2

Cogénération
et trigénération
produire de l’énergie
efficacement
Guide pratique destiné aux professionnels
 Sommaire
1 Introduction 8
2 Technologies de cogénération et de trigénération
et leurs applications 16
2.1 Introduction et définitions 16
2.2 Technologies de cogénération 20
2.3 Technologies de trigénération 20
2.3.1 Technologie d’absorption 21
2.3.2 Technologie d’adsorption 22
2.4 Moteurs à gaz 23
2.5 Turbines à vapeur 25
2.6 Cycle organique de Rankine (ORC) 27
2.7 Piles à combustible 29
2.8 Sources de biomasse et applications de cogénération/trigénération 29
2.9 Biomasse solide 30
2.10 Bioéthanol et biodiesel (biomasse liquide) 30
2.11 Biogaz 30
2.12 Réseaux et systèmes de stockage thermique pour le chauffage et le refroidissement 33
2.13 Vue d’ensemble et évaluation des technologies de cogénération et de trigénération 35
2.14 Domaines d’application des technologies de cogénération et de trigénération 36

3 Pertinence de la cogénération et de la trigénération

pour la coopération au développement 39
3.1 Généralités 40
3.2 Effets de la cogénération et de la trigénération 40
3.3 Contribution aux objectifs stratégiques internationaux 40
3.3.1 Objectifs stratégiques internationaux sur l’efficacité énergétique et climatique 40
3.3.2 Objectifs de développement internationaux 41
3.4 Contribution de la cogénération et de la trigénération aux objectifs de la coopération
internationale et de la coopération au développement de l’Allemagne 43
3.4.1 Protection du climat 43
3.4.2 Sécurité énergétique 44
3.5 Contribution de la cogénération et de la trigénération aux objectifs
nationaux des pays en développement 44
3.5.1 Systèmes énergétiques nationaux 44
3.5.2 Balance des paiements et développement économique 45
3.6 Conditions préalables à l’exploitation des bénéfices de la cogénération et de la trigénération 46
3.7 Conclusions 46

2
4 Facteurs déterminants de la cogénération et de la trigénération 48
4.1 Facteurs déterminants de la cogénération et de la trigénération au niveau national 48
4.1.1 Potentiel 48
4.1.2 Environnement politique 52
4.1.3 Environnement réglementaire 54
4.1.4 Cadre institutionnel 54
4.1.5 Disponibilité de compétences 55
4.1.6 Valeur de capacité pour le système électrique 56
4.1.7 Plans d’incitation 56
4.1.8 Subventions en capital 57
4.1.9 Financement des investissements en cogénération/trigénération 58
4.2 Facteurs de réussite des projets de cogénération et de trigénération 59
4.2.1 Infrastructures 59
4.2.2 Disponibilité des combustibles et des technologies 60
4.2.3 Utilisation personnelle et exportation de l’électricité (acheteur consentant) 61
4.2.4 Philosophies de conception des projets 61
4.2.5 Coûts 63
4.2.5.1 Coûts des unités de cogénération 63
4.2.5.2 Coûts des projets de cogénération 64
4.2.5.3 Coûts de transaction et coûts de mise en œuvre des projets 67
4.2.6 Plans de financement et de promotion au niveau des projets 67
4.2.7 ESCO et sous-traitance 68
4.2.8 Analyse économique des projets 69
4.2.9 Risques d’investissement 69

5 Recommandations pour la promotion de la cogénération

et de la trigénération 72
5.1 Introduction 72
5.2 Conditions-cadres du secteur et de la politique énergétiques 72
5.3 Plans d’incitation 73
Cogénération et trigénération

5.4 Renforcement des capacités humaines 73

5.5 Sensibilisation et démonstration 75
5.5.1 Sensibilisation 75
5.5.2 Développement de projets de démonstration 76

3
 Tableaux et figures
Tableau 1 Structure du Guide de la cogénération et de la trigénération 14
Tableau 2 Vue d’ensemble des études de cas 16
Tableau 3 Types de combustible par technologie de cogénération, application et secteur 29
Tableau 4 Rendement de biogaz à partir de différentes matières premières 32
Tableau 5 Différents systèmes de stockage de l’énergie thermique 34
Tableau 6 Aperçu des caractéristiques de cogénération par segment d’application 37
Tableau 7 Obstacles et atténuation potentielle 46
Tableau 8 Indicateurs de l’énergie et à la demande de chaleur dans l’industrie 49
Tableau 9 Demande de refroidissement dans l’industrie 50
Tableau 10 Types de combustible par technologie de cogénération, application et secteur 54
Tableau 11 Besoins de compétences des groupes de parties prenantes 55
Tableau 12 Plans d’incitation pour la cogénération/trigénération 57
Tableau 13 Approches de financement des plans d’incitation à l’utilisation
de la cogénération/trigénération 59
Tableau 14 Répartition des éléments de coût des moteurs à gaz par capacité 64
Tableau 15 Groupes cibles et problèmes de développement du capital humain 74

Figure 1 Pearl Street Power Station, New York City, U.S., en 1882 17
Figure 2 Applications courantes de la technologie de cogénération 18
Figure 3 Cogénération/production séparée de chaleur et d’électricité 18
Figure 4 Combustibles, technologies et processus de conversion
de l’énergie pour la cogénération 19
Figure 5 Plage de capacité de cogénération par technologie (MWel) 20
Figure 6 Composants d’un système de trigénération
(avec technologie d’absorption) 21

4
Figure 7 Processus d’absorption 21
Figure 8 Processus d’adsorption 23
Figure 9 Principe de cogénération avec moteurs à gaz 24
Figure 10 Moteurs à gaz – différentes tailles 24
Figure 11 Cogénération avec turbines à vapeur 26
Figure 12 Performances du cycle d’une turbine à vapeur 26
Figure 13 Principe de production d’électricité de l’ORC à partir de chaleur résiduelle
provenant de différentes sources 28
Figure 14 Unité ORC industrielle de 2 MWel 28
Figure 15 Principe d’un réseau collectif de refroidissement (ou de chauffage) 33
Figure 16 Réservoirs de stockage thermique 35
Figure 17 Capacité et efficacité électrique des technologies industrielles de cogénération 36
Figure 18 Pays du G8 + G5 : potentiel de cogénération en vertu d’un scénario
de cogénération accéléré, 2015 et 2030 42
Figure 19 Capacités de cogénération actuelles et projetées en vertu d’un scénario
de cogénération accéléré, 2015 et 2030 43
Figure 20 Étapes du processus de conception d’un système de cogénération
axé sur la chaleur 62
Figure 21 Exemple de conception d’une centrale de cogénération à plusieurs unités 63
Figure 22 Économies d’échelle des moteurs de cogénération alimentés au gaz naturel 63
Figure 23 Structure de coût type pour l’investissement dans un projet de cogénération 64
Figure 24 Prix de l’électricité et du gaz naturel industriels en Allemagne 65
Figure 25 Vue schématique d’un modèle de contrat d’approvisionnement en énergie 68
Figure 1A Cadre de la politique de promotion de la cogénération en Allemagne 103
Cogénération et trigénération

5
INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
Au Maroc, la politique énergétique et climatique a
connu des évolutions majeures depuis la première
étude approfondie sur ce pays publiée par l’Agence
internationale de l’énergie (AIE) en 2014, et depuis l’IEA
Clean Energy Technology Assessment of Morocco
(Évaluation de l’AIE sur les technologies d’énergie
propre au Maroc) de 2016. Depuis 2014, le
gouvernement du Maroc met en œuvre des réformes
énergétiques afin de répondre aux priorités définies
dans sa stratégie énergétique nationale de 2009 :
diversification de l’approvisionnement énergétique,
développement des volets «énergies renouvelables» et
« efficacité énergétique » de l’industrie et de l’économie
marocaines, intégration aux marchés régionaux et
internationaux, positionnement de l’efficacité
énergétique au rang de priorité nationale, et
développement des ressources locales.
Le gouvernement a accentué son engagement dans
la lutte internationale contre le changement
climatique en ratifiant l’accord de Paris, en élaborant
une nouvelle politique climatique nationale et en
accueillant la Conférence des Parties des Nations
Unies (COP22) à Marrakech en 2016.
En choisissant la voie des énergies renouvelables, le
Maroc améliore sa sécurité énergétique tout en
honorant ses engagements en faveur de l’énergie
verte et de la lutte contre le changement climatique.
Il avance à grands pas sur la voie d’une énergie
moderne, durable, fiable et à un coût abordable,
dans la droite ligne des Objectifs de développement
durable fixés par les Nations Unies (ODD 7). Après
avoir permis à la quasi-totalité de sa population
rurale d’accéder à l’électricité, le gouvernement
s’attaque à présent au développement des
importantes ressources du pays en énergies
renouvelables. Néanmoins, réduire l’intensité
énergétique de l’économie marocaine reste un défi
difficile à relever. Certes, la part des énergies
renouvelables progresse rapidement dans le mix
électrique, mais leur pourcentage de la
consommation finale totale (CFT) a considérablement
baissé, en raison de l’explosion de la demande
énergétique des dix dernières années. Le Maroc
s’est donné des objectifs en matière d’énergies
renouvelables uniquement dans le secteur de
l’électricité. Afin d’achever l’ODD 7 à l’horizon 2030
8
et donc une augmentation substantielle de la part
des énergies renouvelables dans le mix énergétique
total (mesuré en CFT), le gouvernement est
encouragé à définir des objectifs d’utilisation des
énergies renouvelables modernes dans les secteurs
résidentiel et des transports. Il favorisera la réduction
du recours aux énergies fossiles dans l’ensemble de
l’économie. Le Maroc, qui dépend encore des
importations de charbon, de pétrole et de gaz pour la
majeure partie de ses besoins en énergie, dispose
de nombreuses pistes pour réduire ces importations
en développant les sources d’énergie domestiques.
Dans ce contexte, l’élimination progressive des
subventions à l’énergie représente une étape
importante sur la voie d’une consommation
énergétique plus efficace et d’une réduction des
émissions de GES. Le Maroc doit être félicité pour
avoir profité des années 2014-2015, durant
lesquelles le pétrole était bon marché, pour éliminer
progressivement les subventions accordées aux
combustibles fossiles. Les prix de l’essence et du
diesel sont désormais libres (déterminés par les
cours internationaux), mais le butane reste, pour sa
part, lourdement subventionné.
En développant sa politique climatique et en
encourageant le recours aux énergies renouvelables,
le gouvernement favorise la croissance économique,
attire les investissements étrangers, crée de l’emploi
et dynamise le secteur industriel du pays. Avec son
ambitieuse transition vers une énergie propre, le
Maroc attire les acteurs de la finance verte
internationale, et est en passe de s’imposer comme
un partenaire de poids dans la région méditerranéenne
et en Afrique. Au cours des années à venir, le Maroc
nécessitera des investissements substantiels dans le
secteur énergétique : par exemple son objectif en
matière d’énergies renouvelables pour 2030 est
estimé à 30 milliards de dollars.
Le gouvernement prévoit donc de créer un climat
plus propice aux investissements afin d’attirer les
investisseurs privés dans le secteur énergétique. Il lui
reste cependant à résoudre de nombreux défis afin
de mettre en œuvre des politiques et des mesures en
faveur d’une meilleure efficacité énergétique, de
créer un marché libre de l’énergie.
Des réformes institutionnelles ont permis de mettre en œuvre la stratégie énergétique nationale, avec
notamment la création de l’Agence Marocaine pour l’Efficacité Energétique (AMEE). L’AMEE est chargée :

Proposer à l’Administration un plan national et des plans sectoriels

1 et régionaux de développement de l’Efficacité Énergétique

2 Concevoir et réaliser des programmes d’EE

Suivre, coordonner et superviser des actions de

3 développement dans le domaine de l’EE

Suivre et coordonner la réalisations des audits énergétiques

4 et de la mise en œuvre de leurs recommandations

Mobiliser les instruments et les moyens financiers

5 nécessaires à la réalisation des programmes

Proposer et vulgariser les normes et les labels

6 en matières d’EE des équipements et appareils

Vers une transformation du système de développer l’électricité renouvelable afin qu’elle

énergétique
Dans le cadre de l’Accord de Paris, le Maroc s’est
engagé à réduire ses émissions de GES de 17 %
par rapport à leur niveau de base à l’horizon 2030.
Si l’aide internationale est au rendez-vous, le pays
prévoit même de baisser ses émissions de 25 %
supplémentaires par rapport au niveau de base d’ici
à 2030, ce qui porterait le total à 42%. Cet objectif
pour 2030 est très ambitieux, et le gouvernement
commence également à travailler sur une stratégie de
développement sobre en carbone pour 2050. En raison
de la bonne déclinaison de la stratégie énergétique
nationale et l’engouement des investisseurs et des
développeurs privés à la mise en place des projets
d’énergies renouvelables, le gouvernement a revu
représente 42 % de la capacité installée en 2020,
ce chiffre a été revu à la hausse en 2015, avec un
objectif de 52 % à l’horizon 2030. Aujourd’hui, le
Maroc souhaite même dépasser la barre des 52 %.
Il convient de féliciter le gouvernement pour le travail
accompli jusqu’à présent afin d’ouvrir le marché de
l’électricité à la concurrence et aux investissements
en faveur des énergies renouvelables. Un cadre
réglementaire d’accession au réseau est désormais
prévu par la loi, avec notamment la création de
l’Autorité Nationale de Régulation de l’Electricité
(ANRE) en 2016. Dans les grandes villes, la
privatisation de la distribution d’électricité s’est
accompagnée d’un gain d’efficacité. Les avancées
futures dépendront de l’autorité de régulation
Cogénération et trigénération

ses ambitions en matière d’énergies renouvelables et chargée d’impliquer davantage le secteur de la

d’efficacité énergétique à la hausse.
Le Maroc se trouve dans une excellente position pour
augmenter de manière rentable la part des énergies
renouvelables dans le secteur énergétique et même
au-delà, ce qui lui permettra d’abandonner l’usage
du pétrole et du charbon, et de s’engager sur la voie
d’une croissance industrielle durable. Alors que la
Stratégie énergétique nationale de 2009 prévoyait
distribution, concernant l’accès au réseau, les codes
de réseau et un plan d’action clair pour les grilles
tarifaires et les réformes.
L’efficacité énergétique, hissée au rang de priorité
nationale depuis 2009, est peut-être le volet politique
dont la mise en œuvre reste la plus difficile. D’un point de
vue institutionnel, elle implique une étroite collaboration
entre plusieurs ministères, une bonne coordination

9
générale et des dotations budgétaires adaptées en
faveur des programmes. La demande d’électricité
destinée à un usage résidentiel (climatisation, appareils
ménagers et cuisine) devrait être déterminante pour la
consommation énergétique future. Il est donc primordial
d’appliquer les politiques existantes et d’en élaborer de
nouvelles. La consommation totale finale d’énergie a
augmenté de 32,4 % depuis 2006. Afin de répondre
à cette hausse rapide, le Maroc s’est fixé un objectif
de 12 % d’économies d’énergie pour 2020 et de
15 % pour 2030. La Stratégie nationale d’efficacité
énergétique à l’horizon 2030 a été présentée au
Conseil du gouvernement le 22 juin 2017, complétée
par un plan d’action de l’AMEE. Le gouvernement
prévoit en outre de réviser les modalités d’application
de la loi 47-09 relative à l’efficacité énergétique et de
stimuler le marché public des services énergétiques.
Dans la droite ligne de la nouvelle stratégie et du plan
d’action, le gouvernement envisage de porter l’objectif
pour 2030 à 20 %, ce qui représente un engagement
fort en faveur d’un programme d’efficacité énergétique
plus ambitieux.
Le Maroc a réussi sa transition vers des produits
et des appareils plus efficaces grâce à une
interdiction des importations de véhicules anciens,
à l’amélioration de la réglementation thermique
applicable aux nouveaux bâtiments, et à des
initiatives de sensibilisation telles que le programme
« Mosquées vertes » qui encourage l’amélioration de
l’efficacité énergétique et l’utilisation des énergies
renouvelables dans les mosquées et autres bâtiments
publics. Néanmoins, les mesures d’efficacité
énergétique actuelles ne permettront pas d’atteindre
les objectifs énergétiques et climatiques fixés. La
transformation de l’AMEE en agence pour l’efficacité
énergétique à part entière, dotée de programmes
et de ressources financières propres, permettra
de franchir une nouvelle étape. Le gouvernement
est en train de développer un nouveau programme
d’efficacité énergétique, fruit d’une collaboration
avec plusieurs ministères clés et avec l’AMEE, qui
devrait faire naître de nouvelles opportunités. Le
gouvernement devrait mettre rapidement en œuvre
des mesures pour 2020, et présenter sa Stratégie
nationale d’efficacité énergétique à l’horizon 2030.
Sécurité énergétique
Le Maroc dépend des importations pour la totalité
des combustibles fossiles, ce qui a des répercussions
évidentes en termes de sécurité énergétique et
10
d’économie nationales. Les carburants fossiles occupent
une place de choix dans le mix énergétique du Maroc,
avec presque 90 % de l’approvisionnement total en
énergie primaire (ATEP) et 80 % de l’approvisionnement
électrique. En 2017, le pétrole représentait 62 % de
l’ATEP, suivi par le charbon (22 %) et par le gaz naturel
(5 %). Cette même année, la facture des importations
énergétiques s’élevait à 69,5 milliards de dirhams (7,3
milliards de dollars US, soit 6,3 milliards d’euros). À ce
jour, la production domestique de pétrole et gaz reste
négligeable, mais le programme de prospection pétrolière
et gazière géré par l’Office National des Hydrocarbures et
des Mines (ONHYM) encourage les investissements en
amont. La découverte de gaz dans la zone sous permis
de Tendrara par le britannique Sound Energy, ainsi que
la prospection en eaux profondes par l’italien Eni, font
espérer des développements prometteurs.
Outre le pétrole brut, le Maroc importe aujourd’hui
la totalité de ses besoins en produits pétroliers.
Samir, la seule raffinerie de pétrole au Maroc, a été
placée en liquidation judiciaire en 2015. La non
utilisation des installations de stockage de produits
pétroliers de la raffinerie de Samir, ainsi que le non-
respect des distributeurs des produits pétroliers de
leurs obligations de stockage en produit pétroliers
pendant plusieurs années, soulignent la nécessité
d’améliorer la sécurité de l’approvisionnement en
produits pétroliers. Il y a plusieurs décennies, le
gouvernement a instauré pour les industriels des
obligations de stockage en produits pétroliers, mais
ceci n’a été que très peu suivi d’effets, en dépit des
différents mécanismes de financement utilisés dans
le passé (prélèvements, taxes, etc.). La fermeture de
Samir, l’unique raffinerie du pays, a des répercussions
évidentes sur la sécurité de l’approvisionnement en
pétrole. Le Maroc se trouve donc de plus en plus
exposé aux risques de la chaîne d’approvisionnement
mondiale, avec une couverture de stock inférieure
au minimum légal pour tous les produits. Le
gouvernement mérite d’être félicité pour ses plans en
faveur d’une augmentation de la capacité de stockage
des produits pétroliers et pour son mécanisme de
surveillance des approvisionnements en produits
pétroliers, qui permet également de contrôler la
quantité et la qualité des produits. Afin de renforcer
les dispositifs de sécurité de l’approvisionnement
en pétrole, le gouvernement devra améliorer les
mécanismes de collecte de données sur les stocks de
pétrole, assurer la disponibilité future de réservoirs de
stockage de pétrole à la raffinerie Samir et améliorer
la résilience des infrastructures portuaires.
Le Maroc prévoit une augmentation de la demande
d’électricité de 5 % par an en moyenne jusqu’en 2021,
notamment en raison des pics de consommation
imputables à l’utilisation croissante de dispositifs
de refroidissement lors des journées d’été les plus
chaudes. Les marges de capacité seront maintenues
à un bon 10 %, mais le système énergétique doit être
capable de répondre aux sécheresses saisonnières et
aux pics de demande de plus en plus importants en
été (avec une demande élevée pour la climatisation).
Comme la population voit sa consommation
d’électricité augmenter, le Maroc doit s’attendre à une
accentuation future de la demande due à l’utilisation
de systèmes de climatisation et d’appareils ménagers.
La qualité et la sévérité des normes d’efficacité
énergétique applicables aux appareils, ainsi que la
gestion de la demande, seront déterminantes pour
gérer les pics de demande de manière durable et
respectueuse de l’environnement.
La loi n° 47-09 promulguée en 2011 et comprenant
notamment deux articles prévoyant la mise en place
par l’Etat de normes minimales de performance
énergétique (MEPS) et d’étiquetage énergétique
afin d’améliorer la situation énergétique du Maroc.
Avec le soutien financier du gouvernement coréen,
la Banque européenne pour la reconstruction et
le développement (BERD) a mandaté l’Agence
Marocaine pour l’Efficacité Energétique (AMEE) pour
offrir des recommandations quant à l’établissement
de meilleures pratiques concernant l’instauration de
politiques et de normes d’étiquetage énergétique,
et ce, pour quatre types d’appareils prioritaires au
Maroc. Le Ministère de l’Energie, des Mines et de
l’Environnement (MEME) et le Minsitère de l’Industrie,
du Commerce, de l’Economie Verte et Numérique
(MICEVN) sont responsables, chacun en ce qui
le concerne, dans le développement des Normes
Minimaux des Performances Energétiques MEPS et
l’élaboration du système d’étiquetage énergétique.
Des partenariats internationaux et
régionaux sur le thème de l’énergie
Le Maroc est un partenaire actif sur la scène
internationale de l’énergie. Il a développé de
nombreux partenariats orientés vers la transition
énergétique, les énergies renouvelables, la lutte
contre le changement climatique, et le commerce
régional. Le Maroc a su attirer des financements
et de l’aide technique en faveur de la lutte
contre le changement climatique. Point positif, le
1) Agence internationale de l’énergie (AIE), 2011
gouvernement œuvre activement en faveur d’une
intégration plus approfondie des marchés régionaux
entre l’Europe et l’Afrique.
À l’occasion de la COP22, le Maroc a rassemblé
les chefs d’État africains autour du Sommet
africain de l’action, qui s’est conclu par la création
de trois commissions sous-régionales dédiées : la
Commission de la région du Sahel, la Commission
des États insulaires et la Commission du Bassin du
Congo. En tant que membre de la Ligue des États
Arabes et de l’Union Africaine, le Maroc est très
engagé avec l’Afrique et crée des perspectives de
coopération, de commerce et de développement
économique sud-sud.
Sur la base d’étroites collaborations bilatérales et
multilatérales (avec la Commission Africaine de
l’Énergie et la Communauté Économique des États
de l’Afrique de l’Ouest), le Maroc peut tirer parti de
son expérience en matière de transition énergétique
afin d’encourager la transition vers une énergie verte
dans les pays d’Afrique subsaharienne, en soutenant
leur développement durable, l’accès à l’énergie et le
développement des ressources.
Le Maroc, qui souhaite tisser des liens avec les
marchés énergétiques des pays africains riches en
pétrole et en gaz, a conclu un accord de construction
d’un gazoduc avec le Nigeria. Le pays cherche
également à faciliter les échanges commerciaux
dans le secteur de l’électricité renouvelable (et de
l’hydrogène) avec l’Europe et ses voisins africains.
Avec ses partenaires de l’Union européenne, une
feuille de route pour le commerce d’électricité
durable entre le Maroc et le marché intérieur
européen de l’énergie a été signé par le Maroc
l’Allemagne, la France, l’Espagne et le Portugal le 19
décembre 2018 à Bruxelles. Et enfin, la création du
Pool énergétique d’Afrique de l’Ouest fera
certainement naître de nouvelles opportunités de
collaboration régionale avec l’Afrique. 1
Cogénération et trigénération
L’efficacité énergétique joue un rôle de plus en plus
important dans l’atténuation du changement
climatique tout en réduisant le coût de l’énergie et en
apportant des possibilités d’innovation technologique.
La cogénération constitue souvent une des solutions
d’efficacité énergétique les plus faciles à mettre en
place et elle offre également des avantages au
niveau de l’offre d’électricité. La cogénération
(production combinée de chaleur et d’électricité,
également appelée CHP) englobe tous les concepts
11
et technologies qui permettent la production
conjointe de chaleur et d’électricité dans une seule
et même unité et l’utilisation de cette chaleur et de
cette électricité par le même consommateur, avec la
possibilité d’envoyer l’excédent d’énergie sur le
réseau public. L’excellente efficacité du système
résulte de l’utilisation de la chaleur résiduelle émise
par le processus de production d’électricité. Il est
possible d’aller encore plus loin en produisant de
l’énergie de refroidissement à partir de la chaleur
résiduelle, un processus qui prend alors le nom de
trigénération ou production combinée de froid, de
chaleur et d’électricité (CCHP).
Quel est l’intérêt du concept de
cogénération ?
«Des approvisionnements énergétiques sûrs, fiables
et à des prix abordables sont essentiels pour la
stabilité économique et le développement. Le
décalage croissant entre l’offre et la demande
d’énergie, avec ses conséquences majeures sur les
prix de l’énergie, la menace d’un changement
climatique perturbateur et l’érosion de la sécurité
énergétique sont autant de défis considérables à
relever pour les décideurs œuvrant dans le domaine
de l’énergie et de l’environnement. Une utilisation plus
efficace des sources d’énergie primaires pourrait
atténuer l’impact de ces tendances négatives. La
cogénération est une technologie éprouvée qui permet
d’atteindre cet objectif », note l’AIE1. De nombreux
pays industrialisés ont pris ces paroles à cœur et
développé des objectifs et des politiques explicites
pour promouvoir la cogénération.
En février 2004, l’UE a adopté la directive cogénération
qui a pour but de promouvoir la cogénération dans
l’UE en abordant plusieurs problèmes tels que le
manque de sensibilisation, les dispositions ambiguës
sur l’accès au réseau d’électricité, l’appui inadéquat
de la part des autorités locales et régionales et la
disparité des règles qui permettent de déterminer le
caractère hautement efficace de la cogénération. Si
ce concept technologique attire tant l’attention, c’est
que le gain d’efficacité de la production combinée de
chaleur et d’électricité par rapport au système
traditionnel (production séparée de chaleur par des
centrales locales et électricité provenant du réseau)
dépasse les 30 % et atteint même près de 40 % dans
de nombreux pays en développement. Ce gain
d’efficacité résulte des économies réalisées sur
l’énergie primaire. L’impact en matière d’atténuation
2) OCDE/AIE, 2008 3) OCDE/AIE, 2008
12
du changement climatique est encore plus important
puisque la cogénération implique souvent un
changement de combustible pour la production
d’électricité, par exemple, l’abandon des centrales au
charbon au profit de centrales au gaz.
Le rapport de l’AIE, auquel avait donné lieu le sommet
du G8 organisé à Heiligendamm en 2007, Allemagne,
soulignait que « la cogénération peut réduire de plus
de 4 % (170 Mt/an) les émissions de CO2 résultant
des nouvelles installations de production en 2015, des
économies qui pourraient atteindre plus de 10 % en
2030 (950 Mt/an), soit l’équivalent d’une fois et demie
les émissions annuelles totales de CO2 issues de la
production d’électricité en Inde » 2. La réduction des
émissions est encore plus importante dans les pays
où les systèmes de production, de transmission et de
distribution d’électricité sont vieux et inefficaces.
14 Cogénération et trigénération – produire de
l’énergie efficacement
• En limitant le besoin aux investissements dans les
réseaux de transmission et de distribution et en
déplaçant les centrales de production à coût élevé,
l’utilisation accrue de la cogénération permettrait
de réduire les investissements énergétiques
mondiaux de 795 milliards d’USD sur les 20
prochaines années, soit environ 7 % du total des
investissements énergétiques prévus sur la période
2005-2030 3.
La cogénération est principalement utilisée dans
l’industrie où les chaudières électriques ou alimentées
au gaz/combustible solide peuvent être remplacées
La cogénération est beaucoup plus
efficace que la production séparée de
chaleur et d’électricité:
> 30% gain d’efficacité*
(près de 40% dans le cas
d’infrastructures de production
et de transport inefficaces)
> 50% d’économie de combustible *
(OCDE / AIE, 2009)
par des unités de cogénération, la chaleur résiduelle
et l’électricité étant utilisées pour la consommation
de l’usine ; dans l’idéal, l’excédent de production est
également renvoyé sur le réseau. Le reste de la
demande d’électricité est assuré par le réseau, ce
qui améliore la sécurité de l’approvisionnement pour
l’utilisateur.
La cogénération contribue ainsi à l’efficacité
énergétique au niveau de l’utilisateur final, mais peut
également être considérée comme une composante
du système d’approvisionnement en électricité. Si le
combustible utilisé est du biogaz ou de la biomasse,
la cogénération entre alors dans le cadre des activités
d’énergie renouvelable du pays.
La question se pose de savoir si l’élan en faveur de la
cogénération constaté dans de nombreux pays
industrialisés (dont l’objectif est de produire 25 % de
l’électricité via la cogénération) est pertinent pour les
pays en développement. Cela semble être le cas
puisque l’amélioration de l’efficacité énergétique
primaire et des émissions de CO2 est cruciale pour
les pays en développement. L’impact sera encore
plus fort avec l’augmentation de la demande de
confort thermique, qui nécessitera un accroissement
de la capacité de chauffage et de refroidissement.
Celle-ci peut et doit provenir de la cogénération/
trigénération de manière à limiter la hausse de la
demande d’électricité
Rôle de ce guide et groupe cible
Ce guide sur la cogénération et la trigénération dans les
pays en développement et émergents (« Guide de la
cogénération ») s’adresse à tous les acteurs concernés
par la planification et la mise en œuvre de projets et de
programmes internationaux de coopération au
développement axés sur l’efficacité énergétique,
particulièrement à ceux qui prônent l’utilisation de
solutions et de technologies d’efficacité énergétique.
Il s’adresse également aux décideurs politiques, aux
donateurs et aux experts impliqués dans l’élaboration
de tels projets de coopération, ainsi qu’à leurs
partenaires locaux. Tous ces acteurs devraient
pouvoir tirer profit de ce guide, ou au moins de
certains de ses modules.
Ce guide a pour objectif d’apporter :
• une connaissance de base des technologies et des
combustibles utilisés pour la cogénération/
trigénération
• des informations sur les raisons qui font de la
cogénération/trigénération une technologie clé
pour les pays émergents et en développement
• des informations sur les économies et les bénéfices
environnementaux potentiels
• une ligne directrice sur le développement d’idées
et sur l’analyse du potentiel de la promotion de la
technologie sur le marché de l’efficacité
énergétique d’un pays
• des critères et des paramètres pour réussir la mise
en œuvre des projets de cogénération/
trigénération.
Champ d’application du guide
Le guide de la cogénération aborde de multiples
technologies, combustibles et applications. L’accent
est mis sur les applications dans l’industrie et les
bâtiments, avec des unités de taille petite à moyenne
(entre 100 kW et 20 MW).
Pour être aussi utile que possible lors des phases
de planification et d’exécution des projets de
coopération au développement dans le secteur
énergétique, le guide met l’accent sur des outils
pratiques tels que :
- aperçu des facteurs déterminants de l’utilisation
de la cogénération/trigénération
- liste de contrôle et cartographie décisionnelle.
Structure du guide
Le guide est structuré sous forme de modules, afin
que les lecteurs puissent se concentrer sur certains
aspects en fonction de leurs
Cogénération et trigénération
13
Tableau 1
Structure du Guide de la cogénération et de la trigénération
Module/chapitre Titre/contenu
Technologies de cogénération/tri-
Chapitre 2 génération et leurs applications
Pertinence de la cogénération/
Chapitre 3 trigénération pour la coopération
au développement
Facteurs détermiants
d’application de la cogénération/
Chapitre 4 trigénération, avec une liste de
contrôle
Recommandations pour favoriser
l’utilisation de la cogénération/
Chapitre 5 régénération + carte/matrice de
décision
Les facteurs déterminants évoqués au chapitre 4
sont les principaux critères d’une implémentation
réussie d’une technologie de cogénération/
trigénération, ce qui en fait la principale section de
ce guide. Sachant que l’un de ces facteurs concerne
la disponibilité de compétences à différents niveaux,
14
Objectif Groupe cible
Conseillers, experts et ingénieurs
Vue d’ensemble et connaissances
des agences locales, des
de base sur les technologies et
cabinets de conseil en ingénierie,
leurs applications possibles
etc.
Compréhension des bénéfices
de la cogénération/trigénération
Décideurs et décideurs politiques
Compréhension et directives
détaillées sur l’application
Conseillers, experts nationaux et
de diverses technologies de
internationaux
cogénération/trigénération dans
différents secteurs
Guide de conception, planification
Conseillers en coopération au
et exécution de projets de
cogénération/trigénération dans
développement
Décideurs et partenaires locaux
le secteur énergétique
ces compétences sont également évoquées au
chapitre 4. Les conditions préalables, les facteurs
de réussite ainsi que les applications types des
centrales de cogénération et de trigénération sont
également présentés dans les chapitres 3 à 5.
 2
Technologies
de cogénération
et de trigénération et
leurs applications
2· TECHNOLOGIES DE COGÉNÉRATION
ET DE TRIGÉNÉRATION ET LEURS APPLICATIONS
Ce chapitre se focalise sur les technologies de
cogénération et de trigénération telles qu’elles sont
définies ci-dessous et fait référence à une plage
de capacité comprise entre quelques kilowatts
électriques (kWel) et 20 mégawatts électriques
(MWel). Il s’agit en effet de la fourchette la plus
pertinente dans le contexte des projets ciblés par
la coopération internationale au développement. Au
début de chaque sous-chapitre, un tableau présente
brièvement les principales caractéristiques de
Tableau 2
Vue d’ensemble des études de cas
cogénération/ trigénération de chaque technologie.
Certains encadrés contenant des études de cas
font référence à la description détaillée des projets
de l’ANNEXE 1 qui illustre certaines applications de
référence pour la technologie correspondante.
Toutes les études de cas présentées dans les
chapitres 2 et 4 sont différenciées par technologie,
par pays et par combustible, comme indiqué dans le
tableau 2 ci-dessous et plus en détail à l’ANNEXE 1.

