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Université Chouaib Doukkali

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines


Département de Langue et Littérature Françaises

Lecture et réception de la littérature


féminine maghrébine

Réalisé par : DANDAN Meryame Encadré par : Mme AYAOU

Année universitaire :2023/2024


Plan
Introduction

PREMIERE PARTIE : réception de la littérature féminine

I. Ecriture et femmes : Quelle relation


II. Les thèmes tabous dans l’écriture féminine

1. La sexualité
2. Corps et image corporelle
3. Violences faites aux femmes
4. Avortement et contraception

III. Le roman féminin au Maroc : un itinéraire de combattantes


IV. Le public visé
V. La réception de la littérature féminine maghrébine
VI. La littérature maghrébine féminine vue par les yeux d’hommes
VII. La gynocritique

DEUXIEME PARTIE : Etude de roman Oser vivre de Siham


Benchakroun

I. Biographie de l’auteure
II. Présentation de l’œuvre
III. Les thèmes récurrents dans le roman
IV. La quête d’un « je » autre dans le roman
V. Lecture et réception du roman

Conclusion

Bibliohgraphie
Introduction

De toute évidence la littérature féminine ne cesse de prendre de l’ampleur


et de se déployer dans le champ métaphorique, au Maghreb et ailleurs, par la
multitude et la diversité de sa production. Alors que dire de cette littérature ?
Sinon qu’elle prend de plus en plus une place non négligeable dans les sociétés
maghrébines par le nombre roissant d’écrivaines qui envahissent la sphère
littéraire. Assia Djebar, Fatima Mernissi, Hala Béji, Malika Mokkedem, Hawa
Djabali, Leîla Sebbar, hlem Mosteghanemi, Fatima Bakhaï, et la liste est bien,
bien longue… C’est autant de voix féminines qui foisonnent et dont la floraison
des écrits assiègent l’univers de la littérature au Maghreb ; les écrits des femmes
prennent l’aspect d’une incursion, voire d’un envahissement, d’une conquête des
espaces de la vie intellectuelle jalousement réservés par la tradition et la coutume
aux « esprits supérieurs et aux bien pensants » uniquement.

Alors : Agression ou transgression ? Violation ou rébellion ? Offensive ou


insoumission ? Les interrogations et les lectures peuvent se multiplier
indéfiniment. Mais, il est clair, qu’au Maghreb, la littérature féminine s’inscrit
dans la problématique d’une écriture de la résistance et du combat ; une résistance
toute pacifique, sereine et responsable, soumise au pouvoir impérieux des
imaginaires et des mots dont l’objectif ultime est de se déployer dans le processus
historique d’une quête de soi, d'une reconnaissance, d'une revalorisation et d'une
présence digne dans les sociétés auxquelles appartiennent ces femmes.
I. Ecriture et femmes : Quelle relation ?
La littérature féminine est cet espace où les mots et les phrases se déploient
et se libèrent pour dire et se dire. Pour libérer son imaginaire, s’évader, accéder
à un monde où la jouissance se conjugue aux rêves. L’accès à l’écriture par la
femme a contribué à un changement des perceptions : « Depuis que les femmes
écrivent sans entrave quelque chose a changé : la conception de l’écrit et de la
littérature n’est plus la même »1

c’est une littérature qui est loin de la tranquillité d’âme, une littérature de
dénonciation du système qui refuse la réalité des droits de la femme. Le ‘je’ n’est
qu’un ‘je’ pluriel, qui parle au nom de toutes les femmes, par le même degré
d’ardeur pour dévoiler, pour mettre à nu leurs opinions. elle tourne sur un axe
principal c’est celui du vécu : La littérature féminine marocaine se concentre
principalement sur les thèmes de la souffrance, exprimant l'insatisfaction et le
mal-être existentiel. Cette écriture est loin d'être une activité facile et s'avère
rassurante, surtout une mission de dénoncer l'injustice et toute forme
d'oppression à l'égard du pouvoir législatif. Elle aide à faire comprendre la
situation de la femme pour la changer : La littérature, de par sa nature même, est
en crise d'identité, interpellant une société qui regarde vers le passé tout en
s'affirmant. Ces axes thématiques de base prouvent un lien fort entre réalité et
contexte social.

