Vous êtes sur la page 1sur 13

PARTIE C : LES MACHINES

FRIGORIFIQUES A COMPRESSION

Ayadi. M 35
I- Principe 

Une installation frigorifique et une machine thermique à deux sources fonctionnant en


régime inverse de celui des machines motrices.
Etant donné une source TF (TF < TC), on fait décrire au fluide frigorifique un cycle fermé au
cours duquel il soutire à la source froide une quantité de chaleur Q F, puis cède à la source
chaude une quantité de chaleur QC. D’après la convention des signes de la thermodynamique,
QF est positif et QC est négative.

Source chaude TC

QC

Machine W
thermiqu Milieu
e extérieur

QF

Source froide TF

D’après le second principe, ce transfert de chaleur de la source froide à la source chaude ne


peut pas se faire sans l’intervention d’un travail mécanique extérieur, le fonctionnement d’une
machine frigorifique impliquera donc la présence d’une source extérieure d énergie.
Ainsi dans une machine frigorifique, le fluide frigorigène reçoit, au cours d’un cycle, une
quantité d’énergie QF prise à la source froide à TF et cède une quantité de chaleur QC à la
source chaude à TC. par conséquent, il reçoit un travail W qui serait égal, d’après le bilan du
premier principe appliqué à un cycle (transformation fermé) à :

W = - (QC + QF)

II- Le coefficient de performance 

1- Cas d’effet frigorifique

L’effet utile de la machine est QF désigné également sous le nom d’effet frigorifique. On
appelle coefficient de performance d’effet frigorifique par unité de travail :

COP = QF / W = QF / - (QF + QC)

Contrairement aux rendements, toujours inférieurs à l’unité, le COP d’effet frigorifique est
supérieur à l’unité dans la plupart des cas. Il est fonction des températures extrêmes entre
lesquelles évolue le cycle.

Ayadi. M 36
2- Cas d’une pompe à chaleur 

L’effet utile d’une pompe à chaleur est la quantité QC fournie à la source chaude utilisé en
générale pour la chauffer. Dans ce cas le COP de la machine est défini par :

COP = QC / W = QC / - (QF + QC)

III-Les fluides frigorigènes 

1- Propriétés thermodynamiques 

On recherche des fluides qui auront une bonne efficacité, d’où des fluides qui ont une
chaleur de vaporisation élevée et qui absorbent un travail W plus réduit.

2- Propriétés physiques 

- Il faut essayer d’avoir une chaleur de vaporisation au m 3 de volume aspiré qui doit être
la plus grande possible pour limiter les dimensions de l’installation.
- L’intervalle entre la pression du condenseur et la pression de l’évaporateur doit être
adaptée au compresseur utilisé.
- La pression de l’évaporateur ne doit pas être inférieure à la pression atmosphérique
pour éviter des rentrées d’air humide dans l’évaporateur.

3- Sécurité du matériel et du personnel 

Le fluide utilisé doit être non corrosif, ininflammable et non toxique.


4- Le facteur écologique 

Ce facteur est devenu primordial au cours des dernières années. Le fluide frigorigène ne doit
pas avoir une influence destructrice sur la couche d’ozone qui entoure le globe.

5- les fluides frigorigènes industriels 

a- Les fréons 

Il s’agit du nom d’une marque commerciale utilisé dans la pratique pour désigner les fluides
obtenus par substitution d’atomes de chlore, de fluor ou du brome sur des hydrocarbures
(méthane, éthane…etc.).
Ces fluides frigorigènes, désignés par une formule chimique, sont répertoriés, d’après les
normes par la lettre R (réfrigérant) suivi de 2 ou 3 chiffres.
Avantages :
- la chaleur de vaporisation est importante.
- Les pressions d’évaporation et de condensation aux températures usuelles sont
compatibles avec le taux de compression admissible par les compresseurs.
Inconvénients :
- Les fréons diffusent très facilement, dissolvent le caoutchouc naturel et les huiles de
graissage.
- Ils attaquent les métaux en présence d’humidité ce qui nécessite l’utilisation de
déshydratant dans le circuit.

