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3e EDITION
1997
BELGIQUE
34 Rue Joseph II
1000 Bruxelles
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Fax : + 32 (0)2 219 09 38
FRANCE
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1. PRESENTATION.......................................................................................................... 1
2. INTRODUCTION .......................................................................................................... 2
2.2.1 l'objectif..................................................................................................................... 7
2.2.2 l' approvisionnement est spécifique selon les situations............................................. 7
3. GENERALITES ............................................................................................................ 8
6.2.1 introduction...............................................................................................................63
6.2.2 évolution et faillite des centrales nationales..............................................................65
6.2.3 l'ONG et le circuit des centrales d'approvisionnement nationales..............................66
7.1.1 introduction...............................................................................................................67
7.1.2 définitions.................................................................................................................67
1. PRESENTATION
L'objectif de ce document est de présenter les méthodes et outils de gestion utilisés afin d'assurer
aux malades des populations bénéficiaires l'accès à des traitements de qualité, en garantissant la
disponibilité des médicaments nécessaires et en minimisant le coût de ces derniers.
Dans cette édition, les auteurs ont revu et complété l'exposé à la lumière des expériences les plus
récentes. La présentation a également été revue et nous espérons que l'exposé gagnera en clarté.
2. INTRODUCTION
La déficience de la fourniture de médicaments aux populations dans les pays en développement est
l'un des éléments de la déficience générale des services de soins observés dans ces pays.
Cette déficience est la conséquence d'un déséquilibre entre les besoins en soins de santé et les
ressources disponibles. Ce déséquilibre est encore aggravé par une utilisation peu rationnelle des
ressources déjà limitées.
Le système de santé en vigueur dans la plupart des pays en développement était basé jusqu'il y peu
sur la complète gratuité pour les utilisateurs. On assiste, ces 20 dernières années, à une forte
diminution des dépenses publiques. Cette tendance est accentuée par la pression du FMI et de la
Banque Mondiale, dont les conséquences immédiates touchent en priorité les dépenses de
fonctionnement des secteurs sociaux, dont la santé.
Le graphique suivant nous donne l'évolution de la part du budget de la santé dans le budget de l'Etat
au Mali durant les 20 dernières années.
10,0
8,0
6,0
4,0
2,0
0,0
Année
Si en valeur absolue les dépenses de santé se sont parfois maintenues ou ont légèrement augmenté,
elles n'ont, le plus souvent, pas suivi l'évolution des besoins.
Approvisionnement en médicaments 3 AEDES
La conséquence directe de cette situation est l'image trop classique rencontrée dans de nombreux
pays, tant en Europe de l'Est qu'en Afrique ou en Asie du Sud Est :
Le tableau suivant présente à titre informatif les niveaux de dépenses totales et publiques pour la
santé en 1990 dans quelques pays (source : Banque Mondiale, rapport sur le développement 1993,
"Investir dans la santé").
La Banque Mondiale estime que, pour couvrir des services cliniques de première nécessité et les
interventions de santé publique de base, les dépenses annuelles minimales par personne seraient les
suivantes :
Dans la plupart des pays en développement, les soins gratuits comprenaient les soins et la fourniture
du traitement. L'Etat occupait une situation de monopole pour la fourniture des médicaments.
La part des dépenses de l'Etat pour les médicaments dans les dépenses publiques pour la santé est
variable et dépend des niveaux de salaires et du prix auquel les médicaments sont achetés. Dans les
pays en développement, elle varie entre 10 et 30% des dépenses de fonctionnement (Banque
Mondiale, rapport sur le développement dans le monde, 1993 Investir dans la santé) et représente le
deuxième poste de dépenses du budget de la santé, le plus important après les salaires du
personnel.
Pour des raisons compréhensibles de stabilité politique, les rubriques principales restent les salaires
plutôt que les médicaments ou les autres frais récurrents. Les salaires sont préservés autant que
possible et le déséquilibre entre les dépenses publiques pour la santé et les besoins touche en
priorité les autres rubriques de fonctionnement dont les médicaments.
Au Tchad, entre 1977 et 1989, la part des salaires dans le budget de fonctionnement de la
santé est passée de 66% à 89%. La part consacrée aux médicaments est comprise dans le
reste qui est passé de 34% à 11%.
Au Libéria, entre 1982 et 1988, la part des salaires dans le budget de fonctionnement de la
santé est passé de 62% à 75%. La part des médicaments est passée de 16% à 7%.
En mai 87, lors d'un symposium international sur le médicament essentiel tenu à Paris (Groupe
d'étude épidémiologique et prophylactique), Susanne Foster faisait remarquer qu'avec 1 $ par
personne et par an, les besoins en médicaments de base pourraient être couverts.
"Au Kenya, le coût d'un traitement au dispensaire est de l'ordre de 0.30 $ et, en service hospitalier,
de 0.50 $. 1 $ par personne couvre deux consultations au niveau hospitalier ou trois au niveau
dispensaire, les besoins de base devraient être couverts".
Mais les chiffres de dépenses en médicaments par personne et par an présentés ci-dessus sont des
moyennes et ne représentent pas la satisfaction des besoins qui dépendent de l'équité avec laquelle
cette dépense se répartit et de la rigueur avec laquelle elle se fait.
Dans les pays d'Europe occidentale, les dépenses pour les médicaments représentent entre 5 et 20%
des dépenses totales pour la santé. La moitié des dépenses pour les médicaments est prise en
charge par l'Etat (à l'exception des Etats-Unis et du Canada) à travers un système d'assurance
maladie (cotisations). Dans les pays en développement, les ménages prennent directement
(individuellement) à leur charge une part beaucoup plus importante des dépenses en médicaments.
Approvisionnement en médicaments 6 AEDES
Dans certains pays en développement, les dépenses totales pour les médicaments (publics et privés)
sont plus importantes que les dépenses de fonctionnement du secteur public de santé.
La plupart des pays en développement achètent les médicaments ou les matières premières pour
leur production locale, souvent via une centrale d'achat nationale, à des fournisseurs privés lucratifs,
étrangers. Les intérêts commerciaux en jeu, le plus souvent représentés au sein même des
ministères de la santé, favorisent les médicaments ayant les plus importantes marges bénéficiaires
et donc les médicaments coûteux, limitant les quantités de médicaments qu'il est possible d'acheter
dans les limites budgétaires déjà très étroites.
La faible capacité de gestion, en particulier en périphérie, occasionne des pertes qui diminuent
encore les quantités de médicaments disponibles pour la population.
2.1.4 CONCLUSION
Les ruptures chroniques de stocks de médicaments dans le service public sont le résultat de cette
situation.
La seule alternative pour le patient est le marché privé, soit parallèle, soit officiel (officines). Les
médicaments y sont chers. Les revenus de la population sont faibles. Ceux qui le peuvent se
tournent vers ce marché privé, mais pour une bonne part de la population cette alternative n'existe
pas.
Au Mali, en zone rurale de l'Ouest, une enquête sur les ménages a montré qu'environ 3% des
dépenses totales du ménage étaient consacré à l'achat de médicaments (soit 2.5 $) (Birdsall
et al, 1983). A Bamako, une étude sur les prescriptions montrait des ordonnances dont le
coût pouvait atteindre 10% du revenu par habitant (S. Foster).
L'OMS estime que 60% de la population des pays en développement n'a pas accès aux
médicaments de base.
L'expérience montre qu'il est possible d'améliorer l'accès aux médicaments pour la population en
faisant le meilleur usage possible des ressources et en rationalisant les processus de gestion. C'est
ce que ce document tente de présenter.
Les pays où MSF intervient, que ce soit en urgence ou en dehors de l'urgence, sont habituellement
confrontés à cette problématique des services de soins déficients et de fourniture insuffisante de
médicaments.
En conséquence, presque toutes les interventions de MSF ont une composante "approvisionnement
en médicaments". Les dépenses en médicaments pour l'année 1991 représentent plus de 30% des
dépenses totales de MSF Belgique, soit plus d'un demi milliard de Francs belges (Journal trimestriel
de Médecins Sans Frontières, juillet 1992).
Approvisionnement en médicaments 7 AEDES
2.2.1 L'OBJECTIF
Dans ce contexte (médicaments absents, en quantité insuffisante ou délivrés par le secteur privé
lucratif à un prix trop élevé), le moyen de réaliser l'objectif d'offrir des soins de qualité est de fournir
simultanément les soins et les médicaments. Cela permet de s'assurer que la consultation est bien
accompagnée du traitement correspondant au diagnostic posé.
Dans toutes les situations, de l'urgence à l'appui à plus long terme de structures de soins, les
réponses, bien que spécifiques à chaque situation, ont en commun la nécessité d'une gestion
rigoureuse visant à rationaliser l'utilisation des médicaments, supprimer les ruptures de stock et
maintenir des coûts aussi faibles que possible.
Ces deux situations sont en fait deux étapes de l'évolution du besoin en appui pour
l'approvisionnement en médicaments : depuis l'absence quasi totale de services et de médicaments
dans un contexte où peu d'informations existent, jusqu'au besoin d'une optimalisation d'un
approvisionnement existant mais encore déficient.
Les réponses spécifiques sont également des étapes d'une évolution dans le temps vers un
approvisionnement le plus adapté, au meilleur coût, dont la dernière sera la plus aboutie.
Ce sont essentiellement les conditions de contexte et de disponibilité de l'information qui permettront
le passage d'une étape à l'autre.
Beaucoup d'interventions de MSF débutent lors d'une situation de crise dans un contexte où les
services de soins sont déjà déficients.
La situation de crise passée, MSF continue habituellement d'apporter un soutien aux services de
soins toujours déficients en palliant les insuffisances du système.
Enfin, la situation se stabilisant et l'Etat se restructurant, MSF participe à la mise en place de
processus plus structurés visant la pérennité des services.
Approvisionnement en médicaments 8 AEDES
3. GENERALITES
Les types d'interventions sont présentés par rapport à un modèle de référence : le district sanitaire.
Le district sanitaire est le sous-système de santé plus petit et le plus périphérique. Il comprend au
minimum 2 échelons. Un district sanitaire est donc composé d'une population couverte par des
centres de santé rattachés à un hôpital de référence.
Dans la plupart de ses interventions, MSF apporte un appui à des structures comparables à celles
décrites dans le cadre du district sanitaire, c'est-à-dire des centres de santé desservant une
population définie (structures de soins de premier échelon) ou des hôpitaux assimilables à des
hôpitaux de district recevant les patients référés de structures de premier échelon.
Tous les systèmes d'approvisionnement permettant d'atteindre cet objectif sont basés sur les
principes d'une gestion prévisionnelle dont un des premiers principes est de prévoir la
consommation en médicaments et de la contrôler pour qu'elle reste dans des limites acceptables
(nature de produits, quantités, coûts,...).
La sélection des médicaments revient à tous les niveaux du système. Elle est à la base du concept
de médicaments essentiels et de la liste proposée par l'OMS. De nombreux pays ont établi une liste
nationale de médicaments essentiels. Les guides thérapeutiques MSF et les kits développés pour les
interventions rapides sont aussi issus de la même démarche. Pour cette raison, les principes de la
sélection et le concept de médicaments essentiels seront présentés comme généralités à la suite de
ce chapitre sur les types d'interventions.
Les interventions de MSF couvrent le plus souvent plusieurs districts mais jamais tout un pays. Dans
la pyramide nationale d'approvisionnement (centrale d'achat nationale, centrales
d'approvisionnement régionales...), un seul domaine d'intervention sera étudié, celui de
l'approvisionnement pour chacun des districts (2ème partie). La définition des politiques nationales de
santé, la législation, etc, ne sont pas des domaines habituels d'intervention de MSF et ne seront pas
directement abordés comme tels mais constituent les éléments d'un contexte qu'il faut prendre en
compte.
Enfin l'achat des médicaments aux fournisseurs est un domaine qui concerne autant l'administration
de la santé des pays que les organisations internationales et non gouvernementales impliquées dans
la santé, comme MSF (3ème partie).
· une étape de la promotion d'une politique : la liste des médicaments essentiels est destinée à
être l'enjeu d'une négociation entre décideurs;
· une méthode de rationalisation des prescriptions;
· une méthode de gestion permettant de diminuer les coûts à efficacité constante (efficience).
Suite à Alma Ata qui définit la politique des soins de santé primaires fin des années 70, l'OMS a mis
au point une liste de + 400 médicaments considérés comme essentiels pour répondre aux besoins
d'un pays. Cette liste est revue régulièrement. La liste actuelle est la 7ème révision.
Près d'une centaine de pays ont alors créé leur propre liste de médicaments essentiels sur base de la
liste OMS, en tenant compte des pathologies courantes sur leur territoire et aussi de leur production
locale et traditionnelle.
Approvisionnement en médicaments 11 AEDES
Les directives OMS en matière de sélection des médicaments sont reprises ci-dessous
· Sélectionner les médicaments qui sont d'une efficacité prouvée et présentent des risques
acceptables, déterminés par des méthodes scientifiquement contrôlées et des essais
cliniques.
· Comparer les produits nouveaux avec les produits qui ont une efficacité reconnue et n'inclure
les nouveaux que s'ils ont des avantages importants sur les produits déjà utilisés.
· N'inclure des associations de médicaments que si elles représentent un bénéfice réel par
rapport à l'utilisation de chaque composante prise individuellement.
· Lorsque plusieurs alternatives existent, sélectionner les médicaments qui, par leurs
indications, sont des médicaments de choix pour les maladies dominantes.
· Evaluer l'impact administratif et les coûts des produits en termes d'achat, de stockage, de
distribution, etc...
· Sélectionner des produits pour lesquels des normes de qualité adéquates ont été élaborées.
· Faire apparaître les médicaments sous leur nom générique dans le formulaire ou dans les
commandes. Avec le temps, une familiarité accrue avec les noms génériques permettra aux
médecins d'être moins dépendants des noms de marque et facilitera une thérapeutique plus
économique.
Médicaments essentiels
Un médicament essentiel se définit donc comme un médicament intégré à une liste établie selon ces
principes de sélection pour répondre à une situation particulière. La présentation, le genre, le
conditionnement, la forme et le dosage en auront été précisés.
La DCI (en anglais : International Non Proprietary Name) est le nom officiel du médicament; il est
donné à la molécule chimique par l'OMS après une procédure bien établie (nomenclature). Le nom
de marque, de spécialité ou nom commercial est choisi par le fabricant (le plus souvent dans un but
de marketing, afin que les prescripteurs associent le médicament à la firme). On retrouve le même
médicament sous des dizaines de noms :
Approvisionnement en médicaments 12 AEDES
Les médicaments génériques sont des produits dont l'exploitation n'est plus protégée par un brevet.
Un produit devient générique en général 20 ans après le dépôt de son brevet. N'importe quelle firme
peut alors le fabriquer, la concurrence s'installe et le produit peut être vendu moins cher. En pratique,
ces 20 années correspondent à environ 10 années d'exploitation commerciale, le reste étant le
temps passé entre le dépôt du brevet et l'autorisation d'exploitation.
Les opposants au produit générique invoquent le plus souvent des réserves sur la qualité du produit.
Pourtant, un produit générique livré avec son certificat de qualité établi par un laboratoire agréé
OMS est tout aussi valable que le même produit vendu sous nom de marque. La différence réside
dans le prix du produit qui peut être plus de 100% plus cher en nom de marque. Par souci de
rentabilité, nous choisirons donc de préférence des médicaments génériques.
Ce ne sera pas toujours possible : ainsi, bien que toujours sous la protection d'un brevet, le
BILTRICID ® (Praziquantel) a été intégré dans plusieurs listes de médicaments essentiels pour ses
qualités qu'aucun médicament générique ne présente.
Rem : En Belgique, au détail, les prix des médicaments génériques sont en moyenne 20 %
moins chers que les spécialités (étude réalisée par Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS)
en septembre 1990).
Le conditionnement hospitalier ou "en vrac" consiste à emballer les médicaments dans des boîtes de
grande contenance. Le détail se fait à la main : les unités de produits sont reconditionnées par le
pharmacien au moment de la délivrance, un peu à la manière des prescriptions magistrales ou
d'hôpitaux. Les unités sont reconditionnées dans de petits sachets plastiques (type "minigrip"), voire
même dans des cornets de papier.