Capacité Chapitre
Technologie Pays de la centrale Combustible Étude de cas concerné

Trigénération Afrique du Sud 2.000 kWel Gaz naturel RTM 2

(refroidisseur à absorption)
Trigénération Inde 1.000 kWel Gaz naturel
JPNATC
2
(refroidisseur à absorption) Hospital

Lagunero
Moteur à gaz Mexique 400 kWel Gaz naturel Alimentos 2

Moteur à gaz Chili 140 kWel Gaz naturel Hospital HUAP 2

Biomasse Allemagne 1.000 kWel Biogaz Im Brahm 2

Biomasse Honduras 1.200 kWel Biogaz HonduPalma 2

UTES
Réseau et stockages Pays-Bas > 6.000 kWel Divers Oostelijke 2
Handelskade

Trigénération Allemagne 1.100 kWel Gaz naturel Heideblume 4

(refroidisseur à absorption) Elsdorfer
Trigénération Allemagne 694 kWel Gaz naturel LVR Clinic 4
(refroidisseur à absorption)
Trigénération Allemagne 2.827 kWel Gaz naturel
Phoenix
4
)refroidisseur à absorption( contact

2.1 Introduction et définitions est principalement produite dans des chaudières

Traditionnellement, l’électricité et la chaleur proviennent
de cycles de production distincts. L’électricité est
produite dans de grandes unités centralisées et arrive
chez le client par l’intermédiaire du réseau. La chaleur
décentralisées, utilisées sur site. Pendant le processus
de production d’électricité, les centrales thermiques
émettent de grandes quantités de chaleur résiduelle
qui restent généralement inutilisées. Cette chaleur
résiduelle des centrales électriques pourrait être utilisée

16
pour répondre à la demande locale de chauffage ou de
refroidissement via des réseaux locaux de chauffage
ou de refroidissement. Une autre solution (utilisée dans
la plupart des pays) consiste à produire l’électricité et la
chaleur sur le site même du consommateur. Ce processus
décentralisé répond ainsi en même temps à la demande
de chaleur et à la demande d’électricité du client.
La cogénération ou production combinée
de chaleur et d’électricité (CCHP) est la
production simultanée d’électricité et de
chaleur à partir du même combustible, à
des fins utiles.
[(OCDE / AIE, 2011)]
Pearl Street Power Station Steam Turbine
« La trigénération est souvent utilisée dans ce
contexte et décrit l’association de la cogénération et
d’une technologie qui permet de fournir de l’énergie
de refroidissement. Elle consiste à produire, de
manière séquentielle ou simultanée, de l’électricité,
du chauffage et du refroidissement dans un seul
système intégré. La trigénération est également
appelée production combinée de froid, de chaleur
et d’électricité (CCHP) [i voir également 2.3
Technologies de trigénération].
Les applications de cogénération/trigénération
sont particulièrement bien adaptées aux profils de
charge constante de l’énergie de chauffage et/ou
de refroidissement et de l’électricité [i voir le chapitre
4 pour en savoir plus sur la conception des systèmes de
cogénération et sur le cadre/les conditions préalables à un
4) © Americanhistory.si.edu, 2014 5) © Connecticut Light & Power, Northeast Utilities Service Company, 2014
Le principe de la cogénération n’est pas nouveau,
mais il s’avère être une technologie de pointe au
cours de nombreuses décennies. Les avantages
des unités de cogénération ont été utilisés pour la
première fois à New York en 1882 par l’entreprise
de Thomas Edison (Edison Illuminating Company)
qui fournissait à la fois de l’électricité destinée à
l’éclairage urbain et de la vapeur à usage industriel.
Cogénération et trigénération sont des
technologies éprouvées.
Figure 1
Pearl Street Power Station, New York City, U.S., en 1882. 4,5
fonctionnement économiquement avantageux des unités de
cogénération].
La cogénération convient donc tout particulièrement
aux secteurs indiqués à la figure 2. Les technologies
de cogénération disponibles pour la mise en œuvre
de ces applications sont présentées dans les sections
technologiques de ce chapitre.
La CCHP englobe une gamme de
technologies, mais reposera toujours sur
un système intégré efficace combinant
Cogénération et trigénération
la production d’électricité et un système
de récupération de chaleur.
(OCDE / AIE, 2009)
17
Figure 2
Applications courantes de la technologie de cogénération 6
Prisons

Établissements d’enseignement Hôpitaux

Horticulture Hôtels

Développements mixtes Loisirs

Chauffage collectif Centres de données

Traitement des eaux usées Industriel

Armée
La cogénération atteint des rendements 50 %. Les technologies de cogénération présentent donc
globaux allant de 80 à 95%, contre environ des avantages écologiques mais aussi économiques
50% pour la production séparée. (moins de combustible utilisé, donc réduction des
[i voir la figure 3] émissions de gaz à effet de serre et diminution des
coûts d’énergie pour l’exploitant, etc.) par rapport à la
Sachant que le processus de production simultanée sur site production séparée d’énergie électrique et thermique
minimise les pertes d’énergie par rapport à la production [i voir également 3.2 Effets de la cogénération].
et à la transmission séparées d’électricité et de chaleur
(et/ou de froid), la cogénération atteint des rendements Cogénération
agrégés de 80 % à 95 % par rapport au rendement des
processus de production séparés qui est d’environ 50 %, Figure 3
ce qui équivaut à un gain d’efficacité de plus de 30 % Cogénération/production séparée de chaleur et
et donc à des économies d’énergie primaire de plus de d’électricité 7
Unité de production combinée de chaleur et d’électricité

Électricité dans une centrale conventionnelle, chaleur dans une chaudière

La figure 3 illustre les gains d’efficacité agrégés de la conduit à des économies de combustible de 58 unités
cogénération. Dans cet exemple, on part du principe par rapport à la production séparée d’électricité et de
qu’une technologie de production hautement efficace chauffage. Le gain d’efficacité agrégé obtenu par la
(efficacité de la centrale : 44 %) est utilisée, ce qui cogénération est de 37 %.
6) Illustration adaptée par © ENER-G Group, 2014 7) © MWM, 2014, remarques personnelles

18
La condition préalable à l’utilisation de centrales de
cogénération (ou de trigénération) est l’existence
d’une demande pour les deux (ou les trois) formes
d’énergie : électricité et chaleur (et froid le cas
échéant). À chaque fois qu’une telle demande pour les
deux (trois) types d’énergie existe, la technologie de
cogénération/trigénération semble être une approche
prometteuse pour améliorer l’efficacité énergétique et
réduire les coûts de l’énergie. Certaines conditions-
cadres supplémentaires doivent toutefois exister pour
garantir la réussite de l’application de cogénération/
trigénération. Ce guide de la cogénération met l’accent
sur les applications de cogénération les plus
prometteuses entre 100 kWel et 20 MWel pour le
secteur résidentiel et le secteur industriel.
Tout comme la taille des centrales, le choix du
combustible varie en fonction de la technologie.
Comme le montre la figure 4, la récupération de la
chaleur résiduelle et donc la cogénération peuvent être
exploitées quel que soit le combustible et le processus
de combustion utilisés. Le choix du combustible
dépend du coût et de la disponibilité des combustibles
[i voir également le chapitre 4 Facteurs déterminants
d’utilisation de la cogénération et de la trigénération] ainsi
que de l’optimisation technologique et économique.
Figure 4
Combustibles, technologies et processus de conversion de
l’énergie pour la cogénération 8

Moteur/générateur Turbine/générateur à gaz

Combustible
Pile à combustible Turbine/générateur à vapeur

Le charbon est le combustible le plus utilisé dans
les grandes centrales de cogénération (> 50 MWel),
tandis que le gaz naturel et la biomasse sont plus
courants dans les petites unités.
Le choix de la technologie de cogénération dépend
de différents facteurs. Il est toutefois possible de
caractériser les types de combustibles, les technologies
correspondantes et la taille des centrales comme
indiqué ci-dessous. Cette présentation contient
également certains biocombustibles qui sont indiqués
en italique (type de combustible).
Tableau 3
Types de combustible par technologie de cogénération,
application et secteur 9

Type de combustible
Demande Charbon/ Gaz naturel Fuel lourd Fuel Biomasse
Secteur lignite
d’électricité
Biocharbon/ Biométhane/ Biodiesel/ (Utilisation
Cogénération et trigénération

coke gaz éthanol thermique)

Résidentiel < 15 kWel GE GE
15–100 kWel GE GE ST/ORC
Commercial 0,1 – 1 MWel GE GE ST/ORC
1 – 5 MWel ST GT/GE ST GT/GE ST/ORC
1 – 5 MWel ST GT/GE ST GT/GE ST
Industriel 5 – 50 MWel ST GT ST GT ST
> 50 MWel ST CC ST CC ST
8) © Cogen Europe, 2014 9) DFIC, 2013

19
En outre, l’énergie solaire concentrée (CSP),
non mentionnée ci-dessus, est principalement
utilisée pour la production d’électricité dans
les grandes centrales > 50 MWel en raison des
économies d’échelle et du coût d’exploitation
et de maintenance (O&M). La technologie est
principalement basée sur la production de vapeur
au moyen d’huiles thermiques qui sont chauffées
dans des miroirs paraboliques. La vapeur peut
ensuite être utilisée dans des turbines à vapeur
conventionnelles, avec les mêmes options
d’utilisation de la chaleur résiduelle, pour
répondre à la demande de chauffage et/ou de
refroidissement.
2.2 Technologies de cogénération
La cogénération fait appel à une gamme complète de
technologies éprouvées. Les technologies de production
combinée de chaleur et d’électricité peuvent être
divisées en applications de petite taille (moteurs de 1
kWel généralement destinés à l’approvisionnement
en énergie thermique) et en grandes centrales
électriques principalement axées sur la production
d’électricité. Ces centrales de cogénération peuvent
être différenciées par technologie et par capacité
réalisable, comme le montre la figure 5.
Figure 5
Plage de capacité de cogénération par technologie (MWel) 10

Turbine à gaz
Micro-turbine à gaz
Centrale à cycle combiné gaz-vapeur (contre-pression)
Centrale à cycle combiné gaz-vapeur (extraction)
Centrale à cycle combiné turbine à vapeur (contre-pression)
Centrale à cycle combiné turbine à vapeur (extraction)
Moteur Stirling
Pile à combustible (PEM/PAFC)
Pile à combustible haute température (MFC/SOFC)
ORC
Moteur de cogénération

2.3 Technologies de trigénération associent généralement des unités de cogénération et des

Comme son nom l’indique, la trigénération fournit une
troisième forme d’énergie (énergie de refroidissement)
en plus de la chaleur et de l’électricité. Les systèmes de
trigénération (également appelés systèmes de production
combinée de froid, de chaleur et d’électricité (CCHP))
refroidisseurs pour produire de l’électricité, de la chaleur
et de l’énergie de refroidissement en un seul et même
processus. La chaleur résiduelle est donc convertie en eau
réfrigérée, par une technologie à absorption [i voir 2.3.1]
ou à adsorption [i voir 2.3.2].

L’énergie de refroidissement à partir de la chaleur (perdue)?

Étude de cas sur la trigénération
[i voir l’ANNEXE 1 Projets d’études de cas]
Trigénération pour le refroidissement des batteries de serveurs et des bâtiments
2 moteurs à gaz 1 x (MW), combustible: gaz naturel
3 x refroidisseurs à absorption au bromure de lithium
- Capacité de refroidissement de 1,5 MW (total)
- économies de CO2 de plus de 60%
3,5 m illions d’euros de dépenses d’investissement, remboursement <5 ans.

10) Illustration personnelle basée sur B.KWK, Federal Cogen Association of Germany, 2014

20
Figure 6
Composants d’un système de trigénération (avec technologie d’absorption) 11

Comme le montre la figure 6, le système
de trigénération ajoute une technologie de
refroidissement au processus de cogénération,
sous la forme de composants de refroidissement
à absorption (ou à adsorption le cas échéant). La
chaleur est donc utilisée pour produire de l’énergie
de refroidissement.
Les systèmes de trigénération optimisent encore
plus l’efficacité des centrales de cogénération
en utilisant la chaleur (résiduelle) produite pour
chauffer et/ou refroidir. Ils améliorent, en outre,
la flexibilité de l’utilisation de la chaleur résiduelle
car le processus peut être adapté aux variations
saisonnières de la demande d’énergie de chauffage
et de refroidissement.
2.3.1 Technologie d’absorption
Eléments clés: Technologie d’Absorption
Plage de capacité standard 100 kWel – 20 MWel
Eau chaude 0,6 – 0,8
Efficacité, coefficient de
Refroidisseur de vapeur
performance (COP)
1,2 – 1,3
Cette technologie est utilisée depuis de nombreuses
années pour exploiter la chaleur résiduelle de faible
qualité produite par les générateurs électriques (dont
les systèmes de cogénération) afin de satisfaire à
la demande de refroidissement. Sachant que les
refroidisseurs à absorption utilisent souvent du sel
de bromure de lithium hautement corrosif comme
réfrigérant, ils ont généralement des coûts de
maintenance élevés dus à la corrosion.
La capacité des refroidisseurs à absorption
commence généralement à quelques centaines de
kilowatts et peut atteindre plusieurs mégawatts. Pour
les produits spécialisés, cette capacité peut même
démarrer à 5 kWel et atteindre 20 MWel et plus en cas
de fortes demandes d’énergie de refroidissement.
La figure 7 de la page suivante montre le principe
de fonctionnement de la technologie d’absorption à
gauche et un refroidisseur à absorption de petite à
moyenne taille (700 – 2 460 kWel) à droite.
Figure 7
Processus d’absorption 12, 13
Cogénération et trigénération

+4,5°C bromure de
Températures de lithium, (-60°C avec
refroidissement réalisables
ammoniac)
Industrie; faible utilisation
Champ d’application de la chaleur perdue pour
le refroidissement
Refroidisseur adsorption, capacité 700 - 2460 kWel
La technologie d’absorption est une technologie de
refroidissement thermique éprouvée et très répandue,
particulièrement sur le marché de la trigénération.
11) Illustration de © (Dalkia Alternative Energy, 2014) 12) © Trullos, 2012 13) © Johnson Controls, 2014

21
 Principe d’absorption
Pour les études de cas des projets de trigénération
qui utilisent la technologie d’absorption, voir l’étude
de cas du MTN et le projet de trigénération indien
de l’hôpital JPNATC à New Delhi [i voir l’ANNEXE 1
Projets des études de cas].
2.3.2 Technologie d’absorption
Eléments clés: Technologie d’Adsorption
Plage de capacité standard 5 kWel – 2 MWel
Efficacité, coefficient de Eau chaude ~ 0,8 Vapeur/
performance (COP) chauffe directe ~1,4+
Industrie; faible utilisation
Champ d’application de la chaleur perdue pour
le refroidissement
La technologie d’adsorption est relativement nouvelle
et n’est pas encore très utilisée pour les applications
de trigénération.
Bien qu’il existe des similarités entre la réfrigération
à absorption et la réfrigération à adsorption, cette
dernière est basée sur l’interaction entre des gaz et
des solides.
Les refroidisseurs à adsorption fonctionnent selon le
principe de l’adsorption plutôt que de l’absorption,
c’est-à-dire que les molécules adhèrent à la surface
d’un adsorbant au lieu d’être dissoutes. La chambre
d’adsorption du refroidisseur est remplie d’un matériau
solide (zéolithe, gel de silice, alumine, carbone actif et
14) SorTech AG, 2015
22
certains types de sels métalliques) qui, à l’état neutre, a
adsorbé le réfrigérant (dans la plupart des cas, de l’eau).
Une fois chauffé, le solide désorbe (libère) la vapeur
de réfrigérant qui est ensuite refroidie et liquéfiée. Le
réfrigérant liquide fournit alors son effet refroidissant au
niveau de l’évaporateur, en absorbant la chaleur externe
et en se retransformant en vapeur. Au cours de l’étape
finale, la vapeur de réfrigérant est (ré)adsorbée dans le
solide. Une fois le matériau saturé, il suffit d’ajouter de
la chaleur au niveau de l’alimentation pour le régénérer.
Ce processus produit un refroidissement intermittent. 14
L’énergie de refroidissement de la chaleur (perdue)?
«Lorsqu’une source d’eau chaude gratuite
est disponible, comme dans les systèmes de
cogénération, la consommation électrique
économisée en utilisant un refroidisseur thermique
au lieu d’un refroidisseur mécanique peut être
très importante. En l’absence de compresseur,
les refroidisseurs à dessiccant liquide nécessitent
simplement une pompe de circulation pour
déplacer le dessiccant dans les échangeurs de
chaleur internes du refroidisseur. La consommation
électrique des refroidisseurs à absorption ne
représente donc qu’environ 0,03 kW par tonne
de capacité de réfrigération, tandis que les
refroidisseurs à adsorption à dessiccation solide
consomment encore moins, une capacité de
réfrigération fournie d’environ 0,004 kW / tonne.»*; **
* (PennWell, 2014)
** Une tonne de capacité de réfrigération peut geler une petite
tonne d’eau à 0 ° C (32 ° F) en 24 heures. Une tonne de
réfrigération est de 3,517 kW.
Ne nécessitant pas de pièces mobiles, le refroidisseur
à adsorption est relativement silencieux15.Il a, en
outre, besoin de moins d’énergie et de maintenance
et est donc moins coûteux que le processus à
absorption. Sa simplicité de fonctionnement rend
la technologie de refroidissement à adsorption
fiable, sûre et attractive pour les applications de
trigénération. Les capacités des refroidisseurs à
adsorption s’échelonnent entre 5 kWel et 2 MWel ;
des solutions spécialement adaptées peuvent même
offrir des capacités supérieures
La figure 8 illustre le principe de fonctionnement du processus
d’adsorption et d’un petit refroidisseur à adsorption.
Figure 8
Processus d’adsorption 16 17
Principe d’adsorption
Refroidisseur à adsorption, capacité 50 kWel
Le refroidisseur fonctionne sans substances
dangereuses telles que l’ammoniaque ou le
bromure de lithium et peut être utilisé à des
températures comprises entre 50 °C et 90 °C,
15) wikipedia, 2015 16) © SorTech AG, 2015
sans problèmes de corrosion. Le processus
d’adsorption permet un fonctionnement stable
et une production d’eau réfrigérée à environ 3
°C à 9 °C, même lorsque la température et le
débit d’eau chaude fluctuent, ce qui est courant
dans les applications de récupération de chaleur
résiduelle.
Les sections suivantes détaillent les différentes
technologies de cogénération.
2.4 Moteurs à gaz
Eléments clés: Moteurs à gaz
Plage de capacité standard 1 kWel – 10 MWel
Efficcacité électrique ~ 35 – 45%
à partir de > 1,000 €/kW
pour les petites tailles jusqu’à
Coûts typiques
< 500 €/kW pour des tailles
MW
Champ d’application Large champs d’application
Comme cela a déjà été indiqué, la cogénération
est une technologie éprouvée et fiable. Une
des premières technologies de moteur les
plus largement utilisées dans le secteur de la
cogénération a été le moteur à essence. Basé sur
les moteurs de voitures (et sur une technologie
issue de la production de voitures en série),
ces moteurs ont été optimisés et équipés de
composants de récupération de chaleur adaptés
aux besoins individuels des clients
La hausse de la production en série de moteurs à
gaz de cogénération, associée à une adaptation
accrue aux besoins individuels proposée par
un grand nombre d’entreprises spécialisées,
a conduit cette technologie de cogénération
à avoir la plus importante du marché de la
Cogénération et trigénération
cogénération. Les études de cas concernent
des projets lancés dans deux pays émergents,
le Mexique [i voir l’encadré sur l’étude de cas
de la cogénération basée sur un moteur à gaz]
et le Chili, et dans un pays en développement, le
Honduras [i voir l’ANNEXE 1 Projets des études
de cas]. Le principe des moteurs à gaz et de
la conversion énergétique correspondante est
illustré à la figure 9 ci-dessous.
17) © Emissionless Pty Ltd., 2014
23
 Étude de cas sur moteurs à gaz de cogénération
[i voir l’ANNEXE 1 Projets d’études de cas]
• fabricant mexicain d’aliments pour animaux
• Moteur à essence (combustible : gaz naturel)
- 400 kWel
- 484 kWth
• Conception entièrement cogénérée
• Efficacité: 40% d’électricité,
90% d’agrégats
Figure 10
Moteurs à gaz – différentes tailles 20,21,22
Petits modèles, à partir d’environ 1 kWel Vue d’un moteur à gaz
Les moteurs à gaz ne se limitent pas à la technologie
du moteur à gaz traditionnel ; d’autres options
existent, notamment les (micro-)turbines à gaz
ou la technologie Stirling (explication ci-dessous).
L’utilisation de turbines à gaz permet d’atteindre
à la fois des capacités plus importantes et des
températures plus élevées. Les micro-turbines sont
généralement utilisées lorsque le projet exige une
18) CODE2 Cogeneration Observatory and Dissemination Europe, 2014
21) © DFIC, 2014 with permission of Phoenix Contact
24
Figure 9
Principe de la cogénération avec moteurs à gaz 18
La combustion du gaz libère de l’énergie mécanique qu’un
générateur convertit en électricité. La chaleur produite par
le moteur pendant le processus peut être utilisée grâce aux
échangeurs de chaleur intégrés.
Grands modèles, jusqu’à 10 MWel
température élevée. En revanche, les coûts sont
souvent plus élevés et le rendement électrique
inférieur par rapport aux moteurs à gaz traditionnels.
Un moteur Stirling est un moteur thermique qui
fonctionne par compression et expansion cycliques
de l’air ou d’un autre gaz (le fluide de travail)
à différentes températures, ce qui permet de
20) © ASUE, 2006
22) © Rolls-Royce plc , 2012
convertir l’énergie thermique en travail mécanique.
Plus précisément, le moteur Stirling est un moteur
thermique régénératif à cycle fermé fonctionnant
avec un fluide de travail sous forme gazeuse. Dans
ce contexte, « cycle fermé » désigne un système
thermodynamique dans lequel le fluide de travail
se trouve toujours à l’intérieur du système, et «
régénératif » décrit l’utilisation d’un type précis de
stockage thermique et d’échangeur de chaleur
interne appelé régénérateur. C’est la présence du
régénérateur qui différencie le moteur Stirling des
autres moteurs à air chaud à cycle fermé.
Pour un aperçu des
efficacités et des capacités
réalisables pour chaque
technologie, voir (Figure 17
à la fin du chapitre 2).
Le moteur Sterling se caractérise par une capacité
globale supérieure à celle des moteurs à vapeur, par
un fonctionnement silencieux et par une capacité
à utiliser pratiquement n’importe quelle source de
chaleur. La source d’énergie thermique est générée
à l’extérieur du moteur Stirling et non par combustion
interne comme c’est le cas des moteurs Otto ou
diesel. Sachant que le moteur Sterling est compatible
avec des sources d’énergie renouvelables et
alternatives, il devrait jouer un rôle croissant si la
hausse des prix des combustibles conventionnels
se poursuit. Ce moteur est actuellement largement
utilisé dans les micro-unités de production combinée
de chaleur et d’électricité (CHP), dans lesquelles il
se révèle plus efficace et plus sûr qu’un moteur à
vapeur comparable. 23
La technologie Stirling nécessite moins de
maintenance et est donc moins coûteuse, mais
elle offre un rendement électrique moindre (environ
15 % à 30 %) 24 par rapport aux moteurs à gaz.
Sachant que le processus est très silencieux, il
est possible de l’utiliser à l’intérieur de la maison.
Les moteurs Stirling ne sont pas dépendants
des combustibles fossiles traditionnels mais
uniquement de la chaleur, ils peuvent donc être
utilisés avec des sources de chaleur alternatives
telles que l’énergie thermique solaire.
23) wikipedia, 2015 24) B.KWK, Federal Cogen Association of Germany, 2014
25) « Le cycle de Rankine est le cycle de fonctionnement fondamental de toutes les centrales électriques dans lesquelles un fluide
de travail est continuellement évaporé et condensé. » De plus amples informations sont disponibles dans « Thermopedia Muller-
Steinhagen, Hans Michael Gottfried, 2011 ».
26) Il est également possible d’obtenir des détails sur la technologie auprès de la « United States Environmental Protection Agency (EPA), 2015 »
(Des informations complémentaires sur les moteurs
Stirling (vidéos technologiques, etc.) sont disponibles
sur le site www.cleanergy.com/technology, par
exemple).
2.5 Turbines à vapeur
Eléments clés: Turbines à Vapeur
Plage de capacité de la
45 kWel – 500 MWel
technologie
Plage de capacité de 300 kWel – 50 MWel
cogénration typique
Efficacité énergétique ~ 20 – 30%
Niveau de température > 400°C
requis (vapeur)
Industrie, centrales
Champ d‘application électriques (y compris
biomasse solide)
Les turbines à vapeur utilisent le cycle de Rankine 25 et
nécessitent donc l’installation de chaudières à vapeur
haute pression séparées. En fonction de la turbine à
vapeur utilisée dans les applications de cogénération,
la vapeur peut être extraite de la turbine et utilisée
directement. Deux technologies de turbine à vapeur
sont utilisées pour les applications de cogénération :
• turbine sans condensation (contre-pression)
• turbine à vapeur à extraction.26
Généralement, les systèmes de cogénération basés
sur une turbine à vapeur se caractérisent par des
rapports électricité/chaleur très faible, souvent
compris entre 0,05 et 0,2. Ceci est dû au fait que
les turbines à vapeur produisent généralement de
l’électricité comme sous-produit de la production
de chaleur (vapeur), contrairement aux systèmes
de cogénération basés sur des turbines à gaz ou
des moteurs alternatifs pour lesquels la chaleur
est un sous-produit de la production d’électricité.
Les systèmes de cogénération basés sur des
turbines à vapeur sont généralement utilisés dans
Cogénération et trigénération
les processus industriels, qui disposent souvent de
combustibles solides (biomasse ou charbon) ou de
produits résiduels pour alimenter la chaudière27.Les
turbines à vapeur sont souvent utilisées dans des
applications où la demande thermique nécessite de
25
la vapeur ou des températures très élevées.
En raison de leur conception technique, les turbines à
vapeur sont efficaces pour les systèmes de capacité
supérieure à 10 MWel, même si elles existent déjà
pour des puissances inférieures à 1 MWel. Comme le
montre la figure 12, les applications de cogénération
Vapeur ou eau chaude
maximisent l’efficacité globale (thermique et
électrique) des turbines à vapeur en utilisant de la
vapeur pour les processus.
Figure 11
Cogénération avec turbines à vapeur 28,29
Refroidissement/chauffage

Turbine à vapeur, plage de capacités

5 – 150 MWel, également utilisée
pour des applications basées sur
la biomasse

Les turbines à vapeur peuvent (et doivent souvent)
être conçues pour répondre à des exigences
spécifiques de chaleur industrielle, contrairement aux
turbines à gaz qui sont vendues avec des capacités
ou des tailles spécifiques. Les générateurs à turbine
à vapeur sont traditionnellement des machines
personnalisées dont les composants et les capacités
sont rarement identiques à 100 %.
à un certain nombre de paramètres de conception
du système à vapeur déjà définis dans des décisions
antérieures (caractéristiques matérielles du système).
La turbine doit donc être adaptée à ces conditions.
Les turbines à vapeur sont donc souvent conçues
pour maximiser le rendement électrique tout en
fournissant la puissance thermique requise.

Souvent, la turbine à vapeur est utilisée dans un Figure 12

système pré-existant et est modifiée pour satisfaire Performances du cycle des turbines à vapeur 31

27) United States Environmental Protection Agency (EPA), 2015 28) © United States Environmental Protection Agency (EPA), 2015
29) © Siemens AG, München/Berlin, 2014
31) (General Electric (GE), 2009) Hypothèses : 1) Conditions de vapeur 1 450 psig, 950 °F (101 bars, 510 °C), procédé 150 psig (11,4
bars), pression du condenseur de 2 1/2» (63,5 mm) HgA ; 2) Trois étapes de chauffage de l’eau d’alimentation ; 3) Efficacité de la
chaudière 85 % HHV
26
Autre possibilité, au lieu de produire de l’électricité
(utilisée, par exemple, pour alimenter d’autres
équipements), les turbines à vapeur peuvent
alimenter directement des équipements tels que
des pompes d’alimentation de chaudières, des
pompes de processus, des compresseurs à air et
des refroidisseurs.
Le cycle organique de Rankine (ORC) produit de
l’électricité en convertissant de la chaleur (résiduelle)
en énergie électrique. La chaleur résiduelle passe
à travers un échangeur de chaleur, transférant
son énergie à un élément refroidissant organique
en cycle fermé pour produire de la vapeur haute
pression à basse température.

