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III

VOLTAIRE

Lne jeunesse Né à paris en 1694, François-Marie Anounr, fils d,un


turbulente notaire, gardera de ses origines le sens des affaires et
(16s4-1726),'"ïB,m3TriaJ"."ïiiï*,srEErM.NDArNE
:i e re f ron d e ur mais remarq u.t[iî;,Ï :: ;i:-,"*:0i.,;*î, Jf '
",*:il1"":
::.itres encouragent-sa vocation poétique et il reitera leürami; ses condisciple.,
s::
a,.d.g""i+
: -\rgenson, Cideville lui sero^nt. un jour précieux. Introduit de bonnË heur. par son
"?;",f-"*
:arrain, l'abbé de châteauneuf, dans la soôiété du Temple, milieu de bons vivants et de
:-'ertins, l'adolescent, négligeant ses études de droit, y àcquiert le goût du plaisir et du
I
:el esprit.
z. PREMIER sÉJouR A.LA BâsrILLE e7q). Devenu crerc d,un procureur,
:*qousr s'initie au droit et se lie avec.T:rrrRlor, l'ami de toute sa vie. Ses écriis satiriques
:rntre le poèt9 L..a Motte, puis.contre le Régent, ie font exiler deux fois en province (r7i6).
d.peine.rentré, il écrit contre le Régent rni épigr.u--e en latin : cette fois il est enfermé
r ia Bas.tille pour onze mois (r7r7-r_7 r8). Le jeune écervelé y lit Homère et virgiÈ, t";;i;;
u tragédie d'(Edipe et commence Ie poème-de La Ligue.
3. LE PoÈ-fE MoNDAIN (t7Â-r726). sorti de prison, il prend le nom de vor-rernr
:.: devient célèbre à z4.ans grî:e aq succès d,C\dipe (rirS) ei ae ta t;gue
1iZ.i). nnerit.
:'une jolie fortune et l'arrondit par'd'habiles plaôements.-on l,attire dlans'les salons et les
àâ15a.ux or) triomphent ses talents de poète Àondain. En 1725, t" à Fàni"irrebl""u,
:':: il donne trois pièces de théâtre por. le mariage du roi. i'#eurr, "oi"i
p"".io"", tout vient
:':rnbler ses désirs.
NouvEAU sÉJouR A LA BASTILLE (t726). une dispute l'oppose au chevalier
LRonax,
:r_ plein d-e mépris-p,our ce bourgeois « qui n,a même pas ,r.r'rio- ,. Vor_r^r^.
-;i lançs...1,._ réplique: « Mon nom, ie-re er vouË fi"i.;";-i; vâtre ! , En
-.-rLTÀrRE
"o-À"rr"",
:éponse, il subit une bastonnade.. Abandànné par ses nobles protecteura; pl"in d;"-".trrr",
voudrait_ une réparation par les ar'mes, mais unà leftre de càchet i,envoie dé
:,ruveau à la tJastrlle, méditer sur ce qu'il en coûte à un roturier de s'attaquer à un gentil-
:.rmme. Peu après, il est autorisé à s,exiler en Angleterre (mai qz6).

Le-s leçons Accueilli à bras ouverts par la société politique et litté-


de ItAngleterre raire, il y retrouve I'existence brillante qu'il avair connue
:ui s,opère en rr,i au spqelaefeo:T":':,ïi,.!:f;f;,'.ilÀ.?,ïJîïi$il: i:"":z:;"8,'::;::l
:rÈment de La Ligue, qu'il dédie à_la reine d'Angleterre (t728) ; il prépare quatre tragédies,
:e documente pour le charles xII etles Leuràs Angrairri. D"..io,ri.r, È.u."" en t72g,
- reconquiert peu à.peu la société pari"ienne. II donne des tragédies inspirées de Shakes-
:eare : Brutus-(r73o), Zaire Q73z), Adélaîde du Guesclin (t:Æg". ll publiÉ clandestinement
trl*. 'flistoire de c.harles
l-,"; I
rlut
_xII (t73r) ; il risque le Temple du' Gà,ûi (rzill dont les jugements
iérères lui attirent de nouveaux ennemis. Enfin il se décide à
i à"ùiér, sans auioiisation,
â l,.ettres. Philosophiques ou. Lettres Anglaises (r73+) *première boirbe lancée contre
'encien régime » (Lairson)
: aussitôt, une lettre ae àaôtret I'oblige à s'exiler en Lorraine.
I

t Délices
(17ss -1760 )
: _.:.. i1755). Tou-rour: :
.' .t' .1[6y7t,r;-rb,. ].
:!::.-:s. plus soucieus ic :
' . -::éme. Quelie am.:. :
: Calvrn ser'èremer.: .---.
:: - autant dire dei.t.. :.
,

.: / ).
. :tr. quelques hésitarior.-. -
. ::ble de satires et de ::::
.. r:58: L'Érossaise. i-,.:
:=\aux (Ualadie du ,1,,:,::.
:. que S'envenime la t:
:::e rr75ÿ, chef-d'ceurr.
-.

; patriarche
d,e Ferney :
L'expérie-nce d,es Tout à couo n, (1760 -1775)
coîr s e z àa - i à sq
courtisan déçu qui ,o-b"-d"
a_ n,."î r.ï "T,;,-ii:',,iï!#,îïîJ
#.,iljl j:I,::,;
.ft:ii:T,:ïXi f:.l,iî"",iî diiîà"Ï'lrl?rences, cerre du .: en relations avec toute l'E
: -:sie, avec les rois
VERSAILLES rr de polosn
. i:r::x',*::.,
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-..rrot et les d'Argental for.r
i:, :'.4ili1-'# i! o
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* e s' b n d on n e

