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FACULTE DE MEDECINE ET DE

PHARMACIE DE RABAT

COURS POLYCOPIE DE
MEDECINE LEGALE

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La maltraitance infantile

DEFINITION DE LA MALTRAITANCE INFANTILE


Selon l'O.M.S. : « La maltraitance de l’enfant comprend toutes les formes de mauvais
traitements physiques et/ou psychoaffectifs, de sévices sexuels, de négligences ou
d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de
l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité dans un contexte d’une relation de
responsabilité, de confiance ou de pouvoir ».

TYPOLOGIE DE LA MALTRAITANCE A ENFANTS


La maltraitance est classée selon les 4 formes suivantes :
A/ La Maltraitance physique :
Équivaut à appliquer délibérément sur n’importe quelle partie du corps d’un enfant une force
qui provoque ou peut provoquer une atteinte à la santé, à la survie, au développement ou à la
dignité de l’enfant.
La violence physique inclut également des comportements tels que secouer, étrangler, mordre,
donner des coups de pieds, brûler ou empoisonner un enfant, tenir un enfant sous l’eau ou
toute autre utilisation de force ou de contrainte dangereuse ou nuisible
B/ La maltraitance sexuelle :
L’abus sexuel est défini comme toute participation d’un enfant ou d’un adolescent à des
activités sexuelles qu’il n’est pas en mesure de comprendre, qui sont inappropriées à son âge
et à son développement psycho-sexuel qu’il subit sous la contrainte, par la violence ou la
séduction ou qui transgressent les tabous sociaux.
Il inclut les attouchements sexuels, les pénétrations sexuelles, l’exhibitionnisme, le
voyeurisme, les conversations à caractère sexuel et l’exploitation commerciale sous forme
d’incitation à la prostitution, de prostitution forcée ou de production de matériel
pornographique.
C/ Les Maltraitances Psychologiques :
Actes ou omissions de la part des parents ou des personnes chargées de prendre soin de
l’enfant, qui causent ou pourraient causer de sérieux troubles comportementaux, cognitifs,
émotionnels ou mentaux.
Elles regroupent entre autres les manifestations de rejet affectif, le sadisme verbal, les
humiliations, les punitions, les exigences inadaptées à l’âge de l’enfant ou à ses possibilités.

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D/ Les négligences :
Il s’agit de la non dispensation des soins nécessaires ou de l’attention voulue par les parents
ou les personnes en charge d’un enfant pour assurer son développement émotionnel, sa santé,
sa nutrition, son éducation, sa sécurité, son instruction et sa socialisation.

ENFANTS A RISQUE
L’enfant à risque est un mineur qui connaît des conditions d’existence risquant de mettre en
danger sa santé, sa sécurité, sa moralité ou son entretien, mais qui n’est pas pour autant
maltraité.
La notion de risque apparaît soit à partir d’une souffrance de l’enfant lui-même (voir les
violences psychologiques), soit à partir d’une situation de perturbation adulte autour d’un
enfant.
Tableau 1 : Principaux facteurs de risque associés à la maltraitance infantile
Facteurs individuels Facteurs relationnels

Chez l’(es) auteur (s) :


 Âge jeune des parents,  Violence familiale

 Troubles psychiatriques et faible niveau de scolarité  Mauvais mariage

 Famille monoparentale  Isolement social

 Violence familiale dans l’enfance  Parent(s) délinquant(s)

 Grossesse accidentelle ou attitude parentale négative  Absence d’attachement affectif parent-

face à la grossesse enfant

 Toxicomanie et alcoolisme  Famille nombreuse

 Faible estime de soi, parents dépressifs

 Attente peu réaliste par rapport aux possibilités de


l’enfant

 Difficultés conjoncturelles

Chez l’enfant :
 Grossesse, accouchement difficile

 Enfant réel ≠ Enfant désiré

 Handicap, prématurité
 Séparation lors des premiers jours de vie

 Caractère hyperactif, turbulent

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CONDUITE A TENIR
A/ Accueil de l’enfant victime de violence :
Un enfant victime de violence est en situation émotive très particulière. Savoir l’accueillir est
important car la souffrance consécutive à la violence subie lui procure un sentiment
d’insécurité, il faut :
 Lui assurer un environnement sécurisant rapidement (une salle de consultation
appropriée).
 Se présenter, expliquer sa fonction et son rôle et présenter les personnes assistant à
l’entretien.
 Il faut respecter son désir d’être accompagné d’une personne de sa famille lors de
l’entretien.
NB : Il ne faut pas oublier que l’auteur des abus peut être un membre de la famille de
l’enfant. On peut être amené à s’entretenir avec l’enfant en dehors de son représentant
légal ou accompagnant. Dans tous les cas, la présence d’une personne de confiance
indépendante est recommandée : infirmière, personne chargée du suivi psycho-social.
B/ L’entretien de l’enfant victime de violence :
Il y a des règles à respecter pour bien conduire l’entretien :
 Commencer à aborder avec lui des généralités
 Poser des questions ouvertes et simples et s’assurer de leur compréhension. Il faut
favoriser au maximum le récit libre de l’enfant,
 Le laisser parler librement sans l’interrompre
 Encourager en cas de révélations.
 Etablir un dialogue adapté à l’âge de l’enfant
 Respecter ses blocages
 Ne pas anticiper, ni suggérer, ni interpréter
NB : Il faut lui expliquer ses droits en des termes très simples tout en manifestant notre
désir de l’aider, et informer son tuteur ou représentant légal sur nos limites. Il est exclu
de le juger ou de lui faire la morale. Il faut faire référence à une équipe
multidisciplinaire consacrée à sa prise en charge et obtenir son consentement pour
l’examiner.
C/ Recueil des éléments anamnestiques relatifs à l’histoire clinique :
1/ Il faut éliminer d’emblée une urgence vitale.
2/ L’anamnèse doit préciser la date et heure de l’examen, l’identité de la victime, son
accompagnant, son tuteur légal. On note par la suite :

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 Antécédents Personnels :
 Le déroulement de la grossesse et de l’accouchement
 L’évaluation du développement psychomoteur de l’enfant
 Les vaccinations
 La scolarité : la notion de fléchissement scolaire si elle existe
 Habitudes toxiques de l’enfant
 Les antécédents médicaux d’handicap moteur, sensoriel ou intellectuel
 Notion de maltraitance antérieure ou dans l’entourage
 ATCDS gynécologiques : début des règles, dernières règles
 La notion d’hospitalisation ou recours antérieurs aux services des urgences et leur
motif.
 Antécédents Familiaux :
 La structure familiale, qualité du couple.
 Etudier la fratrie, leur âge et sexe respectifs.
 L’environnement familial : niveau socio-économique, habitat, profession des parents,
leurs habitudes toxiques, leurs antécédents psychiatriques.
 Histoire de l’agression :
 Préciser la date, l’heure et le lieu des faits.
 Préciser la nature des abus (physique, sexuel, cruauté mentale ou négligence),
 Déterminer leur auteur et sa relation avec l’enfant.
 Préciser leur ancienneté, leur répétition, le délai de recours aux soins, leur mécanisme
lésionnel, les symptômes ressentis.
 Préciser l’existence de troubles comportementaux (dépression, insomnie, anorexie,
boulimie, tentative de suicide, fugue, échec scolaire, énurésie, encoprésie…) leur date
d’apparition, modes évolutifs, circonstances de survenue.
 Rechercher des signes en faveur d’une hypertension intracrânienne : vomissements
associés à des troubles de la vigilance d’intensité variable.
 Rechercher la notion de consultations antérieures pour des faits de violence et les
traitements reçus.
 En cas d’abus sexuel : voir le cours des agressions sexuelles
D/ Examen clinique :
1/ Conditions :
Cet examen ne doit pas constituer un traumatisme supplémentaire pour l’enfant et il ne doit
pas être vécu comme une seconde agression.

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Après mise en confiance : expliquer à l’enfant ce qui doit se passer pendant l’examen, en
utilisant des termes qu’il/elle puisse comprendre
2/ Examen général :
 Apprécier l’aspect général de l’enfant
 Apprécier l’état vestimentaire et l’hygiène : sale, négligé.
 Evaluer son comportement : craintif, apathique, agité, instable, agressif, débordant
d’affection pour les étrangers ou avec une conduite d’évitement vis-à-vis des parents.
 Evaluer la croissance staturo-pondérale
 Rechercher un retard des acquisitions psychomotrices
 Evaluer le stade pubertaire
3/ Evaluation psychologique :
Au cours de l’examen, quelque soit l’âge de l’enfant des troubles de comportement peuvent
être notés : apathie, débordement affectif, inhibition, agitation, …
4/ Examen somatique : doit être complet (prise de photographies médico-légales avec
consentement parental + schémas descriptifs)
 Les principales lésions rencontrées sont :
a/ Les lésions tégumentaires:
 Les plaies (simples ou contuses, morsures) et écorchures
 Les ecchymoses et les hématomes évocateurs par leur multiplicité, leur âge différent et
par certaines localisations spécifiques : tronc, lombes, fesses, visage et cuir chevelu
pouvant correspondre difficilement à des zones de chutes accidentelles, face interne
des cuisses et des bras, poignets, chevilles en rapport avec des manœuvres
d’écartement et de contention lors d’une agression sexuelle.
 Les griffures sous forme d’érosions linéaires parallèles ou d’éraflures en coups d’ongle
provoquant parfois des arrachements épidermiques.
 Les brûlures provoquées par objets divers (cigarette, fer à repasser…)
 Les lésions de la muqueuse buccale et nasale se manifestant volontiers par une plaie
du sillon gingival et par une fracture du cartilage nasal.
 En cas d’agression sexuelle, rechercher des pétéchies du palais, des ecchymoses ou
des déchirures du frein de la langue pouvant être observés lors des contacts oro-
génitaux.
 L’alopécie sous forme d’une plaque ou de zone de raréfaction de la chevelure
secondaire à des arrachements brutaux et répétés des cheveux.
b/ Les lésions osseuses :
 Rechercher les déformations des membres chez le nourrisson

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 Chercher un gonflement, une impotence ou douleurs à la mobilisation des membres ou
une déformation.
c/ Les lésions crânio-cérébrales :
 Tout traumatisme crânien non documenté chez un jeune enfant doit faire évoquer de
principe le diagnostic de maltraitance.
 Il faut faire un examen neurologique systématique à la recherche de signes déficitaires
en rapport avec des lésions crânio-cérébrales.
 Cliniquement, il faut être alerté par des signes d’altération neurologique sévère,
rechercher à l’examen des signes cliniques d’hypertension intracrânienne
 Tout examen neurologique doit être complété par : un examen ophtalmologique (fond
d’œil) qui peut montrer une hémorragie rétinienne, luxation du cristallin, cataracte
post traumatique.
 Un examen ORL et buccal : à la recherche de perforation tympanique, fracture
dentaire ou maxillaire, macération des lèvres, plaie du palais.
d/ Les lésions viscérales :
 Lésions thoraciques : hémothorax, pneumothorax, contusion pulmonaire suite à des
fractures costales.
 Lésions abdominales : rupture ou fissuration hépatique, splénique ou rénale,
désinsertion mésentérique…
e/ L’examen génito-anal : voir le cours des agressions sexuelles
5/ Examens complémentaires :
Ils sont fonction du contexte clinique :
On peut être amené à demander :
 Bilan biologique : hémogramme (anémie), bilan d’hémostase (éliminer les troubles
d’hémostase) ou analyse toxicologique
 Radiologique :
 Radio de squelette complet : l’argument principal est la présence de fractures d’âges
différents. Le bilan radiologique du squelette entier est nécessaire et peut révéler des
fractures anciennes consolidées (cals osseux), ou de nature différente (des
arrachements métaphysaires, des décollements périostés visibles sous formes
d’hématomes sous périostés calcifiés).
 Scanner cérébral : en cas de signe d’appel pour mettre en évidence des lésions crânio-
cérébrales. Les hématomes sous duraux se rencontrent dans le syndrome de l’enfant
secoué.
 Les autres examens sont prescrits en fonction du tableau clinique :

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6/ Documentation du cas :
 Utiliser un dossier médical
 Transcrire les données de l’entretien, de l’anamnèse et les résultats de l’examen
clinique de manière claire, complète, objective avec une description complète des
blessures
 Noter tous les éléments constatés sur des pictogrammes du corps humain.
 Prendre des photographies médico-légales des lésions après consentement de l’enfant
et/ou de son parent ou tuteur et inclure des repères anatomiques pour situer les
blessures.

