit : habetis episcopum, per eamdem civitatem, quam-
et malos habet et bonos, sed nec in terris amittit quam festinantissime, cum ad Cirtensem Ecclesiam
(a) In duobus Vaticanis codicibus, Tybusircum.
et, quoique bien pressés, nous avons fait, dans esprit de simplicité et de religion. C'était un
cette ville, une visite à votre évêque Fortu- bruit confus de gens qui parlaient librement,
nius, que nous avons trouvé en tous points tel sans modération, chacun selon les mouvements
que vous aviez eu la bonté de nous le promettre. qui l'entraînaient, et nous ne pûmes jamais, ni
En effet, lui ayant fait savoir ce que vous nous par prières, ni par menaces, les obliger à gar-
aviez dit de lui, le désir que nous avions de le der le silence.
voir, il ne s'y refusa pas. En conséquence, nous 2. La discussion s'engagea néanmoins, et
nous rendîmes près de lui. C'était une défé- nous parlâmes tour à tour pendant quelques
rence que nous devions à son âge, plutôt que heures, autant que nous le permettaient toute-
d'exiger qu'il vînt nous trouver. Nous nous di- fois ces voix tumultueuses, qui, de temps à
rigeâmes donc vers sa demeure, où m'accom- autre, gardaient un moment le silence. Mais,
pagnèrent tous ceux qui alors étaient avec comme au commencement de la discussion,
moi. Lorsque nous eûmes pris place chez lui, nous vîmes que ce qui avait été dit échappait à
le bruit de notre arrivée attira bientôt une notre mémoire et à celle des gens dont nous
grande foule dans laquelle se trouvaient bien cherchions avant tout le salut, nous deman-
peu de gens qui désirassent tirer quelque utilité dâmes des scribes, pour recueillirnos paroles,
et quelque conseil salutaire de notre confé- afin que vous etnos autres frères absents pus-
rence, et entendre discuter dans un esprit de siez prendre connaissance de tout ce qui se
piété et de sagesse une question d'une aussi
haute importance. La plupart étaient venus là
comme ils vont au théâtre, plutôt pour jouir
rents s'y refusèrent longtemps ;
serait passé entre nous. Fortunius et ses adhé-
cependant,
votre évêque finit par y consentir.. Mais les
du spectacle de nos discussions, que pour écou- scribes qui étaient présents, et qui auraient pu
ter avec une dévotion chrétienne, une instruc- facilement remplir cette tâche, refusèrent, je
tion concernant leur salut. Aussi nous ne pûmes ne sais pour quel motif, de nous prêter leur
obtenir d'eux ni silence, ni attention, ni même concours. Nous décidâmes les frères qui étaient
de retenue ou d'ordre, quand ils nous adres- avec nous à s'en charger, malgré leur peud'ha-
saient la parole, à l'exception de quelques-uns, bitude et par conséquent leur lenteur pour un
qui, comme je l'ai dit, étaient venus dans un tel travail. Nous promettions, d'ailleurs, de lais-
pergeremus experti sumus ita omnino, ut de sive nos, sive ipse rogando, interdum etiam objur-
illo soletis benignissime polliceri. Eam ipsam gando potuimus, ut nobis modestum silentium præ-
quippe vestram de illo nobis sermocinationem cum beretur.
ei renuntiaremus, volentes eum videre, non abnuit. 2. Res tamen utcumque agi cœpta est, et aliquot
Venimus itaque ad eum; quia ætati ejus id a nobis horas in alterno sermone protraximus, quantum
deferendum videbatur, potius quam exigendum ut vocibus interquiescentibus varie tumultuantium
ipse ad nos veniret prior. Perreximus ergo comi- sinebamur. Sed in ipso disputationis exordio, cum
tantibus non paucis, quos forte aggregatos nobis videremus ea, quæ dicebantur, subinde labi de me-
illud tempus invenerat. Cum autem apud eum con- moria vel nostra, vel eorum quorum salutem ma-
sedissemus, rumore disperso non parva præterea xime curabamus: et ut esset nobis cautior modes-
turba confluxit; sed nobis, in tota illa multitudine tiorque tractatio, simul ut et vos atque alii fratres,
perpauci apparebant, qui utiliter ac salubriter agi qui absentes erant, quid inter nos actum essel,
caussam illam, et tantam reique tantæ quæstionem legendo cognosceretis, postulavimus ut a notariis
prudenter et pie discuti cuperent. Ceteri vero magis verba nostra exciperentur, Diu ab illo vel ei consen-
ad spectaculum quasi altercationis nostræ prope tientibus reluctatum est; postea tamen ipse con-
theatrica consuetudine, quam ad instructionem cessit. Sed notarii qui aderant, atque id strenue
salutis Christiana devotioue convenerant. Quaprop- facere poterant, nescio qua caussa excipere nolue-
ter nec silentium nobis præbere, nec intente no- runt. Egimus saltem ut fratres qui nobiscum erant,
biscum atque modeste saltem et ordinate colloqui quamquam in hac re tardius possent, exciperent,
potuerunt, exceptis, ut dixi, paucis, quorum reli- pollicentes nos ibi easdem tabulas relicturos. Con-
et
giosa simplexapparebat intentio. Itaque liber sensum est. Ceperunt verba nostra excipi, et aliqua
pro sui cujusque animi motu immoderate loquen- ab invicem ad tabulas dicta sunt. Postea inordinatas
tium omnia strepitu turbabantur, nec evincer e perstrepentium interpellationes, et propterea no-
serun double des tablettes. On y consentit. Nos ou celle qui est établie dans une petite partie
paroles commencèrent donc à être recueillies, et de l'Afrique, et qui n'est composée que d'un
de part et d'autre bien des choses étaient déjà petit nombre d'Africains? Ici, il s'efforça d'a-
consignées sur les tablettes, mais les interpel- bord de soutenir que sa communion était ré-
lations désordonnées de la foule et l'ardeur pandue dans tout l'univers. Je lui demandai s'il
même de notre discussion empêchèrent les écri- pouvait me donner, pour aller partout où je
vains de nous suivre et ils cessèrent leur tra- voudrais, des lettres de communion que nous
vail. Nous n'arrêtâmes pas pour cela la dispute, appelons (1) lettres formées ou testimoniales, et
et bien des choses furent dites encore, selon la j'affirmai, ce qui était d'ailleurs évident pour
faculté que chacun avait de parler. Je n'ai pas tous, que par là toute question pouvait être
voulu priver votre amitié de tout ce que nous facilement terminée. J'ajoutai que, s'il y con-
avons dit et fait dans cette cause, autant toute- sentait, j'étais prêt à envoyer de pareilles let-
fois que ma mémoire m'a été fidèle. Vous pou- tres à ces églises, que, de part et d'autre, nous
vez faire lire ma lettre à Fortunius, pour qu'il reconnaîtrions comme ayant été fondées du
reconnaisse la vérité de ce que j'aurai écrit, ou temps des apôtres et par leur autorité.
que lui-même vous explique les choses qu'il 4. Mais comme ce qu'il avait avancé était
aurait mieux retenues que moi. manifestement faux, après quelques paroles
--
-
CHAPITRE II. — 3. Il a d'abord daigné jetées confusément dans la discussion, on ne
louer notre manière de vivre, qu'il disait con- s'en occupa plus. Il cita entre autres cet aver-
naître déjà par le rapport que vous lui en avez
fait peut-être avec plus de bienveillance que de
vérité. Il ajouta qu'il vous avait dit que tout
:
tissement de Jésus-Christ : « Gardez-vous des
faux prophètes il en viendra sous la peau de
brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravis-
ce que vous lui aviez appris sur notre compte
serait bon, si nous le faisions dans l'église.
seurs ; vous les reconnaîtrez à leurs fruits
(.Matth., VII,15). » Après lui avoir dit que nous
Nous lui demandâmes alors quelle était cette pouvions leur appliquer les mêmes paroles du
église dans laquelle il faut être, pour vivre Seigneur, nous arrivâmes à la question des
dans le bien, si c'était celle qui, selon les saintes persécutions, que son parti, prétendait-il, avait
Écritures, devait se répandre sur toute la terre, si souvent éprouvées, voulant montrer par là
(1) C'est au sujet de ces lettres testimoniales que saint Optat pressait les Donatistes. Dans son livre II, il leur dit :
l'univers tout entier par cet échange et ce commerce de lettres formées est uni avec nous de communion. Les évêques donnaient
à leurs diocésains de ces lettres de communion, quand ils étaient obligés de faire quelque voyage. Les évêques mêmes,
d'après le vingt-troisième canon de l'église d'Afrique, devaient en demander à leur primat, lorsqu'ils avaient à passer
la mer. Le refus qu'on aurait fait, de recevoir de pareilles lettres de la part des Donatistes, était une preuve de leur
schisme, et c'est ce qui engage saint Augustin à proposer ce moyen à Fortunius.
;
stram quoque turbulentiorem disputationem nota-
rii nun valentes sustinere, cesserunt nobis sane
non desistentibus, et ut cuique facultas dabatur,
quam pars exigua vel Afrorum vel Africæ contine-
ret. Hic primo asserereconatus est, ubiqueterrarum
esse communionem suam. Quærebam utrum epi-
multa dicentibus. Ex quibus omnibus verbis no- stolas communicatorias, quas formatas dicimus,
,
stris, quantum recordari potui, caussæ totius actio-
nem dilectionem vestram fraudare nolui. Pote-
stisenimeilitterasmeaslegere ut vel approbet
posset quo vellem dare, et affirmabam quod ma-
nifestum erat omnibus, hoc modo facillime illam
recolit,
;
veramescripsisse velipse vobis,
incunctancter insinuet.
si
quidmelius
terminari posse quæstionem. Parabam autem, ut si
consentiret, ad illas ecclesias a nobis tales litteræ
mitterentur, quas in apostolicis auctoritatibus
CAPUT, II. — 2. Primo enim vitam nostram, pariter legeremus illo jam tempore fuisse funda-
quam vobis benevolentius fortasse quam verius tas.
narrantibus, se comperisse dicebat, prædicare di- 4 Sed quia res aperte falsa erat, permixtis verbis
:
gnatus est adjungens se dixisse vobis, nos omnia, cito inde discessum est, inter quæ verba evangeli-
quæ de nobis insinuaratis, bene facere potuisse, si cam illam Domini admonitionem commemoravit,
in Ecclesia faceremus. Deinde quærere cœpimus, qua dixit; « Cavete a pseudoprophetis; multi ad
quænam illa esset Ecclesia, ubi vivere sic oporteret, vos venient in vestitu ovium, intus autem sunt
lu-
utrum illa quæ, sicut sancta tanto ante Scriptura pi rapaces ; ex fructibus eorum cognoscetis eos
prædixerat, se terrarum orbe diffunderet, an illa (MaUh.,VII, 15). » Quae verba Domini cum dice-
que ceux de sacommunion étaient chrétiens, Nous répondîmes, de notre côté, que c'était
parce qu'ils souffraient persécution. Comme je leur chef qu'on devait avant tout accuser de ce
me préparais à lui répondre d'après l'Évangile crime, et que, s'ils ne voulaient pas ajouter foi
même, il me prévint, et me cita le chapitre où aux témoignages des nôtres, ils ne pouvaient
:
le Seigneur dit u Heureux ceux qui souffrent pas nous forcer de nous en rapporter à la pa-
persécutionpour lajustice, parce que le royaume role des leurs.
des cieux est à eux (Matth., v, 10). » Profitant CHAPITRE III.
— 5. Mettant
de côté cette
de sa citation même, je l'invitai aussitôt à exa- question incertaine, je lui demandai comment
miner si les siens avaient souffert persécution ils avaient pu se séparer du reste des chrétiens
pour la justice. Je voulais, dans cette question, auxquels on n'avait rien à reprocher, et qui,
discuter, ce qui était d'ailleurs connu de tous, dans leurs églises les plus anciennes du monde,
si au temps de Macaire (1) ils étaient encore restés fidèles à l'ordre de succession dans l'uni-
dans l'unité de l'Église catholique, ou s'ils ne vers entier,ignoraient entièrementquels étaient
s'en étaient pas déjà séparés par le schisme. en Afrique les traditeurs des saintes Écritures,
En examinant d'abord s'ils avaient eu raison et ne pouvaient, par conséquent, demeurer en
de se séparer de l'unité du monde entier, on communion, qu'avec ceux qu'ils savaient assis
verrait s'ils avaient été persécutés pour la jus- sur les sièges épiscopaux. A cela, Fortunius me
tice, car si leur séparation avait eu lieu sans de répondit que les églises d'outre-merétaient res-
justes raisons, il devenait manifeste, que c'était tées innocentes et irréprochables, jusqu'au mo-
pour l'injustice et non pour la justice qu'ils ment où elles avaient consenti à l'effusion du
avaient souffert persécution, et qu'on ne pou- sang de ceux qui avaient souffertla persécution
vait pas les mettre au nombre de ceux dont de Macaire. Je pouvais lui répondre que l'inno-
:
l'Apôtre dit a Heureux ceux qui souffrent per- cence des églises d'outre-mer, n'avait pu être
sécution pour la justice. » Alors Fortunius rap- atteinte par les actes des temps macariens,
pela la question, plus célèbre que certaine, puisque rien ne prouvait leur complicité dans
;
concernant les traditeursdes Livres saints. ces actes mais pour abréger la discussion,
(1) Voyez, sur les temps de Macaire, la note sur la lettre vingt-troisième.
remus eadem de illis a nobis posse recitari, ventum Quod si injuste fecisseinvenirentur, manifestum es-
inde est ad exaggerationem persequutionis, quam set eos propter injustitiam potius quam propter
sæpe suam partem pertulisse dicebat; hinc volens justitiam passos persequutionem: et ideo numero
ostendere suos esse Christianos, quia persequutio- beatorum adjungi non pose, de quibus dictum est
nem paterentur. Inter quæ verba cum ego pararem « Beati qui persequutionem patiuntur propter ju-
ex Evangelio respondere, inde capitulum comme- stitiam. » Ibi commemorata est famosior quam cer-
;
moravit prior. Ubi Dominus ait « Beati qui perse-
quutionem patiuntur propter justitiam, quoniam ip-
tior codicum illa tradicio. Sed respondebatur a
partibus nostris, principes illorum potius fuisse
sorum est regnum cælolum (Matth.,V, 10). » Quo traditores. Quod si de hac re nostrorum litteris nol-
loco ego gratulatus, subjeci statim, id ergo esse lent credere, nec nos cogi opprtere, ut litteris cre-
quærendum, utrum illi persequutionem propter damus ipsorum.
justitiam passi fuerint. In qua quæstione discuti CAPUT III. — 5. S'ed tamensequestrataistadu-
cupiebam, quod quidem omnibus clarum erat, bia quaestione, quærebam modo se isti juste sepa-
utrum eos in unitate Ecclesiæ constitutos, an schi- rassent ab innocentia ceterorum Christianorum.
smate jam divisos (a) Macariana temporainvenerint, qui per orbem terrarum suecessionis ordinem cu-
ut qui videre vellent, utrum propter justitiam per- stodientes, in antiquissimis ecclesiis constituti
sequutionem passi fuerint, id potius adtenderent, penitus ignorarent qui fuerint in Africa traditores;
utrum se recte a totius orbis unitate præciderint. qui certe non possent communicare, nisi eis quos
(a) Macarius cujus gesta in Catholicos calumniose objectabant Donatistæ, adeo ut ex ipsius nomine Macarianos illos
:
appellarent, a Constante imperatore circ. an 348, missus fuit in Africam una cum Paulo, tum ut elecmosynas erogaret
;
in pauperes, tum ut siugulos ad unitatem caLholicam adhortaretur. Cui episcopi Donatistæ, in primis Donatus Cartha-
;
ginensis et Donatus Bagaiensis vehementer obstiterunt quin et in cum concitarunt Circum celliorum furorem e quibus
permulti a militibus necati, et Martyrum titulo apud Donatistas exornati inter cos celebriores Marculus et Donatus,
scilicet Bagaiensis. Alter aurem Donatus cum iis, qui ad concordiam revocari nollent, fugam posLmum arripuit, sive
in exsilium relegatus fuit, ex Optato in lib. Ill, partim etiam ex Augustino etc..
I
j'aimai mieux lui demander si, en faisant même
un crime aux églises d'outre-mer de leur pré-
tendu consentement aux cruautés de Macaire,
quelqu'un en Thrace , ,
nom africain, il ne serait pas impossible que
portât un nom afri-
cain, ou que quelque Africain fût évèque dans
il pouvait du moins me prouver que jusqu'à cette contrée. Nous ne trouvâmes d'ailleurs
dans ces lettres, ni date, ni nom de consul qui
cette époque, les Donatistes étaient restés unis
de communion avec les églises d'Orient et de pussent nous éclairer d'une manière certaine
toutes les autres parties de la terre. sur le temps où elles avaient été écrites. Mais
6. Alors il produisit un certain livre, par le- comme je ne savais pas l'époque où nous avions
quel il voulait me montrer que le concile de entendu dire que les Ariens, au moment de
Sardique (1) avait envoyé des lettres à des leur séparation de la communion catholique,
évêques africains de la communion de Donat. avaient essayé de se réunir aux donatistes, ce
Pendant qu'il faisait cette lecture, nous enten- fut mon frère Alype qui me le souffla à l'o-
dîmes prononcer le nom de Donat parmi ceux reille : alors prenant le livre même, et exami-
des autres évêques, auxquels ce concile de Sar- nant les décrets de ce même concile, j'y lus
dique avait écrit. Nous demandâmes si c'était qu'Athanase, évêque catholique d'Alexandrie,
ce même Donat faisant partie de leur commu- dont la lutte contre les Ariens a été si animée
nion, car il pouvait se faire que ce fût aussi le et si célèbre, et Jules, évêque de l'église de
,
nom de quelque Donat, évêque d'une autre Rome, non moins fervent catholique qu'Atha-
hérésie, auquel ceux de Sardique eussent écrit, nase avaient été condamnés par ce concile de
d'autant plus que ces lettres ne faisaient aucune Sardique. Il fut donc prouvé pour nous que ce
mention de l'Afrique. Comment donc était-il concile était composé d'Ariens auxquels ces
possible de prouver que ce Donat fût le Donat évêques catholiques opposaient la plus vive
chef des Donatistes, puisqu'on ne pouvait même résistance. Nous voulûmes emporter ce livre,
pas prouver si ces lettres avaient été spéciale- pour examiner avec plus de soin les circons-
ment adressées à des évêques d'Afrique. Quoi- tances et les temps, mais Fortunius s'y refusa,
que le nom de Donat soit ordinairement un en disant que nous le trouverions toujours là,
futSardiqueétait une ville de
(1) laThrace (Bulgarie).
Il est ici question du concile arien; tenu à Sardique l'an 347, et
où condamné Athanase, évêque d'Alexandrie, l'un des plus zèlés défenseurs de la doctrine catholique contre les
Ariens.
F sedere in sedibus episcopalibus audiebant. Respon- Donatus, de cujus parte isti cognominantur: fieri
L dit, tandiu transmarinarum partium ecclesias man- enim potuisse, ut alicui Jonato alterius hæresis,
sisse innocentes, donee consensissent in eorum episcopo scripserint, cum maxime in illis nominibus
sanguinem, quos Macarianam persequutionen per- nec Africæ mentio facta fuerit. Quomodo ergo pos-
tulisse dicebat. Ubi ego possem quidem dicere, set probare Dunatum partis Donati episcopum no-
nec invidia Macariani temporis innocentiam trans- mine illo accipiendum esse, quando ne id quidem
marinarum ecclesiarum contaminari potuisse; probare posset, utrum ad Africanarum specialiter
quandoquidem nullo modo probaretur illis aucto- ecclesiarum episcopos illæ litteræ missæ fuerinti
ribus fecisse etiam quæ fecerat. Sed de compendio Quamquam enim Donati nomen Afrum esse soleat,
quærere malui, si Macarii sævitia, ex quo in eam non tamen repugnaret a vero, ut vel partium illarum
consensisse dicebantur transmarnæ ecclesiæ, suam aliquis vocaretur nomine Afro, vel aliquis Afer
innocentiam perdiderunt, utrum saltem probaretur in illis partibus constitueretur episcopus. Neque
usque ad illa tempora Donatistas cum Orientalibus enim in eis vel diem vel consulem invenimus, ut
Ecclesiis ceterisqne orbis partibus in unitate man- saltem consideratis temporibus certi aliquid eluce-
sisse. ret. Sane quoniam nescio quando audieramus
6.Tuncprotulitquoddam volumen,
-
ubivolebat
ostendere Sardicense concilium ad episcopos Afros,
qui erant communionis Donati, dedisse litteras.
Arianos, cum a communione catholica discrepas-
:
sent, Donatistas in Africa sibi sociare tentasse ad
aurem mihi hoc ipsum frater Alypius suggessit.
Quod cum legeretur, audivimus Donati nomen in- Tunc accepto ipso volumine, ejusdem concilii sta-
ter ceteros episcopos, quibus illi scripserant. Itaque tuta considerans, (a) legi Athanasium episcopum
flagitare cœpimus ut diceretur, utrum ipse esset Alexandrinum catholicum, cujus maxime adversus
(a) Apud Bad. Am. Er. et plures MSS legit.
quand nous voudrionsychercherquelque chose. tôt demandé pourquoi il croyait nécessaire de
Je demandai alors la permission d'y mettre une le rebaptiser. Comme il était contraint de dire
je
marque de ma main, par crainte, l'avoue, que les motifs pour lesquels on ne devait regarder
si les circonstances me forçaient à y recourir, Ambroise ni comme chrétien, ni comme juste,
on ne m'en présentât un autre, Fortunius n'y je lui rappelai alors (1) la persécution que cet
consentit pas davantage. évêque avait éprouvée, quand il vit. son église
CHAPITRE IV. — 7. Il me demanda ensuite, entourée et assiégée par des soldats armés. Je
en me pressant de lui répondre, lequel des lui demandai également s'il croyait juste et
deux je croyais juste, de celui qui persécute, chrétien ce Maximien qui avait fait schisme
ou de celui qui souffre persécution. Je lui dans leur parti à Carthage, et comme il ne
répondis que la question n'était pas bien posée ; pouvait répondre que négativement,je rappelai
car il pouvait se faire que l'un et l'autre fus- à sa mémoire que Maximien souffrit aussi une
sent injustes, ou bien que le moins juste fut le telle persécution, que son église fut détruite de
persécuté, et le plus juste, le persécuteur. Il fond en comble. Je cherchais par ces exemples
n'est donc pas logique de dire que le plus juste à lui faire comprendre que même quand on
est celui qui souffre la persécution, quoique souffre persécution, ce n'est pas pour cela
ce soit ce qui arrive le plus ordinairement. une preuve, certaine que l'on soit juste et chré-
Voyant l'insistance de Fortunius pour établir tien.
la justice de son parti sur les persécutions que 8. Fortunius raconta encore qu'au commen-
les siens avaient éprouvées, je lui demandai cement de la séparation, ceux qui l'avaient
s'ilregardait commejuste et chrétien Ambroise, précédé dans le schisme, cherchant tous les
évêque de l'Eglise de Milan. Il se vit forcé de moyens possibles d'étouffer la faute de Cécilien
nier la justice et la foi de ce saint homme. En et de maintenir l'unité, et avant d'ordonner
effet, s'il l'avait avoué, nous lui aurions aussi- Majorin à la place de Cécilien, avaient établi (2)
(1) Il s'agit ici de la persécution dirigée contre saint Ambroise par l'impératrice Justine arienne, mère de l'empereur
Valentinien.
(2) On appelait interventor celui qui gouvernait, une église pendant la vacance du siège.
Arianos acerrimarum disputationum conflictus emi- persequutionempassa fuerit; quæsivi ab eo, utrum
nuit, et Julium. ecclesiae Romanæepiscopum, nihil- justum et Christianum putaret episcopum Medio-
ominus catholicum, illo concilio Sardicensi fuisse lanensis ecclesiæ Ambrosium. Cogebatur utique
improbatos.Unde apud nos constitit Arianorum
fuisse concilium, quibus isti episcopi catholici
negare, quod ille vir Christianus esset et justus
quia si fateretur, statim objiceremus quod eum re-
:
vehementissime resistebant. Itaque ad diligentio- baptizandum esse censeret. Cum ergo ea loqui co-
rem etiam temporum discussionem voluimus ip- geretur, quibus ille non esset habendus Christianus
sum volumen accipere atque auferre nobiscum.
Qui noluit dare, dicens, ibi nos habere illud,
quando aliquid in eo considerate vellemus. Rogavi
pertulerit,
et justus, commemoravi quantam persequutionem
circumdata etiam militibus armatis
ecclesia. Quæsivi etiam utrum Maximianum, qui
etiam ut manu mea notari permitteret, fateor, ab eis apud Carthaginem schisma fecerat, et justum
timens ne mihi forte causa exigente, cum peten- et Christianum putaret. Non poterat nisi negare.
dum esset, pro illo aliud proferretur neque hoc vo- Commemoravi ergo etiam illum talem persequu-
luit. tionem pertulisse, ut ecclesia ejus usque ad funda-
CAPUT IV. — 7. Deindemihi cœpitinstare, ut ad mentadirueretur. His igitur exemplis ei, sipossem,
interrogationem suam breviter responderem, quæ- persuadere moliebar, ut jam desineret dicere perse-
rens a me quem justum putarem, eum qui perseque- quutionis perpessionem Christianæ justitiae certis-
retur, an eum qui persequutionempateretur. Cui res- simum esse documentum.
pondebam,nonrecte ita interrogari: fieri enim posse 8. Narravit etiam in ipsa schismatis novitate
ut ambo iniquisint, fieri etiam posse ut iniquiorem majores suos, cum cogitarent culpam Cæciliani, ne
justior persequatur. Non ergo esse consequeus, ut schisma fieret, quoquo modo velle sopire, dedisse
,
ideo sit qnisque justior, quia persequutionem pa-
titur quamvis id plerumque contingat. Deinde
cum viderem in hoc eum multum immorari, ut ju-
quemdam interventorem populo suae communio-
nis apud Carthaginem constituto, antequamMajo-
rinus adversus Cæcilianum ordinarelur. Hunc ergo
stitiam suæ partis ex eo certam vellet intelligi, quia interventorem in suo conventiculo a nostris dicebat
provisoirement, pour diriger le peuple de leur rendent coupables de pareilles actions, qu'il
communion à Carthage, un chef qui avait été est plus facile aux Donatistes de nous reprocher
tué par les nôtres dans son église. J'avoue que que d'en donner la moindre preuve, tandis que
je n'avais jamais entendu parler de cet événe- la plupart d'entre eux, clercs, prêtres et évê-
ment, au milieu de tant d'accusations contre ques, au milieu de troupes de furieux, ne ces-
lesquelles les nôtres avaient eu àse défendre, sent de commettre, autant qu'ils le peuvent,
en objectant àleurs ennemis des faits bien violences sur violences, meurtres sur meurtres,
plus graves et plus nombreux que ceux qu'on non-seulement contre les catholiques, mais
leur reprochait à eux-mêmes. Après ce récit, encore contre leurs propres partisans. Cepen-
Fortunius me demanda avec insistance quel dant, dissimulant tous ces crimes qu'il connais-
était celui des deux que je croyais juste, de sait fort bien, il me pressait de dire si jamais
celui qui avait tué ou de celui qui avait été tué, aucun juste avait tué un méchant. Cette
comme s'il m'avait déjà prouvé la réalité du demande n'appartenaitdéjà plus à la question,
fait. Je lui répondis donc qu'il fallait avant puisque nous déclarions que de pareils actes,
tout examiner si la chose était vraie, car on ne fussent-ils couverts du nom de chrétien,
ne
pouvait pas témérairement ajouter foi à tout pouvaient être accomplis par des gens de bien.
ce qui se dit; que cependant il pouvait se faire à
Cependant pour le ramener la vraie question,
que l'un et l'autre fussent également méchants, nous lui demandâmes s'il ne croyait pas à la
ou même qu'un méchant en tuât un autre justice d'Elie. Il ne put le nier. Nous lui
encore plusméchant que lui. En effet, il peut demandâmes alors combien Elie avait tué de
arriver que celui qui rebaptise un homme et faux prophètes de sa main. Il reconnut donc
le tue ainsi tout entier corps et âme, soit plus ce qu'il fallait reconnaître, c'est-à-dire que de
criminelque celui qui lui ôte seulement la vie telles actions avaient été permises aux justes.
du corps. Ils agissaient sous l'inspiration d'un esprit
9. Après cela, Fortunius pouvait se dispenser prophétique et par l'autorité de Dieu, qui con-
de me demander si des chrétiens et des justes naît sans doute ceux à qui il est même utile de
;
pouvaient tuer un homme quelque méchant
qu'il fût comme dans l'Eglise catholique,
nous donnions le nom de justes à ceux qui se
perdre la vie.Cependant Fortunius me pressait
toujours de lui faire voir,depuis les temps de la
nouvelle alliance, l'exemple d'un juste qui
tractatum, quo volebamus ostendere, neque nos plures quam Johannes, cum ipse non baptizaret,
illis debere objicere suorum scelera, neque illos sed discipuli ejus, hoc est per suos discipulos bapti-
nobis, si qua invenirentur talia facta ncstrorum. De zaret (Johan., IV, 1). Quomodo ergo dabant, quod
novo enim Testamento ostendi quidem non posse,
quod justus quisquam interfecerit aliquem
tamen illud probari posse ipso exemplo Domini,
: sed
non acceperant, quod ipsi maxime solent dicere.
An forte Christus baptismo Johannis baptizabat?
Deinde in hac sententia multa quœsiturus eram,
sceleratos ab innocentibus fuisse toleratos. Tradito- quomodo ab ipso Johanne tunc qusesitum sit de
rem enim suum, qui jam pretium ejus acceperat, baptismo Domini, et respondent quod ille haberet
usque ad ultimum pacis osculum inter iunocentes sponsam, et ille esset sponsus (Johan., v, 29). Num-
secum esse perpessus est. Quibus non tacuit esse quid ergo fas erat ut baptismo Johannis baptizaret
inter illos tanti scelerishominem; ettamen primum sponsus, id est baptismo amici vel servi. Deinde
sacramentum corporis etsanguinis sui, nondumillo quomodo poterant eucharistiam accipere nondum
excluso, communiter omnibus dedit. Quo exemplo baptizati, aut quomodo Petro volenti ut totum se
cum prope omnes moverentur, tentavit dicere, ante lavaret, responderit. Qlád lotus est semel, non eum
passionem Domini communionem illam cum scele- oportetiterumlavari, sed est mundus totus (Johan.,
rato non obfuisse apostolis, quia nondum habebant XIU, 10)? Perfecta enim mundatio non in
Johannis,
baptismum Ghristi,sed baptismum Johaunis. Quod sed in (a) Domini baptismo est, si eo se dignum
posteaquam dixit, coepi ab eo quærere, quemadmo- qui accipitpreebeat; siautemindiguum, sacramenta
dum ergo scriptum esset, quod Jesus baptizaverit in eo non ad salutem, sed ad perniciem, permane-
:
nous avait appris la tolérance et l'amour de la
paix, en nous disant « Supportez-vous les uns
les autres avec charité, ayant soin de conserver
louanges, que cepen ant si ce même Genetlhius
était tombé entre leurs mains, ils ne se seraient
pas fait scrupule de le rebaptiser. Nous étions
l'unité de l'esprit par le lien de la paix (Eph., déjà debout lorsque nous prononçâmes ces
iv, 3). » Avaient-ils observé cette tolérance et paroles, car nous étions pressés de partir. Le
cet esprit de paix, les auteurs de ce schisme, vieillard nous répondit que c'était chose arrêtée
utrumque sermocinantibus:i
11. Inde itnm est in aliud, multis ut poterant
:
nter quae dictum est
datione praædicatam, sicut exemplo Domini et novi
Testamenti caritate : et tamen Prophetas illos et
quod adhuc eos nostri persequuturi essent nobisque sanctos viros dicere solere in populum scelera eo-
dicebat, videre se velle quales nos essemus in rum, cum tamen se ab illius populi unitate et a
illa persequutione prsebituros, utrum consensuri communione pariter accipiondorum sacramento-
essemus tali sævitise, an nullum commodaturi con- rum, quae tunc fuerunt, divellere non tentassent.
:
sensum. Nos dicebamus Deum videre corda nostra,
quae ipsi nonpossent
12. Inde nescio quomodoventum est ad comme-
et illostemere sihi adhuc ista morationem beatae memoriae Genethlii Garthagi-
metuere, qua: si contigerint, a malis contingere, nensis Ante Aurelium Episcopi, quod nescio quam
quibus deteriores ipsi habent: nec tamen ideo nos constitutionem datam contra illos compresserit, et
a catholica communione sagregare debere, si qui effectum habere non siverit. Laudabant illum om-
forte nobis invitis,vel etiam, si valuerimus, contra- nes, et benignissimepraeferebant. Inter quaslaudes
;
dicentibus factum fuerit, cum tolerantiam pacificam a nobis subjectum est, quod etiam ipse tamen
didicerimus, dicente Apostolo Suffereates invicem Genethlius, si in eorum manus incidisset rebapti-
in dileclione, studentes servare unitatem spiritus in zandus censeretur. Et hæcjam stantes loquebamur,
vincalo pacis (Eph.,IV,3). Quam pacem atque tole- quia discedendi tempus urgeret. Ibi plane ille senex
rantiam illos non tenuisse dieebamus, qui schisma dixit, jam formam esse factam, ut quisquis ad eos
fecerunt, ut nunc inter suos, qui mitiores eorum fidelium a nobis venerit, baptizetur, quod eum invi-
sunt, graviora tolerent, ne scindatur quod scissum tum et cum Jolore animi dicerel quantum voterat,
chez eux de rebaptiser tout chrétien de notre plusieurs de nos collègues, du moins dix, tout
communion qui se présenterait à eux. Il était disposés à examiner cette question avec la
facile de voir que c'était malgré lui et avec même bienveillance, la même douceur et le
douleur qu'il nous disait cela. Comme il gémis- même zèle qu'il avait bien voulu reconnaître
sait sur les violences commises par les siens, et et approuver en nous. Fortunius nous promit
témoignait, ce qui est prouvé d'ailleurs par le de fournir un nombre égal de collègues de sa
témoignage de toute sa ville, son aversion pour communion.
de pareils faits, qu'il avait coutume de repro- CHAPITRE VI.
— 13. Nous vous prions
cher à ceux de son parti, avec un esprit de donc, nous vous conjurons par le sang de Notre
douceur et de modération, nous lui rappelâmes Seigneur de lui rappeler sa promesse, et d'in-
le passage du prophète Ezéchiel où il est dit, sisterfortement, pour que cette affaire si heu-
:
qu'il ne faut pas imputer au père la faute du
fils, ni au fils celle du père « Comme l'âme
du père est à moi, de même l'âme du fils est
reusement commencée soit conduite à bonne
fin, comme vous pouvez déjà l'entrevoir. Je
doute cependant que vous trouviez dans vos
également à moi, car l'âme qui aura péché est évêques autant de condescendance au bien
la seule qui mourra (Ezech.,XVIII, 4 et 20). » commun, et autant de bonne volonté que nous
Alors tout le monde convint que dans de telles en avons remarqué dans ce vénérable vieillard.
discussions, nous devions désormais éviter de
nous objecter les uns aux autres les violences
exercées par les méchants. Restait encore la
En effet, le lendemain il vint nous trouver, et
nous entamâmes de nouveau la question mais
comme nous étions pressés d'aller ordonner un
;
question du schisme. Nous exhortâmes Fortu- évêque, nous ne pûmes rester plus longtemps
nius à se joindre à nous dans un esprit de cha- avec lui. Nous avions déjà envoyé quelques-uns
rité et de paix, pour terminer, par un examen des nôtres vers le chef des Célicoles (1) qui,
sérieux, cette question si importante. Comme il comme nous l'avions appris, avait établi un
nous disait avec bonté que nous étions les seuls nouveau genre de baptême, et avait déjà séduit
à lui faire cette demande, et que les autres de beaucoup de monde par ce sacrilège. Notre
notre parti ne semblaient pas y consentir, nous intention était de nous entretenir avec lui,
lui promîmes, en le quittant, de lui présenter autant que nous le permettrait le court espace
(1) Il est question des Célicoles dans les lois d'Honorius, ces lois disent qu'ils sont soumis aux peines prononcées
contre les hérétiques, s'ile ne se convertissent pas au tulle du vrai Dieu et à la religionchrétienne. On ne sait pas précisé-
ment ce que c'était que cette secte d'adorateursduciel. Elle paraît avoir été un mélange de judaïsme et de paganisme. La
loi portée contre eux leur accordait un an pour &e convertir.
apparebat. Sane cum etiam ipse multa mala suorum ut exhiberemus ci plures collegas nostros, certe vel
apertissime
Civitalis gemeret, atque ostenderet, quod totius decem, qui tanta benevolentia et lenitate et tam pio
ejus testimonio probabatur, quam esset re- studio id quseri vellent, quantum in nobis eumjam
motus a talibus factis, et quse ipsis suis dicere so- animadvertisse atque approbare sentiebamus. Hoc
leat modesta conquestione proferret, nosque com- etiam de suorum numero et ipse pollicitus est.
memoraremusillud Ezechielis Prophetæ, ubi aperte CAPUT VI. — 13. Unde'vos hortor et
obtestorper
Bctiptum est, nec filiiculpam patri, nec patris cul- Domini sanguinem, ut eum promissi sui commonea-
pam filio ejus imputandam, ubidictnm est, « Sicut tis, et gnaviter instetis, ut res coepta peragatur,
enim anima patris mea est, ita et anima filii mea quam prope ad finem pervenisse jam cernitis.
est, anima enim quæcumque peccaverit, sola mo- Quantum enim arbitror, difficillime potestis iuve-
rietur (Ezedt. x, 20), » placuit omnibus in talibus nire in episcopis vestris tam utilem animum et vo-
disputationibus violenta facta malorum hominum luntatem, quam in isto sene perspeximus. Postero
nobis ab invicerc objici non debere. Remanebat ergo enim die ipse ad nos venit, et hæc iterum quærere
schismatis quaestio. Itaque hortati eum sumus, ut cæperamus. Sed quiaordinandi episcopi uecessitas
etiam atque etiam placido atque pacato animo anni- nos inde jamjamque rapiebat, diuliuscum illo esse
tatur nobiscum, ut diligenti examinatione tanta in- nequivimus. Jam enim miseramus ad Majorem
quisitio terminum sumat. Ubi ille benigne cum Cælicolarum, quem audieramus novi apud eos bap-
diceret, nos solumista quaerere, nolle autem nos- tismi institutorem exstitisse, etmultosillo sacrilegio
tros hæc quaori ; ea facta pollicitatione discessimus, seduxisse, ut cum illo, quantum ipsius temporis
de temps dont nous pouvions disposer. Fortu- est si agréable, nous puissions mener à bonne
nius ayant appris que ce chef devaitvenir, et fin une chose si importante et commencée dans
nous voyant occupés d'une autre question, une si bonne intention. Ecrivez-nous quelle est
comme il l'était de son côté par je ne sais en cela votre manière de voir et celle de For-
quelle affaire qui le forçait de partir, sesépara tunius.
de nous, en nous témoignant beaucoup de
bienveillance et de douceur.
14. Je crois que pour éviter cette foule tumul-
LETTRE XLV (3)
tueuse, qui nous est plus nuisible qu'utile, et
pour achever, avec l'aide de Dieu, tranquille-
ment et à l'amiable, notre entreprise si impor- Saint Augustin écrit en son nom et en celui
tante, nous ferons bien de nous réunir dans d'Alype à saint Paulin et à Thérèse, pour le
quelque petit bourg, où il n'y ait point d'Eglise prier de rompre enfin le silence qu'il garde
ni de votre communion ni de la nôtre, mais depuis deux ans, et de lui envoyer l'ouvrage
qui soit habité par des hommes des deux com- qu'il avait appris depuis longtemps que saint
munions, comme l'est, par exemple, le bourg Paulin composait contre les païens.
de Titiana. Choisissons dans le diocèse de Ti-
bursi, ou celui de Tagaste, une localité comme Cette lettre n'avait pas encore paru. Elle a
celle quej'indique;celle-là mé me,outouteautre. été trouvée dans le manuscrit de M. de Fief-
Faisons-y porter les livres canoniques, et tous Marcon, dont nous avons déjà parlé.
les documents qui pourront être fournis de
part et d'autre, afin que, laissant de côté tout A LEURS TRÈS-CHERS SEIGNEURS ET FRÈRES PAU-
autre soin, et n'étant interrompus, s'il plaît à LIN ET THÉRÈSE, ALYPE ET AUGUSTIN, SALUT
Dieu, par aucun embarras, nous donnions
EN JÉSUS-CHRIST.
librement à cette affaire tout le temps que nous
pourrons, et que chacun de nous, avec le 1. Je ne sais pourquoi vous avez cessé de
secours du Seigneur, à qui la paix chrétienne nous écrire. Voilà deux années entières que
(1) Ecrite l'an 398. — Cette lettre était la 45e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle
qui était la 40e se trouve maintenant la 227e.
patiebantur angustiæ, aliquid loqueremur. Quem pax Christianagratissima est, rem tautam etbono
posteaquam venturum comperit, videns nos aliud animo coeptam ad inquisitionis terminum perduca-
suscepisse negotium, cum etipsum nescio quae ne- mus. Rescribite sane, quid de hac re vel vobis vel
cessitas profectionis urgeret, benigne a nobis placi- illi videatur.
deque discessit.
14. Videtur autem mihi, ut
turbulentas turbas et EPISTOLA XLV
impedimentum potius quam adjumentum affe-
rentes omnino devitemus, et vere ex animo amico Augustinus Paulino, rogans ut demum rescribatpost
atquetranquillosusceptum tam magnum negotium biennii silentium, mittatque sibi opus contra paga-
Domino opitulante peragamus, ad aliquam villam nos, quod ab ipso elaborari dudum audivit.
nos convenire debere non magnam, ubi nullius no-
strum esset ecclesia; quam tamen villam communi- Prodit nunc primum ex Phimarconensi M.S. supra
ter possident homines et nostrse communionis et laudato.
ipsius, sicuti est villa Tinana. Sive ergo in Tubur- GERMANISSIMIS, DILECTISS1MIS ET IN CHRISTO
sicensi, sive inThagastensi, talis locus, vel illequem
DOlIUNIS
LAUDABILIBUS PAULINO ET THERASIÆ ALYPIUS ET AUGU-
commemoravi, vel aliquis alius inventus fuerit, STINUS IN DOMINO SALUTEM.
faciamus codices canonicos praesto esse. Et si qua
proferri potuerint exutraque parte documento : ut H. Nequaquam nos nescio qua vestra cessatio, qua
pospositis ceteris, nulla, si Domino placuerit, inter- esse per totum biennium, ex quo nobis dulcissimi
pellante molestia, quotquot diebus potuerimus ad fratres Romanus et Agilis ad vos remeaverunt,
hoc vacantes, et unusquisque nostrum apud suum nullas a vobis litteras sumsimus, pigros ad scriben-
hospitem Dominum deprecantes, adjuvante ipso cui dum fecit. Nam cum in aliis rebus quanto quisque
nos bien-aimés frères Romain et Agile sont rer pour lui votre protection près des per-
retournés vers vous, et nous n'avons pas encore sonnes avec lesquelles il a affaire car il craint
reçu de vous une seule lettre. Votre silence ne que leur influence ne le fassesuccomber dans
,
nous a pourtant pas rendus paresseux pour sa cause, quelque bonne qu'elle soit.. Il vous
vous écrire. Dans toute autre chose, plus on expliquera lui-même ce qu'il y a de mieux à
aime quelqu'un, plus on cherche à l'imiter :
faire dans cette circonstance
ici, c'est tout le contraire. En effet, plus nous vous remercions sincèrement d'avance auprès
(1)Nous
;
vous aimons, plus votre silence nous fait de de Jésus-Christ, notre Seigneur, si votre bien-
peine aussi nous ne voulons pas vous imiter veillance peut mettre notre frère Christian en
en cela. Nous vous saluons donc, n'ayant pas à toute sécurité.
répondre à vos lettres dont aucune ne nous est
parvenue. Nous en attendons du moins avec un
vif sentiment de douleur, que votre charité sans
(2)
,
doute éprouve également, si des lettres écrites
par vous ne nous sont parvenues et si celles
que nous vous avons envoyées n'ont pas été
LETTRE XLVI
,
changeons nos plaintes en prières au Sei-
gneur pour qu'il nous accorde la consolation A SON CHER ET VÉNÉRABLE PÈRE AUGUSTIN, ÉVÈQUE,
d'en recevoir. PUBLICOLA, SALUT DANS LE SEIGNEUR..
2. Nous avions ouï dire que vous composiez
un ouvrage contre les païens. Si vous l'avez
achevé, veuillez sans retard nous l'envoyer par
Il est écrit :« Interrogez votre père et il
dotisjudicavi in caussa tali: quae qualis sit, per vandis frugibus accipiat aurum, vel a viatore de
litteras expono, simul etiam ut et ego instruar in ductor; sed tamen cum hac veluti mercede, quæ
diversis caussis. Singulasautem quæstiones et diver- solet dari a possessore, vel a viatore, juramentum
sas, per capitula designarifeci, ad quas singillatim
dignare respondere.
QUÆSTlO PRIMA. — In Arzugibus, ut audivi,
vel tribuno:
etiam illud in medio est mortale datum decurioni
quod perturbat me ne polluat ilium,
qui suscipit barbari juramentum, vel illa quæ
decurioni qui limiti præ est vel tribuno soientjurare custodit barbarus. Quacumque enim conditione-
barbari, jurantes per dæmones suos, qui ad dedu- etiam auro dato, et obsidibus datis, ut audivi,
cendas (a) bastagas pacti fuerint, vel aliqui ad ser- tamen juramentum iniquum medium intercessit.
vandas fruges ipsas, singuli possessores, vel condu- Dignare autem mihi definitive rescribere, et non
ctores solent ad custodiendas fruges susçipere, suspense. Quod si ipse scribas dubitanter, ego in
quasi jam fideles, epistolamdecurione mittente, vel majoresdubitationesinciderepossum, quam ante-
singuli transeuntes quibus necesse est per eos quam interrogassem.
transire. Mihi autem disceptatio in corde nata est, QUÆSTIO II. — Hoc etiam audivi, quia ipsi homines
si ille possessor, qui susceperit barbarum, cujus couductores, qui præsunt rei meæ, juramentum
fides per dæmonum jurationem firma visa est, non per dæmonessuosjurantibus barbarisaccipiuntpro
coinquinatur vel ipse, vel illa quae custodit, vel ille servandis frugibus. Si ergo cum illi jurant per
qui deducitur a deductore barbaro. Sed hoc debes dæmones suos ut custodiant fruges, non polluunt
scire, quia qui jurat barbarus a possessore pro ser- ipsas fruges, ut si inde manducaverit Christianus
(a) Bastaga a ßrlcr't&w bajulo, ferculumest,juxta LexiconJurid. portandls rebus fiscalibusaccommodatum. bastagiavero
dicebatur ipsum onus portandarum rerum per jumenta.
?
m'abstenir de ces fruits ou des revenus qu'ils ceux pour qui il a juré Celui que j'aurai
: :
me rapportent, car il est écrit « Si quelqu'un envoyé auxArzuges peut-il recevoir ce serment
dit Ceci a été immolé aux idoles, n'en mangez d'iniquité d'un barbare, et s'il est chrétien, ne
pas, à cause de celui qui vous en a donné l'avis sera-t-il pas souillé en le recevant?
(l Corinth., x, 7) ?» S'il en est ici comme de QUESTION VI.
— Un chrétien peut-il sciem-
ce qui est immolé aux idoles, que dois-je faire ment manger de ce qui provient d'une grange
de ces fruits ou de l'argent qu'ils me rappor- ou d'un pressoir, d'où l'on a tiré quelque chose
tent? pour l'offrir aux démons ?
QUESTION VII. —Peut-il prendre du bois pour
QUESTION IV.
— Dois-je chercher qui a dit
vrai, de celui qui prétend que mes fermiers son usage dans un bois qu'il sait être consacré
reçoivent ce serment ou de celui qui affirme le au démon ?
contraire, et faire vérifier par témoins l'asser- QUESTION VIII.
— Si quelqu'un achète au
?
tion de l'un et de l'autre Dans ce cas, dois-je, marché de la viande qui n'a pas été immolée
jusqu'à ce que j'aie vu de quel côté est la aux idoles, mais qu'il en doute intérieurement,
vérité, m'abstenir et des fruits et de l'argent ? et que dans la pensée que cette viande n'a pas
QUESTION V.
— Si le barbare, qui fait ce été immolée, il finisse par en manger, commet-
serment criminel, exige aussi pour sa garantie il un péché?
personnelle, que le même serment soit prêté QUESTION IX.
— Lorsque quelqu'un doute si
par le fermier ou le tribun chrétien préposé à une chose est bonne ou mauvaise, et qu'illa
la frontière, le chrétien seul est-il souillé par fait dans la pensée qu'elle est bonne, quoique
ce serment, et la souillure n'atteint-elle pas d'abord il ait cru qu'elle était mauvaise, cela
aussi les choses pour lesquelles il jure? Si c'est doit-il lui être imputé à péché ?
un païen qui est préposé à la frontière, et qui, QUESTION X.
— Si quelqu'un dit faussement
pour la garantie personnelle du barbare, lui que telle viande a été offerte aux idoles, et
fait ce serment criminel, ne rend-il pas impurs qu'ensuite il avoue avoir menti, ce mensonge
sciens, vel de pretioipsarum rerumfuerit, coinqui- si solus ille Christianus coinquinatus sit, si non et
netur, significare dignare. illa quorum caussa jurat. Aut si paganus, qui
QUÆSTIO III. — Item ab alio audivi, quod con- limitipræest, juraverit barbaropro fideilliser-
ductori non juratur a barbaro, et alter dixit, quia vanda per mortale juramentum, si non coinquinat
juratur conductori. Si etiam falsum mihi dixit ille, pro quibus jurat. Si quem misero ad Arzuges, si licet
qui dixit jurari conductori, si jam pro hoc quod ei juramentum accipere a barbaro illud mortale; et
solum audivi, non debeo uti de ipsis frugibus, vel si non coinquinatur, si susceperit tale juramentum
de pretio ipsarum propter auditum solum, quia Christianus ?
dictum est; « Si autem quis dixerit, Hoc immolati- QUÆSTIO VI.
— Si de area trituratoria tritici vel
tium est idolis, nolite manducare, propter illum, cujuscumque leguminis, aut torculari, de quo dæ-
:de immolatitio. Quod si
qui indicavit (I Cor., x, 7) » si tamen etiam hæc moni oblatum est, si licet inde manducare Christia-
caussa similis est caussæ num scientem.
- ita est, quid debeo de ipsis frugibus, vel de pretio QUÆSTlO VII.
— De luco si licet ad aliquem USUIll
ipsarum facere ? suum Christianum scientem ligna tollere ?
QUÆSTIO IV. — Si debeorequirere de utroque qui QUÆSTIO viii.
— Si quis vadens ad macellum
mihi dixit, quia non j uratur conductori; aut qui emat carnem, quæ non sit immolatitia, et cogita-
dixit, quia juratur conductori; et dictum uniuscu- tiones duas habuerit in corde, quod immolata sit,
jusque probare per testes, qui verum dixit de et non sit immolata, et illam tenuerit cogitationem
illis duobus, et tamdiu non contingere de ipsis fru- qua non immolatam cogitabit, si manducaverit an
gibus, vel de pretio, quamdiu mihi probatum fue- peccat?
rit, si verum dixit ille qui dixit, quia non juratur QUÆsrIO IX. — Siquis bonam rem, de qua dubitat
conductori ? an bona aut mala sit, si faciat putans bonam, cum
QUÆESTIO v. — Si barbarus qui per juramentum tamen putasset et malam, si peccatum adscribatur
suum jurat malum, fecerit illum Christianum con- eí?
ductorem vel tribuuum qui limiti præest, jurare QUÆSTIO x. — Si quis dixerit quod immolatitium
sibi pro fide illi servanda pro custodiendis frugibus, est mentiens, et postea dixerit iterum, quia menti-
per ipsum juramentum mortaleper quod ipse jurat, tus est, et ad fidemvere mentiius est, si licetChri-
une fois reconnu, un chrétien peut-il manger ? Peut-il en boire d'un puits, situé dans
idoles
de cette viande, ou la vendre et en recevoir le un temple consacré aux idoles, et qui est
prix? devenu désert? Peut-il puiser et boire de l'eau
QUESTION xi. -
Lorsqu'un chrétien en voyage d'un puits situé dans un temple où l'on adore
de plusieurs jours ,
se trouve pressé par la faim d'un, de deux ou
sans pouvoir l'endurer
davantage, et que sentant déjà la mort s'ap-
encore les idoles, quoiqu'on n'eût jeté rien
d'impur dans ce puits ou dans cette fontaine?
QUESTION xv.
— Un chrétien doit-il se baigner
procher de lui, il trouve des mets dans un dans des bains ou des thermes où l'on sacrifie
temple d'idoles, peut-il, s'il n'est vu de per- ?
aux idoles Peut-il se baigner dans les bains
sonne, et qu'il ne puisse se procurer aucune où les païens se sont purifiés pendant leurs
autre nourriture,manger de ces mets ou doit-il jours de fêtes, soit avec eux, soit sans eux?
se laisser mourir ? QUESTION XVI.
— Est-il permis à un chrétien
QUESTION XII.
— Si un chrétien se voit de se laver dans la (1) cuve où il sait que se
menacé de mort par un barbare ou un Romain, sont lavés des païens venant de sacrifier aux
peut-il les tuer pour éviter de l'être lui-même, idoles, et dans laquelle ils ont pratiqué
ou bien sans les tuer, doit-il simplement se quelques-unes de leurs superstitions sacri-
défendre et les repousser, puisqu'il est dit « de léges ?
ne pas résister au mal (Matth., v, 39) ? » QUESTION xvii.
— Un chrétien est invité chez
QUESTION XIII.
— Si un chrétien a entouré de
murs son domaine, pour se protéger contre
l'ennemi, est-il devenu homicide pour avoir
:
quelqu'un. On lui sert une viande qu'on lui dit
avoir été offerte aux idoles il n'en mange pas.
Cette viande est ensuite portée au marché il ;
tué des ennemis, en se défendant du haut de
? ;
l'achète, ou bien on la lui sert chez un autre
ces murs
QUESTION XIV.
— Un chrétien peut-il boire
de l'eau d'un puits ou d'une fontaine, où l'on
;
ami où il a été invité il ne la reconnaît pas et
en mange commet-il un péché ?
QUESTION XVIII.—Un chrétien peut-il acheter
aurait jeté quelque chose qui eût été offert aux et manger des légumes ou des fruits, qu'il sait
(1)Le solium était une espèce de cuve ou l'on était assis pour se laver.
stianum inde manducare, aut vendere, et de pretio debet Christianus bibere? Si in templo quo colitur
uti ex eo quod audivit ? idolum, puteus ibi sit vel fons, et nihil ibi factum
QUÆSTIO XI.
— Si Christianus aliquis ambulans, sit in eodem puteo vel fonte, si debet haurire
passus necessitatem, victus fame unius diei, vel aquam inde Christianus, et bibere ?
bidui, vel multorum dierum, ut jam durare non QUÆSTIO xv. — Si Christianus debet in balneis
possit, ita occurrerit, ut in ipsa necessitate famis, lavare, vel in thermis, inquibussacrificatursimu-
in qua sibi videt jam mortem proximare, invenerit lacris ? Si Christianus debet in balneis, quibus in
sit
cibum inidoliopositum, ubinullus hominum, et die festo suo pagani loti sunt, lavare, sive cum ip-
non possit invenire alium cibum, debet mori aut sis, sive sine ipsis ?
deinde cibari ? QUÆSTIO XVI. — Si in solio ubi descenderunt
QUÆSTIO XII. Si Christianus videat se a bar-
— pagani ab idolis venientes in die festo suo, et ali-
baro vel Romano velle interfici, debut eos ipse quid illic in solio sacrilegii sui fecerint, et scierit
Christianus interficere, ne ab illis interliciatur
vel si licet sine interfectione eos repellere vel im-
: Christianus, si debet in eodem solio descen-
dere ?
pugnare, quia dictum est, Non resistere malo QUÆSTIO XVIII. — Si Christianus invitatus ab ali-
(Matth.; v, 39)? quo appositam habuerit carnem in escam, de qua
QUÆSTIO XIII. — Si murum possessioni debet
Christianus facere propter hostem, et si ille Chri-
stianus qui fecerit murum, caussa non exsistit ho-
micidii, cum inde aliqui cœperint puguare, et in-
:
dictum fuerit illi, quia immolatitia est, et non
manducaverit cam postea autem ab aliquo tran-
slatam ipsam carnem aliquo casu invenerit vena-
lem, et emerit eam, aut appositam habuerit ab
terficere hostes ? aliquo alio invitatus, et non cognoverit earn, et
QUÆSTIO XIV.
— Si licet de fonte bibere, vel de manducaverit, si peccat ?
puteo ubi de sacrificio aliquid missum est? Si de QUÆsno XVIII. — Si de horto vel de possessione
puteo qui in templo est, et desertum factum est, idolorum vel sacerdotum eorum debet Christianus
provenir d'un jardin ou d'un champ apparte- fient ces paroles du Deutéronome : « Vous ne
nant aux idoles ou à quelqu'un de leurs prè- laisserez entrer dans votre maison ancune chose
tres? qui aura été en abomination, autrement vous
Pour vous éviter la peine de chercher tout serez anathême comme cette chose elle-même
ce qui a rapport aux serments et aux idoles, (Deutér., vu, 26). » Que le Seigneur vous garde.
j'ai voulu mettre sous vos yeux tout ce qu'avec Je vous salue; priez pour nous.
l'aide de Dieu, j'ai trouvé à cet égard dans les
Saintes Ecritures. Si vous y trouvez quelque
chose de mieux et de plus clair, veuillez m'en
:
:
instruire. Pour moi voici ce que j'y ai lu
Laban dit à Jacob « Que le dieu d'Abraham
et le dieu de Nachor soient juges entre nous
LETTRE XLVII (1)
(1) Ecrite l'an 398. — Cette lettre était la 154e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui
la
était 47° se trouve maintenant la 215e.
ciens olus emere, vel aliquem fructum, et inde (Deut., VII, 26) ? Dominus te servet, saluto te : ora
?
edere Sanedejurameuto, vel de idolis, utlabo- prome.
rem non patiaris in requirendo, q']œ Domino do-
EPISTOLAXLVII
:
nante invenerimus, ante oculos tuos volui propo-
nere si quid autem aliud apertius aut melius in
Scripturis inveneris, dignare mihi significare. Unde Augustinus Publicolæ dissolvit aliquot ex propositis
quæstionibus
qlla invenimus, hæc sunt, ubi Laban dixit ad Ja-
cob, Deus Abraham et Deus Nachor (Gen., XXXI,53): HONORARILI ET DILECTISSIMO FILIO PUBLICOLÆ, AUGUS-
quem autem Deum, non significavit Scriptura. Et TINUS IN DOMINO SALUTEM.
iterum, Abimelech quando venit ad Isaac ubi jura-
vit, vel qui cum illo erant (Gen., XXVI, 31) : sed 1. Æstus animi tuipostea quam didici litteris tuis,
quale juramentum, non significavit Scriptura. Ite- etiam mei continuo facti sunt, non quo me omnia
rum de idolis, ubi ad Gedeon dictum est a Domino
in libro Judicum, ut de vitulo, quem occiderat, ho-
.,
locaustum faceret (Jud VI, 26). Et in Jesu Nave
tum:
talia permoverent, qualibus indicasti te essepermo-
sed quomodo tibi auferrentur hi æstus, fa-
teor, testuavi; maxime quia petis ut definitive tibi
de Jericho, ut omneaurum,argentum, et
æramen- rescriberem, ne in majores dubitationes incideres,
tum inferretur in thesaurisDomini (Jos.,VI, 19),et quam antequam interrogasses, Hoc enim video
sanctum vocatum est de civitate, quæ anathema non esse in mea potestate. Nam quomodolibet
est. Et quid est illud quod in Deuteronomio posi- scripsero quae mihi videntur esse certissima, si
:
tum est Non inferes abominationem in domum
tuam, et anathema eris sieut hoc ipsum est
tibi non persuasero, proculdubio eris incertior.
Non autem sicut mihi adjacet suadere, eo modo
;
voir en effet, quelle que soit ma réponse, si je
ne parviens à vous persuader les choses qui
licite, ne s'associe pas pour cela au péché de
celui qui ajuré par les démons, mais seulement
me paraissent à moi les plus indubitables, vous au pacte légitime de celui qui a gardé sa
resterez toujours plus tourmenté. Une chose parole. Je ne parle pas ici de cette foi qui, par
peut me paraître certaine, sans produire la le baptême, nous rend fidèles en Jésus-Christ.
même persuasion sur l'esprit d'un autre. Cepen- Cette foi est tout autre, et bien plus élevée que
dant, après avoir un peu réfléchi, j'ai cru celle qui intervient dans les conventions et les
devoir vous répondre, pour ne pas refuser à accords des hommes. Toutefois, c'est sans con-
votre amitié le faible concours de mon expé- tredit un mal bien moins grand de jurer avec
rience.
2. Vous êtes en doute de savoir si, pour
s'assurer de la foi d'un homme, on peut se pré-
;
vérité par les faux dieux, que de jurer fausse-
ment par le Dieu véritable car plus est sainte
la chose par laquelle on jure, plus il est cri-
valoir du serment qu'il aurait fait par les minel de parjurer son serment. C'est donc une
démons. Il s'agit ici de considérer avant tout autre question de savoir si on ne pèche pas, en
si celui qui aura juré par les faux dieux de exigeant qu'un idolâtre jure par ses faux dieux,
garder sa foi, n'a pas commis un double péché quand celui qui prête ce serment adore les faux
en la violant. En effet, si en vertu de son ser- dieux. Cette question peut être éclaircie par
ment, il gardait la foi qu'il a promise, il n'au- les témoignages que vous avez invoqués vous-
raitpéché que pouravoirjuré par detels dieux, même de Laban et d'Abimelech, si toutefois
mais personne ne pourrait justement lui repro- Abimelech a juré par ses dieux, comme Laban
cher d'être fidèle à sa parole. Si au contraire, par le dieu de Nachor. C'estlà, comme je viens
après avoir juré par des dieux qu'il ne devait de ledire, une autre question qui m'embarras-
pas invoquer, il agit contre la foi promise, il serait peut-être, sans les exemples d'Isaac et
commet un double péché. Ainsi celui qui s'ap- de Jacob, et quelques autres qui peuvent se
puie sur la foi d'un homme qu'il sait avoir juré rencontrer dans les Saintes Ecritures, où je
par les faux dieux, et qui en profite non pour trouve cependant encore quelque chose qui me
le mal, mais pour quelque chose de bon et de laisse dans le doute; car il est dit dans le Nou-
adjacet etiam persuadere cuilibet. Veruntamen tatione minus malum est per deum falsum jurare
ne tuæ dilectioni negarem operulam meam, post veraciter, quam per Deumverum fallaciter. Quanto
aliquantam deliberationem rescribendum putavi. enim per quod juratur magis est sanctum, tanto
2. Movet te certe urum ejus fide utendum sit, magis est pœnale perjurium. Alia ergo quæstio est,
qui ut eam servet per dsemonia juraverit. Ubi te utrum non peccet qui per falsos deos sibi jurari fe-
volo prius considerare, utrum si quispiam per deos cit, quia ille qui ei jurat, deos falsos colit. Cui
falsos juraverit se fidem servaturum, et eam non quæstioni possunt illa testimonia suffragari quæ ip-
servaverit, non tibi videatur bis peccasse ?
Si enim
tali juralione promissam custodiret fidem, ideo
se commemorasti de Laban et Abimelech, si tamen
Abimelech per deos suos juravit, sicut Laban per
juravit:
tantum peccasse judicaretur, quia per tales deos
illud autem nemo recte reprehenderet,
quia fidem servavit. Nunc vero quia et juravit per
Deum (a) Nachor. Hæc, ut dixi, alia quæstio est, quæ
me merito fortassis moveret, nisi illa exempla oc-
curissent de Isaac et Jacob, et si qua alia possunt t
quos non debuit, et contra pollicitam fidem fecit inveniri. Si tamen illud non adhuc movet quod in
quod non debuit, bis utique peccavit: ac per hoc novo Testamento dictum est, ne omnino juremus -
qui utitur fide illius, quem constat jurasse per deos (Matth., v, 35). Quod quidem mihi propterea dic-
falsos, et utitur non ad malum, sed ad licitum et tum videtur, non quia verum jurare peccatum est,
bonum, non peceato ejus se sociat quo per daemonia sed quia pejerare immane peccatum est : a quo
juremus
-
juravit, sed bono pactoejus quo fidem servavit. Ne- nos longe esse voluit, qui omnimodo ne
que hic eam fidem dico servari, qua fideles vocan- admonuit. Sed tibi aliud videri scio, unde nunc
tur qui baptizantur in Christo. Illa enim longe alia disputandum nou est, ut illud potius agamus unde
est longeque discreta a fide humanorum placito-
rum atque pactorum. Verumtamem sine ulla dubi-
me consulendum putasti. Proinde sicut non
: juras,
ita, nec alium si hoc placet jurare compellas quam-
(a) Editi MSS. perDeum Jacob. Castigatius citatur a Canonitis, per Deum Nachor.
veau Testament « qu'il ne faut pas jurer du que vous devez écarter tous les doutes que vous
tout (Matth., v, 35). » Mais cela me paraît aviez à cet égard.
avoir été dit, non pas parce qu'il y a péché à 3. Si un chrétien laisse enlever de sa grange
jurer selon la vérité, mais parce que c'est un ou de son pressoir quelque chose qu'il sait
péché horrible de violer son serment. C'est devoir être offert aux démons, il pèche, s'il le
pourquoi l'Apôtre nous recommande de ne pas souffre, lorsqu'il peut l'empêcher. S'il trouve
jurer du tout, afin de nous préserver du par- le fait accompli, ou qu'il n'ait pas eu le pou-
jure. Mais comme je sais que vous n'êtes pas voir de s'y opposer, il peut se servir sans souil-
de cet avis, nous laisserons cette discussion de lure du reste des fruits dont on a enlevé quelque
côté, pour nous occuper préférablement des chose, comme aussi nous pouvons faire usage
points sur lesquels vous avez jugé à propos de des fontaines où nous savons qu'on a puisé de
me consulter. De même que vous ne devez pas l'eau pour les sacrifices. Il en est de même des
jurer, de même aussi ne forcez pas les autres à bains. En effet, nous ne faisons aucune diffi-
jurer; mais quoiqu'il nous soit recommandé de culté de respirer l'air auquel nous savons que
ne pas jurer, je ne me souviens pas d'avoir lu s'est mêlée la fumée des autels et de l'encens
dans les Saintes Ecritures qu'il nous soit des idoles. Ce qui est défendu, c'est d'user
défendu de recevoir le serment d'un autre. d'une chose quelconque comme un honneur
Vous demandez si nous pouvons nous prévaloir que nous voudrions rendre aux dieux étran-
de la sécurité établie sur des serments que gers, ou d'en user de manière à faire croire à
d'autres se sont faits mutuellement. Si cela ne ceux qui ne voient pas le fond de notre cœur,
nous était point permis, je ne sais où nous que nous honorons des dieux pour lesquels
pourrions trouver sur la terre un lieu pour nous n'éprouvons cependant que du mépris.
y vivre. En effet, c'est aux serments des bar- Lorsque sur l'autorisation de l'empereur, nous
bares que l'on doit la paix non-seulement des détruisons des temples, des idoles, des bois
frontières, mais encore de toutes les provinces. consacrés au démon, quoiqu'il soit bien évi-
Et il s'ensuivrait que toutes les productions de dent qu'en agissant ainsi, nous n'honorons pas
la terre confiées à la garde de ceux qui ont ces temples et ces idoles, mais plutôt que nous
juré par les faux dieux, seraient souillées, ainsi les détestons, cependant nous devons nous ab-
que tout ce qui est protégé par la sécurité que stenir d'en rien prendre pour notre usage par-
nous procure et nous assure le serment des ticulier, afin de faire voir qu'en les détruisant,
idolâtres. Cela est tellement hors de raison, nous agissons par piété et non par avarice.
vis dictum sit ne juremus; nusquam autem in Scrip. unde illa sublata sunt; sicut fontibus utimur, de
turis sanctis legi meminerim, ne ab alio jurationem quibus hauriri aquam ad usum sacrificiorum cer-
accipiamus. Alia vero quæstio est, utrum ea pace tissime scimus. Eadem est etiam ratio lavacrorum.
debeamus uti, quæ inter alios invicem jurantes Neque enim spiritum deducere de aere dubitamus
-
facta est. Quod si nolumus, ubi vivamus in in quem scimus ire fumum ex aris omnibus et in-
terris, nescio utrum invenire possimus. Neque censis dæmoniorum. Unde apparet illud esse pro-
enim tantummodo limiti, sed universis provinciis hibitum, ne in honorem alienorum deorum aliqua
pax conciliatur juratione barbarica. Unde et illud reutamur, aututi existimemur, siceam accipiendo,
sequetur, ut non fruges tantum, quæ ab eis custo- ut quamvis animo contemnamus, eos tamen qui
diuntur, qui per Deos falsos juraverunt, sed ubi- nostrum animum ignorant, ad hæc honoranda ædi-
que inquinata sint omnia, quae ipsa pace muniun- ficemus. Et cum templa, idola, luci, et si quid hu-
tur, quam juratio illa confirmat. Quod si absurdis- jusmodi, data potestate evertuntnr, quamvis mani-
simum est dicere, nec illa te moveant quæ move- festum est cum id agimus, non ea nos honorare,
bant. sed potiusdetesiari; ideotamen inusus nostro
3. Item si de area vel torculari tollatur aliquid privatos dumtaxat et proprios non debemus inde
ad sacrificia dæmoniorum sciente Christiano, pec- aliquid usurpare, ut appareat nos pietate ista des-
cat si fieri permittit, ubi prohibendi potestas est. truere, non avaritia. Cum vero in usus communes,
Quod si factum comperit, aut prohibendi potesta- non proprios ac privatos, vel in honorem Dei veri
tem non habuit utitur mundis reliquis fructibus convertuntur, hoc de illis fit quod de ipsis homi-
Mais lorsque ces objets, loin de servir à notre et non dans le renversement du culte sacrilége
usage personnel, sont employés pour l'utilité qu'on leur rendait.
publique ou pour le culte du vrai Dieu, ils se 4. Quant aux viandes et aux mets offerts aux
trouvent purifiés comme les hommes eux- idoles, je n'ai rien à vous dire, sinon ce qu'en
mêmes, qui passent de l'impiété et du sacri- a dit l'Apôtre lui-même. Rappelez-vous ses pa-
lége à la vraie religion. C'est ce que Dieu a roles, que je vous expliquerais, selon ma capa-
voulu faire comprendre par les témoignages cité, si elles avaient quelque chose d'obscur.
que vous avez cités, lorsqu'il ordonna de Non, il ne pèche pas, celui qui mange sans le
prendre dans un bois consacré aux dieux savoir, une viande qu'il avait d'abord rejetée
étrangers, ce qui était nécessaire pour allumer comme ayant été immolée aux idoles. Tous les
le feu de l'holocauste (Jug.,VI, 26), et de porter légumes et tous les fruits, quel que soit le fonds
dans les trésors du Seigneur l'or, l'argent et qui les ait produits, sont à celui qui les a
>
:
tout cela en abomination devant le Seigneur
votre Dieu vous ne porterez pas dans votre
demeure ce qui est digne d'exécration, autre-
peut la regarder comme profanée par l'idolâ-
trie. Si, en effet, il ne fallait pas manger des
légumes provenant d'un jardin d'un temple
r ment vous serez anathème comme l'idole même, d'idoles, nous devrions croire que les Apôtres
et vous tomberez, et vous serez souillé par cette n'auraient dû prendre aucune nourriture à
[
abomination, parce qu'elle est anathème (Deut., Athènes, parce que cette ville était consacrée à
VII, 25).» Ces paroles montrent évidemment que Minerve et à sa divinité. J'en dirai autant d'un
ces choses sont prohibées pour nos usages par- puits ou d'une fontaine dans un temple. Il est
ticuliers, et qu'il est défendu de les porter dans vrai qu'on éprouve peut-être un peu plus de
notre maison, en signe d'hommage et d'hon- scrupules, si l'on a jeté dans ce puits ou dans
neur, car là est l'abomination et l'exécration, cette fontaine quelque chose provenant des sa-
nibus, cum ex sacrilegis et impiis in veram religio- debere observare, quam quod præcepit Apos-
nem mutantur. Hoc Deus intelligitur docuisse illis tolus, certus esto. Et ideo de hac re verba
testimoniis quæ ipse posuisti, cum de luco alieno- ejus recole, quæ si obscura essent, pro modulo
rum deorum jussit ligna ad holocaustum adhiberi nostro exponeremus. Non autem peccat, qui
ideo putatur distare, qui a illud sacrificium,de quo ignorantiæ, quando quisque bene fieri putat, quod
fumus aeri confunditur, non fit ipsi aeri, sed idolo male fit.
alicui vel dæmonio; aliquando autem sic mittun- 5. (a) De occidendis hominibus ue abeis quisque
tur sacrificia in aquas, ut ipsis aquis sacrificetur : occidatur, non mihi placet consilium; nisi forte sit
non ideo utique solis hujus luce non utimur, quia miles, aut publica functione teneatur, ut non pro
ei sacrilegi ubi possunt sacrificare non cessant. se hoc faciat, sed pro aliis, vel pro civitate, ubi
Sacrilicatur etiam ventis, quibus tamen utimur ad etiam ipse est, accepta legitima potestate, si ejus
tantas nostras commoditates,cum eorumdem sacri- congruit personæ. Quivero repelluntur aliquoter-
ficiorum fumum ipsi quodammodo haurire et vo- rore ne male faciant, etiam ipsis aliquid fortasse
rare videantur. Si quis dubitat de aliqua carne, præstatur. Hinc autemdictum est. « Non resistamus
utrum immolatitia sit, et non est immolatitia, si malo (Matt., v, 39), » ne nos vindicta delectet, qua;
sit, et ea vescatur, non utique peccat :
eam cognitionem tenuerit quod immolatitia non
quia nec
est, nec jam putatur immolatitia, etsi antea puta-
alieno malo animum pascit; non ut correctionem
hominum negligamus. Unde nec reus est mortis
alienæ, qui suae possessioni murum circumduxerit,
batur. Neque enim non licet corrigere cogitationes si aliquis ex ipsius ruinis percussus intereat. Neque
a falsitate in veritatem. Si quis autem bonum pu- enim reus est Christianus, si bos ejus aliquem
taverit esse, quod malum est, et fecerit, hoc pu- feriendo, vel equus calcem jaciendo aliquem occidat;
tando utique peccat. Et ea sunt omnia peccata aut ideo non debent Christiani boves habere cornua,
(a) Quid sibi de hac re
pote quietiam
:
Liceat.
videreturjam alias aperuerat Augustinus in lib. I, de Libero arbitrio c. V, ubi
sententiam comprobavit, n. 13. Eos videlicet apud divinam providentiam haudquaquam esse peccato liberos, quipro
demum Evodii
Us rebus, quas contemni oportet, humana cœde polluti sunt. Imbibit istam doctrinam propinante Ambrosio in lib. III, de
Officiis c. iv, hisce verbis Non videtur quod vir Christianus, et justus, et sapiens quærere sibi vitam aliena morte debeat : ut
si in latronem armatum incidat, ferientem referire non possit, ne dum salutem defendit, pietatemcontaminet.
Hausit etiam ex Cypriano, qui in epist. LVI, absolute pronunciat: Occidere non licet, sed occidi necesseest. et in epist.LVII
Occidere innocentibus nec nocentem
qui lui donna à cet effet une escorte de soldats laissée soit involontairement, soit à dessein,
armés (Act., xxin, 23); mais l'Apôtre ne se se- soit pour tout autre motif, par des voyageurs
rait pas imputé à crime la mort de ces scélé- qui s'étaient détournés de leur route pour
rats, s'ils étaient tombés sous les coups des
soldats qui l'accompagnaient. A Dieu ne plaise
qu'on nous impute le mal qui contre notre vo-
:
prendre leur repas. Je répondrai donc en peu
de mots à cette question ou il est certain que
cette nourriture a été offerte aux idoles, ou il
lonté peut arriver à quelqu'un, lorsque nous est certain qu'elle ne l'a pas été, ou l'on est en
!
ne faisons rien que de bon et de licite Autre- doute à cet égard. Si l'on est certain qu'elle a
mentil ne faudrait avoir chez soi ni ferre- été offerte aux idoles, il convient mieux à un
chrétien d'avoir le courage de s'en abstenir. Si
ments, ni instruments aratoires, de peur que
quelqu'un ne s'en servît pour se donner la l'on sait qu'elle ne l'a pas été ou qu'on l'ignore,
; ,
mort, ou pour la donner à un autre. Il ne •
faudrait avoir ni arbre, ni corde dans la
crainte que quelqu'un ne se pendît ni fenêtres,
on peut, vu la nécessité, en manger sans aucun
scrupule de conscience.
aut equus ungulas, aut dentes canis ? aut vero quo- num, utrum ei satins sit fame emori, quam illud
niam apostolus Paulus (Act., XXIII, 23) satis egit ut in alimentum sumere : in qua quæstione, quoniam
in tribuni notitiam perferretur, insidias sibi a qui-
busdam perditis præparari, et ob hoc deductores non est consequens, ut cibus ille idolothytum sit :
POtllÍt enim vel ab eis, qui ibi ab itinere diverten-
accepit armatos, si in illa [Irma scelerati homines tes corpus refecerant, oblivione seu voluntate di-
incidissent, Paulus in effusionesanguinis eorum
suum crimen agnosceret? Absit ut ea quæ propter
mitti, vel illic ob aliam caussam quamlibet poni ;
breviter respondeo, aut certum est esse idolothy-
bonum ac licitum facimus aut habemus, siquid per tum, aut certum est non esse, aut ignoratur. Si
hæc præter nostram voluntatem cuiquam mali
acciderit, nobis imputetur. Alioquin nec ferramenta ergo certum est esse, melius Christiana virtute
respuitur : si autem vel non esse scitur, vel ignora-
domestica et agrestia sunt babenda, ne quis eis vel tur, sine ullo conscientiæ scrupulo in usum neces-
se vel alterum interimat: nec arbor aut restis, ne sitatis assumitur.
quisseinde suspendat: necfenestra faciendaest,
ne per hanc se quisque præcipitet. Quid plura com-
memorem, cum ea commemoranda finire non pos-
sim? Quid enim est in usu hominum bono ac licito,
unde non possit etiam pernicies irrogari?
6. Restat, ni fallor, ut dicamus aliquid de illo
viatore Christiano, quem commemorasti victum
famis necessitate, si nihil uspiam invenerit nisi ci-
bum in idoJio positum, ubi nullus alius est homi-
si un membre reçoit quelque gloire, tous les
autres s'en réjouissent avec lui (1 Corinth., xn,
26).» Nous vous demandons en conséquence,
Ecclesia desideraverit, nec elatione avida suscipiatis, otium, ut vos ab omni terrena delectatione refrene-
nec blandiente desidia respuatis, sed miti corde tis, et memineritisnullum locum esse, ubi non possit
obtemperetis Deo; cum mansuetudine portantes laqueos tendere, qui timet ne revolemus ad Deum ; -
eum, qui vos regit, qui dirigit mites in judicio, qui et inimicum omnium bonorum, cujus captivi fui-
Jocet mansuetos vias suas (Ps., XXIV, 9). Nec vestrum mus (a) judicemus, nullamque nobis esse perfectam
otiumnecessitatibusEccleslæ præponatis, cui partu- requiem cogitemus, donee transeat iniquitas, et in
rienti si nulli boni ministrarevellent,quomodo nasce- judicium justitia convertatur.
remini, non inveniretis. Sicut autem inter ignem et 3. Item cum aliquid strenue atque alacriter
aquam tenendaestvia, utnec exuraturhomo nec de- agitis et impigre operamini, sive in orationibus,
mergatur : sic inter apicem superbiæ et voraginem sive in jejuniis, sive in eleemosynis ; vel tribuentes
desidiæ iter nostrum temperare debemus, sicut scri- aliquid indigentibus, vel donantes injurias, sicut et
ptum est, «Non declinantes, nequeaddexteram,ne- Deus in Christo donavit nobis; sive domantes per-
que adsinistram (Deut. XVII,11). » Sunt enim qui dum niciosds consuetudines. castigantesque corpus, et
nimis timent, nequasi in dexteramrapti extollan- serviluti subjicientes; sivesufferentestribulationem,
tur, in sinistram lapsi demerguntur. Et sunt rursus et ante omnia vos ipsos invicem in dilectione ; (quid
qui dum nimis se auferunt a sinistra, ne torpida enim sufferat qui fratrem non suffert?) sive prospi-
vacationismollitie sorbeantur, ex altera parte cientes astutiam atque insidias tentatoris, et scuto
jactantiæ fastu corrupti atque consumti, in faviilam et
fidei jacula ejus igaita repellentes exstinguentes;
fumumque vanescunt. Si ergo dilectissimi diligite sive cantantes et psallentes in cordibus vestris
(a) Sic nostri omnes MSS. et Vaticani duo. At editi habent, vindicemus.
pour que votre âme se glorifie seulement dans
le Seigneur. Car la voie droite est celle où nous
avons sans cesse les yeux levés vers le Sei-
gneur, qui délivrera nos pieds des pièges qui
LETTRE LXIX (1)
nous sont tendus. En agissant ainsi, on n'a pas
à craindre d'être brisé par le poids des affaires, Saint Augustin prie Honoré, évêque donatiste, de
ni refroidi par le repos. On évite également la lui expliquer, par écrit, comment il pourrait se
turbulence et l'accablement, l'audace, la timi- faire que l'Église, qui, selon les prédictions de
dité, la précipitation et la langueur. Faites l'Écriture, doit être répandue
sur toute la terre,
ces choses, et le Dieu de paix sera avec se trouvât réduite au seul parti de Donat.
vous.
4. Que votre charité ne me regarde pas
comme importun, si j'ai voulu m'entretenir
avec vous, au moins par lettre, en vous par-
AUGUSTIN ,
A HONORÉ, ÉVÊQUE DU PARTI DE DONAT,
ÉVÊQUE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.
lant de ces devoirs, ce n'est pas que je pense 1. Nous approuvons beaucoup le projet, que
que vous ne les accomplissiez pas ;
mais j'ai
cru que ce serait pour moi un grand avantage
vous avez daigné nous communiquer par
notre
bien-aimé frère Éros, si digne d'être loué en
devant Dieu, si, en les accomplissant vous dai- Jésus-Christ, d'entamer avec nous, par lettres,
gnez penser à moi qui vous en ai parlé. Déjà, une discussion qui ne puisse être troublée par
depuis longtemps, la renommée, et les frères le bruit de la foule, et qui doit être conduite
Eustase et André, qui étaient venus de votre
part, m'avaient apporté la bonne odeur de
votre sainte vie en Jésus-Christ. Eustase nous
:
dans un esprit de paix et de douceur, selon ces
paroles de l'Apôtre « Il ne faut pas qu'un ser-
viteur du Seigneur dispute, mais il doit être
a précédés dans le séjour du repos éternel, qui modéré envers tout le monde, capable d'ins-
;
n'est pas battu comme votre île par les flots de
la tempête il n'a plus besoin de retourner à
Caprère, car il n'a plus à porter les cilices que
truire, patient, reprenant avec douceur ceux
qui ne pensent pas comme lui (II Timot.,II,24).»
Voici en peu de mots les points sur lesquels je
vous y faites. vous prie de répondre.
(1) Ecrite l'an 398. — Cette lettre était la 161e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 49e se trouve maintenant la 102e.
Domino vel vocibus a corde non dissonis, omnia in in eam requiem præcessit, quae nullis fluctibussicut
gloriam Dei facite, qui operatur omnia in omnibus; insula tunditur, nec Caprariam desiderat, quia nec
atque ita fervete spiritu. ut in Domino laudetur cilicio jam quærit indui.
anima vestra. Ipsa est enim actio recti itiueris, quæ
oculos semper habet ad Dominum, quoniam ipse EPISTOLA XLIX.
negotio,
evellet de laqueo pede. Talis actio nec frangitur
nec frigida est otio, nec turbulenta
necmarcida est; nec audax, nec fugax ; nec præ-
Augustinus Honorato Donatianœ partis, ut per litteras
placide reddat rationem, quomodo nomen Ecclesiœ,
ceps, nec jacens. Haec agite, et Deus pacis erit quae utique in toto orbe futura prœdicta est in Seri-
vobiscum. turis, ad ipsos solos reciderit.
4. Nec importunum me existimet caritas vestra,
quia vobis vel per epistolam loqui volui. Non enim
hoc vos monui, quod vos non arbiror facere: sed
HONORATO ,
EPISCOPO PARTIS DONATI AUGUSTINUS
EPISCOPUS ECCLESIÆ CATHOLICÆ.
credidi me non parum commendari Deo a vobis, si 1. Consilium tuum nobis multum placuit, quod
ea quæ munere illius facitis, cum alloquutionis per fratrem Erotem carissimum nobis, et in Chri-
nostræ memoria faciatis. Nam et ante jam fama, et sto laudabilem virum maudare dignatus es, ut lit-
nuncfratres qui venerunt a vobis. (a) Eustasius et teris inter nos agamus, ubinullusturbarum tumul-
Andreas, bonum Christi odorem de vestra sancta tus perturbare possit disputationem nostram, quæ
conversationead nos adtulerunt. Quorum Eustasius cum tota leuitate et pace animi suscipienda et
:
de Dieu eût pénétré en Afrique, dit au com-
mencement de sa lettre aux Romains « Jésus-
Christ, par qui nous avons reçu la grâce et
seule, qu'ilne possèdemême pas tout entière.
En effet, l'Église catholique est aussi en Afri-
que, parce que Dieu a voulu qu'elle fût dans
l'apostolat pourfaire obéir à la foi en son nom l'univers entier, comme il l'a prédit. Mais votre
toutes les nations du monde (Rom.,1,5). » Aussi parti de Donat est-il répandu dans tous les lieux
a-t-il prêché l'Évangile dans toute l'Asie,depuis où ont pénétré les lettres et la parole des apô-
Jérusalem jusque dans l'Illyrie,et partout il éta- ?
tres Ne dites pas que notre Église ne s'appelle
blit et fonda des églises, non pas lui seul pas catholique, mais macarienne, comme il
mais aussi la grâce de Dieu qui était avec lui, vous plaît de la nommer, car vous devez sa-
comme il en donne lui-même le témoignage. voir, et il vous est facile de vous en convaincre,
agenda est, sicut dicit Apostolus; « Servum autem tum, ad obediendum fidei, in omnibus gentibus
Domini litigare non oportet, sed mitem esse ad pro nomine ejus (Rom., I, b). » Deinde ipse ab Jeru-
omnes, docibilem, patientem, in modestia corripien- salem in circumitu per totam Asiam usque in Illy-
tem diversa sentientes (II Tim.,.II, 24). » Itaque ricum Evangelium prædicavit, ecclesias constiluit
breviter insinuamus, quid a te responderi deside- atque fundavit, non ipse, sed gratia Dei cum eo,
remus. sicut ipse testatur. Quid autem evidentius apparere
2. QuoniamEcclesiam Dei, quae catholica dicitur, potest, quam cum in ejus epistolis nomina etiam
sicut de illa propbetatum est, per orbem terrarum regionum vel civitatum invenimus. Ad Romanos, ad
diffusain videmus, arbitramur nos non debere dubi- Corinthios, ad Galatas, ad Ephesios, ad Philippen-
tare de tam evidentissima completione sanctæ pro- ses, ad Thessalonicenses, ad Colossenses scribit.
phetiæ, quam Dominus etiam in Evangelio contir- Johannes etiam scribit ad septem ecclesias, quas
mavit et Apostoli, per quos eadem Ecclesia dilatata commemoratin illis parlibus constitutas (Apoc.,VIII,
est, sicut de illa prædictum erat. Nam et in capite 1), in quibus etiam universam Ecclesiam septena-
sacrosancti Psalterii scriptum est de Filio Dei ; rio numero intelligimus commendari, Ephesum,
Smyrnam, Sardos, Philadelpbiam, Laodiciam, Per-
« Dominus dixit ad me: Filius meus es tu, ego
hodie genui te: postula a me, et dabo libi gentes gamum, Thiatyrarn. Quibus omnibus ecclesiiis nos
hereditatem tuam, et possessionem tuam terminos hodie communicare manifestum est, sicut manife-
terræ (Psal., ii).» Et ipse Dominus Jesus Christus stum est vos istis ecclesiis non communicare.
dicit Evangelium suum in omnibus gentibus futu- 3. Quærimus ergo ut nobis respondere non gra-
rum (Matt., XXIV, 14). Et apostolus Paulus, ante- veris, quam caussam forte noveris, qua factum est
quam sermo Dei in Africam pervenisset, in ipso ut Christus amitteret hereditatem suam per orbem
capite epistolæ, quam scripsit ad Romanos, « Per terrarum diffusam, et subito in solisAfris, necipsis
quem accepimus, » inquit, « gratiam et apostola- omnibus remaneret. Etenim Ecclesia catholica est
te
que dans toutes ces régions d'où l'Évangile de
Jésus-Christ s'est répandu sur toute la terre,
on ignore le nom de Donat aussi bien que celui
de Macaire, tandis que vous ne pouvez nier que LETTRE L (1)
prophéties et des saintes Écritures. Voilà ce 1. Le ciel et la terre ont été frappés de
que j'ai dicté, moi, Augustin, parce que depuis l'énormité de votre crime et de votre cruauté
longtemps je désire m'entretenir avec vous. Je
crois que, vu le peu de distance qui nous sé-
vos places publiques ;
inattendue, qui a ensanglanté vos temples et
votre ville a retenti de
pare, nous pouvons, sans bruit et avec l'aide
de Dieu, discuter ces questions par lettres, au-
tant que le besoin l'exigera.
anéanti les lois romaines ;
cris, de meurtres et de carnage. Vous avez
vous avez foulé aux
pieds la crainte de la justice; vous avez ré-
pandu le sang innocent de soixante de nos
;
frères (4) celui d'entre vous qui en a le plus
tué, a été le plus comblé d'éloges, et vous lui
avez donné la première place dans votre sénat.
:
Mais venons-en à l'affaire principale. Vous dites
que l'Hercule était à vous nous vous le ren-
(1) Ecrite l'an 399. — Cette lettre était la 268e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 50e se trouve maintenant la 105e.
(2) Suffecte était une ville épiscopale de Bysacene, ancienne province représentéeaujourd'hui par la régence de Tunis.
Pérégrin évêque donatiste de cette ville assista à la conférence de Carthage.
(3)L'abbé Dubois prétend sans en donner d'autres preuves que le style etl'objet de cette lettre, qu'elle n'est pas de
saint Augustin. — Les Bénédictins qui l'ont insérée sans observation, et Tillemont qui en parle dans la vie de saint
Augustin art. 124 sont d'un avis contraire. Pourtant il nous semble aue l'abbé Dubois pourrait avoir raison.
(4) Le martyrologeromain fait mention de ces martyrs le 30 août. n- - -- - __-n-- -- ---
etiam in Africa, quia per omnes terras eam Deus Videtur enim mihi, vel propter ipsam vicinitatem,
esse voluit et prædixit. Pars autem vestra, quæ posse nos per litteras de hac re colloqui sine aliquo
Donati dicitur, non est in omnibus illis locis, in tumultu, adjuvante Deo, quantum ipsa necessitas
quibus et litteræ et sermo et facta apostolica cucur- postulat.
rerunt. Sed ne dicatis, non vocari ecclesiam no-
stram catholicam, sed macarianam, sicuti ea
vos
appellatis; nosse debes, quodfacillime potest, in il-
EPISTOLA L
lis omnibus partibus, unde istas terras Evangelium Augustinus Suffectanis expostulans de LX. Christiano-
Christi perfudit, necnomen Donati sciri, nec nomen rum nece, pollicensque suum illis reddendum Her-
Macarii. Vestra autem quia Donati pars dicitur, nec culem.
vos negare potestis, et omnibus notum est ubicum-
AUCTORIBUS AC PRINCIPIBUS VEL SENIORIBUS COLONIÆ
que est vestra communio. Dignare ergo rescribere SUFFECTANÆ AUGUSTINUS EPISCOPUS
nobis, ut sciamus quomodo fieri posssit, ut Eccle-
vobis solis habere cæperit :
siam suam Christus de toto orbe perdiderit, et in 1. Immanitatis vestræ famosissimum scelus, et
vestrum enim est liaec inopinata crudelitas terram concutit, et percutit
ostendere ; nam nobis sufficit ad caussam nostram cælum, ut in plateis ac delubris vestris eluceat san-
quod compleri prophetiam et Scripturas sanctas guis, et resonet homicidium. Apud vos Romanæ
per orbem terrarum videmus. Hoc autem ego Au- sepultæ sunt leges, judiciorum rectorum calcatus
gustinus dictavi: quia olim volo loqui inde tecum. est terror. Impevatorum certe nulla veneratio nec
*
drons. Nous avons des métaux, des pierres, des faire quelque injure, si je ne vous priais
pas de
marbres de toute espèce, et une foule d'ou- me répondre de la même manière que je vous
vriers. On travaille avec activité à sculpter, écris. Ai-je besoin de vous dire beaucoup de
tourner et décorer votre Dieu. Nous l'ornerons choses sur la promesse que vous m'aviez faite
de vermillon, pour rehausser encore l'éclat de à Carthage, et sur laquelle j'avais tant insisté.
vos cérémonies sacrées. Si vous prétendez que Laissons de côté tout ce qui s'est passé précé-
cet Hercule était à vous, nous nous cotiserons demment entre nous, pour que ce qui reste
pour vous acheter un dieu. Mais rendez-nous encore à faire ne nous cause point d'embarras.
tous nos frères que vous avez massacrés, car il Maintenant, avec l'aide de Dieu, il ne peut
est juste que si nous vous rendons votre Her- plus y avoir ni prétexte, ni excuse. Nous
cule, vous nous rendiez aussi ceux des nôtres sommes tous les deux en Numidie. La distance
auxquels vous avez arraché la vie. qui nous sépare n'est pas grande. J'ai appris,
par le bruit public, que vous vouliez essayer
encore de discuter avec moi sur la question qui
LETTRE LI (1/
;
nous sépare de communion. Toutes difficultés
peuvent facilement disparaître répondez seu-
lement à cette lettre, si vous voulez bien, et
SaintAugustinproposebrièvement quelques argu- peut-être cela suffira, non-seulement à nous,
ments à Crispin (2), évêquedonatiste de
Calame, mais encore à tous ceux qui désirent nous en-
et le presse d'y répondre, par écrit, s'il le tendre. Si cela ne suffit pas, nous reprendrons
peut. et nous continuerons notre correspondance,
jusqu'à ce que cela suffise. Quel plus grand
1. J'ai donné ce titre (3) à ma lettre parce avantage peut nous procurer le voisinage des
que les vôtres me reprochent mon humilité. ?
villes que nous habitons J'ai donc résolu de
Vous pourriez croire que j'ai voulu par là vous ne traiter cette affaire avec vous que par let-
(1) Ecrite l'an 399. — Getjp lettre était la 172e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 51e se trouve maintenant la 154e.
(2) C'est le même Crispin dont il est parlé dans la lettre 105 et dans le livre III, c. XLVI. contre Cresconius. Possidius
en parle aussi dans la vie de saint Augustin.
(3Le titre auquel saint Augustin fait allnsion n'a été trouvé dans aucun manuscrit.
timor. Apud vos LX, numero fratrum innocens dunt, ideo sic epistolam prænotavi; quod in tuam
effusus est sanguis, et si quis plures occidit, fun- contumeliam fecisse videar, si non ita mihi abs te
ctus est laudibus, et in vestram curiam tenuit prin- ut rescribatur exspecto. De Carthaginensi promis-
cipatum. Age nunc, principalem veniamus ad
reddemus :
caussam. Si Herculem vestrum dixeritis, porro
adsunt metalla, saxa nec desunt; acce-
dunt marmorum genera, suppetit artificum copia.
sione tua vel nostra instantia, quid multa comme-
morem ? Quomodolibet ea gesserimus, transierint,
ne quod restat impediant. Nunc excusatio, nisi
fallor,nulla est adjuvante Domino; ambo in Numi-
Ceterum Deus vester cum diligentia sculpitur, tor- dia sumus, et nobis loco terrarum invicem propir-
natur et ornatur. Addimus et rubricam quæ pingit quamus. Rumor ad me detulit, adhuc te velle me-
ruborem, quo possint vota vestra sacra sonare. Nam
si vestrum Herculem dixeritis, collatis singulis cum disputando experiride quæstione, quænostram
dirimit communionem. Vide quam breviter omnes
nurnmis ab artifice vestro vobis emimus Deum. Red- auferantur ambages, ad hanc epistolam responde,
dite igitur animas, quas manus vestra contorsit, et siplacet, etfortasse sufficiet, non solum nobis, sed
sicuti a nobis vester Hepcules redhibetur, sic etiam et eis, qui nos audire desiderant; aut si non suffi-
a vobis tantorum animæ reddantur. ciet, scripta atque rescripta, donec sufficiant, repe-
EPISTOLA LI tantur. Uaid enim nobis commodius poterit exhibere
urbium, quasincolimus, tanta vicinitas? Ego enim
Augustinus Crispinum Calamensem Donatianæpartis statui nihil de hac re agere vobiscum, nisi per lit-
episcopum urget propositis breviter aliquot argumen- teras, vel necui nostrum de memoria,quod dicitur
tis, ad easipotest respondeat per litteras. elabatur, velnefraudenturtalium studiosi,quiforte
interesse non possunt. Soletis de præteritis rebus
1. Quia humilitatem nostram vestri reprehen- gestis, quæ vultis, falsa jactare, forte non mentiendi
nous, ne s'échappera de notre mémoire ;
tres. Ainsi rien de ce qui aura été dit par des vôtres qui, par crainte de la persécution,
et ont livré les Livres saints aux païens, pour les
d'un autre côté, nous n'en priverons pas ceux brûler, pourquoi, dis-je, avez-vous reconnu
qui aiment ces sortes de questions, et qui ne pour évêques, et maintenu dans leurs siéges
pourraient pas assister à nos conférences. Vous ceux que vous aviez condamnés comme schis-
avez d'ailleurs coutume de parler bien inexac- matiques, « par (1) la bouche véridique d'un
tement de ce qui s'est passé précédemment, concile universel, » (je me sers ici de vos
non pas sans doute avec l'intention de mentir, propres expressions) non-seulement Félicien de
mais par erreur. Si cela vous plaît donc, nous Musti, mais encore Prétextat d'Assuri. Ni l'un
prendrons l'état présent des choses pour base ni l'autre n'étaient pas, comme vous le
de notre discussion. Vous n'ignorez sans doute dites à ceux qui ignorent le fond des choses,
pas que, dans les temps de l'ancienne loi, le au nombre de ceux auxquels votre concile
peuple juif se rendit sacrilége et coupable du avait accordé et fixé un délai, passé lequel ils
crime d'idolâtrie, et que le livre des prophètes étaient compris dans la sentence prononcée
fut brûlé par un roi contempteur et impie. De contre les autres, s'ils n'étaient pas alors re-
ces deux crimes, celui du schisme n'aurait pas venus à votre communion. Ils étaient de ceux
été puni le plus sévèrement, s'il n'avait pas été qui furent condamnés le même jour où vous
jugé le plus grave. En effet, vousvous rappelez avez accordé un délai aux autres. Si vous le
que la terre s'ouvrît pour engloutir tout vivants niez, je le prouverai par les paroles de votre
les auteurs du schisme, et que leurs adhérents concile et par les actes consulaires que nous
furent consumés par le feu du ciel. L'idole fa- avons entre les mains, et d'après lesquels vous
briquée et adorée, le livre saint brûlé, n'atti- l'avez vous-mêmes déclaré plusieurs fois. Choi-
rèrent pas sur les coupables un châtiment aussi sissez donc un autre moyen de défense, si vous
terrible de la main de Dieu. le pouvez, pour que nous ne perdions pas notre
2. Pourquoi donc, vous qui avez coutume de temps à vous prouver ce que vous niez. Si
reprocher aux nôtres des crimes qui ne sont pas Félicien et Prétextat étaient innocents, pour-
prouvés, et qui le sont plutôt à l'égard de ceux quoi les avez-vous condamnés? S'ils étaient
studio, sederrore. Proinde, si placet, de præsenti- scopatu recepistis, in quo damnastis, Felicianum
bus illametiamur. Proculdubio te non fugit prioris dico Mustitanum. et Prætextatum Assnritanum.
populi temporibus et idololatriæ sacrilegium fuisse Neque enim, sicut ignorantibus dicitis, ex eo nu-
commissum, et a rege contemtore librum prophe- mero fuerunt isti, quibus vestrum concilium diem
ticum incensum, quo utroque crimine schismatis prorogaverat et præfixerat, intra quem nisi ad
malum non puniretur atrocius, nisi gravius pende- vestram communionem remeavissent, eadem sen-
retur. Profecto enim recordaris quemadmodum tentia tenerentur : sed de illonumero isti fuerunt,
schismatisauctores vivos dehiscens terrasorbuerit,et quos eo die sine dilatione damnastis, quo illis dila-
eos qui consenserant, cælo irruens ignis absumse-
rit. Sic nec fabricatum et adoratum idolum, ;iec
sacer liber exustus meruit vindicari.
:
tionem dedistis. Probabo, si negaveris. Concilium
vestrum loquitur proconsularia Gesta habemus in
manibus, quibus id non semel allegastis. Aliam
2. Cur ergo qui soletis nobis objicere, non so- ergo defensionem para, si potes, ne dum negas
lum in nostris non probata, sed potius in vestris quod convincam, moras faciamus. Felicianus igitur
probata crimina eorum, qui formidine persecutio- et Prætextatus si innocentes erant, quare sic dam-
nis impulsi dominicos libros concremandos ignibus nati sunt ? Si scelerati, quare sic recepti sunt Si ?
tradiderunt; vos eos quos pro scelere schismatis, probaveris innocentes, cur non credamus a malto
« plenarii concilii vestri veridico, » sicut ibi paucioribus majoribus vestris falso crimine tradi-
scriptum est, « ore » damnastis, ineodemipso epi- tionis innocentes potuisse damnari, si a trecentis
coupables, pourquoi les avez-vous reconnus séculières. Je ne veux pas entrer en discussion
comme évêques? Si vous prouvez leur inno- avec vous à ce sujet, ni vous dire quelles peines
cence, pourquoi ne croirions-nous pas à celle vous méritez pour un crime aussi grand que
de ces évêques que vos prédécesseurs, réunis celui du schisme, ni la tolérance et la douceur
seulement au nombre de soixante-dix, ont con-
damnés, comme coupables d'avoir livré les
chrétienne qui dirigent tous nos actes mais si
cette persécution que vous nous reprochez est
;
saintes Écritures, quoiqu'ils fussent innocents un crime, pourquoi avez-vous persécuté avec
de ce crime, lorsque trois cent dix de leurs tant de violence les Maximianistes, en invo-
successeurs dans un concile, que vous appelez quant contre eux l'autorité des juges envoyés
pompeusement «Concile universel etvéridique,» par les empereurs que l'Évangile a enfantés à
ont coudamné, comme coupables du crime de Jésus-Christ? Pourquoi les avez-vous chassés
schisme, des évêques qui en étaient innocents? des basiliques, qu'ils occupaient déjà au mo-
Si, au contraire, vous prouvez la justice de leur ment où le nouveau schisme a éclaté? Pour-
condamnation, comment pourrez-vous vous ex- quoi les avez-vous troublés et épouvantés par
cuser de les avoir reconnus comme évêques, si le bruit des controverses, par les ordres des
ce n'est en exagérant l'importance que vous magistrats et la brutalité des soldats que vous
attachez à la paix, jusqu'àmontrerqu'il faut aviez appelés comme auxiliaires de vos vio-
tolérer ces sortes de crimes, pour ne pas rompre lences ? Des traces récentes de ce qui s'est
?
le lien de l'unité Plaise à Dieu que vous agis- passé, témoignent assez de tout ce qu'ils ont
siez ainsi non de bouche, mais de toutes les souffert partout dans ce malheureux conflit.
!
forces de votre cœur Alors vous verriez qu'il Les actes publics font foi des ordres donnés
contre eux, et les contrées, où la mémoire
ne faudrait point, par des calomnies, troubler
la paix que le Christ a voulu donner à toute la d'Optat (1), votre tribun, est en vénération,
terre, s'il est permis en Afrique, pour ne pas parlent encore des maux que vous leur avez
troubler la paix de Donat, de maintenir dans faits.
leur siège épiscopal des évêques condamnés 4. Vous avez aussi coutume de nous dire que
pour un schisme sacrilége. nous n'avons pas le baptême de Jésus-Christ, et
3. Vous avez aussi coutume de nous repro-
cher de vous faire persécuter par les puissances à
rais ce sujet discuter longuement ;
qu'il n'est que dans votre communion. Je pour-
maisqu'est-
(1) Optat était évêque donatiste de Tamugade. Son nom est devenu célèbre par les maux et les persécutions qu'il fit
souffrir à toute l'Afrique. Il reçut le surnom de Gildonien à cause du crédit dont il jouissait près de Gildon, général des
armées romaines dans cette partie de l'empire. Ce fut lui qui força les Donatistes à recevoir Félicien de Musti et Pré-
textat d'Assuri, qu'ils avaient chassés de leur communion.
decem successoribus eorum, ubi etiam pro magno dem Maximianistas per judices ab eis Imperatori-
scriptumest, «plenariiconcilii oreveridico,in bus missos, quos per Evangelium genuit nostra
falso crimine schismatis innocentes damnari po- communio, graviter insectati, de basilicis quas te-
tuerunt ? Siautem probaveris recte fuisse damna- nebant, in quibus eos invenit ipsa conscissio, et
tos, quce restat defensio, cur in eodem episcopatu controversiarum strepitu et jussionum potentatuet
recepti sint, nisi ut exaggerans utilitatem salubri- auxiliorum impetu perturbastis ? In qua conflicta-
tatemque pacis, ostendas etiam ista pro unitatis
vinculo toleranda? Quod utinam non oris, sed cor-
dis viribus ageres, profecto perspiceres, quam nul-
rum vestigia contestantur ;
tione quce passi sint per loca singula, recentia re-
quæ jussa sint chartæ
indicant, quce facta sint terræ clamant; inquibus
lis calumniis per orbem terrarum esset violanda etiam. Optati illius tribuni vestri sancta memoria
pax Christi, si licet in Africa etiam in sacrilego prædicatur.
schismate damnatos, in eodem ipso episcopatu re- 4. Item dicere soletis quod nos Christi baptis-
cipi pro pace Donati. mum non habeamus, et præter vestram commu-
3. Item soletis nobis objicerequod vos per po- nionem nusquam sit. Possem hinc uberius aliquan-
testates terrenas persequamur. Qua in re non dis- do disserere. Sed contra vos jam nihil opus est, qui
Maximianista-
puto, vel quid vos pro immanitate tanti sacrilegii cum Feliciano et Prætextato etiam bapti-
mereamini, vel quantum nos Christiana temperet rum baptismum recepistis. Quotquot enim
mansuetudo : illud dico,si hoc crimen est, cur eos- zaverunt quando Maximiano communicabant, cum
il besoin de tant de raisonnements avec vous caractère d'évêques, ils pouvaient conférer le
qui avez admis le baptême des Maximianistes baptême. Si, au contraire, ils avaient perdu ce •
en recevant Prétextat et Félicien? En effet, tous caractère, ils devaient, en revenant à vous, être
ceux qu'ils ont baptisés, lorsqu'ils étaient en ordonnés de nouveau, pour recouvrer ce qu'ils
communion avec Maximien, et lorsque, par des avaient perdu. Mais ne craignez rien : Il est
conflits et des jugements, comme les actes pu- aussi certain qu'ils sont revenus à vous avecle
blics en font foi, vous vous efforciez de les même caractère d'épiscopat qu'ils avaient en
chasser de leurs basiliques, (je parle toujours de vous quittant, qu'il est certain que tous ceux
Félicien et de Prétextat), tous ceux, dis-je, qu'ils qu'ils ont baptisés dans le schisme de Maxi-
ont baptisés, sont restés avec eux et avec vous. mien, pouvaient rentrer dans votre communion
Vous communiquez avec eux non-seulement sans recevoir un second baptême.
lorsque cela est exigé par des cas de maladies 5. Y a-t-il assez de larmes pour déplorer que
dangereuses, mais encore pendant les solen- le baptême des Maximianistes soit admis, et
nités de Pâques, dans toutes les grandes villes que celui de Jésus-Christ répandu par toute la
et dans toutes les églises de leurs cités, et !
terre soit compté pour rien Que vous ayez
aucun de ces gens-là baptisés hors de votre condamné sans les entendre, ou après les avoir
communion, pendant le schisme qui la divi- entendus, Félicien etPrétextat, que vous les
sait, n'a reçu un nouveau baptême. Plût à Dieu
que vous pussiez prouver que Félicien et Pré-
textat ont reconnu l'inutilité du baptême qu'ils
m'importe ;
ayez condamnés justement ou injustement, peu
mais dites-moi quel est celui des
vôtres qui ait jamais entendu ou condamné un
avaient donné dans le schisme à ceux qui y évêque des Corinthiens, des Galates, des Éphé-
étaient avec eux, et la nécessité de les rebap- siens, des Colossiens, des Philippiens,desThes-
tiser, après avoirété admis dans votre commu- saloniciens et de toutes les autres cités dont il
nion. En effet, s'il élait nécessaire de donner :
est écrit « Toutes les nations de la terre se
prosterneront devant lui pour l'adorer (Ps.,
un nouveau baptême aux uns, il était néces-
saire aussi de donner une nouvelle ordination XXI, 28). » Ainsi l'on admet le baptême des
aux autres. Car Félicien et Prétextat avaient Maximianistes, et on veut anéantir celui des
etiam ipsos nominatim, id est Felicianum et Præ- certum est cum eodem illos episcopatu cum quo
textatum de basilicis eorum, sicut gesta testantur, exierant remeasse, ita certum est omnes quos
diuturno conflictu judiciorum expellere conaremi- in Maximiani schismate baptizarunt, sine ulla ba-
ni; quotquot ergoeo tempore baptizaverunt, nunc ptismi repetitione secum vestræ communioni recon-
secum et vobiscum habent, non solum per ægritu- ciliasse.
dinum pericula, sed etiam per sollemnitates Pa- 5. Quibusigitur sufficimus lacrymis plangere
schales in tot ecclesiis ad suas civitates pertinenti- recipi baptismum Maximianistarum, et exsufflari
bus, et in ipsis tam magnis civitatibus foris in
scelere schismatis baptizatos, quorum nulli bapti-
?
baptismum orbis terrarum Sive auditos sive inau-
ditos, sive juste sive injuste damnastis Felicianum,
smarepetitum est. Atque utinam probare possetis, damnastis Prætextatum; dic mihi, quem Corin-
eos quos foris in scelere schismatis Felicianus et thiorum episcopum audivit, aut damnavit aliquis
Prætextatus tamquam inaniter baptizaverant, ab eis
receptis intus quasi utiliter denuo baptizatos. Si
vestrum? quem Galatarum, quem
Philippensium,
Ephesiorum,
Thessalonicen-
quem Colossensium,
enim rursus baptizandi erant isti, rarsus ordinandi sium, ceterarumque omnium civitatum, de quibus
erant illi. Amiserant enim episcopatum recedentes dictum est, « Adorabunt in conspectu ejus universæ
a vobis, si extra communionem vestram baptizare patriæ gentium (Psal., XXI, 28)? a Ergo istorum
non poterant. Nam si discedentes episcopatum non baptismus acceptatur, et illorum exsufflatur, qui
amiserant, baptizare utique poterant. Si autem ami- nec istorum est nec illorum, sed illius de quo di-
serant, ergo ut eis quod amiserant, redderetur, I,
ctum est,«Hic est qui baptizat (Johan., 33). I)
redeuntes ordinari debebant. Sed noli timere, sicut Sed non hinc ago, ad ilia quæ præsto sunt, adverte,
I, 33). » Mais je laisse cela de côté. Regardez ce
qui est devant vous, ce qui frapperait les yeux
d'un aveugle. Quoi, des hommes condamnés par
vous ont le baptême, et ceux que vous n'avez LETTRE LII m
?
pas entendus ne l'ont pas Des hommes expres-
sément schismatiques et rejetés de votre com-
munion ont le baptême, et le baptême n'est Saint Augustin presse Séverin, son parent, qui
avait embrassé le parti donatiste, d'abandonner
pas avec ceux qui vous sont inconnus, qui ha-
bitent loin de vous, et que vous n'avez jamais ce schisme sacrilége.
ni accusés ni condamnés? Le baptême est dans
une petite partie de l'Afrique, séparée elle- A SON TRÈS-CHER FRÈRE ET DÉSIRABLE SEIGNEUR
même du reste de l'Afrique, et il n'est point SÉVERIN, AUGUSTIN, SALUT.
dans les parties de la terre d'où l'Évangile a
!
pénétré en Afrique Mais pourquoi vous acca-
bler davantage? Répondez, je vous prie, à tout
1. Quoique votre lettre fraternelle, et à la-
quelle je ne m'attendais plus, me soit parvenue
ce que je viens de vous dire. Voyez combien, fort tard, je l'ai cependant reçue avec une
dans votre concile, vous avez exagéré le schisme double joie, en apprenant que celui qui me
sacrilége desMaximianistes, les persécutions que l'avait apportée était venu expressément pour
puissances judiciaires ;
vous avez suscitées contre eux de la part des
voyez le baptême que
vous avez reconnu, en admettant parmi vous
cela à Hippone. J'ai pensé que si le souvenir
de notre parenté s'était présenté à votre esprit,
c'est parcevotre sagesse, qui m'est assez con-
ceux que vous aviez condamnés, et dites-moi, nue, vous avait fait voir combien il est déplo-
si vous le pouvez, ce que vous pouvez encore rable qu'unis par les liens du sang, nous soyons
inventer pour jeter le trouble dans l'esprit des désunis dans le corps de Jésus-Christ, surtout
ignorants, et pourquoi vous vous êtes séparés parce qu'il vous est facile de reconnaître que
de la communion de l'univers entier, par un « la cité,établie sur la montagne, ne peut, »
schisme plus criminel et plus impie que celui selon laparole du Seigneur, « rester cachée
que vous vous glorifiez d'avoir condamné dans »
(Matth., v, 14). Or, cette cité est l'Église ca-
les Maximianistes. Que la paix de Jésus-Christ tholique. On l'appelle ainsi du grec ("CXaOÀLY.),
triomphe dans votre cœur EU"tUX,WÇ(1). parce qu'elle est répandue sur toute la terre.
(1) Il nous semble que ce mot grec ici exprime un souhait, et pourrait êlre traduit par
(2) Ecrite la même année quela précédente.
—
le mot :Ainsisoit-il.
Cette lettre était la 170e dans les éditions antérieures a l'édition aes
Bénédictins, et celle qui était la 52e se trouve maintenant la 155e.
Adtende sacrilegium schismatis vestro concilio 1. Litteras fraternitas tuæ etsi valde sero, etsi
Maximianistis exaggeratum; adtende persecutiones præter quodsperaveram,tamenlætus accepi, maxi-
mequeampliorigaudio perfusus sum, cum cogno-
,
qui ne porte pas de fruits en moi, mon père la taient pas convaincus? Et cependant des inno-
retranchera, mais le sarment qui donne des cents sont rebaptisés et dans ces innocents on
fruits en moi, mon père le taillera, pour lui en efface le baptême de Jésus-Christ. Si ces mêmes
faire porter davantage (Jean, xv, 2). » Il n'est Donatistes connaissaient les crimes de leurs col-
donc pas étonnant que ceux qui n'ont pas voulu lègues d'Afrique, et qu'ils aient négligé de les
porter des fruits de paix et de charité, soient dénoncer et de les prouver aux églises d'outre-
retranchés de cette vigne qui s'est étendue sur mer, ils se sont séparés d'eux-mêmes de l'unité
toute la terre. du Christ par le plus criminel des schismes, et
3. Si leurs ancêtres, lorsqu'ils ont fait le n'ont plus une seule excuse à donner. Et vous,
:
schisme, avaient reproché de vrais crimes à Séverin, vous le savez vous savez aussi que,
corpore non una societate vivamus, præsertim quia plevit, præcisi suntilli, qui fructum caritatis afferre
facile tibi est adtendere et videre civitatem super nolueruat.
montem constitutam, de qua Dominus ait in Evan- 3. Qui si vera crimina objecissent collegis suis,
gelio, quod abscondi non possit (Matth., v, 14). majores eorum quando schisma fecerunt, ipsi obti-
Ipsa est enim Ecclesia catholica; unde xaOoXixJ) nuissent caussam suam apud ecclesiam transmari-
græce appellatur, quod per totum orbem terrarum nam, unde adistas partes Christianæ fidei manavit
diffunditur. Hanc ignorare nulli licet; ideo secun- auctoritas, utilli essent foris,quibuseademcrimina
dum verbum Domini nostri Jesu Christi abscondi objiciebant. Nunc autem cum illi inveniantur intus
non potest. communicare ecclesiis apostolicis, quarum nomina
2. Pars autem Donati in solis Afris calumniatur inlibris sanctis habent etrecitant, isti autem foris
orbi terrarum, et non considerat ea sterilitate, qua positi et ab illa communione separati sint, quis non
fructus pacis et caritatis noluit afferre,abilla radice intelligat eos habuisse caussam bonam, qui eam
;
Orientalium ecclesiarum se esse præcisam, unde apud medios judices obtinere potuerunt ? Aut si
Evangelium in Africam venit unde terra si eis af- caussam bonamhabebant et eam transmarinis ec-
feratur, adorant; fidelis autem si inde veniat, ex- desiis probare non potuerunt, quid illos læsit orbis
sufflant etiam et rebaptizant. Hoc enim etiampræ- terrarum, ubi episcopi collegas suos, qui apud eos
dixit Filius Dei qui veritas est, se esse vitem, suos objectis criminibus convicti non erant,temeredam-
autem filios esse sarmenta, et Patrem suum agrico-
lam. « Sarmentum, » inquit, « quod inme nondat
?
nare non possent Itaqueinnocentes rebaptizantur,
et Christus in innocentibus exsufflatur. Si autem
fructum, Pater meus tolletillud : sarmentum autem iidem Donatistæ Afrorum collegarum suorum vera
quod in me dat fructum, purgat illud, ut majorem crimina noverant, et neglexerunt ea demonstrare
fructum afferat (Johan.,xv, 2). Non ergo mirum et probare transmarinis ecclesiis, ipsi se ab unitate
est, si de illa vitæ quae crevit et omnes terras im- Christi sceleratissimo schismate præciderunt, non
pour ne pas diviser le parti de Donat, ils ont
toléré, pendant de longues années, une multi-
tude de scélérats qui avaient surgi parmi eux, LETTRE LXIII (l)
et qu'ils n'ont pas craint pendant ce temps,
sur les soupçons les plus vains et les plus Saint Augustin confond l'imposture d'un certain
faux, de rompre la paix et l'unité de Jésus- prêtre donatiste qui cherchait à séduire Gene-
Christ.
rosus, catholique de Constantine(2), enpréten-
4. Mais je ne sais, ô mon frère Séverin, dant qu'un ange l'avait averti de l'attirer dans
quelle accoutumance charnelle vous retient le parti de Donat.
dans ce parti. J'en souffre et j'en gémis depuis
longtemps, surtout en pensant à votre sagesse.
Depuis longtemps aussi, je désire m'entretenir
avec vous à ce sujet. Que nous servent ces vains
ROSUS,
A LEUR TRÈS-CHER ET HONORABLE FRÈRE GENE-
FORTUNAT
SALUT DANS LE SEIGNEUR.
(2), ALYPE ET AUGUSTIN ,
saluts d'usage, et cette parenté temporelle, si
nous méprisons le salut éternel et l'éternel hé- CHAPITRE PREMIER.
— 1. Vous avez bien
?
ritage de Jésus-Christ Ce que je viens de vous voulu nous donner connaissance d'une lettre que
écrire suffira, je le pense. C'est sans doute peu vous avez reçued'un prêtre donatiste.Quoiqu'elle
de chose, ce n'est même rien pour des cœurs n'ait obtenu que le mépris d'un esprit catholique
endurcis, mais pour un esprit comme le vôtre, comme le vôtre, nous vous prions, néanmoins,
c'est beaucoup, c'est même quelque chose de dans l'intérêt de ce schismatique, de lui en-
grand. Ce que je vous dis d'ailleurs ne vient voyer cette réponse,si vous croyez qu'il soit pos-
pas de moi, qui ne suis rien et qui mets tout sible de le ramener à la raison. Il vous a écrit
mon espoir en la miséricorde de Dieu, de ce qu'un ange lui avait ordonné de vous présenter
Dieu tout-puissant, qui sera notre juge dans le et de vous expliquer l'ordre et l'établissement
siècle à venir, si nous l'avons méprisé, comme successif du christianisme dans votre cité, à
père, dans le siècle présent. vous qui ne faites pas profession d'un christia-
nisme renfermé seulement dans votre ville, ni
(t) Ecrite environ l'an 400, — Cette lettre était la 165e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et
celle qui était la 53e se trouve maintenant la 152e.
(2) Peut-être celui auquel est adressée la lettre 116e et qui était alors gouverneur de Numidie.
(3) Evêque de Cirte ou Constantine.
:
l'ordre de vous dire, il faudrait vous souvenir
de ces paroles de l'Apôtre « Quand nous vous
annoncerions nous-mêmes, ou quand un ange
gneur regardait comme la figure de toute
:
l'Église, quand il lui dit « Je bâtirai mon
église sur cette pierre, et les portes de l'enfer
vous annoncerait un évangile différent de celui ne prévaudront pas contre elle (Matth.,XVI,18).»
que nous vous avons annoncé, qu'il soit ana- A Pierre succéda Lin; à Lin, Clément; à Clé-
thème (Gal., 1, 8)! » Car il vous a été prédit ment, Anaclet; à Anaclet, Évariste; à Évariste,
par la voix de Notre Seigneur Jésus-Christ, que
son Évangile sera prêché à toutes les nations, phore ; ; ;; ;
Alexandre; à Alexandre, Sixte ; à Sixte, Téles-
à Télesphore, Igin à Igin, Anicet à
et qu'alors ce serait la fin (Matth., xxiv, 14). »
Il vous a annoncé par les prophètes et les Apô-
; ;
Anicet, Pie à Pie, Soter à Soter, Éleuthère,
;
à Éleuthère, Victor à Victor, Zéphirin ; à Zé-
tres (Gal., Ill, 16), que des promesses ont été
:
faites à Abraham et à sa race, qui est Jésus- ; ;
phirin, Calixte à Calixte, Urbain à Urbain,
;
Pontian à Pontian, Anthère
; à Anthère, Fa-
Christ même, quand Dieu disait « Toutes les
nations seront bénies dans votre race (Gen., XII, à Luce, Étienne ; ;
bian; à Fabian, Corneille à Corneille, Luce
à Étienne, Xyste à Xyste,
est, quod præcisos esse non pudet, nec sibi subve- 4). » Has ergo promissiones tenenti, si tibi Angelus
niunt, ut cum possunt, redeant ad radicem, nisi de cælo diceret, Dimitte Christianitatem orbis terræ,
etiam secum alios præcidere, et sicut ligna arida et tene partes Donati, cujus ordo tibi exponitur in
in ignem destinare conentur. Quapropter si tibi epistola episcopi tuae civitatis, anathema esse debe-
ipsi Angelus adstitisset, quem sibi ille propter te ret : quia te a toto præcidere, et in partem contru-
adstitisse, quantum arbitramur, astuta vanitate dere conaretur, et alienare a promissis Dei.
confingit, et hæcipsa tibi dixisset, quæ iste man- 2. Si enim ordo episcoporum sibi succedentium
dato illius tibi se insinuare dicit, oporteret te apo- considerandus est,quanto certius et vere salubriter
stolicæ sententiæ memorem fieri, qui ait; « Licet ab ipso Petro numeramus, cui totius Ecclesiæ figu-
si nos, aut Angelus de cælo vobis evangelizaverit, ram gerenti Dominus ait, « Super hanc petram
præter id quod evangelizavimus vobis, anathema ædificabo Ecclesiam meam, et portæ inferorum non
sit (Gal., I, 8).»Evangelizatum est enim tibi pervo- vincent earn (Matt., XVI, 13).» Petro enim successit
; ;
Linus Lino, (a) Clemens; Clementi, Anacletus; Ana-
cem ipsius Domini Jesu Christi, quod omnibus
gentibus annuntiabitur Evangelium ejus, et tunc
finis erit (Matth., xxiv, 14). Evangelizatum tibi est
cleto, Evaristus
;
Evaristo, Alexander; Alexandro,
Sixtus ; Sixto, Thelesphorus Thelesphoro, Iginus ;
per propheticas et apostolicas litteras (Gal., III, 16),
; ; ; ;
Igino, Anicetus; Aniceto, Pius; Pio, Soter; Soteri,
Eleutherio, Victor Victori, Zephi-
quod Abrahæ dictæ sunt promissiones et semini
;
Eleutherius
ejus quod est Christus, cum ei diceret Deus « In rinus ; Zephirino, Calixtus Calixto, Urbanus ;
semine tuo benedicentur omnes gentes (Gen., xxii, Urbano, Pontianus Pontiano, Antherus; Anthero
(a) In uno e Vaticanis codicibus, Lino Cletus, Cleto Clemens cui ceteri MSS. refragantur. Paulo post pro Anacletus, ha-
betur inplerisque MSS. Anencletus. Deinde Alexander non post Evaristum, ut in editis et apud Optatum in lib, II, sed
post Soterem, sublato prorsus Eleutherii nomine, sic recensetur in duodecim MSS. in quibus sunt Vaticani quatuor, Soleri
Alexander Alexandro Victor. Denique iniisdem codicibus desideratur infra Marcellinus.
;
Denis; à Denis, Félix; à Félix, Eutychien ;-
à peut être renversée par les tempêtes des schis-
celin, Marcel
Miltiade
; à Marcel, Eusèbe
à Miltiade, Sylvestre
;;
Eutychien, Gaïus à Gaïus, Marcellin; à Mar- mes sacrilèges, comme l'ont été ceux qui dans
bère, Damase ; ;
Marc; à Marc, JUlES; à Jules, Libère; à Li- quelles ils ne comptent aucun évêque de leur
à Damase, Sirice àSirice, parti. Qu'y a-t-il en effet de plus pervers et de
Anastase. Dans cet ordre de succession, on ne plus insensé que de répondre aux lecteurs,
trouve aucun évêque donatiste, Mais les parti- après qu'ils ont lu ces épitres : La paix soit
sans de Donat envoyèrent d'Afrique, après l'a- avec vous, et d'être hors de la paix de ces mê-
voir ordonné, un évêque, pour diriger à Rome mes Églises auxquelles ces épitres ont été
un petit nombe d'Africains appelés Montagnards adressées.
CHAPITRE II.
ou Cutzupites. — 4. Cependant pour que ce
3. Quand bien même dans cette succession prêtre donatiste ne se flatte pas trop de cette
d'évêques depuis Pierre jusqu'à Anastase, qui suite d'évêques qui se sont succédé à Constan-
occupe aujourd'hui le siège apostolique, il s'en tine, c'est-à-dire dans votre ville, rappelez-lui
serait glissé un coupable d'avoir livré les sain- ce qui se passa le onzième jour des calendes de
tes Écritures, cela ne porterait aucun préjudice juin, en présence de Munatius Félix, flamine
à l'Église, ni aux chrétiens innocents auxquels perpétuel, curateur de votre ville, sous le hui-
:
le Seigneur, dans sa prévoyance, a dit au su- tième consulat de Dioclétien, et le septième de
jet des mauvais pasteurs Faites ce qu'ils di- Maximien. Il résulte clairement des actes de
sent, mais ne faites pas ce qu'ils font (Matt. cette époque, que l'évêque Paul avait livré les
XXIII, 3.) Voilà ce qui assure l'espérance des saintes Écritures, et que Sylvain, son sous-
fidèles et qui fait que, se confiant non dans diacre, de complicité avec lui, avait livré des
l'homme mais dans le Seigneur, leur espérance objets consacrés au culte quoique soigneuse-
:
Hieronymum in Chron. ad an 360.sive uti Optatus in lib. II, refert, a spelunca, quam illic extra civitatem gradibus
sepserant, ubi celebrabant conventicula sua quæhaud dubiespeluncaineditionelocoadjacebat. Hinc forte profectum
etiam nomen Cutzupitarum, quod quidem sic legiturin plerisque MSS. At in editis sublato, t, Cuzupitarum, et in duobus
Vatican. MSS. Cutrumpitarum. Anvero legendum hic Rupitarum, seu Rupitanorum, ut in lib. de unitate Eccle. c. III. an
Scototopitarum deducta voce a crx.6:o.ç lenebrce et 167105 locus, quo pacto V. C. Johannes Bapt. Cotelerius legi vult apud
Isidor. in Orig. lib. VIII, qui in editis et in veteri codice Gorbeiens. habetColopitas, et inalio Corb. MS. Contopitas?An
denique castigaudus hic locusex Hieronymo adversus Luciferian. ubieditialiqui, Campitas, aliihabent Campates, haud
facile dixerimus.
(b) Sic Bad. Am. Er. et MSS. At. Lov. habet. spes fidelibus,
(c) Sic restituimus ad Gestorumexemplum relatum in lib. III. cont. Crescon. c. xxix.Nempe -- ,,, , ,,
10." legebatur,
hic in edItIS
NumaciumFelicem Flaviumprocuratorem, et in plerisque MSS.Munatium, sive Mannatium Felicem Flaviumperprocurato-
rem. error profectus ex notis F. PP. Gesta illa confecta fuerunt anno 303.
ment cachés, entre autres une lampe et une prouva par des documents authentiques, par
boîte d'argent. Vous pouvez ajouter qu'un cer- les réponses des témoins, par la production des
:
tain Victor lui dit «Vous en seriez mort, si vous actes et d'un grand nombre de lettres.
ne les aviez pas trouvées. » C'est ce même Syl- 5. Vous pourriez lui citer encore bien d'au-
vain, traditeur manifeste d'objets sacrés, tres choses, s'il voulait les entendre avec un
que votre prêtre donatiste exalte tant dans la esprit de sagesse et non de subtilité. Vous lui
lettre qu'il vous a écrite, qui fut ordonné évê- rappeleriez les requêtes des Donatistes à Con-
que par Secundus, évêque et primat de Tigisis. stantin, pour le prier d'envoyer, des Gaules,
Qu'ils fassent donc taire l'orgueil de leur lan- des évêques chargés de juger et terminer les
gue, et que dans leur délire ils n'accusent pas différends des évêques d'Afrique; les lettres de
les autres de crimes dont eux seuls sont coupa- cet empereur, où il annonce l'envoi d'autres
bles. Rappelez-lui, s'il y consent, les actes ec- évêques à Rome; ce qui se passa dans cette
clésiastiques de ce même Secundus, évêque de ville, où la cause fut connue et discutée par les
Tigisis, dans l'assemblée tenue chez Urbain évêques qu'il avait envoyés; d'autres lettres
Donat, où il remit au jugement de Dieu les encore où cet empereur déclare que les évè-
traditeurs qui avaient avoué leur crime, Do- ques donatistes s'étaient plaints à lui du juge-
nat, évêque de Masculi; Marin, évêque des Eaux
de Tibilis; Donat, évêque de Calame, tous tra- ;
ment de leurs collègues, c'est-à-dire des évê-
ques qu'il avait envoyés à Rome les lettres où
diteurs ayant confessé leur sacrilège, et qui
l'assistèrent dans l'ordination de Sylvain, tra-
diteur comme eux, et coupable du même
;
il voulut que d'autres évêques fussent envoyés
à Arles celles constatant que les Donatistes en
avaient appelé à lui du jugement de ces évê-
crime. Citez encore à votre donatiste les actes ques, et qu'il avait lui-même examiné la causé
de ce qui se passa devant Zénophile, person- et jugé entre les parties; enfin celles où il té-
nage consulaire, où un diacre nommé Nundi- moigne son indignation contre les accusations
narius, irrité contre Sylvain qui l'avait excom- dont l'innocence de Cécilien a triomphé. Si
munié, dévoila tous ces faits en justice et les votre prêtre donatiste le veut, qu'il entende
Felicem Flaminem perpetuum curatorem tunc ejus- scopum. Recita illi Gesta apud Zenophilum consu-
dem civitatis vestræ, Diocletiano octavum, et Maxi- larem, ubi Nundinarius quidam diaconus iratus
miano septimum consulibus, undecimo Kalendas Sylvano, quod ab eo fuerit excommunicatus, hæc
Junias, quibus liquido constitit ita Paulum epis- omnia jud-iciis prodidit, quæ certis documentis et
copum tradidisse, ut Silvanus tunc ej us subdia- responsionibus testium, et recitatione Gestorum, et
conus fuerit, et cum illo tradiderit proferens ins-
,
trumenta Dominica, etiam quæ diligenter fuerant
occultata capitulatam argenteam; et lucernam
argenteam, ita ut ei diceret Victor quidam; Mor-
multarnm epistolarum, luce clarius constiterunt.
5. Multa sunt alia quæ illi
:
recites, si non conten-
tiose agere, sed prudenter audire voluerit preces
Donatistarum ad Constantinum, ut propter ipsam
tuus fueras, si non illas invenisses. (a) Hunc iste caussam inter Afros episcopos dirimendamjudices
Silvanum, manifestissimum traditorem, pro ma-
ex Gallia episcopos mitteret. Litteras etiam ejusdem
gno commemorat in epistola, quam tibi scribit, a Imperatoris, ubi episcopos misit ad urbem Romam.
Secundo Tigisitano primæ sedis episcopo episco- Gesta quoque in urbe Roma, ubi ab episcopis quos
pUll tunc ordinatum. Quiescat ergo superba eo- ille miserat, caussa cognita atque discussa est.
rum lingua, et cognoscat crimina sua, ne de- Itemque alias litteras, ubi declarat memoratus Im-
lirans loquatur aliena. Recita illi etiam, si volue- perator eos apud se de collegarum suorumjudicio
rit, Gesta ecclesiastica ejusdem Secundi Tigisitani id est epicoporum, quos ad urbem Romammiserat.
in domo (b) Urbani Donati habita, ubi confessos
traditores judlci Deo dimisit, Donatum Masculita-
num, Marinum ab Aquis Tibilitanis, Donatum Ca-
lamensem, cum quibus confessis traditoribus me-
:
fuisse conquestos : ubi etiam alios episcopos voluit
apud Arelatum judicare ubi isti et ab ipsorum
judicio ad eumdem lmperatorem appellaverunt:
ubi postremo caussam inter partes ipse cognovit:
moratum traditorem Silvanum eis ordinavit epi- ubi eos vehementissime detestatur innocentia Cæ-
(a)Editi, Quem iste Silvanus. in epistola qua scribit etc. Castieavimus opeMSS.
Jerri
F ad Presbyterum, cujushie epistola refutatur. ex quibus liquet pronomen, iste, re-
(b) Apud Optatum in lib. I, habetur,in domoUrbani Carisi, quia,
nt ait, basilicm necdum fuerant restitutes.
;
toutes ces choses alors il gardera le silence et
ne tendra plus des piéges à la vérité.
permettant qu'ils fussentobligés de condamner,
dans leur concile universel, les Maximianistes
CHAPITRE III. — 6. Du reste, nous nous schismatiques parmi eux à Carthage, ces Maxi-
appuyons moins, pour soutenir notre cause, mianistes qui non-seulement avaient condamné
sur tous ces témoignages, que sur les saintes Primien, mais qui avaient encore baptisé hors
Ecritures où l'héritage de Jésus-Christ a été de la communion de Primien et rebaptisé ceux
promis à toutes les nations de la terre. C'est en que Primien avait déjà baptisés. Dieu leur a
vain que les Donatistes qui s'en sont séparés donc infligé un double châtiment en permet-
par un schisme sacrilège, lancent contre cet tant qu'après avoir condamné les Maximia-
héritage leurs fausses accusations, qui sont nistes, ils aient été obligés par Optat le Gil-
comme la paille de la moisson du Seigneur,
qui doit rester mêlée au bon grain, jusqu'au
jour du dernier jugement, où l'aire sera en-
;
donien (1) de reconnaitre comme évèques un
Félicien, évêque de Musti un Prétextât, évê-
que d'Assuri, quoiqu'ils les eussent condamnés,
tièrement vannée. Tous ces crimes vrais ou et de les recevoir dans leur communion avec
faux ne regardent donc nullement le froment tous ceux que ces deux évèques avaient bap-
du Seigneur qui doit croître dans tout le champ, tisés. S'ils ne se croient pas souillés par ceux
c'est-à-dire dans le monde entier, jusqu'à la fin qu'ils ont condamnés de leur propre bouche,
des siècles. Ce n'est pas le faux ange de votre comme scélérats et sacrilèges, et qu'ils ont
donatiste qui parle ainsi, c'est Jésus-Christ comparés aux schismatiques de l'Ancien Tes-
lui-même dans son Evangile (Matt., xiii, 30).
Mais Dieu a justement puni ces malheureux
tament que la terre a engloutis tout vivants
s'ils communiquent avec eux, après les avoir
:
Donatistes accusant de crimes imaginaires des reçus de nouveau avec gloire et honneur dans
chrétiens innocents qui, sur toute la terre, leur communion, qu'ils ouvrent donc enfin les
sont mêlés aux mauvais chrétiens, comme la yeux; qu'ils reconnaissent leur aveuglement
paille et l'ivraie le sont au bon grain du et leur folie, de dire que l'univers entier est
Seigneur. Dieu, dis-je, les ajustement punis, en souillé par les crimes inconnus de quelques
(1) Voyez sur cet Optat la note de la lettre 21 et celle qui se lit ici dans le latin.
ciliani fuisse superatos. Quæ si voluerit, audiet, et apud Carthaginem schismaticos suos Primiani dam-
tacebit, et desinet insidiari veritati. natort's, extra Primianum baptizatores, post Pri-
CAPUT III. — 6. Quamquam nosnontarndeistis mianum rebaptizatores universali concilio suo dam-
documentis præsumamus, quam de Scripturis sanc- narent: ut ex eorum numero post non parvum
tis, ubi hereditas Christi usque ad terminos terrae tempus quosdam in honoribus episcopatus sui, Fe-
promissa est in omnibus gentibus: unde isti nefario licianum Mustitanum et Preetextatum Assuntanuai
schismate separati, jactant crimina in paleam mes- cogente Optato (a) Gildoniano susciperent, cum om-
sis Dominicæ; quæ,necesse est usque adfinem per- nibus, quos damnati extra baptizaverant. Quod sx
mixta toleretur, donec ultimo judicio tota area ven- ah eis, quos ore proprio tamquam sceleratos et sa-
tiletur. Unde manifestum est ista crimina seu vera crilegos damnaverunt, et quos illis primis schisma-
seu falsa non pertinere ad frumenta Dominica, quæ ticis, quos vivos terra obruit, compararunt, non
per totum agrum, id est istum mundum, usque in maculantur, cum eis rursus in honore suo receptis
finem sæculi oportet crescere, sicut non falsus an- communicant: evigilent aliquando, cogitent quanta
gelus in hujus errore, sed Dominus in Evangelio cæcitate, et quanta insania dicant, orbem terrarum
loquitur (Matt., XIII, 30). Ideoque in Chrislianos in- ignotis Afrorum criminibus esse maculatum, et he-
nocentes, qui per totum orbem malis Christianis reditatem Christi, quæ promissa exhibita est in
tamquam paleae suæ vel zizaniis permixti sunt,
multa falsa crimina et vana jactantibus his miseris
Donatistis merito Deus reddidit., ut Maximianistas
nem communicationis fuisse deletam :
omnibus gentibus, peccatis Afrorum per contagio-
quando se
nolunt deletos et maculatos videri, dum eis com-
(a) Optatus, cui Gildoniano cognomen, ex eo quod cum Gildone Comite tyrannidem in Africa exerceret, episcopus
fuit Donatista Gaudentii Thamugadensis decessor ex lib. I, cont. Gaudent. c. XXXVIII. unde Augustinus in lib. II, adver-
sus epist. Parmen. c. 11. Donatistis exprobrat : Optatum Gildonianum decennalemt otius Africae gemitum,(scilicet ab an,388
ad 398. quo de satellitioGildonis accusatus, in carcere exstinctus est, ex lib. II. cont. lit. Petil. c. xcii), tamquam sacer-
dotem atque collegam honorantes, in communione tenuerunt.
Africains, et que l'héritage du Christ promis à reprenant avec douceur ceux qui pensent au-
toutes les nations a été anéanti par les péchés trement qu'ils ne devraient penser, dans l'es-
la
des Africains et par contagion de toute com- pérance que Dieu, pour leur faire connaître la
munion avec eux, tandis qu'ils ne veulent pas vérité, leur donnera un jour l'esprit de péni-
se regarder eux-même comme anéantis, et tence; et qu'ainsi ils sortiront des piéges du
souillés par le contact de ceux dont ils ont démon, qui les tient captifs, pour en faire ce
condamné les crimes connus et avérés. qu'il lui plaît (II Tim., II, 24)? »
7. C'est pourquoi si l'apôtre Paul dit que S'il nous est échappé quelques paroles trop
Satan se transforme en ange de lumière sévères, qu'il ne les attribue pas à l'amertume
(II Corinth., XI, 14), il n'est pas étonnant que de le voir séparé de nous, mais au désir chari-
ses ministres' se transforment en ministres table de le ramener à la vérité. Vivez sain et.
de la justice. Si donc ce prêtre qui vous a sauf en Jésus-Christ, très-cher et honorable
écrit à vu cet ange, messager de mensonge frère.
et d'erreur, voulant séparer des chrétiens
de l'unité catholique, c'est Satan qui lui est AU SUJET DESDEUX LETTRES SUIVANTES
apparu sous la forme d'un ange de lumière. On lit dans les Rétractations de saint Augus-
Si, au contraire, il vous a trompé et n'a tin, livre II, chapitre
xx.
rien vu de semblable, il est lui-même un mi-
nistre de Satan, se transformant en ministre :
Les deux livres intitulés Réponse aux ques-
de la justice. Et cependant, si considérant ces tions de Janvier,contiennent beaucoup de choses
choses, il veut renoncer à toute perversité et à sur les sacrements, les unes que l'Eglise observe
toute opiniâtreté, il pourra se délivrer de sa généralement, les autres qui ne sont que lo-
propre erreur et du crime d'avoirvoulu y en- cales, c'est-à-dire qui ne sont pas pratiquées
traîner les autres. partout de la même manière. On n'a pas pu
Si Fortunat et Alype se sont réunis à moi les mentionner toutes, mais celles que nous
pour vous écrire ces choses, c'est sans haine rapportons sutfisent pour répondre aux ques-
personnelle contre lui, et en conservant à son tions proposées.
égard les sentiments avec lesquels l'Apôtre nous Le premier livre n'est autre chose qu'une
:
dit « Il ne faut pas qu'un serviteur du Sei- lettre, puisqu'on y voit en tète les noms de
gneur dispute, mais il doit être modéré envers celui qui l'écrit et de celui à qui elle est adres-
tout le monde, capable d'instruire, patient, sée. Mais ce qui me porte à mettre cet ouvrage
LIVRE PREMIER.
A SON TRÈS-CHER FILS JANVIER (2), AUGUSTIN,
étaitla54esetrouvemaintenant; la153e.
(1) Ecrite l'an 400.
i
(a) In-MS. Floriacensi inscribitur, ad Januarium Notarium. cui suffragatur unus
(b).Aliquot MSS„ espanderis. et paulo post, con firmarem aut corrigerem.
e Sorbonicis.
comme je vous l'ait dit, ce que j'aurais préféré;
de l'Eglise. Ce sont, la passion de Notre Sei-
mais puisque maintenant je dois vous répon- gneur, sa résurrection, son ascension, la
dre, j'aime mieux vous faire un long discours descente du Saint-Esprit et autres choses
que de vous faire attendre. Il faut d'abord que semblables solennellement célébrées chaque
vous reteniez comme point principal de cette année et généralement observées dans toute
discussion, que Notre Seigneur Jésus-Christ, l'Eglise.
comme il le dit dans son Evangile, nous a im- CHAPITRE II. -Il y a aussi des choses qui
posé à un joug fort doux un fardeau léger varient selon les localités : ainsi les uns jeûnent
(Matt. XI, 30). En effet, il a lié entre eux les
membres de son nouveau peuple par des sacre-
le samedi, les autres ne jeûnent pas les ;
reçoivent tous les jours le corps et le sang du
uns
ments dont le nombre est fort petit, mais dont Seigneur, les autres à certains jours seulement.
l'observation est facile et la signification mer- Dans quelques lieux, on offre quotidiennement
veilleuse, tels que le baptême donné au nom
de la sainte Trinité, la communion de son
corps et de son sang, et ce qui nous est encore
;
lesaintsacrifice, dans d'autres on ne l'offre
que le samedi et le dimanche ailleurs aussi
on l'offre seulement le dimanche. L'observation
recommandé dans les Ecritures canoniques. de toutes ces choses est laissée à la liberté de
J'en excepte les prescriptions contenues dans chacun. La règle à suivre par un chrétien
les cinq livres de Moïse, qui pesaient sur le
peuple de l'ancienne alliance, à cause de son
état de servitude, et qui convenaient aux dis-
ce qui se fait dans l'église où il se trouve
ce qui n'est ni contre la foi, ni contre les
;
sage et prudent, est de se conformer en cela à
car
positions de son cœur et des temps prophéti- bonnes mœurs, doit être regardé comme in-
ques où 'il vivait. Quant à celles qui n'ont pas différent, et observé avec les égards que l'on
été écrites, que nous conservons par tradition, doit à ceux au milieu desquels on vit.
et qui sont observées par toute la terre, nous -
CHAPITRE III. Je crois vous avoir déjà
devons croire qu'elles ont été recommandées et dit, cependant je vous le répète, que ma mère
établies ou par les apôtres, ou par les conciles
généraux dont l'autorité est si utile au salut :
qui m'avait suivi à Milan, vit qu'on ne jeûnait
pas le samedi dans cette église elle en fut
ponderes : ita enim vel approbando vel emendando commendata atque statuta retineri, sicuti quod Do-
responsiones tuas multo brevius possem res- mini passio et resurrectio et adscensio in cælum, et
pondere, et te facillime aut confirmare ant corri- adventus de cælo Spiritus-sancti, anniversaria sol-
gere. Hoc quidem, ut dixi, mallem. Sed tallien ut lemnitate celebrantur, et si quid aliud tale occurrit
nunc responderem, malui longiorem facere sermo- quod servatur ab universa, quacumque se diffundit,
nem, quam dilationem. Primo itaque tenere te vo- Ecclesia.
10, quod est hujus disputationis caput, Dominum CAPUT U. — Alia vero quae perloca terrarum re-
nostrum Jesum Christum, sicut ipse in Evangelio
loquitur, leni jugo suo nos subdidisse et sarcinæ
levi (Matth., xi, 30): unde sacramentis numero pau-
:
gionesque variantur, sicuti est quod alii jejunant
sabbato, alii non alii quotidie communicant cor-
pori et sanguini Domini, alii certis diebusaccipiunt:
cissimis, observatione facillimis, significationepraes- alibi nullus dies prætermittitur, quo non offeratur,
tantissimis, societatem novi populi colligavit, sicuti
est baptismus Trinitatis nomine consecratus, com-
municatio corporis et sanguinis ipsius, et si quid
:
alibi sabbato tantum et Dóminico, alibi tantum Do-
minico et si quid aliud hujusmodi animadverti
potest, totum hocgenus rerum liberashabet obser-
aliud in Scripturis canonicis commendatur, exceptis vationes : nec disciplina ulla est in his melior gra-
iis quæ servitutem populi Veteris pro congruentia vi prudentique Christiano, quam ut eo modo agat,
cordis iUorum et Prophetici temporis onerabant, quo agere viderit ecclesiam ad quam forte devene-
quae et in quinque libris Moysi leguntur. Illa au- rit. Quod enim neque contra fidem, neque contra
tem quae non scripta, sed tradita custodimus, quæ bonos mores (a) esse convincitur, indifferenter est
quidem toto terrarum orbe servantur, datur intel- habendum, et propter eorum inter quos vivitur so-
ligi vel ab ipsis Apostolis, vel plenariis ConciIiis, cietatem servandum est.
quorum est in Ecclesia saluberrima auctoritas, 3. Credo te aliquando ex me audisse, sed tamen
etiam nunc commemoro. Mater mea Mediolanum di, quæ neque Scripturae sanctæ auctoritate, neque
me consecuta, invenit ecclesiam sabbato non jeju- universalis Ecclesiæ traditione, neque vitse corri-
nantem, coeperat perturbari et fluctuare quid age- gendæ utilitate,adcertum possunttermiuumperve-
:
ret cumego talia non curabam, sed propter ipsam nire (tantum quia subest qualiscumque ratiocina-
:
consului de hac re beatissimse memoriae viramAni-
brosium respondit mihi nihil se docere me posse,
nisi quod ipse faceret, quia si melius nosset, id po-
tio cogitantis, aut quia in sua patria sic ipse con-
suevit,aut quia ibi vidit, ubi peregrinationem suam
quo remotiorem a suis, eo doctiorem factam pu-
tius observaret. Cumque ego putassem, nulla red- tat) tam litigiosas excitant quæstiones, ut nisi quod
dita ratione auctoritate sola sua nos noluisse admo- ipsi faciunt, nihil rectum existiment.
;
traire, s'efforcent à l'envi d'honorer ce sacre- autres nourritures, ni l'honorer avec la véné-
ment si salutaire. Il n'y eut entre Zachée et ration qui lui est due car, après avoir dit :
:
le centurion ni esprit de contestation, ni désir « Celui-là mange et boit sa propre condamna-
de se préférer l'un à l'autre, lorsque le pre- tion, il ajoute « en ne discernant pas le corps
mier reçut avec joie le Seigneur dans sa mai- du Seigneur (I Corint., xi, 22). » C'est ce qu'il
son (Luc, xix, 6), et que le second lui dit :
est facile de voir en lisant attentivement ce
« Seigneur, je ne suis pas digne que vous passage de la première épitre aux Corinthiens.
entriez dans ma demeure (Matt., VIII, 8).» CHAPITRE IV. — 5. Qu'un étranger se
;;
Tous les deux, quoique d'une manière diffé- trouve par hasard dans quelque pays où les
rente, honoraient le Seigneur tous les deux fidèles observateurs du carême ne se baignent
étaient de misérables pécheurs tous les deux point et ne rompent pas le jeûne le jeudi. Je ne
obtinrent miséricorde. De même que dans l'an- jeûne pas, dira sans doute cet étranger. Si on
cien peuple la manne avait dans la bouche de lui en demande la raison, il répondra ce n'est
chacun la saveur qu'il lui plaisait d'y trou- pas l'habitude dans ma patrie. Que fait-il
:
ver de même le sacrement de l'Eucharistie alors, si ce n'est de préférer ses habitudes à
accipiat, quo debet agere peenitentiafa; non ut secundum propriam voluntatem in ore sapiebat,slc
arbitrio suo, cum libet, vel auferat se communio- (a) uniuscujusque in corde Chrislianisacramcntum
ni, vel reddat. Ceterum peccata si tanta non sunt, illud, quo subjugatus est mundus (II Retract.,
ut excomrnunieandus quisquam homo judicetur, c. xx). Nam et ille honorando non audet quotidie
non se debet a quotidiana medicina Dominici cor- sumere, et ille honorando non audet ullo die prse-
poris separare. Rectius inter eos fortasse quispiam termittere. Contemtum solum non vult cibus iste,
dirimit litem, qui monet ut praecipue in Christi sicut nec manna fastidium. Inde enim et Apostolus
pace permaneant : faciat autemunusquisque quod indigne dicit acceptum ab eis, qui hoc non discer-
secandum fidem suam pie credit esse faciendum. nebant a ceteris cibis veneratione singulariter de.:.,
Neuter enim eorum exhonorat corpus et sangui- bita. Continuo quippe cum dixisset, Judicium sibi
llem Domini, sed saluberrimum sacramentum cer- manducat et bibit; addidit ut diceret, non diju-
tatim honorare contendunt. Neque enim litigave- dicans corpus Domini (I Cor., 11, 29) : » quod satis
runt inter se, aut quisquam corum se alteri toto ipso loco in epistola ad Corinthios prima, si
præposuit, Zachæus et ille Centurio, cum alter eo- diligenter adtendatur, apparet.
j
rum gaudens in domum suam susceperit Dominum
(Luc., xix, 6), alter dixerit « Non sum dignus ut
intressub tectum meum (jlatth., vni, 8) : » ambo
CAPUT IV. — 5. S:t aliquis peregrinus in eo
forte loco, ubi perseverantes in observatione Qua-
dragesimse, nec quinta sabbati (6) lavant, rela-
:
Salvatoremhonorificantes diverso et quasi contra-
rio modo ambo peccatis miseri, ambo misericor-
diam consecuti. Valet etiam ad hanc similitudi-
xantve jejunium : Non, inquit, hodie jejunabo.
Quseritur caussa : Quia non lit, inquit, in patria
mea. Quid aliud ille, nisi consuetudinem suam
nl'm quod in primo populo unicuique manna consuetudini alterius præponere conatur ?
Non
TI.
(a) Sic MSS. quatuor' At excusi, tie in ore cujusque Christiani et prosequuntur, sacramentum illud quomodo sumatur æsti-
mandum;exceptis Bad. et Am. qui hahent, quo subjugaluscestimandus. ubi inMSS. omnibus et VaticanisetGallicanis
legitur. quo subjuqatus est mundus. hanc lectionem confirmat Beda vulcratus I Cor.
(6) Lov. levant,sed meliusBad. Am. Er. etMSS lavant.
celles des autres. Il ne pourra certainement pas
me dire qu'il s'appuie en cela sur les saintes
Ecritures, ni sur l'autorité de l'Eglise univer-
termes :
que vous m'avez posée, et qui est conçue en ces
« Que faut-il faire le jeudi de la der-
nière semaine du carême? Faut-il offrir le
selle. Il ne me prouvera pas non plus que ceux sacrifice le matin, et une seconde fois après le
qui jeûnent le samedi agissent contre la foi, et
;
que lui agit selon la foi que les autres sont
:
souper parce qu'il est écrit « Après le souper,
Jésus-Christ prit le pain, le rompit, » ou faut-
les violateurs des bonnes mœurs, et que lui en il jeûner, et offrir le sacrifice seulement après
est le gardien fidèle. On viole, au contraire, le le souper? ou bien jeûner, et souper après l'o-
repos et la paix en agitant des questions aussi
inutiles. J'aimerais bien mieux qu'en pareil
cas, si l'un était dans le.pays de celui-ci, et
;
blation, comme nous avons coutume de le
faire? » A cela je réponds « Si l'autorité des
saintes Ecritures nous prescrit ce que nous
celui-ci dans le pays de l'autre, ils se confor- devons faire, nous devons sans le moindre
massent aux pratiques qu'ils y trouvent éta- doute, nous conformer à ce qué nous y lisons,
blies. Si lin chrétien voyageant dans un pays nous aurons alors uniquement à examiner
étranger où le peuple de Dieu est plus nom- comment il faut interprêter le sacrement, et
breuxet plus fervent voit, par exemple, le saint non comment il faut le célébrer. Il en sera de
sacrifice offert deux fois le matin et le soir, le
jeudi de la dernière semaine du carême, et
que, de retour dans sa patrie, où l'habitude
:
même à l'égard des pratiques que l'Eglise
observe par toute la terre mettre en question
s'il faut ou ne faut pas les suivre, serait de la
est de l'offrir seulement à la fin du jour, il pré- plus insigne folie. Mais ni l'un ni l'autre de ces
tende que cela est mal et illicite, parce qu'il a point ne touchent à votre question. Reste donc
vu faire autrement ailleurs, ce serait là une ce qui concerne la divergence des usages qui
puérilité dont nous devons nous garder, mais varient selon les localités. En cela, chacun doit
qu'il faut tolérer dans les autres, et corri- se conformer à ce qui se pratique dans l'Eglise
ger ceux qui sont avec nous. où il se trouve, car cette variété locale ne porte
CHAPITRE V. — 6. Voyez auquel de ces atteinte ni à la foi ni aux mœurs qui, d'un côté
trois genres appartient la première question comme de l'autre, ne sont point intéressées
enim mihi de libro Dei hoc recitaturus est, aut per quintam feriam ultimte hebdomadis Quadrage-
universae quacumque dilalatur Ecclesise plena voce simae fieri debeat, an offerendum sit mane, et rur-
certabit, aut ostendet istum contra fidem facere sus post ccenara, propterillud quod dictumest,Simi-
se autemsecundumfidem, moresque hinc optimos liter postquam ccenatumest:anjejunandum,et post
aut illum violare, aut se custodire convincet. ccenamtantummodo offerendum : anetiamjejunan-
Violant sane quietem et pacem suam de super- dum,et post oblationem,sicut facere solemus, cænan-
flua quaestione rixando. Mallem tamen in rebus dum.» Ad hæcitaqueitarespondeo,llt quidhorum sit
et
hujusmodi, ut et ille in hujus, hie in illius patria faciendum,sidivinae Scripturaepraescribit auctoritas,
ab eo quod ceteri faciunt non abhorreret. Si vero non sitdubitandumquinita faceredebeaniusut legi-
etiam in aliena patria cum peregriuaretur, ubi ma- mus,utjamnon quomodofaciendum estquomodo sa-
jor et frequentior et ferventior est populus Dei, vi- cramentum intelligendum sit, disputemus. Similiter
dit, verbi gratia, bis offerri quinta sabbati hebdo- ctiam si quid horum tota per orbem frequentat Ec-
madae ultimae quadragesimae, et mane et ad clesia. Nam et hinc quin ita faciendum sit, dispu-
vesperam, veniensque in patriamsuam, ubi in fine tare insolentissimae insaniæ est. Sed neque hoc,
diei mos est offerri, male atque illicite fieri conten- neque illud inest in eo, quod tu quaeris. Restat igi-
dat, quoniam alibi aliter ipse viderit, puerilis est tur ut de illo tertio genere sit, quod per loca regio-
iste sensus, cav.cndus in nobis, tolerandus (a) in quod in ea
nesque variatur. Faciat ergo quisqne cnim quid-
aliis, corrigendus.in nostris. ecclesia in quam venit, invenerit. Non
CAPUT V. — 6. Prima ergo inquisitio tua, quam quam eorum contra fidem fit, aut contra mores,
in commonitorio posuisti, exquotriumistorumge- hinc vel inde meliores. His enim caussis, id est aut
nerum sit, adtende. Quwris enim his verbis, a quid propter fidem, aut propter mores, vel emendaii
(a) Am. Er. MSS. quatuor, tolerandus et corrigendus in nostris. Bad. et unus e Regiis codicibus habent, tollendus et
corrigendus m---nostris.
gneur pritle pain, le bénit (Matth.,XXVI, 26),»
en cela. En pareil cas, on ne doit avoir en
:
vue que la foi et les mœurs, soit en corrigeant et plus haut « Le soir étant venu, Jésus se mit
ce qui était mauvais, soit en établissant ce qui à table avec ses douze disciples, et tandis qu'ils
:
n'existait pas encore. En effet, tout change- mangeaient, il leur dit L'un de vous me tra-
ment de coutumes, fût-il même utile, apporte hira (Ibid., xx), » après quoi illeur donna le sa-
toujours quelque trouble par sa nouveauté ;
crement. Il résulte donc clairement de ces pa-
c'est pourquoi tout changement qui n'est pas roles que les disciples n'étaient pas à jeun,
utile, par cela même qu'il apporte un trouble lorsqu'ils reçurent pour la première fois le corps
infructueux, est assurément nuisible. et le sang du Seigneur.
7. Si dans beaucoup d'endroits on offre, le 8. Mais faut-il pour cela calomnier l'Église
Jeudi-Saint, le saint sacrifice après le repas, il universelle, parce qu'elle ne donne l'Eucha-
ne faut pas en conclure que ce soit d'après ristie qu'à ceux qui sont à jeun. C'est le
:
l'Èvangile, où il est dit « De même après la Saint-Esprit même qui a voulu qu'en l'hon-
Cène, :1 prit le calice, le bénit et dit, etc., o neur d'un si grand sacrement aucune au-
car l'apôtre a pu appeler Cène la participation tre nourriture n'entrât dans la bouche d'un
du corps de Jésus-Christ que les apôtres avaient chrétien avant le corps du Sauveur. C'est pour-
:
déjà reçu, avant de recevoir le calice, car l'É- quoi cette coutume est observée dans le monde
vangile dit ailleurs « Lors donc que vous vous entier. Si Jésus-Christ a donné le sacrement à
assemblez comme vous faites, ce n'est plus ses disciples après qu'ils eurent mangé, ce n'est
manger la Cène du Seigneur (I Corint., xi, pas une raison pour que les chrétiens se réu-
;
20) » et saint Paul donne ici à l'Eucharistie le nissent pour le recevoir après avoir dîné ou
nom de Cène du Seigneur. soupé, ou qu'ils le reçoivent au milieu de leur
CHAPITRE VI. — La seule chose qui puisse repas même, comme faisaient ceux que l'Apô-
inquiéter, c'est de savoir si c'est après le repas tre blâme et reprend. Si le Seigneur a donné
de ce jour-là qu'il faut offrir ou recevoir l'Eu- le sacrement à ses disciples après le repas, c'é-
charistie, parce qu'il est dit dans l'Évangile :
tait, en accomplissant ce dernier acte devant
« Pendant que les apôtres mangeaient, le Sei- eux, pour graver plus profondément la gran-
oportet quodperperam fiebat, vel institui quod non dixit, Quoniam unus ex vobistradet me (Ibid., 20).»
fiebat. Ipsa quippe mutatio consuetudinis, etiam Postea enim tradidit sacramsntum. Et liquido ap-
quæ adjuvat utilitate, novitate perturbat. Qua pro- parel, quando primum acceperunt discipuli corpus
pter quae utilis non est, perturbatione infructuosa etsanguinem Domini, noneos accepissejejunos.
consequenter noxia est, 8. Numquidtamenpropterea calumniandum est
7. Nec ideo putari debet institiitum esse multis universse Ecclesiae quod a jejunis semper accipitur?
locis, ut illo die post refectionem oiferatur, quia Ex hoc enim placuit Spiritm-sancto, ut in honorem
:
scriptum est « Identidem et calieem post coenam tanti sacramenti in Oi Caristiani prius Dominicum
dicens, » etc. Ipsam enim potuit appellare cceuam, corpus intraret, quam (a) ceteri cibi. Nam ideo per
qua jam corpus acceperant, ut deinde calicem acci- universum orbem mus iste servatur. Neque enim
perent. Apostolus nimque alibi dicit, « Convenien- quia post cibos dedit Dominus, propterea pransi aut
tibus ergo vobis in unum, non est Dominicam cœnati fratres ad illud sacramentum accipiendum
coenam, manducare (I Cor., xi, 20), »
hanc ipsam convenire debent, aut sicut faciebant quos Aposto-
acceptionem Eucharistise Dominicam coenam vo- lus arguit et emendat, mensis suis ista miscere.
cans, Namque Salvator- quo vehementius commendaret
CAPUT VI.