Les systèmes de cogénération basés sur des turbines La pression est utilisée pour entraîner une turbine
à vapeur permettent d’utiliser différents produits reliée à un générateur.
résiduels (biomasse) industriels comme combustible, La vapeur reprend ensuite son état fluide dans
notamment les déchets de bois des scieries ou les un échangeur air-chaleur, puis elle est refroidie et
déchets agricoles. Les petites turbines à vapeur réalimentée dans le cycle de vaporisation comme
sont également utilisées pour des applications de indiqué à la figure 13.
cogénération basées sur la biomasse, car certains
résidus agricoles ou résidus d’autres processus de
production de biomasse ne peuvent être utilisés «L’ORC (Organic Rankine
que pour la combustion. La récupération de la Cycle) est un processus
chaleur résiduelle des processus (industriels) à thermodynamique cyclique.
haute température est un autre champ d’application Il est basé sur un liquide de
prometteur pour les turbines à vapeur. refroidissement organique
qui permet de générer de
La capacité des turbines à vapeur industrielles l’énergie électrique à des
modernes varie entre 45 kWel et environ 250 MWel (et températures relativement
plus pour les centrales électriques). Les paramètres basses. »
de la vapeur varient donc entre 40 et 165 bars et (Bosch KWK Systeme, 2014)
entre 400 et 585 °C 32. Plus la différence entre la
température de la chaleur extraite à la source et la [(OCDE / AIE, 2011)]
température requise au niveau du puits de chaleur
est importante, plus l’utilisation sera efficace. Par rapport au cycle de Rankine 33 qui s’appuie sur
des turbines à vapeur pour une chaleur de meilleure
2.6 Cycle organique de Rankine (ORC) qualité [i voir 2.4 Turbines à vapeur], l’approche de
l’ORC n’utilise pas d’eau mais un fluide organique
caractérisé par un point d’ébullition inférieur à celui
Eléments clés: ORC du changement de phase eau-vapeur.
Plage de capacité de la 3,5 kWel – 130 MWel
technologie
Plage de capacité de 150 kWel – 10 MWel
cogénration typique
Efficacité énergétique ~ 10 – 20%
Niveau de température ~ 100°C
requis
Récupération de chaleur de
Cogénération et trigénération

Champ d’application faible qualité; géothermie et

biomasse; industrie

32) Par exemple, gamme de turbines à vapeur Siemens

www.energy.siemens.com/hq/pool/hq/power-generation/renewables/biomass-power/Biomass_Turbines_EN.pdf

27
Figure 13
Principe de production d’électricité de l’ORC à partir de chaleur résiduelle provenant de différentes sources 34
Les unités ORC peuvent fonctionner avec de la chaleur
de faible qualité de 300 °C et moins provenant de
différentes sources telles que la biomasse et le
biogaz, le gaz d’égout, le gaz d’échappement des
Les unités ORC sont généralement présentes dans
des applications basées sur l’énergie géothermique
ou la biomasse et affichent des rendements d’environ
10 % à 12 %, mais qui peuvent aller jusqu’à 18-20%
selon l’application et la capacité de la centrale. Même
si le rendement électrique de la technologie ORC
est relativement faible, elle permet de produire de
l’électricité à partir du gaz d’échappement de différents
processus industriels ou d’applications basées sur la
biomasse/le biogaz qui resterait, sans cela, inexploité.
Les gaz d’échappement contiennent beaucoup
d’énergie, mais celle-ci est généralement perdue
sous forme de chaleur résiduelle car la température
du gaz est insuffisante pour que celui-ci puisse être
utilisé dans les processus de production d’énergie
traditionnels tels que les turbines à vapeur.
L’utilisation éventuelle des turbines à vapeur pour
33) Voir également « Thermopedia Muller-Steinhagen, Hans Michael Gottfried », 2011
34) © Bosch kWK Systeme, 2014
28
turbines à gaz, la chaleur résiduelle des procédés
industriels et la vapeur industrielle.
Figure 14
Unité ORC industrielle de 2 MWel 35
la cogénération dé La chaleur résiduelle est une
source d’énergie potentielle importante, car elle est
disponible sur place pratiquement gratuitement.
Grâce à la technologie ORC, la chaleur résiduelle
basse température (300 °C et moins) peut quand
même être utilisée pour produire de l’électricité,
avec un coût de combustible pratiquement réduit à
zéro. Les unités ORC présentent généralement des
capacités comprises entre 300 kWel et plusieurs
MWel, mais peuvent également être plus petites, le
minimum se situant à environ 3,5 kWel.
Pour en savoir plus sur les différentes technologies
et sur le principe général de l’ORC, ainsi que sur les
fournisseurs, voir la liste de liens de l’ANNEXE 5 [i voir
ANNEXE 5 Références] qui contient également des
informations complémentaires.
2.7 Piles à combustible
Eléments clés: Piles à Combustible
Plage de capacité typique 0,5 kWel – 10 kWel
Dépend de la technologie
Efficacité énergétique de la pile à combustible
40 – 65%
Haute technologie; industrie,
Champ d’application
ménages
La technologie des piles à combustible existe et est
utilisée depuis de nombreuses années, mais n’est
pas encore produite à grande échelle en raison des
coûts d’investissement initiaux important par kW.
Cette technologie peut être divisée en trois grands
domaines d’application, présentant chacun une
plage de puissance spécifique :
piles à combustible portables de 5 Wel à 20 kWel, piles
à combustible stationnaires de 0,5 kWel à 400 kWel
et piles à combustible pour l’industrie automobile
de 1kWel à 100 kWel. Les piles à combustible
fonctionnent généralement au gaz naturel (tous les
types de piles à combustible sauf les PEM), même
si certaines peuvent également être alimentées au
biogaz (MCFC) et d’autres à l’hydrogène (PEM)36
[i voir également l’ANNEXE 5 Listes de liens –
technologies de cogénération].
Les piles à combustible combinent du combustible
et de l’oxygène pour produire de l’électricité et de
la chaleur en tant que sous-produit. En raison de
leurs caractéristiques fonctionnelles, elles sont
idéales pour les unités de cogénération. En l’absence
de combustion, les piles à combustible sont
silencieuses, ne contiennent pas de pièces mobiles
et peuvent atteindre des rendements électriques
deux fois plus élevés que les moteurs à combustion
interne. En fonction de la technologie utilisée, le ratio
électricité/chaleur est inversé par rapport à celui
des petites/moyennes technologies de cogénération
(moteurs à gaz, etc.) puisque ces unités produisent
environ 2/3 d’électricité et 1/3 de chaleur.
Les applications typiques des piles à combustible
sont les aéroports et les hôpitaux qui ont besoin d’une
alimentation électrique ininterrompue. Le design
fonctionnel et l’absence de pièces mécaniques
mobiles sont clairement deux des principaux atouts
des piles à combustible. Celles destinées aux
35)© Siemens, 2014
36) FuelCell Energy, Inc., 2015
applications résidentielles affichent généralement
une puissance comprise entre 0,5 kWel et 10 kWel,
mais les capacités des applications stationnaires
peuvent également atteindre plusieurs centaines de
kWel ou même plusieurs MWel.
Toutefois, en raison des dépenses d’investissement
initiales élevées, ces applications restent limitées et ont
besoins d’actions de promotion supplémentaires pour
pouvoir être déployées dans les pays émergents et en
développement. Généralement, les piles à combustible
sont réservées à des applications spéciales où leurs
atouts justifient l’investissement initial important.
La liste de liens présentée à l’ANNEXE 5 [i voir l’ANNEXE
5 Références] donne de plus amples informations sur
les technologies disponibles, le principe général, ainsi
que les fournisseurs de piles à combustible.
2.8 Sources de biomasse et applications
de cogénération/trigénération
Eléments clés : Biocombustibles
Plage de capacité typique Voir 2.4 Moteurs à gaz
Efficacité globale Voir 2.4 Moteurs à gaz
Industrie (agro-alimentaire),
Champ d’application municipalités, traitement des
eaux usées
Comme indiqué au début [i voir le chapitre 1
Introduction], à chaque fois que des sources
d’énergie renouvelable sont utilisées, il faut envisager
la possibilité de recourir à une technologie de
cogénération/trigénération permettant de répondre
à la demande de chaleur et de froid, par exemple,
en utilisant la chaleur résiduelle des processus. Les
sources biologiques et les combustibles zéro émission,
en particulier, semblent prédestinés aux différentes
applications de cogénération/trigénération.
Cogénération et trigénération
Le terme « biocombustible » englobe différents types
de combustibles tels que la biomasse, le biogaz, le
bioéthanol ou le biodiesel. Les options d’application
de cogénération basée sur la biomasse varient en
fonction du combustible et de la technologie. Chaque
type de technologie et de combustible biomasse
peut être utilisé dans différentes applications et
tailles de centrales de cogénération. Les applications
de cogénération basées sur les biocombustibles ne
29
nécessitent pas de technologies très nouvelles ou de
technologies de cogénération différentes de celles
décrites dans les sections précédentes. Toutefois,
dans la plupart des cas, le processus de combustion
et les composants technologiques doivent être
modifiés pour répondre aux exigences spécifiques
des biocombustibles. Ces derniers sont généralement
répartis en trois catégories : biocombustibles solides,
liquides et gazeux, chacune d’elles associée à des
technologies de cogénération spécifiques.
2.9 Biomasse solide
Eléments clés: Biomass Solide
Plage de capacité typique Voir 2.4 Turbines à vapeur
Efficacité globale Voir 2.4 Turbines à vapeur
(Agro-) industrie,
Champ d’application municipalités, chauffage
urbain
La biomasse solide, qui comprend le bois
(déchets) et les produits (ou résidus) agricoles
tels que la canne à sucre, les résidus de culture,
les enveloppes de céréales, etc., est utilisée dans
des processus de combustion et est donc adaptée
aux applications de cogénération basées sur les
turbines à vapeur ou la technologie ORC [i voir
également 2.5 et 2.6, Turbines à vapeur et ORC ].
Sachant que les unités fonctionnant à la biomasse
sont souvent de grandes centrales de production
d’électricité, la chaleur résiduelle de ce processus
est fréquemment utilisée pour le chauffage (et/
ou le refroidissement) collectif [i voir également
2.12 Chauffage et refroidissement des stockages
et réseaux].
2.10 Bioéthanol et biodiesel (biomasse
liquide)
Ces deux types de combustibles, bioéthanol et
biodiesel, peuvent être utilisés pour alimenter
les moteurs de cogénération. En fonction des
ressources nationales, la fermentation de biomasse
solide (par ex., la conversion de canne à sucre en
bioéthanol) est utilisée pour la production d’éthanol.
Le manioc et la canne à sucre font partie des
sources de biomasse les plus couramment utilisées
pour la production de bioéthanol.
30
Des sources de biomasse liquide telles que les
huiles et les graisses végétales sont également
utilisées pour la production de biocombustibles, par
exemple via un processus chimique qui convertit
l’huile de palme en biodiesel. L’huile de jatropha
est également fréquemment utilisée comme source
de biomasse pour la production de biodiesel.
D’autres sources de biomasse liquide telles que
le lisier peuvent être soumises à des processus de
digestion anaérobie, puis utilisées pour produire du
biogaz (et après un processus de purification, du
biométhane), une technique décrite en détail dans
la section suivante.
2.11 Biogaz
La technologie de cogénération basée sur le biogaz
est une option importante, particulièrement dans
les pays émergents et en développement, car des
sources de biogaz potentielles existent dans tous les
secteurs (industries, sociétés de services, mais aussi
secteur agroalimentaire et agriculture) et peuvent
fournir des déchets et des eaux résiduaires pour la
digestion anaérobie et donc pour la production de
biogaz. Le biogaz présente deux autres avantages :
il peut être utilisé pour alimenter les moteurs à gaz
largement utilisés et il est respectueux du climat.
Le biogaz peut être produit à partir de différentes
sources de biomasse, notamment certains substrats
ou matières premières [i voir également Tableau 4 :
Rendement de biogaz à partir de différentes matières
premières] tels que les cultures énergétiques, les
résidus agricoles ou le lisier des élevages, mais aussi
différents sous-produits et déchets municipaux et
industriels (issus des processus de traitement des
eaux usées, etc.).
Le biogaz est principalement composé de méthane
(CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) et peut contenir
de petites quantités de sulfure d’hydrogène (H2S),
d’humidité et de siloxanes. Il est traditionnellement
utilisé dans des moteurs à gaz de cogénération
modifiés [i voir également 2.4 Moteurs à gaz].
Sachant que les concentrations de méthane ainsi
que d’autres composants gazeux varient en fonction
de la source de biogaz, il faut parfois soumettre le
gaz à un traitement supplémentaire visant à l’épurer.
La composition du biogaz étant différente de celle du
gaz naturel, les moteurs à gaz doivent être adaptés à
la combustion du biogaz. Tous les grands fabricants
de moteurs proposent des moteurs à biogaz adaptés.
Le biogaz est particulièrement intéressant comme
option de cogénération/trigénération lorsque le gaz
naturel n’est pas disponible ou qu’il est onéreux.
C’est encore plus le cas lorsque des programmes
sont en place pour promouvoir la production
d’électricité à partir du biogaz, par exemple par le
biais de tarifs de rachat.
Étude de cas: unité de cogénération à
biogaz de Ruhrenergie
[i voir aussi ANNEXE 1 Projets d’études
de cas]
• Les résidus alimentaires et le fumier
de porc sont digérés dans une usine
de production de biogaz à Essen,
dans la vallée de la Ruhr
• Trois moteurs au biogaz fournissent
333 kWel chacun
• La chaleur excédentaire est canalisée
sur une distance de 600 m vers un
complexe hôtelier.
Lorsque du biogaz est disponible comme combustible, il
est conseillé d’exploiter à la fois l’électricité et la chaleur
afin d’en tirer les meilleurs bénéfices économiques
possibles, ainsi que d’importantes économies d’énergie
primaire et de CO2. Les options suivantes sont
disponibles sur le site de production lorsque du biogaz
est utilisé pour des applications de cogénération :
• le biogaz est généralement utilisé dans des unités
de cogénération (moteurs à gaz) directement
au niveau d’un puits thermique, par ex., dans
l’industrie agroalimentaire qui a besoin à la fois
d’eau chaude et d’énergie de refroidissement
• le biogaz peut également être transporté depuis le
digesteur jusqu’à une unité de cogénération située
au niveau du puits thermique
• une troisième option consiste à transporter
de la chaleur ou du froid vers un ou plusieurs
puits thermiques éloignés reliés par un réseau
de chauffage (collectif) [i voir également 2.12
Chauffage et refroidissement des stockages et
réseaux]
•une quatrième option consiste à injecter ou
acheminer le biogaz vers le réseau de gaz ou
vers d’autres sites directement connectés, où la
combustion du biogaz a lieu dans des unités de
cogénération satellites
37 Programme « Baltic Manure », 2011 38 Même référence que ci-dessus.
La taille des centrales de production et d’utilisation
de biogaz varie largement, depuis les petites
technologies simples jusqu’aux centrales
industrielles complexes incorporant plusieurs unités
de traitement de 10 MWel et plus. Les applications de
biogaz et les technologies correspondantes peuvent
donc être différenciées comme suit :
• petits digesteurs ménagers
• installations de biogaz agricoles : à l’échelle de
l’exploitation agricole, coopératives agricoles
• installations de biogaz centralisées37.
Le tableau 4 ci-dessous offre un aperçu des matières
premières les plus couramment utilisées pour la
production de biogaz. Les rendements de biogaz peuvent
varier en raison des caractéristiques susmentionnées
Installations de biogaz et qualité de la matière
première
Les technologies du digesteur ainsi que les
traitements préalables et postérieurs de la
matière première varient en fonction de la
taille de l’installation de biogaz. Dans la plupart
des cas, le mélange de matières premières de
biomasse dans l’industrie agricole comprend
deux composants principaux, à savoir le
fumier et les colorants. La biomasse organique
telle que les cultures énergétiques (ensilage
de maïs et d’herbe, navets), les restes, les
déchets biologiques, les déchets de production
alimentaire / de cuisine ou les graisses
végétales sont appelées co-ferments. 38
Le rendement théorique en biogaz produit
à partir de différents types de matières
premières varie en fonction:
• teneur en matière sèche
• énergie restante dans la matière première
(si elle a subi un stockage prolongé, elle peut
déjà avoir commencé à se décomposer)
Cogénération et trigénération
• le temps passé dans le digesteur
• type d’installation et de processus du
digesteur et conditions dans le digesteur
• pureté de la matière première. 39
39 NNFCC Biocentre, York, UK, 2014
31
Tableau 4
Rendement de biogaz à partir de différentes matières premières 40

Matière Matière Rendement de Rendement de

première sèche % biogaz m³/tonne Matière première Matière sèche % biogaz m³/tonne
Lisier de bovins 10 15-25 Pommes de terre - 400-276

Lisier de porcins 8 15-25 Seigle - 492-283

Fumier de volaille 20 30-100 Trèfle - 390-290

Ensilage d’herbe 28 160-200 Sorgho - 372-295

Blé entier 33 185 Herbe - 467-298

Ensilage de maïs 33 200-220 Trèfle violet - 350-300

Grains de maïs 80 560 Topinambours - 370-300

Glycérine brute 80 580-1.000 Navet - 314

Grains de blé 85 610 Rhubarbe - 490-320

Tourteau de colza 90 620 Triticale - 555-337

Matières grasses jusqu’à 100 jusqu’à 1.200 Colza - 340-340

Matière Matière Rendement de

Matière première Matière sèche %
Rendement de
première sèche % biogaz m³/tonne biogaz m³/tonne
Orties - 120-420 Alpiste roseau - 430-340

Tournesol - 154-400 Alfalfa - 500-340

Miscanthus - 179-218 Trèfle - 350-345

Maïs entier - 205-450 Orge - 658-353

Lin - 212 Chanvre - 409-355

Sorgho du - 213-303 Grains de blé - 426-384
Soudan
Betteraves à
sucre
- 236-381 Pois - 390
Choux non
pommés
- 240-334 Ray-grass - 410-390

Paille - 242-324 Feuilles - 453-417

Grain d’avoine - 250-295

Betterave - 180-160
fourragère

Balle - 270-316 -

Pour plus d’informations sur le programme de production de biogaz et la technologie de cogénération

correspondante, voir les liens supplémentaires fournis à l’ANNEXE 5 [i voir l’ANNEXE 5].
40 Tableau personnel basé sur des données issues de « NNFCC Biocentre, York, UK, 2014 »

32
2.12 Réseaux et systèmes de stockage
thermique pour le chauffage et le
refroidissement
Les grandes centrales ainsi que certaines industries
émettent des quantités phénoménales de chaleur
résiduelle pendant le processus de production d’électricité.
Cette chaleur est un sous-produit (pratiquement) gratuit
qui reste inutilisé sur le site de production. Dans cette
situation, les réseaux collectifs d’approvisionnement en
chauffage/refroidissement deviennent économiquement
attractifs, tant pour les fournisseurs que pour les
consommateurs. Ces réseaux de chauffage et de
refroidissement permettent de mettre en œuvre des
technologies de cogénération dans les grandes centrales
et donc d’utiliser la chaleur résiduelle réclamée par les
applications de chauffage ou de refroidissement voisines.
Le stockage thermique est important car la
production d’électricité et la demande de chauffage/
refroidissement ne coïncident souvent pas. Les
différents systèmes de stockage existants sont
présentés ci-dessous.
Réseaux de chauffage et de refroidissement
Dans la plupart des cas, les réseaux de chauffage
collectifs fournissent de la chaleur destinée à alimenter
des foyers en chauffage et en eau chaude. La chaleur,
sous forme d’eau chaude ou de vapeur, est transportée
directement jusqu’aux puits de chaleur via des
conduites isolées. La chaleur destinée aux réseaux
d’énergie de refroidissement est, quant à elle, utilisée au
niveau d’une étape intermédiaire, pour faire fonctionner
des refroidisseurs à absorption ou à adsorption [i voir
également Trigénération 2.3.1 Technologie d’absorption
et 2.3.2 Technologie d’adsorption]. En fonction des
besoins et de la conception du réseau, une même
infrastructure peut être utilisée pour fournir de la chaleur
et de l’énergie de refroidissement.
41) © Euroheat & Power, 2006
Étude de cas: unité de cogénération à biogaz
de Ruhrenergie
[i voir aussi ANNEXE 1 Projets d’études de cas]
• Les résidus alimentaires et le fumier
de porc sont digérés dans une usine de
production de biogaz à Essen, dans la
vallée de la Ruhr
• Trois moteurs au biogaz fournissent 333
kWel chacun
• La chaleur excédentaire est canalisée sur
une distance de 600 m vers un complexe
hôtelier.
Les principaux critères de conception des réseaux
collectifs de chauffage/refroidissement sont
la distance entre les points d’alimentation et
d’extraction et la qualité thermique, le profil et
les besoins de pression des puits de chaleur pour
l’énergie de refroidissement/chauffage, car la
densité de la charge thermique/de refroidissement
diminue proportionnellement à la taille du réseau.
Les réseaux de chauffage/refroidissement sont
généralement installés dans des lieux qui possèdent
des puits de chaleur individuels importants ou un
nombre de demandes de chaleur relativement
limitées, par exemple, les zones industrielles ou autres
zones (urbaines, etc.) à densité de charge élevée. La
figure 15 ci-dessous illustre le principe des réseaux
collectifs de refroidissement (ou de chauffage, selon le
cas), y compris les systèmes de stockage permettant
de gérer l’offre et la demande de refroidissement.
Figure 15
Principe d’un réseau collectif de refroidissement (ou de
chauffage) 41
Cogénération et trigénération
33
Les grands réseaux de chauffage collectifs
existent depuis longtemps, particulièrement
dans l’est et le nord de l’Europe où la production
centralisée d’énergie thermique et les conditions
climatiques génèrent une forte demande de
chauffage. C’est également le cas dans certains
pays asiatiques tels que la Mongolie. Les réseaux
collectifs de refroidissement sont également en
train de se développer dans la région du Golfe,
en tirant parti de la chaleur résiduelle des
centrales voisines.
Les réseaux collectifs de chauffage et
de refroidissement permettent à d’autres
technologies telles que la cogénération/
trigénération de réaliser tout leur potentiel
en tirant parti de la chaleur résiduelle.
L’incorporation de cette technologie à haute
efficacité énergétique permet non seulement
d’économiser du combustible, mais aussi de
réduire de manière significative les émissions de
gaz à effet de serre. Les grands réseaux collectifs
de chauffage et de refroidissement peuvent
également être combinés avec des systèmes
de stockage pour accroître la disponibilité de
l’énergie et l’efficacité de l’approvisionnement [i
voir également l’ANNEXE1 Projets des études de
cas – Étude de cas UTES Oostelijke Handelskade
Amsterdam].
Systèmes De Stockage Thermique et Cogénération/
Trigénération
Lorsque que l’offre et la demande d’énergie
thermique ne coïncident pas dans le temps, il est
possible de remédier au problème en utilisant des
systèmes de stockage thermique. Cela signifie que
lorsque la demande d’électricité est plus importante
que la demande de chaleur correspondante,
l’excédent de chaleur est stocké, ce qui permet de
maximiser la quantité totale d’électricité produite
SET sensible (médium de
Stockage d’énergie
thermique stockage du chauffage/
refroidissement)
Capacités environ 100 MJ/m³
Volume de stockage par GJ 10 m³
42) Tableau personnel basé sur « Agence internationale de l’énergie (AIE), 2012 »
34
(qui n’a donc pas besoin d’être achetée sur le
réseau).
Ceci s’applique particulièrement à la technologie de
cogénération/ trigénération, puisque les applications
de cogénération offrent un approvisionnement
constant en énergie [i voir également le chapitre
4 Facteurs d’utilisation de la cogénération] et
offrent des ratios fixes de production de chaleur
et d’électricité. Sachant que la demande se
caractérise souvent par des courbes de charge
volatiles et des pics individuels, des systèmes de
stockage d’énergie thermique (SET) sont souvent
ajoutés pour combler l’écart.
Les systèmes de stockage d’énergie thermique
permettent également de lisser les fluctuations de
la demande et de faire fonctionner les unités de
cogénération en continu.
Étude de cas: unité de cogénération à
biogaz de Ruhrenergie
[i voir aussi ANNEXE 1 Projets d’études
de cas]
• L es résidus alimentaires et le fumier
de porc sont digérés dans une usine de
production de biogaz à Essen, dans la
vallée de la Ruhr
• T rois moteurs au biogaz fournissent
333 kWel chacun
• La chaleur excédentaire est canalisée
sur une distance de 600 m vers un
complexe hôtelier.
Les SETs englobent des technologies de différents
types et tailles, qui peuvent toutefois être réparties en
trois grands segments, comme le montre le tableau 5.
Tableau 5
Différents systèmes de stockage de l’énergie thermique
(SET) 42
Réactions
SET latent (matériaux à thermochimiques
changement de phase) (par ex., systèmes de
stockage à sorption)
300–500 MJ/m³ environ 1.000 MJ/m³
2,5 m³ 1 m³
L’expression « SETs saisonniers » fait généralement
référence à des systèmes de stockage importants et
coûteux pour l’approvisionnement d’infrastructures
souterraines à relativement grande échelle. Le guide
de cogénération met l’accent sur les systèmes de
stockage d’eau chaude résidentiels et industriels,
également appelés réservoirs de stockage thermique ou
d’eau chaude. Ces réservoirs sont utilisés pour stocker
de l’eau chaude destinée à un usage domestique ou
au chauffage de locaux et se caractérisent par des
couches d’isolation importantes pour réduire les pertes
de chaleur. La figure 16 de la page suivante montre
deux réservoirs de stockage thermique : à gauche,
un réservoir d’eau chaude domestique d’une capacité
de 300-500 l et, à droite, un réservoir industriel d’une
capacité supérieure à 100.000 l.
Figure 16
Réservoirs de stockage thermique 43, 44
43) © Vaillant, 2014
44) © Hanson Tank, 2014
Le fait d’associer une centrale de cogénération et
une unité de stockage thermique permet d’axer
la conception de la centrale sur la production
d’électricité puisqu’il est alors possible de stocker
la chaleur produite dans le réservoir de stockage
lorsque la demande d’électricité est supérieure
à la demande de chaleur [i voir également
4.2.4 Philosophies de conception des projets de
cogénération].
En fonction des caractéristiques et des besoins
individuels des puits de chaleur, l’adaptation de
certains réservoirs de stockage thermique permet
également de combiner la cogénération et d’autres
systèmes de chauffage et/ou refroidissement, par
exemple, des systèmes thermiques solaires. La
chaleur résiduelle des deux systèmes peut être
stockée pendant plusieurs jours dans des réservoirs
d’eau chaude, puis servir à alimenter des applications
de trigénération en chaleur mais aussi en énergie de
refroidissement.
2.13 V ue d’ensemble et évaluation des
technologies de cogénération et de
trigénération
La figure 17 de la page suivante illustre le
rendement électrique des différentes technologies
de cogénération. Elle donne un aperçu des
technologies de cogénération présentées ci-dessus
ainsi que du rendement électrique et de la plage de
capacité de chaque technologie. Les technologies
des piles à combustible, des grands moteurs de
cogénération et des turbines à cycle combiné
(résumant différents types et combinaisons de
turbines à gaz et à vapeur utilisant une technologie
d’extraction ou de contre-pression) obtiennent les
meilleurs rendements
électriques. En termes de capacité, la technologie
des turbines possède un champ d’application large
mais convient mieux aux grandes applications du
secteur industriel ou de la production d’électricité,
Cogénération et trigénération
tandis que les piles à combustible et les moteurs
Stirling conviennent mieux aux petites applications
de cogénération [i voir également la figure 5 :
Plage de capacité de cogénération par technologie].
En raison de leur faible rendement électrique (5-15
%) et global (80 % max.) (par rapport à d’autres
technologies de cogénération), les moteurs à vapeur
ne sont pas présentés en détail.
35
Figure 17
Capacité et rendement électrique des technologies industrielles de cogénération 45
2.14 Domaines d’application des
technologies de cogénération et de
trigénération
Les technologies et applications de cogénération/
trigénération varient largement selon les pays et
régions. Ceci est dû, en partie, aux conditions
climatiques et aux cadres économiques différents,
ainsi qu’aux conditions du marché local de
la cogénération [i voir également le chapitre
4 pour plus d’informations]. Les influences
environnementales telles que les niveaux de
température peuvent avoir un impact significatif
sur la demande d’énergie de certains processus.
Sachant que les zones climatiques varient
souvent beaucoup au sein d’un même pays, la
classification par pays n’est pas très utile à ce
niveau, une règle qui s’applique également aux
pays émergents et en développement. Le chapitre
4, Facteurs d’utilisation, étudie ces facteurs plus
en détail.
45) © « B.KWK Federal Cogen Association of Germany, 2011 » avec remarques personnelles
36
Les applications des technologies de cogénération
ne se limitent pas au secteur industriel, mais
concernent également, de plus en plus souvent,
le secteur des services et le secteur résidentiel.
Ce dernier, tout comme les bâtiments, offre
un potentiel exceptionnel aux applications de
cogénération et de trigénération. Il se caractérise,
en effet, par une demande importante de chaleur
et/ou de refroidissement, car la hausse des
revenus entraîne une augmentation de la demande
de confort thermique. L’Agence internationale
de l’énergie (AIE) caractérise et différencie les
principales applications de cogénération comme
suit.
Les technologies de cogénération
atteignent des rendements agrégés très
élevés (électriques et thermiques):
• bien au-delà de 80%
• s’étendant jusqu’à 95%
(en fonction de la technologie cogen utilisée).
Tableau 6
Aperçu des fonctions de cogénération par segment d’application 46
Segment d’application/ Industrie Services/institutions Chauffage et
fonction de cogénération (Fournisseurs d’électricité) refroidissement de locaux
Tous les bâtiments à proximité
Industrie légère, hôtels, d’un réseau de chaleur,
hôpitaux, grands immeubles notamment les immeubles de
(Fournisseurs d’électricité) Services/institutions
de bureaux urbains, opérations bureaux, les hôtels, les maisons
agricoles individuelles, les campus, les
aéroports, les industries
Modérée – élevée
Facilité d’intégration avec (particulièrement les flux
les énergies renouvelables Faible – modérée Élevée
de déchets énergétiques
et l’énergie résiduelle
industriels)

Température Élevée Faible à modérée Faible à modérée

En fonction des conditions et de

Taille du système
Moteur principal type
Source de combustible/
énergie
Principaux payeurs
Propriété
Structures des charges
thermique/électrique
300 kWel – 50 MWel
Turbine à vapeur, turbine
à gaz, moteur alternatif
(allumage par compression),
cycle combiné (systèmes plus
importants)
Tous les combustibles liquides,
gazeux ou solides; gaz issus
de procédés industriels (gaz de
hauts fourneaux, gaz de cokerie,
etc.)
Industrie (fournisseurs
d’électricité)
Joint-ventures/tiers
Dépendent de l’utilisateur et
du processus
1 kWel – 10 MWel
Moteur alternatif (allumage
par étincelle), moteurs Stirling,
piles à combustible, micro-
turbines
Combustibles liquides ou
gazeux
Services publics et utilisateurs
finaux
Joint-ventures/tiers
Dépendent de l’utilisateur
la taille du bâtiment/complexe
à alimenter
Moteurs à gaz de petite et
moyenne taille
Réseaux : turbine à vapeur,
turbine à gaz, incinération des
déchets, turbine à gaz à cycle
combiné
Tout combustible
Sociétés de services
énergétiques (ESCO) locales,
services publics locaux et
nationaux, industrie
Entièrement privée, entièrement
publique ou partiellement
publique/ privée, notamment
services publics, industrie et
municipalités
Fluctuations standardisées,
quotidiennes et saisonnières
Cogénération et trigénération

atténuées par la gestion de

la charge et le stockage de la
chaleur

Ces éléments montrent clairement que la planification doit prendre en compte différents
cogénération et la trigénération sont très paramètres.
polyvalentes en termes d’applications, de tailles des
centrales et de combustibles. C’est pour cette raison Le chapitre 3 explique la pertinence des technologies
que la conception des systèmes de cogénération/ de cogénération/trigénération pour la coopération au
trigénération est si complexe et que la phase de développement.
46) Tableau personnel adapté des données de l’« Agence internationale de l’énergie (AIE), 2014 ».

