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Tony VALIER-BRASIER
tony.valier-brasier@sorbonne-universite.fr
3
Chapitre 1
Ce cours d’introduction à l’acoustique a pour objectif de présenter les bases de la propagation dans
les milieux fluides. Ce premier chapitre est consacré à l’étude de la propagation dans un milieu libre,
c’est-à-dire ne possédant pas de limites physiques. L’étude de la propagation acoustique s’appuie sur
les outils de la mécanique des milieux continus (MMC) qui conduisent à l’obtention de l’équation de
d’Alembert. Les solutions élémentaires de cette équation sont présentées et le choix de la représentation
complexe des champs est justifié.
intervenir pour un fluide parfait trois grandeurs : la pression p(r , t), la vitesse particulaire v (r , t) et
la densité ρ(r , t). Tout d’abord, l’équation de conservation de la masse traduit le fait que la variation
de masse de fluide contenue dans un volume élémentaire V est égale au flux massique vers ce volume
ainsi que la masse produite par une densité de masse ρq :
∂ρ
+ div(ρv ) = ρq. (1.1)
∂t
L’application du principe fondamental de la dynamique à un élément de volume V conduit à l’équation
d’Euler
∂v
ρ + (v . grad )v = − grad p + ρf , (1.2)
∂t
où les deux termes du membres de droite ont pour origines des forces extérieures au volume V agissant
sur celui-ci. Ces deux équations sont complétées par une loi d’état qui dépend de la nature du fluide.
En considérant un mouvement isentropique, l’équation d’état relie la pression et la densité par le
développement limité :
∂p ∂2p ∂3p
p = p0 + (ρ − ρ0 ) + (ρ − ρ 0 )2
+ (ρ − ρ0 )3 + ..., (1.3)
∂ρ s ∂ρ2 s ∂ρ3 s
où les dérivées partielles sont des constantes caractéristiques du milieu et de son état d’équilibre.
Le coefficient de proportionnalité du premier ordre ∂p/∂ρ|s peut être relié au coefficient de compres-
sibilité adiabatique χs :
1 ∂V 1 ∂ρ
χs = − = avec m = ρV. (1.5)
V ∂p s ρ0 ∂p s
p0 V = nR0 T (1.10)
6
1.1 Équation de propagation 7
avec R0 = 8, 3 J.mol−1 .K−1 la constante des gaz parfaits. Compte tenu de cette relation, l’expression
(1.9) de la vitesse se met sous la forme
s
γR0 T
c0 = , (1.11)
M
pour une température en degré Celsius. À 20◦ , la vitesse du son dans l’air est 343 m.s−1 .
où pa , ρa et v a sont des écarts instantanés. Le fluide étant au repos, la vitesse v 0 est nulle signifiant
que la vitesse particulaire v est directement égale à la vitesse particulaire acoustique v a . En utilisant
ces développements et en négligeant les sources (q = 0 et f = 0 ), la linéarisation des équations (1.1),
(1.2) et (1.4) conduit au système suivant :
∂ρa
+ ρ0 div v a = 0,
∂t
∂v a
ρ0 = − grad pa , (1.14)
∂t
p = ρ c2 .
a a 0
La vitesse particulaire acoustique est exprimée à partir du potentiel des vitesses φ par la relation,
v a = grad φ. (1.15)
Le report de cette expression dans la seconde équation du système (1.14) permet de mettre la pression
sous la forme :
∂φ
pa = −ρ0 . (1.16)
∂t
En combinant cette expression ainsi que la première et la troisième du système (1.14), il apparaît que
le potentiel φ est solution de l’équation de d’Alembert :
∂2φ
− c20 ∆φ = 0. (1.17)
∂t2
7
8 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE
Le produit de l’équation d’Euler linéarisée (seconde équation du système (1.14)) par la vitesse
particulaire acoustique conduit à la relation
∂v a
ρ0 v a = −v a . grad pa . (1.18)
∂t
Le premier terme de cette équation peut être mis sous la forme
∂v a 1 ∂(v a .v a )
ρ0 v a = ρ0 , (1.19)
∂t 2 ∂t
et le second s’écrit :
v a . grad pa = div i − pa div v a . (1.20)
où l’intensité acoustique instantanée i , également appelée vecteur de Poynting est définie par la relation
i = pa v a . (1.21)
Elle représente la densité de puissance instantanée par unité de surface transportée par l’onde acous-
tique. Compte tenu des première et troisième équations du système (1.14), la relation (1.20) se met
sous la forme :
1 ∂p2a
v a . grad pa = div i + . (1.22)
2ρ0 c20 ∂t
En reportant les expressions (1.19) et (1.22) dans la relation (1.18) et en intégrant le résultat dans un
volume V immobile fermé par la surface S de vecteur unitaire normal l , il vient
d y 1 1 y
ρ0 (v a .v a ) + p 2
dV = − div i dV. (1.23)
dt 2 2ρ0 c20 a
V V
Les deux termes entre crochets sont les densités d’énergie cinétique ec et d’énergie potentielle ep définies
par les relations y y 1
Ec = ec dV = ρ0 v a .v a dV,
2
yV V
y 1 (1.24)
E p = e p dV = p 2
dV,
2ρ0 c20 a
V V
d(Ec + Ep )
+ P = 0. (1.26)
dt
Cette relation traduit à chaque instant la loi de conservation de l’énergie en dehors des sources. En
présence des sources, celle-ci devient :
d(Ec + Ep )
+ P = Ps . (1.27)
dt
La puissance Ps fournie par les sources internes au volume V est soit emmagasinée dans ce volume
sous forme d’énergie cinétique et d’énergie potentielle, soit rayonnée vers l’extérieur avec une puissance
égale au flux du vecteur de Poynting à travers la surface S.