— Illud magis movere potuit homines, mysterii illius altitudinem,ultimum hoc voluitaltius
utrum jam refecti die ilia vel offeirent vel sume- inligere cordibus et memoriae discipuloruin, a qui-
rent Eucharistiam, quod in Evangelio dicitur; bus ad passionem digressurus erat. Et ideo non
« Cum autem iilimanducarent,accepit Jesus panem præcepit quo deinceps ordine sumeretur, ut Apo-
et benedixit (Matt., xxvi, 26); » cum etiam supe- stolis, per quos ecclesias dispositurus erat, servaret
rius dixisset; « Cum sero autem factum esset, re- hunc locum. Nam si hoc ille monnisset, ut post
cumbebat cum duodecim, et manducantibus eis cibos alios semper acciperetur, credo quod eum
:
rait changé cette coutume. L'Apôtre dit bien,
il est vrai, en parlant de ce sacrement « C'est
Saint;
les fidèles ont coutume de se baigner le Jeudi-
mais comme plusieurs observent le
jeûne ce jour-là, on offre le saint sacrifice le
pourquoi, mes frères, lorsque vous vous réu- matin, en faveur de ceux qui, ne pouvant sup-
nissez pour manger, attendez-vous les uns les porter le jeûne et le bain, se trouvent obligés
autres. Si quelqu'un est pressé par la faim, de dîner, et on l'offre le soir en faveur de ceux
qu'il mange dans sa maison, afin que vous ne qui jeûnent.
vous assembliez pas pour votre condamnation 10. Si vous me demandez d'où provient la
ment:
(1 Corint., XI, 20), » mais il ajoute immédiate-
« Je règlerai le reste à mon arrivée
parmi vous (IMd., 34).» On peut conclure de là
coutume de se baigner le jeudi saint, je n'au-
rais rien de positif à vous dire à cet égard, si
ce n'est que ceux qui doivent être baptisés ce
que l'usage de jeûner avant la communion, jour-là, ne pourraient pas décemment se pré-
uniformément observé sur toute la terre, a été senter pour recevoir ce sacrement, sans s'être
prescrit par l'Apôtre, qui ne pouvait dans une préalablement baignés, à cause de la malpro-
lettre établir une règle pour l'Église univer- preté que leur a causée la rigoureuse obser-
selle. vance du carême; et alors ils choisissent de
CHAPITRE VII. — 9. Quelques-uns croient, préférence., pour se purifier, le jour de l'anni-
et non sans raison peut-être, qu'une fois l'an- versaire de la Cène de Notre Seigneur. Cette
née, le jour où le Seigneur donna la Cène à ses concession faite à ceux qui devaient recevoir
disciples, on peut offrir le sacrifice et recevoir le le baptême, a engagé beaucoup d'autres à se
corps et le sang de Jésus-Christ, après le repas, laver comme eux, et à rompre ainsi leur jeûne.
pour honorer d'une manière plus expresse la J'ai discuté aussi bien que je l'ai pu les ques-
commémoration de ce mystère. Je crois cepen- tions que vous m'aviez proposées, mais je vous
morem nemo variasset. Cum vero ait Apostolus de nem possit occurrere. Quapropter neminem (a)
hoc sacramento loquens; « Propter quod fratres
spectate:
cum convenitis ad manducandum, invicem, ex-
Si quis esurit, domi manducet ,
»
ut
non ad judicium conveniatis (I Cor., XI, 20): sta-
timsubtexuit; « Cetera autem cum venero, ordi-
cogimus ante Dominicam illam cœnam prandere,
sed nulli etiam contradicere audemus. Hoc tamen
non arbitror institutum, nisiquiaplures et prope
omnes in plerisque locis eo die lavare consueverunt.
Et quia nonnulli etiam jejuniurn custodiunt, mane
nabo (Ibid., 34).» Unde intelligi datur, (quiamul- offertur propter prandentes, quia jejunia simul et
tum erat, ut in epistola totumilium agendi ordinem lavacra tolerare non possunt; ad vesperam vero
insinuaret, quem universa per orbem servat Eccle- propter jejunantes.
sia) ab ipso ordinatum esse quod nulla morum 10. Si autem quæris, car etiam lavandi mos or-
diversitate variatur. tus sit: nihil mihi de hac re cogitanti probabilius
CAPUT VII.—9.Sednonuullos probabilis quædam occurrit, nisi quiabaptizandorumcorporaperobser-
ratio delectavit, ut uno certo die per annum, quo vationem quadragosimæ sordidata, cum offensione
nisi aliqua die lava-
ipsam cœnam Dominus dedit, tamquam ad insignio- sensus ad fontem tractarentur,
rem commemorationem post cibos offerri et accipi rentur. Istum autem diem potius ad hoc electum,
anniversarie celebratur. Et
liceat corpus et sanguinem Domini, Honestius au- quo cœna Dominica
tem arbitror ea horafieri, ut qui etiam jejunaverit, quia concessum est hoc baptismum accepturis,
post refectionem, quæ hora nona fit, ad oblatio- multi cum his lavare voluerunt, jejuniumque rela-
(a) MSS. aliquot, neminem cogit dominica illa cœna prandere. Bad. Am. et Er. neminem cogimus dominica illa cæna
prandere.
exhorte à suivre et à pratiquer ce que je vous enfant de l'Eglise. Plus tard et avec la grâce
ai dit, autant que vous le pouvez, et comme il de Dieu, je
répondrai aux choses pour lesquelles
convient à l'esprit de paix et de prudence d'un vous m'avez encore interrogé.
xare. His ut potui disputatis, moneo, ut ea quæ interrogasti, si Dominus voluerit, alio tempore ex-
prælocutus sum serves quantum potes, ut decet pediam.
Ecclesiæ prudentem ac pacificum filium. Alia qua;
LIVRE DEUXIÈME.
l'Apôtre:
tion de ce divinmystère. Car, comme le dit
« Jésus-Christ est mort pour nos pé-
chés, et il est ressuscité pour notre justifica-
CHAPITRE II.
—
3. Ce passage se fait en
nous par la foi qui nous obtient la rémission
de nos péchés, et nous fait espérer la vie éter-
tion (Rom., IV, 25).» C'est ainsi que dans la nelle, si nous aimons Dieu et notre prochain,
passion et la résurrection du Seigneur, a été « parce que la foi opère par la charité (Galat.,
consacré notre passage de la mort à la vie. Car v, 6),» et le juste vit de la foi; mais l'espérance
le mot Pâque ne vient pas du grec, comme on qui se voit n'est plus espérance, car qui est-ce
le croit généralement, mais de l'hébreu, selon qui espère ce qu'il voit (Habac.,II,4) ? c. Mais si
ceux qui connaissent les deux langues, c'est- nous espérons ce que nous ne voyons pas en-
à-dire qu'il n'est pas dérivé de passion (souf- core, nous l'attendons par la patience (Rom.,
france), parce qu'engrec~nàa^siv signifie souf- VIII, 24). » C'est par cette foi, cette espérance.
frir, mais d'un mot hébreu qui, comme je et cette charité qui ont commencé pour nous un
l'ai dit, signifie passage, c'est-à-dire passage de nouvel état, celui dela grâce,que nous sommes
la mort à la vie. C'est ce que Jésus-Christ a morts avec Jésus-Christ, et ensevelis avec lui
:
voulu nous faire entendre quand il dit « Celui
qui croit en moi passera de la mort à la vie
(Jean, v, 24). » Saint Jean a voulu exprimer la
:;
par le baptême, en signe de mort, selon les
paroles desaint Paul « Notre vieil homme a
été crucifié avec lui et nous sommes ressuscités
même chose, lorsque, parlant de la Pâque que avec lui, puisqu'il nous a réveillés du sommeil
le Seigneur allait célébrer avec ses disciples, et de la mort, et nous a fait asseoir avec lui dans
ipsa res acta est, festa devotione signari. Sacra- dicitur, sicut perhibent qui hoc sciunt. Quod voluit
mentum est autem in aliqua celebratione, cum rei et ipse Dominus tangere cum dicit? « Qui credit
gestæcommemoratioita fit,ut aliqaid etiam signi- in me, (c) transietde morte ad vitam (Johan.,v,24).»
ficari intelligatur, quod sancte accipiendum est. Eo Et maxime idem Evangelista hoc exprimere vo-
itaque modo agimus Pascha, ut non solum in me- luisse intelligitur, cum de celebraturo Domino
moriam quod gestum est revocemus, id est quod Pascha cum Discipulis suis, ubi cœnam eis mysti-
mortuus est Christus et resurrexit,sed etiam cetera cam dedit, « Cum vidisset, inquit, Jesus quia venit
quæ circa ea adtestantur ad (a) sacramenti signifi- ejus hora ut transiret de mundo ad patrem
cationem non omittamus. Quia enim, sicut dicit (Johan., XIII, 4). » Transitus ergo de hac vita mor-
Apostolus, « Mortuus est propter delicta nostra, et tali in aliam vitam immortalem (hoc est enim de
resurrexit propter justificationemnostram (RoM.jv, morte ad vitam) in passione et in resurrectione Do-
25) : » transitus quidam de morte ad vitam in illa mini commendatur.
passione Domini etresurrectione sacratus est.Nam a
CAPUT II. — 3. Hic transitus nobis modo agitur
etiam vocabulum ipsum quod « Pascha » dicitur, per fidem, quæ nobis est in remissionem peccato-
non græcum, sicut vulgo (b) videri solet, sed hæ- rum, in spem vitæ æternæ, diligentibus Deum et
bræum esse dicunt, qui linguam utramque nove- proximum; quia « fides per dilectionem operatur ;
runt. Neque enim a passione, quoniam græce et justus ex fide vivit (Gal., v, 6). Spes autem quæ
ncr-aym dicitur pati, sed ab eo quod transitur, videtur, non est spes. Quod enim videt quis, quid
sperat (Habac., 11, 4)? Si autem quod non videmus
:
ut dixi, de morte ad vitam, hebræo verbo res
brosiodemysticoPaschacap.I.
(a) Floriacensis codex, ad sacratam significationem convertere non omittamus
24) : »secundum hanc fidem, et spem, et dilectio- spectantes redemtionem corporis nostri. « Spe enim
nem, qua cœpimus esse sub gratia,jam commortui salvi facti sumus. » In hac spe cum sumus, corpus
sumus cum Christo, et consepulti illi perbaptismum quidem mortuum est propter peccatum, spiritus
in mortem, sicut dicit Apostolas : « Quia et vetus autem vita est propter justitiam. Sed vide quid se-
homo BIder simul crucifixus est cum illo; etresur-
reximuscum illo : quia simul nos excitavit, et simul
sederefecit in cælestibus (Rom.,VI, 6). » Unde est et
:
quitur; « Si autem Spiritus ejus, » inquit, « qui
suscitavit Jesum a mortuis habitat in vobis qui sus-
citavit Christum a mortuis, vivificabit et mortalia
illa exhortatio ; « Si autem resurrexistis cum Chri- corpora vestra per inhabitantem Spiritum ejus' in
sto, quæ sursum sunt quærite, ubi Christus est ad vobis (Rom., VIII, 11). » Hocigitur universaEcclesia,
dexteram Deisedens; quæ sursum sunt sapite,non quæ in peregrinatione mortalitatis inventa est, ex-
;
quæ super terram (Col., III, 1). » Sed quod
sequitur et dicit « Mortui enim estis, et vita ves-
tra abscondita est cum Christo in Deo. Cum Christus
pectat in fine sæculi quod III Domini nostri Jesu
Christi corpore præmonstratum est, qui est ex mor-
tuis primogenitus, quia et corpus ejus cui caput est
apparuerit vita vestra, tunc et vos apparebitis cum ipse, non nisi Ecclesia est.
:
illo in gloria (Ibid., v, 3) satis indicat quid velit in-
telligi; quia nunc transitus noster de morte ad vi-
tam, qui fit per fidem, spe peragiturfuturæ in fine
;
CAPUT III. — 4. Nonnulli enim adtendentes ver-
ba quæ, assidue dicit Apostolus quia et mortui su-
mus cum Christo, et resurreximus cum eo; jam Dec
resurrectionis et gloriæ, cum corruptibile hoc, id est intelligentes quatenus dicantur, arbitrati sunt
caro ista in qua gemimus modo, induet incorrup- factam esse resurrectionem, nec ullam ulterius in
tionem, et mortale hoc induet immortalitatem fine temporum esse sperandam. « Ex quibus est, »
(I Cor., xv, 53). Nunc enim quidem jam habemus inquit, II Hymenæus et Philetus, qui circa verita-
primitias spiritus per fidem (Rom., VIII, 23). sed tem aberraverunt, dicentes resurrectionem jam fac-
adhuc in nobis ipsis ingemiscimus, adoptionem ex- tam esse, et fidem quorumdam subverterunt (II Tim.,
de quelle manière, sinon comme ille dit, par (Exod., XXIII, 15), » aété choisi pour lacélébra-
la foi, l'espérance et la charité, selon les pré- tion du mystère pascal. Mais comme dans tout
mices de l'esprit (Rom., VIII, 24)? Or, si l'es- le cours des siècles, le temps du christianisme
pérance qui se voit n'est plus espérance, si forme la troisième période, la résurrection du
espérant ce que nous ne voyons pas, nous l'at- Seigneur s'est accomplie le troisième jour après
tendons par la patience, il nous reste à obtenir sa mort. La première période est celle qui s'est
;
la rédemption de notre corps que nous atten- écoulée avant la Loi la seconde sous la Loi, la
parole :
dons en gémissant en nous-mêmes, selon cette troisième sous la Grâce, dans laquelle se sont
«
Réjouissez-vous dans l'espérance, et manifestés les mystères cachés auparavant sous
soyez patients dans latribulation(Rom.,XII,12).» le voile énigmatique des prophéties. C'est aussi
5. Ce changement qui nous fait entrer dans ce qu'exprime le nombre des jours de la pé-
une vie nouvelle, est donc comme un passage riode lunaire, car dans l'Ecriture le nombre
;
de la mort à la vie et ce passage s'opère par sept est souvent employé dans un sens mysti-
la foi, afin que a nous nous réjouissions dans que de perfection, et c'est pour cela qu'on cé-
l'espérance, et que nous soyons patients dans lèbre la solennité de Pâques, la troisième
la tribulation, » tant que l'homme extérieur se semaine de la lune, le jour qui tombe du qua-
détruit en nous, et que l'homme intérieur se torze au vingt-un.
renouvelle de jour en jour. C'est à cause dece CHAPITRE IV. — 6. Il y a encore ici un
commencement d'une vie nouvelle, c'est à autre mystère qui vous présentera peut-être
cause de ce nouvel homme dont nous devons quelque obscurité, mais si vous n'êtes pas versé
nous revêtir en nous dépouillant de l'ancien, dans de pareilles connaissances, ne vous en
et en nous purifiant du vieux levain pour de- attristez pas, et ne croyez pas que je vaille
venir une pâte nouvelle (l Corint., V, 7), puis- mieux que vous, parce que j'ai appris ces
que Jésus-Christ, qui est notre agneau pascal, choses dans les études de ma jeunesse. « Car
a été immolé, c'est, dis-je, à cause de cette vie celui qui se glorifie, ne doit se glorifier, dit le
nouvelle dans laquelle nous entrons, que le prophète, que de savoir et de comprendre que
premier mois de l'année, qui dans l'Ecriture je suis le Seigneur (Jérém., IX, 24). Des hom-
est appelé le « mois du renouvellement mes, par goût pour de pareilles connaissances,
:
non est spes, et ideo si quod non videmus spera-
mus, per patientiam exspectamus restat uti-
que redemtio corporis nostri, quam exspectantes
innobismetipsisingemiscimus. Unde est et illud;
apparuit, ideo resurrectio Domini triduana est. Pri-
mum enim tempus est ante Legem, secundum sub
Lege, tertium sub gratia, ubi jam manifestatio est
sacramenti prius occulti in prophetico ænigmate.
«Spegaudentes, in tribulatione patientes (Rom., Hoc ergo et in lunari numero significatur; quia
XII,12). » enim septenarius numerus solet in Scripturis ad
,
5. Hæc igitur innovatio vitæ nostræ est quidam quamdamperfectionem mysticus apparere, tertia
transitus de morte ad vitam, qui primo fit per fi- hebdomada lunse Pascha celebratur, qui dies occur-
dem, ut in spe gaudeamus, et in tribulatione pa- rit a quarta-decima in vicesimam-primam.
tientes simus, dum adhuc exterior noster homo cor- CAPUT IV. — 6. Est illic et aliud sacramentum,
rumpitur, sed interior renovatur de die in diem. quod si tibi obscurum fuerit, quia in talibus inqui-
(a) Propter ipsum initium novæ vitæ, propter no- sitionibus minus eruditus es, non contristeris : nec
veterem ;
vum hominem quem jubemur induere, et exsuere
expurgantes vetus fermentum, ut simus
nova conspersio, quoniam Pascha nostrum immo-
ideo me putes meliorem, quia hæc in studiis
puerilibus didici. « Qui enim gloriatur, in eo
glorietur, inquit, « scire et intelligere, quoniam
(a) MSS. tres Propter hoc ipsum initium etc. Alii sex, Propter ipsum initium novœ vitœ, novun hominern jubemur induere.
ont fait beaucoup de recherches sur les nom- mencement, comme à son déclin, la lune brille
bres et les mouvements des astres, et ceux qui en croissant lumineux, pourquoi elle com-
ont le plus approfondi ces questions, ont con- mence à diminuer au milieu du mois, ni pour-
jecturé que les phases d'accroissement et de quoi elle n'arrive pas pleine jusqu'à la fin du
décroissement de la lune, viennent de la con- mois, pour se désemplir seulement alors..
version de son globe, et non pas de ce qu'elle 7. Ceux qui ont étudié ces-choses-là d'après
reçoit une nouvelle substance quand elle s'ac- le calcul exact des nombres, de manière non-
croît, ou qu'elle en perd, quand elle décroît, seulement à expliquer la raison des éclipses de
comme le prétendent les manichéens avec soleil et de lune, mais encore à les prédire long-
autant d'ignorance que de folie. Ils disent en temps d'avance, et à préciser par des calculs
eflet que la lune se remplit, comme se rempli- certains l'époque et l'intervalle de leur appari-
rait un vaisseau, de quelque portion fugitive tion, de manière que ceux qui lisent et qui
de Dieu, portion que dans leurs blasphèmes comprennent ce que les savants ont écrit,
sacriléges et dans leur cœur impie, ils croient puissent prédire comme eux ces phénomènes,
et disent mêlée aux princes des ténèbres, et sans se tromper dans leurs prédictions, ceux-
souillée de leur impureté. En conséquence, ils là, dis-je, ne sont pas excusables d'avoir eu
disent que la lune se remplit lorsque cette por- assez de science pour connaître les merveilles
tion de Dieu est parvenue, après de grands du monde, et de n'avoir pas pu plus facilement
efforts, à se purifier de toute souillure, et à s'é- en connaître le Maître et le Seigneur (Sages.,
chapper de tous les coins et de tous les cloaques III,9) qu'une humble piété suffit pour nous faire
:
de la terre, pour rentrer en Dieu, qui pleure
jusqu'à ce qu'elle lui revienne qu'ainsi la lune
en est remplie pendant la moitié du mois, et
trouver. En observant les extrémités du crois-
sant de la lune, qui sont opposées au soleil,
soit qu'elle croisse, soit qu'elle décroisse, ils en
que dans l'autre moitié, cette portion fugitive ont conjecturé qu'elle recevait sa lumière du
de la substance divine se déverse de la lune soleil, et que plus elle s'en éloignait, plus elle
dans le soleil, comme d'un vaisseau dans un absorbait de ses rayons dans la partie qui re-
autre. Et cependant au milieu de tous ces blas- garde la terre, tandis qu'au contraire plus elle
phèmes, dignes d'anathème, ils n'ont jamais s'en approchait, après le milieu du mois, plus
pu trouver ni expliquer pourquoi à son com- était éclairée à sa partie supérieure, et qu'alors
:
omnibus cloacis fugiens, redditur Deo lugenti
dum redeat repleri vero per mensem dimidium,
et alio dimidio in solem refundi, velut in aliam
lum, Dominum ejus, » quem supplici pietate pos-
sent, « non facilius invenerunt) (Sap., XIII, 9) « ex
ipsis cornibus lunæ quæ a sole aversa sunt, sive
navem. Nec tamen inter istas anathematizandas crescentis sive decrescentis, conjecerunt eam vel a
blasphemias aliquid umquam fingere potuerunt, sole illustrari, et quanto magis ab eo recederet,
(a) Sic MSS. præstantiores. At Lov. Studia talium rerum quœsiverunt multa de numeribus etc.
(b) MSS. septem, ad finiendumplena perveniat.
elle ne pouvait recevoir aucun rayon du so-
leil dans la partie de son disque qui fait face à
la terre, et que c'était par cette raison qu'elle
Quel est ce sage qui demeure comme le soleil,
sinon ce soleil de justice dont il est dit « Le
soleil de justice s'est levé pour moi ;»
:
soleil
nous paraissait en décroissance. Si d'un autre que les impies ne verront pas se lever pour
côté on admet que la lune a une lumière qui eux, car au jour dernier, ils s'écrieront en gé-
lui est propre, il en résulte qu'il n'y a qu'une missant : « La lumière de la justice n'a pas lui
moitié de son globe lumineuse, et qu'elle la
montre peu à peu à la terre en proportion de
;
pour nous pour nous le soleil de la justice
ne s'est pas levé. (Sagess., V, 6). » Dieu fait
son éloignement successif du soleil, jusqu'à lever ce soleil visible aux yeux de la chair sur les
ce qu'elle la montre tout entière; et c'est bons et sur les méchants, comme il fait pleuvoir
ainsi qu'elle semble prendre de l'accroissement. sur les justes et sur les injustes. Il s'élève sou-
tandis qu'elle montre seulement ce qu'elle vent des similitudes entre les choses visibles et
la
avait déjà,sans avoir reçu moindre addition
;
au volume de son globe et puis de nouveau,
ce qu'elle avait montré à nos yeux commence
celles qui sont invisibles. Quel est donc cet in-
sensé qui change comme la lune, si ce n'est
Adam en qui tous les hommes ont péché En ?
à se cacher, et alors elleparaît décroître. Quoi effet, l'âme humaine en s'éloignant du soleil
qu'il en soit de ces deux opinions, il est certain de justice, c'est-à-dire de la contemplation in-
pour tout homme qui veut examinér attentive- térieure de l'immuable vérité tourne peu à peu
ment les diverses phases de ce phénomène, que ses aspirations vers les choses de la terre, et
la lune prend de l'accroissement à nos yeux, l'obscurité se fait de plus en plus dans ce qu'elle
par son éloignement successif du soleil, et a d'intime, et dans ce qu'elle a d'élevé. Mais
qu'elle paraît décroître, à mesure qu'elle s'en dès qu'elle commence à revenir à l'immuable
rapproche peu à peu. sagesse, plus elle s'en approche avec amour et
CHAPITRE V. — 8. Faites maintenant at-
tention à ce qu'on lit dans les Proverbes
sage demeure comme le soleil, mais l'insensé
:
Le
piété, plusl'homme extérieur se détruit, et
plus l'homme intérieur reçoit de jour en jour
une vie nouvelle. Alors toutes les lumières de
change comme la lune (Ecclés., XXVII, 12). » l'esprit qui étaient tournées vers les choses
tanto magis ab ea parte quæ terris apparet, radios tem sicut luna mutatur (Eccli., XXVII, 12). » Et
ejus excipere: quanto autem ad eum magis post quis est sapiens qui permanet, nisi sol ille justitiæ
dimidium mensem ex alio semicirculo propinqua- de quo dicitur; « Ortus est rnihi 501 justitiæ » et
ret, tanto magis a superiori parte illustratam, ab quem sibi non fuisse ortum in die novissima plan-
:
:
ea parte quam terris adverteret non posse excipere gentes impii dicturi sunt; « Et justitiæ lumen non
radios, et propterea videri decrescerc vel si habe- luxit nobis, et sol (b) non ortus est nobis (Sap.,
ret suum lumen, id habere ex una parte in hemis- v, 6)? » Nam istum carnis oculis visibilcm solem
phærio, quam partem cum (a) recedens a sole pau- criri facit super bonos et malos Deus, qui etiam
latim terris ostenderet, donec totam ostenderet, pluit super justos et injustos. Ducunturautemsæpe
quasi augmenta monstrare, dum non addatur ex rebus visibilibus ad invisibilia congruæ similitu-
quod deerat, sed prodatur quod inerat; ac rursus dines. Quis est ergo ille stultus, qui tamquam luna
paulatim abscondere quod patebat, et ideo vi- mutatur, nisi Adam in quo omnes peccaverunt ?
deri decrescere. Sed quodlibet horum sit duo- Anima quippe humanarecedens a sole justitiæ, ab
incommutabilis
rum, illud certe manifestum est, et cuivis ad- illa scilicet interna contemplatione convertit, et
vertenti facile cognitum, quod luna non augeatur veritatis, omnes vires suas in externa
ad oculos nostros, nisi a sole recedendo, neque eo magis magisqne obscuratur in interioribus ac
quando.
:
minuatur, nisi ad solem ex parle alia propin- superioribus suis sed cum redire cœperit ad illam
incommutabilem sapientiam, quanto magis ei ap-
; propinquat affectu pietatis, tanto magis exterior
-j
CAPUT V. — 8. Adtende nunc quod in Proverbiis
legitur «Sapiens siculsolpermanet,stultus au- homo corrumpitur, sed interior renovatur de die
(a) MSS. septem, quampartemcumrecedere a sole, paulatim terris donectotamostenderet, quasi augment/].monstrare.
(b) Lov. et sol justitiœnon ortus est etc. abest autem vox, justitiœ, a MSS. et antiquioribus
versione LXX. quam sequuntur Ambrosius ser. 3 et 16. et Gregorius lib. XXXIV moral. c. VI, etc. At
s=
ri>ca
u""uva a habet,
Vulgata
sol intelligentiœ. 0
d'en bas, s'élèvent vers les choses du ciel. L'âme rituels par les choses corporelles, a voulu que le !
se détache de tout ce qui tient à la terre, pour passage de cette vie à une autre vie, c'est-à-
mourir de plus en plus au monde et en- dire la Pâque,fûtcélébré le quatorze de la lune,
sevelir sa vie avec le Christ dans le sein de non-seulementà cause de cette troisièmepériode
Dieu. des temps dont j'ai parlé précédemment, et qui
9. L'homme devient donc moins bon, à me- est représentée par la troisième semaine de la
sure qu'il dirige ses pensées vers les choses ex- lune, mais encore pour que comme cet
térieures, et qu'il rejette en quelque sorte son astre qui commence alors à tournersapartie
cœur hors de sa vie, quoiqu'alors il paraisse lumineuse vers le ciel, nous tournions aussi nos
meilleur à la terre, c'est-à-dire à ceux qui pensées vers les choses intérieures, les détour-
n'ont de goût que pour les choses terrestres; nant de celles de la terre. L'Esprit-Saint a
car la terre loue le pécheur et bénit ceux qui également voulu que la célébration pascale
font le mal. Au contraire, l'homme devient allât jusqu'au vingt-unième de la lune, parce
meilleur, lorsqu'il détourne peu à peu ses que le nombre sept qui se trouve trois fois dans
pensées des choses visibles de ce monde, et vingt-un, est souvent dans l'Ecriture le sym-
qu'il cesse d'y mettre sa gloire, pour tourner bole de l'universalité, et par conséquent de
toutes les forces de son âme vers ce qu'elle a l'Eglise, qui est universelle.
d'intime et les élever vers les choses invisibles CHAPITRE VI. —10. Voilà pourquoi l'apô-
du ciel. Il paraît alors moins bon à la terre, tre saint Jean, dans son Apocalypse,écrità sept
c'est-à-dire ceux qui ont du goût pour les églises. Mais comme l'Église, tant qu'elle est
choses terrestres. Voilà pourquoi les impies, encore dans cette vie mortelle, est exposée à
dans leur repentir alors inutile, s'écrieront : des changements, elle est souvent désignée dans
« Voilà donc ceux que nous avons autrefois
tournés en dérision, et qui étaient l'objet de nos
outrages : insensés que nous sommes, nous re-
:
les Écritures sous le nom de Luné. De là vien-
nent ces paroles « Ils ont préparé leurs flèches
dans le carquois pour percer, par une lune
gardionsleurvie comme une folie(Sag., v, 3). » obscure, ceux qui ont le cœur droit (Psaum. x,
Ainsi l'Esprit-Saint, pour nous représenter,
par une espèce de similitude, les choses invi-
sibles par les choses visibles, les mystères spi-
:
3, selon les Septant.). » Jusqu'au jour où s'ac-
compliront ces paroles de l'Apôtre « Lorsque
le Christ, qui est votre vie, apparaîtra, vous
in diem, omnisque lux illa ingenii, quæad inferio- et de corporalibus ad spiritalia sacramenta similitu-
ra vergebat, ad superiora convertitur, et a terrenis dinem ducens, transitum illum de alia vita in aliam
quodammodo aufertur, ut magis magisque huic vitam, quod Pascha nominatur, a quarta-decima
sæculo moriatur, et vita ejus abscondatur cum luna voluit observari, ut non solum propter tem"'
Christo in Deo. pustertium, quod supra commemoravi, quia inde
9. Mutatur ergo in deterius ad exteriora progre- incipit hebdomada tertia; sed etiam propter ipsam
diens, et in vita sua projiciens intima sua; et hoc
terræ, id est eis qui terrena sapiunt, melius videtur,
cum laudatur peccator in desideriis animæ suæ, et
similitudo assumeretur :
conversionem ab exterioribus ad interiora, de luna
usque ad vicesimam vero
et primam, propter ipsum numerum septenarium,
qui iniqua gent, benedicitur. Mutatur autem in me- quo universitatis significatio sæpe figuratur, qui
lius, cum intentionem suam et gloriam à terrenis, etiam ipse Ecclesiæ tribuitur, propter instar univer-
quæ in hoc sæculo apparent, paulatim avertit, et sitatis.
ad superiora (a) atque interiora convertit; et hoc CAPUT VI. — 10. Ideo Johannes apostolus in
terræ, id est eis qui terrena sapiunt, deterius vide- Apocalypsi ad septem scribit ecclesias. Ecclesiæ vero
tur. Unde illi impii postremo infructuosam agen- adhuc in ista mortalitate carnisconstituta, propter
tes pænitentiam, etiamhoc inter multadicturisunt. ipsam mutabilitatem, lunæ nomine in Scripturis
similitudinem improperii :
« li sunt quos aliquando habuimus in derisum et in
nos insensati vitam,
illorum æstimabamus insaniam (Sap.,v,3). » Ac
signatur. Unde est illud; « Paraverunt sagittas suas
in pharetra, ut sagittent in obscura luna rectos
corde (Psal., x, 3. secundum LXX). » Prius enim quam
per hoc Spiritus-sanctus de visibilibus ad invisibilia, fiat illud, quod dicit Apostolus, « Cum Christus appa-
(a) Sic MSS. ad quos accedunt Bad. et Am. At Lov. et Er. habent, et ad superiora ab inferioribus convertit.
apparaîtrez aussi avec lui dans la gloire (Co- Jéricho, sinon l'annonceduroyaume des cieux?
loss.,III,4).» Jusque-là, dis-je, l'Église accom- Elle nous montre que toutes les espérances de
plissant son pèlerinage, sera comme dans l'ob- cette vie, qui sont comme autant de remparts
curité, et gémira au milieu des iniquités qui l'en- qui empêchent l'espérance d'une vie éternelle
tourent. C'estpendantce temps que nous devons de pénétrer dans nos cœurs, seront détruites
craindre les embûches des séducteurs que le par les sept dons du Saint-Esprit, et avec le
prophète désigne sous le nom de flèches. Dans concours du libre arbitre, comme les murs de
un autre passage, au sujet des fidèles prédica- Jéricho qui, par la seule vertu de l'arche portée
teurs de la vérité, que l'Église enfante de tou- autour d'eux, s'écroulèrent d'eux-mêmes (Jo-
:
tes parts, il dit « La lune est un témoin fidèle
dans le ciel (Psaum., LXXXVIII, 38).» Et lorsque le
sué, VI, 15), sans avoir reçu aucun choc vio-
lent. Nous retrouvons dans les Écritures d'au-
tres passagesoù, sous l'image symbolique dela
:
Psalmiste célèbre dans ses chants le règne du
Seigneur, il s'écrie « La justice se lèvera, en
ces jours, avec une abondance de paix, jusqu'à
lune, elles nous représentent l'Église accom-
plissant, au milieu des douleurs et des peines
ce que la lune périsse (Ps. LXXI, 7). » C'est- de toute espèce, son pèlerinage sur la terre,
à-dire que l'abondance de la paix croîtra, au loin de cette Jérusalem céleste dont les saints
point d'absorber tout ce qui est sujet au chan- anges sont les citoyens.
gement dans notre condition mortelle. Alors la 11. Il ne faut cependant pas pour cela, à
mort, notre dernière ennemie, sera détruite, l'exemple de ces insensés qui ne veulent pas
et tout ce qui nous résiste dans l'infirmité de devenir meilleurs, croire qu'il faut adorer ces
la chair, et qui nous empêche encore de jouir astres, parce que l'Écriture les prend comme
d'une paixparfaite disparaîtra, lorsque ce qui est comparaison pour représenter lesmystères di-
corruptible en nous deviendra incorruptible, et ;
vins car elle se sert pour le même but de tou-
que ce corps mortel sera revêtu de l'immorta- tes les autres créatures. Ces expressions figu-
lité. Nous voyons encore que les remparts de la rées ne doivent pas non plus nous faire tomber
ville appelée Jéricho, qui en hébreu signifie dans la condamnation prononcée par l'Apôtre
lune, s'écroulèrent, après qu'on eut promené contre ceux qui ont adoré et servi la créature
sept fois autour d'eux l'arche d'alliance. Que plutôt que le Créateur, qui est béni dans tous
signifie cette arche portée sept fois autour de les siècles. Car de même que nous n'adorons
ruerit vita vestra,tunc et vos apparebitis cum ipso in circumactio arcæ significavit, nisi ut omnia muni-
gloria (Col.)III, 4),» obscura videtur Ecclesia in tem- menta mortalis vitæ, id est, omnis spes hujus sæ-
gemens;
pore peregrinationis suæ, inter multas iniquitates
et tunc sunt timendæ insidiæ fallacium
seductorum, quas nomine sagittarum intelligi vo-
culi, quæ resistit spei futuri sæculi, in dono septe-
nario Spiritus - sancti per liberum arbitrium
?
destruatur Ob hoc enim circumeunte arca, non
;
luit. Unde alio loco propter nuntios fidelissimos ve-
ritatis, quos ubique parit Ecclesia, dicitur « Luna
impulsu violento illi muri ceciderunt, sed sponte.
Sunt et alia testimonia Scripturarum, quæ nobis
;
testis in cælo fidelis (Psal.,LXXXVIII, 38).»Etcumde
»
regnoDomiui Psalmistacantaret «Orietur, inquit,
ingerunt per commemorationem lnnæ Ecclesiæ si-
gnificationem, quæ in ista mortalitate ab illa Jeru-
salem, cujus cives sancti Angeli sunt, in ærumnis
:
« in diebus ejus justitia et abundantia pacis, donec
interficiatur luna (Ps., LXXI,7) »idest,abundantia
pacis in tantum crescet, donec omnem mutabilita-
et laboribus peregrinatur.
11.Non ideotamen putare debent stulti, qui
tem mortalitatis absumat. Tunc novissima inimica nolunt in melius commutari, adoranda esse illa
destruetur mors, et quidquid nobis resistit ex in- luminaria, quia ducitur ex eis aliquando similitudo
firmitate carnis, unde nobis perfecta pax nondum ad divina mysteria figuranda : ex omni enim crea-
est, consumetur omnino, cum corruptibite hoc tura ducitur. Nec ideo debemus in sententiam dam-
induerit incorruptionem, et mortale hoc induerit nationis irruere, quæ ore apostolico de quibusdam
immortalitatem. Unde et illius civitatis muri, quæ profertur, qui coluerunt, et servierunt creaturæ
Jericho appellatur, quæ in hebræo eloquio luna potius quam Creatori, qui est benedictus in sæcu-
interpretari dicitur, septimo circuitu circumacta
Testamenti area corruerunt (Jos., VI,15). Quid enim
la (Rom., I, 25). Sicut enim non adoramus pecora,
quamvis dictussit ;
Christus et agnus et vitulus ;
nec feram, quia dictus est leo de tribu
nunc aliud agit annuntiatiu regni cælorum, quam Juda nec
pas les animaux, parce que Jésus-Christ est dér- paraisons des astres et des corps lumineux du
signé sous le d'agneau (Saint Jean, 1, 19) et de ciel, pour figurer mystiquement des sacre-
veau (Ezéchiel, XLIII, 19), ni les bêtes féroces, ments, que les augures nous blâment aussi,
parce qu'il a été appelé le lion de la tribu de s'ils le veulent, de ce que nous disons : « Soyez
Juda (Apocalypse, v, 5), ni les pierres, parce ;
simples comme la colombe (Matt.,x, 16) » que
qu'il a été nommé la pierre (Corinth., x, 4), ni
la montagne de Sion, parce qu'on s'est servi de
ce nom pour figurer l'Église (1re épître de saint
:
les enchanteurs nous blâment, lorsque nous
nous servons de ces expressions « Rusés comme
des serpents; » et les musiciens, parce que nous
Pierre), de même nous n'adorons ni le soleil ni faisons mention de la harpe dans les psaumes,
la lune, quoique ces corps célestes, comme et de ce que nous tirons des comparaisons de
beaucoup de choses du monde, aient servi d'i- ces choses, pour figurer les mystères du Verbe
mages pour nous représenter les sacrements et de Dieu. Que tous ces gen3-là disent, si cela
nous expliquer les divins mystères. leur plaît, que nous tirons des augures, que
CHAPITRE VII. — 12. C'est pourquoi nous nous fabriquons des poisons, que nous recher-
devons nous moquer des rêveries des mathé- chons les plaisirs du théâtre; tous ces repro- !
maticiens, qui, lorsque nous leur reprochons ches sont des paroles de délire et de folie. j
les vaines fictions par lesquelles ils ont préci- 13. Nous ne tirons donc aucune conjecture
pité les hommes dans l'erreur où ils s'étaient de la position du soleil et de la lune ou de la
:
précipités eux-mêmes, trouvent plaisant de
nous répondre Pourquoi donc vous aussi ré-
glez-vous la célébration de Pâques d'après la
révolution des années et des mois, pourrégler
nos actions. Ce serait, dans les périlleusestem-
pêtes de la vie humaine, nous briser contre les
?
disposition de la lune et du soleil Comme si écueils d'une misérable servitude, et exposer
nous voulions blâmer par là l'ordre et le cours notre libre arbitre au naufrage. Mais pour
des astres, les changements des saisons établis figurer saintement nos mystères, nous tirons
par le Dieu très-grand et très-bon, et non par avec la plus religieuse piété des comparaisons
la perversité de ceux qui abusent des choses si de toute créature, des vents, de la mer, de la
sagement établies par Dieu, pour porter sur terre, des oiseaux, des poissons, des bètes, des
ses œuvres lesjugements les plus insensés.Siles arbres et des hommes. Nous recourons souvent
mathématiciens nous blâment de tirer des com- à ces comparaisons dans nos discours taudis
intelligenda traduntur. Non itaque dies observa- quibus dictum est cum con'erentur :ic Et sint in
mus et annos et menses et tempora, ne audiamus signis et temporibus et in diebus et in annis
ab Apostolo : « Timeo (a) vos ne forte sine caussa (Gen., i, 14). » Si quae autem figure; similitudinum
:
laboraverim in vos (Gal., IV, 11).» Eos enim culpat
:
qui dicunt Non proficiscar hodie, quia posterus
dies est, aut quia luna sic fertur vel, Proficiscar
non tantum de cælo et de ideribus, sed etiam de
inferiori crealura ducuntur ad dispensationem
sacramentorum, eloquentia qusedam est doetrinæ
ut prospera cedant, quia ita se habet positio side- salutaris, movendo affectui discentium accommoda-
rum. Non agam hoc mense commercium, quia illa ta, a visibilibus ad invisibilia, a corporalibus ad
Stella mihi agit mensem : vel agam, quia suscepit spiritalia, a temporalibus ad æterna.
mensem. Non plantem hoc anno vineam , quia CAPUT VIII. — 14. Nec quisquam nostrum ad-
bissextus est. Non autem quisquam sapiens arbi- tendit quod eo tempore, quo Pascha celebramus,
tretur pbservatores temporum reprehendendos, qui sol in ariete est, sicut illi appellant quemdam side-
:
dicunt ; Non proficiscar hodie, quia .tempestas
exorta est aut non navigem, quia adhuc sunt
hybernae reliquiae, aut tempus seminandi est, quia
rumlocum, ubi revera mense novorum sol inveni-
lur : sed sive illi arietem, sive aliquid aliud eam-
dem partem cæli vocare voluerint, nos de Scripturis
:
imbribus autumnalibusterra satiata est vel si qui
forte alii naturales effectus circa motum aeris et
sanctis hoc didicimus, quod omnia sidera Detts
condidit, et locis caelestibus quibus voluit, ordina-
humores ad variandas temporum qualitates in
siderum ordinatissima conversione notati sunt, de
:
vit quae stellis distincta et ordinata in quaslibet
partes dividant, quibuslibet vocabulis noteut, ubi-
J
4© opportunam sacramento, quod coinmendare reditur, unde anima lapsa est in peccatum, prop-
instituerat, horam exspectabat,cumdiceret, (C Non- terea sabbalo requies signiticatur. Ilia autem vita
dum venit hora mea (Johan., II, 4), in anniversa- prima, quae de peregrinatione redeuntibus, et pri-
ria passionis ejus celebratione a posteris servaretur. mam stolam accipientibus redditur, per unam sab-
17. Quod enim nunc, ut superius dixi, tide ac bati, quem diem Dominicum dicimus, figuratur.
spe gerimus, atque ut ad id perveniamus dilectione Quaere septem dies Genesim legens, invenies septi-
satagimu, requies est quaedam ab omni labore om-
nium molestiarumsancta atque perpetua in earn
nobis ex hac vita fit transitus, quem Dominus noster
: mum sine vespera, quia requiem sine tine signiticat.
Prima ergo vita non fuit sempilerna peccauti : re-
quies autem ultima sempiterna est, ac per hoc et
Jesus Christus sua passione præmonstrare ac con- octavus sempiternam beatitudinem habebit, quia
secrare dignatus est. Inest autem in illa requie non requies illa, quae sempiterna est, excipitur ab oc-
desidiosa segnitia,sed quaedam ineftabilistranquil- tavo,non exstinguitur: nequeenimesset aliter sem-
litasactionis otiosse. Sic enim ab hujus vilæ operi- piterna. Ita ergo erit octavus qui primus, ut prima
bus in fine requiescitur, ut in alteriusvitse actione vita non tollatur, sed reddatur aeterna.
gaudeatur. Sed quia talis actio in Uei laude agitur, CAPUT X. — 18. Sabbatum tamen commenda-
sine labore membrorum, sine angore curnrum, non tum est priori populo in otio corporaliter celebran-
ad eam sic transitur perquietem, ut ipsi labor suc- dum, ut tigura esset sauctificationis in requie Spi-
cedat, id est non sic esse actio incipit, ut esse desi- ritus sancti. Nusquam enim legimusinGenesisanc-
nat quies : neque enim reditur ad lubores et curas. tificationem per omnes priores dies, sed de solo
sed permanet in actione quod ad quietem pertine,
(a) nec in opere laborare, nec in cogitatione fluc-
:
sabbato dictum est « Et sanctificavit Deus diem
septimum (Gen., n, 3). » Amant enim requiem sive
tuare. Quia ergo per requiem ad primam vitam piae animas sive iniquae sed qua perveniant ad
(a) Ita MSS. omnes. At Lov. habet, neque enim in opere laboratur, neque in cogitatione fluctuatur.
l'homme n'est pas anéantie, mais qu'elle lui est sa joie en elle-même, elle ne la cherchef pas
rendue pour l'éternité. dans une chose immuable, et par là elle est
— 18. Il a été prescrit au
CHAPITRE X. coupable d'orgueil, en se prenant pour ce qu'il
peuple juif de célébrer le sabbat par l'absten- y a de plus élevé tandis que Dieu est bien au-
tion de tout travail corporel, afin que ce repos dessus d'elle. Aussi un tel péché ne reste-t-il
corporel représentât la sanctification qui nous pas impuni, car Dieu résiste aux superbes, et
est donnée dans le repos de l'Esprit-Saint. En ne donne sa grâce qu'aux humbles (Jacq.,
effet, nous ne voyons nulle part dans la Genèse, IV, 6).» Mais lorsqu'elle cherche sa joie en
qu'il soit fait mention de sanctification pour Dieu, elle y trouve le repos qu'elle cherchait
les six premiers jours de la semaine, mais en vainement ailleurs sans jamais le trouver. C'est
:
parlant du sabbat elle dit « Et Dieu sanctifia :
pourquoi le Psalmiste nous dit « Mettez votre
le septième jour (Gen., n, 3). » Toutes lesâmes joie dans le Seigneur, et il vous accordera ce
aiment le repos, celles qui sont pieuses, comme que votre cœur demande (Psaum., xxxvi,4). »
celles qui ne le sont pas. Mais la plupart igno- 19. Si la Genèse ne parle de sanctification
rent les moyens de parvenir à ce qu'elles que pour le septième jour, où le repos est
aiment. Les corps inanimés eux-mêmes tendent ordonné, c'est parce que, comme le dit l'Apôtre,
au repos par leur propre poids, comme les « la charité de Dieu
s'est répandue dans nos
âmes par leurs aspirations. Car de même que cœurs par les dons du Saint-Esprit (Rom., v,
les corps sont emportés par leur poids soit en 5), » qui sont au nombre de sept. Ce n'est donc
bas soit en haut, jusqu'à ce que parvenus au qu'avec l'aide et les dons de Dieu que nous pou-
point vers lequel ils tendent, ils y trouvent le vons faire le bien, comme le dit l'Apôtre :
repos, comme l'huile qui va en bas, si elle est « C'est Dieu qui opère en vous et le vouloir et
dans l'air, on qui s'élève si on le met dans le faire selon qu'il lui plaît (Philip., 11, 13). »
l'eau, de même l'âme ne tend à ce qu'elle Nous ne pouvons également nous reposer de
aijne, que pour s'y reposer quand elle y est nos bonnes œuvres de cette vie, que par les
parvenue. Il y a bien il est vrai beaucoup de dons de celui qui nous mettra pour l'éternité
choses qui plaisent à l'âme par l'impression
qu'elles font sur le corps, mais dans lesquelles
elle ne trouve pas le repos éternel, ni même un
:
en possession du véritable et parfait sabbat.
Voilà pourquoi il est dit de Dieu « Après avoir
fait tous ces ouvrages, et les avoir trouvés très-
repos de quelque durée. Ces choses ne font que bons. il se reposa, le septième jour, de tout ce
la souiller, l'appesantir et gêner le poids qui ;
qu'il avait fait (Gen., i, 31 II, 2). » L'Ecri-
lui est naturel, et qui la porte vers les régions ture nous indiquait par ce repos, celui que
supérieures. Lorsque l'âme cherche et trouve Dieu donnera aux hommes après leurs bonnes
illud quod amant, plurimse nesciunt: nec aliquid tali peccato impunita relinquitur, quia « Deus su-
appetunt etiam ipsa corpora ponderibus suis, nisi perbis resistit, humilibus autem dat gratiam (Jac.,
quod animae amovibus suis. Nam sicut corpus tam- iv, 6). » Cum autem Deo delectatur, ibi veram, cer-
diu nititur pondere, sive deorsum versus, sive sur- tam, aeternam invenit requiem, quam in aliisquae-
rebat, nec inveniebat. Proinde admonetur in Psal-
sum versus, donec ad locum quo nititur veniens
conquiescat; pondus quippe olei si dimittatur in
aere, deorsum; si antem sub aquis, sursum niti-
mo; « Delectaie in
Domino, et dabit tibi petitiones
cordis tui (Psal., xxxvi, 4). »
tur : sic animae ad ea quae amant propterea nitun- 19. Quia ergo « caritas Dei diffusa est in cordibus
tur, ut perveniendo requiescant. Et multa quidem nostris per Spiritum-sanctum, qui datus est nobis
per corpus delectant, sed non est in eis æterna re- (Rom., v, 5), » ideo sanctiticatioinseptimo die com-
quies, nec saltern diuturna; et propterea magis sor- memorata est, ubi requies commendatur. Quia vero
didant animain, et aggravant potius, ut sincerum necbeneoperaripossumus,nisi dono ejusadjuti,
ejus pondus, quo in superna fertur, impediant. Cum sicut dicit Apostolus, « Deus enim est qui operatur
ergo anima seipsa delectatur, nondum re incom- in vobis et velle etoperari pro bonavoluntate (Phil.,
mutabili delecfatur; et ideo adhuc superba est, quia II, 13),))
necrequiescerepoterimuspostomniabona
opera nostra, quae in hac vita gerimus, nisi
se pro summo habet, cum superior sit Deus. Nec in ejus
œuvres. Ainsi, de même que l'Ecriture nous dit pour que nous ne rangions pas parmi les créa-
que, lorsque nous faisons le bien c'est Dieu
qui opère en nous, et que nos bonnes œuvres
sont un effet de sa grâce, de même elle nous
été fait, que li; second préceptedit :
tures le Fils, ce Verbe de Dieu par qui tout a
« Vous ne
prendrez pas en vain le nom du Seigneur votre
dit que lorsque nous nous reposons, c'est Dieu
qui se repose en nous, et que ce repos est un
Dieu (Exod., J'X, 7. ; Deuter., v, 11). » Le
troisième précepte de la loi, qui prescrit l'ob-
bienfait de sa charité. servation du sabbat nous désigne le Saint-
CHAPITRE XI. — 20. Dans les trois premiers Esprit, dans lequel nous est donné le repos que
préceptes du Décalogue qui regardent Dieu, le nous aimons, mais que nous ne pouvonstrouver
troisième prescrit l'observation du sabbat, car qu'en aimant Dieu, « lorsque sa charité se
les sept autres concernent l'homme, c'est-à- répand dans nos cœurs par le Saint-Esprit que
dire le prochain, « et la loi tout entière est nous avons reçu (Rom.. v, 5). » Mais ce précepte
comprise dans deux préceptes (Matt., xxii, sur l'observation du sabbat, qui a été donné
40). » Le premier de ces trois préceptes nous en mémoire du septième jour que Dieu sancti-
désigne le Père, et nous défend d'adorer toute fia, et dans lequel il se reposa de ses œuvres,
image de Dieu fabriquée par la main de ne doit pas nous faire croire au repos pendant
l'homme, non point parce qu'il n'y a pas d'i- cette vie, mais diriger l'intention de nos bonnes
mage de Dieu, mais parce qu'on ne doit pas œuvres vers le repos éternel qui nous est
adorer d'autre image de Dieu, que celle qui est réservé. Rappelez-vous ce que je vous ai déjà
ce qu'il est lui-même, et qu'on ne doit pas :
dit « Nous sommes sauvés par
l'espérance,
adorer cette image au lieu de lui, mais avec lui: mais l'espérance qui se voit n'est pas l'espérance.
et parce que la créature est sujette au change- (Rom., vin, 24). »
:
ment, il est dit « toute créature est sujette à 21. Ce n'èst que pour entretenir et enflam-
»
la vanité (Rom., VIII, 20), et chacune en par- mer le feu de l'amour et de la charité qui
ticulier nous fait voir la nature de toutes. C'est tantôt élève notre âme vers les régions supé-
post bona opera daturus erat nobis hominibus. Sj- Deut., 2). » Spiritus autem sanctus, in quo nobis
v,
in nobis, cujus munere bene operamur :
cut enim cum bene operamur, ipse dicitur operari illa requies tribuitur, quam ubique amamus, sed
ita cum nisi Deum amando, non invenimus, cum caritas
requiescimus, ipse requiescere dicitur, quo donante ejus diffunditur in cordibus nostris per Spiritum-
requiescimus. sanctum qui datus est nobis (Rom., v, 5), quia (6)
CAPUT XI. — 20. Hinc est quod etiam in tribus sanctificavit Deus diem septimum in quo requievit,
primis proeceptis Decalogi quæ ad Deum pertinent, tertio prsecepto legis insinuatur, quod sciiptum est
(cetera enim septem ad proximum pertinent, id de observatione sabhati; non ut jam in ista
est ad hominem, quia in duobus prseceptis totaLex vita nos quiescere existimemus, sed ut omnia
pendet (MattXXII, 40), tertium ibi de observations quæ bene operamur non habeant intentionem,
:
sabbati positum est ut in primo præcepto Patrem nisi in futuram, requiem sempiternam. Me-
intelligamus, ubi prohibetur coli aliqua in figmen- mento enim maxime, quod jam supra comme-
tis hominum Dei srmilitudo ; non quia non habet moravi, quia « spe salvi facti sumus; spes
imaginem Deus, sed quia nulla imago ejus coli de- autem quse videtur non est spes (Rom., vnr, 24). »
;
bet, nisi ílla quæ hoc est quod ipse nec ipsa pro 21. Ad ipsum autem ignem amoris nutriendum
illo sed cum illo. Et quia creatura mutabilis est, et (c) flandum quodammodo, quo tamquam pon-
ac propterea dicitur « omnis creatura vanitati sub- dere sursum vel introrsum referamur ad requiem,
ista omnia pertinent, quæ nobis figurate insinuan- Domino dicente ; « Venite ad me omnes qui labo-
tur : plus enim movent et accendunt amorem, ratid et onerati estis, et ego vos reficiam : tollite
quam si. nuda sine ullis sacramentorum similitudi- jugum meum super vos, et discite a me, quia mi-
nibus poacrentur. Cujus rei caussam difficile est tis sum et humilis corde, et invenietis requiem
dicere. Sed tamen ita se habet, ut aliquid per alle- »
animabus vestris (Matt., xi, 28): cetera tamen
goricam significationera intimatum plus moveat, ibi proecepta proprie sicut præcepta sunt, sine ulla
figurata significatione observamus. Nam et idola
plus dclectet, plus honoretur, quam si vi-rbis pro-
priis diceretur apertissime. Credo quod ipse animæ ;
non colere manifeste didicimus (Eæodi, xx, 3) et
motus quamdiu rehus adhuc terrenis implicatur, non accipere in vanum- nomen Domini Dei nostri,
pigrius inflammatur : si vero feratur ad similitu- et honorare patrem et matrem, et non mcechari,
dines corporales, et inde referatur ad spiritalia, non occidere, non furari, non falsum testimonium
quae illis similitudinibus figurantur, ipso quasi dicere, non concupiscere uxorem proximi, non
transitu vegetatur, el tamquam in facula ignis agi- concupiscere ullam rem proximi (Deut., v, 1), non
tatus accenditur, et ardentiore dilectione rapitur
ad quietem.
CAPUT XII. — 22. Ideoque inter omnia ilia
cant;
figurate aliud prsetendunt, et mystice aliud signifi-
sed sic observantur ut sonallt. Observare ta-
men diem sabbati non ad litteram jubemur, secun-
decem preecepta solum ibi,quod de sabbato positum dum otium ab opere corporali, sicut observant
est, figurate observaudum praicipitur, quam figu- Judæi : el ipsa eorum observatio, quae ita praecepta
ram nos intelligendam, non etiam per otium cur- est, nisi aliam quamdam spiritalem requiem signi-
porale celebrandam suscepimus. Cum enim sabbato ficet, ridenda judicatnr. Unde non inconvenienter
significetur spiritalis requies, de qua dictllnl est- in intelligimus ad amorem excitandum, quo ad re-
Psalmo; a Vacate et videte quoniam ego sum Deus quiem tendimus, valere omnia quae figurate in
(Psal., XLV, 11) : et quovocanturhominesabipso Scripturis dicuntur; quandoquidem id solum in
le sens d'un repos spirituel. De tout cela nous de l'immortalité (1 Corinth., xv, 53). Avant » la
pouvons conclure avec raison que toutes ces résurrection du Seigneur le mystère du hui-
figures renfermées dans les Saintes Ecritures tième jour, symbole de la résurrection n'était
tendent uniquement à exciter notre amour pour pas ignoré des saints patriarches que Dieu avait
cet éternel repos auquel nous aspirops, puisque remplis de l'esprit prophétique,comme on le voit
dans le Décalogue il n'y a de figuratif que le par le psaume intitulé «pour le huitième jour, »
précepte concernant le repos, objet de tous nos et par la cérémonie de la circoncision des en-
vœux et de notre amour, mais qu'on ne peut fants pratiquée le huitième jour après leur
trouver véritablement et saintement qu'en Dieu naissance, et par ce passage de l'Ecclésiaste, où
seul. il est dit, pour désigner les deux Testaments :
— 23. Cependant le hui- « Donnez sept à ceux-ci, et huit à ceux-là
CHAPITRE XIII.
tième jour a été, par la résurrection de Jésus- (Ecclé., xi, 2). » Avant la résurrection du Sei-
Christ, déclaré le jour du Seigneur, non pour gneur, dis-je, ce mystère du huitième jour
les juifs, mais pour les chrétiens, qui par cette était resté caché aux autres hommes, et réservé
raison ont commencé à le célébrer. Avant la aux seuls chrétiens. Il n'y avait dans l'ancienne
résurrection du corps, les âmes de tous les loi que la célébration du sabbat qui fût or-
saints sont déjà dans le repos, mais non pas donnée. Les morts demeuraient bien déjà en
encore dans cette action divine qui vivifiera les repos, personne n'était encore ressuscité d'entre
corps quand les âmes les auront repris. Cette les morts, pour ne plus mourir, et sur qui la
action est représentée par le huitième jour qui mort n'eût plus d'empire. La célébration du
est aussi le premier, pour nous faire com- jour du Seigneur, c'est-à-dire du huitième jour
prendre que la résurrection ne détruit pas ce qui est aussi le premier, ne pouvait commencer
saint repos, mais qu'elle le glorifie. En effet, à être sanctifiée,qu'après l'accomplissement de
avec le corps ne reviendront pas les'peines et cette résurrection dans le corps de Jésus-Christ,
lés tribulations qu'il éprouvait sur la terre, car il fallait que l'Eglise vît d'abord se réaliser
puisqu'alors, selon les paroles de l'Apôtre, il dans son chef, ce que le corps de l'Eglise espère
n'y aura plus de corruption, « car il faut que à la fin des siècles. C'est aussi pourquoi les
tout ce qui est corruptible en nous devienne in- juifs, pour la célébration de leur Pàque où ils
corruptible, et que ce corps mortel soit revêtu devaient immoler et manger un agneau, image
Decalogo figuratepraecipitur, ubirequies commen- quo significatur resurrectio: (nam et pro octavo
datur, quæ ubique amatur, sed in solo Deo certa et Psalmus inseribitur, et octavo die circuncidebantur
sancta invenitur. infantes, et in Ecclesiaste ad duorum Testamento-
CAPUTXIII.
— 23. Dies tamen Dominicus non rum significationem dicitur, « Da illis septem et
Judæis, sed Christianis resurrectione Domini decla- illis octo (Eccli., Xl, 2): w reservatum est tamen et
ratus est, et ex illo habere ccepit festivitatemsuam. occultatum, et solum celebrandum sabbatum tradi-
Animse quippe omnium sanctorum ante resur- tum est; quia erat autea requies mortuorum: re-
rdclionem corporis sunt quideiu in requie, sed surrectio autem nullius crat, {0)' qui resurgens ex
in ea non sunt actione, qua corpora recepta morluis, jam non moreretur, et mors illi ultra non
vegetantur. Talem quippe actionem signiflcat dies dominaretur, ut postquam facta est talis resurrec-
octavus, qui et primus, quia non aufert illam tio in corpore Domini (ut prseiret in capite Eccle-
requiem, sed glorilicat. Non enim redit cum cor- sise, quod corpus Ecclesise speraret in fine) jam
pore difficultas ex corpore, quia nec corruptio. etiam dies Dominicus, id estoctavus, quiet primus,
« Oportet euim corruptible hoc indui incorruptio-
inciperet celebrari. Ipsa etiam caussa intelligitur,
ubi (b) ovem occidere et
cur observandum Pascha, manifestissime
nC,lj, et mortale hoc indui immortalilatem(fCor.,xv, passionem
53). » Quapropter ante resurrectionem Domini, comedere jubentur, quod
quamvissanctos patres plenos prophetico spi- Domini peæiìgurat, non eis ita pi/ajceptum est, ut
ritu octavi sacramentum nequaquam lateret , aJtenderellt occurrere sabbatum, et cum mense no-
: veniret
(a) Editi, nullius erat, donee veniret Christus, qui resurgens etc. At MSS carent his verbis, donee
(b) Editi, agnum occidere. MSS. autem habent, ovem
j'*•j™
quam vocem hac in re irequeus u-urpuu AU.ðU.O"LJ.,
graseum textum, qui ~7tpo6xTov habet, uti observat in q. 42 super Exodum.
manifeste de la passion du Seigneur, n'étaient nous ne soyons plus asservis au péché
pas obligés d'attendre que le jour du sabbat se (Rom., VI, 6).» Ainsi le temps de la croix est
rencontrât dans le mois du renouvellement celui où nos bonnes œuvres tendent à détruire
avec le commencement de la troisième semaine le corps du péché et à effacer l'homme exté-
de la lune. Jésus-Christ se réservait de marquer rieur, pour que l'homme intérieur se renou-
par sa passion ce huitième jour, qui est aussi velle de jour en jour.
le premier, et qui devait être appelé le jour du 25. Ces œuvres quoique bonnes sont cepen-
Seigneur. dant encore pénibles, mais le repos éternel en
CHAPITRE XIV. — 24. Faites maintenant est la récompense. C'est pourqnoil'Apôtre nous
attention aux trois jours consacrés par le cru- :
dit « Réjouissez-vous dans l'espérance, » afin
cifiement, la sépulture et la résurrection du qu'en pensant au repos qui nous est réservé,
;
Sauveur. Le premier représenté par la croix,
c'est le temps de la vie présente mais la foi et
l'espérance peuvent seules nous faire attendre
nous supportions avec joie le travail et les
peines. La joie est représentée par la largeur
de la croix dans la traverse de bois oules mains
à ce que les deux autres jours nous représentent sont clouées. Par les mains on entend les œu-
par la sépulture et la résurrection. Car dans le vres, et par la largeur la joie de celui qui tra-
temps de cette vie, Jésus-Christ dit à l'homme
«Prenezvotrecroix etme suivez (Matt.,XVI,24).
: vaille, parce que la joie dilate le cœur et que
la tristesse le resserre. Le haut de la croix où
Or, la chair est crucifiée parla mortification de touche la tête, représente l'espérance de la ré-
nos membres quisont sur la terrec'est-à-direla tribution que nous attendons de la sublime
fornication, l'impureté, luxure, l'avarice et les justice de Dieu, qui rendra à chacun selon ses
autres vices de cette espèce dontle même Apôtre œuvres, et qui « accordera la vie éternelle à
dit: « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez, ceux qui, par leur persévérance dans les bonnes
mais si vous faites mourir par l'esprit les œu- œuvres cherchent la gloire, l'honneur et l'im-
:
vres de la chair, vous vivrez (Rom., vur, 13) ; M
et il dit de lui-même « Le monde est crucifié
mortalité. «Lalongueur dela croix, où tout le
corps est étendu, exprime la patience, car la
pour moi, et je le suis pour le monde
:
(Gal., VI, 44). » Et ailleurs encore « Sachons
que notre vieil homme a été crucifié avec lui,
longanimité caractérise ceux qui sont patients.
Enfin la partie de la croix qui est enfoncée
dans la terre marque la profondeur du mys-
afin que le corps du péché soit détruit, et que tère. Dans cette explication de la croix vous
vorum ad tertiam lunse hebdomadam concur- non serviamus peccato (Rom., VI, 6). » Quamdiu
rere, ut eumdem quoque diem Dominus potius ergo id agunt opera nostra ut evacuetur corpus
sua passione signaret, qui etiam Dominicum, id peccati. quamdiu exterior homo corrumpitur, ut
est, octavum, qui etprimus est, declaraturus adve- interior renovetur de die in diem, tempus est cru-
nerat. cis.
CAPUT XIV. — 24. Adtende igitursacratissimum
tridullID crucifixi, sepulti, suscitati. Horum trium
quod significat crux, in præsenti agimus vita : :
25. Hæc sunt etiam bona opera quidem, tamen
adhuc laboriosa, quorum merces est requies sed
ideo dicitur, « Spe gaudentes, » ut cogitantes re-
quodautem significat sepultura et resurrectio, fide quiem futuram, cum hilaritate in laboribus ope-
ac spe gerimus. Nunc enim dicitur homini : « Tolle remur. Hanc hilaritatem significat crucis latitudo
crucemtuam, et sequere me (Matt, XVI,24). » in transverso ligno, ubi figuntur manus. Per ma-
Cruciatur autem caro, cum mortificantur membra nus enim opera intelligimus; per latitudinem hila-
nostra, quæ sunt super terram, fornicatio, immun- ritatem operantis, quia tristitia facit angustias;
ditia, luxuria, avaritia, et cetera hujusmodi, de per altitudinem vero cui caput adjungitur, exspec.
:
quibus idem dicit; « Si secundum carnem vixeritis,
moriemini si autem spiritu facta carnis mortifica-
»
veritis, vivetis (Rom., vin, 13). Hinc etiam de
tationem retributionis de sublimi justitia Dei, qui
reddet unicuique secundum opera sua, iis quidem
qui secundum tolerantiam boni operis gloriam,
seipso dicit; « Mundus mihi crucifixus est, et ego et honorem, et incorruptionem quærentibus vi-
mundo (Gal., VI, 14). » Et alio loco; « Sciantes, » tam æternam. Itaque longitudo, qua totum cor-
inquit, « quia vetus homo noster simul crucifixus pus extenditur, ipsam tolerantiam significat, unde
est cum illo, ut evacuetur corpus peccati, ut ultra longanimes dicuntur qui tolerant. Profundum au-
:
devez, si je ne me trompe, vous rappeler les
paroles de l'Apôtre « Afin qu'étant enracinés
et fondés dans la charité, vous puissiez com-
Ignorez-vous, dit l'Apôtre, « que nous tous qui
avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons
été baptisés dans sa mort? Nous avons donc
prendre avec tous les saints quelle est la lon- été ensevelis avec lui par le baptême
gueur, la largeur, la hauteur, la profondeur de (Rom., VI, 3). » Comment cela, sinon par la
ce mystère (Ephés., III, 17). » Ce que nous ne foi? Car ce mystère n'est pas encore accompli
voyons ni ne possédons pas encore, mais que en nous, qui gémissons en nous-mêmes dans
nous embrassons par Ja foi et l'espérance est l'attente de l'adoption divine et de la rédemp-
figuré dans les deux autres jours de la sépul- tion de notre corps. « En effet, c'est en espé-
ture et de la résurrection. Les choses que nous rance que nous sommessauvés, mais l'espé-
sommes obligés de faire dans cette-vie, attachés rance qui se voit n'est pas l'espérance. Qui
dans la crainte de Dieu comme par les clous de ?
donc espère ce qu'il voit Si nous espérons ce
ses préceptes, ne sont pas de celles qui sont que nous ne voyons pas, nous l'attendons par
désirables par elles-mêmes, quoique nécessaires la patience (Rom., VIII, 24). »
à notre salut. C'est ce qui fait dire à l'Apôtre : 26. Rappelez-vous ce que je vous ai déjà si
<1 Transpercez mes
chairs des clous de votre souvent répété. Nous ne devons pas dans cette
»
crainte (Ps.,CXVIII, 120), et luifait désirer vie prétendre au bonheur parfait et à la déli-
avant tout « d'être dégagé des liens du corps, vrance de toute peine. Gardons-nous donc de
»
et d'être avec Jésus-Christ, mais il ajoute : murmurer d'une bouche sacrilége contre Dieu,
« Il est nécessaire pour votre
bien que je de- comme s'il ne tenait pas sa promesse. Il nous a
meure dans ce corps (Philip., 1, 25). » Ce que promis, il est vrai, ce qui est nécessaire à cette
saint Paul appelle « être dégagé des liens vie, mais autres sont les consolations des
du corps et être avec Jésus-Christ, » est le com- malheureux, autres les joies des bienheureux.
mencement de ce repos, qui n'est pas inter- « Seigneur,» dit le psalmiste, « vos consola-
rompu, mais glorifié par la résurrection. Ce tions ont rempli mon âme de joie selon le grand
repos, nous le possédons déjà par la foi, parce nombre de douleurs qui l'ont accablée
que « le juste vit par la foi (Habac., n; 4). » (Psaum., XCIII, 19). » Ne murmurons donc pas
temquodterræ infixum est, secretum sacra- nisi fide? Neque enim jam in nobis perfectum est,
menti præfigurat. Recordaris enim, nisi fallor, adhuc in nobismetipsis ingemiscentibus, et adop-
quae verba Apostoli in ista designatione cruris tionem exspectantibus, redemptionem corporis nos-
:
expediam, ubi ait « In caritate radicati atque fun-
dati, ut possitis comprehendere cum omnibus sanc-
tri. « Spe enim salvi facti sumus. Spes autem quæ
videtur, non est spes. Quod enim videt quis, quid
et
tisquæsitlongitudo,latitudo, altitudo profundum sperat? Si autem quoi non videmus speramus, per
(Ephes., 111, 71).»Eavers quæ nondum, videmus, patientiam exspectamus (Rom., VlII, 24). »
et nondum tenemus, sed fide et spe gerimus, in alio 26. Quod memento quam sæpe commemorem, ne
biduo figurata sunt Usee enim quæ nunc agimus, jam nunc in ista vita nos beatos fieri debere arbi-
tamquam clavis præceptorum in Dei timore con- tremur, et ab omnibus difficultatibus liberos; ac
fixi, sicut scriptum est, « Confige clavis a timore sic in angustiis rerum temporalium adversus Deum
tuo carnes meas (Psal., CHIll, 120), » in necessariis ore sacrilego murmuremus,quasi non exhibea
deputantur, non in eis quæ per seipsa appetenda quod promisit. Promisit quidem etiam huic vitæ
et concupiscenda sunt. Unde illud optimum se di- necessaria, sed alia sunt solatia miserorum, alia
cit concupiscere « dissolvi, et esse cum Christo.Ma- gaudia beatorum. « Domine, » inquit, « secundum
nere autem in carne necessarium, » inquit « prop- multitudinem dolorum meorum in corde meo, ex-
ter vos (Phil.,1,23). » Quod ergo inquit, « dissolvi, hortationes tuæ jocundaverunt animam meam (Ps.,
et esse cum Christo », inde incipit requies, quæ non XCXUI, 19). » Non ergo murmuremus in difficulta-
interrumpitur resurreclione, sed clartficatur : quæ tibus, ne perdamus latitudinem hilaritatis, de qua
tamennuncfideretinetur; « quia justus ex fide vivit dicitur, « Spe gaudentes; » quia sequitur, « in tri-
II,
(Habac., 4).» «An ignoratis », inquit, « quoniam
:
bulatione patientes (Rom., XII, 12). » Nova ergo vita
quicumque baptizati sumus inChristo Iesu, in morte in fide nunc inchoatur, et spe geritur nam tunc
?
ipsius baptizati sumus Consepulti ergo illi sumus perfecta erit, cum absorbebitur mortale a vita, cum
per baptismum in mortem (Rom., VI, 3). » Unde, absorbebiturmors invictoriam (ICor.,XV,M; Ibid.,
dans les peines, pour ne pas perdre cette joie arrivé aubut, ornais comme notre espérance est
:
qui dilate le cœur et dont il est dit « Réjouis- certaine et fondée sur la promesse de la vérité
sez-vous dans l'esperance, mais aussi, soyez même, l'Apôtre, après avoir dit « Nous avons :
La vie nouvelle commence donc dès à présent tême, » ajoute :
patients dans les tribulations (Rom., XII, 12). » été ensevelis avec lui pour mourir par le bap-
« Afin que, comme le Christ
par la foi, et se soutient par l'espérance. Mais est ressuscité d'entre les morts pour la gloire
elle seraparfaite lorsque ce qui estmortelen nous de son père, nous marchions dans une vie nou-
aura été absorbé par la vie (I Corinth., xv, 54),» velle (Rom., VI, 4). » Nous marchons donc dans
lorsque la mort aura été anéantie par la vic- des peines présentes et réelles, mais dans l'es-
:
toire, lorsque la mort, notre dernière ennemie pérance d'une vie nouvelle, car saint Pauldit
aura été détruite, lorsque nous aurons été aussi « Le corps est mort à cause du péché,
transformés, et que nous serons devenus égaux mais l'esprit est vivant à cause de lajustice. Si
aux anges. « En effet, dit l'Apôtre, c nous res- donc l'esprit de celui qui a ressuscité Jésus-
susciterons tous, mais nous ne serons pas tous Christ d'entre les morts habite en vous, celui
changés (lMd.,LI). » Et le Seigneur lui-même qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts
:
dit « Ils seront égaux aux anges de Dieu donnera aussi la vie à nos corps mortels, par son
(Luc., xx, 36). » Car dans cette vie où nous esprit qui habite en vous (Rom., VIII, HO). »
sommes retenus dans la crainte, nous ne pou- 27. Voilà, d'après l'autorité des Saintes
vons atteindre Dieu que par la foi, mais dans Ecritures et l'accord unanime de l'Eglise uni-
l'autre vie, la charité nous le fera atteindre par verselle répandue sur toute la terre, ce que
la vision. « Tant que nous sommes dans le nous célébrons, chaque année, à la fête de
corps, » dit l'Apôtre, « nous voyageons loin du Pâques.
Seigneur, parce que nous marchons par la foi, CHAPITRE XV. — C'est là, comme vous le
et que nous n'en sommes pas encore à la voyez, un grand et divin mystère. Dans les
claire vision (II Corinthv, 6). » C'est pour- livres de l'Ancien Testament, il n'y a aucun
atteindre :
quoi, lorsqu'il dit, en parlant du but qu'il veut temps prescrit pour la célébration de la Pâque,
« Afin que je parvienne à ce si ce n'est qu'elle doitavoir lieu dans le mois
but pour lequel Jésus-Christ m'a pris à lui du renouvellement, depuis le quatorzième jus-
(Philip., 111, 12), » il déclare ouvertement que qu'au vingt-et-unième jour de la lune. Cepen-
ce but n'a pas encore été atteint par lui. « Mes dant comme l'Evangile nous fait voir en quel
:
frères, » dit-il « Je ne pense pas être encore jour Jésus-Christ a été crucifié, celui où il a été
:
fidem, tunc autem apprehendemus in caritate per
speciem. « Quamdiu enim sumus in corpore, pere-
grinamur a Domino per fidem enim ambulamus,
non per speciem (II Cor., v, 6). » Ipse itaque Apos-
spiritus ejus, qui suscitavit Jesum Christum a mor-
tuis habitat in vobis, qui suscitavit Jesum Christum
a mortuis, vivificabit et mortalia corpora vestra
per inhabitantem Spiritual ejus in vobis (Rom., viii,
tolus qui dicit, « ut apprehendamsicut apprehensus 10). »
sum (Phil., III, 12, 13), »
aperte se non apprehen- 27. Hæc et ex auctoritate divinarum Scriptura-
disse confitetur. « Fratres, » inquit, « ego me non rum et universæ Ecclesiæ, quæ toto orbe diffundi-
arbitror apprehendisse. a Sed tamen quia ipsa spes tur, consensione, per anniversarium Pascha cele-
ex promissione veritatis certa nobis est, cum dice- brantur. -
ret, « Consepulti igitur sumus illi per baptismum CAPUT XV. — In magno utique sicut jam intel-
n mortem, » subjunxit et ait, « ut quomodo sur- ligis, sacramento. Et in Scripturis quidem veteribus
(a)Editi,vivit.AtMSS,vitaest,juxtagrsecum,~W)St3cSixaiootfvT];. -
enseveli et celui de sa résurrection, les conciles représente, à ce que je crois, le temps de cette
des Pères ont ajouté à l'observation prescrite vie, parce qu'il contient le nombre dix, image
par l'Ancien Testament l'observation de ces de notre parfaite béatitude, comme le nombre
jours-là, et ont arrêté que tout le monde chré- huit, parce que le huitième jour se trouve le
tien suivrait cette règle pour la célébration de même que le premier. En effet, le nombre dix
la Pâque. est composé du nombre sept, qui signifie les
28. Le jeûne de quarante jours est autorisé créatures, et du nombre trois, qui représente
dans les anciennes Ecritures par le jeûne de l'unité de la Trinité, qui doit être annoncée au
quarante jours de Moïse (Exod.,XXXIV, 28) et monde jusqu'à la fin des siècles. Et comme le
d'Elie (III Liv. des Rois, XIX, 8), et dans l'Evan- monde est nettoyé et purifié par le souffle des
gile. par celui que Notre Seigneur a observé quatre vents, soutenu et conservé par les quatre
pendant un même nombre de jours (Matt., IV, 2), éléments, et varié par le retour des quatre
preuve évidente que l'Evangile ne s'écarte pas saisons de l'année, le nombre dix, multiplié
de la loi et des prophètes. En effet, la loi est par quatre, forme celui de quarante, qui,
personnifiée en Moïse, les prophètes en Elie, ajouté à dix, donne celui de cinquante, qui est
au milieu desquels le Sauveur apparut resplen- la figure de la récompense de nos travaux et
dissant de gloire sur une montagne, pour de notre tempérance. Ce n'est pas en vain que
rendre plus authentiques les paroles de l'Apô- Notre Seigneur, après sa résurrection, est de-
tre, «la loi et les prophètes lui rendent témoi- meuré quarante jours sur la terre, en conver-
gnage.» Dans quelle partie de l'année pouvait- sant avec ses disciples, et que dix jours après
on donc établir plus convenablement le jeûne son ascension au ciel, il leur envoya, le jour
du carême, que dans celle qui touche au temps de la Pentecôte, l'Esprit Saint qu'illeur avait
de la passion du Seigneur ? Elle nous repré- promis. Ce nombre cinquante figure encore un
sente, en effet, cette vie de labeur -que nous autre mystère. Le nombre sept, qui représente
passons ici-bas, qui doit être accompagnée de les sept dons du Saint-Esprit,multiplié par lui-
tempérance pour observer le jeûne des plaisirs même, fait quarante-neuf, et en ajoutant un,
du monde, de ses trompeuses caresses, et des pour revenir au premier, comme le huitième y
enchantements dont il ne cesse de nous éblouir revient, on a le nombre de cinquante jours que
et de, nous entourer. Le nombre de quarante l'on célèbre depuis la résurrection, et qui
,
parte anni congrucntius observatio Qlladragesimæ
constitueretur nisi confini atque contigua Domi-
hac terra et in hac vita cum Discipulis conversatus
est, et postca quam adscendit in cælum, decem
représentent non plus un temps de peine et de la concordance fidèle des deux Testaments sur
travail, mais un temps de repos et de joie. la sainte vérité, ne semble-t-on pas entendre la
C'est pour cela que nous cessons le jeûne, et voix des deux séraphins se répondant l'un à
que nous prions debout, comme pour exprimer l'autre, en chantant les louanges du Très-Haut :
la résurrection. De là vient que tous les di- « Saint, saint, saint, le Seigneur Dieu des
manches on garde cette posture à l'autel, et !
armées (Isaïe, VI, 3) tfr Quel accord en effet !
qu'on chante Alleluia, ce qui signifie que notre D'un côté, l'agneau est immolé, la Pâque est
action, dans le ciel, sera de louer Dieu, elon célébrée, et après cinquante jours, la loi écrite
:
ce qui est écrit « Heureux ceux qui habitent
dans votre maison, ô Seigneur ! ils vous loue- ;
par le doigt de Dieu est donnée pour inspirer
la crainte de l'autre côté, le Christ est immolé
ront pendant tous les siècles (Ps., LXXXIII,5). » et se laisse conduire comme l'agneau au sacri-
;
CHAPITRE XVI. — 29. Ce cinquantième
jour est signalé dans les Ecritures non-seule-
ment dans l'Evangile, parce que c'est le jour
fice, alors,selon la parole duprophète (Id.LIII,7),
la véritable Pâque est célébrée, et cinquante
jours après, l'Esprit Saint, qui est le doigt de
de la descente du Saint-Esprit, mais encore Dieu, est envoyé pour inspirer la charité et
dans l'Ancien Testament, où l'on trouve égale détourner les hommes de la recherche de leur
ment cinquante jours depuis la célébration de intérêt personnel, recherche qui leur rend
la Pâque par l'immolation de l'Agneau, jusqu'à lourd et pénible le joug et le fardeau qu'ils ont
celui où la loi écrite par le doigt de Dieu fut à porter, et ne leur permet pas de trouver le -
donnée, sur le mont Sinaï, à Moïse, serviteur repos pour leur âme, car « la charité ne cher-
de Dieu. Or, l'Evangile déclare ouvertement che pas ses propres intérêts (I Cor., XIII, 5). »
que le doigt de Dieu signifie le Saint-Esprit. De là l'animosité toujours inquiète des héré-
:
Car, après qu'un évangéliste a dit « Je chasse
:
tiques dont l'Apôtre compare les efforts à ceux
des magiciens de Pharaon
les démons par le doigt de Dieu (Luc, XI, 20),» « Comme Jammès
:
un autre dit « Je chasse les démons par l'Es-
prit de Dieu (Matth., XII, 28). » Quel est
et Membrès, dit-il, résistèrent à Moïse, ceux-ci
de même résistent à la vérité. Ce sont des
l'homme qui ne préférerait, aux empires les hommes corrompus dans l'esprit et pervertis
plus heureux du monde, la joie que nous donne ;
dans la foi mais leurs progrès auront des
l'intelligence des saints mystères dévoilés à nos - bornes, car leur folie sera connue de tout le
yeux par la lumière de la saine doctrine ? Dans monde, comme le fut alors celle de ces magi-
diebus interpositis promissum misic Spiritum-sanc- in Veteribus libris. Nam et ibi postea quam
tum, completo die Pentecostes : qui dies quinqua- Pascha occiso agno celebraverunt, dies quinqua-
genarius habet alteram sacramemum, quod scpties ginta numerantur usque ad diem quo Lex data
septem quadraginta noveoi fiunt: et cum reditur est in monce Sina famulo Dei Moysi, digito Dei
ad initium, qui est octavus, qui et primus des, scriha: in libris autem Evangelii apertissime
quinquaginta complentur: qui celebrantur post
Domini resurrectionem, jam in figura non laboris,
sedquietis et lætitiæ. Propter hocetjejuniarelaxan-
dum. Cum enim unus Evangelista dixisset ;
declaratur, digitum Dei significare Spiritum-sanc-
« In
:
jour du troisième mois, et faites attention à ce
qu'il dit entre autres choses « Allez trouver
le peuple, purifiez-le et sanctifiez-le aujourd'hui
nous excite à aimer et à désirer ce bienheureux
repos, où tous les hommes, par le passage de
cette vie à une autre figurée par la Pâque,
et demain. Qu'ils lavent leurs vêtements et sont appelés au nom du Père, du Fils et du
qu'ils soient prêts pour le troisième jour, car Saint-Esprit.
terpoitis quinquaginta diebus datur Lex ad timo- humilibus corde, ita contrarius et adversus immites
rem scripta digito Dei. Occiditur Christus, qui tam- ac superbos inquietudine exagitat. Quam inquietu-
quam ovis ad immolandum ductus est, sicut Isaias dinemmuscæ illæ (a) brevissimæ significaverunt,
testatur (Isai, un, 7), celebratur verum Pascha, et sub quibus magi Pharaonis defecerunt, dicentes,
interpositis quinquaginta diebus datur adcaritatem « Digitus Dei est hic. »
Spiritus-sanctus, qui est digitusDei, conlrarius ho- 30. Exodum lege, et vide ubi Pascha celebrave-
minibus sua quserentibus, et ideo jugum asperum runt, post quot dies data sit Lex. Loquitur Deus ad
et sarcinam gravem portantibus, nec invenientibus Moysen in eremo Sina, die (b) primo mensis tertii.
requiem animabus suis; quia caritas « non quse- Nota ergo unum diem ex ingressu ipsius tertii men-
rit quæ sua sunt (I Cor., XIII, 5). » Ideo animocitas sis, et vide quid dicat inter cetera. « Descende,
hæretieorum semper inquieta est, quos magorum inquit, « testare populo, et purifica illos hodie et
Pharaonis habere conatum, declarat Apostolus, di- cras, et lavent vestimenta sua, et sint parati in diem
cens; a Sicut enim Jammes et Mambres restiterunt tertium. Tertia enim die descendet Dominus in
Moysi, sic et isti resistunt veritati, homines mente montem Sina coramomni populo (Exodi, XIX,10): »
corrupti, reprobi circa fidem,sed ultra non profi- Tunc deti est Lex tertio scilicet die tertii mensis.
cient. Dementia enim eorum crit manifesta omni- Numera itaque a quarto-decimo primi mensis die,
ad diem tertium ter-
bus, sicut et illorum fuit (II Tim., III,8;. » Quia quo factum est Pascha, usque
enim per ipsam corruptionem mentis inquietissimi tii mensis, et invenies decem et septem dies pri-
fuerunt, insigno tertio defecerunt, fatentessibiad- mi mensis, triginta secundi, tres tertii, qui fiunt
versum esse Spiritum-sanctum qui erat in Moyse. quinquaginta. Lex in arca est sanctiticatio in cor-
resurrectionem nobis requies
Nam deficientes dixerunt, « Digitus Dei est hic pore Domini, per cujus
(Exodi, VIIl, 19). » Sicut autem conciliatus et placa- futura promittitur, ad quam percipiendam Spiritu-
tus Spiritus-sanctus requiem præstat mitibus et sancto caritas inspiratur. Spiritus autem nondum
(a) Editi, gravissima. Sed verius MSS. brevissima., ut liquet ex lib. III, deTrinit.c.VII.
(b) Lov. die tertio mensis tertii. Castigavimus ad MSS. duos Vaticanos et Sorbonicumunum, die primo.
CHAPITRE XVII.
— 31. C'est pour cela que ennemis et même de la main de Saul. » Or,
le nombre cinquante multiplié trois fois, en y qui est-ce qui est ici figuré par David, sinon
ajoutant encore celui de trois, pour mieux celui qui par la chair est sorti de la race de
exprimer l'excellence du mystère, se trouve David, c'est-à-dire Jésus-Christ, qui souffre
encore marqué dans l'Evangile par ces cent encore présentement dans son corps, qui est
cinquante-trois gros poissons péchés à droite
par l'ordre du Seigneur (Jean, XXI, 6) après sa
résurrection, ce qui marque la vie nouvelle, et
pourquoi,
l'Eglise, la persécution de ses ennemis. C'est
lorsqu'il renversa de sa voix son
persécuteur, et qu'en l'attirant à sa vérité, il
si les filets ne se rompirent pas, c'est pour
signifier qu'alors il n'y aura plus d'inquiétude
et de division causées par les hérétiques.
du ciel avec l'éclat du tonnerre:
en Et un de ses membres, il lui cria du haut
« Saul, Saul,
pourquoi me persécutez-vous (Act.,IX, 4) ? »
L'homme alors arrivé à la perfection et à la Quand donc le corps du Seigneur sera-t-il
quiétude, purifié dans son âme et dans son délivré de la main de ses ennemis, si ce n'est
corps par la parole du Seigneur appelée chaste quand la dernière ennemie, la mortj sera
par le Prophète, et qui est comme l'argent ?
détruite Or, ce temps est représenté par le
épuré et purifié sept fois, l'homme, dis-je, rece- nombre des cent cinquante-trois poissons,
vra la récompense figurée par le denier de puisque le nombre de dix-sept est la racine
l'Evangile, ce qui forme, par le denier et l'ar- triangulaire de cent cinquante-trois, qui fait
gent épuré sept fois, le nombre de dix-sept ; un triangle dont dix-sept est un côté. En comp-
car dans ce nombre, comme dans beaucoup tant depuis un jusqu'à dix-sept, ajoutez tous
d'autres qui, dans l'Ecriture, représentent les nombres intermédiaires, et vous trouverez
autant defigures, se trouve l'image d'un qu'un et deux font trois, et trois font six, et
admirable mystère. Aussi n'est-ce pas sans rai- quatre font dix, et cinq font quinze, et six font
son que dans le Livre des Rois, le psaume dix- vingt-et-un;ajoutez ainsi les autres nombres
septième est le seul qu'on lise tout entier et celui de dix-sept lui-même, et vous arriverez
(II Rois, XXII,2), parce qu'il exprime le royaume à la somme de cent cinquante-trois.
:
où nous n'aurons plus d'adversaires.Ce psaume,
en effet, est ainsi intitulé « Pour le jour où le
Seigneur délivra David de la main de tous ses
32. Les saintes Ecritures confirment pleine-
ment tout ce que je viens de vous dire sur
Pâques et la Pentecôte. L'observation des qua-
erat datus, quia Jesus nondum erat clarilicatus tibus, sacramentum mirabile reperitur. Nec imme-
in
(Johan., VII, 39). Unde prophetia illa cantata est;
a Exsurge Domine in requiem tuam, tu et area
sanctilicationis tuæ (Psal., CXXXI, 8). » Ubi requies,
;
rito etiamPsalmus septimus-decimus Regnorum
libris solus integer legitur quia regnum illud si-
gnificat, ubi adversarium non habebimus. Titulus
ibi sanetificatio. Unde nunc ut amcmus et deside- enim ejus est, « In die qua eruit eum Dominus de
remus, pignus accepimus. Vocantur autem ad re- manu omnium inimicorum ejus, et de manu Saul
- quiem alterius vitæ, quo ab ista vita transitur, quod (II Reg., XXII, 2). » Quis enim figuratur in David,
Pascha significat, omnes in nomine Patris et Filii et nisi ille qui venit secundum carnem ex semine
Spiritus-sancti. David? Qui utique in corpore suo, quod est Eccle-
CAPUT XVII. — 31. Propterea quinguagena- sia, adhuc patitur inimicos. Unde illi persecutori,
rius numerus ter multiplicatus; addito ad emi-
nentiam sacramenti ipso ternario, et in illis ma-
gnis piscibus invenitur, quas jam Dominus
;
quem voce mactavit, et in suum corpus trajiciens
quodammodo manducavit, sonuit de cœlo « Saule
Saule, quid me persequeris (Act., IX, 4)? » Quando
post resurrectionem novam vitam demons- autem eruetur hoc corpus ejus de manu omnium
trans, a dextera parte levari imperavit (Johan., inimicorum ejus, nisi cum et illa novissima inimica
xxi, 6); nec retia rupta sunt, quia tunc haereti- ?
destruetur mors Ad hoc tempus pertinuit nume-
corum inquietudo non erit. Tunc homo perfectus et rus ille centum quinquaginta trium piscium. Nam
quietus, purgatus in animo et in corpore per elo- et ipse numerus septimus-decimus surgens in tri-
quia Domini casta, argentum igne examinatum gonum, centum quinquaginta summam complet.
terrse purgatum septuplum, accipiet mercedem
denarium, ut sint decern et et
septem Nam in hoc
numero sicut in aliis multiplices figuras exhiben- ; :
Ab uno quippe usque ad decem et septem surgens,
omnes medios adde, et invenies ad unum scilicet
adde duo, fiunt unique tria adde tria, fiunt sex;
rante jours qui précèdent le carême est une coup n'ont pas voulu observer cette pratique,
coutume établie par l'Eglise, ainsi que les huit dans la crainte qu'elle ne parût avoir du rap-
jours dits. des Néophytes, et qui sont dis- port avec le sacrement du baptême: quelques-
tingués des autres jours, de manière à rendre uns même l'ont entièrement supprimée. D'au-
le huitième égal et répondant au premier. Pour tres aussi, pour la-distinguer dubaptême et lui
cequi concerne ralleluia que l'on ne doit chanter donner un caractère plus religieux par la
dans l'Eglise que pendant les cinquante jours sainteté même du temps où ils la célébreraient,
entre Pâques et la Pentecôte, ce n'est pas une choisirent pour cela le troisième jour dans
pratique généralement observée, car il y a des l'octave du baptême, à cause de l'excellence du
localités où on le chante aussi en d'autresjours, nombre trois dans beaucoup de mystères, ou
mais partout on le chante depuis Pâques j us- ou bien ils observent le lavement des pieds le
qu'à la Pentecôte. Quant à l'usage de se tenir jour même de l'octave.
debout pour prier pendant ces cinquante jours 34. Je ne sais vraiment pas pourquoi vous
et tous les dimanches, j'ignore si c'est une pra- désirez que je vous écrive quelque chose tou-
tique universelle. Autant que je l'ai pu, je chant les usages qui varient selon la différence
vous ai dit la règle suivie à cet égard par des lieux. Je n'en vois pas la nécessité. La seule
l'Eglise, et je crois l'avoir expliquée assez clai- et la plus salutaire règle à suivre à cet égard,
rement est que, toutes les choses que nous voyons
CHAPITRE XVIII.—33.Touchant le lavement établies,n'importe où,et qui n'ont rien d'opposé
des pieds que le Seigneur a recommandé comme à la foi et aux bonnes mœurs,et dont la pratique
pratique del'humilité qu'il était venu nous ensei- peut nous exhortera une vie meilleure, bien
gner,et dont lui-même adonné l'exemple,vous loin de les blâmer, nous devons les louer, les
me demandez quel est le temps le plus convena- imiter et les suivre, à moins qu'il y ait lieu de
ble pour rappeler aux hommes cette grande et craindre de blesser les faibles et de faire ainsi
sainte action de Jésus-Christ. C'est, à mon avis, plus de mal que de bien. Mais si dans la prati-
l'époque où elle pourrait se graver le plus sain- que d'un usage il y a plus de bien à espérer
tement dans leur mémoire, c'est-à-dire; au pour ceux qui voudraient en profiter, que de
temps même de la Passion du Sauveur. Beau- mal à craindre pour ceux qui la blâmeraient,
;
adde quatuor, fiunt decem adde quinque, fiunt
quindecim; adde sex, fiunt viginti-unum : adde ita
sacramentum baptismi videretur pertiuere, muti
hoc in consuetudinem recipere noluerunt. Nonnulli
et
ceteros, ipsumdecimum-septimum, fiunt centum etiam de consuctudineauferre non dubitaverunt.
quinquaginta tria. Aliqui autem uc hoc et sacratioretempore com-
32. Hæc de Scripturis firmissime tenentur, id est mendarent, et a baptismi sacramento distingue
Pascha et Pentecostes. Nam ut quadraginta illi rent, vel diem tertium octavarum, quia etternariu
dies ante Pascha observentur, Ecclesise consuetudo numerus in multis sacramentis maxime excellit,
roboravit; sic etiam ut octo dies Neophytorum vel etiam ipsum octavum ut hoc facerent elege-
distinguantur a ceteris, id est, ut octavus primo runt.
concinat. Ut autem halleluia per illos solos dies 34. Miror sane quid ita volueris, ut de iis quæ
quinquaginta in Ecclesia cantetur, non usquequa- varie per diversa loca observantur, tibi aliqua scri-
que observatur : nam et aliis diebus varie cantatur berem, cum et non sit necessarium, et una in his
alibi atque alibi; ipsis autem diebus ubique.Ut saluberrima regula retinenda sit, ut quæ non sunt
autem stantes in illis diebus et omnibus Dominicis contra fidem, neque contra bonos mores, et habent
oremus; utrum ubique servetur ignoro : tamen aliquid ad exhortationemvitae melioris, ubicumque
quid in eo sequatur Ecclesia, dixiut potui, et arbi- institui videmus, vel instituta cognoscimus, non so-
tror esse manifestum. lum non impro bemus, sed etiam laudando et imi-
CAPUT XVIII.
— 33. De lavandis veropedibus, tando sectemur, si aliquorum infirmitas non ita
cum Dominus hoc propter formam humilitatis impedit, ut amplius detrimentum sit. Si enim eo
propter quam docendam venerat, commendaverit; modo impediat, ut majora studiosorum lucra spe-
sicut ipse consequenter exposuit, qusesitum est a
rand sint, quam calumniatorurn detrimenta me-
quonam tempore potissimum restanta etiam facto tuenda, sine dubitatione faciendum est, maxime
doceretur, et illud tempus occurrit, quo ipsa com- id quod etiam de Scripturis defendi patest; sicut
mendatio religiosius inhsereret. Sed ne ad ipsum de hymnis et psalmis canendis, cum et ipsius Do-
la suivre sans hésiter,
il faut surtout quand il on prescrit l'obligation comme celle d'un
s'agit de choses autorisées par l'Eglise, par sacrement, je nepuis les approuver, mais je
exemple, les hymnes, les psaumes dont lechant n'ose pas les blâmer trop ouvertement, dans
nous est enseigné et recommandé par l'exemple la crainte d'exciter les scandales de quel-
et les préceptes du Seigneur lui-même et de ques personnes turbulentes ou même pieuses. Ce
ses apôtres. Cette coutume si utile et si propre qui m'afffige le plus, c'est de voir trop de négli-
à exciter la piété dans les âmes et à les enflam- gence pour observer beaucoup de choses salu-
mer du feu de l'amour divin, varie beaucoup taires et prescrites dans les saintes Ecritures.
dans les différentes églises. On en trouve même Tout est si plein d'erreurs et de présomption,
en Afrique un bien grand nombre qui appor- qu'on blâme plus sévèrement le néophyte qui,
tent trop de négligence à cet égard, au point pendantles huit premiersjours de son baptême,
que les Donatistes nous reprochent de chanter touche la terre de son pied nu, que celui qui
trop sobrement dans l'Eglise les divins canti- aurait enseveli sa raison dans l'ivresse. Il faut
(1) On a
,
35. Quant aux nouvelles pratiques établies un très-petit nombre de sacrements dont le but
en dehors de l'habitude commune et dont est manifeste. Bien plustolérable serait la con-
rétabli dans le texte,d'après les manuscrits la particule ad qui manque dans les éditions.
mini et Apostolurum habeamus (a) documenta et non possum, etiamsi multa hujusmodi propter
exempla et prsecepta. De hac re tam utili ad mo- nonnullarum vel sanctarum vel turbulentarum per-
vendum pie animum, et accendendum divinæ dile- sonarum scandala devilanda, liberius improhare
in Africa Ecclesiæ membra pigriora sunt ita ut
Donatistæ nos repreheudant, quod sobrie psallimus
:
ctionis aflectum, varia consuetudo est, et pleraque non audeo. Sed hoc nimis doleo, quod multa quæ
in divinis libris saluberrime præcepta sunt, minus
curantur; et tam multis præsumtionibus sic plena
in ecclesia divina cantica Prophetarum, cum ipsi sunt omnia, ut gravius çorripiatur qui per octavas
ebrietates suas ad cauticum psalmorum humano suas terram nudo pede tetigerit, quam qui mentem
ingenio compositorum, quasi (b) ad tubas exhorta- vinolentia sepelierit. Omnia itaque talia, quæ
tionis inflamment. Quando autem non est tempus,
cum in ecclesia fralres congrcgantur, sancta can-
tandi, nisi cum legitur aut disputatur, aut antistes
clara voce deprecatur, aut communis oratio voce
diaconi indicitur ?
niuntur ,
neque sanctarum Scripturarumauctoritatibus con-
tinentur, nec in conciliis episcoporum statutainve-
nec consuetudine universæ Ecclesiæ
roborata sunt, sed pro diversorum locorum diver-
sis moribus innumcrabiliter variantur, ita ut vix
CAPUT XIX. — Aliis vero particulis temporum aut omnino numquam inveniri possint caussæ,
quid melius a congregatis Christianis fiat, quid uti- quas in eis instituendis homines secuti sunt, ubi
lius, quid sanctius, omnino non video. facultas tribuitur, sine ulla dubitatione resecanda
35. Quod autem instituitur præter consuetudi- exislimo. Quamvis enim neque hoc inveniri possit,
nem, ut quasi observatio sacramenti sit, approbare quomodo contra fidem sint : ipsam tamen religio-
(1) Dans les capitulairesdes rois de France de l'an 789, c. IV, il est défendu de recourir aux sortilèges ou divination
au moyen des psaumes et de l'Evangile, ou de quelqu'autre manière que ce soit, comme il l'avait déjà été par le concile
d'Agde, l'an 406. can. 42, par celui d'Orléans, l'an 511,can. 30, et par celui d'Auxerre, l'an 578, can. 4. On peut voir
dansles notes de Baluze. sur les mêmes capitulaires, comment on se servait des livres sacrés pour ces sortilèges.
(a) Sic in prius excusis. At in MSS, plerisque habetur,quœsunt contra fidemnec bonus approbat, nec tacet etc.
qu'on fasse tourner aux affaires de la terre et 39. Pour vous, mon très-cher frère, lorsque
aux vanités de cette vie, les oracles divins qui vous lirez ces choses ou d'autres semblables,
n'ont parlé que pour la vie future. Jisez-les, apprenez-les de manière à graver dans
votre mémoire la vérité de ces paroles : « La
CHAPITRE XXI. — 38. Si vous croyez que
je n'ai pas suffisamment répondu à vos ques-
tions, c'est que vous ne connaissez ni la portée
science enfle, la charité ;
édifiela charité
n'est pas jalouse et ne s'enorgueillit pas
de mes forces, ni les occupations qui m'acca- (1 Corinth., VIII, 1). » Servez-vous donc de la
blent. Je suis loin d'être l'homme auquel vous science comme d'une machine pour élever l'é-
croyez que rien n'est caché, ce passage de difice de là charité, qui demeurera éternelle-
votre lettre m'a affligé, parce qu'il est con- ment, même quand la science sera détruite. La
traire à la vérité, et je suis étonné que vous ne science qui a pour but la charité est très-utile,
sachiez pas que, dans les saintes Ecritures, mais par elle-même et sans cette fin, elle est
comme dans le reste, j'ignore beaucoup plus de superflue et même dangereuse. Je sais combien
choses que je n'en sais.Si mon espérance dans le les saintes pensées de votre âme vous gardent
nom du Christ n'a pas été vaine, c'est que non et vous protègent à l'ombre des ailes du Sei-
seulement j'ai cru à la parole de mon Dieu qui gneur notre Dien, mais j'ai vouluvous donner
fait consister toute la loi et les prophètes dans brièvement ce conseil, parce que je connais
ces deux commandements, « l'amour de Dieu « votre charité qui n'est pas jalouse, » et qui
et du prochain (Matth., XXII, 40); » mais donnera à plusieurs lecture de cette lettre.
que je l'ai éprouvé et l'éprouve encore tous les
jours. Dans tout mystère, dans tout passage
principes :
des saintes Lettres je vois écrits les mêmes
« La fin de la loi, c'est la charité
qui part d'un cœur pur, d'une bonne cons-
:
cience, et d'une foi véritable (I Timoth., I, 5).»
Et ailleurs « La charité est la plénitude de la
loi (Rom., XIII, 10). »
legunt, etsi optandum est ut hoc potius faciant, 39. Itaque et tu carissime, sive ista sive alia, sic
quam ad dæmonia consulenda concurrant : tamen lege, sic disce, ut memineris verissime dictum,
etiam ista mihi displicet consuetudo, ad negotia « Scientia inflat, caritas ædificat. Caritas autem non
sæcularia, et ad vitæ hujus vanitatem, propter æmulatur, non inflat (I Cor., vm, i). » Sic itaque
aliam vitam loquentia oracula divina velle conver- adhibeatur scientia tamquam machina quædam,
tere. - per quam structura caritatis adsurgat, quæ maneat
CAPUT XXI. — 38. Hæc tibi si satis esse ad ea,
quIP. requisisti, non putaveris, nimis ignoras et
vires et occupationes meas. Tantum enim absum
in æternum, etiam cum scientia destruetur; quæ
;
ad finem caritatis adhibita multum est utilis per
se autem ipsa sine tali fine, non modo superflua,
ab eo, quod putasti nihil me latere, ut nihil in epi- sed etiam perniciosa probata est. Scio autem quam
stolatua legerim tristius; quia et apertissime fal- te cogitatio sancta custodiat sub umbraculo alarum
:
sum est et miror quia hoc te latet, quod ncn
solum in aliis innumerabilibus rebus multa me
DominiDei nostri. Sed ideo hæc, etsi breviter, mo-
nui, quoniam novi eamdem ipsam caritatem tuam,
latent, sed etiam in ipsis sanctis Scripturis multo quæ non æmulatur, hanc epistolam multisdaturam
nesciam plura quam sciam. Sed ideo spem in no- atque lecturam.
mine Christi non infructuosam gero, quia non
solum credidi Deo meo, in illis duobus prseceptis
totamLegem Prophetasque pendere (Matth., XXII,
40), sed etiam expertus sum; experiorque quotidie;
quandoquidem nullum mihi sacramentum, aut ali-
quis sermo admodum obscurior de sacris litteris
aperitur, ubi non eadem præcepta reperiam. « Fi-
nis enim præcepti est caritas de corde puro, et con
scientia bona et fide non ficta (I Tim., I, 5) ; » et
« Plenitudo legis caritas (Rom., XIII, 10).»
Le plaisir que votre Excellence trouvera à l'en-
tendre, l'encouragera à remplir sa commission
LETTRE LVI(1) avec zèle et activité. Je crois du reste que
vous n'ignorez pas combien je vous aime, et
combien je désire que vous trouviez votre joie
Saint Augustin invite Céler à étudier les saintes dans l'étude salutaire et la connaissance des
Ecritures, où il apprendra que cette vie n'est choses divines et humaines.
que fumée en comparaison de la vie éternelle. Il 2. Si vous ne dédaignez pas la charité de
l'exhorte à quitter le parti des Donatistes. mon zèle et de mon dévouement, vous ferez,
je l'espère, dans la foi chrétienne et dans les
A SON EXCELLENT ET HONORABLE SEIGNEUR ET SON mœurs qui conviennent à votre rang des pro-
TRÈS-CHER FILS CÉLER (2). grès assez grands pour attendle,peut-être avec
AUGUSTIN, SALUT DANS LE SEIGNEUR. impatience, du moins avec calme et certaine-
ment sans inquiétude, sans désespoir, sans la
1. Je n'ai oublié ni ma promesse, ni le désir vanité que donne l'erreur, mais avec toute la
que vous m'avez manifesté, mais le voyage que force qu'on puise dans la vérité, le dernier
j'ai dû faire pour visiter les églises confiées à jour qui dissipera cette fumée et cette vapeur
mes soins, ne m'a pas permis de m'acquitter qu'on appelle la vie humaine, jour suprême
immédiatement par moi-même de ce que je qu'aucun mortel ne saurait éviter. Autant il
vous devais. Je n'ai pas voulu cependant rester est certain que vous vivez, autant il est certain
plus longtemps dans vos dettes, du moment par les enseignements salutaires de la saine
où je pouvais vous les payer. J'ai donc délégué doctrine, que cette vie passée dans les plaisirs
mon très-cher fils, le prêtre Optat, pour vous de la terre est la mort et non la vie, en com-
lire à vos heures les plus convenables ce que je paraison dè cette vie éternelle qui nous est
vous ai promis, et surtout lorsqu'il verrait qu'il promise par le Christ et dans le Christ. Si vous
peut le faire d'un trait et sans interruption. examinez sérieusement et avec piétié toute la
(1) Ecrite l'an 400. — C'était autrefois la 237e, et celle qui était la 56e est présentement la 118e.
(2) Céler auquel cette lettre est adressée est celui dont il est parle dans les lettres 139 et 209. Il était proconsul en
Afrique l'an 429, comme il paraît par les lois du code Théodose qui lui sont adressées.
accoutumé ;
sainte en elle-même, à laquelle on n'est pas
et de rompre les liens qui nous
attachent à une erreur que l'habitude nous a
A SON TRÈS-CHER ET HONORABLE SEIGNEUR ET
(1) Ecrite l'an 400. — Cette lettre était la 210e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 57e se trouve maintenant la 187e.
(2) Le mot tuum manque dans l'édition de Louvain,
- ce qui a engagé quelques critiques à regarder ce motcomme une
Céler était trop jeune pour avoir unfils qui puisse lui servir d'intermédiaire au-
erreur de copiste, en prétendant queétait
près de.saint Augustin, mais Céler proconsul en Afrique et pouvait fort bien, pour occuper une si haute fonction
être dans l'âge d'avoir un fils. Tous les manuscrits de France et du Vatican, donnent tuus filius, meur Cœcilius, et j'ai
:
conservé dans la traduction le mot tuus. Ces expressions de filius, sont souvent employées en signe d'affection par saint
Augustin. J'ai donc traduit Cécilien que vous aimez comme votre fils et que j'aime comme s'il était le mien.
virili pectore tuo. Incolumem te Domini Dei nostri PIENDO FILIO CELERI AUGUSTINUS IN DOMIMO SALUTEM.
misericordia tueatur, domine eximie meritoque 1. Nullam fuisse justam caussam, cur ab orbe
honorabilis et dilectissime iili. terrarum, quo Ecclesia catholica secundum pro-
phetica et evangelica promissa diffunditur, se
magis quo-
pars Donati dirimeret, credo quod intcl-
que considerans prudentia tua facillime
cessaria est ,
ligit. De qua re, si diligentior disputatio ne-
memini me ad legendum de-
mien. Vous avez déjà depuis longtemps ce livre grande récompense auprès de Dieu. Il m'avait
entre les mains. Si vous avez voulu ou si vous déjà exprimé le désir de me voir par l'inter-
avez pu le lire pour avoir une connaissance de médiaire d'un certain Carus, mais il craignait
la question, aussi parfaite que vos occupations je ne sais quelles violences de la part des siens,
vous l'auraient permis, je ne doute pas qu'avec ce qu'il n'aurait plus à redouter sur vos do-
votre sagesse ordinaire, vous n'ayez vu que les maines et sous votre protection. Il ne faut pas
Donatistes n'ont rien de raisonnable à y ré- aimer en lui ce qui serait uniquement opiniâ-
pondre. Si ce livre laissait encore quelques treté et non fermeté d'esprit. Il est honteux de
doutes dans votre esprit, avec l'aide de Dieu, changer de doctrine quand cette doctrine a pour
nous pourrions peut-être les dissiper, ou vous elle la sagesse et la vérité, mais il est louable
:
envoyer quelque chose à lire sur le même sujet, et salutaire d'y renoncer, quand elle est in-
cher fils et bien-aimé seigneur, si digne d'être sensée et pernicieuse car de même que la fer-
honoré. meté empêche l'homme de se dépraver, de
2. Je vous prie donc de recommander avec même l'opiniâtreté l'empêche de se corriger.
soin l'unité catholique dans le pays d'Hippone Ainsi autant l'une est digne d'être louée, autant
à vos hommes, surtout à Paterne et à Mauruse. l'autre doit être évitée. Le prêtre que je vous
Je connais tout le zèle qui vous anime, et je ai envoyé confiera le reste à votre sagesse. Que
crois inutile de vous écrire plus longuement à la miséricorde de Dieu vous garde sain et sauf
cet égard. Si vous le voulez, vous pouvez faci- et heureux, très-cher et honorable seigneur et
lement connaître ce qui se passe dans l'étendue fils.
de votre juridiction, et ce que nos adversaires
font pour leur intérêt personnel. D'après ce
qu'on m'a dit, il y a sur vos terres un de vos
je
;
amis avec lequel voudrais bien m'entretenir.
Favorisez donc cette entrevue vous en aurez
une grande gloire devant les hommes, et une
disse benevolentiæ tuæ codicem, cum id te petisse (c)Carum utriusque nostrum medium mandaverat,
carrissimus mihi, (a) tuus filius, meus Cæcilius inti- se nescio quos violentos suos timere lie faceret,
masset, qui codex non paucis diebus apud te fuit.
Quem si rei hujus cognoscendæ studio, vel inter
quos in re tua et te favente timere non poterit :
nec ipse in eo debes diligere non constantiam, sed
occupationes tuas legere sive voluisti sive potuisti,
non dubito comperisse prudentiam tuam nihil eos
habere, quod probabiliter contradicant. Et si quid
tiam, sed veram et rectam :
plane pertinaciam. Turpe est enim mutare senten-
nam stultam et no-
xiam, et laudabile et salubrc est. Sicut autem
te forte adhuc movet, quantum Deus donat ac sinit, constantia non sinit hominem depravari, sic per-
forte poterimus respondere interroganti, aut £.d le- tinacia non sinit corrigi: proinde sicut ilia lau-
gendum itidem aliquid dare, domine dilectissime danda, sic ista est emendanda. Presbyter, quem
meritoque honorabilis ac suscipiende fili. misi, reliqua tuæ prudentiæ planius intimabit. In-
2. Quapropter peto unitatem catholicam (b) re- columem felicemque te Dei misericordia tueatur,
gioni Hipponensi diligentius commendes homini- domine dilectissime meritoque honorabilis ac susci-
bus tuis, maxime Paterno et Maurusio. Vigilantiam piende fili.
;
cordis tui novi, nec opus est, arbitror, plura scri-
bere cum, si volueris, facillime possis, et quid alii
curent et caveant in possessionibus tuis, et in re
tua quid agatur addiscere. [a re tua esse, mihi val-
de affirmatum. est, amicum, cum quo cupio con-
:
cordare : peto faveas ad hanc rem, ut et inter ho-
mines magnam laudem, et apud Deum habeas ma-
gnam mercedem jam enim mihi per quemdam
,
candore conspexi, conspexi et agnovi, agnovi et
amavi. Huic nunc loquor huic scribo, dilecto amico
exsultavi ut gratularer tibi in Christo Jesu Domino
nostro, tibique has gratulatorias litteras mitterem,
(a) In MSS. quatuor scribitur, Palmachio. Porro hunc ilium esse Pammachium Romanum civem ac Senatorem claris-
simum non dubitamus, qui fuit gener P/tulæ. Paulinæ maritus, et Hyeronvmo plurimum familiaris.
(b) SicMSS. At vulgati habent.pacisdecorem.
rien faire de plus. Ne la regardez pas toutefois les ennemis de l'Eglise en délivrant les faibles.
comme la mesure de l'affection que je vous Il vous suffira de donner connaissance de cette
porte, mais après l'avoir lue, allez au delà par lettre à ceux du sénat avec lesquels vous êtes
un élan invisible de l'âme, pénétrez par la ,
uni par les liens de la foi et sur l'amitié et la
pensée au fond de mon cœur, et voyez ce qui fidélité desquels vous pouvez compter. Ils pen-
s'y passe à votre égard. Car l'œil de la charité seront peut-être alors qu'ils peuvent faire en
pénètre jusqu'au plus intime de sa demeure; Afrique ce que vous y avez fait vous-même, et
jusqu'à ce sanctuaire que nous tenons fermé qu'ils négligent peut-être de faire parce qu'ils
aux tumultueuses vanités du siecle, lorsque le croient impossible. Je n'ai pas jugé à pro-
nous y adorons Dieu. Là vous verrez la joie pos de vous parler des nouveaux pièges, pré-
délicieuse que m'a fait éprouver votre sainte
action, joie que la bouche ne peut dire et
qu'une lettre ne peut exprimer, joie toute brû-
:
parés par les hérétiques dans la persévérité de
leur cœur j'ai pris en pitié leur prétention de
vouloir ébranler une âme aussi fortement atta-
lante du sacrifice de louanges que j'adresse à chée que la vôtre à Jésus-Christ. Vous appren-
celui qui vous a inspiré le dessein et donné le drez tout cela de la bouche de mes frères que
pouvoir d'accomplir une si bonne œuvre. Dieu je recommande à votre excellence. Veuillez
soit loué de son don ineffable ! excuser les craintes même vaines que leur ins-
3. Combien de sénateurs, comme vous en- pire la conversion si subite si inattendue de
fants de la sainte Eglise, pourraient faire en tant d'hommes, dont le salut procuré par vos
Afrique ce que vous y avez fait, en nous com- soins a comblé de joie l'Eglise catholique,notre
!
blant de joie Mais il y a autant de danger à mère.
;
les y exhorter, que de sécurité à vous féliciter
de votre œuvre car peut-être ne se rendraient-
ils pas à nos conseils, et les ennemis de l'Eglise,
comme s'ils avaient prévalu sur nous dans leur
;
esprit, en profiteraient pour tromperles faibles
et leur tendre des embûches tandis que vous,
par cette œuvre accomplie, vous avez confondu
qualecumque specimen cordis et amoris erga te dis insiHabunturinfirmis. Tu vero jam fecisti,unde
hactenus quidquid te diligo metiaris :
mei : neque enim amplius potui. Sed quapso no tu
perlectam
inimici Ecclesiæ liberatis confundantur infirmis.
Proinde sufticere visum est, utipse quibus Chris-
;
transi hanc epistolam transituinvisibili, qui intus
lit, et perge cogitando in pectus meum et cerne
quid illic de te agatur. Patebit enim oculo caritatis
tiano jure potueris, amica fiducia istam epistolam
legas. Si enim ex tuo facto fieri posse in Africa cre-
dent, quod forte dum putant fieri non posse, pi-
cubiculum caritatis, quod claudimus adversus nu-
gas tumultuosas sæculi, cum illic Deum adoramus
et videbis ibi delicias lætitiæ meæ de tam bono
: grescunt. Insidias autem quas ipsi haeretici discorto
corde moliuntur, quoniam (a) risi eos arbitratos va-
lere aliquid in possessione Christi, animo tuo, nec
opere tuo, quas nec lingua effari, nec stilo scribere volui. Audies tamen hæe a fratribus meis,
exprimere valeo, calentes atque flagrantes in sacri- quos plurimum commendo eximietati tuæ, ne in
ficio laudisejus, quo inspirante hocvoluisti, et quo tam magna tamque inopinata salute hominum, de
adjuvante potuisti. Gratias Deo super inenarrabili quibus per te Catholica mater exsultat, spernere
dono ejus. etiam superflua metuentes.
3. 0 quam multorum tecum pariter senatorum,
pariterque sanctæ Ecclesiæ filiorum, tale opus desi-
deramus in Africa, de quali tuo lætamur. Sed illos
periculosum est exhortari, tibi securum est congra-
tulari. Illi enim forte non facient, et tamquam nos
in animo eorum vicerint inimici Ecclesiæ, decipien-
(a) Lov. quoniam ipsi eas arbitrantur valere etc. Prætulinushic lectionem Bad. Am Er. et MSS. undecim.
mais nous savons que ces provinces ont leurs
primats. S'il avait été nécessaire d'appeler des
LETTRE LIX (1) évêques de ces contrées à un concile en Numi-
die, il aurait fallu que les noms de ceux qui y
Saint Augustin s'excuse envers l'évêque Victorin
tiennent le premier rang figurassent dans cette
lettre, où j'ai été fort étonné de n'en trouver
de ne pouvoir se trouver au concile que cet évê-
aucun. En outre, dans celle qu'on a écrite aux
que convoquait. Il le prie de s'entendre avant
évêques de Numidie, on a observé un ordre si
tout avec l'évêque Xantippe touchant la primatie
et le droit de convoquer des conciles. peu convenable, que mon nom se trouve le
troisième, quoique beaucoup d'évêques soient
A SON BIENHEUREUX SEIGNEUR ET VÉNÉRABLE PÈRE mes anciens. C'est une injure pour eux, et
VICTORIN, SON COLLÈGUE DANS LE SACERDOCE,
quelque chose d'odieux qu'on fait peser sur
moi. Enfin notre vénérable frère et collègue
AUGUSTIN; SALUT DANS LE SEIGNEUR.
Xantippe, évêque de Tagose (2), prétend qu'il
1. Votre lettre de convocation au concile est primat de droit, qu'il est regardé comme
m'est parvenue le cinq des ides de novembre, tel par beaucoup d'évêques, et qu'il peut aussi
lorsqu'il faisait déjà nuit, et m'a trouvé peu envoyer des lettres de convocation. S'il fait
disposé à me rendre à votre invitation. Mon erreur et s'il est facile à votre sainteté de s'en
hésitation vient-elle de mon inexpérience ou assurer et de le prouver, du moins n'auriez-
d'un motif légitime, c'est à votre sainteté et à vous pas dû omettre son nom dans la lettre que
votre sagesse d'en juger. J'ai vu dans cette vous avez envoyée. S'il n'avait été inscrit qu'au
lettre qu'on avait écrit aux deux Maurilanies, milieu de la liste et non pas en tête, j'aurais
(1) Ecrite l'an 401. — Cette lettre était la 217e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 59e se trouve maintenant la 149°.
(2) L'édition de Louvain donne Xantippus Tagastensif, évêque de Tagaste, mais d'après les meilleurs juges, on doit
rejeter cette version car au temps même, où saint Augustin écrivait cette lettre, Alype occupait en Numidie le
épiscopal de Tagaste, à peine avons-nous eu entre les mains deux exemplaires manuscrits de cette lettre. L'un porte
siège
Sanclippum Tagonensem; l'autre Sanclippum Tagosensem. Deux manuscrits du Vatican qui furent examinés sur l'ordre
de Clément VIII pour faire les corrections nécessaires à cette lettre s'accordent avec quelques autres manuscrits et avec
les notes de Henri de Noris, qui dans le livre II, c. VIII, de son histoire de Pélage dit qu'il faut lire comme il l'a vu
dans trois livres du Vatican, Xantippum Tagosensem; et il ajoute a qu'il n'est pas étonnant que la ville deTagose ne
se trouve pas sur les cartes de géographie, car les primats d'Afrique, comme le dit saint Grégoire 1. I, épître LU, à
Gennadius, résidaient çà et là dans des bourgs, et non dans les villes principales, et du temps de la conférence de
Cartilage, il y avait 567 évêques dans toute l'Afrique, quoique les tables de Ptolémée et d'Orthelius n'indiquent pas un
aussi grand nombre de villes. » Dans la notice des épiscopats d'Afrique, on trouve parmi les évêques de Numidie un
Timothée deTagure, et on trouveégalement dans la conférence de Carthage deux évêques de Tagore. C'est sans doute
une erreur de lettres changées comme cela arrive souvent dans les noms, mais qui ne désigne pas des sièges épiscopaux
différents. Pour compléter cette note sur Xantippe, nous dirons encore qu'il était si bien fondé à réclamer le droit de
priniatie à Tagose que Victorin fut obligé de le lui céder,et que l'année suivante, saint Augustin lui écrivit la lettre 65e
de
en qualité de primat, et que la même année, le 27 août. il tint à Milève le concile sa province.
(1) Ecrite l'an 401. — Cette lettre était la 76e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 60e se trouve maintenantla 8611.
ejus admemoratio facta est, qui maxime ad conci- trum verum dicat agnoscant, ut inter vos paucos
lium venire debuit, ut de ipso primatus ordine, eadem prae ceteris quaestio dirimatur, et errore
coram omnium Numidarum episcopis ecclesiarurn sublato minores a ceteris convocentur, qui nec
primitus ageretur ? possunt nec debent, nisi vobis in hac re tamquam
2. His de caussisetiam venire dubitarem, nefurte prioribus credere, et nunc ignorant cui vestrum
falsa esset tractoria, qua tanta perversitas appare- potissimum crelant. Hane epistolam signatammisi
:
ret quamquam et angustia temporis et aliæ graves
necessitates me multipliciter impedirent. Unde
annulo qui exprimit faciem hominis adtendentis in
latus.
petobeatitudinem tuam ut
mihi ignoscas, primo et EPISTOLA LX
instare digneris, ut inter tuam sanctimoniam et se-
nem Xantippum concorditer constet, quis vestrum
debeat convocare concilium : aut certe, quod salu-
brius arbitror, sine cujusquam præjudieio ambo
convocate collegas nostros, eos maxime qui vobis
trem se renitente recessisse de monasterio :
Augustinus Aurelio significat Donztum et ipsius fra-
porro et
rnonachis facilem lapsum, et ordini clericorum inju-
episcopatus ætate vicini sunt, qui facile quis ves- riarn fieri, dum tales in clevum assumuntur.
quorum ex fide corrigendas esse editiones monet Nec mirum, inquit, Tagosam urbem ingeographtcis tabuhsnon repenru
Nam Africaniprimates, ut ait Gregorius lib. I. epist. LXXII. ad Gennadium, passim per villas, non incivttalibuspnmarus
•
residebant ettempore collationis Carlhaginensis erantin universaAfrica episcopi !'67 cum tamen tot oppida nec Ptolemæanee
Orlelii tabulaexprimant. In Notitia episcopatuum Africro, inter Numidas est Timotheus Tagurensis : occurrunt et uo
Tagorenses episcopi in Carthag. collatione I. An forte nomen commutatis, ut sæpe sit, litleris aliter et aliter scriprum
sedem non aliam et aliam desigual ?-
des clercs que d'y recevoir ceux qui abandonnent
ainsi leur monastère. vulgairement :
les plus éprouvés. A moins que, comme on dit
mauvais joueur de flûte, bon
nutriendis servimus ,
ctuavi. Sed tamen etiam atque etiam cogitanti
quid sit utile saluti eorum quibus in Christo
nihil mihi aliud occur-
rere potuit, nisi non esse istam viam dandarn
nentia, et tamen desit instructio necessaria, aut per-
sons regularis integritas.
2. Sed de istis credo arbitrata sit beatitudo tua,
melius ,
servis Dei, ut se facilius putent eligi ad aliquid
si facti fuerint, deteriores. Et ipsis enim
facilis lapsus, et ordini clericorum fit indignissima
quod nostra voluntate, ut suis potius corregionali-
bus utiles essent, de monasterio recessissent. Sed fal-
sum est, sponte abierunt, sponte deseruerunt, nobis
quantum potuimus, pro eorumsalute,renitentibus.
injuria, si desertores monasteriorum ad militiam Et de Donato quidem, quia jam factunest, ut an-
clericatus eligantur, cum ex his qui. in monasterio tequam de hac re aliquid in concilio statueremus,
permanent, non tamen nisi probatiores atque me- ordinaretur, si forte a superbiæ perversitate correc-
liores inclerum assumere soleamus: nisi forte, si. tus est, quod vult faciat prudentia tua. De fratre
vous savez ce que j'en pense, je n'ai donc rien siez faire voir,par un écrit de
ma main, ce que
à vous dire à ce sujet. Je n'ose aller à l'encontre nous pensons, et ce que nous sommes prêts à
de votre sagesse, de votre rang, de votre cha- faire à cet égard. Sachez donc que nous
ne
rité, et je suis convaincu que vous ferez ce qui détestons en eux que leur séparation, qui les a
vous paraîtra le plus utile et le plus salutaire rendus schismatiques et hérétiques, et qui les
aux membres de l'Eglise. a éloignés de l'unité et de la vérité de l'Église
catholique. Nous les condamnons, parce qu'ils
ne sont pas en paix avec le peuple de Dieu, qui
LETTRE LXI(1) est répandu sur toute la terre, et qu'ils ne re-
connaissent pas le baptême de Jésus-Christ
Saint Augustin écrit à Théodore, pour lui assurer dans ceux qui l'ont reçu. Voilà le mal et l'er-
que les clercs donatistes, qui reviendraient à
l'Église catholique, conserveraient leur ordre. reur que nous blâmons en eux, mais en eux
aussi nous reconnaissons, nous aimons, nous
A SON
DORE ,
SEIGNEUR.
AUGUSTIN , ,
TRÈS-CIIER (2) ET HONORABLE FRÈRE THÉO-
ÉVÊQUE SALUT DANS LE
respectons ce qu'il y a de bien, c'est-à-dire le
nom de Dieu et son sacrement. C'est cela même
qui nous fait déplorer leur égarement, et nous
inspire le désir de les gagner à Dieu par la
1. Lorsque vous m'avez demandé comment charité de Jésus-Christ, afin que ce sacrement
nous recevrions les clercs donatistes qui vou- qu'ils ont, pour leur perte, hors de la paix de
draient rentrer dans l'Église catholique, j'ai l'Église, ils puissent l'avoir, pour leur salut,
jugé à propos de vous donner ma réponse dans dans la paix catholique. Si l'on parvenait à dé-
à
une lettre votre adresse, afin que, si quel- truire le mal qui vient des hommes, pour ho-
qu'un vous interrogeait à ce sujet, vous puis- norer dans les hommes le bien qui vient de
(1) Ecrite l'an 401. — Cette lettre était la 123e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 61e se trouve maintenant la 204e.
(2) Les manuscrits écrivent comme notre texte, mais l'édition de Louvain porte seulement dilectissimo fratri Theodoro
Auouslinui et en outre Théodore, dans l'argument en tête, y est qualifié d'évêque. Nous ignorons pour quel motif on lui
attribue cette dignité.Ce n'est certainement pas parce que saint Augustin l'appelle son frère,nom que dans la lettre 53 qui
précède, il donne à Génerosus qui était laïque, et qu'il donne même quelquefois aux hérétiques et aux païens, comme
on le voit dans les lettres 90 et 232. Enfin il désigne encore par ce nom ce même Théodoreainsi que Maxime) quand il
leur dit dans sa lettre 85 : carissimi filii mei honorabiles viri. Mes très-chersfils, hommes honorables.
;
dination, la profession de continence, le vœu
de virginité, la foi de la Trinité mais ces dons
spirituels et d'autres semblables demeuraient
lettre que vous reconnaissezbien comme écrite
de ma main. Qu'ils la gardent même, s'ils le
veulent. Car je prends Dieu à témoin, sur mon
stériles en eux, parce qu'ils n'étaient pas vivi- âme, que je les recevrai, en leur conservant
fiés par la charité. Qui peut, en effet, prétendre non-seulement le baptême du Christ qu'ils ont
avoir la charité du Christ, en ne gardant pas reçu, mais encore le rang qu'ils peuvent avoir
?
l'unité Lors donc qu'ils reviennent à la foi dans l'ordination ou dans la profession de con-
catholique, ils ne reçoivent pas ce qu'ils avaient, tinence.
mais ils reçoivent ce qu'ils n'avaient pas, afin
que ce qu'ils possédaient déjà commence à leur
;
être utile c'est-à-dire qu'en rentrant dans l'É-
mala hominum, et honorentur in hominibus bona nia, quæ habent, sacramenta veritatis. Non enim
Dei; erit fraterna concordia, et amabilis pax, ut in debent gloriari sarmenta, quia non sunt spinarum
cordibus hominum vincat persuasionem diaboli, ligna, sedvitis. Sienim non inradice vixerint, cum
caritas Christi. tota specie sua in ignem mittentur. De quibusdam
2. Itaque cum ad nos veniunt ex parte Donati, autem ramis fractis dixit Apostolus, « quia potens
mala illorum non suscipimus, id est dissensionem est Deus iterum inserere illos (Rom., II, 23). » Et
et errorem, sed ipsa tolluntur de medio tamquam ideo, dilectissime frater, quoscumque illorum vide-
impedimenta concordia;, et amplectimur fratres ris forte dubitantes quo ordine suscipiantur a no-
nostros stantes cum eis, sicut dicit Apostolus, « in bis ostende illis islam quam bene nosti manum
:
(a) unitate spiritus, in vinculo pacis (Eph.IV, 3),
meam, et si eam apud se habere voluerint, ha-
et agnoscentes in eis bona Dei, sive sanctum bap- beant : quia testem Deum facio super animam
tismum, sive benedictionem ordinationis, sivecon-
meam, sic eos me suscepturum, ut non solum
:
tinentiæ professionem, sive consignationemvirgini-
tatis, sive sidemTrinitatis, et si qua alia sunt quæ
omnia etiamsi erant, nihil tamcn proderant,quando
baptismum Christi quem acceperunt, ipsum ha-
beant, sed etiam honorem (b) sanctimonii et conti-
nentiæ.
caritas non erat. Quis autem vere dicit se habere
Christi caritatem, quando ejus non amplectitur
:
unitatem? Cum ergo ad Catholicam veniunt, non
hic accipiunt quod habebant sed ut prodesse illis
incipiat quod habebant, accipiunt hic quod non ha-
bebaut. Hic enim accipiunt radicem caritatis in
vinculo pacis, et in societate unitatis : ut non ad
damnationem,sed ad liberationem illis valeant om-
FRÈRE SÉVÈRE
CERDOCE
,
A LEUR BIENHEUREUX SEIGNEUR ET TRÈS-CHER
;
pas avec vous, puisqu'en effet, son serment
engage sa volonté et non la vôtre enfin après
nous avoir avoué que vous ne lui aviez rien
à
avait étéordonné sous-diacre Sousane, dans le
diocèse d'Hippone. Saint Augustin déclare que
cela a été fait contre sa volonté. Quoique Timo-
juré vous-même, il nous a déclaré, comme il thée eût déjà fonctionné comme lecteur dans les
convenait à un serviteur de Dieu et à un fils églises du diocèse d'Hippone, avant d'avoir rien
de l'Église, qu'il se conformerait et sans ba- à
lancer à ce que nous aurions décidé sur son
compte avec votre sainteté. Nous vous deman-
;
juré Sévère, saintAugustin n'avait cependant
pas balancé à le lui renvoyer il demande en
conséquence qu'on le lui renvoie également.
dons en conséquence, et nous vous conjurons
par la charité du Christ, de vous souvenir de A SON BIENHEUREUX SEIGNEUR, VÉNÉRABLE ET
tout ce que nous vous avons dit, et de nous TRÈS-CHER FRÈRE SÉVÈRE, SON COLLÈGUE DANS
;
donner une réponse qui nous apporte la joie et
la consolation car nous qui sommes les plus
forts, si toutefois nous osons parler de notre
LE SACERDOCE, ET A TOUS LES FRÈRES QUI SONT
AVEC LUI, AUGUSTIN ET SES FRÈRES, SALUT DANS
LE SEIGNEUR.
(1) Ecrite l'an 401 un peu après la précédente. — Cette lettre était la
la
des Bénédictins et celle qui était 63e se trouve maintenant la 18e.
e dans les
240 éditions antérieures à l'édition
ut apud Subsanam Deo serviret, erupit et juravit, scripsit sanctitati tuæ, quia omnia quæ gesta sunt,
a te omnino non recessurum. Cumque ejus volun- sanctus frater tuus significavit. Memor nostri, in
tatem requireremus, respondit se hac juratione Domino glorieris, domine beatissime et venerabili-
impediri, quominus ibi esset ubi eum esse etiam ter carissime et sincerissime frater.
antea volebamus: cum jam præsertim desuæ liber-
tatis manifestation securus sit. Cumque illi ape- EPISTOLA LXIII
Rursum de Timotheo quipostquamjurassetse a Severo
ruissemus, non eum futurum perjurii reum, si non
per ipsum, sed per te tieret, ut propter vitandum non recessurum, ordinatus fuerat subdiaconus apud
scandalum tecum esse non posset; quandoquidern
Subsanam in diœcesi Hipponensi, hoc præter suarn
non de tua voluntate, sed de sua jurare potuerit, voluntatem factum esse testatur Augustinus; Timo-
nec te sibi vicissim aliquid jurasse confessus sit : theum tamen quem od Severum redire voluit, decla-
ad extremum dixit, quod servurn Dei, Ecclesiæ si-
lium, dicere oportebat, quidquid nobis cum tua rat lectoris officio jam ante prœstitum ipsi jura-
mentum, functum fuisse in ecclesiis diœceseos
sanctitate de illo fieri placuisset, id se sine dubio Hipponensis, adeoque sibi remittendum.
secuturum. Proinde petimus, et per caritatem
Christi obsecramus prudentiam tuam, ut omnium DOMINO BEATISSIM0, ET VENERABILI. ET SINCERISSIMA CA-
quæ locuti sumus memineris, et rescriptis tuis nos RITATE AMPLECTENDO FRATR1 ET CONSACERDOTI SEVERO,
lætifices. Debemus enim nos firmiores (si tamen in- ET QUI TECUM SUNT FRATRIBUS, AUGUSTINUS, ET FRATRES
ter tanta tentationum pericula dicere hoc auden- QUI MECUM SUNT, IN DOMINO SALUTEM.
dum est) sicut ait Apostolus infirmor 1m onera sus- 1. Siilicam, quæ me ipsa caussa cogit dicere. ubi
tinere (Rom., xv, 1). FraterTimotheus ideo non erit sollicitudo caritatis ? Si autem non dicam, Ilbi
1. Si je dis tout ce que je suis obligé de retourné vers votre sainteté, sans avoir con-
dire dans l'intérêt de ma cause, où sera la sulté le frère Carcedonius, ce qui a été l'ori-
?
charité Si je ne le dis pas, où sera la liberté gine de notre présente tribulation. Nous avons
de l'amitié? Après avoir longtemps hésité, j'ai ensuite repris le prêtre et Vérin, qui, d'après
préféré me défendre plutôt que de vous accuser. ce que nous avions appris, avaient été cause de
Vous êtes étonné,me dites-vous dans votre lettre, son ordination. Comme devant nos reproches
que nous ayons consenti à tolérer une chose ils ont avoué qu'ils avaient mal agi, et qu'ils
qui nous afflige quand nous aurions pu y appor- nous ont prié de leur pardonner, il y aurait eu
ter remède. Eh ! ne peut-on plus s'affliger d'un orgueil de notre part, à ne pas croire à leur
fait regrettable dès qu'on a tout fait pour y repentir. Ils ne pouvaient pas d'ailleurs empê-
remédier, ou bien ne doit-on pas tolérer une cher que ce qui était fait ne fût fait. Nos repro-
chose fâcheuse, quand on ne peut plus la pré- ches tendaient donc uniquement à leur faire
venir ou l'empêcher? Cessez donc de vous reconnaître leur faute et à leur en inspirer le
étonner, très-cher frère. Timothéea été ordonné repentir. Nos remontrances se sont adressées
sous-diacre à Sousane contre mon avis etcon- d'abord à tous pour les engager à ne plus en-
tre ma volonté, lorsque nous délibérions encore courir par de tels faits lacolère de Dieu, ensuite
sur le parti à prendre àson égard.Voilà ce qui à Timothée, qui se disait obligé par son ser-
m'afflige encore aujourd'hui, quoiqu'il soit ment de retourner vers vous. Nous lui avons
retourné auprès de vous. Vous l'avez réclamé fait voir que si vous refusiez de le garder près
et je ne me repens pas d'avoir accédé à vos de vous, puisqu'il avait déjà exercé iciles fonc-
désirs. tions de lecteur, (car nous espérions que vous
2. Ecoutez aussi ce que nous avons fait par agiriez ainsi dans la crainte de scandaliser les
nos reproches, nos exhortations et. nos prières, faibles pour qui Jésus-Christ est mort, et par
même avant son départ afin que vous ne pen- respect pour la discipline de l'Eglise tant négli-
siez pas que nous ayons épargné toute répri- gée aujourd'hui), nous lui avons fait voir, dis-
mande envers lui, jusqu'au moment où il est je, qu'il se trouverait dégagé de son serment,
retourné près de vous. Nous l'avons blâmé et qu'il pourrait, en paix avec sa conscience,
d'abord de ne vous avoir pas obéi, puis d'être servir Dieu à qui nous rendrons un jour compte
3. Mais enfin ,
reproches, aux avertissemeuts, aux prières.
en considération du lien
de la charité, et pour ne pas nous laisser
fonctions dans une église confiée à mon admi-
nistration, non pas une fois (1), mais plusieurs
à
autres encore, Sousane, aux Tours, à Cisan,
dominer par Satan, dont nous connaissons les à Verbal, en compagnie d'un prêtre de l'église
intentions,que devions-nous faire, sinon d'obéir de Sousane. Nous avons corrigé ce qui a été
à votre volonté, à vous qui regardiez comme fait malgré nous, parce que Dieu le voulait.
irréparable ce qui était arrivé, à moins qu'on Dieu veut aussi que vous corrigiez ce quia été
ne restituât à votre droit celui en la personne fait à votre insu. Vous comprendrez facilement
duquel vous vous plaigniez d'avoir reçu une queltort serait fait à la discipline ecclésiasti-
injure. Le frère Carcedonius lui-même, après un que, si un évêque auquel un clerc d'une autre
assez vif mouvement de colère, pour laquelle église aurait fait le serment de ne pas le quitter,
je vous demande d'obtenir le pardon dans vos retenait ce clerc près de lui, sous prétexte qu'il
prières, ne voyant plus que le Christ qui est en ne veut pas le rendre parjure. Celui qui ne
(1) Cette affaire parait être la cause du canon publié au concile de Milève, le 27 août de l'année 402. Celui qui aura
lu, même une seule fois, dans une église, ne doit pas être retenu par une autre église.
quid de illo fieri, conservandse ecclesiasticee disei- nos remorante Timotlieo, alias ad tuam germani-
plinæ provisio et necessitas cogeret. Orando autem tatem litteras mitterem, cogitandum putarem;
correxeramus nosipsos, ut et gubernationes et exi- veritus est ipse paternam (a) commotionem tuam,
tus nostrorum consiliorum misericordiae Dei com- et prsecidit deliberationem meam, non solum si-
mendaremus, et si quid indignationis nos momor- nens, sed etiam instans, ut tibi Timotheus redde-
non possideamur a satana, non enim ignoramus utrum homo, qui in ecclesia meæ dispensationi
mentes ejus, quid aliud facere debuimus nisi ob- credita jam legere coeperat, et (b) non semel, sed
temperare voluntati tuae, qui non putasti quod fa- iterum et tertio', apud Subsanam et presbytero
ctum est corrigi potuisse, nisi ipse, in quo tibi in- Subsanensis Ecclesiæ comitatus, et apudTurres, et
juriam factam esse conquereris, juri tuo redderetur ? apud (c) Cizan, et apud Yerbalis legerat, non fuisse
Hoc etiam frater ipse Carcedonius, quamvis non lector possit aut debeat judicari. Et sicut nos, quod
post levem animi perturbationem, de qua peto ut postea nobis invitis factum est, Deo jubente corre-
ores pro illo, tamen Christum in te cogitans, æ- ximus : sic et tu quod prius te nesciente factum est,
quanimiter fecit. Et cum adhuc ego, utium apud eodem jubente similiter corrige. Neque enim ve-
(a) Lov. commomtionem. MSS omnes, commotionem.
(b) Id negotii videtur prsebuisse caussam edendi illiuscanonis in
- concil. Milevitano die.
ut quicumque tn ecclesia vel semel legerit ab aliu ecclesia non teneatur.
(c)InvetericodiceCorb.Cizan.
XXVII. Aug. an 402. ,.
-- celebrato,
-
j
souffrira pas cela, celui qui ne permettra pas à qui nous croyons sans le voir. En effet, nous
un tel clerc de rester auprès de lui, parce que serons semblables à lui, quand nous le verrons
ce clerc n'a pu jurer que pour lui et non pour tel qu'il est. Si vous voulez écouter mes pa-
un autre, celui-là, dis-je, conserverala paix et roles de bon cœur et fraternellement, appli-
la discipline ecclésiastique. et ne pourra encou- quez-les à votre âme et ne présumez pas trop
rir le blâme de personne. de sa beauté, mais comme le dit l'Apôtre: «Ré-
reor, ne tu parum intelligas, quantus aditus aperitur dum puleræ sint., sicut eas futuras speramus, cum
ad dissolveudum ordinem ecclesiaslicifl disciplinæ, ille ineffabiliterpulcher nobis apparuerit, in quem
si alterius ecelesíæ clericus cuicumque juraverit modo non videntes credimus : tunc enim similes
quod ab ipso non sit recessurns, eum secum esse ei erimus, quando videbirnuseum siculiest. Quod
permittat, ideo sefacere affirmans, ne auctor sit et tu de anima tua, si libenter et fraterne me acci-
ejus perjurii : cum profecto qui hoc non sinet, nec pis, admonemus ut sentias, nec eamdem pulcram
illum apud ipsum remanere permittet, quia de se esse præsumas : sed quemadmodum Apostolus
non de altero jurare poluit, ipse pacificam regulam
sine aliqua reprehensione custodiat.
præcipit, in spe gaudeas, et quod sequitur facias
Sic enim dicit, « Spe gaudentes in tribulatioue pa-
:
tientes. Spe enim salvi facti sumus (Rom., xn,12):»
EPISTOLA LXIV sicut rursus idem ipse dicit, « Spes autem quæ vi-
Augustinus Quintiano, ipsum ad patientiam adhor- detur, non est spes. Quod enim videt quis, quid
tans et Aurelio episcopo revonciliatum cupiens, sperat? Si autem quod non videmussperamus, per
patientiam exspectamus (Rom., vni, 24). » Haec pa-
agensque de Privatione quem ille suœ ecclesiœ cle- tientia in te non deticiat, et in bona conscientia
ricum querebatur in monasterium Augustini suscep-
tum fuisse.. sustine Dominum, et viriliter age, et confortetur
cor tuum, et sustine Dominum. -
DOMINO DILECTISSIMO FRATRI ET COMPRESBYTERO QUIN-
TIANO AUGUSTINUS IN DOMINO SALUTEM.
1. Nos non dedignamur adspicere corpora minus
pulcra, præscrtim cum ipsæ animæ nostræ non-
2. Manifcstum est quidem, quod si ad nos ve-
nires, venerabili episcopo Aurelio non communi-
cans, nec apud nos posses communicare sed ea
caritate nos faccremus, qua et ilium facere non
:
votre égard, dans l'intérêt de la discipline de concevez qu'il m'est impossible, sans y être
l'Eglise, surtout si votre conscience qui n'est invité, d'écrire à un peuple qui n'est pas confié
connue que de Dieu et de vous, n'a rien à vous à mes soins et à mon administration.
reprocher. Si Aurèle a différé de discuter votre 3. Ce que je vous dis ici est pour vous seul,
cause, ce n'est point par ressentiment contre puisque seul vous m'avez écrit, mais vous pou-
vous mais par suite de ses nombreuses affaires. vez faire part de mes paroles à quiconque en
Si vous les connaissiez comme les vôtres, vous aurait besoin. Pour vous, ne scandalisez pas
neseriez ni étonné, ni attristé de son silence. l'Eglise, en lisant au peuple des écritures qui
Croyez que mes occupations, qui vous sont ne sont pas reçues par le canon ecclésiastique.
également inconnues ne sont pas moins nom- C'est par ces lectures que les hérétiques et les
breuses que les siennes. Vous avez près de vous Manichéens qui, d'après ce que j'ai appris, se
des évêques plus anciens que moi et d'une plus cachent dans vos campagnes, ont coutume de
grande autorité, près desquels vous pourriez séduire les âmes sans expérience. J'admire
suivre les causes de votre église. Je n'ai cepen- vraiment votre sagesse de m'avertir de ne pas
dant pas gardé le silence auprès de mon véné- permettre qu'on admette dans mon monastère
rable et très-honoré frère et collègue Aurèle
je lui ai fait part de vos tribulations et des
; ceux qui viendraient de votre église, afin,
dites-vous, de maintenir ce que nous avons
plaintes contenues dans votre lettre, et j'ai eu statué dans nos conciles, tandis que vous ou-
soin de lui en donner une copie, pour lui faire bliez quelles sontles écritures canoniques dont
connaître votre innocence. J'ai reçu la veille le concile d'Hippone (1) a autorisé la lecture
ou l'avant-veille de Noël celle où vous me mar- au peuple de Dieu. Repassez tous les décrets
quiez qu'il viendrait à Badésilit, et où vous de ce concile, et retenez bien dans votre mé-
m'exprimiez des craintes sur des troubles qui moire tout ce que vous y aurez lu. Vous y
pourraient y détourner le peuple de Dieu de verrez que la défense de recevoir dans un mo-
ses devoirs et de sa foi. Je ne puis m'adresser nastère ceux qui viennent d'un endroit quel-
;
tures qu'il a lues sont conséquemment ecclé-
siastiques si elles ne le sont pas, on a beau
les avoir lues dans une église, on n'est pas Saint Augustin explique à Xantippe, primat de
pour cela lecteur ecclésiastique. Dans tous les Numidie, les raisons qui l'ont empêché de con-
cas, je m'en tiendrai pour ce jeune homme à fier la direction d'une église au prêtre Abun-
ce qui aura été décidé par le vénérable dantius, dont la conduite avait été scandaleuse.
Aurèle.
4. Si le peuple de Vigésilis, qui nous est uni A SON BIENHEUREUX SEIGNEUR ET COLLÈGUE DANS
avec vous dans les entrailles de Jésus-Christ, L'EPISCOPAT. SON RESPECTABLE PÈRE ET VÉNÉ-
refuse de recevoir un évêque qui a été dégradé RABLE PRIMAT XANTIPPE, AUGUSTIN SALUT DANS
dans un concile général de l'Afrique, il agira LE SEIGNEUR.
recesserint, vel projecti fuerinf, non flant alibi cle- quisquis eamviolenter coeerit, ostendet qualis sit,
rici aut præpositi monasteriorum. Si ergo de (a) Pri- et qualis ante fuerit, quando de se nihil mali cred:
vatione te aliquidmovit, scias eum anobisnondum volebat, faciet intelligi. Nullus enim sic proditui
esse susceptum inmonasterium: sed causam ipsius qualem caussam habuerit, quam ille qui per sæcur
ad senem Aurelium misi, ut quod de illo statuerit, lares potestates, vel quaslibet violentias, cum per-
hoc faciam. Miror enim utrum jam potest lector de- turbatione et querela conatur recipere honoremi
putari, qui nonnisi semel scriptuta etiam non ca- quem perdidit. Non vult enim volenti Christo ser-
nonicas legit. Si enim propterea jam ille lector vire, sed Christianis nolentibns dominari. Fratres,
ecclesiaticus, profccto et illa scriptura ecclesiastica cauti estote. Multum astutus est diabolus, sed Chris-
est. Si autem illa scriptura ecclesiastica non est, tus Dei Sapientia est.
quisquis eam quamvis in ecclesia legerit, ecclesias-
ticus lector non est. Tamen de
isto adolescente, EPISTOLA LXV
quod memorato antistiti visum fuerit, hoc oportet Augustinus Xantippo Numidiceprimati rationem red-
observem. dens cur Abundantio presbytero infami ecclesiam
4.Plebs autem Vigesilitana, vobiscum nobis in committere noluerit.
visceribus Christi carissima, si episcopum in plena-
DOMINO BEATISSIMO ET VENERABILITER SUSCIPIENDO PATRI
rio Africæ concilio degradatum suscipere noluerit, ET CONSACERDOTISENI XANTIPPO AUGUSTINUS IN DOMINO
sano capite faciet, et nec cogi potest, nec debet. Et SALUTEM.
:
vraisemblable. Voici un autre fait qu'il a lui-
même avoué La veille de Noël, où le jeûne
était prescrit dans l'église de Gippis, comme
vous informer de tout cela, pour que votre
religion ne soit surprise par aucun men-
songe.
partout ailleurs, il prit congé, sur les cinq 2. J'ai entendu sa cause cent jours avant Pâ-
heures, de son collègue, prêtre de Gippis, sous ques, qui doit être cette année le huitième des
prétexte de retourner à son église. Cependant, ides d'avril. J'en préviens votre sainteté, à
,
sans être accompagné d'aucun clerc, il resta
dans ce même lieu où il dîna et soupa chez
une femme de mauvaise réputation, dans la
cause de l'ordonnance du concile (1), dont je
lui ai donné connaissance, et d'après laquelle
il doit, s'il croit devoir le faire, en appeler de
maison de laquelle il prit son logement. Il sa cause dans le courant de l'année, sous peine,
n'ignorait pourtant pas, et il a été obligé de le passé ce temps, de ne plus être entendu. Pour
(1) Concile deCartilage du 13 septembre de l'année 401.
4. Officio debito meritis tuis, salutans dignatio- restitisse, et apud quamdam malsa famæ mulierem
dans,
nem tuam, luisque me orationibus valde commen-
insinuo prudentiae ture, Abundantium
quemdam in fundo Strabonianensi pertinente ad
et prandisse et ccenasse, et (6) in una domo man-
sisse. In hujus autem hospitio jam quidam clericus
noster Hipponensis remotus erat ; et hoc quia iste
curam (a) nostram ordinatum fuisse presbyterum. optime noverat, negare non potuit. Nam quæ nega-
Qui cum non ambularet vias servorum Dei, non vit, Deo dimisi, judicans quai occullare permissus
bonam famam habere cceperat; qua ego conterri- non est. Timui ci committere ecclesiam, prsesertim
tus, non tamen temere aliquid credens, sed plane inter hæreticorum circumlatrantium rabiem consti-
sollicitior factus, operam dedi, si quo modo possem tutam. Et cum me rogaret, ut ad (c) presbyterum
ad aliqua malae conversations ejus certa indicia fundi Armemanensis in campo Bullesi, unde ad
pervenire. Ac primo comperi, eum pecuniam cu- nos devenerat, caussa ejus insinuata litteras darem,
jusdam rusticani divino apudse commendato inter- ne quid de illo atrocius suspicaretur, ut illic vivat,
vertisse, ita ut nullam inde posset probabilem si fieri petest, sine officio presbyterii correctior,
reddere rationem. Deinde convictus atque confessus misericordia commotus feci. Hæc autemme præci-
est, diejejunii natalis Domini, quo etiam Gippitana pue prudentiae tuse inlimare oportebat, ne aliqua
ecclesia sicutceteraejejunabant,cumtamquam per- tibi fallacia subreperet. -
recturus ad ecclesiam suam valefecisset colleges suo 2. Audivi autem caussam ejus, cum centum dies
presbytero Gippitano, hora ferme quinta, et cum cssent ad Dominicum paschæ, qui futurus est
secum nullum clericum haberet, in eodem fundo octavo Idus Aprilis. Hoc propter concilium insi-
(a) AnudLov. vestram. At inMSS. nostram.
(b) MSS. omnes habent, et in vicina et in ea domo.
(c) In MSS. Vaticanis, utacpresbyterium. Turn maltero ex illis, necnon in Corbeieusilegitur, fundi Armenianensts..
nous, bienheureux Seigneur et vénérable Père, conque du peuple que je dois diriger, surtout
si nous négligeons de punir, selon les décrets quand ces prêtres n'ont
aucun antécédent favo-
du concile, de pareils dérèglements dans les rable qui puisse faire oublier leurs fautes,
car
clercs dont la réputation a déjà commencé à s'ils en commettaient de plus
graves encore,
s'obscurcir, nous serons forcés de discuter des je me les imputerais, et ne pourrais m'en
con-
choses qu'on ne peut pas vérifier, et il faudra soler.
ou condamner ce qui n'est pas certain, ou ne
pas nous occuper de faits que nous ne connais-
sons pas suffisamment. Pour moi, sachant per-
tinemment qu'un prêtre qui, un jour de jeûne
LETTRE LXVI (2)
(1.)Concile de Carthage tenu sous l'épiscopat de Gratus,l'an 348 ou 349. canon 11.
-
(1) Ecrite vers la même époque que la précédente. Cette lettre était la 173e dans les éditions antérieures à l'édition
des Bénédictins, et celle qui était la 6e se trouve maintenant la 170e.
(3) Aujourd'hui Chelma.
(4) Dans le livre II, contre Pétilien, chap. LXXXIII, Saint Augustin déplore ce crime de Crispin évêque donatiste de
Calame, qui ayant acheté un fond de terre, ne balança pas, à forcera recevoir
un second baptême 80 personnes, qui
gémissaient de cette violence, mais qui cédèrent a la terreur.
nuare curavi venerabilitati tuæ, quod etiam ipsi mens ei deinceps ecclesiam Dei committere. Quod
non celavi, sed ei fideliter quid institutum esset si forte judicibus ecclesiasticis aliud videLur, quia
aperui : utsi intra annum caussam suam, si forte sex episcopis caussam presbyteri terminari concilio
sibi aliquid agendum putat, agere neglexerit, dein- statutum est, committat illi, qui vult, ecclesiam
ceps ejus vocem nemo audiat. Nos autem, beatissi- suae curæ commissam : ego talibus fateor quamli-
me domine et venerabiliter suscipiende pater, si bet plebem committere timeo, prsesertim quos
hsee indicia malæ conversationis clericorum, ma- nulla bona fama defendit, ut hoc eis possit ignosci:
xime cum fama non bona eos coeperit comitari, ne si quid perniciosius eruperit, languens imputem
non putaverimus eo modo vindicanda, quo in con- mihi.
cilioconstitutum est; incipimus cogi ea, quae sciri
non possunt, velle discutere, et aut incerta damna- EPISTOLA LXVI (a)
re, aut vere incognita praeterire. Ego certe presby- Expostulat cum Crispino Calamensi, qui Mappalienses
terum, et qui diejejunii, quo ejusdem loci etiam metu subactos rebaptizarat.
ecclesia jejunabat, valefaciens collegæ suo ejusdem
loei presbytero, apud famosam mulierem, nullum 1. Deumquidemtimere-debuisti ; sed quiain
secum clericum habens, remanere et prandere et rebaptizandis (6) Mappaliensibussicut homo timeri
cœnare ausus est, et in una domo dormire, remo- voluisti, cur non valeat jussio regalis in provincia,
vendum ab officio presbytérii arbitratus sum, ti- si tantum valuit jussio provincialis in villa? Si per-
(a) Apud octo MSS. titulus iste præfigitur. Libellus S. Augustini Catholici contra Crispinianwn schismalicum. ( l
(t) In lib. II. contra litt. Tetiliani c. LXXXIII. lugere adhuc se dicit Augustinus LACMUS. l"UlL \.-<l1"l'U"UvY.
episcopi donatistæ, qui cum cmisset possessionem, non dubitavit, vno ut ait, terroris impetu octoginta feime uuimas
miserabili gemita musitante. rebaptizancto submergere.
les lieux, vous êtes possesseur d'un fonds de de son sang! Et c'est une possession que rien
terre, lui est maître d'un royaume. Si vous ne saurait entamer ni détruire, car le prophète a
comparez les causes, il veut faire cesser la di-
vision, et vous, vous voulez diviser l'unité.
:
dit e Il dominera d'une mer à l'autre, et de-
puis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre
Mais ce n'est pas par l'homme que nous vou- (Psaume LXXI, 18).» Mais comment pouvez-vous
lons vous effrayer, quoique d'après les ordon- croire que vous ne perdrez pas ce que vous
nances impériales nous pourrions vous faire avez acheté en Afrique, vous qui dites que le
payer dix livres d'or. Peut-être, direz-vous, Christ a perdu le monde entier et qu'il ne lui
que vous n'avez même pas de quoi solder la est resté que l'Afrique ? -
taxe des rebaptiseurs, car, en effet, vous dé- 2. Qu'est-il besoin d'en dire davantage? Si
;
pensez beaucoup d'argent pour acheter ceux
que vous rebaptisez mais, comme je vous l'ai
dit, ce n'est pas de l'homme que nous voulons
c'est de leur plein gré que les Mappaliens ont
passé dans votre communion, qu'ils nous en-
tendent tous les deux. On mettra par écrit tout
vous faire peur. Que ce soit plutôt le Christ qui ce que nous dirons; on leur interprétera en
:
vous inspire de la crainte. Que lui répondriez-
vous, s'il vous disait Crispin, il vous en a
coûté beaucoup, pour acheter la crainte des
;
langue punique tout ce qui aura été écrit et
que nous aurons signé et alors, délivrés de
toute crainte de domination violente, ils choi-
Mappaliens, mais n'est-elle d'aucun prix la siront le parti qu'ils voudront. On verra, d'a-
mort que j'ai subie pour acheter l'amour de près ce que nous aurons dit, si c'est la con-
tous les peuples de la terre? L'argent qui est trainte qui les retient dans l'erreur, où s'ils ont
sorti de votre bourse pour rebaptiser vos co- volontairement embrassé ce qu'ils croyaient la
lons, est-il d'une plus grande valeur que le vérité. S'ils ne comprennent pas ce que nous
sang qui a coulé de mon côté pour baptiser leur dirons, quelle serait donc votre témérité
mes peuples? Il vous en dirait bien davantage d'avoir surpris et attirai à vous des gens dé-
si vous vouliez l'écouter, et ce fonds de terre nués d'intelligence. S'ils sont capables de nous
que vous possédez porterait témoignage de comprendre, qu'ils nous entendent tous les
l'impiété de vos discours contre le Christ. En deux, comme je l'ai dit, et qu'ils fassent en-
effet, si par le droit humain vous croyez possé- suite ce qu'ils voudront. Si vous croyez que
der solidement ce que vous avez acheté avec quelques-uns de ceux qui ont passé de vos rangs
votre,argent,avec combien plus de raison dans les nôtres, y aient été forcés par leurs
possède-t-il, par le droit divin, ce qu'il a payé maîtres, qu'on fasse pour eux comme pour les
:
sonsts compares, tu possessor, ille imperator. Si
loca compares, tu infundo, Si
ille in regno. caussas
jure præsumis firme te possidere quod emisti
argento tuo, quanto firmius divino jure possidet
compares, ille ut divisio resarciatur, tu ut unitas Christus quod emit sanguine suo? Et ille quidem
dividatur. Sed nos te de homine non terremus. inconcusse possidebit totum quod emit, de quo
Nam possemus agere ut decem libras auri secun- dictum est, « Dominabitur a mari usque ad mare,'
dum imperatoria jussa persolveres. An forte eta flumine usque ad terminos orbis terræ (Psal.,
propterea non habes unde reddas quod dare jussi LXXI, 8). Sed certe quomodo confidis non te
D
perditurum quod in Africa videris emisse, qui
quosrebaptizes?
sunt rebaptizatores, dum multum erogas ut emas
Sed nos te, ut dixi, de homine Christum dicis toto orbe perdito ad solam Africam
:
non terremus, Christus te potius terreat. Cui volo
scire quid respondeas, si tibi dicat Crispine, carum
fuit pretium tuum ad emendum timorem Mappa-
remansisse?
2. Quid multa ? Si voluntate sua Mappalienses iu
tuam communionem transierunt, ambos nos au-
liensium, etvilis mors mea ad emendum amorem diant, ita ut scribantur quæ dicemus, et a nohis
?
omnium gentium Plus valuit rebaptizandis colo-
nis tuis quod numeratum est de sacculo tuo, quam
subscripta eis punice interpretentur, ut remoto ti-
more dominationis eligant quod voluerint. Ex iis
baptizandis populis meis quod manavit de latere enim quæ Hicemus apparebit, utrum coacti in fal-
meo? Scio te plura audire posse, pi Christo aurem sitateremuneant, an volentes teneant veritatem.
præbeas, et ex ipsa tuapossessioneadmoneri quam Si enim hæc non intelligunt, qua temeritate tra-
impia contra Christum loquamini. Si enim humano ?
auxisti non intelligentes Si autem intelligunt,
autres, c'est-à-dire qu'ils nous entendent, vous point à vous-même. Il s'est trouvé, sans doute,
et moi, et qu'ils choisissent ensuite le parti qui quelque obstacle. Ce que j'ai à faire est donc
leur plaira. Si vous ne consentez pas à ce que seulement de prier Dieu de donner à votre
je vous propose, vous ferez voir alors vos dou- volonté le moyen de m'envoyer ce que vous
tes sur la justice et la vérité de votre cause? m'aurez écrit. Quant à celui de m'écrire, il
Craignez la colère de Dieu, et pour la vie pré- vous l'a déjà donné, il suffira que vous le vou-
sente et pour la vie future. Je vous en conjure, liez. On m'a rapporté une chose que j'ai peine
par Jésus-Christ, veuillez me répondre. à croire, mais que je n'hésite pas un instant à
vous communiquer. Je ne sais quels frères
auraient, m'a-t-on dit, fait entendre à votre
LETTRE LXVII (t) charité que j'avais écrit un livre contre vous,
et que je l'avais envoyé à Rome. C'est contre
Saint Augustin écrit à saint Jérôme pour lui dire toute vérité, et je prends notre Dieu à témoin
qu'il n'avait fait aucun livre contre lui. L'erreur que je n'ai rien fait de pareil. S'il se trouve par
vient sans doute de ce que quelqu'un aura donné hasard, dans mes écrits, quelque chose qui ne
le nom de livre à une longue lettre qu'il QlJait soit pas d'accord avec vos sentiments, vous
écrite au sujet d'un passage de l'épître aux devez reconnaître, ou si vous ne le reconnaissez
Galates, que, selon lui, saint Jérôme avait mal pas, croire du moins que je n'ai pas eu en cela
interprété. l'intention de parler contre vous, mais celle
d'exprimer librement ma pensée. Quelque
A SON TRÈS-CHER SEIGNEUR JÉRÔME, SON VÉNÉ- chose que je dise, non-seulement je suis tou-
RABLE FRÈRE EN JÉSUS-CHRIST, ET SON COLLÈGUE jours disposé à recevoir fraternellement vos
DANS LE SACERDOCE, AUGUSTIN, SALUT DANS LE observations sur ce qui pourrait vous blesser
SEIGNEUR. ou serait contraire à vos sentiments dans mes
écrits, et à m'en réjouir même, comme d'une
1.J'ai appris que ma lettre était arrivée en salutaire correction ou comme d'une marque
vos mains, et si je n'ai pas eu jusqu'ici le bon- de votre bonté; mais je vous demande même
heur de recevoir une réponse, je ne l'impute vos conseils avec la plus vive instance.
