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Ondes acoustiques

Tony VALIER-BRASIER
tony.valier-brasier@sorbonne-universite.fr

Institut Jean Le Rond ∂’Alembert – Sorbonne Université


Table des matières

1 Propagation d’ondes acoustiques en milieu libre 5


1.1 Équation de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.1 Équation d’état thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.2 Potentiel des vitesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.3 Bilan d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Solutions élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.1 Onde progressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.2 Onde plane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.3 Représentation complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.4 Ondes sphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.5 Ondes cylindriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2 Propriétés énergétiques et niveaux acoustiques 15


2.1 Caractérisation des signaux acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Signaux et spectres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.2 Moyennes temporelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.3 Intensités acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2 Niveaux acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.1 Définitions du niveau acoustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.2 Sommation de niveaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.3 Pondérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

3 Propagation en milieu borné 23


3.1 Réflexion et transmission à une interface simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.1.1 Détermination des coefficients de réflexion et de transmission en amplitude . . 23
3.1.2 Transmission sur-critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.1.3 Détermination des coefficients de réflexion et de transmission en énergie . . . . 25
3.2 Guide plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.2.1 Modes guidés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.2.2 Vitesses de phase et de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.2.3 Application numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.3 Propagation guidée unidimensionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3.1 Variation discontinue de section . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3.2 Silencieux acoustiques à chambre d’expansion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.3.3 Propagation dans un guide à variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.3.4 Propagation dans un pavillon : équation de Webster . . . . . . . . . . . . . . . 33

3
Chapitre 1

Propagation d’ondes acoustiques en


milieu libre

Ce cours d’introduction à l’acoustique a pour objectif de présenter les bases de la propagation dans
les milieux fluides. Ce premier chapitre est consacré à l’étude de la propagation dans un milieu libre,
c’est-à-dire ne possédant pas de limites physiques. L’étude de la propagation acoustique s’appuie sur
les outils de la mécanique des milieux continus (MMC) qui conduisent à l’obtention de l’équation de
d’Alembert. Les solutions élémentaires de cette équation sont présentées et le choix de la représentation
complexe des champs est justifié.

1.1 Équation de propagation


Les ondes acoustiques sont des ondes mécaniques, c’est-à-dire des ondes qui se propagent dans la
matière. Ses propriétés d’élasticité et de masse conditionne en particulier la propagation. Par définition,
une onde acoustique est une perturbation qui se propage en faisant vibrer des particules autour de
leur position d’équilibre. Une particule est un élément de volume qui est à la fois suffisamment grand
pour contenir des millions de molécules afin que le milieu puisse être considéré comme continu et
suffisamment petit pour que les paramètres mécaniques puissent y être considérés comme constants.
Lorsqu’une particule vibre, des forces de liaison entraînent le mouvement des particules voisines. L’onde
acoustique résulte alors de la mise en mouvement des particules de proche en proche. Après le passage
de l’onde, chaque particule retrouve sa position d’équilibre.
Les fluides sont supposés parfaits, ce qui signifie de négliger les phénomènes de viscosité et de
conduction thermique. L’absence de conduction thermique implique qu’il n’y a pas d’échanges ther-
miques entre les zones comprimées (chaudes) et les zones détendues (froides). Ceci est justifié par le
fait que les échanges mécaniques (ou acoustiques) sont beaucoup plus rapides que les échanges ther-
miques. Le fluide est supposé homogène (mêmes propriétés en tout point), isotrope (mêmes propriétés
dans toutes les directions) et stationnaire (pas d’évolution au cours du temps). L’état du fluide au
repos est caractérisé par sa masse volumique ρ0 , sa pression p0 et un champ de vitesses nul : v 0 = 0 .
Par ailleurs, aucun effort volumique n’est exercé sur le milieu : pas de gravité, pas de forces d’inertie,
pas de forces électriques sur les particules. Dans ce cours, les développements sont restreints au cadre
de l’acoustique linéaire. Les phénomènes acoustiques sont donc considérés de faible amplitude de telle
sorte que l’on puisse faire des développements limités de toutes équations à l’ordre 1.
La propagation acoustique dans un fluide parfait est régie par trois équations fondamentales faisant
6 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE

intervenir pour un fluide parfait trois grandeurs : la pression p(r , t), la vitesse particulaire v (r , t) et
la densité ρ(r , t). Tout d’abord, l’équation de conservation de la masse traduit le fait que la variation
de masse de fluide contenue dans un volume élémentaire V est égale au flux massique vers ce volume
ainsi que la masse produite par une densité de masse ρq :
∂ρ
+ div(ρv ) = ρq. (1.1)
∂t
L’application du principe fondamental de la dynamique à un élément de volume V conduit à l’équation
d’Euler
∂v
ρ + (v . grad )v = − grad p + ρf , (1.2)
∂t
où les deux termes du membres de droite ont pour origines des forces extérieures au volume V agissant
sur celui-ci. Ces deux équations sont complétées par une loi d’état qui dépend de la nature du fluide.
En considérant un mouvement isentropique, l’équation d’état relie la pression et la densité par le
développement limité :

∂p ∂2p ∂3p
p = p0 + (ρ − ρ0 ) + (ρ − ρ 0 )2
+ (ρ − ρ0 )3 + ..., (1.3)
∂ρ s ∂ρ2 s ∂ρ3 s

où les dérivées partielles sont des constantes caractéristiques du milieu et de son état d’équilibre.

1.1.1 Équation d’état thermodynamique


Les perturbations étant faibles, seul le terme du premier ordre est retenu :
∂p
p = p0 + (ρ − ρ0 ). (1.4)
∂ρ s

Le coefficient de proportionnalité du premier ordre ∂p/∂ρ|s peut être relié au coefficient de compres-
sibilité adiabatique χs :
1 ∂V 1 ∂ρ
χs = − = avec m = ρV. (1.5)
V ∂p s ρ0 ∂p s

La loi d’état s’écrit alors


1
p = p0 + (ρ − ρ0 ) = p0 + c20 (ρ − ρ0 ), (1.6)
ρ0 χs
où la vitesse du son c0 dans le fluide est définie par la relation
s s
1 ∂p
c0 = = . (1.7)
ρ0 χs ∂ρ s

Pour une transformation adiabatique, la loi des gaz parfait s’écrit :


p dp dρ
= Cte d’où =γ , (1.8)
ργ p ρ
où γ = Cp /Cv est le rapport des capacités calorifiques massiques à pression et volume constants. La
vitesse du son (1.7) devient alors
γp0
r
c0 = . (1.9)
ρ0
L’équation d’état d’un gaz parfait s’écrit

p0 V = nR0 T (1.10)

6
1.1 Équation de propagation 7

avec R0 = 8, 3 J.mol−1 .K−1 la constante des gaz parfaits. Compte tenu de cette relation, l’expression
(1.9) de la vitesse se met sous la forme
s
γR0 T
c0 = , (1.11)
M

où M = ρV /n est la masse molaire du gaz. Pour l’air, γ = 1, 4 et M = 28, 98 g.mol−1 ; la vitesse du


son a pour expression :

c0 = 20, 04 T + 273, (1.12)

pour une température en degré Celsius. À 20◦ , la vitesse du son dans l’air est 343 m.s−1 .

1.1.2 Potentiel des vitesses


En régime linéaire, la propagation d’une onde acoustique résulte des fluctuations de la pression p,
de la masse volumique ρ et de la vitesse particulaire v autour respectivement des quantités p0 , ρ0 et
v0 : 


 p(x , t) = p0 + pa (x , t),

ρ(x , t) = ρ0 + ρa (x , t), (1.13)


v (x , t) = v + v (x , t),

0 a

où pa , ρa et v a sont des écarts instantanés. Le fluide étant au repos, la vitesse v 0 est nulle signifiant
que la vitesse particulaire v est directement égale à la vitesse particulaire acoustique v a . En utilisant
ces développements et en négligeant les sources (q = 0 et f = 0 ), la linéarisation des équations (1.1),
(1.2) et (1.4) conduit au système suivant :

∂ρa


 + ρ0 div v a = 0,
∂t




∂v a

ρ0 = − grad pa , (1.14)



 ∂t

p = ρ c2 .

a a 0

La vitesse particulaire acoustique est exprimée à partir du potentiel des vitesses φ par la relation,

v a = grad φ. (1.15)

Le report de cette expression dans la seconde équation du système (1.14) permet de mettre la pression
sous la forme :
∂φ
pa = −ρ0 . (1.16)
∂t
En combinant cette expression ainsi que la première et la troisième du système (1.14), il apparaît que
le potentiel φ est solution de l’équation de d’Alembert :

∂2φ
− c20 ∆φ = 0. (1.17)
∂t2

1.1.3 Bilan d’énergie


Lorsque l’onde est présente, le fluide emmagasine de l’énergie acoustique sous forme d’énergies
cinétique et potentielle.

