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Département de langue et littérature françaises

Mémoire de fin d’etude (en vue de l’obtetion du diplôme de licence)

Les écrivains femmes et les


enjeux d’une littérature
féminine engagée

Encadré par :
Mme EL MOUWAHIDI KHADIJA

Préparé par :
Mme ELKHAKANI LALLA KARIMA

N° d’apogée : 1924870

Année universitaire : 2021/2022


Dédicace :

Je dédie ce travail

 à la mémoire de mon père

 à ma chère mère

 à toute ma famille.

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REMERCIEMENTS :

 TOUTE MA GRATITUDE ET MES REMERCIEMENTS

VONT D’ABORD A MADAME ELMOUAHIDI KHADIJA

POUR SON ENCADREMENT ET SA DISPONIBILITE.

 MES REMERCIEMENTS S’ADRESSENT EGALEMENT

A TOUS LES ENSEIGNANTS DU DEPARTEMENT DE

LANGUE ET DE LITTERATURE FRANÇAISES DE

LEUR INTERET TOUT AU LONG DE CES ANNEES

D’ETUDES.

 JE REMERCIE MA FAMILLE POUR LE SOUTIEN ET

L’AMOUR AVEC LESQUELS ILS M’ONT ENTOUREE

AVEC TOUTE LA PATIENCE DONT ILS ONT FAIT

PREUVE LE LONG DE MON PARCOURS.


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Sommaire :

 Introduction
o Première partie : la littérature féminine et la
question de l’engagement
I. La notion de l’engagement
II. L’engagement littéraire
III. L’engagement esthétique
IV. L’engagement à travers « rêves de femmes » de
Fatima Mernissi
o Deuxième partie : l’essence du féminisme réfléchie
et la limite de l’identité féminine à travers l’œuvre
de Mernissi
I. Les aspects du féminisme dans : « rêves de
femmes »
II. L’identification de Fatima Mernissi à son œuvre
III. Les contraintes concrètes de l’identité féminine
chez Mernissi
 conclusion

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Les écrivains femmes et les enjeux d’une littérature féminine engagée

Introduction :

Le présent travail se propose d’étudier la question de l’engagement dans la littérature


féminine marocaine et d’interroger les soubassements culturels et intellectuels liés à la
représentation de l’image de la femme dans la société.

C’est que vers la deuxième moitié du XX ème siècle, apparurent beaucoup de


générations d’écrivains maghrébins en expression française qui se sont engagés à l’écriture
francophone non seulement pour le geste d’écrire mais aussi leurs écritures étaient-elles
engagées à de sujets précis contemporains ayant rapport avec les questions littéraires de
l’immigration, le racisme, la place de la femme…

Le féminisme occupe une grande place vers la fin du XX ème siècle dans ces œuvres
d’écrivains francophones.

, En 1996, Fatima Mernissi écrit son roman féministe intitulé « rêves de femmes »
dans lequel elle explique les soubassements culturels et historiques de la condition de la
femme en tant que corps et cœur qui subit toutes formes d’oppression qu’ont pu exposer les
conditions de la vie dans le « harem » de la Médina.

Au début du XXI ème siècle, les écrivaines marocaines s’ouvrent sur des questions
féministes moins abordés auparavant voire des tabous comme le sujet de la prostitution dans
le roman publié en 2018 par Meryem Alaoui « la vérité sort de la bouche du cheval », un
roman qui raconte les malchances d’une prostituées casablancaises avant qu’elle fait
connaissance d’une réalisatrice qui demande sa participation dans un film…

Récemment, Samira Elayachi, quant à elle, aborde le thème de l’émigration et ses


nouvelles problématiques au début de la troisième décennie du XXI ème siècle.

Enfin, « Dans sa chair », expose l’histoire d’un homme amoureux mais « lâche » selon
son écrivaine Yasmine Chami Kettani.

Un simple inventaire des titres de ces œuvres féminines peut nous conduire vers de
différentes problématiques variées ayant rapport avec la femme en tant que « homme de
lettres ».

Mais bien avant d’exposer les grandes lignes de notre approche, il serait tout d’abord
bien convenable de s’appuyer sur un justificatif du choix de l’objet/sujet de cette étude où
cette énumération d’œuvres féminines ne pourrait rien assez convainquant répondre.

Notre sujet repose sur un fait linguistique. Une littérature féminine en expression
française est une littérature tout d’abord en français, ce qui est plus ou moins naturel car,
politiquement et historiquement parlant, le Maroc comme bien d’autres pays africains au XX
ème siècle, était l’un des pays colonisés par les forces impériales de l’Europe, à savoir,
l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal au Nord, l’Espagne au Sud mais aussi et d’une manière
plus influençant sur la culture et la civilisation, l’occupation sous protectorat de la France qui

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s’est intervenue à Fès, Marrakech et Rabat aurait avoir eu beaucoup d’impact sur le processus
de « l’acculturation » française au Maroc sur tous les niveaux, bien que cette « acculturation »
ne fût pas plus importante voire parfois combattue par les écrivains qui considèrent que le
français ne devrait pas être une langue de culture mais un simple moyen de communication
dicté par les conditions antérieures de dépendance.

Au niveau du thème, le choix du sujet est basé sur le fait que cette approche devrait
répondre à des questions se rapportant aux « lettres en féminin », c'est-à-dire l’apport de la
littérature féminine au Maroc aux questions politiques, les ajouts idéologiques de cette
littérature au Genre inverse, le masculin, les spécificités de ce Genre, les valeurs ajoutées en
terme de nouvelles questions et conceptions intellectuelles, l’apport social, religieux etc.…

Et dans l’espoir de rendre plus concret ce que nous entretenons, il s’avère juste utile
de se poser des questions auxquelles on espère avoir des réponses réelles et pertinentes à
travers la présente étude.

A. La littérature féminine francophone marocaine est-elle une littérature engagée?


B. Quelles sont les tournures et formes d’écriture qui la caractérisent ?
C. Est-ce qu’il y a des contraintes à cette appellation dite féminine ?
D. Quelle est la représentation de la femme dans cette littérature?

Voilà donc pourquoi une telle importance est accordée à cette approche textuelle,
théorique au premier lieu dans la mesure où elle traite la conception de la littérature féminine
francophone au Maroc et pratique dans le deuxième lieu de sorte qu’elle se concentrera le plus
sur l’une des œuvres citée dans la présente introduction, à savoir : « Rêves de femmes » de
Fatima Mernissi.

Les grandes étapes de notre projet seront les suivantes :

Première partie : la littérature féminine et la question de l’engagement.

I. La notion de l’engagement
 Les concepts de base de l’engagement
II. L’engagement littéraire
III. L’engagement esthétique
IV. L’engagement à travers « rêves de femmes » de Fatema Mernissi.
1) Approche du roman « rêves de femmes »
AA.. Biographie de Fatima Mernissi
BB.. Approche du roman « rêves de femmes »
CC.. Lecture de quelques passages
2) Conclusion sur l’engagement de l’auteure à travers la première lecture de son
œuvre

Deuxième partie : l’essence du féminisme réfléchie et la limite de l’identité féminine à


travers l’œuvre de Mernissi.

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I. Les aspects du féminisme dans « rêves de femmes »
II. Identification de Fatima Mernissi à son œuvre.
III. Les contraintes concrètes de l’identité féminine chez Mernissi

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Première partie :
La littérature
féminine et la
question de
l’engagement

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I. La notion de l’engagement.1

Littéralement l’engagement est l’action de se lier par une promesse ou une convention.
Dans le domaine militaire, par exemple on peut dire qu’un soldat est engagé lorsqu’il se prête
à servir pur le compte d’un régiment ou d’une armée pour une durée décidée au préalable.
Mais il existe d’autres sens du mot « engagement » qui n’ont pas d’étroits rapports avec notre
sujet. La signification la plus proche de notre étude est celle qui se résume dans l’acte d’un
intellectuel ou d’un artiste de consacrer ses œuvres voire même sa vie pour la lutte au profit
d’une question humaine.

On parle des œuvres artistiques engagées (chanson, théâtre...) notamment dans le


domaine religieux et dans le domaine politique ainsi que dans d’autres domaines.

L’engagement dans un sens plus large est une attitude personnelle qui dépend de
l’individu et de ses convictions. Le terme engagement est généralement lié au succès, on dit
par exemple qu’un étudiant est engagé à fond dans ses études quand il consacre la plupart de
son temps à ses études… un professionnel engagé est une personne qui déploie toutes ses
efforts rien que pour réussir son métier ou de le perfectionner. Par rapport au temps,
l’engagement est un acte durable et persévérant. Il exige de la personne engagée à rapporter
ses pensées à ses pratiques, à attribuer ses caractéristiques personnelles dans le but de générer
un intérêt pour sa communauté, sa nation ou sa patrie.

Il existe plusieurs formes d’engagement dont le plus courant est celui caractérisé par le
bénévolat, c'est-à-dire une personne engagée pour une question n’attend aucune récompense
ou prix pour son travail qu’il fait volontier.

Dans le domaine politique, l’engagement est souvent lié au fait de prendre parti sur les
problèmes politiques et cela se voit dans les actes ou les paroles et avis exprimés par la
personne engagée.

On parle alors d’engagement chez les intellectuels : engagement conventionnel organique


ou non conventionnel. Le premier porte sur les domaines tels le militantisme, le vote, le
syndicalisme, le volontariat associatif … où personne n’oblige le militant à déployer ses
efforts pour lutter au profit d’une telle ou telle question.

