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Histoire

de la recherche
sur l’enveloppe
du bâtiment
De l’habitat bioclimatique
au bâtiment à énergie positive

RÔLE DE L’ ADEME
Cet ouvrage est dédié à
Marc Casamassima,
notre collègue et ami, qui fut
l’instigateur, le coordinateur
et l’animateur d’un très grand
nombre de programmes
et de travaux de recherche
en énergétique du bâtiment
cités dans ce document.
Cette « Histoire de la recherche »
doit beaucoup à sa vision
stratégique et aux orientations
scientifiques et technologiques
qu’il a impulsées. Sa force
de persuasion et son implication
permanente furent des moteurs
certains pour l’émergence en
France des bâtiments à basse
consommation et des bâtiments
à énergie positive.

Histoire
de la recherche
sur l’enveloppe
du bâtiment
De l’habitat bioclimatique
au bâtiment à énergie positive

RÔLE DE L’ ADEME

Nous remercions
Pierre Hérant
pour son interview
et sa relecture. Stéphanie Guignard

Direction de la Recherche
Service Recherche et
Technologies Avancées

Document édité en février 2010


03

Table des
matières
04

I. Des Années 1960 à la création de l’AEE en 1974 9

1. L’époquedes pionniers 10
2. Laconception bio-climatique 11
3. Le choc pétrolier, facteur de changement 16
La création du Plan Construction en 1971 16
La création de l’AEE en 1974 16
Les recherches des années 1970 17

II. De la RT74 au programme H2E 85 21

1. Un premier moteur de changement : la Réglementation Thermique de 74 21


2. La création du COMES en 1979 21
3. La création de l’AFME, puis du FSGT 23
4. Une relance réglementaire importante 24
5. Les recherches et expérimentations des années 1980 26

III. De la réglementation de 1988


au programme de recherche PREBAT 37

1. La Réglementation de 1988 37
2. La création de l’ADEME en 1991 37
3. La RT 2000 39
4. Le programme Bâtiment 2010 (2002-2004) 39
4.1 Les projets de l’année 2002
4.2 Les projets de l’année 2003 44
4.3 Les projets de l’année 2004 45

IV. Du PREBAT au bâtiment à énergie positive 00

1. le PREBAT 49
2 La RT 2005 50
3. La Fondation Bâtiment Energie 50
4. Vers des bâtiments et îlots à énergie positive
et à bilan carbone minimum :
le fonds démonstrateur de recherche et les investissements d’avenir 54
05

Introduction

Maisons avec bardage rapporté

L
a prise en compte des Rappelons qu’à l’horizon 2020,
apports solaires et le souci l’objectif à atteindre pour les
de réduire toute déperdition bâtiments neufs est de fournir plus
d’énergie lors de la conception des d’énergie qu’ils n’en consomment.
bâtiments qui aboutit aujourd’hui Ainsi est-on passé en 30 ans
au développement des «bâtiments d’une situation extrême, où on
à énergie positive» est en fait cherchait seulement à contenir
le produit de trente années de dans les limites de l’acceptable
recherche sur l’enveloppe du les déperditions thermiques des
bâtiment, en même temps qu’une logements neufs, aux bâtiments
certaine « redécouverte » de à très basse consommation
principes de constructions anciens énergétique, (inférieur à 50
qui étaient mis en œuvre avant l’ère kWh/m2.an), voir passifs, avant
des combustibles abondants. d’imaginer des logements à énergie
La crise énergétique des années positive, autrement dits, eux-mêmes
70 a joué le rôle de déclencheur producteurs nets d’énergie…
d’une prise de conscience de la Si l’obtention de ce résultat a
consommation excessive d’énergie nécessité une trentaine d’années
du parc de bâtiments. Par avancées pour les bâtiments neufs, un autre
successives de la réglementation challenge nous attend maintenant,
thermique des bâtiments neufs, celui de parvenir à abaisser
des innovations technologiques considérablement la consommation
et de l’appropriation du thème par énergétique de l’ensemble du
les professionnels eux-mêmes, parc, soit 3,5 milliards de mètres
la consommation des bâtiments a carrés chauffés, actuellement, et en
peu à peu diminué (de 370 kWh/m2 progression constante.
en moyenne en 1973 à 240 kWh/m2
en moyenne actuellement).
06

Qu’est-ce
que l’enveloppe
du bâtiment ?

« L’enveloppe d’un bâtiment peut - pour le chef de projet,


être une limite, une frontière c’est l’objet sur lequel il va
séparant des milieux différents. coordonner les interventions
Mais je ne retiendrai pas cette de différents corps de métier,
définition, car elle me semble depuis le concepteur
beaucoup trop restrictive. jusqu’aux ouvriers ;
L’enveloppe est en effet beaucoup
plus que cela pour un bâtiment ; - pour le législateur,
l’enveloppe d’un bâtiment peut être c’est un des éléments
une interface, une zone de liaison, caractéristiques du bâtiment
un espace de transition entre pour lequel il cherchera à
différents milieux (…) Si nous rapprocher le plus possible
retenons cette définition, l’enveloppe les technologies performantes
du bâtiment peut être considérée disponibles et des exigences
sous différents aspects : réglementaires généralisables ;

- pour le thermicien, - pour l’occupant enfin,


c’est une zone de transition ces parois qui l’entourent sont
entre une ambiance intérieure des éléments de confort thermique
et un environnement extérieur ; et visuel et constituent un facteur
d’esthétique de son bâtiment.
- pour l’architecte,
c’est une surface de contact Au global, l’enveloppe du bâtiment
entre le bâtiment et la ville ; est donc un lieu de jonction entre
des facteurs multiples, concernant
- pour l’ingénieur, de nombreux intervenants à l’acte
c’est le point de liaison entre de construire. Leur objectif
des composants passifs commun est de parvenir à optimiser
et des systèmes actifs ; l’ensemble des fonctions qu’elle
a à assurer »1

1
Pierre HERANT, Chef du Département Bâtiment et Urbanisme, Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie,
Conclusions de la journée thématique «Bâtiment 2010»consacrée à l’enveloppe du bâtiment, 04/03/2004
I.
Des Années 1960
à la création de l’AEE en 1974

Habitations à Breteuil
© Ciolkowski - MEDDTL
09

I. Des Années 1960


à la création de l’AEE
en 1974

Dans les années 1960, les expérimentations


sur des maisons bioclimatiques ne sont pas
dictées par un souci d’économie d’énergie.
Une maison bioclimatique est économe
en énergie, mais c’est là le résultat d’une
conception particulièrement soignée. Fondue
dans son environnement climatique, fruit de
tout un ensemble de paramétrages subtils,
où chaque pièce de l’habitat est régulée
indépendamment, et où le comportement
de l’habitant est extrêmement
prépondérant, elle optimise chaque aspect
de cet environnement : captation solaire,
protection contre les vents, utilisation de
l’inertie thermique du sol…
Les architectes les plus audacieux de
l’époque, tels David Wright, agissent
par conviction éthique et engagement
personnel : «devenir des citoyens solaires
telle est notre destinée» nous promet-il2.
Cette approche est paradoxalement
différente de celle fondée sur les économies
d’énergie, plus technique et globalisante, qui,
dans les années 60, n’en est qu’à ses débuts.

2
Soleil, nature, architecture, WRIGHT D, Editions Parenthèses, 1979
10

1. L’époque consomment eux-mêmes de l’énergie.


L’architecture passive est donc
des pionniers celle où l’enveloppe va jouer un rôle
dynamique, à la fois absorbeur, filtre et
Dans les années 60, les réflexions et les
régulateur. Les concepts d’enveloppe
travaux sur l’enveloppe visent à :
ou d’architecture bioclimatiques sont
- réduire le besoin thermique, au
également utilisés.
niveau de la conception de l’habitat,
en jouant aussi sur le comportement
Cette conception du bâtiment repose
de l’usager, sur le choix d’une bonne orientation
- augmenter les apports solaires nets, en fonction du climat, sur la forme du
notamment au moyen des vitrages. bâtiment, sur l’utilisation d’espaces
- implanter des systèmes de tampons et de systèmes passifs
récupération de chaleur « passifs ». adaptés au climat4, sachant que ces
« C’est là que réside la conception systèmes passifs doivent pouvoir :
« bioclimatique » ou « passive » de - absorber le rayonnement solaire
l’architecture, visant la meilleure pour le transformer en chaleur
récupération du rayonnement solaire - stocker une partie de cette chaleur
par le bâtiment lui-même. Ce terme pendant un certain temps
de « passif » vient de la terminologie - restituer cette chaleur
américaine qui oppose « passive selon les besoins
architecture » et « active architecture ». Le travail de conception de l’architecte
La « passive architecture » est basée et sa connaissance du comportement
sur « une conception globale de thermique des matériaux sont donc
l’enveloppe sans faire appel à des fondamentaux. Le choix de la structure,
équipements séparés ou surajoutés, l’épaisseur des murs, la localisation
ou plus exactement tendant à les de la masse thermique (lieu où sera
limiter, et ne faisant donc pas intervenir implanté le mur ou le plancher qui
de circulation forcée de fluides »3. recevra la tache solaire d’une baie dans
Les systèmes passifs sont ceux qui un local) … sont autant de paramètres
reposent sur l’utilisation optimale déterminants.
des éléments de l’architecture, tels
que l’enveloppe, la structure et les Dans les années 40 et 50, des
matériaux. Par exemple, un mur investigations sur ces techniques
porteur pourra aussi servir à accumuler de construction se développent en
puis à déstocker la chaleur. Ils sont Angleterre, au Japon et en France
techniquement très simples et toujours mais la plupart des expérimentations
autonomes énergétiquement, par de maisons solaires et bioclimatiques
différence avec les systèmes actifs qui a cependant lieu aux Etats-Unis.
eux peuvent faire appel à des A la suite des travaux de l’américain
technologie plus complexes (capteurs Mickelson sur le chauffage solaire,
solaires, automatismes…) et plusieurs pionniers se lancent dans
3
Recherches sur les enveloppes bioclimatiques, Plan Construction, F Nicolas, M Vaye, Mars 1977
4
L’architecture bioclimatique, JL IZARD, groupe ABC, Etablissement public d’architecture de Luminy,
1er séminaire sur la Conception architecturale solaire, 23-24 mars 1984, Sophia Antipolis
11

la construction de ces maisons et 6 tonnes d’eau contenues


« symbole ». Il s’agit d’ailleurs le plus dans 30 bidons de 200 litres).
souvent de maisons de conception Une avancée du toit la protège
traditionnelle, à laquelle on a ajouté contre le rayonnement d’été.
l’équipement solaire. Citons par
exemple la Boulder House dans le
Colorado ou la Dover House.

En France, les principes de la


« climatisation naturelle » sont définis
vers 1958 par le chercheur français
Félix Trombe. Celui-ci va expérimenter,
des techniques d’accumulation de la
chaleur dans les murs du bâtiment,
laissant son nom à ce procédé,
« le Mur Trombe » (voir plus loin). « David Wright’s house »,
illustration tirée de l’ouvrage
Recherches sur les enveloppes bioclimatiques,
La face cachée du soleil, F Nicolas et M Vaye,
Plan Construction, (mars 1977)

2. La conception
bio-climatique 2.2 les murs capteurs
(ou murs Trombe) et capteurs
Pour augmenter les apports solaires, et à air ou à eau : Le mur Trombe
récupérer ce rayonnement solaire, trois est la véritable innovation de
moyens apparaissent à l’époque : cette période concernant
l’enveloppe.
2.1 les gains solaires directs
avec des constructions dotées «Les murs capteurs captent l’énergie
de grandes surfaces vitrées solaire, l’accumulent dans leur masse,
vers le sud l’amortissent et la restituent sous forme
de chaleur à l’ambiance intérieure
Le représentant de cette tendance après un déphasage de plusieurs
est l’architecte David Wright, heures »5. Ces murs sont aussi appelés
avec sa maison de Santa Fe au Murs Trombe, ou murs Trombe-
Nouveau Mexique. Cet habitat Michel du nom de leurs inventeurs,
fonctionne comme une « maison Félix Trombe, qui fut Directeur du
capteur » : la façade sud verticale Laboratoire d’énergie solaire du Centre
est entièrement vitrée, laissant National de Recherche Scientifique de
pénétrer le soleil, le rayonnement France, à Odeillo, dans les Pyrénées et
solaire s’accumule dans le sol l’architecte Jacques Michel.
(où il est retenu par une couche Concrètement, ce procédé consiste
d’adobe de 60 cm d’épaisseur à créer un espace entre un vitrage

5
Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques, LIEBARD A. et DE HERDE A., Observer, Architecture et climat,
Editions le Moniteur, 2005
12
I. Des Années 1960 à la création de l’AEE en 1974

vertical et un mur placé derrière. Cet performance est parfois jugée moyenne
espace va agir comme une serre, et le dans les régions où l’ensoleillement est
mur va accumuler la chaleur captée par peu contrasté.
le vitrage. Des ouvertures placées dans Par ailleurs leur intégration
le mur permettront la circulation de architecturale est peu aisée.
l’air dans le bâtiment. On peut également améliorer ce mur
capteur, en augmentant l’absorption
Les premières expérimentations de ce du mur stockeur (par exemple
type de construction ont été réalisées en le peignant en noir) mais au
dans les années 60 à Odeillo. Cette détriment de l’esthétique générale de
technique, qui bénéficia d’une notoriété la construction. Lorsque le mur est
importante, a fait l’objet de réalisations percé d’ouvertures pour permettre la
nombreuses avant d’être peu à peu circulation de l’air chaud, il fonctionne
abandonnée. comme un capteur à air.