Boudjedra confirme cette implication douloureuse entre écriture et


souffrance, il considère même que l’écriture n’est qu’une réaction et
extériorisation de ce mécontentement de la part des artistes et des écrivains : L'acte
d'écrire suppose que vous souffrez. Il n'y a pas d'écriture sans cette souffrance,

1
La représentation de la souffrance chez les romancières marocaines Nadia CHAFAI Faculté des Lettres et des
Sciences Humaines, Dhar El Mahraz Laboratoire de recherche en Littérature & Art (LARELA) . Université Sidi
Mohamed Ben Abdellah de Fès. p.1
pas plus qu'il n'y a d'art sans béance. Pour moi, un artiste est un être en souffrance,
et cette souffrance est toujours présente et ne peut être arrêtée ni surmontée.2

II. Les thèmes tabous dans l’écriture féminine

L'écriture féminine maghrébine est une littérature riche et diverse qui


explore une multitude de thèmes. Cependant, certains sujets restent tabous et sont
rarement abordés par les femmes écrivaines.

1. Sexualité

La sexualité féminine a souvent été un sujet tabou dans de nombreuses


sociétés. Les écrits féminins maghrébins voire marocains ont osé aborder des
questions telles que le désir, la sexualité extraconjugale, la contraception,
l’avortement, l’homosexualité, l'identité sexuelle et les expériences intimes des
femmes.

2. Corps et image corporelle

L'écriture féminine a également exploré les normes de beauté, les


pressions exercées sur les femmes en matière d'apparence physique et les
complexes liés à l'image corporelle. Elle a remis en question les idéaux de beauté
imposés par la société, l'objectification des femmes et les attentes irréalistes. En
écrivant sur ces thèmes, les femmes ont cherché à promouvoir l'acceptation de soi
et la valorisation de la diversité corporelle.

3. Violences faites aux femmes

Violences faites aux femmes : Les écrits féminins ont souvent traité de la
violence faite aux femmes, y compris les violences domestiques, les agressions

2
Rachid BOUDJEDRA, ‘’Il n’y a pas d’écriture sans souffrance’’, Le café littéraire, mars 2009, site :
http://bgayetcafelitteraire.over-blog.net/article- 29279432.html. Cité par Nadia CHAFAI
sexuelles, le harcèlement, l'oppression et les discriminations. Ces sujets ont été
considérés comme tabous en raison du silence et de la stigmatisation qui les
entourent. L'écriture féminine a donné une voix aux victimes, a dénoncé ces
violences et a contribué à sensibiliser le public à ces problématiques.

4. Avortement et contraception

Les questions relatives à l'avortement et à la contraception sont souvent


considérées comme délicates et controversées. L'écriture féminine a abordé ces
sujets, explorant les expériences des femmes en matière de planification familiale,
de choix reproductifs et de droits sexuels. Elle a contribué à briser le silence
entourant ces sujets et à remettre en question les normes sociales et religieuses.

III. LE ROMAN FEMININ AU MAROC : UN ITINERAIRE DE


COMBATTANTES

Le mot hchouma qui symbolise le conservatisme des traditions et des


convenances marocaines explique, en partie, le retard émis par les écrivaines à
s’emparer de l’écriture romanesque. Il résume le système d’interdits imposé à la
femme, même dans les rapports les plus naturels, voire banaux, comme adresser
la parole à l’autre sexe. Ainsi, Abdellatif Laâbi confirme, en parlant de la mixité
dans les jeux des enfants : «quant à leur parler (les filles), hchouma, ça ne se fait
pas.» Les années quatre-vingts sont marquées par les premiers livres féminins
écrits avec la volonté de militer contre le système social qui pérennise le discours
androcentrique. Des livres reproduisent littérairement les inégalités de la société
maghrébine telles qu’elles sont décriées par Pierre Bourdieu, qui affirme dans ce
sens que les structures de cette société sont : Protégées notamment par la
cohérence pratique, relativement inaltérée, de conduites et de discours
partiellement arrachés au temps par la stéréotypisation rituelle androcentrique.

