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Sortez des situations d’emprise ! – Sylvie TENENBAUM 1


Sortez des situations d’emprise !
Apprendre à repérer un prédateur et
s’en libérer
Sylvie TENENBAUM

INTRODUCTION

« L’emprise n’est pas rare, elle est même banale ». Ainsi


Sylvie TENENBAUM commence-t-elle sa présentation.

Qu’il s’agisse de la famille, du couple, de l’amitié, de la


vie professionnelle, religieuse ou associative, l’emprise
émotionnelle peut surgir dans tout type de relation. Pour
une victime sous emprise, il en résulte une perte de ses
capacités à penser et à réfléchir sereinement. Tout es-
poir, volonté personnelle, intégrité et dignité disparais-
sent.

Du petit manipulateur au véritable psychopathe, les pré-


dateurs ne se ressemblent pas. Il est donc important de
repérer leurs comportements pour se protéger de leurs
nuisances et de ces relations toxiques. Grâce à cette
prise de conscience ainsi qu’à un grand courage, il est
possible de garder ou de reprendre le contrôle de sa vie,
car notre vie nous appartient !

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I. LES RELATIONS D’EMPRISE

L’emprise est une effraction psychique, un rapport asy-


métrique entre dominant et dominé. Dans ce processus
de domination morale et intellectuelle invisible, la victime
ne se rend pas compte de la mainmise ou de l’envahis-
sement qu’une ou plusieurs personnes exercent sur elle.
Le prédateur s’empare de son esprit ou de sa volonté. Il
parvient à la persuader qu’il lui est supérieur et qu’elle lui
doit une allégeance inconditionnelle.

Ascendant, joug, empire, autorité, pouvoir, puissance,


dictature, supériorité, influence, séduction, pression, em-
piétement, appropriation ou usurpation sont autant de
synonymes à l’emprise. Cette relation peut atteindre des
victimes de tous les âges, sexes et classes sociales. N’ou-
blions pas que les prédateurs peuvent aussi être des pré-
datrices !

La prise de conscience tardive des victimes est une ca-


ractéristique de l’emprise. Cette influence toxique est dif-
ficile à admettre. Elle provoque la honte, la colère, la cul-
pabilité et même un dégoût de soi qui peuvent mener
jusqu’à la dépression. Dans des cas extrêmes, après des
années d’enfer, le suicide ou le meurtre sont une déli-
vrance pour la victime.

Jeunes ou anciens, cette domination peut atteindre tous


les membres de la famille. Parce que nous construisons
notre identité et notre personnalité durant notre enfance
et notre adolescence, des lésions psychiques dues à une

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emprise parentale peuvent donc nous suivre longtemps,
tout en restant invisibles. En effet, l’emprise parentale est
une véritable maltraitance. Elle est méconnue, parce
qu’elle se joue à l’abri de témoins. Sans compter que les
enfants protègent toujours leurs parents !

Les parents ont différents moyens d’exercer une emprise


sur leur enfant. Celui-ci doit par exemple toujours antici-
per les besoins de ses parents et ne jamais les décevoir. Il
doit faire exactement comme ils le veulent, ne montrer
aucune exigence, les rendre fiers d’eux-mêmes et les va-
loriser. Dans une telle relation, les parents rendent toujours
leurs enfants responsables de ce qui ne va pas. Dans le
cas d’un divorce, ils s’efforcent parfois de détruire
l’amour de l’enfant pour l’autre parent. Cette aliénation
parentale provoque des dégâts gravissimes chez l’en-
fant.

Les parents peuvent exercer un chantage affectif sur


leurs enfants, qui deviennent alors un objet à leur service.
Par des cris, des paroles ou des comportements négatifs,
par une autorité ou un contrôle tyrannique ou par des
interdits, les parents usent d’une violence psychologique
ou comportementale sur leur enfant. Elle s’apparente à
une cruauté mentale et jette la terreur. Même devenus
adultes, les enfants subissent cette influence et cette em-
prise.

Par des sévices corporels, les parents exercent une vio-


lence physique pour confirmer leur pouvoir. L’enfant se

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soumet complètement à son bourreau pour ne pas être
rejeté, mais cette violence laisse des bleus à l’âme.