Ceci s’explique par le fait qu’ils viennent Cependant, à cette époque, les études
souvent concurrencer les baies et recherches autour de ce type
vitrées sur les façades sud et que leur de murs se sont multipliées, et un

Schéma de principe du mur capteur


Source : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques,
LIEBARD A et DE HERDE A, Observer, Architecture
et climat, (Editions le Moniteur, 2005)

Mouvement
Rayonnement d’air
absorbé

Rayonnement
après déphasage
absorbeur
vitrage

mur

46°C à midi (temps universel) <—————— ——————> 24°C à midi (temps universel)

Réflexions

s
ition
erd
Dép
13

Maison de Chauvency-le-Château, Capteurs à eau en toiture, alimentant un plancher


mur « Trombe-Michel » solaire direct, à Mulhouse, (arch. B. Mosser)
photo tirée de L’habitat solaire : comment ? Source : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques,
ALEXANDROFF G, LIEBARD A, L’équerre Editeur, LIEBARD A. et DE HERDE A., Observer,
Editions Apogée, Paris 1979 Architecture et climat, (Editions le Moniteur, 2005)

foisonnement de procédés a vu le jour. au sud) a pour mission de réchauffer un


Ainsi ont été notamment imaginés les mur de béton de 30 à 50 cm d’épaisseur
capteurs à eau. L’objectif est de réguler (mur Trombe) constituant « un réservoir
les gains directs par la mise en place d’eau opaque (système Steven Baer,
d’isolants mobiles ou de murs d’eau ou colonnes d’eau) de sorte qu’une
(colonne d’eau Kalwall). partie de l’énergie reçue est stockée
« il s’agit d’une approche intermédiaire dans le béton ou dans l’eau et une
entre les capteurs plans verticaux et les partie (éventuellement nulle) est
gains directs : la surface vitrée (exposée utilisée à créer une bouche d’air

Principe de fonctionnement d’un capteur à eau


et recommandations d’orientation et d’inclinaison
Source : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques,
LIEBARD A et DE HERDE A, Observer, Architecture et climat,
(Editions le Moniteur, 2005)
90°
Inclinaison

déconseillé serpentins
possible
convenable
idéal stockage

-90° -60° -30° Sud 30° 60° 90°


Orientation capteurs
régulation
14
I. Des Années 1960 à la création de l’AEE en 1974

« Atascadero “skytherm” house »


illustration tirée de l’ouvrage Recherches
sur les enveloppes bioclimatiques, Les capteurs à air sont intégrés à la façade
La face cachée du soleil, de la Maison des jeunes à Reinach, Suisse
F. Nicolas et M. Vaye, Plan Construction, mars 1977 (arch. Archico)
Source :
Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques,
LIEBARD A et DE HERDE A, Observer,
Architecture et climat (Editions le Moniteur, 2005)

par thermosiphon ». par son inventeur Harold Hay.


Avec le même système, mais à masse Suivant les besoins de chauffage
d’eau horizontale, les avantages sont ou de refroidissement, des panneaux
de rendre le dispositif invisible, de isolants coulissant sur des rails
mieux répartir la chaleur, et d’orienter viennent obturer un boudin rempli
plus librement le bâtiment6. d’eau. Les capteurs fenêtre feront
C’est le système adopté dans leur apparition quelques année
« l’Atascadero skytherm house », plus tard (voir partie suivante). :
du nom du système mis au point

Mécanismes passif et actif du capteur-fenêtre


Source : op. cit.

e
Mode passif
Mode actif
stor
I < 300 W/m2
I > 300 W/m2

Stockage thermique

6
Recherches sur les enveloppes bioclimatiques, la face cachée du soleil, NICOLAS F et VAYE M, PUCA, 1977
15

2.3 les serres accolées à l’habitat directs. Quant au rayonnement qui


et systèmes de «double peau» frappe les parois opaques, il apporte
des gains différés de quelques heures.
Les serres et véranda « offrent Malgré cette richesse d’innovations,
un espace tampon qui favorise le ces expérimentations sont restées
captage du rayonnement solaire. Ce limitées, et c’est plus la conviction
rayonnement est transformé en chaleur personnelle de leurs promoteurs qui a
par effet de serre et se trouve piégé pu permettre leur mise en place qu’une
dans l’espace tampon »7. prise de conscience plus partagée de la
« Une façade double peau est part des acteurs, décideurs et maîtres
constituée d’une paroi extérieure d’œuvres. Néanmoins ces pionniers
entièrement vitrée et d’une paroi ont su poser des bases et démontrer
intérieure plus massive, composées la faisabilité de certaines techniques
de parois vitrées et de parois opaques de captage et de stockage de l’énergie
capables d’accumuler la chaleur »8. solaire, lesquelles trouveront ensuite
Le rayonnement qui traverse les deux des possibilités de développement au
parois procure des gains solaires cours des années 80.

Éléments d’une façade double peau Double peau, Farnborough, Angleterre


Source : op. cit. Source : op. cit.

Gai
ns
dire
cts
double vitrage basse émissivité

Restitution après
simple vitrage

ue
déphasage
miq
her
Gai
ns i t é t 2.K
diff ac m
éré Cap Wh/
verre sélectif

s 11
>

7
Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques, LIEBARD A et DE HERDE A, Observer, Architecture et climat,
Editions le Moniteur, 2005
8
idem note précédente
16
I. Des Années 1960 à la création de l’AEE en 1974

3.Lechoc pétrolier,
facteur de changement
Au début des années 70, la nécessité de recherche HOT (à partir de 1974)
de mieux isoler les bâtiments s’impose et H2E85 (en 1980), sur lesquels
progressivement, en raison du contexte nous reviendrons.
économique marqué par la hausse
des coûts du pétrole, relayé par la La création de l’AEE en 1974
contrainte réglementaire. La France
met alors en place un programme En 1974, l’objectif des économies
de réduction de la consommation d’énergie par rapport à la tendance
énergétique (système de taxation sur antérieure est fixé à 35 millions de
les consommations de fioul lourd, tep. Déjà, dès 1975, 12 Mtep (millions
mise en œuvre d’accords de réduction de tonnes d’équivalent pétrole) ont
des consommations d’énergie avec été économisés, en chassant les
les secteurs industriels les plus gaspillages. A partir de 1975, les
consommateurs, relance d’une gaspillages les plus évidents ont
politique d’aide aux investissements été résorbés, et ce qui reste à faire
d’économie d’énergie). demande donc des investissements.
Pour atteindre ces 35 Mtep en 1985,
La création du Plan Construction il faudrait économiser annuellement
en 1971 de l’ordre de 3 millions de tonnes
supplémentaires. L’objectif
Le Plan Construction, programme se répartit ainsi :
interministériel de stimulation de la - 1,2 Mtep dans l’industrie
recherche et de l’expérimentation dans et le secteur énergétique,
l’habitat, est mis en place en 1971, - 1,2 Mtep dans le secteur
pour améliorer l’effort de recherche de l’habitat et du tertiaire,
dans ce secteur, marqué par un - 0,6 Mtep dans le secteur
foisonnement d’acteurs, aux objectifs des transports.
parfois différents : architectes, maîtres Pour mener cette politique, un
d’œuvres, consultants, industriels… organisme spécialisé est crée : l’Agence
Il dispose de deux origines budgétaires : pour les Economies d’Energie (AEE)
le Ministère du logement, qui finance avec le double objectif de réduire
le programme d’expérimentation, et le plus vite possible la consommation
la Délégation générale à la recherche de pétrole et la demande d’énergie.
scientifique et technique (DGRST), qui Le champ d’activité de l’AEE concerne
finance le programme de recherche. les secteurs industriels, du bâtiment
Le rôle du Plan Construction sera et des transports. Celle-ci mènera une
fondamental dans le lancement des action importante pour modifier les
différentes sessions des programmes comportements du grand public et des
17

consommateurs par des actions de il sera profondément remanié en 1974


sensibilisation, notamment aux moyens sous le nom de «règles Th».
d’une campagne de communication
restée célèbre dans les mémoires Plusieurs opérations d’isolation
collectives, la «chasse au gaspi». Cette thermique par l’extérieur vont
action sur les comportements constitue néanmoins avoir lieu dans les années
un objectif important de l’agence. 70, sous l’égide du CNET-HLM et de
L’AEE apporte aux consommateurs l’AEE. La première de ces opérations
la connaissance sur l’énergie et les « TH 1000 » débutera en 1975 dans le
moyens de l’économiser, afin que ceux- nord de la France. Plusieurs techniques
ci soient plus à même d’effectuer les d’isolation par l’extérieur sont testées
bons choix. Cependant, le rôle de l’AEE par quatre opérateurs HLM du Nord, du
en matière de soutien à l’innovation Pas-de-Calais, d’Amiens et de l’Oise.
et à la démonstration est également TH 2000, lancée à peu près à la
important. Une période riche d’études même période, visait à comparer
et d’expérimentations va alors les performances et les difficultés
s’ouvrir, qui durera jusqu’au milieu rencontrées avec les techniques
des années 80, et permettre d’amener d’isolation extérieure à celle des
progressivement les professionnels techniques d’isolation par l’intérieur,
du bâtiment jusqu’au bâtiment et ITE sera jugée finalement plus
«économe». onéreuse. TH 3000 et ATH 1 seront
des opérations de plus grande ampleur
Les recherches des années 1970 avec respectivement 1 737 et 4 110
logements concernés. Ces opérations
L’isolation par l’extérieur permettent de tester différentes
techniques, telles que les mousses
Bien qu’apparue en 1959 en France formophénoliques et les mousses de
(expérience d’isolation par l’extérieur polyuréthane, les enduits isolants sur
par le CSTB à l’aide d’enduits sur polystyrène expansé et des techniques
isolant polystyrène, déjà utilisé à de bardages rapportés. (Voir pour plus
l’époque en Allemagne), cette forme de précisions sur ces techniques, la
d’isolation thermique n’a guère été partie II.5. 5.2)
utilisée pendant les années 60
ni même au début des années 70. L’isolation par l’extérieur connaîtra
Ce n’est en fait qu’en 1974, que son cependant des débuts difficiles.
utilisation s’est réellement accrue Plusieurs raisons à cela : des
avec le développement de l’isolation prix élevés, une durabilité parfois
thermique des parois externes des moyenne des dispositifs, mais
bâtiments. Le premier document surtout une absence de motivation
technique unifié (DTU) traitant de des professionnels du bâtiment.
l’isolation thermique date de 1963, Les questions d’isolation thermique
18
I. Des Années 1960 à la création de l’AEE en 1974

n’étaient d’ailleurs pas rattachées


à des problématiques d’économie
d’énergie, mais plutôt à des
préoccupations liées aux ponts
thermiques structurels provoquant des
condensations et de l’humidité dans
les bâtiments (problématique plus
hygiéniste qu’énergétique). L’isolation
était indissociable du chauffage et
de la ventilation, et c’est surtout la
technique d’isolation par l’intérieur
qui se développe alors. C’est la crise
énergétique, 15 ans plus tard, qui
propulsera les questions d’isolation
au cœur de la problématique
énergétique dans l’habitat, en même
temps que les procédés nouveaux
qui vont apparaître (isolants projetés,
vêtures, …) permettront de résoudre
certains problèmes techniques.