Ayadi. M 37
- Ils se décomposent en présence de flamme en donnant surtout le phosgène (COCl 2)
qui est très dangereux.

b- L’ammoniac (NH3) 

Il est préféré aux fréons dans les installations de grande puissance vu que la production
frigorifique au m3 aspiré est plus grande.
L’humidité peut être tolérée et la détection des fuites est facile.
Inconvénients :
- Il est moins stable que les fréons, d’où la nécessité de purger les gaz incondensables.
- Il attaque le cuivre et ses alliages, ce qui est désavantageux pour les petites
installations où il est économique d’utiliser des échangeurs en cuivre.
- L’odeur de l’ammoniac est toxique.

IV- Diagrammes thermodynamiques employés dans l’industrie frigorifique 

1- Généralités 

Dans l’industrie frigorifique, on utilise très souvent le diagramme enthalpique : diagramme


pression – enthalpie.
Ce diagramme comporte : courbe de saturation séparant les domaines liquide et vapeur, les
courbes d’égales températures, d’égales volumes et d’égales entropies.
Dans ce diagramme le tracé des cycles des machines frigorifiques à une forme trapézoïdale.

2- Description 

- La courbe de saturation séparant le domaine liquide, liquide – vapeur et vapeur


surchauffée présente une certaine inclinaison plus au moins accentuée suivant la nature du
fluide.
- Les isothermes sont sensiblement verticales dans la zone liquide, si elles ne sont pas
tracées, on admet leur verticalité. Elles sont horizontales dans la zone d’équilibre liq – vapeur.
- Les isochores (courbes d’égales volumes) subissent une diffraction au niveau de la
courbe de saturation.
- Les isentropes (courbes d’égales entropies) ne présentent pas de variation de pente au
passage par la courbe de saturation.
- Le diagramme comporte dans la zone d’équilibre liq– vapeur, les isotitres (courbes
d’égales titre de vapeur).
P T = cst
Point critique S = cst

V = cst

liquide

Liq + Vap
Vapeur
Titre x = cst surchauffée

Ayadi. M h 38
V- Cycle théorique des machines frigorifiques à compression 

Une machine frigorifique à cycle continu comporte :

- Un évaporateur : dans lequel le fluide frigorigène s’évapore en absorbant la chaleur


fournie par le milieu à refroidir.
- Un compresseur : aspire la vapeur formée et la refoule au condenseur sous forme de
vapeur surchauffée à température élevée.
- Un condenseur : permettant la désurchauffe de la vapeur et sa condensation à une
température supérieur à celle du milieu de refroidissement (air ou eau).
- Un détendeur : faisant passer le fluide condensé à la basse pression tout en réglant le
débit de fluide frigorigène à admettre dans l’évaporateur.

Nous avons donc deux pressions bien distinctes dans un circuit frigorifique :

- La partie basse pression P 2 : depuis la sortie du détendeur, l’évaporateur jusqu’à


l’aspiration du compresseur.
- La partie haute pression P1 : depuis le refoulement du compresseur, jusqu’à l’entrée du
détendeur.

On fournit un travail W au compresseur pour extraire une quantité de chaleur Q F à la source


froide et restituer une quantité de chaleur QC à la source chaude.

Le cycle théorique est représenté ci dessous :

P
S = cst

C C’ B’ B
P1

P2 A
D
B’

h
Ce cycle comporte les phases suivantes :

- AB : compression isentropique (de P2 à P1) : c’est une évolution à entropie constante
(S = cst). En B, la vapeur est surchauffée à la température de fin de compression notée T B à la
pression P1 du condenseur.

Ayadi. M 39
- BC : refroidissement (BB’) de la vapeur surchauffée, admise dans le condenseur en B,
de TC à T1 qui est la température de condensation à P1 , puis condensation à température et à
pression constantes sur le palier B’C’, en C’ le fluide est à l’état de liquide saturé et en fin le
sous refroidissement C’C est bénéfique, il améliore l’efficacité du cycle. Le sou
refroidissement est obtenu par une surface d’échange importante du condenseur, ou le fluide
de refroidissement du condenseur (air ou eau) est suffisamment froid, ou encore certaines
installations comportent un sous refroidisseur en série avec le condenseur. La chaleur totale
cédée par le fluide frigorigène à pression constante est égale à la différence d’enthalpie :

QC = hC - hB

- CD: détente isenthalpe (h = cst et P1 tend vers P2), le détendeur est un simple capillaire
ou une petite vanne créant une perte de charge suffisante pour faire passer la pression de P 1 à
P2. Le travail récupéré et la chaleur échangée au niveau de cette machine sont négligeables,
donc on a une détente isenthalpe :

ΔhCD = 0 → hC = hD.