I?:,*,n.r,i+ii ,'li ;;i:: ;',,,Â'§i IF$"ï..T"ff::,ili'.**j:;.tL-,2;b,:j_ïii


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au to u rbi r on
a .lsent sa propagande, ou Rr.
-:âce au contreseing de Darnila.,
qu* ÿ""uiri"-'*"" r".";"-"î. .orrespondancc des philo,opi.
II est mar .\utour du , patriarche r ir cr-
ij9"i,i.:';i:,:;:':'1"o:::' ", i;;;i;t"coTp'erd :. e dr I'auteur du Cid, qu :l ,
.rneille accompagnée d'un f ,-;
,*":î151+r..,,n:i=Ë;::r*ï;.:i,,",,,JiïË:i""Tî,tî:i':ËÏIi:rï:ii,ï:
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ïrJ- J, i ii.',ii,,i ï": e.à"" n i u.Ë.' ïï' J",
. n chapelain le P. Adam. le rr
melancolique à cirey, f;!n,":,Xl
^... enfin
", sa ai.grâà:
*i.an. ses ::rlosophiques. Il devient. seio:
avec re regret de vieillir
ÿr\rrrrr ct o avotrperdu son temps. i,est Ie retour
oiL:".t -. Ferney. accueille d'innombr:
'arions. Volrarne y donne
z. LUNÉv ILLE(ttrt_,t ", de. r.
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Il accompasne
cnarerrr - les : il écrit encore à Ferner. ur
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.ont." cninrr-iî"'âïI,'I"lt medlocre' Les viux Y::.::
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à Ia cour lorraine de
sautëet. r_" z. LA BATAILLE PHILOS
-",ir,.ï,ji: I.'iitr:i,,.è#J"",tïd*iï",:,'b?I;:..rffi:;j [îF,î: -lus que jamais, au cæur d" la ,
;Ji::"i:ili*:,::,;yï;"r.îJ;,",i,ï;Jii j:IJ:"i_"""iffif,î::ïîJ:i?i"i".T"lTi tr propos de l'affaire Calas, il en
rne campaAne fébrile, qui ne pr,
S. LA PRUSSE (r7<o_,r",r rl-..^__ :on actrvlte est prodigieuse. Il )_
et Cotin, L; lngénu,
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publie Ie siâr/e a" Lrui*iii


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Phil.osophique
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764). Ses tragédi.
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vemenr, avec l4icromésorT"_:r,.ro.Loi t,-irrrîiri'r'z','qu Dialogues et les innombrables pa


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harcèle ses adversaires : philoroph
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e maitre chez soi. Iui a fait sentir le prix de la
3. VOLTAIRE " SEIGNELR
a. L'ALSACE (rzqr_r vie pratique, il u civilise , la régior
- un théâtre et même une église, pl
des prairies artificielles
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*'"iiif :l'iffi *.;;$*,;*î:irtrï,iîr§#î:.'nrîfffi de soie Que Mme de Choiseul prt
recommandent à l'étranger I Il dr
bienfaitcur. Pour Iui Fernet, tst
4o sauüages est deaenu une pefite

-
LE « ROI VOLTAIRE, II3

iu Cuarrr,rr, Les Déliceg A 6o ans, VorraIRE découvre la nature et la vie rustique.


retraite sûre,
Il instalie un (I 7s s - 1 76 0) âffi l: ffi ,""î:I oï, iïi;:iil',
, \,:ï
"; o' :1,x, affi ;t;
ariques oîr ses de la Chine (1755). Toujours philosophe, il publie le Poème sur le désastre de Lisbonne et
756). Il a même l'espoir de gagner |1 13 « philosophie , les pasteurs
ode créatrice: t-'Essai sur les Mæurs ( r
:o), Mahomet Drotestants, plus soucieux de morale que de dogme, et de fonder à Genève le culte de
:périmentales, i'Être suprême. Quelle amère désillusion ! Les Genevois interdisent son théâtre, s'irritent
rlec le liberti- de voir Calvin sévèrement jugé dans I'Essai sur les Mæurs, s'indignent d'être traités de
tlomme (t738) sociniens (autant dire déistes) dans l'article Genèoe d.el'Encyclopédie, inspiré par Volrernr
'-de physique, 'cf. p. r57).
E!éments de la Après-quelques hésitations, ce dernier s'engage à fond dans la bataille encyclopédique
i sur la natute et aôcable de satires et de pamphlets les ennemis des philosophes : FnÉnou (Le Pauore
c le Siècle de Diable, 1758; L'Écossaise, û60),LE Fnenc or PolrprcNeN (La Vanité, 176o), le Journal
de Trévoux (Maladie du Jésuite Berthier, cf. p. r8z). C'est encore pendant le séjour aux
elgrque ou en Délices que s'envenime la brouille avec Roussreu (cf. p. rS8), et que Vor-rerRr écrit
que chez son Candide (r7Sq), chef-d'ceuvre du conte philosophique.
rr une guerre
eau et l'abbé Le pAtriarche En 176o, Vo.Lrerns s'installe à Ferney, à portée de la
ar ce Parisien ' d, Ferney la moindre alerte' Il v restera
l:::::-'lÎ"':,:^'.:u**t"'à
presque Jusqu'à sa mort'
(1760'1775) "
r. " L'AUBERGISTE DE L'EUROPE ,. Par sa vaste
:e, le. rappelle correspondance (6.ooo lettres pour cette seule période),
:ermrner son rl est en relations avec toute l'Europe. Il correspond avec Frédéric II et Catherine de
nces, celle du Russie, avec les rois de Pologne, de Suède, de Danemark. Il écrir. surtout à Paris or)
Thieriot et les d'Argental font jouer ses pièces, otr d'Alembert, Helvétius, Condorcet
au tourbillon diffusent sa propagande, otr Richelieu, Choiseul, Turgot le protègent de leur influence.
nbre, il écrit Grâce au contreseing de Damilaville, commis au vingtième, puis de Marin, censeur royal,
' )e Poème de la correspondance des philosophes circule librement.
re fera jamais Autour dp « patriarche » vivent sa nièce Mme DpNrs et Nllle ConNutr-r, arrière-petite-
:adour qui I'a nièce de l'auteur du Cid, qu'il a adoptée et qu'i[ dotera en publiant une vaste édition de
.ie Crébillon, Corneille accompagnée d'un Commentaire (t764). Ses autres familiers sont son secrétaire,
:ius riante son chapelain le P. Adam, le médeciir Tronchin, les Cramer qui impriment ses écrits
de
,lurtisan. Ses philosophiques. Il devient, selon son expression, u l'aubergiste de I'Europe, .' le château
: est le retour de Ferney, accueille d'innombrables visiteurs, princes, écrivains, admirateurs de toutes
nations. Vorrarnr y donne des représentations dramatiques oir il interprète lui-même ses
rôles : il écrit encore à Ferney une dizaine de tragédies.
ur lorraine de
r. il s'acharne z. LA BATAILLE PHILOSOPHIQUE. De sa province, le u roi Voltaire, reste,
,ria (ou Rome plus que jamais, au cæur de la mêlée. Dès r762, il devient le champion de la justice :
.! j. De retour à propos de l'affaire Calas,.il entreprend contre I'intolérance et les tares de la justice
rrâce et frnit une campagne fébrile, qui ne prendra fin qu'à sa mort (cf . Affaires.iudiciaires, p. r7o).
Son activité est prodigieuse. Il lance encore dans la bataille des romans philosophiques
(.leannot et Colin, L' Ingénu, La Princesse de Babylone ) , et I'important Dictionnaire
:es \ror-relnr Philosophique (I764). Ses tragédies elles-mêmes sont alors des pièces à thèse (cf. p' r85).
::eptionS et à Mais, dans cette période où il combat sur tous les fronts, ses armes favorites sont les
it Louis XIV Dialogues et les innombrables pamphlets par lesquels il associe l'opinion à ses luttes et
eage définiti- harcèle ses adversaires : philosophes, Parlements, jésuites, érudits et journalistes. Ferney
-lhahia dans c'est pour Vor-reInp u la retraite frénétique , (R. Naves).
: despotisme
: le prix de la 3. VOLTAIRE " SEIGNEUR DE VILLAGE,. Avec son sens des affaires et de la
vie pratique, il " civitise , la région de Ferney : il dessèche des marais, bâtit des maisons,
,n ihéât.. et même une église, plante des arbres, utilise des semoirs perfectionnés, crée
:s en Alsace. des prairies artilicielles et développe l'élevage. Il installe une tannerie, fabrique des bas
Dorr Cer-unr de soie que Mme de Choiseul présente à la Cour et des montres que nos ambassadeurs
'1ryurs. Eir6n, recommandent à l'étranger ! Il délivre [e pays de la gabelle et on l'acclame comme un
alle au début bienfaiteur. Pour lui Fernel- est une expérienee, une démonstration : u Un re|aire de
4o sdulages est deaenu une petite xille opulente habitée par 1 2oo personnes utiles '.