Elle est le point culminant de l’emprise exercée sur les en-


fants, du plus jeune âge à l’adolescence. Cet abus de
faiblesse est évidemment caché. Des soins érotisés, un
frôlement furtif, un mot déplacé, le voyeurisme ou l’exhi-
bitionnisme peuvent créer un climat incestuel dans la fa-
mille. Dans des cas d’inceste – extrêmement fréquents,
quel que soit le milieu – ou de pédophilie, les enfants de-
viennent des victimes impuissantes de violences
sexuelles.

Le cyberharcèlement est fréquent, particulièrement sur


des adolescents, entre élèves ou sur des professeurs. Le
prédateur exerce une pression ou du chantage sur sa
victime, qui se sent prise au piège et n’ose exprimer sa
honte. Le cyberharcèlement peut mener jusqu’au sui-
cide de la victime.

Dans le couple, l’un prend le contrôle sur l’autre, et ce


par différents moyens. La violence psychologique et/ou
physique, sexuelle ou matérielle (financière par exemple)
peut provoquer des catastrophes psychologiques.

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Entre frères et sœurs, les incestes, rivalités ou abus de pou-
voir sont des formes d’emprise. Des personnes âgées vul-
nérables, parfois maltraitées ou négligées, peuvent être
victimes de leur entourage familial ou soignant.

Une relation amicale extrêmement intense peut aussi


conduire à des déceptions, à du rejet ou à de l’incom-
préhension. Ainsi, l’émulation à l’école, la compétition
dans des activités de loisirs ou la concurrence entre amis
peuvent prendre des formes d’emprise.

Dans le monde professionnel, l’emprise peut surgir de dif-


férentes manières. De la part de managers ou de col-
lègues, la persécution, l’augmentation de la charge de
travail (ou l’inverse), une mise au « placard », une com-
munication impossible, des consignes floues ou contra-
dictoires, des compétences remises en question ou inuti-
lisées, une discrimination évidente, de la délation men-
songère ou des menaces de renvoi créent une « psycho-
terreur ». Par le harcèlement moral (mobbing), un préda-
teur empêche la victime de s’exprimer. Elle est isolée, son
travail est déconsidéré, sa santé physique est compro-
mise.

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Dans le domaine de la religion et de la politique, les inte-
ractions sont complexes et l’emprise a toujours existé. Elle
peut être pratiquée par toutes les religions, particulière-
ment si elles sont menées par des intégristes. C’est bien
sûr une façon de prendre le pouvoir sur les individus.

Selon un sondage de 2010, 25 % des Français auraient


été personnellement en contact avec une secte. Les re-
cruteurs approchent leur futur adepte par un discours
simple, mais extrêmement séduisant pour le harponner,
tout en lui laissant une impression de liberté. Ensuite, par
persuasion et par une manipulation autoritaire ou de
coercition, les gourous prédateurs l’asservissent et le ren-
dent totalement dépendant de la secte.

On l’observe quand des charlatans absolument dépour-


vus d’éthique et de rigueur scientifique appliquent des
techniques d’influence par la communication. Leur dis-
cours pseudo-scientifique est sans fondement. Ils s’auto-
proclament psychothérapeutes et promettent une réso-
lution rapide de tous les problèmes, au détriment de leurs
victimes fragiles ou souffrantes. Les personnes sont da-
vantage en cause que les techniques qu’elles utilisent.

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Certains « pseudo-médecins » manquent totalement
d’éthique et de déontologie. Par leur pratique déviante
de la médecine ou de la pharmacie, ils peuvent exercer
une emprise sur des personnes malades ou en quête
d’espoir. Les impostures intellectuelles existent, attention !

Chacun a un prédateur en soi : cette petite voix inté-


rieure qui ne vous veut pas du bien ! Elle vous pousse à
faire ce qui vous nuit, elle vous empêche de faire ce qui
est bon pour vous, elle vous critique sans arrêt et avec
sévérité.

II. LES PRÉDATEURS

Les prédateurs ne peuvent pas vivre sans proies. Sous de


multiples visages, et en dépit d’une apparente « norma-
lité », tous sont manipulateurs, plus ou moins. Ils se carac-
térisent principalement par leurs comportements et par
leurs façons de communiquer.

Certains manipulent sans intention délibérée de nuire.


