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Chapitre 18 : Structures Algébriques – Partie 2

1. Complément relatif à la notion de groupe


1.1. Notation additive et multiplicative
Rmq : Plutôt que d’utiliser une notation générale de la loi de composition interne d’un groupe, on
utilise parfois les notations qui nous sont plus familières… Attention cependant à bien garder
à l’esprit que ce ne sont que des notations : + n’est pas nécessairement une addition !
Notation générale Notation additive Notation multiplicative
Associativité 𝑎 ∗ (𝑏 ∗ 𝑐) = (𝑎 ∗ 𝑏) ∗ 𝑐 𝑎 + (𝑏 + 𝑐) = (𝑎 + 𝑏) + 𝑐 𝑎 × (𝑏 × 𝑐) = (𝑎 × 𝑏) × 𝑐
Neutre 𝑒 0 1
Symétrique de 𝒂 Sym(a) verifiant Opposé de a : −𝑎 Inverse de a : 𝑎−1
𝑎 ∗ 𝑠𝑦𝑚(𝑎) = 𝑒 𝑎 + (−𝑎) = 0 𝑎 × 𝑎−1 = 1
𝑠𝑦𝑚(𝑎) ∗ 𝑎 = 𝑒 (−𝑎) + 𝑎 = 0 𝑎−1 × 𝑎 = 1
∗ 𝑛
Itéré : ∀𝑛 ∈ ℕ 𝑎 ∗ 𝑎 ∗ …∗𝑎 𝑛𝑎 = 𝑎 + 𝑎 + ⋯ + 𝑎 𝑎 = 𝑎 ×𝑎 ×…× 𝑎
si 𝑛 = 0 0𝑎 = 0 𝑎0 = 1
si 𝑎 est inversible
∀(𝑛, 𝑚) ∈ ℤ2 𝑛𝑎 + 𝑚𝑎 = (𝑛 + 𝑚)𝑎 𝑎𝑛 𝑎𝑚 = 𝑎𝑛+𝑚

Rmq : La notation additive n’est utilisée que pour une loi de composition interne commutative.

1.2. Morphisme
Pour cette partie, (𝐺,∗) et (𝐻, ∇) sont deux groupes, de neutre respectif 𝑒 et 𝜀.

Déf : Un morphisme (de groupe) est une application 𝑓: 𝐺 → 𝐻 vérifiant :


∀(𝑔, 𝑔′ ) ∈ 𝐺 2 , 𝑓(𝑔 ∗ 𝑔’) = 𝑓(𝑔)∇𝑓(𝑔′ )

Prop : Dans ces conditions, 𝑓(𝑒) = 𝜀 et ∀𝑔 ∈ 𝐺 , 𝑓(𝑠𝑦𝑚∗ (𝑔)) = 𝑠𝑦𝑚∇ (𝑓(𝑔))


Ex1 : Le prouver.

Rmq : La composée de deux morphismes est un morphisme.

Voc : i. Un morphisme d’un groupe dans lui-même (même ensemble et même loi de composition
interne) s’appelle un endomorphisme.
ii. Un morphisme bijectif se nomme un isomorphisme. Dans ce cas, les deux groupes sont dits
isomorphes.
iii. Un endomorphisme bijectif porte le nom d’automorphisme.

Ex : i. Soit 𝑓 l’application de ℤ dans lui-même définie par 𝑓(𝑛) = −𝑛. Alors 𝑓 est un
endomorphisme du groupe (ℤ, +).
ii. Soit 𝑔 l’application de 𝑃⃗, le plan vectoriel repéré, dans ℂ définie par 𝑔(𝑢⃗ ) = 𝑥 + 𝑖𝑦 avec
(𝑥, 𝑦) les coordonnées de 𝑢⃗ dans le repère. Alors g est un isomorphisme entre les groupes (𝑃⃗, +)
et (ℂ, +).
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Ex2 : Soit ∗ la loi de composition interne sur ℝ définie par 𝑎 ∗ 𝑏 = √𝑎3 + 𝑏 3 . Montrer que (ℝ,∗) est
isomorphe à (ℝ, +) puis en déduire la "structure" de (ℝ,∗).

