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Politiques et programmes de
protection sociale au Tchad
Situation des investissements dans la protection sociale les
15 dernières années
1ère Partie
Politiques et programmes de
protection sociale au Tchad
Situation des investissements dans la protection
sociale les 15 dernières années
1ère Partie
1 INTRODUCTION................................................................................................................ 1
V. CONCLUSION.................................................................................................................. 37
Graphique 13 Proportion des filles et des femmes âgées de 15 ans ou plus ayant vécu
en couple, victimes de violences physiques ou sexuelles infligées par leur
partenaire actuel ou un ancien partenaire, par âge............................................... 32
2. En Afrique centrale, sous-région dont fait partie le Tchad, la situation reste similaire,
sinon pire comme en témoignent les différents indicateurs de développement
humain. Dans un tel contexte, le Tchad qui s’est engagé, à l’instar des autres pays du
monde, à réaliser les 17 objectifs de développement durable, a des défis important
à relever, notamment en ce qui concerne les objectifs 1, 5, 6 et 10.
3. Toutefois, le Tchad dépend des produits tels le pétrole. Ce minerai contribue jusqu’à
hauteur de 70 % dans les recettes publiques. Pourtant le Tchad qui a commencé à
injecter une part importante de ses ressources intérieures dans le secteur social, a
été contraint par la chute du cours du pétrole à réduire son niveau d’investissement
depuis le début de l’année 2014.
1
Organisation internationale du travail (2019) : Rapport mondial sur la protection sociale 2017-2019.
2
Groupement Militaire de Prévoyance des Armées (GMPA) :
https://www.gmpa.fr/conseils-et-prevention/dossiers/la-protection-sociale-05-02-2014
7. Du point de vue social, elle permet de réduire l’inégalité devant les risques de la
vie et assurer aux individus un minimum de revenus leur permettant d’être intégrés
dans leur société. La protection sociale comporte une logique d’assurance, une
logique d’assistance et une logique de protection universelle :
10. Le Tchad qui a ratifié la Convention des Nations Unies sur la norme minimale de
la sécurité sociale du 28 juin 1952, a élaboré des politiques sociales en vue de la
réalisation des objectifs généraux des normes de l’Organisation internationale du
travail (OIT) sur la sécurité sociale, telles que la convention (n°102) sur la sécurité
sociale (n
11. orme minimale) de 1952, ainsi que la convention (n°121) sur les prestations en cas
d’accidents du travail et de maladies professionnelles de 1964 et la recommandation
(no 121) qui l’accompagne.
12. En effet, dans la « Vision 2030 : le Tchad que nous voulons », le Gouvernement
a pris en compte les aspects sociaux, de la réalisation des objectifs suivants : la
réduction des inégalités, la promotion de l’inclusion sociale et la facilité d’accès à
la santé et à l’éducation. Ceux-ci viennent s’ajouter aux actions déjà prises dans le
cadre des différents programmes antérieurs (Stratégie nationale de réduction de
la pauvreté version I (2003-2008) et II (2008-2011) ainsi que le plan national de
développement (PND : 2013-2015)
13. Dans le cadre des ODD, une commission spécialisée a été créée au niveau du
parlement. Elle s’est chargée du suivi des indicateurs spécifiques de ces objectifs
par rapport aux politiques nationales en cours de mise en œuvre.
15. Pour la CEA, il s’agit de comprendre les facteurs qui ont des incidences les
investissements dans la protection sociale au Tchad ainsi que les mécanismes de
suivi de ces investissements.
17. Au cours des dix dernières années, la mise en œuvre de la politique de protection
sociale au Tchad s’inscrit dans un contexte marqué par l’adoption de deux
programmes de développement. Il s’agit du Programme de développement durable
à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063. En effet, ces deux programmes auxquels
le Tchad a souscrit ont significativement orienté le processus d’élaboration des
politiques centrales et sectorielles de développement du pays.
18. Cette section propose une analyse sommaire de la formulation des stratégies de
protection sociale. Celle-ci prend en compte les documents stratégiques centraux
et sectoriels de développement, ainsi que les principaux acteurs de la mise en
œuvre desdites stratégies de protection sociale.
