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International
de l'E a u
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SYNTHÈSE TECHNIQUE

APPLICATION DES MEMBRANES


AU TRAITEMENT DES EAUX USEES

DIAZ Juan Pablo


Email : Diaz@engref.fr

Mars 2001

ENGREF Centre de Montpellier


B.P.5093 - 34033 MONTPELLIER CEDEX 01
Tél : (33) 04 67 04 71 00 Fax : (33) 04 67 04 71 01

OFFICE INTERNATIONAL DE L'EAU


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(SNIDE)
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E-mail: snide@oieau.fr Web: http://www.oieau.org
MOTS CLES
MEMBRANES, EAUX USEES, ULTRAFILTRATION, MICROFILTRATION,
NANOFILTRATION, OSMOSE INVERSE, REUTILISATION, RECYCLAGE, EAUX
INDUSTRIELLES, BIOREACTEUR A MEMBRANES.

RESUME
Le traitement des eaux usées domestiques et industrielles est de nos jours un sujet très
important en matière de protection de l'environnement et des textes réglementaires s'y
rapportant. La réutilisation de ces eaux et le recyclage des produits industriels contenus se
présentent comme des possibilités déjà mises en application. Les techniques de filtration
membranaire sont des procédés en plein développement dans le traitement des eaux usées,
car ils permettent d'élargir l'éventail des possibilités de réutilisation de ces eaux.

ABSTRACT
Treating industrial and domestic wastewaters is an environmental and legislative current
challenge of particular importance. In practice, it has permitted to reuse and recycle industrial
and domestic effluents in several countries for various purposes. Membrane filtration
technique is a specific process, currently used to achieve this.

2
INTRODUCTION

Deux facteurs ont été décisifs pour la recherche de nouvelles techniques


d'assainissement dans les dernières années. D'une part, l'augmentation de la population
dans le monde entier a généré une consommation d'eau qui devient de plus en plus grande
dans tous les domaines. Cette consommation d'eau produit par la suite une quantité
considérable d'eaux usées qui doivent être remises dans le milieu naturel avec des
caractéristiques de qualité devant répondre aux exigences imposées par des
réglementations issues d'un souci de protection de l'environnement.

D'autre part, les pays déficitaires en eau font aujourd'hui très attention à la gestion de
leurs ressources en eau, ce qui les a amenés à incorporer la réutilisation des eaux usées
dans la gestion de leurs bassins versants. Actuellement en Israël et bientôt aussi en Egypte,
65% des eaux usées sont réutilisées [1]. Une meilleure gestion permettrait en effet de
ménager les ressources globales en n'utilisant l'eau potable que lorsqu'elle est réellement
nécessaire.

Depuis longtemps utilisées dans les domaines industriels, de la chimie et de la santé,


les membranes font partie actuellement des techniques utilisées pour le traitement des eaux
usées, de façon à respecter les normes de rejet de plus en plus exigeantes et en
envisageant aussi une réutilisation de ces eaux. Les procédés membranaires sont basés sur
le principe du tamis, c'est-à-dire du passage à travers des pores calibrés d'une membrane.

CLASSIFICATION DES MEMBRANES

Les membranes peuvent être définies comme des pellicules barrières minces semi-
perméables séparant l'eau à traiter en deux phases : le perméat et le concentrat. Pour
réaliser cette séparation, on applique une force motrice, qui peut être la pression, un champ
électrique, un gradient de température ou une différence de concentration [2].

Elles peuvent être classifiées selon trois paramètres :

ο TYPE DE STRUCTURE

Cette classification ne tient compte que de leur structure physique. On trouve des
membranes isotropes ou de première génération, dont les propriétés structurelles restent
constantes tout le long de leur épaisseur ; des membranes anisotropes ou de deuxième
génération dont la structure varie de la surface vers l'intérieur et plus récemment des
membranes de troisième génération constituées par une mince pellicule semi-perméable sur
un support poreux.

Les membranes isotropes, premières à apparaître, avaient besoin d'une haute


pression de travail pour arriver à faire passer l'eau tout le long de la pellicule membranaire.
Ce sont donc les membranes anisotropes, dont le diamètre des pores augmente dans le
sens de l'écoulement de l'eau, qui sont le plus couramment utilisées car les pressions
requises sont plus faibles.

ο MATERIEL DE FABRICATION

Selon la nature des matériaux constitutifs on parle de membranes organiques,


fabriquées à partir de polymères organiques (acétate de cellulose, polyamides, etc.) qui ont
une grande adaptabilité aux différentes applications. Des membranes minérales,
composées de corps minéraux tels que la céramique, qui peuvent travailler dans des
conditions extrêmes de température et d'agressivité chimique et des membranes

3
composites, apparues il y a une dizaine d'années et caractérisées par une superposition de
plusieurs couches et beaucoup plus fines que les membranes classiques.

ο DIAMETRE DES PARTICULES RETENUES

Selon le diamètre de leurs pores, et donc des particules retenues, on trouve des
membranes de microfiltration (MF) qui retiennent des particules dont le diamètre est
compris entre 1µm et 0.1µm ; des membranes d'ultrafiltration (UF), de 0.1 µm à 0.01 µm,
des membranes de nanofiltration (NF), de 0.01µm à 0.001µm et des membranes
d'osmose inverse (OI) aux alentours de 0.001 µm [3].

