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Union-Discipline-Travail
Mémoire de Master
Biologie et Productions Animales
Année académique : 2012-2013
DEDICACES ............................................................................................................................. IV
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. V
RESUME.................................................................................................................................... XI
INTRODUCTION ....................................................................................................................... 1
i
1.2.2.6 Zonage agropastoral de la région de Korhogo .................................................. 20
1.2.3 Relation agriculture-élevage dans la région de Korhogo ........................................ 24
1.2.3.1 Origines d’une coexistence mitigée .................................................................. 24
1.2.3.2 Interaction entre l’agriculture et l’élevage : leurs rapports dans le nord ivoirien
25
1.2.4 Facteurs d’évolution des relations agriculture-élevage ........................................... 26
1.2.4.1 Une agriculture foncièrement vivrière .............................................................. 26
1.2.4.2 Evolution des pratiques d’élevage sous la pression démographique ................ 26
1.3 PRESENTATION DU CIRDES ET LE CADRE D’ETUDE .................................................. 27
ii
3.2.4 Typologie des exploitations enquêtées dans la région de Korhogo ........................ 48
3.2.4.1 Typologies structurelles des exploitations enquêtées ....................................... 48
3.2.4.2 Typologies fonctionnelles des exploitations enquêtées .................................... 53
CONCLUSION.......................................................................................................................... 61
iii
Dédicaces
Je dédie ce mémoire :
A toute la famille SIB, en particulier à mon père qui a été très tôt arraché à notre
affection,
Qu’ils retrouvent en ces quelques lignes les résultats de leurs efforts consentis.
iv
Remerciements
L’aboutissement du présent mémoire a nécessité le concours de nombreuses personnes
et institutions. Nous saisissons l’opportunité qui nous est offerte ici pour leur traduire notre
reconnaissance et leur dire combien nous avons été touchés par leurs gestes. Nous aimerions
exprimer nos sincères remerciements:
Au Professeur Fantodji Agathe, pour ses efforts et ses nombreuses sollicitudes à notre
égard ;
Au CIRDES pour nous avoir reçu et pour nous avoir offert un agréable cadre d’étude ;
Au Professeur Tiho Seydou, Doyen de l’UFR Science de la Nature pour avoir accepté
de présider le jury ;
v
(CIRAD) mis à disposition du CIRDES, pour nous avoir reçu et guidé dans ce travail en
acceptant de partager ses riches expériences et ses réflexions scientifiques. Sa contribution à
la réussite de notre étude mérite une reconnaissance particulière. Son suivi de proximité nous
a donné une formation qualitative ;
Au Dr. Eric Vall, UMR Selmet CIRAD France, mis à disposition du CIRDES, pour
nous avoir reçu et guidé dans ce travail. Sa contribution à la réussite de notre étude mérite
d’être reconnue ;
A Monsieur Yéo watchéry, Technicien agro-pastoral, notre guide sur le terrain pour
nous avoir introduit dans les villages d’études ;
A tous les chercheurs du CIRDES qui nous ont enrichis de leurs expériences.
Cette étude a été réalisée grâce au soutien logistique et financier du Centre International
de Recherche-Développement sur l’Elevage en zone Subhumide (CIRDES) et du Dispositif
de Recherche et d’Enseignement en Partenariat sur les systèmes Agro-Sylvo-Pastoraux en
Afrique de l’ouest (DREP-ASAP) à travers la convention CIRDES-Université Nangui
Abrogoua (UNA). Nous saisissons cette opportunité pour témoigner au CIRDES et au DREP-
ASAP notre profonde gratitude.
vi
Liste des sigles et abréviations
ACP: Analyse en Composante Principale
ACM : Analyse des Correspondances Multiples
ANADER : Agence Nationale d’Appui au Développement Rural
ASAP : système Agro-Sylvo-Pastoraux de l’Afrique de l’Ouest
CAISTAB : Caisse de Stabilisation
CAH : Classification Ascendante Hiérarchique
CE : Chef d’Exploitation
CIDT : Compagnie Ivoirienne de Développement Textile
CIRAD: Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement
CIRDES: Centre International de Recherche-développement sur l’Elevage en zone
Subhumide
COLEACP : Comité de liaison Europe Afrique Caraïbes Pacifique pour la promotion des
exportations horticoles
CORAF : Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles
CRTA: Centre de Recherche sur les Trypanosomoses Animales
DREP : Dispositif de Recherche et d’Enseignement en Partenariat
EA : Exploitation agropastorale
FAO : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
FISDES : Fonds Ivoiro-Suisse pour le Développement Economique et Social
GIZ : Deutsche Gesellschaft für International Zusammenarbeit (Coopération Allemande)
GPS : Global Positionning system
INERA : Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles
IER : Institut d’Economie Rural
UPB/IDR : Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso/ Institut de Développement Rural
LANADA : Laboratoire National d’Appui au Développement Agricole
LCCI : Le Coton de Côte d'Ivoire
Minagri : Ministère de l’agriculture
PADE-CI : Projet d’Appui au Développement de l’Elevage en Côte d’Ivoire
PAEPARD : Plateforme pour le Partenariat Afrique-Europe en Recherche Agricole pour le
Développement
PRAREP : Projet de Réhabilitation Agricole et de Réduction de la Pauvreté
PPMS : Projet d’Appui aux Petits Producteurs Maraîchers de la Région des Savanes
vii
PROPACOM : Projet d’appui à la Production Agricole et à la Commercialisation
PRODEMIR : Projet de Développement Economique en Milieu Rural
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
UP : Unité de Production
URECOS-CI : Union Régionale des Entreprises Coopératives des Zones de Savane de Côte
d’Ivoire
RAP : Recherche Action en Partenariat
RdC : Résidus de Cultures
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SODEPRA : Société pour le Développement des Productions Animales
SODEFEL Société pour le Développement des Fruits et Légumes
SODERIZ : Société pour le Développement du Riz
SUCAF : Sucrerie Africaine de Côte d’Ivoire
FO : Fumure Organique
UBT : Unité Bétail Tropical
URPAN : Unité de Recherche sur les Productions Animales
UE : Union Européenne
viii
Liste des tableaux
TABLEAU 1: SITUATION DES CULTURES DE RENTE DE LA REGION DE LA KORHOGO .................................................................... 13
TABLEAU 2: SYNTHESE DES PRODUCTIONS VIVRIERES DE LA REGION ...................................................................................... 15
TABLEAU 3 : SYNTHESE DES PRODUCTIONS MARAICHERES DU DISTRICT ................................................................................. 17
TABLEAU 4 : TYPES DE LABOUR PRATIQUE SUR LES PARCELLES CULTIVEES DES PETITES EXPLOITATIONS AGRICOLES DU DEPARTEMENT DE
KORHOGO ....................................................................................................................................................... 18
TABLEAU 5: REPARTITION DES CULTURES DANS LE DEPARTEMENT DE KORHOGO ..................................................................... 19
TABLEAU 6: VARIABLES ACTIVES DE LA TYPOLOGIE DE STRUCTURE DES EA ............................................................................. 31
TABLEAU 7 : VARIABLES ACTIVES DE LA TYPOLOGIE DE FONCTIONNEMENT DES EA................................................................... 31
TABLEAU 8 : REPARTITION DE LA POPULATION DES EA ENQUETEES PAR CLASSE DE TAILLE A MOROVINE ET TIEBILA ........................ 38
TABLEAU 9 : STRUCTURE DES MEMBRES DE LA FAMILLE DES EA PAR TRANCHE D’AGE ET PAR SEXE A MOROVINE ET TIEBILA ............. 38
TABLEAU 10 : CARACTERISTIQUES DE LA MAIN D’ŒUVRE SALARIE UTILISEE DANS LES EA ENQUETEES A MOROVINE ET TIEBILA ......... 39
TABLEAU 11 : EFFECTIFS MOYENS DES ESPECES ANIMALES ELEVEES DANS LES EA ENQUETEES A TIEBILA ET MOROVINE ................... 39
TABLEAU 12: SURFACE MOYENNES DES CHAMPS CULTIVES DANS LES EA ENQUETEES ............................................................... 40
TABLEAU 13: NOMBRE D’EQUIPEMENTS AGRICOLES PAR EA ENQUETEE DANS LES VILLAGES DE TIEBILA ET MOROVINE ................... 41
TABLEAU 14 : PRINCIPAUX FACTEURS DE CHANGEMENTS AYANT AFFECTES LES EA ENQUETEES A MOROVINE ET TIEBILA ................. 42
TABLEAU 15 : ASSOLEMENT MOYEN DES EA ENQUETEES A MOROVINE ET TIEBILA .................................................................. 43
TABLEAU 16: GESTION DES ANIMAUX D’ELEVAGE DANS LES EXPLOITATIONS DES VILLAGES ENQUETEES ........................................ 44
TABLEAU 17: RENDEMENT MOYEN EN KG/HA DES PRINCIPALES CULTURES DES EA ENQUETEES A MOROVINE ET TIEBILA ................. 44
TABLEAU 18 : PROPORTION DES PRODUITS AUTOCONSOMMES DANS LES EA ENQUETEES DE MOROVINE ET TIEBILA ...................... 45
TABLEAU 19 : PROPORTION DES PRODUITS VENDUS DANS LES EA ENQUETEES DE MOROVINE ET TIEBILA .................................... 45
TABLEAU 20 : DIVERSITE DES CULTURES POTAGERES DANS LES EA ENQUETEES DE MOROVINE ET TIEBILA .................................... 46
TABLEAU 21 : ROTATION DE CULTURE DANS LES EA ENQUETEES.......................................................................................... 46
TABLEAU 22 : TAUX DES VENTES DES PRODUITS AGRICOLES DANS LES EA ENQUETEES A MOROVINE ET TIEBILA............................. 47
TABLEAU 23 : DEPENSES RELATIVES AU FONCTIONNEMENT DES EA ENQUETEES A MOROVINE ET TIEBILA .................................... 47
TABLEAU 24 : CLASSIFICATION STRUCTURELLE DES EA ENQUETEES A MOROVINE ET TIEBILA ..................................................... 49
TABLEAU 25 : CLASSIFICATION FONCTIONNELLE DES EXPLOITATIONS ENQUETEES .................................................................... 53
TABLEAU 26 : TABLEAU CROISE DES TYPOLOGIES DE STRUCTURE ET DE FONCTIONNEMENT DES 82 EA ENQUETEES A MOROVINE ET
TIEBILA ........................................................................................................................................................... 56
ix
Liste des figures
FIGURE 1. LOCALISATION DU DISTRICT DES SAVANES AU NORD DE LA COTE D’IVOIRE.................................................................. 9
FIGURE 2. PLUVIOMETRIE MENSUELLE DE L’ANNEE 2012 ................................................................................................... 10
FIGURE 3. ZONAGE AGRICOLE DE LA REGION DE KORHOGO ................................................................................................. 22
FIGURE 4. EXTENSION DE LA ZONE DENSE DE KORHOGO..................................................................................................... 36
FIGURE 5. REPARTITION DES EA ENQUETEES PAR CLASSE DE SUPERFICIE TOTALE CULTIVEE A TIEBILA ET MOROVINE ....................... 40
FIGURE 6. ARBRE DE CLASSIFICATION DES STRUCTURES DES EXPLOITATIONS ENQUETEES ........................................................... 50
FIGURE 7. REPRESENTATION DES EA ENQUETEES SELON LEUR STRUCTURE SUR LES AXES F1 ET F2 .............................................. 51
FIGURE 8. ARBRE DE CLASSIFICATION DU FONCTIONNEMENT DES EXPLOITATIONS ENQUETEES.................................................... 54
x
Résumé
Dans la région de Korhogo (Nord de la Côte d’Ivoire), trois zones agro-écologiques sont
distinguées à partir de la densité de population et des systèmes de cultures (coton, céréales,
tubercules, légumineuses). Cette étude vise à analyser la diversité des exploitations
agropastorales (EA) selon les zones agro-écologiques, avec un focus sur les relations entre
l’agriculture et l’élevage, dans un contexte de pression accrue sur les ressources naturelles. La
méthodologie utilisée est basée sur la méthode active de recherche en participative (MARP),
des interviews et des enquêtes approfondies sur un échantillon de 82 EA dans deux villages
(Moroviné et Tiébila). Le zonage agro-écologique demande à être actualisé du fait de la
croissance démographique et de la diversification des activités productrices. Les EA cultivent
en moyenne 13,7 ha (coton, maïs et riz surtout), possèdent pour la plupart la traction animale,
et élèvent des porcins et des petits ruminants et plus rarement des bovins. L’agriculture
contribue à 90% de leurs revenus. Cinq types d’EA selon la structure (superficies et effectifs
d’animaux) et cinq types selon le fonctionnement (pratiques d’agriculture et d’élevage) ont
été définis. Les grandes et très grandes EA (1/4 des EA) se spécialisent sur coton et maïs
(fumure organique et minérale), et sont bien mécanisées. Les moyennes EA mixtes
agriculture-élevage (20% des EA) ont des pratiques d’intégration agriculture-élevage très
variées, combinant différents niveaux d’utilisation des fumures minérale et organique sur
coton et céréales. Les petites et moyennes EA (55 % des EA) étant représentées
majoritairement par des agriculteurs (coton, maïs) et quelques éleveurs (élevage, maïs),
diversifient les pratiques d’intégration agriculture-élevage en utilisant peu d’intrants de
synthèse. Cette étude conclue sur: i) la nécessité de réactualiser le zonage agro-écologique, ii)
le développement continu des pratiques d’intégration agriculture-élevage, qui restent
perfectibles, iii) le besoin d’un accompagnement des EA adapté à la diversité des types
caractérisés, et iv) la nécessité de revoir l’organisation de l’occupation de l’espace par les
agriculteurs et les éleveurs, à cause de l’augmentation des conflits entre ces communautés.
xi
Summary
In the area of Korhogo (Northern of Ivory Coast), three agro-ecological zones are
distinguished based on population density and the farming systems (cotton, cereals, tubers,
leguminous plants). This study aims at analyzing the diversity of agropastorals exploitations
(EA) according to agro-ecological zones', with an emphasis on the relations between
agriculture and livestock breeding, in a context of pressure increased on the natural resources.
Methodology is based on the active participative research method (MARP), interviews and
comprehensive investigations on a sample of 82 EA in two villages (Moroviné and Tiébila).
Agro-ecological zoning requires has to be updated according to the growth of population and
producing activities diversification. The EA cultivate on average 13,7 ha (cotton, maize and
rice especially), have for the majority the animal haulage, and raise the porcine ones and small
ruminants and more rarely of the bovines. Agriculture contributes to 90 % their incomes. Five
types of EA according to the structure (surfaces and number of animals) and five types
according to operation (practical of agriculture and livestock breeding) were defined. Large
and very large EA (1/4 of the EA) specialize on cotton and maize (organic and mineral
manure), and are well mechanized. The average mixed EA agriculture livestock breeding (20
% of the EA) have practices of very varied agriculture livestock breeding integration,
combining various levels of use of the manures mineral and organic on cotton and cereals.
The small ones and average EA (55 % of the EA) being represented mainly by farmers
(cotton, maize) and some stockbreeders (breeding, maize), diversify the practices of
agriculture livestock breeding integration by using few synthesis input. This study concludes
on: i) need for reactualizing agro-ecological zoning, ii) the continuous development of the
practices of agriculture and livestock breeding integration, which remain perfectible, iii) the
need for an accompaniment of the EA adapted to the diversity of the characterized types, and
iv) need for re-examining the organization of the space occupation by the farmers and the
stockbreeders, because of the increase in the conflicts between these communities.