37
38
 Pertinence

3
de la cogénération
et de la trigénération
pour la coopération
au développement
3.1 Généralités
Dans ce module du guide de la cogénération/
trigénération, nous souhaitons mettre en lumière la
pertinence des technologies de cogénération pour
les pays émergents et en développement.
De nombreuses raisons justifient d’investir dans des
solutions de cogénération et de trigénération dans
les pays émergents et en développement :
• Cette technologie éprouvée et à haute efficacité
énergétique promet des économies d’énergie
significatives et une baisse des émissions de CO2.
• L a production des technologies de cogénération,
leur installation, leur maintenance et la production
d’électricité décentralisée sont économiquement
rentables. Globalement, ces technologies ont
un impact significatif sur le développement du
marché et la création d’emplois.
• L a cogénération peut remplacer la production
d’énergie d’origine fossile en utilisant de la
biomasse ou du biogaz et en appuyant les
stratégies de décarbonisation.
•P  our les budgets nationaux : moins de subventions
(dans de nombreux pays émergents), nouvelles
recettes fiscales.
Toutefois, la réalisation d’économies d’énergie
importantes exige le respect de normes strictes,
conformes aux normes ISO, et des ajustements
administratifs et financiers pour promouvoir la
technologie. Le point de vue des décideurs politiques et
du niveau macro est abordé dans la suite de ce chapitre,
qui contient également des conseils pour les groupes
de lobbying qui souhaitent promouvoir les accords
de coopération sur la cogénération/trigénération.
Des obstacles doivent également être éliminés : dans
de nombreux pays, les politiciens n’ont pas encore
pris conscience des opportunités offertes par les
technologies de cogénération/trigénération, notamment
en matière de stratégies d’atténuation du changement
climatique et d’avantages macro-économiques.
En outre, il est essentiel d’évaluer l’environnement
économique et technologique pour développer
le marché des investissements, et de déterminer
quelles solutions de cogénération/trigénération sont
utilisées dans les différents pays. Les évaluations
doivent tenir compte des aspects suivants :
• type de combustible utilisé pour la production
centrale d’électricité, disponibilité et coût du gaz
et des autres combustibles de cogénération, etc.
• potentiel de cogénération à partir d’énergies
40
renouvelables (biogaz/biomasse, énergie
géothermique, énergie thermique solaire)
• potentiel de chauffage et refroidissement de
locaux, particulièrement dans les installations
de production, les bâtiments industriels et les
bâtiments commerciaux qui représentent plus de
50 % de l’utilisation mondiale d’énergie
• disponibilité des technologies sur le marché,
service après-vente et garanties du vendeur.
3.2 E ffets de la cogénération et de la
trigénération
Les effets de la cogénération/trigénération sont
multiples. La difficulté consiste à réussir à stimuler
l’emploi sans trop augmenter les coûts, par exemple,
en optant pour certaines technologies et certains
combustibles.
Dans les régions où la biomasse joue un rôle essentiel,
la production de biogaz peut améliorer les marchés
locaux de la production et du travail, surtout s’il existe
des opportunités de promouvoir les matières premières
biologiques. Un exemple concerne la récolte de
biomasse, qui nécessite beaucoup de main-d’œuvre.
Il est également possible d’améliorer la balance des
paiements d’un pays grâce à des économies d’énergie
primaire (réduction des importations) et d’améliorer la
compétitivité des petites et moyennes entreprises en
réduisant les prix de l’énergie et les coûts de production.
Par ailleurs, pour le secteur de l’énergie, les effets
positifs sont les suivants :
• potentiel d’accroissement des flux de capitaux
destinés aux investissements axés sur l’efficacité
énergétique
• l’efficacité énergétique accrue et la production
d’électricité décentralisée améliorent la sécurité
de l’approvisionnement grâce à des capacités de
production supplémentaires et à une baisse des
pertes de transmission et de distribution
• baisse des subventions lorsque les combustibles
et/ou l’électricité sont subventionnés.
3.3 C
 ontribution aux objectifs stratégiques
internationaux
3.3.1 Objectifs stratégiques internationaux en matière
d’efficacité énergétique et climatique
Dans le cadre des efforts visant à atteindre l’objectif
climatique de 2°, l’efficacité énergétique joue un
rôle clé dans la politique énergétique internationale.
Les 20 plus grandes économies du monde (G20)
ont récemment lancé un Plan d’action sur l’efficacité
énergétique. L’objectif est d’encourager les gains
d’efficacité dans le secteur du logement et de
l’industrie, les pays membres du G20 se chargeant
de promouvoir des bonnes pratiques de gestion de
l’énergie. Le Plan d’action sur l’efficacité énergétique
(G20-EEAP) a pour but de renforcer la collaboration
sur l’efficacité énergétique entre les membres et
partenaires du G20 sur la base du volontariat. Le
Partenariat international pour la coopération en
matière d’efficacité énergétique (IPEEC) a, quant à lui,
été créé pour assurer une fonction de mise en œuvre
et faciliter la collaboration dans le cadre du G20-EEAP.
Dans ce domaine, une des priorités du G20 est liée à
l’utilisation d’équipements hautement efficaces tels
que les systèmes de production combinée de chaleur
et d’électricité. Les efforts menés par l’IPEEC pour
améliorer l’efficacité énergétique dans le secteur
industriel (dans le but de réduire les émissions de
gaz à effet de serre) sont coordonnés par le GSEP
(Global Superior Energy Performance Partnership) et
par l’EMAK (Energy Management Action Network for
Industrial Efficiency).
Ceci montre que la promotion de la technologie de
cogénération pour les applications requérant à la fois
de la chaleur et de l’électricité est déjà considérée
comme essentielle et figure parmi les priorités de
l’agenda international sur l’efficacité énergétique
[i voir également le chapitre 5 Recommandations
sur la coopération technologique].
3.3.2 Objectifs de développement internationaux
Les technologies de cogénération et de trigénération
sont parfaitement convenables pour contribuer aux
objectifs de développements internationaux et, tout
particulièrement, aux Objectifs de développement
durable (ODD). L’ODD vise notamment à « doubler
le taux mondial d’amélioration de l’efficacité
énergétique d’ici à 2030 » par rapport à l’année de
référence de 2010 (ODD 7.3).
La cogénération sert parfaitement cet objectif et, plus
globalement, l’ODD énergétique (ODD 7) qui veut «
garantir l’accès de tous à des services énergétiques
fiables, durables et modernes, à un coût abordable ».
Exemples de contributions potentielles :
• Utilisation de la cogénération au lieu des chaudières
conventionnelles, par exemple dans les usines.
47) ESKOM, 2011
L’excédent d’électricité peut servir à alimenter des
foyers et quelques petites et moyennes entreprises.
• La trigénération peut être utilisée pour réfrigérer
des aliments et des biens thermosensibles dans des
lieux de stockage réfrigérés ruraux fonctionnant à
la biomasse, par exemple, aux déchets agricoles.
• La trigénération peut également être utilisée
en remplacement des générateurs diesel, en
particulier, dans les secteurs de l’éducation et de la
santé, pour fournir de la chaleur, de la vapeur et de
l’énergie de refroidissement pour les opérations,
l’hygiène et les traitements médicaux.
• Bon exemple de contribution à l’atténuation
du changement climatique : l’entreprise de
télécommunications sud-africaine Mobile
Telephone Networks (MTN) a installé une centrale
de trigénération basée sur des moteurs à gaz pour
refroidir les grappes de serveurs de son siège
social, en remplacement de l’électricité achetée
pour faire fonctionner les refroidisseurs. Sachant
que les émissions de CO2 des centrales à charbon
utilisées par le fournisseur d’énergie (ESKOM) pour
produire de l’électricité sont relativement élevées
(990 g/kWh)47, MTN a calculé qu’elle réaliserait des
économies de CO2 de plus de 60 % avec la centrale
de trigénération [i voir l’ANNEXE 1 pour plus
d’informations].
Dans tous les cas de ce genre, la cogénération et
la trigénération génèrent de la valeur ajoutée grâce
aux avantages économiques et financiers qu’elles
apportent. Elles contribuent à la réduction des
émissions de CO2 de différentes manières :
• Baisse de l’utilisation d’énergie primaire
(principalement d’origine fossile) de 30 % à 40 %
par rapport à la production séparée d’électricité et
de chauffage/refroidissement.
• Réduction des pertes (T&D) de transmission et de
distribution [i voir également 3.5.1] grâce à la
production combinée d’électricité et de chaleur (ou
de froid) sans processus de conversion sources
Cogénération et trigénération
de pertes d’énergie ; en outre, la cogénération/
trigénération est décentralisée, ce qui signifie
que l’approvisionnement se situe généralement
à proximité de la demande. Il est ainsi possible
d’éviter les pertes d’énergie dues à des distances
de transmission trop longues.
• Le passage du charbon au gaz ou même à la biomasse/
au biogaz contribue à réduire les émissions, tout en
faisant baisser la facture énergétique.
41
De récentes initiatives de la politique énergétique
internationale et des processus associés offrent
également des pistes prometteuses pour la
promotion et la mise en œuvre de la cogénération et
de la trigénération.
Un autre exemple important est l’initiative Énergie
durable pour tous (SE4All) lancée par Ban Ki-
Moon, secrétaire général des Nations unies. Cette
initiative a été créée par les Nations unies pour
introduire des objectifs précis dans le processus
des ODD, une mission qu’elle a parfaitement menée
à bien. Véritable centre thématique en faveur de
l’efficacité énergétique de l’initiative (SE4ALL EE
Hub), le Centre de Copenhague sur l’efficacité
énergétique (C2E2) a pour mission d’accélérer
l’adoption de politiques et programmes d’efficacité
énergétique à l’échelle mondiale. Cette plate-forme
mondiale est particulièrement intéressante pour
les réseaux de cogénération publics et privés entre
institutions, entreprises et ONG, puisqu’elle fournit
des outils, de l’expertise, des capacités techniques
et des capacités financières. L’appui apporté à de
Le scénario accéléré entraîne également une
réduction des émissions de CO2. En vertu du
scénario de cogénération accéléré (« Accelerated
CHP Scenario » – ACS), les émissions de CO2 seront
48) Plus d’informations sur le SE4ALL EE Hub et C2E2 sur www.energyefficiencycentre.org à Copenhague.
49) Agence internationale de l’énergie (AIE), 2008
42
telles structures est essentiel pour accélérer les
améliorations, particulièrement dans les secteurs de
l’industrie et des systèmes énergétiques collectifs. 48
Sous l’égide des Nations unies, d’autres initiatives,
dont des initiatives de politique nationale, pourraient
être promues pour convaincre les décideurs des
avantages de la cogénération.
En 2008, l’AIE a analysé le potentiel de cogénération
dans cinq pays émergents49.Elle estime que
les conditions-cadres d’investissement dans la
cogénération se sont améliorées.
Alors qu’en 2008, la part de la cogénération dans
la production d’électricité des pays du G8 était
d’environ 11 %, elle devrait avoir plus que doublé
d’ici à 2030 pour atteindre 24 %.
Figure 18
Pays du G8 + G5 : potentiel de cogénération en vertu d’un
scénario de cogénération accéléré, 2015 et 2030 50
réduites de plus de 4 % (170 Mt/an) avant fin 2015.
En 2030, les économies pourraient atteindre plus de
10 % (950 Mt/an). Pour évaluer ces données, les
objectifs de réduction peuvent être comparés avec :
50) OCDE/AIE 2008
Figure 19
Capacités de cogénération actuelles et projetées en vertu d’un scénario de cogénération accéléré, 2015 et 2030 51
• les émissions annuelles résultant des 140 GWel
produits par les centrales au charbon fonctionnant
avec un facteur de charge de 80 % ;
• une fois et demie les émissions annuelles totales de
CO2 issues de la production d’électricité en Inde.
3.4 Contribution de la cogénération et
de la trigénération aux objectifs de
la coopération internationale et de
la coopération au développement de
l’Allemagne
3.4.1 Protection du climat
Le gouvernement allemand attache depuis toujours
une grande importance à la politique climatique. La
chancelière Angela Merkel a joué un rôle essentiel
dans la préparation du Protocole de Kyoto lorsqu’elle
était ministre de l’Environnement. Étant donné
le niveau de croissance enregistré par les pays
émergents et en développement, il est important pour
le gouvernement allemand de définir et d’appuyer
des politiques et des technologies d’atténuation
du changement climatique. L’accord de coalition
de l’automne 201352 confirme que l’Allemagne
souhaite jouer un rôle dans la lutte mondiale contre le
changement climatique. L’engagement de l’Allemagne
en faveur des OMD, des ODD et de la protection du
51) Ibid. 52) CDU, 2013 53) BMZ, 2007
climat transparaît clairement dans les politiques
allemandes de coopération au développement qui
accordent une place importante aux politiques et aux
programmes climatiques et énergétiques.
La stratégie allemande de promotion de l’énergie
durable dans la coopération au développement
spécifie certains critères pour les technologies
énergétiques qui réduisent les émissions de CO2,
notamment des efforts en matière d’efficacité
énergétique et d’approvisionnement décentralisé53,
qui sont tous parfaitement applicables à la
cogénération/trigénération.
L’importance de l’efficacité énergétique dans la
coopération allemande au développement est
également illustrée par le fait que plus de 30 pays ont
lancé des activités de coopération dans le domaine
de l’efficacité énergétique. Le climat et l’énergie
Cogénération et trigénération
jouent également un rôle dans la coopération avec
la plupart des pays émergents, notamment la
Chine, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Chili, le
Mexique et l’Indonésie. Dans certains de ces pays,
la cogénération offre un potentiel considérable
en raison du niveau d’industrialisation et/ou de la
demande de confort thermique (refroidissement)
dans le secteur des services ou dans les ménages
des classes moyenne ou supérieure.
43
Dans tous les cas de ce genre, la cogénération et
la trigénération génèrent de la valeur ajoutée grâce
aux avantages économiques et financiers qu’elles
apportent. Elles contribuent à la réduction des
émissions de CO2 de différentes manières :
L’Allemagne a également lancé l’Initiative
internationale pour le climat (internationale
Klimaschutzinitiative, IKI du BMUB) et l’Initiative
technologie et climat (Deutsche Klimaund
Technologieinitiative, DKTI du BMZ et du BMUB) sous
la forme de programmes qui appuient également les
projets d’efficacité énergétique liés à la cogénération
dans les pays émergents et en développement.
Les mesures d’atténuation appropriées au niveau
national (MAAN), financées par des donateurs
internationaux dont l’Allemagne, s’appliquent,
elles aussi, à l’efficacité énergétique et donc aux
programmes de cogénération.
Bénéfices économiques et autres via la coopération
allemande au développement
La production d’électricité décentralisée par
cogénération/trigénération a l’avantage de
réduire la pression sur les systèmes centraux
d’approvisionnement en électricité et permet
d’utiliser des ressources supplémentaires pour
l’électrification. La promotion d’un accès et d’un
approvisionnement énergétiques durables dans les
pays partenaires fait également partie de la stratégie
allemande de coopération énergétique durable, un
objectif auquel la cogénération contribue largement.
L’utilisation de la cogénération permet en outre
aux pays en développement de réduire leurs
coûts d’importation de combustibles [i voir
également la section suivante de ce guide]. Outre
ses avantages habituels en termes d’énergie et
d’atténuation du changement climatique, l’utilisation
de la cogénération dans le cadre d’une stratégie
d’efficacité énergétique joue un rôle clé dans le
développement et le renforcement de l’économie
locale. L’amélioration de l’efficacité énergétique
est synonyme de baisse des coûts et donc de
compétitivité accrue et de création d’emplois.
Par ailleurs, la cogénération se prête particulièrement
bien à une coopération directe avec le secteur
privé, soit au travers d’associations industrielles,
soit avec des entreprises individuelles, locales
ou internationales. La coopération allemande au
développement s’intéresse également aux projets de
44
démonstration ou de transfert de technologie, ainsi
qu’à la formation et au renforcement des capacités.
Les entreprises internationales bénéficient de l’accès
à des pays émergents et en développement et tirent
parti des opportunités commerciales associées. La
cogénération est en outre adaptée à la coopération
avec des industries allemandes et internationales
et peut ainsi obtenir leur participation à des projets
d’efficacité énergétique et compléter l’aide publique
au développement accordée par le gouvernement en
mobilisant des ressources supplémentaires auprès
du secteur privé.
3.4.2 Sécurité énergétique
Non seulement la cogénération améliore l’efficacité
énergétique de 30 % minimum au niveau de
l’énergie primaire, mais elle améliore également la
sécurité de l’approvisionnement, en particulier dans
les pays en développement, grâce au changement
de combustible (primaire ou complémentaire), par
exemple, à la suppression du diesel. La réduction de
la demande et de l’utilisation d’énergies primaires
d’origine fossile permet ainsi de conserver des
combustibles fossiles pour l’avenir lorsque leur
rareté fera augmenter les prix. La cogénération
contribue également à réduire la dépendance de
ces pays aux importations de combustibles fossiles
[i voir également 3.5.2 Balance des paiements et
budget]. Les problèmes de sécurité liés au pétrole
(piraterie, etc.) deviennent ainsi moins critiques.
Autre impact, les importations de combustibles
fossiles en Europe seront garanties pendant plus
longtemps. Dans le même temps, la cogénération
est associée à une utilisation accrue des énergies
renouvelables. L’utilisation simultanée de chaleur
et d’électricité accroît le niveau de remplacement
des combustibles fossiles. L’exploitation de tous les
bienfaits du biogaz et de la biomasse permet ainsi
de réduire les émissions de CO2 tout en améliorant
l’économie (création d’emplois, etc.).
3.5 C
 ontribution de la cogénération et de
la trigénération aux objectifs nationaux
des pays en développement
3.5.1 Systèmes énergétiques nationaux
La cogénération permet d’accroître la capacité
et la production d’électricité. La plupart des pays
émergents et en développement souffrent de goulets
d’étranglement au niveau de l’approvisionnement en
électricité. De nombreux pays sont ainsi confrontés à
des baisses de tension ou à des coupures d’électricité.
La production industrielle et le développement de
l’industrie sont entravés par un déficit en capacités
de production. Les consommateurs d’énergie sont
obligés d’investir lourdement dans des générateurs
diesel de secours.
L’effet de la cogénération sur la capacité dépend, bien
sûr, de la structure de charge respective du système
de production d’électricité et du consommateur
qui gère l’équipement de cogénération. Les unités
de cogénération sont de plus en plus souvent «
mobilisables », une caractéristique qui dépend
fortement de la flexibilité du marché et du système
de production de l’électricité.
Les goulets d’étranglement enregistrés au niveau
des capacités de production (et de transmission et
de distribution) sont partiellement dus au fait que les
politiciens ne veulent pas voter les hausses de prix
impopulaires et pourtant indispensables pour faire
les investissements nécessaires.
La cogénération peut alléger ces goulets
d’étranglement, sachant que les investissements
sont principalement le fait du secteur privé, qu’il
s’agisse du consommateur d’énergie final ou d’une
société de services énergétiques (privée) [i voir
4.2.7 ESCO et sous-traitance].
La (co)génération d’électricité décentralisée améliore
également l’efficacité énergétique du système de
transmission et de distribution. En effet, les centrales
de cogénération/trigénération sont généralement
situées à proximité immédiate du site d’où provient
la demande d’électricité et de chaleur/froid ou
alimentent un réseau de distribution voisin, ce
qui permet de réduire significativement ou même
de supprimer totalement la transmission et la
distribution longue distance et les pertes d’énergie
qui en résultent. Cet impact est significatif et dépasse
les 10 % dans de nombreux pays en développement
(par ex., 23 % en Inde54 et 15-16 % au Mexique et
au Brésil55).
3.5.2 B
 alance des paiements et développement
économique
La majorité de la production d’électricité est basée
sur des combustibles fossiles, un secteur dans lequel
seuls quelques rares pays sont autosuffisants. La
plupart des pays doivent importer des combustibles,
ce qui grève fortement leur balance des paiements.
54) McKinsey, 2014 55) Banque mondiale, 2014 56) McKinsey, 2014
Des économies de 30 % sur les combustibles
destinés à la production d’électricité permettent de
réduire ce poids sur la balance des paiements et
de renforcer la monnaie nationale. Même les pays
qui exportent du combustible (comme l’Indonésie
ou le Mexique) peuvent tirer parti de l’impact de
la cogénération sur la balance des paiements en
augmentant leurs exportations.
De nombreux pays en développement subventionnent
les combustibles et (par conséquent ou en plus)
l’électricité. On estime que les subventions aux
combustibles coûtent entre 455 et 485 milliards
d’USD56. Cela signifie que les économies réalisées sur
les subventions aux combustibles grâce à l’efficacité
énergétique de la cogénération permettraient de
réduire les dépenses et d’utiliser l’argent de manière
beaucoup plus efficace en faveur de la réduction de
la pauvreté.
Développement économique
Les impacts économiques de la cogénération sont
multiples et, bien souvent, ne sont pas appréciés à
leur juste valeur. Ils peuvent être résumés ainsi :
• développement de l’économie
•amélioration de la valeur ajoutée et du contenu
local, et donc du développement économique et de
la création d’emplois
• production d’électricité décentralisée dans des
unités plus petites, ce qui améliore la valeur
ajoutée locale et régionale (autrement qu’en termes
d’emplois : taxes et autres effets secondaires)
; pour certain pays plus grands, il est également
possible de tenir compte de l’impact sur la
production locale avec, par exemple, la conversion
de moteurs à gaz en équipements de cogénération
• balance des paiements et monnaie [i voir la
section ci-dessus]
• élimination des coûts liés à l’énergie de secours
• création d’emplois [i voir 3.4.1 et la section ci-
dessus]
Cogénération et trigénération
• baisse du coût de l’énergie pour les utilisateurs de
la cogénération [i voir la section ci-dessous].
La réduction des coûts énergétiques entraîne des
améliorations dans les domaines suivants :
• Compétitivité de l’industrie De nombreux pays sont
en train de développer leur industrie des services,
qui bénéficie tout autant de la baisse des prix de
l’énergie. Le tourisme, les centres commerciaux
45
 et les centres de données peuvent tirer parti de
l’efficacité énergétique grâce aux réductions des
coûts résultant de la cogénération/trigénération.
C’est également le cas de certains segments
du secteur du commerce/bâtiment qui ont une
demande ou une charge thermique importante.
•Résilience de l’industrie et de l’économie des
services aux hausses des prix de l’énergie
• 
directement – réduction des coûts et de la
consommation d’énergie
•indirectement – compétitivité et développement
économique accrus.
Grâce à ces nombreux impacts économiques, il suffit,
dans la plupart des cas, de réaliser une analyse coût-
bénéfice pour justifier facilement la mise en place
d’une politique active en faveur de la cogénération et
même de subventions initiales.
3.6 C
 onditions préalables à l’exploitation
des bénéfices de la cogénération et de
la trigénération
Au vu de la multiplicité des bénéfices de la cogénération
et de son attractivité, la question se pose de savoir
pourquoi le potentiel de cogénération est si peu
exploité. Quelles sont les conditions préalables
nécessaires et quels obstacles entravent l’exploitation
du potentiel de cogénération ?
Tableau 7
Obstacles et atténuation potentielle

Problème Partie prenante Atténuation

Conditions-cadres réglementaires
adéquates requises (par ex.,
exportation depuis l’unité de Gouvernement (service public) Libéralisation de la production
cogénération vers un acheteur
consentant)

Intégrée à la promotion du biogaz et de

Disponibilité des combustibles Sociétés gazières publiques
la biomasse

Faible rendement économique en Progresse lorsque les subventions

raison du prix bas de l’électricité et du Gouvernement diminuent, compensé par des
prix élevé des combustibles subventions à la cogénération

Manque de sensibilisation Utilisateurs de l’industrie/énergie,

Déficit de compétences
consultants en ingénierie, ESCO,
(particulièrement au niveau de la
planification) fournisseurs

Le chapitre 4 étudie ces conditions-cadres plus en
détail [i voir le chapitre 4].
3.7 Conclusions
Dans de nombreux pays, la cogénération est
encore considérée comme une production intégrée
qui constitue une menace pour le service public
(national). De nombreux décideurs politiques n’ont
pas encore pris conscience de tous ses avantages
en matière de sécurité de l’approvisionnement
énergétique et notamment du fait que les projets
de cogénération sont de taille plus réduite que les
centrales conventionnelles et qu’ils posent moins de
problèmes de financement tout en étant plus rapides
à mettre en œuvre.
Les responsables de la politique énergétique
n’effectuent généralement pas d’analyse coût-
bénéfice pour évaluer et mettre en balance les
impacts de ces technologies sur l’économie et
l’emploi, qu’il s’agisse d’effets sur l’emploi directs
ou indirects résultant d’une compétitivité accrue.

46
 4
Facteurs d’utilisation
de la cogénération
et de la trigénération
4· FACTEURS D’UTILISATION DE LA
COGÉNÉRATION ET DE LA TRIGÉNÉRATION
Cette partie du guide de cogénération examine
les conditions qui permettent aux projets de
cogénération et de trigénération de réussir. La
première section est consacrée au niveau macro de
l’économie énergétique, la deuxième est davantage
axée sur les projets eux-mêmes.
Les conditions identifiées permettent de
déterminer dans quelle mesure le potentiel
technique et économique de cogénération/
trigénération peut être concrétisé par des projets.
Par contre, les obstacles sont autant de domaines
d’intervention potentiels pour la coopération
au développement. Les conditions de ces
interventions sont évoquées au chapitre 5 [i voir
le chapitre 5 Recommandations pour la promotion
de la cogénération, de ce guide.]
Afin d’offrir une vision globale et d’indiquer
approximativement quelles applications de
cogénération sont adaptées au cadre considéré,
ce chapitre inclut une cartographie des facteurs
déterminants au niveau macro et au niveau des
projets ainsi que des listes de contrôle [i voir
également 4.2.8] qui permettent d’identifier les
risques et d’estimer les coûts dès les premières
étapes de planification du projet.
Cette partie du guide part du principe que le
lecteur connaît les technologies de cogénération/
trigénération présentées au chapitre 2 [i voir
le chapitre 2 Technologies de cogénération/
trigénération et leurs applications] de ce guide.
4.1 Facteurs déterminants de la
cogénération et de la trigénération au
niveau national
48
4.1.1 Potentiel
Pour mettre en lumière la contribution de la
cogénération aux différents objectifs politiques,
il est indispensable de commencer par étudier le
potentiel de la cogénération et de la trigénération.
Ce potentiel et les différents bénéfices associés
doivent être estimés afin de déterminer s’il convient
de promouvoir activement la cogénération ou de
sélectionner les segments dans lesquels elle peut
s’avérer particulièrement intéressante. L’étude
du potentiel de la cogénération doit porter sur
l’industrie, le secteur du bâtiment mais aussi le
secteur tertiaire (centres commerciaux, aéroports,
hôpitaux, hôtels, etc.), ainsi que sur la demande
de chauffage et de refroidissement, en fonction de
la disponibilité des combustibles, comme cela est
expliqué ci-dessous.
Industrie
Dans de nombreux pays, l’industrie représente le
principal marché de la cogénération/trigénération.
Pour analyser l’importance stratégique de la
cogénération, il faut donc tenir compte des prévisions
de croissance de l’industrie dans le pays considéré.
Les besoins de chaleur et de froid des procédés
varient d’un secteur industriel à l’autre en fonction
de la structure de la production.
Un aperçu du potentiel de cogénération en fonction
du procédé et par secteur industriel est présenté au
tableau 8 et au tableau 9 pour des caractéristiques
technologiques telles que les températures requises
et les applications possibles [i voir le chapitre 2
Technologies de cogénération/trigénération et leurs
applications]. Le tableau 8 illustre les demandes
de chaleur par secteur industriel et les niveaux de
température correspondants.
Tableau 8
Indicateurs d’énergie et de demande de chaleur par industrie 57
Part de la demande de Part des coûts Ratio
chaleur énergétiques
Branche d’activité Technologie de dans la valeur de électricité/
jusqu’à 100- plus de cogénération consommation
production brute de combustible
100 °C 500°C 500 °C %
Extraction de charbon,
extraction de tourbe, 10% 40% 50% GE / GT / ST / HT 3,7 0,17
extraction de pétrole/
gaz naturel, etc.
Extraction de minerai,
de pierres et de terre, 5% 2% 93% GE / GT / HT 9,0 0,50
autres exploitations
minières
Transformation des
produits alimentaires, 58% 42% 0% GE / GT 1,9 0,30
boissons et tabac
Textiles et secteur du 100% 0% 0% GE 2,0 0,55
vêtement
Bois et
produits du bois 50% 50% 0% GE / GT / ORC 3,1 1,09
(sauf fabrication de
meubles)
Papier, édition, im- 34% 66% 0% GE / GT 3,5 0,54
pression
Coke, produits pétro- 5% 2% 93% GE / GT / HT 0,7 0,19
liers raffinés
Industrie chimique 21% 22% 57% GE / GT / ST / HT 3,4 0,31

Fabrication de produits
en caoutchouc et en 42% 58% 0% GE / GT 2,2 1,46
plastique
Verre, céramique, trai-
tement et extraction 5% 2% 93% GE / GT / ST / HT 6,7 0,20
de pierres
Production et trai-
tement de métaux, 65% 13% 22% GE / GT / ST / HT 3,6 0,27
fabrication de produits
métalliques
Génie mécanique 65% 13% 22% GE / GT / HT 0,9 0,87
Cogénération et trigénération

Industrie automobile 65% 12% 23% GE / GT / HT 0,7 1,24

GE = moteur à gaz, GT = turbines à gaz, ST = turbine à vapeur, ORC = cycle organique de Rankine, HT = chaleur
résiduelle haute température

Ces indicateurs sont également importants au projets de cogénération sont donc évoqués plus en
niveau micro (projets). L’impact des technologies détail ci-dessous [i voir 4.2].
disponibles et les autres facteurs déterminants des

57) Illustration personnelle basée sur l’Office fédéral allemand de l’environnement, 2014
49
Outre les demandes de chaleur, l’analyse du potentiel de refroidissement habituelles dans l’industrie, par
de cogénération doit tenir compte des demandes de segment et par niveau de température requis.
refroidissement de l’industrie. En ce qui concerne
les besoins de chaleur industrielle, les demandes Tableau 9
de refroidissement varient d’un secteur à l’autre. Le Demande de refroidissement dans l’industriel 58
tableau 9 ci-dessous offre un aperçu des demandes
Branche d’activité < -15 °C -15 – 0 °C 0 – 15 °C
Industrie chimique de base 38,0% 12,0% 50,0%

Transformation des produits alimentaires, boissons

56,0% 14,0% 30,0%
et tabac
Verre, céramique 0,0% 0,0% 100,0%

Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique 0,0% 0,0% 100,0%

Génie mécanique 2,5% 2,5% 95,0%

Traitement des métaux 0,0% 0,0% 100,0%

Production de métal 0,0% 0,0% 100,0%

Exploitation minière 0,0% 0,0% 100,0%

Métaux non ferreux 0,0% 0,0% 100,0%

Autre industrie chimique 45,5% 4,5% 50,0%

Papier, édition, impression 0,0% 0,0% 100,0%

Traitement des pierres 0,0% 0,0% 100,0%

Construction automobile 0,0% 0,0% 100,0%

Industries diverses 4,5% 0,5% 95,0%

Bâtiments • demande accrue de services (hôtels, hôpitaux, etc.)