Le tableau suivant montre la classification des membranes, les pressions opératoires


de chacune et les flux unitaires caractéristiques :

Microfiltration Ultrafiltration Nanofiltration Osmose Inverse


MF UF NF OI
Plus petites colloides virus, matière ions divalents, la plupart des
espèces micro- organique petites molécules espèces
retenues organismes polymérisée organiques dissoutes
Pressions
0.2 - 1.0 0.1 – 5 5 - 15 15 - 80
opératoires (bar)
Flux unitaires
100 - 500 50 – 200 15 - 30 15 - 30
(l/m 2*h)
Tableau 1 : Quelques caractéristiques des membranes [2].

Il existe aussi deux types de filtration sur membrane selon le sens d'arrivée de l'eau :
• frontale (l'eau arrive perpendiculairement à la surface de filtration)
• tangentielle (elle arrive parallèlement)

Récemment, des nouvelles membranes organiques de seconde génération sont


disponibles sur le marché, présentant une meilleure tenue à la température et au pH, mais
moins résistantes aux désinfectants chlorés et au compactage mécanique. La dernière
génération de membranes minérales a une durée de vie multipliée par trois, pour un coût
évidemment plus élevé. Ces membranes montrent une grande résistance mécanique,
physico-chimique et thermique qui permettent de traiter des produits à forte viscosité [4]. Or
c'est l'augmentation de volume traité plus que les nouvelles applications qui ouvre
aujourd'hui de nouveaux horizons aux membranes. Autrefois confinées au traitement de
petits volumes, les membranes sont désormais utilisées pour des débits de plusieurs
centaines de mètres cubes par heure [4].

TRAITEMENT DES EAUX USEES URBAINES

Le traitement des eaux usées consiste fondamentalement à éliminer différents éléments


présents afin d'obtenir une eau épurée conforme à des objectifs de rejet. Il y a de nombreux
types de traitement mais la plupart se base sur l'intégration de deux procédés importants : la
séparation des solides de l'eau à traiter par des méthodes physico-chimiques, et l'action
biologique de divers micro-organismes. Les divers process d'épuration sont généralement
divisés en [5] :
• Traitement préliminaire (élimination des éléments qui peuvent produire des problèmes
opérationnels)
• Traitement primaire (élimination des solides par sédimentation)
• Traitement secondaire (élimination de la matière organique par oxydation biologique)
• Traitement tertiaire (élimination de la matière organique résiduelle).

4
L'application des techniques membranaires a été envisagée à plusieurs niveaux dans les
filières [6] :
• après la sédimentation primaire (UF, MF)
• dans le traitement physico-chimique de coagulation floculation (MF)
• en traitement secondaire, incluses dans le bassin de boues activées (MF) ou conçues
comme un ouvrage remplaçant le décanteur secondaire (UF, MF, OI)
• en traitement tertiaire à la suite d'une décantation secondaire (UF, MF, NF, OI).

Dans le processus de filtration, les éléments retenus par la membrane s'accumulent et


freinent la circulation de l'eau à travers la membrane. Ceci conduit à une réduction de la
perméabilité, soit un colmatage du système. Pour éliminer les dépôts accumulés, on réalise
alors un lavage de la membrane avec de l'eau ou de l'air à contre courant, opération appelée
rétrolavage , auquel on peut associer une désinfection de la membrane évitant la formation
de biofilm dans les pores des membranes. De plus, pour régénérer les capacités physiques
du module membranaire, il faut réaliser au moins une fois dans l'année un nettoyage
chimique qui oblige à arrêter le module de filtration pendant une journée, ce qui coûte cher.

Aujourd'hui, l'utilisation des membranes dans le traitement des eaux usées se fait
principalement en traitement secondaire ou tertiaire, où leur principal intérêt est de filtrer la
partie bactériologique des eaux usées et de les associer alors à des procédés qui éliminent
la matière organique et minérale.

ο EN TRAITEMENT SECONDAIRE

Dans ce cas, les membranes sont un complément du réacteur biologique, soit


immergées dans le réacteur lui-même, soit situées en aval de celui-ci dans un ouvrage
individualisé.

Pour des membranes situées en aval du réacteur biologique, on trouve des


installations qui réalisent l'épuration dans un bio-réacteur cinq à dix fois plus petit qu'un
bassin d'aération classique et la séparation des solides dans un "bloc membrane"
fonctionnant en flux tangentiel. Ce type de flux permet un plus long contact des bactéries
épuratrices avec la pollution et l'oxygène, en évitant la formation de flocs et en réduisant la
consommation d'énergie destinée à leur reproduction. Ceci explique la réduction de 20 à
50% en production de boues [7]. L'utilisation de ce type de procédé en réalisant une
recirculation à hautes vitesses et pressions (3 à 5 Ba), augmente non seulement les flux
unitaires (100 à 300 l/m 2/h) mais aussi les coûts énergétiques (2 à 10 kWh/m 3 d'eau traitée).
Ces efforts auxquels est soumis l'effluent peuvent mener à une destruction des flocs [8], [9].