7
8 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE

Le produit de l’équation d’Euler linéarisée (seconde équation du système (1.14)) par la vitesse
particulaire acoustique conduit à la relation

∂v a
ρ0 v a = −v a . grad pa . (1.18)
∂t
Le premier terme de cette équation peut être mis sous la forme

∂v a 1 ∂(v a .v a )
ρ0 v a = ρ0 , (1.19)
∂t 2 ∂t
et le second s’écrit :
v a . grad pa = div i − pa div v a . (1.20)

où l’intensité acoustique instantanée i , également appelée vecteur de Poynting est définie par la relation

i = pa v a . (1.21)

Elle représente la densité de puissance instantanée par unité de surface transportée par l’onde acous-
tique. Compte tenu des première et troisième équations du système (1.14), la relation (1.20) se met
sous la forme :
1 ∂p2a
v a . grad pa = div i + . (1.22)
2ρ0 c20 ∂t
En reportant les expressions (1.19) et (1.22) dans la relation (1.18) et en intégrant le résultat dans un
volume V immobile fermé par la surface S de vecteur unitaire normal l , il vient

d y 1 1 y
 
ρ0 (v a .v a ) + p 2
dV = − div i dV. (1.23)
dt 2 2ρ0 c20 a
V V

Les deux termes entre crochets sont les densités d’énergie cinétique ec et d’énergie potentielle ep définies
par les relations  y y 1
 Ec = ec dV = ρ0 v a .v a dV,
2



yV V
y 1 (1.24)

E p = e p dV = p 2
dV,
2ρ0 c20 a



V V

et le membre de droite correspond au flux du vecteur de Poynting :


x
P= i .l dS. (1.25)
S

L’équation de conservation de l’énergie a donc finalement pour expression

d(Ec + Ep )
+ P = 0. (1.26)
dt
Cette relation traduit à chaque instant la loi de conservation de l’énergie en dehors des sources. En
présence des sources, celle-ci devient :

d(Ec + Ep )
+ P = Ps . (1.27)
dt
La puissance Ps fournie par les sources internes au volume V est soit emmagasinée dans ce volume
sous forme d’énergie cinétique et d’énergie potentielle, soit rayonnée vers l’extérieur avec une puissance
égale au flux du vecteur de Poynting à travers la surface S.

8
1.2 Solutions élémentaires 9

1.2 Solutions élémentaires


Dans ce paragraphe, plusieurs solutions élémentaires de l’équation de propagation sont présentées.

1.2.1 Onde progressive


À une dimension, l’équation de propagation se réduit à l’équation

∂2φ 2
2∂ φ
− c0 = 0. (1.28)
∂t2 ∂x2
En effectuant les changements de variable :
x x
α=t− et β =t+ , (1.29)
c0 c0
les dérivées partielles premières par rapport à t et x s’écrivent respectivement
∂φ ∂φ ∂α ∂φ ∂β ∂φ ∂φ


 = + = + ,
∂t ∂α ∂t ∂β ∂t ∂α ∂β

∂φ ∂φ ∂α ∂φ ∂β 1 ∂φ 1 ∂φ (1.30)
= + =− + ,


∂x ∂α ∂x ∂β ∂x c0 ∂α c0 ∂β

et les dérivées partielles secondes sont données par :



∂2φ ∂2φ ∂2φ ∂2φ
 2 = + +


 ,
∂t ∂α2 ∂α∂β ∂β 2 (1.31)
2
∂ φ 1 ∂ φ
2 2 ∂ φ
2 1 ∂2φ
= − + .


2 2 2

 2
∂x c0 ∂α c0 ∂α∂β 2 c0 ∂β

Le report de ces deux expressions dans l’équation (1.28) conduit à la relation

∂2φ
= 0. (1.32)
∂α∂β
L’intégration de cette équation par rapport à β conduit à la relation
∂φ
= h(α), (1.33)
∂α
puis l’intégration de cette dernière équation par rapport à α donne

φ = f (α) + g(β), (1.34)

où f (α) est la primitive de la fonction h(α). Le potentiel φ admet donc deux solutions :
x x
   
φ(x, t) = f t − +g t+ , (1.35)
c0 c0
qui représentent respectivement des ondes se propageant dans le sens des x croissants et décroissants :
on parle alors d’ondes progressive et régressive.
L’onde progressive naît d’une rupture locale des conditions d’équilibre. Les vibrations sinusoïdales,
autour d’une position moyenne, ont une grande importance car les autres perturbations résultent de
la superposition de telles oscillations. L’onde acoustique émise de fréquence f et d’amplitude A en
x = 0 est représentée par le potentiel :

φ(0, t) = A cos(ωt) avec ω = 2πf = (1.36)
T

9
10 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE

est la pulsation et où la période T est l’inverse de la fréquence. Ce potentiel s’exprime à une distance
x par :
x t x
     
φ(x, t) = A cos ω t − = A cos 2π − , (1.37)
c T λ
où la longueur d’onde λ = c/f est la distance parcourue par l’ébranlement pendant une période T
à une vitesse c. Comme le phénomène se retrouve inchangé au bout du temps T , λ représente, à
un instant donné, la distance qui sépare deux états identiques du solide, par exemple deux maxima
consécutifs du potentiel φ. Il est aussi utile d’écrire :

ω 2π
φ(x, t) = A cos (ωt − kx) où k= = (1.38)
c λ
est le nombre d’onde. L’argument du cosinus est la phase globale ϕ de l’onde : ϕ = ωt − kx. Le nombre
d’onde k est le retard de phase par unité de longueur à un instant donné, tandis que la pulsation ω
est l’avance de phase par unité de temps en un point donné :

∂ϕ ∂ϕ
k=− et ω= . (1.39)
∂x t ∂t x

La vitesse de propagation c = ω/k est appelée vitesse de phase. Cette vitesse dépend des propriétés
mécaniques et géométriques du milieu de propagation, ainsi que de la nature de l’onde en question.
Dans le cas d’une onde plane, la vitesse de phase correspond à la vitesse c0 , qui est une constante
du milieu. Dans ce cas, les ondes se propagent avec la même vitesse quelle que soit la fréquence (voir
figure 1.1). En revanche, dans certains cas, la vitesse de phase peut dépendre de la fréquence ; on parle
alors d’ondes dispersives.
φ(x, t) (u.a.)

Temps (s)

Figure 1.1 – Onde progressive. Signaux mesurées en plusieurs points.

1.2.2 Onde plane


L’expression (1.35) se généralise au cas tridimensionnel :

n .x n .x
   
φ(x , t) = f t − +g t+ , (1.40)
c0 c0

où n est un vecteur unitaire représentant la direction de propagation (figure 1.2). La solution générale
de l’équation de propagation est la superposition d’ondes se propageant dans les différentes directions
de l’espace :
X  n i .x n i .x
 X  
φ(x , t) = fi t − + gi t + . (1.41)
i
c0 i
c0
Les ondes planes ne sont qu’un type d’onde, solution de l’équation de propagation. Il en existe bien
évidemment d’autres. En particulier, la superposition de deux ondes planes est une solution mais ce
n’est pas une onde plane, sauf dans le cas particulier d’une propagation parallèle. Ces solutions n’ont
pas de réalité physique, car toute source réelle a des dimensions finies.

10
1.2 Solutions élémentaires 11

Plans d'onde
x2

x2 P

n2 n

O
n 1 x1 x1
Figure 1.2 – En un point quelconque M repéré par le vecteur x , la vibration, créée par l’onde se
propageant à la vitesse c0 suivant le vecteur unitaire est φ(x , t) = f (t − n .x /c0 ).