I
rt4 VOLTAIRE LE

.I. LE DÉISME VOLTAIRIE


:.:erdit de définir Dieu avec plus dt
. Dieu, et je ne suis point fait pour
: -e point de départ de son déisme.
:, Cnrrrqun ors Rer-rcrous nÉvÉl:
to.tures. Il se livre à une critiqu.
-:tout des textes bibliques. Interpr
'. r'oit partout qu'invraisemblances.
::: de ridiculiser les cérémonies relr
LES IDEES DE VOLTAIRE ::ieux : montrer que, dans la divers
. ,rement humaines et usurpent Ie rest
Selon Lanson, la forme irréxérenr'
Peu d'homrnes ont ét-é prus diversement jugés. -.,ction contre I'ingénuité avec laqu.
s'affirme plus souvent
vorrernr est un porémiste .. sa pensée . . rnité intégrale des Ecritures. Si .o:
1il:.tl .."*9y..:;. ô;:'à;". des exposés didactiques; de Ià ce : "utit à des interprétations contestai
caractère fragmentaire et satirique qui la fait-iaraitre superficiell". lt
par principe à tout esprit de svsi&nË. c"p""aâ"i, opposé -:oblèmes sur le plan historique.
".i-àlàitt"urs
à"rant une cinquantaine d,années, il n,a
guère tarié dans ses idées esseitielrer t'"r, p""iiire que Toutefois son scepticisme le prép:
indiqué les e.léments d, une r éforme "tporltii i âi" Ë-io.iete.s,il a beaucoup détruit, rr ^ a\ss; mprend rien à la foi ni au m1'stici.
"tégories : les fripons qui ne cror
. ,, ,,

La, Métaphysique Toute sa vie, Volrernr s,e,st occupé de métaphysique, royen de domination, et les " imbé
:anatiques (Dialogues, XXV). C'est r:.
.e sentiment religieux.
xaines spécutatiors. Àttributs
"Tii",l'ï1,,i.ï1"'îï"0;j':î,J:;"
existence et immortalité de l'âme,.rppo;;;;;l'ile î:'î::nf:la.jl,"iii;
et_du corps, origine du mal, destinée z. Culrr or l'ÊrRn SupRÊur. En r
de I'homme, toutes ces. que.tio""'aepÀ."*
l"r"ili;;"*:C,;;:;;;;; i.. limites de ;ont d'accord sur I'essentiel.' l'existen
"",*
norre nature que de prétendre résoudre ces problèmes
.ü l".qr"l. r..î'rrirà..p1,". ne sont une révélation illusoire, mais par la r
jamais d'accord : mieux vaut nous en
tenir it doute et, comme LocKE, nous tourner r.ers le relision naturelle, ce culte de I'Ernr S
monde physique que nous connaissons, l"i,;;;-;", sens (cf. Llicromégas, p. r3g_r4r). et de tous les temps » que Voltaire vc
La métaphysique présente deux graxes. dlngers: r. Eile divise de l'esprit de secte et des « mvstère:
conduit' sur le plan reliqieux. aux excès du/anatisnte (p. les hommes, et les attache le salut à des croyances et Ce,
r55). z. EIle les tient.ans
I'angoisse devant des p.oLIè-". insolubres. et'r..îà,or... - pourquoi perdrc ainsi
de Ia vie.
universelle. Il rejette même l'idée i
notre temps et notre énergie ? La sagesse consiste à puissance divine.
tourner le dos à la mËtaph1,.iqre
terrestre, « 2pl4n1 q," lu .ut,.ïi;;;Ï. "t à
Ë"âràiiX'; i..r.' p.,zf,
Il avait admiré en Angleterre les si
:;i'ï|:;J;):onheur r755, aux Délices, il eut I'iliusion q:
paresseuse.? ( No.n, répond Vor_ralRr, c,est le assez détaché du dogme, l'aiderait à r
^.,,4ttit:de
qur ont couru en -, repos raisonnable des gens les y engagèr, ii poussa même o'Àlrri
"r,, métaphvsiques philosophie paresseuse vaut mieux qur théologie
turbulente et chimères "l-1y;U..rout. ,) , Di,tio,noirf, déjà d'un u socinianisme parfait " iart
ii";iàà-piiir) ,"iir)tïr. tations unanimes et VoLTAIRE conÇi
grande préoccupation est d'assurer lt
Religion Romans, traités historiques, poèmes et même
tragédies, u parce qu'on a toujours négligé la mc,
et rn,orale toute son æuvre touche aux questions religieuses.. Elleé 3. PnÉÉlrrNrxcE DE LA Monelr. C
l_es
.Diatosues
phitosophiques.
Voltarre philosophie'sig;ifre libr;
,"i;;l;i;,"il"fjî;j:":1:,;!,^,i;,t;:,,r",,i;ï,i:!;,î!:,ïii; religion n'est instituée que pour mal
les bontés de Dieu par la xertu , i D;
;;;r;;.'' ia morale est le trait d'union entre i,
I' L'ExISTENCE DE DIEU. contre les encyclopédistes Confutzée, de Zoroastre, de P1'thau
d'Holbach. il donne derrx justificati"". J.;;;;" .iàyu.." athées l)iderot et absolument les mêmes. Dieu a mis ca
qu,il proclame sans cesse
r' Elr-e s'rMposp A NOTRE RÂISON : u Le monde est assurément
:
inclination pour le 6vl » (l)ictionna;
donc il y a dans le monde une ua*irrbr. r"l"iltc";;, quelque une machine admirable ;
raison et notre conscience seront donr
naire: A,théisme, II). Dieu. est u I'horloger,, part ou elle soit » (Diction- représente pour Voltaire u le code du
"ïeà."1 géomètre,,
du monde '. Cf. Les CabaLes, L,";n;;-,"Âi"-.ru..", je
u l,éternel architecte aooir céeu : traite ton prochain comme
" et ne puis songer eue cette vers JÉsus, Iui disant : « Je vous pr,
enrichi cette maxime d'un précepte i
z. Et-l-n EST urILE e r.l soclÉrÉ; « Je veux que mon procureur, n1las » (Dictionnaire: Religion).
croient en Dieu ; et ie m'imagine qu...y,.. mon tailleur, mes valets
crainte d'un Diet , rémunéroirur^it
..i"i Àt"i". yolé, (Dialogues, A B C, t). La
morale pour les esprits simples. err.t";ngr;;';.;;-;n
effet le meilleur fondement de la IiI. LA TOLÉRANCE. Le fanatt
,i* pfrità.opr,". ,,, il. p;;;;;i .i".iir..". , t"r,
raison suffit à les maintenir dans la morale. "
VoLtelnr dénonce n I'enthousiasme
le juste milieu des choses. Sans reiâ
assassinats dictés par l'esprit de secr
LE PHILOSOPHE II5