(1) Ecrite vers 402.
— Cette lettre était la 12e dans les éditions antérieurs à l'édition des Bénédictins et celle qui était
la 67e se trouve maintenant la 227e.
ambos,ut dixi, audiant, etquod voluerint faciant. proculdubio impedimenti fuit. Unde agnosco a me
Si quæ etiam plebes a vobis ad nos transierunt, Dominum potius deprecandum, ut tuae voluntati det
quas putas a dominis coactas,hoc et ibi fiat, ambos facultatemmittendi,quodrescripseris. Nam rescri-
nos audiant, et eligant quod placuerit. Si autem bendi jam dedit, quia, cum volueris,facillime pote-
non vis hoc fieri,cui nonappareat non vos de veri- ris.
tate præumere? Sed cavenda est ira Dei et hic et CAPUT II. -2. Etiam hoc, ad me sane perlatum,
in futuro sæculo. Adjuro te per Christum, ut ad utrum quidem crederem, dubitavi: sed hinc quo-
ista respondeas.
EPISTOLA LXVII
:
que tibi aliquid utrum scriberem, dubitare non de-
bui hoc autem brevi, suggestum esse caritati tuæ
a nescio quibus fratribus, mibi dictum est, quod
librum adversus te scripserim, Romamque miserim.
Augustinus Hieronymo: negans se scripsisse librum in Hoc falsum esse noveris; Deum nostrum testor, hoc
eum : in hoc falsus, quod aliquis prolixam episto- me non fecisse. Sed si forte aliqua in aliquibus
lam librum appellasset. scriptis meis reperiuntur, in quihus aliter aliquid,
quam tu sensisse, reperiar, non contra te dictum,
DOMINO CARISSIMO ET DES1DERATISSIMO, ET HONORANDO sed quod mihi videbatur, a me scriptum esse, puto
IN CHRISTO FRATRI,ET COMPRESBYTEROHIERONYMO,AU-
GUSTINUS IN DOMINO SALUTEM.
te debere cognoscere; aut si cognosci non potest,
credere. Ita sane hoc dixerim, ut ego non tantum
CAPUT I. — 1. Audivi pervenisse in manus tuas paratissimus sim, si quid te in meis scriptis move-
litteras meas; sed, quod adhuc rescripta non me- rit, fraterne accipere quid contra sentias, aut de
rui,nequaquam imputavcrim dilcctioni tuæ. Aliquid correctione mea, aut de ipsa tua benevolentia ga-
2. 0 s'il m'était permis, je ne dis pas d'habiter A SON HONORÉ SEIGNEUR, LE BIENHEUREUX PAPE
avec vous, mais du moins de vivre dans votre AUGUSTIN, JÉROME, SALUT EN JÉSUS-CHRIST.
voisinage, quelle félicité me donneraient dans
le Seigneur vos doux et fréquents entretiens ! 1. Au moment même du départ de notre
Puisque cette grâce ne m'est pas accordée, saint fils le sous-diacre Astérius, mon ami, on
tâchez du moins de conserver, d'accroître, de m'a remis la lettre de votre béatitude, par
perfectionner ce qui nous tient unis dans le laquelle vous m'assurez n'avoir envoyé aucun
Seigneur,et daignez recevoir avec bienveillance livre contre moi à Rome. Je n'avaisrien entendu
dire de semblable. Seulement notre frère, le
mes lettres, quoique rares. Saluez avec empres-
sement de ma part le
saint frère Paulinien (1), diacre Sysinnius, m'avait remis la copie d'une
et tous les frères qui, avec vous et à cause de lettre qui m'était adressée, et dans laquelle
vous, trouvent leur joie dans le Seigneur. vous m'exhortez à chanter la palinodie sur un
Souvenez-vous de nous, et que le Seigneur certain passage de l'Apôtre, et à imiter Stési-
exauce tous vos saints désirs, très-cher et très- chore, qui tantôt faisait l'éloge d'Hélène, tantôt
désiré seigneur et honorable frère en Jésus- la blâmait, et qui ayant perdu la vue pour en
Christ. avoir dit du mal, la recouvra après en avoir
dit du bien. Quoique le style et la manière
d'argumenter me parussent être de vous, je
LETTRE LXVIII P)
n'ai pas cru devoir témérairement vous regar-
der comme l'auteur de cette lettre. Ma réponse
SaintJérômeavait reçu la lettre oùsaintAugustin aurait pu vous blesser, et vous auriez eu le
traite la question du mensonge officieux, mais droit de me dire qu'avant de vous répondre,
doutant encore si elle est de saint Augustin, il j'aurais dû d'abord prouver que cette lettre
dit qu'il n'y répondra que quand il en connaîtra était de vous. La longue maladie de la sainte
certainement l'auteur. Il fait aussi mention de et vénérable Paula, est aussi une cause de mon
Ruffin sous un nom supposé. retard à vous écrire. Mon assiduité près de la
visurus; verum etiam hoc a te postulem, et flagi- DOMINO VERE SANCTO, AC BEATlSSIMO PAPÆ AUGUSTINO
tem. - HIERONYMUS IN CHRISTO SALUTEM.
3. 0 si licuisset, et si non cohabitante, saltem vi-
cino te in Domino perfrui ad crebrum et dulce col- In ipso profectionis artculo, sancti filii nostri
loquium. Sed quia id non est datum, peto, ut hoc Asterii hypodiaconi, (a) uecessarii mei, beatitudinis
ipsum, quod in Domino quam possumus simul su- tuac litteræ supervenerunt, quibus satisfacis, te con-
mus, conservari studeas, et augeri ac perfici, et tra
parvitatem meam librum Romam non misisse.
rescripta quamvis rara non spernere. Saluta obse- Hoc nec ego. factum audieram sed epistolæ cujus-
quio meo sanctum fratrem Paulinianum, et omnes dam, quasi ad me scriptæ, per fratrem nostrum
:
fratres, qui tecum ac de te in Domino gaudent. Me- Sysinnium diaconum huc exemplaria pervenerunt.
siderio tuo, Domine carissime et desideratissime, ct Apostoli capitulo canam
honorande in Christo frater.
;
mor nostri exaudiaris a Domino in omni sancto dc- In qua hortaris me, ut rcaXivwS(av super quodam
et imiter Stesichorum,
inter viluperationes et laudes Helenæ fluctuantem;
ut qui detrahendo oculos perdiderat, laudando re-
EPlSTOLA. LXVIII ceperit. Ego simpliciter fateor dignationi tuæ, li-
cet stilus et EmXEtpp.om!; tua mihi viderentur:
Hieronymus Augustino, jam accepta epistola, quce con- tamen non temere exemplaribuslitterarumcreden-
tinet quœstionem de mendacio officioso, sed dubitans dum putavi; ne forte, me respondente læsus, juste
etiamnum an sit Augustini, negat se responsurum expostulares, quod probare ante debuissem tuum
nisisitcertus de auctore. Meminit et Ruffini ficto esse srmonem, et sic rescribere. Accessit ad mo-
nomine. ram, sanctæ et venerabilis Paulæ longa infirmitas.
(a) In MSS. undecim omittitur, necessarii mei.
malade m'avait presque fait oublier votre lettre, vous ne devez pas l'être non plus, si je ne suis
nom ;
ou celle de la personne qui a écrit sous votre
puis je me rappelais ce verset de l'Ecclé-
siaste : « Un discours importun, c'est de la
pas de votre avis. La véritable règle pour se
reprendre entre amis, est de ne pas toujours,
comme dit Perse (1), regarder la besace d'au-
musique dans le deuil (Ecceles.,XXII, 6). » Si trui, sans jeter les yeux sur la sienne. Aimez-
cette lettre est de vous, écrivez-le moi franche- moi donc comme je vous aime, et jeune que
ment, ou envoyez m'en une copie plus exacte, vous êtes, ne provoquez pas un vieillard dans
afin que nous puissions discuter sans aigreur le champ des Ecritures. J'ai eu mon temps, et
sur le sens des Ecritures. Je pourrai ainsi me j'ai couru autant que j'ai pu. A vous mainte-
corriger de mon erreur, ou prouver qu'il n'y nant les longues courses, à vous les longs
avait pas lieu de me blâmer. espaces à franchir; à moi le repos. Et avec
2. Loin de moi la pensée d'oser critiquer les votre permission, pour que vous ne soyez pas
écrits de votre béatitude, j'ai
bien assez de cor- seul à me citer quelque chose des poëtes,
riger les miens sans vouloir encore censurer
ceux des autres. Du reste, vous savez fort bien
que chacun abonde toujours dans son sens, et
et ce proverbe vulgaire ,
laissez-moi vous rappeler Darès et Entelle (2),
qui dit que le
bœuf fatigué n'en est que plus ferme sur ses
qu'il est d'une puérile vanité, selon l'habitude pieds. J'ai dicté ces lignes avec tristesse. Quand
des adolescents, de chercher à rendre son nom me sera-t-il donc permis de vous embrasser et
glorieuxen attaquantles hommes illustres. Je ne de conférer avec vous pour nous instruire mu-
suis pas d'ailleurs assez insensé pour me croire tuellement.
blessé par la différence de vos opinions, comme 3. Calphurnius, surnommé Lanarius, m'a
(1) L'édition de Louvain écrit opera nostra, c'est-à-dire, de ne pas regarder nos œuvres,mais celles des autres. Erasme
a mieux écrit nostram peram, c'est-à dire de ne pas regarder notre besace, mais celle d'autrui. Saint Jérôme fait allusion
à la fable d'Esope qui dit que chaque homme à sa besace qu'il porte derrière lui, et qui est remplie de ses défauts,
:
mais qu'il regarde toujours celle de ceux qui le précèdent. C'est aussi à cette idée que se rapportent ces vers de Perse
Ut nemo in sese tentat descendere nemo,
Dum enim languenti multo tempore assidemus, sum, ut diversitate explanationum tuarum me laeii
pene epistolæ tuse, vel ejus qui sub tuo nomine putem; quia nec tu læderis, si nos contraria sen-
scripserat, obliti sumus, memores illius versiculi
«Musica in luctu, importuna narratio (Ecch., XXII,
; serimus. Sed illaestverainter amicos reprehensio,
si nostram (a) peram non videntes, aliorum, juxta
6). » Itaque, si tua est epistola, aperte scribe, vel Persium, manticam consideremus. Superest, ut
mitte exemplaria veriora : ut absque ullo rancore diligas diligentem te, et in Scripturarum campo,
stomachi in Scripturarum disputatione versemur, juvenis senem non provoces. Nos nostra habuimus
tempora, et cucurrimus quantum potuimus.Nunc,
frustra reprehendisse doceamus.
et vel nostrum emendemus errorem, vel alium
(1) Lov nostraopera. Sed castigatius Er. nostram peram. Quippe Hieronymus alludit ad apologum Æsopi, qui finxit
;
mortalium quemque peram suam,seu manticam propriis vitiis plenam retro pendeutem gestare, aliorum vero manti-
cam ante se respicere; quo spectat illud Persii in Satyris, Utnemo in sese tentatdescendere nemo sed prœcedenti spectatur
mantica tergo.
envoyé, avec son audace ordinaire, un libelle A LEUR TRÈS-CHER SEIGNEUR ET HONORABLE FILS
rempli d'injures contre moi, et il a eu soin, CASTORIUS ALYPE ET AUGUSTIN, SALUT DANS LE
comme jç l'ai appris, de le faire parvenir en SEIGNEUR.
Afrique. J'y ai déjà répondu brièvement en
;
partie je vous envoie une copie de cette ré-
ponse,que je me propose de développer davan-
1. L'ennemi des chrétiens avait essayé, à
l'occasion de notre bien-aimé fils, votre frère,
tage et que je vous communiquerai par la pre-
d'exciter un dangereux scandale dans l'Eglise
mière occasion. Je me suis bien gardé d'y
catholique, notre mère, qui vous a reçu dans
porter la moindre atteinte à sa réputation de
chrétien, et me suis borné à réfuter son igno-
l'héritage du Christ, lorsque de la partie re-
tranchée et déshéritée, vous êtes venus vous
rance, ses mensonges et sa méchanceté. Sou- réfugier dans son sein. Cet ennemi voulait jeter
venez-vous de moi, saint et vénérable pape.
3. Misit mihi, temeritale solita,maledieta sua (a) DOMINO MERITO DILECTISSIMO, DIGNEQUE HONORABILl ET
Calphurnius cognomento Lanarius, quæ ad Afri- SUSCIPIENDO FILIO CASTORIO, ALYPlUS ET AUGUSTINUS
cam quoque studio ejus didici pervenisse. Ad quæ IN DOMINO SALUTEM.
breviter ex parte respondi; totlibelli ejus vobismisi 1. Molitus est quidem adversarius Christianorum,
exemplaria, latius opus, cum opportunum fuerit,
primo missurustempore. In quo illud. cavi, ne in per carissimum atque dulcissimum filium nostrum
fratrem tuum, Catholicæ matri, quæ vos in
qlJoquarn existimationem læderem Christianam,
sed tantum lit delirantis imperitique mendacium
hereditatem
-
fugientes pio sinu suscepit ,
Chr:st.i ab exheredata præcisione
periculosissimum
acvecordiam confutarem. Memento mei, sancte ac
venerabilis papa. Vide, quantum te diligam, ut ne
provocatus quidem voluerim respondere, nec cre-
dain tuum esse, quod in altero forte reprehende-
nitatem gaudii nostri , ,
scandalum commevere : cupiens videlicet sere-
quæ nobis de bono
vestræ conversionis oborta est fœda innubi-
lare tristitia. Sed Dominus Deus noster mise-
rem. Frater Communis suppliciter te salutat. cors et miserator, consolans afflictos, nutriens
parvulos, curans infirmos, ad hoc eum aliquid
EPISTOLA LXIX
posse permisit, ut rem correctam multo amplius
Alypius et Augustinus Castorio, ipsum hortantesutin lætaremur, quam dolebamns afflictam. Longe est
episcopatu Vaginensis ecclesiœ Maximiano fratri suo quippe gloriosius, episcopatus sascinam propter
gloriose cedenti succedat. Ecclesiæ vitanda pericula deposuisse, puam prop-
ubi tam multa tanto ante completa sunt promissa, Cur autem etiam corporalem præsentiam non exhi-
ut ea quæ restant insanissime desperentur. Obse- buerimus, postea scies.
cramus te per Christi divinitatem et humanitatem,
per pacem cælestis illius civitatis, inde peregrinan- EPISTOLA LXX
tes labore temporali aeternam requiem comparamus,
ut in episcopatu (a) Vaginensis Ecclesiæ fratri tuo, Donatistarum Catholicos traditionis insimulantium te-
non ignominiose cadenti, sed gloriose cedenti suc- meritas prodit sesse in caussa Feliciani ab ipsis pri-
cedas. Plebsilla cui per tuam mentem ac linguam mum solemniter damnati, ac postea in honore suo
donis Dei fecundatam et ornatam uberrima incre- recepti
menta speramus, in teintelligat fratrem tuum non (b) NAUCE-
DOMINO DILECTISSIMOET HONORABILI FRATRI
pro sua desidia, seJ pro ejus pace fecisse quod fe- LIONI ALYPIUL ET AUGUSTINUS.
cit. Hæc epistela, mandavimus ut tibi non legere-
tur, nisi cum te jam tenerent quibus es necessa- 1. Cum retulisses nobis quid a (c) patre nostro
rius. Nos enim te spiritualis amoris vinculo tene- Clarentio responsum fuerit, id est, de Feliciano
mus, quia et nostro collegio multum es necessarius. Mustitano non eum negasse, et damnatum ab ipsis,
(a) Sic in MSS Vaticanis et Gallicanis. Attamen legendum aliqui putant, Bagaiensis : tum quia sic legitur apud Mile-
vitanum concilium anni 402 in canone edito super hac ipsa Maximiani caussa : tum quia hunc esse unumeumdemque
volunt cum Maximiano Bagaicnsi, quemvulneratum graviter a Donatistis et de excelsa turri præcipitarum fuisse prodit
Augustinus in lib. III, cont. Crescon. c. XLIII. Porro MSS. hoc etillo loconecnon in epist. LXXXVIII et CLXXXV. ubi
de eadem Maximiani caede agitur, consideratis. plurimam discrcpantiam reperimus, quam adnotabimus suis locis.
(b)MS. Corbeiensis,Nauceltioni.
(c) Corbeiensis et Vaticanns MS. ab episcopo nostro,
condamner, sans l'entendre, un homme dont du proconsul pour faire exclure de
son église
ceux qui l'ont condamné reconnaissent eux- Félicien comme schismatiqueavec Maximien?
mêmes l'innocence. S'il était innocent, on ne C'était donc peu de l'avoir condamné absent,
devait pas le condamner; s'il était coupable, sans l'avoir entendu, et innocent, comme ils le
on ne
devait pas, après l'avoir condamné, le
rétablir dans sa dignité. Si c'est un innocent
?
prétendent aujourd'hui Fallait-il encore aller
trouver le proconsul, pour lefaire chasser de
;
que vous avez reçu parmi vous, c'est un inno-
cent que vous avez condamné si c'est un cou-
pable qui a été condamné, c'est à un coupable
son église? En demandant ainsi son expulsion,
ils avouaient eux-mêmes qu'ils le comptaient
parmi les condamnés, parmi les criminels et
que vous avez rendu sa dignité. Si ceux qui les Maximianistes. Ainsi lorsque Félicien, bap-
l'ont condamné ignoraient son innocence, ne tisait dans la communion de Maximien, était-
doit-on pas les accuser de témérité d'avoir osé ce le vrai ou un faux baptême qu'il conférait ?
condamner un innocent, sans l'avoir entendu, Si c'était le vrai baptême qu'il donnait dans
et sans même le connaître. Nous devons con- cette communion, pourquoi rejeter alors le
clure de ce fait, qu'ils ont condamné avec la baptême du Christ répandu sur toute la terre?
même témérité ceux qu'ils accusaient odieuse- Si le baptême contéré dans la communion de
ment d'avoir livré les Saintes Ecritures aux Maximien était faux, pourquoi les Donatistes
païens. En effet, s'ils ont pu condamner un ont-ils reçu parmi eux Félicien et tous ceux
innocent, ils ont pu de même appeler tradî- qu'il avait baptisés dans le schisme de Maxi-
teurs ceux qui ne l'étaient pas. mien, sans que personne de votre parti ait jugé
2. Ce même Félicien condamné par eux est à propos de leur conférer un nouveau bap-
resté longtemps en communion avec Maximien. tême ?
S'il était innocent avant sa condamnation,
pourquoi ensuite, lié de communion avec un
criminel comme ce Maximien, a-t-il baptisé
beaucoup d3 personnes hors de la communion
des Donatistes. Nous n'en voulons pas d'autres
témoins qu'eux-mêmes. N'ont-ils pas agi près
et postea in honore suo receptum; sed innocentem idem Feliciamus tamquam cum Maximiano de Basi-
fuisse damnatum, quia absent fuerit, et absentem lica excluderetur. Parum ergo erat damnasse ab-
sefuisseprobaverit: hoc dicimus, ut ad hocres- sentem, damnasse inauditum, damnasse, sicut di-
pondeat, quia non licuitdamnari inauditum, quem
innocentem fuisse ipsi modo dicunt, qui eum dam- cunt, innocentem; insuper et aditus est contra illum
proconsul, ut de ecclesia expelleretur. Vel tunc
naverunt. Aut ergo innocens damnari non debuit, quando illum expcllehant de ecclesia, fatentur quia
aut nocens recipi damnatus non dcbuit. Si inno-
:
cens receptus est, innocens damnatus est si nocens
damnatus est, nocens receptus est. Si nesciebant,
inter damnatos etsceleratos et Maximianistas eum
deputaverunt. Quando ergo ille baptizabat homines.
Maximiano communicams, baptismum verum dabat
qui illum damnaverunt, utrum innocens fuerit, ar-
guendi sunt temeritatis, quia inauditum, innocen- an falsum? Si verum baptismum dabat qui cum
Maximiano communicabat, quare accusatur baptis-
tem, de quo nesciebant, damnare ausi sunt: et de
præsenti facto intelligimus eadem temeritate illos mus orbis terrarum? Si autem falsum baptismum
damnasse etiam superiores quos traditionis crimine dabat, quando communicabat cum Maximiano,
infamaverunt. Si enim potult ab ipsis innocens quare sic sunt rccepti cum illo quos in schismate
damnari, potuerunt ab ipsis traditores etiam dici Maximiani baptizavit, et nemo eos in parte vestra re-
qui non erant traditores. ?
baptizavit
2. Deinde idem Felicianus damnatus ab ipsis
multo tempore cum Maximiano commuoicavit; s
innocens eratquando damnitus est, quare poste-
riore tempore cum scelerato Maximiano communi-
cans multos baptizavit extra communionem ipsorum?
Testes sunt ipsi, qui egerunt apud proconsulem,ut
l'apporter, ni la fidélité pour me la remettre.
Si donc je le mérite d'une manière quelconque,
LETTRE LXXI (1) je prie le Seigneur de me venir en aide pour
disposer votre cœur à répondre à mon désir et
Saint Augustin tâche de détourner saint Jèrôme pour qu'aucune volonté plus forte ne s'oppose
du dessein de traduire de l'Hébreu les livres de à votre empressementfraternel. Comme je vous
l'Ancien Testament. Il l'exhorte à revoir la ai déjà écrit deux lettres, sans en avoir reçu
version des Septante qui était fort corrompue, aucune de vous, je puis craindre qu'elles ne
et dont les copies ne s'accordaient pas. loue Il vous soient point parvenues, c'est pourquoi je
ensuite sa version du Nouveau Testament, vous en envoie une copie. Si vous les avez re-
çues, si c'est par hasard que les vôtres ne m'ont
A SON VÉNÉRABLE SEIGNEUR ET SAINT FRÈRE pas été remises, faites m'en parvenir une copie,
JÉRÔME, SON COLLÈGUE DANS LE SACERDOCE. si toutefois vous les avez conservées. Sinon
écrivez-moi de nouveau, et daignez, si vous le
CHAPITRE PREMIER. — 1. Depuis que j'ai pouvez sans trop de fatigue, m'envoyer une
commencé à vous écrire et à désirer des lettres réponse que j'attends depuis longtemps, prin-
de vous, je n'ai jamais trouvé une meilleure cipalement à propos des questions que je vous
occasion de vous en faire parvenir une, que ai proposées. Je vous envoie aussi la première
celle de mon cher fils, le diacre Cyprién, servi- lettre que j'avais préparée pour vous, quand
teur et fidèle ministre de Dieu. J'espère donc je n'étais encore que prêtre. Elle devait vous
par lui, recevoir une lettre de vous et je ne être remise par notre frère Profuturus qui de-
puis en pareillechose avoir une espérance plus vint ensuite mon collègue dans l'épiscopat. Il
certaine, car rien ne manquera pour cela à n'a pu vous la porter, parce que les soins de
notre cher fils, ni le zèle pour solliciter une son église le retinrent lorsqu'il se disposait à
réponse, ni le mérite pour l'obtenir, ni le soin partir, et peu de tpmps après il a quitté cette
pour la conserver, ni l'empressement pour me vie mortelle. Je vous envoie donc cette pre-
(1) Ecrite l'an 403. — Cette lettre était la 10e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui
était la 71e se trouve maintenant la6e.
(1) L'obèle est une raie transversale dont on marquait les fautes dans un ouvrage.
quod postea didicimus, Job ex hebræo a te inter- qui ex hebraeo e3t. Verurrtamen quia prævolas
pretatum, cum jam quamdam haberemus intrepre- ingenio, non solum quod dixerim,verum etiam
tationem tuam ejusdem Prophetæ ex graeco eloquio quid dicere voluerim, satis, ut opinor, intelligis, ut,
versam in latinum ; ubi tamen asteriscis notasti caussa reddita, quod movet edisseras.
quæ in hebræo sunt, et in græco desunt; obeliscis 4. Ego sane te mallem græcas potius canonicas
autem quæ in græco inveniuntur, et in hebræo non nobis interpretari Scripturas, quæ Septuaginta in-
sunt, tam mirabili diligentia, ut quibusdam in lo- terpretum perhibentur. Perdurum erit enim,situa
cis ad verba singula, singulas stellas videamus, si- interpretatio per multas ecclesias frequentius cœpe-
gnificantes eadem verba esse in hebræo, in græco rit lectitari, quod a græcis ecclesiis latinæ ecclesiæ
autem non esse. Porro in hac posteriore interpre- dissonabuut, maxime quia facile contradictor
tatione, quæ versa est ex hebræo, non eadem ver- convinciturgræcoprolato libro, id est linguæ no-
borum fides occurrit, nec parum turbat cogitantem, tissimæ. Quisquis autem in eo, quod ex hebræo
vel cur in illa prima tanta diligentia figantur aste-
risci, ut minimas etiam particulas orationis indi-
cent deesse codicibus græcis, quæsunt in
hebræis;
falsi crimen intenderit ;
translatum est, aliquo insolito permotus fuerit, et
vix aut numquam ad he-
bræa testimonia pervenietur, quibus defendatur
vel cur in hac altera, quæ ex hebræis est, negli- objectum. Quod si etiam perventum fuerit, tot la-
gentius hoc curatum sit, ut hæ eædem particulæ tinas et græcas auctoritates damnari quis ferat?
locis suis invenirentur. Aliquid inde, exempli gra- Hue accedit, quia etiam consulti Hebræi possunt
tia, voluiponere : sed mihi ad horam codex defuit, aliud respondere : ut tu solus necessarius videaris,
n'y a que vous qui pourriez les convaincre, et CHAPITRE IV. — 6. Quant à votre version
quand bien même on vous prendrait pour juge, de l'Evangile d'après le grec, nous ne saurions
serait-il étonnant que vous ne puissiez pas les trop en remercier Dieu, car en la comparant
amener à votre avis? avec le texte grec, on n'y trouve presque au-
CHAPITRE III. — 5. Un de nos frères dans cune différence. Aussi par la production et la
l'épiscopat avait introduit dans son église la comparaison des textes, il nous est facile de
lecture de votre version. Il vint à lire sur le confondre et de réfuter ceux qui nous cherchent
prophète Jonas, un passage que vous avez in- querelle en s'appuyant sur les inexactitudes
terprété tout différemment de ce qu'il était des anciennes versions latines. S'il se trouve
dans la mémoire de tous et de ce qu'on avait encore dans votre version, des endroits qui
lu et récité de tout temps dans l'Eglise. Il s'élè- laissent quelque chose à désirer, qui serait assez
va un tel tumulte parmi le peuple, les Grecs injuste pour ne pas le pardonner dans une
surtout s'agitant et criant à la falsification, que œuvre si utile et qui est au-dessus de tout
l'évêque fut obligé d'invoquer le témoignage Jedésirerais beaucoup recevoir de vous
:
des Juifs la ville en contenait un grand nom-
éloge.
des explications sur la différence qu'on ren-
bre; soit ignorance, soit malice, ils répondi-
rent que les textes hébreux, en cet endroit
portaient et disaient la même chose que les
;
contre souvent entre les textes hébreux et la
version des Septante car cette version qui a
mérité d'être aussi répandue est d'une grande
textes grecs et latins. Il en résulta que l'évêque, autorité, puisque c'est celle dont les apôtres ont
après le danger qu'il avait couru d'être aban- fait usage, comme l'indiquent leurs écrits, et
donné de son peuple, se vit obligé de corriger comme je me souviens que vous l'avez vous-
ce passage comme fautif. C'est ce qui nous fait même attesté. Vous rendriez donc un service
voir que vous aussi vous pouvez vous tromper éminent à l'Eglise, en traduisant avec exac-
quelquefois. Mais voyez ce qui pourrait arriver tude et pureté en latin, le texte grec des Sep-
si pareille chose se rencontrait sur des textes tante; car les traductions latines diffèrent tel-
ou des passages qu'on ne pourrait pas vérifier lement dans les divers manuscrits, qu'on le
et corriger, par les témoignages comparés des peut à peine supposer, et on craint si fort de
langues en usage. ne pas les trouver conformes au texte grec
qui etiam ipsos possis convincere : sed tamen quo CAPUT IV. — 6. Proinde non parvas Deo gratias
judice jmrjm si potueris invcnire. agimus deoperetuo, quo Evangelium ex
græco in-
CAPUT III. — 5. Nam quidam fraternoster epi-
scopus, cum lectitari instituisset in ecclesia, cui
:
terpretatus es quia pene in omnibus nulla offensio
est, cum Scripturam græcam contulerimus. Unde,
præest, interptetationem tuam, movit quiddam si quisquam veteri falsilati contentiosus faverit,
longe aliter abs te posilum apud Jonam prophetam prolatis collatisque codicibus, vel docetur facillime,
(Jonœ, iv, 6), quam erat omnium sensibus memo- vel refellitur. Et si quædam rarissima merito mo-
riæque inveteratum, et tot ætatum successionibus vent; quis tam durus est, qui labori tam utili non
decantatum. Factus est tantus tnmultus in plebe, facile ignoscat, cui vicem laudis referre nou
maxime eraecis arguentibus et (a) inclamantibus sufficit?Quid tibi autem videalur, curinmultis
calumniam falsitatis, ut- cogeretur episcopus (ea aliter se habeat hebræorum codicum auctoritas,
quippe civitas erat) Judæorum testimonium flagi- aliter græcorum quaj dicilur Septuaginta, vellem
tare. Utrum autem illi imperitia an malitia, hoc dignareris aperire. Neque enim parvum pondus
esse in hebræis codicibus responderunt, quod et Jiabst illa, quæ sic meruit diffamari, et qua usos
græci et latini habebant atque dicebant. Quid plura? Apostolos, non solum res ipsa indicat, sed etiam
Coactus est homo velut mendositatem corrigere, te attestatum esse memini. Ac per hoc plurimum
volens, post magnum periculum, non remanere profueris, si eam græcam Scripturam, quam Sep-
sine plebe. Unde etiam nobis videtur, aliquando tuaginta operati sunt, latinæ veritati reddideris :
te quoque in nonnullis falli potuisse. Et vide ut tolerari
quæ in diversis codicibus ita varia est, aliud
hoc quale sit, in eis litteris, quæ non possunt vix possit; et ila suspecta, ne in græco inve-
collatis usitatarum linguarum testimoniis emen-
dari. tur. Brevem putabam futuram hanc epistolam :
niatur, ut inde aliquid proferri aut probari dubite-
(1) Ecrite l'an 403 ou 404.— Cette lettre était lai4l dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui
était la 72" se trouve maintenant la 7e.
sed nescio quomodo ita mihi dulce factum est in ea muisse discrimina, et navigationis mutasse consi-
progredi, ac sitecum loquerer. Sed obsecro teper lium. Quse cum ita sint, satis mirari nequeo, quo-
Dominum, ne te pigeat ad omnia respondere, et modo ipsa epistola et Romæ et in Italia liaberi a
prsestare mihi, quantum potueris, præsentiam a
plerisque dicatur, et me solum non pervenerit,
tuam. cui soli missa et : præsertim cum idem frater
Sysinnius inter ceteros tractatus tuos dixerif earn
EPISTOLA LXXII se non in Africa, non apud te, sed in in-
Hieronymus Augustino expostulans de illius epistola sula Adriæ ante hoc ferme quinquennium repe-
per Italiam sparsa, qua taxabatur locus non recte risse.
expositus in epistola ad Galatas. 2. De amicitia omnis tollenda suspicio est, et sic
cum amico, quasi cum altero se, est loquendum.
DOMINO VERE SANCTO ET BEATlSSIMO PAPÆ AUGUSTINO, Nonnulli familiares mci, et vasa Christi, quorum
HIERONYMUS IN DOMINO SALUTEM. Jerosolymis et in sanctis locis permagna copia est,
CAPUT I.— 1. Crebras ad me epistolas dirigis : suggerebant non simplici a te animo factum, sed
et sæpe compellis ut respondeam cuidam epistolae laudem atquc rumusculos etgloriolampopuli requi-
tuai, cujus ad me, ut ante jam script, per fratrem rente, ut de nobis cresceres; ut multi cognoscerent
Sysinnium diaconum exemplaria pervenerunt
,
te prevocare, me timere; te scribere ut doctum,
absque subscriptione tua; et quæ primum per fra- ma tacere ut impcritum : et tandem reperisse, qui
trem Profuturum, secundo per quemdam alium te garrulilati meæ modumimponeret. Ego autem, ut
misisse significas: et interim Profuturum retractum simpliciter fatear, dignationiluse primumidcirco
de itinere, et episcopum constitutum, veloci morte responded nolui, quiatuam liquido epistolam non
subtractum : mum, cujus nomen retices, maris ti- credeham Jlec (ut vulgi de quibusdam proverbium
vais peur, que vous m'écriviez comme un sa- trer en lice avec vous, et se mesurer avec un
vant, et que je me taisais comme un ignorant, évêque pour discuter les saintes Ecritures. Au-
et que j'avais enfin trouvé mon maître pour trefois soldat, je suis aujourd'hui vétéran. Je
me fermer la bouche. Pour moi, je vous J'a- dois célébrer vos victoires et celles des. autres,
voue en toute simplicité, je n'ai pas d'abord mais ne plus exposer au combat mes membres
voulu répondre à votre dignité, parce que je épuisés. Toutefois prenez garde qu'en me pres-
ne me croyais pas assez sûr que vous fussiez sant si souvent de vous répondre, vous ne me
l'auteur de cette lettre, et, comme dit le pro- rappeliez l'histoire de Quintus Maximus qui
verbe, que votre épée fût enduite de miel. Je triompha par sa patience de la fougue du
craignais ensuite de paraître répondre avec jeune Annibal (1). « Le temps emporte tout,
trop de hardiesse à un évêque de ma commu- même l'esprit. Je me souviens que dans ma
nion, et d'avoir à reprendre quelque chose jeunesse j'ai passé des journées entières à
dans la lettre de celui qui me reprenait, surtout
lorsque j'y trouvais quelques passages con-
chanter, mais j'ai oublié tous ces chants
Mœris n'a bientôt plus même de voix (2).»
:
traires à la sainte doctrine. Mais, pour m'en tenir aux Saintes Ecritures,
:
CHAPITRE II. — 3. Enfin, je ne voulais pas
vous donner le droit de me dire Quoi donc?
Aviez-vous vu ma lettre? Aviez-vous examiné
Berzellaï, de Galaad, cédant à son fils toutes les
gràces et les bienfaits dont le comblait le roi
David (Rois, 11, 49, 34), m'apprend qu'il n'ap-
si elle était signée de ma main, avant d'offen- partient pas au vieillard de rechercher de tels
ser si légèrement un ami et de faire retomber biens, ni de les accepter, même quand on les
sur moi la malice des autres? Ainsi donc, comme lui offre.
je vous l'ai déjà mandé, ou envoyez-moi cette 4. Vous jurez que vous n'avez pas écrit de
lettre signée de vous, ou cessez d'attaquer un livre contre moi et que, par conséquent, vous
vieillard caché dans sa cellule. Que si vous n'avez pu envoyer à Rome ce que vous n'a-
voulez exercer votre force et faire parade de vez pas écrit. Vous me dites aussi que s'il se
votre science, cherchez des jeunes gens, des rencontre dans vos ouvrages quelque chose qui
savants, des hommes illustres dont le nombre diffère de ma manière de voir, vous n'avez pas
est si grand à Rome, qui puissent et osent en- eu pour cela l'intention de m'offenser, mais
(1)Tite-Live,Décad.111,1.11.
(2) Virgile, Eglogue IX.
est) litum melle gladium. Deinde illudcavebam,ne impuleris, illius recorder historiæ, quod Hanniba-
hended;
episcopo communionis mese viderer procaciter res-
ponded, et aliqua in reprehendentisepistola repre-
judicarem.
praesertim cum quædam in ilia hæretica
;
sua fregerit (Titus Livius,Decadis III, lib., n).
Omnia fert ætas. animum quoque sæpe ego longos
Canlando puerum memini me condere soles.
Nunc abliLa mihi tot carmina: vox quoque Moerim -
stulares et diceres, Quid enim ? Epistulam meam Jam fugit ipsa (Virg., Eccl., ix).
videras, et notæ tibi manus in subscriptione signa Et, ut magis de Scripturis sanctis loquar, Berzellai
deprehenderas, ut tam facile amicum lædcres, et ille Galaadidites, regis David beneficia, omnesque
alterius malitiam in meam verteres contumeliam ? deliciasjuveni deleganslilio (IIEeg.,xix,34),. osten-
Igitur ut ante jam scripsi, aut mitte eamdem epi- dit senectutem hæc appetere non debere,nec oblata
stolamtua subscriptam manu; aut senem latitan- suscipere. -
ternincellula laceisere desine. Sin autem tuam vis 4.Quod autemjuras teadversum me librum non
vel exercere, vel ostentare doctrinam; quære juve- scripsisse, neque Romam misisse, quem non scrip-
nes, et disertos, et nubiles, quorum Romæ dicuntur seris; sed si forte aliqua in tuis scriptis reperian-
esse quam plurimi, qui possint et audeant tecum tur, quæ a meo sensu discrepent, non me te a
congredi, et in dispuiatione sanctarum Scriptura- læsurn, sed a te scriptum quod tihi rectum vide-
rum, jugum cum episcopo ducere. Ego quondam batur : Quæso, ut me patieuter auaias. Non scrip-
miles, nuuc veteranus, et tuas et aliorum debeo sisti librum ; et quomodo mihi reprehensionis a te
laudare victorias, non ipse rursus effajto corpore ?
meat;, per alios scripta delata. sunt Cur hahet Ita-
dimicare; ne, si me frequenter ad rescribendum lia, quod tu non scripsisti? Qua ratione poscis, ut.
uniquement de dire ce qui vous paraissait vrai. se lever après moi dans l'étude et la science
Ecoutez-moi, je vous prie, avec patience Vous des Saintes Ecritures. Niez donc que ce livre
n'avez pas écrit de livre? Mais comment se soit de vous, si réellement il n'en est pas, et
fait-il que celui où vous m'avez repris m'ait été cessez de solliciter de moi une réponse à des
apporté par d'autres, et que ce que vous n'avez choses que vous n'avez pas écrites. Si vous en
pas écrit soit répandu dans toute l'Italie? êtes l'auteur, avouez-le franchement, afin que
Pourquoi me demandez-vous de répondre à des si j'écris pour me défendre, la responsabilité
choses que vous prétendez n'avoir pas écrites. en soit à vous qui m'aurez provoqué et non à
Je ne suis certainement pas assez dépourvu de moi qui aurai été forcé de vous répondre.
sens pour me croire offensé de ce que votre CHAPITRE III. — 5. Vous ajoutez en outre,
opinion diffère de la mienne; mais blâmer pu- que si quelque chose m'a déplu dans vos ou-
bliquement mes paroles, me demander raison vrages, et si je veux bien vous en prévenir,
de mes écrits, vouluir me forcer de m'en dédire
et à chanter la palinodie, prétendrerendre
lumière à mes yeux, c'est offenser l'amitié,
la ,
vous êtes prêt à recevoir fraternellement mes
observations que vous vous en réjouirez
comme d'une marque de bienveillance envers
c'est violer les lois. N'ayons pas l'air de nous vous, et vous me priez instamment de le faire.
battre comme des enfants, et prenons garde
de fournir à nos amis ou à nus détracteurs des
sujets de discussions et de querelles. Je vous
:
Je vais vous dire de nouvean ce que je
pense vous provoquez un vieillard, vous ex-
citez un homme qui veut se taire, vous sem-
écris ainsi, parce que je désire vous aimer sin- blez vouloir faire parade de votre science. Il
cèrement et chrétiennement, et qu'il n'y ait rien ne sied pas à mon âge de passer pour malveil-
sur mes lèvres qui ne soit au fond de mon cœur. lant envers quelqu'un pour qui je dois plutôt
Il ne me convient pas à moi qui depuis mon me montrer favorable. Si des gens pervers
adolescence jusqu'à ce jour ai mené avec de trouvent matière à blâmer dans les Evangiles
saints frères dans la retraite d'un monastère, et dans les Prophètes, croyez-vous qu'il ne se
une vie de peine et de labeur, d'oser écrire puisse pas trouver quelque chose à reprendre
quelque chose contre un évêque de ma com- et à blâmer dans vos livres, surtout dans l'ex-
munion, un évêque que j'ai commencé à aimer plication des Ecritures qui présentent souvent
avant de le connaître, qui le premier m'a appelé de grandes obscurités? Non pas que j'aie en-
à son amitié, et que je me suis réjoui de voir core trouvé dans vos écrits quelque chose de
:
veterum Graecorum docercm inlerpretationibus diaconum misi ; quibus certissime agnosceres
discrepare. Vale mi amice carissime, ætate fili, meam esse epistolam, cujus exemplaria iliuc perve-
dignitateparens ethoc a me rogatus observa, ut, nisse commemorasli; unde jam me arbitror rescrip-
quidquid mihi seripseris, ad me priuium facias per- tis tuis, velut Entellinis gLandibus atque acribus
venire. cæstibns, tamquam audaceln Daretem cœpisse pul-
EPISTOLA LXXIII sari atque versari : nunc tamen eis ipsis respon-
deo litteris tuis, quas mihi par sanctum filium no-
Hieronymum literis suis nonnihil offensum demulcere strum Asterium miltere dignatus es in quibus
:
studet Augustinus. Apologiam illius contra Ruffi- multa in me comperi tuae benevolentissimae carita-
num accepisse se testatur, deplorans tantos inter tis, et rursus quaedam nonnullius (a) a me tuae offen-
viros quondam amicissimos tam amarulentam dis- sionis indicia. Itaque. ubi mulcebar legens, ibi
cordiam incidisse. continuo feriebar; hoc sanevel maxime admirans,
DOMINO VENERANDO ET DESIDERATlSSIMO FRATRI COMPRES- quod, cum dicas le exempIaribliS litteraruin mea-
BYTERO HIERONYMO, AUGUSTINUS IN DOMINO SALUTEM. tum ideo temere non putasse credendum, ne forte
(a)Sic-Bad. Er. etsedecim MSS. AtLov. liabet, anima tua.
;
me répondre ainsi, vous auriez dû vous assu-
rer si cette lettre était de moi vous venez
ensuite m'ordonner de declarer franchement
2. Cependant, mon très-cher frère, si vous
ne vous trouviez pas offensé par mes écrits,
vous ne pourriez pas me croire blessé par vos
si je l'ai écrite, et de vous en envoyer une copie réponses, et je ne puis me persuader que, sans
plus fidèle, afin que nous puissions discuter vous croire offensé, vous puissiez m'écrire des
sans aigreur sur les saintes Ecritures, Comment choses qui m'offensent. Ou si vous m'avez cru
pourrions-nous entrer sans aigreur dans une assez dépourvu de sens pour me trouver blessé
;
telle discussion, si vous vous préparez à m'of- d'une réponse qui n'avait rien d'offensant, cette
fenser ou si telle n'est pas votre intention, idée que vous avez eue de moi est en elle-même
comment, sans avoir été blessé par vous, pour- une offense. Mais comme jamais je ne vous ai
rai-je,comme sije l'avais été,vous dire,qu'avant donné lieu d'avoir une telle opinion de moi,
de me répondre ainsi, c'est-à-dire avant de vous n'auriez pas dû la concevoir à la légère,
m'offenser de la sorte, vous auriez dû d'abord vous qui n'avez pas voulu témérairement me
prouver que la lettre était de moi? En effet, si croire l'auteur de cette lettre, dans laquelle,
la réponse que vous m'aviez faite ne m'avait cependant, vous renconnaissiez mon style. Si
pas blessé, je n'aurais eu aucun droit de me donc vous avez vu avec raison que j'aurais le
plaindre. Mais maintenant, comme vous me droit de me plaindre si vous regardiez comme
répondez de manière à m'offenser, comment venant de moi un écrit qui n'en était pas, à
pourrons-nous discuter sans aigreur sur les plus forte raison aurais-je ce droit si, sans que
saintes Ecritures? Pour moi, bien loin de me je vous en eusse jamais donné l'occasion, vous
croire offensé, si vous voulez ou si vouspouvez me jugiez témérairement autre que je ne
me démontrer d'une manière certaine que vous suis. Ne me croyez donc pas assez dépourvu
avez compris mieux que moi ce passage de de sens, pour être capable de me blesser d'une
l'épître de saint Paul aux Galales, ou toute réponse dans laquelle il n'y avait rien d'offen-
autre chose des saintes Ecritures, je regarderai sant.
comme un avantage et recevrai comme un bien
:
CHAPITRE II. — 3. Reste donc encore une
et avec reconnaissance les leçons et les aver- chose c'est que vous seriez disposé à me bles-
tissements que vous me donnerez pour m'ins- ser dans votre réponse, si vous étiez certain que
truire et pour me corriger. la lettre fût de moi. Mais comme je ne crois
te respopdente læsus juste expostularem, quod pro- 2. Verumtamen, tu mihi frater carissime, nisi te
bare ante debuisses meum esse sermonem, et sic putares læsum scriptis meis, non me putares Ifedi
si
rescribere; posteajubeas, mea est epistola,aperte posse rescriptistuis. Nullo enim modo id de te opi-
me scribere, aut mittere exernplaria veriora; ut natus fuero, quod non te arbitraris Jæsum, si sic
absque ullo rancore stomachi in Scripturarum tamen rescribis ut lædas. Aut si te non sic rescri-
disputatione vorsemur. Quo pacto enim possumus bente, ego propter nimiam stultitiam meam lædi
in hac disputatione sine rancore versari, si me posse putatus sum, hoc ipso laesisti plane, quod de
lædere paras? Aut si non paras, quo modo ego, te me ita sensisti. Sed nullo modo tu me, quem num-
quam talem expertus es, temere talemetiam crederes,
non lædente, abs te læsus juste expostularem,
quod probare ante debuisses, meum esse sermo- qui litterarum mearum exemplaribus, cum.
nem, etsic rescribere, hOle est et sic lædere? Nisi stilum meum nosses, temere credere noluisti. Si
enim rescribendo laesisses, ego juste expostulare enim non immerito vidisti, me juste expostulatu-
non possem. Proinde cum ita rescribis, ut lædas,
quis locus nobis relinquitur in disputatione Scrip-
turarum sine ullo rancore versandi? Ego quidem
:
rum fuisse, si timere crederes
quae non essent meæ quanto
esse litteras meas,
justius expostularem,
meipsum temere putatum talem, qualem me exper-
absit ut lædar, si mihi certa ratione volueris et tus non essct qui putavisset ? Nequaquam ergo ita
potueris demonstrare illud ex epistola Apostoli, prolabereris, ut te non rescribente quo læJerer, me
vel quid aliud Scripturarum sanctarum te verius tamen existimares nimis insipientem,etiamtalituo
intellexisse, quam me : Immo vero absit, ut non rescripto lædi potuisse.
cum gratiarum actione lucris meis deputem.sifue- CAPUT IL. -- 3. Restat igitur, ut laedere me res-
ro te docentc instructus, aut emendante correctus. cribendo disponeres, si certo documento meas esse
pas que vous songiez à m'offenser injustement, mande dictée par l'amitié, quand bien même je
je n'ai plus qu'à reconnaître la faute que j'ai pourrais soutenir ce que sans motif suffisant
commise, en vous blessant le premier dans vous auriez cru devoir condamner. Je recon-
cette lettre que je ne puis désavouer. Pourquoi, naîtrai avec empressement et votre, bien-
en effet, vouloir lutter contre le courant du veillance et ma faute; et autant que le Seigneur
fleuve plutôt que de demander pardon Je vous ? m'en fera la grâce, vous me trouverez toujours
conjure donc, par la douceur du Christ, de me ou reconnaissant, ou prêt à corriger ce qui
pardonner si je vous ai offensé, et de ne pas devra l'être.
me rendre mal pour mal, en m'offensant à 4. Quoi donc, redouterais-je comme les cestes
votre tour. Or, vous m'offenseriez si vous gar- d'Entelle vos paroles qui, bien que dures, n'en
diez le silence sur les fautes que vous pourriez sont pas moins salutaires? Darès recevait des
trouver dans mes paroles et dans mes actions, blessures, mais aucun remède pour les soi-
car si vous repreniez en moi ce qui n'est point gner ; il était vaincu, mais non pas guéri. Pour
blâmable, ce serait vous blesser vous-même moi, sije reçois tranquillement vos réprimandes
plus que moi. Mais il est trop loin de votre comme un remède bieufaisant, je n'en ressen-
caractère et de votre sainte profession de me tirai aucune douleur. Si la faiblesse naturelle
reprendre uniquement dans l'intention de à l'homme ou la mienne propre me cause
m'ostenser, et de blâmer en moi par esprit de quelque affliction, même dans les reproches
malveillance ce qu'un principe de vérité vous que j'aurais mérités, il vaut mieux souffrir la
ferait au fond du cœur regarder comme irré- douleur d'un remède appliqué à la tête, que de
préhensible. Reprenez-moi donc avec bien- ne pas la guérir pour lui épargner cette dou-
veillance lorsque vous me croyez en faute, leur. Il avait raison celui qui disait que nos
quand même il n'en serait rien, consolez-moi ennemis, en nous faisant des reproches, nous
avec la tendresse d'un père, lorsque vous ne sont souvent plus utiles que les amis qui crai-
trouvez rien à reprendre. Il peut se faire qu'une gnent de nous reprendre. Les premiers, en
chose que vous croyez vraie ne le soit pas, sans nous attaquant, nous disent quelquefois des
que la charité ait cessé d'animer votre cœur. vérités qui servent à nous corriger; les seconds
Je recevrai toujours avec gratitude toute répri- n'usent pas assez de la liberté de la justice en
illas litteras nosceres. Atque ita, quia non credoquod nam et ego amicissimam reprehensionem gratissi-
injuste me Isedendum putares, superest, ut agnos-
te illis litterislae-
me accipiam;etiam si reprehendinonmeruit, quod
cam peccatummeum, quod prior recte defendi putest: aut agnoscam simul et bene-
serim, quas meas esse negare non possum. Cur ita- volentiam tuam, et culpam meam; et quantum Do-
que conor contra fluminis tractum, ac non potius minus donat, in alio gratus, in alio emendatus in-
?
veniam peto Obsecro te ergo per mansuetudinem
Ctiristi, ut, si laesi te, dimittas mihi, nec mn vicis-
veniat.
4. Qui ergo, fortasse dura, sed certe salubria
sim laedeudo malum pro malo reddas. Lædes au- verba tua, tamquam caestus Entelli, pertimescam?
tem me, si mihi tacueri..; errorem meum,quem for- Cædebalur ille, non curabatur; et ideo vinceba-
te inveneris infactis vel dictis meis.Nam si ea in tur. non sanabatur. Ego autem, si medicinalem
me reprehenderis, quae reprehendenda non sunt,
te lædis magis quam me: quod absit a moribus et
sancto proposito tuo, ut hoc facias voluntate lae-
lebo:
correptionem tuam tranquillus accepero, non do-
si vero infirmitas (ó) vel humana vel mea,
etiamcum veraciter arguor, non potest nisi aliquan-
dendi, culpans in me aliquid dente maledico, quod tulum contristari; melius tumor capitis dolet, dum
mente veridica esse scis non culpandum. Ac per hoc curatur, quam dum ei parcitur, non sanatur. Hoc
aut benevolo corde arguas, etiam si caret delicto est enim, quod acute vidit, qui dixit, Utiliores esse
quem arguendum putas; aut paterno affectu mul- plerumque inimicos jurgantes, quam amicos objur-
ceas, quem (a) abjicere nequeas. Potest enim fieri, gare metuentes, Illi enim dum rixantur, dicunt
ut tibi aliud videatur quam veritas habet, dum aliquando vera, quae corrigamus : isti autem mino-
tamen abs te aliud non fiat quam caritas habet : rem, quam oportet, exhibent justitiae libertatem,
-
(II)Bad.Am. et Er. abjicere nequeas.
(b)Ita MSS plerique. At Lov. yelut humana mea.
craignant de blesser la douceur de l'amitié. venu vieux sans avoir eu le bonheur de rece-
Vous me citez l'exemple du bœuf auquel vous voir votre réponse. Je ne sais
par quelle cir-
semblez vous comparer, et qui, malgré la fa- constance une copie de cette lettre est tombée
tigue de la vieillesse, n'en continue pas moins entre vos mains avant ma lettre elle-même,
de fouler avec vigueur et succès le grain dans malgré tous mes soins pour vous la faire
l'aire du Seigneur; eh bien, me voilà devant par-
venir, car l'homme à qui je l'avais confiée ne
vous! foulez-moi aux pieds sans m'épargner, vous l'a pas remise et ne me l'a pas rapportée.
si j'ai mal parlé de vous. Je supporterai, sans Et pourtant, dans les lettres de vous qui ont
me plaindre, le poids de votre âge, pourvu pu me parvenir, il y a tant de choses si belles
qu'il puisse broyer la paille de mes er- et si grandes, que je préférerais à toutes mes
reurs. études le bonheur d'être auprès de vous, si cela
5. Vous terminez votre lettre par des mots m'était possible. Cette joie lliétant refusée, je
que je lis et relis sans cesse en soupirant. songe à envoyer près de vous, pour qu'il pro-
« Plût à D'eu, dites-vous, que je méritasse vos fite de vos leçons, un de nos fils dans le Sei-
embrassements, et qu'il me fût permis de con- gneur. Daignez me répondre à cet égard. Car
férer avec vous pour nous instruire mutuelle- je n'ai et n'aurai jamais dans la science des
:
ment !» Pour moi je vous dis Puisse le Sei- saintes Écritures le mérite que je reconnais en
gneur m'accorder la grâce d'habiter plus près vous, et je n'ai juste en cela que ce qu'il faut
de vous, afin qu'à défaut de fréquents entre- pour le dispenser au peuple de Dieu. Mes occu-
tiens, notre correspondance fût du moins plus pations ecclésiastiques ne me permettent pas
active ! Mais maintenant nous sommes séparés de m'appliquer à cette étude au delà de ce que
l'un de l'autre par une si grande distance que, l'exigentles besoins spirituels des peuples que
--
lorsque j'étais jeune encore, je me rappelle je dois instruire.
vous avoir écrit une lettre touchant les paroles CHAPITREIII 6. Il s'est répandu(1) contre
l'
de Apôtre aux Galates (II, 14), et me voilà de- vous en Afrique jene sais quels écrits injurieux
(1) Les éditions portent pervertisse audivimus, nous avons appris qu'il s'est répandu, mais neuf manuscrits donnent
avec plus de raison pervenerunt. En effet, saint Jérôme dans la lettre 68 se plaint que Ruffin a fait répandre contre lui
des écrits injurieux dans toute l'Afrique, et saint Augustin répond qu'il ne sait quels écritsinjurieux se sont répandus
en Afrique contre saint Jérôme.
-
dum amicitiae timent exasperare dulcedinem. Qua- casione præveniente, quam ipsa epistcla me cu-
propter etsi bos, ut tibi videris, lassus senectute rante. Homo enim, qui ea tunc acceperat, nec ad te
forte corporis, non vigore animi tamen, in area pertulit, nec ad me retulit. Tantae autem mihi in
dominica fructuoso labore desudans; ecce sum, si litteris tuis, quæ in manus nostras venire potue-
quid perperam dixi, fortius fige pedem. Non mihi runt, apparent res, ut nihil studiorum meorum
e:,se debet nioleslum pondus ætatis tuæ dummodo mallem, si possem, quam inhære lateri tuo. Quod
cunteratur palea culpae tneee. ego quia non possum, aliquem nostrorum in Do-
5. Proinde iliud, quod in extremo epistolae tuæ mino iiliorum erudiendum nobis at te mittere co-
posuisti, cum magni desiderii suspirio vellego, vel gito, si etiam de hac re tua rescripta meruero. Nam
recolo. « Utinam, » inqnis, « merereinur complexus neque in me tantum scientiae Scnpturarum divina-
tuos; et collationemutuavel doceremus aliqua, vel rum est, aut esse jam poterit, quantum nesse tibi
disceremus. » Ego autem dico. Utinam saltern pro- video. Et si quid in hac re habeo faeultatis, utcum-
pinquis terrarum locis habitaremus; ut, si non pus- que impendo populo Dei. Vacare autem studiis dili-
sent misceri nostra colloquia, litterae possent esse gentius quam quae populi audiunt instruendi,
crebriores. Nunc vero tantolocorum intervallo ab- propter ecclesiasticas occupationes omnino nonpos-
sumus a sensibus nostris, ut de illis verbis Apostoli sum.
ad Galatas (Gal., n, 14), juvenem me ad tuam sane- CAPUT III. — 6. Nescio quæ scripta maledica su-
titatein scripsisse meminerim; et ecce jam senex, per tuo nomine ad Africam (a) pervenerunt. Acce-
necdum rescripta merueim; faciliusque ad te ex- pimus tamen quod dignatus es mittere, illis res-
emplaria epistolse mese pervenerint, nescio qua oc- poudens maledictis. Quo perlecto, fateor, multum
isthucpervenerint. venus MSS. novem, pervenerunt. Nempe Hieronymus in epist. LXVIIT. conquertllr
(a) Editi, pervenisse audivimus. Sed
maledicta Ruffim, studio ejusdem ad Africam pervenisse respondet Augustinus nescire se quas in ipsum maleaicta
auxquels vous avez fait une réponse, que vous pas connaître leurs intentions présentes? Mais
avez daigné me communiquer. J'avoue qu'en pourquoi s'affliger de l'ignorance où l'on est à
la lisant j'ai éprouvé une vive douleur de voir l'égard l'un de l'autre, puisque l'homme ne
une telle inimitié éclater entre deux hommes sait pas lui-même ce qu'il sera plus tard. Il
autrefois si unis. et dont l'étroite amitié était connaît à peine ce qu'il est présentement, peut-
connue de presque toutes les églises. Du reste, il dire ce qu'il sera dans l'avenir?
votre lettre fait voir avec quelle modération 7. Cette connaissance non-seulemant de ce
vous savez retenir tout ce qui peut exciter vo- qu'on est présentement, mais encore de ce
tre juste indignation, afin de ne pas rendre in- qu'on sera un jour, est-elle le partage des saints
jure pour injure. Cependant, si en lisant cette et bienheureux anges? Le démon, quand il
lettre j'ai senti mon cœur se sécher de douleur était encore un ange de bien, aurait-il été heu-
et frissonner de crainte, que serait-ce donc si reux s'il avait prévu son iniquité future et son
les écrits de votre ennemi tombaient entre mes ?
supplice éternel Je l'ignore, et si vous pensez
mains? « Malheur au monde à cause des scan- qu'il est utile de le savoir, je voudrais connaî-
dales (Matt., XVIII, 7). » Voilà donc l'accom- tre votre sentiment à cet égard. Voyez le mal-
plissement de ce que la vérité nous a prédit : heur d'être ainsi séparés l'un de l'autre parune
« Et parce que l'iniquité sera multipliée, la
charité de plusieurs se refroidira (Matt., xxiv,
:
telle étendue de terre et de mer si j'étais moi-
même cette lettre que vous lisez présentement,
12). » Quels cœurs pourront désormais s'épan- vous pourriez déjà répondre à ma question.
cher avec confiance l'un dans l'autre? Dans le Maintenant quand me ferez-vous cette ré-
sein de qui l'amitié pourra-t-clle se jeter avec ponse? Quand l'enverrez-vous? Quand me par-
?
sécurité Quel amine redoutera-t-onpas comme viendra-t-elle? Quand la recevrai-je? Quoi qu'il
un futur ennemi, si une discorde aussi déplo- en soit, je dois lattendre avec patience, puis-
rable a pn éclater entre Ruffin et Jérôme? 0 qu'elle n'arrivera jamais aussi vite que je le
quelle est misérable et digne de pitié la con- désire. C'est pourquoi je reviens aux paroles
dition humaine! Comment prévoir les senti- de votre lettre, si douces à mon cœur, si rem-
ments futurs des amis, quand on ne peut même plies de votre saint désir, je me les approprie
dolui inter tam caras familiaresque personas, cun- nunc qualis sit; qualis autem postea futurus sit,
ctis pene ecclesiis notissimo amicitiae vinculo copu- ignorat.
latas, tantum malum exstitisse discordise. Et tu 7. Hæc porro non tantum scientia, qualis quis-
quidern quantum tibi modereris, quantumque te- que sit, verum etiam prsescientia, qualis futurus
neas aculeos indignationis tua?, ne reddas maledi- sit, si est in sanctis et beatis Angelis; et quomodo
ctum pro maledicto, satis in tuis litteris emmet. fuerit diabolus beatus aliquando, cum adhuc ang-
;
Verumtamen si eas ipsas cum legissem, contabui lus bonus esset, sciens futuram iniquitatem suam,
dolore, et obrigui timore quid de me ilia facerent, et sempiternum supplicium, omnino non video. De
quae in te ille scripsit, si in manus meas forte ve- qua re, si tamen eam nosse opus est, vellem abs te
nissent? Væ mundo ab scandalis (Matt., XVIII, 7). auditare, quid sentiis. Vide, quid faciant terra ac
Ecce fit, ecce prorsus impletur quod Veritas ait; maria, quae nos corporaliter. dirimunt. Si hæc epis-
« Quoniam abundabit iniquitas, refrigescet cari- tola mea, quam legis, ego essem; jam mibi diceres
tasmultorum (Matt., xxiv, 12). Qusae sibi enim jam quod qusesivi. Nunc vero quando rescribes? quando
fida pectora tuto refundantur ? In cujus (a) smum mittes ? quando perveniet ? ?
quando accipiam Et
tota se projiciat secura dilectio? Quis denique tamen utinam quandoque tiat, quod tam cito fieri
amicus non formidetur quasi futurus inimicus, si non posse, quam volumus, quanta possumus tole-
potuit inter Hieronymum et Ruftinum hoc, quod rantia sustinemus. Unde recurro ad ilIa verba epi-
tio :
plangimus, exoriri? 0 misera et miseranda condi- stolæ tuæ dulcissima, sanctique desiderii tui plenis-
! 0 intida in voluntalibus amicorum scientia sima, et ea facio vicissim mea <( Utinam merere-
præ5,ntium, ubi nulla est prsescientia futurorum ; mar complexus tuos; et collatione mutua vel doce-
Sed quid hoc alteri de altero gemendum putcm, remus aliqua, ve.l disceremus : » si tamen esse ullo
quando nec ipse quidem sibi homo est nutus in modo possut quod ego te docerem.
posterum? Nuvit enim utcumque, vix forte, 8. In his autem verbis non jam tuis tantum, sed
etiam meis, ubi delector et reficior, et ipso quam- leo, ut timeo, prociderem ad pedes vestros, fierem
vis pendente et non adtingente utriusque nostrum quantum valerem, rogarem quantum amarem, nunc
desiderio, non parva ex parte consolor : ibi rursus unumquemque vestrum pro seipso, nunc utrum-
acerrimis dolorum stimulis fodior, dum cogito in- que pro alterutro, et pro aliis, et maxime infirmis,
ter vos, quibus Deus h,jc ipsum, quod uterque no- pro quihus Christus mortuus est, qui vos tamquam
strum optavit, largum prolixumque concesserat, ut in theatro vitæ hujus cum magno sui periculo spec-
conjuncitissimi et familiarissimi mella Scripturarum tant, ne de vobis ea conscribendo spargatis, quse (a)
quandoque concordantes delere non poteritis, qui
homini formidandam :
sanctarum pariter lamberetis, tantæ amaritudinis
irrepsisse perniciem, quando non,ubi non, cuinon
cum eo tempore, quo ab-
jectis jam sarcinis sæcularibus, jam expediti Dumi-
nunc concordare nolitis; aut quæ concordes legere
timeatis, ne iterem litigetis. ·
9. Verum dico caritati tuæ, nihil me magis
cum quædam ad
num sequebamini, et in ea terra vivebatis simul, quam hoc exemplum, tremuisse,indignationis indi-
in qua Dominus humanis pedibus ambulans, « Pa- me in epistola tua legerem, tuæ
cem meam, »inquit, « do vobis, pacem meam re- cia, non tam ilLt de Entcllo et bove lasso, ubi mi-
linqno vobis (Johan.,xiv, 27). » viris ætate maturis, hi potius hilariter jocari, quam iracunde minari
et in eloquio Domini habitantibus vobis accidere visus es, quam illud, quod serio te scripsisse satis
?
potuit Vere « tentatio est vita humana super ter- apparet, unde supra eloquutussum,plusfortase,
ubiaistis
ram (Job., VII, 1). Heu mihi, qui vos alicubi si- quam debui, sed non plus quam timul, si fieri,
mul invenire non possum, forte ut moveor, ut do- »
ne forte læsus juste expostulares. Rogo te,
(a) In decem MSS. sic legitur quœquoniam concordantesdelerenonpoteritis, concordare nolitis. In uno Cisterciensi,quœ
quandoque quoniam delerenonpoteritis,concordarenolitis.
justes raisons pour vous plaindre. » Cherchons opinion sans vous blesser. Si, malgré cela, je
et discutons ensemble, si cela est possible, tout m'apercevais que je vous ai offensé, il ne me
ce qui peut servir à nourrir nos esprits, sans resterait plus qu'à vous en demander pardon.
amertume, sans discorde. Mais si je ne puis 10. Si je vous ai déplu ce ne peut être que
dire ce qui me paraît répréhensible dans vos pour avoir dit ce qu'il ne fallait pas dire, ou
écrits, ni vous dans les miens, sans encourir
mutuellement un soupçon de jalousie ou sans
;
pour l'avoir dit autrement qu'il ne le fallait il
est clair, du reste, que nous nous connaissons
blesser l'amitié, laissons tout cela de côté. l'un l'autre beaucoup moins que nous ne som-
Epargnons-nous tout ce qui peut troubler la mes connus par ceux qui sont de notre intimité.
tranquillité de notre vie et nuire au salut de Avec mes amis, je l'avoue, j'ai l'habitude de
notre âme. « Il vaut mieux éviter la science me jeter tout entier dans le sein de leur affec-
qui enfle, que de blesser la charité qui édifie tion et de leur charité, fatigué que je suis des
(I Corint., VII). » Pour moi, je sens que je suis scandales du siècle. Avec eux je trouve mon
bien loin d'avoir cette perfection dont il est repos et ma tranquillité, parce que je sens que
:
dit « Celui-là est un homme parfait qui n'of-
fense point dans ses paroles (Jac., III, 2). » Ce-
Dieu est là, et que c'est à lui que je me livre en
toute sécurité, sans avoir à craindre les incer-
pendant, avec la miséricorde de Dieu, je crois titudes de ce lendemain de la fragilité humaine
pouvoir toujours facilement vous demander dont je viens de vous parler en gémissant. Si
pardon de mes offenses, que vous devez re- je vois qu'un homme estbrûlant du feu de la
prendre, afin que si je vous ai entendu, «Vous charité chrétienne, et que c'est cette charité qui
gagniez votre frère (Matt., XVIII,15). « Bien que a fait de lui mon fidèle ami,je lui confie volon-
la distance qui nous sépare vous empêche de tiers tous mes projets, toutes mes pensées,
le faire directement, vous ne devez pas pour parce que ce n'est pas à l'homme que je les
cela me laisser dans l'erreur. A l'égard de tou- confie, mais à celui dans lequel il demeure et
tes les choses que nous voulons connaître, si qui l'a fait telqu'il est, car « Dieu est charité,
dans ma conviction je crois, je pense y trouver et celui qui demeure dans la charité, demenre
quelque chose de vrai, et qu'en cela vous ne en Dieu et Dieu en lui (I Jean, IV, 12). » Que
soyez pas de mon avis, je ferai, avec l'aide du si cet homme délaisse la charité, il nous cause,
Seigneur, tous mes efforts pour défendre mon en l'abandonnant, autant de douleur qu'il nous
potest, ut inter nos quæramus et disseramus aliquid, cum te indignatum sensero, nihil aliud, quam ve-
quo sine amaritudine discordiæ corda nostra pas- niam deprecabor.
cantur, fiat. Si autem non possumdicere quid mihi 10. Nec omnino arbitror te succensere potuisse,
emendandum videatur in scriptis tuis, nec tu in nisi aut hoc dicerem, quod non debui; aut non
meis, nisi cum suspicione invidiæ, aut læsione ami- sic dicerem, ut debui: quia nec miror minus nos
citiæ ; quiescamus ab his, et nostræ vitæ salutiqne scire invicem, quam scimur a conjunctissimis et
parcamus. Minus certe assequatur ilia quæ intat, familiarissimis nostris. In quorum ego caritatem,
dum nonoffendaturilla quæ ædificat (I Cor., VIII, 1). fateor, facile me totum projicio, præsertim fatiga-
;
Ego me longe esse sentio ab illa perfectione, de q-ua
scriptum est « Si quis in verbo non offendit, hic
perfectus estvir(Jac., III, 2). » Sed plane in Dei
:
tum scandalis sæculi; et in ea sine ulla sollicitu-
dine requiesco Deum quippe illic esse sentio, in
supporter patiemment les attaques et l'inimitié 1. Je viens vous rappeler la prière que je
(1) Saint Paul dit qu'il faut combattre le démon avec toutes les armes, c'est-à-dire avec les maux comme avec les
biens. Les biens sont ce qu'il appelle les armes de la droite, et les maux, les armes de la gauche.
(2) Ecrite en même temps que la précédente.
— Cette lettre était la 16e dans les éditions antérieures à l'édition des
Bénédictinset celle qui était la 74e se trouve maintenant la 236e.
quantum manes fecerat gaudium. Verumtamen ex quibus non minus quam dextris contra diabolum di-
amico intimo factus inimicus, quærat sibi potius
quod fingat astutus; non inveniat quod prodat ira-
micatur ? Verumtamen illummaluerim aliquo modo
mitiorem, quam te isto modo armatiorem. Hoc
tus. Hoc autem unusquisque facile assequitur, non magnum et triste miraculum est, ex amicitiis tali-
occultando quod fecerit, sed non faciendo, quod bus ad has inimicitias pervenisse; lætum erit, et
occultari velit. Quod misericordia Dei bonis piisque multo majus, ex inimicitiis talibus ad pristinam
concedit, ut inter (a) amico, quoslibet futuros, li- concordiam revertisse.
beri securique verseutur, aliena peccata sibi corn-
missa non prodant; quæ prodi timeant, ipsi nulla EPISTOLA LXXIV
committant. Cum enim falsum quid a maledico fin-
gitur ; aut omnino creditur; aut certe integra sa- Augustinus Præsidium rogat ut superiorem epistolam
lute, sola fama vexatur. (b) Cum autem malum per- curet Hieronymo reddendam, utque sibi eumdem
pretatur, hostis est intimus,etiam si nulliusintimi suis etiam litteris placet.
loquacitate aut lite vulgetur. Quapropter quis pru- DOMINO BEATISSIMO, ET MERITO VENERANDO FRATRI, ET
dentium non videat, etiam tu quam tolerabiliter CONSACERDUTI PRÆSIDIO, AUGUSTINUS IN DOMINO SA-
feras amicissimi quondam et familiarissimi incredi- LUTEM.
biles nunc inimicitias, consolante conscientia; et 1. Sicut præsens rogavi sinceritatem tuam, nunc
quemadmodum vel quod jactitat, vel quod a qui- quoque commoneo, ut litteras meas sancto fratri,
busdam forsitan creditur, in sinistris armis deputes, et compresbytero nostro Hieronymo mittere non
Ç) Editi, inimicos. Prætulimus, amicos, quodhabent sex MSS.
,..
(b) MSS. -quatuordecim. Quod autem malum perpetratur, hostis est etc. lectio haudquaquamspernenda.
,
vous ai faite de vive voix, celle d'envoyer ma Paul. Il parle ensuite de sa traduction de l'An- j
lettre à notre saint frère et collègue Jérôme. cien Testament, et enfin du sens qu'il avait
Pourvu que vous sachiez de quelle manière donnéaumot lierre dansle prophèteJonas. Il
vous devez lui écrire en ma faveur, je vous en- se défend sur tous ses écrits et ses interprétations
voie une copie des lettres que nous nous som- avec beaucoup de chaleur.
mes écrites l'un à l'autre. Après les avoir lues,
votre sagesse verra quelle mesure j'ai cru de- AU SEIGNEUR VRAIMENT SAINT ET BIENHEUREUX
voir garder envers luiret avec quelle raison j'ai PAPE AUGUSTIN, SALUT DANS LE SEIGNEUR.
craint son émotion. Si je lui ai écrit quelque
chose que je n'aurais pas dû lui dire, ou que
j'aurais dû lui dire autrement, je prie votre
CHAPITRE PREMIER. -1.
J'aireçutout àla
fois par le diacre Cyprien trois lettres de vous,
charité fraternelle de me le faire remarquer
ouplutôt trois petits livres conLenant ce quevous
plutôt qu'à lui, afin que repris par vous, je lui
appelez diverses questions, et ce que moi je
demande pardon de toutes les fautes que je
regarde comme des censures de mes ouvrages.
reconnaîtrais avoir commises.
Il ne faudrait rien moins qu'un grand livre
pour y répondre comme je le voudrais. Je
tâcherai cependant, autant qu'il me sera pos-
LETTRE LXXV (1)
sible, de ne pas excéder la mesure d'une longue
lettre, et de ne pas retarder le frère, qui seu-
lement trois jours avant son départ, m'a de-
Saint Jérôme répond enfin aux questions que saint mandé une réponse. Pris en quelque sorte au
Augustin lui a proposées dans les lettres 28, 40 dépourvu, je suis obligé de traiter ces questions
et71. Il commence par rendre raison du titre à la hâte, d'y répondre sans préparation, non
qu'il avait mis à son livre des Ecrivains ecclé- avec la réflexion d'un homme qui écrit à loisir,
siastiques. De là il vient à son explication de mais avec la précipitation téméraire d'un
l'endroit de l'épître aux Galates, où il est parlé homme qui dicte rapidement, au risque d'être
de la correction faite à saint Pierre par saint guidé plus par le hasard que par la science ;
(1) Ecrite vers la fin de l'an 404. — Cette lettre était la IIe dans les éditions antérieures àl'édition des Bénédictins
et celle qui était la 75e se trouve maintenant la 250°.
graveris. Ut autem noverit caritas tua,quemad- CAPUT I. — 1. « Tres simul epistolas, immo libel-
modum etiam tu iIli pro mea caussa scribere de_
beas, nisi exemplaria litterarum, et mearum ad
ipsum, et ad me ipsius, quibus lectis pro tua sancta
;
los breves, per diaconum Cyprianum, tuæ digna-
tionis accepi diversas, ut tu nominas, quæstiones;
ut ego sentio, reprehensiones opusculorum meo,
prudentia facile videas et modum meum, quem rum continentes, ad quas si
respondere voluero-
servandum putavi, et modum ejus, quem non libri magnitudine opus erit. Tamen conabor, quan-
frustra timui. Aut si ego quod non debui, vel quo- tum facere possum, modum non egredi longioris
modo non debui, aliquid scripsi; non ad illum de epistolæ, et festinanti fratri moram non facere :
me, sed ad meipsum potius fraterna dilectione qui ante triduum, quam profecturus erat, a me
mitte sermonem; quo correctus petam ut ignoscat epistolas flagitavit; ut pene in procinctu hæc qua-
si meam culpam ipse cognovero. liacumque sunt., effutire compellerer, et tumultua-
rio respondere sermone, non maturitate scribentis,
EPISTOLA LXXV. sed dictantis temeritate : quæ plerumque non in
Respondet tandem Hieronymus ad Augustini quæ- doctrinam, sed in casum vertitur: utfortissimos
tiones propositas in epist. 28, 40et71, scilicet quoque milites subita bella conturbant, et ante co-
de titulo libri ecclesiasticos scriptores repœsentan- guntur fugere, quam possint arma corripere.
tis, de Petro reprehenso a Paulo in epist. ad Gala- 2. « Ceterum nostra armatura Christus est, et
tas, de translatione veteris Testam enti, ac de hede- apostoli Pauli institutio, qui scribit ad Ephesios;
rœvocabulo apud Jonamdefendensacriterscriptiones
et interpretations suas adversus Angustinum.
DOMINO VERE SANCIO ET BEATISSIMO PAPÆ AUGUSTINO,
« Assumite arma Dei, ut
;
possitis resistere in die
malo (Ephes.,VI, 14).» Et rursum «State succincti
lumbos vestros in veritate, et induti loricam justi-
HIERONYMUS IN CHRISTO SALUTEM.
tiæ, et calceati pedes in præparationem Evangelii
ainsivoit-on quelquefois les plus braves soldats criait :La lumière de votre face resplendit
:
«
surpris par une attaque soudaine, être obligés sur nous, ô Seigneur (Ps., IV, 7).» Disons donc
de prendre la fuite avant même d'avoir pu aussi nous-mêmes « Mon cœur est prêt, Sei-
prendre leurs armes. gneur,' mon cœur est prêt. Je chanterai et je
2. Du reste, pour nous, nos armes c'est
Jésus-Christ, comme nous l'enseigne l'apôtre
ferai entendre des accords dans le temps de ma
gloire. Levez-vous, harpe et psaltérion je me ;;
saint Paul, quand il dit aux Epliésiens : « Pre-
nez les armes de Dieu, afin qu'au jour mauvais :
lèverai au point du jour (Ps., LVI, 8) » afin
que cette parole « Ouvrez votre bouche et je
il ajoute :
vous puissiez résister (Eph.,VI,13); » et quand
« Tenez-vous donc prêts, que
véritésoit la ceinture de vos reins, que la jus-
la
la remplirai (Ps., LXXX, -11), » puisse s'accom-
plir en nous, ainsi que cette autre « Le Sei-
gneur donnera sa parole à ceux qui évangé-
:
tice soit votre cuirasse, que vos pieds soient lisent pour qu'ils aient une grande force (Ps.,
chaussés pour vous préparer à porter l'Evan- LXVII, 12). » Vous aussi, je n'en doute pas, vous
gile de paix. Surtout prenez le bouclier de la priez pour que la vérité triomphe dans nos
;
foi, afin que vous puissiez éteindre tous les
traits enflammés de l'esprit malin prenez aussi
le casque du salut et le glaive de l'Esprit qui
discussions, car vous cherchez la gloire de
Jésus-Christ et non la vôtre. Quand vous serez
vainqueur, je vaincrai avec vous, si je recon-
est la parole de Dieu (Eplt., vi, 14). » Ce sont nais mon erreur. Au contraire, si c'est moi qui
là les armes avec lesquelles David marchait au l'emporte, vous triompherez avec moi. Ce ne
combat (I Rois, XVII, 40), et par les cinq pierres sont pas, en effet, les fils qui thésaurisent pour
polies qu'il ramassa dans le torrent, il nous les pères, mais les pères pour les fils (Il Cor.,
montrait que ses sens n'avaient contracté XII, 14). Aussi voyons-nous dans les Paralipo-
aucune souillure, dans les tourbillons de ce mènes que les enfants d'Israël marchaient au
;;
siècle dans sa course il avait bu l'eau du tor-
rent c'est pourquoi il s'avança la tôle levée,
combat dans un esprit de paix II Paral., XII),
et qu'au milieu des glaives, du sang répandu
et avec l'épée même de Goliath il lui trancha et des cadavres qui jonchaient la terre, ils
la tête, après avoir frappé au front l'orgueilleux pensaient à la paix et non à la victoire. Je vais
blasphémateur, à cette partie du corps où tâcher de répondre à tout ce que vous me de-
Ozias, usurpateur du sacerdoce, avait été mandez, et avec l'aide de Jésus-Christ, de ré-
frappé de la lèpre (Il Par., XVI, 19). Puis se soudre en peu de mots les nombreuses questions
glorifiant saintement dans le Seigneur, il s'é- que vous m'avez posées. Je laisse de côté toutes
:
pacis : super omnia accipientes scutum fidei, in quo
possitis universatela maligni ignita exslinguere et
galeam salutisaecipite, et gladium Spiritus, quod est
(Psal.,
os
et
LVI, 8) : »
tuum,et ego
«
utin nobispossitimpleri; «Aperi
adimpleboillud (Psal., LXXX, 11):»
Dominus dabit verbum eVJngeJizantiblB vir-
verbum Dei(Ephes.,\A).»Hisquondam telis rex David tute multa (Psal., LXVII, 12). » Te quoque ipsum
armatus procedebatad prælium et (IReg., XVII, 14) orare nun dubito, ut inter nos contendentes veritas
quinque lapides de torrente accipiens laivigatos, ni- superet. Non enim tuam quseris gloriam, sed Chri-
hil asperitatis etsordium inter hujus sæculi turbines :
sti eumque tu viceris, et go vincam, si meum erro-
rem intellexero : et e contrario, me vincente, tu
:
in sensibus suis esse monstrabat,bibens de torrente
in via et idcirco exaltatus caput superbissimum
Goliath suopotissimum mucrone truncavit, percu-
superas; quia non filii parentibus, sed parentes fi-
liis thesaurizant (II Cor., XII, 14). Et in Paralipo-
tiens in fronte blasphemum, etin ea parte corporis menon libro legimus, quod filii Israel ad pugnan-
vulnerans, in qua et praesumtor sacerdotii Ozias dum processerint « mente pacifica (1 Paral., XII),
leprapercutitur (II Par., xxvi, 19) : et smctus glo- inter ipsos quoque gladios et effusiones sanguinis,
riatur in Domino, dicens, « Signatum est super nos et cadaveraprostratorum,non suam sed pacisvi-
lumen vultus tui Domine (Psal., iv, 7).» Dicamus ctoriam cogitantes. Respondeamus igitur ad omnia,
cor meum;
igitur et nos; « Paratum cor meum Deus, paratum
;
cantubo et psallam in gloria mca. Ex-
surge psalterium et cithara exsurgam diluculo
ac- multiplices quoestiones, si Ckristus
jusserit,
:
brevi sermone solvamus. Prsetermitto salutationis
officia, quibus meum demulces caput taceo de
1
les salutations officieuses avec lesquelles vous épiques, tragiques, comiques. Le titre d'épi-
me caressez, et les paroles flatteuses par les- taphe ne convient proprement que quand on
quelles vous cherchez à me consoler de vos parle de ceux qui ne sont plus, comme je me
censures. J'aborderai les choses mêmes. souviens l'avoir fait autrefois à la mort du
CHAPITRE II. — 3. Vous avez, dites-vous'
reçu d'un de nos frères un livre de moi, sans
titre, dans lequel j'ai fait l'énumération des »
:
saint prêtre Népotien d'heureuse mémoire.
Ainsi mon livre doit être intitulé « Des hom-
mes illustres, ou plus proprement encore :
auteurs ecclésiastiques grecs et latins. Vous lui (i Des écrivains ecclésiastiques» quoique beau-
avez demandé, pour me servir de vos propres coup de copistes ignorants l'aient intitulé :
paroles, pourquoi il n'y avait pas de titre à la Des auteurs.
première page, et de quel nom il fallait ap- 4. En second lieu, vous me demandez pour-
peler l'ouvrage. Il vous répondit qu'on l'appe- quoi dans mes Commentaires de l'épître aux
lait Epitaphe. Ce titre, selon vous, serait con- Galate, j'ai dit que Paul n'avait pas pu re-
venable, si le livre ne faisait mention que de la prendre dans Pierre ce qu'il avait fait lui-
vie et des écrits seulement desauteurs qui sont même, ni reprocher à un autre la dissimula-
morts ; mais comme on y cite les ouvrages de tion dont il aurait été lui-même coupable; et
beaucoup de ceux qui vivaient à l'époque où il vous soutenez que la réprimande de l'Apôtre
fut composé, ou même qui existent encore, n'était pas une espèce de feinte, mais une cor-
vous vous étonnez que j'aie ainsi intitulé mon rection véritable; et que je ne devais pas ainsi
livre. Cependant, avec l'habileté qu'on vous enseigner le mensonge, mais montrer au con-
connaît, vous auriez pu à la lecture de l'ou- traire, que tout ce qui est dans les Saintes
vrage deviner le véritable titre. Vous savez, en Ecritures, doit être pris à la lettre. A cela je
effet, que les Grecs etles Latins qui ont écrit la réponds d'abord que vous auriez dû vous rap-
vie des hommes illustres, n'ont jamais donné
à leur œuvre le titre d'Epitaphe, mais qu'ils
ont intitulé leurs livres,«des hommes illustres,»
:
peler la préface de mes Commentaires où je
parle ainsi de ma personne « Ne pourra-t-on
pas me taxer de folie et de témérité, d'oser
comme par exemple des généraux, des philo- promettre ce que cet auteur n'a pu faire? Nul-
sophes, des orateurs, des historiens, des poètes lement : Il me semble, au contraire, avoir agi
:
verbis utar, cur liminaris pagina nan esset inscrip-
ta, vel quo censeretur nomine; respondisse, appel-
lari Epitaphium et argumentaris, quod recte sic
fecerat; nec in alio arguere simulationem ;
rini in commentarÏis episLolse ad Galatas, Paulum
id in Petro ou potuisse reprehendere, quod ipse
cujus
ipse tenebaturreus (Gal., n, II) : et asseris, repre-
vocaretur, si eorum tantum vel vitas vel scripta ibi
legisses, qui jam defuncti essent : cum vero multo-
rum, et eo tempore quo ,cribebatu",et nuncusque
viventium commemorentur opuscula, mirari te,
sed veram;
hensionem apostolicam non fuisse dispensatoriam,
et me non debere docere mendacium,
sed universa, quae scripta sunt, ita sonare, ut
scriptasunt. Ad.quae primum respondeo, debuisse
cur ei hunc titulum imposuerim. Puto intelligere prudentiam tuam praefatiunculae commentariorum
prudentiam tuam, quod. ex opere ipso titulum po- meorum meminisse, diccntis ex persona mea :
tueris intelligere. Legisti enim et graecos et latiaos, « Quid igitur ego stultus ac temerarim, qui id pol-
qui vitas virorum illustrium descripserunt, quod
numquam Epitaphium huic operi scripserint, sed
?
licear, quod ille non potuit Minime : quin potius
in eo, ut mihi videor, cautior atque timidior, quod
de iilustribus viris, verbi gratia, ducibus, plhloso- imbecillitatem virium mearum sentiens, Origenis
phis, oratoribus, historicis, poetis, epicis, tragicis, commentarios sequutus sum. Scripsit enim ille vir
cumicis. Epitaphium autem proprie scribitur mor- in epistolam Pauli ad Galatas quinque proprie volu-
tuorum, quod quidem in dormitione sanctæ memo- mina; et decimum Stromatum suorum librum,
rise Nepotiani presbyteri olim lecisse me uuvi. Ergo ej
commatico super xplanation us sermone cum-
avecprudence et timidité, puisque ayant la que ce qui est agréable dans leur ouvrage, ne
conscience de ma propro faiblesse, j'ai suivi cesse pas de l'être en passant dans celui d'un
les commentaires d'Origène.En effet, cet homme »
autre. Si donc quelque chose vous semblait
a écrit sur l'épître de Paul aux Galates, cinq répréh'nsible dans mon interprétation, vous
volumes, et a rempli le dixième livre de ses auriez dû chercher d'abord, si ce que j'ai écrit
Stromates d'une explication rapide de la se trouvait dans les auteurs grecs, afin que si
même épître. Il a composé en outre divers vous ne l'y trouviez pas, vous pussiez con-
autres traités et des abrégés de cette épître, damner une opinion qui fût de moi, d'autant
qui suffiraient seuls pour servir de commen- plus que dans ma préface j'avoue franchement
taires. Je ne parle pas de Didyme qui est pour avoir suivi les commentaires d'Origène, et dicté
moi comme un prophète, ni d'Apollinaire, de mes pensées et celles des autres, et qu'à la fin
Laodicée qui est sorti depuis peu de l'Eglise, de ce même chapitre que vous blâmez j'ai dit :
ni de Théodore d'Héraclée, ni du vieil héréti- «Si quelqu'un ne partage pas ma manière de
que Alexandre, ni d'Eusèbe d'Emèse, qui tous voir, dans le passage où je montre que Pierre
nous ont laissé quelques commentaires sur la n'avait pas péché, et que Paul n'avait pas pu
même épître. Si de tous les écrits des auteurs reprendre avec arrogance un apôtre dont l'au-
que je viens de citer,je faisais quelques extraits,
torité était plus grande que la sienne, il doit
il en résulterait un livre considérable. J'avoue m'expliquer comment Paul a pu blâmer dans
franchement que j'ai lu tous ces ouvrages, et un autre, ce qu'il avait fait lui-même. » Parlà,
qu'en ayant retenu beaucoup de choses dans j'ai montré que je ne regardais pas comme
quelque chose de définitivement arrêté, ce que
ma mémoire, j'ai appelé un secrétaire, et lui
j'avais vu dans les auteurs grecs, mais que je
ai dicté tout ce qui venait de moi ou des autres,
mais sans ordre et sans me souvenir même me contentais d'exposer ce que j'avais lu, lais-
quelquefois des expressions et des pensées de sant au lecteur toute liberté d'admettre ou de
ces écrivains. Plaise à la miséricorde de Dieu
rejeter cette opinion.
que mon ignorance ne soit pas cause que ce 5. Mais vous, pour éluder ce que je deman-
qui a été bien dit par les autres soit perdu, et dais, vous avez eu recours à un nouveau rai-
sint legis faciendae tu nt episcopus in toto orbe pem apostolorum Petrum ausus est reprehendere,
noLissimus, debes hanc promulgare sententiam, et et arguere in faciem, acratione constringere, quod
in assensum tuum omnes coepiscopos trahere. Ego male fecerit, id est, in eo errore fuerit, in quo fuit
in parvo tuguriunculo, cum monachis, id est com- ipse, qui alium arguit delioquentem. Quid dicam
peccatoribus meis, de magnis staluere non audeo, de Johanne, qui (a) dudum in pontificali gradu
nisi hoc ingenue confiteri, me majorum scripta Constantinopolitanam- rexit ecclesiam, et proprie
legere, et in eommenlariis, secundum omnium super hoc capitulo latissimum exaravit librum, in
consuetudinem, varias ponere explanationes, ut et quo Origenis et veterum sententiam est sequutus ?
multis sequatur unusquisque quod velit. Quod qui- Si igitur me reprehendis errantem, patere me,
dem te puto etin saeculari litteratura, et in divinis quæso, errare cum talibus : et cum me erroris mei
libris legisse, et probasse. multos socios habere perspexeris, tu veritatis tuæ
6. Hanc autem explanationem, quam primus Ori- saltem unum adstipulatorem proferre dthebis. Hsec
genes in decimo Stromatum libro, ubi epistolam de explanatione unius capituli epistolse ad Gala-
Pauli ad Galatas interpretatur, et ceteri deinceps tas.
interpretes sunt sequuti, illa vel maxime caussa 7. Sed ne videar adversus rationem tuam niti te-
subintroduunt, ut Porphyriorespondeant blasphe- stium nurnero, etoccasionevirorum illustriumsub-
manti, qui Pauli arguit procacitatem, quod princi- terfugerc veritatem, nec manum audere conserere,
(a) 3.Chrysostomusdepositus primum an..403. circ, mens. Jul. tum an. 404. ipso die magni sabbati.
moi-même en lice avec vous, je citerai briève- Jésus-Christ. Or les Apôtres et les frères qui
ment des exemples tirés des Ecritures. Dans étaient en Judée apprirent que les Gentils
et dit à Pierre :
les Actes des Apôtres, une voix se fait entendre
a Lève-toi, Pierre, tue et
mange (Act., x, 13). » C'est-à-dire mange de
avaient reçu la parole de Dieu. Mais lorsque
Pierre se fut rendu à Jérusalem, les fidèles
circoncis discutaient contre lui en disant :
toutes sortes d'animaux, quadrupèdes, reptiles Pourquoi êtes-vous entré chez des hommes qui
de la terre, oiseaux du ciel. Cette parole nous n'étaient pas circoncis, et avez-vous mangé avec
?
fait voir que nul homme n'est souillé selon la
nature, mais que tous sont également appelés
eux
:
» Pierre leur ayant exposé ses raisons,
termiua ainsi son discours « Si Dieu leur a
voix :
à l'Evangile du Christ. Pierre répondit à cette
« Non, Seigneur, car je n'ai jamais
mangé rien d'impur ou de souillé. :> La voix
donné la même grâce qu'à nous qui avons cru
en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je moi,
?
pour m'opposer à Dieu Ayant entendu ces ,
:
du Ciel se fit entendre une seconde fois et dit
« N'appelle pas impur ce que Dieu a purifié. »
C'est pourquoi il s'en alla à Césarée, « et étant
:
paroles, ils se turent et glorifièrent Dieu, en
disant Dieu a donc donné la pénitence
aux
Gentils pour les conduire àlavie(Act.,xiv,21)?»
entré dans la maison de Corneille, il ouvrit la Longtemps après, Paul et Barnabé étant venus
:
bouche et dit En vérité, je vois bien que Dieu à Antioche, et ayant réuni les fidèles, « racon-
ne fait pas acception de personne, et que dans tèrent les grandes choses que Dieu avait faites
toute nation, celui qui le craint et opère la avec eux, et comment il avait ouvert la porte
justice lui est agréable. » Enfin, « le Saint-
;
Esprit descendit sur eux et les fidèles circoncis,
qui étaient venus avec Pierre, furent étonnés
de la foi aux Gentils. Quelques-uns venus de la
Judée instruisaient les frères et disaient Si
vous n'êtes pas circoncis suivant la coutume de
:
de voir que la grâce de l'Esprit-Saint se répan- Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Une grande
dait aussi sur les Gentils. Alors Pierre dit : sédition ayant éclaté contre Paul et Barnabé,
Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ils résolurent de monter à Jérusalem, » tant
?
ont reçu comme nous l'Esprit-Saint Et il or- ceux qui étaient accusés que ceux qui accu-
donna alors qu'il fussent baptisés au nom de saient, « et d'aller trouver les Apôtres et les
breviter de Scripturis exempla proponam. In Acti- tes receperunt verbum Dei. Cum autem adscen-
bus apostolorum, « vox facta est » ad Petrum di- dissetPelrus Jerosolymam, disceptabant adversus
cens; « Surge Petre, occide et manduca (Act., x, illum qui erant ex circumcisione, dicentes, Quare
13), id est, omnia animalia quadrupedum, et introisti ad viros prajputium habentes, et mandu-
serpentium terrae, et voJatilium cœli. Quo dicto, »
casti cum illis (Act., XI, 1 etseq.)? Quibus omni
ostenditur nullum hominem secundum naturam ratione exposita, novissirae orationem suam hoc
esse pollutum, sed sequaliter omnes ad Christi sermone conclusit : « Si ergo eamdem gratiam de-
Evangelium provocafi. Ad quod respondit Petrus : dit illis Deus, sicut et nobis qui credidimus in
« Absit, quia numquam manducavi commune et
immundum. Et vox ad eum de ctelo secundo facta
est, dicens : Quae Deus mundavit, tu ne commune
possem prohibere Deum ?
Dominum Jesum Christum ; ego quis eram, qui
His auditis, tacuerunt ;
et glorificaverunt Deum,dicentes, Ergo et gentibus
Deus psenitentiam ad vitam dedit (Act., XIY, 2i). »
dixeris. » Ivit itaque Cæsaream ; et ingressus ad
Cornelium, « aperiens os suum, dixit; In veritate
comperi, quia non est personarum acceptor Deus
sedinomni gente, qui timet eum, et operatur
: nabas venissent Anliochiam ;
Rursum, cum multo post tempore Paulus et Bar-
et, congregata eccle-
sia, retulissent « quantafecissetDeus cum illis; et
justitiam, acceptus est illi. » Denique « cecidit Spi- quia aperuisset Deus gentibus ostium fidei; quidam,
ritus-sanctus super eos, et obstupuerunt ex cir- descendentes de Judfea, docebant fratres atque
cumcisione fidèles, qui venerant cum Petro, quod dicebant, Nisi circumcidamiui secundum morem
:
et in nationes gratia Spiritus-sancti fuisset effusa.
Tunc respondit Petrus Numquid aquam quis pro-
hibere potest, ut non baptizentur hi, qui Spiritum-
Moysi, non potestis salvi fieri. Commota igitur se-
ditione non minima adversus Paulum et Barna-
bam, statuerunt adscendere » et ipsi, qui accusa-
?
sanclum acceperunt, sicut et nos Et jussit eos in bantur, et hi qui accusabant, « ad Apostolos et
nomine Jesu Christi baptizari. Audierunt tamen presbyteros Jerosolymam super hac qusestione.
Apostoli et fratres qui erant in Judsca, quia et gen- Cumque Jerosolymam perrexissent, exsurrexerunt
anciens pour les interroger sur cette question. premier, l'avait déclaré et décrété. Enfin l'au-
Lorsqu'ils furent arrivés à Jérusalem, quelques.
uns des Pharisiens qui avaient cru en Jésus-
:
Christ se levèrent en disant Il faut les circoncire
son épître aux Galates, écrivit :
torité de Pierre fut si grande, que Paul, dans
« Trois ans
après, je me rendis à Jérusalem pour visiter
et leur ordonner de garder la loi de Moïse. Ces Pierre, et je demeurai quinze jours auprès de
paroles ayant soulevé une grande discussion,
Pierre, avec sa liberté ordinaire, dit à l'assem-
lui (Gal., 1, 18) » et plus loin il dit aussi
Quatorze ans après, je montai de nouveau à
:
blée : Vous savez, frères, qu'il y a longtemps Jérusalem avec Barnabé, ayant pris Tite avec
que Dieu m'a choisi pour faire entendre aux nous. Mais j'y montai par suite d'une révéla-
Gentils, par ma bouche, la parole de l'Evangile, tion, et je leur exposai l'Evangile que je prêche
et pour qu'ils croient; et Dieu qui connaît les au milieu des Gentils (Gal., II, 1).» Paul montre
cœurs, leur a rendu témoignage en leur don- par là qu'il n'aurait pas été assez sûr de lui-
nant l'Esprit-Saint comme à nous, et n'a fait même pour prêcher l'Evangile, s'il n'avait pas
aucune différence entre nous et eux, en puri- été encouragé et rassuré par l'approbation de
fiant leurs cœurs par la foi. Maintenant, pour-
quoi tentez-vousDieu, en voulant imposer aux
disciples un joug que ni vos pères, ni vous,
:
Pierre et de ceux qui étaient avec lui. Aussi
ajoute-t-il « J'exposai ma doctrine en parti-
culier à ceux qui paraissaient avoir quelque
?
n'avez pu supporter Mais nous croyons que autorité, de peur de courir ou d'avoir couru en
parla grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ vain. » Pourquoi dit-il en particulier et non en
nous serons sauvés, et eux comme nous. Alors ?
public C'était pour ne pas scandaliser la foi
toute J'assemblée garda le silence (Act., xv), » des fidèles Juifs, qui croyaient l'observation de
et l'apôtre Jacques et tous les anciens furent du la loi nécessaire même pour ceux qui croyaient
même avis que Pierre. dans le Sauveur. Ce fut donc dans le temps où
8. Tout ce que je viens de dire ne doit pas Pierre était allé à Antioche (ce qui ne se trouve
ennuyer le lecteur, mais, au contraire, cela lui pas dans les Actes, mais il faut en croire l'af-
sera aussi utile qu'à moi, pour prouver qu'avant firmation de l'Apôtre), que Paul, comme il
l'apôtre Paul, Pierre n'avait pas ignoré que la l'écrit, lui résista en face, parce qu'il était
loi n'était plus obligatoire après la prédication répréhensible. En effet, avant l'arrivée de ceux
de l'Evangile, et que bien plus, c'est lui qui, le qui vinrent de la part de Jacques, Pierre man-
in Christum, dicentes ;
quidam de hæresi Pharisseorum, qui crediderant
Oportet circumcidi eos, et
prepcipere illis, ut servent Legem Moysi, et cum
ut Paulus in epistola sua scripserit: « Deinde post
annos tres veni Jerosolymam videre Petrum, et
mansi apud eum diebus quindecim (Gal., 1, 13).»
magna super hocverbo oriretur quæstio; Petrus » Rursumque in consequentibus; « Post annos qua-
solita libertate, « Viri, » iuquit: « fratres, vos scitis, tuordecim adscendi iterum Jerosolymam cum Bar-
quoniam ab antiquis diebus in nobis elegit Deus naba assumto et Tito. Adscendi autem secundum
credere :
per os meum audire gentes verbum Evangelii, et
et qui novit corda Deus, testimonium
perhibuit, dans illis Spiritum-sanctum, sicut et
revelationem, et exposui eis Evangelium quod prae-
dico inter gentes (Gal., II, 1) :» ostendens se non
habuisse securitatem Evangelii praedicandi, nisi
nobis, et nihil discrevit inter nos et illos, fide puri- Petri, et qui cum eo erant, fuisset sententia robo-
ficans corda illorum. Nunc autem quid tentatis ratus. Statimque sequitur; « Separatim autem
Deum, imponere jugum super cervicem discipulo- his, qui videbantur aliquid esse, ne forte in va-
rum, quod neque patres nogtri, neque nosportare
potuimus? Sed per gratiam Domini nostri Jesu
cuum currerem aut cucurrissem.
et ? » Quare separa-
ting non in publico Ne forte fidelibus ex nu-
Christi credimus salvari, quemadmodum et illi. mero Judseorum, qui Legem putabantesse servan-
Tacuit autem omnis multitudo (Act., xv), » et in dam, et sit credendum in Domino Salvatore, fidei
sententiam ejus Jacobus Apostolus, et omnes simul scandalum nasceretur. Ergo et eo tempore cum
presbyteri transierunt. Petrus venisset Antiochiam (licet hoc Apostolorum
8. Hæc non debent molesta esse lectori, sed et illi acta non scribant, sed affirmanti Paulo credendum
et mihi utilia, ut probemus, ante apostolum Pau- sit) in faciem illi Paulus restitisse se scribit, quia
lum non ignorasse Petrum, immo principem hujus reprehensibilis erat. Prius enim quam venirent
fuisse decreti, Legem post Evangelium non esse quidam aJacobo, cum gentibus edebat: cum autem
servandam. Denique tantæ Petrus aucloritatis fait, venissent, subtrahebat se, et segregabat, timens
geait avec les Gentils, mais après leur arrivée, feindre de l'observer; voyons si Paul, qui a
;
il se retirait, et se séparait des Gentils, crai-
gnant les reproches des circoncis de sorte que
les autres Juifs, ainsi que Barnabé, usèrent de
repris Pierre, n'en a pas fait autant que lui.
Nous lisons dans le même livre des Actes
« Paul parcourait la Syrie et la Cilicie, affer-
:
la même feinte. « Mais lorsque je vis, dit Paul, missant les églises dans la foi. Il arriva à Derbe
qu'ils ne marchaientpas droit selon la vérité et à Lystra, et voilà qu'un disciple était là,
:
de l'Evangile, je dis à Pierre en présence de
tous Si vous, qui êtes Juif, vous vivez comme
les Gentils et non pas comme les Juifs, pourquoi
nommé Timothée, fils d'une veu^e^qjj^^yait
embrassé la foi, et d'un père gentil. Les frères
qui étaient à Lystra et à leone rendirent un
forcez-vous les Gentils à judaïser, etc. ? » Il est bon témoignage à ce disciple. Paul voulut qu'il
donc hors de doute que Tapôtre Pierre a été le partît avec lui, et l'ayant pris, ille circoncit à
premier à porter l'ordonnance dont on l'accuse cause des Juifs qui étaient en ces lieux-la ; car
d'avoir été le prévaricateur. Mais ce qui l'a tous savaient que le père de ce Timothée était
porté à agir ainsi, c'était uniquement la crainte »
gentil (Act. xv, 41). 0 bienheureux apôtre
des Juifs. En effet, l'Ecriture dit que Pierre Paul, vous reprochez à Pierre d'avoir usé de
mangeait d'abord avec les Gentils, mais à l'ar- la
feinte en se séparant des Gentils, dans crainte
rivée de ceux qui avaient été envoyés par Jac- de scandaliser les Juifs qui étaient venus de la
ques, il se retirait et s'en séparait pour éviter part de Jacques ! Pourquoi, contre votre opi-
les reproches de ceux qui étaient circoncis. Il nion, avez-vous circoncis Timothée, fils d'un
craignait de voiries Juifs, dont il était l'Apôtre, gentil et gentillui-même, car il n'était pas juif
renoncer à la foi de Jésus-Christ à l'occasion de puisqu'il n'avait pas été circoncis? Vous me
ce qu'ils voyaient faire aux Gentils, et comme répondrez que c'était à cause des juifs qui se
le bon pasteur, il craignait de perdre le trou- trouvaient là. Vous qui vous pardonnez d'avoir
peau confié à sa garde. circoncis un disciple sorti des Gentils,ayez donc
9. Maintenant que nous avons fait voir la la même indulgence pour Pierre votre ancien,
droiture des sentiments de Pierre concernant s'il a fait quelque chose par la crainte des juifs
l'abolition de la loi de Moïse, et que la crainte
seule de scandaliser les Juifs l'avait porté à :
devenus chrétiens. Nous lisons encore dans le
même livre des Actes « Paul, après avoir en-
eos qui ex circumcisione erant. Et consenserunt videamus, an ipse Paulus, qui alium arguit, tale
cum illo ceteri Judæi, ita ut et Barnabas adducere- quid feuerit. Legimus in eodcin libro : » Perambu-
tur ab his in illam simulationem. « Sed cum
vídíssem,» inquit, « quod non recte ingrediuntur
ád veritatem Evangelii, dixi Petro coram omnibus,
:
ecclesias
et
labat autem Paulus Syriam, Ciliciam,.confirmans
pervenitque in Derbem, et Listram, et
ecce discipulusquidameratibi, nomine Timotheus,
Si tu, cum sis Judaeus, gentiliter et non Judaice vi- filius mulieris viduae fidelis, patre autemgentili.
vis; quomodo cogis gentesJndaizare? »
et cetera.
Nulli ergo dubium est, quod Petrus apostolus sen-
Huic testimonium reddebaut, qui Listris erant et
Iconio fratres. Hune voluit Paulus secum proficisci;
tentiae hujus. cujus nunc prsevaricator arguitur, et assumens circumcidit eum propter Judseos, qui
primus auctur exstiterit. Caussa antein prævarica- erant in illis locis. Sciebant enim omnes quod pater
quod primum edebat cum gentibus :
tionis, timor est Judfeorum. Dicit enim Scriptura,
cum autem
venissent quidam aJacobo, subtrahebat se et segre-
ejus gentilis esset (Act., xv, 41 ; Act., XVI, 1). 0
beate apostole Paule, qui in Petro reprehenderas
simulationem, qua subtraxit se a gentibus propter
gabat, timens eos qui ex circumcisione erant. metum Judaeorum, qui a Jacobo venerant, cur Ti-
Timebat autem Judæos, quorum erat Apostolus : motheum, filium hominis gentilis, utique et ipsum
ne per occasionem gentilium a fide Christi recede- gentilem, (neque enim Judaeus erat, qui non fuerat
rent, et imitator pastoris boni, perderet gregem circumcisus) contra sententiam tuam circumcidere
sibi creditum. cogeris? Respondebis mihi; Propter Judæos, qui
9. « Sicut ergo ostendimus, Petrum bene quidem erant in illis locis. Qui igitur tibi ignoscis in cir-
sensisse de abolitione Legis Mosaicae, sed ad simu- cumcisione discipuli venientis ex gentibus; ignosce
lationem (a) observandæ ejus timore compulsum : et Petro,prsecessorituo,quodaliqua feceritinetu tide
lium Jndæorum. Rursum scriptum est: Paulus vero est? Utique oportet convenire multitudinem : audie-
cum adhuc sustinuisset dies multos, fiatribus vale- runt enim te supervenisse. Hoc ergo fac quod tibi
dicens, navigavit Syriam, et cum eo Priscilla et dicimus;Sunt nobis viri quatuor votum liabentes
Aquila: et totundit sihi in Cencbreii caput; Yotnm
:
super se, his assumptis, sanctifica te cum ipsis, et
enim habuerat. « Esto, ut ibi timore Judæorum impende in eos, ut radant capita et scient omnes,
compulsus sit facere quod noltbat; quare comim quia quae de te audierunt, fulsa sunt: sed ambulas
nutrivit ex voto, et postea eam in Cenchris totun- et ipse custodiens Legem. Tunc Paulus, assumptis
dit ex Lege, quod Nazarei, qui se Deo voverint, viris, postera die puritica,tns, cum illis intravit in
juxta prseccptum Moysi facre consueverunt (Num., templum, annuntians expletionem dierym purifica-
vi, 18)?» tionis, dOllee offerretur pro unoquoque eorum obla-
10. «Verum hæc ad comparationem ejus rei, quae tio (Ibid., 29). 0 Paule, et in hoc te rursns inter-
scquitur, parva sunt. Refert Lucas, sacræ historic rogo, cur caput raseris; cur nudipedalia exercueris
scriptor; » Cum venissemus JerosoJymam, libenter deceiimoniis Judaeorum;cur obtuleris sacrificia,
susceperunt nos fratres (Act., XXI,47): « Et se- et secundum Legem liostiae pro te fuorint immola-
quenti die Jacobus et omnes seniores qui cum eo tsePUttque respondebls; Ne scandalizarenlur qui
»
crant, Evagelio illius comprobato, dixerunt eí : (X Judeeis crediderant. Simulasti ergo Judaeum ut
Judseos lucrifaccrès: et banc ipsam simulationem
Vides frater quot millia sunt in Judæa, qui credi-
derunt in Christum, et hi omnes semulatores sunt Jacobus et ceteri te docuere presbyteri, sed tamen.
Legis. Audierunt autem de te quod, discessionem evadere non potuisti. Orta enim seditione cum occi-
doceas a Moyse, eorum qui per gentes sunt Judæo- dendus esses (Act., XXllJ, 23), raptus es a tribuna,
rum, dicens non debere eos circumcidere filios suos, et ab eo missus Caesaream,subcustodia militum dili-
neque secundumconsuetudinemingredi. Quid ergo genti, neteJudaci quasi simulatorem ac.destructo-
,
l'Evangile aux Juifs et aux Gentils, dans une
maison que vous aviez louée et enfin vous
scellâtes de votre sang, sous le glaive de
quelque chose de meilleur à dire, puisque vous
blâmez le sentiment des anciens.
12. Vous m'écrivezdans votre lettre que ce
Néron, la doctrine que vous enseigniez (Act., n'est pas à vous à m'apprendre comment on
XXVIII). doit entendre les paroles de ce même Apôtre :
11. Nous venons de voir que par crainte des « Je me suis fait Juif avec les Juifs pour gagner
Juifs, Pierre et Paul feignirent également les Juifs (Cor., II, 20); » et tout ce qu'il ajoute
d'observer les préceptes de la loi. De quel dans le même endroit, non par une espèce de
front, avec quelle audace Paul peut-il donc feinte et de mensonge, mais par compassion et
reprendre dans un autre ce qu'il a fait lui- miséricorde. C'estainsi que celui qui soigne un
même? J'ai montré, et beaucoup d'autres avant malade se fait en quelque sorte malade lui-
moi ont montré pour quelle cause ces deux même, non en faisant semblant d'avoir la fièvre
Apôtres avaient agi ainsi. Ces auteurs ne vou- comme lui, mais en entrant dans l'esprit du
laient certainement pas défendre le mensonge malade, pour voir comment il voudrait être
officieux, comme vous le dites, mais ensei- servi s'il était malade lui-même; car saint Paul
gnaient une sage conduite. Leur but était de était Juif, et après être devenu Chrétien, il n'a-
faire voir la prudence des Apôtres et de répri- vait pas rejeté les sacrements des Juifs, que ce
mer l'impudence du blasphémateur Porphyre, peuple avait reçus dans le temps de la loi, 'Bt
qui reproche à Pierre et Paul de s'être disputés comme il convenait à son état. Il les garda,
comme des enfants, et quiprétend même que lorsque déjà il était apôtre de Jésus-Christ,
Paul, enflammé de jalousie contre la vertu de mais seulement pour montrer qu'ils n'étaient
Pierre, s'était vanté d'avoir fait ce qu'il n'avait pas pernicieux à ceux qui, les ayant reçus de
pas fait. Il ajoute que si Paul l'avait fait, il leurs pères selon les règles de la loi, voudraient
avait insolemment reproché à un autre la
;
faute y rester attachés, même en croyant en Jésus-
que lui-même avait commise. Ces interprètes Christ mais il leur montrait en même temps
ont expliqué ce passage de l'Epître aux Galates qu'ils ne devaient pas mettre, dans ces signes
comme ils l'ont pu, mais vous, comment religieux, l'espérance du salut, parce que le
?
pourrez-vous l'expliquer Vous avez sans doute salut représenté par ces sacrements était des-
:
rem Legis occiderent atque inde Romam perve- tum locum edisseres? utique meliora dicturus, qui
tum et Judæis et gentibus prædicasti :
niens, in hospitio, quod tibi conduxeras, Chris-
et sen-
tentia tua Neronis gladio confirmata est (Act., XXVIII,
veterum sententiam reprobasti.
CAPUT IV.
« Neque
enim
12. Scribis ad me in epistolatua.
—
a me docendus es, quomodo intelli-
14-38). gatur quod idem Apostolus dicit (Epist., IX).»
11. Didicimus, quod propter metum Judæorum, Factus sum Judæis tamquam Judæus, ut Judæos lu-
et Petrus et Paulus æqualiterfinxerint se Legis præ- crifacerem (I Cor., IX, 20), « Et cetera quæ ibi di-
cepta servare. Qua igitur fronte, qua audacia Pau- cuntur compassione (a) misericordiæ,non simulatione
lus inaltero reprehendat quod ipse commisit? Ego, fallaciæ. Fit enim tamquam æger, qui ministrat
immo alii ante me exposuerunt caussam, quam ægroto, non cum se febres habere mentitur, sed
quemadmodum sibi I
putaverant, non officiosum mandacium defendentes, cum animo condolentis cogitat,
sicut tu scribis, sed docentes honestam dispensatio- serviri vellet, si ipse ægrotaret. Nam utique Judæus
nem; ut etApostolorum prudentiam demonstra- erat; Christianus autem factus, non Judæorum sa-
populus,
rent, et blasphemantis Porphyrii impudentiam coer-
cerent, qui Petrum etPaulum ~pueili dicit inter se
cramenta reliquerat, quæ convenicnter ille
et legitimo tempore, quo oportebat, acceperat :
pugnasse certamine ; immo exarsisse Paulum in in- ideoque suscepit ea celebranda cum jam Christi es-
vidiam virtutum Petri, et ea scripsisse jactanter, setApostolus, ut doccret non esse perniciosahisqui
quæ vel non fecerit, vel si feccrit, procaciterfecerit ea vellent, sicut a
parentibus per Legem accepe-
credidis-
id in alio reprehendens, quod ipse commiserit. rant, custodire, etiam cum in Christum
Interpretati sunt illi ut potuerunt: tu quomodo is- sent; non tamen in eis jam constituerent spem sa-
(a) MSS. octo, compassionemisericerd i, non simulatione fallaci-
cendu sur la terre avec l'avénement de Jésus- la loi nouvelle, sans renoncer à l'ancienne. Que
Christ. » Le sens de tout ce que vous me dites dirai-je des Ebionites qui feignent d'être Chré-
dans votre longue discussion se réduit à ceci : ?
tiens Il y a eu jusqu'à ce jour, dans toutes les
Pierre n'a point commis d'erreur, en pensant synagogues de l'Orient, une secte juive et hé-
que ceux des Juifs qui avaient cru en Jésus- rétique qu'on appelle les Minéens, et que les
Christ devaient observer la loi, mais il a com- Pharisiens condamnent sous le nom de Naza-
mis une faute en forçant les Gentils à judaïser,
sans les y contraindre toutefois par l'autorité ;
réens. Ces Minéens croyent en un Christ Fils
de Dieu, né de la Vierge Marie ils disent qu'il
de son exemple ;
de son enseignement, mais seulement par celle
Paul, de son côté, n'a rien
dit de contraire à ce qu'il avait fait, en repro-
a souffert sous Ponce Pilate, et qu'il est ressus-
cité. C'est le même Christ dans lequel nous
croyons. Mais ces hérétiques, en voulant être
chant à saint Pierre d'obliger les Gentils à Juifs et Chrétiens, ne sont ni Chrétiens ni Juifs.
judaïser. Je vous prie donc, vous qui voulez guérir
13. En somme, toute la question, ou plutôt la petite blessure que j'ai faite, et qui n'est
votre pensée, se réduit à dire qu'après avoir pour ainsi dire qu'une piqûre, un point d'ai-
reçu l'Evangile de Jésus-Christ, les Juifs qui guille, je vous prie, dis-je, de songer à remé-
croient font bien d'observer les préceptes de la dier à la blessure que, par votre sentiment,
loi, c'est-à-dire d'offrir des sacrifices comme vous faites à l'Eglise avec le fer d'une lance et
Paul en avait offert, de circoncire leurs fils, avec la violence d'un javelot. Autre est le
comme Paul avait circoncis Timothée, et d'ob- crime d'exposer les divers sentiments des an-
server le sabbat, comme tous les Juifs l'obser- ciensdans l'interprétation des saintes Ecritures,
vent. Or, si vous êtes dans le vrai, nous tom- autre est celui d'introduire de nouveau dans
bons dans l'hérésie de Cérinthe et d'Ebion, le sein de l'Eglise la plus criminelle des héré-
qui,après avoir embrassé la foi de Jésus-Christ, sies. Si nous étions réduits à la nécessité de
furent anathématisés par nos Pères, par cela recevoir parmi nous les Juifs avec toutes leurs
seul qu'ils voulaient mêler les cérémonies ou pratiques religieuses, et de leur permettre
les pratiques religieuses de la loi à l'Evangile d'observer dans les églises du Christ ce qu'ils
du Christ, et qu'ils confessaient et embrassaient observent dans les synagogues de Satan, je
lutis, quoniam per Dominum lesum salus ipsa qua1 nias Christi Evangelio miscuerunt, et sic nova con-
illis sacramentis significabatur, advenerat. » Totius fessi sunt, ut vetera non omitterent. Quid dicam de
sermonis tui, quem disputatione longissina pro- Hebionitis,quiChristianos esse se simulant? Usque
traxisti hic sensus est,• ut Petrus non erraverit in hodie per totas Orientis synagogas inter Judæos hæ-
eo, quod his, qui ex Judæis crediderant, putaverit resis est, quae dicitur Mineorum, et a Pharisæis
Legem esse servandam; sed in eo a rectilinea de- nunc usque damuatur, quos vuljro Nazaræos nun,
viarit, quod gentes coëgerit Judaïzare. Coëgerit au- cupant, qui credunt in Christum Filium Dei natum
tem non docentis imperio, sed conversationis exem- de virgine Maria, et cum dicunt esse, qui sub Pon-
plo. Et Paulus non contraria sit loquutus his quæ tio Pilato passus est, et resurrexit, in quem et nos
ipse gesserat; sed quare Petrus eos, qui ex gentibus credimus : sed dum volunt et Judæi esse et Chris-
erant, Judaizare compelleret. tiani, nee Judæi sunt uec Christiani. Oro ergo te
13. Hæc ergo summa est quæstionis, immo sen- ut, qui nostro vulnusculo medendum putas, quod
tentiæ tuæ, ut post Evangelium Christi, benefaciant acu foratum, immo punctum, ut dicitur, hujus sen-
Judæi credentes, si Legis mandata custodiant; hoc tentiæ medearis vulneri, quod lancea, et ut ita di-
est si sacrificia offerant, quæ obtulit Paulus; si fi- cam (a), phalaricæmole percussumest.Nequeenim
lios circumcidant, si sahbatum servent, ut Paulus ejusdem est criminis in explanatione Scripturarum
in Timotheo, et omnes observavereJudæi. Si hoc ve- diversas majorum sententias ponere, et hæresim
;
rum est in Cerinthi et Hebionis hæresim delabi-
mur, qui credentes in Christum, propter hoc solum
sceleratissimam rursum in ecclesiam introducere.
Sin autem hæc nobis incumbit necessitas, utJudæos
a patribus anathematizati sunt, quod Legis cerimo- cum legitimis suis suscipiamus, et licebit eis obser-
(a) Phalarica genns teli est, in modum hastæ prægrandi ferro mumturn, quod tortilibus nervis, aut machina quædam
bellica magno impetu mittebatur. -
vous dirai franchement que ce ne serait pas eux Gentil (Rom., x, 4). » Puisque si les Juifs
en
qui deviendraient Chrétiens, mais nous qui étaient exceptés, Jésus-Christ ne serait pas la
nous ferions Juifs. fin de la loi pour justifier ceux qui croient.
: :
14. Quel est le chrétien qui pourrait enten- C'est ce que l'Evangile nous apprend par ces
dre tranquillement ce que vous me dites dans paroles « La loi et les Prophètes ont duré
votre lettre « Paul était Juif, et après être de- jusqu'à Jean-Baptiste (Matt., XI, 13) Luc, ;
venu chrétien, il n'avait pas rejeté les sacre- XVI, 18), » et ailleurs : « C'est pourquoilesJuifs
ments des Juifs que ce peuple avait reçus dans cherchaient à le faire mourir, non-seulement
le temps de la loi, et comme il convenait alors. parce qu'il avait violé le sabbat, mais parce qu'il
Paul les garda lorsque déjà il était apôtre de disait que Dieu était son père, se faisant égal à
Jésus-Christ, mais seulement pour montrer Dieu (Jean, V, 18). » Et nous lisons encore
qu'ils n'étaient pas pernicieux à ceux qui, les « Nous avons tous reçu de sa plénitude, grâce
:
ayant reçus de leurs parents selon les règles de pour grâce, car la loi a été donnée par Moïse,
la loi, voudraient y rester attachés, même en mais la grâce et la vérité ont été données
croyant en Jésus-Christ. » Je vous en supplie par Jésus-Christ (Jean, 1, 16). » A la place de la
de nouveau, souffrez que j'exprime ici toute grâce de la loi qui a passé, nous avons reçu la
ma douleur. Quoi, Paul observait les cérémo- grâce permanente de l'Evangile, et au lieu des
nies des Juîfs, lorsque déjà il était apôtre de ombres et des figures de l'Ancien Testament,
Jésus-Christ, et elles n'ontrien de pernicieux, la vérité nous est venue par Jésus-Christ. N'est-
dites-vous, pour ceux qui voudraient y rester ce pas ce que nous apprend aussi le prophète
! :
attachés selon la tradition de leurs pères Pour Jérémie, lorsqu'il met dans la bouche de Dieu
moi, je dis au contraire, et je proclame libre- ces paroles « Le temps viendra, dit le Sei-
ment en face de l'univers entier, que les céré- gneur, que je ferai une nouvelle alliance avec
monies religieuses des Juifs sont pernicieuses la maison d'Israël et la maison de Juda, non
et mortelles pour les chrétiens, et que quicon- pas comme celle que je fis avec leurs pères, au
que, soit des Juifs, soit des Gentils, les observe, jour où je les pris par la main pour les tirer
une fois qu'il est devenu chrétien, tombe dans de la terre d'Egypte (Jer., xxxii, 31). » Re-
le gouffre du démon. « Car le Christ est la fin marquez bien que ce n'est pas au peuple des
de la loi pour justifier tout croyant, Juif ou Gentils qui n'avaient encore reçu aucun Tes-
varein ecclesiis Christi quod exercuerunt in syna- scilicet et gentili (Rom., x, 4). » Neque enimomni
gogis satanæ: dicam quod sentio, non illi Chris- credenti erit fiuis ad justitiam, si Judæus excipitur.
tiani fient, sed nos Judæos facient. Et in Evangelio legimus, « Lex et Prophetæ usque
14. Quis enim hoc Christianorumpatienter au- ad Johannes Baptistam (Matt, II, 23. Luc, XVL
diat, quod irJ. tua epistola continetur: « Judæus erat 26). » Et in alio loco, « Prupterea ergo magis quae-
Paulus; Christianus autem factus, non Judæorum rebant eum Judæi interficere, quia non solum sol-
sacramenta reliquerat, quæ convenienter ille popu- vebat sabbatum; sed et Patrem suum dicebat esse
lus et legitimo tempore quo oportebat, acceperat : Deum, æqualem se faciens Deo (Johan., v, 28). »
ideoque suscipit celebranda ea cum Christi esset Et iterum, « De plenitudine ejus nos omnes accepi-
apostolus ; ut doceret non esse perniciosa his, qui mus, et gratiam pro gratia, quia Lex per Moysen
ea vellent, sicut a parentibus per Legem accepe- data est; gratia autem et Veritas per Jesum Chris-
rant, custodire. » Rursum obsecro te, ut pace tua tum facta est (Johan. i„ 16). » Pro Legis gratia, quæ
meumdoloremaudias. Judæorum Paulus cerimo- præteriit, gratiam Evangelii accepimus permanen-
nias observabat,cum jam Christi esset apostolus, tem , et pro umbris, et imaginibus veteris Instru-
et dicis eas non esse perniciosas his, qui eas vel- menti, veritas per Jesum Christum facta est. Iere-
?
lent, sicut a parentibus acceperant, custodire Ego mias quoque ex persona Dei vaticinatur, « Ecce
dies veniunt, dicit Dominus, et consummabo do-
e contrario loquar, cerimonias Judæorum et perni-
ciosas esse,et mortiferas Christianis; et quicumque mui Israel, et domui Juda testamentum novum,
disposui patri-
eas observaverit, sive exJudæis, siveexgentibus, non secundum testamentum, quod
eum in barathrum diaboli devolutum. « Finis enim bus eorum, in die, quando apprehendi manum eo-
Legis Christus, ad juslitiam omni credenti, Judæo rum, ut educerem eos de terra Ægypti (Jer., XXXI,
ment, que Dieu promet le Nouveau Testament accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une
de l'Evangile, mais au peuple Juif auquel il femme et soumis à la loi, pour racheter ceux
avait donné la loi par Moïse, afin que désormais qui étaient sous la loi, et pour nous rendre ses
il ne vécût plus dans l'ancienneté de la lettre, enfants adoptifs, afin que nous ne vivions
mais dans le renouvellement de l'esprit. Paul plus sous le pédagogue, mais sous l'héritier
lui-même, au nom duquel s'élève la question adulte et Seigneur;
qui nous occupe, parle de la même manière 15. Vous dites encore dans votre lettre :
ment quelques-uns :
dans plusieurs passages dont je citerai seule-
« Voilà que moi, Paul, je
vous dis que si vous êtes circoncis, le Christ ne
« Que Paul n'a pas repris Pierre pour avoir
observé les traditions de ses pères; que s'il
avaitvoulu les suivre il l'aurait pu sans dissi-
vous sert de rien(Gal.,v,2). » et encore: mulation et sans inconvenance. » Pour moi je
« Vous êtes éloignés du Christ vous qui placez vous dis, puisque vous êtes évêque, et maître
;
votre justice dans la loi vous êtes déchus dela
grâce (Gal., v, 2). » Et plus bas encore : « Si
32). Observa quid dicat, quod non populo genti- nichæum et Marcionem destruamus, quam et sanc-
»
lium (a), et qui ante non receperat Testamentum,
sed populo Judæorum, cui Legem dederat perMoy-
tam et spiritalem juxta Apostolum novimus sed
quia postquam fides venit, et temporum plenitudo,
:
sen Testamentum novum Evangelii repromittat; ut
nequaquam vivant in vetustate litteræ, sed in novi-
tate spiritus. Paulus autem, super cujus nomine
:
misit Deus Filium suum (b) factum ex muliere, fac-
tum sub Lege ut eos, qui sub Lege erant, redime-
ret; ut adoptionem filiorum reciperemus (Gal., IV,
nunc quæstio ventilatur, crebras hujuscemodi 4); et nequaquam sub pædagogo, sed sub adulto et
ponit sententias; etquibus,brevitatis studio, pauca Domino herede vivamus.
subnectam; « Ecce ego Paulus dicovobis, quo- 15. Sequitur in epistola tua; « Non ideo Petrum
niam, si circumcidami, Christus vobis nihil prodest emendavit, quod paternas traditiones observaret;
(Gal., v,2). » Et iterum; « Fvacuati estis a Christo, quod si facere vellet, nec mendaciter, nec incongrue
qui in Lege justificamini; a gratia excidistis. » Et faceret. » Iterum dico, Quandoepiscopus es, eccle-
infra; « Si spiritu ducimini,jam non estis subLege siarum Christi m'agister, ut probes verum esse quod
(ibid., 4). » Ex quo apparet, qui sub Lege est, non asseris, suscipe aliquem Judæorurn, qui factus
dispensative, ut nostri voluere majores, sed vere, Christianus, natum sibi filium circumcidat, qui ob-
ut tu intelligis, eum Spiritum-sanctum non habere. servet sabbatum, qui abstineat a cibis, quos Deus
Qualia sintautem prsecepta legalia,Deodocentc (Hsca- creavit ad utendum cum gratiarum actione, qui
mus « Ego, inquit,«dedieis præceptat non bona, quarto-decimo die mensis primi agnum maclet ad
etjustificationesinquibus non vivant in eis (Ezech., vesperam ; et cum hoc feceris, immo non feceris,
XX, 25), » Hæc dicimus, non quod Legem juxta Ma- scio enim te Christianum, et rem sacrilegam non
? :
Quel est-ce donc ce mal qui était dans les Juifs bles au salut. Que voulez-vous dire par ces
et que Paul a rejeté C'est qu'ignorant la jus- mots « Sans être indispensables au salut?» Je
tice de Dieu, et voulant y substituer leur pro- ne le comprends pas bien. Si elles ne procu-
à
pre justice, ils ne sont pas soumis la justice rent pas le salut, pourquoi les observer? Si
de Dieu. Ensuite, parce qu'après la passion et l'on doit les observer, c'est que probablement
la résurrection de Jésus-Christ, après l'institu- elles donnent le salut, puisque c'est la fidélité
tion et la manifestation du sacrement de la à les observer qui fait les martyrs. En effet, on
grâce,-selon l'ordre de Melchisédech, ils vou- ne les observerait pas, si elles n'apportaient
laient toujours célébrer les sacrements anciens, pas le salut. Car on ne peut pas les mettre au
non pour maintenir la coutume d'une antique nombre de ces choses indifférentes, qui tien-
solennité, mais comme nécessaires au salut ;nent le milieu entre le bien et le mal, comme
quoique si ces sacrements n'avaient pas autre- le disent les philosophes. La continence est un
fois été nécessaires, le martyre des Machabées bien, la luxure est un mal. Marcher, digérer sa
eût été infructueux. Enfin ce qui le sépara des nourriture, se moucher, cracher, tout cela est
Juifs, ce fut la haine avec laquelle ils poursui- indifférent. Ce n'est ni bien ni mal. Qu'on le
vaient, comme ennemis de la loi, les prédica- fasse, ou qu'on ne le fasse pas, on n'en est ni
teurs de la grâce chrétienne. Tels sont les er- plus ni moins juste. Mais observer les pratiques
reurs et les vices que, dans son ardeur pour religieuses de la loi n'est pas chose indiffé-
gagner Jésus-Christ, il méprisait et regardait rente. C'est un bien ou c'est un mal. Vous dites
comme une boue impure. »
; ;
que c'est un bien moi je soutiens que c'est un
16. Voilà donc, d'après vous, ce que Paul a mal un mal non-seulement pour les Gentils
;
rejeté comme mauvais dans les Juifs ensei- qui ont cru, mais aussi pour les Juifs qui ont
esse facturum) velis nolis, tuam sententiam repro- dicit se damna etutstercoraarbitratum, utChris-
tumlucrifaceret.»
:
babis; et tunc scies opere difticilius esse confir-
mare sua, quam alienare repehendere. Ac no 16. Didicimus per te, quæ apostolus Paulus mala
forsitan tibi non crederemus; immo non in- reliquerat Judæorum rursum te docente discamus,
telligeremus quid diceres, (Frequenter enim quae bonaeorum tenuerit. «Observationes, inquies,
in longum sermo protractus, caret intelligen- Legis; quas more patrio celebrant, sicut ab ipso
tia; et dum non sentitur, ab imperitis minus rè- Paulo celebratæ sunt, sine ulla salutis necessitate.»
prehenditur) inculcas, et replicas : « Hoc ergo Id quid velis dicere, Sine ulla salutis necessitate,
Judæorum Paulus dimiserat, quod malum habe- non satis intelligo. Si enim salutem non afferunt,
bant.Quod est malum Judæorum, quod Paulusdimi- cur observantur? Si autem observanda sunt, utique
serat (Rom.,xx, 3)? Utique illud quod sequitur; quod salutem afferunt; maxime quæ observata maityres
ignorantes, inquit, Dei justitiam, et suam volentes faciunt. Non enim observarentur, nisi salutem affer.
constituere, justitiæ Dei non sunt subjecti, » rent. Neque enim indifferentia sunt inter bonum et
« Deinde quod post passionem et resurrectionem malum, sicut philosophi disputant. Bonum est con-
Christi, datoac manifestato sacramento gratiæ., se- tinentia, malum est lnxuria; inter utrumque in-
cundum ordinem Melchisedech, adhuc putabant, differens, ambulare, digerere alvi stercora, capitis
vetera sacramenta non ex consuetudine sollemnita- naribus purgamenta projicere, sputis rheumata ja-
: :
tis, sed ex necessitate salutis esse celebranda. Qiue cere hoc nec bonum, nec malum est sive enim
tamen si nunquam fuissent necessaria, infructuose feceris, sive non feceris, nec justitiam habebis, nec
atque inaniter pro cis Machahæi martyres fierent. injustitiam. Observare autem Legis cerimonias, non
Postremo illud, quod prædicatores gratiac Christia- potest esse indifferens: sed aut malum est, aut bo-
nos Judæi, tamquarnhostes Legis (Phil., III, 8), per- num est. Tu dicis bonum; ego assero malum; et
et
sequerentur. Hos atque hujusmodi errores vitia, malum non solum his qui ex gentibus, sed et his
reçu la foi. Et dans ce passage, si je ne me ricorde, pour venir en aile aux Gentils
trompe, pour éviter un péril vous tombez dans s'il feignait partager leur erreur, ce n'était
et ;
un autre. En effet, pour vous prémunir contre point par l'astuce du mensonge, mais par
les blasphèmes de Porphyre, vous vous jetez un sentiment de compassion. » Vous défen-
dans l'hérésie d'Ebion, en obligeant les Juifs dez vraiment bien Paul, en disant qu'il n'a pas
qui croient, à observer les préceptes de la loi. feint d'être dans l'erreur des Juifs, mais qu'il
Et comprenant bien que ce que vous dites est la partageait effectivement, et que bien loin
:
dangereux; vous tâchez en vain d'y remédier de vouloir imiter le mensonge de Pierre, en
par des paroles comme celles-ci « Qu'on pou- faisant semblant, par crainte des Juifs, d'être
vait observer les cérémonies de la Loi, sans ce qu'il n'était pas, il s'est librement déclaré
croire à leur nécessité pour le salut, comme Juif. Etrange condescendance de l'Apôtre! Il
les Juifs croyaient qu'il fallait le faire, veut faire les Juifs Chrétiens, et il se fait Juif lui-
et sans recourir à la feinte que Paul avait même. Quoi! il ne pouvait ramener les intem-
blâmée dans Pierre. » pérant à la sobriété, sans se déclarer intem-
17. Ainsi Pierre a feint d'observer la Loi, et pérant, ni dans sa miséricorde, comme il le
le censeur de Pierre l'a observée sans feinte et dit lui-même, serourir les malheureux, sans
hardiment. En effet, je lis dans votre lettre (1) :
devenirlui-même malheureux Ils sont, en vé-
Si Paul a observé les cérémonies anciennes rité, bien malheureux et dignes de compassion
!
pour faire croire qu'il était Juif, et afin de et de miséricorde ceux qui, par leur opiniâtreté
gagner les Juifs, pourquoi n'a-t-il pas sacrifié et leur attachement à une loi abolie, ont fait
avec les Gentils, puisqu'il a vécu avec ceux d'un apôtre du Christ un Juif. Il n'y a pas, du
qui n'avaient pas la Loi, comme s'il ne reste, une grande diflérence entre votre opi-
l'avait pas lui-même, pour les gagner égale- nion et la mienne. Je dis, en effet, que c'est
,
ment à Jésus-Christ? C'est parce qu'il était pour ne pas scandaliser les Juifs devenus Chré-
Juif de nation qu'il a fait cela et tout ce tiens, que Pierre et Paul ont pratiqué et fait
qu'il a dit n'était pas pour feindre ce qu'il semblant de pratiquer les préceptes de la Loi ;
n'était pas, mais par un sentiment de misé- et.vous dites, vous, qu'ils l'ont fait par bien-
(1)Voyez la lettre 71 nombre 5.
qui ex Judaico populo crediderunt. In hoc nisi fal- in eo errorelaboraret; non scilicet mentientis astu,
lor, loco, dum aliud vitas, in aliud devolveris. Dum sed compatientis affectu. » Bene defendis Paulum,
enim metuis Porphyrium blasphemantem, in He- quod non simulaverit errorem Judæorum, sed vere
bionis incurris laqueos ; his qui credunt ex Judæis, fuerit in errore. Neque imitari voluerit Petrum
observandam Legem esse decernens. Et qui pericu- mentientem,(a)ut quod erat metu Judceorum dis-
losumintelligis esse, quod dicis; rursum illud su- simularet; sed tota libertate Judseum se esse dice-
perfluis verbis temperare conaris, « sine ulla salu- ret. Novam clementiam Apostoli; dum Judæos
tis necessitate, sicut Judæi celebranda putahant, aut Christianos vult facere, ipse Judæus factus est. Non
fallaci simulatione, quod in Petro reprehenderat enim poterat luxuriosos ad frugalitatem reducere,
Paulus. nisi se luxuriosum probasset, et misericorditer, ut
17. Petrus igitur simulavit Legis custodiam, iste ipse dicis, subvenire miseris, nisi se miserum ipse
autem reprehensor Petri, audacter observavit legi- sentiret. Vere enim miselli, et misericorditer deplo-
tima. Sequitur enim in epistula tua. « Nam si prop- randi, qui contentione sua et amore Legis abolitæ,
terea illa sacramenta celebravit, quia simulavit se Apostolum Christi fecere. Judseum. Nec multum in-
Judæum, ut illos lucrifaceret: cur non etiam sacri- terest iner meam et ~tm sententiam, quia ego dico
ficavit cum gentibus, quia et his, qui sine Lege etPetrum et Paulum, timore fidelium Judæorum,
erant, tamquam sine Lege factus est, ut cos quoque Legisexercuisse,immosimulassemandata; tu autem
lucrifaceret (I Cor., 21); nisi quia et illud fecit,
IX, asseris hoc eos fecisse clementer, non mentientis astu,
ut natura Judæus; et hoc totum dixit, non ut Pau- sedcompatientis affectu: dummodo illud consteb
lus se fingeret esse quod non erat, sed ut miseri- vel mutu, vel misericordia eos simulasse se esse,
corditer ita subveniendum esse sentiret, ac si ipse quod non erant. Illud autem argumentum, quo
(a) Vaticani dno MSS. ut quod non erat metu judeorum simularet.
-
veillance, non par astuce et mensonge, mais suis la voie, la vérité et la vie (Jean,XIV, 16).
»
uniquement par sentiment de compassion. Il ne peut se faire que celui qui pratique la
Qu'importe, que ce soit par crainte ou par mi- vérité se soumette au joug du mensonge. Ne
séricorde, il n'en est pas moins constant qu'ils soulevez pas contre moi une multitude igno-
?
ont feint d'être ce qu'ils n'étaient pas L'argu- rante qui vous vénère comme évêque, et qui
ment dont vous vous servez contre moi, c'est- honore en vous le prêtre parlant dans son
à-dire que Paul a dû se faire Gentil avec les église, tandis qu'elle fait peu de cas d'un vieil-
Gentils, comme il s'était fait Juif avec les Juifs, lard presque décrépit, dont le bonheur est de
prouve plutôt en ma faveur. En effet, de même vivre dans le calme et la solitude des champs
;
qu'il n'était pas véritablement Juif, de même et d'un monastère. Cherchez d'autres que moi
il n'était pas véritablement Gentil et comme à instruire et à reprendre. Nous sommes sépa-
il n'était pas véritablement Gentil, il n'était rés l'un de l'autre par une si longue étendue
;
pas non plus véritablement Juif. Il imite les de terre et de mer, que le son de votre voix ma
Gentils en recevant dans la foi de Jésus-Christ parvient à peine et si par hasard vous m'écri-
ceux qui n'étaient pas circoncis, en leur per- vez quelques lettres, Rome et l'Italie les rece-
mettant de se nourrir indifféremment de tous vront avant moi, à qui seul elles devraient être
les mets condamnés par les Juifs; mais il ne envoyées.
les a pas imités, comme vous le pensez, par le CHAPITRE V.
— 19. Vous me demandez
culte des idoles. En effet, pour être en Jésus- dans d'autres lettres, pourquoi ma première
Christ, ilne s'agit pas d'être circoncis ou de ne traduction des livres canoniques porte des asté-
:
'être pas mais d'observer las commande- riques et des obèles, tandis que ces signes ne
ments deDieu (Gal., v, 6, VI, 15). se trouvent pas dans ma nouvelle version. Per-
18. Je vous demande donc, et je vous prie mettez-moi de vous dire que vous ne semblez
encore une fois de me pardonner cette petite pas avoirbien compris ce que vous demandez.
discussion. Si je suis sorti des bornes que je La première version est celle des Septante, et
garde ordinairement, imputez-le à vous, qui tout ce qui est marqué de virgules, c'est-à-dire
;
m'avez forcé de vous répondre, et qui m'avez d'obèles, indique ceque les Septante ont dit de
rendu aveugle avec Stésichore. Ne me regardez plus que le texte hébreu et les astériques mar-
pas comme un docteur du mensonge, quandje quent ce qui a été ajouté par Origène à l'édi-
:
m'applique à suivre le Christ qui a dit « Je tion de Théodotion. Ici j'ai traduit du grec, là
adversus nos uteris, quod et gentilibus debuerit cites, qui te venerantur utepiscopum, et in ecclesia
gentilis fieri, si Judaeis Judæus factus est, magis declamantem, sacerdotii honore suspiciunt; me
pro nobis facit. Sicut enim non fuit vere Judæus,
sic nec vere gentilis erat: et sicutnon fuit vere
gentilis, sic nec vere Judæus erat. In eo autcm imi-
autem, ætatís ultimæ, et pene decrepitum, ac mo-
nasterii et ruris secreta sectantem, parvipendunt
et quæras tibi, quos doceas sive reprehendas. Ad
:
tator gentilium est, quia præputium recipit in fide nos enim, tantis muris atque terrarum a te divisos
Christi; et indifierenter permittit vesci cibis, quos spatiis, vix vocis tuæ sonus pervenit. Et si forsitan
damnant Judæi: non cultu, ut tu putas, idolorum
In Christo enim Jesu nec circumcisio est aliquid.
nec præputium, ssd observatio mandatorum Dei
,
litteras scripseris, ante eas Italia ac Roma susci-
pient
rantur.
quam ad me, cui mittendæ sunt, defe-
(Gal., v, 6, et cap. VI, 15). CAPUT V. — 19. « Quod autem in aliis quæris
:
18, Quæso igitur te, et iterum atque iterum de-
precor, ut ignoscas disputatiunculæ meæ et quod
modum meum egressus sum, tibi imputes, qui
epistolis, cur mea prior in libris canonicis inter-
pretatio asteriscos habeat. et virguJas prænotatas ;
et postea aliam translationem absque his signis
coegisti ut rescriberem, et mihi cum Stesichoro ediderim : pace tua dixerim, videris mihi non in-
oculos abstulisti. Nec me putes magistrum esse telligere quod quæsisti. Illa enim interpretatio Sep-
mendacii, qui sequor Christum dicentem, » Ego ;
tuaginta interpretum est et ubicumque virgulæ,
id est obeli sunt, significatur quod Septuaginta
sum via, veritas et vita (Johan.,XIV, 6). « Nec po-
test fieri, ut veritatis cultor, mendacio colla sub- plus dixerint quam habetur in Hebræo: ubi autem
mittam. Neque mihi imperitorum plebeculam con- asterisci, id est stellæ prælucentes, ex Theodotionis
j'ai exprimé ce que je comprenais dans l'hé- eux. Si c'est clair, il est évident qu'ils n'ont
breu, m'attachant plutôt à la vérité et à l'exac- »
pas pu se tromper. Je vous répondrai par
titude du sens, qu'à l'ordre des mots. Je m'é- votre propre dilemme. Tous les anciens com-
tonne que vous ne lisiez pas la version des Sep- mentateurs des saintes Ecritures qui nous ont
tante dans sa pureté et telle qu'ils l'ont donnée précédé dans le Seigneur, ont traduit des
au lieu de la lire telle qu'Origène l'a corrigée ou choses obscures ou des choses claires. Si ces
plutôtcorrompue par ses obèlesetsesastériqnes, choses étaient obscures, comment osez-vous
et que vous re vous en teniez pas à l'interpré- discuter après eux ce qu'ils n'ont pas pu péné-
tation d'un chrétien,puisque toutes les additions trer. Si ces choses étaient claires, vous prenez
d'Origène à la version des Septante sont tirées une peine inutile de vouloir interpréter ce qui
d'une édition publiée après la passion de Jésus- n'a pu leur échapper, surtout dans l'explica-
Christ par un Juif blasphémateur. Si vous ai- tion des psaumes, sur lesquels les interprètes
mez véritablement la traduction des Septante, grecs ont publié beaucoup de volumes, d'abord
ne lisez pas ce qui est marqué par des astéri- Origène, ensuite Eusèbe de Césarée, après lui
ques, rayez-le même de vos exemplaires, et Théodore d'Héraclée, puis dans la suite Asté-
vous vous montrerez ainsi partisan des anciens. rius de Scythopolis, Apollinaire de Laodicée,
Si vous le faites, vous serez obligé de condam- Didyme d'Alexandrie. Divers autres docteurs
ner les éditions qui se trouvent dans toutes les ont donné de petits opuscules sur quelques
bibliothèques des églises, car vous en trouver psaames, mais je ne parle ici que du livre en-
rez à peine une ou deux qui n'aient pas les ad- tier des psaumes. Chez les Latins, Hilaire de
ditions d'Origène. Poitiers, et Eusèbe de Verceil ont traduit Ori-
CHAPITRE VI. — 20. Pour me prouver en- gène et Eusèbe de Césarée. Notre Ambroise a
suite que je n'aurais pas dû traduire l'Ecriture suivi, sur quelques points, le premier de ces
après les anciens, vous avez recours à un argu- deux commentateurs. Je prie votre sagesse de
ment tout nouveau. « Ce que les Septante ont me dire comment, dans l'explication des psau-
traduit est obscur ou clair. Si c'est obscur, on mes vous avez pu différer d'opinion avec des
peut croire que vous vous êtes trompé comme interprètes d'une si grande autorité Si les ?
:
editione ab Origene additum est et ibi Græca trans-
tulimus; hic de ipso Hebraico, quod intelligeba-
tatores, qui nos in Domino præcesserunt, et qui
Scripturas sanctas interpretati sunt, aut obscura
mus, expressimus, sensuum potius veritatem quam interpretati sunt, aut manifesta. Si obscura, quo-
verborum interdum ordinem conservantes. Et mi- modo tu post eos ausus es disserere, quod illi expla
ror, quomodo Septuaginta interpretum libros legas
non puros, ut ab eis editi sunt, sed ab Origene
?
nare non potuerunt Si manifesta, superfluum est
te voluisse disserere, quod illos latere non potuit,
emendatos, sive corruptos per obelos et asteriscos ; maxime in explanatione Psalmorum, quosapud
:
et Christiani hominis interpretatiunculam non se-
quaris prsesertim cum ea, quæ addita sunt, ex
hominis Judæi atque blasphemi, post passionem
Græco interpretati sunt multis voluminibus, -
Christi, editione transtulerit. Vis amator esse verus thopolitanus, quintus Apollinaris Laodicenus, sextu
Septuaginta interpretum? non legas ea, quæ sub Didymus Alexandrinus. Feruntur et diversorum in
asteriscis sunt; immo rade de voluminibus, ut ve- paucos Psalmos opuscula : sed nunc de integro
~terumie fautorern probes. Quod si feceris, omnos Psalmorum corpore dicimus. Apud Latinos autem
Ecclesiarum bibliothecas condemnare cogeris. Vix Hilarius Pictaviensis, et Eusebius Vercellensis epi-
enim unus aut alter invenietur liber, qui isla non scopiOrigenem et Eusebiumtranstulerunt,quorum
habeat. » priorem et noster Ambrosius in quibusdam sequu-
CAPUT VI.
— 20. «Porroquoddícis nondebuisse tus est. Respondeat mihi prudentia tua, quare tu
;
me interpretari post veteres, et novo uteris syllo-
gismo » « Aut obscura fuerunt quæ interpretati
sunt Septuagiota, aut manifesta. Si obscura, te
post tantos et tales interpretes in explanatione
?
Psalmorum diversa senseris Si enim obscuri sunt
Psalmi, te quoque in eis falli potuisse, credendum
quoque in eis fallipotuisse credendumest.Si mani- est. Si manifesti, illos in eis fallipotuisse non cre-
festa,illos in eis falli non potuisse.perspicuum est.» ditur : ac per hoc utroque modo superflua erit in-
« Tuo tibi sermone respondeo. Omnes veteres trac- terpretatio tua ; et hac lege, post prior.es nullus
psaumes sont obscurs, il est à présumer que renvoie le lecteur intelligent. Si, comme vous
vous avez pu vous y tromper. S'ils sont clairs, le dites, vous acceptez mes corrections du Nou-
il est à croire qu'ils n'ont pu s'y méprendre. veau Testament, parce que, selon vous, beau-
Dans les deux cas, votre interprétation devient coup de personnes connaissant la langue grec-
inutile, et en adoptant cette règle, personne que, peuvent juger de mon œuvre, vous auriez
n'osera plus rien dire après celui qui aura parlé dû croire aussi à ma consciencieuse exactitude
le premier, et ilne sera plus permis d'écrire dans ma version de l'Ancien Testament. Je n'y
surun sujet dont un autre se serait d'abord ai rien mis de mon invention, et je me suis
emparé. Ayez donc dumoins la bonté d'avoir borné à traduire ce que j'ai trouvé dans le texte
pour les autres l'indulgence que vous avez pour hébreu. Si vous en doutez, interrogez les Hé-
vous-même. En corrigeant et en traduisant du
grec en latin, pour ceux qui comme moi par-
lent cette langue, les anciennes versions des
breux.
21. Peut-être direz-vous : Que faire si ceux
qui comprennent cette langue ne veulent pas
Ecritures,je n'ai nullement eu l'intention de les
abolir, j'ai voulu seulement rétablir et publier
répondre ou veulent user de mensonge Est-ce?
que tous les juifs ensemble garderont le silence
les paysages qui avaient été omis ou corrom- sur ma version, et ne se trouvera-t-il personne
pus par les Juifs, afin quenos Latins connus- ?
qui sache l'hébreu Ou bien tout le monde
sent ce que contient le texte hébreu dans sa imitera-t-il ces juifs dont vous parlez et qui
pureté. Libre à chacun de ne pas lire ce que dans une petite ville de l'Afrique m'avaient
j'ai écrit. Qu'il savoure avec délices son vieux accusé de calomnie? Car voici la fable que
vin, et qu'il méprise mon vin nouveau, c'est-à- vous me contez dans une de vos lettres (l)-
dire ce que j'ai publié pour expliquer les ver- « Un de nos frères dans l'épiscopat avait intro-
sions anciennes, et jeter par mon travail quel- duit dans son église la lecture de votre version.
que lumière sur ce qu'elles peuvent avoir Il vint à lire sur le prophète Jonas un passage
d'obscur. Quant à la meilleure méthode à sui- que vous avez interprété tout différemment de
vre pour l'interprétation des saintes Ecritures, ce qu'il était dans la mémoire de tous, et de ce
je crois l'avoir suffisamment démontrée dans le qu'on avait lu et récité de tout temps dans
livre que j'ai écrit expressément à ce sujet, l'Eglise. Il s'éleva un tel tumulte parmi le peu-
ainsi que dans toutes les petites préfaces en ple, les Grecs surtout criant à la falsification,
tête de mes écrits sur les divins livres, et j'y que l'évêque fut obligé d'invoquer le témoi-
(1) Voyez la lettre LXXI, nombre 5.
bus memoriaeque inveteratum, et tot aetatum suc- ferens mihi occasionem detensionis meæ; ne quid-
cessionibus decantatum. Factus est tantus tumul- quid dixeris, me respondente solvatur : nisi forte,
tus in plebe, maxime Græcis arguentibus, et ut ante annos plurimos, cucurbita venit in me-
inclamantibus calumniam falsitntis, ut cogeretur dium, asserente illius temporis (a) Cornelio et
epíscopus (ea quippe civitas erat)Judaeorum testi- Asinio Pollione, me hederam pro cucurbita transtu-
monium flagitare. Utrum autem illi imperitia, an lisse. Super qua re iu commentario Jonæ Prophetae
malitia, hoc esse in hebraeis coJicibus responde- plenius respondimus. Hoc tantum nunc dixisse
runt, quod et gracci et latini habebant, atque dice- contenti, quod in eo loco, ubi Septuaginta inter-
?
bant. Quid plura Coactus est homo velut mendo- pretes cucurbitam, et Aquila cum relíquíshederam
sitatem corrigere, volens post magnum periculum transtulerunt, id est xiaaov, in hebrseo volumine
non remanere sine plebe. Unde etiam nobis ciceion scriptum habctur, quam vulgo Syri ciceiam
videtur aliquando te quoque in nonnullis falli po- vocant. Est autem genus virgulti lata habens folia4
tuisse. » in modum pampini : cumpie plantatum fuerit,
CAPUT VII. — 22. Dicis me in Jona Propheta cito eonsurgit in arbusculam, absque ullis calamo-
male quiddam interpretatum, et seditione populi rum et hastilium adminiculis,quibus et cucurbitæ,
conclamante, propter unius verbi dbsonantiam, et hederæ indigent, suo trunco se sustinens. Hoc
episcopum pene sacerdotium perdidisse. Et quid sit ergo verbum de verbo edisserens, si ciceion trans-
illud, quod male interpretatus sim, subtrahis, au- ferre voluissem, nullus intelligeret : si cucurbitam,
(a) Censorem illJlm ex nomine indicat et lepide suggillat Hieronymus in Jon. cap. iv, his verbis. In hoc loco quidam,
Canthelius de antiquissimo genere Corneliorom, sive, ut ipsejactat, de stirpe Asinii Pollionis, dudum RomoB dicitur me accusasse
sacrilegii, quod pro cucurbita hederam transtnleriin : tiinuit videlicet ne si pro cucurbttis hederce nascerentur, unde occulte et
tcnebrose biberet non haberet.
d'un vieillard, et de ne plus appeler au combat tradition des livres saints, des hommes trom-
et à de nouveaux dangers, un vétéran, qui a peurs ou trompés eux-mêmes, vous les écoutez
fait son temps de service. Vous qui êtes jeune pour mourir dans une séparation hérétique, et
-
peuples ;
et placé sur un siége épiscopal, instruisez les
enrichissez les maisons et les greniers
de Rome des nouvelles productions de la terre
vous n'écoutez pas ce que vous disent ces mêmes
livres, pour vous laisser vivre dans la paix de
la foi catholique. Pourquoi prêtez-vous l'oreille
d'Afrique. Il me suffit à moi de parler bas, en aux discours des hommes qui n'ont jamais pu
un coin de monastère, avec quelque pauvre
religieux qui me lit ou qui m'écoute (1). à la voix de Dieu qui crie :
prouver ce qu'ils avancent, et restez-vous sourds
« Le Seigneur
m'a dit : vous êtes mon fils, je vous ai engen-
dré aujourd'hui; demandez-moi, et je vous
donnerai toutes les nations en héritage, et j'é-
tendrai votre possession jusqu'aux extrémités
LETTRE LXXVI (2)
de la terre (Ps., 11,7). » « Les promesses de
Dieu ont été faites à Abraham et à sa race.
Saint Augustin faisant parler l'Eglise catholique
exhorte les Donatistes à rentrer eneux-mêmes et
:
L'Ecriture ne dit pas à ceux de sa race, comme
si elle en eût voulu marquer plusieurs, mais à
à revenir à la communion catholique. sa race, c'est-à-dire à un seul de sa rl.lle qui
est Jésus-Christ (Gal., III, 16). » « Toutes les
4. Ecoutez, ô Donatistes, ce que vous dit nations, dit-elle, seront bénies dans votre race
l'Eglise catholique ! «Enfants des hommes, jus- (Gen., XXII. 18). » Ouvrez donc les yeux du
qu'à quand votre cœur sera-t-il appesanti? cœur; contemplez l'univers entier, et voyez
Pourquoi aimez-vous la vanité, et recherchez- comment toutes les nations sont bénies dans la
vous le mensonge (Ps., IV, 3)? » Pourquoi vous race d'Abraham. Il était seul à croire ce qu'il
êtes-vous séparés de l'unité du monde entier ne voyait pas encore, mais vous qui voyez,
par un schisme sacrilége? Vous écoutez les vous êtes comme si vous ne voyiez pas. Le
mensonges que vous débitent, au sujet de la sang de Jésus-Christ est le prix de toute Ll terre,
(1) Saint Augustin répond à cettelettre par la lettre 82.
(2) Ecrite sur la fin de l'année404oupeuaprès.— Cette lettre _.,dans les éditions
',",' antérieures
'.--u_. à l'édition
l'LJ!.L:-
- était la 171e L!
des Bénédictins et celle qui était la 73e se trouve maintenant la 60".
id dicerem quod in hebraico non habetur : hede- diligitis vanitatem et quseritis mendacium? « Ut
ram pusui, ut ceteris interpretibus consentirem. quid vos a totius orbis unitate nefatio schismatis
Sin autem Judæi vestri, ut ipse asseris, malitia, vel sacrilegio divisistis ? Alltenditis falsa, quæ vobis
imperitia hoc dixerunt esse in voluminibus he- dicuntur ab hominibus aut nientientibus aut erran-
j
braeorum, quod in graecis et latinis codicibus con-
tinetur manifestum est eos aut hebræas ignorare
litteras, aut ad irridendos cucurbitarios volllise
tibus, de traditione codicum divinorum, ut in hæ-
retica separatione moriaminiet non adtenditis
quod vobis ipsi codices dicunt, ut in catholicapace
mentiri. Peto in fine epistolæ, ut quiescentem vivatis. Quare aperitis aures ad sermonein homi-
senem, olimque veteranum, militare non cogas, et num dicentium quod numquam probare potuerunt,
rursum de vita periclitari. Tu qui juvenis es, et in et surdi estis ad sermonem Dei dicentis, Dominus «
"dixit ad me, Filius meus es tu, ego hodie genuite
pontificali culmine constitutus, doceto populos ; et
novis Africae frugibus Romana tecta locupleta. Mihi
suffioit, cum auditore et lectore pauperculo in an-
gulo monasterii susurrare.
tuam ,
postula a me, et dabo tihi gentes hereditatem
et possessionem tuam terminos terræ
(Ps. If, 7) ? Abrahæ dictse sunt promissiones et
semini ejus. Non dicit, et seminibus, tamquam in
EPISTOLA LXXVI multis, sed tamquam in uno, et semini tuo, quod
est Cbristus (Gal., HI, 16). In semine, a inquit, »
Sub persona Ecclesioe catholicce cohortatur omnes Do-
tuo benedicentur omnes gentes (Gen., xxn, 18).
natiBtas, ut resipiscentes redeant ad catholicam cordis, et considerate totum orbem
« Erigite oculos
communionem.
terrarum, quomodo in semine Abrahæ benedicun- quod
dicit,»
1. « "Vobis Donatistæ, oatholica Ecclesia tur omnes gentes. Tunc ah uno credebatui,
et
Filii hominum, usquequo graves corde ? ut quid no'nduui videbatur : jam vos videtis, adhuc invi-
et par ce sang il a racheté le monde entier.