Dans le cas d’une onde plane progressive sinusoïdale se propageant dans la direction n , le potentiel
des vitesses s’exprime par :
φ(x , t) = A cos(ωt − k .x ), (1.42)

où le vecteur d’onde est défini par k = kn . La pression acoustique et la vitesse particulaire sont alors
données par les relations

p = −ρ ∂φ = ρ A sin(ωt − k .x ),

a 0 0
∂t (1.43)
v a = grad φ = k0 n A sin(ωt − k .x ).

La vitesse v a est parallèle à la direction de propagation n , ce qui indique que le mouvement des
particules est colinéaire à la direction de propagation, d’où le nom d’onde longitudinale donné à ce
type d’ondes (figure 1.3).

Figure 1.3 – Polarisation d’une onde longitudinale.

1.2.3 Représentation complexe

Il est courant de représenter des grandeurs physiques par des nombres complexes, car toute relation
linéaire à coefficients réels entre des nombres complexes s’applique séparément à leurs parties réelles
et à leurs parties imaginaires.
Une grandeur sinusoïdale φ = A cos(ωt + ϕ) peut donc être recherchée sous la forme φ = Re[φc ]
avec
φc (t) = Aei(ωt+ϕ) = aeiωt . (1.44)

11
12 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE

Cette utilisation offre plusieurs avantages. Tout d’abord, dans une somme de vibrations de même
fréquence, les termes dépendant du temps se mettent en facteur :

φc (t) = eiωt (1.45)


X X
An eiϕn .
n

Ensuite, la dérivée de φc par rapport au temps équivaut à multiplier φc par iω. Enfin, le carré de
l’amplitude A de la vibration est : A2 = φc φ?c = |a|2 , φ?c étant la fonction complexe conjuguée de φc .
L’équation de d’Alembert étant assez difficile à résoudre, dans de nombreuses situations, le potentiel
φ est recherché en régime harmonique, c’est-à-dire sous la forme

φ(x , t) = φ̂(x )e±iωt (1.46)

le choix du signe dans l’exponentielle étant arbitraire. L’amplitude φ̂(x ) est alors solution de l’équation
de Helmholtz :
ω
∆φ̂(x ) + k02 φ̂(x ) = 0 avec k0 = . (1.47)
c0
L’onde plane se propageant dans la direction portée par le vecteur n ,

φ̂(x ) = aeik0 n .x , (1.48)

est une solution simple de cette équation. Dans le cas d’une propagation unidmensionnelle, par exemple
selon l’axe x, l’équation de Helmholtz s’écrit :

d2 φ̂(x)
+ k02 φ̂(x) = 0. (1.49)
dx2
Les solutions de cette équation sont :

φ̂(x) = aeik0 x + beik0 x = c cos(k0 x) + d sin(k0 x). (1.50)

Le choix de la forme de solution – en exponentielles complexes ou en fonctions sinus et cosinus –


dépend du problème étudié et notamment des conditions aux frontière.
La durée des ondes harmoniques est infinie, ce qui est incompatible avec un phénomène physique.
Cependant, l’onde peut avoir un comportement harmonique pendant une certaine durée. De même,
tout signal temporel peut être décomposé en signaux harmoniques, au moyen d’une transformée de
Fourier (voir chapitre 2).

1.2.4 Ondes sphériques


Dans un repère de coordonnées sphériques (O, r, θ, ϕ), une solution à symétrie sphérique ne dépend
pas des angles θ et φ. Dans ce cas précis, le laplacien a pour expression,

1 ∂ 2 (rφ)
∆φ = (1.51)
r ∂r2
et l’équation de d’Alembert devient :

1 ∂ 2 (rφ) 1 ∂2φ
2
− 2 2 = 0. (1.52)
r ∂r c0 ∂t

En régime harmonique,
φ(r, t) = φ̂(r)e−iωt , (1.53)

12
1.2 Solutions élémentaires 13

cette équation devient une équation de Helmholtz unidimensionnelle :

∂ 2 (rφ̂) ω
+ k02 rφ̂ = 0 avec k0 = . (1.54)
∂r2 c0

La solution de cette équation est du type :

A ik0 r B −ik0 r A i(k0 r−ωt) B −i(k0 r+ωt)


φ̂(r) = e + e d’où φ(r, t) = e + e . (1.55)
r r r r

Le terme associé à l’exponentielle ei(k0 r−ωt) correspond à une onde divergente (progressive) et celui
associé à l’exponentielle e−i(k0 r+ωt) à une onde convergente (régressive). L’onde divergente est cou-
ramment étudiée, puisqu’elle représente une onde générée par une source quelconque, se propageant
en s’éloignant de celle-ci. Lorsque la distance entre la source et la frontière du domaine est très grande
devant la plus grande longueur d’onde émise par la source, le domaine est considéré comme illimité.
Dans ce cas, l’onde convergente n’est généralement pas prise en compte car elle correspond à une onde
venant des frontières "infinies" du domaine en direction de l’origine du repère, c’est-à-dire de la source.
En négligeant l’onde convergente (B = 0), le potentiel des vitesses se met donc sous la forme

A i(k0 r−ωt)
φ(r, t) = e . (1.56)
r
Comte tenu des expressions (1.15) et (1.16), la vitesse particulaire et la pression acoustiques ont pour
expressions respectives

∂ A i(k0 r−ωt) A
 
v a (r, t) = e e r = (ik0 r − 1) 2 ei(k0 r−ωt) e r (1.57)
∂r r r
et
ρ0 ωA i(k0 r−ωt)
pa (r, t) = i e . (1.58)
r
L’amplitude de la pression acoustique décroît donc en fonction de la position avec un facteur 1/r.

1.2.5 Ondes cylindriques


Dans un repère de coordonnées cylindriques (O, r, θ, z), une solution à symétrie axiale ne dépend
pas de l’angle θ et de l’altitude z. Dans ce cas précis, le laplacien a pour expression,

∂ 2 φ 1 ∂φ
∆φ = + (1.59)
∂r2 r ∂r
et l’équation de d’Alembert devient :

∂ 2 φ 1 ∂φ 1 ∂2φ
+ − = 0. (1.60)
∂r2 r ∂r c20 ∂t2

En régime harmonique φ(r, t) = φ̂(r)e−iωt , cette équation devient une équation de Bessel :

∂ 2 φ̂ 1 ∂ φ̂
+ + k02 φ̂ = 0. (1.61)
∂r2 r ∂r
dont les solutions sont du type
(1) (2)
φ̂(r) = AH0 (kr) + BH0 (kr), (1.62)

13
14 CHAPITRE 1. PROPAGATION D’ONDES ACOUSTIQUES EN MILIEU LIBRE

(1) (2)
où A et B sont des constantes et où H0 et H0 sont les fonctions de Hankel d’ordre 0, de première
et seconde espèces. Il n’existe pas d’expression analytique des fonctions de Hankel. Toutefois, lorsque
leur argument est grand, leur comportement asymptotique est donné par :

(1) 1−i (2) 1+i


lim H0 (x) = √ eix et lim H0 (x) = √ e−ix . (1.63)
x→∞ πx x→∞ πx
(1)
Ainsi, compte tenu de la convention temporelle choisie (e−iωt ), la fonction H0 est associée à une onde
(2)
divergente et la fonction H0 à une onde convergente. En champ lointain modélisé par k0 r >> 1,

l’amplitude de la pression acoustique décroît donc en fonction de la position avec un facteur 1/ r. Le
champ de vitesse est illustré sur la figure 1.4.

Figure 1.4 – Champ de vitesse d’une onde cylindrique.

14
Chapitre 2

Propriétés énergétiques et niveaux


acoustiques

Dans ce deuxième chapitre, les propriétés énergétiques des ondes acoustiques sont étudiées. Le
niveau sonore, particulièrement utile dans l’acoustique audible, est présenté et des valeurs typiques de
la vie courante sont données.