Le deuxième est celui qui a rapport avec les grèves obligatoires quand on fait partie d’un
syndicat, les manifestations quand on appartient à tel ou tel parti politique ou n’importe quelle
autre instance qui a le pouvoir d’exiger par convention de ses adhérents de respecter les
décisions prises par les dirigeants du comité de gestion qui oriente les participants… les
boycotts contre certaines personnalités ou produit de consommation ou établissements de mas
médias peuvent faire partie de ce type d’engagement…

1 : Définitions et idées reformulées en propos personnels à partir des explications dans les Dictionnaires numériques Robert
et Larousse.

https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/engagement/29510

https://dictionnaire.lerobert.com/definition/engagement

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De nos jours, beaucoup d’organismes surtout non gouvernementaux se disent engagés
contre ou pour une telle ou telle question tantôt de nature et pour but humain tantôt de nature
sociale, économique, politique ou religieuse…

Les concepts de base de l’engagement :

Il existe en général trois bases pour l’engagement :

 La forte croyance des valeurs fondatrices de la question défendue. (concept de


motivation)
 La volonté de porter un service de valeur commune. (concept de persévérance)
 Et le désir de maintenir son adhésion à sa communauté. (concept d’appartenances)

En contrepartie de son engagement, la personne engagée peut alors être récompensée par
la reconnaissance directe ou indirecte envers ses actes, la confiance que lui accorde ses
compatriotes et parfois son accompagnement et son soutien à atteindre ses fins sur lesquelles
se fonde son engagement.

Dans un niveau plus développé, la personne engagée peut être considérée comme leader
ou pionniers quand elle oriente et motive tout un courant ou troupe de personnes ayant le
même objectif qu’elle ou quand elle en est la première à créer le besoin de lutter en faveur de
la question motrice.

L’une des questions qui avaient motivé beaucoup de militants dans le monde est celle des
droits de la femme. On en cite donc comme exemples : Olympe de Gouges, Angéla Davis,
George Sand, Fatema Mernissi… chacun dans son domaine.

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II. L’engagement littéraire

Au beau milieu du XXème siècle, une époque marquée par l’impact de la colonisation du
Maghreb Arabe et de son ouverture sur le monde occidental de l’Europe et des Etats Unis
d’Amérique aussi. La situation de la femme maghrébine commence à sortir de son
enfermement sur soi voire de se révolter contre ses conditions de vie et de cohabitation et
avec la nouvelle réalité sociale apportée par le contact de l’Orient et l’Occident d’une part, et,
d’autre part, contre la réalité historique en analogie avec son compatriote, « l’homme ».

Cette ouverture sur les mondes, ne sera point sans effet remarquable, surtout que les
femmes commencent déjà à cette époque à pouvoir se considérer « libres » et dignes de créer
un monde où elles seraient indépendantes de l’homme, elles, qui ont de plus en plus mare des
frontières imposées par la religion, la société voire même par la loi.

Dans de différents domaines, les femmes commencent, chaque couche sociale de sa part, à
prendre leur rôle de s’identifier, de lutter pour leur liberté et pour construire leur nouvel
avenir dans un univers de combat qui n’ira point, sans doute, sans laisser des blessures, des
échecs mais aussi plus d’espoir.

Cette lutte contre la discrimination et l’objectivation de la femme s’est marquée dans


différentes disciplines telles les chants populaires… et tout le monde se rappelle que bien
avant notre époque, des femmes artistes se sont reconnues et jouaient un grand rôle contre la
dictature masculine et contre l’oppression et l’injustice en général, la chanteuse Kharboucha
dans la région d’Aabda est reconnue par ses chansons provocantes contre le caïd Hammou à
l’époque.

Bien que beaucoup de femmes avaient été emprisonnées et torturées ou encore exécutées
pour le simple motif d’avoir exprimé leur avis et leur refus de l’injustice, le combat ne
s’arrêtât pas là, et, il se manifesta constamment mais d’une manière plus saine et implicite
dans une littérature féminine dite engagée.

Cette littérature qui a marqué le XX ème siècle dès les années cinquante jusqu’à sa fin,
s’était faite beaucoup de pionnières et de disciples qui s’étaient appelées des auteures
engagées.

Leur engagement commence tout d’abord avec des œuvres témoins de leur situation à
l’époque, puis plus concrètement avec une expression explicite ou implicite fondée sur un
esprit rebelle, et, petit à petit elles se permirent de plus en plus des sujets qui étaient
considérés comme tabous auparavant.

En Algérie, par exemple, « Assia Djebar parle dans ses ouvrages de l’Algérie sans peur ;
les algériennes et les algériens sont au cœur de son immense œuvre. Elle exprime par le biais
de la fiction son identité, son être le plus profond, ses racines. »2

2 : https: //www.elwatan.com/2006.06.23/2006.06.23.21821, par Benaouda Lebdai. , Edition


du 23 juin 2005

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Au Maroc, « Rêves de femmes » est le premier roman de Fatima Mernissi, texte de fiction où elle
prend pour ainsi dire ses marques. L’auteur rejoue sa propre enfance, la truffant d’aventures et de
nombreuses péripéties, tantôt s’identifiant aux héroïnes des contes des Mille et Une Nuits, tantôt
analysant d’un regard critique les us et les coutumes du pays. Comme chez Elisa Chimenti, la frontière
entre le code de l’écrit et la tradition orale éclate. 3

Le XXème siècle littéraire propose une vraie diversité. Ce siècle a vu naitre les beaux-
arts, le cinéma, le théâtre ; Il s’agit d’une révolution qui a envahi tous les domaines culturels.
Le roman donne de l’importance, au contexte et à la réalité de la vie.

La littérature féminine au Maghreb en général et au Maroc en particulier, peut être


considérée en tant qu’essais existentialistes comme ceux de Kant, ou des contes
philosophiques comme celui de Voltaire ou thèses idéologiques et humanistes comme celles
de Luther Martin, mais, vu son timbre plutôt narratif, elle reste cernée dans la catégorie du
récit qui ne sort point du scénarios de la fiction et du « diagèse » de l’autobiographie ou du
roman bien qu’elle en soit digne d’autres appellations.

D’emblée, la littérature féminine est une littérature engagée qui nous présente des
histoires féminines denses qui varient entre réalité et rêves de leurs maitresses. Elles nous y
dévoilent à travers leur combat les limites imposées par leurs sociétés patriarcales. Elles y
expriment leur exclusion des actes sociaux les plus vitaux, leur minorité par rapport à la
majorité de leurs tuteurs, les hommes représentée tantôt par des pères conservateurs et
fermes, tantôt par des frères surveillants leurs mouvements au quotidien ou par leurs époux
jaloux et honteux d’avoir des femmes ayant le culot de s’exprimer ou de s’opposer aux
normes de l a société qui leur constituent des obstacles les défiant à franchir.

Et avec une littérature plutôt familière et accessible même aux lecteurs les plus
humbles et non dotés de moyens littéraires assez profonds, ces femmes de lettres ont pu
réussir à impacter leur environnement à travers des lecteurs dits féministes par ces lectures
malgré eux.

Dans son livre « visage de la littérature féminine », Wilwerth Evelyne, considère la


littérature féminine au Maroc comme étant une littérature ayant mis « un lien étroit entre
condition féminine et création féminine. »4

La littérature féminine est donc une littérature qui a un aspect anthropologique,


culturel et historique et non une simple littérature ayant pour but de plaire au lecteur.

3: Joly Jean-Luc, Kilito Abdelfattah, Les mille et une nuits, du texte au mythe, Rabat, Faculté
des lettres et des sciences humaines, 2005, p277.

4 : Wilwerth Evelyne, Visage de la littérature féminine, Bruxelles, Pierre Mardaga, 1987,


p174

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C’est une littérature qui s’engage à parler des peines comme elle parle des plaisirs,
d’aborder les certitudes de la même manière de franchir les questions douteuses et
mystérieuses.
Une littérature féminine surtout avant l’ère de l’évolution des médias et des réseaux
sociaux comme de nos jours est aussi une littérature réussie par excellence à créer son public
sans avoir eu assez de moyens pour le faire.

La littérature féminine est aussi une littérature qui s’engage à faire de la femme objet
de son texte en même temps qu’elle soit sujet de ses propos et réflexions à travers ses œuvres.

Se manifestant à travers des mémoires ou des souvenirs, la littérature féminine au


Maghreb est une littérature qui fait du passé des femmes « du récit éponyme, silence. Au
présent, elles introduisent dans ce « Même » silence quelque chose d’« Autre » qui leur
ressemble, s’appropriant et dominant ainsi leur passé silencieux. »5

La littérature en gagée est une littérature en réaction permanente avec l’actualité et les
circonstances. Benoît Denis écrit que l’expression « Littérature engagée » symbolise : « Une
pratique littéraire associée étroitement à la politique, aux débats qu’elle génère et aux
combats qu’elle implique (…). »6

5 : 5: Thèse de Doctorat, Farah Aicha Gharbi, Femmes d’Alger dans leur appartement
d’Djebar Assia, une rencontre entre la peinture et l’écriture, université de Montréal, 2004.

6 : littérature et engagement, Benoit Denis, 2000. P 5

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III. L’engagement esthétique :

Dans son livre « l’engagement esthétique », Arnold Berleant, professeur de philosophie à


Long Island University, « pose les bases d’une esthétique environnementale, écologique et
relationnelle. », il y avait analysé plusieurs exemples de pratiques artistiques du XX ème
siècle. Ces pratiques esthétiques, selon lui, se fondent sur trois principaux piliers : le corps,
l’espace et la culture.7

Avant d’analyser et approfondir ces trois concepts de base avancés par Arnold, il est
préférable de noter qu’une nuance est à faire entre l’engagement littéraire et l’engagement
esthétique.

 L’engagement esthétique et l’engagement littéraire : complémentarité, contenance ou


différence ?

Tout engagement littéraire est, par nature un engagement esthétique car littérature est
l’ensemble de techniques esthétiques et stylistiques qui servent à transmettre des idées à
travers une œuvre littéraire.