Ce type de conditionnement est souvent mal accepté par les patients ou même les prescripteurs;
certains se plaignent du manque d'hygiène qu'il entraîne. Il est cependant probable que le
Approvisionnement en médicaments 13 AEDES
développement du générique entraîne petit à petit une amélioration de son conditionnement, proche
du commercial, de type "blister" pour les comprimés par exemple. Cela ne devrait pas entraîner de
grands sur-coûts et serait mieux accepté par le patient.
Cependant, le gros avantage réside dans le prix : le "vrac" revient jusqu'à deux fois moins cher que
l'individuel, surtout lorsque les coûts de transport sont importants (le conditionnement influence
particulièrement le volume). Le choix dépendra donc des capacités financières, du type de
structures,...
En règle générale, on dira que les formes qui ne sont pas essentielles doivent être supprimées :
gouttes, sirops, suspensions sont chères et non indispensables; elles ne seront pas retenues; les
doses pédiatriques seront de préférence obtenues en fractionnant les doses adultes (comprimés
secables). A efficacité et sécurité comparable, les formes les moins chères seront
sélectionnées.
Le coût moyen d'un traitement enfant dans le projet MSF-B "Magasins-Santé" au Mali est
plus cher que le traitement adulte; ce rapport est inversé dans le projet MSF-B "Sud-Dafour"
au Soudan. La raison est simple : le Mali incorpore dans ses listes des antibiotiques en sirop,
ce qui n'est pas le cas au Soudan...
Dosage
On choisira de préférence des dosages respectant les habitudes locales, les cours de formation des
prescripteurs et les manuels thérapeutiques du pays; par exemple, en Afrique francophone, on
utilisera plutôt des comprimés à 100 mg de chloroquine base et des comprimés à 500 mg d'acide
acétylsalicylique. En revanche, en Afrique anglophone, on utilisera plutôt des comprimés à 150 mg
de chloroquine base et des comprimés à 300 mg d'acide acétylsalicylique. Mais pour la majorité des
produits, il existe un seul dosage international.
Classification pharmaco-thérapeutique
Cette classification a été retenue par MSF car elle répond aux critères de simplicité et de
standardisation recherchés pour l'ensemble du système de gestion. Elle permet l'intégration
de personnel non spécialisé. A l'intérieur de chaque groupe noté ci-dessous, les
médicaments sont classés par ordre alphabétique :
- médicaments oraux,
- médicaments injectables,
- solutés de perfusions,
Approvisionnement en médicaments 14 AEDES
Remarque : le matériel est aussi séparé en différentes familles : pansements, sutures, sondes,
matériel labo, réactifs labo...
Quinze ans après la publication de la première liste de l'OMS (1977), la sélection des médicaments
essentiels est encore aujourd'hui au centre d'accusations polémiques sur :
Les importateurs privés et les officines privées lucratives s'accommodent très bien d'un secteur
public impuissant à financer, importer, distribuer les médicaments. Certaines grandes officines ont de
confortables rentes de situation aux portes des hôpitaux et des grands centres publics, en particulier
dans les zones urbaines.
Le principal problème est, en fait, que les médicaments essentiels peuvent être quatre fois moins
chers que les spécialités importées ou même parfois que les médicaments génériques produits dans
le pays.
Le système des marges bénéficiaires proportionnelles est inflationniste et favorise la vente des
médicaments les plus chers. Cependant, la réforme des marges dans les pays du "Sud" (par
exemple on peut proposer des marges fixes -par médicament ou par ordonnance- ou dégressives
pour mettre les spécialités et médicaments essentiels au même niveau de gain) est une mesure
insuffisante, quand un contrat d'exclusivité d'achat (monopsone de vente ou monopole) lie les
grossistes répartiteurs du "Sud" à leurs fournisseurs au "Nord". Ces derniers perçoivent une marge
proportionnelle, en général de 10%.
En Guinée, les trois principaux grossistes répartiteurs lucratifs sont en situation de contrat
d'exclusivité d'achat :
· LABOREX (65% du marché total du pays) est lié à la Société de Groupage Continental
(France);
· DIPHARGUI est lié à deux centrales d'achat : CREAT et OCA (France);
· PCB est lié à sa maison-mère : PCB-Bruxelles.
Ces grossistes répartiteurs ne peuvent acheter les médicaments des listes restrictives nationales de
médicaments essentiels sous forme générique tant qu'ils fonctionneront comme des succursales des
grossistes répartiteurs du "Nord".
Le rapport de force pour ou contre les médicaments essentiels va se jouer autour de quatre
domaines-clés :
Approvisionnement en médicaments 15 AEDES
2. La disponibilité effective des produits sur le marché, par exemple : imbroglio dans les
procédures d'appel d'offres allongeant les délais, absence d'organisation de la distribution
des médicaments essentiels, production locale et distribution par les privés lucratifs.
Sur un marché d'1 Mia FCFA, la Côte d'Ivoire vient d'obtenir des spécialités en prix CFA 2,73
fois moins chers que le prix public en officine (négociation molécule par molécule avec l'appui
de la pharmacie centrale des hôpitaux Dr. GIMIES)
En résumé :
La sélection n'est pas garantie par l'adoption officielle de la liste des médicaments essentiels; sa
pérennité dépend d'une stratégie tenant compte des domaines-clés cités ci-dessus.
Les privés lucratifs font la majorité de leur chiffre d'affaire dans les villes et considèrent le milieu
urbain comme leur fief. Les effets du rapport de force qui les opposent aux promoteurs des
médicaments essentiels seront beaucoup plus sensibles en milieu urbain.
Au niveau central, les ONG ne sont le plus souvent pas directement concernées par les décisions en
matière de sélection mais il arrive que le Ministère consulte des ONG ayant une activité sanitaire
importante dans le pays ou invite une représentation de toutes les ONG impliquées dans la santé
lors de la révision de leurs listes nationales (Ex : Tchad, Cambodge).
Les listes nationales constituent un cadre dans lequel l'ONG tâchera de sélectionner ce qui convient
le mieux aux services dont elle a la charge.
MSF a établi sa propre liste de médicaments essentiels sur base de son expérience (Médicaments
Essentiels, guide pratique d'utilisation). En l'absence de liste nationale, la liste MSF peut servir de
référence.
médicaments).
B. Communiquer et expliquer au MSP les coûts réels d'approvisionnement en médicaments
essentiels.
C. Montrer que les principales causes des difficultés financières du privé lucratif ne proviennent
pas de la concurrence avec les médicaments essentiels : prix trop élevés/pouvoir d'achat de
la population, mauvaise répartition et trop grand nombre des officines, marché parallèle,
mauvaise gestion, zones de distribution différentes.
D. Documenter des simulations de coûts en fonction d'alternatives pour le public ou le privé :
reconditionnement, blisters, spécialités "démarquées" (vente des spécialités à prix réduits
par les laboratoires producteurs eux-mêmes), marges fixes ou dégressives.
E. Recevoir l'appui social d'une ONG nationale cautionnant les objectifs du projet.
F. Appuyer la création d'une centrale d'achat ONG avec des statuts légaux propres au pays.
G. Participer à la concertation avec les officines privées pour lutter contre les effets négatifs du
marché parallèle.
H. Employer des pharmaciens nationaux ou proposer des initiatives créatrices d'emplois.
I. Contribuer à une définition de la part des médicaments essentiels dans la distribution
générale du pays en fonction des soins, de l'abordabilité et de la complémentarité effective
public/privé non lucratif/privé lucratif.
En résumé :
A moyen terme (5 à 10 ans), une ONG externe peut, par un jeu de mesures concrètes, documenter
et éclairer la réflexion d'un pays sur les médicaments essentiels.
Brunet-Jailly pense que la politique des médicaments essentiels est le seul point sur lequel les
politiques de santé peuvent trouver une marge de manœ uvre immédiate.
Mais toute orientation suppose une réflexion critique sur la faible productivité, l'inefficience des
services publics. Le temps ne travaille pas pour ces services publics organisés au profit de la
"nomenklatura".
Sur le fond, Brunet-Jailly s'interroge sur la capacité de décision et de contrôle des Etats. La mise en
place de cette politique n'est pas, selon lui, à la portée des Etats les plus pauvres. Elle aurait dû être
organisée sur le plan international de façon plus déterminée : sur l'initiative d'organisations
spécialisées avec toute l'assistance nécessaire.
En résumé :
L'action internationale pour la promotion des médicaments essentiels est faible et doit être repensée.
Approvisionnement en médicaments 17 AEDES
Le district a été défini comme le système de soins le plus périphérique où le patient rencontre le
premier échelon de distribution de soins (le centre de santé) et en cas de nécessité peut être référé
au second échelon (hôpital rural).
Le point de vue adopté est celui du responsable chargé de faire fonctionner les structures de soins
du service public dans un district sanitaire rural. Les services délivrent simultanément les soins et les
médicaments.
C'est la situation la plus fréquente lorsque MSF débute une intervention. Elle se caractérise par la
très importante déficience, voire l'absence des services de soins. Il n'y a, le plus souvent, qu'une
activité minime et peu ou pas du tout de médicaments.
Les informations disponibles sont très pauvres, voire inexistantes et on ne dispose le plus souvent
que de données très générales telles que la population, le nombre et le type de structures, les agents
en place....
Les interventions en urgence et d'assistance aux réfugiés sont en fait des situations comparables à la
relance des services de soins.
Fréquemment, cette liste existe. La sélection se bornera alors à dériver de cette liste, les listes des
médicaments nécessaires à chaque type de structure (listes sélectives). Il arrive que ces listes aient
déjà été établies au niveau national.
En l'absence de liste nationale, on se reportera à la liste adoptée par MSF (guide thérapeutique) ou à
la liste des kits de médicaments prévus pour les soins de santé primaires (kit dispensaire, kit
hôpital,...) ou encore on utilisera la liste de l'OMS dont on tirera des listes adaptées à la situation et
aux types de structures.
Il existe deux options de listes sélectives, l'une basée sur les activités des structures, l'autre sur les
compétences des prescripteurs :
En pratique, la liste basée sur les services et activités est plus facilement gérable que celle basée sur
les compétences des prescripteurs souvent sujets à mutation.
Après la sélection des médicaments nécessaires, le souci du responsable du district sanitaire sera de
prévoir les besoins en médicaments pour traiter tous les malades qui vont se présenter pendant une
période déterminée, c'est-à-dire la consommation en médicaments des structures pendant cette
période.
Pour connaître les quantités totales de médicaments nécessaires par cette technique, il faudrait
connaître :
· la population;
· le profil épidémiologique de cette population (le nombre et le type d'épisodes de maladie dans
cette population);
· le taux de fréquentation par pathologie (la proportion de malades qui se présentent à la
consultation pour la période concernée);
· le traitement qui sera prescrit pour chaque maladie (les habitudes de prescription).
Malheureusement, on ne connaît pratiquement jamais toutes ces données. On devra donc utiliser
des approximations.
On reconnaît dans la littérature trois méthodes d'estimation des quantités : population, services et
consommation :
Cette méthode dans son application littérale est infaisable (enquête très coûteuse et difficile) et sera
toujours très approximative puisque l'on ne connaît jamais la proportion de malades qui se
présentent à la consultation pour chaque maladie.
Le Kit sanitaire d'urgence pour la prise en charge de camps de réfugiés pour 10.000 personnes et
pour 3 mois est un exemple de l'application de cette méthode mais dans une forme
prédéterminée : ce kit est un ensemble quantifié de médicaments et matériel médical qui ont été
sélectionnés et dont les quantités ont été calculées pour traiter un nombre probable de malades issu
d'une population de 10 000 personnes présentant un profil épidémiologique qui ressemble à celui
que présente la plupart des populations de réfugiés déjà rencontrées.
Approvisionnement en médicaments 20 AEDES
La composition du nouveau kit sanitaire d'urgence est basée sur les données épidémiologiques, les profils
de populations, les caractéristiques des maladies et sur l'expérience passée acquise dans d'autres situations
d'urgence :
- Le personnel des structures de santé les plus périphériques a des compétences limitées en matière
de santé et doit traiter les patients par rapport à des symptômes plutôt que par rapport à un
diagnostic. Les patients nécessitant des soins plus spécialisés seront référés à une structure de
niveau supérieur.
- Environ la moitié de la population a entre 0 et 14 ans.
- Le nombre moyen de malades présentant les symptômes ou les maladies les plus courantes est
prévisible.
- Des schémas standardisés de traitements seront utilisés.
- Le taux de malades référés vers les structures de niveau supérieur est d'environ 10%.
- Le personnel des premières structures de référence est composé d'assistants médicaux
expérimentés ou de médecins, avec des possibilités d'hospitalisation très limitées.
- Si les structures de base ou de référence sont facilement accessibles par la population, chaque
individu va en moyenne consulter 4 fois par an pour un conseil ou un traitement soit en moyenne 1
fois/3mois. En conséquence, le kit est calculé pour couvrir les besoins d'environ 10.000 personnes
pendant 3 mois, c'est-à-dire correspond en fait à l'équivalent de la consommation théorique pour
10.000 nouveaux cas.
On l'utilise lorsque :
- on connaît le nombre et le type de malades s'étant présentés à la consultation (nombre de
nouveaux cas de chaque pathologie) pour une période antérieure. (sources : rapports
d'activités des structures de soins)
- on ne connaît pas les habitudes de prescription
Cette méthode donne la quantité théorique idéale pour traiter les malades qui se présentent. Elle ne
correspond jamais à la quantité qui sera effectivement consommée car :
- le futur nombre de nouveaux cas ne peut être connu de manière précise;
- et surtout les prescriptions ne correspondent jamais aux standards thérapeutiques.
Elle suppose que l'on dispose de chiffres de consommation par structure pour la période antérieure
(source : gestion).
Le principe est simple :
- On peut déduire les quantités futures nécessaires en utilisant simplement les chiffres de
consommation antérieure. On n'a besoin d'aucune autre donnée.
- Cette estimation ne sera réaliste que si les structures sont fonctionnelles, bien
approvisionnées, n'ont connu que des ruptures de stock négligeables et si le nombre de
nouveaux cas attendus ne varie pas.
- Si on prévoit une modification du nombre de nouveaux cas attendus par rapport à la période
antérieure, les quantités deviennent : quantités pour la période antérieure x NC attendus/NC
période antérieure.
Si on ne dispose pas de données de consommation pour les structures concernées, on peut quand
même appliquer la méthode basée sur la consommation en utilisant des données de consommation
d'une situation comparable pour un nombre connu de nouveaux cas (1000) et l'extrapoler au nombre
de nouveaux cas attendus (voir plus loin).
Approvisionnement en médicaments 21 AEDES
Ø Dans son
application littérale : mise en
oeuvre lourde et coûteuse.
Du tableau ci-dessus, on peut dire qu'en général la méthode des populations surestime les
consommations et que la méthode des services la sous-estime. La méthode des consommations est
la plus proche de la réalité mais inclut malheureusement les mauvaises habitudes de prescriptions
ou les problèmes issus d'une mauvaise gestion des pharmacies.
Approvisionnement en médicaments 22 AEDES
Principes
Ici, cette méthode est peu applicable directement. Dans le cas de l'installation de nouvelles
structures, il n'existe pas d'information sur la consommation. Dans le cas de services très déficients
qu'il faut remettre d'aplomb, l'approvisionnement est très insuffisant et l'utilisation de données de
consommation antérieure donnerait un sous-estimation importante. Il est évident que l'introduction
d'un système d'approvisionnement va augmenter la consommation.
Cette méthode est en pratique inutilisable pour la relance ou l'installation de services. En effet dans
ce contexte, il existe rarement des données sur l'utilisation antérieure.
Même si certaines données existent, elles se réfèrent habituellement à des structures de soins qui ne
fonctionnent pratiquement pas et donc très difficilement extrapolables.
- la méthode population
Elle demande en théorie des investigations coûteuses et souvent infaisables surtout en urgence
(recueil du profil épidémiologique de la population). Elle donnera une approximation car elle
présuppose une utilisation identique à celle observée dans des structures fonctionnelles; au moment
de la relance ou de l'installation de services de soins, l'utilisation sera certainement inférieure
(croyances et coutumes, information....). C'est pourtant cette méthode qui est la plus fréquemment
utilisée mais dans sa forme prédéterminée : les kits.
Démarche à suivre
Par exemple : La composition du kit Sanitaire d'Urgence type 10.000 personnes pour trois mois
donne les quantités de médicaments nécessaires pour traiter 10.000 Nouveaux Cas présentant un
profil épidémiologique "standard" en milieu tropical. Il suffit de calculer le nombre de kits nécessaires
en fonction de la population couverte (100.000 personnes 6 mois = 20 kits).