2.1 Caractérisation des signaux acoustiques

2.1.1 Signaux et spectres


Le signal acoustique de la figure 2.1(a) correspond aux différentes notes d’un xylophone pour enfant.
Chaque note a une structure particulière. Un zoom sur la note sol est présenté sur la figure 2.1(b). Les
premières oscillations sont de forte amplitude et démarrent dès l’excitation par le maillet. Un coup
sec étant porté, l’excitation peut être considérée comme "ponctuelle", c’est-à-dire très brève dans le
temps. L’amplitude des oscillations suivantes décroît jusqu’à extinction du son. L’énergie injectée dans
la lame de xylophone se dissipe, principalement par rayonnement acoustique. Plusieurs modes propres
de la lame sont excités lors de l’impact et chacun rayonne une onde acoustique à sa fréquence propre.
A tout signal temporel est associé un spectre calculé à l’aide d’une transformée de Fourier définie
par : Z ∞
p̂(f ) = p(t)ei2πf t dt. (2.1)
−∞

Les signaux manipulés sont causaux, c’est-à-dire que leur valeur est nulle pour les temps négatifs. De
plus, la durée T d’acquisition des signaux est finie dans le temps. Cela revient à réduire l’intégration
à l’intervalle [0, T ]. Par ailleurs, p̂(f ) est une grandeur complexe comportant un module et une phase
dépendant tous deux de la fréquence. La pression étant une grandeur réelle, son spectre possède la
symétrie hermitienne : p̂(−f ) = p̂? (f ). Seules les fréquences positives sont alors étudiées. Le spectre
du signal correspondant à un sifflement de bouche humaine est représenté sur la figure 2.2 en fonction
de la fréquence. La fréquence "fondamentale" f = 12, 6 kHz domine le spectre. Une seconde fréquence
apparaît à f = 25, 2 kHz : c’est une harmonique.

2.1.2 Moyennes temporelles


En régime linéaire, la pression acoustique est une fluctuation autour de la pression statique. La
moyenne temporelle de la pression acoustique est nulle et n’apporte donc aucune information quan-
16 CHAPITRE 2. PROPRIÉTÉS ÉNERGÉTIQUES ET NIVEAUX ACOUSTIQUES

Pression normalisée 1.0


0.5
0.0
0.5
1.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4
Temps (s)
(a)

1.0
Pression normalisée

0.5

0.0

−0.5

−1.0
0.135 0.140 0.145 0.150 0.155 0.160
Temps (s)
(b)

Figure 2.1 – (a) Pression mesurées correspondant aux différentes notes d’un xilophone. (b) Zoom sur
le signal de la note sol.

0
5
10
Spectre

15
20
25
30 0 5 10 15 20 25 30
Fréquence (kHz)
Figure 2.2 – Spectre d’un signal de pression.

titative sur le champ acoustique. Pour s’en convaincre, calculons la moyenne temporelle d’une onde

16
2.1 Caractérisation des signaux acoustiques 17

sphérique harmonique dont le potentiel complexe s’écrit :

A i(k0 r−ωt)
φ(r, t) = e , (2.2)
r
où A est l’amplitude complexe de l’onde. La pression acoustique "réelle" est alors donnée par la relation :

∂φ(r, t) a a
   
pa (r, t) = − Re ρ0 = Re iρ0 ω ei(k0 r−ωt+ϕ) = −ρ0 ω sin (k0 r − ωt + ϕ) , (2.3)
∂t r r
où a est le module de A et ϕ sa phase. La moyenne temporelle de cette pression acoustique s’écrit :

1
Z T Z T
a a
pmoy (r) = pa (t) dt = −ρ0 ω sin (k0 r − ωt + ϕ) dt = −ρ0 [cos (k0 r − ωt + ϕ)]T0 . (2.4)
T 0 rT 0 rT

Sachant que le produit ωT est égal à 2π, il vient immédiatement que la pression pmoy (r) est nulle.
Dans ce contexte, la pression efficace ou RMS (pour Root Mean Square), définie par la relation
s
1
Z T
pef f = p2a (t) dt (2.5)
T 0

est une quantité plus pertinente et donc plus utilisée. Elle représente la moyenne temporelle du carré
de la pression acoustique. Calculons la pression efficace pour l’onde sphérique harmonique :
s s
1 1
Z T Z T
ρ0 ωa ρ0 ωa
pef f (r) = sin2 (k0 r − ωt + ϕ) dt = [1 − cos (2k0 r − 2ωt + 2ϕ) dt]. (2.6)
r T 0 r 2T 0

L’intégrale du terme en cosinus étant nulle, il vient immédiatement que la pression efficace d’une onde
sphérique harmonique est :
ρ0 ωa
pef f (r) = √ . (2.7)
2r
Cette "moyenne" est donc adaptée à la mesure de la pression acoustique.

2.1.3 Intensités acoustiques


L’intensité acoustique est définie comme étant la moyenne temporelle de l’intensité instantanée
calculée dans la direction de propagation n de l’onde :

1
Z T
I = hpa (t)v a (t).n i = pa (t)v a (t).n dt. (2.8)
T 0

En régime harmonique, l’intégration se fait sur la période T = 2π/ω et ainsi cette expression se réduit
à la relation
1 T 1 1
Z
I= pa (t)v a (t).n dt = [p̂a v̂ ?a + p̂?a v̂ a ] .n = Re [p̂a v̂ ?a ] .n . (2.9)
T 0 4 2
Dans le cas d’une onde plane harmonique, d’amplitude A et de pulsation ω, se propageant dans la
direction n , le potentiel des vitesses s’écrit :

φ(x , t) = Aei(ωt−k0 n .x ) . (2.10)

Compte tenu des expressions (1.15) et (1.16), l’intensité acoustique a pour expression

1 ∂φ  1 1
 ? 
I = − Re ρ0 grad φ n = Z0 k02 |φ|2 = Z0 k02 |A|2 . (2.11)
2 ∂t 2 2

17
18 CHAPITRE 2. PROPRIÉTÉS ÉNERGÉTIQUES ET NIVEAUX ACOUSTIQUES

De même, dans le cas d’une onde sphérique harmonique divergente, dont le champ de pression est
donné par l’expression (2.3), l’intensité acoustique s’écrit :
1 |A|2 1 |A|2
I = ρ0 ω 3 Re [i + k0 r] = Z0 k02 2 . (2.12)
2 r 2 r
L’intensité de l’onde plane progressive est constante, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de perte d’énergie par
l’onde au cours de la propagation. Même compte tenu de cette restriction, dans la réalité, l’intensité
de l’onde diminue au cours de la propagation à cause de phénomènes négligés : viscosité, conduction
thermique et relaxation des molécules. En revanche, l’intensité d’une onde sphérique décroît en 1/r2 :
on parle d’atténuation géométrique.
La puissance associée à une onde sphérique correspond au flux du vecteur de Poynting au travers
d’une sphère fictive de rayon r arbitraire :
x Z π Z 2π
1 |A|2
P = I (r).e r dS = Z0 k02 2 r2 sin θ dθ dϕ = 2πZ0 k02 |A|2 . (2.13)
0 0 2 r
S

Même si l’intensité de l’onde sphérique décroît au cours de la propagation, la puissance acoustique


associée est donc conservée. Ce résultat est également valable pour les ondes cylindriques.

Remarque : Dans les cas simples que sont l’onde plane progressive harmonique et l’onde sphérique
harmonique, il est facile de montrer que l’intensité peut être reliée à la pression efficace par la relation :

p2ef f
I= . (2.14)
Z0

2.2 Niveaux acoustiques


La notion de niveau acoustique présentée dans ce chapitre est celle utilisée dans le cadre de l’acous-
tique aérienne où l’on fait référence à l’audition humaine. Il existe des notions similaires dans d’autres
domaines de l’acoustique, en particulier en acoustique sous-marine.