Les maisons solaires

De 1973 à 1978, plusieurs programmes


de démonstration de maisons solaires
sont lancés : ces opérations paraissent
non viables à la fois techniquement
et économiquement.
Les premières maisons qui
permettent d’expérimenter avec un
relatif succès ces nouvelles techniques
sont les maisons solaires d’Aramon
et celles de Blagnac.
II.
La tour Pascal est un gratte-ciel de bureaux
situé dans le quartier d’affaires de La Défense,
précisément place du Dôme, à Puteaux.
Construite en 1983, elle mesure quatre-vingt
quinze mètres de haut. Elle est composée de deux
tours accolées l’une à l’autre :
* La tour Pascal A, (dix-huit étages);
* La tour Pascal B, (vingt-huit étages).
Elle héberge actuellement une partie des services
du Ministère de l’Écologie, du Développement
durable, des Transports et du Logement (MEDDTL).
Architecte: Henri La Fonta

© Bernard Suard - MEDDTL

De la RT74 au programme H2E 85


21

II. De la RT74
au programme H2E 85

1. Un premier moteur néanmoins, ne représente pas un


de changement : objectif trop difficile à atteindre.
D’ailleurs les contrôles par sondage
la réglementation effectués par l’administration ont
thermique de 74 montré une application plutôt
correcte de la réglementation
La maîtrise des déperditions dans pour l’ensemble des bâtiments,
l’habitat devient centrale. C’est une partie d’entre eux étant
pourquoi la réglementation de 1974 même plutôt mieux isolée que ce
va établir pour la première fois que demandait la réglementation9.
en France des normes d’isolation
dans la construction neuve, 2. Création du COMES
ce qui n’existait pas auparavant.
Le coefficient G, qui vise à évaluer en 1979
la déperdition globale par les parois
et par la ventilation d’un logement, A côté de la problématique
est introduit. Les logements neufs d’économies d’énergie, le
doivent ainsi disposer d’une isolation développement des énergies
thermique performante pour les renouvelables, et particulièrement
parois et d’une bonne gestion de l’énergie solaire, intéresse
de la ventilation. aussi les pouvoirs publics. Lors
En 1976, apparaît la première du deuxième choc pétrolier (1978-
réglementation pour le secteur 1979), la France développe une
non résidentiel. Le coefficient G1 politique d’utilisation des énergies
qui caractérise le niveau des renouvelables et crée par décret
déperditions thermique par les du 9 mars1978, le Commissariat
parois (sans prise en compte des à l’Energie Solaire (COMES),
pertes par renouvellement d’air) établissement public industriel et
est mis en place. commercial chargé de la coordination,
Ces nouvelles normes conduisent de l’animation et de la promotion
à une économie financière d’énergie de l’ensemble des activités solaires
de l’ordre de 30 % par rapport à la en France. On espère ainsi pouvoir
construction d’alors (eu égard aux couvrir jusqu’à un quart des besoins
niveaux de l’époque) objectif qui énergétiques du pays au moyen

9
Voir le rapport «Pour une meilleure maîtrise de l’énergie dans le secteur résidentiel et tertiaire, DAUSSY J et TRICHARD M, 1983
22

des applications solaires, avec des thermique de l’habitat, vérifiée


moyens qui restèrent toutefois, par des bureaux de contrôle. La
jusqu’en 1981, relativement limités. consommation énergétique des
Le COMES a particulièrement pour maisons devait être assurée à
objectif de lancer des projets de au moins 30 % par le solaire. La
recherche et de développement construction ne devait pas être trop
ainsi que des opérations de coûteuse, (30 000 F / 4 570 euros
démonstrations visant l’habitat environ de surcoût maximal, pris en
solaire, la chaleur solaire appliquée charge par les pouvoirs publics, pour
à l’industrie, la conversion un maximum de 5 000 maisons
photovoltaïque et l’utilisation durant les 3 années à venir) et
énergétique de la biomasse. de bonne qualité architecturale
Les projets lauréats (29 au total
En 1979, le COMES lance un concours sur 431 présentés) étaient tous
d’architecture pour la réalisation de conformes à la réglementation
son siège social à Sophia Antipolis. de 1982 qui allait être mise en place
Ce bâtiment doit servir d’opération de (voir partie suivante), démontrant
démonstration pour l’utilisation des la faisabilité d’habitats thermiques
techniques actives de chauffage et de plus performants.
climatisation. Pour juger de la fiabilité de
ces constructions, on décide de
En 1979, le programme de recherche construire des « villages exposition »
HOT, qui signifie « habitat original par à Nandy (Melun Sénart) et à
la thermique », est mis en place par Gondreville (Nancy). Cette expérience
la mission Energie et bâtiment France de village solaire est cependant
du Plan Construction. Son objectif est restée sans suite.
de développer la prise en compte du Des expérimentations vont également
contrôle thermique de l’enveloppe, être réalisées dans le résidentiel
et de promouvoir auprès du public collectif. Ainsi, l’architecte Alain
l’architecture bioclimatique. Plusieurs Liébard, lauréat de l’un des concours
sessions auront lieu, et la cinquième HOT, va particulièrement œuvrer pour
session du programme HOT sera le développement de ce type d’habitat,
consacrée aux maisons solaires, sous en construisant, en 1981 à Blagnac,
la forme d’un concours, organisé le premier immeuble collectif équipé
par le Ministère du Logement, le d’un dispositif de stockage longue
COMES et le Plan Construction. durée de l’énergie solaire.
Baptisé « Concours 5 000 maisons
solaires »10, celui-ci s’adressait à des Malgré l’ampleur du concours des
équipes d’architectes, de techniciens 5000 maisons solaires, le nombre de
et de constructeurs, et les projets projets, le foisonnement créatif qu’il
présentés devaient être accompagnés a entraîné, le développement attendu
d’une annexe présentant le bilan du marché qui devait en résulter

10
Voir Des maison solaires dès aujourd’hui, Ministère de l’environnement et du cadre de vie, COMES, Plan Construction,
Editions du Moniteur, 1981
23

n’a malheureusement pas eu lieu. L’AFME reprend les champs


Ceci peut s’expliquer par plusieurs d’intervention de ces structures :
phénomènes. En premier lieu ; les économies d’énergie, le
les technologies solaires n’étaient développement des énergies
peut-être pas toutes matures (ainsi renouvelables, les réseaux de chaleur,
certains organismes constructeurs la géothermie, la récupération de
eux-mêmes jugeaient parfois que chaleur produite par les usines
la maisons solaire n’en était encore d’incinération d’ordures ménagères,
qu’au stade de l’expérimentation). ainsi que les économies de certaines
En second lieu, la baisse du prix du matières premières. Elle conserve
pétrole sur la scène internationale les moyens financiers anciennement
a de nouveau rendu le coût de ces dévolus aux organismes dont elle
maisons moins compétitif. prend le relais. La recherche des
économies d’énergie fait place à
3. Création de l’AFME, une politique plus globale de
maîtrise de l’énergie. Cette notion
puis du FSGT sera d’ailleurs entérinée dans le
Plan d’indépendance énergétique
Après le second choc pétrolier, français adopté à cette même époque,
il devient évident que l’énergie qui visait à réduire la dépendance
va rester pour longtemps une énergétique de la France à un niveau
ressource plus rare et chère. de 50 % en 1990.
Il devient donc urgent de mettre L’ AFME aura en charge aussi bien
en place un programme ambitieux le soutien aux programmes de
de réduction de la consommation recherche, que le développement,
énergétique. Ce dernier sera lancé la démonstration et la diffusion des
juste après l’élection présidentielle technologies innovantes.
de 1981, sur la période 1982- Une place particulière est accordée
1990, autour de trois axes : à l’innovation, l’expérimentation et
l’utilisation rationnelle de l’énergie, la démonstration avec des moyens
le développement des énergies quintuplés par rapport à ceux de l’ AEE
renouvelables et la réduction et qui en premier lieu, permettront
de la dépendance au pétrole de poursuivre le programme H2E85
dans la consommation énergétique. lancé avec le Plan Construction (voir
Pour mettre en œuvre cette partie ci-après). Pour les maîtres
politique, une nouvelle structure d’ouvrage, entreprises et particuliers,
est créée le 14 mai 1982 : l’Agence l’aide à la décision de réalisation de
Française pour la Maîtrise de travaux est privilégiée, par le biais
l’Energie (AFME) , regroupement de la prise en charge de diagnostics
de l’AEE, du COMES et deux autres thermiques dans l’habitat.
organismes (la mission chaleur L’action sur les comportements
et le comité géothermie). pour inciter les gens à réduire la
24
II. De la RT74 au programme H2E 85

durée de la période de chauffe et la 4. Une relance


température moyenne reste pour la
nouvelle AFME une priorité. réglementaire
importante
En 1982 est créé le FSGT.
«Il est créé, sous le nom de Fonds Avec la hausse du prix de l’énergie,
spécial de grands travaux, le niveau de la précédente
un établissement public national réglementation thermique de
à caractère administratif doté 1974 devient insuffisant. L’AFME
de l’autonomie financière et placé se voit confiée par le ministre
sous l’autorité du ministre de du logement la présidence d’un
l’économie et des finances. groupe de travail ayant pour but la
Cet établissement a pour mission rédaction d’un projet de nouveau
de réaliser ou de contribuer règlement thermique des bâtiments
à financer tous travaux d’habitation pour la fin 82. L’objectif
d’équipement dans les domaines serait d’atteindre, en 1985, une
des infrastructures des transports économie d’énergie de 50 % par
publics, de la circulation routière rapport aux normes de l’époque. C’est
et de la maîtrise de l’énergie pourquoi, pour atteindre cet objectif,
en milieu urbain et rural11. différentes étapes réglementaires
La gestion du volet « énergie » vont être mises en place, en
du fonds est confiée à l’AFME, complément des efforts de l’AFME et
ce qui représente un budget du Plan Construction pour soutenir
de 2 milliards de francs (305 l’expérimentation et la diffusion dans
millions d’euros), destiné à le marché de meilleures technologies.
financer entre 1983 et 1985, de
nombreuses opérations (pour Label haute isolation, 1980
un investissement de 6,6 milliards
de francs - 1 milliard d’euros -) En 1980 est mis en place par le
de maîtrise de l’énergie dans ministère du logement un Label
l’industrie, le résidentiel et le haute isolation. Pour obtenir ce
tertiaire. L’objectif est de limiter label, les logements doivent aboutir
à moins de 10 % l’accroissement à une économie d’énergie de 20%
de la consommation du secteur en moyenne pour le chauffage
habitat et tertiaire à l’horizon 1990, ce électrique et 25 % pour les autres
qui correspond à une économie de 2 systèmes de chauffage par rapport
Mtep supplémentaire chaque à la réglementation thermique en
année. Les aides publiques aux vigueur. Son objectif était de faciliter
travaux d’isolation sont nombreuses l’adaptation des logements neufs à
et émanent de différents organismes : une réglementation ultérieure, plus
AFME, ANAH, déductions des exigeante. «Pour inciter à dépasser
revenus imposables. l’exigence réglementaire et préparer

11
Loi n°82-669 du 3 août 1982, source Legifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/FAECH.htm
25

les évolutions suivantes, 140 000 grande liberté qui est donnée au
logements ont reçu le label12 ». concepteur»13.
A la différence de la réglementation
Nouvelle réglementation, 1982 de 74, cette nouvelle étape
réglementaire (qui représente une
La réglementation qui sera mise en économie d’environ 260 000 tep/
œuvre à partir du 24 mars 1982 rend an sur la base d’environ 380 000
tout d’abord obligatoire l’atteinte des logements neufs par an) est proche
objectifs du label haute isolation. des limites techniques de produits
Mais dès lors que l’isolation alors disponibles sur le marché.
s’améliore, il devient nécessaire Pour atteindre l’objectif prévu pour
de prendre en compte les apports 1985, des étapes technologiques
solaires qui peuvent être significatifs. et réglementaires doivent encore
Cette nouvelle réglementation être franchies : elles le seront
se caractérise alors par l’introduction par la mise en place de nouveaux
de la notion de besoin de chauffage labels en 1983, les labels Haute
d’un logement. Performance Énergétique (HPE)14
Ainsi, alors que la réglementation et Solaire15 , en 1983, et d’un très
précédente tenait uniquement compte ambitieux programme de recherche
des déperditions de chaleur par la et d’expérimentations : le programme
ventilation et les parois d’un logement «H2E85», acronyme de «Habitat
(le coefficient G), la réglementation de Économe en Énergie à l’horizon1985».
1982 prend en compte les apports de
chaleur dus à l’occupation et à ceux Label Haute Performance Énergétique
du rayonnement solaire. Un nouveau et Label Solaire
coefficient est introduit, nommé B,
qui caractérise les besoins réels En 1983, le système de labellisation,
de chauffage, déduction faite préalable au durcissement de la
des apports de chaleur gratuits. réglementation est repris à travers
Cette prise en compte des le label haute performance
apports solaires constitue une énergétique. Quatre niveaux de
innovation importante, car le simple performance sont proposés (1, 2, 3
durcissement des coefficients aurait ou 4 étoiles) pour donner davantage
conduit à une réduction des surfaces de lisibilité à la performance
vitrées. Cette réglementation permet attendue dans les logements neufs :
au contraire de rendre à la conception amélioration de 15, 25, 35 ou 45 %
du bâtiment toute son importance : par rapport à l’arrêté de 82. Le label
choix de l’orientation, intégration dans solaire correspond à au moins 35 %
l’environnement, prise en compte de la performance définie par arrêté,
de l’inertie. Finalement, «c’est une ainsi qu’un niveau minimum de

12
Plaquette Réglementation Thermique 2005, des bâtiments confortables et performants, Ministère de l’emploi,
de la cohésion sociale et du logement
13
Le coefficient volumique de déperdition G, le coefficient volumique de besoins de chauffage B, Luc Bourdeau, CSTB,
in Conception architecturale solaire, 2ème séminaire des 3 et 14 avril 1984, Sophia Antipolis
14
Arrêté du 5 juillet 1983 : «ce label concerne les logements neufs dont la consommation nominale de chauffage et d’eau chaude
sanitaire est telle que leur performance énergétique par rapport à une consommation de référence satisfait à un niveau minimal»
15
label solaire : concerne les logements neufs présentant une performance énergétique supérieure ou égale à 35 % et présentant
d’autre part une contribution solaire supérieure à un niveau minimal. Quatre niveaux de performance sont proposés pour
donner davantage de lisibilité aux efforts d’amélioration des performances du secteur de la construction.
26
II. De la RT74 au programme H2E 85

contribution solaire. concertation entre toutes les parties.


