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Cours du Jeudi 07/05/2020

Université Dr Moulay Taher -SAIDA- Master I Génie des Procédés des Matériaux
Faculté de Technologie Module : Opérations Unitaires II
Département de Génie des Procédés Année Universitaire : 2019/2020

Chapitre IV : Séparation Solide – Liquide (2ème Partie)

2. Séparation par membranes :

Une définition précise et complète d’une membrane est difficile, même si on se limite aux
membranes synthétiques en excluant les membranes biologiques. Dans son sens le plus général,
une membrane synthétique est une interface qui sépare deux milieux ou deux phases. Une
membrane se définit aussi par son rôle : elle doit agir comme une barrière sélective et mince, et
permet ou non sous l’effet d’une force de transfert le passage de certains constituants d’un milieu
à un autre.

Généralement, le pouvoir séparatif de la membrane est le résultat d’une différence de vitesse


de transfert des composants à travers la membrane. Si la mobilité est essentiellement déterminée
par la dimension des molécules du soluté et de la membrane, les concentrations finales des deux
milieux sont déterminées par la compatibilité chimique du soluté et de la membrane. Selon les
caractéristiques de la membrane, le transfert peut donc résulter de la facilité à diffuser à travers le
matériau, de la taille des composants par rapport à celle des pores de la membrane (effet de filtre),
d’une interaction ionique ou d’une combinaison de ces différents paramètres.

La force qui fait passer certaines molécules au travers de la membrane peut être la pression,
comme dans le cas de la filtration. Dans ce cas, et pour un liquide homogène, on parle
d’ultrafiltration si seules les grosses molécules sont arrêtées, et d’osmose inverse lorsque l’on
cherche à arrêter des petites molécules (ce nom provient du fait que la seule molécule dont on
souhaite le passage est en général l’eau, et il s’agit bien alors de l’inverse de l’osmose).

Membranes

Le terme membrane couvre une grande variété de matériaux et de structures selon,


notamment, leur origine naturelle ou artificielle. Ces dernières peuvent être inorganiques
(céramiques), organiques (polymères de synthèse) ou mixtes (fonctions organiques greffées sur
des substrats inorganiques).

Responsable du Module : Dr. Y. AIMER


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Toute classification est donc assez arbitraire, d’autant que quelques membranes peuvent
cumuler plusieurs caractéristiques : poreuse à micropores, de structure asymétrique et
électriquement chargée, par exemple.

L’épaisseur d’une membrane peut varier entre 100 nm et jusqu’à un peu plus de 1 cm. La
résistance électrique va de plusieurs milliers de méga-Ohms jusqu’à quelques dixièmes d’Ohm. Le
transport de masse à travers la membrane se fait soit par diffusion, soit par convection sous l’action
d’un gradient de concentration, pression ou potentiel électrique.

Contrairement à la filtration classique où la suspension à traiter arrive perpendiculairement sur


la surface filtrante, dans la technique membranaire l’écoulement du fluide à séparer est continu et
tangentiel. Le débit de solution se divise au niveau de la membrane en deux parties de
concentrations différentes :

– une partie qui traverse la membrane et qui constitue le débit de perméat ;

– une partie, incluant aussi les particules retenues, qui reste à la surface de la membrane et
constitue le débit de concentrat ou rétentat.

En règle générale, selon les divers types de module utilisés dans les applications, les principaux
régimes d’écoulement (représentés sur la figure suivante) sont :

Principaux régimes d’écoulement (alimentation et perméat) utilisés dans les techniques


séparatrices à membranes.

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– l’écoulement à mélange complet ou parfait (a) : modules de laboratoire ;

– l’écoulement à flux tangentiel (b) : module plan spiralé, tubulaire ;

– l’écoulement à contre-courant (c) : module filtre-presse, à fibres creuses ;

– l’écoulement à co-courant (d) : module filtre-presse, à fibres creuses.

■ Types de membranes

Malgré leur grande diversité, du point de vue de la structure, les membranes synthétiques se
classent en quatre groupes :

– Membranes microporeuses et membranes denses (diamètre des pores entre 2 nm et 20μm).

– Membranes homogènes ou composites (hétérogènes) : Elles sont constituées par un film très
mince (polymère dense de 10 à 100 nm) semi-perméable déposé sur un support poreux
préalablement formé (polysulfanone ou autres polymères) d’une épaisseur de 50 à 100 μm. Les
deux couches sont des polymères différents, d’où leur nom de membranes composites.

– Membranes ioniques : Soumise à une différence de potentiel, la membrane, constituée d’un


polymère poreux pour l’eau, se comporte comme un conducteur ionique sélectif aux cations ou aux
anions. Il existe également des membranes amphotères, perméables à la fois aux anions et aux
cations.