Un autre procédé plus récent, qui se présente actuellement comme une solution de
plus en plus répandue, associe dans un même bassin la dépollution biologique des eaux et
la séparation physique de l'eau épurée et des boues. L'étape traditionnelle de décantation
secondaire est ainsi supprimée. La technique consiste à immerger des modules
membranaires qui clarifient l'eau par filtration, dans un bassin de boues activées qui assurent
l'élimination de la pollution carbonée de l'eau. Ceci limite les coûts énergétiques en évitant le
pompage de l'eau du bio-réacteur, mais les volumes traités sont plus faibles. La filtration à
travers les modules membranaires permet de retenir les matières en suspension, ainsi que
le plupart des bactéries [10]. Ce procédé a déjà été mis en service en France, à l'Ile d'Yeu,
pour une usine de 20.000 équivalents habitants (la plus grande en Europe en utilisant ce
procédé) et au Japon où il se développe du fait de l'imposition d'une politique de "zéro
rejets", à des projets comme celui d'un complexe hôtelier où l'on traite 500m 3/j pour un coût
de 10 à 12 F/m 3 d'eau traitée (2 millions de Francs (HT) pour l'investissement) [1], [11], [12].
L'eau issue de ce traitement est réutilisée dans les chasses d'eau.

5
Les membranes peuvent être aussi installées dans le clarificateur ou dans le bassin
d'aération d'une usine existante qui utilise le traitement par boues activées. Ceci permet une
haute concentration de la biomasse (10 à 20 gMVS/L) en produisant un effluent qui ne
contient pas de matières en suspension. Dans ce cas une faible pression transmembranaire
est requise (moins de 0.5 bar), avec des membranes qui se situent entre l'ultrafiltration et la
microfiltration. Ce procédé a déjà été évalué pour le traitement des eaux domestiques, en
aboutissant à des énergies consommées de 0.2 à 0.4 kWh/m 3 d'eau traitée [8], [9]. Dans le
cas des membranes immergées, le procédé est plus intéressant au plan énergétique dans
des réacteurs anaérobies dès lors que le temps de rétention est compris entre 3 et 6 heures,
et plutôt dans les réacteurs aérobies si le temps de rétention reste inférieur à 1 heure
(l'aération limite le colmatage des membranes) [6].

Des expériences ont été aussi menées pour un traitement à l'échelle individuelle avec
l'implantation des membranes dans des fosses septiques (équivalentes à des décanteurs
digesteurs). Il semblerait que ces applications n'aient pas pour l'instant dépassé le stade de
la faisabilité, essentiellement en raison des phénomènes de colmatage des membranes [6].

Cette combinaison du traitement par boues activées et de la filtration à travers les


membranes (Bio-Réacteur à Membranes ou BRM), présente de nombreux avantages pour
le traitement des eaux usées. Une réduction en surface au sol qui permet par exemple le
contrôle total des nuisances olfactives (cas de Colombes à Paris, et Nice sur la côte d'Azur),
une diminution de la production des boues de 20 à 30% et une qualité de l'effluent nettement
améliorée et constante, quelles que soient les caractéristiques des eaux brutes [9], [13]. Des
efforts restent encore à faire dans le domaine des BRM. Le problème du colmatage des
membranes et les cycles de rétrolavage imposent des arrêts successifs des modules qui
coûtent cher. D'éventuels problèmes d'accumulation de solides inertes et de métaux lourds
dans les boues activées sont encore à vérifier [9]. La haute minéralisation de la biomasse
dans le bassin de boues activées produit une augmentation de la concentration de l'azote
dissous et des phosphates dans l'effluent, de même qu'une grande diminution des bactéries
nitrifiantes du système [14], [15]. Ceci pose donc des problèmes si l'on cherche à combiner
des BRM avec des traitements complémentaires pour l'élimination de l'azote et du
phosphore.

ο EN TRAITEMENT TERTIAIRE

Devant la dégradation bactériologique des eaux littorales, des zones de baignade ou


de conchyliculture et les nouvelles orientations visant à réutiliser les eaux résiduaires en
irrigation, de nouvelles méthodes de désinfection ont été recherchées pour atteindre les
objectifs requis pour les eaux usées. L'objectif visé dans ce cas est la désinfection des
effluents qui ont déjà subit des traitements conventionnels.

La désinfection des eaux usées doit répondre notamment aux objectifs suivants [16] :
• diminution de 3 à 4 unités log (UL) des germes tests
• absence de toxicité résiduelle, soit directe soit par la formation de sous-produits
• absence de reviviscence des microorganismes après traitement.

Aucun des procédés utilisés actuellement (UV, Ozonation, Chloration etc.) ne répond à
l'ensemble des critères énumérés. Trois types de problèmes se présentent avec ces
techniques. Une action virulicide variable en fonction des microorganismes, la capacité de
régénérescence des microorganismes après traitement et finalement la présence d'une
toxicité rémanente influant sur la flore et la faune du milieu récepteur.

En désinfection, la MF permet d'éliminer les kystes, les protozoaires et généralement les


bactéries. L'UF réalise une élimination totale des particules minérales et biologiques (même

6
les virus). Ces deux types de filtration utilisés en désinfection, permettent également
l'élimination de matières en suspension et le maintien des taux de DCO et DBO5 à des
valeurs inférieures à 35 mg/l et 5 mg/l respectivement [17].

Pour l'utilisation de l'osmose inverse, l'eau doit avoir subit un pré-traitement de sorte que
la concentration des particules en suspension et l'activité biologique soient réduites par des
méthodes comme la floculation, la re-carbonatation et l'application de chlore. Ce procédé est
nécessaire car l'eau possède encore de grandes charges de matières en suspension après
avoir subi des pré-traitements conventionnels, ce qui conduit à des diminutions de flux par
colmatage, de 25 à 30% par an, même avec des nettoyages réguliers des membranes. Des
techniques d'UF et de MF sont alors proposées pour le pré-traitement, avant de passer par
l'OI [18].