FORMES PARTICULIERES
1/ Le Syndrome de Münchhausen par procuration :
Le syndrome de Münchhausen par procuration est une pathologie alléguée ou induite chez un
enfant par un parent, généralement la mère. Les symptomatologies sont variées (les plus
fréquents signes étant les saignements, convulsions et apnées), réalisant des tableaux
trompeurs et entraînant de nombreuses explorations médicales qui contribuent à la
maltraitance. Il est surtout important d’y penser devant des symptomatologies somatiques ou
psychiatriques cliniquement discordantes pour mettre en place l’évaluation et la protection de
l’enfant.
En général, on note un amendement des symptômes lorsque l’enfant est séparé du parent
responsable.
2/ Le syndrome de l’enfant secoué :
Il s’agit d’une forme particulière de maltraitance qui concerne un nourrisson de moins d’un an
chez lequel les mouvements d’accélération décélération au niveau de la tête entraînent des
hématomes sous duraux, des fractures de côtes au voisinage de la jonction costo-vertébrale.
Le pronostic vital peut être mis en jeu dans ce syndrome et des séquelles neurosensorielles
peuvent en être la conséquence.
3/ Le syndrome de Silverman :
Est caractérisé par la découverte de fractures d’âges différents. L’association de lésions
osseuses multiples et d’âges différents parfois avec des lésions cutanées traumatiques.

INDICES EN FAVEUR DE LA MALTRAITANCE INFANTILE


Ils permettent le diagnostic de la maltraitance infantile (arguments en faveur de la
maltraitance) :

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A/ Les indices comportementaux :
 Chez le nourrisson :
 Un évitement du regard du parent auteur présumé,
 Une vigilance du regard chez un nourrisson, en alerte, esquissant des mouvements de
protection à l’approche de l’examinateur.
 Un retard psychomoteur, anorexie, polyphagie, troubles du sommeil
 Chez l’enfant d’âge scolaire :
 Souvent en échec dans les apprentissages, avec difficultés langagières, cognitives,
relationnelles
 Comportement perturbateur ou agressif, hyperactivité ou bien timidité, passivité et
repli sur soi
 Troubles du sommeil ou cauchemars, troubles de conduite alimentaire
 Régression des aptitudes (par exemple : incontinence urinaire nocturne)
 Crainte inhabituelle des contacts physiques avec d’autres personnes
 Absentéisme scolaire
 Chez l’adolescent :
 Etat dépressif authentique souvent masqué par des troubles comportementaux :
conduites à risque, actes délictuels, fugues répétées
 Idées ou conduites suicidaires parfois révélatrice
 Anxiété, faible estime de soi, prostitution
B/ Les indices anamnestiques :
 L’existence d’accidents et de passage aux urgences à répétition
 Le délai parfois inexplicable entre le début des signes et la consultation médicale.
 Le manque d’intérêt pour la gravité possible de la condition médicale de l’enfant.
 Des antécédents connus de maltraitance dans l’entourage.
 Les discordances dans les discours des parents, interrogés séparément.
 Une discordance entre les lésions retrouvées lors de l’examen clinique et les
explications données par les parents.
C/ Les indices cliniques :
 Présentation de l’enfant marquée par des signes de négligence :
 Hygiène défectueuse, tenue inappropriée
 Mutisme, apathie, anxiété disproportionnée ou une agitation
 Lésions évocatrices de violence de par :
 Leur mécanisme : griffures, morsures, plaies par arme blanche
 La coexistence d’éléments d’âges différents et/ou de natures différentes

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 Leur siège : incompatible avec un traumatisme accidentel (les fesses, le dos, la
plante des pieds pour les brûlures) sur les zones non proéminentes.
 Leur forme : évoquant un objet traumatisant (cigarette, fer à repasser…),
circulaire évoquant une contention, une strangulation
 Leur nombre ou leur répétition.

PRISE EN CHARGE MEDICALE ET MEDICOLEGALE


A/Hospitalisation :
Une hospitalisation est nécessaire :
 Si des soins spécialisés sont exigibles
 Pour protéger l’enfant contre l’entourage/milieu à risque
 Si besoin d’observer pour confirmer ou compléter l’évaluation (pluridisciplinaire)
 Pour rédiger le signalement en différé
B/ Traitement :
En cas de violences physiques ou sexuelles, des traitements peuvent être prescrits. Ils sont
curatifs et préventifs.
1-Traitement curatif :
 Il faut adapter la prise en charge thérapeutique au bilan lésionnel et à la
symptomatologie clinique (ex : désinfecter les plaies, réaliser les soins, prescrire
ATB…)
2-Traitement prophylactique :
 Prévention du tétanos : en fonction du statut vaccinal de l’enfant et la nature des
lésions
 Prévention d’une grossesse et des IST bactériennes et virales : voir le cours des
agressions sexuelles
C/Rédaction du certificat médico-légal : voir le cours des certificats médicaux.
D/ Signalement :
 En cas de risque immédiat pour l'enfant avec refus d'hospitalisation de la part de la
famille, le médecin doit faire appel aux autorités judiciaires notamment au procureur
du Roi afin d’une intervention institutionnelle. L’objectif n’est pas de dénoncer
l’auteur des faits, mais de signaler une situation de danger vis-à-vis d’un enfant.
 En pratique, le signalement judiciaire d'un enfant suspect de sévices est obligatoire. Il
se fera à la police judiciaire, la gendarmerie ou au procureur du Roi.

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 A l’hôpital : il peut se faire par l'intermédiaire du service de l'assistance sociale qui
entreprend les démarches nécessaires auprès des autorités concernées.
E/Le suivi médical :
La consultation médicale de contrôle répond à plusieurs objectifs :
 Contrôler la guérison des lésions initiales : on vérifie la guérison de toutes les lésions
corporelles. Si besoin on oriente vers le spécialiste.
 Vérifier l’observance des traitements prescrits en urgence.
 Évaluer l’état de santé général : si aucune prise en charge psychologique n’a été mise
en place depuis l’agression, cette consultation permettra d’initier les soins
psychologiques.
 Compléter les bilans somatiques.
 Poursuivre et vérifier les résultats des bilans sérologiques

CADRE LEGISLATIF
1- Sur le plan international :
L'enfant a des droits définis par la convention internationale des droits de l’enfant du 20
novembre 1989 qui visent à protéger les enfants de la discrimination et la négligence et des
abus. Cette convention a été ratifiée par le Maroc par le Dahir 4-93-4 du 14 juin 1993.
La protection est un thème transversal que l’on retrouve tout au long de la convention. Mais,
on peut citer en particulier les articles suivants :
Article 19 : Droit d’être protégé contre toute forme de violence ou de mauvais traitements
perpétrés par les parents ou par toute autre personne à qui il est confié
Article 32 : Droit de l’enfant à être protégé contre l’exploitation économique et de n’être
astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation,
sa santé ou son développement.
Article 34 : Droit de l’enfant à être protégé contre la violence et l’exploitation sexuelle y
compris la prostitution et à toute production pornographique.
Article 35 : Droit à être protégé contre la vente, la traite et l’enlèvement
Article 37 : Droit à être protégé contre la torture et les traitements cruels, inhumains et
dégradants
2- Sur le plan national :
Le code pénal marocain (PM) punit sévèrement les auteurs de sévices selon les articles 482,
408, 409, 410 et 411.
 Les infractions pénales concernant les actes de brutalité et de privation

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Art 408 : « Quiconque aura volontairement porté des coups à un enfant de moins de 15 ans,
ou l'a volontairement privé d'aliments ou de soins au point de compromettre sa santé, ou
commet volontairement sur cet enfant toutes autres violences ou voies de fait à l'exclusion de
violences légères, est puni de 1 à 3 ans d'emprisonnement »
Art 409 : « De 2 ans à 5 ans d'emprisonnement si en est résulté une maladie, une
immobilisation ou une incapacité totale de travail personnel de plus de 20 jours, ou s'il y a eu
préméditation ou utilisation d’arme ».
Art 410 : « De la réclusion criminelle à temps de 10 à 20 ans (al 1) s'il en est résulté une
mutilation, une amputation ou la privation de l'usage d'un membre, la cécité, la perte d'un œil
ou d'autres infirmités permanentes.
De la réclusion criminelle de 20 à 30 ans (al 2), s'il en est résultée la mort, sans que railleur ait
l’intention de la donner.
De la réclusion perpétuelle (al 3), si la mort en est résultée sans intention de la donner, mais
par l'effet de violences ou privations habituellement pratiquées.
De la peine de mort (al 4) s'il en est résultée la mort avec intention de la provoquer.».
Art 411 : « Si le coupable sont le père ou la mère légitime naturels ou adoptifs,
ou toutes autres personnes ayant autorité sur l'enfant ou chargées de sa garde,
les peines encourues seront les suivantes :
- de 2 ans à 5 ans d'emprisonnement dans les cas prévus dans l'article 408.
- le maximum de l'emprisonnement sera porté au double dans les cas prévus dans l'article 409.
- de 20 à 30 ans (al 1 de l'article 410), de la réclusion perpétuelle (al 2 de l'article 410), de la
peine de mort (al 3 de l'article 410) ».
 Les infractions pénales concernant la mise en péril moral et physique de
l’enfant :
Art 482 : « Sont punis d'emprisonnement d'un mois à un an de prison et d'une amende de 120
à 500 DHS le père et la mère qui compromettent gravement par de mauvais traitements, par
des exemples pernicieux d'ivrognerie ou d'inconduite notoire, par un défaut de soins ou par
manque de direction nécessaire soit la santé soit la sécurité soit la moralité de leurs enfants ou
d'un ou plusieurs de ces derniers »

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Les agressions sexuelles sur mineur et adulte

CADRE LEGISLATIF
Ces actes sont incriminés sous différentes appellations dans le code pénal allant de l’outrage
public à la pudeur au viol aggravé passant par l’attentat à la pudeur commis avec ou sans
violence.
Les attentats aux mœurs regroupent un ensemble d’infractions à caractère sexuel qui sont
réprimées comme suit :
 L’article 483 du code pénal incrimine l’outrage à la pudeur et le considère comme
public lorsqu’il est réalisé dans un lieu accessible au regard du public avec présence de
témoins volontaires ou même involontaires lorsqu’ils sont des mineurs de 18 ans. Il est
puni d’un emprisonnement d’un mois à deux ans + amende : 120 à 500 dh.
 L’attentat à la pudeur consommé ou tenté contre des mineurs de 18 ans de l’un ou de
l’autre sexe est puni de la réclusion de 2 à 5 ans s’il est commis sans violence (article
484) et de 10 à 20 ans si la violence y est associée (article 485).
 Le viol est défini dans le code pénal marocain comme l’acte par lequel un homme a
des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci, contrairement au
législateur français qui l’élargit à tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature
qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou
surprise.
 L’article 486 puni le viol de 5 0 10 ans. Toutefois si le viol a été commis sur la
personne d’une mineure de moins de dix-huit ans, d’une incapable, d’une handicapée
ou d’une personne connue pour ses capacités mentales faibles ou d’une femme
enceinte, la peine est la réclusion de 10 à 20 ans. »
 Les 3 derniers articles prévoient des circonstances aggravantes liées soit à la qualité de
l’auteur (ascendant, instituteur ou toute autre personne ayant autorité sur la victime) ou
bien aux circonstances ou aux conséquences de l’agression (attentat ou viol commis en
réunion (article 487), ou si la défloration s’en est suivie (art. 488)). Chacune de ces
circonstances majore la pénalité encourue.