Key words: Analyze diversity, dynamics, agrarian system, agro pastoral system, area of
Korhogo.
xii
INTRODUCTION
La région des savanes au nord de la Côte d’Ivoire est marquée par l’histoire d’une
société largement rurale qui compte, plus de 75 % des actifs dans l’agriculture (Minagri,
2012). Trois strates (Sedes, 1965) ou zones (Damont et al., 1999) agro-écologiques sont
distinguées : i) dense (coton-maïs), ii) igname et iii) mil. Avec le développement de la culture
cotonnière, la « zone mil » est devenue zone « Coton-Maїs-Elevage » (Le Guen, 2002). La
densité de population est forte en zone dense (>80 habitants/km²), moyenne en zone igname
(15 à 30 habitants/km²), et faible en zone coton-maïs-élevage (10 à 20 habitants/km²). Les
systèmes de production sont variés comprenant des systèmes de cultures agricoles à base de
cultures pérennes, de cultures annuelles, de maraîchage etc., des systèmes élevages, avec des
conditions spécifiques liées à la pluviométrie et au sol dans un environnement économique
plus ou moins stimulant.
Les trois zones sont caractérisées par une pression accrue sur les ressources naturelles
(terre, végétation, eau, etc.) sous les effets de la croissance démographique, et l’évolution de
la production cotonnière et des services liés, mais aussi de la production de l’anacarde, de la
mangue, etc., et du développement de l’élevage et d’autres activités (mines, industries, etc.).
Les accès aux ressources et aux espaces deviennent les enjeux majeurs avec des situations
contrastées suivant les potentialités agro-écologiques du milieu. La pression foncière entraine
un abandon de la mise en jachère par les agriculteurs. Les champs sont mis en culture de
façon continue et la gestion de la fertilité des sols repose de plus en plus sur l’apport d’intrants
minéraux. L’augmentation des effectifs des animaux d’élevage par la transhumance et par
l’installation de peulhs, a favorisé des liens d’échanges mais aussi les conflits entre
agriculteurs et éleveurs. L’agro-pastoralisme se développe au sein des unités de production. Il
semble plus rentable par rapport à l’agriculture ou à l’élevage pratiqués séparément
(D’Aquino et al., 1995; Dugué et al., 2004). La diversification des activités productrices
permet aux exploitations agricoles de couvrir leurs besoins en vivriers et parfois d’accroître
leurs revenus monétaires.
1
L'augmentation de la population et du marché de Korhogo a un effet moteur sur la
dynamique des zones; les fréquences des types d’EA diffèrent d’une zone à l’autre, à cause du
foncier, et de la proximité des marchés d’écoulement des produits; enfin les pratiques
d'association de l'agriculture et de l'élevage varient à cause de l’inégale répartition des
ressources naturelles dans les deux zones.
Notre étude sur l’« Analyse de la diversité et de la dynamique des systèmes agraires :
cas des exploitations agropastorales de la région de Korhogo » tentera de vérifier ces
hypothèses en actualisant les connaissances sur les points suivants :
la dynamique des systèmes agraires dans la région de Korhogo, et les évolutions des zones
agro-écologiques, et plus particulièrement la gestion des ressources naturelles décrites
jusqu’aux années 2000 (Sedes, 1965, Demont et al., 1999 et Le Guen, 2004); l’analyse de
la diversité de structure et de fonctionnement des exploitations agropastorales selon les
zones agro-écologiques, avec un focus sur les relations entre l’agriculture et l’élevage.
2
CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE
L’unité de production (UP) est définie comme étant « un groupe d’individus qui
contribuent à la fourniture du produit, sous la responsabilité d’un même chef de communauté,
dénommé le chef d’unité de production » (Camara, 2007). Le chef d’unité de production,
également qualifié de chef d’exploitation (CE), prend les principales décisions quant aux
choix des cultures, à l’organisation du travail agricole et à la gestion de la force de travail.
(Dufumier, 2002). L’unité de production doit être distinguée de l’unité de consommation
(UC) qui elle regroupe les individus consommant la nourriture préparée à partir de la
production de l’UP. Le centre de décision principal d’une Unité de Consommation gère le
grenier (Dufumier, 2002). Dans de nombreux cas, unité de production et de consommation
peuvent se recouper.
L’exploitation agricole familiale est une unité de production. Celle-ci est constituée
d’un ensemble de facteurs de production gérés par un agriculteur et sa famille en fonction de
leurs objectifs implicitement ou explicitement fixés. Ces objectifs sont multiples et imbriquent
les aspects économiques, notamment de production et de commercialisation, et les objectifs
sociaux (Diakité, 2007).
Un système de cultures se définit pour une surface de terrain traitée de façon homogène,
par les cultures pratiquées, leur ordre de succession et les itinéraires techniques (combinaison
logique et ordonnée des techniques culturales) mis en œuvre. (Jouve, 2003).
3
1.1.5 Système agraire
D’après le géographe André Cholley (1946), l’activité agricole révèle une véritable
combinaison ou un complexe d’éléments empruntés à des domaines différents mais
étroitement liés; éléments à tel point solidaires qu’il n’est pas concevable que l’un d’entre eux
se transforme radicalement sans que les autres n’en soient pas sensiblement affectés et que la
combinaison tout entière ne s’en trouve pas modifiée dans sa structure, dans son dynamisme
et dans ses aspects extérieurs.
Une parcelle culturale est un ensemble de terre occupée par un peuplement végétal
cultivé, mono ou plurispécifique, conduit de façon homogène, et notamment au même
itinéraire technique et à la même succession culturale (Camara, 2007).
1.1.8 Typologie
Une typologie d’exploitation agricole vise à classer les diverses exploitations agricoles
d’une même région en un nombre limité de catégories relativement homogènes et contrastées,
4
à expliquer leurs différences, de façon à ce que les interventions destinées aux exploitations
d’un même type puissent être similaires entre elles et différentes de celles conçues pour les
autres types. Elle permet de comparer entre elles des exploitations effectivement comparables.
Elle aide par conséquent à juger de leur fonctionnement, de trouver des solutions aux
problèmes rencontrés et d’élaborer des recommandations adaptées. Elle peut également être
utile dans un dispositif d’extrapolation, ou de diffusion de recommandations (Capillon, 1985,
cité par Perrot C, 1998).
La typologie des exploitations peut fournir un cadre pour la réflexion concernant les
modèles de décision, lorsque ceux-ci portent sur des producteurs ou actes techniques
importants, proches des choix stratégiques. Dans les autres cas, la variabilité des pratiques ou
des itinéraires techniques au sein d’un même type suggère qu’il faudra affiner la définition
des types pour en faire un outil d’extrapolation des modalités d’aide à la décision (Capillon,
1993).
Les méthodes pour réaliser des typologies d’exploitations agricoles dépendent des
données existantes, de leur fiabilité et des moyens disponibles pour procéder à une collecte
supplémentaire d’informations. Celle-ci soulève des problèmes de choix des variables à
observer ou mesurer, d’échantillonnage des exploitations sur lesquelles, on envisage de faire
des mesures et observations et de fiabilité des informations recueillies.
- celles qui sont basées sur un recueil d’informations factuelles sur les
exploitations. Dans ce cas les informations recueillies sont traitées pour mettre
en évidence des relations entre variables. Ces méthodes sont basées sur le
traitement d’un grand nombre d’informations par des méthodes mathématiques
d’analyse de données.
- celles qui sont basées sur la recherche directe de relations entre variables. À
l’inverse des analyses statistiques multidimensionnelles qui s’efforcent de
mesurer en premier lieu les distances entre variables et s’interrogent ensuite sur
les éventuelles relations de causalité dont les proximités peuvent être
révélatrices, ces méthodes visent à mettre d’emblée en évidence des relations
possibles de cause à effet.
5
1.2 Généralités sur la zone d’étude
1.2.1 Dynamique des systèmes agraires et des situations agropastorales
Le climat du nord de la Côte d’Ivoire ne présente qu’une seule saison des pluies ayant
son maximum d’intensité en août. L’unique saison sèche dure de 6 à 8 mois et son intensité
augmente assez régulièrement avec la latitude entre le 8° et le 11e degré de latitude Nord. Les
précipitations annuelles assez abondantes et variables d’est en ouest (1 250 à 1 700 mm)
surviennent en majeure partie pendant les mois de juillet, août et septembre (Girard et al.,
1971 ; Jourda, 2009).
Dans cette savane, le relief est variable d’ouest en est. Les plateaux sont plus accidentés
et à des altitudes plus variables. L’ouest est constitué de plateaux assez étendus se situant
entre les altitudes de 400 et 450 m ; pourtant vers la partie centrale, le bourrelet se développe
mieux. Au nord-est plus particulièrement le long de la frontière voltaïque, des plateaux
rigides, cuirassés, cernés de corniches forment la majeure partie du paysage (Avenard, 1971).
Les sols ferralitiques moyennement désaturés occupent la majeure partie du centre et du nord
de la Côte d’Ivoire. Le groupe des sols remaniés gravillonnaires est le plus fréquent.
L’induration est importante, la dégradation due aux cultures se traduit par un enrichissement
en éléments grossiers et un appauvrissement en argile. Cependant, de larges zones sont
6
occupées par le groupe des sols typiques profonds dont les caractères de fertilité élevée
permettent la mise en culture intensive (Guillaumet et Adjanohoun, 1971).
Les formations végétales sont dominées par les savanes boisées, arborées, arbustives et
herbeuses. On trouve aussi des îlots de forêts, des forêts galeries le long des cours d’eau et
dans les vallées humides, et enfin des forêts claires.
L’emprise agricole a été de tous temps élevée dans le nord de la côte d’ivoire. Par
ailleurs les populations de cette zone étaient considérées par le colonisateur comme très
actives en matière de pratiques agricoles. Dans ce paysage dominé par la savane arborée s’est
développée une agriculture diversifiée.
En 1973, parmi les cultures vivrières dominaient les céréales : maїs, sorgho dans la
partie nord-ouest ; maїs, riz pluvial au sud-est ; riz dans les bas-fonds. L’igname était aussi
cultivée. Les cultures de rente à cette époque étaient représentées par l’arachide et surtout le
coton, introduit en 1962. Enfin l’élevage des bovins était généralisé (Peltre-wurtz et Steck,
1991). Il existe une corrélation entre la densité de peuplement et les cultures pratiquées. Ceci
a eu pour effet l’exclusion de la zone dense entre Korhogo, Sinématiali et Napiéolédougou du
7
programme de vulgarisation du coton dans les années 1970 par la CIDT (Peltre-wurtz et
Steck, 1991).
Le système agraire dans le nord de la Côte d‘Ivoire est en pleine évolution. Celle-ci doit
être d’abord mise à l’actif de la population paysanne, toujours à la recherche de l’innovation
qui améliore son niveau de vie où l’organisation de son travail. Certaines innovations (traction
animale, utilisation d’intrants agricoles) furent proposées par la CIDT (Compagnie Ivoirienne
pour le Développement du Textile), mais d’autres furent suscitées par des organismes de
développement comme la SODEPRA (Société pour le Développement de la Production
Animale). Il s’agit néanmoins d’un dynamisme forcé par la situation de pauvreté à laquelle
étaient confrontés les paysans. La seule production de vivrier pour l’alimentation familiale ne
leur aurait permis de survivre que difficilement en marge d’une société paysanne déjà bien
peu bénéficiaire de l’économie du marché (Peltre-wurtz et Steck, 1991).
8
Au nord de la Côte d’Ivoire comme un peu partout en Afrique de l’Ouest,
l’augmentation de la production agricole s’est faite principalement par l’extension des
surfaces cultivées, sans changement majeur des itinéraires techniques traditionnels à
productivité faible, ce qui a été possible grâce aux faibles densités de population initiales. Ce
type d’adaptation a atteint ses limites, car la terre autrefois abondante est devenue rare et
source de conflits (Guengant, 2007).
D’une région et quatre départements en 2008, le district a été découpé depuis 2011 en
trois régions (Poro, Bagoué et Tchologo) et dix départements (Korhogo, M’bengué,
Sinématiali, Dikodougou, Ferkessédougou, Kong, Ouangolodougou, Boundiali, Kouto et
Tengrela. Le district des savanes (figure 1) se situe entre les 8° 30 et 10° 30 de latitude Nord
et les 4° et 7° de longitude Ouest. Elle est parcourue par les nombreux affluents du fleuve
Bandama blanc (Zagbaї et al., 2006).
Debele N
Tengrela
Kanakono
Niéllé
Diawala
M’bengue Ouangolodougou
Kouto
Gbon Kasséré
Kolia Niofoin Sinématiali
Ferkéssédougou
Korhogo
Boundiali Karakoro Koumbala
Tioroniaradougou
Sirasso Napiéolédougou
Komborodougou
Guiembé
Kong
Dikodougou
1.2.2.1.1 Le climat
Le régime est de type tropical de transition (Jourda, 2009) avec 2 saisons contrastées : la
saison des pluies (pluies mensuelles supérieures à 50 mm) (figure 2) s’étend du mois d’avril-
mai à octobre et la saison sèche, du mois de novembre à mai de l’année suivante. Les hauteurs
annuelles de pluies varient entre 1 100 mm et 1 400 mm (Minagri, 2012). La pluviométrie
9
constitue le facteur climatique prépondérant (Sedes, 1965 ; Sinaly, 1978 ; CIDT, 1980, 1990
et 2000). L’hygrométrie moyenne est de 65-70 %. La durée moyenne annuelle de l’insolation
est de 2 500 heures, la moyenne mensuelle étant d’environ 250 heures en saison sèche contre
près de 140 heures pendant les mois de juillet et août (les plus arrosés). Le profil
pluviométrique permet un seul cycle cultural annuel pour des cultures annuelles de moins de
150 jours. Il est favorable aux céréales (mil, maïs, sorgho, riz pluvial, etc.), aux légumineuses
(arachide, soja, voandzou, niébé, etc.), au cotonnier, etc. Mais la pluviométrie aléatoire, tant
en quantité qu’en répartition, se traduit par des variations importantes des rendements et des
productions entre les années. Le nombre réduit de jours disponibles en début de saison des
pluies pour préparer les sols, et implanter les cultures, se traduit par un goulot d’étranglement
en travail à cette période, malgré le développement de la mécanisation du travail du sol par la
traction animale. La concentration des semis sur une période courte se traduit aussi par des
pics de besoins en travail pour l’entretien des cultures et pour les récoltes.
Le granite et les schistes sont les roches mères caractéristiques du substrat de la région.
Les sols sont en général peu humifères et de fertilité moyenne. Le relief se présente
généralement comme un plateau faiblement ondulé avec des sommets de seulement 300 m à
400 m d’altitude. Le Nord de la Côte d’Ivoire appartient à la ceinture de la savane humide de
l’Afrique de l’Ouest et passe au Nord-Est dans la zone de savane sèche.
Dans cette zone, les coupes de bois, surtout depuis le XIXème siècle, ont entraîné une
forte régression des peuplements arborés. Cette évolution est particulièrement visible dans la
10
sous-préfecture de Napié, où la végétation de savane humide s’est transformée en savane
sèche avec une prépondérance de zones herbeuses, entrecoupées de rares arbres (Baobab,
Adansonia digitata et Karité, Butyrospermum) (Conseil général de Korhogo, 2007).
1.2.2.1.3 Le peuplement
La population est constituée par les groupes socioculturels Voltaïque (encore appelé
Gour) et les Mandé. Le premier est représenté par les Sénoufo (essentiellement cultivateurs)
et le second par les Dioula (commerçants). À ces peuples, se sont ajoutés des Peulhs
(éleveurs) (SEDES, 1965 ; Sinaly, 1978). L’implantation des Dioula que Peltre-Wurtz (1976),
11
a appelé la « dioulatisation », c’est-à-dire la conversion d’une partie des populations sénoufo à
l’Islam et subséquemment au commerce, a aussi facilité dans certaines zones l’adaptation de
ces paysans à de nouvelles cultures marchandes. L’installation de Peulhs sur les terroirs
ivoiriens a eu d’abord un impact positif car elle a permis l’introduction du zébu ouest africain,
mais a rapidement provoqué de multiples conflits, notamment territoriaux entre les tenants des
espaces de culture et ceux des espaces de parcours.