Par rapport aux techniques de désinfection conventionnelles appliquées aux eaux


résiduaires urbaines, telles que la chloration, l'ozonation et l'irradiation par UV, les
techniques membranaires ont l'avantage de ne pas former de sous-produits, de réduire de 3
à 4 UL les germes tests et de rejeter dans le milieu naturel un effluent exempt de
microorganismes et donc n'induisant pas une reviviscence bactérienne. Par ailleurs, aucun
résiduel de désinfectant ne subsiste dans l'effluent, ce qui ne nuit pas à l'environnement [6].

Dans le cas de la valorisation des eaux résiduaires, on peut citer l'exemple de Los
Angeles où un traitement poussé des eaux usées par NF ou OI permet de recharger la
nappe d'eau souterraine pour lutter contre l'infiltration de l'eau de mer, mais aussi une
utilisation dans des process industriels et en irrigation [13]. L'usine de ce projet traite
actuellement 160.000 m3/j en produisant quatre types d'eau traitée pour des différents
usages. De même en Espagne on utilise les eaux recyclées en irrigation (35.000m 3/j pour
4.000 hectares au Pays Basque) et à San Diego (Etats Unis) des études sont réalisées pour
utiliser le procédé de BRM en vue du recyclage [13], [19], [20], [21], [22]. A partir des
expériences aux USA, en Israël et au Moyen-Orient, des coûts de production d'eau pour
l'irrigation qui varient entre 0,43 et 1,10 US$/m 3 ont été déterminés. Suivant la sophistication
des traitements, ces coûts peuvent augmenter jusqu'à 1,18 et 1,85 US$/m 3 d'eau traitée [13].

Les enjeux techniques dans le traitement tertiaire sont plus ou moins similaires à ceux
décrits pour le traitement secondaire. Dans ce cas, les principales contraintes pour
généraliser la réutilisation des eaux usées sont de type économique et législatif. D'une part
les coûts étant encore élevés, seules les zones très affectées par des problèmes de
ressource en eau s'intéressent à la valorisation des eaux usées. D'autre part, l'absence de
normes internationales ne permet pas une approche globale du sujet. Certains pays ont leur
propre réglementation et d'autres n'en ont aucune.

TRAITEMENT DES EAUX USEES INDUSTRIELLES

L'utilisation des membranes dans le traitement des eaux usées a été à l'origine une
technique utilisée par les industriels. Une stricte réglementation leur imposant des taxes
élevées pour pouvoir se raccorder au réseau domestique, les a amenés à penser à des
nouvelles techniques pour réduire les coûts liés au traitement de leurs eaux. Or, le traitement
par membranes leur apporte deux avantages : un traitement poussé des effluents qui permet
d'améliorer ses caractéristiques et la possibilité de recycler les eaux résiduaires [23].

Les eaux usées industrielles peuvent avoir quatre origines spécifiques : des eaux
provenant du refroidissement, des eaux domestiques, celles issues de lavage et celles
provenant des différents process industriels. L'intérêt du traitement membranaire se situe
particulièrement sur les eaux utilisées dans le lavage (par exemple de pièces mécaniques
dans le domaine métallurgique) et dans les multiples process de type industriel (réactions
chimiques par exemple) [23]. De nombreuses industries sont concernées par les techniques

7
membranaires pour le traitement de leurs effluents : agroalimentaires, automobiles et
mécaniques, pharmaceutiques et biologiques, papetières, pétrolières, textiles et même
nucléaires. Le secteur agroalimentaire est de toutes façons le plus grand utilisateur de ces
techniques [2]. Il faut noter que le mode d'utilisation des membranes dans le traitement des
effluents industriels est à définir au cas par cas pour chaque type d'industrie.

Les eaux de lavage sont des eaux généralement très chargées en matières dont le
traitement est particulièrement coûteux. En les traitant à travers des membranes on peut
obtenir une eau avec des concentrations de charge faibles, qui peut être recirculée dans le
cycle de lavage et un concentrat dont le traitement sera moins coûteux. Les industries
concernées par ce type d'utilisation sont spécialement celles du secteur métallurgique ou
automobile. On peut citer le cas du complexe industriel de Smartville de Mercedez Benz qui
utilise le procédé du BRM (BIOSEP pour le cas d'OTV) pour traiter ses effluents et recycler
l'eau de rinçage après les bains de peinture [24]. Dans l'activité du "traitement et revêtement
de surfaces" où l'on utilise la technique d'ultrafiltration, on trouve des consommations
énergétiques comprises entre 1 et 3 kWh/m 3 de perméat et des débits de perméat qui varient
entre 400 et 2000 l/h/m 2 de membranes.

Le devenir des eaux de process issues des différents procédés industriels est
actuellement établi au cas par cas, mais comprend en général des traitements très coûteux à
cause des matières chimiques et organiques présentes. Pourtant, la possibilité de recycler
des produits coûteux et de limiter la production de boues laissent présager un avenir
prometteur à ces techniques [23]. Cependant, certains industriels considèrent que, pour
l'instant, un prix de l'eau inférieur à 4-5 FF/m 3 ne favorise pas la mise en place du recyclage.
Il y a pourtant des industries qui se sont engagées dans l'utilisation des membranes, par
exemple dans le domaine brassicole [4]. D'autres types d'industries utilisent de plus en plus
ce type de traitement pour leurs effluents. C'est le cas par exemple de l'industrie textile où
l'on arrive à récupérer des produits par ultrafiltration en réalisant des économies d'eau de
l'ordre de 60 à 70%. Le principal facteur limitant la généralisation de ces installations est un
temps de retour sur investissement long (environ 10 à 15 ans), mais les études en cours
réalisés sur des installations existantes risquent de changer cette tendance [25].