2.2.1 Définitions du niveau acoustique


L’oreille humaine peut entendre des intensités de 10−12 W/m2 (seuil théorique d’audibilité à 1 kHz)
à 10 W/m2 (seuil de la douleur) et a une sensibilité logarithmique (de même que l’œil). La variation de
sensation entre deux sons est dépendante du rapport des intensités et non de leur différence. Autrement
dit, l’oreille fait la même différence entre des sons d’intensité I et 2I qu’entre des sons d’intensité 2I
et 4I. La représentation logarithmique est donc plus adaptée pour la mesure de niveaux sonores. Il
existe plusieurs façons de définir le niveau acoustique, dont l’unité est le décibel (dB) ; la plus utilisée
est le niveau en pression, également appelé SPL pour Sound Pressure Level, défini par :
!
pef f
Lp = 20 log10 , (2.15)
pref
où pef f est la pression efficace définie par la relation (2.5) et pref est une pression de référence. Dans
le cadre de l’acoustique audible, la pression pref = 20 µPa, traduisant le seuil d’audibilité à 1 kHz
d’un enfant est choisie. Dans le cas de l’onde sphérique, compte tenu de la relation pef f (r) = A/r, il
vient :
pef f (2r) pef f (r)
! ! !
A
Lp (2r) = 20 log10 = 20 log10 = 20 log10 − 20 log10 (2), (2.16)
pref 2rpref pref

18
2.3 Pondérations 19

d’où Lp (2r) ≈ L(r) - 6 dB : le niveau d’une onde sphérique chute donc de 6 dB par doublement de
distance.
Dans certains cas, le niveau en intensité est également utilisé :
!
I
LI = 10 log10 , (2.17)
Iref

où l’intensité de référence Iref est choisie égale au seuil théorique d’audibilité à 1 kHz : Iref =
10−12 W/m2 .
En utilisant la relation (2.14) pour l’intensité et pour l’intensité de référence (Iref = p2ref /Zref ), le
niveau en intensité peut s’exprimer par :

p2ef f Zref
! !
pef f Zref Zref
   
LI = 10 log10 = 20 log10 + 10 log10 = Lp + 10 log10 . (2.18)
Z0 p2ref pref Z0 Z0

En prenant Zref = p2ref /Iref = 400 Rayl et Z0 = 343 Rayl, les variations du deuxième terme restent
inférieures à 0,7 dB. Dans la pratique, il est difficile d’obtenir une précision de mesure meilleure que
1 dB, ce qui permet de négliger ce terme, d’où LI ≈ Lp .

2.2.2 Sommation de niveaux


La pression résultant de la superposition de deux sons caractérisés par des pressions p1 et p2 est
la somme de ces deux pressions : p = p1 + p2 . De même, l’intensité totale est la somme des deux
intensités : I = I1 + I2 . Le niveau total est alors défini par la relation

I1 + I2
!
L = 10 log10 . (2.19)
Iref

En notant L1 et L2 , les niveaux acoustiques en intensité des sons d’intensité I1 et I2 , il vient :


!
In Ln
Ln = 10 log10 d’où In = Iref 10 10 . (2.20)
Iref

Le report de cette dernière expression dans la relation (2.19) conduit alors à l’expression
 
L1 L2
L = 10 log10 10 10 + 10 10 . (2.21)

Cette dernière relation se généralise aisément à un nombre N quelconque de sons :


N
!
Ln
L = 10 log10 10 (2.22)
X
10 .
n=1

2.3 Pondérations
Comme énoncé précédemment, la valeur Iref est choisie par rapport au seuil théorique d’audibilité
à 1 kHz de l’oreille humaine. Les calculs de niveaux font donc intervenir une valeur de référence qui
est choisie arbitrairement.
Pour mieux refléter la perception humaine qui est plus sensible aux hautes fréquences qu’aux basses
fréquences, il a été proposé d’introduire une pondération des niveaux des différentes bandes d’octave.
La pondération à appliquer peut être différente d’un type de bruit à l’autre (par exemple bruit routier

19
20 CHAPITRE 2. PROPRIÉTÉS ÉNERGÉTIQUES ET NIVEAUX ACOUSTIQUES

ou bruit d’avions). Parmi toutes les pondérations, la plus utilisée est la pondération A donnée dans le
tableau 2.1.

fc (Hz) 125 250 500 1000 2000 4000


Pondération (dB) -15,4 -8,5 -3 0 +1 +1

Table 2.1 – Pondération A.

Le niveau acoustique pondéré A s’exprime alors par :


Ln + An
 
6
LA = 10 log10  10 10  . (2.23)
 X 
n=1

Pour expliciter la prise en compte de la pondération, l’unité est appelée dB(A) ou dBA.
À titre indicatif, quelques valeurs de niveaux sonores sont répertoriées dans les tableaux 2.2 et 2.3.
Ces valeurs ne sont qu’indicatives, les fluctuations de niveau peuvent facilement atteindre plus de 10
dB. Par ailleurs, les niveaux dépendent bien évidemment de la distance à la source.

Niveau dB(A) Sensation sonore Nature des bruits


0 Seuil d’audibilité Chambre sourde
10 Silencieux Studio d’enregistrement
20 Très calme Jardin calme
30 Calme Chambre à coucher, voix basse
40 Calme Bureau calme voix normale
50 Modéré Bureau ou appartement bruyant
60 Supportable Bureau bruyant, conversation forte
70 Bruyant, fort Aspirateur, rue passante
80 Fort, pénible Rue bruyante, machines-outils
90 Lésions si 8h/jour Ponçage, atelier de mécanique
100 Très intense Presse, décolletage
110 Insupportable Riveteuse, marteau piqueur
120 Assourdissant Bancs d’essai de moteurs
130 Seuil de douleur, troubles, surdité Réacteur

Table 2.2 – Valeurs usuelles de niveaux de bruits.

Baladeur ; chaîne Hi-Fi sur haut-parleurs 70 à 100 dB(A)


Petit orchestre 90 à 95 dB(A)
Chaîne Hi-Fi au casque 85 à 120 dB(A)
Discothèque 90 à 105 dB(A)
Orchestre symphonique 90 à 105 dB(A)
Local de répétition rock/techno 90 à 110 dB(A)
Concert rock/électro 100 à 115 dB(A)

Table 2.3 – Valeurs usuelles de niveaux de sons musicaux.

La pondération A est une pondération fréquentielle et il existe également des pondérations dans le
domaine temporelle pour étudier des niveaux sur des durées d’intérêt. Ainsi, le niveau équivalent sur

20
2.3 Pondérations 21

une durée T est défini par la relation :

1
Z T !
Leq = 10 log 10
L/10
dt . (2.24)
T 0

Un autre pondération particulièrement utilisée est celle du niveau Lden défini par :
Lday Levening + 5 Lnight + 10
  
1  10 10 10
Lden = 10 log  12.10 + 4.10 + 8.10  . (2.25)

24

Ce niveau donne plus de poids aux bruits du soir et surtout de la nuit par rapport à ceux en journée.

21
Chapitre 3

Propagation en milieu borné

3.1 Réflexion et transmission à une interface simple

z=0

L’intéraction d’une onde incidente avec une interface située


en z = 0 séparant deux fluides parfaits est étudiée. Les fluides φr φt
sont caractérisés par les paramètres (ρ1 , c1 ) et (ρ2 , c2 ). L’onde x
θr θt
incidente est une onde plane, harmonique de pulsation ωi , se
propageant avec l’angle d’incidence θi par rapport à la nor- z
θi
male à l’interface. Par hypothèse, l’interaction de l’onde in-
φi
cidente avec l’interface est supposée conduire à la génération
d’une onde plane réfléchie de pulsation ωr et d’angle d’inci-
dence θr et d’une onde plane transmise de pulsation ωt et (ρ1, c1) (ρ2, c2)
d’angle d’incidence θt .
Figure 3.1 – Schéma de l’interac-
tion d’une onde incidente avec une
interface séparant deux fluides.

3.1.1 Détermination des coefficients de réflexion et de transmission en amplitude

Les potentiels des vitesses associés aux ondes incidente, réfléchie et transmise ont pour expressions
respectives

φ (x , t) = Aei(k i .x −ωi t) ,
 i



φ (x , t) = r Aei(k r .x −ωr t) ,
r φ (3.1)


φ (x , t) = t Aei(k t .x −ωt t) ,

t φ

où les coefficients rφ et tφ sont appelés les coefficients de réflexion et de transmission en amplitude de


potentiel. Les vecteurs d’ondes sont définis par les relations :

ωi

k i = (kix , 0, kiz )t = (sin θi , 0, cos θi )t ,

 c1
ωr


k r = (krx , 0, −krz )t = (sin θr , 0, − cos θr )t , (3.2)
 c1
 ωt
k t = (ktx , 0, ktz )t = (sin θt , 0, cos θt )t .



c2
24 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ

La pression acoustique associée à chaque onde se calcule rapidement en fonction des potentiels

p (x , t) = iρ1 ωi Aei(kix x+kiz z−ωi t) ,
 i



rp (x , t) = iρ ω r Aei(krx x−krz z−ωr t) ,
1 r φ (3.3)


p (x , t) = iρ ω t Aei(ktx x+ktz z−ωt t) .