8
1.2 Solutions élémentaires 9
∂2φ 2
2∂ φ
− c0 = 0. (1.28)
∂t2 ∂x2
En effectuant les changements de variable :
x x
α=t− et β =t+ , (1.29)
c0 c0
les dérivées partielles premières par rapport à t et x s’écrivent respectivement
∂φ ∂φ ∂α ∂φ ∂β ∂φ ∂φ
= + = + ,
∂t ∂α ∂t ∂β ∂t ∂α ∂β
∂φ ∂φ ∂α ∂φ ∂β 1 ∂φ 1 ∂φ (1.30)
= + =− + ,
∂x ∂α ∂x ∂β ∂x c0 ∂α c0 ∂β
∂2φ
= 0. (1.32)
∂α∂β
L’intégration de cette équation par rapport à β conduit à la relation
∂φ
= h(α), (1.33)
∂α
puis l’intégration de cette dernière équation par rapport à α donne
où f (α) est la primitive de la fonction h(α). Le potentiel φ admet donc deux solutions :
x x
φ(x, t) = f t − +g t+ , (1.35)
c0 c0
qui représentent respectivement des ondes se propageant dans le sens des x croissants et décroissants :
on parle alors d’ondes progressive et régressive.
L’onde progressive naît d’une rupture locale des conditions d’équilibre. Les vibrations sinusoïdales,
autour d’une position moyenne, ont une grande importance car les autres perturbations résultent de
la superposition de telles oscillations. L’onde acoustique émise de fréquence f et d’amplitude A en
x = 0 est représentée par le potentiel :
2π
φ(0, t) = A cos(ωt) avec ω = 2πf = (1.36)
T
9
10 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE
est la pulsation et où la période T est l’inverse de la fréquence. Ce potentiel s’exprime à une distance
x par :
x t x
φ(x, t) = A cos ω t − = A cos 2π − , (1.37)
c T λ
où la longueur d’onde λ = c/f est la distance parcourue par l’ébranlement pendant une période T
à une vitesse c. Comme le phénomène se retrouve inchangé au bout du temps T , λ représente, à
un instant donné, la distance qui sépare deux états identiques du solide, par exemple deux maxima
consécutifs du potentiel φ. Il est aussi utile d’écrire :
ω 2π
φ(x, t) = A cos (ωt − kx) où k= = (1.38)
c λ
est le nombre d’onde. L’argument du cosinus est la phase globale ϕ de l’onde : ϕ = ωt − kx. Le nombre
d’onde k est le retard de phase par unité de longueur à un instant donné, tandis que la pulsation ω
est l’avance de phase par unité de temps en un point donné :
∂ϕ ∂ϕ
k=− et ω= . (1.39)
∂x t ∂t x
La vitesse de propagation c = ω/k est appelée vitesse de phase. Cette vitesse dépend des propriétés
mécaniques et géométriques du milieu de propagation, ainsi que de la nature de l’onde en question.
Dans le cas d’une onde plane, la vitesse de phase correspond à la vitesse c0 , qui est une constante
du milieu. Dans ce cas, les ondes se propagent avec la même vitesse quelle que soit la fréquence (voir
figure 1.1). En revanche, dans certains cas, la vitesse de phase peut dépendre de la fréquence ; on parle
alors d’ondes dispersives.
φ(x, t) (u.a.)