La méthode d'estimation des quantités basées sur les kits reste bien sûr approximative (quantité
insuffisante de certains médicaments, sur stock d'autres médicaments). Il faudra rapidement mettre
en place un recueil de données donnant, après quelques mois, des consommations éventuellement
corrigées par la méthode des services.
2. Utilisation de données d'une zone disposant de services de soins fonctionnels dans des
conditions similaires à la zone d'intervention (Méthode 2) :
S'il existe une zone (modèle) disposant de services fonctionnels et répondant aux mêmes conditions
Approvisionnement en médicaments 23 AEDES
Cet exemple part d'une situation favorable dans le sens où il existe de l'information sur des zones similaires
déjà couvertes : en 1987, le projet MSF-B "Magasins-Santé" était déjà bien implanté dans les régions de
Tombouctou et Gao au Mali (10 Cercles, plus ou moins 800.000 habitants); l'UNICEF décide à ce moment
de mettre au point un système identique dans la région de Mopti, dans le cercle de Djénné.
Les experts MSF et UNICEF se sont alors rencontrés pour évaluer quels types et quelles quantités de
médicaments acheter la première année; ils ont évalué :
- la population touchée (nombre/tranches d'âge),
- les ethnies en place,
- la superficie et la densité de population,
- la population "urbaine"/villageoise,
- l'estimation des revenus et le niveau éducationnel,
- le nombre de structures couvertes,
- le nombre de prescripteurs,
- l'activité de la Pharmacie Populaire du Mali.
Ils ont recherché parmi les 10 cercles couverts par MSF celui qui ressemblait le plus au cercle de Djénné.
Niafunké semblait très proche à tous points de vue. Les consommations de Niafunké ont alors été mises en
relation avec le taux de fréquentation, la morbidité et des estimations de quantités à commander la première
année pour le cercle de Djénné ont été établies; une commande à UNIPAC a été lancée.
Avant l'arrivée des médicaments, une formation sur l'utilisation des médicaments essentiels en DCI a eu
lieu, ainsi que la mise en place d'outils de gestion (fiches de stocks,...) et de supports de données pour
mesurer l'activité du Cercle (registres de consultation,...).
Les résultats de la première année furent satisfaisants et peu de ruptures, ni de sur-stocks furent
enregistrés; il fut aisé par la suite de renouveler les commandes sur base des consommations pondérées
par les résultats d'activités du Cercle.
Une variante de cette démarche est de commencer par approvisionner un échantillon de structures
de la zone d'intervention dont les données de suivi seront utilisées pour calculer les quantités
nécessaires à toute la zone. Cette démarche n'est bien sûr possible qu'en dehors de l'urgence et suit
les étapes suivantes :
a) approvisionner quelques structures (échantillon) sur base de leur relevé de nouveaux cas
(nouvel épisode de maladie) et de traitement standard (méthode des services);
b) suivre de façon rapprochée la consommation;
c) adapter les quantités pour ces structures en fonction de la consommation;
d) utiliser les données fournies par l'échantillon pour le calcul des quantités nécessaires pour
toute la zone.
Approvisionnement en médicaments 24 AEDES
La méthodologie utilisée fut la suivante : commencer par un cercle sur base d'un calcul selon la morbidité,
surveiller étroitement les évolutions de consommations puis utiliser l'information pour l'adapter aux deux
autres cercles visés.
Les registres de consultations furent donc relevés dans le premier cercle et des consommations estimées
furent extrapolées à partir de traitements standards. Une première commande pour un an fut lancée sur
cette base auprès de IDA.
Après 3 mois de fonctionnement, des ruptures de stocks furent déjà constatées pour plusieurs produits, pour
les raisons suivantes :
n Il y eut dès le démarrage une augmentation très forte du nombre de consultations due à :
- disponibilité en médicaments
- prix concurrentiel (IDA*2.5) par rapport aux privés
- bonne information de la population.
n Les registres de consultation analysés au départ étaient très certainement sous enregistrés.
n Les traitements standards ne correspondent pas toujours aux habitudes de prescription.
Heureusement, les ruptures furent vites enrayées grâce à un suivi très rapproché des stocks et à une
commande lancée en urgence à IDA (délais de moins d'un mois). Tout fut normalisé en fin de première
année et des premières extrapolations purent être faites pour les deux autres cercles à couvrir.
Conclusions
Lors de la relance de services, la priorité est d'assurer la disponibilité en médicaments. Toutes les
démarches sont approximatives étant donné la pauvreté des informations disponibles.
Quelle que soit la démarche adoptée, le problème principal sera d'adapter au mieux les quantités en
mettant rapidement un système de suivi de la consommation et de l'activité en place. Alors, la
combinaison de deux méthodes permettra :
· de prévenir les ruptures de stocks (méthode basée sur la consommation)
· de contrôler si les variations de consommation correspondent bien à des variations d'activité
(méthode des services).
En outre, quelle que soit la méthode choisie, il ne faut pas oublier que les quantités nécessaires
doivent être valorisées et que la commande devra être éventuellement revue en fonction des
budgets disponibles.
L'étape qui suit l'estimation des quantités de médicaments nécessaires est celle qui consiste à définir
la façon de faire parvenir les médicaments là où ils seront utilisés, c'est-à-dire comment
approvisionner chaque structure du district.
Il existe plusieurs modes d'approvisionnement parmi lesquels il faudra faire un choix. Ce choix, lors
de la relance de services de soins, sera fortement conditionné par les contraintes liées à la faible
capacité de gestion, la pauvreté de l'information disponible et les limites budgétaires.
- les modes décentralisés basés sur une commande établie par la structure à approvisionner;
Approvisionnement en médicaments 26 AEDES
- les modes centralisés basés sur une définition des produits et quantités à livrer par le niveau
central.
Le mode centralisé est celui où les produits et les quantités sont décidés en amont de la structure (ici
par le responsable du district). On dira que le sens de l'approvisionnement est centrifuge.
Le mode décentralisé est orienté sur la demande. C'est la périphérie qui décide des produits et des
quantités dont elle a besoin et qui envoie une commande au responsable du district. Le sens de
l'approvisionnement est centripète.
Les modes d'approvisionnement décentralisés sont a priori les plus satisfaisants pour les
prescripteurs, ils sont plus responsabilisant pour les structures; ils permettent une adaptation plus
fine des quantités à l'activité et une orientation vers des programmes de recouvrement de coûts
basés sur la vente de médicaments. Mais, ils supposent :
Lors de la relance, les structures ne sont pas fonctionnelles. Il n'existe ni l'information nécessaire, ni
la capacité de la traiter. La priorité est de faire parvenir des médicaments de base dans les
structures. A ce stade, les décisions seront prises en amont de la structure. On choisira un mode
d'approvisionnement centralisé permettant un approvisionnement rapide et facile même s'il est
approximatif. Les modes d'approvisionnement centralisés constituent une étape transitoire qui
devrait à terme permettre un passage vers des modes plus décentralisés lorsque les structures
redeviennent fonctionnelles et que les conditions le permettent.
Ce chapitre décrit les modes d'approvisionnement centralisés. Le passage vers un mode plus
décentralisé sera décrit plus loin lorsque sera abordé l'appui à des structures plus fonctionnelles.
LES KITS
Les kits représentent la solution la plus simple et la plus sûre au problème d'approvisionnement
lorsque peu ou pas de renseignements sont connus sur la périphérie. L'approvisionnement par kit ne
demande aucun retour d'information de la périphérie.
Les kits sont des ensembles quantifiés de matériels nécessaires pour une fonction (ou une situation)
donnée. Les quantités ont été calculées pour la prise en charge d'un nombre défini de personnes sur
base de l'agrégation de l'expérience accumulée par les organisations spécialisées dans la santé
(MSF, UNICEF...) dans de nombreuses situations plus ou moins semblables.
Le kit Sanitaire d'Urgence (10.000 personnes, 3 mois) en est un exemple, il a été défini plus haut. Il
existe de nombreux autres kits sanitaires établis pour répondre à d'autres situations stéréotypées.
MSF, souvent appelé à intervenir en urgence ou dans des situations ou les services sont pratiquement
inexistants, a développé une série de kits pouvant répondre à différentes fonctions ou situations; les kits
sont adaptés à un environnement tropical car la majorité des terrains d'interventions de MSF sont dans cet
environnement :
Les kits cités ci-dessus sont conçus pour les interventions en urgence, ils sont constitués de matériel
consommable mais aussi d'équipement de base non renouvelable. Pour diminuer la rigidité des kits, des
modules ont été développés.
Les modules sont des ensembles d'articles ne remplissant pas une fonction complète mais qui peuvent, soit
venir en complément d'un kit dont ils constituent une option, soit être utilisés pour réapprovisionner la partie
consommable.
Le principal inconvénient des kits est leur rigidité. Le préconditionnement fait qu'ils ne sont jamais
parfaitement adaptés à la situation. Selon les situations, on rencontrera des ruptures de stock de
certains produits dont les quantités sont insuffisantes ou au contraire des surstocks d'autres produits,
soit inutiles pour la situation, soit présents en quantité trop importante. Devant une telle rigidité, il
existe une volonté "d'adapter" les kits à des situations particulières en créant des kits "spécifiques".
Guinée Conakry :
- Création de kits "spécifiques" par niveau d'activité : A, B, C selon qu'ils s'adressent à un hôpital
rural, un centre de santé ou un poste de santé.
- Adaptation du nombre de kits selon le niveau d'activité (nécessité d'une information sur le volume
d'activité).
Roumanie :
Croatie, Azerbaïdjan :
Les kits sont très simples à gérer; en phase de relance de services ou d'installation de nouveaux
services, il suffit de connaître le nombre de structures périphériques à couvrir, la population
concernée par chaque structure et les activités générales des structures pour commencer
l'approvisionnement.
- Au niveau des structures périphériques, la gestion pourrait ne pas être nécessaire dans un
premier temps.
En raison de leur rigidité et des problèmes que cela induit, les kits devraient être réservés à la phase
initiale de démarrage. On tâchera dès que possible de passer à un autre mode, par exemple la
dotation.
Les dotations sont des ensembles quantifiés de médicaments et matériel médical adaptés à chaque
structure. Elles sont livrées à période fixe et calculées pour couvrir l'activité de chaque structure
pendant la période séparant deux approvisionnements. On pourrait dire que les dotations sont des
kits personnalisés par structure. L'établissement des dotations nécessite donc un minimum
d'information sur la structure et son activité.
Selon l'information dont on dispose, on peut calculer les quantités de chaque médicament :
- dans un premier temps sur la base de l'activité, en appliquant à chaque nouveau cas d'une
pathologie un traitement standard (méthode des services);
- dans un second temps, si on dispose d'information sur la consommation, sur la base de
l'activité et de la consommation moyenne par nouveaux cas (méthode basée sur la
consommation).
L'avantage de la dotation par rapport au kit est une meilleure adaptation aux besoins spécifiques de
chaque structure. Le passage d'un approvisionnement par kit à un approvisionnement par dotation
constitue une première étape de l'adaptation de l'approvisionnement. Elle n'est cependant pas
pleinement satisfaisante car elle ne peut pas prendre en compte les variations d'activité de la
structure entre deux révisions. D'autre part, l'utilisation de standards thérapeutiques pour calculer les
dotations expose à une sous-estimation de la consommation réelle et à d'éventuelles ruptures de
stock.
L'approvisionnement par dotations fixes demande un peu plus d'information que l'approvisionnement
par kits, ainsi qu'une capacité de gestion et de conditionnement au niveau du district (si les dotations
sont calculées à la pharmacie centrale de district), mais reste très simple à gérer au niveau
périphérique.
- Au niveau du district, les dotations sont calculées une fois par an sur base de l'information
reçue pendant l'année écoulée (activité et éventuellement inventaire de stock, relevé des
ruptures de stock). Lorsque la périodicité est définie (par exemple trimestrielle) il suffit à
chaque livraison de préparer pour chaque structure sa dotation dont la composition reste
constante. L'établissement de la commande de réapprovisionnement global du district est
simple, il s'agit de la simple agrégation de toutes les dotations calculées. Cette gestion peut
ne pas exister au niveau du district et être prise en charge en amont, au niveau régional ou
national.
- Au niveau périphérique, la structure doit simplement suivre son activité. Si elle établit un
relevé des ruptures de stock et un inventaire, il sera possible de tenir compte de la
consommation et mieux adapter les dotations.
Approvisionnement en médicaments 29 AEDES
L'organisation et la gestion des pharmacies du district constitue l'étape suivante dans la mise en
place d'un approvisionnement rationalisé. L'absence de gestion dans les structures périphériques est
l'une des causes de perte et gaspillage de médicaments, responsables des nombreuses ruptures de
stock observées dans les pays en développement.
L'approvisionnement par kits ou dotations permet de fournir des quantités de départ aux structures
pour fonctionner. La mise en place d'une bonne organisation et gestion des pharmacies permettra
d'évaluer le fonctionnement de ces structures disposant d'une fourniture de départ. Il sera alors
possible de mieux adapter l'approvisionnement et de passer vers des modes d'approvisionnement
plus décentralisés.
Dans un premier temps ce système de gestion sera le plus simple possible de façon à :
- permettre une installation rapide d'un système d'approvisionnement pharmaceutique;
- pouvoir intégrer du personnel non spécialisé, voire non qualifié;
- permettre une analyse des consommations en les comparant aux relevés de morbidité.
L'agencement physique de la pharmacie est un premier élément de son organisation. MSF décrit
dans son guide "Médicaments essentiels, guide pratique d'utilisation", les principes de l'agencement
d'une pharmacie. Ces principes sont présentés ci-après à titre d'exemple :
Le bâtiment :
Le choix du bâtiment est très important pour la conservation et la sauvegarde du stock. Le stock de
pharmacie représente souvent une fortune à l'échelle locale. La construction doit être en dur, éventuellement
en bois solide avec un sol en ciment, porte et fenêtres fermant correctement. Choisir si possible un endroit
frais ou un projet de construction prévoyant une bonne isolation à la chaleur.
Dimensions :
Le local doit être grand. Mieux vaut trop grand que trop petit. La superficie des locaux varie en fonction :
- du nombre de personnes concernées et de l'accessibilité aux soins; à population égale, une bonne
accessibilité aux soins augmentant la consommation;
- de la situation sanitaire et des conditions locales (urgence, camps de réfugiés, programmes de
réhabilitation ou de développement). L'urgence et les camps de réfugiés sont des situations dans
lesquelles les besoins sont augmentés;
- de la nature des structures approvisionnées (hôpitaux, centres médicaux, dispensaires ou
pharmacies villageoises). L'approvisionnement des hôpitaux et des centres médicaux représente de
gros volumes de stocks;
- du rythme de réapprovisionnement des stocks. Plus les réapprovisionnements sont espacés, plus
les stocks de réserve doivent être importants.
Exemple : pour une population de 100.000 personnes, dans un camp de réfugiés, avec une structure
hospitalière, un local de 300 m² doit être suffisant pour un approvisionnement trimestriel.
Humidité :
Le bâtiment doit être à l'épreuve des pluies et inondations.
Ventilation - climatisation :
Des bâtiments bien ventilés sont plus frais que des bâtiments fermés. Certains stockages en capitale sont
réalisés dans des pièces climatisées ce qui est idéal puisque l'on retrouve alors des températures normales
Approvisionnement en médicaments 30 AEDES
de stockage.
Termites :
Dans de nombreux pays tropicaux, il est nécessaire de prendre des précautions contre les termites. Aucune
structure en bois ne doit être en contact direct avec le sol. En cas d'impossibilité, badigeonner régulièrement
toutes les structures en bois avec de l'huile de vidange, cela préviendra toute infestation de termites.
L'emploi des structures métalliques démontables est recommandé.
Rats :
Contre les rats, on peut utiliser des trappes à rats, du poisson et des chats. Les rats sont en effet très friands
de savon, de SRO, de perfusion en sacs plastiques et de pommades... et les chats sont très friands des rats
!
Les étagères :
Il est recommandé de construire des étagères solides et de les disposer sur le pourtour du local (voir
schéma 1). Si les étagères doivent être perpendiculaires au mur, employer des matériaux robustes et
soigner la construction afin d'assurer la stabilité. Dans ce cas, appliquer les rayonnages dos à dos (voir
schéma 2).