Vous, pour votre salut, vous ne vous accordez
pas avec le monde entier, mais en contestant
:
celle de Jésus-Christ lui-même qui vous dit par
sa propre bouche, dans son Evangile « Il fal-
lait que tout ce qui a été écrit de moi, dans la
dangereusement pour une partie, vous perdez loi de Moïse, dans les Psaumes et dans les Pro-
; :
le tout. Ecoutez les paroles du psaume, et voyez
à quel prix nous avons été rachetés « Ils ont
percé mes pieds et mes mains ils ont compté
phètes fût accompli et que la pénitence et la
rémission des péchés fussent prêchées en mon
nom, au milieu de toutes les nations, en com-
;
tous mes os ils ont pris plaisir à me voir en
;
cet état ils ont partagé mes vêtements entre
eux, et ont tiré ma robe au sort (Ps., XXI,18). »
:
mençant par Jérusalem (Luc, XXIV, 44). » Ce
que dit le psaume « Il a appelé toute la terre
depuis les lieux où se lève le soleil, jusqu'à
Pourquoi voulez-vous partager les vêtements ceux où il se couche, » est ce que dit l'Evan-
du Seigneur? Pourquoi ne voulez-vous pas :
gile « La pénitence et la rémission des péchés
conserver avec l'univers entier cette tunique de
la charité préparée au ciel, et répandue sur
?
toute la terre Tunique divine que ses bour-
les nations
psaume
;
seront prêchées en son nom au milieu de toutes
;
apprenez « que le Seigneur, le Dieu des dieux :
sépareriez pas de la moisson de Jésus-Christ.
a été dit de l'ivraie « Comme l'iniquité abon-
dera la charité de plusieurs se refroidira
a parlé et qu'il a appelé la terre depuis les
:
lieux où se lève le soleil, jusqu'à ceux où il se
couche l'éclat de sa gloire et de sa beauté écla-
tera de Sion (Ps., XLIX, 1, 2).» Si vous êtes
grain:
(Matt.,XXIV, 12). » Mais il a été dit du bon
« Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin
sera sauvé. » Comment donc pouvez-vous croire
sourds à la voix du prophète, écoutez du moins que l'ivraie s'est multipliée jusqu'à remplir
detis. Passio Domini pretium est orbis terrarum ; ex Sion species decoris ejus (Ps., XLIX, 1). » Si hoc
ille totum orbem redemit : et vos cum toto orbe ad non vultis intelligere, a-idite Evangelium, jam per
lucrum vestrum non concordatis, sed potius in os proprium loquente ipso Domino et dicente,
Jamnum vestrum in parte litigatis, ut totum per- « Quia oportebat de Christo compleri omnia, quas
datis. Audite in Psalmo, quo pretio redemti de illo scripta sunt in Lege et Prophetis et Psalmis,
sumus (Psal., XXI, 18) : » Foderunt, « inquit, » et praedicari in nomine ejus pajnitentiam ct remis-
.manus roeas et pedes, dinumeraverunt omnia sionem peccatorum per omnes gentes, incipiens ab
ossa mea. Ipsi vero consideraverunt et conspexe-
runt me, diviseruut sibi vestimenta mea, et super
vestimentum meum miserunt sortem. « Quare di-
« vocavit terram a solis ortu usque ;
Jerusalem (Luc, XXIV, 44). » Quod in Psalmo dixit,
ad occasum »
hoc in Evangelio, « per omnes gentes. » Et quod in
visores veslimentorum Domini esse vulti?, et tuni- Psalmo dixit, « ex.Sion species decorisej us; » hoc
cam illam carifatis desuper textam, quam nec per- in Evangelio dixit: « incipiens ab Jerusalem. »
secutores ejus diviserunt, tenere cum toto orbe non 2. Fingitis vos ante tempus messis fugere per-
?
vultis In Psalmo ipso legitur, quia totus orbis mixta zizania, quia vos estis sola zizania. Nam si
earn tenet: « Commemorabuntur, » - inquit, « et
:
convertentur ad Dominum universi fines terrse et
adorabunt in conspectu ejus universse patriæ gen-
frumenta essetis, permixta zizania toleraretis, et
asegeteChristinon vos divideretis. De zizaniis qui-
dem dictum est, « Quoniam abuudabit iniquitas,
tium; quoniam ipsius est regnnm, et ipse domina- refrigescet caritas multorum (Matt.,xxiv, 12). Sed
bilur gentium (Ibid., 28). » Aperite aures cordis, et et de tritico dictum est,«Qui perseveraverit usque in
audite, quia « D'us deorum Donrinus locutus est, finem, hie salvus erit. » Quare creditis crevisse zi-
- et
vocavit terram a solis ortu usque ad occasum ; zania et mundum replevisse, triticum autem decre-
toute la terre, et que le bon grain a tellement ontcondamné, sans les entendre, des hommes
diminué qu'il ne se trouve plus qu'en Afrique. qu'ils accusaient d'avoir livré les saintes Ecri-
Vous vous dites chrétiens et vous êtes en con- tures, crime qu'ils s'étaient pardonné entre
tradiction avec le Christ qui a dit : « Laissez eux. Ils ont ordonné évêque contre évêque, et
croître l'ivraie avec le bon grain jusqu'au temps ont élevé autel contre autel. Ensuite ils en-
de la moisson (Matt.,XIII, 30). » Mais il n'a pas voyèrent à l'empereur Constantin une demande
: Que l'ivraie se multiplie et que le bon pour obtenir que des évèques d'outre-mer fus-
dit
:
grain diminue. Il a dit « Le champ est le sent établis comme juges dans l'affaire des évê-
:
monde, » mais non pas, le champ est l'Afri-
que. Il a dit encore « La moisson est la fin du
ques d'Afrique. On leur accorda les juges qu'ils
avaient demandés, et bien loin d'optempérer
a
»
:
temps, » mais non pas, la moisson est le temps
de Donat. Il a dit encore « Les moissonneurs
:
sont les anges, mais il n'a pas dit Les mois-
aujugementrend contreeuxà Rome,ils accu-
sèrent près de l'empereur, comme ayant rendu
une sentence injuste, ces évêques qu'il leur
sonneurs sont les chefs des Circoncellions. Par avait donnés pour jugés. L'empereur envoya à
cela seul que vous avez pris l'ivraie pour le bon Arles d'autres évêques pour les juger. Ils appe-
grain, vous avez montré que vous étiez l'ivraie ; lèrent de la sentence de ces nouveaux juges,
et ce qui est bien plus grave, vous vous êtes près de l'empereur qui, après les avoir entendus,
séparés du bon grain avant le temps de la mois- les condamna comme calomniateurs. Malgré
son. Parmi vos ancêtres, dans le schisme sacri- cela, ils ont persisté dans leur schisme criminel.
lège desquels vous perséverez, les uns, comme Réveillez-vous donc pour votre salut, aimez la
il est prouvé par les actes publics (t), ont livré paix, revenez à l'unité. Nous n'avons jamais
aux persécuteurs de la foi, les Ecritures saintes refusé de vous dire, toutes les fois que vous
etles titres de l'Eglise, d'autres ont laissé im- l'avez voulu, comment toutes ces choses se sont
punis ceux qui avaient commis ce crime, etqui passées.
l'avaient avoué, et sont demeurés unis de com- 3. On s'associe au mal quand on donne son
munion avec ces criminels. Et tous ensemble, consentement aux actions des méchants, mais
ayant formé à Carthage une faction furieuse, non pas quand on tolère l'ivraie dans le champ
(t) Actes passés devant Annotius Félix.
visse, ?
etinsolaAfricamansisse Christianos vos episcopi transmarini judicarent miserunt, datis
judicibus quos postulaverant et Romse judicantibus
30).
dicitis, et Christo contradicitis. [psc dixit, « Sinite
utraque crescere usque admessem
non dixit, Crescant zizania, decrescant frumenta.
» non obtemperaverunt, episcopos apud Imperato-
remtamquam male judicaverintarguerunt. Abaliis
ad ipsum Im-
Ipse dixit, « Ager est hie mundus; » non dixit, rursus episcopis ad Arelatum missisauditi
Ager est Africa.Ipse dixit, «Messis est finis saeculi; peratorem appellaverunt; ab ipso et calum-
non dixit, Messis est tempus Donati. Ipse diy.it, niatores inventi, in eodem scelere permanserunt.
« Messores Angeli sunt; » non dixit, Messores prin- Evigilate ad salutem,amatepacem, redite aduni-
cipes Circumcellionum sunt, Sed quia pro zizaniis tatem. Hsec vobis quemadmodum gesta sint, quando
triticum accusastis, vos esse zizania demonstratis; vultis, omnia reeitamus.
et quod est gravius, ante tempus vos a tritico sepa- 3. lllecommuuicatmalis, qui consentit factisma-
lorum, non qui toleratin agro dominico zizaniaus-
C"\
rastis. Majores enim yestriin quorum sacrilegaprsc-
cisione perseveratis, quidarn Gestis municipalibus ad ultimamventila-
que ad messem,velpaleamusquemutaminiab
codices sanctos et instrumenta Ecclesise persecuto- tionem. Si malos odistis, vosipsi scelere
ribus iradiderunt, quidam eos fatentes dimiserunt schismatis. Si malorum permixtionem time-
et eis communicaverunt, et utrique Carthaginem retis, (a) Optatum inter vos in apertissima iniqui-
furiosifactione convenerunt, de crimine t.raditionis, tate viventem per tot annos nos teneretis, Quem
de quo ipsi inter se jam consenserant, inauditos cum modo martyrem dicitis, superest
ut eum,
damnaverunt, episcopum contra episcopum ordina- propter quem mortuus est, Christum dicatis. Pos-
verunt, altare contra altare erexerunt. Postea litte- tremo quid vos offendit orbis Christianus, a quo vos
ras ad imperatorem ConstaDtinum ut inter Afros vos nefario furore
?
prsecidistis Et quid vos prome-
(a) Optatus Thamugadensis propter Gildonemin carcere exstinctus est, exlib. L, cont. litt. Petil. c. XCII.
du Seigneur jusqu'au temps de la moisson, la Ecritures, crime que Dieu a puni de mort dans
paille, jusqu'au jour où viendra le grand van- la personne du roi qui brûla le livre de Jérémie,
neur. Si vous haïssez les méchants, séparez- combien plus est criminel le sacrilége du
vous donc de votre schisme criminel. Si c'était schisme, dont les auteurs, auxquels vous com-
la crainte de rester mêlés avec les méchants parez les Maximianistes, furent engloutis tout
qui vous fît agir ainsi, vous n'auriez pas gardé vivants dans la terre qui s'ouvrit sous leurs
pendant tant d'années au milieu de vous Op- pieds? Comment donc pouvez-vous nous repro-
tat (1), qui vivait ouvertement dans l'iniquité. cher d'avoir livré les Livres Saints, ce qu'il
Puisque vous l'appelez martyr, il ne vous reste vous est impossible de prouver, et recevez-vous
plus que d'appeler Christ celui pour qui il est dans votre communion ces schismatiques que
mort. Que vous a fait le monde chrétien, pour
?
vous avez condamnés ? Si vous vous croyez
vous en séparer avec une fureur aussi impie justes pour avoirsouffert persécution de la part
Et en quoi ont mérité de vous lesMaximianistes des empereurs, les Maximianistes sont encore
que vous avezcondamnés, que par des juge- plus justes que vous, puisque vous les avez fait
ments publics vous avez chassés de leurs persécuter par des juges que les empereurs
églises, et auxquels vous avez rendu ensuite les catholiques vous envoyèrent sur votre demande
dignités et les honneurs dont vous les aviez même. Si vous avez seuls le vrai baptême,
privés?Que vous a fait la paix de Jésus-Christ, comment souffrez-vous le baptême des Maxi-
cette paix que vous avez violée en vous sépa- mianistes dans ceux que Félicien a baptisés
rant de ceux que vous calomniez Et quel
mérite a pour vous la paix de Donat, pour l'a-
? hors de votre communion,ceFélicien condamné
par vous, et que vous avez ensuite reçu dans
mour de laquelle vous recevez au milieu de votre communion avec ceux à qui il avait
vous ceux que vous aviez condamnés ?
Félicien administré son baptême ?Si vos évêquesne
de Musti est maintenant avec vous cependant
nous avons lu que vous l'aviez d'abord con-
; veulent pas conférer avec nous, qu'ils répondent
du moins sur tous ces points à vos laïques.
damné dans votre concile, que vous l'aviez Songez, pour votre salut, comment vous devez
ensuite traduit devant le tribunal du proconsul prendre le refus de vos évêques de s'entretenir
et attaqué par des actes publics jusque dans sa avec nous. Si les loups ont tenu conseil pour
ville même de Musti. ne pas répondre aux pasteurs, à quoi songent
4. Si c'est un crime d'avoir livré les saintes les brebis d'aller dans les cavernes des loups?
(1) C'est Optat deThamugade qui fut tué en prison à cause de Gildon, comme il parait par le c. IX, du 2e liv. contre
Pétilien. Voyez la note de la lettre 51 n. 3.
bien des scandales pour exercer et éprouver dans son Evangile « Vous serez jugés comme :
dit que dans le cours des siècles, il s'élèverait redouter les paroles du Seigneur, nous disant
notre foi. Il nous dit, en effet, dans son Evan- vous aurez jugé les autres (,/f¡Jatth., VII, 2) ? »
gile : c Comme l'iniquité abondera, la charité Le différend qui s'est élevé entre lui et Spès est,
(L)
était la
-
Ecrite l'an 404. Cette lettre était la 117e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
78e se trouve maintenant la 197.
(2) Speset Boniface étaient deux moines d -- Hippone qui s'étaient mutuellement
-- - desordres. Saint Augustin
accuses de
les renvoie aujugement de Dieu, en les envoyant à Noie, au tombeau de saint Félix, dans l'espoir qu'un miracle ferait
connaître celui des deux qui était coupable.
;
votre consolation dans celui où nous la trou-
vons nous-mêmes car il a non-seulement pré-
dit qu'il rendrait à ses saints et à ses fidèles le
dance de l'iniquité, à ne point s'attrister de
iniquités comme de choses surprenantes et
inattendues, mais à se préserver du désespoir
ces
bien qu'ils auront fait, mais il a encore an- et du découragement, afin que, voyant l'ac-
rempli;
noncé les maux dont ce monde devait être
et s'il a pris soin de les signaler d'a-
vance, c'était pour que notre espérance des
complissement de ce qui avait été prédit,
comme devant arriver avant la fin des temps,
ils persévérassent avec patience jusqu'à la fin,
biens qui nous attendent à la fin des siècles, pour mériter après cela de régner dans une
fût plus vive que le sentiment des maux qui vie qui ne doit pas finir? »
doivent précéder. C'est pourquoi l'Apôtre nous 2. Je ne vous dis pas pour cela, très-chers
:
dit « Tout ce qui est écrit, a été écrit pour frères, de ne pas vous affliger du scandale et
notre instruction, afin que nous espérions du trouble jetés dans l'esprit de quelques-uns,
en Dieu par la patience et la consolation des par l'affaire du prêtre Boniface, car ceux qui ne
Ecritures (Rom., xv, 4). » En effet, pourquoi s'en affligeraient pas, n'auraient pas en eux la
Notre Seigneur Jésus-Christ ne s'est-il pas con- charité dé Jésus-Christ, comme l'abondance dela
tenté de dire qu'à la fin des temps, les justes malice du démon serait dans le cœur de ceux qui
brilleront comme le soleil dans le royaume de s'en réjouiraient. Ce n'est pas que j'aie trouvé
son Père (Matt., XIII, 43), mais s'est-il encore dans ce prêtre quelque chose qui méritât con-
écrié: «Malheur au monde, à cause des scanda- damnation, mais c'est que deux de nos frères se
les (Matt., XVIII, 7), » sinon pour nous avertir trouvent dans une situation telle, que l'un
de ne pas nous flatter de pouvoir arriver au d'eux passe pour un homme perdu, et que la
tur, qui consolatur et nos : qui non solum bona,
quae sanctis et tidelibus suis est redditurus, verum
nem,hicsalvuserit,» (Matt.,XXIV,13),cumhac iniqui-
tatis abundantia refrigescentem caritatem viderent,
etiam mala, quibus erat hic mundus abundaturus non pertubarentur, non expavescerent, non quasi
ante prædixit, ante conscribenda curavit, ut bona rebus insperatis et inopinatis contristati deficerent;
post sæculi finem sequutura certiores exspectare- sed potius videntes accidere, quæ futura prædicta
mus, quam mala similiter prænuntiata ante sæculi sunt ante finem, patienter perseverarent usque in
finem præcedentia sentiremus. Unde Apostolus di- finem, ut securi mererentur regnare post finem in
cit; « Quæcumque enim ante scripta sunt, ut nos ea vita, quæ non habet finem.
doceremur scripta sunt, ut per patientiam et conso- 2. Proinde carissimi in isto scandalo, quo de Bo-
lationem Scripturarum spem habeamus ad Deum. nifacio presbytero nonnulli perturbantur, non vobis
(Rom., xv, 4). » Quidautem opus erat ut ipse Domi- dico ut non doleatis. Qui enim ista non dolent, non
nus Jesus non solum diceret, « Tunc justi fulge- est in eis caritas Christi: qui autem etiam de tali-
buntsicut sol in regno Patris sui (Matt.,XIII, 43), » bus gaudent, abundat in eismalignitasdiaboli.Non
;
quod post sæculi finem futurum est verum etiam
exclamaret, R Væ mundo ab scandalis (Matt., XVIII,
quia in memorato presbytero apparnit aliquid, quod
dignum damnatione judicaretur; sed quia duo de
7) : » nisi ut nobis non blandiremur venire posse domo nostra talem habent caussam, ut unus eorum
ad sedes felicitatis æternæ, nisi temporalibus malis sine dubio perditus habeatur, et sit alterius fama
exerciti non defecerimus ? Quid opus fuit ut dice- apud quosdam mala, apud quosdam dubia, etiamsi
ret, « Quoniam abundabit iniquitas, refrigescet ca-
ritas multorum : » nisi ut illi de quibus continuo
loquutus adjunxit a Qui perseveraverit usque in fi-
:
dolenda sunt non tamen sic ut eo
ista, quoniam
non sit maculata conscientia. Dolete dolore vestra
caritas bene vivendo refrigescat, sed potius ad Do-
a
réputation de l'autre estregardée comme mau- gement de Dieu, jusqu'à ce que j'eusse décou-
vaise par quelques-uns, et comme suspecte par vert, dans celui qui m'était suspect, quelque
quelques autres, quand même sa conscience ne chose qui me permît de l'exclure justement
(1) C'était en pareil cas la seule manière de se justifier approuvée par l'Eglise et qui s'appelait pour cela justification
canonique, c'est-à-dire reçue et autorisée par les canons. Il y eu avait encore un grand nombre d'autres que l'usage
tolérait sans qu'elles fussent approuvées.
minum deprecandum inardescat; ut si innocens (a) clericatum, sive illicperme, sive alibi per litteras
est presbyter vester, quod magis credo, quia cum meas vehementissime conaretur, ego autemnulle
sensisset alterius matum inpudicum et immundum, modo adducerer ei homini, de quo tantum mali
nec consentire voluit nec tacere, cito eum divina existimarem, manus ordinationis imponere, antper
sententia manifestatum ministerio proprio repræ- commendationem meamalicuifratri meo eum sub-
sentet : si autem male sibi conscius, quod suspii ari introducere, turbulentius agere cœpit, ut si ipse in
non audeo, voluit alterius existimationem lædere, clericatum non promoverctur, nec presbyter Bo-
cum ejus pudicitiam contaminare non posset, sicut nifacius in suo gradu esse permitteretur. In qua ejus
dicit ipse cum quo habet caussam, non eum per- provocatione cum viderem Bonifacium nolle qui-
mittat snam occultare nequitiam, ut quod homines buslibet infirmis et ad suspicionem propensis de
invenire non possunt, de quolibet eurum divino suæ vitæ dubitatione scandalum fieri, paratum-
judicio propaletur. que esse honoris sui apud homines damnum per-
3. Cumenim istame caussa diucruciasset, nec peti potius, quam in ea contentione, in qua
opera Dei non sanam cujuscumque conscientiam na curationum, nee omnes habent dijudicationem
multo facilius aperirent, et ad confessionem vel »
spirituum (I Cor., XII, 30): ita nec in omnibus
pæna vel timore compellerent. Ubique quidem memoriis sanctorum ista fieri voluit ille, qui dividit
Deus est, et nullo continetur vel includitur loco propria unicuique prout vult.
qui condidit omnia, et eum a veris adoratioribus in 4 Quapropter cum ego noluissem hunc gravissi-
spiritu et veritate oportet adorari, ut in occulto mum dolorem cordismei vobis perferriin notitiam,
exaudiens, in occulto etiam justificet et coronet. ne vos atrociter et inaniter contristando turbarem;
Yerumtamen ad ista quæ hominibus visibiliter no- fortassis ideo Deus noluit vos latere, ut nobiscum
ta sunt, quis potest ejus consilium perscrutari. qua- orationibus imcumbatis, ut quod ipse in hac caussa
re in aliis locis hæc miracula fiant, in aliis non novit, nos autem nossenon possumus, etiam nobis
fiant? Multis enim notissima est sanctitas loci, ubi manifestare dignetur. Nomen autem presbyteri
beati Felicis Nolensis corpus conditum est, quo vo- propterea non ausus sum de numero collegarum
luiutpergerent; quia inde nobisfacilius iidelius- ejus vel supprimere vel delere, ne divinæ potestati,
que scribi potest quidquid in eorum aliquo divini- sub cujus examine caussa adhuc pendet, facere vi-
tus fuerit propalatum. Nam et nos novimus Medio- dererinjuriam, si illiusjudicium meo vellem præ-
lani apud memoriam sanctorum, ubi mirabiliter et judicio prævenire : quod nec in negotiis sæcularibus
terribiliter dæmones confitentur, furem quemdam, judices faciunt, quando caussæ dubitatio ad majo-
qui ad eum locum venerat ut falsum jurando deci- rem potestatem refertur, ut pendente relatione ali-
peret, compulsum fuisse confiteri furtum, et quod quid audeant commutare. Et in episcoporum conci-
abstulerat. reddere : numquid non et Africa sancto- cilio constitutum est, nullum clericum, qui nondum
?
rum Martyrum corporibus plena est et tamen nus- convictus sit, suspendi a communione debere, nisi
quam hicscimus talia fierit. Sicut enim, quod ad caussam suam examinandam se non præsenta-
Apostolus dicit. « non omnes » sancti I) habent do- verit. Bonifacius tamen hanc humilitatem suscepit,
cile (1) d'évêques, il a été décrété qu'aucun Il cherche à souiller la réputation de celui qu'il
clerc, avant d'être convaincu de la faute qu'on ne peut dévorer après l'avoir séduit pour le
lui impute, ne pouvait être retranché de la mal, afin que devenu un sujet d'opprobre de-
communion, à moins de ne s'être pas présenté vant les hommes et de médisances de. la part
pour être jugé. Boniface s'est humilié jusqu'au des méchants, il succombe et se précipite dans
point de ne pas accepter de nous des lettres la gueule de son séducteur. Si le démon ne peut
au moyen desquelles il pourrait dans son voyage parvenir à flétrir la réputation d'un innocent,
recevoir les honneurs dus à son rang, afin que, il cherche à lui persuader par des soupçons
restant inconnus lui et Spès dans les lieux où malveillants, à mal juger de son frère, et finit
ils vont, ils fussent reçus et traités l'un et par l'entraîner dans les filets qu'il a tendus.
l'autre avec la même égalité. Si maintenant il Qui pourrait énumérer ou comprendre les ruses
vous plaît que son nom ne soit pas lu avec celui a
et les artifices auxquels Satan recours? Pour
des autres prêtres, afin d'ôter toute occasion, éviter ces trois piéges que je viens de vous.si-
comme dit l'Apôtre, à ceux qui ne cherchent gnaler et qui appartiennent particulièrementà
que des prétextes pour ne pas entrer dans le l'affaire présente, écoutez ce que Dieu vous dit
sein de l'Eglise, ce fait ne doit pas être imputé par l'Apôtre afin de ne pas vous laisser entraî-
à nous, mais à ceux qui en auront été la cause. ner au mal par l'imitation des mauvais exem-
Du reste, qu'importe à Boniface que l'igno- :
ples « N'entrez pas en société avec les jnfi-
dèles, car quel lien peut-il y avoir entre la jus-
rance des hommes ne permette pas que son
nom figure sur cette tablette (2), pourvu que ?
tice et l'iniquité quelle union entre la lumière
par la pureté de sa conscience il reste inscrit
sur le livre de vie.
5. Or donc, mes frères, vous qui craignez
:
et les ténèbres (II Cor., VI, 12)? » Et dans un
autre endroit « Ne vous laissez pas séduire
Les mauvais entretiens corrompent les mœurs.
:
Pierre :
Dieu, souvenez-vous de ce que dit l'Apôtre
« Le démon votre ennemi rôde autour
Soyez sobres, justes, et ne péchez point (I Cor.,
xv, 33). » Pour que vous ne succombiez pas
de vous comme un lion rugissant, cherchant
quelqu'un qu'il puisse dévorer (1 Pierre, v, 8). » Dieu vous dit par le prophète
(1) Canon 7 et 8 du troisième concile de Carthage. tenu l'an 397.
:
sous la médisance des détracteurs, voici ce que
« Ecoutez-moi,
(2) Cette tablette où étaient écrits et où on lisait les noms à l'autel, est ce qu'on connaît sous le nom de sacrés
diptyques. Il y en avait une pour les évêques morts en la communion de l'Eglisecatholique, une seconde pour les vivants
ce qui se rapporte à l'oraison du canon de la messe qu'on nomme le memento des vivants, et une troisième pour les
morts en général. Dans la seconde tablette étaient les noms des clercs, celui de l'empereur et des autres personnages
considérables.
ut nec litteras acciperet, quibus in peregrina- briis hominum et malarum linguarum detractione
tione honorem suum quæreret, ut in eo loco deficiat, et sic in ejus fauces ruat. Siautem necfa-
ubi ambo ignoti sunt, circa ambos æqualitas ser- mam innocentis maculare potuerit, hoc ei per-
varetur. Et nunc si vobis placet ut nomen ejus suadere tentat, ut per malivolas suspiciones de
non reciteLur, ne iis, qui ad Ecclesiam accedere no- fratresuojudicel,etsicab illo implicatus absor-
lunt, sicut ait Apostolus (II Cor., XI, 12), demus beatur. Et quis omnes ej us captiones et circum-
occasionem quærentibus occasionem; non erit ventiones vel comprehendere vel enumerare suf-
nostrum hoc factum, sed eorum quorum caussa ficiat? Adversus tamen hæc tria, quæ ad caussam
fuerit factum. Quid enim obest homini, quod ex præsentem pertinent (a) proprius, ne mala exem-
illa. tabula nonvult eumrecitarihumana ignorantia, pla imitando ad nequitiam seducamini, ita vos
si de libro vivorum non eum delet iniqua conscien- j
per Apostolum adloquitur Deus; « Ne sitis llgum du-
tia? centes cum infidelibus. Quæ enim participatio justi-
5. Proinde fratres mei, qui timetis Deum, memen- tiæ cum iniquitate, aut quæ societas luci ad tene-
tote quod ait apostolus Petrus, « Quoniam adversa- bras (II Cor., VI, 13)? » Item alio loco, « Nolite, »
rius vester diabolus tamquam leo rugiens circumit
quærens quem devoret (I Pet., v, 8). > Quem non
potest devorare seductum ad nequitiam, famam
quia mala :
inquit, « seduci : Corrumpunt mores bonos collo-
Sobrii estote justi, et nolite peccare
(I Cor., xv, 34). » Ut autcm linguis detrahentium
ipsius inquinare conatur, ut si fieri potest oppro- non deticiatis, sic per Prophetam dicit: « Audite
(a) MSS.Vaticani cum decem e nostris, prius.
vous qui connaissez le jugement, vous, mon rer jusqu'à la fin pourêtre sauvés. Pour ce qui
peuple, dans le cœur de qui ma loi est gravée :me concerne, s'il y a en moi quelque faible
Ne craignez pas les outrages des hommes, et ne rayon de la charité du Christ, qui d'entre vous
vous laissez pas abattre par leurs calomnies ;:
s'affaiblit sans que je m'affaiblisse moi-même?
comptez pour peu de chose d'en être méprisé Qui d'entre vous est scandalisé, sans que j'en
car le temps les consumera comme un vête- ressente une vive douleur ?
C'est pourquoi
ment, et ils seront comme la laine rongée par n'augmentez pas mes tourments en tombant
la teigne, mais ma justice demeure éternelle- dans de faux soupçons, ou en imitant les pé-
ment (Isaie, LI, 7).» Enfin pour ne pas vous chés des autres. Ne taites pas, je vous en con-
perdre par la malveillance et les faux soupçons jure, que je puisse dire de vous « ils ont aggravé
:
contre les serviteurs de Dieu, souvenez-vous la douleur de mes blessures (Ps., LXVIII, 27). »
de la recommandation de l'Apôtre « Ne jugez Quant à ceux qui se réjouissent de mes dou-
rien avant le temps jusqu'à ce que le Seigneur leurs prédites depuis si longtemps par le psal-
vienne: il éclairera ce qui est caché dans les mite, dans la personne même de Jésus-Christ :
:
ténèbres, et découvrira les pensées les plus se- a Ceux qui étaient assis à la porte m'insul-
crètes des cœurs et alors chacun recevi a de taient, et ceux qui buvaient du vin me rail-
Dieu la louange qui lui sera due (I Cor., IV, laient dans leurs chansons (Ps., LVIII, 13). »
même Apôtre :
5). » N'oubliez pas non plus ces paroles du
« C'est à vous de juger ce qui
Quant à ces hommes, il est bien facile de sup-
;
porter les outrages de pareilles gens nous de-
est évident, mais la connaissance de ce qui est vons néanmoins prier pour eux et leur vouloir
caché n'appartient qu'au Seigneur votre Dieu du bien. Que veulent, en effet, ceux qui sont
(I Cor., v, 11). » assis à la porte, que cherchent-ils autre chose,
6. Il est clair que ces choses n'arrivent pas sinon, lorsqu'un évêque, ou un clerc, ou un
dans l'Eglise sans attrister gravement les saints religieux, ou une vierge consacrée au Seigneur
et les fidèles. Cependant nous trouvons notre vient à faillir, de croire, de publier, de soute-
consolation dans celui qui a tout prédit, et qui nir que tous les autres ne valent pas mieux,
nous a avertis de ne pas nous laisser refroidir quoiqu'on ne puisse pas mettre leurs fautes au
?
par l'abondance de l'iniquité, mais de persévé- grand jour Cependant lorsque quelque femme
me qui scitis judicium, populus meu, in quorum Christi, quis vestrum infirmatur, et ego non infir-
le
cor lex mea est, Opprobrium hominum nolite mor? quis scandalizatur, et ego non uror ? No-
metuere, et detractione eorum ne superemini, nec lite itaque augere cruciatus mcos deficiendo vel in
quod vos spernant magni duxeritis: sicut enim ves- suspicionibus falsis, vel in peccatis alienis. Nolite
timentum, ita per tempus absumentur, et sicut obsecro vos, ne dicam de vobis, « Et super dolorem
lana a tinea comedentur; justitia autem mea in vulnerum meorum addiderunt (Psal., LXVIII, 29). »
æternum manet (Isai., LI, 7). » Jam vero ne mali- Nam illi qui gaudent de istis doloribus nostris,
volo animo de servis Dei falsa suspicando pereatis, de quibus in persona corporis Christi tanto ante
illud apostolicum recordamini, ubi ait, «Nolite an- prædictum est, « Adversus me insultabant qui se-
te tempus judicare quidquam, donec veniat Domi- debant in porta, et in me psalebant qui bibebant
nus, et illuminet abscondita tenebrarum, et mani- vinum (Ibid., 13), valde tolerabilius sustinentur;
festabit cogitationes cordis, et tunc laus erit uni- pro quibus tamen etiam ipsis orare, et bonum
cuique a Deo (I Cor., IV, 5).» Et item illud quod eis velle didicimus. Ad quid enim aliud sedent isti,
scriptum est, « Quæ manifesta sunt, vobis; quæ et quid aliud captant, nisi ut quisquis episcopus,
autem occulta, Domino Deo vestro (I Cor., v, vel clericus, vel monachus, vel sanctimonialis
11). ceciderit, omnes tales esse credant, jactent, con-
6. Manifestum est quidem, quia ista in Ecclesia tendant, sed non omnes posse manifestari? Et ta-
adul-
non accidunt sine gravi tristitia sanctorum atque men etiam ipsicum aliquamaritata invenitur
fidelium: verumtamen consoletur nos qui cuncta tera, nec projiciunt uxores suas, nec accusant
prædixit, atque ut abundantia iniquitatis non re- matres suas. Cum autem de aliquibus, qui sanc-
frigescamus, sed usque in finem perseveremus, ut tum nomen profitentur, aliquid criminis vel falsi
salvi esse possimus, admonuit. Nam quantum ad sonuerit, vel veri patuerit, instant, satagunt, am-
me adtinet, si est in me quantulacumque caritas biunt, ut de omnibus hoc credatur. Hos ergo de
est convaincue d'adultère, ils ne répudient pas calomnies des méchants, le faible,. pour qui
pour cela leurs épouses, ils n'accusentpas leurs Jésus-Christest mort, ne succombe et ne périsse.
mères. Mais qu'ils entendent accuser de crime N'augmentez pas ma douleur, parce que ce
faux ou véritable quelqu'un de ceux qui font n'est point ma faute si cette douleur est deve-
profession d'une vie religieuse, les voilà qui nue la vôtre. Je n'avais épargné ni peines, ni
insistent, se remuent, intriguent, pour qu'on efforts, pour prévenir ce malheur, et pour
enveloppe tous les autres dans une réprobation empêcher qu'il ne vînt à votre connaissance,
commune. Ces hommes qui trouvent du plaisir afin d'éviter aux forts une douleur inutile, et
à exercer la malignité de leur langue au sujet aux faibles des troubles dangereux. Mais
si
de nos douleurs, on peut, toutefois ce passage puisse celui qui a permis que ce scandale vous
de l'Ecriture est susceptible de s'appliquer à des fûtconnu afin de vous éprouver, vous donner
!
pervers, on peut, dis-je, les comparer à ces la force de le supporter Puisse-t-il vous ins-
chiens qui léchaient les plaies du pauvre La- truire dés vérités de sa foi, vous affermir par
zare étendu devant la porte du mauvais riche, ses leçons et adoucir pour vous les peines et les
et qui supportait toutes sortes de peines et épreuves des mauvais jours, jusqu'à ce qu'on
d'indignités, jusqu'à ce qu'il fût reçu au repos ait creusé une fosse au pécheur !
éternel dans le sein d'Abraham (Luc, XVI, 2 ). 8. J'ai appris que quelques-uns d'entre vous
7. N'augmentez pas mes tourments et mes étaient plus affligés de ce malheur, qu'ils ne
peines, vous qui mettez votre espérance en l'avaient été dela chute de ces deux diacres qui
Dieu. Ne multipliez pas les plaies que ces chiens avaient quitté le parti de Donat pour revenir à
;
se plaisent à lécher, vous pourqui nous nous nous et dont ils avaient pris occasion pour
exposons à toute heure, ayant au dehors des insulter à la discipline de Proculéien, se van-
;
combats à soutenir, au dedans des craintes à tant, à notre honneur, que jamais rien de sem-
éprouver, partout du péril à courir péril dans blable n'était arrivé à des clersc instruits dans
la ville, péril dans le désert, péril de la part notre école. Qui que vous soyez qui avez agi
des gentils, péril de la part des faux frères. Je ainsi, vous avez mal fait. Dieu vous a appris
sais que vous éprouvez de la douleur, mais est- que quiconque se glorifie, doit se glorifier dans
elle plus vive que la mienne? Je sais que vous le Seigneur. Reprochez seulement aux héréti-
êtes troublés, et moi je crains qu'au milieu des ques de n'être pas catholiques. Ne soyez pas
nostris doloribus suavitatem suæ malæ linguæ cap- culose turbarentur infirmi. Sed qui hoc cognito
tantes, facile est ut illis canihus comparemus, si
forte in malo intelligendi sunt, qui lingebant
vulnera pauperis illius, qui ante januam divi-
:
permisit vos tentari, det vobis vires sustinendi, et
erudiat vos ex lege sua doceat vos et mitiget a
diebus maligcis, donec fodiatur peccatori fovea.
tis j cebat, etquousqueveniret ad requiem sinus 8. Audio nonnullos vestrum hinc amplius con-
Abrahæ (Lucæ, XVI, 21), laboriosa et indigna omnia de
tristari, quam lapsu duorum illorum diacono-
tolerabat. rum, qui ex parte Donati venerant, tamquam di-
7. Vus me nolite amplius craciare, qui aliquam sciplinæ Proculeiani insultaverint, velut gloriantes
spemhabetis ad Deum: vos nolite ipsavulnera,quæ de nobis, quod ex nostra disciplina nihil tale in
illi lingunt multiplicare: vos pro quibus periclita- clericis exstitisset, quod quicumque fecistis, fateor
mur omni hora, habentes foris pugnas, intus timo-
;
res periculum in civitate, periculum in deserto,
periculnm ex gentibus, periculum ex falsis fratri-
:
vobis, non bene fecistis, Ecce docuit vos Deus, ut
qui gloriatur, in Domino glorietur nec ohjiciatis
hæreticis, nisi quia non sunt catholici; ne similes
bus. Scio quia doletis, sed numquidacrius quam eis sitis, qui non habendo quod in caussa suæ divi-
ego? Scio quia conturbati estis, et timeo ne inter sionis defendant, non nisi hominum crimina colli-
linguas maledicorum deficiat et pereat infirmus, gere affectant, et ea ipsa plura falsissime jactant :
propter quem Christus mortuus est. Non ex vobis ut quia ipsam divinæ Scriptur e veritatem, qua
increscat dolor noster, quia non culpa nostra fac- ubique diffusa Christi Ecclesia commendatur, cri-
tus est vester. Nam hoc est quod præcavere cona- minari et obscurare non possunt, homines per quos
tus sum, ut si fieri posset, hoc malum nec vitan- prædicatur adducant in odium, de quibus et fin-
dum negligeretur, nec in vestram notitiam perfer-
retur, ubi infructuose cruciarentur firmi, et peri-
gere quidqu d
autem non ita didicistis Christum;
in mentem venerit, possunt. Vos
si tamen illum
semblables à ceux qui, n'ayant aucune raison réprouvé (Gen.,IX, 27). Je n'ose pas dire non
pour défendre la cause de leur séparation, se plus qu'elle soit meilleure que la maison d'Abra-
plaisent à ramasser les crimes d'autrui en y ham dont il fut dit: « Chassez l'esclave et son
ajoutant encore d'odieuses faussetes. Comme fils (Gen., XXI, 10) ; » meilleure que la maison
ils ne peuvent ni accuser, ni obscurcir la vérité d'Isaac sur les deux jumeaux duquel Dieu a
des divines Ecrituresqui font connaîtrel'Église :
dit « J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Esaü (Malac,
de Jésus-Christ répandue sur toute la terre, ils ;
1, 2, 3,) » meilleure que la maison de Jacob
cherchentà attirer la haine sur les hommes qui lui-même, où le fils souilla la couche de son
annoncent cette vérité, et sur le compte des- père (Gen., XLIX, 4); meilleure que celle de
quels ils répandent toutes les méchancetés David, dont un fils ne respecta pas sa propre
qu'ils peuvent inventer. Ce n'est pas là ce qui sœur, et dont l'autre fils se révolta contre la
vous a été enseigné dans l'école du Christ, si sainte mansuétude de son père (II Rois., XIII,
toutefois vous l'avez entendu, et si c'est lui qui 14); meilleure que la demeure de l'apôtre
Paul lui-même qui, s'il eût vécu parmi des
vous a instruits. Car le Seigneur a prémuni ses
fidèles contre les mauvais dispensateurs de sa
parole, faisant le mal et prêchant le bien, quand
:
il a dit «Faites ce qu'ils disent, mais ne faites
que j'ai rapporté plus haut :
hommes également bons, n'aurait pas dit ce
« Combats au
dehors, frayeurs au dedans (II Cor., VII, 5). »
pas ce qu'ils font, car ils disent et ne font pas
(Matt., XXIII, 3). » Priez pour moi, de peur que
prêchant les autres, je ne sois réprouvé moi-
sainteté et de la foi de Timothée :
Il n'aurait pas dit non plus, en parlant de la
« Je n'ai
audistis, et in illo docti estis. Ipse quippe fideles tam sanctam mansuetudinem rebellavit: aut melior
suos securos fecit etiam de dispensatoribusmalis, quam cohabitatio Pauli apostoli, qui tamen si inter
mala sua facientibus, et bona ejus loquentibus, ubi omnes bonos hahitaret, non diceret quod superius
ait, « Qiue dicunt facite: quæ autem faciunt, facere commemoravi, « foris pugnæ intustimores (II Cor.,
nolite, dicunt enim, et non faciunt (Matt., xxin,3), » ; nec diceret cum de sanctitate et fide
ipse reprobus inveniar :
Orate quidem pro me, ne forte aliis prædicans
verumtamen cum gloria-
mini, non in me. sed in Domino gloriamini. Quan-
VII, 5) »
Timothei loqueretur. Neminem babeo qui ger-
«
mane de vobis sollicitus sit. Omnes enim sua quæ-
runt, non quæ sunt Jesu Christi (Phil., II. 20): » aut
tumlibet enim vigilet disciplina domus meæ, homo melior quam cohabitatio ipsius Domini Christi, in
sum, et inter homine3 vivo, nec mihi arrogare qua undecim boni perfidum et furem Judam tole-
audeo ut domus mea melior sit quam area Noe ravernnt: aut melior sit postremo quam cælum,
(Gen., IX, 27), ubi tamen inter octo homines repro- unde angeliceciderunt.
:
bus unus inventus est aut melior sit quam domus
Abrahæ, ubi dictum est, « Ejice ancillam et filium
9. Simpliciter autem fateorcaritati vestræ coram
Domino Deo nostro, qui testis est super animam
ejus (Gen., xx, 10): » aut melior sit quam domus meam, ex quo Deo servire cœpi, quomodo difficile
Isaac, (a) cujus de duobus geminis dictum est, sum expertus meliores quam qui in monasteriis
« Jacob dilexi,Esau autem odiohabui (Malach., 1,2):» profecerunt; ita nonsum expertuspejoresquam
autmeliorsitquamdomusipsiusJacob(Gen.,IV4),«ubi qui in monasteriis ceciderunt, ita ut hinc arbitrer
lectum patris filius incestavit: aut melior sit quam ii Apocalypsi scriptum, «Justus justior fiat, et sor-
domus David (IIReg., xin, 14, xv, 12),» cujus filius didus sordescatadhuc (Apoc.,XXII, 11). » Quaprop-
cum sorore concubuit; cujus alterfilius contra patris ter etsi contristamur de aliquibus purgamentis,
(a) Editi, cui de duobus. At meliores MSS. habent, cujus.
9. J'avoue, en toute simplicité devant le
Seigneur notre Dieu, qui depuis le jour où j'ai
commencé àle servir, est témoin de la vérité
de mon cœur, que si j'ai difficilement trouvé
de meilleurs chrétiens que ceux qui ont vécu LETTRE LXXIX (l)
saintement dans les monastères, je n'en ai pas <
consolamur tamen etiam de pluribus ornamentis. istam visibilem, quam omnes homines norunt,
Nolite ergo propter amurcam, qua oculi vestri of-
fenduntur, torcularia detestari, unde apothecæ
dominicæ fructu olei luminosioris implentur. Do-
:
separationem esse mentis a corpore, non est ma-
:
gnum intelligere sed quod adjungis de vestro,
separationem esse boni a malo Si mens bonum
est et corpus malum, qui ea comiscuit non est bo-
mini Dei nostri misericordia vos adversus omnes
insidias inimici in sua pace custodiat, dilectissimi
fratres.
gus: dicitis autem quia Deus bonus ista commis-
cuit: ergo aut malus est, aut malum timebat. Et tu
gloriaris, quia non times hominem, cum Deum
talem tibi fingas, qui tenebras timuit, ut com-
- EPISTOLA LXXIX
Augustini episcopi ad presbyterum quemdam Mani-
misceret bonum et malum ?Noli autem extolli
animo, sicut scripsisti, quia vos magnos facimus,
chæum, denuntians ut solvat quæstionem, in qua
præcessor ejus Fortanatus defecerat, vel procul a sua
ecclesia discedat.
homines pestilentia serpat :
eo quod impedire volumus venena vestra, ne ad
Non enim aposto-
lus, quos canes appellat magnos facit, cum dicit,
tergivrsaris, cum longe appareat « Cavete canes (Phil., 111, 2)T » aut illos magnos
:
1. Sine caussa
qualis sis. Quid tecumlocuti fuerint fratres, indica- faciebat, quoru n seraionem dicebat serpere ut can-
veruntmihi. Bene, quia non times mortem sed crum (II Tim., II, 17). Itaque denuntio tibi in
eam mortem debes timere, quam tibi ipse facis ta- nomine Christi, ut si paratus es, solve quæstionem,
liadeDeo blasphemando. Et quod intelligis mortem in qua deficit præcesor tuus (a) Fortunatus. Et ita
(a) Fortunatum indisputatioue vicitAugustinus, cumadhuc presbyter esset, ex lib. I, Retract, c. XVI. Jam vero epis-
I
que c'estle Dieu bon (4) qui a fait cette union. prendre dans vos filets, où à empoisonner de
Il était donc mauvais lui-même, ou il craignait
le mauvais Dieu. Vous vous glorifiez de ne pas
vos erreurs, les âmes des faibles :
Autrement
prenez garde que la main de Notre Seigneur
craindre les hommes, et vous vous forgez un ne nous fournisse les moyens de vous confondre
Dieu, qui par crainte de l'esprit des ténèbres, et de vous couvrir d'une honte à laquelle vous
a été forcé de mêler le bien et le mal. Ne vous ne vous attendiez pas.
enorgueillissez pas si nous attachons quelque
importance à ce que vous faites, pour empêcher
que votre venin ne s'insinue dans le cœur des
hommes. En effet, l'Apôtre ne cherche pas à
LETTRE LXXX (1)
;
copus aliam cum Felice, qui Hipponem venerat eumdem seminaturus errorem, ut ait in lib. II. Retract. c. VIII. disputatio-
nem habuit anno scilicet 404. ex Actis cum Felice. Huic ergo epistolam hanc scriptam fuisse suspicari licet.
estadressée.
(1) Les Manichéens croyaient à un bon et à un mauvais Dieu, c'est-à-dire au Dieu du bien et au Dieu du mal. -
(2) Saint Augustin n'étant encore que prêtre, eut une conférence avec Fortunat, danslaquelle ce dernier fut vaincu
comme on le voit dans le premier livre de la revue de ses ouvrages, chapitre 16. Plus tard, lorsque déjà. il était évêque,
il eut une autre conférence avec Félix « qui était venu à Hippone pour y répandre l'erreur des Manichéens, » comme
saint Angustinledit lui-même, au deuxième livre de la revue de ses ouvrages, chapitre 8. Cette conférence ayant eu
lieu l'an 404, d'après ce qu'on lit dans les actes de ce qui se passa avec Félix, il y a quelque apparence que c'est à lui
que cette lettre
(3) Ecrite au mois de mai de l'an 405.
—
dictins, et celle qui était-la 80e se trouve maintenant la 199°.
-.
Cette lettre était la 65e dans les éditions antérieures à l'édition des béné-
hinc ierat, ut non rediret, nisi, cum suis disputa- TUM DESIDERABILIBUS FRATRIBUS PAULINO ET THERASIÆ,
tione collata, inveniret quid contra respondere AUGUSTINUS IN DOMINO SALUTEM.
posset, disputans cum fratribus. Si autem ad hoc
1. Caris simus frater Celsus, cum rescripta repe-
non esparatus; discedehinc, et noli pervertere teret, debitum reddere festinavi, sed vere festinavi.
vias Domini, et illaqueare et venenis inficere ani-
Cum enim eum putarem adhuc aliquot dies nobis-
mas infirmas, ne adjuvante dextera Domini nostri,
quomodo non putaveras erubescas. cum muraturum, repente compertaoccasione
navigii, mihi pridianam suam profectionem
°
jam nocte suggessit. Quid facerem cum eum
EPISTOLALXXX tenere non possem, et quia ad vos, cum quibus
Cupit explicari liquidius a Paulino, quonam modo ei melius esset, properabat, nec si possem, debe-
rem. Proinde pauca illico bsec arripui dictanda
voluntatem Dei, quæ nostræ præferenda est, nosse
atque miltenda, prolixioris epistolæ me confitens
debitorem, cumpost reditumvenerabiliumfratrum
possimus. -
SANCTIS ET DEO DILECTIS, MERITO VENERABILIBUSET MUL- nostrorum collegarum meorum (a) Theasii et Evo-
dii, primum vestri ex parte satiatus fuero. Uberius aliquanto diutius et uberius habitare gratia oris
enim ad nos in eorum pectoribus et (a) oribus vos tui, si cum dixisses ita te in illo, quo feliciter uteris
esse venturos jamjamque, in Christi nomine atque loco perseverare decrevisse, ut si quid de te
adjutorio speramus. Cum hæc scriberem, etiam per aliud Domino placuerit, ejus voluntatem præferas
tuæ, idipsum aliquanto apertius explicares, Quo-
unanimem filium nostrum (b) Thagastensis ecclesíæ
presbyterum Fortunatiauum ROlllillll navigaturum,
aliam epistolam paucis ante diebus jam dederam.
Nunc ergo quod soleo rogo, ut quod soletis, faciatis
præponenda est, noverimus :
nam modo voluntatem Dei, quæ nostræ voluntati
utrum tantum in ea
re, quam propterea (c) volentes perferre debemus,
Oretis pro nobis, un videat Deus humilitatem nos- quia et inviti cogeremur. Ibi enim fit quidem
- tram, et laborem nostrum, et dimittat omnia pec- quod nolumus : sed ideo nos corrigimus ut veli-
cata nostra. mus, quia ille vult, cujus voluntatis nec excellen-
2. Colloqui autem vobiscum talia cupio, si dL
gnemini, litteris, qualia colloqui possemus, si co-
ram vestris seusibus adessemus. Ecce illam quæs-
tare:
tiam fas est recusare, nec omnipotentiam licet evi-
sicut Petrum alter cinxit et tulit quo
noluerat; verumtamen quo nollet iit, et volens
tiunculam, quam nuper proposueram, tamquam mortem subegit asperam (Johan., XXI, 18). An et
si præsens præsenti inter dulces Joquelas obderem ibi ubi est potestas, non mutare sententiam, quam-
plane Christiano intellectu et devotione solvisti, vis aliud occurrat, in quo potius appareat volun-
sed nimis cursim et breviter; posset quippe ibi tas Dei ad mutandam sententiam nos vocantis;
non quia nostra mala erat, sed in qua recte perma- ibi manerenuntiaretur aliquid, quod eadem ve-
neretur, nisi ab illo in alteram vocaremur. Neque ritate consulta nos compelleret proficisci. De hoc
enim malum fuit Abrahæ nutrire et educare filium, tertio genere caussarum mutaudæ sententiæ, quid
quoad posset, quantum in ipso esset, usque ad fi- tibi videatur peto mecum plenius et enodatius col-
nem vitæ suæ (Gen., XXII) : sed repente jussus oc- loquaris. Sæpe nos quippe conturbat, et difficileest
cidere, mutavit utique non prius malam senten- non aliquid quod magis faciendum erat omittere,
tiam, sed quæ mala esset, si post jussum mutata dum illud mutare (a) nolumus, in quo prius per-
non esset, hinc quoque non dubito nihil aliud vi- manere statueramus, non quidem malum, verum
deri tibi. jam ideo malum, quia id quodpotiusagendum est,
3. Sedplerumque non vocede cælo, non per Pro- occurrens deseritur, quod si non occurreret, non
phetam,nonperrevelationemvelsomniivelexcessus solumsinevituperatione, sed etiam cumlaude; in
mentis, qui dicitur exstasis, sed rebus ipsis acci- illo priore perduraretur. Hic non falli difficile est ;
dentibus, et ad aliud quam statueramus vocantibus hic omnino vox prophetica praevalet, « Delicta quis
:
cogimur agnoscere Dei voluntatem esse aliam
quam erat nostra tamquam si proficisci statuere-
mus, et aliquid oriretur quod consulta de officio
intelligit (Psal., XVlII, 13). » Hinc oro, participem
quid in talibus vel
me facias cogitationum tuarum, reperias.
facere soleas, vel faciendum esse
nostro veritas vetaret deserere, aut decernentibus
(a) Editi, mutare volumus. Sed legendum, ut est in MSS. novem, mutare nolumus. quo nimirum sit, ut quod potius agen.
dum est occurrentdeseratur.
si cordiale affection. Je vous prie également de
me pardonner la réponse que je n'ai pu refuser,
PAPE AUGUSTIN
CHRIST.
,
AU SEIGNEUR VRAIMENT SAINT, AU BIENHEUREUX
JÉROME, SALUT EN JÉSUS
nous le Seigneur vous saluent affectueusement.
-
Saluez aussi de ma part les saints qui portent
avec vous le joug si léger de Jésus-Christ, et
particulièrement le saint et vénérable pape
1. J'ai demandé avec empressement de vos Alype. Que le Christ notre Dieu tout-puissant
nouvelles à notre saint frère Firmus, et j'ai vous garde sain et sauf, et conserve ma mémoire
appris avec joie que vous vous portiez bien. dans votre cœur, ô seigneur vraiment saint et
Lui ayant demandé si vous lui aviez remis pour bienheureux pape !
Si vous avez lu mon livre
moi une lettre que j'espérais, et que mon amitié des commentaires sur Jonas, vous aurez sans
me donnait le droit d'exiger, il m'a répondu doute pris en plaisenterie la querelle ridicule
qu'il était parti d'Afrique sans vous en avoir qu'on m'a cherchée au sujet de la citrouille. Si
prévenu. Je vous rends donc mes devoirs par j'ai repoussé avec le style l'ami qui, le premier,
l'intermédiaire de cet ami qui vous porte une m'a attaqué avec l'épée, la droiture de votre
(I) Ecrite vers l'an 405. — Cette lettre étaitla 18e dans les éditions antérieurs à l'édition des Bénédictins et celle qui
était la 81e est présentement la 48e.
exigerem ;
Rursum cum tuas litteras non dico sperarem, sed
nesciente te, de Africa se profectum esse
dixit. Itaque reddo tibipereum salutationis officia,
cipias quæstiouem. Si autem amicus, qui me pri-
mus gladio petiit, stilo repulsus est; sit humanita-
tis tuæ atque justitiæ, accusantem reprehendere,
qui te unico amore complectitur : simulque obsecro, non respondentem. In Scripturarum campo, si pla-
ut ignoscas pudori meo, quod diu præcipienti ut cet, sine nostro invicem dolore ludamus.
rescriberem, negare non potui. Nec ego tibi, sed
(a) Firminomen hieloci omittitur in Vaticanisocto, et in aliis sex e nostris MSS. sed in omnibus fere habetur initio -
epistolasproximosequentis.
cœur et votre justice blâmeront le provocateur, CHAPITRE PREMIER. — 1. Déjà depuis
et non celui qui n'a fait que se défendre. longtemps j'ai envoyé à votre charité une
Exerçons-nous, si cela vous plaît, dans le champ longue lettre en réponse à celle que vous vous
des Écritures, mais évitons de part et d'autre rappelez sans doute m'avoir adressée par votre
tout ce qui pourrait blesser. saint fils Astérius, aujourd'hui non-seulement
mon frère, mais encore mon collègue dans
l'épiscopat. Je ne sais pas encore si elle aura
LETTRE LXXXII(1) eu le bonheur de vous parvenir. Tout ce qui
peut me le faire croire, c'est ce que vous m'é-
crivez par notre cher frère Firmus, quand vous
Saint Augustinrépond à trois lettres de saint me dites, que « si vous avez repoussé par le
Jérôme qui sont les 72, 75 et 81. Il traite plus style celui qui, le premier vous avait attaqué
complétement l'endroit de l'épître aux Galates par l'épée; il est de toute justice que le blâme
sur lequel ils étaient en discussion. Il fait voir en retombe sur l'agresseur et non sur celui qui
très-solidement que la réprimande faite à saint n'a fait que se défendre. » Voilà le seul indice
Pierre par saint Paul était sérieuse, et que qui puisse me faire conjecturer que vous avez
saint Pierre la méritait. Du reste il demande lu ma lettre. J'y ai déploré la discorde qui
pardon à saint Jérôme s'il lui est échappé quelque avait éclaté entre vous et Ruffin, dont l'amitié
chose qui ait pu le blesser, et l'assure que ce autrefois si étroite, avait porté la joie partout
n'étaitpoint sa faute si la lettre que saintJerôme où le bruit s'en était répandu. Je ne l'ai pas
lui reprochait d'avoir répandue partout, avait fait pour blâmer votre fraternité, à laquelle je
fait tant de chemin avant d'arriver jusqu'à n'oserais imputer la moindre faute dans cette
lui. affaire, mais seulement pour gémir sur la misère
humaine, qui laisse toujours incertaine la
AU BIEN-AIMÉ SEIGNEUR QU'IL CHÉRIT, DANS LES durée des amitiés quelque grandes qu'elles
ENTRAILLES DU CHRIST, A SON SAINT FRÈRE soient, de celles même qu'il faudrait conserver
JÉRÔME, SON COLLÈGUE DANS LESACERDOCE. par un dévouement et une charité mutuels.
AUGUSTIN, SALUT DANS LE SEIGNEUR. Mais j'aurais bien mieux aimé apprendre par
(1) Ecritel'an 404 peu de temps après la précédente. — Cette lettre était la 19e dans les éditions antérieurs à l'é-
dition des Bénédictins et celle qn était la 82e se trouve maintenant la 292e.
(1) Tous les mots ainsi rappelés sont de la lettre 75 adressée par saint Jérôme à saint Augustin.
Scripturarum campo sine nostro invicem dolore cidamus in suspicionem puerilis jactantiæ, quasi
ludamus. Equidem quantum ad me adtinet, serio nostro nomini famam, viros illustres accusando,
nos ista, quam ludo, agere mallem. Quod si hoc
verbum tibi propter facilitatem ponere placuit; ego
quaeramus: siautem aliquid aspeum, refellendi
necessitate depromtum fuerit; quo tolerabile fiat,
fateor, majus aliquid expeto a benignilate virium leniore circumfundamus eloquio, ne litum melle
tuarum, prudentiaque tam docta, etotiosa, annosa, gladium stringerc judicemur. Nisi forte ille modus
studiosa, ingeniosadiligentia, hæc tibi non tantum est, quo utrumque hoc vitium, vel vitii suspicio-
donante, verum etiam dictante Spiritu-sancto, ut in nem caveamus, si cum doctiore amico sic dispute-
magnis et laboriosis quæstionibus, non tamquam mus, ut quidquid dixeril, necesse sit approbare,
ludentem in campo Scripturarum, sed in montibus nec quacKiidi saltem caussa, liceat aliquantulum
anbelantem adjuves. Si autem propter hilaritatem, reluctari.
tasti dicendum esse, ludamus :s
quam esse inter carissirpos disberentes decet, pu-
illud apertum
et planum sit, unde colloquimur, sive arduum at-
3. Tum vero sine ullo timore offensionis tamquam
in campo luditur : sed mirum si nobis non illu-
ditur. Ego enim fateor carilati tuæ, solis eis Scri-
modo assequi valeamus :
que difficile; hocipsum, edoce, obsecro te, quonam
ut cum forte aliquid nos
movet, quod nobis, etsi non cautius adtendentibus
pturarum libris, qui jam canonici appellantur,
didici huno timorem honoremque deferre, ut nul-
lum eorum auctorem scribendo aliquid errasse fir-
certe tardius intelligentibus, non probatum est, et missime credam. Ac si aliquid in eis offendero lit-
quid nOùlSc videatur, cuntra consmur asserere, si teris, quod videatur contrarium veritati; nihil
hoc aliquanto securiore libertate dicamus, non iu- aliud; quam vel mendosum esse codicem, vel inter-
ce respect, cette vénération suprême qui me l'Apôtre saint Paul n'a pas écrit quelque chose
fait croire avec une entière certitude que leurs de contraire à sa pensée, lorsque, en parlant de
auteurs n'ont pu commettre aucune erreur. Si il
Pierre et de Barnabé, dit: « Voyant qu'ils ne
donc j'y trouve quelque chose qui me paraisse
contraire à la vérité, je ne balance pas à croire,
ou que l'exemplaire est fautif en cet endroit, ou
gile, je dis à Pierre devant tout le monde :
marchaient pas droit selon la vérité de l'Evan-
que le traducteur n'a pas bien saisi le sens du et non comme les Juifs, pourquoi forcez-vous
livre ou que je l'ai mal compris moi-même. les gentils à judaïser (Gal., II, 14)? » Sur la
Pour les aulres écrivains, quelles que soient leur vérité des écrits et des paroles de qui pourrais-
sainteté et leur science, je ne regarde pas je compter, si l'Apôtre trompait ses fils qu'il
comme vrai ce qu'ils disent, uniquement parce enfantait de nouveau, jusqu'à ce que le Christ,
- que telle a été leur manière devoir, mais quand c'est-à-dire la vérité même, fûtformé en eux ?
?
ils peuvent, soit par les auteurs canoniques,
soit par quelque raison probable, me persuader
qu'ils ne s'écartent pas de la vérité. Je suis bien
Quoi
:
après avoir dit, au commencement de
cette lettre aux Galates « Je prends Dieu à
témoin que je ne mens point en tout ce que je
;
persuadé que vous-même, mon frère, vous
pensez comme moi et vous ne voulez certai-
nement pas qu'on lise vos livres, comme ceux
vous écris (Gal., II, 10), » il n'aurait pas écrit
sincèrement, et il aurait usé de dissimulation
avec ses fils en leur disant qu'il avait vu Pierre
des Prophètes et des Apôtres, dont on ne pour- et Barnabé ne marchant pas selon la vérité de
rait sans crime, soupçonner la vérité. Cela est l'Evangile, et qu'il avait résistéen face à Pierre,
bien loin de votre pieuse humilité et de l'idée uniquement parce qu'il forçait les gentils à
modeste que vous avez de vous même, et qui judaïser.
;
vous a fait dire « Dieu veuille que nous méri-
tions vos embrassements, et que nous puissions
5. Mais, dira-t-on, il vaut mieux croire que
l'apôtre Paul n'ait point parlé selon la vérité
apprendre dans nos entretiens quelque chose que de soupçonner l'apôtre Pierre d'avoir fait
l'un de l'autre. » quelque chose de mal. Dieu nous garde de
CHAPITRE II. — 4. Si, d'après ce que je penser ainsi, car avec un tel principe, il fau-
connais de votre vie et de vos mœurs, je crois drait croire que l'Evangile a menti, plutôt que
que vous avez parlé sincèrement et sans feinte, d'admettre que Pierre ait renié le Christ; qu'il
combien à plus forte raison dois-je croire que faut plutôt accuser de mensonge le livre des
pretem non asseqnutum esse quod dictum est, vel pserit, ubi ait de Petro et Barnaba, « Cum viderem
me minime intellexisse, non ambigam. Alios au- quia non recte ingrediuntur ad veritatem Evange-
teur ita lego, ut quantalibet sanctitate doctrinaque lii, dixi Petro coram omnibus; Si tu, cum sis Ju-
præpolleant, non ideo verum putem, quia ipsi ita dæus, gentiliter et non Judaice vivis, quomodo gen-
sensurunt; sed quia mihi vel per illos auctores ca- tes cogis Judaizare (Gal.,II, 14)?»De quo enim
nonicos, vel probabili ratione, quod a vero non certus sim quod me scribendo vel loquendo non
:
abhorreaL, persuadere potuerunt. Nec te, mi frater, fallat, si fallebat Apostolus filios suos, quos iterum
sentire aliud existimo prorsus, inquam, non te ar- parturiebat, donec in eis Christus, id est veritas,
bilror sic legi tuos libros vel, tamquam Propheta- formaretur. Quibus cum præmisisset, dicens, «Quæ
rum, vel Apostoloium: de quorum scripis, quod autem scribo vobis, ecce coram Deo quia non men-
omni errore careant, dubitare nefarium est. tior (Gal., I, 20) : » non tamen veraciter scribebat,
Absit. hoc a pia humilitate et veraci de temetipso sed nescio qua dispensaloria sirnulatione fallebat,
cogitation equa nisi esses præditus, non utique vidisse se Petrum et Barnabam non recte ad Evan-
diceres, « Utinam mereremur complexus tuos, et gelii veritatem ingredientes, ac Petro in faciem res-
collatione mutua vel doceremus aliqua, vel discere- titisse, nonob aliud nisiquodgentes cogeretJudai-
mus. » zare..
CAPUT II. — 4. Quod si teipsum consideratione 5. At enim satius est credere, apostolum Paulum
vitæ ac morum tuorum, non simulate, necfallacite, aliquid nonvere scripsisse, quam apostolum Petrum
dixisse credo; quanto magis aiquumestme credere non l'e cte aliquid egisse. Hoc si ita est; aicamus
Apostolum Paulum non aliud sensisse, quam scri- (quod absit) satius esse credere mentiriEvangeliuin,
Rois, que de regarder un aussi grand prophète ;
été faite aussi vaincus par l'évidence de la
vérité connue de tous, ils se sont retirés du
que David, choisi expressément par Dieu, non-
seulement comme coupable d'avoir convoité et débat tout couvertsde confusion. Votre sagesse
enlevé la femme d'un autre, mais encore d'avoir ne voit-elle pas quel champ on ouvrirait àleur
ajouté l'homicide à l'adultère,en faisant mourir malice, si nous disions, non pas que les écrits
le mari de cette femme. Pour moi, je lirai avec apostoliques ont été falsifiés par d'autres, mais
toute confiance et en toute sécurité l'Ecriture que les Apôtres eux-mêmes ont écrit des choses
sainte dont l'autorité est si grande, qu'elle contraires à la vérité?
remonte jusqu'au ciel; jamais je ne douterai 7. Il n'est pas croyable,dites-vous, que Paul
de sa véracité, et c'est elle qui me fera connaî- ait repris dans Pierre ce qu'il avait fait lui-
tre ceux qui sont approuvés, repris ou condam- même. Je ne m'occupe pas maintenant de ce
nés. Je ne craindrai pas non plus de regarder qu'il a fait; je regarde ce qu'il a écrit: c'est
comme repréhensible la conduite de quelques sur ce point que repose toute la question. Mon
hommes, dans lesquels je verrai d'ailleurs but est de prouver que l'affirmation des divi-
les choses les plus dignes de louanges, plutôt nes Écritures confiées à notre mémoire pour*
que de tenir pour suspectes les divines paroles l'édification de notre foi, non par des simples
de l'Ecriture. hommes, mais par les Apôtres eux-mêmes, et
6. Les Manichéens ne pouvant fausser le sens placées par conséquent au plus haut degré de
de plusieurs passages des livres divins qui l'autorité canonique, doit être en tous points
condamnent et mettent au grand jour leur cri- regardée comme véridique et hors CIe toute
minelle ecreur, cherchent à démontrer que ces espèce de doute. En effet, si Pierre a fait ce
passages sont altérés, sans attribuer toutefois qu'il a dû faire, Paul a menti en disant qu'il
cette altération aux Apôtres qui les ont écrits, l'avait vu ne marchant pas selon la vérité de
mais àje ne sais quels corrupteurs des textes
saints. Ils n'ont cependant jamais pu prouver
cette allégation ni par la production d'exem-
;
l'Evangile. Quiconque fait ce qu'il doit faire,
fait bien et c'est commettre un mensonge que
de dire de quelqu'un qu'il ne marche pas selon
plaires anciens, ni par des textes empruntés a la vérité, quand on sait qu'il a fait ce qu'il
la langue d'après laquelle la version latine a devait faire. Si au contraire Paul a écrit la
quam negalum esse a Petro Christum (Matt., XXVI, tiquioribus exemplaribus, nec præcedentis lillgnæ
75); et mentiri Regnorum librum, quam tantum auctoritate, unde latini libri interpretati sunt, pro-
Prophetam (II Reg., XI. 4), a Domino Deo tam excel- bare aliquando potuerunt: notissima omnibus ve-
lenter electum, et in concupiscenda atque abdu- ritate superati, confusique discedunt. Itane non
cenda uxore aliena commisisse adulterium, et in intelligit prudentia sancta tua, quanta malitiæ illo-
marito ejus necandotam horrendumhomicidium. rum patescat occasio, si non ab aliis apostolicas lit-
Immo verosanctam Scripturam, in summo et cæ teras esse falsatas, sed ipsos Apostolos falsa scri-
lesti auctoritatis culmine collocatam, de veritate psisse, dicamus ?
ejus certus ac securus legam, et in ea homines vel 7. Non est, inquis, credibile, hoc iu- Petro Pau-
approbatos, vel emendatos, vel damnatos veraciter lum, quod ipse Paulus fecerat, arguisse. Non nunc
discam potius quam, facta humana (a) dum in qui- inquiro quid fecerit quid scripserit quæro : hoc ad
busdam laudabilis excellentise personis aliquando quæstionem, quam suscepi, maxime perlinet: ut
credere timeo reprehendenda, ipsa divina eloquia veritas divinarum Seripturarum, ad nostram fidem
mihi sint ubique suspecta. ædificandatn memorise commendata, non a qui-
6. Manichæi plurima divinarum Scripturarum, buslibet, sed ab ipsis Apostolis, ac perhoc incano-
quibus eorum nefarius errore clarissima sententia- nicum auctoritatis culmen recepta, ex omni parte
rum perspicuitate convincitur, quia in alium sen- verax atque indubitanda persibtat. Nam si hoc feci
sum detorquere non possunt, falsa esse contendunt: Petrus, quod facere debuit: mentitus est Paulus
ita tamen, ut eamdem falsitatem non scribentibus quod eum viderit non recte ingredientem ad veri-
Apostolis tribuant, sed nescio quibus codicum cor- tatem Evangelii. Quisquis enim hoc facit, quod
ruptoribus. Quod tamen quia nec pluribus sive an- facere debet, recte utique facit. Et ideo falsum de
(a) Lov. pottos quam facta huinana,ne dum etc, sed melius sublato, ne ut in aliis editionibus et in MSS.
vérité, il demeure vrai que Pierre ne marchait cérémonies, mais c'était pour faire voir, qu'il
pas selon la vérité de l'Evangile. Il faisait donc
:
cequ'il ne devait pas faire et si Paul avait fait
lui-même ce qu'il reproche à Pierre, je croirai
ne fallait pas condamner comme une idolàtrie
païenne ces pratiques qui convenaient aux
temps anciens, et que Dieu avait ordonné d'é-
plutôt, que s'étant déjà corrigé lui-même, il n'a tablir comme une ombre des choses à venir.
pu s'empêcher de reprendre son collègue dans Car, d'après ce que lui avait dit Jacques,
on
l'apostolat, que de supposer qu'il ait commis l'accusait d'enseigner qu'il fallait renoncer à
un mensonge dans son épître, ou dans une épître Moïe. Or, ce serait un crime, pour ceux qui
illo dicit, qui dicit eum non recte fecisse, quod eum vero Paulum non ad hoc id egisse, quod vel Timo-
novit facere debuisse. Si autem verum scripsit Pau- theum circumcidit (Act., XVI, 5), vel Cenchreis vo-
lus; verum est, quod Petrus non recte tunc ingre- tum persolvit (Act., XVIII, 18), vet Jerosolymis a Ja-
diebatur ad veritatem Evangelii. Id ergo faciebat, cobo admonitus, cum eis, qui noverant, legitima
quod facere non debebat: et si tale aliquid Paulus illa celebranda suscepit (Act.,XXI, 24); utputarivi-
ipse jam fecerat, correctum potius etiam ipsum deretur, per ea sacramenta etiam Christianamsalu-
credam coapostoli sui correctionem non potuisse temdari: sed ne illa, quae prioribus, ut congruebat,
negligere, quam meudaciler aliquid in sua epistola temporibus in umbris rerum futurarum Deus fieri,
posuisse; et in espitola qualibet :• quanto magis in jusserat, tamquam idololatriam gentilium damnare
illa, in qua praeloquutus ait, « Quæ autem scribo crederetur. Hoc est enim quod illi Jacobus ait, au-
vobis, ecce coram Deo quia non mentior (Gal., 1, ditum de illo esse quod disscissionem doceat a
?»
20) Moyse (Act., XXI, 21). Quod utiqne nefas est, utcre-
a
8. Ego quidem illud Petrum sic egisse credo, ut dentes in Christum disscindantur Propheta Christi,
- gentes cogerët Judaizare. Hoc enim lego scripsisse tamquam ejus doctrinam detestantes atque dam-
Paulum, quem mentitum esse non credo. Et ideo nantes : de quo ipse Christus dicit, « Si crederetis
non recte agebat hoc Petrus. Erat enim contra Moysi, crederetis et mihi; de me enim ille scripsit
Evangelii veritatem, ut putarent, qui credebant in v, »
(Johar., 46).
Christum, sine illis veteribus Sacramentis salvos se 9.Adtende enim obsecro ipsaverbaJacobi«Vides,»
esse non posse. Hoc enim contendebant Antiochiæ,
qui ex circumcisione crediderant : contra quos
Paulus perseveranter acriterque confligit. Ipsum
:
inquit, frater, quot millia sunt in Judæa, qui cre-
diderunt in Christum et hi omnes æmulatores sunt
Legis. Audierunt autem dete, quh disscissionem do-
Quant aux Gentils qui ont cru, nous leur avons et ennemi déclaré de leurs prétentions, ensei-
écrit qu'ils ne devaient rién observer de sem- gnait que l'homme n'était pas justifié par les
blable, mais qu'ils devaientseulement s'abstenir pratiques de laloi de Moïse, mais par la grâce de
de ce qui est sacrifié aux idoles, du sang et de la Jésus-Christ, dont ces pratiques n'étaient que des
fornication (Act., XXI, 20). » Il est clair, à mon figures, et comme l'ombre de cette grâce pré-
avis, que Jacques donna ce conseil à Paul, pour dite dans la loi. C'est pour cela, que voulant
démontrer la fausseté de ce qu'avaient entendu exciter contre Paul la haine et la persécution,
dire sur lui les Juifs qui croyaient en Jésus- ils l'accusaient d'être l'ennemi de la loi et des
Christ et qui, cependant, étaient zélés pour la divins commandements. L'Apôtre ne pouvait
loi. Ils ne devaient pas croire, en effet, que la donc plus convenablement échapper à l'envie
doctrine du Christ condamnait comme sacri- et à la haine de cette fausse accusation, qu'en
lèges, les institutions que leur père avaient observant lui-même les pratiques qu'on l'accu-
reçues de Moïse, et qui leur avait été prescrites sait de condamner comme sacrilèges. Il mon-
par l'ordre de Dieu même. Ce n'étaient pas trait par là qu'il ne fallait, ni les interdire aux
ceux qui comprenaient dans quel esprit les Juifs comme criminelles, ni les imposer aux
juifs, devenus chrétiens, devaient observer les Gentils comme nécessaires.
anciennes cérémonies, et qui savaient que c'é- 10. En effet, si Paul les ayant réprouvées,
tait seulement pour honorer la divine autorité comme le bruit s'en était répandu,les eût cepen-
et la sainteté prophétique de ces mystères, et dant pratiquées, pour cacher par une feinte, le
non pas pour obtenir le salut, que Jésus-Christ fond de sa pensée, Jacques ne lui aurait pas
ment du baptême ;
avait révélé et qui se conférait par le sacre-
ce n'étaient pas, dis-je, les
Juifs devenus chrétiens qui avaient répandu
»
dit : « Et tous sauront, mais il lui aurait dit
«Et tous penseront que ce qu'ils ont ouï-dire
de vous est faux (Act., xv, 28), » d'autant plus
:
ces bruits sur Paul, mais ceux qui préten- qu'à Jérusalem même, les apôtres avaient déjà
daient, que sans l'observation des pratiques de décrété qu'on ne devait pas forcer les Gentils à
la loi ancienne, l'Evangile ne suffisait pas aux judaïser; mais ils n'avaient pas décrété qu'on
croyants pour le salut. Ils savaient, en effet, empêcherait les Juifs de pratiquer les cérémo-
que Paul, cet ardent prédicateur de la grâce, niesjudaïques. Si ce ne fut-qu'après ce décretdes
rum ;
ces a Moyse eorum, qui per gentes sunt, Judæo-
dicens non debere circumcidere eos filios
suos, neque secundum consuetudinem ingredi.
commendandam scilicet auctoritatem divinam et
sacramentorum illorum propheticam sanctitatem
non propter adipiscendam salutem, quæ jam in
Quid ergo est? Utique oportet convenire multitudi-
nem: andierunt enim te supervenisse : hoc ergo
fac, quod tibi dicimus. Sunt nobis viri quatuor vo-
:
Ghristo revelabatur, et per baptismi sacramentum,
ministrabatur sed illi hoc de Paulo sparserant, qui
sic ea volebant observari, tamquam - sine his in
:;
tum habentes super se, his assumptis, sanctifica te
cum ipsis, et impende in eos ut radant capita et
scient omnes quia, quæ de te audierunt, falsa sunt
Evangelio salus credentibus esse non posset. Ipsum
enim senserant vebementiasimumgratiæ prædica-
torem et intentioni eorum maxime adversum, do-
sed sequeris et ipse, custodiens Legem. De genti- centem non per illa hominem justificari, sed per
bus autem qui crediderunt, nos mandavimus, ju- gratiam Jesu Christi; cujus prænuntiandæ caussa
dicantes nihil ejusmodi servare illos, nisi ut se ob- iJlæ umbræ in Lege mandatæ sunt. Et ideo illi in-
servent ab idolis immolato, et a sanguine, et a vidiam et persequutionem molientes concitare,
fornicatione (Act., XXI, 20). » Non opinor, obscu- tamquam inimicum legis mandatorumque divino-
rumest, et Jacobum hoc ideo monuisse, ut scirent rum criminabantur: cujus falsæ criminationis inyi-
falsa esse, quæ de illo audierant hi, qui cum in diam congruentius devtare uon posset, quam ut
Christum ex Judæis credidissent, tamen æmu- ea ipse celehraret, quæ damnare tamquam sacri-
latores erant Legis, ne per doctrinam Christi lega putahatur; atque ita ostenderet, nec Judæos
velnt sacrilega, nec Deo mandanteconscripta dam- tunc ab eis tamquam a nefariis prohibendos, nec
nari putarentur, quae per Moysen patribus fue- gentiles ad ea tamquam ad necessaria compel-
rant,imnistrata. Hoc enim de Paulo jactaverant, lendos.
non illi qui intelligehant quo animo a Judæis 10. Nam si revera sic ea reprobaret, qnemadmo-
tidelibus observari tunc ista deberent, prcpter dum deillo auditnm erat; et ideocolebrandasusci-
1 Apôtres, que Pierre eut, à Antioche, recours à l'esprit de dissimulation avec lequel il forçait
la feinte par laquelle il obligeait les Gentils à les Gentils à judaïser: parce que par cette
judaïser, c'est-à-direà faire une chose à laquelle feinte, il autorisait les prétentions de ceux qui
il ne se croyait pas obligé lui-même, guoiqu'en soutenaient que les croyants ne pouvaient être
mémoire et par respect des prescriptions de sauvés par la circoncision et l'observation des
;
Dieu aux Juifs on leur laissât la libre observa- autres cérémonies, qui n'étaient que les figures
tion de leurs pratiques religieuses il ne faut des choses à venir.
pas s'étonner que Paul l'ait pressé de se décla- 12. Paul a donc fait circoncire Timothée afin
rer ouvertement pour ce qu'il se souvenait que les Juifs, et particulièrement les parents de
d'avoir décrété avec les autres apôtres à Jéru- Timothée du côté de sa mère, qui avaient
salem. embrassé la foi chrétienne, ne regardassent
11. Si, au contraire, comme je suis plus porté pas la circoncision comme une idolâtrie détes-
à le croire, ce fut avant le concilede Jérusalem table, puisque l'une a été ordonnée par Dieu,
que Pierre agit de la sorte, on ne doit pas non tandis que l'autre est l'œuvre de Satan. Mais il
plus s'étonner si Paul n'a pu souffrirla dissimula- n'a pas fait circoncire Tite, afin de ne pas
tion de Pierre,et a voulu qu'il déclarât franche- favoriser le sentiment de ceux qui croyaient
mentasa pensée; que d'ailleurs il n'ignorait pas, que, sans la circoncision, les chrétiens ne pou-
soit qu'il lui eût déjà communiqué son Evangile, vaient pas être sauvés, et qui, pour tromper
soit qu'il eût connaissance de la divine révéla- les Gentils, publiaient partout que Paul était
tion faite sur ce sujet à Pierre, à l'occasion de de cet avis. C'est ce qu'il fait assez voir lui-
:
la vocation du cent-enier Corneille, soit enfin même, quand il dit « On n'obligea pas Tite,
parce qu'ill'avait vu lui-même manger avec les qui était avec moi et qui était Gentil, à se faire
Gentils, avant l'arrivée, à Antioche, de ceux circoncire. Et quoiqu'il y eût là de faux frères
qu'il redoutait. Nous sommes bien éloignés de qui s'étaient introduits par surprise, et qui
croire que Pierre fût sur cela d'un autre avis s'étaient glissés parmi nous pour surveiller la
que Paul, qui ne lui apprenait pas ce qu'il y liberté que nous avons en Jésus-Christ, et nous
avait de vrai sur ce sujet, mais qui blâmait réduire en servitude. Néanmoins nous ne leur
perot, ut actione simulata suam posset occultare acceperat; sive quod antequam illi, quos timuerat,
sententiam; non ei diceret Jacobus, « Et scient venissent Antiochiam, cum gentibus eum con-
omnes : » sed diceret, Et putabunt omnes, « quo- vesci viderat. Neque enimnegamus in hac sententia
fuisse jam Petrum, inqua et Paulus fuit. Non ita-
niim, quae de te audierunt, falsa sunt ,Act., xv,
28) : » praesertim quia in ipsis Jerosolymis Apostoli que tunc eum quid in ea re verum esset docebat :
jam decreverant, ne quisquam gentes cogeret Ju-
daizare: non autem decreverant, ne quisquamtunc
Judæos Judaizare prohiberet, quamvis etiam ipsos
:
sed ejus simulationem, qua gentes Judaizare coge-
bantur, arguebat non ob aliud, nisi quia sic
ilia omnia simulatoria gerebantur, tamquam ve-
jam doctrina Christinna non cogeret. Proinde si rum esset, quod illi ùicebant, qui sine circumci-
,
zare quod jam nec ipse cogebatur ,
post Apostolorum decretum Petrus habuit illam in
Antiouhia simulationem, qua gentes cogeret Judai-
quamvis
propter commendanda eloquia Dei, quae Judseis
sione praeputii atque aliis observationibus, quæ
erant umbræ futurorum, putabant credentes salvos
esse non posse.
12. Ergo et Timotheum circumcidit propterea,
sunt creditav non prohibebatur; quid mirum si ne Judæis, et maxime cognationi ejus maternse sic
constriagebat eum Paulus libere asserere, quod viderentur qui ex gentibus in Caristum credi-
cumceteris Apostolis se Jerosolymis decrevisse me- derant, detestari circumcisionem, sicut idolola-
minerat ?
11. Siautemhoc, quod magis arbitror, ante illud
:
tria detestanda est cum illam Deus fieri prae-
ceperit, hanc satanas persuaserit. Et Titum
Jerosolymitanum concilium Petrus fecit; nec sic propterea non circumcidit, ne occasioned daret
mirum est, quod eum volebat Paulus non timide eis, qui sine ilia circumcisione dicebant cre-
:
obtegere, sedfidenter asserere,quod eum pariter
;
sentire jam noverat sive quod cum eo contulerat
Evangelium sive quod in Cornelii centurionis vo-
dentes salvos esse non posse, et ad deceptionem
gentium hoc etiam Paulum sentire jactarent.. Quod
ipse satis significat, ubi ait, « Sed neque Titus, qui
cation0, etiam divinitus cum-dehac re admonitum mccum erat, cum essut Graecus, compulsus est cir-
cédàmes pas même un moment, afin que la vent recours aux mensonges. Si dans l'expli-
vérité de l'Evangile demeurât parmi vous cation de la lettre aux Galates vous avez cru
(Gal., II, 3). » Il est donc évident que Paul avait pouvoir, sans blesser les convenances, invoquer
vu que ces faux frères le guettaient, pour l'exemple des avocats pour autoriser la dissi-
observer s'il ne ferait pas à l'égard de Tite, ce mulation de Pierre et de Paul, pourquoi crain-
qu'il avait fait à l'égard de Timothée, et ce drai-je de vous nommer les philosophes dont la
qu'il pouvait encore faire avec la même liberté science est vaine, non parce qu'ils disent le
dont il avait usé, pour montrer que ces sacre- plus souvent des faussetés, mais parce qu'ils
ments ne devaient pas être recherchés comme mettent leur confiance dans des choses géné-
nécessaires, ni condamnés comme sacrilèges. ralement fausses, et que, lors même qu'ils sont
13. Mais, dites-vous, il est à craindre dans dans la vérité, ils demeurent étrangers à la
cette discussion que nous n'admettions, comme grâce de Jésus-Christ qui est la vérité même.
les philosophes, certains actes humains tenant 14: Ne puis-je pas dire que les cérémonies
le milieu entre le bien et le mal, sans qu'on de l'ancienne loi ne sont pas bonnes, puisqu'elles
puisse cependant les regarder ni comme bonnes ne justifient pas les hommes, et qu'elles sont
ni comme mauvaises actions, pour être ensuite uniquement des figuresannonçant la grâce par
forcés dans ce retranchement, et obligés d'a- laquelle nous sommes justifiés, mais qup ce-
vouer qu'il ne saurait être indifférent d'obser- pendant elles ne sont pas mauvaises, puis-
ver les cérémonies de la loi, et que cette obser- qu'elles ont été prescrites par Dieu pour des
vation est nécessairement ou un bien ou un temps et des hommes auxquels elles conve-
mal. Si c'est un bien, nous devons les prati- naient? En cela je m'appuie sur les paroles du
;
quer si c'est un mal, nous devons croire que
ce n'est pas dans un esprit de vérité, mais de
Prophète, quand il dit que Dieu a donné à son
peuple « des préceptes qui n'étaient pas bons
dissimulation que les Apôtres s'y sont soumis. (Ephe., xx, 25). » Peut-être même il avait cette
Ce que je crains pour les Apôtres, ce n'est pas pensée en disant non pas préceptes mauvais,
une comparaison avec les philosophes qui dans mais seulement préceptes qui n'étaient pas
leurs discussions ne s'écartent pas toujours de bons, c'est-à-dire, tels que par eux, les hommes
la vérité, mais une comparaison avec les avo- pussent devenir bons, et ne le pussent sans
cats qui, dans l'intérêt de leur cause, ont sou- eux. Je prie votre bienveillance de me dire si,
;
glises d'Orient et la plus grande partie du lentement disparaître avec la prédication et les
monde chrétien d'après cela ne devez-vous. pas progrès de la vraie foi de Jésus-Christ en la
convenir qu'il y a un certain milieu que l'on grâce de qui seulement les croyants sauraient
peut suivre, sans agir pour cela avec dissimu- qu'ils peuvent être justifiés et sauvés, et non
lation, mais par convenance et par déférence point par les choses des ombres prédites et dé-
;
pour ceux avec qui on se trouve et cependant sormais accomplies. L'action de cespratiques,
rien de semblable n'est prescrit aux chrétiens qui n'étaient que des ombres de l'avenir, devait
dans les livres canoniques. A plus forte raison, s'éteindre au moment où la présence du Sei-
dois-je me garder de prendre pour un mal ce gneur et le ministère apostolique appelaient les
que la foi chrétienne m'ordonne de regarder Juifs à la grâce. Dès lors, il suffisait pour ren-
comme une institution de Dieu, cette foi qui dre hommage à leur divine institution, de ne
nous enseigne que ce n'est point cela' qui nous pas les interdire comme des pratiques crimi-
justifie, mais la grâce de Dieu par Notre Sei- nelles et idolâtres. Mais elles devaient s'arrêter
gneur Jésus-Christ. là, de peur qu'on ne les regardât comme néces-
15. Je dis donc que la circoncision et les au- saires et indispensables au salut, selon l'opinion
tres/pratiques de cette espèce, ont été données de ces hérétiques qui, voulant être à la fois
au peuple juif dans l'Ancien Testament, juifs et chrétiens, n'étaient ni chrétiens, ni
comme des figures des choses qui devaient s'ac- juifs. Quoique je n'aie jamais incliné à leur
ne pas marcher droit selon la vérité de l'Evan- rement Nazaréens, ou dans toute autre erreur
gile, et de lui reprocher de forcer les Gentils à
judaïser. Paul n'y contraignait personne
observa sincèrement, quand il le fallait, ces
il; ancienne que nous tombons, mais dans je ne
sais quel schisme nouveau, d'autant plus dan-
gereux qu'il ne s'appuie pas sur un égarement
anciennes cérémonies, uniquement pour mon- d'esprit, mais sur le mensonge et sur une
trer qu'elles n'étaient pas condamnables en volonté bien arrêtée. Si, pour vous justifier de
ellesmêmes. Cependant, il ne cessait de prê- cette opinion, vous répondiez que les Apôtres
cher que ce n'était point par elles, mais par la ont eu alors raison de recourir à la feinte, pour
grâce de la foi révélée, que les fidèles pouvaient ne pas scandaliser les faibles d'entre les Juifs
être sauvés; mais il se gardait bien d'en impo- qui croyaient en Jésus-Christ,mais qui ne com-
ser la pratique, d'en proclamer la nécessité. Je prenaient pas encore qu'il fallût rejeter les
crois que l'apôtre Paul a fait ces choses avec cérémonies légales, tandis qu'il y aurait de la
sincérité, mais je ne voudrais pas maintenant folie à les observer de nos jours, où la doctrine
imposer ni permettre à des juifs devenus chré- de la grâce chrétienne est établie, non-seule-
tiens, rien de pareil; comme- vous, qui croyez ment parmi tant de nations, mais encore dans
que Paul en les observant, a usé de dissimula- toutes les églises du Christ, par la lecture de
tion, vous ne permettriez à personne de recou. la loi et des prophètes, qui nous apprend de
rir à une feinLe semblable. quelle manière on doit comprendre mais non
16. Voulez-vous que je vous dise, à mon pas observer les cérémonies judaïques; pour-
tour, que la question, ou plutôt votre senti- quoi ne me serait-il pas permis, à mon tour,
ment, se réduit à croire qu'après l'Évangile de dedire que l'apôtre Paul et les autres Chrétiens
Jésus-Christ, les Juifs devenus Chrétiens font d'une foi sincère, ont dû honorer ces mystères
bien d'offrir des sacrifices comme Paul en de l'ancienne alliaQce, en les observant avec un
a offerts, de circoncire leurs fils comme Paul a certain degré de sincérité, afin-que ces figures
dum volunt et Jndæi esse et Christiani, nee Jurlsei gelium Christi,bene faciant credentes Judæi, si
nee Christiani esse potuerunt. Quorum sententiam sacrificia ofFerant,quae obtulit Paulus;si Alios circum-
milÌi cavendam, quamvis in ea numquam fuerim, cidant, si sabbatum observent, ut Paulus in Ti-
tamen benevolenlissime admonere diguatus es. In ruotheo (Act., xvi, 3), et omnes observavert*. Judsei,
cujus sententi3e.non consensionem, sed simulatio- dummodo hrc simulate ac fallaciter agant? Hoc si
nem Petrus timore inciderat (Gal.,11, 1i), ut deillo ita est; non jam in heeresim Hebionis, vel eorum,
Paulus verissime scriberet, quod eum vidisset non quos vulgo Nazarseos nuncupant, vel qu-amlibet
recte ingredientem ad verilatem Evangelii, eique aliam veterem, sed nescio.in quam novam delabi-
verissime diceret, quod gentes Judaizare cogobat- ruur, quæ sit eo perniciosior, quo non errore, sed
Quod Paulus utique non cogebat, ob hoc illa vetera proposito est ac voluntate fallaci. Quod si respon-
veraciter, ubi opus esset, observans, ut damnanda deas, ut te ab hac purges sententia, tunc Apostolos
non esse monstraret ; prsedicans tamen instanter istalaudabiliter simulasse, ne seandalizarenturin^
non eis, sed revelata gratia fidei, fideles salvos fieri, firmi, qui exJudseis multicrediderant, etea res-
neadeaquemquamvelut necessiria suscipienda puenda nondum intelligebant; nunc vero co nfir-
compelleret. Sic autem credo Apostolum Palùum mata per tot gentes doctrina gritiae Christianæ,
veraciter cuncta illa gessisse, nec tamem uunc confirmata etiam per omnes Christi ecclesias lec-
quemquam factum ex Judæo Christianum, vel cogo, tione Legis et Prophetarum, quo modo hæc intelli-
vel sino talia veraciter celebrare : sicut nec tn, cui genda, non observanda recitentllr, quisquis ea
videtur Paulus easimulasse, cogis islum, vel sinis simulando agere voluerit, insanire: cur mihi non
talia simulare. licet dicere, apostolum Paulum, et alios rectæ fidel
16. An vis, ut etiam ego dicam, hanc esse sum- Christianos, tunc ilia vetera sacramenta paululum
mam quæstionis, immosententifie tuæ,ut postEvan- observando veraciter commendare debuisse, ne
prophétiques observées pieusement par les leurs pères, j'ai négligé de dire « que cetta
ancêtres, ne fussent pasregardées par leurs observation devait s'arrêter au temps où la
descendants comme des sacriléges diaboliques? grâce de la loi a commencé à être révélée. »
Sans doute après l'avènement de la foi dont Car jusqu'alors, ces pratiques n'avaient rien de
elles étaient les ombres prophétiques, et qui a pernicieux. Mais, avec le progrès du temps,
été révélée aux hommes par la mort et la résur- elles devaient être abandonnées par tous les
rection du Seigneur, elles n'avaient plus de but Chrétiens. Autrement, on n'aurait pas pu faire
ni en quelque sorte de vie. Cependant on devait de distinction entre les préceptes de Dieu don-
les conduire à la sépulture, comme des morts nés à son peuple par Moïse, et les institutions
auxquels leurs amis rendent les derniers devoirs établies par l'esprit immonde dans les temples
religieux,
avec un respect non simulé, mais sincère et
non pas les abandonner tout à
coup aux calomnies de leurs ennemis, comme
des démons. C'est pourquoi je dois plutôt
m'accuser de ma négligence que me plaindre
de votre réprimande à cet égard. Cependant,
aux morsures des chiens. Tout Chrétien, fût-il longtemps avant d'avoir reçu votre lettre, j'a-
même né Juif, qui voudrait, à l'exemple de vais,dans un écrit contre le manichéen Fauste,
saint Paul, les observer maintenant, troublerait développé, quoique brièvement, ma pensée sur
des cendres endormies. Il n'accompagnerait cette même question, sans y omettre ce que j'ai
pas, ou ne porterait pas pieusement le corps négligé d'ajouter dans ma lettre. Votre bien-
d'un ami défunt, il ne serait plus que l'impie veillance pourra s'en assurer, si elle daigne lire
violateur d'un tombeau. cet écrit, et les chers frères, qui vous remet-
17. J'avoue qu'au passage de ma lettre où je tront la présente, vous le confirmeront égale-
vous disque Paul, étant déjà Apôtre de Jésus- ment. Je vous demande donc, au nom de la
Christ,avait observé les pratiques religieuses charité, de croire ce que je vous dis en présence
des Juifs, afin de montrer qu'elles n'étaient pas de Dieu et dans toute la sincérité de mon âme ;
pernicieuses pour ceux qui voudraient les gar- je n'ai jamais pensé que des Juifs devenus
der conformément à la loi et à la tradition de Chrétiens dussent, sous aucun prétexte, et
;
été mon opinion sur saint Paul, depuis que ses
épîtres me sont connues comme vous-même
ne croyez pas que personne puisse aujourd'hui ; :
disait que Dieu était son père, se' faisant égal
à Dieu (Jean, v, 18); » et ailleurs ci Nous
:
là, elles seraient condamnables présentement.
Ainsi, quoique nous lisions « La loi et les
prophètes n'ont duré que jusqu'à Jean-Baptiste
non plus par esprit de feinte qu'il monta à
Jérusalem le jour de la fête des Tabernacles, ni
pour se montrer avec ostentation aux hommes,
(Luc, XVI).t6); » et « les Juifs cherchaient à « puisqu'il
s'y rendit non pas publiquement,
:
runt sicut nuc tibi videtur, hoc tempore cuL
quam esse simujanda ista, cum hoc fecisse Aposto-
18) et quia « gratiampro gratia accepimus : et
: »
quoniam Lex per Moysen data est, gratia autem
los credas. et Veritas per Jesum Christum facta est (Johan., i,
18. Proinde sicut tu e contrario loqlleris; et licet 16; Ibid., v,16): » et per Jeremiampromissumest,
reclamante, sicut scribis, mundo, libera voce pro- daturum Deum Testamentum novum domui Juda
nuntias,cerinioniasJudeeorum etperniciosas esse non secundum Testamentum quod disposuit pa-
et mortiferas Christianis; et quicumque eas obser- tribuseoruin (Jer., XXXI, 31) : non tamen arbitror
vaverit, sive ex Judaeis, sive ex gentibus, eum in ipsum Dominum fallaciter a parentibus cireum-
-
barathrum diiboli devolutum : ita ego hanc vocem
;
cisum. Aut si hoc propter ætatem minime pro-
hibebat nec illud arbitror. eum dixisse fallaciter
tuam omnino confirmo, et addo, Quicumque eas
observaverit, sive exJudseis, sive ex gentibus, non
solum veraciter, verum etiam simulate, eum in
barathrum diaboli devolutum. Quid quaeris am-
observatio, sed ipse mandaverat:
leproso, quem certe non illa per Moysen præcepta
« Vade et offer
pro te sacrificium quod praecepit Moyses in testimo-
?
plius Sed sicut tu simulationem Apostolorum ab nium illis (Marc., I, 44; Johan., YlI, 10). ø Nec fal-
hujus lemporisralione secernis : ita ego Pauli apo- laciter adscendit ad diem festum, usque adeo non
stoli veracem tunc in his omnibus conversationem caussa.ostentationis coram bomiuibus, ut non evi-
eb hujus temporis, quamvis minime simulata, ceri- denter adscenderit, sed latenter.
moniarum.Judaicarum observatione secerno : quo- 19.At enim dixit idem Apostolus, « Ecceego
Diam tunc fuit approbanda, nunc detestanda. Ita Paulus dico vobis, quia si circumcidamini, Christus
quamvis legerimus, oLex et Prophelseusque ad vobis nihil proderit (Gal., v, 2). » Decepit ergo Ti-
Joliannem Baptistam (Lucœ,XVI,16): n et quia eepro- motheum, et fecit ei nihil prodesse Christum. An
pterea quaerebant Judeei Christum interfìcere, quia ?
quia hoc fallaciter factum est, ideo non obfuit At
non solum solrebat sabhatum, sedet Patrem suum ipse hoc non posuit, nec ait, Si circumcidamini
dicebal Deum, ajqualem se faciens Deo (Johanv, veraciter, sicut nec fallaciter; sed sine ulla excep-
non pas ouvertement, mais comme en secret
(Jean, VII, 10). »
;
tifiés par la loi vous êtes déchus de la grâce
(Gal,, v, 4). » L'Apôtre blâme donc ceux qui
:
19. Lorsque le même Apôtre a dit « Voilà croyaient être justifiés par la loi, et non ceux
que moi, Paul, je vous dis que si vous vous qui observaient les cérémonies légales en l'hon-
faites circoncire, le Christ ne vous servira de neur de leur divin auteur, sachant bien qu'elles
rien (Gal., v, 2), » il a donc trompé Timothée avaient été prescrites comme figures prophé-
et a été cause que le Christ ne lui servit plus tiques de la vérité, et jusqu'à quel temps elles
de rien. Serail-ce parce que cette circoncision
ayant été une feinte, n'a pu nuire à Timotliée
mais l'Apôtre n'a pas dit en faisant distinction
? Apôtre:
devaient durer. De là, les paroles du même
« Si vous êtes conduits par l'esprit,
vous n'êtes plus sous la loi (Gal., v, 18). » D'où
;:
si vous êtes circoncis véritablement ou par
faute il a dit en général et sans aucune excep-
tion « Si vous vous faites circoncire, le Christ
il résulte d'après vos conclusions, que celui qui
est sous la loi, non-par condescendance, comme
vous pensez que nos ancêtres l'ont voulu, mais
ne vous servira de rien. » Si vous voulez donc véritablement comme je l'entends, n'a pas l'Es-
:
pour soutenir votre opinion, qu'on sous-en-
tende « A moins que ce ne soit par dissimu-
lation, 1) je crois pouvoir vous demander aussi
prit-Saint.
20. C'est une grande question de savoir ce
que c'est que d'être sous la loi, tel que l'Apô-
sans témérité, de nous permettre de compren- tre l'entend et le blâme. Ce n'est pas, je le
dre ces mots : « Si vous vous failes circoncire» pense, à cause de la circoncision, ou des autres
comme s'adressant à ceux qui voulaient être pratiques religieuses observées alors par les
circoncis, parce qu'ils ne croyaient pas sans Juifs, et abandonnées aujourd'huiparles Chré-
cela pouvoir être sauvés dans le Christ. C'est tiens. L'Apôtre, je pense, avait encore en vue
donc pour ceux-là seuls qui étaient circoncis :
ce précepte de la loi « Tu ne convoiteras pas
dans cet esprit, dans cette volonté, dans cette (Exod., xx, 8. Deut., v, 20. Rom., VII, 7); »
intention, que le Christ ne servait de rien, précepte, que cependant les Chrétiens doivent
:
comme Paul le dit clairement dans un autre
endroit « Si c'est par la loi qu'on obtient la
observer, et qui est autorisé et recommandé
par l'Évangile. C'estlà ce que saint Paul appelle
justice, le Christ est donc mort en vain (Gal.,
:
11, 21). n Vous le prouvez vous-même, en citant
ce passage de saint Paul « Vous n'avez plus
:
une loi sainte, un précepte saint, juste et bon,
:
Ensuite il ajoute « Ce qui est bon m'a-t-il
donc donné la mort? Nullement mais le pé-
de part au Christ, vous qui prétendez être jus- ché pour mieux montrer sa malice, m'a donné
tione dixit, « Si circumcidamini, Christus vobis ni- ducimini, non adhuc flstis sub Lege (Ibid., 18) :
hil proderit. Sicut ergo tu vis hielocum daresen- unde, velut colligis, apparet qui sub Lege est non
tential tuae, ut velis subintelligi, nisi fallaciter : ita dispensalive ut nostros putas voluisse maj ores, sed
non impudenter flagito, ut etiam nos illic intelli- vere ut ego intelligo, cum Spiritum-sanctum non
gere sinas eis dictum, «Si circumcidamini, » qui habere.
propterea volebant circumcidi, quod aliter se puta- 20. Magna mihi videtur quæstio, quid sit esse
bant in Christo salvos esse non posse. Hoc ergo sub Lege sic, quemadmodum Apostolus culpat.
animo, hac voluntate, isla intentione quisquis tunc Neque enim Lnc eum propter circuracisionem arbi-
circumcidebatur,Christus ei nihil omnino prodcrat. tror dicere, aut ilia sacrificia, quae tunc facta a
Sicut alibi aperte dicit, « Nam pi per Legem justi- patribus, nunc a Christianis non hunt, et cetera
tia, ergo Christus gratis mortuusest (Gal., 11, 21).» huj usmodi : sed hoc ipsum etiam quod Lex dicit,
Hoc declarat et quod ipse commemorasti, « Eva- « Non
concupisces (Eæo., xx, 17 Deut., v, 20 ;
a »
cuati estis Christo. qui in Lege justificamini ; a Rom., vir, 7; Ibid.,12), quod fatemur certe Chri-
gratiaexcidistis(Gal., v, 4). » Illos itaque arguit, stianos debere observare, atque evangelica maxime
qui se justificari in lege credebant, non qui legiti- illustratione prædicari, Legem dicit es3e sanctam,
bonum, deinde
ma ilia in ejus honorem, a quo mandata sunt, ob- et mandatum sanctum, et justum etmihi factum est
servabant, intclligcntes) et qua praenuntiandseveri- subjungit, « Quod ergo bonum est,
tatis ratione mandata sint, et quousqué debeant mors? Absit : sed peccatum ut appareaft peccatum,
pcrdnrarc. Unde e;:,t illud, quod ait, « Si spiritu per bonum mihi operatum est irortom, ut liat su-
la mort par une chose bonne en elle-même, en »
5). Pour développerconvenablement une telle
sorte que par le précepte le péché a grandi question, il faudrait un volume entier. Si donc
outre mesure (Rom., vin, 13). » Ce que cette parole de la loi, a Tu ne convoiteras pas
l'Apôtre dit ici du péché, grandi par le pré-
cepte, ille redit ailleurs en ces termes « La:
loi est venue pour faire abonder le péché, mais
(Rom., XIII, 19), » tient l'homme sous le péché,
et condamne le prévaricateur plutôt qu'elle ne
délivre le pécheur, à moins que la grâce de
là où il y a eu abondance de péché, il y a eu Dieu ne vienne au secours de la faiblesse hu-
surabondance de grâce (Rom., v,20). » Et dans maine, à plus forte raison, les préceptes qui
un autre endroit, après avoir précédemment n'étaient que figuratifs, comme la circonci-
parlé dela dispensation de la grâce, qui seule sion et les autres pratiques qui ont dû néces-
justifie, saint Paul, s'interrogeant en quelque sairement cesser lorsque la grâce a commencé
pra modum peccator aut peccatum, per manda- et preevaricatorem potius damnat, quam liberat r
tum. » Quod autem hie dicit, Peccatum per man- peccatorem; quanto magis illa, qua significationis
abuadavit delictum ,
datum lieri supra modum, hoc alibi ait, « Lex
subintravit ut abundaret delictum. Ubi autem
superabundavit et gratia
(Rom., v, 20). » Et alibi, cum superins de dispensa-
tione gratiee loqueretur, quod ipsa justificet, velut
caussa prsecepta sunt, circumcisio, et cetera, quae
revelatione gratia: latius innotescente necesse fuerat
aboleri, justificare neminem poterant? Non tamen
ideo fucrant tamquam diabolica gentium sacrilegia
fugienda, etiam cum ipsa gratia jam cceperat reve-
interrogans ait, « Quid ergo Lex ? atque huic in-
terrogationi conlinuo respondit, « pravaricationis
lari, quse umbris talibus fuerat praeuuntiata; sed
permittenda paalulum, eis maxime qui ex illo po-
gratia posita est, donec veniret semen, cui promis- pulo, cui data sunt, venerant. Postea vero tamquam
sum est (Gal., m, 19). » Hos ergo damnabiliter cum honore sepulta sunt, a Christianis omnibus ir-
dicit esse sub Lege, quos reos facit Lex, non im- reparabiliter deserenda.
plentesLegem, dum non intelligendo gratiee bene- 21. Hoc autem,. quod dicis « Non dispensative, ut
ficium adfacienda Dei prsecepta, qunsi de suis viri- nostrivoluere majores; » quid sibi vult, oro te?
bus superba elatione præsumunt. « Plenitudo enim Aut enim hoc est, quod ego appello oftieiosum men-
Legis caritas (Rom., XIII, 10). Caritas vero Dei dacium, ut hafc dispensatio sit officium velut ho-
diffusa est in cordibus nostris, » non per nos ipsos, neste mentiendi: aut quid aliud sit, omnino non
sed « per Spiritum-sanctum qui datus est nobis video, nisi forte, addito nomine dispensationis, sit
(Rom., v, 5).u Sed huic rei quantum satis estexpli- ut mendacium non sit mendacinm, quod si absur-
candæ. prolixior fortasse et sùi propria voluminis
sermo debetur. Si ergo illud quod Lex ait, « Non
;
mendacium defendendum ?
dum est cur ergo non aperte dicis, oftieiosum
nisi forte nomen te
concupisces (Rom., xiu, 9), 11 si humana inûrmtas lllovct, quia non tam usitatum est in ecclesiasticis
gratia Dei adjute non fllerit, sub se reum tenet, libris vocubulum ollicii,quodAmbrosiusnosiernon
quelque chose qui nous paraît bon, autrement songe comme quelquefois excusable, choisisse
je ne vois pas ce que cela pourrait être, à moins à son gré les occasions où il croit pouvoir
men-
que ce mot de condescendance fasse que le tir; mais qu'on croie du moins d'une manière
mensonge n'est pas un mensonge. Si cela est inébranlable, et qu'on soutienne, qu'il n'y au- a
absurde, pourquoi ne dites-vous pas franche- cun mensonge dans les auteurs des saintesEcri-
ment que le mensonge officieux est excusable? tures et surtout des livres canoniques, de peur
Serait-ce le mot officieux qui vous offusque, que les dispensateurs du Christ dont il été
a
parce que l'expression d'où il est tiré n'est pas dit : « Ce qu'on demande dans les dispensa-
usitée dans les livres ecclésiastiques? Cepen- teurs, c'est que chacun d'eux soit trouvé fidèle
dant notre Ambroise n'a pas craint de l'em- (r Cor., iv, 2),» ne paraissent avoir fait de
ployer, puisqu'il a intitulé, « des offices,» grands progrès dans cette fidélité, pour avoir
quelques-uns de ses livres remplis d'utiles pré- appris à mentir par condescendance
pour la
ceptes. Est-ce que, par hasard, on doit blâmer dispensation de la vérité. En latin, le sens in-
celui qui ment officieusement, et condamner time du mot fidélité est que l'on fait ce que l'on
?
celui qui ment par condescendance Que ceux dit. Or, toutes les fois qu'on agit ainsi, il n'y a
semblera;
qui pensent ainsi mentent quand bon leur pas mensonge. L'Apôtre Paul, fidèle dispensa-
pour moi c'est une grande question teur, a donc écrit avec fidélité, parce qu'il est
de savoir si le mensonge peut être jamais le dispensateurde la vérité et non du mensonge.
permis à un homme de bien, ou plutôt si cela Par conséquent il a écrit la vérité, en disant
peut l'être jamais à des Chrétiens, à qui il a qu'il avait vu Pierre ne marchant pas droit
:
été dit « Il ne doit y avoir dans votre bouche selon la vérité de l'Evangile, et qu'illui repro-
que oui, oui, non, non, afin que vous ne soyez cha en face, de forcer les Gentils à judaïser.
il
pas condamnés (Jacq., v, 11. Matt., v, 35), » Quant à Pierre, reçut avec bienveillance et
du Prophète :
et qui reçoivent avec foi et respect ces paroles avec une pieuse humilité, les utiles reproches
a Seigneur, vous perdrez tous que la charité de Paul lui adressa en toute
ceux qui profèrent le mensonge (Psaum., liberté. En cela, il donna à ceux qui devaient
v, 7). » venir après lui, le rare et saint exemple de ne
22.Mais comme je viens de vous le dire, c'est pas mépriser les réprimandes des plus jeunes,
;
là une grande question, et tout autre que celle toutes les fois qu'ils se sont écartés du droit che-
qui nous occupe. Que celui qui regarde le men- min et cet exemple, à mon avis, est plus rare et
timuit, qui suos quosdam libros utilium præceptio- cisse videantur, pro veritatis dispensatione mentiri,
num plenos, de Officiis voluit appellare. An si of- cum ipsa fides in latino sermone ab eo dicatur ap-
ficiosementiatur quisque, culpandus est; si dis- pellata, quia fit quod dicitur. Ubi autem fit, quod
pensative, approbandus? Rogo te, mentiatur ubi dicitur, mentiendi utique non est locus. Fidelis
elegerit qui hoc putat : quia et in hoc magna
qusestio est, sitne aliquando mentiri viri boni, im-
mo viri Christiani, qualibus dictum est, « Sit in
nobis exhibet in scribendo fidem :
igitur dispensator apostolus Paulus proculdubio
quia veritatis
dispensator erat, non falsitatis. Ac per hoc verum
ore vestro, Est, est (Jac., v, 12); Non, non: ut non scripsit, vidisse se Petrum non recte ingredientem
sub judicio decidatis (Matt.,v,37)? » Et qui cum tide ad veritatem Evangelii (Gal., 11,14) eique in faciem
audiunt, a Perdes omnes, qui loquuntur menda- restitisse, quod gentes cogeret Judaizare. Ipsevero
cium (Psal., v,7). » Petrus, quod a Paulo fiebat utiliter libertate carita-
22. Sed hæc, ut dixi, et alia et magna quæstio tis, sanctse ac benignae pietate humilitatis accepit :
:
est eligat quod voluerit, qui hoc existimat, ubi
mentiatur : dum tamen a scribentibus auctoribus
atque ita rarius etsanctius exemplumposterisprse-
buit, quo non dedignarentur, sicubi forte recti tra-
bilius, libenter accipere corrigentem, quam audac- quamvis Origenem mirabiliter ante laudaveris. Cum
ter corrigere deviantem. Est laus itaque justse li- iis ergo errare puto quia nec te ipse patieris; quam-
bertatis in Paulo, et sanctæ humilitatis in Petro
quæ, quantum mihi pro modulo meo videtur, ma-
: vis hoc perinde dicatur, ac si in hac sententia non
erraveriut Nam quis est, <JLi se velit enm quolibet
gis fuerat adversus calumniantemPorphyrium de-
fendenda, quam ut ei daretur obtrectandi major
errare? Tres igitur restant, Eusebius Emisenus,
Theodorus Heracleotes, et quem paulo post com-
occasio ; qua multo mordacius criminaretur Chri- mcmoras, Johannes qui dudum in pontificali gradu
stianos fallaciter vel suas litteras scribere, vel Dei Constantinopolitanam rexit ecclesiam.
sui sacramenta portare. 24. Porro, si quæras vel recolas quid hinc sense-
CAPUT III. - 23, Flagitas, ut aliquem saltem rit noster Ambrosius, quid nosteritidem Cyprianus,
;
unum ostendam, cujus in hac re sententiam sim
sequutus cum tu tam plures nominatim comme-
moraveris, qui tc in eo, quod adstruis, præcesse-
invenies fortasse, nec nobis defuisse, quos in eo,
quod assserimus, sequeremur. Quamquam, sicut
paulo ante dixi, tantummodo Scripturis canoni-
runt; petens ut in eo, si te reprehendo errantem, cis hanc ingenuam debeam servitutem, qua eas
patiar te errare cum talibus; quorum ego fateor solas ita sequar, ut conscriptores carumnihil in eis
,
neminem legi: sed cum sint fermc sex, vel septem, omnino errasse, nihil fallaciter posuisse non dubi-
horum quatuor auctoritatem tu quoque infringis. tem. Proinde, cum qusero tertium, ut tres etiam
ego tribus opponam, possem quidem, ut arbitror,
hæreticum;
Nam Laodicenum, cujus nomen taces de ecclesia
dicis nuper egressnm; Alexandrum autemveterem
Origcnem vero ac Didymum, reprehen-
ses abs te, lego in recentioribus opusculis tuis, et
facile reperire, si multalegissem : verumtamenipse
mihi pro his omnibus, immo supra hos omnes apo-
stolus Paulus occurrit. Ad ipsum confugio : ad ip- --
non mediocriter, nec de mediocribus quœstonibus, sum ab omnibus, qui aliud sentiunt., litterarum
suive avec la conviction que leurs auteurs ne se d'y avoir été réellement, car il ne feignait pas
sont pas trompés, et n'y ont inséré que ce qui l'erreur, celui qui usant de laliberté apostolique
était conforme à l'exacte vérité. Si je cherchais comme l'exigeait la convenance des temps, ho-
un troisième auteur, pour l'opposer aux trois norait au besoin, les antiques cérémonies, non
que vous mettez en avant, il me serait facile, comme des œuvres inventées par satan pour
je pense, de le trouver, si je m'étais donné tromper les hommes, mais établies par la pro-
la peine de lire beaucoup. A la place de tous,
etau-dessus de tous les autres, je mets l'Apôtre
Paul. C'est à lui que j'airecours; c'est à lui que
:
vidence de Dieu, comme des ombres prophé-
tiques, des choses futures Il n'était pas non
plus dans l'erreur des Juifs celui qui non-seu-
j'en appelle de tous ceux qui ont commenté cette lement savait, mais prêchait avec instance et
Epitre, et qui sont d'un avis contraire au mien. ardeur que c'était une erreur coupable de vou-
C'est lui que j'interpelle, c'est à lui que je de- loir imposer ces pratiques aux Gentils, et de les
mande, si quand il a écrit aux Galates qu'il croire nécessaires à la justification des fidèles,
avait vu Pierre ne marchant pas droit selon la quels qu'ils fussent.
vérité de l'Evangile, quand il lui a reproché en 23. Je vous avais dit que Paul s'était fait
face de forcer par sa propre feinte, les Gentils, Juif avec les Juifs et Gentil avec les Gentils, non
à judaïser, il a écrit la vérité ou s'il a menti prr astuce et mensonge, mais par charité et
par je ne sais quelle condescendance (Gal., i, compassion. Vous paraissez n'avoir pas fait at-
14). Mais je l'entends, au début même de sa tention au sens de mes paroles, ou peut-être
lettre me criant avec une solennité religieuse : ne me suis-je pas suffisamment expliqué. En
a Dans les choses que je vous écris, je proteste effet, je n'ai pas prétendu dire par là, que
devant Dieu, que je ne mens pas (Gal., 1,20)a. c'étaient cette charité et cette compassion qui
25. Que ceux qui pensent autrement me le l'avaient porté à user de feinte, mon but était
pardonnent. Mais moi je m'en rapporte plutôt de prouver toute absence de dissimulation dans
au serment qu'un Si grandApôtre mefait dans ce qu'il faisait comme les Juifs, aussi bien que
sa lettre etàla vérité de ce qu'il dit, qu'à dans ce qu'il faisait comme les Gentils. C'est
tout autre écrivain, quelque savant qu'il soit, vous qui m'avez rappelé mes paroles, et j'avoue -
discutant les écrits des autres. Je ne crains pas avec recennaissance, qu'en cela vous êtes venu
qu'on dise qu'en défendant ainsi Paul d'avoir à mon secours. Eneffet, lorsque dans ma lettre
teint d'être dans l'erreur des Juifs, je l'accuse je vous ai demandé comment on pouvait en-
sacrificia gentium :
sacramenta Judæorum, cum et gentibus tamquam
gentilis factus sit, nec tamen suscepit fallaciter
tu respondisti, in eo factum
cerimoniarumque gentilium, sed de cibis et præpu-
tio verum sentiendo ac docendo, tamen tamquam
gentilis factus est gentibus, et non potuit fieri tam-
;
gentibus tamquam gentilem, quod praeputium re-
ceperit quod indifferenter permiserit vesci cibis,
quamJudaeus Judæis. nisi fallacitersuscipiendo sa-
;
cramenta Judæorum ? Cur oleastro inserto servavit
; :
quos damnant Judæi : ubi ego quæro utrum ethoc
simulate fecerit quod si absurdissimum atque fal-
sissimum est sic ergo et illa, in quibusJudæorum
dispensationis veracem fidem et naturalibus ra-
mis non extra, sed in arbore constitutis, nescio
quoddispensatoriae simulationis yelamen obtendit?
consuetudini congruebat libertate prudenti, non Cur factus tamquam gentilis gentibus, quod sen-
necessitate servili, aut quod est indignius, dispen- tit docet, quod (b) ait sentit: factus autem tamquam
satione fallaci potius quam fideli. Judaeus Judæis, aliud in pectore claudit, aliud pro-
27. Fidelibus enim, et iis, qui cognoverunt mit in verbis, in factis, in scriptis? Sed absit hoc
veritatem, sicut ipse testatur (nisi forte et hic fallit) sapere. Utrisque enim debebat caritatem de corde
« omniscreatura Dei bona est, etnihil abjiciendum, puro et conscientia bona, et fide non ficta. Ac per
quod cum gratiarum actione accipitur (I Tim., IV, hoc omnibus omnia factus est, ut omnes lucriface-
4). » Ergo et ipsi Paulo non solum (a) viro, verum ret,nonmentientisastu, sed compatientisaffectu,
etiam dispensatorimaxime fideli, non solum cogni- id est non omnia mala hominum fallaciteragendo,
tori, verum etiamdoctoriveritatis, omnis utique in sed aliorum omnium malis omnibus, tamquam si
cibis creatura Dei non simulate, sed vere bona erat. sua essent, misericordis medicinae diligentiam pro-
Cur igitur nihil simulate suscipiendo sacrorum curando.
28. Cum itaque illa Tetamenti veteris sacra- tola ad Galatas præcipit, dicens, « Si præoccupatus
menta, etiam sibi agenda minime recusabat, non fuerit homo in aliquo delicto; vos, qui spirituales
misericorditer fallebat, sed omnino non fallens, estis, instruite hujusmodi in spiritu lenitatis, in-
atque hoc modo a Domino Deo illa usque ad certi tendens teipsum, ne et tu tenteris (Gal., VI, 1).»
temporisdispensationemjussa esse commendans, Vide si non dixit, (b) Fiere tam quam ille, ut illum
a sacrilegis sacris gentium distinguebat. Tunc au- lucrifacias. Non utique ut ipsum delictum fallaciter
tem, non mentientis astu, sed compatientis affe- ageret, aut se id habere simularet: sed ut in alte-
ctu, Judæis tamquam Judæus fiebat, quando eos rius delicto, quid etiam sibi accidere posset, adten-
ab illo errore, quo vel in Christum credere nole- deret, atque ita alteri, tamquam sibi ab altero vel-
bant, vel per vetera (a) sacerdotia sua cerimonia- let, misericorditer subvenir et: hoc est non men-
rumque observationes, se a peccatis posse rnun- tientis astu, sed compatientis affectu. Sic Judæo,
dari, tierique salvos existimabant, sic liberare
cupiebat, tamquam ipse illo errore teneretur dili-
gens utique proximum tamquam seipsum
:,et
sic gentili, sic cuilibet homini Paulus in errore, vel
peccato aliquo constituto, non simulando, quod non
rat, sed compatiendo, quia esse potuisset, tamquam
hæc aliis faciens, quae sibi ab aliis fieri vellet, si qui se hominem cogitaret, omnibus omnia factus
hoc illi opus esset, quod cum Dominus monuis- est, ut omnes lucrifaceret.
,.
set, adjunxit, « Hæc est enim Lex et Prophetæ CAPUT IV. — 30 Teipsum, si placet, obsecro te,
(Matt., XXII, 40). » paulisper intuere; teipsum, inquam, erga memet-
29. Hunc compatientis affectum, in eadem epis- ipsum; et recole, vel, si habes conscripta, relege
(a) MSS. duo, per vetera sacrificia sua,
(b) Editi, Fieri unus e Vaticanis MSS. Fias. alii plures Fiere, quod lo
mo imperativo sic usurpat Augustmus inaliis
locis apud MSS.
rer un peu, vous considérer, dis-je, vous- à ceux qu'il travaillait à engendrer encore,
même à l'égard de moi-même. Rappelez-vous, ainsi qu'à tant de milliers de fidèles chrétiens
ou si vous en avez gardé copie, relisez les pa- qui devaient apparaître un jour, et à la mé-
roles de votre lettre, lettre trop courte hélas ! moire desquels cette lettre devait être trans-
que vous m'avez envoyée par notre frère Cy- mise, voulant ainsi manifester par la parole
prien, aujourd'hui mon collègue. Avec quel tout ce qui était dans son cœur.
esprit de vérité, de fraternité, de tendresse, 31. Assurément vous aussi, vous vous êtes
vous avez ajouté, après m'avoir reproché
:
quelques torts envers vous « C'est là ce qui
blesse l'amitié et qui en viole les lois. N'ayons
fait vous-même ce que je suis, non par astuce
et mensonge, mais par tendresse et compas-
sion, en pensant que vous ne deviez pas me
pas l'air de nous quereller comme des enfants, laisser dans la faute où vous croyiez que j'é-
et ne fournissons pas à nos partisans, ou à nos tais tombé, comme vous auriez voulu qu'on
détracteurs, matière à disputes et à querelles.» vous en retirât si vous y étiez tombé vous-
Je sens que ces paroles non-seulementsont sor- même. J'en rends donc grâces à votre bienveil-
ties de votre cœur, mais encore ont été dictées lance, et je vous demande en même temps de
par un sentiment de bienveillance, pour mes n'avoir aucun ressentiment contre moi, si je
propres intérêts. Enfin vous ajoutez, et si vous vous ai exprimé librement la peine que m'a-
d'elle-même :
ne l'aviez pas fait, la chose ressortirait assez
« Je vous écris ainsi, parce que
vait fait éprouver à moi-même quelques pas-
sages de vos écrits. Je désire qu'en cela tous
je désire vous aimer purement et chrétienne-
ment, et parce que je ne veux point que ma
bouche dise moins que ce qui est dans
vous-même ;
agissent envers moi comme j'ai agi envers
je désire que si l'on trouve quel-
que chose de répréhensible dans mes ouvrages,
mon cœur. » 0 saint homme, ô vous que on ne me prodigue pas des éloges trompeurs,
j'aime dans toute la sincérité de mon cœur, et qu'on ne me blâme pas devant les autres des
comme Dieu lui-même en est témoin, ce que fautes qu'on me dissimulerait à moi-même.
vous me dites dans votre lettre et ce dont je Voilà ce qui, selon moi, blesse véritablement
ne puis douter, l'apôtre Paul lui-même l'a l'amitié et en viole les lois. Ilne faut pas, en
exprimé, non pour un homme en particulier, effet, regarder comme des amitiés chrétiennes,
mais aux Juifs, aux Grecs, à tous les Gentils,
ses fils qu'il avait enfantés dans l'Evangile, ou vulgaire:
celles auxquelles on peut appliquer le proverbe
«La complaisance fait des amis, la
verba tua in illa epistola, quam mihi per fratrem buisse in litteris suis, non unicuilibet homini, sed
nostrum jam collegam meum Cyprianum, brevio- Judæis, et Græcis, et omnibus gentibus filiis suis,
rem misisti, quam veraci, quam germano, quam quos in Evangelio genuerat, et quos pariendos par-
pleno caritatis affectu, cum quædam me in te com- turiebat: et deinde posterorum tot millibus fide-
misisse expostulasses graviter, subjunxisti, «In hoc lium Christianorum, propter quos ilia memoriæ
lædituramicitia, in hoc necessitudinis jura violan- mandabatur epistola, ut nibil in sua mente retine-
tur, ne videamur certare pueriliter, et fautoribus ret, quod distaret a labiis.
invicem, vel detractoribus nostris tribuere materiam 31. Certe factus es etiam tu, tamquam ego, non
contendendi. » Hæc abs te verba non solum ex ani- mentientis astu, sed compatientis affectu, cum
mo dicta sentio, verum etiam benigno animo ad cogitares tam me non relinquendum in ea culpa,
consulendum mihi. Denique addis, quod etiam si in quam me prolapsum exislimasti, quam nec te
non adderes, appareret, et dicis, « Hæc scribo, quia si
velles, eo modo prolapsus esses. Unde agens gra-
pure et Christiane diligere te cupio, nec quidquam tias benevolae menti erga me tuæ, simul posco, ut
in mea mente retinere, quod distet a labiis. » 0 etiam mihi non succenseas, quod cum in opusculis
vir sancte, mihique, ut Deus videt animam meam, tuis aliqua me moverent, motum meum intimavi
veraci corde dilecte, hoc ipsum, quod posuisti in tibi: hoc erga me ab omnibus servari volens, quod
litteris tuis, quod te mihi exhibuisse non dubito, erga te ipse servavi, ut quidquidimprobandum pu-
hoc ipsum omnino apostolum Paulum credo exhi- tant in scriptis meis, (a) nec laudent subdolopecto-
(a) MSS. quatuordecim, nec claudant subdolo pectore. fortean voluit alludere ail ea Hieronymi verba, in
fiSC quidquam
meamenteretinereetc.
vérité engendre 11. haine (Tér. And., I, 1), nant Dieu à témoin de la vérité de mes pa-
plutôt que cette maxime du sage :« Les bles- roles, je ne vois pas ce qui me reste à faire.
sures d'un ami sont plus salutaires que les bai- Loin de moi pourtant la pensée de croire qu'ils
sers d'un ennemi (Prov., XXVII, 6). » ont cherché par un esprit de malveillance à
32. Faisons donc tous nos efforts pour ap- inspirer sur cela des soupçons à votre sainteté,
prendre à nos amis qui prennent un intérêt pour allumer des inimitiés entre nous. Que la
sincère à nos travaux, que l'on peut, même miséricorde du Seigneur notre Dieu éloigne de
dans la plus étroite amitié, différer d'opinion nous un tel malheur. Mais ils ont pu, sans
sur un même sujet, sans que toutefois la cha- avoir l'intention de me nuire, soupçonner un
rité en soit diminuée, ni que la vérité qu'on homme d'avoir succombé à la fragilité hu-
doit à l'amitié engendre la haine, soit que le maine. Voilà ce que je puis croire d'eux en
contradicteur ait raison, soit que quelque chose toute équité, s'ils sont des vases du Christ,
qu'il dise parte d'un esprit véridique, et qu'il non des vases d'ignominie, mais des vases
n'ait point sur les lèvres quelque chose de moins d'honneur, disposés par Dieu dans la grande
a
que ce qu'il dans lecœur.Nos frères,vos amis, maison pour de saints usages. Après que cette
qui selon votre témoignage sont des vases du protestation sera venue à leur connaissance,
Christ, doivent être persuadés que ce n'est pas s'ils persistent dans leur jugement contre moi,
ma faute si ma lettre est tombée entre les il vous sera facile de voir vous-même qu'ils
mains de plusieurs avant de parvenir jusqu'à agiront injustement.
vous à qui elle était adressée, et que j'en ai 33. Si je vous ai écrit que je n'avais envoyé
ressenti une bien vive douleur. Il serait trop à Rome aucun livre contre vous, c'est que je
long et même superflu, si je ne me trompe, de ne pouvais pas donner le nom de livre à une
racontercomment cela est arrivé. Pour peu lettre, et je ne savais nullement de quoi vous
qu'on ajoute foi à mes paroles, il me. suffit de vouliez parler. Je n'avais pas d'ailleurs adressé
dire que cela n'a pas eu lieu par l'intention cette lettre à Rome, mais à vous-même. Je ne
qu'on me suppose. Ni ma volonté, ni ordre, ni pouvais pas penser qu'une lettre écrite avec
consentement, ni même la moindre pensée de toute la sincérité de l'amitié, soit pour vous
ma part n'y sont pour quoi que ce soit. S'ils donner un avis, soit pour en recevoir un de
ne veulent pas croire ce que je dis ici, en pre- vous, pût jamais être regardée comme un Ii..
re, nec ita reprehendant apud alios, ut taceant apud Quo autem modo id acciderit, et longum est nar-
me; hinc potius existimans lædi amicitiam et ne- rare, et, nisi fallor, superfluum : cum sufficiat si
cessitudinis juraviolari. Nescio enim, utrum Chris- quidmihiinhoccreditur, noneofactumanimo
tianæ amicitiæ putandæ sint, in quibus magis valet quo putatur; nec omnino meæ fuisse volunLatis aut
vulgare proverbium, « Obsequium amicos, veritas dispositionis, aut consensionis, aut saltem cogita-
odium parit, quam ecclesiasticum, « Fideliora tionis, ut fieret. Hoc si non credunt, quod teste Deo
sunt vulnera amici, quam voluntaria oscula inimici loquor, quid amplius faciam non habeo. Ego tamen
(Prov.,XXVII, 6). » - absit ut eos credam hæc tuæ sanctitati malevola
32. Proinde carissimos nostros, qui nostris labo- mente suggerere ad excitandas inter nos inimicitias;
ribus sincerissime favent, hoc potius quanta possu- quas misericordia Domini Dei nostri avertat a no-
mus instantia doceamus, quo sciant fieri posse, ut bis; sed, sineullo nocendi animo, facile de ho-
inter carissimos aliquid alterutro sermone contra- mine humana vitia suspicari. Hoc enim me de illis
dicatur, nectamen caritas ipsa minuatur, nec veri- æquum est credere, si vasa sunt Christi, non in
tas odium pariat, quæ debetur amicitiæ ; sive illud contumeliam, sed in honorem facta, et disposita in
verum sit, quod contradicitur, sive corde veraci domo magna a Deo, in opus bonum. Quod si post
qualecumque sit dicitur, non retinendo in mente, hanc adtestationem meam, si in notitiam eorum
quod distet a labiis. Credant itaque fratres nostri, venerit, facere voluerint; quam non recte faciant,
familiarestui, quibus testimonium perhibes, quod et tu vides.
sint vasa Christi, me invito factum, nec mediocrem 33. Quod sane scripseram, nullum me librum
de hac re dolorem inesse cordi meo, quod litteræ adversus te Romam misisse, ideo scripseram, quia
meæ prius in multorum manus venerunt, quam et libri nomen ab illa epistola discernebam, unde
ad te, ad quem scriptæ sunt, pervenire potuerunt. omnino nescio quid aliudteaudisseexistimaveram,
belle fait contre vous. Laissant donc vos amis cœur la cécité de Stésichore. Je vous prie donc
de côté, c'est vous maintenant que je conjure, de me reprendre avec toute confiance, toutes
au nom de la grâce par laquelle nous avons été les fois que vous en verrez le besoin. Car bien
rachetés, de ne pas m'accuser de flatterie lors- que selon les titres d'honneur, qui sont passés
que dans ma lettre j'ai parlé de tous les dons en usage dans l'Eglise, l'épiscopat soit plus
que la bonté de Dieu vous a accordés. Du reste, élevé que la prêtrise, cependant, en beaucoup
si je vous ai offenséen quelque chose, pardon- de choses, Augustin est inférieur à Jérôme, et
nez-le-moi. Et si je vous ai cité avec plus d'im- d'ailleurs nous ne devons jamais ni dédaigner
prudence que de science la parole de je ne sais ni rejeter les réprimandes qui nous sont faites
quel poëte, veuillez ne pas vous en faire l'ap- par un inférieur quel qu'il soit.
plication au delà du sens de mes paroles, puis- 34. Vous m'avez pleinement convaincu de
que j'ai immédiatement ajouté qu'en vous di- l'utilité de votre traduction des Écritures, d'a-
sant cela, je ne prétendais pas vous croire en près le texte hébreu, afin de rétablir ce qui a
état de recouvrer les yeux du cœur, que vous été omis ou corrompu par les Juifs. Mais je
êtes loin d'avoirjamais perdus, mais pour vous vous prie de m'indiquer par quel Juif ces omis-
engager à tourner votre vue toujours saine et sions ou ces corruptions ont été faites. Est-ce
toujours vigilante vers la matière sur laquelle par ceux qui ont traduit l'Écriture avant la
nous discutions. J'ai seulement songé dans venue du Seigneur, et s'il en est ainsi, quels
cette citation à la (1) palinodie que nous de- sont ceux ou quel est celui d'entre eux qu'on
vons toujours être prêts à chanter, lorsque peut en accuser? Est-ce par ceux qui sont ve-
nous avons à corriger ou à faire disparaître nus après le Seigneur que ces soustractions et
quelque erreur qui se serait glissée dans nos ces changements ont été faits dans les exem-
écrits, mais il n'est jamais entré dans ma pen- plaires grecs, afin de ne pas nous fournir les
sée de vous attribuer ou de craindre pour votre moyens d'établir contre eux la vérité de la foi
(1) Saint Jérôme se rendit enfin au sentiment de saint Augustin comme il le fait voir dans le livre Ier, chap. 8, contre
les Pélagiens, où il dit qu'il n'y a que très-peu et meme pas du tout d'évêques irrépréhensibles, puisque saint Pierre
lui-même a donné à l'Apôtre saint Paul sujet de le réprimander. Qui est-ce, dit-il, qui trouveramauvais qu'on lui rersce
quen'a paseu le prince même des apôtres. Saint Augustin, dans sa lettre 180° àOcéanus, au sujet du mensonge officieux,
dit que saint Jérôme a adopté sur les paroles des apotres, le sentiment du bienheureux Cyprien.
et Romam nec ipsam cpistola, sed tibi miseram ; ut me fidenter corrigas, ubi mihi hoc opus esse
et adversus te non esse arbitrabar, quod sinceritate perspexeris. Quamqnam enim secundum honorum
amicitiæ sive ad admonendum, sive ad te vel me vocabula, quæ jam Ecclesiæ usus obtinuit, episco-
abs te corrigendum fecisse me noveram. Exceptis
autem familiaribus tuis, teipsum obsecro per gra-
: :
patus presbyterio major sit tamen in multis rebus
Augustinus Hieronymo minor est licet etiam a
tiam, qua redemti sumus, ut quæcumque tua bona, minore quolibet non sit refugienda,vel dedignanda
quæ tibi bonitate Domini concessa sunt, in litteris correctio.
meis posui, non me existimes insidioso blandilo- 34. De interpretatione tua jam mihi persuasisti,
quio posuisse. Si quid autem in tepeccavi,dimittas qua utilitate scripturas volueris transferre de He-
mihi. Nec illud quod de nescio cujus poetæ facto bræis; ut scilicet ea, quæ a Judæis prætermissa -
ineptius fortasse quam litteratius a me commemo- vel corrupta sunt, proferres in medium. Sed insi-
ratum est, amplius quam dixi, ad te trahas : cum nuare digneris peto, a quibus judæis, utrum ab eis
continuo subjecerim non hoc ideo me dixisse, ut ipsis, qui ante adventum Domini interpretati sunt;
oculos cordis reciperes, quos absit umquam ut ami-
seris ? sed ut adverteres quos sanos ac vigiles habe-
et siita est, quibus, vel quonameorum; an abistis
posterius, qui propterea putari possunt, aliqua de
res. Propter solam ergo (a) 7:aXtviooiav, si aliquid cudicibus græcis vel subtraxisse, vel in eis corru-
scripserimus, quod scripto posteriore destruere pisse, ne illis testimoniis de Christiana fide convin-
debeamus, imitandam, non propter Stesichori cæci-
tatem, quam cordi tuo nec tribui, nec timui, ad-
?
cerentur Illi autem anteriores cur hoc facere vo-
luerint, non invenio. Deinde nobis mittas obsecro
,
(a) Denique Hieronymus accessisse videtur ad Augustini sententiam in lib. I. adversus Pelagianos c. VIII. ubi inter
episcopos irreprehensibilem aut nullum aut rarum esse dicit, quippe cum vel ipse Petrus juxta apostolum Paulum re-
prehensibilisfuerit. Quis indignabitur, inquit, id sibi denegari, quod princeps Apostolorum non habuit V
chrétienne; car je ne vois pas les raisons qui votre version d'après l'hébreu, c'est unique-
auraient pu engager à agir ainsi ceux qui ont ment dans la crainte de produire quelque chose
traduit les saints Livres avant la venue de Jé- de nouveau contre l'autorité des Septante, et
sus-Christ. Je vous prie aussi de m'envoyer d'occasionner par là un grand scandale parmi
votre traduction des Septante dont j'ignorais le peuple de Dieu, dont les oreilles et les cœurs
la publication. Je désirerais également lire
votre ouvrage dont vous avez fait mention
Sur la meilleure manière de traduire; et con-
: sont accoutumés à une version approuvée par
les Apôtres eux-mêmes. C'est pourquoi, si dans
l'hébreu, l'arbrisseau dont il est question dans
naître jusqu'à quel point, dans les traducteurs le prophète Jonas (Jonas, IV, 6) n'est ni lierre
de l'Écriture, la connaissance des langues peut ni citrouille, mais je ne sais quoi qui se soutient
concilier ses propres données avec les conjec- par la force seule de son tronc, sans avoir
tures de ceux qui expliquent les saints Livres ; besoin d'aucun appui, j'aimerais mieux que
car quoique la foi des uns et des autres soit
sincère et la même, il est nécessaire que l'obs-
curité d'une foule de passages produise une
;
cette plante fût désignée dans toutes les ver-
sions latines sous le nom de citrouille car je
pense que les Septante ne se sont servis de cette
grande diversité d'opinions. Cette diversité expression, que parce qu'ils savaient que la
cependant n'est pas incompatible avec l'unité plante en question a du rapport avec l'arbris-
de la foi, puisqu'un traducteur peut donner seau dont parle le Prophète.
sur un passage obscur une opinion différente 36. Je crois avoir répondu suffisamment et
de celle d'un autre interprète, quoique l'un et peut-être plus qu'il nefaut à vos trois lettres(1),
l'autre aient cependant la même foi. dont deux m'ont été remises par Cyprien et
35. Ce qui me fait surtout désirer votre vers l'autre par Firmus. Répondez-nous ce qui vous
sion des Septante, c'est le besoin que je ressens paraîtra propre à notre instruction et à celle
d'échapper à cette foule ignorante de traduc- des autres. Avec l'aide de Dieu, j'apporterai
teurs latins, qui ont osé se charger d'une œuvre tous les soins possibles à ce que mes lettres
trop au-dessus de leur incapacité. Je voudrais vous parviennent avant de tomber en d'autres
également, si la chose était possible, faire voir mains qui pourraient les répandre. Car je ne
à ceux qui me croient jaloux de vos utiles tra- voudrais pas, je l'avoue, qu'il arrivât à vos
vaux, que si je ne laisse pas lire dans les églises lettres ce qui est arrivé à la mienne, ce dont
(1) Lettres 72, 75, 81.
edidisse nesciebam. Librum quoque tuum, cujus aliquid proferentes, magno scandalo perturbemus
mentionemfecisti, « de optimo genere interpretan- plebes Christi, quarum aures et corda illam inter-
di, » cupio legere ; et adhuc nosse, quomodo pretationem audire consueverunt, quæ etiam ab
coæquanda sit in interprete puritia linguarum, con- Apostolis adprobata est. Unde et illud apud Jonam
jecturis eorum, qui Scnpturas edisserendo pertra- (Jonæ, IV, 6) virgultum, si in Hebræo nec hedera
ctant; quod necesse est, etiamsi rectæ atque unius est, nec cucurbita, sed nescio quid aliud, quod
fidei fuerint, varias parere in multorum locorum trunco suo nixum, nullis sustentandum admi-
;
obscuritate sententias : quamvis nequaquam ipsa
varietas ab ejusdem fidei unitate discordet sicut
etiam unustractator, secundum eamdem fidem ali-
niculis erigatur ; mallem jam in omnibus lati-
nis cucurbitam legi. Non enim frustra hoc puto
Septuaginta posuisse, nisi quia et huic simile scie-
teratque aliter eumdem locum potest exponere, bant.
quia-hoc ejus obscuritas patitur. 36. Satis me, immo fortasse plus quam satis, tri-
35. Ideo autem desidero interpretationem tuam busepistolis tuis respondisse arbitror; quarum
de Septuaginta, ut et tanta latinorum interpretum, duasper Cyprianum accepi, unam per Firmum.
qui qualescumque hoc ausi sunt, quantum possu- Rescribe quod visum fuerit ad nos vel alios in-
mus imperitia careamus : et hi, qui me invidere struendos. Dabo autem operam diligentiorem,
putant utilibus laboribus tuis, tandem aliquando, quantum me adjuvat Dominus, ut litteræ, quas ad
si fieri potest, intelligent, propterea me nolle tuam te scribo, prius ad te perveniant, quam ad quem-
enim, nec
ex Hebræo interpretationem in ecclesiis legi, ne quam, a quo latius dispergantur. Fateor
contra Septuaginta auctoritatem, tamquam novum mihi hoc fieri velle de tuis ad me, quod de meis
vous avez raison de vous plaindre. Conservons FRÈRE ET SON COLLÈGUE DANS L'ÉPISCOPAT,
ET
cependant entre nous non-seulement la charité, AUX FRÈRES QUI SONT AVEC LUI, AUGUSTIN ET
mais encore la liberté de l'amitié. Nous devons SES FRÈRES, SALUT DANS LE SEIGNEUR.
nous faire part avec toute franchise de ce qui,
dans nos lettres, a pu mutuellement nous bles- 1. La tristesse de l'Église de Thiave ne laisse
ser, pourvu que nous le fassions dans cet esprit à mon cœur aucun repos, et je n'engoûterai
de charité fraternelle qui est agréable aux yeux pas avant d'avoir vu les fidèles de cette Église
de Dieu. Sicependant vous ne croyez pas que revenus à leur ancienne affection pour vous.
cela puisse se faire sans blesser l'amitié, ne le C'est à quoi il faut travailler sans relâche. En
faisons pas, car quelque grande que soit cette effet, si l'Apôtre s'est donné tant de peines pour
charité que je voudrais entretenir avec vous, il un seul homme, « afin qu'il ne fût pas accablé
vaut mieux nous en tenir à une charité moins d'une trop grande tristesse (Il Cor., II, 7), » et
parfaite que de n'en plus garder aucune. « pour éviter, dit-il aussi, les surprises de
Satan, dont nous connaissons les artifices
(II Cor., v, 7), » à plus forte raison devons-
nous veiller, afin de ne pas avoir à déplorer un
LETTRE LXXXIII(1) tel malheur pour tout un troupeau, et surtout
pour ceux qui sont rentrés maintenant dans
Saint Augustin fait part à Alype qu'il ne partage l'union et la paix de l'Église catholique, et que
pas son opinion sur les biens qui avaient appar- je ne puis en aucune façon abandonner. Or,
tenu à Honoré, qu'on tira du monastère de comme le peu de temps que nous sommes restés
Thagaste pour l'ordonner prêtre de Thiave, et ensemble ne nous a pas permis de délibérer
pense que ces biens doivent revenir à l'Église de avec tous les soins possibles, et de tirer au
Thiave et non au monastère de Thagaste. clair la résolution que nous avions à prendre à
cet égard, votre sainteté trouvera ici ce que
AU BIENHEUREUX SEIGNEUR ALYPE, SON TRÈS-CHER j'ai résolu aps mûre réflexion, depuis que
1
(1) Ecrite l'an 405. — Cette lettre était la 239e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 83e se trouve maintenantla 244e.
nulla est.
:
profecto major est sed melius liæc minor quam
dum est. Si euim de homine uno tantum sategit
Apostolus dicens,
qui ejusmodi est : « ne majore tristitia absorbeatur,
ubi efïam ait, « ut non possi-
EPISTOLA LXXXIII :
deamur a satana, non enim ignoramus mentes ejus
(II Cor., II, 7-11) » quanto magis nos oportet vigi-
lanter agere, nehoc in toto grege plangamus, et
Augustinus Alypio significans aliam se de bonis, quœ maxime in eis, qui (b) nunc calholicæ paci accesse-
fuerunt Honorati ex Thagastensi monacho presbyteri runt, et quos nulla modo relinquere possum. Sed
Thiavensis, iniisse sententiam, sibique demum quiatemporis non sivit angustia, ut simul nobisin-
ecclesiœ
satius videri, ut ea omnia hereditario vcluti jure
cedant, non monasterio Thagastensi, sed Thiavensi
de diligenter deliberatam liceret eliquare senten-
tiam; quid mihi post digressum nostrum diu
:
cogitanti placuerit, accipiat sanctitas tua et si tibi
(a) Lov. Thianensis. Vetus codex Corbeiensis præfert, Thiavensis, quem scribendi modum magis probamus, quia in
IndiculoPossidiiapud MSS. exemplaria censentur quædam epistolœ Thiavensibus, seu commutato v, in 6, Thiabensibus
scriptæ. -
(b) Ita MSS. At Lov. habet, qui jam catholicœetc.
nous nous sommes séparés, et si vous partagez la conversiondesquels nous voudrions pourvoir
ma manière de voir, qu'on envoie le plus vite d'une manière certaine, à retarder la vente de
possible à ceux.de l'Église de Thiave,la(1) leurs biens par mille prétextes excusatoires.
lettre que je leur ai écrite en votre nom et au Mais votre crainte au sujet d'une question dou-
mien. teuse est-elle comparable au scandale de tout
2. Votre avis est de leur donner une moitié, un peuple qui, sur une mauvaise et inévitable
et de chercher, comme je le pourrai, à leur apparence,regarderait ses évêques, que jusqu'à
procurer l'autre moitié. Il vaudrait mieux, selon ce jour il a en estime et en honneur, comme
moi, leur ÔLer tout. On ne pourrait pas dire souillés d'une sordide avarice.
alors que c'est pour l'argent, mais pour la jus- 3. Lorsque quelqu'un se retire dans un mo-
tice que nous nous sommes donné tant de nastère avec un désir sincère de se convertir,
peine. Au contraire, si on leur accorde la il ne pense pas à conserver son bien, surtout
moitié, et que nous composions ainsi avec eux, après avoir été averti que ce serait un grand
il paraîtra que tous nos soins n'ont eu d'autre mal. Si, au contraire, sa conversion n'est pas
but que l'argent, et vous comprenez quel sincère, et qu'il cherche ses intérêts, mais non
malheur peut en résulter. Nous passerons à ceux de Jésus-Christ, il n'a pas la charité, et
leurs yeux pour nous être approprié la moitié sans la charité, à quoi lui servirait de donner
d'une chose qui leur appartenait, et eux aux son bien aux pauvres, et même « de livrer son
nôtres pour des gens assez iniques pour avoir corps aux flammes (i Cor., XIII, 3).» On -peut
souffert qu'on les aidât de la moitié d'un bien toutefois, comme nous l'avons dit dans notre
qui appartenait tout entier aux pauvres. Nous entretien, éviter un pareil mal pour l'avenir,
devons prendre garde, dites-vous, en voulant en admettant dans les monastères ceux qui
quoqueplacet, jam (a) litteræ, quas ad eos communi excusatorias dilaturi sunt. Deinde mirum si de re
nomine scripsi, sine dilatione mittantur. dubia est totius plebis tam grande scandalum, cum
2. Dixisti ut dimidium habeant, et alterum dr episcopos suos, quos pro magno habent, sordida
midium eis a me undecumque provideretur. Ego avaritia maculatos putant, dum maligna species
autem puto, quia si totum eis auferretur, esset non vitatur.
quod diceremurnon de pecunia nos, sed de justitia 3. Nam cum quisque ad monasterium conver-
tantoperelaborasse. Cumverodimidium eis concedi- titur, si veraci corde convertitur, illud non cogi-
mus, et eo modo cum est quandoque componimus, tat, maxime admonitus quantum malum sit. Si au-
satis apparebit nostram curam nihil aliud quam pe- tem fallax est, et sua quærit, non qUID Jesu Christi,
cuniariam fuisse. Et vides quæ pernicies consequa- non habet utique caritatem. Et quid ei prodest, si
tur. Et illis enim videbimur alienam rem dimidiam distribuerit omnia sua pauperibus, et tradiderit
tulisse: et illi videbuntur nobis inhoneste et ini- corpus suum ut ardeat? Huc accedit, quia illud,
que se passos fuisse, ut adjuvarentur de dimidio, sicut jam collocuti sumus, deinceps vitari potest,
quod totum pauperum fuerat. Nam quod dixisti, et agi cum eo qui convertitur, si non potest ad-
«
Cavendum est, ne cum rem dubiam emendari mitti ad socictatem fratrum, antequam se omnibus
volumus majora vulnera faciamus, tantumdem illis impedimentis exsuerit, et ex otio tendatur cum
valebit, si eis dimidium concedatur. » Propter ip- ejus res jam esse destiterit. Hæc autem mors infir-
sum quippe dimidium, illi quorum convcrsioni morum, et tantum impedimentum salutis eorum,
(£) consulere volumus, ut hoc exemplo secum aga- pro quibus tantopere laboramus ut eos catholicæ
tur, rerum suarum venditionem per moras illas paci lucremur, aliter vitari non potest, nisi ut aper-
:
pas le bien qu'ils pensent avoir toujours appar-
tenu à ce prêtre ce bien n'était pas à lui,
mais on aurait dû les en prévenir dès le com-
C'est pourquoi je laisse à votre prudence le
soin d'examiner combien notre conduite était
déjà mal interprétée. Dans la crainte de me
mencement. tromper moi-même, comme cela arrive ordi-
4. La règle à suivre en pareille circonstance nairement, quand on se laisse trop aller à son
est, à mon avis, que tout ce qui appartient à propre sentiment, j'ai exposé toute l'affaire à
un clerc, d'après le droit de légitime posses- notre frère et collègue (4) Samsucius, sans lui
sion, doit revenir à l'Eglise pour laquelle il parler cependant de la tristesse de l'Eglise de
aura été ordonné. Or, d'après les lois civiles, Thiave. Je n'ai pas voulu non plus lui commu-
le bien dont il s'agit ici, appartient si légitime- niquer ma manière de voir précédente, je me
ment à Honoré, que non-seulement s'il avait suis contenté de lui dire ce qui avait paru bon
été ordonné prêtre ailleurs, mais encore s'il à vous et à moi pour résister aux prétentions
était mort dans le monastère de Thagaste sans de ceux de Thiave. Il a été tout à la fois ef-
avoir vendu ou légué ce bien, tout ce qu'il frayé de ce que je lui ai dit, et surpris que
possède aurait passé à ses héritiers comme les nous ayons pu être d'abord d'un tel avis,
trente (2) sous d'or de (3) Privat passèrent à mais ce qui J'a affligé, c'est surtout cette mau-
son frère Emilien. Il faut donc prévenir de pa- vaise apparence indigne non-seulement de
reils inconvénients, et si on n'a pas pris toutes nous, mais encore de la vie et des mœurs de qui
ses précautions d'avance, il faut observer en que ce soit.
pareille matière, les lois qui régissent la so- 5. Je vous conjure donc de signer la lettre
(1) Thiave fut érigé en évêché peu de temps après qu'Honoré en eut été ordonné prêtre. Plus tard il en occupa le siège
épiscopal.
1 Comme il était
encore en Afrique au temps de l'invasion des Vandales, voyant Thiave menacée de siége de la
part de ces barbares, consulta saint Augustin sur ce qu'il avait à faire, et la réponse du saint docteur faitle sujet
il
e la lettre 228e.
(2) Selon Casiodore,livre Ier, Varior., epître 10, le sou d'or valait six mille follis, ou même sept mille, selon la 25e
novelle de Valentinien. Le follis revenait à peu près à un sou de notre monnaie, et l'on peut approximativementdéter-
miner la valeur du sou d'or à 300 fr.
(3) Privat est probablement celui dont Evode, dans la lettre 158e, nombre 9, dit qu'il était mort dans le monastère
de saint Augustin. On ne peut dire au juste si son frère Emilien, qui hérita de lui, est le même qui était évêque en 416,
et quifigure dans la lettre 175e, comme ayant souscrit la lettre du concile de Carthage au pape Innocent Ier,
(4) Samsucius était était évêque des Tours, voyez la note sur le titre de la lettre 72°.
tissime intelligant, nullo modo nos de pecunia sa- tem præcauh non fuerint,eajura eis servare opor-
tagere intalibus caussis. Quod nullo modo intellec- tet, quae talibus habendis vel non habendis secun-
-
turi sunt, nisi illam rem, quam semper presbyteri
esse putaverunt, eorum usibus relinquamus
quia etsi ejus non erat, hoc ab initio scire debue-
; dum civilem societatem sunt instituta : ut ab omni
non solum re, sed etiamspecie maligna, quantum
possumus, nos abstineamus, et bonam famam cus-
rant. todiamus, dispensationi nostræ multum necessa-
4. Videtur itaque mihi hæc regula esse in rebus riam. Quam vero species malignasit,adverta, sancta
hujuscemodi retinenda, ut quidquid eo jure qilO prudentia tua. Excepta illorum tristitia quam ex-
talia possidentur, ejus fuerit, qui alicubi clericus perti sumus, ne quid forte ipse fallerer, sicut fieri
ordinatur, ad eam pertineat ecclesiam, in qua ordi- in
solet, dum sententiam meam proclivior erro,
natur. Usqpie adeo autem eodem jure presbyteri narravi caussam fratri et collegæ nostro Samsucio,
Honorati est illud unde agitur, ut non solum alibi nondum dicens quod mihi modo videtur, sed illud
ordinatus, sed adhuc in Thagastensi munasterio
constitutus, si re sua nonyendita, nec per manifes-
tam donationem in quempiam translata moreretur,
cum illis resisteremus :
potius adjungens quod utrique nostrum visum sit,
vehementer exhorruit, et
:
nobis hoc visum esse miratus est nulla re aliaper-
nonnisi hæredes ejus in eam succederent, sicutfra- motus,nisi ipsa specie fœda non nostra, sed cujus-
indignissima.
successit. Hæc ergo ante præcavenda sunt si au- :
ter Æmilianusinillostriginta solidos fratri Privato libel vita, ac moribus
5. Proinde obsecro te, ut epistolam, quam eis
que j'ai écrite en votre nom et au mien, à ceux pût faire; il aima mieux empêcher jusqu'à
de l'église de Thiave, et de la leur envoyer l'ombre de soupçons capables d'altérer la bonne
sans délai. Et quand bien même vous ne verriez odeur du Christ. Il eut soin d'éviter toute mau-
rien d'injuste dans ce que nous voulions d'abord, vaise apparence partout où il le crut nécessaire,
n'obligeons pas ceux dont la foi est encore fai- afin même de prévenir ce qui pouvait attrister
ble à comprendre ce que j'avoue ne pas com- les hommes. Pour nous qui n'avons pas été si
prendre encore moi-même. Observons envers prévoyants, sachons du moins réparer le mal
eux dans cette cause ce que dit le Seigneur :que nous aurions dû prévenir.
« J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, 6. Enfin comme je crains tout, et comme je
mais vous ne pouvez pas les porter présente- me souviens qu'en nous quittant, vous m'avez
»
ment (Jean, XVI, 12). C'est par compassion proposé de me constituer débiteur des frères de
pour une telle faiblesse qu'en ordonnant à Thagaste pour la moitié du prix du bien en
:
Pierre de payer le tribut, il dit « Les fils en question, je ne le refuse pas, si vous croyez la
sont exempts, mais de peur de les scandaliser, chose juste, mais à la condition de m'acquitter
donnez-leur pour vous et pour moi, le statère de cette obligation quand j'aurai de quoi y sa-
que vous trouverez dans la bouche du poisson tisfaire, c'est-à-dire quand il pourra échoir, au
(Matth., XVII, 26).» Lorsque Jésus-Christ en- monastère d'Hippone quelque bien assez consi-
voya Pierre, pour payer l'impôt de la double dérable pour me permettre de payer sans gêne,
drachme qui était exigé, il savait bien que par et de manière que la somme ayant été partagée
un droit supérieur à tous les autres, il ne devait proportionnellementau nombre des religieux
rien, mais il paya cependant au receveur de des deux communautés, une partie revienne à
l'impôt ce qui était exigé, pour se conformer nos frères d'Hippone.
au droit, en vertu duquel nous avons dit que
l'héritier d'Honoré aurait recueilli sa succes-
sion, si ce prêtre était mort avant d'avoir pro-
cédé à la vente, ou à la donation de son bien.
C'est ainsi que Paul, pour ménager les faibles,
ne voulut pas recourir au droit que lui donnait
l'Eglise, et n'exigea pas la redevance qui lui
était dll'" bien que consciencieusement il le
communi nomine scripsi, subscriptam non differas cie sese abstinens, in eis regionibus, ubi hoc nove-
mittere. Et si forte illic illud justum apertissime rat oportere, et forte antequam tristitiam homi-
pervides, non cogantur intirmi modo discere quod num fuisset expertus. Sed nos tardiores vel experti
ego nondum intelligo, ut hoc circa eos in hac caus- corrigamus, quod prævidere debuimus.
sa servetur, quod Dominus ait, « Multa habeo vobis 6. Postremo quia omnia timeo, et memini in
dicere, sed non potestis illa portare modo (Johan., digressu nostro quid proposueris, quod me fratres
»
XVI, 12). Tali quippe infirmitati parcens, etiam Thagastenses teneant debitorem in dimidio illius
illud de tributo solvendo, ait, « Ergo liberi sunt pretii; si hoc justum esse liquido perspicis, ea dum-
filii: sed ne scandaiizemus eos (Matth., XVII, 26), » taxat conditione non abnuo, ut cum habuero red-
et cetera, quando Petrum misit ut didrachmas, quæ dam, id est, cum aliquid tantum obvenerit Hippo-
tunc exigebantur, solverent. Noverat enim aliud nensi monaslerio, ubi hoc sineangustia fieripossit:
jus, quo nihil tale debebat : sed eo jure tributum ut tanta ibi summa detracta, non minus quam
eiille solvebat, quo jure diximus heredem presby- æqualis pro numero cohabitantium pars ad nostros
teri Honorati successurum fuisse, si antequam rem perveniat.
suam vel donaret vel venderet, moreretur. Quam-
quam in ipso Ecclesiæ Paulus (I Cor., IX) apostolus
certus conscientia quod rectissime exigeret
nihil aliud quam suspicionem devitans bonum
:
parcit infirmis, et debitum stipendium non exigit'
sed
19e.
mais lorsque pour les besoins des églises éloi- dans les suaves prairies du Christ.
gnées de vous, vous serez obligé de vous sépa- 2. Mais quoi, direz-vous peut-être Mon ?
rer de quelques-uns de vos plus chers élèves, frère ne pourra-t-il pas servir ici les intérêts de
vous comprendrez alors quelle vive douleur je l'Eglise? Est-ce donc pour autre chose que je
dois éprouver de l'absence et de la séparation désire l'avoir près de moi? Sans doute, si par
(t) Ecrite l'an 405 ou environ. — Cettelettre était la 242e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et
celle qui était la 84e se trouve maintenant la
(2) Novat évêque de Steff, capitale des Mauritanies qui assista à la conférence de Carthage en 4-11, et au concile gé-
néral d'Afrique tenu à Carthage en 419, est sans doute celui auquel cette lettre est adressée.
(a) Collationi Carthaginensi interfuit Novatus Sitifensis episcopus, fortean idem ipse cui hæcepistola scripta est.
sa présence près de vous il pouvait aussi utile- du bienfait dont nous vous serons redevables.
ment qu'ici, gagner des brebis au troupeau du Nos régions vous devront la grâce de pouvoir
Seigneur etles gouverner avec le même profit éteindre leur soif ardente de la parole de Dieu
pour l'Eglise, on pouvait avec raison m'accuser par la parole même de Lucille que vous nous
de dureté et même d'inj ustice. Mais comme la aurez donné. Vous doublerez la reconnaissance
dispensation de la parole évangélique est en que je vous dois déjà en n'insistaut pas davan-
souffrance dans nos contrées parlemanque de tage à ce sujet, ce qui ne servirait qu'âme faire
ministres qui sachent la langue (1) punique, paraître encore plus dur à votre sainte.et véné-
dont l'usage, au contraire, est familier dans le- rable bienveillance.
pays que vous habitez, croyez-vous que ce
serait consulter le salut des peuples du Sei-
gneur, que de vous envoyer un homme qui LETTRE LXXXV (2)
possède ce talent dont il vous est facile de vous
passer, et de l'enlever à notre égliseoù nous Saint Augustinreprendl'evêquePaul de ses légè-
l'avonssouhaitéavec tant d'ardeur?Pardonnez- retés qui scandalisaient toute l'Eglise. Ill'in-
moi donc d'agir contre votre désir et ma volonté vite àsecorriger et à menerune vie digne d'un
même, en faisant ce qui m'est commandé par évêque.
la nécessité de remplir les devoirs de mon minis-
tère. Le Seigneur dans lequel vous avez mis A SON TRES-CHER. SEIGNEUR, PAUL, SON COLLÈGUE
votre cœur, bénira vos travaux en récompense DANS LE SACERDOCE, ET PO~R LE DúNllEUR DU-
(1) Le texte latin est indubitablement corrompu dans ce passage et il faut substituer au mot lalina, celui depunica.
Ce qui fait que saint Augusiin a besoin du diacre Lucille, c'est que ce diacre savait la langue punique, dont l'usage
était aussi commun à Stif qu'il était rare à Hippone. En effet, Hippone était une ville maritime, en relation continuelle
avec l'Italie sous le rapport commercial et autre. Le latin était donc devenu la languedominante de cette région, sur-
tout pour les ecclésiastiques. Stif, au contraire, était située fort avant dans les terres et près des barbares de l'Afrique,
comme il paraît par la lettre 111, nombre 7. Autrement on ne comprendrait pas les instances de saint Augustin, pour
conserver dans son église un homme qui parlât uniquement la langue latine. Il avait autour de lui assez de prêtres qui
pussent prêcher en latin la parole de l'Evangile. On ne pourrait donc pas admettre le maintien de latina lingua, du
texte latin, malgré les observations dans lesquelles on dit que l'usage du latin était devenu à cette époque familier
dans l'Afrique, puisque saint Augustin dans le livre 1er de ses Confessions, chap. 14, n° 23, dise qu'il a commencé à
apprendre cette langue, au milieu des caresses de ses nourrices. Les paroles de saint Augustin ne sont pas une preuve suf-
:
fisante pour détruire l'opinion avancée dans cette note. Peut-être pour soutenir l'avis contraire citera-t-on le proverbe
punique qui se trouve dans le sermon 24, chap. 3, etles paroles qui la précèdent Je vous parlerai en latin parce que vous
ne connaissez pas tous la langue punique. Ce proverbe prouverait au contraire, comme cela d'ailleurs ressort du sens de
toute cette lettre que saint Augustin avait besoin dans son église de Lucille, pour annoncer et répandre en langue pu-
nique la foi et ladoctrine de Jésus-Christ.
(2) Ecrite vers l'an 405. Cette lettre était la 216° dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle
- —
qui était la 85° se trouve maintenant la 120°.
germanas meus Ecclesiæ non erit utilis, aut pro- nostræ cura constringit. Dabit tibi Dominus, in
pter aliud cum mecum habere desidero Plane si ?
tantum tibi quantum hic mihi, ejus præsentia lu-
quo posuisti cor tuum, ut tales sint labores tui, ut
pro isto beneficio remunereris : sic enim regionum
crandis vd regendis ovibus Domini utilis videretur, nostrarum ardentissimæ siti, diaconum Lucillum
non dico duritiam, sediniquitatcmmeamnemonon tu potius concessisti. Neque enim parum præstabis,
jure culparet. Sed cum (a) latina lingua, cujus cum de hac re nulla petitione me ulterius onera-
inopia in nostris regionibus evangelica dispensatio bis; ne nihil aliud quam durior appaream, venera-
multum laborat, illic autem ejusdem linguæ usus bili mihi et sanctce benevolentiae tu86.
omnino sit; itane censes non salutiplebium Do-
mini oportere consulere, ut hanc facultatem illuc EPISTOLA LXXXV
mittamus, et hinc auferamus, ubi eam magno cor-
disæstu requirimus ? Da itaque veniam, quoi non Augustinus Paulus quemdam episcoporum objurgat,
solum contra tuum desiderium, sed etiam con- qui Ecclesiam levitate sua graviter offendebat, ut ad
tra sensum meum facio; quod me facere, sarcinæ frugem et episcopo dignam vitam redeat.