Temps (s)
n .x n .x
φ(x , t) = f t − +g t+ , (1.40)
c0 c0
où n est un vecteur unitaire représentant la direction de propagation (figure 1.2). La solution générale
de l’équation de propagation est la superposition d’ondes se propageant dans les différentes directions
de l’espace :
X n i .x n i .x
X
φ(x , t) = fi t − + gi t + . (1.41)
i
c0 i
c0
Les ondes planes ne sont qu’un type d’onde, solution de l’équation de propagation. Il en existe bien
évidemment d’autres. En particulier, la superposition de deux ondes planes est une solution mais ce
n’est pas une onde plane, sauf dans le cas particulier d’une propagation parallèle. Ces solutions n’ont
pas de réalité physique, car toute source réelle a des dimensions finies.
10
1.2 Solutions élémentaires 11
Plans d'onde
x2
x2 P
n2 n
O
n 1 x1 x1
Figure 1.2 – En un point quelconque M repéré par le vecteur x , la vibration, créée par l’onde se
propageant à la vitesse c0 suivant le vecteur unitaire est φ(x , t) = f (t − n .x /c0 ).
Dans le cas d’une onde plane progressive sinusoïdale se propageant dans la direction n , le potentiel
des vitesses s’exprime par :
φ(x , t) = A cos(ωt − k .x ), (1.42)
où le vecteur d’onde est défini par k = kn . La pression acoustique et la vitesse particulaire sont alors
données par les relations
p = −ρ ∂φ = ρ A sin(ωt − k .x ),
a 0 0
∂t (1.43)
v a = grad φ = k0 n A sin(ωt − k .x ).
La vitesse v a est parallèle à la direction de propagation n , ce qui indique que le mouvement des
particules est colinéaire à la direction de propagation, d’où le nom d’onde longitudinale donné à ce
type d’ondes (figure 1.3).
Il est courant de représenter des grandeurs physiques par des nombres complexes, car toute relation
linéaire à coefficients réels entre des nombres complexes s’applique séparément à leurs parties réelles
et à leurs parties imaginaires.
Une grandeur sinusoïdale φ = A cos(ωt + ϕ) peut donc être recherchée sous la forme φ = Re[φc ]
avec
φc (t) = Aei(ωt+ϕ) = aeiωt . (1.44)
11
12 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE
Cette utilisation offre plusieurs avantages. Tout d’abord, dans une somme de vibrations de même
fréquence, les termes dépendant du temps se mettent en facteur :
Ensuite, la dérivée de φc par rapport au temps équivaut à multiplier φc par iω. Enfin, le carré de
l’amplitude A de la vibration est : A2 = φc φ?c = |a|2 , φ?c étant la fonction complexe conjuguée de φc .
L’équation de d’Alembert étant assez difficile à résoudre, dans de nombreuses situations, le potentiel
φ est recherché en régime harmonique, c’est-à-dire sous la forme
le choix du signe dans l’exponentielle étant arbitraire. L’amplitude φ̂(x ) est alors solution de l’équation
de Helmholtz :
ω
∆φ̂(x ) + k02 φ̂(x ) = 0 avec k0 = . (1.47)
c0
L’onde plane se propageant dans la direction portée par le vecteur n ,
est une solution simple de cette équation. Dans le cas d’une propagation unidmensionnelle, par exemple
selon l’axe x, l’équation de Helmholtz s’écrit :
d2 φ̂(x)
+ k02 φ̂(x) = 0. (1.49)
dx2
Les solutions de cette équation sont :
1 ∂ 2 (rφ)
∆φ = (1.51)
r ∂r2
et l’équation de d’Alembert devient :
1 ∂ 2 (rφ) 1 ∂2φ
2
− 2 2 = 0. (1.52)
r ∂r c0 ∂t
En régime harmonique,
φ(r, t) = φ̂(r)e−iωt , (1.53)
12
1.2 Solutions élémentaires 13
∂ 2 (rφ̂) ω
+ k02 rφ̂ = 0 avec k0 = . (1.54)
∂r2 c0
Le terme associé à l’exponentielle ei(k0 r−ωt) correspond à une onde divergente (progressive) et celui
associé à l’exponentielle e−i(k0 r+ωt) à une onde convergente (régressive). L’onde divergente est cou-
ramment étudiée, puisqu’elle représente une onde générée par une source quelconque, se propageant
en s’éloignant de celle-ci. Lorsque la distance entre la source et la frontière du domaine est très grande
devant la plus grande longueur d’onde émise par la source, le domaine est considéré comme illimité.
Dans ce cas, l’onde convergente n’est généralement pas prise en compte car elle correspond à une onde
venant des frontières "infinies" du domaine en direction de l’origine du repère, c’est-à-dire de la source.
