Vous êtes sur la page 1sur 147

Publication originale en allemand sous le titre Coming Soon: Orgasmus ist Übungssache © 2018

Piper Verlag GmbH, München/Berlin


Publié pour la première fois en anglais par Greystone Books en 2021.
Traduction de l’anglais : Audrey Dinghem
Illustrations © 2021 by Nicole Kim
© Larousse, 2021.
Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, du texte
et/ou de la nomenclature contenus dans le présent ouvrage, et qui sont la propriété de l’Éditeur, est
strictement interdite.
ISBN : 978-2-03-600809-0
Avertissement au lecteur :
Ce livre reflète les idées et les opinions de l’auteure. Il vise à fournir des informations utiles sur les
sujets abordés dans ces pages. Ni l’auteure ni l’éditeur ne prétendent offrir des services
professionnels médicaux, sanitaires ou autres grâce à ce livre. Avant d’appliquer les suggestions
contenues dans ce livre ou d’en tirer des conclusions, les lecteurs sont invités à consulter leur
médecin généraliste ou tout autre professionnel de santé compétent. L’auteure et l’éditeur ne sont pas
responsables des gênes, dommages, pertes ou risques d’ordre personnel ou autres, occasionnés de
façon directe ou indirecte par l’usage ou l’application d’une quelconque partie du contenu de cet
ouvrage. Les noms des patients ont été modifiés afin de protéger leur anonymat.
AVANT-PROPOS

E lle prend une grosse gorgée de vin, repose le verre sur la table un peu
trop rapidement, en renverse la moitié – c’est son troisième – et, tout
en essuyant la table avec sa serviette en papier, elle dit, sans lever les yeux :
« Allez, donne-moi le secret ! » J’ai rencontré Laura sur les bancs de
l’école. Après le lycée, chacune a suivi sa voie : elle a étudié le droit et moi,
la psychologie. Les soirées vin rouge et pizza sont devenues de plus en plus
rares et espacées, mais nous n’avons jamais perdu le contact.
Je réponds : « Quel secret ? » Laura prend une bouchée de pizza et dit
rapidement, sans avaler : « Je veux savoir comment avoir un orgasme en
faisant l’amour. Juste par pénétration. Comme les femmes normales. Moi,
ça ne marche pas. Pas du tout ! Je crois que je ne tourne pas rond. Quelque
chose ne tourne pas rond, là en bas ! »
Elle dit qu’elle ne sait pas quoi faire. Elle a tout essayé avec son petit ami
: vite ou lentement, avec tendresse ou brutalité – rien ne la fait jouir.
Lorsqu’on prend un verre ensemble, mes amies en profitent souvent pour
me poser des questions sur le sexe. D’après elles, c’est parce qu’elles
doivent d’abord surmonter leur timidité. Après tout, je suis sexologue.
Parler de sexe avec moi, c’est comme parler à un photographe des clichés
qu’on prend avec son Smartphone.
Mais une fois la gêne passée, les femmes ressentent toujours un énorme
soulagement, car je peux rassurer Laura et toutes celles qui n’arrivent pas à
jouir « juste comme ça » en faisant l’amour : elles tournent parfaitement
rond. Elles n’ont rien d’une exception. Je réponds : « Des millions de
femmes sont dans le même cas. » Et Laura pousse un soupir, comme si elle
venait d’être libérée d’un énorme poids.
Cela tourmente aussi une grande partie des femmes que je reçois en
sexothérapie. L’absence d’orgasme pendant les rapports sexuels, la
difficulté à jouir et le manque d’appétit sexuel qui accompagne souvent ces
problèmes sont les sujets qui reviennent le plus souvent avec mes patientes.
Comme beaucoup de femmes se posent les mêmes questions, j’ai décidé de
créer un groupe de parole, que j’anime avec ma collègue, Annette Bischof-
Campbell. Les femmes de ce groupe se retrouvent plusieurs soirs pour
apprendre à connaître leur corps et découvrir comment prendre plus de
plaisir, accroître leur potentiel orgasmique et faire la part entre les mythes et
la réalité de l’orgasme. Ce groupe présente plusieurs avantages : il permet
de présenter le sujet à beaucoup de personnes en même temps et, entre elles,
les femmes s’aperçoivent qu’elles ne sont pas les seules à rencontrer ce
genre de problèmes. De plus, les découvertes et les réussites de chacune
profitent au groupe entier. Nous remarquons aussi que, bien souvent, même
lorsqu’une femme s’inscrit en disant qu’elle n’a pas « besoin » de
sexothérapie, il y a tout de même un sujet qu’elle souhaite explorer.
Ce groupe dédié à l’orgasme est l’un des temps forts de ma semaine. Je
suis toujours très heureuse de voir toutes les idées nouvelles que nos
discussions font naître parmi les participantes. Néanmoins, je suis aussi
stupéfaite de l’ignorance qui entoure l’orgasme féminin et de la quantité
d’idées absurdes enracinées dans l’esprit de beaucoup de femmes.
J’ai compris à quel point le sexe était un sujet méconnu quand j’ai eu mon
premier petit ami, pendant l’adolescence. Par chance, j’ai une mère
formidable et très ouverte, à qui je pouvais poser toutes mes questions sur le
sexe et sur mon corps – c’était la seule personne à qui je pouvais parler de
ce genre de choses. Les cours d’éducation sexuelle à l’école étaient tout
sauf utiles et positifs, et même si quelques récits de premières fois
extravagantes circulaient, je ne pouvais pas discuter sérieusement de sexe
avec mes amies.
Même pendant mes études de psychologie, j’ai appris très peu de choses
sur la sexualité. Pourtant, j’étais déjà convaincue que le sexe et le désir
avaient une influence majeure sur le psychisme. C’est ce qui m’a incitée à
approfondir le sujet pendant mon doctorat. J’ai proposé à mon directeur de
thèse de parler des comportements sexuels en Suisse. Il s’est d’abord
montré circonspect, mais a fini par accepter mon sujet, en grinçant des
dents, à condition que je trouve 5 000 participants pour le sondage en ligne
obligatoire. Quelque 15 000 réponses plus tard – qui l’eût cru ? –, j’ai
obtenu son feu vert. C’est là que j’ai compris que je voulais devenir
sexothérapeute. Je voulais, à ma façon, briser le grand silence qui pesait sur
la sexualité. Le fait que 15 000 personnes aient pris le temps de répondre à
mon sondage en ligne prouve que ce thème suscite un vif intérêt général.
En 2008, j’ai ouvert mon propre cabinet de psychothérapeute-
sexothérapeute, et ce métier me passionne. J’adore aider les femmes, les
hommes et les couples à mieux communiquer et à se sentir plus épanouis
dans leurs relations et leur vie sexuelle. Aujourd’hui, je suis mariée, j’ai
deux enfants, et j’ai encore l’impression que la sexualité est un sujet peu
abordé, en particulier chez les femmes. Il est grand temps que nous
apprenions à mieux connaître et mieux comprendre notre corps, au lieu de
nous fier aux demi-vérités diffusées depuis des années voire des décennies
par la presse soi-disant féminine. Car en réalité, on a beaucoup écrit sur
l’orgasme féminin, et une infinité de mythes et de légendes circulent à ce
propos. Le mythe le plus courant est sûrement celui selon lequel les femmes
sont soit vaginales, soit clitoridiennes. Certaines ont la chance de pouvoir
jouir uniquement grâce à la pénétration, et les autres, non. Est-ce juste une
question de chance ? D’anatomie ? De mental ? De relaxation ? Autrement
dit : faut-il simplement se laisser aller pour pouvoir jouir ? Attention,
spoiler : tout cela est complètement faux ! Il est important de comprendre
que même le pseudo-orgasme vaginal – provoqué uniquement par la
pénétration – est généralement dû à la stimulation du vagin et du clitoris.
Mais nous y reviendrons plus tard.
L’orgasme féminin suscite beaucoup d’interrogations, et beaucoup de
jeunes femmes curieuses et libérées, comme mon amie Laura, s’imaginent
qu’il y a un « secret » pour y parvenir. Durant cette soirée où le vin a coulé
à flots, ma réponse a été la suivante : « Le secret, c’est qu’il n’y a pas de
secret. La jouissance est une question de pratique. Tout tourne parfaitement
rond chez toi. Probablement que tu manques juste un peu d’entraînement. »
Laura s’est alors mise à me bombarder de questions. Après avoir de
nouveau rempli nos verres, je lui ai expliqué ce qui figure désormais dans
les pages de ce livre. Je tiens à offrir aux femmes le pouvoir d’entrer en
prise directe avec leur corps et leur sexualité. Parce que le sexe, ça
s’apprend. Et le désir aussi. Toutes les femmes peuvent avoir de
formidables orgasmes. Cela vaut la peine d’apprendre à connaître son corps,
car vous en profiterez pour le restant de vos jours.
L’orgasme n’est pas une question de chance ou de malchance, de destin,
ni même de relaxation. Il vient plutôt de certaines capacités qu’ont – ou que
peuvent développer – toutes les femmes. En fait, très peu de femmes
atteignent l’orgasme uniquement par pénétration du pénis dans le vagin –
seules 30 % environ jouissent souvent ou toujours de cette façon. Et environ
60 % des femmes trouvent que la pénétration en soi n’est pas très excitante.
Et c’est dommage, car la stimulation vaginale peut procurer énormément de
plaisir, et qu’il est possible d’apprendre à jouir de cette manière.
Très peu de personnes le savent, mais ce type d’orgasme possède une
explication biologique : chaque partie du corps est dotée de cellules
nerveuses et de capteurs qui sont reliés au cerveau par les voies neuronales.
Lorsqu’on touche ou qu’on utilise ces cellules nerveuses, cela crée de
nouvelles connexions avec les neurones, dans le cerveau. Plus ces voies
neuronales se renforcent, plus le cerveau réagit rapidement lorsqu’on
touche la partie du corps correspondante, et plus la sensation est intense.
(Dans ce livre, nous appellerons ce processus la sensibilisation : elle
consiste à apprendre à devenir pleinement consciente des sensations à
l’intérieur du vagin et à les associer à un sentiment d’excitation sexuelle, de
manière à totalement « habiter » cette partie du corps.) Pour celles qui n’ont
pas établi de connexion forte entre leur vagin et leur cerveau, les rapports
sexuels s’avèrent pauvres en sensations.
Dans ce cas, le vagin manque tout simplement d’entraînement. Il n’a pas
encore été « éveillé » ni associé au désir. Pour qu’il soit plus réceptif, il faut
renforcer la connexion. Prenez l’exemple d’une danseuse classique, qui
répète sa chorégraphie pendant des mois. La région de son cerveau associée
à ses pieds sera forcément plus active que celle d’une personne qui ne danse
pas. De même, un pianiste n’a pas besoin de regarder ses mains pendant
qu’il joue. Avec le temps, ses doigts ont développé un lien si étroit avec son
cerveau qu’ils trouvent la bonne touche d’eux-mêmes.
Ce principe s’applique aussi au vagin. Toutes les femmes peuvent activer
cette zone grâce au toucher et enclencher, par la même occasion, des
modifications dans leur cerveau permettant de renforcer les sentiments
d’excitation. Toutes les femmes sont donc capables d’atteindre l’orgasme
uniquement par pénétration. Mais cela nécessite de l’entraînement ou, plus
précisément, un programme en dix étapes. Vous trouverez toutes les
connaissances et les exercices dont vous avez besoin dans ce livre.
Si une écrasante majorité de personnes ignore que l’orgasme féminin est
une question d’entraînement, c’est dû, selon moi, à deux raisons.
Premièrement, cela fait peu de temps que l’orgasme féminin est devenu un
sujet de recherche sérieux. Il a longtemps été laissé de côté car, d’un point
de vue strictement biologique, l’orgasme féminin ne relève d’aucune
nécessité. La femme n’a pas besoin d’avoir un orgasme pour tomber
enceinte. Même s’il augmente les chances de procréer, l’orgasme féminin
n’est pas indispensable.
Deuxièmement, le mot entraînement semble totalement hors de propos en
matière de sexe. Personne n’a envie de s’entraîner ni de devoir « travailler »
sa sexualité. D’autant plus que la partie semble perdue d’avance pour les
femmes. Aucun homme n’a besoin d’entraîner son pénis à jouir… Si ?
Eh bien, ce n’est pas tout à fait vrai. Le pénis aussi doit « répéter ». La
différence, c’est que cela se fait généralement durant l’enfance et
l’adolescence. Les petits garçons ont beaucoup moins de mal à éveiller les
connexions avec leurs parties génitales, car elles sont plus faciles à voir et à
toucher que celles des petites filles. Ils sont amenés à toucher leur pénis dès
le plus jeune âge et dans de nombreuses situations : pour faire pipi ou en
s’habillant, par exemple. En outre, la plupart des garçons apprennent très
jeunes à associer leur pénis au plaisir. Sur ce plan, les femmes sont
désavantagées, car le vagin est à l’intérieur du corps. C’est un organe
couvert, entre autres choses, de honte. Saviez-vous que le mot latin
désignant les parties génitales féminines, pudenda, signifie aussi « ce dont il
faut avoir honte » ? Cela en dit long. Bien souvent, lorsqu’une petite fille
porte la main entre ses jambes, ses parents la réprimandent. En revanche,
lorsqu’un petit garçon joue avec son pénis, ses parents se disent simplement
qu’il fait comme tous les petits garçons.
Résultat : le vagin reste une zone privée de tout contact durant les
premières années d’existence de la femme. Il finit parfois par recevoir la
visite de tampons hygiéniques, dont l’insertion est tout sauf un plaisir. Puis
la jeune femme a un rapport sexuel. Cette fameuse première fois tant
idéalisée. Elle peut trouver cela bien, et excitant. Ou douloureux. Mais elle
n’en tire sûrement pas beaucoup de plaisir. Comment le pourrait-elle ? Les
terminaisons nerveuses de son vagin n’ayant jamais été associées au plaisir,
elle ne peut pas ressentir grand-chose pour l’instant. Au bout de quelques
années, elle se dira peut-être qu’elle a rarement le temps de s’abandonner à
des rapports sexuels prolongés, à cause du travail, des enfants et du fait que
son partenaire n’a pas les mêmes goûts qu’elle. Et qui perd au change,
quand il n’y a ni préliminaires, ni interaction, ni postliminaires ? La femme,
en général. À la longue, elle finit par se désintéresser de la chose et son
désir s’éteint, car le coït en lui-même, ce simple va-et-vient, n’éveille
presque rien en elle sur le plan physique.
C’est pourquoi les femmes doivent absolument faire savoir à leur
partenaire ce qui les excite : les techniques qu’elles ont apprises en se
masturbant pour augmenter le plaisir et peut-être même atteindre l’orgasme.
Il s’agit souvent d’une stimulation délibérée du clitoris. La femme peut
alors prendre les choses en main ou montrer à l’autre comment elle aimerait
être touchée.
Avoir un vagin plus sensible n’est pas essentiel, mais c’est un plus très
excitant. On peut vivre de formidables expériences sexuelles sans cela : la
stimulation du gland du clitoris peut mener à de fabuleux orgasmes. Dans
ce cas, la femme ne jouit pas par pénétration. Elle arrive à l’orgasme avant,
pendant ou après la pénétration, grâce à l’action de la main, d’un
vibromasseur ou de la bouche, ce qui est déjà excitant et gratifiant en soi.
Mais en apprenant à être plus réceptive à la stimulation vaginale, vous
accéderez à une vie sexuelle plus variée. Elle sera autrement plus excitante
et plus satisfaisante, car vous serez maîtresse de votre excitation sexuelle, et
vous n’aurez plus besoin que votre partenaire fasse tout d’une certaine
manière. Parce que vous pourrez choisir le moment où vous parviendrez à
l’orgasme. Parce que votre désir sexuel sera plus fort. Parce que c’est bon
de jouir ensemble parfois. Et parce que c’est merveilleux de pouvoir
atteindre l’orgasme par pénétration avec son partenaire.
Ce livre vous aidera à mieux connaître votre corps et à comprendre
comment vous atteignez l’orgasme grâce à la pénétration ou pourquoi vous
n’y arrivez pas encore, ainsi qu’à mieux cerner le lien entre fantasme,
plaisir, désir et excitation. À chacune des dix étapes de ce processus, je
répondrai aux questions les plus fréquentes et vous proposerai des exercices
à réaliser. Chaque thème est illustré par un cas pratique rencontré en
consultation. La fin du livre contient quelques conseils pour votre
partenaire, pour que vous puissiez tou(te)s deux apprendre et vous entraîner,
et atteindre ensemble le nirvana.
Étape 1
MINI-LEÇON D’ANATOMIE
Le vagin, la vulve et le clitoris

P our des rapports sexuels plus riches en sensations, familiarisez-vous


avec votre vulve et votre vagin. Vous pouvez vous asseoir et vous
examiner en plaçant un miroir entre vos jambes, si vous le souhaitez, mais
vous devez surtout chercher à comprendre votre corps en vous fiant à votre
« sens interne ». Le mieux pour cela est d’utiliser vos propres sens :
touchez-vous, explorez-vous avec les doigts, de manière à mieux vous «
appréhender » – tel un enfant qui découvre le monde. Vous voyez votre
corps de l’extérieur, dans le miroir ou sur les photos, mais vous êtes
sûrement moins attentive aux sensations qu’il procure. Si vous ne vous
appliquez pas régulièrement à ressentir votre propre corps, il peut finir par
vous sembler tout à fait étranger. C’est d’autant plus regrettable que votre «
sens interne » peut apprendre ce qui vous procure des sensations agréables
et vous guider vers ce qui vous fera du bien, à vous et à votre corps.
Sans cette jauge interne, vous devez vous fier davantage aux facteurs
extérieurs pour ressentir votre corps. Les photos de mannequins,
l’apparence d’une amie, le poids sur la balance ou les calories des aliments,
autrement dit, ce que l’on voit, entend ou lit, peut constituer une norme
externe.
Néanmoins, ces normes ont très peu de rapport avec vous et peuvent
même devenir des facteurs de pression inutiles : votre corps possède des
formes et des qualités qui lui sont propres – et c’est ce qui le rend parfait !
Voilà pourquoi je vous conseille d’apprendre à connaître votre corps au
travers de votre perception interne, en laissant vos doigts vous guider dans
ce voyage anatomique.

La vulve : ce que l’on voit


de l’extérieur
La vulve est la partie des organes sexuels féminins visible de l’extérieur :
elle s’étend du pubis à l’arrière de l’entrée du vagin. Derrière elle se
trouvent le périnée et l’anus. Au cours de la première étape, il est important
de vous situer personnellement : que savez-vous déjà faire, que faites-vous
et que vous reste-t-il à apprendre ?
Prenez un crayon et une feuille de papier. Essayez de dessiner votre vulve
et de nommer les parties qui la composent. Ne vous inquiétez pas si vous
êtes un peu perdue : plus de la moitié des femmes ignorent où se trouve
l’ouverture de l’urètre, par exemple.
Ensuite, redessinez votre vulve après en avoir exploré les moindres
recoins avec la main, comme si vous aviez de petits yeux au bout des
doigts.
Observons la vulve d’un peu plus près :

Comparez le dessin ci-dessus au vôtre. Le clitoris est-il à peu près au même


endroit ? Et l’urètre ? Les lèvres ? La « norme », en matière de vulves,
couvre une multitude de réalités. Nous ne sommes donc pas toutes faites de
la même manière.
Les lèvres sont souvent appelées lèvres vaginales. On parle également de
lèvres intérieures ou extérieures, ce qui peut porter à confusion, car les
lèvres « intérieures » sont souvent plus grandes que les lèvres « extérieures
» et peuvent donc dépasser. Cela n’a rien de honteux, et la nouvelle
tendance chirurgicale de réduction des lèvres comporte même de sérieux
risques : cette procédure peut entraîner des blessures ou des cicatrices
menant à une perte de sensibilité. Or, quand une zone perd de sa sensibilité,
évidemment, elle ne procure plus de sensations. Sans parler des éventuelles
douleurs liées à l’opération.
Même si leurs noms se ressemblent, les lèvres intérieures et extérieures
ont des caractéristiques et des fonctions différentes. Les lèvres extérieures
sont des sortes de gros coussins qui protègent des pressions extérieures nos
parties génitales et les os sous-jacents. Elles sont couvertes de poils et
contiennent des glandes sudoripares. L’excitation sexuelle, en augmentant
l’afflux sanguin, leur donne généralement une teinte plus foncée.
Chez certaines femmes, les lèvres intérieures sont uniquement visibles
quand les lèvres extérieures sont écartées. La forme des lèvres intérieures
varie énormément d’une femme à l’autre et, bien souvent même, les côtés
gauche et droit n’ont pas la même taille.
Quand une femme est sexuellement excitée, l’irrigation sanguine des
lèvres intérieures augmente fortement, ce qui peut entraîner un gonflement
visible. Les lèvres intérieures sont beaucoup plus fines et plus sensibles que
les lèvres extérieures. Elles sont couvertes d’une peau semblable aux
membranes muqueuses, dépourvue de poils et de la couche superficielle
présente sur les autres types de peau. Les lèvres intérieures sont donc
particulièrement sensibles et les toucher procure généralement beaucoup de
plaisir.

Le clitoris : plus gros


qu’on le croit
Le clitoris est nettement plus gros que le petit bouton visible sur la vulve. Il
mesure en tout huit bons centimètres ! Il se compose d’un gland visible et
de son prépuce, en forme de capuchon, d’une tige et de deux piliers. Ces
derniers sont profondément ancrés à l’intérieur du corps et encadrent
l’entrée du vagin.

Même si l’ensemble du clitoris contient un grand nombre de cellules


nerveuses, chez beaucoup de femmes, seule la partie visible est sensibilisée.
C’est lié au fait que le gland est doté de récepteurs sensibles aux frictions
particulièrement nombreux et variés, qui le rendent extrêmement sensible.
Certaines femmes apprennent donc à se procurer du plaisir en frottant, en
caressant ou en appuyant sur ce gland, visible de l’extérieur et très sensible.
D’autres n’apprécient pas les contacts directs avec cette zone extrasensible
et préfèrent frotter les zones périphériques.
Quand une femme est excitée, le clitoris grossit, car il est composé,
comme le pénis, de tissus érectiles. Cela signifie qu’il se remplit de sang et
se met à gonfler. Le gland et la tige entrent en érection, et le vestibule du
vagin s’agrandit, dans des proportions variables d’une femme à l’autre. Le
gland du clitoris peut compter jusqu’à 8 000 cellules nerveuses et
sensorielles – soit deux fois plus que celui du pénis !

Le vagin : le trésor intérieur


Le vagin est un tube de six à quinze centimètres de long, composé d’une
muqueuse très élastique entourée d’une fine couche de muscle. Le premier
tiers du vagin est très sensible au toucher et aux frictions, tandis que le fond
réagit principalement aux pressions et aux étirements. C’est pourquoi les
femmes sont plus excitées pendant les rapports quand leur vagin est stimulé
par des mouvements circulaires et des pressions latérales contre les parois,
que par un va-et-vient. Le col de l’utérus peut aussi être stimulé par le
toucher. Comme on peut s’en douter, ce point situé tout au fond du vagin
réagit plus particulièrement aux pressions et aux étirements. Donc quand
une femme reste allongée sur le dos, immobile, tandis que son ou sa
partenaire se contente d’entrer et sortir, ce n’est pas particulièrement
excitant pour le vagin. Les choses deviennent beaucoup plus intéressantes
quand l’un(e) des deux ou – encore mieux – les deux font un mouvement de
balancier et dessinent des cercles avec le bassin, de manière à masser les
parois du vagin. Nous y reviendrons dans un autre chapitre. Avant cela,
observons plus en détail le vagin lorsqu’il n’est pas excité.
Quand le vagin est au repos, ses parois se touchent et, de l’extérieur, il ne
ressemble pas à un tube. Pourtant, le vagin est si souple qu’il laisse passer
un bébé durant l’accouchement. Même en l’absence de stimulation, le vagin
est humide, car le col de l’utérus sécrète un fluide qui permet de garder le
col et le vagin propres et sains. Le vagin est entouré par les muscles du
périnée. Avec le doigt, vous pouvez sentir les muscles du sphincter situés de
part et d’autre, jusqu’à environ deux centimètres à l’intérieur du vagin.
Vous pouvez contracter ces muscles afin d’interrompre le flux d’urine, par
exemple. Plus loin, le vagin est entouré de muscles plus profonds. Pendant
l’orgasme, ces derniers se contractent de façon répétée, incontrôlée et
cadencée. Quand on ressent de la douleur ou de la crainte, les muscles du
périnée se contractent parfois si fort que le vagin semble trop étroit pour la
pénétration.
L’excitation sexuelle modifie l’aspect du vagin. Celui-ci sécrète alors un
liquide translucide et ses parois deviennent humides. Ce fluide humidifie
également la vulve et le clitoris, facilitant ainsi l’insertion du pénis, des
doigts ou du sex-toy, et le voyage du sperme jusqu’à l’utérus. De plus, le
vagin se met à gonfler – il se redresse et s’élargit, pour recevoir le pénis.

En insérant le doigt dans votre vagin, vous remarquerez sûrement une


surface un peu granuleuse sur la paroi avant. C’est là que se trouve le
point G, à environ cinq centimètres de l’entrée du vagin. En fait, le point G
n’est pas vraiment un « point », mais plutôt une surface, à peu près aussi
grande qu’une pièce de monnaie. Parler de « surface G » ou de « zone G »
serait donc plus fidèle à la réalité. Soit dit en passant, le G correspond à
l’initiale du chercheur qui l’a découverte, un certain Gräfenberg. La zone G
fait encore l’objet de nombreux débats : de quoi s’agit-il ? Où est-elle située
? Existe-t-elle ? Les scientifiques ne sont pas d’accord – mais beaucoup de
femmes affirment ressentir du plaisir lorsque cette zone est stimulée.

La zone G est composée de tissus érectiles clitoridiens. Lorsqu’on touche


ces tissus pour la première fois, on a souvent l’impression d’avoir besoin
d’uriner. C’est parce que la zone G est située près de l’urètre, et que l’on
doit apprendre à distinguer les sensations procurées par la zone G de celles
provenant de l’urètre. Avec un peu d’entraînement, vous cesserez de les
confondre et vous apprendrez à en tirer une sensation d’excitation. En fait,
cela peut même vous mener à l’orgasme.
Néanmoins, en dépit de ce que l’on voudrait nous faire croire, la zone G
n’est pas la seule partie du vagin qui puisse être stimulée. En réalité, le fond
et les parois du vagin, le col de l’utérus et, indirectement, les muscles du
périnée sont dotés d’une multitude de récepteurs différents. Le vagin tout
entier contient des terminaisons nerveuses et peut donc être sensibilisé.

L’hygiène de la vulve et du vagin


Beaucoup de femmes ignorent comment prendre soin de leurs parties
génitales. Pourtant, l’hygiène de la vulve et du vagin ainsi que les bénéfices
que l’on en tire sont importants pour bâtir de bonnes relations avec ses
propres parties génitales. Essayez !
Voici quelques conseils simples :
Ne vous lavez pas la vulve ni l’intérieur du vagin au savon ! L’eau
claire suffit. N’utilisez pas non plus de gel douche, car cela pourrait
déséquilibrer votre flore naturelle et causer une infection. Les lotions
de toilette intime, les vaporisateurs parfumés et les déodorants sont,
eux aussi, inutiles et peuvent irriter le vagin et la vulve.
Inutile de se laver le vagin : il est « autonettoyant ».
Après le bain, prenez particulièrement soin de la peau de vos parties
intimes. Vous pouvez vous hydrater la vulve, comme vous le faites
pour votre visage ou vos jambes, en évitant les produits contenant du
parfum ou des additifs de synthèse. Le mieux est d’opter pour une
huile neutre sans parfum, comme l’huile d’amande, d’olive ou de
noix de coco. Prudence si vous utilisez des préservatifs : l’huile peut
les rendre poreux et donc inefficaces. La vaseline est contre-
indiquée, car elle empêche la peau de respirer.
Pour éviter les infections urinaires et les mycoses, urinez toujours
après avoir fait l’amour – vous pouvez retourner au lit dès que c’est
fait. Et rappelez-vous : les « postliminaires » ne doivent pas
s’éterniser – dix minutes maximum !
Si vous est sujette aux infections vaginales, utilisez un gel vaginal au
pH basique.
Pour plus de conseils, consultez votre gynécologue.

Hydratation et simplicité : ce principe de base s’applique aussi bien à la


peau des parties génitales qu’à celle du reste du corps. Étant donné que la
peau des zones intimes est plus fine et plus sensible, il est très important de
ne pas y appliquer de produits parfumés ou contenant des additifs de
synthèse. Autre avantage des soins hydratants : en les appliquant, vous vous
familiariserez avec vos parties génitales. Si vous le souhaitez, vous pouvez
sentir vos doigts ou les mettre en bouche après vous être touchée – cela fait
aussi partie du processus de familiarisation. Si vous trouvez cela
dérangeant, pensez au nombre de fois où vous portez les doigts à votre
bouche sans vous être lavé les mains – vous ingérez ainsi bien plus de
bactéries nocives qu’en touchant votre propre corps.

À propos des exercices de ce livre


Chacun des dix chapitres de ce livre propose une série d’exercices pour
mettre en pratique ce que vous y avez appris. À quelle fréquence faut-il les
faire ? Dites-vous que c’est comme lorsqu’on joue d’un instrument : le
corps a besoin de beaucoup répéter pour bien intégrer ce qu’il apprend.
Mieux vaut donc s’entraîner brièvement mais souvent, plutôt qu’y passer
des heures une seule fois par semaine. Vous pouvez répéter les exercices de
chaque étape pendant une ou plusieurs semaines, jusqu’à ce que vous
sentiez que vous les maîtrisez – tout dépend de la vitesse à laquelle votre
corps apprend. Pour chaque exercice, vous pouvez vous fixer une limite de
temps précise (entre une et vingt minutes), ou mettre un peu de musique et
vous entraîner le temps de deux ou trois chansons. L’important, c’est que
vous soyez vraiment concentrée sur ce que vous faites, sans avoir les yeux
rivés sur l’horloge et sans être distraite par quoi que ce soit.
Si vous êtes impatiente et souhaitez progresser rapidement, vous pouvez
aussi passer en revue les exercices des dix étapes. Il n’y a pas de « bonne »
méthode – et vous pouvez toujours revenir une ou deux étapes en arrière si
vous pensez que vous êtes allée trop vite et que vous avez besoin d’explorer
un thème plus en détail. À vous de choisir : si vous préférez d’abord
satisfaire votre curiosité en essayant tous les exercices, puis revenir sur
ceux que vous avez besoin de retravailler, rien ne vous en empêche !

EXERCICES

1. Touchez votre vulve et votre vagin plusieurs fois par semaine. Comment
? Commencez par un petit échauffement. Fermez le poing gauche sans
serrer, pour représenter vos parties génitales, puis insérez-y lentement
l’index droit : que sentez-vous ? Où sont les parties molles ? Où sont les
parties chaudes ? Y a-t-il des zones rugueuses ? Ensuite, faites la même
chose avec votre vagin : touchez d’abord les différentes parties de votre
vulve puis, lorsque vous êtes prête, insérez lentement un doigt dans votre
vagin et posez-vous les mêmes questions. Concentrez-vous sur ce que
touche votre doigt plutôt que sur les sensations de votre vagin. Le but est
de découvrir votre vulve et votre vagin. Si vous n’avez pas l’habitude de
vous toucher de cette manière, essayez de faire l’exercice en souriant.
Cela déclenchera des émotions positives dans votre cerveau, ce qui
facilitera l’exercice.
2. Pensez aussi précisément que possible à la façon dont vous ressentez
l’excitation pendant que vous réalisez le premier exercice, mais aussi
lorsque vous ne vous touchez pas. Où ressentez-vous l’excitation ?
Qu’éprouvez-vous ? Est-ce une sensation d’ordre physique ou plutôt
émotionnel ? Est-ce différent quand vous vous touchez et quand vous ne
vous touchez pas ? Beaucoup de femmes ont du mal à mettre des mots sur
l’excitation et, parfois, ne remarquent même pas qu’elles sont excitées,
alors que leur corps en montre des signes. Essayez de repérer les subtils
changements qui s’opèrent au niveau de vos parties génitales.