Ces labels sont destinés à favoriser le Sa réalisation s’étendait sur cinq ans.
passage à la réglementation de 1988. L’année 1981 était particulièrement
consacrée à l’évolution de l’enveloppe
des bâtiments : trois consultations
5. Les
recherches et ont en effet été lancées, sur l’habitat
hyperisolé, sur les composants-
expérimentations des fenêtres et sur les composants
années 1980 adaptés pour l’architecture
climatique ; l’année 1982 à l’utilisation
Dans les années 80 plusieurs rationnelle des énergies dans ces
programmes de recherches et nouvelles enveloppes de bâtiment,
d’expérimentations sont lancés : les l’année 1983 à l’adaptation des
programmes HOT 6 et HOT 7, H2E85 équipements, et l’année 1984 était
et H3E90. prévue pour être l’année de synthèse,
de communication (rédaction de
Lancé le 15 octobre 1980 par guides techniques) et de préparation
le Plan Construction, avec l’AFME, de la nouvelle réglementation
le COMES, l’ANVAR (Agence nationale thermique.
pour la valorisation de la recherche),
la Direction de la Construction De fait, les avancées techniques
et la Direction générale de l’énergie du programme H2E85 ont été très
et des matières premières, « le significatives. Pour Gilles Olive, son
programme H2E 85 avait pour responsable, « les technologies
objectif de réduire de moitié la nouvelles pour les techniques
consommation énergétique en 1985 concernant l’enveloppe du bâtiment
par rapport à 1980. Par usage il furent principalement : concernant les
s’agissait de réaliser une économie de parois opaques, les éléments coffrant
60% sur le chauffage, de 30 à 40% sur isolants et l’isolation dynamique
l’eau chaude sanitaire, de stabiliser et, concernant les parois vitrées, le
la consommation d’électricité vitrage faiblement émissif
spécifique. D’importants progrès de et le composant-fenêtre17 ».
productivité étaient attendus pour Détaillons ces innovations.
limiter les surcoûts 16». Il s’agissait
d’un programme ambitieux, à la fois
par l’ampleur visée (construction 5.1 l’isolation dynamique
de 400 000 logements par an), les
objectifs d’économie énergétique Constituant une évolution des murs
fixés, et leurs objectifs économiques Trombe, « l’isolation dynamique
liés, puisque cette économie consiste à transformer une paroi
énergétique devait être réalisée en échangeur en y faisant circuler de
sans surcoût, ce qui supposait une l’air. S’il s’agit de l’air extérieur, on

16
Maîtrise de l’énergie et modernisation durable des bâtiments existants, Recensement des études des dernières années,
Ministère de l’Équipement, des Transports, de l’Aménagement du Territoire, du Tourisme et de la Mer, Ministère de l’emploi,
de la cohésion sociale et du logement, Plan Urbanisme Construction et Architecture, Marie-France Gueyffier, Avril 2006,
http://www.prebat.net/batiment-existant/Biblioexistant02-07.doc
17
Quelques techniques innovantes pour l’habitat, OLIVE G et BORNAREL A, PUCA, 1989
27

préchauffe l’air neuf. S’il s’agit et HOT 7 « L’habitat hyper-isolé ».


de l’air extrait, on réduit ainsi les Ce dernier donnera lieu à la
déperditions de la paroi »18. réalisation de 531 maisons.
Les premières expérimentations sur « De 1980 à 1985, on peut recenser
l’isolation dynamique sont menées la réalisation de 976 logements
en France par EDF dès le milieu des expérimentaux19 » en isolation
années 70. Des études sont réalisées dynamique.
(COSTIC) et des expérimentations
sont menées sur différents types 5.2 l’isolation extérieure
d’isolation dynamique (isolation
«thermo-dynamique», isolation A côté des techniques d’isolation
«pariéto-dynamique» où la circulation par murs à double paroi, l’isolation
d’air se fait par une lame d’air dans la par l’extérieur se développe dans
paroi, et isolation perméo-dynamique les années 80. Les recherches
où l’air traverse un isolant). notamment conduites par l’AFME
Une première réalisation et le CSTB vont permettre
expérimentale est menée à Beauvais l’acquisition de connaissances
en 1976 (immeuble collectif à double scientifiques et techniques
façade ventilée) et une deuxième est sur les performances thermiques,
réalisée à Digne (salle de conférence la diffusion de la vapeur, la durabilité,
à isolation thermo-dynamique). la résistance et la tolérance des
Il faudra cependant attendre les produits. En 1988, l’AFME, le Plan
années 80 et particulièrement la mise Construction et Architecture et le
en place du programme H2E85 CSTB organisent le premier colloque
pour que les possibilités offertes européen sur l’isolation thermique
par l’isolation dynamique soient extérieure des façades. Entre 1983
mieux explorées. et 1992, les financements de l’AFME
pour supporter l’effort de recherche
Parallèlement, à partir de 1979 et sur l’enveloppe des bâtiments et
dans le cadre du concours HOT 5 particulièrement sur les thématiques
« 5 000 maisons solaires », des de l’isolation par l’extérieur et du mur
expérimentations à plus grande manteau se montent à 4,3 millions
échelle vont avoir lieu, puisque les de francs (660 000 euros). Mais
architectes des maisons solaires vont l’action de l’AFME va également
ajouter à leur projet des systèmes permettre d’aider à la structuration
d’isolation dynamique. 187 logements du marché de l’isolation extérieure,
vont ainsi être construits. en aidant à la mise en place, en 1990
Ensuite, au cours des années 80, du Groupement des industriels
deux nouvelles vagues du mur-manteau (G2M).
d’expérimentations vont se succéder
via le concours HOT 6 « L’amélioration On dénombre ainsi différents
thermique de l’habitat existant » procédés, tels que :

18
Voir le rapport Pour une meilleure maîtrise de l’énergie dans le secteur résidentiel et tertiaire, DAUSSY J et TRICHARD M, 1983
19
soit 681 en isolation pariéto-dynamique, 199 en isolation hélioparieto-dynamique, 62 en pérméo-dynamique
et 34 en thermo-dynamique». Source : Gilles OLIVE, Quelques techniques innovantes pour l’habitat, OLIVE G. et BORNAREL A.,
PUCA, 1989, P 39
28
II. De la RT74 au programme H2E 85
Enduit mince sur isolant Enduit épais sur isolant Façade enduite

Source : Isolation thermique des murs par l’extérieur, EDF avec l’aide du CSTB, Paris, 1986

Les enduits sur isolants hydratation d’une poudre) a permis


le recours à des isolants très divers,
L’idée était d’associer une fonction ce qui explique aussi une partie
d’isolation au parement traditionnel de son succès.
d’une construction, destiné à la
protéger des impacts, du feu et de la Ainsi, différentes formules ont
pluie, et à la décorer. Les premiers été employées, qui ont connu des
enduits de ce type furent mis en développements divers :
place en Allemagne dans les années
60. Un premier type à isoltion fit son - un enduit hydraulique
apparition en 1973, composé d’une lui-même isolant, chargé de billes
couche de polystyrène expansé, de polystyrène et appliqué en forte
d’un treillis mécanique et d’un enduit épaisseur (5 à 6 cm),
hydraulique. Après un démarrage - faire adhérer l’enduit hydraulique
rapide du marché, le succès ne se à du polystyrène expansé PSE,
confirma pas car très vite certaines - appliquer l’enduit sur de la laine
façades présentèrent des fissures. de roche, ce qui a donné lieu à des
Les recherches menées au cours expérimentations en Allemagne,
des années 80, par les différents Suisse, Autriche et France,
acteurs, AFME, CSTB, université - enduit sur la mousse de
et entreprises, sur ces produits, polyuréthane, dont les premières
consistèrent à mettre au point avec ce système datent de 1982,
des isolants capables de subir, - le polystyrène moulé en blocs
à l’instar des murs d’une maison, coffrants,
des variations de température et - des agglomérés de ciment-bois
d’hygrométrie très importantes. et polystyrène (tel le Fibragglo).
Passées les premières années de
test, ces enduits sur isolants ont su Tous ces systèmes utilisent des
démontrer leur utilité, et dès 1983, armatures noyées dans l’enduit de
ils atteignaient près de 10 % du surface. Les procédés de première
marché. L’application en surface d’un génération (enduits «hydrauliques»
enduit hydraulique (mis en place par ou «épais») mettent en œuvre des
29

enduits hydrauliques appliqués Un bardage isolant comprend une


sur un matériau isolant avec ossature fixée mécaniquement au
interposition d’un treillis mécanique ; support, un isolant thermique inséré
ceux de seconde génération (enduits dans les éléments de l’ossature,
«minces ») sont armés d’un treillis et une peau extérieure constituée
en fibre de verre. du revêtement choisi et fixée sur
l’ossature. À la fin des années 80, les
Les bardages rapportés procédés de bardages représentent
avec isolation thermique, un quart des dispositifs d’isolation
par l’extérieure des façades existants
Cette technique puise dans des sur le marché. Ils sont le plus souvent
procédés traditionnels régionaux et composés de fibro ciment, de PVC, ou
très anciens, puisqu’ils étaient déjà de pierre reconstituée, mais certains
utilisés au Moyen-Âge. En effet, les bardages continuent d’utiliser des
bardages servaient à protéger les matériaux plus traditionnels comme
murs et les façades très exposées. le bois ou l’ardoise. Les recherches
Les premiers procédés de bardages sur ces procédés ont permis de faire
rapportés utilisaient un revêtement évoluer les éléments de l’ossature.
extérieur en lames ou en « écailles », Traditionnellement constitués de bois,
constitué de planches de bois, des ossatures métalliques sont
d’ardoise, et de zinc. Au début du apparues (aluminium ou acier
xxe siècle, de nouveaux matériaux galvanisé). La couche d’isolant
furent utilisés pour ces bardages, qui renforce le bardage est le plus
tels le fibro-ciment, d’abord en petits souvent à base de feutre de laine
éléments, puis en grosses plaques, minérale, résistante à l’eau.
ainsi que la tôle et le PVC20.

Schéma du bardage rapporté Maison avec bardage rapporté

Source : Isolation thermique des murs par l’extérieur, EDF avec l’aide du CSTB, Paris, 1986

20
Pour plus d’informations, se reporter au chapitre « Bardages rapportée, Jean-Jacques Suau, Premier colloque européen
sur l’isolation thermique extérieure des façades, AFME, CSTB, Plan Construction et Architecture, Paris, 3 et 4 Nov 1988
30
II. De la RT74 au programme H2E 85

- les « Vêtures » 5.3 Les nouveaux matériaux isolants

Les premières vêtures ont fait leur Ces procédés mettent en œuvre
apparition au Canada dans les différents isolants : polystyrène
années 60, puis en Suisse en 1969. expansé, mousse de polyuréthane,
Elles sont apparues en France vers verres cellulaires et même certains
1975. Vêture est l’acronyme de bétons cellulaires de faible masse
« véritable enveloppe thermique pour volumique. Ces matériaux plus ou
l’utilisation rationnelle de l’énergie ». moins nouveaux offrent des créneaux
Il s’agit d’une «sorte de manteau d’application plus vastes que la
imperméable et fourré dont on habille simple laine de verre : les verres ou
en une seule opération un immeuble bétons cellulaires sont notamment
pour le protéger de la pluie, du froid, capables de résister à des taux de
du soleil et lui donner une allure compression élevés permettant de
agréable »21. Il s’agit en fait d’un supprimer les ponts thermiques.
système d’isolation par l’extérieur Les mousses de polyuréthane vont
réalisé à partir d’éléments isolants être particulièrement étudiées à
préfabriqués, posés directement sur cette période, car elles présentent
des parois préexistantes ou en béton de remarquables propriétés
sans l’intermédiaire d’une ossature. d’isolation thermique du fait de leurs
Généralement en polystyrène expansé cellules fermées, conduisant à les
recouvert de plastique ou de métal, rendre «plus isolantes que l’air»
elles sont de petites dimensions (superisolantes). Malheureusement,
et s’appliquent côte à côte sur les ces recherches prometteuses ont
façades. Les vêtures se distinguent du être abandonnées, ces mousses
par leur forme, contenant des CFC, responsables du
leur matériau « trou » dans la couche d’ozone.
de parement, Des recherches vont être engagées
leur étanchéité par le CSTB et l’ADEME sur les
à l’eau et leur mousses de polyuréthane afin
fonctionnement de les qualifier plus précisément
hygrothermique. dans le cadre de la certification
ACERMI. Les travaux réalisés pour
modéliser la structure cellulaire
de ces mousses ont par ailleurs pu
être appliqués à d’autres produits
alvéolaires. C’est ainsi qu’un logiciel
d’aide à la conception des isolants en
polystyrène expansé a été développé
pour optimiser les performances
mécaniques et thermiques de
Schéma de la vêture ces produits. L’ensemble de ces