Le deuxième domaine d’application potentielle de
la cogénération concerne les grands bâtiments
dans lesquels il est possible de faire la différence
entre la demande de chauffage et/ou d’énergie
de refroidissement pour le confort thermique et
pour l’eau chaude. Dans les pays émergents et en
développement, la demande de refroidissement
augmente plus vite que la demande de chauffage.
En ce qui concerne le confort thermique, il faut
garder à l’esprit que plusieurs évolutions majeures
vont conduire à une hausse significative de la
demande de chauffage et de refroidissement dans
la plupart des pays :
• amélioration du niveau de vie qui entraîne :
• augmentation de la superficie des pièces (de vie)
par habitant
• demande accrue de confort thermique (climatisation)
58) Ministère fédéral allemand des Affaires économiques et de l’Énergie, 2014
• évolution/croissance démographique
• changement climatique avec la hausse des
températures et des besoins de refroidissement
qui en découlent.
Ces phénomènes entraîneront des demandes
supplémentaires de chauffage et de refroidissement
dans les zones résidentielles et de la part de services tels
que les hôtels et les hôpitaux. Toute analyse du potentiel
de cogénération/trigénération doit donc tenir compte de
ces développements futurs. Ce potentiel est encore plus
important si l’on tient compte du fait que le chauffage
et le refroidissement des bâtiments sont généralement
basés sur l’électricité qui est non seulement inefficace
et onéreuse mais souvent insuffisante car de nombreux
pays ne disposent pas des capacités nécessaires pour
répondre à la hausse de la demande.
Dans ces pays, il est donc crucial que l’excédent
d’électricité auto-générée soit renvoyé vers le
réseau. Lorsque l’exportation n’est pas possible, la

50
taille des unités de cogénération doit être définie de
manière à satisfaire à la demande d’électricité de
base [i voir également 4.2]. Dans de nombreuses
applications potentielles qui n’ont pas besoin
d’électricité 24h/24, ceci constitue un obstacle
majeur qui limite le potentiel de cogénération à
court terme. Les profils de charge sont cruciaux et
dépendent souvent des décisions d’externalisation
ou non que l’établissement doit prendre, par exemple
pour la blanchisserie dans les hôtels ou les hôpitaux.
Disponibilité des combustibles
Sachant que ce guide est axé sur les applications de
cogénération de petite et moyenne taille, le gaz (ou,
plus précisément, le gaz naturel) est le combustible
dominant, suivi par la biomasse dont le rôle est
encore minime. La disponibilité de gaz est donc un
facteur clé pour le potentiel de cogénération.
Le gaz étant un combustible propre dont les réserves
sont considérables, de nombreux pays ont mis l’accent
sur le développement de leurs réseaux de gaz. Sachant
que la cogénération a besoin d’environ 8 % à 10 %
de gaz en plus par rapport à la production de chaleur
seule, les ventes de gaz ont augmenté d’environ 10 %,
mais le gain est néanmoins de 30 % à 40 % d’efficacité
énergétique primaire totale par rapport à une production
séparée de chaleur et d’électricité.
La disponibilité et l’approvisionnement en gaz
dépendent souvent de la distance par rapport au
réseau et donc du coût de raccordement qui doit être
négocié entre le client potentiel et le fournisseur. Il
arrive que des projets attractifs ne puissent pas être
raccordés au réseau de gaz car ils sont situés dans
des régions trop isolées.
En l’absence d’accès au réseau de gaz, l’utilisation
de gaz naturel liquéfié (GNL), de gaz de pétrole
liquéfié (GPL) ou de biomasse sous forme de
déchets de bois/bois de chauffage ou de matières
premières pour générer du biogaz peut constituer
méthodes indirectes de collecte des informations font
appel à des intermédiaires tels que des consultants,
des associations industrielles, des développeurs
de projets et des fournisseurs qui étudient leurs
marchés. Les compagnies d’électricité connaissent
en principe les clients qui utilisent beaucoup
d’électricité pour le chauffage et le refroidissement,
mais ne sont pas toujours prêtes à dévoiler ces
informations.
La collecte directe d’informations peut se faire au
moyen d’enquêtes et d’études quantitatives auprès
des utilisateurs finaux, en étudiant des facteurs tels
que :
• nombre d’établissements dans certains segments
clés, en fonction de :
• disponibilité du gaz
• demande de confort thermique/climatisation (selon
les zones climatiques)
• prix des combustibles par rapport aux prix de
l’électricité et aux coûts de transaction (coûts
d’achat et de raccordement des équipements)
• potentiel d’investissement des utilisateurs.
Politique Cogen en Allemagne.
[i voir ANNEXE 3]
Système de primes d’injection
pour l’électricité issue de la
cogénération (en plus des revenus
de la bourse). Cela couvre les
capacités installées de 50 kW à
2 MW et plus et une durée de 10
ans ou 30 000 heures d’utilisation
maximale (hfm), comme suit:
Capacité Primes Durée
10 ans ou
≤ 50 kW 5,41 ct/kWh
30.000 hum
Cogénération et trigénération

une alternative intéressante, en particulier pour de

nombreux pays émergents et en développement > 50– 250 kW 4,0 ct/kWh 30.000 hum
[i voir également 4.2.1 et 4.2.2]. Le rendement
économique dépend des prix relatifs qui sont souvent > 0.25– 2 MW 2,4 ct/kWh 30.000 hum
réglementés et subventionnés.
> 2 MW 1,8 ct/kWh 30.000 hum
Méthodes de collecte des informations pour l’analyse
du potentiel de cogénération
Pour l’évaluation du potentiel de cogénération, les

51
Incitations à l’investissement
pour les petites centrales de cogénération <20
kW, limités à 3,325 EUR et répartis comme suit
(dégressivité de 5% par an à partir de 2014):
• [<1 kW]: 1 425 EUR / kWel
• [1-4 kWel]: 285 EUR / kWel
• [4 - 10 kWel]: 95 EUR / kWel
• [10 - 20 kWel]: 47,5 EUR / kWel
D’autres incitations en capital sont disponibles
au niveau de l’État, par exemple en Rhénanie
du Nord-Westphalie (RNW), où la même
structure d’incitations est appliquée et permet
l’accumulation d’incitations au niveau fédéral
et régional, ce qui double les subventions
en capital pour les petites installations de
cogénération dans RNW.
L’analyse du potentiel de cogénération doit tenir
compte des conditions préalables indispensables
à tout projet de cogénération telles que
l’approvisionnement en combustible, la disponibilité
et l’accès aux infrastructures, le profil de la
demande, etc. Il est également utile de différencier
les perspectives à court terme et à long terme, en
tenant compte du cadre réglementaire existant
ainsi que des futurs développements techniques et
économiques potentiels susceptibles de créer un
cadre plus favorable
L’évaluation du potentiel de cogénération peut être
axée sur deux points de vue différents :
• demande de chauffage/refroidissement comme ci-
dessus
• approvisionnement en électricité à partir du
biogaz/de la biomasse.
Dans de nombreuses applications de biomasse et
de biogaz, le potentiel de cogénération n’est pas
pleinement exploité.
C’est notamment le cas des raffineries de sucre et
des grandes installations intégrées à des usines de
traitement des eaux usées.
4.1.2 Environnement politique
En ce qui concerne l’environnement politique de
la cogénération, le premier niveau d’analyse est le
cadre politique associé à l’efficacité énergétique.
Éléments à étudier :
•existence d’une politique nationale d’efficacité
52
énergétique et objectifs associés
• prise en compte de l’efficacité énergétique dans
l’industrie, le secteur du bâtiment et/ou d’autres
segments pertinents pour la cogénération
• prise en compte de la cogénération au sein de ce
cadre
• objectif de réduction des pertes de transmission et
de distribution.
Le deuxième domaine politique à analyser est
la réglementation du secteur de l’électricité qui
s’applique à la production d’électricité par une partie
ou un consommateur indépendant. La libéralisation
ou même la décentralisation de la production
d’électricité doit, dans l’idéal, être assortie d’un cadre
politique axé sur la promotion de la cogénération.
Les critères plus spécifiques à la cogénération sont
les suivants :
•
dissociation et libéralisation de la production
d’électricité, accès libre au réseau
•
transmission à un acheteur consentant (avec
des frais de transmission réglementés donc
raisonnables).
Si un cadre politique existe déjà dans le pays pour
les énergies renouvelables, la cogénération pourrait y
être intégrée avec des arguments similaires.
Un cadre politique autorisant la production
décentralisée et le rachat d’électricité permettrait
d’atténuer fortement la pression exercée sur un
système de production d’électricité en manque
chronique de capacités.
L’analyse du mécanisme économique d’un cadre
politique de promotion oblige à faire la différence
entre les éléments suivants :
• tarifs de rachat/paiement de primes
• appels d’offres
• certificats
• subventions en capital par kW installé
• programmes d’incitation fiscale.
Ce point est détaillé au chapitre 4.1.7. Un bon exemple
est celui de la loi allemande sur la cogénération
[i voir l’encadré sur le politique de cogénération
en Allemagne], qui associe des incitations pour les
centrales de cogénération et des tarifs de rachat pour
l’électricité issue de la cogénération. Autre exemple,
le système adopté par le gouvernement indien
[i voir l’encadré sur l’Inde], qui appuie explicitement
la cogénération dans l’industrie de la bagasse avec
des subventions en capital et des incitations fiscales
pour les centrales de cogénération privées. Le
gouvernement tunisien utilise une autre approche
pour promouvoir la cogénération avec un système de
primes basé sur le prix du gaz naturel [i voir l’encadré
sur la politique de cogénération en Tunisie].
Inde - Politique de soutien f Ba
cogénération à base de bagasse
[i voir ANNEXE 3]
L’Inde offre diverses incitations fiscales,
subventions en capital et tarifs de
rachat garantis pour la cogénération,
qui diffèrent souvent d’un État à l’autre.
L’accent est donc clairement mis sur les
applications de cogénération à base de
bagasse et de biomasse:
• Subventions: 1,5 à 1,8 m INR pour 65%
de la capacité [1,8 m * INR (capacité en
MW) ^ 0,646] pour les sucreries privées
• Également pour les sucreries
coopératives ou publiques existantes,
jusqu’à max. 80 millions INR par projet,
y compris 4 à 6 millions INR par MW
excédentaire
puissance exportée vers le réseau pour
de nouvelles sucreries publiques ou
coopératives.
• Incitations fiscales: amortissement
accéléré à 80% et droits d’importation et
d’accise à des conditions préférentielles.
(Agence internationale de l’énergie -
AIE, 2014); 1 EUR = 77,52 INR (EZB:
2014/10/24)
Politique Cogen en Tunisie
[i voir ANNEXE 3]
Pour promouvoir l’application
des systèmes de cogénération, le
gouvernement tunisien a mis au point
un système de primes pour le surplus
d’électricité provenant de la cogénération
vendu à la Société tunisienne de
l’électricité et du gaz (Société tunisienne
de l’électricité et du gaz), basé sur le
prix du gaz naturel, le principal produit
des unités de cogénération en Tunisie,
en tenant compte de quatre créneaux
tarifaires différents:
• jour:
0,8 x prix du gaz (c / kWh) + 16
• Heure de pointe:
1,03 x prix du gaz (c / kWh) + 100
• Soir:
1,0 x prix du gaz (c / kWh) + 38
• Nuit:
0,72 x prix du gaz (c / kWh).
Pour aider l’industrie à mettre en place
des projets de cogénération, le plan
d’action suivant a été lancé en 2005:
• Soutien à toutes les questions
techniques et financières concernant la
cogénération
• Organisation d’ateliers techniques pour
chaque secteur
• Mise en place de lignes de crédit à des
conditions favorables pour financer des
projets de cogénération
• Mettre en place une unité de service
couvrant tous les aspects de la
cogénération afin de mieux faire
accepter cette nouvelle technologie par
les décideurs industriels.
Cogénération et trigénération
53
4.1.3 Environnement réglementaire
L’objectif principal est de réglementer la possibilité,
pour les consommateurs, de produire leur propre
électricité et d’envoyer l’excédent sur le réseau.
Dans de nombreux pays, la production d’électricité
est toujours organisée sous la forme d’un monopole,
avec des réglementations strictes sur la stabilité
du réseau qui excluent toute concurrence. Les
systèmes de transmission et de distribution sont des
monopoles régionaux et l’accès doit être réglementé.
Les principaux facteurs réglementaires à analyser
pour la cogénération sont les suivants :
• Licence pour l’autoproduction et l’exportation
d’électricité vers le réseau.
• Code de réseau, critères techniques pour le
raccordement des générateurs : l’adéquation du
code de réseau est un problème. Mais la gestion
pratique en termes de délais jusqu’à l’octroi d’une
connexion ou de frais de connexion est souvent un
obstacle encore plus important.
• Le paiement pour le renforcement des réseaux peut
constituer un problème si l’unité de cogénération
est une installation entièrement neuve.
Les régimes tarifaires peuvent également devenir des
Partie prenante
Ministère chargé de l’électricité/organisme de
réglementation
Ministère de l’Économie ou du Développement
industriel
Banques de développement ou banques locales
(avec l’aide de banques de développement)
Fournisseur(s) d’électricité
Agence de (promotion de) l’énergie
Ingénieurs consultants
Associations professionnelles
Partiellement : investisseurs individuels du
secteur résidentiel/industrie
54
facteurs déterminants si une unité de cogénération
est raccordée au réseau, par exemple, en termes
de puissance réactive, de puissance contractée/
alimentation de secours, etc. La compagnie
d’électricité ne doit pas être autorisée à modifier ou
à interpréter les conditions contractuelles et tarifaires
au désavantage du cogénérateur.
4.1.4 Cadre institutionnel
Dans la plupart des pays, la cogénération est une
technologie qui n’a pas encore été introduite à
grande échelle, particulièrement chez les petits
consommateurs. Elle a donc besoin d’un cadre
favorable impliquant de multiples parties prenantes.
La carte des acteurs présentée ci-dessous donne une
idée des principales parties prenantes potentielles,
y compris dans les pays en développement, en
fonction des conditions spécifiques à chaque pays.
Les rôles des parties prenantes énumérées dans le
tableau devront être clarifiés et/ou renforcés.
Tableau 10
Types de combustible par technologie de cogénération,
application et secteur
Rôle possible
Amélioration des conditions-cadres
Promotion et subvention de la cogénération
Financement de la cogénération/trigénération via des lignes de
crédit adéquates, inclusion dans des programmes de financement
propres/verts
Compréhension et promotion de la cogénération/trigénération dans
le cadre des politiques nationales, éventuellement en agissant
comme une ESCO
Promotion auprès des utilisateurs, formation, conditions-cadres
Sensibilisation, formation, clarification du rôle des ESCO
Défense et promotion
Investissement (dettes/fonds propres) dans des projets de
cogénération/trigénération
4.1.5 Compétences disponibles
La cogénération et la trigénération sont des
technologies nouvelles pour la plupart des pays
en développement qui ne possèdent donc pas de
main-d’œuvre compétente. Ce problème n’est pas
négligeable et risque d’entraver le développement
rapide et à grande échelle de la cogénération/
trigénération. Il est recommandé de procéder selon
les étapes suivantes pour mettre en place une chaîne
de valeur solide :
• Planification
Pendant la phase de planification, l’expérience
de l’Afrique du Sud montre, par exemple, que des
capacités techniques de conception et de planification
existent, mais que les compétences nécessaires pour
préparer des projets susceptibles de bénéficier de
concours bancaires doivent être renforcées. Les
développeurs de grands projets tels que les raffineries
peuvent faire appel à des consultants internationaux,
mais, pour les petits projets, la présence de capacités
locales est cruciale. Les principaux domaines qui ont
besoin de compétences de planification
supplémentaires sont les suivants :
• trigénération
• récupération de chaleur résiduelle
• utilisation du biogaz et de la biomasse.
• Ingénierie, approvisionnement et construction
Pour réaliser un projet à un coût raisonnable et en
Groupe de parties prenantes
Décideurs dans les ministères
Économistes de l’énergie travaillant sur la réforme
du secteur de l’électricité et de la politique d’efficac-
ité énergétique
Agents des unités de promotion de la cogénération/
trigénération (agences de l’énergie ou similaire)
Banquiers commerciaux et de développement
Utilisateurs d’énergie au sein du gouvernement et
dans le secteur privé
Personnel des banques/institutions financières
(locales)
vertu de strictes normes de qualité, les principaux
problèmes sont les suivants :
• disponibilité locale et régionale de main-
d’œuvre qualifiée
• transparence et concurrence entre les
fournisseurs.
• Exploitation et maintenance :
Même si la formation et l’aide en ligne peuvent
être assurées par le fournisseur, un niveau
suffisant de savoir-faire en matière d’exploitation
et de maintenance doit être disponible sur site.
Les compétences d’exploitation et de maintenance
doivent être comparées au niveau de compétence
technique requis dans des domaines similaires.
Pour créer un environnement favorable au
développement de la cogénération/trigénération
et à la réussite des projets, il est également très
important de commencer par renforcer les capacités
des décideurs en leur proposant des informations
et des formations appropriées. Certaines des
compétences qui doivent être développées (si des
lacunes sont identifiées) sont présentées dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 11
Besoins de compétences des groupes de parties
prenantes
Compétences requises
Sensibilisation/compréhension du principe de cogénération/trigé-
nération et de ses multiples avantages au niveau macro
Connaissance des avantages économiques et environnementaux
de la cogénération, des facteurs et des mécanismes économiques
de la cogénération ainsi que de sa contribution potentielle aux
capacités nationales d’approvisionnement énergétique
Compréhension détaillée des technologies de cogénération et de
trigénération
Cogénération et trigénération
Compréhension des coûts et des avantages de la cogénération et
de la trigénération
Compréhension des ESCO/producteurs d’électricité indépendants/
modèles
Compréhension de la raison d’être et des avantages financiers au
niveau micro
Connaissances de base sur la cogénération/trigénération pour
pouvoir évaluer la faisabilité bancaire des projets
55
4.1.6 Valeur pour le système électrique
Un des facteurs déterminants pour que la
cogénération figure sur l’agenda national est la valeur
de sa contribution au système électrique national,
particulièrement dans les pays qui possèdent des
capacités limitées. La valeur de la contribution qui
peut être fournie par les unités de cogénération au
système électrique national dépend de la stabilité
relative du système, par exemple, de la fréquence des
délestages requis ou même des coupures. La question
est de savoir quel peut être le niveau de flexibilité et
donc de mobilisation des unités de cogénération pour
répondre aux besoins du système électrique lorsque
celui-ci a besoin de capacités supplémentaires pour
désengorger les goulets d’étranglement.
En général, la cogénération s’adapte à la demande
de chaleur ou d’électricité du consommateur. Elle
peut, cependant, être conçue et gérée de manière
plus flexible afin de couvrir également les besoins du
système. Une solution consiste à offrir des incitations
économiques pour encourager l’installation
de capacités de production ou de stockage
supplémentaires qui permettent de couvrir les pics
de demande ou autres goulets d’étranglement du
système. En effet, en installant des capacités de
stockage de chaleur supplémentaires, il est possible
de faire fonctionner l’unité de cogénération même
en l’absence de demande de chaleur immédiate, ce
qui permet de générer l’électricité dont le système a
besoin et d’utiliser la chaleur ultérieurement.
Il existe deux types de capacités de mobilisation :
• Adaptation à l’heure de la journée/à la charge
en différenciant le prix à payer pour l’électricité
renvoyée sur le réseau selon des conditions de
mobilisation contractuelles, par exemple, pour des
intervalles de 15 minutes ou pour la participation
à une réserve secondaire pour les unités de
cogénération plus importantes.
• Participation à des marchés de l’énergie à court
terme au fur et à mesure qu’ils émergent, par
exemple, à un marché
Du point de vue technologique, les conditions
suivantes doivent être satisfaites :
• Présence d’une technologie de communication
pour commander le moteur à distance.
• Installation d’un logiciel de prévision et de
commande fonctionnel.
56
• Amélioration des prévisions météorologiques afin
de disposer d’informations sur la future demande
de charge des consommateurs.
• Flexibilité maximale des moteurs de cogénération.
• Les moteurs à gaz, par exemple, peuvent
généralement fonctionner à 50-60 % de leur
capacité nominale et, en cas d’urgence, atteindre
facilement et rapidement leur pleine capacité.
• Si le système/marché exige que l’unité de
cogénération produise de l’électricité, la chaleur
résiduelle peut être stockée en utilisant des
technologies appropriées, notamment des grands
réservoirs d’eau chaude.
Pour permettre la mise en place d’une quantité
maximale de production et/ou de capacité de
stockage supplémentaire, les signaux de prix doivent
être aussi clairs et stables que possible.
Des réglementations appropriées peuvent être établies
entre les opérateurs du marché et les entreprises
de cogénération au sujet de l’approvisionnement
en électricité mobilisable, au moment des pics de
charge, sur demande ou en réponse aux conditions du
marché. Ceci nécessite notamment de :
• définir une charge minimale/maximale permettant
de participer
• prévoir le moment où l’électricité sera nécessaire
(1 jour à l’avance)
• définir un mécanisme approprié de fixation des
prix (par ex., aux enchères).
4.1.7 Plans d’incitation
L’analyse des instruments et des plans d’incitation
financière destinés à l’investissement et à
l’exploitation des projets de cogénération dans les
pays partenaires doit faire la distinction entre les
plans spécifiquement destinés à la cogénération et
les plans d’incitation énergétique qui peuvent être
appliqués à la cogénération. [i voir également le
chapitre 5]
En principe, il existe deux types de plans d’aide
financière directe : le premier est lié aux kWh
produits et/ou envoyés sur le réseau (tarif de rachat,
paiement de primes), le deuxième est associé aux
dépenses d’investissement par kilowatt installé.
Le tableau suivant présente les principaux plans
d’incitation ainsi que leurs avantages et leurs
inconvénients.
Tableau 12
Plans d’incitation pour la cogénération/trigénération
Plan Avantage Inconvénient
Aucun lien avec la production d’énergie
Subventions en capital (par kW Présentes dans de nombreux pays Pas d’incitation à produire de l’électricité aux
heures de pointe
installé) Faciles à gérer Difficulté à faire la différence entre les
technologies et les combustibles
Prêts à taux bonifiés Voir ci-dessus Voir ci-dessus

Plans d’incitation fiscale,
notamment l’exemption de
droits de douane
Tarifs de rachat
Systèmes de primes
(rémunération par kWh fourni)
Aucune dépense supplémentaire pour le
gouvernement, juste un manque à gagner
pour le gouvernement et les municipalités
Axés sur l’avantage national que représente
une production d’électricité efficace
Encouragement accru pour l’industrie de la
cogénération
Peuvent être gérés indépendamment du
programme des tarifs de rachat
Indépendants des fluctuations du marché de
l’électricité
Incitations fiscales valables uniquement si
les bénéfices sont suffisants pour payer des
impôts (ne conviennent pas aux producteurs
d’électricité indépendants/ESCO)
Verrouillage de subventions à long terme
Résistance des fournisseurs d’électricité
Nouveau système administratif dans de
nombreux pays, efforts de mesure et de
vérification requis

Peut facilement limiter l’impact financier sur Principalement destinée aux petits systèmes
Facturation nette le fournisseur d’électricité (PV)
Biais en fonction des courbes de charges
Remboursement de la taxe CO2 Cible directement les objectifs climatiques Applicable uniquement dans quelques pays

Dans certains pays, un appui financier et fiscal
important peut être apporté aux projets de
cogénération au niveau provincial ou municipal; cette
composante dépend du niveau de centralisation de la
régulation du secteur de l’électricité.
Certains pays limitent la durée du programme d’appui à
la cogénération [par ex., la Tunisie et l’Allemagne [i voir
l’ANNEXE 3] en années civiles, heures de fonctionnement
ou pourcentage de la production renvoyée sur le réseau
qui sera rémunérée. Il existe donc une différence entre
l’électricité générée pour son propre usage et l’électricité
destinée au système. Du point de vue du système de
distribution d’électricité, l’aspect le plus important est
l’autoproduction décentralisée, qui soulage le système
et allège également la pression qui pèse sur le réseau
de distribution.
un plan d’incitation au renvoi d’électricité sur le
réseau, particulièrement aux heures de pointe. Les
gouvernements doivent analyser et tenir compte de
l’ensemble des avantages macro-économiques de la
cogénération et créer, si nécessaire, des exceptions
au monopole de production.
La promotion du contenu local apparaît souvent comme
un problème lors de la recherche d’investissements.
Les subventions en capital et les plans d’incitation
fiscale pourraient être liés à un minimum de contenu
local. Sachant que les équipements de production
d’énergie tels que les générateurs ou les turbines
ne sont produits que dans un nombre très limité de
pays, le contenu local concerne principalement les
infrastructures requises et l’intégration d’équipements
de cogénération dans les systèmes de chauffage et de
Cogénération et trigénération

refroidissement existants. Les exigences de contenu

En Afrique du Sud, par exemple, le gouvernement est
en train de préparer un programme d’appel d’offres
pour l’électricité cogénérée. Ce genre de programme ne
peut être appliqué que lorsque le marché a atteint un
certain degré de maturité et ne convient qu’aux projets
relativement importants (supérieurs à 5 ou 10 MW).
Pour les systèmes dont les capacités sont mises
à rude épreuve, il peut être intéressant d’offrir
national sont essentielles pour générer des bénéfices
locaux, particulièrement dans les pays émergents et
en développement.
4.1.8 Subventions en capital
Dans certains pays tels que l’Allemagne ou l’Italie, les
subventions financières aux investissements dans la
cogénération/trigénération sont attribuées sous forme
de subventions aux investissements ou d’incitations
fiscales. Dans d’autres cas, les investissements dans

57
la cogénération peuvent bénéficier aux petites et
moyennes entreprises (PME) qui visent à améliorer
leur productivité et leur compétitivité.
Dans de nombreux pays, des informations et des
directives sur les programmes de financement et de
subventions financières sont disponibles au niveau
national et international, par exemple, par l’intermédiaire
de banques nationales de développement ou d’agences
de promotion de l’investissement.
Le développement des projets de cogénération ou de
trigénération est particulièrement difficile en raison de la
complexité de la technologie et du cadre réglementaire
et nécessite donc une planification soigneuse. Le
développement des projets est encore plus compliqué :
• lorsque les technologies sont nouvelles pour le
pays ou associées à des risques plus importants,
par ex., conditions d’achat et approvisionnement
en combustible biomasse/biogaz volatile
• pour les modèles commerciaux de type ESCO/
producteur d’électricité indépendant.
À la lumière de ces risques, il est recommandé
d’appuyer le financement d’études de faisabilité.
C’est un domaine dans lequel les projets de la
coopération au développement ont été actifs (par ex.,
au Chili où la GIZ a financé des étude de faisabilité) et
peuvent apporter un appui supplémentaire.
4.1.9 F inancement des investissements en
cogénération/trigénération
Des financements commerciaux destinés aux
investissements (y compris la cogénération) sont
disponibles dans la plupart des pays à condition
que la taille et donc l’investissement ne soit pas trop
important. Toutefois, la disponibilité et les coûts de
financement des investissements dans la cogénération
58
varient largement selon le pays ou la région.
Lorsque les financements sont peu nombreux dans
un pays, les investissements dans les technologies
de cogénération sont en concurrence avec d’autres
opportunités d’investissement, dont certaines
présentent des risques moindres pour les banques.
C’est notamment le cas de la majorité des petits
et moyens projets de cogénération qui dépendent
principalement du financement par l’emprunt.
Les banques et les institutions financières
locales ne sont pas toujours familiarisées
avec le financement des technologies de
cogénération.
Des tiers tels que ESCos fournissent des
opportunités de financement alternatives
[i voir 4.2.7 ESCos et Contracting].
Si les sources de financement sont insuffisantes sur
le marché, les ESCOs ou l’approche de sous-traitance
peuvent devenir des options de financement très
attractives pour les projets de cogénération [i voir
4.2.7 ESCO et sous-traitance]. Le terme « sous-
traitance » est utilisé ici dans un contexte similaire
à celui des programmes de producteurs d’électricité
indépendants et de constructeurs-propriétaires-
exploitants, qui sont généralement utilisés pour les
centrales électriques de grande taille.
En fonction du volume d’investissement et des coûts
de transaction associés [i voir 4.2.5], le financement
de projets peut également constituer une option
raisonnable, mais probablement davantage pour les
projets de cogénération très importants et les volumes
de financement supérieurs à 20-25 millions d’euros.
Tableau 13
Différentes approches pour le financement des plans d’incitation à l’utilisation de la cogénération/trigénération 60

Plan Financé par le budget du gouvernement Financé par les consommateurs

d’électricité
Subventions en capital Par ex., en Allemagne (ex-post) pour les
(par kW installé) installations de cogénération ou en Tunisie
Prêts à taux bonifiés Par ex., en Tunisie -

Plans d’incitation fiscale, Par ex., en Inde ou au Brésil pour la

notamment l’exemption de
droits de douane
Tarifs de rachat
Systèmes de primes
(rémunération par kWh fourni)
cogénération basée sur la biomasse, en Afrique
du Sud pour la cogénération dans le cadre de -
l’efficacité énergétique
Par ex., subventions aux fournisseurs
d’électricité pour le paiement des tarifs de
rachat, comme c’est le cas en Tunisie
Comme en Allemagne, par ex., où une
Par ex., en Slovénie prime sous forme de taxe de cogénération
est payée par les consommateurs sur leur
facture d’électricité