BON À SAVOIR
Pourquoi dois-je me toucher ? Je pourrais simplement prendre une photo
ou regarder dans un miroir pour savoir à quoi ressemble ma vulve.
Vos doigts vous donneront un autre type d’informations. Ce n’est pas pour
rien si le verbe saisir est aussi synonyme de comprendre. Sans oublier que
le regard peut porter des jugements très durs. En vous touchant, vous sentez
les endroits du corps que vous cherchez à sensibiliser. C’est donc un
premier pas vers « l’éveil » de ces zones.
Mon clitoris et mon vagin sont assez écartés l’un de l’autre. S’ils étaient
plus proches, aurais-je plus de chances de parvenir à l’orgasme pendant la
pénétration ? Serait-ce simplement une question d’anatomie ?
Oui et non. Le bout du clitoris est très sensible, et lorsqu’une femme a
l’habitude de le stimuler, cela crée une forte connexion entre le clitoris et le
cerveau. Si ce clitoris hautement sensibilisé se trouve suffisamment près du
vagin et que cette femme fait l’amour dans une position qui favorise les
frictions avec le clitoris, alors ce rapport sexuel pourrait bien provoquer
chez elle un orgasme. Si le bout du clitoris est loin du vagin, il sera
probablement peu stimulé pendant la pénétration. Mais dès que l’on
renforce la connexion entre le cerveau et le vagin, cette distance n’a plus
aucune importance, car les piliers du clitoris à l’intérieur du vagin, entre
autres choses, auront été mieux sensibilisés.
Puisque le clitoris entoure le vagin, on ne peut pas vraiment parler
d’orgasme « vaginal », si ?
Le niveau de sensibilité des piliers du clitoris, du point G, du col de
l’utérus, de l’ouverture de l’urètre ou de toute la paroi interne du vagin
varie d’une femme à l’autre. Dans une étude de 2004, le chercheur en
neurosciences Barry Komisaruk et ses collègues ont réfuté l’idée selon
laquelle l’orgasme féminin était toujours d’origine clitoridienne : ils
observaient que des femmes totalement paraplégiques n’atteignaient pas
l’orgasme par stimulation clitoridienne, alors que la stimulation du vagin ou
de col de l’utérus les menait à l’orgasme. Cela s’explique par le fait que les
influx nerveux du clitoris sont transmis au cerveau par la colonne
vertébrale, alors que ceux du col de l’utérus passent par le nerf vague,
indépendant de la colonne vertébrale. Cette voix nerveuse n’est pas
interrompue chez les femmes paraplégiques. Il existe donc une forme
d’orgasme féminin déclenché au niveau du vagin.
Pour la plupart des femmes, cependant, l’orgasme est le fruit de la
stimulation combinée du clitoris et du vagin. Cela confirme donc ce
principe de base : plus le nombre de zones sensibilisées est important – du
clitoris à l’entrée du vagin, ou de la zone G et des parois vaginales au col de
l’utérus –, plus la femme ressent de plaisir en faisant l’amour. Son orgasme
sera alors déclenché par l’excitation de plusieurs zones. Ce livre parle
d’orgasme « interne » pour désigner les orgasmes par pénétration ou
stimulation vaginale. Bien sûr, en réalité, l’ensemble du clitoris est
également impliqué, mais certaines femmes ayant déjà connu ce type
d’orgasme indiquent que l’orgasme vaginal semble plus intégral. Souvent,
l’orgasme clitoridien est surtout ressenti autour du clitoris, tandis que
l’orgasme interne se ressent dans tout le corps. Les femmes qui stimulent à
la fois le clitoris et le vagin affirment ressentir des orgasmes
particulièrement forts et intenses, comme l’expliquent Kerstin Fugl-Meyer
et son équipe dans un article paru dans le Journal of Sexual Medicine en
2006.
Qu’est-ce que le squirting ? Comment cela se produit-il ?
Certaines femmes produisent d’importantes quantités de fluides
lorsqu’elles jouissent. C’est ce qu’on appelle couramment le squirting ou
l’éjaculation fontaine. Quand une femme se stimule ou est stimulée par
pression au niveau de la zone G, il arrive que du liquide soit expulsé par
l’ouverture de l’urètre. Généralement, quand cela se produit, la femme
contracte le périnée et, si l’excitation est vraiment intense, elle peut perdre
brièvement le contrôle des muscles servant à refermer l’urètre. La
contraction du périnée peut faire jaillir un fluide mêlé à une sécrétion
laiteuse provenant des glandes para-urétrales, l’équivalent féminin de la
prostate masculine. (Les chercheurs distinguent généralement l’éjaculation
féminine – impliquant uniquement une sécrétion prostatique – du squirting
– qui associe cette sécrétion à une plus grande quantité de liquide provenant
de la vessie.) Ce phénomène nécessite encore d’être exploré en détail.
Certaines femmes sont très excitées par l’idée de « total lâcher-prise ». Le
squirting ou l’éjaculation fontaine ne survient pas nécessairement pendant
un orgasme. Si vous êtes concernée, vous pouvez étendre des serviettes sur
le lit pour éviter de mouiller votre matelas.

CAS PRATIQUE

Suzanne
Suzanne a 22 ans et me consulte à cause d’un sujet de
conversation – voire de dispute – récurrent entre elle et son petit
ami : le sexe oral. Il en voudrait plus. Il aime pratiquer le
cunnilingus et apprécie aussi la fellation. Dans un cas comme
dans l’autre, elle s’y plie, mais à contrecœur. Suzanne dit que le
sexe oral l’excite, mais que la situation la met mal à l’aise. « Ça va
uniquement si je viens de me doucher », dit-elle. Elle ne comprend
pas que son petit ami aime faire cela. Elle pense qu’il dit ça
simplement pour la rassurer et pour obtenir quelque chose d’elle
en retour. Quand il lui fait un cunnilingus, elle est obsédée par
l’idée que cela doit être une vraie corvée pour lui. Son petit ami
trouve cela agaçant et pense qu’elle fait la difficile. Cela crée des
tensions entre eux. Suzanne veut que ça change, même si ce
n’est « pas très important ». Elle ne veut pas qu’à long terme le
sexe oral devienne un obstacle pour eux.
J’ai l’impression que Suzanne est angoissée par ses parties
génitales. Je lui demande si elle sait à quoi elles ressemblent et si
elle les a déjà observées attentivement. Elle dit qu’elle a déjà
regardé, mais qu’elle ne voit rien de très séduisant « là en bas ».

Ses lèvres intérieures débordent des lèvres extérieures, et ça la


gêne. Elle trouve aussi que son vagin sent mauvais parfois, alors
elle utilise une lotion de toilette intime, ce qui n’arrange pas
vraiment les choses.
Tout en me parlant, elle constate à quel point elle trouve son sexe
repoussant. Je lui dis que beaucoup de femmes ont les petites
lèvres qui dépassent – plus d’une femme sur deux, d’après
certaines études – et que c’est parfaitement normal. Je lui donne
ensuite quelques astuces pour apprendre à mieux connaître ses
parties génitales. Je lui conseille de vraiment se toucher lorsqu’elle
prend sa douche, au lieu de se rincer sans regarder. Je lui
suggère aussi d’appliquer de l’huile sur ses parties génitales après
la douche, à l’intérieur comme à l’extérieur. Cela lui donnera
l’occasion de se « regarder » avec les doigts. Je lui dis de ne pas
se concentrer sur l’exploration visuelle, qui met trop l’accent sur
l’apparence, surtout pour les femmes qui posent un regard très
critique sur leur corps.
Dans le cas de Suzanne, le but est d’apprendre à se connaître par
l’odorat, le goût et le toucher, pas à pas. Plus elle sentira ses
parties intimes, s’acceptera et s’aimera, mieux elle acceptera
qu’une autre personne puisse ressentir la même chose à son
égard. Elle sera alors moins sceptique quand son petit ami lui dira
qu’il aime le sexe oral.
Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’elle doive obligatoirement aimer
et pratiquer le sexe oral. Chaque femme a des besoins qui lui sont
propres. L’important pour moi est de résoudre les problèmes
individuels, non pas de renforcer les normes. Dans le fond, les
femmes ne sont jamais obligées d’aimer ni de faire quoi que ce
soit. J’explique à Suzanne qu’elle ne doit absolument pas se
forcer, mais que si l’idée du sexe oral lui plaît, alors elle peut
essayer de mieux l’accepter.

Suzanne dit qu’en théorie, elle aime beaucoup le sexe oral et


aimerait pouvoir en tirer plus de plaisir. Au cours des semaines
suivantes, elle vient me voir régulièrement et surmonte
progressivement, grâce à nos séances, la gêne causée par ses
parties génitales. Elle perçoit mieux le toucher et se sent plus
facilement excitée. Autre avantage : libérée des angoisses liées à
son propre corps, elle développera des sentiments plus positifs
envers le pénis de son petit ami et prendra plus de plaisir durant la
fellation.
Six mois plus tard, elle m’apprend que le cunnilingus lui procure
de plus en plus de plaisir. Elle se demande rarement ce que pense
son petit ami pendant qu’il le pratique, car elle lui fait confiance et
se concentre sur ses propres sensations. Désormais, elle le croit
lorsqu’il dit qu’il aime vraiment le sexe oral avec elle.
Étape 2
OÙ J’EN SUIS
Mon corps et ce que j’aime

A vant d’aller plus loin, il est important de comprendre que le sexe,


comme beaucoup de choses, est une question de pratique. Pour parler
anglais, il faut d’abord apprendre du vocabulaire. Pour courir un marathon,
il faut d’abord se remettre en forme. Pour jouer du piano, il faut d’abord
faire des gammes. Quoi que l’on souhaite faire, il faut d’abord apprendre.
C’est un principe que l’on applique à tous les domaines de la vie courante.
Sauf au sexe. Au lit, on s’attend à ce que tout vienne automatiquement. On
ne pense jamais à s’entraîner. On entend toujours parler de celles pour qui «
ça vient naturellement ». Mais c’est une idée fausse. Soit ces femmes ne
disent pas tout, soit elles ne se rendent pas compte de tout l’entraînement
qu’il leur a fallu (peut-être parce que cela leur paraissait naturel).
Il est également important de comprendre que le sexe englobe différents
types d’activités – y compris les plaisirs solitaires et toutes sortes de jeux
avec un(e) ou plusieurs partenaires. Ce livre se concentre sur
l’apprentissage de l’orgasme par pénétration vaginale, mais cela ne veut
absolument pas dire que c’est le but suprême de tout acte sexuel. Au
contraire, ce n’est qu’une expression de la sexualité parmi d’autres.
Comme nous l’avons vu, chaque partie du corps est reliée au cerveau par
des voies nerveuses. Des recherches ont montré que les voies régulièrement
sollicitées se développent mieux. Lorsqu’une voie n’est pas activée, la
connexion au cerveau ressemble à une piste accidentée et peu de synapses
se forment dans la zone cérébrale correspondante. Quand, par exemple, une
femme a l’habitude de se masturber en se touchant uniquement le clitoris,
cela la mènera de façon sûre à l’orgasme. En revanche, peut-être que la
stimulation vaginale lui procurera peu de sensations et, par conséquent,
qu’elle trouvera peu de plaisir à la pénétration. C’est simplement qu’elle n’a
pas appris à associer l’excitation sexuelle à son vagin. Elle doit
débroussailler cette piste laissée à l’abandon afin d’activer et de développer
les zones inutilisées de son cerveau, à force de répétitions.

C’est simple : le sexe fonctionne


comme tout le reste
Malheureusement. Ou heureusement ! Car si ce n’était pas le cas, beaucoup
de femmes seraient simplement malchanceuses et rien ne pourrait remédier
au fait que la pénétration ne les mène pas à l’orgasme.
Certaines parties de notre corps sont naturellement plus sensibles que
d’autres. Nos lèvres et le bout de nos doigts, par exemple, contiennent plus
de récepteurs sensoriels que le reste du corps et sont associés à de plus
grandes régions du cortex. On ne peut pas modifier le nombre de récepteurs
dont on dispose, mais on peut s’entraîner à exploiter pleinement leur
potentiel. Plus on prend conscience de ces connexions et plus on les utilise,
plus on devient alors capable de localiser précisément l’origine de nos
sensations. Quand on vous touche l’annulaire, par exemple, vous savez
exactement quel doigt a été touché. En revanche, quand on vous touche
l’orteil du milieu, vous avez peut-être plus de mal à déterminer de quel
orteil il s’agit. C’est simplement que nos orteils sont moins sensibles que
nos doigts, et comme on y prête moins souvent attention, leur connexion au
cerveau est moins précise. C’est la même chose pour vos parties intimes –
la vulve et le vagin.
Vos parties génitales sont dotées d’une multitude de terminaisons
nerveuses. Certaines réagissent aux frottements ou aux caresses, et d’autres
aux pressions ou aux vibrations. Quand la stimulation est adéquate, l’influx
nerveux voyage de cette zone vers le cerveau. Il arrive que, lorsqu’on
touche une partie du corps qui n’a pas l’habitude d’être stimulée, cela
éveille peu de sensations ou s’avère même désagréable. C’est que le
cerveau n’a pas encore formé d’association avec ce type de toucher. Plus le
cerveau établit de connexions avec une partie du corps, plus celle-ci devient
réactive.

Comment fonctionne la conduction nerveuse ?


À chaque contact, un influx nerveux est envoyé de l’endroit touché
jusqu’au cerveau. Le cortex cérébral, et plus particulièrement le cortex
somatosensoriel, est composé de plusieurs régions, responsables des
sensations dans les différentes parties du corps.
Certaines parties du corps occupent plus d’espace que d’autres dans le
cortex cérébral. Les lèvres et le pouce, très sollicités (et très sensibles),
disposent de plus d’espace que, par exemple, les hanches ou le cou, qui sont
moins souvent activés. C’est l’idée illustrée par le personnage aux
proportions étranges ci-dessus : plus la partie du corps est grande, plus elle
occupe d’espace dans le cerveau.
La région dédiée aux organes sexuels se situe dans le sillon central au
sommet du cerveau. Pour que ces parties du corps réagissent pleinement à
la stimulation, il faut que des synapses se forment dans le cortex cérébral.
Les synapses assurent la liaison entre les cellules nerveuses et sont chargées
de stocker et relayer rapidement l’information. Elles se forment en continu
à l’intérieur du cerveau, transmettant un signal d’une cellule nerveuse à
l’autre, et se stabilisent lorsque ces connexions sont fréquemment
employées. Quand les terminaisons nerveuses des organes sexuels ou
d’autres parties du corps envoient assez régulièrement des influx aux
régions associées du cerveau, les synapses se consolident.
Si, pour beaucoup de femmes, la stimulation vaginale ne suffit pas à
atteindre l’orgasme, c’est donc en partie parce que la connexion entre le
vagin et le cerveau n’est pas encore assez forte. Le cerveau n’a pas encore
établi de lien entre la stimulation reçue et l’excitation sexuelle. Chez
certaines femmes, seule une partie de la vulve est très sensible et capable de
ressentir de l’excitation. Il s’agit généralement du clitoris et, bien souvent,
de la petite partie visible de l’extérieur : le gland. Comme ses terminaisons
nerveuses sont particulièrement sensibles, et que c’est la partie la plus
souvent touchée lorsqu’on est excitée, les synapses correspondantes dans le
cortex cérébral sont bien entraînées. Le cerveau a donc appris à aimer cette
façon de provoquer et d’amplifier l’excitation. Cela signifie que,
parallèlement, les autres parties du corps, moins souvent stimulées, sont
aussi moins réactives.
Exposé à un nouveau type de stimulation, le cerveau ne réagit pas
toujours immédiatement, ni intensément, ni même de la manière attendue
ou souhaitée. Pour que de nouvelles synapses se forment, il faut que les
connexions se renforcent au fil du temps. Pour cela, vous devrez peut-être
toucher volontairement votre vagin plusieurs milliers de fois ! Mais pas de
panique : cela ne veut pas dire que vous devrez vous entraîner des milliers
de fois – si c’était le cas, nous n’arriverions jamais à rien. À chaque
entraînement, chaque point est touché plusieurs centaines de fois. À chaque
entraînement, donc, vous pourrez ressentir un changement dans votre corps.
Certaines femmes notent une évolution continue, tandis que pour d’autres,
l’effet est d’autant plus fort qu’il met du temps à se faire sentir. Nous ne
fonctionnons pas toutes de la même manière, mais une chose est sûre :
persévérez et vos efforts seront récompensés !
Avant de commencer, vous devez déterminer quelles connexions opèrent
déjà chez vous. Pour savoir ce qui nécessite de l’entraînement, il faut
d’abord identifier ce qui fonctionne déjà.

Quels sont vos « points forts » ?


Il est important de bien connaître ses propres schémas d’excitation sexuelle
si l’on souhaite élargir son répertoire. Soyez très attentive à ce que vous
ressentez. Quels endroits de votre corps vous procurent le plus de
sensations ? Lesquels sont déjà bien connectés à votre cerveau ? À quel
type de stimulation êtes-vous réceptive ? Que faut-il pour que vous
atteigniez l’orgasme ? Si vous sentez peu de choses en vous touchant le
vagin, quelles légères variations ressentez-vous ? Quels points vous
procurent des sensations plus agréables que les autres ?
Pour en savoir plus sur les différents modes d’excitation, consultez le
chapitre « Théorie pour les assoiffé(e)s de connaissances : les quatre modes
d’excitation », en fin d’ouvrage. Les notions exposées dans ce chapitre ne
sont pas indispensables pour aborder les étapes suivantes, mais, si cela vous
intéresse, elles fournissent un éclairage fascinant sur le sujet.
Analysez la façon dont vous vous procurez du plaisir et atteignez
l’orgasme. Les questions suivantes pourront vous y aider.

LE QUESTIONNAIRE DE L’ORGASME – SOLO


Quand je suis seule…

Est-ce que je me masturbe régulièrement ?


Dans quelle position ai-je l’habitude de me masturber ?
Quels sont les outils dont je me sers : mes mains, un vibromasseur,
un oreiller, etc. ?
Comment est-ce que je me touche ? Avec combien de doigts ? Dans
quel sens bougent-ils ? Vers la droite ou plutôt vers la gauche ?
Quelle partie du corps est-ce que je touche exactement ?
À quel rythme ? Vite ou lentement ?
Quel est le niveau de pression ou de tension ?
Est-ce que je serre les cuisses ?
Quel est le rythme de ma respiration ?
Quels sont les mouvements de mon corps ?
Quels sont les images, les fantasmes et les pensées que j’utilise ?
À quoi est-ce que je pense au début ? Et juste avant l’orgasme ?
Combien de temps faut-il pour que je jouisse ?
En général, qu’est-ce que je fais ou qu’est-ce que je change juste
avant de jouir, pour atteindre le point de non-retour ?
Une fois arrivée à ce point, ai-je d’autres fantasmes ? Est-ce que je
frotte plus vite, plus fort ?
Combien de temps dure l’orgasme ?
Combien de temps me faut-il pour redescendre ensuite ?

Maintenant, voyons ce qui se passe avec votre partenaire…

LE QUESTIONNAIRE DE L’ORGASME – DUO


Quand on est à deux…

Qu’est-ce qui m’excite ?


Quels types de touchers attisent mon désir ? Lesquels l’éteignent ?
Qu’est-ce qui me déconcentre ou me dérange quand on fait l’amour ?
Dans quelles positions fait-on l’amour ?
Quelle position me procure le plus de sensations ? Laquelle m’en
procure le moins ?
Qu’est-ce que je ressens ?
Est-ce que la pénétration m’excite ?
Y a-t-il d’autres activités qui m’excitent, comme les baisers ou le
sexe oral ?
Est-ce que je stimule mon clitoris ou est-ce que mon (ma) partenaire
le fait ?
Est-ce que je préfère aller vite ou lentement ?
Suis-je plus excitée quand ça va vite ?
Suis-je tendue ?
Est-ce que je bouge ?
Est-ce que je préfère la brutalité ou la douceur ?
Est-ce que j’aime faire toujours de la même manière ou est-ce que ça
dépend ?
Quelles sont mes réactions face au corps et aux parties génitales de
mon (ma) partenaire ?
Mon attention se détourne-t-elle de mon excitation à cause de mon
(ma) partenaire ?
Cherche-t-il (elle) à faire exactement tout comme il faut ?
Y a-t-il une position qui m’amène à l’orgasme ?
Y a-t-il une position que je trouve douloureuse ?

Ces questionnaires peuvent vous aider à déterminer ce qui vous excite


sexuellement et le degré de plaisir que vous tirez de toutes ces choses. C’est
important, car cela vous aidera à faire le point sur ce que vous avez déjà
appris et sur les parties de votre corps qui sont déjà sensibilisées. Il est aussi
intéressant de constater que, grâce à cet exercice, beaucoup de femmes
s’aperçoivent qu’elles ne stimulent pas les mêmes zones et n’emploient pas
les mêmes techniques selon qu’elles se masturbent ou font l’amour.
Cela nous aide alors à comprendre que le plaisir et l’excitation physiques
ne sont pas nécessairement la même chose. Le sexe peut procurer beaucoup
de plaisir, même quand l’excitation physique est modérée. Inversement, une
femme peut éprouver à la fois une vive excitation physique et peu de choses
sur le plan émotionnel. Plaisir et excitation ne vont pas toujours de pair.
Par exemple : Nina a envie de se détendre, alors elle allume son
vibromasseur. Elle le tient du côté droit du clitoris et le règle sur le niveau
maximal. En deux minutes, elle jouit. Son corps était excité, du moins à la
fin, sinon elle n’aurait pas joui. Elle n’en a pas tiré un plaisir extrême, mais
son but était de déconnecter et elle recherchait plutôt l’état de relaxation qui
suit l’orgasme que le plaisir en lui-même.
Si l’on devait représenter ces deux facteurs à l’aide de courbes, on
obtiendrait le diagramme ci-dessous : la courbe d’excitation physique, en
noir, monte rapidement, culmine au moment de l’orgasme puis chute
rapidement. La courbe du plaisir émotionnel, en gris, évolue différemment :
elle monte moins et plus lentement, mais elle atteint son paroxysme après
l’orgasme, durant la phase de relaxation, puis chute de façon précipitée. Elle
n’atteint jamais un niveau très élevé.

Voici un autre exemple : Nina a un rapport sexuel prolongé et langoureux


avec son petit ami. Ils commencent par s’embrasser, puis il lui fait un
cunnilingus. Il la prend en position du missionnaire, puis par-derrière,
jusqu’à ce qu’il jouisse. Nina n’atteint pas l’orgasme, mais ces ébats lui ont
procuré beaucoup de plaisir. Elle était très excitée et a vraiment aimé ce
sentiment d’intimité et de proximité avec son partenaire. Elle a ressenti peu
de choses dans la première position, un peu plus dans la seconde, mais cela
lui a quand même beaucoup plu.
Sa courbe d’excitation physique, en noir, monte d’abord de façon abrupte
puis forme un plateau durant le cunnilingus et retombe à son point le plus
bas pendant la pénétration. La courbe du plaisir, elle, conserve un niveau
élevé du début à la fin, même pendant la pénétration.
Les courbes d’excitation physique et du plaisir évoluent différemment, dans
un cas comme dans l’autre. Nous verrons ensuite plus précisément pourquoi
il est important de savoir distinguer l’excitation physique et la perception de
l’excitation.
Mais avant cela, traçons vos courbes d’excitation. À l’aide de deux stylos
de couleurs différentes, schématisez votre excitation physique et votre
plaisir ci-dessous et sur les pages suivantes.
La première couleur indique ce que votre corps ressent – et uniquement
votre corps. Si votre corps apprécie un certain type de stimulation, cela fait
monter la courbe. La seconde couleur correspond à votre expérience et au
plaisir que vous procure le sexe. La courbe monte quand vous trouvez cela
agréable, sensuel, excitant, torride ou simplement bon.
Pour la plupart d’entre nous, il est rare que les courbes d’excitation et du
plaisir suivent le même tracé. On peut être très excitée physiquement tout
en ressentant peu de plaisir, et inversement. La courbe du plaisir peut aussi
plonger sous la barre du zéro, quand on se sent frustrée, contrariée,
coupable ou encore honteuse. Pour profiter durablement d’une vie sexuelle
épanouissante, il est important que les deux courbes soient aussi élevées
que possible. C’est signe d’une expérience sexuelle intense et holistique.

EXERCICES
1. Observez-vous pendant la masturbation et pendant les rapports, puis
répondez aux questionnaires des pages 38 et 39. Faites tout exactement
comme d’habitude. Si vous ne vous êtes jamais masturbée, ou très
rarement, commencez maintenant en suivant votre intuition. Faites
simplement ce qui vous fait du bien. Notez que, même si,
étymologiquement, le mot masturbation implique l’usage de la main, il
désigne dans ce livre toutes les pratiques employées pour se procurer du
plaisir sans partenaire – que ce soit en se touchant de diverses manières, à
l’aide d’un vibromasseur, en serrant les cuisses, etc. Le but est d’obtenir
une description aussi précise que possible – une sorte de registre de
masturbation, comme le scénario d’un film. Masturbez-vous plusieurs fois
par semaine : si le fait de vous observer vous distrait et trouble vos
habitudes, il vous faudra peut-être un peu de temps pour obtenir une
image fidèle.
2. Réfléchissez au rapport que vous entretenez avec vos parties génitales. Y
prêtez-vous beaucoup d’attention au quotidien ? Avez-vous conscience de
votre vagin et de votre vulve ? Quand y pensez-vous ? Y pensez-vous de
façon plutôt positive ou négative ? Envoyez de temps en temps un
message mental à votre sexe, pour lui demander comment il va.

BON À SAVOIR
Pourquoi faut-il s’entraîner si souvent ? Je n’ai pas le temps.
Pour améliorer son anglais, il faut pratiquer. Pour jouer du piano, il faut
pratiquer. Pour apprendre à danser, c’est pareil. Essayez de vous réserver un
peu de temps, plusieurs fois par semaine – cela portera ses fruits. Plusieurs
entraînements brefs valent mieux qu’un seul long entraînement – c’est
beaucoup plus efficace ! Le calcul est simple : on récolte ce que l’on a
semé. Cela vaut aussi pour le sexe ! Quels que soient votre motivation et
votre désir de pratiquer, le plus important est de persévérer et d’intégrer
autant de séances d’entraînement que possible dans votre quotidien.
Je n’ai pas souvent envie de me masturber. Dois-je me forcer ?
C’est normal de ne pas toujours avoir envie. Il ne faut jamais se forcer, et
il y a des jours où l’entraînement ne fonctionnera pas. Essayez de vous
toucher un peu, même sans atteindre l’orgasme. Il y a de grandes chances
pour que cela vous donne envie d’aller plus loin, mais si cela s’avère
désagréable, mieux vaut arrêter et réessayer le lendemain.
Cependant, rappelez-vous qu’il est important de pratiquer pour atteindre
son objectif. Ce n’est pas si terrible que ça en a l’air. Faire des gammes,
encore et encore, n’a rien de très amusant non plus, mais on le fait parce
qu’on sait qu’il faut pratiquer pour progresser. Quand, au bout de très
nombreuses heures de pratique, on arrive à jouer un morceau à la
perfection, on ressent une joie immense – qui donne encore plus envie de
jouer.
C’est là tout l’intérêt : vous en voudrez plus. Si vous trouvez que la
masturbation et les rapports sexuels ne vous apportent pas grand-chose,
vous n’en aurez sûrement pas très envie. Comme souvent dans la vie, cela
dépend du rapport coût-bénéfice :
quand les bénéfices augmentent, on se met à prendre goût au « coût » ou
aux efforts demandés – et à les trouver moins contraignants. Autrement dit,
plus vous pratiquerez, plus vous y prendrez plaisir et plus vous aurez envie
de continuer.
Pour faire encore plus simple : plus vous aborderez ces exercices de
manière ludique et curieuse, plus vous en tirerez du plaisir, et vous ne
verrez pas le temps passer. Et là aussi, un sourire peut aider !
Certaines femmes atteignent l’orgasme par pénétration vaginale sans faire
d’effort particulier. Pourquoi est-ce si différent pour elles ? Pourquoi n’ont-
elles pas besoin de s’entraîner ?
Ce n’est pas tout à fait vrai. Même celles qui ont connu l’orgasme par
pénétration vaginale dès la première fois se sont entraînées. Elles ont
sûrement pratiqué durant l’enfance ou sans même remarquer qu’elles
s’entraînaient. Aucune femme n’arrive au monde avec des réponses
sexuelles matures – de même qu’aucun bébé ne naît en sachant marcher. Ce
sont des compétences qui s’apprennent. J’observe souvent dans mon
cabinet que les femmes ayant eu assez tôt des orgasmes par pénétration ont
également découvert et touché leur vagin à un jeune âge. Elles se sont
entraînées, elles aussi.
Que dois-je faire si je ne me suis pas masturbée depuis très longtemps ? Et
si je n’ai pas vraiment de « méthode personnelle » ?
Faites ce dont vous vous souvenez, ce qui fonctionnait avant. Observez-
vous pendant que vous le faites. Et si vous n’avez pas vraiment de méthode,
ce n’est pas grave ! C’est le moment d’en développer une. Faites un essai
pour trouver ce qui vous procure du plaisir !
Commencez par vous toucher de différentes manières – en faisant des
cercles, en caressant, en appuyant, en tapotant, doucement ou plus fort –
puis continuez à faire ce que vous aimez. Ne cherchez pas à atteindre
l’orgasme à tout prix : contentez-vous d’explorer !
Pourquoi dois-je pratiquer seule ? Pourquoi ne puis-je pas appliquer les
changements directement en faisant l’amour avec mon (ma) partenaire ?
En pratiquant seule, vous n’êtes pas déconcentrée par ce qui se passe
autour et vous pouvez faire exactement ce qui vous plaît. Le(a) partenaire
est toujours une source de distraction voire d’interruption. En pratiquant
seule, vous pouvez focaliser votre attention sur vos propres sensations. Bien
sûr, vous pouvez aussi pratiquer en faisant l’amour avec votre partenaire, à
condition de vous concentrer tou(te)s les deux sur les sensations de votre
vagin durant les préliminaires.
Au début de notre relation, j’atteignais l’orgasme beaucoup plus vite et plus
souvent quand nous faisions l’amour. Pourquoi ?
La passion, qui est généralement plus forte au début d’une relation,
influence notre désir sexuel. Les hormones intensifient massivement nos
sensations et nous rendent nettement plus sensibles au toucher. Les couples
ont aussi tendance à bouger beaucoup plus durant les premiers rapports. Le
désir d’explorer un nouveau corps rend plus actif. Le début d’une relation
correspond en général à une phase où tout coule de source et où l’on ne voit
pas le temps passer. On envoie et on reçoit des stimuli qui amplifient le
désir et provoquent plus d’orgasmes à tous les niveaux et par tous les
canaux. Certains couples repensent avec nostalgie au début de leur relation,
songeant avoir perdu la passion qui l’animait alors. Mais là encore, c’est
une erreur : la passion aussi, ça s’apprend ! Vous verrez comment plus loin
dans ce livre.

CAS PRATIQUE
Léa
Léa a 31 ans et a une relation stable depuis cinq ans. Elle est
heureuse en couple, aime son petit ami et souhaite un jour avoir
des enfants avec lui. Elle ne vient pas me voir à cause d’une
terrible souffrance. Elle m’assure même d’emblée que « dans le
fond, ce n’est pas vraiment un problème ! » Mais elle craint que
cela le devienne un jour et, pour éviter cela, elle a pris rendez-
vous avec moi. Léa me dit que, depuis un certain temps, elle a
plus envie de se masturber que de faire l’amour avec son petit
ami. Avant, ils le faisaient souvent et prenaient tout leur temps,
mais à présent, ils ne le font plus que deux ou trois fois par mois.