e:lur triomphal- II. LE DÉISME VOLTAIRIEN. Conscient des limites de l'homme, Vor-rarna
:eî\on d'Irène, sË :'irrterdit de définir Dieu avec plus de précision ; « Je ne sais point ce que sont les attributs
.:é sur la scène. ie Dieu, et je ne suis point fait pour embrasser son es§ence » (Le philosophe ignorant), Tel
: nai 1778. Dè :§r le point de départ de son déisme.
' Dieu. en aimant
-9r. ses cendre r. CRITIeuE DEs RELIcIoNs nÉvÉr-Érs. Poûr lui, les religions révélées reposent sur des
:lpostures. I1 se livre à une critique implacable et parfois mesquine de leurs fondements,
-:.:rrtout des textes bibliques. Interprétant les données de I'exégèse récente (cf. p. r4), il
:-e voit partout qu'invraisemblances, absurdités, superstitions primitives ; il ne se laàse
;ras de ridiculiser les cérémonies religieuses. Sous une forme burlesque, il tend à.un but
iérieux : montrer que, dans la diversité de leurs dogmes et de leurs rites, les religions sont
nrement humaines et usurpent le respect dû aux èhoses divines (cf. p. r7r).
Selon Lanson, la forme irréoerencieuse et parfois ordurière de cette critique serait une
:Éaction contre l'ingénuité avec laquelle on admettait alors, au mépris de toute exégèse, la
r:-,le .' sa pensée ;ivinité intégrale des Ecritures. Si son information plus précise qu'on ne l'a prétendu
:rues ; de là ce aboutit à d,es interprétations contestables, VoLteInr- a eu du moins le mérite de poser ces -
: ailleurs opposé problèmes sur le plan historique.
à'années, il n'a Toutefois son scepticisme le préparait mal à une étwde objectiz;e des religions. Il ne
;.'irzrlt, il a aussi comprend rien à la foi ni au mysticisme. Pour lui les esprits religieux se divisent en deux
catégories : les u fripons » qui ire croient pas à leur religion mais la considèrent comme un
moyen de domination, et les « imbéciles » crédules et enthousiastes qui deviennent des
nétaphysique, fanatiques (Dialogues, XXV). C'eét méconnaître, évidemment, ce qu'il y a de profond dans
::iiens et leurs le sentiment religieux.
:: et de la vie,
:: mal, destinée z. CuLTE DE L'ÊTRE SupnÊur. En réalité, toutes ces religions qui se déchirent entre elles
::1es limites sont d'accord sur l'essentiel.'I'existence de Dieu (p, rf+). Elle nous est garantie, non par
de
: . rrphes une révélation illusoire, mais p^ar la raison, qui fait I'accord entre les hommes. C'est cette
ne sont
I ::Urnet vers le religion naturelle, ce culte de I'Ernr SurnÊ»rr, n Dieu de tous les êtres, de tous Ies mondes
;r. p. r38-r4r). et de tous les temps » que Voltaire voudrait faire triompher. Il veut désabuser les hommes
-
de l'esprit de secte et des « mystères incompréhensibles , ; il combat la superstition qui
: ntmes, et les attache le salut à des croyances et, des cérémonies particulières, et non à In norak qwi est
. les tient dans universelle. Il rejette même l'idée de la prière, qui lui paraît méconnaître la toute-
:,rr perdre ainsi puissance divine.
t:ohvsique et à Il avait admiré en Angleterre les sociniens, tolérants et presque déistes (cf. p. r5). Vers
-:. (c1. p. tz7, r755, aux Délices, il eut I'illusion que le protestantisme des pasteurs genevois, libéral et
assez détaché du dogme, I'aiderait à fonder une secte philosophique d'esprit déiste ; pour
: a'ole des gens les y engager, il poussa même n'ArnrrBERT à les présenter dansl'Encyclnpédie cornme étant
i .lue théologie déjà d'un « socinianisme parfait » (article Genèzse, cf. p. r57). L'article souleva des protes-
..ié.) . tations unanimes et VoLTAIRI conçut de cet échec une vive désillusion. C'est que sa
grande préoccupation est d'assurer la paix, si souvent troublée par les luttes religieuses
-..:ne tragédies. u parce qu'on a toujours négligé la morale pour le dogme , (p. rSS).
.:leuses. Elles 3" PnÉÉurNrNcE DE LÀ Monerr. C'est en efretlanorale qui importe (cf. p. r78). n La
Philosophiques, religion n'est instituée que pour maintenir les hommes dans l'ordre et leur faire mériter
:,,:,!hique. Povr les bontés de Dieu par la oertu » (Dictionnaire : Droit canoniqùe, I). Base de toute société
la morale est le trait d'union entre les hommes : n Il n'y a pas deux morales. Celles de
Confutzée, de Zoroastre, de Pythagore, d'Aristote, d'Épictète, de Marc-Antonin sont
:. Diderot et absolument les mêmes. Dieu a mis dans tous les cceurs la conscience du bien avec quelque
:: CESSC :
inclination pour le mal , (Dictionnaire: Aristote,/. En l'absence d'une révélation, notre
:re admirable ; raisen et notre conscience seront donc nos véritables guides. Ûne maxime de CoNrucrus
; :t ' (Diction- représente pour Voltaire « le code du genre humain » i « Vis corrarne en moura?.t tu soudrais
:rcl architecte aüoir üécu : traite ton prochain conme tu oeu* qu'il te traite ,. Et si, une fois, il s'est tourné
--rÉr Que cette vers JÉsus, lui disant ; « Je vous prends pour mon seul maître », c'est que le Christ a
enrichi cette maxime d'un précepte d'amour i « Airnez Dieu et ootre Piochain cotnnte üous-
a:r, mes valets 21§v1s » ( Dictionnaire : Religion).
I ts C, r7). La
-.iement de la III. LA TOLÉRANCE. Le fanatisme empêche les hommes de s'aimer comme frères :
: passer: leur Vorrernr dénonce n l'enthousiasms » qui ramène tout à une unique pensée au lieu de voir
le juste milieu des choses. Sans relâche il évoque les guerres civiles, Ies injustices, les
assassinats dictés par I'esprit de secte qui aveugle autant les victimes que leurs persé-

