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Biomasse et Procédés II

Chapitre 2 : Granulométrie d’une biomasse


1. Pourquoi caractériser la granulométrie ?

Le calibrage est une opération qui permet de sélectionner des particules


entre elles pour un procédé.
Exemple : on ne gazéifie pas des grosses particules, une taille de l’ordre
de 100 μm est nécessaire.

Le calibrage consiste à séparer les particules de biomasses en fonction


de leur dimension. Pour cela, il est souvent nécessaire de déterminer
l’une des caractéristiques essentielles de la biomasse : sa dimension
caractéristique ou la distribution en taille de la biomasse.

Cette caractérisation est d’autant plus importante qu’elle conditionne,


après le séchage, de nombreuses opérations de transformation, de
transferts de matière ou d’énergie.
Généralement, le stockage n’est effectué qu’à partir du moment où la
granulométrie des particules de biomasse (distribution en taille) a été
réalisée.

2. Détermination de la granulométrie

La granulométrie est l’étude de la distribution de la taille des particules


comprenant une mesure préalable de leurs dimensions.

Pour des particules de biomasse, la granulométrie est souvent établie


pour des particules sèches à l’air car il est difficile de l’établir pour une
biomasse à l’état vert : lorsque les particules de biomasse sont très
humides, elles ont tendance à s’agglomérer entre elles.

2.1. Les grandeurs caractéristiques


Il existe diverses façons pour définir la taille d’une particule. En effet, les
particules de biomasse peuvent avoir différentes formes :

 sphère,
 cube (ou parallélépipède),
 cylindre,
 plaquette,
 autres (sans forme précise)…

Pour une sphère il existe une définition non ambiguë de diamètre; de même
pour l’arête d’un cube. Cependant, la plupart des particules étant rarement
sphériques, la connaissance de plus d’une dimension devient nécessaire pour
décrire la forme d'une particule.
Les diamètres les plus utilisés sont les diamètres de sphères équivalentes et
particulièrement le diamètre en volume, dV, qui correspond au diamètre de la
sphère possédant le même volume que la particule.
Les différents diamètres

DSt Diamètre de Stokes = diamètre d’une sphère chutant librement à


la même vitesse que la particule dans un fluide donné.
DV Diamètre en volume = diamètre d’une sphère de même volume
que la particule.
DA Diamètre de l’aire projetée = diamètre du cercle possédant la même
surface projetée que de la particule.
DF Diamètre de Féret = distance entre deux tangentes parallèles
à des côtés opposés de la particule.
DFmax Diamètre de Féret maximum = distance maximale entre deux
tangentes parallèles sur des côtés opposés de la particule.
DFmin Diamètre de Féret minimum = distance minimale entre deux
tangentes parallèles à des côtés opposés de la particule.
DH Diamètre hydraulique = 4.Section mouillée / Périmètre mouillé
Dimension d’une particule sans forme précise

DFmax

DFmin
Distributions et diamètres moyens
Les poudres ont rarement une taille unique ou ne sont pas souvent
monodispersé. Les particules sont caractérisées par une distribution de tailles.
La distribution peut être représentée de différentes manières.
 Distribution en fréquence :

Mode
Médiane

Moyenne
La distribution en fréquence introduit trois notions importantes :

 Le mode : c’est la valeur la plus souvent observée dans un ensemble de


données. Il se peut qu'il n'y ait dans cet ensemble aucun mode si aucune des
valeurs n'y apparaît plus qu'une autre. Il est aussi possible qu'il y ait dans le
même ensemble deux (bimodal), trois (trimodal) ou quatre modes ou plus
(multimodal). Dans le cas des distributions de fréquences groupées, la classe
modale est celle dont la fréquence est la plus élevée.
Mode = la donnée la plus fréquemment observée
Un ensemble de données peut compter plus d'un mode. Le mode n'indique pas
nécessairement le centre d'un ensemble de données.
 La médiane : si les observations d'une variable sont ordonnées par valeur, la
valeur médiane correspond à l'observation qui se trouve au point milieu de
cette liste ordonnée. Elle correspond plus précisément à un pourcentage
cumulé de 50 % (c'est-à-dire que 50 % des valeurs sont supérieures à la
médiane et 50 % lui sont inférieures).
Pour calculer la médiane, il faut d'abord classer les données (les trier dans
l'ordre ascendant). La médiane est le nombre qui se situe au point milieu.
Médiane = la valeur intermédiaire d'un ensemble de données

 La moyenne
 Distribution cumulée :
Certaines techniques de mesure donnent directement une distribution basée
sur le nombre (microscopie) ou sur la masse (tamisage). C’est la raison pour
laquelle le calcul d’une valeur moyenne du diamètre peut être effectué de
différente manière :
La moyenne d’une distribution indique la tendance centrale, alors que l'écart-
type décrit la largeur de la dispersion ou l'étalement de la distribution autour
de sa moyenne. σ est l'écart quadratique moyen (la racine carré de la variance,
cf cours de statistique).
Chaque écart-type est calculé par rapport à la tendance centrale utilisée, qui,
généralement, correspond au diamètre.