Généralement, c’est lui qui prend l’initiative. Léa me dit qu’en fait
elle aimerait faire l’amour plus fréquemment, mais elle en a
rarement le temps, l’énergie ou même le désir. Ce n’est pas un
drame : « Certains couples le font encore moins que nous ! »,
ajoute-t-elle en riant. Mais elle ne veut pas que leurs rapports se
raréfient.
Nous parlons de masturbation et de sexe. Léa me dit qu’elle
atteint l’orgasme rapidement et à coup sûr quand elle est seule.
Elle s’allonge sur le dos et appuie sur son clitoris avec deux
doigts. Ensuite, elle se sent bien, mais ces orgasmes n’ont rien
d’extraordinaire non plus. Avec son petit ami, elle atteint l’orgasme
uniquement lorsqu’il lui fait un cunnilingus – mais cela ne marche
pas toujours et ça prend souvent un certain temps. Elle n’a jamais
joui grâce à la pénétration. Son petit ami jouit à chaque fois qu’ils
font l’amour. Elle trouve cela injuste parfois, même si ça semble
être une différence couramment observée entre les hommes et les
femmes. Néanmoins, cela l’embête de devoir se demander si elle
s’y prend mal ou si elle n’est pas normale. Elle craint que son désir
sexuel finisse par s’éteindre complètement et que cela nuise à son
couple.
Je commence par lui assurer qu’elle est parfaitement normale.
Beaucoup de femmes partagent ces sentiments – j’ai entendu un
nombre incalculable de récits similaires au sien. Nous parlons du
fait qu’elle peut changer les choses si elle le souhaite. Cela
demande de la motivation, du temps et de la patience. Le désir
sexuel est intimement lié à la capacité à en tirer du plaisir. Ce que
l’on trouve moyennement satisfaisant paraît moyennement
intéressant.
L’idée qu’elle est en mesure de changer les choses est, en soi, la
première étape vers ce changement. Léa pensait qu’elle devait
apprendre à accepter la situation. Je lui explique comment elle
peut opérer ce changement : elle va devoir répéter les exercices

décrits dans ce livre plusieurs fois par semaine pendant trois mois.
Chez elle, Léa se demande si elle est prête à investir autant de
temps et d’énergie. Lorsqu’elle revient me voir, elle dit qu’elle sait
que ce ne sera pas facile, car elle a du mal à tenir ce genre
d’engagement, mais elle est curieuse et veut bien essayer.
Au cours des semaines qui suivent, elle me parle régulièrement de
ses découvertes et des étapes à venir. Elle dit qu’elle a du mal à
se motiver, mais elle aime l’aspect simple et concret de cette
thérapie. Elle se rend vite compte que quelque chose est en train
de changer et que ses efforts payent. Elle comprend mieux son
corps et apprend à mieux le connaître. Elle prend de plus en plus
de plaisir pendant l’amour et commence même à prendre plus
souvent l’initiative. Non pas parce qu’elle pense que c’est le
moment, mais parce qu’elle en a envie. Elle dit : « Désormais, je
fais l’amour pour moi, pas pour mon couple ou pour mon petit ami.
»
Étape 3
D’OÙ JE VIENS
Mon passé sexuel

C es deux premières étapes ont dû vous donner une idée assez claire de
la manière dont fonctionne votre excitation sexuelle. Peut-être avez-
vous remarqué que vous ne faites pas les mêmes choses seule et à deux.
Peut-être que vous serrez les cuisses quand vous vous masturbez, tandis
qu’avec votre partenaire, vous les écartez. Peut-être que vous bougez plus
en faisant l’amour que quand vous êtes seule. Peut-être que vous vous
allongez sur le ventre pour vous masturber, alors qu’à deux, vous êtes plus
souvent sur le dos. Peut-être que vous aimez vous stimuler avec des vidéos
pornographiques ou érotiques, et qu’à deux, cette stimulation mentale ou
visuelle vous manque. Ou peut-être que vous êtes plutôt réceptive aux
caresses lentes et douces, alors qu’avec votre partenaire, les rapports sont
plutôt brutaux et rapides. En comparant ces deux types d’expérience,
beaucoup de femmes s’aperçoivent qu’elles se masturbent en se touchant
principalement le clitoris ou certaines parties du clitoris, mais que,
lorsqu’elles font l’amour – c’est-à-dire pendant la pénétration –, c’est
surtout leur vagin qui est stimulé. On comprend aisément pourquoi il est
difficile d’atteindre l’orgasme par pénétration vaginale si le vagin n’est pas
stimulé pendant la masturbation.
Il y a plusieurs explications au fait que les femmes ont tendance à toucher
plutôt l’extérieur que l’intérieur de leur appareil sexuel. Tout d’abord, la
vulve étant à l’extérieur, elle est tout simplement plus facile à trouver et à
toucher, en particulier au niveau du clitoris – et ce contact est généralement
source de plaisir. Beaucoup de jeunes filles ne pensent pas à explorer
activement leur vagin. C’est parfois lié à la honte. Aujourd’hui encore, les
parties génitales féminines sont plus taboues que leurs équivalentes
masculines. L’anatomie féminine est un sujet délicat, qui met mal à l’aise et
pour lequel on peine parfois à trouver les mots justes. Beaucoup de termes
courants sont soit vulgaires (comme con ou chatte), soit techniques. Il n’y a
pas de mot simple et non connoté pour désigner l’ensemble formé par la
vulve et le vagin. De plus, ces parties du corps sont souvent associées à des
expériences douloureuses pendant l’adolescence ou l’âge adulte : les règles
viennent du vagin, dans lequel on enfonce des tampons et qui peut être
assailli de mycoses, sans oublier que les bébés naissent par ce conduit.
Certaines femmes souffrent aussi de traumatismes sexuels qui peuvent
affecter le rapport qu’elles entretiennent avec leur vagin. Comme vous le
voyez, de nombreux obstacles peuvent empêcher le développement d’une
connexion positive entre le vagin et le cerveau.
Votre capacité à jouir par stimulation du clitoris ne présage en rien de
celle à jouir par stimulation vaginale. Il se peut que vous n’ayez acquis
qu’une seule des deux compétences. Ce n’est pas parce qu’on parle anglais
que l’on sait forcément parler allemand. Contrairement à ce que l’on croit
souvent, l’orgasme « clitoridien » n’est donc pas une étape préliminaire de
l’orgasme « vaginal ». Aucun d’eux n’est le « petit frère » de l’autre, ni
inférieur à l’autre. Pour beaucoup, l’orgasme par stimulation clitoridienne
est une simple habitude : quelque chose de formidable qui procure plaisir et
satisfaction à tous les coups.
Afin de comprendre ce que vous avez déjà appris et quelles synapses ont
déjà été formées dans votre cerveau, repensez au passé. Comment était
traité votre corps quand vous étiez enfant ? Et adolescente ? Quand avez-
vous commencé à vous masturber ? Pour faire le point sur sa situation
actuelle, il faut comprendre comment on est arrivé là.
Essayez de déterminer pourquoi vous avez appris à connaître votre vagin,
ou pas. Essayez de vous souvenir si vos premières expériences sexuelles
étaient positives ou associées à des sentiments de honte.

Mon histoire
Quand ai-je découvert mes parties génitales ?
Quel âge avais-je à l’époque ?
Comment ont réagi mes parents et mes frères et sœurs ?
Quand j’étais enfant, comment faisais-je référence à mes parties
génitales ?
Comment mes parents y faisaient-ils référence ?
Quand ai-je touché mon sexe pour la première fois ?
Quand ai-je ressenti une excitation sexuelle pour la première fois ?
Qu’est-ce qui a provoqué cette excitation ?
Quelle partie de mon corps ai-je touchée ?
Qu’ai-je ressenti quand mon corps s’est mis à changer pendant la
puberté ?
Quand me suis-je masturbée pour la première fois ?
Comment était-ce ?
Qu’ai-je fait ?
Comment est-ce que je percevais mes parties génitales ?
Quand ai-je eu un premier contact sexuel avec une autre personne ?
Qu’ai-je ressenti ?
Qu’avons-nous fait ?
Qu’est-ce qui m’a plu ?

Si vous avez du mal à répondre, peut-être que ces phrases vous raviveront
la mémoire :
Mes parents appelaient les parties génitales féminines… OU : Quand
j’étais petite, je n’avais pas de mot pour désigner mes parties génitales.
À la maternelle, j’ai été surprise en train de jouer au « docteur » avec un
copain. L’instituteur était fâché et nous a interdit de recommencer. OU :
J’adorais jouer au docteur.
Découvrir mon corps m’excitait. OU : J’avais honte de me toucher « là en
bas ».
Ma voisine/mon amie/ma sœur m’a montré comment elle se touchait. OU
: Personne ne m’a montré comment se masturber.
Je parlais beaucoup de masturbation avec mes amies.
OU : On ne parlait jamais de masturbation.
J’ai décidé de me masturber après avoir lu quelque chose à ce sujet. OU :
Je n’ai pas eu l’idée de me toucher.
J’étais contente d’avoir mes règles. C’était un grand jour pour moi. OU :
La première fois que j’ai eu mes règles, j’ai trouvé ça dégoûtant/gênant.
Je n’ai pas aimé que mon corps prenne des formes plus féminines. OU :
J’étais heureuse que mon corps prenne des formes plus féminines.
Ma première fois a été douloureuse ; je n’étais pas consentante. OU : Je
n’ai presque rien senti la première fois et ça m’a déçue. OU : J’ai adoré ma
première fois.
Replongez-vous dans ces souvenirs afin de mieux comprendre où vous en
êtes aujourd’hui. Beaucoup de femmes sont en conflit avec leur corps. Elles
se reprochent de ne pas être capables de vivre leur sexualité librement et en
y prenant plaisir. Ne vous inquiétez pas : nous n’avons pas toutes eu les
mêmes expériences, et c’est normal. Certaines femmes ont eu envie
d’explorer leur corps dès l’enfance ; pour d’autres, ce n’est venu que plus
tard, avec leurs premiers partenaires, par exemple ; d’autres encore ont
attendu d’être plus âgées pour découvrir leur corps et leur sexualité.
Néanmoins, les femmes développent bien souvent un certain modus vivendi
auquel elles s’habituent. Elles y recourent régulièrement, et cela fonctionne
parfaitement. Ce n’est qu’au bout de plusieurs années – en changeant de
partenaire, par exemple, ou après avoir lu quelque chose – qu’elles décident
de faire autrement et d’élargir leur répertoire.

EXERCICES
À partir de maintenant, vous allez tout doucement étendre le champ de vos
habitudes. Vous avez peut-être envie de tout changer d’un coup, mais cela
ne fonctionnera pas. Comme souvent dans la vie, il vous faudra du temps
et de la patience.
Modifiez un détail lorsque vous vous masturbez, et observez l’effet produit.
Si vous avez l’habitude de bouger les doigts rapidement ou d’appuyer
fort, allez lentement ou appuyez plus doucement. Ou essayez de modifier
votre niveau de tension corporelle ou encore de varier le tempo.
Si vos sensations et votre niveau d’excitation diminuent, retournez à vos
bonnes vieilles habitudes. Laissez monter l’excitation, puis reprenez avec
la nouvelle version et le nouveau rythme. Ne modifiez pas toute votre
technique d’un seul coup ; changez plutôt un élément à la fois. Sinon,
votre excitation risque de retomber au point mort. Répétez l’exercice
plusieurs fois par semaine. Peu importe si cela vous mène à l’orgasme ou
pas.

BON À SAVOIR
Repenser à ma sexualité quand j’étais enfant me met à l’aise. Pourquoi ?
Quand on pense à son enfance, ou même à son enfant, en termes de
sexualité, on pose un regard d’adulte sur l’enfant que l’on était ou sur son
enfant. Or ce n’est pas ainsi que l’enfant perçoit le développement sexuel et
la découverte de son corps. Il se découvre et découvre son environnement
par le biais du plaisir. Il veut voir à quoi ressemble l’intérieur de sa bouche
et toucher l’intérieur de ses narines. Il se touche et s’observe. Il veut
explorer tout son corps, y compris son sexe. Pour l’adulte, le contexte n’est
pas le même, et nous jugeons ces pratiques embarrassantes ou dangereuses.
Mais il s’agit de notre point de vue d’adulte. En tant qu’enfants, nous ne
pensions pas de la même manière. L’enfant recherche les sensations
agréables et essaie de les reproduire, mais lorsqu’il remarque que son
comportement provoque des réactions étranges chez l’adulte, il se met à
trouver cela étrange lui aussi.
Est-ce normal pour un enfant de jouer au docteur ?
Oui ! Cela l’aide à explorer son corps et à satisfaire sa curiosité. C’est une
étape tout à fait naturelle de la découverte de son corps. Tant que les enfants
qui jouent ensemble au docteur ont à peu près le même âge et sont tous
deux parfaitement consentants, il n’y a aucune inquiétude à avoir.
Pourquoi devrais-je modifier certains éléments de ma technique de
masturbation ? Ça marche très bien comme ça.
Comme toutes les femmes, vous avez développé au fil des années un
certain schéma d’excitation. Alors pourquoi en développer un autre ? Eh
bien, plus vous aurez de schémas, plus vous serez réceptive à différents
types de contacts. Par exemple : une femme a l’habitude de se frotter le
clitoris dans le sens des aiguilles d’une montre. En la caressant, son ou sa
partenaire tourne souvent dans le mauvais sens, appuie trop fort ou va trop
lentement. La femme sent que ça ne fonctionne pas mais fait son possible
pour se sentir excitée. Si elle n’était pas captive d’un schéma si précis, mais
possédait un répertoire plus varié, elle aurait moins de difficulté à éprouver
du plaisir pendant l’amour. Son ou sa partenaire n’aurait pas besoin de faire
exactement ce à quoi elle est habituée ; au contraire, elle pourrait se laisser
surprendre et, ainsi, se sentir plus excitée. Bien sûr, elle peut et devrait dire
à l’autre exactement ce qu’elle aime et ce qu’il faut faire, mais les rapports
sexuels seront plus variés et plaisants si, au lieu de devoir suivre un
parcours balisé, elle peut essayer toutes sortes de choses différentes et qui,
pour beaucoup, s’avéreront sexuellement excitantes.
Et cela vaut aussi pour les hommes ! Beaucoup réagissent essentiellement
aux techniques de stimulation qu’ils emploient sur eux-mêmes et souhaitent
être touchés de la même manière. Pour que l’excitation monte, ils ont
besoin de ressentir la même pression que lorsqu’ils se masturbent. Vous
verrez comment les hommes peuvent se libérer de ces schémas et élargir
leur répertoire dans le chapitre qui leur est dédié en fin d’ouvrage.
J’utilise toujours un vibromasseur quand je me masturbe. Puis-je l’utiliser
pour ces exercices ?
Le vibromasseur est un moyen efficace de susciter et d’attiser l’excitation.
Mais les pénis ne vibrent pas. Donc si vous avez besoin d’un vibromasseur
pour atteindre l’orgasme, il est normal qu’un pénis ne vous procure que peu
de sensations. Si vous voulez que le corps de votre partenaire vous fasse
jouir, vous devez apprendre à jouir sans vibromasseur. Ne vous en
débarrassez pas pour autant – ou vous vous sentirez rapidement frustrée.
Continuez de l’utiliser, mais de temps en temps, abaissez l’intensité des
vibrations. Ou utilisez vos doigts et, si vous sentez l’excitation fléchir,
reprenez votre vibromasseur.

CAS PRATIQUE

Martine
Martine a deux ados à la maison, elle est mariée depuis vingt-cinq
ans et heureuse en ménage. Elle vient me consulter parce que
son « clitoris ne marche plus ». Elle me dit que la masturbation l’a
toujours fait jouir, mais depuis la ménopause, ce n’est plus aussi
facile qu’avant. Parfois, elle ressent même de la douleur après
l’orgasme. Elle fait régulièrement l’amour avec son mari, « toutes
les deux semaines, environ », mais cela ne l’excite pas plus que
ça. Elle le fait quand même « parce que ça fait partie du contrat, et
puis il aime tellement ça ».
Je l’interroge sur son enfance. Elle répond brièvement qu’elle n’a
jamais eu de problème – elle avait de super parents et n’a jamais
vécu aucun traumatisme. Martine est l’aînée de quatre enfants et
avait des parents très aimants. On ne parlait jamais de sexe chez
elle. Elle ignore si elle a déjà joué au docteur. Elle se rappelle juste
une chose : un jour, alors qu’elle « jouait » avec une voisine, la
mère de cette dernière les a surprises et leur a dit que ce qu’elles
faisaient était dégoûtant. Martine m’indique qu’elle a pris
conscience assez tôt du plaisir qu’elle pouvait

ressentir en s’allongeant sur son ours en peluche et en pressant


sa truffe entre ses jambes. Elle aimait cela et le faisait souvent.
Nous parlons ensuite du développement de son corps. À la
puberté, son corps a pris des formes plus féminines. Aujourd’hui
encore, elle n’est pas vraiment satisfaite de ses courbes. Son
corps s’est encore plus arrondi après la naissance de ses enfants.
Elle a eu ses règles à 14 ans et a d’abord cru qu’elle était malade.
Sa mère l’a alors serrée dans ses bras et lui a dit : « Ma pauvre,
voilà que ça t’arrive à toi aussi, maintenant. » Elle a commencé
par porter des serviettes hygiéniques, mais trouvait cela très
inconfortable. Elle est ensuite passée aux tampons, plus
supportables.
Je lui dis qu’il est important qu’elle se demande si elle est en
mesure de faire la paix avec son corps et ses parties génitales.
Martine a connu un développement typique. Certaines femmes
sont en conflit avec leur corps et n’ont jamais réussi à établir une
relation positive et sensuelle avec elles-mêmes. C’est dommage,
car lorsqu’on aime ses parties génitales et son corps, on ressent
plus de choses en faisant l’amour. Pour cela, il faut apprendre à
mieux comprendre son corps.
J’explique aussi à Martine que c’est normal que ses parties
génitales changent lors de la ménopause. Pour répondre aux
changements à l’œuvre dans son corps, il faut généralement
adapter ses schémas d’excitation – sinon, on finit par perdre tout
désir sexuel, et cela peut même devenir douloureux. Martine s’est
toujours stimulée par pression et par contraction du corps, comme
lorsqu’elle « s’entraînait » avec son ours en peluche. Le schéma
d’excitation qu’elle a développé pendant l’enfance n’a pas changé.
Mais comme ses récepteurs de friction ne sont plus aussi
sensibles, elle se contracte de plus en plus. Voilà pourquoi Martine
a l’impression que son « clitoris ne marche plus ». Mais elle peut
aussi s’entraîner et développer des schémas plus variés, pour
découvrir un nouveau type d’excitation et de plaisir.
Étape 4
BOUGEZ !
Pourquoi le mouvement compte

A vant de continuer, faisons le point. Qu’avons-nous appris au cours des


trois premières étapes ?

Il est important de connaître l’anatomie de la vulve et du vagin.


L’excitation et le plaisir sont deux choses différentes.
Tout comme le clitoris, le vagin peut être source d’excitation et de
plaisir.
Mais il ne peut pas sentir grand-chose s’il n’a pas été préalablement
touché et sensibilisé.
En le touchant plus souvent, on peut le rendre plus sensible.
S’il est plus sensible, il peut procurer plus d’excitation et de plaisir.
Notre passé sexuel influence fortement notre vie sexuelle actuelle.
Le clitoris est bien plus gros qu’on ne le croit.
Il faut aussi prendre soin de sa vulve.
Il est beaucoup plus avantageux d’avoir plusieurs schémas
d’excitation plutôt qu’un seul.

À présent, ajoutons un peu de mouvement à l’équation ! Beaucoup de


femmes sont relativement passives pendant la pénétration. Elles peuvent
être actives avant et après, bougeant beaucoup en faisant tout ce qu’elles
peuvent pour procurer du plaisir à leur partenaire, mais pendant la
pénétration, leur corps se raidit et se contracte.
Et vous ? Repensez au questionnaire de l’étape 2. Êtes-vous l’une de ces
femmes ? Bougez-vous beaucoup en faisant l’amour et en vous masturbant
? Vos muscles sont-ils contractés ou détendus ? Respirez-vous
profondément ? Vos jambes sont-elles souples ou raides ?
Certaines femmes contractent le corps pour attiser l’excitation, alors
qu’elles feraient bien mieux de bouger lorsqu’elles font l’amour ou se
masturbent. Là encore, il existe une explication biologique à cela : le
système nerveux autonome fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre
et contrôle automatiquement toutes les fonctions vitales du corps,
s’occupant de tout ce qui ne dépend pas de la volonté, comme la respiration,
la digestion et le métabolisme. Il contient deux sous-structures
complémentaires : le système nerveux sympathique, dont les signaux
favorisent l’action, et le système nerveux parasympathique, dont les signaux
favorisent la récupération.
Quand le système nerveux sympathique prend le dessus, tout le corps
entre en état d’alerte. Une grande quantité d’adrénaline est libérée. On
transpire, l’attention est focalisée, la respiration est superficielle et le cœur
bat plus vite. Les muscles sont contractés. La digestion est paralysée – c’est
logique : il ne faudrait pas avoir une envie pressante durant le combat. Les
pensées tournent en boucle et les émotions sont plutôt négatives : peur,
colère et haine. L’autre est notre ennemi.
Quand le système parasympathique prend le dessus, le corps passe à un
état de relaxation stable : on est calme, le pouls est lent et on respire
profondément. Le corps est en mesure de digérer et de récupérer. La
réflexion n’est pas focalisée, mais plutôt créative et associative. Les
émotions sont positives ; on ressent de la joie et de l’amour. L’autre est
notre ami.
Beaucoup de personnes sont souvent en état d’alerte. Elles veulent réussir
et se battent pour y arriver. Elles sont stressées au travail, leurs muscles se
contractent, leur digestion fait grève, elles prennent à peine le temps de
déjeuner et leur emploi du temps est plein à craquer. Elles sont efficaces.
Nous sommes nombreux à vivre dans cet état d’alerte, qui devient habituel.
Pour le corps, cependant, cela représente un effort permanent, qui s’avère
dangereux et peut causer des problèmes physiques et/ou psychologiques. À
l’inverse, l’état de relaxation fait naître des idées originales et créatives. On
savoure l’instant présent ; on se laisse absorber dans l’ici et maintenant.
Nous devrions vraiment passer plus de temps en mode relaxation : il permet
au corps comme à l’esprit de refaire le plein.

Quel effet cela a-t-il sur notre vie sexuelle ?


Lorsqu’elles font l’amour, certaines femmes contractent leurs muscles (y
compris ceux du périnée) et bougent peu. Elles cherchent peut-être à
amortir les coups de bassin trop brutaux de leur partenaire, ou à maintenir
leur niveau d’excitation, ou se disent que les hommes préfèrent quand c’est
plus serré. Cette tension place leur corps en état d’alerte. Leurs émotions
sont essentiellement défensives : quand on est tendu, on a tendance à
ressentir de la peur, de la colère, du dégoût et de la honte. Quand une
femme est en état d’alerte, elle est plus critique envers elle-même et son ou
sa partenaire. Elle peut se mettre à ressasser, à percevoir l’autre comme
un(e) ennemi(e) et se sent facilement agacée. Beaucoup de femmes
connaissent ces sentiments sans comprendre à quoi ils sont dus – et elles se
sentent alors coupables. Cela crée une véritable pagaille émotionnelle : elles
ressentent de l’amour envers leur partenaire, mais aussi de l’exaspération
sur le plan sexuel.

Par ailleurs, comme nous l’avons rapidement évoqué, on se laisse plus


facilement déconcentrer lorsqu’on est en état d’alerte. Comme cet état
induit une vigilance accrue – le but étant de détecter les éventuelles
menaces et leur provenance –, le moindre changement dans
l’environnement pendant un rapport sexuel peut anéantir le désir. Il suffit
alors que votre partenaire change de rythme pour que votre excitation
retombe instantanément. Même chose si vous changez de position ou si
vous êtes perturbée par un bruit extérieur. De plus, quand vous êtes en état
d’alerte, votre excitation et vos fantasmes sont plus en proie aux pensées
parasites – votre dernier relevé bancaire, par exemple.
Cela dit, l’excitation nécessite bel et bien une certaine tension. L’état de
relaxation favorise le plaisir sexuel : vous êtes totalement détendue et ne
vous laissez pas facilement déconcentrer. La courbe du plaisir est très
élevée : votre partenaire vous procure du plaisir et vous ressentez beaucoup
d’amour et d’affection. Mais il vous manque la tension nécessaire pour
renforcer l’excitation. L’orgasme est alors pratiquement impossible. Vous ne
pouvez pas franchir le « seuil » qui vous permettrait non seulement de tirer
pleinement plaisir du rapport sexuel mais aussi d’être assez excitée pour
atteindre l’orgasme.
Il n’y a qu’un seul moyen de trouver le juste équilibre : le mouvement –
c’est-à-dire la combinaison de la tension et de la relaxation. Quand le corps
bouge, certains muscles font de gros efforts, tandis que d’autres restent au
repos. Cela vous met à la fois en état d’alerte (important pour l’excitation)
et en état de relaxation (important pour le plaisir).

Pourquoi le mouvement est si important


Les parties du corps mobilisées reçoivent un afflux sanguin plus
important, ce qui les rend plus sensibles. Le toucher devient alors
plus agréable. Sur le plan sexuel, cela signifie que vos mouvements
du bassin rendent votre vagin plus sensible.
Quand le vagin est bien irrigué par les vaisseaux sanguins, il devient
humide et s’élargit, laissant plus de place pour un pénis ou des
doigts. Si vous avez tendance à avoir des rapports douloureux, le
mouvement peut vous aider à atténuer ce problème, voire à le
résoudre.
Pour se sentir bien, il faut se détendre. Quand on est tendu, cela peut
générer des sentiments négatifs et de l’inquiétude. Quand on bouge
pendant un rapport sexuel, cela apaise ces pensées et nous aide à
éprouver plus d’affection envers notre partenaire.
Quand le corps bouge, on y est mieux connecté. Au lieu de sentir
l’excitation à un seul endroit, vous la sentirez circuler à travers tout
votre corps. Le mouvement aide à diffuser l’excitation. De même
pour l’orgasme : au lieu d’être précisément localisé, il irradiera dans
tout votre corps.
Quand on sent davantage son vagin, on a plus envie de sexe.
Pourquoi ? Tout simplement parce que cela procure plus de
sensations et de plaisir. Et tout ce qui est bon nous donne envie d’y
goûter plus souvent.

La question essentielle est donc la suivante : quelle est la meilleure façon de


bouger lorsqu’on se masturbe ou qu’on fait l’amour ? Réponse : c’est
comme vous voulez ! Balancez-vous d’avant en arrière, faites des cercles
avec votre bassin, étirez-vous, changez de position, et variez les tempos –
ralentissez, puis accélérez. Plus vous essaierez de choses, seule ou à deux,
mieux vous saurez quels mouvements vous plaisent. Cela peut prendre du
temps, surtout si vous ne bougiez pas beaucoup auparavant. Ne vous
inquiétez pas : il n’est pas question de se lancer soudain dans des danses
endiablées sous la couette. Des micromouvements suffisent : commencez
par de petits mouvements, puis élargissez l’éventail de vos mouvements au
fil des entraînements de la semaine. Et n’oubliez pas que la respiration aussi
est un mouvement. Plus vous respirez profondément, plus vous renforcez
votre mouvement interne.
Le mouvement est primordial pour connaître des orgasmes satisfaisants et
une vie sexuelle épanouissante et holistique. Mais attention : au début, le
mouvement peut totalement chambouler votre vie sexuelle. Ce n’est pas
comme un interrupteur sur lequel on appuie, et boum ! c’est le plaisir et
l’orgasme assurés. Quand on se met à bouger, cela peut faire retomber
l’excitation. Peut-être que vous n’êtes pas habituée à tant d’action, mais
plutôt aux contractions et aux mouvements restreints – si c’est le schéma
que vous avez mentalement enregistré et associé à l’excitation sexuelle.
Avec le temps, vous ressentirez plus de choses, et votre excitation et votre
plaisir atteindront de nouveaux sommets. Ce n’est qu’en constatant la
différence que vous découvrirez votre véritable potentiel sexuel.
Mais dans un premier temps, cela peut s’avérer frustrant. Dans le fond,
cela revient à démonter un système bien huilé. Essayer d’apprendre à votre
corps à produire du désir et de l’excitation, pour qu’il devienne sa propre et
principale source d’excitation, cela ne vient pas du jour au lendemain. Mais
vous pouvez y arriver ! Rappelez-vous que le sexe est comme beaucoup
d’autres choses : une question de pratique.
Pensez à un sport que vous aimez. La natation, par exemple. Vous n’avez
peut-être pas adoré votre première séance. Vous n’étiez pas en forme et
vous n’en pouviez déjà plus au bout de dix minutes. Vous avez eu des
courbatures partout. C’était épuisant. Peut-être que vous avez arrêté, puis
repris, plusieurs fois. Ou peut-être avez-vous persévéré. Et au bout d’un
moment, une fois remise en forme, tout s’est arrangé. Nager est devenu
facile, et même agréable. Vous aviez même hâte de retourner à la piscine,
parce que vous vous sentiez bien pendant et après la séance. Et quand vous
ne pouviez pas aller nager pendant plusieurs jours, cela vous manquait, car
désormais, tout semblait venir naturellement, et chaque séance était un
véritable plaisir. Mais il avait d’abord fallu passer par une phase difficile.
C’est pareil pour le sexe. Si vous voulez goûter à l’ivresse, en tirer un
maximum de plaisir et d’excitation, vous devez accepter les ratés du début.
Mais vous ne le regretterez pas !

EXERCICES
1. Commencez par bouger en vous masturbant, en faisant d’abord de petits
mouvements. Basculez le bassin d’avant en arrière. Essayez de ne pas
rester passivement allongée. Contractez volontairement les muscles puis
détendez-les. Quand l’excitation retombe – ce qui arrivera
probablement –, reprenez votre schéma habituel de manière à la faire
remonter, puis recommencez à bouger. Là encore, faites de petits
mouvements au début. Avec le temps, vous constaterez que votre
excitation dure plus longtemps et que vous ressentez de plus en plus de
choses. Si vous ne jouissez pas, ce n’est pas grave. Refaites l’exercice
plusieurs fois par semaine.
2. Touchez votre vagin centimètre par centimètre et étudiez attentivement
les sensations que chaque point vous procure. Établissez une carte interne
de votre vagin. Que ressentez-vous juste à l’entrée du vagin ? Et un
centimètre plus loin, à gauche ? Et dans la zone G, sur la paroi avant ?
Essayez d’être plus consciente de votre vagin tout au long de la journée.
Maintenant que vous avez touché votre vulve et votre vagin de
nombreuses fois, vous commencez à les connaître. Vous savez comment
ils sont faits. À présent, essayez de prendre conscience de vos parties
génitales dans votre vie de tous les jours. Marchez de manière à ressentir
votre vagin. Contractez et relâchez le périnée de façon répétée. Inspirez
profondément avec le ventre. Essayez de percevoir consciemment votre
vagin et – surtout ! – d’en être fière.
3. Imaginez qu’il y a un cadran d’horloge à l’entrée de votre vagin.
Déterminez où se situent le 12, le 3, le 6 et le 9. Touchez l’entrée de votre
vagin avec un ou deux doigts. Que ressentez-vous lorsque vous touchez
chacun de ces points ? À présent, imaginez que ce cadran se situe un peu
plus à l’intérieur de votre vagin. Touchez de nouveau chacun de ces quatre
points. Que ressentez-vous ? Est-ce différent ? Quel point est plus sensible
et lequel l’est moins ?
C’est un bon exercice à faire à deux : réussissez-vous à bien distinguer le
point touché par votre partenaire ? Qu’est-ce qui change lorsqu’il ou elle
touche un autre point ? Et quelle différence y a-t-il quand vous sentez le
doigt de votre partenaire, et non le vôtre ?

BON À SAVOIR
Je ne sens presque rien quand je me touche le vagin. Est-ce que je m’y
prends mal ?
Vous pensez peut-être ne « rien » sentir – mais c’est faux. Les sensations
recouvrent différents aspects : d’abord, il y a des chances pour que vous ne
ressentiez presque rien, puis vous sentirez que votre doigt est à l’intérieur
de votre vagin, puis vous arriverez à dire si c’est agréable ou pas, puis vous
commencerez sûrement à trouver cela agréable, puis légèrement excitant, et
enfin très excitant.
Au début, le problème est lié au décalage entre les attentes et les
perceptions. Si vous vous attendez à trouver cela tout de suite très excitant,
vous serez frustrée. Mais si vous êtes curieuse et ouverte, en acceptant ce
que vous ressentez, vous pourrez remarquer les changements et vous en
réjouir.
L’important est de savoir que l’excitation est déclenchée par un réflexe,
quand certaines conditions sont réunies, comme n’importe quel autre
réflexe du corps.
Par exemple, le réflexe du genou : quand on touche un certain point, le
tibia se lève. On ne peut pas provoquer cela intentionnellement – cela se
produit quand les conditions physiques nécessaires sont remplies (le coup
sur le genou). Le réflexe d’excitation sexuelle fonctionne un peu de la
même manière. Lorsqu’il est déclenché, l’excitation se manifeste et peut
être renforcée jusqu’à l’orgasme. L’orgasme aussi est un réflexe que l’on
peut déclencher. On ne peut pas le produire volontairement, mais on peut
réunir les conditions adéquates : provoquer l’excitation, la diffuser dans tout
le corps et enfin la canaliser jusqu’à la jouissance.
La stimulation du vagin provoque des sensations très différentes de celles
provoquées par la stimulation du clitoris. Pourquoi ?
Chaque femme ressent l’excitation clitoridienne à sa façon. Beaucoup
disent qu’elle est plus « nette ». C’est une excitation plus localisée.
L’excitation vaginale est plus douce et diffuse. Souvent, les femmes
ressentent cette douce et vague sensation sans vraiment savoir de quoi il
s’agit et ne l’associent pas à l’excitation sexuelle. Cela s’apprend. Il est
important d’apprendre à s’ouvrir aux sensations et aux perceptions
nouvelles.
J’entends souvent mes patientes dire qu’elles ne ressentent pas ce à quoi
elles s’attendaient. Pourtant, en les interrogeant, il m’apparaît clairement
qu’elles ont ressenti de l’excitation. Il faut se rappeler que les attentes sont
des idées concrètes. Quand on attend une réaction précise de notre corps, on
passe à côté de tout ce que l’on n’a pas anticipé.
Puis-je avoir un orgasme par pénétration sans bouger ?
Bien sûr. Vous pouvez avoir un orgasme lors d’un rapport de courte durée
et en restant très contractée si, par exemple, votre col de l’utérus est bien
sensibilisé et stimulé par pénétration. Le but est d’être capable de ressentir
beaucoup d’excitation et de satisfaction grâce à divers types de rapports
sexuels, brefs ou longs, rapides ou lents.
Et dans Cinquante Nuances de Grey ? C’est lui qui fait tout le travail,
tandis qu’elle reste allongée et a des orgasmes à répétition. Je sais que
c’est une fiction, mais elle a inspiré des millions de femmes. Beaucoup de
femmes aiment être attachées, n’est-ce pas ?
C’est très bien lorsque deux partenaires peuvent s’exciter mutuellement
de cette façon – ce type de jeu peut s’avérer très stimulant. Dans ce cas,
l’excitation est physiquement « logique ».
Quand on est attaché, les sens sont plus en éveil parce qu’on est excité. La
tension rend les sensations plus intenses. On peut comprendre que cela
mène à l’orgasme. Mais si une femme avait uniquement ce type de rapports
sexuels – attachée au lit trois fois par semaine, et rien d’autre –, au bout
d’un moment, ses chances de jouir s’amenuiseraient, car son excitation
sexuelle serait basée sur son excitation mentale, qui diminuerait un peu à
chaque fois puisqu’elle finirait par s’y accoutumer. Les couples qui aiment
ces pratiques doivent être très inventifs et utiliser des techniques
sophistiquées pour que l’effet perdure.

