Vous êtes sur la page 1sur 27

Journée d’études

Bicentenaire de la Révolution grecque

Les chansons des Klephtes


τα κλέφτικα τραγούδια
Introduction sur les chanson des klephtes
Les chansons folkloriques occupent une place particulière dans l'histoire de la littérature grecque

moderne et de la tradition orale

• Origine discutable

• Elles ont prospéré au milieu du XVIIIe siècle jusqu'aux années de la révolution grecque contre

l’Empire Ottoman

• Nées du besoin du peuple d’exprimer sa peine ou son admiration pour des événements importants.

• Elles tirent leur nom du mot grec κλέφτης « kléftis» qui veut dire voleur.
Mais qui sont ces klephtes ?
• Le « klephte » des chansons a un tout autre sens

• Ce ne sont plus de simples voleurs mais des patriotes qui conspiraient et se

battaient pour la libération de la Grèce et qui, pour échapper aux Turcs, vivaient

dans les montagnes

• Ils montent régulièrement des expéditions contre les Turcs

• Spyros Asdrachas emploie le terme ‘banditisme social’

• La vie dans les montagnes est dure, et l’une des rares distractions est la chanson.
Klephtes : héros ou bandits ?
• La gure du klephte est intimement liée à celle de l’armatole puisqu’elles sont

complémentaires et antagonistes en même temps

• La fuite vers la montagne suite à l’invasion ottomane est le point de départ du phénomène

des klephtes

• Cependant, ce ne sera pas toujours le cas puisque l’Empire Ottoman embauchera certains

de ces klephtes comme force de contrôle de cols et de passages.

• Les armatoles sont des unités paramilitaires chrétiennes instituées à partir du XVe siècle par

l'administration ottomane pour faire face aux brigands


fi
• «Ainsi, par une série de hasards historiques et sémantiques, le klephte

rebelle pouvait devenir policier, et vice-versa. Cette ambiguïté entre le

rôle du voleur et du policier, du protecteur de la loi et du délinquant a,

sans doutes, imprégné la mémoire collective, les perceptions et les

mentalités»

Στ. Κακλαμάνης«
Το βουνό, οι κλέφτες. Δύο κρίκοι της εθνικής αφήγησης», Λόγος και χρόνος στη νεοελληνική γραμματεία (18ος-19ος
αιώνας)». Πρακτικά Συνεδρίου προς τιμήν του Αλέξη Πολίτη, επιμέλεια: Στ. Κακλαμάνης, Αλ. Καλοκαιρινός, Δ.
Πολυχρονάκης, Πανεπιστημιακές Εκδόσεις Κρήτης, Ηράκλειο 2015, σ. 3-21.
• Au l du temps, il est devenu de plus en plus di cile pour

les Ottomans de distinguer les armatoles des klephtes.

• Les deux groupes ont commencé à établir des relations

entre eux sous une rubrique ethnique

• Etant armés et expérimentés, tous les deux ont joué un

rôle très important pendant de la guerre d’indépendance


fi
ffi
Un mythe romancé ?
• Les historiens admettent généralement que, du moins au début, les klephtes ne

luttaient pas pour un idéal commun de liberté, mais se battaient pour leur propre

liberté.

• Dans certaines régions, comme le Valtos, le brigandage occasionnel était un

phénomène endémique depuis l'Antiquité.

• Symbolisme de la montagne comme bastion de liberté

• La fuite n’est pas perçu comme acte lâche mais, au contraire, comme un acte héroïque
• Selon cette tradition, les klephtes sont les précurseurs de la révolution

• Leur contribution pendant la révolution les a rendus historiquement

immortels devenant ainsi des héros nationaux

• Les manuels scolaires grecs et chypriotes contiennent toujours de

nombreuses références à ces gures mythiques de klephtes ayant

contribué à l’indépendance de la mère patrie: la Grèce


fi
• Le philhellénisme dans l’Europe occidentale de la n du 18ème
et début du 19ème siècle a contribué à forger l'image romantique
des klephtes
• En témoignent en France des poèmes de Victor Hugo («Lazzara»
et «L’enfant grec » dans le recueil de poèmes Les Orientales), les
tableaux de Delacroix ou encore, au niveau musical, la cantate
Scène héroïque (La Révolution grecque) d’Hector Berlioz.

fi
Scènes des massacres de Scio : familles grecques a endant la mort ou l’esclavage, Eugène Delacroix, 1822
tt
Scène de bataille entre grecs et turcs, Eugène Delacroix Deux guerriers grecs dansant, Eugène Delacroix
La Grèce sur les ruines de Missolonghi, Eugène Delacroix, 1826
«Car la pauvreté l'accompagne;
Un klephte a pour tous biens l'air du ciel, l'eau des puits,
Un bon fusil bronzé par la fumée, et puis
la liberté sur la montagne. »

Victor Hugo, Lazzara, Les Orientales, 1829, p. 125


«Σαν πας πουλί μου στο Μωριά»

«Quand tu vas, mon enfant, en Morée»

https://www.youtube.com/watch?v=GRPjbGvdyB8
Les chansons kleftiques
• Pour la plupart des chansons, on ignore qui est leur créateur

• Motivation de création incertaine

• Inscrite dans une tradition ancienne (Spartiates chantaient, lors de la bataille,

les vers qu’avait spécialement composés pour l’occasion le poète Tyrtaios)

