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E lle prend une grosse gorgée de vin, repose le verre sur la table un peu
trop rapidement, en renverse la moitié – c’est son troisième – et, tout
en essuyant la table avec sa serviette en papier, elle dit, sans lever les yeux :
« Allez, donne-moi le secret ! » J’ai rencontré Laura sur les bancs de
l’école. Après le lycée, chacune a suivi sa voie : elle a étudié le droit et moi,
la psychologie. Les soirées vin rouge et pizza sont devenues de plus en plus
rares et espacées, mais nous n’avons jamais perdu le contact.
Je réponds : « Quel secret ? » Laura prend une bouchée de pizza et dit
rapidement, sans avaler : « Je veux savoir comment avoir un orgasme en
faisant l’amour. Juste par pénétration. Comme les femmes normales. Moi,
ça ne marche pas. Pas du tout ! Je crois que je ne tourne pas rond. Quelque
chose ne tourne pas rond, là en bas ! »
Elle dit qu’elle ne sait pas quoi faire. Elle a tout essayé avec son petit ami
: vite ou lentement, avec tendresse ou brutalité – rien ne la fait jouir.
Lorsqu’on prend un verre ensemble, mes amies en profitent souvent pour
me poser des questions sur le sexe. D’après elles, c’est parce qu’elles
doivent d’abord surmonter leur timidité. Après tout, je suis sexologue.
Parler de sexe avec moi, c’est comme parler à un photographe des clichés
qu’on prend avec son Smartphone.
Mais une fois la gêne passée, les femmes ressentent toujours un énorme
soulagement, car je peux rassurer Laura et toutes celles qui n’arrivent pas à
jouir « juste comme ça » en faisant l’amour : elles tournent parfaitement
rond. Elles n’ont rien d’une exception. Je réponds : « Des millions de
femmes sont dans le même cas. » Et Laura pousse un soupir, comme si elle
venait d’être libérée d’un énorme poids.
Cela tourmente aussi une grande partie des femmes que je reçois en
sexothérapie. L’absence d’orgasme pendant les rapports sexuels, la
difficulté à jouir et le manque d’appétit sexuel qui accompagne souvent ces
problèmes sont les sujets qui reviennent le plus souvent avec mes patientes.
Comme beaucoup de femmes se posent les mêmes questions, j’ai décidé de
créer un groupe de parole, que j’anime avec ma collègue, Annette Bischof-
Campbell. Les femmes de ce groupe se retrouvent plusieurs soirs pour
apprendre à connaître leur corps et découvrir comment prendre plus de
plaisir, accroître leur potentiel orgasmique et faire la part entre les mythes et
la réalité de l’orgasme. Ce groupe présente plusieurs avantages : il permet
de présenter le sujet à beaucoup de personnes en même temps et, entre elles,
les femmes s’aperçoivent qu’elles ne sont pas les seules à rencontrer ce
genre de problèmes. De plus, les découvertes et les réussites de chacune
profitent au groupe entier. Nous remarquons aussi que, bien souvent, même
lorsqu’une femme s’inscrit en disant qu’elle n’a pas « besoin » de
sexothérapie, il y a tout de même un sujet qu’elle souhaite explorer.
Ce groupe dédié à l’orgasme est l’un des temps forts de ma semaine. Je
suis toujours très heureuse de voir toutes les idées nouvelles que nos
discussions font naître parmi les participantes. Néanmoins, je suis aussi
stupéfaite de l’ignorance qui entoure l’orgasme féminin et de la quantité
d’idées absurdes enracinées dans l’esprit de beaucoup de femmes.
J’ai compris à quel point le sexe était un sujet méconnu quand j’ai eu mon
premier petit ami, pendant l’adolescence. Par chance, j’ai une mère
formidable et très ouverte, à qui je pouvais poser toutes mes questions sur le
sexe et sur mon corps – c’était la seule personne à qui je pouvais parler de
ce genre de choses. Les cours d’éducation sexuelle à l’école étaient tout
sauf utiles et positifs, et même si quelques récits de premières fois
extravagantes circulaient, je ne pouvais pas discuter sérieusement de sexe
avec mes amies.
Même pendant mes études de psychologie, j’ai appris très peu de choses
sur la sexualité. Pourtant, j’étais déjà convaincue que le sexe et le désir
avaient une influence majeure sur le psychisme. C’est ce qui m’a incitée à
approfondir le sujet pendant mon doctorat. J’ai proposé à mon directeur de
thèse de parler des comportements sexuels en Suisse. Il s’est d’abord
montré circonspect, mais a fini par accepter mon sujet, en grinçant des
dents, à condition que je trouve 5 000 participants pour le sondage en ligne
obligatoire. Quelque 15 000 réponses plus tard – qui l’eût cru ? –, j’ai
obtenu son feu vert. C’est là que j’ai compris que je voulais devenir
sexothérapeute. Je voulais, à ma façon, briser le grand silence qui pesait sur
la sexualité. Le fait que 15 000 personnes aient pris le temps de répondre à
mon sondage en ligne prouve que ce thème suscite un vif intérêt général.
En 2008, j’ai ouvert mon propre cabinet de psychothérapeute-
sexothérapeute, et ce métier me passionne. J’adore aider les femmes, les
hommes et les couples à mieux communiquer et à se sentir plus épanouis
dans leurs relations et leur vie sexuelle. Aujourd’hui, je suis mariée, j’ai
deux enfants, et j’ai encore l’impression que la sexualité est un sujet peu
abordé, en particulier chez les femmes. Il est grand temps que nous
apprenions à mieux connaître et mieux comprendre notre corps, au lieu de
nous fier aux demi-vérités diffusées depuis des années voire des décennies
par la presse soi-disant féminine. Car en réalité, on a beaucoup écrit sur
l’orgasme féminin, et une infinité de mythes et de légendes circulent à ce
propos. Le mythe le plus courant est sûrement celui selon lequel les femmes
sont soit vaginales, soit clitoridiennes. Certaines ont la chance de pouvoir
jouir uniquement grâce à la pénétration, et les autres, non. Est-ce juste une
question de chance ? D’anatomie ? De mental ? De relaxation ? Autrement
dit : faut-il simplement se laisser aller pour pouvoir jouir ? Attention,
spoiler : tout cela est complètement faux ! Il est important de comprendre
que même le pseudo-orgasme vaginal – provoqué uniquement par la
pénétration – est généralement dû à la stimulation du vagin et du clitoris.
Mais nous y reviendrons plus tard.
L’orgasme féminin suscite beaucoup d’interrogations, et beaucoup de
jeunes femmes curieuses et libérées, comme mon amie Laura, s’imaginent
qu’il y a un « secret » pour y parvenir. Durant cette soirée où le vin a coulé
à flots, ma réponse a été la suivante : « Le secret, c’est qu’il n’y a pas de
secret. La jouissance est une question de pratique. Tout tourne parfaitement
rond chez toi. Probablement que tu manques juste un peu d’entraînement. »
Laura s’est alors mise à me bombarder de questions. Après avoir de
nouveau rempli nos verres, je lui ai expliqué ce qui figure désormais dans
les pages de ce livre. Je tiens à offrir aux femmes le pouvoir d’entrer en
prise directe avec leur corps et leur sexualité. Parce que le sexe, ça
s’apprend. Et le désir aussi. Toutes les femmes peuvent avoir de
formidables orgasmes. Cela vaut la peine d’apprendre à connaître son corps,
car vous en profiterez pour le restant de vos jours.
L’orgasme n’est pas une question de chance ou de malchance, de destin,
ni même de relaxation. Il vient plutôt de certaines capacités qu’ont – ou que
peuvent développer – toutes les femmes. En fait, très peu de femmes
atteignent l’orgasme uniquement par pénétration du pénis dans le vagin –
seules 30 % environ jouissent souvent ou toujours de cette façon. Et environ
60 % des femmes trouvent que la pénétration en soi n’est pas très excitante.
Et c’est dommage, car la stimulation vaginale peut procurer énormément de
plaisir, et qu’il est possible d’apprendre à jouir de cette manière.
Très peu de personnes le savent, mais ce type d’orgasme possède une
explication biologique : chaque partie du corps est dotée de cellules
nerveuses et de capteurs qui sont reliés au cerveau par les voies neuronales.
Lorsqu’on touche ou qu’on utilise ces cellules nerveuses, cela crée de
nouvelles connexions avec les neurones, dans le cerveau. Plus ces voies
neuronales se renforcent, plus le cerveau réagit rapidement lorsqu’on
touche la partie du corps correspondante, et plus la sensation est intense.
(Dans ce livre, nous appellerons ce processus la sensibilisation : elle
consiste à apprendre à devenir pleinement consciente des sensations à
l’intérieur du vagin et à les associer à un sentiment d’excitation sexuelle, de
manière à totalement « habiter » cette partie du corps.) Pour celles qui n’ont
pas établi de connexion forte entre leur vagin et leur cerveau, les rapports
sexuels s’avèrent pauvres en sensations.
Dans ce cas, le vagin manque tout simplement d’entraînement. Il n’a pas
encore été « éveillé » ni associé au désir. Pour qu’il soit plus réceptif, il faut
renforcer la connexion. Prenez l’exemple d’une danseuse classique, qui
répète sa chorégraphie pendant des mois. La région de son cerveau associée
à ses pieds sera forcément plus active que celle d’une personne qui ne danse
pas. De même, un pianiste n’a pas besoin de regarder ses mains pendant
qu’il joue. Avec le temps, ses doigts ont développé un lien si étroit avec son
cerveau qu’ils trouvent la bonne touche d’eux-mêmes.
Ce principe s’applique aussi au vagin. Toutes les femmes peuvent activer
cette zone grâce au toucher et enclencher, par la même occasion, des
modifications dans leur cerveau permettant de renforcer les sentiments
d’excitation. Toutes les femmes sont donc capables d’atteindre l’orgasme
uniquement par pénétration. Mais cela nécessite de l’entraînement ou, plus
précisément, un programme en dix étapes. Vous trouverez toutes les
connaissances et les exercices dont vous avez besoin dans ce livre.
Si une écrasante majorité de personnes ignore que l’orgasme féminin est
une question d’entraînement, c’est dû, selon moi, à deux raisons.
Premièrement, cela fait peu de temps que l’orgasme féminin est devenu un
sujet de recherche sérieux. Il a longtemps été laissé de côté car, d’un point
de vue strictement biologique, l’orgasme féminin ne relève d’aucune
nécessité. La femme n’a pas besoin d’avoir un orgasme pour tomber
enceinte. Même s’il augmente les chances de procréer, l’orgasme féminin
n’est pas indispensable.
Deuxièmement, le mot entraînement semble totalement hors de propos en
matière de sexe. Personne n’a envie de s’entraîner ni de devoir « travailler »
sa sexualité. D’autant plus que la partie semble perdue d’avance pour les
femmes. Aucun homme n’a besoin d’entraîner son pénis à jouir… Si ?
Eh bien, ce n’est pas tout à fait vrai. Le pénis aussi doit « répéter ». La
différence, c’est que cela se fait généralement durant l’enfance et
l’adolescence. Les petits garçons ont beaucoup moins de mal à éveiller les
connexions avec leurs parties génitales, car elles sont plus faciles à voir et à
toucher que celles des petites filles. Ils sont amenés à toucher leur pénis dès
le plus jeune âge et dans de nombreuses situations : pour faire pipi ou en
s’habillant, par exemple. En outre, la plupart des garçons apprennent très
jeunes à associer leur pénis au plaisir. Sur ce plan, les femmes sont
désavantagées, car le vagin est à l’intérieur du corps. C’est un organe
couvert, entre autres choses, de honte. Saviez-vous que le mot latin
désignant les parties génitales féminines, pudenda, signifie aussi « ce dont il
faut avoir honte » ? Cela en dit long. Bien souvent, lorsqu’une petite fille
porte la main entre ses jambes, ses parents la réprimandent. En revanche,
lorsqu’un petit garçon joue avec son pénis, ses parents se disent simplement
qu’il fait comme tous les petits garçons.
Résultat : le vagin reste une zone privée de tout contact durant les
premières années d’existence de la femme. Il finit parfois par recevoir la
visite de tampons hygiéniques, dont l’insertion est tout sauf un plaisir. Puis
la jeune femme a un rapport sexuel. Cette fameuse première fois tant
idéalisée. Elle peut trouver cela bien, et excitant. Ou douloureux. Mais elle
n’en tire sûrement pas beaucoup de plaisir. Comment le pourrait-elle ? Les
terminaisons nerveuses de son vagin n’ayant jamais été associées au plaisir,
elle ne peut pas ressentir grand-chose pour l’instant. Au bout de quelques
années, elle se dira peut-être qu’elle a rarement le temps de s’abandonner à
des rapports sexuels prolongés, à cause du travail, des enfants et du fait que
son partenaire n’a pas les mêmes goûts qu’elle. Et qui perd au change,
quand il n’y a ni préliminaires, ni interaction, ni postliminaires ? La femme,
en général. À la longue, elle finit par se désintéresser de la chose et son
désir s’éteint, car le coït en lui-même, ce simple va-et-vient, n’éveille
presque rien en elle sur le plan physique.
C’est pourquoi les femmes doivent absolument faire savoir à leur
partenaire ce qui les excite : les techniques qu’elles ont apprises en se
masturbant pour augmenter le plaisir et peut-être même atteindre l’orgasme.
Il s’agit souvent d’une stimulation délibérée du clitoris. La femme peut
alors prendre les choses en main ou montrer à l’autre comment elle aimerait
être touchée.
Avoir un vagin plus sensible n’est pas essentiel, mais c’est un plus très
excitant. On peut vivre de formidables expériences sexuelles sans cela : la
stimulation du gland du clitoris peut mener à de fabuleux orgasmes. Dans
ce cas, la femme ne jouit pas par pénétration. Elle arrive à l’orgasme avant,
pendant ou après la pénétration, grâce à l’action de la main, d’un
vibromasseur ou de la bouche, ce qui est déjà excitant et gratifiant en soi.
Mais en apprenant à être plus réceptive à la stimulation vaginale, vous
accéderez à une vie sexuelle plus variée. Elle sera autrement plus excitante
et plus satisfaisante, car vous serez maîtresse de votre excitation sexuelle, et
vous n’aurez plus besoin que votre partenaire fasse tout d’une certaine
manière. Parce que vous pourrez choisir le moment où vous parviendrez à
l’orgasme. Parce que votre désir sexuel sera plus fort. Parce que c’est bon
de jouir ensemble parfois. Et parce que c’est merveilleux de pouvoir
atteindre l’orgasme par pénétration avec son partenaire.
Ce livre vous aidera à mieux connaître votre corps et à comprendre
comment vous atteignez l’orgasme grâce à la pénétration ou pourquoi vous
n’y arrivez pas encore, ainsi qu’à mieux cerner le lien entre fantasme,
plaisir, désir et excitation. À chacune des dix étapes de ce processus, je
répondrai aux questions les plus fréquentes et vous proposerai des exercices
à réaliser. Chaque thème est illustré par un cas pratique rencontré en
consultation. La fin du livre contient quelques conseils pour votre
partenaire, pour que vous puissiez tou(te)s deux apprendre et vous entraîner,
et atteindre ensemble le nirvana.
Étape 1
MINI-LEÇON D’ANATOMIE
Le vagin, la vulve et le clitoris
EXERCICES
1. Touchez votre vulve et votre vagin plusieurs fois par semaine. Comment
? Commencez par un petit échauffement. Fermez le poing gauche sans
serrer, pour représenter vos parties génitales, puis insérez-y lentement
l’index droit : que sentez-vous ? Où sont les parties molles ? Où sont les
parties chaudes ? Y a-t-il des zones rugueuses ? Ensuite, faites la même
chose avec votre vagin : touchez d’abord les différentes parties de votre
vulve puis, lorsque vous êtes prête, insérez lentement un doigt dans votre
vagin et posez-vous les mêmes questions. Concentrez-vous sur ce que
touche votre doigt plutôt que sur les sensations de votre vagin. Le but est
de découvrir votre vulve et votre vagin. Si vous n’avez pas l’habitude de
vous toucher de cette manière, essayez de faire l’exercice en souriant.
Cela déclenchera des émotions positives dans votre cerveau, ce qui
facilitera l’exercice.
2. Pensez aussi précisément que possible à la façon dont vous ressentez
l’excitation pendant que vous réalisez le premier exercice, mais aussi
lorsque vous ne vous touchez pas. Où ressentez-vous l’excitation ?
Qu’éprouvez-vous ? Est-ce une sensation d’ordre physique ou plutôt
émotionnel ? Est-ce différent quand vous vous touchez et quand vous ne
vous touchez pas ? Beaucoup de femmes ont du mal à mettre des mots sur
l’excitation et, parfois, ne remarquent même pas qu’elles sont excitées,
alors que leur corps en montre des signes. Essayez de repérer les subtils
changements qui s’opèrent au niveau de vos parties génitales.
BON À SAVOIR
Pourquoi dois-je me toucher ? Je pourrais simplement prendre une photo
ou regarder dans un miroir pour savoir à quoi ressemble ma vulve.
Vos doigts vous donneront un autre type d’informations. Ce n’est pas pour
rien si le verbe saisir est aussi synonyme de comprendre. Sans oublier que
le regard peut porter des jugements très durs. En vous touchant, vous sentez
les endroits du corps que vous cherchez à sensibiliser. C’est donc un
premier pas vers « l’éveil » de ces zones.
Mon clitoris et mon vagin sont assez écartés l’un de l’autre. S’ils étaient
plus proches, aurais-je plus de chances de parvenir à l’orgasme pendant la
pénétration ? Serait-ce simplement une question d’anatomie ?