21
Cahiers techniques du bâtiment, n°61, mars 1984.
31

recherches va permettre aux à cause de la difficulté de réaliser sur


industriels du polyuréthane de ce support les enduits hydrauliques.
relever, dans des conditions Les copeaux de bois ont ensuite
économiques acceptables, le défi été remplacés dans les années 80
issu de l’application du protocole par du polystyrène expansé, dans
de Montréal, et aux industriels lequel est coulé du béton. Plusieurs
du polystyrène expansé de gagner procédés furent développés,
en matière et en performance notamment le RTH85 par le CERIB
sur leurs produits. (Centre d’Études et de Recherches
Enfin, pour aider les industriels de l’Industrie du Béton). L’aspect
français à se positionner au niveau extérieur des murs construit selon
européen, l’AFME et le CSTB ont ce procédé est identique à une
participé à une série de travaux sur construction traditionnelle enduite,
la codification des produits d’isolation l’aspect intérieur est celui des
aboutissant à la mise en place de parois classiques. Ces nouveaux
normes européennes. composants ont été encouragés par
le concours «jeu de construction» du
Plan Construction. Les systèmes de
5.4 Les systèmes construction les plus industrialisés de
blocs coffrage isolants ce type ont été produits par la société
GA sous la marque LEIGA. Ils ont fait
Ce sont des systèmes conçus l’objet d’un Avis Technique qui les
pour constituer par empilement définit ainsi « Procédé de gros oeuvre
des parois extérieures de complet associant des éléments
construction à l’image des Lego©.
L’origine de ces blocs coffrages
isolants remonte à l’après guerre,
avec la mise au point par la société
du même nom, des blocs coffrages
fabriqué avec des copeaux de bois
minéralisés puis mélangés à du
ciment Portland. Le matériau ainsi
obtenu présente de nombreuses
qualités : isolant, léger, résistant
aux insectes et à l’humidité, pouvant
être moulé sous toutes les formes
pour réaliser blocs ou plaques, et
présentant en outre des qualités
acoustiques intéressantes.
Malgré ces remarquables avantages,
ces systèmes ont ensuite été
abandonnés dans les années 60 Blocs Durisol
Source : http://www.durisol.com/p1building.htm
32
II. De la RT74 au programme H2E 85

sandwiches de plancher en béton de 1 que le corps absorbe totalement


précontraint de portée pouvant aller le rayonnement.
jusqu’à 18 mètres, à des éléments Le principe est de déposer sur le
préfabriqués sandwiches de refend verre une mince couche métallique
transversal ou de pignon, soit du invisible, qui permet le passage des
type sandwich soit du type plaque rayons solaires de courtes longueurs
pleine avec lesquels ils sont liés d’ondes, mais devient opaque aux
par boulonnage, formant à chaque rayons solaires de grandes longueurs
niveau un ensemble de portiques d’ondes. Ainsi, les rayons solaires
multiples22». (de courte longueur d’onde) sont
Ces concours ont permis de diffuser absorbés par les composants internes
de nouvelles idées et techniques du bâtiment. Lorsque la chaleur est
parmi les maîtres d’ouvrages et réémise, sa longueur d’onde change
les architectes, mais sans toutefois et devient plus élevée. Elle est piégée
percer sur le marché. Une des raisons par effet de serre car elle ne peut
essentielles est culturelle et liée au retraverser le vitrage.
manque de formation des artisans
du secteur qui en outre,
se voit dépossédés de leur savoir
faire par l’utilisation de ces En été
éléments préconstruits.

5.5 Les vitrages


Lum
Chale ière
Dès 1974, la direction Développement ur so
laire
visib
le

Vitrage de Saint-Gobain a lancé un


programme d’étude de récupération
passive de l’énergie solaire au travers
des vitrages, et d’expérimentations,
notamment aussi autour des Murs
Trombe sur le site de Chantereine, Source : http://www.uris-auvergne.org/documents/
dans l’Oise. URIS-Auvergne-Chimie-et-Habitat-20051030.pdf

Une innovation importante des Dans les années 80, les vitrages peu
années 80 repose sur la basse émissifs ont commencé à se répandre
émissivité des vitrages. sur le marché des vitrages, mais leur
L’émissivité est une propriété pénétration a été lente : en 1988,
caractéristique de la surface d’un ils ne constituaient que 10 % des
objet caractérisant les échanges par vitrages isolants vendus. Cause et
rayonnement. Une émissivité de 0 conséquence, ils n’ont pas été retenus
signifie que le corps renvoie 100 % dans les solutions technologiques
du rayonnement reçu, une émissivité accompagnant la RT89.

22
Avis Technique 3+1/99-331, Révision de l’Avis Technique 3+1/92-234.
33

A la fin des années 80, les recherches L’intérêt d’un tel système est double :
pour améliorer le pouvoir isolant - amélioration du bilan thermique
des vitrages s’orientent également de la paroi par comparaison
vers deux nouvelles pistes, avec à la même paroi non ventilée
les travaux de Saint-Gobain : - air neuf entrant préchauffé »
l’utilisation d’aérogel de silice,
et le développement de vitrages Malgré l’intérêt de cette technologie,
électrochromes. (Voir partie III.2) celle-ci sera finalement vite
remplacée, en raison de son
5.6 Les composants fenêtre coût trop important au regard
parieto-dynamique d’autres technologies, plus faciles
à mettre en œuvre, plus aisément
Le concept a été promu dans le cadre industrialisables et présentant
du programme H2E85 qui a constitué, au final des performances
on l’a vu, un «déclencheur» important thermiques voisines.
de recherches et d’innovations
technologiques. 5.7 Les apports de la modélisation
Les composant-fenêtres parieto- et de la simulation
dynamique ajoutent à la fonction
habituelle d’une paroi vitrée Dans les domaines de la
la fonction supplémentaire de thermique et du confort, les outils
préchauffage de l’air neuf entrant numériques vont également être
dans le logement. d’une grande aide. Les heures
d’ensoleillement, les potentialités
Un composant-fenêtre est un d’éclairement naturel, les données
ensemble comprenant à la fois météorologiques, l’orientation des
la menuiserie, l’encadrement, façades… sont autant de paramètres
les vitrages et les occultations. décrivant l’habitat qui vont pouvoir
«Réaliser un système parieto- être modélisés, permettant ainsi de
dynamique consiste à faire simuler les projets et d’optimiser
fonctionner un élément de paroi leur conception. A partir des années
de bâtiment comme un échangeur 70, de nombreux logiciels de
de chaleur, en faisant circuler simulation thermique du bâtiment
entre ses deux faces un flux d’air, vont ainsi voir le jour.
généralement entrant.
L’air de renouvellement absorbe L’apport de ces modèles numériques
la chaleur qui traverse la paroi par est essentiel. D’une part ceux-ci ont
transmission thermique et la restitue permis d’explorer des méthodes
à l’intérieur du local. de conception de l’habitat toujours
La circulation de l’air est assurée plus poussées, ouvrant notamment
par le système de ventilation la voie à l’introduction des méthodes
mécanique contrôlé du bâtiment. de CAO dans la construction. D’autre
34
II. De la RT74 au programme H2E 85

part, ces modèles ont permis de


continuer à faire évoluer la
réglementation thermique, puisque
la RT82 va intégrer les calculs
issus de ces modèles. En effet, six
méthodes de calcul, issues des
travaux de différents laboratoires de
recherche et organismes, vont être
retenues pour calculer le coefficient
B des besoins en chauffage des
logements : Th-B (CSTB), méthode
5000 (SCPA Claux-Pesso-Raoust),
CASAMO (Ecole Nationale supérieure
des Mines de Paris), CALECO-DOE 2
(CNRS équipe RAMSES et Lawrence
Berkeley Laboratory), HELIO-B
(OTH Paris) et HABITAT (laboratoires
de Marcoussis, groupe CGE).

Les recherches en modélisation


et en simulation du fonctionnement
thermique des bâtiments se
poursuivront d’ailleurs bien au-delà
de la mise en place de la RT82.
Le GER ALMETH (Atelier Logiciel
de Modélisation en Thermique de
l’Habitat puis Atelier Logiciel pour la
Maîtrise de l’Énergie dans le Tertiaire
et l’Habitat) qui regroupe le CSTB,
le CNRS, la FFB et de l’équipe
RAMSES et travaillera à la mise
au point du Code de Simulation de
la Thermique du Bâtiment (CST Bât).

Le programme H2E85 aura


indéniablement permis d’engager une
dynamique d’innovation majeure entre
1980 et 1985, tout en démontrant la
possibilité de réduire dans l’habitat
neuf les consommations de l’ordre de
50% par rapport aux normes de 1974
pour un surcoût limité.
III.
Collège HQE
Collège Guy Dolmaire à Mirecourt
Architectes :
Architecture-Studio (M. Robain, R. Tisnado, JF. Bonne, A. Bretagnolle,
RH. Arnaud, LM. Fischer, M. Lehmann, R. Ayache) et O.Paré

© Christophe Bourgeois

De la réglementation de 1988
au programme de recherche PREBAT
37

III. de la réglementation
de 1988 au programme
de recherche PREBAT

1. La Réglementation 2. La création
de 1988 de l’ADEME en 1991
Le programme H2E85 a permis de Avec la chute des prix de l’énergie
passer, avec trois années de retard en 1986, le FSGT est arrêté, les
par rapport aux prévisions, à la crédits affectés à la diminution
réglementation de 1988, qui porte de la consommation énergétique
sur l’ensemble des consommations dans l’habitat, et plus généralement
du bâtiment à construire et prend en dans l’économie française, marquent
compte le chauffage et la production un coup d’arrêt. Cependant, deux
d’eau chaude. Elle renforce de rapports, celui de Pierre Brana en
nouveau de 25 % les performances 1989 intitulé « Rapport de mission
techniques minimales par rapport sur la maîtrise de l’énergie »
à la réglementation de 1982. et en janvier 1991, le rapport
du Plan intitulé « Energie 2010 »
En 1990, pour aider à la mise en insistent de nouveau sur la maîtrise
place de travaux de réhabilitation à de l’énergie. Le Plan National pour
grande échelle, est mis en place le l’Environnement, présenté
programme H3E90 « Habitat existant par M. Brice Lalonde est adopté
économe en énergie pour 1990 ». Ce par le gouvernement en décembre
nouveau programme sera transformé 1990. Il devient plus évident
en « Bâtiment économe ». H3E90 avait que les questions d’énergie et
pour objectif de parvenir à réduire, en d’environnement sont liées.
moyenne et pour l’ensemble du parc Le gouvernement crée alors l’ADEME,
résidentiel d’avant 1975, de 25% les l’Agence Française de l’Environnement
charges énergétiques. Il n’entraînera et de la Maîtrise de l’Energie,
cependant pas la même dynamique regroupant l’ A.F.M.E., l’ A.Q.A.
d’évolution que son prédécesseur et (Agence pour la Qualité de l’Air), et
sera assez vite abandonné. l’A.N.R.E.D. (Agence Nationale pour la
Récupération des Déchets).
38

L’ADEME va alors lancer avec le Plan Les programmes de recherche


Construction et Architecture plusieurs des années 90
consultations de recherches et appel
à propositions pour améliorer la Durant les années 1990 s’achèvent
qualité technique des bâtiments, deux programmes de recherche
comme en 1992/1993 : Produits et développement concernant les
techniques et méthodes pour le vitrages.
bâtiment, favorables à l’environnement Le premier concerne les vitrages
(programme d’une durée de super-isolants à base d’aérogels :
trois ans), en 1995 : Réalisations l’objectif est de remplacer la lame
expérimentales de bâtiment à haute d’air, sur toute la surface du double-
qualité environnementale ; « Produits vitrage, par une lame d’aérogel de
et composants propres et économes » silice, monolithique, transparente,
qui permettra notamment d’évaluer et dont la structure, de porosité élevée,
complètement la filière «maisons à puisse supporter les contraintes
ossature en bois». mécaniques dues à la mise sous vide
partiel ou sous gaz neutre, du double-
Comme l’isolation s’est améliorée vitrage23. Cette recherche s’effectue
dans le bâtiment, les efforts de en partenariat avec le Centre
recherche concernant l’enveloppe d’énergétique de l’école des Mines
des bâtiments se déplacent vers (CENERG), le Laboratoire d’Application
le traitement des ponts thermiques de la chimie à l’Environnement (LACE)
et l’intégration des énergies de l’Université Claude Bernard à Lyon,
renouvelables, les parois opaques et le Centre Scientifique du Bâtiment
parois vitrées, le confort d’été et la (CSTB), le groupe chimique PCAS
protection acoustique. Les recherches et la société Saint-Gobain Vitrage.
s’orientent ainsi vers « l’enveloppe Le procédé a fait l’objet d’un dépôt
active » des bâtiments, c’est-à-dire de brevet en 1995.
l’ensemble des solutions techniques Le second concerne les vitrages
et des logiques de commande électrochromes, vitrages dont la
associées destinées à réguler et coloration est variable et contrôlable,
à maîtriser les apports solaires. linéairement et de manière réversible,
L’objectif est à la fois de réduire sous l’effet d’un courant électrique
la consommation énergétique du appliqué aux bornes du système. Ce
bâtiment et de maintenir un niveau système permet ainsi d’optimiser
satisfaisant de confort thermique l’apport solaire et l’éclairage naturel.
d’été avec un recours à la Un premier programme avait été
climatisation limité. réalisé entre 1990 et 1995, un second
entre 1995 et 1996 visait à préciser
les économies d’énergies possibles
associées à ce type de procédé.