(a) Forte legendum, Sed cum calleat latinam linguam. Porro in illis temponbus erat perquam familiarisapudAfricam
ususlatini sermonis, quem inter blandimenta etiam nutricum discere cœpitAugustinus, ex lib. Confess.I. c.
XIV. n.23.
Hinc est quod punicum proverbium allaturus in Ser. 24 de verbis Apost. c. ni. Latine vobis dicam, mqUlt, juia pvm non
omnes nostis, *
QUEL IL FAIT DES VŒUX, AUGUSTIN, SALUT DANS je ne communique pas avec vous, c'est unique-
LE SEIGNEUL. ment parce que je ne puis pas vous flatter.
Comme c'est moi qui vous ai engendré en Jé-
1. Vous ne m'appelleriez pas tant inexora- sus-Chrisi par l'Évangile, je vous dois plus qu'à
ble, si vous croyiez à ma sincérité. Que pensez- tout autre les salutaires reproches de la cha-
vous donc de moi, quand vous m'écrivez de rité, quelque mordants qu'ils vous paraissent.
telles choses, ne me regardez-vouspoint comme La joie que m'inspire le grand nombre de ceux,
un homme animé d'un sentiment détestable de qu'avec l'aide de Dieu, vous avez fait entrer
division et de haine contre vous? Dieu me dans le sein de l'Église, ne doit pas non plus
garde, qu'après avoir prêché aux autres, je ne m'empêcher de gémir sur le plus grand nom-
devienne réprouvé moi-même, et qu'en voulant bre encore de ceux que vous en avez écartés.
tirer la paille de votre œil, je retienne une Vous avez fait à l'Église de Catague(1) une
poutre dans le mien. Il n'en est pas comme-vous telle blessure, qu'elle sera incurable, si le Sei-
le pensez. Je vous répète et je prends Dieu à gneur ne vous délivre pas du joug et des sou-
témoin que si vous vouliez pour vous-même ce cis terrestres pour vour ramener à la vie qui
que je veux pour votre bien, depuis longtemps convient à un évêque.
vous vivriez tranquille en Jésus-Christ, et vous 2. Mais comme vous vous engagez de plus
réjouiriez toute l'Église dans la gloire de son en plus dans les choses du siècle auxquelles
nom. Je vous ai déjà écrit, que non-seulement vous aviez renoncé, au delà même de ce que
vous étiez mon frère, mais encore mon collè- la loi des hommes peut permettre, et que vo-
gue. Quiconque est évêque de l'Église catholi- tre train de vie est tel que les revenus de votre
que, quel qu'il soit d'ailleurs, est nécessaire- église n'y suffisent pas, pourquoi rechercher
ment mon collègue, tant qu'il n'a pas été vous ma communion (2), vous qui n'avez ja-
condamné par un jugement ecclésiastique. Si mais voulu écouter mes avertissement? Agis-
(1) Le texte latin porte Hipponensem ecclesiam, c'est probablement une erreur, Paul administrait l'église de Catagne
en Numidie. C'est celui qui, dans la lettre 96e, est appelé prédécesseur de Boniface, que la lettre 97e qualifie du titre
d'évêque de Catague. C'est donc l'église de cette ville, et non celle d'Hippone que Paul scandalisait par la légèreté de
sa conduite. Il avait été engendré en Jésus-Christ par saint Augustin lui-même, et c'est ce qui donne au saint docteur
biens,mais il
le droit de lui adresser des réprimandes aussi sévères. Paul avait, comme saint Augustin, fait l'abandon de tous ses
y avait été obligé parce qu'ildevaitbeaucoupaufisc, comme on levoit dans la lettre 96e.
il :
(1)Dans le n° 1er, saint Augustin dit de Paul qu doit toujours le considérer comme évêque catholique, tant
qu'il n'a pas été condamné par un jugement ecclésiastique. Il lui dit encore ici Quid quœris communionem meam (pour-
quoi recherchez-vous ma communion) ? C'est qu'en effet, si coupable que fût un évêque, il ne pouvait être condamné et
déposé que par douze évêques de la province, selon les canons de l'Eglise d'Afrique. Jusque là on était obligéde le recon-
naître pour évêque. Mais l'Eglise a toujours permis à tout évêque de refuser sa communion au collègue qui s'en serait 1
rendu indigne.
DOMINO SINCERITER DILECTISSlMO ET VOTIS OMNIBUS BEA- trem meum, sed etiam collegam meum. Neque
TIFlCANDO FRATRI CONSACERDOTI (a) PAULO AUGUSTINUS enim fieri potest, ut non sit collega meus quilibet
IN DOMINO SALUTEM. episcopus Ecclesiæ catholicæ, qualiscumque sit,
1
Tam inexorabilem me mon vocares, nisi etiam nullo ecclesiastico judicio damnatus. Sed ut tibi
mendacem putares. Quid enim aliud de animo non communicem, nulla caussa est, nisi quia tibi
meo credis, quando mihi talia scribis, nisi me te- adulari non possum. Tibi enim maxime debeo, quia
nere adversus te naevum discordiæ et odium detes- in Christo Jesu per Evangelium ego te genui, sa-
tandum : quasi in re manifesta non caveam, ne lubrem mordacitatemcaritatis veraciter objurgando.
aliis prædicans, ipsi reprobus inveniar; aut ita ve- Nec ita gaudeo multos in Ecclesiam catholicam
lim ejicere stipulam de oculo tuo, ut in meo tra- adjuvante Domino per te
esse collectos, ut non de-
bem nutriam ? non est quod putas. Ecce iterum beam plangere plnres inde dispergi. Sic enim vul-
dico et testor Deum, quia si tu tibi ea velles, quæ nerasti ecclesiam Hipponensem,utnisi te Dominus
sarcinis sæcularibus expeditum,
tibi ego volo, jamolim securus in Christo viveres, omnibus curis et -
episcopi.
etin nominis ejus gloriam totam ejus Ecclesiam ad veram episcopalemvitam victumque revocaverit,
lætificares. Ecce jam scripsi non tantum te esse fra- tale vulnus sanarinon possit.
(a) Cataquensem ecclesiam administrabatPaulus; quippe is est, nt opinamur, qui in epist xcvi, dicitur præcessor
Bonifacii Cataquensis, juxta epist. XCVII,
sez-vous ainsi pour que les hommes me rendent voies que vous vouliez suivre en vous servant
?
responsable de votre conduite Je suis déjà as- de son nom ; et si vous voulez le comprendre,
sez accablé de leurs plaintes. Vous prétendez il vous ramènera dans celle pour laquelle le
en vain que ceux qui parlent mal de vous au- saint fardeau de l'épiscopat vous a été imposé.
jourd'hui sontles mêmes qui vous ont toujours
été contraires dans votre vie précédente. Il n'en
est rien. Vous êtes mal renseigné sur bien des
points, ce qui n'a du reste, rien d'étonnant.
LETTRE LXXXVI (1)
Mais cela fùt-il vrai, rien dans vos mœurs ne
devrait les autoriser à vous reprendre, ni leur Saint Augustin prie Cécilien,
blasphémer l'É- gouverneur de Nu-
fournir l'occasion de contre midie, de comprimer par ses ordonnances les
glise. Peut-être encore pensez-vous que je vous Donatistes des environs d'Hippone, comme il
parle ainsi parce que je n'ai pas accepté vos ex- l'avait fait dans leslocalités voisines.
cuses? Ah! si je vous tiens ce langage, c'est
parce que je sais bien que Dieu ne me pardon- A SON TRÈS-CHER ET ESTIMABLE FILS, LE TRÈS-
nerait pas mes fautes si je gardais le silence ILLUSTRE ET HONORABLE SEIGNEUR, BIEN MÉRI-
sur les vôtres. Vous avez, il est certain, un TANT EN LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST, CÉCI-
très-bon esprit, mais un esprit quelque fin qu'il LIEN (2), AUGUSTIN SALUT DANS LE SEIGNEUR.
soit, n'est rien quand il s'attache aux choses de
la terre, tandis qu'un esprit lent et pesant, est 1. L'éclat de votre administration, la renom-
en sûreté quand il s'attache aux choses du ciel, mée de vos vertus, votre zèle si digne d'éloges
L'épiscopat n'est pas un moyen de passer la et la sincérité de votre foi chrétienne, tous ces
vie dans les fausses joies du monde. Ce que je bienfaits divins dont vous vous réjouissez en
vous dis vous sera également enseigné par le celui qui vous les a donnés, et duquel vous en
Seigneur notre Dieu qui vous a fermé toutes les espérez de plus grands encore, m'ont engagé à
l'an
(1) Ecrite 405.—Cette lettre était la 60e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui était la
86e se trouve maintenant la 36e.
(2) Il est à présumer qu'il s'agit ici de ce Cécilien qui fut dans la suite, vers l'an 409, préfet du prétoire, et auquel
saint Augustin adressa une autre lettre dans l'année 414.
Le texte donne à Cécilien le titre de Prœses (président). En voici la raison : La province de Steffe, l'une des Mauri-
tanies sur les frontières de la Numidie, était une province présidiale, c'est-à-dire gouvernée par un président, et c'est
sous ce titre que saint Augustin implore le secours de Cécilien pour protéger son diocèse contre les perturbations et
l'invasion des Donatistes.
2. Cum autem tu magis magisque implicare te tacuero. Novi quia cor habes, sed et tardum, secu-
non cesses, ut etiam rebus quibusrenuntiasti, te rum est, quando in cælo est; et acutum cor nihil
post renuutiationeminserueris, quod nec apud hu-
manasipsaslegesullo modo defendipotest et in :
ea professione vivere dicaris, cui frugalitas ecclesiæ
est, quando in terra est. Non est episcopatus artifi-
cium transigendcevitse fallacis.Docebit te quod dico
Dominus Deus, qui tibi inlerclusit omnes vias, ad
tuæ sufficerenon possit: ut quidquaeris communio- quas illo uti voluisti, ut dirigat te, si intelligas,
nem meam, cum audire numquam volueris admo- in illam viam, propter quam ambulandam tibi tam
nitionem meam ? on ut quidquid facis mihi impu- sancta sarcina imposita est.
tent homines, quorum querelas sustinere non pos-
sum?Frustraautem suspicfaris eosesse obtrectatores EPISTOLA LXXXVI
tuos, qui tibi semper et in vita priore adversati
sunt. Non est ita, nec minim quod multa te latent. Augustinus Cceciliano præsidi ut suo edicto Dona-
Sed etiam si hoc verum esset, nihil in tuis moribus tistas in regione Hipponensi et vicinis locis c"Oer-
possim satisDeo facere de peccatis meis, si haee tibi 1. Administrationis tuæ claritas et fama virtu-
(b) MSS. aliquot, suscipiendo : etin corpore epistolæ, suscipiende fili. Hie ipse est, ut putant, Caacilianus qui Prastorii
Praefectus postea fuit an. 409, Cuique alteram August. epistolam scripsit an. 413.
faire part dans cette lettre à Votre Excellence,
des peines et des soucis qui m'agitent. En effet,
autant je me réjouis de ce que vous avez fait
avec tant d'efficacité dans les autres parties de LETTRE LXXXVII (1)
tam, pietatisquequcChristianselaudanda diligentia rare poterunt, vel ex presbytero quem cum litteris
et fida sinceritas, quæ tibi divina munera eo do- misi, fueris audire dignatus, adjuvante Domino Deo
nante gaudes tributa, a quo speras promittente nostro, proculdubio providebis ut tumor sacrilegae
potiora, excitaverunt me, ut hoc epistolari alloquio vanitatis terrendo sanetur POtills, quam ulciscendo
æstus caussarum mearum (a) cum excellentia par- resecetur.
tirer tua. Quantum enim per alias Africæ terras te
unitati catholicæ mirabili efficacia consuluisse gau- EPISTOLA LXXXVII
demus, tantum dolemus regionem Hipponensium-
regiorum et ci vicinas partes confines Numidiæ, Augustinus Emerito Donatistœ, adhortans ut adtendat
prœsidiali edicti tui vigore nondum adjuvari mc- et respondeat, qui justa caussa schisma moverint.
ruisse, Domine eximie, et in Christi caritate vere DESIDERABILI ET DILECTO FRATRI (6) EMERITO,
meritogue honorabilis ac suspiciende fili. Quod ne AUGUSTINUS.
lues.
meæ potius negligentiæ deputetur, qui episcopa- Ego cum audio quemquam bono ingenio præ-
lem sareinam Hippone susiineo, tuae magnificentice ditum, doclrinisque liberalibus eruditum, qnam-
non tacendum putavi. Quantum etiam in campo quam non ibi salus animæ constituta sit, tamen in
Hipponensi hæretica præsumat audacia, si
ex fra-
tribus et collegis meis,qui hsec tuæ sublimitati nar-
queestione facillima, sentire aliud quam veritas
postulat, quo magis miror, eo niagis exardesco
(a) Ita MSS. prope omnes. At Editi,excellentice aperirem
(b) Emeritus civis Gaesareensis in Mauritania, ibique Donatistarum episcopus fuit, unus corum septem quos lli ad,
suam tuendam emissam in collationo Carthaginensi delegerant; ex lib. II. Retract, c. M.
la parole de l'Esprit-Saint, est répandue dans
toutl'univers.J'ignore pour quelles raisons
ignoré :en effet, souvent il y a des crimes qui
se découvrent seulement après la mort des cou-
vous avez agi ainsi, car il est certain que laplus pables, et l'on ne pourrait reprocher aux chré-
grande partie du monde romain, sans parler tiens d'avoir eu communication avec ces crimi-
des nations barbares auxquelles l'Apôtre se di- nels pendant leur vie. Pourquoi donc avez-vous
sait également redevable (Rom. I, 14), et avec été assez téméraire pour vous séparer, par un
lesquelles nous sommes en communion de foi schisme sacrilège, de la communion d'une infi-
chrétienne, ne connaît pas le parti de Donat, nité d'églises d'Orient qui ont toujours ignoré,
et ignore complètement quand et pour quels et qui ignorent encore ce que vous dites, ou
motifs il s'est ainsi séparé de nous. Si vous plutôt ce que vous inventez sur ce qui s'est
n'avouez pas que tous les chrétiens sont inno- passé en Afrique.
cents des crimes que vous reprochez aux Afri- 2. Ilne s'agit pas présentement de savoir si
cains, vous êtes forcé d'avouer aussi que vous- ce que vous avancez est vrai, quoique nous
même vous êtes souillé de tous les méfaits prouvions, par des raisons bien plus fortes que
commis parmi vous par des hommes pervers les vôtres, la fausseté de vos allégations, et que
que, j'aime à le dire, vous ne connaissez pas. nous déclarions hautement que ce sont ceux de
En effet, vous n'excluez personne de votre votre parti qui ont commis les crimes que vous
communion, ou du moins cette exclusion a reprochez aux nôtres. Mais, comme je viens de
lieu seulement quand les coupables ont commis vous le dire, c'est une question toute différente,
la faute pour laquelle il y a lieu de la prononcer. et que nous discuterons quand il le faudra.
Mais le crime n'est-il pas resté quelque temps Maintenant jevous engage seulement à bien
caché, avant que vous ayez pu le découvrir ? considérer que des crimes inconnus, commis
Et n'est-ce pas seulement lorsque les coupables par des gens inconnus ne peuvent souiller per-
ont été convaincus, que vous les côndamnez ? sonne. D'où il résulte évidemment que c'est
Or, je vous le demande; ce crime a-t-il pu vous par un schisme sacrilége que vous vous êtes
?
souiller alors qu'il restait caché Nullement, séparés du reste de l'univers, où l'on a toujours
me répondrez-vous. Donc, dans aucun temps, ignoré, et où l'on ignore encore les crimes
il ne pourrait vous souiller, fût-il toujours vrais ou faux que vous reprochez auxAfricains.
s
aut aliqua ratio conservandae pacis impediat.Quisunt multitudo illa falsorum fratrum apostolum Paulum,
enim,quiapud prophetamEzechielem (Ezech.,ix,4), in una cum eis Ecclesia constitutum, non fecit sua
et ante vastationem perditorum signari meruerunt, quaerentem, non quæ Jesu Christi; manifestum est
et cum illi vastarentur evadere illæsi, nisi ut ibi non hoc effici hominem, quod est rnalusquisquam,
manifestissime ostenditur, quimærent et gemunt cum quo ad altare Christi acceditur, etiamsi non
peccata et iniquitates populi Dei, quæ fiunt in me- sit incognitus, si tantum non approbetur, eta bona
dio eorum? qnis autem quod ignorat, gemit et conscientia displicendo separetur. Manifestum est
?
mæret Ex eadem ratione etiam Paulus apostolus
falsos tratres tolerat. Non enim de incognitis ait,
igitur non esse aliud cum fure concurrere, nisi vel
furari cum eo, vel furtum ejus cordis placito acci-
« Omnes enim sua quærunt, non quæ Jesu Christi pere. Hoc nos dicimus, ut quæstiones inflnitos at-
(Phil., II, 22); » quos tamen secum fuisse mani- que superfluas de factis hominum" quæ rationem
festat. Ex quo autem genere sunt, qui vel thurifi- nostram nihil impediunt, auferamus.
care idolis, vel codices divinos tradere, quam mori 4. Sed et vos nisi hocsentiatis, tales eritis om-
maluerunt, nisi ex eorum qui sua quærunt, non nes, qualis Optatus in vestra communione vobis
Jesu Christi. non ignorantibus fuit, quod absit ab Emeriti mo-
3. Multa testimonia Scripturarum prætereo ne ribus, aliorumquetalium, quales apud vos esse non
longiorem quam necesse est epistolam faciam, et dubito longe a factis illius alienos. Neque enim vo-
eruditioni tuae plura per teipsumconsideranda per- bis objicimus, nisi sohismatis crimen quam etiam
mitto. Quod tamen satis est, vide obsecro : Si tam hæresim male perseverandu fecistis. Quanti autem
multi iniqui in uno populo Dei eos, qui secum ver- divino judiciopendatur hoc facinus, legequod te
sabantur, non fecerunt tales, quales ipsi erant; si legisse non ambigo. Invenies Dathan et Abiron
étrangers aux crimes d'un Optât. Nous n'avons le parti de Donat, vous paraissait un si grand
rien autre chose à vous reprocher, si ce n'est mal, que vous avez mieux aimé tolérer Optat
votre schisme, changé en hérésie par votre fu- dans votre communion, que de laisser intro-
neste obstination. Pour comprendre toute la
gravité de cette hérésie devant Dieu,lisez,ce que
;
duire une division dans votre secte et vous ne
craignez pas de persévérer dans cette faute
sans doute vous avez déjà lu, vous verrez Da- commise par vos pères, qui ont divisé l'Eglise
than et Abiron engloutis dans un abîme ouvert de Jésus-Christ.
sous leurs pieds, tous leurs sectateurs consu- 5. Peut-être dans l'embarras où vous êtes de
més par des flammes sortant de terre au milieu me répondre, chercherez-vous à défendre Optat?
d'eux. Ce supplice dont Dieu punit sur-le- Ne le faites pas, frère, ne le faites pas, je vous
champ le crime de l'hérésie, pour nous appren- en conjure. Cela ne vous convient pas, que
dre à l'éviter, nous marque encore celui qu'au cela convienne à d'autres (si toutefois quelque
jugement dernier il réserve aux hérétiques que chose sied aux méchants), il ne convient cer-
sa patience épargne présentement. Je ne blâme tainement pas à Emérite de défendre Optât.
pas les raisons qui vous ont déterminé à ne Peut-être direz-vous qu'il ne vous est pas plus
pas exclure Optat de votre communion, lors- convenable de l'accuser. J'y consens. Prenez
qu'il exerçait son pouvoir avec autant de folie
que de fureur, et lorsque toute l'Afrique, gé-
:
alors un terme moyen et dites « Chacun porte
son fardeau (Gal., vi, 5). » « Qui êtes-vous
missant avec vous, se levait pour l'accuser, si pour juger le serviteur d'autrui (Rom., XVI,4)?»
toutefois vous êtes tels qu'on le dit, et Dieu sait Si donc sur le témoignage de toute l'Afrique,
que non-seulement je le désire, mais aussi que je dirai plus, de toutes les contrées où a retenti
;
je le crois non, dis-je, nous ne vous repro-
chons pas de n'avoir pas voulu alors excom-
le nom de Gildon et d'Optat, car ils étaient
aussi connus l'un que l'autre, vous n'avez pas
munier Optât, de peur que son excommunica- oséporterun jugementsurOptat, dans la crainte
tion n'attirât beaucoup de gens dans son parti, de juger témérairement de choses inconnues,
et qu'il ne rompît votre communion par la fu- pouvons-nous donc et devons-nous de notre
reur d'un nouveau schisme. Mais voilà préci- côté, d'après votre seul témoignage, porter un
sément, Emérite, mon frère, ce qui vous rend jugement téméraire sur des hommes qui ont
coupable aux yeux de Dieu. Une division dans ?
vécu bien longtemps avant nous Et comme si
hiatu terræ devoratos, ceterosque omnes, qui eis 5. Iiic fortasse respondendi angustia tentabis
consenserant, igne de medio eorum exsistente con- defendere Optatum. Noli frater, noli obsecro, non
sumtos (Num., xvi, 32). Illud ergo scelus ad exem- te decet, et si aliquemalium forte deceat, (si tamem
plum devitaudi Dominus Deus prsesenti supplicio quidquam decet malos) Emeritum certe non decet
ut
denoUvit, cum talibus patientissimeparcit, quale defendere Optatum. Sed fortasse nec accusare. Ita
ultimo judicio reservet, ostenderet. Neque enim re- sit sane. Utere voce media, et die, Unusquisque
prehendimus rationes vestras, si eo tempore quo sarcinam suam portat (Gal., VI 5). Tu quises, qui
vesana potentia fin-ere jactabatur Optatus,cumejus jurticas servum alienum (Rom., XIV, 4)? Si ergo ad
accusator esset totius Africæ gemitus congemiscen- testimonium totius Africæ, immo vero terrarum
tibus vobis, si tamen talis es, qualem te prædicat omnium quaquaversum Gildonis fama fervebat,
fama, quod scit Deus me et credere et velle : non simul enim. et ille notus erat, non ausi estis umquam
ergo reprehendimus si eo tempore, ne multos se- de Optato judicare, ne temere de incognitis judica-
cum -excommunicatus traheret, et communionem retis; nos tandem possumus aut debemus de iis,
vestram schismatis furore præcicteret, eum excom- qui ante nos vixerunt, ad vestrum tantummodo
municare noluistis. Sed hoc ipsum est, quod vos ar- te-timonium, temerariam de incognitis ferre sen-
tentiam; ut parum sit quod vos ignota criminami-
guit iu judicio Dei, frater Emerge, quod cum
videretis tam magnum malum esse, dividi partem ?
ni, nisi et nos ignota judicemus Non enim Opta-
tum,etiamsi forte falsa periclitatur invidin, sed te
Donati, ut Optatus potius in communione toleran-
dus existimaretur, quam illud admitteretur; perma- defendis, cum dicis, Ignoro qualisiste fuerit, Quan-
netisin eo malo,quod individenda EcclesiaChristi to magis ergo quales fuerint Afri, quos ignotiores
a vEstris majoribus perpeLratum est. arguis, Orientalis orbis ignorat ? a quibrs tamen
ce n'était pas assez que vous les condamniez tous ces peuples. Vous dites qu'ils ne sont pas
pour des crimes qui vous sont inconnus, de- chrétiens, et vous cherchez par tous les moyens
vrions-nous encore nous prononcer nous- possibles à les rebaptiser. Mais que dire? Pour-
mêmes sur des choses que nous ne connaissons quoi me plaindre? Pourquoi me récrier? Je
? ;
pas plus que vous En effet, ce n'est pas Optat parle à un homme de cœur il est indigné et je
que vous défendez; fût-il même victime de ne fais que partager son indignation. Vous
l'envie; c'est vous-même, quand vous dites : voyez donc assez tout ce que je pourrais ajouter
J'ignore ce qu'il a été. A combien plus forte sur ce sujet, si je le voulais.
raison, les églises d'Orient doivent-elles être 6. Peut-être vos pères ont tenu entre eux un
autorisées à dire qu'elles ne savent pas ce concile, dans lequel ils ont condamné tout l'u-
qu'étaient ces évêques africains que vous ac- nivers chrétien, excepté eux-mêmes. Mais la
cusez sans les connaître. Cependant vous vous faculté et le droit d'appréciation en sont-ils
êtes sacrilégement séparés de ces églises dont venus à ce point qu'on puisse croire que le con-
vous avez et lisez tous les jours les noms dans cile des Maximianistes, qui se sont séparés de
les livres canoniques. Si les méfaits de votre votre schisme, ne soit d'aucune autorité contre
évêque de Tamugade (1), tant décrié et tant vous, parce que en comparaison de vous ils
déshonoré ont pu être ignorés, je ne dis pas étaient en petit nombre, et que votre concile
de celui de Césarée, mais de celui de Sétif, col- doive compter pour beaucoup contre toutes les
lègue et contemporain de cet Optat, comment nations qui sont l'héritage du Christ, qui s'é-
pouvez-vous prétendre que les Eglises de Co- tend jusqu'aux extrémités de la terre? Il ne
rinthe, d'Ephèse, de Colosses, de Philippes, de faudrait pas avoir de sang dans les veines, pour
Thessalonique,d'Antioche,duPont,delaGalatie, ne pas rougir d'une telle prétention. Répondez
de laCappadoce,et tant d'autres églises fondées à cela je vous prie; car j'ai oui dire à quelques
par les apôtres en diverses parties du monde, personnes dignes de confiance, que vous me
n'ont pu de leur côté, ignorer le prétendu répondriez si je vous écrivais. Je vous ai déjà
crime des évêques africains, que vous accusez précédemment adressé une lettre; vous est-elle
d'avoir livré les saintes Ecritures, ou que leur parvenue, et m'avez-vous fait une réponse que
ignorance à cet égard a été une raison suf- par hasard je n'aurais pas reçue? Je l'ignore.
fisante pour condamner toutes ces Eglises? Maintenant, je vous prie de répondre ce qu'il
Et cependant vous ne communiquez plus avec vous plaira à mes questions, sans toutefois
(1) Ville d'Afrique sur les confins d'une.des Mauritanies et dont Optat était évêque.
;
en recevrez des louanges. Car le prince est le nité, que faut-il penser de vous? Et si vous
ministre pour votre bien mais si vous faites jugez convenable d'ignorer le mal que fontvos
mal, vous avez raison de craindre, parce qu'il collègues d'Afrique, avec qui vous vivez, avec
ne porte pas l'épée en vain, car il est ministre qui vous dispensez les sacrements, ou bien,
de Dieu pour exécuter sa vengeance, en punis- connaissant ce mal, de le tolérer, pour ne pas
sant celui qui fait mal (Rom., XIII, 2). » Toute diviser le parti de Donat, tandis que, d'un au-
la question est donc de savoir si le schisme tre côté, vous ne permettez pas aux chrétiens,
n'est pas un mal, si vous n'avez pas fait un établis dans les contrées les plus éloignées,
schisme, et si, par conséquent, c'est pour le d'ignorer ce que vous savez, ou ce que vous
bien que vous résistez aux puissances et non croyez, ou ce que vous avez entendu dire, ou
: ;
pour le mal qui attirerait sur vous la condam- même ce que vous inventez sur le compte de
nation. C'est pourquoi le Seigneur, dans sa quelques Africains que faut-il penser de vous,
prévoyance, ne se borne pas à dire « Bien- je vous le demande encore? Quelle perversité
:
heureux ceux qui souffrent la persécution, » d'aimer et d'embrasser ainsi sa propre iniquité,
mais il ajoute « Pour la justice (Matt., v, et d'accuser ensuite de sévérité toutes les puis-
10). » Je désire donc savoir si cette séparation, sances de la terre?
dans laquelle vous persistez, est, comme j'ai :
8. Vous direz peut-être il n'est pas permis
;
mais à leur occasion, nous n'aban-
donnons pas l'Eglise catholique nous souf-
homme de votre parti, parce que pour le ser- frons qu'il ne nous soit pas possible avant le
vice de la loi, il mettait à mort ceux qu'il grand jour de séparer dans l'aire du Seigneur
avait trouvés criminels? Vous me direz encore, la paille du bon grain (Matt., m, 12); c'est
c'est vous qui excitez contre nous les princes ainsi que vous-même n'avez pas abandonné
romains. Non, vous répondrai-je, c'est vous qui le parti de Donat, à cause d'Optat que vous
les excitez eontre vous-mêmes, vous qui, par n'osiez pas chasser.
votre schisme, n'avez pas craint de déchirer 9. Mais, direz-vous, pourquoi vouloir nous
l'Eglise dont ils sont devenus les membres, ac- unir à vous, si nous sommes criminels? Parce
:
complissant ainsi la prédiction du prophète
touchant le Christ « Tous les rois de la terre
l'adoreront (Psal.,LXXI,11); » vous qui persis-
que vous vivez encore et que vous pouvez vous
corriger si vous le voulez. En effet, en vous
réunissant à nous, c'est-à-dire à l'Église de
!
tez à vouloir les rebaptiser Si lescatholiques
demandent protection aux puissances contre
Dieu, à l'héritage du Christ dont l'empire s'é-
tend jusqu'aux limites de la terre, vous vous
les violences des vôtres, violences qui, pour corrigerez et reprendrez une nouvelle vie en
vous qui en êtes innocent, sont un sujet de
douleur et de gémissements, ce n'est pas pour
vous persécuter, mais pour se défendre, comme
:
celui qui est la racine. En effet, l'Apôtre parle
en ces termes des rameaux brisés « Dieu est
assez puissant pour les enter de nouveau sur le
l'Apôtre saintPaul,qui avant que l'empireromain tronc (Rom., XI 23).» Changez quelque chose
fût chrétien, demanda une escorte armée pour à ces sentiments qui vous séparent de nous,
le protéger contre les Juifs conjurés pour le quoique les sacrements que vous avez soient
mettre à mort (Act., XXIII, 22). Mais ces princes, saints, puisqu'ils sont les mêmes partout. Nous
toutes les fois que l'occasion leur permet de souhaitons que vous changiez ce qu'il y a
s ione laniare ausi estis, et rebaptizare pertinaciter purgare non possumus, quando et vos propter Op-
audetis. Nostri autem adversus illicitas et privatas tatum, cum eum pellere non alldebatis, partem
vestrorum violentias, quass et vos ibi, qui ta- Donati non reliquistis.
lia non facitis, doletis et gemitis a potestatibus 9. At enim dicitis, Quare nos adjungi vobis vul-
ordinatis tuitionem petunt, non qua vos perse-
quantur, sed qua se defendant: sicutapostolus Pau-
?
tis, si scelerati sutnus quia vivitis adhuc et corrigi
potestis si velitis. Cum enim nobis conjungimini,
tus adversus Judæos eonjurantes ut eum necarent, hoc est Ecclesiæ Dei, haereditati Christi, cujus pos-
anlequam esset Romanum imperium Christianum, sessio sunt termini terræ, vos corrigimini ut in ra-
egit ut sibi tuitio etiam armatorum daretur. Sed illi dice vivatis. De ramis enim fractis sic ait Apostolus:
principes qualibet occasione cognoscentes vestri « Potens est enim Deus iterum inserere illos(Rom.,
schismatis nefas, constituunt adversus vos pro sua
sollicitudine ac potestate quod volunt. Non enim
frustra gladium portant, Dei enim ministri sunt,
:
XI, 23). » Vos ergo mutamini ex ea parte, qua dis-
sentiebatis quamvis sacramenta, quæ habebatis,
cum eadem sint in omnibus, sancta sint. Quaprop-
vindices in iram in eos qui male agunt. Postremo ter vos mutari volumus a perversitate, id est, ut
:
etiam si aliqui nostrorum non Christiana modera-
tione ista faciunt, displicet nobis sed tamen non
propter eos relinquiuius c tholicam Ecclesiam, si
denuo radicetur Vistra præcisio. Nam sacramenta
quëB non mutastis, sicut habetis, approbantur a
nobis, ne forte cum vestram pravitatem corrigere
eam nnte ultimum tempus ventilationis a palea volumus, illis mysteriis Christi, quae in veslra pra-
de mauvais en vous; afin que, comme une pas le même partout où il est. C'est pourquoi
branche séparée de son tronc, vous repreniez
racine en l'Eglise.Car les sacrements auxquels
vous n'avez rien changé, nous les approuvons
:
nous détestons dans le schisme l'impiété parti-
culière des hommes mais nous vénérons le
baptême du Christ partout où nous le trouvons.
tels que vous les avez, de peur qu'en voulant Il en est de cela comme des drapeaux de l'empe-
vous corriger, de votre perversité, nous ne tas-
sions une injure sacrilège anx mystères de
reur que les déserteurs emportent avec eux on
les reconnaît pour ce qu'ils sont, lorsqu'on les
;
Jésus-Christ, que votre schisme a respectés. En a recouvrés intacts, soit qu'on punisse les dé-
effet, la dépravation de Saül n'avait pas altéré serteurs, ou qu'on leur pardonne. Mais, comme
l'onction sainte qu'il avait reçue; cette onction je l'ai dit, c'est une autre question qui demande
à laquelle le roi David, ce pieux serviteur de à être traitée avec plus de soin et de recherches.
Dieu, rendit un si grand honneur. Voilà pour- II faut s'en tenir sur ces choses à ce qui s'ob-
quoi nous ne vous rebaptisons pas, et que tout serve dans l'Église.
en désirant de vous réunir à la racine, nous 10. Ce qu'il faut chercher, c'est de savoir si
approuvons néanmoins la forme du sarment c'est votre Église ou la nôtre qui est l'Église de
qui en a été coupé, si elle n'a pas été changée
quoique ce sarment, intégralement gardé dans
; Dieu. Pour cela il faut remonter à la cause pour
laquelle vous vous êtes séparés dénoua. Sivous
sa forme, ne puisse produire aucun fruit sans ne me répondez pas, je serai placé plus favo-
saracine. Autre est la question touchant les le
rablement que vous devant tribunal de Dieu,
persécutions que vous prétendez souffrir de la puisque j'aurai pour moi de vous avoir écrit
part des nôtres; dont la mansuétude et la dou- une lettre de paix, à vous, qu'au schisme près,
ceur sont pourtant si grandes, taudis qu'au je savais être un homme de bien et de grande
contraire ceux de votre parti exercent contre instruction. Voyez ce que vous aurez à répon-
nous de graves et de nombreuses- violences; dre à celui dont la patience est si grande au-
autre est la question touchant le baptême, et jourd'hui, et dont, à la fin, le jugement sera
qui se réduit à savoir non où il est, mais où il si terrible. Si vous me répondez avec le même
produit du bien. Car, quelque part qu'il soit, il soin et le même dévouement que j'ai mis à vous
est le même, mais celui qui le reçoit n'est écrire, la miséricorde divine permettra que
vitate depravata non sunt, sacrilegam faciamus in- gentia correctis, salva signa recipiuntur, si salva
juriam. Neque enim et Saul depravaverat unctio- manserunt. Et si quid de hac re diligentius quæ-
nem quam acceperat • cui unctioni tantum honorem rendum est, alia est (ut dixi) quæstio. Hoc enim
rex David pius Dei servus exhibuit. Propterea ergo observandum est in his rebus, quod observat Ec-
vos non rebaptizamus, quia radicem vobis reddere clesia Dei.
cupimus, formam tamen praecisi sarmenti, si non 10. Quaeritur autem utrum vestra, an nostra
mutata est, approbamus. Quæ tamen qnamvis inte- sit Ecclesia Dei. Quapropter illud quærendum est
gra, nullo modo est sine radice fructuosa. Alia a capite, cur schisma feceritis. Si non rescripseris,
quæstio etde persecutionibus quas vos dicitis ego apud Deum, quantum credo, facilem caus-
pati in tanta mansuetudine et lenitate nostrorum. sam habeo; quia viro, quem audivi, excepto schis-
Cum vere illicite ac privatim vestri faciant graviora
alia de baptismate, quod non quærimusubi sit, sed
: mate, honum et liberaliser instructum, pacifican-
tes litteras misi. Tu videris quid illi respondeas, cu-
:
ubi prosit. Nam ubicumque est, ipsum est sed non
etiam ille. qui hoc accipit, ubicumque est, ipse est.
jus nunc laudanda patientia, in fine vero timenda
sententiaest.Si autem rescripseris ea cura, quatibi
Itaque privatam hominum impietatem detestamur scriptum vides, aderit misericordia Dei,ut aliquan-
in schismate, baptismum vero Christi ubique vene- do error qui nos dirimit, et amore pacis et ratione
ramur : quia si desertores secum Imperatoris signa veritatis intereat. Memeuto quod de (a) Rogaten-
traducant, illis vel damnatione punitis, vel indul- sibus non dixerim, qui vos Firmianos appellare di-
(a) Lov. Rucatensibus. Sed melius Bad. Am. Er. et MSS. omnes, Rogatensibus, id est sectatoribus Rogati Gartennensis
in Mauritania Cæsariensí, uti ex epist. xciii intelligitur, episcopi; qui olim cum a Donatistisdefecisset, multa acerba
ab ipsis passus est, juvante eorum partes Firmo Tyranno Gildonis fratre. Unde Augustmus in lib. II, cont. litt. Peti-
liani c. lxxxiii. Quis, ait, commemorare suffìciat, bello Firmiano qui a vobis Rogatur Maurus pertulit.
l'erreurqui nous divise aujourd'hui, disparaisse
devant l'amour de la paix et les lumières de la
vérité. Souvenez-vous que je ne vous dis rien
des Rogatistes (1) qui vous appellent Fir- LETTRE LXXXVIII (4J
écrit:
vons que c'est nous qui souffrons ce qui a été
«Ils me rendaient le mal pour bien le
(1) Plusieurséditions portent Ruvcatensibus, mais tous les manuscrits s'accordent à écrire Rogatensibus, ce qui est préfé-
rable, parce qu'il s'agit ici des sectateurs de Rogat, évêque de Cartenne, dans la Mauritanie Césarienne, comme on peut
le voir dans la lettre 93. Ce Rogat, qui s'était séparé des Donatistes, eut beaucoup à souffrir de leur part, aidés qu'ils
étaient par le tyran Firmien, frère de Gildon. Voyez saint Augustin dans le livre 2 chap. III contre Pétilien, où. il dit :
« Qui pourrait rapporter tout ceque dans la guerre Firmienne Rogat a eu àsouffrir.»
(2) Firmus, lus de Nubel, que les Maures regardaient comme leur roi, quoiqu'il tut soumis aux Romains, s'étantrévolté, ,.,
contre Valence, après avoir tué Zamma, son propre frère, prit le titre de roi, et se rendit protecteur des Donatistes. Il
persécuta les Rogatistes, ou sectateurs de Rogat qui s'étaient séparés du parti de Donat. C'est par suite des persécutions
exercées par Firmien contre les Rogatistes sous l'influence des sectateurs de Donat, que ces derniers furent appelés
Donatistes firmiens. --
- - dont la ville
(3) Ce nom diversement écrit, comme on le voit dans la note précédente n° 1, est le même que Rusicade,
actuelle de Philippeville occupe l'ancien emplacement.
(4) Ecrite au commencement de l'année 406. — Cette lettre était la 68e dans les éditions antérieures a l'édition
-- - - - des
-
Bénédictins et celle qui était la 88e se trouve maintenant la 176e.
(5) Ce Janvier était évêque donatiste des Cases-Noires dans la Numidie. Son grand âge lui donnait le titre et la
charge de primat dans la secte de Donat, comme on le voit dans l'index de Possidius, c. III. Il assista au concile de
Bagaie l'an 394, ainsi qu'à la conférence deCartilage.
(a) Sic Lov. At editiones antiquiores et MSS. quatuor habent, Rusicazeresi. Alii quatuor probse notse, Rusicatensi. Alius,
Rustcarsensi.
b) Erat ille Casensis Nigrensis in Numidia episcopus, astate superior tunc temporis, etprimas dictus partis Donati in
Possidii indiculo c. IH, qui in Bagaitano quidem concilio anni 394. nominatur quinto loco at in Carthaginensi colla-
tione ante Primianum ipsummet subscribit.
:
(Ps., XXXIV, 12),» et ce que le même prophète reur les crimes reprochés par ce parti à Céci-
ditencore « Je conservais un esprit de lien.
paix avec ceux qui haïssent la paix; lorsque
je leur parlais, ils m'attaquaiént sans motifs AU TRÈS-AUGUSTE EMPEREUR CONSTANTIN (1),
(Ps., CXIX). » Votre grand âge vous per- ANULIN, CONSULAIRE PROCONSUL (2) D'AFRIQUE.
met sans doute de connaître parfaitement que
le parti de Donat, qu'on appelait d'abord à Car- 2. « J'ai reçu et fait insérer avec empresse-
thage le parti de Majorin, accusa, devant l'eme ment dans mes humbles actes (3), les ordres (4)
pereur Constantin, Cécilien alors évêque de célestes et adorés de Votre Majesté, et les ai
l'Eglise de Carthage. Mais dans la crainte qu- communiqués à Cécilien et à ceux qui sont sous
vous ne l'ayez oublié, ou que peut-être vous fei- lui, et qu'on appelle clercs. Jeles ai exhortés à
gniez de l'ignorer, ou qu'enfin, ce que nous ne se réunir d'un commun accord, à se tenir dans
pensons pas, vous l'ignoriez réellement, nous l'unité catholique et à s'appliquer au service et
mettons dans cette lettre la copie du rapport du au culte de Dieu, considérant la bonté de Votre
proconsul Anulin, que le parti de Majorin avait Majesté qui les exempte de toute charge (5) et
sommé de porter à la connaissance de l'empe- respectant comme ils le doivent la sainteté de la
:
(1) Les manuscrits portent en tête de cette lettre A. GGG. NNN. et celui de saint Gervais porte en marge l'interpré-
:
tation suivante Augusto Constantino. Henri de Valois adopte également cette interprétation, en rapportant l'édit impé-
rial avec cette inscription Constantino Maximo Augusto Anulinus etc. (à Constantin, très-grand, très-auguste, Anulinus).
Mais dans la conférence de Carthage III,
n. 216 on lit Augustis nostris (sans doute par une erreur de copiste). En effet,
lors du troisième consulat de Constantin, c'est-à-dire l'an du Christ 312, où cette relation a été écrite, deux Augustes
régnaient àRome, Constantin et Licinius, (aujourd'hui
mais non pas trois, comme ces notes sembleraient le faire entendre.
manuscrits
(2) Les éditions portent nunc proconsul, proconsul) mais les et de Valois écrivent avec plus de
raison V. C. c'est-à-dire, selon l'interprétation commune Vir Consularis, (homme consulaire), Dans la conférence de
copiste à
Carthagé,l'abréviation
on trouve Vir clarissimus (homme très-illustre). C'est évidemment une fausse interprétation donnée par le
V. C., car un proconsul écrivant à l'empereur n'aurait pas osé se donner le titre de homme très-
illustre.
(3) Les éditions suppriment, mea apudacta.Nous avons dans notre texte rétabli ces mots qui se trouvent dans le
manuscrit.
(4) Eusèbe, dans son histoire ecclésiastique, 1. X, c, VII,rapporLe ainsi les ordres ou ordonnances, par lesquellesl'em-
pereur veut que les Clercs soient exempts de toutes charges et de toutes fonctions publiques, dans la crainte que par quelque
erreur ou par quelques sacriléges accidentels, ils ne soient distraits ducultedû à la divine majesté;mais plutôt pour qu'ilspuis-
sent sans inquiétude se soumettreàlaloi. Ces paroles de Constantin ont été ajoutées nécessairement pour donner quelques
:
éclaircissements sur l'ordonnance impériale.
(5) Les éditions portent Indulgentia majestatis vestrœ liberati esse videantur catholici, custodita sanctitate legis debita
reverentia divinis, etc. Cette version serait évidemment contraire au sens de l'ordonnance impériale et même de la raison.
Nous avons donc préféré celle que nous insérons dans notre texte, et que nous avons trouvée dans 15 manuscrits.
legem facerent Christi. Nuncvero consideratis om- gravitas tua, aut te posse dissimnles, aut etiam,
nibus faclis nostris et vestris, invenimur hoc pati quod non putamus, forsitan nescias, exemplum re-
quod scrip'um est, « Retribuebant mihi mala pro lationis tunc Anulini proconsulis. quem pars Majo-
his qui oderant pacem, erampacificus ;
bonis (Psal., XXXIV, 12). Et in alio Psalmo : « Cum
cumloque-
bar illis, debellabant me gratis (Psal., CXIX, 7). »
rini tunc interpellavit, ut ea crimina, quæ objiciebat
Cæciliano, ad memoratum Imperatorem ab eodem
proconsule mitterentur, his nostris litteris inse-
Nam cum sis in tam grandi constitutus ætate, arbi- rimus.
tramur te optime nosse, quod pars Donati, qute (a) A. GGG. NNN. Anulinus (b) VC.
primo apud Carthaginem pars Majorini dicebatur,
proconsule Africce.
ultro accusavit Cæcilianum, tunc episcopum eccle-
sise Carthaginensis, apud Imperatorem ilium anti- 2.Scripta (c)« caelestiamajestatisvestrseaccepta at-
quum Constantinnm. Sed ne forte aut oblita hoc sit que adorata, Cæciliano et his qui sub eodem agunt,
(a) Hasce notas præferunt. MSS. easque Gervasianus codex ad marginem
;
interpretatur, Augusto Constantino, Cui inter-
pretationifavetV.C. Henricus Valesiushac eadem relationeedita cum hujusmodiinscriptione,ConstantinoMaximo
de
:
deux mémoires, l'un enveloppé de parchemin et
intitulé Mémoire de l'Eglise catholique présenté
la part de Majorin, l'autre attaché au même
gués de cette vaine et coupable division, en-
trèrent en accord avec Cécilien; mais les autres,
persistant avec opiniàtreté dans leur querelle,
parchemin, mais qui n'est point cacheté. Donné en appelèrent encore une fois au même empe-
à Carthage le dix-septième jour des calendes de reur, qui, se voyant forcé d'intervenir dans ce
mai, notre seigneur Constantin Auguste étant débat épiscopal, connut lui-même de l'affaire
consul pour la troisième fois (3).» entre les parties et la termina. C'est lui qui, le
3. A la réception du rapport qui lui avait été premier, établit contre vous la loi qui reven-
envoyé, l'empereur ordonna aux parties de se dique pour le fisc tous les lieux où vous vous
(1) Les éditions donnent
préférable.
: nominis vestri. Mais cinq manuscrits et de Valois admettent numinis vestri, ce quies f
-- - -
Am. iir. et Lov. donnent, transmissi libelli
(Z) 1Ial1. --- u- duo, unus in aluta subscrtptus, etc. Nous avons, sur La loi
ft des ma-
nuscrits, et comme on le voit dans la conférence de Carthage, corrigé ce passage par celui qui figure dans notre texte
Transmisi libellos duos, unum in aluta supra scriptum. Valois et quelques autres savants croient que le second mémoire
:
qui n'était pas cacheté, était une supplique que les évêquesdu parti de Majorin envoyèrent à Constantin pour obtenir
desjuges gaulois, pour prononcer entre eux et Cécilien et ses collègues. Optat. 1. Ier fait mention de ce mémoire ainsi
que saint Augustin dans ses lettres XLIII n. 13, et LXXVI, n. 2. La conjecture de M. de Valois est d'autant plus
probable, qu'au n. 3 de cette lettre on voit que, sur une nouvelle requête présentée par les évêques du parti de Majo-
(3)C'était donc l'année 313. _.-"1.--- r---- tJ--o-- -- ----o.J --.-_o.J].-
rin. Constantin nomma d'autres évêaues pour juger de l'affaire dans Arles, ville des Gaules.
- _- ------.
quique clericiappellantur, devotio (a) meaapud Acta misi libellos duos, unum in aluta suprascriptum
parvitatis meseinsinuare curavit, eosdemquehortata ita ; Libellus ecclesise catholicæ criminum Cæciliani
est,utunitate consensu omnium facta,cum omni cm- traditus a parte Majorini. Item alium sine sigillo
nino munere indulgentia majestatis vestrae liberati cohærentem eidem alutæ, datum die decimo-sep-
essevideantur(6),Catholicacustodita,sanclitatilegis timo Kalend. Maias,Carthagine,Dominonostro Con-
debita reverentia ac divinis rebus inserviant. Ve- stantino. Augusto tertium Cos.
rum post paucos dies exstiterunt quidam adunata 3. Post hancrelationem ad se missam jussit Im-
secum populi multitudine, qui Cæciliano contradi- perator venire partes ad episcopale judicium in
cendum putarent; quique fasciculum in aluta si- urbe Roma faciendum, ubi quemadmodum caussa
gnatum et libellum sine signo obtulerunt dicationi dicta atque iinita sit, etCæcilianus innocens judica-
mese, atque impendio postularunt, ut ad sacrum et tus sit, indicant Gesta ecclesiastica. Jam utique post
venerabilem comitatum (c) numinis vestri dirige- pacificum moderamen judicii episcopalis, omnis
rem, quæ manente Cæciliano in statu suo, subje- contentionis et animositatis pertioacia debebat ex-
ctiseorumdemactis,quocuncta majestasvestrapossit stingui. Sed rursus majores vestri ad Imperatorem
dignoscere, parvitas mea dirigere curavit(d). Trans-
d.
repertam.
vestrœ liberati esse videantur catholici,
etc. Prætulimus alteram lectionem in quindecim MSS.
- custodita sanctitate legis debita reverentia
Editi, nominisvestris. Sedmelius MSS. quinque, necnon Valesius etexemplum collat. Carth. numinis vestri.
(c)
(d) Bad. Am. Er. et Lov. Transmissi libelli duo; un.us inaluta subscriptus etc. quem locum ad MSS. fidem partim etiam
ad exemplum collat. Carthag. correximus. Porro alterum libellum, qui sigillo caruisse dicitur, Valesius aliique putant
--- ------,--
esse libellumsupplicem, quem episcopi partis Majorini ad Constantinum miserunt, petentes ut ex Gallia sibi judices
daret, qui inter ipsos ac Cæcilianumejusque collegas judicarent : cujus libelli exemplumrefert Optatus in Lib. I. ejusque
mentionemfacit Augustinus inepist. xlhi, n. 13 et lxxvi, n. 2.
réunissez. Si nous voulions insérer ici la preuve GRAND ET VALÉRE LIGINIEN A PROBIEN (1), PRO-
de tout ce que nous avançons, notre lettre se- CONSULD'AFRIQUE.
rait beaucoup trop longue. Mais ce que nous
ne pouvons pas passer sous silence, c'est ce qui 4. « Ælien,votre prédécesseur qui, pendant
regarde l'affaire de Félix, évêque d'Aptonge, la maladie de Verus, homme accompli sous tous
que vos pères, dans un concile tenu à Carthage, les rapports et vicaire des préfets du prétoire, a
appelèrent la source de tous les maux par la rempli cette charge en Afrique et s'en est ac-
bouche même de Secundus, évêque de Tisigio quitté dignement, se crut obligé, entre autres
et primat de votre secte. Cette affaire fut dons choses, d'appeler devant lui et d'examiner l'af-
examinée et jugée publiquement devant l'em- faire, ou plutôt la calomnie qui s'était élevée
pereur, d'après les instances mêmes et les solli- contre Cécilien, évêque de l'Eglise catholique.
citations des vôtres. Cet empereur, dans une Ayant donc fait comparaître devant lui Supe-
lettre dont nous joignons ici la copie, atteste rius, centenier, Cécilien magistrat de la ville
que dans cette cause, c'est vous qui vous êtes d'Aptonge, Saturnin (2), qui en avait été préfet
constamment montrés auprès de lui comme ac- de police, Calibe le jeune qui l'était présente-
cusateurs et dénonciateurs. ment, Solon, valet de ville (3) du même lieu ;
près avoir entendu ce qu'on objectait à Céci..
LES EMPEREURS CÉSARS, FLAVIEN, CONSTANTIN LE lien, savoir, qu'il avait été consacré évêque par
(1) Baronius,dans ses Annales, croit que cette lettre fut écrite à Probien avant le concile d'Arles, l'an 314, et dit que
Ingentius fut représenté à ce concile. M. de Valois, assure au contraire, qu'elle fut écrite pendant le 4e consulat
de Constantin et de Licinius, c'est-à-dire l'an 315, ou Pétrone Probien fut proconsul d'Afrique. Il y a aussi une ordon-
nance deConstantin à Probe du leI avril 314, où M. Godefroi croit qu'il faut lire à Probien.
(2) C'est ce Calidius ou Claudius Saturianus, comme on le lit dans le premier livre d'Optat, qui avait été préfet de
police de la ville d'Aptonge, dans le temps où l'on persécutait les chrétiens pour leur faire livrer les saintes Ecritures,
l'an 303 de l'ère chrétienne, sous le huitième consulat de Dioclétien. et le septième de Maximien. On le fit comparaître,
afin que par son témoignage et par les actes publics de sa magistrature; on pût découvrir si Félix,évêque d'Aptonge,et
ordinateur de Cécilien, avait livré les livres sacrés. Ce fut aussi pour la même raison que l'on fit comparaître Superius,
centenier, parce que les magistrats se servaient des soldats et de leur centenier pour arracher par force les livres saints
des mains des chrétiens. Pour le même motif également, on fit venir Alsius Cécilien, parce qu'il avait été magistrat ou
Duumvir de la ville d'Aptonge pendant le temps de cettepersécution, et qu'on voulait examiner une lettre qu'il avait
écrite à Félix. Quant à Calibe le jeune, qu'Optat appelle Calide Gratien, il fut aussi appelé pour représenter les actes
publics de la ville datés du temps des magistrats précédents, parce qu'il en était gonverneur cette année 314, lorsqu'on
s'occupait de l'affaire de Félix.
(3) C'étaient ceux dont les officiers des villes se servaient pour l'exécution de leurs ordres.
caussam auditam esse conquesti sunt. Unde ille cussa atque finita sit. Nam memoratus Imperator
alterum episcopale judicium ddit habendum in inhacipsacaussavestrosapud se accusatores et
Arelatensi Galliæ civitate, ubi multi vestri vana et assiduos interpellatores litteris suis fuisse testatur,
diabolica dissensione damnata, cum Caeciliano in quarum exemplum infra scripsimus.
concordiam redierunt. Alii vero pertinacissimi et
litigiosissimi ad eumdem Imperatorem appellave- IMPERATORES CÆSA.RES FLA.VII, CONSTANTINUS MAXIMUS,
runt. Postea et ipse coactus episcopalem caussam ET VALERIUS LICINIUS AD PROBIA:'{UM PROCO^SULEM
inter partes cognitam terminavit, et primus contra AFRlCÆ.
vestrampartem legem constituit, ut locacongrega- 4. «Ælianus prsedecessor tuus, merito, dum
tionum vestrarum fisco vindicarentur, quarum om- vir perfectissimus Verus vicarius praefectorumtunc
nium rerum documenta si vellemus inserere, ni- per Africam nostram incommoda valetudine tene-
retur, ejusdem partibus functus, inter cetera etiam
modo praetermittendum est ,
mium longas litteras facere nus. Illud tamen nullo
quornodo Fclicis
Aptungensis, quem fontem omnium malorum in
id negotium vel illvidiam, quæ de Caeciliano episcopo
Ecclesiee catholicæ vidtur esse commota, ad exa-
concilioCarthaginensi, ab Secundo Tigisitano pri- men suum atque jussionemcredidit esserevocan-
mate patres vestri fuisse dixerunt,urgentibus apud dam. Etenim cum jam Superium Centurionem et
Imperatorem vestris, publico judicio caussa dis- Csecilianum magistratum Aptungitanorum, et (a)
(a) Hic Calidius Saturianus, ut legitur apud Optatum in lib. I. qui Curator civitatisAptungensis fuerat tem-
ille est
porepersecutionis tradendorum codicum, idest Diocletiano VIII et Maximiano VII Coss. anno Chr. 303, lsque IdcIrcO in
judicium inductus est, ut ex ejus fide et ex Gestis municipalibus apud ipsum olim. confectis investigaretur utrum ex
episcopus Casciliani ordinatorprodidisset sacros codices.Eamdem ob causam vocati sunt Superius centuno, quia ruml-
vi extorquerent, et AIsius Csecilanus,
rum militibus et centurione utebantur magistratus cum Scripturas a ChristianisAptungensis
quod ejusdem persecutionis tempore magistratum seu duumviratum municipii gessisset, quodque exami
nanda essetipsius ad Felicemepistola. Galibiusvero junior qui apud Optatum Calidïus Gratianus appellatur, quia cu-
Félix, auquel on reprochait d'avoir livré les 5. Puisque les choses sont comme vous le
Saintes Ecritures; Félix futreconnu innocentde voyez, pourquoi cherchez-vous à exciter lahaine
ce fait. Or, comme Maxime prétendait qu'Ingen- contre nous au sujet des ordonnances impériales
tius, décurion de la ville de Ziques (1) avait fal- qui ont été portées contre vous, puisque c'est
sifié une lettre de Cécilien, ancien décemvir, vous-mêmes qui vous les êtes attirées Si les ?
nous avons vu parles actes que ce même Ingen- empereurs n'ont rien à ordonner dans de pa-
tius avait été mis sur le chevalet, mais n'avait reilles causes, si un tel soin ne regarde pas des
pas été torturé d'après la déclaration qu'il avait empereurs chrétiens, pourquoi alors vos pères
faite d'être décurion de Ziques. En conséquence ont-ils porté la cause de Cécilien devant l'empe-
,
nous voulons, nous, Constantin Auguste, que reur par l'intermédiaire du proconsul? Pour-
ce même Ingentius soit envoyé sous bonne garde quoi ont-ils de nouveau accusé près de l'empe-
devant notre conseil, afin que l'affaire étant reur l'évêque contre lequel, quoique absent,
examinée en présence (2) de ceux qui la pour- vous aviez déjà porté une sentence arbitraire?
suivent, et qui ne cessent chaque jour de nous Pourquoi, quand il fut déclaré innocent, avez-
importuner, ils se voient publiquement convain- vous inventé des calomnies près de ce même
cus de calomnier sans motif l'évêque Cécilien et ?
empereur contre Félix, son ordinateur Et main-
de s'élever avec violence contre lui. Par là, tenant ne subsisLe-t-il pas tout entier et dans
toutes les contentions de cette espèce étant apai- toute sa vigueur contre vous, ce jugement que
sées, comme il le faut absolument, le peuple vos ancêtres ont recherché, qu'ils ont arraché
pourra désormais, sans division, pratiquer sa parleurs sollicitations continuelles et qu'ils ont
religion avec le respect convenable. » préféré à celui des évêques? Si les jugements
(1) Ils'agit sans doute ici de la ville de Ziques appelée par Ptolemée dans la description de l'Afrique,siccaveneria,
patrie d'Arnobe, précepteur de Lactanse. Salluste fait également mention de cette ville dans la guerre de Jugurtha.
C'est aujourd'hui la ville de Kef sur les frontières de l'Algérie et du royaume de Tunis, à 20 lieues environ S. 0. de
Tunis.
(2) Le texte des Bénédictins porte quiin prœsenliarum agunt Il y a certainement ici une erreur. Il faut lire qui in
prœsenlia rem agunt ceux qui poursuivent présentement l'affaire.
Saturninum excuratorem, et Calibium juniorem diuturnis diebus iuterpellare non desinunL, audien-
ratorerat ejusanni, scilicet3L4, quo agitabatur quasstiodeFelice, accitusest, forte ut Acta municipaliasuperioristem
pgris magistratuum proferret.
(a) Editi, ex divinojure. MSS. plerique eæduumvåris. Sed legendum haud dubie uno verbo, exduumviri, agitur nempe
de AlsiiCseciliani epistolaab ipsopost duumviratum scripta, ut patetex Gestis purgationis-Felicis.
(6) Censet Baronius hanc epistolam ad Pxobianum scriptam esse ante Arelatenseconcilium anni- 314, et-Ingentium
concilio huic exhibitum dicit. Contra Henricus Valesius affirmat datam epistolam consulatu Constantini et Licinii IV, id
est an. 315, quoanno Petronium Probianum prooonsulem Africas fuisse constat,cum ex codice Theod. in tit. Volusiani
de Appellat.
turn ex eo quod iElianus, qui ejus prjedecessor hic dicitur, proconsulatum Africie sustinuerit consulatu et
Anniani id est an. 314. At quo mense proconsulatum adierit Probianus. et utrum non ante initium an. 315, minime
ostendit Valesius. Porro exstatConstantiniconstitutio ad Probuni data 1. April. an. 314 ubi Godefridus legendum con-
jicit, ad Probianum.
impériaux vous déplaisent, qui vous a forcés de contre nous. La mansuétude de l'Eglise catho-
vous les attirer? En élevant vos clameurs contre lique n'aurait nullement cherché à réveiller les
l'Eglise catholique, à cause des décrets portés ordonnances des empereurs, si vos clercs et vos
contre vous par les empereurs, c'est comme si circoncellions, en troublant notre repos par
ceux qui avaient fait jeter Daniel aux lions pour leurs violences, leur méchanceté, leur furie et
être dévoré avaient crié conire le prophète, en leurs dévastations, ne nous avaient point mis
se voyant dévores par les monstres auxquels il
:
avait échappé. Car il est écrit « Il n'y a pas de
différence entre les menaces du roi et la colère
dans la nécessité de rappeler et de faire revivre
ces ordonnances contre vous. En effet, avant
que ces nouvelles lois, dont vous vous plaignez,
du lion (Prov., xix, 12).» Des calomniateurs eussent paru en Afrique, vos gens dressaient des
avaient fait jeter Daniel dans la fosse aux lions. embûches à nos évêques sur les chemins. Ils
Son innocence triompha de leur malice. Il sortit accablaient de coups nos clercs et nos laïques,
sqin et sauf de cette fosse, tandis que ses enne- et mettaient le feu à leurs maisons. Un prêtre
mis y périrent. De même vos ancêtres ont exposé même, pour avoir de sa propre et libre volonté
Cécilien et ceux de son parti à la colère du choisi l'unité de notre communion, a été arra-
prince. Mais son innocence a triomphé, et vous ché de sa demeure; meurtri de coups, roulé dans
souffrez à votre tonr de la part de ces mêmes un bourbier, habillé de jonc (1) ; et après avoir
princes ce que les vôtres ont voulu faire souffrir été un sujet de douleur pour les uns, un sujet
à ceux qu'ils avaient dénoncés. Car il est écrit : de risée pour les autres, après avoir été pro-
« Celui qui creuse une fosse pour son prochain, mené pompeusement comme un criminel et
y tombera lui-même (Eccl., XXVII, 29). conduit partout où vos gens l'ont voulu, il a pu
6. Vous n'avez donc aucun sujet de plainte à peine, le douzième jour, être relâché par eux.
(1) Buda n'est pas, comme on le croit, un mot appartenant à la langue vulgaire de l'Afrique. C'est un de ees mots de
l'ancienne latinité qui, comme tant d'autres, s'est conservé dans la langage du peuple et a reparu dans le langage de
;
la décadence. Buda, désigne une plante aquatique comme le jonc. La racine de ce mot se trouve dans le vieux mot latin
Buo (mouiller, laver,) que nous retrouvons avec le même sens dans la basse latinité.Buo, laver Buanderia, femme qui
lave, d'où notre mot français buanderie. Saint Augustin, dans le1. III, c. XLYIII contre Cres'onius, montre lui-même ce
quesignifie le mot buda, lorsque reprenant le même trait, il dit que, veslilusamictu, junceodehoneslatus fuit c'est-à-dire,
:
on lui mit par dérision un vêtement de jonc.Buda est donc certainement, ou le jonc ou la fleur du jonc. Donatus, sur
le deuxième livre de l'Enéide, dit ulvam aplcrisque dici eam esse quam vulgo bltclam appellallt. L'Ulve (herbe des ma-
rais) est ce qu'on appelle dans la langue du peuple buda.
do dixeratis, iterum apud Imperatorem accusare ; to, ab cisdem regibus cadcm vos patimini, quaa
quo innocente pionuntiato, ordinatori ejus Felici illo"! vestri pati voluerunt : quoniam scriptum est,
alias apud eumdemImperatorem calurnnias machi- « Qui parat proximo foveam, ipse incidet in cam
nari ? Et nunc quid aliud quamipsiusmajoris Con- (Eccl., XXVII, 29). »
stantini judicium contra vestram partem vivit, 6. De nobis ergo quod queramini non habetis ;
quod majores vestri elegerllnt, quod assiduis inter- et tamen Ecclesiæ catholicae mansuetudo, etiam ab
? ;
pellationibus extorserunt, quod episcopali judicio his Imperatorum jussionibusomnino conquieverat,
prsetulerunt Si displicent imperialia judicia qui nisi vestri clerici etcircumcelliones,persuas imma-
primitus Imperatores ad ea vobis excitanda coege- nissimas improbitates furiosasque violentias quie-
?
runt Sic enim modo contra Catholicam clamatis tem nostram perturbantes atque vastantes, hæc in
in his, quæ contra vos ab Imperatoribus decernun- vos recoli et renovad coegissent. Nam priusquam
tur, quemadmodum si vellent adversus Danielem recentiores leges istæ, de quibus modo queriminis
clamare, qui liberato illo eisdem leonibus consu- venissent in Africarn, insidias in itineribus nostri,
menli missi sunt, a quibus eum ipsi primitus consu- episcopis tetenderunt, conclericos nostros plagis
mi votuerunt. Scriptumest enim, a Nihil interestin- immanissimis quassave:unt,laicisquoque et plagas
ter minas rcgis et iram leonis, Danielem calumniosi gravissimas inflixernnt, et intulerunt eorum ædifi-
nocentia ejus illorum malitiam ;
inimiciin lacum leonum mitti coegerunt : vicit in- ciis incendia. Presbyterum etiam quemdam, quia
illaesus inde leva- propria et libera voluntHte unitatem nostræ com-
tus est; ipsi illuc missi perierunt. Similiter majores munionis elegit, de domo suaraptum, et pro arbi-
vestri Csecilianum et ejus societatem regiæ irse trio immaniter caisum in gurgite etiam coenoso
consumendam objecerunt, cujus innocentia libera- volutatum, (a)buda veslitum, cum quibusdam do-
(a) In excusis burda. In tribus MSS. bsuda. Atin aliis plerisque scribitur, buda sic etiam in epist. cv. ubi ille, de
uo a gitur, presbyter Restitutus Victorianensis nominatur. Quid autem sit buda, docct Augnstinus in Jib. w, cont.
Proculéien (1), interrogé par notre évêque au
;
sujet de ces faits, négligea de faire aucune en.
quête interrogé une seconde fois, il se contenta
;
tout le monde, ne cessait pas, l'affaire fut portée
devant les juges et quoique Crispin eût été dé-
claré hérétique, l'indulgence de l'Eglise catholi-
de déclarer par un acte public qu'il n'avait rien que empêcha pas qu'il fût soumis à l'amende(3)
à dire sur ce sujet. Et ceux qui ont fait cela
sont aujourd'hui vos prêtres. Chaque jour ils
nous épouvantent de leurs menaces et nous per-
;
de dix livres d'or que les empereurs avaient
établie contre les hérétiques et cependant ne
craignit pas d'en appeler encore aux empereurs.
il
sécutent autant qu'ils le peuvent. Si son appel eût le résultat que vous connaissez,
7. Cependant notre évêque ne s'est pas plaint vous devez vous en prendre à cet appel même et
aux empereurs des injures et des persécutions à la méchanceté déployée précédemment par les
auxquelles l'Eglise catholique a été exposée vôtres.Toutefois après le décret même rendu sur
dans notre pays. Il s'est contenté d'assembler l'intercession de nos évêques auprès de l'empe-
un concile et de vous solliciter dans un esprit reur, Crispin fut exempté de l'amende de eux
de paix, de vous réunir avec nous, pour voir livres d'or. Bien plus, nos évêques envoyèrent
si, dans une conférence(2), il ne serait pas pos- du sein de leur concile (4), des députés à la cour
sible de faire disparaître l'erreur qui vous sépare afin d'obtenir pour tous les évêques et les clercs
de nous, et faire goûter les joies de la paix à de votre parti l'exemption de l'amende de dix
ceux qui ont dans le cœur la charité fraternelle. livres d'or décrétée contre les hérétiques et àla-
Que répondit Proculéien ? Que vous assembleriez quelleils(5) avaientétécondamnés. Ils
se conten-
un concile de votre côté, et que là vous verriez tèrent d'en demander l'application à ceux dans
ce que vous avez à répondre. Pressé de nouveau les localités desquels l'Eglise catholique aurait à
de remplir sa promesse, il répondit, comme les souffrir des violences de la part des vôtres. Mais
actes publics en font foi, qu'il se refusait à une lorsque les députés arrivèrent à Rome, les
conférence pacifique. Ensuite comme la barbarie cruautés horribles et récemment exercées contre
de vos clercs et de vos circoncellions connue de l'évêque catholique de Bagaie (6), indignèrent
lendum, quibusdam ridendum in pompa sui faci- cturi essetis, et illic visuri quid respondere debere-
noris ostentassent, abductum inde quo voluerunt, tis. Deinde quid postea, cum propter suam promis-
vix post dies duodecim dimiserunt. Unde conven- sionem denuo conventus esset, Actis expresserit,
tas municipalibus Gestis a nostro episcopo Procu- recusans pacificam collationem, ipsa Gesta in-
leianus, cum ab inquirenda caussa dissimulasset, struant gravitatem tuam. Deinde cum vestrorum
et iterum continuo conventus esset, nihil se di- clericorum et circumcellionum notissima omnibus
cturum amplius Gestis expressit. Et hodie illi qui non cessaret immanitas, dicta caussa est, cum Cris-
hoc fecerunt, presbyteri vestri sunt, adhuc nos pinus judicatus hæreticus, nec pœna decem libra-
insuper territantes, et sicut potuerint perse- rum auri, quæ in heereticos ab Imperatoribusfuerat
quentes. constituta per mansuetudinem catholicam ferin
perinissusest,ettamenad Imperatores appellan-
-
7. Nec tamen de his injuriis et perseeutionibus,
quas Ecclesia catholica in regione nostra tunc pcr- dum putavit. Cujus. appellationi quoditarespon-
sum est, nonne vestrorum pra cedensimprobitas,
tulit, Imperatoribus conquestus est episcopus no- et
ster. Sed facto concilio placuit in pacifice conveni- eadem ipsius appellatio extorrit ut fìeret : nec ta-
remini, quo, si fieri posset, haberetis inter vos col- men eliam post ipsum rescriptum, iutercedeutibus
lationem, et errore sublato, fraterna caritas pacis apud Imperaturem nostris episcopis, eamdem auri
vinculo laetaretur. Et in ipsa conventione quid Pro- condemnatiune multatus est ? Ex concilio autem
culeianus primo responderit, quod concilium fa- nostri episcopi legatos ad comitatum miserunt, qui
Cresconium c. XLVIII. cum eamdem retexens historiam ait Restitutum fuisse amictujunceo dehonestatum. Est igitur aut
juneus, aut certe storea ex junco, juxta Isid. Gloss. in quo tamen prave legitur, buda historia, pro, est storea. Porro
Donatus in II, Æneid. ait ulvam a plerisque dicieam esse quam vulgo budam appellant.
tellement l'empereur, qu'elles firent naître les la persécution, vous demeurez tranquilles dans
lois existant aujourd'hui contre vous. Dès que vos maisons ou dans celles des autres, sous ces
vous avez commencé à ressentir la sévérité de lois des empereurs catholiques que vous regardez
ces lois, je ne dis pas pour votre mal, mais plu- comme terribles, tandis que nous avons à souf-
tôt pour votre bien, que deviez-vous faire, si ce frir des maux inouïs de la part des vôtres. Vous
n'est de vous adresser à nos évêques pour les vous dites persécutés, et les vôtres nous assom-
convoquer comme ils vous avaient convoqués ment de leurs bâtons, nous percent de leurs
eux-mêmes, afin que la vérité pût sortir de cette glaives. Vous vous dites persécutés, et nos mai-
conférence? sons sont pillées et ravagées par vos gens armés 1
8. Non-seulement vous ne l'avez pas fait, Vous vous dites persécutés, et les vôtres nous
mais les vôtres redoublent encore présentement brûlent les yeux avec de la chaux et du vinai-
de cruauté envers nous. Ils ne se contentent gre ! Ajoutez encore à cela que si quelques-uns
plus d'employer pour nous frapper et nous per- de ces furieux se donnent la mort (1), vous en
cer, les bâtons et l'épée, mais par une barbarie faites pour nous un sujet de reproche, et pour
;
incroyable, ils nous brûlent les yeux avec de la
;
chaux détrempée dans du vinaigre ils pillent
nos demeures ils ont fabriqué pour leur usage
vous un sujet de gloire. Ils ne s'imputent pas
le mal qu'ils nous font, et nous imputent celui
qu'ils se font à eux-mêmes. Ils vivent comme des
des armes gigantesques et terribles avec les- brigands, meurent comme des circoncellions, et
quelles ils courent de tous côtés, menaçants et sont considérés comme des martyrs. Et cepen-
respirant le carnage, les rapines, l'incendie; cre- dant on n'a jamais appris que des brigands cre-
vant les yeux aux malheureux qu'ils rencon- vassent les yeux à ceux qu'ils avaient dépouillés.
trent. Ce sont ces excès qui nous ont forcés de
nous plaindre premièrement à vous, pour vous
prier de considérer combien des vôtres, je dirai
qu'ils tuent
aux vivants.
;
Les brigands enlèvent bien à la lumière ceux
mais n'enlèvent pas la lumière
plus, comment vous tous, qui prétendez souffrir 9. Cependant si quelques-uns des vôtres tom-
(1) Les Circoncellions, dans lenr aveugle fanatisme, se donnaient eux-mêmes la mort pour être honorés ensuite comme
des martyrs, comme on le voit dans la lettre 185e n° 12.
impetrarent, ut non omnes episcopi, et cleriá par- comminantes atque anhelantes cædes, rapinas, in-
tis vestræ ad eamdem condemnationem decem li- cendia, cæcitates. Quibus rebus compulsi sumus
brarum auri, quae in omnes haeretLos constituta tibi primitus conqueri, ut consideret gravitasvestra
est, tenerentur; sed hi soli in quorum locis aliquas quam multi vestrum,immo vos omnes, qui vos pati
a vestris violentias Ecclesia catholica pateretur. Sed dicitis perseeutionem, sub ipsis quasi terribilibus
cum legati Romam veneruut,jam cicatrices episcopi Imperatorum catholicorum legibus, in possessioni-
catholici (a) Bagaitani horrendse ac recentissimæ bus vestris et alienis securi sedeitis, etnos a vestris
Imperatorem commoverent, ut leges tales mitte- tam inaudita mala patiamur. Vos dicitis pati per-
rentur, quales et missæ sunt. Quibus in Africam
venientibus, cum utique non ad malum, sed ad bo-
num ccepissetis urgeri, quid facere debebatis nisiet
secutionem; etnos ab armatis vestris fustibus et
ferro concidimur. Vos dicitis pati perseeutionem
et nostræ domus ab armatis vestris compilando va-
;
vos mittere ad episcopos nostros, ut quomodo vos stantur. Vos dicitis pati perseeutionem; etnostri
ipsi convenerant, sic convenirentur a vobi, .et po- oculi ab armatis vestris calce et aceto exstinguun-
tius collatone veritas appareret ? tur. Insuper etiam si quas mortes sibi ultro inge-
8.. Non solum autem non fecistis, sed pejora mala runt, nobis volunt esse invidiosas, vobis gloriosas,
nobis vestri.nunc faciunt. Non tantum nos fustibus Quod nobis faciunt, sibi non imputant; et quod sibi
quassánt ferroque concidunt : verum etiam in ocu- faciunt, nobis imputant. Vivunt ut latrones, mo-
los exstinguendos calcem mixto aceto incredibili riuntur ut circumcilliones, honorantm' ut martyres:
excogitatione sceleris mittunt. Domus insuper no- et tamen nec latrones aliquando audivimus eos, quos
stras compilantes, arma sibi ingentia et terribilia depraedati sunt, excsecasse. Occisos auferunt luci, (b)
fabricarunt, quibus armati per diversa discurrunt, non vivis auferunt lucem.
(a) Apud Lov. et Er. Vagitani. At in MSS.septem probæ notæ scribitur, Bagaitani nec multum aliter in ceteris, sci-
et
licet intribus Vaticanis, Bagaetani; in alio item Vaticano Bagarlani; in Cisterciensi, Bigaitani; in editis Bad Am.
;
Bacaitani. Confer lib.III. cont. Cresconium c. XLIII.
(b) In editis deest, non qure negatio reperitur in MSS. quindecim.
bent entre nos mains, nous les protégeons avec leurséjourau milieu denous. Nous recomman-
amour contre tout mal. Nous nous entretenons dons le plus possible à nos laïques de ne faire
avec eux, nous leur lisons tout ce qui peut les aucun mal à ceux des vôtres qui tombent entre
convaincre de leur erreur, qui sépare des frères leurs mains, mais de nous les amener, pour les
de leurs frères. Nous faisons tout ce que le Sei- corriger et les instruire. Quelques-uns de ces
gneur a prescrit par son prophète Isaïe, en di- laïques nous écoutent et se conforment à nos
sant : « Ecoutez, vous qui respectez la parole du avertissements autant qu'ils le peuvent; d'autres
Seigneur, dites à ceux qui vous haïssent et qui agissent avec ceux qu'ils prennent comme avec
vous ont en exécration, vous êtes nos frères; afin des brigands, parce que leurs violences donnent
que le nom du Seigneur soit honoré, qu'il soit le droit de les considérer comme tels. Quelques-
en gloire devant eux, et qu'eux-mêmes soient uns les repoussent en les frappant, pour pré-
confondus (Isaïe, LXVI, 5). » Si l'évidence de la venir les coups dont ils sont menacés. Quelques
vérité, si la beauté de la paix a frappé quelques- autres aussi livrent à la justice ceux qu'ils ont
uns d'entre eux, nous les réunissons à la cha- saisis, et ne les épargnent pas malgré notre in-
rité du Saint-Espritet au corps de Jésus-Christ, tercession, dans la crainte d'éprouver d'eux les
mais sans leur donner pour cela une seconde maux terribles qu'ils redoutent. Cependant ces
fois le baptême, qu'ils ont déjà reçu, et dont, malheureux, tout en conservant leur caractère
pauvres déserteurs, ils conservent le signe et et leurs habitudes de brigands, veulent encore
:
l'empreinte royale. Car il est écrit « Leur cœur
est purifié par la foi (Act., xv, 9), » et ailleurs
être honorés comme des martyrs.
10. Le désir que nous vous exprimons par
«La charité couvre la multitude des péchés cette lettre et par les frères que nous vous en-
(1 Pierre, IV, 8). » Mais si par l'excès de leur en- voyons, est avant tout, de vous voir entrer en
durcissement, ou par une mauvaise honte, ils conférence pacifique avec nos évêques, pour que
n'osent pas endurer les reproches de ceux avec l'erreur, n'importe où elle se trouve, soit sup-
lesquels ils débitaient tant de calomnies et in- primée, sans blessurepour personne. Nous ne
ventaient tant de maux contre nous, si surtout désirons pas la punition des égarés, mais leur
par crainte de s'exposer avec nous aux maux retour à la vérité. Nous demandons que vous
qu'ils nous faisaient souffrir, ils ne veulent pas vousréunissiez du moins entre vous, puisque
s'unir à Jésus-Christ, nous les laissons partir vous avez rejeté toute conférence avec nos évê-
sains et saufs, comme ils l'avaient été pendant ques. Il vaudrait bien mieux agir ainsi entre
9. Nos interim si quando vestros tenemus, cum vel magis timore, ne qualia nobis antea faciebant,
magna Jilectione servamus illæsos, loquimur illis, talia nobiscum jam patiantur, unitatiGhristi con-
et legimus omnia, quibuserroripseconvincitur,qui sentire Doluerint, sicut illsesi retenti sunt, sic a nobis
fratres a fatribus separat, facimus quod Dominus dimittuntur illæsi: hoc quantum possumus mone-
perIsaiamprophetam præcepit, dicens: & Audite mus, etiam laicos nostros ut eos ilIæsos teneant, et
qui pavetis verbum Domini; dicite, Fratres nostri nobis corripiendos instruendosque perducant. Sed
estis, his qui vos oderunt,etquivosexsecrantur,ut aliqui nus audiunt, et si possunt faciunt. Alii cum
;
nomen Domini honorificetur, et appareat illis injo-
cunditate ipsi antem erubescant (Isai., LXVI, 5). »
Ac sic aliquos eorum considerantes evídentíamverí-
illis quemadmodum cum latronibusagunt, quis eos
revera tales patiuntur. Aliqui ictus eorum suis
corporibus imminentes feriendo repellunt, ne ab
tatis, et pulcritudinem pacis, non baptismo quem eis ante feriantur. Aliqui apprehensos judicibus
jam sicut regalem caracterem tamquam desertores offerunt, nec nobis intercedentibus eis parcunt,
acceperant, sedfideiquee illis defuit, etSpiritus-sancti dum ab eis pati mala immania pertimescunt. In
est
caritati et Cliristicorpori sociamus.Scriptum enim quibus omnibus illi non deponunt facta latronum,
Fide mundans corda eorum: Itemquescriptum est, et honorem sibiexigunt martyrum.
Caritas cooperitmultitudinempeccatorum. Si autem 10. Hoc est ergo desiderium nostrum, quod tuæ
velnimia duritia, vel pudore non ferenles eorum gravitati per has litteras, et perfratres, quos misi-
insultationem, cum quibus contra nos tam multa mus, allegamus. Primum si fieri potest, ut cum
falsajectabant, et tam multa mala exrogitabant, episcopis nostris pacifice confratis. ut in quibus
vous, afin de faire parvenir ce que vous aurez voulaient y consentir, vous n'auriez rien à y
rédigé et signé, à l'empereur lui-même, plutôt perdre, mais tout à y gagner. Vous manifes-
qu'aux autorités secondaires dont le pouvoir se teriez ainsi votre volonté et l'on ne pourrait pas
borne à faire exécuter les lois portées contre raisonnablement vous accuser, de vous défier de
vous. Vos collègues qui s'étaient rendus par votre propre cause? Croyez-vous peut-être que
mer auprès des préfets (1), dirent qu'ils venaient cela vous est défendu? Vous n'ignorez pas ce-
pour être entendus avec notre saint et digne pendant que Jésus-Christ Notre Seigneur s'est
père Valentin, évêque catholique, qui se trou- entretenu de la loi avec le démon, et que non-
vait alors à la cour, ce qui ne pouvait leur être seulement les juifs, mais encore les philo-
accordé par le juge obligé de se conformer aux sophes païens ont conféré avec saint Paul sur
lois établies contre vous. Votre évêque n'était la secte des Stoïciens et des Epicuriens
point d'ailleurs venu pour cela, et n'avait reçu à (Act., XVIl, 48). Peut-être direz-vous que les lois
cet effet aucun mandat de ses collègues. 11 eût portées par l'empereur ne vous permettent pas
été bien préférable de déférer l'affaire à l'empe- de conférer avec nos évêques Eh bien réunis- ? !
reur, qui n'est pas soumis aux mêmes lois, et sez-vous à vos évêques qui sont dans la région
qui a le pouvoir d'en faire d'autres à sa volonté. d'Hippone, où nous avons tant à souffrir des
Aprèsavoir pris connaissance de vos conférences, vôtres. Nous aimerions bien mieux voir vos
à
il aurait pu prononcer un jugement sur la cause gens venir nous avec des lettres de votre part,
elle-même tout entière, bien que déjà terminée que vos soldats avec des armes ?
depuis longtemps. Nous ne voulons pas conférer 11. Enfin envoyez-nouspar les mêmes frères
avec vous pour que cette cause soit arrêtée une que nous vous dépêchons, une réponse conforme
seconde fois, mais pour montrer qu'elle est finie, à nos souhaits. Si vous ne le voulez pas, en-
à ceux qui l'ignorent encore. Si vos (2) évêques tendez-vous du moins avec les vôtres dont nous
(1) Cela concerne les actes produits dans la conférence de Carthage, 3. N° 124 in judicio habitaprœfecturœ, ubi se par
(id est Donatistarum) audire tantopere flagitavit, c'est-à-dire, actes faits et publiés au tribunal du prétoire où la
adversaadverse,
partie la
c'est-à-dire les Donatistes, demanda à être entendue.Ces actes, dans même conférence n° 14l sont notés
comme faits à Ravenne le 3" jour des calendes de février, sous le 3e consulat d'Arcadius et de Probus, c'est-à-dire
l'année 406 de Jésus-Christ.
:
(2) Trois manuscrits du Vatican et plusieurs autres manuscrits français portent nostri episcopi noluerint (cest-a-dire
si nos évêques ne le veulent pas), mais cette version ne répondrait pas au sens de la phrase.
;
fuerit inventus, non homines, sed error ipse tolla- recitata, de tota ipsa caussa poterit judicare
tur ut homines non puniantur, sed corrigantur ; quamvis jam olim dicta fuerit terminata ? Sed ideo
ut vos modo conveniatis, quia eorum conventio- nos conferre volumus, non ut caussa iterum finia-
nom antea contemsistis. Quanto melius enim hoc tur; sed ut eis qui nesciunt, jam finita monstretur.
inter vos facitis, ut quod egeritis conscriptum et quod si hoc facere (c) vestri episcopivoluerint, quid
subscriptum Imperatori mittatis, quam ut hoc apud inde perditis: et non potius adquiritis, quia volun-
terrenas potestates fiat, quae non possunt nisi jam tas vestra innotescit, ne diffidentia merito repre-
?
datis contra vos legibus (a) mservire Vestri enim hendatur? An forte putatis non licere fieri, cum
collegæ qui navigaverant apud (b) preefectosdixerunt non vos lateat, quod Dominus Christus etiam cum
se audiri venisse. Et nominaverunt sanctum pa- diabolo de Lege locutus est (Matth.,IV, i); quod
trem nostrum catholicum epis.opum Valentinum, cum Pauloapostolo (Act.,XVII, 18), non solumJudsei,
qui tunc in comitatu erat, dicentes cum illo se sed etiam de hseresiStoicorum et Epicureorumphi-
velle audiri : quod eis nonpoterat judex concedere, losophi gentium contulerunt ? An forte istæ leges
qui jam secundum leges, quse contravos consti- Imperatoris, vos non permittunt nostros episcopos
tutae sunt, judicabat: nec ille episcopus ita venerat,
a
?
convenire Ecce interim episcopos vestros, qui sunt
autaliquodtale"mandatum suis episcopis acce- in regione Hipponensi, ubi a vestris tanta mala
perat. Quanto ergo melius ipse Imperator, qui non patimur, conveuite. Quanto enim licentius et libe-
est eisdemlegibus subditus, et qui hibet in pote- rius ad nos, per vestros vestra scripta,quameorum
state alias leges ferre, cum ei collatio vestra fuerit arma perveniunt ?
11. Postremo peristos ipsos fratres nostros, quos cistis,debasilicis pelli non vultis, non per judices,
ad vos misimus, talia rescribite. Si autem et hoc sicut schismaticisvestris vos fecistis,sed per ipsos re-
a
pati dicitis persecutionem ,
non vultis, altemcumvestris quibus talia
patimur
nos audite. Ostendite nobis veritatern, pro qua vos
cum patiamur nos
vestrorum tantam crudelitatem. Si enim nos esse
in errore conviceritis, forte concedetis nobis ut non
ges terræ, qui completa prophetia Christum adorant,
apud quos Cæcilianum accusantes victi recessistis.
12. Si autem nec audire nec docere nos vultis,
venite aut mittite nobiscum in regionem Hippo-
nensium, qui videant armatum exercitum vestrum;
rebaptizemur a vobis, justum existimantes, utnobis quamvis nullus miles numero armorumsuorumcal-
hoc præstetis, qui baptizati. sumus ab eis, quos nullo cem et acetum addidit ad' oculos barbarorum. Si
judicio damnastis, quod præstitistis eis, quos Feli- neque hoc vultis, saltem scribite ad illos, ut jam
cianus Mustitanus, et Prætextatus Assuritanus per ista non faciant, ut jam se a cædibus nostris, a ra-
tam longum tempus baptizaverunt, quando eos per pinis, ab excæcatiane compescant. Nolumus di-
judicum jussa de basilicis pellere conabamini, quia cere, Damnate illos. Vos enim videritis quomodo
Maximiano communicabant, cum quo a vobis in vos non inquinent, quos modo oslendimus in ve-
concilio Bagaitano expresse nominatimque damnati stra communione latrones, et nos inquinent quos
sunt. Quæ omnia Gestis judicialibus et municipa- numquam potuistis ostendere traditores. Ex his
libus demonstramus, ubi et ipsum concilium ve- omnibus eligite quod volueritis. Si autem querelas
strum allegatis, dum vultis judicibus ostendere, nostras contemseritis, nos minimepænitebit ordine
quod schismaticos vestros de basilicis pelleretis. Et pacifico agere voluisse. AderitDominus Ecclesiæ suæ,
tamen qui ab ipso semine Abrahæ (Gen., XXII, 18), ut vos potius humilitatem nostram contemsisse
in quo omnes gentes benedicuntur, schisma fe- pæníteat
emploient tout leur zèle et toute leur activité, -
non-seulement pour défendre et fortifier ceux
qui sont déjà catholiques, mais aussi pour con-
LETTRE LXXXIX (1) vertir ceux qui le ne le sont pas encore. Car si
l'opiniâtreté emploie toutes ses forces pour res-
Saint Augustin écrit à Festus pour lui démontrer ter dans le mal, il convient que la constance en
la justice des lois portées pour réprimer les Do- déploie de plus grandes encore dans le bien
natistes. Ilregrette que dans les régionsd'Hip- qu'elle poursuit avec persévérance, sachant
pone, Festus, malgré ses lettres, n'ait pas en- qu'en cela elle plaît à Dieu, et ne saurait dé-
core pu les ramener à la vérité ;
et qu'au con- plaire aux hommes sages.
traire, leurs violences contre les Catholiques ne 2. Mais quoi de plus malheureux et de plus
font que s'accroître. pervers que la conduite des Donatistes? Ils se
glorifient de souffrir la persécution, et bien
A SON TRÈS-CHER ET HONORABLE SEIGNEUR ET ES- loin d'être confondus par la répression de leur
TIMABLE FILS FESTUS (2), AUGUSTIN, SALUT EN iniquité, ils veulent encore s'en faire un sujet
NOTRE SEIGNEUR. de gloire. Dans leur aveuglement et dans leur
coupable animosité, ils feignent d'ignorer que
1.Si des hommes convaincus d'erreur, de cou- ce n'est pas la souffrance, mais la cause qui fait
pable division et de fausseté en toutes choses, les martyrs. On pourrait dire cela contre ceux
osent sans cesse faire des menaces à l'Eglise ca- qui seraient seulement enveloppés dans les té-
tholique uniquement occupée de leur salut, nèbres de l'hérésie, et qui seraient justement
combien plus est-il juste et même nécessaire punis pour leur sacrilége, sans s'être cependant
que ceux qui combattent pour la paix, pour rendus coupables d'aucune violence envers per-
l'unité chrétienne et pour la vérité, si visible sonne. Mais que peut-on dire contre ceux dont
aux yeux même de ceux qui feignent de ne pas il faut réprimer la perversité par la crainte des
la voir et qui s'efforcent de la cacher aux autres, amendes, ou auxquels il faut apprendre par
(1) Ecrite la même année que la précédente. — Cette lettre était la 167e dans les éditions antérieures à l'édition des
Bénédictins et celle qui était la 89e setrouve maintenant la 157e.
s
(2) La fin de cette lettre indique que ce Festus auquel saint Augustin adresse,
- était un officier
-- - l'empire qui avait
de
l'unité chrétienne,
de grands ceuxde
biens dans le sajuridiction
territoire quis'étaient
d'Hippone, et qui montrait quelque négligence pour ramener à son autorité et à
séparés de l'Eglise catholique.
que diffusa sit Ecclesia, sicut futura prædicta est videlicet si eis accusantibus atque superantibus Cae-
quammalunt oppugnare quam agnoscere? Et siea cilianus ejusque collegæ pellerentur sedibus, quas
quæ per misericordissimam disciplinam patiuntur tenebant, vel etiam in sua conspiratione durantes
comparentur eis factis, quæ furiosa temeritate gravius punirentur; (neque enim poterat victos et
committunt, quis non videat, qui magis persecuto- resistentes regia censura contemnere,)tunc isti pro-
rs vocandi sunt ? Quamquam filii mali eo tantum visionem suam etpro Ecclesia sollicitam curampræ-
quo perdite vivunt, etiamsi nullas violenter inferant dicandam laudibus ventilarent. Nunc autem quia
manus, parentum pietatem gravius persequuntur, ipsi superati sunt, quia ea, quæ intendebant, pro-
quam cum illos pater aut mater, quanto amplius bare minime potuerunt, si quid pro sua iniquitate
diligunt, tanto amplius ad bonam vitam sine ulla patiuntur, persecutionem vocant;nectantum furo-
dissimulatione compellunt. rem perditum minime reprimunt, verum etiam
3. Exstant publicorummonumentorum firmissima- honorem martyrum quærunt: quasi vero Christiani
documenta, quæ potes legere, si volueris, immo catholici Imperatores adversus eorum pertinacisii-
peto et hortor ut legas; quibus probatur quod ma- mam iniquitatem aliud sequantur quam Constan-
jores eorum, qui primi se ab Ecclesiæ pace divise- tinijudicium, apud quemultroCæcilianiaccusa-
runt, ultro per Anulinum tunc proconsulem apud tores fuerunt, cujus auctoritatemomnibustransma-
Constantinum imperatorem accusare ausi sunt Cæ-
cilianum. In quo utique judicio si vicissent, quid
erat Cæcilianus ab Imperatore passurus, nisi quod
:
rinis episcopis prætulerunt, ut non ad illos, sed ad
illum Ecclesiæ caussam deferrant ut ab eo datum
in urbe Roma episcopale judicium, in quo primum
?
in istos postea quam victi sunt pronuntiavit Sed victi sunt, rursus apud illum accusarent; ut ab al-
n'aurait pas l'impudence de vouloir encore dé- la charge du crime d'autrui, comment l'univers
fendre sa cause. entier serait-il responsable du crime que quel-
4. Mais, dira-t-on, ce sont là des jugements qu'un a commis en Afrique Et si
humains sujets à l'erreur, aux surprises, à la connu ne peut peser sur
?un crime in-
personne, comment
corruption. Pourquoi donc alors accuser le l'univers a-t-il pu connaître le crime des juges
monde chrétien et le diffamer, en lui imputant ou des accusés? 0 vous tous qui
avez du bon
les. crimes de je ne sais quels traditeurs des sens, voyez quelle est la justice des hérétiques 1
saintes Ecritures? Devrait-il s'en rapporter à Parce que le monde ne condamne
pas un crime
des accusateurs vaincus plutôt qu'à des juges inconnu, le parti de Donat condamne l'univers
choisis par eux-mêmes? Ces juges auront à ré- entier sans l'avoir entendu.Mais il suffit à toutes
pondre devant Dieu de leur jugement bon ou les nations d'être en possession des promesses
mauvais. Mais qu'a fait l'Eglise répandue sur de Dieu, de voir accompli en elles ce que les
toute la terre, et que ces gens prétendent rebap- Prophètes ont prédit il y a si longtemps, et de
tiser, parce que dans une affaire dont elle ne reconnaître, dans les saintes Ecritures, l'Eglise
pouvait savoir la vérité, elle a cru devoir s'en qui reconnaît Jésus-Christ pour son roi. Car
rapporter à ceux qui en avaient jugé avec dans les livres où nous lisons les prédictions qui
connaissance de cause, plutôt qu'à ceux qui, regardent le Christ et que nous voyons accom-
malgré leur défaite, n'ont pas voulu se rendre ?
plies dans l'Evangile, nous trouvons aussi ce qui
O le grand crime vraiment de toutes les nations a été prédit touchant l'Eglise, et s'est accompli
de la terre que Dieu a promis de bénir dans la dans l'univers entier.
race d'Abraham, ce qu'il a fait selon ses pro- 5. Pour peu qu'on ait de bon sens, on sera
que dans une chose que vous ignoriez, vous nous dit saint Jean :
qui en Afrique ont livré les saintes Ecritures, et comme vérité certaine et évangélique, ce que
« Celui qui m'a envoyé
avez préféré vous en rapporter à des juges plu- vous baptiser dans l'eau m'a dit lui-même Ce- :
tôt qu'à des accusateurs. Si personne ne porte lui sur lequel vous verrez descendre et se repo-
tero apud Arelatum dato episcopali judicioadilium misit exhibuit! quae cum una voce dixerint, Quare
appellarent: apud quem tamen novissime superati, nos vultis rebaptizare; Respondetur eis, Quia nesci-
in sua perversitate permanserunt. Puto quod ipse tis qui fuerint in Africa sanctorum codicum tradi-
diabolus, si auctoritate judicis) quem ultro elegerat, tores, et in eo quod nesciebatis, judicibus magis
toties vinceretur, non esset tam impudens ut in ea quam accusatoribus credere voluistis. Si crimen
caussa persisteret. alienum non gravat quemquam, quid pertinet ad
4. Sed hsea humana judicia deputentur, et cir- orbem terrarum quod in Africaquisque commisit?
cumveniri ac falli, vel etiam corrumpi potuisse di- Si crimen incognitum non gravat quemquam,
unde potuit orbis terrarum cognoscere vel crimen
cantur. Cur ergo adhuc accusatur Christianus or-
bis terrarum, et nescio quibus traditorum crimini- judicumvel reorum ? Judicate qui cor habetis.
Hæc est hæretica justitia, ut quia orbis terrarum
bus infamatur, qui utique nec potuit nec debuit
Donati dam-
nisi electis judicibus potius quam victisliligatoribus non damnat crimen incognitum, pars
credere? Habent apud Deum illi judices caussam net orbem terrarum inauditum.Sed sane sufficit
suam sive bonam sive malam: quid fecit Ecclesia orbi terrarum tenere promissiones Dei, et in se
toto orbe diffusa, quæ non ob aliud ab istis reba- videre compleri quod Prophetæ tanto ante cecine-
ptizanda censetur, nisi quia in ea caussa, in qua runt; eisdem Scripturis agnoscereEcclesiam, ubi
in Christo
quid viri esset judicare non potuit, eis potius qui et rex ejus Christus agnoscitur. Ubi enim de
judicare potuerunt, quam eis qui nec superati ces- talia prædicta sunt, qualia completa in Evangelio
serunt, credendum putavit? 0 magnum crimen legimus, illic prædicta sunt de Ecclesia, qualia com-
omnium gentium, quas in semine Abrahæ benedi- pleri toto orbe jam cernimus.
cendas promisit Deus (Gen., XXII, 18),et sicut pro- 5. Nisi forte quemquam prudentium permove-
ser le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe, niquité est cachée, ce n'est pas lui, mais Dieu
c'est celui-là qui baptise dans le Saint-Esprit qui sanctifie; alors ceux qui sont baptisés doivent
(Jean,1,13).» C'est pourquoi l'Eglise, tranquille préférer de l'être par un méchant dont la malice
sur ce qui concerne le baptême, ne met pas son est ignorée, plutôt que par un homme manifes-
espérance dans l'homme, dans la crainte de tement bon. Car il vaut mieux que ce soit Dieu
tomber sous le coup de cette sentence qui dit : qui sanctifie qu'un homme même juste, quelle
« Maudit soit celui qui met son espérance dans que puisse être sa justice. Or, s'il est absurde.de
l'homme (.Jér.,XVII, 5).» Mais elle met tout souhaiter d'être baptisé par un adultère dont le
,:
son espoir en Jésus-Christ, qui a pris la forme
d'un esclave sans perdre celle de Dieu,
et dont il a été dit «C'est celui-là qui baptise.«
crime est ignoré, plutôt que par un homme
d'une chasteté reconnue, il faut conclure que
quel que soit celui par le ministère duquel le
Ainsi, quel que soit l'homme qui a le ministère baptême est conféré, ce baptême est valable,
de son baptême, et quelles que soient les fautes parce que celui sur lequel est descendu la co-
qui pèsent sur lui, ce n'est pas lui qui baptise, lombe est véritablement celui qui baptise.
la
c'est celui sur lequel descendit colombe. Mais 6. Cependant, malgré cette vérité évidente
des gens dont les pensées sont si vaines, ne qui frappe les oreilles et le cœur de tous les
peuvent d'aucun côté échapper à l'absurdité de hommes, telle est, pour quelques-uns, la pro-
leur raisonnement. En effet, quand ils recon- fondeur de l'abîme où les ont jetés leurs mau-
naissent pour bon et vrai le baptême conféré vaises habitudes, qu'ils aiment mieux résister à
?
quelqu'un Alors nous répliquons :
en effet, qu'un homme adultère peut sanctifier,
« Si donc,
lorsqu'un homme dont la bonté est manifeste
peut donc employer l'Eglise dont la charité ma-
ternelle veut le salut de tous, et qui brûle du
désir de guérir la frénésie des uns et la léthar-
baptise, c'est lui-même qui sanctifie; mais gie des autres? Peutelle ou doit-elle les mépri-
quand celui qui baptise est un homme dont l'i- ?
ser et les abandonner Il faut nécessairement
bit, quod de baptismo selent dicere, tunc esse dicere quod homo adulter quemquam sanctificet.
verum baptismum Christi, cum ah homine justo Quibus respondemus, Si ergo cum baptizat homo
datur, cum et hinc teneatorbis terrarum eviden- justus manifestus, ipse sanctificat; cum autem
tissimam et evangelicam veritatem, ubi Johannes
ait, Quimemisit baptizure in aqua,ipsemihidixit:
Super quem videris Spiritum descendentem quasi
;
baptizat homo iniquus occultus, tunc non ipse,
sed Deus sanctificat optare debent qui bapti-
zantur, aboccultismalis hominibus potius hapti-
columbam, et manentem super eum, ipse est qui zari, quam a manifestis bonis. Multo enim eos
baptizat in Spiritu-sancto (Johan., 1, 33). Unde melius Deus, quam quilibet homo justus sanctifi-
secura Ecclesia spem non ponit in homine, ne inci- cat. Quod si absurdum est, ut quisque baptizan-
dat in illam sententiam in qua scriptum est, dus optet ab occulto ad'ultero potius baptizari,
:
Maledictus omnis qui spem suam ponit in homine
(Jer.,XVII,5) sed spem suam ponit in Christo, qui
sic accepit formam servi, ut non amitteret formam
quam a manifesto casto, restat utique ut quilibet
ministrorum hominum accesserit, ideo ratus sit
baptismus, quia super quem descendit columba,
Dei, de quo dictum est, « Ipse est qui baptizat.» ipse baptizat.
Proinde homo quilibet minister baptismi ejus, qua- 6. Et tamen cum tam perspicua veritas aures et
lemcucuque sarcinam portet, non iste, sed super corda hominum feriat, tanta quosdam malæ con-
quem columba descendit, ipse est qui baptizat, suetudinis vorago submersit, ut omnibus auctorita-
Illos autem vana sentientes, tanta absurditas sequi- tibus rationibusque resistere, quam consentire ma-
tur, ut quo ab ea fogiant non inveniant. Cum enim lint. Resistunt autem duobus modis, aut sæviendo
fateantnr ralum et verum esse baptismum, quando aut pigresceado. Quid igitur hic faciat Ecclesiæ
baptizat apud eos aliquis criminosus, cujus crimina medicina, salutem omnium materna caritate con-
?
latent, dicimus eis, Quis tunc baptizat nec habent
quid resipondeant nisi, Deus: neque enim possunt
quirens, tamquam inter phreneticos et lethargicos
æstuans ? Numquid contemnere, numquid desi-
qu'elle soit importune aux uns et aux autres, par a disparu, une fois qu'ils ontrenoncé au schisme
cela même qu'elle n'est l'ennemie ni des uns ni qui les séparait de nous, ils passent de l'hérésie
des autres. En effet, les frénétiques n'aiment pas à la paix de l'Eglise, cette paix qu'ils n'avaient
qu'on les lie, les léthargiques qu'onles réveille. pas et sans laquelle ce qu'ils avaient leur était
Mais l'ardente charité ne se rebute pas, elle ré- funeste. Mais, s'ils se déguisent pour passer à
prime avec persévérance la frénésie des uns et nous, ce n'est pas notre affaire, c'est à Dieu d'en
stimule la léthargie des autres, en les embras- juger. Cependant quelques-uns dont on croyait le
sant tous dans un seul et même amour. Elle les retour peu sincère, mais seulement inspiré par
importune, mais elle les aime également. Les la crainte de la loi, se sont montrés plus tard
frénétiques et les léthargiques s'indignent d'être dans diverses épreuves préférables à d'anciens
molestés tant qu'ils sont malades, mais ils con. catholiques. Iln'est donc pas inutile d'agir avec
fondent ensemble leur reconnaissance et leur énergie et persevérance. Et ce n'est pas seule-
joie une fois qu'ils sont guéris. ment par des terreurs humaines qu'il faut battre
7. Les Donatistes se trompent, quand ils pen- en brèche le mur des mauvaises habitudes, il
sent et se vantent que nous les recevons parmi faut encore par l'autorité des enseignements di-
?inimica.
stere vel debet vel potest Utrisque sit necesse est bebant, Sed si cum transeunt, ficti sunt, non est
molests, quia neulris est
:
Nam et phrene-
tici nolunt ligari, et lethargici nolunt excitari sed
perseverat diligentia caritatis, phreneticum casti-
hoc jam nostrum, sed Dei judicium. Et tamen qui-
dam cum fictiputarentur, quoniam jussionis ad nos
terrore transierunt, tales posterius in nonnullis ten-
gare, lethargicum stimulare, ambos amare. Ambo tationibus inventi sunt, ut quibusdam veteribus ca-
offendunlur, sed ambo diliguntur; ambo molestati, tholicis præferrentur. Non ergo nihil agitur, cum
quamdiu ægri sunt indignantur, sed ambo sanati instanter agitur. Neque enim solis humanis terro-
gratulantur. :ribus murus duræ consuetudinis expugnatur; sed
7. Denique non sicut putant, et sicut jactant, ta- etiam divinis auctoritatibus atque rationibus fides
les eos suscipimus quales fuerunt,sed omnino mu- et intelligentia mentis instruitur.
tatos; quia esse catholici non incipiunt, nisi hære- 8. Quæ cum ita sint, noverit benignitas tua ho-
tici esse destiterunt. Neque enim sacramenta eorum mines vestros, quia in regione Hipponensi sunt,
nobis inimica sunt, quae cum illis nobis sunt com- adhuc esse Donatistas, nec apud eos quidquam va-
munia; quia non humana sunt, sed divina. Pro- luisse tuas litteras. Cur autem non valuerint, non
prius eorum error auferendus est, quem male opus est scribere ; sed mitte aliquem tuorum, vel
imbiberunt, non sacramenta quse similiter accepe- domesticorum, vel amicorum, cujus huc fidei pos-
runt, quæ ad poenam suam portant et habent, sis injungere, qui non ad ea loca, sed ad nos pri-
quanto indignius habent, sed tamen habent. Errore mitus veniat illis omnino nescientibus, et nobis-
itaque derelicto, separationis pravitate correcta, ab cum primitus consilio perlractato, quod agendum
hteresi ad Ecclesise pacem transeunt quam non ha- Domino adjuvante visum fuerit, agat. Neque enim
bebant, sine qua illis perniciosum fuerat quod ha- tantum pro eis agimus cum hoc agimus, sed etiam
lement pour eux que nous agissons ainsi, mais
encore pour les nôtres qui sont déjà catholiques,
et pour lesquels le voisinage de vos hommes est
tellement dangereux, que nous ne pouvons LETTRE XC (l)
nous dispenser d'y apporter toute l'attention
possible. J'aurai pu vous écrire plus brièvement, Nectarlus, païen, intercède auprès de saint Au
mais j'ai voulu que vous eussiez une lettre de gustin pour ses concitoyens, habitants de la
moi, pour vous mettre à même de connaître colonie de Calame (2), doublement coupables
non-seulement vous-même les motifs de mon d'avoir non-seulement violé l'édit tout récem-
inquiétude, mais encore de pouvoir répondre à
ment porté par César, défendant de sacrifier
ceux qui vous dissuaderaient de concourir avec aux idoles, mais encore d'avoir, à l'occasion
moi à l'œuvre de la conversion des vôtres, ou de leurs sacrifices, outragé les chrétiens.
qui nous reprocheraient de solliciter ce con-
cours. Si j'ai fait quelque chose d'inutile en vous A SON TRÈS-HONORÉ SEIGNEUR ET JUSTEMENT CHÉRI
écrivant ce que vous aviez déjà appris ou ce que
FRÈRE AUGUSTIN, ÉVÊQUE, NECTARIUS.
vous aviez pensé vous-même, si j'ai été impor-
tun en envoyant une si longue lettre à un 1. Puisque vous savez combien est grand
homme occupé comme vous l'êtes des affaires l'amour de la patrie, je ne vous en dirai rien.
publiques, je vous prie de me le pardonner,
cet amour est le seul qui soit à juste titre plus
pourvu toutefois que vous ne méprisiez pas mes fort que celui des parents. Si pour les hommes
avis et mes prières. Ainsi, que la miséricorde de bien il y avait un terme et une mesure aux
de Dieu soit avec vous. services qu'ils doivent rendre à leur patrie, je
mériterais d'être excusé de ne plus pouvoir la
servir dignement. Mais l'attachement à la cité
s'accroit de jour en jour, et plus l'âge nous rap-
(t) Ecrite l'an 408 au mois de juin. — Cette lettre était la 210e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins
et celle qui était la 90' se trouve maintenant la 175e.
(2) Calame, aujourd'hui Ghelma.
;
grands hommes qui sont comme les fleurs des sont enseignées dans toutes les églises qui se
cités, mais des armes pour nous outrager que multiplient sur la terre, comme dans de saintes
1
dis-je, des armes Nous y avons trouvé des écoles des peuples, où l'on apprend surtout les
ni, Se., 3) qui, à la vue d'un tableau peint sur dieux, doit être autrement compris et interprêté
une muraille où était représenté"l'adultère du par des hommes sages, et naguère encore dans
roides dieux, sentit redoubler le feu de la pas- les temples où le peuple était assemblé, nous
sion qui l'entraînait, stimulé qu'il était par une avons entendu à ce sujet de salutaires interpré-
si grande autorité, aurait évité la faute dans la- tations. Mais je vous le demande, les hommes
;
quaverusetveraxcolatur Deus qui haecomnia, dit, nullo modo in illud flagitium vel concupi-
quibus animus humanus (a) divinæ societati ad inha-
bitandam æternam caelestemque civitatem instruitur
et aptatur, non solum jubet aggredienda, verum
:
scendo laberetur, vel perpetrando immergbretur,
si Catonem maluisset imitari quam Jove:n sed
quo pacto id faceret, cum in templis adorare coge-
etiam donatimplenda. Jnde estquod deorummul- retur Jovempotius quam Catonem? Verum hæc
torum falsorumque simulacra, et prsedixit eversum ex comcedia, quibus impiorum luius et sacrilega
iri, et præcepít everti. Nihil enim homines tam in- superstitio convinceretur, proferre forsitan non de-
sociiibiles reddit vitæ perversitate, quam illorum bemus. Lege vel recole in eisdem libris quam pru-
deorum imitatio, quales describuntnr et commen- denter disseratur, nullo modo potuisse scriptiones
dantur htteris eorum. et actiones recipi comcediarum, nisi mores reci-
4. Denique illi doctissimi viri, qui rempublicam piendumconsonarentitaclavissimorum virorum
civitatemque terrenam, qualis eis esse debere vide- in republica excellentium, et de republica dispu-
batur, magis domesticis disputationibus acquire- tantium auctoritate firmatur, nequissimos homines
bant, vel etiam describebant, quam publicis actioui- fieri deorum imitatione pejores, non sane verorum,
bus instituebant atque formabant, egregios atque sedfalsorumatquefictorum.
laudabiles, quos putabat homines, potius quam o. At enim ilia omnia, quae antiquitus de vita
deos suos imitandos proponebant erudiendse indoli deorum moribusque conscripta sunt, longe aliter
juventutis. Et revera Terentianus ille adolescens, sunt intelligenda atque interpretanda sapientibus.
qui spectans tabulam victam in pariete, ubi pictura Itav^roin^emplispopulis congregatisrecitarihu-
iuerat de adulterio regis deorum, libidinem, qua jusceiiodi salubres interpretationes heri et nudiu-
rapiebatur, stimulis etiam tantæ auctoritatis accen- stertius audivimus. Quaeso te siccine caecum est hu-
(a) Ita editi. At MSS. Vaticani et quatuordecim e nostris habent, divina societale.
ont-ils les yeux tellement fermés à la vérité, 6. Je vous dis cela parce que vous m'avez
qu'ils ne puissent voir et comprendre des choses écrit que la En prochaine de votre vie, vous
si claires et si évidentes? La peinture, le bronze, faisait désirer de laisser votre patrie heureuse
la sculpture, les écrits, la lecture, la scène, les et florissante. Que toutes ces choses vaines et
chants, les danses étalent et montrent dans tous insensées disparaissent, que les hommes soient
les lieux les adultères de Jupiter. Il vaudrait
bien mieux que, du moins, dans le Capitole, on
lût quelque chose de lui, défendant de pareils
;
rappelés à la piété, à la chasteté et au culte du
vrai Dieu alors vous verrez votre patrie floris-
sante, non, d'après l'opinion des insensés, mais
désordres. Mais si, sans la moindre opposition, au jugement des sages et selon la vérité, puis-
ces exemples de déshonneur et d'impiété, four- que c'est par là que cette patrie terrestre de-
millent au milieu des peuples, lorsque ces infa- viendra une portion de cette patrie céleste à la-
mies sont un sujet d'adoration dans les temples quelle nous sommes appelés dès notre naissance,
et de risée dans les théâtres, lorsque, en les ho- non par le corps, mais par la foi, et dans la-
norant par des victimes, on dévaste le troupeau quelle tous les saints et fidèles serviteurs de
du pauvre; lorsque, pour les représenter sur Dieu, après l'hiver des travaux de cette vie,
la scène par le jeu et les danses des histrions, fleuriront à jamais dans l'éternité. Nous avons
on dissipe le patrimoine des riches, peut-on donc à cœur, d'un côté, de ne pas renoncer à
dire que les cités sont florissantes? Ce sont des la douceur chrétienne, mais d'un autre côté,
fleurs qui ne naissent pas sur une terre fertile, de ne pas laisser impuni dans votre ville, un
et qui n'ont pas leurs racines dans quelque riche exemple pernicieux pour les autres cités. Com-
vertus mais pour les faire éclore, on leur a ment pouvons-nous y parvenir? Dieu nous y
trouvé une terre digne d'elles, la déesse Flore aidera si lui-même n'est pas tropindigné contre
dont les jeux se célèbrent sur la scène avec une ceux de Calame. Car quelles que soient les voies
telle turpitude et une licence si effrénée, que de douceur et de modération que nous voulions
chacun peut comprendre quel démon est cette suivre dans notre sévérité, nous pourrions être
déesse qu'on ne peut apaiser ni par des sacri- arrêtés, si Dieu en avait quelquedessein secret, s'il
fices d'oiseaux et de quadrupèdes, ni même par voulait châtier de si grands criminels, parle
le sang humain, mais à laquelle il faut, ô crime fouet de son courroux, ou si, par une peine
impardonnable, immoler la pudeur humaine ! plus terrible encore, il laissait les coupables
(1) Il s'agit ici de la loi d'Honorius du 24 novembre 407, par laquelle il était défendu aux païens de célébrer leur
solennités, comme on le voit dans l'appendice du code de Théodose, page 35.
App.cod.Th.pag.35.
(a) IntelligitlegemHonorii, paganis prohibentem
-
8.Accipe breviter quæ commissa sint, et no- qui oberrans occurrere potuit, occiderunt, ceteris
quidquam sollemnitatis agitare datam Curtio an, 407.juxta
24 Nov.
siastiques. On tua même un serviteur de Dieu nimitié pour l'Eglise, n'ont pas osé secourir les
qui cherchait à s'échapper, tandis que les autres chrétiens. On doit regarder comme coupables
clercs se cachaient et fuyaient de toutes parts tous ceux qui, sans avoir pris part à ces crimes
L'évêque lui-même fut forcé de se retirer et de
se cacher dans un lieu, d'où, tremblant et les
membres contractés par l'effroi, il entendait les
;
les ont cependant laissé commettre et s'en sont
;
réjouis comme plus coupables encore ceux qui
ont commis ces infamies mais commeles plus
cris de ceux qui le cherchaient pour lui donner criminels de tous, ceux qui les ont encouragées.
la mort, et qui se faisaient des reproches à eux- Sur ce dernier point, ne prenons pas des soup-
mêmes de ce qu'ils ne pouvaient trouver l'é-
vêque pour achever leur crime. Tout cela s'est
;
çons pour la vérité ne cherchons pas à décou-
vrir une chose qu'on ne pourrait savoir qu'en
passé depuis environ dix heures jusqu'à la nuit l'arrachant à force de tourments, de la bouche
avancée. Aucun de ceux dont l'autorité aurait de ceux qui en sont instruits. Pardonnons à la
pu apaiser ces désordres n'est intervenu, excepté crainte de ceux qui ont mieux aimé prier Dieu
un seul étranger qui arracha des mains de ces pour l'évêque et ses serviteurs, que d'offenser
assassins plusieurs serviteurs de Dieu et qui les hommes puissants dont ils connaissaient l'i-
parvint à obliger les pillards à rendre beaucoup nimitié envers l'Eglise. Mais pour les autres,
d'objets qu'ils avaient extorqués par la force. croyez-vous qu'il ne faille leur imposer aucune
Or l'exemple de ce seul homme a fait voir que peine, et qu'on doive laisser impuni l'exemple
tous les désordres auraient pu facilement être qu'ils ont donné d'une fureur aussi atroce qu'in-
prévenns ou arrêtés, si les citoyens et surtout ?
sensée Nous ne voulons pas satisfaire à des
les magistrats s'y étaient opposés.
9. Ainsi donc dans toute la ville, il serait dif-
sentiments de colère, en vengeant le passé
mais la charité même nous ordonne de pourvoir
:
ficile de discerner les innocents des coupables, à l'avenir. Les chrétiens, sans renoncer à leur
ou peut-être seulement les moins coupables de douceur, savent comment ils doivent châtier les
ceux quile sont davantage. La faute est moindre méchants d'une manière utile et salutaire à eux-
pour ceux qui, retenus parla crainte et surtout mêmes. Car les méchants ont non-seulement la
par celle d'offenser les personnages les plus im- santé et la vie, mais ils ont encore de quoi vivre
portants de la ville, et dont ils connaissaient l'i- et de quoi mal vivre. Laissons-leur les deux
partim ubi potuerant latitantibus, partim qua po- bus ista commissa sunt : sceleratiores, qui commi-
tuerant fugientibus, cum interea contrusus atque serunt; sceleratissimi, qui immiserunt. Sed de im-
coartatus quodam loco se occultaret episcopus, ubi missione suspicionem putemus esse non veritatem,
se ad mortem quærentium voces audiebat. sibique nec ea discutiamus, quæ nisi tormentis eorum,per
increpantium, quod eo non invento gratis tantum quos inquiruntur, inveniri omnino non possunt.
perpetrassent scelus. Gesta sunt hæc ab hora ferme Demus etiam veniam timori eorum, qui potius
decima usque ad noctis partem non rnillimaUl. Deum pro episcopo et servis ejus deprecandum,
Nemo compescere, nemo subvenire tentavit illo-
quam potentes inimicos Ecclesiæ offendendos esse
rum, quorum esse gravis posset auctorilas, præter putaverunt. Quid eos qui .restant, nullane censes
unum peregrinum, per quem et plurimi servi Dei disciplina coercendos, et proponendum existimas
de manibus interficere conantium liberati sunt, et impunitum tam immanis furoris exemplum ? Non
multa extorta prædantibus; per quem clarum fa- præterita vindicando pascere iram nostram stude-
ctum est, quam facile illa el omninu non fierent, mus; sed mis ricorditer in futurum consulendo sa-
vel cœpta desisterent, si cives, maximeque primates tagimus. Habent homines mali, ubi et per Chri-
ea fieri perficique vetuissent. stianos non solum mansuete, verum etiam utiliter
9. Proinde in universa illa civitate non inno- salubriterque plectantur. Habent enim quod cor-
centes a nocentibus, sed minus nocentes a nocen- pore incolumi vivunt, habent unde vivunt, habent
tioribus poteris fortasse discernere. Nam in parvo unde male vivunt. Duo prima salva sint, ut quos
peccato illi sunt, qu metu deterriti, maximeque ne pæniteat sint; hoc optamus, hoc quantum in nobis
offenderent eos, quos in illo oppido plurimum pos- est, etiam impensa opera instamus. Tertium vero,
se, et inimicos Ecclesiæ noverant, opem ferre non si Deus voluerit, tamquam putre noxiumque rese-
ausi sunt : scelerati autem omnes, quibus etsi non cari, valde misericorditer puniet. Si autem vel
facientibus, neque immittentibus, tamen volenti- amplius voluerit, vel ne hoc quidem permiserit;
premiers points, la santé et la vie, afin qu'ils sur ce qu'ils devaient faire, s'ils étaient sages,
;
puissent se repentir. Voilà ce que nous sou- non-seulement pour écarter les soucis et
haitons voilà à quoi nous désirons contri- craintes du moment présent, mais encore pour
buer autant qu'il dépend de nous. Quant arriver au salut éternel. Ils nous écoutèrent sur
les
au troisième point, c'est-à-dire au moyen de bien des choses, et aussi nous adressèrent plu-
mal vivre, si Dieu désire que ce moyen sieurs demandes. Mais loin de nous d'être des
leur soit ôté comme quelque chose qui serviteurs qui aimeraient à s'entendre supplier
leur est nuisible, ce sera leur faire, en les pu- par ceux qui ne supplient pas Notre Seigneur.
nissant, une grande miséricorde. Si Dieu veut La sagacité de votre esprit vous fera comprendre
quelque chose de plus, ou si même il ne veut que tous nos efforts doivent tendre à ce que,
pas cela, il y a dans les trésors de sa sagesse, et sans nous écarter de la mansuétude et de la
de sajustice des conseils dont nous ne saurions modération chrétiennes, nous détournions les
pénétrer la profondeur. Pour nous, nous de- uns d'imiter la perversité des méchants, et que
vons borner nos soins et notre devoir à n'agir nous engagions les autres à imiter l'exemple de
que selon l'étendue de nos lumières, en priant ceux qui se sont convertis. Quant aux domma-
:
circonstances présentes. Les païens, cause de
tous ces maux, demandèrent à nous voir nous
les avons admis, et nous avons profité de cette
occasion pour leur donner des avertissements
altioris et profecto justioris consilii ratio penes tales servi simus, quos ab eis rogari delectet, a qui-
:
ipsum est a nobis curam officiumque oportet im-
pendi, quousque.videre conceditur, deprecantibus
bus noster Dominus non rogatur. Unde pervides
pro vivacitate mentis tuæ, ad hoc esse nitendum
eum, ut animum nostrum approbet, quo cunctis servata mansuetudine, et moderatione Christiana,
volumus esse consultum, nihilque fieri sinat per ut aut ceteros deterreamus eorum imitari perversi-
nos, quod et nobis et Ecclesise suæ non expedire tatem,autceterosoptemus eorum imitari corre-
longe melius novit ipse quam nos. ctionem. Damna quæ illata sunt, vel tolerantur a
10. Modo cum apud Calamam essemus, ut nostri Christianis, vel resarciuntur per Christianos. Anima-
in tam gravi dolore vel consolarentur afflicti, vel rum nos lucra, quibus adquirendis cum periculo
sedarentur accensi, quantum potuimus quod in etiam sanguinis inhiamus, et in loco illo quæstuo-
tempore oportuisse existimavimus, cum Christianis sius provenire, et aliis locis illo exemplo non impe-
egimus. Deinde etiam ipsos paganos, mali tanti ca- diri desideramus. Dei misericoTdianobis præstet de
put et caussam, petentes ut ab eis videremur, ad- tua salute gaudere.
misimus, ut hac occasione admoueremus eos, quid
facere deberent, si saperent, non tantum pro remo-
venda præsenti sollicitudine, verum etiam pro
inquirenda salute perpetua. Multa a nobis audie-
runt, multum etiam ipsi rogaverunt : sed absit ut
en faire désirer la plénitude. Vous ne devez pas
en effet vous regarder comme abandonnée,
puisque par la foi vous possédez Jésus-Christ
LETTRE XCII (1)
présent au fond de votre cœur. Vous ne devez
pas non plus vous attrister comme les Gentils
Saint Augustin console la veuve Italica sur la qui n'ont pas d'espérance, tandis que la nôtre
mort de son mari, et réfute l'opinion de ceux est appuyée sur la promesse infaillible de Dieu,
qui disaient, qu'on peut voir Dieu par les yeux que de cette vie nous passerons à une autre, où
du corps. nous retrouverons ceux qui, en sortant de
celle-ci, nous ont devancés, mais que nous
A L'ILLUSTRE DAME ITALICA(2), SA CHÈRE ET HONO- n'avons pas perdus, et que dans cette vie future
RÉE FILLE EN JÉSUS-CHRIST, AUGUSTIN, ÉVÊQUE, ils nous seront d'autant plus chers, qu'ils nous
SALUT EN NOTRE SEIGNEUR. seront plus connus, et où nous pourrons les ai-
mer sans craindre d'en être jamais séparés.
1.Je vois par votre lettre et parles paroles de 2. Quoique ici-bas cet époux, dont le départ
celui qui me l'a apportée, que vous désirez vive vous a fait veuve, vous fût bien connu, il se con-
ment en recevoir une de moi, dans l'espérance naissait cependant beaucoup mieux lui-même.
d'y Irouver quelques consolations. Vous verrez D'où vient cela, puisque vous voyiez son visage
quel fruit vous en pouvez retirer; pour moi je qu'il ne voyait pas lui-même Parce que la ?
ne dois nirefuser, ni différer de satisfaire à vo- connaissance la plus certain de nous-mêmes
tre désir.Avanttout, cherchez votre consolation est au dedans de nous, et que personne ne peut
dans la foi, l'espérance et dans la charité que le pénétrer jusque-là pour connaître ce qu'est
le
Saint-Esprit répand dans cœur des fidèles dont l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est
il nous donne ici-bas quelques gages, pour nous en lui. Mais lorsque le Seigneur sera venu,
à
(1) Ecrite l'an 408. — Cette lettre était la 6° dans les éditions antérieures l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la 92° se trouve maintenant la 176e.
(?) Cette dame Italica paraît être celle à qui saint Jean Chrysostôme adressa sa lettre dans laquelle il exhorte
170e
cette dame romaine, très-influente par sa position et ses richesses, à employer tous les moyens, soit par elle-même,
soit par les autres, à l'effet d'apaiser les troubles et l'orage qui avaient éclaté dans l'Eglise d'Orient.
EPISTOLA XCII
:
Christum per fidem in corde tuo Aut sic te con-
tristari oportet, quemadmodum gentes quæ spem
Augustinus Italicæ viduæ, consolans illam super obitu non habent,cum venuissimapromissione spcremus
mariti, ac refellens eorum opinionem, qui dicebant, nos de hac vita, unde migraturi quosdam nostros
Deum videri oculis corporeis.
migrantes non amisimus, sed præmisimus, ad eam
vitam esse venturos, ubi nobis erunt quanto notio-
DOMINÆ EXIMIÆ ET MERITO PRÆSTANTISSIMÆ, ATQUE
res, tanto utique carioves, et sine timore ullius
IN CHRISTI CARITATE HONORANDÆ FILIÆ (a) ITALICÆ, discessionis amabiles.
AUGUSTINUS EPISCOPUS IN DOMINO SALUTEM.
2. Hic autem etsi conjux tuus, cujus abscessu
i. Non solum litteris tuis, verum etiam ipso viduadiceris, tibi notissimus erat,sibi tamennotior
referente qui pertulit, comperi multum te flagitare erat quam tibi. Et undo hoc, cum tu ejus corpo.
litteras meas, credentem quod ex eis consolationem ralem faciem videres, quam ipse utique non vide-
habere plurimam possis. Tu itaque videris quid bat, nisi quia notitia nostri certior intus est, ubi
exinde capias, ego tamen eas negare vel differre nemo scit quæ sunt hominis, nisi spiritus hominis
non debui. Consoletur autem te fides et spes tua, qui in ipso est : sed cum venerit Dominus, et illu-
et ipsa caritas quæ diffunditur in cordibus piorum minaverit abscondita tenebrarum, et manifestave-
per Spiritum-sanctum, cuj us nunc aliquid pro rit cogitationes cordis, tunc nihillatebit proximum
pignore accepimus, ut ipsam plenitudinem deide- inproximo,nec erit quod suis quisque aperiat, ab-
rare noverimus. Non enim te desolatam putare de- scondat alienis, ubi nullus erit alienus. Lux vero
bes, cum in interiore homine habeas præsentem ipsa, qua illuminabuntur hæc omnia, quæ modo in
(a) Huic ipsi, ut videtur, Italicæ scripta est Johannis Chrysostomi epistola CLXX. qua is Romanam præpotentem femi-
namadhortatur, utpro sua facultate, per se, seuperalios diligentiamadhibeat adsedandamtempestatem in Orientali
ecclesiaexcitatam.
lorsqu'il aura éclairé ce qui est caché dans les voir (I Tim., VI, 16).» C'est-à-dire ce Dieu qui
ténèbres, et qu'il aura mis au jour les plus se- ne peut être vu par l'homme avec les yeux dont
crètes pensées des cœurs, alors il n'y aura plus. il voit les choses corporelles. Car si Dieu était
rien de caché pour nous dans notre prochain, il invisible et inaccessible à l'âme des hommes
n'y aura plus rien qu'on puisse dévoiler aux «
pieux, l'Ecriture ne dirait pas: Approchez-
siens et cacher aux étrangers, là où nul ne sera vous de lui, afin d'en être éclairés (Ps., XXXIII,
étranger. Mais cette lumière même, qui nous 6).» Si ce Dieu était invisible aux âmes saintes,
découvrira tout ce qui est présentement caché l'Ecriture ne dirait pas non plus: « Nous le ver-
dans les cœurs, quel langage pourrait en expri- rons tel qu'il est (1Jean, III, 2),)) car comprenez
mer la nature ou la grandeur? Qui pourrait du bien toute la pensée de saint Jean: «Mes chers
moins la concevoir avec sa faible intelligence? fils, » dit-il, «nous sommes les enfants de Dieu,
Cette lumière n'est autre chose que Dieu lui- mais on n'a pas encore vu ce que nous serons
même, parce que «Dieu est lumière, et qu'il un jour. Nous savons que quand il aura apparu,
n'y a pas de ténèbres en lui (IJean, 1,5).» Mais nous serons semblables à lui, parce que nous
cette lumière n'est visible qu'aux âmes pures, et le verrons tel qu'il est (1 Jean, III, 2); » Nous lé
non aux yeux du corps. L'âme alors sera donc verrons donc autant que nous serons sembla-
capable devoir cette lumière qu'elle ne peut bles à lui, comme nous le voyons d'autant moins
voir encore maintenant. présentement, que nous sommes plus éloignés
3. Mais cette lumière, l'œil du corps ne peut de cette divine ressemblance. Nous le verrons
lavoir maintenant, et ne le pourra pas même donc par où nous lui ressemblerons. Mais qui
alors. Car la chose que l'œil du corps peut aper- serait assez insensé de dire, que c'est par le
cevoir, occupe nécessairement un espace dans corps,que nous sommes présentement, ou que
un lieuquelconque, et par conséquent, n'est nous serons un jour semblables à Dieu ? Cette
pas tout entière dans chaque partie de l'espace ressemblànce est dans l'homme intérieur, qui se
qu'elle remplit, elle doit occuper un espace plus renouvelle dans la connaissance de Dieu, selon
petit par sa moindre partie, et plus grand par sa l'image de celui qui l'a créée. Nous lui ressem-
plus grande. Il n'en est pas de même du Dieu blerons d'autant plus que nous aurons fait plus
invisible et incorruptible, « qui, seul possède
l'immortalité et habite une lumière inaccessi-
ble, ce Dieu que nul homme n'a vu et ne peut
:
de progrès dans sa connaissance et dans son
amour «Car quoique notre homme extérieur
se détruise, l'homme intérieur se renouvelle de
:
leur enveloppe corporelle, à la résurrection,
verront Dieu de la même manière maintenant
5. Que l'homme charnel, enivré de pensées
charnelles, écoute ces paroles de l'apôtre: «Dieu
sicut dicit Apostolus, « facie ad faciem (Cor., xm, Deum esse visuros : nunc jami-tam possibilitatem
12). » In quibus verbis certe si corporalem faciem etiam impiis donaverunt. Donent sane quantum
voluerimus accipere, consequens erit, ut etiam Deus volunt, et quibus volunt. Nam quis audeat contra-
talem habeat faciem; et sit aliquod inlervallum dicere hominibusde suo donantibus?«Quienimlo-
inter nostram et ipsius, cum eum videbimus facie quiturmendacium, de suo loquitur (Johan.,VIII,44).»
ad faciem. Et si intervallum, utique finis, et mem- Tu autem cum his quisanam doctrinam tenent, nihil
brorum habitus terminatus, et cetera absurda dictu-
que et cogitatu impia, quibus animalis homo, non « Beati mundo corde,
:
istorum audeas usurpare de tuo sed cum legis,
quoniam ipsi Deum videbunt
percipiens quæ sunt spiritus Dei, fallacissimis vaui- (I Cor., XIll; 12); » intellige impios non visuros :
tatibus luditur. neque enim beati et mundi corde sunt impii. Item
4. Dicant enim quidam eorum, qui talia garriunt, cum legis, « Videmus nunc per speculum in æni-
sicut ad me potuit pervenire, nos Deum videre nunc gmate, tunc autem facie ad faciem (Matth.,V,8): D
mente, tunc corpore, ita ut etiam impios eum pari intellige inde nos tunc visuros facie ad faciem, un-
modo asseverent esse visuros. Vide quantum in de videmus nunc per speculum in ænigmate. Hoc
pejus profecerit, dum sine limite timoris vel pudo- autem utrumque interioris hominis munus est,
ris, hac atque illac vagabunda fertur impunita lo- sive cum in ista peregrinatione adhuc per fidem
quacitas. Antea dicebant, carni suæ tantum hoc ambulatur, in qua utitur speculo et ænigmate,
praestitisse Christum, ut corporeis oculis videret sive in illa patria cum per speciem contempla-
Deum : deinde addiderunt etiam, omnes sanctos bitur, pro qua visione positum est, « facie ad fa-
receptis in resurrectione corporibus, eodem modo cien. »
est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, leur proposons. Nous leur demanderons ensuite
l'adorent en esprit et en vérité (Jean, IV, 24). » pourquoi ils attribuent aux yeux seuls du Christ,
Qui oserait affirmer qu'on peut voir la substance et non à ses autres sens, un privilége si admi-
de Dieu avec les yeux du corps? Ceux qui pen- rable. Dieu sera donc aussi un son, pour que les
sent ainsi croient sans doute être très-subtils oreilles puissent l'entendre, une odeur, pour
dansleur raisonnement et nous confondre en
:
nous disant Le Christ a-t-il pu, ou n'a-t-il pas
pu donner à sa chair le privilègede voir son
que l'odorat puisse le sentir, une liqueur, pour
être atteint par le goût, quelque chose de mas-
sif, pour être atteint par le toucher? Non, di-
père? Si nous leur répondons qu'il ne l'a pas ront-ils. Quoi donc? Dieu peut-il faire que cela
pu, ils nous accuseront de porter atteinte à la soit, ou ne le peut-il pas? S'ils répondent qu'il
toute-puissance divine. Si nous leur accordons ne le peutpas, pourquoi mettent-ils ainsi des
qu'il l'a pu, ils concluront de notre réponse bornes à la toute-puissance divine? S'ils répon-
que leur raisonnement était juste. J'aime bien dent qu'il le peut, mais qu'il ne le veut pas,
mieux la folie de ceux qui prétendent que la pourquoi accorder ce privilége seulement aux
chair se convertira un jour en substance divine, yeux de Jésus-Christ, et en priver les autres
et qu'elle sera ce que Dieu est lui-même. Ils la sens de son corps? Peuvent-ils donc pousser
rendraient du moins ainsi capablede voir Dieu, leur folie aussi loin qu'ils le veulent? Pour nous,
ce qu'elle ne peut faire maintenant à cause de ce ne sont pasdes bornes que nous voudrions
la grande différence qui la sépare de lui. Mais mettre à leur folie, nous voudrions la guérir
leur foi, je pense, et peut-être leurs oreilles tout à fait.
se refuseraient à une telle erreur. Si onles pres- 6. Nous aurions bien d'autres raisons à pro-
sait par les mêmes questions, si onleur deman- duire, pour réfuter leur démence. Si elle arrive
dait si Dieu peut ou ne peut pas faire cela en; jusqu'à vos oreilles, lisez-leur ce que je vous
;
répondant qu'il ne le peut pas, ils diminuent sa
puissance en accordant qu'il le peut, ils avouent
que Dieu pourra un jour, être vu avec les yeux
écris, et ne craignez pas de me faire part, comme
vous le pourrez de leurs réponses. C'est parce
que la vue de Dieu nous est promise pour ré-
du corps. Qu'ils dénouent donc le dilemme compense de notre foi que nos cœurs doivent
qu'ils nous proposent comme celui que nous être purifiés par la foi. Or, si cette vue pouvait
5. Audiat C.irO carnalibus ebria cogitationibus; exeant de suo. Deinde cur solis oculis corporeis
a Spiritus est Deus, et ideo qui adorant Deum, in Christi, hoc donum adtributum esse contendunt,
spiritu et veritate oportet adorare (Johan., IV, 24).» non etiam ceteris sensibus? Sonus ergo erit Deus,
Si adorare, quanto magis videre? Quis enim au- ut possit etiam auribus percipi? Et halitus erit, ut
deat affirmare Dei substantiam corporaliter videri, sentiri possit olfactu? Etliquor aliquis erit, ut pos-
cum eam noluerit corporaliter adorari ? Sed sit et bibi? Et moles erit, ut possit et tangi?
argute sibi videntur dicere, et quasi interrogando Non, inquiunt.. Quid ergo? An illud potest Deus, et
premere, Potuit Christus carni suæ pra-stare, ut hoc non potest? Si non posse dixerint, cur derogant
oculis corporeis videret Patrem, an non potuit? Ut omnipotentiæ Dei? Si posse et nolle responderint,
(1) Ecrite l'an 408. — Cette lettre était la 46e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins, et celle qui
était la93°, se trouve maintenant
(2) Aujourd'hui Ténès.
la 181e.
tenacius habitabit et fixius, nisi unde se Deum vi- studio vindicandi : aliaque subjicit permulta contra
?
surum esse prsesumit Quod certe quantum ma-
lum sit, intelligentiæ potius dimitto tuæ, quam
pervicaeiam et anabaptismum Donatistarum.
longo sermone molior explicare. (a) In protectione DILECTXSSIMO FRATRI VINCENTIO, AUGUSTINCS.
Domini semper habitet cor tuum, Domina eximia CAPUT I.—1.AccepiEpistolam, quamtuam esse
et merito præstantissima, atque Christi caritate ho- mihi non incredibile visum est. Adtulit enim earn,
?
noranda filia Honorabiles tecum nobisque in Do- quem catholicum Christianum esse constaret, qui,
mino dilectissimes filios tuos debito meritis vestris ut opinor, mihi mentiri non auderet. Sed et si forte
officioresaluta.
non. sunt litterae tuse, ego ei qui scripsit rescriben-
dum putavi. Nunc me potius quietis esse avidum et
EPISTOLA XCIII. petentem, quam tunc cum me adoleseentem, vivo
adhuc Rogato cui successisti, apud Carthaginem
Augustinus Vincentii e schismate Rogatiano episcopi noveras. SedDonatistæ nimium iuquieti sunt, quos
Cartennensis epistolam refellens dicit visum sibi per ordinatas a Deo potestates cohiberi atque corrigi
fuisse aliquando, non vi cum hæreticis, sed verbo mihi non videtur inutile. Nam de multorum jam
Dei et ratione agendum; verum sententiis aliorum correctione gaudemus, qui tam veraciter unitatem
exeniplisque superatum mutasse sententiam, et catholicam tenent atque defendunt, et a pristino
arbitrari leges principum recte implorari adversus errore se liberatos esse lætantur,ut eos cum magna
hostes fidei, modo id fiat animo corrigendi, non gratulatione miremur. Qui tamen nescio qua vi
(a) Reliqua verba prorsus absunt a MSS. sedecim.
d'entre eux ramenés par ce moyen, sont pour bien, sans l'avoir vu, que le Christ était élevé
nous un sujet dejoie, comme aussiun sujet d'ad- au plus haut des cieux, mais ils niaient, même
miration, quand nous considérons la sincérité en la voyant, que sa gloire fût répandue sur
avec laquelle ils retiennent et défendent l'unité toute la terre. Cependant le prophète a claire-
catholique, et la joie qu'ils ressentent d'avoir ment annoncé l'une et l'autre chose, lorsqu'il
été délivrés de leur ancienne erreur. Cependant,
telle est la force d'une mauvaise habitude, que
:
dit « 0 Dieu, élevez-vous au plus haut des
cieux; et que votre gloire éclate sur toute la
jamais ils n'auraient songé à se corriger, si la terre (Ps.,CVII, 6) ! *
crainte des lois ne les eût forcés à rechercher la 2. C'eût été rendre le mal pour le mal à ces
vérité: et ne leur eût faitpenser, qu'en souffrant hommes autrefois nos ennemis acharnés, trou-
avec une vaine et infructueuse patience ces blant notre paix et notre repos par des violences
peines temporelles pour l'orgueil et la perver- et des embûches de toute espèce, que de ne pas
sité des hommes, et non pour la justice, ils de- chercher les moyens de les effrayer et de les
vaient s'attendre à recevoir de Dieu les châti- corriger. En effet, si quelqu'un voyait son en-
ments réservés aux impies, qui ont méprisé ses nemi devenu furieux dans un transport de
avertissements et ses corrections paternelles. fièvre, courir vers un précipice, ne serait-ce pas
Voilà ce qui les a rendus dociles, à la vérité, et lui rendre le mal pour le mal, que de le laisser
capables de reconnaître cette Eglise répandue courir à la mort, plutôt que de le saisir et de le
sur toute la terre, selon les promesses faites et lier? Ce frénétique prendrait ce service et cet
annoncées, non par les fables et les calomnies acte de charité pour un outrage et pour un effet
humaines, mais par les Livres Saints ou Jésus- de haine, mais revenu à la santé, il rendrait à
Christ est annoncé, et sur la foi desquel sils son libérateur des actions de grâces d'autant
croient, sans l'avoir vu, - qu'il est maintenant plus abondantes, que celui-ci l'aurait moins mé-
élevé au plus haut des cieux. N'aurais-je donc nagé. 0 si je pouvais vous montrer combien
pas été l'ennemi du salut de tous ces hommes- nous avons déjà ramené à la foi catholique de
là, si j'avais détourné mes collègues de cette sol- circoncellions, déplorant leur vie passée, et la
licitude parternelle, par suite de laquelle nous malheureuse erreur par laquelle ils croyaient
voyons aujourd'hui beaucoup de donatistes dé- servir l'Eglise de Dieu, en faisant tout ce que
plorer leur ancien aveuglément? Ils croyaient leur inspirait leur inquiète témérité ! Cependant
consuetudinis, nullo modo mutari in melius cogi- cum Propheta utrumque una sententia tanta ma-
tarent, nisi hoc terrore perculsi, sollicitam men- nifestasione complexus sit, dicens, « Exaltare
tem ad considerationem veritatis intenderent, ne super cælos Deus, et super omnem terram gloria
forte si' non pro justitia, sed pro perversitate et tua (Psal., eVil, 6). »
præsumtionehominum ipsas temporales molestias; 2.Istos ergo atroces quondam inimicos nostros,
infructuosa et vana tolerantia paterentur, apud pacem et quietem nostram variis violentiarum et
Deum postea non invenirent nisi debitas pœnas insidiarum generibus graviter infestantes, si sic
:
impiorum, qui ejus tam lenem admonitionem, et
paterna flagella contemserint ac sic ista cogita-
tione dociles facti, non in calumniis et fabulis hu-
contemneremus et toleraremus, ut nihil omnino,
quodad eos terrendos ac corrigendosvalereposset,
excogitaretur et ageretur anobis, vere malum pro
manis, sed in divinis libris promisssam per omnes malo redderemus. Si enim quisquam inimicum
gentes invenirent Ecclesiam; quam suis oculis red- suum periculosis febribus phreneticum factum,
di conspicerent, in quibus et Christum prænuntia- currere videret in præceps, nonne tunc potius
tum, etiam non visum super cælos esse minime malum pro malo redderet, si eum sic currere
dubitarent. Numquidnam ego istorum saluti invi- permitteret, quam si corripiendum ligandumque
dere debebam, ut collegas meos ab hujusmodi pa- curaret? Et tamentune eimolestissimus, etadver-
terna diligentiarevocarem, per quam factum est, sissimus videretur, quando utilissimus et miseri-
ut multos videamus accusare suam pristinam cæci- cordissimus exstitisset? sed plane salute reparata
tatem? qui cum super cælos exaltatum Christum, tanto nberius ei gratias ageret, quanto sibi eum
etiam non videntes credebant; gloriam tamen ejus minus pepercisse sensisset. 0 si possem tibi osten-
super omnem terram, etiam videntes negabant, dere, ex ipsis Circumcellionibusquam multosjam
ils n'auraient jamais étérendus à la santé, s'ils
n'avaient pasété retenus, comme les frénétiques,
:
qu'il a été écrit « J'ai flagellé en vain vos fils;
ilsn'ontpasaccepté lechâtiment (Jérém, II,30).»
par les liens de ces lois qui vous déplaisent. Il y Cependant leur châtiment n'avait pas été l'effet
avait encore un autre genre de maladie très- de la haine mais de lacharité. Vous devez aussi
grave, c'était celle de ces gens qui, sans avoir la songer au grand nombre de ceux dont le salut
même turbulence et la même audace, empêchés est pour nous un sujet de joie. Si on se conten-
; :
seulement par une ancienne et pesante léthar-
gie, nous disaient Ce que vous nous dites est
vrai il n'y a rien à y répondre, mais il nous est
tait de les effrayer sans les instruire, ce serait
là une tyrannie cruelle. D'autre part, si on se
bornait à les instruire, sans leur inspirer quel-
pénible de renoncer àla tradition de nos ancêtres. que crainte, endurcis dansleurs habitudes invé-
N'était-il pasnécessaired'employer contre lesma- térées, ils arriveraient bien difficilement à
lades de cette espèce le remède salutaire de la prendre la voie qui mène au salut. Nous en con-
crainte despeines temporelles, pour les tirer de ce naissons aussi plusieurs qui, tout en admettant.
sommeilfuneste, etlesréveillerausalut de t'uni- lavérité manifestée par des preuves divines,
té? Combien en est-il maintenantparmi eux, qui nousexprimaient leur désir d'entrer dans la
se réjouissent avec nous, tout en regrettant leurs communion de l'Eglise catholique, mais aussi
anciennes œuvres qui pèsent encore sur leur leur crainte d'être exposés à la haine violente
conscience, et qui nous savent gré de les avoir des hommes pervers, haine cependantqu'ils de-
molestés, parce qu'autrement ils auraient péri vraient mépriser pour la justice et la vie éter-
dans le mal de leur apathie, comme dans un nelle. Il faut supporter la faiblesse de ces gens-
sommeil mortel. là, ét attendre que la force leur vienne, mais
3. Mais, direz-vous, ces moyens ne profitent non pas les désespérer.Nous ne devons pas ou-
à
pas à tous. Faut-il donc renoncer la médecine
parce qu'il y a des maladies incurables? Vous faible:
blier ce que le Seigneur a dit à Pierre encore
« Vous ne pouvez pas maintenant me
suivre, mais vous me suivrez plus tard (Jean,
ne songez qu'à ceux qui sont tellement endur-
cisdans le mal, que le châtiment même n'a pas XIII, 36).» En faisant marcher de pair une
produit d'effet sur eux. C'est de tels hommes crainte utile et un enseignementsalutaire, pour
catholicas manifestos habeamus. damnantes suam lorum est insanabilis pestilentia ? Tu non adtendis
pristinamvitam etmiserabilomerrorem, quose nisi eos, qui ita duri sunt, ut nec istam recipiant
:
arbitrabanturpro Ecclesia Dei facere quidqnid in-
quieta temeritate faciebant qui tamen ad hanc
sanitatem non perducerentur, nisi legum istarum,
disciplinam. Detalibusenim scriptume st, «Frustra
flagellavi filios vestros, disciplinam non rece-
»
perunt (Jer., IJ, 30), puto tamen quia dilectione,
quæ tibi displicent, vinculis tamquam phrenetici non odio flagellati sunt. Sed debes etiam tam mal-
ligarentur. Quid illud alterum genusmorbigravis- tos adtendere, de quorum salutegaudemus.Sienim
simi eorum, qui turbulentam quidem audaciam terrerentur, et non docerenLur, improba quasi
non babebant, sed quadam vetusta socordia pre- dominatio videretur. Rursus si docerentur et non
mebantur, dicentes nobis, Verum quidem dicitis,
non est quod respondeatur; sed durum est nobis
traditionem parentum relinquere : nonne salubri-
terrerentur, vetustate consuetudinis obdurati ad
capessendam viam salutis pigrius moverentur
quandoquidem multi, quos bene novimus, reddita
:
ter regula (a) temporalium molestiarum excutiendi sibi ratione et manifestata divinis testimoniis veri-
erant, ut tamquam de sommo lethargico emerge- tate, respondebant nobis, cupere se in Ecclesiæ
rent, et in salutem unitatis evigilarent? Quam catholicæ communionem transire, sed violentas
multi ex ipsis nunc nobiscum gaudentes,pristinum perditorumhominum inimicitias formidare; quas
pondus perniciosi sui operis accusant, et fatentur quidem pro justitia et pro ætern i vita utique con-
nos sibi molestos esse debuisse, ne tamquam mor- temnere debuerunt: sed talium infirmitas, donec
tifero somno, ita morbo veternosæ consuetudinis firmi efficiantur, sustinenda est, non desperanda.
interirent. Nec obliviscendum quod ipse Dominus adhuc in-
3. At enim quibusdam ista non prosunt. Num- firmo Petro ait, « Non potes me modo sequi,
quid ideo negligendaest medicina, quia nonnul- sequeris autem postea (Johan., XIII, 36). » Cumvero
, <
(a) Lov. regulatemporali. Bad. Am. Er. et MSS. plures;regula temporalium.
que d'un côté la lumière de la vérité dissipe les mordant remède de la tribulation. Il éprouve
ténèbres de l'erreur, et que de l'autre, la force par la faim ses pieux et saints prophètes : il pu-
de la crainte brise les liens des mauvaises habi, nitsévèremant la rébellion de son peuple; et
tudes, nous parvenons, comme je l'ai dit, à pour faire triompher la vertu dans la faiblesse,
nous réjouir du salut de beaucoup d'hommes, il ne délivre pas l'Apôtre de l'aiguillon de la
qui avec nous bénissent et remercient Dieu, chair, malgré sa prière trois fois renouvelée.
d'avoir accompli la promesse qu'il avait faite- Aimons nos ennemis, parce que cela est juste
de faire servir les rois de la terre devenus ser- et que Dieu nous l'ordonne, afin d'être les fils
viteurs du Christ, à la guérison des malades et de notre père qui est aux oieux, qui fait lever
des infirmes. son soleil sur les bons et les méchants, et qui
CHAPITRE II — 4. Celui qui nous épargne,
;
n'est pas toujours notre ami et celui qui nous
châtie n'est pas pour cela notre ennemi. Les
fait descendre sa rosée sur les justes et sur les
injustes (Matth., V, 45). Maistout en le louant de
ses bienfaits, n'oublions pas qu'il châtie aussi
blessures faites par un ami, sont meilleures ceux qu'il aime.
que les baisers d'un ennemi et mieux vaut 5. Vous pensez que personne ne doit être
une tendresse sévère, qu'une douceur trom- forcé à la justice. Vous lisez cependant que le
peuse. On rend plus de service à quelqu'un père de famille a dit à ses serviteurs: «Tous
qui a faim, en lui ôtant son pain, lorsque ceux que vous trouverez, forcez-les d'entrer
tranquille sur sa nourriture, il néglige la jus- »
(Luc.,XIV, 23). Vous lisez aussi que Saul, ap-
tice, qu'on ne ferait dans le même cas en lui pelé ensuite Paul, fut forcé par une grande vio-
donrant du pain, pour le séduire et l'attirer à lence du Christ de reconnaître et d'embrasser
l'injustice. Celui qui lie un frénétique, et réveille la vérité (Act., IX, 5.) Vous ne croyez sans doute
un léthargique, les aime tous les deux, quoi- pas que l'argent, ou tout autre bien de ce
qu'il les tourmente l'un et l'autre. Qui peut monde, soit plus cher aux hommes que cette
?
nous aimer plus que Dieu Cependant il ne cesse lumière du jour, que nous recevons par les
de mêler à la douceur de ses leçons la salutaire yeux? Cependant Paul renversé par une voix
terreur de ses châtiments. Aux doux moyens céleste, perdit cette lumière, et ne la recouvra,
par lesquels il nous console, il mêle aussi le qu'après s'être incorporé à la sainte Eglise.
terrori utili doctrina salutaris adjungitur, ut non et religiosos: populum contumacem pænis gravio-
solum tenebras erroris lux veritatis expellat, verum ribus agitat: non aufert ab Apostolo stimulum car-
etiam malæ consuetudinis vincula vis timoris ab- nis tertio rogatus, ut virtntem in infirmitate perfi-
rumpat, demultorum sicut dixisalutelætamur,be- ciat. Diligamus etiam inimicos nostros, quia hoc
nedicentium nobiscum, et gratias agentium Deo, justum est, et hoc præcipit Deus, ut simus filii Pa-
quod sua pollicitatione completa, qua reges terræ tris nostri qui in cælis est (Matt., v,45), qui facit
Christo servituros esse promisit, sic curavit mor- solem suum oriri super bonos et malos, et pluit su-
bidos, sic sanavit infirmos. per justos et injustos. Sed sicut ista dona ejus lau-
:
sunt vulnera amici ,
CAPUT II. — 4. Non omnis qui parcit, amicus
est nec omnis qui verberat, inimicus. Meliora
quam voluntaria oscula
inimici (Prov.,XXVII, 6). Melius est cum seve-
damus, ita etiam flagella ejus in eos, quos diligit,
cogitemus.
5. Putas neminem debere cogi ad justitiam, cum
legas patrem familias dixisse servis, « Quoscumque
ritate diligere, quam cum lenitate decipere. inveneritis cogite intrare (Lncæ, XIV, 23): » cum
Utilius esurienti panis tollitur, si de cibo securus legas etiam ipsum primo Saulum, postea Paulum
justitiamnegligat, quam esurienti panis frangi- (Act., IX, 5), ad cognoscendam et tenendam verita-
tur, ut injutitiæ seductus adquiescat. Et qui phre-
neticum ligat, et qui lethargicum excitat, ambo-
bus molpptus, ainbos amat. Quis nos potest amplius
:
tem, magna violentia Christi cogentis esse compul-
sum nisi forte cariorem putas hominibus esse pe-
cuniam, vel qualemlibet possessionem,quam lucem
amare,quam Deus?Ettamen nos non solum do- islam,quæoculis carpitur. Hancillecælesli pro-
cere suaviter, verum etiam salubriter terrere non stratus voce subito amissam non recuperavit, nisi
cessat. Fomentis lenibus, quibus consolatur, sæpe cum sanctæ incorporaretur Ecclesiæ. Et putas nul-
etiam mordacissimum medicamentumtribulatio- lamvim adhibendam essehomini, ut ab erroris
nis adjungens, exercet fame Patriarchas etiam pios pernicie liberetur: cum ipsum Deum, quo nemo
Pensez-vous après cela qu'on ne doive faire au- à ceux qui peuvent le comprendre, que l'Eglise
cune violence à l'homme, pour le délivrer de catholique par l'orgueil etl'impiété des hommes
l'erreur, quand Dieu lui-même nous en donne charnels souffre bien plus persécution, que
évidemment l'exemple, ce Dieu qui nous aime ceux qu'elle s'efforce de convertir parla crainte
plus que personne puisque le Christ nous dit :
et les peines temporelles. Ainsi tout ce que fait
«Personne ne vient à moi si le père ne l'attire la vraie et légitime mère, quelque dur et amer
»
(Jean, VI, 44). Or, c'est ce qui se passe dans le que nous paraisse son traitement, ne rend pas
cœur de tous ceux qui se convertissent à Dieu, le mal pour le mal, mais elle applique le re-
par crainte de sa colère divine. Ne savez-vous mèdesalutaire de la correction, pour éloigner
pas que quelquefois levoleur répand de l'herbe, de nous le mal de l'iniquité, et cela, non par
pour attirer les brebis hors du bercail, et que le haine, ni pour nuire, mais par amour, et pour
pasteur se sert quelquefois de la verge, pour y guérir. Ainsi, puisque les bons etles méchants
faire rentrer le troupeau dispersé? font et souffrent souvent les mêmes choses, ce
6. Sara, en ayant reçu le pouvoir n'affligea- n'est ni par ce qu'ils font, ni par ce qu'ils souf-
?
t-elle pas la servante rebelle Et cependant frent, mais par les causes mêmes qu'il faut
elle ne haïssait pas Agar qu'elle aimait jusqu'à établir entre eux une différence. Pharaon écra-
lui permettre de devenir mère, mais elle vou- sait le peuple de Dieu par de pénibles travaux
lait dompter en elle l'esprit de rébellion et (Exod., v, 9); Moïse châtiait par des peines
d'orgueil. Or, vous n'ignorez pas que ces deux sévères l'impiété de ce même peuple (Exod.,
femmes, Sara et Agar, et leurs deux fils Isaac et XXXII, 27). L'un et l'autre faisaient les mêmes
Ismaël, représentent ici les enfants de l'esprit choses, mais non dans le même but.C'était
et ceux de la chair. Et quoique nous lisions, l'esprit d'orgueil et de domination qui pous-
que la servante et son fils ont été durement sait le premier, c'était la charité etl'amour
traités par Sara, l'Apôtre saint Paul nous dit qui enflammaient le second. Jézabel fit mourir
« qu'Isaac a effectivement été persécuté par les prophètes (fil Pois, XVIII, 4), et Elie les
»
Ismaël, mais ajoute-t-il, a comme alors celui faux prophètes (III Rois, XVIII, 40). Ici, évidem-
qui était né selon la chair, persécutait celui qui ment ceux qui donnent la mort ou qui la re-
était né selon l'esprit, ainsi en est-il aujour- çoivent, n'ont pas le même mérite.
d'hui (Gal., IV, 29). » Par là, l'Apôtre montre 7. Considérez maintenant, les temps du Nou-
nos utilius diligit, certissimis exemplis hoc facere secundum carnem, persequebatur eum, qui erat
videas, etChristum audias dicentem, « Nemo venit secundum spiritum, ita et nunc (Gal., IV, 29) ut qui
ad me, nisi quem Pater adtraxerit (Johan,VI, 44), » possunt intelligant, magis Ecclesiam catholicam
quod fit in cordibus omnium, qui se ad eum divi- persecutionem pati superbia et impietate carna-
nae iracundiæ timore convertunt; et noveris ali- lium, quos temporalibus molestiis atque terroribus
quando furem avertendis pecoribus pabulum spar- emendare conatur. Quidquid ergo facit vera et legi-
gere, et aliquando pastorem flagello ad gregem tima mater, etiamsi asperum amaruquesentiatur,
pecora errantia revocare. non malum pro malo reddit; sed bonum disciplinæ,
6. Nonne contumacem ancillam data sibi pote- expellendo malum iniquitatis, apponit, non odio
state, Sara potius affligebat (Gen., XVI, 7)? Et uti- nocendi, sed dilectione sanandi. Cum boni et mali
que noncam, quamsuperius beneficio suo matrem eadem faciunt, eademque patiuntur, non factis et
fecerat,,crudeliter oderat; sed in ea superbiam pænis, sed caussis utique discernendi sunt. Pharao
salubriter edomabat. Non autem ignoras, quod populum Dei duris laboribus adterebat(Exod., v, 9) ;
istæ duæ mulieres Sara et Agar, et duo filii earum Moyses eumdem populum impie agentem duris
Isaacet Ismaël, pro spiritalibus et carnalibus figu-
rentur. Et cum legamus ancillam et filium ejus a
Sara passos graves molestias, Paulus tamen aposto-
:
coërcitionibus affligebat (Exodi, XXXII, 27): similia
fecerunt, sed non similiter prodesse voluerunt ille
dominatione inflatus, iste (a) dilectione inflammatus
lus dicit, quod ab Ismaële persecuutionem sit pas- est. Jezabeloccidit Prophetas (III Reg., XVIII, 4),
sus Isaac. « Sed sicut tunc, » inquit, « ille qui erat Elias occidit psendoprophetas (Ibid.,40), puto
quod diversa sint merita facientrum, diversa passo- ob quam fecerunt ? Tres cruces in loco uno erant;
rum.
7. Adspice etiam tempora novi Testamenti,
quando jam ipsa mansuetudo caritatis non solum in
corde erat servanda, verum etiam in luce mon-
stranda, quando Petri gladius in vaginam revoca-
damnaturus;
in una, latro liberandus in alia, latro damnandus
:
in media, Christus, alterum liberaturus, alterum
quid similius istis crucibus? quid
dissimilius istis pendentibus? Traditus est Paulus
includendus et colligandus (Act., XVI, 23), sed quo-
;
tur a Christo, et ostenditur non debuisse de vagina libet custode carceris pejor est utique satanas; cui
eximi nec pro Christo (Matth., AXVI; 53). Legimus tamen ipse Paulus tradidit hominem in interitum
tamen non solum, quod ceciderunt Judæi Paulum carnis, ut spiritus salvus sit in die Domini Jesu
apostolum, verum etiam quod ceciderunt et Græci (1 Cor., V, 5). Et hic quid dicimus? Ecce mitiori
pro Paulo apostolo Sosthenem Judæum (Act., XVI, tradidit crudelis traditor, crudeliori tradidit mise-
23 et cap., XVI,17) : nonne similitudo facti quasi ricors traditor. Discamus frater in similitudine ope-
utrosque conjungit, et tamen eos caussæ dissimili- rum discernere animos operantium, nec clausis
tudo discernit! Nempe Deus proprio Filio non pe- oculis calumniemur, et benevolos pro nocentibus
:
percit, sed pro nobis omnibus tradidit illum (Rom.,
VIII, 32) nempe de Filio ipso dicitur, « Qui me di-
lexit, et tradidit semetipsum pro me (Gal., II, 20) :
accusemus. Item cum ait idem Apostolus tradidisse
se quosdam satanæ, ut discerent non blasphemare
(I Tim., 1,20), malum pro maloreddidit, an potius
nempe et de Juda dicitur,quod introierit in eum sa- malos etiam per malum emendare, bonum opus
tanas (Johan., xm, 2), ut traderet Christum. Cum esse judicavit?
ergo et Pater tradiderit Filium suum, et ipse Chri- 8.Sisemperessetlaudabile persecutionem pati,
stus corpus suum, et Judas Dominum suum, cur
in hac traditione Deus est pius, et homo reus nisi
quia in re una, quam fecerunt, caussa non una est,
;
sufficeret Domino dieere,
« « Beati qui persecutionem
patiuntur » necadderet, propter justitiam (Mutt.,
v, 10). » Item si semper esset culpabile persecu-
De même, s'il était toujours criminel de persé- CHAPITRE III.