La région est aussi habitée de personnes issues de divers autres groupes socioculturels
du pays et de la sous-région (Zagbaї et al., 2006). Pour l'ensemble de la zone des savanes, la
densité de population rurale est faible, 17 habitants/km². Mais au sein de cette zone, des
variations importantes de densité rurale sont observables (Dugué et al., 2002). Elles sont liées
principalement à l'histoire du peuplement et aux conditions sanitaires défavorables au
peuplement humain et à l'élevage.
12
Récemment, ces unités ont initié la valorisation non alimentaire des mangues dans
l’alimentation du bétail et dans la fabrication du compost à partir des déchets et mangues
infestées ou écartées (COLEACP et PAEPARD, 2013).
De plus avec l’ouverture de la mine d’or de Tongon un peu plus au nord sur l’axe
Korhogo-M’bengué, cette partie de la région a reçu un flux important de population. La
présence de ces minerais favorise une cherté des denrées alimentaires du fait de l’abandon de
l’agriculture, une pression sur les terres et les cultures qui sont obligées de laisser la place à
l’exploitation de l’or.
13
185 000 tonnes en 2009-2010 (UE, 2010 ; Diouf, 2011). En 2012 la production a atteint
161 837 tonnes pour une superficie cultivée de 159 789 hectares soit un rendement moyen de
1 012 kg par hectare (Minagri, 2012) (Tableau 1). Le coton consommait en moyenne 55 % du
temps de travail agricole des exploitations en 2002 contre 12 % en 1960. L’introduction de la
mécanisation en traction animale (TA) a permis l’augmentation de la capacité de travail des
exploitations, et donc l’insertion du coton dans les assolements. Aussi la TA a permis
l’accroissement des surfaces cultivées ce qui a progressivement réduit les espaces laissés en
jachère. L’augmentation de la population induit également l’accroissement des surfaces
emblavées. L’accroissement spectaculaire des superficies et l’utilisation de produits
fertilisants et de pesticides entrainent l’épuisement des terres, la pollution des eaux et
l’émission des gaz à effet de serre (Zagbaї et al., 2006).
L’anacardier a été introduit dans la région de Korhogo au cours des années 1950, en vue
de lutter contre la déforestation de la zone Nord. Au cours des années 1970, l’exportation des
noix de cajou vers le marché indien a été tentée à travers une lourde intervention publique
(incitation aux plantations rurales collectives, soutien de la CAISTAB, etc.).
14
La production est essentiellement destinée à l’exportation. Les débouchés européens et
la présence d’une logistique maritime importante à Abidjan sont à la base de l’expansion de
cette exportation (Minagri, 2012).
En ce qui concerne la canne à sucre, elle est produite seulement dans le département de
Ferkessédougou à cause de l’existence du complexe sucrier de la SUCAF.
Les cultures vivrières et les cultures maraîchères sont assez diversifiées dans la région
de Korhogo. On dénombre : riz, maïs, mil, sorgho et fonio, igname, manioc, patate douce,
haricot, le sésame et le manioc. Elles constituent une source de revenus non négligeable
(Tableau 2).
Le maïs est la céréale la plus importante dans la région avec 84 231 hectares. Il est
consommé frais et sous forme de farine servant à la fabrication du « tôh ». Il est également
utilisé pour la fabrication de la bière locale, le « tchapalo » tout comme le mil et le sorgho.
Le riz (pluvial, inondé, irrigué) est après le maïs, la deuxième culture vivrière de la
région. La riziculture locale a démarré par d’importantes opérations d’aménagement de
15
périmètres dans la subdivision de Korhogo dès les années 1950, sur fonds Fonds Ivoiro-Suisse
pour le Développement Economique et Social (FISDES).
A partir des années 1970, il y a eu la construction de six (6) barrages réalisés sur les
affluents du Bou et du Bandama dans le cadre du Programme d’urgence riz. Ces
aménagements vont s’ajouter aux 2 000 hectares aménagés sur fonds de la coopération
allemande et de la Communauté Européenne. Par la suite d’importants défrichements ont été
réalisés par la SODERIZ et la CIDT en vue de promouvoir la riziculture en association avec
la culture du coton (Conseil général de Korhogo, 2007).
La pratique quasi généralisée de la jachère dans les trois régions est liée à la
prédominance de l'igname dans les assolements. Cette culture nécessite un bon niveau de
fertilité chimique et physique du sol surtout pour les variétés facilement commercialisables du
type Dioscorea rotundata. Le développement des tubercules est fonction de l'alimentation
hydrique de la plante mais aussi des ressources minérales et du taux de matière organique du
sol. Le système se pratique en assolement avec les cultures telles que le maïs le riz et
l’arachide (Demont, 1998). De plus en plus, pour des raisons d’infertilité des sols, certaines
zones ont adopté d’autres spéculations au détriment de l’igname. Actuellement La culture de
l’igname est pratiquée seulement dans les zones sud de Dickodougou et de Ferkessédougou.
16
Tableau 3 : Synthèse des productions maraichères du district
Synthèse Régionale
Spéculations
Superficie (ha) Nombre d’exploitants Production (T)
Soja 4,5 ND 3,2
Oignon 130 1 709 2 057,60
Chou 66,2 ND 662,3
Aubergine 303,3 ND 3 033
Piment 411,4 ND 27 017
Gombo 176,3 ND 705,1
Tomate 82 ND 44 482,80
Concombre 34,9 ND 697,4
Maraicher 2 987 6 808 22 028,10
La mise en valeur des bas-fonds est restée jusque dans les années 90 très marginale en
zone rurale. Seuls les bas-fonds périurbains étaient exploités pour la riziculture et le
maraîchage principalement par des populations allochtones installées en ville.
Cette activité est le plus souvent celle des femmes, mais aussi celle de jeunes hommes
des villages proches des barrages (1 à 3 km) et situés près de marchés villageois. Il s’agit de
cultures de contre-saison avec les oignons (souvent cultivés de manière intensive), les
tomates, la salade, le piment, le tabac, les aubergines (Le Guen, 2004).
Les bordures des retenues d'eau situées dans des zones à peuplement suffisant (plus de
15 hab./km²) sont exploitées pour le maraîchage (Le Guen, 2004).
Les jardins maraîchers qui apparaissent un peu partout sont généralement protégés par
des palissades en bois et branchages contre la divagation des animaux. La création de la
Société pour le Développement des Fruits et Légumes (SODEFEL) en 1968 a permis de
développer les cultures maraîchères.
Le faire-valoir direct est le mode d’exploitation des parcelles dominant dans la région.
Le cultivateur exploite directement la terre en fournissant lui-même le capital d’exploitation et
17
le travail nécessaire à la production. La main d’œuvre est en majorité familiale. Il existe peu
de cas de location de terre et de métayage.
Plusieurs cultures sont pratiquées sur la même parcelle. Ceci s’explique par la volonté
des paysans à produire un peu de toutes les cultures sur un même espace afin de vivre
convenablement.
Dans la région de Korhogo, les exploitations sont stabilisées surtout dans la zone dense,
mais avec une rotation des cultures : igname, riz, maïs, arachide. Mais avec l’abolition de la
culture d’igname dans plusieurs zones pour infertilité de sol, la rotation de culture est
maintenant : coton, maïs, riz, arachide, mais pour les terres plus riches, la rotation coton,
coton, riz est pratiquée.
Les méthodes traditionnelles de culture sont les plus pratiquées. Les semences
sélectionnées à haut rendement, les engrais chimiques et les pesticides sont de plus en plus
utilisés sur les parcelles. Pour les paysans l’objectif recherché au niveau de la production c’est
d’abord la satisfaction des besoins d’autosuffisance alimentaire. Dans ces cas les exploitations
agricoles sont de petite taille, en moyenne 4 ha (Conseil général de Korhogo, 2007).
Bien que la culture manuelle soit la plus répandue, la culture attelée connaît un
développement appréciable. Elle permet d’exploiter de grandes superficies jusqu’à 9 ha. Les
travaux agricoles restent faiblement mécanisés sauf le labour (Tableau 4) : 140 905 hectares
(soit 57,87%) de parcelles bénéficient du labour par la traction bovine.
Tableau 4 : Types de labour pratiqué sur les parcelles cultivées des petites
exploitations agricoles du département de Korhogo
Type de labour pratiqué Superficies cultivées (en hectares) Pourcentage (%)
Sans labour 2 628 1
Labour manuel (daba etc.) 94 417 39
Labour avec bœufs de culture attelée 140 905 58
Labour motorisé (tracteur) 5 528 2
Total parcelles cultivées 243 478 100
18
Les superficies en terres cultivables représentent selon les estimations des études
pédologiques 5 830 km² soit 583 000 hectares (46% de la superficie de terres disponibles)
dans le Département de Korhogo (Tableau 5).
En ce qui concerne les ovins-caprins, l’effectif est estimé à ce jour à plus d’un million
de têtes, mais l’élevage des petits ruminants est toujours à l’étape d’élevage de case.
La coopération allemande (Giz) avait installé des porciculteurs mais le projet n’a pas
abouti. Les porcs traditionnels sont les plus nombreux, l’investissement en élevage moderne
étant lourd pour peu d’intérêt dans la région (prix du Kg de viande bas).
L’aviculture traditionnelle est très pratiquée, mais peu d’animaux sont suivis sur un
potentiel de plus de vingt (20) million de sujets (ANADER, 2012). L’aviculture moderne est
également en nette progression aux alentours des grands pôles que sont Korhogo,
19
Ferkessédougou et Boundiali. Selon le rapport du conseil général (2007) la région nord
fournirait 35% des effectifs de volailles.
Dans la région de Korhogo, la mise en valeur des terres et la répartition des populations
très diversifiées sont étroitement liées. En 1965 (Sedes, 1965) trois strates agro-écologiques
sont distinguées : une strate mil, une strate igname et une strate dense. Dans les années 2000,
Dugué (2002) et Le Guen (2004) parleront de trois zones principales appelées « Zone dense »,
« Zone Igname » et enfin « Zone Coton-Maïs-Élevage » (figure 3). Ces zones sont avant tout
liées à des densités de population et aux cultures qui y sont pratiquées.
Zone dense
Elle est peuplée par les sous-groupes Kiembara et Nafara (Sedes, 1965). La densité de
population dépasse les 80 habitants au km², mais la population est dispersée à l’extrême avec
comme seules petites agglomérations les chefs-lieux administratifs. La majorité de la
population réside dans des villages de moins de 300 habitants. Cette zone est caractérisée par
un habitat en nébuleuse, des migrations importantes essentiellement temporaires, une
individualisation fréquente de l’exploitation agricole (Demont, 1999). Les cultures qui
prédominaient en 1965 étaient celles du maïs, du riz de bas-fond, du mil et de l’arachide
(Sedes, 1965 ; Tople, 1987). La forte densité humaine et le manque de terres (morcellement
des parcelles) « imposent » la culture vivrière pour assurer l’autosuffisance alimentaire (Avit
et al., 1999). La culture du coton avait été imposée aux paysans à l’époque coloniale, dans le
but de moderniser les structures agraires et d’acquérir des revenus monétaires. Le décollage
de l’économie cotonnière s’est produit à partir de 1970. De 1971 à 1982, le taux de croissance
annuel des superficies en coton fut de 18,96 % pour le département de Korhogo (Le Guen,
2002). L’essor du maraîchage marchand de contre saison dans les savanes du nord depuis les
années 1990, illustre les capacités de réponses paysannes à différentes échelles (clientèles
locales et régionales, marchés urbains du sud de la Côte d’Ivoire). L’usage agricole des bas-
fonds en contre-saison peut également renvoyer à un problème de saturation foncière
particulièrement sensible dans la zone dense de peuplement de Korhogo. Le maraîchage,
pratiqué généralement sur les rives des petits barrages, est un révélateur de l’importance et de
la diversité et l’évolution des modes de gestion des terroirs et des ressources dans les espaces
20
ruraux. Avec la crise militaro-politique qu’a connue le pays le commerce s’est fortement
développé dans la région de Korhogo au détriment des activités agricoles à cause de la fluidité
et la densité des trafics avec le Burkina Faso et le Mali dû à la rupture d’échange avec
Abidjan de 2002 à 2007 pour des questions sécuritaires.
Zone Igname
Elle est constituée par les sous-groupes Kassemblé, Tanga, Kouflo, Fodonon, Bonzoro
et les Kafibélé (Sedes, 1965). Les densités de population varient entre 15 et 30 habitants au
km². Une population groupée à plus de 50 % dans les villages de 700 habitants et plus qui
migrent peu. L’exploitation est composée de grandes familles. Les principales cultures
rencontrées sont l’igname, le maïs, le riz pluvial, le coton et l’arachide (Le Guen, 2004).
L’importance de la culture du coton diffère fortement d’un village à l’autre. L’augmentation
de la densité de la population a une influence directe sur les durées de la jachère. La
transformation du milieu biophysique a créé un milieu favorable pour le développement de la
traction animale (Demont, 1999). Selon la pression foncière plus ou moins forte dans certains
villages, les systèmes de culture variés (igname-riz-arachide), (igname-riz-arachide-coton),
(coton-riz-maїs) se mettent en place. L’assolement villageois se diversifie progressivement au
fur et à mesure que la densité démographique est plus forte. Dans cette zone la
commercialisation des produits se fait directement sur le marché central de Korhogo ou sur
les marchés de relais installés dans certains villages.
Appelée « zone mil » avant 1965 cette zone est devenue, selon Le Guen (2002),
s’appeler « Zone Coton-Maïs-Élevage ». Près d’un tiers de la population vit dans les localités
de plus de 700 habitants, mais où les résidents des petits villages (moins de 300 habitants)
sont plus nombreux que ceux des villages moyens (300 habitants à 699 habitants).
L’habitation est groupée en gros villages mais avec résidence saisonnière sur des
campements. Les migrations restent importantes. L’individualisation de l’exploitation
agricole est peu avancée (Demont, 1999). Cette zone couvre une très vaste surface dans la
partie la plus au nord de la région de Korhogo. Les températures y sont plus élevées que dans
les deux autres zones, et la pluviométrie plus aléatoire. Les densités de population y sont
faibles (10 à 20 habitants au km²) (Le Guen, 2004). Cette zone était traditionnellement une
zone de production du mil (Binger, 1892 ; Delavignette, 1946) qui occupait encore 35% des
21
surfaces cultivées en 1971. Entre 1971 et 1982, le taux de croissance des parcelles de coton
fut de 22,36 % pour le département de Ferkessédougou (Le Guen, 2002). En 1982 la culture
du coton occupait 32% de la surface cultivée alors que le mil n’en occupait plus que 14%.
Dans les trois zones de production, les paysans cultivaient sur les buttes, en première
année de culture, de l’igname, associée à du maïs et à du riz pluvial, puis sur billons en
deuxième année, du maïs pur et toujours sur billon en troisième année, du riz pluvial mélangé
au maïs. Les années suivantes venaient des cultures moins exigeantes vis à vis des minéraux
du sol (mil sorgho, arachide etc.) (Peltre-Wurtz et Steck, 1991).
