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Annales de la Société Géologique de Be lgique

PUBLICATION SPÉCIALE RELATIVE AU CONGO BELGE 1933-1934

La géologie du Katanga.
Les directives des travaux de levés
PAR • l

MAURICE ROBERT

0 ^
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I n Yr

LIÈGE
H. V A I L L A N T - C A R M A N N E , S. A . , I M P . D E L'ACADÉMIE
4, PLACE SAINT-MICHEL, 4
7445 1934
Annales de la Société Géologique de Belgique
P U B L I C A T I O N S P É C I A L E R E L A T I V E A U C O N G O B E L G E 1933-1954

La géologie du Katanga.
Les directives des travaux de levés
PAR

MAURICE R O B P I R Ï

LIÈGE
H. V A I L L A N T - C A R M A N N E , S. A., I M P . D E L ' A C A D É M I E
4, PLACE SAINT-MICHEL, 4
7445 1 9 3 4
La géologie du Katanga
Les directives des travaux de levés
p a r MAURICE R O B E R T

Considérations préliminaires
Rappelons qu'il est encore parfois utile de s'en rapporter aux
observations effectuées au Katanga par Jules Cornet et de se
rappeler certaines considérations qu'il a émises au sujet de la
géologie de cette région.
Rappelons aussi la carte géologique du Katanga publiée,
en 1908, par F. E. Studt, J . Cornet et H. Buttgenbach, dans les
Annales du Musée du Congo.
Nombreuses certes furent les études importantes effectuées
au Katanga méridional et sur son pourtour, depuis 1908 jusqu'en
1920, par toute une pléiade d'ingénieurs, mais il n'en est pas
moins vrai qu'en 1920, c'était encore aux travaux de Jules Cornet
et aux documents susmentionnés qu'il fallait s'en rapporter
pour se faire une idée d'ensemble des caractéristiques générales
de la géologie du Katanga méridional.
La critique serait évidemment aisée à ceux qui, ayant en mains
les repères bien définis que nous possédons maintenant, com-
pareraient la carte actuelle du Katanga méridional on ne figurent
à peu près uniquement que les affleurements de couches appar-
tenant à deux systèmes : le Kundelungu et le Schisto-Dolomitique,
avec celle de 1908 où l'on trouve figurés, dans la même zone, toute
une série de systèmes tels que ceux du Kundelungu, de la Lufira,
de Kambove, de •Mutubwe, de Wemashi et de Musofi.
N'oublions cependant pas que l'on se trouve ici dans des
couches qui sont dépourvues de fossiles, qui s'étendent sur lui
vaste territoire en changeant souvent de faciès dans nombre
de leurs horizons, qui peuvent être horizontales ou à peu près
d'une part et violemment plissées d'autre part, qui, de plus.
Grès durs rouges feldspathiques.
S Y S T È M E \ SYSTèME \ Schistes.
H O R I Z O N T A L J DU i Calcaires.
• KUNDELUNGU Conglomérats à la ba.se.

Conglomérats et poudingues.
SYSTèME i Grès.
DE I.A ' Schistes.
LuFiRA I Calcaires.
Schistes souvent noduleux.

Conglomérats.
Poudingues et arkoses.
S Y S T è M E l Schistes jaunes et rouges.
y Grès souvent micacés.
DE , Calcaire siliceux gris.
J Dolomies feuilletées.
K A M B O V E I Calcaire fortement cristallin.
Couches interstratifiées de quartz concrétionné ou cherts
\ oolithiques.

Poudingues et arkoses à la base.


SYSTèME l Grès ferrugineux.
SYSTÈMES \ Quartzites.
DE , Schistes pyritiqties et à magnétite.
j Ardoises siliceuses.
M U T U M B W E I Jaspes.
PLISSÉS Schistes anthraciteux vers la base.
Çà et là dolomies à magnétites.

Conglomérats à la base.
Grès pyriteux durs.
S Y S T è M E V Schistes.
) Ardoises argileuses jiyritiques.
DE 1 Phylladcs.
' Calcaires pyriteux.
W E M A S H I Calcaires dolomitiques s'altérant parfois en roche
talqueuse.

Grès très ferrugineux souvent à magnétite.


SYSTèME Poudingues passant aux quartzites.
V Phyllades ressemblant aux « halleflinta ».
DE Grès rouges foncés sablonneux.
I Grauwackes.
MusoFi ' Grès chloriteux.
Calcaires dolomitiques cristallins.
E n b a n c s s o u v e n t épais.
I n t e r c a l a t i o n s de schistes \
g r é s e u x e t d e schistes argi- Une partie de cet horizon
Horizon des grès leux. N e semble pas être/ n'a pas é t é o b s e r v é e d a n s
feldspathiques, ép. v a r i a b l e . bien d é v e l o p p é d a n s la ; la z o n e S u d .
z o n e S u d d u K a t a n g a mé-
ridional.

S c h i s t e s à stratification irrégulière, ripple-niarks, len-


Horizon des schistes i tilles gréso-calcaires, lits de grès f e l d s p a t h i q ;hiques
u e s d e pdl uesp l u s
gréseux, T en p l u s n o m b r e u x et i m p o r t a n t s vers le s o m m e t d e
ép. de 5 0 0 à 7 0 0 m è t r e s, à l'horizon.

N i v e a u de c h e r t s parfois
oolithiques, 1 mètre.
F i n e m e n t stratifiés (avec Schistes argileux a v e c
h o r i z o n s e t lentilles gréso- I t e n d a n c e a u p a s s a g e à l'ho-
1 calcaires et h o r i z o n s schistes rizon des s c h i s t e s g r é s e u x ,
Horizon des schistes g r é s e u x intercalés), parfois ' ép. variable d e 150 à 3 0 0
argileux, ép. de 5 0 0 à ' surtout d a n s zone Sud, sont mètres.
7 0 0 m è t r e s (de 4 0 0 à 8 0 0 m . ) i e n v a h i s p a r calcaires, cal- N i v e a u calcaire oolitli.
caires g r é s e u x légèrement I à algues, 0 à ;5 m è t r e s o u
f e l d s p a t h i q u e s et lentilles. plus (').
Schistes argileux, 3 0 0 à
500 mètres.
Calcaire rose,
D o l o m i t i q u e à grain fin.
ep. de 5 à 2 0 mètres.
Petit conglomérat,
ép. de 0 à 20 m è t r e s A p e t i t s c a i l l o u x roulés, s o u v e n t des agates.
(parfois j u s q u e 3 0 mètres).
Calcaire gréseux,
ép. de 3 0 0 à 500 m è t r e s O u grès c a l c a r e u x , lentilles gréso-calcareuses.
(parfois moins). \
Schistes argileux. I
A s c h i s t o s i t é irrégulière, s o u v e n t chloriteux.
ép. d e 200 à 400 m è t r e s . \
Calcaire de Kakontwe, . Horizon supérieur : dolomie brunâtre à grain fin.
ép. de 40 à 60 m è t r e s Horizon inférieur : calcaire gris, micro-cristallin, v e i n u l e s
(parfois de 0 à 4 0 0 m.). ' de c a l c i t e .
„ ,. _i • • i C a l c s c h i s t e s z o n e s .
Formations glaciaires I ^ , , ^
, , , „„„ C o n g l o m é r a t s ,
ép. de 100 a 300 m è t r e s . ^
*^ ' Calcschistes zones. )
l Calcschistes z o n é s . ^
H o r i z o n de Q u a r t z i t e s f e l d s p a t h i q u e s de 0 à 3 0 0 mètres
' Schistes
I S c h i s t e s noirs p y r i t e u x de 100 à 2 0 0

z< ' S c h i s t e s g r é s e u x d o l o m i t i q u e s c a l c a r o - g r é s e u x de 100 à 20O

i P e t i t c o n g l o m é r a t de 0 à 10

H o r i z o n c h e r t e u x et f e r r u g i n e u x . J a s p e s - o o l i t h e s s i l i c e u s e s . . . de 5 à 10
jusqu'à 6 0 m.
O Zone centrale du Katanga méridional Zone rhodésienne
w • (série d e s mines) (série de R o a n )
O i Calcaire d o l o m i t i q u e o u d o l o m i c s
S \ en gros bancs — peu silicifiés — Dolomies et schistes d o l o m i t i q u e s
schistes d o l o m i t i q u e s a v e c b a n d e s \ a v e c intercalations de grès.
t^
g r a p h i t e u s e s — banc de calcaire p e u ' Schistes, grès et dolomics.
silicific — calcaire d o l o m i t i q u e le-
cristallisé et silicifié — calcaire dolo- Grès feldspathiques, grès e t con-
glomérat à la bast.
en m i t i q u e à bandes cherteuses
Voir n o t e b a s de la page 104.
2
— cl04 -

peuvent, être parfois assez métamorphisées et qui, le plus souvent,


sont fortement altérées dans leurs affleurements.
Dans de telles conditions, on peut certes effectuer des obser-
vations fidèles et précises en des points localisés successifs,
comme le furent d'ailleurs toutes celles effectuées autrefois par
Jules Cornet, mais on s'expose néanmoins à sombrer dans le
chaos lorsqu'on passe, prématurément, à l'identification des
systèmes, aux raccords et à l'élaboration des synthèses.
Il suffit pour s'en rendre compte de rappeler quelles sont les
définitions et les raccords des systèmes figurant dans la carte
de 1908 et de les comparer à la réalité dans la définition des
systèmes et des séries et de leurs raccords tels que novis avons
pu les définir et les fixer à présent. (Voir tableaux ci-avant).

§ 1. — Au sujet des levés dans la région


du Katanga méridional proprement dit

Dans cette région, les caractéristiques les plus essentielles des


formations qui se succèdent depuis la base du système Schisto-
Dolomitique jusqu'au sommet du système du Kundelungu et
qui constituent l'échelle stratigraphique propre à ce territoire,
ont pu être définies grâce à des études effectuées systématiquement
et se développant régulièrement de proche en proche. Les
horizons capables de servir de repères ont pu être ainsi reconnus,
situés dans l'échelle et suivis dans leurs variations latérales
de faciès.
Une échelle stratigraphique suffisante étant créée, le levé
géologique général peut dès lors se développer régulièrement
dans toute l'étendue de la région du K a t a n g a méridional où
régnent les formations plissées ou non des systèmes du Kunde-
lungu et du Schisto-Dolomitique.

