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Histoire des Drag Queens Boîtes de nuit

Débuts et minstrel shows Au milieu des années 1900, le transformisme, de par sa connexion à la
communauté LGBTQ+ et donc à la criminalité (Be gay, do crime !), perd
La première personne connue à se définir comme une drag queen est son statut de divertissement dominant et devient un divertissement
William Dorsey Swann, né esclave à Hancock dans le Maryland en 1858. nocturne dans des quartiers peu fréquentés de grandes villes comme San
William organise dans les années 1880 des bals à Washington avec Francisco, formant le style de spectacle vivant de drag queens que l'on
d'autres ancien.e.s esclaves. En 1896, William Dorsey Swann, étant connaît encore aujourd'hui. Les drag queens prédominantes de cette
maintenant à la tête d’un groupe de résistant.e.s queer, est condamné à période sont José Sarria, Aleshia Brevard et Arthur Blake, l'une des
dix mois de prison pour « comportement désordonné » et se voit refuser seules drag queens à devenir grandement célèbre à l'époque, connue pour
l’amnistie par le Président des Etats-Unis de l’époque, Grover Cleveland. ses imitations de Bette Davis (actrice américaine), Carmen Miranda
L’expansion de la culture drag aux Etats-Unis est influencée par l'essor (actrice et chanteuse brésilienne) ou encore Eleanor Roosevelt, qu'elle
des minstrel shows (« ménestrel » en français), des spectacles américains finira par imiter devant cette dernière à la Maison-Blanche.
à caractère raciste créés pour se moquer de la communauté afro-
américaine en mettant en avant des stéréotypes de genre à travers des
sketches, des danses et des chansons de « wenches », mot anglais pour Émeutes
désigner une jeune fille de basse classe sociale. La criminalisation de l’homosexualité, et par extension, de la culture
drag, a engendré de multiples émeutes. Parmi ces émeutes, l’on retrouve
celle du Cooper Do-nuts, qui est l’une des premières émeutes LGBTQ+
Vaudeville aux USA, organisée en mai 1959 à Los Angeles par des drag queens, des
Le style extravagant et comique des minstrel shows aide également au homosexuels, des lesbiennes et des femmes transgenres.
développement des spectacles de vaudeville à la fin des années 1880 et au L'on peut également citer l’émeute de la cafétéria de Compton qui se
début des années 1900. Les stéréotypes féminins utilisés dans les minstrel déroule en 1966 à San Francisco et marque le début de l'activisme
shows, comme la wench ou la prima donna, inspirés des interprétations transgenre dans la ville.
des acteurs shakespeariens et des castrats, ainsi que les évolutions
démographiques des États-Unis à l'époque, telles que la grande migration Les drag queens jouent également un rôle important dans les émeutes de
afro-américaine, ont permis de développer ce type de spectacle vivant Stonewall, une série de manifestations violentes organisées par des
pour le plus grand nombre. L'essor du vaudeville ouvre la porte du succès membres de la communauté LGBTQ+ en réponse à un raid de la police
à des personnalités comme les imitateurs de personnages féminins Julian injustifié le 28 juin 1969 dans le Stonewall Inn, célèbre bar dans le
Eltinge à New York et Bothwell Browne à San Francisco. quartier de Greenwich Village à Manhattan. Ces émeutes sont
considérées comme le déclencheur du mouvement de libération
Le transformisme est vu à l'époque comme une activité pour les hommes homosexuelle et du combat moderne pour les droits LGBTQ+ aux Etats-
blancs hétérosexuels et toute déviation est prohibée. Sa connexion avec le Unis.
travail du sexe et l'homosexualité mène au déclin du vaudeville pendant
l’ère progressiste (nom donné à la période de l’histoire des États-Unis
allant des années 1890 aux années 1920).
Travestis, drag queens ou transgenres ?
Synonyme de déguisement, le travestissement a une connotation La plupart des drag queens sont des hommes cisgenres. Il y a donc un
péjorative car il désigne l’usurpation d’identité de genre, que ce soit dans débat sur la légitimité des femmes cisgenres et transgenres dans le
un but festif (carnaval) ou comique (au théâtre). Il désigne aussi monde des drag queens. Quel serait le sens pour une femme (cis ou
l’usurpation d’identité de genre dans un but de tromperie volontaire et trans) de se « travestir » en femme puisqu’elle l’est déjà ? Est-ce encore
dans un but utilitaire, par exemple pour accéder à des fonctions réservées une « performance » ? Les femmes drag queens argumentent qu’il ne
à un seul genre, ou pour se protéger et se cacher. Le travestissement s’agit pas de reproduire de façon réaliste les expressions de genre mais
féminin était couramment pratiqué par des hommes au théâtre à l’époque bien de créer un nouveau personnage. Elles sont de plus en plus
où les femmes étaient interdites de jouer, afin d’incarner des personnages acceptées dans les concours, par ex. dans le célèbre concours RuPaul’s
féminins (représentations de Shakespeare). De nombreux films ont mis en Drag Race (émission de télévision américaine).
scène le travestissement utilitaire : Yentl, Tootsie, Madame Doubtfire,
Mulan. Cependant, certaines personnes le pratiquent aussi pour défier les
normes sociales. En effet, le travestissement peut avoir un rôle
émancipateur.
Petit rappel : le terme « travesti.e » est tout à fait inapproprié pour parler
des personnes transgenres. L’identité transgenre est personnelle,
permanente, et indépendante de l’apparence de la personne. Si la Avant - après Shea Couleé (Drag queen) Exemple de Drag king
personne transgenre porte les vêtements d’un autre genre que celui auquel
elle a été assignée à la naissance, c’est pour exprimer et faire reconnaître
son identité de genre réelle et pas pour tromper la société.
Le terme drag queen désigne un.e artiste qui réalise une véritable
performance dans le cadre d’un spectacle sophistiqué. L’origine de
l’expression est incertaine. Il est probable qu’elle fasse allusion à la robe
qui traine à terre (drag=glisser), ou bien ce serait l’acronyme de « dressed
as a girl ». Généralement, les drag exagèrent les traits féminins (drag
queens) ou masculins (drag kings) pour créer un véritable personnage,
mais tout dépend entièrement de l’artiste. L’artiste drag queen est genré.e Exemple de travestissement utilitaire dans le cinéma Sigourney Beaver (Drag queen cis
au féminin et appelé.e par le nom du personnage qu’iel incarne. femme)
Cependant, en dehors de la scène, iel retrouve son identité propre qui n’a Sources :
rien à voir avec le personnage créé. Les drag queens n’apprécient pas
l’usage du terme « travesti.e » à cause de cette connotation péjorative et https://www.britannica.com/topic/drag-queen

