Géologie Méditerranéenne

L'Anti-Atlas occidental du Maroc : remplissage sédimentaire d'un

bassin de type rift intracontinental au Cambrien inférieur
M. Benssaou, Naïma Hamoumi

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Benssaou M., Hamoumi Naïma. L'Anti-Atlas occidental du Maroc : remplissage sédimentaire d'un bassin de type rift
intracontinental au Cambrien inférieur. In: Géologie Méditerranéenne. Tome 26, numéro 3-4, 1999. pp. 259-279 ;

doi : https://doi.org/10.3406/geolm.1999.1661

https://www.persee.fr/doc/geolm_0397-2844_1999_num_26_3_1661

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Abstract
The western Anti-Atlas from Morocco : sedimentary deposits in an intracontinental rift basin during the
Lower Cambrian. During a lower Paleozoic distensif event, the synrift succession of the Western Anti-
Atlas is interpreted as the result of a partly infilled rift basin generated in the Western Anti-Atlas.
Reconition of sedimentary environments is based on the stady of various lithofacies. The differential
tectonics is the main control on basin structuration and consequently on rift basin architecture.
Extensional events were begining at Anzi-Ait Abdallah axis, propagation of this distensional tectonics
allow to reach the Northern border of Kerdous. The first event is represented by the Anzi group,
wherease the second one is represented by the Asghrkyis group. During the lower Cambrian postrift
event, the resulting vertical facies association of the representative succession shows a stack of tow
sedimentary groups. The Madaw group reflect an increased eustatic rise and a tectonic steady stage,
while the Ait Abdallah group is the result of a tectonic subsidence and eustatic control on basin
sedimentation and consequently sequential organisation.

Résumé
Dans l'Anti-Atlas occidental, la caractérisation stratigraphique et sur¬ tout sédimentologique,
(identification des faciès et reconstitution des paléo-environnements) des formations attribuées au
Cambrien inférieur, permet de mettre en évidence deux phases de remplissage d'un bassin de type rift
intracontinental avorté : une phase synrift et une phase post-rift. Chaque phase est représentée par
une série sédimentaire.
La série qui représente la phase synrift constitue le comblement partiel d'un bassin de type rift
continental. Le développement de ce bassin, initié durant l'événement distensif du Paléozoïque
inférieur, peut être ramené à deux événements tectoniques essentiels : la première étape
d'individualisation, représentée par le groupe d'Anzi, est limitée à l'axe Anzi-Ait Abdallah et la
deuxième, représentée par le groupe d'Asghrkyis, est marquée par l'extension de la distension qui
atteint le Nord de la boutonnière de Kerdous.
Durant la phase postrift, l'étude sédimentologique et lithostratigraphique des formations sédimentaires
de la série représentative a permis d'élaborer un découpage lithostratigraphique en séquences
composites et en séquences élémentaires. Les deux groupes sédimentaires reconnus dans la région
traduisent une phase de stabilité tectonique relative associée à une remontée eustatique de grande
ampleur (groupe de Madaw) et une phase, représentée par le groupe d'Ait Abdallah, marquée par le
contrôle tectonique et eustatique de la sédimentation et de son organisation séquentielle.

L' Anti-Atlas occidental du Maroc :
remplissage sédimentaire d'un bassin de type
rift intracontinental au Cambrien inférieur
RÉSUMÉ
Dans I ' Anti-Atlas occidental, la caractérisation stratigraphique et sur¬
tout sédimentologique, (identification des faciès et reconstitution des
paléo-environnements) des formations attribuées au Cambrien inférieur,
permet de mettre en évidence deux phases de remplissage d'un bassin
de type rift intracontinental avorté : une phase synrift et une phase post-
rift. Chaque phase est représentée par une série sédimentaire.
La série qui représente la phase synrift constitue le comblement
partiel d'un bassin de type rift continental. Le développement de ce
bassin, initié durant l'événement distensif du Paléozoïque inférieur,
peut être ramené à deux événements tectoniques essentiels : la pre¬
mière étape d'individualisation, représentée par le groupe d'Anzi, est
limitée à l'axe Anzi-Ait Abdallah et la deuxième, représentée par le
groupe d'Asghrkyis, est marquée par l'extension de la distension qui
atteint le Nord de la boutonnière de Kerdous.
Durant la phase postrift, l'étude sédimentologique et lithostratigra-
phique des formations sédimentaires de la série représentative a per¬
mis d'élaborer un découpage lithostratigraphique en séquences com¬
posites et en séquences élémentaires. Les deux groupes sédimentaires
reconnus dans la région traduisent une phase de stabilité tectonique
relative associée à une remontée eustatique de grande ampleur (grou¬
pe de Madaw) et une phase, représentée par le groupe d'Ait
Abdallah, marquée par le contrôle tectonique et eustatique de la sédi¬
mentation et de son organisation séquentielle.
ABSTRACT
The western Anti-Atlas from Morocco : sedimentary deposits in
an intracontinental rift basin during the Lower Cambrian. During
MOTS CLÉS : Cambrien inférieur, Anti-Atlas, Synrift, Faciès,
Postrift, Séquences.
KEY WORDS : Lower Cambrian, Anti-Atlas, Synrift, Postrift,
Facies, Sequences.
Géologie Méditerranéenne
Tome XXVI n° 3/4, 1999, pp. 259-279.
M. HAMOUMI
N. BENSSAOU**
»
a lower Paleozoic distensif event, the synrift succession of the Western
Anti-Atlas is interpreted as the result of a partly infilled rift basin gene¬
rated in the Western Anti-Atlas. Reconition of sedimentary environ¬
ments is based on the stady of various lithofacies. The differential tec¬
tonics is the main control on basin structuration and consequently on
rift basin architecture. Extensional events were begining at Anzi-Ait
Abdallah axis, propagation of this distensional tectonics allow to reach
the Northern border of Kerdous. The first event is represented by the
Anzi group, wherease the second one is represented by the Asghrkyis
group. During the lower Cambrian postrift event, the resulting vertical
facies association of the representative succession shows a stack of tow
sedimentary groups. The Madaw group reflect an increased eustatic
rise and a tectonic steady stage, while the Ait Abdallah group is the
result of a tectonic subsidence and eustatic control on basin sedimenta¬
tion and consequently sequential organisation.
I-
INTRODUCTION
Durant la période cambrienne, l'Anti-Atlas occiden¬
tal et la Meseta occidentale (Le Haut Atlas occidental,
Les Rehamnas et Les Jebilets) ne formaient qu'un seul
bassin subsident d'orientation globale NE-SW
(BERNARDIN et al., 1992 ; PIQUÉ et al., 1995 ;
CORNÉE et al., 1987). Ce bassin, localement, contrôlé
par des accidents N 20 E, N 30 E, N60 E et N 70 E
(CORNÉE et al., 1987 ; BERNARDIN et al., 1987 ;
BADRA et al., 1992), est séparé, selon Piqué et al.
(1995), en un segment Sud (Anti-Atlas occidental) et un
segment Nord qui regroupe le Haut Atlas occidental, les
Jebilets et les Rehamnas (rift de Mayol, in PIQUÉ et al.,
faille
1985),departransfert.
l'accident
L'individualisation
de Tizi n'Test interprété
de ce bassin
comme
de
260 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI

AIT BAHA© AIT ABDALLAH ®

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CRATON SU y/1> • — **~

I 1
OUEST
AFRICAI 1 IV SC2

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II

400 m n

0-1
Echelle des
coupes

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'il
= groupe d'Anzi
I

Il = groupe d'Asghrkyis
III = groupe de Madaw (fixiijsâiua/. .. .
IV = groupe d'Aiî Abdallah ..
yassiissnsiinfc
felsiiîiâ?!!.# Jim
SC1 = séquence composite 1
SC2 = séquence composite 2 ■
SC3 = séquence composite 3
BAS DRAA® îiiiRiiniin
SC3 pipl 50 Km
Echelle de la
IV SC2 carte
1|
SU /
PSP = PALE05UTURE PNAFRICAINE
FTNT = FAILLE DE TIZI N'TEST
AUTRES FORMATIONS
mOxuit BAS On m
INFRACAMBRIEN
CAMBRIEN INFERIEUR
1111111 PRECAMBRIEN

Figure 1 - Situation de l'Anti-Atlas occidental et localisation des secteurs étudiés.