CAS PRATIQUE

Chloé
Chloé a 27 ans. Elle me consulte parce qu’elle a du mal à
comprendre son comportement pendant les rapports sexuels. Elle
est avec son petit ami depuis un an, ils font souvent l’amour et
c’est fantastique. En général. Elle me raconte que, parfois, elle se
sent agacée pendant l’amour et que, de temps en temps, elle doit
même tout interrompre à cause de ça. Tous deux trouvent cela
déstabilisant, et Chloé s’en veut terriblement. Elle n’arrive tout
simplement pas à expliquer ce qui l’agace à ce point.
Je lui demande comment se déroulent leurs rapports. Que font-ils
exactement ? Que se passe-t-il ensuite ? Chloé me dit qu’elle sait
exactement où elle aime être touchée. Parfois, son petit ami fait
tout comme il faut, et c’est super. Mais parfois, il la touche au
mauvais endroit et ça l’énerve, parce qu’elle a l’impression de le
lui avoir déjà dit bien assez souvent. Néanmoins, elle est surtout
agacée d’être agacée, de ne pas pouvoir simplement se laisser
aller et profiter de l’instant. Il y a des jours où elle ne supporte pas
l’« échec » de son petit ami.
Chloé doit comprendre que son agacement commence bien avant
qu’elle n’interrompe leurs ébats. Elle attend de voir si son petit ami
fait « comme il faut », puis elle se fâche s’il échoue à cette sorte
de test. Pendant les rapports sexuels, elle ne lui dit pas ce qu’elle
aime. Ils parlent de sexe, mais pas pendant le sexe. Elle ne lui
demande pas de la toucher un centimètre plus à gauche. Elle
pense que c’est superflu. Elle explique : « J’ai gémi quand il faisait
comme il fallait. Ça devrait suffire ! » Je lui demande si elle pense
qu’il fait exprès de ne pas la toucher « comme il faut ». Elle nie
avec véhémence.

Je lui explique qu’elle peut soit donner des instructions claires à


son petit ami, soit prendre les choses en main et stimuler elle-
même les zones qu’elle préfère. Il existe aussi une troisième
option : elle peut développer sa sexualité pas à pas, afin de ne
plus attendre que son petit ami fasse tout précisément « comme il
faut ». Dès lors qu’elle ressent plus de choses et que ses parties
génitales sont bien sensibilisées, peu importe que son petit ami
pose les doigts un peu trop à gauche.
Chloé choisit la dernière option et, grâce aux exercices de ce livre,
elle élargit l’éventail de ses schémas d’excitation et tire du plaisir
de différents types de mouvements et de touchers. Désormais,
quand elle fait l’amour avec son petit ami, elle arrive à se détendre
et à profiter de l’instant sans craindre que tout ne se passe pas «
comme il faut ».
Étape 5
LE PÉRINÉE
Pourquoi c’est important

P eut-être avez-vous déjà entendu dire que le fameux périnée est


important pour l’excitation sexuelle et la capacité à atteindre l’orgasme.
Peut-être avez-vous même lu quelque part qu’il fallait le renforcer : il y a
pour cela la gymnastique du périnée, des exercices à faire avec des balles
ou des dildos, et même le yoga du périnée. On dit qu’en contractant leur
périnée, les femmes peuvent avoir plus de sensations lors des rapports
sexuels. Et certains hommes aiment les vagins étroits. (Soit dit en passant,
c’est parce que cela crée une sensation semblable à celle d’une main serrant
le pénis – comme pendant la masturbation.) Les magazines débordent de
conseils et d’astuces pour apprendre à contrôler la contraction du périnée.
Celles qui pratiquent le yoga ou le Pilates savent bien de quoi il s’agit. Mais
d’après mon expérience, il est tout aussi important d’apprendre à relâcher
ces muscles ou, plus précisément, à jouer avec eux, en les contractant et les
relâchant. C’est une clé de l’excitation et de l’orgasme !
Mais commençons par faire plus ample connaissance avec ce fameux
périnée. Il se compose d’un réseau complexe de muscles et de tissus
conjonctifs qui entourent le vagin et l’urètre, le rectum et l’anus. Les
muscles du périnée sont donc liés à des parties du corps essentielles à la
sexualité. Le fait de contracter et de relâcher ces muscles peut attiser
l’excitation sexuelle. Ce jeu stimule aussi la circulation sanguine et, par
conséquent, la sensibilité du bassin. Cela permet également de mieux
humidifier le vagin pendant le rapport sexuel.
Quand les muscles sont très contractés, la vulve et le vagin sont moins
bien irrigués. Or quand l’afflux sanguin diminue dans une partie du corps,
celle-ci devient moins sensible. Cette tension rend aussi le vagin plus sec et
étroit. De plus, elle est associée au stress, qui n’est pas vraiment compatible
avec l’amour et le désir.
Cela dit, la tension est indispensable à l’excitation. C’est le paradoxe de
l’excitation : pour qu’elle fonctionne, il ne faut ni trop ni trop peu de
tension. Le périnée se contracte automatiquement lorsqu’on est excitée.
C’est important, car les femmes ne peuvent pas jouir si leurs muscles sont
complètement détendus. Leur excitation finit par s’endormir, pour ainsi
dire. Inversement, il arrive que le périnée reste contracté pendant presque
toute la durée du rapport sexuel – en particulier chez les jeunes femmes –
et, à force d’être contractés, les muscles deviennent insensibles.

Comment savoir si votre périnée est contracté


ou au repos ?
Faites le test suivant : asseyez-vous sur une chaise, avec le dos droit et les
pieds bien à plat au sol. Contractez le périnée comme si vous vouliez vous
retenir d’uriner. Ensuite, imaginez que votre périnée est un ascenseur : plus
vous le contractez, plus les muscles montent. Allez au premier étage, puis
au deuxième et au troisième. Attendez tout en haut en comptant lentement
jusqu’à dix. Puis – c’est important – redescendez : deuxième étage, puis
premier et enfin rez-de-chaussée.

Qu’est-ce qui vous a semblé plus facile ? La montée ou la descente ?


Certaines jeunes femmes ont beaucoup moins de mal à monter qu’à
redescendre. Elles parviennent mieux à contracter qu’à relâcher.
Alors comment apprendre à détendre son périnée, pour qu’il soit mieux
irrigué et pour être plus excitée en faisant l’amour ? Les exercices suivants
vous y aideront.

EXERCICES
1. L’ascenseur : faites l’exercice proposé à la page précédente, en vous
concentrant sur la « descente ». Essayez de vraiment tout relâcher à la fin
– vous devez avoir l’impression que vous êtes sur le point d’uriner.
2. Plusieurs fois par jour, contractez les muscles du périnée pendant trois
secondes, puis relâchez-les lentement. Après cette contraction intense, la
relaxation sera plus profonde. C’est donc une bonne manière de détendre
son périnée.
3. Entraînez-vous à respirer avec le ventre. Posez la main sur votre ventre et
attendez qu’il s’arrondisse quand vous inspirez. Inspirez de plus en plus
profondément à chaque inspiration. Laissez votre ventre gonfler comme
un ballon, puis se contracter et gonfler à nouveau.
4. Posez la main sur votre vulve et essayez de ressentir votre respiration.
Que sentent vos doigts quand vous inspirez puis expirez profondément ?
5. Si vous arrivez facilement à contracter et relâcher les muscles de votre
périnée, vous pouvez essayer de jouer avec chaque muscle
individuellement. Contractez d’abord la fesse gauche, puis la droite.
Ensuite, contractez les muscles autour de l’anus, puis ceux un peu plus en
avant, près du vagin et de l’urètre. Pour finir, essayez de relâcher les
muscles de l’anus tout en maintenant ceux du devant contractés. Vous ne
pourrez jamais vraiment contrôler ces muscles individuellement, car ils
forment un enchevêtrement complexe, mais mieux vous saurez les
contrôler, mieux ils sauront transporter votre excitation avec précision.

BON À SAVOIR
Pourquoi dois-je être capable de percevoir si précisément mon périnée ?
Certaines femmes considèrent que leur vagin est passif. Une fois que l’on
sent mieux les différents muscles qui l’entourent, le vagin devient une partie
active du corps. En jouant avec les muscles de votre périnée, et parce que
les contacts répétés aident à sensibiliser le vagin, vous aviverez votre désir
d’y accueillir quelque chose de façon active.
Comment savoir si les muscles de mon périnée sont forts et bien entraînés ?
Enfoncez le doigt dans votre vagin et contractez le périnée. Si votre vagin
ne devient pas plus étroit, c’est que vous contractez le ventre ou les fesses,
ou que votre périnée n’est vraiment pas en forme. Dans ce cas, il n’y a
qu’une solution : entraînez-vous, encore et encore. Si vous voulez être
fixée, je vous conseille vivement de consulter un périnéologue. Beaucoup
de femmes pratiquent le Pilates ou le yoga mais ignorent qu’elles ne font
pas les exercices du périnée comme il faut. Sans cela, les exercices de ce
livre seront difficilement réalisables.
J’ai eu des enfants. Ai-je vraiment besoin d’apprendre à relâcher mon
périnée ?
Si vous avez accouché au moins une fois, vous devrez sûrement vous
entraîner à relâcher, mais aussi à contracter le périnée. Toutes les femmes
ne ressentent pas et ne décrivent pas les mêmes changements physiques
après l’accouchement. Certaines parlent d’un sentiment de pression.
D’autres ont l’impression que leur périnée est comme endormi ou que c’est
« grand ouvert, là en bas ». D’autres encore ont mal au périnée et sentent
que leur utérus « glisse vers le bas ». Après l’accouchement, le périnée a
besoin d’être soulagé, stimulé et entraîné pour se stabiliser. Faites l’exercice
de l’ascenseur, mais en vous concentrant sur la montée.
Vous pouvez aussi vous entraîner à contracter le périnée plusieurs fois par
jour, comme pour vous retenir d’uriner. Mais attention : ne faites pas cet
exercice si vous avez vraiment envie d’aller aux toilettes, car cela peut être
mauvais pour la vessie. Contractez très fortement le périnée pendant trois
secondes, plus relâchez très lentement. Veillez à ne pas contracter les fesses
ni les jambes, mais bien les muscles internes. Et prenez votre temps : vous
aurez plus de sensations si vous le faites lentement.
Quand j’essaie d’atteindre l’orgasme seule, mes muscles sont complètement
tendus. Est-ce mauvais ?
Beaucoup de femmes contractent les muscles pour atteindre l’orgasme.
Cela les aide à canaliser l’excitation qu’elles ont fait monter et à déclencher
le réflexe d’orgasme. Peut-être l’avez-vous remarqué en répondant au
questionnaire de l’orgasme solo à l’étape 2. La tension monte, atteint son
paroxysme juste avant l’orgasme, puis explose et retombe. C’est très bien et
très efficace en soi. Cela permet d’atteindre l’orgasme rapidement puis
apporte une agréable sensation de relaxation.
Mais quand vous êtes avec votre partenaire, cela peut poser deux
problèmes.
Premièrement, quand on est tendue, on est plus facilement déconcentrée.
Tout ce qui perturbe cet état de tension devient énervant. Votre partenaire
peut alors devenir un élément perturbateur.
Deuxièmement, certaines femmes n’arrivent pas à contracter le vagin avec
un pénis à l’intérieur. Dès lors, il devient difficile pour elles, voire
impossible, de jouir, car elles ne peuvent pas atteindre le niveau de tension
dont elles ont besoin. Là encore, c’est une question d’équilibre. La tension
est nécessaire pour jouir, mais si l’on s’habitue à un niveau élevé de tension,
au bout d’un moment, cela peut entraîner les difficultés décrites plus haut.

CAS PRATIQUE

Claudia et Flora
Claudia et Flora, toutes deux âgées de 38 ans, sont amies depuis
l’école élémentaire et viennent me voir parce qu’elles cherchent à
retrouver leur niveau de plaisir d’avant leurs accouchements.
Claudia a deux filles et Flora a un garçon. Ce sont deux femmes
très différentes. Claudia est une bonne vivante. Elle insiste sur le
fait qu’elle fait très peu de sport, mais elle est très mince. Depuis
la naissance de sa première fille, elle essaie de renforcer son
périnée. Elle a lu que c’était important, mais elle manque de
discipline : quand elle y pense, en attendant le bus, par exemple,
elle fait un exercice qu’elle a lu un jour. Mais elle y pense
rarement. Flora, elle, fait du Pilates deux fois par semaine, et des
exercices périnéaux à la maison plusieurs fois par semaine. Elle
est très en forme et très disciplinée.
Claudia a très peu de sensations quand elle fait l’amour, et pense
que c’est à cause de son périnée « usé par les accouchements ».
Flora a beaucoup plus de sensations au lit, du moins au début,
mais plus le rapport se prolonge, plus ces sensations s’estompent.
Cela la dérange et elle ne comprend pas pourquoi elle ressent si
peu de choses alors qu’elle fait travailler son périnée et le
contracte autant qu’elle peut en faisant l’amour.
Je leur donne le même exercice à faire à la maison : insérer un
doigt à l’entrée du vagin puis contracter le périnée. Une semaine
plus tard, elles m’exposent leurs découvertes : Claudia a contracté
le périnée comme elle le fait lorsqu’elle s’exerce en attendant le
bus, mais son doigt n’a ressenti aucun changement. Flora, elle, a
senti que les parois de son vagin étaient dures comme la pierre
avant même qu’elle commence à contracter.

Je montre à Claudia plusieurs exercices périnéaux pour apprendre


à contracter les bons muscles et à s’entraîner de façon volontaire
et ciblée. Flora, de son côté, réalise à quel point elle est
constamment tendue et doit apprendre à relâcher son périnée.
Quand le périnée reste contracté, il est moins bien irrigué et finit
par devenir insensible. C’est pourquoi Flora a moins de sensations
quand le rapport sexuel se prolonge.
Je leur donne cinq exercices à faire à la maison, pour leur
apprendre à mieux percevoir leur périnée. Les changements ne
tardent pas à se faire sentir. Les doigts de Claudia commencent à
sentir de plus en plus de différences quand elle contracte le
périnée durant les exercices. C’est un feedback biologique naturel.
Dans l’ensemble, elle perçoit plus de sensations au niveau du
vagin, même lorsqu’elle relâche le périnée. Elle dit que ses
organes sexuels se sont « réveillés ». Elle se sent plus féminine,
trouve ses organes sexuels vivants et actifs, et a plus envie de
faire l’amour avec son partenaire.
Flora fait les mêmes exercices, en se concentrant plutôt sur le
relâchement de son périnée. Comme elle perçoit mieux,
désormais, la contraction de ses muscles, elle parvient mieux à en
réguler la tension. Elle peut donc les contracter et les relâcher à
volonté et, en jouant ainsi, elle a plus de sensations lorsqu’elle fait
l’amour.
Étape 6
C’EST DANS LA TÊTE ?
Les fantasmes sexuels

J usqu’ici, nous nous sommes essentiellement concentrées sur le corps,


mais intéressons-nous maintenant à l’esprit. Les fantasmes sexuels sont
formidables ! N’est-ce pas fascinant de voir quels genres de films érotiques
produit notre cerveau, et l’excitation que peuvent induire nos propres
pensées ?
Pourtant, ces fantasmes ne sont pas forcément révélateurs de ce dont on a
vraiment envie dans le monde réel. Une femme qui trouve l’excitation en
s’imaginant être séduite de force n’a pas nécessairement envie d’être violée.
Une femme dont le fantasme est de faire l’amour avec une autre femme n’a
pas forcément envie de passer à l’acte. Les fantasmes sexuels n’ont rien à
voir avec nos véritables préférences sexuelles. Ils trahissent rarement des
désirs refoulés. C’est important à savoir, car beaucoup de femmes ont honte
de leurs fantasmes ou les trouvent même dégoûtants.
Bien sûr, il existe un lien entre les fantasmes d’une personne et ce qui
l’excite. Le fantasme traduit la façon dont on utilise son corps sur le plan
sexuel : si vous vous masturbez en vous massant l’intérieur du vagin, vos
fantasmes impliqueront sûrement l’insertion d’un corps extérieur – un
pénis, un dildo ou des doigts – dans votre vagin. Une femme qui est très
tendue lorsqu’elle se masturbe et atteint l’orgasme par friction et par
pression aura probablement des fantasmes impliquant une forte tension et
associés à la puissance, au danger ou à la force : elle se verra, par exemple,
prise brutalement, attachée au lit ou fouettée. Plus son vagin est sensible,
plus il jouera un rôle prépondérant dans ses fantasmes. J’ai remarqué que,
quand les femmes commencent à découvrir leur vagin, elles se mettent
souvent à fantasmer sur d’autres femmes pendant un moment – même si
elles n’ont pas d’attirance pour les femmes en temps normal. C’est
parfaitement logique, puisqu’elles commencent à accorder une dimension
érotique à leur propre appareil sexuel féminin.
Mais une fois encore : les fantasmes ne sont que des fantasmes et
uniquement des fantasmes. Ils sont excellents et très importants, car ils
génèrent de l’excitation. Certaines femmes ont besoin de fantasmes ou
d’une forme d’excitation transitoire avant un rapport sexuel. Elles attendent
un signal de leur corps indiquant une demande à satisfaire. Elles attendent
l’expression de cette demande. Beaucoup de femmes sont convaincues que
l’appétit (sexuel) ne vient pas en mangeant – autrement dit, grâce au sexe –
mais qu’il doit venir en premier. D’autres savent comment déclencher
volontairement ce réflexe d’excitation, en repensant à des situations
qu’elles ont vécues ou en regardant des scènes pornographiques qui leur
plaisent. Mais la majorité ignore où se trouve « l’interrupteur » – ou
comment provoquer l’excitation. Elles pensent que c’est une question de
chance.
Autre cas courant : le réflexe d’excitation est enclenché, mais la femme ne
le remarque pas. Au cours des étapes suivantes, votre but sera de prendre
conscience de ce réflexe et, surtout, de ne pas trop vous concentrer sur la
présence accidentelle d’une excitation initiale, mais plutôt sur vos
sensations elles-mêmes. Ainsi, vous pourrez mieux percevoir et maîtriser ce
réflexe. Votre prochain objectif sera donc de prêter plus attention à vos
sensations pendant les rapports sexuels. Ainsi, la phase d’excitation
transitoire ne sera plus nécessaire.

EXERCICES
1. Écrivez vos fantasmes sexuels et voyez s’ils changent au fil du temps. Si
vous modifiez la façon dont vous vous stimulez, cela modifiera aussi vos
fantasmes. Si vous êtes gênée à l’idée de détailler vos fantasmes,
contentez-vous de noter les mots-clés. Si c’est encore trop difficile,
interrogez-vous la prochaine fois que vous vous masturbez. À quoi
pensez-vous ? Qu’est-ce qui vous excite ? À quoi pensez-vous juste avant
de jouir ? Aimez-vous vos fantasmes ou en avez-vous honte ? Faites de
même quelques semaines plus tard. Remarquez-vous des différences dans
votre film mental ?
Questionnaire des fantasmes :
– Dans vos fantasmes, êtes-vous une femme ou un homme ?
– Êtes-vous active ?
– Faites-vous partie du scénario ?
– Tenez-vous un rôle d’observatrice ?
– Qui d’autre est impliqué ?
2. Modifiez un autre détail quand vous vous masturbez et observez ce que
vous ressentez. Au lieu de faire varier le rythme ou la pression, changez
de position, par exemple. Si vous êtes généralement allongée sur le dos,
mettez-vous sur le ventre. Ou debout. Ou assise. Si votre excitation
diminue, reprenez la position habituelle. Répétez cet exercice plusieurs
fois par semaine.

BON À SAVOIR
Dès que je change quelque chose dans ma façon de me masturber, que ce
soit la pression, le rythme ou juste la position, l’excitation disparaît et ne
revient pas quand je reprends ma technique habituelle. Parfois, je mets trois
fois plus de temps à jouir et il arrive même que je ne jouisse pas du tout. Où
est le problème ?
Cette réaction est tout à fait normale. Chaque fois qu’une femme essaie
d’opérer un changement, elle s’expose à des frustrations et peut avoir envie
d’abandonner. Certaines pensent même avoir perdu la capacité à jouir.
Rassurez-vous : vous jouirez encore. Simplement, votre orgasme est associé
à un schéma précis, une série prédéfinie de caresses, un point particulier sur
votre vulve ou une certaine dose de pression ou de tension. Le moindre
écart peut totalement vous désarçonner.
Voici un exemple : enfant, je prenais des cours de guitare et je plaçais très
mal mes doigts sur l’instrument. En dépit des nombreuses remarques de
mon professeur, je ne voulais pas en changer et, de toute manière, je n’y
arrivais pas. Je n’en voyais pas l’intérêt : ça marchait très bien comme ça.
Mon professeur a fini par me dire : « Si tu veux faire des progrès, tu dois
modifier le placement de tes doigts. » Je me débrouillais assez bien avec ma
méthode, mais dès que je voulais aller plus vite ou jouer un morceau plus
complexe, j’étais coincée. Alors j’ai modifié le placement de mes doigts, et
là… je n’ai plus du tout réussi à jouer ! Ça ne marchait pas.
C’était extrêmement frustrant – j’étais privée de ma technique et je
n’arrivais pas à employer la « bonne ». C’était comme si toutes mes années
de pratique n’avaient servi à rien. Il m’a fallu beaucoup de temps et de
motivation pour réapprendre à jouer, mais tous ces efforts ont payé. Au fur
et à mesure que je me suis améliorée, j’ai pris de plus en plus plaisir à jouer
et c’est devenu de plus en plus facile. Au bout d’un moment, j’ai même
cessé d’y voir une contrainte – j’avais hâte de pratiquer !
C’est normal d’être frustrée. Cela arrive souvent lorsqu’on change de
technique, mais ne laissez pas cette frustration vous dissuader de continuer
à jouer ! Dès que ça ne va plus, reprenez l’ancienne méthode. De temps en
temps, faites comme vous aviez l’habitude de faire. Ce n’est pas un
problème. Cela vous aidera à vous sentir bien et à constater la formidable
étendue de vos capacités. Ce n’est pas grave non plus si vous ne jouissez
pas en essayant une nouvelle technique. Vous apprenez quand même. Bien
sûr, vous serez d’autant plus motivée que l’expérience sera agréable –
d’ailleurs, quoi que l’on fasse, l’expérience est toujours meilleure quand on
garde le sourire.
Vous pouvez modifier un détail, continuer quelques minutes et observer
l’effet produit sur votre excitation. Si elle retombe, vous pouvez toujours
retourner à vos habitudes et faire comme vous savez faire. C’est
parfaitement normal de ne pas être immédiatement excitée quand on
stimule un point qui n’a pas l’habitude de l’être.
J’ai l’habitude de regarder des films pornographiques en me masturbant.
Est-ce que c’est un problème ?
La pornographie peut être source d’excitation. Mais s’il s’agit de votre
principale source d’excitation, cela peut compliquer les choses car, lorsque
vous regardez ces films, vous vous concentrez sur un élément extérieur à
votre corps et vous faites moins attention à ce qui se passe en vous, à la
façon dont évolue votre excitation. Quand vous faites l’amour sans regarder
ce type de films, vous pourriez avoir du mal à trouver et maintenir
l’excitation. Mais cela peut s’avérer utile et il n’y a aucun mal à en regarder,
si cela vous plaît. Idéalement, mieux vaut disposer de plusieurs sources
d’excitation. Donc essayez de vous en passer de temps en temps. Cela vous
aidera à développer des sources d’excitation plus variées.
Si vous le souhaitez, vous pouvez progressivement modifier votre
consommation pornographique. Étape 1 : fermez les yeux de temps en
temps. Étape 2 : détournez les yeux de l’écran pendant des périodes de plus
en plus longues. Étape 3 : contentez-vous d’écouter, en vous concentrant de
plus en plus sur votre corps et vos sensations.
Je ne regarde pas de films pornographiques, mais j’aime lire de la
littérature érotique pour me stimuler. Est-ce que je peux continuer ?
La lecture sollicite plus le cerveau, car elle mobilise l’imagination. Ce qui
se passe au niveau de vos parties génitales devient alors une sorte d’écho à
ce qui se passe dans votre tête. Si vous voulez être excitée en vous touchant
la vulve et le vagin, les lectures érotiques risquent de vous déconcentrer.
Essayez de vous toucher sans lire, et ne prenez votre livre que si vous
sentez que l’excitation retombe ou si vous n’arrivez pas à trouver
l’excitation au bout d’un long moment (jusqu’à vingt minutes). Ou alors,
lisez pour trouver l’excitation, puis posez le livre et concentrez-vous sur vos
sensations. Si l’excitation retombe complètement, reprenez votre livre.
Je ne regarde pas de films pornographiques et je ne lis pas de littérature
érotique. J’utilise juste mes fantasmes pour me stimuler. C’est bien ce qu’il
faut faire, n’est-ce pas ?
Les fantasmes sexuels sont une excellente source d’excitation et peuvent
s’avérer très enrichissants. La plupart des gens en ont. Mais si vous
remarquez que seuls certains vous excitent vraiment et que cette excitation
retombe facilement – par exemple, dès que votre partenaire ne fait « pas
comme il faut », les choses peuvent alors devenir compliquées, car cela
indique que vous avez besoin de vous conformer à un fantasme précis pour
être excitée.
Pour élargir votre répertoire, il faut que votre vagin et votre vulve fassent
partie intégrante du processus d’excitation. Si vous vous focalisez sur un
fantasme, votre excitation disparaîtra à la moindre perturbation, et vous
risquez d’avoir du mal à le prolonger pendant que vous faites l’amour, sans
oublier que cela manque un peu de romantisme.
Pour beaucoup de femmes, les fantasmes sexuels cessent de fonctionner
dès qu’une autre personne intervient. Par exemple, même si, pendant la
masturbation, elles sont tendues et fantasment sur des rapports de
domination brutaux, elles sont très détendues lorsqu’elles bougent avec leur
partenaire et ont du mal à se concentrer sur leur fantasme. Par conséquent,
l’excitation diminue et elles ont du mal à atteindre l’orgasme. Le but n’est
pas de modifier vos fantasmes, mais plutôt de bousculer l’idée selon
laquelle le fantasme est un facteur d’excitation indispensable.
Comment faire alors ? Certainement pas en essayant de vous forcer à ne
plus penser à vos fantasmes. Ceux-ci naissent de ce qui vous excite : le
mouvement, la tension, etc. Si vous voulez les modifier, vous devez aussi
adapter vos schémas d’excitation. Néanmoins, ils sont et restent une source
importante d’excitation dont vous devez faire usage.
Que se passe-t-il quand je me mets à ressasser les mêmes pensées, sans
pouvoir m’arrêter ?
Tout d’abord : ne vous inquiétez pas ! Cela arrive à beaucoup de femmes.
Le stress au travail, une dispute conjugale, la vaisselle sale dans l’évier…
Les émotions et les pensées reflètent naturellement l’état de votre corps :
plus il est tendu, plus vos pensées tournent en rond. Nous avons déjà vu
cela en détail à l’étape 4. Essayez de bouger. Expirez lentement (c’est
important !) et concentrez-vous sur votre corps. Ressentez ce qui se passe
tout au fond de vous. Si vous avez du mal à vous concentrer sur votre sexe,
concentrez-vous simplement sur vos doigts. Plus les mouvements sont
complexes, plus il est difficile de penser à autre chose. Bien sûr, il y aura
des jours où vous ne parviendrez tout simplement pas à « débrancher »
votre esprit – inutile de vous forcer. Si c’est le cas, posez simplement la
main sur votre vulve pour lui offrir un peu de chaleur et d’amour.

CAS PRATIQUE

Julie
Julie est une directrice d’entreprise brillante et séduisante. Elle a
41 ans, n’a pas d’enfant, et entretient une relation saine et
heureuse avec son compagnon. Elle vient me consulter parce
qu’elle se sent dérangée et troublée par ses fantasmes. Elle dit
qu’elle n’a jamais parlé de ce problème à personne. Elle n’a pas
osé en parler car elle trouve cela trop embarrassant. Elle a besoin
d’un peu de temps avant de commencer à me raconter.
Pour s’exciter sexuellement, Julie s’imagine sur scène, nue de la
taille aux pieds, avec tous les regards fixés sur elle. Pour atteindre
l’orgasme, son fantasme prend un tournant « encore plus brutal ».
Julie s’imagine dans un gang bang avec beaucoup d’hommes. Ils
l’immobilisent, elle ne peut pas bouger et se fait « prendre par tous
les trous ». Elle est très troublée de constater que ce fantasme
l’excite.

Elle n’a pas envie de vivre réellement ce genre d’expérience. Julie


dit qu’elle est très libérée et tout sauf soumise. Elle veut savoir ce
que signifie ce fantasme et si elle devrait essayer de participer à
un gang bang dans la réalité. Elle craint qu’il exprime un désir
refoulé – et cette idée l’horrifie. Tout cela induit en elle un
sentiment de culpabilité après la masturbation. Elle se dégoûte et
elle s’en veut, mais aucun autre fantasme ne l’excite. Elle a aussi
essayé les films pornographiques, mais elle a remarqué que son
corps ne réagissait qu’au genre de scènes intenses comparables
à celles sur lesquelles elle fantasme.
Julie utilise aussi ces fantasmes pour atteindre l’orgasme avec son
petit ami, mais elle a du mal à se concentrer, car son petit ami
détourne son attention. Quand il est là, elle s’en veut encore plus
de penser à ces « scènes intenses », et cela lui donne presque
l’impression de le tromper. C’est pourquoi, généralement, elle ne
pense pas à ses fantasmes quand elle est avec lui, et tâche
simplement de profiter de leurs ébats, même si elle sait qu’elle a
peu de chances d’atteindre l’orgasme.
Je commence par lui dire : « Les pensées sont libres. Les
fantasmes sont des fantasmes. » Ses sentiments et ses pensées
sont parfaitement normaux, et son fantasme est en fait très
courant. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle doive le
concrétiser ou qu’elle désire secrètement être immobilisée et
dominée. Elle doit simplement s’autoriser à l’accepter.
Julie parvient alors à poser un regard plus positif sur ses
fantasmes. S’ils fonctionnent bien et l’excitent, elle peut considérer
qu’ils sont bénéfiques. Même si elle estime qu’ils ne sont pas
socialement acceptables, cela ne signifie pas que c’est mal d’en
avoir. Ils ne révèlent pas les besoins ni le caractère d’une
personne. Mais comme nous l’avons vu, il existe toujours un lien
entre le corps et l’esprit.

Je demande à Julie comment elle se masturbe. Manifestement,


elle a besoin de beaucoup de tension. Sa respiration est
superficielle, elle ne bouge pas et place son vibromasseur sur le
côté droit du clitoris. Elle dit qu’elle a besoin d’un niveau de
vibration élevé. Je lui explique que ce type de masturbation
engendre souvent des fantasmes tels que ceux qu’elle décrit. La
tension extrême induit souvent des sentiments de peur et de
colère.
En cherchant à les modifier ou à s’en débarrasser, Julie s’impose
beaucoup de pression inutilement. En revanche, en développant
et en affinant sa perception physique, les images qui lui viendront
à l’esprit ne tarderont pas à évoluer. Elle doit d’abord se pencher
sur son schéma d’excitation si elle veut que ses fantasmes
changent.
Julie est rassurée d’entendre que ses pensées ne reflètent en rien
sa personnalité. Et surtout, elle aimerait pouvoir s’en passer pour
jouir avec son partenaire. Au cours des mois suivants, elle vient
me voir régulièrement et nous travaillons, pas à pas, sur la façon
dont elle se stimule sexuellement. Elle apprend à mieux connaître
son corps et parvient rapidement à développer des schémas
d’excitation variés. Elle apprend à se faire plaisir et se met à
bouger davantage – seule et avec son partenaire. Au bout d’un
certain temps, Julie remarque que sa perception et ses fantasmes
changent. Je lui suggère de ne pas les suivre de trop près, car
cela risque aussi de créer de la tension. Mieux vaut qu’elle se
concentre entièrement sur les exercices. Et quand de nouveaux
fantasmes font leur apparition, je lui conseille de simplement les
accepter puis, au bout d’un moment, de poser sur eux un regard
neuf.
Étape 7
ÇA BALANCE !
La double bascule

V ous commencez à bouger un peu plus en vous masturbant et peut-être


aussi en faisant l’amour. Vous dessinez des cercles avec les hanches,
vous inclinez le bassin d’avant en arrière. Peut-être avez-vous déjà
remarqué que votre excitation varie en fonction du type de mouvement :

Les mouvements fluides de tout le corps diffusent l’excitation et


augmentent à la fois le désir et le plaisir physique.
Les cercles du périnée pendant la pénétration permettent de masser
les parois du vagin.
Les balancements du bassin (ou « double bascule », que nous
étudierons dans ce chapitre) aident à canaliser et renforcer
l’excitation.
Pouvoir jouir plutôt que devoir jouir : ce que l’on cherche vraiment
ici, ce n’est pas l’orgasme, mais le plaisir et la satisfaction qui y
mènent. Plus vous vous concentrez sur votre plaisir et vos différentes
sources d’excitation, plus l’orgasme « vient tout seul ».

Dans les derniers chapitres, nous avons appris à ressentir et attiser


l’excitation. Pour atteindre l’orgasme, il vous faut un petit truc en plus.
L’excitation doit atteindre un degré d’intensité apte à déclencher le réflexe
d’orgasme. Par exemple, la tension musculaire doit augmenter, les caresses
doivent devenir plus vigoureuses ou rapides, la respiration ou les fantasmes
doivent s’intensifier. C’est là que la double bascule entre en jeu. Ce
mouvement de bascule consiste à faire aller et venir le bassin le long d’un
axe. Le haut du corps ne bouge pas. Cela permet de diffuser l’excitation,
puis de la canaliser. C’est très utile car, sans ce petit supplément d’intensité
vers la fin du rapport sexuel, vous pourriez avoir beaucoup de sensations
pendant un long moment et frôler l’orgasme, mais sans y parvenir. La
double bascule s’emploie dans toutes les positions, et de petits
mouvements, lents ou rapides, suffisent.
Commencez par vous entraîner seule, comme d’habitude. Au début, pour
plus de facilité, prenez votre temps et, quelle que soit l’amplitude de vos
mouvements, allez lentement. Bougez la tête de temps en temps, pour
détendre le cou. Vous aurez peut-être l’impression, dans un premier temps,
de faire un exercice de gymnastique. Progressivement, ce mouvement
deviendra parfaitement naturel et vous parviendrez à vous concentrer
uniquement sur vos sensations. Commencez dans la position que vous
prenez habituellement pour vous masturber. Beaucoup de femmes
apprennent d’abord à basculer le bassin sur le dos.