• La voie de la prévention des risques à travers des actions dans les domaines
de l’éducation, de la santé, de l’amélioration du statut de la femme et de l’accès
aux services sociaux de base ;
• La voie de la prévoyance à travers des actions visant la mutualisation des
risques de catastrophes ou de dangers chroniques ainsi que l’adaptation de la
sécurité sociale ;
• La voie du recours à travers l’intervention de l’État en tant que régulateur et
redistributeur pour encadrer les dispositifs informels existants et apporter un
appui effectif en cas de sinistre.
20. En plus de cette référence directe à la protection sociale dans cet axe de la SNRP
1, les politiques de protection sociale se retrouvent de manière indirecte dans les
autres sous-axes portant respectivement sur i) la promotion des secteurs d’activités
des pauvres et le ciblage des zones de pauvreté, ii) le soutien aux microentreprises,
aux PME et à l’emploi et iii) la restauration et la sauvegarde des écosystèmes.
22. Outre l’énoncé d’un ensemble d’actions en faveur de ces groupes cibles (voir
encadré 1 ci-dessous), la SNRP 2 met en perspective l’élaboration de la politique
nationale de protection sociale ainsi que de la politique nationale du genre comme
moyens efficace d’action en leur faveur.
Encadré 1 Les objectifs de la protection sociale dans la SNRP
24. La liste des actions à initier ou à poursuivre en vue de l’atteinte des objectifs de la
protection sociale dans le PND 2013-2015 diffère de celle de la SNRP 2 présentée
dans l’encadré 1. À titre d’illustration, les projets retenus pour la promotion de la
femme et sur la problématique du genre sont les suivants :
Programmes en cours :
• La nutrition
• L’eau potable, hygiène et assainissement
• Le développement humain
• L’habitat
27. L’atteinte des objectifs de chacun de ces deux sous-axes requiert des actions et
réformes suivantes :
Sous-axe 4.2 Résultat 4.2.1 : Les enfants et les jeunes d’âge scolaire fréquentent
des écoles offrant des enseignements de qualité répondant aux
Un cadre propice à normes
l’épanouissement du
bien-être Résultat 4.2.2 : L’enseignement technique et professionnel est
amélioré
Stratégies Couverture
N° Stratégies Couverture
3.2.3 Emploi
33. Les politiques de l’emploi ont pour but de faciliter l’adéquation entre l’offre et
la demande d’une part, et d’autre part de garantir les meilleurs rapports entre
l’employé et l’employeur en termes de rendement et de conditions de travail. À ce
titre, elles intéressent particulièrement les couches défavorisées de la population
qui ont souvent un rapport difficile avec l’emploi aussi bien du point de vue de
l’accès à un emploi salarié ou à l’auto-emploi que de celui des conditions de travail
(temps de travail, respect de l’âge légal pour travailler, rémunération, précarité du
contrat). La nécessité de mettre en œuvre des politiques de l’emploi favorables aux
couches défavorisées est ainsi avérée. Au Tchad, la prise en compte des spécificités
des couches vulnérables dans les politiques sectorielles de l’emploi est effective,
comme l’indique le tableau ci-dessous.
Stratégies Couverture
Politique nationale de l’emploi et de la formation professionnelle au Tchad
Programme pays pour un travail décent 2012-2015
Plan national d’action du Tchad pour la promotion de l’emploi et de la lutte
contre la pauvreté (2005)
Code du travail
3.3. 1 Objectifs
35. Le Tchad dispose d’une stratégie nationale de protection sociale en cours de mise
en œuvre et couvrant la période 2016-2020. Elle a pour objectif l’élaboration d’un
système complet de protection sociale. De manière spécifique, la SNPS 2016-
2020 vise la fourniture de l’assistance sociale aux couches vulnérables, l’emploi et
la couverture sociale, la nutrition et l’accès aux services de base.
Personnes âgées
Personnes handicapées
2.2. Emploi
4.2. Éducation
• La sécurité sociale
• La distribution de vivres ;
• Les transferts monétaires ;
• La fourniture de services sociaux de base (santé, éducation, eau, et
assainissement) ;
• L’appui aux organisations communautaires visant la promotion des couches
vulnérables (femmes, jeunes, personnes handicapées, personnes vivant avec
le VIH/SIDA) et la lutte contre la pauvreté.
44. Il ressort de cette analyse qu’au Tchad la protection sociale fait partie intégrante de
la planification aux niveaux central et sectoriel. La mise en œuvre des actions visant
l’atteinte des objectifs est assurée par l’État et les partenaires au développement.