Geological map of Lower Cambrian in the Western Anti-Atlas and localized studied zones (map after
Geyer, 1989).
 L'ANTI-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE
RIFT INTRACONTINENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR
:
Avalon (PIQUÉ et al., 1990). Cette distension, qui s'est
produite au Nord du craton ouest africain, est contem¬
poraine de l'orogenèse panafricaine II à l'origine de la
chaîne des Rockelides au Sud Est de ce même craton
(VILLENEUVE et al., 1993, 1994).
Dans l'Anti-Atlas occidental la série, actuellement
attribuée au Cambrien inférieur (GEYER et
LANDING, 1995), est très épaisse et plus carbonatée
par rapport au reste de l'Anti-Atlas (CHOUBERT,
1963 ; BENZYANE et al., 1983). Des études récentes
entreprises dans ce secteur (BENSSAOU, 1990 ;
BENSSAOU et HAMOUMI, 1994) permettent de pré¬
ciser la nature des environnements sédimentaires et de
montrer que l'évolution géodynamique du bassin s'est
déroulée en deux phases : une phase synrift et une
phase postrift. Chaque phase, représentée par une série
sédimentaire, caractérise un stade d'évolution de ce
bassin qui s'est développé sur la bordure nord-ouest du
craton ouest africain, au Sud de la faille de Tizi n'Test,
à la limite entre deux cycles orogéniques : l'orogenèse
panafricaine datée dans l'Anti-Atlas de 685/650 MA
pour la phase B1 et de 615/620 pour la phase B2 et
l'orogenèse hercynienne datée 330/280 Ma (in
VILLENEUVE, 1993). Cette période est caractérisée
par des changements climatiques importants (le climat
glaciaire fini Précambrien est remplacé par un climat
tropical à subéquatorial au Cambrien inférieur selon
MOREL et IVRING, 1978 ; TUCKER, 1986 ;
EINSEL, 1992) et par le début de la prolifération des
premiers organismes métazoaires constructeurs.
Le but de ce travail est de montrer, à travers une ana¬
lyse sédimentologique des formations sédimentaires
d'âge cambrien inférieur, le contrôle exercé par la tecto¬
nique et l'eustatisme sur la sédimentation durant les dif¬
férents stades de l'évolution de ce bassin assimilé à un
rift intracontinental avorté. En plus de la distribution
des faciès, l'un des éléments essentiels de démonstra¬
tion du caractère rift du bassin étudié est l'existence
d'une série synrift et d'une autre série largement recou¬
vrante sous forme de "onlap" de progradation sur les
bordures du bassin et qui peut être qualifiée de série
post rift.
II-CONTEXTE STRATIGRAPHIQUE
DES FORMATIONS ETUDIÉES
Dans l'Anti-Atlas occidental, la série sédimentaire
comprise entre les séries volcaniques et volcano-sédi-
mentaires du Précambrien III, à la base, et les schistes à
Paradoxides du Cambrien moyen, au sommet, a fait
l'objet d'une approche stratigraphique très diversifiée,
plusieurs subdivisions et nomenclatures, souvent
261
confuses, ont été élaborées. Elle fut d'abord attribuée
au Géorgien (NELTNER, 1938), puis à
l'Infracambrien-Cambrien (CHOUBERT, 1953), puis à
l'Adoudounien-Cambrien inférieur (CHOUBERT,
1963), puis au Protérozoique terminal -Cambrien infé¬
rieur (LEBLANC, 1976 ; LEBLANC et LANCELOT,
1980 ; HASSENFORDER, 1987) et récemment au
Cambrien inférieur (GEYER et LANDING, 1995).
La série qui représente la phase synrift dans l'évolu¬
tion géodynamique du bassin au Cambrien inférieur peut
être subdivisée en deux groupes sédimentaires : le grou¬
pe d'Anzi et le groupe d'Asghrkyis. Le groupe d'Anzi
est constitué par deux formations sédimentaires: le
conglomérat d'Ait Gjja (région de Tighmi) et les dolo-
mies d'Idoumkraz (région d'Anzi). Le groupe
d'Asghrkyis, bien développé prés du village d'Asghrkyis
(région d'Ida ou gnidif, fig. 2), montre deux formations
sédimentaires : une formation conglomératique dite
"conglomérats de base" attribuée à la série de base
(CHOUBERT, 1953 et 1967) et une formation carbona¬
tée, attribuée également à la série de base et nommée
"petit calcaire" d'après CHAZAN (1957).
La série sédimentaire attribuée à la phase post-rift,
peut être subdivisée en deux groupes : le groupe de
Madaw et le groupe d'Ait Abdallah (fig. 1). Le groupe
de Madaw est constitué par deux formations sédimen¬
taires, une formation silteuse dite "siltits de base" attri¬
buée à la série de base (CHOUBERT, 1963 ;
CHAZAN, 1957) et une formation carbonatée dite
"dolomie de Tamjout" définie par CHAZAN (1957) et
attribuée aux calcaires inférieurs (CHOUBERT, 1963 ;
BOUDA et al., 1979). Le groupe d'Ait Abdallah
regroupe les formations suivantes : les calcaires infé¬
rieurs (CHOUBERT, 1963) ou l'Adoudounien de
BOUDA et al. (1979), à l'exception de la dolomie de
Tamjout ; la série lie de vin définie par CHOUBERT
(1963) et connue aussi sous le nom de la Formation de
Tali wine (BOUDA et al., 1979) et enfin l'ensemble
calcaires supérieurs et la série shisto-calcaire qui
constitue le Cambrien inférieur des anciens auteurs
(CHOUBERT, 1963 ; BOUDA et al., 1979 ;
LEBLANC et LANCELOT, 1980 ; HASSEN¬
FORDER, 1987). Les grès terminaux sont rarement
individualisés dans l'Anti-Atlas occidental.
III-LA PHASE SYNRIFT
L'analyse sédimentologique détaillée des coupes
levées à Ait Abdallah, Ait Baha, Anzi, Tighmi, Bas
Draa et bordure nord orientale de la boutonnière de
Kerdous, permet d'identifier une grande variété de
faciès sédimentaires.
 262 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI

WIYRANE Vsï//; N
5>9» O0 O00Ooo O0 ZFVA = Zone de failles de la vallée
des Amelns AIT
SIDI
ASKARBAHA
ELHAJYAHIA
OO OOO
0000 OOOO ZFTT = Zone de failles de
000 *
mm/
ZcZX
zzzz
00 00000
O O 0000
00000' Tighmi-Tizi ou Manouz
0000 = accidents E-W
IGH R IFRANE = accidents NE-SW
bassin d'Anzi au
Précambrien - ZFVA
ANZI I KERDOUS
Axe du bassin ïlTIGHMI
durant le dépôt — - ZFTT
du groupe d'Anzi
ASGHRKIYS
AbOUJbAL
lYZRGANE IZERBI 1 BKm

h:b
V VVV V
VV VVV VV
fv V V V V V V V
itVVVVVVVVV
V VV V V V VV VV V rlZGZAWINE
VVV VV V V VV Vf
IV V V » V VV VVVV
v vr »V V V V V V V V V
lv V ¥ V V V V
»V V V V V V V
ïïi-liHM
rmqjpir
31*38303
mm TAGMOUTE

SIDI MZAL

!!:!1R?--y' y y//
SERIE SYNRIFT
0 16 Km v y y
Petit calcaire
Légende Grès et argilites à gypsé' TIZI N'TARKATINE 21
Alluvions quaternaires ]Conglomérats de base
SERIE POSTRIFT v v v v v v sill d'Ida ou Gnidif
y/, //, /,/I Calcaires inférieur IDIKEL
SOCLE
iDolomies de Tamjout 0000000 Conglomérat du Précambrien IKHF IFILOU
Schistes de base
Quartzites du Précambrien II
I

Figure 2 - Carte des formations de la série synrift au Nord-Est de Kerdous.

Geological map of Asghrkyis group Formations along the north-eastern border of Kerdous area.
 L' ANTI-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE 263
RIFT INTRACONTINENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR

:
1 - LE GROUPE D'ANZI (Fig. 3)
Ce goupe est identifié uniquement dans les régions
d'Anzi, de Tighmi et d' Agoujgal Izerbi (fig. 2).
1.1 - La Formation "conglomérats d'Ait Gjja"
Description des faciès
Cette formation est formée par trois types de faciès: le
conglomérat à matrice portante (faciès Gmm), le conglo¬
mérat à texture jointive (faciès Gcm) et le conglomérat à
stratification oblique arquée (faciès Gt). Le faciès
(Gmm) correspond à un banc métrique à plurimétrique
de conglomérat à matrice portante (paraconglomérat de
COLLINSON et THOMPSON, 1989). Les clastes angu¬
leux de petite taille (2 à 1 0 centimètres de diamètre) sont
de nature essentiellement volcanique, les quartzites sont
rares et la matrice est à dominance arénitique. Le faciès
(Gcm) est un orthoconglomérat (d'après la nomenclatu¬
re de COLLINSON et THOMPSON, 1989) en bancs
métriques à base généralement nette et plane, les
clastes de petite taille sont aussi de nature volcanique et
rarement quartzitique. Le faciès (Gt) correspond à un
banc lenticulaire décimétrique à pluridécimétrique de
conglomérat à texture jointive. Les galets de taille cen-
timétrique à pluricentimétrique sont subarrondis et la
structure interne montre parfois des faisceaux de litage
oblique arqué.

ANZI TIGHMI
lithologie

Faciès (CFv)

Faciès (Cm)
S
W nP° fin Faciès (Gcm)
o Faciès (Gmm)

sil
arg==silts
argiles
gr = grès
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Figure 3 - Les différentes formations du groupe d'Anzi.