Dimensions : 50 à 60 cm de profondeur
40 à 50 cm d'intervalle entre les rayonnages
Approvisionnement en médicaments 31 AEDES
Prévoir des planches épaisses (4 cm d'épaisseur). Les produits volumineux pourront être stockés sur
l'étagère supérieure (s'ils sont légers) ou à l'étage inférieur (prévoir des palettes pour qu'aucun produit ne
soit stocké à même le sol).
L'agencement de l'espace :
On répartit les médicaments par voie d'administration puis par ordre alphabétique. L'utilisation du même
ordre que celui de la liste des médicaments essentiels facilite le travail :
. Médicaments oraux
. Médicaments injectables
. Solutés de perfusions : pour faciliter la manutention, prévoir un espace facile d'accès et sans
étagères. Laisser les solutés dans les cartons, mais clairement identifier leur contenu et la
péremption sur les cartons.
. Médicaments à usage externe et désinfectants
. Petit matériel, pansements, sutures...
Les surfaces relatives occupées par chaque catégorie sont données à titre indicatif (voir ci-dessous).
A l'intérieur du local, ou à défaut dans un local attenant, il faut prévoir des aires de stockage :
. Aire de stockage arrivée : pour le stockage des colis, avant leur mise en place dans les
rayonnages.
Aire de stockage départ : pour le stockage des commandes périphériques avant l'enlèvement.
Chaque destination aura son aire assignée où l'on pourra entreposer les colis jusqu'à la distribution
(pour la pharmacie centrale du district).
Ces deux aires de stockage devront être situées à proximité des voies d'accès pour faciliter la manutention.
Il est aussi recommandé de prévoir une aire de stockage pour les cartons vides qui serviront au
reconditionnement des colis pour les commandes périphériques.
Des plans de travail doivent être prévus pour le déconditionnement ou le reconditionnement des colis.
Dans chaque catégorie (oraux, injectables, perfusions, usage externe), les produits seront classés par ordre
alphabétique en DCI.
Approvisionnement en médicaments 32 AEDES
Les stupéfiants devront être placés dans une armoire fermée à clef : fentanyl, péthidine, morphine (ainsi que
kétamine, pentazocine et codéïne dans certains pays).
Indiquer sur les boîtes d'une manière très visible (craie, gros marqueur) la date de péremption. Ranger les
produits ayant le plus long délai de péremption au fond des étagères et ceux devant être utilisés en premier
devant. Cette manipulation est indispensable pour utiliser les produits avant leur péremption.
. Stockage des produits volumineux : ranger quelques boîtes à leur place normale et, sur l'étiquette,
indiquer où se trouve le restant du stock. Ne pas disperser les réserves dans plusieurs endroits.
. Stockage du matériel médical : étant donné les articles stockés, il est préférable de ne pas utiliser
l'ordre alphabétique strict mais de regrouper les articles par catégories : matériel d'injection,
pansement, sutures...
L'utilisation du même ordre pour le rangement en pharmacie, les listes d'inventaire et les listes de
commande facilite grandement le travail.
Etiquetage
Pour chaque produit, il faut une étiquette indiquant le nom du produit en DCI, la forme et le dosage. Chaque
produit doit avoir sa place bien délimitée, c'est indispensable pour pouvoir faire rapidement un inventaire.
Prévoir des étiquettes solides et faciles à déplacer.
AMPICILLINE
caps 250 mg
Les chiffres sur les fiches de stock ou les cahiers de sortie peuvent être incorrects. Les résultats d'un
inventaire "à vue" sont bien réels.
Administration de la pharmacie
L'administration de la pharmacie est constituée de l'ensemble des documents tenus pour suivre les
mouvements des médicaments.
A ce stade, les pharmacies sont approvisionnées par un système centralisé (kits ou dotation). Les
décisions sur les produits et les quantités à fournir sont prises en amont. Un simple cahier constitue
le support de ce système de gestion très simplifié. On y enregistre pour chaque produit le stock
restant au moment du réapprovisionnement (inventaire) et les quantités reçues (dotation ou kit). Si le
stock d'un médicament est nul, on notera la date exacte à laquelle ce médicament est tombé en
rupture de stock. On notera également les quantités de médicaments sorties pour péremption et
casse.
Les données collectées par ce système sont suffisantes dans un premier temps pour le calcul des
consommations. Le suivi de l'activité de la structure (nombre de nouveaux cas) et les données de
consommation permettront de faire une meilleure estimation des besoins et de faire les premières
adaptations de l'approvisionnement.
Lorsque ce système sera fonctionnel, on pourra mettre en place une gestion plus détaillée à l'aide de
fiches de stock en répertoriant tous les mouvements, produit par produit, et plus tard un système de
commande (décentralisé).
L'estimation quantitative des besoins pour chacun des médicaments et matériel renouvelable est la
base du système de gestion. Dans le contexte de la relance des services, l'estimation des besoins se
Approvisionnement en médicaments 33 AEDES
On calcule la consommation moyenne mensuelle le plus souvent sur une période d'une année. Mais
on peut aussi la calculer sur des périodes plus courtes. Pour tenir compte des variations de
consommation telles que les variations saisonnières on pourra calculer la CMM de la période
écoulée sur des mois choisis plutôt que sur toute la période.
La consommation pour une période donnée correspond au total des sorties pour la période
considérée, c'est-à-dire la différence entre les quantités reçues et les quantités restantes (inventaire).
Ces quantités divisées par le nombre de mois de la période considérée devraient donner les
consommations mensuelles moyennes par médicament.
- En pratique, ce calcul sous-estime les consommations des médicaments ayant connu une
rupture de stock puisqu'il prend en compte des mois durant lesquels ces médicaments
n'étaient pas disponibles et donc pas consommés. La consommation des médicaments ayant
connu une rupture de stock est particulièrement importante à connaître puisque l'objectif de
l'adaptation de l'approvisionnement est, entre autre, d'éviter ces ruptures de stock. Le calcul
ne doit donc tenir compte que des mois de consommation effective (nombre de mois de la
période considérée - le nombre de mois de rupture de stock)
- Les quantités sorties pour péremption et casse doivent également être distinguées
puisqu'elles ne correspondent pas à des sorties de médicaments ayant été prescrits aux
patients.
La formule générale suivante permet de calculer la consommation mensuelle moyenne (CMM) :
CMM = sorties pour la période considérée - quantités périmées / nombre de mois de consommation
effective (nombre de mois de la période considérée - nombre de mois de rupture de stock).
Evaluation des besoins pour la période à couvrir en fonction de la consommation mensuelle moyenne
La CMM prévue en fonction de l'activité attendue = CMM antérieure réelle x nombre de NC période
à couvrir / NC de la période écoulée.
Les quantités nécessaires pour une période déterminée = la nouvelle CMM (estimée ou corrigée en
fonction de l'activité attendue) x période à couvrir en mois.
Stock de sécurité
Même en procédant de la façon décrite ci-dessus, il est difficile de prévoir avec exactitude la
consommation à venir. Pour limiter le risque de rupture de stock, l'approvisionnement prévoira de
rajouter, aux quantités nécessaires estimées, une quantité de sécurité (stock de sécurité).
Le stock de sécurité est destiné à absorber des variations non prévisibles de l'activité. Il sera calculé
en mois de consommation.
D'après "Bien gérer les médicaments", l'approche la plus simple pour le calcul du stock de sécurité
est d'établir des niveaux arbitraires sur base des délais d'approvisionnement et de les corriger
ensuite par la pratique; une façon raisonnable de commencer est la suivante (sachant que le stock
de sécurité ne doit forcément pas augmenter aussi vite que le délai d'approvisionnement) :
Adaptation de l'approvisionnement
Lorsque l'on dispose à la fois des données d'activités et de la consommation, on peut passer d'un
approvisionnement par kit ou dotation fixe (calculée sur base de l'application de traitement standard)
vers un approvisionnement par dotation adaptée, en fonction de la consommation réelle. Dans un
deuxième temps, cela permettra le passage vers un mode d'approvisionnement plus décentralisé
basé sur une commande établie par la structure.
Il est évident que le fait de baser l'approvisionnement entièrement sur les consommations, s'il réduit
les risques de ruptures de stock, inclut aussi dans les calculs des habitudes de prescription qui ne
sont pas toujours bonnes. On s'efforcera dans un deuxième temps de rationaliser l'usage des
médicaments.
L'objectif de l'approvisionnement en médicaments a été défini comme suit : assurer aux patients qui
se présentent à la consultation l'accès à un traitement adéquat.
La prescription adéquate constitue donc une étape primordiale pour assurer cet objectif.
Mais l'adéquation de la prescription par rapport au diagnostic en fonction du seul critère d'efficacité
n'est pas suffisante. L'accès au traitement adéquat pour tous les patients, dans un environnement de
ressources limitées, impose que l'on prenne en compte le coût de ce traitement. Ceci de façon à
pouvoir en assurer la disponibilité et l'accessibilité financière pour tous les patients. On parlera alors
de prescription rationnelle.
Il est donc nécessaire de pouvoir évaluer la qualité de la prescription et si elle est insuffisante,
identifier les raisons de cette insuffisance et les solutions d'amélioration possibles.
Le plus souvent le médecin responsable d'un district évalue les prescriptions des infirmiers sur des
critères implicites, de façon aléatoire et intuitive. Il peut difficilement quantifier son évaluation. Sa
critique est subjective et permet difficilement d'établir des comparaisons.
Pour systématiser l'évaluation, il est utile de passer en revue les étapes nécessaires à
l'établissement de la bonne prescription :
Approvisionnement en médicaments 35 AEDES
On peut donc également réaliser des analyses de registres portant sur des périodes sans
observation et sur des échantillons plus grands.
Une étude de la qualité des prescriptions a été faite à Gao au Mali en 89 : chaque prescripteur a été évalué
à partir d'un échantillon de 20 prescriptions relevées dans le registre d'activité.
Le graphique représente, parmi les infirmiers, le type d'erreurs les plus fréquemment rencontrées selon les
critères décrits précédemment. Ce qui permet de cibler les priorités de recyclage et les modalités :
a) Les médicaments sont adéquats mais mal dosés :
La majeure partie des ordonnances incorrectes sont liées au dosage.
En particulier les antibiotiques injectables sont sous-dosés et ne sont pas relayés par la forme orale
Approvisionnement en médicaments 36 AEDES
-> Des séminaires de formation ont été organisés pour sensibiliser les prescripteurs à ce problème.
b) 43 % des prescriptions comportent des médicaments inutiles.
Trop de médicaments inutiles sont prescrits, pourquoi ?
Est-ce un problème général (qui peut être lié à la stratégie de financement ou est-ce une complai-
sance par rapport aux patients) ? -> Il y a lieu de rechercher des informations complémentaires.
D'autres indicateurs ne tenant pas directement compte du diagnostic peuvent également être utilisés.
Ils permettent également de cibler des interventions, d'en objectiver l'impact et de réaliser une
surveillance des performances des prescripteurs :
- le nombre moyen de médicaments par prescription;
- le nombre moyen d'antibiotiques par prescription;
- le nombre moyen de médicaments injectables par prescription;
- la proportion de prescriptions avec antibiotiques;
- la proportion de prescriptions avec médicaments injectables.
L'étude de ces indicateurs peut se faire sur les registres ou sur les ordonnances.
Ces indicateurs sont plus difficiles à utiliser car il n'existe pas de normes. Ils permettent néanmoins
des comparaisons entre prescripteurs ou entre centres de santé : il est en effet peu probable que la
nature des cas pris en charge diffère de façon importante entre centres de santé dans un même
district. Ces indicateurs permettent de repérer des cas particuliers nécessitant une investigation plus
approfondie ou des actions spécifiques (recyclage...). Ils permettent donc de cibler les interventions.
Ils permettent également d'en objectiver l'impact. Enfin ils peuvent être utilisés pour la surveillance
des performances des prescripteurs. Les valeurs observées dans des centres de santé bien suivis et
performants (pilotes) peuvent servir de référence. La répétition de telles études fournira également
des valeurs de référence.
Conscient du problème posé dans de nombreux pays par les mauvaises habitudes de prescription et de la
difficulté de l'évaluer, l'OMS, en collaboration avec l'International Network on Rational Drug Use (INRUD),
propose une méthode normalisée d'évaluation de l'utilisation des médicaments qui pourrait être utilisée par
les chercheurs du monde entier :
Cette méthode propose un petit nombre d'indicateurs destinés à évaluer les comportements dans trois
secteurs liés à l'utilisation des médicaments :
1. pratique des prescriptions pharmaceutiques des personnels soignants;
2. soins aux patients qui recouvrent à la fois la consultations médicale et la délivrance des
médicaments;
3. facteurs facilitants spécifiques des centres, comme la disponibilité des médicaments essentiels et
un minimum d'information pharmaceutique :
Indicateurs de prescription :
1. Nombre de médicaments par consultation.
2. Pourcentage de médicaments prescrits sous leur nom générique.
3. Pourcentage de consultations avec prescription d'antibiotiques.
4. Pourcentage de consultations avec prescription d'injections.
5. Pourcentage de médicaments prescrits à partir d'une liste de médicaments essentiels ou
d'un répertoire.
Indicateurs de soins :
6. Durée moyenne d'une consultation.
7. Durée moyenne de délivrance d'un médicament.
8. Pourcentage de médicaments effectivement délivrés.
9. Pourcentage de médicaments bien étiquetés.
10. Notions qu'ont les patients de la posologie correcte.
Approvisionnement en médicaments 37 AEDES
Indicateurs d'équipement :
11. Existence d'un exemplaire de la liste de médicaments essentiels ou d'un répertoire.
12. Approvisionnement en médicaments-clés.
Ces indicateurs ont été testés dans plusieurs pays et des recommandations quant à leur utilisation ont été
faites :
- Pour mesurer les activités de chaque centre et les fonctions d'encadrement, il est nécessaire
d'étudier au moins 60 prescriptions mais le chiffre de 100 est recommandé;
- pour une simple étude horizontale à visée régionale, 20 centres sont nécessaires pour représenter
un grand groupe de centres de santé. Dans chaque centre, il est nécessaire d'étudier 30
prescriptions.
Les résultats suivants ont été publiés dans "Médicaments Essentiels : le Point" (OMS) :
Les indicateurs proposés par l'OMS et INRUD ont été utilisés pour évaluer les prescriptions au niveau des
consultations externes dans le camps de réfugiés de Harticheick en Ethiopie où MSF-B apportait une
assistance médicale (1992).
L'étude à porté sur un échantillon de 1.000 prescriptions. Les résultats sont les suivants :
- la proportion de prescriptions avec un médicament injectable était de 9,5 %;
- la proportion de prescriptions avec un antibiotique était de 40% (14% des prescriptions
comprenaient de la pénicilline orale, 11% du contrimoxazole, 9% un antibiotique injectable, 4% de
l'ampicilline orale, 1% un autre antibiotique);
- les proportions des prescriptions en fonction du nombre de médicaments étaient les suivantes :
1 médicament : 24%, 2 médicaments 43%, 3 médicaments 28%, plus de 3 médicaments 5%.
Compte tenu du profil de morbidité, 40% des prescriptions comprenant 1 antibiotique reflète un assez bon
comportement. En fait, la prescription d'antibiotique était contrôlée et bien surveillée. Le nombre de
médicaments par prescription est bas et reflète également l'effort de rationalisation de l'utilisation de
médicaments qui était fait.
Une variante de ce type d'évaluation consiste à utiliser des pathologies traceurs et à étudier le
nombre moyen de médicaments par prescription, la proportion de prescriptions comportant un
médicament particulier comme un antibiotique etc...pour ces pathologies. L'hypothèse de l'utilisation
des pathologies traceurs est que la manière dont un praticien traite en routine les maladies les plus
courantes est un indicateur de qualité des soins. Un bon traceur est une pathologie répondant à 6
critères :
Approvisionnement en médicaments 38 AEDES
Exemple de pathologies traceuses : fièvre, urétrite purulente, diarrhée, toux de moins de 15 jours...
- Une étude de ce type a été réalisée au Tchad utilisant entre autre la toux de moins de 15
jours et la diarrhée chez les enfants de 0 à 4 ans comme pathologies traceurs.
- Les prescripteurs ont été comparés au groupe et non à une norme en s'efforçant de repérer
les extrêmes. Cette méthode à été utilisée pour le ciblage des infirmiers à superviser en
priorité et le ciblage des thèmes prioritaires de supervision.