PARTICULARITES DE L’ABUS SEXUEL CHEZ UN MINEUR


A/ Facteurs de risque d’abus sexuel sur mineur :
 Sexe féminin
 Enfant non représenté, enfant placé en institution

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 Enfant adoptif ou vivant avec un parent non biologique
 Enfant handicapé physique ou mental
 Antécédent d’abus sexuel
 Conflit armé
 Vulnérabilité psychologique ou cognitive
 Isolement social, carence affective
 Parent avec trouble psychiatrique ou conduite addictive
B/ Révélation tardive des abus sexuels chez les mineurs car :
 Crainte des représailles
 Sentiment de culpabilité et/ou de honte
 Parfois, sentiments confus à l’égard de l’agresseur (sauf dans les cas d’agression
sexuelle par des étrangers)
 Craintes des démarches judiciaires
 Crainte de perturber la vie de leurs proches
 En cas d’inceste : crainte d’être responsable de l’éclatement de la famille en dévoilant
leur secret et /ou inconscience de l’anormalité de l’abus
C/ Indices d’abus sexuels sur mineurs :
 Comportement général : comportement excessivement docile, agressif, peudo-
maturité, dépression, phobies, refus de l’autorité à l’école (agressivité envers les
professeurs), baisse soudaine du rendement scolaire, méfiance envers les adultes
proches,
 Manifestations sexuelles : propos sexuels fréquents, langage sexualisé pour l’âge, jeux
sexuels, reproduction de comportements sexuels avec des poupées, des camarades ou
des adultes, dessins à caractère sexuel inappropriés pour l’âge, agression sexuelle
(commis par l’enfant, l’adolescente ou l’adolescent) …
 Autres : fugues, plaintes gynécologiques et/ou psychosomatiques

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE VICTIME D’AGRESSION SEXUELLE


A/ Entretien :
On précise :
 La date, l’heure et le lieu des faits.
 Agresseur(s) connu ou inconnu, nombre…
 Les circonstances de l’agression avec recherche de moyens de coercition
 Le déroulement de l’agression : modalités, notion d’éjaculation, le nombre et le site.

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 Existence de douleurs ou de saignements
 Le comportement après l’agression : changement de vêtements, toilette intime ou
exonération anale.
B/ Anamnèse :
 Antécédents médico-chirurgicaux, gynéco-obstétricaux et psychiatriques.
 Date des dernières règles, éventuelle contraception en cours.
 Activité sexuelle antérieure avec état antérieur de virginité.
 Réactions de la victime : agressivité verbale ou au contraire prostration, sidération ou
confusion avec auto-culpabilité ou peur des représailles, calme anormal, sobriété dans
les déclarations et collaboration facile.
NB : une agression sexuelle ne doit pas être éliminée face à un comportement déroutant.
C/ Conduite de l’examen :
 Examen général :
 Evaluation du développement staturo-pondéral et mental, la constitution physique, et
le développement pubertaire.
 Recherche des lésions traumatiques au niveau des :
 Zones vitales : sillon de strangulation, écorchures en coups d’ongle sur le
pourtour buccal.
 Zones de protection : lésions de défense au niveau des avant-bras, d’écartement
au niveau de la face interne des cuisses et des bras.
 Zones de prises et de contention : au niveau des poignets et des chevilles.
 Examen des vêtements : On cherche des déchirures, une souillure par du sperme ou
du sang.
Les taches retrouvées sur les vêtements doivent être prélevées et mises sous scellés et
à remettre aux autorités policières requérantes.
 L’examen génito-anal :
 Examen génital :
a/ chez la fille :
 Exploration méthodique de la face interne des cuisses, le mont du pubis, le clitoris et
l’urèthre.
 Ecartement des grandes lèvres vers l’extérieur laissant découvrir la membrane
hyménéale insérée normalement à la base des petites lèvres.
 Examen de l’hymen : on peut étaler la zone postérieure de son insertion en faisant
bomber la cloison recto-vaginale par un toucher rectal. Etude du bord libre en utilisant
la sonde de Foley.

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 Différents types d’hymen : demi-circulaire postérieure, annulaire, labié ou frangé,
atrophique avec moins de 2mm depuis la base jusqu’au bord libre, cribriforme, en pont
ou imperforé.
 Chez la vierge : la déchirure de l’hymen est le signe capital de la défloration, mais
parfois il peut s’agir d’un hymen dilatable. En cas de défloration récente : déchirures
le plus souvent siègent entre 04 h et 08 h (la membrane hymenéale est assimilée à un
cadran horaire pour localiser les lésions), se prolongent souvent jusqu’au bord
adhérent à la muqueuse vaginale. Leur cicatrisation se fait en cinq à huit jours, sauf
surinfection surajoutée.
 Après cicatrisation, difficile de distinguer entre les déchirures traumatiques et les
encoches congénitales. Les encoches sont plus régulières, plus symétriques et plus
incomplètes. Tandis que les déchirures sont plus irrégulières, plus asymétriques et plus
déchiquetées.
 Chez la non vierge : les lambeaux cicatriciels de l’hymen ont déjà régressé. On
cherche d’autres indices :
 Lésion vulvaire ou vaginale, présence de sperme dans le vagin
 Complication à type de grossesse ou de contamination infectieuse.
 Constatation de lésions de violences.
b/ chez le garçon :
 Les zones examinées sont le pubis, la verge avant et après décalottage, prépuce, frein
préputial, orifice urétral, scrotum, testicules à la recherche de lésions récentes :
déchirure du frein préputial, sang, œdème du prépuce ou de tout le pénis, hématome,
plaie du scrotum.
c/ Examen de la région anale :
Examiner systématiquement et minutieusement l’anus et la marge anale.
Rechercher :
 Des lésions péri-anales à type d’ecchymoses (empreintes fortes de doigts par
exemple), douleur à la palpation, œdème, érythème, abrasions cutanées.
 Des lésions de la muqueuse anale (déchirures, fissures, béance spontanée de l’anus) en
déplissant doucement la muqueuse.
 Compléter l’examen par le toucher rectal (après avoir effectué les prélèvements
nécessaires) avec un petit doigt pour apprécier la tonicité du sphincter (une béance
anale est parfois retrouvée).
 Au moindre doute, référer pour réaliser une anuscopie et manométrie en milieu
spécialisé.

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D/ Documentation :
A l’aide du
 Dossier médical
 Pictogrammes
 Photographies médico-légales
E/Collecte des preuves médico-légales :
a/ Intérêt des preuves médico-légales :
 Pour confirmer le récit de l’enfant ou de son entourage.
 Pour confirmer un contact sexuel récent.
 Pour démontrer qu’il y a eu un emploi de la force ou de moyens de coercition lors
d’une agression sexuelle.
 Si possible, pour identifier l’agresseur.
 Pour disposer d’éléments pouvant servir pour un témoignage en justice.
b/ Prélèvements réalisés en cas d’agression sexuelle :
Les prélèvements à effectuer ont pour but de permettre :
 La surveillance médicale de la victime
 La recherche de sperme ou de liquide séminal
 L’identification génétique de l’agresseur à travers les substances repérées sur le corps
de la victime ou sur le lieu de l’agression qui garde parfois des traces de sang, sperme,
salive ou un autre matériel biologique de l’agresseur.
 La mise en évidence de substance psycho-active si la victime a été droguée.
c/ Prélèvements médico-légaux (en cas d’agression récente datant de moins de 72 h):
Le praticien peut être amené à effectuer des prélèvements en vue de recherche du sperme
et/ou d’analyses génétiques. Ces preuves médico-légales doivent être prélevées pendant
l’examen médical. Pour ce faire, il est nécessaire de :
 Obtenir l’accord de l’enfant et/ou du parent ou tuteur.
 Expliquer à l’enfant et à son parent/ou tuteur tout ce qui est fait et pourquoi.
 Afin de garder leur valeur probante, effectuer ces prélèvements sous réquisition
judiciaire et les faire saisir et sceller par un officier de police judiciaire.
 Lors de la collecte des échantillons, les principes suivants doivent être respectés :
éviter la contamination. S’assurer que les spécimens ne sont pas contaminés par
d’autres matériels. Mettre toujours des gants stériles. Les systèmes modernes
d’extraction de l’ADN sont très sensibles et peuvent détecter du matériel étranger à
partir de très faible quantité.

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 Collecter le plus rapidement possible les échantillons (urgence médico-légale).
Idéalement, faire les prélèvements dans les 24 heures. Après 72 heures, le rendement
des prélèvements est considérablement réduit.
 Conditionner, conserver de façon appropriée les échantillons selon les
recommandations des laboratoires d’analyses.
 Etiqueter correctement les échantillons avec la mention du nom de la personne
examinée, la nature de l’échantillon et la date et heure du prélèvement.
 Sécuriser les prélèvements. Seules les personnes autorisées sont habilitées à les
manipuler.
 Répertorier dans le dossier médical la liste des échantillons prélevés et leur devenir.
a/ Prélèvements à la recherche de sperme :
 Effectuer la recherche de sperme dans les agressions sexuelles récentes datant de
moins de 72 h.
 Effectuer les prélèvements dans tous les sites susceptibles de contenir du sperme
(bouche, canal anal, vulve, vagin, périnée).
 Utiliser des écouvillons de coton sec stériles qui seront séchés ensuite a l’air libre
avant de les replacer dans leur tube protecteur. Au mieux ils seront congelés à – 18°C
et à défaut à + 4°C pendant 48h au maximum avant leur acheminement au laboratoire
d’analyse.
 Limites de réalisation des prélèvements en fonction des sites :
Vagin : 72 à 96 heures
Anus : 72 heures
Bouche : 48 heures
Peau : 24h
b/ Prélèvement de poils ou cheveux étrangers découverts sur l’enfant ou sur ses vêtements :
 Les conserver dans une enveloppe en papier à température ambiante.
 Aucun délai par rapport à l’agression n’est nécessaire.
c/ Prélèvement sous-unguéaux :
Racler sous l’ongle à l’aide d’une compresse humide montée sur un bâtonnet puis sécher ou
couper les ongles
Conservation : enveloppe en papier à température ambiante.
d/ Prélèvement de vêtements entachés :
Sécher toute tache suspecte si besoin, et conserver à température ambiante dans une
enveloppe en papier.

