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Module G321

GEODYNAMIQUE EXTERNE DE LA TERRE

BCG S2

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Chhaapp.. II-- IIN
NTTR RO OD DUUCCTTIIO
ONN
1. Sédimentologie & pétrologie sédimentaire
2. Processus sédimentaires dans le cycle géologique
2. 1- Cycle géologique
Chap. IIII-- LL''A ALLTTEER RAATTIIO
ONN
1. L'altération physique
1.1- Sensibilité des roches à l’érosion
1.1.1- Rôle de l’organisation minérale : notion de cohésion
• Roches de forte cohésion
• Roches de faible cohésion
1.1.2- Rôle de la fracturation
• Les failles
• Les joints ou diaclases
• Les clivages schisteux (foliation ou schistosité)
• Les clivages des minéraux
• Réactivité des surfaces minérales à l’échelle atomique
1.2- Processus mis en œuvre dans l'altération physique
2. L'altération biologique
3. L'altération chimique
3.1- L’hydrolyse
3.1.1- Hydrolyse Totale
3.1.2- Hydrolyse partielle
3.2 - Dissolution
3.3- Hydratation et déshydratation
3.4- Oxydation-Réduction
3.5- Les paramètres qui contrôlent l'altération chimique
CChhaapp.. IIIIII.. LL''EERROOSSIIO
ONN
1. Erosion éolienne
1.1. Déflation éolienne
1.2. Corrasion
2. Ruissellement et érosion fluviale
2.1. Cuestas
2.2. Torrents
2.3. Rivières et fleuves
2.3.1. Erosion verticale
2.3.2. Erosion latérale
3. Erosion karstique
4. Erosion glaciaire
5. Erosion marine
5.1. Les mécanismes de l'érosion marine
5.2. Formes d'érosion et d'accumulation littorales
C
Chhaapp.. IIVV-- LLEE TTR RAANNSSPPOORRTT
1. Glissements en masse en l'absence de fluides
2. Ecoulements gravitaires
2.1. Grain flows
2.2. Debris flows et mudflows
2.3. Courants de turbidité

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3.3. Transport des sédiments


3.4. Dépôt des sédiments
C
Chhaapp.. V
V-- LLEE D
DEEPPO
OTT
1. Les moraines
2. La granulométrie des sédiments
2.1. Introduction
2.2. Analyses granulométriques
2.3. Le granoclassement
CChhaapp..V
VII.. LL''EEV
VOOLLU UTTIIOONN PPO
OSSTT--D
DEEPPOOTT
1. La compaction
1.1. Evaluation du taux de compaction par mesure directe
2. La fossilisation
3. La diagenèse
3.1. Evolution de la matière organique
4.2. Cimentation-dissolution-recristallisation-remplacement
4.3. Compaction et diagenèse d'une boue argileuse
4.5. Diagenèse d'un sable
CChhaapp.. V
VIIII.. EEN
NVVIIR
ROON NN NEEM MEEN NTTSS EETT PPRROOCCEESSSSU
USS SSEED
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NTTA
AIIR
REESS

1. MILIEUX OCEANIQUES
1.1. Physiographie
1.1.1. Les marges océaniques
1.1.2. Bassin océanique
1.2. Les mouvements dans l'océan
1.2.1. Houle et vagues
1.2.2. Les marées
1.2.3. Zonation bathymétrique de la plate-forme continentale
1.2.4. Les courants marins
1. Courants océaniques
2. La circulation thermohaline

2. LES MILIEUX GLACIAIRES ET PERIGLACIAIRES


1. Définition
2. Formation de la neige
3. Zonation d’un glacier
4. Evolution des glaciers continentaux
5. Les moraines
6. Paysage glaciaire
7. Dépôts glaciaires

3. LES MILIEUX ARIDES ET SEMI ARIDES


1. Introduction
3. Comment se forme un désert ?
3.1. Effet de la latitude
3.2. Effet de la barrière montagneuse
3.3. Effet de la continentalité

4. LES MILIEUX COTIERS : LES ESTUAIRES ET LES DELTAS


1. Introduction

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2. Les estuaires
 L’onde de marée :
 La rencontre des eaux marines et des eaux douces.
3. Les deltas
4. Les processus de formation et de destruction des deltas
4.2. La destruction deltaïque
5. Classification des deltas

5. LES LACS
1. Introduction
2. Définition
3. Cycle de vie d’un Lac
4. Les lacs d’eau douce et d’eau salée

6. LE CYCLE DE L’EAU
1. Introduction
2. Les composantes du cycle de l’eau

Références

B. Beaudoin, I. Cojan, G. Fries, J. Maillart, O. Parize, M. Pinault, B. Pinoteau & V. Truyol, 1987. Mesure directe
de la compaction dans les sédiments. In Aissaoui D.M. Ed., Genèse et évolution des bassins sédimentaires. Notes
et Mémoires Total CFP, 21, 235-247.

Jean Dercourt, Jacques Paquet, Pierre Thomas, Géologie. Objets, méthodes et modèles. Duno Edition, 534 p.

Focault A. et Raoult J. F. Dictionnaire de Géologie, Edition 1980

P.W. Choquette & L.C. Pray, 1970. Geologic nomenclature and classification of porosity in sedimentary
carbonates. AAPG Bull., 54, 207-250.

J. Gerard & R. Bromley, 2008. Ichnofabrics in clastic sediments: applications to sedimentological core
studies. A practical guide. Total-ASF-Repsol, 100 pp.

K. Konhauser, 2007. Introduction to geomicrobiology. Blackwell, 425 pp.

A. Strahler & A. Strahler, 1983. Modern Physical Geography (2 Ed). J. Wiley & Sons, 532 pp.

V.P. Wright, 1994. Paleosols in shallow marine carbonate sequences. Earth-Science Reviews, 35, 367-395.

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C
Chhaapp.. II-- IIN
NTTR
ROOD
DUUC
CTTIIO
ONN
La dynamique externe de la terre, ou la géodynamique externe, concerne l'évolution
dynamique de la surface de la Planète. L'eau, la glace, le vent, sculptent les surfaces
continentales. Les paysages obtenus reflètent la nature, la composition et l'architecture des
formations géologiques. Les continents s'aplanissent et tendent vers un niveau de base, celui
des océans. Si les processus d'érosion dominent les continents, ce sont plutôt les processus de
la sédimentation qui prévalent dans les océans. Il existe un lien certain entre géodynamique
interne et géodynamique externe : la dynamique reliée à la tectonique des plaques vient
souvent rajeunir les reliefs des continents; la topographie des océans et son évolution sont
aussi tributaires de la tectonique des plaques.
On appelle souvent la terre, la planète bleue. Cela n'est pas étonnant, car les océans couvrent
71% de la surface de la planète. Les points extrêmes du relief de la surface de la lithosphère
sont : le mont Everest dans l'Himalaya qui représente le point le plus haut et qui culmine à 8
848 m, et la fosse des Mariannes qui représente le point le plus profond dans l'océan, à 11 034
m de profondeur. On a donc un dénivelé total de 20 000 m (20 km).
1. Sédimentologie & pétrologie sédimentaire

La sédimentologie est une discipline jeune parmi les sciences de la Terre. Elle est en effet liée
à l'essor des études du milieu actuel au cours des dernières décennies. Si le terme
"sédimentologie" est relativement neuf et dérive de l'anglais "sedimentology" (terme utilisé
depuis 1932), on peut néanmoins reconnaître en Charles Lyell, le père du principe de
l'actualisme ou mieux, de l'uniformitarisme, un des fondateurs de la sédimentologie.

Pour simplifier, on peut dire que la sédimentologie au sens strict a pour but l'étude des
sédiments. La pétrologie sédimentaire s'attache quant à elle à l'étude et la reconstitution des
environnements de dépôt anciens, après que les sédiments ont été transformés en roches. Ceci
comprend l'identification des processus sédimentaires, des milieux de dépôt, l'étude de leur
évolution au cours du temps, la reconstitution de l'architecture des différents environnements
au sein d'un bassin de sédimentation et aussi l'étude de l'évolution des sédiments au cours du
temps.

la sédimentologie peut s'appuyer sur plusieurs autres disciplines: la pétrographie, la


stratigraphie (biostratigraphie, lithostratigraphie, stratigraphie séquentielle,...), la cartographie
géologique, la géochimie, la géographie, la biologie, etc.

L'importance de la sédimentologie est considérable pour les raisons suivantes : près de 90%
de la surface terrestre est couverte de sédiments ou est constituée de roches sédimentaires.
Malgré leur grande étendue, les roches sédimentaires ne représentent cependant que le 1/20e
en volume de la croûte superficielle. Leur étude est néanmoins capitale pour les raisons
suivantes:

 elles contiennent le pétrole, le gaz naturel, le charbon et les fertilisants;


 elles représentent un des principaux aquifères;
 elles contiennent les fossiles, sur lesquels reposent notre connaissance de l'évolution
de la vie sur Terre;
 elles sont en relation avec l'atmosphère et l'hydrosphère (cycle du C, etc.);

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 elles permettent de reconstituer l'évolution de notre planète par les études


paléogéographiques, paléoclimatiques, depuis l'échelle locale jusqu'à celle des bassins.
L'enregistrement sédimentaire étant continu, cette reconstitution est elle aussi
continue, au contraire des informations apportées par le magmatisme et le
métamorphisme.

2. Processus sédimentaires dans le cycle géologique

2. 1- Cycle géologique

Les roches peuvent être classées en trois grands groupes qui sont les roches ignées ou
magmatiques, les roches sédimentaires et les roches métamorphiques. Les roches ignées
résultent du refroidissement et de la cristallisation de magmas, issus soit du manteau, soit de
la fusion de roches métamorphiques. Les roches métamorphiques résultent de la modification,
par l'action de la chaleur et de la pression, de roches ignées ou sédimentaires, lesquelles
proviennent de la lithification par diagenèse de sédiments. Comme ces sédiments proviennent
de la désagrégation de roches sédimentaires, métamorphiques ou magmatiques, l'ensemble de
ces phénomènes forme un cycle appelé "cycle géologique" (fig. 1).

Figure 1: Cycle géologique.

Au sein du cycle géologique, les processus sédimentaires comprennent l'altération, l'érosion,


le transport, le dépôt et la diagenèse. Les sédiments détritiques, formés de grains issus de la
dégradation de roches préexistentes, transportés et déposés dans un bassin de sédimentation,
constituent l'illustration la plus évidente de cette partie du cycle géologique. Dans le cas des
sédiments biogènes et chimiques, résultats de la précipitation organique et/ou chimique, les
constituants sont amenés au bassin sédimentaire sous la forme d'ions solubles. Une exception

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notable est cependant fournie par les sédiments d'origine volcanique, où les particules sont
injectées directement dans le milieu de dépôt.

Plus spécifiquement, l'altération est la destruction de roches ignées, métamorphiques ou


sédimentaires par désagrégation mécanique et décomposition chimique, voire biologique
(gélifraction, insolation, décompression, action des racines, de l'eau, du vent, etc.).
L'altération donne naissance à une grande variété de produits : sols, débris rocheux, ions en
solution dans les eaux superficielles. L'érosion correspond à l'enlèvement de ces produits
d'altération des zones d'altération active et le transport est leur mouvement vers les zones de
dépôt. La sédimentation représente le phénomène de dépôt des éléments transportés au niveau
d’un bassin de sédimentation. La diagenèse ou lithification est le résultat de processus
comme la compaction, la recristallisation, la cimentation qui affectent les sédiments après leur
dépôt pour former en fin une roche sédimentaire.

Figure 2 : Principaux mécanismes qui participent à la formation des roches sédimentaires

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Chap. IIII-- L
L''A
ALLT
TEER
RAAT
TIIO
ONN
L’altération constitue l’ensemble des mécanismes qui libèrent les particules des roches et
soustraient les éléments dissous à la surface terrestre avant qu’interviennent les processus
d’érosion puis de transport et de dépôt. Cette altération peut être d’origine chimique ou
mécanique et conduit à la formation d’éléments dissociés par les agents de l’érosion. Les
mécanismes responsables de l'altération, phénomène prenant place aux températures et
pressions "faibles" régnant à la surface de la terre, sont l'altération physique, l'altération
organique et l'altération chimique.

1. L'altération physique

C'est l'ensemble des mécanismes qui affectent les roches et qui entrainent une désagrégation
physique et qu'on peut qualifier d'érosion.

1.1- Sensibilité des roches à l’érosion


Toutes les roches ne présentent pas la même sensibilité à l’érosion. Les différences
d’érodabilité potentielle dépendent de l’organisation de leurs constituants minéraux et de leur
fissuration.
1.1.1- Rôle de l’organisation minérale : notion de cohésion
La cohésion peut être assimilée à l’importance des forces qu’il faut vaincre pour séparer les
uns des autres les éléments constitutifs (grains ou minéraux) de la roche. Cette notion est
importante en ce qui concerne l’aptitude des roches à l’érosion.
• Roches de forte cohésion
Les roches endogènes issues de la solidification d’un magma ou de la cristallisation de
matériel dans des conditions particulières de température et de pression (roches
métamorphiques) en font partie. Les cristaux y sont intimement imbriqués et l’eau y pénètre
difficilement. Leur résistance à l’érosion dépend (outre de l’agent actif qu’est le climat) :
– du type de structure : les structures macrocristallines (grenue, aplitique, pegmatitique)
résistent mieux à l’érosion du fait de la faible densité des discontinuités intercristallines. Les
structures microcristallines (microgrenue, microlithique) sont plus facilement érodables au
niveau de leur pâte fine ou vitrifiée ;
– de l’importance de l’altérabilité des minéraux qui les composent : l’abondance de minéraux
facilement altérables (olivines, plagioclases calciques, pyroxènes) facilite l’érosion. Certaines
roches sédimentaires consolidées lors de la transformation du sédiment en roche (calcaires,
grès, conglomérats, brèches…) présentent également une forte cohésion, surtout lorsqu’une
phase de redistribution de matière à l’intérieur de la roche (diagenèse) a provoqué des
processus de dissolution et recristallisation, entraînant une compaction et une cimentation de
l’ensemble.
• Roches de faible cohésion
Ce sont les roches non consolidées ou meubles, constituées de grains plus ou moins grossiers
libres (graviers, sables, silts ou argiles). Elles sont facilement érodables à cause de l’isolement
de leurs éléments constitutifs. Leur stabilité est directement liée à l’importance de l’eau
interstitielle libre, saturant ou non les vides intergranulaires.

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1.1.2- Rôle de la fracturation


Les roches présentant une forte cohésion ont un comportement rigide vis-à-vis des contraintes
lithosphériques. Elles réagissent en se fracturant à des échelles variables, allant du km au
nanomètre. Ces fractures constituent des discontinuités dans la roche, augmentant sa
vulnérabilité vis-à-vis des processus de l’altération. En fonction des différentes échelles, on
distingue :
• Les failles
Ce sont des discontinuités développées entre deux compartiments déplacés l’un par rapport à
l’autre. L’ordre de grandeur du déplacement (ou rejet) varie du m à plusieurs dizaines de km.
L’emplacement des failles est marqué par une zone broyée offrant une moindre résistance à
l’érosion, par rapport aux compartiments latéraux non faillés. Il est souvent souligné par des
dépressions dans le paysage.
Dans les calcaires (fig. 3), la fracturation est responsable en grande partie de la densité et des
directions du réseau souterrain, comme des formes de surface (lapiaz, doline…).