Oui et non. Le bout du clitoris est très sensible, et lorsqu’une femme a
l’habitude de le stimuler, cela crée une forte connexion entre le clitoris et le
cerveau. Si ce clitoris hautement sensibilisé se trouve suffisamment près du
vagin et que cette femme fait l’amour dans une position qui favorise les
frictions avec le clitoris, alors ce rapport sexuel pourrait bien provoquer
chez elle un orgasme. Si le bout du clitoris est loin du vagin, il sera
probablement peu stimulé pendant la pénétration. Mais dès que l’on
renforce la connexion entre le cerveau et le vagin, cette distance n’a plus
aucune importance, car les piliers du clitoris à l’intérieur du vagin, entre
autres choses, auront été mieux sensibilisés.
Puisque le clitoris entoure le vagin, on ne peut pas vraiment parler
d’orgasme « vaginal », si ?
Le niveau de sensibilité des piliers du clitoris, du point G, du col de
l’utérus, de l’ouverture de l’urètre ou de toute la paroi interne du vagin
varie d’une femme à l’autre. Dans une étude de 2004, le chercheur en
neurosciences Barry Komisaruk et ses collègues ont réfuté l’idée selon
laquelle l’orgasme féminin était toujours d’origine clitoridienne : ils
observaient que des femmes totalement paraplégiques n’atteignaient pas
l’orgasme par stimulation clitoridienne, alors que la stimulation du vagin ou
de col de l’utérus les menait à l’orgasme. Cela s’explique par le fait que les
influx nerveux du clitoris sont transmis au cerveau par la colonne
vertébrale, alors que ceux du col de l’utérus passent par le nerf vague,
indépendant de la colonne vertébrale. Cette voix nerveuse n’est pas
interrompue chez les femmes paraplégiques. Il existe donc une forme
d’orgasme féminin déclenché au niveau du vagin.
Pour la plupart des femmes, cependant, l’orgasme est le fruit de la
stimulation combinée du clitoris et du vagin. Cela confirme donc ce
principe de base : plus le nombre de zones sensibilisées est important – du
clitoris à l’entrée du vagin, ou de la zone G et des parois vaginales au col de
l’utérus –, plus la femme ressent de plaisir en faisant l’amour. Son orgasme
sera alors déclenché par l’excitation de plusieurs zones. Ce livre parle
d’orgasme « interne » pour désigner les orgasmes par pénétration ou
stimulation vaginale. Bien sûr, en réalité, l’ensemble du clitoris est
également impliqué, mais certaines femmes ayant déjà connu ce type
d’orgasme indiquent que l’orgasme vaginal semble plus intégral. Souvent,
l’orgasme clitoridien est surtout ressenti autour du clitoris, tandis que
l’orgasme interne se ressent dans tout le corps. Les femmes qui stimulent à
la fois le clitoris et le vagin affirment ressentir des orgasmes
particulièrement forts et intenses, comme l’expliquent Kerstin Fugl-Meyer
et son équipe dans un article paru dans le Journal of Sexual Medicine en
2006.
Qu’est-ce que le squirting ? Comment cela se produit-il ?
Certaines femmes produisent d’importantes quantités de fluides
lorsqu’elles jouissent. C’est ce qu’on appelle couramment le squirting ou
l’éjaculation fontaine. Quand une femme se stimule ou est stimulée par
pression au niveau de la zone G, il arrive que du liquide soit expulsé par
l’ouverture de l’urètre. Généralement, quand cela se produit, la femme
contracte le périnée et, si l’excitation est vraiment intense, elle peut perdre
brièvement le contrôle des muscles servant à refermer l’urètre. La
contraction du périnée peut faire jaillir un fluide mêlé à une sécrétion
laiteuse provenant des glandes para-urétrales, l’équivalent féminin de la
prostate masculine. (Les chercheurs distinguent généralement l’éjaculation
féminine – impliquant uniquement une sécrétion prostatique – du squirting
– qui associe cette sécrétion à une plus grande quantité de liquide provenant
de la vessie.) Ce phénomène nécessite encore d’être exploré en détail.
Certaines femmes sont très excitées par l’idée de « total lâcher-prise ». Le
squirting ou l’éjaculation fontaine ne survient pas nécessairement pendant
un orgasme. Si vous êtes concernée, vous pouvez étendre des serviettes sur
le lit pour éviter de mouiller votre matelas.
CAS PRATIQUE
Suzanne
Suzanne a 22 ans et me consulte à cause d’un sujet de
conversation – voire de dispute – récurrent entre elle et son petit
ami : le sexe oral. Il en voudrait plus. Il aime pratiquer le
cunnilingus et apprécie aussi la fellation. Dans un cas comme
dans l’autre, elle s’y plie, mais à contrecœur. Suzanne dit que le
sexe oral l’excite, mais que la situation la met mal à l’aise. « Ça va
uniquement si je viens de me doucher », dit-elle. Elle ne comprend
pas que son petit ami aime faire cela. Elle pense qu’il dit ça
simplement pour la rassurer et pour obtenir quelque chose d’elle
en retour. Quand il lui fait un cunnilingus, elle est obsédée par
l’idée que cela doit être une vraie corvée pour lui. Son petit ami
trouve cela agaçant et pense qu’elle fait la difficile. Cela crée des
tensions entre eux. Suzanne veut que ça change, même si ce
n’est « pas très important ». Elle ne veut pas qu’à long terme le
sexe oral devienne un obstacle pour eux.
J’ai l’impression que Suzanne est angoissée par ses parties
génitales. Je lui demande si elle sait à quoi elles ressemblent et si
elle les a déjà observées attentivement. Elle dit qu’elle a déjà
regardé, mais qu’elle ne voit rien de très séduisant « là en bas ».
EXERCICES
1. Observez-vous pendant la masturbation et pendant les rapports, puis
répondez aux questionnaires des pages 38 et 39. Faites tout exactement
comme d’habitude. Si vous ne vous êtes jamais masturbée, ou très
rarement, commencez maintenant en suivant votre intuition. Faites
simplement ce qui vous fait du bien. Notez que, même si,
étymologiquement, le mot masturbation implique l’usage de la main, il
désigne dans ce livre toutes les pratiques employées pour se procurer du
plaisir sans partenaire – que ce soit en se touchant de diverses manières, à
l’aide d’un vibromasseur, en serrant les cuisses, etc. Le but est d’obtenir
une description aussi précise que possible – une sorte de registre de
masturbation, comme le scénario d’un film. Masturbez-vous plusieurs fois
par semaine : si le fait de vous observer vous distrait et trouble vos
habitudes, il vous faudra peut-être un peu de temps pour obtenir une
image fidèle.
2. Réfléchissez au rapport que vous entretenez avec vos parties génitales. Y
prêtez-vous beaucoup d’attention au quotidien ? Avez-vous conscience de
votre vagin et de votre vulve ? Quand y pensez-vous ? Y pensez-vous de
façon plutôt positive ou négative ? Envoyez de temps en temps un
message mental à votre sexe, pour lui demander comment il va.
BON À SAVOIR
Pourquoi faut-il s’entraîner si souvent ? Je n’ai pas le temps.
Pour améliorer son anglais, il faut pratiquer. Pour jouer du piano, il faut
pratiquer. Pour apprendre à danser, c’est pareil. Essayez de vous réserver un
peu de temps, plusieurs fois par semaine – cela portera ses fruits. Plusieurs
entraînements brefs valent mieux qu’un seul long entraînement – c’est
beaucoup plus efficace ! Le calcul est simple : on récolte ce que l’on a
semé. Cela vaut aussi pour le sexe ! Quels que soient votre motivation et
votre désir de pratiquer, le plus important est de persévérer et d’intégrer
autant de séances d’entraînement que possible dans votre quotidien.
Je n’ai pas souvent envie de me masturber. Dois-je me forcer ?
C’est normal de ne pas toujours avoir envie. Il ne faut jamais se forcer, et
il y a des jours où l’entraînement ne fonctionnera pas. Essayez de vous
toucher un peu, même sans atteindre l’orgasme. Il y a de grandes chances
pour que cela vous donne envie d’aller plus loin, mais si cela s’avère
désagréable, mieux vaut arrêter et réessayer le lendemain.
Cependant, rappelez-vous qu’il est important de pratiquer pour atteindre
son objectif. Ce n’est pas si terrible que ça en a l’air. Faire des gammes,
encore et encore, n’a rien de très amusant non plus, mais on le fait parce
qu’on sait qu’il faut pratiquer pour progresser. Quand, au bout de très
nombreuses heures de pratique, on arrive à jouer un morceau à la
perfection, on ressent une joie immense – qui donne encore plus envie de
jouer.
C’est là tout l’intérêt : vous en voudrez plus. Si vous trouvez que la
masturbation et les rapports sexuels ne vous apportent pas grand-chose,
vous n’en aurez sûrement pas très envie. Comme souvent dans la vie, cela
dépend du rapport coût-bénéfice :
quand les bénéfices augmentent, on se met à prendre goût au « coût » ou
aux efforts demandés – et à les trouver moins contraignants. Autrement dit,
plus vous pratiquerez, plus vous y prendrez plaisir et plus vous aurez envie
de continuer.
Pour faire encore plus simple : plus vous aborderez ces exercices de
manière ludique et curieuse, plus vous en tirerez du plaisir, et vous ne
verrez pas le temps passer. Et là aussi, un sourire peut aider !
Certaines femmes atteignent l’orgasme par pénétration vaginale sans faire
d’effort particulier. Pourquoi est-ce si différent pour elles ? Pourquoi n’ont-
elles pas besoin de s’entraîner ?
Ce n’est pas tout à fait vrai. Même celles qui ont connu l’orgasme par
pénétration vaginale dès la première fois se sont entraînées. Elles ont
sûrement pratiqué durant l’enfance ou sans même remarquer qu’elles
s’entraînaient. Aucune femme n’arrive au monde avec des réponses
sexuelles matures – de même qu’aucun bébé ne naît en sachant marcher. Ce
sont des compétences qui s’apprennent. J’observe souvent dans mon
cabinet que les femmes ayant eu assez tôt des orgasmes par pénétration ont
également découvert et touché leur vagin à un jeune âge. Elles se sont
entraînées, elles aussi.
Que dois-je faire si je ne me suis pas masturbée depuis très longtemps ? Et
si je n’ai pas vraiment de « méthode personnelle » ?
Faites ce dont vous vous souvenez, ce qui fonctionnait avant. Observez-
vous pendant que vous le faites. Et si vous n’avez pas vraiment de méthode,
ce n’est pas grave ! C’est le moment d’en développer une. Faites un essai
pour trouver ce qui vous procure du plaisir !
Commencez par vous toucher de différentes manières – en faisant des
cercles, en caressant, en appuyant, en tapotant, doucement ou plus fort –
puis continuez à faire ce que vous aimez. Ne cherchez pas à atteindre
l’orgasme à tout prix : contentez-vous d’explorer !
Pourquoi dois-je pratiquer seule ? Pourquoi ne puis-je pas appliquer les
changements directement en faisant l’amour avec mon (ma) partenaire ?
En pratiquant seule, vous n’êtes pas déconcentrée par ce qui se passe
autour et vous pouvez faire exactement ce qui vous plaît. Le(a) partenaire
est toujours une source de distraction voire d’interruption. En pratiquant
seule, vous pouvez focaliser votre attention sur vos propres sensations. Bien
sûr, vous pouvez aussi pratiquer en faisant l’amour avec votre partenaire, à
condition de vous concentrer tou(te)s les deux sur les sensations de votre
vagin durant les préliminaires.
Au début de notre relation, j’atteignais l’orgasme beaucoup plus vite et plus
souvent quand nous faisions l’amour. Pourquoi ?
La passion, qui est généralement plus forte au début d’une relation,
influence notre désir sexuel. Les hormones intensifient massivement nos
sensations et nous rendent nettement plus sensibles au toucher. Les couples
ont aussi tendance à bouger beaucoup plus durant les premiers rapports. Le
désir d’explorer un nouveau corps rend plus actif. Le début d’une relation
correspond en général à une phase où tout coule de source et où l’on ne voit
pas le temps passer. On envoie et on reçoit des stimuli qui amplifient le
désir et provoquent plus d’orgasmes à tous les niveaux et par tous les
canaux. Certains couples repensent avec nostalgie au début de leur relation,
songeant avoir perdu la passion qui l’animait alors. Mais là encore, c’est
une erreur : la passion aussi, ça s’apprend ! Vous verrez comment plus loin
dans ce livre.
CAS PRATIQUE
Léa
Léa a 31 ans et a une relation stable depuis cinq ans. Elle est
heureuse en couple, aime son petit ami et souhaite un jour avoir
des enfants avec lui. Elle ne vient pas me voir à cause d’une
terrible souffrance. Elle m’assure même d’emblée que « dans le
fond, ce n’est pas vraiment un problème ! » Mais elle craint que
cela le devienne un jour et, pour éviter cela, elle a pris rendez-
vous avec moi. Léa me dit que, depuis un certain temps, elle a
plus envie de se masturber que de faire l’amour avec son petit
ami. Avant, ils le faisaient souvent et prenaient tout leur temps,
mais à présent, ils ne le font plus que deux ou trois fois par mois.
Généralement, c’est lui qui prend l’initiative. Léa me dit qu’en fait
elle aimerait faire l’amour plus fréquemment, mais elle en a
rarement le temps, l’énergie ou même le désir. Ce n’est pas un
drame : « Certains couples le font encore moins que nous ! »,
ajoute-t-elle en riant. Mais elle ne veut pas que leurs rapports se
raréfient.
Nous parlons de masturbation et de sexe. Léa me dit qu’elle
atteint l’orgasme rapidement et à coup sûr quand elle est seule.
Elle s’allonge sur le dos et appuie sur son clitoris avec deux
doigts. Ensuite, elle se sent bien, mais ces orgasmes n’ont rien
d’extraordinaire non plus. Avec son petit ami, elle atteint l’orgasme
uniquement lorsqu’il lui fait un cunnilingus – mais cela ne marche
pas toujours et ça prend souvent un certain temps. Elle n’a jamais
joui grâce à la pénétration. Son petit ami jouit à chaque fois qu’ils
font l’amour. Elle trouve cela injuste parfois, même si ça semble
être une différence couramment observée entre les hommes et les
femmes. Néanmoins, cela l’embête de devoir se demander si elle
s’y prend mal ou si elle n’est pas normale. Elle craint que son désir
sexuel finisse par s’éteindre complètement et que cela nuise à son
couple.
Je commence par lui assurer qu’elle est parfaitement normale.
Beaucoup de femmes partagent ces sentiments – j’ai entendu un
nombre incalculable de récits similaires au sien. Nous parlons du
fait qu’elle peut changer les choses si elle le souhaite. Cela
demande de la motivation, du temps et de la patience. Le désir
sexuel est intimement lié à la capacité à en tirer du plaisir. Ce que
l’on trouve moyennement satisfaisant paraît moyennement
intéressant.
L’idée qu’elle est en mesure de changer les choses est, en soi, la
première étape vers ce changement. Léa pensait qu’elle devait
apprendre à accepter la situation. Je lui explique comment elle
peut opérer ce changement : elle va devoir répéter les exercices
décrits dans ce livre plusieurs fois par semaine pendant trois mois.
Chez elle, Léa se demande si elle est prête à investir autant de
temps et d’énergie. Lorsqu’elle revient me voir, elle dit qu’elle sait
que ce ne sera pas facile, car elle a du mal à tenir ce genre
d’engagement, mais elle est curieuse et veut bien essayer.
Au cours des semaines qui suivent, elle me parle régulièrement de
ses découvertes et des étapes à venir. Elle dit qu’elle a du mal à
se motiver, mais elle aime l’aspect simple et concret de cette
thérapie. Elle se rend vite compte que quelque chose est en train
de changer et que ses efforts payent. Elle comprend mieux son
corps et apprend à mieux le connaître. Elle prend de plus en plus
de plaisir pendant l’amour et commence même à prendre plus
souvent l’initiative. Non pas parce qu’elle pense que c’est le
moment, mais parce qu’elle en a envie. Elle dit : « Désormais, je
fais l’amour pour moi, pas pour mon couple ou pour mon petit ami.
»
Étape 3
D’OÙ JE VIENS
Mon passé sexuel
C es deux premières étapes ont dû vous donner une idée assez claire de
la manière dont fonctionne votre excitation sexuelle. Peut-être avez-
vous remarqué que vous ne faites pas les mêmes choses seule et à deux.
Peut-être que vous serrez les cuisses quand vous vous masturbez, tandis
qu’avec votre partenaire, vous les écartez. Peut-être que vous bougez plus
en faisant l’amour que quand vous êtes seule. Peut-être que vous vous
allongez sur le ventre pour vous masturber, alors qu’à deux, vous êtes plus
souvent sur le dos. Peut-être que vous aimez vous stimuler avec des vidéos
pornographiques ou érotiques, et qu’à deux, cette stimulation mentale ou
visuelle vous manque. Ou peut-être que vous êtes plutôt réceptive aux
caresses lentes et douces, alors qu’avec votre partenaire, les rapports sont
plutôt brutaux et rapides. En comparant ces deux types d’expérience,
beaucoup de femmes s’aperçoivent qu’elles se masturbent en se touchant
principalement le clitoris ou certaines parties du clitoris, mais que,
lorsqu’elles font l’amour – c’est-à-dire pendant la pénétration –, c’est
surtout leur vagin qui est stimulé. On comprend aisément pourquoi il est
difficile d’atteindre l’orgasme par pénétration vaginale si le vagin n’est pas
stimulé pendant la masturbation.
Il y a plusieurs explications au fait que les femmes ont tendance à toucher
plutôt l’extérieur que l’intérieur de leur appareil sexuel. Tout d’abord, la
vulve étant à l’extérieur, elle est tout simplement plus facile à trouver et à
toucher, en particulier au niveau du clitoris – et ce contact est généralement
source de plaisir. Beaucoup de jeunes filles ne pensent pas à explorer
activement leur vagin. C’est parfois lié à la honte. Aujourd’hui encore, les
parties génitales féminines sont plus taboues que leurs équivalentes
masculines. L’anatomie féminine est un sujet délicat, qui met mal à l’aise et
pour lequel on peine parfois à trouver les mots justes. Beaucoup de termes
courants sont soit vulgaires (comme con ou chatte), soit techniques. Il n’y a
pas de mot simple et non connoté pour désigner l’ensemble formé par la
vulve et le vagin. De plus, ces parties du corps sont souvent associées à des
expériences douloureuses pendant l’adolescence ou l’âge adulte : les règles
viennent du vagin, dans lequel on enfonce des tampons et qui peut être
assailli de mycoses, sans oublier que les bébés naissent par ce conduit.