Cependant, l’impact réel de ces stratégies notamment en termes d’amélioration de
la qualité de vie des couches vulnérables au Tchad dépend de plusieurs facteurs
dont :
45. Dans le PND 2017-2021, 42 % du coût total correspond à l’axe 4 portant sur la
politique de protection sociale (soit 2 327 400 000 de francs FCFA). Cela dénote
de l’importance que le gouvernement accorde à l’amélioration de la vie de la
population. Les sources de financement de cet axe sont reparties de la manière
suivante : financement intérieur (262 115 884 515 de francs FCFA), financement
extérieur acquis (302 215 000 000 de francs FCFA), financement privé à rechercher
(76 888 891 504 de francs FCFA), alors que le financement public à rechercher (1
686 184 523 681 de francs FCFA). En vue de mobiliser des ressources importantes,
le Gouvernement a organisé une table ronde des partenariats et des grands
investisseurs des différents secteurs d’activité.
Wadi fira
Tandjile
Salamat
Ndjamena
Mandoul
Logone occidentale
Kanem
Guera
Ennedi Est
Borkou
Barh El Ghazel
0 50 000 100 000 150 000 200 000 250 000 300 000 350 000
49. Relativement au PIB, la situation reste stable sur une longue période comme le
montrent les données du paragraphe ci-après :
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
3,5
2,5
2
% PIB
1,5
0,5
0
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98
99
00
01
02
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09
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15
19
19
19
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20
20
20
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20
20
20
20
20
20
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20
20
20
20
Dépense d’éducation (%PIB)
52. Le financement de la santé dans les pays à faible revenu peut être regroupé en
trois approches. Ces différentes approches comprennent la gratuité des soins de
base et la « santé pour tous » sous l’influence de la conférence d’Alma-Ata en
1978, la contribution financière des usagers ou le recouvrement des coûts dans les
années 1980, renforcée par l’initiative de Bamako de 1987 et le développement
des mécanismes assuranciels des années 1990. Dans le contexte tchadien, cette
dernière approche du financement a été peu développée.
18
16
en % des dépenses totales du Gvt
14
12
10
0
97
98
99
00
01
02
03
04
05
06
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13
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19
19
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20
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20
20
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20
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20
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20
Dépenses de santé (% des dépenses totales du Gvt)
Source : Banque mondiale, 2015. Construction sur la base des données des Indicateurs de développement
dans le monde.
Wadi fira
Tandjile
Salamat
Ndjamena
Mandoul
Logone occidentale
Kanem
Guera
Ennedi Est
Borkou
Barh El Ghazel
0 100000000 200000000 300000000 400000000 500000000 600000000 700000000
58. Sur la base des données disponibles, le graphique 6 ci-dessous montre que la
proportion des dépenses totales de santé relativement au PIB subit une évolution
en dents de scie sur la période 1997-2015. Elles sont paradoxalement plus faibles
au moment de l’exploitation pétrolière, par rapport à la période précédente. On y
note clairement un point de flexion à partir de 2014, correspondant aux effets de
la crise financière et des questions de sécurité.
2,5
2
en % du PIB
1,5
0,5
0
97
98
99
00
01
02
03
04
05
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07
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15
19
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20
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20
20
20
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20
Source : Construction sur la base des données de la Banque mondiale, indicateurs de développement
dans le monde.
3 Cf. Arrêté N°345 du 30 aout 2017 pris par le Ministère de la santé publique.
60. Initialement évalué à 103 000 000 000 de FCFA, le PNSA devrait être mis en œuvre
en deux phases de cinq ans chacune, allant de 2006 à 2010 et de 2011 à 2015. Mais
la programmation établie n’a pu être respectée, et la première phase n’a finalement
été lancée qu’en 2009. Pour mettre en œuvre ce Programme, le Gouvernement,
qui s’est engagé à prendre en charge 50 % des coûts des réalisations, a décaissé 62
520 000 000 de F CFA au 31 Décembre 2012. Malgré les moyens mobilisés par
l’État, la sécurité alimentaire reste précaire.
40
Dépenses APDdans le secteur WASH en Million $
35
31,355
30
25
20
15
10
0
00
01
02
03
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06
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14
15
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ne
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20
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20
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20
20
20
20
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20
20
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20
en
oy
M
Source : OCDE.