I
I I6 VOLTAIRE
LES LETT}
:.-oLTarRr, le luxe est
la consécratro
récessaire , (p. rzg) rend heùreux
: f,tres, en stimulant l'industrie, I,agn
Son Pnocnelrur ÉcoNovr<2ue re:
tr de la prospérité générale, fait la for
L'agrieulture, nle premier des ar
,,.formes.' suppression du servage. ci.
Jîmes, de la gabelle, des entraves à 1

ie l'impôt, sans privilèges (cf. p. r r


Tuncor. A Ferney il a donné l'èxerc
Idéal politique considérant que les en fait de commerce aussi bien qu'en
. sont naturerement ribres
^hommes
,
théorique est vrai, a" u anmT,,1f,tlJ1:;):Tl'.,1,î:",:
{ï:,,i.ï1.1,ï,:,:.;{l*
qu'aux petits États. En,r,.--. p'"i;ôi,'li"!,iiià."-..".;;;;;r',ir.i,,*,
A. LES ARTS ET LES « LL}I
dans les beaux-arts et I'aetîI)ité int€lll
immédiatement réarisabrcs ." ràr-"]pà.t.'-.r"_."tiqr.. Il ne croit pas au
"nliÉ[
urgenres et les lettres nourrissent l'âme, la recr
mais il a rêvé d'un despote écrairé clroit di'in, peu d'êtres pensants », et VoLTATRE n
ir; *"ï*t, ses peuples heuieux
de Louis X IV et Ie. ,müiti.ons ar.*.ir.""'il'Ërea".i.l : les erreurs
"pïîio.rnrr. rance et la superstition ; néanmoin;
désahusé dc er beau rÈve rcf_ prï.,rn,,. , I,on, peuple ", et il compte sur l'élite éclatr,
n, .f.i cJ.ii
préférences. car ir qarantit ru'liuJ"J constitutionnelrnuiri. q* aurait ses (cf. p. r46).
"")"ii."
;l;;i,.'i; pour-oir ro'ar. ronrrôré par
sociales(cf. p. r2or. llais.commentsefieren Ies élites
et aux préjugés ? En définitive, roin
F.anc..arxpr.r.n,.îi.rîr;:;è: j* privilèges
a,et* ."i."rrii."""ir", i,àiï;,*;;ï;,.
choisisse ses ministres pa.mi fos n"iiit'a)i"'rïi,'"o--. que le roi
Tuncor., et leur demande
rendre ses sujets heureui par une sag(' poririquc,
.à1" qri t.onduir à ra ciz.iri,ation. de
LES LEÇONS
Lo ciailisatian
. Ne croyant ni à la bonté primitive de l,homme ni à la Lorsqu'il s'embarque pour l'Ansle
talent de poète mor,dain et so, espiit
:,:i:'*j"" i,;J-iff:jï'::r::ii:t yf,iiri;i I:::;i::,:;:'*:*i::;jl,:'È1'J.## le philosophe des Lettres Anglaises :
;;;;; ;; i; î.",.^ T":;,:: i.H J ii,::ï l"i îï ;î:ffi ,,* ;:: I "":;,:;{r i de croire qu'il doit tout à l'Angleterre.
Bayle et Fontenelle. Ses écrits de l
soucieux de morale et de dogme. r
r. LA PAIX. La srandr. ennemie de.la -p,rÀ'.i'ilirri,
civilisation esr 1a guerre rcf. p. r.;5) : c (sr Uranie (parue seulement en r73z) est
" boucherie héroTque qui ruine I.. u,e le Poème de la Ligue est plein de tirac
(cl. p. r65). .\ux héros saccaseurs Ie rainqurur .o-i""
d" prr,in."r- , r o..i,*u-p.iiàrî iïliT..o. rc r.aincu la vénalité des charges ; en r7zz, à -\
sa\ants' ineénieurs, arrisrc', dont r.. ér,r..'i."irr"., honrnres,
de cinq cent mille hommes où ,, il r'
des praisir. purs
tcI' p' I+sr' g'"t n.-.".u,t et.lurab)es
i,,"1',,:"n;.î; rTË;;;;":ïf ,.. *,.,,". maître, pas un insolent » : c'est déJà le
l;. i:iïrii?ain
Les guerres cic-ires et les.pe.rsecutions religiettses
r55, r66, r7s). Le devoir.dc l'Étut sont plus odieuses encore (cf. p. r rg,
r"s disputes théologiques
Ia société rcf p' r54).
la tolérance (p. r rg) : "n
"sia'".ioàii.,
.ru".aoniu;;l;
i.intolérance f" pi."
troubler
;i:il;:'u, norr..n"-.nt et en faisanraerespecrer LES LETTRE,
".,
z' LA LIBERTÉ ET L\ Jt'srrcE. -,^ît;.;^',*u ".i.'ripol;rlqr..
I. \'OLTAIRE EN ANGLETERI
jusrice ct Iaiiberté' Ie n.emie"r a"' Ë,"." Admirant Ia,.,indilr.
légi.rarion anq)aisc qur assure Ia
r€sp€ctueux de l'intelligence, l'aide à :
par I'abolition clu ,err.aqe .t .1" l.e*lurr_" u it*i,,à), prrronnrr,
,.i. O. la t,Orrtn ir.ai.i ii)elle par d,e l'æuzre philosophique, essai ou pa:
,n" .*,à "à'.i,'.ipo]',rliïprr, la tibre
suppressron des lettres de cachet et l.in,titution' a..rô7,. lz Les Lettres Philosophiques sont une ;"
disposition pour chacun a, trt oii"t riir'iài
d'ecrirc (cf. paqc r2r). er t? tib;;l!:;, i'"Jit- (cf. p. irsl,'t^'îorîr'lde
.ïi parrer et
pétillante, perpétuellement irônique e :
Ie catholicis,e soitla rcricion.r" i'Érut.
;;;;';"',,;;'lJi. ;. ,;;,. .;-:;,J:.cn .France En Angleterre cet écrivain exilé, qu:
-ài,'âï"nài,irn qu.ir resperre ra loi eirire et que aux libertés parlementaires auprès de I
le clergé ne jouisse d'aucun.privirag. négociant Fer-xrNrn il découvre les :
j.;;;.';;;;"i;,
dique la Iiberté du cultc et f'e*uf,."-à", "ir--riii*"iï-oa,;pour res protestants, il reven_
sectes religieuser et fréquente des libre
Quant aux qarantics oue j-it àrrirï"1,',i",',))jiir:, Gullit:er, qui publie un journal satirr:
qui I'ont rcndu celèbr. tit. naforàr'à, i" entrainé \-or:arnr à dcs luttes
"r,
iï",i'r'r, p'."izrl. philosophes Berkeley et Clarke : il air
Shakespeare.
3. LE BIEN-ÊTRE ET LE LUXE. Contre Ia disette er la misère,
nement doit (onsriruer des réscrres d-g;i;r un bon gouver_
i.i.;..rs+) er encourager res currivareurs
(cr' p. ,53). Mais cctre sécurité 11;-qi';;;..iaï,i"i'"re-;;;;;:":; II. LES LETTRES ANGLAISE:
Ëo'ni.,., rou, ment nouveau sur l'Angleterre, les Zrl
par 1'esprit philosophique qui en fait I'