23
Voir le rapport d’activité de l’ADEME de 1996, p.92
39

Les partenaires de l’ Agence pour performances en laissant toute liberté


ce programme sont Saint-Gobain de conception aux architectes et aux
Recherche, le CSTB, le CENERG, bureaux d’études ».
et la société Sirius. Cette réglementation marque
une nouvelle avancée importante,
En parallèle à son activité de soutien en imposant une limite à la
à la recherche et à l’innovation, consommation globale d’énergie d’un
notamment sur les enveloppes bâtiment (Coefficient C).
performantes actives, l’ADEME En 2000, avec la mise en application de
contribue à l’élaboration des la RT 2000, le label HPE évolue et son
méthodologies et au renforcement des niveau est fixé à -10 % par rapport au
niveaux d’exigences réglementaires. niveau réglementaire. Un label THPE
La dernière réglementation datant apparaît dont le niveau est fixé à -15 %
en effet de 1988, le moment était par rapport au niveau réglementaire.
venu de moderniser les textes. Cette La RT 2000 vise une amélioration
actualisation réglementaire continue des performances
se fera dans un contexte très différent énergétiques, avec des exigences
des réglementations précédentes : renforcées au moins tous les cinq ans
en effet, la réglementation commence comme l’exige la directive européenne
à ne plus être vécue comme sur la performance énergétique des
une contrainte mais comme une bâtiments (RT 2005, RT 2010, RT 2015).
opportunité de créer de nouveaux
marchés pour les entreprises et
les industriels. Il faudra cependant 3. Le programme
attendre douze ans pour que la Bâtiment 2010
nouvelle réglementation thermique (2002-2004)
pour les bâtiments neufs apparaisse.
L’ADEME au début des années 2000
3. La RT 2000 continue de poursuivre son soutien
à la recherche et au développement
La Réglementation Thermique 2000 sur toutes les technologies optimisant
s’applique pour tous les permis de les performances énergétiques,
construire déposés à partir du 2 notamment sur l’intégration des
juin 2001. «Elle porte à la fois sur composants solaires dans le bâtiment.
les bâtiments neufs résidentiels et En 2000, l’ADEME participe ainsi
tertiaires. Son principal objectif est de avec Ouest-Alu, SOMFY, TBC et Sirius,
réduire les consommations d’énergie au développement d’une fenêtre
de 20% dans les logements et de 40% à store vénitien intégré et automatisé
dans le tertiaire, et à limiter l’inconfort en fonction des apports solaires.
d’été dans les locaux non climatisés. De 2002 à 2004, l’ADEME et le PUCA
Elle permet d’atteindre ce niveau de renouent avec la mise en place d’un
40
III. de la réglementation de 1988 au programme de recherche PREBAT

grand programme de recherche sur thermiques, et à moyen terme,


le bâtiment, en organisant l’appel à à identifier des solutions de
propositions annuel intitulé « Qualité systèmes d’enveloppe active,
énergétique, environnementale et capable de s’adapter seule aux
sanitaire : préparer le bâtiment à sollicitations internes ou externes
l’horizon 2010 ». L’objectif est de et intégrant en outre les énergies
recréer une dynamique durable de renouvelables au bâtiment.
mobilisation de tous les acteurs, Bâtiment 2010 aura permis en 3 ans
afin d’atteindre les objectifs en de financer 140 projets d’études
matière de développement durable, ou de R&D (dont 22 études de
mais désormais aussi de lutter cadrage), pour 450 propositions
contre le changement climatique. soumises à la consultation.
Au-delà des bâtiments neufs, Ces 140 projets représentent un
l’objectif est également d’améliorer montant total d’aide de l’ordre de
fortement et globalement les 13,35 millions d’Euros, pour un total
performances énergétiques du stock de travaux estimés à 33,5 millions
des bâtiments existants. d’euros. Comme le montre le tableau
« Bâtiment 2010 » va jouer un rôle ci-dessous, plus du quart des
important en matière de recherche projets a concerné directement
sur l’enveloppe des bâtiments. la problématique de l’enveloppe.
En effet, le programme vise à court
terme à contribuer à résoudre La répartition par thème
certains problèmes tels que les ponts des 140 projets est la suivante :

Nombre de projets lauréats Bilan cumulé %


Socio-Economie
(dont outils destinés aux professionnels
et organisation des acteurs) 26 18,6

Enveloppe 38 27,1

Équipements 32 22,8

Energies renouvelables 18 12,9

Maîtrise de la demande d’électricité 13 9,3

Qualité de l’air intérieur 8 5,7

Déchets 5 3,6
41

Examinons plus en détail certains de


ces projets de recherche :

exemples de projet
Mur rideau et verrière photovoltaïque standards
participant au confort thermique dans le bâtiment
Partenariat BP Solar / Kawneer / Costic

Objectifs : Etapes clés du projet


• Proposer au marché du bâtiment • Conception de doubles vitrages
un concept de façade verticale photovoltaïques (CCTP, Technologie,
et de verrière à structure aluminium, Outil Thermique, Prototypes) ;
intégrant des doubles vitrages • Création d’un concept de connexion
photovoltaïques performants. électrique sécurisé simple et rapide ;
• Standardiser des dimensions de vitrage • Réalisation d’un prototype instrumenté
pour conserver un réalisme économique (Siège BP Solar)
tout en proposant des solutions esthétiques
variables et personnalisables • Création d’un profil de structure en
(Type cellule, densité, arrangement, etc…) aluminium pour réalisation de façades
verticales et verrières adaptées aux
• Disposer d’outils techniques contraintes liées au PV ;
et d’informations pour sensibiliser
les acteurs du marché • Étude comparative des performances
(Maîtres d’Ouvrage, Architectes,..) de comportement de l’ensemble
Vitrage PV + Structure ;
• Commercialisation du produit
début Juillet 2004 (AvisTechnique).

Une verrière test a été réalisée


au siège de BP-Solar :
35m², 2 technologies, 2 densités de cellules
Intégration des premiers doubles vitrages
(Techno Hybride et EVA)
• Utilisation du système de façade
Kawneer 1203 existant (50 mm)
• Instrumentation des vitrages (T° couches) ;
La verrière vue de l’extérieur
• Analyse des difficultés rencontrées Apex BP Solar - membre du groupe BP - © 2004
au cours du montage pour alimenter
le cahier des charges du produit à venir.
42
III. de la réglementation de 1988 au programme de recherche PREBAT

Projets de l’année 200225 - Etude d’intégration du Foamglas


pour traiter les ponts thermiques
• L’enveloppe (TBC SARL)
Parmi les 80 propositions reçues
sur ce thème, un ensemble - Traitement des ponts thermiques :
particulièrement intéressant de cas des murs maçonnés
dossiers a convergé sur le thème avec isolation par l’intérieur
des ponts thermiques liés (POUGET INGÉNIEUR CONSEIL).
à l’isolation par l’intérieur.

Cinq projets ont été retenus, formant • La perméabilité à l’air des façade
un pôle regroupant la quasi totalité Ce second point majeur à régler
des familles de solutions techniques pour améliorer l’efficacité énergétique
envisageables sur le sujet : de l’enveloppe, a fait également l’objet
de soutiens à plusieurs projets,
- Rupteur thermique le cas particulier des façades en bois
en façades maçonnées devant être traité dans un grand projet
(BOUYGUES BÂTIMENT regroupant l’ensemble des acteurs
HABITAT) concernés (fusion de deux propositions
sur le thème).
- Utilisation optimale d’un produit
polyfonctionnel (rupture de pont - Caractérisation thermique
thermique et parasismique) des structures bois (CTBA)
(SCHÖCK)
- Amélioration des performances
- Solutions de corrections des ponts thermiques des constructions
thermiques (EDF R&D) bois (isolation et étanchéité à l’air)
(IRABOIS)

25
Source : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) Direction du Bâtiment et des Energies Renouvelables,
Consultation : bilan 2003. Qualité énergétique, environnementale et sanitaire : préparer le Bâtiment à l’horizon 2010,
http://www.prebat.net/batiment2010/res2002.pdf

MURS SOLAIRES À ISOLATION RENFORCÉE


Bruno PEUPORTIER et Alain GUIAVARCH - ARMINES - École des Mines de Paris – CENERG
Bruno MARCONATO et Henri SACCHI - SOGEA CONSTRUCTION

Objectifs de la recherche
• Réduire d’un facteur 4 les émissions de CO2 des • Evaluer la productivité thermique pour différentes
bâtiments à l’horizon 2050, renforcement progressif typologies (avec et sans circulation d’air) -
de la RT et amélioration des bâtiments existants. Concevoir un composant optimisé. Evaluer l’intérêt
• Façades double peau comme alternative à économique et environnemental du concept sur des
l’isolation opaque, intéressant aussi en réhabilitation cas types (logements collectifs, maison individuelle.)

Le projet établit une typologie des différents types d’intégration, des différents modes de circulation d’air
et des différents phénomènes physiques couplés.
43

- Validation par un ensemble de - Nouveau procédé de façade légère


mesures sur sites, des principes pour le bâtiment, traitant l’intégralité
de traitement de la perméabilité des parties opaques et vitrées
à l’air sur des bâtiments neufs en (SAINT-GOBAIN COMITÉ BÂTIMENT)
maçonnerie ou en béton (IT FFB)
- Architecture bioclimatique et RT2000
- Procédé de mesure de l’étanchéité (POUGET INGÉNIEUR CONSEIL)
à l’air des réseaux et des logements
en habitat collectif à l’aide du
caisson ventilateur de VMC - Isolation des bâtiments à ossature
(ALDES AERAULIQUE). bois : définition d’un module
d’enveloppe parieto-dynamique
• Seront également traités d’autres résultant de l’optimisation
aspects de l’enveloppe, tels que énergétique, thermique
l’étude des potentialités de la super et acoustique.
isolation à moyen terme, ou la (LOCIE – GROUPE GCH – ESIGEC)
conception architecturale globale des
enveloppes et des bâtiments, pour - Murs solaires à isolation renforcée
réduire les déperditions énergétiques (ARMINES)
en optimisant l’utilisation des énergies
gratuites ou de l’éclairage naturel. - Optimisation de l’usage de conduits
de lumière naturelle
- Durabilité des panneaux super (E.N.T.P.E. (LASH)
isolants sous vide (ARCELOR)
- Les Conduits de lumière (TBC SARL)
- Nouveaux composants actifs pour
la gestion énergétique de l’enveloppe - Quelles solutions pour les bâtiments
légère des bâtiments. Couplage tertiaires climatisés à moins
matériaux à changement de phase de 100 kWh/m2.an ? (ARMINES)
/ super isolation / apports solaires
(CSTB GRENOBLE) - Outil de diagnostic des potentialités
environnementales des enveloppes
- Détermination de l’impact dans le cadre d’une Opération
des transferts de masse sur la Programmée d’Amélioration
performance thermique en oeuvre de l’Habitat (OPAH)
des composants d’enveloppe (LABORATOIRE CERMA).
fortement isolés (EDF R&D)
44
III. de la réglementation de 1988 au programme de recherche PREBAT

Projets de l’année 200326

• Bien qu’affiché comme non D’autres thèmes constituent


prioritaire en 2003, puisque 80 également des enjeux importants :
propositions avaient déjà été reçues
sur le thème de l’enveloppe l’an • La super-isolation, avec le projet
passé, pour 18 projets retenus, Super-Isolation, Méthodes et
ce thème a toutefois continué Procédures d’évaluation - Exemples
d’être largement exploré par les d’applications (CSTB),
proposants. 27 nouveaux projets sur
le thème ont ainsi été reçus en 2003. • les vitrages, avec les projets
Au-delà des améliorations de telles de nouveaux vitrages organiques
ou telles caractéristiques ou parties multiparois intégrant des aérogels
de l’enveloppe, des réflexions plus granulaires (CSTB)
fondamentales se font jour en matière
de conception d’ensemble, visant • et les projets d’enveloppe optimisée
à obtenir en terme de performance intégralement sur la base de la
une rupture par rapport aux captation de l’énergie solaire :
systèmes traditionnels. Ce thème projet Conception d’un bâtiment
générique de l’enveloppe-système, selon un principe architectural
intégrant dans la plupart des cas captant l’énergie solaire
une dimension d’enveloppe à (Design Eric WASSER).
propriétés variables, fait donc
l’objet de 4 projets nouveaux.
• Enfin, dans la continuité du pôle
constitué en 2002 en matière de
- E2 : L’Espace-Enveloppe caractérisation des nouveaux
(GTM Construction) systèmes de rupteurs thermiques
(5 en 2002), deux projets nouveaux
- Vers la conception d’enveloppes sont initiés en 2003 :
actives pour la réalisation d’un
bâtiment HQE : exemple de - Les rupteurs thermiques (KNAUF)
composant intelligent de façade
légère, adaptable à l’usager (CSTB) - Les Solutions de correction
des ponts thermiques résultant
- CLI’NAT : Composants Actifs des « Nez de Dalle » (CSTB).
d’Enveloppe pour la Ventilation
et le Rafraîchissement (SOMFY)

- Systèmes électrochromes souples


(CEA).