— 9. Mais, direz-vous, on ne
:
cuter les autres, il n'aurait pas été écrit dans trouve pas dans l'Evangile, ni dans les livres
les livres saints « Je persécutais celui qui at- des Apôtres, qu'ils aient jamais eu recours aux
taquait secrètement son prochain (Ps., c, 5).» rois de la terre contre les ennemis de l'Eglise.
Il peut donc arriver que celui qui souffre la On n'y trouve pas effectivement un tel exem-
persécution soit un homme injuste, et que celui ple, mais alors cette prophétie n'était pas en-
qui l'a fait souffrir soit un homme juste. Sans core accomplie. « Et maintenant, ô rois, com-
doute les méchants ont persécuté les bons, prenez, instruisez-vousjuges de la terre servez
comme aussi les bons ont persécuté les mé- le Seigneur dans la crainte (Ps., II, 10). » Alors
;
miers ont eu pour mobile l'injustice, les Psalmiste :
chants, mais avec cette différence, que les pre- s'accomplissait encore cette parole du même
« Pourquoi les nations ont-elles
seconds le désir d'une salutaire correction. frémi? Pourquoi les peuples forment-ils de
modération ;
Ceux-là agissent avec cruauté, ceux-ci avec vains projets? Les rois de la terre seront levés,
les méchants par cupidité, les et les princes se sont réunis contre le Seigneur
bons par charité. Celui qui tue ne regarde pas et contre son Christ (Ps., n, 1, 2). » Mais si les
comment il déchire, mais celui qui veut guérir événements, que les Prophètes nous rappor-
prend garde à ce qu'il coupe. L'un en veut à tent, sont des figures de ce qui devait arriver,
la vie, et l'autre veut arrêter les progrès du le roi qu'on appelait Nabuchodonosor, repré-
mal. Les impies ont tué les Prophètes, et les sente l'état où se trouvait l'Eglise au temps des
Prophètes ont tué les impies. Les Juifs ont fla- Apôtres, et celui où elle est aujourd'hui. Lors-
gellé le Christ, et le Christ flagella les Juifs. que Nabuchodonosor forçait les saints et les
Les Apôtres ont été livrés par les hommes aux justes d'adorer son idole, et les faisait jeter
puissances de la terre, et les Apôtres ont livré dans la fournaise quand ils s'y refusaient, il
les hommes à la puissance des enfers. Que figurait le temps des Apôtres et des martyrs.
; ,
faut-il considérer dans tous ces exemples? Il Mais il figure ce qui s'accomplit' aujourd'hui,
faut examiner qui agissait pour la vérité qui lorsque, converti au culte du vrai Dieu, il or-
pour l'injustice qui voulait nuire, qui cher- donne que tous ceux qui, dans son royaume,
chait à corriger. blasphémeraient contre le Dieu de Sidrach,
tionem facere, non scriptum esset in sanctis libris. « Et nunc reges intelligite, erudimini qui judicatis
« Detrahentem proximo SIlO occulte, hunc perse- terrain;servite Domino in timore (Psal.,n,10).»Adhuc
quebar (Psal., c, 5). » Aliquando ergo et qui eam enim illud implebatur, quodin eodem Psalmo paulo
patitur, injustus est, et qui eam facit, justus est. superius dicitur, « Quare fremuerunt gentes, et po-
Sed plane semper, et mali persecuti sunt bonos, et puli meditati sunt inania? Adstiteruntreges terræ,et
boni persecuti sunt malos : illi nocendo per injusti-
:
tiam, illi consulendo per disciplinam : illi immani-
ter, illi temperanter illi servientes cupidilati, illi
:
caritati. Nam qui trucidat, non considerat quemad-
modum laniet qui autem curat, considerat que-
principesconvenerunt in unum.dversmUominum,et
adversus Christum ejus (Ps., ii, 1, 2).» Verumiamen
si facta Plæterlta in propheticis libris figuræ fue-
runt futurorum, in rege illo, qui appellabatur
Nabuchodonosor,utrumquetempus figuratum est,
madmodum secet, ille enim persequitur sanitatem, et quod sub Apostolis habuit, et quod nunc habet
ille putredinem. Occiderunt impii Prophetas, OLCj- Ecclesia. Temporibus itaque Apostolorum et Mar-
derunt impios et Prophetæ. Flagdlaverunt Judaei tyrum illud implebatur quod figuratum est, quan-
Christum, Judeeos flagellavit et Christus. Fraditi do rex memoratus pios et justos cogebat adorare
sunt Apostoli ab hominibus potestati humanæ, tra- simulacrum, et recusantes in flammam mittebat.
diderunt et Apostoh homines potestati satanæ. In Nunc autem illud impletur quod paulo post in eo-
bis omnibus quid adtenditur, nisi quis eorum pro dem rege figuratum est, cum conversus ad hono-
veritate, quis pro iniquitate, quis nocendi caussa, randum Deum verum, decrevit in regno suo, ut
quis emendandi ? quicumque blasphemaret Deum Sidrac,Misac,et Ab-
CAPUTIII.—9.Noninveniturexemplum in evangeli denago (Dan.,III,9),pæni debitis subjaceret. Prius
cis et apostolicis litteris, aliquid petitum a regibus ergo tempus illius regis signiticabat priora tempora
terrseproEcclesia,contra inimicosEcclesiee.Quisnegat regnum infidelium, quo? passi sunt Christiani pro
noninveniri?Sednonlum implebatur ilia prophetia: impiis: poaterius vero tempus illius regis, signifi-
Misach et Abdenago, soient punis comme ils le cer à votre erreur, que de vous punir d'un
méritent(1) (Dan., 111, 9). Ainsi les premiers crime. Car on peut, sans doute, dire de vous,
temps le ce roi représentent l'époque des rois ce que l'Apôtre dit des Juifs « Je leur rends :
;
infidèles, où les chrétiens ont souffert ce que ce témoignage, qu'ils ont du zèle pour le Sei-
les impies auraient dû souffrir et les derniers gneur, mais non selon la science. Ignorant la
temps de ce prince représentent l'époque des rois justice de Dieu, et voulant établir leur propre
devenus fidèles, sous qui les impies souffrent justice, ils ne se sont pas soumis à celle du
ce qu'on faisait autrefois souffrir aux chré- Seigneur (Rom., x, 23). En effet, voulez-»
tiens. vous établtr autre chose que votre propre jus-
par des pervers, il faut aussi les contraindre, ceux qui ont pu être baptisés par nous La
:
10. Quant aux chrétiens égarés et séduits tice quand vous dites Il n'y a de justifiés que
?
et ramener au bercail les brebis errantes, mais seule différence qu'il y ait entre vous et les
avec mansuétude et une douce sévérité, afin Juifs, dans la pensée de l'Apôtre, c'est que vous
que par l'exil et les amendes, ils apprennent à avez les sacrements chrétiens dont ils sont
:
considérer ce qu'ils souffrent, pourquoi ils encore privés. Du reste, sous le rapport de ces
souffrent, et à préférer ce qu'ils lisent dans les paroles « Ignorant la justice de Dieu, ils veu-
;
saintes Ecritures aux rumeurs et aux calom- lent établir la leur ils ont du zèle pour Dieu,
nies des hommes. En effet, qui de nous, qui de mais non selon la science, » vous leur êtes
vous n'approuve pas les lois portées par les parfaitement semblables, excepté ceux d'entre
empereurs contre les sacrifices des païens? Ce- vous qui, sachant où est la vérité, osent cepen-
pendant le châtiment porté contre ce crime est dant encore, dans leur animosité et leur per-
bien plus terrible, puisque c'est la peine capi- versité, combattre cette vérité (2) qui leur est
-là
tale. Pour vous, dans les châliments qu'on très-connue. L'impiété de ces hommes
vous inflige, on a plutôt en vue Je vous don- surpasse peut-être l'idolâtrie mais comme ils
ner des avertissements pour vous faire renon- ne peuvent pas en être facilement convaincus,
;
(1)
:
Sidrach, Misach et Abdenago étaient ces trois Juifs à qui Nabuchodonosor avait donné sa confiance et dont
:
Daniel, 3. 12, dit Sunt ergo viri judœi, quos contituisti super opera regionis Babylonis, Sidrach,Misach etAbdenago, c'est-
Abdenago; a
::
à-dire, il y certains Juifs que tu as établi sur les affaires de la province de Babylone, savoir Sidrach, Misach et
ils furent jetés dans la fournaise ardente et sauvés miraculeusement.
(2) Cinq manuscrits français donnent contra veritatem eliam impietatem defendunt, qttœ idololatriam forsttan superat.
: :
Trois manuscrits du Vatican portent ceci contra veritatem etiam sibi notissimam dimicantes impietatem defendunt. Horum
quippe, etc. — Le sens de la première version est « Ils défendent l'impiété au lieu de défendre la vérité, ce qui surpasse
l'idolâtrie. » Le sens de la seconde version est « En combattant contre la vérité qui leur est connue, ils défendent
l'impiété.
cavit tempora posteriorum regum jam fidelium, de vobis dici, quodaitApostolus de Judaeis, «Testí-
quos patiuntur impii pro Christianis. monium illis perhibeo; quiazelum Dei habent,sed
10. Sed plane in eis, qui sub nomine Christi non secundum scientiam. Ignorantes enim Dei ju-
errant seducti a perversis, ne forte oves Christi sint stitiam, et suam volemes constituere, justitiæ Dei
errantes, et ad gregemtaliter revocandae sint, tem- non suutsuhjecti (Rom., x, 2). » Quid enim aliud
perata severitas et magis mansuétude servatur, ut et vos quam vestram justitiam vultis constituere,
coercitioneexsiliorum atque damnorum,admonean- quando non dicitis justiticari nisi eos, qui a vobis
tur considerare quid, quare patiintur, et discant potuerint baptizari? In hac ergo apostolica senten-
præponere rumoribus et calumniis hominum Scrip- tia, quam de Judæis protulit, hoc distatis a Judæis,
tura quas legunt. Quis enim nostrum, quis ve- quod vos habetis sacramenta Christiana, quibus
strum non laudat leges ab Imperaturibus datas ad- illi adhuc carent. Ceteruin ad hoc quod ait, « Igno-
versus sacriticia paganorum ? Et certe longe ibi rantes Dei justitiam, etsuam volentes constítuere,»
;
poena severior constituta est illius quippe impie-
tatis capitale supplicium est. De vobis autem cor-
et quod « zelum Dei habent. sed non secundum
scientiam (Ibid., 3), » pares estis omnino, exceptis
ripiendis atque coercendis, habita ratio est, quo dumtaxat illis, quicumque in vobis sunt, scientes
potius admoneremini ab errure discedere, quam quid verum sit, et pro animositate suæ perversita-
pro scelere puniremini. Potest enim fortasse etiam tis, contra veritatem etiam (a) sibi notissimam dimi-
(a) MSS. quinque Gallicani.contra veritatem etiam impietatem deendunt, gum idololatriam forsitan superat. Vaticani tres
contra veritatem etiam sibi notissimam dimicantes impietatem defendant. Horum quippe etc.
car ce mal est caché dans leur cœur, vous êtes injure pour injure; quand on vous persécute,
tous regardés comme moins éloignés de nous vous ne veuilliez même pas vous défendre par
que les païens, et vous êtes punis avec moins ;
les voies de la loi ce n'est pas ainsi que Rogat
de sévérité. Ce que je dis de tous lesDonatistes votre chef, a compris et a accompli cette pa-
peut s'appliquer à tous les hérétiques qui, role de l'Apôtre, lui qui, pour je ne sais
malgré leur initiation aux sacrements chrétiens, à
quelles choses que vous prétendiez être vous,
sont séparés de la vérité et de l'unité de Jésus- contesta avec tant d'opiniâtreté qu'il porta
Christ. l'affaire jusque devant les tribunaux. Si on lui
11. Pour ce qui nous regarde, vous qui :
avait dit Quel Apôtre, même dans l'intérêt de
la foi, a jamais défendu son bien en justice,
non-seulement êtes appelés donatistes à cause
de votre communion avec Donat, mais encore
Rogatistes à cause de Rogat, vous paraissez
:
comme vous avez dit dans votre lettre « Quel
Apôtre, même dans l'intérêt de la foi, à jamais
plus doux parce que vousne participez pas le
envahi- ?
bien d'autrui » Il n'aurait trouvé
aux cruautés de ces barbares Circoncellions, dans les Livres Saints aucun exemple d'unfait
mais on ne dit pas qu'une bête est douce pareil: mais il auraittrouvé sans doutequelque
quand elle ne blesse personne, parce qu'elle moyen légitime de défense s'il était resté dans
n'a ni dents, ni griffes. Vous ne voulez, dites- la véritable et légitime Eglise, et s'il ne s'était
vous, faire aucun mal,moi je crois que vous ne pas servi du nom de la véritable Eglise pour
lepouvèz pas.Vous êtes en effet trop peu nom- se maintenir impudemment dans la possession
breux pour oser, malgré votre envie, entre- de ce qui n'appartenait qu'à elle.
prendre quelque chose contre les multitudes CHAPITRE IV. — 12. Quand il s'est agi
qui vous sont opposées. Mais supposons que d'obtenir et de faire exécuter les ordonnances
vous ne veuilliez point ce que vous ne pouvez des puissances séculières contre les schismati-
l'Evangile :
pas. Supposons que,pour observer la parole de
« Si quelqu'un veut vous prendre
votre tunique et plaider contre vous laissez-lui
tiques et les hérétiques, ceux qui s'étaient
séparés de vous ont montré,d'après ce quenous
avons appris,une extrême violence contre vous,
votre manteau (Mat., v, 40), » loin de rendre et contre les Maximianistes, comme le prou-
cantes. Horum quippe impietas, etiam idololatriam pallium (Matth., v, 40),» sic intelligere, sic tenere,
forsitan superat. Sed quia non facile convinci pos- ut persequentibus vos non solum nulla injuria, ve-
sunt (in animo namque latet hoc malum) omnes rum etiam nullo jure resistendum putetis : hunc
tamquam (a) a nobis minus alieni, leniori severitate certe intellectual Rogatus auctor vester, aut non
coercemini. Et hoc quidem, vel de omnibus hære- habuit, aut non implevit; qui de nescio quibus re-
ticis, qui Christianis sacramentis imbuuntur, et a bus, ut dicitis vestris, acerrima perseverantia,
Christi veritate sive unitate dissentiunt, vel Dona- etiam forensi disceptatione conflixit. Cui si dicere-
tistis omnibus dixerim. tur, Quis umquam Apostolorum in caussa fidei, res
11. Quidautemad70sadtinet, qui non solum suas judicio publico defendit ? sicut tu in epistola
cum illis communiter Donatistae a Donato, verum tua posuisti,« Quis umquam Apostolorumin caussa
etiam proprie Rogastistae a Rogato appellamini, tideires alienas invasit? »' nullum quidem in divi-
-
mitiores quidem esse videmini, quia cum Circum- nis litteris hujus facti reperiret exemplum :
cellionum immanissirnis gregibus non saevitis: sed sed tamen forte inveniret aliquam veram defen-
nulla bestia, si neminem vulneret, propterea man- sionem, si veram Ecclesiam retineret, et non sub
re ;
suetadicitur, quia dentes et ungues non liabet. Sccvi-
vos nolle dicitis ego non posse arbitror. lta
enim estis numero exigui, ut movere vos contra
Ecclesise verœ nomine impudenter aliquid possi-
deret.
CAPUT IV. — \2. Quod autempertinetad terre-
adversarias vobis multitudines non audeatis, etsi narum poiestatum jussa, contra schismaticos aut
cupiatis. Sed ponamus vos etiam nolle, quod non hæreticos vel impetrandavel exserenda, illi quidem
valetis; ponamus vos evangelicam sententiam, qua a quibus vos separastis acerrimi fuerunt, et uontra
scriptum est, « Si quis tibi voluerit tunicam tol- vos, quantum audire potuimus; et contra Maximia-
lere, et judicio tecum contendere; dimitte illi et nistas, quod Gestorum etiam certis documentis
;
place. » Ils savaient cependant bien que Julien qu'ils avaient perdus, mais comme nous le
était apostat et adonné à l'idolâtrie et en di- pensons et comme l'issue du jugement l'a-
sant, que la justice seule avait place auprès de prouvé, ils attaquaient calomnieusement un
celui, près duquel l'idolâtrie en occupait une innocent. Que pouvaient-ils faire de pius abo-
?
si grande, ils avouaient, ou que la justice est minable Ils le livrèrent au jugement des puis
,
ancêtres ont accusé Cécilien, alors évêque de être envoyé à l'empereur Constantin, portait
l'Eglise de Carthage comme un criminel avec pour inscription : « Mémoire de l'Eglise catho-
(1) Il faut conclure de là que le schisme des Rogatistes ne s'éleva pas avant l'année 361, vers la fin de laquelle Julien
succéda à l'empire à la mort de Constance. Quant à cette requête pleine de flatterie, adressée par les Donatistes, pour
se faire rendre les églises qui leur avaient été ôtées d'après l'ordre de Constantin, voyez saint Augustin livre II, chap.
: :
LXII et LXVII, contre les lettres dePétilien, ainsi que dans la lettre 185e. Voyez également Optât, livre II.
II.
probamus : sed tamen (a) nondum ab eis separati darum repetitione ab apostolicis exemplis receditur;
eratis, quando Juliano imperatori in sua petitione quia hoc fecisse nemo invenitur illorum. Sed tamen
dixerunt, quod « apud eum sola justilia. locum ha- cum majores vestri ipsumCsecilianumtunc ecclesise
beret; » quem certe apostatam noverant, et idolo- Carthaginensis episcopum, cui tamquam criminoso
latriis deditum sic videbant, ut aut justitiam communicare noluerunt, apud principem Constan-
tinum per Anulinum proconsulem accusaverunt,
solam locum habere justitiam ,
esse idololatriam faterentur, aut se scelerate muii-
titos, negare non possent, ut apud eum dicerent
apud quem
magnum locum cernerent habere idololatriam.
Sed fuerit error in verbo, de facto ipso quid dicis ?
non res suas amissas repetiverunt, sed innocentem
(sicut exisiimamus, et sicut ipse judiciorum exitus
docuit) calumniose appetiverunt, quo quid scelera-
tillS ab eis fieri potuit? Si autem (sicut falsoarbi-
Si nihil (6) justum ab Imperatore petendum est, tramini) vere criminosum judicandum terrenis po-
cur a Juliano petitum est, quod justum putatum
est? :
tesiatibus tradiderunt, quid nobis objicitis, quod
vestrorum præsumtio primitus fecit quod eos non
13. An hoc petendum est, ut sua quisque recu- argueremus quia fecerunt, si non animo invido et
peret, nonutaliquem, quo ab Imperatore coercea- noxio, sed emendandi et corrigendi voluntate
?
tur, accuset Interim et in suarum rerum recipien- fecissent. Vos autem indubitanter arguimus,
(a) Hinc porro intelligitur Rogatistatum schisma non exortum fuisse ante annum 361. sub cujus anni finemsibi demor-
tuo Constantio Julianus rerum potitus est. De illa autem Donatistarum adulatoria petitione, qua supplicarunt res-
titui basilicas jussu Constantini ipsi ablatas, legendusAugustinus in lib. II. cont. litt. Petiliani c. xcn et XCVII. et in
epist. cv. itemque Opatus in lib.
- (b)Lov. Si nihilinjustumob imperatore etc. moxque, quodinjustum pulatum est. Sed melius Mfco. et antiquioreseaitio-
nes utroque loco justum.
lique, présenté de la part de Majorin, contre défaite, reconnaître la vérité? Car cet empe-
les crimes de Cécilien. Nous les en accusons reur est le premier qui dans cette cause, décida
d'autant plus, qu'après avoir accusé eux-mêmes, que les biens des personnes convaincues de
auprès de l'empereur, Cécilien qu'ils auraient schisme, et qui refusaient opiniâtrément de re-
d'abord dù convaincra près de ses collègues venir à l'unité, seraient acquis au fisc. Sans
d'outre-mer, ils refusèrent d'écouter Constan- doute, si vos ancêtres avaient triomphé dans
tin, qui voulait renvoyer à des évêques une leurs accusations, si l'empereur avait prononcé
affaire épiscopale qui lui avait été déférée. un pareil décret contre la communion de Céci-
Bien plus, après avoir succombé dans leur lien, vous auriez voulu qu'on vous appelât les
cause, ils ne voulurent pas entrer en paix avec sentinelles vigilantesdel'Eglise, les défenseurs
leurs frères, et en appelèrent une seconde fois de l'unité et de la paix. Mais n'ayant
au même empereur. Ils accusèrent même de pu rien prouver contre ceux qu'ils accusaient,
nouveau près du prince séculier, non-seulement et ne voulant pas se corriger et rentrer dans
Cécilien, mais encore les évêques qu'on leur le sein de cette paix qui leur était offerte, ils
avait donnés poui> juges. Un nouveau juge- qualifient de crime indigne, les décrets portés
ment épiscopal intervint: ils en appelèrent de contre eux par les empereurs. Ils crient que
rechef au même empereur ; et malgré le juge- personne ne doitêtre forcé de revenir à l'unité,
ment que le prince prononça avec connaissance qu'il ne fautpas rendre le mal pour le mal. Que
de cause entre les parties,ils n'en demeurèrent signifient ces cris, sinon ce que quelqu'un(1)
pas moins ennemis de la vérité et de la paix.
14. Si Cécilien et ses collègues avaient suc- nous voulons?
:»
disait de vous a Il n'y a de saint que ce que
Il n'était cependant pas bien
combé sous l'accusation de vos ancêtres, Cons- difficiledevoir et de comprendre que le juge-
tantin aurait-il statué contre eux autre chose ment rendu contre vous par Constantin était
que ce qu'il statua contre les accusateurs eux- toujours en vigueur jugement promulgué
mêmes, qui n'ayant pu prouver ce dont ils ac- contre vos ancêtres qui revinrent si souvent à
cusaient, ne voulurent pas, même après leur la charge pour accuser, sans preuves convain-
(1) Celui qui a écrit ces paroles est un certain Tychonius, africain d'origine et dont il est question au n. 43 de cette
lettre.
quibus crimen videtur, de inimicis communio- majoribus accusantibus victi, quam quod statuit in
nis nostrse, Christiano Imperatori aliquid con- eos ipso, qui cum ultro accusassent nec ea quæ
queri, cum libellus (a) a majoribus vestris Anu- intendebant, probare potuiss nt, noluerunt veritati
lino proconsuli datus, et Constantino imperatori consentire, nec victi. Ille quippe Imperator primus
mittendu., ita suprascriptus sit: a Libellus Ec- constituit in hac caussa, ut res convictorum, et uni-
clesise catholicæ, criminum Cseciliani, traditus a tati pervicaciter resistentium, fisco vindicarentur.
parte Majorini. Illos autem magis hinc arguimus, Sed videlicet si vestris majorihus accusantibus atque
quia cum apud Imperatorem ultro Csecilianum ac- superantibus, contra communionem Cseciliani Im-
cusassent, quem primo utique apud collegas trans- perator tale aliquiddecrevisset, provisoresEcclesise,
marinos convincere debuerunt, ipso Imperatore defensores pacis et unitalis nominari velletis. Cum
longe ordinatius agente, ut episcoporum caussam vero in eos, qui ultro accusantes
, nihil probare po-
ad se delatam, ad episcopos mitteret, nec victi pa- tuerunt, nec oblato sibi gremio pacis, quo correcti
cem cumfratribushabere voluerunt: sedrursus ad exciperentur, consentire voluerunt, ab Imperatori-
eumdem Imperatorem venerunt; rursus non Cæcí- bustalia decernentur, indignum facinus clamitatur;
lianum tantum, verum etiam datos sibi episcopos neminem ad unitalem esse cogendum, malum pro
malo reddendum nemini esse conteuditur. Quid est
judices, apud terrenum regem accusaverunt : rur-
sus ab alio episcopali judicio ad eumdem Imperato- aliud quam id quod de vobis quidam scripsit
est? » Et nunc non erat
:
rem appellaverunt. Nec eo ipso inter partes cogno- « Quod volumus sanctum
scenteatque judicante,velveritati vel paci cedendum magnum neque difficile considerare atque cogitare
esse duxerunt. Constantini judicium atque sententiam contra vos
14. Quid autem aliud stameret Constanlinus ad- vigere quæ vestris majoribus Cæcilianum apud Im-.
versus Cæcilianum et socios ejus, si essent vestris peratorem totiens accusantibus, et non convincen-
(a) Libellus de quo in epist. LXXXVIII. n. 2.
cantes, l'évêque Cécilien auprès de l'empereur, la terre pouvaient-ils connaître le crime de
jugement qui doit être suivi et exécuté par ceux qu'on accusait d'avoir livré les saintes
ses successeurs chrétiens catholiques, toutes Ecritures, et que les accusateurs, quand bien
les fois que votre obstination nous obligerait même ils l'auraient connu avec certitude,
ne
d'agir contre vous. pouvaient pas prouver?L'ignorance même dans
legarum avaritiam, quam secundum Apostolum litur cognoscere veritatem, ut timeus vel respuat
appellat idololatriam. Postremo quidquid tunc falsum, de quo contendebat, vel quserat verum,
inter illos episcopos gestum est, etiamsi forte ab quod nesciebat, et volens teneat jam quod nolebat.
aliquibus eorum sciebatur, si nou sit acceptio per- Superfluo hoc fortasse diceretur quibuslibet verbis,
sonarum nunc ab omnibus ignoratuf. Cur ergo (a) si non tam muHis oste nderetur exemplis. Non illos
non ab omnibus pax amatur? Hæc facillime cogi- aut illos homines, sed niultas civitates videmus
tare possetis, aut fortasse etiam cogitatis. Sed fuisse Donatislas, nunc esse catholicas,detestari
meliuserat, ut amaretispossessiones terrenas, quas vehementer diabolicam separationem, diligere
timendo perdere cognitæ veritati consentiretis, ardenterunitatem. Quaetamentimoris-liujus,qui
quam ut amaretis vanissimam hominum gloriarn, tibi displicet, oceasionibus catholicæ factæ sunt per
quam vos putatis perdere, si cognitæ veritati con- leges Impcratorum, a Constantino apud quem pri-
senseritis. mum vestri ultro Ceecilianum accusaverunt, usque
CAPUT V.—16. Vides itaque jam, ut opinor, ad præsentcls 1m peratores, qui judiciumillius,quem
non esse considerandumquod quisque cogitur, sed vestrielegerunt,quem judicibusepiseopis prætu- *
quale sit illud quo cogitur, utrum bonum an lerunt, just issime contra vos custodiendum esse
malum: non quo quisquebonus pogsitesseinvitus; decernunt.
17. His ergo exemplis a collegis meis mihi pro-
omnibus,etc.
sed timendoquod non vult pati, vel relinquit im-
pedientem animositatem, vel ignoratam compel- positis cessi. Nam meaprimitus senlentia nonerat
(a) Sic MSS. et editi prseter Lov, qui habet, cur ergo nunc ab
liques en ceux que nous avions connus comme comme la véritable Eglise, parce que la sécu-
hérétique déclarés. Ce ne sont pas des paroles rité dont ils jouissaient les rendait engourdis,
de contradiction, mais des exemples clairement nonchalants, dédaigneux, pour connaître l'E-
?
démontrés, qui m'ont fait revenir de ma pre- glise catholique A combien encore l'entrée de
mière opinion. En effet, on m'opposait d'abord cette véritable Eglise n'était-elle pas fermée,
ma propre ville qui, bien que tout entière do- par les rumeurs de la malveillance, qui répétait
natiste, s'était convertie à l'unité catholique partout que nous offrions je ne sais quoi sur
?
par la crainte des décrets impériaux, et qui au- l'autel du Seigneur Enfin il en était plusieurs
jourd'hui déteste si fortement votre pernicieuse qui, pensant qu'il importait peu dans quel
opiniâtreté, qu'elle semble n'avoir jamais été parti on fût chrétien, demeuraient dans le parti
dans l'hérésie de Donat. Il en est ainsi de de Donat, simplement parce qu'ils y étaient
beaucoup d'autres qu'on m'a citées nominati- nés et que personne ne les forçait à s'en sépa-
vement, ce qui m'a fait reconnaître la vérité de rer pour revenir à l'Eglise catholique ?
ce qui a été écrit:« Donnez au sage l'occasion, 18. La terreur de ces lois, par la promulga-
et il deviendra plus sage (Prov., IX, 9).» Com- tion desquelles les rois servent le Seigneur
bien en effet, connaissons-nous de donatistes avec crainte, a été tellement utile à tous ces
qui depuis longtemps, voulaient être catho- hommes, que maintenant les uns disent Depuis
liques et qui frappés de l'évidence de la vérité, longtemps nous voulions cela; mais rendons
:
différaient cependant de jour en jour leur con- grâces à Dieu qui nous a fourni l'occasion de
;
vais serviteur même quand il comprendra, il savions pas que là était la vérité, et nous ne
n'obéira pas [Prov., XXIX, 19). » Combien aussi voulions pas l'apprendre mais la crainte nous
en était-il qui regardaient le parti de Donat a rendus attentifs pour la reconnaître, et nous
nisi neminem ad unitatem Christi esse cogendum, et intellexerit, nonobediet (Prou.,XXIX,19). » Quam
verbo esse agendum, disputatione pugnandum, multi propterea putabant veram ecclesiam esse
ratione vincendum, ne fictos catholicos habere- partem Donati, quia eos ad cognoscendam catholi-
mus, quos apertos hoereticos noveramus. Sed hsec cam veritatem securitas torpidos, fastidiosos, pigros-
opinio mea, non contradicentium verbis, sed de- que faciebat. Quam multis aditum intrandi obsera-
monstrantium superabatur exemplis. Nam primo bant rumores maledicorum, qui nescio quid aliud
milii opponebatur civitas mca, qua; c'jm tota esset nos in altare Dei ponere jactitabant. Quam multi
in parte Donati, ad unitatem catholicam timore nihil interesse credentes in qua quisque parte
legum imperialium conversa est, quam nunc vide- - Cliristianus sit, ideo permaaebant in parte Donati,
mus ita hujus vestrao animositaiis perniciein dete- quia ibi nati erant, et eos inde discedere, atque ad
stari, ut in eanumquam fuisse credatur. Ita alise Catholicam nemo transire cogebat.
muItæ, quæ mihi nominatim commemorabantur, 18. His omnibus harum legum terror, quibus
ut ipsis rebus agnoscerem etiam in haccaussa recte promulgandis reges serviunt Domino in timore, ita
intelligi posse quod scriptum est, « Da sapienti occa- profuit, ut nunc alii dicant, jam hoc volebamus;
sionem, etsapientior erit (Prov., IX, 9).» Quam multi sed Deo gratias, qui nobis occasionem preebuit jam-
enim, quod certo scimus, jam volebant esse catho- jamque faciendi, et dilationura morulas amputavit.
lici, manifestissimaveritatecommoti,et offensionem Alii dicant, Hoc esse verum jam sciebamus; sed
nescio qua consuetudine tenebamur : gratias Domi-
suorum reverendo quotidie differebant. Quam
multos non veritas, in qua numquam præsumsistis, no, qui vincula nostradisrupit,et nos ad pacisvin-
sed obduratae consuetudinis grave vinculum colliga- culumtranstulit. Alii dicant, Nesciebamus hic esse
:
naître dans le repos et la sécurité. Il en est de proscrire tranquillement le Christ? Fallait-
aussi qui disent Nous étions effrayés d'entrer il vous laisser faire des testaments selon le
dans la sainte Eglise par de fausses rumeurs, droit romain, lorsque par vos calomnies et vos
dont nous n'aurions jamais reconnu la fausseté, incriminations, vous déchirez le Testament
:
si nous n'y étions pas entrés, et nous n'y serions fait par Dieu en faveur de vos pères, et où il
:
pas entrés sans la contrainte rendons grâces est écrit « Toutes les nations seront bénies en
à Dieu qui a dissipé notre hésitation par le votre race (Gen., XXVI, 4). » Fallait-il vous
fouet de sa bienveillance, et qui nous a fait voir laisser la liberté d'acheter et de vendre, lors-
combien étaient vains les mensonges débités que vous osez diviser ce que le Christ a acheté
contre son Eglise : nous croyons maintenant en se laissant vendre lui-même? Fallait-il res-
que les auteurs de cette hérésie n'ont porté que pecler comme valables les donations que cha-
de fausses accusations contre l'Eglise catho- cun de vous peut faire à qui bon lui semble,
lique, puisque leurs descendants en ont in- pour laisser sans valeur la donationque le
:
venté de pires encore. Enfin, il en est qui Dieu des dieux a faite à ses fils qu'il a appelés
disent
:
Nous pensions que peu importait le à son héritage, depuis les lieux où se lève le
parti où l'on observait la loi du Christ mais soleil, jusqu'à ceux où il se couche? Fallait-il
rendons grâces à Dieu qui nous a retirés du empêcher qu'on ne vous exilât de la terre où
schisme, et qui nous a fait comprendre qu'il vous êtes nés, lorsque vous vous efforcez d'exi-
convenait au seul et vrai Dieu d'être adoré ler le Christ du royaume acheté au prix de son
dans l'unité. sang, et qui s'étend d'une mer à l'autre, et de-
19. En m'opposant aux sentinents de mes puis le fleuve, jusqu'aux extrémités de l'uni-
?
collègues, n'aurais-je pas porté atteinte aux vers Ah ! Que les rois de la terre continuent
mus ne forte sine ullis rerum æternarum lucris perbise vestræ, Christi oves errantes in pacis ovile
damno rerum temporaliumferiremur : gratias Do- colligerentur,ubi est unus grex et unus pastor.
mino, qui negligentiam nostram stimulo terroris Ita sane huic provisioni contradicere debui, ne res
excussit, ut saltern solliciti quærerelllus, quod se- quas dicitis vestras, perderetis, et securi Christum
curi numquam nosse curavimus. Alii dicant, Nos proscriberetis : ut jure Romano testamenta conde-
;
falsis rumoribus terrebamur intrare, quos falsos
:
esse nesciremus, si non intraremus nec intrare-
mus, nisi cogeremur gratias Domino, qui trepida-
retis, et jure divine patribus conditum Testamen-
tum, ubi scriptum est, « In semine tuo benedicen-
tur omnes gentes (Gen., XXVI, 4), » calumniosis
tionem nostram flagello abstulit, expertos docuit criminationibus rumperetis : nt in emtionibus et
:
jactaverit
et
quamvana inaniadeEcclesiasua mendax farra
hinc jam credimus et illa falsa esse,
quæ auctores hujus hæresís criminati sunt, quando
venditionibus liberos contractus haberetis, et
vobis dividere quod Christus emit venditus
auderetis : ut quod quisque vestrum cuiquam
posteri eorum tam falsa et pejora finxerunt. Alii donasset, valeret, et quod donavit Deus deo-
dicant, Putabamus quidemnihil interesse ubi fidem rum, a solis ortu usque ad occasum vocatis filiis
Christi teneremus : sed gratias Domino, qui nos a non valeret : ut de terra corporis vestri in exsilium
divisione collegit, et hoc uni Deo congruere, ut in non mitteremini, et de regno sanguinis sui, a mari
unitatecolatur, ostendit. < usque ad mare, et a flumine usque ad terminos or-?
19. His ergodominicislucris impediendis, adcon- bis terrse Christum exsulem facere conaremini
tradicendum me opponerem collegis meis, ne in immo vero serviant reges terrae Christo, etiam leges
montibus et collibus vestris, id est in timoribus su- ferendo pro Christo. Majores vestri Caecilianum et
!
a servir le Christ, même en faisant des lois veur de la vérité, celui qui s'est corrigé reçoit -
pour Jésus-Christ Vos ancêtres, par de fausses des louanges de cette puissance. Si elle est
accusations, ont exposé Cécilien et ses collè- hostile à la vérité et frappe quelqu'un quiy
gues à la rigueur et au châtiment des princes soit attaché c'est une victoire et une couronne
!
de la terre; et bien les lions se tournent vers pour celui qui a été persécuté. Pour vous,
les calomniateurs pour briser leurs os, sans que vous ne faites pas assez le bien pour n'avoir
Daniel intervienne en leur faveur, Daniel dont rien à craindre de la puissance, à moins que ce
on a reconnu l'innocence, et qui a été délivré ne soit bien faire que de rester paisible, sans
de la fosse où ses calomniateurs ont péri. En calomnier, il est vrai, un de vos frères, mais
:
effet « Celui qui creusé une fosse à son pro-
chain, il est juste qu'il y tombe lui-même.
en attaquant tous nos frères établis parmi
toutes les nations du monde, auxquelles les
(Prov., XXVI, .27). »
CHAPITRE VI.-20.0 frère,pendant que vous
vivez encore, sauvez-vous de la colère qui tom-
:
prophètes, le Christ, les apôtres rendent témoi-
gnage, en disant r Toutes les nations seront
bénies en votre race (Gen., xxv, 1).» Etailleurs :
bera un jour sur les opiniâtres et les superbes! « Du lever du soleil au couchant, un sacrifice
La terreur des puissances temporelles, quand sera offert à mon nom, parce que mon nom a
elle s'oppose à la vérité, est une- épreuve glo été glorifié dans toutes les nations, dit le Sei-
:
rieuse pour les justes et les forts, et pour les
faibles, une dangereuse tentation mais quand
elle éclate en faveur de la vérité, elle est pour
gneur (Mal., I, 11). » Faites bien attention à
ces paroles. Ce n'est ni Donat, ni Rogat, ni
Vincent, ni Hilaire, ni Ambroise, ni Augustin
les sages qui s'égarent un avertissement utile,
et pour les insensés, une tribulation infruc-
tueuse. En effet, toute puissance vient de
:
qui dit cela, mais c'est le Seigneur qui le dit,
comme il dit également ailleurs « Et en lui
seront bénies toutes les tribus de la terre;
Dieu, et quiconque résiste à la puissance, ré- toutes les nations le glorifieront. Béni soit le
siste aux ordres de Dieu même. Les princes ne Seigneur Dieu d'Israël, qui seul opère des mi-
sont pas redoutables dans les bonnes œuvres, racles; que son nom glorieux soit béni dans
mais seulement dans les mauvaises. Voulez- l'éternité et dans les siècles des siècles; et toute
vous donc n'avoir rien à redouter des puis- la terre sera remplie de sa gloire. Ainsi soit-il,
sances? Faites le bien, et cette puissance vous ainsi soit-il (Ps., LXXI, 17, 18, 19). » Et vous
louera. Si la puissance punit quelqu'un en fa- qui êtes à Cartenne avec une dizaine de Roga-
socios ejus regibus terræ puniendos falsis crimini- quem corrigat, laudem habet ex illa qui fuerit
busobjecerunt: convertantur leones ad commi- emendatus:sive inimica veritati in aliquem ssevij-t,
nuenda ossa calumniantium, nec Daniel ipse inter- laudem habet ex illa qui victor fuerit coronatus.
cedat, innocenscomprobatus, et de lacu quo illi
pereunt liberatus. « Qui enim parat proximo suo
foveam,ipse jnstius cadet in earn (Prov., XXVI, 27).»
:
Tu autem non bonum facis, ut timere non debeas
potestatem nisi forte bonum est sedere, et non
adversus fratrem detrahere, sed adversus fratres
CAPUT VI. — 20. Eripe te frater, dum in hac omnes in omnibus gentibus constitutos, quibus
carne vivis, ab ira quæ ventura est pertinacibus et testimonium perhibent Prophetæ, Christus, Apo-
superbis. Terror temporalium potestatum, quando stoli, cum legitur, « In sernine tuo benedicentur
veritatem oppugnat, justis fortibus gloriosa proba- omnes gentes (Gen., XXVI, 4) : » cum legitur, « Ab
lio est, iafirmis periculosa tentatio : quando autem ortu solis usque ad occasum sacrificium mundum
veritatem prædicat, errantibus (a) cordatis utilis offertur nomini meo; quoniam glorificatum est no-
:
admonitio est, et insensatis inutilis afflictio. Non men meum in gentibus, dicit Dominus (Mala., i,
est tamen potestas nisi a Deo qui autem resistit
potestati, Dei ordinationi resistit. Principes enim
non sunt timori bono operi, sed malo. Vis autem
non timere potestatem? bonum fac, et kabebislau-
brosius, aut Augustinus :
11). » Audi, «dicit Dominus; » non, dicit Donatus,
;
aut Rogatus, aut Vincentius, aut Hilarius, aut Am-
sed, « dicit Dominus »
cum legitur, « Et benedicentur in eo omnes tribus
dem ex illa. Sive enim potestas veritati favens ali- terræ, omnes gentes magniffcabunt eum. Benedi-
-
(a) Bad. Am. et Er. errantibus et discordantibus,cordatis etc.
tistes qui sont restés avec vous, vous dites que prêchée en son nom parmi toutes les nations,
cela ne soit pas, que cela ne soit pas! comme il l'a dit, nul de ceux qui seront tou-
:
21. Vous savez que l'Evangile dit u Il fal-
lait que tout ce qui a été écrit sur moi dans la
chés de cette prédication, dans quelque partie
du monde que ce puisse être, ne peut recevoir
loi, dans les prophètes et dans les psaumes fût la rémission de ses fautes, s'il ne cherche et ne
accompli. Alors il leur ouvrit l'entendement, trouve pas un certain Vincent de Cartenne, ca-
: :
pour qu'ils comprissent l'Ecriture, et leur
dit Il a été écrit Il fallait que le Christ
souffrît, et que le troisième jour il ressus-
!
ché dans la Mauritanie Césarienne, où quel-
qu'un de ses neuf ou dix adhérents Que n'ose
pas l'orgueil qui se cache sous une enveloppe
citât d'entre les morts, et qu'on prêchât en !
mortelle Dans quel abîme ne se précipite pas
son nom la pénitence et la rémission des la présomption de la chair et du sang! Est-ce
péchés parmi toutes les nations, en com- là l'œuvre de bien qui vous met au-dessus de
mençant par Jérusalem (Luc, xxiv, 44-46). » la crainte des puissances? Quoi vous osez dres-
Vous avez lu également, dans Actes des Apô- ser un tel piège au fils de votre mère encore
tres, comment cet Evangile commença à Jéru-
salem, où le Saint-Esprit remplit d'abord le
faible et petit et pour qui Jésus-Christ est mort
contre ce fils qui, ne pouvant recevoir la nour
;
cœur des cenl vingt disciples, et comment delà riture paternelle, doit encore être nourri du
cet Evangile se répandit parmi toutes les na- lait de sa mère? Et vous venez m'opposer les
tions, comme le Seigneur, avant de monter au livresd'Hilaire, pour nier la grandeur de l'E-
:
ciel, l'avait dit à ses Apôtres «Vous me rendrez glise qui va toujours croissant parmi toutes les
témoignage à Jérusalem, et dans toute la Judée nations, jusqu'à la fin des siècles, et que Dieu,
et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la contre votre incrédulité, a promise au monde,
terre (Act., i, 8).» Or, leur parole a retenti sur
toute la terre, et s'est répandue jusqu'aux ex-
en appuyant sa promesse sur un serment Vous
eussiez déjà été bien malheureux de ne pas
!
trémités de l'univers. Et vous osez encore con- croire à cette promesse, au moment où elle a
tredire ce témoignage divin si solidement éta- été faite, et vous venez encore la contredire,
bli, manifesté avec tant d'éclat et de lumière, quand elle est accomplie !
et vous prétendez encore que l'héritage du CHAPITRE VII. — 22. Mais vraiment, sa-
Christ est proscrit, et que, malgré la pénitence vant historien, vous avez trouvé quelque chose
monde:
lui demandant ce qu'il entendait par la fin du
« Et cet Evangile sera prêché dans
l'univers entier, pour servir de témoignage à
d'oracles évidents de la vérité même. Du reste,
je vois bien que votre but principal est de nous
persuader que les Rogatistes seuls méritent
toutes les nations,et alors la fin viendra (Mattlt., d'être appelés catholiques, parce qu'ils obser-
xxiv, 14). » Criez, soutenez tant que vous pour vent tous les préceptes divins et tous les sacre-
rez, que l'Evangile aurait beau être prêché chez ments, et que vous êtes les seuls chez lesquels
les Perses et chez les Indiens, où il l'est effec- le Fils de l'homme trouvera la foi, quand il
tivement depuis longtemps, quiconque l'aurait viendra. Pardonnez-le-nous, mais nous ne le
entendu et ne viendrait pas à Cartenne, ou croyons pas. Peut-être, pour expliquer qu'on
dans le voisinage de Cartenne, ne pourrait être trouvera en vous cette foi que le Seigneur,
entièrement purifié de ses fautes. Si vous ne comme il l'a dit, ne trouvera plus sur la terre,
,
dites pas cela, c'est dans la crainte qu'on ne se
moquede vous, et si vous le dites
voulez-vous qu'on ne pleure pas sur vous?
comment
vous pousserez l'audace jusqu'à dire qu'il faut
vous considérer comme étant déjà dans le ciel
(Luc, XVIII, 8). Cependant l'Apôtre nous a or-
23. Vous croyez aussi être bien subtil, endi- donné d'être si prudents à cet égard, qu'il nous
sant que ce n'est pas par l'étendue de sa com- a déclaré que quand bien même un ange du
munion dans toutes les parties de la terre, mais ciel viendrait nous annoncer un Evangile diffé-
uniquement par l'observation de tous les pré- rent de celui que nous avons reçu, il faudrait
batur resisteretis, nunc etiam cum redditur con- cum Catholicæ nomen non ex totius orbis commu-
tradicitis. nione interpretaris, sed ex observatione prsecepto-
CAPUT VII. — 22. Sed historicus doctus magnum
aliquid invenisti, quod contra Dei testimonia pro-
ferendumputares. Dicisenim, (( Quantumadtotius
torum:
rum omnium divinorumsatque omnium sacramen-
quasi nos, etiamsi forte hinc sit appellata
Catholica, quod totum veraciter tcneat, cujus
mundi pertinet partes, modica pars est in. compen- veritatis nonnullæ particular etiam in diversi's in-
satione totius mundi, in qua fides Christians nomi- veniuntur hseresibus, hujus nominis testimonio ni-
natur: nec vis adtendere, aut te nosse dissimulas, tamur ad demonstrandam Ecclesiam in omnibus
in quam multas jam barbaras nationes tam parvo gentibus, et non promissis Dei et tam multis tam-
tempore veneritEvangelium, utneeinimiciChristi que manifestis oraculis ipsius veritatis. Sed nempe
dubitare jam possint brevi tempore futurum, quod hoc est totum, quod nobis persuadere conaris, so-
discipulis respondit de saiculi fine quaerentibus, los remansisse Rogatistas, qui catholici recte ap-
« Et preedicabitur hoc Evangelium in universo pellandi sint, ex observatione prasccptorum om-
orbe, in testimonium omnibus gentibus; et tuuc nium divinorum atque omnium sacramentorum ;
veniet finis (Matth., xxiv, 14). » In hoc et clama et et vos esse solos, in quibus inveniat fidem cum ve-
contende, quantum potes, etiamsi apud Persas et nerit filius hominis. Da veniam, non credimus.Li-
Indos Evangelium preedicetur, ubi quidem jam diu. cet enim et hoc audeas forsitan dicere, ut in vobis
prædicatur, nisi quisquis hoc audierit, Cartennas possit inveniri fides, quam se in terra non inven-
venerit, vel in yiciniam Cartennensium, mundari turum Dominus dixit, non vos in terra, sed iucælo
,
omnino a delictis suis non poterit. Itane si carueris esse deputandos [Lucce, XVIII, 8) : nos tamen
ista voce, rideri te metuis: et cum ea non careas) Apostolus ita cautos reddidit ut etiam Ange-
fieri, te non vis? lurn de cælo nobis aliud evangelizantem, præ-
23. Acutum autem aliquid tibi videris dicere, terquam quod accepimus, anathema debere
lui dire anathème (Gal., l, 8). Or, comment pas le parti même tout entier des Donatistea,
pouvons-nous nous appuyer sur les passages se donnant comme l'Eglise de Jésus-Christ,
des divines Ecritures, qui nous montrent clai- parce qu'ils ne peuvent s'appuyer sur aucun
rement la venue de Jésus-Christ, si nous ne témoignage des livres divins, combien moins
reconnaissons pas l'Eglise, dont l'établisse- encore, je vous le demande, devons-nous écou-
ment y est aussi clairement indiqué? Quelques ter les Rogatistes, qui n'oseraient pas même
moyens que vous preniez pour vous opposer à
la simplicité de la vérité, par quelque nuage de
ruse et de fausseté que vous vouliez l'obscurcir,
criture:
interpréter en leur faveur ce passage de l'E-
« Où nous menez-vous paître, où
vous reposez-vous au midi (Cant., i, 6)? » Si
nous dirons anathème à quiconque viendra nous par ce passage des Ecritures, il faut entendre
annoncer que le Christ n'a pas souffert, et n'est le midi de l'Afrique, occupé surtout par le
pas ressuscité le troisième jour, parce que la parti de Donat et qui est situé sous un climat
vérité évangélique nous dit : « Il fallait que le brûlant, les Maximianistes l'emporteront sur
Christ souffrît, et que le troisième jour il res- vous sous ce rapport, eux dont le schisme a
suscitât d'entre les morts (Luc, xxiv, 46).>* Nous éclaté dans la province de' Byzacéne (1), et
dirons encore anathème à quiconque viendrait dans celle de Tripoli. Mais si les Arzuges (2)
nous dire que l'Eglise peut se trouver en dehors contestent et prétendent que ce passage de l'E-
de la communion de toutes les nations, parce criture les regarde beaucoup plus, comment
que, conformément à la même vérité, nous li- alors la Mauritanie Césarienne, beaucoup plus
:
sons « Que la pénitence et la rémission des
péchés devaient être prêchées, à toutes les na-
voisine du couchant que du midi, et qui ne
veut pas même passer pour une partie de l'A-
tions, au nom du Christ, en commençant par frique, pourra-t-elle interpréter à son avantage
:
Jérusalem (Luc xxiv, 47) » el nous devons être
inébranlables pour dire avec l'Apôtre « Celui
qui viendra vous annoncer autre chose que ce
ce mot de midi, je ne dis pas au préjudice de
toute la terre, mais à celui des Donatistes,
dont le parti de Rogat est un petit lambeau
qui vous a été annoncé, qu'il soit anathème détaché d'un plus grand? Qui serait assez im-
i,
(Gal., 8).» prudent pour interpréter à son profit quelque
CHAPITRE VIII. — 24. Si nous n'écoutons chose d'allégorique, sans avoir des témoigna-
esse pracceperit (Gal., i. 8). Quomodo autem nentes, quia Dullum pro se testimonium de divinis
confidimus ex divinis litteris accepisse nos Chri- libris proterunt, quo id doeeant; quanto minus,
stum manifestum, si non inde accepimus et Eccle- rogo te, Rogatistas audire debemus, qui nec
illud
siam manifestam ? Quaslibet quisque ansas et pro se interpretari conabuntur, quod scriptum6)est,
uncos adversus simplicitatem veritatis intexat, « Ubi pascis, ubi cubas in
meridie (Cant., I, ?»
quaslibet nebulas callidse falsitatis cffundat, sicut Si enim hoc loco Scripturarum meridies Africa in-
anathema erit, qui annuntiaverit Christum nèqu" telligenda est in parte Donati, quod subcseli fervcHl-
passum esse, neque tertia dieresurrexisse; quoniam tiori plaga est, omnes vos Maximianistse supera-
in veritate evangelicaaccepimus, «Oportebat Chri- bunt, quorum schisma in Byzantio, et in Tripoli
stum pati, et resurgere a mortuis tertia die (Lucce, exarsit. Sed confligant cum eis Arzuges, et hoc ma-
xxiv, 46) : sic eritanathema quisquis annuntiaverit gis ad se pertinere contendant : Mauritania tamen
Ecclesiam praetercommunionem omniumgentium; Csesariensi*, occidentali quam meridianse parti vi-
quia eadem veritate consequenter accepimus, « et cinior, quando nec Africam se vult dici, quomodo
pradieari in nomine ejus paenitentiam et remissio- demeridieglorlabitur, non dicoadversusorbem
ab Jerusalem ;
nem peccatorum per omnes gentes, incipientibus
» et inconcusse tenere debemus,
« quisquis vobis annuntiaverit, præterquam quod
terrarum, sed adversus ipsam partem Donati, unde
pars Rogati, brevissimum fiuctum de frusto ma-
jore prsecisumest? Quisautem nonimpudentissime
aecepislis, anathema sit tIbid., 47). nitatur aliquid in allegoria positum pro se inter-
CAPUT VIII.
— 24. Si autem
universos Dona- pretari, nisi hibeat et manifesta testimonia, quo-
tlstus IWIl audimus, se pro Ecclesia Ghristi suppo- ru:n lumine illustrentur o! scra
scura ? -
ges évidents qui jetteraient quelque lumière puisque il vous serait impossible même de
sur des choses obscures ? dire, combien il y a de partis en Afrique rostis -
25. Ce que nous avons coutume de dire à de celui de Donat, surtout parce que ceux qui
tous les Donatistes, combien à plus forte rai- se séparent les uns des autres croient agir avec
son devons-nous vous le dire? S'ils peuvent (ce d'autant plus de justice qu'ils sont moins nom-
qui est impossible) invoquer quelque juste mo- breux et par conséquent moins connus. C'est
tif en leur faveur, pour avoir séparé leur com- pourquoi vous ne sauriez dire, si avant que le
munion de celle du reste de la terre, et pour parti de Donat séparât sa justice et sa sainteté
appeler leur communion l'Eglise de Jésus- de l'iniquité du reste des hommes, il n'y a pas
Christ; sous prétexte qu'ils se sont avec jus- eu quelque part, dans un pays opposé au midi
tice et avec raison séparés de la communion de l'Afrique, quelques justes en très-petit nom-
des autres peuples, comment savez-vous si bre, et par cela même peu connus, qui se
dans la société chrétienne répandue detous soient séparés les premiers, pour quelque
côtés, et avant votre propre séparation, il ne cause légitime, du côté du Septentrion, et ne
s'est pas rencontré dans des pays très-éloignés forment pas plutôt que vous la véritable Eglise
quelques hommes qui aient eu un motif plau- de Dieu, comme une Sion spirituelle, dont la
sible de faire communion à part, sans que le séparation aura prévenu la vôtre, et qui sera
bruit de leur séparation et de la justice de
?
leurs griefs soit arrivé jusqu'à vous Comment
plus fondée à s'appliquer ce verset du psaume
« La montagne de Sion est du côté de l'Aqui-
:
pouvez-vous être l'Eglise de Jésus-Christ, lon; c'est la ville du grand Roi (Ps., XLVII,
plutôt que ceux qui se sont peut-être séparés 3), » que ne l'est le parti de Donat à interpré-
les premiers? Il en résulte que si vous ne le ter en sa faveur cette parole des cantiques :
savez pas, vous ne pouvez savoir ce que vous a Où paissez-vous vos troupeaux, où vous re-
cessairement
êtes vous-mêmes, et c'est ce qui arrivera né-
à tous ceux dont la société ne sera
pas fondée sur le témoignage divin, mais sur
posez-vous au midi (Cant1, 6). »
26. Et cependant vous craignez que la con-
trainte déployée par les lois impériales pour
: ?
leur propre témoignage Vous ne pouvez pas vous ramener à l'unité, ne donne aux Juifs et
dire que si cela était arrivé, vous l'auriez su, aux Païens l'occasion de blasphémer le nom de
25. Quod autem omnibus Donatistis dicere noti, dlicubi longe contra Africæ meridiem, ante-
solemus, quanto vobis fortiusdicimus ; Si possunt quam pars Donati justitiam suam a ceterorum ho-
(quod fieri non potest) aliqui habere caussam ju- minum iniquitate secerneret, se prirnitus caussa
stam,qua communionem suam separent a commu- eequissima separaverint in latere aquilonis, et ipsa
nione orbis terrarum, eamque appellent Ecclesiam sit potius Ecclesia Dei tamquam Sion spiritalis, quae
Christi, quod se juste ab o.nnium gentium com- vos omnes justa separatione praevenit, multoque
munione separaverint ; unde scitis in Christiana prsesumtius pro se interpretetur, quod scriptum
societate, tam longe lateque diffusa, ne forte aute- est, « Mons Sion, latera Aquilonis, civitas regis
quam vos separaretis, jam se aliqui justa caussa magni (Psal., XLVII, 3),» quam pro se interpreta-
separaverant in longinquissimis terris,unde ad vos tur pars Donati, « Ubi pascis, ubi cubas in meridie
eorum justitiae fama non potuerit pervenire? Quo- (Cant., 1, 6). »
26. Et tamen vereris, ne cum imperialibus le-
modo in vobis potest esse Ecclesia., potius quam in
?
illis, qui se priores forte separaverunt Ita fit ut
cum hoc nescitis, incerti vubismetipsis sitis, quod
necfisse est contingat omnibus, qui pro sua societa-
dæis et paganis diutius blisphemetur :
gibus ad unitatem cogimini, nomen Dei a Ju-
quasi nes-
ciant Judæi quemadmodum primus populus Israël
teutunturtestimonio non divino, sed suo.Neque etiam bello delere voluerit duas illas tribus et dimi-
enim potestis dicere, Si hoc contigisset, nos latere diam, quæ ultra Jordanem terras acceperant
non posset, cum in Africa ipsa, quot jam partes fa- quando eas putaverunt se.ab unitate sui populi se-
ctæ sint ex parte Donati, si interrogemini, non parasse. Pagani vcro magis nos blasphemare pos-
dicatis : preesertim quiatanto sibi videntur qui hoc sunt de legibm, quas contra idolorum cultores
faciunt justiores, quanto fuerint pauciores; et Christiaai Imperatores tulerunt : et tamen ex eis
uiiqiie tanto sunt latentiores. Ac per hoc incerti multi correcti, et ad Deum vivum verumque con-
estis, ne forte aliqui pauci justi, et ideo minime versi sunt, et quotidie cunvertuntur, Sed plane et
Dieu, et de persister longtemps encoredans
leurs blasphèmes, comme si les Juifs ne savaient
:
draient à leur tour Quels que vous prétendiez
être, vous n'êtes cependant pas ceux dont il a
pas comment le premier peuple d'Israël voulu a :
été dit « Il a été accordé beaucoup de fils à la
détruire, même par la guerre, les deux tribus femme délaissée, » puisque vous êtes restés en
et la moitié de celle qui avait reçu des terres si petit nombre.
au delà du Jourdain, quand ils crurent qu'elles 27. M'opposerez-vous ici l'exemple. de ce
s'étaient séparés de l'unité du peuple. Quant juste au temps du déluge, qui seul a été trouvé
auxPaïens, ils pourraient plutôt blasphémer digne d'ètre sauvé avec sa famille. Voyez cepen-
contre nous au sujet des lois que les empereurs dant combien en cela vous vous écartez encore
:
chrétiens ont portées contre les adorateurs des
idoles et cependant beaucoup d'entre eux se
sont convertis et se convertissent encore cha-
delajustice ! Jusqu'à ce que vous soyez réduits à
sept, et que vous, vous fassiez le huitième, nous
ne pouvons pas vous reconnaître comme juste.
que jour au Dieu vivant et véritable. Assuré- Et encore pour cela faudrait-il savoir, si quel-
ment si les Juifs et les Païens croyaient que les qu'autre nes'est pas emparé, avant Donat, de
Chrétiens sont aussi peu nombreux que vous cette espèce de justice dans un pays éloigné,
ljjêtes, vous qui prétendez être les seuls chré-
en se séparant pour quelque motif plausible, et
tiens, ils ne daigneraient pas blasphémer con- se préservant ainsi avec sept autres des siens,du
tre vous, mais ils ne cesseraient d'en rire. Ne déluge de ce monde. Puisque vous ignorez si
craignez-vous pas que les Juifs ne vous disent : cela a eu lieu, et que vous n'en avez pas en-
Si c'est votre petit nombre qui forme l'Eglise tendu parler, comme beaucoup de peuples
du Christ, où est donc ce que votre Paul ap- chrétiens établis dans les régions les plus loin-
pelle votre Eglise, lorsque proclamant la mul- taines, n'ont jamais entendu prononcer le nom
::
titude des Chrétiens supérieure à celle des
Juifs, il s'écrie « Réjouissez-vous stérile qui
n'enfantiez pas poussez des cris d'allégresse,
de Donat, vous ne savez pas où est l'Église.
Elle sera là, ou aura été fait pour la première
fois, ce que vous avez fait ensuite, si jamais il
vous qui ne deveniez pas mère, parce qu'il a y a eu une cause légitime qui pût vous autori-
été accordé plus de fils à la femme délaissée ser à vous séparer de la communion de toutes
répondrez-vous :
qu'à celle qui a un mari (Gal., iv, 27). » Leur
Nous sommes d'autant plus
justes, que nous sommes peu nombreux? Et
les nations.
CHAPITRE IX. — 28. Pour nous, nous
sommes certains que personne ne peut se sé-
ne faites-vous pas attention qu'ils vous répon- parer justement de la communion de toutes les
Judaei et Paguni, sitam paucos putarent esse Chri- ? prorsus donec ad septem remaneas, qu.ibus
justitia
stianos,quam paucivos estis, qui solosvosCliristia. tu sis octavus, justum te esse non dicimus: si tamen
nosesseperhibetisjriecblasphemarenosdignarentur, non istam justitiam, sicus dicebam, praeripuit ali-
sed numquam ridere cessarent. Non. timetis ne quis ante partem Donati, et cum suis septem justa
vobis dicant Judaei, Ubi est quod Paulus vester Ec- aliqua caussa commotus, se longe alibi separavit, et
clesiam vestram intelligit, ubi dictum est; « Lætare a mundi hujus diluvio liberavil.Quod cumignoretis
sterilis, quae non paris, erumpe et exclama, quæ an factum sit, atque ita vobis inauditum, sicut mul-
non parturis; quoniam mulli lilii desertæ, magis tis populis Christianorum in longinquis terris con-
quam ejus quæ habet virum (Gal., iv, 27), » præ- stitutorum nomen Donati inauditum est, incerti
ponens multitudinem Christianorum multitudini
.ludaeorum, si Christi Ecclesia est paucitas vestra ?
Hoccine iliis dicturi estis, Ideo magis justi sumus,
;
estis ubi sit Ecclesia. Ibi enim erit, ubi primum
forsitan factum est, quod postea vos fecistis si po-
tuit esse ulla justa caussa, qua vos a communione
quia pauci sumus : nec adtenditis eos responsuros, omnium gentium separarc possetis.
Quoslibet vos esse dicatis, non tamen estis illi, de CAPUTIX.—28.Nos autemideo certisumus,nemi-
quibus dictum est, « Mulli filii desertae,» si tam nem se a communione omniumgentium juste sepa-
exigui numero remansistis ?
27. Iiic tu oppositurus es exemplum justi illius
rare potuisse, quia non quisque nostrum in justitia
sua,sed in Scripturis divinis quterit Ecclesiam, et ut
in diluvio, qui cum domo sua solus liberari digaus promissa est, reddi conspicit. Ipsa est enim de qua
inventus est. Vides ergo quam longe sis adhuc a dicitur, « Sicut lilium in medio spinarum, ita pro-
nations parce que chacun de nous doit cher- lée,cest-à-dire cachée et inconnue,
l'Église, me préci- je
cher non dans sa propre justice, mais pite non pas au milieu de vos troupeaux,mais
au
dans les saintes Écritures (1) qui nous la mon- milieu destroupeauxdevos compagnons,c'est-à-
;
dépravation de leurs mœurs, elles ne laissent ami vous partagiez avec moi
mon guide et mon
pas d'être des filles par la communion des riture; nous marchions d'un commun accord
une douce nour-
mêmes sacrements. C'est l'Église qui dit : « J'ai dans la maison du Seigneur. Que la mort
crié vers vous des extrémités de la terre dans vienne sur eux, et qu'ils descendent tout vi-
:
l'angoisse de mon cœur (Ps., LX,3). » Et encore vants dans les enfers (Ps., LIV, 14), comme
ailleurs « Le chagrin s'est emparé de moi, à Dathan et Abiron, auteurs de cette séparation
:
cause des pécheurs qui abandonnent votre loi mpie.
(Ps., exvin, 53). » Et encore J'ai vules in-
:
29. C'est à l'Église que l'époux répond tout
? « Où :
sensés, et je séchais de douleur (Ps., CXVIII, aussitôt «Si vous ne vous connaissez pasvous-
158). » C'est elle qui dit à son époux même, ô vous qui êtes belle entre toutes les
menez-vous paître vos brebis Où vous reposez- femmes, sortez, allez sur les traces des trou-
vous au midi, de peur que, voilée, je ne m'é- peaux, et, menez paître vos chevreaux autour
gare au milieu des troupeaux de vos compa- des tentes des pasteurs (Cant., 1, 7).» 0 réponse
:;
gnons (Cant., i, 6). » La même chose est dite du plus doux des époux Si vous ne vous con-
ailleurs « Apprenez-moi la force de votre naissez pas vous-même, dit-il Une ville bâtie
! !
droite faites-moi connaître ceux dont le cœur sur le haut d'une montagne, ne peut être ca-
est instruit dans la sagesse (PS., LXXXIX,12),» chée (ftfatth., v, 14). C'estpourquoi vous n'êtes
c'est-à-dire, quels sont ceux qui sont brillants de pas voilée, ni exposée à vous jeter au milieu
lumière et embrâsés de charité, et en qui vous des troupeaux de mes compagnons, car je suis
vous reposez comme au midi, de peur que, voi- la montagne élevée au-dessus du sommet des
(1) Cettebelle et grande pensée de saint Augustin attaque directement le principe de tous les schismes passés et pré-
sents qui ont divisé et divisent encore l'Eglise.
xima mea in medio filiarum (Cant., II, 2) : « quæ torum. De quibus alibi dicitur, « Tu vero unanimis
nec spince dici possunt, nisi malignitate morum ; meus, et dux mens, et notus meus, qui simul me,
nec filiae, nisi communione sacramentorum. Ipsa cum dulces capiebas cibos, in domo Domini ambu-
est enim qute dicit, « Afinibus terræad te clamavi, lavimus cum consensu : Veniat mors super ill03, et
cumanxiaretur cor meum (PsalLX, 3). » Quae in descendant in internum viventes (Ps. LIV, 14); sicut
alio Psalmo dicit, « Taidium detinuit me a peccato- Dathan et Abiron, impise separations auctores.
ribus derelinquentibus legem tuam (psal., CXVIlI, 29. Ipsa est cui continuo respondetur, « ;Nisi co-
Zaino 53) : » et, « Vidi insensatos, et tabescebam gnoveris temetipsam, o pulcra inter mulieres, exi
(Ibid., Res. 158). » Ipsa est, quae, dicit sponso suo, tu in vestigiis gregum, et pasce haedos tuos in ta-
« Ubi pascis, ubi cubas in meridie; ne forte liam bernaculis pastorum (Cant., i, 7).» 0 responsio
sicut operta super greges sodalium tuorum (Cant. dulcissimi sponsi ! « Nisi cognoveris temetipsam,
I, 6). o Id est quod alibi dicitur, « Dexteram tuam inquit. Quia utiquenon potest civitas abscondi su-
notam fac milii, et ernditos cordein sapientia (Psal., pra montem constituta (Matth., v, 14) : et ideo non
ferventibus quasi in meridic requiescis ne forte
velut operta, id est occulta et ignota, irruani non
:
LXXXIX, 12) : » in quibus luce fulgenlibus et caritate es operta, ut incurras in greges sodalium (a) meo-
rum. Ego l-nim sum mons paratus in eacumine
:
montium, ad quem venient universte gentes « Nisi
in gregem tuum, sed in greges sodalium tuorum, ergo cognoveris temetipsam, » non in verbis calum-
id est, hæreticorum. Quos ita sodales dicit, sicut niosorum, sed in testimoniis librorum meorum.
spinas illas fidias, propter communionem sacramen- «Nisi cognoveris temetipsam, » quia de te dictum
(a)Editi,sodalium tuorum. At MSS. septemdecim habent, meorum.
plus hantes montagnes, à laquelle viendront
toutes les nations de la terre. Vous pourriez
»
bien « ne pas vous reconnaître dans le dis-
mais sur les traces des troupeaux :
troupeaux; » je ne dis pas sur mes traces,
je ne dis pas
d'un seul troupeau, mais des troupeaux sépa-
cours des calomniateurs, mais vous vous con- rés et errants. « Paissez vos chevreaux, » non
naîtrez dans les témoignages que vous rendent
mes livres. « Ne pas vous reconnaître 1 » Mais
;
comme Pierre, à qui il. est dit Paissez mes
brebis (Jean, xxi,17); «mais paissez vos che-
c'est de vous qu'il a été dit : Etendez au loin vreaux autour des tentes des pasteurs, » non
des cordes, et affermissez solidement des pieux, près de la tente du pasteur où il n'y a qu'un
ou à gauche :
portez-les toujours deplus en plus loin, àdroite
car votre race aura les nations
pour héritage, et vous repeuplerez les villes
seul troupeau et un seul pasteur.Car l'Église se
connaît elle-même, de peur qu'il ne lui arrive
ce qui est arrivé à ceux qui ne se sont pas conj
qui étaient désertes. Ne craignez rien, vous nus en elle.
triompherez. Ne rougissez pas de ce que vous 30. C'est d'elle qu'il est dit, par comparaison
étiez auparavant détestée; vous oublierez à
jamais ce qui faisait le sujet de votre honte, et
vous ne vous souviendrez plus de l'opprobre de
tude des méchants :
du petit nombre de ses enfants avec la multi-
« La voie qui mène à la
vie est étroite et difficile, et il y en a peu qui y
votre veuvage. Car je suis le Seigneur qui marchent (ltfatth., vu, 14). » Et c'est aussi de
prend soin de vous former. Le Seigneur est mon :
la multitude de ses enfants qu'il est dit «Votre
nom. Celui qui vous délivre est le Dieu d'Israël race sera comme les étoiles du ciel et le sable
qui sera invoqué dans tout l'univers (Isaïe,LIV, dela mer (GenXXII,17).» En effet, les fidèles,
2 etc.). «Ne pas vous reconnaître, vous, ô la les saints et les bons sont peu nombreux en
plus belle des femmes (Cant., 1,7); » vous de comparaison du grand nombre des méchants,
:
qui il est dit « Le roi a désiré votre beauté mais ils sont nombreux quand on les regarde
:
fils vous sont nés pour succéder à vos pères et
vous les établirez princes sur to-ute la terre
;
(Ps.,XLIV, 12) » vous de qui il a été dit : « Des en eux-mêmes. Car il est dit « Celle qui était
abandonnée a plus d'enfants que celle qui avait
un mari (Gal., IV, 27).» Plusieurs viendront de
PsXLIV,17) ! Sivousne vous connaissez pas l'Orient etdel'Occident et prendront place avec
vous-mêmes, sortez. » Je ne vous chasse pas, Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des
mais sortez, vous-mêmes, pour qu'on dise de cieux (Matth., VIII, 11). Dieu veut se former un
vous: Ils sont sortis d'entre nous, mais ils n'é- peuple nombreux, zélé pour les bonnes œuvres.
taient pas de nous. «Sortez sur les traces des Saint Jean a vu dans son Apocalypse des mil-
1
:
est Porrige longius funiculos, et palos validos con-
firma : etiam atque etiam in dexteram atque sini-
stigiis gregum : nec unius gregis, sed gregum divi-
sorum et errantium. « Et pasce hædos tuos, non »
stram extende. Semen enim tuum hereditabit gen- sicut Petrus, cui dicitur, Pasce oves meas; sed
tes, et civitates quæ desertæ erant, inhabitabis. iNon « pasce lieedos tuos in tabernaculispastorum,»non
est quod metuas, prsevalebis enim, nec erubescas in tabernaculo pastoris, ubi est unus grex et unus
quod detestabilis fueris.Confusionem enim in per- pastor (Johan.,!xxi, 17). Cognoscit enim semetipsam,
petuum oblivisceris, igcominiae viduitatis tuæ non ne hoc ei contingat, quia hoc contigit eis, qui se in
eris memor. Ego enim sum Dominus qui facio te, illa non cognoverunt.
Dominus nomen ei. Et qui eruit te, ipse Deus Israël 30. Ipsa est, de cujus paucitate dicitur in compa-
universæ terræ vocabitur (Isa., LIV, 2, 4). « Nisi ratione plurimorum malorum, « quia angusta et
cognoveris temetipsam, o pulcra inter mulieres arta via est, quae ducit ad vitam, et pauci sunt qui
(Cant., I, 7) :» quia de te dictum est, Concupivit ambulant in ea (Matt., VII, 14). » Et rursus ipsa est,
rex speciem tuam (PsXLIV, 12) : quia de te dic- de cujus multiudiciedicitur, » Sic erit senen tuum,
tum est, Pro patribus tuis nati sunt tibi filii, con- sicut stellae eæli, et sicut arena maris (Gen.,XXIl,
stitues eos principes super omnem terram (Ibid., 17). » Iidem quippe fideles sancti et boni, et in
17). Nisi ergo cognoveris temetipsam, exi tu :» comparatioaeplurium malorum pauci sunt, et per
»
non ego te ejicio, sed exi tu, ut dicatur de te : Ex se ipsi multi sunt : quia multi filii desertae, magis
nobis exierunt, sed non erant ex nobis. « Exi tu in quam ejus quæ habet virum (Gal., iv, 27) : Et multi
vestigiis gregum, » non in vestigiis meis, sedinve- ab Oriente et Occidente venient, et recumbent cum
liers dhommes en si grand nombre, qu'on ne 31. C'est un de ces temps d'orage qu'Hilaire
pourrait les compter, de toute tribu et de toute a décrit dans l'endroit où vous avez cru trouver
langue, revêtus de robes blanches, et ayant à de quoi éluder tant de témoignages de l'Ecri-
la main les palmes de la victoire (Apocvu, 9). ture, comme s'il avait voulu dire, que l'Eglise
C'est toujours cette même Église qui est quel- avait disparu de la terre (1). Mais c'est comme
quefois obscurcie, et comme dérobée aux yeux si vous vouliez prétendre, qu'il n'y avait plus
par la multitude des scandales, lorsque les pé- d'Eglises en Galatie lorsque l'Apôtre disait aux
cheurs tendent leur arc dans l'obscurité, Galates : « 0 insensés que vous êtes, qui vous
pour percer de leurs traits ceux qui ont a fascinés à ce point que vous finissiez par la
le cœur droit (Ps.,x, 2). Mais même alors elle chair, vous qui aviez commencé par l'esprit
resplendit dans ses enfants les plus forts. Et si (GaZ., m, 1). » C'est ainsi que vous calomniez
dans ces paroles divines il faut chercher plu- ce savant évêque, qui voulait seulement répri-
:
sieurs sens, ce ne serait pas en vain qu'il a été
dit de la race d'Abraham Elle sera « comme
les étoiles du ciel, et comme le sable qui est au
mander les cœurs languissants et timides, qu'il
enfantait de nouveau jusqu'à ce que le Christ
fût formé en eux. Qui ignore en effet qu'à cette
bord de la mer (Genxn,17). »
Par les étoiles époque beaucoup d'hommes peu sensés s'étaient
du ciel, il faut peut-être entendre les âmes fer- laissé tromper par des mots obscurs, et pen-
mes et éclairées, qui sont en petit nombre dans saient que la foi des Ariens n'était pas différente
l'Église, et par le sable du rivage de la mer, la de la leur? D'autres cédaient à la crainte, et ne
grande multitude des faibles et des charnels, marchant pas selon la vérité de l'Evangile,
qui parait quelquefois en repos, lorsque le feignaient d'approuver la doctrine des Ariens.
temps est calme est tranquille, mais qui est On leur pardonna néanmoins lorsqu'ils recon-
troublée et submergée par les flots et les tem- nurent leur erreur, mais vous n'auriez pas
pétes des tribulations et des tentations. - voulu qu'on leur pardonnât. Or,
vous ne com-
(1) Le passage de saint Hilaire, dont Vincent abusait, est tiré du livre des conciles contre les Ariens où ce saint dit :
Excepté Eleusius et le petit nombre de ceux qui sont avec lui, personne dans les dix 7provinces de l'Asie ou je me trouve, ne
connait véritablement Dieu. Mais Vincent abusait évidemment des paroles du saint évêque, comme on le voit par l'expli-
cation même de saint Augustin disant que saint Hilaire ne blâmait que l'ivraie ou le mauvais grain de ces dix
provinces.
Abraham, Isiac, et Jacob in re no cælorum 31. Tale tunc erat tempus, de quo scripsit(a)
(Matt., vni, M) ; etquiaexhibet sibiDeus populum
abundantem aemulatorem bonorum operum
multa millia, quae numerare nemo potest, videntur
:
et
in Apocalypsi,cx omni tribu et lingua, in stolis albis
Hilarius, unde putasti insidiandum contra testimo-
nia tot divina, tamquam perierit Ecclesia de orbe
terrarum. Potes hoc modo dicere, nec tot ecclesias
Galatiae tunc fuisse, quando dicebat Apostolus, « 0
palmisque victricibus (Apoc., VII, 9). Ipsa est quæ stulti Galatæ, quis vos fascinavit, ut cum spiritu
aliquando obscuratur, et ta mquam obnubilaturmul- cæperitis, nunc carne consummemini (Gal., in, 1)?»
titudine scandalorum, quando peccatores intendunt Sic enim calumniaris docto viro, qui tardicordes et
arcum, ut sagittent in obscura luna rectos corde timidos graviter increpabat, quos iterum parturie-
(Psal.,g;2).Sed etiamtunc in suis firmissimis emi- bat, donee Christus formaretur in eis. Quis enim
net. Et si aliqua in his verbis divinis distributiu fa- nescit illo tempore obscuris verbis multos parvi
cienda est, fortasse non frustra dictum sit de femine sensus fuisse delusos, ut putarent hoc credi ab
Abrahse,«Sicut stellæcæli, et sicut arena, quae est ad Arianis, quod etiam ipsi credebant : alios autem
oram maris (Gen., xxn, 17);» ut in stellis cseli pau- timore cessisse et simulate consensisse, non recte
ciores, fimiores, clarioresque intelligantur; in ingredientes ad veritatem Evangelii, quibus tu po-
arenà autem maritimi littoris magna muliiiudo in- stea correctis, sic quemadmodum ignot.um est, nol-
firmorum atque carnalium; quae aliquando tran- les ignosci ? Prorsus non nosti litteras Dei. Lege
quillitate temporis quieta et libera apparet, ali- enim quid de Petro scripserit Paulus, et quid inde
quando autem tribulationum et tentationum flu- etiam senserit Cyprianus; et non tibi displiceat
ctihus oparítur atque turbatur. Ecclesise mansuetudo, quae membra Christi disper-
(a) .Abutebatur Vincentius isto Hilarii testimonio ex lib. de Synodis adversusArianos, ubi dicit,Narn^absqueeusto
et paucis cum eo, ex majori parte Asianæ decem provinciæ, intra quas consisto, vera Deum nesciunt.Quod quidem faCIle m-
telligitur ex verbis Augustini respondentis, decem provinciarum Asianarum zizania redargiti ab Hilario.
prenez pas les livres divins. Lisez ce que Paul mandes d'autant plus fortes qu'il les croyait
a écrit sur Pierre, et ce que Cyprien en a plus nécessaires. Telle est en effet la manière
pensé. Alors vous ne trouverez rien à redire à de réprimander employée par les Ecritures
la douceur et à la mansuétude de l'Eglise, canoniques. Elles s'adressent à tous pour être
qui rassemble les membres dispersés du Christ,
et ne les disperse pas quand ils sont unis. Car
entre ceux mêmes qui demeurèrent fermes et
:
entendues de quelques-uns. Car lorsque l'Apôtre
dit aux Corinthiens « Comment s'en trouve-
t-il parmi vous qui osent dire que les morts ne
qui étaient en état de comprendre ce qu'il y ressusciteront pas (I Cor., xv, 12)? » Il montre
avaitde captieux dans les paroles des hérétiques, évidementque tous ne pensaient pas ainsi,mais
et qui étaient peu nombreux en comparaison
des autres, Jes uns étaient exilés pour avoir ;
qu'il y en avait parmi eux qui partageaient
cette erreur et pour que les bons ne fussent
:
courageusement défendu la foi de l'Eglise, et
les autres se tenaient cachés en diverses parties
du monde. C'est ainsi que l'Eglise qui va crois-
;
pas séduits par les mauvais, il leur dit « Ne
vous laissez pas séduire les mauvais entretiens
corrompent les mœurs. Soyez sobres, justes et
sant par toutes les nations, s'est conservée dan- ne péchez pas. Il en est quelques-uns parmi
le pur froment du Seigneur, et le sera jusqu'à vous qui ne connaissent pas Dieu. Je vous le
ce qu'elle ait reçu dans son sein toutes les dis pour vous faire honte (I Cor., xv, 33). » Il
peuples, et même les nations barbares. En
effet, l'Eglise, est ce bon grain que le Fils de
:
leur dit aussi « Puisqu'il y a parmi vous des
jalousies et des disputes, n'est-il pas visible
l'homme a semé et dont il a prédit l'accroisse- que vous êles charnels et que vous vous con-
ment-parmi l'ivraie,jusqu'aujourde la moisson. duisez selon l'homme (I Cor., III, 3). » Ne
Or, le champ où le Fils de l'homme a semé est dirait-on pas que l'Apôtre s'adresse à tous?
le monde, et le jour de la moisson, c'est la fin Cependant vous voyez combien est grave ce
des siècles. qu'il dit. Or, si dans la même Epitre nous ne
32. Hilaire reprenait donc ceux qui dans les :
lisions pas « Je rends pour vous à mon Dieu
des actionsde grâces continuelles, à cause de
;
dix provinces d'Asie représentaient l'ivraie, et
non le bon grain mais peut-être aussi s'adress
sait-il au bon grain qui était en danger de
la grâce de Dieu qui vous a été donnée en
Jésus-Christ, et des richesses dont vous avez été
se corrompre, et auquel il adressait des repri- comblés en lui en tout ce qui est des dons de
(a) Er. et Lov. juste, juxta græcum textum, §ixai'w;,A.t Bad. Am. et sedecim MSS. cumvulgata habet;justi.
;
la parole et de la science le témoignage de
Jésus-Christ ayant été ainsi confirmé parmi
blés à la fin des temps, comme le dit l'Evangile,
des quatre vents, depuis une extrémité du ciel
vous, de sorte que nulle grâce ne vous manque jusqu'à l'autre (Matth., XXIV, 31).-Car c'est la
(I Cor., I, 4). » Si nous ne lisions pas, dis-je,ces voix de ses élus qui dit: « Sauvez-moi, Sei-
paroles, nous pourrions croire que tous les gneur, parce qu'il n'y a plus de saints, parce
Corinthiensétaient charnels, vivant de la vie que les vérités disparaissent d'entre les enfants
animale, n'ayant pas l'intelligence des choses des hommes (Ps., xi, 2). » Et c'est d'eux que
qui sont de l'esprit de Dieu, querelleurs, jaloux, le Seigneur dit, en voyant l'abondance de
et marchant selon l'homme (I Cor.,II, 44).»
:
Comprenons donc que ces paroles « Tout le
monde est plongé dans le mal (I Jean, v,
l'iniquité, « celui qui aura persévéré jusqu'à la
fin sera sauvé (Matth., xxiv, 13). » Enfin lasuite
il
du Psaume où estdit: « C'estvous, Seigneur,
: :
19), » doivent s'entendre de l'ivraie qui est
répandue partout et que ces autres Le Christ
est propitiationpournospéchés, non-seulement
qui nous sauverez et qui nous préserverez de
cette générationjusqu'à l'éternité (Ps., xi, 8),»
fait bien voir qu'il ne s'agit pas ici d'un seul
pour les nôtres mais pour ceux du monde en- homme, mais de beaucoup d'autres. Carc'est
tier, ont été dites àcause du froment qui se à cause de cette abondance d'iniquité prédite
trouve dans tout l'univers.
33. L'abondance des scandales refroidit la , :
par le Seigneur, qu'il a été écrit « Quand le
Fils de l'homme viendra croyez-vous qu'il
charité de plusieurs, et plus le nom du Christ trouve encore de la foi sur la terre (Luc, XVIII,
est glorifié, plus il y a de méchants qui se 8). » Le doute de celui qui sait tout a présagé
réunissent dans la communion de ses sacre- notre doute à nous-même sur ce point, c'est-à-
ments, et s'endurcissent dans leur perversité ; dire le doute de l'Eglise, qui à force d'être
mais ils sont comme la paille qui sera séparée trompée sur le compte de beaucoup de ceux
du bon grain quand viendra le jour de la dans lesquels elle avait mis son espérance, et
grande séparation. Les méchants n'étoufferont et qui se sont montrés tout autres qu'elle l'a-
pas le froment du Seigneur, peu abondant en vait cru, est ainsi troublée dans les siens, au
lui-même:
comparaison de l'ivraie, mais abondant en
c'est-à-dire les méchants n'étouf-
feront pas les élus de Dieu qui seront rassem-
point dene plus vouloir trop facilement croire
quelque chose de bon sur le compte d'aucun
d'eux. Cependant il n'est pas permis de douter
confirmatum est in vobis, ita ut nihildesit vobis in « Salvum mefac Domine, quoniam defecit sanctus;
ulla gratia (I Cor., r, 4); » putaremus omnes Corin- qnoniam diminuiæ sunt veritates a filiis hominum
thios carnales et animales, non percipientes quse (Psal., Xl, 2).» De quibus et Dominus dbit inter
sunt spirifcus Dei, contentiosos, æmulos, secundum abundantiam iniquitatis, « Qui perseveraverit usque
hominem ambulantes (I Cor., II,14). Itaque ettotus in finem, hiesalvus erit (Mat.,xxiv, 13). » Denique
in modern Psalmo
mundus in maligno positus est (I Johan., v, 19), non unum hominem, sed plures
propter zizania, quæ sunt per totum mundum : et loqui consequentia docent ubi dicitur, « Tu Domine
Christus propitiator est peccatorum nostrorum, servabis jios, et custodies nos a generatione hac. in
seternum (Psal., xi, 8). » Propter hanc enim
abun-
non tantum nostrorum, sed et totius mundi,
propter triticum quod est per totum mundum. dantiam iniquitatis, quam Dominus futuram esse
33. Refrigescit autem caritas multorum propter prædixit, etiam illud positum est, « Cum venerit
scandalorum abundantiam, quanto magis magisque filius hominis, putas inveniet fidem in terra (Luca,
glorificatoChristi nominecongregantur in commu- XVIII, 8). »
Dubitatio enim cuncta scientis nostram
nionem sacramentorum ejus etiam maligni, et per- in illo dubitationem præfiguravit, quando Ecclesia
speravit, sæpe decep-
severanter omnino perversi, sed tamen tamquam ex multis, de quibus multum sunt, sic
palea de area dominica nonnisi ultima ventilatione ta, quod aliter quam credebantur inventi
separandi. Non exstinguunt isti frumenta dominica, perturbáturinsuis,utde nullo facile bomaliquid
in eorum quidem comparatione pauca, sed multa velit credere. Ipsos tamen quorum inventurus est
per scipsa; non exstinguunt electos Dei congregan- fidemin terra, per totum agrum cum zizaniis cres-
dos in fine sseculi, sicut Evangelium loquitur, a cere, dubitare fas non est.
quatuor ventis, a summis cælorum usque ad termi- 54. Ipsa est ergo Ecclesia, quæ intra sagenam do-
nos eorum (MQtt.,XXIV, 31). Ipsorum enim vox est ; minicam cum malis piscibus natat, a quibus corde
que ceux dans lesquels le Seigneur trouvera de sur des choses où ils se seraient peut-être
la foi sur la terre auront cru avec l'ivraie dans avancés au delà de la vérité. Nous, ne balan-
toute l'étendue de son champ. çons pas à nous mettre au même rang et nous
34. C'est donc l'Église elle-même qui, selon
la parabole de la pêche, nage dans le filet du
Seigneur avec les mauvais poissons; elle s'en
:
ne dédaignons pas de nous appliquer à. nous-
mêmes cette parole de l'Apôtre « Si vous avez
un sentiment qui ne soit pas conforme à la
sépare toutefois par le cœur et par les mœurs, vérité, Dieu vous éclairera. Toutefohrmarchons
afin de se montrer à son époux, aussi glorieuse dans la lumière que nous avons déjà reçue
que pure et sans tache. Quant à la séparation »
(Phil., HI, 15). C'est-à-dire, tenons-nous et
effective., l'Église attend qu'elle se fassecomme
celle des bons et des mauvais poissons sur le
rivage de la mer, c'est-à-dire à la fin des
marchons dans la voie, qui est le Christ, et
dont le Psalmiste parle en ces termes « Que
Dieu ait pitié de nous et nous bénisse. Qu'il
:
siècles; cependant elle corrige ceux qu'elle peut-fasse briller son visage sur nous, pour que
et tolère ceux qu'elle ne peut pas corriger,mais nous connaissions, Seigneur, votre voie sur la
l'iniquité de ces derniers ne lui fait pas aban- terre, et votre salut dans toutes les nations
donner l'union avec les bons, (Ps., LXVI, 2). »
CHAPITRE X. — 35. Veuillez donc, frère, ne 36. S'il vous plaît de suivre l'autorité du
pas combattre tant de témoignages divins, si saint évêque et glorieux martyr Cyprien, qu'il
clairs, si indubitables, en cherchant pour les ne faut pas cependant, comme je l'ai dit, con-
calomnier, quelques passages que vous trouvez fondre avec celle des Livres canoniques, pour-
dans les écrits des évêques, soit de ceux qui, quoi ne le suivez-vous pas également dans son
comme Hilaire, ont vécu dans notre commu- amour pour l'unité dé la terre entière et de
nion depuis votre séparation, soit de ceux qui toutes les nations, et dans sa fermeté pour la
vivaient au temps où l'unité n'était pas encore défendre. N'oubliez pas qu'il a traité d'arro-
divisée par le schisme de Donat, comme Cyprien gants et de superbes ceux qui auraient voulu,
et Agrippin (1), parce que ces écrivains-là en se regardant comme les seuls justes, se sé-
n'ont pas l'autorité des Livres canoniques.Leurs parer de cette unité, et qu'il a tourné en ridi-
livres ne nous fournissent pas des preuves et cule la hardiesse de ceux qui voulaient s'at-
des témoignages assez irrécusables, pour ne tribuer ce que le Seigneur n'a pas même ac-
pas nous permettre de penser autrement qu'eux, cordé à ses Apôtres, c'est-à-dire d'arracher
-
(1) L'évêque Agrippin fut le successeur de saint Cyprien dans l'évêché de Carthage.
semper et moiibus separatur atque discedit, ut ut non dedignemur etiam nobis dictum ab Apostolo
exhibeatur viro suo gloriosa, non habens maculam accipere, «Et siquid aliter sapit is, id quoque Deus
neque rugam. Corporalem autem separationem in vobis revelabit. Verumtamen in quod pervenimus,
littore maris, hoc est, in fine sæculi exspedat, cor- in eo ambulemus (Phil., Ill, i5), » in illa via scilicet,
rigens quos potest; tolerans quos corrigere non quae est Christus. De qua via ita Psalmus loquitur:
git iniquitatcm, ipsa bonorum deserit unitatem.
CAPUTX.- 35.
:
potest : non tamen propter eorum quos non corri- « Deus misereatur nostri, et benedicat nobis, illu-
minet vultum suum super nos ut cognoscamus in
Noli ergo frater contra divina tam terra viaui tuam, in omnibus gentibus salutare
multa, tam clara, tam indubitata testimonia,colligere tuum (Psal., LXVI, 2). »
veljeealumniasex episcoporum scriptistsivenostro- 36. Deinde si sancti Cypriani episcopi etgloriosi
rum, sicut Hilarii; SiVHantequam pars Donati separa- martyris te delectat auctûritas, qaam quidem
retur, ipsius unitatis, sicut Cypriani etAgrippini: pri- sicut dixi, a canonica auctoritate distinguirnus;
mo, quia hoc genus litterarum ab (a) auctoritate cur in eo te non delectat, quod unitatem orbis ,
canonis distinguendum est. Non enim sic leguntur lerrae atquee omnium gentium, et diligendo tenuit,
tamquamita ex eis testinonuim proferatur, ut con- "t disputando defendit: quod eos qui se tamquam
tra sentire non liceat, sicubi forte aliter sapuerunt justos ab ea separare voluissent arrogantissimos et
quamveritas postulat. In eo quippe numero sumus, superbissimos juJicavit, irridens eos hoc sibi. assu-
mere, quod nec Apostolis concessit Dominus, ut lime perspicis totam caussam vestram penitus ever-
ante tempus zizania colligerent (Matthxur, 30), sam et exstinctam. Si enim sacramenta cum pecca-
aut tamquam ipsis palam ferre et aream purgare toribus communicando,sicutputatis, peritt Ecclesia,
concessum sit, paleas conarentur a tritico separare : quæ fuerat in orbe terrarum, (nam vos ideo sepa-
quod u'lumquemque peccatis alienis maculari non
possemonstravit, quam sibi omnes impiæ seditionis
auctores solam caussam separationis assumunt:
rastits) jam prius tota perierat, cum, sicut dicit
Cyprianus, in earn sine baptismo admittebantur
ac sic riecipse Cyprianus habebat in qua Ecclesia
:
quod in eo ipso, in quo aliter sapuit, collegas nasceretur; quanto magis multo posterior vester
diversa sentientes, nec judicandos, nec a jure com- auctor paterque Donatus? Si aulem ULlo tempore,
munionis amovendos esse decrevit : quod in ea ipsa cum in earn sine baptismo admittebantur, erat
epistola ad Jubaianum, quæ in concilio (cujus tamen Ecclesia, quæ pareret Cyprianum, pareret
auctoritatem ad rebaptizandum sequi vos dicitis) et Donatum, manifestum est non contaminari
primitus recitata est, cum fateatur in præteritum justos alienis peccatis, quando cum eis sacra-
sic esse admissos in Ecclesiam, qui fueraht alibi menta communicant. Ac per hoc separationem,
156. f
baptizati, ut dl'nuo non baptizarentur, unde illos qua existis ab unitate, qua tixcusatione pos-
sine baptismo fuisse arbitratur ; tantum tamen sitis abluerenonhabetis, impleturque in
vobis san-
ponit utilitatis et salubritatis in pace Ecclesiæ, ut ctse Scripturae illud oraculum (b), « Filius malus
propter illam non eos credat ab Ecclesiae muneribus ipse se justum dicit, exitumautem suumnun abluit
separari?
37. Qua in re, sicut ingeaium tuum novi, facil-
(Prov 24),»
,
38. Meritis autem Cypriani sic non æquaLur,
:
~xaxbv'Sfxaiov eauxov XpCVEL,x^vS'l'ijoSov ~duxou ~oux (bciVLEV quem ~locumHieronymus inlib. I, adversusPelag. c. xn,
citas his verbis Filius malus justum se facit, et non lavat exitum suum.
38. On ne prétend pas plus s'égaler à Cyprien, tant il s'est encore trouvé des imposteurs qui
qui à cause de la similitude des sacrements ont tenté de falsifier ces livres canoniques, et
n'ose pas rebaptiser, même les hérétiques, de produire bien des choses sous le nom des
qu'on ne prétend s'égaler à saint Pierre, parce Apôtres. Vains efforts! Nos saintes Ecritures
qu'on ne force pas les Gentils à Judaïser. Mais sont trop bien connues, trop publiées et aussi
la faiblesse et la correction de saint Pierre sont trop vénérées! Mais enfin cet effort d'une au-
rapportées dans les Ecritures canoniques,tandis dace impie, en s'attaquant à ce qui était ap-
que Les sentiments de Cyprien sur le baptême, puyé sur une masse de témoignages et sur une
contraires à la règle et à la coutume de l'Eglise, notoriété si bien éiablie, a prouvé ce qu'on
ne se trouvent pas dans les livres canoniques, pourrait tenter contre des livres qui n'avaient
mais dans les siens et dans les lettres d'un con- pas pour base l'autorité canonique.
cile. Cependant on n'y voit pas qu'il ait changé 39. Nous ne voudrions pas dire néanmoins
de sentiments, quoiqu'il ne soit pas invraisem- que telle n'a pas été l'opinion de Cyprien, et
blable qu'un si grand homme ait pu se cor- cela pour deux raisons. D'abord c'est que son
riger. Peut-être même les preuves de son retour style a une physionomie particulière, à laquelle
à une saine croyance ont-elles été supprimées il est facile de le reconnaître ; ensuite, parce que
par ceux qui se réjouissaient de son erreur, et ce que nous cherchons à établir contre vous, se
qui n'auraient pas voulu se priver du patro- trouve invinciblement démontré dans ses écrits,
nage d'un si grand homme. Il s'en trouve et que le prétexte que vous avez mis en avant
même qui prétendent que Cyprien n'a jamais pour vous séparer de nous, c'est-à-direla crainte
eu cette opinion, mais qu'elle lui a été imputée d'être souillés par les péchés d'autrui, est com-
par des imposteurs. En effet, l'authenticité des plètement anéantie. Car il parait, par les livres
livres d'un seul homme, fût-il des plus illustres de saint Cyprien, que l'on demeurait uni avec
comme Cyprien, ne peut-être certainement re- les pécheurs dans la participation des mêmes
connue comme celle des livres canoniques, sacrements, puisque l'on recevait, même dans
traduits en tant de langues, successivement et l'Eglise, des gens qui, selon votre opinion, et,
religieusement conservés dans l'Eglise. Pour- comme vous le prétendez, selon celle de Cy-
milus justum se facit et non lavat exitum suum, c'est-à-dire, le mauvais fils se donne pour juste, mais il ne se lave
pasdesaséparation.
qui propter paria sacramenta nec ipsos hæreticos Frustra quidem; quia illa sic commendata, sic ce-
audet rebaptizar, sicut non sequatur meritis Petri,
quisquis non cogit gentes Judaizare. Sed illa Petri
:
lebrata, sic nota est verum quid possit adversus
litteras, non canonica auctoritate fundatas, etiam
non tantum claudicatio, verum etiam correctio hinc demonstravit impiae conatus audaciæ, quod
Scripturis canonicis continetur: Cyprianus autem et adversus eas, quæ tanta notitise mole firmatae
sensisse aliter de haptismo, quam forma et consue- sunt, sese erigere non prætcrmisit.
tudo habebat Ecclesiæ, non in canonicis, sed in 39. Nos tamen duas ob res, non negamus illud
suis et in concilii litteris invenitur : correxisse sensisse Cyprianum; quod et stilus ejus habet
autem istam sententiam non invenitur, non incon- quamdam propriam faciem; qua possit agnosci : et
gruenter tamen de tali viro existimandum est quod quod ibi magis contra vos nostra caussa demon-
correxerit, et forlasse- suppressum sit ab eis, qui stratur invictior, vestraeque separations praesum-
hoc errore nimium delectati sunt, et tanto velut tio, videlicet ne macularemini peccatis alienis, tota
patrocinio carere noluernnt. Quamquam non de- facilitate subverlitur, cum apparet in litteris Cy-
sint, qui hoc Cyprianum prorsus non sensisse con- priani, communicata esse cum peccatoribussacra-
tendant, sed sub ejus nomine a praesentoribus at- menta, cum admissi sunt in Ecclesiam, qui secun-
quemendacibusfuisse confictum. Nequeenim sic dum vestram, et sicut vultis, illius sententiam,
potuit integritas atque notitia litterarum unius baptismum nan habebant, et tamen Ecclesiam non
quamlibet illuslris episcopi custodiri, quemadmo- perisse, sed in sui generis dignitate per totum or-
dum Scriptura canonica, tot linguarum litteris, et bem sparsa dominica frumenta mansisse. Ac per
ordine, et successione celebrationis ecclesiasticae hoc si perturbati tamquam ad aliquem portum sic
custoditur, contra quam tamen non defuerunt, qui ac auctoritMem Cypriani confugitis, videtis, quem
sub nomiuibus Apostolorum multa connngeroit. illic scopulum vester error offendat :si autem jam
prien lui-même, n'avaient pas reçu le baptême, charité, son martyre ne lui aurait servi de
et que cependant pour cela l'Eglise n'avait pas rien.
péri, et que le froment du Seigneur, répandu 41. Faites encore attention aux lettres de
sur toute la terre, n'avait rien perdu de sa di- Cyprien, et voyez combien il trouve inexcu-
gnité. Si donc, nochers troublés, vous vous ré- sable celui qui, sous prétexte de
sa propre jus-
fugiez dans l'autorité de Cyprien comme dans tice, veut se séparer de l'unité de l'Eglise
que
un port, vous voyez contre quelécueil votre Dieu, selon ses promesses immuables, à répan-
erreur vient se briser. Que si vous n'osez pas due par toute la terre, et comprenez combien
vous réfugier de ce côté, vous luttez en vain, est vraie la sentence que je viens de vous
et votre naufrage est certain. :
citer «Le méchant fils se donne pour juste,
40. Ainsi donc, ou Cyprien n'a nullement mais il ne peut se laver de la souillure de sa
pensé ce que vous dites, où il est revenu en- séparation (Prov., XXIV, selon les Septante).)
suite à la règle de la vérité, ou cette tache d'un Dans une lettre qu'il écrivit à Antonien, il
cée par l'abondance de la charité, avec laquelle mais citons ses propres paroles :
cœur si pur et si candide a été couverte et effa- traite du sujet qui nous occupe présentement,
« Parmi les
il défend vigoureusement l'unité de l'Eglise évèques qui nous ont précédés dans cette même
qui va croissant par toute la terre, et par sa province, il s'en est trouvé quelques-uns pen-
persévérance à maintenir le lien de la paix. sant qu'il ne fallait accorder aux adultères ni
:
Car il a été écrit « La charité couvre la mul- le sacrement de la réconciliation, ni l'entrée et
titude des péchés (I Pierre, IV, 8). :> En outre, le retour à la pénitence. Cependant malgré la
s'il y avait quelque chose à retrancher dans dureté ou l'opiniâtreté de leur réprimande, ces
cette branche si féconde, le père de famille l'a évêques ne se sont pas pour cela séparés de la
supprimé par le fer du martyre. Car le Sei- communion de leurs collègues, et n'ont, pas-
:
gneur dit « Mon père taille la branche qui brisé l'unité de l'Eglise catholique ils ne cru-
en moi produit du fruit, pour qu'elle en donne rent pas que parce que quelques-uns accor-
;
davantage (Jean, xv, 2).» Et comment a-t-il daient la réconciliation aux. adultères, celui
mérité cette grâce, sinon parce qu'il est resté qui la refusait dût, pour cela, se séparer de
attaché à la vigne qui étend ses rameaux de l'Eglise. Pourvu que le bien de la concorde ne
toutes parts, et qu'il n'a pas abandonné la ra- soit pas brisé, et que le sacrement indissoluble
cinede l'unité. En effet, il aurait eu beau offrir de l'unité soit respecté, chaque évêque règle
son corps aux flammes, s'il n'avait pas eu la et dirige ses actes comme il l'entend, sauf à
et perseverante catholicæ Ecclesise individuo sacra- agebant, qui membris Christi sanitatem negabant,
mento, actumsuum disponit etdirigitunusquisque etclavesEcclesiæ pulsantibus subtrahebant, etmi-
episcopus, rationem propositi sui Domino reddi- sericordissimae patientiæ Dei, qua; illos propterea
turus (Epist., VII.) »] Quid ad hæc dicis, Iratei* sinebat vivere, ut pænitendo sanarentur sacrificio
Vincenti ? nempe intueris hunc tantum virum, p .- contriti spiritus et contribulati cordis ablato, dura
cificum episcopum, et fortissimum martyrem ni- crudelitate contradicebant. Nec tamen istos miseri-
hil vehementius sategisse, quam ne unitatis vincu- cordes et pacificos, cum eis Christiana sacramenta
lum rumperetur. Vides eum parturientem, non so- communicantes, et eos intraunitatisretia tolerantes,
lum ut parvuli in Christo concepti nascantur, ve- donec adlittus perducti separarentur,tam immanis
rum etiam ne jam nati, de sinu matris excussi, eorum error et impietas iriquinabat, aut si inqui-
moriantur. nabat, jam tunc Ecclesia malorum communione
:
42. Po ro autem ipsam rem, quam contra impios
separatores commemoravit, adtende Si adulteris
cominunieabant, qui pænitentibus adulteris pacem
deleta est, nec erat quæ pqreret ipsum Cyprianum.
Si autem, quod certum est, permansit Ecclesia,
certuni est etiam peccatis alienis, in unitate Christi,
dabant, numquid illi qui hoc non faciebant, collegio nemmem posse maculclri, non malorum factis con-
?
maculabanlur istorum Si aulem quod Veritasliahet,
et quod Ecclesia merito, tenet, recte psenitentibus
sentientem, ne ipsis peccatis communicando pol-
luatur, sed propter societatem bonorum, malos
adulteris pax ciabatur, illi qui in totum locum pæ- tamqnam paleas usque ad ultimam ventilationem
nitentifiecontra adulleros claudebatit, Impie utique in area dominica tolerantem. Quæ cum ita sint,
adversaire plutôt que celui de l'Eglise catho- core que, conformément au décret de ce con-
lique, et où il a reconnu qu'il s'était, sans rai- cile tenu par vos deux cent soixante-dix évê-
son, séparé de la communion des évêques afri- ques, Deuterius, évêque de votre parti pour la
cains, comme ayant livré les saintes Ecritures ; ville de Macriane, reçut dans son église une
;
ce qui a suffi à Parménien pour lui imposer
silence si je pouvais, dis-je, vous rappeler tout
ce que Tychonius a dit, qu'auriez-vous à ré-
multitude de gens accusés du même crime avec
lesquels il resta en communion, et que depuis
lors, Donat ne cessa pas de communiquer avec
pondre, ei ce n'est ce qu'il a dit de vous-mêmes
:
et que j'ai cité un peu plus loin « Il n'y a que
»
Deuterius, non-seulement avec ce Deuterius,
mais encore avec tous les évêques de la Mauri-
ce que nous voulons qui soit saint? Car ce tanie, accusés d'avoir livré les saintes Ecri-
Tychonius, homme de votre parti, comme je tures, et qui avaient refusé d'être rebaptisés,
l'ai dit, cite un concile (1) tenu à Garthage par et cela pendant l'espace de quarante ans, jus-
deux cent soixante-dix de vos évêques, et où,
après une délibération qui dura, sans désem-
parer, pendant soixante-quinze jours, il fut ar-
qu'à lapersécutionde Macaire.
44. Vous me direz peut-être :
« Quel est ce
Tychonius et pourquoi me l'objecter? Tycho- »
rêté par un décret solennel, que si ceux qu'on nius est celui à qui Pdrménien, dans ses ré-
accusait du crime immense d'avoir livré les ponses, cherche à imposer silence, et qu'il
saintes Ecritures persistaient à refuser un se-
cond baptême, on communiquerait avec eux
comme s'ils étaient innocents. Il rapporte en-
;
veut empêcher d'écrire de pareilles'choses. Il
ne les réfute pas toutefois mais, comme je
dit plus haut, il le presse seulement sur un
l'a i
(1) Il n'estfaitnulle part ailleurs, mention de ce concile, qui ne paraîtpas avoir ététenu avant l'année 330. Si toute-
fois il a eu lieu du temps de Tychonius qui, d'après Gennadius, florissait après l'année 380, adhuc vivebant mulli, per
quoi hœc certissima et apertissima esseoslenderentur, c'est-à-dire, bien des gens vivaient encore, qui auraient pu certifier la
réalité de toutes ces choses. Ce qu'il y a de certain, c'est que le schisme de Donat, qui s'éleva en 305 et qui n'éclata
avec force que dans l'année 311, était déjà bien répandu, lorsqu'un si grand nombre d'évêques se réunirent à Carthage,
siège du Primat de l'église d'Afrique, comme l'observe avec raison Henri Valois qui en conclut que ce synode se rap-
porte au temps de Donat, et non pas à l'année 308, comme le prétendent Balduin et Baronius, opinion que ces deux
écrivains appuient sur le passage de saint Augustin,-mal interprété par eux, et que Valois voudrait écrire ainsi sed :
etiam universis Maurorum episcopis, quosdicitper annos quadragintausque adpersecutionem per Macarium, etc., c'est-à-dire,
Donat demeura en communion non-seulement avec Deutérius, mais encore tous les évêques de la Mauritanie, qu'il dit
avoir été en communion avec Donat, pendant 40 ans, jusqu'à la persécution de Macaire, etc.. Cependant la version de
commuue, quoique moins claire, se trouve dans tous les manuscrits.
?
ubi est praesumtio separationis vestrse Nonne filii præteritis, limatam esse sententiam, atque decre-
mali estis, ipsi vos justos dicitis, exitum autem tam, ut traditoribus iinmeim criminis reis, si
vestrum non abluitis? baptizari nollent, pro integris communicaretur. Deu-
43. Jam si velim et illa commemorare, quae Ty- terium etiam (b) Macrianensem episcopum com-
chonius, homo communionis vestrse, scriptis suis munionis vestræ, dicit traditorum plebem congre-
inserit, qui magis contra vos pro Ecclesia catholica gatam Ecclesise miscuisse, et secundum stituta
scripsit, frustra se ab Afrorum, quasi traditorum illius concilii a ducentis et septuaginta episcopis
communione secernens, quo uno eum Parmenianus vestis facti, fecisse cum traditoribus uuitatem eique
suffocat; quid respondere poteritis, nisi quod de Deuterio post hoc factum jugiter communicasse
vobis idem Tychonius dixit, et ergo paulo ante Donatum; nec solum huic Deuterio, sed etiam uni-
recolui, a Quod volumus sanctum est?»Scribitenim versis Maurorum episcopis per quadraginta annos,
ille Tychonius, homo ut dixi, vestræ communionis, quos dicit usque ad persecutionem per Macarium
a ducentis et septuaginta episcopis vestris (a) con- sanctam, traditoribus sine baptismo communi-
cilium Carthagini celebratum : in quo concilio per casse.
septuaginta et quinque dies postpositis omnibus 44. Sed dicis, quis mihi est Tychonius?
(a) Nullum alibi reperire est vestigium concilii hujus : quod quidem non ante annum 330, celebratum fuisse videtur
si quidem tempore Tychonii, qui post annum 388. floruisse intelligitur ex Gennadio, adhuc vivebant multi, ut hie ait
Augustinus, per quos certissima et apertissima esse ostenderentur, quæ ille obtendebat. Gerte Donatistarum schisma, -quod
an. 305 excitatum, nonnisi anno 311 perfecte coaluit, eratjam roboratum et maxime confirmatum, cum tantus episco-
porum numerus in urbem Africae primariam convenit, uti recte observat Henricus Valesius, qui subintle synodumistam
ad DonatiGarthaginensis temporapertinere contendit, non autem ad annum 308, ut Balduini et Baronii ferebat opinio,
concepta ex hoc ipso Augustini loconon probe intellecto; ubi Valesiusvell'et sic legi :sed etiamumiversis Maurorum epis-
copis, quos dicit per annos quadraginta, usque ad persecutionem per Macarium etc. Lectio tamen vulgata, quamquam minus
anert.a. ronprltnr in omnibus MSS.
At
(6)Lov.Macrianensem. Bad. Am. Er. Et MSS. Macrianensem.
?
:
point, et lui demande pour quelle raison il di- hérétiques Il est facile de vous répondre en
sait de telles choses sur l'Eglise répandue dans peu de mots nous vous cherchons, parce que
le monde entier et pourquoi, puisque les péchés vous périssez, afin de nous réjouir de votre
d'autrui ne souillaient personne dans l'unité retour au lieu d'avoir à déplorer votre perte.
catholique, il s'était éloigné de la communion Si nous vous appelons hérétiques, c'est pen-
des évêques africains, comme entachés du dant que vous refusez de revenir à l'unité ca-
crime d'avoir livré les Livres Saints, et avait tholique,pendant que vous êtes encore engagés
passé dans le parti de Donat. Parménien pou- etretenus dans les liens de l'erreur. Maisquand
;
vait simplement répondre que tout ce qu'il vous rentrez parmi nous vous n'êtes plus ce que
avançait n'était que mensonges mais, comme vous étiez auparavant, et ce ne sont pas des
le dit ce même Tychonius, bien des gens vi- hérétiques qui passent dans notre camp. Bap-
vaient encore, qui pouvaient certifier la réalité tisez-moi donc, dites-vous. Je le ferais, si vous
de tout ce qu'il avançait. n'aviez pas déjà été baptisé, ou si vous aviez
45. Mais je n'en dirai pas davantage à ce été baptisé dans le baptême de Donat et de
sujet. Dites si vous voulez que Tychonius a Rogat et non dans celui de Jésus-Christ. Ce ne
menti. J'en reviens à Cyprien, dont vous-même sont pas les sacrements chrétiens qui vous ren-
avez fait mention. Or, si d'après les écrits de dent hérétiques, mais votre malheureuse sépa-
Cyprien on est souillé par les péchés des autres ration. Le mal qui est venu de vous ne peut
dans l'unité de l'Eglise, l'Eglise avait déjà péri pas faire méconnaître le bien qui est resté en
avant Cyprien, et il n'en existait plus pour vous, ce bien que vous avez pour votre mal, si
l'engendrer en Jésus-Christ. Mais si c'est un sa- vous ne l'avez pas de la source même d'où dé-
crilège de penser ainsi, et s'il est certain que coule le bien qui est en vous. Car tous les sa-
l'Eglise n'avait pas péri, personne n'est souillé erements du Seigneur proviennent de l'Eglise
par les péchés d'autrui dans l'unité de cette catholique. Vous les avez, et vous les donnez,
Eglise. C'est donc en vain, mauvais fils, que comme vous les avez reçus avant votre- sépara-
vous prétendez être justes; vous ne pouvez ni tion de l'unité. Il n'est pas dit que vous ne les
vous laver, ni vous purifier de votre sépara- avez plus, parce que vous n'êtes plus là d'où ils
tion. viennent. Nous ne changeons pas en vous ce
CHAPITRE XI.-46. Vous me direz peut- que vous avez de commun avec nous. Vous êtes
:
être Pourquoi nous Techerchez-vous? Pour- avec nous en beaucoup de choses car il a été
quoi nous recevez-vous, nous que vous appelez dit de ceux quivous ressemblent « Ils étaient
;:
Ille est Tychonius, quem Parmenianus rescribendo mo alienis peccatis in ejus unitate maculatur ; fru-
compescit, et eum deterret ne talia scribat • non sLra filii mali justos vos dicitis, exitum vestrum non
abluitis, non purgatis.
tamen refellit ea ipsa quæ scribit : sed uno, sicut
supra dixi, eum premit, quod cum talia diceret de CAPUT XI. — 46. Cur ergo, inquis, nos quaeritis
dicitis? Vide quam
:
Ecclesia toto orbe diffusa, et quod neminem in ejus cur sic suscipitis quos hæreticos Quserimus
unitate macularent, aliena peccata; ab Afrorum se facile breviterque respondeam. vos quia
tamen quasi traditorum contagione removebat, et peristis, ut de inventis gaudeamus, de quibus per-
erat in parte Donati. Posset autem dicere Parme- ditis doJebamus. Hdereticos autem vos esse dicimusj
nianus, ifta eum omnia esse mentitum : sed sicut sed antequam ad pacem catholicam convertamini,
idem Tychonius commemorat, adhuc vivebant mul- antequam errore, quo irretiti estis, exsuamini.
ti,per quos hæc certissima et apertissimaesse osten- Cum autem transitis ad nos, prius utique relinqui-
derentur. tis quod eratis, ne ad nos hseretici transeatis.
45. Sed de his taceo, contende Tychonium esse Baptiza ergo me, inquis. Facerem, si baptizatus
mentitum : ad Cyprianum te revoco, cujus mentio- non esses, aut si Donati vel Rogati, non Christi
nem ipse fecisti. Prorsus secundum scripta Cypria- baptismo baptizatus esses. Non sacramenta Chri-
ni, si peccatis alienis in unitate quisque maculatur, stiana faciunt te hærelicum, sed prava dissensio.
jam ante.Cyprianumperiit Ecclesia, nec erat unde Non propter malum, quod processit ex te, negaIf-
exsisteret ipse Cyprianus. Si autem hoc sentire sacri- dum est bonum, quod remansit in te; quod malo
quod
legum est, et .ertum est Ecclesiam permanere; ne- tuo habes, si non ibi habes unde est bonum
en beaucoup de choses avec moi (Ps., LIV, 19).» S'il l'a fait après son égal, vous devez tous,
-
Mais nous corrigeons ce qui vous sépare de tant que vous êtes, vous rebaptiser les uns
nous, et nous voulons que vous receviez ce que les autres. S'il l'a fait après un plus
vous n'avez pas là où vous êtes. Or, vous êtes grand que lui, vous devez vous-mêmes rebap-
,
cet ami de l'époux, et de dire qu'il n'a pas été
dans l'unité de l'Eglise déclarez-le par écrit.
Mais s'il y a de la folie à penser et à parler
Pierre, mais celui du Christ. Et celui que Paul
;
a donné n'était pas le baptême de Paul, mais
le baptême du Christ comme celui que don-
ainsi, il convient à votre sagesse d'examiner naient, du temps des Apôtres, ces hommes qui,
pourquoi l'Apôtre Paul a rebaptisé après Jean. bien loin d'annoncer Jésus-Christ avec une in-
;
Pauli, sed Christi et quem dederunt qui tempore 48. Invidiose dici videtur, Post Johannem bapti-
annuntiabant, non ent eorum, sed Christi ;
Apostoloruoi non caste, sed per invidiam Christum
:
cluent du royaume de Dieu. Ne vous parait-i
pas indigne et intolérable dedire que l'on re-
baptise après celui qui, loin d'être adonné au
toujours la même. -
49. Mais pardon, je me suis trompé, en vous
citant l'exemple du baptême, conféré par un
vin n'en faisait même aucun usage, et qui a ivrogne. Je croyais parler à undonatiste quel-
ouvert les voies pour arriver au royaume de conque et non à un rogatiste.Car dans le petit
Dieu, et que l'on ne rebaptise pas après un nombre de vos collègues et même parmi tous
ivrogne qui est exclu du royaume du ciel Que ? vos clercs, il vous sérait peut-être difficile de
répondre à cela, le baptême, après lequel l'A- trouver un homme adonné à la boisson, sans
pôtre a rebaptisé dans le Christ, était le bap- compter que votre foi est catholique, non par
tême de Jean, mais le baptême conféré par un l'étendue de votre communion dans le monde
homme en état d'ivresse est le baptême de Jé- entier, mais par l'observation dé tous les pré-
sus-Christ. Entre Jean et un homme adonné au ceptes divins et de tous les sacrements de Jésus-
;
vin, il y a certainement de grandes différences
et de grandes oppositions entre le baptême du
Christ et le baptême de Jean il n'y a pas d'op-
Christ, et que c'est en vous seul que sera trou-
vée cette foi, lorsque le Fils de l'homme, à son
arrivée, n'en trouvera plus sur la terre. En effet,
position, mais il y a beaucoup de différence. vous n'avez plus rien de charnel vous n'êtes
;
Entre un Apôtre et un ivrogne il y a également
une grande différence il ne s'en trouve pas
entre le baptême du Christ donné par un Apô-
plus de cette terre,mais vous êtes déjà céleste, et
c'est dans le ciel que vous, habitez (Jacq.,IV,,6).
Ne tremblez-vous pas quand vous parlez ainsi
tre, et le baptême du Christ conféré par un de vous-même, ne songez-vous pas que Dieu
ivrogne. De même entre Jean et un hérétique, résiste aux superbes, et donne sa grâce aux
il ya beaucoup de différence et d'opposition, humbles de cœur?N'êtes-vous pas touché de
et entre le baptême de Jean et le baptême de componction en lisant ce passage de l'Evangile
Jésus-Christ conféré par_un hérétique, il n'y a :
où Notre Seigneur dit « Lorsque le Fils de
rien de contraire, mais il y a des différences l'homme viendra, croyez-vous qu'il trouvera
essentielles.. Entre le baptême de Jésus-Christ encore de la foi sur la terre (Luc, XVIII, 8). »
donné par un apôtre et le baptême de Jésus- Car prévoyant qu'il se trouverait quelques
;
Christ conféré par un hérétique, il n'y a ni
contrariété, ni différence car quelle que soit
hommes assez orgueilleux pour s'arroger cette
foi, il dit à quelques-uns qui se croyaient jus-
quasi intolerabiliter indignum, ut cum baptizatum dat hæreticus, nihil interest. Agnoscitur enim sacra-
fuerit post eum, qui non sobrie vinum bibens, sed mentorum species æqualis, etiam cum magna diffe-
vinum omnino non bibens, regnoDeiviamparavit; rentia est in hominum meritis.
non baptizetur post ebriosum, qui regtium Dei
?
non possidebit Quid hie respondetur, nisi quia
ille baptismus erat Johannis, post quem Chrisli bap-
;
49. Sed, da veniam, erravi, quando te volui de
ebrioso baptizante convincere exciderat mihi cum
Rogatista me rem habere, non cum qualicumque
tismo baptizavit Apostolus; iste autem baptismus Donatista. Potes enim tuin tampauciscollegistuis,
? :
Christi est, quo baptizavit ebriosus Inter' Johan- et in omnibus clericis vestris nullum inVenire forsi-
nem et ebriosum a contrario multum interest in- tan ebriosum. Yos enim estis, qui nun ex totius or-
ter baptismum Christi et Laptismum Johannis non bis communione, sed ex observatione præceptorum
:
a cOhtrario, sed tamen multum interest. Inter Apo-
stolum et ebriosujn multum interest inter baptis-
mum Christi, quem dedit Apostolus, et baptismum
:
omnium divinorum atque omnium sacramentorum
teaetis catholicim fidem in quibus earn solis in-
venturus est, cum venerit filius hominis, quando
Christi quem dedit ebriosus, nihil interest.Sic inter in terra : quia nec terra estis,
non inveniet fidemcælestes
Johannem et hæreticum, a contrario multum inter- nec in terra, sed in cselo habitatis. Nec ti-
;
est et inter baptismum Johannis, et inter baptis- metis, nec adtenditis, quia Deus superbis resistit,
humilibus autem dat gratiam (Jacobi,iv,6)?Nec
mum Christi, quem dat hsereticus, non aconlrario,
sedmultum interest. laterbaptismum auteji Christi, vos Evangelii locus ipse
compungit, ubi Dominus
quem dedit Apostolus, et haptismum Christi, quem ait; « Cum venerit filius hominis, putas inveniet
:
tes, et méprisaient les autres, cette parabole par le droit divin, d'après lequel tout appar-
que vous connaissez « Deux hommes montè- tient aux justes, ou par le droit humain qui
rent au temple pour prier ; l'un était Pharisien, dépend de la puissance des rois de la terre.
l'autre Publicain (Luc, XYlII, 16). » Cherchez Vous regarderiez donc sans raison commevotre
dans le reste de cette parabole la réponse que bien des choses que vous possédez sans être
vous pouvez vous faire à vous-même.Cependant justes, et que vous avez perdues d'après l'or-
voyez attentivement si dans le petit nombre dre et les lois donnés par les puissances tem-
des vôtres, il ne se trouverait pas un ivrogne porelles, et vous invoqueriez en vain les peines
qui rebaptisât. Car c'est aujourd'hui un vice que vous vous êtes données pour amasser
qui domine tellement, et qui ravage tant d'â- ces biens, puisqu'il est écrit : « Les justes re-
mes, que je serais bien étonné s'il n'avait point cueilleront le fruit du travail des impies (Pro.,
• pénétré au milieù d'un petit troupeau, bien XIII, 22). » Cependant, nous blâmons quicon-
que vous vous vantiez d'avoir fait la séparation que prenant occasion de ces lois portées par
des brebis d'avec les boucs, avant la venue du les rois serviteurs du Christ, pour corriger
Fils de l'homme qui est le seul bon pasteur.
;
votre impiété, convoite avec avidité et s'appro-
CHAPITRE XII. — 50. Ecoutez donc par ma prie les choses qui vous appartiennent comme
voix, ce que vous disent les bons grains, qui, nous blâmons aussi tous ceux qui, par avarice
jusqu'au jour où l'on viendra les vanner, souf- 'et non par justice,, retiennent le bien des pau-
frent au milieu de la paille dans la grange du vres, les basiliques dans lesquelles vous vous
Seigneur (iJfat.,Iu, 12), c'est-à-dire sur toute la réunissez, et que vous possédez sous le nom d'E-
terre, que Dieu a appelée à lui depuis l'Orient glises, quoique réellement elles n'appartien-
jusqu'à l'Occident (Pscxn, i3), et où se trou- nnnt qu'à la véritable Eglise qui est celle de
vent beaucoup d'enfants qui célèbrent ses louan- Jésus-Christ.Nous ne désapprouvons pas moins
ges. Quiconque profitant de la loi portée par quiconque reçoit ceux que vous avez rejetés
les empereurs vous persécute, non par le désir d'entre vous pour cause d'infamie ou de crime,
de vous corriger, mais par un esprit de haine comme on recevrait ceux qui auraient vécu
nous le blâmons. Toute chose terrestre n'est parmi vous, sans autre reproche que l'hérésie
justement possédée par personne, si ce n'est qui vous sépare de nous. Mais il ne vous est pas
fidem in terra (Luc., xvm, 3)? Continuo quippe que terrena non recte a quoquam possideri possit,
tamquam praesciens nonnullos sibi superbe arroga- nisi vel jure divino, quo cuncta justorum sunt, vel
turos hanc fidem, dixitad quosdam, qui sibijusti jure humano, quod in potestate regum est terrse :
videbantur, et spernebant ceteros, similitudinein ideoque res vestras falso appelletis, quas nec justi
hanc, « Duo quidam adscenderunt in templum possidetis, et secundum leges regum terrenorum
dicatis, Nos eis con-
orare, unus Pharisaeus ct alter Publicauus (Lucæ, amittere jussi estis ; frustraque
XVIII, 10), » et cetera. Jam tibi qure sequuntur, ip3e
gregandis laboravimus. cum scriptumIegatis,« La-
responde. Inspice tamen diligentius ipsos paucos bores impiorum justi edent (Prou.,xin,22),»Sed ta-
vestros, utrum nullus illic baptizet ebriosus. Tam men quisquis ex occasione hujus legis, quamreges
enim late vastat hsBc pestilentia animas, et tanta terrae Christo servientes, ad emcndandam vestram
:
libertate dominatur, ut multum mirer, si non etiam impietatem promulgaverunt; res proprias vestras
vestrum gregiculum penetravit quamvis ante ip- cupide appetit, displicet nobis. Quisquis deniquc
sum adventum filii bominis, unius boni pastoris, ipsas res paupernm, vel basilicas
congregationum,
jam vos oves ab haedis separasse jacteris. quas sub nomine Ecclesiæ tenebatis (quæ omnino
Christi Ec-
CAPUT XII. — 50. Audi sane per me vocem do- non debentur nisi ei Ecclesiæ, quæ vera
;
minicorum frumentorum, in area dominica usque clesia est, non per justitiam, sed per avaritiam te-
ad ultimam venlilalioneminterpaleamlaboraatium net, displicet nobis. Quisquis pro aliquo Hagilio
(Matt., lll, 12), per totum scilicet mundum quia vel facinore prujectum a vobis ita suscipit, sicut
Deus vocavit terram a solis ortij usque ad occasum suscipiuntur qui (excepto errore quo a
;
nobissepa-
(Psal., CXlI, 3) ubi etiam puerilaudantDominum: ramini) sine crimine apud vos vixerunt, displicet
Quicumque vos ex occasione legishujusimpeáalis, nobis. Sed nec facile ista monstraris, et si monstre-
non dileclione corrigendi, sed inimicandi odio tis, nonnullos
:toleramus, quos corrigere vel piinire
prsequilur, displicet nobis. Et quamvis res qute- non possumus neque propter paleam relinquimus
facile de prouver ces griefs en quelqu'un des
:
nôtres, et si vous pouviez les prouver, nous
vous dirions Il est des coupables que nous ne
;
tude des lettres, ami zélé de la paix et de l'hou-
nêteté et depuis que vous vous êtes converti à
la foi chrétenne, comme je l'ai appris de beau-
pouvons ni corriger, ni punir, et que cepen- coup de personnes, vous donnez tous vos soins
dant nous tolérons parmi nous, car nous ne à Yétude et à l'explication (2) des lois divines.»
;
quittons pas l'aire du Seigneur, à cause de la Ce sont là certainement vos paroles, si c'est
paille qui la souille encore nous ne rompons vous qui m'avez adressé cette lettre. Or, puis-
pas les filets du Seigneur à cause des mauvais que vous avouez que je me suis converti à la
poissons qu'ils contiennent; et à cause des foi chrétienne, mais non au parti des Donatis-
boucs qui ne seront séparés des brebis que le tesetde Rogat, vous avouez nécessairement
dernier jour, nous n'abandonnons pas le trou- que la foi chrétienne existe en dehors des Ro-
peau du Seigneur, enfin nous ne désertons pas gatistes et des Donatistes. Cette foi, comme
la maison de Dieu à cause de ces vases devenus nous le disons, est répandue parmi toutes les
des vases d'ignominie. nations qui, selon le témoignage de Dieu, sont
CHAPITRE XIII. — SI. Pour vous, frère, il bénies dans la race d'Abraham (Gen.,XXIII,18).
me semble que si vous méprisiez cette vaine Pourquoi balancez-vous donc encore à embras-
gloire humaine et les reproches des insensés ser ce que vous croyez, si ce n'est parce que
:
qui pourraient vous dire « Pourquoi détruisez- vous n'avez pas cru autrefois ce que vous
;
vous ce que. vous aviez élevé auparavant (1) » croyez présentement, ou parce que vous avez
vous reviendriez sans aucun doute à l'Eglise honte d'avoir défendu une opinion autre que
que vous savez, comme je le vois, être la seule celle que vous avez aujourd'hui Ainsi vous ?
et véritable Eglise. Et je n'ai pas besoin de avez honte de vous corriger, et vous ne rou-
chercher bien loin les preuves de votre senti- gissez pas de demeurer dans votre erreur. Ce
ment à cet égard. En effet, au commencement qui pourtant est bien digne de honte.
de cette lettre à laquelle je réponds, vous di- 82. Voilà précisément ce que dit l'Ecriture :
tes: Je vous ai connu lorsque vous étiez encore « Il y a une honte qui produit le péché, et il y
bien loin de la foi chrétienne, appliqué à l'é- a une honte qui produit la grâce et la gloire
(1) Ces mots destruts quœ prius adificabas, manquent dans la plupart des manuscrits et des anciennes éditions.
(2) L'expression de legalis est assez souvent et surtout par Tertullien) employée dans le sens de la loi divine.
aream-Domini, neque propter pisces malos rumpi- Cum ergo fatearis me conversum ad Christianam
mus retia Domini, neque propter haedos in fine fidem, cum ego nec ad Donatistas, nec ad Roga-
segregandos, deserimus gregem Domini, neque tistas conversus sim; siue ulle dubitatione confir-
propter vasa facta in contumeliam, migramus de mas, et prseter Rogatislas, et præter Donatistas esse
Christianam fidem. Haec ergo fides, sicut dicillillS,
domo Domini.
CAPUTXIII. -51 Tu autem frater, quantum
mihi videLur, si vanam gloriam hominum non ad-
in omnibus gentibus dilatatur, quæ secundum Dei
testimonium in semine Abrahae benedicuntur
tendas, et insensatorum contemnas opprobrium, (Gen., XXII, 18). Quidigitur adhuc dubitas tenere
qui dicturi sunt, Quare modo (a) destruis quae quod sentis, nisi quia id quod nunc sentis, vel ali-
prius ædificabas : sine dubio transies ad Ecclesiam, quando non sensisse, vel aliud defendisse confunde-
quam veram sentire te intelligo; nec hujus senten- ris ; et dum erubescis corrigere errorem, non
tiae tuse testimoniaIongepeto.Tu quippe inejusdem erubescis permanere in errore; quod utique potius
tuæ epistolse principio, cui nunc respondeo, hsec erubescendum fuit?
verba posuisti : ft Cum optime, inquis, noverim te 52. Hoc est illud quod Scriptura non tacuit;
longe adhuc a fide Christiana sepodtum, et studiis Est confusio adducens peccatum, et est confusio
olim deditum litterarum, quietis et honestatis fuisse adducens gratiam et gloriam (Eccl., IV, 25). « Con-
cultorem; cumquepostea conversus ad Christianam fusio adducit peccatum, cum erubescit quisque
fidem (ut ex multorum relatione cognovi) disputa-
tionihus legalibus operam dares. » Certe si tu ad
me illam epistolam misisti, htec verba tua sunt.
pravam mutare sententiam, ne aut inconstans pu-
tetur, aut (b) diu errasse seipso judice teneatur ita
« descendunt in
infernum viventes (Ps., uv, 16), »
:
(a) MSS. plerique et antiquiores editiones carent his verbis:d-estruis quaeprius edificabas.
(b) Sic MSS. plerique et editiones Bad. Am. Er. At Lov. habet, aut diversus àse ipso JUáiCe etc.
(Eccl., IV, 25).» La honte qui produit le péché, tence. Mais ce qui est une erreur et une impu-
est celle qui nous fait rougir de changer nos dence, c'est de vouloir en tirer un motif pour
mauvais sentiments, dans la crainte d'être ac- calomnier l'Eglise, que tant de divins témoi-
cusés d'inconstance, ou de paraître avouer nous- gnages nous donnent pour la seule et véritable
mêmes notre longue et dangereuse erreur. C'est Eglise du Christ. Que lui reproche-t-on,
ainsi qu'on « descend tout vivant dans les en-
fers (Ps., uv, 16),» c'est-à-dire avec le senti-
?
en effet Elle traite autrement ceux qui
l'ayant abandonnée, reviennent à elle par la
,
ment de sa perdition. Et c'est aussi ce qui a été pénitence; et autrement ceux qui, n'ayant ja-
figuré par Dathan, Abiron et Coré, engloutis mais été à elle, reçoivent sa paix pour la pre-
tout vivants dans la terre qui s'ouvrit sous leurs mière fois. En effet, elle humilie davantage les
pieds. Mais la honte qui produit la grâce et la premiers, et reçoit dans son sein les seconds
gloire, est celle qui nous fait rougir de notre avec plus de douceur; mais elle embrasse et
propre iniquité et qui nous rend meilleurs par les uns et les autres du même amour, et s'at-
le repentir. Voilà ce que vous empêche de faire tache avec une maternelle charité à les guérir
cette honte fatale qui vous domine. Vous crai- également. Voici une lettre peut-être plus lon-
gnez que des hommes qui ne savent pas ce gue que vousne le voudriez. Elle eût été beau-
:
qu'ils disent, vous objectent ces paroles de
l'Apôtre Si j'édifie ce que j'ai détruit précé-
demment, je m'avoue moi-même prévarica-
coup plus courte, si je n'eusse pensé qu'à vous,
en vous répondant. Mais, quand bien même
elle vous serait inutile, elle profitera, je l'es-
teur (GaI., II, 18). 1) Si ces paroles pouvaient père, à ceux qui la liront avec la crainte de
s'appliquer à ceux qui, après s'être corrigés de Dieu, et sans acception de personnes. Ainsi
l'erreur, annoncent la vérité qu'ils combat- soit-il.
taient, elles s'adresseraient à saint Paul le pre-
mier, en qui les Eglises de Jésus-Christ louaient
Dieu, quand elles entendaient l'Apôtre prêcher
la foi qu'il avait autrefois persécutée.
53. Ne croyez pas qu'on puisse, passer de
l'erreur à la vérité, ni d'un péché grand ou pe-
tit à la conversion sans le repentir et la péni-
id est, suam perditionem sentientes, quos Dathan aliter illos qui in ea nondum fuerunt, et tunc pri-
et Abiron et Chore hiatu terrae absorpti, tanto ante mum ejus pacem accipiunt; illos amplius humilian-
futuros figuravernnt. Confusio autem adducit gra- do, istos lenius suscipiendo, utrosque diligendo,
tiam etgloriam, cum erubescit quisque de propria utrisque sanandis materna caritate serviendo. Habes
iniqùitate, et psenitendo in melius commusatur ; epistolam prolixiorem fortasse quam velles. Esset
quod te facere piget ilia perniciosa confusione supe- autem multo brevior, si te tantum in respondendo
ratum, ne tibi ab hominibus nescieutibus quid cogitarem. Nunc vero etiamsi tibi nihil prosit, non
loquantur, objiciatnr illa apostolica sentenlia, « Si puto nihil eis profuturam, qui eam legere cum Dei
enim quae destruxi. eadem iterum ædifico. præva- timore, et sine personarum acceptione curaverint.
ricatorem meipsum constituo (Gal., 11, 18).» Quæ Amen.
si dici posset etiam in-eos, qui veritatem correcti
prædicant, quam perversi oppugnabant, in ipsum
Paulum primitus diceretur,in quo Ecclesise Christi
magnificabant Deum, audientes quod evangelizaret
fidem, quam aliquando vastabat.
i
53. Nec quemquam putes ab errore ad verita-
tem, vel a quocumque seu magno seu parvo pecca-
toadcorrectioaemsinepaenitenti posse transire.
Sed nimis impudens error est,hincvelle calumnia-
ri Ecclesiam, quam tot divinis testimoniis constat
esse Ecclesiam Christi, quod aliter tractat illos qui
eam deserunt, si hoc ipsum pænitendo corrigant,
collyre de tendresse, répandu sur les yeux de
mon esprit. Je vois alors plusclairement.Elles
dissipent la nuit qui couvrait mon intelligence,
LETTRE XCIV (1)
comme elles écartent les nuages de mes doutes,
Ce bonheur que m'a toujours procuré le bien-
Saint Paulin remercie saint Augustin du livre, fait de vos lettres, je l'ai surtout éprouvé par
ou de la lettre qu'il a reçue de lui; il fait le dernier ouvrage que votre sainteté m'a fait
l'éloge de sainte Mélanie, la mère, et de son remettre, par notre cher et digne frère béni du
petit-fils Publicola, décédé depuis peu de Seigneur, Quintus (2), diacre. Il y avait déjà
temps. Il expose à saint Augustin ses pensées longtemps qu'il était à Rome, où j'étais allé
sur ce qui fera dans le ciel, après la résur- moi-même, selon ma coutume, après les fêtes
rection, l'occupation des saints. de Pâques, visiter et honorer les tombeaux des
apôtres et des martyrs (3), lorsqu'il m'a rendu
A LEUR SAINT, BIENHEUREUX, RESPECTABLE PÈRE, la bénédiction que votre bouche le chargeait
FRÈRE, MAITRE ET VÉNÉRABLE ÉVÊQUE AUGUS- de me donner. Cependant, j'oubliai tout le
TIN, PAULIN, PÉCHEUR, ET THÉRÈSE, PÉCHE- temps qu'à mon insu il avait passé à Rome, et
RESSE, SALUT. il me semblait qu'il s'était tout récemment
éluigné de votre présence et qu'il venait à
1. Votre parole est un flambeau qui éclaire peine de vous quitter lorsque je l'ai vu et qu'il
mes pas, et le sentier oùje marche. Aussi toute- m'a remis votre ouvrage, où l'on respire comme
les fois que je reçois des lettres de votre bien- l'odeur de votre suavité, et d'où s'exhale un par-
heureuse sainteté, je sens se dissiper les té- fum du ciel. J'avoue pourtant que je n'ai pu
nèbres de mon ignorance. Elles sont comme un lire à Rome votre livre aussitôt que je l'ai reçu.
— Cettelettre était la 249e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins
(1) Ecrite l'an 408, le 15e de mai.
et celle qui était la 94e, se trouve maintenant la 178e.
est
(2) Quintus sans doute le même dont parle encore saint Augustin dans sa lettre 149e. et qui aurait été promu au
sacerdoce depuis ce premier voyage en Italie. 0
-
(3) Cette pratiqued'honorer les tombeaux des apôtres, des martyrs et de; autres saints, était religieusement observée
par les premiers Chrétiens,quoique souvent attaquée par les hérétiques. Saint Paulin en parle encore dans sa lettre
13e à Sévère, dans la 16e à Delphin, évêque de Bordeaux, et dans la 25e à Dictrice, évêque de Rouen. Cet hommage
:
rendu aux tombeaux des apôtres et des martyrs, était traité d'idolatrie par la secte des Eunomiens dans le IVe siècle.
C'est à ce sujet qu'Astérius, évêque catholique d'Amasie, disait n Nous n'adorons pas les martyrs, mais nous les hono-
rons comme les vrais adorateurs de Dieu. Cette vénération que nous avons pour eux, n'est pas un culte que nous ren-
dons à des hommes, elle n'est qu'un effet de notre admiration pour ceux qui, au jour des épreuves, ont offert dans leurs
personnes un noble et saint sacrifice à Dieu. Si nous plaçons leurs restes dans de précieux reliquaires, si nous élevons
pour eux de magnifiques maisons de repos, c'est uniquement pour engager les autres à imiter leur mort glorieuse.
--.
2. Mais quelle réponse un homme, aussi hum- de ressemblance. Vous avez vu les larmes
ble et aussi terrestre que moi, peut-il faire à la qu'une affection naturelle a fait d'abord verser
sagesse qui vous a été donnée d'en haut, cette à Mélanie, et qu'elle repandit ensuite pour un
tuisse me volumen ipsum, statim ut acceperam, hic mundus non capit, et quam nemo sapit, nisi sa-
Romæ legere. Tantæ enim illic turbæ erant, ut non pientia Dei sapiens, et Dei verbo eloquens? Itaque
possem munus tuum diligenter inspicere, et eo, ut quia experimentum habeo Christi in te loquentis,
cupiebam, perfrui; scilicet ut perlegerem jugiter, in Deo laudabo sermones tuos, et non timebo a ti-
si legere cœpissem. Itaque ut fieri solet secura ex- more nocturno. Quia docuisti me in spiritu veri-
spectatione convivii præparati, avidæ licet mentis tatis (a) salubre moderanti in occiduis mortalibus
esuriemrefrenavi, et spe certa capiendæsaturitatis, animi temperamentum, quo et illam beatam ma-
cum inmanu tenerem panes desideriimei in volu- trem et aviam Melania flevisse carnalem obitum
mine devorando, quod postea voranti mihi et in unici (b) filii, taciturno quidem luctu, non tamen
more et in ventre dulcissimum fuit, inhian- sicco a maternis lacrymis dolore vidisti. Cujus qui-
tem in favos litterarum tuarum gulam facile dem modestas et graves lacrymas, sicut propior vel
suspendi, donec Urbe proficiscerer, et interponen- aequalior animae ejus spiritus altius intellexisti, et
dum ad itineris stativa diem, quem in oppido perfectae in Christo ferminæ, salvavirilis animi for-
Formiano habuimus, totum huic operi mancipa- titudine, cor maternum de cordis tui similitudine
rem, ut in deliciis epistolæ tuæ spiritalibus ab melius ex aequo statu contemplatus es, ut eam pri-
omni fæce curarum et suffocatione turbarum liber mum pro natnrali affectione permotam, deinde
epularer. caussa potiore compunctam flevisse perspiceres, non
2. Quid ergo humilis et terrenus respondeam ad tamillud humanum, quod unicum filium conditione
hanc sapientiam, quae data est tibi desuper, quam mortali defunctum in praesenti saeculo amisisset,
(a ErHtin Tnv *nl*\nvo
uw.w,
(b)Publicolae.
motif plus élevé; car ce n'était plus de la Dieu dans la région des vivants (Ps., GXIV,9).»
mort d'un fils unique, soumis à la même con- Non-seulement par une affection tacite, mais
dition que tous les hommes, qu'elle s'affligeait, encore par des œuvres manifestement accom-
mais de ce que la mort l'avait surpris encore plies, il a suivi le conseil de l'Apôtre. Etabli en
engagé dans les vanités du siècle. En effet, il dignité et en honneur à côté des grands du siè-
;
n'avait pas encore renoncé au faste de la di-
gnité sénatoriale il n'avait pas été enlevé de
terre dans les conditions que rêvait pour lui la
cle, il ne goûtait pas les grandeurs comme un
homme enivré de la gloire de la terre, mais
comme un parfait imitateur du Christ, il s'u-
sainte ambition de sa mère, qui aurait voulu le nissait aux humbles (Rom., XII, 16), et s'appli-
voir passer de la gloire de la conversion à la quait tous les jours à secourir leurs misères.
gloire de la résurrection, pour jouir du même C'est pourquoi sa race est devenue puissante
repos et de la même couronne avec celle qui lui
avait donné le jour, si pendant sa vie il avait
imité l'exemple de sa mère, et qu'il eût préféré
;
sur la terre, parmi ceux que leur élévation fait
appeler des dieux et les bénédictions qui ont
visité safamille et sa maison font éclater sa
le sac à la toge, et le monastère au sénat. sainteté et ses mérites. Car, comme dit le Psal-
3. Cependant cet homme, comme je crois miste : « La postérité des justes sera bénie; la
déjà l'avoir dit à votre sainteté, a quitté ce gloire et les richesses seront dans sa maison
monde, enrichi de bonnes œuvres. S'il n'a pas (Ps., CXI, 2). Ce n'est pas cette gloire fragile,
au dehors montré la noble humilité de sa mère, ce ne sont pas ces richesses qui passent qui
il l'a du moins portée dans son esprit. En effet, seront dans sa maison, cette maison qui est
il a été, d'après la parole de l'Evangile, si doux construite dans le ciel, non par le travail des
dans sesmœurs, et si humble de cœur (Matt., mains, mais par la sainteté des œuvres. Mais
XI, 29), que l'on peut croire avec raison qu'il je n'en dirai pas davantage sur la mémoire
est entré dans le repos du Seigneur.- a Car des d'un homme qui m'était aussi cher qu'il était
richesses sont réservées à l'homme pacifique dévoué à Jésus-Christ, car je crois vous en avoir
(Ps., XXXVI, 37); I( et ceux qui sont doux possé- assez parlé dans mes lettres précédentes. Je ne
deront la terre (Matth., V, 4), » « ils plairont à pourrais pas non plus parler de la bienheureuse
quam quod propemodum in saecularivanitate præ- ga, non tamen ut gloriosus terræ, alta saperet, sed
ventum (quia necdum illum deseruerat senatoriae ut Christi perfectus imitator humilibus consentiret
dignitatis ambitio non juxta sanctam votorum suo- (Rom.,XII, 16), et totaetiam die misereri etcommo-
rum avaritiam cogitaret assumtum, ut de conver- dare persisteret. Unde et semea ejuspotens in terra
sionis gloria transisset ad gloriam resurrectionis,
communem cum matre requiem, coronamque
capturus, si in hujus saeculi vita matris exem-
:
factum est, inter eos qui dii fortes terræ nimium
elevati sunt ut etiam de beatissima familiae ac do-
mus ejus visitatione sanctum hominis meritum re-
plo saccum togæ, et monasterium Senatui prætu- veletur. « Generatio, » inquit, « rectorum benedice-
lisset.
3. Vernmtamen idem vir, ut et antea (a) retulisse
:
tur gloria,» non caduca, « et divitiae, non la-
:
bentes, « in domo ejus (Psal., CXI, 2) domo, quae
me puto sanctitati tuae his operibus locupletatus aedificatur in caelis, non labore manuum, sed ope-
abcessit, ut maternae humilitatis nobilitatem si rum sanctitate. Sed cesso plura de memoria tam
vestenon gesserit, tamen mente prætulerit. Ita enim dilecti mihi quam devoti Christo hominis enarrare,
secundumverbum Domini mitis moribus fuit et hu- cum et pristinis litteris non pauca super eo narrasse
milis corde (Matth., XI, 29), ut non immerito cre- me reputem, et nihil possim de beata hujus filii
datur introisse in requiem Domini. Quoniam sunt matre et sanctorum (b) pari radice ramorum, Mela-
reliqusehominipacificos (Psal.,XXXVI, 37), etman- nia melius aut sanctius prædicare, quam sanctitas
sueti possidebunt terram (Matth., v, 4), placente Deo tua in eam profari et disputare dignata est, ut quia
in regione vivorum (Psal., CXIV, 9). Nam certe et ego peccator immunda labia habens, nihil dignum
illud Apostoli, non solum tacito mentis affectu, sed loqui potueram, utlonginquus a meritis fidei ejus
et conspicius religiosus implevit officiis, ut cum es- animæque virtutibus, tu ille vir Christi, doctor Isra-
set altorum hujus sæculi in ordine et honore colle- hel in Ecclesia veritatis procurante in melius Dei
(b)Paire. -.--..---n_
(a) Editio Lov. retuli ex tloto santilatis tua.
mère de ce fils, de Mélanie, la souche (1) de ces être. Cette mort évangélique n'est
pas la mort
pieux rameaux, mieux que ce que votre sain- ordinaire, elle est celle qui
nous retire en pen-
teté a daigné en dire elle-même. Pécheur que je sée de la vie de ce monde qu' est pleine de
suis, et dont les lèvres ne sont pas encore pu- tentations, et qu'un jour
vous me disiez être
rifiées, moi qui suis si loin du mérite d'une telle une tentation continuelle. Plaise à Dieu
que je
foi et des vertus d une telle âme, je ne saurais dirige si bien mes pas sur les vôtres, que je
en parler dignement. Mais vous, l'homme du puisse, à votre exemple, rompre mes liens et
Christ, le docteur d'Israël dans l'Eglise de la délier Jes vieilles chaussures de mes pieds,
vérité, vous étiez tout préparé par la grâce de pour courir et bondir librement dans la voie
;
Dieu à célébrer dignement les louanges de cette que vous suivez, et mourir, comme vous êtes
âme si virile en Jésus-Christ vous qui, par la mort, à cette vie, afin de ne vivre que pour
ressemblance qui vous en rapprochait, aviez Dieu et pour Jésus-Christ, qui vit en vous et
pu comprendre tout ce qu'il y avait en elle de dont votre corps, votre cœur et votre bouche
force divine, et qui pouviez mieux que per- expriment si bien et la mort et la vie. Car
sonn eloner tant de piété unie à tant de vertu. votre cœur ne goûte plus rien des choses de la
CHAPITRE II. — .t.. Vous daignez me de- terre, votre bouche ne parle pas des œuvres
mander quelle sera, après la résurrection de la des hommes, mais la parole du Christ abonde
;
chair, l'occupation (2) des bienheureux dans le dans votre cœur, et l'esprit de vérité s'échappe
siècle futur mais c'est moi qui vous consulte de votre bouche avec l'impétuosité d'un fleuve
sur l'état présent de ma vie, comme mon maître qui vient de bien haut, et qui réjouit de ses
et mTJn médecin spirituel, pour que vous_m'ap- eaux la Cité de Dieu.
preniez à faire la volonté de Dieu, à suivre le 5. Quelle vertu peut nous donner cette mort
Christ à votre exemple, et à mourir de cette évangélique, si ce n'est la charité qui est forte
mort évangélique, par laquelle nous devançons comme la mort. Car l'effet de la charité est
volontairement la dissolutioncharnelle de notre d'anéantir pour nous toutes les choses de la
(1) L'édition de Louvain au lieu de pari radice, donne patre, qu'il faudrait interpréter dans le même sens que la
version du texte pari radice.
(2) La même édition porte, actio nostra c'est-à-dire quelle sera notre occupation.La version des Bénédictins est préférable.
gratia, parareris digniortam virilis in Christo ani- es huic sæculo, ut vivas Deo in Christo vivente
mæ prædicator, qui et mentem ejus divina virtute
firmatam, ut dixi, spiritu propiore conspiceres, et
mixtam cum virtute pietatem eloquio digniore lau-
dares.
in te, cujus et mors et vita in corpore tuo et
corde et ore cognoscitur. Quia non sapit cor tuum
;
terrena, nec os tuum loquitur opera hominum sed
verbum Christi abundat in pectore tuo et spiritus
veritatis effunditur in lingua tua, superni fluminis
;
CAPUT II.—4.Quæ vero post resurrectionemcarnis
in illo sæculo beatorum futura sit (a) actio,tu me ill- impetu lætificans civitatem Dei.
terrogare dignatus es. Atego de præsenti vitæ meæ 5. « Quæ autem virtus hanc in nobis efficit mor-
statu utmagistrum et medicum spiritalem consulo,
ut doceas me facere vuluntates Dei, tuisque vesti-
tem, nisi caritas, quæ fortis est utmors? Sic enim
oblicterat nobis et perimit hoc sæculum, ut
impleat
giis ambulare postChristum, et (6) morte ista evan- mortis effectum per affectum Christi, in quem con-
gelica prius emori, qua carnalem resolutionem vo- versi avertimur ab hoc mundo, et cui viventes mo-
luntario prævenimus excessu; non obitu, sed sen- rimur ab elementis hujus mundi. Nec tamquam
viventes in eorum conspectu, (c) visuque decerni-
tentia recedentes ab hujus sæculi vita, quæ tota
tentationum, vel ut tu aliquando ad me locutus
es, tota tentatio est. Utinàm ergo sic dirigantur viæ
mus; quiaportio nostra mors Christi est cujus a
mortuis resurrectionem non apprehendimus in
:
meæ post vestigia tua, ut exemplo tuo solvens gloria, nisi morte ej us in cruce mortificatis mem-
calciamentum vetus de pedibus meis, disrumpam bris et sensibus carnis imitemur ; ut jam non
vincula mea, et liber exsultem ad currendum viam, nostra voluntate vivamus, sed illius, cujus voluntas
quo possim assequi mortem istam, qua tu murtuus sanctificatio nostra est; et qui ideo pro nobis mor-
de ce monde ;
en Jésus-Christ, il faut mourir à tout ce qui est je suis, ils soient avec moi (Jean, XVII, 24). »
car ce n'est pas vivre en Jésus-
:;
6. C'est là sans doute ce que veut dire le
Christ, que de rester en présence de tout ce Psalmiste par ces paroles « Heureux ceux qui
qui tient à la terre pour en jouir, puisque notre habitent dans votre maison ils vous loueront
partage est la mort du Christ, à la résurrection éternellement (Ps.,LXXXIII, 5).» Or, je crois
duquel nous n'aurions pas de part dans la que ces louanges seront chantées par des voix,
gloire, si, par la mortification de nos membres malgré les changements qui auront lieu dans
et de nos sens charnels, nous n'imitions pas sa le corps des saints à leur résurrection, afin
mort et sa mortification sur la croix. Ce n'est qu'ils soient semblables à celui dans lequel le
pas selon notre volonté, mais selon la sienne, Seigneur s'est fait voir après sa résurrection
que nous devons vivre, car la volonté du Christ d'entre les morts. En elle a brillé comme une
est notre sanctification. Il est mort pour nous, vive image de la résurrection des hommes et ;
,
et il est ressuscité pour que nous vivions, non Jésus-Christ, en ressuscitant avec le même
pour nous mais pour lui qui est mort pour corps dans lequel il avait souflert, a été pour
nous. Il nous a donné son esprit, pourgarantie tous, comme un miroir où nous pouvons con-
de sa promesse, comme il nous a donné un templer ce que sera le nôtre, après notre ré-
gage de la vie bienheureuse qui nous est ré- surrection. En effet, après être ressuscité dans
servée, en plaçant dans le ciel son corps qui est la même chair, avec laquelle il était mort et
comme la tète de ce corps que tous ensemble avait été enseveli, il a fait voir aux yeux, et
;
est notre attente la substance qu'il a formée s'est montré ,
nous formons en lui. Ainsi donc, le Seigneur fait entendre aux oreilles de ceux auxquels il
que tous ses membres avaient
est montée jusqu'à lui, en lui et par lui, qui a conservé les mêmes fonctions. Si les anges
pris un corps conforme à notre humilité et à dont la
nature est entièrement spirituelle, ont
nos misères, pour le conformer ensuite à la une langue pour chanter les louanges du Créa-
gloire du sien, et le placer avec lui dans les teur, et lui rendre d'éternelles actions de grâ-
cieux. C'est pourquoi ceux qui sont trouvés ces, à plus forte raison devons-nous croire que
dignes de la vie éternelle, auront part à la les hommes, quoique spiritualisés dans leurs
tuus est, et resurrexit, ut jam non nobis, sed illi sæculorum laudabunt te (Psal., LXXXIII, 5).» Puto
vivamus, qui pro nobis mortuus est, et resurrexit, autem banclaudationem vocibusconcinentium esse
et dedit nobis pignus repromissionis suæ spiritu promendam : etsi immutabuntur sanctorum resur-
suo, sicut pignus vitæ nostræ posuit in cælis in gentium corpora, ut sint sicut et Domini corpus
corpore suo, quod est (a) caput corporis nostri. Unde post resurrectionem apparuit : in qua utique resur-
nunc exspectatio nostra, Dominus est, et substantia. rectionis humanæ viva imago præfulsit; ut Domi-
quæ ab ipso facta est apud ipsum, et in ipso, est nus ipse, qui in corpore ipso, quo passus fuerat,et
per ipsum, qui conformatus est corpori humilitatis resurrexerat, quasi speculum contemplationis om-
nostræ ut nos conformaret corpori gloriæ suæ, et nibus fuerit. Qui utique cum in eadem carne, qua
secum in cælestibus collocaret. Propterea et qui mortuus et sepultus fuerat, resurrexisset, omnium
digni fuerunt vita æterna, erunt in gluria regniejus, omnia officia membrorum expressaoculis et auribus
ut cum ipso sint, sicut Apostolus ait (I Thess., IV, 16), hominum sæpe (6) collatus exhibuit. Quod si etiam
et cum ipso maneant, sicut et ipse Dominus ad Pa- Angeli, quorum simpliciter spiritalis est creatura,
trem dixit, » Volo ut ubi ego sum, et illi sint me- linguas habere dicuntur, quibus utique hudes Do-
cum (Johan.,XVII, 24). mino creatori cantant, et gratias referre non desi-
nunt; quanto magis hominum, etsi spiritalia jam
;
6. « Sine dubio hoc illud est, quod in Psalmis
habes, » Beati qui habitant in dr uio tua in sæcula post resurrectionem corpora, manentibus tamen
glorificatæ carnis omnibus membris, et per omnia dictum est,« Etenim clama bunt et hymnum dicent;
membra formis etnumeris suis, etlinguas habebunt procul dubio in cælestib us, ubi cum Domino erunt,
in oribus suis, et linguis effantibus dabunt voces, et delectabuntur in abundantia pacis, gaudenles in
quibus divinas laudes vel sensuum suorum gaudio- conspectu throni, mittentes ante pedes Agnipateras
rumque affectus per verba depromant. Forte etiam et coronas, et canentes ei canticum novum, aggre-
hocgratiæ gloriæque opposituro sanctissuis Domino, gati choris Angelornm, Virtutum, Dominationum,
in sæculis regni sui, ut tanto potioribus linguis et Thronorum, utet ipsi cum Cherubimatque Seraphim,
vocibus canant, quanto ad beatiorem naturam cor- et quatuor illis animalibus voce perpetua concinen-
porum beata immutatione profecerint, ut in corpo- tes dicant, « Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus
ribus jam spiritalibus constituti, jam forsitan non Deus sabaoth (Isai, VI, 3), » etreliqua quæ nosti.
humanis, sed illis angelicis atque cælestibus, qua- 7. Hoc est ergo quod egenus et pau per ego ille
les Apostolus audivit in paradiso (II Cor., XII, 4), insipiens et parvulus tuus, quem ut verus sapiens
sermonibuseloquantur. Et ideo forsitan homini inef- ferre consuesti, rogo ut me scientiam vel opinio-
fabiles eos sermones fuisse testatus est, quia sanc- nem super hoc tuam docear; (quia scio teillumina-
tis, inter alias præmiorum species, jam novæ lin- tum spiritu revelationis ab ipso dace et fonte sa-
guæ parantur. Quibus idcirco hominibus hujus pientiam, utsicut præterita cognosvisti,et præsentia
sæculi adhuc uti non licet, ut jam his gloriæ suae vides, ita etiam de futuris (a) æstimes;) q uidcen-
congruentibns immortales loquantur, de quibus seas de his cælestium creaturarum, vel etiam super
:
(1) L'édition de Louvain porte quia sine hoc membro in quo estvocis officium Deus possit etiam in corpore angelorum creare,
c'est-à-dire, parce que sans ce membre, dont Dieu a fait l'organe de la voix, Dieu pourrait aussi créer dans le corps
des anges, etc. Dans ce passage et dans quelques autres, nous suivons le manuscrit Phimarc.
(2) Scheda est nécessairement une faute du copiste, car TXECT)en grec signifie un feuillet, et la lettre de saint Paulin
un ouvrage fait à la hâte, et c'est bien là le sens que comporte la phrase de saint Paulin
ratures que de lignes, parce qu'elle a été faite à la hâte.
;
est trop longue pour avoir ce sens. Il faudrait donc, à la place de scheda mettre schedia. En effet oxeofoc en grec signfie
car sa lettre a plus de
cælos in conspectu altissimi agentium vocibus sem- Scriptura solet Deo quoque secundum species ope
pitcrnis, quibus tandem organis exprimantur. rationum, nomina adsignare membrorum. Ora pro
Quamvis enim Apostolus dicendo, « Silinguis An- nobis,etdocenos.
gelorum loquar (I Cor., XIlI, 1), » proprium quem- 8. Frater noster carissimus et dulcissimus Quin-
damillossuænaturæ, vel, ut ita dixerim, gentis tus, quam tarde ad nos remeat a vobis, tam cito a
habere sermonem ostenderit, tanto humanis sensi- nobis ad vos redire festinat: instantiam vero ejus
bus et eloquiis altiorem, quanto ipsa Angelorum in litteris exigendis et hæc epistola lituris quam
creatura et statio mortalibus (a) incolis et terrenis versibus crebrior loquitur, commemorati exactoris
sedibus præstat: attamen forsitan linguas Angelorum nimiam festinationem scheda fecit. Nam pridieIdus
pro generibus vocum atque sermonum dixerit, sicut Maias venit ad nos ut rescripta petaret, et idibus
etde charismatum varietate differens interdona gra- ante sextam dimitti obtinuit. Videte ergo utrum
tiarum numerat genera linguarum, utique hoc in eum commendaverim, vel accusaverim hujusmodi
signo esse signiflcans, quod multarum gentium ser- testimonio. Forte enim, immo sine dubio lauda-
bilis magis quam culpabilis judicabitur, qui a tene-
mone loqui singulis donaretur. Sed et vox Dei ssepe. bris, quod in comparatione vestri luminis sumus,
ad sanctos emissa de nube, ostendit posse loquelam
justissime refestinavit adlucem suam.
cœlis.
esse sine lingua. Siquidem lingua corporis mem-
brum sit pusillum, et malum, et magnum. Sed
forte ex hoc ipso, quia (b) in hoc membro vocis of-
ficium Deus posuit, etiam incorporeæ Angelorum
creaturæ sermones ei voces linguam vocaverit, sicut
(a) MS. Phimarc. ad litter. in
(b) Quia sine hoc membro in quod est vocis officium Deus possit etiam 11 corpore Angelorum creare, quibus lOClS
, et nonnu-
lisalliisPhim.cod.sequimus.
qu'ils vous saluent eux-mêmes, vous aurons
vus et seront restés près de vous, ce sera moins
LETTRE XCV (1) une augmentation de notre bonheur qu'une
consolation de nos maux. Autant que possible,
nous cherchons à éviter tout ce qui peut moti-
Saint Augustin, en réponse à la lettre précédente, ver et rendre nécessaire un tel voyage; et
traite de l'état de la vie présente, ainsi que de malgré nos efforts, nous n'y parvenons jamais,
la qualité et de la nature du corps des bienheu- je ne sais à quoicela tienl; je crois vraiment
dit de quel les membres que c'est en punition de nos péchés. Mais quand
reux, et usage seront
après la résurrection. ils seront de retour vers nous après vous avoir
vus, alors sera accompli ce qui a été écrit :
A SES TRÈS-CHERS, TRÈS-SINCÈRES, TRÈS-SAINTS « Vos exhortations ont réjoui mon âme, en
ETVÉNÉRABLES FRÈRES ET SEIGNEURS PAULIN ET proportion des douleurs infinies dont j'étais
affligé (Ps., XCIII, 19).» Lorsque vous aurez
JÉSUS CHRIST, AUGUSTIN
-
SEIGNEUR.