En négligeant l’onde convergente (B = 0), le potentiel des vitesses se met donc sous la forme
A i(k0 r−ωt)
φ(r, t) = e . (1.56)
r
Comte tenu des expressions (1.15) et (1.16), la vitesse particulaire et la pression acoustiques ont pour
expressions respectives
∂ A i(k0 r−ωt) A
v a (r, t) = e e r = (ik0 r − 1) 2 ei(k0 r−ωt) e r (1.57)
∂r r r
et
ρ0 ωA i(k0 r−ωt)
pa (r, t) = i e . (1.58)
r
L’amplitude de la pression acoustique décroît donc en fonction de la position avec un facteur 1/r.
∂ 2 φ 1 ∂φ
∆φ = + (1.59)
∂r2 r ∂r
et l’équation de d’Alembert devient :
∂ 2 φ 1 ∂φ 1 ∂2φ
+ − = 0. (1.60)
∂r2 r ∂r c20 ∂t2
En régime harmonique φ(r, t) = φ̂(r)e−iωt , cette équation devient une équation de Bessel :
∂ 2 φ̂ 1 ∂ φ̂
+ + k02 φ̂ = 0. (1.61)
∂r2 r ∂r
dont les solutions sont du type
(1) (2)
φ̂(r) = AH0 (kr) + BH0 (kr), (1.62)
13
14 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE
(1) (2)
où A et B sont des constantes et où H0 et H0 sont les fonctions de Hankel d’ordre 0, de première
et seconde espèces. Il n’existe pas d’expression analytique des fonctions de Hankel. Toutefois, lorsque
leur argument est grand, leur comportement asymptotique est donné par :
14
Chapitre 2
Dans ce deuxième chapitre, les propriétés énergétiques des ondes acoustiques sont étudiées. Le
niveau sonore, particulièrement utile dans l’acoustique audible, est présenté et des valeurs typiques de
la vie courante sont données.
Les signaux manipulés sont causaux, c’est-à-dire que leur valeur est nulle pour les temps négatifs. De
plus, la durée T d’acquisition des signaux est finie dans le temps. Cela revient à réduire l’intégration
à l’intervalle [0, T ]. Par ailleurs, p̂(f ) est une grandeur complexe comportant un module et une phase
dépendant tous deux de la fréquence. La pression étant une grandeur réelle, son spectre possède la
symétrie hermitienne : p̂(−f ) = p̂? (f ). Seules les fréquences positives sont alors étudiées. Le spectre
du signal correspondant à un sifflement de bouche humaine est représenté sur la figure 2.2 en fonction
de la fréquence. La fréquence "fondamentale" f = 12, 6 kHz domine le spectre. Une seconde fréquence
apparaît à f = 25, 2 kHz : c’est une harmonique.
1.0
Pression normalisée
0.5
0.0
−0.5
−1.0
0.135 0.140 0.145 0.150 0.155 0.160
Temps (s)
(b)
Figure 2.1 – (a) Pression mesurées correspondant aux différentes notes d’un xilophone. (b) Zoom sur
le signal de la note sol.
0
5
10
Spectre
15
20
25
30 0 5 10 15 20 25 30
Fréquence (kHz)
Figure 2.2 – Spectre d’un signal de pression.
titative sur le champ acoustique. Pour s’en convaincre, calculons la moyenne temporelle d’une onde
16
2.1 Caractérisation des signaux acoustiques 17
A i(k0 r−ωt)
φ(r, t) = e , (2.2)
r
où A est l’amplitude complexe de l’onde. La pression acoustique "réelle" est alors donnée par la relation :
∂φ(r, t) a a
pa (r, t) = − Re ρ0 = Re iρ0 ω ei(k0 r−ωt+ϕ) = −ρ0 ω sin (k0 r − ωt + ϕ) , (2.3)
∂t r r
où a est le module de A et ϕ sa phase. La moyenne temporelle de cette pression acoustique s’écrit :
1
Z T Z T
a a
pmoy (r) = pa (t) dt = −ρ0 ω sin (k0 r − ωt + ϕ) dt = −ρ0 [cos (k0 r − ωt + ϕ)]T0 . (2.4)
T 0 rT 0 rT
Sachant que le produit ωT est égal à 2π, il vient immédiatement que la pression pmoy (r) est nulle.