(') O b s e r v o n s q u e la série inférieure du système schisio-dolomitique ne n o u s est


c o n n u e d a n s la z o n e d u K a t a n g a méridional q u e par les c o u c h e s de ce qui e s t d é n o m -
m é la série des m i n e s , épaisse d e q u e l q u e 2 0 0 mètres. N o u s considérons q u e ces der-
nières c o u c h e s ne représentent dans c e t t e z o n e que les horizons supérieurs de la
série inférieure schisto-dolomilique qui doit c o m p o r t e r ici u n e n s e m b l e de f o r m a t i o n s
d o n t l'épaisseur t o t a l e doit sans d o u t e dépasser l a r g e m e n t un millier d e mètres
D a n s la z o n e rhodésienne, les f o r m a t i o n s incorporées d a n s ce qui est appelé la
série de R o a n représentent l'ensemble de la série inférieure du système schisto-dolo-
mi tique.
— C105 —

C'est ce que j'appelle la première phase du levé général dans


la région du Katanga méridional. Cette phase de levé n'est pas
entièrement achevée. Il reste à travailler plusieurs degrés carrés
de la zone nord du K a t a n g a méridional, en suivant les directives
adoptées jusqu'ici, en s'aidant de l'échelle stratigraphique et
de ses repères, en améliorant cette échelle et en essayant de
l'adapter de manière plus serrée encore aux caractères de la
région du Nord.
C'est le résultat de ce levé de première phase, à allure essen-
tiellement générale, qui est concrétisé dans les planches géo-
logiques au 1/200.0006 publiées par le Comité Spécial du Katanga,
planches qui ne prennent d'ailleurs toute leur signification que
si elles figurent, comme dans l'Atlas du Katanga, à côté des
planches de topographie, de terrains superficiels et de végétation.
Il faut attendre que le levé général systématique de première
phase soit achevé dans toute la région du Katanga méridional
avant de passer, dans cette zone, à une nouvelle phase d'études
plus poussées pour laquelle nous pouvons d'ailleurs compter
sur la collaboration des Compagnies minières et sur les résultats
qu'apportent leurs t r a v a u x d'exploitation et de développement.
Il est évident que les levés de deuxième phase, t r a v a u x de
longue haleine, nous donneront vme connaissance plus précise
des repères existants et des repères nouveaux, de leurs variations
de faciès, des accidents tectoniques qui affectent les couches
et de toute la structure, sans doute assez compliquée, du K a t a n g a
méridional couvert par le système du Kundelungu et le système
Schisto-Dolomitique.

§ 2 . — Les travaux de levé dans la région katanguienne


située en dehors du Katanga méridional et plus s p é c i a -
l e m e n t sur son pourtour.

Comme nous le verrons plus loin, ces régions ont une signifi-
cation géologique toute différente de celle du Katanga méridional
proprement dit.
Cette dernière zone est, en partie tout au moins, une région
de géosyncUnal, tandis que celles de son pourtour, celle du
Nord-Ouest notamment, sont des régions où règne un ancien
socle continental stabilisé, un bouclier primitif rigide sur lequel
— c 106 —

les formations kundelunguiennes et peut-être schisto-dolomitiques


n'ont guère pu s'étendre que dans des plages assez localisées.

On doit s'attendre dans ces régions externes à voir se modifier


peut-être vigoureusement les faciès des formations kundelun-
guiennes et schisto-dolomitiques là oii elles réapparaissent. Il
serait erroné, pensons-nous, de vouloir y appliquer telle quelle
l'échelle stratigraphique élaborée au Katanga méridional. Celle-ci
subira sans doute des modifications assez fortes, à part peut-être
les horizons élevés de la série supérieure du Kundelungu qui
semblent présenter des caractères assez uniformes et qui appa-
raissent partout sous un faciès très peu profond.
Cette étude des zones externes ne pourra guère être réalisée
convenablement que si le travail est mené de proche en proche
e t systématiquement.
Nous devons nous attendre dans ce travail d'extension à
perdre, par exemple, le repère constitué par le conglomérat
glaciaire du Kundelungu si caractéristique au Katanga méridional.
La glaciation kundelunguienne ne s'est, en effet, pas étendue
à t o u t le Centre Africain, mais seulement à certaines zones incor-
porées dans cette région. Nous savons, en tout cas, que cette
glaciation s'est largement développée au Katanga méridional,
mais qu'elle a dû se limiter plus ou moins sur le pourtour de
cette région.
Dès que l'on avance dans les zones extérieures au Katanga
méridional, on doit s'attendre aussi à voir la tillite katanguienne,
moraine de fond, passer aux formations fluvio-glaciaires. Plus
loin, ces dernières formations glaciaires doivent elles-mêmes se
perdre de manière à ce que l'on ne retrouve plus trace de ce
repère glaciaire, si caractéristique, à la base des dépôts kunde-
lunguiens qui pourraient être observés et identifiés.

Dès qu'il s'agit, sur le pourtour du Katanga méridional, de


passer à l'étude des formations sous-jacentes au Kundelungu et
a u système Schisto-Dolomitique, nous nous trouvons reportés
— c 107 —

à une phase qui, en somme, correspond à celle devant laquelle


nous nous trouvions, au K a t a n g a méridional, au début des
levés datant de 1919. Il s'agit ici d'étudier les formations incor-
porées dans ce que nous appelons le complexe des Kibaras et
dans le complexe de base cristallophyllien sous-jacent. Nous
n'avons encore, au sujet de ces complexes, qu'une idée assez géné-
rale et très imprécise qui ne peut pas être comparée aux connais-
sances qui sont acquises déjà au sujet des systèmes kundelunguien
et schisto-dolomitique.
Cette remarque s'applique d'ailleurs aux autres régions du
Bassin congolais.
Comment pouvons-nous définir ces complexes au Katanga ?
Le groupe des Kibaras, dans lequel viendra s'incorporer le
système de Zilo de Jules Cornet, est constitué par des phyllades,
des schistes lustrés, des quartzites, des quartzophyllades aiman-
tifcres et des conglomérats.
Les formations de base cristallophylliennes renferment des
gneiss, des micaschistes, des quartzites, des amphibolites, des
calcaires cristallins et des conglomérats. Des massifs granitiques
accompagnent ces formations.
On voit quelle est la valeur d'une telle définition. Quelles sont
les couches qui caractérisent ces formations, quelles sont leurs
puissances respectives, quel est l'ordre de leur succession, com-
ment se comportent-elles en faciès et en puissances dans leurs
développements latéraux. Quels sont les horizons repères qui
s'y trouvent, quelle est leur constance, quelles sont leurs varia-
tions latérales, quels sont les mouvements orogéniques qui ont
affecté ces couches, oii doivent-ils être situés dans la succes-
sion stratigraphique, quelles sont les venues éruptives qui les
ont affectées et à quelles époques ? Autant de questions qui
restent encore sans réponse suffisante et qu'il importe de résoudre
avant de pouvoir réaliser un levé qui soit autre chose qu'une
esquisse provisoire.
En résumé, pour le levé systématique des zones situées à
l'extérieur du Katanga méridional, nous sommes ainsi replacés
dans des conditions à peu près identiques à celles qui nous étaient
faites, en 1919, pour les zones intérieures.
Il faudra parcourir cette zone externe en travaillant systéma-
tiquement de proche en proche, en s'attachant d'une part à y
— c 108 —

étendre et y modifier l'échelle du Kundelungu et du Schisto-


Dolomitique, et d'autre part en réalisant entièrement l'échelle
des complexes kibarien et cristallophyllien.

§ 3. — Les repères dans la r é g i o n


du Katanga méridional

Dans cette région où l'on supposait autrefois que se succédaient


un grand nombre de systèmes et où seuls s'étendent en réalité
les deux systèmes kundelunguien et schisto-dolomitique, le repère
de loin le plus important est constitué par les formations liées à
la période glaciaire qui s'est manifestée au début de la période
kundelunguienne.
D u r a n t toute la phase de levé général du Katanga méridional,
nous avons surtout envisagé ces formations comme un repère
de levé. P a r sa position stratigraphique entre le système du
Kundelungu d'une part et le système Schisto-Dolomitique d'autre
part, ce repère a permis effectivement, par la trace de ses affleu-
rements, d'aider à différencier les plages où régnent les couches
a p p a r t e n a n t à l'un ou à l'autre système et même à situer les
séries qui apparaissent dans chacun d'eux.
Ce n'est que quand la carte générale du Katanga méridional
sera achevée qu'il importera de passer, dans cette zone, à une
phase d'études plus poussée durant laquelle il conviendra d'effec-
tuer une étude systématique et détaillée des différents horizons-
repères et notamment des formations liées à la période glaciaire
kundelunguienne.

§ 4. — Les f o r m a t i o n s de la période glaciaire


kundelunguienne

Leur étude détaillée, qui est reportée, comme il vient d'être


dit, aux t r a v a u x de 2^ phase, apparaît comme devant présenter
le plus grand intérêt.
Nous savons déjà que les terrains de la période glaciaire
kundelunguienne se développent dans toute l'étendue du Katanga
méridional intérieur. Cette notion peut être considérée comme
u n fait acquis dès à présent.
— c 109 —

Les formations appartenant à cette période glaciaire furent


identifiées et considérées comme telles des 1912 (^) dans la zone
nord du Katanga méridional, là où le Kundelungu est horizontal,
et en 1920 (^) dans la zone sud oii ces formations sont violemment
plissées, le raccord ayant été réalisé en 1923.