Mais cela ne va pas de dire que tout engagement esthétique est un engagement littéraire pour
la simple raison que le domaine esthétique est lié à d’autres formes de création comme la
peinture, la musique, la sculpture, le théâtre, le cinéma etc.

L’engagement esthétique est un terme générique qui peut englober entre autres, l’engagement
littéraire.

On peut conclure que toute œuvre littéraire est censée d’être engagée en matière
d’esthétique à représenter un style spécial, sinon le style de son auteur. Mais l’engagement
littéraire est plutôt le fait que l’écrivain se présente militant bénévole pour défendre une
question vitale qui préoccupe la société que les autres ne peuvent ou ne veulent pas évoquer
mais en ont toujours le besoin de l’aborder. Par contre, l’engagement esthétique est le fait sur
lequel s’instaure un style particulier et se fonde une forme spéciale d’écriture. La littérature
engagée se définit comme une littérature de circonstance.

7 : l’engagement esthétique, Arnold Berleant

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IV. L’engagement à travers « rêves de femmes de Fatima Mernissi.
1) Approche de l’œuvre et commentaire général
AA.. Biographie de Fatima Mernissi.8
1. Aperçu biographique :

C’est en 1940 que Fatima Mernissi vit le jour dans la capitale culturelle d’un Maroc
sous le protectorat Français. Ses missions d’enseignement universitaire à la faculté des lettres
et des sciences humaines Mohamed V ainsi que son travail en sociologie l’’ont permis de
tracer ses pas vers un parcours de femme féministe engagée. Elle réfléchissait et faisait
réfléchir ses étudiants, ses contacts et ses proches sur la place de la femme dans une société
plus androcentrique à l’époque que maintenant. Ses travaux de sociologie furent l’objet de
beaucoup de débats autour du féminisme et du réel vécu de la femme au Maroc colonial et
postcolonial. Son appartenance au courant féministe lui était une source abondante de
productions académiques hyper engagées notamment à la lutte contre les différences entre
l’homme et la femme marocaine en particulier mais aussi à la dominance de l’homme oriental
en général. La vision qu’elle avait eue par vis-à-vis la femme marocaine est une vision qui
n’est pas loin de la considérer comme « victime » d’une injuste autorité masculine et c’était la
cause pour laquelle elle fut distinguée au début de sa dernière décennie de sa vie par une
double consécration ; celle de Prix Princesses des Asturies en 2003 puis l’an suivant du prix
Erasme.

2. Enfance et scolarisation :

Fatima Mernissi était une femme chanceuse du point de vue scolaire et social ; car à
l’époque où l’école publique n’avait pas une grande émergence face aux autres systèmes
éducatifs tel le M’sid, l’école privée, elle, non plus. Et dans l’une et l’autre c’était rare que les
filles partageaient le même établissement avec les garçons. Par ailleurs, Fatima Mernissi eut
ses études dans une école primaire mixte et privée en plus. Et de Fès, elle se déplace à Rabat
pour une vocation de droit digne de sa personnalité militante. Mais sa quête ne se limita point
au Maroc ; elle continue son parcours d’apprentissage à la Sorbonne puis elle clôt par un
doctorat à Brandeis en Etats-Unis d4amérique où elle obtient son titre de sociologue à l’age de
34 ans.

3. Une femme polyglotte :

En outre de sa langue arabe maternelle, la femme maitrisait bien la communication et la


production en français ainsi qu’en anglais. Ainsi sa thèse de doctorat rédigée en anglais eut
pour objet « the effects of modernization on the male-female dynamics in a Muslim society :
Morocco » ( les effets de la modernisation sur les dynamiques male-femelle dans une société
musulmane : le Maroc »

8 : reformulation personnelle à partir de l’encyclopédie numérique Wikipédia.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fatima_Mernissi

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4. Retour au Maroc :

Après son petit séjour plein de succès en Etats-Unis d’Amérique, elle rejoint ses collègues
professeurs hommes à l’Université Mohamed V à Rabat pour tracer un parcours
d’enseignement de la sociologie.

5. Contacts intellectuels :

Durant sa mission universitaire Fatima Mernissi eut l’occasion de faire connaissance à


deux protagonistes masculins de l’avant-garde intellectuel au Maroc tel Abdelkabir Khatibi et
le poète Mohammed Bennis d’où évolue et se nourrit sa passion d’écriture féminine et
commença à publier ses premières œuvres.

6. Lutte pour une question de genre :

Mais son vrai titre de combattante féministe ne l’eut qu’à la dernière décennie du siècle
précédent.

7. Fatima Mernissi : source d’inspiration et de leadership :

Cet engagement inspirait à travers elle, un grand nombre d’autres féministes en monde
arabo-musulman tel Amina Wadud et la journaliste égypto-américaine Mona Elthahawy qui
défendaient la même idée qu’elle : « l’Islam favorise l’égalité femme-homme et non l’inverse
que laissent faire penser plusieurs Oulémas arabo-musulman.»

8. Une militante sur le terrain :

Cette idée était le moteur de ses activités de lutte contre les inégalités concrétisées tant par
des caravanes civiles collectives visant les enfants, les familles et les femmes, que spécialistes
en collaboration avec les activistes féministes, les intellectuels et les artistes…

9. Une vie « récompensée » :

A 63 ans, sa retraite fut couronnée par une double consécration, celle de 2003 Prix
littéraire Princes des Asturies avec Susan Sontag puis en 2004 Prix Erasme avec le syrien
Sadek Djalel El-Azem et le persan Abdulkarim Soroush.

10. La face cachée d’une femme politique :

Sa carrière de militante féministe ne put dissimuler sa figure politique; avec ses ateliers
d’écriture au profit des anciens prisonniers « des années de plomb au Maroc », elle rendait
hommage aux hommes victimes d’injuste incarcérations et tortures ainsi qu’à leurs mères,
sœurs, femmes et filles.

11. Quelques écritures :

Parmi ses écritures en sociologie, on peut citer : « sexe, idéologie, islam » en 1985.

 En arabe : ‫ نساء على اج نحة الحلم‬en 1998

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 En anglais, bien sûr, son fameux roman : « Dreams Of Trespass : Tales of a Harem
Girlhood » en 1994 traduit par Claudine Richetin en version française « rêves de
femmes : une enfance au Harem » en 1998.

Cette dernière œuvre fera l’objet de notre étude de l’écriture féminisme francophone au
Maroc dont Fatima Mernissi, éteinte à l’âge de 75 ans, fut l’une des protagonistes.

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BB.. Présentation de « rêves de femmes » :

D’après ma première lecture du roman « rêves de femmes », ce qui frappe à l’œil au


début, au milieu et à la fin de ce roman, est que la narratrice, l’auteure Fatima Mernissi était
une fille qui se sent « prisonnière » dans le harem, enfermée dans son corps, malgré son âme
ainsi que celle de toutes les autres femmes qui l’entourent, qui tente une liberté impossible. La
seule issue pour elle et pour elles, est d’inventer des jeux dont elles seules connaissent les
règlements et les valeurs. En se racontant des histoires amusantes à chaque endroit où elles se
sentent accaparées, à chaque nuit où elles ne peuvent pas dormir. Des histoires fictives ou
réelles, cela n’importe point puisqu’elles ont la possibilité de les faire sortir du monde clos du
harem et de l’autorité masculine même que pour quelques minutes éparses dans la journée ou
pendant la nuit.

Cette œuvre n’est pas un simple roman, mais aussi est-elle un album feuilleté devant
les yeux du lecteur. Un album plein de clichés pris à l’enceinte du harem, dans ses lieux les
plus féminins auxquels les hommes n’ont pas accès. C’est un documentaire caricaturant
malgré lui, la situation de la femme fassie coexistant avec les règles de polygamie et de
servitude au profit de l’homme. C’est à travers cet album aussi que l’auteure s’ouvre sur des
repères géographiques et historiques précis : ceux de la localisation à kilomètres précis de la
ville de Fès par rapport à l’Espagne symbolisant le conflit avec les chrétiens occupant à cette
époque le Nord du Maroc, et par rapport à la Mecque symbolisant l’appartenance islamique
du Maroc.

(Voir le premier et le troisième extrait dans la rubrique : lecture de quelques extraits)

L’œuvre est aussi une caricature se « moquant » des français occupant le Maroc alors
qu’ils laissèrent derrière eux une France plus prospère que le Maroc.

Le portail nous protégeait également des étrangers postés à quelques mètres de là, sur
une autre frontière dangereuse et aussi importante, qui séparait la Médina de la ville nouvelle.
Parfois, avec mes cousins, nous nous glissions dehors quand Hmed était en train de discuter
ou de faire la sieste, pour jeter un coup d’œil aux soldats français. Ils étaient vêtus
d’uniformes bleus et portaient un fusil en bandoulière. Leurs petits yeux gris étaient toujours
sur le qui-vive. Ils essayaient toujours de nous parler, car les adultes ne leur adressaient jamais
la parole. Mais on nous avait sévèrement interdit de leur répondre. Nous savions que les
français étaient avides et avaient fait tout ce chemin pour conquérir notre pays, alors
qu’Allah leur en avait attribué un très beau, avec des villes prospères, des forêts profondes,
des riches prairies vertes et des vaches beaucoup plus grosses que les nôtres et qui donnaient
quatre fois plus de lait. Mais visiblement les français étaient avides. 9

9 : rêves de femmes: ch 3 : le harem français pp24.25

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 La famille de l’auteure à travers le récit de la narratrice :

En premier lieu, le personnage autoritaire est le père, puis en second lieu, Ali, le frère de
son père. Ceux-ci étaient monogames. Les deux hommes vivaient côte à côte avec leur mère,
Yasmina, grand-mère de la narratrice, ainsi que leurs sœurs, tantes de la narratrice. En
troisième lieu, le personnage qui marque plus la personnalité de la narratrice après sa mère
bien sûr, était sa cousine Chama. Elle était plus âgée qu’elle et avait un talent incontournable
de conteuse d’histoires et de chanteuse aussi. Avec elle, elles s’amusaient toutes les deux à
chanter, à s’écouter chanter des refrains d’ « Asmahan » célèbre chanteuse orientale à
l’époque. Parfois elles fredonnent des couplets inventés par elles-mêmes au même rythme
qu’Asmahan.