Par exemple, les dépressifs ou les dépendants affectifs re-
cherchent avant tout à recevoir des marques d’atten-
tion, d’amour ou de reconnaissance. Au contraire, les
prédateurs égocentriques ou « escrocs relationnels » veu-
lent nuire à leurs victimes, et ce pour leur seul profit.

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Le manipulateur use de techniques avancées pour arri-
ver à ses fins. Il ment, a un langage flou, se contredit,
sème la zizanie entre les gens, ne tient pas ses promesses,
se place en victime, s’accuse à l’excès, prêche le faux
pour savoir le vrai, met les autres mal à l’aise ou les cul-
pabilise… Il sait aussi écouter sa proie pour lui soutirer des
informations qu’il utilisera ultérieurement. Il se dévoue (un
certain temps), se place en victime pour apitoyer, rend
les gens redevables à son égard, s’invente des émotions
ou utilise la flatterie, entre autres techniques.

Le manipulateur a un complexe d’infériorité surcom-


pensé, dont il n’a pas conscience. Il dissimule son
manque de confiance en lui derrière un masque. Il dé-
pend donc également de la relation d’emprise qu’il a
installée.

Le manipulateur hystérique ou histrionique veut séduire


de façon compulsive. Il a besoin des autres et veut attirer
l’attention sur lui, souvent en se plaçant en victime. Il éta-
blit des relations fusionnelles avec ses proies et refuse
toute idée de séparation. Il surprend par ses émotions ex-
trêmement changeantes.

Narcissique, il est susceptible et autocentré, toujours en


quête de succès et d’admiration. Pour lui, les autres ne
sont que des objets. Pervers, son plaisir se trouve dans
l’angoisse qu’il provoque chez sa proie. De façon patho-
logique, il se plaît à transgresser les codes sociaux, avec
une cruauté inutile et gratuite. Il fait le mal pour le mal.

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Très pessimiste sur le monde, ce prédateur ne s’aime pas.
Il veut détruire l’humain qui est en l’autre. Ses victimes
sont en grand danger.

Pire que le pervers, mais heureusement moins fréquent,


le pervers narcissique (PN) est psychologiquement très
nuisible. La manipulation est sa seconde nature. Tel Dr Je-
kyll et M. Hyde, son plaisir suprême est d’avilir, d’humilier
et d’anéantir sa proie en la rendant impuissante, géné-
ralement sans violence physique. Odieux avec sa proie,
il est charmant avec les autres.

Quelques signes permettent de le reconnaître :

- Il détruit l’énergie de sa proie, il la dénigre et la


critique, se montre froid et sans empathie avec
elle

- Il méprise les désirs de sa proie et l’isole progres-


sivement de son entourage

- Il n’est jamais satisfait, totalement centré sur lui-


même, incapable de se remettre en question et
dans le déni total

- Il est obsédé par son image et totalement psy-


chorigide

- Il terrorise sa proie et joue le rôle de la victime

Le pervers narcissique est un bourreau. Rien ne le fait au-


tant jubiler que le spectacle des tortures et la terreur qu’il
inflige à ses victimes.
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Celui-ci vit une peur intense. Empreint de doutes cons-
tants sur l’autre et d’une imagination fertile, il interprète
et déduit de façon erronée. Le prédateur paranoïaque
réagit par l’attaque (colère et punitions) ou par la fuite.
Orgueilleux, méprisant et psychorigide, il est toujours sur
la défensive. De multiples adjectifs le qualifient : il est in-
tolérant, rancunier, jaloux, autoritaire, sévère et intimi-
dant, menteur, manipulateur, cruel, égocentrique, pro-
cédurier et dénué d’empathie !

Les prédateurs psychopathes affichent certains signes


caractéristiques. Irresponsables, narcissiques, égocen-
triques, destructeurs et autodestructeurs, ils sont de
grands orateurs, brillants et cultivés. Ils sont parfois extrê-
mement charismatiques, mais aussi impulsifs, instables,
manipulateurs, pervers, immatures ou déviants sociale-
ment. Ils sont capables de passer à l’acte sur autrui ou sur
eux-mêmes.

III. LES COMPORTEMENTS DU PRÉDATEUR

Excellents stratèges, les prédateurs utilisent différentes


armes pour prendre le pouvoir sur leur proie.

