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« Comment Charles de Gaulle souhaite-t-il redonner une place importante à la France sur la scène

internationale ? »

Affaiblie, ruinée par la Seconde Guerre mondiale, la France de 1945 ne fait plus partie des
grandes puissances. A la tête du gouvernement provisoire dès 1944, Charles de Gaulle démissionna
le 20 janvier 1946 car défavorable au projet retenu pour la mise en place de la IVe république, dont
il deviendra le dernier président en novembre 1958. En charge de ramener le calme en Algérie et de
rédiger une nouvelle Constitution (préparée pendant l’été 1958). Cette dernière sera adoptée par
référendum le 28 septembre 1958, et appliquée par Charles de Gaulle jusqu’en 1969. Dans ses
« Mémoires » datant de 1954, il confirmait déjà sa vision de la France : « […] la France n’est
réellement elle-même qu’au premier rang ». Nous verrons de quelle manière, dans un climat de
guerre froide entre les États-Unis et l’URSS générant de nombreuses tensions et conflits, le
président de Gaulle entend redonner à la France une position importante sur la scène internationale,
de par son orientation en politique étrangère d’une part, et de ses choix en politique intérieure
d’autre part.

Président de la France de 1958 à 1969, Charles de Gaulle mit tout en œuvre pour concrétiser
l’idée qu’il se faisait de la France sur le plan de la politique étrangère. Ainsi, pour lui, la France ne
pourrait retrouver sa place de grande puissance mondiale qu’en appliquant une politique
d’« indépendance nationale ». La France fut une grande puissance grâce notamment à ses
nombreuses colonies. Pour Charles de Gaulle, posséder des colonies n’était plus primordial.
L’indépendance nationale vis-à-vis du bloc américain passait par la possession d’une force de
dissuasion nucléaire, qui permettrait à la France de pouvoir se défendre seule face à l’URSS. Aussi,
en 1960, après les essais opérés dans le Sahara, la France fut dotée de la bombe atomique, se
plaçant au niveau des États-Unis, de l’URSS et du Royaume-Uni.
Par la suite, libérée du conflit en Algérie (1962), Charles de Gaulle put se consacrer entièrement à la
concrétisation de sa vision de la France.
En acceptant le plan Marshall en 1948, la France de la IVe République s’est positionnée dans le
camp des Américains dans la guerre froide. En 1963, de Gaulle va se démarquer de cette alliance
« franco-américaine » en refusant tout réaménagement de l’OTAN (Organisation du Traité de
l’Atlantique Nord), et en retirant sa flotte du commandement de l’OTAN. Cependant, la France
demeure l’alliée des États-Unis et reste membre du Pacte atlantique. La décision de Charles de
Gaulle quant à l’OTAN consiste en son refus d’assujettissement de son armée, de son pays, ce qui le
conduisit également à fermer les bases américaines situées sur le territoire national.
Si Charles de Gaulle mène la France à prendre ses distances avec le bloc américains, il place le bloc
de l’est, le bloc soviétique, à la même distance, ce qui se traduit par de nombreux déplacements
dans les pays sous l’influence de ces deux blocs. Ainsi, se rendra-t-il en Amérique latine en 1964,
ou au Cambodge en 1966 où il prononça un discours, à Phnom Penh, au cours duquel il critique la
guerre du Vietnam et place la France comme un exemple à suivre concernant le désengagement en
Indochine (1954) et en Algérie (1962). Et il ne s’arrête pas là : en 1964, la France reconnaît la
République Populaire de Chine. En permettant à la Chine de sortir de son isolement diplomatique,
la France affirme son indépendance sur la scène internationale, ce qu’il accentue encore davantage
en 1966 en devenant le premier chef d’État occidental à se rendre en URSS depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, et en recevant à son tour le président du Conseil des ministres
soviétique. En 1968, il se rend en Roumanie.
Au cours de sa visite au Canada, en 1967, il prononcera un discours qu’il achève par « Vive le
Québec libre ». Cette petite phrase montre, une fois encore, sa détermination de s’affranchir de
l’hégémonie américaine, au risque de créer un incident diplomatique.
Au niveau européen, le président de Gaulle souhaite montrer l’importance de la France en refusant
la supranationalité, qui ferait perdre aux pays membres, et donc à la France, de leur souveraineté., et
en rejetant, par deux fois, l’intégration du Royaume-Uni pour motif qu’à travers lui, les États-Unis
pouvaient s’immiscer dans les Affaires européennes. De plus, refusant l’approfondissement qui
aurait permis la prise de décision à la majorité simple, Charles de Gaulle mène une politique de la
« chaise vide » en 1965, bloquant ainsi toutes les décisions devant être prises à l’unanimité aux
Conseils européens. Par ailleurs, il mène une politique de réconciliation avec l’Allemagne (messe
de réconciliation à Reims le 4 juillet 1962, jour de la fête de l’indépendance des États-Unis ; traité
de l’Élysée en 1963).
Tout est mis en œuvre pour que la France ne soit assujettie aux États-Unis, ou à tout autre pays.