Lalla Radia, l’exemple de la femme conservatrice qui, par contre, loue la vie au harem, et
pense devoir remercier Dieu pour la prospérité et la paix où les femmes y vivaient. Mais elle
était bien instruite.

Le grand père paternel de Fatima, monsieur Tazi, lui, était polygame. Il n’avait pas que
plusieurs épouses mais aussi plusieurs servantes qui se comportaient avec lui comme faisaient
ses propres femmes. Son harem, à lui, ne se situait pas dans la ville, mais dans une ferme.
Parmi les femmes qui partageaient la vie dans ce harem, on citera : Tamou la cavalière rifaine,
amie de Yasmina puis épouse de Tazi, Yaya (lalla), une servante soudanaise qui devint
femme de Tazi, et Lalla Thor, une fille aristocratique de Fès.

Ces mondes pleins de femmes, ont permis à la narratrice de se lancer à la description


de paysages féminins et à la narrations d’histoires se rapportant à leurs sujets tel la mode
féminine, les habits traditionnels, la broderie, les soins esthétiques traditionnels, le bain-
maure, mais aussi de l’introduction des chewing-gums et des cigarettes par les américains au
Maroc.

(Voir le deuxième extrait dans la rubrique : lecture de quelques extraits)

 Un roman témoin de son époque :

Mélangeant l’histoire, la politique et le social, « rêves de femmes » raconte aussi


l’occupation des français par les allemands et comment les Marocains ne purent pas se
procuraient leur indépendance malgré cet événement qui réfléchit la faiblesse des français.
Car au lieu de réclamer l’indépendance, ils contribuaient avec la France contre les allemands !

Sur le coté politique local, Mernissi parle des nationalistes à l’époque qui combattaient
les français…

En termes de religion, elle raconte comment la femme devait apprendre le coran par
cœur sans penser à l’interpréter…

En somme, « rêves de femmes » est plutôt digne du titre de conte plus qu’un roman.
Mais la vocation sociologique de Mernissi en fit sortir ainsi.
CC.. Lecture de quelques passages

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1er passage : page 5 :

« Je suis née en 1940 dans un harem à Fès, ville marocaine du IXème siècle, située à 5000 km à l’ouest
de la Mecque, et à 1000 km au sud de Madrid, l’une des capitales des féroces chrétiens. Nos
problèmes avec les chrétiens, disait mon père, commencent, comme avec les femmes, lorsque les
hudud, les frontières sacrées, ne sont pas respectées. Je suis née en plein chaos, car chrétiens et
femmes contestaient constamment les hudud et les violaient sans cesse. »

Dans l’incipit de son roman, Fatema se situe face au lecteur, dans l’univers spatiotemporel
pour mieux s’identifier.

Tout d’abord, sa naissance qui date de la dernière décennie de la première moitié du XX ème
siècle puis, se rapportant géographiquement mais aussi religieusement à deux extrémités
ethniques, l’emblème des musulmans puis l’un des capitales chrétiennes.

Par cette situation « géographothéologique », Mernissi met en exergue les entités


géographiques Est et Ouest mais aussi, attire l’attention du le lecteur sur l’appartenance
religieuse qui n’est pas forcément due à la proximité spatiale vu que La Mecque est plus loin
de Fès que Madrid.

Les hudud, alors, qui sont créés à 5000 km de Fès, sont violés par les chrétiens mais aussi par
les femmes.

Les chrétiens étant le symbole de l’occupation espagnole du nord du Maroc, et les femmes le
symbole de la violation des musulmans de leurs propres limites.

Deuxième passage : page 176

« Le chewing-gum et les cigarettes nous étaient arrivés par l’intermédiaire des américains qui avaient
accosté à Casablanca en novembre 1942. Des années après leur départ, on parlait encore des
américains, parce que tout ce qui les concernait était pour nous un mystère total. Ils étaient arrivés
d’on ne savait où, sans que personne les attende, et avaient surpris tout le monde pendant leur séjour.
Qui étaient ces soldats bizarres ? Pourquoi étaient-ils là ? Ni Samir ni moi, ni même Malika n’avions
de réponse à cette énigme. La seule chose dont nous étions surs, c’est que les américains étaient des
chrétiens, mais bien différents de ceux qui nous venaient régulièrement du nord pour nous flanquer
des raclées. Les américains n’habitaient pas dans le nord, mais sur une ile lointaine, à l’ouest, qu’on
appelle l’Amérique. C’est pour ça qu’ils venaient en bateau. Les avis étaient partagés pour expliquer
comment ils étaient venus sur leur ile, au début. Samir disait qu’ils étaient dans un bateau sur la cote
espagnole et que le courant les avait entrainés de l’autre coté. Malika prétendait qu’ils étaient allés là-
bas pour chercher de l’or, et qu’ils étaient perdus, et qu’alors ils avaient décidé de s’y installer. »

Dans ce passage, la question du chewing-gum et des cigarettes fait un prolongement du sujet


de l’occupation, de l’interculturel, alors de la violation des hudud par les chrétiens puisque les

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américains, malgré les hypothèses avancés par Samir et Malika, sont aussi les premiers à être
suspectés de violer les frontières sacrées, tout d’abord avec leur chewing-gum puis par leur
intrusion des cigarettes dans un univers musulman.

Fatema se voit toujours entrain de feuilleter un album de scènes d’infraction des hudud ou par
les chrétiens ou par les femmes. Cette perspective rend la notion d’infraction des limites plus
réelles et justifiée et moins redondante et répétitive.

3ème passage : page : 182

« Officiellement, la terrasse était le territoire des femmes. Les hommes n’étaient pas autorisés à y
monter. Car au niveau des terrasses, on pouvait communiquer avec les femmes voisines. Il suffit de
savoir grimper et sauter. Et que seraient les harems si les hommes pouvaient sauter d’une terrasse à
l’autre ? Les rapports entre les sexes auraient été trop faciles. Il y avait bien entendu des contacts
visuels entre mes cousins et les filles de nos voisins, surtout en printemps et en été, quand les
couchers du soleil étaient particulièrement spectaculaires. Les jeunes gens des deux sexes s’attardaient
souvent sur la terrasse. Dans une débauche de nuages pourpres et rouges, les hirondelles, comme
saisies de frénésie, dansaient un ballet aérien. Chama était toujours là-haut, avec ses deux sœurs
ainées, Salima et Zoubida, et ses trois frères, Zin, Jawad et Chakib. Ses frères, en principe, ne
devaient jamais poser le pied sur la terrasse, car de là ils auraient pu voir directement dans la maison
des Bennis, qui avaient plusieurs filles, ainsi que des fils, en age de se marier. Mais ni les jeunes
Mernissi ni les jeunes Bennis ne respectaient le règlement et, les soirs d’été, ils se rassemblaient tous
sur les terrasses blanches, rendues d’autant plus romantiques par la proximité des nuages. »

Dans ce passage, loin de la violation des hudud par les chrétiens, une autre dimension
d’infraction remonte sur scène, cette fois par les femmes du harem qui avaient libre accès à la
terrasse au contraire des hommes. Cette violation est nommée féminine malgré que les fils des
deux familles, en âge de mariage, y participaient, ce qui dévoilerait une intention cachée de
Fatema de montrer la complicité des hommes quand les femmes contestent les frontières
sacrées. Celles-là, ne sont jamais seules à commettre ces infractions voudrait-elle dire !

Quatrième passage : page : 190

« Donc, l’oncle Tazi fut invité, le conseil eut lieu, et ma mère fut folle de joie quand il fut finalement
annoncé que mon changement avait été accepté. Je n’étais pas la seule concernée, d’ailleurs : mes dix
autres cousins et cousines devaient se joindre à moi. Nous avons tous dit gaiement au revoir à Lalla
Tam, et nous nous sommes précipités à la Nouvelle Ecole de Moulay Brahim Kettani, située à
quelques dizaines de mètres de notre portail. J’étais ravie. A l’école coranique, on était obligés de
rester toute la journée assis en tailleur sur des coussins, avec une seule coupure au moment du
déjeuner qu’on apportait avec nous. La discipline était féroce. Lalla Tam vous fouettait si elle n’aimait
pas votre façon de vous tenir, de parler ou de réciter les versets. »

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Cet extrait est une scène très importante dans la vie de Fatema ainsi que celle de ses cousins,
le changement d’école, du m’sid à l’école mixte.

Ce sujet fut l’objet de délibération en conseil de famille présidé par son oncle qui devait enfin
accepter ce changement imposé par la mère de Mernissi. Une femme qui représente
l’authenticité et la modernité, et qui tend vers l’ouverture de l’esprit et l’acceptation de la
différence…

Cela fera un point culminant dans le reste du roman puisqu’il aura un impact direct sur
l’épanouissement de la liberté et de l’identité féminine de Fatema grâce à l’intervention
démocratique de sa mère.