CONCLUSION

L'emploi des membranes en traitement des eaux résiduaires contribue à résoudre


plusieurs problèmes délicats des stations biologiques conventionnelles : la séparation de la
biomasse dans les clarificateurs, la nécessité de dimensionner les bio-réacteurs avec des
volumes élevés (la biomasse active ayant une croissance faible), la rigueur croissante des
législations sur le rejet des effluents de station d'épuration et enfin la possibilité de recycler
ou de réutiliser les eaux usées dans certains pays déficitaires [6]. Séparer, purifier, valoriser
et recycler des produits sont des possibilités offertes par les membranes, mais en ce qui
concerne les effluents industriels le coût élevé des installations membranaires a limité leur
généralisation [2], [26]. Les axes actuels de développement s'orientent principalement vers
deux tendances : d'une part les systèmes qui associent différentes techniques membranaires
et d'autre part le couplage de techniques membranaires avec des traitements chimiques ou
biologiques classiques [25]. Chaque type de filtration membranaire a des domaines
d'application spécifiques, selon le type d'effluent à traiter. La filtration sur membrane a aussi
sa place comme procédé alternatif de désinfection pour les eaux usées tout comme les
autres nouvelles techniques actuellement développées (irradiation par faisceau d'électrons,
etc.) [6].

Les techniques membranaires ont démontré leur efficacité sur des fluides industriels
difficiles à traiter mais aussi en épuration des eaux usées urbaines. Divers exemples en
Japon et en France démontrent la fiabilité technique et aussi l'intérêt économique de l'emploi
de ces matériaux [6], [19]. Le recyclage de certains produits industriels, la réutilisation des

8
eaux épurées en usages spécifiques comme l'irrigation et les chasses d'eau, la diminution de
production des boues issues du traitement et la bonne qualité bactériologique des eaux, sont
des éléments très importants à tenir en compte pour continuer à développer les techniques
membranaires.

Des efforts restent encore à faire dans le développement des techniques


membranaires et particulièrement en ce qui concerne leur utilisation pour le traitement des
eaux usées. D'une part, diminuer la consommation énergétique, qui limite la performance du
système pour de gros volumes d'eau à traiter et contrôler le colmatage des modules qui
entraîne des arrêts périodiques du système, sont deux facteurs primordiaux dans le
développement de ces techniques. D'autre part, la qualité de l'effluent étant élevée, une
réutilisation des eaux traitées devra être encouragée et devra faire partie, de plus en plus,
des politiques de gestion. Pour cela, il est alors important de mener un travail commun pour
aboutir à des normes internationales sur la réutilisation des eaux usées en fonction de leur
usage.

Par contre, l'introduction de ces nouveaux traitements dans le domaine des eaux
usées produit déjà un changement de mentalité. Parler de ces eaux non pas comme un
déchet dont on doit se débarrasser mais de plus en plus comme un produit valorisable
duquel on peut en profiter, se traduira certainement par des nouvelles technologies de
traitement et pourquoi pas par des nouvelles réglementations qui tiennent compte de ce fait.

9
BIBLIOGRAPHIE

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[25] VITTOZ C., Techniques séparatives sur membranes : des méthodes écologiques
pour le traitement des eaux. L'Eau, l'Industrie, les Nuisances. 2000, No. 228, 29-34.

[26] PANNUZZO S., SERRE A. Traiter l'eau et les effluents industriels par les techniques
membranaires et d'autres techniques couplées. L'Eau, l'Industrie, les Nuisances. Octobre
2000, No.235, 123-128.

11
International
Office
for Water

TECHNICAL SYNTHESIS

MEMBRANES APPLICATION
IN WASTEWATER TREATMENT

DIAZ Juan Pablo

Email : Diaz@engref.fr

March 2001
ENGREF Centre de Montpellier
B.P.5093 - 34033 MONTPELLIER CEDEX 01
Tél. : (33) 04 67 04 71 00
KEY WORDS
MEMBRANES, WASTEWATER, ULTRAFILTRATION, MICROFILTRATION,
NANOFILTRATION, REVERSE OSMOSIS, RÉUSE, RECYCLE, INDUSTRIAL WATER,
MEMBRANE BIO-REACTOR.

ABSTRACT
Treating industrial and domestic wastewaters is an environmental and legislative current
challenge of particular importance. In practice, it has permitted to reuse and recycle industrial
and domestic effluents in several countries for various purposes. Membrane filtration
technique is a specific process, currently used to achieve this.

RÉSUMÉ
Le traitement des eaux usées domestiques et industrielles est de nos jours un sujet très
important en matière de protection de l'environnement et des textes réglementaires s'y
rapportant. La réutilisation de ces eaux et le recyclage des produits industriels contenus se
présentent comme des possibilités déjà mises en application. Les techniques de filtration
membranaire sont des procédés en plein développement dans le traitement des eaux usées,
car ils permettent d'élargir l'éventail des possibilités de réutilisation de ces eaux.
INTRODUCTION

Two important factors have been decisive in wastewater treatment research over recent
years. World demographic growth which implies greater consumption of treated water for
multiple uses, and produces a considerable volume of wastewater to be treated. In order to
be returned to the environment, this treated water must meet higher quality requirements
as defined by regulation that results from environmental care policy.