I
LES LETTRES PHILOSOPHISUES tt7

:r.{rRE, le luxe est la consécration même de la civilisation : u le supelflu' chose


très
jouissent et améliore la vie des
.,;.;;i.;,, 1p. rz8) *"a fr""i""" les hommes qui en
::es, en sti;ulant f industrie, l'agriculture, le commerce'
.on PnOCnaUuE ÉCoNOMIQUE repose sur l'idée que le comnterce, source du bien-être
. ," iu,.o.oérité sénérale, fait la force et la richesse des nations (cf. p. rzr).
-\ "Ërirriri)r);
["'pt.-i* a". u,t. t'ét"ttni1g5 », doit être libérée par une série de
;r;i;;;ü;;..;;rià" .;rus", à". j"a"d"' et des maîtrises' abolition des corvées' des

,.;";;;; l;';"b"rr", a". ""i.ri". à i^'"it".,l"tiot des grains ;.laenfil' répartition équitable
:- f irirpÀ,,-.i". p.iritag"r'i.f ; r;;) : Voltaire u .Àt"t, politique réformatrice de
;;;;. À FernËy i1 âo.Àe't,Ë*"-Éi" d"." ce que.peut une li6erté honnête et modérée
, i;;;à;;-;"rt" " bien qu'enàgriculture (A Baudeau' r775)'
"r.si '
.. LES ARTS ET LES « LUMIÈRES '. La civilisation trouve son couronnement
les arts adoucissent les mceurs (cf. p. r5r),
.lrl"l"iràÀ_"irr""it7|irlrîtii"itictrett"..
-j:l:rS :: .., f",,r". "orrrissent l'il;;l;;;;;;flent, la consol.nt (cf. p' I.5.9). Sans doute' ' i1 v a
vit dans I'isno-
.; i:;;;;; p"".r",. ' "t voitxrni-.,1u q"" mépris pour Ia cànaille ' qui
: ,11,, t: ,,2u.,-oi,,., il'ne renoncè pas à.instruire,:]ii1t-ll" saine du
::nce et la superstition;
..;;j"";, ;, tl-"'.;oi;;;,'i;i;;-;;i;;;;" po"' ia société à sa plus grande perfection
'I r'iln: 'o"d"i'"
:,:lra:ra :i. p. 146).
.:: elites
: :: , rlège:
-,.a Le rLri
r::de ds LES LEÇONS DE L'ÀNGLETERRE
Lorsqu'il s'embarque pour l'Angleteff.e.en 17.26' Vor-reInr est surtout connu par son
:. n1 à la de salon est devenu
:: aonlme ,rr..rial poat. mondài. à,...".piit satirique' À tonr"to"t' le p-oète
-: r'idence. e nhilosoohe des Lettres À"!ùiii ow Leitres Philosophiques. Gardons-nous-cependant
-. l'":;;;:;i;il i;" il;;i'À;;1.;;;;". Il a grandi dans un milieuépris de saint-Fvremond'
-.
bonheur
:ieal Èàui" S". â"r]ir à" la viigtième année nous le montrent libertin, peo'à
de
:.J;i"; ",'Fontenelle.
;;';;;;i; ; à";.;-", uniquËme't p'Jo"""pé. d'être heureux.; r'Epître
l ranie (oarue seulement "" liirl est rn.équisitoire en règl. contre la religio.n révélée;
tir"d". conire re fanatisme, res maurais rois. les impôts,
- est u!te ,'i;';*::;;1;;;;;;.;;i"i;â""
. r'aincu ,a vénalité des charges ; il admire i'activité heureuse d'une ville
:r, ntmes .f" .i.rq .",-rt mille "À"rlr",'i-ÂÀsterdam,
Ëommeslù .'y
"'il le ton p" un d'oisif, pas un pauvre' pas un petit
r
!
"t' ' Lettres Anglaises'
: -. rables
:. guerres
,
-"f,*, p". un insolent : » c'est déjà des

::, P, II9,
. rroubler
: respecter
LES LETTRES PHILOSOPHISLIES
peuple travailleur' libre et
I. VOLTAIRE EN ANGLETERRE. La découverte d'un pensée
.";".;;;-;;l;;,-,,.ttig"".i il y acquiert le sens
rriJ" a pr".,dr. conscience de sa ;
sssure la -i;i;;;r:;;
ar sonnes, phitosophiqie, pamphlet,.et découvre l'efficacité sociale de I'humour'
.
a.

,; par la "*ui."
Les Lettres philosophiquei;;;t;;J àut'" pri la révélation de la prose
voltairienne, claire,
.:. \a libre p"tillrr,r". perpetuellement irônique et porteuse d'idées'
. garler et En Angleterre.", J"llË, À"iJ. ."""1"nt d'avoir été bâtonné et embastillé, s'initie
'l France ".rruuj.,
aux libertés parlementaires lord Peterborough, walpolg ; hôte du
,. rie et que ;;;;;;;;F;;"i*i. ""pr!.'aïs"lingbrohe,
1dé-rrî'" les bienfaits du commerce et del'industrie,'il étudie les
. il reven- sectes religieuse.r ïbr;.-;;;seurs.; il s'entretient avec SwInt, l'auteur les
et fréqueiie à;.
de
poètes Porr' Gav' Young; avec
C"ii;"ii,"r;i o,rbli" ,r., j;;;""1".;1i;ù"'; """' les et NEwroN ; il applaudit les drames de
:cs luttes Jrrii".àr;rrË. e!.tîi":' ", ôl;.k; ; il admire'LocKE
Shakespeare.
: qouver- II.LESLETTRESANGLAISES(I7g+).Bienqu,ellesn,aPportentriend,absolu-
'i;glaises.sont
:Iuvateurs .r. t'engt"i"rl":l;;L-rir;; siècle un livre capital
au XVIIIè
ment nouveâu
:.rr ; pour p"îi;".pti, pf,iiosophiqîe qui en fait I'unité, Àt par la leçon qui s'en dégage'