En dehors de la non disponibilité des médicaments nécessaires (cause bien sûr fréquente et que
toutes les interventions décrites dans ce document tentent de solutionner), les raisons de mauvaises
habitudes de prescriptions les plus fréquentes sont :
- la faiblesse de la formation de base et l'absence de recyclage : dans de nombreux pays en
développement, les prescripteurs travaillant dans les centres de santé sont des infirmiers ou
auxiliaires de santé formés rapidement pour pallier au manque de personnel qualifié. La
formation souvent dérivée des formations de type occidental préparent mal au métier de
prescrire. L'expérience souvent peu encadrée remplace un enseignement trop rapide. Une
formation continue est rarement organisée de façon systématique. L'incertitude du
prescripteur le pousse souvent à prescrire de façon excessive pour se garantir d'un résultat
(ce qui est entre autres une cause de la surprescription d'antibiotiques).
- l'absence de consensus sur des listes de médicaments et sur des conduites thérapeutiques
ou l'inadaptation des conduites thérapeutiques existantes aux possibilités de diagnostics;
- l'absence de supervision;
- un accès très limité à une information adaptée sur l'usage des médicaments, leur efficacité,
leur coût...(revues médicales, information du ministère de la santé...)
- la surcharge de travail est parfois une contrainte qui ne permet pas au prescripteur de
consacrer le temps nécessaire à un examen systématique le conduisant au bon diagnostic et
au bon traitement;
- la demande de la population est souvent irrationnelle et exerce une pression sur le
prescripteur qui cherche à satisfaire sa "clientèle" (par exemple : les patients demandent
souvent des injectables plutôt que des médicaments sous forme orale);
- l'insuffisance de rémunération du personnel soignant l'amène souvent à chercher une
augmentation des ses revenus entre autres dans la vente de médicaments.
Une enquête a été effectuée en Tanzanie en 1988 auprès de 50 prescripteurs (Irrational Drug Use in
Tanzania KS MAYIKA and JZJ Killewo, Health Policy & Planning, 6 (2) 1991). Les prescripteurs ont été
observés et jugés selon les schémas diagnostics et thérapeutiques en vigueur.
Au niveau du district, il ne sera pas possible d'intervenir sur toutes les causes. En particulier la
formation de base du personnel soignant.
L'adoption d'une liste nationale et de conduites thérapeutiques nationales constituent des étapes
dans la rationalisation des prescriptions et forment un cadre dans lequel les actions du niveau
districtal doivent s'inscrire. Les actions dans le district seront dans ce cas essentiellement des actions
de promotion de l'utilisation des médicaments conformément aux conduites thérapeutiques
nationales (formation recyclage, supervision, évaluation, recherche opérationnelle et rétro-
information vers le niveau national en vue de mieux adapter les stratégies si cela s'avère
nécessaire).
Souvent ce cadre national n'est pas bien défini et par exemple il n'existe pas de conduites
thérapeutiques adaptées. Les actions de rationalisation de la prescription au niveau du district
comprendront alors :
- l'évaluation des prescriptions;
- l'adoption de conduites thérapeutiques sur la base de l'utilisation d'une liste restrictive de
médicaments (guidelines, arbres décisionnels, protocoles thérapeutiques hospitaliers);
- la formation des prescripteurs;
- la supervision et l'évaluation de l'application des conduites thérapeutiques adoptées.
Guidelines :
adopté. Les guides existants tels le guide de MSF peut être proposé comme exemple pour faciliter
l'élaboration locale.
Au Cambodge en 1993, un guide national est en cours d'élaboration. Le guide MSF lui sert
de base. En fait, le guide MSF était utilisé depuis longtemps dans les camps de réfugiés
Khmers à la frontière thaïlandaise et des copies de ce guide ont traversé la frontière et
circulaient parmi le personnel soignant et les étudiants en médecine. Avant que MSF
n'apporte une assistance médicale au Cambodge en 1989.
En Guinée Conakry, des arbres décisionnels ont été élaborés pour améliorer la prescription
(Ordinogramme). A partir de plaintes et de symptômes du patient ils conduisent directement à un
traitement. S'ils ont l'avantage de guider facilement le prescripteur, ils présentent l'inconvénient de
sauter l'étape diagnostic.
Dans les hôpitaux, des protocoles thérapeutiques standardisés adaptés aux conditions locales
(pathologie dominante, liste de médicaments, moyens de diagnostic) peuvent être établis par un
comité rassemblant les médecins de l'hôpital.
De tels protocoles ont été élaborés dans les hôpitaux de Cancan et N'Zérékoré en Guinée
recevant respectivement une assistance de MSF-France et de MSF-Belgique.
La formation et la supervision
En Angola, les prescriptions de tout un mois ont été collectées pour 2 centres à un an d'intervalle.
Le graphique représente le % de prescriptions rationnelles avant/après formation, dans 2 dispensaires de
Luanda.
SEPTEMBRE 1989
Les deux centres présentent un % de prescriptions rationnelles inacceptable (respectivement 23% et 47 %) ->
Un recyclage est nécessaire :
Il sera ciblé sur les problèmes majeurs de prescriptions relevés selon la stratégie qui suit :
- une standardisation des schémas thérapeutiques (guide et affichage).
- des formations ciblées de groupe.
- une supervision deux fois/mois par un médecin, qui discute en particulier de l'opportunité et de la
rationalité des traitements.
JUIN 1990
- Par centre, le % de prescriptions rationnelles s'est amélioré;(de 23 à 79 % et de 47 à 84 %)
Les différences d'un centre à l'autre (surtout au départ) seraient liées à un fonctionnement plus difficile
(plus grand nombre de prescripteurs) mais ne sont pas détaillées dans le rapport.
- L'intervention semble efficace et la stratégie adaptée à la situation.
Le tableau ci-après tente d'apporter quelques voies de solutions basées sur l'expérience : il fait
clairement ressortir qu'il est exclu de procéder par contrainte normative et qu'il faut éviter un système
fermé dans lequel il n'existe aucune alternative.
Approvisionnement en médicaments 42 AEDES
- l'absence d'alternative;
- l'absence de délégués médicaux;
- la réalisation d'un manuel thérapeutique sur place, avec les prescripteurs concernés;
- la sensibilisation des prescripteurs aux problèmes de coût de la santé et l'intérêt des
génériques dans ce contexte;
- la supervision régulière.
Outre les conséquences en termes d'efficacité de traitement, le schéma ci-dessus illustre combien il
est illusoire de mettre en place un programme de distribution de médicaments sans un volet de
rationalisation des prescriptions.
Si ce code n'est pas accepté au préalable, les consommations seront totalement divergentes d'un
prescripteur à l'autre et donc sans rapport direct avec le nombre de nouveaux cas.
Ceci rendra les consommations d'autant plus imprévisibles, sera source de conflit permanent, et
rendra la Centrale d'approvisionnement ingérable.
4.3. CONCLUSION
La distinction entre les deux chapitres es bien sûr un peu artificielle, les différents volets étant menés
en général en continu ou simultanément; en particulier, le volet d'amélioration des prescriptions
accompagne toutes les phases du processus.
Les principes, de standardisation de listes de médicaments (listes sélectives par niveau),
d'estimation des besoins, d'organisation de base d'une pharmacie, de calcul de consommation et
d'amélioration des prescriptions, exposés dans le premier chapitre restent d'application comme
bases pour les stratégies proposées dans ce chapitre.
Le premier chapitre a présenté les grandes lignes d'une organisation minimale de pharmacie
permettant une installation rapide d'un système d'approvisionnement, l'intégration de personnel non
qualifié et l'analyse des consommations. Cela ne constitue qu'une première étape. Lorsque celle-ci
Approvisionnement en médicaments 44 AEDES
est acquise, il est alors possible de mettre en place une gestion plus détaillée, répertoriant tous les
mouvements de médicaments et permettant à la structure de soins d'acquérir la capacité d'établir
ses commandes de médicaments.
Une façon pratique de décrire l'organisation pharmaceutique d'une structure de soins consiste à
reconstituer le circuit du patient (qui reçoit des médicaments) et le circuit du médicament. L'exemple
d'un centre est présenté ci-dessous :
Le patient muni de son carnet médical se rend au tri; un aide-soignant fait l'anamnèse, remplit le carnet de
ses observations et le dirige vers le prescripteur.
Le prescripteur l'examine, lui prescrit des médicaments sur une ordonnance et remplit son registre de
consultation.
Les pansements sont faits dans le service de soins qui dispose du matériel nécessaire dans son armoire.
Pour les injections, le patient se rend d'abord à la pharmacie avec son ordonnance pour obtenir le
médicament et ensuite au service de soins pour se faire faire l'injection du médicament.
Le service préventif dispose également dans son armoire des quelques articles et médicaments (en petits
nombres et petites quantités) nécessaires à son fonctionnement.
Fonctionnement :
Chaque service dispose d'armoires qui constituent son stock pharmaceutique. Ces armoires sont
réapprovisionnées à période fixe (hebdomadairement), sur le principe de la reconstitution d'un stock
maximal défini à l'avance : les quantités maximales de chaque produit correspondent aux quantités
nécessaires pour couvrir l'activité du service durant une semaine (période séparant 2 réapprovisionnements)
augmentées d'une quantité de "sécurité" destinée à absorber des variations éventuelles de l'activité du
service. Le réapprovisionnement est alors très simple, il suffit de fournir les quantités correspondant aux
Approvisionnement en médicaments 45 AEDES
Documents de gestion :
Le cahier de gestion reprend les quantités maximales de chaque produit, l'inventaire en fin de période de
réapprovisionnement, les quantités commandées et les quantités reçues.
Une feuille remplit les fonctions de bon de commande et de bordereau de livraison reprenant également
les quantités maximales, l'inventaire en fin de période et les quantités commandées. Une colonne, laissée
libre, sera remplie par le pharmacien avec quantités livrées. Cette feuille, établie en deux exemplaires,
permet au pharmacien et au chef du centre de vérifier les quantités, les confronter aux consommations
antérieures et assurer ainsi un contrôle de gestion.
L'exemple du centre de santé présenté ci-dessus ne constitue pas un modèle convenant à toutes les
situations. Il permet néanmoins d'identifier quelques éléments utiles à la rationalisation de la gestion
dans un centre de santé :
- les services qui délivrent directement des soins aux patients. Chaque service
possède une armoire qui constitue son stock. Dans l'exemple de centre de santé
présenté ci-dessus ce sont le service préventif et le service de soins.
- dans un hôpital, chaque service d'hospitalisation représente aussi une unité de
gestion.
- la pharmacie de stock à laquelle se réapprovisionnent les services et la pharmacie
de détail.
- le patient peut être considéré comme une unité de gestion bien qu'il ne représente
pas un stock à proprement parler; il est le destinataire final des médicaments en
échange d'ordonnance.
Approvisionnement en médicaments 46 AEDES
L'hôpital comprend une centaine de lits, les services de pédiatrie, de médecine, de maternité, de chirurgie,
de tuberculose, ainsi qu'une salle d'accouchement, un bloc opératoire et une pharmacie de détail qui sert les
consultants externes. L'activité y est importante : ± 5.000 hospitalisés et ± 17.000 nouveaux cas
ambulatoires.
Dans chaque service ainsi que dans le bloc opératoire et la salle d'accouchement, il y avait une armoire
contenant tous les médicaments et matériel consommable dont le service avait besoin.
En septembre 1990, un nouveau système d'approvisionnement à l'intérieur de l'hôpital a été négocié avec le
directeur de l'hôpital. Il consistait à livrer tous les services une fois par mois. Il existait une procédure
d'urgence qui permettait le cas échéant de faire une petite commande complémentaire. Toutes les
commandes, mensuelles ou complémentaires, devaient être signées par le directeur de l'hôpital avant d'être
servies.
Les quantités livrées correspondaient aux besoins de chaque service dont était déduit le stock restant (un
inventaire mensuel était rentré chaque mois). Ce système correspond au système basé sur des quantités
maximum décrit dans l'exemple de centre de santé. La supervision consistait à comparer les
consommations à la moyenne des consommations des mois précédents (et de réduire les quantités livrées
si nécessaire) et à réaliser une vérification aléatoire de l'inventaire des armoires.
La pharmacie de détail, dans l'exemple présenté, est presque intégrée dans la pharmacie de stock.
Sa gestion en est fort peu différenciée, son réapprovisionnement se fait directement et de façon
continue. Ceci se justifie par le fait que c'est la même personne qui gère la pharmacie de détail et la
pharmacie de stock. Ce système simplifié convient bien à une structure de la taille d'un centre de
santé. Dans des structures plus importantes, la pharmacie de détail est souvent complètement
individualisée et adresse à la pharmacie de stock une commande à période fixe.
Les armoires de service sont réapprovisionnées sur la base d'un système de commande simplifié
(ceci convient bien pour un petit nombre de produits et en particulier pour les produits au
conditionnement collectif comme le coton, les pansements et les désinfectants) :
Il s'agit en fait d'un système de commande plafonnée. Les quantités maximales correspondent à des
quotas internes établis par service.
C. La mise en place d'un recueil d'informations pour le suivi de tous les mouvements au niveau
de chaque stock : le système de recueil de l'information constitue l'administration de la
pharmacie.
L'administration de la pharmacie est constituée de tous les documents de suivi des mouvements de
médicaments; les documents sont de deux types :
- les documents statiques : ils restent sur place. Ils servent à des analyses faites sur place.
- les documents de transfert : ils accompagnent les mouvements de médicaments ou servent
à transmettre de l'information
Approvisionnement en médicaments 48 AEDES
- le cahier de gestion
- la fiche de stock
- la feuille de pointage journalier
- le relevé des consommations
- le bilan des consommations et commandes
Remarque :
- Dans les pharmacies de détail et les petits centres, les fiches de stock ne sont pas vraiment
nécessaires et d'un maniement trop lourd par rapport à la quantité de mouvements à gérer.
On leur préfère dans ces cas un cahier de gestion.
La fiche de stock permet, pour chaque mouvement, d'identifier l'origine et la destination. Elle
est donc surtout utile lorsqu'il y a plusieurs fournisseurs et/ou beaucoup de destinataires
(services, structures de santé...). Les fiches de stock sont donc d'abord un instrument de
gestion de stock moins utile pour la gestion d'une pharmacie de détail. Dans un centre de
santé comme celui de notre exemple, il n'y a qu'un seul fournisseur et très peu de services
(principalement un service : la pharmacie de détail et secondairement 2 services pour une
liste très restrictive d'articles : le service de soins et le service préventif), un cahier de
gestion suffira à la gestion du centre.
- la feuille de pointage journalier ne sert qu'à remplir le relevé de consommation, c'est un
document facultatif.
Le système d'administration devra rester le plus simple possible. Le recopiage des mêmes
informations sera évité autant que possible. Tout mouvement de médicament doit être accompagné
d'une écriture dans une pièce de gestion. Toute écriture dans un document statique doit pouvoir être
justifiée par un document de transfert. Le système d'administration doit permettre le calcul des
consommations et leur analyse pour :
- la surveillance de l'approvisionnement
- l'élaboration d'une commande.
SURVEILLANCE DE L'APPROVISIONNEMENT
Le système d'administration permet la surveillance de la façon dont les stocks et pharmacies sont
tenus à deux niveaux :
L'objet de la surveillance est la détection de tout disfonctionnement en vue d'apporter une solution.
Surveillance de la conformité entre le stock physique (inventaire) et le stock théorique ou calculé sur
la base du relevé des mouvements.
Surveillance de la consommation
La consommation rapportée au volume d'activité (consommation par nouveau cas) permet d'établir
des comparaisons plus fines :
- par rapport à des standards (application de traitement standard);
- par rapport à la consommation du passé;
- par rapport aux autres structures.
En 1989, la médiane d'utilisation se trouve aux alentours 200/1000 NC. Comme aucun recyclage n'a eu lieu,
en première approximation, les différences sont dues aux habitudes locales de prescription :
- Le poste de " KOUL" présente un résultat "extraordinaire" qui pourrait être dû à :
- une période d'observation très courte pendant laquelle se présentaient beaucoup
d'infections graves.
- une comptabilisation de sorties non consommées (ex périmés)
- une sous-estimation des N.C.
- une habitude de prescription se démarquant des autres prescripteurs : les autres
prescripteurs préfèrent utiliser un autre antibiotique.
