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Qui a inventé le French bashing ?

Lien de la vidéo

Salut ! Il paraît que je critique beaucoup mes compatriotes dans mes vidéos. En
tout cas, c’est ce que certains Français me disent parfois dans les commentaires.
On m’a même accusé de faire du « French bashing » (ou « French bashing »,
comme on le prononce chez nous). Mais je leur réponds : « Qui aime bien châtie
bien. » « Châtier », c’est un verbe ancien qui veut dire « punir ». On l’utilise plus
vraiment aujourd’hui. En gros, cette expression signifie qu’on a tendance à être
plus dur, plus exigeant avec les personnes qu’on apprécie. Moi, j’aime la France et
mes compatriotes, donc parfois je suis assez dur, assez critique, parce que,
justement, j’aimerais que les choses soient encore meilleures ! Et puis, j’ai envie
d’être honnête avec vous, de vous montrer aussi nos défauts, nos côtés négatifs,
pas seulement la tour Eiffel, les croissants et Amélie Poulain comme dans certains
manuels de français.

[00:01:02] D’ailleurs, j’en profite pour faire une petite annonce : les inscriptions pour
mon cours intermédiaire viennent d’ouvrir. Dans ce cours, il y a 30 leçons sur la
société française et le monde francophone, mais aussi des explications de
grammaire, des exercices de phonétique sur le français informel et un groupe
privé pour parler avec les autres étudiants. Si vous voulez en savoir plus, il y a le
lien dans la description. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’à jeudi prochain.

[00:01:34] Mais revenons au French bashing. En réalité, c’est un phénomène très


ancien qui est apparu au Moyen-Âge. À cette époque, notre occupation préférée,
c’était de faire la guerre à nos voisins anglais. En 1066, le duc de Normandie,
Guillaume le Conquérant, gagne la bataille d’Hastings et devient roi d’Angleterre.
Comme vous pouvez l’imaginer, cette défaite n’a pas plu aux Anglais, ils n’ont pas
apprécié. Donc apparemment, c’est à ce moment-là qu’ils ont inventé

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l’expression : “Always blame the French.” Donc on peut considérer ça comme le
début du French bashing. Alors, on va pas faire de cours d’Histoire, mais, en
résumé, cette rivalité entre la France et l’Angleterre a continué jusqu’au début du
XXe siècle. Et, tout au long de l’Histoire, cette tradition de critiquer les Français s’est
renforcée avec d’autres clichés, par exemple, notre célèbre surnom de “froggies”,
à cause de notre cuisine. Et nous, en retour, on s’est mis à appeler les Anglais « les
Rosbifs ». Mais attention, je précise que je parle seulement de l’Angleterre, parce
qu’en Irlande, en Écosse ou au pays de Galles, il y a pas de French bashing, ou en
tout cas beaucoup moins. Au contraire, j’ai l’impression qu’on est plutôt appréciés
là-bas, vu qu’on a un ennemi commun.

[00:03:08] Au XXe siècle, les choses ont changé. On est enfin devenus « amis »
avec l’Angleterre pour affronter l’Allemagne pendant les deux guerres mondiales.
Mais le French bashing n’a pas disparu pour autant. Il est toujours présent, surtout
dans les médias et les discours de certains politiciens. Ils disent qu’on est
paresseux, qu’on ne travaille pas, qu’on est tout le temps en grève et qu’on paye
trop d’impôts. En fait, pour ces politiciens, la France est un exemple à ne pas
suivre, un modèle à ne pas imiter. Par exemple, pendant la campagne électorale
des élections générales de 2015, David Cameron disait que son adversaire
politique, Ed Miliband, avait un « rêve français ». Ce « rêve français », c’était une
société avec beaucoup de taxes et peu de travail. Il y a aussi Boris Johnson,
quand il était maire de Londres, qui avait invité les Français les plus riches à venir
s’installer pour éviter de payer les impôts en France, qu’il appelait « la pire
tyrannie depuis 1789 ». Rien que ça !

[00:04:22] Et, évidemment, les tensions entre la France et l’Angleterre se sont


réveillées à cause du Brexit. Plusieurs tabloïds anglais ont accusé la France de
saboter les négociations pour trouver un accord. Mais, depuis quelques
décennies, il y a un autre pays qui est devenu adepte du French bashing, c’est
bien sûr les États-Unis. Alors, son origine est assez floue, pas très claire. Certains
pensent que ce sont tout simplement les colons anglais qui l’ont importé. Mais il y
a une autre hypothèse disant que ce ressentiment antifrançais est apparu dans
la classe ouvrière américaine après la Première Guerre mondiale. La classe
ouvrière, c’est la classe sociale qui regroupe les travailleurs manuels, ceux qui
travaillent en général dans les usines. À cette époque, après la Première Guerre
mondiale, donc, la culture française avait une image assez snob, elle était

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associée aux riches, aux vêtements chers, à la sophistication et à la féminité.
Donc, les Français étaient vus comme faibles, délicats, efféminés. Tout le contraire
de l’image du « vrai » homme américain.