Le corps et la liberté sexuelle


Dans le roman féminin, le corps est une thématique centrale vu que «c’est
le corps de la femme qui écrit sur la femme. Il y a un lien intime entre le corps
écrivant et l’objet de l’écriture»3. Le corps c’est d’abord l’innommable, ce dont
on ne parle pas même au sein de la famille. La jeune fillette ne reçoit aucune
éducation sur les particularités de son corps. Pour elle, c’est un mystère qui se
veut tabou. Les métamorphoses de la puberté sont, elles aussi, indicibles et
laissées surprendre l’adolescente. La société censure un objet de plaisir
indispensable au bonheur humain. Les psychologues affirment que le corps,
source de libido et d’instinct sexuel est au centre d’un débat sur l’antinomie
plaisir/déplaisir.

IV. Le public visé

La littérature féminine peut avoir un public varié et diversifié.


Traditionnellement, la littérature féminine a souvent été perçue comme s'adressant
principalement aux petites filles « à l'eau de rose » dans lesquels des stéréotypes
sont véhiculés. Par exemple les collections Harlequin, puis aux femmes, en raison
de son exploration des expériences féminines et de son engagement avec des
questions liées au genre et à l'identité féminine. Cependant, il est important de
noter que la littérature féminine peut également être appréciée et lue par un large
éventail de lecteurs, indépendamment de leur genre.

Selon le sondage fait par statista on a conclu que :

3
Khalid ZEKRI, Fictions du réel, Paris, L’Harmattan, 2006, pp. 151-152
LE TAUX DES LECTEURS DES ÉCRITS FÉMININS
SELON LE GENRE

HOMMES
28%

FEMMES
72%

V. La réception de la littérature féminine maghrébine

Le premier roman maghrébin écrit par une femme est Zohra de Djamila
Debêche, publié en 1920. Il s'agit d'un roman autobiographique qui raconte
l'histoire d'une jeune femme algérienne qui se bat pour son indépendance et son
émancipation.
Zohra est donc un roman pionnier qui a ouvert la voie à d'autres femmes
écrivaines du Maghreb. Il a été traduit en plusieurs langues et a été étudié par des
universitaires du monde entier.
Cependant, concernant l’émergence de la littérature féminine au maroc, il
va sans dire que le premier roman marocain écrit par une femme est intitulé «
demain la terre change » publié en 1967 de son auteure Fatima Arraoui qui est un
titre innovateur pour un avenir meilleur. en effet le principal enjeu de l’écriture
féminine au Maroc à l’instar de tous les pays maghrébins s’inscrit dans un
processus de résistance et de combat comme le confirme la citation suivante : « il
est clair, qu’au Maghreb, la littérature féminine s’inscrit dans la problématique
d’une écriture de la résistance et du combat ; une résistance toute pacifique,
sereine et responsable, soumise au pouvoir impérieux des imaginaires et des mots
dont l’objectif ultime est de se déployer dans le processus historique d’une quête
de soi, d’une reconnaissance, d’une revalorisation et d’une présence digne dans
les sociétés auxquelles appartiennent ces femmes. » ( Zekri, 2006 : 151) Durant
le ler trimestre 1966 paraissait la revue Souffles marquant un tournant dans les
écrits de langue française. Il faut attendre jusqu’au 1982 pour voir publier un
roman: Aïcha la rebelle de Halima Ben Haddou, suivie par trois autres: Badia
Hadj Naceur, Leila Houari et Farida Elhany Mourad, et en l987 un nouvel auteur:
Nafissa Sbaï publiant au Maroc L'Enfant endormi. Quatre auteurs avec quatre
romans de 1982 à 1986. Cependant, issue de la communauté juive maro-caine,
Elisa Chimenti avait publié autrefois: Eves marocaines (1935, lé-gendes et
récits,), Au coeur du harem (1958 roman) et Légendes maro-caines (1959). Le
roman de Halima Ben Haddou a donné lieu à une publicité abondante dans Jeune
Afrique qui a édité le livre. L'auteur est une jeune Marocaine paralysée par la polio
depuis l'âge de neuf ans. Dans Jeune Afrique on pouvait lire que ce roman était
"considéré au Maroc comme le best-seller actuel (1983) de la littérature marocaine
d'expression française" Il est permis de penser que ce roman fleuve n'est tout de
même pas le grand roman attendu. Il s'agit d'une histoire d'amour dans le Rif
marocain au moment de l'occupation espagnole. Aïcha lutte pour les siens, mais
elle est rejetée par ceux-ci parce que le propriétaire espagnol, employeur de ses
parents, l'a adoptée. L'auteur a mêlé l'imaginaire à l'histoire vécue. Elle déclarait
même : "Aïcha c'est l'héroïne, mais la rebelle c'est moi"4 Retenons le symbole
d'une volonté d'être et de s'affirmer.