t 2 r φ

de même que les vitesses particulaires acoustiques :



v (x , t) = i(kix , 0, kiz )t Aei(kix x+kiz z−ωi t) = ik i Aei(kix x+kiz z−ωi t) ,
 i



v (x , t) = i(k , 0, −k )t r Aei(krx x−krz z−ωr t) = ik r Aei(krx x−krz z−ωr t) ,
r rx rz φ r φ (3.4)


v (x , t) = i(k , 0, k )t t ei(ktx x+ktz z−ωt t) = ik t Aei(ktx x+ktz z−ωt t) .

t tx tz φ t φ

Les conditions aux frontières sont la continuité des pressions et des vitesses normales en z = 0 :

p (x, z = 0, t) + p (x, z = 0, t) = p (x, z = 0, t),
i r t
(3.5)
v (x, z = 0, t) + v (x, z = 0, t) .e z = v (x, z = 0, t).e z .
 i r t


Le report des expressions des pressions acoustiques et des vitesses normales dans ces deux équations
conduit aux équations

ρ ω ei(kix x−ωi t) + ρ ω r ei(krx x−ωr t) = ρ ω t ei(ktx x−ωt t) ,
1 i 1 r φ 2 t φ
(3.6)
k ei(kix x−ωi t) − k r ei(krx x−ωr t) = k t ei(ktx x−ωt t) .
iz rz φ tz φ

Ces deux équations sont vérifiées pour toute position x et pour tout temps t, imposant alors les égalités
suivantes : 
k = k = k = k ,
ix rx tx x
(3.7)
ω = ω = ω = ω.
i r t

La première observation est que la fréquence est conservée à l’interface et donc les trois ondes ont la
même pulsation, notée ω dans la suite. De même, la composante tangentielle des vecteurs d’onde sont
égales et notées kx désormais. Ces deux égalités conduisent directement à la loi de Snell-Descartes :
sin θi sin θr sin θt
= = . (3.8)
c1 c1 c2
Les angles θi et θr sont égaux θi = θr = θ1 et l’angle θt = θ2 est donné par
c2
 
θ2 = arcsin sin θ1 . (3.9)
c1
Compte tenu de ces résultats, le système (3.6) devient

ρ (1 + r ) = ρ t ,
1 φ 2 φ
(3.10)
k (1 − r ) = k t .
1z φ 2z φ

La résolution de ce système d’équations fournit les expressions des coefficients de réflexion et de


transmission :
ρ2 k1z − ρ1 k2z 2ρ1 k1z
rφ = et tφ = , (3.11)
ρ2 k1z + ρ1 k2z ρ2 k1z + ρ1 k2z
qui peuvent être exprimés en fonction des angles d’incidence θ1 et θ2 par les relations :
Z2 cos θ1 − Z1 cos θ2 2ρ1 c2 cos θ1
rφ = et tφ = , (3.12)
Z2 cos θ1 + Z1 cos θ2 Z2 cos θ1 + Z1 cos θ2

24
3.1 Réflexion et transmission à une interface simple 25

où Z1 = ρ1 c1 et Z2 = ρ2 c2 sont les impédances caractéristiques des deux milieux. En incidence normale,


les angles θ1 et θ2 sont nuls. Les coefficients de réflexion et de transmission s’écrivent alors
Z2 − Z1 2ρ1 c2
rφ = et tφ = . (3.13)
Z2 + Z1 Z2 + Z1
Il apparaît que les impédances de chaque milieu conditionnent la réflexion et la transmission entre deux
milieux. Ainsi, si les impédances Z1 et Z2 sont très différentes, la réflexion est forte et la transmission
en faible. Si ces impédances sont similaires, la réflexion est faible et la transmission est forte.

3.1.2 Transmission sur-critique


Bien que les expressions des coefficients de réflexion et de transmission en amplitude en fonction
des angles d’incidence θ1 et θ2 soient souvent utilisées, elles ne sont pas toujours valables. En effet,
lorsque la vitesse du son dans le milieu 2 est inférieure à celle dans le milieu 1, il existe un angle
critique
c1
 
θc = arcsin , (3.14)
c2
à partir duquel l’onde transmise dans le second milieu a un angle d’incidence égal à π2 . La composante
k2z du nombre d’onde pouvant être définie par la relation
s s
ω 2 ω 2 sin2 θ2 ω 2 ω 2 sin2 θ1 ω
q
k2z = − = − = sin2 θc − sin2 θ1 , (3.15)
c22 c22 2
c2 2
c1 c1

il apparaît immédiatement que si l’angle d’incidence θ1 est inférieur à l’angle critique θc , la composante
k2z est réelle et s’il est supérieur, la composante k2z est imaginaire : k2z = ±iα. Dans ce cas, le potentiel
acoustique de l’onde transmise dans le milieu 2 s’écrit :

φt (x , t) = tφ Ae−αz ei(kx x−ωt) . (3.16)

Physiquement, cela impose que l’onde transmise est propagative selon la direction x et évanescente
dans la direction z, puisque son amplitude décroît dans la profondeur. Enfin, il est important de
remarquer que les coefficients de réflexion rφ et de transmission tφ en amplitude de potentiel sont
complexes, au delà de l’angle critique.

3.1.3 Détermination des coefficients de réflexion et de transmission en énergie


Les coefficients de réflexion et de transmission en énergie ont pour expression
Ir It
R= et T = , (3.17)
Ii Ii
où Ii , Ir et It sont respectivement les intensités acoustiques dans le plan de l’interface des ondes
incidente, réfléchie et transmise. Les calculs de ces intensités acoustiques font intervenir les pressions
acoustiques pi , pr et pt et les vitesses particulaires acoustiques v i , v r et v t :
1
Re [p?r v r .(−e z )] 1
Re [p?t v t .e z ]
R= 2
et T = 2
, (3.18)
2 Re [pi v i .e z ] Re [p?i v i .e z ]
1 ? 1
2

Le report des expressions des pressions (3.3) et des vitesses particulaires (3.4) conduit finalement aux
relations :
ρ1 Re[k2z ]
R = |rφ |2 et T = |tφ |2 . (3.19)
ρ2 k1z

25
26 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ

Les coefficients de réflexion et de transmission en énergie ont donc pour expressions


2
ρ2 k1z − ρ1 Re[k2z ] 4ρ1 ρ2 k1z Re[k2z ]

R= et T = . (3.20)
ρ2 k1z + ρ1 Re[k2z ] (ρ2 k1z + ρ1 Re[k2z ])2
La somme de ces deux coefficients est bien égale à 1, signifiant que l’énergie est bien conservée selon
la direction z. De plus dans le cas de la transmission sur-critique, la composante k2z étant imaginaire,
le coefficient de réflexion R est égal à l’unité et le coefficient de transmission T est nul.

3.2 Guide plan


La propagation d’ondes acoustiques guidées dans une plaque
z
fluide délimitée par les surfaces z = 0 et z = h (figure 3.2) est z=h
x
étudiée ici. Le potentiel des vitesses harmonique est solution
de l’équation de Helmholtz θ
z=0
∂2φ ∂2φ
+ 2 + k 2 φ = 0. (3.21) Figure 3.2 – Schéma de la plaque.
∂x2 ∂z

3.2.1 Modes guidés


La pression est recherchée sous la forme de la superposition de deux ondes planes

φ(x, z, t) = Aei(k sin θx+k cos θz−ωt) + Bei(k sin θx−k cos θz−ωt) , (3.22)

où θ est l’angle d’incidence des ondes. En posant,



k = k sin θ,
x
d’où k 2 = kx2 + kz2 , (3.23)
k = k cos θ,
z

le potentiel des vitesses φ se met sous la forme


 
φ(x, z, t) = Aeikz z + Be−ikz z ei(kx x−ωt) . (3.24)

La pression et la composante normale de la vitesse particulaire ont alors pour expressions respectives :

∂φ
  
p(x, z, t) = −ρ0
 = iρ0 ω Aeikz z + Be−ikz z ei(kx x−ωt) ,
∂t (3.25)
∂φ  
vz (x, z, t) = = ikz Ae
ikz z −ikz z
− Be i(kx x−ωt)
e .


∂z
Les parois étant supposées rigides, les conditions aux frontières de vitesse normale nulle aux interfaces
z = 0 et z = h conduisent au système

A − B = 0,
(3.26)
Aeikz h − Be−ikz h = 0.