- le prescripteur de "KOUL" n'a pas d'alternative car les autres antibiotiques manquent
Approvisionnement en médicaments 50 AEDES
On observe de grandes différences entre les hôpitaux. Ces différences s'expliquent entre autre par le fait que
ces hôpitaux ont été sélectionnés dans différentes parties du pays (profils de maladies différents). On
observe néanmoins que, en dehors de Tukmeas, le cotrimoxazole est l'antibiotique le plus utilisé partout.
Les consommations de cotrimoxazole sont nettement plus élevées dans trois hôpitaux (Svay Teap,
Rom.Heck et Kravanh). Ce dernier hôpital a une consommation globale d'antibiotiques plus élevée que les
autres. Les comparaisons géographiques réalisées ici ne sont destinées qu'à servir de tableau de bord et ne
signalent que les grosses différences qui demanderont une investigation plus approfondie des responsables
de chaque structure. La répétition dans le temps de telles évaluations permettra un suivi des performances
de chacun des hôpitaux et d'apprécier l'effet de mesures correctrices qui pourraient être prises.
Surveiller la consommation de tous les médicaments est fastidieux. Il est utile de faire un choix dans
les médicaments à surveiller. On surveillera de préférence les médicaments :
- les plus nécessaires pour garantir la qualité des soins (classification VEM);
- ceux qui constituent la plus importante proportion des dépenses (classification ABC);
- les médicaments ayant connu une rupture de stock ou ayant fait l'objet d'un
approvisionnement complémentaire;
- les médicaments les plus sujets aux fuites (médicaments populaires);
- les médicaments en sur-stock et ayant connu des péremptions.
CLASSIFICATION VEM
Un exemple de classification VEM a été présenté dans "National Drug Monitor" de janvier 1991.
Présentation d'un module de formation sur l'usage rationnel des médicaments préparé par "The
Philippine Drug Section Network" (PDAN). En voici un extrait :
Médicaments V E M
Analgésique - Antipyrétique
paracétamol oral : 300 mg (325 mg) Comp. x
500 mg Comp. x
Anti-inflammatoire - Anti-rhumatismal -
Acide acétylsalicylique oral : 325 mg Comp. x
Anti-infectieux - Anti-bactériens -
Amoxicilliens oral : 250 mg Cap. x
500 mg Cap. x
A titre d'exemple, en 1988, le projet MSF-B "Magasins-Santé" dans la région de Tombouctou avait
obtenu 17 produits pour la classe A, 27 pour la classe B et 106 pour la classe C, en termes de valeur
de consommation annuelle.
Au Tchad, en 1991, dans le projet MSF-B d'appui à la pharmacie préfectorale de Bongor, une
classification ABC montrait que 26 produits constituaient la classe A, 39 produits la classe B et 147
produits la classe C. Tous les antibiotiques et tous les solutés se trouvaient dans la classe A.
Les médicaments sont des produits qui se périment. La mauvaise gestion (surstockage) est
responsable de pertes importantes par péremption (occasionnant des coûts inutiles).
Pour éviter les péremptions, la règle reste bien évidemment d'utiliser en premier lieu les produits qui
ont le plus court délai de péremption. Mais il est également nécessaire de surveiller les produits à
risque de péremption.
Approvisionnement en médicaments 52 AEDES
- Ranger les produits correctement sur les étagères, ceux avec la date de péremption la plus
longue (en général les derniers arrivés) derrière, de façon à pouvoir réaliser un inventaire
visuel.
- Il est utile de répertorier tous les produits qui vont périmer dans un proche avenir (3 ou 6
mois par exemple).
- Pour prévenir les péremptions, il faut confronter le délai restant avant la date de péremption
avec la période couverte par les quantités encore en stock :
- on doit disposer des consommations mensuelles moyennes des produits à risque de
péremption;
- si les quantités en stock sont supérieures à la consommation prévisible pour couvrir
le délai restant avant la date de péremption, il y a de fortes chances qu'une certaine
quantité de médicament se périme;
- lorsque l'on peut prévoir les péremptions de cette façon, les quantités à risque de
péremption seront transférées à la pharmacie centrale, qui pourra les redistribuer
pour une utilisation rapide ailleurs;
- si les péremptions sont inévitables, les médicaments périmés seront bien
évidemment détruits.
Dans les stocks plus importants où les péremptions peuvent concerner des quantités importantes de
médicaments, la gestion se fait par lot plutôt que par médicament. Un lot est une quantité constituée
de toutes les unités d'un même médicament ayant la même date de péremption.
Pour certains produits, il est difficile de rapporter la consommation à l'activité. C'est, par exemple, le
cas pour le matériel nécessaire aux pansements. Une méthode simple consiste à diviser le coût total
des produits par le nombre de patients traités par ces produits ou d'actes impliquant ces produits (par
exemple nombre de pansements). Cet indicateur permet la même comparaison que la
consommation par nouveaux cas.
Principes
La commande de médicaments est établie pour que la structure dispose d'un stock suffisant pour
couvrir la consommation jusqu'à la réception de la commande suivante.
Les quantités à commander dépendront :
- du stock restant;
- du délai entre le moment où la commande est établie et le moment où les médicaments
seront livrés : la période à couvrir doit inclure le délai de livraison;
- de l'estimation des besoins pour la période à couvrir (ce qui correspond à la consommation
attendue pendant cette période);
- de la constitution d'un stock de sécurité.
COMMANDE = estimation besoins (période à couvrir incluant le délai livraison) + stock sécurité -
stock restant
2. Estimation des besoins pour la période à couvrir : l'estimation des besoins correspond à la
prévision de la consommation. On se servira de la consommation moyenne mensuelle du passé. Le
principe du calcul de la consommation moyenne mensuelle (CMM) et de l'estimation des besoins sur
cette base a déjà été présentée plus haut, l'encadré à la page suivant le rappelle.
Approvisionnement en médicaments 53 AEDES
Rem. : pour prendre en compte des variations de consommation telles que les variations saisonnières, on
peut pour certains médicaments calculer la CMM sur une sélection de mois plutôt que sur toute l'année.
La consommation moyenne mensuelle estimée pour la période à couvrir (corrigée en fonction de l'activité
attendue (CMM attendue) :
CMM attendue = CMM (du passé) X Nombre de nouveaux cas en période à couvrir
Nombre de nouveaux cas en période écoulée
En théorie, au moment de passer une commande, il doit rester en stock une quantité suffisante pour
couvrir la consommation du délai entre la commande et la réception des médicaments (délai de
livraison), plus une marge de sécurité (stock de sécurité).
Si cette quantité minimale (consommation délai de livraison + stock de sécurité) est atteinte avant la
date prévue pour passer la commande suivante :
- soit le délai jusqu'à la date prévue de la commande est court et la consommation attendue
de ce délai est inférieur au stock de sécurité : la quantité restante en stock pourra
probablement couvrir toute la consommation du délai d'attente jusqu'à la commande et la
consommation du délai de livraison de cette commande;
- soit le délai jusqu'à la date de commande prévue est long et la quantité restante sera
insuffisante : il y a un risque important de rupture de stock.
Pour surveiller les risques de rupture de stock, on peut considérer que cette quantité minimale
constitue un seuil d'alerte.
Les consommations des produits ayant nécessité une commande complémentaire devront être
analysées de façon à déterminer les raisons, détecter un problème éventuel et proposer des mesures
correctrices.
Approvisionnement en médicaments 54 AEDES
Décision de commande
La vraie commande est celle dans laquelle l'aspect médical prône. En principe c'est le comportement
du prescripteur qui détermine le contenu et les quantités. S'il est seul dans la structure, il va de soi
que c'est lui qui établira la commande.
- Le prescripteur défend ses intérêts en fonction de l'activité de son centre, des pathologies
rencontrées dans son centre et de ses habitudes de prescription...
- Le pharmacien veille à n'avoir ni rupture de stock ni sur-stock.
- Le trésorier veille à ce que le montant de la commande reste dans les limites de son budget.
Périodicité de la commande
Un centre de santé urbain pourra à la limite se fournir le jour d'une rupture de stock, voire chaque
jour, en particulier s'il est complètement autonome et qu'il peut payer ses commandes.
Un dispensaire rural situé à grande distance d'un centre d'approvisionnement devra planifier ses
commandes pour des périodes plus longues. Dans ce cas, on espacera les commandes en veillant à
ce que le coût d'immobilisation du stock périphérique ne soit pas démesuré.
La périodicité des commandes peut être fixe ou libre. Si elle est fixe, cela alourdit les calculs de
commandes, nécessite des stocks de sécurité et augmente les risques de rupture de stock. Par
contre cela facilite le travail de gestion aux échelons supérieurs. Si elle est libre, à l'opposé, cela
allège le travail au niveau périphérique et alourdit au niveau supérieur.
En effet, il lui est plus difficile de prévoir les quantités à commander. Si celles-ci sont sous-évaluées
toutes les structures périphériques qui en dépendent sont entraînées dans des ruptures de stock.
La structure de soins dispose d'un budget (soit attribué par un niveau supérieur soit constitué des
recettes de la vente de médicaments au patient). Dans tous les cas, les limites budgétaires
constituent une contrainte dont il faut tenir compte lors de l'établissement de la commande.
- Si le montant est inférieur ou égal au budget, la commande peut être payée et aucune
révision n'est nécessaire.
- Si le montant de la commande dépasse le budget, la commande devra être révisée : il
faudra soit diminuer les quantités de certains médicaments, soit en éliminer; il faudra faire un
choix de priorité parmi les médicaments; on pourra utiliser les méthodes de classification
VEM et ABC pour faire des choix de priorité dans les médicaments dont les quantités
devront être réduites :
- par priorité on diminuera les quantités de médicaments moins essentiels;
- en toute connaissance de cause on pourra diminuer les niveaux de stock de sécurité
de produits non vitaux de la classe A, ensuite de la classe B, etc...
- on évitera de réduire le stock de sécurité des produits vitaux.
Le maintien des modes d'approvisionnements présentés dans le premier chapitre (les kits et les
dotations fixes) présente, en terme de rationalisation, un certain nombre de problèmes.
Approvisionnement en médicaments 55 AEDES
- surstock important avec péremption augmentant le coût des médicaments en bout de chaîne
(le patient);
- recettes insuffisantes pour racheter le kit suivant, car les kits sont incomplètement vendus;
- mauvaise acceptabilité de racheter un kit dont certains médicaments ne sont pas
nécessaires et qui sont déjà en surstock;
- difficulté d'éviter les ruptures de stocks de médicaments très utilisés et dont les quantités
dans les kits sont insuffisantes.
Les dotations fixes, qui tiennent compte du volume d'activité de chaque structure, présentent déjà
une amélioration par rapport aux kits, mais, comme déjà indiqué, ne permettent pas d'en éviter tous
les inconvénients.
L'estimation des quantités, basée sur des standards thérapeutiques d'une part, et l'absence de prise
de compte des stocks résiduels d'autre part, font que les quantités livrées ne correspondent jamais
aux consommations réelles.
Les dotations peuvent être affinées lorsqu'il existe des données de gestion issues des structures.
Mais il est impossible au niveau central de calculer des dotations en tenant compte des
consommations réelles de chaque structure.
Par exemple, au Tchad, l'approvisionnement des structures de soins est un approvisionnement par
dotations calculées au niveau national pour toutes les structures. Les quantités sont calculées sur
base de la consommation moyenne nationale. Les dotations sont recalculées pour chaque livraison
en tenant compte des stocks résiduels.
Ces modes sont des modes centralisés dont le principal avantage est de pallier à la faible capacité
de gestion, en particulier en périphérie. Lorsque cette capacité de gestion devient suffisante en
périphérie, il est possible de mettre en place des modes d'approvisionnement tels que les structures
participent plus activement aux décisions sur les quantités de médicaments, c'est-à-dire, des modes
d'approvisionnement plus décentralisés.
La commande libre
Le mode décentralisé par excellence est celui où la structure est une entité complètement autonome
et commande librement les médicaments et les quantités qu'elle souhaite. C'est le modèle de
l'officine privée indépendante.
Le système est le plus responsabilisant et plus satisfaisant pour la structure. Il fait par contre courir
de gros risques à la centrale d'approvisionnement.
L'expérience de différents projets MSF (Mali, Tchad, Mozambique) a montré une croissance
exponentielle inévitable des commandes (du moins en l'absence de contrainte financière).
Approvisionnement en médicaments 56 AEDES
Ce système suppose qu'au niveau périphérique, la structure dispose d'une capacité de gestion
suffisante pour établir des commandes rationnelles. Si ce n'est pas le cas, les risques de rupture de
stock et de gaspillage restent très importants. Au niveau central, comme dit précédemment, cela
suppose un stock important et la possibilité d'un réapprovisionnement très rapide. Cela implique un
contexte de ressources abondantes ce qui est rarement le cas des services publics des pays en
développement.
Le quota révisable
Pour éviter les risques de déstabilisation qu'un système de commande libre ferait courir à la centrale
d'approvisionnement, on peut imposer des limites (plafond) aux commandes. Le mode
d'approvisionnement par "quota révisable" est basé sur ce principe.
Le quota est une quantité maximum définie par médicament et par structure, correspondant à une
consommation maximale permise pour la période séparant deux approvisionnements. Les quotas
sont revus périodiquement (annuellement par exemple).
En pratique, cela signifie que, lorsque la structure établit une commande, elle peut reconstituer son
stock de chaque médicament au niveau du quota défini mais ne peut pas le dépasser. La commande
ne peut donc pas dépasser la différence entre le quota et le stock résiduel.
Il s'agit en fait d'un système équivalent au système de "maximum" pour l'approvisionnement des
armoires de service (cf. l'exemple de centre de santé discuté précédemment).
Définition :
Mode d'approvisionnement par commande plafonnée, basé sur la fixation pour chaque structure d'une
quantité maximum ou quota de chaque médicament correspondant à la consommation permise pour la
période séparant deux approvisionnements.
Les quotas sont en principe fixés par négociation entre les responsables de la structure périphérique et du
district, sur base de l'activité des structures et des consommations antérieures. Les grosses aberrations
peuvent être corrigées en comparant les résultats obtenus à ceux que donnerait la méthode des services
(application de traitements standards). Un système d'information et un système de gestion sont donc
nécessaires au niveau périphérique.
Le calcul des quotas est basé sur la consommation moyenne mensuelle (CMM); la formule pour une période
déterminée est la suivante :
La somme de tous les quotas de toutes les structures permet de déterminer les consommations maximales
pour le district et son budget.
Commande :
Le principe des quotas est que le niveau du stock de la structure en début de période doit correspondre aux
quotas.
La commande régulière est donc très simple : COMMANDE = QUOTA - STOCK résiduel.
Un système de commande d'urgence sur base de la surveillance d'un seuil d'alerte peut compléter le
système.
Révision :
Les quotas sont révisés périodiquement. Une fois fixés, les quotas restent en vigueur pour des périodes
relativement longues (1 année par exemple). Cette période ne peut être plus courte que la période de
réapprovisionnement de la centrale d'approvisionnement qui prévoit les quantités à acheter en fonction des
quotas des structures. La révision permet d'adapter les quotas à des modifications du volume d'activité,
d'habitudes de prescription (suite à la rationalisation des prescriptions par exemple) etc... Lors de la
révision, les consommations des médicaments ayant connu une rupture de stock, ayant nécessité une
commande complémentaire d'urgence ou reconnus en surstock seront analysées et le quota sera modifié si
nécessaire.
Le mode d'approvisionnement par quotas est à mi-chemin entre la dotation (système complètement
centralisé) et la commande libre (système complètement décentralisé).
Ce mode d'approvisionnement est moins satisfaisant pour les responsables des structures que s'ils
pouvaient commander ce qu'ils veulent (commande libre); mais ces responsables ont la possibilité
de négocier leur quota à chaque révision.
Ce mode d'approvisionnement est d'autant plus fiable que la consommation est stable : la
rationalisation des prescriptions et le respect des schémas thérapeutiques rationalisés garantit
l'efficacité du système...
En terme de gestion :
Chaque responsable de service a choisi 5 à 10 médicaments sentinelles dans son service. Les quotas sont
établis pour une durée de 4 mois. Pour faciliter le suivi de la consommation, un graphique qui reprend la
consommation cumulée mois par mois est tenu à jour.
Ce système permet une auto-surveillance en vue de prévoir et d'éviter une rupture de stock (par un
renforcement de l'application des standards thérapeutiques et la diminution des comportements de sur-
prescription).