En revanche, en ce qui concerne la première réception des écrits féminins


maghrébins, Plusieurs écrivaines ont exprimé leurs manières de voir sur ce sujet.
Nous pourrions sans doute condenser en quelques points ce rapport particulier à
l'écriture romanesque, compte tenu de la situation de la femme qui a été longtemps

4
Interview par Khadidja Zeroual, Sindbad (Rabat), n° 4, 15-30 novembre 1982.
"traditionnelle", comme on dit, en pays arabe et de la discrétion attendue d'elle,
du moins en public.
A la sortie de Cendres à l'aube en 1975 de Jalila Hafsia en Tunisie des
journalsites ont parlé d'"exhibitionnisme". Le fait de raconter sa vie, de l'exposer,
même à travers la fiction, serait de l'exhibitionnisme. La femme, devant être
protégée des regards extérieurs, devient dans cette exhibition une fitna (une
épreuve troublante pour l'homme). L'écriture dévoile donc, surtout quand l'auteur
dit Je et s'expose ainsi nu.
La femme, selon une certaine manière de voir, devrait rester à sa place,
ne pas exposer son intimité au grand public. Sa confession, dans l'autobiographie
romanesque particulièrement, est difficilement tolérable pour certains, car il s'agit
de démesure. Il en va de même quand la femme investit l'espace masculin dans le
travail salarié (bureau, usine, etc.), comme l'a montré Fatima Mernissi. C'est pour
les hommes le monde renversé où l'homme n'est plus tranquille. L'écriture fait
partie de ces espaces que l'homme se réservait.
D'où, donc, l'emploi par certaines femmes du pseudonyme pour
dissimuler, porter le masque et ne pas gêner. Autrefois, il n'était pas davantage
question de se laisser photographier, sinon pour le "harem colonial" (pour
reprendre le titre de l'album de Malek Alloula).

VI. La littérature maghrébine féminine vue par les yeux


d’hommes

Longtemps confinées dans le silence, otages de la tradition et de « la


domination masculine », les femmes, dans la société maghrébine, ont souvent vu
leur parole bâillonnée par l’ordre patriarcal. Il aura fallu l’apparition d’une
panoplie de femmes-écrivaines pour sortir les voix féminines du silence et leur
permettre de s’exprimer librement par la voie de la fiction. Ces romancières ont
fait de l’écriture un moyen d’expression, voire de résistance contre l’ordre moral
établi. Ce faisant, la pratique littéraire féminine s’est vue octroyée une certaine
manière d’écrire, qui la spécifie des autres écrits. Or cette littérature féminine
maghrébine était toujours accusée par les écrivains hommes comme une littérature
de subjectivité.

Ainsi, la subjectivité qui s’est cristallisée dans les espaces littéraires par
un recours constant au « je », est l’un des procédés d’écriture dont usent les
romancières - vers les années 80 et 90 - afin de s’imposer en tant qu’individualité,
et se démarquer d’une identité totalisante.

En effet, ce qui fait la spécificité de la littérature maghrébine féminine


d’expression française, c’est son inscription dans une perspective d’écriture
moderne, où la forme, malgré l’importance des thématiques développées, est mise
en valeur. L’avènement d’une telle pratique littéraire s’inscrit dans un contexte
post-colonial où l’on assiste à une redéfinition de soi. A peine sorti de la période
coloniale où la définition de l’identité se fait souvent en opposition à l’Autre (le
colonisateur), le sujet maghrébin, et plus exactement le romancier, se voit
condamné à penser son identité à l’aune de la mondialisation.
Cette métamorphose qu’a connue le sujet maghrébin a permis, notamment
dans les textes littéraires, l’émergence de l’individu, ou ce qu’on appelle, dans le
cas de la littérature féminine, l’individualité féminine. Ce qui a été condamné par
les écrivains hommes.