Concernant sa politique intérieure, Charles de Gaulle engagea plusieurs réformes. En 1958


lui fut confié avec les pleins pouvoirs, entre autres, la tâche de ramener le calme en Algérie, guerre
à l’origine de tensions politiques, divisant les opinions, mais également économiques et sociales.
Débutant en 1954, elle est très rapidement devenue violente. Dans un climat de décolonisation
française en Asie mais aussi en Afrique, la volonté du peuple algérien était d’autant plus forte pour
accéder à son indépendance, qu’il obtint le 5 juillet 1962. Libéré des tensions générées par cette
guerre, la France pu retrouver une stabilité politique, et Charles de Gaulle put se consacrer à la mise
en application des nouvelles institutions de la Ve République, et à mener une politique de prestige et
de puissance.
Comme nous l’avons dit précédemment, dans un souci permanent de permettre à la France de
demeurer indépendante essentiellement vis-à-vis des deux blocs constitués pendant la guerre froide,
mais essentiellement envers le bloc américain, le président de Gaulle a doté la France de l’arme
nucléaire et à modernisé l’armée. L’utilisation du nucléaire ne fut pas strictement à usage militaire.
En effet, dans le but de devenir indépendant au niveau énergétique, il a permis le développement de
l’énergie nucléaire civile : la France produisant sa propre énergie, elle n’était plus dépendante du
pétrole et donc des pays exportateurs de pétrole.
Par ailleurs, la croissance amorcée sous la IVe République perdure : la période des Trente
Glorieuses permet, entre autre, à la France de bénéficier d’une bonne croissance économique et
d’une augmentation du niveau de vie. Dans le but de relancer les exportations, Charles de Gaulle
dévalue le franc.
En outre, par la planification, il encourage les investissements dans l’industrie, et il souhaite
rénover, réorganiser l’agriculture ; afin de permettre à la France de retrouver une place importante,
de devenir plus compétitive sur le Marché commun européen, mais également sur le
Marché mondial. Les lois votées permettent une amélioration de la productivité, et la création en
1963 de la DATAR, Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale, devait
permettre de réduire les écarts, parfois très importants, entre les régions françaises en terme de
développement.
De plus, il multiplie les plans autoroutiers pour permettre à la France de pallier son retard.
L’électrification du pays est achevée en 1965, électrification capitale pour la modernisation de tous
les secteurs économiques et leur développement.
Il permet également le développement de l’industrie de pointe, dont le Concorde (1965), premier
avion supersonique destiné au transport de civil, et le Paquebot « France »
Pour répondre au déficit du logement, déjà présent avant la Second Guerre mondiale et accentué à
la fin de celle-ci par notamment le baby-boom, le rapatriement des pieds noirs d’Algérie en 1962
(soit environ un million de personnes), reconstruction inachevée, Charles de Gaulle lance le projet
de « villes nouvelles ».
Nous noterons qu’en 1966, Charles de Gaulle tenta de mettre en place une industrie nationale et
indépendante.
Enfin, pour doter la France d’une dimension culturelle plus importante, il crée dès 1958 le
ministères des Affaires culturelles. André Malraux, premier ministre de ce ministère, entend
populariser la culture et la rendre accessible à tous, mais également faire en sorte que la France
rayonne au travers de sa culture au niveau mondial.

Charles de Gaulle mit tout en œuvre pour redonner à la France une place importante sur la
scène internationale, aussi bien dans sa politique étrangère, en refusant l’hégémonie des deux blocs,
que dans sa politique intérieure, en menant une politique d’« indépendance nationale ». Les
fondamentaux de sa politique étrangère seront perpétués bien après sa démission en 1969, tout en
évoluant et en permettant au Royaume-Uni, en 1973, d’entrer dans la Communauté Économique
Européenne.

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