Dans ce contexte, la pression efficace ou RMS (pour Root Mean Square), définie par la relation
s
1
Z T
pef f = p2a (t) dt (2.5)
T 0
est une quantité plus pertinente et donc plus utilisée. Elle représente la moyenne temporelle du carré
de la pression acoustique. Calculons la pression efficace pour l’onde sphérique harmonique :
s s
1 1
Z T Z T
ρ0 ωa ρ0 ωa
pef f (r) = sin2 (k0 r − ωt + ϕ) dt = [1 − cos (2k0 r − 2ωt + 2ϕ) dt]. (2.6)
r T 0 r 2T 0
L’intégrale du terme en cosinus étant nulle, il vient immédiatement que la pression efficace d’une onde
sphérique harmonique est :
ρ0 ωa
pef f (r) = √ . (2.7)
2r
Cette "moyenne" est donc adaptée à la mesure de la pression acoustique.
1
Z T
I = hpa (t)v a (t).n i = pa (t)v a (t).n dt. (2.8)
T 0
En régime harmonique, l’intégration se fait sur la période T = 2π/ω et ainsi cette expression se réduit
à la relation
1 T 1 1
Z
I= pa (t)v a (t).n dt = [p̂a v̂ ?a + p̂?a v̂ a ] .n = Re [p̂a v̂ ?a ] .n . (2.9)
T 0 4 2
Dans le cas d’une onde plane harmonique, d’amplitude A et de pulsation ω, se propageant dans la
direction n , le potentiel des vitesses s’écrit :
Compte tenu des expressions (1.15) et (1.16), l’intensité acoustique a pour expression
1 ∂φ 1 1
?
I = − Re ρ0 grad φ n = Z0 k02 |φ|2 = Z0 k02 |A|2 . (2.11)
2 ∂t 2 2
17
18 CHAPITRE 2. PROPRIÉTÉS ÉNERGÉTIQUES ET NIVEAUX ACOUSTIQUES
De même, dans le cas d’une onde sphérique harmonique divergente, dont le champ de pression est
donné par l’expression (2.3), l’intensité acoustique s’écrit :
1 |A|2 1 |A|2
I = ρ0 ω 3 Re [i + k0 r] = Z0 k02 2 . (2.12)
2 r 2 r
L’intensité de l’onde plane progressive est constante, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de perte d’énergie par
l’onde au cours de la propagation. Même compte tenu de cette restriction, dans la réalité, l’intensité
de l’onde diminue au cours de la propagation à cause de phénomènes négligés : viscosité, conduction
thermique et relaxation des molécules. En revanche, l’intensité d’une onde sphérique décroît en 1/r2 :
on parle d’atténuation géométrique.
La puissance associée à une onde sphérique correspond au flux du vecteur de Poynting au travers
d’une sphère fictive de rayon r arbitraire :
x Z π Z 2π
1 |A|2
P = I (r).e r dS = Z0 k02 2 r2 sin θ dθ dϕ = 2πZ0 k02 |A|2 . (2.13)
0 0 2 r
S
Remarque : Dans les cas simples que sont l’onde plane progressive harmonique et l’onde sphérique
harmonique, il est facile de montrer que l’intensité peut être reliée à la pression efficace par la relation :
p2ef f
I= . (2.14)
Z0
18
2.3 Pondérations 19
d’où Lp (2r) ≈ L(r) - 6 dB : le niveau d’une onde sphérique chute donc de 6 dB par doublement de
distance.
Dans certains cas, le niveau en intensité est également utilisé :
!
I
LI = 10 log10 , (2.17)
Iref
où l’intensité de référence Iref est choisie égale au seuil théorique d’audibilité à 1 kHz : Iref =
10−12 W/m2 .
En utilisant la relation (2.14) pour l’intensité et pour l’intensité de référence (Iref = p2ref /Zref ), le
niveau en intensité peut s’exprimer par :
p2ef f Zref
! !
pef f Zref Zref
LI = 10 log10 = 20 log10 + 10 log10 = Lp + 10 log10 . (2.18)
Z0 p2ref pref Z0 Z0
En prenant Zref = p2ref /Iref = 400 Rayl et Z0 = 343 Rayl, les variations du deuxième terme restent
inférieures à 0,7 dB. Dans la pratique, il est difficile d’obtenir une précision de mesure meilleure que
1 dB, ce qui permet de négliger ce terme, d’où LI ≈ Lp .
I1 + I2
!
L = 10 log10 . (2.19)
Iref
Le report de cette dernière expression dans la relation (2.19) conduit alors à l’expression
L1 L2
L = 10 log10 10 10 + 10 10 . (2.21)
2.3 Pondérations
Comme énoncé précédemment, la valeur Iref est choisie par rapport au seuil théorique d’audibilité
à 1 kHz de l’oreille humaine. Les calculs de niveaux font donc intervenir une valeur de référence qui
est choisie arbitrairement.