64. De manière générale, la pauvreté a baissé dans toutes les régions sauf dans les
régions du Logone Occidental (8,8 points), du Guéra (3,7 points), de la Tandjilé (3,2
points), du Sila (2,3 points), du Mandoul (1,6 point) et du Ouaddaï (0,4 point)
65. Le Tchad est classé parmi les dix pays les plus pauvres en termes de développement
humain. Le graphique 6 montre que malgré des progrès récents, le pays à un IDH
faible et reste penalisé par des revenus inadaptés, des possibilités de scolarisation
limitées et une espérance de vie bien inférieure aux moyennes mondiales.
P0 P1 P2 P0 P1 P2
Milieu de résidence
Région de résidence
Borkou Ennedi Tibesti 55,2 19,3 8,2 41,8 21,7 12,1 -13,4
P0 P1 P2 P0 P1 P2
Kanem 54,1 22,6 12 34,8 19,4 11,7 -19,3
Mayo Kebbi Est 71,7 31,2 16,4 38,2 20,9 12,3 -33,5
Mayo Kebbi Ouest 71,7 31,2 16,4 47,4 24,9 13,9 -24,3
Source : ECOSIT 2 et 3.
2,5
2
en % du PIB
1,5
0,5
0
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20
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20
20
Mayo-Kebbi
6 4924 65 109 109 2060
Ouest
Tibesti 16 72 2 64 64 153
70. Le graphique 9 montre que l’espérance de vie à la naissance s’est améliorée au cours
des années pour s’établir à 52 ans en 2015. L’augmentation de l’espérance de vie
60
50
Espérance de vie
40
30
20
10
0
1
5
6
1
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
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19
19
19
19
19
19
19
19
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• Incidence du VIH/SIDA
71. Le nombre de nouvelles infections VIH pour 1000 personnes non infectées, par
sexe, âge et populations clés est défini comme le nombre de nouvelles infections
à VIH pour 1000 années-personnes dans la population non infectée. Le taux
d›incidence fournit une mesure des progrès accomplis dans la prévention de la
transmission du VIH.
72. En 2015, au Tchad 0,42 pour 1000 ont été nouvellement infectées selon les
estimations du Programme sectoriel de lutte contre le Sida (PSLS). Les statistiques
découlent de l’utilisation deu logiciel Spectrum. On observe une diminution
progressive de l’incidence du VIH/SIDA depuis 2001. La valeur estimée en 2015
(4,2 %) reste néanmoins assez importante et nécessite une attention particulière.
1,40
Estimation de I’Incidence du VIH pour 1 000
1,20
1,00
0,80
0,60
0,42
0,40
0,20
0,00
01
02
03
04
05
06
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08
09
10
11
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13
14
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20
20
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20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
• Primaire
74. Le Taux brut de scolarisation (TBS) qui exprime la capacité du système à accueillir
les enfants âgés de 6 à 11 ans est en nette progression depuis une décennie. Pour
l’année scolaire 2014 - 2015, le TBS est de 95,1 % contre 106,2 % en 2013-2014.
Cette baisse s’expliquerait par la fermeture de certaines écoles due au départ des
• Secondaire
75. Le taux de scolarisation du secondaire portera sur le taux de l’enseignement
moyen et celui de l’enseignement secondaire. Le TBS permet d’apprécier l’effort
de scolarisation fourni par l’État et ses partenaires en termes de capacité d’accueil.
Ce TBS au niveau national est de 28,7 % cette année (2014-2015). Cet indicateur
cache d’énormes disparités entre les genres et les régions. En effet, le TBS est de
39,8 % pour les garçons et seulement de 18,4 % pour les filles. Le taux le plus
élevé enregistré dans la région de Mayo Kebbi Ouest est de 70,9 % contre 73,1 %
l’année précédente. Le plus faible TBS enregistré est de 1,1 % dans la région de
Barh El Gazal. Le taux d’Achèvement global en 2014-2015 est de 16,6 %. Celui des
garçons est de 24,5 % et 9,2 % pour les filles. On constate que le taux d’achèvement
des garçons a baissé par rapport à l’année précédente qui était de 25 % (donnes
nationales).
• Supérieur
76. L’enseignement supérieur est ouvert aux titulaires du baccalauréat de
l’enseignement secondaire ou de tout autre diplôme admis en équivalence. Selon
la Banque mondiale, le taux de scolarisation à l’enseignement supérieur a connu en
général une nette progression au cours des deux dernières décennies (le TBS dans
l’enseignement supérieur est passé de 0,9 en 2004 à 2,4 points de pourcentage en
2012). Cette croissance du TBS s’explique par l’augmentation de l’offre d’éducation
par les universités, les instituts et les écoles normales supérieures qui ont vu le jour
ces dernières années.