En voici un exemple :
On voit que la consommation cumulée atteint presque le quota pour les 4 mois. La consommation
mensuelle en février (700) dépasse le quota mensuel (525) ensuite la consommation mensuelle redescend
en dessous du quota en mars (500) et enfin est réduite le dernier mois (400) pour éviter une rupture de
stock. Dans ce cas, il serait utile de vérifier si le quota n'a pas été sous-estimé.
D'une façon générale, on peut distinguer 2 points de vue divergents sur le choix du système :
- le point de vue de la structure périphérique et du prescripteur pour qui un système leur
permettant la plus grande liberté pour les choix thérapeutiques, offre le plus de satisfactions.
- le point de vue du responsable de la centrale d'approvisionnement (au niveau du district par
exemple); pour lui, la plus grande satisfaction sera atteinte s'il peut garantir la sécurité de
l'approvisionnement (bonne prévision des besoins c'est-à-dire stabilité de la consommation)
pour une charge de travail minimum.
Les systèmes centralisés (d'abord le système basé sur les kits ensuite le système basé sur les
dotations) offrent bien sûr le plus de garantie de sécurité de l'approvisionnement et la gestion la plus
légère pour la centrale d'approvisionnement, par contre ils sont très peu responsabilisants et
satisfaisants pour les structures.
La commande libre offre la satisfaction la plus grande au niveau de la structure; (par contre elle
comporte un risque important de déstabilisation de la centrale d'approvisionnement).
Le système basé sur les quotas représente le meilleur compromis entre les deux points de vue
divergents. Par contre, son installation suppose qu'un certain nombre de conditions préalables soient
remplies, ce qui n'est pas toujours le cas.
ressources abondantes et si l'approvisionnement est lié au payement des médicaments à tous ses
niveaux. Ces conditions ne sont pas celles des pays en développement et encore moins de leur
secteur public qui constitue le cadre de ce document. Dans ce contexte, nous éliminons de nos choix
le système d'approvisionnement par commande libre.
Les déterminants du choix du mode d'approvisionnement : le choix se fera donc entre trois méthodes
d'approvisionnement (les kits, la dotation et les quotas) et dépend du contexte et de certaines
conditions.
Le kit est le mode d'approvisionnement qui convient le mieux aux situations de redémarrage d'une
activité ou d'installation de nouveaux services de soins, lorsque l'on ne dispose presque d'aucune
information.
Après quelques mois de fonctionnement, on disposera d'une certaine information et les conditions du
passage vers des modes d'approvisionnement plus adaptés se mettront en place. Une première
étape est le passage du kit à la dotation qui peut être suivie d'un passage vers les quotas. Une autre
évolution possible est un passage direct des kits aux quotas dès que les conditions le permettent.
Le passage vers un mode plus décentralisé comme les quotas dépendera aussi de la volonté de
mettre en place des programmes plus qualitatifs et de recouvrement des coûts.
En pratique, un district n'est pas toujours homogène et parfois certaines structures de soins
remplissent les conditions de mise en place d'un système plus élaboré alors que d'autres ne les
remplissent pas (ou pas encore). Le système d'approvisionnement peut prévoir que certaines
structures seront approvisionnées selon un mode tandis que d'autres seront approvisionnées selon
un autre mode.
Au Cambodge : Les hôpitaux du district sont approvisionnés par quotas, les centres de santé
sont approvisionnés par kits.
Approvisionnement en médicaments 60 AEDES
Cette partie examine comment le district sanitaire s'approvisionne en médicaments. Elle se divise en
2 chapitres :
Dans un pays divisé en provinces, préfectures, districts et communes, il y aura 4 niveaux entre la
pharmacie de détail et l'acquisition des médicaments auprès des fournisseurs par la centrale
nationale.
Cette organisation correspond le plus souvent à un modèle centralisé où l'état occupe une place de
monopole dans la distribution des médicaments. Chaque niveau reçoit une "allocation" de
médicaments correspondant à une répartition faite par le niveau supérieur à partir de sa propre
"allocation" reçue d'un niveau plus haut. Si en général il est demandé à chaque niveau d'établir une
commande, cette commande est le plus souvent fictive; les quantités des "allocations" de
médicaments sont déterminées en fonction des disponibilités et correspondent rarement aux
quantités commandées.
On rencontre également dans le secteur public des systèmes à 2 niveaux où la centrale nationale
approvisionne directement chaque structure par dotation ou par kit. S'il existe des stocks
intermédiaires, ceux-ci ne fonctionnent pas comme des niveaux d'approvisionnement mais comme
des centres de transit (pas de décision sur les quantités fournies aux niveaux inférieurs et pas de
reconditionnement); les centres de transit n'ont pas de fonction de gestion, leur raison d'être est
logistique (réponse à des contraintes de distance) et non gestionnaire.
Au Tchad, les structures de santé d'une grande partie du pays reçoivent leur dotation directement du
niveau national.
A l'opposé, on rencontre aussi dans le secteur public des systèmes très décentralisés où le district
s'approvisionne directement où il le souhaite en fonction d'un budget qui lui est alloué,
éventuellement complété par la recette locale de la vente des médicaments dans les pharmacies de
détail.
Au Vietnam, les districts ont souvent la possibilité d'acheter leurs médicaments soit à la centrale de
leur province soit d'une autre province voire même à l'étranger.
Dans ce cas, le niveau d'approvisionnement réceptionne les produits qu'elle a commandés et les
reconditionne en fonction des commandes des entités du niveau inférieur (clients). Pour gérer son
stock, elle doit anticiper sur les commandes de ses "clients" pour réaliser sa commande groupée à
son (ou ses) fournisseur(s).
En dehors du secteur public, on rencontre des structures de santé indépendantes (missions des
églises, projets d'ONG indépendantes, entreprises...). Ces structures s'approvisionnent souvent
directement à des fournisseurs étrangers. Mais il arrive qu'elles se regroupent pour acheter en plus
grande quantité afin d'obtenir de meilleurs prix et pour réaliser des économies administratives. Elles
s'associent alors et créent une entité de type coopérative d'achat qui constitue un groupe d'intérêt
économique et fonctionne comme un niveau d'approvisionnement dans un système décentralisé.
Au Mali, plusieurs projets se sont réunis dans un groupe d'intérêt économique indépendant :
son objectif est d'obtenir des prix les plus bas possible pour des produits de qualité.
Le plus souvent, l'initiative vient du niveau périphérique qui contrôle le niveau acheteur. Cela
correspond à une orientation vers les besoins et le services aux utilisateurs.
On retrouve à travers les exemples ci-dessus les deux grands types d'organisation de la distribution
des médicaments : le type centralisé et le type décentralisé.
Dans le type centralisé, le niveau supérieur décide des quantités de médicaments qu'il délivre au
niveau inférieur. Les niveaux d'approvisionnement organisés sur ce mode sont appelés centrales
d'approvisionnement (nationales, régionales, districtales...). Ce type d'organisation a longtemps
caractérisé le secteur public.
Dans le type décentralisé, les entités du niveau inférieur viennent acheter au niveau supérieur les
quantités dont elles ont besoin. Les centrales organisées sur ce mode sont des centrales d'achat. Le
groupe d'intérêt économique en est un exemple.
Les centrales d'achat peuvent être d'état, privées non lucratives ou privées lucratives. Les centrales
Approvisionnement en médicaments 62 AEDES
L'organisation qui correspond le mieux à cette volonté est celle où le district peut acheter les
quantités de médicaments dont il a besoin plutôt que celle où il reçoit une "allocation" de
médicaments déterminée centralement sans référence aux besoins exprimés.
Nous privilégions donc une démarche décentralisée et le plus possible contrôlée par les utilisateurs.
Dans ce modèle, c'est le district qui achète les médicaments dont il a besoin.
Un district ne dispose pas toujours d'une taille qui lui permette de se procurer des médicaments à un
coût compatible avec l'objectif d'accès au traitement pour la population :
- les quantités de médicaments dont il a besoin pour une période raisonnable ne permettent
pas d'obtenir des prix suffisamment bas;
- il ne dispose pas de la capacité gestionnaire nécessaire pour effectuer des achats
directement.
Dans un souci d'économie financière et de compétences, il est souvent avantageux pour le district de
faire appel à un niveau supérieur regroupant plusieurs districts ou projets en centrale d'achat.
On peut imaginer que les meilleurs prix d'achat aux fournisseurs seront obtenus par une centrale
d'achat nationale réalisant des appels d'offres. On peut aussi imaginer que le niveau central dispose
plus facilement des compétences managériales et gestionnaires. En fait, pour gérer une centrale à
l'échelle nationale les capacités en gestion doivent être beaucoup plus importantes que pour gérer
des centrales plus petites de niveau intermédiaire. Au-delà d'une certaine taille, la lourdeur
administrative induite peut provoquer des "déséconomies d'échelle". La mise sur pied d'une centrale
nationale d'achat est donc beaucoup plus lourde que celle de petites centrales d'achat de niveaux
intermédiaires. Le financement du fonctionnement (stockage important, éventuelle assistance
technique si les capacités de gestion font défaut, coût des péremptions...) peut être plus difficile et
requiert souvent des subventions de l'aide extérieure.
Si la centrale d'achat se situe au niveau national et garde un monopole, tout le réseau dépendra de
la bonne tenue de la gestion de la centrale. Si celle-ci ne remplit pas son rôle, on risque une pénurie
en médicaments pour l'ensemble du secteur public. Dans le cas de centrales de niveaux
intermédiaires, le risque ne portera que sur chaque sous-système régional.
Les centrales d'achat de niveaux intermédiaires répondent mieux au souci de permettre un contrôle
des utilisateurs pour le niveau acheteur surtout si la centrale est créée sur le mode du groupement
d'intérêt économique et que les clients ont un statut comparable à celui de coopérateurs. Mais des
centrales d'achat de ce type peuvent également être créées au niveau central.
L'existence de plusieurs centrales d'achat (privées non lucratives et d'intérêt public) permet aussi
d'offrir des alternatives aux clients et peut constituer un élément jouant dans le maintien des prix à
un niveau acceptable.
Approvisionnement en médicaments 63 AEDES
L'option que privilégient les auteurs est celle où la priorité est donnée au point de vue des
utilisateurs. Dans ce cas, ce sera surtout le statut de la centrale et le contrôle que pourra exercer le
client qui déterminera en premier lieu le choix. Le modèle du groupe d'intérêt économique au niveau
intermédiaire répond le mieux à ce souci où le contrôle par les utilisateurs est effectivement le plus
grand. Elle correspond aussi plus à la nature des ONG apportant un appui dans l'approvisionnement
en médicaments et qui par essence souhaite une certaine indépendance et un contrôle rapproché
des moyens qu'elle mobilise.
Dans la pratique, ce sont ces centrales d'achat non lucratives (mission des églises, associations
d'ONG) qui semblent les plus efficaces quant aux prix obtenus, à la qualité des produits et à
l'information sur l'utilisation des médicaments.
Il faut une volonté politique allant dans le sens d'une décentralisation et du renoncement au
monopole d'état sur l'importation et la distribution des médicaments.
Il faut également que la centrale d'achat ait un statut autonome, tant au niveau gestion que des
finances. En effet, il faut qu'elle puisse calculer ses besoins, élaborer ses achats et payer les
fournisseurs. Elle doit disposer de personnel compétent. Elle doit aussi être solvable pour payer ses
fournisseurs dans des délais corrects. En outre, il faut qu'elle ait la possibilité légale d'effectuer ses
paiements, l'autorisation d'acheter à qui elle veut (non soumise à un monopole d'état par exemple...).
Il faut arriver à un certain volume d'achats, de chiffre d'affaire pour qu'une centrale soit rentable.
Mais au-delà d'un certain volume, on obtient parfois l'effet inverse par la lourdeur administrative
induite. On recherchera dès lors une "taille optimale" en terme de volume d'achat et d'organisation
interne du système d'approvisionnement.
6.2.1 INTRODUCTION
Chaque pays a disposé à un moment ou l'autre de son histoire d'une Centrale Nationale
1
d'Approvisionnement dont les fonctions essentielles étaient :
- l'approvisionnement en médicaments des structures publiques;
- l'achat local ou à l'étranger des médicaments;
- la surveillance des importations de médicaments dans le pays, par l'octroi du statut de
monopole d'importation à la centrale d'approvisionnement.
1
QUELQUES EXEMPLES DE CENTRALES D'APPROVISIONNEMENT :
Celles-ci ont toutes perdu leur fonction de pharmacovigilance, ont perdu totalement ou en partie leur fonction
d'approvisionnement mais conservent jalousement leur monopole d'importation.
Approvisionnement en médicaments 64 AEDES
c. la plus-value financière de cette importation par un système de taxes indirectes qui font du
commerce de médicaments une source très importante de rentrées financières.
De ces différentes fonctions, datant bien souvent de l'époque coloniale et de la médecine militaire
(Pharmapro de l'Afrique de l'Ouest), il ne reste bien souvent que :
- le monopole d'importation : c'est la fonction la plus jalousement gardée car elle est fortement
lucrative au contraire des autres;
- une fonction d'approvisionnement totalement déficiente vu le manque de ressources
financières pour l'achat des médicaments, la forte lourdeur de gestion et les inévitables liens
commerciaux avec certains laboratoires privés;
- le contrôle de qualité a en général totalement disparu car il induit des frais de
fonctionnement très élevés, agit toujours à fonds perdus et est contraire aux intérêts privés.
La pharmacovigilance est une fonction indispensable au niveau national. Toutefois des politiques
menées par certains projets et ONG permettent de rendre cette fonction inutile dans la mesure où les
produits achetés sont des médicaments repris dans la liste des médicaments essentiels de l'OMS et
que les certificats de qualité sont délivrés par les fournisseurs.
Certains fournisseurs, comme l'ASBL hollandaise IDA, acceptent d'autre part de réaliser des
contrôles de qualité à prix coûtant sur des échantillons non fournis par leurs soins.
Pourquoi les centrales d'approvisionnement ne pratiquent-elles pas une politique d'achat identique,
avec contrôle de qualité automatique sur base de molécules essentielles appartenant aux listes
OMS? Pour de nombreuses raisons, telles que les habitudes de prescription, mais surtout, le manque
à gagner en termes de bénéfices de la vente de ces médicaments : leur prix d'achat est à peu près 3
fois moins coûteux que les noms de marque correspondants.
De ce fait, pour de mêmes taux de marge brute, la marge d'une centrale d'approvisionnement s'en
trouverait fortement amoindrie, ce qui la mettrait en péril, ses frais fixes étant en général très élevés.
Une optique se dessine dans de nombreux pays pour créer au niveau national une centrale d'achat
s'approvisionnant en médicaments essentiels par appels d'offres internationaux et où chaque
programme viendrait acheter ses médicaments à un prix concurrentiel.
Libéria : "National Drug Service" regroupe le Ministère de la santé, l'UNICEF, MSF, d'autres
ONG (Mercy).
Cette option n'est réaliste que si elle est subventionnée par l'aide extérieure (coût de stockage
important, assistance technique à la gestion, coût des péremptions, ...)
Dans la mesure où les procédures d'achat à l'étranger imposées par les bailleurs sont souvent trop
lourdes et rendent la gestion de stock totalement aléatoire, il serait bien facile de pouvoir racheter à
la capitale en gré-à-gré, surtout avec les fonds de contrepartie.
Monopole ou pas ? C'est bien sûr là que réside la vraie question dans la mesure où elle touche à la
troisième fonction de ces Centrales qui est de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat (au
même titre que ce commerce représente une source très importante de perception fiscale en
Europe).
Approvisionnement en médicaments 65 AEDES
Les PHARMAPRO mises en place au temps des soins gratuits, héritières de l'organisation
hiérarchisée et centralisée des armées, n'ont pas fait faillite au sens propre, mais ont vu leur budget
s'amenuiser au fil des années. La cause principale de la situation actuelle est donc d'abord la
réduction des dépenses publiques de santé.
Le cas du Bénin illustre le "cycle fatal" d'une Centrale Nationale d'Approvisionnement (CNA) : créé
en 1964, l'Office National de Pharmacie du Bénin (ONPB)2 a connu quatre phases successives
aboutissant à son effondrement :
- L'objectif initial de l'ONPB est clair: distribuer des médicaments de première nécessité.
- Le fonds de départ est de 40 Mio F CFA, la marge bénéficiaire nette était de 7%.
- Le chiffre d'affaire augmente de 10 % par an pour atteindre 478 Mio F CFA à la veille du
monopole.