Pour mieux refléter la perception humaine qui est plus sensible aux hautes fréquences qu’aux basses
fréquences, il a été proposé d’introduire une pondération des niveaux des différentes bandes d’octave.
La pondération à appliquer peut être différente d’un type de bruit à l’autre (par exemple bruit routier
19
20 CHAPITRE 2. PROPRIÉTÉS ÉNERGÉTIQUES ET NIVEAUX ACOUSTIQUES
ou bruit d’avions). Parmi toutes les pondérations, la plus utilisée est la pondération A donnée dans le
tableau 2.1.
Pour expliciter la prise en compte de la pondération, l’unité est appelée dB(A) ou dBA.
À titre indicatif, quelques valeurs de niveaux sonores sont répertoriées dans les tableaux 2.2 et 2.3.
Ces valeurs ne sont qu’indicatives, les fluctuations de niveau peuvent facilement atteindre plus de 10
dB. Par ailleurs, les niveaux dépendent bien évidemment de la distance à la source.
La pondération A est une pondération fréquentielle et il existe également des pondérations dans le
domaine temporelle pour étudier des niveaux sur des durées d’intérêt. Ainsi, le niveau équivalent sur
20
2.3 Pondérations 21
1
Z T !
Leq = 10 log 10
L/10
dt . (2.24)
T 0
Un autre pondération particulièrement utilisée est celle du niveau Lden défini par :
Lday Levening + 5 Lnight + 10
1 10 10 10
Lden = 10 log 12.10 + 4.10 + 8.10 . (2.25)
24
Ce niveau donne plus de poids aux bruits du soir et surtout de la nuit par rapport à ceux en journée.
21
Chapitre 3
z=0
Les potentiels des vitesses associés aux ondes incidente, réfléchie et transmise ont pour expressions
respectives
φ (x , t) = Aei(k i .x −ωi t) ,
i
φ (x , t) = r Aei(k r .x −ωr t) ,
r φ (3.1)
φ (x , t) = t Aei(k t .x −ωt t) ,
t φ
La pression acoustique associée à chaque onde se calcule rapidement en fonction des potentiels
p (x , t) = iρ1 ωi Aei(kix x+kiz z−ωi t) ,
i
rp (x , t) = iρ ω r Aei(krx x−krz z−ωr t) ,
1 r φ (3.3)
p (x , t) = iρ ω t Aei(ktx x+ktz z−ωt t) .
t 2 r φ
Les conditions aux frontières sont la continuité des pressions et des vitesses normales en z = 0 :
p (x, z = 0, t) + p (x, z = 0, t) = p (x, z = 0, t),
i r t
(3.5)
v (x, z = 0, t) + v (x, z = 0, t) .e z = v (x, z = 0, t).e z .
i r t
Le report des expressions des pressions acoustiques et des vitesses normales dans ces deux équations
conduit aux équations
ρ ω ei(kix x−ωi t) + ρ ω r ei(krx x−ωr t) = ρ ω t ei(ktx x−ωt t) ,
1 i 1 r φ 2 t φ
(3.6)
k ei(kix x−ωi t) − k r ei(krx x−ωr t) = k t ei(ktx x−ωt t) .
iz rz φ tz φ
Ces deux équations sont vérifiées pour toute position x et pour tout temps t, imposant alors les égalités
suivantes :
k = k = k = k ,
ix rx tx x
(3.7)
ω = ω = ω = ω.
i r t
La première observation est que la fréquence est conservée à l’interface et donc les trois ondes ont la
même pulsation, notée ω dans la suite. De même, la composante tangentielle des vecteurs d’onde sont
égales et notées kx désormais. Ces deux égalités conduisent directement à la loi de Snell-Descartes :
sin θi sin θr sin θt
= = . (3.8)
c1 c1 c2
Les angles θi et θr sont égaux θi = θr = θ1 et l’angle θt = θ2 est donné par
c2
θ2 = arcsin sin θ1 . (3.9)
c1
Compte tenu de ces résultats, le système (3.6) devient
ρ (1 + r ) = ρ t ,
1 φ 2 φ
(3.10)
k (1 − r ) = k t .
1z φ 2z φ
24
3.1 Réflexion et transmission à une interface simple 25
il apparaît immédiatement que si l’angle d’incidence θ1 est inférieur à l’angle critique θc , la composante
k2z est réelle et s’il est supérieur, la composante k2z est imaginaire : k2z = ±iα. Dans ce cas, le potentiel
acoustique de l’onde transmise dans le milieu 2 s’écrit :
Physiquement, cela impose que l’onde transmise est propagative selon la direction x et évanescente
dans la direction z, puisque son amplitude décroît dans la profondeur. Enfin, il est important de
remarquer que les coefficients de réflexion rφ et de transmission tφ en amplitude de potentiel sont
complexes, au delà de l’angle critique.