La double bascule sur le dos


Allongez-vous sur le dos, genoux pliés et pieds bien à plat sur le lit ou sur
une autre surface. Glissez une main sous le bas de votre dos, paume vers le
haut, pour mieux sentir le mouvement. Plaquez le dos vers le bas, de
manière à appuyer sur votre main. Une fois que vous avez pratiqué
suffisamment longtemps et commencez à connaître l’exercice, vous pouvez
simplement poser la main à côté de vous. Expirez pendant l’exercice.

Ensuite, déplacez votre poids de manière à creuser le dos et libérer votre


main, tout en inspirant. Une fois que vous avez intégré le mouvement, vous
pouvez retirer la main. Dans l’idéal, les muscles du ventre et des fesses
doivent rester détendus pendant l’exercice – vous pouvez vous en assurer en
posant une main sur votre ventre ou vos fesses.
Même allongée, tentez de faire partir le mouvement du bassin, en
l’inclinant vers l’avant puis vers l’arrière. Balancez lentement, d’avant en
arrière, en inspirant et en expirant régulièrement.

La double bascule à quatre pattes


Mettez-vous à quatre pattes sur une surface confortable, les mains écartées
de la largeur des épaules. Si vous préférez, vous pouvez prendre appui sur
les avant-bras. Arrondissez le dos. N’hésitez pas à exagérer le mouvement
au début. Expirez pendant que vous faites le dos rond.

Ensuite, creusez le dos en inspirant.

Arrondissez de nouveau le dos, puis creusez-le. Répétez ce mouvement


plusieurs fois, en essayant d’enchaîner les positions avec fluidité, sans
saccades.
La seconde étape consiste à faire partir le mouvement du bassin. Inclinez
le bassin de manière à ramener la vulve et le vagin vers votre ventre : votre
dos s’arrondit. Puis inclinez le bassin vers l’arrière : votre dos se creuse.
Enchaînez les mouvements avec fluidité, en imaginant que vous absorbez
quelque chose avec le vagin, que vous le faites entrer en vous. Vous faites
entrer l’objet (un pénis, un dildo ou un doigt) en arrondissant le dos, et vous
le libérez en creusant le dos. Attention : ne cherchez pas trop à trouver la
meilleure position ni le mouvement parfait. Pratiquez simplement ce
mouvement de bascule et soyez attentive aux sensations qu’il vous procure.
Tant pis si vous n’arrivez pas à tout synchroniser du premier coup –
respiration, position et mouvement. Procédez étape par étape et observez
précisément ce que vous ressentez. Sentir son corps est bien plus important
que de réussir l’exercice à la perfection !
À présent, essayez de faire la même chose debout devant un miroir, en
écartant les pieds de la largeur des épaules. Pliez légèrement les genoux,
mais sans les verrouiller, afin de conserver la souplesse nécessaire. Faites le
même mouvement qu’à quatre pattes : balancez le bassin d’avant en arrière.
Expirez en arrondissant le dos et inspirez en faisant sortir les fesses. Vous
pouvez poser une main au bas de votre ventre et l’autre en bas de votre dos,
pour mieux sentir le mouvement.

La double bascule assise


Asseyez-vous confortablement sur un fauteuil et balancez le bassin d’avant
en arrière. Le mouvement sera le même qu’auparavant, mais moins ample,
car cette position restreint votre liberté de mouvement.
Vous pouvez pratiquer la double bascule assise n’importe où – dans le
métro, à l’école ou au bureau. Faites basculer le bassin de façon à peine
perceptible, en alternant entre le dos rond et le dos creux. Ici aussi,
imaginez que quelque chose pénètre votre vagin quand vous le basculez
vers l’avant, puis en ressort quand vous le basculez vers l’arrière.
Vous pouvez aussi faire cet exercice quand, par exemple, vous n’arrivez
plus à réfléchir au travail ou si vous êtes nerveuse avant de prendre l’avion
– c’est-à-dire à chaque fois que vous souhaitez modifier l’état de votre
corps.

La double bascule à califourchon


Avec un oreiller ou une couverture, formez un paquet de la taille d’un torse
humain. Puis asseyez-vous confortablement dessus, jambes pliées. Comme
cette position peut être douloureuse pour les genoux, trouvez d’abord
l’angle qui vous convient le mieux. Vous pouvez poser les mains de chaque
côté de l’oreiller, ou vous asseoir bien droite, avec les mains sur les cuisses.
Commencez ensuite à vous balancer. Poussez – ou plutôt, basculez – le
bassin dans un mouvement de va-et-vient, comme pour les autres exercices,
en inspirant et en expirant à chaque mouvement.

La double bascule est l’un des mouvements permettant de stimuler et


d’intensifier l’excitation. Inutile de vous balancer en continu quand vous
faites l’amour ou quand vous vous masturbez. En faisant occasionnellement
des mouvements fluides et circulaires avec le bassin ou avec tout le corps,
vous parviendrez à mieux diffuser l’excitation et à éprouver encore plus de
plaisir. De temps en temps, laissez vos hanches dessiner quelques cercles ou
faites des huit avec le bassin. Ou imaginez que vous êtes une plante
grimpante, étirez-vous et ondulez dans tous les sens. Cela vous évitera par
ailleurs les raideurs dans le haut du corps et le cou. Avec le temps, ce
mouvement deviendra un automatisme et vous ne pourrez plus imaginer le
sexe autrement.

EXERCICES
1. Entraînez-vous à basculer le bassin. Rien de plus – sans vous masturber
ni faire l’amour. Pour l’instant, le but n’est pas vraiment de trouver
l’excitation mais plutôt d’aider votre corps à comprendre et intégrer ce
mouvement, pour qu’il ne nécessite plus aucune concentration de votre
part. Si vous vous masturbez allongée sur le dos, commencez par
travailler la double bascule dans cette position. Essayez de faire partir le
mouvement du dos, sans vous aider des jambes ni du fessier. Pendant
l’exercice, imaginez que vous ramassez un objet et que vous l’absorbez
avec le vagin, puis que vous le laissez tomber. Une fois que vous
maîtrisez ce mouvement dans cette position, passez à la position suivante
et entraînez-vous au moins quatre fois. Pratiquez la double bascule assise
chaque fois que vous devez attendre assise quelque part. Répétez dans
diverses positions aussi souvent que possible, jusqu’à ce que vous
puissiez le faire sans y penser, de façon automatique. Mais attention :
n’essayez pas de tout faire du premier coup. À chaque entraînement,
concentrez-vous sur une seule des quatre positions.
2. Posez un doigt à l’entrée de votre vagin (en travaillant la double bascule,
si vous le souhaitez) pour voir si vous avez le désir de l’enfoncer un peu
plus. Vous pouvez bouger le doigt ou simplement le laisser posé là. Si
vous voulez vous entraîner pendant que vous êtes excitée, mais que
l’excitation retombe, enlevez votre doigt pour voir ce qui se passe, puis
stimulez-vous comme à votre habitude. Si vous le faites allongée sur le
dos et avez l’impression que votre bras est trop court, placez un oreiller
sous votre bassin ou allongez-vous sur le ventre, les jambes repliées en
dessous du corps.

BON À SAVOIR
Quel est l’avantage de la double bascule et d’autres types de mouvements
par rapport aux différentes méthodes pour augmenter l’excitation ?
Si vous vous contractez tout entière pour faire monter l’excitation, en
tâchant de maintenir cette tension pendant un long moment, vous finirez par
perdre toute sensation, justement à cause de la contraction prolongée des
muscles. Cet état de tension fonctionne pour un plaisir rapide, mais pas
tellement lorsqu’on veut prendre son temps. Par exemple, une personne
chez qui l’excitation provient essentiellement du canal visuel cherchera à
intensifier les stimuli visuels. Or, avec le temps, les images devront devenir
de plus en plus marquantes, car le cerveau s’accoutume à ce qu’il a déjà vu
et a besoin d’être plus fortement stimulé. Les fantasmes aussi doivent
devenir plus intenses – plus brutaux ou plus précis – au fil du temps, car ils
finissent par « s’user ». À la longue, ce processus d’intensification,
déclencheur du réflexe d’orgasme, cesse de faire effet. Le mouvement
continu du corps, et en particulier du bassin, s’avère moins fatigant pour les
muscles, et donc plus favorable aux rapports prolongés. Par ailleurs, c’est
une technique que l’on peut continuer d’utiliser en vieillissant. De plus, elle
offre des sensations plus intenses, car le corps – y compris les organes
sexuels – est alors mieux irrigué.
Dois-je impliquer mon (ma) partenaire ou simplement continuer à faire
l’amour comme d’habitude ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette question. Vous
pouvez mettre en pratique vos découvertes avec votre partenaire ou
continuer de vous entraîner et d’expérimenter seule, sans intégrer
immédiatement à vos ébats ce que vous apprenez. C’est comme vous
voulez. Je conseille généralement à mes patientes d’essayer et d’observer
leurs réactions et celles de leur partenaire.
Quand je fais le second exercice et que je place un doigt à l’entrée de mon
vagin, mon excitation retombe. Que faire ?
Si vous aviez l’habitude de vous stimuler sans vous toucher le vagin,
peut-être que votre doigt vous déconcentre au point de faire retomber
l’excitation, voire de la bloquer totalement. Dans ce cas, stimulez-vous
comme à votre habitude, sans doigt dans le vagin. Quand vous sentez
l’excitation monter, glissez le doigt dans votre vagin. Alternez, avec ou sans
doigt, jusqu’à ce que cela ne vous dérange plus du tout. Cet exercice est
plus facile à faire seule, car vous contrôlez vous-même votre doigt, tandis
que celui de votre partenaire est moins prévisible.
Parallèlement, vous vous familiariserez avec votre vagin et son entrée.
Essayez d’y prêter attention dans la vie de tous les jours : consacrez plus de
temps à votre vagin sous la douche ou quand vous vous hydratez le corps.
Plus votre vagin aura l’habitude d’être touché, moins vous serez dérangée
par ce type de contact quand vous êtes excitée.
J’ai les bras trop courts ! Je n’arrive pas à insérer le doigt dans mon vagin.
Si vous n’y arrivez pas allongée sur le dos, essayez à quatre pattes – c’est
la meilleure position pour se toucher les parties génitales avec la main. Ou
alors, placez un oreiller sous vos fesses ou le haut de votre corps – cela
vous aidera à atteindre votre vagin avec la main. Vous pouvez aussi essayer
allongée sur le côté.
Pourquoi dois-je utiliser mon doigt plutôt qu’un dildo, dont la taille est
pourtant plus proche de celle du pénis ?
On apprend plus vite avec le doigt, car celui-ci est relié au cerveau, tout
comme le vagin. Ainsi, le cerveau est doublement stimulé. Le dildo n’est
pas relié au cerveau, mais il présente tout de même quelques avantages : il
permet d’atteindre des endroits auxquels le doigt n’a pas accès, car il est
trop court – le col de l’utérus, par exemple. Je vous conseille de commencer
par vous entraîner avec le doigt et de prendre de temps en temps un dildo –
qui, contrairement au vibromasseur, ne vibre pas.

CAS PRATIQUE

Jeannette
Jeannette est au début de la cinquantaine et vient me consulter
régulièrement pendant plusieurs mois. Elle a d’abord eu du mal à
s’entraîner de façon régulière, mais avec le temps, elle s’est mise
à mieux comprendre les exercices et s’est sentie plus motivée. Il
n’a pas fallu très longtemps pour qu’elle ressente plus de
sensations en bougeant davantage pendant la masturbation et se
sente très excitée. Mais dès qu’elle bouge avec son partenaire,
son excitation retombe et elle ne ressent qu’un vague plaisir.
Elle est contrariée et se demande si elle connaîtra un jour
l’orgasme avec son partenaire – ou même seule. Cela fait
longtemps qu’elle essaie et elle persévère, mais elle dit avec
frustration : « Je pense qu’il est temps, maintenant ! Il faut que ça
se mette à marcher. »

J’explique à Jeannette qu’introduire du mouvement dans ses


rapports avec un partenaire est la partie la plus difficile du
processus, et que le passage de l’état passif à l’état actif peut
aussi être difficile pour le cerveau. Je lui conseille de faire un pas
de côté plutôt qu’un pas en avant. Elle devrait refaire l’amour avec
son partenaire plusieurs fois comme ils le faisaient auparavant,
afin de retrouver le plaisir d’être avec lui. Je montre à Jeannette
tout le chemin qu’elle a parcouru, et cela lui redonne courage. Elle
laisse le mouvement de côté pendant un temps, et je lui conseille
de ne pas s’y remettre tant qu’elle n’en ressentira pas le désir. Le
moment venu, elle devra y aller très progressivement et
commencer par de tout petits mouvements.
Je lui suggère par ailleurs de moins se concentrer sur le
mouvement et davantage sur les sensations. Quand on n’est pas
dans l’instant présent, on perd de vue l’objectif. Beaucoup de
femmes commencent à s’impatienter en approchant de la ligne
d’arrivée et s’attendent à ce que l’orgasme « fonctionne » enfin.
Ainsi, après plusieurs semaines passées sans vraiment y penser,
elles se remettent à se focaliser dessus. Cela génère souvent de
la contrariété, de la tension et de la frustration.
Quelques semaines plus tard, je demande à Jeannette si elle s’est
remise à bouger pendant la masturbation et ses rapports avec son
partenaire. Elle répond que oui et qu’au début, elle n’a même pas
remarqué qu’elle s’était remise inconsciemment à bouger. Elle se
rend compte qu’elle ne peut plus ne pas bouger.
Elle n’a pas encore atteint l’orgasme, mais cela ne la dérange pas.
Elle n’est plus pressée par le temps. Elle sait qu’elle est en bonne
voie, car elle mesure à quel point sa sexualité et son désir ont déjà
changé. « Je ne me sens plus obligée d’atteindre l’orgasme, dit
Jeannette, je prends déjà beaucoup plus de plaisir qu’auparavant.
»
Étape 8
SOYEZ ÉGOÏSTE !
Écoutez-vous

I l est important d’apprendre à se montrer plus égoïste au lit et d’être à


l’écoute de ses besoins. Comme l’a parfaitement dit une de mes
patientes, il y a peu de temps : « Plus je suis égoïste et plus je me concentre
sur moi-même, mieux c’est… pour moi, mais aussi pour mon partenaire. »
Cela peut sembler étrange de dire que votre égoïsme aide votre partenaire.
Les livres et les magazines débordent de conseils pour devenir l’amante
parfaite, maîtriser les techniques essentielles, satisfaire son ou sa
partenaire… et voilà qu’il faudrait tout oublier pour ne plus penser qu’à soi
? Oui ! Absolument ! Car plus vous prenez ce que vous voulez, plus cela
vous procure du plaisir et plus vous en redemandez. Et c’est extrêmement
attirant ! Une femme qui s’abandonne à son désir et prend ce qu’elle veut,
c’est tout ce dont peut rêver votre partenaire sexuel(le) ! C’est la situation
gagnant-gagnant par excellence.
Plus vous vous concentrez sur votre plaisir, moins vous avez besoin que
votre partenaire bouge de telle ou telle façon. Ainsi libéré(e) de la nécessité
de tout faire exactement comme il faut, il (elle) peut également se
concentrer sur ses propres sensations. Quand on se concentre sur soi-même,
on ne dépend plus entièrement de l’autre pour trouver l’excitation, et c’est
justement le but ! Peu importe comment il bouge ou ce qu’elle fait : vous
pouvez prendre ce dont vous avez besoin pour ressentir un maximum de
plaisir en toute situation.
C’est souvent à cette étape que j’emploie la métaphore de l’arbre pour
parler à mes patientes de la réactivité sexuelle. Votre connaissance de votre
corps et votre pratique constituent les racines, qui font la force de l’arbre.
Sans ces puissantes racines, l’arbre peut facilement céder sous la tempête
ou des vents forts. Mais si ces racines sont bien développées, il résiste
mieux au vent, à la sécheresse et aux autres facteurs de stress. Plus vous
avez de sensations, mieux vous connaissez votre corps, plus il est
développé, plus vous pouvez l’influencer, et moins vous êtes affectée par
les facteurs externes tels que le stress dans votre couple ou au travail.
Mais comment y parvenir ? Premièrement : autorisez-vous à être égoïste.
C’est moins facile qu’on le croit, mais c’est faisable. Pensez à vous quand
vous faites l’amour ! Essayez de ne pas trop vous demander si votre
partenaire aime ce que vous faites ensemble. Demandez-vous plutôt si vous
aimez ça. Si vous cherchez surtout à faire ce qui est bien ou bon pour
l’autre, cela réduit votre capacité à percevoir vos propres sensations. Donc
concentrez-vous sur votre corps ou même sur une partie précise de votre
corps. Que sent votre vagin ? Où est votre main ? Que sent votre clitoris ?
Deuxièmement : bougez plus ! Plus vous bougez, plus vous êtes
connectée à vous-même et à votre excitation. De façon générale, essayez de
bouger plus, comme quand vous vous entraînez en vous masturbant.
Observez ce que vous ressentez. Ce mouvement augmente-t-il vos
sensations ? Qu’en pensez-vous ? Que ressentez-vous quand vous faites des
mouvements circulaires et rapides ou lents ?
Votre partenaire remarquera que vous êtes plus centrée sur vous-même. Il
faut savoir que, dans un couple, les deux partenaires en sont généralement
au même stade de développement sexuel. Les femmes croient souvent que
l’autre sait faire des tas de choses et a énormément d’expérience, et qu’elles
doivent seulement travailler sur elles-mêmes, car leur partenaire est plus
apte à réagir aux schémas ou aux mouvements nouveaux. En fait, c’est
généralement lorsque la femme se met à changer quelque chose que les
limites de l’homme sont révélées. Autrement dit : si, pendant des années,
elle n’a fait qu’encaisser les coups de bassin de son partenaire, le corps
tendu du début à la fin, c’est en se mettant à bouger qu’elle découvrira
vraiment de quoi il est capable. Saura-t-il réagir à ce nouveau type de
pratique ? Peut-il jouir autrement que par ce pilonnage monotone ? S’il
n’est pas si « expérimenté » que ça, il atteindra rapidement ses limites et
aura peut-être envie, lui aussi, d’élargir son répertoire. Pour en savoir plus,
consultez le chapitre consacré aux hommes, dans les dernières pages.
Dans le fond, ce qui vaut pour les femmes vaut également pour les
hommes : une personne qui, depuis des années, atteint l’orgasme en
contractant son corps et grâce à des stimulations très précises verra d’abord
son excitation retomber lorsqu’elle modifiera ce schéma. L’homme, comme
la femme, aura sûrement développé un ou plusieurs schémas et méthodes
d’excitation. Si la femme change de schéma, il devra probablement adapter
le sien aussi. Peut-être a-t-il toujours eu besoin d’exercer un certain type de
friction à l’intérieur du vagin pour jouir. Si sa partenaire se met
soudainement à bouger, le vagin va suivre le mouvement ou s’élargir, et la
friction diminuera. Il est donc parfaitement possible que cela interrompe
occasionnellement son érection et qu’il ait alors besoin d’enrichir son
répertoire, lui aussi.
Comment accompagner votre partenaire au long de ce processus ? Vous
pouvez lui montrer et lui expliquer ce qui a changé pour vous et ce que vous
aimez. Votre partenaire n’est pas médium – il ou elle ne peut pas deviner ce
que vous aimez et ce dont vous avez besoin désormais. Il y a quelques
règles à respecter quand on parle de sexe, pour que la conversation ne vire
pas au cours magistral. Vous éviterez ainsi que s’installe une dynamique de
pouvoir qui ferait obstacle à la communication et aux progrès, et qui
pourrait braquer votre partenaire.
Voici quelques conseils :

Soyez honnête avec votre partenaire. Si quelque chose vous dérange


ou vous inquiète, il est bon de lui en parler. Cela ne sert à rien de dire
que quelque chose vous a plu alors que c’est faux.
Ne dites pas à votre partenaire ce que vous n’avez pas aimé juste
après vos ébats, alors qu’il ou elle est encore au lit, à bout de souffle
et satisfait(e). Si vous êtes insatisfaite ou frustrée, parlez-en, mais
plus tard. Vous pouvez même prévoir un moment précis pour en
discuter.
Choisissez soigneusement vos mots et vos tournures. Si vous lui
faites des reproches, votre partenaire risque de se sentir attaqué(e) et
de riposter ou de se renfermer. Dites par exemple : « J’ai bien aimé
ceci et cela. J’aimerais bien aussi… » ou : « Et si, la prochaine fois,
on essayait plutôt comme ça ? » En revanche, évitez les phrases
comme : « Tu n’as pas fait comme il fallait ! », « Tu pourrais quand
même faire un effort pour… » ou « Tu ne fais jamais… » Le «
sandwich de compliments » fonctionne aussi : d’abord un point
positif, puis une critique et, pour finir, un autre point positif.
Enfin, parler de sexe est aussi une question d’entraînement. Au
début, c’est difficile pour beaucoup de monde, les hommes comme
les femmes. Mais plus on en parle, plus on s’y habitue et ça devient
alors normal, voire érotique et excitant.

Soyez patiente avec vous-même, votre partenaire, l’équipe que vous formez
ensemble et, surtout, votre sexualité à deux ! Ne vous attendez pas à de
grands bouleversements dès le départ. Vos rapports vont changer petit à
petit, mais cela prendra du temps. Peut-être avez-vous déjà remarqué des
changements et des progrès rapides. Jusqu’ici, vous vous entraîniez seule,
donc vous pouviez contrôler tous les mouvements vous-même. À deux, en
revanche, les éléments perturbateurs sont potentiellement nombreux.
Souvenez-vous : le sexe à deux est aussi une question d’entraînement. La
règle est la même : ne cherchez pas à tout faire d’un coup. Changez une
chose à la fois. L’humour peut s’avérer très utile et vous aidera à passer du
bon temps, en dépit des accidents, des ratés et même des échecs cuisants.

EXERCICES
1. Placez un ou plusieurs doigts sur votre vulve. Si vous préférez, mouillez-
les d’abord avec de la salive, du lubrifiant ou de l’huile. Au lieu de bouger
les doigts, bougez le bassin. Basculez et faites des cercles. Pensez à un
chat qui a envie de caresses : il suffit de tendre la main pour que l’animal
vienne y frotter les endroits où il souhaite être touché. Faites comme ce
chat : sans bouger la main, trouvez la stimulation que vous recherchez en
bougeant le corps. Soyez attentive à vos sensations : sont-elles différentes
quand vous ne bougez pas ? Vous pouvez aussi insérer un ou plusieurs
doigts dans votre vagin. Utilisez la double bascule pour faire entrer et
sortir vos doigts, sans bouger la main. Faites cet exercice plusieurs fois
par semaine.
2. Travaillez votre égoïsme ! Quand vous faites l’amour, essayez de vous
concentrer sur ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Si votre attention se
tourne vers votre partenaire, recentrez-vous sur vous-même. Et surtout,
bougez plus pendant les ébats, afin d’obtenir ce qui vous procure du
plaisir.
BON À SAVOIR
Si je me concentre sur moi-même pendant l’amour, ne serai-je pas absente
émotionnellement ? Nos rapports sexuels ne deviendront-ils pas trop
impersonnels si je me perds dans mon propre monde ?
Vous ne serez pas « absente », mais concentrée sur vous-même, sur vos
sensations et votre expérience avec votre partenaire. Vous êtes bien plus
absente quand vous pensez à votre liste de courses ou quand votre
partenaire vous agace en faisant l’amour. Évidemment, au début, il ou elle
pourrait s’étonner de voir que vous bougez plus ou que vous vous caressez,
mais à la longue, cela lui sera également bénéfique.
Soit dit en passant, beaucoup d’hommes affirment qu’il est important pour
eux de voir l’excitation de leur partenaire. Or si deux personnes restent au
lit à attendre que l’autre soit excitée, elles risquent d’attendre longtemps.
L’excitation de l’une a un effet positif sur celle de l’autre.
Nos rapports sexuels ne risquent-ils pas d’empirer si je deviens plus égoïste
?
Vos rapports sexuels vont changer, mais sûrement pas empirer. Avec le
temps, ils deviendront bien meilleurs, parce que vous y prendrez plus de
plaisir et que cela excitera votre partenaire. En vous concentrant plus sur
vos sensations, vous êtes plus ancrée dans l’instant présent et plus réceptive
à l’excitation de votre partenaire. Ni vous ni votre partenaire ne vous
laisserez déconcentrer par des pensées parasites, comme votre dernier
relevé bancaire.
Cela dit, il est vrai que pour faire mieux, il faut changer, et le changement
implique une prise de risque. Quand on s’en tient à ce que l’on a toujours
fait, au moins, on sait à quoi s’attendre. Il faut du courage pour échanger ce
que l’on connaît contre quelque chose de nouveau. Osez !
Que faire si mon partenaire se plaint ? Et s’il aimait mieux comme c’était
avant, parce qu’il préfère donner de grands coups de bassin ?
Il est important de comprendre pourquoi votre partenaire se plaint. En
général, ce n’est pas parce que les nouvelles façons de faire ne lui vont pas,
mais plutôt parce qu’il craint de perdre son érection. Essayez d’être
compréhensive et encouragez-le à repousser ses limites, lui aussi. Vous
verrez comment dans le chapitre dédié aux hommes, en fin d’ouvrage.
Le but n’est pas de bannir les grands coups de bassin de votre répertoire
sexuel – ils restent une possibilité intéressante –, mais ce serait dommage
qu’ils soient la seule option disponible.

CAS PRATIQUE

Béatrice
Béatrice a 39 ans et a le même partenaire depuis longtemps. Leur
couple se porte bien et ils font régulièrement l’amour, même si
c’est surtout quand lui en a envie. Et il en a plus souvent envie
qu’elle – simplement parce qu’il y prend plus de plaisir. Ce n’est
pas un problème majeur pour leur couple, mais Béatrice craint que
ça le devienne si les choses continuent ainsi. Elle a peur qu’il
finisse par se plaindre de toujours devoir faire le premier pas.
C’est pourquoi elle vient me consulter.
Béatrice sait à quoi s’attendre quand ils font l’amour. C’est
agréable, mais elle pourrait très bien s’en passer. Surtout, elle le
fait « pour lui ». Elle se concentre donc avant tout sur son
partenaire. Comme le sexe compte beaucoup pour lui, elle veut
qu’il en tire autant de plaisir que possible. Et dans le fond, elle veut
être une bonne amante.
Je demande à Béatrice de me caresser l’avant-bras. D’abord
d’une manière qu’elle pense être agréable pour moi. Puis je lui
suggère de recommencer, mais en se concentrant uniquement sur
les sensations de ses doigts, sans se demander si je trouve cela
agréable. Après cet exercice, elle comprend que, si elle se
concentre sur l’autre, c’est normal qu’elle ait moins de sensations
et que l’expérience soit moins agréable pour elle.
Béatrice doit apprendre à penser davantage à elle-même, mais
elle craint, en faisant cela, de ne plus être une bonne amante : son
partenaire risque alors de ne plus la désirer et de ne plus aimer
faire l’amour avec elle. Elle a peur qu’il la trouve bizarre et égoïste.
Au fil de nombreuses conversations et grâce à l’expérience
grandissante de Béatrice, nous parvenons à dissiper ses craintes.
Un peu plus tard, elle me dit qu’elle commence à mieux percevoir
les touchers du quotidien – quand elle voit son partenaire, elle se
blottit contre lui et elle trouve ça bon.
Après quelques semaines, elle me raconte leur dernier rapport
sexuel : elle s’est essentiellement concentrée sur elle-même. Au
début, elle s’est sentie très égoïste, mais elle s’est soudain
aperçue qu’elle était très excitée et qu’elle n’avait jamais éprouvé
tant de plaisir au lit. Elle était presque sous le choc. Après l’amour,
elle a eu peur que son partenaire ait remarqué qu’elle était
absorbée par ses propres sensations et sa propre excitation. «
Mais, ajoute-t-elle en souriant, le lendemain, il m’a dit que ça
faisait très longtemps qu’il ne m’avait pas trouvée aussi sexy.
Parce que je m’étais laissée aller comme jamais il ne m’avait vu le
faire. »
Étape 9
SWINGUEZ EN HARMONIE
Mouvement pour duo

B eaucoup de femmes disent qu’en bougeant plus, elles ont plus de


sensations et atteignent presque l’orgasme, mais qu’elles n’arrivent pas
vraiment à ce point de non-retour. Comme nous l’avons vu dans les
chapitres précédents, pour déclencher le réflexe d’orgasme, il faut
intensifier une dernière fois l’excitation. Peut-être avez-vous remarqué que
vous le faites automatiquement en vous masturbant : juste avant de jouir,
vous augmentez la pression avec les jambes ou vous bougez le doigt plus
vite, vous posez le vibromasseur directement sur votre clitoris ou vos
fantasmes deviennent plus intenses.
C’est la même chose quand on veut apprendre à jouir par pénétration.
L’excitation doit monter d’un cran. Pour y parvenir avec un(e) partenaire, le
mouvement est important. Si, par exemple, vous maîtrisez la double bascule
et êtes à l’aise avec ce mouvement, vous pouvez l’intégrer à vos ébats. Elle
peut s’utiliser dans presque toutes les positions, même quand vous vous
sentez « coincée » et pouvez à peine bouger. Essayez de bouger le bassin de
manière à faire entrer le pénis dans votre vagin, comme vous vous êtes
entraînée à le faire avec le doigt. En théorie, le pénis peut rester immobile
tandis que vous le faites pénétrer d’un mouvement du bassin. Il glisse vers
l’intérieur, puis vers l’extérieur. Demandez à votre partenaire de ne pas
bouger et essayez. Quand vous contrôlez le mouvement avec le bassin, vous
contrôlez aussi le rythme.
Si beaucoup de personnes préfèrent faire l’amour que se masturber, c’est
principalement à cause du plaisir émotionnel qu’elles ressentent avec leur
partenaire, et que nous avons exploré à l’étape 2, avec les courbes
d’excitation. Rappelons rapidement que l’orgasme correspond à une
décharge d’excitation sexuelle couplée à une décharge émotionnelle –
autrement dit, une décharge de sentiments et de désir. Quand le réflexe
d’orgasme est déclenché, les muscles du périnée se contractent une ou
plusieurs fois de façon spasmodique. Après cet orgasme purement
physique, la tension musculaire et l’afflux sanguin en direction des organes
sexuels diminuent rapidement. L’excitation physique évolue de la manière
suivante :

Dans l’idéal, pendant un rapport sexuel, en plus de l’excitation physique, la


tension émotionnelle et le plaisir grandissent, eux aussi, jusqu’à la décharge
orgasmique finale. Plus vous êtes capable de lâcher prise émotionnellement
dans le haut du corps, plus l’orgasme sera intense. Mais à quoi ressemble
cette décharge sentimentale ? Certaines femmes expriment leurs émotions
par la voix : elles crient, rient voire pleurent au moment de l’orgasme. Cette
décharge émotionnelle se manifeste donc dans la poitrine, les épaules, la
gorge, le cou, la tête et/ou la voix.

Quand on demande aux femmes ce qu’elles ressentent pendant l’orgasme,


on obtient des réponses très variées, montrant que la limite est fluide entre
la décharge purement physique et l’orgasme intégral. Certaines décrivent
une légère pulsation dans les parties génitales ou une agréable sensation de
lâcher-prise, tandis qu’à l’autre bout du spectre, les femmes parlent d’un feu
d’artifice de chaleur et de lumière, de vol cosmique et d’euphorie extatique.
Dans ce genre de cas, tout le corps, l’esprit et l’énergie prennent part à
l’orgasme.
Ce type d’expériences a de quoi faire envie ! Pour y parvenir, il faut
pouvoir relâcher le haut du corps sur le plan émotionnel – et cela s’apprend,
en particulier parce qu’on a tendance à rester tendue au niveau du cou et de
la mâchoire. Vous pouvez par exemple ouvrir légèrement la bouche en
faisant l’amour, afin de détendre la mâchoire et, par la même occasion,
toute la tête. Quand la bouche est ouverte, les muscles du périnée aussi sont
plus détendus, car ils sont indirectement reliés à ceux de la mandibule. La
respiration aussi est importante. Respirez profondément par le ventre quand
vous faites l’amour : le périnée sort quand vous expirez et reprend sa place
quand vous expirez. Pensez à ouvrir la bouche pour expirer.