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e/ Prélèvements pour recherche de toxiques :
 En cas d’agression récente, on peut identifier une soumission médicamenteuse ou
toxique (prise de toxique à l’insu de la victime pour l’affaiblir).
 Effectuer la recherche de toxiques en cas de signe d’appel (confusion, amnésie,
hallucination...), de signes neuro-végétatifs (hypotonie, hypotension et bradycardie) ou
en cas de déclaration de la victime allégeant une intoxication.
 Procéder à un prélèvement de sang et des urines durant les cinq premiers jours puis
pour les agressions anciennes d’une mèche de cheveux coupée à ras du cuir chevelu et
orientée par une cordelette du côté de la racine.
f/ Prélèvements médicaux :
Ils seront effectués pour évaluer l’état de santé initial de la victime et dans l’agression
ancienne pour dépister au plutôt les complications (grossesse, IST)
* Recherche d’infections sexuellement transmissibles (ISTs):
La décision de procéder à des prélèvements en vue de rechercher des ISTs doit être prise au
cas par cas. Il faut faire des prélèvements dans les cas suivants :
 L’enfant présente des symptômes d’ISTs : écoulement vaginal, uréthral, ulcérations
génitales
 L’auteur présumé est connu pour être porteur d’une ISTs ou à haut risque de contracter
une ISTs
 Des membres de la famille ou autres proches ont des ISTs ou des symptômes d’ISTs.
 La victime, très inquiète, demande que les prélèvements soient faits.
Si la réalisation des prélèvements est indiquée, faire lors de la prise en charge initiale des :
 Prélèvements locaux :
 Recueil selon le contexte des prélèvements pharyngés et anaux chez les deux sexes
(vaginaux chez la fille ou femme et urétraux chez le garçon ou homme), en vue de la
recherche par culture de N. gonorrhoeae et de C. trachomatis.
 Recherche d’une infection à T. vaginalis sur une préparation microscopique à l’état
frais de prélèvement vaginal.
 Il faut garder à l’esprit que si l’agression sexuelle est récente, les analyses seront
négatives à moins que la victime n’ait déjà une ISTs préexistante. Un examen
physique de contrôle 1 semaine après la dernière exposition sexuelle peut être
nécessaire pour permettre des prélèvements appropriés.
 Chez la fille pré-pubère, faire les prélèvements seulement en présence de symptômes
(écoulement vaginal, douleur) en évitant les échantillons cervicaux qui ne sont
indiqués que pour les adolescentes (celles à un stade II de Tanner ou plus).

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 Sérologies :
 Faire les sérologies du VIH 1 et 2, VDRL TPHA, hépatite B et C.
F/ Prise en charge thérapeutique :
En cas de violences physiques associées aux violences sexuelles, des traitements peuvent être
prescrits. Ils sont curatifs et préventifs.
1-Traitement curatif :
 Il faut adapter la prise en charge thérapeutique au bilan lésionnel et à la
symptomatologie clinique.
 Désinfecter les plaies, réaliser les soins.
 En présence de plaies fortement contaminées, administrer des antibiotiques.
 Ne pas hésiter à recourir aux antalgiques
 En cas d’intoxication, le traitement médical symptomatique sera adapté à l’état de la
victime.
 En cas d’infection sexuellement transmissible spécifique (Herpès), un traitement
adapté sera prescrit
2. Traitement prophylactique :
 Prévention du tétanos : selon la nature des plaies et le statut vaccinal
 Prévention d’une grossesse : la prévention de la grossesse doit se faire par une
contraception d’urgence dans les 120 heures après l’abus, en donnant une pilule
d’Ulipristal acétate 30 mg (Ella one*) en une seule prise.
3. Prévention des IST bactériennes dans les 72 heures après l’abus (N. Gonorrhoea,
chlamyldia T et T. vaginalis):
Le traitement présomptif doit être discuté au cas par cas notamment, il est indiqué si :
 Si le rapport sexuel a comporté un acte de pénétration sexuelle
 Le dépistage des IST et le suivi n’est pas certain
 Si l’agresseur est connu porteur d’une IST ou appartient à un groupe à risque
(toxicomanes, partenaires multiples, délinquants.)
 Si la victime réclame le traitement présomptif

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Tableau 1 : traitement prophylactique des IST recommandé par l’OMS
IST MEDICAMENT VOIE D’ADMINISTRATION ET
POSOLOGIE

N. Gonorrhoea Ceftriaxone 250 mg IM en dose


unique

Chlamydia T. Doxycycline 100 mg per os, deux fois par


jour pdt 7 jrs
ou
Azithromycine 1g par voie orale, dose
unique

Trichomonas Métronidazole 2 g en prise unique

NB : Les traitements prescrit doivent être adaptés en cas de grossesse, d’allergie et chez
l’enfant
4. Prévention des IST virales :
 Dans les 48 h à 72 h après l’agression, il faut évaluer le risque de contamination par le
VIH/ spécialiste en maladies infectieuses ou le au médecin habilité pour la prise en
charge médicale des accidents d’exposition au VIH.
 Le traitement antirétroviral doit être débuté au mieux dans les 48 heures, au maximum
dans les 72 heures.
 En cas d’agression de moins de 8 jours, en l’absence de vaccination contre l’hépatite B
ou en cas de vaccination douteuse ou incomplète : faire une injection de vaccin contre
l’hépatite B.
 La poursuite ou non de la vaccination sera discutée selon le résultat de la sérologie
initiale. Il faut discuter dans certains cas, l’administration de gammaglobulines
spécifiques VHB si la victime n’a pas été vaccinée et que l’agresseur est connu porteur
d’une hépatite aiguë B.
G/ Suivi :
 La consultation à 2 semaines doit permettre de :
 Suivre la cicatrisation des blessures.
 Vérifier que la victime a bien suivi, le cas échéant, le traitement prophylactique des
ISTs.

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 Réaliser éventuellement des prélèvements locaux et sérologiques pour le dépistage des
ISTs surtout si aucune prophylaxie des ISTs n’a été donnée lors de la première
consultation.
 Dépister une éventuelle grossesse si indiqué.
 Rappeler éventuellement à la victime son calendrier de vaccination contre l’hépatite B
et le tétanos (à 1 et à 6 mois)
 Evaluer l’état psychologique et émotionnel.
 La consultation à 3 mois doit permettre de :
 Refaire les sérologies du VIH, TPHA-VDRL et du virus de l’hépatite B.
 Dépister une éventuelle grossesse
 Evaluer l’état psychologique et émotionnel.
 La consultation à 6 mois doit permettre de :
 Refaire les sérologies du VIH et du virus de l’hépatite B.
 Administrer la 3ème dose de vaccin contre l’hépatite B
 Evaluer l’état psychologique et émotionnel.

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Les certificats médicaux
Le certificat médical est un écrit officieux destiné à constater ou quelquefois à interpréter un
fait d’ordre médical. C’est un document qui contient des informations médicales s’agissant
soit de constatations positives ou négatives mais résultant d’un examen effectué par un
médecin et concernant la santé du patient.
Il s’agit d’un acte courant mais grave de la pratique médicale qui engage la responsabilité
civile, pénale ou disciplinaire du médecin rédacteur.
Si la demande émane le plus souvent d’un patient à qui il est remis, le destinataire final reste
dans la majorité des cas un tiers (justice, administration, employeur...), tellement les droits à
faire valoir sont variés et qui sont en général d’ordre :
- pénal : dépôt de plainte
- civil : réparation d’un dommage
- social : demandes de pensions, congés maladies ou autres.

QUI PEUT ETABLIR UN CERTIFICAT MEDICAL ?


Le certificat est "médical" et appartient spécifiquement à l’exercice de l’art de guérir. Il s’agit
d’apprécier une situation de santé, action relevant du monopole médical. Cela suppose que :
 Seul un docteur en médecine, inscrit au tableau de l’ordre des médecins est habilité à
délivrer un certificat médical.
 Le remplaçant non thésé d’un médecin installé mais titulaire d’une licence de
remplacement visée par le conseil de l’ordre peut certifier à l’instar du médecin qu’il
remplace.
 A l’hôpital, l’interne nommé après concours est autorisé à signer sous la responsabilité
du chef de service.
NB : Toutefois, le médecin doit être compétent quant au contenu rédactionnel du
certificat. S’il ne s’estime pas suffisamment qualifier, il doit savoir adresser son patient à
plus compétent que lui, selon la nature du certificat exigé.

QUAND FAUT-IL ETABLIR UN CERTIFICAT MEDICAL ?


L’article 22 du CDM stipule : « Le ministère du médecin comporte l’établissement,
conformément aux constatations médicales qu’il est en mesure de faire, des certificats,
attestations ou documents dont la production est prescrite par la loi... ».

23
Ainsi, la délivrance d’un certificat peut être une obligation légale lorsque son existence est
prévue par la loi. Il en est ainsi lors de la réquisition à laquelle tout médecin est tenu de
déférer.
De même, de nombreuses situations amèneront le médecin à rédiger des certificats, qu’il
s’agisse de législation sociale (certificats de l’état civil, certificats d’accidents de travail et de
maladies professionnelles...) ou de mesures d’hospitalisation sous contrainte (internement
psychiatrique).
L’article 231 du dahir des obligations et des contrats dispose en effet que : « tout engagement
doit être exécuté de bonne foi et oblige, non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à
toutes les suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à l’obligation, d’après sa nature ».
Or, dans toute la mesure où les rapports entre le médecin et son client sont de nature
contractuelle, la délivrance du certificat par le médecin constitue bien une suite attachée par
l’usage et l’équité et dans des cas par la loi, à l’obligation médicale d’après sa nature.
Il ne pourrait, en fait, conditionner la remise du certificat que par l’exigence de n’y exprimer
que la vérité.

A QUI REMETTRE LE CERTIFICAT MEDICAL ?


1-Le patient : C’est la personne la plus qualifiée pour le recevoir.
2- l’autorité requérante : les constatations faites sur réquisition (demande des autorités) sont
remises à l’autorité requérante.
3- Le représentant légal ou judiciaire d’un mineur ou d’un incapable
4-L’avocat
5- Le conjoint
6- Les héritiers

ELEMENTS DE BASE DE REDACTION DU CERTIFICAT MEDICO-LEGAL


A/ La forme du certificat :
 Rédaction de façon claire et lisible avec un style compréhensible, précis, et simple
 Le papier est une feuille à entête du médecin ou de la formation ou il travaille.
 Conservation d’un double du certificat dans le dossier du médecin
 Tout certificat doit obligatoirement comporter deux identités à peine de nullité : celle
du médecin : nom, prénom, qualité, adresse ainsi que la compétence ou la spécialité du
médecin rédacteur et celle du patient : nom, prénom, adresse, âge.
 Tout certificat doit être signé et daté.