26
Source : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) Direction du Bâtiment et des Energies
Renouvelables, Consultation : bilan 2003. Qualité énergétique, environnementale et sanitaire : préparer le Bâtiment à l’horizon 2010 :
http://www.prebat.net/batiment2010/res2003.pdf
45

Projets de l’année 200427: Les projets retenus sur l’enveloppe


des bâtiments : 11 dossiers
La session 2004 marque une représentant un montant total
rupture, en proposant de prévisionnel d’aide de l’ADEME de
manière très prononcée quatre 1.142.000 Euros (avant négociation,
problématiques prioritaires, base compte-rendu du jury)
à décliner sur les différents thèmes
- Améliorer le confort thermique
de la consultation. Ces quatre
en période chaude des locaux sous
priorités, qui correspondent
toiture légère dans les bâtiments
aux évolutions de contexte pour
existants par le traitement adapté des
le secteur, sont :
composants d’enveloppe (Edf R&d)
• Solutions spécifiques - Climatisation passive - Solution :
pour les bâtiments existants La toiture rafraîchissante
(RDCS Groupe Arcelor)
• Confort d’été
- Dispositif de contrôle solaire
multifonctionnel et adaptatif
• Conception bioclimatique et
(Polymage)
solutions associées performantes
- Utilisation de matériaux à
• Préparation à un recours changement de phase en
systématique aux énergies climatisation passive d’été
renouvelables et/ou locales. et chauffage d’intersaison (CSTB)
- CLI’NAT.2 / Composants actifs
d’enveloppe pour la ventilation et le
rafraîchissement. Conception
analytique, évaluation numérique et
validation expérimentale (SOMFY)

27
ADEME, PUCA, Consultation : bilan 2004. Qualité énergétique, environnementale et sanitaire : préparer le Bâtiment à l’horizon 2010 :
http://www.prebat.net/batiment2010/res2004.pdf

exemple de projet
Nouveaux composants principe :
actifs pour la gestion • En été, l’amplitude de la température de la cellule avec MCP
est 20°C plus faible que celle de la cellule sans MCP,
énergétique de l’enveloppe
• La température maximum est ainsi abaissée de 20°C le jour
légère des bâtiments : et la température minimum est augmentée de 10°C la nuit,
Couplage matériaux • 70% de l’énergie stockée est restituée (calculée sur un
panneau)
à changement de phase
• Les pertes à travers l’isolant ne sont pas négligeables.
/ super isolation • En hiver, la température de la cellule avec MCP reste
/ apport solaire positive avec une température extérieure de -6°C,
• Bon accord entre la simulation TRNSYS
Daniel QUENARD / Maha AHMAD / avec le nouveau type de parois, et les mesures,
Hébert SALLEE / André BONTEMPS / • Après sept mois de fonctionnement les panneaux de MCP
CSTB conservent un bon comportement.
46
III. de la réglementation de 1988 au programme de recherche PREBAT

- Solutions Type et Outils pour En 2005, Bâtiment 2010 a fait place


favoriser la conception des vérandas à un nouveau programme de
comme éléments bioclimatiques du recherche et d’expérimentation sur
bâtiment (TBC Sarl) l’énergie dans le bâtiment (PREBAT),
dont le champ et les partenariats sont
- Réalisation d’un prototype
élargis à cinq ministères : le ministère
de fenêtre électrochrome
de l’équipement, des transports,
(Saint-Gobain recherche)
de l’aménagement du territoire, du
- Conception et caractérisation tourisme et de la mer ; le ministère
d’un mur à inertie thermique active de l’écologie et du développement
(Centre Technique du Bois et de durable ; le ministère délégué à
l’ameublement) l’industrie ; le ministère délégué à la
recherche, le ministère délégué au
- Rupteur de Ponts Thermiques
logement et à la ville ; et cinq agences :
rapportés pour l’existant et le neuf
l’ADEME, OSEO, l’Agence Nationale de
du type corniche et moulure (CSTB)
la Recherche, l’Agence Nationale pour
- RecyBat / Isolation répartie et l’Amélioration de l’Habitat, l’Agence
stockage de la chaleur : intégration Nationale pour la Rénovation Urbaine.
de déchets recyclés dans l’enveloppe
des bâtiments (Locie - Groupe Gch - Lancé dans le cadre du Plan Climat
Esigec - Université de Savoie) 2004, le programme PREBAT avait
vocation à devenir l’homologue du
- Développement d’un système
programme national de recherche et
constructif pariéto-dynamique à
d’études sur les transports, le PREDIT,
partir du concept de briques hauteur
qui était doté alors de 300 millions
d’étages, et intégrant une isolation
d’euros sur 5 ans (période 2005-2009).
plus performante (TERREAL)
Le secteur du bâtiment bénéficiait
ainsi, à l’instar de celui des transports,
de structures et de financements lui
permettant de devenir un domaine clé
de la recherche.

Eté Panneau Isolant sous Vide


MCP
Panneau Isolant sous Vide

Hiver Perspectives :
• Evaluer d’autres MCP avec des plages de température de
MCP

fusion/solidification plus réduites et centrées autour de 20°C,


• Installer une mesure du rayonnement à l’intérieur des cellules
afin de mieux connaître l’apport solaire réel,
• Faire des tests avec régulation de la température des cellules,
• Utiliser la simulation TRNSYS pour optimiser la quantité de
MCP
MCP et le fonctionnement dans d’autres conditions climatiques,
Panneau Isolant sous Vide • Grand intérêt des MCP pour la climatisation passive,
• Développer de nouveaux composants intérieurs chargés
de MCP : cloisons, pavés de verre.
IV.
Du PREBAT
au bâtiment à énergie positive

Maison relais : Logis d’Osmoy à Poitiers


Bâtiment de 14 logements de conception bio-climatique.
L’optimisation par des apports solaires pour une orientation du bâtiment
plein sud, l’installation de brises soleil, l’isolation du bâtiment par l’extérieur,
le chauffage par géothermie avec plancher chauffant, l’eau chaude solaire,
et la récupération d’eaux pluviales, inscrivent la Maison relais dans une
démarche de développement durable et de très basse consommation d’énergie
(30 kwh/m2.an, soit 30% de moins que le niveau de consommation du Label
Très Haute performance Energétique (THPE) sur la base de la Réglementation
Thermique 2005).
Certification : Habitat et Environnement / Qualitel.

© Thierry Degen - MEDDTL


49

IV. Du PREBAT
au bâtiment
à énergie positive

1. le PREBAT 37 dossiers sur 79 ont donc été


sélectionnés dans le cadre de la
Le PREBAT vise un objectif moyen à consultation « technologie » 2005.
long terme, avec en final la réduction 24 dossiers ont été financés par
des émissions de gaz à effet de serre l’ADEME, (pour un montant d’aide de 2
d’un facteur 4 à l’horizon 2050 833 000 euros) et 13 dossiers par l’ANR
par rapport à 1990. (2 916 000 euros).

Le PREBAT cherche à générer En matière de recherche sur


des opérations de bâtiments neufs l’enveloppe du bâtiment, les dossiers
et existants, à des niveaux de ont porté notamment sur :
performances énergétiques très élevés - L’élaboration, et le développement
(bâtiments très basse consommation, de super-isolants minces, parvenant
et bâtiments à énergie positive). à une valeur de 0,020 W/m.K dans les
Les appels à projets régionaux conditions normales de température
PREBAT «Bâtiments démonstrateurs et de pression et à une valeur
à basse consommation énergétique» inférieure à 0,005 W/m.K sous vide
lancés à partir de 2007, ont pour primaires) sans avoir recours aux
objectif d’obtenir chaque année gaz lourds ni aux vides poussés ; soit
un nombre significatif de bâtiments à base de silices nanostructurées
neufs ou réhabilités très performants, (programme de recherche ISOCOMP
en appréciant les conditions développé par l’Ecole des Mines de
techniques, architecturales, Paris, ARMINES, Produits Chimique
organisationnelles et économiques et Auxiliaires de Synthèse (PCAS),
de leur réalisation, et en assurant le CSTB et SIRIUS), soit à base
un suivi et une évaluation précis. de polyuréthane nanostructuré
(programme de recherche NANO-PU
L’appel à projets 2005 développé par l’Ecole des Mines de
Paris, ARMINES, le CSTB et TBC)
Les premières consultations - Le développement de Mur Coffrant
du PREBAT, dans les domaines à Isolation Intégrée (solution
technologiques et socio-économiques, PRÉCOFFRÉ® TH THERMIQUE)
ont été réalisées en 2005, - La régulation de façade double
conjointement par l’ADEME et l’ANR, et peau équipée de protections solaires
les deux agences se sont réparties le modulables, permettant d’optimiser
financement des dossiers lauréats. la récupération des apports solaires
50

en hiver et la prévention une répartition des dossiers lauréats


de la surchauffe en été entre les deux agences.
(projet RFI « Vers un Régulateur Dans le cadre de cette consultation,
de Façade Intelligente », développé une attente particulière sur les
par le CETHIL, Centre de Thermique approches dédiées à l’existant, ce qui
de Lyon, SOMFY, le CSTB n’excluait pas les propositions sur les
et le LASH - Laboratoire des bâtiments neufs, a été mise en avant.
Sciences de l’Habitat). Des problématiques particulières,
- L’Intégration des matériaux à relatives à l’existant, relatives à
changement de phase dans le l’enveloppe et à la structure ont été
bâtiment (projet développé par proposées, tels que :
Dupont de Nemours Luxembourg, - Nouveaux matériaux d’isolation
le Centre Thermique de Lyon, le et de super-isolation adaptés
CSTB, JNLOG, Grand Lyon, EDF pour les opérations de réhabilitation
R&D et le Laboratoire TREFLE). ou pour la construction neuve
Le panneau DuPont™ Energain® - Concepts de façades
se présente sous la forme d’un actives/réactives et de composants
panneau aluminium contenant un multifonctionnels
composé solide de copolymère et - Traitement ou suppression
de paraffine, qui peut directement des ponts thermiques
être apposé sur les murs et les - Rôle de la structure dans la
plafonds intérieurs d’un bâtiment. thermique du bâti (prise en compte
Les panneaux de MCP absorbent et de l’isolation et de l’inertie thermique
libèrent la chaleur en fonction des
variations de température qui font 2. La RT 2005
réagir le composé en provoquant un
«changement de phase» dès que la La réglementation thermique de 2005
température atteint ou redescend en applicable à partir du 1er septembre
dessous de 22 °C. 2006 renforce encore les exigences de
performances énergétiques de 15 %
L’appel à projets 2006 par rapport à la RT 2000 et améliore
la prise en compte des énergies
Le second appel à propositions du renouvelables.
PREBAT a concerné les recherches
sur les matériaux, les produits, les
composants et les sous-systèmes, 3. La Fondation
et leur intégration fonctionnelle à Bâtiment Energie
l’échelle du bâtiment. Comme en 2006,
la consultation a été lancée de manière Les industriels sont de plus en plus
conjointe entre l’ADEME et l’ANR, sensibilisés par les problématiques
avec, en matière de financement, de développement durable et de lutte
51

contre le réchauffement climatique. pratiques actuelles. Son action s’inscrit


Comme on l’a vu précédemment, les en cohérence et en complémentarité
avancées réglementaires ne sont des autres programmes de recherche
plus vécues comme une contrainte, soutenus par les pouvoirs publics
mais plutôt comme une opportunité. et notamment avec le PREBAT
Ils participent également à des (Programme de Recherche et
programmes de recherche, comme d’Expérimentation sur l’Énergie
on l’a vu à plusieurs reprises, et à dans le Bâtiment)
des programmes d’enseignement28.
D’autres industriels se sont Pour ce faire, la Fondation organise
regroupés au sein du collectif des appels à projets annuels pour
« Isolons la terre contre le CO2 ». soutenir par un cofinancement
les projets de recherche et
Quatre industriels majeurs développement, évalue les travaux,
du bâtiment et de l’énergie - projets ou programmes qu’elle aura
ArcelorMittal, Lafarge, GDF SUEZ soutenus et diffuse les résultats de
et EDF - se sont associés en octobre recherche.
2005 à l’initiative de l’ADEME et
du CSTB pour créer la Fondation 1er appel à projets (clos le 12/12/2005)
Bâtiment Energie, reconnue
comme fondation d’utilité publique Thème : maîtrise de l’énergie,
par le décret du 14 mars 2005 paru recours aux énergies renouvelables
au journal officiel le 25 mars 2005. et réduction des émissions de gaz
Cette fondation a pour but le à effet de serre lors des travaux de
financement de recherches qui réhabilitation ou de rénovation des
permettront de réduire les émissions maisons individuelles existantes.
de gaz à effet de serre générées par
les bâtiments, en complémentarité des L’appel à projets porte sur des activités
programmes de recherche existants. de recherche et de développement
Ces recherches doivent permettre de visant à proposer des ensembles
renforcer la lutte contre le changement de solutions techniques cohérents
climatique. Elle dispose de moyens qui pourraient être portés par les
significatifs à hauteur de 8 millions améliorateurs du logement pour
d’euros, dont la moitié est apportée par permettre la réalisation à grande
les entreprises fondatrices, et l’autre échelle des travaux.
moitié restante par l’État. Les groupements de solutions
Les recherches soutenues par la techniques devront viser par une
fondation viseront à promouvoir, en approche systémique à diviser par 4
priorité, la rénovation du patrimoine les émissions de CO2 par rapport à la
bâti existant et les technologies situation avant travaux en une seule
nouvelles, en rupture avec les fois ou par étapes, éventuellement