De ces deux équations, on déduit immédiatement que les amplitudes A et B sont égales et l’équation
suivante
sin(kz h) = 0, (3.27)
dont les solutions ont pour expression

k zm = avec m ∈ N. (3.28)
h

26
3.2 Guide plan 27

Le potentiel des vitesses dans la plaque se décompose alors sur une somme infinie de solutions appelés
modes :

 
φ(x, z, t) = Am cos (3.29)
X
z ei(kxm x−ωt) ,
m h
où l’amplitude Am est inconnue et où kxm est donné par l’expression
s 2

q 
kxm = k2 − kz2m = k2 − . (3.30)
h
Cette relation peut être mise sous la forme :
2π q 2
kxm = 2,
f − fm (3.31)
c0
où la fréquence de coupure fm du mode m est définie par la relation
mc0
fm = . (3.32)
2h
Pour les fréquences inférieures à la fréquence de coupure fm , le nombre d’onde kxm est imaginaire,
signifiant que le mode m est évanescent. À l’inverse pour les fréquences supérieures à la fréquence de
coupure, le nombre d’onde kxm est réel et le mode est propagatif. Lorsque la fréquence est précisément
égale à la fréquence de coupure, le nombre d’onde kxm est nul et donc le mode n’est ni propagatif, ni
évanescent : il traduit une résonance dans l’épaisseur de la plaque.

20

15

10
kh

0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
f h/c0

3.2.2 Vitesses de phase et de groupe


Pour les modes propagatifs, la vitesse de phase cϕm du mode m est définie par la relation
ω ω c0
cϕm = =s  = p1 − (f /f )2 . (3.33)
kxm 
mπ 2 m
k02 −
h
La vitesse de groupe d’un mode propagatif a pour expression
q
∂ω ∂k ∂ kx2m + zm 2 kxm c2 q
cgm = = c0 = c0 = c0 = 0 = c0 1 − (fm /f )2 . (3.34)
∂kxm ∂kxm ∂kxm k cϕm

27
28 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ

Les évolutions des vitesses de phase et de groupe des premiers modes guidés sont tracées en fonction
de la fréquence respectivement sur les figures 3.3(a) et 3.3(b). Lorsque la fréquence est égale à la
fréquence de coupure d’un mode, la vitesse de phase du mode tend vers l’infini et la vitesse du groupe
tend vers 0.

5 1.2

4 1.0

0.8
3
c/c0

c/c0
0.6
2
0.4
1 0.2

0 0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
f h/c0 f h/c0

(a) (b)

Figure 3.3 – (a) Vitesses de phase et (b) vitesses de groupe des premiers modes guidés.

3.2.3 Application numérique


Lors de situations réelles, les ondes se propagent dans de nombreuses situations avec un spectre
contenant plusieurs fréquences : on parle alors de paquet d’ondes. En prenant comme variable la
pulsation ω, le paquet d’ondes s’écrit
1 ∞
Z
p(x, t) = A(ω)ei(kx−ωt) dω, (3.35)
2π −∞
où A(ω) est l’amplitude spectrale du paquet d’ondes.
Pour un parcours ` dans un milieu où la vitesse de phase c = ω/k est indépendante de la fréquence,
chaque composante du groupe est retardée de la même quantité τ = `/c. Au bout de ce temps le
groupe se retrouve inchangé (figure 3.4(a)). Si l’onde est dispersive, sa vitesse dépend de la fréquence.
Certaines ondes élémentaires formant le début du groupe, parties très tôt mais voyageant lentement,
sont rattrapées par d’autres ondes parties plus tard mais se déplaçant plus vite.
La densité d’amplitude A(ω) ne prend de valeur notable que dans une petite région autour de la
valeur ω0 = ω0 /c(k0 ), où k0 est le nombre d’onde "central" du paquet d’onde. Le développement au
premier ordre de la relation de dispersion autour de ω0 s’écrit alors :
dk ω − ω0
k(ω) = k(ω0 ) + (ω − ω0 ) = k0 + , (3.36)
dω ω0 cg
où la vitesse de groupe cg est définie par :
dk
c−1
g = . (3.37)
dω ω0

En reportant dans l’expression (3.35), le champ de pression devient :


p(x, t) = eiδx p(x = 0, t − x/cg ), (3.38)
avec δ = k0 − ω0 /cg . Cette expression montre que le paquet d’onde a mis la durée t = x/cg , pour se
déplacer de la distance x. La vitesse cg est donc bien la vitesse du paquet d’onde.

28
3.3 Propagation guidée unidimensionnelle 29

0 10 20 30 40 50
Temps (s)

Figure 3.4 – Signaux temporels d’ondes (a) non dispersives et (b) dispersives pour plusieurs distances
de propagation.

3.3 Propagation guidée unidimensionnelle


Lorsque la fréquence des ondes est inférieure à la première fréquence de coupure f1 , seul le mode
plan peut être conservé dans la modélisation. Cela se traduit par une indépendance de la pression
acoustique selon les coordonnées transverses du guide : la pression acoustique ne dépend alors que de
la coordonnée axiale.

3.3.1 Variation discontinue de section


Traitons le cas d’une variation discontinue de section position-
née en x = 0 (figure 3.5). Une onde plane incidente d’ampli-
tude arbitraire A se propage dans la partie amont du tuyau.
A
Les pressions acoustiques en amont et en aval de la disconti- tA
S1 S2
nuité sont cherchées sous les formes :
rA
−ik0 x
p̂1 (x) = Ae ik0 x
+Are et p̂2 (x) = tAe ik0 x
. (3.39)

Compte tenu de l’équation d’Euler, les composantes axiales Figure 3.5 – Expansion disconti-
des vitesses ont pour expressions : nue de section.

A  ik0 x
 
v̂1 (x) = e − re−ik0 x ,


Z0 (3.40)
At ik0 x
v̂2 (x) = e .


Z0
En x = 0, les pressions et les débits sont continus :

p1 (0) = p2 (0) et S1 v1 (0) = S2 v2 (0), (3.41)

29
30 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ

L’application de ces conditions aux frontières conduit aux expressions des coefficients de réflexion et
de transmission :
S1 − S2 2S1
r= et t= . (3.42)
S1 + S2 S1 + S2
Lorsque la section S2 est proche de S1 , la transmission est forte. À l’inverse, si S2 est très grande
devant S1 , alors la transmission est faible.

3.3.2 Silencieux acoustiques à chambre d’expansion


Les silencieux acoustiques à expansion sont des tuyaux de section constante S1 , comportant sur
une longueur L une chambre de section S2 beaucoup plus grande (figure 3.6).

S1 S2

L
Figure 3.6 – Schéma d’un silencieux à chambre d’expansion.

Une onde plane incidente d’amplitude arbitraire A se propage dans la partie amont du tuyau. Les
pressions acoustiques dans chaque portion du conduit sont cherchées sous les formes :

p̂1 (x) = Aeik0 x + rAe−ik0 x , p̂2 (x) = aA cos(k0 x) + bA sin(k0 x) et p̂3 (x) = tAeik0 x . (3.43)

Compte tenu de l’équation d’Euler, les composantes axiales des vitesses ont pour expressions :
A  ik0 x
 
v̂1 (x) = e − re−ik0 x ,


Z0



iA


v̂ (x) = −
2 [b cos(k0 x) − a sin(k0 x)] , (3.44)
 Z0
At


v̂3 (x) = eik0 x .



Z0
À chaque interface, les pressions et les débits sont continus :

p1 (0) = p2 (0), S1 v1 (0) = S2 v2 (0), p2 (L) = p3 (L) et S2 v2 (L) = S1 v3 (L). (3.45)

L’application de ces conditions aux frontières conduit au système d’équations :





 1 + r = a,

S1 (1 − r) = −iS2 b,



(3.46)



 a cos(k0 L) + b sin(k0 L) = teik0 L

−iS [b cos(k L) − a sin(k L)] = S teik0 L .