5ème passage : page : 198

« Un jour, Samir avait essayé de découvrir ce que Vienne avait de si particulier, et Zin lui avait dit
que c’était une ville où les gens dansaient ce qu’on appelle la valse, toute la nuit. Un homme et une
femme se serraient très fort l’un contre l’autre et dansaient pendant des heures en virevoltant, jusqu’à
s’évanouir d’amour et de plaisir, exactement comme dans une danse depossession. Mais là les femmes
ne dansaient pas seules. Et toutes ces étreintes de ces danses avaient lieu dans des salles
magnifiquement décorées, ou même dans les rues, pendant certaines fêtes, tandis que les lumières de
la ville scintillaient dans le noir. Lalla Mani lançait dans un reniflement rageur : « Quand de bonnes
ménagères musulmanes se mettent à rêver de danses indécentes dans une ville européenne obscène,
c’est la fin de tout. » La mère de Chama, Lalla Radia s’était tout d’abord opposée à ce que sa fille
porte le chapeau viennois, et avait accusé ma mère d’avoir une mauvaise influence sur elle. Les
relations entre Lalla Radia et ma mère étaient devenues si tendues qu’elles ne s’adressaient presque
plus la parole. »

Ce passage a une double signification. Tout d’abord par rapport aux passages précédents qui
mettent en valeur le role de la mère de Fatema dans l’expression de la liberté et de l’identité
féminine, puis par rapport au titre de l’œuvre, « rêves de femmes », dont celui de pouvoir
participer à une danse romantique voire « érotique » en quelque sorte bannie et accusée par la
mère de Chama qui représente le symbole de la femme qui s’empêche et empêche sa fille
même de rêver ! Cette attitude qui s’était allée trop loin avait même affecté les rapports entre
les deux femmes, voire déclenché un conflit idéologique et culturel entre deux camps, celui de
la modernité du coté de Madame Mernissi et celui de la conservation du coté de madame
Radia.

6ème extrait : page 204

« Pour illustrer le conte des paons, Chama avait tout d’abord voulu utiliser un fil d’un bleu
intense pour broder sur la soie rouge vif. Mais dans un harem, les femmes n’allaient pas faire
les courses elles-mêmes. «

Cet extrait et la partie qui le suit traduit deux dimensions ; l’une se rapportant à l’identité et la
liberté des femmes dans le harem à choisir les couleurs, à créer et modeler ce qu’elles
voulaient comme elles voulaient, exploiter leur monde imaginaire de contes et de rêves pour

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les exaucer en réalités matérielles sous forme de tissus brodés, d’habits ou de bijoux qui
montreraient leur identité, leur créativité et leur propre style.

Par ailleurs, une seconde dimension se montre flagrante, celle des limites qui contrarient leur
choix, rendant très compliqué le simple geste d’aller chercher les couleurs des fils de broderie.

Les scènes démontrées dans ce passage ne sont pas un simple événement dans le récit, mais
aussi un timbre général qui marque tout le roman. Celui des rêves des femmes du harem à être
libres et à s’identifier par leur féminité, et des limites et barrières que font les traditions dans
une société masochiste. Telle est la lutte dans laquelle s’engage Fatema Mernissi, via une
littérature féministe qui combat indiscrètement pour la réalisation d’une identité libre et
indépendante.

7ème extrait : page 210 :

« La rupture entre Samir et moi s’est produite quand j’allais avoir 9 ans, au moment où Chama me
déclara officiellement mure. C’est alors que j’ai compris qu’il n’était pas prêt à investir aussi
sérieusement que moi dans les problèmes dermatologiques. Samir essayait de me persuader que les
traitements de beauté étaient d’importance secondaire, et de mon coté j’essayais de le convaincre
qu’on ne pouvait pas attendre rien de la part de quelqu’un qui négligeait sa peau puisque la peau est
l’enveloppe à travers laquelle on sent le monde extérieur. »

Cet extrait représente la phase de « métamorphose » de Fatema l’enfant en Fatema la femme,


de sa prise de conscience de ce qu’elle était comme femme et de ce qui est par nature les
hommes, en l’occurrence ici, son cousin Samir qui, par témérité naturelle de jeune homme
élevé dans une société patriarcale, lui oppose son point de vue envers les soins que elle et ses
semblables valorisent le plus, leur peau.

Ce qui est principal pour une femme pourrait bien ne pas l’etre pour un homme. Un papillon
sortant à peine de sa chenille s’occupe tout d’abord de redresser ses ailes tandis qu’un loup
sortant de sa tanière ne cherchera que des proies qui assouviront à ses besoins. Une image
qu’aucune d’autre ne peut conclure la situation entre femmes et hommes dans un espace
purement régulé aux mesures du male.

Extrait 8 : page : 217

« Selon tante Habiba, la libération de la femme commence avec le massage et les soins de la
peau. « Si une femme se met à négliger sa peau, c’est la porte ouverte à toutes sortes
d’humiliations. » »

Ce petit extrait conclus par la parole de tante Habiba montre deux contradictions de libération
et d’identité féminine : en d’autres termes, pour se libérer, pense tante Habiba, il faut rester
attaché aux soins de la peau et à la beauté, chose qui est valorisante et honorable d’un être
réconcilié avec soi, mais d’autre part cela démontre qu’on s’occupe de sa peau pour ne pas
tomber dans la fatalité de l’humiliation, humiliée par qui donc ? de la part de l’homme bien
sûr auquel on livrera les charmes de cette femme par le fait du mariage.

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Ce qui affirme le proverbe marocain « La femme n’a que deux sorties : du foyer paternel au
foyer conjugal, et de celui-ci à sa tombe », c’est-dire toujours prisonnières dans tous les cas…

Extrait 9 : page : 224

« La veille de la séance du hammam, quand ma mère appliquait son henné, mon père
désertait le salon et chercher refuge chez sa mère. »

Ce passage reflète l’attachement immense des femmes du harem aux recettes traditionnelles
de beauté. Ce ne sont pas de simples soins mais des préparatifs et des rituels qui sont
tellement pesants que l’on doit tenir en garniture sur la tête toute une nuit avant la séance du
bain maure. Un rituel qui les rend insupportables par les hommes qui risquent de les quitter à
causes des odeurs qui répandent de leur masque.

Pour plaire à l’homme, pour « se libérer », il faut quand même risquer de le perdre…

Quant à lui, il fuit sa femme pour aller chez sa mère parce que son père n’est pas accessible,
Lhadj Tazi est dans la ferme bien sûr avec ses autres femmes, les plus récentes…

Extrait 10 : page : 232

« Si tu ne peux pas quitter le lieu où tu te trouves tu es du coté des faibles. »

Voilà la phrase de Mina qui clôt le roman et par laquelle Fatema Mernissi conclut la situation
des femmes du harem qui ne peuvent en aucun cas sauf le mariage, quitter leur « prison ». Et
selon le raisonnement de Mina, quand on ne peut pas quitter le lieu où on se trouve, on est
donc du camp des faibles…

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2) Conclusion sur l’engagement de Fatema Mernissi à travers la mise au point sur la
lecture du roman :

Bien que les extraits ci-dessus ne peuvent point assouvir le besoin du lecteur d’avoir
une vue exhaustivement générale sur l’œuvre, mais ils serviront comme appui pour clarifier
certains des axes à venir au fil de cette approche car, pour étudier l’engagement de Faema
Mernissi en général, et l’engagement du coté esthétique ou littéraire ainsi que l’identité de la
femme à travers son œuvre, il se voit primordial de lire avec analyse profonde et
interprétation littéraire voire critique afin de venir au bout d’une approche suffisamment
complète. Cette étape, que nous avons bien sûr franchie, avant et durant notre étude, ne ferait
qu’un remplissage, voyons-nous, du corps du présent document.

Mais il s’avère très usuel de mettre un éclat sur ce qu’on en peut tirer de ces lectures.

Et partant du premier extrait qui illustre l’identité de l’auteure, qui nous emmènera
vers son monde d’enfance, on constate déjà qu’elle est entrain de nous faire visiter son
univers de fille née au harem, et, en nous faisant feuilleter son album d’enfance, elle rend du
lecteur réel témoin des scènes d’infraction des hudud ou par les chrétiens ou par les femmes.
Ces hudud dont la présence avait marqué presque tout le roman feront de l’œuvre un champ
de bataille entre différents acteurs de la vie dans le harem, exemple de petite société
marocaine à l’époque. Entre mères conservatrices et filles enthousiastes, pères commandants
et fils disciples, la société marocaine sous l’ombre des frontières sacrées se voit inséparable
du permis et de l’interdit… il se montre, certes que les femmes au harem vivaient dans un
monde de liberté en quelque sorte de dessiner leur sentier vers une identité indépendante de
celle des hommes, mais toujours limitée par les instructions de ceux-ci mêmes. Elles auraient
eu peut être cette indépendance à créer leur propre univers, mais à condition qu’elles gardent
intact l’hymen d’une société patriarcale qui mettrait en cause tout comportement visant à
toucher les normes de celle-ci. L’identité féminine, donc, se définit tout étroitement comme
une réalisation humaine enfermée et égocentrique sur l’être femelle avec tous ses attraits ;
beauté, soins dermatologiques, secrets féminins, histoires entre femmes, lieux exclusifs qui ne
sont fréquentés que par elles, mais jamais une identité qui émane d’une vraie indépendance du
mâle dominant. Car celui-là, au cas où il se sent menacé par les débordements de ces exploits,
il deviendrait féroce et détruira même le progrès déjà acquis…

C’est ainsi que, dans un style « purement féminin », qui cache une identité d’une
littérature nouvelle, favorisant l’être femme, Fatema Mernissi nous fait l’image des femmes
ayant fait des progrès pour « se réaliser » elles-mêmes en tant que êtres indépendants. Et avec
des formes particulières d’écriture, Mernissi se veut une écrivaine engagée à créer une
nouvelle littérature qui représente l’intellectuelle femme marocaine qu’elle est, et ceci
sûrement sans oublier son envie, à travers son œuvre, qu’elle est en train de favoriser, avec
égoïsme littéraire, l’importance de l’existence effective de la femme dans la société
marocaine.

C’est ce que nous allons analyser et étudier par la suite.