[00:05:40] Et bien sûr, la Seconde Guerre mondiale a renforcé cette image quand
le gouvernement français a capitulé face à l’armée allemande, quand il a signé
l’armistice avec l’Allemagne. Après cet évènement, en plus d’être considérés
comme faibles, on est aussi devenus des lâches. Un « lâche », c’est quelqu’un qui
n’a pas de courage. Il y a quelques années, en 2003, ce stéréotype s’est encore
renforcé quand le président français Jacques Chirac a refusé de participer à la
guerre en Irak aux côtés des États-Unis. Maintenant, on sait que c’était plutôt une
bonne décision, mais à l’époque, elle a alimenté le sentiment antifrançais. Plus
généralement, comme en Angleterre, beaucoup de politiciens aux États-Unis
voient la France comme un mauvais modèle de société, un pays interventionniste
où il y a pas assez de libertés. Ils pensent que tous les Français sont socialistes ou
communistes, ce qui pour eux est quasiment une insulte…

[00:06:49] Mais le French bashing n’est pas juste une question de politique, il y a
aussi une forte dimension culturelle. Le French bashing reprend et amplifie tous
les stéréotypes sur les Français. Les Français sont des séducteurs infidèles, voire
des agresseurs sexuels. Ils ont une hygiène douteuse ; autrement dit, ils se lavent
pas, ils ne prennent pas de douche tous les jours. Le personnage qui incarne le
mieux tous ces clichés, c’est bien sûr Pépé le putois. Pepe Le Pew, en version
originale. Déjà, il pue, il a mauvaise odeur. Donc ça reprend ce stéréotype sur
l’hygiène des Français. Il y a toujours une musique d’accordéon quand il parle.
Mais surtout, c’est un prédateur sexuel. Il passe son temps à harceler des femelles
et à les forcer à l’embrasser. Mais bon, c’est un personnage qui a été inventé en
1945, c’était une autre époque. Mais, même dans les séries actuelles comme Emily
in Paris, on retrouve beaucoup de ces clichés, même s’ils sont mis en scène de
manière un peu plus subtile.

[00:08:03] D'un autre côté, je me demande si cette histoire de French bashing est
pas un peu exagérée. Il existe des stéréotypes et des critiques sur toutes les
cultures, pas seulement sur les Français. Par exemple, selon une étude publiée en
2019, dans les films produits aux États-Unis, un personnage latino sur quatre est
trafiquant de drogue ou membre d’un gang. Je parle même pas des Russes qui

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sont toujours représentés comme des tueurs psychopathes et alcooliques.
D'ailleurs, pour revenir au personnage de Pépé le putois, dans la version française,
il parle avec un accent italien. Parce que oui, on a exactement ce même
stéréotype de « séducteur agresseur » sur nos voisins italiens.

« Ma chérie, comme tu es “bella” !


Je me sentais si seul tout le temps sans toi. »

[00:08:59] Bien sûr, on a aussi plein de clichés sur l’Angleterre et les États-Unis. La
liste est longue et c’est pas vraiment le sujet de cette vidéo. Simplement, on n'a
pas de nom pour ça, vu qu'on trouve ça normal de se moquer de leur cuisine, de
leur style vestimentaire, etc. Au final, je me demande si c’est pas nous qui avons
inventé le French Bashing. Oui, parce que nous, les Français, on n’apprécie pas
trop les critiques. C’est subjectif, mais, d’après mon expérience, je trouve qu’on a
moins d'autodérision que les Anglais, par exemple. On a du mal à rire de
nous-mêmes. Donc, mettre toutes ces critiques sur le compte du French bashing,
c’est une façon de s’en protéger, de dire qu’on est victimes des méchants Anglais.
Mais je pense qu’il vaudrait mieux apprendre à en rire et à essayer de corriger nos
défauts quand ces critiques sont justifiées.

[00:09:59] Mais voilà, vous, vous êtes toujours très sympas avec les Français !
C'est pas vous qu'on pourrait accuser de French bashing. Donc, merci pour votre
soutien, merci pour votre amour de la langue de Molière et à bientôt !

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