Vous êtes sur la page 1sur 2

Encore une fois, quoi qu’on en dise, c’est l’immigration ou du moins les jeunes qui en

sont issus, qui fournissent de nouveau un carburant politique inespéré à la droite en


général et aux extrêmes droites en particulier.

Le Pen, Ciotti, Wauquiez, Zemmour, Maréchal pouvaient-ils rêver d’un meilleur


spectacle, d’un scénario aussi complet et aussi ignoble que ces milliers de jeunes
banlieusards, encagoulés ou non, sortir des magasins des grandes villes de France avec
leurs divers butins ?

Des images et même des films qui documentent de véritables rapines ainsi que
l’incendie et la destruction de centaines d’écoles, de centres de loisir, de
médiathèques, de mairies ou de structures municipales annexes.

Autant l’acharnement des fameux black-blocks sur les banques et institutions


financières ou la férocité des écologistes radicaux contre les acteurs du changement
climatique pouvaient être lus comme une posture idéologique, autant les actes de
destruction de biens publics et de pillage systématique resteront incompréhensibles si
nous n’oublions pas trop vite que cette quasi-insurrection était d’abord en lien avec la
mort tragique d’un jeune.

Les journalistes de CNews ,ou d’ailleurs, ont eu sous les yeux , plusieurs nuits durant,
les preuves incontestables de leur essentialisation diabolique de l’immigration, le choc
des affrontements et la relative mollesse des forces de l’ordre leur ont permis de
renouveler leurs réquisitoires habituels sans crainte d’une quelconque réaction de
l’opinion publique effondrée, apeurée de constater que des troubles de cette nature
pouvaient advenir en France alors que le Président de la République finissait son
séjour à Marseille avec force promesses et projets.

Ainsi donc de la même manière que les islamistes-salafistes avaient rempli et


remplissent encore les besaces de l’extrême-droite par leurs actes terroristes, du
Bataclan à Samuel Paty, le relais vient d’être pris par ces hordes de jeunes livrés à eux-
mêmes qui semblent « être sortis de la République » selon l’expression réaliste d’un
sociologue.

Manifestement ils ne veulent ni ne peuvent apprécier combien leurs actes de fureur et


de barbarie vont servir, et peut-être promouvoir, les idéologies nuisibles du racisme, de
la xénophobie et, subséquemment, du grand remplacement auprès de populations qui
en étaient éloignées, y compris d’origine étrangère, aujourd’hui désarçonnées par
l’amateurisme des uns et l’aventurisme des autres.
Les prochains mois nous confirmeront ce triste constat selon lequel ce sont les
victimes potentielles du libéralisme inhumain et du fascisme grandissant, les
populations reléguées par des choix ethniques inavoués, qui fournissent les meilleurs
arguments pour que continuent et prospèrent les discours et les pratiques de leur
mépris social, économique et culturel.

En s’attaquant violemment aux structures de la vie municipale et républicaine de leurs


villes et quartiers, ces jeunes font inconsciemment cortège au discours sismique des
islamistes qui labourent dans l’impunité ces espaces en leur rappelant qu’ils sont
d’abord des musulmans avant d’être des citoyens. L’épisode tragique des prières dans
des écoles primaires en France n’en est qu’un des marqueurs visibles.

En s’affichant comme des pilleurs et des bandits, ces jeunes ruinent la confiance
qu’avaient pour eux des milliers de travailleurs sociaux , de militants associatifs ou
d’acteurs judiciaires qui se retrouvent définitivement désarmés face à leurs
thuriféraires patentés.

Les réactions épidermiques des vedettes du rap ou du sport n’ont fait qu’ajouter à la
confusion et l’effroi tant ils étaient restés silencieux, sourds ou absents lors de la mort ,
tout aussi tragique, de la jeune Lola ou l’attaque insensée des bébés d’Annecy.

Un travail de titan attend celles et ceux qui doivent , encore une fois, expliquer que
l’immigration n’est pas un bloc monolithique et que de ces mêmes quartiers sont sortis
et sortiront des ingénieurs, des greffiers, des artistes, des élus républicains, des cadres
industriels et autres soldats d’une République parfois ingrate à leur encontre.

Vous aimerez peut-être aussi