Le report des expressions des pressions (3.3) et des vitesses particulaires (3.4) conduit finalement aux
relations :
ρ1 Re[k2z ]
R = |rφ |2 et T = |tφ |2 . (3.19)
ρ2 k1z
25
26 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ
φ(x, z, t) = Aei(k sin θx+k cos θz−ωt) + Bei(k sin θx−k cos θz−ωt) , (3.22)
La pression et la composante normale de la vitesse particulaire ont alors pour expressions respectives :
∂φ
p(x, z, t) = −ρ0
= iρ0 ω Aeikz z + Be−ikz z ei(kx x−ωt) ,
∂t (3.25)
∂φ
vz (x, z, t) = = ikz Ae
ikz z −ikz z
− Be i(kx x−ωt)
e .
∂z
Les parois étant supposées rigides, les conditions aux frontières de vitesse normale nulle aux interfaces
z = 0 et z = h conduisent au système
A − B = 0,
(3.26)
Aeikz h − Be−ikz h = 0.
De ces deux équations, on déduit immédiatement que les amplitudes A et B sont égales et l’équation
suivante
sin(kz h) = 0, (3.27)
dont les solutions ont pour expression
mπ
k zm = avec m ∈ N. (3.28)
h
26
3.2 Guide plan 27
Le potentiel des vitesses dans la plaque se décompose alors sur une somme infinie de solutions appelés
modes :
mπ
φ(x, z, t) = Am cos (3.29)
X
z ei(kxm x−ωt) ,
m h
où l’amplitude Am est inconnue et où kxm est donné par l’expression
s 2
mπ
q
kxm = k2 − kz2m = k2 − . (3.30)
h
Cette relation peut être mise sous la forme :
2π q 2
kxm = 2,
f − fm (3.31)
c0
où la fréquence de coupure fm du mode m est définie par la relation
mc0
fm = . (3.32)
2h
Pour les fréquences inférieures à la fréquence de coupure fm , le nombre d’onde kxm est imaginaire,
signifiant que le mode m est évanescent. À l’inverse pour les fréquences supérieures à la fréquence de
coupure, le nombre d’onde kxm est réel et le mode est propagatif. Lorsque la fréquence est précisément
égale à la fréquence de coupure, le nombre d’onde kxm est nul et donc le mode n’est ni propagatif, ni
évanescent : il traduit une résonance dans l’épaisseur de la plaque.
20
15
10
kh
0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
f h/c0
27
28 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ
Les évolutions des vitesses de phase et de groupe des premiers modes guidés sont tracées en fonction
de la fréquence respectivement sur les figures 3.3(a) et 3.3(b). Lorsque la fréquence est égale à la
fréquence de coupure d’un mode, la vitesse de phase du mode tend vers l’infini et la vitesse du groupe
tend vers 0.
5 1.2
4 1.0
0.8
3
c/c0
c/c0
0.6
2
0.4
1 0.2
0 0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
f h/c0 f h/c0
(a) (b)
Figure 3.3 – (a) Vitesses de phase et (b) vitesses de groupe des premiers modes guidés.
28
3.3 Propagation guidée unidimensionnelle 29
0 10 20 30 40 50
Temps (s)
Figure 3.4 – Signaux temporels d’ondes (a) non dispersives et (b) dispersives pour plusieurs distances
de propagation.
Compte tenu de l’équation d’Euler, les composantes axiales Figure 3.5 – Expansion disconti-
des vitesses ont pour expressions : nue de section.
A ik0 x
v̂1 (x) = e − re−ik0 x ,
Z0 (3.40)
At ik0 x
v̂2 (x) = e .
Z0
En x = 0, les pressions et les débits sont continus :
29
30 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ
L’application de ces conditions aux frontières conduit aux expressions des coefficients de réflexion et
de transmission :
S1 − S2 2S1
r= et t= . (3.42)
S1 + S2 S1 + S2
Lorsque la section S2 est proche de S1 , la transmission est forte. À l’inverse, si S2 est très grande
devant S1 , alors la transmission est faible.
S1 S2
L
Figure 3.6 – Schéma d’un silencieux à chambre d’expansion.