Ex3 : Soient G un groupe noté multiplicativement et 𝑎 un élément de G.


On désigne par 𝑓𝑎 l’application de G dans lui-même définie par 𝑓𝑎 (𝑥) = 𝑎𝑥𝑎−1 .
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Montrer que 𝑓𝑎 est un automorphisme de G.


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C’est un automorphisme intérieur, on note Int G l’ensemble de ces automorphismes intérieur.


Chapitre 18 : Structures Algébriques M. Vesin
Déf : Soient G, G’ deux groupes de neutre e, e’ et 𝑓 un morphisme entre G et G’.
i. Le noyau de 𝑓, noté 𝐾𝑒𝑟 𝑓, est l’ensemble des éléments de G qui ont pour image e’ par 𝑓, i.e.
𝐾𝑒𝑟 𝑓 = {𝑥 ∈ G , 𝑓(𝑥) = 𝑒′}.
ii. L’image de 𝑓, notée 𝐼𝑚 𝑓, est l’ensemble des éléments de G’ qui ont un antécédent dans G
par 𝑓, i.e. 𝐼𝑚 𝑓 = {𝑦 ∈ G’ , ∃𝑥 ∈ G / 𝑦 = 𝑓(𝑥)} = 𝑓(G).

Ex4 : Montrer que 𝐾𝑒𝑟 𝑓 est un sous-groupe de G et que 𝐼𝑚 𝑓 est un sous-groupe de G’.

Prop : i. 𝑓 est injective si et seulement si 𝐾𝑒𝑟 𝑓 = {𝑒}.


ii. 𝑓 est surjective si et seulement si 𝐼𝑚 𝑓 = G’.

Ex5 : Soit 𝑓 le morphisme entre les groupes (ℝ, +) et (ℂ∗ ,×) défini par 𝑓(𝑥) = 𝑒 𝑖𝑥 . Déterminer le
noyau et l’image de ce morphisme.

2. Anneau
Déf : Un anneau est un ensemble A muni de deux loi de compositions interne ∗ et ∇ vérifiants :
• (A, ∗) est un groupe abélien (de neutre 𝑒),
• la loi de composition interne ∇ est associative,
• A possède un élément neutre pour la loi ∇ (noté 𝜀),
• ∇ est distributive par rapport à ∗, i.e. ∀(𝑎, 𝑏, 𝑐) ∈ A3 , 𝑎∇(𝑏 ∗ 𝑐) = 𝑎∇𝑏 ∗ 𝑎∇𝑐 et
(𝑏 ∗ 𝑐)∇𝑎 = 𝑏∇𝑎 ∗ 𝑐∇𝑎

Rmq : Si la loi ∇ est de plus commutative, l’anneau est commutatif.

Ex : i. (ℤ, +,×) ; (ℝ, +,×) ; (ℂ, +,×) sont des anneaux commutatifs
ii. (𝔸, +,∘) est un anneau non commutatif (avec 𝔸 l’ensemble défini dans l’exercice 8).

Ex6 : Soit 𝐸 un ensemble non vide. Montrer que (𝒫(𝐸), ∆,∩) est un anneau commutatif.

Prop : ∀𝑎 ∈ A , 𝑒∇𝑎 = 𝑎∇𝑒 = 𝑒

Rmq : Si la première loi de composition interne de l’anneau A est notée additivement et la seconde
multiplicativement, alors la propriété précédente s’énonce ainsi : ∀𝑎 ∈ A , 0𝑎 = 𝑎0 = 0.
ATTENTION cependant, la réciproque n’est pas toujours vraie : il est possible qu’il existe des
éléments différents de 0 dont le produit est nul. Ils sont appelés les diviseurs de zéro.

Ex : Dans l’anneau (𝔸, +,∘), les fonctions 𝑓 et 𝑔 définie par 𝑓: 𝑥 ↦ 2𝑥 − 6 et 𝑔: 𝑥 ↦ 3 sont des
diviseurs de zéro puisque 𝑓 ∘ 𝑔 est la fonction nulle.

Déf : Un anneau est dit intègre s’il ne possède pas de diviseur de zéro.