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B/ Le fond du certificat :
Un certain nombre de règles doivent être appliquées :
 Emettre des réserves pour tout ce qui ne peut être vérifié, les allégations de l’intéressé
doivent être précisées au conditionnel.
 Examiner le patient : la rédaction d’un certificat implique un examen préalable du
patient. Les constatations médicales doivent être rapportées avec précision sans détails
inutiles.
 Préciser l’état antérieur : les lésions préexistantes doivent être mentionnées pour éviter
qu’elles soient alléguées ultérieurement au traumatisme actuel.
 Respect du secret professionnel : le certificat ne doit comporter que les éléments
indispensables pour servir et valoir ce que de droit. La mention d’un diagnostic ne doit
figurer que sur demande de l’intéressé et après l’avoir averti des conséquences
possibles.
 Le médecin n’omettra pas de préciser que le certificat est délivré à la demande de
l’intéressé. Et il sera délivré en mains propres de l’intéressé.
 En cas de réquisition, il faut répondre exclusivement aux questions posées.
Le contenu proprement dit du certificat doit comprendre trois rubriques de base :
a- Les dires et les doléances de la victime :
 Faire distinguer ce paragraphe, de façon à ce qu’il apparaisse clairement afin qu’il y
figure la transcription de ce que dit la victime ou son accompagnant et non les
interprétations du médecin (mettre les allégations au conditionnel).
 Recueillir uniquement les éléments susceptibles d’éclairer ou d’orienter l’examen
clinique et la compréhension des blessures : date et lieu des faits, l’identité de
l’agresseur, types de violences subies, fréquence, usage de force ou de menace, arme
utilisées, localisations des coups reçus ainsi que les signes fonctionnels subjectifs
ressentis.
b- L’examen clinique et les examens complémentaires :
 Noter les données de l’examen général, somatique et les éléments permettant
d’apprécier le retentissement psychologique.
 Décrire avec précision les blessures afin de pouvoir rendre possible la discussion de
leur mécanisme de production.
 En cas d’agression sexuelle, noter les lésions traumatiques génito-anales et le caractère
ancien ou récent de la défloration si elle existe. Evaluer et signaler le risque de
grossesse chez la victime.

25
 Signaler les lésions correspondantes à des séquelles antérieures et ceci dans un souci
de faciliter ultérieurement une imputabilité correcte des différentes séquelles.
 Mentionner les examens complémentaires pratiqués et leurs résultats
 Préciser les traitements instaurés ainsi que l’existence d’une hospitalisation éventuelle.
c- La conclusion médico-légale :
 Détermination de l’incapacité de travail personnel :
 Respecter la terminologie légale du code pénal et utiliser la formulation ‘l’incapacité
de travail personnel’ (ITP).
 Cette incapacité de travail personnel ne doit pas s’entendre comme une incapacité
absolue et nul n’exige que la victime soit grabataire ou comateuse. Elle n’implique pas
nécessairement l’impossibilité pour la victime de se livrer à un effort physique afin
d’accomplir elle-même certaines tâches de la vie quotidienne.
 Fixer l’ITP en fonction des lésions physiques et des répercussions psychiques et sans
tenir compte des circonstances de l’agression relatée par la victime.
 Dans les agressions sexuelles : conclure à l’existence ou non de lésions récentes ou
anciennes en précisant leur compatibilité avec les allégations d’agression sexuelle ;
mais en gardant à l’esprit que l’absence de lésions ne permet pas de conclure à
l’absence d’agression.
 Les réserves quant aux séquelles ultérieures :
 Mentionner, chaque fois que les blessures risquent de laisser persister des séquelles ou
une infirmité permanente, des réserves pour l’avenir.
 La notion d’infirmité permanente, suppose la perte d’un organe ou la fonction d’un
organe (article 402 du code pénal « CP »)
QUALIFICATIONS PENALES DES COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES (CBV)

Infractions Qualification Juridiction compétente peines prévues


pénale

Voies de faits ou Tribunal communal Détention de 1 à 15 jours


violences légères Contravention et d’Arrondissement

CBV avec ITP ≤ 20 Délit Tribunal de 1ère instance Emprisonnement: 1 mois à 1 an


jours (art. 400 CP)

CBV avec ITP > 20 Délit Tribunal de 1ère instance Emprisonnement : 1 an à 3 ans
jours (art. 401 CP)

CBV avec infirmité Crime cour d’appel Réclusion de 5 à 10 ans


permanente (art. 402 CP)

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NB :
Il existe des circonstances aggravantes : emploi d’une arme, qualité de la victime ou de
l’auteur.
QUELLES RESPONSABILITES POUR LE REDACTEUR ?
 La responsabilité civile :
 Elle est susceptible d’être engagée lorsque la rédaction du certificat est source de
préjudice pour le patient ou les tiers.
 Le préjudice pour le patient est évident lorsque le certificat avait provoqué une action
ou une abstention à l’origine d’un dommage (ex. internement abusif, placement indu
sous tutelle, mesure administrative quelconque...).
 Pour les tiers, le certificat fautif aurait pu permettre de servir des prestations, de payer
des indemnités, de consentir des avantages..., et ce service indu constitue un préjudice
dont le rédacteur, imprudent ou de mauvaise foi, devait réparation.
 La responsabilité disciplinaire :
 Le code de déontologie médicale interdit dans son article 4 la violation du secret
professionnel, et dans l’article 8 l’établissement d’un rapport tendancieux ou d’un
certificat de complaisance.
 L’article 21 condamne l’immixtion dans les affaires de famille. L’article 22 requiert
dans son alinéa 2 la signature manuscrite du médecin rédacteur dans tout certificat
produit et interdit l’utilisation d’une griffe.
 Les infractions à ces dispositions relèvent de la juridiction disciplinaire de l’ordre.
 La responsabilité pénale :
 L’article 366 du code pénal (CP) punit de l’emprisonnement de six mois à deux ans
et/ou une amende celui qui établit sciemment une attestation ou un certificat
relatant des faits matériellement inexacts.
 Lorsque l’intention du praticien est de favoriser quelqu’un, il y application de
l’article 364 du CP qui stipule : « Tout médecin, chirurgien, dentiste, officier de santé
ou sage-femme qui, dans l’exercice de ses fonctions et pour favoriser quelqu’un,
certifie faussement ou dissimule l’existence de maladie ou infirmité ou un état de
grossesse, ou fournit des indications mensongères sur l’origine d’une maladie ou
infirmité ou la cause d’un décès, est puni de l’emprisonnement d’un à trois ans... ».
 Le praticien peut en outre être frappé de l’interdiction de l’un ou plusieurs de ses droits
civiques, civils ou de famille pendant cinq à dix ans.

27
 Lorsque le médecin a agi dans un but de lucre, il tombe sous le coup de l’article
248 du CP caractérisant le délit de corruption (est puni de l’emprisonnement de
deux à cinq ans et d’une amende de 250 à 5000 dirhams.

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LE CONTRAT MEDICAL

DEFINITION DU CONTRAT MEDICAL

Le contrat médical tire son existence de l’arrêt de la cour d’appel de Rabat de 1945 qui
stipule : « Il se forme entre le médecin et son client un véritable contrat comportant pour le
praticien, l’engagement, sinon bien évidemment de guérir le malade, du moins de lui
donner des soins non pas quelconques, mais consciencieux, attentifs, et réserves faites des
circonstances exceptionnelles, conformes aux données acquises de la science ; que la
violation même involontaire de cette obligation contractuelle, est sanctionnée par une
responsabilité de même nature, également contractuelle ».

NATURE JURIDIQUE DU CONTRAT MEDICAL


Il présente quatre caractères :

 Contrat à titre personnel

 Contrat à base d’engagements réciproques

 Contrat à titre onéreux :

 Contrat civil :

OBLIGATIONS DU MEDECIN DANS LE CADRE DU CONTRAT MEDICAL


 Obligation de soins consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises et / ou
actuelles de la science : obligation de moyens.
 Obligation d’élaborer le diagnostic avec la plus grande attention en s’aidant des
conseils les plus éclairés (art 30 du CDM).
 Il est libre dans ses prescriptions à condition de :
 Ne jamais donner des soins inutiles dans un but de lucre (art 28 du CDM)
 Ne pas faire courir au malade un risque injustifié.
 Ne pas entreprendre ou poursuivre des soins dans des domaines qui dépassent
sa compétence
 Obligations : information du patient/consentement, assistance du patient, secret
médical

29
L’INFORMATION DU PATIENT

FONDEMENT JURIDIQUE ET DEONTOLOGIQUE

En matière de soins, qu’il s’agisse du secteur libéral ou public, le principe de l’information


constitue un droit du patient qui repose sur le respect de son autonomie.
Sur le plan juridique, il s’agit d’une obligation légale prévue par l’article 2 de loi 131-13
relative à l’exercice de la médecine.
C’est la conséquence de la reconnaissance de la nature contractuelle des obligations du
médecin.

CARACTERISTIQUES DE L’INFORMATION
A/ Qui doit être informé ?
 Le patient majeur et capable : il reste de son vivant l’interlocuteur privilégié du
médecin
 Le patient mineur ou majeur incapable : leur droit est exercé par les titulaires de
l’autorité parentale ou le tuteur qui doivent recevoir l’information médicale, sauf
urgence. Mais à ce sujet, les médecins doivent faire participer les mineurs à la prise de
décision thérapeutique, en leur donnant le droit de recevoir eux-mêmes des
informations adaptées à leur degré de maturité. Plus encore, on recommande que,
quand un mineur a reçu des soins sans le consentement de son représentant légal et a
demandé le secret de la consultation, le médecin doit respecter sa volonté, après avoir
convaincu le mineur de changer d’avis.
 Les ayants droits : peuvent avoir accès, sauf volonté contraire exprimée par le défunt
avant sa mort, soit directement ou par l’intermédiaire d’un praticien, aux seules
informations qui leur sont nécessaires pour connaître la cause de la mort, défendre la
mémoire du défunt et faire valoir ses droits.
 Le médecin intermédiaire : le patient peut choisir d’avoir accès à des informations
médicales le concernant par un médecin intermédiaire, dite personne de confiance.
Ainsi, il est désigné à cet effet par le demandeur, lequel va communiquer à
l’établissement de soins le nom et l’adresse du médecin chargé d’être informé.
B/ Qui doit informer ?
 Le médecin : l’obligation d’information revient à celui qui soigne, examine ou
conseille le patient, que ce médecin soit généraliste ou spécialiste. L’obligation
d’information ne diffère pas entre le secteur libéral et public. A l’hôpital, elle revient

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aux praticiens de l’établissement. En cas de prise en charge d’un malade par une
équipe pluridisciplinaire, tous doivent contribuer à l’informer chacun selon sa
spécialité et se tenir mutuellement informés.
 Le personnel paramédical : l’information apportée par les infirmiers (ères) est
souhaitable. Elle constitue un prolongement de celle donnée par le médecin. Le
personnel paramédical donc participe à l’information dans les domaines respectifs de
compétence et dans le respect des propres règles professionnelles.
C/ De quoi doit-on informer ?
Le contenu de l’information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de
prévention qui sont proposés, leur utilité, leur coût, leur urgence éventuelle, leur durée, leurs
conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent
ainsi que les autres solutions possibles en cas de refus.
Lorsque, postérieurement à l’exécution des investigations, traitements ou actions de
prévention, des risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être informée,
sauf en cas d’impossibilité de la retrouver.
D/ Qualité de l’information :
Cette information doit être :
 Claire et appropriée : les explications faites par le praticien doivent être formulées
avec un style que le patient arrivera à comprendre facilement, en adaptant ses propos
au contexte médical, à la psychologie et au contexte socioculturel du patient. Le
médecin doit s’assurer que le patient saisit ce qu’on lui explique, en le laissant poser
des questions complémentaires, et lui proposant de répéter ce qu’il a compris.
 Loyale : il n’a jamais été reconnu au médecin le pouvoir de tromper délibérément son
patient, même si cette attitude pouvait se justifier par une volonté de protéger le
patient. L’information doit ainsi être sincère. Mais cette loyauté ne signifie pas une
franchise brutale, crue, sans cœur.
E/ Quand doit-on informer ?
Le patient doit obtenir des informations de son médecin, notamment en amont, cela signifie
que le patient doit être informé sur son état de santé avant tout acte de soins ou de prévention,
notamment lors d’une consultation et à posteriori d’un acte de soins.
F/ Quelles sont les modalités de l’information :
 L’information est d’abord orale, puisqu’il y a :
 La nécessité d’un dialogue entre le patient et son médecin.
 Possibilité de l’adapter au cas de chaque personne.