Servez-vous de votre voix


Gémissez, juste pour essayer. Si votre voix est claire, c’est que les muscles
du haut du corps et de la mâchoire sont détendus. Sinon, c’est que vous êtes
tendue, et ce n’est pas idéal. Beaucoup de femmes n’osent pas pousser de
forts gémissements. C’est comme si elles avaient un petit agent de police
dans la tête, qui leur interdisait de faire trop de bruit. Ne l’écoutez pas – ce
n’est qu’un rabat-joie ! Cela ne vous vient peut-être pas naturellement, mais
la vocalisation est un excellent moyen de « se mettre dans le bain » et
d’approcher du but. Avec le mouvement et les sons que vous faites, vous
avez toutes les chances d’arriver à lâcher prise.
Grâce à la respiration ventrale et aux gémissements, les sensations et le
plaisir envahissent tout le corps, car l’interaction des muscles et l’alternance
de contractions et de relâchements vous aident à diffuser l’excitation dans
tout votre corps. Vous pouvez faire vos mouvements en vous coupant du
monde extérieur, en vous connectant uniquement à vos sensations.
Autrement dit : dansez comme si personne ne vous regardait. Au cours des
étapes précédentes, peu importait que ce que vous appreniez ou faisiez
manque d’érotisme. Grâce aux gémissements et au lâcher-prise, vous
pourrez ajouter une bonne dose de plaisir et d’érotisme pendant la
masturbation ou les rapports à deux. Vous commencez à intégrer ce que
vous avez appris à vos ébats sexuels, là où les jeux érotiques jouent un rôle
très différent – et très important ! Si vous remarquez que votre excitation
retombe parce que vous pensez trop aux exercices et que vous essayez de
tout faire comme il faut, reprenez vos bonnes vieilles habitudes. Faites
simplement ce dont vous avez envie (vous seule, mais aussi vous et votre
partenaire). D’autres fois, essayez d’appliquer avec votre partenaire ce que
vous avez appris. Allez-y petit à petit, et soyez patiente si cela ne marche
pas du premier coup alors que vous vous en sortez très bien toute seule.
Rappelez-vous que, désormais, vous devez être capable de choisir de faire
ce dont vous avez envie. Si vous voulez jouir en deux minutes puis vous
détendre, n’hésitez pas à vous masturber avec un vibromasseur. Parfois, il
n’y a rien de mieux qu’une formule express. Mais vous pouvez aussi, si
vous le voulez, opter pour le menu gastronomique en dix services. C’est
pour cela que vous vous entraînez !

EXERCICES
1. Intégrez le mouvement à vos ébats à deux. Si ça devient trop compliqué
et trop intellectuel, concentrez-vous davantage sur vos sensations, sans
trop vous soucier du niveau de perfection de votre double bascule.
L’important est que vous en tiriez plus de sensations.
2. Essayez de bouger le haut du corps en vous masturbant, et commencez à
utiliser votre voix et à faire entendre votre respiration. Observez en quoi
cela modifie votre expérience.

BON À SAVOIR
Peut-on atteindre l’orgasme pendant un quickie ?
Les quickies (rapports sexuels brefs) sont extrêmement excitants ! Mais si
l’homme se contente de donner des coups de bassin, sa partenaire aura beau
être excitée, elle ne sentira sûrement pas grand-chose au niveau du vagin, à
part peut-être à l’entrée. Des mouvements plus variés du pénis à l’intérieur
du vagin peuvent stimuler les parois vaginales, même pendant un rapport de
courte durée, ce qui peut s’avérer très excitant sur le plan physique.
J’utilise la double bascule en faisant l’amour, mais je n’ai toujours pas
d’orgasme. Est-ce que je m’y prends mal ?
Quand on s’entraîne, le but n’est pas de savoir si l’on s’y prend mal, mais
de comprendre ce que l’on fait avec son corps, quand et comment on le fait,
ainsi que l’effet que cela produit : quel est votre niveau d’excitation ?
Jusqu’où êtes-vous capable de l’élever ? Que se passe-t-il ensuite ? Une
grande partie des femmes qui me consultent sont impatientes et, au bout
d’un moment, sont tentées d’abandonner. Si vous partez d’un état
d’excitation nulle, il peut vous falloir jusqu’à quinze minutes pour échauffer
vos parties génitales. Et si vous bougez beaucoup parce que vous avez envie
de jouir, il vous faudra parfois encore plus de temps pour atteindre le point
de non-retour, selon l’intensité de votre excitation et le niveau
d’entraînement de votre vagin.
Autre difficulté quand on est à deux : le timing. Tout le monde n’a pas un
excellent sens du timing, et beaucoup de femmes ont tendance à
culpabiliser rapidement. Elles se disent des choses comme : « Cela fait déjà
dix minutes que mon petit ami a la tête entre mes cuisses, et je n’ai toujours
pas joui. Le pauvre ! » Elles se concentrent trop peu sur elles-mêmes et
pensent presque exclusivement à leur partenaire. Donc, même si votre but
ultime, en lisant ce livre, est d’apprendre à jouir en faisant l’amour, vous
devez considérer que la manière dont vous y parvenez est en soi un objectif
tout aussi important. Plus vous avez de sensations, plus le voyage devient la
destination. Le véritable objectif est de faire en sorte que chaque minute
vous procure tant de plaisir que l’orgasme n’est plus qu’une des
composantes essentielles de vos rapports sexuels. Dès lors, le voyage sera si
intense que l’orgasme en lui-même semblera moins crucial. Plus vous aurez
de sensations à chaque instant, plus vous oublierez que vous avez un
objectif.

CAS PRATIQUE

Alice et Léo
Alice vient me voir avec son petit ami, Léo. Elle faisait partie du
groupe dédié à l’orgasme que j’ai lancé avec ma consœur, et les
exercices lui ont beaucoup apporté. Désormais, lorsqu’elle fait
l’amour, elle bouge plus et éprouve plus de plaisir.
Mais lorsqu’elle essaie ses nouvelles techniques avec Léo, cela
cause des conflits, car il a l’habitude de simplement « donner des
coups de bassin ». Or cela ne fonctionne plus, car Alice a évolué
et a envie de bouger. Elle veut qu’il aille plus lentement, pour
qu’elle ait plus de sensations. Léo trouve cela ennuyeux et

les choses ne lui paraissent plus « naturelles ». Ils me consultent


car ils veulent tous deux trouver une solution.
En discutant, il devient clair que le principal problème de Léo n’est
pas que cette nouvelle façon de faire soit ennuyeuse ou « pas
naturelle », mais plutôt qu’il craint de ne pas pouvoir rester en
érection. Cette crainte est justifiée : avec la double bascule, il
ressent moins de frictions que lorsqu’ils font ça « à la dure ». Il est
parfaitement compréhensible qu’il ne parvienne pas à maintenir
une érection constante si leur sexualité change. Lors d’une
pénétration brève et rapide, l’homme est généralement plus tendu
et sent beaucoup de frictions, ce qui attise son excitation, mais
réduit aussi le plaisir. De plus, avec leur ancienne méthode, Léo
n’avait pas besoin de rester très longtemps en érection, car les
ébats étaient moins longs que depuis que Alice intègre la double
bascule. C’est une révélation pour lui lorsqu’il apprend que
beaucoup d’hommes ne parviennent pas à rester en érection du
début à la fin – et que rien ne les y oblige.
J’essaie d’expliquer à Léo qu’il peut tirer avantage de la situation.
Il peut, lui aussi, avoir plus de sensations grâce à la double
bascule et en ayant des rapports sexuels détendus et passionnés.
Cela l’intéresse et il est prêt à essayer, pour s’ouvrir à ces
nouvelles possibilités. Il s’entraîne à faire la double bascule seul,
en se concentrant sur ses sensations.
Avec le temps, grâce aux exercices, il trouve que leurs rapports
sexuels sont beaucoup plus intenses, même quand sa verge ne
reste pas constamment tendue. Il n’est plus déstabilisé quand
l’excitation vient par vagues pendant des ébats prolongés, au lieu
de monter en ligne droite.
Quelques semaines plus tard, ils reviennent me voir et je
remarque immédiatement que quelque chose a changé : ils ont
l’air bien plus amoureux. Ils rient plus, semblent plus insouciants

et se montrent beaucoup plus affectueux l’un envers l’autre. Cet


effet est typique. Quand deux personnes se mettent à faire l’amour
différemment, de façon moins « brutale », mais plus enjouée,
aimante et douce, cette gaieté et cette affection font évoluer la
relation sous tous ses aspects.
Aujourd’hui, Léo et Alice ont une vie sexuelle épanouissante. Ils
n’ont pas uniquement des rapports langoureux et sensuels.
Parfois, ils refont l’amour « à la dure », comme ils l’ont fait pendant
des années. Il n’y a rien de mal à cela. Ce type de pratique a ses
attraits et fait partie de leur répertoire ; cela met de la variété dans
leur vie sexuelle. Et tous deux trouvent très enrichissant de
pouvoir varier les plaisirs.
Étape 10
DÉCOLLER ENSEMBLE
Une sexualité épanouie pour la vie

C ertains couples ont des rapports sexuels satisfaisants et sensuels


pendant des années, voire des décennies. Que font-ils différemment ?
Se disputent-ils moins ? Sont-ils en meilleure santé ? Moins stressés ? Ont-
ils moins de problèmes dans la vie courante ? Leur relation est-elle plus
harmonieuse ? Ont-ils des enfants sans problèmes ou pas d’enfants du tout ?
Ont-ils des beaux-parents plus sympas ?
Voici la principale différence : dans ces couples, les deux partenaires ont
envie de faire l’amour parce qu’ils ou elles savent que ça leur fait du bien.
Parce que ça les excite, parce que ça les rapproche, parce que c’est un bon
moyen de se détendre… Chaque partenaire a ses raisons et tire le maximum
de la sexualité avec l’autre. Chacun(e) a un fort besoin de sexe et de
rapports physiques, et souhaite le satisfaire. Cela s’explique par un bon
développement des liens entre les organes sexuels et le cerveau : le moindre
contact procure beaucoup d’excitation, de plaisir et de joie. Les deux
partenaires sont donc satisfait(e)s, confiant(e)s et détendu(e)s pendant et
après les ébats. C’est le même type de sensation que celle ressentie après
une séance de course à pied ou un excellent repas.
Toujours est-il que peu de couples conservent une vie sexuelle aussi
active et épanouie pendant de nombreuses années. Pourtant, pour la plupart,
la situation de départ est la même. Généralement, quand deux personnes
apprennent à se connaître, elles essaient beaucoup de choses. Avec le temps,
elles finissent par laisser de côté ce qui ne marche pas très bien ou ce qui ne
leur a pas plu du premier coup. Alors, bien souvent, leur répertoire
s’amenuise, pour ne plus compter que trois ou quatre positions, quelques
techniques et un rythme précis. Au moindre changement, c’est tout le
système qui s’effondre. Si vous changez, votre partenaire aussi doit
changer. Cela demande du courage ! Au début, il ou elle peut se sentir mal à
l’aise, ou la situation peut s’avérer embarrassante, car tout ne marche pas
tout de suite comme vous le souhaiteriez. Pour avoir de meilleurs rapports
sexuels et un répertoire élargi, il faut que les deux partenaires fassent
preuve de courage et d’une volonté de changer. Ils ou elles doivent
apprendre à exprimer leurs désirs et à faire des suggestions.
Tout cela est plus facile à dire qu’à faire. Pour beaucoup de gens, le sexe
est une chose très intime et délicate, et ils ne supportent pas d’être offensés
ou critiqués sur ce sujet. De plus, la sexualité féminine, en particulier, reste
bien souvent un sujet tabou et honteux. Il y a des femmes qui pensent
qu’elles n’ont pas le droit de réclamer du sexe. Dans certains couples, cela
va si loin que la femme estime qu’elle perdrait la face si elle avouait avoir
des désirs sexuels. On continue de croire au mythe selon lequel les femmes
ont moins d’appétit sexuel que les hommes. Même si c’est totalement faux
et absurde, cela peut empêcher des femmes d’admettre leurs désirs et leurs
besoins sexuels. Elles ne veulent pas passer pour des êtres guidés par leurs
pulsions, mais plutôt pour des créatures modérément sensuelles. C’est dû
aux normes sociales, qui nous montrent à quel modèle se conformer et nous
font douter de nous-mêmes. Bien souvent, ces craintes et ces inquiétudes
compliquent la mise en pratique de ce que vous avez appris avec votre
partenaire. Chez certaines femmes, cela produit aussi des effets physiques :
elles se figent et ont moins de sensations quand elles font l’amour.

Le principe de la fête
Lorsqu’une patiente me dit que les petites voix dans sa tête la font douter,
en affirmant qu’elle ne doit pas, ne devrait pas ou ne peut quand même pas
faire ce dont elle a envie, et que cela la rend tendue et passive lorsqu’elle
fait l’amour, je lui parle du principe de la fête.
Imaginez que vous êtes invitée à une fête, mais que vous n’avez pas envie
d’y aller. Que faites-vous ? En général, vous y allez quand même, par
politesse. Après tout, vous êtes invitée. Une fois sur place, même si la fête
n’est pas géniale et que vous n’êtes pas très amie avec les autres invités,
dans l’ensemble, il ne tient qu’à vous de passer un bon moment. Vous
pouvez soit rester dans un coin à mourir d’ennui, soit vous mêler à la foule
et danser jusqu’au bout de la nuit. Vous aurez plus de chances de passer une
bonne soirée en choisissant la seconde option. Parce que vous vous serez
soudain débarrassée de toutes vos inhibitions ? Parce que vous vous
moquerez tout à coup du regard des autres ? Non !
Parce que, quand on bouge de façon intensive, le cerveau perd sa capacité
à s’inquiéter. Les mouvements automatiques permettent de se concentrer
sur les pensées et les soucis, alors que les mouvements plus complexes
sollicitent davantage le mental. Si vous êtes timide, commencez par bouger
prudemment. Vous sentirez quand même la différence.
C’est pareil pour le sexe : quand tout le corps est mobilisé, vous êtes
forcée de vous concentrer sur vous-même et vos sensations. Il n’y a plus de
place dans votre cerveau pour l’inquiétude. Les petites voix dans votre tête
se taisent.

Ne visez pas la perfection


Le perfectionnisme aussi peut poser problème. Certaines femmes pensent
qu’elles ne peuvent faire l’amour que si leur appartement est propre, si elles
ont les jambes épilées et si elles se sentent en parfaite harmonie avec leur
partenaire. Or toutes ces conditions sont rarement réunies. L’appartement a
beau être impeccable et vos jambes épilées, il se peut qu’en arrivant, votre
partenaire se montre moins tendre que vous l’espériez, et donc que vous
renonciez à faire l’amour juste parce que l’un des paramètres fait défaut.
Mais grâce à ce plan en dix étapes, ces conditions deviendront secondaires.
Plus votre appétit sexuel grandira, moins elles auront d’emprise.
Beaucoup de femmes me disent que, même si elles comprennent très bien
ce principe, elles ont du mal à l’appliquer. Elles savent bien qu’il est
rarement possible, et encore moins nécessaire, de réunir toutes ces
conditions, mais sur le plan émotionnel, en dépit de leur bonne volonté, il
leur est difficile de s’adapter. Cela s’explique de façon assez logique et
repose une fois encore sur le système nerveux sympathique. Les
innombrables tâches et devoirs que l’on essaie d’accomplir chaque jour du
mieux que l’on peut mettent notre corps en état d’alerte. Dès lors, si tout ne
se déroule pas comme prévu avec notre partenaire, nos systèmes
mécaniques de défense passent à l’action. Le sexe et la tendresse ne font
plus partie des options et semblent inenvisageables. Mais ce n’est pas une
fatalité. Au cours des étapes précédentes, vous avez acquis les outils pour
sortir de cet état d’alerte. L’astuce, dans ces moments-là, consiste à
admettre que vous êtes en train de reproduire un schéma biologique
automatique, avec lequel vous pouvez décider de rompre – si vous le
souhaitez. Et les meilleurs moyens pour y parvenir sont le mouvement et la
respiration.
À ce stade, certaines patientes objectent qu’en dépit des dix étapes et
même si elles connaissent mieux leur corps, elles ne sont pas constamment
dans les bras de leur partenaire. Cette réflexion est essentiellement liée à
l’idée, partagée par beaucoup de couples, que le sexe obéit à un principe de
spontanéité. Notre société est régie par le mythe selon lequel les bons
rapports sexuels sont forcément spontanés. En réalité, nombreux sont les
aspects de notre vie où la spontanéité n’a plus sa place, que ce soit par
nécessité ou par volonté. On planifie son temps libre, on prévoit des
moments pour faire du sport ou sortir avec ses amis, on se réserve du temps
pour voir sa famille. Pourquoi le sexe échapperait-il à la règle ? Pourquoi ne
peut-on pas se réjouir à l’avance du prochain rapport sexuel planifié, tout
comme on se réjouit de dîner avec sa meilleure amie ou d’aller à son cours
de yoga ? L’attente suscitée génère une énergie importante. Pourquoi ne pas
l’utiliser pour faire l’amour ?
À toutes les personnes qui se heurtent à ce principe de spontanéité (c’est-
à-dire la plupart des couples), je conseille de prévoir plusieurs « soirées
sexe » sur leur calendrier. Attention : cela n’a pas besoin d’être
extraordinaire à tous les coups. Si vous faites l’amour régulièrement, peu
importe si c’est un peu ennuyeux de temps en temps. C’est comme manger
un sandwich jambon-beurre entre trois dîners gastronomiques.
Comment avoir une sexualité plus active et une relation plus érotique ?

Courage ! Ayez confiance l’un(e) envers l’autre. Tant pis si votre


partenaire n’aime pas tout de suite une nouvelle technique ou n’est
pas emballé(e) par une nouvelle idée. Cela fait partie du jeu.
Activez-vous ! Plus les personnes sont en couple depuis longtemps,
moins elles bougent en faisant l’amour. Statistiquement, les couples
sont nettement plus actifs au lit au début de leur relation. Alors
bougez ! Je ne veux pas forcément parler d’exploits gymniques :
même de petits mouvements lents peuvent vous mener à votre
objectif.
Redécouvrez-vous : avec le temps, les gens ont tendance à
s’appuyer sur des schémas de plus en plus précis et de moins en
moins nombreux. Ils essaient moins de choses nouvelles ou se
contentent de répéter à chaque fois le même programme testé et
approuvé. En d’autres termes : ils deviennent paresseux. Il est
important de redevenir actif et de redécouvrir le corps de l’autre –
même lorsqu’on pense déjà le connaître sous toutes les coutures.
Ne cherchez pas toujours à décrocher la lune : massez-vous
l’un(e) l’autre sans faire l’amour ensuite. Embrassez-vous
longuement, mais sans aller plus loin. Multipliez les contacts dans la
vie de tous les jours, de manière à accentuer le désir.
Ne vous attendez pas à un miracle : la passion ne revient pas en un
claquement de doigts, mais même de petits changements peuvent
faire la différence ; allez accueillir votre partenaire quand il ou elle
rentre à la maison, au lieu de simplement lancer un « bonjour »
depuis la pièce d’à côté. Serrez votre partenaire dans vos bras.
Offrez-lui un vrai baiser, et non une petite bise sur les lèvres.
Ne faites pas de l’harmonie une condition du désir : certaines
femmes disent qu’elles ne peuvent faire l’amour que si tout est
parfait. Essayez de dissocier le désir et cette idée de parfaite
harmonie. Le désir sexuel peut aussi surgir lorsque tout n’est pas au
point. Essayez de voir ce qui se passe quand vous vous enlacez alors
que vous pensez tous les deux que l’autre est un(e) crétin(e).
Enfin et surtout : faites preuve de patience l’un(e) envers l’autre !

EXERCICES
1. Cet exercice a été inventé par le sexologue systémique Ulrich Clement, et
j’aime le proposer à mes patientes. Il peut se résumer ainsi : demandez à
votre partenaire d’écrire sur un morceau de papier ses souhaits sexuels ou
même un scénario sexuel idéal, puis de le glisser dans une enveloppe.
Faites de même, puis discutez pour savoir si vous avez envie d’ouvrir
l’enveloppe de l’autre et ce que cela impliquera. Vous n’êtes pas
obligé(e)s de les ouvrir et, si vous le faites, vous n’êtes pas tenu(e)s de
mettre leur contenu en pratique – ce n’est pas le but. Cet exercice devrait
vous aider à déterminer ce que vous souhaitez à deux et ce que suscitent
en vous les désirs sexuels de l’autre. Voulez-vous vraiment les connaître ?
Vous intéressent-ils vraiment sur le long terme ?
2. Utilisez le principe de la fête. Quand les petites voix dans votre tête vous
disent que vous n’avez pas le droit d’être une créature assoiffée de sexe,
prenez-en activement conscience et décidez si vous souhaitez les écouter
ou pas. Si vous ne le souhaitez pas, écoutez-vous : bougez autant que
possible, même si vous n’en avez pas vraiment envie. Prenez l’initiative !
Soyez deux fois plus active ! Montrez-vous encore plus passionnée !
Imaginez-vous au milieu de la piste de danse, en train de vous éclater,
même si vous aviez plutôt prévu de rester sur votre canapé.

BON À SAVOIR
Que faire si je n’ai pas envie de faire l’amour – juste après une grosse
dispute, par exemple ?
Bien sûr, rien ne vous oblige à faire l’amour, ni dans ces moments-là, ni à
aucun autre. Mais vous avez peut-être remarqué que vous pouviez utiliser
votre corps pour influencer vos sentiments, et pas uniquement l’inverse. La
colère, la mauvaise humeur ou le stress peuvent se dissiper après un
moment agréable et charnel avec votre partenaire. Inutile d’être en parfaite
harmonie pour ça. Faire l’amour malgré la dispute peut avoir un effet
extrêmement positif sur votre relation : d’une part, parce que le sexe et
l’orgasme vous aident à vous détendre et, d’autre part, parce que cela
resserre les liens. Mais comment s’ouvrir au sexe même en l’absence de
désir ? Pensez au principe de la fête : allez voir votre partenaire, embrassez-
le (la), caressez-le (la) tendrement. De cette façon, vous mettez fin à la
spirale descendante. Bien sûr, il n’est pas question de faire l’amour contre
sa volonté, mais de s’offrir et d’offrir à l’autre une chance de voir si
l’appétit vient en mangeant. Comme le dit le tatouage d’une de mes
étudiantes : « Faire un câlin, c’est se réparer mutuellement. »
Que faire quand mon (ma) partenaire n’a pas envie ?
Au bout d’un certain temps, les couples adoptent un schéma de «
séduction inversée ». Il y aurait de quoi écrire un livre sur le sujet, mais en
résumé, cela signifie que chaque partenaire en veut à l’autre, se vexe
facilement et a des idées très arrêtées sur la façon dont il ou elle souhaite
être séduit(e). Or, la séduction consiste en fait à se demander : « Comment
faire pour convaincre l’autre de faire ce que je souhaite faire ? » En tant que
séductrice, vous devez réfléchir à la manière dont vous pouvez inciter votre
partenaire à s’impliquer.
Par exemple, si vous avez envie d’aller au cinéma voir un film à l’eau de
rose alors que vous savez que votre partenaire n’aime pas ça, vous devez
faire preuve de créativité et trouver un moyen pour l’y emmener quand
même. Vous promettez du pop-corn et faites l’éloge de l’actrice principale.
Vous réfléchissez à des arguments imparables. Vous exploitez ses points
faibles. Appliqué à la chambre à coucher, cela revient à se demander : «
Comment faire pour lui redonner envie de faire l’amour ? »
On se connaît depuis si longtemps. N’est-ce pas bizarre de faire tout à coup
semblant d’ignorer ce que veut mon (ma) partenaire ?
Repensez à la notion de séduction. Au quotidien, vous essayez souvent de
rendre ce que vous désirez séduisant aux yeux de votre partenaire. Pourquoi
ne pas faire pareil avec le sexe ? Réfléchissez à ce que vous faites dans
d’autres domaines de la vie pour séduire votre partenaire, et appliquez cela
au sexe. Libérez-vous des clichés. La séduction ne nécessite pas forcément
un porte-jarretelles et un négligé. Cela commence bien avant les ébats. Vous
pouvez lui envoyer des SMS, lui lancer des regards langoureux, jouer sur la
distance et la proximité, en lui caressant nonchalamment le bras avant de
vous éloigner à nouveau. Mais si vous avez envie d’enfiler un porte-‐
jarretelles, alors foncez ! Le courage est toujours récompensé.
Quand une relation dure, on vit beaucoup de choses ensemble et on finit
par se connaître par cœur. C’est formidable, mais cela rapproche tellement
que l’on a rarement l’occasion de se languir de l’autre ou de le voir de loin.
C’est un phénomène automatique : l’autre est toujours là. Pour que la
relation soit érotique, il faut y introduire un peu de distance et d’espace de
temps en temps : du temps pour soi. C’est très important aussi pour votre
sexualité.
Je conseille à mes patientes de passer du temps seules ou avec des amies,
et de se réserver du temps pour elles-mêmes. Cela aide à faire renaître
l’excitation de retrouver l’autre – et peut-être même à retomber amoureux.
Y a-t-il des positions qui peuvent m’aider à atteindre l’orgasme plus
facilement ?
Oui et non. Cela dépend, d’une part, de quelles parties de votre vagin et
de votre vulve sont les mieux sensibilisées et associées aux réponses
sexuelles dans votre cerveau.
Si, par exemple, vous avez sensibilisé la zone G, vous atteindrez plus
facilement l’orgasme dans les positions qui stimulent cette zone. D’autre
part, cela dépend de la forme du pénis de votre partenaire. En général, si
vous avez découvert et bien sensibilisé toutes les zones de votre vagin, la
position n’est pas primordiale.
Une fois que j’ai terminé les dix étapes, l’entraînement est-il fini pour de
bon ou dois-je tout reprendre du début au bout d’un certain temps ?
Les connexions entre votre vagin et votre cerveau s’affaibliront si vous
cessez de consacrer du temps à vos parties génitales. Mais en principe, c’est
comme le piano : une fois que l’on a atteint un certain niveau, même quand
on est un peu rouillé, il suffit de se dégourdir les doigts pour rejouer les
morceaux que l’on maîtrisait autrefois. Cela dit, pourquoi laisseriez-vous
votre sexualité de côté si elle vous procure du plaisir ?

CAS PRATIQUE

Clara et Tom
Clara a 42 ans. Elle a deux enfants et travaille dans le marketing.
Elle est venue me consulter parce qu’elle veut apprendre à mieux
connaître son corps, retrouver sa libido et atteindre l’orgasme «
plus facilement ». Elle a souvent eu des périodes où elle ne
ressentait aucun désir sexuel, et son mari, Tom, le lui reprochait :
c’était sa faute à elle si leur vie sexuelle n’était pas terrible. Au
début, elle l’a cru. Elle a voulu ressentir plus de désir et « régler le
problème ». Dans le fond, elle ne voulait pas que cela nuise à son
couple. Clara est donc venue me voir pendant plusieurs semaines,
et Tom l’a beaucoup soutenue. Il l’a encouragée à prendre en
main sa sexualité : il voulait qu’elle comprenne pourquoi il aimait
tant le sexe.
Clara a appris à faire les exercices de ce livre, à mieux connaître
son corps et à bouger de plus en plus pour attiser l’excitation.
Pourtant, lorsqu’elle a essayé de mettre cela en pratique avec
Tom, il s’est soudain montré moins enthousiaste. Clara voulait qu’il
aille moins vite et qu’il utilise tout son corps, pas seulement son
bassin. Tom a fait tout son possible : il voulait bien faire, d’autant
plus que c’était lui qui avait encouragé Clara à faire une
sexothérapie. Mais la mise en pratique s’est avérée moins facile
que prévu. Il avait un problème de rythme. Lorsqu’il bougeait plus
lentement, cela le stressait. Il ne le disait pas, mais il avait peur de
perdre son érection. Il exprimait simplement sa frustration en
prétextant que c’était trop compliqué. Par ailleurs, il avait le
sentiment de faire l’amour de façon planifiée, et non plus au gré de
ses pulsions. Cela allait à l’encontre du principe de spontanéité,
selon lui.

Il n’est pas rare que la sexothérapie cause des tensions au sein du


couple pendant un temps. Comme je le dis dès le début à tous
mes patients, la thérapie peut susciter de l’incertitude et de la
colère. Il est souvent plus facile de glisser les choses sous le tapis
que de les examiner de près. Quand une personne change puis
exige que ses rapports sexuels avec son ou sa partenaire
changent aussi, cela peut ébranler beaucoup de choses.
Je conseille à Clara de venir me voir avec Tom. Il accepte et je les
accueille ensemble. En discutant, je m’aperçois que Tom aimerait
que Clara se concentre un peu plus souvent sur lui. Il voudrait de
longues fellations intenses, mais Clara est « trop paresseuse ».
Elle en dit autant de son mari : Tom est « trop paresseux » pour
vraiment répondre à ses besoins à elle – en général, il ne
s’intéresse qu’à sa propre satisfaction.
Tous deux se plaignent d’avoir trop peu de temps pour l’autre. Ils
consacrent beaucoup de temps et d’attention à leurs enfants, et
voient souvent leurs amis. Ils remarquent qu’ils ne se parlent plus
vraiment depuis plusieurs années. Ils partagent des choses et
parlent de la vie de tous les jours, mais ils ne bavardent presque
jamais de leurs sentiments ou de leurs problèmes. Ils ne passent
jamais de soirée à deux non plus. Soit ils ont les enfants, soit ils
voient leurs amis. Selon eux, c’est simplement plus intéressant,
même si l’un et l’autre trouvent ça un peu triste.
Durant la thérapie, ils apprennent d’abord à opérer des
changements sur les plans émotionnel et communicationnel. Ils
doivent être plus honnêtes l’un envers l’autre, même quand cela
risque de les mettre mal à l’aise. Ils commencent par remettre en
question les schémas qui sont devenus automatiques dans leur
relation. Clara, par exemple, est toujours agacée quand Tom «
range mal la vaisselle, comme à son habitude ». Tom dit qu’il n’y a
pas de quoi s’énerver pour ça.

Il ne le remarque pas et ne le fait pas exprès. Il est utile


d’examiner ces situations d’un peu plus près. Ici encore, ils ont
tous deux besoin d’apprendre à être plus honnêtes, au lieu de
simplement s’énerver. Ce genre de conflit peut être désamorcé si
l’on en parle de façon directe et amicale. Clara devrait expliquer
clairement ce qui l’agace : que Tom ignore quelque chose qu’elle
trouve important. Elle devrait le lui dire – même s’il ne veut pas
l’entendre.
Pour bien communiquer, il est important de ne pas se cacher
derrière des platitudes. Certains schémas s’insinuent trop souvent
dans les relations à long terme : dans ce cas, l’un des partenaires
se résigne à l’idée que l’autre « a moins envie de faire l’amour ».
C’est frustrant, mais confortable. Tom s’en plaint parfois, mais
comme bien souvent il est lui-même stressé et fatigué, cela
l’arrange de ne pas être sollicité au lit.
Clara et Tom se mettent à parler en toute franchise, y compris de
sexe. Lors des conversations, il devient clair que Tom est si
stressé au quotidien qu’il n’accorde plus tellement d’importance au
sexe, mais c’est plus pratique pour lui d’affirmer que c’est la faute
de Clara si leur vie manque d’érotisme. Il ne tenait pas vraiment à
prendre les choses en main, il voulait simplement que « tout
fonctionne bien ». Envoyer sa femme faire une sexothérapie lui a
donc paru être la solution idéale.
Tout en me parlant, Clara et Tom s’aperçoivent que leur mariage
ne fonctionne pas non plus très bien sur d’autres plans. D’abord
frustré, Tom se rend compte qu’il doit travailler sur lui-même s’il
veut que son mariage et sa vie sexuelle s’améliorent. Il commence
donc à me consulter seul.
Clara aussi continue à me voir. Elle doit apprendre à ne pas
souffrir en silence, mais à exprimer ce qui lui fait du mal, même si
cela les met mal à l’aise à court terme. Elle comprend aussi qu’elle
et son mari doivent prendre du temps pour eux deux s’ils veulent
vraiment se retrouver.

Alors ils se réservent des week-ends et des soirées à deux. Ils


planifient leur vie sexuelle et parlent en thérapie de ce qu’ils
veulent réellement. Même si chacun en avait « une vague idée »,
ils n’ont pu réellement comprendre les désirs précis de l’autre
qu’en en parlant ensemble. Au début, exprimer leurs désirs les
mettait mal à l’aise, car ils craignaient que l’autre ne comprenne
pas. Il leur a fallu du temps pour surmonter cette étape – ce qui
est parfaitement normal. En fait, il fallait simplement qu’ils
s’habituent à s’ouvrir l’un à l’autre.
Nous faisons différents exercices ensemble pendant la thérapie.
Par exemple, je demande à Tom et à Clara de se toucher, d’abord
de manière à faire plaisir à l’autre, puis de manière à se faire
plaisir à eux-mêmes. Cela les aide à rompre les schémas, à
essayer de nouvelles façons de se toucher – tour à tour
délicatement, intensément ou brutalement – et à observer les
sensations que leur procure chacun de ces touchers.
La vie sexuelle de Clara et Tom s’améliore au fil du temps. Bien
sûr, il y a encore des périodes où ils font moins l’amour, mais fini
les longues traversées du désert. Quand ils n’ont pas fait l’amour
depuis un certain temps, ils n’ont plus besoin de faire tant d’efforts
pour s’y remettre. Ils ont tous deux appris à dire quand ils n’ont
pas envie de faire l’amour, mais aussi quand ils en ont envie. Et ils
font en sorte de se réserver suffisamment de temps à deux sur le
calendrier.
APERÇU DES EXERCICES

P our vous simplifier la tâche, voici la liste détaillée de tous les exercices
des dix étapes.