VII. La gynocritique

La critique littéraire féminine est, indéniablement, toujours en gestation.


Chaque nouvelle contribution illustre une résistance à la codification, à tout
paramètre qui frapperait telle ou telle approche d'exclusive. Théorie ouverte, elle
exprime un refus de la théorie, une révolte contre ce que ses pionnières ont appelé
la « méthodolâtrie » patriarcale.
Jusqu'en 1975, les pionnières de la critique littéraire féministe parmi elles,
Katharine Rogers, Mary Ellmann et Kate Millett — s'étaient livrées, chacune à sa
manière, à une lecture ou relecture d'ouvrages écrits par des hommes, ouvrages
de fiction ou de critique; elles dénonçaient l'androcentrisme et l'image qu'il donnat
des femmes. C'était, sans doute, par là qu'il fallait commencer et cette démarche
s'inscrivait dans la logique de la protestation féminine. Depuis 1975, d'autres
femmes — des universitaires, le plus souvent — ont dépassé le stade de la colère,
et se sont spécialisées dans l'étude de la littérature féminine. Cette évolution a
conduit l'une d'entre elles, Chéri Register, à assimiler la critique littéraire
féministe à une critique coloniale, passant par les quatre stades successif qui ont
été décrits par Barbara Gelpi dans son étude de la poésie féminine américaine : 1)
la négation de la « victimation»; 2) la reconnaissance de la « victimisation »; 3)
la colère; 4) la transcendance de la colère, accompagnée de la réalisation et
acceptation de soi. Selon Chéri Register, la critique littéraire approche de ce
dernier stade, puisqu'elle est à la recherche de structures sous-jacentes au texte
féminin, interprétées comme l'expression d'une conscience sociale et comme
autant d'actes de colère et de subversion.
Donc la gynocritique signifiant à la fois la critique faite par les femmes et
la critique des écrits des femmes, afin de se libérer des modèles de critique
masculins.
La deuxième partie : Etude de roman Oser vivre de Siham
Benchakroun
I. Biographie de l’auteure

Siham Benchekroun est romancière et nouvelliste, originaire du Maroc


elle est née à Fes. Ses livres ont été publiés en langue française, et traduits en
diverses langues. Ses écrits traitent particulièrement de la condition féminine ainsi
que de la relation homme-femme dans la société marocaine.

MILITANTE ASSOCIATIVE

Militante et féministe engagée, elle a contribué à plusieurs associations


caritatives, et assuré notamment plusieurs années d'écoute et de soutien de
femmes en situation vulnérable. Elle a également animé divers ateliers et
conférences sur ses sujets d'intérêt.

MEDECIN PSYCHOTHERAPEUTE

Docteur en médecine, elle s'est spécialisée dans l'aide aux personnes en


souffrance psychique à travers de nombreuses approches thérapeutiques

II. Présentation de l’œuvre

Un roman paru en 1999, Oser vivre raconte l'histoire de Nadia, une jeune
femme marocaine qui se bat pour son indépendance et son émancipation. Nadia
est issue d'une famille traditionnelle et a été élevée dans une société patriarcale.
Elle rêve d'une vie différente, une vie où elle pourrait choisir son propre destin.
Nadia, personnage principal
 Jeune femme marocaine
 Issue d'une famille traditionnelle
 Élevée dans une société patriarcale
 Rêve d'une vie différente
 Désireuse de choisir son propre destin

Style d'écriture

Le style d'écriture d'Oser vivre est à la fois simple et percutant. Siham


Benchekroun utilise une narration fluide et précise qui permet au lecteur
de suivre facilement l'histoire de Nadia. Les descriptions sensorielles et le
dialogue réaliste contribuent à créer un univers crédible et attachant