The second reason is that, especially in dry regions, particular attention to water
management policies is paid in order to preserve water resources. Basin management is a
new approach and includes wastewater reutilization. Today 65% of wastewater is reused
in Israel and it will soon be the same in Egypt [1]. Indeed, improved resources management
will mean that drinking water will only be used when strictly necessary.

For the past few years membranes have been used in chemical industries and in health
applications. They are now part of the wastewater treatment techniques and produce high
quality effluent that respects the current stringent standards and can be reclaimed for
different purposes. Membrane procedures are based in the sieve principle, i.e. the passage
through calibrated pores of a membrane.

MEMBRANE CLASSIFICATION

Membranes could be defined as a semi-permeable and thin layers that divide treated water
in two phases : permeate and concentrate. To do this, a force should be applied. This can be
pressure, an electric field, a temperature gradient or a concentration difference [2].

Membranes can be classified according to three parameters :

ο STRUCTURE TYPE

This kind of classification considers only their physical structure. There are isotrope
membranes also called the first generation membranes, whose structural properties remain
throughout; anisotrope membranes, or the second generation, whose structure varies from
the outer surface to the inner. Finally third generation membranes consist of a thin layer over
a porous support.

The isotrope membranes, the first to appear, require high pressure to make the water pass
through the complete layer. Since the diameter of the pores increases in the direction of the
water flow, anisotrope membranes are more widely used because of the lower pressures
involved.

ο FABRICATION MATERIAL

Membranes can be classified according to the materials that they are composed of: organic
membranes are made of organic polymers (cellulose acetate, polyamides, etc.) and are
highly versatile; mineral membranes are made of mineral compounds like ceramic, and can
work in high temperatures and extreme chemical conditions; composite membranes
recently appeared and characterized by the superposition of different layers that are thinner
than common membranes.

ο RETAINED PARTICLE DIAMETERS

Finally, according to the pore diameter, therefore the retained particle size, we can talk about
microfiltration (MF), that retains particles between 1 µm and 0.1 µm in size, ultrafiltration
(UF) from 0.1 µm to 0.01 µm, nanofiltration (NF) from 0.01 µm to 0.001µm, and reverse
osmosis (RO) in the vicinity of 0.001 µm [3].

Table 1 shows membrane classification, the pressures required and typical unitary flows :

Microfiltration Ultrafiltration Nanofiltration Reverse Osmosis


MF UF NF RO
Smaller virus, divalent ions,
colloids almost all
retained polymerized small organic
micro-organisms dissolved species
species organic matter molecules
Work
pressures 0.2 - 1.0 0.1 - 5 5 - 15 15 - 80
(bar)
Typical unitary
100 – 500 50 - 200 15 - 30 15 - 30
flows (l/m 2*h)
Table 1 : Some of the membranes characteristics [2].

There are also two membrane filtration types classified according to the direction of the
water’s arrival :
• frontal (water arrives perpendicular to the filtration surface)
• tangential (parallel flow)

Recently a new second generation organic membrane that presents a better temperature
and pH performances, has become available on the market. It is also less resistant to
chlorate disinfectants and to mechanical compression. The latest generation of membranes
last three times longer, and is obviously more expensive. The latter have high mechanical,
physico-chemical and thermal resistance allowing the treatment of products of high viscosity
[4]. Whereas membranes were only used to treat low volumes before, today they are
increasingly used to treat high flows. This implies that new applications are widening the
scope for membrane uses [4].

URBAN WASTEWATER TREATMENT

Wastewater treatment fundamentally consists of the elimination of different elements in such


a way as to produce treated water that respects standards. There are a variety of treatment
procedures that basically include two processes : solid-liquid separation by physico-chemical
means and biological treatment b
y various micro-organisms. Different steps in wastewater treatment may be classified [5] :

• Preliminary treatment (removal of objects that may cause operational problems)


• Primary treatment (removal of solids by settling)
• Secondary treatment (removal by biological oxidation of the organic matter)
• Tertiary treatment (removal of residual organic material).

Membrane technical applications has been considered at different stages in treatment


procedures [6] :

• after primary sedimentation (UF, MF)


• in coagulation flocculation physico-chemical step (MF)
• in secondary treatment, included in the activated sludge basin (MF) or used to substitute
the secondary decanter (UF, MF, RO)
• in tertiary treatment after secondary clarification (UF, MF, NF, RO).
In filtration procedures, elements retained by membranes accumulate reducing water flow
and inducing a reduction in permeability and the clogging of the system. To eliminate these
sediment layers a membrane air or water-washing is required. This procedure, called retro-
washing also includes disinfection. To prevent the formation of a biofilm in the membrane
pores, chemical cleaning has to be carried out at least once a year. This operation means
that a filtration module must be stopped for one day, which is expensive. This procedure
aims to regenerate the module’s physical capacities.

Today membrane application in wastewater treatment is carried out principally in secondary


or tertiary treatment, where its role is to retain the bacteriological fraction of wastewater. It is
of course associated with the traditional processes which eliminate mineral and organic
matter.

ο IN SECONDARY TREATMENT

In this case membranes are a biological reactor complement either submerged in the reactor
or placed downstream in a separated structure.