Lithostratigraphic formations of the Anzi group at Anzi and Tighmi areas.
264 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI
Association et interprétation des faciès
Dans la région d' Ait Gjja, la formation congloméra-
tique est formée à la base par les faciès (Gmm) et
(Gcm) et au sommet par la dominance des faciès
(Gmm) qui présentent des caractéristiques sédimen-
taires semblables aux coulées de débris de forte consis¬
tance (MI AL, 1978) et aux "débris flows" des auteurs
(NEMEC et STEEL, 1984 ; PIVNIK, 1990). Le faciès
(Gcm) ne diffère du faciès (Gmm) que par sa texture
jointive. Il s'agit d'un dépôt en masse dans des chenaux
relativement vastes, entraînés ensuite sur une pente
faible sous influence gravitaire et enfin remodelés sous
forme de bancs subhorizontaux à base non érosive. Des
faciès identiques ont été décrits par BILLI et al. (1990)
dans le Pléistocène du bassin de Valdarno en Italie.
L'association alternante de ces faciès révèle un dépôt
en masse induit par la gravité dans la partie proximale
d'un cône alluvial. Dans la région d'Idoumkraz, cette
formation est constituée par un niveau épais de 12
mètres environ de conglomérats à faciès (Gt) interpré¬
tés comme un remplissage de chenaux mineurs (MIAL
1988). Il s'agit probablement d'un système fluviatile en
aval des cônes alluviaux.
1.2 - La Formation "dolomies d'Idoumkraz"
Description des faciès.
Les dolomies d'Idoumkraz constituent une succession
d'horizons carbonatés localement intercalés de siltits à
patine noire. Deux types de faciès sont distingués : un
faciès dolomitique massif (faciès Cm) est un faciès
mixte à aspect varvé (faciès CFv). Le faciès (Cm) est
représenté par des dolomies massives en bancs
métriques. Les structures internes sont difficiles à identi¬
fier en raison de la dolomitisation intense, cependant, la
base de certains bancs présente des gouttières d'érosion
comblées par un matériel relativement grossier et de
nature pyroclastique. Le faciès varvé (faciès CFv) lors¬
qu'il est bien développé se présente sous forme d'inter-
bancs composites à strates centimétriques de dolomies et
d'interstrates de siltits à patine noire et de même ordre
d'épaisseur. Contrairement aux niveaux dolomitiques,
les niveaux silteux se caractérisent par la présence de
rides de courant et de rares fentes de dessiccation.
Association et interprétation des faciès
Dans la région d'Ait Gjja, la formation concernée
est une succession de bancs dolomitiques (faciès Cm)
séparés par des joints ferruginisés ou par des simples
diasthèmes. Dans la région d'Idoumkraz par contre la
partie sommitale de la formation est réduite à une
alternance de bancs de dolomies massives (faciès Cm)
et d'interbancs composites à aspect varvé (faciès
CFv). L'extension locale des faciès constitutifs de
cette formation ainsi que les résultats de l'analyse
façiologique suggèrent un milieu lacustre pour ces
faciès où la sédimentation normale de nature carbona-
tée est perturbée par des arrivées silicoclastiques épi-
sodiques dans la région d'Idoumkraz.
1.3 - Implications géodynamiques
Le Groupe d'Anzi correspond, sans doute, au remplis¬
sage d'une dépression restreinte, d'origine tectonique.
Cette dépression dont les bordures seraient soulignées par
des épandages conglomératiques de cônes alluviaux et le
centre est occupé par un réseau fluviatile en relaie d'un
système lacustre à sédimentation mixte et varvée, peut
correspondre à l'ancien emplacement du bassin d'Anzi
au Précambrien II-III (fig. 2). Ce bassin, d'après
HASSENFORDER (1987), est bordé vers le Nord par
l'accident "ZFVA" (zone faillée de la vallée des Ameln)
et vers le Sud par son homologue "ZFTT" (zone faillée
de Tigmi-Tizi-Oumanouze). Il est important de souligner
que des formations similaires ont été décrites à l'Ouest de
Kerdous (région d'Agoujgal) par HASSENFORDER
(1987), des microfailles synsédimentaires de direction
N80 affectent certains niveaux de ces formations
(HASSENFORDER, communication orale). Il est pro¬
bable que la fosse d'Anzi à l'Ouest et celle d'Agoujgal-
Izerbi à l'Est de Kerdous ne constituaient, à l'époque, que
les vestiges d'un seul et même bassin d'orientation géné¬
rale E-W (fig. 2), ou bien deux petits bassins séparés et
contrôlés par des failles distensives de directions E-W
telles que la "ZFVA" la "ZFTT'.
2. LE GROUPE D'ASGHRKYIS
La bordure, occidentale, de la boutonnière de
Kerdous (fig. 2) est choisie pour montrer l'évolution du
bassin durant cette période.
2.1 - La Formation "conglomérats de base"
Cette formation est répartie (fig. 2) dans trois sec¬
teurs séparés (Madaw-Tagmoute, Tizin'Tarkatine et
Ikhf Ifilou). Elle peut être subdivisée en deux termes :
le terme basai et le terme sommital.
Le terme basai
Les faciès constitutifs de ce terme sont : des conglo¬
mérats à matrice portante (faciès Gmm), des conglomé¬
rats massifs et à texture jointive (faciès Gcm), des
conglomérats à granoclassement inverse (faciès Gmg),
des microconglomérats plus ou moins riches en galets
et à granoclassement inverse (faciès Sgi), un faciès
gréso-carbonaté à litage fruste (faciès SCm), des grès
massifs ou à litage fruste (faciès Sm) et des argiles vio¬
lacées à nodules de gypse (faciès Fhe).
 L' ANTI-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC : REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE 265
RIFT INTRACONTINENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR

Par comparaison avec les faciès (Gmm) et (Gcm)
décrits ci dessus (formation des conglomérats d'Ait Gjja,
groupe d'Anzi), les faciès (Gmm) et (Gcm) de ce terme
sont caractérisés par la taille des clastes qui peut atteindre
1 mètre de diamètre, par leur nature pétrographique
dominée par les quartzites et par l'aspect anguleux des
clastes. Le faciès (Gmg) est un paraconglomérat à clastes
anguleux de nature essentiellement quartzitique liés par
une matrice gréseuse. Les bancs à base nette et érosive
montrent une structure interne inversement granoclassée.
Le faciès (Sgi) est un microconglomérat à galets en bancs
décimétriques à pluridécimétriques. La texture est inver¬
sement granoclassée et la nature des granules est variée.
Les faciès gréso-carbonatés (faciès SCm) et gréseux
(faciès Sm) se présentent en bancs ou interbancs décimé¬
triques à litage massif ou fruste. Le faciès argileux (faciès
Fhe) est représenté par des siltites et des argilites, viola¬
cées le plus souvent à lamines horizontales, au sein des¬
quelles s'individualisent des nodules de gypse.
Dans la région d'Asghrkyis (fig. 2) l'alternance des
faciès (Gmm) et (Gcm) (assimilés aux coulées de
débris) s'organisent en une séquence stratocroissante
déposée exclusivement en domaine subaérien sous
forme d'un cône alluvial. La région de Madaw reçoit
également des sédiments gréseux (faciès SCm et Sm)
en alternance avec les faciès fins (faciès Fhe). Cette
dualité dans les faciès indique un milieu calme et confi¬
né de type sebkha envahi par une sédimentation impor¬
tante sous forme d'épandages épisodiques induits par
des courants laminaires de gravité. Latéralement, à
Tizgzawine (fig. 2), seul le faciès argileux (faciès Fhe)
subsiste et son uniformité est localement perturbée par
l'existence des brèches de dissolution évaporitique. Il
s'agit d'un sebkha développé à l'intérieur d'une plaine
alluviale en climat aride, constituant ainsi la terminaison
distale du cône alluvial d'Asghrkyis. Dans la région de
Tagmoute (fig. 2), ce terme basai dont la limite inférieu¬
re est inconnue, débute par une alternance de faciès

ASGHRKYIS MADAW TAGMOUTE

ij:«oooûûS7 TIZI N'TARKATINE
iri
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0&£
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LEGENDE

dolomies gréseuses
(faciès Scm) gres(faciès Sr, St et sm)
argilites
(facièsviolacées
Fhe) à gvpse microconglomérats
& faciès (Gmm)
argiles et grès
(faciès Flh) csfogjl conglomérats
(faciès Gcm)
microconglomérats
,g"fmgggab
»m _ — ........
(faciès Sgi) conglomérat
faciès (Gmm)

Figure 4 - Lateral
Les différents
evolution
aspects
oF : "conglomérat
de la Formationde"conglomérat
base" Formation,
de base"
alongautheNord-Est
north-eastern
de Kerdous.
border oF Kerdous area.
266 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI
gréseux (faciès Sm) et de faciès microconglomératique
à granoclassement inverse (faciès Sgi) en bancs déci-
métriques à pluridécimétriques et se termine par le
faciès conglomératique (Gmg) en bancs métriques d'où
son aspect stratocroissant et granocroissant. Cette asso¬
ciation de faciès caractérise la zone médiane d'un cône
alluvial (BILLI et al., 1990).
Le terme sommital
En plus des faciès similaires à ceux des formations
précédentes (faciès Gmg, faciès Sm et faciès Sgi), ce
terme montre trois nouveaux faciès qui sont : des para-
conglomérats à granoclassement inverse (faciès Gci),
des grès à litage de rides de courants (faciès Sr), des
alternances régulières de grès et argilites ou siltites
(faciès Flh).
Le faciès (Gci) est un paraconglomérats à texture
jointive, comparable au faciès (Gmg) de point de vue
nature lithologique et taille des clastes ainsi que la géo¬
métrie des bancs ; cependant sa structure interne
montre un granoclassement inverse. Le faciès (Sr) est
modelé sous forme de bancs décimétriques à limites
planes et nettes et à litage interne de rides de courants
ou de rides chevauchantes. Le faciès (Flh) correspond à
une alternance régulière de lamines millimétriques de
sables et de siltites ou argilites noires. Ces lamines
horizontales dont les contacts sont nets ont une exten¬
sion latérale plurimétrique.
Dans les régions d'Asghrkyis et de Tyizrgane le
terme conglomératique sommital est une séquence plu¬
rimétrique, granocroissante et stratocroissante de pro¬
gradation (fig. 4a). Elle débute par une alternance de
bancs microconglomératiques (faciès Sgi), comparable
aux coulées de débris pseudoplastiques de faible
consistance et d 'interbancs de faciès (Flh) connu sous
le nom de rythmites de marées (REINECK et SINGH,
1982) et qui a été décrit dans les environnements
actuels telle que la mer du Nord (GADAW et
REINECK in REINECK et SINGH, 1982) ; elle se ter¬
mine par des coulées de débris (faciès Gmg et Gci) de
forte consistance (MI AL, 1978). Cette séquence pro-
gradante caractérise la partie médiane d'un "fan-delta",
avec interférence des processus gravitaires subaériens
et des processus marins (BILLI et al., 1990). Dans la
région de Madaw, cette séquence, également strato¬
croissante et granocroissante (fig. 4b), débute par
l'alternance des faciès gréseux (faciès Sr et Sm) et de
faciès fins (faciès Flh) et se termine par des microcon¬
glomérats (faciès Sgi). Cette association de faciès peut
être interprétée comme des dépôts de la partie di stale
d'un "fan-delta" (BILLI et al., 1990), dominé par les
processus marins par comparaison avec le modèle de
DURRINGER (1988). La sédimentation marine d'ori¬
gine tidale est régulièrement interrompue par des cou¬
rants laminaires de gravité (faciès Sm et Sr). Dans la
région de Tagmoute, ce terme (fig. 4c) débute par une
alternance de faciès (Sgi) et de faciès (Flh) sous forme
de bancs et d'interbancs et se termine par des faciès
conglomératiques en feuillets (faciès Gcm). La succes¬
sion est interprétée comme issue du remaniement par la
dynamique marine de la périphérie distale d'un "fan-
delta" à la base de la séquence, relayée par les dépôts
gravitaires subaériens au sommet.
Variations latérales
Un peu plus au Sud, à Sidi Mzal (fig. 2), l'ensemble
de la formation (terme basai et terme sommital) est
réduit à un niveau métrique de conglomérats en che¬
naux emboîtés (faciès Gt) surmonté par un niveau déci-
métrique de grès à rides de courant, dont le sens
indique un transport vers le Nord. Dans Les localités de
Tizi n'Tarktine et celle d'Ikhf Ifilou (fig. 2), la forma¬
tion "conglomérats de base" peut être également subdi¬
visée en deux termes qui ne peuvent être corrélés à
ceux de Madawe-Tagmoute en l'absence des mar¬
queurs stratigraphiques et surtout à cause des hauts
fonds qui séparent ces secteurs. A Tizi n'Tarkatine, le
terme basai est une séquence stratocroissante et grano¬
croissante (fig. 4d) formée par l'alternance des faciès
(Gcm) et (Gmm) caractéristiques d'un cône alluvial
alors que le terme sommital est un complexe gréseux
organisé en trois séquences stratocroissantes et grano-
croissantes. Chaque séquence est édifiée par trois à
quatre bancs gréseux décimétriques à métriques, à
limites basales érosives et à surfaces sommitales com¬
posées de rides de courants et de fentes de dessiccation.
La structure interne révèle des faisceaux de litage
oblique arqué de mégarides (faciès St). Il s'agit proba¬
blement d'un delta progradant qui évolue dans un bas¬
sin restreint et calme. Vers le sud, les conglomérats et
les grès de Tizi n'Tarkatine disparaissent complètement
à Idikel (fig: 2) pour réapparaître de nouveau à Ikhf
Ifilou (fig: 2), sous forme d'un paraconglomérat à
clastes quartzitiques anguleux dépourvu de matrice
(faciès Gcm) et coiffé par des grès rouges à rides de
courants (faciès Sr) indiquant un transport vers le sud.
2.2 - La Formation "Petit calcaire"
Description des faciès
Les faciès de nature silicoclastique concernent des
paraconglomérats à granoclassement inverse (faciès Gci),
des brèches à galets plats (faciès Gp), des microconglomé¬
rats à litage oblique en creux (faciès Sscs), des grès gros¬
siers à litage de rides chevauchantes (faciès Sr), des grès à
litage oblique sigmoidal (facès Ss), des grès fins à litage
madré (faciès Flf) et des argilites noires à lentilles gré¬
seuses (faciès FS1). Les faciès carbonatés correspondent
à des dolomies à stromatolites en dômes (faciès Cllh) et
des dolomies à laminites cryptalgaires (faciès Csp).
 L' ANTI-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE 267
RIFT INTRACONTINENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR