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 Doit être inscrite dans un climat relationnel alliant écoute et prise en compte des
attentes du patient.
 Peut être délivrée de manière progressive.
 Permet de s’assurer de sa bonne compréhension par le patient
 L’information écrite est un complément possible à l’information orale, à condition
d’être :
 Hiérarchisée, reposant sur des données validées,
 Synthétique et claire, compréhensible pour le plus grand nombre de patients, ce
qui implique de les évaluer et de les tester avant diffusion.
 Validée, par exemple par les sociétés savantes, selon des critères de qualité
reconnus
 Les documents écrits doivent porter l’indication que le patient est invité à
formuler toute question qu’il souhaite poser.
 L’utilisation de supports par vidéo ou multimédia peut compléter utilement
l’information orale et écrite.
 Un certain formalisme est exigé en matière de don d’organes selon l’article
10 de la loi 16-98 : le donneur doit exprimer son consentement au prélèvement
devant le président du Tribunal de Première Instance.
G/ Quelles sont les limites de l’information ?
 Un pronostic grave peut légitimement être dissimulé au malade.
 L’urgence (en cas de coma par exemple).
 La volonté du patient de ne pas être informé sur son état de santé doit être
respectée. Dans les cas où l’affection dont le patient est atteint expose les tiers à un
risque de contamination, le patient doit être informé.

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Le don, les prélèvements et la greffe des organes et tissus humains

Au Maroc, le dahir du 15 juillet 1952 relatif aux prélèvements anatomiques sur personne
décédée a permis de donner une assise juridique à des pratiques de prélèvements et de greffes
de tissus (peau, os, cornée) qui existaient déjà surtout en matière de greffe de cornée.
Toutefois, le législateur n’a pas mis à la disposition des praticiens, les décrets d’application et
les arrêtés pouvant activer ce dahir. Ce dernier a été abrogé par le dahir n° 1-99-208 du 25
août 1999 portant promulgation de la loi n° 16-98 relative au don, au prélèvement et à la
transplantation d'organes et de tissus humains.

LEGITIMITE RELIGIEUSE DU DON D’ORGANES


Les récents progrès médicaux ont soulevé de nouveaux défis moraux provoquant partout dans
le monde, un retour de la philosophie et des religions dans le domaine des sciences. En effet,
l’absence de versets coraniques et d’Hadith, qui constituent les textes fondamentaux de
l’islam, autorisant clairement le prélèvement d’organes et la greffe a suscité de nombreuses
discussions sur la légitimité religieuse de telles pratiques.
Dans l’islam, le corps humain est inviolable. Il ne peut être porté atteinte au corps d’une
personne à moins qu’elle n’ait commis des actes réprouvés et châtiés par la Chari’a (apostasie,
assassinat…)
De ce fait, il est prohibé de porter atteinte au corps humain aussi bien d’un vivant que d’un
cadavre.
Toutefois, l’islam a invité le musulman à utiliser tous les moyens pour son traitement en cas
de maladie afin de préserver la vie. La chari’a oblige l’être humain à prendre soin de son
corps et l’invite même à enfreindre les interdits si la conservation de la vie est en jeu.
En se basant sur deux règles principales du Fiqh, qui sont :
« La nécessité lève l’interdit »
« Le moindre des deux maux doit être choisi si les deux ne peuvent pas être évités ».
En tenant compte que le fait de sauver une vie est une nécessité plus importante que la
préservation du corps, et sur le fait que le musulman soit autorisé à utiliser son corps pour son
bénéfice et celui de la communauté (c’est le cas du Djihad «la guerre sainte »), la plupart des
Fatawa émises, notamment celles des instances islamiques officielles ont conclu à la
légitimité du don d’organes et de la greffe.

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PRINCIPES ETHIQUES DIRCTEURS
 Le but du prélèvement :
Le corps et la dignité de l’homme, mort ou vivant sont sacrés. Il est donc formellement
prohibé de porter préjudice au cadavre d’un mort ou au corps d’un vivant sans nécessité
thérapeutique (l’intérêt thérapeutique d’un tiers) ou scientifique (dans l’intérêt de la science
ou pour établir les causes de la mort) (article 3 de la loi marocaine n° 16-98).
 Le consentement :
Le consentement est une exigence éthique, déontologique et juridique dans le registre de la
santé et des soins. La déontologie, les chartes des droits des patients et la législation ne
cessent d’étendre et de baliser le domaine du consentement.
L’obligation d’obtenir le consentement est fondée sur le respect de la dignité humaine et du
principe de l’autonomie de la volonté.
Le consentement doit être éclairé par une information concernant les risques inhérents aux
prélèvements et sur ses conséquences éventuelles sur la santé du donneur et du receveur.
Le consentement doit être donné librement et sciemment (c'est-à-dire de façon spécifique et
expresse). Il peut être révoqué à tout moment.
Ce consentement est soumis à des exigences de forme, contrairement au droit commun.
 La gratuité :
La gratuité du don est un principe directeur en matière de greffe d’organes. D’un point de vue
éthique et religieux, le don d’organes doit être considéré comme un acte de charité altruiste
effectué sans aucune contrepartie financière. L’une des principales raisons pour refuser le
commerce des organes est qu’il porte atteinte à la dignité humaine et qu’il aliène à la liberté
de décision. Un donneur qui subit une néphrectomie pour de l’argent n’est pas réellement
libre de sa décision déterminée par la pauvreté et l’appât du gain.
 L’anonymat :
L’anonymat permet surtout d’éviter tout attachement passionné, ressentiment ou chantage,
entre la famille du donneur et les différents receveurs.
Tout le personnel mobilisé pour un prélèvement d’organes aussi bien à l’hôpital qu’à
l’extérieur doit se sentir concerné par le respect de l’anonymat en se gardant de rompre ce
terrible contrat moral qui rentre dans la cadre du secret médical.

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DISPOSITIONS DE LA LOI 16-98
A/ Définition de l’organe humain :
Il a été défini selon l’article 2 de la loi marocaine n° 16-98 par « l’élément du corps humain
qu’il puisse se régénérer ou non, ainsi que les tissus humains à l’exclusion de ceux liés à la
reproduction »
Pour l’application de cette loi, les organes et les tissus du corps humain pouvant faire l’objet
de don, de prélèvement ou de transplantation sont les suivants :
 Organes humains : rein, cœur, poumon, foie, pancréas, intestin, bloc cœur-poumon,
globe oculaire ;
 Tissus humains : os, artères, veines, moelle osseuse, valves cardiaques, membrane
amniotique, peau, tendons, cornée, ligaments, dure-mère, aponévrose, cellules souches
hématopoïétiques
 Toutes autres cellules en dehors de celles liées à la reproduction.
B/Prélèvement d’organes sur une personne vivante :
 La finalité du prélèvement :
Le législateur marocain a conditionné le prélèvement sur une personne vivante par l’intérêt
thérapeutique d’un receveur déterminé (article 9).
La qualité du receveur pour un donneur vivant :
L’article 9 de la loi n° 16-98 a limité l’affectation des organes prélevés à partir d’un donneur
vivant aux seuls ascendants de ce dernier, ses descendants, ses frères, ses sœurs, ses oncles,
ses tantes et leurs enfants, ainsi qu’au conjoint à condition que le mariage soit contracté
depuis une année au moins.
 La qualité du donneur :
Aucun prélèvement en vue d’une transplantation ne peut avoir lieu sur une personne vivante
mineure ou majeure faisant l’objet d’une mesure de protection légale » (article 11 de la loi n°
16-98).
 Modalités du consentement :
Selon l’article 10 de la loi n° 16-98, le consentement est exprimé devant le président du
tribunal de 1ère instance ou devant le magistrat désigné par le président à cet effet, assisté par
deux médecins désignés par le ministre de la santé sur proposition du président du conseil de
l’ordre national des médecins. Le législateur a chargé ces médecins d’expliquer au donneur la
portée de son don et au magistrat l’intérêt thérapeutique du prélèvement. Le président ou le
magistrat dresse un constat du consentement du donneur après avis du procureur du roi. Ce

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constat est signé par le président du tribunal ou le magistrat et par les médecins concernés
puis remis aux médecins responsables du prélèvement.
C/ Prélèvement d’organes sur une personne décédée :
 Finalité du prélèvement :
Thérapeutique et scientifique.
 Modalités du consentement :
Au Maroc, l’expression de la volonté d’autoriser ou d’interdire des prélèvements sur une
personne après son décès est une faculté permise à toute personne majeure jouissant de ses
pleines capacités (article 13 de la loi marocaine n° 16-98).
En l’absence d’une position exprimée par l’individu de son vivant vis-à-vis du don, c’est le
principe du consentement présumé qui a été retenu par la lettre de la loi n° 16-98 comme une
base légale au prélèvement sur les défunts n’ayant pas exprimé leur refus de leurs vivants.
Ce principe est annoncé à l’article 16 de la loi n° 16-98 qui stipule : « Dans les hôpitaux
publics agréés et dont la liste est fixée par le ministre de la santé, les prélèvements d’organes
peuvent être effectués à des fins thérapeutiques ou scientifiques sur des personnes décédées
n’ayant pas fait connaître de leur vivant leur refus de tels prélèvements, sauf dans le cas
d’opposition du conjoint et à défaut, les ascendants et à défaut les descendants ».
Toute personne n’ayant pas exprimé son refus sera susceptible d’être prélevée.
Les articles 14 et 15 de la loi marocaine n°16-98 abordent les modalités d’enregistrement du
consentement et du refus des prélèvements au niveau du tribunal compétent. La déclaration du
consentement ou du refus du donneur potentiel est transmise à tous les hôpitaux compétents
pour effectuer des prélèvements sur des personnes décédées.
Par ailleurs, il est instauré dans les hôpitaux susvisés un registre spécial destiné à recevoir les
déclarations notamment de refus aux prélèvements de toute personne admise dans ces
hôpitaux (article 17 et 18 de la loi n°16-98).
Le consentement en faveur du don d’organes ne peut être présumé que si le défunt n’a laissé
aucune indication ou n’existe aucun témoignage de la part des personnes qui l’ont côtoyé,
laissant penser qu’il s’opposerait à un prélèvement sur son cadavre. La famille a le pouvoir de
décision en l’absence d’une volonté exprimée par le défunt de son vivant. Bien entendu, la
volonté de ce dernier prime celle des proches. Le législateur a par ailleurs, établi une
hiérarchisation de ce pouvoir décisionnel au sein de la famille dans le souci d’éviter les
conflits intrafamiliaux. L’article 16 de la loi n° 16-98 stipule en effet : « Dans les hôpitaux
publics agréés et dont la liste est fixée par le ministre de la santé, des prélèvements d’organes
peuvent être effectués à des fins thérapeutiques et scientifiques sur des personnes décédées