 Récit à la première personne : : Le roman est raconté à la première


personne par Nadia, ce qui permet au lecteur de vivre l'histoire de
l'intérieur et de comprendre ses pensées et ses sentiments.
 Narration fluide et précise : L'histoire est racontée de manière fluide et
précise, ce qui facilite la lecture et la compréhension.
 Descriptions sensorielles : L'auteure utilise des descriptions
sensorielles pour créer un univers crédible et attachant. Le lecteur peut
ainsi visualiser les lieux, sentir les odeurs et entendre les sons.
 Dialogue réaliste : Le dialogue est réaliste et permet de mieux cerner
les personnages et leurs relations.
III. Les thèmes récurrents dans le roman

Oser vivre explore une multitude de thèmes qui touchent à la condition


féminine au Maroc et dans le monde arabe.

 La lutte pour l'indépendance:

Nadia, le personnage principal, se bat pour son indépendance et son


émancipation. Elle refuse de se soumettre aux traditions et aux diktats de la
société patriarcale dans laquelle elle vit. Elle veut choisir son propre destin et
vivre sa vie selon ses propres désirs.

 L'émancipation des femmes:

Le roman plaide pour l'émancipation des femmes et leur droit à l'égalité.


Nadia est un exemple de femme qui refuse de se laisser enfermer dans un rôle
traditionnel. Elle veut avoir accès à l'éducation, au travail et à la liberté de
mouvement.

 Les différences culturelles:

L’auteure explore les différences culturelles entre le Maroc et l'Occident.


Nadia est confrontée à ces différences lorsqu'elle se rend en France pour ses
études. Elle doit apprendre à s'adapter à une nouvelle culture et à une nouvelle
société.

 Traditions et modernité:

Il met en lumière le conflit entre les traditions et la modernité. Nadia est


tiraillée entre son attachement à ses racines culturelles et son désir de vivre une
vie moderne et émancipée.
 Amour et mariage:

On assiste à une exploration de différentes formes d'amour et de mariage.


Nadia vit plusieurs histoires d'amour, dont une avec un homme occidental.
Elle est amenée à réfléchir à la place de l'amour et du mariage dans sa vie.

 La religion:

Le roman aborde la question de la religion et de son influence sur la vie des


femmes. Nadia est une musulmane pratiquante, mais elle est également une
femme moderne qui souhaite vivre sa vie de manière indépendante.

 La condition féminine:

Benchakroun dresse un portrait poignant de la condition féminine au Maroc


et dans le monde arabe. Nadia est confrontée aux nombreuses difficultés que
rencontrent les femmes dans ces sociétés, telles que le sexisme, la
discrimination et la violence.

IV. La quête d’un « je » autre dans le roman

« Du “on” au “je”, ces femmes sont maintenant parvenues à un “nous” qui,


s’il n’est pas toujours clairement articulé ni formulé, ne s’en impose pas
moins comme une réalité »5 affirme Serge Ménager. En effet, Le roman de
Siham Benchkroun reflète cette évolution. Il retrace, l’émergence d’un “je”
dans un regard croisé avec l’autre. La force du livre est condensée dans le
verbe “oser” qui implique le rejet de l’interdit, en disant oser créer notre vie !
Et oser nous l’autoriser ! Oser sortir des sentiers battus, oser changer, oser

5
MÉNAGER, Serge (1999) “La première personne plurielle des femmes écrivaines marocaines des années 90”,
Le Maghreb littéraire, III (
nous transformer ! Oser voir la beauté en nous et autour de nous ! Oser être la
personne que nous admirons, que nous aimons. La narratrice ici invite les
femmes à la suivre dans son cheminement en quête d’elle-même, de son être
profond, de son essence.

Cette prise de conscience s’appuie sur différents rapports avec l’autre qui
médiatise et accompagne l’évolution et la libération du “je”

Ainsi, par cette ouverture, la narratrice prend conscience de sa situation et


s’évertue à la changer afin de retrouver sa liberté. Le roman construit sur la
métaphore du voyage, se donne à lire en tant que parcours initiatique où le
lecteur accompagne Nadia dans ses Pérégrinations Spatio-temporelles. Le
“je” se redéfinit à travers ses différents rapports croisés avec les autres. D’un
“je” noyé dans le “nous”, à un “je” coupable il finit par se reconstituer en
“je” responsable assumant sa différence.