:
Le faciès (Gp) est une brèche intraformationelle à
galets plats de taille pluricentimétriques et disposés
parallèlement à la stratification. Le faciès (Sscs) est un
microconglomérat à litage oblique en creux ("Swalley
cross stratification"). Le faciès (Src) est représenté par
un grès grossier présentant des strates centimétriques
modelées sous forme de rides chevauchantes. Le faciès
(Ss) correspond à un banc lenticulaire de grès moyen à
grossier et à faisceaux de litage oblique arqué et souvent
de forme sigmoidale. Le faciès (Flf) est constitué par un
banc décimétrique à limite basale nette et érosive, com¬
posé de grès fins à litage madré ("flaser bedding"). Le
faciès (FS1) est une masse argileuse noire finement
laminée, localement perturbée par des structures
d'échappement de l'eau et au sein de laquelle s'indivi¬
dualisent des petites lentilles aplaties de grès fins ("flats
lens"). Le faciès (Csp) est un banc de dolomies beiges
d'épaisseur variable renfermant des stromatolites
planes ; ce type morphologique de constructions dit
laminites cryptalgaires est localement silicifié et affecté
par des structures de dessiccation. Enfin le faciès (Cllh)
s'exprime sous forme d'un banc de dolomies beiges ou
sombres qui abrite des stromatolites en dômes (type
"LLH", mode "S" de LOGAN et al., 1974).
Association et interprétation des faciès
Cette formation, d'épaisseur très irrégulière, et loca¬
lement affectée par des slumps, (régions de Sidi Elhaj
Yahia et d'Ait Abdallah, fig. 1), se présente générale¬
ment sous forme d'une suite de bancs amalgamés à
stromatolites en dômes (faciès Cllh) et à laminites
cryptalgaires (faciès Csp). L'abondance des construc¬
tions cryptalgaires est en relation avec le développe¬
ment d'une plate forme carbonatée péritidale sous un
climat chaud et aride. Dans les régions d'Asghrkyis et
de Tizgzawine, la base de la formation s'enrichit en
sédiments gréseux et silteux (faciès Flh et faciès FLf),
en alternance avec les faciès carbonatés. Ces faciès
dont les structures sédimentaires traduisent une dyna¬
mique tidale (REINECK et SINGH, 1982), caractéri¬
sent la partie proximale des "tidal-flats" où le sédiment
sableux est suffisamment disponible par rapport aux
argiles. Dans les régions de Madaw et de Tizgzawine

Ait Baha SidiYahia

Elhaj Wyrane
4 Asghrkyis
B Madaw
6 Tagmout fizi n'Tarkatine Ikhfilou
7 8 9

LEGENDE
sill d Ida- 20m
Ougnidif mi
dolomies
argilites
argilites à gypse
gréseuses A = Formation "conglomérat de base"
grès B = Formation "petit calcaire".
grossier conglomérat

B-

série
/ >synrift 25 KM
Grés fins socle Précambrien
serie postnft Grés grossiers
...... Dolomies Argilites àévaporites Voie anoc lastites(Plll)
siltites de base I'l'i'i'ii (Petit calcaire) £*£■>» Conglomérats de base V S A Quartzitesf-PII)

Figure 5 - a) Corrélation latérale des formations du groupe d'Asghrkyis au Nord-Est de Kerdous. b) Paléogéographie de la bor¬
dure nord-est de Kerdous.
Lateral relationship of the Asghrkyis group formations (a) and Paleogeographic reconstitution of the north eastern
border of Kerdous during the synrift stage (b).
268 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI

SIDI MZAL
AIT BAHA W1YRANE ASGHRKYIS MADAW

120m

25 Km

IGHIR IFRANE ASGHRKYIS MADAW SIDI MZAL

2j Dolomies (Petit Calcaire de Chazan)
"H Grés
80m masm ArgMites à évaporites
55253 Conglomérats de base
'25Km
ASGHRKYIS MADAW SIDI MZAL TIZI NTARKATINE IKHF IFILOU

60m

25 Km

Figure 6 - Etapes de structuration de la bordure nord-est de Kerdous durant la phase synrift. a - Individualisation du bassin
lacustre de Madaw et mise en place des cônes alluviaux d'Asghrkyis et de Tagmoute. b - Propagation de la distension vers
la région d'Ighir Ifrane et mise en place des "fan-deltas" de bordure du bassin, c - Dernier stade de structuration et genèse
de "fan-deltas" de bordure de plate forme carbonatée.
Structuration stage of the north-eastern border of Kerdous during the synrift phase, a - Lacustrine basin individuali¬
sation and generated slop fan-deltas in the Madaw area, b - Propagation of distensional tectonic toward the North during
the second stage of structration. c - Last stage of structuration and genesis of marine fan delta along the Ait Baha carbona¬
te platform border.