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Alors quels sont les engagements que Fatema Mernissi s’est elle fixé à travers cette
œuvre ? Quels sont les formes d’écriture dans lesquels elle compte nous faire introduire pour
nous réfléchir l’image de l’identité féminine limitée sans aucun doute par les contraintes de la
société ?

Ce sont bien les points que nous allons aborder par la suite dans les paragraphes à
venir.

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Deuxième partie :
l’essence du
féminisme réfléchie
et la limite de
l’identité féminine à
travers l’œuvre de
Mernissi

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 Le féminisme de Mernissi vu par ses contemporains.

Pour introduire le lecteur aux sujets du féminisme et de l’identité féminine chez Fatima
Mernissi, il nous semble intéressant de faire un point sur un épisode de l’émission « soixante
minutes pour comprendre »*10diffusée en 2015 sur la chaine Médi1 TV en hommage à Fatima
Mernissi comme militante du féminisme. D’habitude, cette émission est animée par Mr
Fayçal Tadlaoui, mais, et ça tombe bien puisqu’il s’agit du parcours et du mouvement d’une
personnalité féminine, celu-ci(Tadlaoui) était en mission de couverture du festival du cinéma
dans la ville rouge, Marrakech. C’est la jeune journaliste, Hanane Harith qui a assuré la
présentation de l’épisode avec la participation enrichissante de trois autres personnalités qui
avaient la chance de cotoyer de près ou de loin l’avant-gardiste du mouvement féministe au
Maroc, Fatima Mernissi :

Madame Latifa Elbouhsini, professeure et historienne spécialiste du mouvement féministe


au Maroc ; MrAhmed Farid M’rini, psychanalyste et madame Zakia Daud, journaliste,
écrivaine et auteure d’une dizaine d’ouvrages qui traitent le féminisme, du point de vue
politique au Maghreb durant les années 60.70.80.90 et 2000.

o Les principaux points qui ont été mis en place sur le plateau de cette émission
étaient entre autres :
o Le phénomène de « Tcharmil vu par Fatima Mernissi » ;
o Le progrès en droit de la femme dans la politique marocaine des dernières années
comme acquis du féminisme réformiste ;
o Les anciens « militants » féministes des années 50 et leur défaut vis-à-vis la question
féministe.
o Les ateliers d’écriture créés par Mernissi pour encourager les jeunes écrivains, pour
créer de nouveaux intellectuels et pour laisser une trace écrite pour la lutte pour le
féminisme, les droits de la femme au Maroc ;
o La problématique de la lutte pour la femme, comment rendre celle-ci égale à
l’homme ?...etc.

*10 : https://youtu.be/msp6l2RdHzE

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Les intervenants débattent autour d’un point très important dans la lutte pour la femme et
ses droits, celui de l’ anti-féminisme que Fatima Mernissi anticipait déjà dans les années 80 et
qui commence à défier et combattre le mouvement féministe au Maroc. Il faut bien noter que,
malgré ses luttes en tant que sociologue et militante sur le terrain, elle allait au fin fond du
Maroc pour chercher comment mettre en œuvre cette égalité homme-femme parce que selon
ce que dit Mr M’rini d’elle, et surtout quand il parle des femme tapissières de Taznakht vues
par Mernissi, celles-ci fabriquaient des tapis depuis des mois mais ne pouvaient point aller les
vendre au marché. C’est dans cette ombre-là qu’on peut trouver réfléchie la meme idée sur les
limites de l’identité féminine dans le roman quand les femmes pouvaient bien s’occuper de
leur travaux féminins de tissage, de broderie, de beauté et de décoration mais la société
masculine ne voulait jamais que la femme sorte ni pour chercher les matières premières ni
pour vendre ses produits. L’égalité entre femmes et hommes dans ce stade, par exemple,
demeure trop limitée.(voir extrait : 6 page 204).

Toujours dans ce coté de lutte pour l’égalité entre femme et homme, Mr M’rini fait
remarquer le fait d’intituler l’acte de naissance de l’enfant au nom de son père et non à celui
de sa mère… il fait remarquer aussi que Mernissi tantôt, elle se demandait pourquoi
l’émergence du phénomène du « T’charmil », tantôt elle le liait à la disparition de l’amour
pour la femme au sein du couple marocain.

I. Les aspects du féminisme dans « rêves de femmes »


1. L’aspect collectif et social :

Pour Fatima Mernissi, à travers la lecture de certains de ses œuvres, dont « rêves de
femmes », il est clair qu’elle considère le harem en tant qu’enfermement du coté négatif mais
aussi en tant qu’endroit tranquille de rassemblement et de réunions féminines d’une manière
quotidienne, ce qui présente une opportunité, voire un point positif. Si les hommes étaient,
eux aussi enfermés avec elles, les femmes n’auraient peut-être pas la possibilité de ces
réunions exclusives ce qui présente déjà un avantage exploitable pour elles. Par delà, l’aspect
féministe collectif est toujours présent dans l’œuvre de Mernisssi. Les femmes n’ont aucun
lieu de rassemblement que le harem et cela est de bon escient. L’incipit de son œuvre annonce
sa naissance dans un harem, ce qui montre qu’elle y est bien attachée malgré les entraves qu’il
lui présentait ainsi que ses semblables.

C’est grâce à ce rassemblement de femmes dans le harem que nait chez elle l’esprit
féministe. Et les questions féministes voient le jour entre les enceintes de ce bâtiment presque
exclusivement féminin comme si elle veut annoncer que si les femmes voudraient lutter pour
leurs droits, elles doivent tout d’abord être réunies même si elles n’ont pas l’opportunité de
vivre au harem comme elle. Dans ce sens, il faut mettre en avant que Fatima Mernissi
s’occupait dans sa vie réelle à la création de ces rassemblements de femmes au sein des
associations et d’autres organismes qui ont un rapport avec la question de la femme.

2. L’aspect délibératif, environnemental, intellectuel et participatif

A travers son œuvre, Fatima Mernissi montre la personnalité de la femme en débat avec
l’homme. La communication entre les deux genres est primordiale pour elle. Cette

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communication ne doit pas se contenter de discuter les futilités et les banalités de la vie
quotidienne, mais aussi, montre-t-elle comment la femme doit montrer ses capacités à
réfléchir sur d’autres questions qui l’entourent comme l’économie, l’histoire et la politique.
L’image de la femme qu’elle veut montrer est celle d’une intellectuelle qui est au courant de
ce qui se passe autour d’elle, la femme pour Mernissi ne doit pas se limiter à etre une
spectatrice mais une participante cote à cote avec l’homme dans les débats extra-familiaux. Le
deuxième passage nous révèle l’ambition de Mernissi à rever d’une femme intellectuelle qui
partage son avis avec l’homme mais qui exprime librement sa pensée à propos des questions
nationales voire même universelle. Le second passage illustre bien cet aspect : quand Samir
dit explique l’arrivée des américains en Afrique du nord par le simple hasard dû à la perte de
direction au cours de leur voyage en bateau, Malika en a une autre idée, c’est que ceux-ci
cherchaient de l’or, et comme ils en trouvaient, ils décident d’y rester….(voir deuxième
extrait page 176)

Delà, on peut déduire que la femme pour Mernissi doit être rivale à l’homme dans toute
les questions quelque soit le domaine… instruire une femme intellectuelle, participative et
rivale à l’homme tel est le rêve réfléchi à travers l’œuvre de Mernissi. C’est la clé de voute
pour construire une femme qui peut se défendre les droits toute seule.

3. L’aspect audacieux : l’esprit de chalenge et de défi.

Ce n’est pas évident dans une société à dominance masculine que les femmes soient
réunies sans obstacles. Par contre cette société même qui les prive d’une manière explicite de
se réunir est celle qui leur permet implicitement de le faire. Un exemple de communication
entre les femmes de plusieurs familles se montre clairement dans le troisième passage où, au
lieu qu’elles sortent de la porte pour faire des rencontres avec les voisines, une autre issue se
propose, celle d’aller à travers les toits des maisons. « Il suffit de savoir grimper et sauter »
c’est péjorativement le chalenge difficile relevé par Fatima Mernissi dans cet extrait. Cette
expression de « grimper » et « sauter » serait interprétée par les défis que doivent relever les
femmes pour aboutir à leurs fins : franchir les obstacles imposés par les normes de la société
masculine tout en s’usant de la faible et les failles de celle-ci…(voir troisième extrait page
182)

4. L’aspect démocratique

Le féminisme est aussi marqué par la liberté du choix et la prise de décision d’une
manière personnelle et libre. L’expression de l’opinion et la décision du destin ou du parcours
personnel doit être assuré dans le cadre des organismes de l’Etat qui ne peuvent être contrariés
dans un Etat moderne du droit et de la loi. Telle est la perspective que donne péjorativement
Mernissi à travers son œuvre notamment dans la page 190 où elle parle du conseil de la
famille qui a lieu sous la présidence de leur oncle Tazi et a comme objet de discuter la
question de mutation de Fatima et de ses cousines à l’école mixte. Ce conseil familial s’est
débouché, après un long débat, sur l’accord familial à envoyer la narratrice ainsi que ses
cousines à l’école mixte Moulay Brahim Kettani.(voir extrait 4 page 190)

5. Aspects divers :

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En outre de ces aspects généraux, il y en a d’autres qui marquent moins le féminisme de
Mernissi, notamment celui de l’acculturation et l’import de la civilisation étrangère,
l’indépendance générique de la femme par rapport à l’homme, l’aspect narcissique et le retour
vers soi ainsi l’envie de la délocalisation.