Ex : (ℤ, +,×) est un anneau intègre.

Ex7 : L’anneau de l’exercice 6 est-il intègre ?

Déf : Un sous-anneau de l’anneau A est une partie 𝐵 de A stable pour les deux lois ∗ et ∇ et telle que
(𝐵,∗, ∇) soit un anneau.

Prop : Une partie 𝐵 de l’anneau A est un sous-anneau si et seulement si :


• 𝑒 ∈ 𝐵 et 𝜀 ∈ 𝐵,
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• ∀(𝑥, 𝑦) ∈ 𝐵 2 , 𝑥 ∗ 𝑠𝑦𝑚∗ (𝑦) ∈ 𝐵,


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• ∀(𝑥, 𝑦) ∈ 𝐵 2 , 𝑥∇𝑦 ∈ 𝐵.
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Ex8 : Soit X une partie de l’ensemble 𝐸 de l’exercice 6. Montrer que {∅; 𝑋; 𝐸\𝑋; 𝐸} est un sous-
anneau de l’anneau de l’exercice 6.

Déf : Soient (A,∗, ∇) et (A’,⋏,⊡) deux anneaux et 𝑓 une application de A dans A’.
𝑓 est un morphisme d’anneau si et seulement si :
• ∀(𝑥, 𝑦) ∈ A2 , 𝑓(𝑥 ∗ 𝑦) = 𝑓(𝑥) ⋏ 𝑓(𝑦),
• ∀(𝑥, 𝑦) ∈ A2 , 𝑓(𝑥∇𝑦) = 𝑓(𝑥) ⊡ 𝑓(𝑦),
• 𝑓(𝑒) = 𝑒′ où 𝑒 et 𝑒′ les éléments neutres des groupes (A,∗) et (A’,⋏).

Ex : L’application conjugaison est un (auto)morphisme de l’anneau (ℂ, +,×).

Déf : Un élément 𝑥 de l’anneau A est dit inversible s’il possède un symétrique dans A pour la loi ∇,
i.e. s’il existe un élément 𝑦 de A vérifiant 𝑥∇𝑦 = 𝑦∇𝑥 = 𝜀

Ex9 : Quels sont les éléments inversibles de l’anneau de l’exercice 6.

Thé : L’ensemble des éléments inversibles d’un anneau est un groupe multiplicatif.

Ex : i. Le groupe des éléments inversibles de l’anneau (ℤ, +,×) est ({−1; 1},×).
ii. Le groupe des éléments inversibles de l’anneau (ℝ, +,×) est (ℝ\{0},×).

3. Corps
Déf : Un corps est un anneau non réduit à {𝑒} et dont tous les éléments différents de 𝑒 sont inversibles.

Rmq : Si 𝕂 est un corps alors le groupe de ses éléments inversibles est 𝕂\{𝑒}.

Ex : (ℤ, +,×) est un anneau qui n’est pas un corps ; (ℝ, +,×) et (ℂ, +,×) sont des corps.

Déf : Un sous-corps d’un corps (𝕂,∗, ∇) est une partie 𝕃 de 𝕂 telle que (𝕃,∗, ∇) soit un corps.

Prop : Une partie 𝕃 du corps (𝕂,∗, ∇) est un corps si et seulement si :


• 𝑒 ∈ 𝕃 et 𝜀 ∈ 𝕃,
• ∀(𝑥, 𝑦) ∈ 𝕃2 , 𝑥 ∗ 𝑠𝑦𝑚∗ (𝑦) ∈ 𝕃,
• ∀(𝑥, 𝑦) ∈ (𝕃\{𝑒})2 , 𝑥∇𝑠𝑦𝑚∇ (𝑦) ∈ 𝕃.

Ex10 : On note ℚ[√2] l’ensemble des réels de la forme 𝑎 + 𝑏√2, où 𝑎 et 𝑏 sont des rationnels. Montrer
que ℚ[√2] est un corps.

Thé : Tout corps commutatif est un anneau intègre.

ATTENTION : La réciproque est fausse comme le montre l’anneau intègre (ℤ, +,×).
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