par contre le faciès (Fsl) qui alterne avec les faciès car-
bonatés et qui est également attribué à la dynamique
des marées (REINECK et SINGH, 1982), peut être rap¬
porté à la partie distale des tidal-flats où la composante
sédimentaire argileuse prédomine. Dans la région d'Ait
Baha au Nord (fig. 2) l'ensemble de la formation est
substitué par un complexe gréso-conglomératique de
"fan-delta" semblable au modèle qualifié de "fan-delta
dominé par les processus marins" par DURINGER
(1988). La partie subaérienne de ce système est repré¬
sentée par une séquence conglomératique stratocrois¬
sante, granocroissante, épaisse d'une dizaine de mètres
et dont la séquence élémentaire correspond au faciès
(Gci). La partie distale est une intercalation, au sein des
dolomies de plate forme, de séquences métriques de
sédiment clastique ; la séquence la plus complète com¬
mence par des microconglomérats (faciès Sscs), se
poursuit par des conglomérats à galets plats (faciès Gp)
et se termine par des grès grossiers.
2.3 - Evolution tectono-sedimentaire
En absence des marqueurs biostratigraphiques, la
corrélation latérale des coupes levées le long de la bor¬
dure nord-orientale de la boutonnière de Kerdous (fig :
5a) est basée, surtout, sur le facteur lithologie. Cette
corrélation lithostratigraphique montre des séquences
de remplissage d'un bassin en début de structuration
 L'ANTI-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE
RIFT INTRACONTINENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR
:
interne. Cette ébauche de modélisation en horsts et gra-
bens, est faite selon une paléogéographie comparable au
schéma établi par POUIT (1966) et modifié par
HASSENFORDER (1987). Les données acquises, nous
permettent de considérer la région d'Ait Baha comme
un haut fond au moins à ce stade de structuration (fig.
5b). On assiste dans un premier temps à un effondre¬
ment tectonique responsable de la mise en place des
séquences conglomératiques alluviales d'Asghrkyis de
Tagmoute, de Tizin'Tarkatine et d'Ikhf Ifilou, le long
des bordures faillées des bassins qui viennent d'être
crées et qui sont séparés par les hauts fonds de Sidi
Mzal et celui d'Idikel (Fig. 6a). La distension se propa¬
ge vers le Nord pour permettre l'élargissement du bas¬
sin de Madaw dont la bordure septentrionale atteint
désormais la région d'Ighir Ifrane où s'installent de
nouveaux dépôts conglomératiques de la partie proxi-
male d'un "fan-delta". Simultanément, le sebkha de
Madaw évolue en "tidal-flats" et le cône alluvial de Tizi
n'Tarkatine en delta (fig. 6b), suite à une transgression
marine contrôlée par une tectonique d'effondrement.
L'élargissement du bassin se poursuit, sa limite Nord
atteint la région d'Ait Baha et la sédimentation devient
carbonatée à ce stade d'évolution (fig. 6c).
A = Formation Ait Baha
"conglomérat de base Timicha
B = Formation
"petit calcaire".
Tnine n Ait
2_ dolomies Wadrim
grés grossier Idoumkraz'
n* conglomérats
grossiers f' Tighmi*.''
m conglomérats / •'
NNE Tnine n'Ait
Timicha Wadrim Idoumkraz
i'l
rlOm
lo
ty
269
Le long de la bordure occidentale de Kerdous la cor¬
rélation latérale des formations sédimentaires, de
coupes levées depuis Timicha au Nord jusqu'à Ait Gjja
au Sud (fig. 7), permet de mettre en évidence une varia¬
tion différentielle des épaisseurs du Nord vers le Sud.
Ces variations qui sont en fonction de l'architecture du
bassin permettent de situer le maximum de remplissage
dans la région d'Anzi-Tighmi et par conséquent l'indi¬
vidualisation d'une fosse peu profonde à ce niveau
Pour les deux bordures (orientale et occidentale) de
la boutonnière de Kerdous, le maximum des épaisseurs
des formations s'avère centré sur une ligne orientée NE-
SW, reliant la région d'Anzi à l'Ouest et la région de
Madaw à l'Est. Le long de la bordure orientale, la
migration constatée, du dépocentre vers le Nord, suggè¬
re une propagation de la distension dans le même sens
ainsi qu'un contrôle par les anciens accidents panafri¬
cains de directions NE-SW qui constituent les princi¬
pales lignes structurales locales (fig. 2). De ce nouveau
contrôle structural, découle la réorientation du bassin,
initialement de direction E-W durant le dépôt du
Groupe d'Anzi. La nouvelle direction NE-SW de l'axe
subsident du bassin (Anzi-Madaw, fig. 7) est parallèle à
Figure 7 - Evolution latérale du
groupe d'Asghrkyis au
Nord-Ouest de Ker¬
N dous.
Lateral evolution of
Madaw ; the Asghrkyis group in
the northwestern bor¬
Axe du bassin der of Kerdous.
durant le dépôt
du groupe
d'Asghrkyis
Tagragra
'û, • <??? série
Isopaque
de Base
de la
Ait Gjja ssw
m®
z: X
270 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI
celle reconnue par les auteurs dans le Haut Atlas occi¬
dental (CORNÉE et al., 1987 ; BERNARDIN et al.,
1987 ; BADRA et al., 1992) ; elle suggère une légère
rotation antihoraire des contraintes tectoniques, suite à
une rotation probable et dans le même sens du craton
ouest africain lui même.
Les indices d'une telle instabilité tectonique, sont
fournis, à l'échelle de l'Anti-Atlas occidental, par :
- des slumps repérés dans la "Formation Petit calcai¬
re" de la région de Sidi Elhaj Yahia et celle d'Ait
Abdallah,
- le caractère progradant des séquences congloméra-
tiques soulignant les bordures faillées du bassin com¬
partimenté,
- le contrôle étroit de la sédimentation par la tectonique
(variation brutale des épaisseurs des formations, géo¬
métrie lenticulaire des dépôts et variation extrême de
la nature et de la granulométrie des sédiments en
allant des bordures vers le centre du bassin),
- la mise en place des granites anorogéniques de
Tafraout vers 550 MA (HASSENFORDER, 1987)
VI - LA PHASE POSTRIFT
La classification, la caractérisation ainsi que la
reconstitution du milieu de dépôt des faciès carbonatés
cyanobactériens, reconnus dans cette étude, sont basées
==== 1amie s planes litage oblique
laminites litage
en mamelons
oblique
crypalgaires
grSs dolomies
siltites et fpspp-i ...
argilites micro conglomérat
Figure 8 - Les formations sédimentaires du Groupe de Madaw et répartition des faciès.
The Madaw group lithostratigraphic formations and faciès distribution.
sur les travaux de LOGAN et al. (1974) ; AITKEN
(1967) ; PRATT et JAMES (1982, 1986) ; KOERS-
CHNER et READ, 1989 ; OSLEGER et READ, 1991).
Pour les faciès détritiques continentaux, la nomen¬
clature adoptée est basée sur les travaux de MIALL
(1978, 1988 et 1996).
1 - LE GROUPE DE MADAW
(140 m d'épaisseur)
Ce Groupe est défini dans le village de Madaw (fig.
2) ou les formations constitutives (siltites de base et
dolomie de Tamjout) sont bien développées.
1. Faciès et milieu de dépôt
1.1 - La Formation "siltites de base"
Trois faciès essentiels peuvent être identifiés : Les
rythmites gradées (faciès Fsgl), les grès à litage oblique
en mamelons (faciès Shcs) et les barres d'"offshore"
(faciès St).
Le faciès (Shcs) ou faciès à litage oblique en mame¬
lons est constitué d'un banc lenticulaire décimétrique à
métrique de grès fin à moyen. La surface basale des
bancs est nette et érosive se présentant sous .forme de
chenaux à fonds plats et leur surface sommitale est
modelée sous forme de dômes métriques à plurimé-
trique. Le litage interne est organisé en faisceaux de
lamines obliques arquées de faible inclinaison et qui
s'érodent mutuellement. Le faciès (Fsgl) ou rythmites
struct' structures form lith struct association de faciès
|
form " formation ta
77
lith = lithologie
BESS-! facics (Csp)
/ ' )
«sia
facids (SCm et Shcs)
facifs (St et FsgO
facics (shcs et Fsgn
facics (FsgD
 L'ANTI-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC : REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE
RIFT INTRACONTINENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR
gradées est composé de strates centimétriques silteuses
granoclassées plus ou moins lenticulaires et d'inter-
strates argileuses à lamines millimétriques horizontales.
Le faciès (St) constitue un corps microconglomératique
dont l'épaisseur varie de un à quatre mètres et dont
l'extension latérale peut être d'ordre kilométrique. Ces
corps dont la surface sommitale est parfois garnie de
rides de vagues, sont dotés d'un litage oblique arqué
d'échelle métrique.
L'association de ces faciès forme une séquence gra-
nocroissante (fig, 8) de 60 m d'épaisseur. Elle débute
par des rythmites gradées interprétées comme faciès de
tempête en "offshore" distale (AIGNER et REINECK,
1980) et qui se termine par un enrichissement en grès à
litage oblique en mamelons (faciès Shcs). Ce faciès
défini par HARMS et al., (1975) est attribuée à la
dynamique de tempêtes en "offshore" proximale
(SWIFT, 1983 ; SNEDDEN, 1988 ; LECKIE et
WALKER, 1989 ; SOUTHARD et al., 1990). Dans les
régions d'Ikhf Ifilou et de Tizi n'Tarkatine (fig. 2), des
barres microconglomératiques qui apparaissent au som¬
met de la séquence, sont rapportées à la dynamique de
tempêtes en "offshore" proximale du fait de leur simi¬
larité avec celles décrites dans l'Ordovicien de Zagora
(HAMOUMI, 1987) et du fait de leur intercalation au
sein des rythmites gradées. La présence de rides de
vagues au sommet de certaines barres s'explique par
l'action de la houle dans les zones topographiquement
élevées de la barre.
1.2 - La formation "dolomie de Tamjout" (fig. 8)
Cette formation est exclusivement formée de faciès
carbonatés à lamines stromatolitiques planaires forte¬
ment silicifiées. Il s'agit des dolomies en bancs
métriques à plurimétrques faciès (Csp). Ces laminites
cyanobactériennes, localement brêchifiées, sont, par¬
fois, structurées en une succession de dômes et de
creux plus ou moins réguliers. Dans ce cas de figure, le
passage d'un dôme à l'autre, au niveau des creux, est
souvent discontinu ou rempli par un sédiment brêchifié.
Les faciès (Csp) s'organisent en bancs amalgamés
pour édifier une puissante formation carbonatée remar¬
quablement uniforme à l'échelle de l'Anti-Atlas occi¬
dental (à l'exception du Bas Draa), du fait de la crois¬
sance très rapide des édifices cyanobactériens. Les fila¬
ments cyanobactériens, d'extension importante, qui
constituent ces édifices résulteraient, d'après
HOFFMAN (1965) du branchement latéral des lamines
hemisphéroïdales dont le rayon tend vers l'infini. La
dessiccation et la contraction de ces filaments seraient à
l'origine de la morphologie en dômes de certains
niveaux de ces stromatolites (PURSER, 1980). Les
auteurs (PRATT et JAMES, 1982 ; KOERSCHNER et
READ, 1989 ; OSLEGER et READ, 1991) s'accordent
sur la zone supratidale comme milieu de leur proliféra¬
271
tion, comme en témoigne l'abondance des structures de