Institution Description
Tamwil Al Fallah (GCAM) Plafond de 100 000MAD
MorSEFF 110 M euros
Banque Populaire Eco Energy Invest
BMCI MorSEFF
BMCE BANK (green bond) 135 M euros
KfW(FODEP) Incitations (subventions de 20-40%)
AttijariWafa « Effinergie »
BERD (Small Business Support) Subvention pour les PME
MOUSSANADA/IMTIAZ (Maroc PME) Accompagnement de 700 entreprises 1MMAD
Crédit du Maroc GreenEnergy
Et autres banques…

4.2 Facteurs de réussite des projets de
cogénération et de trigénération
Comme mentionné au chapitre 4.1, la décision
relative à l’applicabilité et/ou la viabilité économique
des applications de cogénération dépend de
interprétée comme une possibilité d’exploiter des
potentiels de cogénération dissimulés.
4.2.1 Infrastructures
Comme pour le niveau macro (chapitre 4.1),
les infrastructures énergétiques existantes sont
Cogénération et trigénération

essentielles pour bien concevoir une application

différentes conditions-cadres. En outre, le processus
décisionnel n’est pas linéaire et fait, dans la plupart
des cas, l’objet d’une évaluation individuelle. Le
chapitre 4.2 aborde donc le problème du point de
vue du projet afin d’identifier les principaux facteurs
qui influencent la mise en œuvre d’applications
de cogénération. L’étude porte également sur les
obstacles aux projets de cogénération, sachant que
l’identification de ces obstacles peut également être
60) Voir également l’ANNEXE 3 Mise en pratique de la politique internationale de cogénération
de cogénération. L’analyse des infrastructures
marque donc le point de départ de l’étude sur les
solutions d’approvisionnement énergétique. Les
réseaux de gaz et d’électricité sont fréquemment les
principales options d’approvisionnement énergétique
et servent de référence, notamment pour évaluer
les coûts des opportunités de cogénération (en
termes de fiabilité, de sécurité environnementale
et de coûts d’approvisionnement). Il faut toutefois

59
savoir que les infrastructures énergétiques et les
coûts associés varient largement d’un pays/d’une
région à l’autre, tout comme les conditions-cadres
juridiques associées et la répartition des coûts entre
les consommateurs et les opérateurs de réseaux.
L’accès au réseau électrique et au réseau de
gaz (principal combustible des applications de
cogénération) est un facteur crucial pour tout projet
de cogénération. En l’absence d’accès direct au
réseau, il faut étudier et évaluer la faisabilité d’un
prolongement du réseau. En fonction de la taille du
projet, le prolongement du réseau ou le raccordement
au réseau peut avoir un impact significatif sur
le rapport coût-efficacité des applications de
cogénération.
En résumé, les facteurs déterminants à prendre
en compte en ce qui concerne les infrastructures
externes sont les suivants :
• accès au réseau électrique et au réseau de gaz
• faisabilité du prolongement du réseau ou du
raccordement au réseau
- coûts [i voir également 4.2.5]
- délai du prolongement du réseau ou du
raccordement au réseau
• disponibilité de sources de biomasse durables
- disponibilité de déchets de bois et de bois de
chauffage issus de l’industrie ou de l’exploitation
forestière dans un rayon de 50 km
- usines de biogaz à proximité pour acheter le
biogaz (via une canalisation, etc.) ; (capacités
de) traitement permettant d’aboutir à une qualité
équivalente à celle du gaz naturel
• disponibilité de gaz naturel liquéfié ou de gaz de
pétrole liquéfié
- marché de vente au détail pour le GNL ou le GPL
- les contraintes liées à des capacités de transport
limitées pour le gaz liquéfié peuvent avoir
un impact sur la capacité de la centrale de
cogénération (i le GNL/GPL est probablement
mieux adapté aux petites unités de cogénération).
Les facteurs déterminants en termes d’infrastructures
internes sont les suivants :
• espace suffisant pour
- l’installation de la technologie de cogénération/
trigénération
- la manipulation des ressources (combustible)
60
requises (par ex., biomasse : séchage,
déchiquetage, stockage, etc.)
- le traitement supplémentaire pour la source de
combustible, par exemple, pour certains types de
biomasse
•
conditions et restrictions logistiques [par ex.
approvisionnement en combustible [i voir le
chapitre 4.2.2 ci-dessous].
4.2.2 Disponibilité du combustible et des technologies
L’analyse des infrastructures existantes et de la
disponibilité des combustibles destinés aux projets
de cogénération doit également tenir compte d’autres
sources d’énergie non liées au réseau telles que
le charbon, le pétrole, l’agriculture, les déchets
municipaux ou industriels et d’autres sources
d’énergie renouvelable comme les biocombustibles,
la biomasse, le biogaz ou la chaleur résiduelle. Dans
les pays émergents et en développement où le réseau
de gaz naturel ne dessert généralement pas les zones
concernées, les combustibles alternatifs tels que
ceux mentionnés ci-dessus [i voir 4.2.1] sont autant
d’options prometteuses qui doivent être analysées.
Les ressources en biomasse et en matières première
pour la production de biogaz sont associées à
des risques au niveau de l’approvisionnement en
combustible. Ces risques peuvent prendre la forme
d’un approvisionnement extrêmement volatile ou de
pénuries dues aux éléments suivants :
• baisse des niveaux de production industrielle
(volatile) et donc de la production de déchets
• mauvaises cultures ou mauvaises récoltes
• demande accrue pour des ressources en biomasse
insuffisantes
• hausse des prix une fois que les fournisseurs
réalisent la valeur de la biomasse.
Il faut donc tenir compte du risque de hausse des prix
de la biomasse et des matières premières utilisées
dans la production de biocombustibles/biogaz. Certains
projets souffrent du non-respect des contrats. Cela
peut se produire lorsqu’un usage alternatif devient
économiquement très attractif, par exemple, en cas de
hausse significative des prix mondiaux des cultures.
Le cadre national applicable aux projets peut
imposer des restrictions sur l’accès à la technologie
de cogénération décrite [i voir le chapitre 2]. La
disponibilité de la technologie de cogénération, mais
aussi de l’expertise nécessaire, peut différer selon
les équipements et les services en fonction du degré
d’évolution de la chaîne de valeur :
• planification
• ingénierie, approvisionnement et construction
• exploitation et maintenance.
Ces segments sont étudiés plus en détail ci-
dessus [i voir 4.1.5]. Le niveau et la qualité de
l’approvisionnement et des services de cogénération
(et les prix associés) à toutes ces étapes dépendent
de la présence d’une expertise locale correspondante
et du niveau de concurrence sur le marché local.
Sachant que la cogénération est une technologie
relativement nouvelle dans les pays émergents et en
développement, il est probable que les équipements
et les services connexes seront achetés dans des
pays industrialisés, ce qui risque de donner lieu à
des dépenses supplémentaires.
4.2.3 U
 tilisation personnelle et exportation de
l’électricité (acheteur consentant)
En raison des caractéristiques de la technologie,
les projets de cogénération doivent être exploités
de manière intensive avec un maximum d’heures
de fonctionnement pour que les applications soient
correctement dimensionnées, ce qui signifie que la
demande personnelle de l’exploitant et les options
d’exportation d’énergie disponibles sont des facteurs
déterminants pour la conception du système de
cogénération. Selon l’approche de conception choisie
[i voir également 4.2.4 Philosophies de conception
des projets de cogénération], l’excédent de chaleur
(pour une conception axée sur l’électricité) ou
d’électricité (pour une conception axée sur la chaleur)
généralement produit doit être utilisé en fonction des
opportunités locales et de manière à maximiser les
bénéfices du projet. Les options possibles sont les
suivantes :
• envoi sur le réseau (avec ou sans rémunération)
• facturation nette
•transmission à des acheteurs consentants par
l’intermédiaire du réseau.
Des options telles que la transmission à des acheteurs
tiers consentants peut également contribuer
au bénéfice économique global des projets de
cogénération, car les revenus supplémentaires qui
en découlent (selon la demande d’énergie requise)
permettent aux grandes centrales de cogénération
de faire des économies d’échelle.
Les restrictions associées qui limitent les profits de la
cogénération peuvent provenir de :
•frais de transmission (prohibitifs) en cas
d’acheteurs consentants
• goulets d’étranglement sur le réseau
•obligations de licence [i voir également 4.1.3
Environnement réglementaire].
4.2.4 Philosophies de conception des projets
Comme indiqué précédemment, la conception de
l’unité de cogénération est souvent complexe et
nécessite une planification soigneuse et beaucoup
d’expertise pour pouvoir être réalisée avec succès et
devenir une solution rentable.
Conception de cogénération
entraînée par la chaleur
En fonction de la zone
climatique, du type d’objet et
des prix de l’énergie / du gaz, un
fonctionnement [cogénération]
rentable peut être atteint si la
puissance thermique de l’unité de
cogénération (QCHP) est d’environ
10-30% de Qmax. »
(Sokratherm, 2014)
En fonction des conditions-cadres qui prévalent,
des prix d’achat de l’énergie et des autres facteurs
susmentionnés, deux grandes philosophies de
conception se dégagent : conception axée sur la
chaleur ou conception axée sur l’électricité.
Les deux concepts impliquent (en fonction des
besoins et du contexte du projet) l’incorporation
d’installations de stockage de la chaleur ou de
l’électricité. Une conception axée sur la chaleur
maximise l’utilisation de la chaleur produite,
tandis que la conception axée sur l’électricité
Cogénération et trigénération
maximise la production d’électricité de la
centrale de cogénération. Le point de départ
de chacune des approches de conception est
une analyse détaillée de la demande d’énergie
(électricité, chauffage, refroidissement) et du
profil de charge, ainsi que des développements
futurs prévus. La figure 20 ci-dessous illustre les
étapes du processus pour une conception axée
sur la chaleur.
61
Figure 20
Étapes du processus de conception d’un système de cogénération axé sur la chaleur

Demande mensuelle de chauffage/refroidissement (kW) Demande mensuelle de chauffage/refroidissement (kW)

1. Analyse des valeurs observées/contrôlées i 2. Demande commandée par charge (distribution statistique) i

3. La surface au-delà de la courbe de charge 4. Conception axée sur la chaleur ; l’objectif est de maximiser
définit la charge requise i
L’approche de conception axée sur l’électricité implique
des étapes équivalentes, mais centrées sur des courbes
de charge et de consommation d’électricité.
Les profils de charge simples (indépendants de la
température), par exemple, associés à des demandes
de chaleur/refroidissement/électricité industriels,
facilitent la conception des unités de cogénération,
tandis que les profils hautement volatiles obligent
à prendre des mesures pour réduire les pics de
consommation, notamment grâce à la mise en place
de concepts de stockage.
Les philosophies de conception des unités de
cogénération sont généralement axées sur la charge
les heures de pleine charge et donc l’approvisionnement en
chaleur de base (surface bleue)
de base afin de maximiser les heures de pleine
charge de la centrale pendant toute sa durée de vie
et de minimiser le coût du kWh d’énergie (électrique
ou thermique) produite.
Etude de cas: conception de
cogénérateurs à plusieurs unités
Phoenix Contact, Allemagne [i voir la
figure 21 et les détails en annexe 1]
Projet de trigénération
• cogénération: 7 000 à 8 000 heures
de pleine charge
• ∑ 2,8 MWel, 3,0 MWth
• période de récupération <3 ans.

62
Un autre aspect de la conception des centrales de
cogénération concerne l’agencement du système,
qui peut être composé d’une seule ou de plusieurs
unités. Les systèmes à une seule unité sont courants
et permettent des économies d’échelle plus
importantes que les systèmes à plusieurs unités. En
effet, plus les capacités sont importantes, plus les
prix diminuent. En outre, les dépenses d’exploitation
et de maintenance et la complexité du système sont
moindres que dans un système à plusieurs unités.
D’un autre côté, les systèmes disposant de plusieurs unités
en cascade permettent de s’adapter plus précisément à
la demande d’énergie du site. Il s’agit notamment de
l’approvisionnement énergétique basé sur des unités de
cogénération compactes capables de produire plusieurs
MW d’électricité. La redondance des systèmes améliore
également la fiabilité de l’approvisionnement, puisqu’il
est possible de faire fonctionner une ou plusieurs unités
lorsque les autres sont en cours de maintenance. La
figure 21 ci-dessous montre la conception d’une centrale
de cogénération à plusieurs unités.
Figure 21
Exemple de conception d’une centrale de cogénération à
plusieurs unités 61
61) © Sokratherm, 2014 62) © ASUE, 2006, remarques personnelles
4.2.5 Coûts
Les coûts de cogénération varient non seulement en
fonction du type de centrale et de l’équipement utilisé [i
voir 4.2.5.1] ou des coûts du projet [i voir 4.2.5.2], mais
également en fonction du pays ou de la région, et doivent
donc utiliser des valeurs de référence différentes. C’est
pourquoi il est assez difficile de comparer les coûts des
projets et les éléments de coûts associés tels que :
• dépenses d’investissement
• coûts de financement
• coûts d’exploitation et de maintenance.
Des éléments de coûts supplémentaires doivent
également être intégrés dans la planification du
projet :
• coûts de transaction (initiaux) des projets
• coûts de l’électricité de secours et des coupures
de courant
• stockage.
4.2.5.1 Coûts des unités de cogénération
Le coût des unités de cogénération est lié aux coûts des
équipements et aux services requis pour l’installation et
la mise en service des unités. Le coût total des unités de
cogénération varie largement selon la technologie choisie
[i voir le chapitre 2]. Toutefois, la logique qui sous-tend
les économies d’échelle est valable pour toutes les
technologies de cogénération en termes de volume de
production, mais plus particulièrement pour les moteurs
de cogénération comme présenté ci-dessous. La figure
22 illustre la courbe des économies d’échelle pour
l’exemple des moteurs de cogénération alimentés au gaz.
Figure 22
Économies d’échelle des moteurs de cogénération
alimentés au gaz naturel 62
Cogénération et trigénération
63
Les prix de référence comprennent les éléments de Le tableau 14 illustre les éléments de coût relatifs de
coût directement associés à l’unité de cogénération six capacités courantes de moteur à gaz.
tels que le moteur lui-même (élément principal avec 73
% à 87 %) ainsi que les équipements de cogénération, Tableau 14
le matériel de travail et les services de mise en œuvre. Répartition des éléments de coût des moteurs à gaz par
capacité 63
Puissance [kWel] ≤ 50 ≤ 100 ≤ 250 ≤ 500 ≤ 1 000 ≤ 2 500
Moteur 80,0% 73,0% 75,0% 76,0% 87,0% 84,0%
Absorption acoustique 2,8% 3,5% 2,6% 3,0% 2,3% 3,3%
Convertisseur catalytique 1,0% 1,4% 0,8% 0,9% 0,8% 1,2%
Cycle d’huile de lubrification 1,7% 2,7% 2,4% 2,5% 1,2% 1,2%
Boîtier de commande 6,0% 10,9% 11,2% 10,4% 3,4% 3,1%
Ventilation 2,7% 3,3% 4,1% 3,4% 3,6% 5,0%
Transport et assemblage 3,2% 2,3% 1,9% 1,6% 0,7% 0,7%
Mise en œuvre 3,5% 2,3% 2,4% 2,0% 0,9% 0,7%

Ces proportions peuvent varier fortement en fonction
de la technologie de cogénération et de la taille de la
centrale. Les données présentées ci-dessus offrent
toutefois une indication des facteurs de coût pour les
équipements et la mise en œuvre de la centrale de
cogénération, en fonction de sa capacité.
4.2.5.2 Coûts des projets de cogénération
Outre les coûts des équipements/unités, les coûts des
projets de cogénération englobent toutes les activités
associées au projet tout au long de la chaîne de valeur,
notamment les coûts de planification, d’ingénierie, de
construction, d’exploitation et de maintenance, ainsi que
les coûts des éléments de conception liés au système,
tels que les installations de stockage et les coûts de
raccordement au réseau ou l’alimentation de secours.
Étant donné les multiples technologies disponibles et
les nombreux domaines d’application des projets de
cogénération, les coûts peuvent facilement aller de
quelques milliers d’euros pour les petites unités à des
millions d’euros pour les centrales industrielles complexes.
Les coûts peuvent être répartis par type, comme suit :
• investissement (planification, équipements, etc.)
• consommation (combustibles, etc.)
• exploitation (maintenance, etc.).
La structure des dépenses d’investissement requises
pour l’installation d’un moteur à gaz (investissement
d’environ 300.000 EUR pour 225 kWel) par exemple,
peut être répartie comme suit.
Figure 23
Structure de coût type pour l’investissement dans un projet
de cogénération 64

63) Tableau personnel basé sur ASUE, 2006 64) Illustration personnelle basée sur ASUE, 2012
64
Cette structure ne comprend pas les coûts de
financement et les coûts des éléments de conception
spéciaux telles que le stockage ou l’alimentation de
secours. Ces coûts sont étudiés plus en détail dans
les sections suivantes.
Coûts des combustibles et prix de l’énergie
Les coûts des combustibles ont un impact majeur sur le
rapport coût-efficacité des projets de cogénération. En
fonction des demandes (qualité de l’énergie) spécifiques
et des infrastructures énergétiques (disponibilité des
combustibles), différents types de combustible peuvent
offrir différents avantages. Toutefois, la disponibilité des
combustibles et les coûts associés varient largement
en fonction du pays et de la source. Lorsque les
applications de cogénération utilisent de l’énergie
résiduelle, les coûts peuvent être nuls (proches de zéro)
ou même négatifs si l’élimination est associée à des
coûts de gestion des déchets.
Sachant que les coûts d’opportunité des
investissements dans les petites et moyennes
applications de cogénération sont généralement
définis par les tarifs locaux de l’électricité et du gaz, la
comparaison entre ces deux prix est souvent cruciale
pour déterminer la rentabilité de la cogénération.
Ce guide étant ciblé sur les petites applications de
cogénération, le gaz est le combustible prédominant.
L’analyse réalisée en guise d’exemple porte donc
sur les coûts des combustibles d’une application de
65) EIA U.S. Energy Information Administration, 2013
66) Illustration personnelle basée sur le Bureau fédéral allemand des tatistiques (destatis Statistisches Bundesamt), 2014
cogénération alimentée au gaz. Mais la logique sous-
jacente peut également s’appliquer à d’autres types
de combustibles.
L’écart entre le prix de l’électricité et celui du
combustible peut notamment être un indicateur de la
faisabilité économique d’un projet de cogénération.
Pour les grandes centrales électriques, cet écart est
appelé « spark spread » et est généralement calculé
en utilisant les prix au comptant du gaz naturel et de
l’électricité à différents points d’échange (régionaux).
L’écart (différence entre le prix reçu pour l’électricité
produite et le coût du gaz naturel nécessaire pour
produire cette électricité) est un indicateur de la
rentabilité des centrales alimentées au gaz naturel65
Sachant que les tarifs de l’électricité et du gaz payés
par les ménages mais surtout par les entreprises et par
les consommateurs industriels varient selon les pays/
régions ainsi que selon la consommation et le profil de
charge du consommateur, la rentabilité des applications
de cogénération doit être évaluée au cas par cas.
Par exemple, pour de nombreux consommateurs
industriels en Allemagne, les prix suivants peuvent
être utilisés pour évaluer les applications de
cogénération alimentées au gaz.
Figure 24
Prix de l’électricité et du gaz naturel industriels en
Allemagne 66
Cogénération et trigénération
65
Les prix de l’électricité et du gaz naturel payés par les
consommateurs industriels en Allemagne tels qu’ils
sont présentés à la figure 24 comprennent les taxes
d’accise, mais pas la TVA. La figure a pour but de
montrer la logique de rentabilité de la cogénération
pour la majorité des petites unités, pour lesquelles le
rapport coût-efficacité est lié à la suppression des
coûts d’achat d’électricité sur le réseau. En effet, le
coût de l’électricité est relativement élevé par rapport
au coût du combustible (ici, le gaz naturel). Cette
corrélation est illustrée ci-dessous.
Le niveau d’étincelle d’allumage
(prix de l’électricité - prix du
carburant) est un indicateur
important de la rentabilité de
cogénérateur.
La figure 24 illustre la pertinence de l’écart entre le
prix du combustible de cogénération (ici, le prix du
gaz naturel, ligne bleu clair) et le prix de l’électricité
achetée sur le réseau (ligne bleu foncé). Elle montre
clairement que plus cet écart (« spark spread » –
ligne jaune) est important, plus la cogénération est
rentable. Lorsque le prix du combustible est faible, les
coûts de production de l’électricité par cogénération
sont faibles (ligne bleue pointillée).
Dans cet exemple, un apport de 3 kWh de gaz
naturel produit environ 1 kWh d’électricité et
pratiquement (sans tenir compte des pertes) 2
kWh d’énergie de chauffage. L’écart entre le coût
du gaz de cogénération par kWh d’électricité et le
prix d’achat sur le réseau indique la rentabilité de
la cogénération pour la production d’électricité (ligne
verte pointillée). Comme le montre la figure 24, un «
spark spread » de moins de 2/3 du prix de l’électricité
sur le réseau entraîne une rentabilité négative pour
la cogénération. Ceci est dû au rendement électrique
fixe (ici, 1/3) de la cogénération.
L’utilisation des 2 kWh d’énergie de chauffage issus
du processus de cogénération améliore la rentabilité
globale de la cogénération puisqu’elle permet
d’éviter (partiellement) l’achat de gaz naturel pour
le chauffage. Toutefois, les économies réalisées sur
la durée de vie du projet doivent être suffisamment
importantes pour permettre le remboursement, dans
un délai raisonnable, des dépenses d’investissement
liées à la mise en œuvre du projet de cogénération.
L’écart entre les prix de l’électricité et du combustible
67) Center for Climate and Energy Solutions, 2014
66
de cogénération (niveau du « spark spread ») est
néanmoins un indicateur important de rentabilité
de la cogénération sur la majorité des marchés de
l’énergie, car il s’agit d’une mesure relative qui ne
dépend pas de valeurs absolues.
Coûts d’exploitation et de maintenance
Les opérations d’exploitation et de maintenance
sont des facteurs de coûts significatifs pour les
projets de cogénération. Les moteurs à gaz (dans
les applications de cogénération basées sur des
moteurs, à l’exclusion de la technologie Stirling) sont
notamment soumis à des coûts de maintenance
élevés en raison de la fréquence des opérations
d’entretien et de maintenance. Les moteurs à gaz
ont, en effet, besoin de révisions importantes à
peu près toutes les 60.000 heures d’exploitation,
un chiffre qui peut cependant varier de 40.000 à
80.000 heures d’exploitation selon la technologie.
Les petits moteurs à gaz ont généralement besoin de
davantage de maintenance que les grands.
Les coûts d’exploitation et de maintenance
représentent une part importante du coût total de
la cogénération et sont généralement définis par
heure d’exploitation. Sachant que les dépenses
d’exploitation et de maintenance dépendent
également fortement de la présence de personnel
qualifié, de fabricants d’équipements de cogénération
et de fournisseurs de services, ces coûts varient
largement selon les pays et les régions.
La part des coûts d’exploitation et de maintenance se
situe généralement entre 1,5 % et 3 % par an du coût
d’investissement total. Ces coûts font souvent l’objet
de contrats de service/maintenance qui englobent le
coût de réparation des pannes, y compris les pièces de
rechange, et les coûts de personnel et de déplacement
pendant la période convenue. Dans le cadre d’un
contrat d’entretien, la maintenance régulière est
généralement réalisée par le prestataire de services.
Sachant que les coûts d’exploitation et de
maintenances sont des facteurs fixes que l’unité
fonctionne à plein régime pendant 8.000 heures
par an ou pendant 1.500 heures par an seulement,
la rentabilité de la technologie de cogénération
(particulièrement pour les moteurs à gaz) augmente
avec le temps d’utilisation (heures à pleine charge).
Coût de l’alimentation de secours et des coupures de
courant
La technologie de cogénération est une production
d’électricité sur site qui n’est pas sujette aux
coupures de courant. Lorsque les coupures de
courant sont fréquentes sur le réseau et qu’elles
limitent donc fortement la fiabilité des processus de
production, la technologie de cogénération améliore
la sécurité de l’approvisionnement énergétique
et réduit le risque d’interruption de la production
tout en éliminant la nécessité d’investir dans une
alimentation de secours. Les systèmes d’alimentation
de secours sont rarement en fonctionnement mais
sont synonymes de coûts d’investissement élevés
(alimentation de secours haute capacité), ainsi
que de dépenses continues en infrastructures et
en maintenance, notamment pour les achats de
combustible destinés aux tests périodiques. Les
applications de cogénération font largement baisser
ces coûts. Dans certains cas, par exemple, si la
redondance est intégrée dans un système à plusieurs
moteurs [i voir également 4.2.4], ces coûts peuvent
même être intégralement éliminés. La technologie de
cogénération améliore donc la rentabilité globale du
système d’approvisionnement en énergie.
De nombreux systèmes de cogénération conservent
toutefois leur raccordement au réseau électrique
pour pallier les besoins d’électricité qui dépassent
leurs capacités d’autoproduction, les opérations
de maintenance de routine et/ou les coupures
imprévues. Les frais associés à ces services (prix
de veille) peuvent réduire de manière significative le
potentiel de réduction des coûts de la cogénération67.
4.2.5.3 C
 oûts de transaction et coûts de mise en
œuvre des projets
Pour garantir la mise en œuvre réussie des projets
de cogénération, il est essentiel de disposer non
seulement d’une expertise en ingénierie assortie
d’une connaissance approfondie de la conception
technique, mais aussi d’un savoir-faire dans le
domaine des licences et des obligations juridiques.
La conception et la mise en œuvre technique
d’une technologie de cogénération au sein d’une
infrastructure énergétique est une affaire complexe.
Elles donnent lieu à des coûts de transaction
significatifs, car le processus complexe de planification
et d’ingénierie, notamment la conception technique
et la configuration de la centrale de cogénération,
nécessite l’aide extérieure d’ingénieurs compétents et
de cabinets de conseil spécialisés. L’obtention d’une
licence de cogénération et la conformité aux obligations
légales sont également des facteurs cruciaux, ce qui
signifie qu’une partie du budget du projet doit être
réservée au paiement des avocats ou des évaluations
correspondantes. Les activités de planification du
projet et les coûts de transaction associés peuvent
atteindre 10 % à 20 % de l’investissement total.
Les coûts de transaction varient largement selon la
complexité de l’opération, qui résulte de différents
facteurs :
• Financement : les coûts de transaction associés au
financement résultent d’éléments tels que :
- auto-financement ou financement de la dette
- possibilité d’obtenir des subventions
- possibilité d’appliquer les modèles d’ESCO/PPP
• Licence : les coûts de transaction associés à
l’obtention d’une licence dépendent principalement
du combustible, de la taille, de l’emplacement et de
la technologie. Dans de nombreux pays, l’obtention
d’une licence de production d’électricité est une
question qui doit être étudiée très tôt car elle
dépend parfois de la taille du générateur [i voir
également 4.1.3. Environnement réglementaire].
Outre la licence (autorisation de produire de
l’électricité), les centrales électriques doivent
parfois être immatriculées, par exemple sur les
marchés libéralisés.
Les sources pertinentes de financement
de cogénération, de subventions et de
programmes de promotion au niveau
national ont été résumées dans une section
précédente [i 4.1.7 Programmes d’incitation
à la cogénération]. Les financements,
subventions et plans de soutien de
cogénération sont également présentés au
chapitre 4.2.7 ESCos et contractualisation.
4.2.6 Plans de financement et de promotion au niveau
des projets
La promotion de la cogénération au niveau des
Cogénération et trigénération
projets peut provenir de l’appui institutionnel
d’organismes tels que les agences de l’énergie et
les regroupements associés (à la cogénération)
d’agences locales/nationales et internationales. La
promotion de la cogénération peut donc se faire par
les moyens suivants :
• appui à la recherche et au développement, et à la
collaboration internationale
67
• promotion de projets expérimentaux
• intégration des enseignements tirés des projets
expérimentaux et des modèles dans les plans de
développement des infrastructures68.
Ces instruments aident à élargir les opportunités
de financement de la cogénération et contribuent à
améliorer la rentabilité des projets de cogénération,
par exemple, en raccourcissant les périodes de
remboursement, etc. Dans le contexte international,
le renforcement des capacités ainsi que la création et
le développement de marchés pour les technologies
de cogénération et de trigénération peuvent être
favorisés par des agences de développement et de
coopération bilatérales et multilatérales telles que la GIZ.
4.2.7 ESCO et sous-traitance
Le terme « ESCO » est largement utilisé comme
abréviation pour toutes les sociétés qui proposent des
services énergétiques. Au sens large, il englobe trois
groupes de prestataires de services énergétiques :
•
prestataires de services de conseil tels que
les auditeurs énergétiques, les ingénieurs de
planification, les experts certifiés en mesure et
vérification, les comptables, les juristes et toutes
les autres personnes qui fournissent des conseils
•
fournisseurs techniques de matériel d’efficacité
énergétique (par ex., technologies d’efficacité
énergétique telles que les composants ou les systèmes
d’éclairage, de cogénération et de production solaire)
ou de logiciels (par ex., pour la comptabilisation ou
la gestion de l’énergie) et des services d’exploitation
et de maintenance associés (par ex., entretien des
brûleurs, services de maintenance technologique ou
Sécurité (ex. servitude, taxe foncière, caution)
Banque
Financement
Coûts de chaleur/électricité
Contracteur
Peut-être une contribution aux coûts de construction
• Fournit de la chaleur
• Fournit de l’électricité cogénération
• Effectue des mesures d’isolation thermique
• Met à niveau / remplace les distribution de chaleur
68) Center for Climate and Energy Solutions, 2014
69) Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, 2013
71) Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, 2013
68
mises à jour des logiciels)
Pour un aperçu détaillé et des
informations complémentaires
sur les systèmes ESCOs et leurs
services, voir le guide ESCO de
la GIZ intitulé «Évaluation des
conditions-cadres pour les sociétés
de services énergétiques».72
• ESCO qui fournissent des services énergétiques
basés sur les performances (également appelées
sociétés de services énergétiques ou services
d’efficacité énergétique)69.
Une définition relativement étroite des ESCO, utilisée
dans le contexte de la cogénération, fait référence à
un troisième groupe d’ESCO qui offrent des modèles
de services énergétiques spécifiques (« sous-traitance
»). Dans ce guide, le terme « sous-traitance » fait
donc référence aux modèles de services énergétiques
définis dans le guide de la GIZ « Assessing Framework
Conditions for Energy Service Companies »70.Ces
modèles de contrats (de services énergétiques)
peuvent être répartis en différents segments, mais le
plus important pour les applications de cogénération
est le contrat d’achat d’électricité (CAE). La figure 25
ci-dessous illustre la structure typique de ce modèle
de contrat.
Figure 25
Aperçu schématique d’un modèle de contrat
d’approvisionnement énergétique 71
Client
Transfert des coûts de chaleur / électricité
• Max. propre coût sans contracter
• Répartition des coûts de modernisation
Résident
70) Ibid.