Figure 3 Représentation schématique des ruptures et discontinuités dans une roche cohérente (roche calcaire).

• Les joints ou diaclases


Ce sont des cassures sans rejet qui peuvent être ouvertes (couramment appelées fissures ou
fentes). Les joints ne sont jamais isolés et, à proximité des failles, s’organisent en réseaux
complexes dont les directions sont en rapport avec les contraintes responsables de la
dislocation. Les réseaux de joints sont également souvent associés aux plis (fig. 4). Lors du
plissement d’un ensemble mécaniquement homogène, la zone supérieure de la voûte
anticlinale (extrados) est en extension. L’étirement provoque alors une fracturation en joints
distensifs, tandis que la zone inférieure (intrados) subit une compression provoquant des joints
obliques compressifs.
La fracturation des voûtes anticlinales est à l’origine d’une accélération des processus
d’érosion d’origine physique (déchaussement, cryoclastie…) et chimique (dissolution) et
responsable du creusement des combes.

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Figure 4 Structures tectoniques, ruptures et discontinuités lithologiques au niveau d’une voûte anticlinale.

• Les clivages schisteux (foliation ou schistosité)


Les roches métamorphiques (schistes, micaschistes,…), présentent un débit en feuillets
parallèles, particulièrement évident dans les schistes ardoisiers. À l’affleurement, ces plans de
schistosité offrent à l’eau une possibilité de pénétration accrue et accélèrent les processus
d’érosion chimique (hydrolyse, dissolution) ou physique (cryoclastie, dislocation).
• Les clivages des minéraux
La plupart des minéraux ont tendance à se cliver selon une
ou plusieurs directions préférentielles. Ces directions
coïncident avec les plans des structures atomiques, au
niveau des zones où les liaisons atomiques sont faibles. Le
mica, par exemple, se clive au niveau de plans parallèles
où les cations exercent de faibles forces de cohésion entre
les feuillets. L’olivine présente dans sa structure cristalline
deux clivages peu nets. Les feldspaths, les pyroxènes et les
amphiboles, présentent deux plans de clivage très nets. La
calcite présente trois plans de clivage et a, de ce fait,
tendance à produire des fragments microscopiques de type figure 5 : calcite présentant 3 plans de
losangique. clivage

En revanche, le quartz ne présente pas de plan de clivage, ce qui explique sa résistance


mécanique à l’érosion.
• Réactivité des surfaces minérales à l’échelle atomique
Des discontinuités existent au niveau des structures atomiques et moléculaires des éléments
chimiques ; discontinuités marquées par des micro-reliefs, en contact direct avec l’eau de
percolation et de ce fait aux avant-postes des processus d’altération chimique. Les études
montrent qu’à ces échelles, les surfaces sont très réactives au contact de solutions et évoluent
rapidement du point de vue chimique et minéralogique. Des échanges d’éléments chimiques
ont lieu en permanence entre la surface du minéral et les solutions environnantes ionisées.

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1.2- Processus mis en œuvre dans l'altération physique

- Cryoclastie : les alternances de gel-dégel, en climat


suffisamment humide, fragmentent les roches. L'eau en
gelant augmente son volume de 9-10% ce qui entraine
l’élargissement progressif des fractures ce qui brise les
roches et entraine une accumulation de fragments de
roches anguleux souvent sous forme de plaquettes qui vont
s’accumuler en bas de pente dans les zones montagneuses.

Figure 6 : Eclatement par Cryoclastie d'un fragment de roche en


haute montagne.

- les variations répétées de température (40-50°C


d'amplitude journalière dans le Sahara) ont à peu près le
même effet que le gel: les différences de dilatation
thermique entre les minéraux d'une roche provoquent
l'apparition de fractures et l’éclatement par la suite des
roches.
Figure 7 : roche fragmentée et éclatée
par les variations de températures dans
le Sahara.

- la décompression survient lorsque des roches ayant subit un enfouissement sont libérées de
la pression lithostatique par érosion des formations surincombantes. Des joints de
décompression, pratiquement parallèles à la surface du sol se développent progressivement.

- l'usure mécanique par des grains détritiques emportés par le vent, l'eau ou la glace est aussi
une forme d'érosion mécanique. Très présente dans les milieux désertiques et sur les zones
côtières sableuses.

- La pénétration des racines des plantes supérieures dans les fissures disloque les roches et
favorise leur fragmentation.

2. L'altération biologique

On distingue l'altération provoquée par l'action chimique de composés produits par des
organismes (plantes, microbes,...) de l'action purement mécanique de plantes ou d'animaux.
L'ingestion de matériaux par des animaux vivant dans les sols est un processus faisant
intervenir en même temps les deux types de mécanismes cités.

Un premier processus important est l'oxydation de la matière organique (par la fermentation


ou la respiration), produisant de l'eau et du CO2, lui-même impliqué dans des réactions de
mise en solution :

C6H12O6+ 6 O2 ↔ 6 CO2+ 6 H2O

La combinaison du CO2 et de l'eau donne naissance à l'acide carbonique (H2CO3), un acide


faible qui peut néanmoins solubiliser la calcite (ou un autre minérale carbonaté):

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H2CO3+ CaCO3 ↔ Ca++ + 2 HCO3-

L'action des microorganismes est importante et ne se limite pas à la production de CO2. Dès
leur arrivée en subsurface, les minéraux des roches sont soumis à leur métabolisme. Des
colonies microbiennes croissent à leur surface, s'infiltrent dans les fractures à la recherche
d'éléments nutritifs. L'altération microbienne se manifeste surtout sous la forme d'une
dissolution par des acides organiques dont le plus fréquent est l'acide oxalique. L'attaque des
minéraux par ces acides libère des cations métalliques qui, combinés aux anions organiques
donneront naissance à des complexes organo-métalliques (dans le cas des oxalates, combinés
au calcium issu de la dissolution des carbonates, cela donnera naissance à CaC2O4). Beaucoup
de microbes possèdent la faculté de produire des molécules spécifiques en fonction du type de
minéral à dégrader.

Outre l'action des acides organiques, la formation de biofilms d'EPS ("exopolymeric


substances" ou polymères extracellulaires) maintient une hydratation constante autour des
minéraux qui favorise les réactions de mise en solution.

Ces processus d'altération microbienne par dissolution de minéraux primaires et précipitation


de nouveaux minéraux d'origine biogénique (comme l'oxalate de calcium) modifient l'aspect
de la roche et méritent le nom de "diagenèse microbienne". Cette diagenèse particulière se
marque souvent par la précipitation de microcristaux en remplacement de cristaux plus
grands. C'est le processus de "micritisation" dans le cas des carbonates, fréquent en particulier
dans les sols.

3. L'altération chimique

L’eau est l’agent principal de l’altération chimique. Elle s’infiltre dans les roches pour
occuper les pores et les discontinuités. Il se crée ainsi de nombreuses surfaces de contact entre
les molécules d’eau et les multiples facettes cristallines des minéraux de la roche. Ce sont
autant de surfaces où se produisent des réactions de transfert et d’échange de matières par
dissolution et hydrolyse. La répartition des charges dans une molécule d’eau n’est pas
uniforme. En effet, sa forme est dissymétrique et elle agit comme un dipôle positif à une
extrémité et négatif à l’autre.
3.1- L’hydrolyse
- L’hydrolyse est de loin le mécanisme le plus fréquent et le mieux connu. Il s’agit d’une
altération chimique d’un corps qui fixe les éléments de H2O et donne de nouveaux composés.
C’est le phénomène principal dans l’altération des cristaux des roches. L’hydrolyse peut être
complète ou partielle sous des conditions de pH et de températures particulières.
- Les hydrolysas sont des composés hydroxylés tel que Fe(OH)3, Al(OH)3, Mn(OH)4 qui
résultent de l’hydrolyse de divers minéraux. Ces hydrolysas précipitent en général sur place et
peuvent donner des gîtes métallifères de concentration résiduelle. Le résultat de l’hydrolyse
des minéraux est l’altération de ces derniers et la néoformation de nouveaux.
Exemple : l’hydrolyse d’un minéral silicaté :
2(KAlSi3O8) + 11H2O → Si2O5Al2(OH)4 + 4 Si(OH)4 +2K+ + 2OH-
Orthose + eau Kaolinite
KAlSi3O8 + 8H2O → Al(OH)3 + 3Si(OH)4 + K+ + OH-
Orthose + eau Gibbsite

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3.1.1- Hydrolyse Totale


Minéral Primaire Minérale secondaire solution
SiO2Al2O3Fe2O3 H2O Oxydes au sense large H4SiO4 + cations
CaO MgO K2O Na2O CO2 ex : Al(OH)3 Gibbsite
FeO(OH) Goethite – Fe2O3 Hématite
Ferralitisation
Perte de silice totale
Perte de cations totale
Exemple : l’hydrolyse d’un minéral silicaté :
KAlSi3O8 + 8H2O → Al(OH)3 + 3Si(OH)4 + K+ + OH-
Orthose + eau Gibbsite

Figure 8 : Sol Ferrallitique rouge : la couleur rouge est


due à la pésence en grande quatité de fer sous forme de
Hematite

3.1.2- Hydrolyse partielle


Minéral Primaire Minérale secondaire solution
SiO2Al2O3Fe2O3 H2O Argile 1/1 H4SiO4 + cations
CaO MgO K2O Na2O CO2 ex : Kaolinite

Monosiallitisation
Perte de silice partielle
Perte de cations totale
2(NaAlSi3O8) + 11H2O + 2CO2 → Si2O5Al2(OH)4 + 4 Si(OH)4 +2Na+ + 2HCO3
Albite + eau Kaolinite + ac. Silicique + ions

3.2 - Dissolution
La dissolution joue un rôle considérable dans la destruction des roches carbonatées et celles
évaporitiques. L’eau de pluie contenant du CO2 dissout devient légèrement acide et permet
ainsi la dissolution des minéraux carbonatés et évaporitiques, exemple :
H2O + CO2 ↔ H2CO3
H2CO3 + CaCO3 ↔ Ca++ aq + 2HCO3-
acide carbonique Calcite bicarbonate en solution

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Ainsi la calcite, principal minéral des roches carbonatées, s’altère soit partiellement soit
totalement. Cette dissolution aboutira à engendrer, à plus grande échelle, un développement
des systèmes karstiques.
3.3- Hydratation et déshydratation

De manière plus concrète : minéral+eau = nouveau minéral hydraté; la déshydratation étant le


processus inverse. Les réactions les plus importantes sont :

 la déshydratation du gypse pour produire de l'anhydrite : CaSO4.2H2O ↔ CaSO4+ 2


H2O
 l'hydratation de l'hématite pour produire de la limonite: Fe2O3+ 3 H2O ↔ 2 Fe(OH)3

3.4- Oxydation-Réduction

Le processus d'oxydation le plus connu est la transformation de Fe2+ en Fe3+; le Mn se


comporte de la même manière que le fer, avec la pyrolusite (MnO2) et la manganite
(Mn2O3.H2O) comme principaux produits d'oxydation.

 (Fe2+)2SiO4+ 1/2 O2+ 5 H2O ↔ 2 Fe3+(OH)3 + H4SiO4


 4 FeS2+ 15 O2 + 8 H2O ↔ 2 Fe2O3+ 8 H2SO4

constituants
Na+, Ca2+, K+, Mg2+, H4SiO4, HCO3-, SO42-, Cl-
solubles

minéraux quartz, zircon, magnétite, ilménite, rutile, grenat,


résiduels sphène, tourmaline, monazite

kaolinite, montmorillonite, illite, chlorite, hématite,


minéraux
goethite, gibbsite, boehmite, diaspore, silice amorphe,
néoformés
pyrolusite

constituants
acides organiques, acides humiques, kérogène
organiques
Tableau 1: produits les plus courants de l'altération chimique.
3.5- Les paramètres qui contrôlent l'altération chimique

Le climat est probablement le facteur le plus important dans le contrôle de l'altération


chimique. Si l'on considère en effet l'aspect cinétique des réactions chimiques, il est clair
qu'une température élevée va les favoriser. L'humidité est également importante, puisque
beaucoup de réactions se passent en milieu aqueux. L'altération chimique est donc
prééminente en climat chaud et humide. En climat froid, même si les précipitations sont
abondantes, l'eau est à l'état de neige ou de glace, favorisant plutôt l'altération physique
(fig. 9).

D'autres facteurs occupent également une place importante comme le cas du drainage. Si les
ions mis en solution ne sont pas évacués, un équilibre chimique sera atteint et les réactions
d'altération vont s'arrêter.

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15

Le relief, également, contrôle la pente des réseaux fluviatiles et la rapidité des courants, donc
l'intensité de l'évacuation des ions: on a pu montrer par exemple que pour des circulations
faibles, l'albite est transformée en kaolinite, alors qu'avec une circulation plus rapide, elle est
transformée en gibbsite (car l'acide silicique est évacué).

Figure 9 : influence du climat sur le profil d'altération. En climat tempéré, l'altération est surtout mécanique.
L'altération chimique est faible et consiste surtout dans le départ de cations très solubles comme Na+ et Ca++
des minéraux les moins stables; une arène est créée. En climat tropical, l'altération est surtout chimique. L'eau
abondante et chaude provoque une mise en solution de la plupart des minéraux, avec reprécipitation des ions
Fe, Al, Si sur place (cuirasse). L'horizon riche en argile résulte de processus de néoformation. Enfin, à la base
du profil, on retrouve la roche-mère avec une zone d'arénitisation très peu développée.

L'acidité-alcalinité et le degré d'oxydo-réduction


des eaux sont également des paramètres
importants contrôlant l'altération chimique. Si l'on
porte en graphique l'Eh en fonction du pH pour
des environnements naturels variés (fig. 10), on
constate que l'eau pluviale est légèrement acide,
tout comme les sols. Ce sont donc deux
environnements où dissolution et hydrolyse vont
jouer un rôle dominant. Par contre, le pH de l'eau
de mer est de l'ordre de 8: peu de réactions
d'hydrolyse ont donc lieu en milieu sous-marin.
On observe aussi que la plupart des
environnements en contact avec l'atmosphère sont
oxydants. Des conditions réductrices ne sont
observées que dans des milieux isolés de
l'atmosphère ou des milieux dont tout l'oxygène
est consommé (par exemple suite à l'oxydation de
la matière organique).

Figure 10 : graphique des propriétés Eh/pH des principaux environnements naturels.

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16

C
Chhaapp.. IIIIII.. L
L''E
ERRO
OSSIIO
ONN
L'érosion correspond à la mobilisation des produits de l'altération. Une fois libérés, ces
produits sont transportés par les agents atmosphériques (l'air, l'eau, la glace ...), laissant
certaines "formes d'érosion" caractéristiques sur le massif rocheux soumis à l'altération.

1. Erosion éolienne

1.1. Déflation éolienne

Dans les déserts, l'agent principal d'érosion et de transport des matériaux est le vent. Si le vent
peut agir si efficacement pour éroder et transporter les particules, c'est qu'il n'y a ni humidité,
ni végétation pour retenir celles-ci et les stabiliser.

Figure 11 : mécanisme de formation des pavements désertiques

Le vent soufflant sur une surface désertique balaie les


particules les plus fines et peut faire apparaître la
surface rocheuse appelées hamadas sahariennes.

Le vent entraîne les particules de la taille des sables,


mais n’a pas l'énergie nécessaire pour soulever ou
rouler les plus grosses particules. Ainsi, ces plus
grosses particules se concentrent progressivement à
mesure de l'ablation des sables pour former finalement
une sorte de pavement qui recouvre les sables et les
stabilise c'est ainsi que se forme les reg.