Certaines femmes souffrent aussi de traumatismes sexuels qui peuvent
affecter le rapport qu’elles entretiennent avec leur vagin. Comme vous le
voyez, de nombreux obstacles peuvent empêcher le développement d’une
connexion positive entre le vagin et le cerveau.
Votre capacité à jouir par stimulation du clitoris ne présage en rien de
celle à jouir par stimulation vaginale. Il se peut que vous n’ayez acquis
qu’une seule des deux compétences. Ce n’est pas parce qu’on parle anglais
que l’on sait forcément parler allemand. Contrairement à ce que l’on croit
souvent, l’orgasme « clitoridien » n’est donc pas une étape préliminaire de
l’orgasme « vaginal ». Aucun d’eux n’est le « petit frère » de l’autre, ni
inférieur à l’autre. Pour beaucoup, l’orgasme par stimulation clitoridienne
est une simple habitude : quelque chose de formidable qui procure plaisir et
satisfaction à tous les coups.
Afin de comprendre ce que vous avez déjà appris et quelles synapses ont
déjà été formées dans votre cerveau, repensez au passé. Comment était
traité votre corps quand vous étiez enfant ? Et adolescente ? Quand avez-
vous commencé à vous masturber ? Pour faire le point sur sa situation
actuelle, il faut comprendre comment on est arrivé là.
Essayez de déterminer pourquoi vous avez appris à connaître votre vagin,
ou pas. Essayez de vous souvenir si vos premières expériences sexuelles
étaient positives ou associées à des sentiments de honte.
Mon histoire
Quand ai-je découvert mes parties génitales ?
Quel âge avais-je à l’époque ?
Comment ont réagi mes parents et mes frères et sœurs ?
Quand j’étais enfant, comment faisais-je référence à mes parties
génitales ?
Comment mes parents y faisaient-ils référence ?
Quand ai-je touché mon sexe pour la première fois ?
Quand ai-je ressenti une excitation sexuelle pour la première fois ?
Qu’est-ce qui a provoqué cette excitation ?
Quelle partie de mon corps ai-je touchée ?
Qu’ai-je ressenti quand mon corps s’est mis à changer pendant la
puberté ?
Quand me suis-je masturbée pour la première fois ?
Comment était-ce ?
Qu’ai-je fait ?
Comment est-ce que je percevais mes parties génitales ?
Quand ai-je eu un premier contact sexuel avec une autre personne ?
Qu’ai-je ressenti ?
Qu’avons-nous fait ?
Qu’est-ce qui m’a plu ?
Si vous avez du mal à répondre, peut-être que ces phrases vous raviveront
la mémoire :
Mes parents appelaient les parties génitales féminines… OU : Quand
j’étais petite, je n’avais pas de mot pour désigner mes parties génitales.
À la maternelle, j’ai été surprise en train de jouer au « docteur » avec un
copain. L’instituteur était fâché et nous a interdit de recommencer. OU :
J’adorais jouer au docteur.
Découvrir mon corps m’excitait. OU : J’avais honte de me toucher « là en
bas ».
Ma voisine/mon amie/ma sœur m’a montré comment elle se touchait. OU
: Personne ne m’a montré comment se masturber.
Je parlais beaucoup de masturbation avec mes amies.
OU : On ne parlait jamais de masturbation.
J’ai décidé de me masturber après avoir lu quelque chose à ce sujet. OU :
Je n’ai pas eu l’idée de me toucher.
J’étais contente d’avoir mes règles. C’était un grand jour pour moi. OU :
La première fois que j’ai eu mes règles, j’ai trouvé ça dégoûtant/gênant.
Je n’ai pas aimé que mon corps prenne des formes plus féminines. OU :
J’étais heureuse que mon corps prenne des formes plus féminines.
Ma première fois a été douloureuse ; je n’étais pas consentante. OU : Je
n’ai presque rien senti la première fois et ça m’a déçue. OU : J’ai adoré ma
première fois.
Replongez-vous dans ces souvenirs afin de mieux comprendre où vous en
êtes aujourd’hui. Beaucoup de femmes sont en conflit avec leur corps. Elles
se reprochent de ne pas être capables de vivre leur sexualité librement et en
y prenant plaisir. Ne vous inquiétez pas : nous n’avons pas toutes eu les
mêmes expériences, et c’est normal. Certaines femmes ont eu envie
d’explorer leur corps dès l’enfance ; pour d’autres, ce n’est venu que plus
tard, avec leurs premiers partenaires, par exemple ; d’autres encore ont
attendu d’être plus âgées pour découvrir leur corps et leur sexualité.
Néanmoins, les femmes développent bien souvent un certain modus vivendi
auquel elles s’habituent. Elles y recourent régulièrement, et cela fonctionne
parfaitement. Ce n’est qu’au bout de plusieurs années – en changeant de
partenaire, par exemple, ou après avoir lu quelque chose – qu’elles décident
de faire autrement et d’élargir leur répertoire.
EXERCICES
À partir de maintenant, vous allez tout doucement étendre le champ de vos
habitudes. Vous avez peut-être envie de tout changer d’un coup, mais cela
ne fonctionnera pas. Comme souvent dans la vie, il vous faudra du temps
et de la patience.
Modifiez un détail lorsque vous vous masturbez, et observez l’effet produit.
Si vous avez l’habitude de bouger les doigts rapidement ou d’appuyer
fort, allez lentement ou appuyez plus doucement. Ou essayez de modifier
votre niveau de tension corporelle ou encore de varier le tempo.
Si vos sensations et votre niveau d’excitation diminuent, retournez à vos
bonnes vieilles habitudes. Laissez monter l’excitation, puis reprenez avec
la nouvelle version et le nouveau rythme. Ne modifiez pas toute votre
technique d’un seul coup ; changez plutôt un élément à la fois. Sinon,
votre excitation risque de retomber au point mort. Répétez l’exercice
plusieurs fois par semaine. Peu importe si cela vous mène à l’orgasme ou
pas.
BON À SAVOIR
Repenser à ma sexualité quand j’étais enfant me met à l’aise. Pourquoi ?
Quand on pense à son enfance, ou même à son enfant, en termes de
sexualité, on pose un regard d’adulte sur l’enfant que l’on était ou sur son
enfant. Or ce n’est pas ainsi que l’enfant perçoit le développement sexuel et
la découverte de son corps. Il se découvre et découvre son environnement
par le biais du plaisir. Il veut voir à quoi ressemble l’intérieur de sa bouche
et toucher l’intérieur de ses narines. Il se touche et s’observe. Il veut
explorer tout son corps, y compris son sexe. Pour l’adulte, le contexte n’est
pas le même, et nous jugeons ces pratiques embarrassantes ou dangereuses.
Mais il s’agit de notre point de vue d’adulte. En tant qu’enfants, nous ne
pensions pas de la même manière. L’enfant recherche les sensations
agréables et essaie de les reproduire, mais lorsqu’il remarque que son
comportement provoque des réactions étranges chez l’adulte, il se met à
trouver cela étrange lui aussi.
Est-ce normal pour un enfant de jouer au docteur ?
Oui ! Cela l’aide à explorer son corps et à satisfaire sa curiosité. C’est une
étape tout à fait naturelle de la découverte de son corps. Tant que les enfants
qui jouent ensemble au docteur ont à peu près le même âge et sont tous
deux parfaitement consentants, il n’y a aucune inquiétude à avoir.
Pourquoi devrais-je modifier certains éléments de ma technique de
masturbation ? Ça marche très bien comme ça.
Comme toutes les femmes, vous avez développé au fil des années un
certain schéma d’excitation. Alors pourquoi en développer un autre ? Eh
bien, plus vous aurez de schémas, plus vous serez réceptive à différents
types de contacts. Par exemple : une femme a l’habitude de se frotter le
clitoris dans le sens des aiguilles d’une montre. En la caressant, son ou sa
partenaire tourne souvent dans le mauvais sens, appuie trop fort ou va trop
lentement. La femme sent que ça ne fonctionne pas mais fait son possible
pour se sentir excitée. Si elle n’était pas captive d’un schéma si précis, mais
possédait un répertoire plus varié, elle aurait moins de difficulté à éprouver
du plaisir pendant l’amour. Son ou sa partenaire n’aurait pas besoin de faire
exactement ce à quoi elle est habituée ; au contraire, elle pourrait se laisser
surprendre et, ainsi, se sentir plus excitée. Bien sûr, elle peut et devrait dire
à l’autre exactement ce qu’elle aime et ce qu’il faut faire, mais les rapports
sexuels seront plus variés et plaisants si, au lieu de devoir suivre un
parcours balisé, elle peut essayer toutes sortes de choses différentes et qui,
pour beaucoup, s’avéreront sexuellement excitantes.
Et cela vaut aussi pour les hommes ! Beaucoup réagissent essentiellement
aux techniques de stimulation qu’ils emploient sur eux-mêmes et souhaitent
être touchés de la même manière. Pour que l’excitation monte, ils ont
besoin de ressentir la même pression que lorsqu’ils se masturbent. Vous
verrez comment les hommes peuvent se libérer de ces schémas et élargir
leur répertoire dans le chapitre qui leur est dédié en fin d’ouvrage.
J’utilise toujours un vibromasseur quand je me masturbe. Puis-je l’utiliser
pour ces exercices ?
Le vibromasseur est un moyen efficace de susciter et d’attiser l’excitation.
Mais les pénis ne vibrent pas. Donc si vous avez besoin d’un vibromasseur
pour atteindre l’orgasme, il est normal qu’un pénis ne vous procure que peu
de sensations. Si vous voulez que le corps de votre partenaire vous fasse
jouir, vous devez apprendre à jouir sans vibromasseur. Ne vous en
débarrassez pas pour autant – ou vous vous sentirez rapidement frustrée.
Continuez de l’utiliser, mais de temps en temps, abaissez l’intensité des
vibrations. Ou utilisez vos doigts et, si vous sentez l’excitation fléchir,
reprenez votre vibromasseur.
CAS PRATIQUE
Martine
Martine a deux ados à la maison, elle est mariée depuis vingt-cinq
ans et heureuse en ménage. Elle vient me consulter parce que
son « clitoris ne marche plus ». Elle me dit que la masturbation l’a
toujours fait jouir, mais depuis la ménopause, ce n’est plus aussi
facile qu’avant. Parfois, elle ressent même de la douleur après
l’orgasme. Elle fait régulièrement l’amour avec son mari, « toutes
les deux semaines, environ », mais cela ne l’excite pas plus que
ça. Elle le fait quand même « parce que ça fait partie du contrat, et
puis il aime tellement ça ».
Je l’interroge sur son enfance. Elle répond brièvement qu’elle n’a
jamais eu de problème – elle avait de super parents et n’a jamais
vécu aucun traumatisme. Martine est l’aînée de quatre enfants et
avait des parents très aimants. On ne parlait jamais de sexe chez
elle. Elle ignore si elle a déjà joué au docteur. Elle se rappelle juste
une chose : un jour, alors qu’elle « jouait » avec une voisine, la
mère de cette dernière les a surprises et leur a dit que ce qu’elles
faisaient était dégoûtant. Martine m’indique qu’elle a pris
conscience assez tôt du plaisir qu’elle pouvait
EXERCICES
1. Commencez par bouger en vous masturbant, en faisant d’abord de petits
mouvements. Basculez le bassin d’avant en arrière. Essayez de ne pas
rester passivement allongée. Contractez volontairement les muscles puis
détendez-les. Quand l’excitation retombe – ce qui arrivera
probablement –, reprenez votre schéma habituel de manière à la faire
remonter, puis recommencez à bouger. Là encore, faites de petits
mouvements au début. Avec le temps, vous constaterez que votre
excitation dure plus longtemps et que vous ressentez de plus en plus de
choses. Si vous ne jouissez pas, ce n’est pas grave. Refaites l’exercice
plusieurs fois par semaine.
2. Touchez votre vagin centimètre par centimètre et étudiez attentivement
les sensations que chaque point vous procure. Établissez une carte interne
de votre vagin. Que ressentez-vous juste à l’entrée du vagin ? Et un
centimètre plus loin, à gauche ? Et dans la zone G, sur la paroi avant ?
Essayez d’être plus consciente de votre vagin tout au long de la journée.
Maintenant que vous avez touché votre vulve et votre vagin de
nombreuses fois, vous commencez à les connaître. Vous savez comment
ils sont faits. À présent, essayez de prendre conscience de vos parties
génitales dans votre vie de tous les jours. Marchez de manière à ressentir
votre vagin. Contractez et relâchez le périnée de façon répétée. Inspirez
profondément avec le ventre. Essayez de percevoir consciemment votre
vagin et – surtout ! – d’en être fière.
3. Imaginez qu’il y a un cadran d’horloge à l’entrée de votre vagin.
Déterminez où se situent le 12, le 3, le 6 et le 9. Touchez l’entrée de votre
vagin avec un ou deux doigts. Que ressentez-vous lorsque vous touchez
chacun de ces points ? À présent, imaginez que ce cadran se situe un peu
plus à l’intérieur de votre vagin. Touchez de nouveau chacun de ces quatre
points. Que ressentez-vous ? Est-ce différent ? Quel point est plus sensible
et lequel l’est moins ?
C’est un bon exercice à faire à deux : réussissez-vous à bien distinguer le
point touché par votre partenaire ? Qu’est-ce qui change lorsqu’il ou elle
touche un autre point ? Et quelle différence y a-t-il quand vous sentez le
doigt de votre partenaire, et non le vôtre ?
BON À SAVOIR
Je ne sens presque rien quand je me touche le vagin. Est-ce que je m’y
prends mal ?
Vous pensez peut-être ne « rien » sentir – mais c’est faux. Les sensations
recouvrent différents aspects : d’abord, il y a des chances pour que vous ne
ressentiez presque rien, puis vous sentirez que votre doigt est à l’intérieur
de votre vagin, puis vous arriverez à dire si c’est agréable ou pas, puis vous
commencerez sûrement à trouver cela agréable, puis légèrement excitant, et
enfin très excitant.
Au début, le problème est lié au décalage entre les attentes et les
perceptions. Si vous vous attendez à trouver cela tout de suite très excitant,
vous serez frustrée. Mais si vous êtes curieuse et ouverte, en acceptant ce
que vous ressentez, vous pourrez remarquer les changements et vous en
réjouir.
L’important est de savoir que l’excitation est déclenchée par un réflexe,
quand certaines conditions sont réunies, comme n’importe quel autre
réflexe du corps.
Par exemple, le réflexe du genou : quand on touche un certain point, le
tibia se lève. On ne peut pas provoquer cela intentionnellement – cela se
produit quand les conditions physiques nécessaires sont remplies (le coup
sur le genou). Le réflexe d’excitation sexuelle fonctionne un peu de la
même manière. Lorsqu’il est déclenché, l’excitation se manifeste et peut
être renforcée jusqu’à l’orgasme. L’orgasme aussi est un réflexe que l’on
peut déclencher. On ne peut pas le produire volontairement, mais on peut
réunir les conditions adéquates : provoquer l’excitation, la diffuser dans tout
le corps et enfin la canaliser jusqu’à la jouissance.
La stimulation du vagin provoque des sensations très différentes de celles
provoquées par la stimulation du clitoris. Pourquoi ?
Chaque femme ressent l’excitation clitoridienne à sa façon. Beaucoup
disent qu’elle est plus « nette ». C’est une excitation plus localisée.
L’excitation vaginale est plus douce et diffuse. Souvent, les femmes
ressentent cette douce et vague sensation sans vraiment savoir de quoi il
s’agit et ne l’associent pas à l’excitation sexuelle. Cela s’apprend. Il est
important d’apprendre à s’ouvrir aux sensations et aux perceptions
nouvelles.
J’entends souvent mes patientes dire qu’elles ne ressentent pas ce à quoi
elles s’attendaient. Pourtant, en les interrogeant, il m’apparaît clairement
qu’elles ont ressenti de l’excitation. Il faut se rappeler que les attentes sont
des idées concrètes. Quand on attend une réaction précise de notre corps, on
passe à côté de tout ce que l’on n’a pas anticipé.
Puis-je avoir un orgasme par pénétration sans bouger ?
Bien sûr. Vous pouvez avoir un orgasme lors d’un rapport de courte durée
et en restant très contractée si, par exemple, votre col de l’utérus est bien
sensibilisé et stimulé par pénétration. Le but est d’être capable de ressentir
beaucoup d’excitation et de satisfaction grâce à divers types de rapports
sexuels, brefs ou longs, rapides ou lents.
Et dans Cinquante Nuances de Grey ? C’est lui qui fait tout le travail,
tandis qu’elle reste allongée et a des orgasmes à répétition. Je sais que
c’est une fiction, mais elle a inspiré des millions de femmes. Beaucoup de
femmes aiment être attachées, n’est-ce pas ?
C’est très bien lorsque deux partenaires peuvent s’exciter mutuellement
de cette façon – ce type de jeu peut s’avérer très stimulant. Dans ce cas,
l’excitation est physiquement « logique ».
Quand on est attaché, les sens sont plus en éveil parce qu’on est excité. La
tension rend les sensations plus intenses. On peut comprendre que cela
mène à l’orgasme. Mais si une femme avait uniquement ce type de rapports
sexuels – attachée au lit trois fois par semaine, et rien d’autre –, au bout
d’un moment, ses chances de jouir s’amenuiseraient, car son excitation
sexuelle serait basée sur son excitation mentale, qui diminuerait un peu à
chaque fois puisqu’elle finirait par s’y accoutumer. Les couples qui aiment
ces pratiques doivent être très inventifs et utiliser des techniques
sophistiquées pour que l’effet perdure.