Étape 1
MINI-LEÇON D’ANATOMIE :
LE VAGIN, LA VULVE ET LE CLITORIS
1. Touchez votre vulve et votre vagin plusieurs fois par semaine. Comment
? Commencez par un petit échauffement. Fermez le poing gauche sans
serrer, pour représenter vos parties génitales, puis insérez-y lentement
l’index droit : que sentez-vous ? Où sont les parties molles ? Où sont les
parties chaudes ? Y a-t-il des zones rugueuses ? Ensuite, faites la même
chose avec votre vagin : touchez d’abord les différentes parties de votre
vulve puis, lorsque vous êtes prête, insérez lentement un doigt dans votre
vagin et posez-vous les mêmes questions. Concentrez-vous sur ce que
touche votre doigt plutôt que sur les sensations de votre vagin. Le but est
de découvrir votre vulve et votre vagin. Si vous n’avez pas l’habitude de
vous toucher de cette manière, essayez de faire l’exercice en souriant.
Cela déclenchera des émotions positives dans votre cerveau, ce qui
facilitera l’exercice.
2. Pensez aussi précisément que possible à la façon dont vous ressentez
l’excitation pendant que vous réalisez le premier exercice, mais aussi
lorsque vous ne vous touchez pas. Où ressentez-vous l’excitation ? Que
ressentez-vous ? Est-ce une sensation d’ordre physique ou plutôt
émotionnel ? Est-ce différent quand vous vous touchez et quand vous ne
vous touchez pas ? Beaucoup de femmes ont du mal à mettre des mots sur
l’excitation et, parfois, ne remarquent même pas qu’elles sont excitées,
alors que leur corps en montre des signes. Essayez de repérer les subtils
changements qui s’opèrent au niveau de vos parties génitales.

Étape 2
OÙ J’EN SUIS
MON CORPS ET CE QUE J’AIME
1. Observez-vous pendant la masturbation et pendant les rapports, puis
répondez aux questionnaires des pages 38 et 39. Faites tout exactement
comme d’habitude. Si vous ne vous êtes jamais masturbée, ou très
rarement, commencez maintenant en suivant votre intuition. Faites
simplement ce qui vous fait du bien. Notez que, même si,
étymologiquement, le mot masturbation implique l’usage de la main, il
désigne dans ce livre toutes les pratiques employées pour se procurer du
plaisir sans partenaire – que ce soit en se touchant de diverses manières, à
l’aide d’un vibromasseur, en serrant les cuisses, etc. Le but est d’obtenir
une description aussi précise que possible – une sorte de registre de
masturbation, comme le scénario d’un film. Masturbez-vous plusieurs fois
par semaine : si le fait de vous observer vous distrait et trouble vos
habitudes, il vous faudra peut-être un peu de temps pour obtenir une
image fidèle.
2. Réfléchissez au rapport que vous entretenez avec vos parties génitales. Y
prêtez-vous beaucoup d’attention au quotidien ? Avez-vous conscience de
votre vagin et de votre vulve ? Quand y pensez-vous ? Y pensez-vous de
façon plutôt positive ou négative ? De temps en temps, envoyez un
message mental à votre sexe pour lui demander comment il va.

Étape 3
D’OÙ JE VIENS
MON PASSÉ SEXUEL
À partir de maintenant, vous allez tout doucement étendre le champ de vos
habitudes. Vous avez peut-être envie de tout changer d’un coup, mais cela
ne fonctionnera pas. Comme souvent dans la vie, il vous faudra du temps
et de la patience.
Modifiez un détail lorsque vous vous masturbez et observez l’effet produit.
Si vous avez l’habitude de bouger les doigts rapidement ou d’appuyer
fort, essayez d’aller lentement ou d’appuyer plus doucement. Ou essayez
de modifier votre niveau de tension corporelle ou de varier le tempo.
Si vous remarquez que vos sensations et votre niveau d’excitation
diminuent, retournez à vos bonnes vieilles habitudes. Laissez monter
l’excitation, puis reprenez avec la nouvelle version et le nouveau rythme.
Ne modifiez pas toute votre technique d’un seul coup ; changez plutôt un
élément à la fois. Sinon, votre excitation risque de retomber au point mort.
Répétez l’exercice plusieurs fois par semaine. Peu importe si cela vous
mène à l’orgasme ou pas.

Étape 4
BOUGEZ !
POURQUOI LE MOUVEMENT COMPTE
1. Commencez par bouger en vous masturbant, en faisant d’abord de petits
mouvements. Basculez le bassin d’avant en arrière. Essayez de ne pas
rester passivement allongée. Contractez volontairement les muscles puis
détendez-les. Quand l’excitation retombe – ce qui arrivera
probablement –, reprenez votre schéma habituel de manière à la faire
remonter, puis recommencez à bouger. Là encore, faites de petits
mouvements au début. Avec le temps, vous verrez que votre excitation
dure plus longtemps et que vous ressentez de plus en plus de choses. Si
vous ne jouissez pas, ce n’est pas grave. Refaites l’exercice plusieurs fois
par semaine.
2. Touchez votre vagin centimètre par centimètre et étudiez attentivement
les sensations que chaque point vous procure. Établissez une carte interne
de votre vagin. Que ressentez-vous juste à l’entrée du vagin ? Et un
centimètre plus loin, à gauche ? Et dans la zone G, sur la paroi avant ?
Essayez d’être plus consciente de votre vagin tout au long de la journée.
Maintenant que vous avez touché votre vulve et votre vagin de
nombreuses fois, vous commencez à les connaître. Vous savez comment
ils sont faits. À présent, essayez de prendre conscience de vos parties
génitales dans votre vie de tous les jours. Marchez de manière à ressentir
votre vagin. Contractez et relâchez le périnée de façon répétée. Inspirez
profondément avec le ventre. Essayez de percevoir consciemment votre
vagin et – surtout ! – essayez d’en être fière.
3. Imaginez qu’il y a un cadran d’horloge à l’entrée de votre vagin.
Déterminez où se situent le 12, le 3, le 6 et le 9. Touchez l’entrée de votre
vagin avec un ou deux doigts. Que ressentez-vous lorsque vous touchez
chacun de ces points ? À présent, imaginez que ce cadran se situe un peu
plus à l’intérieur de votre vagin. Touchez de nouveau chacun de ces quatre
points. Que ressentez-vous ? Est-ce différent ? Quel point est plus sensible
et lequel l’est moins ?
C’est un bon exercice à faire à deux : réussissez-vous à bien distinguer le
point touché par votre partenaire ? Qu’est-ce qui change lorsqu’il ou elle
touche un autre point ? Et quelle différence y a-t-il quand vous sentez le
doigt de votre partenaire, et non le vôtre ?

Étape 5
LE PÉRINÉE :
POURQUOI C’EST IMPORTANT
1. Asseyez-vous sur une chaise, avec le dos droit et les pieds bien à plat au
sol. Contractez le périnée comme si vous vouliez vous retenir d’uriner.
Ensuite, imaginez que votre périnée est un ascenseur : faites-le monter et
descendre en contractant les muscles, en vous concentrant sur la «
descente ». Essayez de vraiment tout relâcher à la fin – vous devez avoir
l’impression que vous êtes sur le point d’uriner.
2. Plusieurs fois par jour, contractez les muscles du périnée pendant trois
secondes, puis relâchez-les lentement. Après cette contraction intense, la
relaxation sera plus profonde. C’est donc une bonne manière de détendre
le périnée.
3. Entraînez-vous à respirer avec le ventre. Posez la main sur votre ventre et
attendez qu’il s’arrondisse quand vous inspirez. Essayez d’inspirer de plus
en plus profondément à chaque inspiration. Laissez votre ventre gonfler
comme un ballon, puis se contracter et gonfler à nouveau.
4. Posez la main sur votre vulve et essayez de ressentir votre respiration.
Que sentent vos doigts quand vous inspirez puis expirez profondément ?
5. Si vous arrivez facilement à contracter et relâcher les muscles du périnée,
vous pouvez essayer de jouer avec chaque muscle individuellement.
Contractez d’abord la fesse gauche, puis la droite. Ensuite, contractez les
muscles autour de l’anus, puis ceux un peu plus en avant, près du vagin et
de l’urètre. Pour finir, essayez de relâcher les muscles de l’anus tout en
maintenant ceux du devant contractés. Vous ne pourrez jamais vraiment
contrôler ces muscles individuellement, car ils forment un enchevêtrement
complexe, mais mieux vous saurez les contrôler, mieux ils sauront
transporter votre excitation avec précision.

Étape 6
C’EST DANS LA TÊTE ?
LES FANTASMES SEXUELS
1. Écrivez vos fantasmes sexuels et voyez s’ils changent au fil du temps. Si
vous modifiez la façon dont vous vous stimulez, cela modifiera aussi vos
fantasmes. Si vous êtes gênée à l’idée de détailler vos fantasmes,
contentez-vous de noter les mots-clés. Si c’est encore trop difficile,
interrogez-
vous la prochaine fois que vous vous masturbez. À quoi pensez-vous ?
Qu’est-ce qui vous excite ? À quoi pensez-vous juste avant de jouir ?
Aimez-vous vos fantasmes ou en avez-vous honte ? Faites de même
quelques semaines plus tard. Remarquez-vous des différences dans votre
film mental ?
2. Modifiez un autre détail quand vous vous masturbez et observez ce que
vous ressentez. Au lieu de faire varier le rythme ou la pression, changez
de position, par exemple. Si vous êtes généralement allongée sur le dos,
mettez-vous sur le ventre. Ou debout. Ou assise. Si votre excitation
diminue, reprenez la position habituelle. Répétez cet exercice plusieurs
fois par semaine.

Étape 7
ÇA BALANCE !
LA DOUBLE BASCULE
1. Entraînez-vous à basculer le bassin. Rien de plus – sans vous masturber
ni faire l’amour. Pour l’instant, le but n’est pas vraiment de trouver
l’excitation mais plutôt d’aider votre corps à comprendre et intégrer ce
mouvement, pour qu’il ne nécessite plus aucune concentration de votre
part. Si vous vous masturbez allongée sur le dos, commencez par
travailler la double bascule dans cette position. Essayez de faire partir le
mouvement du dos, sans vous aider des jambes ni du fessier. Pendant
l’exercice, imaginez que vous ramassez un objet et que vous l’absorbez
avec le vagin, puis que vous le laissez tomber. Une fois que vous
maîtrisez ce mouvement dans cette position, passez à la position suivante
et entraînez-vous au moins quatre fois. Pratiquez la double bascule assise
chaque fois que vous devez attendre assise quelque part. Répétez dans
diverses positions aussi souvent que possible, jusqu’à ce que vous
puissiez le faire sans y penser, de façon automatique. Mais attention :
n’essayez pas de tout faire du premier coup. À chaque entraînement,
concentrez-vous sur une seule des quatre positions.
2. Posez un doigt à l’entrée de votre vagin (en travaillant la double bascule,
si vous le souhaitez) pour voir si vous avez le désir de l’enfoncer un peu
plus. Vous pouvez bouger le doigt ou simplement le laisser posé là. Si
vous voulez vous entraîner pendant que vous êtes excitée, mais que
l’excitation retombe, enlevez votre doigt pour voir ce qui se passe, puis
stimulez-vous comme à votre habitude. Si vous le faites allongée sur le
dos et avez l’impression que votre bras est trop court, placez un oreiller
sous votre bassin ou allongez-vous sur le ventre, les jambes repliées en
dessous du corps.

Étape 8
SOYEZ ÉGOÏSTE !
ÉCOUTEZ-VOUS
1. Placez un ou plusieurs doigts sur votre vulve. Si vous préférez, mouillez-
les d’abord avec de la salive, du lubrifiant ou de l’huile. Au lieu de bouger
les doigts, bougez le bassin. Basculez et faites des cercles. Pensez à un
chat qui a envie de caresses : il suffit de tendre la main pour que l’animal
vienne y frotter les endroits où il souhaite être touché. Faites comme ce
chat : sans bouger la main, trouvez la stimulation que vous recherchez en
bougeant le corps. Soyez attentive à vos sensations : sont-elles différentes
quand vous ne bougez pas ? Vous pouvez aussi insérer un ou plusieurs
doigts dans votre vagin. Utilisez la double bascule pour faire entrer et
sortir vos doigts, sans bouger la main. Faites cet exercice plusieurs fois
par semaine.
2. Travaillez votre égoïsme ! Quand vous faites l’amour, essayez de vous
concentrer sur ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Si votre attention se
tourne vers votre partenaire, recentrez-vous sur vous-même. Et surtout,
bougez plus pendant les ébats, afin d’obtenir ce qui vous procure
du plaisir.

Étape 9
SWINGUEZ EN HARMONIE
MOUVEMENT POUR DUO
1. Intégrez le mouvement à vos ébats à deux. Si ça devient trop compliqué
et trop intellectuel, concentrez-vous davantage sur vos sensations, sans
trop vous soucier du niveau de perfection de votre double bascule.
L’important est que vous en tiriez plus de sensations.
2. Essayez de bouger le haut du corps en vous masturbant, et commencez à
utiliser votre voix et à faire entendre votre respiration. Observez en quoi
cela modifie votre expérience.

Étape 10
DÉCOLLER ENSEMBLE
UNE SEXUALITÉ ÉPANOUIE POUR LA VIE
1. Demandez à votre partenaire d’écrire sur un morceau de papier ses
souhaits sexuels ou même un scénario sexuel idéal, puis de le glisser dans
une enveloppe. Faites de même, puis discutez pour savoir si vous avez
envie d’ouvrir l’enveloppe de l’autre et ce que cela impliquera. Vous
n’êtes pas obligé(e)s de les ouvrir et, si vous le faites, vous n’êtes pas
tenu(e)s de mettre leur contenu en pratique – ce n’est pas le but. Cet
exercice devrait vous aider à déterminer ce que vous souhaitez à deux et
ce que suscitent en vous les désirs sexuels de l’autre. Voulez-vous
vraiment les connaître ? Vous intéressent-ils vraiment sur le long terme ?
2. Utilisez le principe de la fête. Quand les petites voix dans votre tête vous
disent que vous n’avez pas le droit d’être une créature assoiffée de sexe,
prenez-en activement conscience et décidez si vous souhaitez les écouter
ou pas. Si vous ne le souhaitez pas, écoutez-vous : bougez autant que
possible, même si vous n’en avez pas vraiment envie. Prenez l’initiative !
Soyez deux fois plus active ! Montrez-vous encore plus passionnée !
Imaginez-vous au milieu de la piste de danse, en train de vous éclater,
même si vous aviez plutôt prévu de rester sur votre canapé.
ET MAINTENANT, AMUSEZ-VOUS !

L e message essentiel de cette méthode en dix étapes est aussi simple à


énoncer que complexe à mettre en œuvre : le plaisir sexuel est une
question de pratique, de même que l’orgasme auquel il mène. Plus vous
investissez votre propre corps, mieux vous le connaissez, plus il vous
procure de sensations, et moins votre désir et votre capacité d’excitation
dépendent de facteurs extérieurs.
Progressivement, le sexe peut devenir une ressource qui vous aidera à
vous détendre ou à créer de la proximité avec votre partenaire. La frêle
pousse du début deviendra, avec les soins appropriés (c’est-à-dire de la
pratique), un grand arbre solidement enraciné et qui ne craint rien, même
pas les pires bourrasques.
Le chemin sera un peu différent pour chaque femme, car chacune apprend à
sa façon et on ne part pas toutes du même point. Ce livre est une source de
soutien et d’inspiration pour vous aider à vivre autrement votre sexualité et
votre désir. Votre développement ne sera probablement pas linéaire.
Certains exercices vous sembleront très faciles, et d’autres plus difficiles.
Peut-être aurez-vous immédiatement plus de sensations, mais pas
d’orgasme. Ou l’inverse : vous pourriez atteindre l’orgasme par surprise
avec votre partenaire avant d’avoir franchi toutes les étapes de la méthode.
Il n’existe pas de règle universelle en matière de sexualité, ni de ce que doit
faire une femme pour atteindre l’orgasme. Chaque personne perçoit le
toucher différemment et trouve différentes choses excitantes.
Il se peut aussi que vous compreniez tous les exercices et les conseils de
ce livre sur le plan intellectuel, tout en ayant du mal à leur donner du sens
sur le plan physique et à les mettre en pratique. Ne vous mettez pas la
pression et ne vous inquiétez pas : si c’est le cas, il y a sûrement un bon
sexothérapeute près de chez vous qui pourra vous aider.
Quoi qu’il en soit, il n’existe aucun objectif que l’on puisse atteindre une
fois pour toutes. Vous n’accéderez jamais à la sexualité parfaite pour
toujours. C’est comme pour le piano. Il arrive un moment où l’on connaît
beaucoup de morceaux par cœur, mais on a envie d’en apprendre d’autres,
parce que c’est devenu relativement facile. En matière de sexe, il y a une
seconde personne à prendre en compte. Votre vie sexuelle dépend donc en
grande partie de votre partenaire, mais c’est vous qui contrôlez ce que votre
corps trouve excitant et le plaisir que vous procure le sexe. Ce livre devrait
vous aider à profiter au maximum de vos rapports sexuels, qui que soit
votre partenaire – car vous serez capable de trouver l’excitation de
nombreuses façons différentes.
La vie n’est pas linéaire. Il y aura des moments où le sexe sera moins
important à vos yeux. C’est normal ! Ne vous mettez pas dans tous vos états
si, parfois, vous n’avez tout simplement pas envie de vous consacrer à votre
corps et à votre sexualité. Soyez patiente avec vous-même. Mais autorisez-
vous à être curieuse ! Ce qui est super avec le sexe, c’est que plus on s’y
adonne, plus il devient fascinant et excitant. En matière de sexe, il reste
toujours des choses à découvrir !
Alors amusez-vous bien !
POUR LES HOMMES ET
À PROPOS DES HOMMES

L es femmes ne sont pas les seules à qui le désir et l’orgasme posent


problème. Pour les hommes aussi, contrairement aux idées reçues,
atteindre l’orgasme et y prendre plaisir lors des rapports sexuels peut
s’avérer très difficile.
Certains hommes ont trop peu de sensations lorsqu’ils portent un
préservatif. D’autres pointent du doigt les changements du corps de leur
compagne après l’accouchement pour cacher leurs propres difficultés à
atteindre l’orgasme lorsqu’ils font l’amour. D’autres encore pensent que
leur baisse de libido est due à leur âge ou que, peut-être, leur appétit et leur
excitation sexuels n’ont jamais fonctionné comme ils l’imaginaient. Ou
bien ils craignent de ne pas pouvoir satisfaire leur partenaire, ce qui nuit à
leur capacité à jouir. Les uns jouissent trop vite, d’autres ont l’impression
de mettre trop longtemps. D’autres encore sont si troublés par la présence
de leur partenaire qu’ils remarquent à peine leurs propres sensations…
Comme tout ne marche pas toujours du premier coup au lit, certains
préfèrent la masturbation car, contrairement aux expériences à deux, ils
peuvent alors se concentrer entièrement sur eux-mêmes.
Mais quand on a du mal à faire l’amour avec une femme, cela ne veut pas
dire que le problème vient de son vagin. Ni que le désir diminue avec le
temps. Ni qu’en vieillissant l’homme ne peut plus garder la verge aussi
ferme et tendue qu’au début de la relation. Tout cela est avant tout une
question d’habitude. Les hommes aussi ont des techniques bien à eux,
utilisent leurs fantasmes et suivent des schémas qui leur sont propres pour
atteindre l’orgasme. Quand un homme souhaite améliorer sa vie sexuelle,
alors il doit faire comme les femmes : élargir son répertoire et découvrir de
nouvelles sources d’excitation, sensibiliser les terminaisons nerveuses de
son pénis et renforcer les connexions au cerveau afin de développer son
réseau synaptique.
Certains hommes se frottent toujours le pénis d’avant en arrière de la
même manière lorsqu’ils se masturbent. Ils n’utilisent qu’une seule « super-
autoroute de l’information » reliant le pénis au cerveau pour atteindre
l’orgasme. De plus, leur main est toujours bien plus serrée et rugueuse que
ne peut l’être un vagin.

Pénis et vagin, même combat !


Le pénis a donc besoin d’entraînement, tout comme le vagin. Il comporte
une multitude de capteurs sensoriels et de zones érogènes, et, une fois
sensibilisé, il est capable de percevoir les subtiles stimulations du vagin. Si
seuls les capteurs sensibles à une main d’homme sont activés, cela signifie
que les autres attendent encore d’être développés. Afin d’être plus sensible
aux sensations plus douces procurées par le vagin, l’homme peut s’entraîner
en serrant moins fort – de manière à imiter le vagin. Dès lors, il n’aura plus
à se soucier de la forme du vagin de sa partenaire ni de la présence du
préservatif.

BON À SAVOIR
Comment un homme peut-il sensibiliser son pénis et élargir ainsi son
répertoire ?
Il y aurait de quoi écrire un autre livre sur le sujet. En bref, pour l’homme
aussi, le chemin qui mène à une meilleure sensibilisation passe par la
masturbation. Le mieux, pour commencer, est d’utiliser du lubrifiant, afin
de s’entraîner à rester en érection même lorsque la friction est moins forte.
Si cela se passe bien, l’homme peut se mettre à stimuler son pénis plus
lentement, en réduisant la cadence de sa main. S’il est capable de tenir plus
longtemps grâce à ce changement de cadence, il peut aussi essayer de se
lever en se masturbant. Si cela fonctionne, je conseille de respirer plus
profondément afin d’être plus détendu. Une fois cette étape maîtrisée, il
peut essayer de remuer le bassin, de manière à bouger le pénis au lieu de la
main. C’est une manière d’apprendre à contrôler son pénis et son
éjaculation. Au lieu d’imiter la masturbation en faisant l’amour, il imite un
rapport sexuel en se masturbant.
Que devrait faire l’homme s’il aime regarder des films pornographiques en
se masturbant ?
En soi, il n’y a rien de mal à regarder de la pornographie. C’est
problématique uniquement si c’est indispensable pour se masturber. Si
l’homme est habitué à être bombardé de stimulations face à son écran, cela
deviendra sa seule source d’excitation. Quand un homme tombe amoureux,
au début, sa nouvelle partenaire suffit à l’exciter sexuellement. Mais après
plusieurs années, l’attrait de la nouveauté cesse d’opérer. La stimulation
visuelle devient trop faible pour lui. Évidemment, ce n’est pas de la faute de
la femme, mais plutôt du schéma d’excitation biaisé de l’homme : il n’a pas
appris à développer l’excitation en lui-même. Et c’est précisément ce qui
compte quand on fait l’amour. Il est possible de trouver l’excitation
autrement que par la stimulation visuelle. Pour que cela fonctionne, il faut
que l’homme utilise toutes ses zones érogènes.
Les hommes aussi ont beaucoup de zones érogènes. Elles ne se situent pas
toutes au niveau du pénis, et vous aurez beaucoup de plaisir à les découvrir
et à les intégrer à vos ébats.

Plus d’initiatives, de mouvements et d’émotions


: conseils pour les hommes
Si vous feuilletez ce livre, c’est sûrement que votre partenaire l’a déjà lu,
qu’elle a sensibilisé son vagin et a appris à bouger davantage, en particulier
le bassin, lorsque vous faites l’amour. Si vous êtes également curieux de
savoir comment développer votre vie sexuelle, alors penchez-vous sur ce
chapitre.
Certaines femmes ont le corps très tendu lorsqu’elles font l’amour. Et
beaucoup d’hommes aussi sont assez raides. Ils pilonnent comme des
marteaux-piqueurs, avec les muscles contractés, le corps rigide et beaucoup
d’efforts. Cela peut entraîner une éjaculation rapide ou précoce. Nombreux
sont les hommes qui rencontrent ce problème dans la position du
missionnaire. Afin de se maintenir au-dessus de leur partenaire, ils
contractent les muscles et tendent tout le corps. Cette tension fait très vite
monter l’excitation, et ils jouissent sans vraiment pouvoir se concentrer sur
ce qu’ils ressentent, et ce même s’ils aimeraient en réalité que cela dure
plus longtemps. Cependant, une tension excessive peut causer des
problèmes d’érection, en bloquant l’afflux sanguin vers le pénis. Il se peut
aussi que le va-et-vient habituel fonctionne moins bien à partir du moment
où votre partenaire se met à pratiquer la double bascule (décrite à l’étape 7),
qui absorbe vos coups de bassin.
Cela vaut aussi pour votre partenaire : pour avoir des rapports sexuels plus
intenses et qui procurent plus de plaisir, il faut bouger, pour que les muscles
soient suffisamment irrigués. En effet, quand une partie du corps est bien
irriguée, elle est plus sensible et offre de meilleures sensations que les
parties contractées. Cependant, certains hommes sont extrêmement tendus
lorsqu’ils font l’amour et bougent peu le bassin. Si vous souhaitez éprouver
plus de sensations et exploiter toutes les options disponibles avec votre
partenaire, entraînez-vous à faire des mouvements qui partent des hanches –
la double bascule, par exemple. Cette double bascule présente des
avantages pour la femme et pour vos rapports sexuels en général, mais pas
seulement : en apprenant vous aussi ce mouvement, vous contrôlerez mieux
votre pénis, vous vous stimulerez davantage, vous aurez plus de sensations
et vous pourrez décider du moment où vous voudrez atteindre l’orgasme.
Un orgasme qui pourrait s’avérer beaucoup plus intense qu’auparavant !
Commencez par vous entraîner seul. Si vous vous masturbez allongé et en
bougeant le bassin, vos sensations seront très différentes des fois où vous
frottez ou serrez simplement votre pénis avec la main, car ce mouvement
stimule la circulation sanguine en direction du bassin, vous permettant de
mieux ressentir l’excitation. Vous pouvez utiliser la double bascule dans
n’importe quelle position. Ne soyez pas surpris s’il vous faut un moment
pour en ressentir les effets positifs. Il se peut même que vos sensations
diminuent dans un premier temps.
La double bascule demande de la pratique et un changement dans la
manière de penser. Lorsqu’ils font l’amour, certains hommes contrôlent
essentiellement leurs mouvements avec les muscles du fessier, ce qui crée
de la tension. La double bascule fonctionne différemment : c’est le dos qui
travaille, et les fesses sont donc moins contractées. Autre avantage non
négligeable : quand un homme utilise davantage ses hanches et sensibilise
son pénis, il a la sensation que celui-ci se prolonge profondément en lui et,
donc, que son pénis est plus gros et plus beau.

LA DOUBLE BASCULE
EXERCICES POUR LES HOMMES
La double bascule
debout
La double bascule n’est pas facile à maîtriser debout, car il est plus difficile
de parvenir à un mouvement fluide et relâché avec les jambes tendues. Dans
cette position, l’homme est tendu comme un arc et ne peut pas s’empêcher
d’avoir des mouvements assez raides. Veillez donc à garder les genoux
légèrement fléchis – c’est le seul moyen pour réaliser ce mouvement.
Pour commencer, essayez en appuyant les genoux sur une chaise placée
contre le mur. Cela vous aidera à garder les genoux dans la bonne position,
sans les tendre.

La double bascule
à quatre pattes
Essayez à quatre pattes : les genoux au sol et les mains écartées de la
largeur des épaules, pensez à un chat faisant le dos rond et prenez la même
position, en imaginant que quelque chose vous tire le dos en direction du
plafond. Il peut être utile d’exagérer un peu le mouvement. Ensuite, creusez
le dos comme pour former un U. Enchaînez ces deux positions plusieurs
fois, avec lenteur et fluidité. Respirez avec le ventre. Expirez en faisant le
dos rond puis remplissez votre ventre d’air en creusant le dos.

La double bascule
sur le dos
Pour cette variante, allongez-vous au sol (sur un tapis ou sur un lit) sur le
dos, jambes pliées. Creusez le dos en le décollant du sol, puis arrondissez-le
en le plaquant au sol, sans jamais décoller les fesses.

La double bascule
en position du missionnaire
La difficulté du missionnaire est qu’il faut utiliser ses muscles pour se
maintenir au-dessus de sa partenaire. C’est pourquoi certains hommes
deviennent raides et tendus. Cela les empêche de contrôler leur excitation et
peut les faire jouir trop rapidement.
Voici comment s’entraîner à la double bascule en position du missionnaire
:
Posez deux oreillers par terre. Couchez-vous dessus, comme s’il
s’agissait du torse de votre partenaire. Imaginez que votre bassin est
au-dessus du sien. Vos genoux sont légèrement pliés, et vous pouvez
poser les mollets au sol. Votre poids repose sur vos avant-bras, votre
bassin et vos mollets.
À présent, faites la double bascule. Arrondissez un peu le dos –
comme si quelque chose tirait votre dos en direction du plafond. Puis
creusez le dos. Parallèlement, imaginez que vous pénétrez le vagin
de votre partenaire : votre pénis avance facilement quand vous
arrondissez le dos et il recule quand vous creusez le dos. L’important
est que votre bassin bouge en continu.

La double bascule
pendant la masturbation
Quand vous vous masturbez avec la main, c’est sûrement elle qui fait tout le
travail tandis que votre corps bouge à peine. Avec la double bascule, c’est
l’inverse qui se produit : vous mobilisez uniquement les hanches pour faire
entrer et sortir votre pénis au creux de votre main. Vous pouvez essayer ce
mouvement dans toutes les positions. Utilisez du lubrifiant ou de l’huile
pour bien faire glisser. Ainsi, la masturbation ressemblera autant que
possible à un rapport sexuel avec une partenaire.

L’excitation est une question


de pratique
Si votre excitation retombe durant l’entraînement, c’est parce que ce type
d’excitation est totalement nouveau pour vous. Les hommes ont souvent du
mal à modifier leurs schémas dans ce domaine, car leur érection peut
parfois en souffrir. En outre, beaucoup d’hommes peinent à surmonter la
peur de l’échec.
N’abandonnez pas. Vous pourrez très bien reprendre vos anciennes
techniques de temps à autre, et constater qu’elles fonctionnent encore.
Avancez pas à pas, sans perdre de vue la récompense. Non pas parce que
vous voulez être un amant parfait, mais parce que vous voulez éprouver
plus de sensations et avoir une vie sexuelle plus variée et excitante. Vous
vous sentirez plus fort à mesure que vous en découvrirez davantage sur
votre désir et votre sexualité.
POUR LES FEMMES
QUI AIMENT LES FEMMES

L es femmes sont toujours confrontées au même genre de problèmes


lorsqu’elles décident d’explorer leur sexualité, et ce quelle que soit leur
orientation sexuelle, qu’elles fassent l’amour avec des hommes, des femmes
ou les deux.
Ce livre s’adresse essentiellement aux femmes. Il traite avant tout du
corps féminin et de la sexualité des femmes – les hommes y jouent un rôle
secondaire et ne sont mentionnés que de façon accessoire. Mon message
central est le suivant : « Mesdames, apprenez à connaître votre corps et
votre sexe, et vous prendrez plus de plaisir en faisant l’amour. » Ce livre se
concentre sur le vagin, mais tout en sachant que la sexualité féminine est un
sujet beaucoup, beaucoup plus vaste. Mieux vous connaîtrez votre
sexualité, plus vous aurez envie qu’on vous touche. En sensibilisant votre
vagin, vous pouvez vous offrir une nouvelle source de sensations et
d’excitation – mais pas toujours. La plupart des femmes connaissent déjà
les sensations et les points sensibles de leur clitoris. C’est pourquoi cela
n’est mentionné qu’au début du livre. Vous êtes peut-être très satisfaite de
ce que vous connaissez déjà – et c’est parfait ainsi ! Comme je l’ai dit : le
vagin est une zone supplémentaire que vous pouvez développer si vous en
faites le choix. Vous pouvez très bien faire l’amour sans pénétration
vaginale si cela ne vous procure pas de plaisir. C’est à vous de décider.

Halte aux clichés


De nombreux stéréotypes continuent de circuler sur la sexualité lesbienne et
le sexe entre femmes, mais il existe très peu de recherches sur ce sujet –
surtout si l’on compare à celles menées sur la sexualité des couples
hétérosexuels. Plusieurs études se sont intéressées à la sexualité lesbienne,
mais comme elles portent sur différents aspects, leurs résultats sont
contradictoires.
Prenez, par exemple, les études visant à déterminer la fréquence des
rapports sexuels. Elles sont toutes centrées sur les rapports impliquant la
pénétration d’un pénis dans un vagin. Ces études ne tiennent pas compte de
la durée du rapport, des préliminaires, de l’intensité, de la créativité, ni de
rien d’autre. Pourtant, ce sont les paramètres que nous employons
généralement pour évaluer notre niveau d’épanouissement sexuel. En
comparaison avec les résultats de ces études, les couples lesbiens font
moins fréquemment l’amour, mais leurs rapports durent souvent plus
longtemps, sont plus intenses, plus passionnés, plus érotiques et créatifs, et
ils ne se concentrent pas sur les organes sexuels, mais impliquent les autres
zones érogènes.
Toutes les femmes ont donc les mêmes défis à relever lorsqu’elles
souhaitent apprendre à connaître leur corps, quelle que soit leur orientation
sexuelle. On ne le dira jamais assez : le sexe ne se limite pas à la
pénétration, le sexe ne se limite pas au coït, le sexe inclut une infinité de
façons de jouer avec tout le corps et l’excitation. Le sexe revêt
d’innombrables aspects, dont un seul est mis en lumière par ce livre.