– Membranes anisotropes (asymétriques) : D’environ 0,2 mm d’épaisseur, ces membranes


(appelées aussi asymétriques) sont formées par une très fine couche de film sélectif dont l’épaisseur
est de l’ordre de 0,2 μm (la vrai membrane), supportée par une structure poreuse rigide, résistant
à des pressions d’environ 30 bars.

Utilisées essentiellement en osmose inverse et en ultrafiltration, ces membranes permettent


de très bons débits de filtration, tout en présentant une résistance élevée au colmatage.

Remarque : Il est évident que cette classification est arbitraire, la structure d’une membrane
pouvant être, par exemple, à la fois microporeuse, anisotrope et comportant des charges
électriques.

Modules

L’élément filtrant se présente sous forme de tubes creux ou de plaques enroulées en spirale,
disposés à l’intérieur d’une enveloppe de pression, l’ensemble formant un module.

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- Plusieurs modules associés selon divers arrangements constituent une unité ou un étage.
- Plusieurs unités en série constituent une cascade.

Types de modules

Dans la pratique, on distingue quatre types de modules suivant le type de séparation envisagé:

– les modules à fibres creuses ;

– les modules à filtres-presses ou à plaques ;

– les modules spiraux ;

– les modules tubulaires.

Modules de séparation par membrane : A) Fibres creuses; a) tube enveloppe; b) fibre creuse; c)
résine epoxy; d) support poreux; B) Filtres-presses; e) plaque de pression; f) espaceur; g) plaque
support; h) membrane; i) filtre papier; C) Spiralé; j) support poreux; k) enveloppe externe; l) écran
espaceur; D) Tubulaire; m) membrane.

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Microfiltration et ultrafiltration

L’ultrafiltration, au même titre que l’osmose inverse, est un procédé de séparation soluté –
solvant à membranes permsélectives sous l’action de la pression. La différence entre les deux
procédés est importante autant par la nature des parois sélectives utilisées que par la conception
des appareils qui en sont équipés.

On considère que l’ultrafiltration s’adresse à des particules solubles alors que la microfiltration
vise plutôt la séparation des particules en suspension.

Le coefficient de partage, responsable de la sélectivité, est fonction de la porosité de la


membrane et de la sélectivité de celle-ci vis-à-vis des matières à séparer. Cette sélectivité étant liée
au rapport entre le diamètre des pores et celui des particules :

– en microfiltration, on caractérise généralement cette sélectivité par le diamètre des pores ;

– en ultrafiltration, on préfère utiliser le seuil de coupure qui correspond à la masse molaire au-
delà de laquelle tous les solutés sont arrêtés (90 % le plus souvent).

La microfiltration, dont le seuil de séparation concerne les diamètres allant de 20 à 0,1 μm, est
utilisée pour la séparation, la reconcentration de particules ou suspensions colloïdales et bactéries.

L’ultrafiltration, dont le seuil de séparation varie de 0,1 à 0,005 μm, est utilisée pour la
séparation, la concentration ou le nettoyage de substances dissoutes à moyens ou forts volumes
moléculaires, telles que les enzymes, les protéines ou les antibiotiques…

Parmi les plus importantes applications de l’ultrafiltration et de microfiltration on cite :

– le traitement des eaux : dessalement, production d’eau ultrapure, épuration des eaux
résiduaires ;

– industrie laitière : extraction des protéines de lactosérum, production de laits préconcentrés,


ultrafiltration des laits préalablement coagulés) ;

– industrie agroalimentaire : procédés de concentration (jus), procédés de clarification (moûts,


jus, huiles, vinaigres) ;

– protection de l’environnement (dépollution des eaux industrielles, valorisation de certains


déchets industriels) ;

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– biotechnologie.

Osmose inverse

L’osmose est un phénomène naturel de diffusion d’un solvant au travers d’une membrane
permsélective, séparant deux solutés de concentrations différentes.

Le phénomène d’osmose correspond donc à un gradient de concentration qui pousse le solvant


à quitter le soluté le moins concentré, à traverser la membrane et à diluer le soluté le plus concentré.

Considérons un montage comprenant un récipient séparé en deux compartiments par une


membrane semi-perméable. Les deux compartiments sont remplis, au même niveau, l’un d’eau
pure, l’autre d’eau salée. On constate rapidement le passage d’eau pure à travers la membrane du
compartiment renfermant l’eau pure, vers le compartiment renfermant l’eau salée. Au fur et à
mesure que le niveau s’élève dans le compartiment d’eau pure, la membrane semi-perméable est
soumise à une pression hydrostatique de plus en plus élevée côté eau salée et de plus en plus faible
côté eau pure.

Il arrive un moment où il n’y a plus de flux d’eau qui traverse la membrane ; le système est en
équilibre et la pression d’équilibre est appelée pression osmotique.

Ce phénomène d’osmose est réversible. Il suffit d’appliquer à la solution la plus concentrée


une pression mécanique supérieure à la pression osmotique pour inverser le sens du flux d’eau.
C’est le phénomène d’osmose inverse.

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