CAS PRATIQUE
Chloé
Chloé a 27 ans. Elle me consulte parce qu’elle a du mal à
comprendre son comportement pendant les rapports sexuels. Elle
est avec son petit ami depuis un an, ils font souvent l’amour et
c’est fantastique. En général. Elle me raconte que, parfois, elle se
sent agacée pendant l’amour et que, de temps en temps, elle doit
même tout interrompre à cause de ça. Tous deux trouvent cela
déstabilisant, et Chloé s’en veut terriblement. Elle n’arrive tout
simplement pas à expliquer ce qui l’agace à ce point.
Je lui demande comment se déroulent leurs rapports. Que font-ils
exactement ? Que se passe-t-il ensuite ? Chloé me dit qu’elle sait
exactement où elle aime être touchée. Parfois, son petit ami fait
tout comme il faut, et c’est super. Mais parfois, il la touche au
mauvais endroit et ça l’énerve, parce qu’elle a l’impression de le
lui avoir déjà dit bien assez souvent. Néanmoins, elle est surtout
agacée d’être agacée, de ne pas pouvoir simplement se laisser
aller et profiter de l’instant. Il y a des jours où elle ne supporte pas
l’« échec » de son petit ami.
Chloé doit comprendre que son agacement commence bien avant
qu’elle n’interrompe leurs ébats. Elle attend de voir si son petit ami
fait « comme il faut », puis elle se fâche s’il échoue à cette sorte
de test. Pendant les rapports sexuels, elle ne lui dit pas ce qu’elle
aime. Ils parlent de sexe, mais pas pendant le sexe. Elle ne lui
demande pas de la toucher un centimètre plus à gauche. Elle
pense que c’est superflu. Elle explique : « J’ai gémi quand il faisait
comme il fallait. Ça devrait suffire ! » Je lui demande si elle pense
qu’il fait exprès de ne pas la toucher « comme il faut ». Elle nie
avec véhémence.
EXERCICES
1. L’ascenseur : faites l’exercice proposé à la page précédente, en vous
concentrant sur la « descente ». Essayez de vraiment tout relâcher à la fin
– vous devez avoir l’impression que vous êtes sur le point d’uriner.
2. Plusieurs fois par jour, contractez les muscles du périnée pendant trois
secondes, puis relâchez-les lentement. Après cette contraction intense, la
relaxation sera plus profonde. C’est donc une bonne manière de détendre
son périnée.
3. Entraînez-vous à respirer avec le ventre. Posez la main sur votre ventre et
attendez qu’il s’arrondisse quand vous inspirez. Inspirez de plus en plus
profondément à chaque inspiration. Laissez votre ventre gonfler comme
un ballon, puis se contracter et gonfler à nouveau.
4. Posez la main sur votre vulve et essayez de ressentir votre respiration.
Que sentent vos doigts quand vous inspirez puis expirez profondément ?
5. Si vous arrivez facilement à contracter et relâcher les muscles de votre
périnée, vous pouvez essayer de jouer avec chaque muscle
individuellement. Contractez d’abord la fesse gauche, puis la droite.
Ensuite, contractez les muscles autour de l’anus, puis ceux un peu plus en
avant, près du vagin et de l’urètre. Pour finir, essayez de relâcher les
muscles de l’anus tout en maintenant ceux du devant contractés. Vous ne
pourrez jamais vraiment contrôler ces muscles individuellement, car ils
forment un enchevêtrement complexe, mais mieux vous saurez les
contrôler, mieux ils sauront transporter votre excitation avec précision.
BON À SAVOIR
Pourquoi dois-je être capable de percevoir si précisément mon périnée ?
Certaines femmes considèrent que leur vagin est passif. Une fois que l’on
sent mieux les différents muscles qui l’entourent, le vagin devient une partie
active du corps. En jouant avec les muscles de votre périnée, et parce que
les contacts répétés aident à sensibiliser le vagin, vous aviverez votre désir
d’y accueillir quelque chose de façon active.
Comment savoir si les muscles de mon périnée sont forts et bien entraînés ?
Enfoncez le doigt dans votre vagin et contractez le périnée. Si votre vagin
ne devient pas plus étroit, c’est que vous contractez le ventre ou les fesses,
ou que votre périnée n’est vraiment pas en forme. Dans ce cas, il n’y a
qu’une solution : entraînez-vous, encore et encore. Si vous voulez être
fixée, je vous conseille vivement de consulter un périnéologue. Beaucoup
de femmes pratiquent le Pilates ou le yoga mais ignorent qu’elles ne font
pas les exercices du périnée comme il faut. Sans cela, les exercices de ce
livre seront difficilement réalisables.
J’ai eu des enfants. Ai-je vraiment besoin d’apprendre à relâcher mon
périnée ?
Si vous avez accouché au moins une fois, vous devrez sûrement vous
entraîner à relâcher, mais aussi à contracter le périnée. Toutes les femmes
ne ressentent pas et ne décrivent pas les mêmes changements physiques
après l’accouchement. Certaines parlent d’un sentiment de pression.
D’autres ont l’impression que leur périnée est comme endormi ou que c’est
« grand ouvert, là en bas ». D’autres encore ont mal au périnée et sentent
que leur utérus « glisse vers le bas ». Après l’accouchement, le périnée a
besoin d’être soulagé, stimulé et entraîné pour se stabiliser. Faites l’exercice
de l’ascenseur, mais en vous concentrant sur la montée.
Vous pouvez aussi vous entraîner à contracter le périnée plusieurs fois par
jour, comme pour vous retenir d’uriner. Mais attention : ne faites pas cet
exercice si vous avez vraiment envie d’aller aux toilettes, car cela peut être
mauvais pour la vessie. Contractez très fortement le périnée pendant trois
secondes, plus relâchez très lentement. Veillez à ne pas contracter les fesses
ni les jambes, mais bien les muscles internes. Et prenez votre temps : vous
aurez plus de sensations si vous le faites lentement.
Quand j’essaie d’atteindre l’orgasme seule, mes muscles sont complètement
tendus. Est-ce mauvais ?
Beaucoup de femmes contractent les muscles pour atteindre l’orgasme.
Cela les aide à canaliser l’excitation qu’elles ont fait monter et à déclencher
le réflexe d’orgasme. Peut-être l’avez-vous remarqué en répondant au
questionnaire de l’orgasme solo à l’étape 2. La tension monte, atteint son
paroxysme juste avant l’orgasme, puis explose et retombe. C’est très bien et
très efficace en soi. Cela permet d’atteindre l’orgasme rapidement puis
apporte une agréable sensation de relaxation.
Mais quand vous êtes avec votre partenaire, cela peut poser deux
problèmes.
Premièrement, quand on est tendue, on est plus facilement déconcentrée.
Tout ce qui perturbe cet état de tension devient énervant. Votre partenaire
peut alors devenir un élément perturbateur.
Deuxièmement, certaines femmes n’arrivent pas à contracter le vagin avec
un pénis à l’intérieur. Dès lors, il devient difficile pour elles, voire
impossible, de jouir, car elles ne peuvent pas atteindre le niveau de tension
dont elles ont besoin. Là encore, c’est une question d’équilibre. La tension
est nécessaire pour jouir, mais si l’on s’habitue à un niveau élevé de tension,
au bout d’un moment, cela peut entraîner les difficultés décrites plus haut.
CAS PRATIQUE
Claudia et Flora
Claudia et Flora, toutes deux âgées de 38 ans, sont amies depuis
l’école élémentaire et viennent me voir parce qu’elles cherchent à
retrouver leur niveau de plaisir d’avant leurs accouchements.
Claudia a deux filles et Flora a un garçon. Ce sont deux femmes
très différentes. Claudia est une bonne vivante. Elle insiste sur le
fait qu’elle fait très peu de sport, mais elle est très mince. Depuis
la naissance de sa première fille, elle essaie de renforcer son
périnée. Elle a lu que c’était important, mais elle manque de
discipline : quand elle y pense, en attendant le bus, par exemple,
elle fait un exercice qu’elle a lu un jour. Mais elle y pense
rarement. Flora, elle, fait du Pilates deux fois par semaine, et des
exercices périnéaux à la maison plusieurs fois par semaine. Elle
est très en forme et très disciplinée.
Claudia a très peu de sensations quand elle fait l’amour, et pense
que c’est à cause de son périnée « usé par les accouchements ».
Flora a beaucoup plus de sensations au lit, du moins au début,
mais plus le rapport se prolonge, plus ces sensations s’estompent.
Cela la dérange et elle ne comprend pas pourquoi elle ressent si
peu de choses alors qu’elle fait travailler son périnée et le
contracte autant qu’elle peut en faisant l’amour.
Je leur donne le même exercice à faire à la maison : insérer un
doigt à l’entrée du vagin puis contracter le périnée. Une semaine
plus tard, elles m’exposent leurs découvertes : Claudia a contracté
le périnée comme elle le fait lorsqu’elle s’exerce en attendant le
bus, mais son doigt n’a ressenti aucun changement. Flora, elle, a
senti que les parois de son vagin étaient dures comme la pierre
avant même qu’elle commence à contracter.
EXERCICES
1. Écrivez vos fantasmes sexuels et voyez s’ils changent au fil du temps. Si
vous modifiez la façon dont vous vous stimulez, cela modifiera aussi vos
fantasmes. Si vous êtes gênée à l’idée de détailler vos fantasmes,
contentez-vous de noter les mots-clés. Si c’est encore trop difficile,
interrogez-vous la prochaine fois que vous vous masturbez. À quoi
pensez-vous ? Qu’est-ce qui vous excite ? À quoi pensez-vous juste avant
de jouir ? Aimez-vous vos fantasmes ou en avez-vous honte ? Faites de
même quelques semaines plus tard. Remarquez-vous des différences dans
votre film mental ?
Questionnaire des fantasmes :
– Dans vos fantasmes, êtes-vous une femme ou un homme ?
– Êtes-vous active ?
– Faites-vous partie du scénario ?
– Tenez-vous un rôle d’observatrice ?
– Qui d’autre est impliqué ?
2. Modifiez un autre détail quand vous vous masturbez et observez ce que
vous ressentez. Au lieu de faire varier le rythme ou la pression, changez
de position, par exemple. Si vous êtes généralement allongée sur le dos,
mettez-vous sur le ventre. Ou debout. Ou assise. Si votre excitation
diminue, reprenez la position habituelle. Répétez cet exercice plusieurs
fois par semaine.
BON À SAVOIR
Dès que je change quelque chose dans ma façon de me masturber, que ce
soit la pression, le rythme ou juste la position, l’excitation disparaît et ne
revient pas quand je reprends ma technique habituelle. Parfois, je mets trois
fois plus de temps à jouir et il arrive même que je ne jouisse pas du tout. Où
est le problème ?
Cette réaction est tout à fait normale. Chaque fois qu’une femme essaie
d’opérer un changement, elle s’expose à des frustrations et peut avoir envie
d’abandonner. Certaines pensent même avoir perdu la capacité à jouir.
Rassurez-vous : vous jouirez encore. Simplement, votre orgasme est associé
à un schéma précis, une série prédéfinie de caresses, un point particulier sur
votre vulve ou une certaine dose de pression ou de tension. Le moindre
écart peut totalement vous désarçonner.
Voici un exemple : enfant, je prenais des cours de guitare et je plaçais très
mal mes doigts sur l’instrument. En dépit des nombreuses remarques de
mon professeur, je ne voulais pas en changer et, de toute manière, je n’y
arrivais pas. Je n’en voyais pas l’intérêt : ça marchait très bien comme ça.
Mon professeur a fini par me dire : « Si tu veux faire des progrès, tu dois
modifier le placement de tes doigts. » Je me débrouillais assez bien avec ma
méthode, mais dès que je voulais aller plus vite ou jouer un morceau plus
complexe, j’étais coincée. Alors j’ai modifié le placement de mes doigts, et
là… je n’ai plus du tout réussi à jouer ! Ça ne marchait pas.
C’était extrêmement frustrant – j’étais privée de ma technique et je
n’arrivais pas à employer la « bonne ». C’était comme si toutes mes années
de pratique n’avaient servi à rien. Il m’a fallu beaucoup de temps et de
motivation pour réapprendre à jouer, mais tous ces efforts ont payé. Au fur
et à mesure que je me suis améliorée, j’ai pris de plus en plus plaisir à jouer
et c’est devenu de plus en plus facile. Au bout d’un moment, j’ai même
cessé d’y voir une contrainte – j’avais hâte de pratiquer !
C’est normal d’être frustrée. Cela arrive souvent lorsqu’on change de
technique, mais ne laissez pas cette frustration vous dissuader de continuer
à jouer ! Dès que ça ne va plus, reprenez l’ancienne méthode. De temps en
temps, faites comme vous aviez l’habitude de faire. Ce n’est pas un
problème. Cela vous aidera à vous sentir bien et à constater la formidable
étendue de vos capacités. Ce n’est pas grave non plus si vous ne jouissez
pas en essayant une nouvelle technique. Vous apprenez quand même. Bien
sûr, vous serez d’autant plus motivée que l’expérience sera agréable –
d’ailleurs, quoi que l’on fasse, l’expérience est toujours meilleure quand on
garde le sourire.
Vous pouvez modifier un détail, continuer quelques minutes et observer
l’effet produit sur votre excitation. Si elle retombe, vous pouvez toujours
retourner à vos habitudes et faire comme vous savez faire. C’est
parfaitement normal de ne pas être immédiatement excitée quand on
stimule un point qui n’a pas l’habitude de l’être.
J’ai l’habitude de regarder des films pornographiques en me masturbant.
Est-ce que c’est un problème ?
La pornographie peut être source d’excitation. Mais s’il s’agit de votre
principale source d’excitation, cela peut compliquer les choses car, lorsque
vous regardez ces films, vous vous concentrez sur un élément extérieur à
votre corps et vous faites moins attention à ce qui se passe en vous, à la
façon dont évolue votre excitation. Quand vous faites l’amour sans regarder
ce type de films, vous pourriez avoir du mal à trouver et maintenir
l’excitation. Mais cela peut s’avérer utile et il n’y a aucun mal à en regarder,
si cela vous plaît. Idéalement, mieux vaut disposer de plusieurs sources
d’excitation. Donc essayez de vous en passer de temps en temps. Cela vous
aidera à développer des sources d’excitation plus variées.
Si vous le souhaitez, vous pouvez progressivement modifier votre
consommation pornographique. Étape 1 : fermez les yeux de temps en
temps. Étape 2 : détournez les yeux de l’écran pendant des périodes de plus
en plus longues. Étape 3 : contentez-vous d’écouter, en vous concentrant de
plus en plus sur votre corps et vos sensations.
Je ne regarde pas de films pornographiques, mais j’aime lire de la
littérature érotique pour me stimuler. Est-ce que je peux continuer ?
La lecture sollicite plus le cerveau, car elle mobilise l’imagination. Ce qui
se passe au niveau de vos parties génitales devient alors une sorte d’écho à
ce qui se passe dans votre tête. Si vous voulez être excitée en vous touchant
la vulve et le vagin, les lectures érotiques risquent de vous déconcentrer.
Essayez de vous toucher sans lire, et ne prenez votre livre que si vous
sentez que l’excitation retombe ou si vous n’arrivez pas à trouver
l’excitation au bout d’un long moment (jusqu’à vingt minutes). Ou alors,
lisez pour trouver l’excitation, puis posez le livre et concentrez-vous sur vos
sensations. Si l’excitation retombe complètement, reprenez votre livre.
Je ne regarde pas de films pornographiques et je ne lis pas de littérature
érotique. J’utilise juste mes fantasmes pour me stimuler. C’est bien ce qu’il
faut faire, n’est-ce pas ?
Les fantasmes sexuels sont une excellente source d’excitation et peuvent
s’avérer très enrichissants. La plupart des gens en ont. Mais si vous
remarquez que seuls certains vous excitent vraiment et que cette excitation
retombe facilement – par exemple, dès que votre partenaire ne fait « pas
comme il faut », les choses peuvent alors devenir compliquées, car cela
indique que vous avez besoin de vous conformer à un fantasme précis pour
être excitée.
Pour élargir votre répertoire, il faut que votre vagin et votre vulve fassent
partie intégrante du processus d’excitation. Si vous vous focalisez sur un
fantasme, votre excitation disparaîtra à la moindre perturbation, et vous
risquez d’avoir du mal à le prolonger pendant que vous faites l’amour, sans
oublier que cela manque un peu de romantisme.
Pour beaucoup de femmes, les fantasmes sexuels cessent de fonctionner
dès qu’une autre personne intervient. Par exemple, même si, pendant la
masturbation, elles sont tendues et fantasment sur des rapports de
domination brutaux, elles sont très détendues lorsqu’elles bougent avec leur
partenaire et ont du mal à se concentrer sur leur fantasme. Par conséquent,
l’excitation diminue et elles ont du mal à atteindre l’orgasme. Le but n’est
pas de modifier vos fantasmes, mais plutôt de bousculer l’idée selon
laquelle le fantasme est un facteur d’excitation indispensable.
Comment faire alors ? Certainement pas en essayant de vous forcer à ne
plus penser à vos fantasmes. Ceux-ci naissent de ce qui vous excite : le
mouvement, la tension, etc. Si vous voulez les modifier, vous devez aussi
adapter vos schémas d’excitation. Néanmoins, ils sont et restent une source
importante d’excitation dont vous devez faire usage.
Que se passe-t-il quand je me mets à ressasser les mêmes pensées, sans
pouvoir m’arrêter ?
Tout d’abord : ne vous inquiétez pas ! Cela arrive à beaucoup de femmes.
