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CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR

LES TECHNIQUES
MEMBRANAIRES

Institut supérieur des sciences


technologiques de l’environnement
ISSTE

(1ére année mastère ITE)


I. INTRODUCTION
I.1. Principe d’une séparation membranaire
La séparation membranaire consiste, dans son
principe, à contrôler et orienter les échanges de matières
à travers une pellicule filtrante selon une méthode
inspirée du fonctionnement des membranes naturelles à
perméabilité sélective.

La maîtrise de cette technologie a permis d’étendre et de


diversifier l’usage des membranes pour combiner certaines
fonctions de base: séparer ou concentrer des molécules ou
des espèces ioniques en solution.
Ces procédés à séparation membranaire sont basés sur la mise en
œuvre des membranes permsélectives qui ont le rôle d’agir comme une
barrière sélective de quelques centaines de nanomètres à quelques
millimètres d'épaisseur, qui, sous l'effet d'une force de transfert, va
permettre ou interdire le passage de certains composants entre deux
milieux qu'elle sépare (Fig.1).
De ce fait, les membranes incluent une grande variété de
matériaux et de structures qui forment autant de possibilités de
configuration et de classification.
Rétentat

Flux
tangentiel
Fig 1.Principe d’une
séparation
membranaire

Perméat
I.2. Définition d’une membrane

Une membrane peut être définie comme étant une


couche mince de matière ou une barrière sélective
permettant l’arrêt ou le passage sélectif de substances
dissoutes ou non, sous l’action d’une force motrice de
transfert.
La force motrice peut être une différence de pression ,
de potentiel électrique ou de concentration de part et
d’autre de la membrane.

On a deux compartiments de part et d’autre de la


membrane:
 Le compartiment filtrat: appelé perméat,
 Le compartiment concentrat: appelé rétentat.
Compartiment rétentat ou
concentrat Particule retenue

Flux de la Membrane
solution

Compartiment du perméat Particule non retenue


ou filtrat

Fig.2 Schéma du mécanisme de filtration sur membrane


I.3. Les critères de séparation membranaire

Les critères de séparation des particules, des molécules


et/ou des ions peuvent être :

 La nature et la structure de la membrane;

 La dimension des particules et des molécules à séparer;

 L’état physique de la substance à séparer;

 La charge ionique, etc.


II-Classification des procédés membranaires
Il existe différents procédés ou techniques de séparation
membranaire qui peuvent être regroupés en fonction des forces de
transfert mises en œuvre:

Types Force motrice


Osmose inverse (O.I) , nanofiltration
(NF), ultrafiltration (UF), Pression
microfiltration (MF)

Electrodialyse Potentiel électrique

Dialyse Gradient de concentration


II-1 La microfiltration (MF)

La microfiltration est le plus ancien de tous les


procédés membranaires, elle consiste à éliminer les
particules ayant une dimension comprise entre 0,2 et 10
micromètres lors du passage tangentiel du fluide à traiter
à travers la membrane, et ce, grâce à une différence de
pression de part et d'autre de la membrane.

Les éléments retenus sont: les bactéries, les fragments de


cellules biologiques et les matières colloïdales.

Les domaines d'application sont : la purification de l'eau et


le traitement des effluents. Les pressions appliquées sont
comprises entre 0,1 et 5 bar.
II-2 L'ultrafiltration (UF)
L'ultrafiltration est un procédé de séparation soluté/solvant. Le
principe de séparation est une différence de pression de part et
d'autre de la membrane. Les tailles des molécules retenues par
l'ultrafiltration varient de 0,002µm à 0,1µm selon la membrane
choisie. La filtration est généralement tangentielle, c'est-à-dire que
le fluide circule parallèlement à la membrane, contrairement à la
filtration classique qui est dite frontale.

Les constituants retenus par une membrane d’ultrafiltration


peuvent être des bactéries, des macromolécules synthétiques ou
naturelles, des agrégats moléculaires ou des particules issues de
divers procédés. Ils pourront alors être recyclés plutôt que mis en
décharge.

L'ultrafiltration peut également être considérée comme une


technique de concentration à moindre coût énergétique où l’on peut
utiliser des membranes minérales ou organiques.
Les domaines d'application sont: l’industrie agro-alimentaire, les
bio-industries, la mécanique (automobile, traitement de surface...),
la pétrochimie...
II-3 La nanofiltration (NF)

La nanofiltration est une technique de séparation par


membrane dont le champ d'application se situe entre ceux de
l'osmose inverse et l'ultrafiltration et sous l’application d’une
pression comprise entre 4 et 20 bars. Elle a été décrite dans les
années quatre-vingt sous vocable d'hyperfiltration et se trouvait
englobée avec l'osmose inverse.