77. Depuis 2016, la crise engendrée par la baisse des cours du pétrole a eu des
incidences sur la politique du gouvernement en matière d’éducation, notamment
dans son volet enseignement supérieur. Le pays dispose de plusieurs établissements
d’enseignement supérieurs tant publics que privés mais les conditions d’accès ne
sont pas à la portée des plus démunis en raison de la crise économiques et des
problèmes de sécurité auxquels le Tchad est confronté. La bourse d’étude étant
supprimée depuis 2017, les conditions d’études ne sont plus réunies pour nombre
de jeunes, dans la mesure où le Tchad est en grande partie rural.
80. Le chiffre total des services offerts par l’ONAPE aux demandeurs d’emplois au
cours de ces dernières années est passé de 8619 placements en 2011 à 14
779 en 2015 (toutes catégories confondues). De même, 60 % des demandes
d’emploi, tous sexes confondus, émanent des jeunes diplômés de 25 à 35 ans
qui sont massivement présents sur le marché formel du travail. Dans la mise en
œuvre de la politique de la promotion de l’emploi, l’ONAPE a mis en place des
stratégies et adopté des mesures visant à faciliter l’insertion des jeunes diplômés
dans la vie professionnelle telles que le Programme d’appui aux diplômés sans
expérience (PADE) et le Programme d’appui à la promotion de l’auto emploi créé en
janvier 2007.
83. Depuis 2012 le FONAJ a eu à former plus de 3500 jeunes venant de différentes
régions du pays et de la commune de N’Djaména. L’objectif fixé par les plus hautes
autorités de la République, consiste à former 10 000 jeunes en entrepreneuriat
et financer 7000 projets bancables. À cela s’ajoute la création d’environ 35 000
emplois directs et 105 000 emplois indirects sur toute l’étendue du territoire
touchant l’agriculture, l’élevage, la pisciculture, la transformation des produits, les
services et autres. Ce qui constitue une contribution du FONAJ à la réduction
de la pauvreté, du chômage et partant du sous-emploi en milieu jeune sur toute
l’étendue du territoire sans distinction de genre, de région, ni de religion.
85. Les rapports ECOSIT 2 et 3 indiquent que le taux de chômage au sens du BIT a
baissé de 22,6 % à 5,7 % entre 2003 et 2011.
23,9
22,4 22,6
20,4 20,4 20,4
15,3
12,5
8,8
2003 2011
87. Par ailleurs, dans le cadre de la Politique nationale genre (PNG) dont le Tchad s’est
doté, il est prévu des mécanismes de mise en œuvre et d’évaluation au niveau
ministériel. Il s’agit notamment du Comité multisectoriel genre composé des
représentants (points focaux) des différents ministères, de la société civile et des
partenaires au développement, du groupe thématique genre et droits humains
du système des Nations Unies, de la coordination nationale de lutte contre les
violences faites aux femmes et du sous-groupe de lutte contre les violences faites
aux femmes (dans les situations d’urgence). Toutefois, ces mécanismes nécessitent
un renforcement institutionnel et technique.
88. Les femmes sont exposées à d’autres formes de risques. En effet, les mutilations
génitales féminines (MGF) affectent 44 % des femmes au Tchad. Devant l’ampleur
de ce phénomène qui constitue un obstacle majeur à l’autonomisation des femmes,
le Gouvernement tchadien a décidé de l’inscrire parmi les priorités de sa politique
nationale de santé publique. C’est ainsi que, dans les différents documents de
planification nationale où les MGF figurent en bonne place dans les programmes
de lutte contre la pauvreté, la mortalité maternelle et promotion de la santé
89. En ce qui concerne les autres formes de violences faites aux femmes, on note
paradoxalement que plus de 62 % des femmes estiment que les maris ont de
bonnes raisons de frapper leurs femmes dans certaines circonstances. Pourtant,
ces violences ont pris de l’ampleur au point où près d’une femme sur cinq déclare
avoir subi une forme quelconque de violence de son conjoint ou de l’entourage
(Stratégie nationale de protection sociale-SNPS).