- DA : évaporation à P2 et T2 constantes (production du froid), le point D se trouve dans


la zone d’équilibre liquide – vapeur, par conséquent, le fluide est admis dans l’évaporateur
avec une petite proportion de vapeur déjà formée en cours de la détente. Certaines
installations comportent un séparateur de liquide permettant aux vapeurs formées d’être
aspirées directement par le compresseur de façon que l’évaporateur n’est alimenté que par du
liquide. La chaleur absorbée par l’évaporation à pression constante égale à la différence
d’enthalpie, constituant la production du froid (en frigorie / kg avec 1 frigorie = 1 kcal) :

Pf = QF = hA – hD.

1- Efficacité théorique du cycle

D’après la définition du coefficient de performance d’effet frigorifique :

COP = QF / W

Avec QF = hA – hD.

Les seules quantités de chaleur échangées le long du cycle sont Q F et QC puisque la


compression AB et la détente CD sont adiabatiques. Par conséquent et d’après le premier
principe de la thermodynamique appliqué à un cycle, on a :

W + QF + QC = 0

Par suite:

W = - (QF + QC) = - (hC – hB + hA – hD)

Puisque hC = hD , on aura:

Ayadi. M 40
W = hB – hA.

Ce résultat est prévisible, d’après le premier principe appliqué à un système ouvert: le


travail absorbé par le compresseur adiabatique est égale à la différence d’enthalpie du fluide
entre l’entrée et la sortie du compresseur. Par conséquent :

COP = QF / W = (hA – hD) / (hB – hA).

Les enthalpies sont exprimées en kcal/kg ou en kJ/kg.

2- Production frigorifique 

En pratique, la production frigorifique s’exprime en frigories / kWh.


Sachant que :
1 frigorie = 1 kcal = 4.18 kJ
1 kWh = 3600 kJ.
On considère l’efficacité théorique en exprimant QF en frigorie et W en kWh.
COP = (QF / W) . 3600/4.18
Production frigorifique spécifique = 860.COP [frigories / kWh].

On peut retenir la relation suivante entre les unités des puissances :


1 kW = 860 kcal/kg

3- Emploi de la surchauffe 

Dans la pratique et pour garantir une sécurité totale contre le « coup de liquide », on
favorise une légère surchauffe (5 à 7°C) de la vapeur venant de l’évaporateur avant son
admission dans le compresseur. Cette surchauffe AA’ se fait à la pression de l’évaporateur P2.

C C’ B’ B
P1

P2
D A A’

Le calcul du COP théorique se fait d’une manière analogue : h

- La production du froid est QF = hA’ – hD.


- Le travail absorbé par le compresseur est W = hB – hA.
- Le COP théorique est COP = QF / W.

Ayadi. M 41
VI- Cycle réel d’une machine à compression 

1- Pertes dues aux échangeurs 

Elles ne sont pas prises en compte dans le calcul du cycle, elles se manifestent par des pertes
de charge et une légère diminution de la pression dans les paliers d’évaporation et de
condensation, introduisant des écarts de température.

2- Pertes dues au compresseur 

La masse volumique des fréons est supérieure à celle de l’air, par conséquent les pertes dans
les clapets augmentent dans les compresseurs frigorifiques par rapport au compresseur à air.
Si le compresseur n’est pas refroidi ni calorifugé, l’ambiance extérieur à tendance à fournir de
la chaleur au cylindre, on aura donc une mauvaise compression qui s’éloigne de
l’isentropicité.

Le cycle théorique est schématisé ci –dessous.