Observons tout d'abord que la possibilité de considérer les


couches de l'horizon constitué par le conglomérat du Kundelungu
comme pouvant être des dépôts terrestres, n'a pas été sans être
envisagée et semblable hypothèse a même encore été défendue
par M. Schneiderhôhn dans un travail intitulé : < Mineralische
Bodenschutze im Sûdlichen Afrika ».
Certes, certains dépôts terrestres provenant d'éboulements de
glissements, peuvent simuler des dépôts glaciaires avec leurs
éléments disposés sans ordre et même parfois certains cailloux
striés (différents évidemment des cailloux striés glaciaires), mais
nous considérons que les formations de base kundelunguiennes
ne peuvent pas avoir une telle origine et doivent bien être
considérées comme glaciaires.
Leur énorme étendue, l'origine variée et parfois lointaine des
cailloux que l'on y trouve distribués, dont certains peuvent
avoir une extension générale et d'autres une extension locale,
leur forme, leurs stries sur plusieurs faces et suivant plusieurs
systèmes de directions trouvées, il est vrai, sur des spécimens
relativement rares, sans parler des dépôts fluvio-glaciaires stra-
tifiés en relation avec les dépôts morainiques de fond, sont des
caractères qui suffisent amplement pour faire rejeter, sans
hésitation, l'hypothèse envisagée plus haut.
Soit pendant la période actuelle de l'achèvement du levé du
K a t a n g a méridional, soit durant les études plus détaillées de
2® phase dans la même région, nous ne croyons pas qu'il soit
nécessaire de s'attarder encore beaucoup à faire la preuve de

(') M. RoBEKT. — L e s y s t è m e d u K u n d e l u n g u . Ann. Soc. Géol. de Belg., Public,


relat. Congo belge, t . X X X I X , 1912-1913, p. 213.
(^)M. RoBKRT. — L a géologie du K a t a n g a méridional après la c a m p a g n e 1920-27
d u S e r v i c e G é o l o g i q u e e t G é o g r a p h i q u e d u Comité Spécial d u K a t a n g a . Arm
Soc. Géol. Belg., Public, relat. Congo belge, t . L I , fasc. I I , p. c 55.
— cllO —

l'origine glaciaire des dépôts de base du Kundelungu. Peut-être


serait-il pourtant utile, à ce sujet, de compléter les observations
de cailloux striés et aussi de rechercher des affleurements de
roches moutonnées. Quoique nous puissions considérer le problème
de l'origine glaciaire comme résolu, l'argument que l'on peut
tirer de l'existence de roches moutonnées, le plus décisif, nous
fait, en effet, encore défaut. Il est vrai qu'à l'intérieur du Katanga
où les conglomérats reposent sur la série de Moashya, ces dernières
formations se prêtent mal, par leur texture, à la formation et
à la conservation de semblables surfaces.
De plus, là où les formations glaciaires débutent par d'impor-
tantes formations fluvio-glaciaires, comme c'est le cas notamment
là où nous trouvons l'horizon des grès feldspathiques de la tête
de notre série de Moashya, si nous considérons ceux-ci comme
étant déjà fluvio-glaciaires, on ne pourrait, en tout cas, pas
trouver de roches moutonnées.
Celles-ci devront plutôt être recherchées, avec quelque chance
de succès, lorsqu'on passera au levé et à l'étude des zones du
pourtour constituées par les reliefs où, à proximité du conglomérat
kundelunguien, affleurent des formations anciennes kibariennes
et cristallophylliennes dont les roches dures sont capables d'avoir
conservé les traces de la calotte glaciaire là où celle-ci les a
recouvertes directement.

**

L'identification de l'horizon des formations glaciaires à la base


du système du Kundelungu et de leur existence à ce niveau
dans toute la région du Katanga méridional, t a n t dans la zone
nord à couches subhorizontales que dans la zone sud à couches
fortement plissées, réalisée par nous-même, reconnue en 1920
et prouvée par des raccords dès 1923, est appuyée surtout sur
l'aspect typique de moraine de fond que l'on trouve dans un
très grand nombre d'affleurements. Dans la zone nord, l'aspect
le plus typique de moraine de fond nous est apparu surtout
à Kiaka, au Nord-Ouest de Kilwa. Il nous a paru si caractéristique
qu'il nous a amené, en 1911, à situer un horizon glaciaire à la
base du Kundelungu quoique nos recherches ne nous aient
pas permis de trouver, à ce moment, des cailloux striés, suffi-
— clll—

samment typiques tout au moins pour pouvoir étayer alors


notre manière de voir.
Dans la région sud oii les levés ont permis de suivre les affleu-
rements du repère glaciaire kundelunguien sur des centaines
de kilomètres de longueur, l'aspect de moraine de fond typique
se manifeste en de très nombreuses zones.
Nous n'allons pas reprendre ici la description générale (i) de
cotte moraine de fond constituée par une matière formée le
plus souvent par une masse d'argile fine non stratifiée, dans
laquelle apparaissent de petits débris de roches diverses, de
feldspath, de petits grains de quartz peu arrondis, et dans laquelle
sont enchâssés sans ordre aucun des cailloux de dimensions
variables, de 1 à 20 cm., mais pouvant atteindre parfois jusqu'à
0,50 m. et même 1 m. de diamètre. Beaucoup présentent des
arêtes arrondies, à côté de faces polies, tandis que d'autres sont
relativement roulés.
Nous avons insisté sur le fait que, parmi ces cailloux, certains
ont une extension générale, les granités, les gneiss, les micaschistes
les roches basiques, les quartz filoniens et surtout les quartzites :
quartzite rose, quartzite gris, quartzite feldspathique, tandis
que d'autres ont des extensions plus localisées, tels notamment
les cherts oolithiques.
**

L'étude générale de ces moraines, suffisante lorsqu'on l'envisage


au point de vue du levé de 1'^ phase comme nous l'avons fait
jusqu'ici, devra être reprise en détail lorsqu'on pourra aborder
les travaux de 2^ phase dans la région du Katanga méridional.
C'est que la matrice et sa charge de cailloux est loin d'avoir
une composition uniforme. La pâte peut changer d'aspect, devenir
plus gréseuse, devenir calcareuse et même passer à la matière
argileuse noire comme à Shituru, tandis que les cailloux divers
d'extension générale et locale peuvent être distribués en pro-
portions variables.
Les lentilles gréseuses, gréseuses-feldspathiques, schisto-gré-
seuses et schisteuses souvent bien stratifiées, qui apparaissent
dans la masse morainique en de nombreux affleurements et

( ' ) V o i r t r a v a u x : M . ROBERT ; F . D E L H A Y E ; GROSSE.


— cll2—

souvent assez limitées en étendue et en épaisseur, ne doivent


pas être négligées, car elles viennent renforcer la somme des
arguments qui militent en faveur de l'origine glaciaire des
formations base du Kundelungu. Ce sont des dépôts des eaux
de fonte.
La rareté des cailloux striés est toute relative. Ils ont été
observés un peu partout au cours des levés et quelquefois même
en assez grand nombre comme dans la feuille Ruwe (^). Par
ailleurs, la rareté des cailloux striés ne pourrait en tout cas pas
même être considérée comme un argument plaidant contre
l'idée d'origine glaciaire. On sait que dans les moraines de fond,
de tels cailloux striés sont beaucoup plus rares qu'on se l'imagine
généralement et que de plus, les stries peuvent disparaître parfois
assez rapidement, même, dans certains cas, sous la seule action
des eaux d'infiltration. A plus forte raison de tels cailloux sont-ils
presque toujours complètement absents dans les formations
fluvio-glaciaires.
*
**

Nous savons déjà qu'il existe de nombreuses zones où les


formations glaciaires de base kundelunguienne sont représentées
par des dépôts fluvio-glaciaires.
J ' a i signalé en son temps la stratification des affleurements
situés entre Kipambale et Kiwaka dans la zone nord du K a t a n g a
méridional. M. Delhaye (^) a signalé les formations fluvio-
glaciaires stratifiées localisées dans les petits graben de la Lufira
et passant latéralement à la tillite normale des horsts voisins.
Dans la région des Hackanson et Lovoi, il semble bien, d'après
les descriptions de Mathieu (Esquisse géologique du Bassin de
la Lovoi), que les formations glaciaires de la base du Kundelungu
se présentent là surtout sous le faciès fluvio-glaciaire.
Puisque plus au Nord-Ouest, en direction du Bassin du Sankuru-
Lubilash et du Kasaï, il ne semble pas que nous retrouvions

(') A . JAMOTTE e t P . VAN DEN BRANDE. — E t u d e s g é o l o g i q u e s d a n s la région


<le N ' Z i l o - M u s o n o i - N a s o n d o y e ( K a t a n g a ) . Ann. Service des Mines du Comité
Spécial du Katanga, t. I I I , 1932, p. 90.
(') F. DELHAYE. — L e s v a r i a t i o n s d u faciès d u c o n g l o m é r a t inférieur d u s y s t è m e
d u K u n d e l u n g u a u K a t a n g a . Ann. Soc, Géol. de Belg., Public, relat. Congo belge,
1 9 1 9 - 2 0 , p. 19.
— c113 —

trace de la formation glaciaire base kundelunguienne, soit sous


forme de tillite, soit sous forme de dépôts fluvio-glaciaires,
nous pouvons supposer, dès à présent, que les dépôts de la
région de la Lovoi et Hackanson pourraient être assez voisins
de la limite nord-ouest de l'extension de la calotte glaciaire
katanguienne.
Pour cette région du Nord-Ouest du Katanga, nous posons
donc comme problème important, la détermination de la trace
d'extension limite de la calotte, ligne qu'il serait impossible de
préciser dans l'état actuel de nos connaissances.
Le faciès fluvio-glaciaire semble se retrouver par ailleurs dans
la zone du Nord-Rhodésien. On peut s'attendre ainsi à l'observer
plus particulièrement bien développé au voisinage de tout le
pourtour de l'ancienne extension de la calotte katanguienne.
Dans la zone intérieure du Katanga méridional, là où s'est
largement étendue cette calotte, les formations fluvio-glaciaires
sont loin d'être absentes. Elles se substituent ou se superposent
parfois à la moraine de fond en témoins de l'avance ou du retrait
de la calotte. La dissection détaillée ultérieure du repère glaciaire
kundelunguien nous prouvera, pensons-nous, qu'il en va
souvent ainsi.
**

Dès à présent nous considérons, par ailleurs, que les horizons


de schistes fins et de calcschistes fins zones qui apparaissent en
plages assez localisées et stratigraphiquement situés immédia-
tement au-dessus du conglomérat et aussi immédiatement en-
dessous de celui-ci, sont des formations liées à la période glaciaire.
Nous interprétons celles du dessus comme des dépôts sédimentaires
formés dans des cuvettes locales de la surface du terrain au
moment du retrait de la calotte glaciaire.