I
I I8 VOLTAIRE I,ETTRES ]
r' C'EST uNE GUVRE DE pRopAcANDE : elle montre tes_bienfaix
de la riberté, du point de
v.ue rcligieux, politique, philosophique, scientifique et littéràire d.;.;,;'iib".té :, bétail qu'on z;end et qu'on achète azec
, résultenr )::tmanité, pour sentir qu'tl était horribi
I'amétioration de la vie ei re progrès a". rr-;al.-.. L" pi;;;;;;;.-iae"iq]i..-.t
au philosophe de Ferney .o.,f ae.j1 dans ce petit livre. chères : tueillît ; et n'est-ce pas un bonheur pctur
,:t été éteinte en France par la puissance i
z. C'Bsr uNE (EUVRE sATrRteu.E, une critique permanente, directe ou déguisée, :titime des Rois et du PeuPle'/ , E:;pr-
sociétë française, avec son intoréranc", ror, à..pàti.-", de la
l'auteu_r_n_e-voulait pas seulement phi-iosophe,
.;.'p;i;iÇ".-"","."," préjugés : ILTAIRE, qui vise indirectement la Fra
-ri..rgge.", di, rAforïis.-' ingleterre et sur l'égalité devant l'imp,:
La XXV" lettre ,szr les Pensées àe Pascàl révêlult lu ià.te" prof.Xà" àï ji"* : en réa*ion .;t prêtre, n'estpas ici exempt de paler
contre les bases théologiques et chrétiennes de la sàciété iru";i.", ïoiror*" proposait lhambre des Communes... Chacun donne
une
-notion purement humaine et laique du bonheur terrestre. 'tn reüenu ; il n'j, a point de taille ni ci
était dangereuse. Volielnr retarda tant qu,il put ra publication
^_L'entreprise
Philosophiques. des LetÛes
Mais Ia tra<luction parue en À"gr"t..i. ;-;;;;;"rrefaçon de Enfin la Lrrrnr X Sur le Commerce
l'édition clandestine de Rouen.proràqrè."-t uni'r"tu" a,1ffif cachet (i mai t734). Aussitôt lommerce leur richesse et leur puissanc
l'auteur s'enfuit en Lorraine ; l'imprimeur a ru gu.tiii" ;-i"'üu..
feu par le Parlement, comme_« propre à inspirer ".t -Àl" libertinage i";i;.'H;;.eux
".,'"o.raumné
au
pour la
religion et la société civile ,. Mai" ci"q éditions.,ep"l."rt-à§iZrnl'-" "-".-
SUR LE 1
Les Religions_ l,nrrnrs I e IV sur res euahers.. leur histoire, leurs
a,ngla,ises I*_,]:..-l.rft croyances. Voliaire raille leur galimatias ei I.a Lrrrar VIII Szr le Parlement dc
retrouve l'écho des lettres sur les g
1'
It crut par. consëquent a,,,i, |iril';l:';""::;,;i'ni;i:"i,1";':',',,,1:i,'i,f,i',1î' Vorrelnr pour la kberté pclitique et sor:,
trembler, à faire des contorsiàns.et.des .qrimaces, à^retenir son ,,",',liîo;
haleine, à la pousser aaec on pourra enfrn saisir sur un exemple pr
z,iolente....I..e petit peuple s'a.musait à.te, contrefai)e. On tremblait,;;;;;j"ir'à
nr., o, oooit implicite, des mceurs et des institutr
des conz;ulsions et on croÿait aroir-.re 6e Entretien, r768), Volretnu prêter;
_saint-"Espr:it. tt tr"r y"iiài-{"*r4î"rr*irlrortrr, ;tr *
fi'rent ' .(1ll). En dépit-de ce ridicule, v";;,;; juge les o"rr,J.. àr." s_r.mpathie: il démocratie ; néanmoins ses préférences
estime.leur droiture, leur humirité, leu' simpriciie; l;-p;;,;;*'i;;.';;r;i", qarantit la liberté, la iustice et la propr:
leur tolérance. Il présente avec compraisa.,.. 1". pâi.,t.'J" i"". er surtout
aà.i.i"ï"iî,ï.,r..o.d".rt anglais séduira aussi MoNrrsqutru (cf. r
concep.tions. pas.de baptême, ,Àrr, ,, prn,or,
:]::."::.,pl:ryes
constste a Jeter de l'eau froide sur 11 [àr'qrr-ti'rhrirtionir., u Les mentbres du Parlement d'Angleter
aaec un peu de s_e-l', , pu= â" .orn-rnion , ,rn,
point d'autre que celle i"r rn.rrr.»,(If.tëy pas a" p.ei.L. : u vous n,az:ez qu'ils le peuaent ,. C'est à la faxeur d'u
donc point de prêtres,
lui dis-je ? Non, mon ami,.dit.là ri)ài, en troul)ons bien. A Dieu ne plaise chapitre où. il n'est guère question du Pari
que nous osions - ordonner à_querqu'un Quaher, "ou
âe r"ceioir re saint-Esprit
autres fidèles (II). Pour làs Quakers, en effet, pài.,t
i; à;;;;;;i'",';îexcrusion des
,,
" " d" christianisme sans une révélation
immédiate conception assez prochÉ du dniike,'qui éti-i;"-i;;À;;i;;il;
hiérarchie ecc[ésiastiq ue. iË.,a i.,,tit. t, L". d.rr* nations me para
bien, soit en mal. On n'a jamais
Les Lerrnrs v rr vI sont au contraire hostiles aux Anglicans suspects
temporelles, et aux Presbytériens accusés d'intolérance et de d,ambitions des guerres de religion; cette
rigidité excessive, vorrarnn
expose à ce propos une idée qui rui est chère, ra .e."'.iieà1'.î,Ëà;:;;;:;j; prêcheurs d'humilité et de patie
gouvernemenr. surtout, iI prône comme Bayre et Mo.,,.rqri"r,l".'u-i..i]iir'ir.;r;;à; rerigion au
l; Antoine et Auguste ne se battaie
tolérance. : "- s'ii n 'y aaait in Angreterre q"'ii" ,iiig;r", porter sa chemise par-dessus sa
y en at:ait deux, elles se couperaient lq sorsr; *oi it'y-son despotisme serait à *aincrre ; s,ir
r" i iriiir,--ri-ril""r*r;rrn, en paix
heureuses , (vI). La Lnrrne-vI I sur tei s.ic;i;elii,-ou et si les poulets sacrés devaicnt
À"i;_rriiiàr""s, favorabre ment 4, pour qu'on Prît les au
Àrtrnr,
à cette religion presque déiste,-garde un silence prudent.r. ""
en Angleterre. ces Lettres réiument d,é1à ra
i.. aèi.ï.., p;;;;;;, nombreux
iosilion xoltairienne.. déisme, horreur des autrefois réciproquement à leur
luttesrerigieuses ; torérance assurée u".u".or.' p'u. i; ;;1,;;ï;;;;;;.
des religions au gouvernement, gage d,indéperidance.t
JJtes', j;"rdination o rangée pour des querelles de i
dË paiiso;1"l.-a;i p.lrql.
et le presbytérianisme ont tourn
vie politique La LrrrRr vIILsar re parrement vante r'équiribre du Je m'imagine que pareille sottis
et sociale régime anglais qui assure la paix religieuse et la liberté des devenir sages à leurs dépens, et
dorénavant pour des syllogism
:"-:î:,r^"-l"r:lii,1
oes
n1'lilisu'
evtsqucc ct tlu Papc :,,, Le
ïiïJ'?iJ'i;
9" peup-le, 1:3); ,ï"::lJL:.li ,"tïi,J:^1';::';:i::"',
plus nombreuse,_la plus xeriueuse même, et pai hommes 6 ?
-la
,^?!:a?,:""r, la Dltrt retpeLt.able p.artie à!s hoÂmes, composée d, ,;"; q"; ;;;-;;;;; ;;, bis et les
sttentes, des negutnntt, des artisans, des labourettrs enfin, qui
,r"rrràt la plus noble et la plus
mépris.é.e des professions, en un mot tout ce qui n'aniit piirt tirài;'ii irrpii,"'air-ir, nro* r Préciser cette critique (cf- I\'lontesc:
r.egardé par eux tomme des animaux au-dessou-s de Ihomme,..
tipt^ grori riki)r'a^ hommes p.- r r o). z Prêtre de Jupiter, Mars. erc
était en Europe ee qu'ils sont encoïe en prusteurs endroits i, Niri,"rr;i;':;;";r;rg"eur, espèce
-
3 Les anglicans (ou épiscopaux) portaient
ornements sacerdotaux I les presbl ter