Figure 12, A: surface désertique ayant subi la déflation éolienne,


responsable de la concentration des éléments les plus grossiers
(reg); B: détail montrant la coloration noirâtre et l'aspect brillant
des cailloux: cette patine est le "vernis du désert". Hmar Laghdad,
Anti-Atlas, Maroc.

1.2. Corrasion

Les grains de quartz transportés par le vent polissent les cailloux résiduels en façonnant des
dreikanters ou des cailloux tétraédriques (suivant le nombre de faces), caractérisés par des
facettes planes réunies par des angles émoussés. Les grains transportés eux-mêmes sont
piquetés et mats, subsphériques. Ils sont appelés "ronds-mats" en morphoscopie et présentent

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des croissants et des figures en V, dûs aux chocs. La concentration plus grande des grains de
sable à proximité du sol provoque une érosion différentielle avec la formation de rochers en
champignons.

Lorsqu'elle s'exerce sur des roches où alternent lits,


lamines,... durs et plus tendres, la corrasion provoque
une érosion différentielle qui met en évidence le
contraste de dureté.

Figure 13 : aspect mat de la surface de quartz dû aux différents


chocs qu'il a subit.

2. Ruissellement et érosion fluviale

Ravinement et "bad lands" : En terrain argileux ou schisteux, après une forte pluie, les eaux
empruntent les fissures du sol, les élargissent progressivement en chenaux parallèles qui
fusionnent par écroulement des crêtes qui les séparent. En même temps, les têtes des chenaux
reculent vers l'amont (érosion régressive). Ce processus est responsable de la formation des
"bad lands" et porte aussi le nom de ravinement.

Figure 14 : Formation de "bad lands" par érosion régressive dans un versant.

En terrain calcaire, l'usure et la dissolution par les eaux de ruissellement forment les lapiez,
structures verticales suivant les lignes de plus grande pente. Les eaux courantes peuvent
former des cupules de dissolution.

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18

Figure 15 : Formes de dissolution par les eaux courantes et de ruissellement dans les dolomies du lias du Moyen
Atlas (région de Michlifène). Des formes de dissolution différentes en résultent: lapiez

Dans des dépôts très hétérogènes (moraines), la présence de blocs très lourds rend l'argile sur
laquelle ils reposent plus compacte et la protège du ruissellement: c'est de cette façon que
naissent les cheminées de fées ou demoiselles coiffées.

Les chaos granitiques sont dus à la mobilisation de l'arène (sable issu de la désagrégation du
granite), ce qui dégage les boules de granite non altéré, empilées en désordre. Les paysages
ruiniformes se développent dans des formations hétérogènes qui présentent des différences de
solubilité (dolomie-calcaire) ou de dureté (sable-grès).

Figure 16 : Demoiselles coiffées dans une moraine à Théus, près de Gap (France) formes d'érosion dans des
grès du Siluruen (Mato Grosso, Brésil).

Figure 17 : Exemple d'un paysage ruiniforme : le cirque gréseux de "Cidade da Pedra" (Silurien),Mato Grosso,
Brésil.

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2.1. Cuestas

Des successions sédimentaires faiblement inclinées, formées d'alternances de couches tendres


et de couches résistantes à l'érosion peuvent donner naissance à un relief en cuestas (fig. 18).
La cuesta comprend un front, plus ou moins abrupt, dû à l'interruption de la couche résistante,
une dépression longeant le pied de l'abrupt et creusée dans les couches tendres et un revers
qui correspond à peu près au dos de la couche résistante inclinée. En avant du front, il arrive
que des reliefs isolés témoignent de l'ancienne extension de la formation résistante: ce sont
des buttes-témoins.

Figure 18 : schéma montrant la disposition théorique des cuestas et de leur réseau hydrographique.

Figure 19 : Une cuesta vue d'avion (Utah, USA). Remarquer le réseau conséquent qui entaille profondément le
front de la cuesta.

2.2. Torrents

Les torrents forment la partie amont des systèmes


fluviatiles, localisés dans des régions
montagneuse à fortes pentes. Un torrent
comprend trois parties: le bassin de réception,
sorte de cirque où se rassemblent les eaux de
ruissellement et où dominent les processus
d'érosion; le chenal d'écoulement, souvent étroit
et à pente forte; le cône de déjection où sont
déposés les matériaux mobilisés.

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Figure 20 : les différentes composantes d'un torrent. Les composantes de la partie amont d'un système fluviatile
; A: bassin de réception=glacier; B: torrent glaciaire; C: plaine d'épandage avec chenaux en tresses.

2.3. Rivières et fleuves

2.3.1. Erosion verticale

C'est bien connu, les eaux de ruissellement creusent


les vallées. La profondeur, la largeur et les formes de
ces dernières se modifient avec le temps. Le stade de
jeunesse d'une vallée fluviale se caractérise par du
creusement qui conduit à la formation d'une vallée
étroite en forme de V; les reliefs sont accentués le
long du cours d'eau et on retrouve : chutes, cascades
et rapides ce qui engendre une érosion généralement
verticale.

A un moment déterminé et en un point déterminé de son cours, tout écoulement d'eau possède
une certaine énergie. Cette énergie dépend du débit et de la vitesse. La vitesse est elle-même
fonction de la pente longitudinale du lit. Une partie de l'énergie du cours d'eau est utilisée par
le transport de la charge (sable, galets,...); une autre partie est disponible pour éroder.

Pour bien saisir comment se fait l'aplanissement de tout un continent ou d'une partie de
continent sous l'action des eaux de ruissellement, il est une notion importante à connaître : le
profil d'équilibre d'un cours d'eau et son ajustement à un niveau de base.

Ce profil d'équilibre s'établit par l'ajustement à un niveau de base. Ce niveau de base est défini
par le niveau d'eau du réservoir dans lequel se jette le cours d'eau (autre cours d'eau plus
important, lac, réservoir hydroélectrique, mer, etc.). Ainsi, un cours d'eau qui se jette dans un
lac creusera son lit jusqu'à ce qu'il atteigne son profil d'équilibre défini par le niveau d'eau du
lac.

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Sur ce schéma, l'échelle verticale est fortement exagérée. En fait, à l'équilibre, le gradient de
pente du cours d'eau est très faible. Tant que le lac est présent, le cours d'eau ne peut éroder
plus bas que ce profil.

Si de manière naturelle ou anthropique le lac est drainé (comme par exemple, le lac 1 sur le
schéma qui suit), le cours d'eau recommence à creuser et ajuste son profil à un nouveau
niveau de base, ici le niveau du lac 2.

Avec le drainage du lac 2, un nouveau profil d'équilibre s'établit. Ultimement, le niveau de


base est le niveau marin.

Ceci explique comment les continents tendent à être érodés jusqu'au niveau marin (niveau
zéro). Cela est théorique, car dans la nature, il y a des événements qui font qu'on atteint
rarement une telle situation, entre autre, à cause de la dynamique de la tectonique des plaques.

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Dans la plupart des cas, le lit des cours d'eau est


délimité par des berges, définissant le lit mineur.
Au-delà des berges se situe la plaine d'inondation
ou lit majeur. Dans certains cas, un chenal
d'étiage apparaît dans le lit mineur.

Une terrasse se forme chaque fois que le cours d'eau s'encaisse dans ses propres alluvions
(reprise d'érosion): la surface du lit majeur est alors suspendue au-dessus du cours d'eau. Si le
phénomène se reproduit à plusieurs reprises, on a formation de terrasses étagées ou emboîtées
(fig. 26). La terrasse la plus basse est toujours la plus récente.

Figure 26 : terrasses étagées


et terrasses emboîtées. A: les
chutes du niveau de base
provoquent un encaissement
successif avec des terrasses de
plus en plus jeunes vers le bas;
B: la première chute du niveau
de base est très accentuée,
provoquant un profond
encaissement; par la suite, les
chutes du niveau de base ne
sont plus aussi fortes et
n'entament plus que la
terrasse la plus ancienne.

2.3.2. Erosion latérale

En plus de l'érosion verticale, se produit dans les rivières une érosion latérale, conduisant à la
formation d'une plaine alluviale. Ce type d'érosion apparaît quand le profil d'équilibre est
presque réalisé et que l'érosion verticale devient faible. Comme l'érosion latérale est fortement
contrôlée par la résistance des roches à l'érosion, la largeur de la plaine alluviale est variable
et généralement réduite dans les roches dures. Le mécanisme de l'érosion latérale est lié
principalement au développement des méandres.

Une fois formés, les méandres ont tendance à se déplacer vers l'extérieur et vers l'aval du
cours d'eau par érosion sur la rive concave (où la vitesse du courant est la plus forte) et dépôt
sur la rive convexe (où la vitesse est la plus faible). L'accumulation des sédiments se fait sous
la forme de point bars ou lobes de méandre. Le recoupement des méandres génère des
méandres abandonnés (fig. 27).

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Figure 27: formation des méandres par érosion de la rive concave et sédimentation sur la rive
convexe. L'ensemble se déplace vers l'aval.

Figure 28 : A. Développement d'un point bar par dépôt de sédiment le long de la rive convexe. B. Exemple de
méandre recoupé.

Il faut remarquer que le développement des méandres est aussi le reflet d'un certain équilibre
entre érosion et transport: un chenal sinueux étant plus long qu'un chenal rectiligne, sa pente
est plus faible et la vitesse du courant (et donc la possibilité de transporter des sédiments) est
plus réduite. Une rivière n'est donc pas libre de développer indéfiniment des méandres; il faut
qu'elle conserve assez de puissance pour transporter sa charge, sinon son chenal se comble,
des inondations de plus en plus fréquentes se produisent et il apparaît un tracé moins sinueux.
En d'autres termes, on peut dire que si une rivière peut s'adapter à des conditions
hydrodynamiques nouvelles par érosion verticale ou remblaiement, elle peut s'adapter
également en modifiant ses méandres.

3. Erosion karstique

Le karst est le résultat de l’évolution d’une roche chimique (carbonatée, gypse, sel) sous
l’effet des agents bioclimatiques et dans une zone structurale appropriée. Au moins trois
agents sont responsables de la karstification, la nature de la roche et on parle de roches
karstifiables, les conditions bioclimatiques et c’est l’eau chargée en CO2 qui dissout la roche,
enfin le contexte structural initie la karstification par développement de fractures dans la
roche.

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La solubilité des carbonates dans l'eau est sans doute la propriété fondamentale des roches
carbonatées ; c'est elle qui explique l'évolution superficielle et souterraine du paysage
karstique. C’est le dioxyde de carbone (CO2) dissous dans l'eau qui est l'agent principal de
l'attaque chimique des calcaires. Il existe bien sur d’autres agents d’altération, moins
importants, qui favorisent l’attaque des roches et qui sont les acides fournis par les plantes
(acide humique, fulvique, nitrique, etc.). L’eau pure dissout environ 15mg/l de calcaires, une
eau atmosphérique dissout 60-80mg/l de calcaire et jusqu’à 200 mg par litre grâce au dioxyde
de carbone issu de l’activité biologique du sol.
Les formes d'érosion qui résultent de la dissolution de roches (surtout calcaires) par les eaux
douces sont très particulières: elles reçoivent le nom de morphologie karstique d'après une
région de la Croatie. Les différents éléments d'un paysage karstique sont schématisés dans la
Figure 29.

Figure 29 : Eléments
géomorphologiques d'un paysage
karstique. (1) terrains non
karstiques; (2) canyon; (3)
reculée; (4) vallée sèche; (5)
résurgence de rivière; (6) perte;
(7) doline; (8) ouvala; (9) lapiez;
(10); aven; (11) grotte; (12)
source vauclusienne; (13) rivière
souterraine.

On distingue des morphologies souterraines et des morphologies aériennes:

- Le réseau souterrain ou endokarst est influencé par les discontinuités géologiques: cassures,
diaclases, failles du massif calcaire qui conditionnent la direction des galeries. On distingue la
partie fossile du réseau, dénoyée, de la partie active où s'écoulent les rivières souterraines. Les
spéléothèmes regroupent toutes les formes de concrétionnement comme les stalactites
(caractérisées par un canal central où circule l'eau), les stalagmites (pleines), les draperies,
etc. Les gours sont des barrages édifiés sur le fond des cours d'eau souterrains, souvent à
l'intervention d'obstacles. Les pisolithes sont des concrétions sphériques résultant de
mouvements tourbillonnants dans des cuvettes. Toutes ces concrétions résultent du dégazage
du CO2, provoquant la précipitation de CaCO3.

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Figure 30 :Spéléothèmes. A: draperies dans la grotte du Père Noël à Han-sur-Lesse; B: gours, rivière
souterraine, Canning Basin, Australie; C: pisolithes, carrière souterraine de Mazy.

- Les formes aériennes ou exokarst, comprennent les canyon et avens, résultant de


l'effondrement du toit de galeries et de salles proches de la surface, les dolines, dépressions
circulaires où s'infiltrent les eaux de surface, les ouvalas, résultant de la coalescence de
plusieurs dolines, les poljés, plaines karstiques endoréiques où s'observent des reliefs
résiduels ou mogotes. Les reculées sont des échancrures dans un plateau calcaire débouchant
sur un cirque au fond duquel s'observe en général une résurgence et les vallées sèches sont
des vallées abandonnées suite à l'infiltration souterraine d'une rivière par une perte.

Figure 31 : Dolines (flèches), Pic du Midi, Pyrénées.

4. Erosion glaciaire

Si les eaux de ruissellement constituent un agent d'érosion très important, l'eau sous sa forme
solide, la glace, est aussi très efficace pour éroder et modeler les surfaces continentales.

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Les formes remarquables de l'érosion glaciaire sont


visibles à deux échelles: à grande échelle, on
observe des vallées caractéristiques, dites "en U" ou
"en auges" dont la section transversale en auge avec
des parois verticales s'oppose à la forme "en V" des
vallées fluviatiles. Cette forme caractéristique
s'explique par une érosion latérale plus importante
que l'érosion verticale. Lorsque deux ou plusieurs
glaciations se sont succédées, on obtient des auges
emboîtées.

Le profil longitudinal des vallées glaciaires est lui aussi caractéristique, avec des tronçons à
faible pente, correspondant à des élargissements et des tronçons à forte pente couplés avec des
rétrécissements ou verrous. On peut même observer des contrepentes en amont des verrous.
En amont des vallées glaciaires s'observent les cirques glaciaires.

A petite échelle, l'érosion glaciaire se manifeste par des surfaces polies et arrondies (roches
moutonnées), souvent striées par des blocs durs enchâssés dans la glace (stries glaciaires).
Dans beaucoup de cas, ces roches moutonnées présentent une pente plus faible vers l'amont
(usure) que vers l'aval (arrachement de blocs), permettant de reconstituer le sens d'écoulement
des glaciers.

Figure 33 : A: stries glaciaires sur une roche usée par l'action d'un glacier, vallée du Marcadeau; B: roches
moutonnées, Pont d'Espagne (France). Le réseau de lignes correspond à des veines de quartz, mises en relief
par la dissolution plus rapide du granite.

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5. Erosion marine
5.1. Les mécanismes de l'érosion marine
Les principaux agents de l'érosion marine sont les
vagues et les courants, auxquels on peut ajouter l'action
des embruns emportés par le vent (altération chimique).