§ 5. — La g l a c i a t i o n k u n d e l u n g u i e n n e

Passons maintenant à un exposé plus synthétique de notre


manière de voir actuelle au sujet de la glaciation kundelunguienne
encore bien imparfaitement connue, en ne perdant pas de vue
que l'étude détaillée de ce repère, de même que celle des autres
— c114 —

repères reconnus dans les systèmes kundelunguien et schisto-


dolomitique, a sa place tout indiquée dans les travaux de 2^ phase
de la géologie du Katanga méridional.
Notre exposé synthétique actuel à ce sujet doit donc être
considéré comme un travail préliminaire ayant pour but d'appor-
ter un guide d'étude aux travaux prévus pour une période
ultérieure.
La période glaciaire kundelunguienne s'est manifestée dans
toute la région du Katanga méridional en se prolongeant dans
le Nord et le Sud et en débordant au Nord-Ouest notamment,
jusqu'à des limites qu'il faudra définir.
Qu'étaient les manifestations de cette période glaciaire au
Katanga méridional ? Parmi les ingénieurs appelés à travaillei
la géologie katanguienne, il règne encore des idées assez peu
précises à ce sujet ; la plupart d'entre eux supposent que la région
du Katanga méridional, à l'époque de cette glaciation, se pré-
sentait comme une vaste et profonde cuvette marine entourée
de reliefs et que tous les dépôts conglomcratiques, base du
Kundelungu que nous connaissons dans l'intérieur de cette
vaste région supposée entièrement immergée, sont constitués
par les apports de glaces flottantes arrachées à des glaciers du
pourtour en relief et allant à la dérive, charriés par les courants.
Dans l'énorme étendue intérieure, large de plus de 300 km., la
base kundelunguienne aurait cette origine.
Nous avons une manière de voir toute différente. Placés devant
ces formations largement développées, présentant souvent les
caractères de moraine de fond et parfois ceux des appareils
fluvio-glaciaires, nous pensons qu'il faut les considérer comme
les témoins de l'existence d'une vaste calotte glaciaire qui s'est
étendue dans toute la région à peu près complètement émergée.
Certes, lors de l'avancée de cette calotte et lors de son retrait,
des dépressions, des lagunes ou des lacs locaux existaient où se
sont déposés des sédiments dans lesquels sont parfois venus
s'enchâsser des blocs ou des cailloux apportés par les glaces
flottantes. Mais ce phénomène localisé qui trouve sa place dans
les appareils accompagnant la glaciation, n'a rien de commun
avec celui envisagé dans l'hypothèse émise plus haut.
Seule la dissection détaillée de l'horizon glaciaire kundelun-
guien permettra de reconstituer l'histoire de cette glaciation qui
a dû s'établir tout d'abord et se maintenir plus tardivement sur
les reliefs anciens du pourtour du Katanga méridional et notam-
ment, sans doute, sur la bande de sommets du Nord-Ouest
constituant le grand axe plissé kibarien. Observons que cette
dernière bande de massifs anciens semble avoir subi, peu avant
la glaciation kundelunguienne, l'action de mouvements épiro-
géniques qui ont surélevé la région en y érigeant même des horsts
entre lesquels des bandes se sont effondrées en graben.
De semblables mouvements de surélévation, qui pourraient
d'ailleurs être liés au prélude des plissements kuiidelunguiens
de profondeur, ne suffiraient certes pas à eux seuls à expliquer
l'établissement de la glaciation kundekmguienne, car à côté de
l'abaissement de température causé par l'augmentation d'altitude,
en supposant qu'il soit suffisant pour amener la formation d'une
calotte glaciaire, il faudrait encore trouver la raison d'un accrois-
sement des précipitations, mais ce fait mérite d'être noté.

**

Nous laissons de côté, pour le moment, les anciens reliefs qui


pouvaient se dessiner dans d'autres zones du pourtour du Katanga
méridional et où pouvaient se trouver d'autres centres de
glaciations, pour n'examiner ici que la région de la bande surélevée
kibarienn^, partant de la zone nord-ouest de Musonoi et s'allon-
geant du Sud-Ouest au Nord-Est en passant par le Zilo, les
Monts Bia et les Kibaras. —1
" — C'est de cette bande qu'a dû partir la calotte glaciaire|pour
se propager dans les parties plus basses du Katanga méridional,
s'y étendre, prendre son développement maximum et se rétracter
ensuite vers les reliefs d'amont, où elle a pu continuer à se main-
tenir plus tardivement, en t o u t cas, que dans les autres régions
du Katanga méridional.
Dans ces mouvements de poussée et de retrait, la calotte
développait non seulement sa moraine de fond, mais elle était
accompagnée dans ses zones bordières, à l'avance et surtout au
retrait, de tout l'appareil morainique et fluvio-glaciaire engendré
par les langues des glaciers de son pourtour, les « icestrôm »,
semblables à des glaciers de vallée. , x
Si les choses se sont passées de cette manière, ce que nous
— c116 —

considérons comme la meilleure hypothèse d'étude à faire


actuellement, nous devons nous attendre à trouver peu de
produits glaciaires sur les sommets, origines de la glaciation,
et à observer par contre des formations morainiques et fluvio-
glaciaires particulièrement épaisses dans les zones de leur pourtour
assez immédiat, ce qui semble assez bien s'harmoniser avec les
observations faites jusqu' ici à proximité de la bande kibarienne.
Depuis longtemps, on a signalé la forte épaisseur, dépassant
600 m., des formations glaciaires dans les régions voisines des
Kibara-Biano, à proximité de la vallée de la Basse-Lufira, avec
des intercalations de lentilles gréseuses, gréso-schisteuses et
schisteuses. Le levé de la région Tshilongo-Lualaba et bassin
de la N'Gule, effectué notamment par M. Timmerhans, a montré
la forte épaisseur des formations glaciaires de cette région dans
lesquelles on observe des lentilles aplaties gréso-schisteuses,
arkosiques et même gréso-calcaires. Le même phénomène a été
observé dans la région située plus à l'Ouest, plus ou moins à
proximité de la région de Zilo, par MM. Van den Brande, J a m o t t e
et Grosemans.
L'étude détaillée de ces dépôts glaciaires permettra sans doute
d'y retrouver non seulement certaines traces de la moraine de
fond de la calotte glaciaire elle-même, mais aussi des dépôts
morainiques et fluvio-glaciaires divers liés aux glaciers de vallées
qui descendaient des sommets, lorsque la glaciation s'y maintenait
tardivement. La différenciation de ces différents dépôts et la
recherche de l'emplacement éventuel des anciens glaciers de
vallée et de leurs auges glaciaires, peut conduire à des observations
intéressantes. On pourra rechercher aussi si les graben de la
basse Lufira, reconnus par F. Delhaye, ont été façonnés en
auges par la glaciation et notamment par des langues glaciaires
tardives.
*
**
Aussi longtemps qu'on reste dans les grandes lignes, on peut
évidemment se contenter de considérer les formations glaciaires
kundelunguiennes comme représentant un temps stratigraphique,
mais il ne peut plus en être tout à fait de même lorsqu'on arrive
aux études de 2^ phase. Les moraines de la zone centrale intérieure
du Katanga méridional sont synchroniques d'une partie seulement
— C117 —

des formations glaciaires dont il vient d'être question et que-


l'on trouve au pourtour immédiat de la zone des reliefs considérés
comme centres de glaciation. Dans ces dernières zones, la période
glaciaire doit être gonflée t a n t vers le bas que vers le haut, ses
premiers et ses derniers dépôts morainiques et fluvio-glaciaires
peuvent être synchroniques d'horizons qui, dans l'intérieur dvi
Katanga méridional, se présentent comme étant situés à la t ê t e
de la série de Moashya et à la partie de la série inférieure du
Kundelungu située au-dessus du conglomérat. Jusqu'oïl s'étend
ce gonflement vers le bas et vers le haut dans la zone bordicre ?
C'est là précisément l'un des problèmes qui reste entièrement
à résoudre et qui doit faire l'objet des travaux ultérieurs. Seuls
les raccords certains, effectués systématiquement avec les repères
bien définis dans les séries supérieures et inférieures, peuvent
nous fixer à ce sujet.
Dès que les levés systématiques ont abordé la région voisine
de la grande bande que nous dénommons kibarienne, on s'est
aperçu non seulement du passage à la subhorizontalité des
couches kundelunguiennes, à l'étalement du repère congloméra-
tique et de ses affleurements, de la présence dans celui-ci de
nombreuses lentilles stratifiées, mais aussi du peu d'importance,,
en épaisseur, des horizons caractérisant la série du Kundelungu
inférieur sus-jacente au conglomérat.
Dans ces régions, la série supérieure du Kundelungu repose
souvent sur l'horizon conglomératique glaciaire par l'intermédiaire
de formations d'épaisseur très réduite et même peut-être parfois
nulle.
M. Timmerhans suppose même que le gonflement du conglo-
mérat glaciaire atteint le niveau du petit conglomérat, base de
la série supérieure kundelunguienne. Nous pensons qu'il y a
réellement un gonflement important, mais nous pensons aussi
qu'il est impossible encore de lui assigner une limite précise et
que celle-ci ne doit d'ailleurs pas nécessairement être uniforme
t o u t le long de la bordure.

**

Toute la bande de la bordure kibarienne, sur des centaines


de kilomètres, allant de la région de Musonoi jusqu'au delà de
- c 118 —

Kipambale et le bassin de la Lubule dont nous connaissons déjà


le tracé (^), pourra utilement être étudiée, non seulement en
disséquant l'horizon des formations glaciaires mais aussi en
précisant quels sont les horizons kundelunguiens qui s'y localisent
et qui viennent reposer sur ces dernières.
Nous pensons qu'il s'agit souvent d'horizons élevés de la série
du Kundelungu inférieur et même d'horizons de la série supérieure
kundelunguienne, ce qui devra être précisé par les études ulté-
rieures. Le but que nous poursuivons est d'ailleurs uniquement
de dégager le problème posé et de faire apparaître tout son
intérêt.
L'étude de la bande de la bordure kibarienne présente, au
surplus, un intérêt non moins grand pour déterminer,avec quelque
précision, comment s'établit t o u t le long de cette ligne le contact
entre l'horizon de base glaciaire du Kundelungu, d'une part,
et le complexe des Kibaras ou cristallophyllien sous-jacent,
d ' a u t r e part.
Ce contact est en réalité beaucoup plus compliqué que ne
le laisse supposer notre carte générale au 1/1.000.000^ et même
q u e les planches au l/200.000e, Ruwe déjà parue et Bukama
partiellement achevée.
Le long d'une bonne partie de l'alignement, les formations
glaciaires kundelunguiennes viennent reposer directement sur le
soubassement ancien. Les choses se passent ici comme si la
calotte glaciaire s'était appliquée directement sur les couches
d u haut relief ancien préexistant, y abandonnant ses dépôts
morainiques conservés sur son pourtour. Le contact s'effectue
alors sans aucune trace de formations quelconques pouvant être
rapportées au système Sehisto-Dolomitique.
E n d'autres endroits, sans parler de la région située au Nord-
Ouest du Moero, on passe des formations conglomératiques au
soubassement kibarien ou cristallophyllien par des formations
gréseuses, schisto-gréseuses et même parfois conglomératiques,
qui normalement viennent se situer dans les formations du Schisto-
Dolomitique. Certaines de ces formations, ou une partie d'entre
elles tout au moins, pourraient sans doute être rattachées aux