Étude de cas: ESC
Laiterie Heideblume, Elsdorf, Allemagne
[i voir l’ANNEXE 1 Projets d’études de cas]
• Projet de trigénération
• capacité de cogène: 1,1 MWel
• investissement: 600 000 EUR
• rendement des capitaux propres après
la première année: 83%.
La disponibilité de services de sous-traitance dépend
principalement de la taille des marchés locaux
de l’énergie et de la cogénération et donc de la
présence d’ESCO spécialisées offrant ces services.
L’approche de sous-traitance est un des principaux
instruments d’atténuation des risques pour les
applications de cogénération, car les investissements
sont (généralement) réalisés par l’entrepreneur.
Chaque type de risque peut être considéré en vertu
de l’approche de sous-traitance, puis externalisé à
une ESCO prête à prendre ces risques.
En vertu de l’approche du CAE, la plupart des risques
techniques et économiques susmentionnés [i voir
4.2.9 Risques d’investissement] liés à la planification,
l’installation, l’exploitation et la maintenance, ainsi qu’à
l’incertitude sur l’évolution des prix des combustibles
et de l’électricité, reposent sur le sous-traitant (ESCO)
pendant la durée du contrat (généralement entre 10
et 15 ans), période pendant laquelle le sous-traitant
réalise tous les investissements liés à la cogénération.
Pour financer ces installations, le sous-traitant lève
des fonds sur le marché des capitaux, ce qui est
normalement beaucoup plus facile pour lui que pour
la petite ou moyenne entreprise qui utilisera ensuite
l’équipement de cogénération. Par contre, le client est
alors obligé d’acheter la quantité d’énergie qui a été
convenue dans le contrat à un prix fixe (généralement
inférieur ou égal à celui qui prévalait avant le contrat)
pendant toute la durée du contrat. Le sous-traitant
exploite la centrale de cogénération et fournit la
quantité contractuelle d’énergie au client, qui est
le propriétaire (au plus tard une fois que le contrat
d’approvisionnement énergétique est résilié) en vertu
de ce plan. Le bénéfice (prime de risque) pour l’ESCO
provient du potentiel d’économie du coût de l’énergie
résultant de la mise en œuvre de la cogénération et de
la conception du système sur la période contractuelle,
alors qu’il reçoit encore l’intégralité du paiement
des coûts énergétiques de la part du client [i voir
l’encadré Étude de cas CAE : Heideblume Dairy].
4.2.8 Analyse économique des projets
Même si cela dépend largement des conditions-
cadres énergétiques, les projets de cogénération
bénéficient généralement de tarifs de l’électricité
(non ajustés) élevés car l’électricité autoproduite
est normalement moins chère que l’électricité du
réseau. Plus l’écart entre le prix du combustible et
le prix de l’électricité est important, plus les solutions
de cogénération sont économiquement attractives.
La planification et l’ingénierie de cogen
étant complexes, le présent guide fournit en
outre une matrice de décision [i ANNEXE 2]
afin de donner une idée de l’adéquation des
applications de cogen dans des contextes
de projet spécifiques.
Le premier instrument d’évaluation économique
des projets présenté dans ce guide est une matrice
de décision (cartographie et liste de contrôle des
facteurs déterminants) à la fois au niveau national
et au niveau du projet, qui permet de décider si
l’utilisation d’une technologie de cogénération est
pertinente pour un projet. Les facteurs déterminants
mentionnés dans les différents chapitres de ce
guide donnent une rapide indication des aspects
critiques ainsi que de la faisabilité, en définissant des
marqueurs pour chaque aspect des applications de
cogénération [ANNEXE 2]
Au niveau du projet, le potentiel de cogénération/
trigénération se manifeste souvent par des conditions
bénéfiques dans les domaines suivants :
• Disponibilité des combustibles
• combustibles alternatifs
• taille du projet.
Toutefois, les investissements dans la cogénération
et la trigénération sont également confrontés à des
risques techniques et économiques qui doivent être
évalués pour permettre la réalisation d’une analyse
Cogénération et trigénération
économique et la mise en œuvre des projets de
cogénération. La section suivante définit les risques
les plus importants pour les investissements dans
des projets de cogénération.
4.2.9 Risques d’investissement
Les risques d’investissement peuvent être divisés en
risques techniques (liés à la centrale de cogénération)
et en risques économiques (évolution des conditions
69
d’achat, etc.).
Risques techniques liés à :
• construction/installation de la centrale de
cogénération
• exploitation et maintenance
• volatilité de la qualité du combustible
• équipements périphériques.
Risques économiques liés à :
• disponibilité du combustible, par ex, volatilité
de l’approvisionnement ou de la production de
biomasse
• évolution du prix des combustibles, par ex., hausse
du prix du gaz
• évolution du prix de l’électricité, par ex., baisse des
prix (réduction du « spark spread » du combustible
de cogénération) ou, après la mise en œuvre de la
technologie de cogénération, hausse des prix (pour
le consommateur) lorsqu’une baisse du pouvoir
d’achat est associée à des frais plus élevés ou à
70
une structure tarifaire moins avantageuse
• risques au niveau de la rémunération et de l’achat
de l’énergie produite (en raison d’évolutions du
cadre juridique, par ex., des tarifs de rachat,
transmission ; contrats d’achat d’électricité
incertains, insolvabilité des acheteurs (privés) de
l’énergie produite, etc.).
Les instruments et stratégies d’atténuation des
risques potentiellement adaptés comprennent
notamment :
• externalisation des risques (techniques,
opérationnels, économiques), par ex., ESCO/
sous-traitance (contrat d’approvisionnement
énergétique, etc.)
• couverture des risques, par ex. couverture d’achat
des combustibles, swaps de devises, etc.
Le modèle d’ESCO/sous-traitance, qui est un des
principaux instruments d’atténuation des risques
pour les applications de cogénération, est expliqué
en détail ci-dessus [i voir 4.2.7].
 5
Recommandations
pour la promotion
de la cogénération et
de la trigénération
5· RECOMMANDATIONS POUR LA PROMOTION DE
LA COGÉNÉRATION ET DE LA TRIGÉNÉRATION
5.1 Introduction
Le chapitre 5 traite de la coopération au
développement et s’adresse aux conseillers et à toutes
les parties prenantes qui œuvrent à la promotion
de la cogénération ou qui envisagent d’appuyer la
promotion de la cogénération/trigénération ou la
mise en œuvre de projets associés.
Il évoque, pour commencer, le cadre politique qui doit
être mis en place pour promouvoir la cogénération.
La deuxième section évoque le renforcement des
capacités humaines. Les différents programmes de
subventions financières sont ensuite résumés. Enfin, la
dernière section présente une série d’autres activités
de promotion des technologies de cogénération.
5.2 Conditions-cadres du secteur et de la
politique énergétiques
La cogénération doit être intégrée dans les politiques
énergétiques nationales des pays considérés et doit
être favorisée par la mise en place des conditions-
cadres appropriées présentées ci-dessous.
• Politiques d’efficacité énergétique
Les politiques de l’UE, par exemple les plans d’action
nationaux en matière d’efficacité énergétique (PNAEE),
sont un format utile pour les politiques de cogénération
et d’efficacité énergétique car elles quantifient les
objectifs d’économie et définissent les mesures à
prendre. Pour la cogénération, cela signifie que :
• Une analyse du potentiel de cogénération doit être
réalisée
• Des objectifs de cogénération spécifiques
doivent être définis (par ex., au niveau sectoriel).
Des mesures visant à accroître l’utilisation de
la cogénération sont définies (analyse coûts-
bénéfices obligatoire, priorité dans la répartition
des centrales de cogénération, subventions, etc.).
Il faut également envisager l’importance des
ESCO pour la mise en œuvre de la cogénération.
En d’autres termes, des politiques de cogénération
peuvent et doivent être incluses dans le PNAEE
avec le maximum de détails possible.
• Politiques en matière d’énergie renouvelable
L’utilisation du biogaz et de la biomasse bénéficiera
de la mise en place d’unités de cogénération.
D’une part, la valeur économique des projets est
72
améliorée par les recettes tirées de la production
d’électricité et de chaleur/froid. D’autre part, en
cas de promotion du biogaz et de la biomasse,
les gouvernements doivent insister sur ou
promouvoir plus spécifiquement la cogénération
afin d’exploiter l’ensemble des bénéfices de cette
source d’énergie primaire, notamment l’efficacité
énergétique et les économies de CO2 associées.
• Politiques d’atténuation du changement climatique
La cogénération/trigénération est très bénéfique pour
la lutte contre le changement climatique puisque les
réductions d’émissions de CO2 peuvent atteindre
40 % ou plus en fonction du combustible utilisé
et de l’efficacité des centrales thermiques. Selon
les instruments de politique climatique utilisés, la
cogénération doit être explicitement favorisée, par
exemple, par une exemption des taxes sur le CO2.
• Politiques en matière d’électricité
Il est fréquent que les projets de cogénération ne
soient viables que si une partie de l’électricité peut être
exportée vers le réseau ou par son intermédiaire. Les
initiatives générales de libéralisation de la production
d’électricité et de promotion d’une production
décentralisée constituent des conditions-cadres
importantes pour l’instauration réussie d’une politique
nationale de cogénération. Sachant que la planification
et l’octroi de licences de production font l’objet d’une
réglementation centrale dans de nombreux pays, il
semble utile de définir des objectifs explicites pour la
cogénération et/ou la production intégrée ou captive
d’électricité, en MW ou en pourcentage d’électricité.
• Les politiques tarifaires et le contrôle réglementaire
doivent faire en sorte que les opérateurs de
cogénération/trigénération privés ne fassent l’objet
d’aucune discrimination. La contribution de la
cogénération aux pics d’électricité et à la mobilisation
de l’électricité doit notamment être prise en compte.
En outre, les ministères de l’industrie ou du
développement économique de chaque pays doivent
être impliqués dans l’élaboration des politiques
de promotion de la cogénération, sachant que la
production décentralisée à petite échelle a besoin
d’une quantité plus importante de main-d’œuvre
et qu’elle favorise donc la création d’emplois. Ces
ministères peuvent également gérer ou adapter des
plans d’incitation afin d’encourager la modernisation,
l’efficacité et la compétitivité. Dans l’idéal, la
cogénération doit être intégrée à ces programmes.
Dans certains pays, les municipalités ou les services
publics municipaux jouent un rôle important dans la
production d’électricité. Dans ce cas, ils doivent faire
partie des principaux acteurs de la promotion de la
cogénération.
5.3 Plans d’incitation
Pourquoi et dans quelle mesure les incitations
financières sont-elles nécessaires pour la cogénération?
•Dans de nombreux pays, les tarifs de l’électricité
sont subventionnés ou ne reflètent pas son
coût réel pour l’économie car ils ne tiennent
pas compte de tous les coûts externes (impacts
environnementaux, etc.).
• Certains avantages de la cogénération ne
concernent pas l’investisseur mais le pays dans
son ensemble, sous la forme d’impacts externes,
par exemple, la fiabilité de l’approvisionnement,
la réduction des pertes de transmission et de
distribution, les effets positifs sur la balance des
paiements et les impacts environnementaux.
Les différents plans d’incitation ont été évoqués sous
la forme de « facteurs déterminants » pour la réussite
de la cogénération au chapitre 4. Pour promouvoir la
cogénération, il est souvent nécessaire d’améliorer
ces instruments ou de les créer.
Pour mieux comprendre et justifier le besoin d’appui
financier à l’investissement initial en cogénération/
trigénération, la première étape consiste à illustrer la
valeur économique des projets de cogénération au moyen
d’une analyse économique. Cette analyse doit clairement
mentionner les avantages économiques et financiers de
la cogénération en fonction de la taille, du profil de charge
et du combustible utilisé, en mettant l’accent sur les
segments pour lesquels le potentiel de cogénération est le
plus important, par exemple, l’industrie de transformation
des aliments, les hôtels, etc.
La rémunération de l’excédent d’électricité qui sera
exporté sur le réseau est un facteur important à
prendre en compte. Il est alors possible de calculer
les subventions financières requises pour aboutir
à une période de remboursement et à un taux
interne de retour sur investissement minimum.
Dans un deuxième temps, les subventions évitées
(incluses dans les tarifs de l’électricité) et les autres
effets, ainsi que les coûts externes évités grâce à
la réduction des importations de combustibles et
au report des investissements dans des centrales
électriques, doivent être pris en compte dans
l’analyse économique au niveau national.
Les différents types d’incitations financières sont
présentés au paragraphe 4.1.7.
Les considérations suivantes doivent être prises en
compte lors de la conception d’un plan de promotion
de la cogénération :
• Il est nettement plus bénéfique de faciliter
l’exportation de l’excédent d’électricité vers le
réseau, par exemple, au moyen d’un tarif de rachat
attractif, que de fournir des subventions en capital.
• Les incitations financières doivent être
différenciées par combustible et par taille d’unité
et peuvent être intégrées à tous les plans, même si
leurs aspects pratiques peuvent varier.
• Tout plan qui est soumis à la réglementation du secteur
de l’électricité peut être confronté à la résistance
des grandes compagnies de production d’électricité
existantes qui veulent défendre leur part de marché
et leur monopole ; il est important d’élaborer des
arguments spécifiques tels que la réduction des
besoins en capacités de réserve qui résulte de la
facilité de mobilisation de la production décentralisée.
• Les plans d’incitation doivent être personnalisés
de manière à être également applicables à des
investisseurs et à des opérateurs tiers tels que
des ESCO/producteurs d’électricité indépendants
et aux contrats d’approvisionnement énergétique.
• Pour les projets de biomasse et de biogaz
en particulier, mais aussi pour les projets de
cogénération/trigénération plus importants et plus
complexes, la phase de développement est longue
et exposée à des risques d’échec. Pour prévenir
ces risques, des mécanismes de préparation des
projets doivent être mis à disposition pour la phase
de développement/faisabilité du projet. Ce type de
financement ne se fait pas obligatoirement sous
Cogénération et trigénération
la forme de subventions ; il peut également s’agir
d’une sorte d’assurance par laquelle le promoteur
reçoit une part de cofinancement pour la phase
de développement, financement qui devra être
remboursé si le projet réussit
5.4 Renforcement des capacités humaines
Le renforcement des capacités humaines est
important, car il contribue au développement de la
73
cogénération non seulement en réduisant les goulets
d’étranglement mais aussi en améliorant la valeur
ajoutée locale et l’emploi. Dans la plupart des pays, les
projets de cogénération s’appuient sur des ingénieurs
pour promouvoir, planifier, mettre en œuvre et exploiter
les centrales de cogénération. Des techniciens et
des ouvriers qualifiés sont requis pendant la phase
de construction et, dans une certaine mesure, pour
l’exploitation et la maintenance.
Une approche systématique du renforcement des
capacités doit donc être choisie selon les lignes
suivantes :
• analyse des besoins et des déficits de compétences :
- différenciation en fonction des groupes cibles/
groupes de parties prenantes et des étapes
requises pour la chaîne de valeur [i voir la
différenciation au chapitre 4]
- implication de l’industrie (cabinets d’ingénierie,
etc.) et gestion explicite des goulets
d’étranglement à court terme
• accent sur la formation continue, car les
technologies complexes ne peuvent pas être
conçues et mises en œuvre par de jeunes diplômés
• implication des fournisseurs dans la formation
(matériel, livraison)
• inclusion des planificateurs et des architectes (pour
le secteur commercial et le secteur résidentiel) qui
ont un rôle à jouer dès les premières phases des
nouveaux projets
• création de marchés de la formation pour garantir
la pérennité des projets, au moyen d’incitations
ou de l’obligation d’obtenir des certifications
basées sur la formation pour pouvoir bénéficier de
Groupe cible Application
Fondements de la et facteurs
cogénération déterminants
Décideurs politiques X X
Promoteurs et X X
agences de l’énergie
Clients finaux X X
Banques X X
Ingénieurs consultants
ESCO X X
Formateurs en énergie X X
74
subventions et d’autres aides gouvernementales
• prise en compte des interfaces avec les programmes
existants de renforcement des capacités mis en
place par les donateurs/institutions de coopération
au développement dans le pays considéré (par ex.,
efficacité énergétique dans son ensemble, mais
aussi biogaz/biomasse)
• inclusion de la cogénération dans les cursus
d’enseignement supérieur, les formations en génie
mécanique des universités techniques, etc.
Le renforcement des capacités humaines contribue
au développement du marché de la cogénération de
différentes manières :
• les ingénieurs et les conseillers peuvent développer
le marché en vendant leurs services
•la formation à la cogénération peut être rendue
obligatoire pour certains groupes (par ex., responsables
énergétiques ou auditeurs énergétiques)
• les éventuels clients de la cogénération doivent
être sensibilisés au potentiel de ces technologies
et aux possibilités d’application
• il est possible d’envisager des actions de
renforcement des capacités pour le personnel des
banques (de développement ou commerciales)
locales afin d’accélérer les mécanismes d’appui
financier pour la cogénération/trigénération.
Même si les déficits de compétences et les besoins
de formation diffèrent selon les pays, le schéma
suivant s’applique à la plupart d’entre eux.
Tableau 15
Groupes cibles et problèmes de renforcement des
capacités humaines
Problématiques
Conception des
Modélisation systèmes de
économique cogénération
X X
X X
X
Les problématiques de renforcement des capacités
humaines sont similaires pour un certain nombre de
pays partenaires. Lorsque le nombre de participants
potentiels par pays est limité, la formation doit
être proposée au niveau régional ou mondial,
particulièrement pour les membres des ministères
et/ou des agences de l’énergie.
Voici quelques suggestions de thèmes pour la
problématique « Fondements de la cogénération » :
Vue d’ensemble, avantages et facteurs déterminants
de la cogénération
• technologies de cogénération (fonctionnalités)
• moteurs à gaz
• trigénération (refroidisseurs à adsorption)
•conditions-cadres réglementaires (exportation
d’électricité et licences)
• incitations financières
• rentabilité et coûts du cycle de vie
•autres bénéfices de la cogénération.
Facultatif
• cogénération basée sur le biogaz
• introduction à la conception de la cogénération
• turbines à vapeur
• chauffage et refroidissement collectifs
• stockage thermique.
5.5 Sensibilisation et démonstration
5.5.1 Sensibilisation
Pour pouvoir promouvoir les technologies qui
ne sont pas encore bien établies (par exemple,
la cogénération dans les pays émergents et en
développement), il est crucial de sensibiliser les
clients finaux mais aussi les consultants en énergie
et en ingénierie.
L’expérience internationale montre que les
principaux éléments à évoquer pour sensibiliser les
acteurs à la cogénération sont les suivants :
• compréhension générale du concept
• gamme d’applications (combustibles, production
de froid, etc.)
• exemples de bonnes pratiques au niveau national
et international.
Les ministères et les agences de l’énergie doivent
travailler à l’élaboration d’un pack de promotion
de la cogénération. Les détails des campagnes
de promotion de la cogénération doivent être
parfaitement planifiés et axés sur les groupes cibles.
Les campagnes de promotion doivent combiner un
mélange équilibré d’instruments et être correctement
•mettre en place des services de conseil sur les
questions liées à la cogénération, en recommandant
des consultants et des fournisseurs.
• organiser une table ronde avec des fournisseurs
et des cabinets d’ingénierie. Les fournisseurs et
les cabinets d’ingénierie doivent être impliqués
dans la conception et la mise en œuvre de la
campagne afin que celle-ci puisse bénéficier
de leur connaissance des marchés. Ces acteurs
commerciaux doivent également pouvoir profiter
de la campagne pour améliorer leurs ventes. Ils ont
pour tâche :
• d’identifier les obstacles et les besoins d’action ;
• d’élaborer des activités de promotion conjointes.
• promouvoir la cogénération auprès des décideurs
politiques responsables des financements et de
l’élaboration des plans d’incitation financière :
• vérifier que la cogénération est intégrée à
toute nouvelle réglementation sur la promotion
de l’efficacité énergétique ou des énergies
renouvelables
• promouvoir la cogénération auprès des institutions
de financement et notamment des institutions
financières de développement.
• mener des actions de plaidoyer en faveur de la
cogénération au niveau des réglementations du
marché de l’électricité.
• identifier des projets expérimentaux potentiels et
appuyer ces expérimentations [i voir 5.5.2].
Sensibilisation des utilisateurs d’énergie
• identifier les groupes cibles (principaux segments
de marché tels que les hôtels, les hôpitaux,
l’industrie chimique, etc.)
Cogénération et trigénération
• identifier des intermédiaires (associations
industrielles, chambres de commerce, associations
d’ingénieurs, etc.)
• utiliser les assemblées annuelles, les groupes de
travail et autres structures existantes
• organiser des événements de promotion de la
cogénération ; inclure des visites de sites et
impliquer les fournisseurs
75
• écrire des articles dans les bulletins d’information
et les magazines des industries
• créer une brochure de promotion et d’autres
documents en collaboration avec les
intermédiaires.
5.5.2 Développement de projets de démonstration
Les décideurs, et particulièrement les ingénieurs,
aiment pouvoir constater de visu que la technologie
fonctionnera dans les conditions de leur pays. Il est
donc très important de concevoir des projets de
démonstration dans les pays ciblés.
À ce jour, la GIZ a facilité le développement de projets
expérimentaux au Chili, en Afrique du Sud et en Inde.
Le portail Trigen India Portal en est un bon exemple
[i voir l’ANNEXE 1].
La coopération au développement peut s’associer
à des partenaires et à des décideurs locaux pour
appuyer les projets de démonstration en utilisant
différentes étapes :
• motivation et évaluation initiale
76
• vérification de préfaisabilité
• phase de faisabilité : financement direct des
consultants par la coopération au développement
ou la facilitation du financement des études de
faisabilité ou de l’examen des études
• facilitation pour l’obtention des licences ou autres
questions réglementaires
• facilitation du financement, dans certains cas, (co)
financement des projets d’investissement et/ou du
suivi.
La documentation et la diffusion des projets doivent
être parfaitement planifiées et des ressources
doivent leur être affectées. Il est également possible
d’organiser des tournées et des expositions
nationales présentant les projets de démonstration
pour diffuser la technologie et ses avantages dans
l’ensemble du pays. Si possible, les dispositions
doivent être prises pour organiser des séminaires sur
le site même du projet de démonstration.
Annexes
ANNEXE 1 : PROJETS DES ÉTUDE DE CAS
Vue d’ensemble des études de cas

N° Technologie Pays Puissance des Combustible Étude de cas

centrales

Trigénération
1 (refroidisseur à Afrique du Sud 2.000 kWel Gaz naturel RTM
absorption)
Trigénération
2 (refroidisseur à Inde 1.000 kWel Gaz naturel JPNATC Hospital
absorption)

3 Moteur à gaz Mexique 400 kWel Gaz naturel Lagunero Alimentos

4 Moteur à gaz Chili 140 kWel Gaz naturel Hospital HUAP

5 Biosource Allemagne 1.000 kWel Biogaz Im Brahm

6 Biosource Honduras 1.200 kWel Biogaz HonduPalma

UTES Oostelijke
7 Réseau et stockages Pays-Bas > 6.000 kWel Divers Handelskade

Trigénération
8 (refroidisseur à Allemagne 1.100 kWel Gaz naturel Heideblume Elsdorfer
absorption)
Trigénération
9 (refroidisseur à Allemagne 694 kWel Gaz naturel LVR Clinic
absorption)
Trigénération
10 (refroidisseur à Allemagne 2.827 kWel Gaz naturel Phoenix Contact
absorption)

78
Trigénération hors réseau
alimentée au gaz pour
MTN Communication,
Johannesburg, Afrique
du Sud
Contexte
Dans le district de West Rand à Johannesburg, la
multinationale de communication MTN exploite une
centrale de trigénération hors réseau en collaboration
avec la ville de Johannesburg. Installée au siège de
MTN, cette unité produit de l’électricité, de la chaleur
et de l’eau froide afin de répondre partiellement aux
besoins énergétiques de l’entreprise.
Eléments clés
Les travaux de construction ont débuté en octobre Capacité électrique 1.063 kWel
2008 et, en 2012, la centrale de trigénération a été thermique 2 x 1.200 kWth
reconnue comme un projet générateur de crédits ≈ %35
carbone par le Mécanisme pour un développement η (el)
(Refroidisseur à absorption)
« propre » (MDP) des Nations unies. L’entreprise
énergétique française EDF a acheté l’intégralité des Combustible Gaz aturel
crédits carbone que la centrale obtiendra sur une Consommation 4.945 m³/a
période de dix ans. Production électrique 18.623 MWh/a
Trois refroidisseurs à lithium-bromide comme
Le complexe de bâtiments de MTN est composé de absorption réfrigérant
bureaux, de centres de données et d’installations
de télécommunications. Avant l’installation de la Capacité de 2 x 550 kWth
centrale de trigénération, le site était alimenté en refroidissement 1 x 450 kWth
électricité par la ville de Johannesburg via le réseau Echangeur de chaleur 100 kWth
national, en chaleur par des radiateurs électriques
conventionnels et en refroidissement par des Economies atteintes
refroidisseurs à compression de vapeur électriques CO2 2.000 t/a
conventionnels.
Energie totale ≈ 26 GWh/a
La centrale de trigénération de 2 MW sera complétée Réseau électrique
18,6 GWh/a
par les systèmes de chauffage et de refroidissement remplacé
existants et par le réseau électrique national pour Electricté remplacée
5,4 GWh/a
répondre à l’intégralité de la demande d’énergie de
Cogénération et trigénération

refroidissement
MTN. La centrale utilise comme combustible du gaz Electricté remplacée
naturel riche en méthane provenant du gisement chauffage
0,876 GWh/a
gazier de Temane au Mozambique, qui arrive chez
Egoli Gas à Johannesburg via le gazoduc Sasol Economie
Investissement 3,5 M EUR
Amortissement < 5 years

79
Trigénération alimentée
au gaz – Hôpital
JPNATC, New Delhi,
Inde
Contexte
Le projet pilote de trigénération de « Jai Prakash
Narayan Apex Trauma Center » (JPNATC) à New Delhi
a été mis en œuvre dans le cadre d’une initiative
de coopération entre le gouvernement indien,
représenté par le Bureau de l’efficacité énergétique
du ministère de l’Énergie, et le gouvernement
allemand représenté par la GIZ. Lancé en 2010, il
devait être un des premiers projets de trigénération
du pays.

Les impressions et les paramètres clés du projet sont

résumés ci-dessous. Eléments clés
Capacité du moteur à gaz 347 kWel
La centrale de démonstration est composée de trois
≈ 40%
grands éléments : moteur à gaz, système d’absorption ηel du moteur à gaz
(Refroidisseur à absorption)
de vapeur (Vapour Absorption Machine – VAM) et
refroidisseur électrique (compression de vapeur) 0,7
COP VAM VC
4,0
pour répondre à la demande de refroidissement.
Le moteur à gaz produit de l’électricité (347 kW) Temp. réquise de l’eau
7 °C
en utilisant 96 m³ standard de gaz par heure et les réfrégirée
gaz d’échappement alimentent un VAM. Grâce à un Combustible Gaz naturel
cycle de réfrigération à absorption, le VAM produit
de l’eau froide à 7 °C en utilisant la chaleur des gaz Economies atteintes
d’échappement et du circuit haute température, ce
Energie totale p.a. 660.000 kWh
qui améliore l’efficacité de l’ensemble.
Coûts d’énergie p.a. 220.000 EUR
De plus amples informations sur le projet sont CO2 1.700 t/a
disponibles sur le site www.trigenindia.com,qui
contient notamment des vidéos et des photos Economie
Investissement 690.000 EUR
Amortissement 3,2 years

80
Cogénération alimentée
au gaz naturel –
Entreprise d’aliments
pour animaux, Torreon,
Mexique
Contexte
Le fabricant d’aliments pour animaux Lagunero
Alimentos Balanceados Simón Bolivar à Torreon, au
Mexique, a construit une centrale de cogénération
alimentée au gaz naturel pour ses applications
industrielles.

La centrale est équipée d’un moteur à gaz de 400

kWel qui produit 484 kW d’énergie thermique. Le
système a une efficacité totale de près de 90 % avec
une efficacité électrique qui avoisine les 40 %. Le Eléments clés
module de cogénération a été fourni sous la forme 400 kWel
d’un conteneur « tout-en-un ». Cet agencement Capacité du moteur à gaz
484 kWth
minimise l’encombrement de l‘installation de Combustible Gaz naturel
cogénération et facilite l’accès au système et son
opérabilité. La phase d’installation n’a duré que trois Altitude opérationnelle ~ 1 200 m
jours et la mise en service a été très rapide. Configuration Module conteneur
Production d’électricité
Le module de cogénération a été intégré aux 3.320 MWh/a
p.a.
infrastructures existantes de l’usine et du système Production de chaleur p.a. 4.017 MWh/a
de transformation et de production des aliments.
Heures à charge pleine
8.300
De plus amples informations sont fournies par 2G p.a.
Cenergy.
http://www.2g-energy.com/projects/intelimeter
Cogénération et trigénération

81
Cogénération alimentée
au gaz – Hôpital de
Magallanes, Punta
Arenas, Chili
Contexte
Dans le cadre de l’initiative de la GIZ Energía 4E,
un projet de coopération germano-chilien, avec
la participation de l’Agencia Chilena de Eficiencia
Energética (AChEE), a mis en œuvre une unité de
production combinée de chaleur et d’électricité
ainsi que des mesures d’efficacité énergétique dans
certains hôpitaux publics chiliens. En 2012, des
experts du BEA ont réalisé une étude de faisabilité
pour l’hôpital régional de Punta Arenas dans la
région de Magallanes, à l’extrême sud du Chili.

Une partie du projet consistait à installer une Eléments clés

centrale de cogénération alimentée au gaz naturel 300 kWel
afin de faire des économies sur la consommation Capacité du moteur à gaz
360 kWth
d’électricité du réseau et d’améliorer la sécurité
de l’approvisionnement énergétique. Le moteur atteintes
à gaz produit 300 kW d’électricité et 380 kW
Energie thermique p.a. 30%
d’énergie thermique. Grâce à des subventions
gouvernementales, la région de Magallanes bénéficie Electricité p.a. 74%
de prix du gaz naturel très bas par rapport à d’autres CO2 Absolut

p.a. 1.000 t/a
régions. Relatif p.a. 35%

De plus amples informations sont disponibles auprès Economies

de la GIZ ou de la BEA (Berlin Energy Agency), Amortissment 6 years
notamment sur www.berliner-e-agentur.de/news

82
Cogénération alimentée
au biogaz et chauffage
collectif – Secteur
agroalimentaire,
Im Brahm, Essen,
Allemagne
Contexte
Les réglementations européennes ont obligé
l’exploitation agricole et entreprise de recyclage Im
Brahm à Essen-Kettwig, Allemagne, à réorganiser
son activité de traitement du lisier porcin et de
recyclage des déchets de cuisine, car la société
n’était plus autorisée, entre autres, à nourrir les
porcs avec des déchets de cuisine. Ayant plusieurs
sources de biomasse bon marché à disposition,
l’entreprise a décidé, en 2005, de les utiliser pour
produire son propre biogaz et alimenter une unité de
cogénération.