L'action érosive des vagues résulte des facteurs suivants:

 un mitraillage par le sable et gravier transportés;


 la pression de l'eau contre les parois (elle peut
atteindre 30 tonnes/m2); Figure 34 : Formation de taffoni (cavités)
sur une falaise de basalte, par l'action
 une succion lorsque les vagues se retirent corrosive des embruns. Cap d'Agde, France
(déplacement de blocs de plusieurs milliers de
tonnes);
 des vibrations par suite de chocs successifs
(phénomènes de résonance).

Figure 35 : Force des vagues; le gardien de phare donne l'échelle.

Le matériel sédimentaire mobilisé subit ensuite un tri granulométrique efficace: le matériel fin
est emporté vers le large ou déposé dans des zones calmes alors que le matériel grossier
s'accumule à proximité de la côte. Les sédiments mis en suspension par les vagues peuvent
être également transportés par les courants. Les grains de sable qui subissent l'action des
vagues et des courants prennent un aspect luisant ("émoussé-luisant" par opposition au "rond-
mat" du transport éolien).

Figure 36 A: sable quartzeux éolien


dont les grains ont un aspect "rond-
mat" (Cervantès, Australie). B:
sable marin, également quartzeux,
dont les grains ont un aspect
"émoussé-luisant" (Kalbarri,
Australie). Ces différences reflètent
la nature différente de l'agent de
transport.

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5.2. Formes d'érosion et d'accumulation littorales

La principale forme d'érosion littorale est la falaise. On distingue les falaises vives, encore
battues par la mer et les falaises mortes, séparées de la mer par une zone de dépôt. Les falaises
se forment par sapement à la base et éboulements par pans.

Figure 37 : Falaise vive: e: encoche d'érosion; b: blocs tombés de la falaise; g: cordon de galets de craie formés
par usure du matériel de la falaise.

Le matériel érodé peut s'accumuler dans les zones les plus calmes et un rivage dentelé où les
zones les plus résistantes forment des caps peut évoluer vers une certaine régularisation par
érosion-accumulation. La côte tendra dans ce cas à prendre une orientation perpendiculaire à
la houle dominante.

Figure 38 : formes d'érosion et accumulation littorale. A: Réfraction de la houle autour d'un cap et naissance
d'une zone d'eau plus calme où l'énergie est dispersée et où se forme une plage de fond de baie. B: exemple de la
côte près d'Erquy, Bretagne.

Figure 39 : régularisation progressive d'une côte rocheuse par érosion des caps et accumulation en fond de
baie.

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29

C
Chhaapp.. IIV
V-- L
LEET
TRRA
ANNSSP
POOR
RTT
Les sédiments sont transportés depuis les zones sources jusqu'aux zones de dépôt par trois
types de processus:

- glissements en masse par gravité en l'absence de fluides (avalanches de débris ="rockfalls",


glissements de terrain, ="landslides");

- écoulements gravitaires en présence de fluides ("debris flows", "grain flows", "mudflows",


turbidites);

- écoulements d'eau, d'air ou de glace.

1. Glissements en masse en l'absence de fluides

Dans ce type de processus, les fluides ne jouent qu'un rôle mineur, par leur effet lubrifiant à la
base des unités transportées. Ces processus déplacent des masses considérables de sols et
débris rocheux sur des distances courtes (de l'ordre du km). Leur impact sédimentaire est
pourtant important, car ils mettent les matériaux mobilisés à la disposition du système
fluviatile. Ce phénomène représente un risque naturel et peut engendrer des catastrophes.

Figure 40 : Avalanche de débris dans un vallon; Piau Engaly, Pyrénées, France.

2. Ecoulements gravitaires

Dans ces phénomènes, les particules sédimentaires sont en suspension dans un fluide, mais
leur mouvement est dû à la gravité, non au déplacement du fluide lui-même (à la différence
d'un écoulement liquide conventionnel). On distingue quatre types d'écoulements gravitaires:
(1) les "grain flows", (2) les "debris flows", (3) les "fluidised sediment flows" et (4) les
courants de turbidité (="turbidity currents").

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2.1. Grain flows

Les grain flows se déclenchent lorsque la pente d'un


dépôt est supérieure à la pente d'équilibre. Les
particules sont maintenues en mouvement par des
forces dispersives dues aux multiples collisions entre
les grains. L'air (l'eau) n'agit que comme un lubrifiant
mais ne propulse pas les grains. De grandes
stratifications entrecroisées peuvent être produites, mais
chaque unité est homogène et ne présente pas de
structure interne. L'exemple le plus connu de grain flow
est l'avalanche de sable provoquée au revers d'une dune
devenue trop raide.

Figure 41 : Ecoulement (grainflow) de sable au flanc d'une dune.

Figure 42 : lithologie, texture et figures sédimentaires des quatre types d'écoulements gravitaires.

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31

2.2. Debris flows et mudflows

Les mudflows sont des écoulements de boue sous l'action de la gravité. Si cette boue contient
de gros éléments (galets, blocs), on parle alors de debris flow. Ces écoulements se mettent en
mouvement lorsque de fortes pluies ont saturé d'eau leur fraction fine. Leur vitesse de
propagation peut atteindre une centaine de km/h et ils provoquent le déplacement de blocs de
taille parfois considérable. Le maintien en suspension de ces gros éléments est dû à la rigidité
de la matrice et à sa densité relativement forte.

Lorsque les forces de gravité deviennent moins


fortes que les forces de frottement (internes et sur le
fond), la coulée s'arrête: on dit qu'elle gèle. Les
debris flows sont mal classés avec localement un
granoclassement inverse à la base

Figure 43 : Débris flow calcaire; flysch éocène, Kotli, Istrie (Croatie).

2.3. Courants de turbidité

Les courants de turbidité sont des écoulements gravitaires dans lesquels le sédiment est
maintenu en suspension par la turbulence du fluide interstitiel. Ils se produisent lorsqu'un choc
(tremblement de terre, vague) ébranle une masse de sédiment. Ce mélange d'eau et de
sédiment (25 mg/l à 1 kg/l) possède une densité plus grande que celle de l'eau et se déplace
vers le bas sous l'effet de la gravité. Insistons une fois de plus sur le fait que ce n'est pas le
fluide qui fait se mouvoir le courant de turbidité, mais la pesanteur. Le fluide ne fait que
maintenir les particules en suspension. Les observations expérimentales font attribuer aux
courants de turbidité : un grand pouvoir de déplacement, une grande extension des dépôts et
un grand pouvoir de transport.

Figure 44: naissance d'une turbidite: un glissement de terrain dans la partie supérieure du talus continental
mobilise une grande masse de sédiment; au début du glissement, le sédiment est à peine déstructuré et on
retrouve des structures de slumps; progressivement, la masse de sédiment va se comporter comme un debris flow
en descendant le talus continental; par ailleurs, en érodant et incorporant les sédiments rencontrés sur son
chemin, sa densité et sa vitesse augmentent; ensuite, par incorporation d'eau, la cohésion entre les particules de
sédiment diminue et des tourbillons commencent à se former: le courant de turbidité se développe; à un certain
moment, le debris flow "gèle" et le courant de turbidité continue seul à se déplacer.

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Les sédiments déposés par les courants de turbidité sont appelés turbidites. Un écoulement
gravitaire individuel correspond à une turbidite, caractérisée en gros par un granoclassement
normal. En effet, la tête, la partie moyenne et la queue du courant de densité déposent
successivement en un point des grains grossiers, moyens et fins en succession verticale. Les
turbidites, comme les autres écoulements gravitaires sont donc des dépôts instantanés à
l'échelle géologique. Dans le cas des turbidites de moyenne densité, une séquence idéale a été
mise en évidence et formalisée : il s'agit de la séquence de Bouma (1962). Elle comprend de la
base au sommet :

- une unité massive et assez grossière, parfois granodécroissante; localement, à la base, on


peut observer des sédiments remaniés (terme A);
- une unité à laminations planes, granodécroissante (terme B) ;
- une unité à stratifications obliques (terme C) ;
- une unité faite d'alternance de sable fin, de silt et de pélite (terme D) ;
- une unité silto-pélitique laminaire et granodécroissante (terme E) ;
- enfin, un inter-turbidites, correspondant à la lente décantation des sédiments océaniques fins,
à laquelle se surimpose de la bioturbation.

Figure 45 : modèles de turbidites.

Cette répartition verticale des différents termes se retrouve aussi latéralement au sein d'une
même turbidite, au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'axe de l'écoulement.

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Figure 46 A: Turbidites viséennes dans la coupe de Lenthéric (Montagne Noire, France). B: détail montrant la
succession de deux turbidites; la base du terme A est grossière et constituée d'un conglomérat; le terme B est
finement laminaire.

3.3. Transport des sédiments

Plusieurs modes de transport ont été observés : il s'agit du roulement et de la traction le long
du fond, de la saltation (transport par bonds, suite à des chocs successifs) et du transport en
suspension. Les particules en mouvement par roulement, traction et saltation constituent la
charge de fond ("bedload"), généralement formée de galets et de sable. La charge en
suspension est surtout constituée d'argile et de silt.

Figure 47 : modes de transport des particules dans un courant.

La granulométrie des particules sédimentaires a donc une influence majeure sur leur transport
et sur leur vitesse de sédimentation. Ces relations sont synthétisées par le diagramme de
Hjulström (Fig. 48). Ce graphe (essentiellement basé sur des expériences en laboratoire)
montre la vitesse minimale d'un courant nécessaire pour mobiliser, transporter et déposer des
grains de quartz de granulométrie variable. Si l'on examine d'abord la partie supérieure de ce
graphe (érosion des particules), la portion de la courbe représentant l'érosion des particules
moyennes à grossières (sable fin à galets) semble logique : la vitesse du courant nécessaire
pour mobiliser des grains augmente avec leur granulométrie. Pour les particules fines, par
contre, la courbe montre une augmentation de la vitesse du courant avec la diminution de la
granulométrie. Ce comportement paradoxal est la conséquence de la cohésion élevée des
particules fines, surtout liée à un effet électrostatique. La partie inférieure du graphe montre la
relation entre la granulométrie des particules et la vitesse du courant lors de leur dépôt.

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Figure 48 : diagramme de Hjulström.

3.4. Dépôt des sédiments

Dès qu'une particule est mise en suspension, elle commence aussitôt à sédimenter. Sa vitesse
de sédimentation est donnée par la loi de Stokes :

v= c.d2 où c est une constante égale à: (p-f).g/18µ

v représente la vitesse de sédimentation, µ la viscosité du fluide, f sa masse volumique et p


celle de la particule; d est le diamètre de la particule.

Ce qui signifie bien sûr qu'à minéralogie constante, la vitesse de sédimentation augmente avec
la taille des grains. Quelques remarques supplémentaires déduites de cette formule: les
minéraux lourds, dont la densité est élevée, sédimentent rapidement; les fluides très visqueux,
comme les coulées de boue peuvent transporter des grains beaucoup plus gros que les fluides
moins visqueux. Remarquons que la loi de Stokes est normalement valable pour des particules
sphériques. En fait, des particules allongées comme les paillettes de micas ont une vitesse de
sédimentation plus lente que celle théoriquement prévue. Un autre écart à la loi théorique est
constaté pour les particules très anguleuses qui génèrent autour d'elles de petits tourbillons qui
ralentissent leur chute.

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C
Chhaapp.. V
V-- L
LEED
DEEP
POOT
T
Le dépôt des sédiments a lieu lorsque la vitesse de l'agent de transport diminue ou lorsque cet
agent de transport disparaît (fonte de la glace). La granulométrie des particules, la texture des
sédiments, la géométrie des dépôts sont d'importants indices sur l'agent de transport, sa vitesse
au moment du dépôt, sa direction, etc.

Les grains se déposent avec leur face plane parallèle au lit sédimentaire. Ils montrent souvent
un phénomène d'imbrication. Les grains allongés sont stables quand leur grand axe est
parallèle à la direction du courant.

1. Les moraines

Les moraines sont des formes d'accumulation laissées par les glaciers, lors de leur retrait ou
de leur fonte totale. Contrairement aux formes d'érosion , elles s'observent surtout dans la
partie aval du système glaciaire. La caractéristique essentielle des dépôts morainiques est leur
mauvais classement granulométrique, d'où le nom d'argile à blocaux qui leur est associé. Ce
phénomène est la conséquence du mauvais pouvoir de classement de la glace. Les moraines
ayant subi compaction et diagenèse sont appelées tillites.

Figure 49 A: argile à blocaux d'une moraine actuelle, Jostedalsbreen, Norvège. B: détail.

Dans les dépôts en milieu aqueux, par contre, la granulométrie des sédiments a une
importance considérable.

2. La granulométrie des sédiments

2.1. Introduction

La granulométrie d'un sédiment renseigne évidemment sur la nature et la vitesse de l'agent de


transport, par l'intermédiaire de la loi de Stokes. Il faut cependant tenir compte d'un élément
important: le stock sédimentaire disponible à la source.

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Figure 50 : Granulométrie des sédiments: exemples: galets, graviers et sable, région de Ploumanach, Bretagne.

2.2. Analyses granulométriques

A l'origine, les analyses granulométriques étaient effectuées par tamisage à l'aide de tamis à
mailles carrées dont les ouvertures croissent suivant une progression géométrique de raison
21/2. Ces tamis étaient secoués manuellement ou à l'aide de dispositifs mécaniques. Lorsque
l'on tamise, on classe les grains d'après leur diamètre et les fréquences des grains d'une classe
déterminée sont évaluées en pesant les fractions retenues sur les tamis successifs.

Pour les fractions les plus fines, les méthodes de décantation ou de sédimentation sont
utilisées: on disperse un sédiment dans un récipient rempli d'un liquide (en général de l'eau
dont la température est connue) et l'on mesure, à des intervalles de temps bien déterminés, la
quantité de matière restée en suspension (méthode de la pipette, laser,...) ou celle déjà
sédimentée (principe de la balance de sédimentation). Actuellement, des appareils de plus en
plus perfectionnés (granulomètre laser) facilitent les analyses.

Les données pondérales sont représentées par les distributions granulométriques ous forme de
graphiques : des histogrammes ou diagrammes à colonnes, des courbes cumulatives et des
courbes cumulatives à ordonnée de probabilité (échelle logarithmique ou semilogarithmique).
Grâce à une telle représentation, on peut juger si un sédiment a été remanié ou non, s'il résulte
d'un mélange de plusieurs phases granulométriques, déposées suivant différents processus de
transport (traction, saltation, suspension), etc.

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Figure 51: courbes granulométriques d'un gravier. A: histogramme et courbe de fréquence; B: diagramme et
courbe cumulative; C: diagramme cumulatif à ordonnée de probabilité.

Figure 52: courbes granulométriques cumulatives de quelques sédiments. A: gravier fluviatile; B: gravier de la
plage ; C: sable marin côtier; D: sable fluviatile; E: loess; F: argile à blocaux.

Pour caractériser ces courbes et pour les comparer les unes aux autres, on peut utiliser des
paramètres statistiques et notamment:

 la tendance centrale de la distribution granulométrique peut être définie par le grain


médian (Md). Il correspond au diamètre lu en abscisse sur la courbe cumulative, en

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regard de l'ordonnée 50% des fréquences pondérales cumulées. On estime que le grain
médian est une mesure de la dépense moyenne d'énergie développée par l'agent de
transport;
 la dispersion des valeurs de la distribution autour de la tendance centrale traduit le bon
ou le mauvais classement du sédiment: elle exprime la constance ou l'irrégularité du
niveau énergétique de l'agent de transport. Cette mesure est donnée, notamment, par le
coéfficient de classement de Trask qui indique et qualifie le degré de classement des
édiments (très bon, bon, moyen, mauvais, très mauvais)
 l'asymétrie -skewness- d'une distribution traduit un meilleur/moins bon classement des
particules fines par rapport à celui des grosses particules.