dessiccation. La silicification et les brèches de dissolu¬
tion correspondent à des niveaux évaporitiques et indi¬
quent surtout un milieu hypersalé et des conditions cli¬
matiques arides (OSLEGER et READ, 1991). Les
exemples actuels de stromatolites planaires ont été
décrits par PURSER (1980) dans l'île d'Andros où leur
développement maximum coïncide avec la limite supé¬
rieure de la zone intertidale et dans le golf persique où
elles prolifèrent de préférence dans la zone supratidale.
2. Séquences et implications géodynamiques
Le groupe de Madaw peut être assimilé à un empile¬
ment de deux nappes sédimentaires d'extension régio¬
nale. Le dépôt transgressif de ce groupe, aussi bien sur
les formations synrifts le long de la bordure Nord
orientale de la boutonnière de Kerdous (fig. 5b) que sur
les bordures du bassin, est dû à la migration de la bor¬
dure du bassin, sous forme d'onlaps cotiers, plus loin
vers le Sud Ouest. Les reconstitutions paléogéogra¬
phiques des auteurs (POUIT, 1966 , BOUDA et al.,
1979 ; HASSENFORDER, 1987) placent la limite de la
transgression selon une ligne passant par le Nord de
Tagragra d'Akka (fig. 7). Le long de cette limite, des
sédiments microconglomératiques et gréseux forment
un biseau continental qui repose en discordance angu¬
laire sur le socle précambrien dans la région de
Tagragra d'Akka. Sa limite supérieure est marquée, à
l'échelle locale, par des indices d'émersion et d'érosion
induits par l'arrivée précoce des sédiments silicoclas-
tiques liés aux calcaires inférieurs. Elle passe, latérale¬
ment, à une discordance angulaire nette dans la région
de Bas Draa où les microconglomérats de la formation
sus-jacente reposent, en les ravinant, sur les schistes et
les granites précambriens. Ces deux limites de
séquences, (type 1 ou 2), selon la terminologie de VAN
WAGONNER (1990), permettent d'interpréter ce grou¬
pe comme une séquence composite définie par
MITCHUM et VAN WAGONNER (1991). Le passa¬
ge, progressif entre les deux unités constitutives de
cette séquence composite, correspond à une alternance
de bancs décimétriques de dolomies gréseuses à micro-
litage oblique en mamelon et dolomies beiges mas¬
sives. L'unité inférieure, qui correspond à la formation
"siltites de base" est une paraséquence de prograda¬
tion ; elle débute par des faciès d'"offshore" distale
(faciès Fsgl) et se termine par des faciès d'"offshore"
proximale (faciès Shcs et faciès St). L'unité supérieure,
qui correspond à la formation "dolomie de Tamjout",
est en revanche une paraséquence d 'aggradation à
faciès monotones (faciès Csp). Le groupe de Madaw
qui ne présente aucun indice d'instabilité tectonique,
indiquerait une phase de stabilité structurale dans
l'évolution géodynamique du bassin, ce qui conforte
l'idée d'un contrôle eustatique des variations du niveau
marin relatifs (S4™ et à l'origine de la séquence
272 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI
composite et des paraséquences de ce groupe. Son
dépôt transgressif, aussi bien sur les formations synrift
que sur les bordures du bassin (fig. 2), permet de
l'interpréter comme une série postrift. Le bassin est ici
considéré comme un rift intracontinental avorté, indivi¬
dualisé dans l'Anti-Atlas occidental à l'époque.
2 - LE GROUPE D'AIT ABDALLAH (Fig. 1)
Ce groupe atteint son maximum d'épaisseur (~
2000 m) et de diversité de faciès dans la région d'Ait
Abdallah. Il regroupe les formations dites, calcaires
inférieurs (à l'exception de la dolomie de Tamjout), la
série lie de vin, les calcaires supérieurs et la série schis-
to-calcaire (fig. 9).
1. Faciès et milieux de dépôts
La majeure partie des sédiments carbonatés de ce
groupe est d'origine stromatolitique et récifale. Leur
développement est, sans doute, en relation avec l'ins¬
tauration d'un climat tropical à subéquatorial. Les
importantes arrivées silicoclastiques d'origine conti¬
nentale, en plus du matériel volcano-sédimentaire
remanié par la dynamique marine, viennent systémati¬
quement combler l'aire de sédimentation et perturber la
construction algaire et récifale. Cette dynamique induit
la genèse d'alternances carbonates, silicoclastiques
d'échelle variables. Les faciès carbonatés peuvent être
subdivisés en faciès cryptalgaires et faciès récifaux de
plate forme marine et leur homologues silicoclastiques
en faciès fluviatles, faciès littoraux et faciès "offshore".
1.1 - Faciès carbonatés cyanobactériens
Quatre types de faciès sont distingués : les faciès à
thrombolites (faciès Cth), les faciès à stromatolites
columnaires (faciès Csh), les faciès à stromatolites en
dômes (faciès Cllh) et des faciès identiques à ceux
décrit ci dessus (formation "dolomie de Tamjout") et
formés de laminites cryptalgaires (faciès Csp).
Un faciès élémentaire à thrombolites (faciès Cth) est
constitué par un banc décimétrique à métrique de dolo-
mies à thrombolites. Une thrombolite est un bioherme
cyanobactérien à morphologie subsphérique à ellip¬
tique et à texture grumeleuse ou vacuolaire. Le faciès
(Csh) correspond à un banc, généralement métrique, de
dolomies à patine beige, résultant de la juxtaposition
latérale de colonnes stromatolitiques, l'espace interco-
lumnaire est souvent comblé par un sédiment détri¬
tique. Le rayon de toutes les lamines hemisphéroïdales
qui forment une colonne reste constant, ce qui permet
un recouvrement parfait des hemisphéroïdes (type
"SH", mode "C" de LOGAN et al., 1964). Le faciès
(Cllh) est un banc, d'épaisseur variable, de dolomies
beiges à stromatolites en dômes, avec des lamines
algaires hémisphéroïdales organisées en une succession
continue de dômes et de creux plus ou moins réguliers.
Une Thrombolite (faciès Cth) est considérée comme
un assemblage de grumeaux ou des colonnes cyanobac-
tériennes entourées d'espaces vides ultérieurement rem¬
plis par un sédiment détritique ou par un ciment calci-
tique dont la dissolution confère l'aspect vacuolaire à
certains biohermes (KENNARD et JAMES, 1986).
Selon PRATT et JAMES (1982 et 1986) et OSLEGER
et READ (1991), le milieu de développement des
thrombolites se limite à la zone subtidale franche. Les
colonnes stromatolitiques du faciès (Csh) caractérisent
les parties médiane et basse de la zone intertidale
(AITKEN, 1967 ; PRATT et JAMES, 1982 et 1986). La
croissance des colonnes du faciès (Csh) est assurée par
l'empilement vertical des filaments cyanobactériens
hemisphéroïdaux et le sédiment de l'espace intercolum-
naire est issu du démantèlement de ces mêmes construc¬
tions. Les stromatolites en dômes du faciès (Cllh) pren¬
nent naissance, soit par moulage des irrégularités du
substratum par les lamines cryptalgaires et cyanobacté-
riennes, soit sous l 'unique influence de la bathymétrie à
partir d'un substratum régulier (AITKEN, 1967). Le
milieu de leur prolifération est la zone intertidale supé¬
rieure (PRATT et JAMES, 1982 et 1986).
1.2 - Faciès récifaux
Les bioconstructions à archéocyathes de 1 ' Anti-Atlas
occidental d'âge cambrien inférieur se sont développés
dans un milieu marin très agité, comme en témoigne les
multiples structures de vagues et de tempêtes en asso¬
ciation. Elles peuvent être qualifiés de constructions
récifales par analogie avec celles décrites dans les for¬
mations du Cambrien inférieur et moyen des mon¬
tagnes transantarctiques (REES et al., 1989). Deux
faciès carbonatés purement construits (Cbioh et Cbiost)
et trois faciès grésocarbonatés associés (CFm, CFlent et
CFrw) sont identifiés.
Les faciès construits correspondent à la masse réel¬
lement construite par les cyanobactéries et les archéo¬
cyathes. Sur le plan morphologique, on distingue des
biohermes lenticulaires (faciès Cbioh) de deux à quatre
mètres d'épaisseur et d'une dizaine de mètres d'exten¬
sion latérale et des biostrômes (faciès Cbiost) épais de
un à vingt mètres et d'extension latérale régionale.
Dans de bonnes conditions d'affleurements, la structure
interne est dominée par l'aspect colonial ou solitaire
des archéocyathes. La surface sommitale de ces bio¬
constructions montre fréquemment des gouttières et des
crevasses irrégulières, pénétratives et remplies par des
argilites ou des siltites noires.
Les faciès mixtes associés concernent : le faciès ruba-
né (faciès CFm) qui s'exprime sous forme d'alternance
 > Z H > r3 > 00 O n n g
S >zr D c> no>z50d
o zn m 2 •ti pi' 73 B
sC O C Z CD > 00 00 Z O m to u>
él mentaires faciès (Cbioh) et
faciès (CFrw) (faLfchioèds) (faMcit)ès etfaciès (faCFm)ciès (faLfchioèds) (faMcit)ès (Cbiost)
r (faCFm)ciès (faLnicioèds) (faMcit)ès endômes
archéocyathes
à
stromatolites thrombohtes
biohermes
Séquences
/\
vaétqrsuéiDaretranoaiclnea
-
b
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la
dans
BaSel
de
noires
grès
et
Struct dômes
en
cryptalgaires argilites SC3.
(SC3).
laminites stromatolites
composite sequence
et de
(CDh) (Cth) (Csp etSm) /faciès (CUh)
(Sm) (Csp) /faciè(cii)
s
(Shbs
faciès faciès alternance faciès Shbs faciès séquence
la
de
faciès
él mentaires faciès Sm) violacés
à composite
\ AbdloSfeqmundtCI)eépavinrhioelfntscaiernt¬hdyls
Ait
of
a
F(cwiigroup,
Dsb
-
c
;
area
Draa
Bas
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ein
rouges cwiisdeoqmnutpehionfscientds
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Séquences
et et fin fin
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grès séquence
la
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Struct argiles sildtes grès
|
à
Sp) el mentary
(faciès la
Lcde
-
d
;
ésdSC2
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métrique CSp)
microc nglomérat microg nglomérats galets
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la
de (région
SCI
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Bas dés ic ation -faciès defeciès
4 D(iSf C2)érents
-
d
;
oblique de
loiutrageants de
c~\
rides
Stage f1Sacgiidfs)
-
3
((FI) fluviatiles GrolifqmduAéeesanruletanicpetrhets,
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-
ésda
Structures (Sh) plaitnione
—
dad'PI
on
fentes
-y
■y
Variation composite Kt fW ilîf;Ai &¥ms KRSV -f«cidj AF-asociation BF-bares
2 sequence
slumps calcaires dol mies
de et
Sm) (CDh) (Csp)
(faCcsp)iès (faCcïihès) (Csp, et (Shbs
alterna ce faciès Shbs faciès
J faciès él mentaires the
cwiomtphosinte
faciès Sm)
él mentaires
=structures séquences
formation
=
séquence
=
Séq lithologie
=
lith composites identified
Séquences Form Struct
dif érentes
Struct Les tary
-
c
; sequences
Léquesences Composites
-
S9
Figure
274 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI
au sein d'un même banc de strates carbonatées et de
strates argileuses. Les niveaux carbonatés centimé-
triques, dont les limites sont irrégulières, sont souvent
