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LES TECHNIQUES

MEMBRANAIRES
Haythem BAYA (Maitre Technologue)

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INTRODUCTION

• Le but des techniques membranaires est la séparation des molécules d’une solution ou les
matières en suspension par une membrane tout en limitant son colmatage pour obtenir un
fonctionnement stable pendant 20 heures au moins.

• Deux types de procédés existent : la filtration frontale (solution diluée, colmatage rapide) et la
filtration tangentielle.

• Osmose inverse, nanofiltration, ultrafiltration, microfiltration tangentielle peuvent être définies


comme des procédés de séparation en phase liquide par perméation à travers des membranes
permsélectives sous l’action d’un gradient de pression. 2
Comparaison entre filtration Classification de la technique en
frontale et filtration tangentielle fonction de la taille à retenir

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DÉFINITIONS

• Membrane permsélective

la membrane est une barrière permsélective qui va réduire le transfert d’un soluté par rapport à un
autre (le plus souvent d’un ou des solutés par rapport à l’eau).

Dans le cas de la filtration membranaire, la membrane est une structure poreuse avec des pores de
l’ordre de 0,1 à 10 mm pour la microfiltration, 10 nm à 1 mm pour l’ultrafiltration, quelques nm
pour la nanofiltration et une structure dense pour l’osmose inverse.

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Les matériaux synthétiques à la base des membranes sont des polymères organiques (acétate de
cellulose, poly sulfone …) ou de matériaux inorganiques (ZrO2, TiO2, alumine). Leur structure
asymétrique est constituée d’un support macroporeux (pour la tenue mécanique) et d’une peau ou
couche superficielle (pour la sélectivité). Le but est d’assurer une bonne sélectivité avec une faible
résistance au transfert tout en ayant une bonne tenue mécanique.

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Critère de choix
Ce choix se fait :
• par rapport à la séparation à réaliser : de façon générale la taille des pores est généralement 2
fois plus petite que l’espèce la plus petite à retenir (pour assurer une bonne rétention tout en
limitant le colmatage en profondeur de la membrane).
• Selon les affinités avec les espèces du fluide à traiter (pour limiter les phénomènes
d’adsorption).
• Pour satisfaire les contraintes du fluide (pH, température) et du domaine d’utilisation
(stérilisation, agrément …)
• Selon le coût qui doit être compatible avec la valeur ajoutée du produit.

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Les membranes asymétriques Les membranes composites

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• Osmose inverse

L’osmose inverse utilise des membranes denses qui laissent passer le solvant (eau dans la plupart
des cas) et arrêtent tous les sels. Cette technique est utilisée :
• pour la déminéralisation des eaux (dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres, production
d’eau ultrapure) ;

• pour la concentration de solutions (concentration de jus de fruits par exemple).

• Nanofiltration

Nanofiltration est le terme utilisé pour désigner une nouvelle technique séparative à membranes se
situant entre l’osmose inverse et l’ultrafiltration. Elle permet la séparation de composants ayant une
taille en solution voisine de celle du nanomètre (soit 10 Å) d’où son nom.

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Les sels ionisés monovalents et les composés organiques non ionisés de masse molaire inférieure à
environ 300 g /mol ne sont pas retenus par ce type de membrane.

Les sels ionisés multivalents (calcium, magnésium, aluminium, sulfates...) et les composés
organiques non ionisés de masse molaire supérieure à environ 300 g/mol sont, par contre,
fortement retenus.

Les applications possibles sont nombreuses :


• déminéralisation sélective (adoucissement des eaux) ;

• concentration de composés organiques de faible masse molaire (antibiotiques).

Remarque
Dans le cas des macromolécules, l’unité de masse molaire que l’on utilise est le dalton :
1 Da = 1 g/ mol. 9
• Ultrafiltration

Cette technique utilise des membranes microporeuses dont les diamètres de pores sont compris
entre 1 et 100 nm. De telles membranes laissent passer les petites molécules (eau, sels) et arrêtent
les molécules de masse molaire élevée (polymères, protéines, colloïdes).

Les applications sont multiples :


• concentration de solutions macromoléculaires (protéines, poly saccharides, polymères variés) ;

• élimination de macro solutés présents dans les effluents ou dans l’eau à usage domestique, industriel
(électronique) ou médical.