Le stress au travail, une dispute conjugale, la vaisselle sale dans l’évier…
Les émotions et les pensées reflètent naturellement l’état de votre corps :
plus il est tendu, plus vos pensées tournent en rond. Nous avons déjà vu
cela en détail à l’étape 4. Essayez de bouger. Expirez lentement (c’est
important !) et concentrez-vous sur votre corps. Ressentez ce qui se passe
tout au fond de vous. Si vous avez du mal à vous concentrer sur votre sexe,
concentrez-vous simplement sur vos doigts. Plus les mouvements sont
complexes, plus il est difficile de penser à autre chose. Bien sûr, il y aura
des jours où vous ne parviendrez tout simplement pas à « débrancher »
votre esprit – inutile de vous forcer. Si c’est le cas, posez simplement la
main sur votre vulve pour lui offrir un peu de chaleur et d’amour.
CAS PRATIQUE
Julie
Julie est une directrice d’entreprise brillante et séduisante. Elle a
41 ans, n’a pas d’enfant, et entretient une relation saine et
heureuse avec son compagnon. Elle vient me consulter parce
qu’elle se sent dérangée et troublée par ses fantasmes. Elle dit
qu’elle n’a jamais parlé de ce problème à personne. Elle n’a pas
osé en parler car elle trouve cela trop embarrassant. Elle a besoin
d’un peu de temps avant de commencer à me raconter.
Pour s’exciter sexuellement, Julie s’imagine sur scène, nue de la
taille aux pieds, avec tous les regards fixés sur elle. Pour atteindre
l’orgasme, son fantasme prend un tournant « encore plus brutal ».
Julie s’imagine dans un gang bang avec beaucoup d’hommes. Ils
l’immobilisent, elle ne peut pas bouger et se fait « prendre par tous
les trous ». Elle est très troublée de constater que ce fantasme
l’excite.
EXERCICES
1. Entraînez-vous à basculer le bassin. Rien de plus – sans vous masturber
ni faire l’amour. Pour l’instant, le but n’est pas vraiment de trouver
l’excitation mais plutôt d’aider votre corps à comprendre et intégrer ce
mouvement, pour qu’il ne nécessite plus aucune concentration de votre
part. Si vous vous masturbez allongée sur le dos, commencez par
travailler la double bascule dans cette position. Essayez de faire partir le
mouvement du dos, sans vous aider des jambes ni du fessier. Pendant
l’exercice, imaginez que vous ramassez un objet et que vous l’absorbez
avec le vagin, puis que vous le laissez tomber. Une fois que vous
maîtrisez ce mouvement dans cette position, passez à la position suivante
et entraînez-vous au moins quatre fois. Pratiquez la double bascule assise
chaque fois que vous devez attendre assise quelque part. Répétez dans
diverses positions aussi souvent que possible, jusqu’à ce que vous
puissiez le faire sans y penser, de façon automatique. Mais attention :
n’essayez pas de tout faire du premier coup. À chaque entraînement,
concentrez-vous sur une seule des quatre positions.
2. Posez un doigt à l’entrée de votre vagin (en travaillant la double bascule,
si vous le souhaitez) pour voir si vous avez le désir de l’enfoncer un peu
plus. Vous pouvez bouger le doigt ou simplement le laisser posé là. Si
vous voulez vous entraîner pendant que vous êtes excitée, mais que
l’excitation retombe, enlevez votre doigt pour voir ce qui se passe, puis
stimulez-vous comme à votre habitude. Si vous le faites allongée sur le
dos et avez l’impression que votre bras est trop court, placez un oreiller
sous votre bassin ou allongez-vous sur le ventre, les jambes repliées en
dessous du corps.
BON À SAVOIR
Quel est l’avantage de la double bascule et d’autres types de mouvements
par rapport aux différentes méthodes pour augmenter l’excitation ?
Si vous vous contractez tout entière pour faire monter l’excitation, en
tâchant de maintenir cette tension pendant un long moment, vous finirez par
perdre toute sensation, justement à cause de la contraction prolongée des
muscles. Cet état de tension fonctionne pour un plaisir rapide, mais pas
tellement lorsqu’on veut prendre son temps. Par exemple, une personne
chez qui l’excitation provient essentiellement du canal visuel cherchera à
intensifier les stimuli visuels. Or, avec le temps, les images devront devenir
de plus en plus marquantes, car le cerveau s’accoutume à ce qu’il a déjà vu
et a besoin d’être plus fortement stimulé. Les fantasmes aussi doivent
devenir plus intenses – plus brutaux ou plus précis – au fil du temps, car ils
finissent par « s’user ». À la longue, ce processus d’intensification,
déclencheur du réflexe d’orgasme, cesse de faire effet. Le mouvement
continu du corps, et en particulier du bassin, s’avère moins fatigant pour les
muscles, et donc plus favorable aux rapports prolongés. Par ailleurs, c’est
une technique que l’on peut continuer d’utiliser en vieillissant. De plus, elle
offre des sensations plus intenses, car le corps – y compris les organes
sexuels – est alors mieux irrigué.
Dois-je impliquer mon (ma) partenaire ou simplement continuer à faire
l’amour comme d’habitude ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette question. Vous
pouvez mettre en pratique vos découvertes avec votre partenaire ou
continuer de vous entraîner et d’expérimenter seule, sans intégrer
immédiatement à vos ébats ce que vous apprenez. C’est comme vous
voulez. Je conseille généralement à mes patientes d’essayer et d’observer
leurs réactions et celles de leur partenaire.
Quand je fais le second exercice et que je place un doigt à l’entrée de mon
vagin, mon excitation retombe. Que faire ?
Si vous aviez l’habitude de vous stimuler sans vous toucher le vagin,
peut-être que votre doigt vous déconcentre au point de faire retomber
l’excitation, voire de la bloquer totalement. Dans ce cas, stimulez-vous
comme à votre habitude, sans doigt dans le vagin. Quand vous sentez
l’excitation monter, glissez le doigt dans votre vagin. Alternez, avec ou sans
doigt, jusqu’à ce que cela ne vous dérange plus du tout. Cet exercice est
plus facile à faire seule, car vous contrôlez vous-même votre doigt, tandis
que celui de votre partenaire est moins prévisible.
Parallèlement, vous vous familiariserez avec votre vagin et son entrée.
Essayez d’y prêter attention dans la vie de tous les jours : consacrez plus de
temps à votre vagin sous la douche ou quand vous vous hydratez le corps.
Plus votre vagin aura l’habitude d’être touché, moins vous serez dérangée
par ce type de contact quand vous êtes excitée.
J’ai les bras trop courts ! Je n’arrive pas à insérer le doigt dans mon vagin.
Si vous n’y arrivez pas allongée sur le dos, essayez à quatre pattes – c’est
la meilleure position pour se toucher les parties génitales avec la main. Ou
alors, placez un oreiller sous vos fesses ou le haut de votre corps – cela
vous aidera à atteindre votre vagin avec la main. Vous pouvez aussi essayer
allongée sur le côté.
Pourquoi dois-je utiliser mon doigt plutôt qu’un dildo, dont la taille est
pourtant plus proche de celle du pénis ?
On apprend plus vite avec le doigt, car celui-ci est relié au cerveau, tout
comme le vagin. Ainsi, le cerveau est doublement stimulé. Le dildo n’est
pas relié au cerveau, mais il présente tout de même quelques avantages : il
permet d’atteindre des endroits auxquels le doigt n’a pas accès, car il est
trop court – le col de l’utérus, par exemple. Je vous conseille de commencer
par vous entraîner avec le doigt et de prendre de temps en temps un dildo –
qui, contrairement au vibromasseur, ne vibre pas.
CAS PRATIQUE
Jeannette
Jeannette est au début de la cinquantaine et vient me consulter
régulièrement pendant plusieurs mois. Elle a d’abord eu du mal à
s’entraîner de façon régulière, mais avec le temps, elle s’est mise
à mieux comprendre les exercices et s’est sentie plus motivée. Il
n’a pas fallu très longtemps pour qu’elle ressente plus de
sensations en bougeant davantage pendant la masturbation et se
sente très excitée. Mais dès qu’elle bouge avec son partenaire,
son excitation retombe et elle ne ressent qu’un vague plaisir.
Elle est contrariée et se demande si elle connaîtra un jour
l’orgasme avec son partenaire – ou même seule. Cela fait
longtemps qu’elle essaie et elle persévère, mais elle dit avec
frustration : « Je pense qu’il est temps, maintenant ! Il faut que ça
se mette à marcher. »
Soyez patiente avec vous-même, votre partenaire, l’équipe que vous formez
ensemble et, surtout, votre sexualité à deux ! Ne vous attendez pas à de
grands bouleversements dès le départ. Vos rapports vont changer petit à
petit, mais cela prendra du temps. Peut-être avez-vous déjà remarqué des
changements et des progrès rapides. Jusqu’ici, vous vous entraîniez seule,
donc vous pouviez contrôler tous les mouvements vous-même. À deux, en
revanche, les éléments perturbateurs sont potentiellement nombreux.
Souvenez-vous : le sexe à deux est aussi une question d’entraînement. La
règle est la même : ne cherchez pas à tout faire d’un coup. Changez une
chose à la fois. L’humour peut s’avérer très utile et vous aidera à passer du
bon temps, en dépit des accidents, des ratés et même des échecs cuisants.
EXERCICES
1. Placez un ou plusieurs doigts sur votre vulve. Si vous préférez, mouillez-
les d’abord avec de la salive, du lubrifiant ou de l’huile. Au lieu de bouger
les doigts, bougez le bassin. Basculez et faites des cercles. Pensez à un
chat qui a envie de caresses : il suffit de tendre la main pour que l’animal
vienne y frotter les endroits où il souhaite être touché. Faites comme ce
chat : sans bouger la main, trouvez la stimulation que vous recherchez en
bougeant le corps. Soyez attentive à vos sensations : sont-elles différentes
quand vous ne bougez pas ? Vous pouvez aussi insérer un ou plusieurs
doigts dans votre vagin. Utilisez la double bascule pour faire entrer et
sortir vos doigts, sans bouger la main. Faites cet exercice plusieurs fois
par semaine.
2. Travaillez votre égoïsme ! Quand vous faites l’amour, essayez de vous
concentrer sur ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Si votre attention se
tourne vers votre partenaire, recentrez-vous sur vous-même. Et surtout,
bougez plus pendant les ébats, afin d’obtenir ce qui vous procure du
plaisir.
BON À SAVOIR
Si je me concentre sur moi-même pendant l’amour, ne serai-je pas absente
émotionnellement ? Nos rapports sexuels ne deviendront-ils pas trop
impersonnels si je me perds dans mon propre monde ?
Vous ne serez pas « absente », mais concentrée sur vous-même, sur vos
sensations et votre expérience avec votre partenaire. Vous êtes bien plus
absente quand vous pensez à votre liste de courses ou quand votre
partenaire vous agace en faisant l’amour. Évidemment, au début, il ou elle
pourrait s’étonner de voir que vous bougez plus ou que vous vous caressez,
mais à la longue, cela lui sera également bénéfique.
Soit dit en passant, beaucoup d’hommes affirment qu’il est important pour
eux de voir l’excitation de leur partenaire. Or si deux personnes restent au
lit à attendre que l’autre soit excitée, elles risquent d’attendre longtemps.
L’excitation de l’une a un effet positif sur celle de l’autre.
Nos rapports sexuels ne risquent-ils pas d’empirer si je deviens plus égoïste
?
Vos rapports sexuels vont changer, mais sûrement pas empirer. Avec le
temps, ils deviendront bien meilleurs, parce que vous y prendrez plus de
plaisir et que cela excitera votre partenaire. En vous concentrant plus sur
vos sensations, vous êtes plus ancrée dans l’instant présent et plus réceptive
à l’excitation de votre partenaire. Ni vous ni votre partenaire ne vous
laisserez déconcentrer par des pensées parasites, comme votre dernier
relevé bancaire.
Cela dit, il est vrai que pour faire mieux, il faut changer, et le changement
implique une prise de risque. Quand on s’en tient à ce que l’on a toujours
fait, au moins, on sait à quoi s’attendre. Il faut du courage pour échanger ce
que l’on connaît contre quelque chose de nouveau. Osez !
Que faire si mon partenaire se plaint ? Et s’il aimait mieux comme c’était
avant, parce qu’il préfère donner de grands coups de bassin ?
Il est important de comprendre pourquoi votre partenaire se plaint. En
général, ce n’est pas parce que les nouvelles façons de faire ne lui vont pas,
mais plutôt parce qu’il craint de perdre son érection. Essayez d’être
compréhensive et encouragez-le à repousser ses limites, lui aussi. Vous
verrez comment dans le chapitre dédié aux hommes, en fin d’ouvrage.
Le but n’est pas de bannir les grands coups de bassin de votre répertoire
sexuel – ils restent une possibilité intéressante –, mais ce serait dommage
qu’ils soient la seule option disponible.
CAS PRATIQUE
Béatrice
Béatrice a 39 ans et a le même partenaire depuis longtemps. Leur
couple se porte bien et ils font régulièrement l’amour, même si
c’est surtout quand lui en a envie. Et il en a plus souvent envie
qu’elle – simplement parce qu’il y prend plus de plaisir. Ce n’est
pas un problème majeur pour leur couple, mais Béatrice craint que
ça le devienne si les choses continuent ainsi. Elle a peur qu’il
finisse par se plaindre de toujours devoir faire le premier pas.
C’est pourquoi elle vient me consulter.
Béatrice sait à quoi s’attendre quand ils font l’amour. C’est
agréable, mais elle pourrait très bien s’en passer. Surtout, elle le
fait « pour lui ». Elle se concentre donc avant tout sur son
partenaire. Comme le sexe compte beaucoup pour lui, elle veut
qu’il en tire autant de plaisir que possible. Et dans le fond, elle veut
être une bonne amante.
Je demande à Béatrice de me caresser l’avant-bras. D’abord
d’une manière qu’elle pense être agréable pour moi. Puis je lui
suggère de recommencer, mais en se concentrant uniquement sur
les sensations de ses doigts, sans se demander si je trouve cela
agréable. Après cet exercice, elle comprend que, si elle se
concentre sur l’autre, c’est normal qu’elle ait moins de sensations
et que l’expérience soit moins agréable pour elle.
Béatrice doit apprendre à penser davantage à elle-même, mais
elle craint, en faisant cela, de ne plus être une bonne amante : son
partenaire risque alors de ne plus la désirer et de ne plus aimer
faire l’amour avec elle. Elle a peur qu’il la trouve bizarre et égoïste.
Au fil de nombreuses conversations et grâce à l’expérience
grandissante de Béatrice, nous parvenons à dissiper ses craintes.
Un peu plus tard, elle me dit qu’elle commence à mieux percevoir
les touchers du quotidien – quand elle voit son partenaire, elle se
blottit contre lui et elle trouve ça bon.
Après quelques semaines, elle me raconte leur dernier rapport
sexuel : elle s’est essentiellement concentrée sur elle-même. Au
début, elle s’est sentie très égoïste, mais elle s’est soudain
aperçue qu’elle était très excitée et qu’elle n’avait jamais éprouvé
tant de plaisir au lit. Elle était presque sous le choc. Après l’amour,
elle a eu peur que son partenaire ait remarqué qu’elle était
absorbée par ses propres sensations et sa propre excitation. «
Mais, ajoute-t-elle en souriant, le lendemain, il m’a dit que ça
faisait très longtemps qu’il ne m’avait pas trouvée aussi sexy.
Parce que je m’étais laissée aller comme jamais il ne m’avait vu le
faire. »
Étape 9
SWINGUEZ EN HARMONIE
Mouvement pour duo
EXERCICES
1. Intégrez le mouvement à vos ébats à deux. Si ça devient trop compliqué
et trop intellectuel, concentrez-vous davantage sur vos sensations, sans
trop vous soucier du niveau de perfection de votre double bascule.
L’important est que vous en tiriez plus de sensations.
2. Essayez de bouger le haut du corps en vous masturbant, et commencez à
utiliser votre voix et à faire entendre votre respiration. Observez en quoi
cela modifie votre expérience.
BON À SAVOIR
Peut-on atteindre l’orgasme pendant un quickie ?
Les quickies (rapports sexuels brefs) sont extrêmement excitants ! Mais si
l’homme se contente de donner des coups de bassin, sa partenaire aura beau
être excitée, elle ne sentira sûrement pas grand-chose au niveau du vagin, à
part peut-être à l’entrée. Des mouvements plus variés du pénis à l’intérieur
du vagin peuvent stimuler les parois vaginales, même pendant un rapport de
courte durée, ce qui peut s’avérer très excitant sur le plan physique.
J’utilise la double bascule en faisant l’amour, mais je n’ai toujours pas
d’orgasme. Est-ce que je m’y prends mal ?
Quand on s’entraîne, le but n’est pas de savoir si l’on s’y prend mal, mais
de comprendre ce que l’on fait avec son corps, quand et comment on le fait,
ainsi que l’effet que cela produit : quel est votre niveau d’excitation ?
Jusqu’où êtes-vous capable de l’élever ? Que se passe-t-il ensuite ? Une
grande partie des femmes qui me consultent sont impatientes et, au bout
d’un moment, sont tentées d’abandonner. Si vous partez d’un état
d’excitation nulle, il peut vous falloir jusqu’à quinze minutes pour échauffer
vos parties génitales. Et si vous bougez beaucoup parce que vous avez envie
de jouir, il vous faudra parfois encore plus de temps pour atteindre le point
de non-retour, selon l’intensité de votre excitation et le niveau
d’entraînement de votre vagin.
Autre difficulté quand on est à deux : le timing. Tout le monde n’a pas un
excellent sens du timing, et beaucoup de femmes ont tendance à
culpabiliser rapidement. Elles se disent des choses comme : « Cela fait déjà
dix minutes que mon petit ami a la tête entre mes cuisses, et je n’ai toujours
pas joui. Le pauvre ! » Elles se concentrent trop peu sur elles-mêmes et
pensent presque exclusivement à leur partenaire. Donc, même si votre but
ultime, en lisant ce livre, est d’apprendre à jouir en faisant l’amour, vous
devez considérer que la manière dont vous y parvenez est en soi un objectif
tout aussi important. Plus vous avez de sensations, plus le voyage devient la
destination. Le véritable objectif est de faire en sorte que chaque minute
vous procure tant de plaisir que l’orgasme n’est plus qu’une des
composantes essentielles de vos rapports sexuels. Dès lors, le voyage sera si
intense que l’orgasme en lui-même semblera moins crucial. Plus vous aurez
de sensations à chaque instant, plus vous oublierez que vous avez un
objectif.