,
THÉRÈSE, SES CONDISCIPLES (2) DANS L'ÉCOLE DE
SALUT EN NOTRE
appris, de la bouche de Possidius (3), la triste
cause qui lui procure la joie d'être avec vous,
vous reconnaîtrez la vérité de ce que je vous
1. Lorsque nos frères, qui sont pour nous dis. Et cependant, pour jouir devotre présence,
comme pour vous des amis intimes, et que vous qui de nous ne passerait volontiers les mers ?
avez coutume de saluer avec la même affection Ce motif n'est-il pas ce qu'on peut trouver de
(1) Ecrite vers la fin de l'année 408. Cette lettre était la 250e dans les éditions antérieures à l'édition des Béné-
dictins et celle qui était la 95ese trouve—maintenant la 177e.
(2) Comme saint Augustin, dans la lettre précédente, avait été salué par le titre de maître et évêque, il rend à saint
;
Paulin son salut, avec le titre de condisciple. On en peut donc conclure que l'épiscopat ne fut pas conféré à saint Paulin
avant l'année 409 car saint Augustin n'aurait pas manqué de le saluer par un titre plus élevé que celui qu'il lui donne
dans sa réponse. Ruffin, dans la lettre II, du livre sur la Bénédiction des Patriarches, qu'il paraît avoir écrite vers la
même époque, favorise cette conjecture, car dans cette lettre, il appelle saint Paulin son frère, et ne lui donne pas le
titre d'évêque. Mais plus tard dans la lettre 149, écrite vers l'an 405, et dans le livre I, chap. x, de la Cité de Dieu, où
il est question d'une chose qui s'était passée l'an 410, saint Augustin donne à saint Paulin, le nom et le titre d'évêque.
(3) Possidius, évêque deCalame, comme nous l'indiquent les lettres ut et 104, avait passé la mer pour se rendre près
de l'empereur, afin de plaider la cause de son Eglise qui avait beaucoup souffert des spoliations, des incendies et des
meurtres suscités et exercés par les païens de Calame. Ce voyage, comme l'indique la lettre 104, eut lieu vers la fin de
l'année 408 (époque où cette sédition eut lieu) ou au commencement de l'année 409. Dans tous les cas, il est certain que
-
vestra præsentia frueretur, quid hac caussa jus-
quos nobiscum desiderati desiderare, et salutati re-
salutare consuestis, assidue vident, non tam augen-
?
tius, quid posset dignius inveniri Sed id vincula
religati sumusinfirmorum
nostra non ferrent,quibus
(a) Quia magister et episcopus in superiore epistola salutatus fuit Augustinus, idcirco reddit salutem hisee verbis. Ex
puibus obiter conjectare nobis licet dignitatem espiscopalem ante annum 409, non collatam fuisse Paulino ; cui alioquin
ornatior titulus debitus atque ipsi ab Augustino adscribendus fuerat. Porro conjecturæ favet Ruffinus, qui in epistola
nuncuppatoriaII, libride benedictionibus Patriarcharum, quem circiter id tempus scripsisse videtur, non episcopum,
sedfratrem ipsum appellat. Deinceps vero episcopusab Augustino dicitur in epistola CXLIX, scripta versus an 413. et
inlibr., de civitate Dei c. X ubi dere agitur, quse anno 410 contigit. - -
(b) Possidius Galamensis episcopus acturuscaussam ecclesiæ suæ quae expilationem, incendia, cædes perpessa erat a
paganisGalamensibus,utidocentepistolæ XCXI et CIV, navigavitad Imperatorem, excadem epist. CIV, sub finemvide-
?
plus juste et de plus digne Mais les liens qui mais en se retirant par la pensée de la vie de ce
nous attachent au service des faibles ne nous monde. Rien, en effet, de plus simple et de plus
permettent pas de nous éloigner d'eux, à moins certain que cette vérité, qu'il faut vivre dans
que nous n'y soyons d'autant plus impérieuse- cette vie mortelle de manière àmériter l'im-
ment obligés que leur état présente plus de mortelle vie. Mais ce qui embarrasse les hommes
danger. Tout cela est-il épreuves ou punitions comme moi, dans leur conduite et dans leurs
?
que le Seigneur nous envoie Je l'ignore. Tout recherches, c'est de savoir comment il faut vi-
ce que je sais, c'est qu'il ne nous punit pas vre parmi ceux, ou pour ceux qui n'ont pas
selon l'étendue de nos fautes et de nos iniquités, encore appris à vivre en mourant, non de la
puisqu'il mêle tant de consolations à nos dou- mort qui s'opère par la dissolution du corps,
leurs, et qu'il agit en cela comme un habile et mais en détournant notre âme de l'amour des
merveilleux médecin, pour nous empêcher de choses qui flattent nos sens. Car la plupart du
trop aimer le monde etd'y succomber. temps, nous croyons ne pouvoir leur être utile
2. Je vous avais demandé dans ma lettre qu'en nous conformant un peu nous-mêmes aux
précédente quelle serait, selon vous, la vie choses d'où nous voudrions les tirer. Qu'arrive-
éternelle des Saints. Vous m'avez répondu avec ?
t-il alors C'est que lecharme de ces choses se
raison, qu'il s'agissait avant tout de s'enquérir glisse insensiblement dans notre cœur, au
de l'état dela vie présente; c'est fort bien, point de nous faire trouver du plaisir à parler
mais pourquoi me consulter à votre tour sur de ces choses vaines, et à prêter une oreille
cette chose que j'ignore autant que vous, ou complaisante à ceux qui nous en parlent. Elles
que vous savez aussi bien et peut-être mieux nous font sourire d'abord, et nous font ensuite
?
que moi En effet, vous m'avez dit avec vérité, éclater de rire. Ainsi notre âme, se chargeant
qu'il faut d'abord mourir volontairement de la de la poussière et de la boue des affections
mort évangélique, qui prévient la dissolution terrestres, s'élève plus difficilement et plus
de notre corps, non en mourant réellement, lentement vers Dieu pour vivre de la vie
ce fut lui qui apporta à saint Paulin cette lettre 95 écrite à Carthage, où se trouvait alors saint Augustin, comme l'in-
dique la lettre 121. C'est à ce Possidius que l'on doit tout ce qu'on sait de la vie de saint Augustin, avec lequel il vécut
40 ans. Saint Augustin avait été son maître, et après l'avoir élevé dans son monastère, il ne l'en tira que pour le faire
évêque de Calame. Possidius, selon la coutume des autres élèves de saint Augustin, établit un monastère à Calame. Il
assista tantôt seul, tantôt en compagnie de saint Alype et de saint Augustin, à tous les conciles et à toutes les confé-
à
rences qui eurent lieu depuis l'an 403j'usqu l'an 419. Pendant le siège des Vandales, il se renferma dans Hippone, et
y fut témoin des dernières actions et de la mort de saint Augustin. Il avait alors 33 années d'épiscopat, et mourut
dans un âge trèsavancé,puisqu'il n'écrivit la vie de son vénérable et saint maître, que longtempsaprès la prise d'Hip-
pone et la désolation de toute l'Afrique.
servire languoribus, nec eos præsentia corporali voluntario praeveniamus excessu, non obitu, sed
relinquere, nisi cum hoc cogunt tanto imperiosius sententia recedentes ah hujus ssenuli vita.-Simplex
quanto periculusius ægrotando. Utrum exerceamur hsec actio, et nullo dubitationis aestu fluctuat, quod
his, an potius plectamur nescio, nisi quod non se- ita nos vivere oportere censemus in hac vita morta-
cundumpeccata nostra facitnobis, nequesecundum li, ut vitae immortali quodammodo coaptemnr.
iniquitates nostras retribuit nobis qui tauta solatia Verum omnis quæstio, quæ agentes quaerentesque
doloribus miscet agitque mirabili medicina, ne conturbat homines, qualis ego sum, illa, est quo-
amemus mundum, ne deficiamusin mundo. nam modo vivendum sit, vel inter eos, vel propter
2. Qusesivi abs te prioribus litteris, qualisnam eos. qui nondum vivere moriendo noverunt, non
resolutione corporis sed quodam se a cùrporalibus
:
hommes ; car personne ne peut sentir ce qui se Pour moi,j'avoue que je commets souvent cette
passe ainsi dans l'esprit d'un autre mais au faute, et que j'ignore quand et comment je puis
fond de nous-mêmes, s'élève dans le secret de observer ce qui a été écrit « Reprenez devant :
notre âme ce cri approbateur et mystérieux, tout lo monde ceux qui pèchent, pour inspirer
;
Mais il est difficile de démêler la mesure à cela regarde son maître, mais il demeurera
garder dans la punition car il faut considérer, ferme, car Dieu est assez puissant pour le sou-
non-seulement la nature et le nombre des tenir (Rom., XVI, 4). » L'Apôtre parle ici de
fautes, mais encore les forces de chacun, ce ceux qui sont dans l'Église il ordonne ensuite
qu'il peut ou ce qu'il ne peut pas supporter, de qu'ils soient jugés, quand il dit « Pourquoi
; :
peur, non-seulement d'arrêter sa marche dans entreprendrai-je de juger ceux qui sonthors
?
la perfection, mais encore de le voir faillir dans de l'Église Ce sont ceux qui sont dans l'Église
sa route. Je ne sais même pas si la crainte de que vous avez droit de juger. Retranchez ce
(1) Le texte latin a confondu le passage de saint Paul avec celui de saint Matthieu.
bere loquentibus, nec arridere tantum, sed eliam viribus animorum, quid quisque sufferat, quid re-
risu vinci ac solvi : ita pulvereis quibusdam, vel cuset, nenon solum non proficiat,sedetiam deficiat,
etiam luteis affectibus nostras animas nggravantes quamprofundum et lalebrosum est? impendentem
laboriosius et pigrius levamus ad Deum, ut viva- quoque vindictam metuentes, quæ ab hominibus
mus evangelism vitam, moriendo evangelicam metuitur, nescio utrum plures correcti sunt, quam
;
mortem. Quod si aliquando successerit, statim sub-
jicietur, Euge, Euge, non ab hominibus neque
enim quisquam hominum sentit in alio talem men-
tis agnitionem : sed in quodam intus silentio ne-
in deterius abierunt. Quid cum ssepe accidat, ut si
in quemquamvindicaveris, ipse pereat; si inultum
reliqueris, alter pereat? Ego in his quotidie peccare
me faLeor, et* ignorare quando, quove modo custo-
scio unde clamatur Euge, Euge. Propter hoc genus diamid quod scriptum est, « Peccantes coram om-
tentationis ab angelo colaphizatum se tantus nibus argue, ut ceteri timorem habeant (I Tim., v,
Apostolus confitetur. Ecce unde vita humana su- 20); » et quod scriptum est, « Corripe eum inter te
per terram tota tentatio est Jbqådo et ibi homo et ipsum solum (Matth., XVlII, 15); » et quod scrip-
tentatur, ubi quantum potest vitæ cælestis simili-
tudini coaptatur.
3. Quid dicam de vindicando, vel non vindi-
« ut nonjudicemini(Matt
addidit ante tempus
.,
tum est, «Noliteanle tempus judicare (I Cor.,IV, ö),))
: VII,1); » neque enim hic
et quod scriptum est, « Tu
cando? quandoquidem hoc totum ad eorum salu- quis est, qui judicas alienum servum ? suo domino
tern proficere volumus, in quos vindicandum aut stat aut cadit, stabit autem. Potens est enim Deus
non vindicandum esse arbitramur. Quis etiam sit statuere illum (Rom., XIV, 41); » unde confirmat
vindicandi modus, non solum pro qualitate vel de his se diccre, qui intus sunt: et rursus eos judi-
quantitate culparum, verum etiam pro quibusdam cari jubet, cum dicit, « Quid enim mihi de his, qui
méchant du milieu de vous (II COl'.,V, 12,13).»
ce que nous pourrons entendre plutôt que nous
Quels soucis, quelles angoisses pour déterminer
ne trouvons un sens assuré, sur lequel notre
jusqu'à quel point il faut exécuter ce qu'on esprit puisse se fixer; et cette réserve pleine de
croit devoir faire, etpour qu'il n'arrive pas à sollicitude vaut mieux encore que des affir-
celui qu'on punit « d'être accablé d'un excès de mations téméraires. Souvent aussi quelqu'un
tristesse (II Cor., II, 8),» comme celui dont qui ne pense pas selon la chair, que l'Apôtre
:
me suis senti saisi de crainte et d'effroi, et j'ai
:
été environné de ténèbres et j'ai dit Qui me
donnera des ailes comme à la colombe, pour
écrits de ceux qui sont dans L'Eglise, et que
nous le déclarons publiquement, quelle faute
ne commet-on pas contre nous, en attribuant
m'envoler vers les lieux où je trouverai du re- notre conduite, non à un sentiment de bienveil-
pos?Voilà que je me suis enfui au loin, et j'ai lance, mais à une pensée de haine et d'envie !
demeuré dans le désert (Ps., LIV, 6, 7, etc.) ;» De même aussi, quelle faute ne commettons-
:
mais peut-être lePsalmiste a-t-il éprouvé dans le
désert même ce qu'il ajoute « J'attendais celui
qui pût.me sauver de l'abattement et de la tem-
nous pas envers ceux qui nous reprennent, en
leur prêtant l'intention de nous offenser plutôt
que celle de nous corriger! De là ces inimitiés
pête. » Tant il est vrai que la vie de l'homme qui naissent entre des personnes unies d'abord
sur la terre, est une tentation continuelle ! par la plus étroite amitié, et tandis que l'un
(Job, VII, 1). s'emporte contre l'autre, tandis qu'on se déchire
4. Et les saintes Ecritures mêmes nous ne ainsi mutuellement, il est à craindre que tous
!
ne se perdent ensemble. Ah comme je l'ai dit
pouvons qu'y toucher, et non les approfondir.
Dans la plupart des passages nous cherchons :
plus haut « Qui donc me donnera
des ailes
?
foris sunt, judicare Nonne de his, qui intus sunt, pluribus quærimus potius quid sentiendum sit,
vos judieatis? auferte malum vobis ipsis Cor.,
ex (I quam definitum aliquid fixumque sentimus ? et ea
v, 12 et 13). » Quod cum etiam faciendum videtur, cautio cum sollicitudinis plena sit, multo melior est
quatenus fiat, quantae curae ac timoris est ? ne forte tamen, quam temeritas affirmandi. Nonne in mul-
contingat quod de illo ipso intelligitur in secunda tis, si non secundum carnem homo sapiat, quam
ad eosdem epistola cavendum admonere, « ne ma- mortem dicit esse Apostolus, magno scandalo erit
?
jore tristitiaabsorkatur qui ejusmodi est(II Cor., ei, qui adhuc secundum carnem sapit ubi et di-
11, 8). » Et ne quisquam
hoe non multum curan- cere quid sentias periculosissimum, et non dicere
dum putaret, ibi ait, « ut non possideamur a laboriosissimum, etaliud quamsentis dicere perni-
satana: non enim ignoramus mentes ejus. » Quis ciosissimum est? Quid, cum ea quæ non approba-
in his omnibus tremor, mi Pauline, sancte homo mus in eorum, quiintus sunt, sermone velscriptis,
Dei ? quis tremor, quae tenelrae? Nonne putamus putantesque id ad fraternæ caritatis libertatem per-
de his esse dictum, « Timor et tremor venerunt tinere, judicium nostrum non occultamus, et hoc
?
supra me, et contexerunt me tenebrai et dixi, non benevolentia, insed
invidia facere credimur,
qui
Quis dabit mihi pennas sicut columbæ, et volabo et quantum peccatur nos? et cum similiter eos,
requiescam? Ecce elongavi fugiens, et mansi in nostras sententias reprehendimt, lædere potius, vel-
deserto (Psal., LIV, 6, 7 ,etc.). » Verumtamen etiam le quam corrigere suspicamur, quantum pecca-
?
in deserto ipso fortassis expertus sit, quod adjungit, mus in alios certe hinc exsitunt
inimieitise pie-
Exspectabam eum qui me salvum faceret a pusil- rum que etiam inter carissimas familiarissimasque
« est,
lanimitate et tempestate. » Nempe ergo tentatio est personas, dum, supra quam scriptumdum unus pro
mordent
vita humana super terram (Job., VII, 1). altero intlatur adversus alterum, et
est ne consuman-
4. Quid, ipsa divina eloquia, nonne palpantur et comedunt invicem, timendum mihi pennassicut
dabit
potius, quam tractantur a nobis ? dum in multo tur ab invicem. « Quis ergo
cumme à la colombe, pour m'envoler vers les celui de la Jérusalem céleste, j'ai mieux'aimé
lieux où je trouverai le repos (Ps.,LIV, 7)?» vous parler de ce que nous serons un jour, que
Est-ce parce que les dangers où nous nous de ce que nous sommes aujourd'hui. En effet,
trouvons nous paraissent plus grands que ceux quoique nous ignorions les biens de la vie
;
que nous n'avons pas encore éprouvés? je
l'ignore mais s'il en est ainsi, l'abattement
et la tempête du désert me paraissent préféra-
future, nous sommes cependant assurés sur un
point de la plus haute importance; c'est que
dans cette vie céleste, nous n'avons pas à
bles à ce que nous souffrons ou craignons dans craindre les maux que nous éprouvons ici-
le tumulte du monde. bas.
5. J'approuve donc beaucoup votre opinion, 6. Quant au moyen de régler cette vie tem-
qu'il faut s'occuper d'abord de l'état de cette porelle, afin d'arriver à la vie de l'éternité, je
vie, si toutefois on peut appeler état, ce qui sais que nous devons réprimer tous les désirs
coulesi rapidement. J'ajoute encore qu'il faut charnels, et ne retenir du plaisir des sens, que
s'occuper de ce qui concerne les choses d'ici- ce qu'il faut pour soutenir la vie présente et
bas, avant de nous enquérir de ce que sera pour tolérer avec courage et patience toutes les.
cette vie future, vers laquelle nous conduit le misères et tous les chagrins temporels pour la
pèlerinage de la vie présente. Mais je vous ai vérité de Dieu, comme pournotre salut éternel
interrogé sur ce que vous pensez à cet égard, etcelui de notre prochain. Je sais également
comme si j'avais déjà réglé. d'une manière que nous devons apporter tout le zèle de la
fixe et positive ma vie dans ce monde, au point charité, afin de ne rien négliger pour que
d'être en toute sécurité à cet égard, tandis que, notre prochain se conduise pendant cette vie,
dans beaucoup de points, et surtout dans ceux de manière à mériter la vie éternelle. Je n'ignore
que je vous ai désignés brièvement, mais aussi pas non plus que nous devons préférer les choses
;
bien que je l'ai pu ; je me trouve encore très- spirituelles aux choses temporelles, ce qui ne
embarrassé. Mais comme cette ignorance et change pas à ce qui change et que l'homme y
ces difficultés me paraissent venir de ce que, parvient plus ou moins, selon le plus ou moins
danscettegrandevariété de mœurs,en des âmes, de secours que lui prête la grâce de Dieu par
ayant chacune leurs faiblesses et leurs volontés Notre Seigneur Jésus-Christ. Pourquoi tous les
secrètes, il s'agit pour nous de diriger, non le hommes ne reçoivent-ils pas ce secours dans la
peuple de la terre non le peuple romain, mais même proportion, mais chacun d'une manière
columbæ, et volabo, et requiescam (Psal,LIV solymitam cselestis, magis me libuit loqui tecum
7)? Sive emm quia pericula, in quihus quisque ex illo quod erimus, quam ex isto quod sumus.
versatur, graviora sunt, quam inexperta, sive quia Ibi enim etsi nescimus quæ bona futura sunt, non
revera ita est; quaelibet pusillanimitas tempestasque tamen de parva re certi sumus, quod ista mala ibi
deserti minus mihi videtur molesta, quam ea, quæ non erunt.
vel patimur, vel timemus in turbis. 6. De agenda ergo isti temporalivita, eo modo,
5. Proinde multum approbo sententiam tuam, per quem veniendum est ad æternam, novi concu-
de bujus vitæ statu esse agendum, vel potius cursu piscectias carnalesesse frenandas : tantumque
quamstatu. Addoaliud, quia prius hoc requiren- remittendum in delectationes sensuum corpora-
dum atque tenendum est, quam illud, quale fu- lium, quantum sustentandæ hujusmodi agendse-
turum sit, quo iste fert cursus. Inde ergo interro- que vitae satis est, omnesque molestias temporales,
gavi quid sentias, quasi hujus vitæ recta regula re- pro veritate Dei, et salute æterna nostra et proxi-
tenta atque servata jam securi simus, cum in tam mi, patienter fortiterque tolerandas. Novi etiam
multis, maximeque in his quae breviter, ut potui, proximoad hoc consulendum omni studiocaritatis,
eommemoravi, periculosissime laborare me sen- ut istam vitam recte gerat propter æternam. Prae-
tiam. Sed quia omnis hæc ignorantia et difficul- ponenda etiam nobisspiitalia carnalibus, incom-
;
lité et d'immortalité, voici ce que je vous en 20). J'ai toujours entendu par ce mot plaies
dirai en peu de mots et si cela ne suffit pas, celui de cicatrices. Illes montra, non par né-
avec l'aide de Dieu, je pourrai plus tard mieux cessité, mais par un effet de sa toute-puis-
:
développer cette question. En tout cas il faut sance puissance dont il a donné surtout la
s'en tenir fermement au témoignage si clair et preuve, soit lorsqu'il s'est montré sous une
si véridiquedelasainte Ecriture, c'est-à-dire autre forme (Luc, XXIV, 15. Jean, xx, 15. Marc,
que ces corps visibles et terrestres que saint XVI, 12), soit quand il s'est manifesté avec son
Paul appelle des corps animaux, deviendront vrai corps à ses disciples réunis dans le céna-
des corps tout spirituels à la résurrection des cle dont les portes étaient fermées. (Jean, xx,
fidèles et des justes. Mais comme cette qualité 19).
spirituelle du corps est quelque chose que nous 8. Ici s'élève naturellement la question de
n'avons pas éprouvé, j'ignore de quelle ma- savoir, si les anges ont des corps répondant à
adjuvetur, vel non adjuvetur nescio. Id tamen sit, ignoro. Corruptio ibi certe nulla erit, ac per
Deum summa sibique nota æquitate facere scio. hoc nec isto quo nunc indigent corruptibili cibo,
Propter illa vero, quæ supra commemoravi, quem- tunc indigebunt; nec tamen eum capere non po-
admodurn vivendum sitcum hominibus, si quidtibi teruut, veraciterque consumere potestate, non
exploratum liquet, edoce me obsecro. Sin et te ita necessitate. Alioquin nec Dominus e.m post resur-
ut me movent ista, confer ea cum aliquo mansueto rectionem accepisset, qui nobis ita præbuít corpo-
cordis medico, sive illic inveneris ubi degitis, sive ralis resurrectimisexemplura, ut hinc Apostolus
cum Romam toto anniversario pergitis, et quod per dicat « Si mortui non resurgunt, neque Christus
ilium tibi loquentem, seu vobis colloquentibus resurrexit (I Cor., xv, 16). » Qui cum membris om-
Dominus aperuerit, scribe mihi. nibus appareret, eorumque officiis uteretur, loca
7. De resurrectione autem corporum,, memhro- ctiam vulnerum demonstravit (Johan, xx, 10). Quas
rumque in illa incorruplione atque immortalitate ego cicatrices, non ipsa vulnera semper accepi, et
eas ipsas potestate,
futures officiis,quoniamvicissim me interrogasti non necessitate. Cujus potesta-
quidsenliam, audi breviter quod, si non satiserit, tis facilitatem tunc maxime ostendit, cum vel in
si
poterit, Dominus adjuverit,latius disputari.Fir- alia forma se demonstravit vel in domo discipulis
constitutis, cum ostia clausa essent, verus apparuit
missime tenendum est, unde Scripturse sanctæve-
rax et clara sententia est, visibilia ista corpora at- lLucæ, XXlV, 15. Johan, xx, 15. Marci, XVI, 12.Johan,
que terrena, quæ nunc ammalia dicuntur, spiritalia
futura in resurrectione fidelium atque justorum.
Porro spiritalis corporis qualitas inexperta nobis,
xx, 19).
8. Hincoritur de -
Angeliquæstio, utrum ha-
beant corpora suis officiis et concursationibus con-
enim habere
quemadrrodum velcomprehendu,velinsinuar pos- grua, an tantummodo spiritus sint? Si
leur ministère et à leurs courses, ou s'ils sont toujours est-il que dans cette cité des saints
seulement des esprits? Si nous disons qu'ils où les élus, rachetés par Jésus-Christ de la
Psalmiste :
ont des corps, on nous objectera ce passage du
« Il a fait les esprits, ses ambassa-
deurs (Ps., CHI, 4). » Si nous disons qu'ils n'en
;
corruption terrestre, seront réunis à la multi-
tude des anges des sons et des voix percep-
tibles aux sens serviront à exprimer toutes les
ont pas, nous serons encore plus embarrassés pensées du cœur, qui alors ne seront plus se-
d'expliquer comment ils auraient pu, sans être crètes, car dans cette société divine, nulle
revêtus d'un corps, se manifester aux yeux des pensée ne restera cachée au prochain. Il n'y
hommes qui leur ont donné l'hospitalité, leur aura plus, à mon avis, qu'un accord unanime
ont lavé les pieds, et leur ont servi à boire et à pour chanter les louanges de Dieu, non-seule-
manger (Gen., XVIII, 2 et XIX, 1). Il paraît plus ment par l'esprit, mais aussi par le corps de-
faute de croire, qu'on appelle les anges des venu spirituel.
esprits, comme on appelle les hommes des 9. Si vous savez, ou si vous avez appris de
âmes, comme dans cet endroit de la Genèse où personnes plus éclairées que moi quelque chose
il est dit, que Jacob descendit en Egypte avec de plus conforme à la vérité, j'attends à cet
un grand nombre d'âmes (Gen., XLVI, 17); et égard les renseignements que vous voudrez
certes, on ne peut pas dire que ces âmes là bien me donner. En attendant, relisezencore
n'avaient pas de corps. On ne peut pas croire ma lettre (1) à laquelle le départ si précipité de
non plus que si les anges n'étaient pas revêtus Quintus a été cause que vous avez répondu
de formes corporelles, les hommes auraient avec tant de hâte. Je ne m'en plains pas. Je
pu s'acquitter de ces devoirs envers eux. En ne fais que vous le rappeler, afin que ce qui a
outra dans l'Apocalypse, on voit la taille et la été oublié, me soit rendu avec usure. Dites-
grandeur d'un ange nettement déterminées. moi aussi ce que vous pensez sur le repos né-
Or, cela ne convient évidemment qu'à des cessaire à un chrétien, pour apprendre lui-
corps, et doit nous faire croire qu'il n'y a rien même ou pour apprendre aux autres la sa-
d'illusoire ni de faux dans ces apparitions des gesse chrétienne et sur celui dont je croyais
anges aux hommes, apparitions qui s'expliquent que vous jouissiez, etqui, à ce que j'ai appris,
d'ailleurs par cette agilité et cette vertu des est troublé par une infinité d'occupations.
corps spirituels. Mais, soit que les anges aient Cherchez donc, et voyez ce que j'avais voulu
des corps, soit qu'on puisse expliquer comment, apprendre de vous.
sans corps, ils ont pu faire toutes ces choses,
(1) Cette lettre que saint Augustin prie saint Paulin de relire, ne nous est pas parvenue.
dixerimus, occurrit nobis, « Qui facit Angelos suos gerere illa omnia potuerint; in illa tamen civitate
spiritus (Psal., CIII, 4). Si autem non habere sanctorum, ubi etiam per Christum redemti a ge-
dixerimus, plus habet scrupuli, quomodo scriptum neratione hac, in æternum conjungentur millibus
sit, eos corporeis hominum sensibus sine corpore Angelorum, voces corporales non latentes animos
praisentatos, hospilio susceptos, pedes eis lotos, indicabunt : quia in illa sociétate divina nihil co-
videtur.
edentibus et bibentibus ministratum (Gen., XVIlI, gitalionisproximopoteritoccultari;sed erit cun-
2-3 et XIX, 1). Facilius enim videri potest, sic esse sonans in Dei laude concordia, non solum spiritu,
spiritus Angelos dictos, ut homines animas, sicut verum etiam spiritali corpore expressa, hoc mihi
scriptum est cum Jacob in Ægyptum tot animas
(Gen., XLVI, 27) descendisse (neque enim corpora 9.Interim si quid congruentius veritati vel jam
non habebant) quam ut ílla omnia sine corporibus tenes, vel a doctioribus audire poLueris, per te nos-
gestacredautur. Deinde certaqusedaminApocalypsi se studiosissime exspecto. Recense hanc epistolam
Angeli stalura definitur in ea mensura, quæ nisi meam, cui quoniam festinantissime te respondisse
corporum esse non possit, ut quod hominibus appa- de diaconi festinatione caussatus es, ideo non con-
ruerit non ad falsitatem, sed ad illam potestatem queror, sed potius commemoro, ut quod tunc
ac facilitatem spiritalium corporum referatur. Sed omissum est, nunc reddatur. Et de otio quippe
sive habeant Angeli corpora, sive quisquam possit Christiano ad percipiendam vol disserendam Chri-
ostendere, quemadmodum corpora non habentes stianam sapientiam quid sentias; et de otio quod -
'(Et d'une autre main). de cette vie, nous écrivons cependant avec toute
Souvenez-vous de nous, et vivez heureux, confiance au très-cher Olympius, fidèle et sin- -
élus de Dieu, qui faitesnotre joie et notre con- cère serviteur avec nous de Notre Seigneur
solation. Jésus-Christ. Nous savons, en effet, que ce nom
est pour vous plus glorieux que toute gloire,
et plus élevé que toute élévation. Le bruit pu-
blic nous a appris votre promotion à une di-
LETTRE XCVI (1) gnité bien plus éminente que celle que vous
possédiez; mais cette nouvelle ne nous avait
pas encore été confirmée, lorsque l'occasion
à
Saint Augustin écrit Olympiusdont il
avait ap-
pris, la récente élévation à une nouvelle dignite,
s'est présentée de vous adresser cette lettre.
Cependant comme nous savons que vous avez
appris du Seigneur à ne pas vous laisser eni-
celle de maître des offices (2), dignité qui
lui avait été conféréeaprès la mort de Stilicon vrer par les grandeurs, mais à condescendre à
l'état des humbles, nous présumons que quel
dans l'année 408. Saint Augustin prie Olym-
pius de rectifier ce qu'il pouvait y avoir de dé- que soit le faite d'honneur où vous êtes parve-
fectueux dans l'acquisition que Paul, prédé- nu, vous recevrez notre lettre avec votre bien-
veillance habituelle, ô très-honoré seigneur.
cesseur de Boniface, évêque de Catague avait et digne d'être aimé parmi les membres de Jé-
faite assez peu régulièrement, de quelques biens
sus-Christ. Nous aimons à croire que vous
qu'il avait légués à son église.
userez avec sagesse du bonheur temporel en
vue des biens éternels, afin que plus vous serez
A SON TRÈS-CHER SEIGNEUR ET TRÈS-HONORÉ FILS puissant dans cette république terrestre, plus
OLYMHUS QU'IL CHÉRIT PARMI LES MEMBRES DE vous puissiez mériter cette cité céleste, qui vous
JÉSUS-CHRIST, AUGUSTIN.
a enfanté à Jésus-Christ. Ces soins et ces ser-
vices vous seront payés avec usure dans la ré-
1. Quelque élevé que vous soyez dans le cours gion des vivants, et dans la vie future où vous
--
(1) Ecrite vers le mois de septembre de l'année 408. — Cette lettre était la 124e dans les éditions antérieures à l'édi-
tion des Bénédictins, et celle qui était la 96e se trouve maintenant la 183e.
(2) La dignité de maître des offices était une des plus recherchées de l'empire. Ce haut fonctionnaire
- avait sous ses
ordres tous les officiers du palais du prince, et même l'intendance des bâtiments et des domaines impériaux. Il pré-
sidait également àune infinité d'autres emplois fort importants. Cet Olympius a qui cette lettre est adressée, est celui
qui s'empara de l'esprit de l'empereur Honorius et organisa le complot, dans lequel succombèrent Stilicon et ses amis.
putabam tuo, cujus mihi occupationes incredibiles servo nostro Olympio Christiano fidissime scribi-
nuntiatæ sunt, require et vide, quid a te scire quæ- mus. Hoc enim tibi esse scimus omni gloria
sierim. (Et alia manu) memores nostri felices vi- gloriosius, et omni sublimitate sublimius. Fama
vite, magna gaudia et solatia nostra sancti Dei.
EPISTOLA XCVI
esse celsiorem ;
quippe ad nos pertulit, honorem te adeptum
quæ utrum vera csset, non-
dum apud nos fuerat confirmatum, cum hæc
scribendi provenit occasio. Sed quoniam novimus
Augustinus Olympio, quem audieratprovectum recens te a Domino didicisse, non alta sapere, sed humili-
ad novam dignitatem, (scilicet Magistri officiorum, bus consentire,. quolibet culmine provectus esses,
quod ipsi munus post St-ilichonis necem an. 408, non aliter quam soles litteras nostras te accepturum
coliatum fuit,) commendat impense caussam Boni- esse præsumimus, domine dilectissime, et
in Chri-
facii Cataquensis episcopi, super possessione qua- sti membris Honorabiliter amplectende fib. Tem-
dam ecclesiœ ab ipsius praidecessore non sine fraude porali vero felicitate ad ætérna lucra te prudenler
plus potes-
comparata. usurum minime dubitamus, ut quanto as
in hac terrena republica, tanto plus impend cæ-
DOMINODILECTISSIMO ET IN CHRISTIMEMBRISHONORABIUTER
- lesti illi, quæ te in
Christo peperit, civitati, quod
AMPLECTENDO FILIO OLYMPIO, AUGUSTINUS. tibi uberius rependatur in regione viventium, et in
manentiuin gau-
1. Quidquid sis secundum æculi hujus cur- vera pace securorum ac sine fine
sum, nos tamen carissimo et sincerissimo con- diorum.
goûterez en paix des joies pures qui n'auront pût demander à l'empereur remise des sommes
pas defin. dues au fisc par son prédécesseur pour ces
2. Je recommande de nouveau à Votre Cha- petites pièces de terre, il aima mieux avouer
rité la requête de mon saint frère et collègue franchement que Paul, quoique débiteur du
Boniface, pour que ce qui n'a pu être fait jus- fisc, les avait achetées de son propre argent
qu'ici, puisse se faire présentement. Il aurait dans une vente faite à l'encan (1). En agissant
pu, sans aucune formalité, continuer à retenir ainsi, Boniface désirait voir l'Egliserester en
le bien que son prédécesseur avait acquis quoi. possession de ces terres, et les devoir à la libé-
que sous un nom supposé et dont il avait com- ralité manifeste d'un empereur chrétien, et
mencé à jouir comme d'un bien de l'Eglise. non à l'injustice secrète d'un évèque. Si cela
Cependant, comme ce prédécesseur était débi- ne se peut pas, les serviteurs de Dieu préfèrent
teur envers le fisc. nous ne voulons pas avoir le travail et la misère, à la jouissance d'un bien
ce scrupule sur la conscience. En effet, une dont l'acquisition frauduleuse pèserait sur leur
fraude envers le fisc, n'en est pas moins une conscience.
fraude. Ce Paul, après avoir été élevé à l'épis- 3. Voilà sur quoi nous appelons vos bons
copat renonça à tous ses biens, à cause d'une offices et vos recommandations. Boniface n'a
dette immense qu'il avait envers le fisc. Cepen- pas voulu alléguer les premières concessions
dant s'étant fait rembourser une certaine qu'on lui avait faites, pour ne pas se priver des
somme d'argent qui lui était due, il en acheta, moyens de présenter une nouvelle supplique ;
comme au profit de l'Eglise, de petites pièces car on ne lui avait pas d'abord donné une ré-
de terre, du revenu desquelles il pût vivre ; ponse conforme à ses désirs. Mais maintenant,
mais il fit cette acquisition sous le nom d'une que votre bienveillance habituelle s'appuie sur
maison alors très-puissante, pour pouvoir selon un degré de puissance bien plus élevé, nous
son habitude, vivre tranquille, sans rien payer espérons que, avec l'aide de Dieu, vous ob-
au fisc, et sans avoir rien à craindre des collec- tiendrez facilement ce que nous vous deman-
teur d'impôts. Après la mort de Paul, son suc- dons. Si vous demandiez en votre nom ces
cesseur dans cette Eglise, ne voulut pas se mêmes terres, pour en faire vous-même dona-
mettre en possession de ces champs, et quoiqu'il tion à l'Eglise de Cataque, qui pourrait vous
2. Sancti fratris et coepiscopi meiBonifacii peti- non solveret, nullas exactorum molestias pateretur.
tionem tuæ rursus caritati commendo, ne forte Iste autem qui eidem ecclesiae illo defuncto est or-
nunc fieri possit quod ante non potuit. Cum enim dinatus, timuit hos agros suscipere : et cum posset
pusset sine ulla forsitan quæstione quod præcessor pro solis fiscalibus dehitis, quæ de memoratis pos-
ejus, quamvis sub alieno nomine, comparaverat, et sessiunculis ille contraxerat, imperiale beneficium
sub ecclesiæ nomine possidere jam cæperat, conse- postularc, totum maluit confiteri, quod eas Paulus
quenter etiam ipse retinere : nolumustamen, quo- de argento proprio, cum csset fisco obnoxius de
niam fisci debitor fuit, hunc scrupulum habere in (a) hastario emerat : ut eas ecclesia, si fieri potest,
conscientia. Neque enim fraus ista, quia fisco fie- non occulta episcopi iniquitate, sed manifesta Chri-
bat, ideo non fiebat. Et ille quidem Paulus, post- stiani Imperatoris liberalitate possideat. Quod si
quam episcopus factus est, renuntiaturus suis om- fieri non potest, melius íopíæ laborem servi Dei
nibus rebus propter immensum curnulum fiscalium tolerant, quam ut necessariorum facultatem cum
debitorum, exacta quadam cautione, in qua cer- conscientia fraudis obtineant.
tum et pondus debebaturargenti, hos exignos agel- 3. Ad hoc tuum suffragium petimus impartiri
los, unde victum sustentaret, tamquam ecclesiæ digneris : quia id quod primo impetratum est, no-
comparavit, sub nomine tunc potentissimæ domus luit allegare, ne iterum supplicandi sibi interclu-
ut etiam ex ipsis, morem suumsequens, cum fisco deret facultaten : non enim erat ad desiderata res-
(1) Ecrite vers la fin de l'an 408. — Cette lettre était la 12ge dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins,
et celle qui était la 97e se trouve maintenant la 184e.
ponsum. Nunc vero cum sis eadem benignitate matum, cum ipsa fama nondum nobis certissima
qua soles, sed amplior potestate, non desperamus,- esset, nihil aliud de animo tuo credidimuserga Ec-
adjuvante Domino, meritis tuis hoc facile posse clesiam Dei, cujus te veraciter filium esse gaude-
concedi : cum etiam si tuo nomine eadem luca mus, quani quod tuis litteris mox aperuisti: tamen
peteres, et memoratæ ecclesiae ipse donares, quis etiam illis lectis, quibus ultro dignatus es, etiamsi
reprehenderet, aut quis non maxime prsedicaret pigri et cunctantes essemus. exhortationem bene-
petitionem tuam, non terrenæ cupiditati, sed Chri- volentisshnam mittere, ut instruente humilitate no-
stianæ pietati servientem? Domini Deinostri mise- stra, per religiosam obedientiam tuam, Dominus,
ricordia te in Christo feliciorem tueatur, Domine cujus munere talis es, Ecclesiæ suae jam jamque
fili. subveniat, majorefjduciatibi scribimus domine exi-
EPISTOLA XCVII mie et merito prsestantissime multùmque in Christi
Augustinus Olympio, ut tueatur leges de confringendis caritate honorande fili.
idolis et hoereticis corrigendis, qua vivo Stilichone 2. Et fratres quidem multi sancti collegæ mei,
missæ sunt in Africam, faciatque pro auctoritate et graviter Ecclesia perturbata profecti sunt pene fu-
industria sua ut eas ex Imperatoris voluntate consti-
tutas esse, adeoque post Stilichonis necem nihilomi-
nus vigere intelligant Ecclesiæ inimici. nitatiscuj usquamoccasioneacceperis :
gientes ad gloriosissimum comitatum, quos sive jam
videris, sive litteras eorum ab urbe Roma opportu-
ego tamen
licet nullum consilium cum eis communicare po-
DOMINO EXIMIO ET MERITO PRÆSTANTISSIMO, MULTUMQUE
IN CHRISTI CARITATE HONORANDO FILIO OLYMPIO, AOGUS-
tuerim, non potui prætermittere per hunc fratrem
TINUS IN DOMINO SALUTEM. et compresbyterum meum, qui urgente necessitate
media hyeme quomodo-
i. Quamvis mox ut audivimus te merito subli- pro salute civis sui, etiam
rendre également à la cour. Je m'empresse donc soient nos adversaires, que les lois qui ont été
de vous saluer et de vous prier par la
charité établies pour la protection de l'Église du Christ
que vous avez en Notre Seigneur Jésus-Christ, l'ont été bien plus par le fils de Théodose que
de vous hâter d'accomplir avec toute la dili- par Stilicon. Le prêtre, porteur de cette lettre,
gence possible cette œuvre salutaire de faire étant du paysde Milève, a reçu de son évêque, (
connaître aux ennemis de l'Église, que les lois mon vénérable frère Sévère, qui vous salue
portées en Afrique du vivant de Stilicon (1) avec la même tendresse que moi, l'ordre de
pour le renversement des idoles et la répression passer par Hippone, où je suis. Depuis long-
des hérétiques, ont été établies par la volonté temps, au milieu des troubles et des tribulations
du très-pieux et fidèle empereur; car il s'en de l'Église, Sévère et moi cherchions en vain,
trouve beaucoup qui répètent faussement ou sans pouvoir la trouver, l'occasion de vous
qui croient réellement, que cela s'est fait à écrire. Je vous avais déjà adressé une lettre
l'insu et contre la volonté de l'empereur, et touchant l'affaire de mon saint frère et collègue
qui, par là, jettent le trouble dans l'esprit des Boniface, évèque de Cataque; mais nous ne
ignorants et excitent contre nous leur inimitié prévoyions pas encore les maux bien plus
et leur violence. graves qui devaient nous accabler. Quant au
3. Cette demande et ces avertissements que moyen de réprimer ces désordres et aux mesures
je vous adresse recevraient, je n'en doute pas, les plus chrétiennes à prendre pour y arriver,
l'assentiment de tous mes collègues d'Afrique. les évêques (2) qui ont passé la mer pour agir
Je crois qu'à la première occasion qui s'en pré- d'un commun accord avec la bonté de votre
sentera, il faut se hâter de prévenir ces hommes cœur, s'entendront facilementavec vous, autant
vains dont nous cherchons le salut, quoiqu'ils -
que le permettra la brièveté du temps qu'ils
(1) Comme il a été déja parlé plusieurs fois de ce Stilicon et d'Olympius à qui saint Augustin adresse cette seconde
lettre, il n'est pas inutile de donner quelques détails sur ces deux personnages qui ont joué un si grand rôle au com
mencement du cinquième siècle. Stilicon était vandale de naissance et avait été choisi par l'empereur Thédose pour être
le tuteur de son fils Honorius et pour remplir la charge de principal ministre, dans le gouvernement de l'empire d'Oc-
cident. Il avait épousé Sérene, nièce de l'empereur, et cet honneur, ainsi que l'autorité immense dont il jouissait, exci-
tèrent son ambition au point de vouloir s'emparer du trône et y élever son fils Eucher.A cet effet, il remplit l'empire
de trouble et de désolation, en le livrant aux Vandales, aux Alains, aux Suèves, aux Bourguignons qu'il fit entrer dans
les Gaules et dans l'Espagne, vers la fin de l'année 406. Ses desseins furent découverts par Olympius, et l'empereur
Honorius fit tuer cet ambitieux àRavenne le 23 août 408. Sérène sa femme et Eucher son fils eurent bientôt le même
sort. Cependant il avait précédemment rendu de grands services à l'empire, et signalé le règne du faible Honorius par
de grandes victoires. Ministre vigilant et ferme, il comprima une révolte en Afrique. Habile général, il battit les Goths
en Grèce, enThrace, enIllyrie, écrasa Alaric à Pollentie, et Radagaise à Florence. Beaucoup d'historiens ont cru cet
homme innocent du crime dont il fut accusé. Olympius reçut en récompense du service qu'il avait rendu, la charge de
maître des offices. Zosime, quoique ennemi des chrétiens, assure, comme saint Augustin lui-même, dans les deux
puis disgrâcié de nouveau ;
lettres qu'il lui adresse, qu'il était très-attaché à l'Eglise catholique. Il tomba promptement en disgrâce, fut rétabli
avoir fait couper les oreilles.
et enfin Constance qui avait épousé Placidie, sœur d'Honorius, le fit assommer après lui
(2) Il s'agit ici des évêques Restitut et Florence qui furent députés vers l'empereur contre les hérétiques et les païens,
d'après un décret du concile tenu à Carthage le 13 octob. de l'an 408, comme on peutlevoir parle conciled'Afrique C.LXXIII.
cumque ad illas partes venire compulsus est, et sa- lime posse ac debere maturari, ut noverint, sicut
lutare et admonere caritatem tuam, quam habes in dixi, homines vani, quorum et adversantium salu-
Christo Jesu Domino nostro, ut opus tuum bonum tem requirimus; leges quae pro Christi Ecclesia mis-
diligentissima acceleretur instantia, quo noverint sac sunt, magis Theodosii filium quam Stilichonem
inimici Ecclesiaelegesillas,quae deidolisconfrin- curasse mittendas. Propterea quippe memoratus
gendis et haereticis corrigendis vivo Stilichone in presbyter harum p.erlator, cum de regione sit Mile-
simi et fidelissimi constitutas :
Africam missae sunt, ex voluntate Imperatoris piis-
quo nesciente vel
nolente factum sive dolose jactant sive libenter
vitana, ab episcopo suo renerabili fratre meo Se-
vero, qui tuam mecum sincerissimam dilectionem
multum salutat, per Hipponem-regium, ubi ego
putant; atque bine animos imperitorum turbulen- :
sum, transire jussus est quia cum forte simul es-
tissimos reddunt, nobisque periculose ac vehemen- semus in magnis Ecclesiae tribulationibus et pertur-
ter infestos. bationibus, quaerebamus occasionem scribendi ad
3. Hoc autem quod petendo vel suggerendo ad- eximietatemtuam, et non inveniebamus. Jamqui-
moneo praestantiam tuam, non dubito omnium per
Africam collegarum meorum fieri voluntate :
arbi-
trorque quacumque primitus exorta occasione facil-
dem unam epistolam miseram in negotio sancti
fratris et collegæ mei Bonifacii episcopi Cataquen-
sis; sed nondum ad nos pervenerant graviora, quae
doivent passer à Rome. Cependant il ne -faut part de ceux qui sont trop endurcis dans leur
pas différer de faire connaître à la province perversité, et que quelques-uns des donatistes
;
d'Afrique les sentiments du très-clément et très- mêmes supportent avec la même patience que
;
religieux prince envers l'Église mais avant nous mais leur faiblesse nous inspire encore
même d'avoir vu les évêques qui sont partis beaucoup de crainte, jusqu'à ce qu'ils aient
vers vous, il faut accélérer tous les moyens que appris, avec l'aide de la miséricorde et de la
votre vigilance jugera à propos de prendre grâce de Dieu, à mépriser courageusement la
pour les membres du Christ qui sont dans de vie présente et les jours si fugitifs de l'homme.
si cruelles tribulations. Je vous le demande, je J'ai envoyé un mémoire pour les évêques, mes
vous en prie, je vousen conjure. Cependant, frères. Si, comme je le pense, ils ne sont pas
au milieu de tous les maux que nous souffrons, encore près de vous, je prie votre Excellence
le Seigneur nous a donné une grande consola- de remettre ce mémoire à leur arrivée. Nous
tion en vous donnant beaucoup plus de puis- avons tant de confiance dans la sincérité de
sance que vous n'en aviez, alors même que votre cœur, que, avec l'aide du Seigneur notre
nous nous réjouissions déjà de vos bonnes et Dieu, nous désirons vous avoir non-seulement
grandes œuvres pourle bien de l'Église. pour auxiliaire, mais encore pour conseiller.
4. Nous avons à nous féliciter certainement
de la foi solide et durable de quelques-uns, et
même d'un assez grand nombre de donatistes
qui, grâce à ces lois, sont revenus à la religion
chrétienne ou à la paix catholique, et pour le
salut éternel desquels nous ne craignons pas
de nous exposer aux dangers dans cette vie
temporelle. C'est pourquoi nous avons mainte-
nant à supporter de violentes inimitiés de la
nos vehementius agitarent: quibus comprim, ndis sempiterna nos in hac temporali etiam periclitari
vel corrigendis quemadmodum meliorc secundum delectat. Propterea enim maxime ab hominibus
Christi (a) viam consilio succurratur, commudius nimium dureque perversis, nunc inimicitiarum
(b) episcopi qui propterea navigaverunt, cum tanta graviores impetus sustinemus, quos nonnulli eorum
benignitate tui cordis acturi sunt, qui poluerunt nobiscum paticntissime sustinent: sed plurimum
communi consilio diligentius deliberatum aliquid infirmitati metuimus, donec discant et valeant, ad-
ferre, quantum temporis permittebat angustia. Illud juvante misoricordissima gratia Domini, sæculum
tamcn quo animum clenientissimi et religiosissimi præsens et hominum diem robore cordis valentiore
principis erga Ecclesiam provincia noverit, nullo contemnere. Commonitorium quod misi fratribus
modo esse differendum, sed etiam antequam epi- episcopis, si ut puto nondum ibi sunt, ab eximieta-
scopos, quiprofectisunt, videas, quam primum tua te tua illis tradatur, cum venerint. Tantam quippe
præstantissima pro Christi membris in tribulatione tui sincerissimi pectoris habemus fiduciam; ut ad-
maxima constitutis vigilantia potuerit, accelerandum juvante Domino Deo nostro non solum impertito-
suggero, peto, obsecro, flagito. Neque enim parvum rem auxilii te velimus, vcrum etiam consilii parti-
in his malis solatium Dominus obtulit, quod te vo- cipem.
luitmulto amplius posse quam poteras, quando jam
de tuis multis ac magnis operibus bonis gaudeba-
mus.
4. Multum sane de quorumdam, nequepaucorum
fide firma et stabili gratulamur, qui ex occasione
legum ipsarum ad Christianam religionem vel ca-
tholicam pacem conversi sunt; pro quorum salute
(a) Bad.Am.etEr.secundummisericordiam.ad
Restitutus nimirum et Florentiusepiscopi, ex decreto concilii Cartbagine habiti 13 octo-b. an, 408. legationem aH
(b)
Imperatorem susceperunt contra paganos ethaerebicos, ut videre est inConcil. Africano c. Lxxm.
parents peut être profitable aux enfants dans
le baptême, tandis que leur impiété ne leur
fait aucun tort. » Je vous réponds à cela, que
LETTRE XCVIII (D
la vertu de ce sacrement, c'est-à-dire dubap- r
tême qui nous incorpore à Jésus-Christ, est si
grande, que l'enfant engendré par la chair,
L'évêque Bomface avait demandé à saint Augustin une fois régénéré parla volonté spirituelle d'un
comment il se pouvait faire que la foi des autre, ne peut plus être souillé ni enchaîné par
parents fût profitable aux enfants au baptême, le péché d'autrui, si sa volonté y demeure
et que l'impiété de ces mêmes parents ne leur étrangère. « L'âme du père est à moi dit le »
fût pas nuisible aprèslebaptême. Il avait éga- Seigneur, « et l'âme du fils est à moi, mais c'est
lement demandé comment ceux qui offrent les l'âme quiaura péché, quimourra(Ez.,XVIII,4).»
enfants au baptême pouvaient répondre que les Or, l'àme d'un enfant ne pèche pas, lorsque,
enfants croyaient, puisque effectivement les sans qu'il le sache, ses parents ou tout autre,
enfants ne croient pas, et qu'il est incertain s'efforcent de le guérir par des sacrifices aux
s'ils croiront un jour. C'est à ces questions que démons; et si l'âme a contracté d'Adam une
saint Augustin répond dans cette lettre. tache qui ne pouvait être effacée que par la
grâce du sacrement du baptême, c'est que cette
A BONIFACE (2), SON COLLÈGUE DANS L'ÉPISCOPAT, âme n'avait pas encore sa vie à part, et qu'elle
n'était pas encore une autre âme, dont on pût
1,
AUGUSTIN, SALUT EN NOTRE SEIGNEUR.
;
rents qui offrent des sacrifices aux démons pour
guérir leurs enfants baptisés nuit à ces enfants,
et si cela ne leur nuit pas, comment la foi des
mencé à être lui-même, et -qu'il est devenu
autre que celui qui l'a engendré, il n'est plus
enchaîné par le péché d'un autre, à moins
(1) Ecrite la même année que la précédente. — Cette lettre était la 23e dans les éditions antérieures à l'édition des
Bénédictins et celle qui était la 98e se trouve maintenant la 163e.
(2) Boniface est cet évêque connu par son aversion pour le mensonge, comme il est dit au nombre 7 de cette lettre. JI
est à présumer que c'est le même évêque de Cataque, dont il est parlé dans les deuxlettres précédentes, et qui ne voulut
point par pureté de conscience, entrer en possession des terres que son prédécesseur avait acquises, en fraudant le ifsc.
Saint Augustin dans ses lettres 143 et 149, fait mention de Boniface son saint frère et son collégue dans l'épiscopat. Boniface
évêque de Cataque, assista à la conférence de Carthage.
commis;
était avec lui et en lui lorsque ce péché a été
mais on n'est plus responsable du
péché d'un autre, dès qu'on commence à vivre
mon, et en cherchant à l'enchaîner dans ses
liens par des sacrilèges, comme il n'y a pas
communauté d'âme entre les parents et l'en-
de sa propre vie,et qu'il se peut dire : « C'est fant, il n'y pas non plus communauté de pé-
l'âme qui aura péché qui mourra. » ché. Car la faute ne se communique point par
2. Lorsque nous sommes régénérés par le la volonté d'un autre, comme la grâce se com-
secours d'une volonté étrangère, lors qu'on munique par l'unité de l'Esprit-Saint. Il peut
nous présente à la consécration du baptême, se faire que le même Esprit-Saint soit dans
cela se fait par l'opération du seul Esprit qui est deux hommes, et que par là, la même grâce
le principe de notre régénération; car il n'est soit commune entre eux, sans qu'ils le sachent
pas dit, dans l'Ecriture, qu on est régénéré parla mutuellement; mais comme une même âmene
volonté des parents, ou la foi de ceux qui nous peut pas être à la fois dans ces deux hommes,
présentent au baptême, ou de ceux qui l'admi- la faute ne peut pas non plus être commune à
nistrent, mais qu'on est régénéré « par l'eau et celui qui pèche et à celui qui ne pèche pas. Un
le Saint-Esprit (Jean, 111, 5). » C'est donc par enfant, après avoir été engendré selon la chair,
l'eau, qui représente extérieurement le sacre- peut donc être régénéré par l'Esprit de Dieu
ment de la grâce, et par l'Esprit qui procure qui efface le péché que l'enfant a contracté par
intérieurement le bienfait de la grâce, en bri- sa génération charnelle. Mais une fois régénéré
sant les liens du péché, et en réconciliant avec par l'Esprit de Dien, il ne peut plus être en-
Dieu ce qu'il y a de bon dans notre nature, gendré selon la chair et contracter de nou-
.que sont régénérés dans le Christ seul, ceux veau le péché originel, qui a été effacé en
qui sont nés du seul Adam. L'Esprit qui régé- lui. Ainsi l'enfant une fois revêtu de la grâce
nère est donc le même qui agit, et dans ceux de Jésus-Christ, ne peut plus la perdre que par
qui présentent l'enfant au baptême, et dans l'en- sa propre impiété, si avec l'âge il est devenu
fant qui renaît en le recevant, et par cette méchant. Car alors il commencera à commet-
communauté du même Esprit, la volonté des tre des fautes, qui lui seront propres, que la
Traxit ergo reatum, quia unus erat cum illo et in utrorumque communis, ut etiam culpam possint
habere communem. Non enim sic communicatur
illo a quo traxit, quando quod traxit admissum est.
Non autem trahit alter ab altero, quando sua uno- culpa per alterius voluntatem, quemadmodum
.quoque propria vita vivente jam est unde dicatur, communicatur gratia per sancti Spiritus unitatem.
« Anima quæ peccaverit, ipsa morietur. » Potest enim et in hoc et in illo homme esse unus
2. Ut autem possit regenerari per officium vo- Spiritus-sanctus, etiamsi invicem nesciant, per
communis. Non autem
luntatis alienæ, cum offertur consecrandus, facit quem sit utriusque gratia
hoc unus Spiritus, ex quo regeneratur oblatus. Nonpotest Spiritus hominis esse et hujus et illius, per
sit
enim scriptum est; Nisiquis renatus fuerit ex pa- quem peccante altero, et altero non peccante,
rentum voluntate, aut ex offerentinm vel mini- tamen culpa communis. Ac per hoc potest parvulus
semel ex parentum carne generatus Dei Spiritu
strantium fille ; sed, « Nisi quis renatus fuerit ex
regenerari, ut ex illis obligatio contracta solvatur.
aqua et Spiritu-sancto (Johan., III, 5). » Aqua igi-
tur exbibens forinsecus sacramentum gratiæ, et Non potest autem semel Dei Spiritu regeneratus
Spiritus operans intrinsecus beneficiura gratiæ, ex parentum carne
regenerari, ut obligatio, quae
solvens vinculum culpæ, reconcilians bonum natu- soluta est, iterum contrahatur. Et ideo. semel per-
ceptam parvulus Christi gratiam non
amittit, nisi
ræ, regenerant hominem in uno Christo, ex uno
Adam generatum.Regenerans ergo Spiritus in ma- propria impietate, si ætatis accessu tam malus
joribus offerentibus, et parvulo oblato renatoque evaserit. Tunc enim etiam
propria încipiet habere
:
communis est ideo per hanc societatem unius peccata, quae non regeneratione
auferantur, sed
ejusdemque Spiritus prodest offerentium voluntas alia curatione sanentur. dicuntur parentes, vel qui-
parvulo oblato. Quando autem in parvulum majo- 3. Verumlamen recte quoslibetparvulosbapti-
res peccant, offerentes eum atque obligare conan- curnque majores, filios seu
sacrilegiis obligare conanles,
tes dæmonum sacrilegis vinculis, non est anima zatos dæmoniorum
régénération spirituelle ne saurait effacer, mais seraient restés sous le coup de la sentence di-
qui demanderont d'autres remèdes. vine, et condamnés sans pouvoir se défendre.
3. On a cependant raison d'appeler homici- Or, telle n'était pas la pensée de saint Cyprien,
des, selon l'esprit, les parents qui s'efforcent
d'attacher dans les liens sacrilèges des dé-
mons, soit leurs fils, soit d'autres enfants bap-
:
autrement il ne se serait pas hâté de prendre
la défense de ces enfants, en disant « Quand
viendra le jour du jugement dernier, ces en-
tisés, car, s'ils ne leur ôtent pas véritablement
la vie, ils ne s'en constituent pas moins homici-
:
fants ne s'écrieront-ils pas Nous n'avons rien
fait, nous n'avons pas abandonné le pain et le
des, autant qu'ils le peuvent. On peut donc calice du Seigneur, pour nous précipiter vers
leur dire-justernent, pour les détourner d'un
tel crime, ne tuez pas vos petits enfants, puis-
que l'Apôtre nous dit : « N'éteignez pas le
;
des mets profanes. C'est la perfidie des autres
qui nous a perdus ce sont nos pères qui ont été
nos meurtriers! Ce sont eux qui n'ont pas
Saint-Esprit (Thess., v, 19).» Non pas toute- voulu que nous eussions l'Église pour mère, et
fois qu'on puisse l'éteindre, mais ceux qui le Seigneur pour père. Faibles et impré-
agissent comme s'ils voulaient l'éteindre, sont voyants, ne comprenant pas l'énormité d'un
aussi coupables que s'ils pouvaient y parvenir. tel crime, nous y avons participé par la faute
On doit comprendre dans ce sens ce que le des autres, c'est la ruse d'autrui qui nous a
bienheureux Cyprien dit dans sa lettre tou- surpris et trompés (S. Cyp., de Lapsis). » Saint
chant «ceux qui sont tombés», et où, il s'élève Cyprien n'aurait pas ajouté cette défense à ce
:
contre ceux qui, au temps de la persécution,
avaient immolé aux idoles « On a poussé le
crime et le sacrilège si loin, que les parents
qu'il avait dit précédemment, s'il ne l'avait
pas trouvée juste et pouvant servir aux enfants
au jour du jugement de Dieu. Car s'il est vrai
ont de leurs propres mains posé leurs enfants de dire, nous n'avons rien fait, « c'est l'âme
sur des idoles ou les leur ont fait toucher, leur qui a péché qui mourra, » la justice de Dieu
faisant perdre ce qu'ils avaient gagné aussitôt ne fera pas périr ces malheureux enfants, que
après leur naissance (S. Cyprien, de Lapsis). » leurs parents ont perdus par leur crime, au-
Ces enfants ont perdu ces biens dans l'esprit tant que cela dépendait d'eux.
et dans la volonté de ceux qui avaient commis
un si grand crime à leur égard, mais ils ne les
ont pas perdus en eux-mêmes, autrement ils
suivant:
4. On rapporte, dans la même lettre, le trait
Des parents, obligés de fuir, avaient
dans leur trouble abandonné leur petite fille
spiritaliterhomicidæ. Namin illisquidem interfe- Quod si sanctus Cyprianus arbitraretur, non eorum
ctionem non faciunt, sed quantum in ipsis est; in- defensionem continuo subjiceret, dicens, « Nonne
illi, eum judicii dies venerit, dicent, Nos nihil
terfectores fiunt. Recte illis dicitur, quando ab hoc
scelere prohibentur, Nolite occidereparvulos vestros.
Dicit enimetApostolus,« Spiritumnolite exstinguere
(I Thes., v, 19):» non quia ille exstingui potest, sed
quantum in ipsis est, exstinclores ejus meritodicuu-
profana contagia sponte properavimus :
fecimus, nec derelicto cibo et poculo Domini, ad
perdidit
nos aliena perfidia, parentes sensimus parricidas :
illi nobis Ecclesiam matrem, illi patrem Dominum
lur,quisicagunt utexstinctumvelint.Isto sensu recte negaverunt, ut dum parvi et improvidi, et tanti fa-
intelligi potest, quod scripsit beatissimus Cypria- cinoris ignari per aliosad consortium criminis jun-
nus in epistola de Lapsis, cum eos qui tempore per- ?
gimur, aliena fraude caperemur » Hanc defensio-
secutionis idolis immolaverant arguens, « Ac ne nem non subnecteret, nisi justissimam crederet, et
quid deesset, inquit, ad criminiscumulum, infantes in Deijudicio parvulis profuturam. Si enim vere
quoque parentum manibus impositi vel adtrectati, dicitur, nos nihilfecimus; « Anima quæ peccaverit,
amiserunt, parvuli, quod in primo statim nativi- ipsamorietur; » necilliperibunt subDeijustojudi-
tatis exordio fuerant consecuti. » Amiserunt, dixit, cio, quos parentes suo scelere, quantum ad seipsos
quantum adtinuit ad illorum scelus, a qnibus amit- adtinet, perdiderunt.
tere coacti sunt. Amiserunt in eorum mente ac 4. Illud vero quod in eadem commemoratur
voluntate, qui in illostantumfacinuscommiserunt. epistola, quamdam parvulam turbatis in fugam
Nam si in seipsis amisissent, remansissent utique parentibus, nutrici derelictam, atque ab eadem
divina sententia sine ulla defcnsione damnandi. nutrice dæmonum sacrilegiis impactam, postea in
aux soins de sa nourrice. Celle-ci, après l'avoir lui-même. A plus forte raison le Tout-Puissant
fait participer aux sacrifices sacrilèges des a pu, dans l'âme d'un enfant, non dépourvu
démons, l'apporta ensuite dans l'Église, où de raison, mais en qui la raison était encore
l'enfant rejeta de sa bouche, avec des mouve- endormie, montrer, parles gestes et les mou-
ments extraordinaires, l'Eucharistie qu'on lui vements corporels, ce que devaient faire ceux
avait fait prendre. Je vois dans ce fait un aver- qui avaient péché envers eux-mêmes et envers
tissement de Dieu, pour montrer aux parents leurs enfants. Du reste, comme un enfant ne
de quelle faute ils se rendent coupables envers peut pas rentrer dans celui qui lui a donné le
leurs enfants par une telle iniquité, où plutôt jour, de manière à ne faire avec lui et en lui
pour leur faire comprendre, par les mouve- qu'un seul et même homme, mais qu'il doit en
ments et l'agitation du corps de ceux qui ne être entièrement séparé, ayant son âme et sa
pouvaient pas parler, ce qu'ils avaient à faire
eux-mêmes, eux qui, après un si grand crime,
osent s'approcher des sacrements, au lieu de mourra. »
:
chair à lui seul, il faut s'en tenir à la parole de
l'Ecriture « C'est l'âme qui aura péché qui
s'en abstenir par esprit de pénitence. Car il ne 5. Il y a des gens qui, lorsqu'ils présentent
faut pas croire que lors même que la Provi- leurs enfants pour recevoir le baptême, ne le
dence divine se manifestepar des enfants, il y
a eu de leur part raison ou connaissance
plus que lorsque Dieu voulut réprimer la folie
pas ; font pas avec la foi, que ces enfants sont, par la
grâce du Saint-Esprit, régénérés pour la vie
éternelle et qui regardent ce sacrement comme
d'un prophète, en faisant parler une ânesse un moyen propreà conserver ou à redonner la
(Nomb., xxn, 18), il ne faudrait pour cela
admirer la sagesse de semblables animaux. Or
santé à ces enfants. Ne vous en inquiétez pas ;
ces enfants n'en sont pas moins régénérés pour
si un animal irraisonnable a pu faire entendre cela, bien qu'ils n'aient pas été présentés au
un son semblable à celui des hommes, il faut baptême dans cette intention. En effet, c'est
l'attribuer à un miracle divin, et non à l'âne par le concours (1) des parents que s'accom-
(1) Les éditions de Bade Amerbach. Erasme et Louvain, ont admis, dans leur texte, quelques mots du n. 3, qui trou
:
blent le sens de la phrase, et qui sont absents de six manuscrits du Vatican et de dix-sept autres que nous avons exa-
minés. Les éditions précitées écrivent Celebrantur enim per eos necessaria ministeria. Filios autem seuquoslibetparvulos
dœmoniorum sacrilegiis obligare conantes, spirilatiter sunt homicidœ. Nam in illis quidem interfectionem non faciunt, sed quan-
tum in ipsis est, interfectoresfiunt. Et rede illis dicitur, quando ab hoc scelere prohibentur, Nolite occidere parvulos vestros.
ecclesia. illatam sibi eucharistiam miris motibus tribuendum sit: ita potuitomnipotens per infantis
respuisse;ideomihividetur divinitus factum, ne animam, non ubi ratio nulla erat, sed ubi adhuc
majores putarent nihil se inparvulos inillainiqui- sopita erat, gestu corporis ejus ostendere, quidilli,
tate peccare, sed potius intelligerent, per illum quiet in se etin parvulos suos peccaverant, curare
significantem quodammodo gestumcorporiseorum, deberent. Cæterumcum infansnonredeat inparen-
qui loqui non poterant, se mirabiliter admoneri tem, ut cum illo et in illo unus homo sit, sedomni-
quid ipsi facere deberent, qui post tantum illud no alter sit, habens carnemsnam et animam suarrij
nefas (a) sacramentis salutaribus irruebant, unde « Anima quæ peccaverit ipsa morietur.
se utique pænitendo abstinere deberent. Nec cum 5. Nec illud te moveat, quod quidam non ea
tale aliquid divina providentia per infantulos agit, fide ad baptismum percipiendum parvulos ferunt,
ipsos id agere scientia vel ratione credendum est. ut gratia spiritali ad vitam regenerentur æternam,
Neque enim quia cujusdam Prophetæ dementiam sed quod eos putant hoc remedio temporalemreti-
Deus voluit etiam asina loquente coercere, ideo ad- nere vel recipere sanitatem. Non enim propterea
miranda est asinorum sapientia (Num.,XXII,28). illi non regenerantur, quia non ab istis hac inten-
Porro si per animal irrationale sonuit aliquid homini tione offeruntur. Celebrantur enim per eos neces-
simillimum,quod miraculo divino, non cordi asinino saria ministerial) et verba sacramentorum,sine qui-
(a) Vaticani MSS. et e Gallicisquatuor habent, gratia saoramenti salutaris irruebant.Aliitres, sacramentosalutari.
(b) Bad. Am. Er. etLov. nonnulla hic admisereverba ex n. 3. adscita, quœsensum perturbant, et quæ prorsus dusuui
a MSS. tum Vaticanis sex, tum aliis septemdecim per nos inspectis. Nempe editiones illæ obligare sic habuerunt : Celebrantur
enimper eos necessaria ministeria. Filios autem seu quoslibetparvulos dœmoniorum sacrilegiis conantes, spiritaliter
sunt homicidæ. Nam in illis quidem interfectionem non faciunt, sed quantumin ipsis est, interfectoresfiunt. Et recte illia dicitur,
quando ad hoc scelere prohibentur, Nolite occidere parvulos vestros. Non autem recte his dicitur, Nolite verba sacramentorum,
sine quibus consecrariparvulus nonpotest recitare, Spirilus autem etc.
plissent toutes les cérémonies et que se pro- hors du troupeau du Seigneur, qu'ils en portent
noncent toutes les paroles sans lesquelles l'en- le cachet et le caractère, il suffit cependant
fant ne serait pas baptisé. Mais l'Esprit divin pour la consécration; et la saine doctrine de '(
qui habite dans tous les saints, dont le feu de l'Eglise nous apprend
que tout en ramenant
la charité forme et produit cette unique colombe ces hérétiques à l'unité, il n'est pas nécessaire
d'argent dont parle lé Prophète (1), accomplit de leur conférer un nouveau baptême. Si donc
son opération, malgré l'ignorance et même le le baptême conserve toute sa validité, même
,
crime et l'indignité de ceux qui présentent chez les hérétiques, à plus forte raison doit-il
l'enfant au baptême. En effet, l'enfant est offert laconserver dans l'Église catholique, quoique
pour recevoir la grâce spirituelle non-seulement ce soit par le ministère de la paille que le fro-
par ceux qui le portent dans leurs bras, quelque
bons et fidèles qu'ils soient d'ailleurs ;
mais
aussi et surtout par la société tout entière des
ment est présenté à la purification, pour être
incorporé à la masse du bon grain au milieu
de l'aire du Seigneur.
fidèles et des saints. Car il faut comprendre
qu'il est présenté par tous ceux qui désirent
qu'il soit baptisé et dont la charité qui est en
6. On se tromperait toutefois en croyant que
le lien du péché qui nous attache à Adam
peut être brisé, qu'autant que les parents of-
ne ,
chacun d'eux, concourt à lui procurer le don frent leurs enfants au baptême du Christ,
du Saint-Esprit. C'est donc l'Église notre mère, comme vous semblez le croire, quand vous
cette assemblée de tous les saints, qui agit :
dites «Puisque les enfants tiennent de leurs
en cela. Le sacrement du baptême est toujours parents les péchés qui les rendent passibles de
valable, même quand il est conféré à des héré- la justice de Dieu, il est nécessaire qu'ilssoient
»
Jésus-Christ ;
tiques, parce que c'est toujours le baptême de
et quoiqu'il ne suffise pas pour
faire participer à la vie éternelle ces hérétiques,
justifiés par la foi de ces mêmes parents. Il
en est beaucoup qui ne sont pas offerts au bap-
tême par leurs parents, mais par des étrangers
qui sont d'autant plus coupables de demeurer quelconques, comme par exemple des fils d'es-
:
Non autem recte his dicitur, Nolite verba sacramentorum, sine quibus consecrari parvulus non potest recitare, Spiritus au-
fera etc., c'est-à-dire En effet, c'est par leur concours que s'accomplissent toutes les cérémonies nécessaires. Mai
quand ils cherchent à engager leur fils, ou tout autre enfant dans les liens sacrilèges du démon, ils en sont les homi-
qu'on leur dit, pour les empêcher de commettre un tel crime, ne tuez pas vos enfants. Tandis qu'on ne leur dit pas Ne
récitez pas les paroles sacramentelles sans lesquelles l'enfant ne peut être baptisé. Mais l'Esprit divin, etc.
:
cides selon l'esprit. Ils ne leur ôtent pas la vie, mais autant que possible, ils deviennent assassins, et c'est avec raison
(1) Par ces mots l'unique colombe d'argent, on entend l'Eglise une et universelle. (Ps LXVII, 14.)
bus consecrari parvulus non potest. Spiritus autem quidem facit hæreticum extra Domini gregem ha-
ille sanctus qui habitat in sanctia, ex quibus una
columba deargentata caritatis igne conflatur agit
quod agit etiam per servitutem, aliquando non so-
: bentem dominicum characterem, corrigendum ta-
men admonet sana doctrina, non iterum similiter
consecrandum : quanto potius in catholica Ecclesia
lum simpliciter ignorantium, verum etiam damna- etiam per stipulæ ministerium frumenta purganda
biliter indignorum. Offeruntur quippe parvuli ad portantur, ut ad massæ societatem mediante area
percipiendam spiritalem gratiam, non tam ab eis, perducantur?
quorum gestantur manibus (quamvis et ab ipsis, si 6. Illud autem nolo te fallat, ut existimes reatus
et ipsi boni fideles sunt) quam ab universa societate vinculum rex Adam tractum, aliter non posse dis-
sanctorum atque fidelium. Ab omnibus namque rumpi, nisi parvuli ad percipiendam Christi gratiam
offerri recte intelliguntur, quibus placet quod offe- a parentibus offerantur. Sic enim scribens dicis,
runtur, et quorum sancta atque individua caritate « ut sicut parentes fuerunt auctores ad eorum pœ-
ad communicationem sancti Spiritus adjuvantur. nam, per fidem parentumidentidemjustiticentur :»
Tota hoc ergo mater Ecclesia, quce in sanctis est, cum videas multos non offerri a parentibus, sed
facit : quia tota omnes, tota singulos parit. Nam si etiam a quibuslibet extraneis, sicut a dominis ser-
Christiani baptismi sacramentum, (a) quando unum vuli aliquando offeruntur. Et nonnumquam mortuis
atque idipsum est, etiam apud hæreticos valet et parentibus suis, parvuli baptizantur ab eis oblati,
;
sufticitad consecrationem, quamvis ad vitæ æternæ
participationem nonsufficiat quæconsecratioreum
qui illis hujusmodi misericordiam præbere potue-
runi. Aliquando etiam quos crudeliter parentes ex-
(o) Editi, quod unum. At MSS omnes, quandv unum.
claves par leurs maîtres. Il arrive même qu'a-
près la mort des parents, les enfants sont pré-
:
Vous me répondriez encore Je n'en sais rien.
En conséquence, si vous n'osez promettre rien
sentés au sacrement par ceux qui veulent leur de certain sur les mœurs futures et sur les
rendre ce service de charité. On en voit même pensées présentes de cet enfant, pourquoi,
souvent qui, après avoir été exposés sans pitié quand ils les offrent au baptême, les parents
par leurs parents et abandonnés à quiconque
voudrait les nourrir, sont recueillis par des
vierges sacrées qui les présentent au baptême ; enfants ,
se rendent-ils garants de la foi de leurs
et répondent-ils qu'ils font ce
que leur âge ne leur permet pas de com-
et certainement ces vierges n'ont jamais été prendre ou ne leur laisse entrevoir que d'une
:
mères, et la sainteté de leurs vœux les empêche
à jamais de l'être et cela se fait dans le sens
:
manière très-obscure? En effet, nous deman-
dons à ceux qui nous présentent un enfant au
de l'Évangile où il est écrit Le Seigneur ayant ?
baptême, croit-il en Dieu et, au nom d'un
demandé lequel s'est montré véritablement le
prochain de l'homme blessé par des voleurs et pondent :
Il croit en Dieu ;
âge qui ignore même s'il y a un Dieu, ils ré-
et c'est ainsi qu'ils
:
laissé à demi-mort sur le chemin, on lui ré-
pondit « Celui qui a exercé la miséricorde en-
vers lui (Luc, x, 37). »
répondent à chaque question qu'on leur fait.
Or, je suis étonné que les parents puissent ré-
pondre avec tant de confiance, et assurer que
7. La question que vous posez à la fin de l'enfant a toutes les dispositions pour le bien à
votre lettre, vous a sans doute paru bien diffi- l'heure même où on le baptise, et où celui'qui
cile à résoudre, et cela par l'aversion si forte administre le sacrement fait de pareilles ques-
:
que vous avez pour le mensonge. Vous me
:
dites « Si, en vous présentant un enfant, je
vous demandais sera-t-il chaste? ou ne sera-
tions. Cependant, si, à la même heure, j'ajou-
:
tais Cet enfant sera-t-il chaste, ou ne sera-t-il
?
pas un voleur Je ne crois pas que quelqu'un
:
t-il pas voleur, une fois qu'il sera grand? Vous
répondriez sans doute Je n'en sais rien. Si je
vous demandais encore si, dans le bas-âge où
serait assez hardi pour dire ce que cet enfant
sera ou ne sera pas, comme on me répond sans
hésitation, qu'il croit en Dieu et qu'il se con-
il est, il a de bonnes ou de mauvaises pensées? »
vertit à lui? Enfin, comme conclusion de
:
terrogern, utrum cum creverit futurus sit castus,
vel fur non sit futurus sine dubio respondebis,
Nescio. Et utrum in eadem parvula ætate constitu-
scripta tua concludens, adjungis et dicis : Ad istas a
ergo quaestiones peto breviter respondere sed
ita ut non mihi de consueludine præscribas,
digneris,
ra-
tus, cogitet aliquid boni vel mali : dices, Nescio. Si tionem reddas. »
:
itaque de moribus ejus futuris nihil audes certi pro-
miltere, et de ejus præsenti cogitatione quid est
illud quod quando ad baptismum offeruntur, pro
8. His litteristuislectis et relectis, et quantum
temporis angustiæ sinebant considctraiis,recordatus
sum Nebridium amicum meums qui cum esset re-
pietatis maxime
eis parentes tamquam fidedictores respondent, et rum obscurarum ad doctrinamacerrimus inquisi-
dicunt illos facere, quod illa ætas cogitare non po- pertinentium diligentissiinus et
(a) Sic Er. et Lov. At MSS. plerique, nec non editio Bad. habent, utriendi.
:
votre lettre, vous me dites « Je vous prie de
répondre brièvement à ces questions, en vous
aussi importante. Je le ferai donc autant que
je le pourrai. Que Dieu veuille m'aider pour
appuyant, non pas sur l'usage et sur l'habi- que je puisse répondre à votre désir !
tude, mais sur la raison. » 9. Souvent nous disons, aux approches de
8. Après avoir lu et relu votre lettre, et Pâques, c'est demain ou après-demain la pas
l'avoir examinée autant que me le permettait sion du Seigneur, quoiqu'il y ait déjà bien-
la brièveté du temps, je me suis souvenu de des années qu'il a souffert la mort, et que sa
mon ami Nébride. Il s'occupait avec un zèle
infatigable de sujets obscurs, surtout de ceux
qui touchent à la doctrine de la piété. Il dé-
:
passion n'ait eu lieu qu'une seule fois. Le jour
de Pâques, nous disons C'est aujourd'hui que
le Seigneur est ressuscité, quoique depuis sa
testait les courtes réponses aux grandes ques- résurrection beaucoup d'années se soient déjà
;
tions, et il supportait mal quiconque lui de-
mandait de répondre en peu de mots et si la
position du questionneur le lui permettait,
écoulées. Cependant il n'y a personne d'assez
insensé pour nous accuser de mensonge quand
nous parlons ainsi, et pour ne pas voir que ces
Nébride par l'indignation qui éclatait dans sa
voix et sur son visage lui imposait silence et
il croyait que ceux qui se contentaient de peu
; mots indiquentsimplement les anniversairesdes
jours où ces choses sont arrivées. Il n'est donc
pas question de l'époque même de ces événe-
de mots, pour des choses sur lesquelles il y ments mais du retour de cette époque par la ré-
aurait tant à dire, ne méritaient pas une ré- le
volution des temps,etpour désigner jour de la
ponse. Pour moi, je n'agirai pas comme Né- célébra-tion d'un mystère depuis longtemps ac-
bride envers vous. Je sais que vous êtes évêque, compli. Le Christ n'a été immolé en lui-même
occupé, comme moi, de beaucoup de soins, et ;
qu'une seule fois cependanton l'immole dans le
sacrement,non-seulementpendant les solennités
que vous n'avez pas plus le temps de lire
quelque chose d'étendu que moi de l'écrire.
Nébride était encore jeune quand il ne voulait
pas qu'on lui répondît brièvement, et, dans
sence du peuple ;
de Pâques, mais encore tous les jours en pré-
et ce n'est pas mentir que
d'avancer et de répondre que Jésus-Christ s'im-
;
nos entretiens, il m'interrogeait sur une infi-
nité de choses c'était un oisif qui en interro-
geait un autre. Mais vous, c'est en pensant à
mole chaque jour. Car si les sacrements n'a-
vaient pas une certaine ressemblance avec les
choses dont ils sont le signe ils ne seraient nul-
qui vous faites une pareille demande, que vous lement des sacrements. Or c'est par cette res-
me commandez d'être bref sur une question semblance que la plupart du temps ils reçoi-
or, valde oderat de quæstione magna responsionem, sit, nec omnino nisi semel illa passio facta sit.
brevem. Et quisquis hoc poposcisset, ægerrime fe- Nempe ipso die dominico dicimus, Hodie Dominus
rebat, eumque, siejuspersona pateretur, vultu in- resurrexit; cum ex quo resurrexit tot anni transie-
dignabundus et voce cohibebat, indignum deputans rint. Cur nemo tam ineptus est, ut nos ita loquen-
qui talia quæreret, cum de re tanta, quam multa tes arguat esse mentitos, nisi quia istos dies secun-
dici possent deberentque nesciret. Sed ego tibi non dum illorum, quibus hæc gestasunt, similitudinem
similiter, ut solebat ille, succenseo. Es enim epi-
scopus multis curis occupatus,utego. Undenectibi
facile vacat prolixum aliquid legere, nec mihi scri-
:
nuncupamus, ut dicatur ipse dies qui non est ipse,
sed revolutione temporis similis ejus et dicatur
illo die fieri, propter sacramenti celebrationem,
bere. Nam ille tunc adolescens, qui talia breviter ?
quod non illo die, sed jam olim factum est Nonne
nolebat audire, et de multis in nostra sermocina- et
semel immolatus estChristus in seipso, tamenin
tione quærebat, ab otioso quærebat otiosus. Tu vero sacramento non solum peromnes Paschæ sollemni-
cogitans nunc, quis et a quo ista flagites, breviter tates, sed omni die populis immolatur, nec utique
de re tanta respondere me jubes. Ecce facio quan- mentitur, qui interrogatus eum responderit inimo-
tum possum, Dominus adjuvet, ut quod postulas ?
lari Si enim sacramenta quamdam similitudinem
possim. earum rerum, quarum sacramenta sunt, non habe-
9. Nempe sæpe ita loquimur,- ut Pascha propin- rent, omnino sacramenta non essent.. Ex hac autem
quantc dicamus, crastinam velperendinam Domini similitudine plerumqne etiam ipsarum rerum no-
passionem, cum ille ante tam multos annos passus mina accipiunt. Sicut ergo secundum quemdam
vent les noms des choses mêmes. De même cera à faire l'usage de sa raison, il ne recevra
donc que le sacrement du corps de Jésus-Christ pas une seconde fois le sacrement du baptême
est en quelque manière le corps de Jésus-Christ, mais il le comprendra et en embrassera la vé-
de même que le sacrement du sang de Jésus- rité, en s'y unissant volontairement. Tant qu'il
Christ est le sang de Jésus-Christ, de même ne pourra pas user de cette volonté, le sacre-
aussi le sacrement de la foi est la foi. Or, croire, ment qu'il aura reçu n'en pourra pas moins le
c'est avoir la foi. Et quand on répond qu'un protéger contre les puissances ennemies. Telle
enfant qui n'a pas encore le sentiment de la en est la vertu que si même, avant qu'il puisse
foi, croit en Dieu, on répond qu'il a la foi à faire usage de sa raison, il vient à quitter cette
cause du sacrement de la foi, et qu'il se con- vie, il sera, par ce sacrement et la charité de
vertit à Dieu à cause du sacrement de la con- l'Église, délivré avec la grâce de Jésus-Christ,
version, parce que cette réponse appartient à de cette condamnation qui, par un seul homme,
la célébration du sacrement. Lorsque l'Apôtre est entrée dans le monde entier. Celui qui ne
:
parle du baptême, il dit « Nous avons été en-
sevelis avec le Christ parle baptême, pour
croit pas cela ou qui doute que cela se puisse
faire, est infidèle, quoiqu'il ait reçu le sacre-
,
mourirau péché (Rom. VI, 4).» Il ne se contente ;
ment de la foi et il vaut beaucoup moins que
pas de dire que nous représentons Jésus-Christ l'enfant qui, n'ayant pas encore la conscience
:
enseveli, mais il dit « Nous avons été ensevelis dela foi, n'y oppose cependant pas l'obstacle
avec lui,» donnant ainsi au sacrement d'une d'une volonté contraire, ce qui suffit pour lui
si grandechose le nom de la chose même. rendre le sacrement salutaire. J'ai répondu, je
10. C'est pourquoi l'enfant, quoiqu'il n'ait le pense, à toutes vos questions d'une manière
pas encore la foi qui réside dans la volonté de
croire, est déjà devenu fidèle par le sacrement
de la foi. Car de même qu'on répond qu'il croit,
;
insuffisante pour des hommes moins capables
je
que vous et aimant à discuter mais pense en
avoir dit plus qu'il n'en faut, pour ceux qui ai-
de même on dit qu'il estfidèle, non parce qu'il ment la paix et qui ont de l'intelligence, et j'ai
a acquiescé à la foi par l'action de la volonté et basé ma réponse, non sur la force des habitudes
de l'intelligence, mais par la réception du sa- et de la coutume, mais sur ce que ces habitudes
crement de la foi. Lorsque l'homme commen- et cette coutume ont de positif et de salutaire.
modum sacramentum corporis Christi corpus Chri- illud sacramentum repetet, sed intelligat, ejusque
sti est, sacramentum sanguinis Christi sanguis veritati consona etiam voluntate coaptabitur. Hoc
ita
Christiest, sacramentum fidei fides est. Nihil quamdiu non potest, valebit sacramentum ad ejus
est autem aliud credere, quam fidem habere. tutelam adversus contrarias potestates : et tantum
Ac per hoc cum respondetur parvulus credere, valebit, ut si ante (a) rationis usum ex hac vita
qui fidei nondum habet affectum responde- emigraverit, per ipsum sacramentum commendante
tur fidem habere propter fidei sacramentum, Ecclesiæ caritate, ab illa condemnatione, quæ per
et convertere se ad Deum propter conversio- unum hominem intravit in mundum, Christiano
adjutorio liberetur. Hoc qui non credit, etfieri non
nis sacramentum, quia et ipsa responsio ad cele-
brationem pertinet sacramenii. Sicut de ipso bap-
tismo Apostolus, « Consepulti, inquit, « sumus
Christo per baptisinum inmortem. » Non ait, sepul-
turam significavimus: sedprorsus ait, « Consepulti
fidei sacramentum :
posse arbitratur, profecto infidelis est, etsi habeat
lougeque melior est ille par-
vulus, qui etiamsi fidem nondum habeat in cogi-
tatione, non ei tamen obicem contrarise cogitationis
sumus. » Sacramentumergo tantærei nonnisi ejus- opponit, unde sacramentum ejus salubriter perci-
dem rei vocabulo nuncupavit. pit. Respondi sicut existimo, quæstionibus tuis,
10. Itaque parvulum, etsi nondumfides illa, quæ quantum adtinet ad minus capaces et ad conten-
in credentium voluntate consistit, jam tamen ipsius tiosos, non satis; quantum autem ad pacatos et
fidei sacramentum fidelem facit. Nam sicut credere intelligentes, plus forte quam sat est. Nec tibi ad
respondetur, ita etiam fidelis vocatur, non rem excusationem meam objeci firmissimam consuetu-
ipsa mente annuendo, sed ipsius rei sacramentum dinem, sed saluberrimæconsuetudinisreddidiquam
percipiendo. Cum autem homo sapere cceperit, non potui rationem.
;
laœamentum hoc malorum esssevidebatur. quo tempore Honorine quidem imperator Ravennœ consulatum inibat octies hunc hono-
rent consecutus in Orientevero Theodosius Augustus jam tertium consul; c'est-à-dire : Cela paraissait déjà un faible sou-
lagement pour tant de maux. A cette époque, Honorius, empereur, commençait son 9e consulat, et Théodose Auguste,
en Orient, était déjà consul pour la 3° fois. Il n'est pas inutile d'ajouter à ces renseignements fournis par Zozime que
l'an 409 on ne put s'accorder sur la paix entre Honorius et Alaric. Ce dernier, blessé d'une lettre d'Honorius, retourna à
Rome, l'assiégea de nouveau, et obligea le sénat et le peuple à recevoir pour empereur Attale, sénateur romain. Au
commencement de l'année suivante, Alaric ôta l'empire à Attale, et, n'ayant pu s'entendre avec Honorius, retourna à
Rome, et l'assiégea pour la 3e fois. Les Romains éprouvèrent les maux les plus cruels. Enfin, le 24 août, les Goths, étant
entrés dans la ville, y mirent tout à feu et à sang. Ils épargnèrent néanmoins les églises surtout celle de saint Pierre
et saint Paul.
Deinde quia tribulatio patientiam operatur, pa- 3. Rescripta illa nostra non tibi ad nos auferant
tientia probationpm, probatio spem, spes autem scribendi fiduciam, præsertim quia timorem no-
non confundit, quia caritas Dei diffusa est in cor- strum non improbabili defensione lenisti. Parvulos
dibus nostris per Spiritum-sanctum, qui datus est tuos resalutamus, et in Christo tibi grandescere
nobis. optamus, qui jam in hac ætate cernunt quam sit
uti-
2. Absit itaque ut recusemus audire etiam quæ amor hujus i-eeculi periculosus et noxius; atque et
amara et tristia sunt erga carissimosnostros. Nescio nam cum magna et dura (a) quatiuntur, parva
quo enim modo minus tit quod patitur unum mem- flexibilia corrigantur. De domo illa quid dicam, nisi
si
brum, compatiuntur alia membra. Necipsa mali benignissimæ tuæ curæ gratias agam? Nam eam,
volunt autem,
relevatio fit per communionem cladis, sed per sola- quam dare possumus, nolunt; quam falso audie-
tium caritatis,ut quamvis alii ferendo patiuntur,alii dare non possumus. Neque enim sicut
cognoscendo compatiuntur, communis sit tamen runt a decessore meo relicta est ecclesiæ, sed inter
tribulatio, quibus probatio, spes, dilectio, spiritus- antiqua ejus prædia possidetur, et antiquæ alteri
que communis est. Omnes autem nos Dominus con- ecclesiæ sic cohæret, quemadmodum ista de qua
(1) Ecrite l'an 408. lettre était la 127e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui
— Cette
était la 100* se trouve maintenant la 159e.
(2) Ce Donat était proconsul d'Afrique à lafin de l'année 408, comme le prouve la Loi qui lui fut adressée le 24 no-
vembre. Iln'exerça pas cette charge au delà du milieu de l'année 410, car on trouve une loi adressée à Macrobe, pro-
consul en Afrique le 25 juin de cette même année 410.
:
tate facinorum, ac non potius pro lenitatis Chri-
•
lius poteslatis indigeret- auxilio. Sed quia sicut stianæ consideratione censeas coercendum quod
Apostolus dicit, «
Non est potestas nisi a Deo te per (6) JesumChristum nefaciasobsecramus.Ne-
(Rom., xm, 1) : » proculdubiocum per vos sinceris- que enim vindictam de inimicis in hac terra requi-
simos Catholicæ matris filios eidem subvenitur, rimus, aut vero ad eas angustias animi nos debent
auxilium nostrum in nomine Domini est, qui fecit coartare quæ patimur, ut obliviscamur quid nobis
cælum et terram. Quis enim non sentiat in tan- præceperit, pro cujus veritate ac nomine patimur :
tis malis non parvam nobis consolationem divi- diligimus inimicos nostros et oramus pro eis. Unde
nitus missam, cum tu vir talis et Christi nominis ex occasione terribilium judicum ac legum, ne in
sulumMacrobium.
(a) Donatus proconsulatum Africæ gerebat exeunte an. 408 uti colligitur ex lege ad eum data 24 Novemb. quo mu-
nere functusnon est ultra medium 410; quippe hoc anno 410, die 25 Junii datareperitur alia lexad Africasprocon-
an,
(b) MSS. omnes uno excepto, per ipsum Christum.
-
ment éternel, mais nous ne voulons pas leur mis de l'Église redoubleront d'audace pour
mort. Nous ne voulons pas qu'on néglige toute nous perdre, en apprenant notre résolution de
action légale envers eux, mais nous ne voulons nous laisser ôter la vie par eux, plutôt que de
pas non plus qu'on leur fasse subir les sup- la leur faire perdre par la sévérité de vos juge-
plices qu'ils ontmérités. Réprimez leurs fautes, ments. N'accueillez donc pas avec dédain ce
mais de manière à leur laisser le bénéfice du conseil, cette demande, cette prière. Considérez
repentir. aussi, que quand bien même je ne serais pas
2. Nous vous demandons en conséquence, évêque et que vous seriez encore plus élevé que
lorsqu'on porte devant votre tribunal des causes vous ne l'êtes, je pourrais toujours m'adresser
concernant l'Église, quelque injure,quelque af- à vous avec toute la même confiance. Qu'un
fliction qu'elle ait eu à supporter, d'oublier la édit de Votre Excellence fasse connaître le plus
puissance de vie et de mort que vous avez, pour vite possible, anx Donatistes, que les lois por-
vous souvenir seulement de notre prière. Très-
cher et très-honorable fils, ne regardez pas
tées contre eux sonttoujours en pleine vigueur ;
car ils pensent et publient qu'ellessont annu-
comme vile et méprisable cette demande que lées, c'est pour eux un motif de ne point nous
nous vous adressons de ne pas faire mourir épargner. Vous rendrez utiles et fructueux nos
ceux pour la conversion desquels nous prions peines et nos dangers, en réprimant, par les
le Seigneur. Indépendamment du devoir que lois impériales, la vanité et l'orgueil impie de
nous avons de rester fidèles à notre vocation ces hérétiques, de manière à ne pas laisser
qui est de vaincre le mal par le bien, Votre Pru- croire à eux ou à leurs partisans, que c'est pour
dence devra considérer que les ecclésiastiques la vérité et la justice qu'ils supportent les châ-
seuls ontle droit de porter à votre tribunal des timents qu'on leur inflige. Il faudrait pour cela,
causes qui appartiennent à l'Église. Or si vous quand ils sont traduits devant vous, qu'on eût le
croyez devoir prononcer des condamnations à moyen de les convaincre et de les instruire de
mort contre des hommes qui se sont rendus leur erreur par des preuves évidentes, insérées
coupables des crimes dont nous nous plaignons, dans les actes de Votre Excellence, ou dans
vous nous empêcherez deporter à votre connais- ceux de juges inférieurs, afin que ceux qui sont
sance les affaires de cette espèce. Et les enne- détenus par vos ordres, pussent changer leur
aeterni judicii pœnas incidant, corrigi eos cupimus, niciem licentiore audacia grassabuntur, necessitate
non necari; nec disciplinam circa eos negligi volu- nobis impacla et indicta, ut etiam occidi ab eis
mus, nec (a) suppliciis quibus digni sunt exerceri. eligamus, quam eos occidendos vestris judiciis in-
Sic igitur eorumpeccata compesce, ut sint quos geramus. Hanc admonitionem, petitionem, obse-
pæniteat peccasse. crationem meam ne quæso aspernanter accipias.
2. Quaesumus igitur ut cum Ecclesiæ caussas Neque enim te arbitror non recolere, magnam me
audis, quamlibet nefariis injuriis appetitam vel af- ad te et multo quam nunc es altius sublimatum,
flictam esse cognoveris, potestatem occidendi te etiamsi episcopus non essem, fiduciam tamen ha-
habere obliviscaris, et petitionem nostram non bere potuisse. Cito interim per edictum excellentiæ
obliviscaris. Non tibi vile sit, neque contemtibile, tuæ noverint hæretici Donatistæ, manere leges
fili honorabiliter dilectissime, quod vos rogamus contra errorem suum latas, quas jam nihil valere
ne occidantur, pro quibus Dominum rogamus ut arbitrantur et jactant, ne vel sic nobis parcere ali-
quatenus possint. Plurimum autem labores et peri-
malum :
corrigantur. Excepto etiam quod a perpetuo pro-
posito recedere non debemus vincendi in bono
illud quoque prudentia tua cogitet, quod
caussas ecclesiasticas insinuare vobis nemo præter
cula nostra,quo fructuosa sint, adjuvabis, si corum
vanissimam et impiæ superbiæ plenissimam se-
ctam nonita cures imperialibus legibus comprimi,
ecclesiasticos curat. Proinde si occidendos in his
sceleribus homines putaveritis, deterrebitis nos, ne :
ut sibi vel suis videantur qualescumque molestias
pro veritateatque justitia sustinere sed eos, cum
:
per operam nostram ad vestrum judicium aliquid
tale perveniat quo comperto illi in nostram per-
hoc abs te petitur, rerum certarum manifestissimis
documcntis apud Acta vel præstantiæ tuæ vel mi-
.-'-
vraie qu'autant qu'ils servent à faire aimer la élève en même temps moi-même. Je devrais
piété. donc vous envoyer maintenant les livres que
je vous avais promis de corriger. Je ne vou
A SON BIENHEUREUX ET TRÈS-CHER ET TRÈS- les envoie pas, parce que je n'y ai pas fait les
la
(1) Ecrite l'an 408.
m,se — Cette
101e trouvemaintenant
1-1 IOUS les
lettre était la
la162e. 131e dans les
AJ-
éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui était
;? .",,.-- '11--------'- -
'----l.- le 1llY.
{zj
: manuscrits, ainsi que les éditions, écrivent Memoria peut-être ,.. 1
faudrait-il lire Memoris, d' après 1- I.
ch, IV, contre Julien, ainsi que selon Mercator, dans son livre ch. de ses Observations contre Julien, où il l'apostrophe
IV,
en ces termes Tune sanctœ ac beatœ recordationis Memoris episcopi filius Tu Julianœ primariœ feminœ, et qua flihithonestiw
interreverendissimasmatronas inventas, utero editus ?.
degenerasse eos in te nulli dubium erit, qui sanctos illorum hominum
mores, sanctam vitam, institutumque noverit. C'est-à-dire : Es-tu bien le fils de l'évêque Memor de bienheureux souvenir?
Est-ce bien Julienne, cette femme si éminente, si vertueuse, si respectable parmi toutes les dames romaines, qui t'a
donné le jour? Combien tu as dégénéré d'eux! Personne n'en pourra douter, pour peu qu'il connaisse les saintes mœurs
et la sainte vie de ces personnages. Ughellus, dans le sixième tome de l'Italie sacrée, compte Memorius parmi les évêques
de Capoue, mais il ne s'appuie en cela que sur l'autorité de Baronius et de Bellarmin. Memorius ou Mémor, était,
comme on le voit, père de Julien, adversaire de saint Augustin, et chef des Pélagiens après la mort de Pélage et de
Célestius.
norum judicum convinci atque instrui patiaris, ut DOMINO BEATISSIMO ET VENERABILITER GARISSIMO, ET
et ipsi qui te jubente adtinentur, duram, si fieri SINCERITER DESIDERANTISSIMO KRATRI ET COEPISCOPO
potest, flectant in melius voluntatem, et ea ceteris (a) MEMORIO, AUGUSTINUS IN DOMINO SALUTEM.
salubriter legant.Onerosiorest quippe quam utilior 1. Nullas jam reddere debui litteras sanctæ cari-
diligentia, quamvis ut magnum deseratur malum, tati tuæ sine his libris, ipios a me sancti amoris jure
et magnum teneatur bonum, cogi tantum homines, violentissimo flagitasti, ut hac saltem obedientia -
non d oceri. responderem epistolis tuis, .quibus me magis one-
rare quam honorare dignatus es. Quamquam ubi
EPISTOLA CI succumbo quia oneror; ibietiam, quiadiligor, su-
blevor Neque enim a quolibet diligor, sublevor,
Augustinus Memorio episcopo libros ipsius de Musica eligor; sed ab eo viro et Domini sacerdote, quem
flagitantt, bextum librum mittit, et ceteros, si repe- sic acceptum Deo sentio,utcum animam tuam tam
rerit, mittendos pollicetur; eaque occasione agit de bonam levas ad Dominum, quoniam in illa me ha-
disciplinis, quas falso liberales dici ostendit, nisi bes, leves et me. Debui ergonunc libros mittere,
adsit studium Christiana; pietatis.
quos emendaturum me esse promiseram : et ideo
(a) Sic in omnibus MSS et editis scribitur hoc loco, ubi forte legendum, Memori, juxta lib, I. contra Julian.
c. IV. nec-
? ?
non secundum Mercatorem, in lib. Subnotat. c. IV ubi Julianum interpellat his verbis Tunc sanctœ ac beata recordatio-
nis Memoris episcopi filius Tu Julianœprimaries femina, et qua nihil honestius inter reverentissimas matronas invenias, utero
editus?. degenerasse eosin te nutli dubiumerit, quisanctos illorum hominum mores sanctam vitam, institutumque noverit.
Memorium Capuanis episcopis accenset Ughellus in Italiæ
Bellarmini auctoritate fretus. sacræ tomo VI. haudquaquam ulla præterquam Baronii et
corrections nécessaires. Ce n'est pas en cela la les poëtes remplissent leurs ouvrages, ni dans
volonté qui m'a manqué, mais le pouvoir. Je ces mensonges pompeux et soigneusement
suis, en effet, accablé de soins nombreux et ornés des orateurs, ni dans les susceptibilités
importants, mais il y aurait eu ingratitude et verbeuses des philosophes, qui n'ont nullement
dureté de ma part, d'obliger notre saint frère et connu Dieu ou qui, s'ils l'ont connu, ne l'ont
collègue Possidius, en qui vous me retrouverez pas glorifié comme Dieu, ou ne lui ont pas
moi-même, ou à ne pas vous voir du tout, vous adressé des actions de grâces, mais qui se sont
qui me portez une affection si tendre, ou à se évanouis dans leurs vaines pensées, et dont le
présenter chez vous sans une lettre de moi. Il cœur insensé, n'a fait que s'obscurcir de plus
est mon fils, c'est moi qui l'ai nourri autant en plus. En se disant sages, ils ont tourné à la
que l'a permis ma faiblesse, non de ces sciences ;
folie à la place de la gloire et de la majesté
que les esclaves des diverses passions appellent d'un Dieu incorruptible, ils ont placé l'image'
libérales, mais du pain de la parole de Notre-
Seigneur.
2. Que peut-on dire à ces hommes, qui mal-
:
de l'homme corruptible, des oiseaux, des qua-
drupèdes, des serpents ceux d'entre eux qui
se sont abstenus du culte des idoles, ou qui ne
gré leur iniquité et leur impiété, prétendent s'y sont pas entièrement adonnés, ont néan-
avoir reçu une instruction libérale, sinon ce moins adoré et servi la créature, plutôt que le
-
:
que nous lisons dans les lettres vraiment libé-
rales » Si le Fils vous affranchit, vous serez
véritablementlibres (Jean, VIII, 36). » En effet,
Créateur. Gardons-nous d'appeler arts libéraux
les vanités, les folies, les mensonges, les vaines
niaiseries et l'erreur orgueilleuse de ces mal-
c'est lui qui nous fait connaître ce qui est libé- heureux, qui n'ont pas connu, par Jésus-Christ
ral dans les sciences ainsi nommées par ceux Notre-Seigneur, la grâce de Dieu, qui seule
qui n'ont pas été appelés à la véritable liberté. peut nous délivrer du corps de cette mort.
Ces connaissances, en effet, ne sont conformes Non, tous ces hommes là ne l'ont pas connu,
à la liberté, qu'autant qu'elles le sont à la vé- même dans ce qu'ils ont pensé et dit de vrai.
rité. C'est pourquoi le Fils lui-même nous dit : Quant à l'histoire dont les écrivains déclarent
« Et la vérité vous délivrera (Jean, VIII, 36). » avoir foi à tout ce qu'ils racontent, peut-être
Or, il n'y a rien de convenable à notre liberté, a-t-elle en elle-même quelque chose qui soit
ni dans ces fables nombreuses et impies dont digne de la connaissance des hommes libres,
non misi, quia non emendavi : non quianolui, sed liberabit vos (Ibid.). Non ergo illæ innumerabiles
-
quia non polui, curis videlicet multis et multum et impiæ fabulæ, quibus vanorum plena sunt
prævalentibus occupatus. Nimis autem ingratum carmina poetarum, ullo modo nostræ consonant
acferreum fuit,utte, qui nos sic amas, hicsanctus libertati; non oratorum inflata etexpolita menda-
frater et collega noster Possidius, in quo nostram
nonparvam præsentiam reperies, vel non disceret,
;
cia non denique ipsorum philosophorum garrulæ
argutiæ, qui vel Deumprorsus non cognoverunt,
vel sine litteris nostris disceret. Est enim per no- vel cum cognovissent Deum, non sicut Jeum
strum ministerium non litteris illis, quas variarum glorificaverunt, aut gratias egerunt, sed evanue-
servi libidinum, liberates vocant, sed dominico pane runt in cogitationibus suis, et obscuratum est
nutritus, quantus ei potuit per nostras angustias
dispensari.
2. Quid enim aliud dicendum est eis, qui cum
:
insipiens cor eorum, et dicentes se esse sapientes,
stulti facti sunt et immutaverunt gloriam incor-
rupti Dei in similitudinem imaginis corruptibilis
sint iniqui et impii, liberaliter sibi videntur erudi- hominis et volucrum atque quadrupedum et ser-
ti,nisi quod in litteris vere liberalibus legimus, « Si pentium; vel qui istis simulacris non dediti, aut
vos filius liberaverit, tunc vere liberi eritis (Johan., servierunt
non nimis dediti, coluerunt tamen et omnino
YIlT, 36).» Per eum namque præstatur, ut ipsæ creaturæ potius quam Creatori. Absit ut
etiam, quæ liberales discipline ab eis, qui in liber- istorum vanitates et insaniæ mendaces, ventosæ nu-
nomi-
tatem vocati non sunt, appellantur, quid in se ha- gæ ac superbus error, recte liberates litteræ
beant liberale noscatur. Neque enim habent con- nentur, hominum scilicet infelicium, qui Dei gra-
gruum libertati, nisi quod habent congruum tiam per Jesum Christum Dominum nostrum, qua
veritati. Unde ille ipse Filius, « Et veritas, inquit, sola liheramur de corpore mortis hujus, non co-
puisque tout en rapportant le bien et le mal core six autres sur la mélodie, lorsque j'en
des hommes, elle dit pourtant la vérité. Mais aurais le loisir. Mais quand une fois le fardeau
comme les historiens n'ont pas été aidés parle des affaires ecclésiastiques me fut imposé,
Saint-Esprit dans la connaissance des faits toutes ces délices se sont échappées de mes
qu'ils rapportent, et que par suite de la fai- mains, et j'ai même avec peine aujourd'hui
blesse humaine, ils sont forcés de recueillir des retrouvé ce livre que j'ai recherché pour me
bruits répandus çà et là, je ne vois pas com- conformer à votre volonté qui est pour moi un
, ment ils ne se tromperaient pas dans une infi- ordre. Si je peux vous envoyer l'ouvrage je ne
nité de circonstances. Il y a cependant en eux me repentirai pas d'avoir répondu à votre désir ;
quelque chose qui se rapproche de la liberté, mais peut-être vous repentirez-vous de me
s'ils ne commettent pas volontairement de l'avoir demandé avec tant d'instance. Il est
mensonges, et s'ils ne trompent les hommes très-difficile de comprendre seul les cinq pre-
que parce qu'ils ont été trompés eux-mêmes ;
miers livres il faut avoir quelqu'un qui, non-
seulement distingue les personnes des interlo-
par suite de la faiblesse humaine.
3. Cependant comme c'est dans les sons que cuteurs, mais encore qui fasse sentir par la
l'on remarque le mieux quelle est dans toute prononciation la durée des syllabes, de manière
sorte de mouvements la valeur des nombres, à rendre sensibles à l'oreille les diverses es-
et que cette élude, nous conduisant ainsi par pèces de nombres, surtout, parce que dans
degrés jusqu'aux secrets les plus intimes et les quelques-uns de ces nombres, se trouvent par
plus élevés de la vérité, découvre à ceux qui intervalles des repos mesurés, qui ne peuvent
l'aiment et la recherchent, la sagesse et la Pro- être compris qu'autant qu'une bonne pronon-
vidence divine en toutes choses, j'ai voulu, ciation les fait sentir à l'oreille.
pendant que mon esprit était libre, de tout 4. Je n'ai pas voulu différer de vous envoyer
souci et de toute occupation plus importante le sixième livre, que j'ai trouvé corrigé et où
et plus nécessaire préluder à cette étude de la j'ai recueilli tout le fruit qu'on peut tirer des
vérité par les écrits que vous m'avez deman- autres. Peut-être ne déplaira-t-il pas trop à
dés. Lorsque j'ai composé six livres sur le votre gravité. Quant aux cinq autres, ils ne
rythme seul, je me disposais à en écrire en- valent pas la peine qu'on les lise et qu'on en
gnoverunt, nec in eis ipsis, quæ vera senserunt, disponebam, cum mihi otium futurum sperabam.
Historia sane, cujus scriptores tidem se præci- Sed posteaquammihi curarumecclesiasticarum sar-
pue narrationibus suis debere profitentur, fortas- cina imposita est,omnesillæ deliciæ sugere de ma-
sis habeat aliquid cognitione dignum liberis, cum nibus, ita ut vix nunc ipsum codicem inveniam,
sive bona sive mala hominum, tamen veranarran- quoniam tuam voluntatem, nec petitionem sed jus-
tur. Quamvis in eis cognoscendis qui Spiritu-sancto sionem, contemnere nequeo. Quod sane opuscu-
non adjuti sunt, rumoresque colligereipsa humanæ lum si potuero mittere, nonquidem me tibi obtem-
infirmitatis conditione compulsi sunt, quemadmo- verumtamen
pænitebit
perasses, te hoc a me tantopere flagi-
Difficillime
dum non fallerentur in plurimis, omnino non video: tasse quippe intelliguntur
est tamen in eis aliqua propinquitas libertatis, si in eo quinque libri, si non adsit qui non solum
voluntatem mentiendi non habent, nec homines disputantium possit separare personas, verum
fallunt, nisi cum ab hominibus humana infirmitate etiam pronuntiando ita sonaremorulassyllabarum,
falluntur. ut eis exprimantur sensumque aurium feriant ge-
3. Verum quia in omnibus rerum motibus quid nera numerorum: maxime quia in quibusdam etiam
numeri valeant, facilius consideratur in vocihus, silentiorum dimensa intervalla miscentur, quæ om-
eaque consideratio quibusdamquasi gradatis itine- nino sentiri nequeunt, nisi auditorem pronuntiator
ribus nititur ad superna intima veritatis, in quibus informet.
viis ostendit se sapientia hilariter, et in omni pro- 4. Sextum sanelibrum quem emendatum reperi,
videntia occurrit amantibus: initio nostri otii cum ubi est omnis fructus celerorum, non distuli mit-
a ctiris majoribus magisque necessariisvacabat ani- tere caritati tuæ: fortassis ipse tuam non multum
mus, volui per ista, quæ a nobis desiderasti, scripta refugietgravitatem.Nam superiores quinque vixfilio
proludere, quando conscripsi de solo rhythmo sex jam
nostra et condiacono Juliano, quoniam et ipsedigni
libros, et de melo scribere alios forsitam sex, fateor, nobiscum commilitat, lectione et cognitione
prenne connaissance, du moins c'est l'avis de sous le même toit, père, mère, frèns, fils, et
notrecher fils Julien, qui est déjà engagé par vous tous, enfants d'un même père, souvenez-
l'ordre du diaconat dans notre sainte milice. Je vous de nous.
;
n'ose pas dire que je l'aime plus que vous,
parce que je ne dirais pas la vérité mais
cependant j'ose dire que mon désir de le voir
Touchant la lettre suivante, voyez le livre II,
chapitre XXXI, des Rétractations, où saint
estplus grand que celui de vous voir vous- Augustin dit :
même. Il peut vous paraître étonnant qu'ayant
pour tous les deux la même affection, je désire Cependant, un de mes amis que je désirais
voir l'un plutôt que l'autre. Cela vient de ce beaucoup voir se convertir au christianisme,
que j'ai plus d'espoir de voir Julien que vous. proposa six questions qu'on m'envoya de Car-
En effet, je pense que si vous lui permettez de thage pour les résoudre contre les Païens, sur-
venir vers nous, il le fera volontiers, comme tout parce qu'il prétendait que quelques-unes
cela convient à son âge, surtout parce qu'il avaient été posées par le philosophe Porphyre,
n'est pas encore retenu par des occupations qui, à mon avis, n'est pas ce Porphyre de
majeures; qu'il vienne, et me fasse ainsi bien- Sicile, dont la réputation s'est répandue au
tôt jouir de votre présence à vous-même. Je loin. J'ai réuni ces six questions dans un seul
n'ai pas marqué la mesure des vers de David, :
livre peu étendu, et qui a pour titre Six ques-
parce que je l'ignore. L'interprète n'a pu faire
passer de la langue hébraïque, que je ne con-
nais pas, la mesure de ces vers dans sa traduc-
;
tions expliquées contre les Païens. La première
traite de la résurrection la seconde, du temps
de là propagation de la religion chrétienne; la
tion, dans la crainte que l'assujetissement du troisième, de la distinction et de la différence
mètre ne le forçât de s'écarter par trop du véri-
table sans des mots et de la pensée. Au reste,
si j'en crois ceux qui savent cette langue, les
:
des sacrifices; la quatrième, de cette parole de
l'Évangile « On se servira envers vous de la
même mesure dont vous vous serez servis envers
vers hébreux ont des mesures certaines. Car le ;
les autres (Matth., VII, 2) » la cinquième, du
saint Prophète aimait la pieuse musique, et Fils de Dieu, selon Salomon; la sixième, du
c'est lui, plus que tout autre, qui m'a donné prophète Jonas. Or, lorsque dans la seconde
l'envie de l'étudier. Demeurez à jamais sous la :
j'ai dit « Le salut de cette religion qui seule
protection du Très-Haut, vous tous qui habitez promet le vrai salut, et qui est vraie dans ses
videbuntur.. Quem quidem, non audeo dicere, plus fratres filiorum, et cuncti unius Patri filii, memo-
amo quam te, quam nec veraciter dico; sed tamen resnostri.
audeo dicere, plus desidero quam te. Mirum-videri
potest, quemadmodum quem pariter amo, amplius DE SEQUENTE EPISTOLA
desiderem; sed hoc mihi facit spes amplior videndi
eum : puto enim quod si ad noste jubente vel mit- LIB. II, RETRACT. CAPUTXXXI.
tente venerit, et hoc faciet quod adolescentem de-
cet, maxime quia nondum curis majoribus detine- later hecc missae sunt mihi a Carthagine quaestio-
nes sex, quas proposuit amicus
quidam, quem
tur, et teipsum mihi expeditius apportabit. Quibus
numeris consistant versus Davidici ;1011 scripsi, cupiebani fieri Christianum, ut contra paganos sol-
quia nesci-o. Neque enim ex hebraea lingua, quam verentur, prsesertim quia nonnullas earum a Por-
ignoro, potuitetiam numeros interpres exprimere phyrio philosopho propositas dixit. Sed non eum
Siculum illum, cujus ce-
ne metri necessitate ab interpretandi veritate am. esse arbitror Porphyrium
leberrima est fama. Harum quæstionum disputa-
:
plius, quam ratio sententiarum sinebat, digredi
cogeretur certis tamen eos constare numeris,
credo illis qui earn linguam probe callent. Amavit
tiones in unumlibrum contuli, non prolixum, cujus
est titulus : « Sex quseition.es contra paganos expo-
sitæ. » Earum autem prima est de Resurrectione,
enim vir ille sanctus musicam piam, et in ea studia
nosmagisipse quam ullus alius auctor accendit. secunda de tempore Christianæ religionis, teria de
Habitetis omnesinajternum inadjutorioAltissimi, sacrificiorum distinctione, quarta de eo quo i scri-
fueritis, reme-
qui habitetis unanimes in domo, pater materque ptum est, « la qua mensura mensi
promesses, n'a jamais manqué à aucun de ceux pas selon nos œuvres, mais selon le décret et
qui en ont été dignes, et n'a manqué qu'à ceux la grâce de Dieu (II Tim., I, 9). » C'est encore
qui ne l'étaient pas, » je n'ai pas voulu dire :
pour cela qu'il dit « Nous savons que tout
par là que personne en ait été digne par ses contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de
:
propres mérites, mais je me suis conformé aux
paroles de l'Apôtre « Ce n'est pas à cause de
leurs œuvres, mais de la volonté de celui qui
ceux qu'il a appelés selon son décret pour être
saints (Rom., VIII, 28). Ji C'est de cette vocation
:
qu'il dit « Nous prions Dieu qu'il vous tienne
:
appelle qu'il a été dit L'ainé sera assujetti au pourdignesde sa sainte vocation (II Thes., I,11).»
plus jeune (Rom., n, 12). » Or, cette sorte de
vocation,l'Apôtre l'attribue au décret de Dieu,
quand il dit « que nous avons été appelés non
;
Ce livre, après la lettre qui est en tête, com-
mence par ces mots « Quelques-uns sont en
peine de savoir. »
tietur vobis (MatthVII, 2). » quinta de Filio Dei tum adserit pertinere. Unde dicit, « Non secundum.
secundum Salomonem, sexta de Jona propheta. In opera nostra, sed secundum suum propositum et
quarum secunda quod dixi, « Salus religionis hu- gratiam (II Tim., i, 9). Unde item dicit, « Scimus
jus, per quam solam veram salus vera veraciterque quia diligentibus Deum omnia cooperantur in bo-
promittitllr, nulli umquam defuit, qui dignus fuit, num iis, qui secundum propositum vocati sunt
et cui defuit, dignus non fuit, non ita dixi tam-
quam ex meritis suis quisquam dignus fuerit sed
quemadmodum ait Apostolus, <c Non ex operibus,
: sancti (Rom., VIII, 28). » De qua vocatione ait, « Ut
dignos vos habeat vocatione sua sancta (II Thessr,
Id). » Hie liber post epistolam, quæ postmodum a
sed ex vocante dictum esse. Mnjor serviet minori capite addita est, sic incipit : « Movet quosdam, et
(Horn., ix, 12). » Quam vocationem ad Dei propusi- requiruut. »
-
LIVRE UNIQUE.
tur sequi : viderit quam ob caussam. Hoc tamen non parum ista delectant, quemadmodum dici
suspicor, nec suspicio mea vel malevola est ve], possunt abs te, inter quos et ipse sum. Vivas semper
absurda, cum et optime noveris quantum eum in Christo nostri memor.
diligam, quantoque mihi dolori sit, quot non-
;
dum Christianus est et utique non ineonve-
nienter arbitror eum, quem video mihi rescribere
QUÆSTIO PRIMA.
De Resurrectione.
noluisse, nihil sibi a me scribi voiuisse. Proinde 2. Movet quosdam, et requirunt de duabus
obsecro te, ut quemadmodum ego tibi parui, at- resurrectionibus quæ conveniat promissse resur-
que inter meas artissimas occupationes, tuam rectioni,utrumnamChristi anLazari? SiChristi,
sanctam mihique carissimam voJuntatem offen- inquiunt, quomodo potest hæc convenire resurre-
dere timui, si non facerem quod petisti, ita tu ctioni natorum ex semine, ejus qui nulla seminis
quo'que facias quod peto. Hoc est autem, ut brevi- conditione natus est? Si autem Lazari resurrectio
ter quemadmodum ate, sicut mihi indicasti, po- convenire asseritur, ne haec quidem congruere
stulavit, ad omnia illi respondere non graveris, videtur. Siquidem Lazari resurrectio facta sit de
quod et ante facere potuisti. Scies enim cum lege- corpore nondum tabescente (Johanxi, 43), de eo
ris, nihil pene a me dictum, quod ipse non noveras, corpore, quo Lazarus dicebatur: nostra autem mul-
aut quod me tacente nosse non poteras. Sed hoc tis sseculis post ex confuso eruetur. Deinde si post
opus meumrogo habeas cum ceteris, quorum studio resurrectionem, status healus futurus est, nulla
scisconvenire. Tuum vero illud quod flagito, habeat corporis inj uria, nulla D-ecessitate famis, quid aibi
ipse qui hoc potissimum congruit, et ceteri quos vult cibatma Christum fuisse, et vulnera monstra-
après sa résurrection, a-t-il pris de la nourri- met pas plus entre la résurrection des uns et
ture et a-t-il montré ses plaies. S'il l'a fait des autres qu'entre leur mort même.
pour convaincre un incrédule, c'est une feinte: 4. Si les infidèles ne veulent pas croire ce
s'il a montré quelque chose de vrai et de réel, qui a été écrit de la formation du premier
nous garderons donc encore les blessures que homme, qu'ils examinent, s'ils en sont capa-
3. A cela on répond :
nous aurons reçues pendant notre vie ? »
La résurrection du
Christ représente bien mieux que celle de La-
bles, les nombreuses espèces d'animauxformés
de la terre sans parents, et qui cependant par
leur union produisent leurs semblables. La di-
zare, la résurrection qui nous est promise. La- versité de leur origine n'influe en rien sur la
zare estressuscité, mais pour mourir de nou- nature de ceux qui sont sortis de la terre ou de
»
veau, tandis que «le Christ, selon ce qui est ceux qui ont été créés selon la loi ordinaire.
écrit, «se levant du milieu des morts, ne meurt Ils vivent et meurent de la même manière,
plus, et la mort n'aura plus d'empire sur quoiqu'ils soient nés dinéremment. Ainsi- il
lui (Rom., VI, 9). » C'est aussi ce qui a été pro- n'est pas absurde de croire que des corps qui
mis à ceux qui ressusciteront à la fin des siè- ont eu une naissance toute différente, auront
cles, et qui régneront éternellement avec lui, la même résurrection. Les hommes incapables
quoique Jésus-Christ ne soit pas né de l'homme, de voir jusqu'où doit aller et où doit s'arrêter
tandis que nous sommes nés d'un père et d'une la différence entre les choses, dès qu'ils remar-
mère, cette différence de naissance du Christ et quent quelque dissemblance dans l'origine et
de la nôtre n'en met pas entre notre rérurrec- les productions l'appliquent également à ce qui
tion-et la sienne, pas plus qu'il n'yen a entre en est la conséquence. Ils devraient donc aussi
sa mort et celle des autres hommes. En effet, soutenir que l'huile qu'on exprime de certains
;
parce qu'il n'est pas né de l'homme, sa mort
n'en a pas été moins véritable comme lanais-
sance du premier homme, qui n'a rien de sem-
animaux, ne doit pas nager sur l'eau comme
celle qu'on tire de l'olive, puisque ce qui pro-
visse ? Sed si propter incredulum fecit, finxit: si retur, aliter nos. Sicut autem ad mortis, sic nec
autem verum ostendit, ergo inresurrectione accepta ad resurrectionis differentiam valet diversa nati-
futura suntvulnera. vitas.
3. Quibus respondetur, ideo non Lazari resur- 4. Sed ne hoc ipsum, quodscriptum est deprimo
rectionem, sed potius Christi congruere promissae homine, similiter intideles homines nolint credere,
resurrectioni; quia Lazarus ita resurrexit, ut ite- quærant vel animadvertant, si vel hoc possunt,
rum moreretur,« Christus autem (sicut de illoscri- quam multorum animalium genera sine parentibus
ptum est) « surgens a mortuis, jam non moritur, ex terra procreentur, quæ tamen coeundo pariant
et mors illi ultra non dominábitur (Rom., VI, 9). » etiam ipsa sui simile, nec propter diversitatem
Quod etiam promissum est resurrecturis in fine nativitatis intersit aliquid ad naturam eorum, quæ
sæculi, et cum illo regnaturis in æternum. Sic procreata sunt ex terra, et eorum quaeillis coeunti-
autem non pertinet ad resurrectionem differentia bus orta sunt. Similiter enim vivunt, similiterque
nativitatis Christi et nostrae, quod ille sintl virili moriuntur, quamvis dissimiliter nata sint. Ita non
semine, nos autem ex viro et femina creati sumus, est absurdum, ut similiter resurgant corpora, quae
sicut etiam non pertinet ad ipsius mortis differen- dissimiliter orta sunt. Hujusmodi autem homines
tiam. Non enim propterea illius non vera mors non valentes intueri, ad quam rem iatersit aliquid
fuit, quia sine virili semine natus est, sicut nec diversum, et ad quam non intersit, ubi adverterint
ipsius primi hominis aliter exorta caro quam nostra aliquam distantiam primordiorum, etiam omnia
(quandoquidem ille sine parentibus de terra consequentia distare oportere cjntendunt. Possunt
creatus est, nos vero ex parentibus) aliquid adtu- tales putare, oleum ex adipibus non debere natare
lit ad differentiam mortis, ut aliter ille more- super aquam, sicut illud quod ex oliva est; quo-
fert de dissolution ni de putréfaction, est res- pour tous ceux qui, avec moi, cherchent à
suscité le troisième jour, tandis que les nôtres, comprendre les choses que Dieu a cachées à
après un long espace de temps, seront tirés de nos regards, et celles qu'il a mises sous nos -
ce mélange universel de la matière dans lequel yeux, nous admirons autant un petit grain de
ils s'étaient dissous, ce sont deux choses impos- senevé, renfermant et cachant en lui tout ce
sibles à la puissance humaine, mais facile à la qui sera un jour un grand et bel arbre, que le
toute-puissance divine. En effet, de même que vaste sein de l'univers qui, après avoir reçu et
le rayon visuel ne parvient pas plus lentement absorbé les corps humains dans leur dissolu-*
aux objets éloignés qu'à ceux qui sont plus tion, les rendra intacts et entiers à la résurrec-
rapprochés, mais atteint les deux distances tion future.
avec la même rapidité, de même lorsque «dans 6. Si le Christ après sa résurrection a pria
un clin d'œil (I Cor., xv, 52), » comme le dit de la nourriture, et que dans la résurrection
l'Apôtre, aura lieu la résurrection des morts, il qui nous est promise nous n'en éprouvions pas
sera aussi facile à la volonté ineffable et à la le besoin, qu'y-a-t-ilen cela de contradictoire?
toute-puissance de Dieu, de ressusciter les Ne lisons-nous pas que les Anges ont égale-
corps récemment privés de la vie, que ceux qui, ment mangé, et de la môme manière, non sous
depuis longtemps ont été consumés. Ces choses une apparence illusoire, mais en toute réalité,
paraissent incroyables à quelques hommes, sans besoin toutefois, mais par un effet de leur
;
parce qu'ils ne les ont jamais vues cependant
;
puissance. La terre, quand elle est altérée,
toute la nature est pleine de pareils miracles
et si nous ne les admirons pas, ce n'est point
parce qu'ils seraient trop aisés à notre raison
absorbe l'eau autrement que les rayons brû-
lants du soleil. La terre, c'est par besoin le
soleil c'est par sa force. Dans la résurrection
;
de les examiner et de les comprendre, mais future, le corps jouirait d'un bonheur impar-
parce que l'habitude de les voir (1) nous les a fait s'il ne pouvait pas prendre de nourriture ;
rendus plus familiers, et que pour cela même, et sa félicité serait également imparfaite s'il
ils ne nous paraissent dignes ni de nos re- en éprouvait le besoin. Je pourrais ici m'éten-
cherchest ni de notre examen. Pour moi et dre davantage sur les changements qui arrivent
(1) L'édition de Louvain écrit vivendi consuetudine, c'est-à-dire, par l'habitude de vivre au milieu de etc., mais les
autres manuscrits portent videndi consuetudine,c'est-à-dire, par l'habitude de les voir.
niam longe est utriysque origo dissimilis; quando tione, nec inquisitione digna videantur. Nam ego,
illud ex ligno, hoc ex carne profluxerit. etmecum quicumque invisibilia Deiper ea,minus quai
5. Quantum autem adtinet ad illam differenliam, facta sunt, intelligere moliuntur, aut non
quod Christi corpus, non dissolutum tabe atque aut amplius admiramur, in uno seminis tam par-
putredine, die tertio resurrexit, nostra vero post vulo grano, omnia quæ .laudamus in arbore tam-
rant, confusione reparabuntur ;
longum tempus, ex quadam, quo soluta discesse- quam liciata latuisse, quam mundi hujus tam in-
humanæ facultali gentem sinum, quae de corporibus kumanis dum
utrumque impossibile est, divinse autem potestati dilabuntur assurnit, resurrectioni futuree tota et
utrumque facillimum. Ut enim radius oculi nostri, integra redditurum.
non citius pervenit ad propinquiora, tardius ad 6. Quomodo autem contrarium est, et Christum
longinquiora, sed utraque intervalla parili celeri- post resurrectionem cibatum, et in resurrectione
ritate oontingit: ita cum « in ictu oculi (I Cot., xv, quæ promittitur ciborum indigentiamnon futuram.
32),»sicutApostolus dicit, fit resurrectio mortuo- cum etAngelos legamusejusdemmodi escas eodem-
ruifi, omnipotentise Dei et ineffabili nutui tam que modosumsisse, non ficto et inaniphantasmate,
facile est quæque recentia, quamdiuturno tempore sed manifestissima veritate ; nec tamen neces-
?
;
dilapsa cadavera suscitare. Incredibilia sunt hæc sitate, sed poteslate Aliter enim absorbet terra
qujbusdam, quia inexperta cum omnis natura aquam sitiens, aliter solis radius candens. Ilia
rerum tam sit plena miraculis, ut non quasi facili indigentia, iste potentia. Futurae ergo resurre-
ne (a), mira non sint, atqne ob hoc, uec considera- sumere non potuerit :
pervestigatione rationis, sed videndi consuetudi- clionis corpus, imperfectæ. felicitatis erit,si cibos
imperfectaj felicitatis, sicibis
eguerit. Possem hic de commutationibus corpora- tamquam tituli gloriarum, ideo ille medicus cica-
lium qualitatum, et de præpotenti valentia in trices finxisse diceretur, quia cum per artem effi-
inferiora corpora corporum superiorum latius
disputare : sed breviter mihi respondere propositum
sulfecerit.
:
cere potuerit ut non essent,certa exsistente caussa,
per artem effecit potius ut essent quæ uao solo
modo, sicut superius dixi, falsæ convincerentur, si
7. Sciat sane qui has proposuit quæstiones, Chri- nulla vulnera sanarentur.
stum post resurrectionem cicatrices, non vulnera
demonstrasse dubitantibus, propter quos etiam ci- QUÆSTIO SECUNDA.
bum ae potum sumere voluit, non semel, sed sæ-
De tempore christianœ religionis.
pius, ne illud non corpus, sed spiritum esse arbitra-
rentur, et sibi non solide, sed imaginaliter appa- 8. Item alia proposuerunt, quæ dicerent de Por-
:
rere. Tunc autem illse falsæ cicatrices fuissent, si
nulla vulnera præcessissent et tamen nec ipsæ es-
sent, si eas esse noluisset.Voluit autem certæ dis-
phyrio contra Cbristianos tamquam validiora de-
cerpta. « Si Christus se, inquiunt, salutis viam dicit,
gratiam, et veritatem, in seque solo ponit animis
pensationis gratia, uteis quosædificabat infidenon sibi credentibus reditum; quid egerunt tot sæculo-
ficta, non aliud pro alio, sed hoc quod crucifixum rum homines ante Christum? Ut dimittam, inquit,
vidrant, resurrexisse monstraret. Quid est ergo tempora ante Latium regnalum, ab ipso Latio quasi
quoddicitur, «Si propter incredulumfecit, finxit ? » principium humani nominis sumamus. In ipso
quasi vero siquisqnamvirfortispro patriadimicans, Latio ante Albam dii culti sunt. In Alba æque reli-
multa adversa vulnera exciperet, et peritissimo me- gionesritusque valueretemplorum. Nonpaucioribus
dico, qui hæc ita curare valeret, ut cicatrices nullæ sæculis ipsa Roma, longo sæculorum tractu sine
apparerent, ipse potius diceret, sic se velle sanari, Christiana lege fuit. Quid, inquit, actum de tam
ut magis essent in corpore suo vestigia vulnerum innumeris animis, qui omniuo in culpa nulla sunt:
religions et des rites dans les temples. EtRome pernicieux; mais c'est déjà beaucoup qu'eux-
même, combien de siècles a-t-elle été sans con- mêmes en reconnaissent l'inutilité. Si,
au con-
naître la loi chrétienne? Que sont devenues traire, ils défendent ce culte et soutiennent
tant de milliers d'âmes à qui l'on ne saurait qu'il a été sagement institué, je demande
ce
reprocher la moindre faute, puisque celui en
qui l'on prétend qu'il faut croire, ne s'était pas
encore montré aux hommes ? L'univers même
;
que sont devenus ceux qui sont morts avant
l'institution du paganisme puisqu'ils ont été
privés de ce prétendu moyen de salut. Que s'ils
tout entier a eu comme Rome des temples où ont pu être purifiés d'une autre manière, pour-
les dieux ont été adorés. Pourquoi donc celui quoi leur postérité n'a-t-elle pas persévéré
qu'on appelle le Sauveur s'est-il caché pendant dans ce moyen? Qu'était-il besoin d'instituer
?
tant de siècles Et qu'on ne dise pas que Dieu de nouvelles consécrations qui n'avaient
pas
a pourvu au bonheur du genre humain par existé précédemment ?
l'ancienne loi des Juifs, car ce n'est qu'après 10. Si nos contradicteurs prétendent que les
un long espace de temps que la loi juive a paru dieux ont toujours existé, et ont toujours eu le
et a été en vigueur dans un coin de la Syrie, pouvoir de sauver ceux qui les adoraient, mais
d'où elle s'est répandue ensuite jusqu'aux que sachant ce qui convient à certains temps
frontières de l'Italie, et seulement après César et à certaines localités, à cause de la variété
Caïus, ou du moins pendant son règne ? Or, des choses qui s'agitent sur la terre, ils ont
que sont devenues les âmes de Romains et des voulu être servis différemment, selon la diffé-
Latins qui ont été privés, jusqu'aux tempsdes rence des temps et des lieux, pourquoi atta-
Césars, de la grâce de Jésus-Christ, qui n'était quent-ils la religion chrétienne par une objec-
pas encore venu sur la terre »? tion à laquelle ils ne pourraient pas répondre,
9. Pour répondre à cette objection, nous de- si nous la leur fdisions pour leurs propres
manderons d'abord à ceux qui nous la font, de dieux? D'un autre côté, s'ils peuvent y répon- -
nous dire si le culte de leurs dieux, dont on dre, c'est autant en faveur de notre religion
-
peut déterminer les dates d'une manière cer- que de la leur. En effet, de même que peu im-
taine, a été utile aux hommes. S'ils disent porte la diversité des rites qui conviennent aux
qu'il n'a servi en rien au salut des âmes, ils le divers temps et aux diverses localités, pourvu
détruisent avec nous et en avouent la vanité. que ce qu'on adore soit saint, de même peu
Pour nous, nous démontrons qu'il a même été importe la variété des sons dont on se sert
siquidem is, cui credi posset, nondum adventum utiliter asserunt instituta ; quæro quid actum sit, de
suumhorninibus commodarat? Orbisquoquecum
ipsa Roma in ritibus templorum caluit. Quare, in-
quit, Salvatorqui dictus est, sese tot sceculis sub-
:
his, qui antequam hæc instituta essent, morte obie-
runt hac enim utique salute atque utilitate frau-
dati sunt. Si autem potuerunt alio modo purgari,
duxit? Sed ne, inquit, dicant lege Judaica vetere cur non idem modus perseveravit in posteros?Quid
hominum curatum genus, longo post tempore lex opus erat instituere novitias consecrationes, quæ
postea vero prorepsitetiamin ;
Judæorumapparuit ac viguit angusta Syriæregione,
fines Italos sed post
Cæsarem Caium, aut certe ipso imperante. Quid
antiquitus non fuerunt ?
10. Hic si dicunt deos quidem ipsos semper
fuisse, et ad liberandos cultores suos pariter ubique
igitur actum deRomanis animabus velLatinis, quæ valuisse; sed pro varietate rerum temporalium ac
gratia nondum advenientis Christi viduatæ sunt, terrenarum, quæ scirent certis temporibus locisque
usque in Cæsarum tempus (Johan.,XIV, 6)? » congruere, in his alias atque alias, alibi atque alibi,
9. Huic propositioni respondetur, ut primo ipsi aliter atque aliter sibi voluisse serviri : cur hanc
dicant, utrum profuerint hominibus deorum suo- quæstionem Christianæ religioni ingerunt, in qua
rum sacra, quæ constat certis temporibus instituta. nobis ipsi pro diis suis aut respondere non possunt,
Quæ si negant aliquid profuisse ad animarum salu- aut si possunt, in eo ipso sibi etiam pro nostra reli-
tem, nobiscum ea destruunt, et esse inania confi-
tentur. Nos quidem etiam perniciosa monstramus ;
sed parumnon est ut ipsi interim prius inania fa-
gione respondeant, ita nihil interesse pro diversa
temporum locorumque congruentia, quam diversis
sacramentis colatur, si quod colitur sanctum est, si-
teantur. Si vero ea dcfen dunt, et sapienter atque cut nihil interest pro diversa linguarumauditorum-
pour se faire entendre à des hommes de diffé- est toujours le fils de Dieu co-éternel au père
rentes langues, pourvu que ce que l'on dit et comme le père, immuable sagesse par qui la
soit vrai. La seule différence qui existe, c'est nature tout entière a été créée, et par la parti-
que les hommes peuvent, par un certain pacte cipation de laquelle tout âme raisonnable de-
de société, instituer des sons par lesquels ils vient capable de jouir du bonheur éternel. Il
peuvent se commnniquer ce qu'ils pensent, est toujours le même, soit avant qu'il eût pro-
tandis que les sages n'ont suivi que la volonté pagé la race des Hébreux, pour figurer son avé-
de Dieu pour établir les pratiques religieuses nement et sa manifestation par des mystères
convenables à la divinité. Cette volonté divine conformes à sa mission, soit pendant l'exis-
n'a jamais fait défaut au salut des mortels jus- tence même du peupte d'Israël, soit quand, s'é-
tes et pieux, et si chez divers peuples qui sont 'tant revêtu de la chair dans le sein d'une
unis dans une même religion, il se trouve quel- vierge, il s'est montré aux hommes sous une
que variété dans le culte, il faut voir jusqu'où forme mortelle; il a donc toujours été le même,
va cette différence, et faire la part de la fai- comme ill'est encore aujourd'hui qu'il accom-
blesse humaine, sans blesser toutefois l'auto- plit tout ce qu'il a prédit par les Prophètes, et
rité de Dieu. comme il le sera jusqu'à la fin des siècles, où
11. Nous disons que le Christ est la parole il fera la séparation des saints et des impies, et
de Dieu, par laquelle tout a été fait, en sorte rendra à chacun selon ses œuvres.
qu'il est son fils, parce qu'il est sa parole, et 12. C'est pourquoi, depuis le commencement
une parole non prononcée une seule fois et qui du genre humain, tous ceux qui ont cru en lui
a passé, maisune parole immuable, éternelle et qui l'ont connu d'une manière quelconque,
et subsistant sans changement dans le sein im- tous ceux qui, selon s:'s préceptes, ont marché
muable du père, une parole gouvernant toute pendant leur vie, dans les voies dela justice
créature spirituelle et corporelle selon la con- et de la piété, ont, sans aucun doute, été sau-
vés par lui, en quelque temps et en quelque
venance des temps et des lieux, une parole qui
est la sagesse et la science même, et à qui il partie de la terre qu'ils aient vécu. Ainsi, de
appartient de tout régler et de tout gouverner, même que nous croyons en lui demeurant en
dans le temps et de la manière qu'elle le juge son père, et étant venu parmi nous revêtu de
convenable. Cette parole,c'est-à-dire le Christ, la chair, de même les anciens croyaient en lui
:
que congruentia, quam diversis sonis dicatur, si
quod dicitur verum est dum hoc sane intersit,
quod linguæ sonos, quibus inter se sua sensa com-
do et ubi, circa eam fieri oporteat, sapientia et
scientia penes ipsum est: profecto et antequam
propagaret Hebræorum gentem, per quam sui ad-
municent, etiam homines pacto quodam societatis ventus manifestationem congruis sacramentis præ-
sibi instituere possunt;quibus autem sacris divi- figuraret, et ipsis temporibus Israëlitici regni, et
nitati congruerent, voluntatem Dei secuti sunt, qui deinde cum se in carne de virgine accepta mortali-
recte sapuerunt. Quæ omnino numquam defuit ad bus mortaliter demonstravit, et deinceps usque
salutem justitiæ pietatique mortalium, et si qua in nunc, cum implet omnia, quæ perProphetas ante
aliis atque in aliis populis, una eademque religione prædixit, et ab hinc usque ad finem sæculit, quo san-
sociatis varie celebrantur, quatenus fiat plurimum ctos ab impiis diremturus est, et sua cuique retri-
refert, quo et humana exhortetur vel tolere- buturus,idem ipse est Filius Dei, Patri coæternus,
tur infirmitas, et divina non oppugnetur auctori- et incommutabilis Sapientia, per quam creata est
tas. universa natura, et cujus participatione omnis ra-
11. Quamobrem cum Christum dicamus Verbum tionalis anima fit beata.
Dei, per quod facta sunt omnia, etideo filium,quia 12. Itaqueab exordio generis humani, quicumque
Verbum, nec Verbum dictum atque transactum, in eum crediderunt, eumque utcumque intellexe-
sed apud incommutabilem Patrem incommutabile runt, et secundum ejus præcepta pie et juste vixe-
ipsum atque incommutabiliter manens, sub cujus runt, quandolibet et ubilibet fuerint, per eum pro-
regimine universa creaturaspiritalis et corporalis, culdubio salvi facti sunt. Sicut enim nos in eum
pro congruentia temporum locorumque adminis-
tratur, cui moderandæ et gubernandæ, quid, quan- :
credimus et apud Patrem mauentem, et qui in
carne jam venerit sic credebant in eum antiqui, et
demeurant dans le Père, et devant venir sur la n'existait pas, ou qui n'était connue que d'un
terre sous une forme humaine. Et quoique par
suite de la diversité des temps, on annonce au-
jourd'hui, comme un fait accompli, ce qui
tumes et des pratiques différentes ;
petit nombre d'adeptes vivant sous des cou-
mais ces
dieux étaient-ils de vrais dieux? Etaient-ils
alors était annoncé comme un événement futur, ?
dignes d'être adorés Cette nouvelle école de
la foi n'a pas varié pour cela, et le salut est philosophie a-t-elleété de quelque utilitépour
toujours le même. Parce qu'une seule et même ?
le salut des âmes Voilà ce qui nous occupe,
chose est annoncée et prophétisée par des rites voilà sur quoi nous appelons la question et sur
et des sacrements différents, il n'en faut pas quoi nous voulons discuter. Qu'ils cessent donc
conclure que cette chose n'est pas toujours la de nous faire une objection, qu'on peut
même et qu'elle apporte un salut différent. faire également à toute secte, à toute religion.
Quant au temps où doit s'accomplir la délivrance Puisqu'ils avouent que les choses de ce
toujours une, toujours la même, des fidèles et monde ne vont pas au hasard, mais sont con-
des saints, c'est à Dieu d'en décider selon sasa- duites par la Providence divine, il faut aussi
gesse, et à nous d'obéir. Ainsi, quoique la reli- qu'ils avouent que ce qui est propre et conve-
gion du Christ ait paru sous divers noms et nable à chaque temps est au-dessus des vues et
sous des formes différentes, quoiqu'elle ait été de la prévoyance des hommes, et qu'il n'ap-
d'abord cachée et qu'ensuite elle se soit mon- partient qu'à la Providence de Dieu de les
trée manifestement, quoiqu'elle ait été adoptée diriger et de les régler.
primitivement par un petit nombre d'hommes, 14. S'ils disent que la doctrine de Pythagore
et que plus tard elle l'ait été par un nombre n'a pas été embrassée ni toujours, ni partout,
plus considérable, c'est toujours la même et la parce que Pythagore était un homme, et que
véritable religion. cela n'était pas en son pouvoir, peuvent-ils
13. Nous ne voulons pas leur objecter que dire également que lorsqu'il vivait, et dans les
Numa Pompilius institua parmi les Romains endroits du monde où sa philosophie fut en-
des dieux bien différents de ceux qui étaient seignée, tous ceux qui ont pu la connaître y
précédemment adorés dans l'Italie ni leur
dire qu'au temps de Pythagore on commença
; : ?
ont ajouté foi et ont voulu la suivre Je dirai
plus Si Pythagore avait eu assez de puissance
à professer une philosophie qui, avant lui, pour enseigner son dogme où et quand il vou-
apud Patrem manentem, et in carne venturum.Nec viventibusfortasse latitabat: sed utrum illi dii, veri
quia pro temporum varietate nunc factum annun- aut colendi sint; et utrum illa Philosophia anima-
tiatur, quod tunc futurum prsenuntiabatur, ideo rumsaluti aliquid prosit, hoc cum eis agimus, hoc
fides ipsa variata, vel salusipsa diversa est. Nec quia in quæstionem vocamus, hoc disputando convelli-
una eademque res, aliis atque aliis sacris et sacra-mus. Desinant igitur objicere nobis, quod omni
mentis vel pradicatur aut prophetatur, ideo alias sectæ, et omni nomini religionis objici potest.
Cum enim non fortuito labi, sed divina providen-
atque alias res, vel alias atque alias salutes oportet
intelligi. Quid autem quando fiat quod ad unam tia tempora ordinari fateantur, quid enique tem-
eamdemque fidelium et piorum liberationem perti- pori aptum et opportunum sit, humanum consi-
neat, consilium Deo tribuamus, nobis obedientiam lium prætergreditur, et illinc disperitur, unde ipsa
teneamus. Proinde aliis tunc nominibus et signis, providentia rebus consulit.
aliis autem nunc, et prius occultius, postea mani- 14. Si enim dixerint, propterea non semper nec
festius, et prius a paucioribus, postea a pluribus,ubique fuisse Pythagoricam disciplinam, quia Py-
una tamen eademque religio vera significatur et thagoras homo fuit, neque hoc in potestate ha-
observatur. bere potuit : numquid hoc etiam dicere possunteo
13. Nec nos eis objicimus, quod aliter Numa ipso tempore quando fuit, et in his terrarum locis
Pompilius deos colendos Romanis instituit, atque ubi illa philosophia viguit, omnes qui eum audire
aliter ab eis vel Italis antea colebantur, nec quod potuerunt, etiam credere sectarique voluisse Ac?
Pythagoreis temporibus illa philosophia celebrata per hoc magis si tantæ potestatis fuisset Pytha-
dogmata ,
est, quæ antea vel omnino non erat, vel in paucis- goras, ut ubi vellet, et quando vellet, sua-
simis eadem sentientibus, non tamen eodem ritu prædicaret, et si haberet etiam cum ea potestate
drait, et si avec cette puissance il eût encore temps où sa parole n'a pas été prêchée, les
possédé la prescience universelle des choses, il hommes seraient, même après la prédication
ne se serait montré que dans les temps et dans de son Évangile, tels que l'ont été, en grande
les lieux où il aurait prévu qu'il trouverait des partie, ceux qui, ayant vu le Sauveurpen-
hommes qui croiraient à son dogme. Nos ad- dant qu'il était sur la terre, n'ont pas voulu
versaires n'objectent pas contre le Christ que le reconnaître comme Dieu, quoiqu'il eût rap-
sa doctrine n'est pas suivie par tous les hom- pelé bien des morts à la vie; comme nous
mes, car ils sentent bien qu'on pourrait re- voyons encore aujourd'hui bien des hom-
tourner cette objection contre la sagesse de mes qui, malgré l'accomplissement mani-
leurs philosophes ou contre la puissance de feste des prophéties, ne veulent pas croire en
leurs dieux. Que répondraient-ils si, sans vou- lui, et aiment mieux résister à la vérité par
loir sonder la profondeur de la sagesse divine, des subtilités humaines que de se rendre à des
où il y a peut-être quelque dessein divin que témoignages si clairs, si évidents, si sublimes
nous ne pouvons pénétrer, et sans toucher à et si glorieusement répandus dans le monde
d'autres causes, que les sages peuvent chercher entier. Et pourtant, l'esprit de l'homme si
à approfondir, nous leur dirons seulement en faible et si petit ne devrait-il, avant tout, s'at-
peu de mots, pour ne pas trop prolonger cette tacher à ce que Dieu lui fait connaître sa de
discussion, que Jésus-Christ n'a voulu se vérité. Doit-on donc s'étonner si Jésus-Christ,
montrer (1) aux hommes et leur annoncer sa qui connaissaitl'infidélité des premiers siècles,
doctrine que quand et où il savait qu'il trou- n'ait pas voulu se manifester ni annoncer sa
verait-des hommes qui croiraient en lui? Car doctrine à ceux dont il prévoyait l'incrédulité
il prévoyait que dans les lieux et dans les pour sa parole et ses miracles ?
En effet, il est
(1) Les semi-Pélagiens de Marseille produisaientce passage pour défendre leur erreur. Averti de cette chose par sain
Hilaire, dans le nombre 3 de la lettre 219e, saint Augustin expliqua sa pensée dans le chapitre 9 du livre de laprédesti-
nation des Saints, où il dit : Ne voyez-vous donc pas que je n'ai vouludire que ce seul mot de la prescience de Jésus-
Christ, parce que j'ai cru que cela suffisait pour confondre l'infidélité des Païens, qui nous faisaient cette objection?
Car qui peut douter que Jésus-Christ n'ait prévu quels seraient ceux qui croiraient en lui, et cela, en quel temps et en
quels lieux? Mais je n'ai pas cru devoir discuter, si, quand on leur aurait annoncé Jésus-Christ, ils auraient eu foi en
lui de leur propre vouloir,ou si c'était Dieu qui Jeui aurait donné cette foi, c'est-à-dire si cela était un effet de la pres-
cience ou dela prédestination. Quant àce que j'ai dit, que le Christ n'avait voulu se montrer aux hommes, et leur
annoncer sa doctrine, que quand et où il saurait qu'il trouverait des hommes qui croiraient en lui, c'est comme si je
disais, que Jésus-Christ n'a voulu se montrer aux hommes et leur faire annoncer sa doctrine, que dans les lieux et
dans les temps où il savait que devaient être ceux qui avaient été élus en lui, avant la création du monde.
summam rerum præscientiam nusquam et num- parere Christum, et apud eos prædicari doctrinam
quam appareret, nisi ubi et quando sibi homines suam, quando sciebat, et ubi sciebat esse, qui in
credituros esse prænosceret. Proinde cum Christo eum fuerant credituri? His enim temporibus et his
quuntur ;
non objiciant, quod ejus doctrinam non omnes se-
sentiunt enim et ipsi nequaquam hoc re-
cte objici posse, vel philosophorum sapientiæ vel
locis, quibus Evangeliurn ejus non est prædicatum,
tales omnes in ejus prædicatione futuros esse præ-
sciebat, quales non quidem omnes, sed tamen
etiam numini duorum suorum : quid respondebunt
si excepta alia altitudine sapientiæ et scientiæ Dei,
ubi furtassis aliud divinumconsilium longe secre-
multi in ejus corporali præsentia fuerunt, qui in
eum nec suscitatis ab eo mortuis credere voluerunt
quales etiam nunc multos videmus, cum tanta ma-
:
tius latet, sine præjudicio etiam aliarum forte caus- nifestatione de illo compleantur præconia Prophe-
sarum, quæ a prudentibus investigari queunt, hoc tarum, nolle adhuc credere, et malle humana astutia
solum eis brevitatis gratia, in hujus quæstionisd's- resistere, quam tant claræ atque perspicuæ tam-
putatione dicamus, (a) tunc voluisse hominibus ap- que sublimi et sublimitr diffamatæ divinæ (b) ce-
(a) Semipedagiani Massilienses locum hunc producebant in sui erroris præsidium. Cujus rei admonitus Augustinus ab
Hilario in epistola 219. sic demum vindicavit et explicuit suam sententiam in lib. de Prædestinatione Sanctor. c. IX,
Cernitisneme sineprajudicio tatentisconsiliiDeialiarumquecaussarum,hocdeprœscientia Christi dicere voluisse, quodconyin-
cendœpaganoruminfidelitati, qui hanc objecerant questionem, sufficereviderelur
? ? Quid enimestverius, quamprœsscisseChristum,
qui etquando et quibus locis in eum fuerant credituri Sed utrum prædicato sibi Christo a seipsis habituri essent fidem, an Deo
donante sumturi, id est utrum tautummodo eos præscierit, an etiamprœdestinaverit Deus, quœrere ac differere tunc necessarium
nonputavi. Proinde quoddixi, tunc voluisse homin'bus apparere Christum, et apud eos prædicari doctrinamsuam,quan-
do sciebat, et ubi sciebat e'ie, qui in eum fuetunt credituri ; posset etiam sic dci, tunc voluisse hominibus appurere
Christum, et apud eos prœdicari doctrinam suam, quando sciebat, et ubi sciebat esse, qui electi fuerunt in ipso ante mundi cons-
-
tilutionem.-
(b) Ita MSS. melioris notæ. At editi hic et infra habent, credere.
permis de croire que, dans ces premiers temps, mention ? Ainsi le salut de cette religion, la
;
tous auraient été tels qu'ont été et tels que
nous en voyons tant d'autres depuis l'avé-
nement du Christ jusqu'à nos jours.
seule véritable, la seule qui puisse
nous pro-
mettre le vrai salut, n'a jamais manqué à celui
qui en était digne et n'a fait défaut (1) qu'à
15. Cependant, depuis le commencement du ce-
lui qui ne le méritait pas, et depuis le
com-
genre humain. Dieu a toujours annoncé la ve- mencement de la race humaine jusqu'à la fin
nue du Messie par des prophéties plus ou moins des siècles, cette religion est et sera prêchée
claires, selon que sa divine providence le ju- sur la terre, aux uns pour leur récompense,
geait convenable à la diversité des temps. Tou- aux autres pour leur condamnation. Il en est
jours il y a eu des hommes qui ont cru en lui, ùont à qui elle n'a pas été annoncée, parce que
depuis Adam jusqu'à Moïse, non-seulement Dieu savaient qu'ils n'y croiraient pas. Comme
dans le peuple d'Israël, qui par un mystère il en est d'autres à qui elle l'a été, quoiqu'ils
particulier, a été une nation prophétique, mais ne dussent pas y croire, afin de servir d'exem-
encore parmi les autres nations, et cela, long- ple aux premiers. Pour ceux à qui elle a été
temps avant l'incarnation de Jésus-Christ. En annoncée, et qui ont cru, Dieu leur réserve le
effet, dans le.3 livres saints des Hébreux, on en royaume des cieux et la sainte société des an-
voit quelques-uns, déjà du temps d'Abraham, ges.
qui n'étaient pas de sa race, ni du peupled'Is-
TROISIÈME QUESTION.
raël, qui n'appartenaient même en rien à ce
peuple, et à qui Dieu cependant a fait part de De la différence des sacrifices.
ce mystère. Pourquoi ne croirions-nous pas,
que chez les autres peuples, il y a eu aussi 16. Occupons-nous maintenant de la ques-
quelques hommes qui ont joui de la même fa- tion suivante: « Les Chrétiens, » dit-on, «con-
veur divine, quoique l'Écriture n'en fasse pas damnent les rites de nos sacrifices, les victimes,
dere auctoritati. Quamdiu parvus et infirmus est husnonlegamus? Ita salus religionis hujus, per
intellectus hominis, divinæ debet cedere veritati. quam solam veram salus vera veraciterque promit-
Quid ergo mirum si tam infidelibus plenum orbem titur, nulli umquam defuit qui dignus fuit, et cui
terrarum Christus prioribus sæculis noverat, ut eis defuit, (a) dignus non fuit. Et ab exordio propaga-
apparere, vel prædicari merito nollet, quos nec tionis humanæ, usque in finem, quibusdam ad
verbis, lleG miraculis suis credituros esse præscie- præmium, quibusdam ad judicium prædicatur. Ac
?
bat Neque enim incredibile est tales fuisse tunc per hoc et quibus omnino annuntiata non est, non
omnes, quales ab ejus adventu usque ad hoc tem- credituri præsciebantur : et quibus non credituris
pus, tam multos fuisse et esse miramur. tamen annuntiata est, in illorum exemplum de-
15. Et tamen ab initio generis humani, alias monstrantur : quibus autem credituris annuntiatur,
occultius, alias evidentius, sicut congruere tempo- et
in regnocælorum sanctorumAngelorum societati
ribus divinitus visumest, nec prophetari destitit, præparantur.
nec qui in eum crederent defuerunt, ab Adam
nqlle ad Moysen, et in ipso populo Israël, quæ spe- QUÆSTIO TERTIA.
ciali quodam mysterio gens prophetica fuit, et in
aliis gentibus antequam venisset in carne. Cum De sacrificiorum distinctione.
enim nonnulli commemorantur in sanctis hebraicis
libris jamex tempore Abrahæ, nec de stirpe carnis If). Jam videamus eam, quæ sequitur, quæstio-
hos-
ej us, nec ex populo Israël, nec exadventitia socie- nem. « Accusant, » inquit, « ritus sacrorum,
tate in populo Israël, qui tamen hujus sacrament tias, thura, et cetera, quæ templorum cultus exer-
participes fuerunt : cur non credamus etiam in ce- cuit; cum idem cultusab ipsis, » inquit, « vel a
teris hac atque illac gentibus, a1íÏs alios fuisse, Deo quem colunt exorsus est temporibus priscis,
quamvis eos commomoratos in eisdem auctoritati- cum inducitur Deus primitiis eguisse. »
(a) In hffic verba S. Augustinus in libro dePrædest. SS. c. x. Si discutitur, inquit et quæratar
sit dignus
undequisque
vel }Jræ/estil;atione divina.
non desunt qui dicant voluntate humona : nos autem dicimus. gratia
l'encens et tout ce-qui se pratique dans les tem- sujet d'une manière suffisante, il ne faudrait
ples, quoique dès les premiers temps ce même pas le traiter avec la brièveté qU9 nous nous
culte ait commencé par eux ou par le Dieu sommes proposé de mettre dans nos réponses.
qu'ils adorent, et qui selon eux a eu besoin des Au reste, nous en avonsdéjà parlé longuement
prémices de la terre. » dans quelques autres ouvrages (1), et ceux qui
17. Comme cette question est basée sur le avant nous ont expliqué les saintes Écritures
passage de nos saintes Écritures, où il est dit : ont suffisammentdémontré que les sacrifices de
« Caïn offrait à Dieu des fruits de la terre, et l'Ancien Testament n'étaient que des ombres et
Abel les prémices de son troupeau (Gen.,IV, des figures.
4), » nous répondons que ce passage indique 18. Cependant quelque désir que nous ayons
seulement à quelle haute antiquité remonte le d'être bref, nous ne pouvons nous dispenser de
sacrifice que les saintes et véridiques Écritures dire, que les faux dieux, qui sont des anges
nous recommandent d'offrir au seul et vrai
Dieu, non point parce que Dieu en a besoin,
puisque nous lisons dans ces mêmes Écritures : séductions, exigé de leurs adorateurs ,
prévaricateurs, n'auraient jamais, malgré leurs
des
temples, des sacerdoces, des sacrifices, et tout
a J'ai dit au Seigneur, vous êtes mon Dieu, ce qui s'y rapporte, s'ils n'avaient pas su que
parce que vous n'avez aucun besoin de mes tout cela n'appartient qu'au seul et vrai Dieu.
biens (Ps., xv, 2), » mais lorsque Dieu agrée Quand ce culte est rendu à Dieu, selon ce qu'il
ou rejette ces offrandes, il ne consulte en cela lui a plu d'inspirer et d'enseigner aux hommes,
que l'intérêt des hommes,car ce n'est pas à lui, il est de la vraie religion. Lorsqu'on le rend
mais à nous que profite le culte que nous lui aux démons, pour satisfaire leur orgueil et
rendons. Quand il nous inspire et nous apprend leur impiété, il est une superstition aussi cou-
les moyens de l'honorer, c'est pour notre plus pable que dangereuse. C'est pourquoi, ce que
grande utilité, mais non parce qu'il a besoin les hommes, versés dans la connaissance de
de nos hommages. Tous ces sacrifices sont des l'Ancien et du Nouveau Testament, blâment
signes qui nous invitent à approfondir, à con- dans les cérémonies sacriléges des Païens, ce
naître et à nous remettre en mémoire les cho- n'est pas d'élever des temples, d'instituer des
ses dont ils sont les images. Pour discuter ce sacerdoces, de faire des sacrifices, mais d'ho-
(1) Livre XXII contre Fauste et chapitre XIX etXX du livre x de la Cité de Dieu.
17. Huic respondetur, quoniam ex illo Scriptura- in aliis opusculis nostris,de hac re multa jam dixi-
rum nostrarum loco hæc quæstio proposita agnosci- mus. Et qui ante nos Dei eloquia tractaverunt, de
tur, ubi scriptum est, «Cainexfructibusterræ,Abel similitudinibus sacrificiorum veteris Ttstamenti,
autem ex primitivisoviumobtulisse munus Deo(Gen., tamquam umbris figurisque futurorum copiose lo-
IV. 4). Hinc potius esse intelligendum, quam sit cuti sunt.
res antiqua sacrificium, quod non nisi uni Deo vero 18. Hoc sane nec in ista brevitate prætereun-
offerri oportere veraces et sacræ litteræ monent: non dum est, quod templum, sacerdotium, sacriticium,
quod illo egeat Deus, cum in eisdem ipsis litteris et alia quæcumque ad hæc pertinentia, nisi uni
apertissime sit scriptum, <i Dixi Domino, Deus meus vero Deo deberi nossent dii falsi, hoc est dæmo-
es tu, quoniam bonorummeorum non eges (Psal., nes, qui sunt prævaricatores angeli, numquam hæc
:
XV, 2) n sed quod etiam in his, vel acceptandis
vel reprobandis velpercipiendis,non nisi hominibus
sibi a cultoribus suis, quos decipiunt, expetissent.