28
(ainsi la création de la chaire «Sciences des matériaux pour la construction durable» par le groupe Lafarge en collaboration avec
l’École Polytechnique et l’École des Ponts et Chaussées).
52
IV. Du PREBAT au bâtiment à énergie positive

programmées au fil de la vie du rénovations à niveau de performances


bâtiment. élevées. Le projet prévoit le retour
d’expérience sur une trentaine
Résultats du 1er appel à projet d’opérations réalisées. Il est prévu
par ailleurs la réalisation de fiches
Trois projets ont été retenus dans le techniques, la rédaction d’un guide
cadre de cette recherche. d’aide aux « améliorateurs  » ainsi
Deux d’entre eux s’adressent à des que des actions de formation vers les
parcs ciblés sur l’existant. ODMIR entreprises appelées à intervenir.
4 vise la réhabilitation des maisons
construites sur catalogue par un Le projet MITECH (Proposition globale
constructeur lui-même rénovateur, de remise à niveau énergétique des
et ADELIE la rénovation des maisons maisons individuelles) propose une
classiques moyen et haut de gamme offre globale pour traiter l’enveloppe
avec comme rénovateur un ensemble des maisons construites entre 1949
architecte/installateur. Le troisième et 1974 qui consomment aujourd’hui
projet MITECH consiste à développer entre 245 kWh/m².an et 375 kWh/m².an
de nouveaux composants de afin de les amener à un niveau de
construction dédiés à la réhabilitation consommations énergétiques de
thermique et au recours aux énergies l’ordre de 80 kWh/m².an.
renouvelables. Ils seront assemblés Une première phase d’étude a permis
sous forme d’ensembles cohérents de déterminer le marché cible qui
permettant aux entreprises et aux représente 3,3 millions de maisons
bureaux d’études de les proposer et à rénover et de qualifier
de les mettre en oeuvre. Ces trois les caractéristiques de cet habitat.
projets permettent de couvrir la Les projets ont été définis sous
plupart des cas de figure rencontrés et forme de « pack produit rénovation »
les premiers résultats opérationnels compatibles : pack véranda, pack
pourront être diffusés dés la mi- 2010. ventilation, pack toiture etc … qui
s’ajustent au gré des besoins :
Détaillons ces trois projets. Le coût d’une telle rénovation
Le projet ADELIE « Amélioration des se situe entre 30 000 et 50 000 euros,
maisons individuelles existantes dans selon les options choisies :
la perspective du « facteur 4 » consiste - pack ITE + Isolation des combles
à créer un réseau d’améliorateurs de VMC double flux : 30 000 euros
logements permettant de mutualiser - pack ITE + Surtoit + VMC double flux
les expériences, la connaissance + Changement de fenêtres + Energie
et la mise en oeuvre de solutions solaire : 50 000 euros environ
techniques, capable de proposer et Le consortium est formé par TBC,
de convaincre les propriétaires de CSTB, UNSFA Groupe d’architectes,
maisons individuelles de réaliser des Industriels, PAREXLANKO, STÖ,
53

CAREA et des partenaires pour 2e appel à projets :


l’isolation thermique par l’extérieur., Thème : Construction et
PROTECTOR pour les éléments de Réhabilitation des immeubles
modénature, CROISEES-PLAST pour de bureaux dans l’optique de
les équipements de baie, ARCELOR réduction des consommations
pour les PIV (panneaux isolants sous d’énergie d’un facteur 4
vide) en surtoitures et en traitement
de ponts thermiques, ALDES pour la En France le parc de bâtiments
ventilation, SCHÜCO pour les baies, de bureaux représente une surface de
les verrières et l’énergie solaire. 180 millions de mètres carrés,
et une consommation d’énergie
Enfin, le projet ODMIR 4 « Outils de 51 TWh par an. La consommation
d’aide à la Décision pour des Maisons unitaire moyenne d’énergie se situe
Individuelles Réhabilitées facteur 4 » à 283 kWh/m², dont 162 pour le
a pour objectif de définir des axes chauffage et 121 pour les autres
innovants de réhabilitation permettant usages. 35 % des bâtiments de
d’aller dans le sens d’une réduction bureaux sont climatisés.
d’un facteur 4 des dépenses Dans cet appel à projet, il est
énergétiques pour les maisons recherché des ensembles de solutions
industrialisées existantes. cohérents portant sur les composants
Il s’articule autour de cinq tâches : d’enveloppe, les systèmes mais aussi
- Analyser l’expérience l’architecture, la gestion des immeubles
d’un améliorateur et le financement des travaux.
- Constituer des packs de rénovation Quatre projets ont été retenus dans le
énergétiques cadre de cette recherche.
- Développer une boite à outils d’aide Les deux projets BEST et CLIMHYBU
à la décision portent sur la mise au point de
- Évaluer la boite à outils développée solutions globales proposant à la fois
sur un panel de propriétaires les outils d’assemblage de solutions
- Généraliser la démarche à d’autres architecturales et techniques et les
parcs de maisons individuelles méthodes de calcul correspondantes.
Ce projet est formé du consortium Le projet PEREN porte davantage
PHÉNIX Évolution / CSTB / EDF R&D / sur les aspects économiques, qui
Armines impactent le choix des solutions et
sur l’optimisation énergétique et
environnementale de l’ensemble en
coût global. Ce coût prend en compte
l’investissement et l’exploitation.
Le projet INT2 vise à développer
une nouvelle approche technique
permettant de réhabiliter un
54
IV. Du PREBAT au bâtiment à énergie positive

bâtiment par l’extérieur à travers des 4.Vers des bâtiments


composants de façade intégrant les
systèmes thermiques et aérauliques.
et îlots à énergie
positive et à bilan
carbone minimum :
3e appel à projets (clos le 02/07/2007)
le fonds démonstrateur
Ce troisième appel a pour objet de recherche et les
l’entretien et la rénovation en continu investissements
de patrimoines immobiliers dans d’avenir
l’optique du facteur 4 de réduction des
émissions de gaz à effet de serre. Issu des recommandations du
Les projets de recherche devront comité opérationnel recherche du
aboutir à la fourniture d’un ensemble Grenelle de l’environnement, le Fonds
d’outils à destination des maîtres démonstrateur de recherche sur les
d’ouvrage et de leurs sous-traitants nouvelles technologies de l’énergie
éventuels en matière de gestion de (NTE) a vocation à financer des
parc, permettant de mettre en oeuvre démonstrateurs de recherche.
des solutions technico-opérationnelles Les démonstrateurs constituent une
et visant à diviser par 4 les émissions étape du processus de recherche-
de gaz à effet de serre de l’ensemble développement-industrialisation de
de leur parc sur trois ou quatre technologies qui se situe juste avant
décennies. Les résultats ne sont pas la phase d’industrialisation et qui
encore disponibles. peut conduire à relancer des
Les autres thèmes de travail de la recherches appliquées au terme
Fondation ont porté ensuite sur la de l’expérimentation du démonstrateur
réhabilitation facteur 4 des bâtiments (pour optimiser des technologies
tertiaires et d’hébergement (appel ou lever certains verrous
à projets 2008) et sur la garantie de économiques ou sociétaux).
performance énergétique (appel à Le démonstrateur de recherche est
manifestation d’intérêt 2010). généralement réalisé à une échelle
plus réduite (typiquement 1/10)
mais est mis en oeuvre sur site
« industriel ». Le choix de l’échelle
du démonstrateur permet de passer
du stade du laboratoire à une taille
permettant de valider les technologies
en conditions d’usages réels.
La commercialisation de la technologie
peut être envisagée à une échéance
encore assez lointaine (plus de 10 ans),
55

selon qu’il sera nécessaire de des besoins nationaux de centres


revenir sur la recherche et/ou que d’essais à mettre en œuvre pour
les conditions économiques sont se placer sur les trajectoires
attendues à des échéances plus permettant de tendre vers les
lointaines (par exemple lorsque les visions élaborées.
prix inhérents aux activités carbonées
rendront la technologie compétitive). Dans le domaine des bâtiments
et îlots à énergie positive et à bilan
La feuille de route carbone minimum29, cette feuille de
route couvre :
En amont des appels à manifestation
d’intérêt sur les nouvelles technologies • L’amélioration des performances
de l’énergie, l’ADEME développe, sur énergétiques de bâtiments étudiés
les programmes principaux de tant isolément, du point de vue de
recherche, des « feuilles de route », leurs usages, de leur enveloppe et
exercices de prospective réalisés de leurs équipements et techniques
avec l’appui d’experts de la recherche de construction qu’à l’échelle
publique et de l’industrie afin de d’îlots (ensemble de bâtiments,
définir des « visions communes » de voir encadré ci-dessous). De fait, la
déploiement technologique, compte mutualisation et la gestion collective
tenu des contraintes et des enjeux. des besoins et des équipements
de production et de consommation
Ces feuilles de route ont pour objectif d’énergie à l’échelle d’un ensemble
de mettre en avant : de bâtiments sont autant de
sources d’optimisation énergétique.
- Des visions partagées et cohérentes Bâtiments et îlots peuvent aussi
de la technologie ou du système servir de moyens de stockage de
socio-technique concernés ; l’énergie, notamment pour valoriser
- Des verrous technologiques, l’énergie fatale (gaspillée sinon),
organisationnels (ex : degré pour recharger des véhicules
de décentralisation d’un réseau électriques ou hybrides, et pour
énergétique, interopérabilité entre optimiser les systèmes énergétiques
les différents modes de transports) à l’échelle d’un bâtiment ou d’un îlot.
et socio-économiques (ex : modèles
d’affaires, comportement et • La réduction du contenu en carbone
systèmes de valeur) à dépasser (quantité de CO2 générée tout au
pour atteindre tout ou partie des long du cycle de vie du bâtiment)
visions élaborées ; et plus largement des impacts
- Des priorités de recherche et énergétiques, environnementaux
éventuellement des besoins de et sanitaires des composants du
démonstrateurs de recherche, voire bâtiment et des méthodes

29
téléchargeable sur le site de l’ADEME
à l’adresse http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=24277s
56
IV. Du PREBAT au bâtiment à énergie positive

de construction et de conception. financiers et sociaux ainsi


On recherchera un bilan carbone que les évolutions des systèmes
minimum, des matériaux d’origine de valeur associés à la mutualisation
renouvelable ou biosourcés, énergétique, à l’acceptabilité
une énergie consommée minimum d’automatismes, à la requalification,
sur l’ensemble du cycle de vie au changement de fonction
du bâtiment, y compris les des bâtiments...
éventuelles opérations de
déconstruction et de recyclage. L’appel à manifestation d’intérêt

• La reproductibilité et la robustesse Le Commissariat Général aux


des options technologiques et Investissements ainsi que le MEDDIL,
organisationnelles, dans des le MESR et le MEI ont demandé
conditions de coûts et de qualité à l’ADEME de lancer un appel à
optimisés. manifestations d’intérêt concernant
la thématique des « bâtiments et îlots
• L’économie circulaire (qui cherche à énergie positive et à bilan carbone
à rapprocher le fonctionnement des minimum ». Ce dernier a été publié le
écosystèmes industriels de celui, 3 novembre 201130.
quasi cyclique, des écosystèmes Les projets attendus devront être en
naturels en optimisant les flux cohérence avec la Feuille de Route «
d’énergie et de matière) appliquée bâtiments et îlots à énergie positive et
à l’échelle du bâtiment ou d’un îlot à bilan carbone minimum » présentée
afin de : ci-dessus.
- développer de nouvelles Afin d’atteindre le « facteur 4 » à
approches de conceptions l’horizon 2050 dans le secteur du
intégrant la démontabilité, la bâtiment (résidentiel et tertiaire),
séparabilité en fin de vie et le il va être nécessaire d’amplifier
recyclage des composants, considérablement les objectifs du
- atteindre une gestion optimisée Grenelle au-delà de 2020. Le véritable
des ressources primaires enjeu se situant au niveau du parc
et secondaires (issues de la existant, l’appel à manifestations
déconstruction et du recyclage). d’intérêt accorde une forte priorité à
cet objectif.
• Les questions socio-économiques Pour ce parc, le niveau de performance
liées à l’émergence et au visé est de 251 kWh ep/m².an pour les
déploiement à grande échelle cinq usages réglementés (chauffage,
de ces bâtiments et îlots à énergie refroidissement, eau chaude sanitaire,
positive et à bilan carbone minimum. éclairage, auxiliaires), que ce soit pour
Elles prennent en compte la gestion les bâtiments résidentiels ou ceux
du foncier, les aspects juridiques, relevant du secteur tertiaire. Dans les

30
http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?cid=96&m=3&id=72815&p1=1
cas où les démonstrateurs proposés individuels pourra être moins exigeant,
s’attacheront à la dimension de l’îlot la performance de 25 kWh ep/m².an
afin d’améliorer la performance devant être atteinte à l’échelle d’un îlot.
énergétique au travers notamment Dans le cas de bâtiments et îlots neufs,
de la mutualisation des besoins le niveau de performance visé sera
et des équipements de production / celui du bâtiment à énergie positive
consommation d’énergie, le niveau pour tous les usages, pour les
de performance pour les bâtiments secteurs tertiaires et résidentiels.

Batiment tertiaire a energie positive en construction à Grenoble.


(architecte: Charon-Rampillon - Promoteur : LFI)

Batiment de 1600 m2 de bureaux se caracterisant par :


- une consommation remarquablement basse de 41 MWh/an ;
- le renforcement de l’isolation par l’exterieur ;
- une production d’energies renouvelables de 47,5 MWh/an
(grâce à une centrale solaire photovoltaique de 430 m2) ;
- un bilan global positif, avec un excédent de production
energétique pour le batiment de plus de 16 000 kWh énergie
primaire/an. L’excédent de l’électricité pourra ainsi être
revendu à Gaz et Electricité de Grenoble.

© Arnaud Bouissou - MEDDTL


L’ADEME en bref
L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) est un établissement public
sous la triple tutelle du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports
et du Logement, du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du Ministère de l’Economie,
des Finances et de l’Industrie. Elle participe à la mise en œuvre des politiques publiques
dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable.
Afin de leur permettre de progresser dans leur démarche environnementale, l’agence met à disposition
des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public, ses capacités
d’expertise et de conseil. Elle aide en outre au financement de projets, de la recherche à la mise en œuvre et
ce, dans les domaines suivants : la gestion des déchets, la préservation des sols, l’efficacité énergétique et
les énergies renouvelables, la qualité de l’air et la lutte contre le bruit.
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Visuel de xve siècle : Façade de l’Hôtel dit “de La Trémoille” par Eugène Viollet-le-Duc, 1856,
couverture Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle.
xxie siècle : Cité de l’Environnement © Atelier Thierry Roche / architecte.

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