Bien que ces aspects soient moins remarquables dans l’œuvre de Mernissi, ils sont très
visibles dans sa vie quotidienne de femme militante. On sait bien que la vie de l’auteur a été
marquée par plusieurs voyages plus ou moins lointains dans l’espace et le temps. C’est une
femme qui avait acquis tout d’abord une éducation classique dans l’école coranique où, avec
ses cousines, elle avait découvert les bases de l’Islam comme croyance mais aussi dans son
aspect culturel et comportemental. Cela ne l’a pas empêchée de découvrir deux autres
civilisations durant son parcours universitaire. Celle de l’Europe moderne puis celle de
l’Amérique pendant ses études doctorales. Son ouverture sur les cultures étrangères ne se
limitait pas sur l’aspect académique et linguistique mais aussi a-t-il été ouvert sur le statut de
la femme dans les sociétés modernes. Cette acculturation a enrichi son parcours académique
ainsi que son idéologie qui touche à la fois au modernisme sans oublier ses racines
maghrébines conservatrices. Elle voulait, à travers « reves de femmes » montrer que le
féminisme et la réalisation de l’identité ne se limite point dans la libération de la femme au
niveau matérielle, mais aussi, démontre-t-elle, son envie de faire découvrir d’autres figures de
culture…

Ainsi, elle s’est permise, à travers ses personnages, à faire découvrir le plaisir de la danse
occidentale, notamment celle où les femmes peuvent se serrer contre les hommes pendant
des heures, comme nouvelle forme de culture dont elle n’a clairement pu exprimer l’avis.
Mais la manière péjorative avec laquelle elle traite cette découverte, pourrait montrer qu’elle
est pour l’ouverture sur les cultures dans toutes ses perspectives.(voir cinquième extrait page
198)

Cet aspect d’acculturation et d’import de civilisation étrangère, ne va pas sans que la


femme puisse en tirer profit, surtout quand elle s’imite à la femme européenne plus libre et
plus indépendante de l’homme. La rupture entre Fatima la fille, et son cousin qui commence à
paraitre dans l’œuvre symbolise cette indépendance dont Fatima l’auteure féministe
rêve.(septième extrait page 210) Celle d’une femme qui devrait se considérer capable de
mener, au plus tôt possible, ses rêves, et de les exhausser sous forme de réalisations concrètes
dans la société. Ce fait nous renvoie en quelque sorte aux actes associatifs que Mernissi a
menés au fin fond des villages du Maroc où les femmes ne sont pas indépendantes des
interventions masculines même dans la gestion de leurs propres affaires, ce qui nous renvoie à
l’utilité du commentaire qu’on a fait à l’entrée de ce point de notre analyse. Une question
nette, concise, et juste, celle que Mernissi s’est posée : pourquoi les femmes productrices des
tapis à Taznakht ne peuvent pas vendre leur propre marchandise, et n’ont pas accès au
marché ? C’est ce paradoxe qui traduit l’injustice envers la femme, et l’inégalité même pour
diriger son propre marché, qui incitait Mernissi à lutter contre cette injuste discrimination.

Et à travers divers « prototypes » de personnages féminins, Mernissi insiste beaucoup


dans son œuvre sur la réalisation des rêves des femmes marocaines. Ceux qui doivent partir

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tout d’abord de la femme pour y finir. Le personnage Tante Habiba(huitième extrait page 217)
démontre en terme clair que pour s’échapper à l’humiliation de la part de l’homme, la femme
doit prendre soin d’elle, avant qu’elle-même ne l’attende pas l’être par l’homme. Pour ce
personnage, « la libération de la femme commence avec le massage et les soins de la peau ».
en d’autre terme, il faut qu’elle se donne de l’importance à elle-même et s’estime soi même
avant qu’elle attende de l’homme qu’il la valorise et la considère. C’est presque l’image de la
femme moderne d’aujourd’hui que cette perspective reflète, celle de la femme qui travaille et
s’occupe bien de soi avant de chercher l’homme de sa vie. Cette vision du féminisme chez
Mernissi, bien qu’elle semble banale et futile, elle est, semble-t-il de nos jours, d’une
importance incontournable : une femme qui travaille bien, qui gagne sa vie, s’occupe de sa
peau, est beaucoup plus chanceuse d’être plus « opportunée » à gagner l’estimation tout
d’abord d’elle-même puis la valorisation et la considération de l’homme voire de toute la
société. C’est cet aspect qui répondrait peut-être à la question dont Mernissi cherchait toujours
la réponse : comment rendre la femme égale à l’homme ? et au cours du débat mené par
l’animatrice Hanane Harith et ses invités, on touche bien au dénouement de cette
problématique

Ainsi le féminisme Mernissien se montre bien conçu de la part de Fatima qui rêve d’une
femme marocaine indépendante et égale à l’homme. C’est cette indépendance et cette égalité
qui la refera naitre de ces cendres d’humiliation pour se mobiliser, et partir dans l’autre coté
de la société, le coté des forts. « Si tu ne peux pas quitter le lieu où tu te trouves, tu es du coté
des faibles ». (Extrait 10 page 232). Et comme elle avait trouvé dans l’écriture une issue pour
quitter le lieu où elle se trouve, Mernissi avait bien fait de prendre l’initiative de créer les
ateliers d’écriture afin de laisser des traces matérielles pour le combat qu’elle mène pour la
femme.

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II. L’identification de Mernissi à son œuvre.

Dans sa publication, Souad Ameur, explique : « Ce genre de récits représente un "besoin"


impérieux du côté de l'écrivain de parler de son moi et une attente du côté du lecteur qui
cherche bien à se retrouver dans ces romans en s'identifiant avec leurs auteurs. »11

Elle considère l’identité de Mernissi comme une identité permutant à la fois celle de
l’auteur, du lecteur, du narrateur et des autres personnages. Ainsi chaque personnage
représente une couche sociale ( du coté intellectuel). Dès le premier chapitre elle s’identifie
comme une femme moderne du XX ème siècle. Une femme qui vit dans un harem mais dans
l’une des grandes et célèbres villes marocaines reconnues pour leur appartenance scientifique
étant la capitale scientifique du Maroc. Mernissi se définit comme femme musulmane,
intellectuelle, dès son enfance : elle se permet à travers son œuvre de nous présenter le modèle
d’ne fille qui ne s’empêche de réfléchir sur des questions majeures ayant rapport avec le sexe,
la religion, la politique et l’histoire. Elle se montre distinguée des autres personnages de son
roman dans le coté idéologique à caractère critique. Et, en présentant d’autres personnages
comme Malika et Samir, elle nous dévoile son amour à l’appartenance à cette catégorie de
gens qui sont toujours à la recherche de la liberté par leur sens curieux pour le savoir. Dans sa
famille, elle se distingue des autres par sa lutte contre les limites de sa liberté, notamment sa
liberté du choix de son parcours scolaire ainsi qu’elle lutte pour les autres aussi pour en
prendre part. c’est comme si elle veut dire que la naissance de son esprit militant ne date pas
que de son âge mur, mais, depuis son bas âge, elle se permet de prendre part dans des
« conseils de famille » où elle apprenait non seulement d’exprimer ses opinions mais aussi
pour se préparer à un parcours de militante qui aime la démocratie, la liberté et l’application
des droits humains y compris ceux de la femme. A travers son œuvre, elle voudrait montrer
les réussites qu’une femme militante pourrait avoir si elle ne se désespère pas. Fatima la fille
réussit à changer de vocation scolaire grâce à son esprit militant, son courage de s’exprimer.
Et tout ça lui a permis d’aboutir à son objectif mais aussi d’inciter les autres à s’exprimer et
de prendre en main leur décision de tracer leur chemin vers leur avenir. D’autres personnages
ont bénéficié du dévouement de Fatima la fille. Depuis son jeune age elle avait la chance,
certes de se trouver dans une famille plus moderne par rapport à l’époque où elle vivait, mais
c’est grace à ses actes qu’elle a su comment bien profité de telle situation, car, la preuve,
d’autres personnages ne pouvaient pas…

Par ailleurs des personnages, telle Lalla Mani, exprimeraient et présenteraient l’exemple
des femmes qui se tenaient contre tout cela. Et leur présentation de la part de la narratrice est
surement pour nuancer sa position par rapport à ceux et surtout celles qui ont des « chaines »
sur leur liberté, voire sur leurs pensées. C’est à travers ce type de personnages qu’elle se
montre distinguée en mettant en valeur l’identité de ceux qui osent s’exprimer et n’ont aucun
remords à libérer leurs pensées.

11 : Souad Ameur. Ecriture féminine : images et portraits croisés de femmes. Littératures.


Université Paris-Est, 2013. Français. NNT : 2013PEST0003. tel-00951346(page 127)

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III. Les contraintes concrètes de l’identité féminine chez Mernissi

Réaliser son identité pour une femme, n’est pas facile dans une société patriarcale d’ordre
plutôt masculin. « rêves de femmes » nous présente quatre aspects des entraves qui limitent
l’avènement de cette identité et l’éclosion de la personnalité de la femme de travers sa réalité :

1. L’aspect architectural du harem

La structure du harem limite les mouvements et la mobilité de ses habitants, cette frontière
est représentée par Mernissi tantôt avec humour tantôt de manière tragique. Elle nous le
montre comme édifice spécial pour limiter la liberté de la femme dans différentes actons : ne
pas pouvoir aller faire toute seule ses courses, ne pas avoir accès aux lieux consacrés aux
hommes, ne pas pouvoir sortir sans permission des hommes et sans leur compagnie.