CAS PRATIQUE
Alice et Léo
Alice vient me voir avec son petit ami, Léo. Elle faisait partie du
groupe dédié à l’orgasme que j’ai lancé avec ma consœur, et les
exercices lui ont beaucoup apporté. Désormais, lorsqu’elle fait
l’amour, elle bouge plus et éprouve plus de plaisir.
Mais lorsqu’elle essaie ses nouvelles techniques avec Léo, cela
cause des conflits, car il a l’habitude de simplement « donner des
coups de bassin ». Or cela ne fonctionne plus, car Alice a évolué
et a envie de bouger. Elle veut qu’il aille plus lentement, pour
qu’elle ait plus de sensations. Léo trouve cela ennuyeux et
Le principe de la fête
Lorsqu’une patiente me dit que les petites voix dans sa tête la font douter,
en affirmant qu’elle ne doit pas, ne devrait pas ou ne peut quand même pas
faire ce dont elle a envie, et que cela la rend tendue et passive lorsqu’elle
fait l’amour, je lui parle du principe de la fête.
Imaginez que vous êtes invitée à une fête, mais que vous n’avez pas envie
d’y aller. Que faites-vous ? En général, vous y allez quand même, par
politesse. Après tout, vous êtes invitée. Une fois sur place, même si la fête
n’est pas géniale et que vous n’êtes pas très amie avec les autres invités,
dans l’ensemble, il ne tient qu’à vous de passer un bon moment. Vous
pouvez soit rester dans un coin à mourir d’ennui, soit vous mêler à la foule
et danser jusqu’au bout de la nuit. Vous aurez plus de chances de passer une
bonne soirée en choisissant la seconde option. Parce que vous vous serez
soudain débarrassée de toutes vos inhibitions ? Parce que vous vous
moquerez tout à coup du regard des autres ? Non !
Parce que, quand on bouge de façon intensive, le cerveau perd sa capacité
à s’inquiéter. Les mouvements automatiques permettent de se concentrer
sur les pensées et les soucis, alors que les mouvements plus complexes
sollicitent davantage le mental. Si vous êtes timide, commencez par bouger
prudemment. Vous sentirez quand même la différence.
C’est pareil pour le sexe : quand tout le corps est mobilisé, vous êtes
forcée de vous concentrer sur vous-même et vos sensations. Il n’y a plus de
place dans votre cerveau pour l’inquiétude. Les petites voix dans votre tête
se taisent.
EXERCICES
1. Cet exercice a été inventé par le sexologue systémique Ulrich Clement, et
j’aime le proposer à mes patientes. Il peut se résumer ainsi : demandez à
votre partenaire d’écrire sur un morceau de papier ses souhaits sexuels ou
même un scénario sexuel idéal, puis de le glisser dans une enveloppe.
Faites de même, puis discutez pour savoir si vous avez envie d’ouvrir
l’enveloppe de l’autre et ce que cela impliquera. Vous n’êtes pas
obligé(e)s de les ouvrir et, si vous le faites, vous n’êtes pas tenu(e)s de
mettre leur contenu en pratique – ce n’est pas le but. Cet exercice devrait
vous aider à déterminer ce que vous souhaitez à deux et ce que suscitent
en vous les désirs sexuels de l’autre. Voulez-vous vraiment les connaître ?
Vous intéressent-ils vraiment sur le long terme ?
2. Utilisez le principe de la fête. Quand les petites voix dans votre tête vous
disent que vous n’avez pas le droit d’être une créature assoiffée de sexe,
prenez-en activement conscience et décidez si vous souhaitez les écouter
ou pas. Si vous ne le souhaitez pas, écoutez-vous : bougez autant que
possible, même si vous n’en avez pas vraiment envie. Prenez l’initiative !
Soyez deux fois plus active ! Montrez-vous encore plus passionnée !
Imaginez-vous au milieu de la piste de danse, en train de vous éclater,
même si vous aviez plutôt prévu de rester sur votre canapé.
BON À SAVOIR
Que faire si je n’ai pas envie de faire l’amour – juste après une grosse
dispute, par exemple ?
Bien sûr, rien ne vous oblige à faire l’amour, ni dans ces moments-là, ni à
aucun autre. Mais vous avez peut-être remarqué que vous pouviez utiliser
votre corps pour influencer vos sentiments, et pas uniquement l’inverse. La
colère, la mauvaise humeur ou le stress peuvent se dissiper après un
moment agréable et charnel avec votre partenaire. Inutile d’être en parfaite
harmonie pour ça. Faire l’amour malgré la dispute peut avoir un effet
extrêmement positif sur votre relation : d’une part, parce que le sexe et
l’orgasme vous aident à vous détendre et, d’autre part, parce que cela
resserre les liens. Mais comment s’ouvrir au sexe même en l’absence de
désir ? Pensez au principe de la fête : allez voir votre partenaire, embrassez-
le (la), caressez-le (la) tendrement. De cette façon, vous mettez fin à la
spirale descendante. Bien sûr, il n’est pas question de faire l’amour contre
sa volonté, mais de s’offrir et d’offrir à l’autre une chance de voir si
l’appétit vient en mangeant. Comme le dit le tatouage d’une de mes
étudiantes : « Faire un câlin, c’est se réparer mutuellement. »
Que faire quand mon (ma) partenaire n’a pas envie ?
Au bout d’un certain temps, les couples adoptent un schéma de «
séduction inversée ». Il y aurait de quoi écrire un livre sur le sujet, mais en
résumé, cela signifie que chaque partenaire en veut à l’autre, se vexe
facilement et a des idées très arrêtées sur la façon dont il ou elle souhaite
être séduit(e). Or, la séduction consiste en fait à se demander : « Comment
faire pour convaincre l’autre de faire ce que je souhaite faire ? » En tant que
séductrice, vous devez réfléchir à la manière dont vous pouvez inciter votre
partenaire à s’impliquer.
Par exemple, si vous avez envie d’aller au cinéma voir un film à l’eau de
rose alors que vous savez que votre partenaire n’aime pas ça, vous devez
faire preuve de créativité et trouver un moyen pour l’y emmener quand
même. Vous promettez du pop-corn et faites l’éloge de l’actrice principale.
Vous réfléchissez à des arguments imparables. Vous exploitez ses points
faibles. Appliqué à la chambre à coucher, cela revient à se demander : «
Comment faire pour lui redonner envie de faire l’amour ? »
On se connaît depuis si longtemps. N’est-ce pas bizarre de faire tout à coup
semblant d’ignorer ce que veut mon (ma) partenaire ?
Repensez à la notion de séduction. Au quotidien, vous essayez souvent de
rendre ce que vous désirez séduisant aux yeux de votre partenaire. Pourquoi
ne pas faire pareil avec le sexe ? Réfléchissez à ce que vous faites dans
d’autres domaines de la vie pour séduire votre partenaire, et appliquez cela
au sexe. Libérez-vous des clichés. La séduction ne nécessite pas forcément
un porte-jarretelles et un négligé. Cela commence bien avant les ébats. Vous
pouvez lui envoyer des SMS, lui lancer des regards langoureux, jouer sur la
distance et la proximité, en lui caressant nonchalamment le bras avant de
vous éloigner à nouveau. Mais si vous avez envie d’enfiler un porte-‐
jarretelles, alors foncez ! Le courage est toujours récompensé.
Quand une relation dure, on vit beaucoup de choses ensemble et on finit
par se connaître par cœur. C’est formidable, mais cela rapproche tellement
que l’on a rarement l’occasion de se languir de l’autre ou de le voir de loin.
C’est un phénomène automatique : l’autre est toujours là. Pour que la
relation soit érotique, il faut y introduire un peu de distance et d’espace de
temps en temps : du temps pour soi. C’est très important aussi pour votre
sexualité.
Je conseille à mes patientes de passer du temps seules ou avec des amies,
et de se réserver du temps pour elles-mêmes. Cela aide à faire renaître
l’excitation de retrouver l’autre – et peut-être même à retomber amoureux.
Y a-t-il des positions qui peuvent m’aider à atteindre l’orgasme plus
facilement ?
Oui et non. Cela dépend, d’une part, de quelles parties de votre vagin et
de votre vulve sont les mieux sensibilisées et associées aux réponses
sexuelles dans votre cerveau.
Si, par exemple, vous avez sensibilisé la zone G, vous atteindrez plus
facilement l’orgasme dans les positions qui stimulent cette zone. D’autre
part, cela dépend de la forme du pénis de votre partenaire. En général, si
vous avez découvert et bien sensibilisé toutes les zones de votre vagin, la
position n’est pas primordiale.
Une fois que j’ai terminé les dix étapes, l’entraînement est-il fini pour de
bon ou dois-je tout reprendre du début au bout d’un certain temps ?
Les connexions entre votre vagin et votre cerveau s’affaibliront si vous
cessez de consacrer du temps à vos parties génitales. Mais en principe, c’est
comme le piano : une fois que l’on a atteint un certain niveau, même quand
on est un peu rouillé, il suffit de se dégourdir les doigts pour rejouer les
morceaux que l’on maîtrisait autrefois. Cela dit, pourquoi laisseriez-vous
votre sexualité de côté si elle vous procure du plaisir ?
CAS PRATIQUE
Clara et Tom
Clara a 42 ans. Elle a deux enfants et travaille dans le marketing.
Elle est venue me consulter parce qu’elle veut apprendre à mieux
connaître son corps, retrouver sa libido et atteindre l’orgasme «
plus facilement ». Elle a souvent eu des périodes où elle ne
ressentait aucun désir sexuel, et son mari, Tom, le lui reprochait :
c’était sa faute à elle si leur vie sexuelle n’était pas terrible. Au
début, elle l’a cru. Elle a voulu ressentir plus de désir et « régler le
problème ». Dans le fond, elle ne voulait pas que cela nuise à son
couple. Clara est donc venue me voir pendant plusieurs semaines,
et Tom l’a beaucoup soutenue. Il l’a encouragée à prendre en
main sa sexualité : il voulait qu’elle comprenne pourquoi il aimait
tant le sexe.
Clara a appris à faire les exercices de ce livre, à mieux connaître
son corps et à bouger de plus en plus pour attiser l’excitation.
Pourtant, lorsqu’elle a essayé de mettre cela en pratique avec
Tom, il s’est soudain montré moins enthousiaste. Clara voulait qu’il
aille moins vite et qu’il utilise tout son corps, pas seulement son
bassin. Tom a fait tout son possible : il voulait bien faire, d’autant
plus que c’était lui qui avait encouragé Clara à faire une
sexothérapie. Mais la mise en pratique s’est avérée moins facile
que prévu. Il avait un problème de rythme. Lorsqu’il bougeait plus
lentement, cela le stressait. Il ne le disait pas, mais il avait peur de
perdre son érection. Il exprimait simplement sa frustration en
prétextant que c’était trop compliqué. Par ailleurs, il avait le
sentiment de faire l’amour de façon planifiée, et non plus au gré de
ses pulsions. Cela allait à l’encontre du principe de spontanéité,
selon lui.
P our vous simplifier la tâche, voici la liste détaillée de tous les exercices
des dix étapes.
Étape 1
MINI-LEÇON D’ANATOMIE :
LE VAGIN, LA VULVE ET LE CLITORIS
1. Touchez votre vulve et votre vagin plusieurs fois par semaine. Comment
? Commencez par un petit échauffement. Fermez le poing gauche sans
serrer, pour représenter vos parties génitales, puis insérez-y lentement
l’index droit : que sentez-vous ? Où sont les parties molles ? Où sont les
parties chaudes ? Y a-t-il des zones rugueuses ? Ensuite, faites la même
chose avec votre vagin : touchez d’abord les différentes parties de votre
vulve puis, lorsque vous êtes prête, insérez lentement un doigt dans votre
vagin et posez-vous les mêmes questions. Concentrez-vous sur ce que
touche votre doigt plutôt que sur les sensations de votre vagin. Le but est
de découvrir votre vulve et votre vagin. Si vous n’avez pas l’habitude de
vous toucher de cette manière, essayez de faire l’exercice en souriant.
Cela déclenchera des émotions positives dans votre cerveau, ce qui
facilitera l’exercice.
2. Pensez aussi précisément que possible à la façon dont vous ressentez
l’excitation pendant que vous réalisez le premier exercice, mais aussi
lorsque vous ne vous touchez pas. Où ressentez-vous l’excitation ? Que
ressentez-vous ? Est-ce une sensation d’ordre physique ou plutôt
émotionnel ? Est-ce différent quand vous vous touchez et quand vous ne
vous touchez pas ? Beaucoup de femmes ont du mal à mettre des mots sur
l’excitation et, parfois, ne remarquent même pas qu’elles sont excitées,
alors que leur corps en montre des signes. Essayez de repérer les subtils
changements qui s’opèrent au niveau de vos parties génitales.
Étape 2
OÙ J’EN SUIS
MON CORPS ET CE QUE J’AIME
1. Observez-vous pendant la masturbation et pendant les rapports, puis
répondez aux questionnaires des pages 38 et 39. Faites tout exactement
comme d’habitude. Si vous ne vous êtes jamais masturbée, ou très
rarement, commencez maintenant en suivant votre intuition. Faites
simplement ce qui vous fait du bien. Notez que, même si,
étymologiquement, le mot masturbation implique l’usage de la main, il
désigne dans ce livre toutes les pratiques employées pour se procurer du
plaisir sans partenaire – que ce soit en se touchant de diverses manières, à
l’aide d’un vibromasseur, en serrant les cuisses, etc. Le but est d’obtenir
une description aussi précise que possible – une sorte de registre de
masturbation, comme le scénario d’un film. Masturbez-vous plusieurs fois
par semaine : si le fait de vous observer vous distrait et trouble vos
habitudes, il vous faudra peut-être un peu de temps pour obtenir une
image fidèle.
2. Réfléchissez au rapport que vous entretenez avec vos parties génitales. Y
prêtez-vous beaucoup d’attention au quotidien ? Avez-vous conscience de
votre vagin et de votre vulve ? Quand y pensez-vous ? Y pensez-vous de
façon plutôt positive ou négative ? De temps en temps, envoyez un
message mental à votre sexe pour lui demander comment il va.
Étape 3
D’OÙ JE VIENS
MON PASSÉ SEXUEL
À partir de maintenant, vous allez tout doucement étendre le champ de vos
habitudes. Vous avez peut-être envie de tout changer d’un coup, mais cela
ne fonctionnera pas. Comme souvent dans la vie, il vous faudra du temps
et de la patience.
Modifiez un détail lorsque vous vous masturbez et observez l’effet produit.
Si vous avez l’habitude de bouger les doigts rapidement ou d’appuyer
fort, essayez d’aller lentement ou d’appuyer plus doucement. Ou essayez
de modifier votre niveau de tension corporelle ou de varier le tempo.
Si vous remarquez que vos sensations et votre niveau d’excitation
diminuent, retournez à vos bonnes vieilles habitudes. Laissez monter
l’excitation, puis reprenez avec la nouvelle version et le nouveau rythme.
Ne modifiez pas toute votre technique d’un seul coup ; changez plutôt un
élément à la fois. Sinon, votre excitation risque de retomber au point mort.
Répétez l’exercice plusieurs fois par semaine. Peu importe si cela vous
mène à l’orgasme ou pas.
Étape 4
BOUGEZ !
POURQUOI LE MOUVEMENT COMPTE
1. Commencez par bouger en vous masturbant, en faisant d’abord de petits
mouvements. Basculez le bassin d’avant en arrière. Essayez de ne pas
rester passivement allongée. Contractez volontairement les muscles puis
détendez-les. Quand l’excitation retombe – ce qui arrivera
probablement –, reprenez votre schéma habituel de manière à la faire
remonter, puis recommencez à bouger. Là encore, faites de petits
mouvements au début. Avec le temps, vous verrez que votre excitation
dure plus longtemps et que vous ressentez de plus en plus de choses. Si
vous ne jouissez pas, ce n’est pas grave. Refaites l’exercice plusieurs fois
par semaine.
2. Touchez votre vagin centimètre par centimètre et étudiez attentivement
les sensations que chaque point vous procure. Établissez une carte interne
de votre vagin. Que ressentez-vous juste à l’entrée du vagin ? Et un
centimètre plus loin, à gauche ? Et dans la zone G, sur la paroi avant ?
Essayez d’être plus consciente de votre vagin tout au long de la journée.
Maintenant que vous avez touché votre vulve et votre vagin de
nombreuses fois, vous commencez à les connaître. Vous savez comment
ils sont faits. À présent, essayez de prendre conscience de vos parties
génitales dans votre vie de tous les jours. Marchez de manière à ressentir
votre vagin. Contractez et relâchez le périnée de façon répétée. Inspirez
profondément avec le ventre. Essayez de percevoir consciemment votre
vagin et – surtout ! – essayez d’en être fière.
3. Imaginez qu’il y a un cadran d’horloge à l’entrée de votre vagin.
Déterminez où se situent le 12, le 3, le 6 et le 9. Touchez l’entrée de votre
vagin avec un ou deux doigts. Que ressentez-vous lorsque vous touchez
chacun de ces points ? À présent, imaginez que ce cadran se situe un peu
plus à l’intérieur de votre vagin. Touchez de nouveau chacun de ces quatre
points. Que ressentez-vous ? Est-ce différent ? Quel point est plus sensible
et lequel l’est moins ?