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• Microfiltration

La microfiltration tangentielle peut être définie comme un procédé de séparation solide-liquide


qui met en œuvre des membranes dont les diamètres de pores sont compris entre 0,1 et 10 mm. Ce
procédé permet donc la rétention des particules en suspension, des bactéries et indirectement des
colloïdes et de certains ions après fixation de ces derniers sur des plus grosses particules obtenues
par complexation, précipitation ou floculation.

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• Pression osmotique

C’est la pression nécessaire à l’annulation du


flux de solvant à travers la membrane
permsélective en osmose directe.

P1 : pression de vapeur de la solution

P01 : pression de vapeur du solvant pur

V1 : volume molaire du solvant (m3/mol)

Pour les solutions diluées (faibles pressions


osmotiques) :
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PARAMÈTRES DE FONCTIONNEMENT D’UN
PROCÉDÉ À MEMBRANE
• Pression transmembranaire PTM : C’est la force agissante de l’opération définie par la
moyenne des pressions alimentation, P0, et rétentat, PR, à laquelle on soustrait la pression du
compartiment perméat, PP.

• Flux de perméation : c’est la productivité du procédé défini par le débit de perméation, Q p,


divisé par la surface membranaire. Il représente aussi la vitesse du fluide perpendiculaire à la
surface de la membrane.

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• Coefficient de tamisage : définie par le rapport

• Taux de rejet ou taux de rétention TR : c’est la sélectivité du procédé.

TR = 1 signifie que le soluté est parfaitement retenu par la membrane.

TR = 0 correspond à un soluté non retenu, concentration identique dans le perméat et le


rétentat.

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• Taux de conversion Y : c’est la fraction de liquide qui traverse la membrane.

• Perméabilité de la membrane au solvant Lp : c’est un paramètre intrinsèque de la membrane

décrivant sa résistance hydraulique, Rm, vis à vis du solvant (en m.s-1.Pa-1 ou l.h-1.m-2.bar-1).

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MÉCANISME DE TRANSFERT

Plusieurs théories ont été avancées pour décrire les transferts de matière à travers les membranes
semi-perméables et expliquer le mécanisme de la sélectivité des membranes. Nous donnons ci-
après seulement les modèles les plus connus :

• le modèle de type « solubilisation-diffusion » :

Ce modèle consiste à considérer que les transferts de solvant et de soluté se font par solubilisation-
diffusion : toutes les espèces moléculaires (soluté et solvant) se dissolvent dans la membrane et
diffusent à l’intérieur de celle-ci.

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• le modèle basé sur la notion de « capillaires »

Cette théorie, la plus ancienne et la plus simple, consiste à considérer les membranes comme un
milieu poreux constitué d’une multitude de capillaires ; dans ce cas, sélectivité et perméabilité
peuvent être déterminées à partir du diamètre de pore, du nombre de pores et de leur courbe de
distribution.

• le modèle de type phénoménologique ou « boîte noire »

de KEDEM et KATCHALSKY qui est très général. Ce modèle établit des relations
phénoménologiques linéaires entre les flux et les gradients de transfert associés , ou non associés,
par l’intermédiaire de coefficients phénoménologiques (théorie d’ONSAGER) .

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Flux de solvant J1 Flux de soluté J2
Modèles Domaine
(m3/m²s) (kg/m²s)
Diffusion solubilisation Osmose inverse Lp
Microfiltration et
Capillaire
ultrafiltration
Osmose inverse et B
Phénoménologique
ultrafiltration

B : perméabilité du soluté
C2 : Concentration du soluté d : diamètre des pores

z : épaisseur effective de la membrane  : porosité de la membrane


s : coefficient de réflexion (1 si TR=1 ; 0 si TR=0)  : facteur de tortuosité
Lp : perméabilité du solvant (m/s.Pa) : Concentration du soluté dans la membrane
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N : nombre de pores (m ) donné par la relation
-2
Quelques remarques
• le flux de solvant est directement proportionnel à la pression efficace
(∆P – ∆Π ) tandis que le flux de soluté en est indépendant.
• Le taux de rejet TR, dans le cas du modèle de diffusion, peut être donnée par la relation :

• D’après, le flux de solvant varie linéairement en fonction de la pression efficace. En fait, ce


n’est pas absolument vrai à cause de deux phénomènes :
• aux pressions élevées, le compactage de la membrane, qui se traduit par une diminution de la
perméabilité A.
• le phénomène de polarisation,

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PHÉNOMÈNE DE POLARISATION

Les membranes utilisées ayant la propriété


d’effectuer des séparations à l’échelle
moléculaire ou particulaire, il va y avoir
accumulation progressive des espèces
(molécules ou particules) arrêtées à la surface
de la membrane. C’est le phénomène de
polarisation de concentration.