N
Tengrela MALI BURKINA FASO
Debele
Kanakono Niélé
Diawala
M’bengue
Kouto
Kasséré Ouangolodougou
Gbon
Kolia Sinématiali
Ferkéssédougou
Niofoin Korhogo
Boundiali Sirasso Karakoro
Tioro Koumbala
Komboro
Napié Kong
Guiembé
Dikodougou
0 20km
22
1.2.2.6.2 Situation de l’élevage
- Le bouvier, c’est un employé salarié. Lorsque la garde des animaux n’est pas
confiée à un bouvier salarié peulh, ce sont les enfants qui en sont chargés.
En ce qui concerne les animaux à cycle court (ovins, caprins, porcins poulets, pintades,
canards), la situation est différente. Les propriétaires d’animaux s’en occupent
personnellement, parfois avec l’aide de leurs enfants. Si le niveau technique reste très bas et
les méthodes utilisées rudimentaires, le point favorable se trouve cependant dans
« l’approche » des animaux par les éleveurs (SEDES, 1965). Ces animaux (porcins, ovins,
caprins, poulets, pintades, canards) se distinguent nettement des bovins par un taux de vente 2
à 5 fois plus élevé. L’autoconsommation en général semble occuper une place secondaire : la
recherche d’un revenu à court terme (les ventes) et à long terme (la reproduction) est l’objectif
dominant.
L’utilisation pour des funérailles s’avère importante pour les bovins et les caprins. Pour
les sacrifices, les caprins et les poulets occupent une place centrale, alors que pour les fêtes, il
s’agit des porcins et des ovins. La valeur du capital investi en bovins diffère très fortement
d’une exploitation à une autre. Dans presque tous les cas, les consommations intermédiaires et
la force de travail allouées à ce système sont négligeables. Les systèmes de production se
caractérisent surtout en fonction des systèmes de cultures, la discipline dans laquelle les
Sénoufo paraissent plus spécialisés (Dugué et al. 2002).
23
Les animaux de trait sont ce qu’il y a de plus précieux pour un agriculteur. Les animaux
de traits les plus utilisés en Afrique de l’Ouest sont les bovins et les asins (ânes) (Havard et
al., 1996). La culture attelée est aujourd’hui ancrée dans les habitudes agricoles de cette
population grâce aux efforts consentis par la CIDT au lendemain de l’indépendance. La
plupart des producteurs détiennent au moins une paire de bœufs. D’ailleurs, certains font de la
location avec leurs bœufs (25 000 FCFA/ha, en moyenne, pour un labour) (Minagri, 2012). La
garde des animaux de trait est l’affaire des enfants.
Les aires agricoles et pastorales se recouvrent de plus en plus dans les savanes
ivoiriennes. Depuis la sécheresse des années 1970 dans les régions Sahéliennes, un important
déplacement des effectifs d'animaux vers les zones agricoles de la Côte d’Ivoire (Le Guen,
2004) a vu le jour. Par ailleurs, les rendements agricoles stagnent dans les savanes
soudaniennes à cause d'une baisse de la fertilité des sols. De ce fait, le fumier produit par le
bétail a été perçu comme un intrant très important pour le maintien ou l'accroissement des
rendements (Berger, 1996). Aussi, la traction animale a été un moyen privilégié pour la CIDT
en faveur de l’intensification de la culture du coton dans les années 1970 pour lever les
contraintes saisonnières (main-d’œuvre, productivité du travail, etc.). Enfin, les animaux
embouchés à l'aide des sous-produits agricoles, tout en réduisant l’acuité du problème
alimentaire du bétail, devraient contribuer à l’amélioration du revenu agricole (Landais et
Faye, 1986). Une approche d’intimité entre l’agriculture et l’élevage venait de prendre forme.
Les paysans, dans la recherche d'une plus grande sécurité doivent désormais imaginer
une forme d’intégration de l'agriculture et l'élevage au sein de la même unité de production.
L'utilisation de la traction animale, l'application de la fumure organique et l'introduction des
cultures fourragères ont été présentées comme étant les bases de cette intégration (Lhoste et
al., 1993). Ainsi donc, dans l’approche de la problématique des relations entre l’agriculture et
l’élevage, le niveau individuel (unité de production) et le niveau collectif (terroir villageois)
resteront les deux échelles d’investigation.
24
1.2.3.2 Interaction entre l’agriculture et l’élevage : leurs rapports dans le nord ivoirien
En brousse et aux alentours des villages s’inscrit l’élevage interstitiel peulh. En cours de
sédentarisation, ces Peulhs ont développé un système original d’association de l’agriculture et
de l’élevage centré sur la rotation des cultures et des parcs de nuit, qui assure la fumure des
terres et le maintien de la fertilité.
Le long des axes routiers, transite une partie du bétail venu des pays frontaliers et
destiné aux marchés des villes du centre et de la côte.
I1 arrive que le bouvier obtienne une concession pour cultiver son propre champ avec
l’aide des propriétaires du parc, qui réalisent pour lui, au lieu de le nourrir, les travaux de
défrichement et de préparation du champ. C’est alors que le bouvier constitue sa propre
famille, investit en bétail et finit par devenir un agriculteur-éleveur comme les autres.
Mais ce sont sans doute les rapports quotidiens entre les éleveurs peulhs et les
agriculteurs sénoufo et malinké qui ont été un facteur décisif d’évolution.
Les champs fournissent d’importantes quantité de fourrage aux animaux à travers les
résidus de cultures (fanes d’arachides, pailles de riz, tiges de céréales, sons, tourteaux, etc.).
En amont la force des animaux est utilisée pour les travaux de cultures (labour, entretien des
cultures, et pour le transport des récoltes et sous-produits).
Les animaux produisent des déjections qui sont mélangées à des résidus agricoles pour
former la fumure organique nécessaire pour le relèvement de la fertilité des sols des champs.
Cette matière organique joue un rôle important car elle facilite la formation du complexe
argilo-humique ce qui confère une bonne stabilité structurale au sol. Selon CIRAD (1998) et
Berger (1996), l'élevage offre ainsi une alternative à la reconstitution de la fertilité des sols.
25
Par ailleurs d’un point de vue économique, l'élevage représente une « caisse d'épargne » où le
surplus agricole est capitalisé et décapitalisé selon que les années soient fastes ou mauvaises
(Faugère et al., 1990). Aussi, vu la précarité des droits fonciers dans la plupart des sociétés
paysannes, les investissements pour l'achat de terres sont limités, le bétail est le patrimoine de
garantie (Lhoste et al., 1993). Selon Peltre-Wurtz et Steck, 1991 et Lalba et Vognan, 2003,
l’intégration de l'élevage à l'agriculture traditionnelle commence par l'acquisition du cheptel
pour les besoins de la traction animale.
Avant les années 70, les échanges entre l’agriculture et l’élevage étaient très peu
perceptibles, les deux activités se pratiquaient de façon séparée dans l’espace. En effet le
système de production de la zone reposait sur une agriculture d’autosubsistance à faible
utilisation d’intrants et basée sur les cultures vivrières ancestrales (maїs, mil, sorgho, fonio,
igname). Parallèlement, l’élevage était limité à des effectifs réduits de bovins de la race
taurine (Le Guen, 2004). Cet élevage remplissait en partie une fonction sociale (dots,
funérailles, sacrifices, etc.).
Suite aux sécheresses qui ont sévi de 1969 à 1974 dans les régions sahéliennes au Nord
de la Côte-d’Ivoire, ces régions ont dû accueillir des pasteurs peulhs, burkinabés ou maliens,
26
avec leurs troupeaux. La pression démographique qui s’en est suivie a marqué un tournant
décisif dans la dynamique des systèmes de production (Le Guen, 2004). En effet les
conditions de production favorables de la zone ont poussé de nombreux éleveurs à se
sédentariser. Cette forte sédentarisation encouragée par une volonté politique favorisa dans un
premier temps une intégration entre les animaux et les cultures. Selon Mac Intire et al. (1992)
et Steinfeld et al. (1996), une forte pression humaine est favorable au développement des
systèmes de production mixte agriculture-élevage. Cependant les pratiques extensives de
gestion des ressources par une population de plus en plus croissante ont abouti à une situation
conflictuelle au niveau du système mixte agriculture-élevage (D’Acquino, et al., 1995). Une
compétition semble actuellement s’installer entre l’agriculture et l’élevage dans l’allocation
des ressources naturelles qui deviennent rares. Les conditions économiques incertaines
favorisent à la fois la diversification des activités (agriculture et élevage) et l’association des
activités (en raison des revenus limités et de l’augmentation du prix des engrais).
L’URBIO (unité de recherche sur la base biologique de la lutte intégrée), a pour objectif
principal de développer des outils d’études et de lutte contre les maladies à transmission
vectorielle (trypanosomoses animales ou humaines africaines, maladies transmissibles par les
tiques), et de caractériser la biodiversité.
L’URPAN a pour objectif principal de caractériser les dynamiques des systèmes de
production et d’introduire par la recherche action en partenariat des innovations
technologiques pour améliorer la production et la durabilité des systèmes d’élevage.
Le Dispositif de Recherche et d’Enseignement en Partenariat (DREP) sur
l’Intensification écologique et la conception des innovations dans les Systèmes Agro-Sylvo-
Pastoraux de l’Afrique de l’Ouest (ASAP), basé au CIRDES à Bobo-Dioulasso, correspond à
27
un consortium de partenaires scientifique (recherche et enseignement) qui a une dimension
régionale en intervenant sur la zone des savanes subhumides du Burkina Faso et du Mali. Une
convention de 5 ans (4 novembre 2010) définit l’accord partenarial entre le Cirad, le Cirdes,
l’Inéra, l’Ier, l’Upb/Idr.
Le DREP a mené des recherches à travers son projet « intensification durable » en zone
soudano-sahélienne, au Burkina Faso et au Mali, et souhaite progressivement les développer
dans des zones écologiques plus humides en zones soudano-guinéenne de Côte d’Ivoire, en
partenariat avec les universités ivoiriennes.
28
CHAPITRE II : ETUDE EXPERIMENTALE
2 DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Elle est basée sur la méthode active de recherche participative (MARP) qui est une
méthode de recherche interdisciplinaire et partenariale (Lavigne, 2000). Elle permet
d’associer les producteurs à toutes les étapes, depuis le diagnostic jusqu’à l’évaluation. Elle a
permis de faire le diagnostic agropastoral des territoires villageois par des entretiens ouverts,
des débats. Des enquêtes approfondies ont ensuite permis d’évaluer la situation agropastorale
à l’échelle des EA.
Le choix des villages s’est fait suite à des rencontres initiées avec les personnes
ressources de la direction régionale de l’agriculture (4 personnes), de l’Agence Nationale
d’Appui au Développement Rural (ANADER) de la délégation régionale de Korhogo
(3 personnes), du Laboratoire Nationale d’Appui au Développement Agricole (LANADA) au
Laboratoire régionale de Korhogo (1 personne), du Projet d’Appui au Développement de
l’Elevage en Côte d’Ivoire (PADECI) à l’Antenne nord (2 personnes) et de la direction
régionale des ressources animales et halieutiques (2 personnes) pour recueillir des
informations sur les statistiques agricoles, faire le point sur les pratiques agropastorales, sur
les actions conduites, et sur l’évolution du zonage de la région. Dans chaque zone, un village
a été retenu pour sa représentativité du contexte local : le village de Moroviné situé à 10 kms
de Korhogo en zone dense, et celui de Tiébila situé à 45 kms de Korhogo en zone « coton-
maïs-élevage ».
29
terrains et transects ont été effectués. Un transect Nord-sud de 2 kms de longueur a été
réalisé dans chaque village. Des points géoréférencés ont été marqués à chaque 50 m le long
du transect grâce à un GPS et les traits du paysage ont été relevés le long de la toposéquence.
La méthode d’échantillonnage utilisée est l’échantillonnage raisonné avec la taille des
EA comme critère de base. La taille correspondant à 20 % du nombre total des EA présentes,
a permis de retenir un nombre minimal de 40 EA par village sur la base de la superficie
comme premier critère, et sur l’utilisation des animaux de trait et de la fumure organique,
comme critères additionnels.
Les EA retenues ont été soumises au même questionnaire que celui utilisé dans le projet
« Options d’intensification durable, gestion du risque et réduction de la vulnérabilité dans les
systèmes de production agro-sylvo-pastoraux des zones subhumides et semi-arides d’Afrique
de l’Ouest » (Projet AusAid/CORAF, 2012) mis en œuvre dans les zones soudano-sahéliennes
au Mali, au Burkina-Faso, au Niger et au Sénégal pour servir un élément commun de
comparaison. Le répondant ciblé était le chef d’exploitation. Les fiches d’enquêtes ont été
administrées selon le mode à passage unique. L’enquête portait sur un cycle de production
complet (correspondant à une année à cheval sur 2012-2013). Chaque séance d’interview a
duré 2 à 3 heures par exploitant sur la période d’août à septembre 2013. Au cours de la
réalisation des enquêtes, les relations entre l’agriculture et l’élevage dans les villages et au
sein des EA ont été caractérisées. Les dégâts de cultures, le mode de gestion des conflits, les
itinéraires de transhumances, les pratiques de gestion de l’affouragement du bétail, les
pratiques de gestion de la fertilité ont été également abordées.
Pour l’analyse de la structure des EA, 4 variables actives (Tableau 6) ont été retenues
afin de mettre en relation l’agriculture et l’élevage. La surface par culture, effectifs par race
30
(bovins de trait, bovin d’élevage, ovins, caprins, porcins), nombre d’actif par EA, et la surface
des champs ont été ajoutés comme variables supplémentaires.
31
CHAPITRE 3 : RESULTATS
3 EVOLUTION DES SYSTEMES AGRAIRES ET DIVERSITE DES
EXPLOITATIONS AGROPASTORALES
Forêt sacrée
Jachères
Zones cultivées du territoire
Bas fond
Village de Moroviné
Pistes
Axe principal
Villages voisins
Limite du territoire villageois
Barrage
0 5km
32
le Fromager sont présent dans la forêt sacrée. Le Karité (Vittelaria paradoxa) et le Néré
(Parkia biglobosa) sont également présents dans les champs. Un parc de teck à l’ouest du
village, les manguiers et anacardiers sont les plus rencontrés aux abords du village.
Sols
Savane Savane Forêt sacrée Savane arborée à Savane arbustive Savane arborée Savane
arborée, arbustive Savane arborée et arbustive arbustive Parc à néré Verger d’anacarde et de arbustive
parc à parc à teck, karité et néré Parc à néré Parc à karité mangue
teck
33
Forêt classée du Badénou
Îlots de forêt
Zones cultivées du territoire
Bandama
Rivières
Village de Tiébila
Limite du territoire villageois
Pistes
Barrage
Axe principal
0 30km
Villages voisins
34
v
Le zonage agropastoral décrit par les études antérieures (Demont et al., 1999 et Le
Guen, 2004) a été réactualisé lors des entretiens avec les personnes ressources (Figure 8).
35
Figure 8. Extension de la zone dense de Korhogo
Il existe une diversité dans le peuplement entre les zones et même à l’intérieur de
chaque zone. Globalement la densité de population de la zone dense se situe entre 21 et
106 habitants/km². Les villages sont en général de petites tailles mais rapprochés les uns des
autres. Les gros villages disposent de marchés qui se tiennent chaque semaine à tour de rôle.
Cette zone est caractérisée par une émigration importante des jeunes des zones rurales vers les
grandes villes et vers les sites d’orpaillage. La rareté des terres cultivables impose aux jeunes
de s’orienter vers des activités non agricoles (transport, commerce, mécanique, etc.). Les
surfaces moyennes emblavées par EA sont de taille réduite (entre 2 à 4 hectares).