En conclusion, on peut dire que les analyses granulométriques sont de bons descripteurs des
sédiments meubles, mais l'utilisation des résultats pour reconstituer la nature des agents de
transport et de dépôt n’est pas fiable dans tous les cas de figure !

L'analyse morphoscopique: pour compléter l'analyse granulométrique, on peut étudier la


forme des grains en envisageant le degré de sphéricité, le degré d'émoussé ainsi que l'aspect
des surfaces: grains impressionnés, grains non usés, ronds mats, émoussés luisants, etc. Ces
études cherchent à préciser la nature de l'agent de transport. Il faut cependant faire la part des
caractères déjà acquis par des grains qui peuvent être recyclés plusieurs fois.

2.3. Le granoclassement

Un caractère important (et facile à observer) des sédiments est la présence éventuelle de
granoclassement ("graded bedding"). On distingue le granoclassement normal ("fining
upwards") où les sédiments deviennent de plus en plus fins vers le haut et le granoclassement
inverse ("coarsening upwards") où les sédiments sont de plus en plus grossiers vers le haut.
Ces phénomènes sont évidemment liés à la diminution (l'augmentation) progressive de la
compétence de l'agent de transport. Ils sont fréquents et bien développés dans les turbidites et
dans les dépôts de fin de crue. A l'échelle millimétrique, on les observe aussi dans certains
types de rythmites et de laminites.

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Dans l'évolution post-sédimentaire, il est possible de distinguer un certain nombre de grandes
étapes, qui vont se succéder au cours du temps et amener des modifications de plus en plus
importantes du sédiment originel. On distinguera donc ci-dessous la pédogenèse
(développement d'un sol) qui peut intervenir lorsqu'un sédiment est émergé; la compaction,
qui consiste d'abord en une expulsion d'eau suite à la surcharge provoquée par l'accumulation
des sédiments et la diagenèse qui concerne surtout des phénomènes (bio)chimiques de
dégradation de la matière organique et de dissolution et cristallisation. On abordera aussi, de
manière brève, le problème de la fossilisation et de la perte d'information qu'il représente.

1. La compaction

Le dépôt successif de sédiments entraîne une surcharge progressive faiblement compensée par
une augmentation de la pression d'eau interstitielle. La compaction des sédiments consiste en
une réduction, par voie physique ou chimique, de leur épaisseur originelle. La compaction
mécanique correspond à une perte de porosité associée à l'expulsion de fluides par
réarrangement des grains sédimentaires tandis que la compaction chimique correspond à des
processus de dissolution par pression. Tous les sédiments ne réagissent pas de la même façon
lors de la compaction: en d'autres termes, la réduction d'épaisseur est fonction de la
composition originelle du sédiment (boue détritique, calcaire, sable, voire de l'existence d'un
ciment précoce (un calcaire à ciment marin se compacte très peu, au contraire d'un sable
calcaire non cimenté). Ce phénomène est la compaction différentielle. Elle est responsable de
modifications dans la géométrie et la disposition relative de corps sédimentaires de
composition différente.

Sédiment % de l'épaisseur originelle après compaction

Tourbe 5-10%

boue argileuse 10-25%

boue calcaire 40-50%

Sable 65-75%

Tableau 1: taux de compaction de quelques types de sédiments.


Le taux de compaction (t) est le rapport entre l'épaisseur initiale du sédiment h0 et l'épaisseur
après compaction (épaisseur actuelle) h

t=h0/h

Deux méthodes permettent d'apprécier le taux de compaction: la mesure directe et la mesure


des variations de porosité. Détaillons la mesure directe, la plus aisée à mettre en oeuvre.

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Figure 53 : effet de la compaction différentielle sur des corps gréseux (A), responsable d'un changement dans le
pendage des unités; sur un corps gréseux au-dessus d'une dénivellée (B), provoquant la formation d'une fausse
faille synsédimentaire; sur des flancs de récif (C), modifiant le pendage des flancs et suggérant un faux relief
synsédimentaire.

Figure 54 : Nombreuses failles dues à la


compaction dans une alternance de lignite et
de calcaire lacustre. Calcaire de Ventenac,
Eocène, Minerve, Montagne Noire (France).

1.1. Evaluation du taux de compaction par mesure directe

Un cas simple est la comparaison de l'épaisseur de sédiment entre des lamines préservées
autour d'un objet non déformable (fossile, objets cimentés précocement, nodules,...) et la
même tranche de sédiment à distance de cet objet. On peut également étudier la forme
actuelle après déformation d'objet supposés sphériques (ou à section sphérique) à l'origine
(ooïdes, amonites, terriers cylindriques,...).

Figure 56 : principe de la mesure directe de la compaction, autour d'un objet résistant. D'après Beaudoin et al.
(1987). Mesure directe de la compaction: le sédiment est "armé" par la présence d'un corail (h0); un peu plus
loin, l'épaisseur est déjà moindre (h).

2. La fossilisation

Après la mort des organismes, leur corps subit en général toute une série de processus qui
vont limiter la qualité de leur préservation. Il peut s'agir de prédation, putréfaction, transport,
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responsables de la perte précoce de certaines parties des chairs et des squelettes (on a affaire à
une thanatocénose et non à une biocénose). Par la suite, les fossiles peuvent être affectés dans
les roches qui les contiennent par des processus de déformation. Les fossiles subissent aussi
des transformations chimiques incluant non seulement la dissolution des tests, mais aussi leur
remplacement par d'autres minéraux. C'est pourquoi l'on connaît non seulement des fossiles
calcaires, chitineux, siliceux, mais aussi pyriteux, gypseux, en hématite, etc.

La fossilisation conserve essentiellement les parties dures des organismes, telles les coquilles
ou les os, mais des organismes mous ou des parties molles d'organismes ont également pu
subir une fossilisation.. La figure 57 présente de manière schématique les différentes
modalités de la fossilisation d'une coquille.

Figure 57: modalités de la fossilisation.


A: coquille originelle; B: coquille
enfouie mais sans remplissage ultérieur;
C: coquille et gangue remplacées
secondairement; D: cavité originelle
remplie secondairement de matériel; E:
seul le remplissage (moule interne de la
coquille) est conservé; F: seul le
matériel de la coquille originel est
remplacé; G: la coquille en matériel
remplacé est dégagée ultérieurement; H:
coquille remplie et enfouie; I:
dissolution de la coquille originelle; J:
le moule interne a été dégagé de la
gangue; K: la cavité correspondant à la
coquille est remplie par des dépôts
tardifs; O: coquille enfouie non remplie;
P: coquille dissoute avec formation d'un
moule externe; Q: remplissage du moule
externe; R: dégagement naturel du
moule externe.

3. La diagenèse

La diagenèse se rapporte à l'ensemble des modifications physico-biochimiques que subit un


sédiment, après dépôt, dans les conditions de pression et température "faibles" qui règnent en
environnement de sub-surface. La diagenèse n'englobe pas les modifications du sédiment liées
uniquement aux facteurs biologiques (bioturbation) et s'arrête là où commence le
métamorphisme. Pour dissiper l'impression d'incertitude qui se dégage de cette frontière
qualitative, disons qu'en pratique, la diagenèse traite de problèmes de dégradation et
d'évolution de la matière organique et de phénomènes de cimentation, dissolution,
recristallisation et remplacement affectant les phases carbonatée, siliceuse ou sulfatée.

3.1. Evolution de la matière organique

La dégradation des constituants les plus fragiles de la matière organique déposée dans le
sédiment (la matière organique dérivée du plancton est d'ailleurs plus fragile que celle dérivée
des plantes terrestres) s'effectue sur des durées très variables, les constituants plus résistants
persistent à des profondeurs plus importantes pendant des centaines ou des milliers d'années
et enfin, les constituants les plus résistants, précurseurs des hydrocarbures, évoluent sur des

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échelles de temps de l'ordre du million d'années. En général, moins de 1% de la matière


organique déposée est conservée dans le cycle géologique!

L'évolution de la matière organique débute dès les premiers centimètres d'enfouissement. Une
série de zones biogéochimiques impliquant des communautés microbiennes différentes a été
observée dans la plupart des sédiments. L'extension en profondeur de ces zones est cependant
très variable et dépend principalement de l'apport de matière organique, de la perméabilité des
sédiments et de l'oxygénation des eaux de fond: dans les sédiments les plus riches en matière
organique, les zones biogéochimiques peuvent se succéder sur quelques centimètres
(environnement estuarien par exemple), alors qu'en d'autres endroits plus pauvres (océan),
elles couvrent chacune plusieurs mètres. D'une manière générale, la succession des différentes
zones traduit l'utilisation d'oxydants de moins en moins puissants (l'énergie des réactions est
décroissante): respectivement O2, NO3-, Mn et Fe, SO42-, et CO2. Le résultat de ces réactions
redox est une transformation d'une grande partie de la matière organique originelle en
composés plus simples.

Figure 58: réactions impliquées dans la dégradation de la matière organique dans un sédiment marin. D'après
Konhauser (2007), modifié.

- Le premier processus est la respiration aérobie : c'est cette réaction qui fournit le plus
d'énergie et définit la zone oxique.

- L'intervention des processus de dénitrification (capables comme la respiration aérobie de


dégrader la matière organique complètement, définit la zone suboxique.

- Les oxy-hydroxydes de fer et de manganèse font partie de la fraction détritique du sédiment


qui en général, est non réactive. Dans le cas particulier de ces deux métaux, le caractère
réducteur du sédiment induit leur passage en solution et leur intervention dans les processus

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de dégradation de la matière organique. La réduction de Mn4+ est le premier processus


observé. Le Mn2+ produit peut former des carbonates de manganèse comme la rhodocrosite, et
contribue à la formation des "nodules de manganèse" océaniques.

- Sous la zone de réduction du manganèse et alors que tout le nitrate a été consommé, débute
la réduction du Fe3+. En général, le Fe2+ produit réagit rapidement avec HS- issu de la
réduction des sulfates pour former de la mackinawite, précurseur de la pyrite:

- Plus bas dans le sédiment, débute la zone anoxique, caractérisée par la réduction des
sulfates. Ce processus intervient quand tous les autres oxydants ont été épuisés. Dans les
sédiments riches en matière organique, on considère que cette réaction. Un des produits
libérés par la réduction des sulfates est le H2S/HS-, molécule extrêmement toxique.
Heureusement pour les communautés microbiennes, ces molécules réagissent avec le Fe2+
pour former des sulfures insolubles.

- Enfin, l'étape ultime de la dégradation anaérobie de la matière organique est la


méthanogenèse. Le CH4 produit peut s'accumuler dans les pores du sédiment, remonter à la
surface sous la forme de bulles ou encore, diffuser dans la zone de sulfatoréduction et être
oxydé.

4.2. Cimentation-dissolution-recristallisation-remplacement

Les principaux processus diagénétiques affectant les phases minérales sont la cimentation, la
dissolution, la recristallisation et le remplacement.

- La cimentation correspond à la précipitation de


matière sur un substrat et à l'accroissement
progressif des cristaux ainsi formés. La cimentation
a pour conséquence la disparition progressive de la
porosité.

Figure 59, Cimentation : précipitation centripète de ciment


carbonaté fibreux dans une cavité d'un calcaire.

- La dissolution d'un substrat ou d'une phase diagénétique préexistante a évidemment comme


conséquence une augmentation de la porosité. Ce phénomène joue à diverses échelles, depuis
celle du système karstique jusqu'à la porosité intraparticulaire. Un processus de dissolution
implique toujours le passage par une étape où existe un vide: ce vide peut être ensuite rempli
par des sédiments internes ou cimenté. On distingue différents types de porosité en fonction
de leur dépendance/indépendance par rapport aux structures originelles du sédiment. La
pression-dissolution est un processus de dissolution suite à une augmentation de la pression
aux points de contact entre les grains. C'est ce processus qui est responsable du
développement de structures comme les stylolithes (dans les calcaires purs) et de "joints de
pression-dissolution" dans les calcaires plus riches en insolubles.

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Figure 60 : phénomènes de pression-dissolution; A: stylolithes dans un calcaire pur; dans le cas du stylolithe
(a), l'ampleur de la dissolution peut être déduite du raccourcissement des sphérulites (flèches); le stylolithe (b)
met en contact deux faciès différents; B: joints de pression-dissolution dans un calcaire argileux; ici également,
le raccourcissement des fossiles permet de déduire l'ampleur de la dissolution (flèches); des cristaux de dolomite
sont souvent associés aux joints de pression-dissolution; C: shale nodulaire formé par pression dissolution dans
un sédiment argilo-carbonaté.

- La recristallisation implique un changement de cristallinité de la phase préexistante, sans


modification chimique. Exemples: augmentation de la taille moyenne des cristaux par
coalescence dans une masse déjà cristallisée; "inversion" de l'aragonite en calcite (l'aragonite
étant 8% plus dense que la calcite, du CaCO3 est dès lors disponible pour des processus de
cimentation).

Figure 61, Recristallisation: augmentation de la taille des cristaux formant une boue calcaire. A: boue
recristallisée ("microsparite"); B: boue à grain fin, non recristallisée ("micrite").

- Le remplacement implique quant à lui, non


seulement un changement de cristallinité, mais
également un changement chimique d'un substrat
préexistant. La dolomitisation dite secondaire en
est un exemple fréquent, comme la silicification.
Notons que les minéraux constituant les fossiles
peuvent être remplacés sans que leur morphologie
soit affectée.

Figure 62, Remplacement : silicification d'un calcaire. Les


cavités ultimes sont cimentées par de la calcédoine (c) et du
quartz (q).

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4.3. Compaction et diagenèse d'une boue argileuse

Une boue argileuse est formée lors de son dépôt de 70 à 90% d'eau. Les parties minérales sont
souvent des minéraux argileux (kaolinite, illite, smectite), de la chlorite, un peu de feldspath,
de la calcite et du quartz. Son évolution comprend les étapes suivantes:

- transformation progressive de la vase argileuse en argile plastique par expulsion de l'eau


interstitielle (compaction). La porosité du sédiment passe d'environ 70% à 35% à 500 m de
profondeur. Des concrétions de CaCO3 et des sulfures tels FeS2 peuvent apparaître;

- transformation de l'argile plastique en argile compacte: la pression lithostatique et la


température augmentent avec la profondeur. Vers 2000 m, l'argilite n'a plus qu'une porosité de
13% (argile compacte). Sur le plan minéralogique, il y a disparition progressive de la kaolinite
au profit de l'illite et de la smectite au profit de la chlorite et de l'illite.

4.5. Diagenèse d'un sable

La compaction étant beaucoup moins importante dans un sable que dans une boue argileuse,
son action seule est insuffisante pour transformer un sable en roche plus ou moins cohérente.
La cimentation est donc le processus majeur de la lithification des sables.

C'est souvent durant la phase initiale d'expulsion des fluides que les sables ont tendance à
acquérir leur couleur finale. La présence de matière organique a comme conséquence
d'appauvrir le milieu en oxygène et d'amener le fer à l'état de Fe++ (couleurs vertes). Les grès
rouges, par contre, sont soit riches à l'origine en pigment hématitique détritique, soit doivent
leur coloration durant la diagenèse à une réaction du type

biotite → minéraux des argiles + oxyde de fer.