Dans la pratique, les particules peuvent être difficilement assimilées


à des sphères. C’est la raison pour laquelle on définit des facteurs de
formes qui permettent d’estimer l’écart par rapport à la forme sphérique.
On note V et S les deux facteurs de forme définis respectivement par :

Surface de la particule
V 
Surface de la sphère de même volume que la particule

Volume de la particule
S 
Volume de la sphère de même surface que la particule
2.2. Les différentes techniques de mesure

Le tamisage

Le tamisage est une technique simple qui est la plus souvent utilisée.
Elle s’applique généralement à des particules de « grande » dimension
(> 20 µm). Il est également nécessaire que les particules à tamiser ne
soient pas cassantes ou collantes (risques de colmatage des tamis).

On pourra aisément mesurer la granulométrie de particules de biomasse


sèches mais pas lorsque ces particules sont humides. Si la
connaissance de la granulométrie de la biomasse humide est
absolument nécessaire, on disposera de deux solutions :
 On mesure la distribution en taille de la biomasse sèche et on
modifie les résultats obtenus en intégrant les coefficients de
gonflement totaux dans les différentes directions.
 On prend une image d’un grand nombre de particules
(plusieurs centaines) puis on mesure, par exemple, deux
dimensions (la plus faible et la plus grande) à partir de la photo
(d’une manière manuelle ou en utilisant un logiciel de
reconnaissance de forme).

Le principe de la technique du tamisage est très simple :


On dispose en cascade une série de grilles calibrées. Ces grilles sont
souvent réalisées en acier inoxydable (pour des raisons de résistance
mécanique importante). Ces grilles sont disposées de telle manière que
la section de passage la plus importante est en haut puis la maille
diminue en descendant.
Les particules de biomasse à caractériser sont disposées sur la grille la
plus haute puis l’ensemble de grille est empilé et fixé à l’aide de tige
verticale sur un vibreur.
Avec les vibrations, les particules vont traverser les différentes grilles ou
être retenue en fonction de leur taille.
Au bout d’un certain temps de vibration, on récupère sur chaque grille les
différentes fractions de particules que l’on va peser en s’assurant au
préalable que la totalité des particules a été récupérée.

Tamiseur de laboratoire (25 m à 25 mm)


La granulométrie laser

La technique de la granulométrie laser utilise le principe de diffraction et


de diffusion d'un faisceau laser frappant une particule.
La méthode d’analyse par granulométrie laser repose sur deux théories
fondamentales : celle de Fraunhofer et de Mie.

La théorie de Fraunhofer : cette théorie, en première approximation,


suppose les hypothèses suivantes.
Les particules sont opaques, sphériques et leurs diamètres sont
supérieurs à la longueur d'onde utilisée (longueur d’onde du faisceau
laser). Les particules diffractent la lumière avec la même efficacité.
Lorsque les rayons lasers frappent la particule à analyser, les rayons
sont diffractés.
Théorie de Fraunhofer

Faisceau laser généré :


Rayons incidents de Diffraction
lumière cohérente et
monochromatique
La théorie de Mie : la théorie de Mie est une expansion de la théorie de
Fraunhofer. La lumière laser n'est pas seulement diffractée par la
particule, mais aussi réfléchie et diffusée. Cette partie réfractée de
lumière pénétrant dans la particule va ressortir en étant toujours soumise
aux phénomènes de réflexion et réfraction dus à la différence des
milieux.
Diffraction

Diffusion

Absorption
Les particules présentes sur le trajet d’un faisceau de rayons laser
parallèles diffractent les rayons lumineux selon des angles qui sont
fonction du diamètre de ces particules. Une lentille convergente forme
l’image du faisceau diffracté en forme d’anneaux sur un détecteur situé
dans le plan focal. La lumière non diffractée est focalisée dans le foyer
image.
Un traitement mathématique complexe donne un diamètre moyen et la
distribution en taille des particules selon une distribution en volume.

La granulométrie laser est une technique particulièrement adaptée à


des particules dont la taille est comprise entre 1 m et 100 m.

Dans la pratique, les particules dont on souhaite mesurer la taille sont


placées dans une phase liquide (éventuellement gazeuse) qui sert de
vecteur à leur déplacement. Il est donc important que le liquide soit
compatible avec ces particules et il est nécessaire d’éviter tout
phénomène d’agglomération, ce qui pourrait fausser les mesures.
La granulométrie par sédimentation ou centrifugation

Ces techniques sont plus particulièrement adaptées aux particules


présentes dans une phase liquide (flocons par exemple).
Le principe de la mesure est la suivante : pour des particules dont la
masse volumique est identique, leur vitesse de déplacement dans une
phase liquide dépend de la force de frottement du fluide sur les
particules. Or ces forces de frottement sont directement corrélées à la
surface frontale des particules, surface qui peut être reliée à la taille des
particules.