C’est un bon exercice à faire à deux : réussissez-vous à bien distinguer le
point touché par votre partenaire ? Qu’est-ce qui change lorsqu’il ou elle
touche un autre point ? Et quelle différence y a-t-il quand vous sentez le
doigt de votre partenaire, et non le vôtre ?
Étape 5
LE PÉRINÉE :
POURQUOI C’EST IMPORTANT
1. Asseyez-vous sur une chaise, avec le dos droit et les pieds bien à plat au
sol. Contractez le périnée comme si vous vouliez vous retenir d’uriner.
Ensuite, imaginez que votre périnée est un ascenseur : faites-le monter et
descendre en contractant les muscles, en vous concentrant sur la «
descente ». Essayez de vraiment tout relâcher à la fin – vous devez avoir
l’impression que vous êtes sur le point d’uriner.
2. Plusieurs fois par jour, contractez les muscles du périnée pendant trois
secondes, puis relâchez-les lentement. Après cette contraction intense, la
relaxation sera plus profonde. C’est donc une bonne manière de détendre
le périnée.
3. Entraînez-vous à respirer avec le ventre. Posez la main sur votre ventre et
attendez qu’il s’arrondisse quand vous inspirez. Essayez d’inspirer de plus
en plus profondément à chaque inspiration. Laissez votre ventre gonfler
comme un ballon, puis se contracter et gonfler à nouveau.
4. Posez la main sur votre vulve et essayez de ressentir votre respiration.
Que sentent vos doigts quand vous inspirez puis expirez profondément ?
5. Si vous arrivez facilement à contracter et relâcher les muscles du périnée,
vous pouvez essayer de jouer avec chaque muscle individuellement.
Contractez d’abord la fesse gauche, puis la droite. Ensuite, contractez les
muscles autour de l’anus, puis ceux un peu plus en avant, près du vagin et
de l’urètre. Pour finir, essayez de relâcher les muscles de l’anus tout en
maintenant ceux du devant contractés. Vous ne pourrez jamais vraiment
contrôler ces muscles individuellement, car ils forment un enchevêtrement
complexe, mais mieux vous saurez les contrôler, mieux ils sauront
transporter votre excitation avec précision.
Étape 6
C’EST DANS LA TÊTE ?
LES FANTASMES SEXUELS
1. Écrivez vos fantasmes sexuels et voyez s’ils changent au fil du temps. Si
vous modifiez la façon dont vous vous stimulez, cela modifiera aussi vos
fantasmes. Si vous êtes gênée à l’idée de détailler vos fantasmes,
contentez-vous de noter les mots-clés. Si c’est encore trop difficile,
interrogez-
vous la prochaine fois que vous vous masturbez. À quoi pensez-vous ?
Qu’est-ce qui vous excite ? À quoi pensez-vous juste avant de jouir ?
Aimez-vous vos fantasmes ou en avez-vous honte ? Faites de même
quelques semaines plus tard. Remarquez-vous des différences dans votre
film mental ?
2. Modifiez un autre détail quand vous vous masturbez et observez ce que
vous ressentez. Au lieu de faire varier le rythme ou la pression, changez
de position, par exemple. Si vous êtes généralement allongée sur le dos,
mettez-vous sur le ventre. Ou debout. Ou assise. Si votre excitation
diminue, reprenez la position habituelle. Répétez cet exercice plusieurs
fois par semaine.
Étape 7
ÇA BALANCE !
LA DOUBLE BASCULE
1. Entraînez-vous à basculer le bassin. Rien de plus – sans vous masturber
ni faire l’amour. Pour l’instant, le but n’est pas vraiment de trouver
l’excitation mais plutôt d’aider votre corps à comprendre et intégrer ce
mouvement, pour qu’il ne nécessite plus aucune concentration de votre
part. Si vous vous masturbez allongée sur le dos, commencez par
travailler la double bascule dans cette position. Essayez de faire partir le
mouvement du dos, sans vous aider des jambes ni du fessier. Pendant
l’exercice, imaginez que vous ramassez un objet et que vous l’absorbez
avec le vagin, puis que vous le laissez tomber. Une fois que vous
maîtrisez ce mouvement dans cette position, passez à la position suivante
et entraînez-vous au moins quatre fois. Pratiquez la double bascule assise
chaque fois que vous devez attendre assise quelque part. Répétez dans
diverses positions aussi souvent que possible, jusqu’à ce que vous
puissiez le faire sans y penser, de façon automatique. Mais attention :
n’essayez pas de tout faire du premier coup. À chaque entraînement,
concentrez-vous sur une seule des quatre positions.
2. Posez un doigt à l’entrée de votre vagin (en travaillant la double bascule,
si vous le souhaitez) pour voir si vous avez le désir de l’enfoncer un peu
plus. Vous pouvez bouger le doigt ou simplement le laisser posé là. Si
vous voulez vous entraîner pendant que vous êtes excitée, mais que
l’excitation retombe, enlevez votre doigt pour voir ce qui se passe, puis
stimulez-vous comme à votre habitude. Si vous le faites allongée sur le
dos et avez l’impression que votre bras est trop court, placez un oreiller
sous votre bassin ou allongez-vous sur le ventre, les jambes repliées en
dessous du corps.
Étape 8
SOYEZ ÉGOÏSTE !
ÉCOUTEZ-VOUS
1. Placez un ou plusieurs doigts sur votre vulve. Si vous préférez, mouillez-
les d’abord avec de la salive, du lubrifiant ou de l’huile. Au lieu de bouger
les doigts, bougez le bassin. Basculez et faites des cercles. Pensez à un
chat qui a envie de caresses : il suffit de tendre la main pour que l’animal
vienne y frotter les endroits où il souhaite être touché. Faites comme ce
chat : sans bouger la main, trouvez la stimulation que vous recherchez en
bougeant le corps. Soyez attentive à vos sensations : sont-elles différentes
quand vous ne bougez pas ? Vous pouvez aussi insérer un ou plusieurs
doigts dans votre vagin. Utilisez la double bascule pour faire entrer et
sortir vos doigts, sans bouger la main. Faites cet exercice plusieurs fois
par semaine.
2. Travaillez votre égoïsme ! Quand vous faites l’amour, essayez de vous
concentrer sur ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Si votre attention se
tourne vers votre partenaire, recentrez-vous sur vous-même. Et surtout,
bougez plus pendant les ébats, afin d’obtenir ce qui vous procure
du plaisir.
Étape 9
SWINGUEZ EN HARMONIE
MOUVEMENT POUR DUO
1. Intégrez le mouvement à vos ébats à deux. Si ça devient trop compliqué
et trop intellectuel, concentrez-vous davantage sur vos sensations, sans
trop vous soucier du niveau de perfection de votre double bascule.
L’important est que vous en tiriez plus de sensations.
2. Essayez de bouger le haut du corps en vous masturbant, et commencez à
utiliser votre voix et à faire entendre votre respiration. Observez en quoi
cela modifie votre expérience.
Étape 10
DÉCOLLER ENSEMBLE
UNE SEXUALITÉ ÉPANOUIE POUR LA VIE
1. Demandez à votre partenaire d’écrire sur un morceau de papier ses
souhaits sexuels ou même un scénario sexuel idéal, puis de le glisser dans
une enveloppe. Faites de même, puis discutez pour savoir si vous avez
envie d’ouvrir l’enveloppe de l’autre et ce que cela impliquera. Vous
n’êtes pas obligé(e)s de les ouvrir et, si vous le faites, vous n’êtes pas
tenu(e)s de mettre leur contenu en pratique – ce n’est pas le but. Cet
exercice devrait vous aider à déterminer ce que vous souhaitez à deux et
ce que suscitent en vous les désirs sexuels de l’autre. Voulez-vous
vraiment les connaître ? Vous intéressent-ils vraiment sur le long terme ?
2. Utilisez le principe de la fête. Quand les petites voix dans votre tête vous
disent que vous n’avez pas le droit d’être une créature assoiffée de sexe,
prenez-en activement conscience et décidez si vous souhaitez les écouter
ou pas. Si vous ne le souhaitez pas, écoutez-vous : bougez autant que
possible, même si vous n’en avez pas vraiment envie. Prenez l’initiative !
Soyez deux fois plus active ! Montrez-vous encore plus passionnée !
Imaginez-vous au milieu de la piste de danse, en train de vous éclater,
même si vous aviez plutôt prévu de rester sur votre canapé.
ET MAINTENANT, AMUSEZ-VOUS !
BON À SAVOIR
Comment un homme peut-il sensibiliser son pénis et élargir ainsi son
répertoire ?
Il y aurait de quoi écrire un autre livre sur le sujet. En bref, pour l’homme
aussi, le chemin qui mène à une meilleure sensibilisation passe par la
masturbation. Le mieux, pour commencer, est d’utiliser du lubrifiant, afin
de s’entraîner à rester en érection même lorsque la friction est moins forte.
Si cela se passe bien, l’homme peut se mettre à stimuler son pénis plus
lentement, en réduisant la cadence de sa main. S’il est capable de tenir plus
longtemps grâce à ce changement de cadence, il peut aussi essayer de se
lever en se masturbant. Si cela fonctionne, je conseille de respirer plus
profondément afin d’être plus détendu. Une fois cette étape maîtrisée, il
peut essayer de remuer le bassin, de manière à bouger le pénis au lieu de la
main. C’est une manière d’apprendre à contrôler son pénis et son
éjaculation. Au lieu d’imiter la masturbation en faisant l’amour, il imite un
rapport sexuel en se masturbant.
Que devrait faire l’homme s’il aime regarder des films pornographiques en
se masturbant ?
En soi, il n’y a rien de mal à regarder de la pornographie. C’est
problématique uniquement si c’est indispensable pour se masturber. Si
l’homme est habitué à être bombardé de stimulations face à son écran, cela
deviendra sa seule source d’excitation. Quand un homme tombe amoureux,
au début, sa nouvelle partenaire suffit à l’exciter sexuellement. Mais après
plusieurs années, l’attrait de la nouveauté cesse d’opérer. La stimulation
visuelle devient trop faible pour lui. Évidemment, ce n’est pas de la faute de
la femme, mais plutôt du schéma d’excitation biaisé de l’homme : il n’a pas
appris à développer l’excitation en lui-même. Et c’est précisément ce qui
compte quand on fait l’amour. Il est possible de trouver l’excitation
autrement que par la stimulation visuelle. Pour que cela fonctionne, il faut
que l’homme utilise toutes ses zones érogènes.
Les hommes aussi ont beaucoup de zones érogènes. Elles ne se situent pas
toutes au niveau du pénis, et vous aurez beaucoup de plaisir à les découvrir
et à les intégrer à vos ébats.
LA DOUBLE BASCULE
EXERCICES POUR LES HOMMES
La double bascule
debout
La double bascule n’est pas facile à maîtriser debout, car il est plus difficile
de parvenir à un mouvement fluide et relâché avec les jambes tendues. Dans
cette position, l’homme est tendu comme un arc et ne peut pas s’empêcher
d’avoir des mouvements assez raides. Veillez donc à garder les genoux
légèrement fléchis – c’est le seul moyen pour réaliser ce mouvement.
Pour commencer, essayez en appuyant les genoux sur une chaise placée
contre le mur. Cela vous aidera à garder les genoux dans la bonne position,
sans les tendre.
La double bascule
à quatre pattes
Essayez à quatre pattes : les genoux au sol et les mains écartées de la
largeur des épaules, pensez à un chat faisant le dos rond et prenez la même
position, en imaginant que quelque chose vous tire le dos en direction du
plafond. Il peut être utile d’exagérer un peu le mouvement. Ensuite, creusez
le dos comme pour former un U. Enchaînez ces deux positions plusieurs
fois, avec lenteur et fluidité. Respirez avec le ventre. Expirez en faisant le
dos rond puis remplissez votre ventre d’air en creusant le dos.
La double bascule
sur le dos
Pour cette variante, allongez-vous au sol (sur un tapis ou sur un lit) sur le
dos, jambes pliées. Creusez le dos en le décollant du sol, puis arrondissez-le
en le plaquant au sol, sans jamais décoller les fesses.
La double bascule
en position du missionnaire
La difficulté du missionnaire est qu’il faut utiliser ses muscles pour se
maintenir au-dessus de sa partenaire. C’est pourquoi certains hommes
deviennent raides et tendus. Cela les empêche de contrôler leur excitation et
peut les faire jouir trop rapidement.
Voici comment s’entraîner à la double bascule en position du missionnaire
:
Posez deux oreillers par terre. Couchez-vous dessus, comme s’il
s’agissait du torse de votre partenaire. Imaginez que votre bassin est
au-dessus du sien. Vos genoux sont légèrement pliés, et vous pouvez
poser les mollets au sol. Votre poids repose sur vos avant-bras, votre
bassin et vos mollets.
À présent, faites la double bascule. Arrondissez un peu le dos –
comme si quelque chose tirait votre dos en direction du plafond. Puis
creusez le dos. Parallèlement, imaginez que vous pénétrez le vagin
de votre partenaire : votre pénis avance facilement quand vous
arrondissez le dos et il recule quand vous creusez le dos. L’important
est que votre bassin bouge en continu.
La double bascule
pendant la masturbation
Quand vous vous masturbez avec la main, c’est sûrement elle qui fait tout le
travail tandis que votre corps bouge à peine. Avec la double bascule, c’est
l’inverse qui se produit : vous mobilisez uniquement les hanches pour faire
entrer et sortir votre pénis au creux de votre main. Vous pouvez essayer ce
mouvement dans toutes les positions. Utilisez du lubrifiant ou de l’huile
pour bien faire glisser. Ainsi, la masturbation ressemblera autant que
possible à un rapport sexuel avec une partenaire.
EXERCICES
Le but des exercices suivants est de percevoir les subtiles différences entre
un ou des doigts et un dildo, et d’entraîner votre vagin. Ils s’adressent aux
femmes en couple avec d’autres femmes, mais peuvent aussi intéresser les
couples hétérosexuels !
1. Insérez lentement un dildo dans votre vagin. Puis faites une pause pour
vous faire une idée précise des sensations que cela vous procure.
Comment le tenez-vous ? Comment le bougez-vous ? Où ? Et que sentez-
vous si vous changez la position de votre main, en la tournant plus vers la
droite ou vers la gauche que d’habitude ? À quel endroit ressentez-vous de
l’excitation ? Ressentez-vous vraiment quelque chose dans votre corps, ou
est-ce plutôt d’ordre mental ? Essayez de détecter les effets produits sur
vos parties génitales, aussi infimes soient-ils. À force de répéter cet
exercice, vous percevrez de plus en plus le dildo comme l’extension de
votre main plutôt que comme un outil stérile. Vous deviendrez capable de
sentir ce qui se passe à l’extrémité avant du dildo. Cela vous aidera à
montrer à votre partenaire ce que vous aimez exactement et à quel endroit
elle devrait vous toucher avec ses doigts ou avec le dildo.
2. Insérez un doigt dans le vagin de votre partenaire. Demandez-vous sur
quoi se porte réellement votre attention : faites-vous vraiment attention à
votre doigt et à ce qu’il fait ? Essayez-vous vraiment de savoir ce que fait
votre doigt ? Que percevez-vous ? Aimez-vous ce que vous êtes en train
de faire avec votre doigt ou est-ce une action que vous exécutez
mécaniquement ? Pensez à ce qui vous excite quand vous excitez votre
partenaire. Est-ce son excitation ? Peut-être focalisez-vous votre attention
sur elle, en observant son visage pour savoir si elle aime ce que vous
faites. Ou êtes-vous capable de vraiment profiter de l’instant où vous la
pénétrez avec votre doigt ? Prenez-vous plaisir à la pénétrer, à entrer
activement dans un autre corps ?
Changez de doigt et comparez les sensations obtenues avec les doigts de
la main droite et ceux de la main gauche. Prêtez attention aux différents
points que vous pouvez atteindre en fonction du doigt utilisé et aux
différences de sensation que cela vous procure.
BON À SAVOIR
En quoi les conseils donnés dans ce livre sont-ils différents pour les femmes
qui font l’amour avec d’autres femmes ?
Il n’y a aucune différence. Le but est de développer ses parties génitales,
quelle que soit son orientation sexuelle. Toutes les femmes rencontrent le
même genre de difficultés dans leurs relations, qu’elles soient
homosexuelles, hétérosexuelles, bisexuelles, polyamoureuses… La tâche à
accomplir est toujours la même : entrer en connexion avec son corps et sa
sexualité, afin de découvrir leur plein potentiel, les développer et favoriser
leur réceptivité à une multitude de sensations.
Les couples de femmes ont-ils besoin d’un substitut de pénis pour vraiment
tirer parti des étapes détaillées dans ce livre ?
Pas du tout ! Chaque couple dispose d’une infinité de possibilités pour
jouer et explorer. Les couples lesbiens peuvent parfaitement expérimenter
avec les doigts ou la bouche dans différentes positions, et essayer toutes
sortes de stimulations et de pénétrations. Vous pouvez atteindre différents
points en fonction des doigts ou des objets employés. Vous pouvez aussi
tester différents types et différentes tailles de dildos ou de godes ceintures,
si vous en avez envie.
CAS PRATIQUE
Louise et Rose
Louise et Rose sont proches de la quarantaine. Elles forment un
couple heureux depuis longtemps, même si le début de leur
relation a été un peu chaotique. Louise a grandi dans une famille
où l’homosexualité était taboue. Ses parents la surveillaient
toujours de près, ce qui a eu un effet notable sur son
développement – en particulier sur le rapport à son corps et à sa
sexualité. Même si elle ne portait jamais de vêtements «
typiquement féminins », ses parents continuaient de lui acheter du
rose et des froufrous. On l’accusait constamment d’être un «
garçon manqué ». Ses parents lui offraient des Barbies®, alors
que cela ne l’intéressait pas du tout. Ils étaient uniquement guidés
par leur besoin de conformer leur fille au stéréotype féminin
en vigueur.