Les matières premières utilisées pour la production

du biogaz sont des coferments, tels que des déchets
de cuisine, des graisses et des graines récupérés
auprès des cantines et des restaurants environnants,
ainsi que du lisier de porc provenant de l’exploitation
agricole. Les coferments sont prétraités (hygiénisés) Eléments clés
et mélangés au lisier. Après le prétraitement, les Installation de biogaz de co-fermentation
matières organiques sont digérées dans deux
fermenteurs et le biogaz ainsi produit alimente trois Capacité du moteur à gaz 3 x 333 kWel
moteurs à gaz de 333 kWel. Combustible Biogaz
Fumier de porc, déchets de
L’électricité produite est injectée dans le réseau Matière première
cuisine, graisses, céréales
public et rémunérée en vertu de la loi allemande sur Capacité de fermentation
les énergies renouvelables. L’excédent de chaleur 2 x 1.205 m³
(cuve en béton)
du processus de cogénération alimente un réseau
Krieg & Fischer Inge-nieure
de chauffage privé qui dessert le voisinage. Le plus Construction
GmbH
grand puits de chaleur est un complexe hôtelier qui
Cogénération et trigénération

est alimenté en chaleur via une canalisation de 600 Opérateur de l'usine Im Brahm
mètres de long.
Economies
Investissement
(sans agrandissement
2007/2011: 2ème ≈ 1 M EUR
digesteur et 3ème moteur
à gaz)

83
Cogénération alimentée
au gaz de déchets
organiques – Industrie
de l’huile de palme,
El Negrito, Honduras
Contexte
HonduPalma, un des grands producteurs d’huile de
palme d’Amérique centrale, a commandé un système
de cogénération 2G® de 1,2 MW alimenté au biogaz,
complet et hautement efficace. Le moteur principal,
entièrement intégré, du système de cogénération est
un 2G® avus® 1200 avec un moteur central MWM®
et une capacité de 1 200 kWel ou 9 960 MWh par an
d’électricité et de 1 225 kWth d’énergie thermique.
Outre l’unité de cogénération, 2G CENERGY a Eléments clés
également fourni l’unité complète de traitement du
gaz, avec refroidisseur, sécheur/déshumidification, 1.200 kWel
Capacité du moteur à gaz
1.225 kWth
ainsi que le système d’extraction du H2S.
Combustible Biogaz
La centrale de conversion énergétique au biogaz Digestion anaérobie des
Source de combustible
fournit de l’électricité à l’usine et à l’installation déchets organiques
de traitement d’huile d’HonduPalma et renvoie Configuration Module conteneur
l’excédent sur le réseau. L’énergie thermique est Distribution thermique aux
intégralement utilisée dans l’installation de traitement Utilisation de chaleur installations de traitement
de l’huile de palme. d'huile
Production d’électricté p.a. 9.960 MWh/a
De plus amples informations sont fournies par 2G
Cenergy. Production de chaleur p.a. 10.167 MW/a
www.2g-cenergy.com/biogas-project.html Heures à pleine charge p.a. 8.300

84
Chauffage et • réduction des pertes d’énergie résultant
d’un chauffage basse température et d’un

refroidissement refroidissement haute température

• investissement et exploitation par une compagnie
durables par d’électricité (Nuon)
• tarifs de l’énergie conformes au système
UTES – Oostelijke conventionnel

Handelskade • excédent temporaire de froid :

• terminal passagers : taux d’occupation non
Amsterdam conforme aux prévisions, isolation thermique
sous-optimale
Enjeu • projet toujours en cours de construction (2002).
Chauffage et refroidissement durables pour le projet
Oostelijke Handelskade :
• terminal passagers, bâtiments administratifs,
hôtel, centre artistique et appartements
• diverses demandes d’énergie
• demande de chauffage et de refroidissement de 8,2
MW et 8,3 MW respectivement
• initiateurs : ville d’Amsterdam, Nuon, Novem.
Solution
Système centralisé de stockage d’énergie thermique Données clés Système de stockage d’énergie
thermique dans l’aquifère (ATES) (projet entièrement
en aquifère associé à des pompes à chaleur opérationnel):
décentralisées.
Capacité de chauffage
• équilibrer l’offre et la demande d’énergie thermique 4.060 kW
ATES
:
Chaleur délivrée par
1. au sein de chaque bâtiment 2.760 MWh
stockage
2. entre les bâtiments Capacité de
4.060 kW
3. en utilisant le stockage en aquifère refroidissement ATES
• stockage saisonnier de l’excédent de chaleur et de Livraison à froid par
2.290 MWh
froid stockage frigorifique
• capacité de la pompe à chaleur de 6,5 MW, deux Débit maximum des eaux
500 m3/h
puits de chaleur et deux puits de froid (débit total souterraines en hiver
: 500 m³/h) ébit maximum en eaux
500 m3/h
• utilisation d’eau de surface pour équilibrer souterraines en été
thermiquement le système. Quantité pompée hiver 400.000 m3
Cogénération et trigénération

Quantité pompée été 330.000 m3

Résultats
Nombre de puits chauds 2
• économies d’énergie de 50 % par rapport à un
Nombre de puits froids 2
système de chauffage et de refroidissement
conventionnel Profondeur de l'aquifère 90 – 180 m b.s.

85
Approche de sous-
traitance d’un projet de
trigénération alimenté
au gaz pour la laiterie
d’Elsdorf, Allemagne
Contexte
La laiterie Heideblume et Elsdorfer Feinkost AG
(chiffre d’affaires cumulé de 190 millions d’EUR et
340 salariés) ont décidé de revoir l’infrastructure
d’alimentation en énergie de leur site de production
commun afin d’améliorer l’efficacité énergétique et
donc de réduire les coûts de l’énergie et les émissions
de CO2. Avec un programme détaillé d’économies
d’énergie, la nouvelle centrale de cogénération
associée à des refroidisseurs (trigénération) est
la principale mesure adoptée pour atteindre ces
objectifs. Le projet a été mis en œuvre en vertu d’un Eléments clés
contrat d’approvisionnement énergétique à long
terme avec Hochtief Energy Management. Capacité de l'usine de
1.125 MWel
cogénération
Autres avantages de la centrale de trigénération : Durée du projet 2006 - 2015
• utilisation de l’intégralité de la chaleur
Economies atteintes
• offre une charge de base pour le stockage du froid
Economies en énergie
• utilisation d’avantages fiscaux 12,6 GWh/a
(totales)
• réduction des émissions de CO2 Réduction des coûts
• collaboration avec une ESCO qui permet de se 501.000 EUR/a
d'énergie en% des coûts
12%
recentrer sur l’activité principale totaux d'énergie
Réduction de CO2 à travers
4.700 t/a
l'usine de Trigen
Réduction de CO2
incl. autres mesures 8.350 t/a
d'économie d'énergie

Economie
Investissement 600.000 EUR
Rendement des capitaux
propres en première 83%
année

86
Trigénération, contrat
d’approvisionnement
énergétique et contrat
de performance
énergétique – Hôpital
LVR, Bonn, Allemagne
Contexte
La clinique LVR de Bonn, en Allemagne, peut
accueillir 800 patients dans 27 bâtiments.

En raison de coûts énergétiques élevés, il a été décidé,

en 1998, de faire appel à l’ESCO Imtech Deutschland
GmbH & Co. KG pour produire l’électricité, la vapeur,
le chauffage et l’énergie de refroidissement.
Eléments clés
Avant cela, la chaleur provenait d’une chaudière à
Centrale à cogénération: 2 moteurs à gaz, conception
vapeur haute pression de 21 MW particulièrement
inefficace et l’électricité était achetée sur le réseau à moteur
public. La consommation annuelle d’énergie Capacité
2 x 347 kWel
primaire atteignait 45 GWh. Pour réduire à la fois électrique
2 x 520 kWth
les coûts énergétiques et les émissions de CO2, deux thermique
mesures ont été prises, sous la forme d’un contrat Combustible Gaz naturel
d’approvisionnement énergétique et d’un contrat de Température 90-95°C
performance énergétique : afflux Refoulement 75-80°C
•
remplacement de la chaudière à vapeur haute Capacité du refroidisseur
pression inefficace par un approvisionnement en 1.000 kWth
à absorption
eau chaude
Capacité de la chaudière
•
conception d’un nouveau processus de 2 x 2 000 kWth
à vapeur
trigénération hautement efficace axé sur la
demande réelle Economies atteintes
•
construction d’un système de gestion pour le > 50%
CO2 % total
contrôle de l’énergie. 4.600 t/a

La coopération contractuelle entre LVR et Imtech a Réduction des coûts

≈ 40 %
été prolongée en 2010. d'exploitation
Cogénération et trigénération

Réduction totale des coûts

≈ 25%
Economies énergétiques
Investissement 4,5 M EUR Réduction de la capacité
11 MW (de 21 MW à 10 MW)
de production de vapeur
Consommation d'énergie
1/3
réduite de
L’efficacité globale par
l’usine de cogénération a 88%
augmenté de

87
Trigénération alimentée
au gaz- Industrie
de l’automatisation,
Phoenix Contact,
Allemagne
Contexte 1200
1100
1000
Phoenix Contact AG est un leader de la fabrication 900
800 wärmebedarf
de solutions d’automatisation, d’interconnexion et 700 kältebedarf
600
d’interface industrielles qui emploie plus de 12 000 500
leistung kw

personnes. 400
300
200
Pour améliorer son efficacité énergétique et réduire 100
0
les coûts de l’énergie, Phénix a décidé, en 2008, -100
de revoir son approvisionnement en énergie et -200
-300
d’installer une nouvelle centrale de cogénération. -400
-500
La demande constante d’électricité, de chauffage 1 Jan 1 Feb 3 Mar 3 Apr 4 Mai 4 Jun 5 Jul 5 Aug 5 Sep 6 Oct 6 Nov 7 Dec
et d’énergie de refroidissement des entreprises
rendait l’investissement dans une application de Eléments clés
cogénération attractif. Pour augmenter le nombre Cogen Plant comprend 2 x moteurs à gaz MTU et 1 x
d’heures de pleine charge de la centrale de moteur à gaz Jenbacher
cogénération et donc son efficacité, l’approche ∑ 2,8 MWel (1 166 kWel,
incorporait un refroidisseur à absorption destiné à Capacité électrique
772kWel, 889 kWel)
produire de l’énergie de refroidissement à partir de ∑ 3 MWth (1.272
la chaleur résiduelle. thermique
kWth,861kWth, 896 kWth
Avant l’intégration de la technologie de cogénération, η (el) 41% – 42.8%
les entreprises consommaient jusqu’à 950 000 litres η (th) 43,1% – 46,3%
de pétrole par an et leur consommation d’électricité
Combustible Gaz naturel
du réseau atteignait 40 000 MWh.
Heures à pleine charge
7.000 - 8.000 h/a
Économies réalisées (hpc)
Demande en
Pétrole 950.000 l/a > 2.000 h/a
refrodissement (hpc)
Économies d’énergie significatives (s/o) Demande en chauffage
> 4.000 h/a
(hcp)
Aspects économiques Durée de vie calculée 12 ans

Remboursement < 3 ans

88
ANNEXE 2 : CARTOGRAPHIE ET LISTE
DE CONTRÔLE DES FACTEURS DÉTERMINANTS
DE LA COGÉNÉRATION ET DE LA TRIGÉNÉRATION
La planification et la conception technique des
unités de cogénération et de trigénération sont
des opérations complexes. La cartographie et la
liste de contrôle des facteurs déterminants ont été
élaborées pour compléter le guide pratique du projet
sectoriel de la GIZ « Coopération technologique dans
le secteur de l’énergie » (financé par le ministère
fédéral allemand de la Coopération économique et du
Développement (BMZ)). Elles sont destinées à servir
de matrice de décision pour savoir si et comment
ces technologies peuvent être introduites dans un
pays et quels aspects doivent être envisagés. Les
personnes ciblées sont les experts travaillant sur la
promotion de la cogénération ou sur des projets de
cogénération au niveau national, particulièrement
dans les pays émergents et en développement.
et permettent de connaître rapidement les aspects
critiques ainsi que la faisabilité d’un projet en
définissant des marqueurs pour chacun des aspects
des applications de cogénération/trigénération.
L’annexe 2 doit être utilisée pour analyser et identifier
les conditions de marché nécessaires pour favoriser
l’utilisation d’une application de cogénération/
trigénération. Sur la base des résultats de l’analyse,
il est possible d’élaborer une approche de conseil
pour les projets de coopération au développement.
L’annexe 2 peut également être transmise par la GIZ
sous la forme d’un outil Excel interactif. Un appui
supplémentaire à cette évaluation sera fourni par le
projet sectoriel de la GIZ « Coopération technologique
dans le secteur énergétique ».

La matrice jouera un rôle essentiel pour évaluer les
conditions cadre de la cogénération/trigénération
à la fois au niveau macro national (environnement
favorable) et au niveau micro projet, et permettre
de décider si un scénario de projet se prête ou
non à l’application de la technologie. Les facteurs
déterminants énumérés dans la matrice sont
étroitement liés à la structure du chapitre 4 du guide
Cette matrice de décision est composée de deux
sections (4.1 et 4.2) qui reflètent la distinction
susmentionnée entre le niveau macro et le niveau
micro tels qu’ils sont présentés au chapitre 4. Chaque
section est, à son tour, divisée en deux éléments :
une cartographie et une liste de contrôle des facteurs
déterminants.

4.1 Cartographie des facteurs déterminants au niveau macro national (cadre favorable)
Modèle relationnel : illustre les interdépendances entre les facteurs déterminants
Comment lire la cartographie
Déterminant Relation

4.1.1 Potentiel

4.1.3 Environnement 4.1.2 Cadre 4.1.7 Systemes

réglementaire politique d’incitation

4.1.4 Cadre
Institutionnel

4.1.5 D
 esponibilité des
compétences

90
CARTOGRAPHIE ET LISTE DE CONTRÔLE DES FACTEURS DÉTERMINANTS DE LA COGÉNÉRATION ET DE
LA TRIGÉNÉRATION
Liste de contrôle des facteurs déterminants au niveau macro national (cadre favorable)
Grandes lignes du cadre favorable
Facteur déterminant et section
4.1.1 Potentiel
Industrie
Industries présentant un potentiel de
cogénération/trigénération
Bâtiments
Amélioration du niveau de vie
entraînant
Demande de refroidissement
Segments offrant un potentiel pour la
cogénération/trigénération
4.1.2 Environnement politique
Efficacité énergétique (EE)
Développement du secteur de
l’électricité
Politique promotionnelle
Segment
Extraction de charbon, extraction de tourbe, extraction de pétrole/gaz naturel, etc.
Extraction de minerai, de pierres et de terre, autres exploitations minières
Transformation des produits alimentaires, boissons et tabac
Textiles et secteur du vêtement
Bois et produits du bois (sauf fabrication de meubles)
Papier, édition, impression
Coke, produits pétroliers raffinés, fabrication de combustible nucléaire
Industrie chimique
Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique
Verre, céramique, traitement et extraction de pierres
Production et traitement de métaux, fabrication de produits métalliques
Génie mécanique
Construction automobile
Augmentation de l’espace de vie par habitant
Confort thermique accru
Demande accrue de services (hôtels, hôpitaux, etc.)
Évolution/croissance démographique
Changement climatique entraînant une élévation des températures
Industrie agroalimentaire
Chambres froides dans la chaîne d’approvisionnement
Industrie laitière
Abattoirs
Centres de données
Industrie pharmaceutique
Hôpitaux
Hôtels
Existence et ambition d’un cadre politique national sur l’efficacité énergétique
Prise en compte de l’efficacité énergétique dans l’industrie et/ou d’autres segments
Cogénération et trigénération
pertinents pour la cogénération
Prise en compte de la cogénération au sein de ce cadre
Objectif de réduction des pertes de transmission et de distribution
Dissociation et libéralisation de la production d’électricité avec accès libre au réseau
Transmission à un acheteur consentant (avec des frais de transmission réglementés
donc raisonnables)
Tarif de rachat/prime par kWh
Appels d’offres
Subventions en capital
91
 Facteur déterminant et section
4.1.3 Environnement réglementaire
Licence pour la production d’électricité
Code de réseau
Raccordement d’une unité de cogénération au
réseau
Paiement pour le renforcement des réseaux
Régimes tarifaires
Relatifs à la puissance réactive, puissance
contractée/alimentation de secours, etc.
4.1.4 Cadre institutionnel
Ministère de l’Électricité/organisme de
réglementation
Ministères de l’Économie ou du Développement
industriel
Banques de développement ou banques locales
(avec l’appui de banques de développement)
Fournisseur(s) d’électricité
Agence de (promotion de) l’énergie
Ingénieurs consultants
Associations professionnelles
Partiellement : investisseurs individuels du secteur Investissement (dettes/fonds propres) dans des projets de cogénération
résidentiel/industriel
4.1.5 Technologies et compétences disponibles
Domaines de planification problématiques
Problèmes critiques pour l’ingénierie,
l’approvisionnement et la construction
Exploitation et maintenance
Décideurs dans les ministères
Économistes de l’énergie travaillant sur la réforme
du secteur de l’électricité et de la politique
d’efficacité énergétique
Agents des unités de promotion de la cogénération/ Compréhension détaillée de la technologie
trigénération (agences de l’énergie ou similaire)
Banquiers commerciaux et de développement
Utilisateurs d’énergie au sein du gouvernement et
dans le secteur privé
Personnel des banques/institutions financières
(locales)
92
Segment
Auto-production
Exportation au-delà d’une certaine capacité installée, facile ou complexe, etc.
Exigences techniques pour le raccordement d’une unité de production
Gestion pratique des délais jusqu’à l’octroi d’un raccordement ou des frais
facturés
Si l’installation de cogénération est nouvelle
Coûts facturés
Délais
Facilité de modification ou d’interprétation des conditions contractuelles
et tarifaires au désavantage de l’exploitant de la cogénération par la
compagnie d’électricité
Amélioration des conditions-cadres
Promotion et subvention de la cogénération
Financement de la cogénération via des lignes de crédit adéquates,
inclusion dans des programmes de financement propres/verts
Comprendre la cogénération, promouvoir la cogénération dans le cadre des
politiques nationales, éventuellement en agissant comme une ESCO
Promotion auprès des utilisateurs, formation, conditions-cadres
Sensibilisation, formation, clarification du rôle des ESCO
Défense et promotion
Trigénération
Récupération de chaleur résiduelle
Utilisation du biogaz et de la biomasse
Disponibilité locale et régionale de main-d’œuvre qualifiée
Transparence et concurrence entre les fournisseurs
Même si la formation et l’aide en ligne peuvent être assurées par le
fournisseur, un niveau suffisant de savoir-faire en matière d’exploitation et de
maintenance doit être disponible sur site
Les compétences d’exploitation et de maintenance doivent être comparées
au niveau de compétence technique requis dans des domaines similaires
Sensibilisation/compréhension du principe de cogénération/trigénération et
de ses multiples avantages au niveau macro
Connaissance des avantages économiques et environnementaux, des
facteurs et des mécanismes économiques de la cogénération/trigénération
ainsi que de sa contribution potentielle aux capacités nationales
d’approvisionnement énergétique
Compréhension des coûts et des avantages de la cogénération/
trigénération
Compréhension des modèles d’ESCO/producteur d’électricité indépendant
Compréhension de la raison d’être et des bénéfices financiers au niveau
micro
Connaissances de base sur la cogénération/trigénération pour pouvoir
évaluer la faisabilité bancaire des projets
CARTOGRAPHIE ET LISTE DE CONTRÔLE DES FACTEURS DÉTERMINANTS DE LA COGÉNÉRATION ET DE
LA TRIGÉNÉRATION
Facteur déterminant et section
4.1.6 Valeur de la capacité pour le système
Il existe deux types de capacité de
mobilisation
Du point de vue technologique, les
conditions suivantes doivent être
satisfaites
Réglementations appropriées
4.1.7 Plans d’incitation
Subventions en capital (par kW installé)
Prêts à taux bonifiés
Plans d’incitation fiscale, notamment
l’exemption de droits de douane
Tarifs de rachat
Systèmes de primes
(rémunération par kWh fourni)
Facturation nette
Remboursement de la taxe CO2
Segment
Adaptation à l’heure de la journée/à la charge en différenciant le prix à payer
pour l’électricité renvoyée sur le réseau selon des conditions de mobilisation
contractuelles, par exemple, pour des intervalles de 15 minutes ou pour la
participation à une réserve secondaire pour les unités de cogénération plus
importantes
Participation à des marchés de l’énergie à court terme au fur et à mesure qu’ils
émergent, par exemple, à un marché du jour d’avant
Présence d’une technologie de communication pour commander le moteur à distance
Installation d’un logiciel de prévision et de commande fonctionnel
Amélioration des prévisions météorologiques afin de disposer d’informations sur la
future demande de charge à venir au niveau des consommateurs
Flexibilité maximale des moteurs de cogénération
Les moteurs à gaz, par exemple, peuvent généralement fonctionner à 50-60 % de
leur capacité nominale et, en cas d’urgence, atteindre facilement et rapidement leur
pleine capacité
Si le système/marché exige que l’unité de cogénération produise de l’électricité,
la chaleur résiduelle peut être stockée en utilisant des technologies appropriées,
notamment des grands réservoirs d’eau chaude
Définir une charge minimum/maximum permettant de participer
Prévoir le moment où l’électricité sera nécessaire (1 jour à l’avance)
Définir un mécanisme approprié d’établissement des prix (par ex., aux enchères)
Disponibilité de ces instruments dans le pays/la région ?
Cogénération et trigénération
93
4.2 Cartographie des facteurs déterminants pour la réussite des projets de cogénération
Modèle relationnel : illustre les interdépendances entre les facteurs déterminants
Comment lire la cartographie

Relation
Déterminant
Lien avec l’analyse économique

4.2.1 Infrastructure
Coûts de l’alimentation de 4.2.2 Disonibilité de
secours et des prises de combustible
courant et de technologie
4.2.2 Usage personnel et
4.25 Coûts exportation d’électricité
4.2.6 Coûts pour O & M4 (acheteur volontaire)

4.2.5.3 Coûts de transaction Coûts de combustible 4.2.4 Philosophies de

et coûts de mise en oeuvre et prix de l’énergie conception pour
du projets les projets

4.2.8 Analyse économique

des projets 4.2.6 Sysrèmes de
financement et de promotion
au niveau des projets

4.2.9 Risques 4.2.7 ESCO et

d’investissements contractualisation

CARTOGRAPHIE ET LISTE DE CONTRÔLE DES FACTEURS DÉTERMINANTS DE LA COGÉNÉRATION ET

DE LA TRIGÉNÉRATION 115

94
4.3 Liste de contrôle des facteurs déterminants de la cogénération et de la trigénération
Aperçu des projets

Facteur déterminant et section Segment

4.2.1 Infrastructures
Accès au réseau d’électricité
Faisabilité du prolongement/raccordement au réseau électrique (< 2 km de distance)
Coûts acceptables du prolongement/raccordement au réseau électrique
Facteurs déterminants externes Timing acceptable du prolongement/raccordement au réseau électrique
Réseau d’électricité et de gaz Accès au réseau de gaz
Faisabilité du prolongement/raccordement au réseau de gaz (< 2 km de distance)
Coûts acceptables du prolongement/raccordement au réseau de gaz
Timing acceptable du prolongement/raccordement au réseau de gaz
Installer la technologie de cogénération/trigénération
Manipuler les ressources (combustible) requises (par ex., stockage de la biomasse, etc.)
Facteurs déterminants internes
(Si nécessaire) autres processus de traitement
Espace suffisant pour :
Infrastructure logistique
Absence d’exigences sur la prévention du bruit
4.2.2 Disponibilité des combustibles et des technologies
Risques liés à Baisse du niveau de production industrielle (volatile) et donc de la production de déchets
l’approvisionnement en Mauvaises récoltes
combustible
Demande accrue d’une biomasse rare
Absence de menaces probables
de : Hausse des prix une fois que les fournisseurs réalisent la valeur de la biomasse
Expertise suffisante en planification
Risques technologiques
En fonction de la chaîne de Expertise suffisante en ingénierie, approvisionnement et construction
valeur : disponibilité de la Expertise suffisante en exploitation et maintenance
technologie de cogénération/ Tarifs acceptables pour la planification
trigénération, niveau/qualité de Tarifs acceptables pour l’ingénierie, l’approvisionnement et la construction
service et tarification associée
Tarifs acceptables pour l’exploitation et la maintenance
[i voir 4.2.6]
4.2.3 Utilisation personnelle et exportation d’électricité (acheteur consentant)
Avantages de la cogénération Injection sur le réseau (avec ou sans rémunération)
Options de « commercialisation » Facturation nette
de l’électricité et de la chaleur : Transmission à des acheteurs consentants par l’intermédiaire du réseau
Cogénération et trigénération

Restrictions qui limitent les Pas de frais de transmission (prohibitifs) en cas d’acheteurs consentants
profits Pas de goulets d’étranglement sur le réseau
Absence d’obstacles : Pas d’obligations de licence restrictives
4.2.4 Coûts Niveau de coût comparatif pour :
CAPEX Unités de cogénération/trigénération
Équipement de cogénération/trigénération (si non inclus dans le coût des unités)
Planification (conseil, ingénierie)
Mise en œuvre

95
 Facteur déterminant et section Segment
4.2.5 Coûts des combustibles et prix de l’énergie
Coûts des combustibles Faible prix du combustible (gaz) de cogénération/trigénération
Tarif de l’électricité Prix élevé de l’électricité
« Spark spread » Différence importante entre le prix du combustible et le prix de l’électricité
4.2.6 Coûts d’exploitation et de maintenance
Disponibilité de prestataires de services du fabricant de l’unité de cogénération/trigénération
pour l’exploitation et la maintenance
Disponibilité de contrats de services/maintenance complets
Les coûts se situent entre 1,5 % et 3 % par an du coût d’investissement total
4.2.7 Coût de l’alimentation de secours et des coupures de courant
Existence d’un groupe électrogène fonctionnant au diesel pour l’alimentation de secours
Utilisation fréquente de générateurs diesel pour la production d’électricité auxiliaire ou
même régulière
Réhabilitation à venir des installations de production d’électricité de secours
4.2.8 Coûts de transaction et mise en œuvre du projet
Financement [→ voir 4.2.6]
Franchise obligatoire pour la centrale de cogénération/trigénération (production d’électricité)
Licences
Déclaration obligatoire pour la centrale
4.2.9 Subventions et plans de promotion
Prêts à taux faibles
Incitations Subventions pour l’accroissement des capacités
Disponibilité de : Tarifs de rachat (y compris la prime de rachat qui vient s’ajouter aux prix du marché)
Incitations fiscales (exonérations ou exemptions de taxes et de frais de douane)
Appui à la recherche et au développement, ainsi qu’à la collaboration internationale
Autres programmes d’aide Promotion de modèles expérimentaux
Disponibilité de : Intégration des enseignements tirés des projets expérimentaux et des modèles existants
dans les plans de développement des infrastructures
4.2.10 Financement
Sources de financement par l’emprunt
Disponibilité de : Financement de projets
Modèles d’ESCO/PPP
Sources de financement par l’emprunt
Tarification compétitive des Financement de projets
éléments suivants :
Modèles d’ESCO/PPP (particulièrement les contrats d’achat d’électricité (CAE))
4.2.11 ESCO et sous-traitants
Prestataires de (services de) conseil
Fournisseurs technologiques de matériel destiné à améliorer l’efficacité énergétique
Disponibilité de :
ESCO qui assurent des contrats d’achat d’électricité (CAE)
Contrats de sous-traitance longue durée (environ > 10 ans)
4.2.12 Analyse économique des projets de cogénération
Elle comprend et évalue économiquement toutes les sections énumérées
Y compris les paramètres sensibles (« spark spread », bonne conception de la centrale,
coûts évités pour l’alimentation de secours ou le prolongement du réseau, réduction des
pertes de transmission/pannes de courant, etc.)

96
Facteur déterminant et
Segment
section
4.2.13 Risques d’investissement
Centrale
Risques techniques Exploitation et maintenance
Absence des risques
suivants : Volatilité de la qualité du combustible

Équipements périphériques

Disponibilité du combustible, par ex, volatilité de la formation ou de la production de biomasse

Évolution du prix des combustibles, par ex., hausse du prix du gaz

Risques économiques Évolution volatile des prix de l’électricité, particulièrement baisse des prix de l’électricité (réduction du
Absence des risques « spark spread » du combustible de cogénération)
suivants : Tarif de l’électricité en forte hausse après la mise en œuvre de la cogénération/trigénération (en raison
d’une baisse de la consommation d’électricité du réseau)
Risques au niveau de la rémunération et de l’achat de l’énergie produite (en raison d’évolutions du
cadre juridique, par ex., des tarifs de rachat, transmission ; contrats d’achat d’électricité incertains,
insolvabilité des acheteurs (privés) de l’énergie produite, etc.)
Stratégie d’atténuation Externalisation des risques (techniques, opérationnels, économiques), par ex., ESCO/sous-traitance
(contrat d’approvisionnement énergétique, etc.)
des risques
Disponibilité de : Couverture des risques, par ex. couverture d’achat des combustibles, swaps de devises, etc.

4.2.14 Philosophies de conception des projets [→ voir l’ANNEXE 4 Questionnaire pour obtenir une liste détaillée]
Demande d’électricité

Demande de chauffage de locaux

Disponibilité Demande de chaleur industrielle

d’informations Demande de refroidissement industriel
détaillées telles que
les profils de charge Demande de refroidissement (climatisation de bâtiments)
pour, par exemple : Équipes et processus de production

Conditions de température

Installations de stockage
Cogénération et trigénération

97
ANNEXE 3 : MISE EN PRATIQUE DE LA POLITIQUE
INTERNATIONALE SUR LA COGÉNÉRATION
Aperçu des politiques de promotion de la cogénération/trigénération par pays
Pays Brésil Allemagne Inde/Bengale occidental Tunisie
Libéralisation
Options d’exportation Facturation nette pour
la biomasse < 1 MWel
pour l’électricité Marché entièrement
en général, y compris la
(facturation nette→ libéralisé
cogénération basée sur
transmission →bourse) la biomasse
Instruments de promotion de la cogénération
Politique de
Non Oui
cogénération explicite
Oui Oui Oui
(État de Sao Paulo (pour la cogénération basée
uniquement : les sur la biomasse uniquement,
Incitations fiscales équipements destinés à la dépend de l’État)
cogénération basée sur la
biomasse sont exemptés
de la TVA de l’État)
Oui
(pour la cogénération basée
Facilitation juridique Non Oui sur la biomasse uniquement,
dépend de l’État)
Subventions en Oui (entre
Non Oui Oui autres, pour la
capital cogénération)
Oui Oui Oui
(cogénération basée (pour la cogénération basée (basé sur les
Tarif de rachat Non sur les énergies sur la biomasse uniquement, prix du gaz et les
renouvelables dépend de l’État) périodes jour/nuit)
uniquement)
Oui
Prime de rachat Non
(max. 5,41 c/kWh)
Exemption des frais Certificats dans l’État du Bengale
d’utilisation du réseau occidental ; (la cogénération
pour la production est définie comme une source
d’électricité basée sur la d’énergie renouvelable) « La West
biomasse (cogénération) Bengal Electricity Regulatory
Commission (commission de
réglementation de l’électricité du
Autres Bengale occidental) a décidé que
4 % de l’approvisionnement total
en électricité devait provenir de
sources d’énergie renouvelable
sous la forme d’une obligation
d’achat d’énergie renouvelable
d’ici à 2012-2013 pendant les
10 prochaines années. »

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