Si on introduit à un temps zéro un ensemble de particules dans une


phase liquide présente, par exemple, dans un cylindre, les particules
ayant sensiblement la même dimension vont tomber à la même vitesse
et donc arriver au fond du récipient au même moment.
Il advient que ces particules vont se déposer sous forme de strates,
chaque strates correspondant à des particules de même dimension.
Le temps de chute des particules pouvant être relié à la vitesse de chute
(et donc à la taille des particules), il est donc possible de déterminer,
pour chaque strate, la taille moyenne des particules.

Par la suite, en pesant chaque strate, on quantifie l’importance de


chaque fraction de particules.

3. Le calibrage

La distribution granulométrique connue, il est souvent préférable de


stocker les particules de biomasses en fonction de leur dimension.
Le calibrage consiste à isoler une famille de particules de biomasses :
ces particules ont une dimension caractéristique qui doit appartenir à un
intervalle bien précis.
Dans l’industrie, les opérations de calibrage doivent être effectuées de
manière continue.
Il existe de nombreux dispositifs de calibrage, les plus courants sont :

 Les sasseurs
Sur un tamis en mouvement se produit un classement où les plus fines
particules se déplacent vers le tamis. Lorsque le produit est calibré, les
produits les plus légers se concentrent sur le dessus du produit, les plus
lourds se concentrent au voisinage du tamis.
De bas en haut circule de l'air, la masse du produit circulant sur le tamis
va gonfler, sa densité apparente et les frottements entre particules et
entre particules et tamis vont diminuer. Le produit sera plus fluide, les
mouvements relatifs augmentent. Le classement interne sera ainsi
facilité et la séparation en qualité, par plans horizontaux, sera améliorée.
Les particules les plus
denses passent au travers
du tamis. Les particules
moins denses resteront sur
le tamis et les très légères
s'envoleront. Si l'on place,
bout à bout, des tamis
identiques, mais avec une
vitesse d'air croissante, le
classement devient facile.
Une particule située dans un courant d'air ascendant, reste immobile, en
équilibre, lorsque la poussée "F" de l'air, exercée sur elle, est égale à son
poids (P) : F = P = k.ρA.S.v2
k est un coefficient dépendant entre autre de la forme de la particule,
ρ correspondant à la masse volumique de l'air,
S correspondant à la surface frontale de la particule,
v correspondant à la vitesse de l'air.

Lorsque P décroît, v décroît, d'où, dans un lot de grosseur homogène,


les particules les plus légères montent, les plus lourdes tombent.
Lorsque le diamètre d'une particule varie, son poids varie comme le cube
du diamètre, et la surface frontale comme le carré.
L'expression P/S est donc proportionnelle au diamètre de la particule.
La vitesse de suspension de l'air varie comme la racine carrée de P/S
soit comme la racine carrée du diamètre de la particule.

Le sassage est particulièrement recommandé pour des grains ayant


une dimension caractéristique de quelques mm.

 Les tamiseurs / cribleurs

On parle de tamisage ou de criblage lorsqu’on n’utilise aucun débit d’air.


Leur domaine d’utilisation concerne surtout des particules de grosse
taille (de quelques dizaines de mm à quelques cm).
Il est important de s’assurer que les particules à tamiser ne sont pas
cassantes car le risque est de dégrader la matière première et de
produire des quantités importantes de poussières.
Le fonctionnement des tamiseurs / cribleurs est généralement s’appuie
généralement sur l’une des deux techniques suivantes :
- séparation mécanique induite par des grilles ayant différents
diamètres d’ouverture disposées sur un plateau vibrant ou
- séparation mécanique induite par une mise en rotation
 Les lits fluidisés et cyclones

Ces dispositifs sont particulièrement recommandés pour séparer les


particules les plus fines et peuvent être utilisés pour récupérer les
particules issues du dépoussièrage d’une biomasse.

Le principe de fonctionnement (qui sera d’avantage détaillé dans le


chapitre suivant) consiste à mettre en mouvement des particules à l’aide
d’un débit d’air. Un solide en vrac est fluidisé à partir du moment où la
force de trainée de l’air sur les particules est plus importante que le poids
de ces particules.

En plaçant des lits fluidisés en série, il est possible de séparer en continu


des particules. Dans le premier module, les particules les plus lourdes
sont piégées, dans le second module, une classe inférieure de particules
est piégée, etc…
Table de séparation
par fluidisation

Un cyclone est un dispositif de forme cylindro-conique qui fonctionne sur


le principe de la centrifugation. Un débit d’air chargé de particules entre
tangentiellement dans le corps du cyclone. Les particules de solide
soumises aux forces centrifuges se dirigent vers les parois du cylindre. A
cet endroit, la vitesse de l’air tend vers zéro et les particules tombent.
Schéma d’un cyclone

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