Le fait de ne pas avoir été soutenue dans ses centres d’intérêt et
dans son développement, mais d’avoir été élevée avec le
sentiment de mal faire et de ne pas être à la hauteur, a
énormément influencé la vie de Louise. Ses parents conservateurs
lui ont souvent dit qu’elle avait un choix à faire, et que ce serait
plus facile pour son entourage si elle optait pour une vie
hétérosexuelle.
Rose, elle, avait des parents libéraux et très ouverts à l’homo‐
sexualité. En même temps, elle sentait qu’ils auraient été plus
heureux si elle avait été hétéro. Elle s’entendait dire des choses
comme : « Peut-être que tu n’as pas encore trouvé le bon ? » ou :
« Tu finiras peut-être par trouver un homme à ton goût ! » Même si
son orientation sexuelle était acceptée, elle devait endurer
l’éternelle question : n’y avait-il vraiment aucune chance que cela
change ?
Les commentaires de ce genre sont loin d’être anodins. Louise et
Rose ont toujours dû se positionner activement pour faire face à
leur environnement, ce qui n’a pas favorisé un développement
sexuel libéré. En thérapie, nous avons exploré plusieurs
traumatismes pour leur permettre de tourner la page. Le but était
qu’elles puissent, par exemple, s’embrasser en public si elles en
avaient envie, sans s’inquiéter du qu’en-dira-t-on. Cependant,
elles sont encore en proie aux commentaires lorsqu’elles
s’embrassent ou se tiennent la main dans la rue, quand elles ne
sont pas confrontées à l’hostilité non dissimulée des passants.
Durant la thérapie, Louise et Rose ont exprimé le désir de remettre
un peu de piment dans leur vie sexuelle. Toutes deux avaient
réussi à développer leur sexualité, mais trouvaient que ce qui
marchait le mieux était généralement ce à quoi elles étaient le plus
habituées. Par exemple, il suffisait qu’elles prennent un sextoy
pour que les choses se compliquent.
Ensemble, elles avaient déjà découvert et exploré les pratiques
impliquant le clitoris et les doigts. Au fil des années, elles se sont
ouvertes l’une à l’autre et ne craignent plus de se montrer
mutuellement ce qu’elles aiment. Chacune a exploré le corps de
l’autre et trouvé de nombreuses façons de jouer. Leurs vagins,
cependant, n’ont jamais tenu un rôle majeur dans leur vie
sexuelle. Bien sûr, cela ne pose aucun problème en soi et, tant
qu’elles étaient satisfaites de ce qu’elles faisaient, Louise et Rose
n’avaient pas besoin d’avoir recours à la pénétration. Néanmoins,
un jour, elles ont eu envie de tester les possibilités du vagin et de
découvrir de nouvelles choses. Mais pour l’instant, tout ne
fonctionne pas parfaitement.
Le mode archaïque
Les gens qui emploient essentiellement ce mode pour se stimuler ont
surtout recours aux pressions et à la tension pour trouver l’excitation. Même
les bébés ressentent du plaisir lorsqu’ils serrent les cuisses l’une contre
l’autre. Certaines personnes s’en tiennent à cette méthode par pression toute
leur vie et s’en servent pour atteindre l’orgasme. C’est un mode employé
par beaucoup de femmes : un tiers d’entre elles, précisément. Elles
s’asseyent ou s’allongent sur le ventre jambes croisées. Elles n’ont pas
besoin de grands mouvements ; elles exercent une pression sur leur sexe en
serrant les cuisses ou avec les muscles du périnée. Le grand avantage est
que cela fonctionne n’importe où, même dans le métro. Cependant, une
femme habituée à trouver l’excitation en serrant les cuisses peut la voir
retomber dès qu’elle écarte les jambes, et cela peut poser problème
lorsqu’elle est avec son ou sa partenaire. Cette méthode d’excitation est très
ciblée et efficace. Elle ne convient pas aux rapports sexuels prolongés et
langoureux.
Les personnes qui emploient le mode archaïque :
aiment la pression ;
bougent peu ;
contractent le corps ;
serrent les cuisses en général ;
respirent de façon superficielle.
Le mode mécanique
Le frottement mécanique des organes génitaux constitue un autre mode
d’excitation, plus courant chez les hommes que chez les femmes. Il se
caractérise par des mouvements rapides et automatiques. Les hommes se
frottent le pénis, jouissent, et c’est fini. Les femmes font des mouvements
de frottement ou posent un vibromasseur sur leur clitoris pour atteindre
l’orgasme. Ce mode aussi nécessite peu de mouvements en dehors de ceux
de la main. Le mode mécanique est le plus répandu : 40 à 60 % des gens se
stimulent et déclenchent l’orgasme de cette façon.
Ce mode fonctionne généralement très bien quand on est seul et peut aussi
être intégré aux pratiques sexuelles à deux. Cependant, il peut poser
problème si le point à frotter ou à caresser, ou encore la façon dont il faut le
faire, est très précis. Les personnes employant ce mode peuvent avoir du
mal à trouver l’excitation si leur partenaire recourt à une autre technique. Si
la stimulation ne correspond pas à celle attendue, l’excitation retombe.
Beaucoup de femmes de cette catégorie ont l’habitude d’utiliser un
vibromasseur pour jouir. Or il n’est pas possible d’imiter la fréquence de
vibration de cet appareil avec la main, la langue ou le pénis.
Cela vaut aussi pour les hommes. Si leur pénis est habitué aux fortes
pressions de la main, celles exercées par la bouche ou le vagin de leur
partenaire peuvent sembler trop faibles. Quand un homme a l’habitude de
se masturber en se frottant la verge très vite, il peut avoir du mal à faire
l’amour, parce que son bassin ne peut pas aller aussi vite que nécessaire
pour maintenir l’excitation.
Les personnes de cette catégorie peuvent rencontrer de sérieuses
difficultés lorsqu’elles font l’amour, car la stimulation est alors très
différente du schéma d’excitation qu’elles ont appris en se masturbant.
Comme les femmes qui emploient ce mode se frottent essentiellement le
clitoris et les lèvres, elles ne sont généralement pas très excitées par la
pénétration – c’est-à-dire ce qui se passe à l’intérieur de leur vagin.
Les personnes qui emploient le mode mécanique :
Le mode ondulatoire
Le mode ondulatoire repose sur des mouvements amples, souples et fluides.
Le corps bouge dans tous les sens pendant l’acte sexuel, la respiration est
profonde et les muscles détendus. C’est un mode ludique et sensuel, où
l’excitation procure beaucoup de plaisir. Peu d’hommes relèvent de cette
catégorie. Dans ce mode, plus la personne bouge, plus elle développe de
zones érogènes. L’excitation se diffuse dans tout le corps et est très
vivement ressentie. Dans le mode ondulatoire, les personnes peuvent
s’abandonner entièrement à leur excitation.
Les femmes peuvent tirer plaisir de ce mode indéfiniment – parfois même
pendant des heures. Elles adorent se sentir connectées à leur partenaire et à
elles-mêmes. Mais, bien souvent, elles ne parviennent pas à l’orgasme.
Elles n’arrivent pas à se canaliser jusqu’à la jouissance. Cela peut s’avérer
frustrant, car elles ne touchent pas au but et l’excitation finit par se dissiper.
C’est pourquoi certaines de ces personnes basculent vers l’un des deux
modes précédents pour jouir.
Les personnes qui emploient le mode ondulatoire :
D
désir sexuel 14, 49, 50, 61, 133, 137
Desjardins, Jean-Yves 171, 172
dildo 77, 86, 99, 105, 165, 166, 169
double bascule 95, 96, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 112, 117, 121, 122, 124,
147, 148, 149, 158, 159, 160, 161, 162, 176
E
éjaculation : féminine 28, 29 ; précoce 158
enfance et sexualité 12, 48, 57, 58, 60, 61
entraînement : seul(e) 11, 37, 38, 156 ;
avec un(e) partenaire 111 ; comment/quand 12, 33, 38, 46, 47, 68, 102,
122, 136, 148, 162 ; effets 37, 57, 89, 103, 112, 122, 125, 129, 143, 159,
165, 167 ; principe 11, 28, 129, 130, 131, 133, 134, 136, 137, 150,
entrée du vagin 16, 17, 18, 19, 22, 28, 70, 71, 83, 102, 144, 104, 109, 112,
122, 144, 145, 148
état : d’alerte 64, 65, 66, 67, 130, 131 ; de relaxation 41, 66, 67 ; de tension
82, 103
excitation : courbe d’ 41, 42, 43, 45, 61, 118 ; capacité d’ 151, 152, 172
quatre modes d’ 38, 171, 172 ; réflexe 72, 82, 86, 87, 103, 117, 118, 119,
172 ; schémas d’ 38, 61, 64, 75, 91, 94, 171 ; sexuelle 11, 14, 18, 21, 34,
37, 38, 53, 55, 69, 72, 73, 77, 78, 118, 176 ; sources d’ (voir littérature
érotique ; pornographie ; fantasmes sexuels)
F
fantasmes sexuels 39, 67, 85, 86, 87, 90, 91, 92, 93, 94, 96, 103, 117, 146,
147, 156
Fugl-Meyer, Kerstin 28
G
G (zone) 22, 23, 28, 70, 136, 144
gémissements 120, 121 ; et excitation 75, 77, 78, 80, 82, 85, 86, 87, 89, 90,
91, 94, 95, 96, 101, 104, 108, 109, 112, 113, 115, 120, 121, 122, 124, 128,
136, 137, 161 (voir aussi courbe d’ ;
capacité d’ ; schémas d’ ; sexuelle) ; et masturbation 41, 50,
54, 60, 105, 121 (voir aussi homme et ; masturbation) ; importance des
117, 120, 169 ; mouvement 20, 39, 63, 64, 66, 67, 68, 69, 70, 75, 103,
106, 108, 109, 111, 117, 118, 120, 121, 122, 129, 131, 132, 144, 147, 149,
158, 159, 160, 162, 169, 172, 173, 174, 175, 176 ; types de 39, 59, 73, 75,
103, 171.
Voir aussi double bascule
gland du clitoris, 11, 13, 13, 14, 21, 31
H
hommes : et masturbation 77, 155, 157, 162, 172 ;
et schémas d’excitation 171 ; exercices de double bascule pour 95, 96,
103, 117, 121, 122, 124, 147, 149, 158, 159, 160, 161, 162, 176. Voir
aussi pénis
hormones 49
K
Komisaruk, Barry 27
L
lèvres (vaginales) 17, 18, 30, 34, 35, 174
lilli.info 177, 178, 179, 180
littérature érotique 90
lubrifiant 111, 148, 157, 162
M
masturbation : comparée aux rapports sexuels 41, 42, 44, 47, 50, 54, 60, 77,
106, 155, 157, 162, 172 ; définition 142 ; et excitation 41, 42, 44, 105,
121 ; et fantasmes sexuels 91, 93, 94 ; exercices 45, 46, 142 ;
questionnaire 56, 59
mécanique (mode d’excitation) 173, 175, 176
ménopause 60, 61
micromouvements 68
N
nerf vague 27
O
ondulatoire (mode d’excitation) 174, 175
orgasme : biologie de l’ 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 23, 41 ;
clitoridien 54, 55, 58, 60, 173 ; et fantasme 86, 88, 92 ; incapacité à
atteindre l’ 37, 42, 47, 48, 49, 50, 54, 91, 93, 105, 106, 122, 123, 134,
137, 155, 156, 159, 175, 176 ;
interne 24, 27, 28, 68 ; et mouvements 67, 69, 72, 73, 176 ; mythes 29 ; et
périnée 77, 82, questionnaires 38, 39, 40, 136 ;
réflexe d’ 72, 95, 96, 103, 117, 118, 119, 153, 172 ; vaginal 10, 27, 28, 34,
54
ouverture de l’urètre 16, 17, 19, 27, 28
P
paradoxe de l’excitation 78
paraplégie 27
parois vaginales 28, 122. Voir aussi zone G
pénis : comparé au clitoris 11, 19, 21, 156 ; érection 19, 110, 113, 124, 137,
156, 157, 158, 162 ; et garçons 12, 13 ; et plaisir féminin 31, 59, 60, 68,
77, 82, 86, 99, 105, 118, 122, 136, 166 ; sensibilisation du 157, 158, 159,
160, 161, 162, 164, 174
perfectionnisme 130
périnée : exercices du 28, 70, 81, 82, 83, 84, 95, 144, 145, 146 ; définition
77, 78, 79 ; muscles du 16, 21, 23, 65, 78, 118, 119, 172
pilier du clitoris 18, 19, 20, 27
plaisir émotionnel 41, 118. Voir aussi courbe du plaisir
pornographie 89, 157
pratique : avec un(e) partenaire 104 (voir aussi cas pratique) ; cas 29, 49,
60, 74, 83, 92, 105, 114, 123, 137, 167 ;
comment/quand 24, 33, 47, 48, 69, 108, 109, 129, 133, 150, 151, 153 ;
effets 10, 88, 152, 162 ; principe 28, 97, 129, 130, 131, 133, 134, 150,
159
préservatif 23, 155, 156
principe de la fête 129, 130, 131, 133, 134, 150
pudenda 13
Q
questionnaires : fantasmes sexuels 87 ; orgasme 38, 39, 40, 45, 64, 82, 142,
172 ; passé sexuel 53, 63, 143
R
réflexe d’excitation 72, 86, 119 ; d’orgasme 82, 96, 103, 117, 118, 119, 172
relaxation (état de) 10, 41, 65, 66, 67, 80, 82, 145
respiration 39, 64, 68, 80, 94, 96, 99, 120, 122, 131, 146, 149, 174
S
séduction 134, 135
sensibilisation des parties génitales 11, 157
sexe : définition 9, 10, 12, 33, 34, 151 ; douleur 17, 21, 49, 54, 60, 81, 139 ;
parler de 7, 9, 50, 60, 74, 110, 111, 128 ; oral 29, 30, 31, 40, 42
sexocorporelle (approche) 171, 180
sexothérapie 8, 137, 138, 139, 171
sexualité lesbienne 163, 164, 165, 166, 167, 168, 169
sourire 26, 47, 89, 119, 124, 141
spontanéité 131, 137
squirting 28, 29
synapses 34, 36, 37, 55
système nerveux : parasympathique 64, 65, 66 ; sympathique 64, 66, 130
U
urètre 16, 17, 19, 22, 23, 27, 28, 78, 80, 146
V
vagin 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25, 26,
27, 28, 34, 35, 36, 37, 46, 48, 54, 55, 63, 67, 68, 70, 71, 72, 77, 78, 80,
81, 83, 84, 86, 90, 91, 95, 99, 100, 102, 104, 105, 108, 109, 112, 118, 122,
136, 141, 144, 145, 147, 148, 156, 158, 161, 163, 164, 165, 168, 169,
174. Voir aussi connexion vagin-cerveau
vagues (mode d’excitation en) 124, 140, 175, 176
vibromasseur 14, 38, 41, 46, 59, 60, 94, 105, 117, 121, 142,
173, 174
vocalisation 120. Voir aussi gémissements
voies nerveuses 34. Voir aussi sensibilisation des parties génitales ;
synapses ; connexion vagin-cerveau
vulve 15, 16, 17, 18, 19, 23, 25, 26, 35, 36, 37, 46, 54, 63, 70, 78, 80, 88,
90, 91, 92, 99, 111, 136, 141, 143, 144, 146
Z
zone G 22, 23, 28, 70, 136, 144
TABLE DES MATIÈRES
Étape 1
MINI-LEÇON D’ANATOMIE 15
Le vagin, la vulve et le clitoris 15
La vulve : ce que l’on voit de l’extérieur 16
Le clitoris : plus gros qu’on le croit 18
Le vagin : le trésor intérieur 20
L’hygiène de la vulve et du vagin 23
Étape 2
OÙ J’EN SUIS 33
Mon corps et ce que j’aime 33
C’est simple : le sexe fonctionne comme tout le reste 34
Comment fonctionne la conduction nerveuse ? 35
Quels sont vos « points forts » ? 38
Étape 3
D’OÙ JE VIENS 53
Mon passé sexuel 53
Mon histoire 55
Étape 4
BOUGEZ ! 63
Pourquoi le mouvement compte 63
Quel effet cela a-t-il sur notre vie sexuelle ? 65
Pourquoi le mouvement est si important 67
Étape 5
LE PÉRINÉE 77
Pourquoi c’est important 77
Comment savoir si votre périnée est contracté
ou au repos ? 78
Étape 6
C’EST DANS LA TÊTE ? 85
Les fantasmes sexuels 85
Étape 7
ÇA BALANCE ! 95
La double bascule 95
La double bascule sur le dos 96
La double bascule à quatre pattes 98
La double bascule assise 99
La double bascule à califourchon 101
Étape 8
SOYEZ ÉGOÏSTE ! 107
Écoutez-vous 107
Étape 9
SWINGUEZ EN HARMONIE 117
Mouvement pour duo 117
Servez-vous de votre voix 120
Étape 10
DÉCOLLER ENSEMBLE 127
Une sexualité épanouie pour la vie 127
Le principe de la fête 129
Ne visez pas la perfection 130
APERÇU DES EXERCICES 141
ET MAINTENANT, AMUSEZ-VOUS ! 151
POUR LES HOMMES ET À PROPOS DES HOMMES 155
Pénis et vagin, même combat ! 156
Plus d’initiatives, de mouvements et d’émotions :
conseils pour les hommes 158
POUR LES FEMMES QUI AIMENT LES FEMMES 163
Halte aux clichés 164
THÉORIE POUR LES ASSOIFFÉ(E)S DE CONNAISSANCES :
LES QUATRE MODES D’EXCITATION 171
Le mode archaïque 172
Le mode mécanique 173
Le mode ondulatoire 174
Le mode d’excitation par vagues 175
REMERCIEMENTS 177
Qu’est-ce que lilli.info ? 179
Liens et contacts utiles 180
INDEX 181
Direction de la publication : Carine Girac-
Marinier
Édition : Véronique Tahon
Couverture : Olivier Frenot
Mise en pages : CGI
Fabrication : Rebecca Dubois