90. On notera que les MGF et les violences faites aux femmes ne sont pas les seuls
obstacles à la promotion et à l’autonomisation des femmes. À l’instar des autres
pays africains, le Tchad compte plus de 52 femmes sur 100 mais la contribution
de celles-ci au développement dans les rapports « genre » reste faible du fait des
certaines pesanteurs socioculturelles. Cela constitue une raison supplémentaire de
la prise en compte de cette réalité dans les stratégies de développement social et
la vision à l’horizon Tchadienne 2030.
91. Les femmes sont aussi plus vulnérables au VIH/SIDA : avec un taux de prévalence
globale de 3,3 %, le taux de prévalence chez les femmes (4 %) est plus élevé que
chez les hommes (2,6 %). Les femmes ont une fois et demi plus de risques de
contracter le VIH.
92. Il ressort du graphique 12 ci-dessous que le Tchad a fait des progrès dans la lutte
contre les MGF/E entre 2004 et 2015. Il n’en demeure pas moins que les filles et
femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi une MGF/E représentent 38 % en 2015
(EDS_MICS 2014-2015). La plus faible proportion est enregistrée chez les femmes
les plus jeunes, 15-19 ans (31,8 %). La loi N° 006 relative à la promotion de la santé
50
45
40
35
30
2003
25
2015
20
15
10
0
15-49 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
93. Au niveau national, les femmes et filles tchadiennes âgées de 15 ans ou plus
ayant vécu en couple, victimes de violences physiques ou sexuelles infligées au
cours des 12 mois précédents par leur partenaire actuel ou un ancien partenaire
représentent 17,5 % en 2015. Cette proportion est relativement faible aux âges
« limites », c’est-à-dire 15-19 ans et 40-49 ans, mais plus élevée chez les filles et
femmes ayant un âge compris entre 20 et 40 ans. Pratiquement une femme sur
cinq (19,7 pourcentage) âgées de 30 à 34 ans a été victime de violence physique
ou sexuelle infligée au cours des 12 mois précédents par leur partenaire actuel ou
un ancien partenaire.
Graphique 13 Proportion des filles et des femmes âgées de 15 ans ou plus ayant vécu
en couple, victimes de violences physiques ou sexuelles infligées par leur
partenaire actuel ou un ancien partenaire, par âge
25
19.3 19.7
20
18.7 18.8
17.5
14.5 14
15
13.1
10
0
15-49 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
95. Les estimations les plus récentes de l’insécurité alimentaire au Tchad (Mars 2013)
indiquent que 13 % des ménages dans la zone soudano-sahélienne sont dans un
96. 2,4 millions de personnes sont en insécurité alimentaire globale (20 %) dont
428 000 en situation d’insécurité alimentaire sévère (3,6 %). Ces ménages font
face à un déficit de consommation alimentaire important. Ils n’arrivent pas à couvrir
leurs besoins alimentaires minimum sans l’assistance ou l’aide de parents/amis.
0,9
Autre source 1,6
0,3
4,3
Porteur d’eau
0,5
5,5
Cours d’eau/eau de pluies 4,3
15,4
50
Puits 65,4
26,8
Forage 12,8
8
Tontaine publique 12,2
4,2
4,6
Robinet 3,7
0,2
0 10 20 30 40 50 60 70
71,7
2011 27,3
1
69,1
2004 27,6
3,3
72,8
1996/1997 26,7
0,2
100. Selon l’EDST II de 2004, 2,3 % des membres de la population ont une déficience
visuelle, 1,6 % un handicap physique, 1,2 % une déficience auditive et 0,5 % un
handicap lié au langage. Les personnes âgées sont les plus touchées. Seulement
1,6 % des enfants de 0-4 ans et 3 % des enfants âgés de 5-14 ans ont été identifiés
comme des personnes handicapées.
• Refugiés
103. Depuis plus d’une dizaine d’années (2003), apporte protection et assistance
à près de 380 196 réfugiés venus des pays de la sous-région (Soudan, RCA et
Nigeria) et installés au Sud, à l’Est et à l’Ouest du Tchad dans divers camps et
villages d’accueil. L’une des priorités du Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés (HCR) depuis l’installation des camps, est d’assurer l’accès à l’eau
potable, aux infrastructures d’hygiène et l’amélioration des conditions d’hygiène
aux réfugiés.
Source : Stratégie sectorielle eau, hygiène et assainissement (EHA) 2016 – 2018 UNHCR Tchad.