Ces membranes d'hyperfiltration étaient alors vues comme des


membranes d'osmose inverse qui présentaient des fuites en soluté.
La nanofiltration est aujourd'hui considérée comme une technique à
part entière car les membranes mises en œuvre ont leurs propres
caractéristiques les différencient radicalement des membranes
d'osmose inverse et d'ultrafiltration: une structure microporeuse
avec des pores de diamètre inférieur à 2 nm et un matériau
membranaire qui; dans la plupart des cas, porte des charges ioniques
superficielles.

Parmi ses applications, on trouve la déminéralisation sélective avec


élimination d'ions multivalents, la régénération de bains usés de
dépôts de cuivre, etc.
II-4 L'osmose inverse

L’osmose est le transfert de solvant à travers une membrane


sous l’effet d’un gradient de concentration. Si l’on considère un
système à deux compartiments séparés par une membrane semi-
sélective et contenant deux solutions de concentrations
différentes l’osmose se traduit par un flux d’eau dirigé de la
solution diluée vers la solution concentrée.

Si on applique une pression sur la solution concentrée, la quantité


d’eau transférée par osmose va diminuer. Avec une pression
suffisamment forte, le flux d’eau va même s’annuler : cette
pression désignée par la pression osmotique P (en faisant
l’hypothèse que la solution diluée est de l’eau pure).

Si on dépasse la valeur de la pression osmotique, on observe un


flux d’eau dirigé en sens inverse du flux osmotique : c’est le
phénomène d’osmose inverse.
Les domaines d'application sont : le dessalement de l'eau de mer, la
récupération de matières précieuses, la diminution de la pollution
environnementale, ....
Fig. 3 Principe de l’osmose et de l’osmose inverse
II-5 La pervaporation
C’est un procédé de séparation des constituants d’un mélange
liquide, par vaporisation partielle à travers une membrane dense
présentant une affinité préférentielle pour l’un des constituants.

La force de transfert est ici la différence des pressions de


vapeur du ou des composants permés entre la face amont et la
face aval de la membrane. Le composant à extraire est vaporisé à
travers la membrane, puis collecté à très basse pression dans un
récipient sous vide ; il est ensuite condensé et évacué. Cette
vaporisation refroidit le fluide à traiter qui doit être réchauffé
pour maintenir le flux le plus élevé possible à travers la
membrane.

Jusqu’à nos jours, sa principale application industrielle reste la


déshydratation de l’éthanol, qu’elle permet d’obtenir pur, dans des
conditions économiques compétitives par rapport à la distillation
azéotropique en présence de benzène tout en préservant
l’environnement.
II-6 La perméation gazeuse

Contrairement à la pervaporation qui se déroule à pression


atmosphérique, le flux d'alimentation gazeux (et non liquide)
est injecté à haute pression, il se divise au niveau de la
membrane en deux flux gazeux séparés de basse et moyenne
pressions.

Les domaines d'application sont : la séparation de solvants


organiques dans l'air, l'enrichissement d'un solvant, le
traitement des gaz de purge, etc.
II-7 Les techniques électromembranaires
Les techniques électromembranaires voient depuis quelques
années leur champ d'applications potentielles s'élargir de façon
importante.
Ceci s'explique par l'apparition sur le marché de nouvelles
générations de membranes, notamment anioniques et bipolaires,
présentant une résistance chimique améliorée.
Ces techniques électromembranaires sont aujourd'hui au nombre de
trois :
L'électrodialyse (ED) dite conventionnelle : le terme dialyse désigne
la diffusion d'un soluté à travers une membrane qui lui est perméable
; l'électrodialyse désigne le transfert d'ions à travers une membrane
qui leur est perméable sous l'effet d'un champ électrique.

L’électrodialyse à membranes bipolaires (EDMB) : les membranes


bipolaires sont constituées d'une face perméable aux anions et d'une
face perméable aux cations.
Sous l'effet d'un champ électrique, l'eau présente au cœur de la
membrane est dissociée en ions H+ et OH- générés respectivement
par les faces cationiques et anioniques.
L’électrodialyse à membranes (EM) : l'électrolyse à membranes est
la technique électromembranaire dans laquelle on couple les
effets d'une électrodialyse (migration d'ions au travers d'une
membrane semi-perméable) à ceux d'une électrolyse (réactions
aux électrodes).

Le point commun de ces techniques est la mise en œuvre de


membranes échangeuses d'ions permettant de transférer des
ions de façon sélective sous l'effet d'un champ électrique.
Les procédés membranaires sont classés selon la dimension ou la taille des
particules à séparer.

Fig.4 Classification des différents procédés membranaires

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