(') M. ROBERT. — Carte g é o l o g i q u e a u 1/1.01)0.000" a v c e n o t i c e . N o u v e a u x


m é m o i r e s d e la S o c . b e l g e de G é o l . . P a l . , H y d . , B r u x e l l e s , série i n - l " , m é m o i r e
no 5, 1 9 3 1 .
— c 119 —

appareils fluvio-glaciaires formés lors de l'établissement des


premiers glaciers sur les hauts reliefs avant que la calotte ne
se développât et ne s'étendît à toute la région du Katanga
méridional.
Quant aux autres, nous manquons de repères pour pouvoir
les situer avec précision et certitude dans la série stratigraphique
du Schisto-Dolomitique. Jusqu'ici, nulle p a r t le long de la longue
ligne de contact, on n'a signalé aucune trace d'horizons tels que
les schistes noirs ou les oolithes siliceuses de la série de Moashya,
qui nous permettraient de nous repérer. En pareille circonstance
la seule méthode consiste, à notre avis, à suivre systématiquement,
toute la bande du contact et à trouver des horizons capables
de jouer le rôle de repères dans cette zone du Nord-Ouest du
Katanga méridional, ce qui, comme l'expérience nous l'a appris,
ne peut manquer de donner des résultats suffisants malgré
l'absence de fossiles.
L'application d'une méthode de t r a v a u x systématiques pour
essayer de définir quelle est la signification des horizons intercalés
entre le conglomérat kundelunguien et le soubassement ancien
dans la zone nord-ouest du K a t a n g a méridional, nous impose,
comme bien on le pense, de faire toutes nos réserves au sujet
du raccord hardi et prématuré que fait M. Gray (^) (suivi par
MM. Van den Brande et J a m o t t e ) dans la zone du promon-
toire de Zilo, entre les couches qui prolongent vers le bas le
conglomérat du Kundelungu d'une part et le conglomérat base
du Schisto-Dolomitique, dénommé Roan par les Rhodésiens,
d'autre p a r t .
E n ce qui nous concerne, nous raccordons tout simplement cette
formation au système Schisto-Dolomitique qui doit s'intercaler
entre le conglomérat du Kundelungu et le soubassement, sans
décider s'il s'agit de l'un ou l'autre des niveaux stratigraphiques
de ce système et en faisant même observer qu'il est probable
que l'on doive rapporter certaines de ces formations, sous-
jacentes au conglomérat kundelunguien, à des formations fluvio-
glaciaires d a t a n t du prélude de la glaciation kundelunguienne.
L'étude de la région située le long de la bande kibarienne

(') A . GRAY. — Corrélation of t h e ore-bearing s é d i m e n t s of t h e K a t a n g a and


R h o d e n i a n copper-belt. Economie Geology, vol. X X V , n" 8, 1930.
3
— c 120 —

nous paraît devoir se compliquer quelque peu du fait qu'en


plusieurs de ses points apparaissent des preuves de l'existence
de failles longitudinales qui pourraient être en relation avec des
oscillations verticales de l'ancien horst kibarien.
*
**
On peut admettre, comme nous le faisons, que la glaciation
a dû se maintenir plus tardivement sur les hauts sommets de
la bande kibarienne que dans les zones basses voisines et on
pourrait même supposer que, durant cette période de glaciation
tardive, les glaciers auraient pu subir de légers mouvements
d'avancée et de recul successifs, ce que seules des observations
détaillées pourraient déceler.
Par contre, nous n'admettons pas que si l'une de ces poussées
tardives s'est produite jusqu'à l'époque du petit conglomérat,
base de la série supérieure du Kundelungu, elle ait pu donner
lieu à une glaciation d'extension généralisée qui puisse être
comparée à celle de la base elle-même du Kundelungu et qui
permette de considérer le petit conglomérat comme étant cons-
titué, comme le précédent, par une succession ou un mélange
de dépôts morainiques et fluvio-glaciaires.
Il s'agit plutôt de formations qui ont pu emprunter une partie
de leurs matériaux à des formations morainiques et fluvio-
glaciaires, les ont remaniés et roulés avant de les déposer dans
les eaux généralement peu profondes d'étendues lacustres assez
localisées. L'étude détaillée de cet horizon repère nous apportera
des précisions à ce sujet.
Peu épais, de 10 à 15 m. en général et parfois de 5 à 30 m.,
le petit conglomérat a une pâte schisteuse, calcareuse, parfois
gréseuse, à stratification entrecroisée dans laquelle sont distribués,
en quantité variable, des cailloux petits, le plus souvent bien
roulés, riches en agates.
*
**
Lorsqu'on passe dans les formations du système Schisto-
Dolomitique sous-jacent à l'horizon glaciaire kundelunguien,
on trouve, d'une part, le conglomérat de Moashya dans la série
de Moashya et, d'autre part, le conglomérat inférieur du système
Schisto-Dolomitique appelé conglomérat de Roan par les Rho-
désiens.
— C121 —

Il n'existe aucun indice observé convenablement qui permette


de supposer que l'un ou l'autre de ces horizons puisse être constitué
par des formations glaciaires.

§ 6. — La période glaciaire kundelunguienne


considérée c o m m e repère

E t a n t donné les connaissances déjà très développées et très


précises que nous possédons au sujet de la géologie du K a t a n g a
méridional, nous prenons la position suivante : au Katanga,
durant les périodes schisto-dolomitique et kundelunguienne, il
existe une période de glaciation et une seule, définie et localisée
dans l'échelle stratigraphique comme nous l'avons fait ci-
dessus.
Une semblable période glaciaire qui a eu des manifestations
si étendues dans la région katanguienne et rhodésienne voisine
au début du Kundelungu est suffisamment importante pour
que l'on puisse s'attendre à en retrouver des répercussions syn-
chroniques dans les régions centre-africaines plus ou moins
voisines.
Lorsque, dans ces dernières régions, nous serons amené à
observer des formations qui, par l'ensemble de leurs caractères,
par leur position sur le soubassement ancien, par certains raccords
partiels, pourront être rapportées grosso-modo au groupe des
systèmes schisto-dolomitique et kundelunguien et dans lesquels
apparaissent des témoins d'une période glaciaire, nous considére-
rons ces derniers comme d a t a n t de la période glaciaire kunde-
lunguienne. Ce repère a, à notre avis, une grande importance
stratigraphique. C'est un argument de synchronisme auquel
nous accordons le poids prépondérant, aussi longtemps qu'il n'est
pas en opposition avec des arguments d'un poids plus fort tels
que ceux que l'on pourrait tirer de la présence de fossiles ou des
raccords systématiques effectués de proche en proche.

L'argument de synchronisme fourni par la période glaciaire


kundelunguienne, à l'intérieur du groupe schisto-dolomitique et
kundelunguien, peut même être, dans une certaine mesure.
— C122 —

étayé par des considérations plus générales. On peut expliquer


la glaciation kundelunguienne du Katanga par un mouvement
d'oscillation positif de l'aire katanguienne méridionale ou tout
au moins d'une partie telle que l'aire kibarienne et coïncidant
avec un accroissement des précipitations. Il s'agit ici, en somme,
d'une zone accolée et adossée au socle ancien huronien, constitué
par l'intérieur de la plate-forme congolaise où s'érige un bourrelet
plissé kibarien au contact externe duquel viendront se former
les plis kundelunguiens. La zone ainsi située constitue une aire
de surélévation dont le mouvement positif se produit vers la
fin du Schisto-Dolomitique et vers le début du Kundelungu,
préludant ainsi à l'établissement de la période glaciaire, mou-
vement qui pourrait être considéré comme une répercussion
épirogénique tardive des mouvements kibariens et correspondant
peut-être, en même temps, aux premiers efforts orogéniques
préludant en profondeur à la période des plissements kunde-
lunguiens.
Le long des zones qui présentent la même position autour du
socle ancien, formé par la plate-forme archaïque intérieure con-
golaise, si à côté d'aires d'ennoyage existent des aires de surélé-
vation, on peut tout d'abord considérer leurs mouvements positifs
comme étant probablement synchroniques.
De semblables aires de surélévation bordant la plate-forme
congolaise, soit le long de la zone orientale, soit dans la région
occidentale au Bas-Congo, pourraient être considérées comme
ayant subi des mouvements synchroniques de ceux du Katanga,
surtout lorsqu'on y trouve des traces d'une glaciation dont l'âge
se localise dans les limites des périodes schisto-doloniitique et
kundelunguienne.

Nous considérons donc que les terrains de formation glaciaire


qui pourraient être observés dans les couches du groupe schisto-
dolomitique et kundelunguien, localisés notamment dans les
zones périphériques du socle archaïque de la plate-forme congolaise,
appartiennent à la période glaciaire kundelunguienne.
Au Nord-Est du Katanga, dans le « Tanganyika Territory »,
les couches de la Malagarazi, du système de l'Uha des géologues
—C 123 —

anglais, ont été rapportées au système du Kundelungu par


M. Fourmarier {^). Comme je le note dans le « Centre Africain « {^),
nous adoptons cette manière de voir qui est confirmée par les
études de M. Schellinck (^), et récemment par M. J a m o t t e (*).
Mais on ne signale pas expressément le caractère glaciaire du
conglomérat situé à la base de ces formations, défini par
M. Fourmarier {^) comme é t a n t un poudingue rougeâtre ou blan-
châtre à cailloux mal roulés.
Dans la région a p p a r t e n a n t au domaine des Grands Lacs,
M. Passau raccorde au système du Kundelungu des formations
dans lesquelles les oolithes à algues sont semblables à celles de
l'horizon kundelunguien oolithique du Katanga et à la base
desquelles règne un conglomérat. La preuve de l'origine glaciaire
de ce dernier horizon n ' a pas été faite.
Dans la région de l'Ituri, M. Schellinck reconnaît l'existence
des couches du système du Kundelungu et considère que le
conglomérat que l'on t r o u v e à leur base dans la région de Penge
et du Nord d'Avakubi est d'origine glaciaire (*). S'il en est ainsi,
nous synchronisons cet horizon avec celui de la période glaciaire
kundelunguienne du Katanga.
Dans toute la région du Kasaï, intercalée entre le K a t a n g a
et le Bas-Congo, on ne retrouve aucune trace de la glaciation
kundelunguienne.
Au Bas-Congo, MM. Delhaye et Sluys C) rapportent au système
du Kundelmigu du K a t a n g a la série supérieure schisto-gréseuse
et la série inférieure schisto-calcaire à la base de laquelle règne
un conglomérat qu'ils considèrent comme étant d'origine glaciaire

(*) P . FOURMARIER. — O b s e r v a t i o n g é o l o g i q u e dans la vallée de la Malagarazi.