Verum hæc cum exhibentur Deo, secundum ejus
:
consulat. Nobis enim prodest colere Deum, non ipsi
Deo. Cum ergo inspirat et docet quomodo colendus
sit, non solum sua nulla indigentia facit, sed nostra
maxima utilitate. Significativa sunt autem omnia
talia sacrificia, et quarumdam rerum similitudines.
superbiam ,
inspirationem atque doctrinam, vera religio est
cum autem dæmonibus, secundum eorum impiam
noxia superstitio. Quapropter qui
Christianas litteras utriusque Testamenti sciunt,
non hoc culpant in sacrilegis ritibus paganorum ,
quibus admoneri nos oportet ad ea ipsa, quorum
similitudines sunt, sive scrutanda, sivi noscenda,
sive recolenda. De quare, quantum satis est, disse-
;
quodconstruant templa, et instituant sacerdotia, et
faciant sacrificia sed quod hæc idolis et dæmoniis
exhibeant. Et idola quidem omni sensu carere,quis
reuda,non brevis sermo flagitandus est, quo nunc dubitet? Verumtamen cum his locantursedibus,
respondere nobis propositum est; præsertim quia honorabili sublimitate, ut a precantibus atque im-
norer par là des idoles et des démons. Car,
quoique ces idoles soient privées de tout sens,
:
dit positivement « Tous les dieux des nations
sont des démons (Ps., XCV, 5). » La doctrine
quand on les voit placées avec honneur sur des des Apôtres ne se contente pas de dire comme
autels élevés, et comme attentives aux prières saint Jean, e. Mes frères, gardez-vous des idoles
et aux sacrifices qu'on leur offre, la ressem- (I Jean., V, 21). » Mais elle nous dit aussi avec
blance de leurs membres inertés avec des créa- saint Paul, « Quoi donc? est-ce que je dis que
tures douées de vie et de raison, frappe les ce qui est immolé aux idoles ait quelque vertu?
esprits faibles, qui les prennent pour des êtres Ou que l'idole soit quelque chose? Mais ce
vivants et respirants, surtout en voyant avec que les Gentils immolent c'est aux démons
quelle vénération la foule se presse autour de qu'ils l'immolent et non pas à Dieu. Or, je veux
leurs autels, pour les adorer. que vous n'ayez aucune société avec les dé-
19. C'est à cette maladie d'esprit, c'est àces mons (I Cor., x, 9).» On peut conclure de ces
impressions dangereuses que l'Écriture cherche paroles de l'Écriture, que dans la superstition
à apporter un remède lorsque pour graver des Gentils, ce n'est pas l'immolation elle-
;
placées hors de la portée de notre vue, soient
des démons mais comme toutes les créatures
sont partagées en deux classes, l'une corporelle,
différence de nom, c'est-à-dire qu'ils appellent
dieux, ce que nous appelons anges, ils sont le
jouet des démons qui multiplient leurs ruses
et l'autre incorporelle ou spirituelle, il est évi- pour les tromper, et qui fontleur jouissance et
dent que tout ce que nous faisons avec un sen- en quelque sorte leur pâture de l'erreur des
timent de piété et de religion, part de la vo- hommes. Les saints anges n'approuvent d'autre
lonté de l'âme, qui est une créature spirituelle, sacrifice que celui qui, selon la saine doctrine
et préférable à tout ce qui est corporel. Il faut de la vraie sagesse et de la vraie religion, est
donc en conclure qu'on ne doit pas offrir de offert au seul et vrai Dieu, pour le service du-
:
sacrifices à la créature corporelle. Reste la
spirituelle qui est sainte ou impie sainte
quel ils s'unissent en une sainte société. Ainsi,de
même que l'impiétéet l'orgueilsoit des hommes,
;
comme sont les bons anges et les hommes qui
servent Dieu selon sa doctrine impie comme
les hommes iniques et les mauvais anges,
soit des démons, désirent ou exigent ces hon-
neurs qui sont dus à Dieu seul, de même la
piété et l'humilité des hommes justes et des
qu'on appelle démons. Il ne faut donc pas sa- bons anges, les refusent quand on les leur offre,
à
crifier une créature spirituelle, quelque juste et montrent à qui ils sont dus, C'est ce que les
qu'elle soit, car plus elle est sainte et soumise saintes Écritures nous apprennent par des
à Dieu, moins elle se juge digne d'un hon- exemples nombreux.
neur qu'elle sait n'être dû qu'à Dieu seul. Com- 21. Il y a une différence de sacrifices, selon
bien donc, est-il plus condamnable de sacrifier la différence des temps. Autres ont été ceux
y
aux démons, c'est-à-dire à ce qu'il a de plus
inique parmi les créatures spirituelleshabitant ,
qui ont précédé la manifestation du Nouveau
Testament établi sur la vraie victime du
cette basse et obscure région du ciel comme
une prison aérienne, et prédeslinés à un sup-
plice éternel. C'est pourquoi, lorsque les Païens
l'effusion du sang de Jésus-Christ ;
prêtre unique et souverain, c'est-à-dire sur
pretatio ad creaturam refertur, non ad Creatorem, no? Quamobrem etiam cum se hommes superiori-
cui uni debetur servitus religionis illa, quæ uno no- bus cælestibus potestatibus, quæ non sunt dæmo-
mine ÀQr..pdQ; græce appellatur. fvTec nos dicimus nia, sacrificare dicunt, et solius nominis interesse
terram, maria, cælum, solem, lunam, stellas et arbitrantur, quod illis deos, nos eos Angelos appel-
quasdam non ia promtu sitas cælites potestates esse lamus, non se opponunt eis ludificandis multiplici
dæmonia: sed cum omnis creatura partim corpora- fallacia, nisi dæmones, qui errore delectantur, et
lis sit, partim vero incorporalis, quam etiam spi- quodammodo pascuntur humano. Quoniam sancti
ritalem vocamus, manifestum est, id quod a nobis Angeli non approbant sacrificium, nisi quod ex
pie ac religiose fit, a voluntate animi proficisci, doctrina veræ sapientiæ, veræque religionis offer-
quæ creatura spiritalis est, et omni corporali præ- tur uni vero Deo, cui sancta societate deserviunt,
ponenda. Unde colligitur corporali creaturæ non Proinde sicut impia superbia, sive hominum, sive
esse sacrificandum. Restat spiritalis, quæ vel pia
vel impia : pia
est
justis, et Deo
scilicet, in hominibus et Angelis
rite servientibus: impia vero in ho-
jubet vel cupit :
dæmonum, sibi hos divinos honores exhiberi vel
ita pia bumilitas vel hominum,
vel Angelorum sanctorum, hæc sibi oblata reçu-.
minibus et angelis iniquis, quos etiam dæmones savit, et cui deberentur, ostendit. Cujus rei mani-
dicjmus. Ac per hoc JIeç spiritali, quamvis justæ festissima in sacris litteris nostris exempla mon-
creaturæ sacrificandum est. Quoniam quanto ma- strantur.
gis pia est et subdita Deo, tanto minus se tali ho- 21. Dispertita autem divinis eloquiis sacrificia
nore dignatur, quem scit non deberi nisi Deo. pro temporum congruentia, ut alia fierent ante
Quanto ergo perniciosius est sacrificare dæmoniis, manifestationem novi Testamenti, quod ex ipsa
hoc est iniquæ spiritali creatnræ, quæ in hoc pro- vera etunius sacerdotisvictima, hoc est, ex effuso
ximo et caligincso cælo habitans, tamquam in ae- Christi sanguine ministratur, et aliud nunc quod
rio carcere suo, prædestinata est supplicio sempiter- huic manifestationi congruum, qui jam declarato
de la nouvelle alliance, nous offrons, nous sur la proportion des supplices avec les péchés
tous qui portons le nom de chrétiens, et qui On a sur cette question calomnié l'Évangile.
est autorisé par les livres des prophètes et le En effet, « Jésus-Christ, » dit notre contradic-
saint Évangile. En effet, quoiqu'il n'y ait eu teur, a menace de supplices éternels, ceux qui
rien de changé à l'égard de Dieu et de la vraie ne croient pas en lui (Jean, III, 18) et ailleurs il
religion, mais seulement à l'égard des sacri-
fices et des sacrements, ce changement pour-
:
dit « Vous serez mesurés de la même mesure
dont vous aurez mesuré (Matt., VII, 2). » Il y a
rait paraître téméraire, s'il n'avait pas été pré- ici ridicule et contradiction. En effet, si le
dit longtemps d'avance. De même qu'un Christ doit punir selon une certaine mesure,
homme offrant à Dieu, le matin, un sacrifice comme toute mesure est nécessairement cir-
qui serait tout autre le soir, selon la conve- conscrite dans un certain espace de temps, que
nance de la journée, ne changerait pour signifient ces mesures du supplice éternel » ?
cela ni de Dieu ni de religion, comme celui
par exemple qui saluerait son ami, le soir, au-
trement que le matin, ne changerait rien pour
;
23. Il est difficile de croire que cette objec-
tion ait été faite par un philosophe car on dit
que toute mesure est circonscrite dans un cer-
cela à la nature et à l'intention de son salut; de tain espace de temps Cela serait vrai, s'il s'a-
même dans le cours des siècles, quoique les gissait seulement de la mesure des heures, des
saints des premiers temps lui aient offert un jours, des années et même des syllabes, qui,
sacrifice différent de ceux d'aujourd'hui, il n'y tantôt brèves, tantôt longues, se mesurent par
a pas en cela de présomption humaine, mais le temps même de la prononciation.Mais les
un ordre et une autorité émanant de Dieu. Il y muids, les boisseaux, les urnes, les amphores
a bien changement dans la manière de célé- sont aussi des mesures, et ne servent pourtant
brer les saints mystères, selon la convenance pas à mesurer le temps. Comment donc toute
des temps, mais il n'y a ni changement de mesure serait-elle circonscrite dans un certain
Dieu, ni changement de religion. espace de temps? Les païens ne disent-ils pas
eux-mêmes, que le soleil est éternel. Ils ne
QUATRIÈME QUESTION
craignent cependant pas d'en mesurer la gran-
Sur cette parole de l'Écriture.- « Vous serez me- deur par les règles de la géométrie, et de dé-
surés de la même mesure dont vous aurez mesuré.» terminercette grandeur proportionnellementà
22. Examinons maintenant la question posée celle de la terre. Qu'ils puissent ou qu'ils ne
nomine Christiani appellamur, offerimus, non so- de mensura peccati atque supplicii proposuit, sic
lllIn evangelicis, verum etiam propheticis litteris Evangelio calumniatus. « Minatur, inquit, Christus
demonstratur. Mutatio quippe non Dei, non ipsius sibi non credentibus, æterna supplicia, et alibi ait
religionis, sed sacrificiorum et sacramentorum im- (Johan.,III,18); » « In qua mensura mensi fueri-
pudenter nunc videreturpraedicata. nisi fuisset an- tis, remetietur vobis. Satis, inquit, ridicule atque
te pryedicta. Quemadmodum mini unus idemque contrarie. Nam si ad rnensuram redditurus est
homo, si Deo mane aliud offerat,aliudvespere, pro pœnam, et omnis mensura circumscripta est fine
cong'llclltia diurni temporis,non Deum mutat, nec temporis, quid sibi volunt minae infiniti supplicii
:
religionem, sicut nec salutem qui aliomodomane,
alio vespere salutat ita in universo tractu sæculo-
rum, cum aliud oblatum est ab antiquis sanctis,
(MatthVII, 2). »
23. Istam quaestionem a qualicumque philoso-
pho esse objectam atque propositam, difficile est
aliud ab eisqui nunc sunt offertur, non humana credere:quippequiait, «omnis mensura circumscri-
præsumtione sed auctoritate divina, temporibus biturtempore,»quasi non soleat nisi temporumesse
congrua sacra mysteria celebrantur, non Deus aut mensura,sicut horarum et dierum et annorum,vel si-
rcligio commutatur. cutdicimusbrevemsyllabamsimplumhaberetempo-
ris, ad syllabam longam. Puto enim modios et rabo-
QUÆSTIO QUARTA
nes,urnas et amplioras,non temporum esse mensu-
De eo quod scriptum est, In qua mensura mensi fueri-
ras. Quomodo ergo omnis mensura circumscribitur
tis remetietur vobis. tempore? iNonne ipsi dicunt, solem istum sempi-
22. Jam nunc deinde videamus, quale sit quod :
ternum esse qui tamen quantus sit ad terram,men-
puissent pas la déterminer, toujours est-il que colte. De même si l'on disait, ce que vous aurez
le globe du soleil a une mesure qui lui est
propre et qu'ils connaissent s'ils sont capables
de la déterminer, qu'ils ignorent, au contraire,
mêmes ;
fait souffrir aux autres, vous le souffrirez vous-
ces paroles nesignifieraient point que
celui qui aurait séduit, serait séduit à- son
s'ils sont incapables d'en faire le calcul. Cepen- tour; mais ce qu'il aura fait contre la loi par
dant elle n'en existe pas moins. Une chose ce péché, la loi à son tour le fera contre lui ;
peut donc être éternelle et avoir une mesure c'est-à-dire que comme il aura rejeté de sa
certaine de ce qu'elle est en elle-même. Je ne vie la loi qui défend un tel crime, de même la
parle ici de l'éternité du soleil que pour me loi le rejettera de la vie et de la société des
conformer à leur opinion, que pour les con- hommes qu'elle gouverne et régit. Quand
vaincre par leurs propres sentiments et les for- Jésus-Christ aurait dit encore, on vous fera la
cer d'avouer que quelque chose peut être éter- même mesure que vous aurez faite aux autres,
nel, et borné à une certaine mesure. Ainsi ils il ne s'ensuivrait pas pour cela que les peines
ne peuvent se refuser à croire au' supplice dussent être en tous points égales au péché.
éternel dont le Christ menace les méchants, en Ainsi, par exemple, il y a une grande diffé-
s'appuyant sur ces paroles de Jésus-Christ : rence entre le froment et l'orge, et on pourrait
dire,on vous mesureraautantquevousaurez me-
« Vous serez mesurés de la même mesure dont
vous aurez mesuré. » suré, c'est-à-dire autant de froment que d'orge.
;
24. Si le Christ avait dit, ce que vous aurez
mesuré, on vous le mesurera cela ne voudrait
S'il s'agissait de douleurs, et qu'on dît Au-:
tant vous en aurez fait souffrir aux autres, au-
: ;
pas dire que ce que nous aurons fait aux au-
tres, on nous le fera à nous-mêmes comme on
peut dire vous recueillerez ce que vous aurez
tant vous en souffrirez vous-mêmes, il pourrait
se faire que la douleur qu'on souffre fût aussi
forte que celle qu'on a fait souffrir aux autres,
planté, quoique personne ne plante le fruit, mais qu'elle se prolongeât plus longtemps. Ces
mais l'arbre, et que ce soit le fruit et non deux douleurs seraient égales du côté de la
l'arbre que l'on récolte. On désigne seulement violence; elles ne le seraient pas sous le rap-
par là l'espèce d'arbre et on ne veut dire port de la durée. Si nous disions de deux
autre chose, sinon qu'après avoir planté un lampes, qu'elles ontjeté un éclat aussi vif l'une
figuier, ce ne sont pas des noix que l'on ré- que l'autre, dirions-nous quelque chose de
?
suris geometricis perscrutari audent et renuntiare
Quod sive possint sive non possint, constat eum ta-
;
sed illud dicimus secundum arboris genus quia
non ficum plantat unde nucem decerpat. Ita dici
men propriam uri orbis habere mensuram. Quia et posset, Quod feceris patieris; non ut si stuprum fe-
si comprehendunt quantus sit, mensuram ejus com- cerit, stuprum patiatur; sed quod peccato isto fecit
prehendunt; et si hoc non assequuntur, mensuram legi, hoc ei lex faciat, id est quia legem talia pro-
ejus utique non comprehendunt:nec ideo nulla est, hibentem de sua vita abstulit, auferat eum etiam
quia homines earn nosse non possunt. Potest igitur ipsa lex de hominum vita quam regit. Item si di-
aliquid et sempiternumesse, et certam sui modi ha- xisset, Quantum mensi fueritis, tantum remetietur
beremensuram. Secundumipsos enim desolisaeter- vobis; nec sic esset consequens, ut omni modo
nitate locutus sum, ut sua sententia convincantur, aequales peccatis pœnas intelligere deberemus. Ne-
atque concedant esse posse aliquid cum mensura que enim sequalia sunt verbi gratia, triticum et
sempiternum. Ac sic non ideo putent non esse cre- hordeum; et profecto dici posset, Quantum mensi
dendum de supplicio sempiterno, quod minatus est fueritis tantum remetietur vobis, hoc est quantum
Christus, quia idem dixit, « In qua mensura mensi tritici, tantum hordei. Quod si de doloribus agere-
fueritis, remetietur vobis. tur, atque diceretur, Quantum dolorem ingesseritis,
24. Si enim dixisset, Quod mensi fueritis, hoc tantus ingeretur vobis; fieri posset ut tantus dolor
metietur vobis; etiam sic non omnino ad eamdem esset, quamvis tempore diuturnior, hoc est mora
rem ex omni parte necesseesset referre sententiam. major, vi par. Neque enim si de duabus lucernis
Possumus enimrecte dicere, Quod plantaveris, hoc dicamus, Tantum ignis iste caluit, quantum ille ;
decerpes; quamvis nemo plantet pomum sed li- ideo falsum erit, quia una earum forte citius ex-
gnum, decerpat autem pomum magis quam lignum: stincta est. Non itaque si aliquid secundum aliud
faux, parce que l'une se serait peut-être éteinte
?
plus vite que l'autre Ainsi ce qu'il y a d'iné-
;
point jugés car vous serez jugés comme vous,
aurez jugé les autres.» Cela veut-il dire que
gal sous certains rapports entre deux choses
d'ailleurs égales, ne détruit pes ce qu'il y a
d'égal entre elles.
:
ceux qui ont jugé injustement, seront injuste-
?
ment jugés Non certes car il n'y a pas d'in-
:
choses,l'espèce et la quantité, on peut dire
avec vérité « On a mesuré pour lui de la même
»
26. Outre les supplices extérieurs, qui sont
réservés aux suites de la mauvaise volonté, il
mesure dont il a mesuré. Les paroles de Jé- y a une autre punition qui s'exerce dansl'âme;
sus-Christ s'expliquent suffisamment par ce où l'action de la volonté est la mesure certaine
ment;
qui précède. En effet, il avait dit précédem-
«
Ne jugez pas, pour que vous ne soyez
de toutes les actions humaines. Dans ce for
intérieur, le châtiment suit immédiatement
tantum est, secundum aliud non est tantum, quia non judicemini. In quo enim judicio judicaveritis,
judicabimini. » Numquid si iniquo judicio judica-
non omni modo tantum est, ideo falsus est modus ?
bunt, iniquo judicabuntur Absit.Nulla quippeini-
, in quo tantum est.
25. Cum vero dixerit, « In qua mensura mensi quitas apud Deum. Sed ita dictum est, « In quo
»
fueritis, remetietur vobis; cumque manifestum judicio judicaveritis, » in eo « judicabimini; tam-
sit, aliud esse mensuram in qua metitur aliquid, quam diceretur, In qua voluntate benefeceritis, in
aliud ipsam rem quæ metitur : jam fieri potest, ut • ipsa liberabimini; velin qua voluntatemalefeceritis,
in qua mensura homines mensi essent, verbi gratia, in ipsa puniemini. Velut si quisquam ad turpem
concupiscentiam oculis utens, excæcari juberetur,
modium tritici, in ea illis metirentur milliamodio-
rum,ut ettam multum interesset inquantitatefru- recteutique audiret, In qnibus oculis peccasti, in
menti, et nihil in mensura : ut taceam de. ipsarum eis supplicium meruisti. Judicio cnim quisque
rerum diversitate; quia non solum fieri potest, ut animi sui, seu bono seu malo utitur vel ad benefa-
in qua mensura quis mensus fuerit hordeum, in ea ciendum velad peccandum. Unde non iniquum est,
illimetiatur triticum; sedin qua mensura mensus ut in quo judicat in eo judicetur, hoc est ut in ipso
fuerit frumentum, in ea illi metiatur aurum, et animi suijudicio poenas luat, cum ea malapatitur,
consequuntur.
frumenti sit unus modius, auri autem, quamplu- quæ male judicantem animum
rimi. Ita cum sine comparatione rerum ipsarum, et 26. Alia namque sunt manifesta tormenta quae
genus, et quantitas differat; dici tamen rectissime post futura prseparantur,etiamipsa'exeodem mala*
potest, In qua mensura mensus est, in eailli meti- voluntatis cardine (a) adtracta : In ipso autem animo,
tum est. Unde autem hoc dixerit Christus, paulo ubi appetitus voluntatis humanorum omnium est
mensura factorum, continuo poena sequitur
cul-
superius satis elucet : « Nolite, inquit, judicare, ut
malheureux ;
par la volonté que nous sommes heureux ou
c'est-à-dire que ce bonheur ou ce
malheur est le résultat de la volonté, qui est la
plice de l'âme. C'est elle qui trouve sa jouis-
sance dans le péché, c'est elle aussi qui doit
en porter la peine. Celui qui juge sans miséri-
mesure de tout ce que nous faisons de bien ou corde, doit être jugé sans miséricorde. Cette
de mal. C'est sur la qualité de la volonté et sentence de l'Écriture montre que la mesure
non sur l'espace de temps que se mesurentles est toujours la même, c'est-à-dire que la. même
bonnes ou les mauvaises actions. Autrement ce proportion reste entre le péché et la peine,
;
serait une plus grande faute d'abattre un
arbre que de tuer un homme car il faut beau-
coup de temps et des coups répétés pour
mais que cette proportion consiste en ce qu'il
ne sera point fait à l'homme ce qu'il n'aura
pas fait pour les autres. Le jugement de Dieu
abattre un arbre, tandis que peu de temps et sur l'homme sera éternel, quoique le jugement
un seul coup suffisent pour tuer un homme. exercé par l'homme dans son péché n'aitété
Cependant si pour ce crime si grand, mais que de courte durée. S'il y a des supplices sans
commis en si peu de temps, un homme était fin pour des crimes qui n'ont été que passa-
pam, plerumque major non sentientis cæcitate gra- quamvis in spatio temporali longitudo pœnae cum
viore. Ideo cum dixisset, « In quo judicio judicave- brevitate facinoris nullo modo sit comparanda.
»
ritis, judicabimini; secutus adjunxit, « Et qua Quid ergo contrarium est, si erunt pariter longa,
mensura mensi fueritis, metietur vobis. In volun-
tate propria, metietur bonus homo bona facta, et
in ea metietur ei beatiludo. Itemque in voluutate
:
vel etiam pariter seterna supplicia, sed aliis alia mi-
tiora, vel acriora ut quibus tempus æquale est,.
non sit æqualis asperitas, propter mensuram etiam
:ibi
propria, metietur malus homo mala opera, et
in ea metieLur ei miseria quoniam ubi quisqne
bonus est, cumbenevult, etiam malus cum male
peccatorum, non in productione temporum, sed in
voluntate peccantium ?
27. Voluntas quippe ipsa punitur, sive animi sup-
vult. Ac perhoc ibi etiam fit vel beatus vel miser, plicio sive orporis) ut quae delectatur in peccatis,
hoc est in ipso suae voluntatis affectu, quae omnium
factorum meritorumque mensura est. Ex qualitati-
bus quippe voluntatum, non ex temporum spatiis,
sericordia sine misericordia judicetur :
ipsa plectatur in poenis; et ut qui judicat sine mi-
et in hac
quippe sententia, adhocsolumeademmensuraest,ut
sive recte facta sive peccata metimur. Alioquin ma- quodnonpraestitit, non ei præstetur: atque ita quod
jus peccatum haberetur, arborem dejicere quam ipsejudicatur,aeternum erit; quamvis quodjudicavit,
hpminem occidere. Illud enim fit longa mora, icti- æternum esse nequiverit. In eadem igitur mensura,
bus multis; hoc uno ictu, brevissimo tempore: pro quamvis non æternorum malefactorum, æterna
quo tamen exigui temporis tam grandi peccato, si supplicia remetiuntur; ut quia æternam voluit ha-
perpetua deportationehomo puniretur, etiam mitius bere peccati perfructionem, seternamvindictae inve-
cum illo actum, quam dignus fuerat, diceretur : niat severitatem. Non autemsinitpropositabrevitas
gers, la mesure est toujours la même, parce
que, comme le pécheur aurait voulu jouir
sa bouche: « Dieu m'a engendré avant toutes
»
les collines (Prov., VIII, 25). Et qu'est-ce que
éternellement du plaisir qu'il trouvait dans ?
le Christ, sinon la sagesse de Dieu Dans un
son péché, il doit trouver dans le châtiment
qu'il en subit une sévérité éternelle.' La briè-
veté que je me suis imposée dans mes réponses,
ment:
autre endroit des Proverbes, Salomon dit égale-
« C'est Dieu qui m'a enseignéla sagesse,
et j'ai connu la science des saints. Quel est celui
ne me permet pasde recueillir tout ouseulement qui est monté au ciel et qui en est descendu ?
une partie de ce que les Saintes Écriture disent Qui est-ce qui a renfermé les vents dans son
sur les péchés et la punition des péchés,pour en ?
sein Qui a resserré les eaux comme dans un
dire ici clairement ce que j'en pense. Peut- vêtement? Qui est-ce qui a rempli toute l'éten-
être même, si j'en avais le loisir, mes forces due de la terre? Quel est son nom, et quel est
n'y suffiraient pas. Cependant je crois avoir celui de son Fils (Prov., xxx, 3, 4)? » De ces
suffisammentdémontré qu'il n'y a rien de con-
traire entre l'éternité des supplices et les pa-
roles de l'Écriture qui nous disent que les nom?»
; : :
deux passages que je viens de citer, l'un se
rapporte au Père celui-ci « quel est son
comme il avait été dit également « c'est
hommes seront mesurés à la mesure des fautes Dieu qui m'a enseigné la sagesse. » L'autre se
qu'ils auront commises.
?
:
rapporte évidemment au Fils « Quel est le
nom de son Fils » comme s'y rapportent égale-
CINQUIÈME QUESTION. ment les paroles suivantes : « Qui est-ce qui est
?
Du Fils de Dieu selon Salomon. :
monté au ciel, et qui en est descendu » Ainsi
saint Paulnous dit lui-même « Celui qui est
descendu du ciel, est celui-là même qui est
28. Après cette question tirée, comme les monté au plus haut des cieux (Éphes., IV, 10).»
autres, de Porphyre, notre contradicteur ajoute QuandSalomon dit : « Qui est-ce qui tient les
:
ceci «Vous daignerez certainement me faire
connaître si Salomon a véritablement dit Dieu :
vents enfermés dans son sein? » il désigne les
âmes des fidèles comme renfermées et comme
n'a pas de Fils.»
29. La réponse est facile :non-seulement
Salomon n'a pas dit cela, mais au contraire il
:
cachées dans le sein de Dieu, selon cette parole
de l'Apôtre « Vous êtes morts, et ce que vous
avez de vie est caché en Dieu avec Jésus-Christ
a dit que Dieu a un Fils. Car la sagesse dit par »
(Col., 111,3). Que signifient encore ces paroles:
responsionis meæ, ut colligam omnia, vel certe est Christus, nisi Dei Sapientii? Item quodam loco
quamplurima, quae de peccatis, et de peccatorum Proverbiorum, « Deus, inquit, docuit me sapien-
poenis sancti libri hauellt, atque ex his unam eniain tiam, et scienliam sanctorum cognovi. Quis adscen-
sine ulla auibiguitate sententiam, si tamen id va- dit in cælum, et descendit? Quis collegit ventos in
leam viribus mentis, ctiamsi congruum nanciscar sinum? Quis convertit aquam in vestimento ? Quis
otium. Nunc tamen arbitror satis esse monstratum, ?
tenuit lines terrae Quod nomen est ei, aut quod
non esse contrarium seternitati supplieiorllm, quod nomin est Filii ejus (Prov., xxx, 3)? » H"l'um duo-
in eadem mensura redduntur, in qua peccata com- rum, qua; in extremo commemoravi, unum retulit
missa sunt.
QILESTIO QUINTA.
De Filio Dei secundum Salomonem.
:
ad Patrem, id est, « Quod nomen est ei; » propter
quod dixerat, « Deus docuit me sapientiam » et
alterum evidenter ad Filium, cum ait, « aut quod
nomen est filii ejus; » propter cetera, quae de Filio
28. Post hanc quæstionem, qui eas ex Porphyrio magis intelliguntur, hoc est, « Quis adscendit in
proposuit, hoc adjunxit. « Sane etiam de illo, iu- cælum, et descendit; » quod Paulus ita commemo-
quit,me dignaberis instruere,si verè dixit Salomon, rat, o Qui descendit, ipse est et qui adscenditsuper
Filium Deus non habet. » omnes caelos (Eph., IV, 10) : Qui collegit ventos in
29. Citu respondetur, Non solum hoc non di-
xit, verum etiam dixit quod Deus habeat Filium.
Apud eum enim Sapienlia loquens ait, « Ante
:
sinum, » id est, animas credentium in OCCUltUlU
atque secretum quibus dicitur, Mortui enim estis,
et vita vestra abscondita est cum Christo in Deo :
omnes colles gennit me (Prov., VIII, 25). » Et quid Quis convertit aquam in vestimento (Col.,III,3);»
« Qui a resserré les eaux comme dans un vête- que ce genre de questions faisait beaucoup rire
ment? » Elles désignent « tous ceux qui ont les Païens.
été baptisés en Jésus-Christ et qui se sont revê- 31. On répond à cela, ou qu'il ne faut croire
tus de Jésus-Christ même (Gal., III, 27). » Enfin à encore des miracles divins, ou qu'il n'y a
:
quand Salomon dit « Quel est celui qui a pas de raison pour qu'on n'ajoute pas foi à
1
:
embrassé toute l'étendue de la terre ? » il indi-
que celui qui a dit à ses disciples « Vous me
rendrez témoignage à Jérusalem, dans toute la
celui-ci. Nous ne pourrions pas croire nous-
mêmes que le Christ est ressuscité le troisième
jour, si la foi des. Chrétiens redoutait les rail-
Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités leries des Païens. Mais comme notre ami ne
de la terre (Act., 1, 18). » nous a pas demandé, s'il fallait croire que
Lazare fût ressuscité le quatrième jour, ou
SIXIÈME QUESTION. Jésus-Christ le troisième, je suis étonné qu'il
ait posé comme incroyable, la question tou-
Du prophète Jonas. chant Jonas, à moins de penser par hasard, que
la résurrection d'un mort, sortant vivant de son
30. Cette dernière question, posée sur Jonas, sépulcre, soit chose plus facile et plus croyable,
:
n'est pas tirée de Porphyre, mais est posée déri-
soirement par les Païens « Que doit-on penser
de Jonas qui, dit-on, est resté trois jours dans
que la conservation d'un homme vivant dans
le vaste sein d'une baleine. Sans parler de ce
que les hommes, qui en ont été témoins, rap-
le ventre d'une baleine. Il est incroyable, in- portent de la grandeur de ces monstres marins,
vraisemblable, &ii8avbv qu'un homme, dévoré on a pu juger, par les côtes de la baleine expo-
avec ses vêtements,aitpu rester trois jours dans sées en public, à Carthage, combien d'hommes
le corps d'un poisson. Si c'est une figure, dai- pouvaient être contenus dans le ventre de ce
gnez me l'expliquer; dites-moi aussi ce que monstre, et quelle grandeur devait avoir l'ou-
veut dire cette citrouille qui poussa sur la tête verture de sa gueule, presque semblable à une
de Jonas après qu'il eut été revomi par la porte servant d'entrée à cette espèce de caverne.
baleine? PourquoLcette citrouille a-t-elle poussé Mais peut-être, comme notre païen l'a dit, les
ainsi (Jonas, II, 1, IV, 6).» Je me suis aperçu habits de Jonas l'ont empêché d'être englouti
ut dici posset, « Quotquot in Christum baptizati credatur, caussa nulla sit. In ipsum autem Chri-
estis, Christum induistis (Gal., III, 27). Quis tenuit stum, quod tertio die resurrexcrit, non credere-
fines terrae; » qui dixit discipulis suis, « Eritis mihi mus, si tides Christianorum cachinnum metueret
testes in Jerusalem, et in tota Judæa, et Samaria, et paganorum. Cum autem hinc qusestionem non pro-
usque in fines terræ (Act., 1, 8). » posuerit amicus noster, Utrum credendum sit, vel
Lazarum resuscitatum esse quarto die, vel ipsum
QUÆSTIO SEXTA Christum tertio die resurrexisse; multum miror hoc
De Jona Propheta.
30. Postrema qusestio proposita est de Jona, nec
:
quod factum est de Jona, eum pro incredibili po-
suisso. nisi forte facilius putat mortuum de sepul-
cro resuscitari, quam vivum in tam vasto ventre
:
ipsa quasi exPorphyrio, sed tamquam ex irrisione
paganorum. Sic enim posita est « Deinde quid
senlire, inquit, debemus de Jona, qui dicilur in
beluæ potuisse servari. Ut enim omittam comme-
morare, quanta magnitudo beluarum marinarum
ab eis, qui experti sunt, indicetur ; venter quem,
ventre ceti triduo fuisse; quod ~amSavov est et castæ illæ muniebant, quæ Carthagine in publico
incredibile, transvoratum cum veste hominem, fixæ populo notæ sunt, quot homines in spatio suo
fuisse in corde piscis. Aut si figura est, hanc digna- capere posset, quis non conjiciat, quanto hiatu
supra evomitum Jonatn cucurbitam natam ;
beris pandere. Deinde quid sibi etiam illud vult,
quid
caussae fuit, ut haec nasceretur (Jon., II, 1,4, 6)? »
palebat os illud, quod velut janua speluncae illius
fuit? Nisi forte, ut posuit, vestis esset impedimento,
ne Jonas vorari posset illæsus, quasi per angusta
Hoc enim genus quæstionis, multo cachinno a pa- sese coartaverit, qui per abruptum aeris præcipi-
ganis graviter irrisum animadverti. tatus, sic exceptus est, ut prius reciperetur ven-
31. Ad hoc respondetur, quod aut omnia di- tre bestiæ, quam dente laceraretur. Quamquam
vina miracula credenda non sint ; aut hoc cur non Scriptura neque nudum nequevestitum in illud an-
tout entier sans meurtrissures, comme si le entrer avec eux dans un autre genre de discus-
Prophète s'était fait petitpour se glisser à peine sion. En effet, ils ne doivent pas invoquer
un
par un passage si étroit; tandis que, précipité seul fait comme incroyable et le poser en ques-
du haut du vaisseau il fut reçu dans la gueule tion, mais ils doivent agir de même envers
du monstre et pénétra dans son ventre, avant tous les autres faits semblables, et envers ceux
d'avoir pu être déchiré par ses dents. L'Écri- qui leur paraissent encore plus merveilleux. Et
ture ne dit pas du reste, si c'est nu ou vêtu si cependant ce qui est écrit sur Jonas, l'était
qu'il fut jeté dans cette espèce de caverne, en sur Apulée de Madaure ou sur Apollonius
sorte qu'au besoin on peut croire qu'il était nu de Tyane, dont ils rapportent tant de prodi-
quand il fut précipité du haut du navire, et ges, sans témoignages d'auteurs authentiques,
que, dépouillé de ses vêtements, il pouvait être quoique les démons fassent quelquefois des
plus facilement absorbé parle monstre, comme choses semblables à celles des saints anges,
il faut qu'un œuf, pour être avalé, soit dé- non en réalité, mais en apparence, non par
pouillé de sa coque. On se préoccupe des vête- l'eflet de leur sagesse, mais par l'effet de leur
ments du Prophète, comme si l'on avait dit
qu'il avait passé par une fenêtre très-étroite,
;
fausseté et de leurs ruses si, dis-je, quelque
chose de semblable était rapporté sur ceux
ou qu'il était entré dans un bain, où l'on pour- qu'ils appellent avec de pompeux éloges des
rait même entrer tout habillé. Ce ne serait mages et des philosophes, ce n'est plus le rire
pas commode, mais il n'y aurait là rien de qui éclaterait dans leur bouche, mais des cris
merveilleux.
32. Ce qu'il y aurait peut-être d'incroyable
dans ce miracle, c'est que la vapeur du ventre
:
de victoire et de triomphe. Qu'ils se moquent
donc de nos saintes Écritures qu'ils en rient
autant qu'ils le voudront, pourvu que de jour
par laquelle s'humecte la nourriture, ait pu en jour ils deviennent moins nombreex, et que
être tempérée dans ce monstre, de manière leurs rangs s'éclaircissent ou par la mort des
qu'un homme y pût y conserver la vie. Mais uns, ou par la conversion des autres, et que
combien n'est-il pas plus incroyable, que les nous voyions s'accomplir toutes les choses qui
trois hommes jetés dans la fournaise ardente ont été prédites par les Prophètes, sur les com-
par l'ordre d'un roi impie, aient pu se prome- bats inutiles de ces Païens contre la vérité; sur
leurs vaines clameurs et leur extinction succe-
!
ner au milieu des flammes sans en être atteints
et sans recevoir aucune blessure S'ils ne veu-
lent croire à aucun des miracles divins, il faut
sive ; et qui non-seulement nous ont laissé à
nousleursdescendantsleursprophéties par écrit
trum dejectum esse dixerit, ut possit intelligi illuc Jona scriptum est, Apuleius Madaurensis, vel Apol-
etiam nudus irruisse, si forte opus erat,tamquam lonius Tyaneus fecisse diceretur, quorum multa
ovo corium, ita illi vestem detrahi, quo f cilius mira nullo fideli auctore jactitant, quamvis et
sorberetur. Sic enim sunt homines de Prophetæ hu- daemones nonnulla faciant Angelis sanctis similia,
jus veste solliciti, quasi aut per tenestram parvam non veritate, sed specie, non sapientia, sed plane
repsisse,autinbalneasintrassedicatur; quo etiam fallacia : tamen si. de istis, ut dixi, quos magos
si necesse essetintrare vestitum, vix molestum esset, vel philosophos laudabiliter nominant, talc ali-
non tamen mirum. quid narraretur, non jam in buccis creparet ri-
32. Sedhabent revera quodnon credant in divino sus, sed typhus. Ita rideant Scripturas nostras,
miraculo, vaporem ventris, quo cibi madescunt, po- quantum possunt, rideant, dum per singulos dies
tuisse ita temperari, ut vitam hominis conservaret.
Quanto incredibilius ergo proponerent, tres fllos
viros ab impio rege in caminum missos, deambu-
:
rariores paucioresque se videant, vel moriendo,
vel credendo dum implentur omnia, quæ praedi-
xerunt qui hos contra veritatem inaniter pugna-
?
lasse in medioignisillsesos Quapropter si nulla turos, vane latraturos, paulatim defecturos, tantu
isti divina miracula volunt credere, alia disputa-
tione refellendi sunt. Neque enim debent unum ali-
quid tamquam incredibile proponere, et in quæstio-
nem vucare, sed omnia qute vel talia, vcl etiam
mirabiliora narrantur. Et tamen si hoc, quod de
runt.
ante riserunt: nobisquc posteris suis, non solum
ca legenda dimiserunt, verum expcrienda promise-
33. Non sane absurde, neque importune requiri-
tur, quid ista significent, ut cum hoc expositum
mais nous ont aussi promis que nous en ver- Christ lui-même nous l'explique, en disant :
rions l'accomplissement. « Cette génération mauvaise et adultère de-
33. On peut raisonnablement et même ulile- mande un prodige, et on ne lui en donnera
ment demander ce que signifie le miracle de pas d'autre que celui du prophète Jonas. Car
Jonas, afin que l'explication qu'on en don- comme Jonas a été trois jours et trois nuits
nera, fasse croire, que non-seulement ces dans le ventre d'une baleine, de même le Fils
choses sont arrivées, mais encore qu'elles de Dieu sera trois jours et trois nuits dans le
ont élé annoncées comme figures de certai- sein de la terre (Matt., XII, 39). » Quant àren
nes vérités. Il faut donc commencer par dre raison des trois jours qui se sont écoulés
croire quele prophète Jonas est resté pendant entre la mort de Jésus-Christ et sa résurrection,
trois jours dans le vaste sein d'un monstre en comprenantle toutpar la partie,en sorte que
marin, si l'on veut pénétrer pourquoi Dieu a depuis le premier jour jusqu'au dernier, on
voulu que cela fût, car ce qui a été fait ne l'a puisse compter les trois jours avec leurs nuits,
pas été sans un dessein de la Providence. Si cela serait trop long à dire, et je l'ai déjà sou-
nous sommes excités à la foi par de simples fi- vent expliqué dans d'autres ouvrages. Ainsi
gures de mots qui ne reposent sur aucun acte, donc, de même que Jonas a été précipité du
combien plus nous doit y porter ce qui ne nous haut d'un navire dans le ventre de la baleine,
est pas annoncé par des figures, mais par des de même Jésus-Christ a été précipité du haut
fails positifs. Car de même que l'homme s'é- de la croix dans le sépulcre ou dans les profon-
nonce par des paroles, de même la puissance deurs de la mort. Jonas été précipité pour le sa-
divine parle par des faits, et de même aussi que lut de ceux que la tempête mettait en péril,
le langage humain tire et reçoit un nouvel Jésus-Christ l'a été pour le salut de ceux qui
éclat de mots nouveaux et peu usités, mais em- flottent sur la mer orageuse de cette vie. Jonas
ployés avec goût et mesure, de même l'élo- avait reçu l'ordre de prêcher la vérité aux Ni-
quence diviue s'enrichit en quelque sorte par nivites, mais sa prédication n'a pu allerjusqu'à
des faits -merveilleux qu'elle annonce par des eux, qu'après qu'il eût été revomi par la ba-
figures. leine : de même les prophéties, quoique an-
34. Mais pourquoi nous demander ce que noncées longtemps d'avance aux nations, ne
Dieu a voulu figurer par le miracle de Jonas, leur sont parvenues qu'après la résurrection de
dévoré par une baleine et rendu, le troisième Jésus-Christ.
jour, vivant à la lumière du ciel, puisque le 35. Quant à la tente que le Prophète
fuerit, non tantum gesta, sed etiam propter aliquam signum non dabitur ei, nisi signum Jonaeprophetae:
significationem conscripta esse credantur. Prius er- sicut enim Jonas fuit in ventre cetitribus diebus et
go non dubitet Jonam prophetam in alvo ingenti tribus noctibus: sic erit filius hominis in corde terræ
marinae beluæ triduo fuisse, qui vult scrutari, cur tribus diebus et tribus noctibus (Matth., XII, 13).» De
hoc factum sit: non enim irustra factum est, sed ipso autem triduo mortis DominiChristi, quomodo
tamen factum est. Si enim movent ad fidem, quæ ratio reddatnr, cum a parte totum intelligitur: in
figurate tantum dicta, non facta sunt; quanto ma- die primo et novissimo, ut toti tres dies, id estcum
gis movere debent, quæfgurate non tantum dicta, suis noctibus computentur, longum est disserere,
sed facta sunt? Nam sicut humana consuetudo ver- et in aliis sermonibus jam sæpissime dictum est. Si-
bis, ita divinapotentia etianj factis loquitur. Etsicut cut ergo Jonas ex navi in alvum ceti, ita Christus
sermoni humano verbanova, vel minus usitata, mo- ex ligno in sepulcrum vel in mortis profundum. Et
derate ac decenter adspersa, splendorem addunt: sicut ille pro his qui tempestate periclitabantur, ita
ita in factis mirabilibus congruenter aliquid signi- Christus pro his qui in hoc sæculo fluctuant. Et
ficantibus, quodammodo luculentior est divinaelo- sicut primo jussum est, ut praedicaretur Ninivitis a
quentia. Jona, sed non ad eos porvenit praedicatio Jonæ,
34. Proinde quid præfiguraverit, quod Prophetam nisi postea quam eum cetusevoinuit: ita prophetia
belua illa devoratum, tertio die vivumreddidit, cur præmissa est ad gentes, sed nisi post resurrectionem
anobis quæritur, cum hocChristus exponat? « Genc- Christi non pervenit ad gentes.
ratio, inquit, pruva et adultera signum quærit, et 35. Jam vero quod tabernaculum sibi constituit,
dressera pour lui en face de Ninive et où il la douleur de son Prophète, et l'ombre qui lui
s'arrêtera en attendant ce qui devait arriver à était si agréable.
cette ville, c'était une autre figure, par laquelle 36. Que les Païens rient encore, et que dans
il représentait le peuple d'Israël selon la chair. leur orgueil, ils tournent en dérision cette in-
Il était rempli de tristesse au sujet du salut des terprétation d'un mystère prophétique, en
Ninivites, c'est-à dire au sujet de la rédemp- voyant Jésus-Christ comparé à un ver, pourvu
tion et de la délivrance des peuples, d'où Jésus- que ce ver les consume peu à peu, selon cette
Christ est venu app ler, non les justes, mais parole de Dieu même, parlant par la bouche
les pécheurs à la pénitence (Luc, v, 32). La ci- d'Isaïe: » Ecoutez-moi, mon peuple, vous qu
trouille qui couvrait de son ombre la tète de connaissez la justice, et qui portez ma loi dans
Jonas, représentait les promesses de l'Ancien vos cœurs. Ne craignez pas les opprobres des
Testament, où déjà les biens mêmes prédits hommes; ne vous laissez point abattre par
par ces promesses, et qui, étant, comme le dit leurs calomnies, et ne faites pas grand cas de
l'Apôtre, «l'ombre des biens à venir (Col., II, leur mépris. Ils seront consumés par le temps
17), » servait d'abri et de défense aux hommes
dans la terre de promission contre les douleurs
cuisantes de cette vie. Ce ver du matin qui
;
comme un vêtement, et seront, comme la laine,
rongés par la teigne mais ma justice demeure
éternelle (Isaie, LI, 7). » Pour nous, recon-
rongea et fit sécher la citrouille, est ce mémo
Jésus-Christ dont la bouche ayant répandu :
naissons ce ver du matin, puisque dans le
Psaume intitulé «Pour le secours du matin,»
l'Évangile sur la terre, a fait sécher et dispa-
raître toutes ces figures et toutes ces ombres
en vigueur dans le peuple d'Israël. Maintenant
:
il ne dédaigne pas de s'appeler lui-même de ce
nom, en disant « Je suis un ver et non pas un
homme, je suis l'opprobre des hommes et le
ce peuple privé de son royaume de Jérusalem, mépris du monde (Ps., XXI, 7). » Cet opprobre
sans sacerdoce, sans sacrifices (ce qui était pour est celui qu'Isaïe nous dit de ne pas craindre,
lui l'ombre de l'avenir), dispersé et captif, se « Ne craignez pas l'opprobedes hommes (Isuie,
dessèche et se consume dans le feu de ses tri- LI, 7).» Ils sont rongés par ce avéra comme
bulations, comme Jonas sous l'ardeur du so- par la teigne, ceux qui, sous sa dent évangé-
leil (Jonas, IV, 8), et sa douleur n'a point de lique, s'étonnent de voir leur nombre diminuer
bornes. Cependant Dieu a plus à cœur le salut et s'éteindre de jour en jour. Pour nous, re-
des nations et de ceux qui font pénitence, que connaissons ce « ver, » et pour le salut que
et consedit ex adverso civitatis Ninive, quid ei futu- crificio (quod totum umbra erat futuri) in captiva
rum esset exspectans, alterius significationis perso- dispersione magno æsta tribulationis aduritur,
nam Propheta gestabat. Præfigurahat enim carna- sicut Jonas (Jon., IV, 8), quod scriptum est, solis a
lem populum Israël. Nam huic erat et tristitia de ardore, et dolet graviter ; et tamen dolori ejus
salute Ninivitarum, hoc est de redemtione et libe- atquc umbræ, quam diligebat, salus gentium (a)
ratione gentium. Unde venit Christus vocare, non pænitentiumque præponitur.
justos, sed peccatores in pænitentiam (Lucæ, v, 32). 36. Adhuc cachinnent pagani, et jam vermem
Umbraculum ergo cucurhitæ super caput ejus,pro- Christum, et hanc interpretationem prophetici
missiones erant veteris Teslamenti, vol ipsa jam sacramenti superbiore garrulitate durideant, dum
munera, in quibus erat utique,sicut dicit Aposto- tamen et ipsos sensim paulatimque consumat. Nam
lus,«umbrafuturorum (Col.,II,17), » tamquam de omnibus talibus Isaias prophetat,scitis per quem no-
ab æstu temporalium malorum in terra promissio- bis dicitDeus; «Audite me, qui judicium
nis defensaculum præbens. Vermis autem matuti- populus meus, in quorum corde lex mea est op-
et detractione
:
nus, quo rodente cucurbita exaruit, idem ipse probria horoinum nolite metuere,
rursus Christus occurrit, ex cujus ore Evangelio eorum ne superemini,enim nec quod vos spernant
diffanrato, cuncta illa, quæ temporaliter apud nngni duxeritis sicut : vestimenlum, ita per
Israëlitas velut umbratili prius significatione Vigll- tempus absumentur, et sicut lana a tinea come-
manet
runt, evacuata marcescunt. Et nunc ille populus dentur;justitia autem mea in seternum
amisso Jerosolymitano regno, et sacerdotio, et sa- (Isali, 7). » Nos ergo agnoscamus vermem matu-
(a) MSS. Vaticani tres et alii e nostris duo pæenitenliaque.
Dieu nous réserve, supportons les opprobres os : et, repaissant leurs yeux de l'état où ils
»
des hommes. Jésus-Christ est un «ver à cause m'avaient mis, ils se sont partagés mes vête-
de l'humilité de la chair dont il s'est revêtu ; ments, et ont tiré ma robe au sort (Ps., XXI,
peut être aussi parce qu'il est né d'une vierge ;19).» Et icilaprophétieannoncée dans l'Ancien
:
car le ver, quoiqu'il naisse de la chair ou de Testament est aussiclaire que ce qui est dit dans
quelque autre matière terrestre, n'est pas le l'Evangile Si, dis-je, on s'est moqué .de ce
produit de l'alliance des sexes. Jésus-Christ est ver quand il était dans cet état d'humiliation,
le ver du matin, parce que c'est au point du s'en moquera-t-on encore lorsqu'on verra l'ac-
jour qu'il est ressuscité. La citrouille dont complissement de la suite de ce même Psaume
parle l'Écriture, pouvait aussi se dessécher « Tous les pays de la terre se souviendront du
:
sans être rongée par un ver. Car si Dieu avait Seigneur et se convertiront à lui. Toutes les
besoin d'un ver pour faire sécher cette plante. nations l'adoreront et se prosterneront en sa
pourquoi dire un ver du matin,sinon pour dé- présence, parce que la souveraineté appartient
signer celui qui, dans le Psaume, nous dit. :au Seigneur et qu'il dominera sur tous les
« Pour le secours du matin, mais je suis un ver peuples (Ps.,XXI,28).» C'estainsique les Nini
et non un homme. » vites se sont souvenus du Seigneur et se sont
37. Quoi de plus clair que cette prophétie convertis à lui. Le salut promis à la pénitence
dont nous voyons l'accomplissement. Si l'on des nations, et qui a été figuré il y a si long-
s'est moqué de ce ver lorsqu'il était suspendu temps par le miracle de Jonas, faisait gémir
Psaume :
à une croix, comme il est écrit dans le même de douleur Israël, qui, auj ourd'hui, privé de
« Ils m'ont outragé par leurs pa- l'ombre qui le couvrait, gémit dans la douleur
;
roles et ils ont branlé la tète. Il a espéré en cuisante qui le consume. Chacun peut, à son
Dieu que Dieu le délivre, que Dieu le sauve gré, expliquer tout ce qui est encore couvert
;
s'il le veut (Ps., XXI, 8) » si l'on s'est moqué de mystères dans l'histoire de Jonas, pourvu
»
paroles du même Psaume :
de ce « ver pendant que s'accomplissaient les qu'il suive en cela les règles de la foi. Quant
« Ils ont percé mes aux trois jours que le Prophète a passés dans
mains et mes pieds, ils ont compté tous mes le ventre de la baleine (Jonas, ii, 1), on ne
tinum, quia et in illo psalmo cujus titulus inscri- cum penderet in cruce, sicut in eodem Psalmo
: »
bitur, « Pro susceptione matutina, hoc se ipse scriptum est, « Locuti sunt labiis, et moverunt ca-
nomine appellare dignatus est cc Ego,inquit, sum put : Speravit in Deum, cruat eum, salvum faciat
vermis, et non homo ; opprobrium hominum, et eum, quoniam vult eum (Psal., XXI, 8) : » cum
abjactio plebis (Psal., XXI, 7). » Hoc opprobrium completa sunt quaj ibi prædixit, « Fodernnt ma-
;
moins grandes auxquelles toutes les autres se
:
rapportent mais en faire comme celle sur ces
paroles «Vous serez mesurés à la même me-
dulgence chrétienne de laisser entièrement im-
puni le crime commis à Calame. Nectarius (2)
lui écrit de nouveau et lui demande, avec les
sure dont vous aurez mesuré, »
ou comme supplications les plus douces, de.pardonner à
celle qui concerne Jonas, ou toute autre de ce tous sans exception.
genre, avant de penser à se faire chrétien,
c'est ne penser ni à son âge, ni à la condition A SON HONORABLE SEIGNEUR ET DIGNE FRÈRE
humaine. Il y a d'innombrables questions qu'il AUGUSTIN,NECTARIUS, SALUT DANS LE SEIGNEUR.
ne faut pas entamer avant d'avoir reçu la foi,
-
de peur que la vie ne finisse sans.la foi. Mais 1. En lisant la lettre de Votre Sainteté, dans
quand on est chrétien, les âmes fidèlespeuvent laquelle vous renversez le culte des idoles et
(1) .Ecrite au mois de mars l'an 409. — Cette lettre était la 253e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédic-
tins et celle qui était la 103ese trouve maintenant la 212°.
(2) Nectarius avait été environ huit mois sans répondre à saint Augustin, il espérait sans doute que la mort de Stili-
con et les révolutions survenues dans l'empire, rendraient la condition des païens meilleure. Son espérance fut trompée;
car, au mois de janvier 409, l'empereur Honorius publia une loi qui de confirmait les dispositions les plus sévères des lois
antérieures contre les payens.Ce fut alors que Nectarius, l'avocat ces derniers, se décila enfin à répondre à saint Au-
gustin. Voyez les lettres 90 et 91. Celle-ci est une réponse à lu. lettre 91e.
secundum regulam fidei, cetera omnia quæ de Jona ante fidem, ne finiatur vita sine fide. Sed plane re-
(Jonæ, II, 1) propheta mysteriis operta sunt, ape- tenta jam fide, ad exercendam piam delectationem
rire. Illud plane quod in ventre ceti triduo fuit, mentium fidelium studiosissime requirendae, et
fas non est aliter intelligere, quam ab ipso cælesti quod in eis eluxerit, sine typho arrogantise com-
magistro in Evangelio commemoravimus revela- municandum;quod autem latuerit,sine.salutisdis-
tum. pendio tolerandum.
38. Proposita exposuimus ut potuimus : sed ille
qui proposuit, jam sit Christianus, ne forte cum EPISTOLA CIII
exspectat ante librorum sanctorum finíre_ quaestio-
rescripserat
nes, prius iiniat vitam istam,quamtranseat a mor- Necturio petenti veniam tribui civibus suis
te ad vitam. Ferri enim potest, quod antequam Augustinus in epist. 97, non decere Christianam
Christianis sacramentis imbuatur, quaerit de resur- benevolentam,ut insigne illud Calamensium scelus
rectione mortuorum. Concedendum etiam fortassis impunitum omnino dimittatur. Euie rursum scribit
quod de Christo quaesivit, cur tanto post venerit, Nectarius, blandiens ac suppliciter suadens, ut lis
vel si quae sunt aliæ paucæ et magnæ questiones, parcatur sine ulla exceptione.
quibus cetera inserviunt. Si autem qualis est illa, MODIS
In mensi fueritis, metieturvobis; DOMINO RECTE AC MERITO SUSCIPIENDO, ET OMNIBUS
« qua mensura » HONORANDO FRATRI AUGUSTINO, NECTARIUS IN DOMINO
vel qualis ista de Jona; etiam omnes tales antequam
SALUTEM.
sit Christianus finire cogitat, perparum cogitat vel
conditionem humanam, vel ætatem jam suam.
Sunt enim innumerabiles, quae non sunt finiendae lorum cultum ,
1. Sumtis litteris eximietatis tuæ, quibus ido-
et templorum ceremonias de-
les cérémonies célébrées dans leurs temples, il Dieu tout-puissant habite avec les âmes qui
me semblait entendre la voix d'un philosophe, ont bien mérité de lui, celle vers laquelle
non pas assurément de celui qu'on nous repré- toutes les religions, toutes les lois, dirigent
sente assis dans un coin obscur de l'Académie, nos aspirations par des voies et des sentiers
plongé dans une profonde rêverie, la tête sur divers. Cité divine, que la"parole ne peut faire
les genoux, et qui, pauvre de science, et ne connaître et que la pensée peut à peine conce-
trouvant dans son esprit rien qui provienne de voir. Cependant, quoiqu'elle soit digne de
lui, attaque par ses calomnies les illustres dé- tous nos désirs et de tout notre amour, on ne
couvertes et les brillantes pensées des autres; doit pas, je pense, négliger non plus celle où
mais vivement frappé du charme de vos pa- nous sommes nés, celle où nos yeux ont vu
roles, je croyais voir devant moi Cicéron pour la première fois la lumière du jour, celle
même, ce grand homme, cet ancien consul, qui nous a neurris, où nous avons été élevés,
qui, après avoir sauvé la vie àtant de sesconci- et pour en revenir plus particulièrement à mon
toyens, et le front ceint de lauriers, apportait sujet, celle à propos de laquelle les hommes
dans les écoles étonnées de la Grèce, les témoi- les plus instruits nous disent qu'il y a, après la
gnages des victoires qu'il avait remportées au mort du corps, des demeures célestespréparées
forum, et qui, fatigué et comme hors d'ha- pour ceux qui ont bien mérité de leur patrie
leine, déposait cette éclatante trompette, que natale. Les mêmes auteurs nous enseignent
dans une juste indignation, il avait fait si sou- encore que les services rendus à la terre où
vent retentir contre les parricides de la Répu- nous avons reçu le jour sont comme des degrés
blique. et réunissait ensemble les longs plis de qui nous élèvent à la divine cité, et que les
sa toge pour s'en faire un manleau grec. hommes plus particulièrement admis au cé-
2. Lorsque vous nous appeliez à la religion leste séjour sont ceux qui ont sauvé leur pays
et au culte du Dieu suprême, j'ai écoutévolon- par leurs conseils et leurs œuvres. Lorsque
tiers votre voix, je l'ai écoutée avec bonheur, vous nous dites en plaisantant que c'est moins
lorsque vous nous engagiez à lever les yeux par les armes que par les flammes et l'in-
voulez parler, n'est pas cette cité entourée de plus d'épines que de fleurs ,
vers la céleste patrie, car la pairie dont vous cendie que brille notre ville, et qu'elle produit
nous ne pouvons
murailles, ni celle que les philosophes dans regarder ce reproche comme bien sérieux, car
struxisti, audire mihi visus sum Philosophi vo- tanter accepi. Non enim illam mihi civitatemdicere
cem, non illius, querninAcaderiirseLicaeomemo- videbare, quam muralis aliquis gyrus coercel, nec
rant, tenebrosis hUUlO angulis residentern, ex profun- illam, quam philosophurum tractatus mundanam
da quadam cogitatione demersum, reductis ad fron- memorans communem omnibus profitetur; sed
tem caput implicuisse genibus, ut aliorum praeclara quam magnus Deus, et bene meritæ de eo animæ
inventa doctrinae egenu; quidam calumniator oppu- habitant atque incolunt, quam omnes leges diversis
:
gnet,assertaquepraeclare,cum suuin nihildefendat,
accuset sed plune excitatus oratione tua ante ocuLs
stetit M. Tullius consularis, qui innumeris civium
viis et tramitibus appetunt, quam loquendo expri-
mere non possumus, cogitando forsitan invenire
possemus. Hæc ergo licet principaliter appetenda
capitibus conservatis, forensis campi signa victricia
stupentibus scholis,hureatis inferret, tu-
Graeciae
bamque illam canorse vocis et linguæ, quam in cri-
rendam, in qua nali et geniti sumus:
atque diligenda sit; tamen illam non arbitror dese-
quæ prima
nobis usum lucis hujus infudit, quae aluit, qute
minum reos et reipublicae parricidas, spiritu ju<;tæ educavit, et ut quod ad caussam proprie pertinet,
• indignationis inflaverat, anhelus inverteret, logam- dicam, de qua bene meritis viris, doctissimi homi-
que ipsam rugarum paginis resulotis,palliorumimi- nes ferunt, post obitum corporis in eaalo domici-
talus speciem, retorqueret. lium praeparari, ut promotio quaedam ad supernam
2. Ergo cum nos ad exsuperantissimi Dei cultum præstetur, his hominibus, qui bene de genitalibus
relgionemquecompellures, libenter audivi, cum urbibus meruerunt; et hi magi ? cum Deo habitent,
caclestem patriam intuendam esse suader, gra- qui salutem dedisse, aut cunsiliis, aut operibus pa-
produisent les roses et que les épis mêmes du Parler avec emportement, c'est
froment sont garnis d'un rempart hérissé, de
sorte que ce qui est doux est souvent mêlé
;
don commun.
une faute dire des injures ou commettre dés
;
crimes, c'est également une faute dérober le
avec ce qui est dur et rude. biend'autrui, profaner des lieux sacrés, c'est
3. Vous finissez votre lettre en disant que
encore un péché; mais toutes ces fautes ce-
l'Église ne demande pas à être vengée
par la pendant doivent également obtenir indul-
mort ou le sang des coupables, mais parla gence et pardon. Enfin, il n'y aurait pas
privation des biens qu'ils craignent le plus de de pardon à accorder s'il n'y avait pas eu de
perdre. Pour moi, si je ne me trompe, je pense
qu'il est plus dur d'être privé de son bien que
de la vie même. Les livres, comme vous le
fautes commises.
4. Maintenant que je vous ai répondu ,non
pas comme j'aurais dû, mais comme j'ai pu, en
,
savez, répètent souvent que la mort ôte le sen-
timent de tous les maux et qu'une vie d'indi-
gence rend malheureux pour toujours. Car il
vous disant trop peut-être ou bien pas assez, il
ne me reste plus qu'à vous prier, qu'à vous
conjurer de penser à ce que vous êtes, à ce
est plus triste de vivre dans la misère que de que votre profession demande, à vos œuvres
trouver dans la mort la fin de sa misère même. de tous les jours, et plût à Dieu que vous fus-
N'est-ce pas ce qu'indique votre œuvre de tous siez ici présent, pour voir mes douleurs et mes
les jours? Lorsque vous soutenez les pauvres, larmes. Songez à l'aspect d'une cité d'où l'on
lorsque vous soignez les malades et que vous arrache les habitants pour les conduire au
appliquez des remèdes à toutes les maladies du supplice. Songez aux cris et aux lamentations
corps, tous vos soins ne tentent-ils pas à ôter des mères, des épouses, des enfants, des pa-
aux affligés le sentiment de leurs peines et à rents, à la honte de ceux qui peuvent revenir
?
en faire cesser la durée Quant à la qualité des
fautes, peu importe ce qu'elles sont en elles-
mêmes, dès qu'on en implore le pardon. En
;
dans leur patrie libres, mais après avoir subi
la torture songez enfin à toutes ces douleurs,
à tous ces gémissements renouvelés par la vue
effet, si le repentir mérite le pardon et purifie des blessures et des cicatrice. Lorsque vous
le coupable, certes le repentir est dans celui vous serez représenté un tel spectacle, songez
qui supplie, qui embrasse les pieds pour ob-
tenir indulgence, et si, selon l'opinion de
quelques philosophes, toutes les fautes sont
hommes;
alors avant tout à Dieu, à ce que diront les
appelez dans votre cœur les senti-
ments de bonté, d'amitié, d'union et cherchez
égales, on. doit leur accorder à toutes un par- la louange plutôt dans le pardon que dans la
Iriae doccantur. Jam illud qnod joculariter dignatus bus adhibetis : id postreraomodis omnibus agitis, ut
es dicere, Urbem nostram non armis, sed flammis diuturnitatem calamitatis afflicti non sentiant.
incendiisque flarare, et spinas magis ingenerare Quod autem ad modum pertinet peccatorum, nihil
quam flores,non est maxima reprehensio, cum interet, quale videatur esse peccatum, cui indul-
sciamus flores ex spinis plerumque generari. Nam gentia postulatur. Primum enim si psenitentia et
et rosas ex spinis gigni quis dubitat, et fruges ipsas veniam tribuit, et purgat admissum; pænitet uti-
aristarum vallo sepiri,ita ut asperis suavia plerum- que illium, qui rogat, qui pedes complectltur. Et
que misceantur. si, ut quibusdam philosophis placet, omnia peccata
3. Postremum fuit in litteris præstantiæ tuæ, non paria sunt, indulgentia omnibus debet esse com-
caput aut sanguinem in Ecclesiee postulari vindi- munis, petulantius locutus est aliquis; peccavit
ctam, sed quibus rebus maxime metuuntspoliandos. convicia autcriminaingessit, aeque peccavit: aliena
Ego autem (nisi me opinio fallit) sic arbitror, gra- quisquam diripuit, inter delicta numeratur: loca
vius esse spoliari facultatibus, quam occidi. Siqui- profana sacrave violavit, non est ab indulgentia se-
dem quod frequentatum in litteris nosti, mors ma- ccrnendus. Postremo nullus esset veniæ locus,. nisi
lorifin omnium aufert sensum, egestosa vita æternam peccata præcederent.
parit calamitatem, gravius est enim male vivere, 4. Nunc quoniam non quantum debui, sed quan-
tum potui, majus ut dicitur, minusve respondi, oro
quam mala morte finire. Hoc etiam operæ vestræ
indicat ratio, in quibus pauperes sustinetis, morbi- atque obsecro, utinam praesentem possem, ut etiamla-
dos curatione relevalis, medicinam offictis corpori- crymas measpervideres, ut qui sis, quid profitearis,
vengeance. Ce que je viens de vous dire con- AUGUSTIN, SALUT DANS LE SEIGNEUR.
cerne ceux qui ont fait l'aveu de leur crime.
CHAPITRE PREMIER.
Votre religion vous a fait une loi de pardonner — 1. J'ai lu
à ces coupables, et je ne saurais trop vous en votre lettre, par laquelle vous avez ré-
féliciter. Maintenant, on ne saurait dire quelle pondu longtemps après à celle que je vous ai
cruauté il y aurait à poursuivre des innocents adressée, lorsque mon saint frère Possidius,
et à. faire peser une accusation capitale sur mon collègue dans l'épiscopat, se trouvait en-
ceux qui n'ont point trempé dans le crime. core parmi nous, et avant qu'il se fût embar-
S'ils parvenaient à se faire absoudre, songez, qué. Celle que vous avez daigné m'envoyer par
,
jevous prie, au blâme et à la haine qui re- lui, je l'ai reçue le sixième jour des calendes
tomberaient sur les accusateurs obligés de d'avril, près de huit mois après celle que je
laisser les innocents en repos après avoir vo- vous avais écrite. J'ignore entièrement cause la
lontairement relâché les coupables. Que le du retard que nos lettres ont éprouvé pour
Dieu tout-puissant vous garde et vous con- nous parvenir mutuellement. Peut-être votre
serve comme le soutien de sa loi et comme sagesse avait-elle jugé à propos de ne pas me
l'ornement de notre siècle. répondre alors, et s'est-elle décidée à le faire
présentement. S'il en est ainsi, j'ai lieu de
m'en étonner. Auriez-vous appris (ce que
LETTRE CIV (1) j'ignore encore), que mon frère Possidius, qui
permettez-moi de vous le dire, aime vos conci-
Saint Augustin répond à tous les points de la toyens plus que vous ne les aimez vous-même,
lettre précédente, et réfute particulièrement a obtenu contre eux un châtiment plus sévère?
l'opinion des Stoïciens sur l'égalité des pé- Votre lettre, en effet, semble m'indiquer que
chés. telle était votre crainte, lorsque vous me disiez
de me représenter « l'aspect d'une cité d'où
A SON EXCELLENT SEIGNEUR ET HONORABLE FRÈRE l'on arrache les habitants pour les conduire au
NECTARIUS. supplice; de me figurer les cris et les lamenta-
(t) Ecrite après le des Calendes de mars l'an 409. — Cette lettre était la 254° dans les éditions antérieures à l'édi-
61
tion des Bénédictins et celle qui était la 104° se trouve maintenant la 191e.
Possidium adversus cives tuos (quos, pace tua non caput aut sanguinem in Ecclesiæ postulari vin-
dixerim, multo salubrius diligit ipse quam tu) quo dictam, sed rebus, qui maxime metuunt spoliandos.
plectantur severius impetrasse. Nam hocet epistola Deinde ostendens quantum sit hoc mali adjungis,
tua te metuere indicat, cum admones ut mihi ante atque, ante contexis; nisi te opinio fJIlit, arbitrari
oculos constituam, qualis illa sit species civitatis, gravius esse, spoliari facultatibus, quam occidi.
exqua ad suppliciumducendi extrahuntur: quæ Atque ut aperlius exponas, de quibus facultatibus
sit matrum, quæ conjugum, quæ liberorum, quæ dixeris, pergis atque addis, me frequentatum in lit-
parentum lamentatio : quo pudore ad patriam ve- teris nosse, quod' mors malorum omnium auferat
nire possintliberati, sedtorti, quos renovet dolores sensum, egestosa autemvitaseternam parias calami-
aut gemitus consideratio vulnerum et cicatricum. tatem. Deinde conclusisti, gravius esse in malis
Absit, ut ista cuiquam inimicorum nostrorum vel vivere, quammalamorte tinire.
per nos, vel per quemquam, quod ingerantur, 3. Et ego quidem nec in nostris, ad quas me
instemus; sed, ut d'ixi, si aliquid tale ad te fama serius fateor animum applicuisse, quam vellem,
pertulit, apertius edissere, ut noverimus, vel quid Ilee in vestris, quas ab ineunte ætate didici, litteris
agere ne ista fiant, vel quid haeccredentibusrespon- uspiam legisse recolo, quod egestosa vita seternam
dere debeamus. pariat calamitatem. Nam nec umquam peccatum
2. Litteras meas potius intuere, quibus te re- est laboriosa paupertas, et est aliquanta restrictio
scribere piguit, illic enint satis expressi animum et coercitio peccatorum. Ac per hoc non est rn-
nostrum; sed, ut opinor, oblitus quid tibi rescrip- tuendum ne cuiquam post hanc brevem vitam, hoc
serim,, omnino mihi alia longe diversa et dissiOlilia
retulisti. Quippe quasi recordatus, quod in litteris
meis posui; hoc tuis inseruisti, quod omnino non
;
adaeteriiamvaleatanimije calamitatem, quodpau-
per hic vixerit et in hac ipsa, quam in terris degi-
mus, nullo modo ulla calamitas œterna essepoterit;
posui. Postremum enim fuisse in litteris meis dicis, cum eadem vita æterna esse non possit; quæ nec
à quelque vieillesse qu'on parvienne. J'ai est souvent répété dans vos auteurs que vous
plutôt lu dans les livres dont vous me parlez, estimez le plus et dans nos livres divins, ô vous
qu'elle est bien courte cette vie dont nous qui aimez tant votre patrie de la terre, crai-
ouissonsici-bas, et dans laquelle vous pensez, gnez pour vos concitoyens une vie de luxe et
d'après vos livres qui le répètent si souvent,
qu'on peut être à jamais malheureux. Quel-
ques-uns de vos auteurs disent, il est vrai, que
;
de plaisir, mais non une vie de misère et d'in-
digence ou si c'est la pauvreté que vous re-
doutez pour eux, enseignez-leur à éviter cette
la mort est la fin de tous les maux, mais tous pauvreté qui, bien qu'entourée de tous les
ne sont pas de cette opinion, qui est celle des bonheurs terrestres, les laisse toujours insa-
Epicuriens, et de tous ceux qui pensent que tiables, et qui, selon les paroles mêmes de vos
l'âme est sujette à la mort. Mais ceux que Cicé- auteurs, reste toujours la même dans le besoin
ron appelle des philosophes consulaires, comme comme dans l'abondance. Toutefois, dans la
signe de son estime pour leur autorité, pen- lettre à laquelle vous avez répondu, je n'ai pas
sent que l'âme ne s'éteint pas avec le dernier dit qu'il fallait punir vos eoncitoyens quoi-
jour de notre vie, mais qu'elle change seule- qu'ennemis de l'Eglise, par cette pauvreté qui
ment de demeure, et que selon le bien ou le nous prive des choses nécessaires à la vie, et au
mal qu'elle a fait, elle subsiste dans un état de secours de laquelle vient cette piété que vous
béatitude ou de misère. Cela s'accorde avec les avez jugé à-propos de nous rappeler, lorsque
livres saints, dans lesquels je voudrais être nous soutenons les pauvres, nous soignons les
plus instruit. La mort est donc la fin de tous malales, et appliquons des remèdes à toutes
les maux pour ceux dont la vie a été chaste, les maladies du corps, quoiqu'il vaudrait en-
pieuse, fidèle et innocente, mais non pourceux core mieux se trouver dans une telle pauvreté,
qui, brûlant du désir des frivolités et des va- que d'être dans l'abondance de toutes choses
nités de la terre, sont. malgré l'apparence de pour assouvir nos mauvaises passions. Mais à
leur bonheur, déjà malheureux ici-bas par la Dieu ne plaise que j'aie jamais pensé à réduire
perversité de leur volonté, et qui, après leur à un tel chagrin et à une telle misère les ha-
mort, sont forcés de reconnaître et d'éprouver bitants de Calame.
de plus grandes misères encore. CHAPITRE II. — 5. Repassez ma lettre, si
4. Or, puisque tout ce que je viens de dire vous avez cru qu'elle méritait d'être conservée,
saltern diuturna est, ad quamlibet ætatem, sene- res miserias non habere tantum, verum etiam sen-
ctutemque pervenerit. Hoc enim potius in illis tire coguntur.
litteris legi, quoniam vita ipsa, qua fruimur, brevis 4. Hæc ergo cum et vestris quibusdam, quas
est, in qua tu arbitraris, et frequcntatum in lit- honorabilius habetis, et nostris omnibus litteris
teris jam mones, æternam esse posse calamitatern: frequententur, bone dilector etiam terrenae pa-
mortem autem malorum omnium esse finem, triæ tuæ, luxuriosam vitam time civibus tuis, non
habent quidem vestræ litteræ, sed llee ipsa; omnes, egestosam : aut si egestosam times, illam potius
Epieureorum est quippe ista sententia, et si qui egestosam mone devitandam, quæ magna licet re-
alii mortalem animam putant. At illi quos Tullius rum terrenarum prosperitate circumfluat, eis ta-
quasi consulares pbilosophos appellat, quoJ eorum men insatiabiliter inhiando, ut vestrorum ipsorum
magnipendat auctoritatem, quoniam cum extre- verbis utar anctorum, neque copia neque inopia
mum diem fungimur, non exstingui animam, sed minuitur. Yerumtamen in illis, quibus respondisti
emigrare censent, et ut merita quoque ejus asserunt litteris meis, inimico Ecclesiae cives tuos,-nec illa
seubona,seu mala,vel ad beatitudinem, velad egestate dixi emendandos, ubi necessaria naturae
miseriam permanere. Hoc congruit et litteris desunt, cui succurrit mieericordia, de qua nobis
sacris, quarum me cupio litteratorem. Malorum etiam prsescribendum putasti, quod operum nostro-
ergo finis est mors, sed in eis quorum casta, pia, rnm hoc indicet ratio, quibus pauperes sustinemus,
fidelis, innocens vita, non in eis qui temporalium morbidos curatione relevamus, medicinam afflictis
nugarum et vanitatum cupiditate flagr.intes, et corporibus adhibemus (quamquam et sic egere uti-
cum hie sibi felines videntur, ipsa voluntatis pra- lius sit, quamad satiandam nequitiam rebus omni-
vitate miseri convincuntur, et post mortem gravio- bus abundare.) Sed absit,ut ego illa coercitionead
car, quoique vous ne l'ayez pas relue pour y et la torture à ceux dont vous
prenez les inté-
répondre, peut-être l'aurez-vous conservée, rêts,puisque j'ai déclaré que nous voulions leur
pour qu'on la mît sous vos yeux, quand vous conserver la vie saine et sauve. Vous n'auriez
la redemanderiez, et faites attention à ce que pas non plus eu à redouter pour eux, cette in-
j'y ai dit. Vous y trouverez certainement les digence qui les aurait réduits à vivre de la
paroles suivantes auxquelles vous n'avez pas charité d'autrui, puisque j'ai dit
en second
répondu. Je répète ici ces paroles: « Nous ne lieu, qu'il fallait leur laisser de quoi vivre.
voulons pas satisfaire à des sentiments de co- Quant au troisième point, c'est-à-dire à
ce qui
lère en vengeant le passé, mais la charité même leur donne les moyens de mal vivre,
ou pour
nous ordonne de pourvoir à l'avenir. Les ne pas parler d'autre chose, aux moyens qu'ils
chrétiens, sans renoncer à leur douceur, sa- ont de se fabriquer des statues d'argent pour
vent comment ils doivent châtier d'une ma- leurs fausses divinités, dont ils maintiennent
nière utile et salutaire pour l'avenir. Les mé- le culte sacrilége enincendiantl'église de Dieu,
chants ont non-seulement la santé et la vie, en livrant à la populace la subsistance des
mais ils ont encore de quoi vivre et de quoi mal pauvres religieux, en répandant le sang inro-
vivre. Laissons-leur les deux premiers points, cent, dites-nous, vous qui consultez les intéèts
;
la santé et la vie, afin qu'ils puissent se repen-
tir. Voilà ce que nous souhaitons voilà à quoi
nous désirons contribuer autant qu'il dépend
de votre cité pourquoi vous craignez de leur
ôter ce moyen de mal vivre, pourquoi voulez-
vous, parune impunité pernicieuse, qu'on leur
de nous. Quant au troisième point, c'est-à- laisse ce qui sert d'aliment à leur audace?
dire au moyen de mal vivre, si Dieu désire que Dites-nous, apprenez-nous, après y avoir bien
ce moyen leur soit ôté, comme quelque chose réfléchi, quel mal on ferait en les punissant
qui leur est nuisible, ce sera leur faire, en les de la sorte, mais faites bien attention à ce que
punissant, une grande miséricorde. » Si vous nous disons, et, sous une apparence de prière,
aviez relu ces paroles, quand vous avez daigné ne jetez pas indirectement sur nos paroles, de
me répondre, vous auriez vu qu'il y avait plus fausses et insidieuses accusations.
d'outrage pour nous que de bienveillance pour 6. Que vos concitoyens se rendent respec-
eux,ànousprier d'épargner le dernier supplice tables etdignesd'êtrehonorés,par la pureté de
tione perduci. Qua paupertate illi Romanæ reipu- timeant, qui necessaria nostra incendere ac vestare
blicæ principes non solum non viluerunt civibus moliuntur. Liceat et hoc beneficium tribuere ini-
suis, sed ob eam fuerunt præcipue cariores, et pa- micis nostris, utdum metuunt rebus, quas noxium
triæ gubernandis opibus aptiores. Ne illud quidem. non estamittere, quod sibi noxium est, nonconen-
optamus aut agimus, ut patriæ tuæ divitibus illius tur admittere. Neque enim hæc dicenda est vindicta
Ruffini bis consulis (a) argenti solum decem pondo peccati, sed tutela consilii: non est hoc irrogare
remaneant, quod tunc laudabiliter severa censura supplicium, sed ab excipiendo supplicio com-
adhuc resecandumtamquam vitium judicavit. Tau- munire.
tum nos consuetudo decoloris ætatis nimium mar- 7. Quisque impradentem cum aliquo sensu do-
cidas animas mitius contrectare persuadet, ut man-
:
suetudini Chrislianæ, quod illis censoribus justum
visum est,nimium videatur et vides quammultum
pœnas atrocissimas pendat ;
loris privat, ne supervacuis sceleribus assuefactus
puero capillos vellit,
ne serpentibus plaudat; atque ita, ubi molesta di-
intersit, utrum punienda culpa sit tantum habere, lectio est, nullum membrum læditur, undemitem
an propter alias gravissimas culpas, ut tantum quis deterret, salus et vita periclitatur. Non tunc bene.
habeatpermittere; quod tunc jam fuitpeccatum, fici sumus, cum id quod a nobis petitur, facimus,
nunc volumus sit saltem pœna peccati. Sed est sed cum id facimus, quod non obsit petenlibus.
quod fieri possit, et debeat, ut nec usque ad ista Nam pleraque non dando prosumus, et noceremus,
progrediatur severitas, nec nimis secura lætetur et si dedissemus. Unde iliud proverbium, Nec puero
debacchetur impunitas, et imitationis exemplum ad gladium. « Tu vero, » inquit Tullius, « ne unico
gravissimas et occullissimas pænas infelicibus pro- quidem filio. » Quo enim quemquam maxime dili-
ponatur. Saltem concede, ut nimium superlluissuis gimus, eo minus ei debemus, in quibus magno pe-
(a) Lov, argenticulus decerpendo remaneat.
siste pas toujours à accorder ce qu'on nous pour vos concitoyens, mais pesez toute chose
demande, mais à faire ce qui peut être avec soin et prudence. S'il vous plaît de né-
utile à ceux qui nous sollicitent. En effet, la gliger le passé, puisque ce qui est fait ne peut
plupart du temps nous faisons du bien en re- plus ne pas être, songez du moins à l'avenir.
:
fusant, et nous aurions fait du mal en accor-
dant. De là vient le proverbe Ne donnez pas
une épée à un enfant, pas même « à votre fils
Prenez en considération, non ce que désirent
ceux qui vous sollicitent, mais ce qui peut
leur être utile. Ce ne serait pas les aimer sin-
»
unique, dit Cicéron. Plus nous aimons quel- cèrement que de craindre d'être moins aimé
qu'un, moins nous devons lui confier ce qui d'eux, en leur refusant ce qu'ils nous deman-
pourrait le mettre en danger. Je crois, sans dent. Souvenez-vous que vos livres mêmes ne
erreur, qu'il s'agissait des richesses, lors- louent celui qui gouverne la patrie, que quand
que Cicéron parlait ainsi. Or, comme il est il cherche plutôt ce qui est utile à ses conci-
dangereux de donner certaines choses à ceux toyens, que ce quileur est agréable.
qui en feraient un mauvais usage, c'est leur CHAPITRE III.— 8. «Peu importe, dites-
rendre service que de les en priver. Lorsque vous, quelle est la qualité du péché, lorsqu'on
les médecins voient la nécessité d'employer le »
demande pardon. Cela serait vrai s'il s'agis-
fer et le feu pour arrêter les progrès d'une sait de punir et non de corriger les hommes.
gangrène, ils ne sont que miséricordieux en Plaise à Dieu que ce ne soit pas le plaisir de
s'endurcissant contre les larmes que leur opé- la vengeance qui pousse un chrétien à con-
ration fait verser. Si, lorsque nous étions en- damner et à punir, et que pour pardonner une
fants, ou même déjà un peu grands, nous offense, il n'attende pas, mais prévienne même
avions obtenu de nos parents ou de nos maî- la prière de celui qui demande pardon! Mais
tres, grâce et pardon pour toutes les fautes que s'il agit ainsi, dans la crainte de haïr quel-
nous pouvions commettre, qui -de nous en qu'un, de rendre le mal pour le mal, de se
grandissant, ne serait pas devenu insupporta- laisser emporter au désir de nuire, et pour se
ble?Qui de nous aurait jamais appris quelque préserver du plaisir de se voir vengé par la loi,
chose d'utile? C'est par prévoyance et non par il ne doit pas pour cela négliger de pourvoir à
cruauté que l'on agissait ainsi à notre égard. l'avenir, et d'arrêter les projets des méchants.
N'ayez donc pas, dans la cause qui nous oc- En effet, il peut arriver qu'en se laissant trop
cupe uniquement, pour but d'obtenir, n'im- emporter par la haine contre un autre, on ne
porte comment de nous, ce que vous demandez fasse rien pour le corriger, et que par amitié
riculo peccatur, committere. Et de divitiis, ni fal- mur ab eis. Et ubi est, quod etvestrae lilteræ illum.
lor, cum hæc ageret, loquebatur. Proinde quæ laudant patríæ rectorem, qui populi utilitati magis
periculose male utentibus committuntur, salubriter consulat quam voluntati ?
ctiam plerumque detrahuntur. Medici cum vident CAPUT III.— « quale
8. Nihil interest, inquis,
secandam urendamque putredinem sæpe adversus videatur esse peccatum cum indulgentia postula-
multas lacrymas misericorditer obsurdescunt. Si tur. » Recte hoc diceres si de puniendis, non de
quoties parvuli, vel etiam grandiusculi veniam corrigendis hominibus agerctur. Absit enim a corde
peccantes deprecati sumus, toties a parentibus, vel Christiano, ut libidine ulciscendiadpœnam cujusque
magistris accepissemus, quis nostrum tulerandus rapiatur. Absit ut in dinuttendo cuique peccaturn,
crevisset? quis aliquid utile didicisset ? providenter aut non præveniat preces rogantis, aut certe conti-
oderit homi-
ista, non crudeliter fiunt. Ne quæso in hac caussa nuo subsequatur: sed hoc utique ne nocendi
nihil aliud intendas, nisi quemadmodum apud nos nem, ne malum pro malo retribuat, ne
efficias, quod rogaris a tuis : omnia vero diligenter inflamraetur ardore, ne vindicta etiam lege debita
:
considera. Si præterita negligis, quae fieri jam
infecta non possunt aliquantum prospice in poste-
rum, non quid cupiant, quinte rogant, sed quid eis
pasci desideret; non autem ne consulat, ne prospi-
ciat, ne compescat a malis. Fieri enim potest, ut
vchementius advesand), cmendationem quisque
expediat prudenter adtende NQJI sane fideliter eos negligat hominis, quem gravius odit; et nonnulla
amare convincimur, fÍ hoc solum intuemur, ne) molestia reddat coerccndo meliorem, quem maxime
non faciendo quod poscunt, minuatur quod ama- diligit.
et tendrebse, on afflige quelqu'un pour le ren- à leur égard, en châtiant leur vanité, sans ce-
dre meilleur. pendant leur ôter ce qui leur est nécessaire, et
9. «Le repentir, » dites-vous, «mérite le en inspirant quelque crainte à des hommes qui
pardon et purifie le coupable. « Oui, quand ne craignent pas Dieu. Il ne faut pas qu'une
c'est un repentirinspiré par la vraie religion, et dangereuse sécurité, leur permette d'offenser
la pensée du jugement futur de Dieu, mais plus grièvement encore ce Dieu qu'ils mépri-
non pas ce repentir, qu'on montre pour un mo- sent. Leurimpunité ne serviraitqu'àpousser les
ment aux hommes, ou qu'on feint d'avoir, non autres à les imiter et à se conduire plus crimi-
afin d'effacer une faute pour l'éternité, mais nellement encore. Enfin nous prions Dieu en
pour mettre présentement à l'abri de toute faveur de ceux pour qui vous nous priez, mais
peine une vie qui doit bientôt finir. Voilà pour- ;
pour qu'illes appelle à lui pour que, purifiant
quoi à l'égard des chrétiens qui ont demandé leur cœur par la foi; il leur apprenne à se pé-
pardon du crime dans lequel ils ont trempé, nétrer d'un véritable et sincère repentir.
incendiée,
soit en négligeant de porter secours à l'église
soit en participant aux pillages les
plus criminels, nous avons cru que leur dou-
10. Voilà comment, permettez-nous de vous
le dire, nous aimons d'une manière plus
réglée et plus utile que vous, ceux contreles-
leur et leur repentir leur seraient salutaires, et quels vous nous croyez irrités, et pour qui nous
qu'il suffirait, pour les corriger, de la foi qui prions Dieu de leur accorder des biens beau-
est dans leur cœur, et qui leur permet de con- coup plus grands que les maux que nous vou-
sidérer ce qu'ils doivent redouter du jugement drions leur voir éviter. Si vous les aimiez avec
de Dieu. Mais quel repentir peut guérir ceux ce sentiment de charité qui vient de Dieu,et non
qui non-seulement négligent de reconnaître la de cet amourterrestre qui vient des hommes,si
source divine de toute miséricorde, mais encore vous aviez été sincère, en m'exprimant votre
ne cessent de la tourner en ridicule et de la plaisir à entendre les paroles par lesquelles je
blasphémer? Cependant contre ces hommes vous exhortais au culte et à la religion du Dieu
mêmes, nous n'avons gardé aucune animosité tout-puissant, non-seulement vous leur souhai-
dans notre cœur où règne celui dont nous crai- teriez les mêmes choses que nous leur souhai-
gnons le jugement dans la vie future, et dont tons, mais vous leur donneriez le conseil de les
nous espérons le secours dans la vie présente. acquérir. Ainsi se terminerait avec une joie
Nous croyons toutefois montrer de la prévoyance commune l'affaire qui fait l'objet de vos solli-
9. Nam et pænitentia, sicut scribis, « impetrat arbitramur nos etiam pro ipsis aliquid providere, si
veniam, et purgat admissum , » sed ilia quæ in vera homines qui Deum non timent, aliquid timeant,
religione agitur, quæ futurum judicium Dei cogi- quo non eorum jædatur utilitas, sed vanitas casti-
tat; non illa quae ad horam hominibus, aut exhi- getur; ne ab eis Deus ipse quem speruunt, noxia
betur, aut fingitur, non ut a delicto anima purge- sccuritate, audacioribus factis gravius offendatur
tur in æternum, sed ut interim a præsenti metu et ne aliis ad imitandum, eadem ipsa securitas
molestiæ vita cito peritura liberetur. Hinc est quod multo perniciosius proponatur. Denique pro qui-
Christianis confidentibus atque deprecantibus, qui bus abs te rogamur, nos pro illis Deum roga-
delicto illo fuerant implicati, vel non succurrendo mus, uti eos ad se convertat, ut fide mundans corda
arsuræ Ecclesiæ. vel de sceleratissimis rapinis ali- eorum, veracem ac salubrem agere pænitentiam
quid auferendo, pænitentiæ dolorem fructuosum doceat.
esse credidimus, eLque ad correctionem sufficere 10. Ecce quanto ecs, quibus nos arbitraris iras-
existimavimus, quod inest cordibus eorum fides, ci, pacetua dixerim, ordinatius quamtu,utiliusque
qua considerare possent, quid de divino judicio for- diligimus, pro quibus et ad evitanda tanto majora
midare deberent. Quæ autem pænitentia sanare po- mala, etad consequenda tanto majora bona, depre-
test eos, qui fontem ipsum indulgentiæ nonsolum camur. Quos etiam tu, si ex Dei cælesti munere,
agnoscere negligunt, verum etiam irridere ac bla- non ex hominum terreno more diligeres, sinceriter-
sphemare non desinunt: et contra hos tamen ini- que mihi rescriberes, quod cum te ad exsuperantis-
micitias in corde non retinemus, quod illi patet ac simi Dei cultumreligionemque compellerem, li-
nudum est, eujus et in præsenti, et in futura vita benter audieris, non polum hæc eis optares, sed eis
et timemus judicium, et speramus auxilium. Sed ad lisec ipse præires. Sic omne apud nos tuæ petitio-
citations.Ainsi vous mériteriez cette céleste pa- savoir, si Dieu est assez irrité contre eux pour
trie, vers laquelle vous m'avez entendu, dites- les punir plus sévèrement par l'impunité qu'ils
vous avec joie, vous inviler à lever les yeux, et demandent, ou si dans sa miséricorde, il veut
votre amour pour la patrie qui vous a engen- leur infliger la même punition que nous, où
dré selon la chair, serait véritable et pieux, en les frapper d'une peine plus dure, mais plus
cherchant à obtenir pour vos concitoyen?, la salutaire, qui les fasse par une vraie conversion,
grâce de la félicité éternelle, au lieu de la va- recourir à sa miséricorde et non à celle des
nité de ces joies temporelles et de cette perni- hommes, et qui change en joie, tous les sujets
cieuse impunité. de crainte et les moyens de terreur, que nous
II. Je vous ai exposé ici toutes les pensées préparions contre eux. Pourquoi donc, avant le
et tous les vœux de mon cœur. Mais ce qui est temps, nous tourmenter vous et moi, sur ce que
encore caché dans le dessein de Dieu, je dois nous ne pouvons savoir. Laissons un peu
avouer que je l'ignore, car je suis homme. Quel de côté tous ces soins dont l'heure n'est pas en-
que soit cependant ce dessein, il est plus juste, core venue, et occupons-nous, s'il vous plaît,
plus sage, plus irrévocablement arrêté et in- de ce qui est toujours pressant. En effet, il n'y
comparablement meilleur que tout ce qui s'a- a pas de temps où il ne convienne, et où il ne
:
gite,dans l'esprit des hommes.. En effet, c'est
avec vérité qu'il est écrit dans nos livres « Il
y a diverses pensées dans le cœur de l'homme,
faille agir pour nous rendre agréables à Dieu,
quoiqu'il soit très-difficile, ou même impos-
sible d'arriver dans cette vie, à cette perfection
mais le conseil du Seigneur demeure éternelle- exempte de tout péché. C'estpourquoi, coupant
ment (Prov., XIX, 21). » Ce que le temps doit court à tout délai, ayons recours à la grâce de
apporter, ce que nous pourrons rencontrer de celui à qui l'on peut appliquer avec raison, les
facilités ou de difficultés, ce que notre volonté paroles flatteuses d'un de vos poëtes à je ne
peut tout à coup décider dans les choses pré- sais quel illustre personnage de l'ancienne
sentes, soit par l'amendement des coupables, Rome, paroles qu'il dit cependant avoir em-
soit par l'espoir seul de cet amendement, voilà pruntées à la Sybille de Cumes. c< Sous un chef
des choses que Dieu seul connaît mais que nous tel que vous, s'il reste encore quelques traces
ignorons. Il nous est également impossiblede de notre crime, elles s'effaceront et la terre
e
nis negotium cum magno sano gaudio finiretur.. coercendos misericorditer judicet, an aliqua du-
riore, sed salubriore eorum præcadentecorrectione,
Sic illam cælestem pairiam, quam cum intuendam
esse suaderem, libens.te accepisse dixisti, ex hujus nec ad hominum, sed ad suam misericordiam veraci
etiam, quæ tj carnaliter genuit, vera et pia dile- conversione, quidquid terrosis præparabatur, aver-
ctiune promereris, vere consulens tuis non ad tat et convertat in gaudium, jam novit ipse, nos
autem ignoramus. Quid ergo hic ante tempus, inter
vanitatem lætitiæ temporalis, nec ad impunitatem
perniciosissimam sceleris, sed ad gratiam sempiter- ?
nos ego et præstantia tua frustra laboremus Sepo-
næ felicitatis. namus paululum curam, cujus hora non est, et
11. Habes expositas in hac caussa cogitationes et quod semper instat, si placet, agamus. Nullum
votapectoris mei. Quid autemlateatinconsilioDei, enim tempus est, quo non deceat, et oporteat agere,
fateor, homo sum, nescio. Quidquid illud est, id est unde Deo placere possimus, quod in hac vita usque
justius, atque sapientius, et firmissime stabilitum, ad eam perfectionem impleri, ut nullum omnino
peccatum insit in homine, aut non potest, aut
imcomparabili excellentia præ omnibus mentibus
hominum. Verum est quippe quod legitur in libris :
forte difficilimum est unde præcisis omnibus dila-
tionibus. ad illius gratiam confugiendum est, cui
nostris. « Mult.fi cogitationes sunt in corde viris
consilium autem Domini manet in æternum. » verissime dici potest quod carmine adulatorio nescio
Proinde quid tempusafferat, quid nobis facultatis cui nobili dixit, qui tamen ex Cumæo, tamquam ex
aut difficultatis oriatur, quid postremo voluntatis prophetico carmine se accepisse confesus est,
ex rerum præsentium, vel correctione, vel spe, su- Te duce, si qua manent sceleris vestigia. nostri,
bito possit existere, utrum Deus sic indignetur his Irrita perpetua solvent formidine terras.
factis, ut ea, quam petunt, impunitate magis seve- Hoc enim duce,solutice omnibus dimissisque pec-
riusque puniantur, an illo modo, quo nobis placet, catis, hac via ad cælestem patriam pervenitur, cu-
sera délivrée des craintes qui l'agitaient perpé- peut y parvenir. Sans doute, nous voulons tous
tuellement(Virgil. Eglog., 4). » En effet, quand être heureux, c'est-à-dire que tous nous y as-
on a pour guide et pour chef Jésus-Christ, tous pirons. Cependant malgré notre volonté, nous
les péchés étant remis, on parvient à cette cé- ne pouvons pas tous arriver au bonheur, c'est-
leste patrie, dont le séjour a paru avoir pour à-dire nous ne pouvons pas tous obtenir ce qui
vous tant de charmes,lorsque, autantque je l'ai fait l'objet de nos aspirations. Celui-là seul
pu, je la recommandais à votre amour. l'obtient, qui marche non-seulement dans la
, CHAPITRE IV. — 12. En me disant, que voie où l'on aspire, mais encore dans celle où
toutes les lois aspirent à cette céleste patrie par l'on arrive, laissant les autres suivre les routes,
des voies et des sentiers différents, vous me où l'on désire il est vrai le bonheur, mais par
faites craindre que prenant le chemin où vous lesquelles on ne peut y arriver. Aucune route
marchez comme pouvant y conduire vous ne ne serait fausse si on n'y aspirait à rien, ou si
négligiez de suivre celui par lequel seul on on pouvait atteindre la vérité désirée. Si par
peut y arriver. Mais en faisant bien attention ces différentes voies vous entendez non des
à l'expression dont vous vous êtes servi, je voies qui soient contraires l'une à l'autre, mais
crois pouvoir, sans être accusé d'imprudence, qui ne diffèrent entre elles que comme les pré-
expliquer autrement votre pensée. Vous n'avez ceptes, qui malgré leur différence, concourent
pas dit en effet, que toutes les lois, par des cependant tous à former une bonne et sainte
voies et des sentiers divers, font voir cette pa- vie, les uns en traitant de la chasteté, les autres
trie céleste, la trouvent, l'obtiennent, y con- de la patience, ceux-ci de la fidélité, ceux-là
duisent, y aboutissent, ou quelque chose de ce de la miséricorde, non-seulement par ces voies
genre,mais en disant que toutes les lois y as- et ces sentiers divers on aspire, mais encore
pirent, je trouve, après avoir bien pesé votre on arrive à la céleste patrie. Dans les saintes
expression, que vous n'avez pas désignéla pos-
session de la chose, mais seulement le désir de
la posséder. Par là vous n'avez
pas exclu la loi
Des « voies, » comme dans ce passage :
Écritures, on parle des « voies »et de la «voie.
« J'en-
seignerai vos voies aux pécheurs et ils se con-
véritable, comme vous n'avez pas admis celles vertirons à vous (Ps., L, 15). » De la voie,
qui sont fausses. Car la loi qui conduit à ce but comme dans cet autre endroit du Psalmiste :
y aspire, mais toute loi qui aspire à ce but n'y « Conduisez-moi dans votre voie, et je marche-
conduit pas. Il n'y a d'heureux que celui qui rai dans votrevérité (Ps LXXXV, 11).» Ces voies
jus habitatione cum eam tibi amandam, quantum volumuspossumus, hoc est; quod appetimus, adi-
potui, commendarem, admodum delectatus es. piscimur. Ille ergo adipiscitur, qui viam tenet, non
;
CAPUTIV.—12.Sedquia dixisti, quod omnes
earn
leges diversis viis et tramitibus appelant vereor ne
forte,cum putasetiamillamviam, inquanuncconsti-
solum qua id appetit, sed qua etiam pervenitur,
relinquens alios in itineribus appetendi, sine fine
adipiscendi. Quoniam nec error esset si nihil appe-
tutus es, eo tendere, pigrior sis ad eam tenendam, teretur, nec si appetita veritas teneretur. Si vero
quæ illue sola perducit. Sed rursus verbum quod diversas vias ita dixisti,ut non intelligamus adver-
posuistidiligenteradtendens,videor mihi tuamnon
impudenter aperire sententiam : neque enim dixi- sas, sicut dicimus divcrsa præcepa, quæ tamen
omniabonamaedificentvitam, alia de castitate, alia
sti, quam omnes leges diversis viis et tramitibus de patientia, alia de fide, alia de misericordia, et
assequuntur, aut ostendunt, aut inveniullt, aut si quæ sunt cetera, non solum appetitur viis et tra-
ingrediuntur, aut obtinent, aut aliquid ejusmodi, mitibus ita diversis illa patria, verum etiam repe-
sed dicendo, « appetunt, » librato verbo, atque ritur. Nam et in Scripturis sanctis et viæ leguntur,
penso, non adeptionem
per-
significasti, sed adipiscendi
cupiditatem. Ita nec illam, quæ vera est, exelusisti,
:
et via viæ, sicut illud est, « Docebo iniquos vias
tuas, etimpii adteconvertentur (Ps.,L,15) : J) via,
nec alias, quæ falsæ sunt, admisisti : et illa quippe sicut illud, « Deduc me in via tua, et ambulabo in
appetit, quæ perducit,
nec perducit omnis, quae veritate tua (Ps., LXXXV, 11). » Non aliæ illæ, alia -
hoc appetit;quo quisquis perducitur, sine ulla ista, sed omnes una, de quibus alio loco eadem
dubitatione beatus est. Beati autem sancta Scriptura dicit, « Universae vise Domini mi-
omnes esse vo-
lumns, hoc est, appetimus, nec tamen
omnes qui si
sericordia et veritas (Psal.,XXIV, 10) :» quæ dili-
ne sont pas différentes les unes des autres, et est vrai, comme étant conforme à votre ma-
:
toutes ensemble n'en font qu'une, selon cette nière devoir, mais vous avez cru cependant'
autre parole de l'Écriture sainte « Toutes les devoir l'alléguer pour la défensede vos conci-
voies du Seigneur sont miséricorde et vérité toyens. En l'adoptant, nous aurions dû par-
(Ps.,XXIV, 10). » Il faudrait un long discours, donner à ceux qui ont poussé la fureur jusqu'à
pour développer convenablement ces paroles livrer l'église de Calame aux flammes, comme
divines, où l'esprit trouverait autant de conso- nous aurions pardonné à des hommes qui nous
lation que de douceur. J'y reviendrai une au- auraient attaqués par quelques propos offen-
tre fois, s'il en est besoin. sants.
;
13. Présentement je pense en avoir assez dit 14. Mais voyez un peu comment vous éta-
pour vous répondre et puisque Jésus-Christ a blissez votre raisonnement. Si tous les péchés
:
dit « Je suis la voie (Jean. XIV6)) c'est en lui sont égaux, d'après l'opinion de quelques phi-
qu'il faut chercher miséricorde et vérité, de losophes on doit « leur accorder à tous un
,
peur qu'en cherchant ailleurs, nous ne noue pardon égal. » Ensuite comme si vous vouliez
égarions, et que nous ne marchionsdans la vois vous-même prouver qu'effectivement toutes les
:
où l'on aspire à la céleste patrie, mais qui n'y fautes sont égales, vous ajoutez «Si quelqu'un
conduit pas. Si par exemple nous suivions cette a parlé avec trop d'emportement, il a péché
voie où vous nous dites que « tous les péchés s'il a commis des crimes ou dit des injures, il
;
»
sont égaux, ne serions-nous pas rejetés bien a péché également. » Cela n'est pas prouver la
loin de cette patrie de la vérité et du bonheur ? vérité de ce qu'on avance, mais, c'est avan-
Quoi de plus absurde, en effet, et de plus insensé cer sans aucune preuve un sentiment erroné.
: :
que de prétendre, que celui qui s'est laissé al- Quand vous dites « Il a péché également, »
ler àun rire immodéré, et celui qui a été as- aussitôt on vous répondra non, il n'a pas pé-
sez barbare pour mettre sa patrie en feu ont ché également. Peut-être exigerez-vous que je
?
commis une faute égale Cette opinion de quel- le prouve? mais vous, avez-vous prouvé que
:
ques philosophes n'est pas une de ces voies dif- sa faute est égale? Faut-il faire attention à ce
férentes qui conduisent au céleste séjour, mais que vous ajoutez Il a dérobé le bien d'autrui,
une voie de perversité qui conduit à l'erreur c'est une action qu'il faut ranger parmi les pé-
la plus dangereuse. Vous ne la rapportez pas il chés. » En disant cela, vous paraissez avoir
genter considerentur, copiosum pariunt sermonem, tium ignibus arsit Ecclesia, quemadmodum ig-
intellectumque suavissimum, quod si opus fuerit, nosceremus, si ab eis aliquo petulanti convicio ap-
in tempus aliud differam. peteremur.
13. Nunc autem, quod satis esse arbitror pro 14. Sed quemadmodum id adstruxeris vide: «Et.
suscepto officio rescribendi præstantiæ tuæ, quo- si, ut quibusdam,inquis, philosophis placet, omnia
niam Christusdixit, & Ego sum via (Johan.,XIV, 6),» peccata paria sunt, indulgentia omnibus debet esse
in illo quærenda est misericordia et veritas; ne si communis. » Deinde cum quasi moliris ostendere
alibi quæsierimus erremus, tenentes appetentem omnia paria esse peccata, subjungis et dicis, « Pe-
viam, sed non etiam perducentem. Velut si hanc tulantiuslocutus est aliquis, peccavit; convicia aut
ipsam tenere vellemus, unde quiddam commemo- crimina ingessit, æque peccavit. » Hoc non est do-
rasti, « omnia peccata esse paria; » nonne ab illa cere, sed id quod perverse sentitur, sine ulla docu-
patria veritatis, et beatitatis, nos longe exsules mentorum adstructione proponere. Ad hoc enim,
»
:
mitteret? quid enim absurdius, quid insanius dici quod dicis, «æque peccavit, citorespondetur,non
potest, quam ut ille, qui aliquanto immoderatius æque peccavit. Exigis fortassis ut probem quid
riserit, et ille qui patriam truculentius incenderit, enim tu, quod æque peccaverit, jam probasti ? An
quisque
peccasse judicentur æqualiter ? Quam quidem tu illud quod jungis audiendumest? « Aliena etiam
ex quorumdam philosophorum opinione non di-
»
diripuit, inter delicta numeratur. Hic tu
versam viam, quæ tamen ducat ad cælestem ipse verecundatus es : puduit enim te dicere quod
habitationem, sed plane perversam, quæ ducit peccavit æqualiter; sed, inter delicta, inquis, nu-
»
ad perniciosissimum errorem, non pro tuo sen- meratur. Non autem ibi qusestio est utrum et hoc
delicto
fu, sed pro caussa civium tuorum adhibendam inter delicta numeretur, sed utrum hoc illi paria,
putasti ; ut sic ignoscamus eis, quorum sævien- sequalitate jungatur. Aut si propterea sunt
*m
éprouvé quelque honte. En effet, vous n'avez vérité, que les pécheurs de Calame obtiendront
pas osé dire qu'il a péché également, mais vous cette miséricorde, qui d'après le droit chrétien
vous contentez de dire «que cette action doit leur est due, non pas comme s'ils avaient com-
être rangée parmi les péchés. » Il ne sagit pas mis une faute égale à celle d'une parole de colère
ici d'examiner si on doit ranger cela parmi les et d'emportement, mais comme à tout homme
fautes, mais de voir, si dérober le bien d'autrui sincèrement et véritablement repentant, quelle
est une faute égale à un délit beaucoup moin- quesoitl'énormitéde son crime. Pourvous,
dre. Si d'après l'opinion de vos philosophes, homme digne de louanges, gardez-vous d'en-
ces deux actions sont égales, parce que l'une seigner tous ces paradoxes insensés des Stoï-
et l'autre sont des péchés, les rats et les élé- ciens, à vot re cher Paradoxe (1), que nous dé-
phants sontégaux, parce que les uns etles au- sirons pour vous voir grandir dans la vraie
tres sont des animaux. Il n'y aura pas non plus piété qui donne le bonheur. Quel malheur pour
de différence entre les mouches et les aigles, un jeune homme, au cœur noble et généreux,
parce que les uns et les autres ont des ai- et quel danger pour vous-même, si votre fils
'les. regardait une injure lancée contre un étranger
15. Vous allez encore plus loin et vous dites: quelconque, comme une faute égale, je ne dis
« a
Il profané les lieux sacrés, ou ne doit pas pas à un parricide, mais seulement à une injure
pour celalui refuserlepardon. » En parlant de adressée à son père?
lieux sacrés qui ont été violés vous arrivez au 16. Vous avez donc raison, en plaidant la
crime de vos concitoyens; vous ne mettez pas cause de vos concitoyens; d'inv oquer la misé-
quiautraque delicta sunt; mures et elephanti po- tuum, quem tibi optamus vera pietate ac felicitate
res erunt, quia utraque sunt animalia ; muscae et grandescere. Nam quid generosus adolescens sapere
aquilæ, quia utraque volatilia. iniquius, et tibi ipsi periculosius potest, quam si
15. Adhuc etiam progrederis, et conjectas : convicio in quemlibet extraueum jaculato, non di-
« Loca profana,
sacraqueviolavit,non est ab indul- co paJ:'!,icdhlm, sed ipoum in patrem convicium
gentia secernendus. » Hic sane de violatis sae;s coæquaverit ?
locis, ad facinus tuorum civium pervenisti: verum 16. Convenienter itaque apud nos pro civibus
locutioni petulanti, nec tu ipse coaequasti; tantum- tuis agis, ingerendo nobis misericordiam Christia-
modo eis petisti indulgentiam, quæ recte petitur a norum, non duritiam Stoicorun: quæ caussæ a
Christianis propter abundantem miserarionem, te susceptæ, non modo nihil suffragatur, verum
non propter peccatorum parilitatem. Ego autem etiam multum adversatur. Nam ipsam misericor-
supra posui scriptum in litteris nostris, « Universæ diam, quam si non habeamus, nulla tua petitione,
viæ Domini misericordia et Veritas (psal., XXIV, 10).» nullis illorum precibus flecti poterimus, in vitio
Consequeatur itaque misericordiam, si non oderint Stoici ponunt, eamque a sapientis animo penitus
veritaiem. Quæ non quasi æque peccantibus, ac si expellunt, quem prorsus ferreum et inflexibilem
petulantius locuti sint; sed de scelere immanissimo volunt. Melius itaque tibi occurreret de tuo Cice-
atque impio recte pænitentibus Christiano jure de- rone quod diceres, - qui Cæsarem laudans, « Nulla,
betur. Tu vero vir merito laudabilis, ne quæso isia inquit, de virtutibus tuis admirabilior, vel gratior
paradoxa Stolculum sectanda doceas Paradoxum misericordia est (Orat. pro II, Ligario).»Quanto
admirable et la plus agréable de toutes vos
:
ron qui, pour louer César, lui disait « La plus 17. Il y a, dites-vous, parmi les citoyens de
votre patrie terrestre, quelques innocents,
-
vertus, est la miséricorde (1). n Combien plus quoique tous ne le soient pas. Cependant, si
cette miséricorde doit-elle éclater dans l'Église vous avez relu ma lettre, vous avez dû voir que
et dans le cœur de ceux qui suivent celui quia vous êtes loin de le prouver. Lorsque répondant
:
dit « Je suis la voie (Jean,XIV,6); toutes les voies à ce que vous m'aviez écrit concernant le désir
du Seigneur sont miséricorde et vérité (Ps., de laisser votre patrie florissante, j'ai dit
que
XXIV, 10).» Ne craignez donc pas que nous nous n'en avions senti que les épines et non
cherchions la perte des innocents, nous qui ne les fleurs vous avez
cru que je plaisantais.
voulons pas même livrer les coupables au sup- Dieu me garde de plaisanter en présence
plice qu'ils méritent. Nous en sommes empê- de si grands malheurs. Quoi, lorsque les ruines
chés par cette miséricorde que nous aimons de l'Eglise incendiée fument encore, nous
dans le Christ avec la vérité. Mais épargner et
favoriser des vices pour ne pas attrister la vo-
aurions le cœur de badiner ? Quoique je ne
trouve innocents que ceux qui étaient absents,
lonté des pécheurs, ce n'est pas être miséricor- ou ceux qui ont eu à souffrirde la violence des
dieux, pas plus que si nous nevoulions point méchants, ou qui n'ont eu ni les moyens, ni
arracher un couteau des mainsd'un enfant, de l'autorité nécessaire pour empêcher le mal,
peur de l'entendre pleurer, sans songer qu'une cependant j'ai, dans ma réponse, établi une -
grave blessure ou la mort même serait peut-être différence entre ceux qui étaient plus coupables
la suite de ce manque de précaution. Réservez et ceux qui l'étaient moins. Je n'ai pas rangé
donc, pour un temps plus important, les dé- dans la même classe ceux qui ont commis tant
marches que vous faites près de nous en faveur de désordres, et ceux qui ont craint d'offenser
de ces hommes que, permettez-moi de vous le les puissants ennemis de l'Église, les auteurs
dire,vous n'aimez pas tant,que vous aimez cer- du mal, ou ceux qui n'en ont été que les insti-
tainementmoinsque nous. Répondez-cous plu- gateurs. Nous n'avons réclamé aucune peine
tôt pourquoi vous tardez à entrer dans la.voie contre ceux qui ont poussé les autres à ces
quenous suivons,et par laquelle nous voudrions violences, parce que pour découvrir la vérité,
vous conduire avec nous à cette patrie céleste, il aurait fallu recourir aux tortures, pour les-
qui est, comme nous le savons, l'objet de vos quelles nous avons la plus profonde horreur.
désirs et de votre joie. Cependant, d'après le principe des stoïciens,
magis debet ea in Ecclesiis prævalere, quando eurn 17. Cives autem carnalis patriæ tuæ, et si non
«
sequuntur qui dixit, Ego sum via (Johan., XIV, 6);» omnes, sed quosdam innocentes quidem dixisti,
et legunt, « Universæ viæ Domini misericordia et verumtamen quod relecta illa epistola mea debes
Veritas(Ps.,XXIV,10).» Noli ergo metuere innocenti- advertere, non defendisti. Quorum non flores, sed
bus,ne moliamur exitium, qui nec nocentes volumus spinas nossensisse cum dicerem, respondens ad
ad dignum supplicium pervenire : prohibente nos illud quod scripseras, florentem te cupere patriam
ilia misericordia, quam in Christo cum veritate di- relinquere, jocari me putasti. Hoc scilicet in malis
ligimus. Sed qui vitiis nutriendis parcit et fovet, tantis libeat, ita est prorsus. Fumant adhuc ruinae
ne contristet peccantium voluntatem, tam non est incensæ Ecclesiæ, et in ea caussa nos jocamur? Et
misericors, quam qui non vult cultrum rapere pue- ego quidem quamvis innocentes illic mihi non oc-
ro, ne audiat plorantem, et non timet, ne vulne- currerent, nisi qui aut absentes fuerunt, aut mala
ratum doleat vel exstinctum. Serva ergo tempori illa perpessi sunt, aut nullis ad prohibendum viri-
opportuno quod apud nos agas, pro his homini- bus, vel auctoritate valuerunt, tamen nocentiores a
bus, inquorum dilectione (da veniam) non solum minus nocentibus in rescribendo distinxi, aliamque
nos minime præcedis, sed nec adhuc sequeris ; et caussam posui eorum, qui timuerunt offendere
rescribe potius quid te de hac via moveat, quam potentes inimicos Ecclesiæ, aliam eorum, qui hoc
tenemus, et in qua nobiscum adsupernampatriam, committi voluerunt, aliam eorum, qui commisse-
qua te delectari novimus et
gaudemus, ut gradiaris runt,aliam corum qui immiserunt;nihil agi de
immissoribus volens, quia hoc sine tormeutis cor-
instamus.
qui veulent que tous péchés soient égaux, tous AUGUSTIN, ÉVÊQUE CATHOLIQUE, AUX DONATISTES.
:
SaintAugustin exhorte les Donatistes à rentrer tuerons. Combien plus justement nous leur
dans l'unité. Illeur fait voir que les lois portées disons Ne vous éloignez pas, mais approchez-
contre eux par les empereurs catholiques étaient vous en paix, non de nos peuples, mais des
aussijustes que nécessaires; que la sainteté du peuples de celui dont nous sommes tous les
baptême est l'effet de la grâce de Dieu, et non sujets. Si vous ne le voulez pas, et que vous
pas celui du mérite de l'homme qui l'administre. soyez toujours ennemis de la paix, éloignez-
Il ajoute ensuite que l'Eglise catholique est vous plutôt vous-mêmes des peuples pour qui
facile à reconnaître dans les saintes Écritures, Jésus-Christ a versé son sang, et dont vous
et enfin qu'il faut tolérer les méchants qui s'y voulez faire vos peuples, pour qu'ils ne soient
trouvent. pas ceux de Jésus-Christ, quoique ce soit pour-
(1) Ecrite l'an 409. — Cette lettre était la 160e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui était
la105esetrouvemaintenantla194e.
poralibus a proposito nostro abhorrentibus fortasse agnosci: ac demum repertos inmalos tolerari opor-
non potest inveniri. Stoici autem tui omnes æqua- tere.
liter nocentes esse concedunt, quibus placet omnia
paria esse peccata; qui etiam duritiam suam qua AUGUSTINUS EPISGOPUS CATHOLICUS DONATISTIS.
misericordiam vituperant, huic sententiæ socian- CAPUT I. — 1. Caritas Christi, cui omnem
tes, nullo modo censent omnibus pariter ignoscen- hominem quantum ad nostram pertinet volun-
dum, sed omnes pariter esse puniendos. Remove tatem lucrari volumus, tacere nobis non permittit.
ergo illos quam longissime potes a patrocinio caus- Si propterea nos odistis, quia pacem vobis catholi-
sæ istius, et opta potius, ut tamquam Christiani cam prædicamus: nos Domino servimus dicenti,
agamus, ut sicut optamusnosin Christo eos, quibus « Beati pacifici, quoniam ipsi filii Dei vocabuntur
parcimus, adquiramus, neperniciosa illis dissolu-
tionparcamus. Deus misericorsetverax te
felici-
:
(Matth., v, 9) » et in Psalmo scriptum est, « Cum iis,
quioderunt pacem, eram pacificus;cum loquebar eis,
tate vpra donare dignetur. debellabant me gratis (Psal., cxix,7). » Propterea
mandaverunt nobis quidam presbyteri partis vestrse,
EPISTOLA CV dicentes, Recedite a plebibus nostris, si non vultis
ut intercificiamus vos. Quanto justius eis nos dici-
Bonatistcis ad unitatem exhortans, ostendit legesjuste mus, Immo vos non recedite, sed accedite pacati
necessarioque in eos latas fuisse ab Imperatoribus ad plebes non nostras, sed illius cujus omnes sumus:
catholicis. Baptismi sanctitatem ex divini muneris aut si non vultis et impacati estis, vos potius rece-
gratia, non ex ministri hominis mentis pendere pro- dite a plebibus, pro quibus Christus suum sangui-
bat. Deinde catholicam Ecclesiam in sacris Scripturis nem fudit; quas ideo vultis vestras facere ne Christi
tant en son nom que vous vous efforcez de les prouver, qui a réduit l'Église de Jésus-Christ
gagner à vous. Vous êtes semblables à un ser- à la seule partie de l'Afrique en communion
viteur qui aurait volé des brebis à son maître, avec Donat. Or, vous n'appuyez cela ni sur la
et qui, pour cacher son larcin, imprimerait la Loi, ni sur les Prophètes, ni sur les Psaumes,
marque de son maître à tout ce qui naîtrait ni sur les livres des Apôtres, ni sur l'Évangile,
des brebis qu'il a dérobées. C'est ce qu'ont fait mais uniquement sur l'égarement et les pré-
vos ancêtres. Ils ont séparé de l'Église de ventions de votre cœur, ainsi que sur les calom-
Jésus-Christ les peuples qui avaient le baptême nies de vos ancêtres. Le Christ, au contraire,
du Christ, et ils ont conféré le baptême du dit : « Que la pénitence et la rémission des
Christ à tous ceux qui sont venus se ranger péchés seront prêchées en son nom parmi
parmi eux. Mais le Seigneur punira les voleurs, toutes les nations, à commencer par Jérusalem
s'ils ne se corrigent pas, et en ramenant à son (Luc, XXIV, 47). » Voilà l'Eglise manifestée par
troupeau les brebis égarées, il n'effacera point Jésus-Christ même, avec laquelle vous n'êtes
sur elles la marque, qui est la sienne. pas en communion, et tandis que vous entraînez
2. Vous nous accusez d'avoir livré les saintes les autres dans votre perdition, vous ne voulez
Écritures, crime que vos ancêtres n'ont jamais
pas être sauvés vous-mêmes.
pu prouver contre les nôtres, et que vous ne CHAPITRE II. — 3. Si votre ressentiment
pourrez jamais prouver contre nous. Que contre nous vient de ce que vous êtes forcés de
?
voulez-vous que nous fassions Lorsque nous revenir à l'unité par les ordonnances des em-
vous disons d'examiner avec calme votre cause pereurs, c'est vous qui en êtes cause, vous qui,
et la nôtre, vous ne savez nous répondre qu'a- par vos violences et vos menaces, nous avez
vec un esprit d'orgueil et de folie. Il nous empêchés de prêcher la vérité partout où nous
serait cependant facile de vous faire voir que voulions la répandre, et qui n'avez pas permis
les vrais traditeurs sont ceux qui ont condamné aux autres de l'entendre en paix et en sécurité.
pour ce crime, dont ils étaient innocents, Céci-
lien et ses compagnons. Vous nous dites :
;
Cessez donc de vous irriter ne portez pas
ainsi le trouble dans votre âme, et si cela vous
Éloignez-vous de nos peuples, ces peuples aux est possible écoutez avec calme ce que nous
quels vous enseignez à croire en vous et non vous disons. Rappelez-vous les faits de vos
en Jésus-Christ. Vous leur dites que (:"'est ce circoncellions et de vos clercs qui marchaient
crime de tradition, que vous ne pouvez pas toujours à leur tête, et vous verrez alors quelle
sint, quamvis eas sub ejus nomine possidere co- eis dicitis, propter traditores, quos non ostenditis,
nemini:tamquam si servus furetur oves de grege
Domini sui, et qusecumque ex illis nata fuerint,
characterem Domini sui eis infigat, ne furtum ejus
:
remansisse Ecclesiam Christi in sola Africa partis
Donati quod non de Lege, non de Propheta, non
de Psalmo, non de Apostolo, non de Evangelio,sed
possit agnosci. Sic enim fecerunt majores vestri, de corde vestro, et de parentum vestrorum calum-
separaverunt ab Ecclesia Christi populos habentes niis recitalis. Christus autem dicit, « prædicari in
baptismum Christi, et quicumque illis accreverunt, nomine suo pænitentiam et remissionem peccato-
baptismo Christi eos baptizaverunt. Sed Dominus et rum, per omnes gentes incipientibus ab Jerusalem
fures punit, si non se correxerint, et oves ab errore (Lucæ, XXIV, 47) cui Ecclesiæ ex ore Christi ma-
: »
revocat ad gregem, nec in eis suum exterminat cha- nifestatæ,vosnoncommunicatis, etalios investram
racterem. perditionem trahentes, liberari non vultis.
2. Dicitisnostraditores,quod nec majores vestri CAPUT II. — 3. Si autem ideo vobis displicemus,
in majores nostros potuerunt, nec vos in nos pro- quia per Imperatorum jussiones ad unitatem cogi-
bare ullo modo poteritis. Quid vobis vultis faciamus, mini, hoc vos fecistis, qui ubicumque vellemus
qui quando vobis dicimus ut caussam nostram et prædicare veritatem, ut eam quisque securus au-
vestram patienter audiatis,non nostisnisi superbire diret et volens eligerct, numquam permisistis per
et insanire ? Nam utique ostenderemus vobis, quia violentias et terrorcs vestros. Nolite stridere, et
potius illi traditores fuerunt, qui Cæcilianum et perturbare animas vestras; patienter, si fieripotest,
socios ejus quasi tradilionis crimine darnnaverunt. considerate quod dicimus, et recolite facta Circum-
Et diitis, Recedite a plebibus nostris; quas docetis cellionum vestrorum, et clericorum qui duces eo-
ut vohis credant, etChristonon credant. Vos enim rum semper fuerunt, et videbitis quæ caussa vobis
a été la cause des lois portées contre vous, et guère encore vous avez envoyé un crieur à Si-
dont vous vous plaignez injustement, puisque nite, pour publier à haute voix, que quiconque
c'est vous qui avez forcé les empereurs à les serait en communion avec Maximin verrait sa
promulguer. Sans aller chercher bien loin dans maison brûlée. Mais quand il n'était pas encore
le passé, souvenez-vous seulement de ce que rentré dans l'unité de l'Église, ni même revenu
vous avez fait récemment. Marc, prêtre de Cas- de son voyage d'outre-mer, qu'avions-nous
phalia s'est fait catholique sans y avoir été fait, sinon d'envoyer un de nos prêtres à Sinite,
contraint par personne, mais Je sa seule et pour visiter nos catholiques, sans faire ni tort
propre volonlé. Pourquoi les vôtres l'ont-ils ni'peine à personne, mais uniquement pour
poursuivi, et l'auraient-ils tué, si la main de prêcher, dans sa propre demeure, la paix ca-
Dieu n'avait arrêté leur violence par des tholique à ceux qui voudraient entendre sa
hommes qui sont venus à son secours?Restitut ?
parole Vous l'avez pourtant chassé de là avec
de Victoria a également passé de son plein gré la dernière iniquité. Et quand l'un des nôtres,
à la religion catholique. Pourquoi a-t-il été ar- Possidius, évêque de Calame se rendait à Fi-
raché de sa maison, roulé dans un bourbier, guli, pour y visiter le petit nombre de catho-
battu, habillé de joues, retenu je ne sais com- liques que nous y avons, et pour inviter parla
bien de jours en captivité, et rendu à la liberté parole de Dieu les hommes de bonne volonté
uniquement parce que Proculéien craignait à rentrer dans l'unité de Jésus-Christ, ceux de
d'être obligé de comparaître pour cette cause ? votre parti lui ont dressé sur son chemin des
Marcien d'Urges est rentré de lui-même dans embûches à la manière des voleurs, et n'ayant
l'unité catholique; pourquoi, tandis qu'il se dé- pu le faire tomber dans leurs pièges, ils l'atta-
robait à votre fureur, son sous-diacre a-t-il été quèrent ouvertement dans le village de Lives,
frappé jusqu'à mort par les vôtres? Pourquoi mirent le feu à la maison où il s'était retiré, et
vos clercs l'ont-ils accablé de pierres?N'est-ce l'auraient brûlé tout vivant, si les habitants de
pas pour ce crime que leurs maisons out été ce village, pour se préserver du danger qui les
démolies? menaçait eux-mêmes, n'avalent éteint par trois
4. Qu'est-il besoin d'en dire davantage? na- fois les flammes de l'incendie que vous aviez
fxstinguerent : et tamen cum Crispinuspropterhoc et postea confitentur, ut vel sic evadant oppressio-
factum in proconsulari judicio convinceretur hæ- nesvestras.
reticus, ejusdem episcopi Possidii intercessu decem 6. Et tamen quid est melius, proferre veras lm-
libras auri non est exactus. Cui benevolentiæ et peratorum jussiones pro unitate, an falsas indul-
mansuetudini ingratus, ad Imperatores catholicos gentias pro perversitate, quod vos fecistis, et men-
ausus est appellare. Unde hanc in vos iram Dei, de dacio vestro subito totam Africam implestis.In quo
et
qua murmuratis,multo importunius vehementius facto nihil aliud ostendistis, nisi partem Donati
provocavit. semper de mendacio præsumentem, omni vento
5. Videtis quia vos contra pacem Christi violen- jactari et circumferri, sicut scriptum est, « Qui fi-
ter insurgitis, et patimini non pro ipso, sed pro dit in falsis, hic pascit ventos (Prov.,x, 4). Sicut
iniquitatibus vestris. Quia est ista dimeritia, utcum enim vera fuit ista indulgentia, sic vera sunt cri-
male vivitis,latronum facta faciatis; et cum jure mina Cæciliani, et traditio Felicis Aptungensis, per
punimini, gloriam Martyrum requiratis? Si ergo quem ordinatus est, et quidquid aliud contra ca-
vos privata vestra audacia tam violenter cogitis ho- tholicos dicere consuevistis, ut a pace Ecclesiæ
mines aut ire in errorem, aut permanere in errore; Christi infelices separetis, et infeliciter separemini.
quanto magis nos debemus per ordinatissimas po- De nulla quidem nos hominis potestate præsumi-
testates, quas Deus'secundum suam prophetiam mus, quamvisutique multo sithonestius præsumere
subdidit Christo, resistere furoribus vestris, ut mi- deImperatoribusquampræsumere de Circumcel-
seræ animæ de vestra dominationeliberatæ, eruan- lionibus, præsumere de legibus quam præsumere
tur de vetustissima falsitate, et assuescant in aper- de seditionibus. Sed meminimus scriptum esse,
tissima veritate ? Nam quod a nobis nolentes dicitis « Maledictus omnis qui spem suam ponit in homine
cogi, multi etiam se cogi volunt; quod nobis antea (Jerem., XVll, 5). » Undeergopræsumimus, si vultis
mettre sa confiance dans les lois établies que hommes, mais encore par Dieu, pour avoir re-
dans les séditions. Mais nous nous souvenons fusé d'obéir à ce que la vérité lui avait or-
de ces paroles de l'Écriture : «Maudit soit, le et
donné, par cœur la bouche du prince. C'est
celui qui met son espérance en l'homme ainsi que Nabuchodonosor (Daniel, lIT, 96), tou-
(Jérérn.,XVII, 5). D Voulez-vous savoir en qui ché et changé par le miracle, qui avait sauvé
nous mettons notre confiance? En celui dont la vie aux trois jeunes gens jetés dans la four-
:
le Prophète a dit « Tous les rois de la terre naise, porta en faveur de la vérité contre l'er-
• l'adoreront, et toutes les nations lui seront reur, un édit ordonnant, que quiconque blas-
soumises (Ps.,LXII, 11) ! » Voilà la puissance phémerait le Dieu de Sidrach, de Misach et
à laquelle nous avons recours, puissance de-
venue celle de l'Église, selon la promesse que
le Seigneur lui en avait faite.
:
d'Abdenago, serait puni de mort, et que sa
maison serait détruite et vous ne voulez pas
que les empereurs chrétiens ordonnent quelque
7. En effet, si les empereurs étaient dans chose de semblable contre vous, lorsqu'ils sa-
l'erreur, ce qu'à Dieu ne plaise, ils publieraient vent que vous effacez le sceau divin de Jésus-
des lois pour leur erreur contre la vérité, lois Christ, dans ceux que vous rebaptisez? Si les
qui serviraient à éprouvèr les justes et à leur ordonnances royales ne devraient pas être em-
faire obtenir la couronne de gloire, pour le cou- ployées pour favoriser la prédication, et le dé-
rage aveclequelilsrefuseraient de faire ce qu'on veloppementdelareligion;ainsiqitepotir empê-
ordonne contre les commandements et les dé- cher les sacrilèges,pourquoi vous-mêmes faites-
fenses de Dieu. Nabuchodonosoravait ordonné vous le signe de la croix,lorsque vous entendez
:
d'adorer sa statue d'or ceux qui s'y refusè-
rent furent agréables à Dieu qui défendait un
lire l'édit de Nabuchodonoser, dont l'Écriture
: Il
rapporte ainsi les paroles « m'a plu d'annon-
tel sacrilège. Mais quand les empereurs sont cer hautement les signes et les prodiges que le
dans la vérité, et qu'ils donnent en faveur de Seigneur Dieu, très-élevé et très-puissant a
cette vérité des ordres contre l'erreur, tout faits autour de moi, de publier quelle est la
homme qui les méprise s'expose à être con- grandeur et la puissance de son règne, qui est
damné, et non-seulement il sera puni par les un règne éternel, et une puissance qui subsis-
nosse, illum cogitate, de quo Propheta præauntia- ininteritum irent,etdomus eorum in dispersionem
vit, dicens, « Adorabunt eum omnes reges terræ, (Dan., Ill, 96) : et non vultis ut tale aliquid contra
et omnes gentes servient illi (Psal., LXXI, 11). » Et vos jubeant Imperatores Christiani, cum sciant a
ideo hac Ecclesiae potestate utimur, quam ei Domi- vobisin eis, quos rebapLizatis, Christum exsufflari?
nus et promisit et dedit. Si jussiones regum non pertinent ad prædicandam
7. Imperatores enim si in errore essent, quod ab- religionem et sacrilegia prohibenda, quare ad
sit, pro errore suo contra veritatem leges darent, edictum regis talia jubentis etiam ipsi vos signatis?
per quas justi et probarentur et coronarelltur, non An ignoratis verbo regis esse, « Signa et ostenta,
faciendo quod illi juberent, quia Deus prohiberet. quæ fecit mihi Dominus Deus excelsus; placuit mihi
Sicut jusserat Nabuchodonosor, ut aurea statua ado- in couspectu meo annuntiare, quam magnum et
raretur; quod qui facere noherllnt, Deo taiia pro- sit
poteas regnum ejus, regnum sempiternumet.
hibenti placuerunt. Quando autem Imperatores Potestas ejus in saecula sæculorum (Dan., JII, 99)?))
veritatem tenent, pro ipsa veritate contra errorem AJI cum hoc audieritis, non respondetis, « Amen; »
jubent, quod quisquis contemserit, ipse sibi judi- et hoc d'eto clara voce ad edictun regis, vos in
cium adquirit. Nam inter homines pœnas luH, et sancta solemnitaLe signatis ? Sed modo quia nihil
apud Deum (a) Fontem non habebit, qui hoc facere apud Imperatores potestis, nobis inde vultis facere
noluit, quod ei per corregis ipsa Veritasjussit. Sicut invidiam. Si autem aliquid possetis, quanta facere-
ipse Nabuchodonosorpostea miraculo saluas L'ium tis; quando nihil potestis, et noncessatis?
puerorum commotus atque mutatus, pro veriiate 8. Scitote quod primi majores vestri caussam Cæ-
contra errorem edictiun proposuit, ut quicumque ciliani ad Imperatorem Constantirum detulerunt.
blasphemarent dum Sidrach, Misach et Abdenigo, Exigite hoc a nobis, probemus vobis, et si non pro-
(a) Lov. fortem non habebit. At editiones antiquiores ferunt, fronlem non habebil, cui lectioni suffragantur MSS. tredecim.
Alludere videtur Augustinus ad illud Apostoli, Rom XIII, 5. Ideo necessitatesubdiliesto'e,non solumpropter iram,sed etiam
propter concientiam.
tera, dans tous les siècles des siècles (Damel, avaient succomhé, en appelèrent de nouveau à
111,99). » Lorsque vous entendez ces mots, n'a- l'empereur. Comment, en effet,
un mauvais
vez-vous pas coutume de répondre amen, - et ne plaideur pourrait-il faire l'éloge des juges qui
faites-vous pas le signe de la croix, dans la l'ont condamné? Alors cet empereur si clé-
sainte solennité du Samedi saint (1)? Comme ment, nomma de nouveaux évêques pour les
vous êtes sans crédit auprès des empereurs, juger à Arles, ville de la Gaule. Les vôtres en-
vous cherchez à faire retomber sur nous la core une fois condamnés en appelèrent à l'em-
haine que vous inspirent les ordonnances. Mais pereur lui-même, qui ayant pris connaissance
si vous pouviez quelque chose, que ne feriez- de l'affaire, déclara Cécilien innocent, et ses
vous pas lorsque, ne pouvant rien, vous ne ces- ennemis calomniateurs. Malgré tant de dé-
sez ni vos calomnies, ni vos violences contre faites, les vôtres ne se tinrent pas en repos.
nous ? Félix, évêque d'Aptonge, par qui Cécilien avait
8. Sachez que vos ancêtres ont les premiers été ordonné, devint l'objet de leurs plaintes
porté la cause de Cécilien, devant l'empereur continuelles près de l'empereur. Ils l'accu-
Constantin (2). Exigez que nous vous le prou- saient d'avoir livré les saintes Écritures et pré-
¿
vions, et si nous ne vous le prouvons pas, fai- tendaient que Cécilien ne pouvait être légiti-
tes de nous ce que vous voudrez. Comme Con- mement évêque, puisqu'il avait été ordonné
stantin n'osa par porter un jugement dans une par un traditeur. Sur l'ordre de l'empereur,
aflaire qui regardait un évêqne, il délégua l'affaire ayant été portée devant le proconsul
des évêques pour la discuter et la terminer. Elicn, Félix fut reconnu et déclaré innocent.
Cela eut lieu à Rome sous la présidence de 9. Alors Constantin fut le premier qui publia
Melchiade, évêque de cette église, auquel s'ad- une loi très-sévère contre le parti de Donat.
joignirent plusieurs de ses collègues. Ces juges Son exemple fut imité par ses fils (4), qui pres-
ayant proclamé l'innocence de Cécilien et con- crivirent les mêmes choses que leur père. Le
damné Donat (3), qui avait fait le schisme à successeur de Constance. Julien, renégat et
Carthage, ceux de votre parti mécontents du ennemi du Christ, sur les supplications de vos
jugement des évêques devant lesquels ils évêques Rogatien et Ponce, donna au parti de
(1) Dans l'office des Goths on lisait ces paroles de l'éditde Nabuchodonosor, le samedi saint, et l'on répondait, Amen.
(2) Voyez dans la lettre 43 l'histoire de cet appel. Remarquons en passant, que c'étaient les schismatiques, qui les pre-
miers avaient soumis cette affaire aux jugesséculiers.
(3) Eveque des Cases-noires, celui dont le nom demeura à tout le parti.
(4) Constance et Constant.
baverimus, facite de nobis quidquid potueritis. Sed fuerat ordinatus, quotidianis interpellationibus ipsi
quia Constantinus non est ausus de caussa.episcopi Imperatori taedium fecerunt, dicentes eum esse tra-
judicare, eam discutiendam atque finieadam epis- ditorem. Et ideo Caecilianum episcopum esse non
copis delegavit. Quod et factum est in nrbe Roma posse, quod a traditore fuerit ordinatus; donee et
proesidente Melchiade episeopo illius Ecclesiae cum ipse Felix jussu Impeiatoris caussa cognita ab
multis collegis suis. Qui cum Cæcilianiim innoeen- Æsianoproconsule innocens probaretur.
tem pronuntiassent, et Donatum qui schisma Car- 9. Tunc Constantinus prior contra partem Do-
thagini fecerat, sententia percussissent,iterum vesiri nati severissimam legem dedit. Iltinc imitati filii
ad Imperatorem venerunt, dejudicio episcopom.n, ejus talia præceperunt. Quibus succedens Ju-
in quo victi fuerant,murmui'arunt. Quomodoenim lianus desertor Christi et inimicus, aupplicantibus
potest malus litigator laudare jadices, quibuajudi- vestris Rogatiano et Pontio, libertatem (a) perdi-
c'antibusvictus? Iterum tamen clemeniissimus Itn-
perator alios judices episcopos dedit apud Arelatum
tionis parti Donati permisit: deniqne tune reddi-
dit basilicas hæreticis, quando templadamoniis,eo
Galliæ civitatem, et ab ipsis vestri ad ipsum Impe- modo putans Christianum nomen posse perire de
ratorem appellarunt, donec etiam ipse caussam CQ- terris, si unitati Ecclesiæ, de qua lapsus fuerat, in-
gnosceret, et Cseeilianum innocentem, illoscalum- videret, et sacrilegas dissensioncs liberas esse per-
niosos pronuntiaret. Nec sic toties victi quievenint, mitteret. Hæc erat ejus praedicanda justitia, quam
sed de Felice Aptungitano, per quem Cæciliaaus supplicantes Rogatianus et Pontius laudaverunt, di-
centes homini apostatae, quod «apud eum sola justi- liquerunt, ut tam impudenter de jussionibus Chri-
tia haberet locum. p Huic successit Jovianus, qui stiauorum Imperatorum faciatis invidiam, cum
quoniam cito mortuus est, nihil de rebus talibus vobis liceret, non quidem jam Constaritinnm Chri-
jussit. Deinde Valentinianus; legite qu-e contra vos stianum, quia veritati favit, contra nos interpella-
jusserit. Inde Gratianus et Theodosius; legite retis, sed apostatam Julianum ab inferis excitaretis ;
quando vultis, quæ de vobis constituerint. Quid quasi vero si aliquid tale contingeret, esset ma-
ergo de filiis Theodosii miramini, quasi aliud in hac gnum malum nisi vobis. Quæ est enim pejor mors
caussa sequi debuerint, quam Constantini judicium animæ, quam libertas erroris?
per tot Chvisiianos Imperatores firmissime custodi- CAPUT III. — 11. Led jam tollamus ista omnia
tum ?
10. Ad Constantinum autem, sicutdiximus, sicut
vobis quando vultis, si lamen ignoratis, ostendi-
de medio, amemus pacem, quam omnis doctus et
indoctus intelligit præponendam esse diseordæ
diligamus et teneamus unitatem. Hoc jubent Impe-
;
mus, majores vestri caussam Cseciliani ultro detu- ratores,quod jubet et Christus;quin cumbonum
lerunt. Defunctus est Constantinus, sed judicium jubent, per illos non jubet nisi Christus. Et nos etiam
Constantini contra vos vivit, quo vestri caussam mi- per Apostolum obsecrat, ut idipsum dicamus omnes,
serunt, apud quem judices episcopos reprehende- et non sint in nobis schismata, neque dicamus, Ego
runt, ad quem a judicibus episcopis appellaverunt, quidem sum Pauli, ego autem Apollo, ego vero
quem tædiosisime de Felice Aptungitano interpel- Cephæ,ego autem Christi (Cor, I. 10);sedsimul
laverunt, a quo toties convicti et confusi redieruut, omnes non simul nisi Christi, quia nec divisus est
eta pernicie furoris et animositatis suæ non reces- Christu, nec Paulus crucifixus est pro nobis;
seruntj eamque vobis posturis suis hereditariam re- quanto minus Donatus? nec in nomine Pauli bapti-
pèce de divisions, et de ne pas dire : « Moi je ce sacrement, toutes lesfois que celui qui l'aura
suis à Paul, un autre je suis à Apollon, celui-ci
:
conféré, aura été trouvé indigne. Ainsi notre
je suis à Céplias (I Corint., I, 10) ; » mais que foi ne dépendra plus de notre propre vo-
nous disions tous ensemble Nous sommes à lonté, ni du bienfait de la grâce divine, mais
Jésus-Christ, puisque Jésus-Christ ne se divise du mérite des prêtres et de la qualité des
pas, et que ce n'est pas Paul, et encore moins clercs. » Que vos évèques réunissent donc mille
;
Donat qui a été crucifié pour nous puisque ce conciles pour répondre à ces seules paroles, et
n'est pas au nom de Paul, encore moins au nom s'ils le peuvent, nous consentons à tout ce
que
de Donat, que nous avons été baptisés. Voilà vous voudrez. En effet,
voyez quelle est la
ce que nous disent les empereurs, parce qu'ils perversité et l'impiété de vos sentiments quand
sont chrétiens catholiques, et non pas servi- vous dites, selon votre coutume, que si le mi-
teurs des idoles comme votre Julien, ni héréti- nistre est bon, il sanctifie lui-même celui qu'il
ques comme quelques autres qui ont persécuté baptise, mais que c'est Dieu qui sanctifie, lors-
l'Église catholique, et sous lesquels les vrais que le ministre est méchant et
que le baptisé
Chrétiens ont souffert, non de justes supplices, l'ignore. Si cela est vrai, il faudrait souhaiter
comme vous pour vos erreurs et votre hérésie, d'être baptisé par des méchants qu'on ne con-
mais des persécutions glorieuses pour la dé- naît pas comme tels, plutôt que par des hom-
fense de la vérité catholique. mes reconnus comme bons, afin de pouvoir
12. Écoutez avec quelle vérité Dieu, qui tient être mieux sanctifié par Dieu que par l'homme.
dans sa main le cœur des rois, nous dit par Loin de nous une pareille démence ! Pour-
la voix des empereurs, dans ces mêmes lois quoi ne disons-nous pas avec plus de vérité, et
que vous dites avoir été portées contre vous, ne pensons-nous pas avec plus de raison, que
mais qui ont été plutôt portées en votre fa- c'est toujours Dieu qui produit la grâce et l'ef-
veur, si vous les compreniez bien. Écoutez, dis- fet du baptême, et que l'homme en cela ne fait
:
je,ces paroles du prince (I) « Si la consécra- que prêter son ministère. Si le ministre est
tion religieuse du baptême est comptée pour homme de bien, il est uni à Dieu, et agit con-
rien dans ceux qui auront été baptisés, lors- jointement avec lui; s'il est méchant, Dieu se
qu'ils l'auront été par des ministres réputés sert de lui pour opérer ce qu'il y a de visible
comme pécheurs, il sera nécessaire de réitérer dans le sacrement du baptême, et en opère in-
(t) Ces paroles sontsans douta celles de laloi portée par les empereurs Constantin, Constance et Valentinien, dont il
est fait mention dans le code de Théodose Livre XVI, t. VI. Ne sanctum baptisma iteretur. Leg. 2. Contre la réitération
du.saintbaptême.
:
qui est votre mère. Vous n'avez jamais pu rien connaissons Jésus-Christ dans ces paroles de
prouver contre nous. Vos évêques convoqués l'Apôtre « Des promesses ont été faites à
par nous,n'ont jamais voulu entrer en confé- Abrabam et à celui qui devait naître de lui,
rences pacifiques et amicales, comme s'ils re- l'Écriture ne dit pas, et à ceux qui naîtront
doutaient de s'entretenir avec des pécheurs. comme si elle eût voulu en marquer plusieurs,
* Qui pourrait supporter un tel orgueil? L'Apôtre mais elle dit, en parlaut d'un seul, et à celui
Paul n'a-t-il pas conféré avec des pécheurs et qui naîtra de vous, c'est-à-dire à Jésus-Christ
diligimus vos, hoc vobis volumus quod et nobis. Si est, sermones de Lege habuerit, eisque congruenter
propterea nos gravius odistis, quia errare vos et
pedre non permittimus, hoc Deo dicite, quem
?
respondent Postremo diabolus est primus omnium
peccatorum, qui converti ad justitiam numquam
timemus minantemmalis pastoribus, et dicentem, poterit, et tamen nec ipse Dominus de Lege dedi-
« Quod eL'raverat, non rcvocastis, et quod perierat, gnatus est ei respondere : ut intelligatis istos ideo
non inquisistis (Ezechxxxiv,4).» Hoc vobis pernos nobiscum nolle conferre, quia caussam suam perdi-
Deus ipse facit, sive obsecrando, sive minando, sive tam norunt.
corripiendo, sive damnis, sive laboribus, sive per 14. Nos ignoramus, quid adversus seipsos homi-
suas occultas admonitiones vel visitationes, sive per nes jactent, qui calumniosis dissensionibus gaudent.
potestatum temporalium leg.es. Intelligite quid vo- In Scripturis discimus Christum,in Scripturis disci-
biscum agatur, perirevos non vult Deus in sacrilega mus Ecclesiam.Has Scripturas communiter habe-
mus, quare non in eis et Christum et Ecclesiam
discordia alienatos a matre vestra Catholica.Nibil iu
nos aliquando probare poluistisj vestri episcopicon-
venii a nobis numquam nobiscum pacitice conferre
communiter retinemus ? Nos ubique agnovimus
eum de quo dicit Apostolus, « Abrahæ dictæ sunt
voluerunt, quasi fugientes cum peccatoribus loqui. promissiones et semini ejus; non dicit, Et semini-
Quis ferat istarn superbiam, quasi Paulus apostolus bus, tamquam in multis, sed tamquam in uno, Et
non contulerit cum peccatoribus et cum valde sa- semini tuo, quod est Christus (Gal., III, 16); ibi
?
crilegis legite ActusApostolorum, et videte. Quasi
ipse Dominus non cum Judæis, a quibus crucifixus
agnovimus Ecclesiam, de qua dicit Deus ad Abra-
ham, « In semine tuo benedicentur omnes gentes
»
(Gal., III, 16). Nous reconnaissons aussi l'É-
glise dans les paroles que Dieu adresse à Abra-
Psaume : «Ils ont percé mes pieds et mes
mains, ils ont compté tous mes os, ils m'ont
ham : « Toutes les nations seront bénies dans considéré et regardé dans cet état, ils se sont
votre race (Gen., XII, 3). » Si nous reconnais partagé mes vêtements et ont tiré ma robe au
:
sons le Christ prophétisant sur lui-même dans
ces paroles de David « Le Seigneur m'a dit
Vous. êtes mon fils et je vous ai engendré au-
:
sort (Ps., XXI, 17). » Nous reconnaissons aussi
l'Église dans les paroles qui viennent ensuite
« Toute l'étendue de la terre se souviendra du
:
jourd'hui (Ps., 11, 7). » Nous avons aussi re- Seigneur et se convertira à lui, et toutes les
connu l'Église dans celles qui suivent : « De- nations du monde l'adoreront, parce que 'est
mandez-moi, et je vous donnerai les nations au Seigneur qu'il appartient de régner, et qu'i
pour votre héritage, et l'étendue de toute la dominera au milieu des peuples (Ibid., 28). »
terre pour votre domaine (Ps., XXXXIX,2). u
:
Si nous avons reconnu le Christ dans ce qui
est écrit « Le Seigneur qui est le Dieu des
paroles du même Prophète :
Si nous reconnaissonsJésus-Christ dans ces
«
Élevez-vous, ô
mon Dieu, au-dessus de tous les cieux (Ps.,
!
dieux a parlé, » nous reconnaissons aussi l'E -
glise dans ce qui suit : « Il a appelé toute la
terre depuis le Levant jusqu'au Couchant.»
LVI, 6)
dans celles qui suivent :
» Nous reconnaissons aussi
l'Église
<; Et que votre gloire
:
Sinous reconnaissons le Christ dans ce pas- connaissons Jésus-Christ dans ce qui est écrit :
sage de l'Écriture « Et semblable à l'époux « 0 mon Dieu, donnez au roi votre jugement,
sortant du lit nuptial, il s'est levé comme un et au fils du roi voire justice (Ps., LXXI, 2), »
géant pour faire sa course (Ps.,XVIII,6), »
:
nous reconnaissons aussi l'Église dans ce qui :
nous reconnaissons aussi l'Église dans ce que
dit le même Psaume « Sa domination s'éten-
est écrit plus haut « Le brait de leur voix a
retenti partout le monde, et leurs paroles se
sont répandues jusqu'aux extrémités de laterre.
:
dra d'une mer à l'autre, et depuis le fleuve
jusqu'aux extrémités de la terre Les Éthio-
piens se prosterneront devant lui, et il fera
Il a établi son tabernacle dans le soleil (Ibid., mordre la poussière à ses ennemis. Les rois de
5); » car ce tabernacle n'est autre chose que Tharse et lesîles lui feront des présents, les
l'Église placéedans le soleil, c'est-à-dire, répan- rois de l'Arabie et de Saba lui apporteront des
dantune lumière qui se manifeste à tous les peu- dons; IOLTS les rois de la terre l'adoreront et
ples jusqu'aux confins de l'univers. Si nous re- toutes les nations lui seront soumises
connaissons le Christ dans ces paroles d'un )
(fbid.,8).
»
(Gen., XII, 3). Ubi aguovimus Christum in Psalmo tum est, « Fuderunt manus meas, et pedes, dinu-
de se prophetantem, « Dominus dixit ad me, Filius meraverunt omnia ossa mea; ipsi vero consiaerave-
meus es tu, ego hodie genuite (Psal.,II,7);» ibi agno- runt et adspexerunt me, diviserunt sibi vestimenta
vimus Ecclesiam, in eo quod sequitur, « Postula a me, mea, et super vestimentum meum miserunt sor-
et dabo tibi gentes hereditatemtuam,et possessionem tem (psal., XXI, 17); » ibi agnovimus et Ecclesiam
tuam terminos terræ.)) Ubi agnovimus Christumin eo in eo quod paulo post in Psalmo ipso dicitur,
Commemorabuntur et convertentur ad Dominum
quod scriptum est, « Deus deorum Dominus locutus
est(Ps., XIIX,2); »ibi agnovimus et Ecclesiam in eo
quod sequitur,«Etvocavit terram asolis ortuusqce ad
occasum. » Ubi agnovimus Christum in eo quod
«
nos orbis terrarum. Coram illo procident Æthiopes, terra (Jos., xv, 8). a Ab Africo enim posita est Jeru-
et inimici ejus terram lingent. Reges Tharsis et salem, sicut legitur in libro Jesu Nave, unde no-
;
insulæ munera offerent; reges Arabum et Saba men Christi diffusum est et ibi est mons umbro-
dona adducent; et adorabunt eum omnes reges ter- sus, mons OJiveti, unde adscendit in cælum ut
ræ, omnes geutes servient illi (Ibid., 8). u cooperiret cælos virtus eju. et impleretur Ecclesia
15. Ubi agnovimus Christum in eo quod scrip- peromnem terram laudis ejus.Ubi agnovimus Chri-
tum est, « Lapidem de monte sine manibus præci- stum in eo quod scriptum est, « Sicut ovis ad im-
sum, fregisse omnia regna terrarum (Dan., n. 34),» molandum ductus est, et sicut agnus coram tun-
utique illa quæ de culturis dæmonn præsume- dente se fuit sine voce, sic non aperuit os suum
bant; ibi agnovimus et Ecclesiam, in eo quod di- (Isa., LIII, 7), » et cetera quæ illic de ejus passione
ctum est, « Lapidem ipsum crevisse, et factum dicuntur; ibi agnovimus et Ecclesiam, in eo quod
montemmagnum, et replevisse omnem terram. » illic dicitur, « Lætare sterilis, quæ non paris
Ubi agnovimus Christum in eo quod scriptum est, erumpe et exelama, quæ non parturis ; quoniam
;
« prævalebit Dominus adversus eos, et exterrmnabit
:
multi filii, desertæ, magis quam ejus quæ haLet
omnes deos geatium terræ (Soph., n, 11); » ibi virum. Dixitenim Dominus Dilata locum taberna-
agnovimus et Ecclesiam. in eo quod illic sequitur, culi tui, et aulaeas tuas conilge., non est quod parcas:
« Et adorabunt in conspectu ejus unusquisque de Porvige longius funiculos, et palos validos confirma,
loco suo omne, insulæ gentium. » Ubi agnovimus etiam atque etiam in dexteram atque sinistram
Christum in eo quod scriptum est, « Deus ab Africo extende. Semen enim tuum hereditabit gentes, et
veniet et sonctus de monte umbroso; operiet cælos civitates quæ desertæ erant inhabitabis. Non est
,
virtus ejus (Habac., Ill, 3) ; » ibi agnovimus Eccle- quod metuas, prævalebisenim;necerbescas, quod
slam in eo quod sequitur,« et landis ejus plena est detestabilis fueris. Confusionemenim in perpetuuin
Seigneur est mon nom ;et celui qui vous déli-
vrera est le Dieu d'Israël, qui s'appellera le
sera moissonné, l'aire nettoyée par le vanneur,
et les filets tirés sur le rivage. Autrement nous
Dieu de toute la terre (Isaie, LIV, 1).» pourrions arracher le bon grain au lieu de
CHAPITRE V. — 16. Nous ne savons pas ce l'ivraie, ou en devançant le jour où le froment
que vous voulez dire au sujet de ces traditeurs, doit être nettoyé dans l'aire, ponr être serré
que vous n'avez jamais pu convaincre ostensi- dans le grenier, l'exposer à être mangé par les
blement de leur prétendu crime. Je ne dis pas oiseaux. Nous les supportons de peur que le
que ce soient plutôt vos pères qui en aient été schisme ne déchire les filets et qu'en voulant
atteints et convaincus. Nous n'avons pas à nous garder des mauvais poissons, nous ne
nous occuper du fardeau des autres, si ce n'est tombions dans l'abîme d'une funeste erreur.
pour ramener au bien, dans un esprit de dou- C'est par ces symboles et d'autres figures sem-
ceur et avec la sollicitude de la charité, ceux blables que le Seigneur a voulu apprendre la
que nous pouvons convertir, soit par une cor- tolérance à ceux qui le servent, dans la crainte
rection, soit par quelque moyen de discipline que les bons, se croyant souillés par le mé-
salutaire. Mais pour ceux que nous ne pouvons lange des méchants, ne perdent les faibles et
pas corriger, lorsque la nécessité ou le salut ne se perdent eux-mêmes par des séparations
des autres l'exige, nous participons avec eux téméraires et faites par les hommes, avant le
aux sacrements du Seigneur, sans participer temps déterminé par Dieu. Le maître divin a
pour cela à leurs fautes, dont une part ne re- tellement voulu nous préserver d'un tel danger
tomberait sur nous qu'autant que nous les au- qu'il a pris soin de rassurer la conscience des
rions favorisées de fait et de consentement. peuples, même à l'égard des mauvaispasteurs,
Nous les supportons en ce monde, où l'Église Il a prévenu les fidèles qu'il ne fallait pas, à
catholique est répandue parmi toutes les na- cause de ces pasteurs indignes, abandonner la
champ ;
tions, ce monde que le Seigneur appelle son
nous les supportons, dis-jè, comme de
l'ivraie mêlée avec. le froment, comme la paille
chaire où s'enseigne la doctrine salutaire, et
où les méchants mêmes sont forcés de prêcher
le bien. En effet, ce qu'ils disent n'est pas
avec le bon grain sur l'aire de l'unité catho- d'eux, mais de Dieu même qui a établi la doc-
lique, ou comme les mauvais poissons renfer- trine de la vérité dans la chaire de l'nnité.
més avec les bons dans les filets de la Parole C'est pourquoi la parole véridique de Jésus-
et du Sacrement, jusqu'au jour où le champ Christ, qui est la vérité même, nous dit au su-
oblivisceris, ignominiae vidultalis tuæ non ecis quam paleam permixtam frumento, vel pisces
intra retia
memor; quoniam ego sum Dom:nus, qui feci te, verbi et (a) sacramenti tamquam malos cum
Dominus nomen ei. Etqui eruitle, ipst Deus Israel bonis inclusos, usque ad tempus messis aut ventila-
univecsse terræ vocabituc. tionis aut littoris toleramus, ne propter illos eradi-
ante tempus
CAPUT V. — 16. Non novimusquid de traduori- cemus et triticum, aut grana nuda
bus dicatis, quos numquam conviucdre, numquain de area separata, non in horreum mittenda purge-
projiciamus; aut
ostendere potustis. Non lico, quia vesirl poiius ia mus, sed volaiiiibus colligenda dum quasi malos
tali crimine defedtiet confessi manifesionluc : qll:.d diswptis pec schismala retibus,
ad nos periinet de sarcinisalienis?nisi utqaos pisces cavemus, in mare perniciosse libertatis exea-
aliis similitudini-
possumus corrigamus, vel correpaone vel quacuoi- mrs. Prosier hoc enimhisatquetolerantiam conlir-
que discipliua in spiritu mansuetudlniset diligenitia Lus Dominus servorum suorum
caritatis; quos autem corrigere non valemus, æavt, ne dum seboni putant malorum permixtione
s per humanaset temerarias
dissensiones
etiamsi necessitas cogit pro salute ceteroaim Dei cti'DJ.-
sacramentanobiscum communicent, peccatis ijinen aut pacvulos pendant, aut parvuli pereant. Quod
cavendum præmo-
eorum non communications quod non fit no con- usque adeo cælesis mogister
sentiendo etfavendo. Sicenim eos in isto irundo, nuit, ut etlval de praepositis malis plebem securam
salutaris cathe-
in quo Ecclesia catholica per omnes gentes diffùl)- faceret, ne propter illos doctrinae mali bon
ditur, ciuemagrum suurnDominusdicit,tamquam dra desereretur, in qua conguntur etiam sed Dei
zizania intertriticum. vol in hac unitatis area tam- dicere. Neque enim sua sunt quæ dicunt,
XXXI. Saint Augustin à saint Paulin. 335 LIX. Saint Augustin à Victorin. 488
XXXII. Saint Paulin à Romanien.
340 LX. Saint Augustin à Aurèle. 489
XXXIII. Saint Augustin à Proculéïen, LXI. Saint Augustin à Théodore. 491
XXXV.
évêque dtmatiste d'Hippone. 347
XXXIV. Saint Augustin à Eusèbe.
Saint Augustin au même Eusèbe.
351
355
à Sévère.
LVII. Alype,Samsucius et saint Augustin
:'
XXXVII. Saint Augustin à 380 LXV. Saint Augustin au primat Xan-
XXXVIII. Saint Augustin à
Profuturus. 381 tippe 499
à
XXXIX. SaintJérôme saintAugustin. 383 LXVI. Saint Augustin à Crispin de Ca-
XL. Saint Augustin à Saint Jérôme. 384 lame 501
XLI. Alype et Saint Augustin à Aurèle.. 389 LXVII. Saint Augustin à saint Jérôme.. 503
Paulin. à
XLII Saint Augustin à saint
XLIII. Saiut Augustin à Glorius,Eltmsius,
-
Félix et Grammaticus.
XLIV. Saint Augustin à Glorius, Eleu-
sius et aux deux Félix.
393
411
391
torins.
LXVIII. Saint Jérôme saintAugustin.
LXIX. Alype et saint Augustin à Cas-
506
508
XLV. Saint Augustin à saint Paulin. 421 LXXI. Saint Augustin à saint Jérôme. 510
XLVI. Publicola à saint Augustin.422 LXXII. Saint Jérôme àsaintAugustin. 513
XLVII. Saint Augustin à Pllblicola. 429 LXXIII. Saint Augustin à saint Jérôme. 526
XLVII1. Saint Augustin Eudoxe
XLIX. SaintAugustia*ëTisaig
à
L. Saint Augustin aux anciens de la Co-
432
£
434 é LXXIV. Saint Augustin à Possidius.
523
LXXV. Saint Jérôme à saint Augustin.. 524
LXXVI. Saint Augustin aux Donatistes. 543
Il
lonie de S Ífecte 436 LXXVII. Saint Augustin à Félix et Hi-
à
LI. Saint Augustin Crispin,évêque do- larin 547
natiste de
LII. Saint Augustin à
Calame.
Séverin 441
437 LXXIII. Saint Augustin au clergé et au
peuple d'Hippone. 548
LIII. Fortunat,Alype et saiut Augustin LXXIX. Saint Augustin à un prêtre
à Generosus.443 manichéen 556
LXXX. Saint Augustin à saint Paulin.
plusieurs qeslions.
LIV. Saint Augustin à Janvier, réponse à.
449 LXXXI. Saint Jérôme à saint Augustin..
557
560
LV. Saint Augustin au même Janvier. 456
LVI. Saint Augustin à Celer.
LVII. Saint Augustin au même Céler. 484
LV1II. SaintAugustin à Pammachius.4B5
483
LXXXII. SaintAugustin à saint Jérôme.
LXXXIII. Saint Augustin à l'évêque
LXXXIV.SaintAugiistin
à
Alype et son clergé :.
àlévêquenovat
561
584
588
FIN DE LA TABLE DU TOME QUATRIÈME.