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Le clivage fonctionne en association avec le déni en ce qu’il permet de maintenir le contact avec la
réalité d’une partie du Moi pendant que l’autre partie du Moi, clivée reste détachée complètement
de la réalité. Il s’agit en fait d’une vraie déchirure du Moi. Le mécanisme de clivage peut être très
efficace dans ses fonctions défensives de réduction de l’anxiété et de maintien de l’estime de soi.
Mais le clivage implique toujours une distorsion, et c’est là son danger.
Le clivage du Moi
Le clivage du moi est un processus défensif puissant qui domine la vie psychique d’une phase de vie
archaïque, pré-verbale. A cette période de la vie, l’enfant ne parvient pas encore à concevoir que les
personnes qui s’occupent de lui aient tantôt de bonnes et tantôt de mauvaises qualités. En
conséquence, il ne peut accepter de ressentir lui-même de l’amour et de la haine pour un même
objet. Autrement dit il n’a pas encore accès à l’ambivalence qui implique des sentiments opposés
envers un objet appréhendé comme permanent. Il clive les aspects de lui qu’il ressent comme
hostiles et donc dangereux envers les personnes aimées. Ces aspects clivés de son moi peuvent être
temporellement ou définitivement perdus.
La fragmentation de la personnalité
Les enfants ont besoin d’organiser leurs perceptions en attribuant des bonnes et des mauvaises
valences à tout ce qui les entoure (« gentil » ou « méchant »). Cette tendance, ainsi que celle
d’opposer le « grand » et le « petit » en référence aux adultes versus enfants, est l’une des
principales façons dont les jeunes êtres humains organisent l’expérience. Elle est d’ailleurs renforcée
par les adultes : « sois gentil ».
Faute d’appréhender l’objet comme permanent et ne pouvant pas accepter l’ambivalence, le sujet
se vit comme tout bon ou tout mauvais.
L’avantage psychique illusoire du clivage est l’économie du déplaisir qui résulte de la mise en
évidence du conflit intérieur. En abandonnant la cohérence entre les éléments du conflit subjectif, la
personnalité se divise en deux parties qui ne veulent rien savoir l’une de l’autre.
Le clivage de l’objet
Le clivage de l’objet, décrit par Mélanie Klein, est un procédé permettant de scinder l’objet en « bon
» et « mauvais ». L’objet étant corrélatif de la pulsion, en ce qu’il permet de satisfaire le désir
pulsionnel, ou l’objet de l’amour (ou de la haine). Il peut s’agir d’un objet réel ou fantasmatique,
d’une personne ou d’un idéal.
Le premier objet ainsi clivé décrit par Klein est le sein maternel. L’enfant le perçoit subjectivement
comme « le bon sein » ou « le mauvais sein » selon si son expérience du sein est satisfaisante ou
pas.
Le sujet attribue à l’objet la qualification de « bon » ou de « mauvais » en fonction de son caractère
gratifiant ou frustrant mais aussi en fonction de productions fantasmatiques que le sujet projette
sur l’objet. Il s’agit donc du clivage des imagos de l’objet fabriquées par le sujet et non pas du clivage
de l’objet réel.
Ce procédé constitue le premier mode de défense contre l’angoisse provoquée par l’ambivalence
intrinsèque à l’homme. Il empêche toute émergence de conflit psychique intérieure protégeant
ainsi le sujet du sentiment d’angoisse.
Le clivage dans la société occidentale contemporaine
Dans la vie quotidienne des adultes, le clivage reste un moyen puissant pour donner un sens à des
expériences complexes, en particulier lorsqu’elles sont déroutantes ou menaçantes. Les visions
manichéennes du bien contre le mal, du monde libre contre les terroristes haineux, des vaccinés
contre ceux qui font un autre choix, etc., ont imprégné la société occidentale contemporaine. Des
images comparablement divisées et associées à une grande inflexibilité peuvent être trouvées dans
les croyances organisatrices de toute société. Elles sont plus particulièrement assorties à toute
forme d’autoritarisme qu’il soit de gauche, de droite ou libéral. Ces systèmes divisent en deux
camps opposés des familles, des amis, des groupes sociaux…