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Si l’on appelle Cm la concentration du soluté arrêté de la membrane et C0 la concentration moyenne
du soluté dans la solution, le facteur de polarisation est défini par la relation :

 = Cm/C0

La polarisation est un phénomène réversible qui disparaît si le gradient de transfert est annulé.

Les conséquences du phénomène de polarisation sont données ci-après :


• Diminution du flux de perméat.

• Variation de la sélectivité soit par augmentation de la concentration dans le perméat, soit par
diminution lorsqu’il y a dépôt qui joue le rôle de deuxième membrane.

• Colmatage du à des précipitation.

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LES MODULES MEMBRANAIRES

Il existe différentes façons d’agencer les membranes pour en faire un procédé de séparation :
membrane plane, spiralée, tubulaire, fibres creuses.

Dans la plupart des cas, le module membranaire est constitué au final d’une entrée (l’alimentation)
et deux sorties, la partie du fluide étant passé à travers la membrane (le perméat) et la partie ayant
été retenue (le rétentat).

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Avantages Inconvénients

• Système modulaire permettant à l’utilisateur de • Système peu compact (100 à 200 m2 par m3)
modifier facilement la capacité (en modifiant le
nombre d’éléments) • Investissement élevé.

• Possibilité pour l’utilisateur de changer lui-même les


membranes ou d’en tester de nouveaux types

• Prétraitement simplifié du fait de l’espacement entre


membranes (ordre du mm)

• Visualisation du perméat produit par chaque élément.


Ceci permet de détecter rapidement la détérioration
d’une membrane 24
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Avantages Inconvénients

• Compacité élevée : 300 à 1000 m² /m3 • Sensibilité élevée au colmatage due au faible

• Faible volume mort  espacement et à la présence d’un espaceur

• Coût de l’investissement faible. • Difficulté de nettoyage

• Possibilité de changer les membranes par


l’opérateur

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Avantages Inconvénients

• Prétraitement simplifié car les diamètres assez • Consommation d’énergie de pompage élevée car
importants acceptent des liquides chargés en particules
pour éviter les dépôts la circulation doit être de 2 à
(particules de diamètre inférieur ou égal à 10% du
6 m/s. Les nombres de Reynolds doivent être
diamètre du tube). Une solution contenant des particules
élevés (supérieur à 10 000) pour être en régime
de 1250 µm peut être traitée dans des tubes de 12,5 mm
de diamètre. turbulent. La consommation est d’autant plus

• Facilité de nettoyage soit par circulation à débits élevés importante que le diamètre des tubes est petit.

de solution adéquate soit mise en place de système • Faible compacité due à la surface de transfert faible
mécanique type TAPPROGE.
par unité de volume (entre 10 et 300 m² par m3)
• Technologie simple qui permet dans certains cas à
• Coût élevé. 28
l’opérateur de remplacer lui même une membrane
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Avantages Inconvénients

• Compacité la plus élevée des systèmes • Sensibilité au colmatage à cause du faible


diamètre des fibres
existants (15 000 m2 par m3 ) Faible volume
• Difficile à nettoyer.
mort (0,25 l/m² pour un capillaire de 1 mm de
diamètre)

• Faible consommation énergétique résultant


d’une faible vitesse de circulation et d’un
régime laminaire

• Possibilité de nettoyage à contre-courant

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Critère de choix
Le choix doit se faire selon les contraintes qui sont les plus importantes par rapport à l’application
industrielle envisagée. Plusieurs critères (compacité, coût, …) sont donc utilisables pour choisir le
type de module optimal. Chacun des types de modules a ses avantages lui permettant de trouver
des applications industrielles.

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AGENCEMENT DES MODULES (SCHÉMAS
D’ÉCOULEMENT : CAS DE L’OSMOSE INVERSE)

La connaissance des schémas d’écoulement pour les système d’osmose inverse sont indispensables
pour comprendre leurs fonctionnement.