La silice est un ciment fréquent des grès donnant naissance aux quartzites si le processus
arrive à terme. Suivant l'âge des grès, ce ciment peut être constitué d'opale (forme peu stable
de la silice), de calcédoine ou de quartz (forme très stable).

Le problème des ciments siliceux réside surtout dans l'origine de la silice: les eaux marines
sont sous-saturées en silice et ne fournissent que peu de matière à la cimentation. De plus, les
processus de pression-dissolution ne peuvent être responsables que d'environ 1/3 du volume
de ciment. Restent la silice issue de la dissolution des tests des organismes (radiolaires,
diatomées, éponges) et la silice provenant de la transformation diagénétique des minéraux
argileux. Ce sont deux sources majeures de silice, mais rarement associées géographiquement
à des corps sableux importants (argiles, radiolaires, éponges sont plutôt associés à des faciès
profonds). Il faut donc imaginer une circulation diagénétique intense pour expliquer
l'existence des ciments siliceux.

Les carbonates sont également un ciment majeur des grès. Ils nécessitent quand même des
flux importants d'eau diagénétique riche en CaCO3.

Un autre ciment important des grès est l'oxyde de fer. Le fer provient de l'altération des
biotites, amphiboles, chlorites, etc. Comme la dissolution de ces minéraux se fait souvent dans
des conditions réductrices, le fer est transporté à l'état Fe2+, soluble. Il précipite à l'état

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d'oxyde et devient insoluble dès que le milieu devient suffisamment oxygéné. Une fois à l'état
d'oxyde, le fer est très peu affecté par la diagenèse.

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47

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NTTAAIIR
REESS
1. Milieux océaniques

1.1. Physiographie

L'océan occupe 72% de la surface de la Terre, soit à peu près 360 106 km2 pour un volume de
l'ordre de 1320 106 km3. L'altitude moyenne des continents est de +840 m, tandis que la
profondeur moyenne des océans est de -3800 m. La topographie des océans montre l'existence
de grands ensembles morpho-structuraux: la plate-forme continentale et son talus, constituant
la marge continentale, le bassin océanique, les dorsales et les monts sous-marins.

Fig. 63 : physiographie des océans le long d'un transect schématique E-W.

Ces ensembles morpho-structuraux sont le reflet de la structure tectonique de la croûte


terrestre.

1.1.1. Les marges océaniques


Ce sont les limites du domaine marin; elles sont encore appelées marges continentales. Selon
leur structure, on distingue les marges passives, ou stables, et les marges actives.

- Les marges passives comprennent une plate-forme littorale peu profonde, 200 m au
maximum, d'une largeur de plusieurs dizaines, ou centaines, de km et qui correspond au
prolongement du continent en mer. Cette partie est très accessible à l'homme et présente un
intérêt considérable (zone de pêche, exploitation des gisements d'hydrocarbures). La plate-
forme est bordée par une partie en pente (5° environ), le talus continental, qui descend jusqu'à
plusieurs milliers de mètres de profondeur et qui est relié au fond du bassin océanique par un
glacis en pente plus douce; sur ce glacis s'accumulent les matériaux apportés de la plate-forme
par les courants de turbidité. Les marges passives sont constituées de croûte continentale
découpée en blocs basculés disposés en marches d'escalier.

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48

Figure 64 : structure d'une marge passive

- Les marges actives sont étroites avec une


forte pente. La plate-forme continentale est
réduite à quelques centaines de mètres, le talus
continentale plonge jusqu'à plus de 5000
mètres pour aboutir dans une fosse océanique
qui borde le continent et qui atteint 11033m de
profondeur. Cette zone est tectoniquement très
active (séismes, volcans); elle correspond à une
zone de subduction. La sédimentation est
représentées par des matériaux apportés
notamment par les courant de turbidité qui sont
soumis à la compression et forment un prisme
d'accrétion.
Figure 65 : structure d'une marge active
1.1.2. Bassin océanique

On parle aussi de plaines abyssales. Leur profondeur moyenne est de l'ordre de 5000 m et leur
morphologie est en général peu accidentée, hormis la présence des dorsales océaniques, des
monts sous-marins et des plateaux. Les plateaux et monts sous-marins sont des reliefs
volcaniques mis en place par des points chauds; certains de ces monts montrent un sommet
tronqué et sont appelés guyot. Les dorsales ou rides sont des reliefs très importants, dont la
longueur cumulée atteint 70.000 km et la largeur près de 3000 km; leur sommet culmine vers
-2500 m. Elles sont souvent caractérisées au niveau de leur axe par un rift large de 10 à 50 km
et profond de 2 km. Les dorsales sont régulièrement interrompues par des zones de fracture,
parfois très profondes, correspondant aux failles transformantes.

1.2. Les mouvements dans l'océan

On distingue les mouvements de type périodique (vagues, marées) des mouvements non
périodiques ou courants.

1.2.1. Houle et vagues

La houle est une oscillation régulière de la surface de la mer, produite au large par l'action du
vent. Elle se déplace sur de très longues distances (plusieurs milliers de km) jusqu'à atteindre
des zones où les conditions atmosphériques sont différentes de celles qui l'ont générée. la
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49

longueur d'onde de la houle reflète la distance parcourue. Les vagues sont des oscillations
formées sur place par un vent local.

Les tsunamis sont des oscillations générées par des tremblements de terre ou des glissements
de terrain. Leur longueur d'onde peut atteindre 150 km. Le mouvement de l'eau soumis à la
houle ou à des vagues est purement circulaire au large, mais il s'accompagne d'une translation
lorsque la vague commence à déferler.

L'agitation due aux vagues diminue rapidement avec


la profondeur et on distingue généralement une
"zone d'action des vagues de beau temps", entre 5 et
25 mètres de profondeur et une "zone d'action des
vagues de tempête", atteignant 50 à 100 m.

1.2.2. Les marées

Ce sont également des mouvements oscillatoires, de très grande longueur d'onde, qui résultent
de l'attraction lunaire et solaire (cette dernière étant 2,25 fois plus faible que celle de la lune).
L'eau des océans forme deux bourrelets, l'un situé sur la face de la Terre tournée vers la lune
et l'autre à l'opposé. La rotation de la Terre provoque le déplacement continuel des bourrelets
et le cycle des marées est donc en principe semi-diurne (deux marées par jour, comme dans la
Mer du nord). Il peut aussi être diurne (une marée haute et une marée basse par jour: Océan
Antarctique) ou encore mixte (succession irrégulière des marées). Ceci s'explique par le fait
que l'orbite de la lune n'étant généralement pas dans le plan équatorial de la Terre, les deux
bourrelets de marée ne sont pas symétriques. En particulier, vers les hautes latitudes, la petite
pleine mer tend à s'annuler. Notons encore qu'un décalage progressif des marées, de 52
minutes par jour, est observé car la lune bouge également et effectue une révolution complète
autour de la Terre en 29 jours.

L'amplitude des marées dépend de la position relative de la lune et du soleil: on distingue les
marées de vives eaux lorsque la lune et le soleil sont en conjonction ou en opposition (pleine
lune et nouvelle lune) et les marées de mortes eaux lorsqu'ils sont en quadrature (demi-lune).
Ceci génère un cycle semi-mensuel qui s'ajoute au cycle semi-diurne des marées. De plus,
l'amplitude maximale des marées de vives eaux est atteinte aux équinoxes (grandes marées),
lorsque la déclinaison du soleil est nulle. Ce phénomène produit un troisième rythme, de type
semi-annuel. Tous ces rythmes peuvent être enregistrés par les sédiments littoraux.
Figure 66 A: mécanisme des
marées; a: le bourrelet de marée est
formé par l'attraction conjointe de la
lune (en gris) et du soleil (en jaune):
il s'agit de marées de vives eaux; b:
la force d'attraction du soleil atténue
celle de la lune: ce sont des marées
de mortes eaux; B: origine des
alternances de petites marées hautes
et de grandes marées hautes lorsque
l'orbite de la lune fait un angle avec
l'équateur terrestre. Ce mécanisme
est également à l'origine des marées
diurnes; C: formation des bourrelets
de marée; la force centrifuge prise
en compte s'exerce par rapport au
centre de masse "cm" du système
terre-lune.

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50

Figure 67 : Marégramme enregistré à


Hilo Bay, Hawaii, à partir du 1 février
2000. On observe très nettement la
superposition du cycle semi-diurne et du
cycle semi-mensuel, les marées les plus
grandes correspondant à la pleine lune
et à la nouvelle lune. Noter l'alternance
des petites pleines mers et des grandes
pleines mers, de même pour les basses
mers.

La différence de niveau de la mer entre la haute et la basse mer s'appelle le marnage. Lorsque
le marnage est inférieur à 2 m, le régime est dit microtidal; entre 2 et 4 m, il s'agit d'un régime
mésotidal et lorsqu'il est supérieur à 4 m, il est macrotidal. D'une manière générale, le
marnage est faible dans les océans et s'amplifie vers la côte où la profondeur diminue; l'onde
tidale prend de la hauteur quand elle se rapproche des côtes, surtout dans les golfes et
estuaires.

La montée (flux) et la baisse (reflux) de la mer déterminent des courants appelés


respectivement flot et jusant, capables d'éroder ou d'accumuler des sédiments. La vitesse de
ces courants est fonction du marnage et de la surface de la zone inondée. Ceci implique que
les courants les plus rapides correspondent aux marées de vives eaux et/ou aux vastes zones
tidales à faible déclivité. En théorie, la durée et la vitesse des courants de jusant et de flot sont
identiques et le transport sédimentaire devrait être nul. En fait, l'interaction des courants avec
la topographie provoque des différences dans la distribution des vitesses, de sorte que des
sédiments peuvent être transportés dans la direction des courants dominants.

1.2.3. Zonation bathymétrique de la plate-forme continentale

Vagues et marées déterminent largement les apports et transferts de sédiments dans les zones
les moins profondes de la plate-forme continentale et contrôlent ainsi sa morphologie. Les
sédimentologues utilisent donc une zonation basée sur les limites d'influence des différents
processus. En complétant ce schéma avec les types de sédiments observés, on obtient un
modèle ou profil de dépôt, orienté perpendiculairement à la côte et partant de la limite des
hautes mers de vives eaux pour aboutir sous la ZAVT. On distingue ainsi l'arrière-plage
(backshore) ou encore la zone supratidale, au-dessus du niveau moyen de la marée haute,
l'estran (shore) ou zone intertidale, correspondant à la zone de balancement des marées,
l'avant-plage (fore-shore) ou zone infratidale, en-dessous du niveau des basses mers. La
frontière entre l'avant-plage et le large (offshore) est définie par la limite d'action des vagues
de beau temps.

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51

Figure 68 : zonation bathymétrique de la plate-forme continentale.

1.2.4. Les courants marins

Les courants océaniques participent aux échanges thermiques entre Equateur et Pôles (Fig.1).
Ces courants sont engendrés par la différence de températures engendre un mouvement pour
établir l’équilibre thermique.

Figure 1 : Principe d’échange thermique

1. Courants océaniques
Les courants océaniques suivent une circulation régulière aussi bien dans l’hémisphère Nord
que dans l’hémisphère Sud (Fig.2). On remarque que ces courants suivent une direction
dextre (dans le sens des aiguilles d’une montre) dans l’hémisphère Nord et senestre (sens
anti horaire) dans l’hémisphère Sud.

Figure 2: La circulation globale des courants océaniques

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Les principaux courants océaniques sont :


Les courants chauds (Gulf Stream dans l’Atlantique Nord et Courant de Brésil dans
l’Atlantique Sud): circulent de l’Equateur vers les pôles (Fig.3).
Les courants froids (Courant Labrador dans la côte Est du Canada et Courant de Humboldt
dans la côte Ouest de l’Amérique du Sud): circulent des pôles vers l’Equateur.

Figure 3: Les principaux courants océaniques

Les grands courants océaniques suivent globalement les mêmes directions suivies par les
vents dominants à l’échelle du globe (Fig.4). Exemple ; Le Gulf stream dessinant une large
courbe de la Floride jusqu’à l’Arctique, suit le mouvement des vents qui contournent
l’Anticyclone des Açores (Fig.5).

Figure 4: Modèle de circulation atmosphérique

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Figure 5: Courants océaniques globaux

Les courants océaniques ont une influence énorme sur le climat des régions côtières qu’ils
longent.
Remarque:
En plus de ces circulations horizontales, on trouve des circulations verticales:
 Circulations ascendantes: Upwellings, zone de divergence de courants de surface,
 Circulations descendantes: Downswellings, zone de convergence des courants de surface.

2. La circulation thermohaline
Définition:
La circulation thermohaline est la circulation océanique à grande échelle engendrée par les
différences de densité (masse volumique) de l’eau de mer. Ces différences de densité
proviennent des écarts de température et de salinité des masses d'eau, d'où le terme de
thermo - pour température - et halin - pour salinité.
La circulation thermohaline décrit les mouvements lents et profonds des eaux marines. Cette
circulation débute dans les régions polaires, lorsque l’eau de l’océan, dans cette zone,
devienne très froide et se transforme en glace (Fig.6), l’eau marine avoisinante devient très
salée. L'eau de mer environnante devient plus salée et ne peut plus accueillir le sel expulsé
par la glace de mer. Elle devient donc très dense, puisque très salée, et plonge en profondeur
(s’enfouit dans l’océan).

Figure 6: Formation d’un bloc de glace

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L'eau salée s’enfouit et l’eau de surface est attirée pour la remplacer. Par le même processus,
cette eau de surface va devenir froide et salée et fini par s’enfouir aussi. Ce processus génère
les courants océaniques profonds (Fig.7).

Figure 7: Mode de formation des courants océaniques

La circulation thermohaline entraîne un système de courants d'échelle global appelés " Le


Convoyeur de la ceinture mondiale" (Fig.8). Ce convoyeur commence sur la surface de
l'océan à proximité du pôle dans l'Atlantique Nord où les températures froides et le sel pousse
l'eau à couler. L’eau profonde se déplace vers le sud, entre les Amériques et l'Europe et
l'Afrique.
Les courants se déplace autour du bord de l'Antarctique, où l'eau se refroidit et s’enfouit à
nouveau. Ceci recharge le convoyeur.

Figure 8: Formation et déplacement vers le Sud du convoyeur de la ceinture mondiale

Le convoyeur tourne vers le Nord et se divise en deux sections (Fig.9), une section se déplace
vers l'océan Indien, et l'autre dans l'océan Pacifique.

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Figure 9: Déplacement et partage du convoyeur de la ceinture mondiale

Les deux sections se réchauffent et deviennent moins denses à fur et à mesure qu‘elles
progressent vers l'équateur. L'eau monte à la surface dans un processus appelé « remontée ».
Puis l'eau revient vers le Sud et vers l'Ouest de l'Atlantique Sud. L'eau retourne finalement à
l'Atlantique Nord, où le cycle recommence (Fig.10).

Figure 10: Circulation globale du convoyeur de la ceinture globale

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2. Les milieux glaciaires et périglaciaires


1. Définition
Un glacier est une masse de glace plus ou moins étendue qui se forme par le tassement de
couches de neige accumulées. Écrasée sous son propre poids, la neige expulse l'air qu'elle
contient, se soude en une masse compacte et se transforme en glace (Fig.1).