Une onde plane incidente d’amplitude arbitraire A se propage dans la partie amont du tuyau. Les
pressions acoustiques dans chaque portion du conduit sont cherchées sous les formes :
p̂1 (x) = Aeik0 x + rAe−ik0 x , p̂2 (x) = aA cos(k0 x) + bA sin(k0 x) et p̂3 (x) = tAeik0 x . (3.43)
Compte tenu de l’équation d’Euler, les composantes axiales des vitesses ont pour expressions :
A ik0 x
v̂1 (x) = e − re−ik0 x ,
Z0
iA
v̂ (x) = −
2 [b cos(k0 x) − a sin(k0 x)] , (3.44)
Z0
At
v̂3 (x) = eik0 x .
Z0
À chaque interface, les pressions et les débits sont continus :
30
3.3 Propagation guidée unidimensionnelle 31
et
2S1 S2 e−ik0 L
t= . (3.49)
2S1 S2 cos(k0 L) − i(S12 + S22 ) sin(k0 L)
Le facteur de perte par transmission est défini comme étant le logarithme du rapport de la puissance
incidente Pi sur la puissance transmise Pt par la chambre:
1 (S 4 + S24 )
" #
Pi
LT = 10 log10 = 10 log10 = 10 log10 1+ 1 sin2 (k0 L) . (3.50)
Pt |t|2 (2S1 S2 )2
Ce facteur est tracé sur la figure 3.7 en fonction de la fréquence pour trois ratios de section m = S2 /S1
tels que m = 2, 50, 100.
35
m=2 m = 10 m = 50
30
25
20
LT (dB)
15
10
0
0 2 4 6 8 10
f (kHz)
L’objet de cette partie est de modéliser la propagation dans un guide à section variable composé
de N couches de section Sn et d’épaisseur hn . En amont (x < 0) et en aval (x > xN ) de ce milieu
multicouche, les sections sont constantes et notées respectivement S0 et SN +1 (figure 3.8).
31
32 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ
h1
h2
hN
Onde
incidente
x
x2
xN −1 xN
x0 x1
Dans une couche n quelconque, la pression acoustique correspond à la superposition d’une onde
progressive et d’une onde régressive :
pn (x) = An eik0 x + Bn e−ik0 x e−iωt . (3.51)
pn (x, t)
!
= ζ n (x)e−iωt , (3.54)
qn (x, t)
1 1
0
!
eik0 x
ζ n (x) = D n E n X n avec D n = Sn Sn et En = (3.55)
− 0 −ik
e 0x
Z0 Z0
et où X n = (An , Bn )T . Cette dernière expression permet de relier le vecteur d’état au deux extrémités
d’une couche :
Z0
cos(k0 hn ) −i
Sn
sin(k0 hn )
ζ n (xn−1 ) = T n ζ n (xn ) avec Tn =
Sn
. (3.56)
sin(k0 hn ) cos(k0 hn )
−i
Z0
Les pressions et vitesses normales étant continues à chaque interface, compte tenu des lois de Snell-
Descartes, les vecteurs d’état sont également continus aux interfaces. Cela permet d’exprimer le vecteur
d’état du milieu 0 en x = 0 en fonction de celui du milieu N + 1 à l’interface x = xN :
N
ζ 0 (x0 ) = T n ζ N +1 (xN ) (3.57)
Y
n=1
32
3.3 Propagation guidée unidimensionnelle 33
Compte tenu de l’expression (3.55), le vecteur d’état dans les deux demi-espaces sont définis par les
expressions
ζ (x = 0) = D X avec X 0 = (A, rA)T ,
0 0 0
(3.58)
ζ
N +1 (x = xN ) = D X
N +1 N +1 avec X N +1 = (tA, 0) T.
Dans ces deux expressions, A est l’amplitude arbitraire de l’onde incidente, r le coefficient de ré-
flexion en amont du milieu multicouche et t le coefficient de transmission en aval. Compte tenu de ces
expressions, l’équation matricielle (3.57) peut être mise sous la forme
N
X 0 = M X N +1 avec M = D −1 (3.59)
Y
0 T n D N +1 .
n=1
Les coefficients de transmission et de réflexion sont alors obtenus directement par les expressions
1 M 21
t= et r = M 21 t = . (3.60)
M 11 M 11
33
34 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ
Dans le cas d’un pavillon ayant une variation exponentielle de la section du type S(x) = S0 eβx ,
l’équation de Webster se réécrit
ω2
− k 2 + iβk = 0. (3.68)
c20
34
Bibliographie
D. Royer et E. Dieulesaint, Ondes élastiques dans les solides : Propagation libre et guidée, tome 1,
Masson, 1997.
C. Potel et M. Bruneau, Acoustique générale, Ellipses, 2006.
A. Chaigne et J. Kergomard, Acoustique des instruments de musique, Belin, 2008.
A. Chaigne, Ondes acoustiques, Éditions de l’École Polytechnique, 2001.