Les lignes, les passes, le recyclage et les étages sont des termes utilisés pour décrire un système
d’osmose inverse.

Dans ce qui suit, on va mettre les points sur ces différents termes.
On se concentrera sur les modules spiralés de vue leur large utilisation.
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• Lignes
Une ligne d’osmose inverse ou « train » consiste en un nombre de tubes de pression dans lesquels
sont disposés les modules membranaires.
L’arrangement de ces lignes dans le système d’osmose inverse définiront le nombre d’étages et le
nombre de passes.

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La figure précédente représente une configuration 2:1.
Le retentât du premier étage devient l’alimentation du deuxième. Le perméat du deuxième étage est
collecté avec celui du premier qui deviendront la production totale du système d’osmose inverse.
Le retentât du deuxième étage sera celui du système entier.
D’autres configurations à deux étages peuvent exister (n : n/2).
Il existe une configuration à 3 étages appelée « sapin de Noël » (n : n/2 : n/4). Cette configuration
permet le maintien d’un débit de perméation relativement constant. Pour ce faire le débit par tube
de pression doit être de l’ordre de 40 à 60 gpm.

1 gpm = 0,23 m3/h

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Etude de cas : système 2 : 1
on désire traiter 100 gpm d’une eau ayant une TDS de 100 ppm. Chaque train du système 2 : 1
contient six modules membranaires de 8 pouces de diamètre.
Le taux de rejet des membranes est de 98 %.
Pour un fonctionnement idéale, le taux de conversion du premier étage doit être de 50 %.

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D’après les figures précédentes, on peut relever les constatations suivantes :

• Le taux de conversion du 1er étage : 50 %


• Le taux de conversion du 2ème étage : 25 %
• Le taux de conversion global : 75 %
• La TDS du perméat du 1er étage : 2 ppm
• La TDS du retentât du 1er étage : 198 ppm (approximativement 200 ppm)
• La TDS du perméat du 2ème étage : 4 ppm
• La TDS du retentât du 2ème étage : 400 ppm
• La TDS de la production totale : 2,67 ppm

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Il est à noter qu’une augmentation du taux de conversion entrainera une diminution de la quantité
des rejets mais cela aura des conséquences sur la qualité de la production.
En plus, il est intéressant de voir la variation du LSI de l’eau (Indice de Saturation de
LANGELIER) avec la position dans les deux étages avec un taux de conversion de 75 % et un
taux de rejet des sels de 98 % pour une eau contenant 200 ppm de Ca et 150 ppm de bicarbonates à
pH = 7.
En effet, cet indice nous donne une indication sur le caractère agressif ou incrustant de l’eau.
• LSI < 0 : eau agressive.
• LSI = 0 : eau à l’équilibre.
• LSI > 0 : eau incrustante.

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Application
Considérons une ligne constituée de 6 modules membranaires spiralés. chaque module assure un
taux de conversion de 11 % et un taux de rejet de 98 %.

Pour un effluent de 100 gpm et une TDS de 100 ppm, déterminer les quantités de perméat et de
retentât à la sortie ainsi que leurs compositions.

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• Recyclage
Afin de réduire la quantité des rejets, une partie du concentrat peut être recyclée.

Cette configuration est adéquate pour les petites installations d’osmose inverse dans lesquelles la
vitesse d’écoulement n’est pas suffisante pour assurer un bon nettoyage des membranes.

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Néanmoins, le recyclage peut avoir des inconvénients :
• Dégradation de la qualité du perméat.
• Une plus grande exigence de la pompe d’alimentation.
• Une augmentation de la consommation énergétique.

• Double passe
Les systèmes d’osmose inverse à double passe consiste en un traitement supplémentaire du
perméat obtenu.
Le schéma de principe est le suivant :

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Généralement, dans ce type de système le retentât de la 2 ème passe est recyclé vers l’alimentation de
la 1ère passe.
Ce recyclage permet de réduire la quantité de rejet et éventuellement diluer l’alimentation de part la
bonne qualité du retentât de la 2ème passe.
Typiquement, un réservoir de stockage doit être placé entre les passes afin d’égaliser les débits
entre celles-ci. Néanmoins, si le nombre de ligne de la première passe est égal à celui de la
deuxième, ce réservoir n’est plus nécessaire.

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CONTRÔLES DE PRESSION ET DE DÉBIT

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