2 0 0 1

En éliminant les amplitudes des ondes dans la chambre, il vient :



(1 + r)S cos(k L) + iS (1 − r) sin(k L) = S teik0 L ,
2 0 1 0 2
(3.47)
iS (1 − r) cos(k L) − S (1 + r) sin(k L) = iS teik0 L .
1 0 2 0 1

30
3.3 Propagation guidée unidimensionnelle 31

La résolution de ce système d’équations conduit à la détermination des coefficients :

i(S22 − S12 ) sin(k0 L)


r= (3.48)
2S1 S2 cos(k0 L) − i(S12 + S22 ) sin(k0 L)

et

2S1 S2 e−ik0 L
t= . (3.49)
2S1 S2 cos(k0 L) − i(S12 + S22 ) sin(k0 L)

Le facteur de perte par transmission est défini comme étant le logarithme du rapport de la puissance
incidente Pi sur la puissance transmise Pt par la chambre:

1 (S 4 + S24 )
" #
Pi
   
LT = 10 log10 = 10 log10 = 10 log10 1+ 1 sin2 (k0 L) . (3.50)
Pt |t|2 (2S1 S2 )2

Ce facteur est tracé sur la figure 3.7 en fonction de la fréquence pour trois ratios de section m = S2 /S1
tels que m = 2, 50, 100.

35
m=2 m = 10 m = 50
30

25

20
LT (dB)

15

10

0
0 2 4 6 8 10
f (kHz)

Figure 3.7 – Facteur de perte d’un silencieux à chambre d’expansion.

3.3.3 Propagation dans un guide à variable

L’objet de cette partie est de modéliser la propagation dans un guide à section variable composé
de N couches de section Sn et d’épaisseur hn . En amont (x < 0) et en aval (x > xN ) de ce milieu
multicouche, les sections sont constantes et notées respectivement S0 et SN +1 (figure 3.8).

31
32 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ

h1
h2
hN

Onde
incidente
x

x2
xN −1 xN
x0 x1

Figure 3.8 – Schéma du milieu multicouche.

Dans une couche n quelconque, la pression acoustique correspond à la superposition d’une onde
progressive et d’une onde régressive :
 
pn (x) = An eik0 x + Bn e−ik0 x e−iωt . (3.51)

Compte tenu de l’équation de conservation de la quantité de mouvement, la vitesse normale a pour


expression
1  
vn (x, t) = An eik0 x − Bn e−ik0 x e−iωt . (3.52)
Z0
Le débit peut alors être mis sous la forme :
Sn  
qn (x, t) = An eik0 x − Bn e−ik0 x e−iωt . (3.53)
Z0
Le vecteur d’état ζ n (z), défini à partir de la relation

pn (x, t)
!
= ζ n (x)e−iωt , (3.54)
qn (x, t)

est donné par :

1 1
 
0
!
eik0 x
ζ n (x) = D n E n X n avec D n =  Sn Sn  et En = (3.55)
− 0 −ik
e 0x
Z0 Z0
et où X n = (An , Bn )T . Cette dernière expression permet de relier le vecteur d’état au deux extrémités
d’une couche :
Z0
 
 cos(k0 hn ) −i
Sn
sin(k0 hn )
ζ n (xn−1 ) = T n ζ n (xn ) avec Tn = 
 Sn
. (3.56)
sin(k0 hn ) cos(k0 hn )

−i
Z0
Les pressions et vitesses normales étant continues à chaque interface, compte tenu des lois de Snell-
Descartes, les vecteurs d’état sont également continus aux interfaces. Cela permet d’exprimer le vecteur
d’état du milieu 0 en x = 0 en fonction de celui du milieu N + 1 à l’interface x = xN :
N
ζ 0 (x0 ) = T n ζ N +1 (xN ) (3.57)
Y

n=1

32
3.3 Propagation guidée unidimensionnelle 33

Compte tenu de l’expression (3.55), le vecteur d’état dans les deux demi-espaces sont définis par les
expressions 
ζ (x = 0) = D X avec X 0 = (A, rA)T ,
0 0 0
(3.58)
ζ
N +1 (x = xN ) = D X
N +1 N +1 avec X N +1 = (tA, 0) T.

Dans ces deux expressions, A est l’amplitude arbitraire de l’onde incidente, r le coefficient de ré-
flexion en amont du milieu multicouche et t le coefficient de transmission en aval. Compte tenu de ces
expressions, l’équation matricielle (3.57) peut être mise sous la forme
N
X 0 = M X N +1 avec M = D −1 (3.59)
Y
0 T n D N +1 .
n=1

Les coefficients de transmission et de réflexion sont alors obtenus directement par les expressions
1 M 21
t= et r = M 21 t = . (3.60)
M 11 M 11

3.3.4 Propagation dans un pavillon : équation de Webster


La propagation d’onde dans un pavillon trouve son intérêt
dans plusieurs objets de la vie courante tels que les trom-
pettes, les stéthoscopes ou encore les mégaphones. Un pa-
villon acoustique est un guide à section S variable (figure
3.9). Pour modéliser la propagation acoustique dans ce type
S0
de conduit, il est nécessaire de repartir des équations fon- O S(x) x
damentales et en particulier l’équation de conservation de la
masse doit être réécrite. Pour cela, un bilan de la conservation
de la masse est effectué sur un élément infinitésimal d’épais- Figure 3.9 – Schéma d’un pavillon.
seur dx du pavillon :

∂[ρ(x, t)S(x) dx]


+ ρ(x, t) [S(x + dx)v(x + dx) − S(x)v(x)] = 0. (3.61)
∂t
En posant ρ(x, t) = ρ0 + ρa (x, t), avec |ρa | << ρ0 , la linéarisation de la relation précédente conduit à
l’équation
∂ρa (x, t) v(x, t) S(x)
S(x) + ρ0 S(x) + ρ0 v(x, t) = 0. (3.62)
∂t ∂x ∂x
Compte tenu de la loi d’état reliant la pression acoustique pa à la variation acoustique de densité,
c’est-à-dire pa = ρa c20 , l’équation de conservation de la masse peut être mise sous la forme
1 ∂pa (x, t) ρ0 ∂S(x)v(x, t)
 
+ = 0. (3.63)
c20 ∂t S(x) ∂x
L’utilisation de l’équation d’Euler linéarisée permet finalement d’éliminer la vitesse v et ainsi d’obtenir
l’équation de propagation dans le pavillon, également appelée équation de Webster :

1 ∂ 2 pa (x, t) 1 ∂ ∂pa (x, t)


 
2 2
− S(x) = 0. (3.64)
c0 ∂t S(x) ∂x ∂x
Cette équation est parfois mise sous la forme

1 ∂ 2 pa (x, t) ∂ 2 pa (x, t) ∂ ln S(x) ∂pa (x, t)


− − = 0. (3.65)
c20 ∂t2 ∂x2 ∂x ∂x

33
34 CHAPITRE 3. PROPAGATION EN MILIEU BORNÉ

Dans le cas d’un pavillon ayant une variation exponentielle de la section du type S(x) = S0 eβx ,
l’équation de Webster se réécrit

1 ∂ 2 pa (x, t) ∂ 2 pa (x, t) ∂pa (x, t)


2 2
− 2
−β = 0. (3.66)
c0 ∂t ∂x ∂x

La solution sous la forme d’onde plane est cherchée

pa (x, t) = Aei(kx−ωt) , (3.67)

conduisant à l’équation de dispersion

ω2
− k 2 + iβk = 0. (3.68)
c20

Le nombre d’onde a alors pour expression


s s
β ω2 β 2 β ω ωc2
k=i ± − =i ± 1− , (3.69)
2 2
c0 4 2 c0 ω2

où la pulsation de coupure ωc est définie par la relation


βc0
ωc = . (3.70)
2
Il apparaît immédiatement que si la pulsation ω est inférieure à la pulsation de coupure ωc , l’onde
plane est purement évanescente, signifiant que le pavillon exponentiel ne transmet pas les fréquences
inférieures à la fréquence de coupure. À l’inverse, c’est-à-dire si la pulsation ω est inférieure à la
pulsation de coupure ωc , l’onde plane est propagative et atténuée.

34
Bibliographie
D. Royer et E. Dieulesaint, Ondes élastiques dans les solides : Propagation libre et guidée, tome 1,
Masson, 1997.
C. Potel et M. Bruneau, Acoustique générale, Ellipses, 2006.
A. Chaigne et J. Kergomard, Acoustique des instruments de musique, Belin, 2008.
A. Chaigne, Ondes acoustiques, Éditions de l’École Polytechnique, 2001.

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