continus latéralement. Les horizons argileux, quant à
eux, recouvrent clairement les strates carbonatées en
moulant toutes les irrégularités de surface. Ce faciès
possède rarement des structures bien définies telles que
la lamination fine des argilites et quelques rares archéo-
cyathes solitaires des carbonates. Le faciès mixte à lita-
ge varié (faciès CFrw) est une succession alternante des
strates calcaires et de niveaux argileux. Les strates car¬
bonatées centimétriques présentent un microlitage de
rides symétriques de vagues, alors que les niveaux argi¬
leux s'organisent en lentilles dans les creux de rides ou
en strates pluricentimétriques à litage de rides chevau¬
chantes. Le faciès mixte à aspect noduleux (LFlent)
montre des lentilles calcaires irrégulières, massives,
généralement centimétriques à pluricentimétriques dis¬
posées en alignement parallèle à la stratification au sein
d'une masse argileuse qui les abrite. La dissolution ulté¬
rieure de ces lentilles confère une structure vacuolaire à
ce faciès. Dans certains cas, les niveaux carbonatés
noduleux des faciès (CFm et CFrw), se relient latérale¬
ment à des lentilles de même nature, nettement désorga¬
nisées et complètement isolées dans les argiles.
Les faciès construits de plate forme distale (faciès
Cbioh et faciès Cbiost) traduisent l'installation des
conditions favorables à la construction récifale (eaux
claires, climat chaud, bathymétrie adéquate, salinité
normale et luminosité suffisante). Les gouttières et les
crevasses observées à la surface de certaines biocons¬
tructions sont dues au phénomène de karstification
pénécomtemporaine à la sédimentation ; la topographie
élevée des biohermes et des biostrômes favorisant leur
émersion partielle. Les faciès mixtes associés, en parti¬
culier, les faciès (CFlent) et (CFm) traduisent, sans
doute, les premières tentatives d'installation de la
construction récifale dans un milieu influencé par des
événements de moins en moins fréquents de tempêtes.
En revanche, le faciès (CFrw) peut être considéré
comme une substitution latérale des faciès construits.
Les strates carbonatées de ce faciès résulteraient du
remaniement par les vagues du matériel issu de la des¬
truction de ces mêmes faciès construits alors que la
phase argileuse suggère un dépôt par décantation en
zone calme des particules mises en suspension par la
tempête. Des faciès identiques sont reconnus dans le
Précambrien d'Islay (Scotland) par MC. CAVE (1971).
La nodulisation et les perturbations synsédimentaires
des faciès (CFm et CFrw) sont probablement dues à des
mouvements sismiques qui provoquent le fluage du
sédiment et par conséquent le démantèlement de la stra¬
tification, initialement rubanée. Le fluage de ces sédi¬
ments encore liquéfiés peut aboutir, dans le cas extrême,
à un découpage des strates carbonatées en lentilles plus
ou moins désorganisées. Ce mécanisme, amplifié par la
décompaction dans l'Anti-Atlas, est reconnu comme
facteur génétique de certains faciès noduleux tels que
les "ammonitico rosso" (FARINACCI et ELMI, 1981).
13 - Les faciès silicoclastiques littoraux
Dans la région étudiée une grande partie des corps
sédimentaires silicoclastiques modelée par la dyna¬
mique littorale, est d'origine tidale. L'importance de la
marée se traduit par des niveaux à faisceaux sigmoïdaux
(faciès Ss) et par des niveaux à litage oblique biréversé
(faciès Shbs). Le faciès à litage oblique bireversé (faciès
Shbs) s'exprime sous forme de bancs plus ou moins len¬
ticulaires de grès à granulométrie fine. La structure
interne montre des faisceaux de litage oblique de sens
opposés. Les lamines sont dotées d'un plongement de
degrés variable, mais elles ne sont jamais parallèles à la
limite inférieure du faisceau. Le faciès (Ss) est caractéri¬
sé par un litage oblique sigmoïdal dans les grès gros¬
siers et fins ; il est souvent associé aux structures de
vagues qui apparaissent au sommet des bancs.
Malgré sa faible représentativité au sein des faciès
littoraux, le faciès (Shbs) est communément admis
comme une structure de faible profondeur, elle reflète
l'inversion périodique des courants de marées d'égale
intensité. Les lamines sigmïdales du faciès (Ss) sont,
d'après KREISSA et MOIOLA (1986) édifiées par un
courant qui change périodiquement de vitesse. La partie
inférieure de faible inclinaison de chaque lamine est liée
à un courant en stade d'accélération, la partie médiane
d'inclinaison maximale traduit le stade d'accélération
ultime à l'origine de la migration des mégarides et enfin
la partie sommitale, de faible inclinaison, correspond à
une décélération du courant dominant.
1.4 - Faciès silicoclastiques de plate forme distale
Les faciès silicoclastiques de plate forme distale sont
subdivisés en faciès d"offshore" proximale et faciès
d'"offshore" distale. Les faciès d"offshore" proximale
sont représentés par des grès à litage oblique en mame¬
lons (faciès Shcs) ; ce faciès est similaire à celui décrit
précédemment (formation siltites de base). Les faciès
d'"offshore" distale sont représentés par les "mud tem-
pestites" (faciès Mt). Il s'agit de paquets d'argiles
noires massives à intercalations d'horizons silteux à
lamines planaires ou de rides tridimensionnelles che¬
vauchantes. Les niveaux silteux sont fréquemment
déformés sous forme de pseudonodules sur des inter¬
valles épais de 20 cm à 1 m. Ces structures à morpholo¬
gie ellipsoïdale plus ou moins aplatie sont cara ctérisés
par une structure concentrique des lamines internes.
Le faciès (Mt) peut résulter de la décantation en
"offshore" distale des particules mises en suspension
par les tempêtes (AIGNER et REINECK, 1982). Les
 L'ANTl-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC : REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE
RIFT INTRACONT1NENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR
structures en pseudonodules qui lui sont associées rap¬
pellent les "pillow-beds" de ROEP et EVERTS
(1992) ; leur lamines déformées montrent l'évidence
d'un enfoncement vertical des niveaux silteux dans des
argiles massives. La genèse de ces structures sédimen-
taires est communément liée à un étirement, associé à
une liquéfaction, du sédiment suite à des mouvements
sismiques de faible ampleur (ROEP et EVERTS,
1992 ; HOLLAND et PATZKOWSKY, 1997).
2. Séquences et association de faciès
Le groupe d'Ait Abdallah peut être subdivisé en
trois unités stratigraphiques mutuellement recouvrantes
et transgressives. L'unité basale correspond aux cal¬
caires inférieurs (à l'exception de la dolomie de
Tamjout) et se caractérise par la dominance des stroma¬
tolites intertidales ; l'unité médiane, qui correspond à la
série lie de vin, est dominée par des thrombolites subti-
dales et l'unité sommitale, qui regroupe les calcaires
supérieurs et la série schisto-calcaire, se caractérise par
la dominance des faciès de tempête et récifaux attribués
à la plate forme distale. Ces unités qui se terminent
chacune, vers le continent, par un biseau de prograda¬
tion sont séparées par des surfaces de transgression en
domaine marin et par des discontinuités de ravinement
sur les marges du bassin. Il s'agit de séquences compo¬
sites selon la terminologie des auteurs (VAIL et al.,
199 1 ; MITCHUM et VAN WAGONNER, 1991) dont
les limites peuvent être, selon les cas, de type 1 ou 2 de
VAN WAGONNER (1990). On distingue à partir de la
base : la séquence composite SCI (unité basale), la
séquence composite SC2 (unité médiane) et la séquen¬
ce composite SC3 (unité sommitale).
2.1 - Séquence composite SCI (fig. 9a)
Son épaisseur, variable, peut atteindre 700 mètres
dans la région d'Ait Abdallah. Sa limite inférieure cor¬
respond à la limite supérieure du groupe de Madaw
définie ci dessus et sa limite supérieure se caractérise
par l'apparition de faciès cyanobactériens particuliers
dits faciès à thrombolites. L'apparition brutale et ins¬
tantanée de ces constructions subtidales à l'échelle de
l'Anti-Atlas, juste à la base de la série lie de vin et
jamais dans les formations antérieures, suggère une
importante élévation du niveau marin relatif ; un tel
événement qui peut être considéré comme une ligne
temps isochrone, marque selon Bertrand SARFATI
(1988), le début du Cambrien inférieur dans l'Anti-
Atlas occidental. Au sein de cette séquence composite,
l'association des faciès (Csp, Cllh et Shb), s'exprime
sous forme de séquences élémentaires (fig. 9 a), répéti¬
tives et d'épaisseur variable. La séquence la plus com¬
plète commence par des niveaux à stromatolites en
dômes fréquemment affectées par des slumps (Région
275
d'Anzi et d'Ait Abdallah) et se termine par des faciès
silicoclastiques de vagues et de marées. Latéralement,
les faciès carbonatés dominants de cette séquence sont
substitués par des faciès fluviatiles à la base de la suc¬
cession de la région de Bas Draa. Deux associations de
faciès relatives à ce système de dépôt sont identifiées :
l'association (BF) qui correspond aux barres fluviatiles
et l'association (PI) qui correspond à la plaine d'inon¬
dation (fig : 9b). L'association de faciès (BF) est
constituée par des bancs métriques, lenticulaires et
amalgamés de grès grossier à microcongloméra tique
plus ou moins riche en galets (faciès Sp). Les granules
sont des quartzs, des feldspaths potassiques et des frag¬
ments de roches, alors que les galets sont des granites
et des schistes. Ces éléments, issus de l'érosion locale
du socle précambrien, sont liés par une matrice argileu¬
se peu abondante. La base des bancs est systématique¬
ment érosive et les rares structures observées se résu¬
ment à un litage oblique arqué d'échelle métrique.
La séquence (~ 20 m d'épaisseur) qui résulte de
l'empilement vertical de ces faciès (Sp) peut être liée à
la partie proximale d'un système fluviatile, en raison de
l'absence des coulées de débris qui caractérisent les
dépôts gravitaires en plus de la présence d'un litage
oblique génétiquement lié au développement par accré-
tion des barres fluviatiles.
L'association de faciès (PI) est une alternance de
faciès de grès grossier sous forme de bancs et des
faciès de grès fin et siltites, sous forme d'interbancs.
Cette alternance définie des séquences élémentaires
répétitives à deux termes. Le terme basai correspond au
faciès (Sm) qui se distingue du faciès (Sp), uniquement
par l'absence des galets et du litage oblique ; le terme
sommital est, en revanche, représenté par des inter¬
bancs à faciès variés (Sgi, Fsh et Fl). Chaque interbanc
peut être composé d'une ou plusieurs strates séparées
par des diasthèmes et chaque strate commence par un
