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LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

Résumé et plan

Ce travail est le témoignage d’une pratique quotidienne de psychologue scolaire, il montre


que les interventions du psychologue ne sont jamais une pratique isolée mais se situent
toujours dans le cadre d’un partenariat, nécessaire et indispensable, si l’on veut être à
l’écoute des souffrances d’un enfant, en particulier dans le contexte difficile de la
maltraitance.

Nous tenterons, à partir des données juridiques et des travaux de professionnels de la santé,
de définir les diverses formes de maltraitance des enfants, de caractériser les signes qui
peuvent permettre à l’école de jouer un rôle de prévention.

En illustrant l’action du psychologue par un cas clinique concret, il s’agit de décrire une
démarche clinique au pas à pas, montrant comment elle s’appuie sur le vécu scolaire de
l’enfant, sur les réunions d’équipe pédagogique, sur les entretiens avec la famille, sur les
directives juridiques, mettant en relief toute l’importance du travail en partenariat. Ce
mémoire pose la question du signalement d’enfant en danger, du moment où il est
nécessaire de le faire et de la prévention de la maltraitance.

I / DEFINITION DE LA MALTRAITANCE

II / MISSIONS ET RÔLE DU PSYCHOLOGUE SCOLAIRE

III / ETUDE DE CAS

IV / PERSPECTIVES

V / CONCLUSION

LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

Nous proposerons dans ce travail de définir les diverses formes de maltraitance des enfants,
de caractériser les signes qui peuvent permettre à l’école de jouer un rôle de prévention,
d’illustrer l’action du psychologue par un cas clinique concret, montrant toute la complexité
de ce type de situation et l’importance du travail en partenariat.

I / DEFINITION DE LA MALTRAITANCE

Il n’existe pas de définition juridique de la « maltraitance ». Pour tenter d’en donner une
définition, , nous nous réfèrerons aux données juridiques officielles et professionnelles. Ce
terme est apparu pour la première fois dans le texte de la loi du 9 juillet 1989, relative à la
prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs.

Une étude sur les profils des auteurs de mauvais traitements sur enfants montre que la «
maltraitance est bel et bien une affaire de famille ». Les professionnels de la santé et de la
justice distinguent quatre formes de maltraitance :

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physique : 33%, sexuelle : 32%, par négligence : 26%, psychologique : 9%, sur 20 000 enfants
maltraités en France et 65 000 enfants dits « en danger » (chiffres de l'Observatoire de
l'Action Sociale Décentralisée du 09/02/1999 ODAS ):

Le conseil de l'Europe dénonce « les actes et les négligences qui troublent gravement
l'enfant, portent atteinte à son intégrité corporelle, à son développement physique, affectif,
intellectuel et moral dont les manifestations sont la négligence et/ou les lésions d'ordre
physique et/ou psychique et/ou sexuel de la part d'un membre de la famille ou d'autres
personnes qui doivent prendre soin de l'enfant. » Avant d'aller plus loin dans ces définitions,
nous poserons comme postulat que les maltraitances psychologiques accompagnent et
englobent toutes les autres formes de la maltraitance.

A La maltraitance psychologique

Il semblerait que ce type de maltraitance soit le plus difficile à objectiver. On peut parler de
menaces verbales, de langage traumatisant, de pression psychologique, de violences
émotionnelles, de torture ou de cruauté morale. Les données officielles la décrivent surtout
sur un mode quantitatif comme un abus ou un excès d'agression psychologique impensable
pour l'enfant du fait de la faiblesse de sa capacité d'intégration psychique.

Les actions psychologiquement maltraitantes peuvent être le rejet, l'ignorance, l'isolement,


la terreur, la corruption.

Dans un cas clinique que j’ai rencontré, une petite fille, âgée de 6 ans, dont l’enseignante se
demandait pourquoi elle tombait en larmes si souvent à l’école, me confia pendant
l’entretien que sa maman la « menaçait d’un couteau », sans qu’on n’ait jamais trouvé, par
ailleurs, la moindre trace de coups.

Cependant, la terreur de l’enfant était telle que le moindre événement susceptible de la


mettre en défaut vis à vis de sa mère provoquait chez elle des crises de larmes démesurées
et une impossibilité d’entrer dans les apprentissages.

B La maltraitance physique

Nous pouvons nous poser la question suivante : quels sont les critères qui permettraient
d'apprécier le moment ou les conditions de passage du normal au pathologique ? Car il
n'existe qu'une frontière floue entre la punition corporelle et le mauvais traitement.

Il nous semble que le contexte culturel, social et historique détermine en partie cette
frontière et que cette dimension transcende peut-être la transmission intergénérationnelle.

Alice Miller c’est pour ton bien, ed Aubier, 1983, décrit le système éducatif, tel qu'il a
longtemps existé en Europe, basé sur la toute puissance du père ou des maîtres, la
répression des sentiments et des émotions, la représentation de l'enfant comme un être
mauvais qu'il s'agit dans tous les sens du terme de « corriger », de rendre docile à l'ordre
social.

Le martinet ou « la baffe » ont longtemps constitué l'expression naturelle de l'autorité


parentale.

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Candessus B. et Kiener F. l’enfance violentée, ed ESF différencient deux types de violences :

La violence agression : Celle qui surgit brusquement sous le coup de la colère.

L'enfant reste dans une relation d'égalité avec l'adulte. Il peut lui résister sans être humilié,
sans perdre son identité. Ce type d'enfants battus montreront leurs traces de coups à l'école
ou appelleront le numéro vert. Malgré les bleus, ils sont sûrs d'être acceptés et aimés. Les
séquelles sont moins graves et moins durables que dans la violence punition.

La violence punition : Elle repose sur une relation de type « bourreau victime ». La position
absolue de supériorité de l'adulte sur l'enfant l'autorise à le battre, le priver de nourriture,
l'enfermer dans un placard ... Cette violence fonctionne dans un monde clos, ne laissant rien
paraître à l'extérieur. L'enfant justifie ces violences en en portant la responsabilité. I1 lui
faudra beaucoup de force morale et physique pour se défendre et en parler.

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