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Traki Zannad:"Symboliques corporelles et Espaces musulmans"(suite):"Jusqu'au 19ème siècle , La

Médina de Tunis était caractérisée par une stabilité morphologique , après une période de croissance
qui se situe aux environs du 14ème siècle.Avec la pénétration de l'impérialisme européen et la politique
coloniale( 1881), elle a vu son économie traditionnelle s'affaiblir progressivement.Le déclin de la
fonction économique de la médina s'est accompagné d'une mutation profonde de sa structure sociale.A
la trilogie de sa division sociale: homme de science (alim), commerçant et artisan ,se substitue la trilogie
des temps modernes : le petit employé , le prolétaire et le sous-prolétaire.Ce qui est accentué par le
renforcement des fonctions administratives , politiques et culturelles de la ville de Tunis.Fortement
ébranlée dans son prestige,son pouvoir et souvent ses biens , la bourgeoisie traditionnelle , foyer de
raffinement et de style de vie aristocratique , s'échappe de la médina pour émigrer vers ses résidences
secondaires des banlieues Nord , en laissant derrière elle une population rurale de plus en plus
nombreuse et envahissante s'entasser dans la médina et transformer l'espace urbain traditionnel en un
véritable ghetto.A ce phénomène de "ruralisation'"de la médina , s'ajoute le phénomène se
décentralisation , qui fait désormais d'elle un noyau central qui se délabre ..Beaucoup maisons de la
médina font figure d'oukalas,et louées à la pièce à différentes familles rurales venues s'installer à la
capitale...Ces traits les plus saillants ont transformé la physionomie de cet espace urbain traditionnel.Et
le changement s'est opéré à son détriment .Ainsi la médina vit un renversement quasi_total par sa
ruralisation ,ses oukalisations et son abandon par ses beldias."

17 octobre. Je ne sais pas comment on peut prendre un couteau et décapiter un homme. Comment,
physiquement, on le peut. Ni comment, symboliquement, on peut penser cela juste et nécessaire.

A cette pensée l'effroi surgit en moi, brut, intense. Inopiné, incontrôlable. Naturel. Mais accompagné de
toutes ces images de violence dont on abreuve nos enfants et nos peuples depuis plusieurs décennies
déjà. Les images, les récits, les jeux qui les endurcissent et les expulsent hors de nos répulsions
fondamentales, hors des tabous. Meurtre, viol, inceste, nos interdits fondamentaux.

Nos enfants, tous, sont capables de rire quand ils voient des images insoutenables, des os qui craquent,
des corps qui éclatent. Ils sont capables de s'amuser de la violence virtuelle qui singe,
spectaculairement, les actes les plus féroces de ceux qui doivent se battre pour survivre. Ils apprennent,
heure après heure, à "exécuter" des ennemis, à y prendre du plaisir.

Notre professeur d'histoire n'est pas mort parce qu'il a attaqué l'Islam. Il n'est pas mort, seulement,
parce qu'il défendait la laïcité ou la liberté d'expression. Il est mort parce que notre monde fabrique des
humains inhumains, privés des tabous nécessaires à toute civilisation.

Les terroristes islamistes se bourrent de drogue et d'images de violence avant d'aller tuer. Ils se
débarrassent de leur reste d'humanité, de conscience. C'est leur in-conscience qui permet leur in-
humanité, et c'est aussi leur culture. Mondialisée, globalisée, américaine. Celle des films catastrophes
qui ont inspiré, avions et tours, le 11 septembre. Celle des jeux vidéo qui ont appris à lancer des camions
dans la foule, et à égorger ses adversaires au couteau.

Plus que jamais nous avons besoin de réfléchir à nos images. Défendre notre liberté d'expression et nos
valeurs ne suffira pas. Il faut réparer nos espaces symboliques intimes. Pour cela nous avons besoin de
lien, de récits, d'artistes, qui nous ouvrent à la douleur et au commun, et non à l'endurcissement et à la
rancoeur.

Plus que jamais, nous, professeurs et caricaturistes, juifs et athées, musulmans menacés, avons besoin
de culture. D'art, d'histoires égales, d'histoire de tous. De pensée, de tabous fondamentaux. De ce qui
fait notre humanité commune et diverse, et déconstruit notre barbarie native. D'éducation, de culture.

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