- A la veille du monopole, l'ONPB a 120 agents et 41 dépôts; 700 items en majorité en
conditionnement hospitalier ou reconditionnés.
3. La chute brutale des activités et la vente à perte sous le régime du monopole aménagé de
1981 à 1986
- L'ONPB est mise en liquidation judiciaire, les dépôts non rentables sont cédés au privé (3/4
2
En parallèle de la PHARMAPRO approvisionnant les structures de soins publiques, l'ONPB est para-public.
Approvisionnement en médicaments 66 AEDES
environ).
- Une proposition de société d'économie mixte (25 % de capital privé) est lancée. Ce projet ne
se réalise pas.
- Sur le fond, l'approvisionnement spécialité/générique est très difficile dans le service public
et devient tout à fait impossible si des capitaux privés sont injectés en plus dans la CNA.
- La liquidation judiciaire s'étend sur plusieurs années avant la fermeture définitive des portes.
Les ONG, type MSF, approvisionnent souvent les structures publiques qu'elles appuient en
superposition au circuit d'approvisionnement de la centrale nationale. Cela se justifie pour deux
raisons, qui sont également des conditions pour pouvoir livrer en parallèle :
1) l'ONG est un intervenant direct dans l'utilisation des médicaments et le contrôle de la qualité
des soins au niveau le plus élémentaire, c'est-à-dire au niveau du patient;
Cette superposition ne met pas en péril l'équilibre du système global vu la concentration des activités
de ces ONG sur un nombre restreint de districts. Si cette situation devait changer, les ONG devraient
logiquement fournir ses médicaments par l'intermédiaire du circuit de la centrale nationale.
L'ONG qui intervient au niveau d'une structure sanitaire s'engage entre autres à former le personnel
local à la gestion de leur approvisionnement.
Cette partie s'adresse au pharmacien national ou encore au chef d'un projet décentralisé. A la limite,
si un district sanitaire est autonome, elle s'adresse au médecin-chef de district.
7.1.1 INTRODUCTION
Le marché du médicament est particulier par rapport aux autres biens; ses particularités sont les
suivantes :
7.1.2 DEFINITIONS
Dans le cadre du code juridique portant sur les marchés publics, on distingue le plus souvent 4
procédures d'achat :
- l'adjudication
- l'appel d'offres
- les marchés négociés (ou "gré à gré")
- les achats sur facture (ou "achats directs")
Les deux premières sont fort réglementées et sont le plus souvent obligatoires au niveau d'un
Ministère de la Santé ou d'un bailleur de fonds international.
Les deux autres sont plus souples, et utilisées fréquemment par des organisations non
gouvernementales. Les garanties de prix bas proviennent alors de la connaissance que l'on a des
fournisseurs.
Quelle que soit la procédure choisie, elle doit répondre à un critère d'efficacité : le budget doit être
utilisé de façon optimale : à rapport qualité-prix identique, on choisira les prix les plus bas.
Approvisionnement en médicaments 68 AEDES
De plus, les principes de législation des marchés publics sont la mise en concurrence de tous les
fournisseurs potentiels et l'allocation optimale des ressources; il en ressort deux critères d'équité :
- équité d'accès : libre accès de tous les fournisseurs potentiels au marché, et donc
impossibilité d'écarter discrétionnairement l'un d'entre eux;
- équité de traitement : le choix du fournisseur final résulte d'un processus de décision
impartial.
L'ADJUDICATION
L'adjudication est la plus ancienne et la plus rigide des procédures de marchés publics. Elle est
basée sur l'octroi du marché au fournisseur proposant le prix le plus bas. Elle peut être "ouverte"
(tous fournisseurs potentiels) ou restreinte (concurrence limitée aux fournisseurs appelés).
Avantages :
Inconvénients :
L'APPEL D'OFFRES
L'appel d'offres est aujourd'hui plus usité que l'adjudication. Il peut être ouvert ou restreint et se
caractérise par rapport à l'adjudication par :
- Une décision multi-critères de l'octroi des offres : prix, frais récurrents, qualité, respect de
normes, présentation, garanties financières et notoriété du fournisseur, délais d'exécution, ...
- Une ouverture des plis par commission de dépouillement (non publique, ce qui implique que
les prix de marchés offerts ne sont pas divulgués).
Avantages :
Inconvénients :
- longs délais de lancement de l'adjudication (cahier de charges précis) et de réponse des
fournisseurs;
Approvisionnement en médicaments 69 AEDES
Le marché est dit "négocié" lorsque l'autorité compétente, après demande de listes de prix à
plusieurs fournisseurs potentiels, engage librement et sans formalités particulières des discussions,
puis octroie le marché au fournisseur choisi. La négociation se réduit donc à un échange
d'information.
Notons que cette procédure n'est autorisée qu'exceptionnellement en cas de marché public, pour des
montants ne justifiant pas une autre procédure ou pour des impératifs de délais, ou encore lorsque le
marché est bien connu de l'acheteur.
Avantages :
- rapidité;
- simplicité;
- prix corrects dans le chef de l'acheteur par rapport à la qualité demandée (lien privilégié
acheteur-vendeur);
- peu d'administration.
Inconvénients :
- limitation de la concurrence;
- prix : les plus bas ?
- qualité : la meilleure ?
L'achat direct est le simple achat de produits sur catalogue, sans aucune négociation.
- Dans le cadre de marchés publics, cette procédure n'est utilisée que lors de monopole de
fabrication par un fournisseur. Les avantages sont pour l'acheteur quasiment nuls : pas de
pouvoir ni au niveau du prix, ni de la qualité, ni des délais.
- Dans le cas d'achat direct "hors marché public", c'est-à-dire à un fournisseur particulier parmi
d'autres, les avantages et inconvénients sont les suivants :
Avantages :
- très rapide;
- administration quasi-nulle.
Inconvénients :
- prix et qualité non nécessairement les meilleurs;
- mauvaise connaissance du marché.
7.2. CONCLUSIONS
Le choix d'une procédure par l'acheteur dépend des critères et des objectifs qu'il se fixe :
- obtenir les prix les plus bas;
- obtenir des produits conformes/de bonne qualité;
- obtenir des délais corrects;
- réduire au maximum l'administration des achats (frais fixes par rapport à la valeur de l'achat,
compétences techniques);
- obtenir des garanties financières sur les fournisseurs;
Approvisionnement en médicaments 70 AEDES
L'adjudication si :
L'appel d'offres si :
Le marché négocié si :
L'achat direct si :
Les délais moyens de chaque procédure sont repris dans le tableau ci-dessous :
PROCEDURE DELAIS
Appel d'offres ouvert 9 à plus de 15 mois
Appel d'offres restreint de 4 à 8 mois
Gré à gré (négocié) de 1 à 2 mois
Achat direct (sur factures) moins de 1 mois
Approvisionnement en médicaments 71 AEDES
La première étape d'un appel d'offres consiste évidemment à évaluer les produits à commander et
les quantités; cette étape correspond au point 2 en ce qui concerne la liste des produits et les
quantités.
Il faut noter que la commande doit tenir compte des délais (de 9 à plus de 15 mois d'après le tableau
précédent), et donc de la date de lancement d'un appel d'offres ultérieur ainsi que des stocks actuels.
Eventuellement, des commandes "d'urgence" devront être lancées de façon à couvrir la période de
délais de l'appel d'offres.
Il est évident qu'avant de lancer un appel d'offres, il est nécessaire d'évaluer le montant approximatif
que représentera la commande et de le confronter au budget dont on dispose.
Afin de ne pas sous-estimer le montant global, il faut évaluer non seulement le prix des produits
commandés, mais aussi tous les autres frais qui sont liés à la procédure.
Pratiquement, par rapport au budget dont on dispose, c'est le prix rendu destination (dans le stock)
qui nous intéresse. On procède alors de la façon suivante :
1) calcul du coût de la commande en prix FOB d'après les catalogues de fournisseurs connus
(par exemple, moyenne des prix catalogue de quelques fournisseurs concurrentiels sur le marché)
4) Afin d'éviter tout risque de dépassement du budget, on additionnera au total une marge de
divers et imprévus de par exemple 10 % du total
Le dossier d'appel d'offres est l'élément le plus important de toute la procédure : le respect de la
commande, des délais, de la qualité des produits, des modes de transports, de financement,... en
dépendent étroitement.
Il n'existe pas de "dossier type" pour les appels d'offres car les principes juridiques et techniques
d'établissement des dossiers varient entre les pays et les organismes de financement. Il importe
donc de se renseigner auprès de l'organisme financeur et/ou des autorités administratives
compétentes sur les documents et modalités à adopter.
Il existe cependant des règles générales à suivre afin de se prémunir contre un maximum de risques
et d'avoir le plus de garanties possibles. Ainsi, pour un appel d'offres de médicaments, les
informations suivantes doivent figurer :
2) - lieu de livraison
3) - date de livraison souhaitée
4) - délai de livraison maximal
5) - mode de transport
6) - date minimale de péremption
7) - emballage des produits pour le transport
B. Garanties
C. Modalités
Cette liste n'est évidement pas exhaustive, mais elle permet d'éviter des désagréments tels que :
Afin d'éviter tout malentendu, un premier draft du document d'appel d'offres sera présenté à
l'organisme financeur et à l'administration pour accord avant lancement de l'appel d'offres
proprement dit.
a. Clauses Générales
b. Clauses Particulières
c. Annexes Techniques
Les clauses générales fixent les modalités techniques et juridiques les plus courantes. Les clauses
particulières sont des avenants aux clauses générales en fonction de la législation du pays d'où est
lancé l'appel d'offres et des caractéristiques spécifiques des produits commandés. Elles reprennent
en outre les adresses, dates limites, ... Les annexes techniques reprennent la liste des produits
commandés, le formulaire de présentation type des offres et constitue donc le cahier des charges.
Lorsque le dossier est terminé et approuvé par toutes les parties concernées, il est déposé auprès
d'une Commission des Marchés pour recevoir un numéro officiel d'appel d'offres. Un avis d'appel
d'offres est alors élaboré : cet avis précise les modalités à suivre pour obtenir le dossier d'appel
d'offres.
L'avis est généralement traduit en plusieurs langues et déposé par l'intermédiaire du Ministère des
Affaires Etrangères dans les diverses ambassades et consulats du pays dans lequel est lancé l'appel
d'offres. Celles-ci sont chargées de faire diffuser l'avis dans leur propre pays, le plus souvent à
travers les ministères des affaires économiques.
Une fois lancé, les éventuels fournisseurs font la demande du dossier; il n'est pas rare que le dossier
soit payant afin d'une part, de couvrir les frais administratifs et d'autre part, d'éviter des fournisseurs
non réellement intéressés.
A la date précisée dans le document d'appel d'offres a lieu la séance d'ouverture des plis. Dans le
cadre d'appels d'offres publics, cette séance rassemble les représentants de différents ministères
compétents en la matière, des organismes financeurs et de techniciens extérieurs éventuels. Tous
ces représentants forment la Commission d'Appel d'Offres.
Approvisionnement en médicaments 74 AEDES
Durant cette séance, on nomme un président, des modalités de vote, puis on procède à l'ouverture
des plis; ceux-ci ne sont pas examinés pour leur contenu, mais sur leur conformité avec le dossier
d'appel d'offres. Certains fournisseurs peuvent alors être exclus; on en donne les raisons. Les
fournisseurs restants reçoivent un numéro d'ordre et chaque page de leurs offres sont paraphées.
La commission procède alors à la nomination d'un Comité Technique de Dépouillement qui sera
chargé de réaliser l'analyse comparative des offres et de proposer des fournisseurs pour chaque
produit.
faire des lots consiste à réunir certains produits (par forme, par type de conditionnement, par
destination...). Les lots sont indivisibles. La commande entière peut consister en un seul lot.
Moins il y aura de lots, plus simple sera le dépouillement.
chaque produit constitue un lot. Il ne faut cependant pas oublier de constituer de petits lots
avec les produits complémentaires, (la seringue et son aiguille, l'injectable en poudre et son
solvant, ...).
L'avantage du lot réside dans la simplicité du dépouillement; les inconvénients sont qu'il ne permet
pas de connaître le prix exact de chaque produit, que le coût global est en général légèrement plus
élevé lorsque l'on procède par lot, et que l'exclusion d'un produit entraîne l'exclusion de l'ensemble
du lot. Le choix lot/produit a été précisé dans le document d'appel d'offres.
Quelle que soit la méthode retenue, la première étape du dépouillement consiste à vérifier la
conformité des produits par rapport aux exigences détaillées dans le dossier d'appel d'offres. Pour y
parvenir, on va définir deux types de critères, les critères d'exclusion et les critères de sélection.
- Les critères d'exclusion : ces critères proviennent directement des clauses stipulées dans le
document d'appel d'offres et de ce fait, varient d'un appel d'offres à l'autre. Ils concernent
surtout la qualité des produits (certificats de conformité, dates de péremption...), les cautions
bancaires, l'identité juridique du fournisseur, la présentation des produits, ...
Dans le cas d'un dépouillement par lot, l'exclusion d'un produit entraîne l'exclusion de tout le
lot. Tous les lots ou produits exclus sont consignés.
- Les critères de sélection : c'est le comité technique de dépouillement qui précise les critères
de sélection, en veillant à ne pas arrêter une liste de critères qui soit incompatible avec le
document d'appel d'offres. Ces critères permettent de faire un choix entre les différents
fournisseurs.
A titre d'exemple, voici les critères de sélection retenus dans le cadre d'un Appel d'Offres du Mali en
1989 :
- l'envoi d'échantillons
- le conditionnement
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On attribue généralement à chaque critère une valeur, afin de pondérer les critères. La pondération
était :
Dans ce cas-ci, le prix est l'élément de sélection le plus important. Le dosage, retenu par la
commission de dépouillement comme critère de sélection, est pour certains produits devenu un
critère d'exclusion. Le conditionnement est également un critère de sélection, car le dossier d'Appel
d'Offres laissait la possibilité aux fournisseurs de proposer des conditionnements alternatifs. L'envoi
d'échantillons est devenu un critère de sélection (au départ, c'était un critère d'exclusion) pour deux
raisons :
1) des colis ne sont jamais arrivés sur la table de la commission, malgré les avis de réception;
2) il n'existe pas au Mali de laboratoire suffisamment équipé pour faire l'analyse de l'ensemble
des produits commandés.
Lorsque les soumissions peuvent être faites dans la monnaie du fournisseur, il faut convertir les
offres en une devise commune. Le taux de change utilisé est d'habitude celui du jour de l'ouverture
des plis.
La fiche de dépouillement rassemble, par produit ou par lot, les différents critères de sélection. On y
indique pour chaque soumissionnaire les "points" obtenus. C'est sur base de ces fiches de
dépouillement que l'on va sélectionner les fournisseurs retenus.
Lorsque la commission a terminé son travail, le dossier de dépouillement est remis à la commission
des marchés qui approuve ou rejette les propositions d'adjudications.
Par la lettre de marché, on avise les fournisseurs qu'ils ont été retenus pour un ou plusieurs
lots/produits, et on précise le montant de la commande. Le fournisseur doit ensuite renvoyer la lettre
signée, afin qu'elle soit contre-signée par une série d'autorités.
A titre d'exemple, au Tchad, dans le cadre d'un Appel d'Offres récent financé par la
CEE, cette lettre a dû être contre-signée par :
- le Ministère de la Santé Publique,
- le Chef du Projet,
- l'Ordonnateur National,
- la CEE,
- le Secrétariat Général du Gouvernement,
- Le Ministre des Finances.
Approvisionnement en médicaments 76 AEDES
Du fait du nombre important et de la diversité des autorités signataires, cette étape prend
généralement beaucoup de temps.
C'est à la date de la dernière signature que le délai de livraison commence à courir.
La réception officielle a lieu théoriquement dès que l'ensemble des produits commandés est arrivé
au lieu de livraison.
Un avis de réception est émis à cette occasion. Sur cet avis figure le détail des produits
réceptionnés, ainsi que les éventuelles pertes.
Il se peut qu'il y ait une différence entre le lieu de livraison et le lieu final de destination des produits.
Dans ce cas, on fera une "réception provisoire" au lieu de livraison.
C'est d'habitude l'organisme de financement qui exécute le paiement des fournisseurs. Le paiement
s'effectue selon les modalités définies dans le dossier d'appel d'offres.
Approvisionnement en médicaments 77 AEDES
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ANNEXE
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