Le prédateur sait convaincre par le charme, le discours,


l’affirmation de soi ou l’écoute de l’autre. Apparemment
parfait, il utilise le mensonge, la légèreté, la complicité, la
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générosité – au moins au début – et la force de convic-
tion. Il est à la fois bon imitateur des émotions dont il parle
et bon flatteur. Il sait aussi toucher (pour mieux manipu-
ler), regarder et entrer dans la sphère « intime » de sa vic-
time. Hyper rationnel, il introduit pourtant de la confusion
dans son langage. Il devient un modèle à suivre pour sa
proie, ce qui la perdra !

Fascinée par cette phase de séduction, la victime est


psychologiquement et physiquement sous contrôle. Ses
facultés mentales semblent amoindries, son énergie vi-
tale et son instinct abîmés.

Cette arme, efficace et douloureuse, va maintenant an-


nihiler les facultés mentales de la victime. « Tu es nulle ! »,
« Tu fais n’importe quoi ! » « Ma pauvre ! »… Au travers de
telles paroles, le prédateur dévalorise sa proie, manipule
ses fragilités et la culpabilise avec une pression quasi per-
manente. Il isole sa victime de sa famille et de ses amis,
affiche une grande possessivité envers elle et la surveille
constamment.

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« Je me montre tel que je veux que tu me voies » : tous les
prédateurs ont une communication perverse.

Les armes verbales de « l’impostueur »


Le prédateur utilise parfaitement la persuasion et le men-
songe. Il s’appuie sur la sympathie immédiate qu’il pro-
voque et la victime se trouve dans un état d’acquiesce-
ment. Il déstabilise sa proie en la rendant responsable de
tous les problèmes. Ce discours rend fou et la proie doute
d’elle-même.

Il manie des techniques de communication paradoxale,


au travers de l’injonction paradoxale (« je veux que tu
m’aimes ! »), de la double contrainte ou de l’incohé-
rence, des faux bons conseils, des demandes contradic-
toires, des promesses non tenues, de la confusion ou de
l’ambiguïté. Il se sert des jeux de rôle : celui du despote,
du larmoyant, du fuyant ou de l’ordinateur.

Les armes verbales de l’impostueur sont aussi les lectures


de pensée (« je sais bien ce que tu vas me dire »), le
chantage, l’exagération ou l’art d’avoir toujours raison.
Le prédateur mélange des niveaux logiques de son mes-
sage (factuel, émotionnel, mental, mémoriel ou moral) et
crée ainsi de la confusion chez sa victime.

La répétition de tous ces types de discours mène à un


meurtre psychique, car il est impossible de résister à une
telle communication perverse.

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Les armes non verbales de « l’impostueur »
Ces armes sont significatives, car nos comportements, at-
titudes, gestes, silences et l’apparence que nous voulons
donner constituent 80 % de la communication. Le préda-
teur montre notamment de l’indifférence à sa victime, ce
qui la désoriente. Il joue sur les modalités de sa voix. Son
imprévisibilité entretient une tension et une peur cons-
tantes. Par le langage de son corps, il peut montrer sa
colère, son mépris, son désintérêt ou tout autre compor-
tement négatif. Parmi les armes non verbales, la violence
fait extrêmement peur.

IV. QUI SONT LES PROIES DES


PRÉDATEURS ?

Alors que les enfants soumis à une emprise ne pensent


pas à changer de parents, les victimes adultes se deman-
dent pourquoi continuer à vivre avec un prédateur, dès
lors qu’elles prennent conscience d’une situation d’em-
prise.

Les victimes d’une emprise affichent des points com-


muns. D'abord, beaucoup pensent pouvoir détecter la
manipulation et refuser de se soumettre. En cela, elles re-
présentent un défi pour le prédateur. Elles font facilement
confiance et parlent un peu trop vite d’elles-mêmes, sans
réellement connaître leur interlocuteur. Elles sont dispo-
nibles et veulent être utiles pour l’autre, à tout moment.
Leur peur d’être seules constitue une forte probabilité de
devenir victime. Elles cherchent de la reconnaissance et

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veulent être aimées. Elles confondent désir et amour, be-
soin d’être aimé et amour, jalousie et amour, aimer et
être aimé…

Les victimes mélangent les désirs de l’autre avec les leurs.