Ann. Soc. Géol. de Belg., Publ. relut. Congo belge, t . X V I , 1913-14.
(-) M. ROBERT. — L e Centre A f r i c a i n , p. 81, L a m e r t i n , rue Coudenberg, B r u x e l l e s ,
1932.
(') F. SCHELLINCK. — L ' e x t e n s i o n d u K u n d e l u n g u dans les régions d e la Mala-
garazi et de l'Ituri. Soc. Géol. Ilydr. de Bruxelles, 1931.
(•) A . JAMOTTE. — Considérations sur l'âge d u s y s t è m e de l'Uha. ( T a n g a n y i k a
Territory) et sur la corrélation de ce s y s t è m e a v e c les d é p ô t s de la L u k u g a (Congo
belge). Bull. soc. Belg. Géol. Pal. et Hydr. Bruxelles, t. X L I I I , (1933), p. 227.
(') P . FOURMARIER. — E t u d e c o m p a r a t i v e des formations postprimaires de l a
Malagarazi (Afrique Orientale) d e l a L u k u g a et des autres régions d u K a t a n g a .
Ann. Soc. Géol. de Belg., Publ. relat. Congo belge, 1918-19, p. c 15.
(') F . SCHELLINCK. — Ouvrage cité.
C) F. DELHAYE e t M. SLUYS. — L e s g r a n d s traits de la t e c t o n i q u e d u Congo
Occidental. Structure et stratigraphie d u bassin schisto-ealcareux. Ann. Soc. Géol.
de Belg., Publ. relal. Congo belge, 1 9 1 9 - 1 9 2 0 e t 1920-1921.
- cl2l. -

et qu'ils rapportent au grand conglomérat base du Kundelungu


au Katanga.
Quoique l'on n'ait pas trouvé jusqu'ici de cailloux striés dans
cet horizon, les observateurs qui se sont succédé au Bas-Congo
semblent bien être unanimement en accord avec MM. Delhaye
et Sluys au sujet de l'origine glaciaire de l'horizon congloméra-
tique.
C'est ainsi que M. Lagotala (^) estime que le conglomérat
base du Bas-Congo représente un épisode continental glaciaire
et fluvio-glaciaire et qu'il est constitué par des moraines de fond,
des moraines relavées, des dépôts fluvio-glaciaires, etc.
P a r ailleurs, dans son essai de parallélisme avec la région du
K a t a n g a , M. Lagotala raccorde la série schisto-calcaire du Bas-
Congo avec le système Schisto-Dolomitique du Katanga et il
considère le conglomérat glaciaire du Bas-Congo comme se
syiichronisant avec le conglomérat base du système Schisto-
Dolomitique, soit le conglomérat de Roan des Rhodésiens. Il
est suivi, en cette matière, par M. J a m o t t e (^).
Nous n'admettons pas le raccord proposé par M. Lagotala,
n o t r e manière de voir étant toute différente.
E n application des considérations émises plus haut au sujet
du synchronisme de la glaciation dans les zones du pourtour de
la plate-forme archaïque congolaise, nous estimons que l'horizon
glaciaire du Bas-Congo correspond aux formations de la période
glaciaire kundelunguienne du Katanga et nous considérons même
que cette position ne pourrait être abandonnée que si des argu-
ments d'un poids décisif s'opposaient à un moment donné à cette
conception, ce qui n'est pas le cas actuellement. On peut même
dire que l'existence de restes organiques attribués à des algues
d a n s les calcaires du système de Kundelungu d'une part (*)

( ' ) H . LAGOTALA. — L a géologie d u C o n g o o c c i d e n t a l . E s s a i de parallélisme a v e c


la région K a t a n g a - R h o d é s i e . Ann. Soc. Géol. de Belg., Publ. relat. Congo belge,
t. L V I , 1932-33, p. c 19.
C^) A . J A M O T T E . — A p r o p o s d u t r a v a i l d e M . H . L A G O T A L A s u r « L a g é o l o g i e d u
C o n g o occidental. E s s a i de parallélisme a v e c la région K a t a n g a - R h o d é s i e . » Ann.
Soc. Géol. Belg., Publ. relat. Congo belge.
(') B . CnouBiiRT. — Sur la présence d ' a l g u e s d é v o n i e n n e s d a n s le n i v e a u d u
« calcaire rose » d u s y s t è m e d u K u n d e l u n g u d u K a t a n g a . Bull. Acad. Roy. de Belg.
et des Se, 5<' série, t . X V H , 1931, p. 1421, B r u x e l l e s 1932.
N o u v e l l e s recherches sur l e s . a l g u e s d u n i v e a u d u «calcaire rose oolithique » d u
— c 125 —

et dans les calcaires de la série schisto-calcaire du Bas-Congo,


d'autre p a r t (^) vient renforcer cette position.
Il en va de même, par ailleurs, lorsqu'on envisage la minérali-
sation. On ne trouve pas, en effet, au Bas-Congo, la grande miné-
ralisation du K a t a n g a que nous appelons : minéralisation de
1^^ phase, de profondeur et diffuse, qui affecte les couches schisto-
dolomitiques.
A notre avis, la minéralisation du Bas-Congo correspond plutôt
à celle de 2^ phase du Katanga qui affecte les couches du
Kundelungu et qui apporte le plomb et le zinc en association
avec le cviivre.
**

Dans une note complémentaire, nous passerons successivement


en revue les autres repères les plus intéressants du système
Schisto-Dolomitique et du système du Kundelungu, notamment :

l'horizon des oolithes siliceuses ;


n des schistes noirs ;
» du calcaire de Kakontwe ;
» des schistes argileux, souvent chloriteux à
schistosité irrégulière ;
» du petit conglomérat ;
» du calcaire rose ;
» du calcaire oolithique ;
» des cherts ;
» des schistes gréseux et des grès feldspathiques
supérieurs.

K u n d e l u n g u supérieur d u Congo belge (Province orientale et K a t a n g a ) . Bull.


Soc. Belg. Géol. Pal. Ilyd., t . X L I I , fasc. 1, 1932, p. 03.
A. L. HAQUAERT. — A propos d e s fossiles d é c o u v e r t s dans les roches d u s y s t è m e
d u K u n d e l u n g u d u K a t a n g a . Btill. Acad. Royale de Belgique. Classe des Se., 5' série,
X V I I I , n° 3, B r u x e l l e s , 1932.
(') V. BABET. — E t u d e g é o l o g i q u e de la zone du c h e m i n de fer Congo-Océan e t
de la région minière d u Niari et d u D j o u é (Larose, Paris 1929).
L. CAYEUX. — E x i s t e n c e d e restes organiques et n o t a m m e n t d ' a l g u e s siphonées
verticellées d a n s le « s y s t è m e schisto-calcaire» du Congo belge. C. R. Ac. Se,
t. 193, pp. 11-14, Paris, juillet 1931.
O b s e r v a t i o n s sur la d é c o u v e r t e récente d'algues d u groupe d e s Sycidium d a n s
le s y s t è m e schisto-calcaire d u C o n g o belge. C. R. som. Soc. Géol. de France, 1-2-32,
p. 32.
— c 126 —

§ 7. — Au sujet de la tectonique au Katanga méridional

Nous allons à présent exprimer nos conceptions actuelles au


sujet de la tectonique générale de la région du Katanga méri-
dional, en insistant encore sur le but que nous nous proposons
d'atteindre et qui est clairement défini dans le titre que nous
donnons à notre exposé et en attirant l'attention sur l'insuffisance
des données qui nous permettraient d'étayer notre étude comme
nous le désirerions. La direction des levés dans un territoire
comme le Katanga exige non seulement que l'on fasse le point
de loin en loin, mais aussi que l'on essaie de débrousser les voies
diverses dans lesquelles il s'agira d'ailleurs de ne s'aventurer
qu'avec prudence.
Dans toute la zone intérieure du, Bassin congolais, on trouve
un socle archaïque qui se prolonge largement au Nord dans la
région soudanaise et au Sud dans la région de l'Angola et qui
constitue le noyau continental centre africain.
Voici comment, dans un petit ouvrage édité dans la collection
Armand Colin et intitulé « L'Afrique Centrale », nous définissons
ce noyau : « Schématiquement, on peut se le représenter comme
» un noyau primitif, rattaché au grand bouclier soudanais et
» contre lequel, dans certaines zones tout au moins, seraient
» venues se souder des chaînes plissées anciennes comme la
» chaîne des Kibaras au Katanga. Il se serait par la suite accru
» de zones plissées kundelunguiennes comme celles de l'axe
» du Katanga méridional d'une p a r t et du Bas-Congo d'autre
» part.
» La zone intérieure du bassin congolais, déjà sans doute
» légèrement gondolée et déprimée localement par des actions
» épirogéiiiques liées aux plissements anciens de certaines zones
» de son pourtour, aurait vu cette dépression s'accentuer en
» répercussion des plissements kundelunguiens, préparant ainsi
» la cuvette où se sont effectués, par la suite, les dépôts conti-
» nentaux Lualaba-Lubilashiens. Elle serait ainsi une partie
» de l'ancien noyau primitif légèrement ennoyé par rapport à
» la région plus septentrionale soudanaise qui, elle, s'est maintenue
I) en aire de surélévation ».
Développons quelque peu ce tableau schématique. Observons
— c 127 —

qu'après avoir été plissé d u r a n t les périodes primitives, huro-


niennes et ensuite longuement arasé et aplani, le bouclier
continental Centre Africain stabilisé a formé une vaste plate-
forme, à peine déprimée par endroits, sur laquelle ne se sont
guère étendues que des formations continentales restées d'ailleurs
horizontales ou subhorizontales. Cette plate-forme continentale
n'a pu être envahie par des flaques d'eaux marines peu profondes
que dans des zones très localisées comme celles de la région
des confluents Lubilash-Luembe-Luilu et celle de la Bushimaie
et de la Lubi, étudiées par M. Polinard, où se sont déposées des
couches schisto-gréseuses, calcaires et schisto-calcaires qui appar-
tiennent, en tout cas, au groupe des systèmes schisto-dolomitique
et kundelunguien, sans que l'on puisse cependant préciser la
série de ces systèmes à laquelle elles appartiennent, les raccords
systématiques n'ayant pu être effectués jusqu'ici.
Ces couches se sont donc déposées sur le bouclier ancien de
la grande plateforme archaïque centre africaine, pendant qu'à
sa bordure externe, au K a t a n g a notamment, se formait une
partie de l'importante série sédimentaire schisto-dolomitique
kimdelunguienne.
A notre avis, ces couches des confluents Lubilash-Luembe-
Luilu, de la Bushimaie et de la Lubi, déposées sur le bouclier
archaïque stabilisé, ne pourraient pas être synchronisées en tout
cas avec celles de la série inférieure du Schisto-Dolomitique. Elles
seraient plus récentes. La minéralisation qui y est distribuée
sporadiquement paraît plutôt être l'équivalent de la minérali-
sation (Cu, Pb, Zn) du Bas-Congo et de la minéralisation de
2^ phase du Katanga donnant, elle aussi, l'association Cu, Pb, Zn.
Nous supposons aussi que les légers plissements que ces couches
ont subis, ont été provoqués par la répercussion, dans cette zone,
rigide puisqu'elle appartient au socle, des mouvements orogé-
niques kundelunguiens.
*
**
Passons à présent aux zones du pourtour de la plate-forme
archaïque stabilisée qui apparaissent en plusieurs points, et
notamment au Katanga, comme constituées par des bourrelets
successifs empilés autour du bouclier stabilisé.
— c 128 —