P
S = cst

P1
B’ B
C C’

P2
D
A A’

h
VII- Coefficient d’effet frigorifique réel 

COP = QF / W = (hA – hD) / W

Avec: W est le travail sur l’arbre et la production frigorifique réelle = 860. COP (frigorie /
kWh sur l’arbre).
Les machines industrielles de forte puissance ont une production qui peut atteindre les 4000
frigories / kWh. Les petites et moyennes machines ont une production frigorifique qui peut
varier entre 1500 et 2500 frigories / kWh.

Ayadi. M 42
Application 1

1/- Remplir la légende de la figure.

2/- Remplir le tableau suivant :

Point T (………………) P (………………) H (………………)

1 ……………… ……………… ………………

2 ……………… ……………… ………………

3 ……………… ……………… ………………

3/- Déterminer le COP de l’installation.

………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….

4/- Déterminer la surchauffe et le sous refroidissement que subit l’ammoniac en


expliquant le rôle de chacun.

………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………

Ayadi. M 43
Ayadi. M 44
Algorithme des pannes frigorifiques

La puissance frigorifique est faible

NON NON
La BP est faible La HP est faible
OUI OUI
NON
La surchauffe est grande COMPRESSEUR TROP PETIT
OUI
NON
Le sou refroidissement est bon
OUI
Y’a-t-il un Δθ sur la ligne OUI
liquide ? NON
Le sou refroidissement est bon
NON
OUI
DETENDEUR TROP PETIT NON
Test des incondensables positif
OUI
PRE DETENTE LIGNE LIQUIDE
INCONDENSABLES

MANQUE DE CHARGE EN FLUIDE O


EXCES DE CHARGE EN FLUIDE

EVAPORATEUR TROP PETIT


CONDENSEUR TROP PETIT
NON NON
La Δθ sur l’air est-elle faible ? La Δθ sur l’air est-elle faible ?
OUI OUI
EVAPORATEUR ENCRASSER CONDENSEUR ENCRASSER

MANQUE DE DEBIT D’AIR MANQUE DE DEBIT D’AIR

Ayadi. M 45
Valeurs indicatives de divers paramètres de fonctionnement normal

Froid positif (R12 , R134a) Climatisation


 total évaporateur 6 à 10°C 16 à 20°C
 air (évaporateur) 3 à 5°C 6 à 10°C
Surchauffe 5 à 8°C 5 à 8°C
 total condenseur 10 à 20°C 10 à 20°C
 air (condenseur) 5 à 10°C 5 à 10°C
Sous refroidissement 4 à 7°C 4 à 7°C
Aspiration 5 à 15°C 10 à 20°C
Refoulement 50 à 60°C 70 à 80°C
Givrage normal Pas de givrage

Evaporateur
 total évaporateur = T air entrée évaporateur – T évaporation
 air = T entrée air– T sortie air
surchauffe= T sortie évaporateur- T évaporation
Condenseur
 total condenseur = T condensation - T air entrée condenseur
 air = T sortie air – T entrée air
sous refroidissement = T condensation - T sortie condenseur

Ayadi. M 46
Application 2
Soit un climatiseur fonctionnant normalement, la température d’évaporation =7 °C et la
température de condensation =35°C.
Après un certain temps de fonctionnement des incidents sont apparues. A partir de ces
descriptifs essayez de diagnostiquer la (ou les) panne (s) possibles :
1/-Si la température du local à refroidir est supérieure à la température du consigne:
 Condenseur sale.
 Evaporateur sale.
 Manque de fluide frigorigène.
2/- Si la température d’aspiration =21°C et la température sortie condenseur =30°C :
 Détendeur trop petit.
 Compresseur mal dimensionné.
 Manque de fluide frigorigène.
3/-Si la température d’aspiration =14°C et la température sortie condenseur =32°C:
 Condenseur trop petit.
 Evaporateur trop petit.
 Pré-détente sur la ligne liquide.
4/- Si la température sortie condenseur = 30°C, la température d’évaporation =8 °C et la
température de condensation =36°C.
 Pré-détente sur la ligne liquide.
 Excès du fluide frigorigène.
 Condenseur sale.
5/- Si la température d’évaporation =5°C.
 Condenseur encrassé.
 Présence des incondensables.
 Excès du fluide frigorigène.

Ayadi. M 47

Vous aimerez peut-être aussi