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n’ayant pas fait connaître de leur vivant leur refus de tels prélèvements, sauf dans le cas
d’opposition du conjoint et à défaut, des ascendants et à défaut, des descendants ».
 Le prélèvement sur un mineur ou un incapable majeur décédé :
On retrouve ici la notion du consentement substitutif alloué par le législateur marocain au
représentant légal. Toutefois, ce consentement ne joue que dans la mesure où le défunt n’a pas
fait connaître de son vivant son refus à de tels prélèvements (article 20 de la loi n° 16-98).
Concernant la personne majeure qui n’est pas en mesure de manifester sa volonté en raison de
son état mental, l’opposition pourra être exprimée durant sa vie par le représentant légal.
D/ Les conditions techniques :
*Le constat de la mort cérébrale (encéphalique) :
Le législateur marocain a admis à son tour le critère neurologique de la définition de la mort
en stipulant dans l’article 21 de la loi n° 16-98 : « Le prélèvement ne peut être effectué
qu’après avoir établi un constat de la mort cérébrale du donneur et en l’absence de toute
suspicion sur les origines du décès. Ce constat est effectué par deux médecins de
l’établissement hospitalier désignés à cette fin par le ministre de la santé après avis du
président du conseil national de l’ordre des médecins. En aucun cas, ces médecins ne peuvent
être affectés à l’équipe médicale chargée du prélèvement ou de la transplantation de l’organe
prélevé sur la personne dont ils ont constaté le décès ».
Le constat de mort cérébrale est établi ainsi à partir des signes cliniques et paracliniques
concordants qui ont été fixés par le ministre de la santé dans son arrêté n° 1641-03 du 10-11-
2003 (voir cours de la mort).

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Les responsabilités médicales

LES DIFFERENTS TYPES DE RESPONSABILITE MEDICALE


La responsabilité disciplinaire
La responsabilité civile
La responsabilité pénale
La responsabilité administrative

QUELLES SONT LES INFRACTIONS QUI ENGAGENT LA RESPONSABILITE


PENALE DU MEDECIN ?

A/Les délits d’imprudence :


Le droit marocain n’a pas érigé à cet égard des textes spécifiques, mais les tribunaux
appliquent les dispositions générales des articles 432 et 433 du code pénal marocain.
Art 432 stipule que : « Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou
inobservation des règlements commet involontairement un homicide ou en est
involontairement la cause est puni de l’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une
amande de 250 à 1000 dirhams ».
Art 433 stipule que : « Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou
inobservation des règlements cause involontairement des blessures, coups ou maladies
entraînant une incapacité de travail personnel de plus de six jours est puni de
l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amande de 120 à 500 dirhams ».
B/Les délits d’homicide et les violences volontaires :
Le médecin commet rarement de telles infractions, mais il lui est souvent demandé d’assumer
les conséquences de ces coups et blessures. Ces infractions peuvent être qualifiées de délits ou
de crimes.
 Constituent des crimes :
o Un meurtre (homicide commis volontairement), assassinat (meurtre avec
préméditation ou guet-apens), empoisonnement, emploi de tortures ou acte de
barbarie.
o Une violence ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et avec
circonstance aggravante.
o Une violence ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente,
commise avec circonstances aggravantes, mais restent un délit dans le cas
contraire.

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o L’euthanasie qu’elle soit active ou passive : le Code Pénal n'a pas retenu de
qualification particulière concernant l'euthanasie. Elle reste assimilée à un
meurtre voire un assassinat et elle est punissable selon les articles 392 et 393
du CPM, de la réclusion perpétuelle ou de la peine de mort en cas de
circonstances aggravantes.
o La castration est réprimée par l’article 412 du CPM, stipulant que « Quiconque
se rend coupable du crime de castration est puni de la réclusion perpétuelle. Si
la mort en est résultée, le coupable est puni de mort ».
 Constituent des délits :
o Des violences volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire totale du
travail personnel (IT P) de plus de 21 jours ou de moins de 21 jours. La peine
est variable selon la présence ou l’absence d’une circonstance aggravante.
o L’avortement illégal constitue aussi un délit qui concerne en particulier le
corps médical. Il est placé dans le chapitre 8 du code pénal marocain,
intitulé « crimes et délits contre l’ordre des familles et la moralité publique ».
La répression consacrée à cette infraction couvre 10 articles du code pénal, de
l’article 449 à l’article 458.
C/Les autres infractions entraînant la responsabilité pénale médicale :
1- L’exercice illégal de la médecine :
L’exercice de la médecine est réservé de droit aux seuls docteurs en médecine, régulièrement
inscrits au tableau du conseil de l’ordre des médecins. Les articles 60 et suivants de la loi n°
10-94 relative à l’exercice de la médecine précisent les conditions juridiques de l’exercice
illégal de celle-ci.
Le délit d’exercice illégal de la médecine et d’usurpation de titres, est prévu dans l’article 381
du CPM, stipulant : « Quiconque, sans remplir les conditions exigées pour le porter, fait usage
ou se réclame d’un titre attaché à une profession légalement réglementée, d’un diplôme
officiel ou d’une qualité dont les conditions d’attribution sont fixées par l’autorité publique est
puni, à moins que des peines plus sévères ne soient prévues par un texte spécial, de
l’emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amande de 120 à 5000 dirhams ou de
l’une de ces deux peines seulement. »
2- Non-assistance à personne en péril :(art. 431)
3- Violation du secret médical : (art. 446)
4- Les délits de corruption (art. 248), de faux certificats et de déclaration
mensongère (art.364 et 366), de subornation d’expert (art. 376)
5- La dichotomie :

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C’est la pratique consistant en un partage occulte des honoraires entre médecins. Sur le plan
pénal, cette pratique encourt les peines de l’escroquerie conformément à l’article 540 du code
pénal.
6- En matière de protection du corps humain :
Certaines circonstances constituent des infractions, telle que :
 Obtenir d’une personne l’un de ses organes, de ses tissus, de ses cellules contre
un paiement, quelque soit la forme.
 Obtenir un organe d’un donneur majeur sans son consentement ou d’un mineur
ou d’un majeur protégé sans respecter les formes légales prévues par la loi.
 Pratiquer des prélèvements sur un être vivant ou décédé dans des
établissements non autorisés pour ces fins.

LES PRINCIPES DE LA RESPONSABILITE CIVILE


Cette dernière est dite civile quand elle relève des règles du droit privé qui amène soit le
praticien exerçant à titre libéral soit la clinique en tant que personne morale du droit privé
devant les tribunaux civils à réparer pécuniairement le dommage causé au patient. Cette
obligation juridique de réparer le dommage prend sa source le plus souvent dans un contrat
(responsabilité contractuelle), mais elle peut naître d’un fait juridique volontaire ou
involontaire dans le cadre de la responsabilité délictuelle ou quasi délictuelle. Elle est souvent
personnelle, mais il peut exister une responsabilité du fait d’autrui dont on doit répondre ou
des choses dont on a la garde.
Au Maroc, la responsabilité civile est réglementée par le dahir des Obligations et contrats.
1/ Le principe de la faute contractuelle :
Elle trouve sa source dans l’arrêt MERCIER du 20 mai 1936, émanant de la cour de Cassation
française, qui a donné une orientation décisive à la responsabilité médicale civile en la faisant
entrer dans le domaine contractuel. Ce dernier a été repris par la cour d’appel de Rabat le 29
Janvier 1946, estimant que les rapports existants entre médecins et son malade constituent un
contrat entraînant pour le médecin une obligation comportant de sa part l’engagement
d’employer des soins consciencieux et attentifs conformes aux données acquises de la science.
2/ Le principe de la faute délictuelle :
Le patient peut invoquer à l’encontre du médecin une responsabilité de nature délictuelle, sur
la base de l’article 77 du Dahir des obligations et des contrats qui stipule que tout fait
quelconque de l’homme qui sans l’autorisation de la loi cause sciemment et volontairement à

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autrui un dommage matériel ou moral oblige son auteur à réparer le dit dommage s’il s’est
établi que cette faute en est la cause, lorsque :
 Le contrat est absent :
Cette situation recouvre quelques cas ou le consentement à l’acte médical n’a pas pu être
donné, en raison de la situation d’urgence ou d’inconscience.
 Le contrat est nul :
Se voit dans les actes sans finalité thérapeutique, ou dans les actes illicites, contraires à la loi.
Il est ainsi certain qu’un médecin commet une faute lorsqu’il se met en contravention délibéré
avec la loi, en engageant sa responsabilité civile délictuelle ou même pénale. Quelques
exemples illustrent bien ce principe, comme la pratique illégale de la médecine, la pratique
d’un avortement illégal et la stérilisation de convenance.
3/ les conditions de la mise en jeu de la responsabilité civile :
Que la faute soit contractuelle ou délictuelle, pour que la responsabilité civile du praticien soit
retenue, il faut la présence d’une faute commise par lui, d’un dommage causé au patient et
un lien de causalité.
 La faute :
 Définition : la faute peut être définie comme un écart de conduite que n’aurait pas
commis un praticien compétent et moralement diligent, placé dans les mêmes
conditions. Donc on comparera toujours l’action du médecin poursuivi avec celle du
standard, éventuellement de la même spécialité et placé dans les mêmes conditions
pour mesurer l’écart de la conduite.
 Typologie de la faute :
 Les fautes de technique médicale :
Sont par nature celles qui surviennent au cours d’un acte de soins, c'est-à-dire soit lors du
diagnostic, du traitement, de l’action opératoire ou de la surveillance.
 Les fautes contre l’humanisme :
o Défaut d’information et de consentement
o Le devoir d’assistance : le médecin qui accepte de mener à son terme la prise
en charge d’un patient qui lui fait confiance, ne peut l’abandonner si les soins
ont été commencés. Le médecin peut se dégager de sa mission, mais sans nuire
de ce fait à son malade et en dehors de tout état d’urgence. Aussi, il doit
s'assurer de la continuité des soins auprès d’un autre collègue. Dans le cas
contraire, ce comportement constitue une grave faute professionnelle.