La zone dite igname est devenue la zone de destination pour les migrants, agriculteurs et
éleveurs. Les producteurs d’igname se déplacent de plus en plus vers les zones sud dans les
départements de Mankono et Séguéla à la recherche de terres fertiles et pour des raisons de
mauvaise cohabitation entre les agriculteurs et les éleveurs migrants. Cédant ainsi la place au
coton, à la culture d’anacarde et à celle de la mangue. La zone dispose d’un potentiel en
élevage qui s’est beaucoup développé. Les cultures vivrières marchandes sont les mêmes que
partout dans la région de Korhogo mais avec en plus l’igname dans la plupart des EA. La
densité humaine a beaucoup évolué du fait de la forte immigration. La densité moyenne de la
population dans cette zone est de 30 habitants au km² mais variable à l’intérieur de la zone. La
36
zone dispose encore des terres cultivables mais variables selon les sous-préfectures. Les terres
en jachères commencent à régénérer et de plus en plus les émigrés de la zone commencent à
revenir s’installer.
Dans la zone coton-maïs-élevage, la densité démographique reste faible par rapport aux
deux autres zones de la région mais variable à cause des migrations intempestives à la
recherche du mieux-être. Le département de M’bengué dans cette zone a accueilli de
nombreux ressortissants de la sous-région, et des ivoiriens ces dernières années compte tenue
de la pression sur les terres dans la zone dense et des activités minières artisanales et
formelles (OCCIDENTAL GOLD depuis plus de deux ans et RANDGOLD depuis 2011 à
partir de son usine de Tongon) qui y sont pratiquées. Selon les projections de l’Institut
Nationale de la Statistique (INS), la densité population de ce département pourrait dépasser
23 habitants au km² en 2012. Les productions autrefois destinées à la consommation familiale
sont largement vendu. Il n’est pas rare de voir des producteurs se spécialiser dans la
production du maïs ou du riz uniquement à titre commerciale. Une mutation de l’agriculture
de subsistance vers une agriculture de marché s’opère donc de plus en plus. Les pratiques
restent largement artisanales et peu mécanisées. Les cultures de rentes sont le coton et
l’anacarde. Et les cultures vivrières marchandes sont le maïs, le sorgho, le mil, l’arachide, le
riz, le fonio, le niébé. Les cultures maraîchères sont représentées par l’aubergine, le piment,
l’oignon, le choux, la tomate, les épinards.
L’élevage extensif des bovins est très important et est caractérisé par une transhumance
interne de décembre à juin vers les zones sud de la région dont les parcours naturels sont plus
riches en fourrage.
Les exploitations enquêtées sont caractérisées par des nombres variables des personnes
qui les composent (Tableau 12).
37
Tableau 8 : Répartition de la population des EA enquêtées par classe de taille à
Moroviné et Tiébila
Classe de taille Moroviné Tiébila
Petite (< 10 personnes) 55% 52 %
Moyenne (10 à 20 personnes) 45% 38%
Grande (20 à 40 personnes) 0% 7%
Très grande (40 à 60 personnes) 0% 2%
L’individualisation des exploitations est fréquente dans les deux villages. Les
exploitations de petites tailles composées de moins de 10 personnes sont fortement
représentées. Les moyennes exploitations composées de 10 à 20 personnes représentent la
frange dont la production repose essentiellement sur la main d’œuvre familiale. Les grandes
exploitations de 20 à 40 et très grandes 40 à 60 personnes ont été rencontrées seulement à
Tiébila où ces familles possèdent des moyens de production plus importants (tracteurs ou plus
de 3 paires de bœufs).
Tableau 9 : Structure des membres de la famille des EA par tranche d’âge et par sexe à
Moroviné et Tiébila
Tranche d’âge /sexe Moyenne Ecart-Type Variance
Féminin 1,05 1,096 1,352
0-6ans 0,91 1,03 1,07
7-14 ans 1,06 1,11 1,24
15-20 ans 1,07 1,41 1,99
21-50 ans 2,1 1,51 2,29
> 50 ans 0,11 0,42 0,17
Masculin 1,026 1,086 1,324
0-6ans 0,78 0,83 0,69
7-14 ans 1,16 1,35 1,81
15-20 ans 1,05 1,49 2,22
21-50 ans 1,84 1,3 1,69
> 50 ans 0,3 0,46 0,21
Moyenne générale 10,38 10,91 13,38
Toutes les exploitations utilisent en majorité la main d’œuvre salariée journalière plutôt
que la main d’œuvre permanente ou saisonnière plus couteuse (Tableau 14).
38
Tableau 10 : caractéristiques de la main d’œuvre salarié utilisée dans les EA enquêtées à
Moroviné et Tiébila
Salarié P. Agri Salarié P. Elev Salarié S. Agri Salarié J. Agri
Moyenne 0,06 0,09 0,09 52,57
Ecart-Type 0,45 0,32 0,48 68,91
Variance 0,21 0,1 0,23 4 749,19
Les EA enquêtées utilisent en générale la main d’œuvre journalière pour les semis et
l’entretien des cultures (désherbages, récoltes etc.). La main d’œuvre journalière est la plus
utilisées pendant la saison de culture c’est-à-dire des labours jusqu’aux récoltes. Ceux-ci sont
plus avantageux par rapport aux salariés permanents en raison de la saison de culture qui ne
dure que six (6) mois dans l’année et de la main d’œuvre familiale disponible pour la plupart
des travaux.
Les animaux élevés dans les exploitations enquêtées sont les bovins, ovins, caprins,
asins, porcins et volailles (Tableau 15).
Tableau 11 : Effectifs moyens des espèces animales élevées dans les EA enquêtées à
Tiébila et Moroviné
Asins Bovins de Bovins Ovins Caprins Porcins Poules
trait d’élevage
Total 793 2 168 364 89 170 224 614
Moroviné 373 0 27 161 72 113 189 330
Tiébila 420 2 141 203 17 57 35 284
Moyenne/EA 9,7 0 2 4,4 1,1 2,1 0,15 0,46
Moroviné 9,3 0 0,7 4 1,8 2,8 4,73 8,25
Tiébila 10 0 3,4 4,8 0,4 1,4 0,83 6,76
Les asins et les équins étant plus sensibles à la trypanosomose, d’où leur utilisation
limitée dans cette zone subhumide. Les asins sont utilisés au transport. Il y a en moyenne une
paire de bœufs de trait par EA enquêtées, mais avec des différences importantes entre les
villages et entre les EA d’un même village. Ces différences sont liées à la disponibilité des
terres cultivables dans les villages. Les bovins d’élevage sont plus nombreux à Tiébila qu’à
Moroviné. Ces bovins sont la propriété des exploitants mieux nantis ou ayant d’autres sources
de revenus notamment extra-agricoles. Les ovins et caprins sont en revanche plus nombreux à
Moroviné qu’à Tiébila car ils coûtent moins chers que les bovins et ils sont plus faciles à
nourrir. Ces animaux à cycle de production relativement court et plus prolifiques sont une
39
alternative pour les EA disposant de moyens modestes. Les poules sont nombreuses dans les
deux villages. Les porcs sont élevés en grand nombre à Moroviné en raison de la proximité du
marché de Korhogo grand consommateur de viande de porc, mais aussi parce que la
population, en majorité animiste (78 % des chefs d’EA enquêtées) dans les deux villages, n’a
pas d’interdit pour la consommation du porc.
Tableau 12: Surface moyennes des champs cultivés dans les EA enquêtées
Champ 1 Champ 2 Champ 3 Champ 4 Champ Femme
Moyenne 10,52 3,93 3,64 2,5 1,3
Ecart-Type 10,08 6,01 3,35 1,08
Variance 101,68 36,06 11,21 1,17
La surface moyenne des Champ 1 est plus grande que celle des autres champs. Les
champs 1 représentent les champs les plus anciens, les plus proches et situés en majorité dans
les plaines facilement aménageables tandis que les champs 2,3 et 4 sont les surfaces acquises
pour des besoins d’extension ou de diversification des cultures. Les surfaces des champs 1
sont très variables par rapport aux surfaces des autres champs, ce qui s’exprime par l’écart-
type et la variance élevée (10,08 et 101,68).
Figure 9. Répartition des EA enquêtées par classe de superficie totale cultivée à Tiébila
et Moroviné
40
Les grandes EA de 8 à 15 hectares sont retrouvées majoritairement à Tiébila. Les EA de
Tiébila disposent en effet de beaucoup plus de moyens de production (terres, équipements
animaux de trait). Les très grandes EA de plus de 15 hectares existent seulement à Tiébila
dont trois EA disposent de tracteurs.
Tableau 13: nombre d’équipements agricoles par EA enquêtée dans les villages de
Tiébila et Moroviné
Char Sem Sarcl Butt Chttes Rem Tract Et-b P-b
Moy 0,96 0,55 1 1 0,68 0,04 0,05 0,13 0,09
E-T 0,71 0,8 0,7 0,72 0,56 0,19 0,27 0,34 0,28
V 0,5 0,65 0,49 0,52 0,32 0,04 0,07 0,12 0,08
Légende : Moy : moyenne, E-T : écart-type, V : variance, char : charrues, sem : semoirs, sarcl :
sarcleurs, butt : butteurs, chttes : charrettes, rem : remorques, tract : tracteurs, Et-b : étables en bois, P-b :
parc en bois, Fos fu ; fosses à fumier
Les charrues, les sarcleurs, et les butteurs sont les outils les plus fréquents dans les EA
enquêtées. Les semoirs sont utilisés seulement à Tiébila ce que traduit bien la variance élevée
de 0,65 observée. Cette utilisation est tout d’abord liée au problème de manque de main
d’œuvre à la période de semis, face aux grandes surfaces de coton et des céréales mais aussi à
la disponibilité des bœufs de trait. La proximité de Tiébila des villages de forgerons (Koni,
Wélléo) qui fabriquent, entretiennent et réparent la plupart des équipements de traction
animale est un élément déterminant de l’utilisation par les agriculteurs des équipements
agricoles de traction animale. Le transport des produits agricoles et autres est assuré
essentiellement par les charrettes bovines et asines et par trois tracteurs avec leurs remorques.
Les étables en bois peu nombreuses sont surtout des abris de nuit des ovins et caprins. Les
bœufs de traits étant parqués aux piquets à l’air libre et les bœufs d’élevage dans des parcs en
bois quand ils existent. Les fosses à fumure existent surtout à Moroviné en zone dense. Cette
pratique de fabrication de fumure organique est peu développée dans l’ensemble des EA qui
la trouvent contraignante.
41
Tableau 14 : Principaux facteurs de changements ayant affectés les EA enquêtées à
Moroviné et Tiébila
Facteurs de changements Proportion (%)
Facteurs négatifs de changements
Baisse de la pluviométrie, changement climatique 73,17%
Baisse de la fertilité des sols 81,70%
Disparition de la brousse et des animaux sauvages 18,29%
Morcellement des champs 45,12%
Augmentation de population 73,17%
Augmentation du prix des engrais et intrants 100%
Facteurs positifs de changements
Organisation paysannes efficaces 8,53%
Intervention des services d'appui conseil 63,41%
Construction de route proche du village 2,43%
Arrivée de l'électricité 1,21%
Arrivée du téléphone portable 3,65%
La baisse de la fertilité des sols est aujourd’hui perçue comme une des principales
contraintes des agriculteurs : elle entraine la baisse des rendements agricoles et l’utilisation
abusive des engrais minéraux. La baisse de la pluviométrie perturbe les calendriers agricoles
des agriculteurs. L’augmentation de la population accroît la pression sur les terres ce qui
conduit au morcellement des champs, à la disparition progressive de la brousse, de certaines
essences végétales et des animaux sauvages. Toutes les EA enquêtées subissent le
renchérissement des engrais et des intrants agricoles. Les agriculteurs enquêtés ont aussi parlé
des changements positifs dans leurs exploitations, avec par ordre d’importance : l’intervention
des services d’appui conseil à l’exploitation (ANADER, sociétés cotonnières) à travers leurs
conseillers agricoles, le développement des organisations paysannes, l’arrivée du téléphone
portable, le reprofilage des routes proches des villages et l’arrivée de l’électricité à Moroviné
en Juillet 2013.
Entre les villages les assolements diffèrent mais la part du coton est proche de la moitié
des superficies cultivées (Tableau 19).
42
Tableau 15 : Assolement moyen des EA enquêtées à Moroviné et Tiébila
Riz Riz
Arachide Coton Maïs Niébé Patate Voandzou
irrigué pluvial
Ensemble
100% 9% 48% 26% 1% 1% 5% 11% 1%
EA
Moroviné 100% 19% 23,47% 32% 0 1% 20% 5% 1%
Tiébila 100% 6% 56% 24% 1% 1% 0% 13% 0%
Dans le village de Tiébila, la part du coton dans l’assolement est supérieure à 50%. La
terre n’étant pas un obstacle à l’extension des surfaces cultivées, la priorité est accordée à la
culture de coton qui produit bien sur les sols des nouvelles défriches. La zone de M’Bengue
dont fait partie Tiébila bénéficie aussi de sa position de zone à forte transhumance des
animaux venant du Mali et du Burkina Faso. Il est facile pour les agriculteurs d’acquérir des
bovins qu’ils peuvent dresser pour la traction animale. La culture des céréales (maïs et riz
pluvial), vient après le coton pour couvrir les besoins alimentaires de la famille, et parce
qu’elles répondent bien à la fumure minérale que les agriculteurs obtiennent grâce au coton.
L’arachide vient ensuite dans l’assolement pour l’autoconsommation, mais aussi la vente. A
Moroviné à cause de la forte pression sur les terres, les producteurs préfèrent cultiver le maïs
(plus de 31%) pour l’alimentation et dont le surplus peut être vendu. Le coton représente
23,47% car la priorité est mise sur les cultures vivrières marchandes qui sont en même temps
consommables et commercialisables sur les marchés de Korhogo qui sont proches. Les parts
de l’arachide et du riz irrigué sont relativement élevées par rapport à Tiébila, en raison des
nombreuses plaines inondables favorables à la riziculture et au fait que l’arachide est une
culture moins exigeante en éléments minéraux du sol. Le riz pluvial est moins cultivé (4,89%)
par rapport à Tiébila qui jouit d’un sol plus riche et mieux arrosé que Moroviné. Pour les
autres cultures la situation est identique dans les deux villages mais avec le voandzou à la
place du niébé dans les exploitations enquêtées à Moroviné.
43
Tableau 16: Gestion des animaux d’élevage dans les exploitations des villages enquêtées
Village Espèces effectif ∑ Naissance ∑ Mort_Pertes
Bovins d'élevage 161 24 3
Caprins 113 54 6
MOROVINE Ovins 72 26 6
Porcins 189 106 58
Poules 330 nd 32
Bovins d'élevage 203 55 7
Caprins 57 34 14
TIEBILA Ovins 17 8 0
Porcins 35 15 9
Poules 284 nd 10
Les naissances de bovins sont supérieures dans les exploitations à Tiébila par rapport à
Moroviné. Les petits ruminants sont en nombre important dans les exploitations de Moroviné
de même que les porcins et les poules. La mortalité est en générale faible pour les bovins qui
sont suivi par des vétérinaires privés et publiques. Les vaccins sont souvent faits par les
cabinets vétérinaires agréés mais aussi par les agents des sociétés cotonnières pour les bœufs
de trait. Les traitements spontanés, détiquages, déparasitages internes et externes étant
généralement réalisés par les bouviers Peulhs ou les propriétaires eux-mêmes. La mortalité est
élevée pour les petits ruminants (oestroses, diarrhées, trypanosomoses, cowdrioses etc.) et les
poules (surtout la maladie de Newcastle) et très élevée pour les porcins (empoisonnement,
coup et blessures, gastro-entérites, peste porcine africaine).
Les rendements moyens des cultures dans les exploitations enquêtées est supérieure à
une (1) tonne à l’hectare sauf le rendement cotonnier à Moroviné (Tableau 21).