In that case it's possible to find bio-reactors five to ten times smaller than classic aeration
basins where purification is made with a "membrane unit" downstream working in tangential
flow for solid separation. This kind of flow permit a longer bacteria contact with oxygen and
pollution, preventing floc formation and reducing energy consumption used for their
multiplication. That explains 20 to 50% sludge reduction [7]. Using this high speed and
pressure (3 to 5 bar) recirculation procedure not only increases unitary flows (100 to 300
l/m 2/h) but also energy costs (2 to 10 kW/h/m 3 of treated water). This stress suffered by the
effluent may train a floc destruction [8], [9].

Another more recent process which is becoming increasingly widespread combines within
the same basin biological depollution and the physical separation both of the water and
sludge. The traditional and usual secondary step of settlement is thus avoided. This
technique consists of submerging membrane modules which clarify the water through
filtration within an activated sludge basin which in turn ensures the elimination of carbonated
water pollution. This reduces energy costs while avoiding the pumping of water from the bio-
reactor but less water will be treated in this way. Filtration via membrane modules allows the
retention of suspended matter, in addition to most bacteria [10]. This process has already
been implemented in France at l'Ile d'Yeu in a 20,000 equivalent inhabitant factory (the
biggest European plant using this process). The same is true for Japan where a "zero
discharges" policy has been implemented. An example of this is a hotel complex where 500
m 3 /d are treated at a cost of 10 to 12 FF/m 3 of treated water (2MF, not including taxes, for
the investment) [1], [11], [12]. The water generated from this treatment process is then
reused for flushing purposes.

The membranes can also be installed in the clarifier or in the aeration basin of an existing
plant which uses activated sludge treatment. This allows for a high biomass concentration
(from 10 to 20 gMSS/L) whilst producing an effluent which does not contain suspended
matter. In such an instance only a small transmembrane pressure is required (less than 0.5
bar) in respect of membranes which are situated between the UF and MF. This process has
already been assessed for domestic wastewater achieving energies ranging from 0.2 to 0.4
kWh/m 3 of treated water [8], [9]. As for submerged membranes the process is more effective
in an anaerobic reactor in so far as energy is concerned if their retention time is between 3
and 6 hours and in an aerobic reactor if their retention time is less than 1 hour (aeration in
effect limiting the clogging of the membranes) [6].
Experiments have also been carried out for small scale treatments with the insertion of
membranes in septic tanks which are equivalent to decanter-digester. Apparently these
applications have gone no further than feasibility studies because of the phenomenon of
membrane clogging [6].

This combination of the processing by activated sludge and filtration through membranes
(Membrane Bio-Reactor or MBR), present of many advantages for the wastewater
treatment. A reduction on the ground surface which allows the total control of the olfactive
harmful effects (case of Colombes in Paris, and Nice on the Riviera), a reduction in the
sludge production from 20 to 30% and a definitely improved and constant quality of the
effluent, whatever the characteristics of raw waters [9], [13]. Efforts still remain to be made in
the MBR field. The membranes filling problem and the cycles of retro-washing impose stops
of the successive modules which are expensive. Possible problems of accumulation of inert
solids and heavy metals in the activated sludge are still to check [9]. The high biomass
mineralisation in the activated sludge basin produces an increase in the concentration of
dissolved nitrogen and phosphates in the effluent, just as a great reduction in the nitrifying
bacteria of the system [14], [15]. This thus poses problems when trying to combine MBR with
complementary processing for the elimination of nitrogen and phosphorus.

ο IN TERTIARY TREATMENT

Because of bacteriological decomposition of littoral water, bathe and shellfish zones and the
new orientations aiming at re-using wastewater in irrigation, new methods of disinfection are
required to achieve required goals for wastewater. In this case the target is the effluent
disinfection which were been conventionally treated.

Wastewater disinfection must particularly accomplish the following objectives [16] :


• 3 to 4 log units (LU) test germs reduction
• no residual toxicity, either direct or by products formation
• no micro-organisms after treatment.

None process actually used (UV, Ozonation, Chlorination etc.) answers the whole of the
enumerated criteria. Three types of problems arise with these techniques. A variable virucide
action according to the micro-organisms, micro-organisms rejuvenation capacity after
treatment and finally remanent toxicity influencing the flora and the fauna of the receiving
medium.

In disinfection, MF permit to eliminate the cysts, the protozoa and generally the bacteria. The
UF carries out a complete abolition of the mineral and biological particles (even viruses).
These two filtration types used in disinfection, also allow the suspended matter elimination
and maintenance of COD and BOD5 rates to values lower than 35 mg/l and 5 mg/l
respectively [17].

For the RO use, water must be pre-treated so that the concentration of suspended particles
and the biological activity are reduced by flocculation and re-carbonation methods and the
chlorine application. This process is necessary because water still has great suspended
matter loads after having undergone conventional pre-treatments, which leads to reductions
in flow by filling from 25 to 30% per year, even with regular membrane cleanings. UF and MF
techniques are then proposed for pre-treatments before passing by RO [18].

