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Alexis ou le traité du vain combat- Marguerite Yourcenar

« Alexis ou le Traité du vain combat », publié en 1929, est un roman épistolaire de


Marguerite Yourcenar.
Le roman consiste en une longue lettre, de cent pages environ, qu’un jeune musicien de 24
ans, Alexis, écrit à sa femme Monique. Le jeune homme tâche d’expliquer pourquoi il l’a
quittée sans un mot, tournant fréquemment autour d’un aveu qu’il ne formule jamais
clairement. Se sentant coupable vis-à-vis de Monique, il dit vouloir s’essayer à la sincérité,
car leur couple a trop souffert du mensonge. Il revient alors longuement sur son enfance et
son adolescence, ainsi que sur leur brève vie commune.

En fait, la lettre est une confession dans laquelle Alexis décrit à son épouse le « vain
combat » qu’il mène depuis des années contre la nature de ses désirs profonds et qui le
conduit à rompre : l’amour des hommes. Dans cette lutte, il distingue l'instinct de l'intellect,
le plaisir de la souffrance et le corps de l'âme. Une question fondamentale qui préoccupe
Alexis est la suivante : ses pulsions sont-elles le résultat de la nature ou « d'influences
extérieures » ? Il se remémore son enfance, dans un foyer de femmes, préoccupé par ses
sœurs, ce qui a conduit à une « vénération » des femmes qui rendait impossible de les aimer
car il dit : «Je ne crois pas le mot de vénération, que j’employais tout à l’heure, excessif
quand il s’agit d’une femme très bonne. (...) On ne s’éprend pas de ce que l’on respecte, ni
peut-être de ce que l’on aime; on ne s’éprend pas surtout de ce à quoi l’on ressemble; et ce
dont je différais le plus, ce n’était pas des femmes». Donc, il pense que ces conditions ont
cartainement influencé ses tentaions. Dans sa préface de 1963, Yourcenar écrit qu'elle ne se
souvient plus si elle était dˈaccord avec cette explication d'Alexis sur l'homosexualité au
moment d'écrire ces lignes, mais qu'elle a depuis rejeté toute interprétation qui situe
l'orientation sexuelle dans le «système psychologique de notre époque ».

Tout entier en tension entre le genre du traité, rationnel et globalisant, et celui de la


confession, intime et toute particulière, le texte est particulièrement touchant en ce qu’il
brosse, peut-être et avant tout, le portrait d’une voix. Alexis n’est jamais explicite, son ton est
toujours plein d’une certaine distance due tant à sa politesse qu’au souci de sincérité qu’il
exprime dès le départ. Et Alexis cherche à se comprendre autant qu’il tente de faire
comprendre à Monique ce qui le mène à cette séparation. Cˈest pourquoi il demande à
Monique de « ne passer aucune de ces lignes.» À la fin, il lui demande pardon¸non pas de l
ˈavoir quitté, « mais d’être resté si longtemps».

Marguerite Yourcenar a publié ce livre quand elle n’avait que vingt six ans. En le lisant, on
est étonné de la profondeur de ses réflexions, de la maturité qu'elle montre dans l’analyse
psychologique et dans la perception de la vie en général.

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