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LA PUBLICATION
DU DICTIONNAIRE DE L'ACADEMIE,
PREMIERE ET TROISIEME EDITIONS (1694-1740)
Estratto da:
TRASMISSIONE 0
I SEMINARIO INTERNAZIONALE
LA PUBLICATION DU DICTIONNAIRE DE
L'ACADEMIE,
PREMIERE ET TROISIEME EDITIONS (1694-1740)
OU LES ALEAS DE NOTRE ORTHOGRAPHE
Certains textes, par exemple les textes de lois, les discours officiels,
certains dictionnaires, ont plus d'importance que d'autres: ils «font da
te », ils sont
pris « à la lettre », ce qui ne les empêche pas d'être, comme
les autres, tributaires des multiples vicissitudes de l'impression.
Parmi eux, les Dictionnaires de l'Académie française, de par le rôle
prédominant qu'on leur a fait jouer depuis trois siècles dans la fixation de
la langue et de l'orthographe en France, occupent une place tout à fait par
ticulière. Les Statuts du 22 février 1635, repris en 1721 et 1752, et con
firmés sous la Restauration par l'Ordonnance du 21 mars 1816, précisent
que « la principale fonction de l'Académie sera de travailler [ J à donner
...
Nous allons revenir sur les principales étapes de cette publication la
borieuse, mais rappelons d'abord un fait capital: jamais, jusqu'à nos jours,
cette première édition n'a été renouvelée ou sérieusement remise en cause,
si l'on excepte le fait que l'ordre par familles de mots adopté au départ a
articles, les exemples, etc., il s'agit bien d'un seul et même ouvrage, sorte
d'étalon national et toujours actuel, confirmé par les régimes successifs de
cinq rois, deux empereurs et cinq Républiques.
Ces étaient nécessaires pour mieux mesurer la distance
préliminaires
qui, allons le voir, sépare la toute première place octroyée dès le dé
nous
tendu, il
s'agit d'un ouvrage collectif. Or, comme le dira l'abbé d'Olivet
en 1736, à propos de la 3ème édition, « [ J nos délibérations depuis six
...
mois n'ont servi qu'à faire voir qu'il étoit impossible que rien de systéma
tique partît d'une Compagnie» (Livet, II, p. 416 et suivantes).
C'est Vaugelas, qui, après des années passées sans aucun résultat, a été
chargé de rédiger, pratiquement seul semble-t-il, la partie qui ira jusqu'à
la lettre H. Après sa mort (1651), Mézeray prend sa suite, jusqu'à la let
treM. En 1673, le travail tente de redevenir collectif, puis Régnier-Des
marais, devenu Secrétaire perpétuel, termine, pour l'essentiel, la rédaction
des articles. Mais il restait la révision et la mise en forme, ce qui n'était
pas une mince affaire.'
!
Les éditions originales reconnues par l'Académie sont au nombre de huit: 1694, 1718,
1740, 1762, 1798, 1835, 1877-78 et 1932·35. Les autres, parues entre temps, sont appelées
par nous rééditions.
2
Pour plus de détails, voir la Bibliographie, en particulier CH. BEAULIEUX, 1951, ici
Observ.; PELLISSON et D'OLIVET, 1858, ici Livet; Les Registres de l'Académie françoise
(1762-1793) ici Reg.; N. CATACH, Histoire de l'orthographe française actuelle (à paraître
chez Nathan).
plusieurs endroits des ignorances grossiéres comme tous ceux des Messieurs qui
ont de fois à autre jetté les yeux dessus l'ont reconnu; si bien qu'il ne se peut
corriger par des cartons ni par des errata. Ainsi il me semble qu'il faut le sup
primer entiérement et obliger Mr Petit a en rapporter les feuilles qui seront
comptées et serrées dans l'armoire (Assel., I, 225).
tout heure: Est-il possible qu'on ait laissé passer cela dans le Dictionnaire!
cusations deFuretière, il
y preuve irréfutable du jugement porté par
a une
3
A. FURETIÈRE, Recueil des Factums, ici Assel. Il faut se méfier beaucoup des asser
l'Académie. C'est sur lui, cependant, que s'appuie essentiellement Ch. Beaulieux dans les
Observ., lorsqu'il raconte l'histoire de la gestation de la première édition.
4
Le Dictionnaire de l'Académie française, A Paris, chez la veue de Jean-Baptiste Coi
gnard, imprimeur ordinaire du Roy, et de l'Académie françoise [ J et chez Jean-Baptiste
...
quable, comme un simple plagiat, accusation qui a été faite de son temps
mais ne résiste pas aux faits.
alphabetique les additions qui estaient à la fin de l' edition precedente [ ] ...
l'édition définitive.
les, avec des présentations, des variantes et des contenus sans cesse dif
férents.
Il nous est impossible de reprendre ici le détail de l' étude graphique
complète que nous avons faite de cette première édition, en elle-même et
en confrontation avec celles qui l'ont précédée ou suivie. Les textes de
1687, 1692, 1694 1695 en particulier, constituent quatre états qui
et
tes manieres [et que quelquefois toutes deux] sont egalement bonnes
[ ...