Compared to the conventional techniques of disinfection applied to urban waste water, such
as chlorination, ozonation and UV irradiation, membrane techniques have the advantage of
not forming by-products, reducing by 3 to 4 LU test germs, and of rejecting into the natural
environment a free micro-organisms effluent and thus not inducing a bacterial reviviscence.
In addition, no disinfecting residual remains in the effluent, which protect the environment [6].
In wastewater valorisation, one can quote the Los Angeles example where a water treatment
with NF or RO permits the water table reload to fight against sea water infiltration, and also
an industrial processes and irrigation use[13]. This factory currently treats 160.000 m3/d
producing four water types for various uses. In the same way in Spain recycled water is used
in irrigation (35.000m 3/d for 4.000 hectares in the Basque Country) and in San Diego (USA)
studies are make to use the BRM process for water recycling [13], [19], [20], [21], [22]. From
the experiments in the USA, Israel and the Middle East, production costs of water for the
irrigation which vary between 0,43 and 1,10 US$/m 3 were given. According to the process
way, these costs can increase up to 1,18 and 1,8US$/m 3 of treated water [13].

Technical stakes in tertiary treatment are more or less similar with those described for the
secondary treatment. In this case, principal constraints to generalise the wastewater re-
utilisation are of economic and legislative type. On the one hand costs being still high, only
the very affected zones by water resource problems are really interested in valorisation. In
addition, the absence of international standards does not allow a global solution of the
subject. Certain countries have their own regulation and others do not have any of it.

INDUSTRIAL EFFLUENTS TREATMENT

The use of membranes in water treatment was in the beginning an industrial technique. A
strict regulation impose them high taxes to be connected to the domestic network, so they
were obliged to think of new techniques reducing the water processes costs. However, the
membranes process brings them two advantages : a thorough effluents process which permit
the improve of the water characteristics and the possibility of recycling [23].

Industrial wastewater can have four specific origins : water coming from cooling, of domestic
water, those resulting from washing and those coming from the various industrial processes.
The interest of the membrane processing is particularly on the water used in washing (for
example of machine elements in the metallurgical field) and in the multiple industrial
processes (chemical reactions for example) [23]. Many industries are concerned with the
membrane techniques for their effluents processing : agroalimentary, automobile and
mechanical, pharmaceutical and biological, paper, oil, textile and even nuclear. The
agroalimentary sector is in any case the largest user of these techniques [2]. It should be
noted that the different membranes techniques in the industrial effluents have to be defined
individually for each type of industry.

Washing water are generally very charged and their treatment is particularly expensive. By
treating them through membranes one can obtain a lower concentration water which can be
recirculated in the washing procedure, and a concentrate cheaper to treat. The industries
concerned with this type of use are specially those of the metallurgical or automobile sector.
One can quote the case of the industrial complex of Smartville of Mercedez Benz which uses
the MBR process (BIOSEP in the case of OTV) to treat its effluents and to recycle the
flushing water after painting baths [24]. In the "surface treatment and coating" activity where
UF technique is used, one finds power consumptions ranging between 1 and 3 kWh/m 3 of
permeate, and the permeate flows vary between 400 and 2000 l/h/m 2 of membranes.

Actually the process water resulting from industrial processes is treated individually, and
generally includes very expensive procedures because of the chemical and organic matters
present. However, the possibility of recycling expensive products limiting the sludge
production may be a promising future [23]. However, certain industries consider that, for the
moment, a water price lower than 4-5 francs does not help to recycling techniques. There are
however industries which began in the use of membranes, like in the brewery field [4]. Other
types of industries use more and more this type of processing for their effluents. It is the case
of textile industry where a products recycling by UF it's possible realising water savings of
about 60 to 70%. The principal factor limiting the generalisation of these installations is a
long investment return period (approximately 10 to 15 years), even if actual studies realized
on existing installations are likely to change this tendency [25].

CONCLUSION

The use of membranes in wastewater treatment contributes to solve several delicate


problems of conventional biological stations : separation of the biomass in the clarifiers, the
need for dimensioning the bio-reactors with high volumes (active biomass having a weak
growth), more and more rigorous legislations about effluents rejection and finally the
possibility of recycling and re-using water in overdrawn countries [6]. To separate, purify,
develop and recycle products are possibilities offered by membranes, even if with industrial
effluents high cost limited their generalisation [2], [26]. The actual development ways are
mainly directed towards two tendencies : on the one hand the systems which associate
various membrane techniques and on the other hand coupling of membrane techniques with
chemical or biological traditional processes [25]. Each filtration type has specific applicability
according to the type of effluent to be treated. Filtration on membrane has also its place like
alternative process of disinfection for water used just like the other new currently developed
techniques (electron irradiation, etc.) [6].

Membrane techniques showed their effectiveness on industrial fluids difficult to treat but also
in purification of urban wastewater. Various examples in Japan and France show the
technical reliability and also the economic interest of using these materials [6], [19]. The
recycling of certain industrial products, the re-use of purified water of specific uses as the
irrigation and the flushing, the reduction in production of sludges resulting from the
processing and the good bacteriological quality of water, are very significant elements to
continue the developing of membrane techniques.

Efforts still remain to be made in the development of the membrane techniques and
particularly in regard to their use for the wastewater treatment. On the one hand, to decrease
power consumption, which limits the performance of the system for large volumes of water to
treat and control the filling of the modules which causes periodic stops of the system, are two
important factors in the development of these techniques. In addition, the quality of the
effluent being raised a re-use of treated water will have to be encouraged and will have to
form part, more and more, policies of management. For that, it is then significant to
undertake a common work to lead to international standards on the re-use of the water used
according to their use.

Finally, the introduction of these new procedures into the wastewater field produces already
a change of mentality. To speak about this water not as a waste which one must get rid but
more and more as a product which one can benefit from, will certainly result by new
technologies of processing and why not in new regulations which take account of this fact.
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