Tableau 17: Rendement moyen en kg/ha des principales cultures des EA enquêtées à
Morovine et Tiébila
Arachide Coton Maïs Niébé Patate Riz Riz Voandzou
irrigué pluvial
Moyenne 1 345 1 135 1 256 1 600 1 660 1 366 1 229 2 000
Moroviné 1 490 915 1 220 0 2 000 1 366 1 320 2 000
Tiebila 1 201 1 355 1 293 1 600 1 320 0 1 138 0
Les rendements moyens observés sont faibles mais ne sont pas stables d’un village à
l’autre, à l’intérieur des villages et même au sein d’une même exploitation à cause de la
diversité des itinéraires techniques et des conditions de travail dans les différents champs. Les
rendements les plus élevés des céréales sont obtenus avec le maïs et le riz pluvial mais varient
44
fortement d’une parcelle à l’autre (200 à 3000 kg/ hectare). Les rendements de riz irrigué sont
moins élevés que pour les précédentes cultures citées mais aussi très variables d’une parcelle
à l’autre (500 à 2500 kg/ hectare). Les rendements des légumineuses à graines sont plus
élevés pour l’arachide mais variables (200 à 3000 kg/ hectare). Les autres légumineuses
(niébé et voandzou) étant peu cultivées dans les exploitations enquêtées, les rendements
obtenus pourraient ne pas être significatifs tout comme dans le cas des patates. Pour le coton,
les rendements varient de 400 à 2500 kg/ hectare. Ils sont plus faibles à Moroviné qu’à
Tiébila. Cela pourrait s’expliquer par des insuffisances dans les itinéraires techniques
(organisation paysanne moins efficace à Moroviné), et une fertilité des sols plus faible à cause
de la culture continue sur les mêmes parcelles ne permettant pas la régénération des sols.
Une bonne partie des productions obtenues des champs est utilisée pour la
consommation familiale (Tableau 22), mais la majorité des cultures vivrières sont aujourd’hui
des cultures marchandes, avec l’augmentation de la demande urbaine pour ces produits
agricoles.
Les céréales les plus autoconsommées sont par ordre d’importance : le riz pluvial, le riz
irrigué et le maïs. 32,5% en moyenne de l’arachide produite est autoconsommée, de même
qu’une grande partie du niébé. Le coton est entièrement vendu (Tableau 23). Les exploitations
diversifient leurs sources de revenus en vendant une partie des cultures vivrières.
Le maïs est la céréale la plus commercialisée, le riz pluvial et le riz irrigué étant
produits essentiellement pour la consommation familiale. Ces derniers n’échappent pas à la
commercialisation lorsque les conditions financières de l’exploitation deviennent difficiles
45
(maladies, funérailles, urgences etc.). Dans l’ensemble les céréales sont plus commercialisées
à Moroviné car le village est proche des marchés urbains. Ces cultures sont donc une source
importante de diversification des revenus pour les exploitations agricoles qui sont alors moins
dépendantes de la culture du coton. Les légumineuses sont également bien commercialisées.
En moyenne plus du tiers de l’arachide récolté dans les villages est vendu. Les cultures
maraîchères sont peu cultivées dans les villages d’étude : moins de 15% des EA (Tableau 24).
La tomate est la plus cultivée suivie du piment, puis dans une moindre mesure l’oignon
et l’aubergine. Les nombreux bas-fonds surtout à Moroviné sont favorables à la culture
maraîchère. Le gombo est également produit. Ces cultures potagères sont très bien vendues
dans les marchés de gros et en détail à Korhogo. Les superficies cultivées varient de 0,25 à
1 hectare par exploitation agricole.
46
tête de file des rotations, ensuite le riz pluvial ou irrigué. L’arachide moins exigeante est
cultivée en fin de rotation.
L’élevage contribue très peu à la valeur monétaire dans les exploitations enquêtées
(Tableau 26). Les animaux sont généralement élevés pour le prestige et rarement vendus sauf
en cas de force majeure (maladie, funérailles etc.).
Tableau 22 : Taux des ventes des produits agricoles dans les EA enquêtées à Moroviné et
Tiébila
Moyenne Vente produits Vente animaux Vente produits Autres
agricoles animaux
Tiébila+Moroviné 85% 8,7% 0,0185% 6,15%
Tiébila 87,4% 6,4% 0,037% 6%
Moroviné 82,6% 11,0% 0% 6,3%
Les bovins d’élevage à Tiébila, les porcs à Moroviné contribuent le plus aux revenus de
la vente des animaux mais aussi les caprins, les ovins et les poules.
Les dépenses dans les exploitations enquêtées sont liées en grande partie à l’achat des
engrais (NPK, urée), des herbicides et des insecticides etc. (Tableau 27).
Il n’y a aucune planification des naissances des animaux d’élevage par les exploitants.
Les exploitations utilisent faiblement les résidus de récoltes pour l’alimentation des animaux.
La complémentation des animaux est faite par les graines de coton, le son de maïs ou de riz.
47
Cette complémentation généralement réalisée en saison sèche, reste insuffisante. Les animaux
de trait sont les premiers bénéficiaires de ces apports extérieurs. La main d’œuvre dans les
exploitations enquêtées est principalement utilisée pour l’entretien des cultures et les récoltes
mais aussi pour le gardiennage des bœufs d’élevage.
Les échanges entre élevage et agriculture sont très faibles, hormis l’utilisation des
animaux pour la traction animale (préparation du sol et entretien des cultures, transport).
Les travaux de labour, de sarclage, de buttage, etc. sont réalisés par la traction animale.
Le transport des récoltes est assuré en grande partie par la traction bovine et dans une moindre
mesure par la traction asine dont l’extension est limitée par la trypanosomose. La vente des
animaux et des produits animaux contribuent à la formation de revenus de l’exploitation
agricole. Il existe dans la région de nombreux barrages aménageables pour les activités
agricoles et pastorales permettant de réduire les agglomérations animales autour des points
d’eau qui sont sources de conflit entre agriculteur et éleveur en saison sèche. De plus la région
de Korhogo représente un réservoir important en bétail qui constitue les 2/3 du potentiel
national.
Les couloirs de transhumance sont occupés par les champs. Les barrages hydro
agricoles et pastoraux mis en place par la SODEPRA sont tous en ruines. L’espace devient de
plus en plus restreint du fait de la pression sur les ressources naturelles, ce qui se traduit par
des relations de concurrences et des conflits entre les éleveurs et les agriculteurs.
La diversité des structures et des pratiques des EA rend complexe l’analyse des
systèmes de production et la compréhension des stratégies paysannes. Leur regroupement en
des classes relativement homogènes aide à comprendre cette diversité.
Les résultats de l’ACM et de la CAH ont permis de distinguer 5 types d’EA allant des
petites EA à de très grandes EA en termes de superficies cultivées (Tableau 28). Les 82 EA
48
ont été projetées sur un plan factoriel F1 et F2. Le plan factoriel F1 et F2 résume 72,14% de la
variabilité avec des valeurs propres des axes F1 (54,59%) et F2 (17,55%) (Figure 11).
Légende : TA : traction animale, riz I : riz irrigué, riz P : riz pluvial, S C: surface cultivée, nb UBT : nombre
d’unité bovin tropicale, pers : personne, val. Mat. agri : valeur du matériel agricole, BE : bovin d’élevage, S
Arach : surface arachide, BT : bovin de trait
Cinq types d’EA (représentés par la lettre C) ont été distingués allant des petites EA
(C2) à de très grandes EA (C5). La coupure du dendrogramme s’est réalisée au niveau de
l’agrégation correspondant à l’indice 7 pour espérer une partition de bonne qualité (Figure
10).
49
C5 C2 C4 C3 C1
7
50
Les petites exploitations (C2) représentent 37,80% des EA enquêtées. Elles sont
caractérisées par des champs de petites tailles et des surfaces cultivées réduites. Cette classe
regroupe des EA faiblement équipées en TA. Ces EA ne possèdent pas pour la plupart des
bœufs de trait ou les ont perdus pour des causes de mortalités. Le travail du sol est réalisé par
la TA en ayant recours aux prestations de service. Les EA utilisent presqu’exclusivement les
engrais minéraux, ne disposant pas d’infrastructures de fabrication de la fumure organique
(FO). C’est une classe principalement agricole. La priorité est mise sur la production de
céréales, surtout le maïs, le riz irrigué et l’arachide, pour l’alimentation de la famille. La
fumure des ordures ménagères et des fosses à compost sont faiblement utilisées. La vente des
animaux se fait en général en période de disette. Ces EA sont représentées en majorité à
Moroviné (plus de 90%). Les animaux d’élevage sont constitués par les porcins et les petits
ruminants. Ces EA dégagent le plus faible revenu de tous les types. Ce revenu provient
essentiellement du coton, et des cultures vivrières marchandes, dont 2/3 de la production est
vendue.
F2 (17,55%)
F1 (54,59%)
Figure 11. Représentation des EA enquêtées selon leur structure sur les axes F1 et F2
Les exploitations moyennes (C3) rassemblent 20,73% des EA enquêtées : dont plus de
88% sont à Tiébila. Ce sont des EA principalement agricoles. La moyenne des superficies
cultivées est supérieure 8 hectares et le nombre d’UBT est inférieur à 4 têtes. La population
moyenne avoisine sept personnes par EA. Ces EA sont relativement équipées en matériel de
51
traction animale mais ne possèdent ni de fosse pour fabriquer la FO. La balance des cultures
est en faveur du coton, les productions vivrières marchandes (maïs, riz pluvial) étant
essentiellement destinées à l’autoconsommation.
52
revenus agricoles des EA. Ces EA utilisent une importante main d’œuvre familiale, en
moyenne plus de 21 personnes. Trois EA dans ce type sont dotées de moyens modernes de
labours et de transport (tracteurs, remorques) d’autres détiennent plusieurs paires de bœuf de
trait (2 à 4 paires) d’où les très grandes surfaces cultivées. Cependant ces EA produisent peu
de FO. La plupart utilisent la poudrette de leur parc pour fertiliser les champs et en priorité les
parcelles de coton. Leurs revenus sont les plus élevés de tous les types. Ils proviennent
essentiellement de la vente des produits végétaux : coton, et produits vivriers.
Cinq types d’EA ont été identifiés et se distinguent bien par l’apport de la FO pour la
fertilisation des champs par rapport au coton, au maïs et aux autres cultures (Tableau 29).
Tableau 25 : Classification fonctionnelle des exploitations enquêtées
Type A Type B Type C Type D Type E
Coton+++/ Coton+++/ Coton++/ Coton/Maïs Elevage/
Spéculation
Maïs++ Maïs++ Maïs++ Maïs
FO Coton FO Maïs FO Coton (Maïs) Peu de FO
FO
(Coton)
NPK Coton++/ NPK Maïs+ NPK NPK Coton++/ NPK Maïs
NPK
Maïs+/Riz P++ Coton+/Maïs+ Maïs+/Riz P++
Nombre 14 17 12 32 7
Moyenne des variables
FO_Cot (kg/EA) 1 893 500 1 063 47 0
FO_maïs (kg/EA) 0 1 059 104 180 2 429
FO_riz_I (kg/EA) 0 0 0 0 143
FO_riz_P (kg/EA) 0 0 0 8 0
NPK_Cot (kg/ha) 204 32 175 175 0
NPK_maïs (kg/ha) 125 100 75 130 186
NPK_riz_I (kg/ha) 0 68 38 0 50
NPK_riz_P (kg/ha) 111 0 4 82 43
Qte_FO_Tot (kg/EA) 4 221 3 318 1 700 1 069 12 171
qte_rdc_tot (kg/EA) 71 0 0 47 0
S tot (ha/EA) 13 13,5 10 7 11
S coton (ha/EA) 6,7 6,7 4,9 2,9 0,0
S maïs (ha/EA) 3,2 3,1 2,7 2,2 2,3
Rdmt coton (kg/ha) 1541 1 111 1 177 1 317 0
Rdmt maïs (kg/ha) 1 351 1 198 1 138 1 325 1 488
Nb UBT 14 13 9 6 41
Revenus (Fcfa/EA) 2 848 486 689 100 640 281 1 086 686 793 071
Rev P V (Fcfa/EA) 2 530 272 321 355 602 069 828 257 319 357
Rev P A (Fcfa/EA) 111 071 361 647 38 212 80 303 188 000
53
Légende : qte : quantité, rdc : résidus de culture, S : surface, tot : total, FO : fumure organique, cot : coton, NPK :
azote phosphore Potassium, I : irrigué, P : pluvial, +++ : beaucoup, ++ : moyen, + : faible, Rdmt : rendement, Nb
UBT : nombre d’unité bétail tropical, EA ; exploitation agropastorale, PV : production végétale, PA : production
animale, rev : revenus
A B C D E
54
cultures de base de ces EA avec des surfaces coton plus élevées. Le revenu est moyen dans ce
système. Malgré les surfaces cultivées relativement grandes, les rendements coton sont faibles
comparés aux autres systèmes. Cependant la part de l’élevage est très significative, car elle
contribue à plus de la moitié des revenus.
Le système élevage/maїs (NPK) (type E) rassemble les EA qui ont pour culture
principale, le maïs. Une grande utilisation de la FO sur maïs, et une très grande quantité de
FO produite (de 3 à 6 fois plus que les autres types). Le NPK est peu utilisé. Ce sont en
général des EA dépourvues en outils de traction animale. Ce type regroupe 8,53% des EA
enquêtées dont 88% sont rencontrées à Moroviné et 12% à Tiébila. La particularité de ce type
est qu’il intègre les éleveurs Peulhs installés dans les villages et disposant de petites parcelles
pour la culture de maïs. Le revenu moyen de ce système est assez bon avec la seule culture de
maïs dont le rendement moyen à l’hectare est plus élevé que dans les autres systèmes.
55
Tableau 26 : Tableau croisé des typologies de structure et de fonctionnement des 82 EA
enquêtées à Moroviné et Tiébila
Pratiques
Structure Type A Type B Type C Type D Type E Total général
Coton+++/Maïs
Coton+++/Maïs++ Coton++/Maïs++ Coton/Maïs Elevage/Maïs
++
FO Coton FO Maïs (Coton) FO Coton (Maïs) Peu de FO
NPK NPK
NPK
Coton++/Maïs+/ NPK Maïs+ Coton++/Maï NPK Maïs
Coton+/Maïs+
RizP++ s+/RizP++
Moyenne exploitation
de polyculture –
élevage, orientée vers :
C1 coton, maïs, arachide, 3 1 4 3 4 15
riz I avec bovins
d’élevage, bien
équipées en TA
Petite exploitation,
principalement
agricole, orientée
C2 vers : maїs, riz I, 0 10 5 4 12 31
arachide, porcins et
petit ruminants, non
équipés en TA
Moyenne exploitation,
principalement
C3 agricole, orientée 4 9 3 0 1 17
vers : coton, maïs, riz
P, équipées en TA
Grande exploitation,
principalement
agricole, orientée vers
C4 coton, maïs, riz P, bien 2 8 0 0 0 10
équipées en TA
(élevage réduit à la
TA)
Très grande
exploitation de
polyculture-élevage,
motorisées, orientées
C5 vers : coton, maїs, riz 5 4 0 0 0 9
P, avec bovin
d’élevage, bien
équipées en TA
Total général 14 32 12 7 17 82
56
CHAPITRE IV : DISCUSSION
4 DISCUSSION DES PRINCIPAUX RESULTATS
La structure et le fonctionnement des EA sont très variables dans les deux villages
d’étude, mais les EA restent très influencées par la culture de coton et du maïs dans les deux
zones agro-écologiques concernées. La situation agropastorale dans la région de Korhogo est
dans une forte dynamique avec une intégration progressive dans les activités agricoles des
produits animaux et vice versa. La FO est peu utilisée et les travaux du sol sont réalisés par la
traction animale. Les animaux reçoivent de plus en plus des résidus de culture. En s'occupant
de leurs animaux (bœufs) de trait, les agriculteurs ont acquis des savoirs d'éleveurs (Dugué et
Vall, 2006).