Qu’importent les douleurs de mes souvenirs, les cicatrices qui balafrent mon cœur, les
échecs que j’ai essuyés, je n’ai plus de remords, je n’ai plus de dépit.

Je me remets à l’espérance.

Je veux recommencer à croire.

Je veux revivre dans moi-même.

Reposséder la vie en moi.

Je fais vœu d’exister. (Benchakroun, 1999.: 270)

L’anaphore en “je”, la préfixation en “re” et le programme narratif de


Nadia (vouloir, faire) soulignent, à l’orée du récit, l’aboutissement d’un voyage
au terme duquel le sujet s’est débarrassé de tous les codes aliénants des structures
socio-économique.
V. Lecture et réception du roman

Abordant la question du couple et du mariage au Maroc, et notamment la


place et les aspirations des femmes, Oser vivre est salué dès sa sortie par la presse,
pour sa finesse et son audace. Il connaît un succès de librairie très important, fait
l’objet de nombreux travaux universitaires et figure au programme de diverses
écoles ainsi que dans des manuels scolaires francophones et arabophones.

Oser vivre de Siham Benchekroun a reçu un accueil positif de la part des


écrivains. Le roman a été salué pour son style d'écriture simple et percutant, son
histoire poignante et inspirante, et surtout son personnage attachant ( Nadia) :

 Un roman important qui donne une voix aux femmes qui luttent pour
leur liberté et leur émancipation." - Leila Slimani, Prix Goncourt
2014
 "Un récit captivant qui m'a fait découvrir la réalité de la vie des
femmes au Maroc." - Tahar Ben Jelloun, Prix Goncourt 1985
 "Un livre qui m'a donné envie de voyager au Maroc et de découvrir sa
culture." – Kaouther Adimi, écrivaine algérienne
 "Un roman qui m'a fait réfléchir à la place des femmes dans la
société." - Assia Djebar, écrivaine algérienne
 "Un livre qui est un hymne à la liberté et à l'espoir." - Fatima Mernissi,
écrivaine marocaine

Nonobstant, certains lecteurs critique en l’œuvre :

 Le rythme du roman est parfois un peu lent.


 La fin est un peu prévisible.
 Le roman est parfois un peu trop didactique.
Conclusion

Les écrivaines maghrébines et surtout marocaines envahissent le monde


de l’écriture qui a été dominé et réservé, de coutume, par les hommes. Une écriture
qui symbolise la fuite, la rébellion et l’exil.

Leur rapport à l'écriture constitue donc une certaine aventure. Mais les
tabous traditionnels s'écroulent. Les jeunes filles faisant leur entrée en masse dans
les écoles, les lycées et l'Université ont trop à dire pour demeurer silencieuses, en
effet, cette écriture a fait couler beaucoup d’encre auprès des lecteurs ou écrivains
hommes, chacun la conçoit de sa manière, en critiquant son style, ‘’ sa
subjectivité’’ et ses thèmes débattus.
Bibliographie

BENCHEKROUN, Siham (1999) Oser vivre, Casablanca, Eddif


Fatima Zahrae MARZOUK , L'Image de la femme dans Oser vivre de Siham
Benchekroun, 2000- 2001

Khalid ZEKRI, Fictions du réel, Paris, L’Harmattan, 2006, pp. 151-152

MÉNAGER, Serge (1999) “La première personne plurielle des femmes écrivaines
marocaines des années 90”, Le Maghreb littéraire, III (5), pp.17-32

Rachid BOUDJEDRA, ‘’Il n’y a pas d’écriture sans souffrance’’, Le café


littéraire, mars 2009, site : http://bgayetcafelitteraire.over-blog.net/article-
29279432.html. Cité par Nadia CHAFAI

Webographie

http://www.sihambenchekroun.com/
https://journals.openedition.org/insaniyat/15498#tocto1n2
https://rodin.uca.es/bitstream/handle/10498/8257/14616142.pdf?sequence=1&is
Allowed=y
https://www.shsconferences.org/articles/shsconf/pdf/2023/24/shsconf_mh2s202
3_01052.pdf
https://journals.openedition.org/histoire-education/1245?lang=en

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