niveau gréseux à granulométrie moyenne et à grano-
classement inverse (faciès Sgi) se poursuit par des grès
fins à lamines millimétriques horizontales (faciès Fsh)
et se termine par des siltites sombres à litage de rides
de courant, litage madré et des fentes de dessiccation
(faciès Fl). La signification des faciès de cette associa¬
tion (PI), en fonction des structures identifiées et des
arrangements séquentiels, suggère un comblement gra¬
duel de chenaux isolés et peu profonds. La diminution
du régime hydrodynamique, à l'origine de l'édification
du faciès (Sm), est à chaque fois attestée par 1 'interca¬
lation des sédiments fins (faciès Sgi, Fsh et Fl). Cette
association de faciès peut être rapportée à la partie dis¬
tale d'un système fluviatile, vue l'absence des faciès
conglomératiques, le caractère granodécroissant des
séquences élémentaires et l'abondance des sédiments
fins. L'absence d'un couvert végétal significatif durant
la période cambrienne (COTTER in REINECK et
SINGH, 1982), est à l'origine de la morphologie en
276 M. BENSSAOU, N. HAMOUMI
tresse du système fluviatile à l'époque (SCHUMM,
1977). Dans un contexte pareil, les faciès à sédiments
fins (Sgi, Fsh et Fl) peuvent être liés à la plaine d'inon¬
dation puisque les levées sont moins développées dans
ce système.
Séquence composite SC2 (fig, 9c)
Cette séquence à dominance carbonatée et d'épais¬
seur avoisinant 600 m à Ait Abdallah, passe latérale¬
ment à des grès et des conglomérats dans F Anti-Atlas
central (CHOUBERT, 1963 ; BOUDA et al., 1979 ;
DESTOMBES et al., 1985 ; GEYER 1988). Sa limite
supérieure coïncide avec l'apparition des premiers
niveaux de calcaires à archéocyathes. Les faciès throm-
bolitiques dominants (faciès Cth) en association avec
d'autres faciès (Csp, Cllh, Csh, et Sm) définissent des
séquences métriques répétitives (fig. 9c). Chaque
séquence élémentaire débute par les faciès subtidaux
surmontés par des faciès intertidaux à supratidaux.
Aussi bien pour cette séquence (SC2) que pour la
précédente (SCI), l'alternance répétitive des faciès car-
bonatés et des faciès silicoclastiques est le résultat
d'une perturbation systématique de la sédimentation
carbonatée d'origine cyanobactérienne et cryptalgaire
par des progradations successives de ceintures silico¬
clastiques marginales sous forme de deltas et de «fan-
deltas» constituants les bordures lointaines du bassin et
par la redistribution in situ des produits volcano-sédi-
mentaires issus de l'activité volcanique contemporaine
à la sédimentation dans les régions voisines (Anti-Atlas
central et Haut-Atlas occidental). La reprise de la sédi¬
mentation carbonatée après chaque progradation est
assurée par l'inondation de la plate forme et le retrait
de la ligne de rivage vers le continent suite à une trans¬
gression marine associée à une réduction des apports
continentaux. Cette cyclicité des événements et des
faciès est à l'origine de séquences élémentaires.
Séquence composite SC3 (fig. 9d)
Sa limite supérieure nettement visible à Ait Baha est
une surface durcie et férruginisée surmontée par un
niveau brèchique et lumachéllique, d'épaisseur
métrique et à base érosive. Ce niveau dit "brèche à
micmaca" est attribué au Cambrien moyen (BOUDA et
al. 1979 ; DESTOMBES et al, 1985 ; GEYER, 1989).
Il est associé à une discordance, soit de ravinement
dans l'Anti-Atlas central (HUPÉ, 1955), soit angulaire
dans le massif ancien du Haut-Atlas occidental
(OUANAIMI, 1989). Plusieurs séquences élémentaires
métriques à plurimétriques (fig. 4d) composées par
l'association des faciès récifaux et de tempêtes (Cbiost,
Cbioh, CFm, Cflent, CFrw et Mt), constituent les
motifs édificateurs de cette séquence composite. La
séquence élémentaire la plus complète débute par des
faciès silicoclastiques d"offshore" distale (faciès Mt) ;
le comblement progressif de l'aire de sédimentation
aboutit à l'installation de la construction récifale (faciès
Cbioh et Cbiost) en passant par une phase de transition
(faciès CFlent et CFm). La surface sommitale des
faciès bioconstruits qui clôturent la majeure partie des
séquences élémentaires montrent une évidence d'émer-
sion. A l'issue de chaque phase d'émersion, l'envahis¬
sement rapide de la plate forme par la remontée du
niveau marin permet la reprise de la sédimentation
d'"offshore" distale, sous forme de "mud-tempestites",
puis la colonisation graduelle du milieu par la construc¬
tion récifale, comme phase ultime du comblement, ce
qui permet la cyclicité des faciès et leur organisation en
séquences répétitives.
Dans la région d'Ait Baha la séquence est représen¬
tée par les seuls faciès calcaires d'origine récifale
(faciès Cbiost) qui alternent avec des faciès rubanés
(faciès CFm), alors que dans le Bas Draa prédominent
des grès à litage oblique en mamelons (faciès Shcs) et à
litage de marées (faciès S s et Shbs) au sommet de la
séquence. Ces faciès de substitution sont intensément
affectés par des perturbations synsédimentaires sous
forme de slumps et de pseudonodules (grés terminaux
de Bas-Draa) et de structures de nodulisation et de flua-
ge (calcaires rubanés d'Ait Baha).
3. Implications géodynamiques
Le groupe d'Ait Abdallah correspond à une super¬
séquence selon la terminologie de MITCHUM et VAN
WAGONNER (1991) : caractère érosif de ces limites
(type 1 ou 2) et organisation en séquences composites.
Elle débute par des conditions de milieu littoral
(séquence composite SCI) et se termine par des condi¬
tions de plate forme distale (séquence composite SC3).
Son organisation interne en séquences composites sug¬
gère un contrôle eustatique des fluctuations du niveau
marin de 3ime ordre (MITCHUM et VAN
WAGONNER, 1991). Au sein de chaque séquence
composite, il est possible d'identifier des séquences
élémentaires similaires aux séquences simples de
VAIL et al. (1991), paraséquences de VAN
WAGONNER et al. (1990) et séquences génétiques de
HOMWOOD et al. (1992). Les changements abrupts
des faciès au sein de chacune d'entre elles traduit
l'enregistrement de brefs épisodes de fluctuations du
niveau marin relatif. Ces variations de hautes fré¬
quences (44me et 5tae ordre) sont, pour la plupart des
auteurs qui ont étudiés les séries cambriennes
(KOERSCHNER et READ, 1989 ; OSLEGER et
READ, 1991 ; Me NAUGHTON et al., 1997), d'origi¬
ne glacio-eustatique. Cepandant dans le cas de l'Anti-
Atlas occidental un double contrôle de la sédimenta¬
tion et de son organisation en séquences élémentaires
 L'ANTI-ATLAS OCCIDENTAL DU MAROC REMPLISSAGE SÉDIMENTAIRE D'UN BASSIN DE TYPE
RIFT INTRA CONTINENTAL AU CAMBRIEN INFÉRIEUR
:
par la tectonique et l'eustatisme est envisageable. Les
indices de ce contrôle tectonique sont fournis par les
structures de glissements synsédimentaires (les slumps,
le fluage, le nodulisation et les pseudonodules) et par
l'introduction forcée des sédiments continentaux dans
un domaine marin dominé par la sédimentation carbo-
naté, ce qui suggère un soulèvement saccadé de l 'arriè¬
re pays. Le groupe d'Ait Abdallah traduit, ainsi, une
élévation du niveau marin de 2èmc ordre, dédoublé par
des fluctuations de 3te,e ordre, elles mêmes ponctuées
par des variations de hautes fréquences du niveau
marin relatif.
V - CONCLUSION
L'analyse des faciès sédimentaires et leur évolution
verticale et latérale ont été utilisées pour caractériser
les environnements sédimentaires des formations d'âge
cambrien inférieur du bassin sédimentaire de l 'Anti-
Atlas. Les faciès reconnus et leurs associations se rap¬
portent à des environnements diversifiés : rivières,
cônes alluviaux, "fan-deltas", lacs, sebkhas, littoral
dominé par les marées et la houle, plate forme dominée
par les tempêtes et plate forme dominée par les
constructions cyanobactériennes et récifales. Durant la
phase synrift, le développement du bassin se produirait
en deux étapes de structuration. Celles ci seraient à
l'origine des deux groupes sédimentaires reconnus dans
la région :
a) le groupe d'Anzi qui représente les premiers
stades de la distension et qui se limitent à l'axe Anzi-
Tighmi,
b) le groupe d'Asghrkyis qui témoigne d'un stade
plus avancé de la distension.
Cette structuration qui atteint les régions de Madaw
et d'Ait Baha, peut correspondre à la structuration en
horsts et grabens de la série de Tanalt évoquée par
HASSENFORDER (1987). La distension supposée, à
l'origine d'une telle structuration en horsts et grabens,
s'est produite à la fin du Protérozoique supérieur. Il est
important de souligner que probablement, les accidents
de direction E-W, dans un premier temps (groupe
d'Anzi) puis de direction NE-SW dans un deuxième
temps (groupe d'Asghrkyis), ayant joué en failles
inverses ou cisaillements durant l 'orogenèse panafricai¬
ne, auraient subi une inversion structurale et auraient
joués en failles distensives au début du Cambrien. Ces
grandes lignes structurales seraient les principaux pro¬
moteurs de la distension à l'origine d'un bassin de type
rift intracontinental avorté à l'échelle de l'Anti-Atlas
occidental.
277
Durant la phase postrift, les groupes sédimentaires de
Madaw et d'Ait Abdallah qui constituent cette série
montrent une alternance presque monotone et d'échelle
variée de sédiments silicoclastiques et de sédiments car-
bonatés. Le groupe de Madaw est une mégaséquence de
comblement induite par une transgression régionale et
d'origine eustatique. Le bassin peut être considéré, à ce
stade, comme un dispositif simple fonctionnant sous
régime de la seule subsidence thermique. Le groupe
d'Ait Abdallah, dont la cyclicité des faciès peut être
considérée comme résultat du contrôle de la sédimenta¬
tion carbonatée globalement récifale et cyanobactérien-
ne, par introductions épisodiques de sédiments silico¬
clastiques dans l'aire de sédimentation, marque la reprise
de l'instabilité tectonique relative sous forme de subsi¬
dence saccadée. Trois séquences composites contrôlées
par des changements du niveau marin relatif de 3ème
ordre ont été identifiées. Chacune de ces séquences est
formée d'une multitude de séquences élémentaires dont
la répétition signifie la traduction indirecte des fluctua¬
tions du niveau marin relatif de haute fréquence. Un
contrôle par l'action conjuguée de l'eustatisme et de la
tectonique est ici envisagé ; durant cette période une
activité volcanique a été signalée dans l'Anti-Atlas cen¬
tral (LEBLANC et LANCELOT, 1980) et dans le Haut-
Atlas occidental (Viland, in DESTOMBES et al., 1985).
Ce volcanisme contemporain à la sédimentation est en
relation probable avec le processus de rifting qui atteint
tardivement ces régions voisines.
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