limitative. Il ne s’agit pas de se « faire passer » pour un genre ou l’autre https://www.thenation.com/article/society/drag-queen-slave-ball/


mais de le sublimer avec une attitude propre à l’artiste et à ses talents : https://fr.wikipedia.org/wiki/Drag_queen#cite_note-:1-17
comédie, beauty queen, chanson, danse et même politique (hé oui, le drag https://www.out.com/today-gay-history/2015/5/31/today-gay-history-10-years-stonewall-there-was-coopers-donuts-riot
peut être politique !).
Avant-propos
Ce soir, le C-LGBTQ+ vous emmène au cabaret et à l’occasion de cette
sortie si spéciale nous avons voulu vous présenter une partie essentielle
“I kind of have this mentality that says, ‘everything works out in the de l’univers du Cabaret, à savoir « le drag ».
Qu’est-ce qu’est le Drag ? Qui le pratique ? Quelle est son histoire et
end‘. And if it’s not working out, it’s not the end.” celle des gens s’y adonnant ? Comment le pratique-t-on ? Quelles sont
ses figures de proue ? Quelle différence y a-t-il entre le drag et le
– Bob the Drag Queen travestissement ?

Vous aurez toutes ces réponses en lisant les pages suivantes de ce petit
guide conçu pour l’occasion !
“The only thing wrong with me was that I thought there was
something wrong with me.” En espérant que vous profitiez de cette lecture et surtout de cette soirée...

– Courtney Act
Le C-LGBTQ+

“I want people to realize, it’s okay to make mistakes,


it’s okay to fall down, get up. Look sickening and make them eat it.”
Définition issue du Dictionnaire Larousse en ligne :
– Latrice Royale TOTALEMENT
FAUX ?

VRAI ?
(Tous mes remerciements à Alixxa Salvia et Madalina Zbirnea sans qui la création de ce PARTIELLEMENT
petit guide n’aurait pas été possible) – Emily J., Présidente du C-LGBTQ+ VRAI ?

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