Glac Glac
e e

Neige : Ifrane Neige : Oukaimeden

Figure 1: Glace et neige

2. Formation de la neige
Lorsque la température chute au dessous de 0, les gouttes d’eau comment à se transformer en
neige. Plus la température devienne négative, plus on aura de la neige (Fig.2).
Température < 0: Précipitations = Solides
Tassement : neige glace

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Figure 2 : Tout le nuage se trouve au dessous de 0 : Que de la neige

3. Zonation d’un glacier


Un glacier est généralement composé de 3 zones (Fig.3):
1- Zone d’accumulation,
2- Zone de transport,
3- Zone d’ablation.
 La zone d'accumulation : c'est la partie du glacier où les précipitations de neige se
transforment en glace. Elle correspond à la zone des neiges éternelles et par conséquent la
glace est rarement mise à nu. La zone d'accumulation correspond en général à 60 à 70% de la
superficie d'un glacier alpin.
 La zone de transport : c'est la partie du glacier où la fonte reste limitée et où le glacier est
le plus épais. L'érosion glaciaire y est à son maximum ;
 La zone d'ablation : c'est la partie du glacier où la fonte est importante et provoque la
diminution de l'épaisseur du glacier jusqu'à sa totale disparition au niveau du front glaciaire
qui peut prendre la forme d'une falaise, d'une colline, d'un amas désorganisé de glace, ... De
nos jours, cette zone d'ablation remonte de plus en plus en altitude avec l'élévation de la
température.

Figure 3 : Les zones d’accumulation et d’ablation

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La ligne d'équilibre d'un glacier est la limite qui sépare la zone du glacier où le bilan en masse
est excédentaire et la zone du glacier où le bilan en masse est déficitaire. Cette ligne
d'équilibre est matérialisée durant les mois chauds par la limite entre neige persistante (les
neiges éternelles) et glace apparente. La ligne d'équilibre est utilisée pour marquer la fin de la
zone d'accumulation d'un glacier.
Ces trois secteurs d'un glacier sont très variables en taille, voire absents sur certains glaciers.
A l’échelle du globe, on a deux grandes zones d'accumulation des glaces :
 les régions polaires,
 les régions en hautes altitudes.
On aura conséquemment deux grands groupes de glaciers : les calottes polaires, et les glaciers
alpins (ou de montagnes), en hautes altitudes (Le Kilimandjaro).
Une calotte polaire, aussi connue sous le nom de inlandsis, est un glacier de très grande
étendue se présentant sous la forme d'une nappe de glace recouvrant la terre ferme et qui peut
atteindre plusieurs milliers de mètres d'épaisseur. Sur Terre, il n'en existe que deux de nos
jours : l’inlandsis de l’Antarctique le plus étendu, et l’inlandsis de Goenland (Fig.5).
Le terme inlandsis est d'origine scandinave. La notion inlandsis est suédoise et signifie

Figure 5a : La Groenland Figure 5b: L’Antarctique


littéralement « glace [is] de l'intérieur des terres [inland] » ou « glace de l'arrière-pays ».
Ces grandes accumulations de glace s'expliquent plus par le fait qu’on a une fusion très lente
sous ces climats froids et secs que par l'abondance de l'alimentation. Certaines langues des
inlandsis atteignent la mer, où la houle et les marées les fragmentent en icebergs.
Un Iceberg est un bloc de glace d’eau douce qui dérive sur la mer; de tels blocs, souvent de
masse considérable (Fig.6)

Figure 6 : d’un Iceberg

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a/ La calotte polaire: Antarctique est la plus grande et la plus épaisse. Cette calotte couvre
pratiquement tout le continent antarctique. A son centre, la glace atteint une épaisseur de 4
000 m. Les forages qui ont été faits à travers ces glaces par les soviétiques en 1988 ont montré
que les premiers 2000 m avaient mis 150 000 ans à s'accumuler.
b/ La calotte polaire: Groenland, est un peu plus mince, 3 000 m au centre. Des forages
complétés en 1992 par un consortium de 8 pays européens ont montré qu'il a fallu 250 000
ans pour accumuler ces 3 000 m.
 Ces glaciers résultent de glaciations de hautes montagnes (Alpes) ≠ calottes polaires.
 Hautes montagnes, la calotte alpine forme une grande superficie de glace couvrant les
sommets.
 Zones de montagne située sous 0°C en moyenne, l'eau s'accumule sous forme de neige qui
se compacte en glace. Mais la glace ne peut s'accumuler indéfiniment. Puisque les zones
d'accumulation ne sont pas confinées, la glace s'écoule et peut engendrer des avalanches
(Fig.7).
 Cet écoulement est lent : 180 m/an pour les plus grands glaciers des Alpes, de 90 à 150
m/an pour les glaciers plus petits.

Figure 7: Une avalanche

4. Evolution des glaciers continentaux


Une étude réalisée par les nations unis a montré que les glaciers à l’échelle du globe subissent
une diminution importante de leur volume. Pour la période de référence entre 1993 et 2003,
cette diminution est de 0.8 mm par an, alors que pour la période de référence entre 2003 et
2009, la chute est encore plus importante avec un taux de 1,2mm par an (Fig.4).

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Figure 4 : Evolution des glaciers continentaux

5. Les moraines
Par définition, une moraine est un amas de débris rocheux, érodé et transporté par
un glacier ou par une nappe de glace (Fig.8). Les matériaux qui se détachent des versants de
la montagne sont véhiculés par le glacier et déposés lorsque celui-ci fond, généralement à la
même altitude, d'où un empilement rocheux.

Figure 8: Dépôt de moraines

6. Paysage glaciaire
Les différentes composantes d’un paysage glacier sont données par la figure ci - dessous
(Fig.9).

Figure 9 : Différents aspects d ‘un paysage glacier

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Au: vallée en auge;


C: crêtes;
V: verrou glaciaire;
Ci: cirques.
E: épaulement (glaciation antérieure)

7. Dépôts glaciaires
La figure 10 illustre les différents dépôts relatifs à un glacier.

Figure 10: Les différents dépôts glaciers

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3. Les milieux arides et semi arides


1. Introduction
Les régions arides communément appelées déserts ont une apparence distinguée parce que le
climat aride contrôle les processus d’érosion et de sédimentation et leurs taux d’opération.
Malgré qu’il pleuve rarement dans les régions arides, l’eau courante est un agent dominant du
façonnement de la terre. En effet, les crues soudaines, comme dans la région d’Errachidia par
exemple, provoquent la plus part des phénomènes d’érosion et de sédimentation dans les
régions désertiques, même si ces crues sont des phénomènes très rarissimes (Fig.1).
2. Définition
Le mot désert laisse toujours penser aux dunes de sables, alors que sur le plan climatique, un
désert est une région qui a un climat sec et aride avec une précipitation moyenne annuelle
inférieure à 100 mm. Sur le plan végétation, peu de plantes tolèrent ce type de climat et de ce
fait, les déserts sont souvent dénudés de végétations. Si la végétation y existe, celle-ci sera
caractérisée par un système radiculaire bien développé pour aller chercher l’eau en profondeur
et des feuilles généralement petites pour minimiser la perte d’eau par transpiration.

Figure 1 : Les dernières crues de la région d’Errachidia

3. Comment se forme un désert ?


Les principales causes de formation des déserts sont:
 Effet de la Latitudes: degré du rapprochement ou de l’éloignement de l’Equateur,
 Effet de la topographie: existence d’une barrière montagneuse (zone de l’ombre de pluie):
 Effet de la continentalité: éloignement de l’océan.

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63

3.1. Effet de la latitude


La distribution globale de la plus part des déserts est en relation avec l’air atmosphérique
descendant (Fig.2). En effet ; l’Equateur reçoit la chaleur solaire d’une façon plus directe que
le reste de la Terre. L’air atmosphérique se réchauffe et remonte au niveau de l’Equateur.

Figure 2 : Les courants ascendants et descendants dans la zone intertropicale

Cet air chaud va se déplacer vers le Nord et vers le Sud pour redescendre vers les deux
ceintures de latitudes 30°N et 30°S. Les déserts les plus connus se trouvent entre ces deux
latitudes (Fig.3).

Figure 3 : Répartition globale des déserts

L’air qui descend à travers l’atmosphère est comprimé par le poids de l’air qui le surmonte.
Puisque l’air est comprimé, il se réchauffe et devient donc plus apte à recevoir plus de vapeur
d’eau. En effet, au niveau des deux ceintures de latitudes 30°N et 30°S, l’évaporation de l’eau
et la concentration de cette vapeur dans l’air chaud et sec sont des phénomènes très
importants. Rarement cette humidité (vapeur d’eau contenu d’air la masse d’air chaud et sec)
tombe sous forme de pluie dans ces régions. Certes, les régions de latitude 30°N et 30°S sont
caractérisées par un ciel clair, plus de soleil, peu de pluie et une évaporation élevée, ce sont
les principales caractéristiques des zones désertiques.

Remarques
A l’opposé des deux ceintures de latitude 30°N et 30°S, l’équateur est marqué par des masses
d’air pluvieuses. Cette zone est dénommé « zone de remontée de l’air ». Cet air montante se
répand dans l’atmosphère et se refroidit en montant (gradient décroissant de la température en
fonction de l’altitude au niveau de la troposphère). En refroidissant, l’air perd son humidité et

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64

provoque la formation des nuages par le phénomène de condensation et par la suite donne des
précipitations énormes. De ce fait, l’Equateur est une ceinture de forte entourée de deux
ceintures désertiques où les précipitations sont rares.

3.2. Effet de la barrière montagneuse


Certains déserts sont le résultat de ce qu’on appelle l’Ombre de pluie (Fig). L’air chargé en
eau est poussé par le vent jusqu’à ce qu’il rencontre un obstacle ou une barrière comme une
montagne (Fig.4). Cette masse d’air ne pourra pas franchir cette montagne donc, il est obligé
de remonté pour chercher à dépasser le sommet de la montagne. Alors, plus l’air remonte,
plus il se répand et se refroidit. Ce refroidissement provoque la condensation, donc formation
des nuages. Par le phénomène de coalescence, le nuage donne des précipitations. Donc, la
masse d’air sera libérée de son contenu en eau, devient légère et traverse la montagne et par
va par la suite redescendre sur l’autre versant de la montagne.

Figure 4 : Effet de la barrière montagneuse

En descendant, l’air se comprime et devient chaud et provoque l’évaporation avec peu ou pas
de pluie sur cette partie de la montagne. Cette partie sèche est appelée zone de l’Ombre de
pluie qui conduit à la formation de régions désertiques qui sont d’autant plus importantes que
la chaîne de montagne est haute. C’est le cas de la région d’Errachidia dont l’obstacle est
formé par la chaîne du Haut Atlas qui sépare donc une zone où on a souvent la pluie ; c’est la
zone située entre cette chaîne et l’Atlantique et une zone désertique située au-delà de la
chaîne.

3.3. Effet de la continentalité


L’éloignement de l’océan peut être aussi un facteur de formation de déserts. En effet ; puisque
la plus part des pluies proviennent des eaux évaporées à partir des océans. Cette vapeur d’eau
se perd dans l’atmosphère avant d’atteindre ces régions situées à grande distance de l’océan.
C’est notamment le cas des grades régions arides de la Chine (Fig.5).

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65

Figure 5 : Situation des déserts issus de l’effet de continentalité

Remarque :
Tous les déserts ne sont pas chauds. En effet ; l’air froid descendant au niveau des
pôles Nord et Sud (Fig.) créent les déserts polaires qui ont un climat arides avec l’existence de
la neige et de la glace. La totalité de l’Antarctique est un désert comme la grande partie du
Groenland et le Nord du Canada et de la Sibérie.

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66

4. Les milieux côtiers : les estuaires et les deltas


1. Introduction
Les deltas et les estuaires représentent des milieux hydrodynamiques et sédimentaires de
transition, soumis à la fois aux influences fluviatiles et marines et parfois lacustres.
Les deltas et les estuaires constituent une série continue d’ensembles sédimentaires à la limite
des plaines alluviales et des bassins où on a une combinaison entre les actions fluviatiles des
vagues et des marées.
2. Les estuaires
Un estuaire peu être considéré comme le terme externe d’un appareil deltaïque soumis aux
influences tidales (Fig.1a). C’est un milieu de sédimentation où les influences marines sont
importantes, particulièrement celles liées à la marée. Généralement, un estuaire correspond à
la partie d’un fleuve dans laquelle pénètre la marée dynamique ; c-à-d les eaux salées et les
eaux douces sont poussées par le flot (Fig.1b).

Figure 1 : Schéma d’un estuaire (a) et l’estuaire de Sebou (b)

Le contraste et l’antagonisme entre les influences fluviatiles et marines se traduit par


d’importantes différences de densité et de mouvement d’eau d’amont en aval et du centre vers
les bordures de l’estuaire.
La sédimentation dans les estuaires est caractérisée par l’abondance des phases argilo-
silteuses, principalement sur les bordures des chenaux principaux appelée slikkes.
Le duel des influences marines et fluviatiles, particulièrement marqué dans les estuaires, se
manifeste par (Fig.2):

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Figure 2 : Dynamique au niveau d’un estuaire


 L’onde de marée :
Cette onde se progresse de manière sinusoïdale en milieu océanique, se déforme en
milieu estuarien par suite du frottement des eaux contre le fond et du rétrécissement
des berges.
Le frottement contre le fond, en provoquant un freinage plus accusé en profondeur
qu’en surface, détermine une onde de plus en plus dissymétrique vers l’amont, aussi
qu’une durée de flot plus courte que celle du jusant.
Le rétrécissement de la section estuarienne s’accompagne notamment d’une amplitude
croissante de la marée vers l’amont.
 La rencontre des eaux marines et des eaux douces.
Cette rencontre détermine des gradients horizontaux et verticaux de la salinité. On
peut distinguer :
* Type stratifié ; ce type est engendré par une action faible de marées et houles qui
favorisent l’établissement d’une discontinuité nette entre eaux douces sus-jacentes et
eaux salées marines denses.
* Type particulièrement mélangé ; dans ce type la turbulence provoquée par les
courants de marée détruit l’interface entre les eaux douces et les eaux salées et autorise
ainsi les échanges verticaux entre ces deux types d’eau. Par conséquent, un gradient
progressif apparait dans la salinité. Le mouvement des particules s’effectue sous
l’influence des actions à la fois fluviatiles et tidales.
* Type particulièrement homogène ; ce type est caractérisé par le mélange intense des
eaux douces et salées par les courants de marées, avec un gradient de salinité croissant
vers l’aval.
* Type verticalement et latéralement homogène ; dans ce type, les influences marines
sont exclusives sur la sédimentation. C’est le cas des baies étroites à peu d’apports
fluviatiles, où seul existe un gradient horizontal de salinité.

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3. Les deltas
Un delta constitue un milieu de sédimentation situé entre le fleuve et la mer ou un lac; dans
lequel les influences fluviatiles prédominent et déterminent une progression irrégulière de la
ligne de côte vers le large (Fig.3). En effet ; les agents de construction sédimentaire sont
excédentaires par rapport à celle de remaniement ou de destruction par les vagues ou les
marées.

Figure 3 : Delta du Rhône (gauche) et du Nil (droite)

La structure classique d’un delta comprend les couches horizontales (Top Set Beds) de la
plaine deltaïque en partie émergée et parcourue de chenaux, et qui est déposée au dessus du
front deltaïque à couches peu inclinées (Fore-set Beds) (Fig.5).