2. L’exclusivité du genre masculin

La manière de raconter chez Mernissi démontre une réalité discriminante envers la


femme. Celle qui fait de l’homme la personnalité présente dans les positions de décision les
plus importantes. Quand on parle de dirigeants de famille, de « conseil familial » de
« donneur d’ordres »…, c’est toujours la présence masculine qui élimine toute rivalité. A la
rigueur, la femme dans « rêves de femme s » peut exprimer ses opinions, participer aux
décisions mais ne jamais être la maitresse des décisions. Cette perspective narcissique de la
part de l’homme à travers le roman montre l’impact à double dimensions : celle de la religion
et celle des traditions et usages dans la société marocaine. Ceux-ci qui veulent que la femme,
bien qu’elle peut donner ses avis, elle n’a pas le droit de se placer rivale et d’arracher aux
hommes le relais d’être les commandants directs devant la société. Et traditionnellement
parlant, cette perspective est facilement illustrée dans notre société. Le célèbre proverbe
marocain « ‫( » شاورها و ماديرش برايها‬/chawrha o madirch bra’yha), qui veut dire littéralement en
parlant de la femme qu’il faut la consulter et écouter ses conseils mais jamais les tenir au
sérieux, c’est-à dire c’est juste une question de protocole qui laisserait la femme rêver comme
dans « rêves de femmes » que son opinion est respectée et tenue en compte. Etre la teneuse
d’attitude ou preneuse de décision est toujours limitée par les envies, et la volonté de
l’homme. On voit clairement à partir de là, le rôle des traditions et des usages sociaux dans
l’humiliation de la femme et la marginalisation de son existence et identitaire surtout sur le
plan intellectuel ou politique ce qui est toujours constatable de nos jours malgré que peu qu’il
en soit.

3. L’aspect esthétique/physiologique

Cette limite, malgré qu’elle ne soit pas assez remarquable dans la vie extérieure de la
femme, elle reste très importante dans la mesure où l’homme n’est jamais, selon l’usage,
demandé à se maquiller, à se montrer joliment présentable, alors que la femme est censée être
bien tenue dans sa peau, dans son visage. C’est son bien être et sa beauté qui la laisse,
pourtant, toujours appréciée et valorisée de la part de l’homme non pas son identité
intellectuelle alors que lui, personne ne lui demande de bien s’habiller ou se montrer pour
plaire à la femme. Cet aspect aurait bien sûr d’autres soubassements sur d’autres cotés comme

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celui de la sexualité qui néglige le plaisir de la femme et ne considère comme censé être
épanoui dans les rapports sexuels que l’homme…

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Conclusion :

Comme dernier mot à la fin de notre étude de l’œuvre de Mernissi qui nous a
enchantés tout au long de notre recherche. On est donc parti de l’étude de sa biographie et son
œuvre, pour aboutir enfin à cette conclusion qui répondrait sur les questions qu’on avait
avancées au début de notre approche, que, peut-être une modeste approche telle la présente,
ne pourrait en cerner toutes les questions qui nous incitaient à entreprendre cette démarche,
mais qui peuvent au moins remplir quelques vides dans notre esprit, et nous ouvrir d’autres
pistes pour « s’enquêter » sur les dimensions de l’engagement de la femme, du féminisme et
de son identité. Ainsi, l’œuvre qu’on a essayé à analyser même d’une manière superficielle
qui ne serait pas digne d’en être professionnelle, cette œuvre représente pour nous le zeste des
connaissances de Mernissi de sa société mêlées avec ses compétences en écriture pour aboutir
à une œuvre digne de son auteur. Une œuvre illustrant et résumant l’esprit de la femme qui
n’a cessé dans sa vie d’aborder les sujets d’égalité et d’identité féminine par son engagement
et sa persévérance.

Tout au long de son œuvre elle nous démontrait qu’avec la littérature on peut lutter et
combattre contre les amères réalités de la société. Elle nous a suffisamment montré combien
la littérature féminine marocaine n’est que pur engagement partant et revenant à la femme
elle-même. Par sa simplicité de récit, son diagèse spontané et peu compliqué, ses images et
figures simples font de son style féminin facile à être lu mais infranchissable par l’imitation.
A travers son œuvre, elle nous a menés à découvrir beaucoup de catégories de femmes, celle
de la femme soumise, « libertine », souffrante, résignée, en état d’échec, en état de réussite,
mais surtout ce qu’elle voudrait démontrer c’est que toute femme doit être féministe au
premier lieu.

Ecrire pour Fatima Mernissi n’est pas un simple geste littéraire de dimension
esthétique mais c’est une lutte contre l’humiliation de la femme en même temps qu’il soit un
refuge pour exprimer les idées féministes qu’elle voudrait sans avoir à les expliciter dans un
environnement social où peut être elle serait exclue et stigmatisée. Dans un autre sens, nous
semble-t-il, cette œuvre simule un « brouillon » ou barbouillage » « à main libre » où Fatima
trace les point qu’elle voudrait défendre, présenter les réalités qu’elle voudrait dénoncer sur le
terrain avec sa lutte qu’elle avait matérialisée sous forme d’associations, d’ateliers d’écriture
et de réelles rencontres militantes avec les femmes qu’elle défendait avec ardeur dans les fins
fonds du Maroc. Son œuvre, nous parait-il, à la fin de notre approche, est une stratégie, un
plan d’action ou une carte de route esquissant ses interventions antérieures ou postérieures à
l’écriture de ce roman. Son œuvre est aussi une manière de témoigner son vécu pendant son
enfance.

Notre approche accordée à son œuvre ne serait digne d’être à la hauteur d’une femme
telle Mernissi, ni d’une œuvre semblable à la sienne.

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Biographie et webographie :

1. : Rêves de femmes, une enfance au harem, le livre de poche, 1994, Fatima Mernissi,
Edition Albin Michel, 1996, pour la traduction et l’adaptation française, ISBN : 978-2-
253-14513-4- 1ère publication LGF ouvrage base de l’approche
2. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/engagement/29510
3. https://dictionnaire.lerobert.com/definition/engagement
4. https: //www.elwatan.com/2006.06.23/2006.06.23.21821, par Benaouda Lebdai. ,
Edition du 23 juin 2005
5. Joly Jean-Luc, Kilito Abdelfattah, Les mille et une nuits, du texte au mythe, Rabat,
Faculté des lettres et des sciences humaines, 2005, p277.
6. 4 : Wilwerth Evelyne, Visage de la littérature féminine, Bruxelles, Pierre Mardaga,
1987, p174
7. Thèse de Doctorat, Farah Aicha Gharbi, Femmes d’Alger dans leur appartement
d’Djebar Assia, une rencontre entre la peinture et l’écriture, université de Montréal,
2004.
8. 6 : littérature et engagement, Benoit Denis, 2000. P 5
9. 7 : l’engagement esthétique, Arnold Berleant
10. 8 : reformulation personnelle à partir de l’encyclopédie numérique Wikipédia.
11. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fatima_Mernissi
12. 9 : rêves de femmes: ch 3 : le harem français pp24.25
13. *10 : https://youtu.be/msp6l2RdHzE

14. 11 : Souad Ameur. Ecriture féminine : images et portraits croisés de femmes.


Littératures. Université Paris-Est, 2013. Français. NNT : 2013PEST0003. tel-
00951346(page 127)

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Table des matières :

Dédicace............................................................................................................................. p 2

Remerciements ................................................................................................................... p 3

Sommaire .......................................................................................................................... p 4

Introduction ....................................................................................................................... p 5

o Première partie : la littérature féminine et la question de l’engagement .................... p 8


I. La notion de l’engagement ...................................................................................... p 9
Les concepts de base de l’engagement ....................................................... p 10
II. L’engagement littéraire ......................................................................................... p 11
III. L’engagement esthétique....................................................................................... p 14
L’engagement esthétique et l’engagement littéraire : complémentarité,
contenance ou différence ? .........................................................................p 14
IV. L’engagement à travers « rêves de femmes » de Fatima Mernissi .......................... p 15
3) Approche de l’œuvre et commentaire général ..................................................... p 15
BB.. Biographie de Fatima Mernissi ...............................................................p 15
1. Aperçu biographique ............................................................ p 15
2. Enfance et scolarisation ..............................................................p 15
3. Une femme polyglotte ............................................................ p 15
4. Retour au Maroc.............................................................. p 16
5. Contacts intellectuels ............................................................. p 16
6. Lutte pour une question de genre .............................................................p 16
7. Fatima Mernissi : source d’inspiration et de leadership ........................... p 16
8. Une militante sur le terrain ................................. p 16
9. Une vie « récompensée » ................................... p 16
10. La face cachée d’une femme politique .................................. p 16
11. Quelques écritures .................................. p 16
En arabe ................................. p 16

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En anglais .................................. p 17
CC.. Présentation de « rêves de femmes » ................................... p 18
 La famille de l’auteure à travers le récit de la narratrice ................ p 19
 Un roman témoin de son époque ................................... p 19
DD.. Lecture de quelques passages ................................. p 19
4) Conclusion sur l’engagement de Fatema Mernissi à travers la mise au point sur la
lecture du roman .................................. p 25

o Deuxième partie : l’essence du féminisme réfléchie et la limite de l’identité féminine à


travers l’œuvre de Mernissi ................................................................................... p 27
Le féminisme de Mernissi vu par ses contemporains .................................... p 28
I. Les aspects du féminisme dans : « rêves de femmes » ........................................... p 29
1. L’aspect collectif et social .................................. p 29
2. L’aspect délibératif, environnemental, intellectuel et participatif .......................... p 29
3. L’aspect audacieux : l’esprit de chalenge et de défi. ................................... p 30
4. L’aspect démocratique ................................. p 30
5. Aspects divers ..................................... p 30
II. L’identification de Fatima Mernissi à son œuvre ................................................... p 33
III. Les contraintes concrètes de l’identité féminine chez Mernissi .............................. p 34
1. L’aspect architectural du harem .................................. p 34
2. L’exclusivité du genre masculin ................................. p 34
3. L’aspect esthétique/physiologique .................................. p 34

Conclusion ....................................................................................................................... p 36

Bibliographie et webographie ........................................................................................... p 37

Table des matières ............................................................................................................. p 38

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