La région de Korhogo a été sujette à des mouvements migratoires importants ces dix
dernières années à la faveur de la crise ivoirienne de 2002 à 2011, et aussi à une augmentation
de la population autochtone. Cela a entrainé une modification du zonage agropastoral décrit
par les études antérieures (Demont et al., 1999 et Le Guen, 2004).
La zone igname est aussi devenue la nouvelle destination des éleveurs, car se trouvant à
la lisière de la zone pré-forestière, elle bénéficie des parcours mieux pourvus que les autres
zones de la région. Face à ces mutations la différentiation des zones par rapport aux cultures
(coton-maïs) et igname ne semble plus d’actualité vu que l’anacarde et les manguiers se sont
développés avec d’autres activités non agricoles qui émergent.
57
Les changements négatifs dans le domaine agraire dans la région de Korhogo sont
principalement la baisse de la fertilité des sols, l’augmentation drastique de la population.
Ceci est observable dans toutes les régions ouest Africaines et du Sahel (Zoundi et al., 2006).
58
assiste au départ des grands éleveurs vers le sud, en direction de la zone igname mieux
pourvue en fourrages naturels. Dans l’ensemble, les conflits persistent entre agriculteurs et
éleveurs. L’activité la plus récurrente de la Direction Régionale de l’Agriculture du nord reste
le constat de dégâts de cultures dont la plupart sont le fait des bovins. Cela montre bien que
les conflits entre agriculteurs et éleveurs demeurent un problème sérieux dans la région
(Minagri, 2012). Cependant, des relations d’échanges (troc de fumure, gardiennage, échange
d’attelages, etc.) naissent entre ces communautés. En effet, certains éleveurs peulhs, ayant fait
le choix de se sédentariser, facilitent la cohabitation en se spécialisant plus dans le
gardiennage des animaux. En somme, l’intégration agriculture élevage au sein des EA par des
pratiques de complémentarité entre les cultures et les troupeaux semble amorcée.
Tous les producteurs (100 %) utilisent la traction animale. Pour les cultures de coton et
de maïs à Tiébila, toutes les opérations culturales exceptées les récoltes sont plus ou moins
mécanisées. Cette situation est identique au Sénégal (Havard, 1997), au sud Mali et à celle des
sites de Koumbia et Gombèlèdougou à l’ouest du Burkina Faso où la traction animale gagne
du terrain (Lhoste et al., 2010). L’utilisation du semoir en traction animale pour les opérations
de semis est devenue systématique à Tiébila, ce qui n’est pas le cas à Moroviné. Les EA de
Tiébila possèdent à 92,85 % au moins un bœuf de trait comme à Koumbia au Burkina Faso
(Lhoste et al., 2010). Par contre moins de la moitié (27,5 %) des EA en sont dotées à
Moroviné.
59
bovins mais dont les déjections animales sont faiblement valorisées à cause des pertes dues à
la transhumance (Lhoste et al., 2013). Les doses appliquées dans les exploitations (inférieure
à 1 tonne/ha) sont en deçà de celle recommandée par Berger (1996), soit environ 2 tonnes de
fumier à 30 % de matière organique par hectare et par an. Cependant leurs épandages
minimisent néanmoins les doses d’engrais chimiques épandues.
Les résidus de cultures ne sont plus totalement laissés au champ au compte de la vaine
pâture; la technique de collecte et de stockage de fourrage se développe dans certaines EA de
Tiébila Les fanes d’arachide, les pailles de riz, les tiges de maïs et, les tiges de coton, sont
utilisées pour l’alimentation des animaux de trait pendant la saison sèche comme au sud Mali
et à l’ouest du Burkina faso (Lhoste et al., 2013). Les cultures fourragères sont rares dans la
région ; les animaux sont alimentés principalement sur les parcours naturels pourtant mieux
pourvus que dans les situations du Mali et du Burkina Faso où la rareté des ressources
contraint les éleveurs à pratiquer la transhumance.
60
CONCLUSION
Les trois zones agro-écologiques de la région de Korhogo (zone dense, zone igname et
zone coton-maïs-élevage) ont subi les effets de la croissance démographique et des
migrations, du développement de nouvelles productions (anacarde, mangue, maraîchage, etc.),
et de nouvelles activités (orpaillage, etc.).
Cette étude met en évidence une forte diversité des EA (cinq types structurels et cinq
types fonctionnels) dans les villages des deux zones, mais leur développement est aujourd’hui
fortement contraint par la saturation croissante de l’espace qui est plus perceptible en zone
dense qu’en zone coton-maïs-élevage. Cette diversité s’exprime d’abord sur la structure des
EA au-travers d’une forte variabilité des superficies cultivées particulièrement du coton et du
maïs, et des combinaisons variées entre l’agriculture, l’élevage, et d’autres activités. Elle
s’exprime aussi dans le fonctionnement des EA, marqué par une association (intégration)
croissante entre l’agriculture et l’élevage, matérialisée par une combinaison moindre de
fumure organique à plus de fumure minérale en zone coton-mais-élevage (Tiébila) à cause des
possibilités de jachères et d’une part importante de fumure organique combinée à la fumure
minérale en zone dense (Moroviné), une part variable des productions végétales et des
productions animales dans les revenus, le recours généralisé à l’utilisation de la traction
animale, la valorisation des résidus de récolte dans certaines situations.
Bien que les relations agriculture-élevage se soient développées dans la majorité des
EA, elles restent encore perfectibles comparativement à ce que l’on observe au Mali-Sud et à
l’Ouest du Burkina Faso.
61
RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
Cette étude est un état des lieux des systèmes productifs qui montrent de nombreuses
similitudes avec ce qui se passe dans les zones cotonnières de l’Ouest Burkina et du Sud Mali.
Ceci doit favoriser une plus grande synergie entre les activités de recherche menées dans ces
différentes situations, en particulier en ce qui concerne les propositions d’options
d’intensification en milieu paysan et la modélisation des systèmes de production.
62
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67
Annexe 1 : fiche d’enquête d’exploitation
Titre du Projet: INTENSIFICATION DURABLE
Enquête Exploitation
ATTENTION : LES REPONSES DOIVENT ETRE PORTEES DANS LES CASES GRISEES
SECTION 0: RENSEIGNMENTS GENERAUX
S00Q00 NUMERO QUESTIONNAIRE:
S00Q01 ENQUETEUR:
S00Q02 SUPERVISEUR:
S00Q03 DATE DE L’ENQUETE:
S00Q04 CONTROLEUR DE SAISIE:
S00Q05 AGENT DE SAISIE:
S00Q06 DATE DE SAISIE:
SECTION I. CARACTERISTIQUES GENERALES ET STRUCTURELLES DE L’EXPLOITATION
1: GENERALITES
S11Q01 Identité du chef d’exploitation: NOM : Prénom :
S11Q02 Sexe: 1=Masculin ; 2= Féminin
S11Q03 Age (en années révolues) ans
S11Q04 Niveau d’instruction: 1=Aucun; 2=Primaire ; 3=Secondaire ; 4=Supérieur ; 5=Ecole coranique ;
6=Alphabétisation fonctionnelle ; 7=Autre (préciser)
S11Q05 Situation matrimoniale: 1=Marié(e) ; 2=Célibataire ; 3=Divorcé(e) ; 4=Veuf (ve)
S11Q06 Religion: 1=Chrétien ; 2=Musulman ; 3=Aucune ; 4=Autres (préciser)
S11Q07 Origine : 1=Autochtone ; 2=Allochtone
S11Q08 Année d’installation au village :
S11Q09 Zone géographique: 1= nord soudanienne ; 3 = Sud soudanien
S11Q10 Pays: 6 = Cote Ivoire
S11Q11 Village :
S11Q12 Niveau N+1 : Commune
S11Q13 Niveau N+2 : Sous-préfecture:
2 : MEMBRES ET MAIN D’ŒUVRE DE L’EXPLOITATION
S12Q01 Combien de membres permanents compte votre ménage par sexe et pour les groupes d’âges suivants?
Groupe d’âges 0-6 ans 7-14 ans 15-20 ans 21-50 ans Plus de 50 ans
Féminin
Masculin
S12Q02 L’exploitation utilise-t-elle de la main d’œuvre salariée ? 1=oui ; 2=non
S12Q03 Si oui complétez le tableau ci-dessous : mettre le nombre
Type de salariés Agriculture Elevage Autres :
Salariés permanents
Salariés saisonniers
Salariés journaliers
Salariés à la tâche
3 : CARACTERISATION DU FONCIER DE L’EXPLOITATION
S1 Pouvez-vous renseigner le tableau ci-dessous relatif au foncier de votre exploitation ?
3Q01 Champs Surface (ha) 1=Propriété Distance de la Localisation
2=Location maison (km) 1=bas-fond ; 2=plaine ; 3=colline
1
2
3
4
5
6
S13Q02 Les femmes de l’exploitation ont-elles des champs qu’elles cultivent ? 1=oui ; 2=non
xv
S13Q03 Si Oui, quelle surface ? ha
4 : CARACTERISATION DU MATERIEL ET DES BATIMENTS AGRICOLE
S14Q01 Quels sont les matériels agricoles que vous utilisez ? Indiquez le nombre dans le tableau
Type Nombre Type Nombre
Charrues Bicyclettes
Semoirs Vélomoteurs
Corps sarcleurs Décortiqueuses
Corps butteur Motopompes
Multiculteurs Etable en bois/banco
Herses Etable en ciment
Tombereaux Hangar à fourrages en bois/banco
Charrettes Fenil amélioré
Calèches Parc à bétail en bois
Remorques Parc à bétail en dur
Tracteurs Fosse fumier et compost non cimentée
Motoculteurs Fosse à fumier et compost cimentée
Automobiles Autre (préciser)
5 : CARACTERISATION DES CHANGEMENTS AYANT TOUCHE L’EXPLOITATION
S15Q01 Parmi les changements cités ci-après, quels sont ceux qui ont affectés négativement votre exploitation ? Cocher les cases
correspondantes aux réponses
Baisse de la pluviométrie et changement climatique
Baisse de la fertilité des sols
Disparition de la brousse et des animaux sauvages
Morcellement des champs
Augmentation de la population du village
Augmentation du prix des engrais et des intrants
Autre (préciser) :
S14Q02 Parmi les changements cités ci-après, quels sont ceux qui ont améliorés vos conditions de production ? Cocher les cases
correspondantes aux réponses
Des organisations paysannes plus efficaces
La mise en place des communes rurales
La construction d’une route proche du village
L’arrivée de l’électricité au village
L’arrivée du téléphone portable au village
L’installation de services financiers
L’intervention de services d’appui conseil à l’exploitation
Autre (préciser) :
SECTION II. CARACTERISATION DU SYSTEME DE CULTURE
Tableau intermédiaire sur les parcelles et les cultures associées
N°Parcelle Surface Cultures Production 2012 Part auto Part vendue Part en réserve Réserve
cultivée (kg) Consommée (kg) (kg) alimentaire (kg) semence
2012 (ha) (kg)
1
1
Autres :
xvi
1 : ASSOLEMENT, PRODUCTION ET DEVENIR DE LA PRODUCTION AGRICOLE
S21Q01 Pourriez-vous nous donner les informations suivantes relatives à vos principales cultures?
Cultures Surface Production Part auto Part vendue Part en réserve Réserve
cultivée en 2012 (kg) Consommée (kg) alimentaire (kg) semence
2012 (ha) (kg) (kg)
Coton
Maïs
Sorgho rge
Sorgho blc
Mil
Arachide
Niébé
Soja
Riz pluvial
Riz irrigué
Sésame
Fonio
Voandzou
Igname
Patate
Oseille
Manioc
Cult. fourragères
Autres :
xvii
4 : ITINERAIRE CULTURAL
S24Q01 Pour les 7 cultures principales de votre exploitation (cf tableau S21Q01), pouvez-vous compléter le tableau suivant ?
Culture ou association 1 2 3 4 5 6 7
Nom culture/association
Apport de fumure organique
1=oui ; 2=non
Quantité de FO/ha (tonnes)
Travail du sol
1=Manuelle ; 2=Culture attelée ;
3=Culture motorisée ; 4=Zaï
Période de semis (mois)
Semences
1=paysanne ; 2=améliorée
Semis : 1=Semis manuel ;
2=Semis mécanique
Dose de semence (kg/ha)
Dose NPK appliquée (kg/ha)
Dose Urée appliquée (kg/ha)
Désherbage
1=manuel ; 2=mécanique ; 3=les
deux
Herbicides totaux
1=oui ; 2=non
Herbicides sélectifs
1=oui ; 2=non
Insecticides
1=oui ; 2=non
Buttage
1=oui ; 2=non
Période de récolte (mois)
Rendement grain en 2011 (kg/ha)
5 : CONTRAINTES ET PROBLEMES DE LA PRODUCTION AGRICOLE
S25Q01 Quelles sont les contraintes et problèmes de production agricole que vous rencontrez actuellement? Cochez les cases
correspondantes à votre réponse
Dégradation de la fertilité de sols
Conditions climatiques défavorables
Manque d’intrants agricoles
Manques de terres disponibles
Maladies des cultures
Destruction des cultures par les animaux domestiques / sauvages
Eloignement des champs
Manque d’encadrement et d’informations
Manque d’accès au crédit agricole
Cout élevé des intrants agricoles (engrais, herbicides, fongicides…)
Enclavement (pas de route) et manque de moyens de transport
Manque de débouchés
Prix bas des produits agricoles
Manque de main d’œuvre
15=Autres (préciser) :
xviii
SECTION III. CARACTERISATION DU SYSTEME D’ELEVAGE
1 : CHEPTEL MOYEN SUR UNE ANNEE (ANNEE DE REFERENCE = 2012)
S31Q01 Quelle était la composition moyenne de votre cheptel d’animaux herbivores en 2011?
Espèces Total Males Femelles
<1 [1-5] [6-10] >10 <1 [1-5] [6-10] >10
Bovins de trait
Bovins d’élevage
Ovins
Caprins
Equins
Asins
Camelins
S31Q02 Combien d’animaux aviez-vous en moyenne en 2012 pour les espèces suivantes?
Espèces Porcins Poules Dindons Pintades Lapins Autres
préciser
Nombre
2 : GESTION DU TROUPEAU EN 2012 (BILAN SUR UNE ANNEE)
S32Q01 Pourriez-vous nous donner les informations suivantes relatives la gestion du troupeau?
Espèces Nombre de Nombre de Nombre Nombre de Nb. Animaux
Naissances Ventes d’Achats Morts et Pertes Autoconsommés
Bovins de trait
Bovins d’élevage
Ovins
Caprins
Equins
Asins
Camelins
Porcins
Poules
Dindons
Pintades
Lapins
Autres
3 : TRANSHUMANCE et CONFIAGE
S33Q01 Pratiquez-vous la transhumance ? 1=oui ; 2=non
S33Q02 Mois de départ :
S33Q03 Mois de retour :
S33Q05 Prenez vous des bovins en confiage ? 1=oui ; 2=non
S33Q06 Si Oui, précisez combien :
S33Q07 Donnez-vous des bovins en confiage ? 1=oui ; 2=non
S33Q08 Si Oui, précisez combien :
xix
4 : ALIMENTATION DES RUMINANTS
S34Q01 Quelles sont les types de pâturages exploités en fonction des périodes de l’année ? 1=oui ; 2=non
Période Collines Plaines Bas-fond Champs (résidus de culture)
Saison des pluies
Saison sèche
S34Q02 Stockez-vous les résidus de culture pour alimenter vos animaux? 1=Oui ; 2=Non
S34Q03 Pouvez-vous nous donner une estimation des quantités de résidus stockés en 2012 à partir de vos champs ? et des quantités
achetées sur le marché ?