] » (premiere observation).
qu'augmenter la confusion.
aussi, à revoir les feuilles imprimées, qu'on feroit des cartons pour les fautes
grossieres, et qu'on feroit un erratapour les autres, avec un cahier pour les
omissions (3 juillet 1687). Il a esté resolu que pour accelerer le travail de la
Compagnie, le Sr Coignard imprimeur apportera trois espreuves de chaque
feuille qui seront reveües [ J sans qu'il soit permis à aucun de la Compagnie
...
Les cinq cens exemplaires qu'elle avait d'abord fait imprimer comme pour
servir de premieres espreuves pour son Dictionnaire et dont! elle avait dès lors
résolu la suppression [ ...
] (18 novembre 17 00).
permettre de le corriger.
TABLE I
entre les mots vedettes et le corps des articles, sous les différents renvois
et à différentes places du Texte du Dictionnaire, on constate de façon évi
dente uneopposition plus systématique entre l'usage des Académiciens
eux-mêmes (tel que l'on peut le constater par exemple dans la Dédicace au
Rayet dans la Préface, rédigées par Regnier-Desmarais, Secrétaire perpé
tuel), celui des articles du Dictionnaire (que nous appelons ici Texte) et
celui de la Table alphabétique finale, rendue nécessaire par le classement
des mots par familles.
TABLE II
fondemens fondements
monumens monuments
-ans, -ens esc1aircissemens esc1aircissements
sentimens sentiments
differens differents
découvre descouvrir
prévoyance prevoyance
accent aigu intérieur ébranler esbranler
suppression de troisiéme troisiesme
l's muet écrit escrit
parmy parmi
y
ayde aide
deffendre defendre
consonnes doubles
deffaut defaut
-ans, -ens, alors que l'Académie a tenté de rectifier (en vain parfois, car
l'usage l'emporte) tous les participes présents du Texte en les écrivant en
-ants, -ents, etc.
Quant à la Table elle constitue, en elle-même, une
alphabétique finale,
énigme. Sans doute faite à du moins tout à fait à la fin, après
l'atelier, ou
rieures, les rédacteursétant sans doute trop pressés pour aller voir dans le
corps du Dictionnaire?
Un chiffre donnera une idée de l'importance des mouvements des va
riantes graphiques relevés à l'intérieur même de la Ière édition: elles re
5
Pour n'en donner que deux curieux exemples, la 5ème édition, 1798, reprendra' les'
graphies amigdale, analise, analitique, analitiquement, qui étaient celles de la Table Alpha
bétique de 1694. L'édition suivante, 1835, efface tout cela et rétablit l'y; Arcbipresbiteral
(mot supprimé, puis repris dans l'Académie), s'est écrit avec un i, comme l'écrivait la Table,
jusqu'à la 7ème édition.
TABLE III
COMPARAISON TEXTE -
TABLE 1694 .
Texte Table
que du problème," Rappelons brièvement que l'accent aigu était utilisé ré
gulièrement, depuis 1530, à la finale (-é, -ée, -ées, -ez) dans les imprimés.
6
Voir à ce sujet N. CATACH, Mélanges G. Antoine, 1983.
succès, etc., ainsi que sur tous les e sentis comme ouverts, et enfin à mar
quer de l'accent circonflexe les voyelles qu'il sentait comme longues.'
Il faut bien dire cependant que la prononciation des différentes voyel
les notés e a toujours posé de grands problèmes en français, à la fois en
raison de la diversité des réalisations et de l'ignorance des grammairiens,
obstinés à ne juger le français qu'à travers non seulement le latin, mais
l'écritureIatine.
.
2. L'accentuation du. e «
moyen»
Le
principal problème d'édition qui se pose à nous, concernant cette
publication de l'Académie, est le suivant: comme l'avait déjà remarqué Thu
rot (1881-1883), le premier tome contient très peu d'accents
graves, alors
que le second tome en contient beaucoup. Thurot avait fait le relevé des mots
terminés en -ere (I, p. 71 et suivantes): dans le 1er volume, elles sont
tantôt en -ére (adultére, artére), tantôt en -ere (chimère, colère). En re
vanche, à partir du mot misére, la quasi-totalité des mots présentaient en
cette position l'accent grave, ce qui fait
que le mot mére, par exemple,
avait l'accent aigu, alors que le mot père portait l'accent grave.
Un examen plus attentif, poursuivi d'abord par Ch. Beaulieux (Thèses,
II, pp. 82-85), puis par M. A. Husson et moi-même, nous a montré que
les faits étaient plus complexes qu'il n'y paraissait: en définitive, selon M.
Husson, ce n'est que dans la toute dernière partie du second tome (à par
tir de la page 700) que l'accent grave en cette
position devient à peu près
entièrement utilisé comme ille sera par la suite, et comme nous l'utilisons
7
L'abbé d'Olivet était de Franche-Comté, et donc très sensible aux
oppositions de du
rée; qui n'a pas manqué d'avoir l'influence qu., l'on sait sur notre orthographe actuelle,
ce
curieux phénomène que nous étudions a, pour une bonne partie, des ori
gines d'ordre phonétique.
que nous allons écrire dépêcher, tête, mâle, etc., etc., sans adopter aucune des
nouveautés vicieuses des abbés de Dangeau et de St-Pierre [ ]. ...
Août 1736, sur la première feuille d'épreuve, non suivie par les autres, ce
dont d'Olivet se plaint);
que c'est d'Olivet qui s'est chargé du 1er volume, et Foncema
-
disposer de nouveau.
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