Figure 5 : Structure classique d’un delta

En domaine sous marin, les deltas se prolongent fréquemment par des éventails détritiques
profonds (Fig.6). Les matières piégées et sédimentées dans ces éventails font le plus souvent
des deltas d’importants réservoirs de substances utiles, pétroles, charbon…

Figure 6 : propagation d’un delta

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4. Les processus de formation et de destruction des deltas


Les processus de formation et de destruction sédimentaires, particulièrement
importants dans les deltas qui débordent le trait de côte vers le large, résultent des actions
hydrodynamiques et gravitaires diverses.
4.1. La construction deltaïque
Les dépôts d’embouchures sont actifs lorsque les particules sédimentaires en transit
dans les chenaux fluviatiles parviennent dans un bassin marin dont les eaux sont moins
mobiles, formant ainsi un coin salé contre le fond (Fig.7).

Figure 7 : Les types d’écoulement à l’aval d’un fleuve

La sédimentation se fait de manière massive au débouché du fleuve, par perte brutale


de la force de l’eau et par la chute des matériaux les plus grossiers charriés à proximité du
fond. Par contre, les sédiments fins, transportés en suspension, vont se déposer vers le large et
forment les barres d’embouchures et le talus deltaïque sableux.
4.2. La destruction deltaïque
La destruction deltaïque se fait principalement par les vagues. En effet, lorsqu’on a des
vagues plus ou moins obliques par rapport au littoral, on aura une remobilisation des dépôts
d’embouchure par un transfert latéral. Si la reprise de ces sédiments est faible, les bancs
sableux provenant de la progradation deltaïque sont simplement étalés et élargis. Si l’action
des vagues intenses continue, le front deltaïque sera transformé en barrières sableuses côtières
et par l’action perpétuelle des courants de marée, le delta tend vers un estuaire.
Un delta peut être considéré comme étant un dépôt partiellement sub aérien édifié par
une rivière au contact et à l’intérieur d’une masse d’eau permanente représentée par un milieu
marin littoral, ou un lac ou une baie abritée.

5. Classification des deltas


Trois facteurs dynamiques interviennent principalement dans la classification des
deltas (Fig.8):
 Le fleuve
 Les houles
 Les marées

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Figure 8: Classification des deltas

Ces trois facteurs sont groupés dans la classification triangulaire faite par Galloway (1975) et
reprise par Allen (1979). Trois points principaux sont à retenir de cette classification :
 Pour les apports fluviatiles dominants, on a intervention principalement des débits
liquides et solides,
 Pour les deltas liés à la marée, on a intervention principalement du marnage,
 Pour les types Cuspate (houles), on a l’influence du « Fetch » et de la cambrure.

Dans les trois cas, on a progradation vers le large sous la forme de « pro-deltas ».
Les trois facteurs dynamiques engendrent trois types de morphologie
1- Le delta fluvial « Bird foot » exemple : Le Mississipi, caractérisé par une grande
avancée vers la mer (Fig.9).

Figure 9 : Delta type patte d’oiseau

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2- Le delta lié aux houles « Cuspate », qui s’avance moins loin vers la mer. Exemple
le Rhône et qui se caractérise par l’édification des barres d’accrétion sableuse
successive (Fig.10).

Figure 10 : Delta type Cuspate

3- Le delta lié à la marée, caractérisé par des bras distributeurs très méandriformes.
La sédimentation deltaïque (Fig.11).

Figure 11 : Delta lié à la marée

Selon la zonation latérale d’un delta typique, on distingue :


 La plaine deltaïque, d’origine sub aérienne et subdivisée en deux zone:
+ la plaine deltaïque supérieure fluviatile ; ayant une altitude très faible (0.5 m à 1.5
m) et qui ne subit que peu l’influence marine. Cette zone est couverte de végétation et
de marais et on y trouve souvent des forêts denses. La sédimentation est faite d’argile
compacte.

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+ la plaine deltaïque inférieure tidale, de quelques décimètres d’altitude, dans laquelle


on peut trouver des influences marines. Cette zone est le siège d’une activité
biologique intense telle que les mangroves. La sédimentation est faite d’argiles et de
vases organiques.
A noter que la plaine deltaïque s’arrête à la ligne de côte et elle est parfois marquée
par un dépôt de lignite.
 Le front deltaïque, qui comprend la ligne de côte et se poursuit jusqu’à la profondeur
de moins 5 mètres (- 5m). Ce front deltaïque est soumis à la triple action dynamique ;
marées, houles et courants. Ce front deltaïque peut se prolonger assez loin en mer, à
plus de 50 km.
 Le pro-delta, c’est la zone de talus à forte pente qui constitue la transition entre le
milieu marin inférieur (profond) et le milieu marin littoral.

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Les lacs
1. Introduction
La surface de la Terre contient environ 1.3 Milliards de km3 d’eau. Si cette surface
était de même niveau, l’eau pourrait former une couche d’épaisseur 2 km sur toute la planète.
De cette immense quantité d’eau, 97.5% est salée et constituée par les eaux marines et, 1.8%
existe sous forme solide au niveau de l’Antarctique et la Groenland.
Seulement 0.65% est constitué par l’eau douce, qu’on trouve dans les cours d’eau, les
eaux souterraines les lacs et les zones humides. Donc, malgré que l’hydrosphère contienne
une grande quantité d’eau, seulement une fraction très fine est fraîche et liquide.

2. Définition
Un Lac est une large structure continentale d’eau qui occupe une dépression dans la
surface terrestre (Fig.1), exemple ; Lac Ouiouane, Aguemame Azigza, Dayet Aoua, Lac Erg
Chebbi (Fig.1)… Ces Lacs sont des lacs naturels, cependant, le terme de lac peut aussi
englober les étendus d’eau artificielles telles que les barrages qui sont construits pour stocker
l’eau, exemple Barrage El Wahda, Allal Fassi, Driss premier.

Ouiouane Aoua

Azigza Lac erg Chebbi, Merzouga

Figure 1 : Quelques lacs au Maroc

3. Cycle de vie d’un Lac


Les cours d’eau qui s’écoulent vers un Lac apportent des sédiments qui vont remplir la
dépression dans un temps relativement cours (sur l’échelle géologique, bientôt le Lac devient
un marais et avec le temps le marais se remplie avec plus de sédiments et de végétations, pour
se transformer par la suite en une prairie ou bien une forêt avec des cours d’eau qui la
traverse. Les lacs restent très sensibles à la sédimentation.
Sur le globe terrestre, plusieurs lacs existent dans les zones qui ont été couvertes par
les glaciers pendant la dernière période de glaciation, exemple ; les grands lacs du Canada.
Ces grands lacs sont formés par les glaciers, lesquels en s’écoulant, érodent plusieurs
dépressions dans la surface terrestres qui seront après remplies en eau. La plupart des lacs
glaciers ont été formés durant les 10 000 à 20 000 années passées.
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Cependant, les lacs peuvent aussi être formés d’autres phénomènes dont on cite :
 Une éruption volcanique peut créer un cratère qui sera plus tard rempli en eau et donne
naissance à un lac, exemple ; le Lac Bidugul à Bali (Indonésie) et le Lac « Crater
Lake » en Amérique.
 Une activité tectonique peut être à l’origine de la formation d’un lac, exemple ; le lac
Baikal en Russie, qui constitue un lac large et profond couvrant une dépression créée
par cette activité tectonique. Dans ce lac, malgré que les cours d’eau (fleuves) y
versent les sédiments, le mouvement des failles approfondie de façon répétitive le lac.
 Les chenaux abondants d’un grand fleuve peuvent être le siège d’un lac, exemple ; le
lac « Oxbow » dans le fleuve Mississipi,
 Les surfaces terrestres horizontales peuvent contenir un lac dès que le niveau de l’eau
dans l’aquifère souterrain remonte, exemple Al Marja de Fès, le lac Dayet Aoua…

4. Les lacs d’eau douce et d’eau salée


La plus part des lacs contiennent des eaux fraîches parce que le flux constant des cours d’eau
entrant dans le lac et sortant de ce lac, l’eau se renouvelle et donc empêche l’accumulation du
sel. Cependant, certains lacs restent salés, exemple ; le Great Salt Lake en Amérique. En
effet ; un lac salé se forme lorsque le cours d’eau entre dans le lac mais, aucun cours d’eau
une quitte ce lac.
Dans un autre cas, un cours d’eau peut apporter le sel, qui peut provenir du lessivage des
terrains traversés par le cours d’eau, dans le lac mais, l’eau sortant quitte le lac seulement par
évaporation qui fait déplacer l’eau pure c-à-d qui ne contient pas du sel. Cependant et avec le
temps, les quantités du sel que le cours d’eau qui aliment le lac contenait vont se concentrer
dans ce lac et on a donc formation d’un lac salé. Ce type de lac se forme le plus souvent dans
les régions arides et semi arides, dans lesquelles l’air sec et les rayons solaires participent
activement à l’évaporation l’eau du lac, exemples ; le Lac Erg Chebbi à Merzouga, le barrage
Sidi Chahed, le lac Aral au Kazakhstan.

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5. Le cycle de l’eau
Quelles sont les composantes majeures du cycle hydrologique et comment fonctionnent-
elles ?
1. Introduction
Le système complexe à travers lequel l’eau se déplace de l’océan vers l’atmosphère, le sol et
retourne à l’atmosphère est appelé Cycle de l’eau ou bien système hydrologique (Fig.1).

Figure 1 : Le cycle de l’eau

La source d’énergie qui dirige ce cycle est la chaleur issue du soleil, laquelle, active
l’évaporation de l’eau à partir des océans, des mers, de toutes les surfaces remplies d’eau, de
la végétation (transpiration), bref, à partir de toute la surface du globe. Cette source d’énergie
stimule et provoque aussi la circulation atmosphérique (mouvement des masses d’air).

2. Les composantes du cycle de l’eau


La vapeur d’eau, déclenchée par l’énergie solaire, se déplace avec la masse atmosphérique en
circulation et se condense éventuellement et chute après sous forme de pluie ou de neige.
Cette chute s’effectue par l’effet de la gravité. Cette eau qui a chuté va revenir à l’océan par
plusieurs systèmes ; fleuves, eaux souterrains, glaciers et icebergs…
La quantité d’eau dans, sur et au dessus de la Terre est estimée à 1.36 Milliards de km3 et a
resté constante pour plus d’un millions d’année. La plus part de ces eaux, environ 97.2%, se
trouve dans les océans, 2.15% est sous forme solide ; glaces et glaciers, et le reste 0.69% se
trouve dans les lacs, les cours d’eau (fleuves), eaux souterraines et dans l’atmosphère (Fig.2).

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Figure 2 : Répartition des eaux à l’échelle du globe

Puisque, l’air chaud et humide s’élève en altitude, la vapeur d’eau contenu dans cette air se
refroidit jusqu’à sa condensation (passage de l’état vapeur à l’état liquide) sous forme de
gouttelettes d’eau microscopiques qui vont, par le phénomène de coalescence, donner des
nuages.
Lorsque le nuage devient suffisamment dense pour former des gouttes d’eau assez lourdes,
qui ne peuvent pas rester en suspension dans l’air, l’eau contenue dans le nuage va chuter sous
forme de précipitation liquide ou bien solide. Les eaux qui vont donc chuter sur la surface du
sol vont suivre deux grandes destinations majeures, ruissellement et ou infiltration et vont par
la suite, après un long voyage, atteindre l’océan. Une fois les eaux atteignent l’océan, le
processus va être déclenché de nouveau et le cycle de l’eau va reprendre son fonctionnement.
Les eaux qui vont atteindre la surface du sol suite à une précipitation vont suivre l’une ou bien
les deux destinations qui sont :
 Si le sol est peu ou pas perméable, la majeure partie de ces eaux vont s’écoulent à la
surface du sol, sous forme de fleuves, rivières, ruisseaux… et donne ce qu’on appelle
le Ruissellement. Ces eaux vont poursuivre leur écoulement jusqu’à ce qu’elles
quittent le bassin versant vers un lac ou le plus souvent vers la mer (Oued Moulouya
qui s’écoule vers la Méditerranée, Oued Sebou qui s’écoulent vers l’Atlantique).
Un bassin versant est une partie de la surface terrestre dans laquelle les eaux qui
entrent proviennent des précipitations et ces eaux s’écoulent vers un point unique
appelé exutoire, exemple; le bassin versant de l’oued Fès et le bassin versant de
Sebou. Ces bassins versants sont étudiés dans le but de connaitre la quantité d’eau qui
se trouve dans un bassin et ce pour pouvoir la stocker dans un barrage. Les barrages

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sont utilisés pour emmagasiner de l’eau pour (1) la production de l’électricité, exemple
Barrage Driss premier, (2) l’irrigation, exemple Driss premier, (3) alimentation en eau
potable (Barrage Allal Fassi), (4) pour éviter l’inondation, exemple Barrage el Gaada
sur la route de Sidi Harazem, etc.... La branche de la Géologie qui étudie ces eaux
superficielles c’est l’Hydrologie.

Si le sol est perméable, la majeure partie de ces eaux vont pénétrer dans le sol ; c’est
l’Infiltration, pour aller alimenter les nappes d’eau souterraines appelées
« Aquifères ». Les eaux qui pénètrent vont s’accumuler dans la roche réservoir
(Aquifère) au niveau des vides (pores) qui se trouvent entre les grains. Ces vides
définissent la porosité de la roche réservoir (Fig.3). Il faut que ces pores doivent être
connectés les uns avec les autres pour faciliter le mouvement de l’eau dans la roche
réservoir.

Figure 3 : Type de porosité en fonction de la taille des grains

Ce mouvement de l’eau défini la Perméabilité de la roche réservoir. De ce fait,


lorsqu’on extrait de l’eau dans un forage ou un puits on va remarquer que l’eau se
trouve toujours au fond du forage (Fig.4) ce qui parce que l’eau vient à l’endroit dans
lequel l’eau a été retirée. Dans la nature on a deux grands principaux types de nappes
aquifères (Fig.5): Phréatique ; dans laquelle la partie sommitale est formée par une
couche perméable exemple, la nappe plio-quaternaire de Saïss et Artésiennes ; dans
laquelle la partie sommitale est formée par une couche imperméable exemple la nappe
profonde du Lias de Saïss. La branche de la Géologie qui étudie ces eaux profondes
c’est l’Hydrogéologie.

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Figure 4 : Exemple de forage dans un aquifère

Figure 5 : Coupe hydrogéologique schématique

Références :
J. M. Caron, A. Gauthier, A. Scaaf, J.U.lusse & J. Wozniak 1992 : La planète Terre, Editions
Ophrys, 271 p. ISBN 2.7080.0593.6
H. Chamley, 1988 : Les milieux de sédimentations. Editions BRGM. ISBN 2-7159-0399-5.
J. Dercourt et J. Paquet, 1991 : Géologie objet et méthodes, Edition Dunod Université
A. Foucault et J.F. Raoult 1988 : Dictionnaire de géologie, Edition Masson.
C.W. Montgomery, 2003 : Evironmental geology. Mc Graw Hill Company. 6th Edition. ISBN
0-07-119941-1.
J.P. Davidson, W.E. Reed, P.M. Davis, 1997: Exploring earth: an introduction to physical
geology. Prentice Hill International Edition. ISBN 0-13-463936-7.
G.R.Thompson, J. Turk, 1998: Introduction to physical geology. Saunders College
Publishing. ISBN 0-03-024348-3.

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