Venant des zones centrales du Bassin congolais, et nous diri-


geant vers le Sud-Est, nous cheminons sur le bouclier stabilisé,
qu'il soit ou non recouvert par les formations continentales sédi-
mentaires horizontales de l'intérieiu: du Bassin, jusqu'au moment
où nous arrivons au Katanga, au voisinage des Monts Hackanson
incorporés d'ailleurs dans la large bande kibarienne qui s'étend
depuis la zone de Musonoi-Zilo jusqu'aux confins du Tanganyika.
Ce bourrelet kibarien qui borde au Sud-Est le bouclier centre
africain, est essentiellement constitué par ,des couches anciennes
pUssées en chaîne bordière contre le socle congolais du Nord-
Ouest préexistant et ce antérieurement à l'aube de la période
schisto-dolomitique et kundelunguienne. C'est une vieille chaîne
dont la formation appartient à une période ancienne de plissement
intercalée entre celle des plissements du noyau, supposés huro-
niens, et celle des plissements kundelunguiens beaucoup plus
tardifs.
La chaîne bordière kibarienne étant traversée, on entre dans
la zone du Katanga méridional proprement dit où régnent les
épaisses formations schisto-dolomitiques et kundelunguiennes
affectées, dans toute la zone Sud tout au moins, par d'importants
plissements qui ont dessiné l'énorme bourrelet arqué katanguien,
d u r a n t une période orogénique dont le paroxysme date de la
fin du système du Kundelungu.
D u Nord-Ouest au Sud-Est, nous avons donc parcouru suc-
cessivement la région de la plate-forme archaïque, le bourrelet
kibarien qui s'y est accolé et le bourrelet kundelunguien qui est
venu s'y mouler extérieurement.
Nous ne pouvons pas évaluer l'épaisseur des formations du
groupe kibarien affectées par le plissement du même nom, mais
nous savons que l'ensemble des sédiments du groupe constitué
p a r les systèmes schisto-dolomitique et kundelunguien, incor-
porés dans les plissements kundelunguiens, est de l'ordre de
3 5 0 0 m. Il existait donc, dans la région du Katanga méridional,
dans son extension rhodésienne et même angolienne, un véritable
géosynclinal capable d'engendrer une importante chaîne.
*

Tâchons de synthétiser et de schématiser quelque peu pour


nous faciliter l'exposé de nos conceptions.
— c 129 -

L'énorme bourrelet arqué avec ses prolongements en ailes


symétriques vers le Sud-Est dans la zone Nord-Rhodésienne et
vers le Sud-Ouest, jusque dans la région angolienne du Haut-
Zambèze, est né sous l'action d'une violente poussée venue du
Sud en direction du Nord.
La mâchoire sud formée par le bord méridional du géosynclinal
apparaît un peu au Sud de la région de Kansanshi où pointent
des affleurements du socle ancien cristallophyllien.
Au Nord-Est, le socle en bouclier se dessine entre le Bangwelo
et le Luapula et se prolonge quelque peu vers le Sud-Ouest sous
le manteau subhorizontal kundelunguien. Ce massif stable se
prolonge vers le Nord-Ouest jusqu'au-dessous du plateau du
Kundelungu resté inébranlé.
Au Nord-Ouest, le bouclier de résistance est formé par le
massif kibarien appuyé au Nord-Ouest à la plate-forme du noyau
congolais.
Les bourrelets nés dans le géosynclinal, gênés dans leur déve-
loppement au Nord-Est et au Nord-Ouest, se sont enfoncés
dans la partie centrale dessinant l'arc presque symétrique que
— C 130 —

nous voyons apparaître dans nos planches. Les plis les plus
avancés vers le Nord, dans la partie centrale de l'arc, deviennent
moins intenses et déferlent sans doute déjà en plis de couverture
sur le fond ancien stable. C'est à de semblables plissements que
nous avons à faire immédiatement au Nord du bourrelet des
Monts Koni, ceux-ci étant ainsi vraisemblablement situés au
contact du socle.
*

E n effectuant une coupe transversale nord-sud du faisceau


plissé depuis les Monts Koni jusqu'à la mâchoire méridionale,
proche de Kansanshi, nous pensons pouvoir déceler certaines
différences dans les bandes plissées qui se succèdent. C'est ainsi
que la bande formée de plusieurs anticlinaux et synclinaux serrés
qui correspond au bourrelet minéralisé de l'Union Minière et qui,
transversalement va grosso-modo de Kalabi à Shinkolobwe en
passant par Kambove, a subi l'action des plissements d'une
manière plus intense qvie celle que l'on retrouve au Nord et
au Sud.
Ce bourrelet, affecté d'une manière particulièrement intense,
s'étend régulièrement, suivant la forme arquée générale, lé long
de la zone minéralisée et vient se prolonger au Sud-Est par le
bourrelet minéralisé rhodésien ; vers l'Ouest et le Sud-Ouest,
il se prolonge de même dans la zone minéralisée.
Nous supposons que ce bourrelet représente le géanticlinal
(ou le principal des géariticlinaux t o u t au moins) qui s'est amorcé
en profondeur dès le début de la manifestation des actions
orogéniques de la période kundelunguienne, soit peut-être déjà
à la fin de la période schisto-dolomitique.
Nous supposons que la minéralisation de l''^ phase, assez
profonde et diffuse, affectait la zone de ce géanticlinal pendant
qu'il se dessinait peu à peu.

**

Dans la masse du faisceau plissé formé dans le géosynclinal


le bourrelet de ce géanticlinal s'érigeait entre des géosynclinaux
secondaires qui tout en s'approfondissant et se rétrécissant
s'encombraient finalement de sédiments.
— C 1 3 1-

Le bourrelet géanticlinal, amorcé en profondeur dans la zone


assez centrale du géosynclinal, s'est vu refoulé peu à peu dans
la direction et le sens de la poussée, vers les bordures du socle
délimitant le géosynclinal, ce qui explique sa position dissymé-
trique actuelle par rapport à l'ensemble du géosynclinal.
Lors du paroxysme des plissements, soit vers la fin de la
période kundelunguienne, la compression des plis dans la zone
du géanticlinal a pu accidenter violemment les anticlinaux qui
y étaient incorporés faisant passer au pli faillé les flancs et les
axes de certains d'entre eux et faisant gicler longitudinalement
dans ces anticlinaux, en masses, blocs de noyaux diapiriques,
des parties des couches plutôt élevées de la série inférieure
schisto-dolomitique déjà minéralisées en profondeur.
Suivant notre conception, les blocs minéralisés de la série des
mines qui, dans la région de l'Union Minière, affleurent dans les
anticlinaux auraient donc été minéralisés et ensuite mis en place
dans ces anticlinaux par giclage diapirique, lors du paroxysme
kimdelunguien.
Vers les extrémités constituant les ailes sud-est et sud-ouest
de ce bourrelet géanticlinal, le soubassement paraît être plus
rigide et moins profond. Il semble avoir empêché la compression
aussi serrée des plis que dans les zones intérieures du géosynclinal.
Il peut même affleurer à l'heure actuelle et montrer des venues
éruptives provoquées par le paroxysme des plissements kunde-
lunguiens.

**

Lors de ce paroxysme, les masses de l'ensemble des bourrelets


n'ont pas été sans jouer, provoquant des accidents assez ouverts
jusque dans les formations kundelunguiennes et donnant libre
parcours aux agents minéralisateurs de profondeur. Ceux-ci ont
pu se propager en allure filonienne pour venir imprégner certains
horizons, en provoquant, dans les calcaires, un remplacement
métasomatique. Ces venues minéralisantes de 2'' phase semblent
avoir apporté le P b et le Zn en association avec le cuivre.
On peut de plus admettre, mais ici nous nous aventurons sur
un terrain moins stable encore, que durant la période qui corres-
pond à la fin du paroxysme ou immédiatement après celui-ci,
— C132 —

des masses assez superficielles parfois considérables, constituées


par t o u t un ensemble d'anticlinaux et de synclinaux, ont pu être
charriés, en nappes à cisaillement, formant ainsi certains de
ces blocs qu'il est si difficile de raccorder aux bourrelets plissés
voisins.
Nous considérons ces derniers accidents comme étant tout
différents des failles avec chevauchement et étirement que nous
observons dans maints anticlinaux et qui sont, elles, dues aux
plissements eux-mêmes surtout développés lorsque le paroxysme
de la période de plissement b a t t a i t son plein.

*
**
l/cs observations de M. Vanden Brande autour du massif de
Musonoi permettent de supposer que ce vaste bloc a subi un
déplacement par charriage. Si tel est le ca^, le déplacement a
dû s'effectuer dans le sens de la poussée générale. La minéralisa-
tion de ce bloc nous prouve qu'il appartient au bourrelet de la
bande du géanticlinal dans le prolongement duquel il doit venir
se placer.
Les massifs charriés ont peut-être laissé des traces du plan
de faille sur lequel ils ont glissé en traîneaux compresseurs.
Peut-être pourra-t-on trouver dans les couches sur lesquelles
se sont faits les charriages des minéraux de métamorphisme
dynamique. Dans un tel cas, ces minéraux seraient distribués
indifféremment dans tous les horizons situés sous la surface de
charriage, quelle que soit leur position dans la série strati-
graphique.
Dans toute la région plissée du Katanga méridional, nous ne
connaissons pas juqu'ici de bande pouvant être comparée au
bourrelet minéralisé envisagé plus haut et susceptible d'être
considérée comme un autre géanticlinal. Il faut arriver jusqu'au
voisinage de la mâchoire méridionale de l'étau, à Kansanshi,
pour trouver un tronçon de bourrelet ayant peut-être une signi-
fication quelque peu semblable.
Par contre, lorsqu'on examine la zone sud de la feuille Tenke,
on peut observer l'extension particulièrement nombreuse de
dykes de roches basiques apparues, à notre avis, lors de la période
de paroxysme des plissements kundelunguiens. Suivant cette
— Cl34—

bande méridionale, nous trouvons de plus en de nombreux


endroits, notamment à la Lutobwe, affluent de la Moatshi, et
le long du cours supérieur du Lualaba, des roches portant des
traces d'un certain métamorphisme dû à des manifestations
périmagmatiques. Dans les calcaires de Lutobwe qui appar-
tiennent à la série inférieure du Kundelungu, M. Bellicre a
signalé la présence de scapolite (^) tandis que M. Schoep y a
déterminé le dipyre (''). Plus à l'Ouest, dans la zone du Haut-
Lualaba, M. Bellière a reconnu dans les calcaires du Kundelungu
la scapolite, accompagnée de calcite, quartz, muscovite, biotite,
chlorite, tourmaline, pyrite et rutile.
La présence de ces minéraux semble prouver l'intervention
d'émanations profondes, d'agents minéralisateurs, dont la venue
doit coïncider, comme les venues éruptives basiques, avec la
période de paroxysme du plissement kundelunguien. Il s'agit
donc ici de phénomènes liés à ce que nous dénommons la miné-
ralisation de 2^ phase.
**
Les conceptions que nous exposons ici, nous amènent, comme
on le conçoit, à considérer comme assez faibles les possibilités
de minéralisation de 1'^ phase, en bourrelet continu, dans la
zone du Katanga méridional localisée au Sud du bourrelet de
l'Union Minière. Il n'en va pas de même lorsque l'on considère
la minéralisation de 2^ phase, à allure plutôt filonienne et à
association Cu, Pb, Zn que l'on peut s'attendre à trouver dans
les zones fracturées du Katanga méridional.