I
LETTRES PH ILO SOPH I?UES I I9

.11,du point de de bétail qu'on oend et quron achète aoec la tefre. Il a fallu des siècles pour rendre justice à
:berté résultent I'humanitZ, pour sentir qu'il était horible que le grand nombre semât et que le Petit nombre
-r seront chères recueillît ; ei n'est-ce pas un bonheur pour le genre humain que l'autorité de ces petits bigands
ait été éteinte en Franie par la puissance légitime de nos Rois, et en Angleterre par la puissance
;eguisée, de la légitime des Rois et du Peuple? » Exposant les libertés. définies pal la.Grande charte,
: ses préjugés : Vôr-rernr, qui vise indirectement la France, insiste sur l'absence de privllège5 terriens en
Angleterre ât sur l'égalité devant f impôt : n (Jn homme, Pdrce qu'il est noble ou pcirce qu'il
're : en réaction estlrête, n'est pas ici exempt de payer certaines tatces : tous les impôts sont léglés Par _la
lrrRn proposait ChàmbredesCommunes...Chacundonnenonselonsaqualité (cequi estabsurde),maisselon
son reoenû; il n'y a point de taille ni de capitation arbitraire, rnais une tarce réelle sur les
i:on des Lettres terres.tt
Enfin la Lrrrnr X Sur le Cornmeree vante l'esprit pratique des Anglais qui doivent au
.-intrefaçon de
r;34). Aussitôt commerce leur richesse et leur puissance politique (p. rzr).
r: condamné au
r rereux pour la

SUR LE PARLEMENT
histoire, leurs
:: galimatias et La Lrrrar VIII Sàr le Parlement donne une idée assez juste des Lettres Anglnises.On
: royait inspiré. y retrouve l'écho des lettres sur les questicas rcligieuses _; on y décou-vre la-passion de
:,,:es, il se mit à ÿorrernr pour la liberté politique et son admiration pour le régime anglais,qu'il idéalise ;
.,1 pousser aaec
on pourra ;nfin saisif, suiun exemple précis la c-ritique parfois directe, rnais le plus souvent
.tt nez, on aaait
implicite, des rnceurs et des inttitutions françaises. Dans ses Dialogues (A' B' C- :
ntiracles, ils en 6e Entretien, 1768), VoLTATRE prêtera à un interlocuteur une vibrante apologie.de la
rïmpathie : il démocratie ; iréa.r-ôirr" ses préfêrences vont d'ordinaire à la monarchie Parlementaire qui
garantit la liberté, la iustice èt la propriété (cf. p. r16). On sait que l'équilibre du régime
:f,1e, et surtout
ri anglais séduira aussi MoNTESqUIEU (cf. p. ro5).
: s'accordent
.," christianisme u Les membres du Parlement d'Angletete airnent à se coilrÙaïel aurc anLiens Romains autant
:-.unton : u non,
qu'ils le Peuoent ». C'est à la faoeut d'une comparaison enÛe les deux peuples que, dans ce
::tnt de prêtres, ihapitreôù il n'est guère question du Parlement, Voltaire oa exposer ses Propres idées-
I Dieu ne plaise
,:; i'exclusion des
: une révélation
: rend inutile la L.. d"r" nations me paraissent entièrement difiérentes, ,soit.-en
bien, soit en mal. On n'a jamais connu chez les Romains la folie horrible
::: d'ambitions des guerres de religion ; cette abomination était réservée à des dévots
..ive. Vor-t:eInr prêcÉeurs d'humilitZ et de patience 1. Marius et Sylla, ?ompée et César,
:1a religion au
.:s sctciaux d,e la
Àntoine et Auguste ne se baltaient point pour décider sileflamen 2 devait
t craindre ; s'il porter sa chemise par-dessus sa rob-e, ou sa robe par-dessus sa chemise 3,
iixent en paix àt ri l"r poulets sacrés devaient manger et boire, ou bien ma-nger seule-
:arres, favorable ment 4, pour qu'on prît les augurea. Les Anglais se sont fait -pend-re
::ant nombreux
:e, horreur des
autrefois réciprôquement à leuré assises, et se sont détruits en bataille
:subordination ro rangée pour aes querelles de pareille espèce; la secte des.épiscopaux
?. r r9). et làpresbytérianisme ont tourné pour un temps ces tête.s mélancoliques.
Te miimagine que pareille sottise ne leur arrivèra plus ; ils me paraissent
, )'équilibre du
.: la liberté des âevenir sàges à leürs dépens, et je ne leur vois nulle envie de s'égorger
Goutternement dorénavani pour des syllogismei 5. Toutefois, qui peut répondre des
:re des barons, hommes 6 ?
. tnême, et par
,ti les lois et les
,:oble et la plus
r Préciser cette critique (cf' Montesquieu, étaient en jaquette noire. 4 Allusion aux
:.e. dis-je, était p.- rro). z Prêtre de Jupiter, Mars, etc. querelles entre chrétiens sur- la communion'
tire des hommes -
3 Les anelicans (ou épiscopaux) portaient des- 5 Déductions (tirées des textes sacrés). -
:.igneur, es/èce ôrnements sacerdotaux; les presbytériens 6 Quelle philosophie s'exprime dans ce trait- ?

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