100
84 85 86 86
90
Proportion de la population ayant
80
accѐs à un reseau mobile
70
60
50
40
30
20
7,7 8,6 13
10
0
G
G
L2
L2
L2
L3
L3
L2
L2
L2
L2
L4
L3
L2
L4
L3
L2
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
,A
01
05
06
07
08
10
11
12
13
14
14
14
15
15
15
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
Source : Autorité de régulation des communications électroniques et des postes.
105. En 2015, plus de huit sur dix personnes vivant au Tchad ont accès au réseau
mobile AL 2G; 13 % de la population ont accès au réseau mobile AL 3G et seulement
8,3 % ont accès au réseau AL 4G.
107. Le cadre juridique du développement urbain est mal défini. La législation foncière
et domaniale n’a guère été mise à jour depuis 1967 et les textes existants ne
sont pas non plus respectés. La coexistence d’un droit dit moderne et du droit
coutumier ne permet pas de gérer correctement le développement des villes et
les aménageurs publics sont incapables de conduire dans de bonnes conditions les
aménagements nécessaires, notamment la préservation de réserves foncières pour
des investissements publics ou privés prioritaires.
109. Selon l’ECOSIT2, environ 90 % des ménages tchadiens vivent dans des logements
dont les murs sont en matériaux traditionnels précaires, 76 % des logements ont un
toit en paille ou en secko. La plupart des logements sont construits par le secteur
informel (autoconstruction). Le coût exceptionnellement élevé des matériaux de
construction modernes et l’absence de tout mécanisme de crédit au logement
rendent très difficile l’accès à la propriété pour les populations à faible revenu,
notamment les femmes, et expliquent la situation précaire du secteur de l’habitat.
110. L’habitat n’a jusqu’à présent pas bénéficié d’une politique sociale en faveur des
couches plus larges de la population tchadienne, un sac de ciment CPJ-35 ou 32,5
coûte minimum 7500 CFA, ce qui est loin d’encourager la population à construire
des habitations décentes.
111. Au regard de tout ce qui précède, on retiendra que bien que le Tchad ait intégré
les questions relatives à la sécurité sociale depuis 2003, dans les différentes
stratégies de réduction et de la pauvreté relayées par les deux derniers plans de
développement (2013-2015 et 2017-2021), le coup de grâce n’a été donné qu’avec
la Stratégie nationale de protection sociale (SNPS, 2014-2018), validée en 2014.
112. Cette préoccupation a amené les autorités tchadiennes à inscrire les secteurs
sociaux comme priorités des investissements publics, financés par les revenus
pétroliers. En plus des efforts nationaux déployés par le gouvernement en ce
qui concerne des ressources publiques, les ONG et les partenaires techniques et
financiers sont venus en appui aux différentes initiatives.
113. Les ressources pétrolières sont volatiles et fortement exposées aux effets
néfastes des conflits extérieurs et aux menaces sécuritaires. Le Tchad a fait des
efforts d’investissements dans les différents secteurs sociaux y compris la protection
sociale, au début de l’ère pétrolière. Cependant, ces investissements ont baissé vers
fin 2014, à la suite de la baisse des cours du pétrole sur le marché international.
114. Il faut noter que plusieurs contraintes ont pesé sur les investissements sociaux
au Tchad, notamment l’afflux massif de réfugiés et déplacés des conflits armés
ainsi que des menaces terroristes, venus du Nigéria, de la Lybie, du Soudan, de la
République centrafricaine, etc. et qui ont exercé des pressions sur les ressources
internes (santé, éducation, utilisation du bois de chauffe comme sources de revenus
et d’énergie).
115. Bien que contraint, le Tchad a fait des efforts en matière d’investissement sociaux
au cours des 20 dernières années grâce au retour de la stabilité politique relative.
Cependant, en l’absence de données probantes et cohérentes, il est difficile de
mesurer ses efforts et en apprécier les progrès. Le présent projet a le mérite de
mettre l’accent sur cette question et de permettre à terme, la mise en place de
meilleurs mécanismes de suivi et de production de rapports sur les investissements
réalisés dans les domaines sociaux, y compris les programmes de protection sociale
au Tchad. Ceci permettra d’une part d’améliorer la responsabilité des acteurs en
matière de suivi et de production de rapports sur les objectifs de développement
social au Tchad et d’autre part, produire et données sur les indicateurs clés en vue
de mesurer et apprécier les progrès du Tchad dans l’atteinte des ODD 1, 5, 6, et 10.