§ 8. — Les cycles de s é d i m e n t a t i o n
d a n s le géosynclinal du Katanga méridional

L'étude du complexe kibarien du K a t a n g a est encore trop peu


avancée pour que nous puissions essayer de définir les conditions
dans lesquelles ces couches se sont déposées et ensuite plissées
en grand bourrelet kibarien adossé au noyau archaïque stabilisé
formé par la plateforme congolaise.

(') M. BELLIèRE. — L a s c a p o l i t e d u H a u t - L u a l a b a . Ann. Soc. Géol., t . X X X I X ,


1 9 2 5 - 2 6 , p. 357.
(') A . SCHOEP. — Minéraux d u K a t a n g a . Ann. Soc. Géol. de Belg., Publ. relat.
Congo belge, t . X L V I I I , a n n é e 1924-25, p. c 5.
— c 135 —

C'est à l'extérieur de cette vieille chaîne, en tout cas, que s'est


dessinée, au Katanga méridional, la dépression en géosynclinal,
dans laquelle se sont accumulés en deux grands cycles successifs,
l'importante masse de sédiments, épaisse de plus de 3500 m.
qui constitue le système schisto-dolomitique et le système du
Kundelungu.
Durant le l^r cycle de sédimentation, le cycle schisto-dolomi-
tique, la dépression géosynclinale tout d'abord relativement pro-
fonde voit se déposer les couches devenues les calcaires dolomi-
tiques, les dolomies schistoïdes et les schistes de la série inférieure
du système schisto-dolomitique, qui doit être importante mais
que nous ne connaissons, dans les régions centrales du Katanga
méridional, que par les paquets diapiriqucs apparaissant dans
les anticlinaux des bandes le plus violemment plissées. C'est
l'équivalent de ces couches, partiellement connues, peut-être
dans leurs horizons supérieurs au centre du Katanga méridional,
que nous retrouvons, sous un faciès plus littoral, dans les exploi-
tations du Xord-Rhodésien, où elles sont classées dans le système
de Roan. Celui-ci, épais de 1000 m., est formé d'une succession
de schistes, de schistes gréseux, de grès feldspathiqucs dans
lesquels sont intercalés des horizons de dolomies et de schistes
dolomitiques et présente à sa base un conglomérat gréseux.
Durant la période correspondant à cette série inférieure du
Schisto-Dolomitique, les eaux qui occupaient la dépression
géosynclinale n'ont guère pu déborder sur les plates-formes
continentales voisines. On ne doit donc pas s'attendre à retrouver
des sédiments de cette série ailleurs que dans le géosynclinal
lui-même. Aussi, pensons-nous que les dépôts de la plate-forme,
comme ceux de la Lubi-Bushimaie, e t c . , doivent être d'âge
plus récent.
La nature des sédiments que nous rencontrons dans la série
supérieure du Schisto-Dolomitique, soit la série de Moashya,
montre que le géosynclinal se comblait graduellement durant
cette dernière période (^). On y trouve des roches eherteuses,
même un conglomérat, puis des schistes, des schistes noirs et
ensviite parfois des formations de grès grossiers feldspathiqucs.
Le géosynclinal devait pour la plus grande part être comblé

(') M. R o B K R T . — Carte géologique du Katanga avec notice, ouv. cité. .


4
—C 136 —

à la fin de cette période, c'est-à-dire avi moment où est apparue


la glaciation kimdelunguienne qui devait bientôt développer
sa calotte sur tout le territoire.
Jusqu'ici tous les sédiments ainsi déposés sont en concordance
générale les uns sur les autres, autant qu'on puisse en jiiger du
moins par les observations générales déjà effectuées.
Nous supposons que vers cette époque ont agi les premières
poussées qui devaient préluder à la période des plissements
kundelunguiens. Elles ont dû dessiner un bombement sans doute
plus prononcé suivant la bande correspondant au géanticlinal
qui s'amorçait. C'est qu'en effet, en certains endroits, on trouve
parmi les cailloux du grand conglomérat kiuidelunguien des
cherts oolithiques qui paraissent avoir été arrachés à l'horizon
cherteux de la série de Moashya. C e phénomène nous paraît
s'être manifesté plus particulièrement dans une zone de bom-
bement correspondant plutôt à l'emplacement du géanticlinal.

Le 2^ cycle se dessine au Kundelungu inférieur, dès que s'est


effectué le retrait de la grande calotte glaciaire. Le géosynclinal
s'approfondit à nouveau dessinant cette fois des géosynclinaux
secondaires particulièrement approfondis entre les croupes
géanticlinales, elles aussi immergées cependant.
Le Kundelungu inférieur se révèle ainsi plus particulièrement
puissant, avec notamment d'épaisses lentilles de calcaire de
Kakontwe dans la région située au Sud du bourrelet minier.
Le remplissage par les accumulations sédimentaires se renou-
velle comme pour le cycle précédent, favorisé sans doute par la
compression orogénique lente et continue venant du Sud, pour
aboutir au dépôt en eau peu profonde des derniers horizons du
Kundelungu supérieur, à la période de paroxysme des plissements
et à l'extension jusque sur les plates-formes voisines des eaux
localisées précédemment dans le géosynclinal. Nous voyons ainsi
les dépôts des horizons élevés de la série supérieure du Kunde-
lungu s'étendre en transgression .sur des régions de la plate-forme
archaïque.
Les fortes profondeurs du géosynclinal paraissent avoir com-
plètement disparu dès que l'on remonte jusque dans la série
—C 137 —

supérieure. C 'est ainsi que l'on trouve à la base de celle-ci un


petit conglomérat, ensuite des oalcschistes, des schistes, des
calcaires à algues, puis des schistes, des schistes gréseux, des
grès à ripple-marks, des grès grossiers.
Les événements qui, d'après notre conception, se sont succédé
au Katanga méridional peuvent, dès lors, se résumer comme suit :
1) Formation du bourrelet kibarien contre le socle ancien
s'etendant au Xord-Ouest dans les régions intérieures du bassin
congolais.
2) Existence du géosynclinal du Katanga méridional.
3) Cycle de sédimentation schisto-dolomitique.
4) Prélude des mouvements orogéniques kundelunguiens avec
ébauche du géanticlinal et commencement de la minéralisation
de l""*^ phase.
5) Etablissement et développement de la glaciation kunde-
lunguienne.
6) Nouvel approl'ondissement en géosynclinaux partiels.
7) C ycle de sédimentation kundelunguienne.
8) Paroxysme des plissements kundelunguiens, avec failles
par étirement dans les anticlinaux, mise en place par giclage
diapirique des massifs minéralisés en profondeur ; accidents et
minéralisation de 'i^ phase à allure filoiiienne.
9) Charriage par nappes en cisaillement.

§ 9. — Au sujet de l'âge des s y s t è m e s


s c h i s t o - d o l o m i t i q u e et kundelunguien

Le point de vue de la direction des levés au Katanga, considéré


dans le présent exposé, ne demande pas que nous nous arrêtions
longuement à la question de l'âge probable des systèmes Schisto-
Dolomitique et du Kundelungu.
Sans fossiles à signification chronologique et sans raccords
effectués systématiquement de proche en proche avec des horizons
à position stratigraphique bien définie, il est vain de vouloir
essayer de donner à cette question une solution satisfaisante.
Les arguments que l'on peut faire valoir des à présent pour
déterminer l'âge de ces formations n'ont qu'un poids assez
faible et devront en tout cas passer au second plan si, dans
— c 138 ^

l'avenir, on découvre des fossiles ou si, par des études systéma-


tiques faites de proche en proche, on parvient à établir des
raccords avec des horizons de situation stratigraphique bien
définie.
Les positions relatives comparées et les similitudes pétro-
graphiques permettent de supposer que l'on pourrait synchro-
niser les systèmes schisto-dolomitique et kundelunguien d'une
p a r t , avec les systèmes du Transvaal et du W'aterbcrg d'autre
p a r t (1).
P a r ailleurs, l'argument tiré de la période glaciaire kunde-
lunguienne a, comme novis l'avons vu, un poids assez fort
lorsqu'il s'agit de synchroniser des formations glaciaires dans
les régions du Centre Africain et notamment lorsqu'on veut
établir des raccords entre le Katanga et le Bas-t ongo, mais le
poids d'un tel argument, sans être nul, s'affaiblit singulièrement
q u a n d il s'agit de faire des raccords avec les régions éloignées
de l'Afrique australe. Il n'en est pas moins vrai qu'il est permis
provisoirement d'envisager un raccord probable entre les forma-
tions glaciaires kundelunguiennes et les horizons de conglomérat
glaciaire qui sont observés au Transvaal dans la série de Prétoria
d u système du Transvaal et dans la série des Table Movmtain
sandstones du système du Cap.
Observons de plus que nous avons au Katanga trois grandes
périodes orogéniques successives :
la période des plissements de la plate-forme congolaise,
la période des plissements kibariens, et
la période des plissements kundelunguiens.
Cette dernière est antérieure au Permien.
Le parallélisme de ce tableau avec celui des grandes périodes
orogéniques observées dans le monde se présente tout de suite
à l'esprit. On est ainsi amené à supposer qvie les plissements
kibariens pourraient représenter ceux de la période calédonienne
et les plissements kundelunguiens, ceux de la période hercynienne,
mais il faudrait, dans ce cas, admettre que ces périodes pourraient
jouer assez largement dans l'échelle stratigraphique et supposer
n o t a m m e n t que la période orogénique calédonienne serait
repoussée assez fortement vers le bas de l'échelle stratigraphique
pour pouvoir représenter les plissements kibariens.

( ' ) i l . ROBERT. — Carte géologique, ouvrage cité.

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