Types de résidus Quantité stockée (kg) Quantité achetée (kg)
Les tiges de céréales de saison de pluie
Les fanes de légumineuses
Les restes de battage
Autres à précise :
S34Q04 Quels sont les animaux qui reçoivent des résidus de culture en priorité ? 1=oui ; 2=non
Vaches allaitantes Veaux Animaux affaiblis Animaux de trait Animaux destinés à la vente Autre (préciser) :
S34Q05 Vous arrive-il d’acheter des aliments pour vos animaux ? 1=Oui ; 2=Non
S34Q06 Si Oui, Quels aliments ? Indiquez les quantités achetées en 2012 (en nombre de sacs)
Tourteau coton Coque coton Son Autre :
S34Q07 Quels sont les animaux qui reçoivent des aliments en priorité ? cochez les cases correspondantes à votre réponse
Vaches allaitantes Veaux Animaux affaiblis Animaux de trait Animaux destinés à la vente Autre (préciser) :
xx
7 : PRODUCTION LAITIERE
S37Q01 Êtes-vous producteur de lait? 1=Oui; 2=Non ; si Oui, complétez le tableau ci-après
S37Q02 Si Oui complétez le tableau suivant :
Saison Nombre de vaches Quantité de lait Quantité de lait Prix moyen du litre
traites produite/vache/jour vendu/jour de lait (FCFA)
Saison des pluies
Saison sèche
8 : ACTIVITE D’EMBOUCHE
S38Q01 Pratiquez-vous l’embouche de bovins ? 1=oui ; 2=non
S38Q02 Si oui, combien de bovins en 2012 :
S38Q03 Pratiquez-vous l’embouche d’ovins et/ou caprins ? 1=oui ; 2=non
S38Q04 Si oui, combien de d’ovins et/ou caprins en 2012 :
9 : CONTRAINTES MAJEURES DE L’ELEVAGE
S39Q01 Quelles sont les contraintes majeures de l’élevage que vous rencontrez actuellement? Cochez les cases correspondantes à votre
réponse
Dégradation des pâturages
Insuffisance quantitative et qualitative des fourrages
Installation des cultures sur les zones de pâturages
Difficultés de l’accès à l’eau à certaines saisons
Difficultés d’accès aux soins vétérinaires et maladies
Manque d’encadrement et d’informations
Manque d’accès au crédit agricole
Cout élevé des intrants d’élevage
Enclavement (pas de route) et manque de moyen de transport
Manque de débouchés
Bas prix des animaux
Manque d’infrastructures de transformations et de commercialisation des produits animaux
Autres (préciser).
SECTION IV. PRODUCTION ET UTILISATION DE LA FUMURE ORGANIQUE
1 : PRODUCTION DE FUMURE ORGANIQUE
S41Q01 Produisez-vous de la fumure organique? 1=oui ; 2=non
S41Q02 Comment produisez-vous vos fumures organiques ?
Inventaires des lieux de Ordures Fumier Fumier Compost Compost Parc à Parc à
production de fumure organique ménagèr (tas ou (tas ou (tas ou (tas ou bétail bétail
sur l’exploitation es fosse 1) fosse 2) fosse 1) fosse 2) (parc (parc2)
1)
existence du lieu : 1=oui ; 2=non
Localisation 1=Maison ;
2=champ
Infrastructures 1=tas ; 2=fosse
Construction : 1=aucune ;
2=banco ; 3=ciment ; 4=bois
Apport de résidus végétaux
1=oui ; 2=non
Si oui lesquels : 1=paille maïs ;
2=paille sorgho ou mil ; 3=paille
riz ; 4=tige coton ; 5=paille
brousse ; 6=reste battage
Apport de déjections animales
1=oui ; 2=non
Si oui préciser le nombre de
bovins
Si oui préciser le nb d’ovins et
caprins
Si oui préciser le nb d’asins et
équins
xxi
Production Nombre de charrettes
Type de charrette
1=Asine ;2=bovine ;
3=remorque
2 : PARCAGE AU CHAMP
S42Q01 Pratiquez-vous le parcage de saison sèche sur les champs ? 1=oui ; 2=non
S42Q02 Pratiquez-vous le parcage de saison des pluies sur les jachères ? 1=oui ; 2=non
S42Q03 Pratiquez-vous des contrats de parcage avec des éleveurs ? 1=oui ; 2=non
3 : ACQUISITION ET CESSION DE FUMURE ORGANIQUE
S43Q01 En 2012 avez-vous acquis de la fumure organique chez un tiers ? 1=oui ; 2=non
S43Q02 Si Oui, quelle quantité : Kg
S43Q03 Si Oui, à quel prix : FCFA
S43Q04 En 2012 avez-vous céder de la fumure organique à un tiers ? 1=oui ; 2=non
S43Q05 Si Oui quelle quantité : Kg
S43Q06 Si Oui, à quel prix : FCFA
4 : REGLE D’UTILISATION DE LA FUMURE ORGANIQUE
S44Q01 Sur quels types de sols appliquez vous de la fumure organique en priorité ? 1=Gravillonnaire ;
2=Sablonneux ; 3=Argileux ; 4=Autres (préciser) :
S44Q02 Sur quels types de cultures appliquez vous de la fumure organique en priorité ? 1=coton ; 2=Maïs ; 3=Autre
(préciser)
SECTION V. ECONOMIE DE L’EXPLOITATION ET ALLOCATION DE LA MAIN D’OEUVRE
1 : ESTIMATION PARTIELLE DES RECETTES ET DES DEPENSES DE FONCTIONNEMENT EN 2012
S51Q01 Pouvez-vous estimez vos recettes 2012 concernant les produits végétaux ?
Produits végétaux vendus Recettes 2012 (FCFA) Produits végétaux vendus Recettes 2012 (FCFA)
Vente de Coton Vente de Voandzou
Vente de Maïs Vente d’Igname
Vente de Sorgho rouge Vente de Patate
Vente de Sorgho blanc Vente d’Oseille
Vente de Mil Vente de Manioc
Vente d’Arachide Vente de produits maraichers
Vente de Niébé Vente des produits du verger
Vente de Soja Vente de paille de céréales
Vente de Riz pluvial Vente fanes de légumineuses
Vente de Riz irrigué Vente de fourrage naturel
Vente de Fonio Autres
S51Q02 Pouvez-vous estimez vos recettes 2012 concernant les produits animaux ?
Produits animaux vendus Recettes 2012 (FCFA) Produits animaux vendus Recettes 2012 (FCFA)
Vente de Bovins Vente de Porcins
Vente d’Ovins Vente de Volailles
Vente de Caprins Vente de Lapins
Vente d’Equins Vente de lait
Vente d’Asins Vente de cuir et peaux
Vente de Dromadaires Vente de fumure organique
Autres Prestation de services des animaux de
trait (labour, sarclage transport…)
Autres Autres
S51Q03 Pouvez-vous estimez vos recettes 2012 concernant les produits forestiers ?
Produits forestiers vendus Recettes 2012 (FCFA) Produits forestiers vendus Recettes 2012 (FCFA)
Bois (de feu, d’œuvre…) Gomme et Résine
Fruits Miel
Feuilles Plantes médicinales
Charbon Autres
Autres Autres
S51Q04 Pouvez-vous estimez vos recettes 2012 concernant vos activités extra-agricoles ?
xxii
Activités extra-agricoles Recettes 2012 (FCFA) Activités extra-agricoles Recettes 2012 (FCFA)
Activité de pêche, de chasse, Salaire secteur privé
d’orpaillage, etc. (préciser) :
Activité artisanale (préciser) : Salaire secteur public
(préciser) :
Activité commerciale Retraite et pensions
(préciser) :
Activité de transport (préciser) : Prestation de travail hors
exploitation
Migration temporaire Dons ou transferts reçus de
membres de la famille
Redevances Autre
S51Q05 Pouvez-vous estimez vos dépenses en énergies fossiles, électrique et eau liées à l’activité de l’exploitation ?
Activités extra-agricoles Dépenses 2012 (FCFA) Activités extra-agricoles Dépenses 2012 (FCFA)
Gasoil, Essence, Lubrifiants Eau
Electricité Autres
S51Q06 Pouvez-vous estimez vos dépenses 2012 concernant l’agriculture ?
Dépenses concernant l’agriculture Dépenses 2012 Dépenses concernant l’agriculture Dépenses 2012
(FCFA) (FCFA)
Main d’œuvre salariée Achat d’urée
Achat de semences et de plants Achat d’herbicides
Achat de fumure organique Achat d’insecticides
Achat d’engrais complet (NPK) Achat de fongicides
Autre Autre
S5 Pouvez-vous estimez vos dépenses 2012 concernant l’élevage ?
1Q07 Dépenses concernant l’élevage Dépenses 2012 Dépenses concernant l’élevage Dépenses 2012
(FCFA) (FCFA)
Main d’œuvre salariée Achat d’Asins
Produits et frais vétérinaires Achat de Camelins
Aliments bétail Achat de Porcins
Achat de Bovins Achat de Poules
Achat d’Ovins Achat de Lapins
Achat de Caprins Achat de Dindons
Achat d’Equins Achat de Pintades
Autres Autres
2 : CREDITS EN COURS
S52Q01 Avez-vous des crédits en cours ? 1=oui ; 2=non
S52Q02 Si Oui, pouvez-vous préciser :
Objet du crédit Montant du crédit Durée du crédit Taux d’intérêt Préteur 1=proche ;
(FCFA) (mois) 2=banque ; 3=usurier
3 : ALLOCATION DU TRAVAIL
S53Q01 Qui fait le travail pour les activités listées dans le tableau ci-après ? 1=oui ; 2=non
Type de travail Hommes Femmes Garçons Filles Salarié
majeurs majeures mineurs mineurs
Préparation du sol
Application fumure organique
Semis
Désherbage
Application des engrais
Application des pesticides
Récoltes
Transport récolte et sous produits
Battage
Transformation
xxiii
Ventes des produits agricoles
Achats des intrants
Distribution des aliments
Conduite des animaux au pâturage
Traite des vaches
Soins sanitaires basiques
Ventes des produits animaux
xxiv
Annexes 2 : Guide pour un Diagnostic Agropastoral à l’échelle du
territoire Villageois (Version Révisée 14/7/08).
Programme prévisionnel
jour Matin/Après
Activités Personnes à rencontrer
s midi
Après midi Installation au village
Etude générale du milieu physique et humain du village
Présentation du projet Fertipartenaires
Etude du milieu physique et humain Personnes ressources :
- Historique et organisation sociale du village autorités coutumières élus
- Activités économiques du village (agriculture, élevage, autres) et chef de quartiers
- Gestion collective des ressources naturelles et des moyens de agents des services
production techniques (agriculture,
Matin
- Organisations professionnelles villageoises et projet de élevage, environnement,
développement rural sofitex…)
- Evolution du système technique (histoire agraire) Responsables des
Identifier les documents techniques existants (plan de gestion de terroirs…) groupements de
Identification des focus groupe pour le jour 2 producteurs
Typologie à dire d’acteurs et identification des ménages à enquêter pendant la
2ème phase du diagnostic
Etude du milieu physique
Visites guidés par un ou
des producteurs désignés
Après midi Réalisation de transects (cf guide d’entretien)
par les personnes
Visites de sites caractéristiques (zones de cultures, zones de pâturage,
ressources
aménagements agropastoraux, …)
Rencontre avec des focus groupes :
Thème 1 : Gestion de la fertilité et fumure organique : pratiques et innovations
Thème 2 : Techniques culturales : pratiques et innovations
Thème 3 : la situation de l’élevage : pratiques et innovations
Focus groupes à identifier
Matin Rencontre des techniciens de l’agriculture, de l’élevage et de
Techniciens à contacter
l’environnement :
Relevé de statistiques
Faire le point sur les pratiques
Faire le point sur les actions conduites et en cours au niveau du village
Etude du milieu physique Visites guidés par un ou
des producteurs désignés
Après midi
Réalisation de transects par les personnes
Visites de sites caractéristiques ressources
Finir les rencontres avec les focus groupe et les techniciens
Producteurs choisis parmi
Enquête d’exploitations individuelles
Matin les agriculteurs, les agro-
3 à 4 UP
éleveurs et les éleveurs
Cf guide d’entretien
Après midi Préparation de la restitution
Enquête d’exploitations individuelles
Matin 3 à 4 UP Finaliser les enquêtes
Cf guide d’entretien
Restitution du DAP et débats autour des thèmes
Après midi Personnes ressources
Fumure organique ; Techniques culturales ; Elevage
xxv
Guide pour l’étude des caractéristiques générales physiques et
humaines du village (1ère rencontre avec les personnes ressources)
Caractéristiques générales du village
Situation géographique et Pluviométrie
Population
Nombre de concessions
Superficie
Infrastructures (Ecoles, Magasins, Puits, Forages, Dispensaires, Marché, Commerces…)
Historique et organisation sociale du village
Histoire et Mouvements de population
Ethnies
Quartiers
Autorités coutumières
Grandes familles
Activités économiques du village (agriculture, élevage, autres)
Principales productions agricoles
Modes de valorisation et débouchés (filières de valorisation)
Environnement socio-économique du village (structure d’encadrements, services privés)
Atout, contraintes, opportunités
Recenser les groupements villageois et leur rôle GPC (nom, identifier un contact)
Groupements d’éleveurs (idem) Groupements de femmes (idem)
Autres groupements (idem)
Identifier les principales étapes de l’histoire agraire (arrivée du coton, de la traction animale…) et
définir des périodes de l’histoire agraire
Principales caractéristiques du système de culture et d’élevage au cours des périodes identifiées
xxvi
Guide pour l’étude des caractéristiques physiques du village et la
répartition des ressources agro-sylvo-pastorales (visites de
terrains et transects)
Par entretien avec les paysans et suite à des déplacements selon divers transects, un croquis
du village permettant de situer les grandes unités de paysages (collines, bas-fonds...) et les points
caractéristiques (habitations, pistes...) sera réalisé.
Sols
Différents types de sols et aptitudes agricoles (évaluer avec les villageois la qualité des sols
cultivables
Evaluer avec les villageois les disponibilités en sols : terres cultivables, jachère, brousse
défrichable
Phénomènes d’érosion et évolution de la fertilité au cours des 20 dernières années
Zone forestière
Zones de cultures
Zone pastorale
xxvii
Relever de données le long des transects
Entretiens individuels avec un échantillon de producteurs (4 à 6), chez eux et sur leurs principales
parcelles en vue d’étudier le fonctionnement de l’exploitation et les pratiques d’association de
l’agriculture-élevage.
Nom, Prénom
Age
Ethnie
Quartier
Appartenance à une OP
Historique bref
Composition du ménage (actifs et bouches à nourrir)
xxviii
Activités principales
Plan parcellaire (identification des champs, distance au lieu d’habitation, sols du champ)
Composition du troupeau (nb de bovins de trait, bovins d’élevage, ovins, caprins, asins…)
Equipement agricole (charrues, semoirs, sarcleurs, butteurs, charrettes…)
Equipements en fosses fumières (de cours, de champs)
Productions végétales
Productions animales
xxix
Modes de conduite par lot :
Mobilité du lot en fonction des périodes : situation géographique du lot suivant les périodes
Alimentation selon les périodes (aspects techniques et économiques)
Parcours : type de parcours
Fourrages
SPAI
Abreuvement
Santé (les pb rencontrés et les solutions adoptées)
xxx