• Liées la chanson «inventée sur place» ou improvisée sur un thème connu, sur

le modèle de la mantinada qui vit toujours en Crète ou à Karpathos


• Les héros, contrairement aux akrites n'ont pas de capacités

surnaturelles et sont de simples mortels

• Leur contenu est tantôt élogieux et laudatif, tantôt plaintif et tragique

• Rares sont les chansons de klephtes qui dépassent les limites

géographiques d’une montagne, d’un repaire

• Bien qu'elles se réfèrent à des événements historiques, elles

n'impliquent pas de narration précise


Thèmes et Iconographie
• Principalement des confrontations armées contre les autorités ottomanes

• Les di cultés de la vie quotidienne

• La peine causée par la mort et le deuil vécu par les camarades et la famille

• La foi chrétienne

• La « bataille de montagnes » dont la plus célèbre est «La bataille du mont Olympe et du

Mont Kissavos»

• S’inspirent de la nature et les animaux qui peuvent s’exprimer montrer leurs sentiments, la

tristesse ou l’inquiétude.
ffi
Καβάλα τρώνε το ψωμί, καβάλα πολεμάνε,

καβάλα παν’ στην εκκλησιά, καβάλα προσκυνάνε,

καβάλα παίρν’ αντίδερο απ’ του παπά το χέρι.

φλωριά ρίχνουν στην Παναγιά, φλωριά ρίχνουν στους άγιους,

και στον αφέντη το Χριστό τις ασημένιες πάλες.

(Tων Κολοκοτρωναίων)

à cheval ils mangent le pain, à cheval ils se battent,


à cheval ils vont à l’église, à cheval ils s'inclinent devant Dieu,
à cheval ils prennent le pain sacré de la main du prêtre
à cheval ils offrent de l'or aux saints et à notre Sainte Vierge.
et à Notre Seigneur Jésus-Christ, ils offrent leurs épées d’argent
(La chanson des Kolokotroniens)
Του Κίτσ’ η μάνα θλίβεται, του Κίτσ’ η μάνα κλαίει
Με το ποτάμι μάλωνε, με τα βουνά μαλώνει.
(Του Κίτσου)

La mère de Kitsos est triste, la mère de Kitsos pleure


Elle se disputait avec le euve, elle se disputait avec les montagnes.
(La mort de Kitsos)
fl
La langue des chanson klephtiques
• Des vers courts sans explications (in medias res)

• Passage d'une image à l'autre est rapide, sans transition

• Souvent métaphorique et allégorique

• Langue directe et dense, sans oritures, avec très peu d’adjectifs, et une nette
prépondérance des verbes et substantifs

• Malgré leur caractère dépouillé, elles se distinguent par leur expression pleine
de pathos, de drame, d’audace, y compris face à la mort.
fi
«les images de la chanson démotique grecque sont extraordinaires. Imaginez qu’e e met deux

montagnes se disputer entre e es ! Imaginez un aigle en train de parler avec la tête coupée

d’un clephte ! Imaginez un clephte qui demande aux siens qu’on lui coupe la tête, pour que les

Turcs ne puissent pas la récupérer, mais sans le dire à sa ancée !

Goethe, dans discours à l’Université de Heidelberg, 1815


ll
fi
ll
Τρία τουφέκια τώρριξαν, τα τρί'αρράδ' αρράδα.
Το'να τον πέρει ' σ το πλευρόν, τ' άλλο μέσα τα στήθη,
Το τρίτον, το φαρμακερόν, τον παίρνει μες το στόμα.
Το στόμα αίμα γιόμωσε, και κοιλαδεί και λέγει
« Καθήστε, παλληκάρια μου, και συ, βρε ψυχουιέ μου,
Τι τούτο δεν είναι για σας πάρτε μου το κεφάλι,
Να μη το πάρη η τουρκιά, το πάγη 'σ του βεζίρη
Το ιδούν εχθροί και χαίρουνται, οι φίλοι, και λυπούνται»
(του Κίτσου)

on lui tire trois coups de fusil de le.


L'un l'atteint au côté; l'autre au milieu de la poitrine;
et le troisième, le plus mortel, à la bouche.
Sa bouche s'emplit de sang: il murmure des paroles, et dit:
« Tenez-vous tranqui es. mes braves, et toi, mon ls:
ce n'est pas vous que cela regardait: mais coupez-moi la tête,
pour que les Turques ne me la coupent pas, et ne la portent pas au vizir:
mes ennemis la verraient et se réjouiraient: mes amis (la verraient) et seraient attristés »
(La mort de Kitsos)
ll
fi
fi
Κλαίνε τα δέντρα, κλαίνε, κλαίνε τα κλαριά
κλαίνε και τα λημέρια που λημέριαζα
κλαίνε τα μονοπάτια που περπάταγα
κλαίνε κ’ οι κρυοβρυσούλαις πόπινα νερό.
(Του λαβωμένου κλέφτη)

Les arbres pleurent, ils pleurent, les branches pleurent


pleure aussi le repaire que j‘habitais
pleurent les chemins que j'ai parcourus
pleurent aussi les fontaines oides où je buvais de l'eau.
(La chanson du klephte capturé)
fr
« Καμιά επανάσταση, ούτε στην τέχνη,
ούτε στην ζωή, δεν έχει περισσότερες
ελπίδες επιτυχίας, από ‘κείνη που
χρησιμοποιεί για ορμητήριό της την
παράδοση »

« Aucune révolution, ni dans l'art ni dans


la vie, n'a plus d'espoir de succès que
celle qui prend la tradition comme base »

Οδυσσέας Ελύτης (Odysséas Elýtis)

Vous aimerez peut-être aussi