EXERCICES
Le but des exercices suivants est de percevoir les subtiles différences entre
un ou des doigts et un dildo, et d’entraîner votre vagin. Ils s’adressent aux
femmes en couple avec d’autres femmes, mais peuvent aussi intéresser les
couples hétérosexuels !
1. Insérez lentement un dildo dans votre vagin. Puis faites une pause pour
vous faire une idée précise des sensations que cela vous procure.
Comment le tenez-vous ? Comment le bougez-vous ? Où ? Et que sentez-
vous si vous changez la position de votre main, en la tournant plus vers la
droite ou vers la gauche que d’habitude ? À quel endroit ressentez-vous de
l’excitation ? Ressentez-vous vraiment quelque chose dans votre corps, ou
est-ce plutôt d’ordre mental ? Essayez de détecter les effets produits sur
vos parties génitales, aussi infimes soient-ils. À force de répéter cet
exercice, vous percevrez de plus en plus le dildo comme l’extension de
votre main plutôt que comme un outil stérile. Vous deviendrez capable de
sentir ce qui se passe à l’extrémité avant du dildo. Cela vous aidera à
montrer à votre partenaire ce que vous aimez exactement et à quel endroit
elle devrait vous toucher avec ses doigts ou avec le dildo.
2. Insérez un doigt dans le vagin de votre partenaire. Demandez-vous sur
quoi se porte réellement votre attention : faites-vous vraiment attention à
votre doigt et à ce qu’il fait ? Essayez-vous vraiment de savoir ce que fait
votre doigt ? Que percevez-vous ? Aimez-vous ce que vous êtes en train
de faire avec votre doigt ou est-ce une action que vous exécutez
mécaniquement ? Pensez à ce qui vous excite quand vous excitez votre
partenaire. Est-ce son excitation ? Peut-être focalisez-vous votre attention
sur elle, en observant son visage pour savoir si elle aime ce que vous
faites. Ou êtes-vous capable de vraiment profiter de l’instant où vous la
pénétrez avec votre doigt ? Prenez-vous plaisir à la pénétrer, à entrer
activement dans un autre corps ?
Changez de doigt et comparez les sensations obtenues avec les doigts de
la main droite et ceux de la main gauche. Prêtez attention aux différents
points que vous pouvez atteindre en fonction du doigt utilisé et aux
différences de sensation que cela vous procure.

BON À SAVOIR
En quoi les conseils donnés dans ce livre sont-ils différents pour les femmes
qui font l’amour avec d’autres femmes ?
Il n’y a aucune différence. Le but est de développer ses parties génitales,
quelle que soit son orientation sexuelle. Toutes les femmes rencontrent le
même genre de difficultés dans leurs relations, qu’elles soient
homosexuelles, hétérosexuelles, bisexuelles, polyamoureuses… La tâche à
accomplir est toujours la même : entrer en connexion avec son corps et sa
sexualité, afin de découvrir leur plein potentiel, les développer et favoriser
leur réceptivité à une multitude de sensations.
Les couples de femmes ont-ils besoin d’un substitut de pénis pour vraiment
tirer parti des étapes détaillées dans ce livre ?
Pas du tout ! Chaque couple dispose d’une infinité de possibilités pour
jouer et explorer. Les couples lesbiens peuvent parfaitement expérimenter
avec les doigts ou la bouche dans différentes positions, et essayer toutes
sortes de stimulations et de pénétrations. Vous pouvez atteindre différents
points en fonction des doigts ou des objets employés. Vous pouvez aussi
tester différents types et différentes tailles de dildos ou de godes ceintures,
si vous en avez envie.

CAS PRATIQUE

Louise et Rose
Louise et Rose sont proches de la quarantaine. Elles forment un
couple heureux depuis longtemps, même si le début de leur
relation a été un peu chaotique. Louise a grandi dans une famille
où l’homosexualité était taboue. Ses parents la surveillaient
toujours de près, ce qui a eu un effet notable sur son
développement – en particulier sur le rapport à son corps et à sa
sexualité. Même si elle ne portait jamais de vêtements «
typiquement féminins », ses parents continuaient de lui acheter du
rose et des froufrous. On l’accusait constamment d’être un «
garçon manqué ». Ses parents lui offraient des Barbies®, alors
que cela ne l’intéressait pas du tout. Ils étaient uniquement guidés
par leur besoin de conformer leur fille au stéréotype féminin
en vigueur.
Le fait de ne pas avoir été soutenue dans ses centres d’intérêt et
dans son développement, mais d’avoir été élevée avec le
sentiment de mal faire et de ne pas être à la hauteur, a
énormément influencé la vie de Louise. Ses parents conservateurs
lui ont souvent dit qu’elle avait un choix à faire, et que ce serait
plus facile pour son entourage si elle optait pour une vie
hétérosexuelle.
Rose, elle, avait des parents libéraux et très ouverts à l’homo‐
sexualité. En même temps, elle sentait qu’ils auraient été plus
heureux si elle avait été hétéro. Elle s’entendait dire des choses
comme : « Peut-être que tu n’as pas encore trouvé le bon ? » ou :
« Tu finiras peut-être par trouver un homme à ton goût ! » Même si
son orientation sexuelle était acceptée, elle devait endurer
l’éternelle question : n’y avait-il vraiment aucune chance que cela
change ?
Les commentaires de ce genre sont loin d’être anodins. Louise et
Rose ont toujours dû se positionner activement pour faire face à
leur environnement, ce qui n’a pas favorisé un développement
sexuel libéré. En thérapie, nous avons exploré plusieurs
traumatismes pour leur permettre de tourner la page. Le but était
qu’elles puissent, par exemple, s’embrasser en public si elles en
avaient envie, sans s’inquiéter du qu’en-dira-t-on. Cependant,
elles sont encore en proie aux commentaires lorsqu’elles
s’embrassent ou se tiennent la main dans la rue, quand elles ne
sont pas confrontées à l’hostilité non dissimulée des passants.
Durant la thérapie, Louise et Rose ont exprimé le désir de remettre
un peu de piment dans leur vie sexuelle. Toutes deux avaient
réussi à développer leur sexualité, mais trouvaient que ce qui
marchait le mieux était généralement ce à quoi elles étaient le plus
habituées. Par exemple, il suffisait qu’elles prennent un sextoy
pour que les choses se compliquent.
Ensemble, elles avaient déjà découvert et exploré les pratiques
impliquant le clitoris et les doigts. Au fil des années, elles se sont
ouvertes l’une à l’autre et ne craignent plus de se montrer
mutuellement ce qu’elles aiment. Chacune a exploré le corps de
l’autre et trouvé de nombreuses façons de jouer. Leurs vagins,
cependant, n’ont jamais tenu un rôle majeur dans leur vie
sexuelle. Bien sûr, cela ne pose aucun problème en soi et, tant
qu’elles étaient satisfaites de ce qu’elles faisaient, Louise et Rose
n’avaient pas besoin d’avoir recours à la pénétration. Néanmoins,
un jour, elles ont eu envie de tester les possibilités du vagin et de
découvrir de nouvelles choses. Mais pour l’instant, tout ne
fonctionne pas parfaitement.

Le problème de la stimulation vaginale est que le dildo et le gode


ceinture leur procurent trop peu de sensations, que ce soit pour
celle qui pénètre ou celle qui est pénétrée. Ce n’est donc pas très
amusant, et elles trouvent parfois même cela douloureux.
Or il est parfaitement normal que la stimulation vaginale ne soit
pas très excitante au début. Car si le vagin possède un énorme
potentiel inexploité, qui doit être découvert et développé, ce
potentiel reste dormant tant qu’on ne l’a pas réveillé. Je leur
suggère donc les deux exercices cités précédemment – à faire
chacune de son côté. Le premier doit les aider à faire en sorte que
la façon dont le dildo est utilisé n’ait plus d’importance pour celle
qui est pénétrée, car une fois qu’elle sait où se trouvent ses points
d’excitation, elle peut bouger et placer ses zones érogènes de la
manière qui lui convient.
Pour celle qui pénètre, la mission consiste à sentir ce que touche
le dildo ou le gode ceinture. La démarche est la même que pour
une apprentie cuisinière tenant un couteau pour la première fois,
ou une chirurgienne pratiquant sa première opération. Toutes deux
doivent apprendre à connaître leurs outils et à aiguiser leur
perception jusqu’à être en mesure de « sentir » ce qui se passe au
bout de leur couteau ou de leur scalpel.
Une femme qui souhaite pénétrer sa petite amie avec un dildo
peut apprendre à connecter étroitement ses sensations au dildo,
comme si ce dernier était une extension de sa main. Pour y
parvenir, elle doit totalement s’immerger et être de plus en plus
attentive aux mouvements qu’elle fait. Ses mouvements doivent
être très réfléchis et, parfois, très lents. Ce n’est qu’en faisant des
mouvements lents et réfléchis qu’elle peut apprendre à mieux
sentir ce qu’elle touche. Une fois qu’elle a réellement développé
cette connexion sensitive avec le dildo, elle peut commencer à
aller plus vite. Et, bien sûr, si le couple préfère se passer de dildo,
il peut très bien se servir de ses doigts.
THÉORIE POUR LES ASSOIFFÉ(E)S
DE CONNAISSANCES :
LES QUATRE MODES D’EXCITATION

M on approche de sexothérapeute, qui guide mon travail quotidien avec


mes patients et sur laquelle est basé ce livre, s’inspire en grande
partie du sexocorporel de Jean-Yves Desjardins. Ce psychologue et
professeur de sexologie clinique canadien a développé ce concept au fil de
plusieurs années de recherches. L’approche sexocorporelle offre une
description complète et précise des phénomènes sexuels qui permettent,
quand c’est nécessaire, d’établir un diagnostic et le traitement le mieux
adapté. La sexothérapie basée sur les découvertes de Jean-Yves Desjardins
vise à satisfaire rapidement et efficacement les besoins des femmes, des
hommes et des couples à la recherche d’une sexualité et d’une relation plus
riches.
Afin d’améliorer la qualité de la vie sexuelle de mes patients, grâce à un
apprentissage par étapes, j’essaie d’abord de comprendre, par le biais de nos
conversations, comment fonctionne leur sexualité et quels sont leurs points
forts et leurs limites. L’approche sexocorporelle distingue quatre types de
schémas d’excitation de base.
Rappelez-vous le questionnaire de l’étape 2 – comment vous vous
stimulez, comment vous faites monter l’excitation et comment vous
déclenchez le réflexe d’orgasme, seule ou à deux. Certains patients
souhaitent en savoir plus sur ces quatre modes d’excitation, afin d’identifier
celui qu’ils utilisent. La plupart des gens ont recours à une combinaison des
différents modes décrits par Desjardins, et chacun de ces modes comporte
des avantages et des inconvénients. Certains sont mieux adaptés aux
rapports prolongés et langoureux, et aux orgasmes d’origine vaginale,
tandis que d’autres conviennent mieux aux quickies ou à la masturbation.
En tentant de déterminer à quelle catégorie vous appartenez, vous pouvez
vous fixer pour objectif de redécouvrir les modes de stimulation que vous
avez employés par le passé. Cela vous aidera à étendre votre capacité
d’excitation, en y incluant les autres options, de façon à pouvoir éprouver
du plaisir d’un maximum de manières possible. Examinons ces quatre
modes plus en détail.

Le mode archaïque
Les gens qui emploient essentiellement ce mode pour se stimuler ont
surtout recours aux pressions et à la tension pour trouver l’excitation. Même
les bébés ressentent du plaisir lorsqu’ils serrent les cuisses l’une contre
l’autre. Certaines personnes s’en tiennent à cette méthode par pression toute
leur vie et s’en servent pour atteindre l’orgasme. C’est un mode employé
par beaucoup de femmes : un tiers d’entre elles, précisément. Elles
s’asseyent ou s’allongent sur le ventre jambes croisées. Elles n’ont pas
besoin de grands mouvements ; elles exercent une pression sur leur sexe en
serrant les cuisses ou avec les muscles du périnée. Le grand avantage est
que cela fonctionne n’importe où, même dans le métro. Cependant, une
femme habituée à trouver l’excitation en serrant les cuisses peut la voir
retomber dès qu’elle écarte les jambes, et cela peut poser problème
lorsqu’elle est avec son ou sa partenaire. Cette méthode d’excitation est très
ciblée et efficace. Elle ne convient pas aux rapports sexuels prolongés et
langoureux.
Les personnes qui emploient le mode archaïque :

aiment la pression ;
bougent peu ;
contractent le corps ;
serrent les cuisses en général ;
respirent de façon superficielle.

Le mode mécanique
Le frottement mécanique des organes génitaux constitue un autre mode
d’excitation, plus courant chez les hommes que chez les femmes. Il se
caractérise par des mouvements rapides et automatiques. Les hommes se
frottent le pénis, jouissent, et c’est fini. Les femmes font des mouvements
de frottement ou posent un vibromasseur sur leur clitoris pour atteindre
l’orgasme. Ce mode aussi nécessite peu de mouvements en dehors de ceux
de la main. Le mode mécanique est le plus répandu : 40 à 60 % des gens se
stimulent et déclenchent l’orgasme de cette façon.
Ce mode fonctionne généralement très bien quand on est seul et peut aussi
être intégré aux pratiques sexuelles à deux. Cependant, il peut poser
problème si le point à frotter ou à caresser, ou encore la façon dont il faut le
faire, est très précis. Les personnes employant ce mode peuvent avoir du
mal à trouver l’excitation si leur partenaire recourt à une autre technique. Si
la stimulation ne correspond pas à celle attendue, l’excitation retombe.
Beaucoup de femmes de cette catégorie ont l’habitude d’utiliser un
vibromasseur pour jouir. Or il n’est pas possible d’imiter la fréquence de
vibration de cet appareil avec la main, la langue ou le pénis.
Cela vaut aussi pour les hommes. Si leur pénis est habitué aux fortes
pressions de la main, celles exercées par la bouche ou le vagin de leur
partenaire peuvent sembler trop faibles. Quand un homme a l’habitude de
se masturber en se frottant la verge très vite, il peut avoir du mal à faire
l’amour, parce que son bassin ne peut pas aller aussi vite que nécessaire
pour maintenir l’excitation.
Les personnes de cette catégorie peuvent rencontrer de sérieuses
difficultés lorsqu’elles font l’amour, car la stimulation est alors très
différente du schéma d’excitation qu’elles ont appris en se masturbant.
Comme les femmes qui emploient ce mode se frottent essentiellement le
clitoris et les lèvres, elles ne sont généralement pas très excitées par la
pénétration – c’est-à-dire ce qui se passe à l’intérieur de leur vagin.
Les personnes qui emploient le mode mécanique :

aiment les frictions et les vibrations ;


bougent peu ;
contractent le corps ;
respirent de façon superficielle ;
sont facilement déconcentrées ;
stimulent les parties extérieures de leur sexe.

Le mode ondulatoire
Le mode ondulatoire repose sur des mouvements amples, souples et fluides.
Le corps bouge dans tous les sens pendant l’acte sexuel, la respiration est
profonde et les muscles détendus. C’est un mode ludique et sensuel, où
l’excitation procure beaucoup de plaisir. Peu d’hommes relèvent de cette
catégorie. Dans ce mode, plus la personne bouge, plus elle développe de
zones érogènes. L’excitation se diffuse dans tout le corps et est très
vivement ressentie. Dans le mode ondulatoire, les personnes peuvent
s’abandonner entièrement à leur excitation.
Les femmes peuvent tirer plaisir de ce mode indéfiniment – parfois même
pendant des heures. Elles adorent se sentir connectées à leur partenaire et à
elles-mêmes. Mais, bien souvent, elles ne parviennent pas à l’orgasme.
Elles n’arrivent pas à se canaliser jusqu’à la jouissance. Cela peut s’avérer
frustrant, car elles ne touchent pas au but et l’excitation finit par se dissiper.
C’est pourquoi certaines de ces personnes basculent vers l’un des deux
modes précédents pour jouir.
Les personnes qui emploient le mode ondulatoire :

aiment être touchées sur tout le corps ;


bougent beaucoup et dans tous les sens ;
sont détendues ;
respirent profondément ;
sont totalement absorbées par l’excitation ;
ont du mal à atteindre l’orgasme.

Le mode d’excitation par vagues


Les personnes appartenant à cette catégorie utilisent tout le champ de
l’expérience sensuelle. Elles alternent, pendant l’acte sexuel, entre les
mouvements ciblés et les mouvements amples et lâches. Elles jouent sur la
tension musculaire, le mouvement, le rythme et l’espace. L’excitation peut
circuler dans tout le corps.
Dans ce mode, toutes les possibilités en matière de plaisir sont ouvertes.
Ces personnes peuvent être excitées de très nombreuses façons différentes,
et sont donc moins facilement déconcentrées ou dérangées. Les hommes et
les femmes qui emploient ce mode sont capables de s’immerger totalement
dans le jeu sexuel et de se déconnecter du monde qui les entoure. Trouver
l’excitation ne leur pose généralement aucun problème et leur demande peu
d’efforts. Ils font monter l’excitation jusqu’à l’orgasme grâce à des
mouvements cadencés du bassin. Cela crée un mélange de dispersion et de
canalisation de l’excitation dans le haut comme dans le bas du corps.
Ceux qui maîtrisent ce mode peuvent contrôler le moment et la façon dont
ils atteignent l’orgasme, et en tirent un maximum de plaisir.
Le mode d’excitation par vagues offre les meilleures conditions possibles
pour l’orgasme par pénétration. Ce livre vous explique pas à pas comment
vous stimuler et ressentir du plaisir pendant les rapports sexuels de cette
manière.
Les personnes qui emploient le mode d’excitation par vagues :

bougent de façon cadencée ;


maîtrisent la double bascule ;
aiment être touchées sur tout le corps ;
alternent entre contraction et relâchement du corps ;
respirent profondément ;
sont absorbées par l’excitation sexuelle ;
peuvent atteindre l’orgasme par pénétration vaginale.
REMERCIEMENTS

P endant quatorze ans, je me suis consacrée à la sexualité en tant que


professionnelle, universitaire et thérapeute. Il y a toujours eu des voix
qui se sont élevées pour me retenir et me dire de faire des choses plus
sensées. Pour moi, il n’y avait rien de plus sensé que d’aider les autres à
explorer leur sexualité, car le sexe va bien au-delà du sens que l’on prête
généralement à ce mot. Il est aussi fondamental pour l’être humain que la
nourriture et l’air qu’il respire. La sexualité possède une infinité de facettes
et peut s’exprimer d’une infinité de manières différentes. Je suis très
reconnaissante de pouvoir poursuivre mon rêve, rester fidèle à ma passion
et continuer d’explorer, pas à pas. Ce livre est une contribution
supplémentaire en vue d’atteindre cet objectif, un moyen de partager mes
expériences.
Je remercie du fond du cœur mon mari et mes enfants, pour leur soutien et
leur amour inébranlables, et pour le temps qu’ils passent avec moi.
J’apprends tant de choses auprès de vous !
Mille mercis à Annette Bischof-Campbell pour son amitié, pour son
soutien professionnel et pour notre collaboration avec le groupe « Vers
l’orgasme, avec plaisir ». Elle est directrice générale du site internet
d’éducation sexuelle lilli.info, et je me dois de la remercier pour les
précieux contenus et informations offerts sur ce site, dont j’ai tiré
l’inspiration ainsi que des modèles pour mon livre. Je suis très heureuse de
faire moi-même partie de l’équipe de Lilli. Vous trouverez plus
d’informations sur Lilli à la page suivante.
Merci à tous les enseignants qui m’ont aidée tout au long du parcours,
m’ont soutenue et encouragée, comme Peter Gehrig, Karoline Bischof,
Ulrich Clement, Jakob Pastötter et David Schnarch. Je me réjouis à l’idée
d’avoir encore de nombreuses années d’apprentissage et de développement
devant moi. Un grand merci également à Ann-Marlene Henning, qui m’a
soutenue en paroles et en actes pendant la préparation de ce livre.
Merci à tous mes amis et à ma famille, qui m’aiment en dépit de toute ma
folie.
Je remercie, évidemment, tous mes patients, pour avoir eu le privilège de
les accompagner pendant une partie de leur vie et pour les nouveaux défis
qu’ils me lancent constamment.
Enfin et surtout, merci à Nicole Kim pour ses dessins et à mon éditrice
Anja Hänsel, qui a toujours su faire preuve de patience envers moi. Je
présente également de profonds remerciements pour l’aide à la rédaction
dont j’ai bénéficié.

Qu’est-ce que lilli.info ?


Lilli.info est un site internet destiné aux jeunes adultes et dédié à la
prévention des violences et à la promotion de la santé sexuelle. L’offre en
ligne est accessible, gratuite et anonyme. Sans fournir leur adresse e-mail,
les visiteurs peuvent poser leurs questions et obtenir des réponses de
médecins, de psychologues, de psychothérapeutes, de sexothérapeutes et de
conseillers en santé sexuelle. Tous les visiteurs peuvent accéder aux
conseils en ligne des trois dernières années, ainsi qu’à plus de 400 articles,
avec toutes sortes de conseils et d’informations.
Lilli.info a été fondé en 2001. Aujourd’hui, le site est plus populaire que
jamais et accueille plus de 10 000 visiteurs par jour. Ce qui n’était au début
qu’un petit site dédié au date rape (viol commis par une connaissance) est
devenu une source d’informations en ligne très complète sur la sexualité, la
contraception, la violence, les relations et les sujets spécifiquement
masculins et féminins, sans laquelle le conseil en santé sexuelle en Suisse
ne serait pas ce qu’il est.
Lilli est une véritable ressource en matière de santé et de violence
sexuelles, qui met le savoir professionnel à disposition des fournisseurs de
services dans ce domaine. Le site est partenaire et membre de diverses
organisations en lien avec ces thèmes. Il s’appuie sur son réseau pour
permettre aux jeunes de trouver l’aide et les informations les plus utiles et
actuelles possible.
Lilli est une organisation indépendante exonérée d’impôt, à but non
lucratif et financée par les dons en provenance de fondations, d’États, de
municipalités, de congrégations et de particuliers.
Liens et contacts utiles
daniaschiftan.ch
lilli.info
sexocorporel.com
Pour un portrait intime du sexe, de la sexualité et de l’amour modernes, je
vous recommande le livre Let’s Talk About Sex : Real Stories From a
Therapist’s Office de ma collègue et sexologue de renom, Ann-Marlene
Henning (Greystone Books, 2020).
INDEX
Les numéros de page en italique renvoient à des illustrations.
A
accouchement 81, 155
alerte (état d’) 64, 65, 66, 67, 130, 131
archaïque (mode d’excitation) 172, 173
ascenseur (exercice de l’) 78, 79, 81, 145
B
Bischof-Campbell (Annette) 8
C
Cinquante Nuances de Grey 73
Clement, Ulrich 133, 178
clitoris 10, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 27 ; 28, 34, 36, 37, 40, 41, 50, 53,
54, 59, 60, 61, 63, 72, 94, 108, 117, 141, 163, 168, 173, 174 . Voir aussi
pilier ; gland
col de l’utérus 4, 20, 21, 23, 27, 28, 73, 105
concentrer sur soi-même pendant l’amour (se) 91, 93, 106, 108, 155, 158
conduction nerveuse 35
connexion vagin-cerveau 16, 19, 20, 34, 35, 36, 37, 38, 54, 136, 156, 166
cortex : cérébral 35, 36, 37 ; somato-sensoriel 35, 36
courbe : d’excitation 41, 42. Voir aussi excitation ; du plaisir 42, 43, 45, 67,
75

D
désir sexuel 14, 49, 50, 61, 133, 137
Desjardins, Jean-Yves 171, 172
dildo 77, 86, 99, 105, 165, 166, 169
double bascule 95, 96, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 112, 117, 121, 122, 124,
147, 148, 149, 158, 159, 160, 161, 162, 176

E
éjaculation : féminine 28, 29 ; précoce 158
enfance et sexualité 12, 48, 57, 58, 60, 61
entraînement : seul(e) 11, 37, 38, 156 ;
avec un(e) partenaire 111 ; comment/quand 12, 33, 38, 46, 47, 68, 102,
122, 136, 148, 162 ; effets 37, 57, 89, 103, 112, 122, 125, 129, 143, 159,
165, 167 ; principe 11, 28, 129, 130, 131, 133, 134, 136, 137, 150,
entrée du vagin 16, 17, 18, 19, 22, 28, 70, 71, 83, 102, 144, 104, 109, 112,
122, 144, 145, 148
état : d’alerte 64, 65, 66, 67, 130, 131 ; de relaxation 41, 66, 67 ; de tension
82, 103
excitation : courbe d’ 41, 42, 43, 45, 61, 118 ; capacité d’ 151, 152, 172
quatre modes d’ 38, 171, 172 ; réflexe 72, 82, 86, 87, 103, 117, 118, 119,
172 ; schémas d’ 38, 61, 64, 75, 91, 94, 171 ; sexuelle 11, 14, 18, 21, 34,
37, 38, 53, 55, 69, 72, 73, 77, 78, 118, 176 ; sources d’ (voir littérature
érotique ; pornographie ; fantasmes sexuels)
F
fantasmes sexuels 39, 67, 85, 86, 87, 90, 91, 92, 93, 94, 96, 103, 117, 146,
147, 156
Fugl-Meyer, Kerstin 28
G
G (zone) 22, 23, 28, 70, 136, 144
gémissements 120, 121 ; et excitation 75, 77, 78, 80, 82, 85, 86, 87, 89, 90,
91, 94, 95, 96, 101, 104, 108, 109, 112, 113, 115, 120, 121, 122, 124, 128,
136, 137, 161 (voir aussi courbe d’ ;
capacité d’ ; schémas d’ ; sexuelle) ; et masturbation 41, 50,
54, 60, 105, 121 (voir aussi homme et ; masturbation) ; importance des
117, 120, 169 ; mouvement 20, 39, 63, 64, 66, 67, 68, 69, 70, 75, 103,
106, 108, 109, 111, 117, 118, 120, 121, 122, 129, 131, 132, 144, 147, 149,
158, 159, 160, 162, 169, 172, 173, 174, 175, 176 ; types de 39, 59, 73, 75,
103, 171.
Voir aussi double bascule
gland du clitoris, 11, 13, 13, 14, 21, 31

H
hommes : et masturbation 77, 155, 157, 162, 172 ;
et schémas d’excitation 171 ; exercices de double bascule pour 95, 96,
103, 117, 121, 122, 124, 147, 149, 158, 159, 160, 161, 162, 176. Voir
aussi pénis
hormones 49

K
Komisaruk, Barry 27

L
lèvres (vaginales) 17, 18, 30, 34, 35, 174
lilli.info 177, 178, 179, 180
littérature érotique 90
lubrifiant 111, 148, 157, 162
M
masturbation : comparée aux rapports sexuels 41, 42, 44, 47, 50, 54, 60, 77,
106, 155, 157, 162, 172 ; définition 142 ; et excitation 41, 42, 44, 105,
121 ; et fantasmes sexuels 91, 93, 94 ; exercices 45, 46, 142 ;
questionnaire 56, 59
mécanique (mode d’excitation) 173, 175, 176
ménopause 60, 61
micromouvements 68

N
nerf vague 27
O
ondulatoire (mode d’excitation) 174, 175
orgasme : biologie de l’ 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 23, 41 ;
clitoridien 54, 55, 58, 60, 173 ; et fantasme 86, 88, 92 ; incapacité à
atteindre l’ 37, 42, 47, 48, 49, 50, 54, 91, 93, 105, 106, 122, 123, 134,
137, 155, 156, 159, 175, 176 ;
interne 24, 27, 28, 68 ; et mouvements 67, 69, 72, 73, 176 ; mythes 29 ; et
périnée 77, 82, questionnaires 38, 39, 40, 136 ;
réflexe d’ 72, 95, 96, 103, 117, 118, 119, 153, 172 ; vaginal 10, 27, 28, 34,
54
ouverture de l’urètre 16, 17, 19, 27, 28
P
paradoxe de l’excitation 78
paraplégie 27
parois vaginales 28, 122. Voir aussi zone G
pénis : comparé au clitoris 11, 19, 21, 156 ; érection 19, 110, 113, 124, 137,
156, 157, 158, 162 ; et garçons 12, 13 ; et plaisir féminin 31, 59, 60, 68,
77, 82, 86, 99, 105, 118, 122, 136, 166 ; sensibilisation du 157, 158, 159,
160, 161, 162, 164, 174
perfectionnisme 130
périnée : exercices du 28, 70, 81, 82, 83, 84, 95, 144, 145, 146 ; définition
77, 78, 79 ; muscles du 16, 21, 23, 65, 78, 118, 119, 172
pilier du clitoris 18, 19, 20, 27
plaisir émotionnel 41, 118. Voir aussi courbe du plaisir
pornographie 89, 157
pratique : avec un(e) partenaire 104 (voir aussi cas pratique) ; cas 29, 49,
60, 74, 83, 92, 105, 114, 123, 137, 167 ;
comment/quand 24, 33, 47, 48, 69, 108, 109, 129, 133, 150, 151, 153 ;
effets 10, 88, 152, 162 ; principe 28, 97, 129, 130, 131, 133, 134, 150,
159
préservatif 23, 155, 156
principe de la fête 129, 130, 131, 133, 134, 150
pudenda 13

Q
questionnaires : fantasmes sexuels 87 ; orgasme 38, 39, 40, 45, 64, 82, 142,
172 ; passé sexuel 53, 63, 143

R
réflexe d’excitation 72, 86, 119 ; d’orgasme 82, 96, 103, 117, 118, 119, 172
relaxation (état de) 10, 41, 65, 66, 67, 80, 82, 145
respiration 39, 64, 68, 80, 94, 96, 99, 120, 122, 131, 146, 149, 174

S
séduction 134, 135
sensibilisation des parties génitales 11, 157
sexe : définition 9, 10, 12, 33, 34, 151 ; douleur 17, 21, 49, 54, 60, 81, 139 ;
parler de 7, 9, 50, 60, 74, 110, 111, 128 ; oral 29, 30, 31, 40, 42
sexocorporelle (approche) 171, 180
sexothérapie 8, 137, 138, 139, 171
sexualité lesbienne 163, 164, 165, 166, 167, 168, 169
sourire 26, 47, 89, 119, 124, 141
spontanéité 131, 137
squirting 28, 29
synapses 34, 36, 37, 55
système nerveux : parasympathique 64, 65, 66 ; sympathique 64, 66, 130

U
urètre 16, 17, 19, 22, 23, 27, 28, 78, 80, 146

V
vagin 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25, 26,
27, 28, 34, 35, 36, 37, 46, 48, 54, 55, 63, 67, 68, 70, 71, 72, 77, 78, 80,
81, 83, 84, 86, 90, 91, 95, 99, 100, 102, 104, 105, 108, 109, 112, 118, 122,
136, 141, 144, 145, 147, 148, 156, 158, 161, 163, 164, 165, 168, 169,
174. Voir aussi connexion vagin-cerveau
vagues (mode d’excitation en) 124, 140, 175, 176
vibromasseur 14, 38, 41, 46, 59, 60, 94, 105, 117, 121, 142,
173, 174
vocalisation 120. Voir aussi gémissements
voies nerveuses 34. Voir aussi sensibilisation des parties génitales ;
synapses ; connexion vagin-cerveau
vulve 15, 16, 17, 18, 19, 23, 25, 26, 35, 36, 37, 46, 54, 63, 70, 78, 80, 88,
90, 91, 92, 99, 111, 136, 141, 143, 144, 146

Z
zone G 22, 23, 28, 70, 136, 144
TABLE DES MATIÈRES
Étape 1
MINI-LEÇON D’ANATOMIE 15
Le vagin, la vulve et le clitoris 15
La vulve : ce que l’on voit de l’extérieur 16
Le clitoris : plus gros qu’on le croit 18
Le vagin : le trésor intérieur 20
L’hygiène de la vulve et du vagin 23
Étape 2
OÙ J’EN SUIS 33
Mon corps et ce que j’aime 33
C’est simple : le sexe fonctionne comme tout le reste 34
Comment fonctionne la conduction nerveuse ? 35
Quels sont vos « points forts » ? 38
Étape 3
D’OÙ JE VIENS 53
Mon passé sexuel 53
Mon histoire 55
Étape 4
BOUGEZ ! 63
Pourquoi le mouvement compte 63
Quel effet cela a-t-il sur notre vie sexuelle ? 65
Pourquoi le mouvement est si important 67
Étape 5
LE PÉRINÉE 77
Pourquoi c’est important 77
Comment savoir si votre périnée est contracté
ou au repos ? 78
Étape 6
C’EST DANS LA TÊTE ? 85
Les fantasmes sexuels 85
Étape 7
ÇA BALANCE ! 95
La double bascule 95
La double bascule sur le dos 96
La double bascule à quatre pattes 98
La double bascule assise 99
La double bascule à califourchon 101
Étape 8
SOYEZ ÉGOÏSTE ! 107
Écoutez-vous 107
Étape 9
SWINGUEZ EN HARMONIE 117
Mouvement pour duo 117
Servez-vous de votre voix 120
Étape 10
DÉCOLLER ENSEMBLE 127
Une sexualité épanouie pour la vie 127
Le principe de la fête 129
Ne visez pas la perfection 130
APERÇU DES EXERCICES 141
ET MAINTENANT, AMUSEZ-VOUS ! 151
POUR LES HOMMES ET À PROPOS DES HOMMES 155
Pénis et vagin, même combat ! 156
Plus d’initiatives, de mouvements et d’émotions :
conseils pour les hommes 158
POUR LES FEMMES QUI AIMENT LES FEMMES 163
Halte aux clichés 164
THÉORIE POUR LES ASSOIFFÉ(E)S DE CONNAISSANCES :
LES QUATRE MODES D’EXCITATION 171
Le mode archaïque 172
Le mode mécanique 173
Le mode ondulatoire 174
Le mode d’excitation par vagues 175
REMERCIEMENTS 177
Qu’est-ce que lilli.info ? 179
Liens et contacts utiles 180
INDEX 181
Direction de la publication : Carine Girac-
Marinier
Édition : Véronique Tahon
Couverture : Olivier Frenot
Mise en pages : CGI
Fabrication : Rebecca Dubois

Vous aimerez peut-être aussi