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 Le dommage :
Le dommage peut être considéré comme toute espèce de tort causé à autrui. L’absence du
dommage, quelque soit le degré de la faute ne donne aucune action juridique à l’encontre du
fautif. Ainsi, le dommage résultant directement d’une faute est réparable, s’il est personnel,
certain et direct. En matière de responsabilité civile médicale le préjudice est réparable qu’il
soit, matériel, moral ou corporel.
Le lien de causalité

LES PRINCIPES DE LA RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE


On entend par responsabilité administrative médicale, la responsabilité du service public
hospitalier devant la juridiction administrative.
A la différence de la médecine libérale, la responsabilité médicale au sein de l’hôpital public
n’est pas de nature contractuelle ou délictuelle mais elle est de nature administrative, étant
donné que la faute est commise dans le cadre du fonctionnement d’un service public et ayant
pour victime un usager de ce service public.
A/ Les conditions de mise en jeu de la responsabilité administrative :
La responsabilité administrative médicale dispose au Maroc d’une base législative (articles 79
et 80 du dahir des obligations et des contrats DOC).
L’article 79 du DOC dispose :
« L’Etat et les municipalités sont responsables des dommages causés directement par le
fonctionnement de leurs administrations et par les fautes de service de leurs agents ».
En effet, la responsabilité administrative est engagée quand les trois conditions classiques sont
remplies ;
o Une faute dans l’organisation et le fonctionnement du service public ou une
faute commise par le médecin ou l’équipe soignante.
o Un préjudice causé au patient.
o Un lien de causalité entre la faute et le préjudice.
B/ Exception de la mise en jeu de la responsabilité administrative :
La responsabilité administrative médicale instituée par l’article 79 n’exclut pas la
responsabilité personnelle du médecin. Cette responsabilité personnelle de l’agent relevant
d’un service public a été prévue par l’article 80 du DOC qui dispose :
« Les agents de l’Etat et des municipalités sont personnellement responsables des dommages
causés par leur dol et par des fautes lourdes dans l’exercice de leurs fonctions."

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 Le dol est un acte commis avec l’intention de nuire donc avec malveillance, en outre,
il est susceptible d’engager la responsabilité pénale de l’agent. Tel est le cas du
médecin qui procède à des interruptions de grossesse en dehors des cas prévus par la
loi. Il en est encore de même pour le médecin qui opère un patient malgré le refus
éclairé de ce dernier.
 Quant à la faute lourde, c’est une faute de très grande gravité sans être
intentionnelle, la gravité de la faute dépend des circonstances de l’espèce. Quelques
exemples de faute lourde :
 Le médecin qui opère en état d’ivresse.
 Le médecin de garde à domicile, qui ne répond pas, sans motif légitime, à une
urgence hospitalière.

LES PRINCIPES DE LA RESPONSABILITE DISCIPLINAIRE


La faute disciplinaire est tout manquement aux règles de la déontologie médicale. C'est la
violation d'une règle morale, qu'elle soit inscrite dans le code de déontologie médicale ou non.
En matière médicale, c’est l'ordre national des médecins qui est doté de la personnalité
morale, il assure la sauvegarde des principes et des traditions de moralité, de probité et
d'abnégation et la défense de l'honneur et l'indépendance de la profession médicale.
L'action disciplinaire est indépendante de l'action civile, pénale ou administrative.
La responsabilité médicale disciplinaire oblige le médecin à répondre de ses actes devant
l'ordre national des médecins. Elle est répressive et vise la sanction du médecin violant
l'ensemble des règles déontologiques.
 Les faits punissables :
 Violation des règles professionnelles, manquement aux règles de l'honneur, de la
probité et de la dignité de la profession.
 Irrespect des lois et des règlements applicables aux médecins dans l'exercice de sa
profession.
 Atteinte aux règles ou règlements édictés par l'ordre à la considération ou au respect
dus aux institutions ordinales ».
 Les peines encourues :
 Elles sont morales : il peut s'agir d'un avertissement ou un blâme avec inscription au
dossier administratif et professionnel. Ces peines sont prononcées si la faute est jugée
très légère ou si le médecin est de bonne moralité et habituellement respectueux de ses
obligations.

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 Ou matérielles consistent en la suspension pour une durée d'un an au maximum ou la
radiation du tableau de l'ordre. Ces peines de suspension temporaire ou définitive sont
publiées au bulletin officiel

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LE SECRET MEDICAL

FONDEMENT JURIDIQUE ET DEONTOLOGIQUE DU SECRET MEDICAL


Article 446 du Code pénal :
« Les médecins, chirurgiens et autres officiers de santé ainsi que les pharmaciens, les
sages-femmes et toutes autres personnes dépositaires, par état ou profession ou par
fonctions temporaires ou permanentes, des secrets qu’on leur confie qui, hors le cas où la
loi les oblige ou les autorise à se porter dénonciateurs, auront révélé ces secrets, seront
punis d’un emprisonnement d’un mois à six mois et d’une amende de 120 à 1.000 dhs.
Toutefois, les personnes énumérées ci-dessus, n’encourent pas les peines prévues à l’alinéa
précédent :
Lorsque, sans y être tenues, elles dénoncent les avortements dont elles ont eu connaissance
à l’occasion de l’exercice de leur profession ou de leurs fonctions ;
Lorsqu’elles dénoncent aux autorités judiciaires ou administratives compétentes les faits
délictueux et les actes de mauvais traitement ou de privations perpétrés contre des mineurs
de moins de 18 ans ou par l’un des époux contre l’autre ou contre une femme et dont elles
ont eu connaissances à l’occasion de l’exercice de leur profession ou de leurs fonctions
Citées en justice pour des affaires relatives aux infractions visées ci-dessus, lesdites
personnes demeurent libres de fournir ou non leur témoignage »

Article 4 du code de déontologie :


« Le médecin doit à son malade le secret absolu en tout ce qui lui a été confié ou qu’il aura
pu connaître en raison de la confiance qui lui a été accordée ».

QUEL EST LE DOMAINE DU SECRET MEDICAL ?


 Le domaine du secret s’étend à tout ce qui a été confié, vu, entendu ou compris par le
médecin.
 Le secret recouvre les faits médicaux, extra médicaux
 Le principal dépositaire du secret est le médecin ; de même les personnes qui assistent
les médecins.
 Le médecin doit protéger contre toute indiscrétion les fiches et dossiers cliniques
concernant les malades et veiller à respecter l’anonymat des malades dans les
publications scientifiques ;

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 L’obligation du secret persiste après la mort du patient.

QUELLES SONT LES DEROGATIONS LEGALES AU SECRET MEDICAL ?


A/ Les obligations de divulgation du secret médical :
Certains certificats sont à production obligatoire :
 Concernant l'état civil :
 La déclaration de naissance.
 La déclaration de décès.
 Concernant l'état sanitaire :
 La déclaration des maladies obligatoires : L’arrêté du ministre de la santé publique N°
683-95 du 31 mars 1995 fixe les modalités d’application du décret royal n° 554-65 du
26 juin 1967, rend obligatoire la déclaration de certaines maladies et prescrit les
mesures prophylactiques propres à les enrayer. On distingue :
 Les maladies soumises au règlement sanitaire international : peste, choléra et variole
 Les maladies pouvant donner lieu à des poussées épidémiques : la diphtérie, le tétanos,
la tuberculose….
 Les autres maladies à déclaration obligatoire : le rhumatisme articulaire aigu, les
leishmanioses....
 Les maladies donnant lieu à la désinfection, à la désinsectisation et à la dératisation
obligatoire.
 Les certificats d'accidents du travail et des maladies professionnelles (Dahir du 25 juin
1927) : ils seront rédigés en trois exemplaires et remis à la victime et à son employeur
pour être déposés auprès des autorités locales.
 Les certificats d'internement concernant les malades mentaux dangereux pour eux et
pour les tiers : ces certificats sont nominatifs et descriptifs sans mentionner
obligatoirement le diagnostic. Ils sont remis aux familles ou à l’entourage, ou adressés
à l’autorité publique (Préfet, Préfet de police) dans le cas d’internement d’office.
 Les certificats de protection des incapables majeurs dont les facultés mentales sont
altérées, ce qui permet leur mise sous tutelle.
 Les certificats de vaccination
 Les certificats prénuptiaux : selon le Dahir portant la loi n° 1-93-347 du 10 septembre
1993, Il est rendu obligatoire pour les futurs mariés de produire un certificat médical
prénuptial. En principe c’est dans le but de faire participer le médecin à la prévention
médico-sociale concernant notamment les affections transmissibles et la santé

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maternelle reproductive. C’est en ce sens que le médecin est tenu d’informer le
candidat au mariage des risques éventuels pouvant en résulter du fait de son état de
santé. Dans tous les cas, la consultation prénuptiale doit se faire en colloque singulier
avec chaque conjoint et le secret médical s’impose vis-à-vis du partenaire.
 Les certificats de constatation des coups et blessures volontaires et involontaires sont
remis en mains propres à l’intéressé.
 Les certificats en matière de pension militaire d'invalidité transmis à l’autorité
compétente.
B/ Les autorisations de divulgation du secret médical :
 Concernant la justice pénale :
 L'avortement criminel
 Les sévices sur les enfants mineurs de moins de 18 ans ou par l’un des époux contre
l’autre ou contre une femme (art 446 du code pénal).
 Les sévices constatés en cas de viol ou attentat à la pudeur avec l'accord de la victime.
 La dénonciation d’un crime en train de se commettre et l’omission de témoignage en
faveur d’un innocent : si le médecin ne doit pas dénoncer le malade qui lui fait l’aveu
d’un crime, il pourrait toutefois se résoudre à parler s’il apparaît que la divulgation soit
une mesure de prévenir un autre crime imminent. De même, le médecin ayant la
preuve de l’innocence d’un inculpé doit apporter son témoignage en justice même si
cela ne pourrait se faire qu’en violation du secret professionnel.
 Quand le médecin est sollicité ou requis pour examiner ou soigner un prisonnier, il
doit sous réserve de l’accord de l’intéressé, en informer l’autorité judiciaire s’il
constate que cette personne a subi des actes de torture.

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La non assistance à personne en danger

FONDEMENT JURIDIQUE ET DEONTOLOGIQUE


Article 431 C.P. : « Quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril
l’assistance que sans risque pour lui ni pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son
action personnelle soit en provoquant un secours est puni de l’emprisonnement de 3 mois à
5 ans, d’une amende 120 à 1000 dhs ou l’une de ses 2 peines »
Article 3 du code de déontologie :
« Quelle que soit sa fonction, ou sa spécialité, hors le seul cas de force majeure tout
médecin doit porter secours d’extrême urgence à un malade en danger immédiat si d’autres
soins médicaux ne peuvent pas lui être assurés »

QUELS SONT LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION DE NON


ASSISTANCE A PERSONNE EN DANGER ?
 Elément légal :
C’est l’incrimination du comportement par un texte pénal. Ici, c’est l’article 431 du code
pénal qui constitue l’élément légal de l’abstention fautive.
 Elément matériel :
L’application stricte de la loi pénale exige que l’élément matériel de l’infraction, c'est-à-dire
les faits donnant lieu à poursuites, soit établi.
 Il faut en principe un danger «la loi exige que le péril doit être imminent et constant »
 Il faut une personne humaine qui soit en danger et non un sujet mort.
 Il faut une non-assistance personnelle du médecin
 Que le danger soit réel ou supposé
 Que son assistance soit utile ou inefficace
 Que le médecin soit compétent ou non en exercice ou non
 Il faut toutefois l’absence de risque pour le médecin lui-même.
 Elément moral :
Il faut que l’abstention soit volontaire et ne résulte pas d’un cas de force majeure indépendant
de la volonté du médecin

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