Elles oublient rapidement les dévalorisations et les com-
portements blessants. Elles cachent leurs propres ressen-
tis, tels que la colère ou la frustration. Elles refusent de po-
ser des limites et de se protéger. Elles subissent des situa-
tions dont elles ne voudraient pas parler à un(e) ami(e)
et cela doit être un signe d’alerte pour reconnaître une
situation d’emprise ! Souvent, elles attendent que l’autre
change, ce qui n’arrivera jamais. Elles se sentent aussi
obligées de se justifier et dénient que l’autre soit un pré-
dateur. Elles manquent d’estime de soi, en pensant
qu’elles ne méritent pas d’être heureuses.

La victime d’une emprise durant l’enfance ou dans une


autre relation est susceptible de subir à nouveau une vio-
lence psychologique. À cause d’une volonté affaiblie,
de la peur de la solitude et d’un sentiment d’échec inac-
ceptable, il est très difficile de reprendre sa liberté, d’au-
tant que la victime espère toujours que son prédateur
change.

V. EN FINIR AVEC L’EMPRISE

Grâce à la psychothérapie, il est possible de sortir de ces


terribles situations, car l’emprise n’est ni une malédiction
ni une fatalité. Cependant, il est important de pouvoir re-
pérer un manipulateur et de déceler des signaux inquié-
tants. Cela permet de prendre du recul et d’évaluer une
relation avec lucidité. Il s’agit ensuite de fuir pour se re-
construire. C’est la seule solution.
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Pour ne pas devenir une victime, il convient de rester tou-
jours vigilant, pour préserver sa santé physique et psy-
chique, et de s’inquiéter de certaines attitudes. Il faut dé-
velopper son esprit critique, refuser ce qui va à l’encontre
de l’intégrité et de la dignité et dénoncer des situations
inquiétantes vis-à-vis de l’extérieur.

Certains comportements peuvent alerter sur une situa-


tion d’emprise. Si l’autre vous manque de respect ou
vous étouffe, s’il (ou elle) est jaloux, égocentrique ou in-
cohérent, soyez vigilant(e). D’autres signes peuvent in-
quiéter : par exemple le fait qu’il veuille tout contrôler,
qu’il se comporte différemment avec vous et vis-à-vis de
l’extérieur, qu’il se montre possessif ou refuse toute res-
ponsabilité quand quelque chose ne va pas.

Sachez également vous observer vous-même et repérer


des signes révélateurs de votre soumission. Regardez
votre vie avec lucidité et osez en parler à des personnes
de confiance, sans bien sûr confondre des disputes « nor-
males » avec une violence psychologique. L’emprise im-
plique une notion de durée, des scènes fréquentes et
une disqualification verbale et/ou comportementale.

Pour sortir de l’emprise, au lieu de perdre son sang-froid,


de tomber dans l’empathie, d’augmenter le dévoue-
ment ou le sacrifice, il vaut mieux privilégier des stratégies
courageuses. Il est préférable par exemple de noter tout
ce qui se passe, de refuser l’isolement, de redresser la
tête et d’accepter de mentir, tout comme le prédateur.
Il est certes difficile de s’opposer froidement, de dire
« non » et d’admettre être mal aimé, mais c’est un pas
vers la liberté.

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Pour la survie psychique, il est important de savoir mettre
des limites, de défendre son territoire et son identité. Par
la fuite, la victime peut se sauver elle-même. Elle doit
alors alerter un proche et accepter l’aide de sa famille
ou d’un médecin. En sortant de la passivité, elle retrouve
son énergie et se libère. Elle peut se reconstruire en étant
soutenue par ses proches et par un thérapeute.

CONCLUSION

Sortir de l’emprise est sans conteste un acte de grand


courage. Cette relation toxique n’est pourtant pas une
fatalité. Au risque de la solitude, il est possible de surmon-
ter la peur, de se reconstruire et de revivre.

En sachant repérer les prédateurs, vous savez mainte-


nant éviter les situations d’emprise émotionnelle ou en
sortir… parce que votre vie vous appartient !

Ce livret ne peut être vendu séparément du coffret


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 Weelearn 2017
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